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Cycles du carbone et de l'azote et émissions de gaz à effet de ...

Date post: 18-Jan-2023
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THÈSE THÈSE En vue de l’obtention du DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE Délivré par : l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier (UT3 Paul Sabatier) Présentée et soutenue le 01/12/2015 par : Cycles du carbone et de l’azote et émissions de gaz à effet de serre (CH 4 , CO 2 et N 2 O) du lac de barrage de Petit Saut et du fleuve Sinnamary en aval du barrage (Guyane Française) JURY David LABAT GET, Toulouse Président du Jury Alberto V. BORGES ULG, Liège Rapporteur Sylvain HUON UPMC, Paris Rapporteur Yves PRAIRIE UQAM, Montréal Rapporteur Stéphane DESCLOUX EDF-CIH, Le Bourget du lac Invité Vincent CHANUDET EDF-CIH, Le Bourget du lac Invité Dominique SERÇA Lab. d’Aérologie, Toulouse Directeur de thèse Frédéric GUÉRIN IRD-GET, Toulouse Co-directeur de thèse École doctorale et spécialité : SDU2E : Océan, Atmosphère et Surfaces Continentales Unité de Recherche : Laboratoire d’Aérologie (UMR 5560) Directeur(s) de Thèse : Dominique SERÇA et Frédéric GUÉRIN Rapporteurs : Alberto V. BORGES , Sylvain HUON et Yves PRAIRIE
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THÈSETHÈSEEn vue de l’obtention du

DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE

Délivré par : l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier (UT3 Paul Sabatier)

Présentée et soutenue le 01/12/2015 par :Émilie CAILLEAUD

Cycles du carbone et de l’azote et émissions de gaz à effet de serre(CH4, CO2 et N2O) du lac de barrage de Petit Saut et du fleuve

Sinnamary en aval du barrage (Guyane Française)

JURYDavid LABAT GET, Toulouse Président du JuryAlberto V. BORGES ULG, Liège RapporteurSylvain HUON UPMC, Paris RapporteurYves PRAIRIE UQAM, Montréal RapporteurStéphane DESCLOUX EDF-CIH, Le Bourget du lac InvitéVincent CHANUDET EDF-CIH, Le Bourget du lac InvitéDominique SERÇA Lab. d’Aérologie, Toulouse Directeur de thèseFrédéric GUÉRIN IRD-GET, Toulouse Co-directeur de thèse

École doctorale et spécialité :SDU2E : Océan, Atmosphère et Surfaces Continentales

Unité de Recherche :Laboratoire d’Aérologie (UMR 5560)

Directeur(s) de Thèse :Dominique SERÇA et Frédéric GUÉRIN

Rapporteurs :Alberto V. BORGES , Sylvain HUON et Yves PRAIRIE

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Remerciements

Je remercie bien sûr l’ensemble des membres du jury d’avoir pris le temps de venir m’écouter défendretant bien que mal mon travail et je les remercie aussi et surtout pour la discussion qui a suivi. Le nombreet la diversité des personnes présentes dans le jury a rendu cette discussion vraiment très intéressante.Je profite de ce paragraphe pour remercier EDF d’avoir participé à ma soutenance de thèse et d’avoirfinancé ce projet de recherche.

Ma thèse c’était déjà 12 mois de terrain. Je vous remercie bien sûr tous à Hydreco, permanents,doctorants, stagiaires et équipes de recherche de passage, pour avoir rendu ces missions terrain possibleset surtout plus humaines. Merci aux divers piroguiers qui m’ont emmené sur le lac et le fleuve, surtout lesjours où il faisait vraiment mauvais. Il fallait juste faire attention à ce que Christophe tu ne t’endormespas au milieu de la pirogue sinon elle penchait et ce n’était pas très pratique avec les flacons... et puisen plus tu ronfles donc c’est pas pratique pour entendre les aras ! Je te remercie aussi Christian d’avoiraccepté de participer à quelques missions. Heureusement que tu étais là pour m’aider à faire les aller-retours avec les batteries et les glacières bien trop lourdes pour moi toute seule ! Merci aussi à toi pourles soirées au carbet pendant la dernière mission. Je n’ai toujours pas trouvé le nom de l’oiseau rigoloqu’on a pu observer !

Merci à toutes celles et ceux qui m’ont dépanné en restant dormir à Petit Saut pour que je puisseterminer mes filtrations Pauline, Sophie, Manon, Jean Denis, Quentin, Alyzée, Manon, Olivier, Stan,Camille, Margaux, Émilie et j’en oublie. Je remercie aussi les stagiaires qui ont participé à ce projetAngie, Yoan et Frank, merci pour votre aide, votre bonne humeur et tous les gâteaux qu’on a pu mangerensemble. Merci à Céline, Pauline, Sophie, Manon, Antonin, Tim, Jean Denis, Quentin, Alyzée, Manon,Olivier, Stan, Camille, Margaux, Pablo, François, Ruben, Jérôme, Julie, Lucie, Frank et tous les autrespour les week-ends « découverte de la Guyane ». Grâce à vous tous je connais mieux ce départementque mon propre département de naissance où j’ai pourtant passé 18 ans de ma vie. Gina merci pour tonaccueil, je garde un très bon souvenir de notre colocation dans le quartier de Savane. J’espère que lafréquence des cambriolages a diminué depuis mon départ... !

Pendant ma thèse j’ai aussi passé beaucoup de temps dans les labos et ce temps n’aurait pas étéaussi agréable si je n’avais pas eu l’occasion de rencontrer toutes ces personnes qui ont pris le tempsde me former et de répondre à mes nombreuses questions. Je remercie donc au GET Cyril, Carole,Stéphanie, Priscia, Stéphane et toute l’équipe ICPMS du GET (massiquement vôtre), à Louvain Stevenet ses doctorants, au Laboratoire d’Aérologie Éric, à l’IRD à Cayenne Max et à Hydreco Cécile pourleurs conseils et leur aide précieuse pour les nombreuses analyses. Carole merci pour ta patience pourles analyses avec la « matrice dégueu », Cyril un grand merci pour la formation en salle blanche ! Etpuis surtout merci de m’avoir écouté, patiemment. Merci Stéphane pour tes réponses claires et toujourstrès rapides ! Éric je suis vraiment désolée que tu ais à nouveau dû passer des échantillons provenantd’incubations de sédiments ! ! Et je ne parle même pas des échantillons des incubations d’arbres... ! Aïeaïe aïe, désolée pour ta colonne et merci ! Max encore désolée d’avoir remplie tes congélateurs... et mercid’avoir pris le temps d’installer ton nouveau matos pour qu’on puisse y passer tous mes échantillons.Cécile... La maman d’Hydreco ! Oui promis à l’avenir je ne retournerai pas sur le lac si j’ai la grippe.En tout cas merci pour les rappels basiques de chimie. Je suis toujours aussi fière de mes superbes ( !)gammes pour doser le fer.

Merci aussi à tous les doctorants, du laboratoire d’Aérologie et d’ailleurs, autant dire qu’en 4 ansj’en ai rencontré un bon gros nombre. Pour ceux du LA, je ne regrette pas ce qu’on pouvait manger àmidi ( ! !) mais les bons moments de détente au déjeuner à discuter. Merci à mes deux supers co-bureauxChandu et Peb. Chandu, merci beaucoup pour ta grande sagesse et ta patience, c’est bien dommageque tu n’es pas fait 6 ans de thèse ! ! Heureusement mon deuxième co-bureau était aussi sympa que toibien que moins bien expert côté émissions de GES. Merci aussi à Laurent et Jérémie du LA pour lesmoult dépannages informatiques ! ! Promis je n’essayerai plus jamais de réparer moi-même une touche

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qui ne marche plus. Bon je pense que je m’arrangerai aussi à l’avenir pour qu’aucune fourmi n’investissel’intérieur de mon ordinateur... Merci aux doctorants ou pas, Alis, Jeff, Hélène, BenCo, Rool, le Capt’N,Jessie, Antoine et Audrey pour tous les bons moments passés à Toulouse ou ailleurs. Un très grand mercià P. Mascart, J. L. Prost, Flore, Audrey et Jessie pour leur soutien et leur aide jusqu’à la fin. Enfinmerci à mes amis et à ma famille. Merci pour votre soutien, pour les moments de détente, pour les riresbref pour la vie.

