+ All Categories
Home > Documents > • II - United Nations Archives

• II - United Nations Archives

Date post: 17-Nov-2023
Category:
Upload: khangminh22
View: 0 times
Download: 0 times
Share this document with a friend
63
II ,.JI I ' NO '!ES ET ETUDES VOCUM EN 'l'All\ E S lcs moy ens de nature a accelercr le rythm c de rotati~n corresppndant a la progressiop brutale du trafic. Completant la realisation de cet equipement, ,iJ faut encore mentionner l'amenagement de }'aerodrome imp e- rial de Douala pour ·Jc trafic d'apparcils de 60 tonnes c t de sept terrains repartis sur le territoire poμr l'atter- rissage d'a-vions de 20 tonnes, }'extension des moyens de transmission par la creation de nouveaux bureaux de oste, le developpement du ·reseau telephonique, la liaison radiotelephonique entre Douala et Paris. c} lnvestissements - Energie - Main-d'oe1,1vre La construction d 'l)n puissant outillage commande ainsi les chances de mobilisation de toutes les ri- chesses naturelles du Cameroun. Mais cette economie est-elle maitresse d'elle -meme ? Demeura-t-elle victime d'un implacable d eterminisme physique ou peut-elle s'affranchir des servitudes qui semblaient peser sur elle ? I ' De toute fai;on son expansion · d emeure conditionnee par un programme tres large d'investissements, une po - litictue de -l'energie et un accroissement du rendement de la main-d'reuvre. · Les investlssements Il convenait d 'abord pout le Cameroun, de convier a lui, pa r une politique de co11fiance ~t de ha~dies s_e financiere, les capitaux qu'en depit d'.u11e certame · a1- sance des rendements fiscaux et d'un servicf de la Dette publique jusqu'alors tres m,odeste, ses ressources publiqties ne suffisaient pas a lui fournir. Il dut a sa situation en Afrique centrale et a la liberte d'acces qui cara ct erise son statut d'attirer depuis detnc ans un cou- rant considerabl e d'importations de capitaux. Le merite en revient tres largement au Plan de deve - loppement coni;u par le F. I. D. E. S. qui, de 8 _mil- liards a l'origine vient d'etre reevalue a 25 mil1iards de francs C. F. A. La tranche 1948-49 atteindra deja plu~ d'un milliard et demi de credits de paiements pour doubler encore au prochain exercice. Grace a l?, part croiss.ante des subventions consenties par la metropole, l'effort reste a la mesure des possibilites du territoire puisque le service de la Deite n'est passe de 1946 a 1948 que de 1 a 5 % des depenses budgetaires. L 1 aide con- siderable des credits Marshall perm ettant des achats de materiel lourd au x Etats-Unis s'inscrit dans le meme effort. Mais l'ampleur de ces concours ne saurait faire oublier les abondants irtvestissements prives, d'origine metro- politaine OU non, qui sont venus OU se disposent a ve- nir feconder l'economie camerounaise. Au 31 decembre 1948, le montant des capitaux prives introduits .au ter- ritoire pour la constitution de societes nouvelles s'eta- blissait a pres de 500 millions . de franc~ C.F.A. ' Plus significative encore est la solidarite des forces officielles et privees qui s'affirm 'e dans un concours de plus en plus large apporte . par la puissance publi- que aux initiatives libr es dans les entreprises d'eco- nomie mixte qui prennent naissance dans les branches les plus diverses d'activites. Que l'.autorite administrative exploite directement comme ·c'est le cas pour les stations de tabac de Bat- schenga ou de Quinquina de Dschang, qu'elle commer- cialise son action avec !'introduction depuis le 1 •r jan- vier 1948 d'une Regie des Chemins de fer du Came- roun, ou que, tout en confiant la gestion aux techni- ciens, elle se reserve la propriete des entreprises, a l'exemple de cette huilerie temoin de Dibombari des- tinee a renover la palmeraie sur Jes utiles suggestions de l'I. R. H. 0., il s'agit qans tous les cas d'exploita- lion s collectives as sociant les inter cts p1•ives a l'action pllb li qne. · , · · •Dans le meme espPlt, !'institution du Bureau Minier de la France d'Outr e-'Mer perm ettra !'injection de credit a ux entrepris dignes d'appui, tandis que le systeme des participations d'Et a t, dej a mis en pratique dans la formation de la Societe « Bois du CaIJileroun », four- n ira l'instruinent necessaire pour associer de plus on plus etroitem ent les inten~ts locaux aux produits et au controle de la distdbution des richessses forestieres. C'est la formule de l'actionnariat d'Etat qui inspii'a la creation, le 18 juill et i948, de la Societe d'Energie Electrique du Carneroun au capital de 200 millions dont Jes titres ont etc s ouscrits a raison de 34 % par le ter- ritoire , 34 % par la Caisse Centrale de la France d'Ou - tre-Mer et 32 % par les u sagers du CanHlroun. E;1ergie i\ l'~xemple d e la Nigeria voi1;h1c, voila que le Came- roup s'attache a detruire cette legende d'une i.neluc- table pauvtete energetique de l'Afrique Centrale. A de- faut d'titilisation des ressourccs de la navigation flu- . vi ale, le Cameroun se dispose a mettre en reuvre les ressources cte l'energie hydro-electriqu es. Quelques se- maines apres $a constitution, la Societe d 'Encrgie Elec- triqu e du Cameroun elevait un premier barrage sur Je cours inferieur de la Sanaga, a Edea; demain elle y en- tr eprendra la <:.Q.nstruction de l'usj:oe dont le$ turbines, repandront, dans trois .ans, la force et la lumiere da11s le pays. La puissance installee en premiere .etape, 30.000 kilowatts, permettra de dis ribuer l'electr,icite domestique aux vHles de- Douala et d'Edea, l'energie m otrice aux secteurs industriels du Sud du Cameroun. La realisat ion l;l,'un ·e seconde etape, avec une puissance de 80.000 kilowatts verra !'extension de la distribution ii d'ffil.tres regions du territoire, !'electrification du reseau ferre et peut-etre la vente de l'electricite a lon- gue distance. Acc roisseme11t du rendement Riche en produits, le Cll:meroun est encore fort pau-. vre en hommes, moins de 3 millions pour un territoire de 425.000 km2, a peine 7 au km2; les besoins courants de main-d'amvre sont coustamment superiei,irs I\UX dis- 0 ponibilites e::t cette rarete meme entraine, avec . la surenchere des employeurs, upe grande iqstabilite de l'emploi et un e baiss e in~ont estable du rendement . Les travaux du plan d'equipeinent, qui reclarneront, avirnt dix-huit mois , 14.0d0 travailleurs nouveaux, ne .feront qu'aggraver celte situation, FallaiHl se resigner, de ce fait, a ce paradoxe singu- , lier d'un patrimoine d e richesses latentes et inertes, sa n s bras p our le s exploiter, alors que les obligations (le la mise en valeur convient a mobiliser progr .essivc- ment toutes les ressources du territoire. L'effort de mecanisation, entrepris des la · fin des hostilites, allait pennettre, par une extension progres- sive ·a toutes les branches de la production, de supplecr la penurie de niain-d'reu vre. Sur les chantiers forestiers, la scie de long fait place a la scie mecanique; . d ans Jes carrieres et Sur le car- reau des mines, la pelle mecanique remplace les terras- siers; dans les plantations de cafe, une charrue a dis- qucs effectue . a~elle seule le travail de cinguante tache- rons; sur les quais de Douala, sur les routes, les Bull Dozers, les Stadp.l~ Trucks et les Hysters liberent cha- quc jour de 1;1ouveaux ;manomvres. Secondant !'action de la machine dans l'ameliora- tion du marche du travail , la valorisation du rende- · ment de chacun peut egalement compenser 1'insuffi- sance numeriqi.ie. C'est a quoi s'attachent Ies pouvoirs
Transcript

• II ,.JI

I ' NO '!ES ET ETUDES VOCUMEN 'l'All\ ES

lcs moy ens de nature a accelercr le rythm c de rotati~n corresppndant a la progressiop brutale du trafic.

Completant la realisation de cet equipement, ,iJ faut encore mentionner l'amenagement de }'aerodrome imp e­rial de Douala pour ·Jc trafic d'apparcils de 60 tonnes c t de sept terrains repartis sur le territoire poµr l'atter­rissage d'a -vions de 20 tonnes, }'extension des moyens de transmission par la creation de nouveaux bureaux de oste, le developpement du · reseau telephonique, la liaison radiotelephonique entre Douala et Paris.

c} lnvestissements - Energie - Main-d'oe1,1vre La construction d 'l)n puissant outillage commande

ainsi les chances de mobilisation de toutes les ri­chesses naturelles du Cameroun. Mais cette economie est-elle maitresse d'elle -meme ? Demeura-t-elle victime d'un implacable determinisme physique ou peut-elle s'affranchir des servitudes qui semblaient peser sur elle ? I '

De toute fai;on son expansion · demeure conditionnee par un programme tres large d'investissements, une po ­litictue de -l'energie et un accroissement du rendement de la main-d'reuvre.

· Les investlssements

Il convenait d 'abord pout le Cameroun, de convier a lui, pa r une politique de co11fiance ~t de ha~dies s_e financiere, les capitaux qu'en depit d'.u11e certame · a1-sance des rendements fiscaux et d'un servicf de la Dette publique jusqu'alors tres m,odeste, ses ressources publiqties ne suffisaient pas a lui fournir. Il dut a sa situation en Afrique centrale et a la liberte d 'acces qui cara cterise son statut d'attirer depuis detnc ans un cou­rant considerabl e d'importations de capitaux.

Le merite en revient tres largement au Plan de deve ­loppement coni;u par le F. I. D. E. S. qui, de 8 _mil­liards a l'origine vient d'etre reevalue a 25 mil1iards de francs C. F. A. La tranche 1948-49 atteindra deja plu~ d'un milliard et demi de credits de paiements pour doubler encore au prochain exercice. Grace a l?, part croiss.ante des subventions consenties par la metropole, l'effort reste a la mesure des possibilites du territoire puisque le service de la Deite n'est passe de 1946 a 1948 que de 1 a 5 % des depenses budgetaires. L1aide con­siderable des credits Marshall perm ettant des achats de materiel lourd au x Etats-Unis s'inscrit dans le meme effort.

Mais l'ampleur de ces concours ne saurait faire oublier les abondants irtvestissements prives, d'origine metro­politaine OU non, qui sont venus OU se disposent a ve­nir feconder l'economie camerounaise. Au 31 decembre 1948, le montant des capitaux prives introduits . au te r ­ritoire pour la constitution de societes nouvelles s'eta­blissait a pres de 500 millions . de franc~ C.F.A. ' Plus significative encore est la solidarite des forces officielles et privees qui s'affirm 'e dans un concours de plus en plus large apporte . par la puissance publi­que aux initiatives libr es dans les entreprises d'eco­nomie mixte qui prennent naissance dans les branches les plus diverses d'activites.

Que l '.autorite administrative exploite directement comme · c'est le cas pour les stations de tabac de Bat­schenga ou de Quinquina de Dschang, qu'elle commer­cialise son action avec !'introduction depuis le 1 •r jan­vier 1948 d'une Regie des Chemins de fer du Came­roun, ou que, tout en confiant la gestion aux techni­ciens, elle se reserve la propriete des entreprises, a l'exemple de cette huilerie temoin de Dibombari des­tinee a renover la palmeraie sur Jes utiles suggestions de l'I. R. H. 0., il s'agit qans tous les cas d'exploita-

lion s collectives associant les inter cts p1•ives a l'action pllb li qne. · , · ·

•Dans le meme espPlt, !'institution du Bureau Minier de la France d'Outr e-'Mer perm ettra !'injection de credit aux entrepris dignes d'appui, tandis que le systeme des participations d'Et a t, dej a mis en pratique dans la formation de la Societe « Bois du CaIJileroun » , four­n ira l'instruinent necessaire pour associer de plus on plus etroitem ent les inten~ts locaux aux produits et au controle de la distdbution des richessses forestieres.

C'est la formule de l'actionnariat d'Etat qui inspii'a la creation, le 18 juill et i948, de la Societe d'Energie Electrique du Carneroun au capital de 200 millions dont Jes titres ont etc souscrits a raison de 34 % par le ter­ritoire , 34 % par la Caisse Centrale de la France d'Ou ­tre-Mer et 32 % par les u sagers du CanHlroun.

E;1ergie

i\ l'~xemple de la Nigeria voi1;h1c, voila que le Came­roup s'attache a detruire cette legende d'une i.neluc­table pauvtete energetique de l'Afrique Centrale. A de­faut d'titilisation des ressourccs de la navigation flu- . vi ale, le Cameroun se dispose a mettre en reuvre les ressources cte l'energie hydro-electriqu es. Quelques se­maines apres $a constitution, la Societe d 'Encrgie Elec­triqu e du Cameroun elevait un premier barrage sur Je cours inferieur de la Sanaga, a Edea; demain elle y en­tr eprendra la <:.Q.nstruction de l'usj:oe dont le$ turbines, repandront, dans trois .ans, la force et la lumiere da11s le pays. La puissance installee en premiere .etape, 30.000 kilowatts, permettra de dis ribuer l'electr,icite domestique aux vHles de- Douala et d'Edea, l'energie m otrice aux secteurs industriels du Sud du Cameroun. La realisat ion l;l,'un·e seconde etape, avec une puissance de 80.000 kilowatts verra !'extension de la distribution ii d'ffil.tres regions du territoire, !'electrification du reseau ferre et peut-etre la vente de l'electricite a lon­gue distance.

Acc roisseme11t du rendement

Riche en produits, le Cll:meroun est encore fort pau-. vre en hommes, moins de 3 millions pour un territoire de 425.000 km2, a peine 7 au km2; les besoins courants de main-d'amvre sont coustamment superiei,irs I\UX dis- 0

ponibilites e::t cette rarete meme entraine, avec . la surenchere des employeurs, upe grande iqstabilite de l'emploi et un e baiss e in~ont estable du rendement . Les travaux du plan d'equipeinent, qui reclarneront, avirnt dix-huit mois , 14.0d0 travailleurs nouveaux, ne .feront qu'aggraver celte situation,

FallaiHl se resigner, de ce fait, a ce paradoxe singu-, lier d'un patrimoine d e richesses latentes et inertes,

sa ns bras p our les exploiter, alors que les obligations (le la mise en valeur convient a mobiliser progr .essivc­ment toutes les ressources du territoire.

L'effort de mecanisation, entrepris des la · fin des hostilites, allait pennettre, par une extension progres­sive ·a toutes les branches de la production, de supplecr la penurie de niain-d'reu vre.

Sur les chantiers forestiers, la scie de long fait place a la scie mecanique; . dans Jes carrieres et Sur le car­reau des mines, la pelle mecanique remplace les terras­siers; dans les plantations de cafe, une charrue a dis­qucs effectue . a ~elle seule le travail de cinguante tache­rons; sur les quais de Douala, sur les routes, les Bull Dozers, les Stadp.l~ Trucks et les Hysters liberent cha­quc jour de 1;1ouveaux ;manomvres.

Secondant !'action de la machine dans l'ameliora­tion du marche du travail , la valorisation du rende- · ment de chacun peut egalement compenser 1'insuffi­sance numeriqi.ie. C'est a quoi s'attachent Ies pouvoirs

.NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES 2i

publics, sur le plan technique par ~a formation profes­sionnelle acceleree en voie de realisation -et par l'ap­prentissage qui re9oit son statut; sur le plan indivi­<luel par l'application du Code du Travail, actuelle­ment mis au point dans la metropole, surtout par la valorisation des conditions de vie et de travail dans l'application plus sevtre des regles d'hygiene, l'ame­lioration de l'alimentation, de l'habitat et du vetement, la creation de cantines et d'economats, l'extension de l'assistance medical _e et sociale.

Mais cette ;valorisation se con9oit difficilement sans un solide encadrement technique et l'Europeen peut beaucoup a cet effet dans la mesure oi:t il se comportera non point 1en maitre, mais en guide . bienveillant ct affectueux. A la liberte d'investissement, et se confon­dant bien souvent avec elle, le Cameroun ajoutc la liberte de peuplement conform e a son statut interna ­tional.

Deja tles ouvriers italiens s'em ploient aux travaux dn barrage · d'Edea , des elements · miiilaires collaborent a l'organisation economique sur les chantiers routiers et des vreux ont ete formules tendant a l'implantation de quelques communautes europeennes, sur le plateau de l' Adamaoua. I

L'homme blanc apporte les bienfaits de s-a methode; i1 encadre, ii equipe, sc devant de communiquer a l' Afrique la force de -son exemple. De plus en plus inde­pendant du milieu avec les prog1:es rapides de la cli­matisation, et beneficiant en de nombreux points du Cameroun de conditions climatiques favorables, il fait souche et se developpe aisement. Les chiffres sont elo­quents qui portent l 'effectif de la population euro­peenne de 3.200 en 1938 a pres de 3.900 en 1946 pour depasser aujourd'hui ·6.500.

d) Affermissem~nt du marche interieur

Dans celte mobilisation generale des forces du Came ­roun, aucun devoir ne parait plus imperieux que de sauvegarder un equilibre raisonnable entre cultures d'exportation et cultures vivrieres. II convient de , de­fendre le marche interieur contre l'attrait puissant de prix exterieurs accidentellement · gonfles. Grace a son equilibre naturel, le Cameroun echappe a la sujetion de }'exportation. S,ans doute est-ii necessaire qu'il s'assure les sorties qui paieront en retour l'importation d'un puissant outillage ou de produits manufactures qu'il ne pent produire ; il est heureux que 100.000 hectares plantes en cacaoyers, 20.000 hectares de cafeiers, 8.500 hectares d'hevea, 140.000 hectares au total, soient des­tines a satisfaire les marohes exterieurs.

Mais le Cameroun entend garder pour sa propre con - ·· somrnation un · pourcentage appreciable de matieres premieres, surtout aliment'aires. Avant meme de stimu- , Jer l'exportation, il convient de multiplier les moyens essentiels de subsistance et ii n'est pas excessif d'am ­bitionner pour le territoire qu'il devienne a lui-meme son meilleur client. Un grand marche interieur l'af[ranchira des crises d'exportation tout en elargis­sant quantitativement et qualitativement la ration ali- . mentaire des Africains.

Des maintenant la diminution Lem poraire des expor­tations d'huile de palme et d'arachide souligne un accroissement de la consommation locale · tan dis que la moitie de la production bananiere alimente le pays. De meme le developpement des usages famiJiaux res­treint la eommercialisation du ma:is, des haricots. La culture du riz s'etend. Les champs de pommes de terre se creent autour des villes.

Deja plus d'un million d'hectares est consacre aux cuHures vivrieres, dont 600.000 au mil, 98.000 a l'ara­chide, 90.000 .. au mai:s, 50.000 au macabo, 32.000 au

manioc, 25.000 aux haricots, autant a la banane plan­tain; on evaluait a 1.500.000 tonnes la production agri­cole vivriere en 1948. La creation d'une vaste zone de culture dans la region du Mungo, notamment autour de Yabassi, le developpement des jardins maraichers au­tour de Dschang, la delimitation d'un perimetre vivrier autour _des gr-ands centres et l'encouragement aux jar­dins familif!UX favoriseront encore une production accrue. ~

C'est dans le meme esprit que sont tentees Jes nou­velles methodes de protection du betail et d'exploita­tion du cheptel qui permettront d'acheminer les pro­duits de l'clevage sur Jes centres urbains dont le ravi- ' taillement reste precaire. Si !'eradication de la peste bovine permet au betail de parcourir desorm 'ais 800 km. pour arriver sm· le marche en bon etat, il faut encore ameliorer le transport de la viande fraiche et se rallier a une fo.rmule, containers routiers ou trans ­port aerien, pour assurer l'approvisionnement re,gu­lier des marches du Sud. La encore ii faut de puis ­santes initiatives pour debloquer dans le Nord ce capi ; tal de 1.3_00.000 bovins, richesse encore partiellemeut inemployee et qui appelle des centres d'abattage, des usines de conserves, des tanneries et l'amenagement approprie d'une chaine de froi~ jusqu'aux lieilix de dis-tribution. •

Car c'est travailler egalement a elargir les chances d'autoconsommation du Cameroun q'ue de l'engager vigoureusement dans Jes voies de !'industrialisation. Deja apparaissent sur la scene locale des fermes-pilotes, des huileries de palmistes et d'arachides pour accroitre _la production de corps gras, des fabriques de savon, des btasseries, des conserveries, des confitureries ou choco­lateries, des briqueteries, des fours ·a chaux et des tan ­neries; deja Je territoire, grace a la station de Dschan g, couvre ses besoins en quinine et la station de tabac de Batschenga assure !'ensemble des besoins de l'Union Fran(;;aise pour Jes tabacs dt;. cape de couleur claire . La remarqurble usine de Dizangue, au rythme de 50 tonnes de lat ex par jour, produit 1.500 tonnes oc feuilles, 750 tonnes de crepe et 150 tonnes de latex sta ­bilise par an; poursuivant son equipement, elle envi­sage ' la fabrication de chaussures entierement en caoul ­chouc parallelement a la production de crepe · a semelles. Grace a !'exploitation des especes forestieres communes, le Cameroun compte deja 19 ·seieries concentrees autour de Douala ct Yaounde; 4 nouvelles entreprises, donl 2 fort importantes, sont en cours d'installation et de nombreuses scieries mecaniques se·- dispersent dans la foret; le marche interieur qui n'absorbait en 1947 quc 11.000 tonnes de bois, en consommait deja 24.000 en 1948. Lorsque, dans qnelques mois, les nouvelles scieries entreront en activite, la production s'elevera a 100.000 metres cubes dont la moitie pourra etre utilisee sur place.

Aux scieries s'ajout er on l des usines textiles, des fa ­briques de meubl es, voire une cimenterie a l'image de celle de Rufisqu e en A.0-F., et bientot des usines de transformation de dechets de cacao ou de banan es et des conserveries de viande.

Le developpern ent industricl du Cameroun s'etend ainsi pen a peu. II s'epanouira avec la uaissarlce des sources d'energie. Point n'est besoin de demontrer l'importance de !'industrialisation dans !'elevation du standard de vie populaire. Aussi les services publics ont -ils consacre leurs efforts a encourager !'installation de ces entreprises de transformation. A cet effet, le s droits des prets sur nantissements et sur l'hypotheque ont ete abaisses de ·5 % en 1947 et ceux afferents aux actes comportant augmentation de capital ou aux actes portant fusion de soeietes ramenes de 6 a 1 %. Pour les effets de commerce domicil ,ies au territoire, un droil

22 N-OTES ET f;TUDES DOCUMENTAil\ES

fixe de 2 francs, a ete substitue au droit proportionncl. En outre, des allegemenis de droits de douane affectent le materiel et les materiaux destines a l'equipement du territoire.

Mais le Cameroun, pays neuf, est loin de pouvoir s'affranchir du secours des importat~ons. Dans les bud­gets familiaux, deux tiers des depenses sont encore affectes a l'achat de marcha n dises etrangeres au Terri­t~re et le role du commerce exterieur est tel que son volume reste superieur au volume des instruments de paiement.

Au tade de developpement economique qu'il traver­se, la part des importations, au commerce special, enre ­gistre un accroissement constant. Contre 60.000 tonnes de marchandises importees en 1930, le Cameroun recut en 1947, 86.00.& tonnes et 148;000 en 1948, soit 245 % du tonnage d'avant guerre. Sur ce tonnage, il est vrai, la plus grande part concerne du materiel d'equipement: ciment, 27.700 tonnes contre 12.000 avant guerre, metaux ferreux, 15.000 tonnes contre 2.500 en 1939, machines, pres de 6.000 tonnes contre moins de 500 tonnes avant la guerre. Si une part importante de ces importations est couverte par les investissements venant de l'exte­rieur, il reste que les achats de cotonnades, eeux de carburants qui passent de 7.000 tonnes avant guerre a 22.000 tonnes en 1948 et une partie des achats de ma­teria ux de construction out une profonde incidence sur le marche interieur.

Tout desequilibre des prix risque done d'entrainer de graves repercussiohs pour la stabilite ceonomique du Territoire et ce fut le cas lors de la devaluation monetaire intervenue en janvier 1948. .

II fallut pallier les consequences de !'operation par un e caisse de compensatio n, instituee en avril 1948, et alimentee en recettes par des taxes a !'exportation sur tous les produits du cru a !'exception des cafes; clle devait limiter la haussc des produits essentiels d'importation. Toutes les dcnrees susceptibles d'avoir une incidence sur le marche interieur, tant materiaux que marchand ises de consommation, fure nt ainsi pro­tegees.

Nous ne saurians micux faire, pour synthetiscr cet effort d'affermissement et d'organisation du marche interieur camerounais, que de citer ces pages d'un des derniers discours prononccs devant l'Assemblee locale par le Chef du Territoire :

Beaucoup plus que leur remuneration, c'est le pouvoir d'achat de ccs salaries qu'il importe de sauvegarder. Or, ce pouvoir d'achat nc se maintiendra que si Douala exerce sa fonclion urbaine d'entrepot d'approvisionnement des comploirs et boutiques du bled et recoit en contre-partie uo apport regulier <le vivres en provenance du grenier du Mungo, zone oourriciere immediate.

Nous o'avons .ccsse de faciliter ce circuit regulier eolrc vivres et marchandises qui mena!,ait de se rompre avec la devaluation de janvier 1948. Malgre lcs plus vives resistan­ces, nous avons afors instilue une cafsse de . compensation alimentee par les plus-values sur les exportations et destinee it fournir a la populalion Jes produits d'importalion de base aux cours anterieurs it l a devaluation . Elle permettra encore en 1949 de comprimcr le cout des carburants et financera ·1e surplus de charge s entraine par la mise en circulation de · camions de ramassage de produits vivriers dont le fret re ­presente de s frais plus eleves que le transport par fer.

Plus tard, lors du relevement des baremes ferroviaires, nous avons refuse les propositions de la Regie ct cxige des larifs particulieremenl has, notamment pour Jes denrees alimentaires de consommation courante. Enfin, vos receo­lcs decisions fiscales comporlent une reduoti,on importante de l'i1npot sur les lraitemenls et instiluent un taux d'impot per sonnel plus faibl e que sur les autres lerritoir es.

Pour venir en aide, soit aux regions deficitaires, soit au x categories desheritees, notre arrete du 9 juillet 1947, d'une applica ti on souvent de li cate, n'a pas hesite a prevoir des transferts administratfs d'office. Nous venous de decider

d'elever de 20 it 25 % le pourcentage de cotoooades dont l'arrete de juillet autorisait le blocage et ce contingent sup­plemeolaire de 5 % qui representera un metrage individuel assez important, sera reserve aux besoins des salaries et pe­tits employes de !'agglomeration de Douala.

Enfin, nous entendons reviser les marges beneficJ.aires, li­miter le delai de fermeture des boutiques pour inventaire, ameliorer la publicite des cours et refoii.dre notre sysleme de police economique afip de pou'f-chasser les ventes condi­tionoelles et la retention des marchandises.

Mais le probleme interesse trop directement la securite du territoire pour que nous ne fassions appel aux grandes m ai­sons ·en leu\ demandant d'exercer :un. d~oit d~ suite altenti_f sur les operations de gros et de detail Jusqu au moment ou les m rchandises parviennent au consommateur. Cantrolc d'autant plus imperieux que la commercialisation des eoton­nades, apres . avoir atteint 2.000 tonnes en 1947, n'a pas depasse 1.200 tonnes en 1948.

Par ailleurs, nous savons gre it ces maisons importatrices, comme au syodicat des planteurs de bananes, comme aussi aux organisations syndicales ouvrieres, de nous avoir exprime leur souci commun de collaborer au ravitaillemeol du territoire .

Pour ootre part, !'administration vient d'affecter 150.000 dollars a des commandes · de tracteurs et d'engins destines a mellre en valeur de s zones vivriere s. Nous appuyons egale­menl les efforts de la municipalile de Douala pour instaurcr des collectivites d'achats et g~neraliser les boutiques-temoins et les restaurants populaires .

Es t -il oecessaire de dire combicn nous escomptons ici la collaboration des cooperatives dont l'aclion sur les prix s'est parfois revelee tres operante: soil qu'elles englobent l'ensem­hle· des travailleurs autochtones de Yaounde ou de Douala, soil qu'elles se limitent a· certaincs categories sociales, comme les chemins de fer ou les fonctioonaires de l'adml­nistration generale.

Le territoirc a suffisammcnt prouve sa confiance dans la fecondite au Cameroun du principe cooperatif, puisqu'en moins I de deux ans, 40 organisations de cet ordre surgirent, qui out beneficie dans ce court espace de temps de 87 mil ­lions de francs d'avances, non compris des avantages d 'at­lribution de vehicules et de blocage de denrees.

Mais qui dit ouverture de credit dit controle et la loi du 10 septembre 1947 nous en faH une obligation. Pour exer­cer effectivement ce controle, et plus encore pour renforccr l'action souvent precaire de tentatives individuelles incer­taines, nous avons constitue en oovembre 1948 l'Union cen­trale des Cooperatives du Cameroun appelee quelque jour a se lier avec l'Uoion Centrale Metropolitaine des Coopera­tives d'Oulre-Mer en cours de formation.

Nous aurions aime consentir a cette Union un pret de mise en route pour lui permettre des importations de mar ­chandises. Notre initiative ne semble malheureusemen .t pas avoir ete alors comprise, mais grace a 1'1nstitution du Cre­dit Camerounais, soumis le 7 fevrier dernier, a !'approbation du F.1.D.E.S., nous comptons amorcer des operations de fi­nancement qui, par dela les cooperativc;s, pourroot s'etendre aux petites entreprises et comprendre des prets destines a financer la construction immobiliere.

Notre preoccupation tend de la sorte a multiplier des orga ­nismes · qui, tout en adoptaot la technique europeeooe, gar­deront uo visage africain. Ce n'est pas detruire oeaomoins les formes locales de vie et de pensee, c'est solidariser au cont;·aire notre action avec celle de nos amis autocI1tones, que de preparer pour l'avenir des liaisons etroites d'interets cntre producteurs locaux et . consommateurs. Contrairement a certaines opinions, nous peosons que rien n'est plus urgent que d'appeler des represcntanls autochtones aux profits et au controlc de grandes cnlrepriscs. Des mainteoant, nous les convions a faire leur experience d'administrateurs d'Etat au sein des societes d'economie mixte appelees a exploiter les richesses camerounaises forestieres ou d'energie electrique.

Nous preconisons meme pour demain la generalisation de vastes commnnautes d'affaires qui, debordant peut-etre le compartimentage de nos frontieres locales, garantironf, selon des formules variabl es de representation des interet s publics et prives , d'une part aux producteurs d'Afrique Ceotrale la regularite de leurs fournitures , d'autre part aux consomma­teurs des , pays plus evolues economiquemeot la securite de leurs approvisionnements, et je pense ici d'abord au x trans­ports sur la Beooue et a l'equipement d'Eiea.

N•,01'ES ET · 1hunES DOCUMEN1'AiREs

C'est peut-etre la anticiper ct presager l'avet1ir, mais n'y avait-il pas . anticipation deja a mediter voici pcu d'annees encore, cette constitution d'economics regi.o­riales complementa·res, ces courants d'echanges a lcmgue distance qui s'organise11t aujoutd'hui et qui dcmain assureront la cohesion ct l'independancc de tant de pays divers.

Au 'travcrs ' de tontes ces initiatives, le Cameroun prend conscience d'une personnalite economique dis- • Hncte, qui s'est affirmee avec un eclat particulier le 3 janvier 1948 a !'occasion d'une Faire-Exposition ~1

Yaounde.

e) La personnalite soci!11e

Deja on peut constater une amelioration inconlestablcl des habitudes vestimentaires africaines qui ten .dent a generaliser l'emploi du vetement de forme europeenne, confortable, propre et adapte aux conditions du climat. Le probleme de !'habitat demeure sans doute aigu, puis­qu'un denombrement effectue en 1948, dans la region du Wouri, n'accusait encore que 800 batiments en dur contre 14.500 cases en materia~x legers. Les facilites plus grandes d'appprovisionnement en ciment, !'exe­cution de plans cadastraux, la realisation de grandcs arteres et de pares dans les villes, la constru ction de villages modeles et de cases types doiven t permettre de redresser une situation tres generale sur la cote d'Afrique. Un credit de pres de 600 millions a ete prevu a cet effet au plan d'equipement et le credit camerounais, institue par un decret du 25 mai 1949, est destine notamment a flnancer un large programme

Jes foyers de paludism t dcmenrcnt ctendus ct la mouche tse-tse exerce encore son action en quelqucs rates regions.

A liceuvre de cc corps de sante, trop peu nombreux encore, il faut associer les missions I'eligieuses qui

• comptent 13 medecins missionnaires ·et dispensent leurs soirts dans 38 formations sanitaires. Au total, le terri-1toire est couvert par 265 formations, dont 29 h0pitaux permettant !'hospitalisation de 40.000 malades chaquc annee - et un effectif de plus de 1.200.000 consultants en 1948. ·

De plus en plu s, !'actio n medic ale s'oriente vers !'as­sistance rurale, au com·s des tournees des equipes d'hy ­gierie mobiles. L' activite sanitaire resterait vaine, en effet, faute de mesures preventives telles que la genera­lisation de forages pour l'alimentation en eau, le ramas­sage des detritus, l'elagage des arbres et l'assainissement des regions les plus insalubres p ar suite d'une excc 'p­tionnelle hygrometrie. C'est le role' de cc service d'Hygiene Mobile et de Prophylaxie qui se complete d'une intense propagande en faveur de !'hygiene par la distribution notamrnent de notices traduites en langues indigenes, de tracts et d'affiches, bientot par la projection de films realises silr place. ·

Cette activite serait egalement illusoire si J'ameliora ­tion physiologique de l'individu n'etait entreprise a la base par !'encouragement a la · maternite, le develop­pement de la puericulture, la multiplication · des consul­tations prenatales et postnatales. En 1948, les consulta­tions prenatales ont atteint le chiffre de 65.000, tandis que les consultations d'enfants de 0 a 2 ans s'elevaieu L a 17 5.000 et cell es des en.fan ts de_ 2 a 5 ans a 280.000.

de constructions immobilieres. S'inscrivant dans cet effort des concours sont offi-Il importe aussi de constater que le Camerounais ciellement institues pour recompenser les plus beaux

s'alimente mieux; il elargit sa ration de mai:s, macabos, bebes, t.el celtii qui se tint en juillet 1948, a Yaounde, palates, se reserve une part croissante de denrees et obtint un vif suc/:es, les competitions sportivcs se riches comme l'huile de palrne .au point · de restreindre font plus nombreuses. Enfin, la creation d'une Inspei:- . peu a peu le surplus d'exportation. Mais il ne suffit p'as tion des ecoles, d'une Inspection Medicale du travail de diversifier le menu, · encore faut-il le controler et ct !'institution d'un corps de visiteuses a domicile sont enrichir sa valeur caloriflque. II faut ameliorer une en voie d'organisation avec l'arrivee recentc au Came­ration alimentaire riche en graisses et feculents, mais roun des quatre prem1eres assislantes sociales ct la insuffisante en elements protecteurs, en viande et pro- creation d'u_ne Direction sociale. auits azotes. C'est dans cc but qu'une .Commission Un Comite du Bien-Etre Social, depuis octobre 1948, d'Hygiene Alimentaire, depuis ·decembre 1947, s'attachc .groti.pe et coordonne toutes ces tentatives jusque-la :'t la diffusion du riz, du soja, des cultures fruitieres cl eparses et fragmentaires. Preside pal,' le Haut-Commis-

, du petit elevage domestique. Elle a preconise egalemenl saire et compose des personnalites administratives et la creation _d'une industrie ·de la peche et un chalutier civiles interessees aux problemes de !'assistance, il de haute-mer procede des a present, au large de l'es- comprend egalement des representants de l'Enseigne­tuaire du Wouri, aux premiers essais de peche indus- ment, car un role educatif de tous les instants s'.ouvre trielle. L'organisation de la distribution de la viande pour l'ecole dans cette ascension des co~ditions de vie fournie par le che'ptel du Nord assurera enfin a l'ali- camerounaises. mentation indigene !'appoint indispensable en elements ' Le _Cameroun a atteint hcureusement un pourcenta gc azotes. important de scolarisation, 120.000 eleves pour 3 mil-

Une revue a ete fondee sous le titre : Hygiene el Alimentation, qui, depuis pres de 18 mois, dispense, par un tirage en constante augmentation, des conscils aux foyers et specialement aux menageres africaines. Ce souci d'une meilleure alimentation des populations autoclitones s'affirmera encore en octobre prochain, au cours d'une Conference de la Nutrition dont le Centre Climatiqu~ de Dschan _g, dans les montagnes bamilekes, sera le siege et qui reunira des representants de tous Jes territoires africains.

A cette ceuvre educative, qui ne peut etre que pro­gressive, se joint !'action d'un corps medical genereux; 38 medecins appartenant a !'administration, 18 prati­ciens pri.ves, 53 medecins africains, pres de 800 infir­miers unissent leur devouement dans la lutte confre les maladies. Les epidemics n'occasionnent que peu de ravages, le nombre des varioles est inferieur a 500 par an et la meningite cerebro-spinale regresse; en revanche,

lions d'habitants, et son champ d'action cultm :el, de­bordant le Sud du Territoire, grace a un vaste pro­gramme scolaire qui doit compreridre 300.000 ecoliers, va s'etendre de plus en plus a ces regions Nor Q. que l' Administration frangaise en tend incorporer etroitc­ment dans la vie commune du pays. A cet effet, les ecoles des missions sont conviees aux cotes des .ecoles officielles et les subventions a l'enseignement prive ont ete portees · a pres de 15 millions en 1948 contre moin~ d'un million en 1945.

La sccilarisation de masse nc saurait etre toufefois une scolarisation au rabais ·; le probleme des cadres la domine. Deja fonctionne une ecole normale d'institu­teurs, trois autres, dont une pour les filles, doivent etre construites sur les credits du plan, ainsi que quatrc 1:coJes de maitr es brevetes.

L'en seiguement du second degrc formera les cadres des professio\1s liberalcs ct de formation scientifique

• 24 NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES 1

ou litteraire exiges par un pays modernc. Il comprendra un lycee classique et moderne mixtc a Yaounde, qui sc substituera a l'actuel college secondaire en elargissant ses objectifs, quatre colleges modernes et un college

. de filles a Douala. Si deja de nombreux boursiers frequentent les eta~;

blissements fran\ :ais d'enseignement supei:ieu ·r et tech­nique, leur choix sera soumis · a l'avenir a une appre­ciation tres serieuse, fondee sur Un concours en meme temps qu e sur les epreuves de selection qu'autorise des it present le centre psycho-technique dont a ete dote le Territoire.

Mais l'enseignement n'atteindra son objet veritable que s'il s'affranchit peu a peu de Ia pedagogie pour revetjr un caractere largement utilitaire et doter le jeune Camerounais d'un solide metier. L'organisation de l'enseignement technique repond au double objectif de fournir des artisans et des ouvriers qualifi~s ainsi que des cadres ·de maitrise et d'enseignement. A cet effet, 7 centres de formation professionnelle et 10 centres de formation acceleree sont en voie de realisation, com­pletes par !'Ecole N ationale professionnelle technique et bientot par trois colleges techniques preparant au brevet industriel.

Les taches scolaires sont trop mouvantes et delicates dans un pays aussi jeune et riche de vitaiite pour ne pas necessiter les avis et les suggestions · de toutes Ies bonnes vowntes et c'est pour .concilier tant d'aspira­tions rt d'i'nitiatives di verses qu'un Conseil . Superieur de I•Enseignement a ete cree, en fev:rier 1948, pour preter son concours a !'elaboration des programmes et pro\loser des solutions aux problemes educatifs.

Car il ne s'agit pas taut d'instruire 'que d'eduquer, et l'education depasse !'action scolaire. C'est un eveil de la conscien _ce africaine qu'il conviep.t de realiser; donner a cet esprit noir si curieusement observateur, le sens des grands problemes. Le propos depasse l'ecole. Il s'etend a la formation physique par ·une familiarite plus grande avec les regles de !'hygiene individuelle, l'amenagement de stades, !'encouragement aux mouve­ments sportifs que se propose une Federation des Sports recemm ent constituec. On doit viser egalemcnt I'acccs

\.

, \

a une large culture moderne par la construction de centres culturels et de maisons de jeunes, la diffusion de bibliotheques fixes et circulantes, du cinema educatif, des emissions radiophoniques, toute manifestations de !'education populaire qui trouvent aupres des Africains un succes croissant.

Ainsi le Cameroun s'est attache au cours de ces trente annee ·s d'une histoire encore courte, a degager les carac­teres essentiels d'une personnalite originale. Sous la tutelle francaise ; il s'est ·rallie d'emblee aux concep­tions du monde moderne, sans fievre et comme conscient de sa vocation qu'il realise chaque jour davantage. '

Son accession aux formes modernes de la vie poli­tique et econom.,ique etait conforme aux principes de la Charle de San Francisco et consacrait a l'avance Ies principes -poses dans l'accord de tutelle du 13 de­cembre 1946.