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Sommaire

Introduction 9

1 État de l’art 131.1 L’effet de serre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131.2 Les eaux continentales : des sources de carbone et d’azote encore mal connues . . . . . . . 15

1.2.1 Bilan de carbone des eaux continentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151.2.2 Bilan d’azote des eaux continentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

1.3 Cycles du carbone et de l’azote dans les écosystèmes aquatiques . . . . . . . . . . . . . . . 181.3.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181.3.2 Physique de la colonne d’eau des rivières et des lacs . . . . . . . . . . . . . . . . . 181.3.3 Assimilation du carbone et de l’azote par le vivant . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201.3.4 Dynamique de la matière organique (MO) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

1.3.4.1 Dans la colonne d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211.3.4.2 Dans les sédiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

1.3.5 Dynamique des gaz à effet de serre dans la colonne d’eau et les sédiments . . . . . 231.3.5.1 Le dioxyde de carbone (CO2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231.3.5.2 Le méthane (CH4) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241.3.5.3 Le protoxyde d’azote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

1.3.6 Fractionnement isotopique des processus biologiques et signature isotopique de lamatière organique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

1.3.7 Émissions des gaz à effet de serre par les eaux continentales . . . . . . . . . . . . . 281.3.7.1 La diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281.3.7.2 L’ébullition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291.3.7.3 Le flux à travers les plantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

1.4 Les lacs de barrages hydroélectriques : Anthropisation des écosystèmes naturels . . . . . . 301.4.1 Les différents types de centrales hydroélectriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301.4.2 Énergie hydroélectrique dans le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311.4.3 Modifications dues à la mise en place d’un barrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

1.4.3.1 Dynamique de la matière organique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311.4.3.2 Dynamique et émissions des gaz à effet de serre dans les lacs de barrage . 321.4.3.3 Émissions en aval des barrages hydroélectriques . . . . . . . . . . . . . . 341.4.3.4 Modification des flux de carbone et d’azote aux sédiments et à l’océan . . 35

1.4.4 Émissions nettes et brutes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

2 Site d’étude, le barrage hydroélectrique de Petit Saut en Guyane Française 412.1 Le barrage et le lac de Petit Saut et le fleuve Sinnamary en aval du barrage . . . . . . . . 412.2 Climatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 432.3 Source de matière organique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 442.4 Le système de Petit Saut depuis sa mise en eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 452.5 Définition du projet de thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

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3 Matériels et Méthodes 513.1 Stratégie d’échantillonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 513.2 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

3.2.1 Profils dans le lac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 563.2.2 Paramètres de qualité et prélèvement de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 563.2.3 Concentrations des gaz à effet de serre (CH4, CO2 et N2O) . . . . . . . . . . . . . 563.2.4 Flux diffusifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 573.2.5 Flux ébullitif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 583.2.6 Dégazage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 593.2.7 Concentrations en ammonium (NH+

4 ), nitrate (NO−3 ) et nitrite (NO−

2 ) . . . . . . . 593.2.8 Carbone organique dissous (COD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 593.2.9 Matière organique en suspension (MES), carbone organique et azote particulaires

(COP et NP), rapport C/N, teneur en carbone organique et en azote (CO et N),δ13C-COP, δ15N-NP des matières en suspension et δ13C-CID . . . . . . . . . . . . 60

3.2.10 Sols . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 603.2.11 Carottes de sédiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 603.2.12 Pièges à particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 633.2.13 Incubations aérobies d’eau aval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 633.2.14 Incubations anaérobies de sédiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 643.2.15 Incubations anaérobies de troncs d’arbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 643.2.16 Tests statistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

4 Importance de la zone littorale de forêt inondée dans le bilan des émissions de CH4et de CO2 à Petit Saut 674.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 684.2 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

4.2.1 Dynamique des paramètres de qualité des eaux et du carbone dans la colonne d’eaudu lac de barrage de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 694.2.1.1 Température et O2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 694.2.1.2 Concentration en CH4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 704.2.1.3 Concentration en CO2 et δ13C-CID . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 714.2.1.4 Concentration en COD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 734.2.1.5 Concentration en MES et COP, teneur en CO, rapport C/N et δ13C-COP 73

4.2.2 Flux diffusifs en surface du lac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 744.2.2.1 Flux diffusifs de CH4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 744.2.2.2 Flux diffusifs de CO2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

4.2.3 Ébullition dans le lac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 774.2.3.1 Taux d’ébullition (VEB) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 774.2.3.2 Ébullition du CO2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 774.2.3.3 Ébullition du CH4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

4.2.4 Variations spatiales et saisonnières de la qualité des eaux et des concentrations encarbone et de sa signature isotopique dans les turbines et les 40 premiers kilomètresdu fleuve en aval du barrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

4.2.5 Évolution spatiale des concentrations des espèces carbonées des eaux du fleuveSinnamary du barrage à l’estuaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

4.2.6 Production de CO2 et consommation de CH4 dans le fleuve Sinnamary à 0,8 kmet 36,5 km en aval du barrage de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

4.2.7 Dégazage et flux diffusifs de CH4 et de CO2 dans le fleuve en aval du barrage dePetit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

4.3 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 894.3.1 Origine de la MO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

4.3.1.1 Dans le lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

6

4.3.1.2 Dans le fleuve en aval du barrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 904.3.2 Dynamique du carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

4.3.2.1 Dans le lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 924.3.2.2 Dans le fleuve en aval du barrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

4.3.3 Variations spatiales et saisonnières des émissions par diffusion en surface du lac dePetit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

4.3.4 Variations spatiales des émissions par ébullition dans le lac de Petit Saut . . . . . 994.3.5 Dégazage en aval du barrage de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1004.3.6 Variations spatiales des émissions par diffusion dans le fleuve en aval du barrage . 1014.3.7 Importance de la zone littorale de forêt inondée dans les émissions totales de CH4

et de CO2 à Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1014.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

5 Variations spatiales et saisonnières des émissions de N2O à Petit Saut 1055.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1065.2 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

5.2.1 Dynamique de l’azote dans la colonne d’eau du lac de Petit Saut . . . . . . . . . . 1075.2.1.1 Concentrations en NH+

4 , NO−3 et NO−

2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1075.2.1.2 Concentrations en N2O . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1085.2.1.3 Concentration en NP, teneur en N et δ15N-NP . . . . . . . . . . . . . . . 110

5.2.2 Dynamique de l’azote dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut . . . . . . . . 1115.2.3 Émissions de N2O à Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

5.2.3.1 Flux diffusif en surface du lac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1145.2.3.2 Ébullition dans le lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1145.2.3.3 Dégazage dans les premiers 800 mètres du fleuve en aval du barrage . . . 1155.2.3.4 Flux diffusif en surface du fleuve en aval du barrage . . . . . . . . . . . . 115

5.3 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1165.3.1 Origine et dynamique saisonnière de la MO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

5.3.1.1 Dans le lac de barrage de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1165.3.1.2 Dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . 117

5.3.2 Dynamique de l’azote dans la colonne d’eau du lac de Petit Saut . . . . . . . . . . 1185.3.3 Dynamique de l’azote dans le fleuve en aval du barrage . . . . . . . . . . . . . . . 1215.3.4 Émissions de N2O à Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

5.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

6 Bilans de carbone et d’azote 1276.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1286.2 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

6.2.1 Les sols et la végétation du bassin versant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1296.2.2 Les rivières du bassin versant du lac de barrage de Petit Saut . . . . . . . . . . . . 1306.2.3 Les troncs d’arbres ennoyés depuis 1994 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1356.2.4 Les sédiments du lac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1356.2.5 Production de GES lors de la dégradation de la MO des sédiments et des troncs

d’arbres ennoyés dans le lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1406.2.5.1 Les sédiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1406.2.5.2 Les troncs arbres ennoyés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

6.3 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1466.3.1 Apports de carbone et d’azote par les rivières en amont du lac . . . . . . . . . . . 146

6.3.1.1 Caractérisation des rivières se déversant dans le lac de Petit Saut . . . . 1466.3.1.2 Origine de la MO des rivières en amont du lac . . . . . . . . . . . . . . . 1476.3.1.3 Variations saisonnières et quantification des apports de carbone et d’azote

au lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

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6.3.2 Origine et état de dégradation de la MO des sédiments et des arbres ennoyés dulac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1506.3.2.1 La MO des sédiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1506.3.2.2 La MO des troncs d’arbres ennoyés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

6.3.3 Contrôle redox de la dégradation de la MO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1536.3.3.1 Des sédiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1536.3.3.2 Des troncs d’arbres ennoyés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

6.3.4 La MO des sédiments et la MO ennoyée en 1994 : des sources de carbone, d’azoteet de GES dans le lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1566.3.4.1 Les sédiments et les sols inondés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1566.3.4.2 Des troncs d’arbres vivants et ennoyés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

6.3.5 Bilans de carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1586.3.5.1 Dans le lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1586.3.5.2 En aval du lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162

6.3.6 Bilan d’azote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1646.3.6.1 Dans le lac de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1646.3.6.2 En aval du barrage de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166

6.3.7 Cycle de vie du barrage de Petit Saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1686.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170

Conclusions et Perspectives 171

Bibliographie 177

Annexes 203

A Tests pour la recherche d’un poison efficace permettant la conservation dans le tempsdes concentrations en CH4, CO2 et N2O dans les échantillons d’eau et ne les modifiantpas par sa présence 203A.1 Évolution temporelle des concentrations en CH4 et CO2 en présence de chlorure mercu-

rique (HgCl2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204A.2 Évolution temporelle des concentrations en CH4 et CO2 en présence d’azide de sodium

(N3Na) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205A.3 Variations de la concentration en CO2 suite à l’ajout de chlorure mercurique (HgCl2) dans

les échantillons d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206A.4 Comparaison des concentrations en N2O en fin d’expérience . . . . . . . . . . . . . . . . . 206

B Profils verticaux des concentrations en oxygène dissous (O2), matière en suspension(MES) et des espèces carbonées (CO2, CH4, COD et COP), de la teneur en CO, durapport C/N, du δ13C-COP de l’ensemble des stations du lac de Petit Saut 207

C Profils verticaux des concentrations en oxygène dissous et des espèces azotées (NH+4 ,

NO−3 , NO−

2 , N2O et NP), de la teneur en N et du δ15N-NP de l’ensemble des stationsdu lac de Petit Saut 227

D Variations spatiales des concentrations en COP en aval du barrage de Petit Saut etmarée dynamique 247

Liste des tableaux 250

Liste des figures 251

Liste des abréviations 256

8

Introduction

L’augmentation de la population mondiale et l’augmentation du niveau de vie d’une partie de lapopulation mondiale a entraîné une augmentation de la demande en nourriture et en énergie. Pourpallier la demande en énergie l’Homme a développé de nouvelles technologies et a modifié l’occupationdes sols. Parmi les nouvelles technologies développées, l’énergie hydroélectrique, descendante de l’énergiehydraulique vieille de plus de 2 000 ans, a pris son essor au XXème. La prise de conscience dans les années90 de l’impact de l’Homme sur le climat a soulevé de nombreuses questions et notamment sur l’impactdes lacs de barrages, hydroélectriques ou non (Rudd et al., 1993; Kelly et al., 1994). Plusieurs étudesont en effet mis en évidence que des lacs de barrages pouvaient être des sources de gaz à effet de serre(GES) (St. Louis et al., 2000; Barros et al., 2011; IPCC, 2011).

Lors de la création d’un lac de barrage (hydroélectrique, pour l’approvisionnement en eau potableou l’irrigation) les écosystèmes terrestres et fluviatiles sont transformés en un écosystème lacustre. Labiomasse et les sols du bassin versant de la rivière sont mis en eau lors de la création du lac de barrage.L’ensemble de cette matière organique (MO) enfouie dans le lac est une source de gaz à effet de serre,tels le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). Barros et al. (2011) ont montré que, sur 85 lacs debarrages hydroélectriques, 88 % émettent du CO2 et 100 % émettent du CH4. De nombreuses études ontaussi mis en évidence l’impact de la mise en place d’un barrage sur le fleuve en aval et l’importance dela mesure des émissions en aval des barrages hydroélectriques dans le bilan total des émissions (Soumiset al., 2004; Abril et al., 2005; Guérin et al., 2006; Roehm et Tremblay, 2006; Kemenes et al., 2007, 2011;Chanudet et al., 2011; Teodoru et al., 2012; Deshmukh, 2013; Li et Zhang, 2014; Teodoru et al., 2015;Wang et al., 2015).

La quantité de gaz à effet de serre émis par les lacs de barrages est principalement fonction de lalatitude du lac (boréale, tempérée, tropicale). L’âge du barrage et la nature des écosystèmes en placeavant la mise en eau (forêt, surface agricole,...) sont aussi des paramètres déterminant la quantité de gaz àeffet de serre émis par les lacs de barrages. Barros et al. (2011) estiment que près de 90 % des émissionspar les lacs de barrages auraient lieu au niveau de la zone tropicale. Les lacs de barrages tropicauxcorrespondent à des lacs où de grandes quantités de biomasse sont mises en eau (forêts tropicale etéquatoriale) et où les faibles variations saisonnières de la température permettent la mise en place d’uneforte stratification thermique et d’un hypolimnion anoxique, favorables à la production de CH4 et deCO2.

La quantité de CO2 émis par les lacs naturels et les lacs de barrages est régulièrement actualisée.Raymond et al. (2013) ont récemment revu à la baisse les émissions de CO2 par les lacs naturels etles lacs de barrages qui avaient précédemment été estimées par d’autres auteurs (Tranvik et al., 2009;Aufdenkampe et al., 2011). Ces différences entre les études sont notamment liées à la surface totaleutilisée pour le calcul. De plus la quantité de CO2 émises par les lacs naturels est actuellement en traind’évoluer en raison du changement climatique. Cette évolution se traduirait vraisemblablement par uneaugmentation des émissions de CO2 par les lacs naturels d’eau douce, principalement en raison d’uneaugmentation des précipitations et des températures (Rantakari et Kortelainen, 2005; Marotta et al.,2014). Finlay et al. (2015) ont cependant mis en évidence que le changement climatique aurait un effetdifférent sur les lacs d’eau dure des hautes latitudes où la diminution de la couverture de glace en hiver

9

favoriserait l’augmentation du pH et donc le pompage de CO2 après l’hiver. L’impact du changementclimatique sur les lacs de barrages ayant épuisés leur stock de matière organique ennoyée est à ce jourméconnu.

Les bilans de carbone et d’azote à l’échelle du lac de barrage permettent de déterminer les différentessources de carbone et d’azote ainsi que le devenir du carbone et de l’azote dans la colonne d’eau du lac. Lesintrants, c’est-à-dire les quantités de carbone et d’azote apportées au lac et les apports atmosphériquesd’azote, doivent être quantifiés car ils apportent au lac de la matière organique qui est source de gaz àeffet de serre (Cardoso et al., 2013; Vidal et al., 2012; Finlay et al., 2013). L’étude sur les intrants permetde déterminer l’importance de la matière organique autochtone, c’est-à-dire la biomasse mise en eau etla matière organique produite dans le lac de barrage, comme source de gaz à effet de serre par rapportà la matière organique allochtone provenant du bassin versant. Les premières années suivant la mise eneau la principale source de gaz à effet de serre est la matière organique autochtone. La contribution dela matière organique autochtone ennoyée aux émissions de gaz à effet de serre diminue avec le temps carelle se dégrade (Guérin et al., 2008a). À Petit Saut, l’état de dégradation de la matière organique miseen eau il y a 18 ans est mal connu. Nous ne savons pas si la matière organique enfouie est toujours unesource significative de gaz à effet de serre ou si ce sont les apports du bassin versant (berges et rivières)qui contribuent principalement à la production de gaz à effet de serre dans le lac. Lorsque la matièreorganique ennoyée ne sera plus la principale source de gaz à effet de serre les émissions se stabiliseront(Delmas et al., 2001).

Dans les lacs de barrages hydroélectriques il a été mis en évidence que les émissions étaient impor-tantes les trois premières années suivant la mise en eau puis qu’elles diminuaient avec l’âge du barrage(Chartrand et al., 1994; Galy-Lacaux et al., 1999; Delmas et al., 2001; Abril et al., 2005; Teodoru et al.,2012; Deshmukh, 2013). En plus de variations temporelles, les émissions des lacs de barrages présententdes variations spatiales liées à l’hétérogénéité spatiale des sols et de la biomasse mis en eau (Rolandet al., 2010; Teodoru et al., 2011; DelSontro et al., 2011). Plusieurs études ont notamment démontrél’importance des zones littorales avec de la végétation dans le bilan des émissions de gaz à effet de serrepar les lacs de barrages (Juutinen et al., 2003; Larmola et al., 2006; Chen et al., 2009). La zone littoralequi est colonisée par la végétation saisonnièrement est une zone plus riche en biomasse que la zone péla-gique alors que c’est principalement la zone pélagique qui est échantillonnée. De plus la zone littorale estsujette à des apports de matière organique et de gaz à effet de serre par les berges (végétation, litière).La zone littorale des lacs de barrages est donc potentiellement une plus grande source de gaz à effetde serre que la zone pélagique. Cependant aucune étude ne concerne l’importance de la zone littoralede la forêt inondée dans le bilan des émissions totales de gaz à effet de serre par les lacs de barrageshydroélectriques.

C’est dans la zone littorale des lacs de barrages que la majorité du CH4 est émis par ébullition (Kelleret Stallard, 1994; Galy-Lacaux et al., 1999; Abril et al., 2005; Deshmukh et al., 2014). L’ébullition estune voie d’émission dont la variabilité spatiale est grande. Si sa mesure n’est réalisée que dans des zonesoù l’ébullition est faible cette voie d’émission est sous estimée mais si au contraire seuls les « hotspots »d’ébullition sont mesurés alors cette voie d’émission est surestimée (DelSontro et al., 2011; Wik et al.,2013; DelSontro et al., 2015). D’après Abril et al. (2005), à Petit Saut, 10 ans après la mise en eau, cettevoie d’émission serait négligeable dans le bilan des émissions de CH4. Cependant une seule zone littoralea été échantillonnée pour la mesure des émissions par ébullition au cours des précédentes campagnes deterrain (Galy-Lacaux et al., 1999; Abril et al., 2005), il est probable qu’elle ne soit pas représentative del’ébullition réelle à Petit Saut et donc que cette voie d’émission ait été sous-estimée.

Les quantités de carbone et d’azote, émises dans l’atmosphère par le lac de barrage et celles exportéesdans la rivière en aval du barrage, doivent être quantifiées car elles permettent de déterminer l’impactdu lac de barrage sur la rivière en aval, les quantités de carbone et d’azote exportées jusqu’à l’océanet enfin la quantité de gaz à effet de serre émise dans l’atmosphère. Dans la rivière en aval du barrage

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les quantités de gaz à effet de serre émises sont généralement supérieures à celles mesurées avant lacréation du barrage (Teodoru et al., 2012; Deshmukh, 2013). À Petit Saut, Abril et al. (2005) ont misen évidence que seulement 25 % du CO2 émis par le fleuve en aval provenait du CO2 de la colonne d’eauayant transité par les turbines. D’après De Junet et al. (2009) la dégradation du carbone organiqueparticulaire serait responsable de 20 % des émissions de CO2 en aval du barrage de Petit Saut. Lesautres sources de matière organique responsables de la production de CO2 en aval du barrage de PetitSaut n’ont pas à ce jour été identifiées.

Plus récemment, différentes études ont quantifié les émissions de protoxyde d’azote (N2O) par leslacs de barrages (Huttunen et al., 2002; Lima et al., 2002; Huttunen et al., 2003b,a; Hendzel et al.,2005; Wang et al., 2006; Guérin et al., 2008b; Wang et al., 2009; Chen et al., 2010; Liu et al., 2011;McCrackin et Elser, 2011; Diem et al., 2012; Deshmukh, 2013; Zhao et al., 2013; Musenze et al., 2014a;Sturm et al., 2014). Ces études suggèrent que les lacs de barrages ne sont pas des sources significativesde N2O. L’ébullition et le dégazage seraient notamment négligeables en comparaison des émissions viadiffusion (Deshmukh, 2013). À Petit Saut, l’ébullition du N2O n’a jamais été mesurée. Guérin et al.(2008b) suspectent d’importantes émissions de N2O via dégazage cependant l’étude des émissions enaval d’un barrage hydroélectrique subtropical a mis en évidence que les émissions par dégazage étaientnégligeables (Deshmukh, 2013).