Dans son Rapport a l'Assemblee Generale des Nations Unies sur l' Administration du Cameroun sous tutelle francaise au cours de Tannee 1947, le Conseil de Tutelle s'exprirne ainsi :

Le Conseil felicite l'iu.torite chargee de !'administration pour les reformes recemment introduites, qui doivent contri­buer a la formation et au progres, dans le d.omaiue politi­que, des habitants du territoire, notamment !'introduction du droit de suffrage et 1a creation de l' Assemblee represen­tative.

Et plus loin encore :

Le Conseil se felicite des efforts que fait l'autorite chargee de !'administration pour ameliorer les conditions economi­ques et sociales . et exprime l'espoir que le plan decennal sera couronne de succes.

Il serait audacieux, dans le tumulte camerounais, de presumer de l'avenir, de presager le stade futur .d'un territoire aussi accessible aux formules nouvelles. II est certain pourtant que, dans la voie ou il s'est engage hardiment, toute hesitation comme tout retard dans la poursuite de _!'effort ne sauraient que compromettre l'reuvre ei:itreprise.

S.P.I - 2 bi s, Impa sse du Mont-Tonnel'fe, P:uls.159 Prix 'de ce n• : 50 frs.

f AO-KIM•H,Y

l, . A -n O C U 1\1 E N T A T I O N FRAN«;AISE

PRESIDEN,C:I ~ DU CONSEIL SECRET.\RL\T GENERAL DU GOU VERNE~JE:ST

DIRECTION DE LA DOCUMENTATION :

HAUT COMMISSARIAT DE FRANC.,; AU CAM:.EROUN'

' 14, rue Lord-Byron, PARIS·&• • T61.: ELY. 82-00 SERVICE D'INFORMATION ET DE PRESSE

CENTRE DE DOCUMENTATION

18 AOUT 1949

NOTES E'r ETUDES DOCUMENT AIRES

sous CAMEROUN tutelle .fran9aise

PREM I ERE PARTI E

GENERAL .ITES

SERIE FRANCE D'OUTRE-MER

SOMMAIRE

I. - He11seig11e111enis {Jeograpltiques

II. - Renseignenw1 1Ls adminisirali{s ••••••••••• ' •••••••• . • ' •••••••• • •• i

III. - Renseigneinenis d'ordre social ... .. . .. . . .. .. : . .. . ··: . . ... .... ... .

IV. - Renseignemenis economiq ues ..... . ... .. . .. .......... .. .. . .. . .... .

2

., I

10

a) La production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 'IU

b) Le commerce 13

c) . L'equipemertt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

V. - La reglemenlation . . . . . . . . . . . . . . 21

..

N° 1.181

LVI

Le Cameroun sous tutelle franc;ciise

I. - RENSEIGNEMENTS GEOGRAPHIQUES

a) Le climat

Deux zones climatiques divisent l.t Cameroun : la zone tropicale Nord Olf sahelienne, chaude et seche aux variations de temperature importantes, la zone subequatoriale Sud chaude et humide aux variations de temperature peu accus'ees. Ces deux zones suivant le nombre des saisons des pluies et le relief peuvent etre subdivisees a leur tour. En effet : 1 • la, hauteur annuelle des pluies diminue de l'Ouest a l'Est et 2° la petite saison seche qui scpare les deux saisons de pluies est d'autant plus marquee et plus longue que la latitude est plus basse, sauf sur la partie de la cote adossee au Mont Cameroun ot'.1 !'existence d'un secteur

· a saison de pluies unique est due a !'influence marine. Au total on pe1tt• caracteriser Jes secteurs climatiques suivants :

Zone Nord. - Secleur till' Nord Cameroun (Benouc , Nord-Camerouu), une saison de pluies, vadations im­portantes de la temperature.

Secteur de l'Adamaoua (Adamaoua), une saison des pluies plus longue que la precedentc . Variations mode­recs de la temperature.

Zo11e Sud. - Secteur des savanes du Centre (Lom et Kadei, M'Bam), deux saisons des pluies, la saison. des pluies d'octobre beaucoup plus accusee que celle de juin, variations moderees de la temperature.

Sccteur interieur foresticr (Nyong et Sanaga), deux saisons des - pluies, chutes plus _ importantes que dans le seeteur preci:dent, variation faiblc de la tempera­ture.

Secleur montagncux de l 'Ouest (Barnileke , :Mungo), une saison des pluies, variations moderees de la tem­perature.

Secleur de Douala (Wouri, Edea), unc saison des pluies, variations tres faibles de la temperature . .

Secteur cotier du Sud (Campo), deqx saisons des pluies, variations tres faibles de la temperature.

A Douala, situe au Sud de la mer, la temperature moyenne annuelle est de 25° 45, avec un minimum a 23° 9 en juillet, aout et septembre et un maximum a 26° 6 en fevrier, mars et avril. 11 tombe annuelle­menl pres de 4 metres de pluies, surtout de juin a

septcmbre. Le dcgre d'hygrometrie varie de 79 % en mars a 87 ~ o en juillet.

A Yaoiinde, situe a 783 metre s d'altitude, la tempe­rature moyenne annuelle est de 22° 25 avec un mini­mum a 20° 8 en juillet et aout et un maximum a 23° 6 · en fevrier. Il tombe annuellement pres de 1 m. 60 de pluies, principalement en avril et octobrc. Le degre d'hygrometrie varie de 73,8 en fevrier a 82 % en juillet. Un climat peu different se rencontre a BatoctrI dans l'Est du Cameroun.

A Kribi, situe aq bord de la mer, la temperatur e moyenne annuelle est de 25° 9 avec un minimum de 24° 5 en juin, juillet et aout et un maximum de 2i 0

en fevrier et mars. II tombe annuellem ent plus de 3 metres de pluies, surtout en mai , septcmbre et octo­hr ·c. Le degre d'hygrometrie varie de 82 % en mars a 89 % en septembre.

A N'Kollgsamba, situe a 881 m. d'altitude, la tempe­rature moyenne annuelle est de 22 •, avec un minim urn a 20° en aout et un maximum de 23° 3 en ·mars. I! tombe annuellement 2 m. 70 de pluies, avec une sai­son des pluies tres marquee de rnai a fin octobrc. Le degre d'bygrometric varie de 77 % en fevri er a 89 %. en juillet et aout.

A Dsc'/1.alig, silue a 1.382 m. d 'altitude, la tempera­lure moyenne annuelle est de 20° avec un minimum a 18 • 5 en juillet et aout et un maximum ii 21 ° 5 en mars-avril. Il tombe annuellement pres de 2 rn. d'eau, d'avril a octobre principalement. Le degre d'hygrome­fric varie de 68 % en janvier•fevrier a 91 % en juillct.

A N'Gaoundere, situc a 1.120 m. d'altitudc, la tem­perature moyenne annuelle est de 22° 5 avcc un mini­mum a 21 ° en aout et un maximum a 24° 5 en niars­avril. Il tornbe annuellement 1 m. 50 d'eau, surtout d'avril a octobre, Jes autres mois etant completemcnt secs. Le degre d'hygrometrie varie de 35 % en fevrier­mars a 85 % en juillet.

A Maroua enfin, situe a 428 metres d'altitude, la tem­perature moyenne annuelle est de 29° ·avec un mini­mum a 26° en janvier et aont et un maximum a 33° 5 en avril. 11 tombe annuellement O rn. 80 d'eau au cours . des rnois de juin, juillet, aout et septembre, les autres mois etant completement secs. Le degre d'hygrometrie val"ie de 25 % en avril t decembre a 80 % en aout.

b) La population

CAMEROUN Densite' de la Population

CJ l?e'p1onJ 1n/2a~1lee.1 -

[I]] #oin.1 tie 5 /JalHtan/s dvA-mi

mm /JeSalO ,. . ,, ,.

mnnrn ,, /0 ,. 20 ,, ,. ,,

fflfflfflll ,, 20,. so ., ,, ,,

- Au o'e .. r.su.I de .50

.Ech~/1~ I: 5.ooo. aoo ~

' ,,. ,, \

'

7

4 NOTES 1'T BTUl>BS DOCUMENTA.11\ES

1. - -La population africaine

La population africaine du Cameroun s'eleve a 2.902.000 au 1 •• janvier 1948, se decomposant ainsi par region :

Nord-Cameroun ....... . Benoue ............... . A,damaoua ............ . Mbam .... · ............ . Lorn et Kadei ......... . Haut-Nyong .......... . Nyong et Sanaga ....... · N'Tem ....... ......... . Kribi ................ . Sanaga-Maritime ...... . Bamoun .............. . Bamileke ............. . Mungo ............... . Wouri . , .............. .

707.200 257.000 158.700 102.8qo 130.900

81.800 427.400 144.300 45.400

150.300 80.700

425.900 130.000 60.000

Densite par km2

22,6 4,2 2,4 3,1 1,6 2,3

16,4 4,3 3,6

10 10,9 54,9 12,5 60

L'accroissement de la population recensee a ete de 100.000 personnes . de 1946 a 1948.

~. - Population europeenine

Au 1~• janvier 1949 la population europeenne com­prenait, militaires non compris, 6.513 personnes dont 5.425 Fran9ais. L'on comptait 272 Grecs, 135 Syriens, 113 Americains, 95 Anglais et 473 Etrangers de natio­nalites diverses (Suisses, Belges et Italiens principale-ment). ·

Lors du recensement de novembre 1947, effectue sur 5,000 Europeens alors presents au territoire l'on comptait : · 1.464 fonctionnaires et familles dont 432 femmes et 388 enfants.

- 684 militaires (Service de Sante et gendarmerie y compris) et familles (font _187 femmes et 210 enfants.

- 2.852 prives et familles, dont 788 femmes et 466 enfants. Sur ce chiffre on comptait 493 mission­naires.

Quelques chiffres peuvent ind~quer la rapidite avec laquelle la population europeenne du Cameroun a aug­mente.

1890 .......... 105 1938 . ......... 3.227 1894 .......... 231 1940 . ......... 3.503 1913 . . . . . . . . . . 1.871 1942 .......... 3.613 1922 . . . . . . . . . . 741 1944 .......... 3.210 1926 .......... 1.570 1946 . ......... 3.875 1929 . . . . . . . . . . 2.100 1948 .......... 5.800 1931 . . . . . . . . . . 2.164 1949 .......... 6.513 1935 .......... 2.320

N.B. . (1) 1890 est 1a date du premier recensement allemand,

et 1913 celle du dernier recensement allemand. (2) 1921 est la date du premier recensement frangals.

c) La faune

Moins abondante que celle des grands territoires de chasse de l'Afrique Oriental~ ou simplement de l'Ou­bangui-Chari, la faune du Cumeroun est cependant assez riche et variee. La repartition des diverses espe­ces coi:ncide evidemment avec celle de zones vegetales et climatiques.

La grande foret abrite encore des troupeaux d'ele­phants et des gorilles, de petites antilopes, faune se­crete et qu'on voit peu dans l'obscur silence ou volent des papillons multicolores. En bordure de la foret la savane est !'habitat du buffle et de plusieurs grandes antilopes; les grands fleuves sont peuples d'hippopo­tames et de crocodiles. La plaine de la Benoue offre aux derniers rhinoceros le refuge de ses reserves fores­tieres. La plaine de Maroua est pei.Iplee de gazelles et d'oiseaux dont la densite sur les rives du Logone est prodigieuse. La region semi desertique de !'extreme Nord enfin, entre Mora et Fort-Foureau, est parcourue de troupeaux d'antilopes par milliers.

Un peu partout Ies pintades et les francolins ou perdrix d' Afrique, voire des « .petits lievres >, s'offrent au fusil des amateurs qui repugnent aux emotions trop fortes.

Les serpents sont assez nombreux - mais Jes acci­dents sont rares. Certains indigenes consomment la c;:hair du grand python. Les insectes, fourmis, termites, moustiques sont plus redoutables que les lions oti les pantheres qu'on rencontre rarement. La fatine domes­tique enfin comprend un peu partout de maigres volailles, des ch{lvres et des pores dans la region fores­tiere, des breufs et des chevaux dans la savane, quel­ques moutOJlS dans !'extreme Nord.

'

✓ N01'ES ET ETUDES DOCUMEN'l'AIRES

II. RENSEIG:NEMENTS ADMINISTRA TIFS

a) Schema de I' organis11tio~ administrative du Cameroun

COMITE ~ du Bien-Etre · Social _ _,

HAUT-COMMISSAIRE DE FRANCE

- I DIRECTION DU CABINET -

SERVICE DE PRESSE ET D'INFORMATION

SERVICE Judiciaire

SERVICE Armees et de Police

• SECRETARIAT GENERAL

Section <l'Etudes

tttspection Generale

du Travail

Directions et Services d' Administraj;ion

Genera.le

__ J

Affaires politiques et Administratives

Affaires Economiqu/!S

Afflut~ Culturelles ct Sociales

Finances

Personnel

Surete Generale

INSPECTIQN des Affaires Administratives

Directions et Services Techeiq .ues

Enseignement

Sante Publique

i\gricuUurc

Forets

Chasses

mevage

Meteorologic

Mines

l'ravaux Publics

fl T-l'IHlSIDissions -~-.,..,.. a~lt:._. --:_,..(..·<-<-,~ . Douanes

Contributions

Administration des Regions

. territorfa.Ies

Nord-Cameroun

Benouc

Adamaoua

Bamoun

Hamileke

Mungo

Wouri

Kribi

Sanaga..-Maritime

N'Tem

Lom et Kadei

Nyong et Sanaga

5

I

6

REGIONS

Nono-CAMEROU N

BE NOUE

ADAMAOU A

M'B AM

LoM ET KADEI

H AUT-NY ONG

N YONG ET SA NAGA

N ' T EM

KRIB I

SANAGA- MARI TIM E

B AMOU !\

B AMILEKi i

l\I UNGO

Wo um

NOTES ET t!,TCIDl!:S DOCUMENTAIRES ...

b) L' organisation territoriale ·

Le Camerouu est di vise en 14 regions . et 51 subdivisions

CHEFS-LIEUX

Uaroua

Garoua

N'Gaoundfre

Bafia

Balouri

tt.bong-Mbang

Yaounde

Ebolowa

Kribi

Ed ea

Fo111111ba11

Dscllang

N' I( ongsamba

Dooola

SUBDIVISIONS SUPERF ~ ---Maroua . ... .. . .. -~~ .~ .o . . •; ... . 6.500 km2 Fort-Foureau ... . .. ~~ .. (,_o_o. 1 • • • • • •

Kaele ....... . . . .. . J (, ... 6.o.o . . ..... . Mokolo ... ... . .. .. l~!i., .~ . .. .. . . Mora . . . . ..... .. . . ~ ll~,gq: · .. . . . . Yagoua . .. ..... .. . 11:1 . • qqo . . ..

8.000 » 2.800 » 4.200 » 3.000 » 4.900 » 707,u,o

Garoua ..... .... . .. 1.9-. ,q'! . . . ... . Guidder . ... , . ..... -19 . -.~.o.~ . . • • • • Poli . . . .... ........ :!) 1·. ct1!<! . . ... . Rey-Bouba . . .... . . •?9• KIN ..... .

-~ '!,S').1/"0o

N'Gaoundere ...... . . G~ ... S:-\'? ..... . Banyo .. . .... . ... .. i4.-.m . .. . . . Meiganga .. .. .. .. .. . 3f. t:nrf' • . . . .. . Tibati . . ... . ... . . . .. . 1.4. , .fu,<? .. . .. .

14.980 3.000

11.300 31.500

17.000 16.000

. 17.000 }17,000

» » » »

» » » »

T, · .. ~t t-1 . ~oo 11&.7.rv Ba~ia. :··:·.········· "-~·9C1q ..... . Nd1k11111nek1 ........ t f. r.o.o. . .. .. . Yoko . ... ....... . . . .t!-4.•.~•-~~ ... .

- , o ~.Boo

7.250 » 2.650 »

22.600 • »

Batouri .. . .. ....... £:,. ·-~- .... . . Bertoua . .... . ...... ~~, {-'.~ ..... . Betare-Oya .. . . .... . ~- .~- ..... . Moloundou .. .. .. ..... ~ '.~0 ." • • • ••••

Yokadouma ....... . . ! f.,.1.~ .. . .. . -----:; '0. ~~ 0

Abong-M.bang ........ , .:i. • .&.o.q .. ... . Doume . . .. .......... ½ ~-.-Z:0:-0 ...... . Lomie ........ . .... J .o ... ~ ..... . Messaru ena ......... . 1.b.-.E!~- -gi:ioo

20.000 11.000 20.000 24.000 20.000

3.100 6.000

24.000 6.000

i

Yaounde . .... . ..... .t.R.~.J?'?~. .... 7.000 Akonolinga .... . . . .. . f:9. : ~ . . . . . 6.000 M'Balmayo .. . ... . .... . ~. '1·. 7~~ ..... _ 3.250 Nanga-Eboko ... . .. . . -~-~ •. f <?'?. . . . . 10.470 Saa . ........... . .... JJ.o .. 'H~ ..... 1.600

, -- 41,7.4,o Ebolow a ... : ....... . f} P?~...... 9.700 Ambam . .. . ........ . '\:<l,. 1-<r?. . . . . . 6.000 Djoum .. .. ........ . .. ~-3qQ. . . . . . 13.000 Sangmelim a ........ r1 .. ~. , . . . . 6.480 . - I 1<1.f, .,_oo

Kribi . ......... . ..... l:o.,.~0 .0 .•. . .•

Campo . . ............. .I, 91"? .. ... . Lolodorf . . .......... 'l.j. J"".I).~- -.... ,:

- --- "'"·"oo

Edca .......... . . . .. ~Q ·. <?'?? . . . .. . Babimbi ............ ,0 : ~.0.~ .• . • ..

Eseka .. ............. {)- . ·w1 ... , . . 1 . . I ~o. ,oo

4.250 4.000 4.150

6.500 4.000 4.200

Foumban . . . .. .. . • - • .(9, ./Q<?. ····I · 7.500 Foumbot . . . ........ . .2..1, .•.o.o .. ... • j -go ,7•"' Dschang . . .. . . . . . .. If~,<? q-;>. . . • • 2.200 Bafang .. ......... .... 6} fo9 .. . : . 1.500 Bafoussam . .. . .. . .. ~ ~~ -~-. ... 1.200 Bangangte ....... . .... &(, •• ~. . . . . 2.100

~ <-f ~ .._ ~ 0 0

N'Kongs;unba ... . . . . . . ·H, l i' ~- . . . . 2.200 M'Banga ...... . ...... ':< J ·.o-.:". . . . . 2.300 Yabassi ....... . ...... '1':7, ~ -.... 5.400

l~o. °"° Doual a ............... b.o. -~ - .... . ---:--c I) . IN"

» I)

» » · »

» » »

» » » » »

.» » » »

» » »

» » »

»

» » » »

» » »

..

NOTES ET 2Tuo~is tJOCUMENTAIRES 7

c) l'organisation de la Justice et de la Police

Le regime judiciaire du Cameroun a etc sensiblement modifie au cot1rs des dernleres annees par !'applica­tion du decret du 30 avril 1946 portant . sup pi-ession de la justice indigene ·en matiere pen ale et des decrels rles 27 nov embre 1946 ct 22 octobre 1947 retablissant le Tribunal Superieur d'appel et creant de nouvelles juridictions de droit commun.

Tons les crimes, delits et contraventions soumis antc­rieurement a des juridictions indigenes speciales, rele­vent desormais de la competence de Tribunaux com­muns aux Europeens et aux Africains .

Les juridictions indigenes conservent toute leur com­petence en matiere civile et commerciale comme en matiere de droits fonciers et d'immatriculation lors­qu'aucun c des parties n'est de statut europccn ou assi­mile.

La ju stice indigene, orga nisce par un decrct du 31 juillE,t 1927 modifie en juillet 194'!, comprcnd aculclle­ment : - a) des tribunaux de cqncilialion, preside s par des chefs indigenes;

b) des tribunaux de premier . degre, fonctionnant dans chaque subdivision, presides par un fonctionnaire europeen agree, en general le Chef de subdivision, Oll

par un notable indigene designe; le President est as,siste de deux notables indigenes a voix deliberative ;

c) des tribunaux de second degre , qui connaissent en appel des jugements renclus par les tribunaux du premier degre et sont seuls competents pour juger les delits commis par des agents de !'administration et les crimes. Le President est obUgatoirement un fonc­tionnaire europeen designe, en general le Chef de Region. II est assiste de deux notables africains. Le prevenu peut se faire assister d'un defenseur eurnpeen. •

d) une Chambre spccialc d'homologation, a laquclle sont soumis les jugements condamnant a une peine su­perieure a cinq ans de prison ainsi que les condam­nations infligees a des fonctionnaires ou Agents de l' Administration, superieures a trois mois de prison ou cinq ·cents francs d'amende.

On notera cnfin · !'existence d'une brigade des Douanes (de 89 agents) et d'une police des chemins de fer chargee du controle des gares ct de la voie ferree.

La justice europeenne comporte : f• Un tribunal Superieur cl' Appel a Douala , ayant

les attributions d'unc Cour cl' Appel, compose de · trois membres, un president et trois membres, ses arrcts peuvent etrc soumis a la Cour de Cassation sicgeant :'I Paris. , Dependant de cc Tribunal, la Chambre speciale d'ho­

mologation visce ci-dessus, une Chambre d'annulation conna issant des decisions rendues en matiere de sim­ple police ct en matiere civile et commerciale par les justic es de pnix et une Chambrc des mises en acct!sa-tion. '

Un Procureur de la Repuhliqne , chef du service judi­ciaire, assiste d'un substitut, rcpresente le Ministere Publi c aupres dn Tribunal Supericnr d'Appel.

2° Une Cour Criminelle a Douala connait de tous les crimes commis dans le territoire par des europeens on des africains. Elle se compose du President du Tribu ­nal de premiere instance et de deux assesseurs, euro­peens ou africains selon le statut de !'accuse. La Cour peut SC deplacci·, le ens echeant. snr l'etcndne du terri -toire; ·

3° Un tribunal de premiere instance a Douala; · 4 • Des justices de paix : 13 justices de paix a com­

petence etcnduc, 12 justices de paix a attributions cor -,, rectionnclles, ct clans chacune des subdivisions oti nc siege aucune des juridictions ci-dessus, des justices de paix a competence ordinaire.

Une force de police, divisee en deux corps, a pour mission d'assurer la securite intcrieu:re , et !'execution des ordres de !'administration :

1 • La garde camerounaise a un effe ctif de 900 gar­des repartis entre les differentes regions et subdivi­sions. Elle assure le maintien de l'ordre et de la seen­rite publique clans les centre:; ruraux et sur les grandcs lignes de communications ; · •

2 • La police camerounaise a un effectif de 500 hommes; elle a Ifour objet le maintien de l'ordre et de la securite publique dans les grands ceritres, essenliel­lement a Douala et a Yaounde; elle est organisee en detachements de police urbaine.

La metropole met en outre a la disposition du Terri­toire un detachement de genclarmerie comprenant trois officiers et 40 sous-officiers, repartis en 25 brigades. II assure la police administrative et judiciaire autre que l'encadr ement de la garde.

La seule force proprement militaire est constituee par un bataillon de tirailleurs du Cameroun de 1.000 hommes recrutes par voie d'engagement volontaire.

Ill. RENSEIGNEMENTS D'ORDRE SOCIAL

a) Le Service de Sante

Le budget du Service de Sante qui etait de 1.415.000 francs en 1922 est passe a plus de 15 millions en 1939. En 1949, le Service de Sante se voit attribucr sur le budget ordinaire 260 millions de fr. CFA. Au lieu des qu inze medecins allemands de 1914 le Cameroun avait en 1939 cinquantc medecins frangais assistes de nom- · breux agents indigenes for~es au centre medical d'Ayos.

Ce dernier chiffre a ete reduit ces dernieres annees du fait de la guerre, un certain nombre de medecin:S ayant quitte le Cameroun avec les unites combattantes.

On compte actuellement 46 medecins et 24 assistants sanitaires europeens, 27 infirmieres et sages-femmes europeennes. Le personnel indigene comprend 257 in­firmiers, 5? medecins africains.

Au point de vue materiel le Service dispose de deux hopitaux, a Douala et Yaounde, chacun d'eux compor­tant un certain nombre de pavillons specialises (mater­nit~, pavillons psychiatriqU:es, etc ... ) et d'un certain nombre de formations reparties dans lcs divers postes du territoire : 5 hopitaux, 15 centres medicaux, 27 in­firmeries et d ispensaires, 31 colonies agricoles de le­preux, .un institut d'hygiene et de microbiologie et. une pharmacie centralc d'approvisionnement a Douala.

CAMEROUN SERVICE de SANTE.

+ flop1ta/

• Posce - anlenne

,

NKONG.JAAfBA

J • •

.· + + . . + MAl<O

• •

\

'¢ , .... _;

J I

' ' \ I I

NOTES ET Jh-UDES DOCUMENTAffiES 9

On peut y ajouter mi centre climatique de repos dans les montagnes de Dschang, construit en pleine guerre pour les Europeens a qui la guerre et la ~ dis­sidence > interdisaient le retour en France.

Le Service de Sante est dirige par un medecin-colo­nel du Corps de Sante des troupes coloniales, assiste d'officiers du meme corps. Quelques medecins civils exercent leur art au Cameroun. Certaines missions reli­gieuses enfin entretiennent des formations sanitaires, dont les principales 'sont : pour les missions catho­liques, les formations d'Efok et Bafang; pour les

.... missions presbyteriennes, l'lyipital d'Ebolowa, de Fu­lassi et de Sambadje; pour les missions protestantes fran~aises, l'hopital de Bangwa.

Le tableau suivant donne une idee de la progression tres nette de l'attrait de la medecine europeeµne pour • les autochtones.

ANNEES AFRICAINS Consultants hospitalises

1939 .............. 24.211 988.421 1940 .............. 18.245 823.514 1941 ............ 21.841 844.148 1942 ................ 24.423 812.420 1943 ·-· ..... . ..... 23.507 773.862 1944 .............. 27.454 759.249 1945 .............. 33.175 862.450 1946 .............. 35.095 1.019.216 1947 .............. 32.775 1.227.549 1948 .. . . . . . . . . . . . . 40.000 1.206.507

La niortalite dans ' les formations hospitalieres est tombee de 10 % en 1939 a 5 % en ' 1948.

b) Le Service de l'Enseignement

En 1913, apres vingt annees d'occupation allemande, le Cameroun ne comptait encore que 7 ecoles offl­cielles groupant 883 eleves. En 1937 on denombrait 73 ecoles et pres de 10.000 eleves; de leur cote les eta­blissements religieux recevaient a la meme epoque 85.000 eleves contre 40.000 en 1913. Ces quelques chif­fres suffiraient a demontrer le souci qu'eut la France de donner aux autochtones du Cameroun let, moyens de s'instruire; encore sont-ils au,iourd'hui largement depasses, l'reuvre des dernieres annees marquant dies progres plus sensibles encore. Les ecoles primaires ele­mentaires sont au nombre de 1.350. Les 2.325 classes accueillent 113.500 eleves dont 17.000 filles.

On distinaue un enseianement primaire elementaire (1~• et 2• degre), un enseignement professionnel- et un enseignement a programme metropolitain primaire et secondaire.

1 ° L'enseignement primaire elementaire du premier degre est donn~ dans 13 ecoles regionales et 124 ecoles rurales groupant ensemble 326 classes. Les pro­grammes sont adaptes au pays, les lei;ons liees aux ac­tivites locales et saisonnieres; l'apres-midi de chaque jour est consacre aux travaux aaricoles. L'ensei1me­ment feminin, de creation recente, est donne dans 3 ecoles primaires a Douala, Yaoude et Dschang.

2 .. L'enseignement du 2° degre est donne dans quatre cours de selection (Yaounde, Douala, Ebolowa et Dschang) qui preparent a l'ecole primaire superieure de Yaounde. Celle-ci forme des interpretes pour !'admi­nistration, des aaents pour la meteorologie. Jes mines. les P.T.T., etc. Elle prepare en outre a !'Ecole Supe-

rieure d'Agriculture de Yaounde. a !'Ecole de Medecine de Dakar et a l'Ecole Normale de Sebikotane (A.O.F.). A Douala, une E. P. S. feminine prepare des eleves sagell­femmes et des monitrices d'enseignement, Ies meil­leures eleves sont envoyees a l'Ecole Normale de Ru­fisque.

3° Enseignement professionnel. Au premier degre il existe des sections professionnelles dans Ies Ecoles regionales, toutes pourvues d'un atelier de menuiserie. Au 2° degre ii est donne a !'Ecole Professionnelle de Douala qui forme des ajusteurs mecaniciens, des me­nuisiers, des ma~ons, etc.

A l'enseignement professionnel doit etre rattache I' Atelier cooperatif d'Ebolowa.

4° L'enseignement a programme metropolitain enfin comporte deux ecoles (Yaounde et Douala) pour le pri­maire et un cours secondaire a Yaounde (1•• cycle, jusqu'a la 3°).

Un arrete du 23 decembre 1947 a reorganise le Ser­vice de I'Enseignement du territoire. II est prevu que le Service comprendra, aupres du chef du Service, un personnel d'inspection avec : trois inspecteurs du pre­mier degre, au maximum; un inspecteur conseil de l'enseignement technique; un inspecteur de la jeunesse de !'education populaire, de !'education physique et des sports. C'est que, en effet, depuis deux ans, un gros effort a ete fait pour promouvoir une education post­scolaire devant permettre aux jeunes gens C(Ui ont quitte l'ecole de trouver dans les pays culturels de quoi parfaire let.Pr formation •

Signalons enfin qu'un Orphelinat de Metis reunit a Yaounde un certain nombre d'enfants des deux sexes. On a fait deja mention plus haut de l'Ecole Superieure d'Agriculture de Yaounde el du Centre medical d'Ayos ou sont formes les infirmiers et infirmieres indigenes.

Mais a cote de l'enseignement offlciel existe un en­seignement prive important, et cela depuis l'epoque de !'occupation allemande. Les Missions fran1,aises ont repris et amplifie l'reuvre amorcee par les Missions allemandes; certaines Missions etrangeres ont travaille dans le meµie sens. A l'heure actuelle Jes ecoles pri­vees sont de deux sortes : dans les ecoles « recon­nues », l'enseignement est donne en fran~ais; dans les ecoles « non reeonnues » ii est donne en langue indi­gene. Les premieres groupaient en 1945, 26.410 eleves, les secondes · 88.000 (dont 61.000 pour les ecoles des

. Missions fran1,aises). Outre deux etablissements prives pour les enfants europeens, existant depuis un . certain nombre d'annees, ii a ete cree par les Missions CatHo­liques un colleg-e moilerne a Makak. une sixieme clas­sique a ·Efok. Les Missions Presbyteriennes ameri­caines, enfin, qui onf un atelier professionnel impor­tant a Ebolowa, construisent dans la region de Makak, Eseka une grande cite scolaire. "

c) Les Missions

Des 1845 la Societe des Missions Baptistes de Lon­dres s'installa a Douala; elle fut remplacee en 188R par Ia Societe des Missions Evangeliques de BMe laquelle ceda la place a Ia Mission Protestante Frani;aise apres la guerre de 1914; elle s'est etendue de Douala a Yabassi, Bafoussam et Foumban.

Les Missions Presbyteriennes Americaines installees au Gabon des 1847 fondent un premier etablissement en pays Boulou en 1885; leur action est aussi sociale et confessionneJle, appuyee sur de vastes hopitaux (Ebolowa) et des ateliers remarquablement outilles.

10 NOTES ET ETUJJJQ; oOCUMENTAIRES

Les premiers Peres Spiritains franc;ais ont pris dts 1916, la releve des Pallotins allemands. Le Vicariat de Yaounde devant les succes rapides : du christianisme dans les pays de forets, jadis fetichistes, s'est frac­tionne, donnant naissance au Vicariat de Douala, ega­lcment confie a la Congregation du Saint-Esprit, et au Vicariat de N'Kongsamba confie aux Peres du Sacre­Creur de Saint-Quentin. Une Prefecture a ete creee en mars 1949 a Doume.

Dans le Nord et dans l'Adamaoua on ne trouvait jus­qu'a ces dernieres annees que des postes isoles, aux rares neophytes, generalement tenus par des missio~­naires protestants etrangers : Americains, Suedois et Norvegiens. Depuis la fin de 1945, une nouvelle congre­gation s'est installee dans la region, les Oblats de Marie-Immaculee, qui ont deja cree six postes, dont Garoua, qui est le siege de cette nouvelle Prefecture apostolique.

IV. RENSEIGNEMENTS ECONOMIQUES

a) La produdion

1. - La production agricole

Amandes de palme. - Connue generalement sous le nom de palmiste, l'amande de palme est la graine con­tenue dans le fruit du palmier a huile Elaeis Guineen­sis qui se rencontre en peuplements assez denses dans la majeure partie de la foret equatoriale et qui deborde sur la savane dans la region du Mungo (N'Kongsamba), de Nyong et 'Sanaga (Yaounde). De la pulpe meme du fruit on extrait l'huile de palme, dont les autochtones font une . grande consommation mais qui figure aussi aux exportations. Apres concassage de l'amande, on obtient une autre huile dite huile de palmiste, les amandes d'ailleurs sont plus generalement exportees avant traitement.

Quelques societes possedent et entretiennent des pal­meraies qui couvrent environ 6.500 hectares, mais l'es­sentiel de la production est de provenance autochtone et correspond a !'exploitation des palmeraies naturelles plus ou moins amenagees et entretenues. II figure aux exportations en 1948 pour 27.760 tonnes et 432 millions de francs. L'Irho (1) met au point des huileries mo­dernes dans la region de Douala.

Cacao. - Longtemps au deuxieme rang des expor­tations, le cacao . a pris la premiere place. La produc­tion de la campagne 1'947-48 vient en effet d'atteindre le chiffre record de 43.000 tonnes. II est ·en tete si ·l'on considere la valeur , 1.942 millions. Le cacao est lui aussi un produit du Sud (Yaounde, Ebolowa, M'Banga) · et un produit indigene. Un certain nombre de varietes de cacaoyers sont cultivees, classees grosso modo en deux categories : cacaoyers a cabosses rouges et ca­caoyers a cabosses jaunes ou jaunes-verdatres. Le ren­dement est variable : deux recoltes sont effectuees chaque annee.

Cafe. r- Sa culture est relativement recente et Ies premieres exportations remontent a 1930. Quatre varietes sont cultivees : I' Arabica dont le principal domaine se trouve sur les hauls plateaux de Dschang et de Foumban mais qui se trouve aussi dans la region de Yaounde et dans la vallee du Nyong; le Robusta, moins 'exigeant au point de vue du climat et du sol. prospere dans des regions plus basses mais toujours dans la zone forestiere; le Liberia et l'Excelsa sont moins _repandus et se trouvent l'un dans la region de Kribi et l'autre dans l'Est. Le cafe a ete longtemps un produit de plantatio11, europeenne. La production des plantations indigenes est actuellement egal a celui des premieres. II necessite toutefois une . surveillance se-

(1) I.R.H.O . = Institut de Recherches des Huiles et Olea­gineux.

.. vere des _ services agricoles. Dans la region de Dschang­Foumban, des resultats tres interessants ont ete obte­nus par des Cooperatives de Planteurs. Le tonnage exporte atteignait en 1944 : 5.065 tonnes pour plus de 63 millions - en 1948 pres de 4.932 tonnes pour plus de 297 millions.

Arachides. - La principale region productrice est celle du Nord (Garoua et Marona) et la production est evacuee par la Benoue. II s'agit d'une culture exclu­sivement indigene dont le commerce est aux mains des grosses maisons anglaises installees en Nigeria.

Le tonnage exporte, variable avec Jes conditions atmospheriques et les prix offerts aux producteurs, atteignait avant-guerre environ 8.000 tonnes et a beau­coup baisse depuis faute de debouches. L'arachide est d'ailleurs cultivee dans d'autres regions (savane) mais exclusivement pour la consommation indigene. 1948 a en un renouveau dans !'exportation, 3.250 tonnes pour plus de 49 millions.

Bananes. - Certaines varietes de bananes sont cu1-tivees dans toute Ia zone forestiere pour l'alimentation indigene; la seule variete qui nous interesse ici, la ba­nane d'exportation, est localisee dans l'Ouest du ter­ritoire, dans la plaine de M'Banga, entre Douala et · le rebord du plateau de N'Kongsamba. C'est Ia variet~ « Gros Michel », qui est cultivee presque exclusive­ment par Jes planteurs europeens. La production attei­gnait en 1938, 26.000 tonnes pour plus de 9 millions de francs. L'arret brusque des communications coupa net l'envoi tl.es plantations, la banane ne . pouvant se con­server. Les plantations toutefois ont ete maintenues en etat grace a une politique d'avance aux planteurs; elles ont pu produire tres rapidement des que la re­mise en service des navires bananiers refrigeres a per­mis !'exportation des fruits. En 1948, 31.000 tonnes ont pu etre aussi exportees pour une valeur de 798 mil­lions de francs CF A.

LES PRODUITS VIVRIERS

Les produits vivriers sont cultives p9ur Ia consom­mation locale et ne donnent point lieu a exportation; ii est assez difficile d'evaluer Ieur production on Jes superficies couvertes. Indiquons seulement que l'indi­gcne de la foret vit de manioc, d'ignames, de bananes (plantain) et d'huile de palme; celui de Ia savane de mariioc et d'arachides, celui du Nord enfin de mil sur­tout et d'arachides. II faudrait ajouter un pen partout des legumes divers : piment, gombo, pois, signaler !'important commerce indigene des noix de kola (re­coltees dans la region de Dschang) et aussi Ia culture familiale du tabac, repandue dans tout le territoire. Les legumes d'Europe peuvent pousser a peu prils partout. •

CAMEROUN CULTUREduCACAOYER

o-6r«ng.s CenfreJ

Prodvclel.//'J

(Le, clt'am~l,,-e f/4.1 ct-rc/4.r

nt ;:,ro;,orf/onn~/ .; /;m/Jol"l,v?e-t>

d'~ la ,t,roc/1.,1c/101).

Eche-11~: 1:5.ooo.ooo ~

-... ,.~,, " ~ ' #

I,-- ___ .,, ...... _, ____ , ___ .. ___ _

' \ \ \ I

I .,. ... \ ... \ ,,-- \

\ \

• 1/J;

~~ I

' ' ' I '

I

.

12 NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES I ...

D'une fac;on generale • la ration alimentaire est assez pauvre en viande dans le Sud, un peu plus riche en poisson sur la cote et sur Jes rives des grands fleuves.

La peche en est encore au stade rudimentaire de · Ja peche indigene, individuelle ou familiale. Quelques

essais d'organisation d'une peche rationnelle sur . la cote vont etre entrepris a l'aide de chalutiers que l' Ad­ministration fait venir de France.

En <;e qui concerne l'elevage ii. faut distinguer deux zones tres tranchees : toute la region forestiere et 1tl sud de la region des savanes est interdite par la mouche tse-tse, aux bc:eufs et aux chevaux ; Les Afri­cains y elevent un peu de petit betail : poules et ca­nards, chevres noires basses sur pattes, quelques rares moutons, quelques pores, plus nombre_ux dans la region de Dschang.

L' Adamaoua par contre et le Nord sont des pays d'elevage ou prosperent les chevaux et surtout les bc:eufs; bc:eufs a bosse aux larges cornes, qu'un service veterinaire fort actif preserve des grandes endemics (peste bovine et fievre aphteuse) au moyen des vacci-

nations et d'une surveillance constante, dont il am~­liore, d'autre part, le poids et la qualite par l'apport de taureaux Montbeliard importes de France. L'Ada• maoua, avec ses hauts plateaux herbeux, ses sources natronees ( « lahore » de N'Gaoundere) est la region de choix pour les eleveurs Foulbe dont Jes produits 1fournissent en viande fraiche et meme en iait les cen­tres importants du Sud, et donnent lieu, d'autre part, a une petite exportation · (betes sur pied). Il est assez difficile de donner un chiffre, mais les evaluations oscillent autour de 700.000 tetes pour les bovides , plus d'un million pour les ovins et caprins.

Un Comite d'hygi ,ene alimentaire a ete cree en 1948 afin de coordonner toutes les initiatives destinees a ameliorer . le ravitaillement autochtone et organiser le marche interieur. Un bulletin appele « Hygiene et Ali­mentation du Cameroun » diffuse a plus de 8.000 exem­plaires, a pour but d'inciter- les populations locales a perfectionner leur alimentation. Cette politique vi-1

vriere renfor-cera la sante du Camerounais, lui per­mettant ainsi de faire face et de contribuer a la moder­nisation actuelle du Cameroun.

Les cours moyens des principaux produits

- (Fob-Douala) ....