C’est dans ce contexte que nous avons étudié les émissions de CH4, CO2 et N2O du lac de barragehydroélectrique de Petit Saut, situé à 5°N de latitude, et du fleuve Sinnamary en aval du barrage, 18ans après la mise en eau du lac de Petit Saut. Les différents objectifs du projet de recherche ont pourbut de répondre aux questions suivantes :

– 1) Quelles sont les sources principales de gaz à effet de serre et de matière organique dans le lac dePetit Saut 18 ans après la mise en eau ? et quel est l’état de dégradation de la matière organiquemise en eau en 1994 (sols et arbres) ?

– 2) Quelle est l’importance de la zone littorale dans le bilan des émissions du lac et dans le bilan desémissions totales à Petit Saut ? Quelle est la part exacte du bullage dans les émissions de CH4 ?

– 3) Quelles sont les sources de la matière organique en aval du barrage responsables de la productionde CO2 ? Quel est l’état de dégradation de la matière organique en aval du barrage et quelle estson origine principale ?

Au travers de ces différents questionnements nous nous sommes aussi intéressés au N2O :

– 4) Quelle est l’importance du N2O dans le bilan des émissions global à Petit Saut ? Quelle est lapart du dégazage dans les émissions de N2O? Quelle est la part du bullage dans les émissions deN2O?

Enfin, la quantification des quantités de carbone et d’azote entrant et sortant du lac de Petit Sautet l’ensemble de l’étude réalisée pour répondre aux précédentes questions nous a permis de :

– 5) réaliser des bilans de carbone et d’azote du système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval).

Dans un premier chapitre l’état de l’art des connaissances sur les gaz à effet de serre et leurs voies deproduction et d’émission dans les écosystèmes aquatiques sont présentés. Dans le second chapitre, notresite d’étude, le lac de Petit Saut et son fleuve en aval, sont présentés. Le troisième chapitre présentela stratégie d’échantillonnage et la méthodologie employées lors des quatre campagnes de terrain eten laboratoire. Le quatrième chapitre a pour buts de répondre aux points (1), (2) et (3), il concerneuniquement le carbone de la colonne d’eau du lac et du fleuve en aval du barrage et présente un biland’émissions de CH4 et de CO2 18 ans après la mise en eau. Le cinquième chapitre a pour buts de répondreaux points (1), (3) et (4), il concerne uniquement l’azote de la colonne d’eau du lac et du fleuve en avaldu barrage et présente un bilan d’émissions de N2O 18 ans après la mise en eau. Le sixième chapitre apour buts de répondre aux points (1) et (5) en utilisant les résultats et les interprétations des chapitres

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4 et 5 complétés par (i) l’étude du bassin versant (sols, arbres et rivières), (ii) l’étude des sédiments dulac et (iii) l’étude des troncs d’arbres ennoyés en 1994.

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Chapitre 1

État de l’art

1.1 L’effet de serre

Le système climatique est constitué de différentes composantes interagissant entre elles, l’atmosphère,l’hydrosphère, la cryosphère, la biosphère et les surfaces continentales (IPCC, 2013). Ces interactionscorrespondent à des échanges de matière, notamment de carbone et d’azote, et d’énergie entre les dif-férentes composantes, elles déterminent la composition de l’atmosphère et le bilan radiatif terrestre.Actuellement, l’énergie incidente au sommet de l’atmosphère est de 1 370 W pour une surface de 1 mètrecarré perpendiculaire au rayonnement solaire. Pour l’ensemble de la planète ceci équivaut en moyenne à342 W m−2 (Figure 1.1). Trente pourcents de cette énergie solaire incidente est réfléchie dans l’espacepar l’atmosphère, c’est-à-dire par les nuages, les aérosols et les gaz, et par la surface terrestre. Les 70 %restants sont absorbés par la surface terrestre et l’atmosphère. La Terre émet de l’énergie via rayonne-ment infra-rouge, chaleur latente et évapotranspiration (Figure 1.1). La température de surface moyenneétant de 14 °C, et l’atmosphère ré-émettant 60 % du rayonnement infra-rouge de la surface terrestre, onestime alors que l’atmosphère ré-emet vers la Terre 324 W m−2 sous forme de rayonnement infra-rouge.Ce rayonnement est dû à l’effet de serre, il réchauffe la surface terrestre. Les principaux gaz à effet deserre (GES) sont la vapeur d’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyded’azote (N2O).

Figure 1.1 – Estimation du bilan moyen global et annuel de la Terre (D’après Kiehl et Trenberth (1997)et IPCC (2007)).

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Le bilan radiatif terrestre peut cependant être modifié :

– par une diminution ou une augmentation de l’énergie solaire incidente, c’est-à-dire un changementde l’orbite terrestre ou du rayonnement solaire.

– par une modification de la quantité de rayonnement infra-rouge, émis vers l’espace par le systèmeterrestre et son atmosphère, liée à une modification des concentrations en gaz à effet de serre dansl’atmosphère.

– par une variation de l’albédo. L’albédo est la fraction de l’énergie solaire qui est réfléchie versl’espace par une surface. Plus l’albédo est grand plus la surface est réfléchissante, par exemplela neige a une albédo d’environ 0,9. Une modification de la couverture nuageuse, des particulesatmosphériques, de la végétation et des calottes polaires entraîne donc une variation de l’albédoterrestre.

Depuis l’industrialisation l’homme a modifié le bilan radiatif terrestre en agissant sur les deux der-niers forçages radiatifs, à savoir les concentrations en gaz à effet de serre et l’albédo de surface. Il estpossible que l’albédo de l’atmosphère ait aussi été modifié. L’augmentation de la population mondiale etl’augmentation du niveau de vie d’une partie de la population mondiale ont entraîné une augmentationde la demande en nourriture et en énergie. L’industrialisation et la production d’énergie, ainsi que lestransports et l’agriculture, sont responsables d’une modification des concentrations en gaz à effet deserre dans l’atmosphère et donc du réchauffement climatique en cours. La réduction de la surface de lacryosphère et la modification de l’occupation des sols ont entraîné une diminution de l’albédo terrestrefavorisant le réchauffement global. L’effet de l’albédo terrestre sur le forçage radiatif était estimé égal à-0,2 ± 0,2 W m−2 en 1750, en 2011 il était égal à -0,15 ± 0,1 W m−2 (IPCC, 2013).

Au cours du XIXème siècle, afin de continuer à répondre à la demande croissante en énergie, denombreux barrages hydroélectriques ont été construits. Leur avantage, par rapport aux énergies fossiles,réside dans le caractère renouvelable de la source d’énergie (eau) ce qui réduisait le coût de productionde l’énergie. Cependant, dans les années 90, des études ont remis en cause le caractère « propre » de cetteénergie renouvelable (Rudd et al., 1993; Kelly et al., 1994; Fearnside, 1995; Galy-Lacaux et al., 1997,1999; St. Louis et al., 2000) et depuis lors, de nombreuses études alimentent le débat (Delmas et al.,2001; Huttunen et al., 2002; Soumis et al., 2004; Abril et al., 2005; Guérin et al., 2008a; Barros et al.,2011; DelSontro et al., 2011; Teodoru et al., 2012; IPCC, 2011; Deshmukh et al., 2014; Fearnside, 2015;Teodoru et al., 2015; Yang et al., 2015). La mise en place d’un barrage sur une rivière s’accompagne dela création d’un lac, or les lacs sont des sources de gaz à effet de serre (voir 1.2). Ainsi la création d’unlac de barrage modifie les flux de gaz à effet de serre (CO2, CH4 et N2O) vers l’atmosphère.

De par leur capacité à absorber le rayonnement infra-rouge et leur durée de vie dans l’atmosphère,le CO2, le CH4 et le N2O n’ont pas la même influence sur l’effet de serre terrestre. Pour déterminer leurcontribution aux modifications sur le climat on utilise un paramètre appelé le Pouvoir de RéchauffementGlobal (PRG) (IPCC, 2007) :

PRG(x) =∫ HT

O

FRx(t)dtFRr(t)dt

=∫ HT

O

axCx(t)dtarCr(t)dt

(1.1)

avec HT l’horizon temporel, FRx la moyenne du forçage radiatif global du gaz x, ax l’efficacité radiativecausée par l’augmentation d’une unité du gaz x dans l’atmosphère (W m-2 kg-1), Cx(t) l’abondance dugaz x en fonction du temps, il en est de même avec le gaz de référence (r).

Ce paramètre permet donc à la fois de tenir compte de la quantité de chaleur que peut piéger un gazet de la persistance de ce gaz dans l’atmosphère. Il est calculé en prenant le CO2 comme gaz de référence(PRG (CO2) = 1) pour un horizon temporel de 100 ans. Pour cet horizon temporel, les pouvoirs deréchauffement globaux du CH4 et du N2O sont respectivement 34 et 298 fois supérieurs à celui du CO2

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(IPCC, 2013). Ces PRG sont supérieurs à ceux estimés précédemment (25 et 265, respectivement, IPCC(2007)) en raison de nouvelles estimations des temps de vie, des fonctions de réponses à des variationset de l’efficacité radiative (IPCC, 2013). Les récentes précisions apportées sur les PRG dans le dernierrapport de l’IPCC sont liées à une meilleure intégration des effets indirects sur ces trois paramètres. Pourle CO2, les fonctions de réponses à des variations (oxydation du CH4 fossile, précurseurs de l’ozone) etl’efficacité radiative ont été précisées et modifiées depuis IPCC (2007). Ainsi comme le CO2 est le gazréférent utilisé pour le calcul des PRG du CH4 et du N2O leur PRG a été modifié dans le dernier rapportde l’IPCC. Lors du calcul du PRG du CH4 dans le précédent rapport de l’IPCC, les effets indirects duCH4 sur son temps de vie avaient bien été pris en compte (Ozone troposhérique et H2O stratosphérique)cependant des précisions ont été apportées en raison d’incertitudes sur son temps de vie et son efficacitéradiative, pour un horizon de 100 ans l’erreur est de ± 40 % (IPCC, 2013). L’horizon temporel de 100ans constitue un horizon préoccupant et décisif pour les études climatiques notamment en terme destabilisation des concentrations en gaz à effet de serre dans l’atmosphère. C’est l’horizon de 100 ans quiest utilisé pour réaliser les analyses des cycles de vie des différentes sources d’énergie (IPCC, 2011). Cesanalyses évaluent l’impact environnemental (quantité de GES émis) par rapport à la production moyenned’énergie sur 100 ans. Elles permettent de comparer entre elles les différentes sources d’énergie, nonrenouvelables (nucléaire, gaz naturel, pétrole et charbon) ou renouvelables (biomasse, photovoltaïque,solaire à concentration, géothermique, hydroélectrique, océanique, éolienne) (IPCC, 2011).

1.2 Les eaux continentales : des sources de carbone et d’azote encoremal connues

Les eaux continentales, c’est à dire les lacs, les rivières et les zones humides, sont des sources de CO2,de CH4 et de N2O (voir 1.3). Dans le but de préciser leur importance dans le bilan global des émissionsde gaz à effet de serre, de nombreuses études ont été réalisées afin de quantifier les différents flux decarbone et d’azote les parcourant.

1.2.1 Bilan de carbone des eaux continentales

Les échanges de CO2 dans les eaux continentales ont été estimés par différentes études (Cole et al.,2007; Tranvik et al., 2009; Raymond et al., 2013; Regnier et al., 2013; Lauerwald et al., 2015). Tranviket al. (2009) estiment que les émissions globales annuelles de CO2 des eaux continentales vers l’atmosphère(1,4 Pg (C) an−1) sont du même ordre de grandeur que le pompage de CO2 par les océans (0,9 Pg (C)an−1). Regnier et al. (2013) ont revu à la baisse les émissions de CO2 par les eaux continentales (1,1 Pg(C) an−1). D’après ces auteurs le piégeage du carbone organique dans les sédiments des eaux continentales(0,6 Pg (C) an−1) serait supérieur à la séquestration du carbone organique au fond des océans (0,2 Pg(C) an−1, IPCC (2013)).

Les différences observées entre les études mettent en évidence que les émissions de CO2 par les eauxcontinentales sont régulièrement actualisées. Par exemple Lauerwald et al. (2015) ont récemment revuà la baisse les émissions de CO2 par les rivières (0,65 Pg (C) an−1) estimées par Raymond et al. (2013)(1,8 Pg (C) an−1). Cette différence est principalement liée aux estimations « prudentes » réalisées auniveau des tropiques par Lauerwald et al. (2015) alors que cette zone correspond à 78 % des émissionstotales de CO2 par les rivières d’après Raymond et al. (2013). Les résultats au niveau des tropiques deRaymond et al. (2013) ont d’ailleurs été validés par les travaux de Borges et al. (2015a) sur l’Amazone etle fleuve Congo. Les émissions de CO2 par les lacs sont aussi régulièrement actualisées, Raymond et al.(2013) ont en effet estimées que ces émissions (0,3 Pg (C) an−1) étaient environ deux fois plus faiblesque celles estimées par Tranvik et al. (2009) et Aufdenkampe et al. (2011) (0,5 - 0,6 Pg (C) an−1).

Aux émissions de CO2 il faut ajouter les émissions de CH4 (Figure 1.2). D’après Bastviken et al.(2011), les émissions de CH4 par les eaux continentales (0,65 Pg (C-CO2eq) an−1) sont du même ordre

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de grandeur que le puits continental de carbone. En sommant les émissions de CH4 et de CO2 (Bastvikenet al., 2011; Raymond et al., 2013), les eaux continentales contribuent à l’émission d’environ 2,7 Pg (C)an−1 dans l’atmosphère (Figure 1.2).

Figure 1.2 – Bilan de carbone dans les eaux continentales (en Pg (C) an−1) (D’après Cole et al. (2007);Tranvik et al. (2009); Bastviken et al. (2011); Raymond et al. (2013); Regnier et al. (2013); Lauerwaldet al. (2015)).

Les activités humaines ont perturbé les flux de carbone du continent à l’océan (Regnier et al., 2013)notamment via la construction de lacs de barrages stockant de grandes quantités de carbone dans leurssédiments (Dean et Gorham, 1998; Mulholland et Elwood, 1982; Syvitski et al., 2005; Mendonça et al.,2012, 2014) et émettant des gaz à effet de serre (St. Louis et al., 2000; Barros et al., 2011). Les lacs debarrages sont en effet des écosystèmes importants dans les bilans de carbone aux échelles régionale etglobale (Cole et al., 2007; Tranvik et al., 2009; Bastviken et al., 2011; Raymond et al., 2013; Regnieret al., 2013). Cependant peu d’études présentent des bilans de carbone complet : carbone entrant, carbonesortant, flux de CO2 et de CH4, et enfouissement du carbone pour les lacs naturels et les lacs de barrages,et elles concernent uniquement des lacs boréaux (Finlay et al., 2013) ou tempérés (Knoll et al., 2013;Lopez et al., 2013).

1.2.2 Bilan d’azote des eaux continentales

Les transferts d’azote au niveau des eaux continentales sont encore aujourd’hui mal connus. Le gaz àeffet de serre azoté émis dans l’atmosphère par les eaux continentales est le N2O qui est principalementproduit lors de la nitrification et de la dénitrification (cf 1.3.5.3). Cole et Caraco (2001) ont mis enévidence que l’agriculture avait augmenté les flux d’azote inorganique dissous (ammonium et nitrates)aux systèmes aquatiques et donc indirectement la production de N2O dans les eaux souterraines, lesrivières, les estuaires et l’océan côtier. De plus, les eaux usées générées par les activités anthropiques sontelles aussi des sources d’azote réactif pour les rivières (Cebron et al., 2003; Cébron et al., 2005; Garnieret al., 2006; IPCC, 2007). Galloway et al. (2004) estiment que les rivières, naturelles et anthropiséesconfondues, apportent 11 Tg (N) an−1 aux eaux continentales (Figure 1.3). La quantité d’azote quisédimente dans les eaux continentales n’est pas documentée à l’échelle du globe. Les rivières naturellesémettent 0,05 Tg (N) an−1 sous forme de N2O et celles perturbées par les activités anthropiques émettent1,05 Tg (N) an−1 sous forme de N2O (Galloway et al., 2004). Beaulieu et al. (2011) ont récemment ré-

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évalué les émissions par les rivières polluées à 0,68 Tg (N) an−1. Suivant les études, l’export vers l’océanest estimé à 35 Tg (N) an−1 (Green et al., 2004), 48 Tg (N) an−1 (Galloway et al., 2004; Boyer et al.,2006), 50 Tg (N) an−1 Nieder et Benbi (2008) ou encore 54 Tg (N) an−1 (Van Drecht et al., 2001). Cesdifférences sont dues à la qualité du jeu de données utilisé ainsi qu’à sa résolution. De plus ces valeursont été obtenues par des modèles utilisant différentes approches. Par exemple les études de Gallowayet al. (2004), Boyer et al. (2006) et Green et al. (2004) considèrent bien toutes trois l’ensemble desfractions d’azote réactif dans leur calcul d’export d’azote réactif, cependant, Galloway et al. (2004) etBoyer et al. (2006) utilisent un modèle qui relie les apports nets d’azote aux exports par les rivières alorsque Green et al. (2004) utilisent un modèle empirique qui relie les caractéristiques du bassin versant àl’export d’azote. De leur côté, Van Drecht et al. (2001) ont estimé l’export d’azote à partir d’un modèlede transport hydro-écologique et de transformation de l’azote.

Figure 1.3 – Bilan d’azote dans les eaux continentales (en Tg (N) an−1) (D’après Van Drecht et al.(2001); Galloway et al. (2004); Green et al. (2004); Boyer et al. (2006); Nieder et Benbi (2008); Beaulieuet al. (2011)).

Actuellement, les émissions de N2O par les systèmes aquatiques sont équivalentes à celles des feuxde biomasse et aux combustions fossiles et industrie (IPCC, 2013). Cependant elles correspondent auxémissions les moins bien renseignées. La part des lacs naturels et des lacs de barrages n’est pas connue àl’échelle du globe. L’étude des systèmes aquatiques est donc primordiale pour valider le bilan d’azote etmettre à jour l’un inventaire des sources d’azote à l’échelle globale. De plus la mise en place de lacs debarrages modifie les surfaces occupées par les sols, les forêts et les zones agricoles au profit des surfacesdes eaux continentales alors que les sols, et notamment ceux sous les tropiques, sont la principale sourcede N2O (6,6 Tg (N) an−1, IPCC (2013)). La mise en place de lacs de barrages peut donc s’accompagnerd’une modification des émissions de N2O à l’échelle locale mais aussi régionale car les transferts d’azoteaux rivières et à l’océan côtier sont modifiés par la création de barrages et de leur lac associé (Gallowayet al., 2004; Deshmukh, 2013; Chen et al., 2015). Deshmukh (2013) a notamment mis en évidence que,les deux années suivant la mise en eau du lac de barrage de Nam Theun 2, les émissions nettes de N2Oavaient diminué de 70 %.