CAMP AGNES ' Palmistcs Huile de Cacao I Caout- Cafe Bana.nes Garoua palm e chouc Robusta fraichcs Arachid es

francs francs francs fran cs francs francs francs

1937 ............ . .. .. ......... .. .. .. . 1.075 1.863 2.330 10.827 6.000 1.050 1.200 1938 ................ . . . .... ... ....... . . 992 1.840 2.420 10.827 6.300 1.150 1.200

- 1939 946 1.818 2.550 11.640 4.487 1.565 1.250 .. . . . .......... . . . ... .. . .. . . ..... 1940 ............. . ..... . .... . . .. ..... 850 1.200 2.300 13.000 5.752 942 1.350 1941 . . ............ ·'· ... . ..... . ....... 1.050 1.450 2.525 17.385 6.080 942 1.400 1942 1.750 3.075 2.400 17.385 I 942 1.700 ........ .. . ... .. . .. . . .. ......... ~ -1943 .. ............. . . . . .. ....... . . .. . 1.800 3.600 2.600 17.385 - · - 1.700 1944 . ... .... .. . ..... . . .. .. .. ......... 2.032 4.215 4.598 21.220 11.619 2.450 1945 ... ~· . . ........ . . . ...... . .. · ....... 2.899 4.507 5.715 24.896 14.767 12.200 2.825 1946 .. . ............ . ... .. . ... ... . ..... 5.454 9.636 12.536 24.896 , 23.257 12.200 7.500 1947 ...... ...... ... . .... . .. .. ... . .. .. 7.468 17.331 16.377 31.000 24.637 16.000 11.500 1948 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ~ . . . . . . . . . . . . . 1,2.400 20.800 23.200 51.000 29.800 32.000 13.26() 1949 . .. .. ... . .... . . . .. ... . .... . . .. . .. 17.320 37.430 37.420 60.000 50.400 27.000 26.691

2. · - La production forestier~

Le bois. - La grande foret qui couvre, a !'est et au sud du territoire une surface de 15 a 16 millions d'hec­tares, pres du tiers de la superficie du Cameroun, offre par la diversite des es eces qui la peuplent un champ d'action incomparable a l'industrie forestiere.

Le probleme de !'evacuation des bois l'a cependant limitee, des l'origine, aux ~cgions dotees de vofes de communication. Les rivieres, coupees de rapides, de­meurent d'un emploi tres limite; il en est de meme pour la route en raison du poids des chargements. Le rail rcste · la voie normale d'evacuation des bois vers

. Jc port d'embarquement. Aussi, est-ce en bordure des voies fcrrees que s'insta:llerent les premiers chantiers, notamment a proximite de la lignc de chemin de fer Bonaheri-N'Kongsamba.

La zone forestiere de la voie ferree du centre fut ensuite prospectee et l'activite se deplac;a vers !'Est, au fur et a mesure que les anciennes coupes s'epui­saient. Certaines exploitations se · sont enfin ouvertes

, en bordure de la cote, amenageant des Wharfs pour l'embarquement des bois, comme a Manoka, Kribi et C9.mpo. Mais Douala n'en demeu:re pas moins le prin­cipal port d'expor~ation des bois du Cameroun. Sur- les

16 millions d'hectares de foret dense, 2 millions et demi sont accessibles a !'exploitation.

La zone maritime est la seule qui comporte des peu­plements d'une seule espece : le paletuvier-. Au dela la grande sylve offre une grande diversite d'essences , qui rend fort difficile la recherche et !'exploitation d'une meme espece.

La principale essence exploitee est constituee par le Bongossi (3.000 arbres abattus en 194-8 sur uh total de 17 .000). Gr.fi.ce a ses peuplements riches, le Came­roun detient le monopole de la fourniture de Bongos 'si. Parmi les autres bois durs, citons l'Iroko et la Doussie; grace au Bongossi (ou azobe) ils representent les 2/5• de la production. Le groupe des bois tendres, utilises sur place pour le sciage, est de plus en plus xploite; il represente environ le tiers de la production avec les essences suivantes : Eteng, Frake, Ekouk, Ayous, fromager, parasolier. Le groupe des bois d'ebenisterie enfin, avec l'acajou, le . sapeli, l'assie ne represente · q1.1'un peu mois du quart et cede le pas devant les essences communes.

La moyenne d'abattage des arbres s'etablit aux en­virons de un arbre par 1.000 hectares de foret ou 1 arbre par- 150 hectares de foret exploitee. Jusqu'a pre- ,

-

),

I

NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES 13

sent l'exploitatiori. forestiere se resumait en un ecre­mage des essences precieuses. A cette formule se sub- •. stitue peu a peu une exploitation methodique des

' essences communes qui sont debitees sur place pour le sciage et la satisfaction du marche interieur.

Les ·especes communes devenant commercialisables on aboutit a ,une valorisation de la foret par une utili­sation plus rationnelle de son capital. La nouvelle me­thode permet en outre d'alimenter le marche interieur et de stabiliser les prix du bois d'reuvre.

L'exploitation forestiere du Cameroun s'oriente reso­lument vers le stade industriel. Le territoire compte deja dix-neuf scieries concentrees en deux importants centres, Douala, d'une part, qui debite 18.500 metres cubes, et Yaounde-M'Balmayo, avec 11.000 metres cubes. Quelques petites sderies sont installe~s a Yabassi, N'Kongsamba, Campo. Plusieurs des scieries existantes $Ont en voie d'extension; quatre nouvelles, dont deux tre"s importantes, sont en cours de construction.

Enfin, dans la voie d'une decentralisation de l'in ­dtistrie du bois, des scieries mecaniques s'installent a l'interieur des zones forestieres, notamment a Ebo­Iowa et entre Doume et Bertoua, evitant des frais de transport tres onereux. '

Cette orientation vers le marche interieur est nette; celui-ci n'absorbait, en 1947, que 11.000 tonnes de bois; il en consommait 24.000 en 1948. Lorsque les nou­velles scieries entreront en activite au debut de 1950, ia production du Cameroun s'elevera a 100.000 metres cubes dont la moitie pourra etre utilisee sur place.

L'evolution que l'on vient de souligner ne se mar :'.' que cependant pas par .un recul des exportations. Le volume du bois exporte s'est en - effet chiffre par 154.000 metres cubes de bois grumes exploites, dont 63.000 exportes en grumes et 70.000 en debites, 21.000 restant stockes.

Au total !'exportation des bois de trente categories a atteint 64.000 tonnes en 1948, dont 52.500 tonnes • pour les grumes contre 37.000 tonnes en 1947 et 11.500 tonnes de bois debitees contre _17.000 tonne s en 1947, cette baisse provenant de l' accroissement de la con­sommation interieure.

Ces ehiffres rec.;ords placent le. bois en tete des ex­portations camerounaises en tonnage, le cacao tenant, en valeur, la premiere place.

Le caoutchouc. - 11 en est au Cameroun de deux sortes :

Caoutchouc de cueillctte (arbres et Hanes) dans l'est du territoire ou les Indigep.es apportent sur les marches le latex qu'ils ont recolte en forel.

Caoutchouc de plantation produit par une grande plantation sur les rives de la Sanaga inferieure a Di­zangue, plantation ancienne mais qui s'est considera­blement developpee -au com.:s des derni~res annees et qui supporte la comparaison avec les ,plantations d'hevea d'Extreme-Orient. Les exportations ont atteint 1.437 tonnes en 1948.

Le Quinquina. - Des essais fort interessants de cul­ture de quinquina ont ete poursuivis, · dans la region de Dschang par le Service d' Agriculture. Et l'on est ar­rive, au cours de ces dernieres ·annees, a une produc­tion c}e quinine qui marque un debut interessant.

3. - La production miniere

L'or. - De <;Jecouverte assez recente, · les gisements auriferes du Cameroun s'etendent aux abords de la frontiere de l' A. E. F., dans la zone de sav.anes presque

· deserte de Betare Oya. II s'agit de placers alliwi<;m­naires a teneur assez faible qui sont exploites par des

procedes rudimentaires. Nulle en 1933; la production atteignait 544 kilogs en 1940 et 711 kilogs en 1942, pour redescendre a 678 kilogs en 1943, 506 kilogs en 1945 et a 333 kilogs en 1948. L'etude des alluvions et des terrains, actuellement a l'etat embryonnaire, per­mettra de determiner si les reserves .sont importantes et s'il ,y a lieu d'envisager une transformation des me­thodes d'~xploitation, qui en raison du cout tres eleve de la main-d'reuvre devront se mecaniser.

Le titane (rutile). - Le rutile e.st un minerai rare qu'on ne rencontre qu'au Bresil et en Suede. L'exploi­tation, d'abord assez rudimentaire (achat aux autoch­tones), devrait voir ses methodes se rationaliser par une mecanisation appropriee. Les reserves en minerai paraissent importantes dans les regions de Nyong et Sanaga (Yaounde) et Sanaga•Maritime (Edea). L'exploi­tation, qui n'etait que de 159 tonnes en 1938, a atteint pres de 3.000 tonnes _ en 1944 pour pres de 26 millions. D'abord expedie ·sur les Etats-Unis, le minerai re fut ensuite presque exclusivement sur la Grande-Bretagne. La fin de la guerre a mis en sommcil cette exploita­tion. 576 tonnes seulement ont ete produites en 1948.

L'etain. - Un gisemont . est exploi te a Mayo Darle, dans la subdivision de Banyo. L'avenir de la produc­tion ne pourra etre determine que par une etude

' approfondie des terrains. L'exportation est jusqu'a maintenant pen considerable : 315 tonnes en 1938, 165 en 1945 et 147 tonnes en 1948.

Un certain nombre d'autres minerais : molybdenite, colombite et- tantalite, wolfram, ont ete deceles sans donner lieu . pourtant a une veritable exploitation. A vrai dire, !'exploration mineralogique du Cameroun est encore a faire.

Ce sera le role du Bureau Minier de Ia France d'Ou­tre-Mer, cree en 1948, et qui s'est deja installe au Came­roun ou il a commence une prospection methodique.

b) Le Commerce

Les caracteres de l'economie camerounaise decou­lent a la fois des conditions geographiques, du prin­cipe de l'egalite economique pose par la Tutelle, et aussi du fait que le Cameroun conserve avec la France des liens particuliers. Pays de l' Afrique Centrale, le Cameroun exportera des bois, du cacao, des amandes de palme; il importera des denrees alimentaires, des tissus, des machines, des produits manufactures. Pays sous tutelle, aucun pavillon n'aura de monopole a

· l'entree ou a la sortie de ses ports; pays fran<;ais enfi~, la part de la France sera preponderante. C'est ce qui ressort nettement des statistiques de 1938, consideree!I comme derniere · annee normale.

Les evenements de 1940 bouleverserent evidemment l'equilibre du temps de paix. Le Cameroun est coupe de la Metropole, des le mois de juin 1940; la « dissi­dence » a partir du 27 aout va interdire toute reprise du trafis. Le Cameroun doit alors pour vivre et pour pouvoir soutenir son effort de guerre, se tourner vers la Grande-Bretagne et ses possessions africafoes : des 1940, des accords cconomiques sont conclus qui garan­ti~sent !'exportation de certaines quantites de produits, !'importation des denrees les plus necessaires. Au cours des annees suivantes la Grande-Bretagne reste ainsi le principal fournisseur et le principal client, tandis que des courants nouveaux se creent; les Etats­Unis ugmentent aussi leurs achats et leurs ventes, des relations avec I' Afrique du Sud, amorcees depuis plu­sieurs annees, aboutissent a un trafic d'upe certaine importance .

CAM~~OUN COMMERCE . EXTERIEUR.

Nov veme/JI cola/

• • • •· • • lmportat/t1nJ' .

joo. QtJb.,.

250.0()Q "r

200.000 T

1$0.000 ,-

ftJD.000 7

..,. $0 ,000

1.920

. ;

l.9J$ 19,10 1.9,f.S

.

. . . . •

. ' . . . • . . .

..,.

NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES 16

Le retour a des conditions plus normales enfin, a partir de ,1945, entraine de nouvelles modifications : le trafic maritime reprend peu a peu, les liaisons se reta­blissent avec la France et c'est de nouveau la France qui achete la plus grosse part des produits · du Came­roon, si elle se trouve encore dans l'impossibilite d 'ap-

porter, en echange ,' les produits manufactures dont elle manque elle-meme. ,

Les chiffres de 1944 nous donn eront l'allure gene­rale des · echanges en temps de guerre; ceux de 1945, l'amorce du retour aux echanges du temps de paix; ceux de 1948, la tendance de l'apres- gue,rr e,

1. - Importations

Tonnes metriques et millions _de f ran.cs

PRODUITS 1938

Valeur Tonnage

Farine ............ ............ ..... ........ . 917 2,4 Sucre .. . ... . .. ....... . .. .... .... ........ ... 558 1,2 Tabacs ............ ........ ........ .. ....... 500 8,5 Ciment .... .... .... .. ......... . ........... .. 12.568 1,6 ~iachines-outils . ..................... . ...... 1.067 16,5 Carburants ................. .... .. .. ..... .... 7.772 15,3 Autos et pieces detachees .... ... .. .. ... ...... 584 11,3 Tissus ....... . ..... . ........ .. .. . ........... 880 26,2 ,

Principaux fournisseurs

PA YS

France ................ . Etats-Unis ............. . Grande-Bretagne ....... ,• Possessions fran9aises .. . Possessions britanniques . Japon ........... . ..... . Allemagne ........ . .... . Belgique ..... . .... . .... .

1938 millions

de franc ::;

57,3 30,6 28,7

7,5 7,9

31 15,3

7,7

PAYS

Grande-Bretagne ..... . . . Etats-Unis ............. . Possessions britanniques • Afrique du Sud ........ . Possessions fran9aises .. . Nigeria ........ . ... . . . . . France .. . ... .. ... . .. .. . .,,

1944 million~

de fran cs

193 88,5 54,1 11,6

7,9 2,8 0,9

1944

Val eur Tonn age Va leur

704 3,2 2.380 541 2,2 870 206 10,3 330

8.402 5,8 27.720 560 22,7 5.280

4.614 6,1 25.190 255 10,3 6.520

1.023 138,4 2.350 I

PA YS

France . ... .. .......... . U.S. A . . . ... ... .. .. . .. . Grande-Breta gne ...... . . Union Fran9aise ..... . . . Belgique ........ . . . .... . A.ntilles Neerlandaises .. . Nigeria . . .. ..... . . . .... .

1948

Tonnage

30,7 33,9 47,0 92,3

611,3 172,3 608,3 643,0

1948 m illi on s

de fran cs

3.263 624 215 192 143 111

58

L'etude de ces chiffres montre une ' diminution gene­rale de tonnage importe pendant et immediatement apres la guerre, un e forte augmentation des 1946, avec augmentation en valeur qui correspond . a la hausse generale des prix. Elle montre ains.i que cette diminu-

lion n'a point atteint des proportions cat astrophiques : le Cameroon n'a point connu la disett e. S'il a pu ach e­ter c'est qu'il a pu aussi - et d'abord vendre - qu'il produisait des denrees dont les Allies avai ent besoin et qu'ils lui ont achetees.

2. - Exportati01ns

1938 1944 1948 PRODUITS

Tonnag e Val eur Tonnage Val eur Tonnag e Valeur

Cacao .. ... . . .... .. ... .. . . . ........ . . . .. .. .. . 31.000 84,5 35.000 129 42.600 1.942 Amandes de palme .... .... .... . ..... .... .. ... 33.000 40,4 35.000 80 26.800 432 Cafe ........... ... .. ..... ................. ... 4.250 23,1 - 5.065 63,8 4.932 297 Bois ...... . ... ...... ..... ... .......... ....... 41.000 16,8 20.400 31,5 60.870 254 Caoutchouc ..... .. .. ..... .... .... ............ 1.437 9,2 3.217 74,3 Ara chides .. .. ... .. .......... .. . ... .. ' .... ..... 8.000 9 3.250 49 Bananes ... ... ..... ........... . ..... . .... .. .. 26.000 8,9 31.000 798 Etain (Minerai) .... ... . . ...... . ......... . ..... 315 5,8 236 6,8 Titane (Minerai) .. .. .. ..... . .............. . .. 183 0,7 2.903 ?5,8

On voit que de 1938 a 1944, si l'on laisse de cote l'enorme augmentation des prix, le tonnage des prin ­cipaux produits exportes reste stationnaire, sauf pour le caout chouc qui augmente en fonction des besoins de l'industrie de guerre (disparition des plantations d'Ex- ~ treme-Orient), le minerai de Titane qui passe de 183 tonnes a 2.903 et a !'inverse les bois qui tombent de 41.000 a 20.400 tonnes, l'huile de palme de 9.000 a

4.700, les bananes et les arachid es qui disparaissent completement. Les plantation s ont ete cep endant gar­dees en etat de produir e.

Des 1945 la production reprend avec !'appoint d'un materiel renove, de cadres nouveaux et plus nombreux et atteint des 1948, sauf pour Jes palmi st es et le cafe ses records de pr oduction.

16 NOTES ET ETUDBS DOCUMENTAIRES

Principaux clients

1938 194-1 1948 PAYS millions PAYS millions PAYS millionN

d e francs de francs de francs

France ' ....... ... ....... 142,4 Grande-Bretagne . . . . . . . . 368,5 France . ... . ............ 3.217 Grande-Bretagne ........ 7,4 Possessions fram;aises . . . 71,8 Union Franc;aise . ...... . 274 Etats-Unis .............. 5,1 Etats-Unis . ............. 13,8 Suede . ...... ........... 174 Possessions franc;aises ... 4,7 Nigeria .. . . . . . . . . . . . . . . . 4,6 Norvege ............. ... 89 Posses sions britanniques 2,3 Afrique du Sud . . . . . . . . . 3,4 Grande-Bretagne _ ........ 54

~ Autres possessions britan. 0,3 Pays-Bas ......... ...... 33

L'annee 1945 aura marque dans !'evolution economi­que du Cameroun une annee de transition entre l'eco- . nomie de guerre ·et ce qui se'ra l'economie nouvelle. L'economie des annees de guerre a ete caracterisee par le developpement de certaines productions (palmistes), necessaires a l'effart de guerre, tandis que d'autres (le bois), sont en somn ie il; l'essentiel des echanges se fait avec les pays etrangers, Grande-Bretagne, Union Sud-Africaine, Etats-Unis. ' .

Avec les annees 1946, 47 et 48, l'economie du Came­roun prend une forme nouvelle. Tout d'abord l'essen­tiel du commerce exterieur se fait a nouveau avec la metropole et les territoires de l'Union Franc;aise; au contraire, les imp0rtations des pays etrangers, les ex­portations du territoire vers les autres pays sont soumises a une reglementation etroite. Done, le Came­roun economiquement reprend sa place dans l'Union Franc;aise. Des productions qui avaient ete en som-

meil repartent en fleche; c'est le cas du bois. Tandis qu'e.n 1945, sous l'effet de differents · facteurs (penurie d'importation entrainant une penurie grave sur le mar­che interieur et laissant subsister une circulation mo­netaire · trop forte, rupture du pont de Japoma sur la voie ferree Douala-Y aom1de ayant · enraye les exporta­tions), Jes productions riches indigenes, cacao et pal­miste, ont subi un flechissement grave, elles repartent ega lement en 1947 et 1948, a tel point que pour la der­nierc campagne du cacao on peut estimer la produc­tion a environ 43.000 tonnes, chiffre jamais atteint, meme avant la guerre.

C'est le montant des importat ions qui avait pris un nouvel essor et 'que les prix agricoles, ajustes a ceux des prix mondiaux sont venus apporter au producteur indigene un ,profit plus sensible. Les exportations de , banane~, pratiquement interrompues faute de moyens d'evacuation, sont reparties, les bananiers reprenant leur _place dans i'estuaire du Wouri.

Mouvemenl commel'cial depuis l'annee 1920

1920 1921 1922 1923

~1924 1925 1926 1927 1928 1929 1930 1931 1932 1933 1934 1935 1936 1937 1938 1939 1940 1941 1(142 1943 1944 1945 1946 1947 1948

ANNEES

I .. . .. . .......... ..... ....

............... . ...... .... •

Quantites en tonnes

19.734 9.674

14.601 19.792 24.642 31.725 40.210 47.477 45.125 49.473 54;999 30.339 31.223 27.979 31.048 42.025 47.751 69.023 58.777 60.353 31.231 36.297 36.756 48.012 44.284 40.819 55.269 86.106

148.00.0

11\'IPORTATIONS

Valcurs en fran cs

47.242.000 33.581.000 33.428.000 54.431.000 73.993.000

126.086.000 191.969.000 195.425.000 205.721.000 193.618.000 172.852.000 104.368.000 72.598.000 75.263.000 58.713.000 88.621.000

126.366.000 257.969.000 215.112.000 239.404.000 161.426.000 198.931.000 274.885.000 325.891.000 422.908.000 446. 702.000

1.004.457.000 2.348.554.0_00 4.995.000 ,000 .

Quanti tes en tonnes

29.163 26.880 38.801 48.157 63.016 88.937 88.969 96.658 97.847

117.041 112.971 89.426

106.638 105.579 124.037 126.043 150.240 178.845 -164.177 144.269

91.349 65.339 87.289

106.746 117.438 101.987 129.446 173.050 181.000

EXPORTATIONS

Valeurs en fran cs

45.592.000 20.430.000 23.853.000 41.662 .000 66.147.000

112.171.000 154.314.000

'160.246.000 155.655.000 163. 724.000 136.793.000 82.181.000 83.912.000 77.562.000 72.528.000 97.997.000

168.311.000 263.307.000 251.959.000 243.181.000 217.387. 000 179.474.000 299.592.000 412.514.000 545.514.000 731.912.000

1.004.970.000 2.112.834.000 4.121.000.000

/

NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES 17

3. - L'oi;ganisation ,comm~ciale et bancaire

Le principe de « l'egalite ecohomique » insepar able du Mandat a facilite !'installation au Cameroun de com 0

meri;ants etrangers tout en laissant a la France · une part importante comme on l'a vu a l'etude des statis­liques. Outre la « factorerie . » de brousse ou le poste de traitant sur Jes marches periodiques s'est etablie la grosse malson d'importation-exportation. Les mai ­sons Je1, plus importantes sont fran1,aises (F. A. 0. -S. C. O. A. - S, H. 0., etc.), el anglaises (R. W, King, Paterson et Zochonis, etc.).

11 existe a . Douala, depuis de nombreu scs annees, uue Chambre de Commerce. ·

La refotme monetaire de deeembre 1945, puis ·la mo­dification des taux de change d'octobre 1948 nt place le Cameroun - dont la monnaie d'ailleurs n'avait pas subi Jes memes vicissitudes que la monnaie m etropoli .­taine grace au r alliement de 1940 - dans le bloc fran­co-africa'iin, On sail que 100 fr. CFA valent 200 fr. metropolitains.

La Banque de l' Afrique Occidentale (B. A. 0.) a une succursale a Douala ainsi que la Banque 'Nationale po_ur. le Commerce et l'Industrie (B. N. C. I.), la J3anque Commerciale Africaine (B. C. A.), le Credit Foncier de l'Ouest Afircain, et une banque anglaise, The Bank of British West Africa.

A Yaounde, la B. C. A., la B. N. C. I. et le Credit Lyonnais ont des etablissements. Le Credit Lyonnai~ est la Societe Generale. A N'Kongsamba, seule la B. N. c. I. est representee.

Le iI'afic des

ANNEES Voyageurs Tonnage de transport es marchandises

1920 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261.681 29.908 1921 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187.983 30.858 1922 . . . . . . . . . . . . ... . . . . . 196.823 37.280 1923 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282.046 61.204 1924 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 356.893 66.499 1925 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 416.843 100.924 1926 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 472.9--77 107.679 1927 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 418.939 115.241 1928 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395.898 120.356 1929 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 491.067 150.947 1930 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 437.915 186.834 1931 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194.990 124.537 1932 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117.587 ' 112.058 1933 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103.418 138.448 1934 .. .. . .... ... ....... 74.477 136.860

2. - Les routes

En ce qui concerne Jes routes, !'effort allemand n'avait ete encore que tres modeste. La presque totalite dti reseau est l'reuvre de l' Administration fran9aise. Il comporte 6.000 kilometres de routes acces­sibles aux automobiles (au lieu de 340 kilom etr es en 1914), dont 4.500 kilometres de routes permanentes et 1.500 kilometres de routes de saison seche (dans le Nord). ,

Le reseau est centre sur les villes de Yaounde et Doilala; qUi sont reunies entre elles, d'une part, et re­liees, d'autre part, a tous les postes de l'interieur. Les principales arteres sont la route du Nord : Yaoulide­Fort -Foureau par N'Gaoundere, Garoua et Marolia ; la grande route de l'Est: Douala -Yaolinde-Batouri-Bangui, reliee a la precedente par l'irrtportante bretelle Betare-

c) l'equipement

1. - Les chemins de fer

L'Allemagne avail atnorce la construction de deux voies ferrees : Douala-N'Kongsamba, d'une part, Doua­la-Yaounde , d'autre part. La guerte interrompit les tra­vaux et Jes Allemands ,detruisirent au cours des ope­rations les ouvrages d'art deja construits. La France dut Jes reconstruire et poussa jusqu'a Yaounde la voic dit e du « centre » qui etait arretee au kilometre 180. Il fallut egalemcnt amelioret !'ensemble rlu reseau et , co nservant l' eca rtement de un metre , permettre l'utili­sation d'un materiel plus Joqrd.

· Le reseau comporte aujom ·d'hui les voies suivantes : 'Douala - Yaounde (chemin de fer du Centre), 307 kilo­metres, un embranchement Otelo-M'Balmayo de 37 kilo­metr es, Douala-N'Kongsamba, enfin (chemin de fer du Nord) 160 kilometres, soit un total · de 504. kilometres au lieu de 340 en 1914.

Ui1 certain nombre de projets d'extension de ce resean · ont etc etudies, dont le plus important, qui portc le nom de Douala-Tchad, comporterait la liaison du Cameroun avec les t er ritoircs voisins de l'Ouban­gui-Ch ari ct du Tchad.

En attend ant leur re alisation eventuelle le reseau a transporte, en · 1948, 287.130 tonnes de marchandises, 1.166.169 voyageurs.

chemins de fer.

ANNEES Voyageurs Tonnage de

' transportes ' marchandises

1935 ................... 187.896 ' 140.516 1936 .. ....... ..... . .... 425.053 181.858 1937 ........ ... ........ 698.865 226.190 1938 ................... 652.456 242.465 1939 .... .. ..... . ....... 624.856 202.254 1940 . .. ................ 706.582 156.710 1941 ................... 816.156 158.082 1942 ................... 725.043 173.083 1943 ................... 830.470 192;864 1944 ......... .......... 985.436 219.777 1945 ................... '1.144.665 169.554 1946

. 1.595.033 256.691 ... .. ... . . . . .. .....

1947 . .. ..... .... .. .. . .. 1.214.865 . 251.267 1948 .......... . ..... .. 1.166.169 287.000

Oya-N'Gaoundere, et, surtout, reliee, a Bangui, a la route imperiale « Brazzaville-Fort-Lamy » ; la route de l'Ouest relie D_ouala a Foumban par N'Kongsamba­Dschang et surtout Yaounde a Dschang par Bafia et Ban • gangte. Kribi, le port du Sud, est relie lui , aussi a Yaounde par Ebolowa, et a Douala. Une jonction Dschang-N'Gaoundere par Foumban et Banyo est en construction.

II s'agit en general de routes de terre, auxquelles la laterite donn e une fermete certes suffisante pour des vehicules legers, mais non adaptce au trafic lourd . Sur Une -portion de la route de l'Ouest, iI a et e ptocede avant la guerte a des essais de constrt1ction de tmfte moderne, de type europeen, avec asphaltage de la chaussee. Les grands itiner aires se sont vus, depuis le milieu de 1948, confl es a de grandes entteprises spe ­cialisees, p ourvu cs de materiel modcrne, et qui ont

18 NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRBS ....

commen ce a proc eder a un revetement de la rout e adapte aux conditions climatiques locales.

Le bitum age des rues de Douala et de Yaounde se poursuit.

On soulignera d'autre part que, contrairement a ce qu'on pouvait craindre , la periode des hostilites n'a point arrete l'effort 1 entr epris, et que certaines des rou­tes que l' on vient de citer ont ete ouvertes en pleine guerre, et en ,partie pou t des raisons strategiques (et notamment pour des necessites de ravitaillement des troupes massees au Tchad pom ; les campagnes fameu ­ses). C'est ain si qu e la r out e Dou ala-Yaounde, longtemps · differee comme risquant de concurrencer facheusement la voie ferr ee, a ete mise en chantier en 1939 ; que !'amelioration de la route de l'Est a ete activement poursuivie ; que la liaison Betare-Oya-N'Gaoundere a ete realisee . Signalon s, d'autre part, que le Cameroun a travaille a une portion de la voie Dikoa-Fort-Lamy, dans ]'extreme Nord. Le gouvernement tente, par di­vers moyens, de faire comprendre aux autochtones la nec essite d'un effort commun pour l'entretien du res eau routier; des journees de la route, en novembre 1947, ont rassemble a Douala les techniciens d'A.E.F . et des colonie _s anglaises.

II r este en cor e a faire d'ailleurs des ouvrages d'art ; notamment, dont les plus importants seraient le pont ·sur la Sanaga, au nord de Yaounde, dont le projet est bien au point malgre les difficultes reelles qu'il pre-

' sent e, et le pont du Wouri, qui devrait rejoindre Dou ala a la route de N'Kongsamba, ainsi que le chemin de fer du Centre et celui du Nord. '

Le pare autochtone s'eleve a plus de 4.000 vehicules et est en constant accroissement. Le nombre des ca­mions lourds et des tracteurs augmente particuliere­ment. La progression vertigineuse dans la consomma­tion d'essence en est la p.,reuve. De 6.300.000 litr es en 193'8, elle est passee a 10.650 .000 litres en 194 7, 23.100.000 litres en 1948, el est prevue aux environs de 30.000.000 de litres pour 1949.

3. - Les transports aeriens

Le Cameroun a , commence • tres tot a organiser sur son territoire une infrastructure pour Jes liaisons aeriennes sur deux axes, l'un Nord-Sud (Yaounde­Maroua-Fort-Lamy), l'autre Ouest-Est (Douala-Yaounde­Batouri-Bangui), avec trois bases principales : Douala, Yaounde, Garoua. D'importants travaux ont ete executes pendant la guerre, principalement sur le terrain de Douala, qui comportera bientot une piste principalc d'envol, macadamisee et bitumee, de 2.000 metre .s de longueur (longueur actuene :, 1.600 m.) et ou out ete construits un grand hangar de 30 nietres de portee libre et de nombreux batiments de toute sorte. D'ores et deja, Jes lourds quadrimoteurs atterrissent a Douala. Le terrain de Yaounde presente pour !'instant une piste lateritique de 1.300 metres de longueur, un hangar de 36 x 42 metres, un pavillon d'accueil, etc ... Le terrain de Garoua, de plus de 40 hectares, muni d'un hangar de 16 x 10 metres, a deja rei;u Jui aussi la visite de lourds trimoteurs. Des terrains d'cscale existent a Ti ­bati, N'Gaoundere, Maroua vers le Nord ; Nanga-Eboko et Batouri v~rs l'Est.

II faut noter la construction recente de trois stations completes de meteorologie et de radiogoniometrie a Douala, Yaounde et Batouri.

Le Wouri enfin, a Douala, offre aux hydravions un plan regulierement utilise au cours des dernieres annees.

Au cours de l'annee 1948 , le tr aflc civil fran <;ais et etrangcr avait e_te le suivant :

DOUALA YAOUNDE TOTAL

Nombre d'avions . . 363 69 432 Passag e rs ' 7.077 1.484 8.561 .... ... . . Fret en kilos ... ... 213 .955 10.513 224.427

Pend ant le pr emi er trim cslr c de 1949, le trafic ci vil fran<;ais et etrang er du seul t errain de Douala a ete le suivant : 125 avions, 2.959 passagers ct 151.771 kilos de fret. Ces chiffres indiquent unc augm entation de plu s du double du rythm e de trafi c atteint l'an derni er.

La Societe « Air Fran ce » exploite une ligne Pari s­Douala par quadrimoteur DC 4 et une ligne Dakar­Bra zzaville par DC 3, bi-hebdom adaire, qui fait escale a Douala et a Yaound e. Par aill eur s, un ce rtain nombre de compagni es privee s assur en t, h tmc frequenc c varia­ble, des liaison s avec la France et l' A.E.F. II s'agit no ­tamment des « Transport s Aeriens Internationaux » (T.A.I.), de « Ale1es Provinc e », de « Aigle Azur », ct de la « Socie te Aeri cnn e de Transport s Tropi caux » (S.A.T.T.) ..

4, - Les transmissions

. L'Administration des P.T .T. compt e actuellement · 28 bureaux principaux, 31 bureaux secondaires, 10 agences postales, avec un personnel de 49 Euro­peens et 703 indigenes. Le reseau telegraphique est plus dens e dans la partie Sud-Ouest du territoire, centre hauteur de Douala et Yaounde. Les difflcultes d'entretien des ligncs, le manque de moyens pendant Jes dernieres annees, n'ont pas permis de developper le reseau dans la mesure de l'ac croissement du trafic ; on l'a double et complete dans Jes regions eloignees des centres, par un reseau radio-telegraphique qui a pris depuis sa creation en 1939, une tres grande impor­tance dans les liaison s interi eur es et exterieur es ; 20 stations « Emission-R ece ption » fonctionnent sm· l' enscmble du territoir e, dont le personnel, entierement auto chtone, est form e a Doual a dans une ecole de sp e­cialistes.

Tout un reseau de prote ction' aerienne fonctionnc sur le parcour~ des courriers frani;ais ou etrangers.

Un poste d'emission · « Radio-Douala », qui avait fonctionne de 1940 a 1944 et rendu de reels servic es, a

· r epris ses emissions depuis le debut de 194 7. Son in s­tallation definitive a Yaounde est prevu e.

5. - Les ports

' DOUALA. - Situe a 13 mille~ de la mer, sur la rive gauche du fleuve Wouri, le port de Douala etait jus­qu'en 1927 d'un acces difficile. D'importants travaux ont ete poursuivis depuis cett e date. Des 1931, Douala disposait de 564 m. de quai en eau profonde, permet­tant l'accostage simultane de qualre grands paquebots, avec 6 hectares de terre-plein et 3.500 m2 de maga­sins, un quai de chalandage de 200 m . par fonds de 2 a 3 m. 50, le chenal etant balise de fai;on satisfai­sante ; un materiel important elait acquis. Dans u1'e seconde periode, on construit quatre magasins gene­raux, un immeuble du port, de nouvelles voies ferrees et une gare maritim e ; on in stallc de nouvelles grues. En plein~ guerre, enfln, on a poursuivi tine campagne de dragage des chenaux d'acces, ainsi que l'amenage­ment cles boulevards et avenues voisins, !'edification d'un cinqui eme mag asin-cale, la mise en service d'un tank a gas-oil enterre, de 300 metres cubes de capa­cite. En 1948, tous Jes quais ont ete cimentes, ct un appel d'offre a ete lance de la metropole pour Ia cons­truction de huit nouveaux posi es a quai.

..

NOTES ET tTUDES DOCUMENTAIRES # .. 19

BoNABERI. -· Annexe du port de Douala, sur la rive droite du Wouri, le port de Ilonaberi est plus speciale­ment le .port d'exporlalion des bananes. Il est dote d'un appontemenl pour bananiers de 74 m. sur 15 m., relic a la ville par unc estacade de 48 m. de long, portant dcux voies ferrees, et d'un a_pponlement en beton arme.

Ces deux ports peuvent, dans lcur etat actucl, rece­voir 12 grands cargos simultanement (6 au mouillage, 4 a quai a Douala, 2 a quai a Bonaberi). Ils pourraient manutentionner 4 a 500.000 tonnes de marchandises di­vcrses. Le chiffre sera sans doute atteint en 1949.

Le irafic du port de bo~ala

l\farchandiscs

-Ai-liNEES (tonnes metriqucs ) Total EmbarquCes DCbarquCes

1920 ...... .... 29:084 26.053 55.137 1921 . . . ... .. . 27.222 15.367 42.589 1922 ..... . ... 33.944 17.774 51.718 1923 .. ,. . . .... 49.993 26.417 76.410 1924 .. . .. . ... 60.381 32.580 92.961 1925 . . . . ..... 90.166 40.910 131.076 1926 ..... .. . . 90.551 4'9.712 140.263 1927 . . . ... . . . 91.094 52.281 143.375 1928 ......... 98.806 51.318 150.124 1929 ......... 109.765 57.394 167.159 1930 ......... 107.731 55.463 163.194 1931 ......... 78.000 31.700 109.700 1932 ......... 93.902 - 28.766 122.663 1933 ......... 96.212 30.313 186.525 1934 ......... 120.654 I 30.889 151.54·0 1935 ......... 125.654 40.820 161.474 1936 .. . .... . . 142.714 46.586 189.300 1937 ......... 174.132 62.981 237.113 1938 .... .. ... 161.378 68.762 230.140 1939 . ........ 135.944 63.542 199.486 1940 ... . ..... 80.366 19.136 99.486 1941 ......... 65.915 38.490 104.405 1942 .. . ...... 76.867 34.011 110.878 1943 ......... 109.024 52.750 161.774 1944 . ' . ...... 116.178 37.180 • 153.358 1945 . . . .. ... . 97.761 39.495 137.256 1946 .. .. . .... 139.026 54.983 194.009 1947 . ........ 182:106 104.925 287.031 1948 .. . ...... 180.Q0O 163.000 343.000

K1unr. - Au Sud, a !'embouchure de la Kienke, est mi petit porte de chalandage qui offre un excellent mouillagc aux chaloupes et boats calant de 1 m. 80 a 2 metres. Il est dote d'un petit quai de 30 metres en eau peu profonde. Des navires au long cours effectuerit des chargements restant en rade.

GAROUA. - Port fluvial sur la Benoue, accessib'le de juin a octobre a des vapeurs 'de 2 a 300 tonnes et de 2 metres de tirant d'eau, est le port d'exportation des arachides et aussi du coton d' Afrique Equatoriale, le port d'arrivee des approvisionnements du Nord Came­·roun et du Tchad, et notamment de !'essence necessaire aux avions qui touchent Fort-Lamy.

6. - L'electrification

Les besoins considerables d'energic · indispensable pour le developpement economique des pays equato­riaux, ont necessite une etude approfondie des possi­bilites hydroeleclriques de ces contrees.

Le territoire du Canieroun est, a cc point de v'ue, par­tieulierement interessant puisque, en dehors d'acci­dents isoles, les principaux fleuves descendent brusquc­ment de plusieurs centaines de metres avant de se jeter dans la mer, presentant ainsi une succession de chutes, en meme temps qu'offrant un debit considerable du, d'une part, aux precipitations atmospheriques tres abondantes, et d'autre part, a la grande surface de lcur bassin.

Un certain nombre de bassins, de fraction de bassins ont pu etre ainsi reconnus, presentant tous des possibi­lites futures d'equipement hydroelectrique. La zone de surface relativement limitee qui comprend les bassins de la Sanaga, du Nyong et de N'Tem, represente aussi une puissance considerable, puissance theorique brute comprise entre 2 et 25 millions de CV.

En 1944, en vue d'assurer la misc en valeur econo­mique de la region de Douala et de la zone cotiere, ii fut decide de proceder a l'equipement des chutes du fleuve Sanaga, a Edea.

Edea est situe a 80 kilometres de Douala, a 60 kilo­metres environ de !'Ocean Atlantique. La grande foret equatoriale environne de toutes parts cette petite ville . Son altitude est de 20 metres au-dessus du niveau de la mer. La pluviometrie y est importante (2 m. 50 d'eau par an), les saisons nettement marquees (Ies pluies tom­bent de juin a novembre). En tout temps, le degre hygrometrique est eleve (de l'ordre de 98°). La tempe­rature oscille de 28° a 32° au cours de l'annee .

A Edea, la Sanaga se scinde en deux bras resp eclive­ment larges de 180 et 220 metres. La profondeur varie de 5 a 15 metres.

Les chutes d'Edea ont une hauteur de 24 metres aux hautes eaux, et le debit maximum de crue est de l'ordre de 6.000 m3-seconde environ (300 m3-se~. a l'eliage).

Trois ans seront necessaires pour edifier sur ce fleuve la centrale electrique projetee. 1949 verra !'or­ganisation du chantier et le commencement des 'gros travaux.

. I 30.000 Kw. - trois groupes turbines-alternateurs de

15.000 CV. : telles sont les caracteristiques de la pre­miere tranche de travaux. Mais il faut deja envisager !'utilisation future des 100.000 Kw. facilement amena­geables que represente I'eau de Ia -Sanaga. • Des maintenant, le Territoire se preoccupe de four­nir un,e clientele a cette masse d'energie : naissance de groupes industriels, fabrication d'azote arlificiel, crea­tion de cimenteries, debut de traitement des minerais, voire electrification ferroviaire possib .le.