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1.3 Cycles du carbone et de l’azote dans les écosystèmes aquatiques

1.3.1 Définitions

Un écosystème se définit comme un système formé par un environnement (biotope) et par l’ensembledes espèces autotrophes et hétérotrophes (biocœnose) qui y vivent, s’y nourrissent et s’y reproduisent.Les écosystèmes aquatiques continentaux sont très divers. Ils sont généralement classés suivant le régimede l’eau : eaux stagnantes, eaux courantes ou eaux souterraines. Les eaux stagnantes regroupent les lacsnaturels, les étangs et les lacs de barrages. Les eaux courantes sont les torrents, les ruisseaux, les rivières etles fleuves. Les eaux souterraines sont les nappes d’eau présentes en profondeur dans le sol. Enfin les zoneshumides sont d’autres écosystèmes aquatiques regroupés sous la définition de la Convention de Ramsar(1971) : « Les zones humides sont des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturellesou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ousalée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres. ».Ici, nous avons choisi de nous focaliser sur les rivières et les lacs. Le lac est le type d’écosystème le plusproche de celui de notre étude (lac de barrage) et la rivière correspond à l’écosystème avant la mise eneau du lac de barrage ainsi qu’à l’écosystème en amont et en aval du lac.

Le biotope est défini par des caractéristiques physico-chimiques stables. La biocœnose de l’écosys-tème regroupe les autotrophes, c’est-à-dire les végétaux chlorophylliens, les cyanobactéries, les bactériesnitrifiantes et les bactéries sulfureuses, et les hétérotrophes, c’est-à-dire les animaux, les champignons etla plupart des bactéries. Les autotrophes sont capables d’assimiler la matière inorganique pour produirede la matière organique alors que les hétérotrophes ne peuvent incorporer que de la matière organique(MO). L’ensemble des autotrophes, des hétérotrophes et la matière organique de la colonne d’eau, dessols inondés et des sédiments constituent le pool de matière organique autochtone de l’écosystème. Leslacs et les rivières sont des systèmes ouverts, ils échangent de l’énergie et de la matière, organique etinorganique, carbonée et azotée, avec leur bassin versant et l’atmosphère. Ce qui est apporté est qualifiéd’allochtone. Le carbone dissous, inorganique (CID) et organique (COD), est la forme prédominantedu carbone entrant dans les lacs (Tranvik et al., 2009). Du carbone particulaire, inorganique (CIP) etorganique (COP), est aussi apporté aux lacs. Dans les rivières, la forme prédominante de l’azote dissousest généralement les nitrates (NO−

3 ) suivie par l’ammonium (NH+4 ). Les rivières sont aussi riches en azote

organique particulaire (NOP). Enfin les rivières apportent aussi aux lacs des gaz à effet de serre (CH4,CO2 et N2O).

Les lacs se différencient des rivières par leur temps de résidence des eaux plus long. Le temps derésidence est fonction du volume de la masse d’eau (V) et du flux d’eau entrant (Fentrant) dans cettemasse d’eau :

Temps de résidence = V

Fentrant(1.2)

1.3.2 Physique de la colonne d’eau des rivières et des lacs

La répartition, sur un profil vertical, des espèces dissoutes et particulaires, et des gaz à effet de serredans la colonne d’eau, et les émissions de gaz à effet de serre en surface des lacs et des rivières, sontfonction de la physique de la colonne d’eau, c’est-à-dire de l’existence et de la force de la stratificationthermique dans la colonne d’eau. L’atmosphère et le rayonnement solaire réchauffent les eaux de surfaced’où une élévation de leur température. Les masses d’eaux chaudes étant moins denses que les massesd’eaux froides, une stratification thermique se met en place. Le mélange de la colonne d’eau, et doncl’affaiblissement de la stratification thermique, est fonction de différents paramètres comme les vitessesdu courant et du vent, les apports et exports d’eau, les capacités thermiques de l’eau et de l’air, et laprésence d’une couche de glace (Wetzel, 2001; Harby et al., 2012).

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La plupart des rivières et des estuaires ont une colonne d’eau bien mélangée. La vitesse du courantet les flux entrants favorisent le mélange (Wetzel, 2001). Le mélange se traduit par une température àpeu près constante sur l’ensemble de la colonne d’eau bien oxygénée (Figure 1.4). Les concentrations desespèces dissoutes et des gaz à effet de serre, sont elles aussi homogènes sur la colonne d’eau (Figure 1.4).

Figure 1.4 – Profils de température, d’O2 et de CO2 ou de CH4 dans la colonne d’eau d’une rivière oud’un lac non stratifié (à gauche) et d’un lac stratifié (à droite) (D’après Harby et al. (2012)).

La colonne d’eau des lacs est généralement thermiquement stratifiée. Elle est alors divisée en diffé-rentes couches : l’épilimnion (eaux « chaudes » et peu denses de surface) et l’hypolimnion (eaux « froides »et denses) (Figure 1.4). La couche d’eau intermédiaire est appelée le métalimnion, elle correspond à lazone de gradient de température, c’est-à-dire la thermocline (Figure 1.4). Le métalimnion est une bar-rière physique aux transferts verticaux des composés chimiques (Harby et al., 2012). La stratificationde la colonne d’eau ralentit en effet la diffusion de l’oxygène (O2), vers le bas de la colonne d’eau, et ladiffusion des autres composés dissous, possible dans les deux sens suivant le gradient de concentration ducomposé. Le métalimnion comprend donc une zone de gradient d’oxygène appelée l’oxycline qui se situegénéralement à la même profondeur que la thermocline (Figure 1.4). À la limite entre le métalimnion etl’hypolimnion, différents processus ont lieu et consomment l’oxygène (dégradation de la MO, oxydationdu CH4, oxydation du NH+

4 ). Si la consommation de l’oxygène à la base du métalimnion est supérieureà sa diffusion depuis la surface alors l’hypolimnion devient anoxique. Le CH4 et le CO2 produit dansles sédiments au fond de la colonne d’eau diffusent vers la surface (voir 1.3.4 et 1.3.5), leur diffusionétant ralentie au niveau du métalimnion, les concentrations de ces deux gaz dans l’hypolimnion sontsupérieures à celles mesurées dans l’épilimnion (Figure 1.4). Suivant l’évolution de leur stratificationthermique au cours de l’année, on distingue deux grands types de lacs (Lewis, 1983) :

– Les lacs méromictiques sont des lacs où l’hypolimnion (monimolimnion) ne se mélange pasavec les eaux de surface, il y est donc en permanence anoxique. Dans ces lacs des variationssaisonnières du mixolimnion (épilimnion + métalimnion), situé au dessus de l’hypolimnion, sontobservées. Elles se traduisent par un approfondissement de l’épilimnion en saison sèche qui entrainele mélange des eaux de surface avec des eaux plus riches en nutriments favorables au développement

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du phytoplancton (Spigel et Coulter, 1996; Darchambeau et al., 2014). Le mélange de l’ensemblede la colonne d’eau est très rare et s’accompagne de conséquences graves comme la chute de laconcentration en oxygène dans les eaux de surface et la libération de grandes quantités de gaz àeffet de serre (CO2, CH4) qui asphyxient la faune du lac et de ses alentours (Rouwet et al., 2015).

– Les lacs holomictiques sont des lacs dont la colonne d’eau est mélangée sur l’ensemble de saprofondeur au moins une fois par an (Figure 1.4). Parmi les lacs holomictiques on distingue les lacsamictiques, monomictiques, dimictiques et polymictiques. Les lacs amictiques sont des lacs gelésen permanence en surface, ils ont donc un stratification thermique inversée car la température,égale à 0 °C en surface, augmente jusqu’à environ 4 °C avec la profondeur. Le mélange de ces lacsest faible et a lieu en été au niveau des bords du lac libérés de glace. Les lacs monomictiques sontdes lacs dont la colonne d’eau est mélangée une fois par an (Figure 1.4), par exemple au printempspour les lacs boréaux (Wetzel, 2001; Huttunen et al., 2003b), à l’automne pour les lacs tempérés(Halbedel et Koschorrek, 2013; Knoll et al., 2013), en hiver pour les lacs subtropicaux (Li et al.,2008; Deshmukh, 2013) et en saison des pluies pour les lacs tropicaux (Guérin et Abril, 2007). Leslacs dimictiques sont généralement des lacs tempérés dont la colonne d’eau est mélangée deux foispar an, à la fonte des glaces au début du printemps et à l’automne. Lewis (1983) définit aussi les lacspolymictiques dont la colonne d’eau peu profonde est mélangée plusieurs fois au cours de l’année.Le mélange de la colonne d’eau des lacs holomictiques est donc fonction des saisons. La chute dela température de l’atmosphère, la diminution du rayonnement solaire, les apports des rivières, lespluies, le vent, la fonte de la glace de surface refroidissent les eaux de surface. Ces eaux froideset donc denses plongent et affaiblissent la stratification thermique. En fonction du refroidissementdes eaux de surface l’ensemble de la colonne peut être mélangée. Ce mélange se traduit par unehomogénéisation des paramètres physiques (Température, pH, conductivité, potentiel réducteur)et des concentrations en espèces dissoutes (O2, CID, COD, NH+

4 , NO−3 , NO−

2 et GES) de la colonned’eau (Figure 1.4 à droite). L’homogénéisation de la colonne d’eau s’accompagne de fortes émissionsen gaz à effet de serre (Huttunen et al., 2003a; Abril et al., 2006; Guérin et Abril, 2007; Guérinet al., 2015) (voir 1.4.3.2). De plus, en milieu boréal, les gaz à effet de serre, qui se sont accumuléssous la glace pendant l’hiver, sont libérés lors de la fonte des glaces (Wetzel, 2001; Huttunen et al.,2002, 2003a).