7. - L'industrialisation

Sectear encore nouveau de l'economie camerounaise, l'activite industrielle connait depuis deux ans 1111 essor rapide dans le sud du Territoire. Jusqu'aux dernieres annees, la production industrielle se limitait a quel- ' ques scieries attenantes aux exploitations forestieres, a quelques preparations de cafe, et a des entreprises di­verses a caractere plus artisanal que proprement indus­triel.

Sous !'impulsion de la nouvelle politique fran~aise outre-mer et surtout du courant d'activites productrices suscite par le developpement des ressources naturelles du Cameroun, ainsi que par les premieres realisations de son equipement, on assiste actuellement a l'epanouis­sement des forces du Territoire et a l'impla~tation cro~ssante d'cntreprises industrielles, surtout dans les regions Sud.

Le principal souci- de l' Administration, dans cet essor industriel, consiste a favoriser !'installation des entre­prises susceptibles de diversifier et de completer l'eco­nomie du Tefritoire par la transformation d·es pro-

No·rHs ET ii•ruoEs ooct1MGNTA11\ES

duits qui, faute d'industries approptiees, n'avaieht pu jusqu'a present connaitre !'utilisation et l'interllt qu'ils meritaient (huileries, savonnerks, conserveries, brasse-

. ries). Plus gr.ande encore est, sans doute, la preoccupation

de la puissanoe fran~aise do dot.et le Gameroun d.'un cquipemcnt en rapport avec scs possibilites, en favori­sant !'installation d'entreprises de travaux publics ef de transports.

En matiere agricolc, la preparation et la transforma­tion des produits soht souvent encore effectuees dans · Je cadre familial ou artisanal, par des moyens tres ru• dimentaires. L'intervention de la machine ou de dispo­.sitifs speoiaux, depuis les presses a huiles ou concas 0

seurs et broycurs a bras jusqu'aux grosses installations industrielles (huileties modernes, etc.), pertnettent t:e" pendant d'ameliorer considerablement les rendements atteints par oes preparations.

Pour le cafe, presque tous lcs planteurs europeens possedent une usine de preparation qui, en general, a une capacite de production largcment suffisante pour le traitement des meilleures recoltes.

La pt"eparation du cacao rcstc par contre familiale ; , la Termentation est effoctuec en divers recipients aux­quels les Services de l' Agriculture font substituer des bacs en bois · de capacitc uniforme. Le sechage est cffectue sur des hattes ou sur des sechoirs de typt.1 « Autobus », q\li permettcnt d'obtenit' un produit d'ex• cellente qualite.

Dans les regions humides, des commeroants proce­dont eux-mctnes au sechage en four chauffe au 'bois (M'Banga, Kribi).

Un cssai de traitement en usine cooperative ·va ctre · effecJuc 9burunt 1949 i le& travaux de construction des amenagemcnts indispensables sont en cours. Un -projet est en 011trc a l'Mude pour !'installation d'une usine de traitement des dcohets de cacao et transformation sur place en beurre.

Le caoutchouc d'hevea est produit uniquement par des entrepriscs europeennes. Une seule, la S,A.F,A. pos­sede une usiue moderne i ies autres exploitations sor­tent des quantiles de feuilles inferieurcs a 100 tonnes ct utilis ent des machines a crepes actionnees a bl'as.

La S.A.F.A. possede a la Dizangue; pres d'Edea, .une usinc d~Ltlle capacite de traitement de 2.500 a 3.000 ton­nes i olle doit amenager prochainement une seoonde ­usine dcstinee au tt·aitement du latex des rbcentes extensions qui renlreront en rapport des 1950.

En cours d'annee, oette Societe a prepare du l!\tex en fut, stabilise a l'NI-13 (231 tonnes). D'autrc part, l'usine a essaye Ta fabrication de crepes a chaussures, a la suite de la baisse des com's enregistree fin 1947-debut 1948.

Pour l'huilc de p!l.hhll1 ofi p<::ut considerer que la tota- , Jile de la pl'oduction est etiMre pt'eparee par les 111oye11s les plus soml1lfiite!l •de !'ebullition et de la tri• ttttion, ce tH·oe€d~ n'cxtray:11H qli'llne pfii'tie de l'hilile des fruits.

Quatre t:Ha11tcu1·s tlut'opee11s possedcttt aes usi11cs qui ctaient jusqtl'alor,5 fort nial etJLiipees et 11e prodUiseht annuellement que LOOO tonnes .d'huile et 600 tonnes de palmiste. Denx de Ces usines Ont petfectionne leur materiel par l'auhat de materiel neuf. La S.P.R.O.A., no­tamment, va recevoir uhe usine Stork de 1.000 tonnes tie capncite. . Le Tetritt>irc po!isede pouttant de vastes palmerai¢; qui depassent les i;:iossibilites d'exploitation des Afri­cains, liVl'es a leur seule initiative. 'A.fin de valoris-er la production de cette palmeraie, la creation . de deux usines-pilotes a ete decidee pat l'Institut de Re-cherche des H.uiles et Oleagineux, organlsme public. L'une, si­tuee a Dibembari, en cours de construction, traitera les regimes de la palmeraie situee au nord de Douala ; elle

pourra commencer ses essais de mise en marche ·fin 1949. Elle aura unc capacite de production de 2.000 tonnes d'huile, pouvant ette portee a 5.000 ton• Ii.es. La seconde usine est prevue a Edea et auta une capacite de 1.000 tonhes.

Parallelement, l'Institut de Recherche des Huiles et Oleagineux a commence la reconstitution de .la palme• raie locale et son exploitation rationnelle. Une conces­sion de 3.000 hectares lui a ete accordee a eel effct dans la region du Mungo. 1 '

Outre les activites industrielles et agricoles que l'on vient d'enumerer et qui visent a obtcnir un produil commercialement utilisable d'une matiere v~getalc brute, le Cameroun possede des usines de transforma­tion proprement dite.

Au couts des dernieres h1>stilites, des savonneries, no­tamment, se sont montecs pour la preparation de savon pour la satisfaction des besoins locaux. Leur production a memc pertnis des exportations sur l'Afrique · du Nord et lcs Antilles.

Les autochtoncs ne font pas, en general, fermenter leur tabac ; !'operation est effectuee par les acheteu.rs, qui disposent des quantiles necessaires a la constitu­tiGn des masses.

La S,E.I.T,A. cxporte ses tabacs de cape en feuilles, La Societe « Bastos » a construit a Yaounde une ma :

nufacture de . tabac • moderne, qui livre des cigarettes pour la consommation interieure Elle dispose d'un tor­refacteur, de machines a cigarettes et empaqueteuses modernes. Elle a, d'autre part, commande en 1948 un important materiel qui en fera une des plus importantes manufactures de tabac d'Afrlque.

Bnftn 1 pour les besoins de la consommation locale, une usine situee a Pitoa (region de la Benoue) presse les arachides decortiquees avec Ull materiel moderne. ' Cette usine, qui fonctionne depuis 1947 a fourni en 1948 plus de 400.000 litres d'huile pour ·la consommation.

La . construction d'une seconde huilerie a Bertoua permetlra au Territoire de couvrir integralement les dem,mdes interieures. On peut signaler encore i'instal­lation recente a Penja, dans la regioµ du Mungo, d'unc petite usine de bananes Sechees.

Un effort particulier est porte vers le developpemen l de la production des materiaux de construction, qui conditionne tous les travaux d'ouvrage et de biHiment necessites par les travaux actuels de l'equipement. Bri­queterl.es, tuileries, carrieres, fabriques de chaux et de ciment, prennent une importance considerable pour l'actmil au Cameroun.

11 existe Une briqueterie-tuilerie a Yaounde qui livrc des briques et tuiles de bonne qualite. D'autres brique ­teries existent dans diverses regions du Territoire, en particulier a Abong-Mbang, Betare-Oya 1 M'Balmayo, Douala, Dschaug.

A Edea, l'exploitation des carrieres de pierre en re­gie de la Direction des Chemins de Per a ete transfor ­mee en une concession pour vingt-cinq ans au Coiisor­tium d'entreprises Soliditil et Hersent.

Les autres industties locales a caractere prive por­tent principalement sur !'exploitation de forets, scieries, menuiseries, etc ... , et des fravaux publics a Douala ct a Yaounde; un atelier de mecanique prive s'est installe a Dmlala (alelier de la Socaci).

Des -chantiers na.vals vont s'inslallcr dans le port d·e Douala.

Une brasserie, d'une capacile d_e 40'.000 hectolitres, avec chambres froides 1 est en cours de construction a Douala. •

Une filature est egalement en cours de construction -a Douala.

Un certain noinbre de projets sont a l'etude (conser­vcries, bols dcfibres et con treplaque).

,

NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES 21

Un quartier industriel a ete cree a Bassa, dans la banlieue de Douala. Ce quartier, raccorde au chemin de fer, comprend 20 lots repartis entre les industriels et entreprises des travaux publi cs.

-On voit, par cet expose, qu e les matieres premieres utiiisees par ces industri es sont d'origine locale, sauf peut-etre le coton pour la filature, qui pourrait venir de l'Oubangui ou d'a utres pays voisins. Les produits de cette industr ie seront , pour une grande part, consom­mes sur pl ace . Certai ns, comme Jes conserv es, la biere, Jes produits de transformation du boi s, pourront etre

• exportes. . . Un gros effort a ete fait par le Territoire pour devr.­

lopper l'emploi d'outillage mecanique, taut dans la construction des routes et !'exploitation du port, que dans Jes industries privees. ·oe nombreux engins de rnanutenti on permettent de reduire Jes eff ectifs, aux­quels il n'est plus demande de fatigue physique impor-lante. .

11 est a noter que la ma in-d'reuvre africaine s'est bien adaptee a la conduite de ces engins.

nomique et social. Ces plans concernent tons les domai­nes de la vie economique et sociale des territoires, et ils s'adressent aussi bien au secteur des autorites publiques qu'a celui des autorites privees. Ils englobent la proquction, la transformation, la circulation, !'utili­sation et la consommation des richesses des territoires. lls ont pour objet essentiel d'augmenter le standard de vie des autochtones et de permettre leur progres social.

Le financement de ces plans d'equipement est assure par le F.I.D.E.S. (Fonds -d'investissem ent pour le deve­loppement economique et social des territoires d'Outre- · Mer), qui est alimente en recettes par trois sources :

- une dotation de la Metropole ; -- une contribution des territoires interesses ; - des avances a long terme et a faible interet de la

Caisse Centrale _de la France d'Outre-Mer.

Voici Jes credits qui ont ete prevus pour le Came­roun, pour la duree d'application du plan :

\ ' . Frs. CFA

Le gouvernement du Territoire favorise dans toute la 1" mesure du possible le developpement de ces societes, . Travaux d'interet social (urbanisme,

hygiene, sante, enseign em ., sports) . 5.204.000 .000 dans certains cas, p ar Foctroi d'avances remboursables, la possibilite d'utilisation rapide a titre precaire sur des terr.ains domaniaux, l'octroi de devises pour l'achat de materiel etranger.

8. - Le · programme d'equipement

Le developpement economique du Territoire deman­dait · un plan et des capitaux.

La loi metropolitaine du 30 avril 1946 disposait que seraient mis en cours d'application, dans un delai de six mois, des plans decennaux de developpement eco-

2° Travaux de production du sol (equi- . pement agrj cole, production fores-tiere, elevage) .............. . .. . .

3° Developpement minier, energie elec-1.582.000.000

electrique, industrialisation . .. . . . . 1.487 .000.000 4 ° Amelioration des moyens de trans-

port et communications terrestres, maritimes et aeriennes .. . ..... '. ... 16.512.000.000

soit un total de 24 milliards 785 millions de francs CFA.

V. - LA REGLEMENTATION

a) Le regime fonder

En mati ere domaniale, le regime de tutelle impose les deux oblig ation s suivantes :

- oblig ation de « pr endre en consider ation les lois et coutum es lo cales » ;

- interdiction de donner aux autochtones le droit de ceder librement leurs terres ou d'y constituer de la meme facon des droits reels, sauf en ce qui concerne Jes actes passes entre autochtones. ·

C'est done une obligation internationale de soumettre a autorisation de telles operations. Les deux principes de reconnaissance de certains droits fonciers autochto­nes et de controle des mutations, concernant la terre, president done au regime foncier actuellement en vigueur au Cameroun.

La constatation des dtoits des autochtones est regle­mentee par un decr et du 21 juillet 1932, qui permet a une personne (ou a un e coll ectivite) detentrice de ter­res suivant Jes regle s coutumi eres, d'obtenir la consta­tation et !'affirmation de ses droits reels au regard de tous tiers et a l'egard du domaine prive du Territoire. La procedure est facile, Jes delais de publicite relative­ment courts, et aucune difflculte n'a ete rencontree. Cette procedure conduit a la delivrance d'un titre.

Un second decret du 21 juillet 1932 a reglemente la procedure de l'immatriculation au Cameroun. Ce re­gime a pour but d'assurer aux titulaires la garantie des

droits qu'ils possedenr sur les immeubles prealablement nnmatricules ; cette garantie est obtenue au moyen de la ublication, sur les livres fonciers, a un compte par­ticulier ouvert pour chaque immeubl e, ·de tous les droits reels qui s'y rapportent, ainsi qu e des modifica­tions de ces memes droits.

L'immatriculation est en principe fac ult ative ; elle est cependant obligatoire pour tout es les alienations ou concessions en matiere domaniale, lorsqu'un immeuble doit faire l'objet d'un contrat ecrit redige en confor­mite des principes du droit francais, pour t01,1s les im­meubles qui etaient inscrits au Grundbuch et soumis aux dispositions de la loi allemande. L'admission des immeubles au regime de l'immatriculation est definitive.

Les dispositions du Code civil et des lois francaises sont en principe applicables, d'une maniere generale, aux immeubles immatricules ainsi qu'aux droits qui s'y rapportent.

La protection des inte r ets des autochtones est asim­ree efflcacement par les deux decrets precites. D'une part, en effet, sont nulles et de nul effet, d'une nullite d'ordre public, toutes les conventions entre indigenes et etrangers qui auraient pour effet de changer le titu­laire des droits reels immobiliers, a moins que lesdites conventions n'aient ete autorisees par le Haut-Commis­saire. En outre, ces conventions doivent etre ·materia­lisees par un acte authentique regulierement enregistre. Ainsi, le droit de tutelle administrative s'exerce et offre _toutes les garanties en la matiere.

N OTES ET .ETlJUES DOCUMEN TAIR ES

D'autre part, et pour eviter que les Africains n'abu­sent de dro1ts injustities de propriete, ils d01vent, avant de consenllr une vente en ia torme et avec l'autorisa­tion ci-dessus notee, requerir l'immatriculation de leurs immeubles.

Depms 1934, 635 livrets d'immatriculation ont ete delivres, dont 133 pour la seule annee 194·8, demontrant !'importance croissaute de la propriete de la terre aux yeux des autochtones.

Par ailleurs, d'assez grandes superficies out ete cons­tituees en res erves autochtones, notamment dans les re­~ions du Mungo, Bamileke, Sanaga-Maritime et Nyong et ~anaga. Elles sont utilisees pour la subsistance des col­lect1v1tes locales, ·qui disposent egalement · de la puis­sance de certaines terres en raison de leur occupation ett'ective et coutumiere.

L' Administrat10n locale a acquis des terrains pour ses services publics, par la procedure de classement dans le domaine prive des biens vacants et sans maitre. Par­fois, le moyen de l'e~hange, ou l'achat pur et simple a des partlculiers, a ete employe. II est prevu, pour effectuer les travaux d'amenagement en cours au Ca­meroun, d'appliquer la procedure normale d'expropria­tion pour cause d'utilite publique, conformement aux textes en vigueur. Cette procedure ott'rira toutes garanties taut aux Africains qu'aux Europeens, sur les conditions de reprise de terrains detenus en vertu de titres reguliers.

Si, actuellement, la procedure de classement dans le domaine du Territoire est en cours, aux fins d'obtenir des terrains pour certains services publics (aeronau­tique civile, par exemple), aucun autre terrain n'a ete acquis par le Territoire au cours des cinq dernieres an-nees, sinon par achat direct et regulier. ·

Il faut noter que la procedure de classement s'appli­que egalement aux terres qui, n'etant pas l'objet d'un titre regulier de propriete, sont inexploitees ou inoc­cupees depuis plus de dix ans.

Le decret du 12 janvier 1938 a organise le regime des concessions ·au Cameroun. Celles-ci pouvaient etre accordees par arrete du Commissaire de la Republique, pris en ConseiJ d'administration. Mais le decret du ~5 octobre 1946, en creant l'Assemblee Representative, lui a donne en la matiere un certain nombre d'attri­butions.

11 convient de distinguer le regime des concessions urbaines et . celui des concessions rurales :

Concessions urbaines. - Les lots de terrains com­pris dans le plan de lotissement etabli pour chaque centre urbain sont accordes par arretes du Haut-Com­missaire, apres deliberation de l' Assemblee Representa­tive. Il ne peut etre accorde a un meme titulaire plus de trois lots dans un meme centre urhain.

I

Concessions rurales. - Leur attribution en est pro­noncee par arrete en Conseil d'administration pour toute concession inferieure a 200 hectares, par arrete en Conseil d'administration apres avis de l'Assemblee Representative, pour toute · concession superieure · a 200 hectares. Leur attribution, qui a pour but la mise en valeur du Territoire, est soumise a la justification par le futur titulaire d'un capital de 5.000 a 10.000 fr. CFA par hectare. Peuvent etre dispenses de cette justi­fication les demandeurs de concessions inferieures a 200 hectares et susceptibles d'etre mises en valeur par un · effort individuel ou familial, ainsi que les autoch­tones demandeurs de concessions egales ou inferieures a 20 hectares. Des concessions industrielles peuvent enfin etre accordees sur des terrains ruraux.

Ainsi, les modalites actuelles du regime foncier per­mettent une reconnaissance des droits autochtones, assortie en contre-partie de l'ob)igation de mettre en

valeur les terres en vertu de la loi du 3 mai 1946 sur !'exploitation des tcrres cultivables dans les territoires d'outre-mer, mais aussi ' aux nombreuses entreprises moderncs, d'acquerir les terrains qui leur sont neces­saires pour la mise en ceuvrc du programme des grands travaux. ·

b) Le regime forestier

L'cxploitation des forets domaniales ne pcut sc faire qu'apres octroi d'u~ pcrmis d'exploitation. On dis­tingue: .

1 ° lcs pcrmis de coupe d;ebene, delivres dans des conditions speciales ;

2° les permis d'cxploitation de produits forestiers secondairc s (rotin, ecorces, etc ... ) ;

3° les permis de coupe de bois de chauffage ; 4° les pcrmis de coupe d'arbrt:s ; cnfin et surtout : 5° les permis de chanticr s'appliquant a des lots de

moins de 500 hectares ; 6° lcs permis portant sur 2.;iOO hectares; valables

cinq ans, ct renouvelables ; 7i les permis d'exploitation forestiere.

Les conditions du temps de guerre, d'une part, les problem.es poses par le recrutement de la main-d'ceuvrc, d'autre part, ont amene depuis un certain temps deja a rcstcindre tres sericuscment l'octroi de nouveaux per­mis forestiers, c,ommc de concessions nouvelles.

t) Le regime minier

Au Camcroun, lcs gites naturcls de substances mine­rales sont classes, relativement a lcur r egime legal, en carrieres ct en mines.

A) Sont consfderes comme carriercs les gitcs de ma­teriaux de construction et d'amendement pour la cul­ture des tcrrcs, a !'exception des nitrates ct sels asso-cies, ainsi que des phosphates. .

Les carrieres sont reputees ne pas etre separecs de la propriete du sol dont elles en suivent les conditions.

Les tourbieres sont soumises au memc regime que les carrieres.

B) Sont consideres comme mines les gites de subl stances mineral es qui nc sont pas classes dans les car­rieres.

Les gites · de substa"uces conccssiblcs sont classes en . quatre categories :

1 ° hydrocarbures liquidcs . ou gazeux, bitumes, as­phaltcs; schistcs ct gres bitumineux ;

2° houilles et lignites ;

3 ° phosphates, nitrates, sels alcalins, aluns, borates et autres sels associes dahs les me~es gisements ;

4 ° toutcs lcs autres subtances mineralcs soumises au regime des mines.

Le droit d'exploiter unc mine ne pent etre acquis qu'en vcrtu d'un permis d'exploitation, ou concession.

L'attribution des droits miniers • repose, en son prin­cipe, sur la priorite a la demande.

Toutcfois, le liberalismc de ce principe est attenue par certaines restrictions qui placcnt, en fait, !'attribu­tion des droits miniers sous un regime de droit regalien et meme de droit domanial, suivant les zones territo­riales intercssees ct les substances minerales recher­chees OU exploitees.

..

Ces mesures restrictives ressortent des developpe• ments qui suivent :

a) L'aulorisation personnelle. - Les personnes ou societes ne peuvent obtenir de droits miniers sans etre prealablement munies d'une au torisation personnelle delivree par le Haut-Commissaire. ·

b) Les zolles. - On distingue, dans l'allrihution des d1·ofts ininiers, les zones dites « libres », soumises au regime coinniUn, et les zones dites « reservees », sou­mises a regime special.

IThns les 4.ernieres, le Terriloire se reserve provisoi­rement, sous condition de respect des droits acquis anterieurement a l'institution de la zone, le droit de iecherche de mines pour toutes substances minerales ou certaines substances minerales d'une categoric deter­minee ou d'une nature mineralogique determinee.

c) Les droils milliers. - Ce sont, en zone libre :

1 • Le permls d'explOI'ation, qui s'acquiert a priotite de la demande et dans des regions tlefltties par arr~te du Chef du Territoire. Ce perm.is contere a sort titU• Iail'e, sous reserve des droits acquis antetieurement, le tlroit exclusif d'explorfltion de toutes substahces mine­

. rales, a !'exclusion de celles de la pretnie1•e categoric, tlans un quadrilatere dont la superficie peut, selon les regions, varier entre 2.000 et 10.000 kilometres cat'i'es.

La duree du pel'Inis d'exploration est de trois an­nees. II ne peut etre renouvele. Le pennis d'exploratiofi . eonfere a son titulaire, par preference a tous auttes, le droit d'obtcnir a l'interiem · dlt permis autant de per­mis de recherches que le titulaire attta. Justifle avoir clepe11se de fois 50.000 francs CJ1 travattx d'explotatioh.

2° Le permis ordinaire de rccherche, qui s'acquiert a la priorite de la demande. Ce permis confere a son titulaire le droit exclusif de rechcrche dans l'etendue d'un carre . dont lcs cotes ont, suivant les regions, 5 ou 10 kilometres de longueur, et sont orientes N.-S. et E.-0.

Le permis est valable pour deux ans et peut etre re­nouvele deux fois ·au plus, pour une periode de deux ans chaque fois. Toutefois, le second renouvellement est subordonne a la jusli~cation d'une depense de 20,000 francs pour travaux de recherches effectues sur ce permis.

3° Le pennis or<linah•e d'exploitation, - Le titulaite d'un petmis de recherche u droit slit' sa <lemande a mi permis d'exploitafion; s'il a, pendant la duree du per­mis de recherche, fourni hi preuve, pal' des travaux f'egulieremeht poursuivis, de !'existence ct·•un gisement a l'interieur de ce permis.

Le perlnis d'exploitation a les 111emes limitc s quc le pcrmis de rechcrchc qui a motive son institution.

Le permis d'exploitation est valable pour qUafre ans. Ii peut etre renouvele qt1atre fois, potlr autunt de pe­riodes de quatre ans.

4 ° La concession. - Le titulairc d'un permis <le re­cherche ou d'un permis d'exj)loitation a dr6it, sur sa demande, a une ·concession s'il a, pendant la duree du permis, fourni la preuve, par des travaux regulierement poursuivis, de !'existence d'un gisetrien t exploitable a finferieur du permis.

La concession est · valable pour soixante-quinze arts. . Cette duree pent, par arrete du Chef du Territoire, Hre prorogee en une ou plusieurs fois par periode de vingt­cinq annees, si le concessionnaire a fait preuve d'une activite suffisante.

Les droits miniers pou".ant etre acquis en zone re­s@rvee sont les suivants :

t • Le permis special de rechcrchc pour affermage;

dont l'eleildue maximum est de 400 ou de 600 kilo• metres carres suivant les substances.

Le permis special de recherche est delivre, s'il y ri lieu et apres examen de la capacite ·technique et finan­ciere du demandeur, par le Haut-Commissaire ct api 'es avis de l'Assemblee Representative. La validite de ce permis est de six mois avec possibiiite d'une seule pro · rogafion de trois mois.

2b Le permis special d'exploitation par · affermagc, lequel derive du permis special de recherche, si le titu ­lairc de ce dernier a fourni la pteuv e, par ses travaux, d'un gisemeht.

Le permis special d'exploitation s'inscrit a l'inlerieur du })ermis special de recherche, . La validite du perruis SJ,Jeoial d'Cxploitation est la

meme que celle du pertnis qrdinaire d'exploitation. 3° Le permis general de techerche, donl l'etenduc

est superieur'e A 400 ou 600 kilometres cartes, suivallt la substance. ·

Le permis · general de recherch1e est delivre, s'il y a lieu, par decret sur proposition du Haut-Commissairc apres av.is de l; Assemblee Representative locale et du Comite des Mines de · ia France d'Outre-Mer. Ce pe1·mis fail l'objet d'une conve ntion passee entre le Haut-Com­missaire et le petitionnaire. Cette convention regle les droits et . obligations du permissionnaire et definit la participation du Territoire aux benefices, la duree du permis general est fixec par la convention.

Le pcrmis general de recherche duvre le droil a l'ob­.tention de permis ordinaites de rechetche, de 'permis ordinaires d;expioitatibn ou de concessions dans lcs conditions stipulees dans la convention.

d} Regime foe.al

L'examen du budget du Tcrritoirc a permis d'aper­ceyoir la place importante tenue par lcs recettes doua­nieres dans les ressources du Cameroun. La tar ification est ad valorem, et Jes relations douaniercs avcc la France, les pays de l'Union Fran!;aise et les territoires etranget'S s'effectucl1t sous un reglihe d'egalite afisollle.

Les drnits d' enlree sont trcs moderes ; ia taxation <le base est de 12 % ad valorem, plus 4 % au titre du chiffre d'affakes a !'importation ; des taux reduits sont prevus p6ur lm g1'and nombre de produits alitne11tai­res et de materiaux de prefilicte necessite (c;imcfll, houille, carblirants; metaux fe1'rett~). L'e:lrntnptfofi Mt mimie lat'gement prevue p6ur les n\achines et materi0ls deslines a l'M1t1iperne11t dli Territoii •c.

Les droiis de sortie sont proportionnes a 1'inci<lcncc de la remuneration qni revie11t au productem· sur la valeur FOB du produit. Les cacaos et les bananes sup­portent facilernent une taxation plus elevee qne Ics bois. Les caoutchoucs, huiles, paitnistes, son t · tres peu taxes. Les cafes et minerais sont exemptes. L'exemption a la sortie est en cfiet de regle pour mi grand nombrc de produits qui n'acquittent que la taxe de ~ % ad valorem au titre du chi{fre d'affaires a !'exportation.

Des taxes de consommation interiem 'e sont en olttre per9ues sur les huiles vegetales, les bbissons, les alcooJs diver~, les tabacs, savdns, flls et tissus de colon. Mises a part Ies taxes imposees ai,x alcoofs ef aux tabacs, ellcs onf ete etablies a des taux tres moderes. La fe­glementati6n actuelle prevoit d'ailleui-s que les indus• tries nouvellement installees au Territoire ne sont sou­mises au paiement de ces taxes que deux ans apres la date de mise en production.

Le systeme d'impots directs en viguei1r au Cameroun s'applique indistinctement a tous les habitants du Ter-

24 NOTES ET .ETtl'DES DOCUMENTAIRES

ritoire sans dislin c lion de ra ce, ni de nalionalite, et comprcnd deux categories d'impots. La premwr c groupe le& activiles commerciales ou profcssionnelles , cs palenles ct licences ; la seconde frappe lcs person­

nes at1 moyen d'impols nominatifs directement assis sur Jes rcvenus dont les assujettis ont dispose au cours de l'annee anterieure, et d'un i:mpot forfaitaire et nume­rique applicable aux contribuablcs dont lcs revenus sont inferieurs a un minimum determine chaquc annue.

A. - lmpols sur les reuenus

1 ° lmp61s cedulaires frappant, selon un Laux propor­lionnel, Ies revenus par categoric : impot sur les trai­tements, salaires, pensions et rentes viageres. En 1948, le taux de cet impot a ete r.amene de 10 a 2 %. En smil redevables les salaries percevant des emoluments remu­nerant une activite, un travail ou les titulaires d'une pension servie a la suite d'activites ou de travaux ante-. , rieurs.

2° lmp6ls suz· les benefices divers, frappant les rc­venus des activites commerciales, industrielles, minie­res, agricoles ou forestieres, ainsi que des professions liberalcs. Le taux de cet impot est le double du prece­dent. Dans la meme cedule, sont classes, par analogie, les revenus artisanaux ; mais il leur est fait application du taux reduit, en usage pour les salaries.

3° En annexe a l'impot sur les benefices divers, un · impol sur le chiffre d'affaires frappe, a titre de com­

pensation et · par .mesure d'equite, les operations por­tant sul· des produits ou marchandises qui h'ont pas supporte la taxe sur le chiffre d'affaires additionnelle

, aux taxes douanicres (le taux de cct impot ne depasse pas 2 %).

4° Imp6t ge11eml sw· le reucau, elabli par · foyer au nom du chef de famille et frappant, suivant un Laux progressif, !'ensemble des revenus perc;us par le chef 'de famillc, sa femme et les enfants vivant sous son toit. Depui~ 1948, le systeme du qyotient familial a ete appli­que au Cameroun.

~ 0 Imp61 pe1·sotinel, s'appliquant aux personnes ne disposant que de revenus infericurs au minimum a par­tir duquel lcs impots sur les rcvenus sont assis. Cet impot a un caractere forfaitaire.

6° Imp6t f oncier, ·complelant en quelque sorle le groupe des impots cedulaires sur les revenus, parnri les­quels Jes revenus de location d'immeubles ne trouvent pas place. Il se subdivise en contribution fonciere sur les p_roprietes balies. Cet impot ne frappe que Jes pro­prietes louees, a !'exclusion de celles directement exploitees OU utilisees par leur proprietaire.

B. - Imp6ls sur les activiles commerciales et induslrielles

Cette categoric comprend essentiellement une con-. tribut '.on des patenles, impot forfaitaire frappant l'exer­

cice de chaque profession suivant un bareme compor­tant 13 classes, et un certain nombre de designations speciales de maniere a proportionner l'impot a la pro­ductivite probable de chaque nature 0 d'entreprise. (Les tarifs s'echelonnent de 125.000 a 1.500 francs.) Toute­fois, sont exemptees de cet impot, les professions agri­cole"s OU minieres et qnelques activites considerees

. comme d'utilite publique (fabriques de glace, debits de

hois de chauffage ; economals, cooperatives de consom­mation).

Une contribution supplemenatire, elite des licences, frappe en outre le commerce des boissons.

C) Taxes accessoires

Epfin, des taxes ,accessoires frappent la detention de certains biens (armes a feu, betail) ou certaines situa­tions particulieres (taxes sur les biens de mainmorte, taxe vicinale, centimes additionnels au profit des com­mun es mixtes et de la Chamhrc de Commerce).

e) ' Le developpement culture! et social

L'ceuvre medicale, l'reuvre pedagogique realisee sur la population d'age scolaire, s'accompagne ·d'une action culturelle et sociale portant sur !'ensemble de la popu­lation. , Sur le plan culture!, !'education populaire et la presse, le , developpement de !'esprit artistique au moyen de l'artisanat, sont venus convier les autcichto­ncs a la decouv:erte des formes modernes de la pensee. La Jutte con tre l'analphabetisme constitue le point de depart de cette action. En 1948, soixante-trois cours d'adultes ont fonctionne avec plus de 2.000 eleves. Des cours specialises d'hygiene, de puericulture et d'ensei­gncment menager out ete organises. Des foyers cultu­rels ont ete construits, ou les evolues des grands cen-

. tres peuvent trouver un lieu de reunion, de conference et de lecture, en meme temps qu'une salle de cinema. L'action du cinema se poursuit par une unite de cinema mobile, qui vient d'entreprendre une serie de tournees en brousse. Un certain nombrc de bibliotheques circu­lantes existent par ailleurs :iu Territoire.

Plusieurs journaux europeens et africains contribuent a la formation d'une opinion publiquc, et les publica­tions de l'lnstitut Franc;ais d'Afrique Noire poursuivent l'inventaire scientifique du Territoire. L'effort de de­veloppement culture! s'est manifeste egalement sous la forme de conferences .organisees par l' Alliance Fran­c;aise clans les principaux centres ' urbains du Sud Ca­meroun.

Unc action sociale, au contact du culture! et du me­dical, s'est developpee assez largement en 1948. Des coµrs d'hygiene ont ete crees et une epreuve de cette discipline est maimenant necessaire pour le certificat d'etudes. L'ecole · menagere de Yaounde a multiplie le nombre de ses elcves. Un Comite d'hygiene alimentairc a cree ct diffuse une revue appelee Hygiene el Alimcn­talion au Camero1m, dont le . tiragc approche 10.000 cxemplaires, ct qui prodiguc aux aulochtones des , con­seils pratiques.

Les organisations de J eimcsses, Scoutisme ct Associa­tioHs Sporti'ves groupent deja plus de 2.000 adherents.

Un Comite du bien-etre social a ete cree en 1948, afin de promouvoir le developpement social du Territoire, en particulier clans le domaine de la protection de l'enfance et de la femme, de la famillc, clans celui de la salubrite publique et des mesures generales d'assis­tance.

Enfiu, un Service social a ete cree avec residence a Douala en avril 1949. Il dispose de plusieurs assistantes sociales. ·

II . convient de ne pas passer sous silence . !'action d'education economique entreprise .par la centaine de cooperatives existantes. · ·

s_p . .1 • 2 bis, Impasse du Mont-Tonnerre, Parls.1oe Prix : 50 francs.

.....

lAO-K1M-H

LA DOCUl\fENTATION FRAN()AISE

PRESIDEN 1CE DU qoNSEIL SECRETARIAT GENERAL DU GOUVERNEMENT

DIRECTION DE LA DOCUMENTATION : 14, rue Lord-Byron, PARIS·&•· T61.: ELY. 82·00

HAUT COMM[SSARIAT DE FRANC@ AU CAMEROON

SERVICE D'INFORMATION ET DE PRESSE CE.'IITRB DE DO CU)lENT A.TION

NOTES E1' ETUDES DOCUMENT AIRES

19 AOUT 1949 N ° 1.182

LE CAMER -OUN so-us tutelle -fran9aise

DEUXIEME PARTIE

L'EVOLUTION DU .CAMEROUN FRANCAIS ,.

(1919-1949)

SERIE FRANCE D'OUTRE-MER

SOMMAIRE

I. - La vocation internationale du Cameroun 3 '

II. - Les tr avers et les chances d'une absenc e d'unite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

III. - Ving t ans de mandat fran~ais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

IV. - La guerre, ·s~conde etape du developpement camerounais . . . . . . . . . 12

V. - Promotion politique et progres social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

VI. - Accession du Cameroun a sa personnalite economique et sociale . . . . . 17

LVII

LA DOCUMENTATION FRAN<;AISE a publie un nombre important de NOTES DOCUMENTAIRES

traitant de sujets relatifs a

LA .FRANCE D'OUTRE-MER 111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 ,• 111111,11111111111111111111

Parmi /es documents /es plus recents, on re/eve

1 ° GENERALITES : L'Assembllee de l'Union Fran(:aisc ......... , , .. , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n ° 768 du 26.11.47. Extraits du premier rapport de la Commission die mod crn.isatlion des

Territoires d'Outre-Mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n ° 974 du 9.8.48.

2° AFRI ,QU,E DU NORD : Evolution du statut politiqu e des Fran(:ais musulmans d' Algerie ... .. . Le Statut de I' Algerie .......... . ..... . ........... . .................... . Aspects du probleme deimographique en Afrique du Nord .. . . ......... . La France , l'ltalie et la. question tunisienne .. . ... .... . . ... . ........... . Les relations franco-tunisiennes . .. · .................................... . La moiternisation rurale au Maroc ..... .... . . ... .. . . . .... ... . . .... .... .. . Les realisa4ions franco-maxooaines ............................. . . . .... . Le Fezzan ....................... . .................... ... .... .. .. , ..... .

n ° 678 du 29.7.47. n ° 684 du 6.8.48. n ° 908 du 2.8.48. n ° 383 du 25.8.46 . n• 810 du 22.1.48. n ° 688 du 9.8.47. n° 9·13 du 27.5.48. n ° 936 du 26.6.48. •

La region de Ghat et Sel'ldeles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n° La circonscriptiOID de Ghadames .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n °

937 du 28.6.48. 939 du 30.6.48.

3° AFRI .QU,E NOIRE : Le Dahomey . . ........... .. ....... . ............ _... ...... .. .......... ... 11° 896 du 6.5.48. Le tourisme et les voies de penetration en Afriquc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n °s 902 et 903, 16.5.48. L'A.O.F. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n ° 928 du 14.6.48. Le ralliement de I' AJE./F. a Ia France libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n ° 112 du 16.8.45. L'A.E.F . ....................... ... ........ .. ............. .. .'. . .. .. ...... n ° 475 du 10.12.46. iLe Moyen-Congo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n• 897 du 7.5.48. L'Ouba.ngui-Cha.ri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n ° 898 du 8.5.48 Le Tchad ........... .. . . . ... . . . . .. ... ... .. .... ... , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n ° 899 du 10.5.48. Le Gabon ... : ................. . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n° 910 du 10.5.48.

4° OCEAN INDiiEN : Madagascar ... . ........ ............ .... . ......... .. ..... . ........ . .... . . La situatio,n politique a Madagascar .................. ........... ...... . Les etablissements fran<;alis de l'Inde .................... ...... ....... .

5° PACIFlQUE :

n° 604 du 21.4.47. n °s 713-714, 29-'M.8.48. n ° 735 du 30.9.47.

-L'Oceanie franQaise ... . . .. . . ............. . ..... . ... .. .......... ... , . . . . n °s 395-396 , 4-5.9.46. Le r 61e des Colon~es fra~ises du Pacifique penxfani la guerre . . . . . . . . n° 27 du 3.3.45. La Nouvelle-Caledonic ........... , . ..................... , ....... ....... , . n ° 1.146 du 16.6.49.

6° IN'DOCHINE : Le Siam et l'lndochine fran(:ais e, . ..... ....... ........... ............. . Le . plan d 'equipement dE, l'lndoehh!e ......... .. ....... . ....... ... ... , , L'ev olution econoonique de l'IndQcliine ...... .. .. . ..... ... ....... . ... . . .

7° DEPARTEfMENTS D'OU'TRE-MER : Les nouveaux departements frani;ai.s> d'Outre-Mer ...... .. ........ .. ... . Les Antilles frani;a ises • ........ . ..... . .... .. ... .... ... . .... . .... . ....... . La Guyane frani;aise . . ....... ... ...... .. . ... .... ..... .................. . Le depariement de la Reunion .. . ............... .. ...... .. .... .. ... . . .

--------------::.-=..-::..-

En verite : 16. rue Lord-Byron. Pari s (8°)

n • 607 du 24.4.47. n ° 809 du 21.11.48 . n °s 998-999, 4-5.10.48.

n ° 930 du 16.6.48. n° 263 du 18.3.46. n° 248 du 1.3.46. 11° 1.099 du 26.3.49 .

Versement a M. le Regisseur des Recettes . - C.C.P. Paris 134-11.

....

Le. Cameroun sous tuteJle ·fran~ais ,e

I. LA VOCATION INTERNATIONALE DU CAMERO UN

L'un des plus sed\1isanls des territoires que la France administre outre-mer ct le derni cr , avec le Togo, a etre place sous la souvcrainete fran 9aise , le Cameroun n'est entre quc fort lard ·dans l'histoirc pour y trouver d'emblee une place au rang des preoe­cupations internationales.

Sans doute, ·Dante ;fail-il mention, dans sa Divine Comedi~, d'un haul sommet dominant le Golfe de Guinee, qui pourrait bien etre le vieux volcan veillanl a l'entree de Wouri, cettc « Montagne des dieux » de la legende douala. Sans doutc aussi les navigateurs portugais, les hollandais ensuite frequenterent-ils aux xV"' et xvi' siecles, les parage s de la baie de Biafra avant que ses cotes ne deviennent, aux xvu• et xvu1•, les pourvoyeuses d'un important trafic d'esclaves.

Il ne reste que fort peu de souvenirs de ces pre­rhiers periples; deja sonHls plus du domaine de la le­gende que de l'histoire.

· a) L' estuaire du Wouri

dans la formation du Cameroun

Se substituant a la traite des noirs, le commerce des palmistes et de l'ivoire vers 1830 attire les commer- , 9ants anglais de Bristol et Liverpool sur les cotes du Golfe de Guinee, notamment ~ !'em bouc hure de ce « Rio dos Camaroes » des na vigateurs portugais; ils y etablissent quelques pontons et entrepots, tandis que les missionnaires de J.a Baptist Missionary Society entre­prennent l'evangelisation des bords de la riviere Ca-­mei:oun. Des commer9ants allemands installent bienlot a leur tour quelques comptoirs sommaires et des voya­geurs assurent a la FrancP <I.es interets . dans ces re­gions.

Jusqu'en 1883 pourtant or. ./interesse peu en Europe aux territoires de cette baic de Biafra, dont les cotes inhospitalieres ne favoriscnt guere les installations. Le climat y est malsain, lc s populations hostil es , la forct impenetrale, aucune rivierc nc laisse l'espoir d'en per­ccr le mystere.

La France, qui vient d'elr"' secouee par la guerrc de 1870, est d'ailleurs suffi sam ment occupee outre-mer. C'esl !'evacuation, puis la reconquete du Tonkin, !'oc­cupatio n de la Tunisie, une penetration difficile au Suudan, les efforts obstines de Brazza pour atteindre le Congo, !'installation a Cotonou. La Grand e-Bretagne, eg_alcment, est retenue par la question d'Egypte et

Cohc entre SOil interet en Afr'ique tropi cale sur le Bas­:t-:iger ct les regions qui formeront la Nigeria actuelle - Stanley, cnfin, pour le comp te de Leopold II, pour ­suit !'exploration des rives du Congo.

C'est alors que Bi smarc k, qui s'est jusqu'a present systematiquement refuse a toute intervention en Afri­que, doit, sous la pression des commerpnts de Ham­bourg, songer a etablir l'autorite allemande sur cer­tains territoires de la Cote. En juillet 1883, la firine Woerm:;i.nn, installee a Douala depuis "1868, re9oit l'or­rlre de trailer avec les chefs locaux et un an pJus tard fLxplorateur Nachtigal, nomme commissaire imperial pour I' Afrique Occidentale, arrivait au Cameroun pre­cedant de quelques heures !'Agent de la Niger Com-p;my. . I

La France et l' Angleterre reconnaissaient l'annee sui­vante !'installation allemande sur les rives du Wouri.

Des lors les comptoirs et les plantations allemamles vont surgir et s'etendre autour de l'estuaire. Les explo­ratcurs, soutenus par une propagande ardente et l'ap­pui des comnier9ants et des armateurs des villes han­seat.iques, vont pr epa rer des marches stables a la pro­duction de !'Empire a laquelle le machinisme a donne un ess or tres rapidc ..

b) Une penetration difficile

Tandi s que les exploratcurs fra119ais, Mizon, M'.aistre, · 6cntil, Brazza lui-m eme, qui remontait la Sangha, par­

couraicnt 1les regions Nord de l'actucl Cameroun et que ie Tchad, notamment, devenait le nceud d'impor­tan tes missions, les Allcmands · se con ten tent jusqu'en 1898 d'o cc uper la cote, developpant leurs etablisse­mcnts comrnercianx ct y creant de vastes plantations. Quelques explorations vers l'interieur apparaissaient · pl,1tot comme des raids, brillants sans doute, mais sans efficac it e. La penetration s'avere difficile a !ravers cette foret equatoriale qui s'etend sur plus de 400 ki­lom etr es en arriere des cotes. Elle devient plus effec• tive a partir de 1898. Les colonnes allemandes attei­gnent Yaounde, poussent jusqu'a Yoko; mais ne pour- · ront s'etablir qu'el). 1903 dans le pays bamileke, en 1910 dans la re gion d' Abon g-Mbang. Le village de Kribi, a !'embo uchure de la Kienke et a 150 kilometres au • suc.J. de Douala, n'est lui-meme pacifie qu'en 1900.

Une convention, signee a Berlin en 1908, delimitait le Cameroun alle mand ; territoire de 750.000 ll ilom etres carres, il comprenait les actuels Cameroun fr ~ncais et

4 NOTES RT &TUDES DOCUMENTAlRES

britannique. 11 n'avait pas fallu a l'Allemagne moins de vingt-cinq• ans pour etablir son autorite sur le Cameroun, autorile bien precaire encore; la penetra­tion effective nc dcpassait guerc la zone de la foret ct la pacification des regions nord n'etait due qu'aux ope~ rations menees par les colonncs fran!,aiscs pour anean­tir !'empire de Rabah qui, <lepuis quclques annecs, terrorisait la region du Chari.

Premiere manifestation de l'imporlancc de cellc --,.Afriquc Cenlrale dans les rapports internationaux, la

-dclimitalion de 1908 etait remisc en cause en 1911 ; pour obtcnir de l'Allcmagne la reconnaissance du pro­tectorat marocain, la France abandonnait au Cameroun allcmand, avec une partic du Gabon, le fameux « bee de canard » qui, entre Sangha et Logone, devait per­mettrc• aux Allemands d'ouvrir leur territoire vers Jc bassin du Congo.

Trois ans plus tard, la guerre mondiale eclatail et se portait au Cam eroun cortune sur le front d'Enropc. Les hostilites s'ouvr en.t tres rapidement, mais les ope­rations, menees sirnultanem ent par les fo r ces fran!,ai­ses et anglaises, aidees d'un · dctachement beige, seront longues et confuses dans eel immense pays, en parlie · rccouverl de forel vi crge., el 01'1 les pluies arretent sou­Yent la marchc des colonnes. , Les relranchements alle­mands se rendent ponrtanl les uns aprcs Jes autres ct ks operations prennent fin en fcvrier 1916.

c) Le Cameroun devant la S. D. N. Le 4 mars, un accord franco -anglais, precise par la

Convention de Landres du 10 juillet 1919, repartissait le Cameroun allemand entre les deux pays qui avaient pris la' plus large part a sa conquete. Outre les terri­toires cedes en 1911, qui etaient restitues a l'A. E. F., la France rccevait mission d'administrer un pays de 430.000 kilometres carrcs, la plus grande partie de l'an­cten Cameroun allemand. Par l'acte signc a Landres le ~2 juillet 1922, elle s'engageait a l'egard du Conseil de la sociele des Nations it assurer cette mission selon uu systeme nouveau en droit international, le slatut de mandat. · ·

Innovation en maliere colonialc, la notion juridique ti£. mandat, posee par l'arliclc 22 du Traitc de Paix, conciliait les principes poses par le President Wilson, les prerogatives de la Societc des Nations nouvellemenl constituce et les droits qu'avaient acquis aux puissanccs mandataires leur action oulrc-mcr. La France souscri­' ait devant la communaulc des nations !'engagement « d'accroitre par tous lcs moycns en son pouvoir le hien-elre malei"iel et moral ct de favoriscr le prog1:cs des populations », cllc s'engageait a assurer l'egalii.e absoluc de lraitement anx ressortissants des Elats mem­bres de la Societc des Nations ct a n'etablir au Camc­roun aucune base navale ou militairc.

Pour cxercer son maudat, clle disposail de pleins JJouvoirs d'Adminislralion et de legislation, ct elle ad­rninistrait le Cameroun « comrne partie integrante de son Territoirc », disposant notamment de la faculte de le constilucr en union ou federation avec les lt!r­n loires voisins relevant de sa sl!>uveraine.te.

Le conlrolc international s'exer!,ait, lors de la pre •• scntation dcvant la Commission des Mandals, d'un rap­µorl <1nnuel conlcnant « _tous renseignements sur lcs mcsures prises en vue d'appliquer les dispositions du mandat ».

d) Le Cameroun devant l'O. N. U. Grace a la souplesse de son fonctionnement, ce sy s­

tl'.·me, qui resp 'ectait la souverain(!.te fran!,aise en assu­rant les engagements internatiopaux, connut ·vingt - an ­nees d'application sans heurts. La seconde ~ guerre

mondialc devdh, avcc l'cffaccm 0ent « de facto »· de la s. D. N., mettre en . question le statut du Cameroun. Le mandat autorisait la France a fcderer le Camcroun ,1ux territoircs voisins, mais la puissance mandatairc, suucieusc de conserver au tcrritoire l'inte .grite de son siatut international, s'y etait toujours refusec. Allait­clle maintenant reunir le Cameroun a l'A. E. F. ou l'in­legrer a son Empire au meme titre que les autres co­lonies? II n'en fut rien. De 1939 a 1946, le Cameroun continua d'elre adminislrc comme precedemmcnt; la France, fidele a l'esprit du Pacte de la Societe des Na­tions, n'annexe pas le Camcroun ct respecte ses enga­gements internationaux.

Quand la guerre sera finie, la . question se pose du sort qui sera reserve aux territoires anciennemen l sous mandat, les participants a la conference de San Francisco doivent bien reconnaitre l'heureux fonction­nement du regime de mandat et c'est de cette notion, ,i peine modifiee, que la Charle des Nations Unies al­lail s'inspirer pour elaborer la theorie du « Trustee s- · hip ». Le representant de la France a l'O. N. U., mar ­quant la continuite de notre politique au Cameroun, pouvait declarer le 19 janvier 1946 : « Le Gouvcrne­ment sc propose de poursuivre !'execution de la mis­sion . qui lui a ete confiee par la Societc des Nations; considerant qu'il est dans !'esprit de la Charle qnc cctte mission s'exerce desormais sous le regime de la tutelle, il est pret it etudier les termes de l'accord qui clefinira ce regime dans le ca§ du Togo ct du Camc­roun, etant entendu qu'il n'cn resullc .ra pas pour Jes populations unc diminution des droils qu'clles tien­ncnt de leur integration a la cornrnunaute francaise ».

L'Assemblee Generale de !'Organisation des Nations Unies, le 13 decembre 194G, confiait a la France la tulelle sur le Cameroun, ;mx lermes d'un accord qui nc fail souvent que reprendrc les dispositions de l'aclc de Landres de 1922 (1). L'accord precise~ cependanl, en plusieurs points, ces dispositions et nolammenl en specifiant que la puissance adminislralive doit « fa­voriser l'evolution progressive des pcuplcs sous lu­lelle vers la capacite a s'adminislrer eux -merncs uu l'independance ». II autorisc la France a etablir au Cameroun des bases militaires el a y cntretenir des forces nationales pour le mainlien de la paix el de la sccurite internationalcs. ·

Surtout il affirme la rcsponsabilile de la puissance adminislrante a l'egard des Nations Unies par l'insli­tuhon de visites periodiqucs du Conscil de Tutellc et l'examen par celui-ci des p6lilions cmananl des -popu­lal1011s sous tutellc.

Le Conseil a exa1:ninc a sa session de janvi 'cr 1!)49 Ic · premier rapport quc la France Jui presentail sur !'Administration du Cameroun duranl l'annec 1947. L'Assemblee Generale de l'O. N. U. a approuve les ef­forts realises par la nation administranlc. C'csl en no­vembre 1949 qu'unc premiere mission <lu Conseil de Tute}Jc visitera le Terriloirc. Un mois auparavan t, le centre climatique de Dschang, dans les montagncs ba­milekees, scra le lieu -d'une conference de la Nuti-ition a laquelle participeront tous lcs tcrritoires africains.

e) A la charniere de l'Afrique L'hisloirc du Camcroun est ainsi !'affirmation d'une

vocation internationale qui apparait clairemcnt aujour­d'hui. A la charniere du continent noir, transition entre les zones tropicalc et equatoriale, le Cameroun s'elance depuis le fond dn Golfe de Guinee jusqu'au

(1) Voir Noles et Eludes Documentaires, 11° 1.131 du 17 mai 1949, « Principales realisations politiques accom­plies dans les territoires d'Outre-Mer depuis ·1945 » ), page 8, paragraphe 2, « Les Territoires Associes ».

...

NO'l'ES ET ETUDES DOCUMENTAIRES

creur de l' Afrique. Sa base, sensiblement parallele a l'Equateur, court a la hauteur du deuxieme degre de latitude; sa pointe Nord touche le Tchad un peu au­<lessous du treizieme parallele. Longeant a l'Ouest la Nigeria et le Cameroun britannique sur piles de 1.500 kilometres, le Cameroon est en. contact au Sud avec la Liuinee Espagnole; sa pointe Sud-Est, a travers l'Ou­bangui-Chari, n'est qu'a 200 kilometres du Congo Belgc; par le Tchad enfin, il connait les grands mouvements qui, par dela le desert, me'ttent en relation les tc:rrcs d'Islam qui le bordent.

Pour l' Afrique Frani;aise, le Cameroun est encore la zone <le transition entrc notre federation d' Afrique Oc­cidentale et celle d' Afrique Equatoriale dont il longe tous les territoires, du Gabon au Tchad. Appuye a cette longue chaine de montagnes et de volcans qui traverse l' Afrique depuis le Tibesti, loin au Nord-Est, jusqu'a Fernando Po, il jalonnc un des grands axes africains. Son histoire, comme sa position geographi­que (l'un etant la condition de l'autre), semblent le vouer a tenir un role d'importance dans les dcstinees de l' Afrique Centrale:

II. - LES TRAVERS ET LES CHANCES D'UNE ABSENCE D'UNITE '\

Et pourtant, quelle conlrec d'Afriquc opposait -ellc plus d'obstacles a la penetration? Les Allcmands nc mirent pas m'oins de vingt-cinq ans a constitucr cc qui fut le Cameroun allemand; encore etaient-ils loin de l'avoir parcouru dans son ensemble lorsqu'eclata la gucrre de 1914 et devaient-ils a des explorateurs fran­rais plusieurs reconnaissances des regions Nor~l.

· a) Les obstacles a la penetration

Pays cssentielleri1ent continental, le Camcroun s'eten<l sur 1.500 kilometres du Sud au Nord, 800 de l'Ouest a l'Est, n'ouvrant sur le Golfe de Guinee qu'une etroite fenetrc de 200 kilometres de longueur. Rares sont lcs nhris sur cette cote plate, coupee de lagunes, et aux caux peu profondes; seul l'estuaire du Wouri, qui pe­netre jusqu'a unc lrcntainc de kilometres a l'interieur des . tcrres, offre ;:t la navigation un havrc naturcl de grande securite.

Derriere cettc cote inhospitaliere, bordec d'un etro:!' r,1ban de paletuviers, c'est immediatement la forel equatoriale, haute futaie d'essences precieuses, acajou, okoume, bongossi..., duns un enchevetrement de taillis ct de Hanes, sous un cicl ecrasant pcrpetuellement charge d'humidite. La sylve couvre tout le sud du Ca­meroun sur plus de 400 kilomeh·es de profondeur, 16 millions d'hectares. Aucune voie naturelle ne per­met de l'ouvrir a la , penetration. Le Wouri, la Sarlaga, le Nyong ne sont guer~ navigables que sur une cin­quantaine de kilometres; encore leur debit, conside­rable a chaque periode de pluies, rend-il la naviga­tion tres difficile.

Qui vent percer le mysterieux attrait de la foret camerounaise, ou pretend la franchir, doit defricher pas a pas, tracer une voie, poser le rail, construire la route sur un sol sans assise qu'uue · exceptionnelle pluviometrie (3.873 mm. a Douala) ne cesse de detrem­per. Ce sol, continue! defi aux techniques, est par contre d'une fertilite certainc; les defriches fores tiers sont le domaine d'election du palmier a huile et du cacao, de la b::mane et du cafe.

Remontant vers le Nord, la foret s'ecbireit, s'allonge en gale:ries sur les rives des cours d'eaux; les espe­ces •changent; c'est deja la savane, mais la savane boi­see; en meme temps, le relief s'accentue et ajoute de nouvelles difficultes de penetration a !'absence de voies navigables . Vcrs l'Ouest, duns les regions de N'Kongsamba et Dsehang, de hauls massifs, les monts

Nlonako (1.800 m.), Koupe cl Manengoumba (2.250 rn.), marqucnt la limite avec le Camerouri britannique. L'al­titude permet un climat surprenant pour cettc lati­tude; les postes s'echclonncnt entre 1.000 et 1.200 me­tres, parfois plus; ils beneficient d'ttne cxceptionnellc fraichem:, si bien qu'on a pu y construire recemmcnt a Dschang un centre de repos:

Atteignant les hauls plateaux de l' Adamaoua (alli­tude 800 a 1.500 metres), il semblc que l'on soil dans un autre monde. La lumiere et le climat chan 'gent sur ce haul plateau herbeux, aux vastes horizons, parcouru par des troupeaux de zebus que paissent de maigres ber­gers · foulbes, les saisons sont plus differenciees; !'al­titude explique la relative fraicheur, tandis quc la plu­viometrie n'est plus quc de 1.630 mm. par an.

Depassant N'Gaoundere en direction du Tchad, la rupture est brutale ct c'cst sans 11:ansition cette fois que, par l'imprcssionnante falaise de l' Adarnaoua, on lorn he dans la plaine de Garoua, cette faille de la 136 -noue quc le geographe E. F. Gautier considere comm c la ligne de demarcation de deux . Afriques differentes. Pour peu que l'on fasse le voyage a la saison secbe, le .::ontraste est saisissant. Le ciel est transforme, il sc fait ,1;ie clarte aveuglante; la temperature s'eleve, tan ­dis que les pluies ne sont plus que de 1.000 mm. cha­que annee. L'air 'devient bri'ilant, la vegetation se ra­bougrit, dc;a les epineux apparaissent parmi les arbrcs que le dernier fcu de brousse a recroqueviHes. Plus au NorJ encore, c'est Maroua, dans un cadre qu'Andrt Gide decrit comme « un des plus nobles du iuonde »· Au pied des montagnes bleues qui courent a l'Ouesl, la pla1ne s'elend a l'infini sous une chaude lumier e ; entre les epineux, les ,pistes serpentent que suivent ies cavaliers foulbes, armes de la lance et du sabre, · ou les kirdis nus porteurs d'arcs. Grace aux eaux du Lo­gone et de ses affluents, la region est fertile. Les foul­bes y elevent le betail, tandis que les populations pai:ennes cultivent, sur des « terrasses » patiemment m.iintenues sur les pentes abruptes, les arachides et surtout le mil, bas ·e de leur alimentation. Le climat est, cette fois, nettemen t tropical, a deux saisons fortemen t tranchees; les differences de temperature sont consi­derables, passant au .cours de l'annee de 9 a 39° a Ma­rona, de 8 a 40° a Fort-Foureau. Mais la difference, peut-etre la plus sensible, est dans le tres faible degre hygrometrique de l'air, dans la transparence corres­pondante de !'atmosphere et l'eclat de la lumiere. Deja sommes-nous presque aux rives du desert.

. . ... 6 NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES

b) Un pays sans unite

Mieux quc par ces quelqucs traits, rapidemcnt csquis­ses, il faut avoir parcouru le Cameroun pour ressentir l'extr eme diversite des paysages. Il faut l'ceil du pein­trc pour apprecier la triste majeste de la foret, la riche p alette des horizons du Nord, l'hamonie du pays Bami­leke; il faut avoir eprouve l'ecmsante hnmidite de la cote, les ardeurs .du ciel de Marona pour gofi.ter la fraicheur de l' Adamaoua. Tout est .contraste en ce pays,

..,,. dcpuis la rigueur des climats et leurs perturbations sou­daines jusqu'aux reliefs, aux formes souvent etonnan­tcs. Cette diversite du climat determine le desordre d'un reseau hydrographique difficilemcnt utilisable pour la navigation; qu'elles descendent des massifs de l'Ouest vers la mer (Mbam, Noun, Mungo, \Vouri), qu'el­les naisscnt darls l'Adamaoua pour gagner le Golfe de Guinee (Sanaga-Lom), le Bassin du Congo (Sangha, Kadel) ou celui du Niger (Benoue, Faro, Mayo-Sala), les rivieres du Cameroun sont toutes coupees de chutes et de rapides ou connaisscnt un _ debit qui interdit la navigation. ·

Sans unite geographique, le Carner.mm nc prescnlc ,pas unc plus grande cohesion ethnique. Nceud d'im­portantes migrations africaines, il compte plus de 80 peuplades aussi differentes par leurs carncteres que par leurs contumes, lenrs religions et leurs dialectes.

L'element le plus ancien semble bien avoir ete cons­titue par les negrilles ou pygmecs, ·vivant de chasse · et de , cueillettc, dont on retrouve dims la grande foret des groupes epars plus ou moins metisses de races bantoues.

Le Sud est surlout, en effet, !'habitat de diverses tribns se rattachant au groupe bantou, arnvees du Nord-Quest en plusieurs vagues, refoulant devant elles les negrilles de la foret. Le premier groupc, cclui des Fangs, qui comprcnd de trcs nombreuses peupladcs (Bou1ous, Betis, Bassa , Makas, Njems, Ngoumbes, Ba­kokos), occupait lcs pays de foret, tan dis que d'autres (Bafias, Manguissas, Sanagas, Banens, Nyokons, Yam­ba ssas , Kakas, etc), s'installaient tardivement sur les bords de la Sanaga. Sur la cote d'autres penples ban­tous . (Doualas, Malimbas, Batangas, Wouris, Abos), semb lent etre venus par voie de mer et avoir repousse vers l'interfeur les premiers occupants. Ces po'pula­tions, animisles a l'origine, sont en voie de rapide christianisa tion. Groupees en clans patriarcaux, l'au­torite des chefs y est tres attenuee. Elles vivent essen-Liellement de !'agriculture ct de la traite. .

Bien que presentant des traits communs avec les ra ­ces du Sud, les Bamilekes des montagnes de l'Ouest gardent un caractere proprernent original. Ils demeu­rent en majorite animistes et refractaircs au christia­nisme. Contrairement aux autres tribus du Sud, les ba­mil ekes conservent une forte organisation coutumierc . et leurs chefs jouissent d'un grand prestige. Agricul­teur s, cxcellcnts commeq;ants surtout, les • bamilekes doivenl a lcur grande prolificite de s'etendrc rapide -11icnt vcrs le Sud.

Region de tn111sition, le plateau central de l' Ada­maoua est peuple dans sa partie meridionale par des tribus dont il est malaise de determiner l'apparte­nance (Bamouns, Vutes, Bayas, Lakas, Mboums, Yan­gueres), mais qui s'apparentent cependant plus • au type soudanais qu'au type bantou.

Dans ses parties Centre et Nord, l' Adamaoua compte surtout des populations foulbees, d'origine khamitt­·que, voisinant avec des races soudanaises (Haoussas, Tikars, Durus) ; on retrouve lcs foulbes plus au Nord encore dans la va llec de la Benoue et dans la plaine de Marona. Ils s'y sont, pour beaucoup, metisses avec lcs populations pa'icnnc s, d'origine soud:inaise, qu'ils

\

ont lors de leur arnvee, refoulees vers les montagncs de l'Ouest et vers le Logone (Massas, Kanuris, Tou­pouris, Matakams, Kirdis, Durus, Kapsidis, Mous­goums, Massas, etc.).

Outre les foulbes, ·tout le Nord Camei;oun comprend une forte proportion de Musulmans, Arabes, _ Choas, Kotobos. Une forte hierarchic sociale regrie dans ccs grnupements, dont les chefs, sultans et lamidos, ont une autorite considerable. L'elevage, le commerce, l'ar­tisapat, sont leurs activites essentielles .

Dans cet imbroglio de races, on chercherait en vain l'unite du milieu ethnique, la predominance d'une re­ligion ou d'un idiome, un ordre coutumier largemen:t repandu. A l'image de0 la nature, l'homme est essentiel­lcment divers.

Et l'on aper~oit rapidement les inconvenients d'une telle diversite. Outre les obstacles a la penetration que l'on a deja signales, des resistances .sont apparues des les debuts de !'installation fran!;aise. Difficultes de mise en valeur d'abord pour un territoire qui n'offre aucune voie facile a !'evacuation de ses produits et, corollairement, a l'approvisionnement en marchandi , ses d'importation, materiaux lourds notamment pour l'equipement du pays; la production agricole, en grandc partie, doit en outrc compter avec les aleas d'.un di­mat souvent brutal, ct jusqu'aux ' techniques les · plus eprouvees (construction des routes, ponts, voies fer­rees, batiments) necessitent une adaptation aux con­tradictions et a la variete de la nature.

En matiere sociale, politiquc, administrative, de nou- · velles difficultes interviennent. Aux liaisons longues et souvent difficiles dans un pays aussi etendu s'ajoute la diversite des mentalites ct des genres de vie. L'absencc de cohesion interdit les solutions d'ensemble; c'est unc adaptation constantc aux lieux et aux hommes que re­qniert le Cameroun de scs administrateurs, comme de ses technicicns, un esprit constamment en eveil, une intelligence rapide et sure en chaque circonstance. C'est . une lutte perpetuelle contrc le refus d'unite que posent Ia nature ct les hommes. '

c) Les ressources de la diversite

Il sierait mal, cependant, de deplorer la diversilc camerounaise, qui offrc par ailleurs taut d'avantages. N'est-ce pas a son sol, a sa geographic qu'est due !'ex­treme variete de ses ressourccs? Outre le bois que la foret dispense a profusion, le Sud connait les arbr~s a caoutchouc, les peuplements de palmier a huile ct de cocotiers; sur les defrichements forestiers poussent ici le cacao, la le cafe; des bananeraies s'etendent ail-

. Jcurs et les villages entretiennent autour des cases les champs de macabo, de manioc ou d'arachides qui sa­tisfcront leur consommation.

Sur les hauteurs de .l'Oue:;l, les palurages voisinenl avec res plantations de cafe, tandis que les populationt foulbees de l' Adamaoua se livrent a l'elevage des bceufs. Ce sont de nouvelles reserves de betail qui s'on­vrent ·a nouveau au dela de la ·Benoue dans la vaslc plaine de Marbua, tres propice egalement aux riches cultures du mil, du riz, . des arachides et du coton.

De cette variete des ressources peuverit naitre l'eta­blissement d'economies complementaires et !'unite ter­ritoriale dans la creation de grands courants interre­gionaux. En echange des bceufs, du riz, des produits d'a rtisanat qu'il recevra du Nord, le Sud lui envernt le bois d'ceuvre que debiteront ses scieries et les pro­duits manufactures qu'il produira ou qui transiteront par son ·port. Pour les centres industriels et commer­ciaux qui s'installeront a Douala, Yaounde, Edea, Ga •

NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES 7 .

roua peut-etre, les campagnes de Dschang, de N'Kong-. samba ou de Meiganga seront les sources d'un approvi­sionnement regulier en denrees vivrieres. Elles en re­cevront les produits de leurs industries, savon, bicre, textiles, conserves, bois; cllcs en recevront surtout l'energie qui leur manqu e.

Car si le rescau fluvial n'est pas propice aux trans­ports, ,n'est-il pas, par cela meme, susceptible de dis­tribuer au territoire, et jusqu'au dela de ses propres frontieres, l'energie qui Jui fait tartt defaut? L'electri-

....

cite ne peut-elle naitre de ces chutes qui barrent les fleuves a la navigation et repandre la force a l'entour, creant le bien-etre, suscitant de nouvelles ressources, permcttant l'essor industriel ?

La diversite fait la richesse du Cameroun; elle cx,erce aussi son puissant attrait sur · le voyageur qui s'y pro­mene, sur l'industriel qui .entrevoit les entreprises a y construire , sur l'administrateur seduit par tant de fan­taisie a ordonn cr et a guid er vers un harmonieux equi­libr e .

III. VINGT ANS · DE MANDAT FRAN~AIS

Lorsque la France •re~ul le mandat d'administrcr le Cameroun, l'reuvre entreprise par les Allemands n'etail pas negligeable, mais ellc etait restee fragmentaire, dis­persee, et nombre de leurs installations avaient ete de­truites durant la guerre ou par eux-memes avant leur ca 'pitulation.

a) Les premices du Cameroun

lnteret commercial et politique du re-ndement

Le controle effcctif du territoire se limitait a cer­taines regions, la cote ct le Sud-Oucst, les autres re­gions n'ayant ete que partiellement reconnues. L' Ad­ministration allemande, qui ne comptait que 338 fonc­tionnaires pour un territoire · de 7 50.000 kilometres car­res, peuple de 2.700.000 ·habitants, etait con~ue selon un systeme tres sommaire d'admiriistration indirecte sans controle effectif sur les chefs locaux comme sans participation de fonctionnaires indigenes . Les popula­tions ~staient, surtout dans le Nord et l'Est, soumi­ses a l'arbitraire des chefs et les formes diverses de l'esclavage domestiquc demeuraient coutumieres.

Les Allemands, dont les premiers etablissements pre­sentaient un caractere strictement commercial, s'etaient surtout attaches a exploiter les ressources qu'offraient les regions cotieres. De tres vastes superficies avaient ete concedees dans le Sud-Est a quelques grandes So­cietes pour !'exploitation du caoutchouc de funt .umia ou de landolphia; dans l'Ouest, sur les riches terres du Mungo, des surfaces importantes avaient ete plan­tees en cacao, accessoirement en tabac et bananiers. Une seule concession forestiere etait en exploitation en 1914 et l'elevage, periodiqucment decime par les epi­zooties, conservait son caractere traditionnel.

L'ou lillage economique, qui avait fait l'objet a par-,. tir de 1910 d'importants programmes n'etait e_ncore

que tres rudimentaire. Le reseau routier etait inexis­tant; seule la route Kribi-Yaounde avait ete achevee peu avant la guerre; 340 kilometres de routes au to­tal dans le Sud. Un effort plus important pouvait, par contre, se constater pour la voie ferree; le Chemin de Fer . du Nord atteignait N'Kongsamba et la ligne du Centre etait posee jusqu'a Eseka, soit 344 kilometres de voies. Mais les terrassements avaient ete executes au profil minimum et un ballastage plus que sommaire ne supportait qu'avec peine un rail insuffisant et un ma­teriel leger. Les batiments ,d'exploitation, constrllits a la hate, et une bonne partie de la voie avaient d'ail­leurs ete detruits pendant la retraite allemande.

L'estuaire du Wouri devail a sa situation privilegiee d'offrir aux · navires un abri de grande securite; les Allemands n'avaient pas manq ue de tirer parti de ses avantages naturels pour y entreprcndre !'installation d'un port, qui devait etre l'un des plus importants de la Cote Occidentale d' Afrique. Ils n'eurent pas le temps de realiser ce projet, et Douala ne disposait encore en 1914 que d'un wharf atteignant l.,es fonds de six metres; la plus grande partie du trafic, de l'ordre de 65.000 tonnes, s'effectuait en rade foraine.

L'interet de !'action medi cale n 'a,;ait pas e·chappe, non plus, a nos predecesseurs, mais ils songeaient avant tout a constitu er un c re serve de travailleurs pour leurs grandes plantations. Les hopitaux reserves aux indigenes, dans ~esquels des soins payants leur et,aient distribues, etaient • nombreux et bien "Outilles.

Les Allemands, , en 1913, avaient en outre entrepris avec energie la lutte contre la maladie du sommeil; mais, de meme que pour l'outillage ferroviaire, ils de­truisiren t, lors de leur retraite, les installations medi­cales, emportant ou rendant inutilisable le materiel sanitaire.

L'enseignement, qui nc comportait qu'un seul degre, etait surtout laisse a l'reuvre des missions; le Came­roun ne pomptait en 1914 que :;ept .ecoles publiqu es ct deux centres d'apprentissage;

La ju~tice, enfin, qui n'etait effective que dans la region cotiere, etait exerce.e au premier degre par des tribunaux indigenes et les chatiments corporels cons­tituaient un moyen legal de repression.

Des efforts disperses, une reuvre utile dans certains domaines, comme les voies ferrees et !'organisation sanitaire, une mise en valeur rudimentairc et limitee a quelques productions dans la region cotiere, de grands projets d'outillage du territoire, mais les faibles moyens d'execution, telle apparait l'reuvre de l' Allemagne au Cameroun. S'inspirant de principes tres differents de ceux qu'apres elle la France allait appliquer, elle ten­dait plus a satisfaire des interets commerciaux qu'a organiser le territoire, a ameliorer le rendement du travailleur plutot que la condition materielle et morale des populations. Les resultats sem blent bien faibles lorsque l'on considere que !'installation allemande au Cameroun date de 1884 ; ils prennent plus · de poids si l'on tient compte des difficultes que rencontra !'explo­ration du territoire. En fait, la mise en valeur, les pre- , miers travaux d'equip ement et l'reuvre sanitaire n'etaient entrepris que depuis cinq · a six annees lors­que la guerre eclata.

8 NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES

b) Unification territoriale

et affranchissement de l'individu n devait app~rtenir a la France de donner forme au

Cameroun et, cntre les deux guerres, de fa~r~ de tant de pays divers un territoire unifie et orgamse.

La premiere tache, la plus urgentc, etait a_ la _fois de 1realiser l'unite ,du Cameroun par une orgamsa~1?n ad­ministrative solide susceptible d'assurer l'autorite fran­c;aise sur de·s pays encore mal . co~n_us ; d'autr~, ~art'. de liberer les populations et les rnd1v1dus des suietwns dans lesquelles ils vivaient. ,

Des !'institution du mandat, le Camcroun fut P.lace sous l'autorite d'un Commissaire de 1~ Republi_quc nomme par decret ; il Mait entoure des d1:vers serv1c~s administratifs necessaires a la bonne geshon du terri­toire et assiste d'un Cons eil d'administration compos_e de ~embres fonctionnaires. Ce Conseil etait obligato1-rement consulte sur toutes questions concerna~t l'eta­blissement des budgets, l'assiette et la percep~I01: des impots et taxes, les marches passes P?-r le terntoir_e et lcs alienations domaniales. Un Conse1l du ContentJeux adminis tratif jugeait des litiges .civils, auxqucls l' Ad­ministration eta it partie.

Le territoire fut en outre divise en regions adminis­tratives au nombre de 17 a l'ori gi ne, de 14 aujour­d'lmi ~lles-memes fractionnees en subdivisions (54 actuellement) ; ces ~irconscriptions a~mini~traHves , etaient placees sous l'autorite de fo~chonna_1r~s du cadre des Adminislrateurs des Colomes, ass1stes de Conseils de Notables.

Cette organisation est demeuree sensiblement la base de la structure administrative actuelle du C:imeroun (1) •

Tandis que se poursuivait cette organisation territo­riale, la puissance manda tairc respectait d'une fa<;on "Cnerale !'organis ation politique indigene telle qu'~lle l'avait trouvee en 1916; Qu'ellc ait, dans le Nord, deta­che des lamid ats ou sultanats musulmans lcs elen:icn:s pa:iens asservis, pour les constituer en can,to~s rn~e~ pendants ; qu'elle ait, dans le Sud, confirme 1 a_uto~1le des chefs de vill age, les appelant a collaborer e!ro1te­ment a la gestion du territoire dans les Cons e1ls de Notables, la France a maintcnu le pouvoir tr-aditionn el en le debarrassant du caractere oppressif qu'il presen­tait encore. Guidee par le souci de liber-er et d'elcver, elle fut conduite a supprimer l'ecran que ~crtains chefs constituaient entrc l'administrateur ct le cultivateur i ndi gene, en con vi ant ccs chefs .a participcr a son · action d'emancipation.

L'Administration franc;aise dut egalement protegcr la famille contre un ecroulement brutal de la structure traditionnelle. Sous !'influence de la penetration euro­peenne, par Ir. fait meme de !'installation franc;aise qui apportait Ia paix et l'aff ranch issemcnt, sous l'ctf et aussi des m;i.qc;uons reli~ieuses qui altaqnaicn t la poly-

n .

(1) Przr:cipaux text es : Decrets du 23 mars 1921 et ?u 21 fevrier 1~25, determinant les attributions du Comm1s­saire de la Republique Fran9aise dans le Territoi re du Ca­meroun.

- Decrets du 14 avril 1920 et du 13 avril 1927 portant creation d'un Conseil d'administration et d'un Conscil du Contentieux administratif.

- Decret du 13 fevrier 1937 instituant un postc de sccrc­taire gJneral du territoire ·sous mandat du Cameroun.

- Arretes des 24 deccmhre 1933, 8 avril 1935 et ·16 avr il 1935 portant organisa tion de l'admini~tration territoriale au Cameroun.

- Decisions des 9 nov emb re 1934 et 14 mars 1936 defi­nissant les attributions des services dtt Commissariat cle la Republique.

------~-----------gamie, la famillc coutumiere patriarcale se desagregeail rapidement, surtout dans le Sud. Les pouvoirs publics durent y faire face en appuyant leur action sur la eel­Jule sociale que constituerait la famille restr ein te, seule susceptible de ·maintenir l'equilibre entre l'individu et Jes exigences sociales. Pour fixer la nouvelle cellule, il fallut creer et developp er la petite propriete rurale, encourager le developpement d'un paysannat noir.

La protection de l'individu a l'interieur es groupes sociaux, chefferies et famille, s'averait non moins ne• cessaire. La guerre avait lai sse des traces profondes dans tout le territoire. L'ins ecurite etait, en 1916, ge­n erale dans le Sud, et les rapts de femmes se multi • pliaient. Dans le Nord, le mouvcment cree , par Jes marchands d'esclaves depuis plus d'un siecle n'avail pas ete supprime par l' Administration allemande. Un decret de 1923 vint sanctionner de peines severes toute tentative de traite et permit de reprimer les dcrnieres manifestations de l'esclavage domestique.

Mariee des son jeune age, souvent meme avant In nubilite, la femme etait l'etre le plus avili par !'orga­nisation coutum 'ierc ; elle etait dtwe nue pour son perc un objet d'echange, ou mieux, de speculatjon. L'Admi• nistration, pour y parer , dut, la , encore, edicter unc reglementation protectrice, limitant les pouvoirs du mari, exigeant le consentement de la femme au ma• riage, Jui accordant en certain cas le droit . du divorce. reconnaissant enfin la liberte des veuves.

c) Jamot et la lute contre la maladie

du . sommeil

Autrc forme de l'reuvre d'atfranchissement poursui­vie par la France au Cameroun, .l'execution d'un plan medical audacieux permit de multiplier les hopitnux, disp ensai res et maternites, et d'organiser une lutte effi­cace contre les grandes endemics. Des le 16 novem­bre 1916, le territoire etait dote d'un service medical cree par extension de celui qu'avaient amene Jes colon­ncs expeditionnaires. :{..'annee suivante, son fonctionne­ment fut minuti euse m"ent reglemente et chaque cir­conscription confiee a un medecin. Des ce moment, lcs credits affectes a !'assistance medicale, dont la gratuitc avait ete posee en principe; vont prendre tous les ans une ampleur nouvelle. En 192fl, le service devait etre scinde en deux parties : le Service de Sante propre­ment dit, et la Mission permancntc de la maladie du sommeil.

Les prospections effectuees de 1922 a 1925 . avaient en etfet confirme les observations des medccins alle­mands : il existait sur le Haut-Nyong un_ foyer cxtre­mement violent de m aladie du sommeil qui se propa­geait avec une rapidite redoutable a l'Est, vers Doume ct Batouri ; a l'Ouest, en direction de Yaounrle. Le pre­mier objectif de la mission dirigee par le docteur J n­mot, et composee de 18 medecins europeens, 36 agents ~anitaires europeens et 400 auxiliaires indigenes, · repar­tis en equipes mobiles, etait d'explorer lcs foyets et de determiner leur etendue exacte. Au bout de deux ans, cette tache etait accomplie ; les regions contaminees representaient 80.000 kilometres carres et une popula­tion de 800.000 habitants a visiter et a trailer, soH plu ·s du tiers de la population du territoire.

Des moyens puissants furent aussitot mis en reuvre -et une methode epergique de traitement employe~. Les regions contaminees furent divisees en secteurs, par­courus par des equipes mobiles, qui examinaient le san" de tous Jes indigenes . Des equipes de traitement suh~'aient ces equip es de prospection et administraien t a chaque malade le traitement fixe par le medecin. .. Ain si lcs indigen es recevaient -ils Jes soins gratuite•

NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES 9

ment, sans s'eloigner de leur village, sans abandonner leurs cultures. Tons les deux ans, une nouvelle visite rle prospection controlait Jes resultats obtenus.

De 1922 a 1926, 205.000 indigenes avaien t etc visiles, 43.001) reconnus trypanosomes. La morbidite oscillait entre 20 et 25 %. En 1926, pour 770.000 iJJdigencs exa­mines, l'index de contamination s'etablissait encore aux environs de 11 %.

En 1929, l'index tombe brusquement a 1,8 %, a 0,4 % en 1932 et 0,34 % en 1937. Sur 4 75.000 indigenes visi-es cettc annec-la, on nc comptait que 2.500 m::iladcs

nouveaux. Telle est Fceuvre accomplie en moins de. dix ans par le peti t groupe de rnedecins fran<;ais com­pagnons de .Tamot. De 1924 a 1932, le Cameroun n'y avait pas depense moins de 80 millions de francs.