1.3.3 Assimilation du carbone et de l’azote par le vivant

Les premiers mètres de la colonne d’eau des lacs et les rivières sont le lieu de la production dematière organique autochtone, c’est-à-dire la production primaire. La production primaire brute (« Grossprimary production », GPP) correspond à la quantité d’énergie chimique (= biomasse) produite par lesproducteurs primaires. La production primaire est principalement réalisée lors de la photosynthèse oùl’énergie lumineuse est convertie en énergie chimique (ATP), et du carbone inorganique dissous, c’est-à-dire du dioxyde de carbone (CO2) et des carbonates (CO3

2−), est intégré dans des molécules organiques(exemple du glucose C6H12O6, Eq 1.3) (Figure 1.6). Les organismes réalisant la photosynthèse sont lesvégétaux chlorophylliens, c’est-à-dire les plantes dans les écosystèmes terrestres et le phytoplancton dansles lacs et les rivières.

Photosynthèse : 6CO2 + 12H2O + lumière = C6H12O6 + 6O2 + 6H2O + énergie (ATP) (1.3)

La production primaire a lieu dans la couche euphotique où la lumière est suffisante pour apporter assezd’énergie alors qu’en dessous le rayonnement photosynthétique actif (PAR) est trop faible, ainsi la photo-synthèse n’a pas lieu. Dans les lacs humiques, la photosynthèse peut être limitée en raison de l’absorptiond’une grande partie du rayonnement lumineux par la matière organique carbonée dissoute (Thrane et al.,2014). Les autres paramètres limitants pour la réalisation de la photosynthèse par le phytoplancton sontles concentrations en nutriments (ammonium (NH+

4 ), nitrates (NO−3 ) et phosphates (PO3−

4 )). De plusil a été observé que la photosynthèse pouvait aussi être limitée par les micro-nutriments comme le fer(Vrede et Tranvik, 2006) ou encore le zinc (Jakuba et al., 2012). La croissance du phytoplancton estdonc fonction de la quantité de lumière qui pénètre dans la couche euphotique, de la température de

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l’eau et de la disponibilité en nutriments, elle varie donc avec les saisons (voir 1.3.6). Le phytoplanctonse situant à la base de la chaîne alimentaire son développement est aussi limité par la présence de sesprédateurs (broutage par le zooplancton) (Severiano et al., 2012).

1.3.4 Dynamique de la matière organique (MO)

1.3.4.1 Dans la colonne d’eau

Dans la colonne d’eau des rivières et des lacs il existe un important processus de recyclage interne de lamatière organique produite lors de la photosynthèse. Wetzel (2001) estime que plus de 75 % de la matièreorganique de la couche euphotique est rapidement dégradée et ne sédimente pas. Ce recyclage interneest dû aux autotrophes et aux hétérotrophes qui respirent (Figure 1.6). La respiration est un processusau cours duquel la matière organique est dégradée en matière inorganique dans le but de produire del’énergie. Il existe deux étapes au cours de la décomposition de la matière organique. Une première étapeconsiste en une libération d’enzymes par les microorganismes afin de simplifier les molécules complexesnon absorbables en l’état (Schlesinger, 1997). La deuxième étape débute par l’absorption des moléculessimplifiées par les microorganismes. La décomposition de la matière organique se poursuit ensuite dansles microorganismes pour aboutir à des molécules de plus en plus simples. La décomposition est un termegénéral qui fait référence à une rupture de la matière organique. La minéralisation est un terme plusspécifique qui fait référence aux processus qui libèrent du carbone sous forme de CO2, CO2−

3 ou CH4,de l’azote sous forme de NH+

4 et NO−3 , et d’autres nutriments sous forme inorganique (par exemple le

phosphore P sous forme de PO43−).

Froelich et al. (1979) ont mis en évidence que, pour des sédiments pélagiques de l’Océan AtlantiqueÉquatorial Est, la matière organique était dégradée suivant plusieurs étapes qui correspondent à unediminution du potentiel d’oxydoréduction et l’utilisation d’un nouvel oxydant (= accepteur d’électron).Les oxydants séquentiellement utilisés sont, dans l’ordre, l’oxygène (O2) (Respiration aérobie Ra, Eq1.4), le nitrate (NO−

3 ) (Dénitrification, Eq 1.5), l’oxyde de manganèse (MnO2) (Réduction des oxydesde Mn, Eq 1.6), l’oxyde de fer (FeOOH) (Réduction des oxydes de Fe, Eq 1.7)et les sulfates (SO2−

4 )(Sulfato-réduction, Eq 1.8) (Froelich et al., 1979). Cependant cette utilisation séquentielle des accepteursd’électrons dépend de leur disponibilité. Jørgensen (1982) a notamment montré que, dans les sédimentsmarins des plateformes continentales, les sulfates étaient préférentiellement utilisés comme accepteursd’électrons en raison de leurs fortes concentrations en comparaison de celles des nitrates. La matièreorganique (CH2O)x(NH+

4 )y(PO3−4 )z est symbolisée par CH2O dans les équations ci-après :

Respiration aérobieO2 + CH2O = CO2 +H2O + énergie (ATP) (1.4)

DénitrificationNO−

3 + CH2O = 0, 5N2 + CO2 + 2H2O + énergie (ATP) (1.5)

Réduction des oxydes de Mn

2MnO2 + CH2O + 4H+ = 2Mn2+ + CO2 + 3H2O + énergie (ATP) (1.6)

Réduction des oxydes de Fe

4FeOOH + CH2O + 8H+ = 4Fe2+ + CO2 + 7H2O + énergie (ATP) (1.7)

Sulfato-réduction

SO2−4 + 2CH2O + 2H+ = H2S + 2CO2 + 2H2O + énergie (ATP) (1.8)

La respiration aérobie a lieu dans l’ensemble des couches oxygénées des lacs et des rivières. Larespiration aérobie consomme l’oxygène du milieu (Eq 1.4) ainsi lorsque tout l’oxygène a été consommé

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les autres accepteurs d’électrons sont utilisés lors de la dégradation de la matière organique. Le processusde dégradation de la matière organique en conditions anaérobies est la respiration hétérotrophe (Rh).Elle a lieu dans l’hypolimnion anoxique des lacs stratifiés et les sédiments anoxiques des lacs et desrivières (Figure 1.6). La respiration (aérobie + hétérotrophe) est source de CO2.

La dégradation de la matière organique dans la colonne d’eau, via la respiration aérobie (Ra) etla respiration hétérotrophe (Rh), est généralement supérieure à la production primaire (Del Giorgio etPeters, 1993; Cole et Caraco, 1998; Cole et al., 2000). Dans ces lacs, dits hétérotrophiques, le CO2 estplus produit que consommé ainsi ces lacs sont sur-saturés en CO2 (Cole et Caraco, 1998; Sobek et al.,2005), ils sont donc des sources de CO2. La matière organique qui supporte une respiration supérieureà la production primaire est allochtone, elle provient du bassin versant (Cole et Caraco, 1998; Coleet al., 2000). Cole et al. (2000) estiment que 13 à 43 % de la respiration totale dans des lacs tempérésest due à la respiration de la matière organique allochtone (COD). Quay et al. (1995) ont trouvé lamême gamme de valeur pour des lacs amazoniens (0 - 40 %). Dans les lacs, une partie des émissions deCO2 provient aussi d’apports allochtones de CO2 (Borges et al., 2014) ou de l’altération des minérauxdu bassin versant qui alimente l’alcalinité des eaux de surfaces (Marcé et al., 2015). Dans les rivièresune importante fraction du CO2, et du CH4, émis provient de la dégradation de la matière organiqueprovenant des zones humides du bassin versant (Abril et al., 2014; Borges et al., 2015b,a).

Le recyclage interne de la matière organique produite lors de la photosynthèse peut emprunter uneautre voie que celle de la respiration. Dans la couche euphotique des lacs et des rivières, la lumièrepeut favoriser la photo-oxydation qui entraîne la production de carbone inorganique dissous (Granéliet al., 1996; Anesio et al., 1999) et de monoxyde de carbone (CO) (Miller et Zepp, 1995) (Figure 1.6).La photo-oxydation de la matière organique dissoute dans les fleuves est un processus entraînant unediminution des apports de matière organique dissoute à l’océan (Amon et Benner, 1996). Dans les lacs laphoto-oxydation de la matière organique dissoute peut jouer un rôle majeur dans les émissions de CO2.Soumis et al. (2007) estiment que ce processus pourrait contribuer jusqu’à 56 % des flux diffusifs de CO2des lacs boréaux.

La quantité de matière organique dans la colonne d’eau est fonction de la production primaire ensurface par le phytoplancton et des apports allochtones de matière organique. La production primaire(1.3.3) et les apports varient avec les saisons (Gu, 2009; Gu et al., 2011; Hou et al., 2013). Les pluieslessivent le bassin versant des lacs et des rivières et apportent des nutriments en surface de la colonned’eau ce qui stimule la production primaire. Les pluies apportent aussi de la matière organique à lacolonne d’eau. Ainsi les quantités de matière organique pouvant être dégradées ou sédimentant dans lacolonne d’eau varient suivant les saisons.