Dans le meme temps, !'organisation medicale se cle­vcloppait. Outl'e Jes organismcs ccntraux: Instilnt d'hy­giene de Douala, hopitaux des grands centres, Centre cl'instruction d' Ayos, chaque region elait do tee d'ins­tallalions rneclicales tres completes, comprenant des ambulances, des matern ites, des leproseries et des equipes medicales mobiles. Constituees par un medecin assiste de 3 a 10 infirmiers, ccs equipes avaient pour but In propagation de l'hygi6n.c par !'education des po­pulations, la surveillance des mouvements demogra­phiques, ]'action preventive ct curative concernant les maladies infectieuses, endemiqucs et sociales, et !'ins ­pection des clispensaires lenus par des infirmiers incligcnes. Es sentiellcmcnt mobiles " elles exer<;aient la « medecine foraine » par des visites individuelles au pres de chaque famille. Prolongean t l'action de l'eta­blissement fixe qui, par sa nature meme, ne peut attein­dre Jes - populations que . dans un r&;·::m limile, appor­tant aux malacles Jes soins a domicile, sans troubler le cours de leur vie quotidienne, les equipes medicales mobiles ont pennis d'ameliorer tres rapiclement l'etat s:rnilait'e des populations et de Jes f'an1iliariser avec l'in terven I ion medicale.

En 1938, ' le nombre des formations sanilaires atl ei­gnait 150; on en compte 264 aujourd'hui, c9ntenant pres de 15.000 lits. Les consultants indigenes, qui n'elaient quc de 240.000 en 1925, s'elevaicnt a 400.000 en 1932, 900.000 en 1939 ct 1.200.000 aujourd'hui. Le chiffre des maladcs hospitalises, de G.000 en 1925, p as ­sail a 10.000 en 1932, 24.000 en 1939 et i:t 40.000 aclu cl­Jement, tandis que Jes deces clans les formations sani­laires, qui alteignaient encore 10 % en 1939, nc repre­senlent plus aujourcl'hui que 5 % de-s malades hos11i-· talises.

Outre cettc aclivile medicale, une ::iclion vigonr ensc a ete menee pour vaincre la mortinatalite si terrible de l'Afrique Noire. Le premier centre obstetrical fut on­vert a Yaounde en 1925, comportant des consultations de gynecologie et de nourrissons; d'autres ont ete fon­cles par la suite. De 1.100 en 1931, le nombre des con­sultantes prenatales passait a pres de 10.000 en 191:> ct :\ plus de 17.000 aujourd'hui.

d) La formation des cadres africains et la diffusion de I' enseignement

Non moins urgente apparaissait en 1916 la Jutte rontre l'analphabetisme et la necessite de former de s cadres africains pour !'administration et Jes aclivites privees. Les ecoles publiques ue comptaient gucre plus de 700 eleves en 1914 et les missions religieuses ensci• gnaient a quelque 40.000 elevcs.

Des 1916, en pleine guerre, !'administration fran<;aisc se preoccupa de rouvrir les ecoles; en 1917, 35 ecol es e.laient ouvertes a 2,784 eleves ; en 1918, 27 ecoles nou -

velle s s'ouvraient a 1.500 nouveaux eleves. L'enseigne­ment se limitait pourtant a un seul degre encore tres rudimentaire. A partir de 1920, le niveau des eludes est releve et diversifie en plusieurs ordres. Trois cle­gres d'enseignement primaire sont institues. Le pre­mier; touchant dircctement la masse, s'adressait a la quantile plutot qu'a la .qualite; il visait a eveiller !'es­prit des jeunes autochtones, a diffuser largement la languc fran<;aise ct les connaissances rudimentaires clans des ecoles de village dirigees par des moniteurs africains. Au nombre de 66 en 1938, elles comprenaient

. plus de 100 classes, avec 6.500 eleves. Ces ecoles etaient groupees clans le ressort d'ecoles region ales constituan t le second degre primaire (9 Jcoles en 1938). Dotees d'au moins quatre classes, dont un cours moyen di ­rige par un instituteur europeen, elles donnaient acces au certificat d'etudes et assuraient une / premiere selec- ­tion des jeunes ecoliers. Leur programme, faisant plus de place au travail purement scolaire, restait etroitc­inent adapte aux milieux et allX conditions particulieres a chaque region. Des travaux pratiques y etaient impo­ses et certaines ecoles regionales, clout la duree des etudes etait de trois ans, groupaient en 1938 pres de 3.200 eleves.

Enfin, dernier degrc d'enseignement, l'ecole sup<~" ri eure de Yaounde dispcnsait l'cnseignement primairc supcrieur aux jeuncs gens, admis apres cohcours, qui se preparai cnt aux metiers de moniteurs d'enseignc­m ent, fonctionnaires, postiers, infirmiers ou moniteurs agricolc s. Il fallait encore citer, en 1938, !'existence de dcux ecoles menageres, de l'ecole des aides de santi> cl' Ayos, de deux ecoles professionnelles a Douala et Ga­roua, cl'une ecole superieure d'agriculture et de cours d'adultes en faveur des autochtones trop .ages pour avoir acces aux ecoles publiques.

Les resultats de cette action scolaire ne se firent pas attendre. La tres large diffusion donnee a la lan­gue fran<;aise pern;iettait, a la veille de la derniert> guerre, d'entendre parler fran~ais clans les lieux lcs plus recules de la brousse, et il n'est plus guere actuel­Jernent de jeunes camerounais qui ne soient capables de comprendre et de parler les rudiments de notre langue. L'institution d'un enseignement primaire supe­rieur permit la formation rapide d'un personnel afri• cain auxiliaire precieux pour !'administration • .et les cnlreprises · privees, tandis que le developpement donne :'t la. formation . professionnelle a.ssurait a l'agriculture comme :'.1 l'industric Jes aides techniques dont elles av aient besoin.

Le principe de .a liberte de l'enseignemen t, pose des le debut · de l'installation fran~aise, favorisa en · outre la collaboration des missions religieuses a une ceuvre si eminemmen t sociale.

Dispensan t dans leurs ecoles des connaissances sen­siblement comparablcs a cclles qui figurent aux pro­grammes officiels, Jes missions enseignaient en 1938 a 87.000 eleves, dont 5.000 en 42 ecoles reconnues, t'est­a-dire soumises a l'obligation d'enseigner en fran~ais. CEuvre scolaire rudi'mentaire, elle comptait pourtaqt deux ecoles superieures preparant au cliplome de 11\0-

n i leur indigenc ct dcux ecoles professionnelles diri­gees par . les contre -maitr es europeens. II faut enfin rnentionner le petit seminaire du VicaFiat Apostolique de Yaounde et le grand seminaire de Mvolye, dont dix prelres . indigenes elaient dej ;'.i sorlis a la Vf'illf' de la fle1'11iere gn e rre~

e) Les fondemenfs d'une economie agricole

· C'est sur les bases d'une polit1que toute differente de celle ebauchee par ses predecesscurs au Cam,:::-~ull' que l'admini slration fran~·ai se a entrepris la mise t,n

NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES

valeur du territoire, Favorisant l'etablissement des en­treprisel, europeennes, elle assura parallelell}ent la promotion d'une paysannerie camerounaise par le de­veloppement de · la petite propriete fonciere indigene.

Si dans certaines regions, celle de Dschang par exemple, la notion de la propriete etait deja bien eta­blie, elle n'apparaissait dans les autres regions sud que sous son aspect collect:if. La necessite de trouver une formule qui permit a la . nouvelle societe africaine d'equilibrer son individualisme croissant et les exi­gences d'une organisation sociale, aboutit a favoriser Ia famille restreinte et a lui dbnner pour cadre la petite propriete. Cette orientation fut decisive pour le developpement du pays. Toute la region situee au Sud du Nyong s'adonna a la culture du cacao et aux cul­tures vivrieres. Dans tous les villages, le long des pis­tes, les cacaoyeres apporterent l'aisance et la stabi­lite. De 2.500 tonnes en 1920, la production de feves de cacao s'eleve progressivement a 5.000 tonnes en 1925, 10.000 tonnes en 1930, 20.000 tonnes en 1935, 30.000 tonnes en 1938. Elle atteint actuellement 43.000 tonnes.

Ce n'est pas d'ailleurs que les produits de cueillelte aient ete negliges. En 1935, sur 38.000 tonnes d'aman­des de palme et 5.600 tonnes d'huile de palme, 37.000 tonnes d'amande et 4.500 tonnes d'huile provenaient de la production indigene. Le ramassage des amandes connaissait d'ailleurs une remarquable stabilite puis­que de 22.000 tonnes en 1920, le chiffre des exporta­tions s'elevait a 35.000 tonnes en 1925 pour se main­tenir a cette importance jusqu'en 1932, ou il attein t 49.000 tonnes et se stabiliser ensuite aux -environs de 40.000 tonnes.

Produit de e:ueillette egalement, le caoutchouc, sur lequel les allemands avaient fonde lcurs premieres ten­tatives de mise ·en valeur, maintint longtemps sa pro­duction cntre 7 et 900 tonnes. Les exportations n 'at­teignirent 1.200 tonnes qu'en 1925, et 2.000 en 1939 avcc !'exploitation des premieres plantations d'heveas. 1

La producti9n de cafe ne devint elle-meme appre-­ciable qu'en 1936, avec 1.300 tonnes et 4.200 tonnes en 1938. Quant a la banane, la plus recenle des ressources du Cameroun fran~ais, elle permetlait, en 1935 seule­ment, une exportation de 7.000 tonnes, pour s'e]evcr ra­pidement a 26.000 tonnes en 1'938.

Ainsi le Cameroun connut-il, jusque vers 1936, une economic agricole fondee exclusivemeiit sur la cueil­lette et le ramassage (palmistes, caoutchouc, cacao, ara­chides).

Les pouvoirs publics favorisaien t cependan t }'exten­sion des- cultures et des plantations indigen,es, cafe et bananes: des Jaboratoires, des stations d'essai entrei prennent des recherches sur Jes maladies des cultures, leur traitemcnt, }'extension de nouvelles especcs . Dans les regions, lcs services agri~oles delimitent les plan­tations, inspcctent les cultures, soutiennent de leurs conseils le petit producteur indigene.

En meme temps, des r~gles precises sont etablies pour preserver Jes droits des collectivites et des indi­vidus. Des decrets de 1920 et 1932 assurent le con­trole de toute alienation des terres domaniales et lcs reconnaissances de droits fonciers ind\genes.

Poursuivant, selon une formule nouvelle, }'organisa­tion d'un paysannat africain, !'administration fran ­!;aise creait en 1924 la premiere cooperative dans le but de recon ~tituer le cheptel de la region de Dschang. L'annee suivante, d'autres societes cooperatives furcnt im.tituees. Ne limitant plus leurs efforts a l'elevage, ell es rechercheren t le moyen de favoriser la produc­linn agricole et d'ameliorer Jes ,methodes culturales. •pientot se fondaient un peu partout des cooperatiVf)S

d'achat d'outillage agricole, d'elevage, de production i;t de vente, notamment la cooperative de planteurs ·ctc cafe . de Dschang, qui connut un rapide succes.

~'est-il pas significatif de constater que la premiere de ces societes tendait, des 1924, a favoriser l'elevage au Cameroun? II fut, en effet, dans les soucis de la France mandataire d'assurer la protection du betail des regions . du nord et la selection des reproduc­teurs. L'installation d'un centre vaccinogene a Maroua permit !'immunisation des 800.000 tetes de betail de l'Adamaoua, de la Benoue et du Tchad contre la peste bovine et la peripneumonie. La trypanosomiase ani­male etait elle-merne activement combattue.

Les exploitations europeenn:es, a !'exception de ra­. res bananeraies et de quelques plantations de cafe €t de · caoutchouc, se limitaient en fait jusqu'en 1938 aux exploitations forestieres, qui comprenaient a cettc date 101 coupes en production, couvrant 250.000 hec­tares repartis entre 48 entreprises. Malgre , leur vo- · lume, Jes bois sont cependant fortement distances aux exportations par le cacao et les palmistes; bien que les tonnages exportes aient atteint 46.000 tonnes en 1930, iJs :lf. sont que de 28.000 tonnes en 1935 et de 30.000 tonnes en 1938. En valeur, les produits agricoles, cacao ct iJalmistes, soutiennent la premiere place.

f) Le Cameroun jette les bases de s~n equipement econc,,mique

Ainsi, peu a peu, la vocation agricole du Cameronn s'affirmait, l'Africain prenait conscience de la va]eur de la terre, s'organisait en cooperatives pour une meil­leure exploitation de ses ressources. La production, d·autre part, ne cessait de progresser et exigeait In constitution d'un outillage economique adapte aux ne­cessites de cctte production.

11 fallait d'abord un port susceptible d'assurcr un trafic commercial en continue! accroissement. De f,0.000 torihes en 1920, dont 21.000 aux importations et 29.000 aux exportations, le mouvement commercial du Cameroun passait a 125.000 tonnes ~n 1925, dont 36.000 aux importations ct 89.000 -aux exportations, a 168.000 tonnes en 1934, dont 55.000 aux importations et 113.000 aux exportations, a 222.000 tonnes en 1938 dont 58.0U0 tonnes aux importations et 164.000 tonnes aux exportations. ·

Les travaux d'amenagement du port de Douala dc­buterent eri 1926, et en 1931 le port disposait · d'11H quai de chalandage de 190 metres et de 564 metri:s de quai en eau profonde, permettant l'accostage simn.1-

, tane de quatre grands cargos. ·Six hectares _ de tern·­plein desservis par 3.400 metres de voies ferred pcr­mettaient la construction de magasins, entrepots; Jes passes avaient etc draguees et l'estuaire equipe d'un balisage moderne. Trois ans plus tare!, la construction d'un appontemcnt etait entrepris a Bonaberi, sur la rive droite du Wouri; il permettait, l'annee suiv _anlc, l'accostage des navires bananiers calant jusqu'a 7 me­tres et supportait deux voies ferrees pour faciliter l'em­barquement direct des bananes dans Jes meilleures con­ditions. On estimait que le port de Douala-Bonaberi etait susceptible de manipuler annuellement _ 400.000 t. de marchandises diverses.

11 fallait aussi au Cameroun les grands axes de com­munication qui ·permettraient, a la fois de penetrer ces pays souvent inexplores et de Jeur apporter Jes den ­recs manufacturees d'importation en echange de leur<;

- productions qui seraient eva~uees vers Douala. Uebau­che de deux voies importantes avait ete realise par Jes Allemands: l'une partant de la rive droite du Wouri attei~nait N'~ongsamba , l'aut~e ~lff lf1· rive gauche etait

..

NOTES ET ETUDES DOCUMENTAlllES 11

ouverte au trafic jusqu'a Eseka. Au total, 340 kilome­tres de voies ferrees hativement construites et dans un etat precaire.

Unc fois repares les graves degats que la gucrre avait causes a ces lignes, les voies existantes durent etre parachevees et ballastrees; les installations necessaire~ a !'exploitation du reseau construites. De 1922 a 1927, 170 kilometres de rail furent poses, prolongeant la li­gne du Centre jusqu'a Yaounde et M'Balmayo. A Douala et Bonaberi, les gares tetes de lignes furent installces

..,. et reliees aux voies ferrees desservanl Jes ouvrages du port. Sur la voie ferree du Nord, le renforcement de la voie a ete acheve. Un pare ·de 48 locomotives et de 521 wagons assurait en 1938 un trafic de 200.000 tonnes de marchand1ses et de 650.000 voyageurs.

L'effort le plus grand etait cependant porte sur fa construction du reseau routier. Alors qu'en 1914 la pro­duction commerciale, en particulier le caoutchouc des regions de l'Est, etait evacuee a tete d'homme le long des pistes, le Cameroun disposait en 1938 de 4.000 ki­lometres de routes permanentes et 2.000 kilometres de routes saisonnieres dl!sservant les centres les plus eloi­gnes et reduisant presque a neant le portage.

De '\ aounde, plaque toutnante ~t terminus de la voie terree du centre, trois grandes arteres reliaient le Ca­meroun a la vie economique interafricaine. Tandis que la route du Notd, longue de 1.650 kilometres, atteignait le Tchad par Yaounde, Garoua, Bongor et Fort-Lamy, celle de l'Est ptolongeait le chemin de fer du centre vers l'Oubangui et le Moyen Congo, traversant le ter­ritoire dans toute sa largeur pour relier Yaounde a Bangui. Enfin, autorisant l'acces du Catneroun au Ga­bon et a la Guinee espagnole, la route du Sud operait la jonction de Yaounde a Ambam et Oyem d'une part, aboutissait a Kribi d'autre part, debouche maritime des regions meridionales.

De Yaounde partait egalement une artere plac;;ant le chef-lieu a 500 kilometres des tres fertiles · regions de Dschang, et du Mungo, terres d'election des cultures riches, cafe et bananes, pour s'y relier a la ligne de chemin de fer du Nord.

De ces grands axes se detachaient, dans de multi­ples directions, un reseau de routes asstlrant la rii.ise en valeur du territoire.

Yaounde, chef-lieu du Territoire, etait ainsi le point d'attraction vers lequel convergeaient les voies d'eva­cuation des produits de la foret et de la savane,

Ajoutons que la premiere liaison aerienne France­Cameroun avait ete realisee en 1934 et qu'en 1936 trols bases aeriennes, a Douala, Yaounde et Garoua, etaient accessibles a tons les types d'appareils longs-courriers.

, En fin, des courriers reguliers assuraien t les liaisons postales sur tout le territoire, un reseau telegraphique complet couvrait les regions Sud, tandis que les com­munications radio atteignaient le Tchad.

g) Saine gestion financiere et prosperite de la balance commerciale

Et dnns toules ces realisations, l'emprunt n'etait in­terven u que tres exceptionnel1ement ! Les seules res­sources de son budget avaient permis de doter le Ca-

meroun de ses organes essentiels. Mieux, des sommes importantes etaient versees chaque annee dans une caisse de reserve prospere destinee a maintenir l'equi­libre financier du Territoire. En 1922, les recettes s'eta­blissent a 17 millions, alors que les depenses n'attei­gnent que 13 millions. En 1928, ' 64 millions de recet-

. tes pour 46 millions de depenses; en 1930 l'excedent s"eleve a 16 millions; il ·est encore de 14 mii'lions en 1931, de 15 millions en 1936 et le budget du territoire ne depasse legerement les 100 millions qu'en 1938 .

Une sage politique budgetaire s'efforc;;ait cependant de maintenir dans une juste proportion les imposi­tions directes et, pour permettre au cultivateur ihdi­gene de s'en acquitter sans trop d'effort, favorisait, par un systeme de primes a la production, l'essor agricole du pays.

Depuis l'ins'tallation fran~aise, des crises avaient, en effet, bouleverse la balance normale du mouvement commercial. Une premiere fois, en 1921, une seconde fois en 1930, l'effondrement des cours de la plupart

. des produits coloniaux de~oit la confiance du com­merce; de 1925 a 1931, la balance commerc{ale est nettement deficitaire. Pour un mouvement commercial de 238 millions de francs, le deficit est de 14 millions en 1925; il atteiht 36 millions en 1930 avec un com­merce special de 310 millions. A partir de 1932, Ia. balance commerciale ,devient resolument positive; l'ex­cedent se chiffre en 1938 par 37 millions pour un tnou­vement global de 467 millions de francs.

Telle est l"aclivile deployee au cours de ces vingt annees.

La structure administrative etait etablie, l'affran­chissement des groupes sociaux et des individus rea­lise, l'autorite franc;;aise assuree sur !'ensemble du ter- · ritoire. L'effort sanitaire avait p_ermis d'enrayer les ravages de la maladie du sommeil et d'ameliorer la condition physique des populations. Deja, grace a l'ceu­vre scolaire, I' Administration et les entreprises pri­vees trouvaient parmi les Africains des auxiliaires pre­cieux. Une economie etait nee et s'organisait; des ri­chesses nouvelles s'offraient aux planteb.rs et la pro­duction prenait un essor rapide. La situation financiere du Cameroun, enfin, connaissait un remarquable et fa­cile equilibre. L'equipement economique avait sans doute ete plus long a realiser, mais il restait a Ja me­sure du developpement du territoire : on l'avait cons­titue sur les seules ressources du Cameroun, dans le souci de ne pas hypothequer l'avenir et de conserver, par une gestion prudente, des reserves financieres : suf~ fisantes pour faire face a l'imprevu.

L'ceuvre etait d'envergure. Elle permettait de citer le territoire au rang des grandes realisations fran- . c;;aises outre-mer; au risque d'un certain particularisme, le Cameroun pouvait en tirer quelque jnste fierte. On ne s'en privait pas.

12 , NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIR ES

IV. - LA GUERRE, SECONDE ETAPE

DU DEVELOPPEMENT CAMEROUNAIS

Une seconde fois, la guerre dans ses bouleverse­ments allait donner une orientation nouvelle au de­veloppement du Cameroun, tout en confirmant son es­sor et en l'aidant a degager les traits de sa personna­lite. Des le debut des hostilites en Europe, ces memes Africains; dont !'attitude hostile avait contraint les Al­lemands en 1914 a evaclier Douala, se resserrent autour · de la France. Quand le 27 aout 1940, le colonel Leclerc debarque a Douala, c'est d'un seul mouvement que le Cameroun, vingt-quatre heures apres le Tchad et vingt­quatre heures avant Brazzaville, decide de rallier le Mouvement de la France Libre et de poursuivre le combat.

Heures glorieuses pour le Cameroun, tendu tout en­tier dans !'effort de guerre ; des les premieres se­'maines , il fournit des hommes; ce sont des isoles d'abord, engages dans les rangs de la Legion, qui iront en Erythree, en Syrie, a Bir-Hakeim; des unites se constituent ensuite, le Bataillon de · Marche N° 5, qui sera de la campagne de Tripolitaine, d'El-tlamein a Tunis; la Compagnie Portee du Cameroun, qui comp­tera dans les rangs de la « Colonne Leclerc », d'au­tres encore, qui seront en Italie, a Paris, a Strasbourg, a Berchtesgaden - Europeens et Africains du Came­roun, unis dans un meme ideal, poursuivent la lutte aux cotes des Allies.

Mais il faut vivre aussi et faire vivre le territoire, · assurer le fonctionnement ' des seTvices publics et !'ad­

ministration. Fidele aux engagements internationaux, le Cameroun

conserve son auton omie a l'egard de l' A. E. F.; il est cependant, pour plus d'unite dans !'effort de guerre, compris dans le Haut-Commissariat de l' Afriqu e Fran­i;aise Libre, constitue a Brazzaville sous l'autorite du general de Larminat. Les autochtones, qui des les pre­mieres heures, ont marque tant d'attachement a la France, sont invites a participer a la gestion du Ter­ritoire. Par un decret du 12 fevrier 1941, quatre nota­bles africains sont appeles a sieger au Conseil d' Admi­nistration aux cotes des membres fran9ais; les villes de Douala et Yaounde sont constituees le 25 juin 1941 en communes mixtes, sous l'autorite d'•administrateurs­maires, assistes de commissions municipales compre­nant deux membres · africains.

Enfin, premiere ebauche du regime representatif dont allait etre bientot dote le Cameroun, un ·Conseil Consultatif Economique et Financier est cree par de­cref du 4 mai 1942. Charge de donner son avis sm.., les projets de budget, les resultats des exercices finan­ciers, les programmes de travaux et generalement sur toutes questions d'interet economique et financier sou­mises par le Chef du Territoire, le Conseil compreJ nait deja dix membres autochtones.

II fallait vivre et fournir aux Allies les produits dont ils avaient besQin, approvisionner ceux qui se battaient et, derriere !'effort de guerre proprement dit, un autre

effort se poursuit, mains spectaculaire peut-etre, mais aussi tenace. En pleirie guerre, la route Douala­Yaounde, longue de 300 kilometres, est ouverte, dou­blant le chemin de fer du Centre; une autre atteint N'Gaoundere et le Tchad, par Betare-Oya; Douala, dont !'importance strategique n'est plus a demontrer, de­vient une escale importante, une base pour les appa­reils du Coastal Comn'iand, qui surveillent la route du CaJ?,

Sans doute le mouvement commercial connut-il, des 1940, une chute brutale: contre 222.000 tonnes en 1938, 122.000 tonnes seulement eii 1940, dont 31.000 aux im­portations et 91.000 aux exportations. La penurie de navires s'accentuant, le trafic n'est plus que de 101.000 tonnes en 1941.

La balance restait cependant favor able. , Grace a !'aide des Allies, on put faire face a cette situation. Le gouvernement britannique, par l'intermediaire du comite de controle des oleagineux, s'engage a acheter la totalite des recoltes d'amandes .de palme, ainsi que la production d'huile de palme. Jusqu'en 1945, le « West African Product Control Board » finance tous les ~chats de cacao effectues par le commerce came­rounais, bien qu'une partie de la production, faute de moyens d'evacuation, doive etre brulee. Des accords d'achat des le debut de 1941 assurent la cession aux britanniques d'une part importante de la production de cafe et de bananes. Le Rubber Control accorde au caoutchouc une bonification de surproduction. Enfin, des contrats avec le gouvernement britannique permet­tent d'intensifier la production miniere, celle du rutile notamment, que l' Amiraute utilise pour l'enrobage des electrodes de soudure autogene et la production de gaz de camouflage et de combat.

Le mouvement commercial put ainsi s'elever a nou­veau a 124.000 tonnes en 1942, 15,4.000 en 1943 et 161.000 tonnes en 1944, dont 44.000 aux importations et 117 .000 aux exportations. Le tonnage expo rte com­prenait 35.000 tonnes de cacao, une quantite equiva­lente d'amandes de palme, 22.000 tonnes de bois, 5.000 tonnes de cafe, 3.200 tonnes de caoutchouc et pres de 3.000 tonnes de rutile.

Cependant !'administration de la France Libre pour­~,ui vait les encouragements a la production autochtone. Le Credit Agricole et les cooperatives etaient reorga­nises en 1941 et 1942, le stockage du cafe fut assure, un programme de regeneration des bananeraies eche­lonne sur sept ans fut etabli et des installations de sechage de bananes construites. Enfin, un decret du 7 aout 1944, en application des recommandations de

· la Conference de Brazzaville, creait des syndicats pro­f essionnels.

D'importantes assises, reunissant tous les territoires franyais d' Afrique, s'etaient, en effet, tenues du 30 jan­vier au 8 fevrier 1944 au chef-lieu de la Federation Equatoriale. Les principes de la nouvelle politique franyaise outre-mer etaient poses.

NOTES ET ETUOES DOCUMENTAIRES 13

V. PROMOTION POLITIQUE ET PROGRES SOCIAL

a) Les contre-coups de la guerre

En preconisant !'ascension politique des populations aq:icaines, Ieur plus large participation a la vie pu­blique, la suppression rles contraintes et la libcrte du marche du travail, la Conference de Brazzaville defi­nissait le programme nouveau 'quc la Ft'ance entendait suivre desormais outre-mer. Jalonnant la seconde etape de l'reuvre coloniale fran~aise, clle affirmait la tradi­tion d'une politique genereuse ct largement humaine, fondee sur la vitalite des territoircs d'outre-mer.

Le Cameroun connaissait une situation apparemment brill:rnte. Aucun desordre social ou p01itique n'avait marque la periode de guerre, le trafic commercial avait repris en partie, l'approvisionnement en marchandises d'importation etait a peu pres assure, Jes entreprises jouissaient d'une certaine aisance. On le devait, pour une large part, a l'aide des Allies.

Mais lorsque, vers le milieu de 1945, la fin des hos­ti lites mil un terrne a I' « effort de guerre » et aux secours du gouvernement britannique, il n'en alla plus

' de meme. Des stocks importants, de cafe notamment, avaicnt ete mis en ,reserve pour ravitailler la metro-pole des sa liberation; la production bananiere, celle des bois egalement, reprenaient, mais il nc se prcsen­tait pas de navires pour evacuer Jes produits vers la metropole, pour livrer au Cameroun Jes marchan­dises dont il avail le plus grand besoin. Les colonna­des, ce stimulant du producteur africain, se rarefiant sur les marches de l'interieur, Jes materiaux, fers, t6-Jes, ciments, n'etaient plus livres qu'en quantiles insuf­fisantes.

Cela, au moment meme ou ils eussent ete le plus necessaires. Les organes de }'infrastructure economi­que avaient, en effet, profondem ~nt souffert des cinq annees de guerre. Sans espoir de renouvellement rlu materiel et sans entretien suffisant, Jes routes, Jes voies ferrees, le materiel roulant, l'outillage des exploi­tations publiques et privees etaient epuises de )'usage intensif auqucl ils avaient ete soumis.

Ces difficultes s'aggraverent encore, en decembre 1945, d'une hausse generale des prix, consecutive a la ' devaluation du franc. L'operation monetaire du 25 de­cembre entrainait une brusque augmentation de 40 % sur Jes prix des marchandises irnportees de l'etran­ger. Malgre la valorisation du franc africain par rap­port a la monnaie frall(;aise, la hausse considerable des prix des denrees metropolitaines fut d'autant plus sensible qu'au cours de l'annee 1946 Jes relations com­merciales avec la France reprenaient une importance croissante da'ns le trafic du Cameroun.

La devaluation avail, en outre, ete suivie d'un ali­gnement des prix des produits tropicaux sur Jes cours mondiaux, entrainant une hausse des salaires qu'ag­gravaient les avantages consentis aux travailleurs, sous l'effet de la nouvelle orientation sociale. Le budget du territoire, enfin, enregistrait cette situation dans !'aug­mentation des depenses du personnel resultant de la hausse des salaires et des ajustements de traitement des fonctionnaires.

Les . difficultes economiques, au moment ou soufflait sur tons les territoires francais un vent de reformes politiques et sociales ·ne des ;ecommandations de Braz­zaville, ne pouvaient manquer de susciter un profond . malaise au Cameroun.

L'element europeen etait evidemment fatigue par le trop long sejour outre-mer que la guerre lui avait im­pose. Durant cinq ans, une population blanche de 3.000 personnes avait vecu en milieu ferme, sans ce renouvellement continu qu'en periode normale assurent Jes conges, les arrivees et Jes departs. Depuis !940, Jc Cameroun avail perdu tous contacts avec la metropole et s'entretenait dans }'ambiance genereuse de la Jutte et l'aisance de conditions economiques favorables. Le renversement de la situation en 1945 se traduisait par des regrets, des deceptions parfois. ~egrets! pou~ rer­tains, d'une periode plus facile, ou les, prodmt~ se vendaient bien; pour d'autres, regrets dune pe~10dE) plus glorieuse dont on avait attendu taut de satisfac-tions.

La France elle-meme epuisee, vivait toujoms sons un regime p;·ovisoire; Jes conditions de. vie y etaient tres difficiles. La metropole ne couvra1t sans doute qu'une faible partie des besoi?s du ,territojre,, ~ais on preferait encore, malgre la fatigue dun Ion~ s~iour, l~s ressources reduites du Cameroun aux restrictions me­tropolitaine&,

Ainsi s'entretenait, dans }'.annee qui suivit I~ fin_ des hostilites, un etat de moindre resistance phys10log1que en meme temps qu'une · sorte de comp~exe_ camerou­nais qui cherchait a ignorer Jes conditions nouvelles creees par l'apres-guerre.

Ces conditions nouvelles, ellcs etaient celles du mi­lieu africain. Si Jes populations du Nord conservaient fermement leur structure sociale traditionnelle, cellcs du Sud et du Sud-Quest presentaient, par contre, le tableau d'unc societe en pleine evolution, et comme il arrive fatalement en pareil cas, Jes elements de de­sagregation etaient plus apparents que Jes elements constructifs. Certaincs causes de cet etat de choses n'etaient pas nouvelles : le contact prolonge avcc Jes eurpoeens, Ia christianisation generalisee, l'en~ich.is­sement des planteurs et la .naissance d'un pro_letar1at africain, impressionnaient fortement Jes pop~lahons du Sud. Tons ces elements, se heurtant aux anc1ennes cou­tumes sans Jes detruire completement, produisant avcc Jes plus tenaces d'entrc elles ~es compos~~t<;s i1~at­tendues, bouleversaien .t profondemcnt la societe n01re.

Le milieu africain etai tlivre a une crise de crois­sance que, dans unc circulaire du 10 fevrier 1947, Jc Gouverneur General Delavignette decrivait en ccs termes :

Crise de croissance avec tout ce qu'elle comporte de legi­times espoirs et de troubles aspirations. On brule de tenir des emplois superieurs qni paraissent l'apanage europeen. · On ~e plaint de n'y etre pas admis d'emblee et on ne :r:e~on~a1t pas qu'il est techniquement difficile d'y entrer de plem-p1ed. On veut etre instruit en vue de les conquerir ct on ne se plie pas a la regle premiere qui est d'apprendre d'abord. a

, se vaincre soi-meme et de savoir obeir . On ronge son frem en revant d'une independance doree, dans un monde dont on ignore les duretes. Quoi de plus naturel que cet~e espece de puberte politique. Ma.is quoi de plus dangereux s1 elle est mal comprise et refoulee, et si elle vient a faus~er !'evolu­tion de tout un pays.

Si, oubli.ant un instant Jes soucis interieurs du Came­roun, on jetait alors un regard sur la conjoncture in­ternationale, on s'apercevait combien elle etait plus fa­vorable et comment elle permettrait d'oublier rapidc-

14 N,OTES ET ETUDES DOCUMENTAIR BS

ment les contre-coups de la guerre. La penurie mon­diale de matieres premie re s, et particqlierement de denrees tropicales, agirait comme un stimulant de la production agricole et permettrait, des qu'un fret suf­fisant pourrait etre • assure, de reprendre des expor­tations sans cesse en augmentation. Le mouvement com­mercial__ qui, de 162.000 tonnes en 1944, etait tombe a 130.000 en 1945, remonte a 185.000 tonnes en 1946; les exportations, qui n'etaient plus en 1945 que de 93.000 tonnes, contre 117.000 en 1944, atteignent a nouveau le chiffre de 129.000 tonnes en 1946.

Les ventes de palmistes, de 18.000 tonnes en 194l5, passent a 26.000 tonnes en 1946; celles des bois de 15 a 43.000 tonnes, celles des savons de 2.200 a 4.000 tonnes. Uexportation des bananes, inexistante en 1945, atteint 5.300 tonnes en 1946.

Das le meme temps, le monde se forge une organi­sation nouvelle; les grandes bases en sont tracee1; a San Francisco en juin 1945; la Charte des Nations Unies du 28 juin, elaborant _ la theorie du « Trustee­ship », definit le regime international de tutelle qui presid era desormais aux relations entre le Cameroun franc;ais et !'Organisation des Nations Unies. L'ceuvre entreprise par la France au Cameroun est bientot re­connue et si bfen que c'est le projet fran<;ais des ac­cords de tutelle qui est sanctionne, le 13 decembre 1946, par l'Assemblee des Nations Unies.

b) Crise de croissance et pubede politique

La conjoncture internationale, la reprise des rela­tions regulieres avec la metropole, rorganisation de !'Union Fran<;aise par la Constitution du 27 octobre 194G, !'amelioration des conditions economiques et so­ciales allaicnt permettre de port'er rapidement mi re­mede efficace a la crise de croissance du Cameroun, en la canalisant sur des voies . raisonnables.

Des la fin de l'annee 1945, les fonctionnaires et les particnliers europe ens, grace a l'accroiss ernen t des

- transports rnaritimes et aeriens, purent ctre rapatries en grand nom bre vers la metropole. Leur « releve » fut simultanement assuree par un personnel nouveau, apportant avec Jui un pen de cet air de .France dont le Cameroun etait prive depuis cinq annees, un person­nel qui avait souffcr t Jes rudes epreuves de la France et qui avait ete le temoin des . sursauts d'energie de la Liberation.

IL ~vait assiste aux efforts de · la metropole pour se reformer et regrouper autour d'elle les territoires dont cllc avait la charge. Une premiere fois, le 5 rnai 194G, la Constitution proposec a.u referendum populairc avait ete repoussee et voila qu'apres ·une elaboration qui n'avait pas dure moins de deux ans, naissait cette Cons­titution de !'Union Fran<;aise du 27 octobrc 1946, qu'un referendum national avait approuve deux semaines plus tot (1). Dans son preambulc, la France affir mait qu'elle « entendait conduire Jes peuples dont elle a pris la charge a la liberte de s'administrer eux-mcmes et de gerer democratiquement leurs propres affaires; ecartant tout systeme de colonisation fondee sur l'ar­hitraire, elle garantit a tous l'egal acces aux fonctions pnbliques et l'exercice individuel ou collectif, des <lroits et libertes ». ·

Le vieux dilemme entre colonisation et assimilation sc resolvait en un moyen terme : !'association. L'Union Fran<;aise se compose de nations et peuples qui met­tent en commun .ou coordonnent leurs ressources et ,Jeurs efforts pour developper leurs civilisations res-

pectives, accroitre leur bien-etre et assurer leur seen-,, rite. La Constitution du 27 octobre creait et definissait

les organes centraux de !'Union Fran<raise (1). Le Ca­meroun y prenait sa place sous le statut de « Terri­toire Associe » ; a ce titre, il deputait des represen­tants a l' Assemblee Nationale, au Conseil de la Repu­blique (art. 79) et a l' Assemblee de !'Union (art. 66 et 67); il. beneficiait d'une assemblee elue (art. 77); enfin, ses ressortissants avaient qualite de citoyens de l'Union (art. 81).

En conferant l'exercice des droits politiques aux ca- ,, merounais, la Constitution ne faisait pas ceuvre inno­vatrice. Consa cra nt une evolution, la loi du 7 mai 1946 accordait deja.Ia qualite de citoyen a !'ensemble des ressortissants des territoires d'outre-mer et la loi du. 5 octobre, relative a !'election des membres de l' Assem­blee Nationale, definissait les categories de citoyens des territoires d'.outre-mer jouissant du droit electoral.

Base sur un systeme capacitaire, le droit de suffrage etait reconnu a toutes les categories de personri.es pre ­sentant un degre d'education politique suffisant.

La repres entatio n du territoire aux assemblees me­tropolitaines etait egalement assuree par la Constitu­tion. Par des lois de 1946 et 1947, 3 sieges lui furent atttibues a l'Assemblee Nationale, 3 au Conseil de la Republique, 5 a l'Ass emblee de l'Union Fran<;aise et 2 au Conseil Economique.

En prevoyant !'institution d'une Assemblee Represen­tative elue, la Constitution ne faisait encore que suivre . une evolution. Un decret du 9 octobre 1945 avait, en effet, substitue au Conseil Consultatif Economique et. ·Financier de 1942, dont tous les membres etaient nom ­mes, une assemblee representative assurant, aupres du Gouvernement local, la representation de la population et des interets des collectivites. Comprenant 34 mem­bres, repartis par moitie en deux sections (citoyens et non citoyens), ellc faisait deja une part a !'election puisque, a <._ote des membres designes, elle comptait 12 representants elu's des populations. Le Camerouh etait l'un des premiers territoires a etre ainsi dote d'un organe representatif. . ,

Le decert du . 25 octobre 1946, qui institua une As­se1nblee Repres en tative du Cameroun, comprenarit cette fois 40 membres (1G pour le college des citoyens de statut franc;ais et 24 pour celui des citoyens ayant · conserve leur statut personnel), fait la plus large place a !'election. Tous les delegues au premier college sont elus au suffrage uni verse], ceux du deuxieme college · scion le systerne des capacites.

En une annee, d'octobre 1945 a octobre 1946, les re• formes pr eco nisees par la Conference de Brazzaville en matiere de structure politique avaient ete realisees par le legislat eur. C'est assez dire !'intervention de la

- metropole dans Jes destinees du Ca111eroun. Mais il n'cst pas que d'edicter des lois et d'en de­

creter !'app lica tion. Plus delic at est d'en assurer !'exe­cution, d'adapter aux faits et aux hommes les deci­sions du legislateur. Pottr evaluer la somme de diffi­cultes que _put representer pour le Cameroun !'appli­cation de ces reformes politiques, qu'il nous suffise de donner ici le calendrier des consultations electorales qui se deroulerent au Cameroun en nn peu plus d'une annee.

Elections a la 1" Assemblee Na-tionale Constituante . . . ... . . . . 21 octobre 1945

Elections a la 1 '" Assemblee Repre-sentative du Cameroun . . . . . . 10 mars 1946

Referendum sur le 1" projet cons-

(1) Voir Notes et Et!ldes Doc!lmentaires, N° 1.131, du 17 mai 1949, « Principales realisations politiques accom-1,.lies dnn s lcs IC1'riloir cs cl'Outrc~Mer dcpu is 1945 », page 6.

titutionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 mai 1946 · Elections a la 2• Assemblee Natio-

nale Constituante . . . . . . . . . . . . 25 .juin 19116 .

NOTES ET JiTUDES DOCUMENTAIRES 15

Referendum snr Je 2• projet consti-tutionnel ...... ... ..... ,. . . . .• 13 octobre 1916

Elections legislatives a l' Assemblee ,Nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 .novembre 1946.

Elections a la 2• Assemblee Repre-'sentative du Cameroun . . . . . . 22 · novembi;e 1946

Soit douze consultations electorales en treize mois, si l'on tient compte des deux tours de scrutin.

Le 10 fevrier 1947 s'y ajoutaient Jes elections au Conseil de la Republique.

C'est enfin le 30 avril que se tenait la premier 1e seance de Ja premiere Assemblee Representative du Cameroun; 30 avril 1946, date symbolique pour le Ca­meroun puisque, au moment ou s'ouvrait a Douala la premiere session de la jeune assemblee, etaient signes , a Paris deux importants decrets dont l'un portait sup­pression de la justice indigene en matiere penale et J'autre organsait J'etablissement et le financement des plans d'equipement et de developpement des territoires d'outre-mer.

On imagine aisement toute l'habilete et l'autorite quc durent mettre en reuvre les , pouvoirs , publics pour or­ganiser, en cette seule annee 1946 et sur toute l'etendue du Cameroun, les institutions democratiques nouvelles et pour resoudre les nombreuses difficultes que ne manquait pas de soulever !'application du nouveau re­gime clans un pays non entraine aux consultations elec­torales comme an fonctionnement d'une assemblee re• presentative.

II fallut, en effet, dresser les lisles electorales, re­censer Jes electeurs, determiner Jes circonscriptions et Jes bureaux de vote, Jes organiser, assurer la Jiberte ct J'honnetete du scrutin. ·

Si deja ces operations requiere _nt un soin tres atten­tif clans Jes pays depuis longtemps exerce~ aux insti• tutions democratiques, quelles difficultes nouvelles n'al­laient-elles pas poser dans un territoire 011 Jes com­munications sont encore longues et difficiles, ou l'etat­civil ne touche qu'une foible partie de la population, 011 Jes notions cl~ suffrage et de scrutin n'etaient que fort mal comprises et ot'.1 enfin l'autorite des chefs tra­ditionnels risquait de fausser !'expression populaire.

Nombreux etaient, en elfet, les chefs qui s'inquie­taient des consequences de !'evolution politiquc pour leur autorite et la structure sociale indigenc. Paralle­Jement au programme democratiquc, on dut empecher la desagregation brutaJe du milieu coutumier et dans ce but reconnaitre et confirmer l'autorite Jegitime des chefs africains sur leurs groupements.

Les allocations qui leur etaient versees furent rele­vees et !'action personnelle qu'exercerent aupres d' eux Jes Administrateurs, les marques de confianc e qui leur furent manifestees, assurerent leur autorite.

Plusieurs d'entre eux, elus par leurs populations tels le sultan de Foumban, Jes lamidos de Bogo et de Banyo, les chefs superieurs des Yaoundes, des l\fakas et de Bandjoum, Jes chefs de groupement des Ngoumbas Centre et d'Obala, Jes chefs de canton des keperes de Deng-Deng et de Pete, siegcaient d'ailleurs a l' Assem­blee Representative, realisant cette synthese du pouvoir coutumier et de l'a representation elective. La presence au sein de ce.tte ·Assemblee de plusieurs parlementai • res, le depute Douafa Bell, Jes senateurs Grassard et Okala, les conseillers de - l'Union Fram ;aise Giard, Guyard, Soppo Pri sa, Ebede et Kemadjou, l'e sprit d'union et de comprehension dont, des Je debut, fi ­rent preuve tous Jes delegues, permettralent a l'As ­semblee d'atteindre rapidemen t sa maturite politique.

En ouvrant la premiere session de cette deuxieme Assemblee Representatfve du Cameroun, Je Haut -C0m ­missaire Delavignette pouvatt declarer le 30 poyem • bre 1946

Ces consultations electorales, tres nouvelles en elles­memes et rl'une frequence inusitee, ant du etre orgnnisees dans des conditions mnterlelles qui etaient souvent difficiles a realiser. II a fallu faire face a des situations dont la me­tropole, · infiniment mieux entrainee, ne se rend pas toi:1-jours un compte exact.

II n'en est que plus remnrquable de constater que toutes ces elections se sont deroulees dans l'ordre et dans la <lignite.

Les colleges electoraux, composes se1on Ia loi, ant surgi dans la vie camerounaise et cmt exprime librement leur ' opinion. ,

Un quart de siecle s'est h pelne ecoule depuis que la tutellc franxaise a ete etablic nu Camerouh. Et v'oici que le Came­roun depute des representnnts a, I' Assemblee nation ale de Paris et elit sa propre Assernblee representative. II y a la un grand fait qui symbolise !'evolution politique du pay s.

c) Valorisation humaine

En replique a !'evolution politique qui ouvrait a Ja societe noire la vie de , la cite moderne, !'evolution se poursuivait qui tendait a accroitre la valeur humainc de l'individu africain, a _ en faire un homme avec tout cti que son role individuel et social exige d'equilibre physique, moral, intellectuel.

II convenait d'abord de lui apprendre la notion de sa valeur d'homme en le defendant des co·ntraintes. Les pouvoirs discipliriaires conferes aux autorites admini~­tratives par un decret du 8 aout 1924 et connus sous le terme de « regime de l'indigenat », sont suppri­mes par deux decrets du 22 decembre 1945 et du 20 fe • vrier 1946; seuls Jes tribunaux p~uvent desormais in - · fliger pcines et sanctions. Le systeme des « laissez ­.passer », qui interdisait aux autochtones de se depla• c.er hors de la circonscription administrative de leur residence sans l'autorisation dn chef de cette circons­cription, est aboli; il en est de meme, en 1946, du re-. g'ime du « portage » , qui permettait les transports de produits a tete d'homme sur de longs parcours.

Enfin la Joi du 11 avril 1946, qui venait mettre un terme au travail force africain, constitue pour le Ca­meroun unc des reformes qui marquera le plus cette periode. En interdisant de fai;on absolue toute forme

· rle travail obligatoire, elle modifiait Jes conditions du marche du travail. ·

Trop souvent, en _ effet, le manreuvre a confondu }'obligation au travail et la necessite; il a pense que le travail n'etant plus impose, il n'etait plus neces­saire. Le risquc de la desertion des cl1antiers est ap­paru, favorisant sans doute !'installation d'une econo­mie mecanisee, mais allant a l'encontre de cette valo­risation de l'indivitlu que la reforme supposait. C'est contre cette deformation de la notion de liberte du travail que le senateur Okala s'elevait encore en avril 1949 a la session de l' Assemblee Representative du Ca-_ meroun.

Tl fallait done, dans le temps meme ou se realisait l'affranchissement du travailleur, developper chez lui le gout .du travail volontairc et Jc sens de sa neces­site. Ce devait etre J'reuvrc du syndicalisme et des for­mules cooperatives qui prircnt depuis 1946 une impor­tance croissante. A !'action de Ja C. G. T., qui etait deja constituee au Cameroun, s'aioutait cellc de la C. F. T. C., fondee en 1946, eJ bientot celle de la C.G.T.­F.O. Le s formule s metropolit ai ne s modernes du coope­ratisme etaient elles -memes in troduites a partir d'octo­br e 1946 et connurent un rapide succes.

L'organisation dn Service de ' l'In snef'tion rlu Tra­vail, par un arrete du 29 aoiit 1946 . creait d'autre na rt le trait d\mion indispensabJe entre l' cmp loyeur et l'em­ploye; par une action patiente et sage, ce service pou­vait susciter l'eveil d e l'Africain a ses droits reels qu'il cliscerne mal , a ses devoir s :nr xquel s ii p'a pa s encore songe,

16 NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES

II fallait aussi, et surtout, valori ser le travail libre­ment consenti par une continuelle amelioration des niveaux de vie africains. II convenait que le travailleur beneficie d'un salaire a la mesure de son labeur et cle ses besoins. La creation cle commissions paritaires et cle commissions cl'arbitrage, composees d'un nombre egal d'employeurs et d'employes ou ouvriers, affilies a des organisations syndicales, pour l'etude des salaires, le principe de la revision periodique des sa laires, !'ap­plication de la notion cle minimum vital, !'institution de primes de rendement, assurerent cette valorisation du travail.

Element de valorisation de l'individu egalement, ce service d'hygiene mobile et de prophylaxie, dont Ia creation est confirmee en fevrier 1947, rnais qui, des l'annee 1946, developpe une action si eminemment so-. ciale. Section du Service de Sante, qui poursuit son ceuvre curative clans Jes formations sanitaires, il est specialement organise pour la diffusion de !'hygiene dans la masse populaire et equipe pour assurer l'assai­nissement clomestique ct collectif.

L'abolition des contraintes se complete en 1946 d'unc suppression des discriminations, autres que celles repo­sant sm: la valeur personnelle des individus. Dans cet esprit, un •dectct clu 30 avril 1946 abrogc celui du 17 juillet 1944, qui ~vait institue un Code Penal indi­gene; tons delits, qu'ils soient le fait cl'un individu quelconque, noir oti blanc, sont desormais juges par Jes juridictions fra11t;aises, selon le Code Penal f'ral1(;ais.

Les liberles fondamentales, liberte de reunion, rle pen see ou cl'expression, liberte de la presse, liberte symlicale, sont garanties a lous au x termes rnemes de la Constitution.

L'egal acc;es aux fonction s publiques, enfin, etait assure en 1946-47 clans une tres irnportante reorgani­sation des cadres aclministratifs par la methode des ca­dres communs. II s'averait de plus en plus necessaire quc le personnel afrlcain sente la fierte d'appartenir a 1:n service public et !'emulation d'y concourir avec le personnel europeen; il convenait, en outre, de fonder Jes rapports entre personnel europeen et personnel africain sur la base cl'un salaire egal a travail egal et d'eduquer l'Africain pour qu'il accede :'.1 cclte ega­Jite.

Pour parvenir a ces fins, il nc fallait plus que Jes services publics soient distribues entre un cadre curo­peen et un cadre africa1n, mais un cadre commun, uni­que pour le meme travail, sans autre distinction que celle de la valeur. Un premier palier fut atteint par !'institution, en avril 1946, d'une indemnite speciale de merite, perl11ettant de mieux remunerer ceux des au ­tochtones qui effectuaient un travail comparable a ce­lui des Europeens et qui etaient hloques par les regle­ments de leur cadre particulier. Le pro,iet des cadres communs fut bientot etudie avec les syndicats. Les discussions furent vives, Jes particularismes cle corps, de metier, d'origine s'affronterent. Le projet voyait enfin le jour le 19 mars 1947. Les cadres indigenes, superieurs, secondaires et subalternes disparaissent pour se fondre avec Jes cadres locaux europeens clans 1111 cadre commun oit Europeens et Africains ont le memc statut organique, le meme r~gime d'acces, d'avan ­cement' et de discipline, Ja meme echelle de solde. A l'egalite de titres et de valeur prof'essionnelle reponct · l'egalite de condition.

II etait evident que cette poliliquc rle formation et rl'emancipation ne serait ef'ficace, quc reposant sur un enseignement egal pour taus et sur la mise :'t la dis­position des Africains de nouvelles ameliorations cul ­turelle s. L'in stitution d'une cite uni ver sitaire a

N'Kongsamba etait decidee ; elle comprenait, au debut d e 194 7, un college technique et moderne · de 240 el e­v es et pour la premiere fois au Cameroun, une Ecole Normale d'instituteurs, avec une promotion initiale de 30 eleves. L'ecole professionnelel et l'ecole superieure des fiIIes de Douala furent reorganisees. Le cours se­condaire cle Yaounde, fonde en 1944; accueillait des 1946 des enfants africains sur les memes banes que Jes ·eleves europeens, ainsi que quelques fonctionnaires de­sireux de completer leur culture generale. L'Ecole d'Ayos ameliorait ses installations et la creation d'une grande ecole agronomique et forestiere, assortie d'un jardin botanique, etait projetee a Yaounde:

S'agissant de l'enseignement superieur, le regime · des botfrses cl'etudes clans Ja metropolc, organise par un decret du 30 mai 1945, fut mis ·au point en 1946.

Tandis que les credits prevus au budget pour l'en­seignement public ctaient augmcntes, notamment pour les regions Nord, le regime -des subventions allouees aux ecoles privees rcconnues etait institue sclon un systemc original; i1 etait verse a ces ecoles 1.000 fr. par candidat re-;:u au ccrtiflcat d'etudes primaires, au­tant par candidat admis a un cours de selection et 4.000 francs pour chaque classc dont Jc ma1trc etait un moniteur africain diplome.

Enfin, pres rl'un million de francs etait consacre, au budqet de 1946, a l'arnenagement de foyer s cultu ­rels africains. centres d'information gencrale. li eux de reuni on et d 'echange s intellectuels ouvert s a taus.

Ces dix -huit mois, de la fin de 1945 au debut de 194 7, constituaient ainsi une periode cle r eform es pro ­f'ondes ct de reorganisation, inspirec par !'ideal des droits de l'homme et qui posait Jes assises du Carne­roun futur. Periorlc infiniment delicate. la µlus dif'­ficile peut-etre qu'ait connue l'histoire du Cameroun; elle exi irnait cl'accord er les decisions venu es de Paris aux con°ditions locales, de concilier les impatiences des populations africaines avec leurs interets, de realiser le r.approchement et la comprehension nef'essaires e,n­tre europe ens et autochtones, par c!essus tout d'ensei­gner aux uns .commc aux :rntres lenrs droits et Je11rs devoirs nouveaux.

Aux· Africains, il follait apprendrc que !'accession aux droits civiques n'autorise pas J'abus de ces droits ct comporte la soumission aux devoirs du citoven, quc la liberte du travail n'autorise pas la faineantise, quc la notion d'egalitc de traitement ne peut s'etablir que sur celle cl'egalite de valeur et de rendement.

Aux Europeens, ii fallait faire comp1·endre que la prosuerite du Carneroun ne peut se realiser que clans une large valorisation de l'homme africai n et par une juste legislation basee sur la · notion de Uberte du tra­vail. On s'effor<;:ait, clans une mutuelle comµrehension, rl'instaurer ce climat rl'union dont la meconnaissancc avait entraine a Douala, en septembrc 1945, rlc mal­heureux desordres.

Ces rcformes ne pouvaient aller sans une adaptation des services de justice et de police. La reor,ganisation iudici a ir e fut l'reuvre d'unP orilonnance clu 2 novem­hre 1945 et du decret du 3 iuillet 1946, uortant mo­di ficalion cle Ia justice franc;aise. Le· 1er _iuin 1946, des arrele s Jocaux avaient reoraanise les services de surete et de poli ce et la garde indigene avait ete transformee en une Garde Camerounaise, dont le caractere ~duca­l if' tC>ndnit i-1 f'reer 1111 esurit de corps emprei nt de fierte C>t <le <lignite ct :i en faire un exemple de vie indi­virlu clle et colledivc pour une organisation rationnelle dnns le cadre des mr.eurs et des coutumes du pays.

Les fondernents du Cameroun nouveau etaient poses; san s doute bien des solution :; n'etaient encore qu'ebau •

NOTES ET E'.):'UDES DOCUMENTAIRES 17

chees et necessiteraient des retouches et des mises au point ; le cadre etait construit.

C'est ce qu'exprimait le Gouverneur General Dela­vignette, le 10 fevrier 1947; devant l'Assernblee Repre-

- sentative du Tcrritoire :

.,. VI. - ACCESSION DU CAMEROUN A

Mil ueuf cent quarante-six a ete pour le Cameroun une annee de sauvegarde, de reformes et de prevision. Le Came­roun possede maintenant ses . deputes, ses Conseillers de la Republique, son Assemblee Representative. II a son plan de grands travaux et ee plan e·st finance. II faut que notrc travail fasse de 1947 une annee de realisations .

SA PERSONNALITE ECONOMIQUE ET SOCIALE

a) La prosperite economique,

condition des reformes economiques et sociales

L'annee 1946 ouvrait effectivement la voie aux rea­lisations. II restait, dans l'ordre politique, a comple­ter !'organisation entr-eprise, ~t mettre en place les ins­titutions qui ne l'etaient pas encore, surtout a « ro­der » le systeme delicat dont on avait dote le Ca~ meroun.

Les reformes etaient accomplies; on devait Jes pa­rachever et leur donner vie. Completant la represen., talion du territoire aupres des assemblees metropoli­taines, cinq conseillers sont elus en octobre 194 7 a l'Assemblee de l'Union Fran<;aise et deux Camerounais sont deputes en fevrier suivant aupres du Conseil Na­tional Economique. L' Assemblee Representative locale tenait en deux ans, d'avril 1947 a avril 1949, sept ses­sions dont Jes debats accusent une m.ilturite progres­sive. Dans le souci de donner a l'Assembl~e toute sa signification, Jes autorites administratives ,avaient de­mande en 1947 !'abolition du Conseil d'Administration, snrvivance d'une forn)ule de gestion depassee.

La reorganisation du territoire se complete et c'est, le 23 decembre 194 7, !'installation a Douala du tribu­nal superieur d'appel symbolisant l'entree en applica­tion de la nouvelle organisation judiciaire; c'est la re­organisation de la Chambre de Commerce par un de­cret du 23 fevrier 1949 et des arretes locaux des 23 et 24 mars; c'est encore !'elaboration d'un nouveau statut des chefs traditionnels ct la reorganisation de l'etat­civil camerounais.

Mais il n'est pas de reformes politiques efficaces sans amelioration des conditions economiques, pas de pro­gres social sans valorisation des milieux de vie do­mestrques et sans prosperite. Pour s'en convaincre, il n'est que de se rep9rter quelques mois en arricre a cette annee 1945, ot't le rnanque de fret, .un outillage 11se, la penurie des tissus et des denrees d'importa­tion paralysaient a ce point le territo ire qu'un pro­fond malaise s'emparait des esprits.

C'est ce que traduisait M. Rene Hoffherr, appele en avril 1947 a poursuivre la politiqnc de realisation entre-prise par son predecesseur. ·

11. serait vain de pretendre emanciper politiquement la masse des travail'lcurs camcrounais si nous ne les affran­chissons par111lelcrnent du ·besoln el de la ruisere. 11 serait egalement vain de decrcter !'abolition de la contrainte si l'on n'instaurait en meme temps un ordre economique fonde, non plus sur cette COll/trainte, mais sur la prosperite.

C'est admettre, par la meme, la connexite etroite des pro­blemes economiques et sociaux et que precisement le pro­bleme economique conditionne tous les autres. Bien-etrc et Liberle n-e se eonc;oivent pas sans la prosperite.

Dans la succession des reformes, le Carneroun n'ou­bliait pas que son activite economique serait seule sus­ceptible de Ieur donner tout leur sens. A ceux qui etaient tentes de !'accuser de paralysie, Jes chiffres re­pondaient. Malgre leurs imperfections et leur usure, les voies ferrees avaient assure, en 1946, un trafic de 239.000 tonnes, soit 70.000 tonnes de plus que l'annee precedente; ils avaient transporte 1.447.000 voyageurs, contre 1.144.000 l'annee precedente, soil un trafic plus que double de celui de 1938. Le mouvement du port de Douala etait passe en une annee rle 137.000 a 194.000 · tonnes, dont 55.000 aux entrees et 139.000 aux sorties. Encore fallait-il y ajouter la reprise de l'activite des ports de Kribi, avec 6.000 tonnes et du port fluvial de Garoua, avec 3.000 tonnes.

Sans doute, Ia production du · rutile et celle de l'or avaient-elles diminue avec la fin des hostilites et l'ac­croissement du prix de revient des exploitations, mais les productions agricoles supportaient avantageuse­rnent la comparaison avec les meilleures annees d'avant guerre. Le renouvellement du materiel d'exploitation forestiere, resolument entrepris, permettait d'exp rter 42.800 tonnes de bois en 1946, contre 15.000 en 1945. La remise en culture des bananeraies assurait, malare l'insuffisance de fret, !'exportation de 5.300 tonnes 0de bananes fraiches et de 910 tonnes de fruits seches. Tandis que les productions de cacao et de cafe se maintenaient respectivement a 34.000 et 5.800 tonnes, celles des amandes de palme avec 26.000 tonnes mar­quait un accroissement de 8.000 tonnes par rapport it 1945 et celle du caoutchouc atteignait • 3.600 tonnes. Sans doute les livraisons d'huile de · palme etaient-elles en tres sensible diminution, mais on pent en tronvcr l'exp~ication dans une fabrication de ' savon en pro-gress10n constante. ·

Des societes industrielles s'installaient; S.E.I.T.A. :'t Batschenga reprenait la production de tabac de cape; Bastos construisait ~\ Yaounde une irnportante nsinc de cigarettes.

Un systeme d'avanccs aux planteurs, notamment aux demobilises, la faveur accordee a l'essor du mouve­ment cooperatif, ~taient autant d'encouragements a la production. La protection des richesses naturelles s'or­ganisait, la defense du sol contre le deboisement ex­cessif et !'erosion faisait l'objet d'un decret du 3 mai 1946, instituant le regime forestier du Cameroun.

Enfin, Ia garantie de la qualite des produits et leur a~nel__!oration etaient assurees par l'application progres­sive des mesures de conditionnement decretees en oc­tobre 1945.

Les horizons economiques nouveaux qui se decou­vraient au Cameroun, condition des reformes politiques et sociales, demontraient en ontre la necessite de re~

18 NOTES ET ETUDES DOCUMENTAIRES

considerer le developpement du Cameroun et de penser neuf, en fonction · des exigences pressantes d'unc hausse du niveau d'existence. L'impot n'etait plus en mesure de jouer exclusivement un role d'instrument de couverture des depenses publiques. Ce n'etaient plus les ressources ordinaires, ni les « dechets d'annuites budgetaires » qui seraient capables d'engendrer le fi­nancement d'un p,rogramme d'interet soc.ial.

II fallait , des ressources d'empr.unt et le Cameroun, qui avait toujours repugne a faire appel au credit ex­terieur, sauf peut-etre sous le commandement du Gon­ve1-neur Boisson en 1937, emprunta. Ces ressources, seule la metropole pouvait Ies fournir; la loi du 30 avril 1946, qui creait le Fonds d'Investissement et de De­veloppement Economique et Social des territoir es d'ou­tre-mer (F. ~- D. E. S.) en apportait !'occasion.

Un programme de Grands Travaux fut immediate­ment etabli par le territoire; approuve par l'Assem­blee locale et le Gouvernement fran<;ais au debut 'de 1947, il faisait beneficier le territoire d'un concours de 8 milliards de francs C. F. A. en dix ans, consenti par la Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer sur . Ies fonds du F.I.D.E.S. Le Plan etait ne. La phase des realisations etait ouverte.

b} L'infrasfrudure au service d'un potentiel

. de product-ion plus efendue

Jusqu'en 1946, l'economie ·du Cameroun s'etait ap­puyee essentiellement sur la cueillette et le ramassage de produits varies que le sol fournissait en · abon­dance. Elle constituait une economic de traite dont le port de Douala etait le creur et la raison 'd'etre; toute la production interieure convergeait vers Douala, d'ou se repandait en retour sur le pays une importation « de traite »·. L'exploitation des richesses forestieres elles­memes restait rudimentaire et se bornait a l'exploita: tion des grumes de bois precieux.

Quant a l'extraction miniere, elle ne representait qu'une part infime du revenu du Territoire. Le cheptel du Nord, quoique valorise par une lutte efficace con­trc les epizooties, restait exploite sur les axes tradi: tionnels de Kano et de Fort-Lamy, sans benefice pour la partie Sud du Territoire. L'outillage economique re­pondait aux exigences de cette economie agricole et forestiere; il se concentrait sur les axes d'evacuation ferroviaires et routiers drainant les produits de l'inte­rieur vers le port de Douala.

De plus grandes facilites de fret et les effets de la devaluation , se conjuguerent des 1946 pour stimuler l'economie camerounaise . .

Les formes anterieures de la production agricole de­viennent si eminemment rentables qu'il ri'est pas ques­tion d'en rechercher de nouvelles. En quelques mois, le prix du cacao passe de 27 fr. 50 a 49 fr. 40; !'aug­mentation est encore plus sensible pour la banane, dont le prix fait un bond de 16 a 32 francs. Des lors, on assiste a une ve'ritaple course au tonnage, les chiffres des meilleures annees d'avant guerre s9nt atteints en 1947, largement depasses en 1948. Pour un trafic com­mercial qui passe de 184.000 tonnes en 1946, a 259.000 et 329.000 en 1947 et 1948, le mouvement des expor­tations se chiffre par 129.000; 173.000 et 181.000 ton­nes. De 42.800 tonnes en 1946, les sorties de bois s'ele­vent a 61.000 tonnes en 1948; la production de cacao passe, dans le meme temps, de 34.000 a 42.600 tonn es, celle des bananes fraiches de 5.400 a 21.000 tonnes en 1947 et 31.000 tonnes en 1948, celle de l'huile de palme de 1.500 tonnes a 2.50b tonnes, tandis que Ies expor­tations d'amandes de palme oscillent entre 27 et 30.000 tonnes.

Les dangers de Ia facilite apparaissaient. Les avan­tages d'un equilibre economique, fonde sur !'extreme diversite des ressources camerounaises; risquaient d'etre compromis. TI fallait maintenir cet equilibre me­nace a tout instant par · une envolee speculative des cours, susceptible de favoriser le developpement de telle production, ou de compromettre le so1,t de telle autre. · ·

. La banane, par exemple, avait pu attcindre des cours trente fois plus eleves qu'avant gucrre au moment ou le cafe quadruplait a peine les siens. Sur le plan exte ­rieur, !'augmentation des prix des productions d'expo,r­tation risquait de depasser le ponvoir d'achat metro­politain, et l'on pouvait entrevoir une proche satura­tion des marches, entrainant une chute sensible des cours.

Or ii existc une solidarite necessaire des denrees, dont la France prenait nettement conscience en deci­dant, des le debut de 1949, une revalorisation des cours d'achat du cafe consecutive a !~ascension des prix du cacao. L'oscillation variable des prix du cacao ·comme celle de la banane, du bois ou du caoulchouc, justi­fiait une attitude prudente et la necessite _de resister · a une course effreinee au tonnage pour telle ou telle denree.

I1 s'agissait surtout de conditionner la production du Cameroun, de la rendre mieux commercialisable pour supporter en toute quietude Ies prochaines conditions d'une concurrence moins · dereglee. C'est a quoi visait !'administration du Cameroun en prescrivant, au cours de l'annee 1948, une application scrupuleuse des nou­

velles normes de classification qualitative du cacao, de~ bananes fraiches, des palmistes,des cafes, de l'h,1iile de . palme, ou en determinant une nouvelle repartition des quotas de chargement de la banane. <Euvre difficile, que de plier le cultivateur africain a r~specter des methodes de production qui ne lui sorlt pas familieres; mais pour Iaquelle toijS Jes procedes educatifs ont ete mis en amvre : apposition _ d'affiches de propagande, distribution de tracts et jusqu'a la realisation d'tfo film presentant les 111eilleures conditions de culture et de i;i:·eparation du cacao. ,

II fallait aussi etendre cette · notion de « Cameroun utile » jusqu'alors limitee aux seules regions du Sud. La prosperite ne se fragmente pas, elle doit atteindre toutes les parties du territoire. Et c'est' un nouvel effort

. que s'impose le Cameroun, grace au secours que lui apporte le F. I. D. E. s., pour developper d'autres for­mes d'activite agricole. Bientot des stations de moto­culturc, des fermes-pilotes, se livreront, dans le ~ord, a Ia culture de l'arachide et du coton, apportant ]'a prosperite aux regions de savane, dont l'economie reste rudimentaire.

Les credits que le F. I. D. E. S. consacrera a cette action n'atteindront pas moins de 185 millions de francs C. F. A. Parallelement, la construction de Iaboratoires de production de serums et de vaccins, de centre~ d'immunisation du betail et d'insemination artificielle, de fermes d'elevage et !'organisation de la distribu­tion des produits du cheptel, favoriseront l'essor d'une forme d'economie traditionnelle aux regions Nord.

Ailleurs, ce sera !'encouragement de la culture fa­miliale du tabac, dans l'Est un large programme d'he­veaculture villageoise, en d'autres regions des essais de riziculture mecanisee.

Dans l'inventaire des · ressources et leur valorisa­tion, la foret ne perd pas les droits que lui valent une evidente richesse et !'incomparable variete de ses es­sences. L'amelioration en qualite et quantite du do­maine forestier se poursuit par une connaissance plus complete du milieu biologique, l'etude des formations

N.OTES ET tTUDES DOCUMENTAIRES

et associations vegetales et des conditions optima de -regeneration, la recherche des nouvelles especes ex­ploitables, l'etude technologique des produits ligneux.

Les services publics entendent egalement veiller a la conservation des sols en preservant un taux de boise­ment approprie. Cette action suppose la delimitation du domaine forestier permanent du territoire et sa protection contre toute depredation : 935.000 hectares ont d'ores et deja inclus dans le doroaine classe.

Le centre de recherches agronomiques de Yaounde, en cours d'edification, tendra - egalement a cette pro­tection des sols par les travaux de laboratoires puis­samrnent outilles.

Le sous-sol, a son tour, est convie a etendre encore la variete des ressources camerounaises. Bien que la prospection n'en ait encore ete effectuee que de fa~on tres fragmentaire et sans programme d'ensemble, il produit deja de l'or, du rutile, de la cassiterite, .et saris doute d'autres richesses s'avereront-elles un jour ex­ploitables. 11 appartiendra au Bureau Minier de la France d'Outre-Mer, institue par decret du 26 janvier 1948, et dont uile direction locale vient d'etre creee au Cameroun, de dresser l'inventai:re du capital minier du territoire et de concourir bientot a son exploitation.

Or, tandis que le visage de la production camerou-- naisc se diversifie sans cesse, le reseau d'evacuation

n'est plus a la . mesure des circonstances. 11 en est du Can'leroun comme d'un individu prcco­

cement grandi, dont lcs vetements ne sont plus a sa taille.

Superposer U une eco nomic passive CL slalio1rnair e une economie riche en capitaux, c'est de toutc necc s­site s'engager dans une epreuve de force qui tend , a Jes briser, les ressorts du pays. L'essoufflement du che­

. min de fer, l'usure des routes, en temoignent. ;

, II eut cle assurcment preferable de haler davaulage dan s le passe le travail d'equipement et de ne pas differer le renouvcllement du materiel. Les perturbations de la guene, lcs repugnances du passe pour une econ,;,mie d'emprunt nc J'ont"})as permis. ·

Nous sommes ainsi contraints de remplacer aujourd'hui un outillage vetuste ,dont le retard ne se raltrapera ni a coups de sommations, ni a coups de bagu ette s rnagiques. (]{enc Hoffherr, 8 !evri.er 1949).

L'infrastructurc doit eu cffet ' servir la production, non Ja freiner, elle doit encourager la diversite et non limiter !'exploitation des rcssources aux seuls secteurs Jes plus aisemcnt accessibles. 11 faut de toute evidence que l'eqliipcment precede l'essor de Ja production, non qu 'il le suive.

L'equipement roulicr constitue pour · ce pays le f 1~­dement de la securite, la condition · de plein emploi des richesses locales et le facteu · decisif du progres. La priorite de la r-oute s'impose d'autant plus que les ' arleres principales, sans cesse compromises par Ja_ vio : lence des tornades, ne correspondent plus aux exi­gences du trafic. Les immatriculations de vehicules qui etaient en 1938 de 338, dont 160 camions, ·passent a 530, ,,font 355 camions en 1946, a 1.234 en 1948; ii fal­lait compter sut ce nombre 705 camions dont cerlains depassent 10 tonnes de charge utile. Le pare autom o­bile excede 6.000 vehicules, soit on chiffre quadruple de celw. de 1939. Et la charge de ce trafic pour le reseau routier s'accroit encore du fait que le couloir camerounais constitue de plus en plus la voie norrnale d'acces au Tchad et a une partie de l'Oubangui Chari.

Un grand programme routier a du etre mis en am­vre qui comporte l'amenagernent de 4.600 kilometres de routes modernes a grand trafic sur deux axes : Douala-Yaounde-Obala avec prolongernent vets l'A.E.F. et l' Adamaoua et Douala-N'Kongsamba-Bafang se pro-

longeant sur Mayo-Darle ct Banyo. 11 vise a creer les communications rapides et commodes qui permettront de relier entre ' elles toutes Jes regions du territoire; a cet effet des marches de l'ordre de un milliard et demi out ete Tecemment passes avec des entreprises privees pour !'amelioration de la plate-forme et de son element protccteur cependant que le service des travaux pu­blics poursuit la construct~on des routes nouvelles .

Ainsi s'acheve actuellement cette route de l'Ouest qui, de Douala a Banyo et N'Gaoundere, constituera la route de l'etain et une des plus importanfes routes a betail; le 20 juin 1949, elle atteignait les mines de cassiterite de Mayo-Darle. L'armee, enfin, apporte aux initiatives ci­viles un concours de choix sur }a route de Douala a N'Kongsamba, comme sur celle de Douala a Yaounde ou un pont flottant permettra ~bientot le franchissement de la riviere Dibamba, jusqu'alors assure par des bacs.

La prirnaute de la route se justifie d'autant plus que le rail ne dessert point les regions Nord et que le re­seau ferroviaire du Sud souffre d'usure et d'un defaut d'entretien. Mais le travail de modernisation ferro­viaire se poursuit egalcment.

Le renouvellement du materiel roulant est en com·s : 24 lo~omotives it vapeur et 12 Diesel pour la traction; 24 voitures metalliques, 6 fourgons automoteurs, 3 auto­rails a 80 places pour les voyageurs, 100 plate-formcs de 30 tonnes, 80 tornbereaux, 50 wagons couve,ts pour les marchandises lourdes, un important mate'riel de manutention et de levage ont ete achetes ou comman­les depuis deux ans.

. Enfin, le remplacement de la voie par du rail 30 kg. est entrepris et Jes etudes s'effectuent pour la rectifi­cation des traces defectueux, la prolongation de la voie vers le Nord, le renforcement des pouts et la moderni­sation des installations fbles. Des l'annee 1948, les chc­rnins de fer du Cameroun ont pu transporter pres de 300.000 tonnes de marchandises, soit un tonnage de 50 % superieur a celui de 1939;

Le port de Douala, qui draip.e une grande partic de l'activite ferroviaire et routiere du Camerouri et a atteint en 1948 son tonnage record de 350.000 tonnes, s'attaque de son cote a Ull programme d'amenagement de nature a creer sur le Wouri un port capable de 1.000.000 tonnes · disposant d'un pare a bois puissam­ment outille, et donnant acces a toutes marees aux na­vires 7 metres et meme 7 rn. 30.

A · eel effet, il faut construire sept nouveaux . postes a quai sur 1.150 metres et 18.000 m2 de terre-pleins, approfondir et baliser Jes chenaux d'acees, completer et renouveler lcs engins de servitude et le mater-iel flottant. Face a Douala, sur la rive droite du Wouri, Bo­naberi, port bananier et tete de ligne du chemin de fer du Nord, sera egalement dote d'un poste a quai ct d'un quai de chalandage : ' '

Dans l'attente de l'achevement de ces importants tra­vaux, aucun remede a la situ~ tion actuelle n'est apparu plus efficace, en matiere routiere commc en matiere ferroviaire, que d'accelerer la rotation et d'organiser le trafic. Aux efforts des services publics se joignent ceux des utilisateurs prives pour eviler Jes a-coups dans les chargements et assurer le meilleur emploi des moyens actuels de chargemcnt.

De meme, il fallait eviter toute imi:nobilisation inutile de navires dans le port de Douala, acces et exutoire de tout le Cameroun, qui n'a pas re9u moins de 383 na­vires en 1948 alors qu'il n'en recevait encore que 279 en 1939. Amenagement progressif de la rade de Kribi par la construction d'un quai de batelage et de maga­sins, puis ulterieurement de celle de Manoka; revision d'exploitation des magasins a Douala, extension du pare a bois et reduction du delai de stationnement des marchandises dans les entr epots douaniers; tels sont

/ NOTES ET ETUDES DOCU.MEN'TAlll.ES

lcs moyens de nature a accelerer le rythme de rotation correspondant a la progression brutale du trafic.

C:ompletant la realisation de cet equipement, il faut encore mentionner l'amenagement de !'aerodrome impe­rial de Douala pour le trafic d'appareils de 60 tonnes ct de sept terrains repartis sur le territoire pour l'atter­rissage d'avions de 20 tonnes, !'extension des moyens de lransrriission par la creation de nouveaux bureaux de poste, le developpement du reseau telephonique, la liaison radiotelephonique entre Douala et Paris.

c) lnvestissements - Energie - Main-d'oeuvre

La construction d'un puissant outillagc commandc ainsi lcs chances de mobilisation de toutcs les ri­chesses naturelles du Cameroun . Mais cettc economic cst-elle maitresse d'cllc-meme ? Demcura-t-elle victime d'un implacable determinisme physique ou pcutselle s'affranchir des servitudes qui scmblaicnt peser sur elle?

De toute fa<;on son expansion demcurc conditionnee par un programme tres large d'investissements, une po- · litique de l'energie et un accroissement du rendement de la main-d'reuvre.

Les investissements

11 convenait d1abord pour le Cameroun, de convier a lui, par une politique de confiance et de hardiessc financiere, les capitaux. qu'en depit d'une certaine ai­sance des rendements flscaux et d'un service de la Dette publique jusqu'alors tres modeste, ses ressources publiques ne suffisaient pas a lui fournir. 11 dut a sa situation en Afrique centrale et a la liberte d'acces qui caracterise son statut d'attirer depuis deux ans un cou­rant considerable d'importations de capitaux.

Le merite en revient tres largement au Plan de deve­loppement con<;u par le -F. I. D. E. S. qui, de 8 mil­liards a l'origine vient d'etre reevalue a 25 milliards de francs C. F. A. La tranche 1948-49 atteindra deja plus d'un milliard ct demi de credits de paiements pour doubler encore au procbain cxercice. Grace a la part croissante des subventions consenties par la metropole, !'effort reste a la mesure des possibilites du territoire puisque le service de la Dette n'est passe de 1946 a 1948 que de 1 a 5 % des depenses budgetaires. L'aide con­siderable ' des credits Marshall permcttant des achats de materiel lourd aux Etats-Unls s'lnscrit dans le mcme effort.

Mais l'ampleur de ces concours ne saurait faire oublier Ics abondants investissements prives, d'origine mctro­politaine ou non, qui sont venus ou se disposent a ve­nir feconder l'economie camcrounaise. Au 31 decembre 1948, le montant des capitaux prives introduits au ' ter­ritoire pour la constitution de societes nouvelles s'eta­blissait a pres de 500 millions de francs C.F.A. ·

Plus significative encore est la solidarite des forces officielles et privees qui s'affirme dans un concours de plus en plus large apporte par la puissance publi­que .aux initiatives libres dans les entreprises d'eco­nomie mixte qui prennent naissance dans Jes branches

· 1es plus diverses d'activites. Que l'autorite administrative exploite directement

comme c'est le cas pour les stations de tabac de Bat­schenga ou de Quinquina de Dschang, qu'clle commer­cialise son action avec !'introduction depuis le 1 °'" jan­vier 1948 d'une ~egie des Chemins de fer du Carne­roun, ou que, tout en confiant la gestion aux techni­ciens, cllc se reserve la propriete des entreprises, a l'exemple de cette huilerje temoin de Dibombari des­tinee a renover la palmeraie sur Jes utiles suggestions de l'I. R. H. 0., il s'agit dans tons les cas d'exploita-

lions collectives associant les intercts prives a !'action puhlique.

Dans le meme esprit, !'institution du Bureau Minier de la France d'Outre-Mcr permettra !'injection de credit aux entreprises digncs d'appui, tandis que le systeme des participations d'Etat, deja mis en pratique dans la formation de la Societe « Bois du Cameroun », four­nira !'instrument necessaire pour associer de plus en plus etroitement les interets locaux aux produits et au controle de la distribution des richessses forestieres.

C'est la formule de l'actionnariat d'Etat qui inspira la creation, le 18 juillet 1948, de la Societe d'Energie Eitctrique du Camcroun au capital de 200 millions dont Jes titres ont ete souscrits a raison de 34 % par le ter­ritoire, 34 % par la Caisse Centrale de la France d'Ou­trc-Mcr et 32 % pa_r les usagers du Cameroun.

Energie

A l'exemI?le de -la Nigeria voislnc, vuila quc le Camc­roun s'attache a detruire cctto legcnde . d'une ineluc­table pauvrete energetique de I' Afrique Centrale. A de­faut d'utilisation des ressources de la navigation ilu­viale, le Cameroun se dispose a mettre en reuvre les ressources de l'energie hydro-eleotriques. Quelques se­maines apres sa constitution, la Societe d'Energie Elec­lrique du Cameroun elevait un premier barrage sur le cours inferieur de la Sanaga, a Edea; demain elle y en­treprendra la construction de l'usine dont les turbines, repandront, dans trois ans, la force et la lumiere dans Jc pays. La puissance installee en premiere etapc, 30.000 kilowatts, permettra de distribuer l'electricite domestique aux villes de Douala et d'Edea, l'energie motrice aux secteurs industriels du Sud du Cameroun. La realisation d'une seconde etape, avec une puissancc de 80.000 kilowatts verra }'extension de la distributton a d'autres regions du territoire, !'electrification du reseau ferre et peut-etre la vente de l'electricite a lon­gue distance.

Accroissemeqt du rendement

Riche en produits, le Cameroun est encore fort pau -, . vi:.e en hommes, moins de 3 millions pour un territoire de 425.000 km2, a peine 7 au km2; les besoins courants · de main-d'reuvre sont constamment superieurs aux dis­ponibilites et cette rarete meme entraine, avec la surenchere des employeurs, .une grande instabilite de l'emploi et une baisse incontestable du rendemcnt. Les travaux du plan d'equipement, qui reclameront, avant dix-huit mois, 14.000 travailleurs nouveaux, ne feront qu'ag~aver cette situation.

Fallait-il se resigner, de ce fail, a cc paradoxe singu­lier d'un patrimoine de richesses latentes et incrtcs, sans bras pour les exploiter, alors que le& obligations de la misc en ;valeur convient a mobiliser progressive­ment toutes les ressources du territoire.

L'effort de mecanisation, entrepris des la fin des hostilites, allait permettre, par une extension progres­sive _ a toutes les branches de la production, de suppleer la penurie de main-d'reuvre.

· Sur les chantiers forestiers, la seic de long fait place a la scie mecanique; dans les carrieres et sur le car­reau des mines, la pelle mecanique remplace les . terras­siers; dans les plantations de cafe, une charrue a dis­ques effectue a elle seule le travail de cinquante tache­rons; sur les quais de Douala, sur les routes, les Bull Dozers, les Staddle Trucks et lcs Hysters liberent cha­que jour de nouveaux manreuvres.

Secondant !'action de la machine dans !'ameliora­tion du marche du travail, la valorisation du rende- · meot de chacun pent egalement compenser l'insuffi­sance nurncriquc. C'est a quoi s'attachent les pouvoirs

NOTES ET ETUDES bocUMENTAIRES 21

publics, sur le plan technique par la formation profes­sionnellc acceleree en voie de realfaation ct par l'ap­prentissage qui re!,oit son statut; sur le plan indivi­Juel par l'application du Code du Travail, a:ctuelle­ment mis au point dans la metropole, surtout par la valorisation des conditio'ns de vie ct de travail dans !'application plus severe des regles d'hygienc, l'ame­lioration de l'alimentalion, -de l'habitat et du vetement, la creation de cantincs et d'economats; !'extension de l'assistance medicalc et socialc.

Mais cette ·valorisation se con!,oit difficilement sans un solide cncadremcnt technique ct l'Europeen pent beaucoup a cet effet dans la mesure ou il se comportera non point · 1en maitre, mais .en guide bienveillant ct affectueux. A la liberte d'investissemen.t, et se confon­dant bien souvent avec el~e, le Cameroun ajoute la liberte de peuplement conforme a son statut interna ­tional.

Deja tles ouvriers italiens s'emploient aux travaux du b11rrage d'Edea, des elements militaires collahorent a l'organisation economique sur les chantiers rontiers et des vreux ont ete formules tendant a !'implantation de quelques communaute~ europeennes, sur le plateau de l ' Adamaoua. I

L'homme blanc apporte les bienfaits de sa methode; il encadre, il equipe, se dcvant de communiquer a l'Afrique la force de, son excmple. De plus en plus inde- · 1'Jendant du milieu avcc lcs progres rapides de la cli­matisation, ct beneffciant en de nombreux points du Cameroun de conditions climatiques favorables, il fait souche et sc dcveloppe a:iscment. Les chiffres sont elo­qucnts qui portent l'effectif de la population curo­peenne de 3.200 en 1938 ~\ pres de 3.900 en 1940 pour . depasser aujourd'hui 6.500.

d) Affermissement du marche interieur

Dans cette mobilisation generale des forces du Carnc ­roun, aucun devoir ne parait plus irnperieux que de sauvegarder un . equilibre raisonnable entre cultures d'exportation et cultures vivrieres. Il convient de de­fendre le marche interieur contrc l'attrait puissant de prix exterieurs accidentellement gonfles; Grace a son equilibre naturel, le Cameroun cchappe a la sujetion de l'exportation •. Sans doute est-il necessaire qn'il s'assure lcs sorties qui paieront en retour !'importation d'un puissant outillage ou de produits manufactures qu'il ne pent produire ; il est hcurenx quc 100'.000 hectares plantes en cacaoyers, 20.000 hectares de cafeiers, 8.500 hectares d'hevea, 140.000 hectares au total, soicut des-tines a satisfaire les marohes exterieur;,. .

Mais le Cameroun cntend garder pour sa proprc con ­sommation un pourcentage appreciable de matieres premieres, surtont alimentaires . Avant mcmc de stimu­ler !'exportation, il convient de multiplier les moycns cssentiels de subsistancc et il n'est pas excessif d'am­bitionner pour le tcrritoire qu'il devienne a lui-meme son meilleur client. Un grand marche interieur l'aff ,ranchira des crises d'exportation tout en elargis­sant quantitativement et qualitativcment la ration ali-mentaire des Africains. ·

Des maintenant la diininution temporaire des expor­tations d'huile de palme et d'arachide souligne un accroissement de Ia consommation locale tandis que Ia moitie de la production bananiere alimente le pays. De meme le developpement des usages familiaux res­treint la eommercialisation du ma'is, des haricots. La culture du riz s'etend. Les champs de pommes de terrc se creent autour des villes.

Deja plus d'un million d'hectares est consacre aux cultures vivrieres, dont 600.000 au mil, 98.000 a l'arac chide, 90.000 au ma'is, 50.000 au macabo, 32.000 au

manioc, 25.000 aux haricols, autant a· la banane plan­tain; on cvaluait i1 1.500.000 tonnes la production agri­cole vivriere en 1!!48. La creation d'une vaste zone de culture dans Ia region dn Mungo, notamment autour de Yabassi, le devcloppement des jardins maraichers au­tour de Dschang, la delimitation d'un perimetre vivrier autour des grands centres et l'encouragcme1~t aux jar­dins familiaux favoriseront encore une production accrue.

C'est dans le meme esprit que sont tenleeii lcs nuu­vel~s methodes de ·protection · du belail ct d'exploita­tion du cheptel qui permettront d'acheminer les pro­duits de l'elevage sur les centres urbains dont le ravi­taillement rcste precaire. Si !'eradication de la peste bovine permet au betail de parcourir desormais 800 km. pour arriver sur le marche en bon etat, il ' faut encore ameliorer le transport de la viande fraiche et

· se rallier a une fonnule, containers routiers on trans­port aerien, pour assurer l'approvisionnement regu ­lier des marches du Sud. La encore il faut de puis­santes initiatives pour debloquer dans le Nord ce capi­tal de 1.300.000 bovins, richesse encore partiellement inemployee et qui appelle des centres d'abattage, des usines de conserves, des tanneries et l'amenagement ~pproprie d'nne chaine de froi9- jusqu'aux lieux de dis­tribution.

Car c'est travailler cgalement a elargir Jes chan ces d'autoc'onsommation du Cameronn que de l'engager vigoureusement dans les voies de l'industrialisalion. Deja apparaissent sur la scene locale des fermes-pilotes, des huileries de palmistes et d'arachides pour accroitrc la productio_n de corps gras, des fabriques de savon, des brasseries, des conservcrics, des confitureries ou choco­lateries, des briqueteries, rles fours a chaux et des tan­neries; deja le territoire, grace a la station de Dschan g, couvre ses besoins en quinine et la station de tabac do Batschenga assure !'ensemble des besoins de l'Union Franc;aise pour les tabacs de cape de couleur clairc. La remarquablc usinc de Dizangue, au rythme de 50 tonnes de latex par jour, produit 1.500 tonnes de 'feuilles, 750 tonnes de crepe et 150 tonnes de latex sta­bilise par an; poursuivant son equipement, elle envi­sage la fabrication de chaussures entierement en caout ­chouc parallclement a la production de crepe a semelles. Grace a !'exploitation des especes forestieres communes, le Cameroun compte deja 19 scieries concentrees autour de Douala et Yaounde; 4 1nouvelles entreprises, donl 2 fort importantes, sont en cours d'installation et de nombreuses scieries mecaniques se dispersent dans la foret; le marche intericur qui n'absorbait en 194 7 quc 11.000 tonnes de bois, en consommait deja 24.000 en 1948. Lorsque, dans quclques i110is, les nouvelles scierics entreront en activitc, la production s'elcvera a 100.000 metres cubes dont la moitie pourra etre utilisee sur place.

Aux scicrics s'ajoulcron t des usines textiles, des fa­hriques de mcu.hles, 'voirc unc cimenterie a l'image de celle de Rufisque en A.O.F., ct bientot des usines de transformation de dechcts de cacao ou de banancs ct des conscrverics de viande.

Le developpeinent indnstricl du Cameroun s'etend ainsi peu a pen. II s'epanouira avec la naissance des sources d'energie, Point n'est besoin de demontrer !'importance de !'industrialisation dans l'elevation du standard de vie populairc. Aussi les services publics ont-ils consacre lcurs efforts a encourager l'installation de ces entreprises de transformation. A cet effet, les droits des prets sur nantissements et sur l'hypotheque ont ete abaisses de 5 % en 1947 et ceux afferents aux actes comportant augmentation de capital ou aux actes portant fusion de societes ramenes de 6 a 1 %. Pour les effets de commerce domicilies au terri_toire, un droi~

22 NOTES ET ETUDES D0CUMENTAIRES

I

fixe de 2 francs, a ete substitue au droit proportionnel. En outre, des allegements de droits de douane affecten t le materiel et les materiaux destines a l'equipement du territoire.

Mais le Cameroun, pays neuf, est loin de pouvoir s'affranchir du secours des importations. -Dans les bud­gets familiaux, deux tiers des depenses sont encore affectes a l'achat de marchandises etrangeres au Terri­toire ct le role du comme r ce extcrieur est tel que son volume reste superieur au volume des instruments de . p_aiement. ·

Au stadc de developpement economique ,qu'il traver­se, la part des importations, au commerce special, enre­gistre un accroissement constant. Contre 60.000 tonnes de marchandises importees en 1930, le Cameroun re~ut en 1947, 86.000 tonnes et 148.000 en 1948, soit 245 % du tonnage d'avant guerre. Sur ce tonnage, il est vrai, la plus grande part concerne du materiel d'equipement: ciment, 27.700 tonnes contre 12.000 avant guerre, metaux ferreux, 15.000 tonnes contre 2.500 en 1939, machines, pres de 6'.00Q tonnes contre moins de 500 tonnes avant la guerre. Si unc part importante de ces importations e.st couverte par les investissements venant de l'exte­ricur, ii reste que les achats de cotonnades, ceux de carburan ts qui passent de 7 .000 ton n es ava n t gucrrc a 22.000 tonnes - en 1948 et une partie des achats de ma­teriaui de con~truction ont une profonde incidence sur le mai.·chc interieur.

Tout desequilibrc • des prix risquc done d'entrainer de grav es reper cussions pour Ia sta.bilite economique du Territoirc ct ce fut le cas lors de la devaluation monetaire intervenuc en janvier 1948.

IL fallut p allier les consequenc es de !'operation par une caisse de compensation, instituee en avril 1948, et alimentee en recettes par des taxes a !'exportation sur tous les produits du cru a !'exception des cafes; elle devait limiter la hausse des produits essentiels d'importation. Tou tcs les denrees susceptibles d'avoir une incidence sur le marche interieur, tant materiaux quc marchandises de consommation, furent ainsi pro­tegees .

Nous ne saurions mieux faire, pour synthetiser cet effort d'affermissement et d'organisation · du marche intericur camerounais, quc de citcr ces pages d'un des dcrnicrs di scours prononce ·s devant l' Assemblee locale par le Chef du Tcrritoire :

Beaucoup plus quc leur remuneration, c'est le pouvoir d'achat de ces salaries qu 'il importe de ,sauvegarder. Or, ce pouvoir d'achat nc se · maintiendra que si Douala exerce sa fonction urbaine d'entrcpot d'approvisionnement des comploirs et boutiques du bled et rei;oit en contre-partie un apport regulier cte vivres en provenance du grenier du Mungo, zone nourriciere immediate. ·

Nous n'avons cesse de faciliter ce circuit regulier entre vivres ct marchandiscs qui menai;ait de se rompre avec la devaluation de janvier 1948. Malgre les plus vives resistan­ces, nous avons aiors instltue une cafsse de compensation alimentec par lcs plus-values sur les exportations ct destinee a fournir a la population les produits d'importation de base aux cours antcricm :s a la devaluation. Elle permettra encore en 1949 de comprimer le cotlt des carburants et financera le surplus de charges cntraine par la mise en circulation de camions de rama ss age de produits vivriers dont le fret re­presente des frais plus eleves que le transport par fer.

Plus lard, lors du rclevement des baremes ferroviaires, nou s avons refu se les propositions de la Regie et cxige des tarifs particulierement bas, notamment pour les denrees alimentaires · de consommalion courantc. Enfin, vos recen­tes decisions fiscales comportent ,une reduction importante de l 'impot sur les traitem ents et instituent un taux d'impot p ersonnel plus faible que sur les autres territoires.

Pour venir en aide, soil aux regions deficitaires, soil aux categories desheritees, notre arrete du 9 juillet 1947, d'une application souvent delicate, n'a pas hesite a prevoir des transferts administratfs d'office . Nous venons de de cider

d'elever de :rn a 25 % le pourcentage de colonnades dont l'arrete de juillet autorisait le blocage et ce contingent sup­plementaire de 5 % qui representera un metrage individuel assez important , sera reserve aux besoins des salaries ct pe­tits employes de !'agglomeration de Douala.

Enfin, nous entendons reviser les marges beneficJaires, li­miter le delai de fermeture des boutiques pour , inventaire, ameliorer la publicite des cours et refondre notre systeme de police economique afin de pourchasser les ventes condi-tionnelles et la retention des mari:handises. ·

Mais le probleme interesse trop directement la securite du territoire pour que nous ne fassions appel aux grandes mai­sons en leur demandant d'exercer un droit de suite attentif sur les operations de gros et . de detail jusqu'au moment oil les marchandises parviennent au consommateur. Controle d'autant plus imperieux que la commercialisation des colon­nades, apres avoir atteint 2.000 tonnes en 1947, n'a pas depasse 1.200 tonnes en 1948.

Par .ailleurs, nous savons gre a ces maisons importatrices, comme au syndical des planteurs de bananes, comme aussi aux organisations syndicales ou:vrieres, de nous avoir exprime leur souci commun de collaborer au ravilaillement du territoire.

Polk notre part, !'administration vient d'affecter 150.000 dollars a des commandes de tracteurs et d'engins destiµes a mettre en valeur des zones vivrieres. Nous appuyons egale­ment les efforts de la municipalite de Douala pour instaurer des collectivites d'achats et generaliser les boutiques-temoins et les restaurants populaires.

Est-il necessaire de dire comhien nous escomptons ici la collaboration des cooperatives dont l'action .su r les prix s'est parfois revelee tres operante: soil qu'elles englobent !'ensem­ble des travailleurs autochtones de Yaounde ou de Douala, soil qu'elles s~ limitent a certaines categor~es sociales, comme les chcmins de fer ou les fonctionnaires de !'admi-nistration generale. •

Le territoire a suffisamment prouve sa confiance dans la fecov.dite · au Cameroun du principe cooperatif, puisq u 'en moins I de deux ans, 40 organisations de eel ordre surgirent, qui ont beneficie dans ce court espace de temps de 87 mil­lions de francs d'avances, non compris des avantages d'at­tribution de vehicules et de blocage de denrees.

Mais qui \lit ouverture de credit dit controle et la loi d·u 10 septembre 1947 nous en fail une , obligation. Pour exer­cer effectivement ce controle, et plus encore pour renforcer !'action souvent precaire de tentatives individuelles incer­tairies, nous avons constitue en novembre 1948 !'Union cen­trale des Cooperatives du Cameroun appelee quelque jo'ur a se lier avec l'Union Centrale Metropolitaine de:, Coopera­tives d'Outre-Mer en cours de formation.

Nous aurions aime consentir a cette Union un pret de misc en route pour lui permett 're des importations de mar­chandises. Notre initiative ne semble malheureusement pas avoir ete alors comprise, mais grace a !'institution du Cre­dit Camerounais, soumis le 7 fevrier dernier, a !'approbation du F.I.D.E.S., nous comptons amorcer des opera ti ons de fi­nancement qui, par dela les cooperativ<:s, pourront s'etendre aux petites entreprises et comprendre des prets destines a financer la construction immobiliere. . Notre preoccupation tend de la sorte a multiplier des orga­

nismes qui, tout en adoptant la technique europeenne, gar­deront un visage africain. Ce n'est pas detruire neanmoins les formes locales de vie et de pensee, c'est solida ri ser au contraire notre action avec celle de nos amis autochtones, que de preparer pour l'avenir des liaisons etroites d'iii°terets cntre producteurs locaux et consommateur .s. Contrairement a certaines opinions, nous pensons que rien n'est plus urgent quc d'appeler des representants . autochtones aux profits et au controle de grandes cntreprises. Des maintenant, nous les convions a faire leur experience d'administrateurs d'Etat au sein des societes d'economie mixte appelees a exploiter lcs richesses camerounaises foresticrcs ou d'energie electrique.

Nous prt\conisons meme pour demain la generalisation d,c vastes communautes d'affaires qui, debordant peut-etre le compartimentage de nos frontieres locales, garantiront, selon des formules variables de representation des interets publics et prives, d'une part aux producteurs d'Afri que Cent rale la regularite de leurs fournitures, d'autre part aux consomma­teurs des pays plus evolues economiquement la securite de leurs approvisionnements, et je pense ici d'abord aux trans-l)Orts sur la Benoue et a l'eS(Uil)ement d'Edea. ( -

N,O'l'ES ET 1hu0Es oocUMENTAIREs :n

C'est peut-etre la anticiper et presager l'av enir, mais n'y avait-il pas anticipation deja a mediter voici peu d'annees encore, cette constitution d'economies regio­nales complementaires, ces courants d'echanges a longue distance qui s'organisent aujourd'hui et qui demain assureront la cohesion et l'independance de tant de pays divers.

Au tra vers de toutes ces initiatives, le Cameroun prend conscience d'une personnalite economique dis-· 1·11cte, qui s'est affirmee avec un eclat particulier le 31 janvier 1948 a !'occasion d'une Poire-Exposition a Yaounde.

e) La personnalite soclale

Deja on peut constater une amelioration inconleslablc des habitudes vestimentaires africaines qui tendent a generaliser l'emploi • du vetement de forme europeenne, confortable, propre et adapte aux conditions du climat. Le probleme de !'habit at demeurc sans doute aigu, puis­qu'un denombrement effectue en 1948, dans la region du Wouri, n'accusait encore qne ' 800 batiments en dur contre 14.500 cases en materiaux legers. Les facilites plus grandes d'appprovisionnement en ciment, l'exe­cution de plans cadastraux, la realisation de grande& arteres et de , parcs dans les villes, la conslruclion de villages ' modeles et de cases types doivent pcrmcttre de redresser une situation trcs generale sur la cote d' Afrique. Un credit de pres de GOO millions a ete prevu a cct cffet au plan d'equipement ct le credit camerounais, institue par un decret du 25 mai 1949, est destine notamment a financer un large programme de constructions immobilieres.

Il importe aussi de constaler quc le Cameroun .ais s'alimente mieux; il elargit sa ration de ma:is, macabos, patates, se reserve une part croissanlc de denrees riches comme l'huile de palme au point de restreindre peu a peu le surplus d'exportation. Mais il ne suffit pas de diversifier le menu, encore faut-il le controler .ct enrichir sa valeur calorifique. Il faut ameliorer une ration alimentaire riche en graisses ct feculenfs, mais insuffisante en elements protecteurs, en viande et pro­duits \azotes. C'est dans ce but qu'une Commission d'Hygiene Alimentaire, depuis decembre 194 7, s'attache a la diffusion du riz, du soja, des cultures fruitieres cl du petit elevage domestique. Elle a preconise egalement la creation d'une industrie de la peche et un chalutier de ha,ute-mer procede des a present, au large de l'es­luaire du Wouri, aux premiers essais de peche indus­trielle. L'organisation de la distribution de la viande fournie par le cheptel du Nord assurera cnfin a l'ali­mentation indigene !'appoint indispensable en elements azotes.

Une revue a ete fondee sous le titre : Hygiene el Alimentation, qui, depuis pres de 18 mois, dispense, par un tirage en constante augmentation, des conseils aux foyers et specialement aux menageres africaines. Ce souci d'une meilleure alimentation des populations autochtones s'affirmera encore en octobre prochain, au cours d'une Conference de la Nutrition dont le Centre Climatique de Dschan g, dans les montagnes bamilekes, sera le siege et qui reunira des representants de tons Jes territoires africains.

A cette reuvre educative, qui nc peut etre que pro­gressive, se joint !'action d'un corps medical generet.i.x; 38 · medecins appartenant a !'administration, 18 prali­ciens prives, 53 .medecins africains, pres de 800 infir­miers unissent leur devouement dans la lutte contre les maladies. Les epidemies n'occasionnent que peu de ravages, le nombre des varioles est inferieur a 500 par an et la meningite cerebro-spinale regresse; en revanehe,

les foyers de paludisme demeurcnt etendus et la mouche tse-tse exerce encore son action en quelqucs rares regions.

A l'reuvre de ce corps de sante, trop pcu nombreux encore, il faut associer les missions religieuses qui comp 'te·nt 13 medecins missionnaires et dispensent leurs soins dans 38 formations sanitaires. Au total, le terri · toire est convert par 265 formations, dont 29 hopitaux permettant !'hospitalisation de 40.000 malades chaquc annee et un effectif de plus de 1.200.000 consultants en 1948.

De plus en plus, l'aclion medicalc s'oricnte vcrs !'as­sistance rurale, au cours des tournecs des equipcs d'hy­giene mobiles. L'acti vitc sanitaire rcsterait vaine, en effet, faute de mesures preventives telles que la genera­lisation de forages pour l'alimcntation en eau, le ramas­sage des detritus, l'elagage des arbrcs et l'assainissemcnt des regions les plus insalubrcs par suite d'une ex-ccp­tionnelle hygromefric. C'cst le role de ce service d'Hygiene Mobile ct de Prophylaxie qui se complclc d'une intense propagande en faveur de !'hygiene par la distribution notammcnt de notices traduites en langues indigencs, de tracts ct d'affiches, bientot par la projection de films realises sur place.

Cctte activite scrait egalemcnt illusoire si !'ameliora­tion physiologiquc de l'individu n'etait entreprise a la base par !'encouragement a la maternite, le develop­pement de la puericulture, la multiplication des consul­tations prenatales et postnatales. En 1948, lcs consulta­tions prenatales ont atteint le chiffrc de 65.000, tandis que les consultations d'enfants de O a 2 ans s'elevaienl a 175.000 et ccllcs des cnfants de 2 a 5 ans a 280.000.

S'inscrivant dans eel effort des concours sont offi­ciellemen t institues potir recompenser les plus beaux bebes, tel eelui qui se tint en juillet 1948, a Yaounde, ct obtint un vif succes, les competitions sportives se font plus nombreuses. Enfin, la creation d'une Inspec­tion des ecoles, d'une Inspection Medicale . du travail ct !'institution d'un corps de visiteuses a domicile sont en voie d'organisalion avec l'arrivee recente au Camc­roun des quatre premieres assistantes sociales et la creation d'une Direction sociale.

Un Comite du Bien-Elre Social, depuis octobre 1948, groupe et coordonne toutes ces tentatives jusque-la eparses et fragmentaires. Preside par le Haut-Commis­sairc et compose des pcrsonnalites administratives et civilcs interessecs aux problemes de !'assistance, il comprend egalcmcnt des representants de l'Enseigne­mcnt, car un role educatif de tous les instants s'ouvre pour l'ecole dans cettc ascension des conditions de vie camerounaises.

Le Camcroun a atleint hcureusemcnt un pourcenlage important de scolarisation, 120.000 elevcs pour 3 mil­lions d'habitants, ct son champ d'action culture!, de­bordant le Sud du Territoire, grace a un vaste pro­gramme scolaire qui doit comprendre 300.000 ecoliers, va s'etendre de plus en plus a ccs regions Nord quc l' Administration fran~aisc en tend incorporcr etroitc­ment dans la vie commune du pays. A eel cffet, lcs ecoles des missions sont conviees aux cotes des ecoles officielles et les subventions a l'enseignement prive on t ete portees a pres de ·15 millions en 1948 conlre moins d'un million en 1945.

La scolarisation de masse ne saurait etre toulefois une scolaris ·ation au rabais -; le probleme des cadres la domine. Deja fonctionne une ecole normale d'institu­teurs, trois autres, dont une pour les filles, doivent etrc construites sur les credits du plan, ainsi qile quatrc f:coles de maitrcs brevetes.

L'enscigncment du second dcgre formcra Jes cadres des professions liberales et de formation scientifique

NOTES ET ETtJDES DOCtJMENTAIRES ,

ou litt eraire exiges par un pays moderne. 11 comprendra un lycee classique et moderne mixte a Yaounde, qui se substituera a l'actuel college secondaire en elargissant ses objcctifs, quatre colleges modernes et un college de filles a Douala.

Si deja de nombreux boursiers frequentent les eta­blissements francais d'enseignement superieur et tech­nique, leur chdix sera soumis a l'avenir a une appre­ciation tres sericuse, ,fondee sur un concours en meme temps que sur les epreuves de selection qu'autorise des a present le centre psycho-technique dont a ete dote le Territoire. ·

Mais l'enseignement n'atteindra son objet veritable que s'il s'affranchit peu a peu de la pedagogic pour revetir un caractere largement utilitaire et doter le jeune Camerounais d'un solide metie,r. L'organisation de l'enseigncment technique repond au double objcctif de fournir des artisans et des ouvriers qualifies ainsi que des cadres de maitrisc et d'enseignemcnt. A cet effct, 7 centres de formation professionnellc ct 10 centres de formation accelerec sont en voie de realisation, com­pletes par !'Ecole N ationalc professionnellc technique ct bientot par trois colleges techniques preparant au brevet industricl.

Les tachcs scolaires sont trop mouvantes ct delicates , dans Ull pays aussi jeune ct riche de vitalite pour UC

pas neccssiter lcs avis et lcs suggestions de toutes les bonnes volontes et c'est pour concilier taut d'aspira­tions et d'initiatives divcrses qu'un Conscil Superieur de l•Enseigncment a ete cree, en fevrier 1948, pour preter son concours a !'elaboration des programmes et proposer des solutions aux problemes educatifs.

Car il ne s'agit pas taut d'instruire que d'eduquer, et !'education , depasse l'action. scolaire. C'est un eveil , de la conscience africaine qu'il convient de realiser; donner a cet esprit . noir si curieusement observateur, le sens des grands problemes. Le propos depasse l'ecole. 11 s'etend a la formation physique par . une familiarite plus grande avec les regles de !'hygiene individuelle, Tamenagcment de stades, l'encouragcmcnt aux mouve­ments sportifs que se propose une Federation des Sports recemment constituee. On doit viscr egalcment l'q.cces

a une large culture moderne par la construction de centres culturels et de maisons de jeunes, la diffusion de bibliotheques fixes et circulantes, du cinema educatif, des emissions radiophoniques, toutes . manifestations de !'education populaire qui frouvent aupres des Africains un succes croissant.

Ainsi le Cameroun s'est attache au cours de ces trente annees d'une histoire encore · courte, a degager les carac­teres essentiels d'une personnalite originale. Sous la tutelle francaise, il s'est rallie d'emblee aux concep• lions du monde moderne, sans fievre et comme conscient de sa vocation qu'il realise chaque jour d~vantage.

Son accession aux formes modernes de la vie poli­tique et economique etait conforme aux principes de la Charle de San Francisco et cbnsacrait a l'avance les principes poses dans !'accord · de tutelle du 13 de-cembre 1946. ·

Dans SOil Rapport a l'Assemblee Generale des Nations Unies sur l' Administration du Cameroun sous tutelle francaise au cours de l'annee 1947, le Conseil de Tutelle s'exprime ainsi :

Le Conseil felieite l'autorite chargee de !'administration pour les reformes recemment introduites, qui doivent contri­buer a la formation et au progres, dans le domaiue politi­que, des habitants du territoire, notamment !'introduction du droit de suffrage et la creation de l'Assemblee ·represen­tative.

Et plus loin encore :

Le Conseil se felicite des efforts que fait l'autorite chargee de !'administration pour ameliorer les conditions economi­qucs et sociales et exprime l'espoir que le plan decennal sera couronne de succes. '

Il serait audacieux, dans le tumulte camerounais, de presumer de l'avcnir, de presager le stade futur d'un territoire aussi accessible aux formules nouvelles. Il est certain pourtant que, dans la voie ou il s'est engage hardiment, toute hesitation comme tout retard dans la poursuite de l'effort ne sauraient que compromettre h:euvre entrcprise.

S.P.I - 2 bis, Impasse du Mont-Tonnerre, Paris.15" Prix de ce n • : 50 frs,

N

it

Ct ,. ...... ,.u... _t,oire · a·c;w•~••• ~•I.Ui.• ber\/1c.es. Pvblic.! CHA.PI · II~ ..

• ... Le Che! du Terri oiN

c. - public

C

A. - Oivieion

• - ni t~ t.ion tricaine

C Pif. xv. - Il\. Justic •

CHA ITR. • -

liiat riq

Juridictiona civUea

JUri.dic ona criminell e

Indig t,

a!r1ca1na aux cti 'fit pol tique •

ctivlt poll ique

ona i nee territori.&le

rv1ce publioa

,,

CAJl'IIIOttt St.1US AOiftf;I.SftAflO,S nABCA 'fft

OIIM. nOI ~I ~\ 'tlB

I . fl.[~dJ:!B •

.. t• . Teit!tt,iio lits' ta..ur!Ottn .• tsom1· a&aini4 :t&,t.ioo ·. tr&"l ,al,,_. e •ltcmd'

..- ~.otp i«·• !p~~,; ~ ) :•~at, ~JQ ~;. de ~it~. , 1~ l.'~~

t~; . touc !AUt, au l)lol"J,, ·1« tac !fe~: voi,d.tMmt: · · ~. aV'IM't ·•·. ,. I j

a. colofilo ~-'l•Jt10l~ du M:o r:t1cl.1: . "' t

tc'Jli.ale t:~. · et.. i l"~t ~ .1 -c~

brlwntque. t_e c~tore ~~t. du ~rrit4ire .eat qut.il ~tt :u.o-·-. wne

"'It. ;,~ "' .. .... . ; .. . •· •. · '' . ... . ..., ;,. ... }' . . ),· ·, '! ' • . ·..,,

de ·t~aitJ,on; . i ne ~~• n1 Ull;(tf c&.,~nld~ 'ii! t at...tu-~&. - . ~ . .. . ,. . . J .. - ·'· ' .·. . - . -

relJ.-,f•

l •~ t: ma:i~ta1a A sdd. Get\9-

pot'IJ.tion do ~ a e:mdl.t~ om pm:11U.1;1~lt.; d0 ~ • ~••

latJ.oa C • do tr-Jln~ · e;rnmftt!mtnl ffiln~&ccrmt €1111 a ft. a&

-~ ·~,ie ,cN _anecaubait~. _ .. 18.rg .us; , ' "' •t· . . , : ,, 'i( . •

1~ atr.uet.uro soeiale eot.: 1-ie '8U1" • -cl ,r:UiriJtu;_ t • '\ '

1· ,, •.\'.' , --~ .<'"/; ·. Y/} '. ~- _'Si•, . . . ••,. . .· .. . . . , . ~,\- - -~- _/ . __ . :'.: i: !i . ,

•chffa ""•t ·t.m att&lqee. nana 1a i~ii!I ·;,a et. du ·" ra. I• ·

Ii~ : Poutbtl~· ,( . ri,roaJ 6n* d~~t.a; ' lar.k!lta1 ~ - ' , ;

~ .. . ..

~~t -~ ~•\;e.p,~1•na f J.l-,. ~:;:r ~t~t"l~'½t. ., l ~ . r';,itC.D\ it "" .

llOUdanaiaea; ili cat' ~forte &1"t41'0hi• $0o.{:tle Q.

et ;.~.; :y, on ~~u,r.Y4 un~ t · fol"te 4\ltOritl. ' .

I ,.~ .. ,.

t•

.;'l~ -

cu nre1

~ll!'.;!!'I .l

~~~~1-~ticn

l.916.

CHAPl'l'RE I

STAT'l

L'&cte q_ui cont6ri u T rritoire d C 1T.Dnami••

G\.Wli,l,J~atrati 11 pport Wt autres T nitoil' a de l •Union tranqai •

tu•lle , oet l• D r t. u 23 1921 d t rmina.nt l .ttribut ons ·

C . r• • • la R ubllque. 1 rt.icle 4 atipul i "L• T rritoire du

C roun jouit • l • e &dminiotrt:i.ti U po akle

t nt l s recett de to tea natu.

eur le Torntoire . L• budget du c roun pourvoit tout

:u.r o.U de l •occu tion mill taire 1i.

etf'ectu e

lea d4penses,

L•article 5 d docret suro l•e llt.S c t!l'Oiale privue par

ea drolts pe us l•art.icl• 22 du trait6 du 28 juin 1919. 0 a rifi

l •ent.rie et la l con u ~,u.a.11 Con ( rique

B1uat.or1Ale f: rounn. Le d,Cm

conu.c

pl J.oln. cha.pitre t UYOU'

d C-.u.a..:t-~~-., · ui

t j

..

ee ui concerne

'rd.Ilg •• 7 C ri

25

fore a d po ee re ......... -... u q nt

~iq ; l brog

du20 1920) qui

l tore mUitair d Territoire .

its.ire du

1 1 ·rique

ion m.:Uitaire

t le o . d ,et

rdUrl, otl l

t.Srieurea { d

• • • I • • •

t,

- 2 -

,rn ee qu concern• la ~rsonnalitf cs vile au Torrito1re . ell a

t.4 cw a.u came par le. diaposi

du 30 d ro 19 • qui y a 1i, appliqu , lo

to ...

t

ivU

r pr& ! l

• ut

C

Il en

C

d.

qui

• no

to

conn--1 •t . lio1

mi 1

.out

• Oe foncti nna.i

Ge

ons de l•u-t1cle 57 d Nt

es, dkre

C tt om litf

t.utres

m

/

au rito r•~

ot ' .

du ut.

enf'in

,_,-

21 1948,

la

r l• ~t et n

on rran a.iue, sont trd. t l

••• I • • • /

t

ml

repr

8Ul

A.

- ' -

\. l•orp.nisatio~ d iementairoe

n,l

r 11:faen :Uve

. arotU'.i, t au C itre nI l •or: ro.ni tion et l on tionn .t

ion ct. C roun f"!at, n •a u, tJ 1. 3

• C~ t;~

co • to·tefcis ,

• tres to t, ' 1 1Hnion

dlUUI . ., t., la.

ontation

"les • l" la soi ireet. a i; indi t •

direot.

)

ulo.1 lieu

.. "'Oviaoire

titut1o .

lectoNl

un C in nc hr de T rri oi

• • un, don\ ea oo tl<ms de l• lecto

l'... 1que nt d '"to ., • ri Orm! net' du 22 out 1945, nt 1.nscrita

eur deo list.'1a "l ctorr1l di.otinct d · nc,

Lr: .qai • aan

r>t>l'in,'\it'T. le Uj ta et

do 21. ana et tra.nt.

bM• d ce syut , qu• .ent ilea l 61 · onu A lA ~

i qu.e l flectione

&. la ond• Aseembln Constituant • lo 2 ju1n 1946.. Cea deux consult ti

••• I •••

le

ct·

"\' ibre . •

sut e;e ex .. eo

In· l."its

:WC p

4 VO

du

b)

ta co,~

~i $

la loi s

tat iv 10.ta:

tlorus, 1

'"" . ·e 1 1 s

itu ,.,

Oll

lu

1

1 , :31

l,~5 0,216

2. 6 16,146

1,0.38 9,98

1. 9, 45

r. oui.e AuJ t ( i.H • • , fa, elu .

1 Do 1 { I .) t ~l par 5,274 .n .•

or ,lf'..1 ' le 13 "'tob 19 • par

tt C t,.,

o. l , do le :, t

l '46, 40

.. ille du avr.U 948. ett

voi trole d~ ut A

2" coll e .

·u 5 tobr 19 Ji, .~ort. ta

cl 21, .lf

l .

rentrant < s l •un el.co dea t., l"1

aui • • e I • •• .

- s -

ionaux •t l"Usortiesanta t

1. o ble 4 lu a dont lo eta ut est d fini pour cbaq.ue t rritoire

2. Mehr a et

ta.ires;

iene bl • 08 localea {COlWeila

de Gouvem t , ConeeU. d •adminiatrat1on , nud.cipalit.n, Chaibrea de

) . ti res et ancient UJ.ant do deux ann4u de p

du aaeociat1orut coo~ tivea ou eyndicalee,

d Conaeile d• wdnist.m~ion de 16tf indigln a de

4. M Na de l •OldN national d la on d • nneur , C pa. orus

de la U.b,ra.tion, titul.airu de la ille litoJ.re , de la M4daill

eolonlale, du 4rit• agrieole, du Merit• rlt. a , d•un ordre colonial

.tranc;a.11 et de diatinctions honori(iq loc e dont la liete at fixate

PolU' le terrl.toire r e.rret6 du Oo asair d la publiq

l• Mini tre de l 'ranee d •OUtre- •.er"J

5. Fonctionnaires titulair OU aux1lJJd , tows C

ou o.nt occup4 du t au ina dewc ans un

t pprouv •

qui occupent

t. comtercial , 1ndufJ rifAl, arti anal . agr.leol plac4 o-us le

ri legal, o pose tun camet d• tra.w.11 ngullera

6. id ts et aas.un, t1tulairea ou auppl.fants du jurldicticma

1nd:l.g'-nu, anciena prf ident.a ou uaeaseun titul.Air i, ou euppl ta,

n •ayant paa e r voqu4e ou d :, ur un t.if entwdna.nt inc pacitf

,1ecto le;

cult J

ancie mU1 ire d • ?'DIMS e terN • • •r et

Ire port.ion o la deu.x1

port.in du co tingent;

9. co rqants. ind trlel , plant urs , art184NI et. en a 1'ral,

titul d•un• patenteJ

10. Chet, OU rap

de VlllageaJ

tf 1.ndig 1eo tit cheta

• • • I • • •

- 6 -

u. eubl

elon le code cittl;

12. Titw.air d•un

in•• joule t de l

tu d4

Z.. loi o. 462151

o ratio 41 to

de ei

gaie

D • a ri

• e to

q I

C

tea '1ectlo

ca

e

loia

liou le 10 no

rfaulta ui ta:

,:l.eoteun 1rurrlt

t, '1.ue:

!ta.ire J

voir U cm

ro

0 ii

e 11

ue c1rcon.s

tu t l

re 1946.

1

,61

1,289

1,201

tit ti er ou ct•

r

u 27 ut l 47,

~ale o na be.

d 2

u a, inecrlt ts sur

&U

tit U "lo.d>N

ell i l.dique qu

:ption.

4t.aile dea op&rati

J.gueur.

CQ .._ ge cr1pt1o

l SUd - -15,620 22,682

9,886 ll,261

9,586 u .os

I uj ulat ( .R.P.) 615 YOixJ Ult er Ciro cription Nord, H. Julu Nini • ..... I. • r 2,68;3 vou.

Clrconacri on S • ! • ac----ll Douala., .R. • , ar 7,659 w ,

r . A.ujo t j ignit le upe du Ind4PCn:aanta d•Otltre-Mer.

• • • I •• •

- 7 -

} COM 1 do la ft.ui..-.""" •• te c~-..,.

OG-.ibl4ee loc · u. J,,e Cameroun .,

41.ua le 1D ·.tm.v l':147 i-r l •Aa .•

r 12

22 wt. 17

prot to

~ la o du 27 octob

d • ro . r, de "'ettitoirea •t.

Ce ont

au. , t n• (Coo "'rotion a natae) ~. J su .

.Ren11"Cl11t.mt.i.ti:v •

16 lS

ix du ;?IN col

• ,eule -wot• lea lo1aJ

514 :Pl'4a tant. •

tre-?·•r• et. de

.....,..,,..,_ ASSOC! •

r.lU :lcent.

24

de tpa,rt ta

di rtet.nta, ferrito

19 , •ll jou l 1'01

120 N ~ent.ante es d .rt .ta

880Ci •

ux

rem:-6acitntat1 v..

•> rt. fl ul {Unit


Recommended