1.3.4.2 Dans les sédiments

La dégradation de la matière organique particulaire est plus lente que celle de la matière organiquedissoute, cependant, Wetzel (2001) estime que, dans les lacs de profondeur modérée, seulement 1 à 15 %de la matière organique particulaire atteignent le sédiment (Figure 1.6). D’après Downing et al. (2006),la majorité des lacs sont peu profonds, ainsi la plupart des sédiments sont en contact avec les eauxmélangées et oxygénées de l’épilimnion. Les remises en suspension par les épisodes de vent et la présenced’oxygène en surface du sédiment favorisent la dégradation de la matière organique au détriment deson enfouissement. Cependant les taux de sédimentation importants dans les zones peu profondes deslacs peuvent favoriser l’enfouissement, et donc la séquestration du carbone organique, en accélérant lecompactage des sédiments et donc le transfert du carbone organique à des couches plus profondes desédiment (Benoy et al., 2007).

L’origine de la matière organique a un impact sur sa labilité et donc sa potentielle séquestration.Mollenhauer et Eglinton (2007) ont mis en évidence que le carbone organique des rivières était plus âgé

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que le carbone autochtone des lacs. Le carbone organique allochtone a déjà été dégradé et transformé, ilest donc riche en molécules moins labiles comme la lignine et les acides humiques (Zehnder et Svensson,1986; Emerson et Hedges, 1988). Ainsi le carbone organique allochtone présent dans la colonne d’eau etqui peut sédimenter est moins labile que le carbone organique autochtone produit par le phytoplancton(von Wachenfeldt et al., 2008; Sobek et al., 2009). Le carbone autochtone est donc plus dégradé dans lacolonne d’eau et les sédiments et donc moins séquestré que le carbone allochtone (Sobek et al., 2009). Lalabilité de la matière organique n’est pas le seul facteur influençant le taux de minéralisation. En effet, letaux de minéralisation de la matière organique des sédiments augmente linéairement avec la températuredans les écosystèmes aquatiques boréaux, tempérés et tropicaux (Gudasz et al., 2010; Cardoso et al.,2014).

La matière organique qui atteint le sédiment continue d’être dégradée suivant les mêmes processusayant lieu dans la colonne d’eau (1.3.4.1). Lorsqu’il n’y a plus aucun oxydant disponible la méthanogenèsese met en place et du CH4 est produit (Zinder, 1993) (Figure 1.6). La méthanogenèse est réalisée parun ensemble de bactéries, que l’on qualifie de méthanogènes, en anaérobie stricte (Boon, 2000). Trentepourcents du CH4 biogénique est produit lors de la réduction du CO2 (Eq 1.9) et 70 % par celle del’acide acétique (CH3COOH) (Eq 1.10) :

4H2 + CO2 = 2H2O + CH4 (1.9)

CH3COOH = CO2 + CH4 (1.10)

Dans les eaux douces le CH4 provient essentiellement de la fermentation de l’acétate alors que dans leseux marines le CH4 provient essentiellement de la réduction du CO2. La production du CH4 est fonctiondes communautés de bactéries présentes dans l’écosystème et de la disponibilité des substrats organiques(Conrad, 1989). Les bactéries méthanogènes sont en compétition avec d’autres bactéries utilisant aussile dihydrogène (H2) et l’acide acétique comme substrats, comme les bactéries dénitrifiantes, les bactériesréductrices du Fe III et les bactéries réductrices des sulfates (Balderston et Payne, 1976; Lovley, 1991,1995; Klüber et Conrad, 1998; Scholten et Stams, 1995; Liikanen et al., 2002; Scholten et al., 2002).L’activité des bactéries méthanogènes dépend de la température et du pH. Vogels et al. (1988) ontnotamment montré que la majorité des bactéries méthanogènes ont une température optimale de 30°Cà 40°C. Pour le pH, Conrad (1989) ont mis en évidence un pH optimal situé entre 6 et 8.

La matière organique non dégradée est séquestrée dans les sédiments. Alin et Johnson (2007) ontcalculés, pour les grands lacs du monde, un taux de séquestration du carbone compris entre 1 et 20 g(C) m−2 an−1. L’efficacité de la séquestration du carbone augmente exponentiellement avec la latitudedu lac (Alin et Johnson, 2007). Les basses températures des lacs boréaux limitent la dégradation de lamatière organique qui sédimente, ainsi de plus grandes quantités de matière organique atteignent le fonddes lacs boréaux. Alin et Johnson (2007) ont aussi mis en évidence que sous les tropiques l’efficacitéde la séquestration du carbone augmentait avec la profondeur moyenne du lac. Dans les lacs tropicauxstratifiés, l’hypolimnion est anoxique ainsi la matière organique est dégradée moins rapidement que dansl’hypolimnion oxique des lacs tropicaux peu profonds.

1.3.5 Dynamique des gaz à effet de serre dans la colonne d’eau et les sédiments

1.3.5.1 Le dioxyde de carbone (CO2)

Dans les lacs et les rivières, le CO2 est produit lors de la respiration aérobie dans la colonne d’eauet dans les sédiments oxiques (1.3.4.1) et lors de la respiration hétérotrophe dans l’hypolimnion et lessédiments anoxiques (1.3.4.2). Dans la couche euphotique, le CO2 est consommé lors de la photosynthèse(1.3.3). Un gradient de concentration existe donc entre le fond, où les concentrations sont élevées, et lasurface, où les concentrations sont inférieures à celles du fond (Figure 1.4). Le gradient de concentrationest supérieur dans les lacs stratifiés car la colonne d’eau n’est pas mélangée. Ce gradient de concentrationinduit la diffusion du CO2 du fond vers la surface.

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1.3.5.2 Le méthane (CH4)

Dans les lacs et les rivières, le CH4 est produit lors de la méthanogenèse dans les sédiments anoxiques(1.3.4.2). Des études récentes ont mis en évidence que du CH4 pouvait aussi être produit dans la colonned’eau oxygénée de lacs (Grossart et al., 2011; Bogard et al., 2014). Le CH4 produit est consommé parles méthanotrophes, en milieu aérobie (Cicerone et Oremland, 1988; Reeburgh et al., 1993).

CH4 + 2O2 = CO2 + 2H2O (1.11)

Le CH4 est oxydé par les méthanotrophes au niveau des interfaces oxique - anoxique, c’est-à-dire dans lessédiments des lacs et des rivières ayant une colonne d’eau bien mélangée et dans le métalimnion des lacsstratifiés (Rudd et al., 1974; Frenzel et al., 1990; Guérin et Abril, 2007; Deshmukh et al., 2014) (Figure1.6). L’oxydation du CH4 est fonction de la disponibilité des substrats utilisés par les méthanotrophes,le CH4 et l’O2 (Rudd et al., 1976; Guérin et Abril, 2007), de la température (Mancinelli, 1995; King,1997), de l’intensité lumineuse (Dumestre et al., 1999; Murase et Sugimoto, 2005) et de la disponibilitéen nutriments. Les bactéries méthanotrophes sont en compétition avec les bactéries nitrifiantes pour lesubstrat O2 ainsi l’oxydation du CH4 est inhibée par la présence de NH+

4 (Rudd et al., 1976; Benderet Conrad, 1994; Roy et Knowles, 1994; Schimel, 2000). Cependant au niveau des racines des plants deriz, où la concentration en CH4 est très élevée, la présence de NH+

4 peut stimuler l’oxydation du CH4(Bodelier et al., 2000; Schimel, 2000).

Un gradient de concentration de CH4 existe entre les sédiments où il est produit et la surface deslacs et des rivières (Figure 1.4). Ce gradient de concentration induit la diffusion du CH4 du fond versla surface. Cependant, en moyenne, quatre vingt pourcents du CH4 produit dans les sédiments desécosystèmes aquatiques est oxydé par les méthanotrophes (Cicerone et Oremland, 1988; Reeburgh et al.,1993). D’après Downing et al. (2006), la majorité des lacs sont peu profonds, ainsi la plupart des sédimentssont en contact avec les eaux mélangées de l’épilimnion. Le CH4 produit dans ces sédiments est doncdiffusé directement dans la couche de mélange (Tranvik et al., 2009). Cette couche étant oxygénée,la majorité du CH4 devrait y être oxydée. Cependant, Bastviken et al. (2008) suggèrent que les fortesémissions de CH4 mesurées dans les zones peu profondes des lacs sont dues à un transport rapide du CH4dans l’épilimnion qui limite l’oxydation du CH4. Ces zones peu profondes s’opposent aux zones profondesdes lacs où le CH4 qui diffuse dans l’hypolimnion anoxique est majoritairement oxydé à l’interface oxique- anoxique (Figure 1.6) (Striegl et Michmerhuizen, 1998; Guérin et Abril, 2007; Tranvik et al., 2009).

L’inversion de la réaction de la méthanogenèse, et donc l’oxydation du CH4 en conditions anaérobies(« Anaerobic Methane Oxidation », AMO) par des archées en interaction avec des bactéries sulfato-réductrices, a été mise en évidence dans des sédiments marins et des sédiments de lacs d’eaux douces(Boetius et al., 2000; Ehrlich et Dianne, 2009). L’oxydation anaérobie du CH4 peut aussi être réaliséepar un consortium de bactéries dénitrifiantes, avec les nitrites comme accepteurs d’électrons, dans lessédiments des lacs (Raghoebarsing et al., 2006; Ettwig et al., 2008, 2010; Hu et al., 2009), et par lesbactéries du fer et du manganèse dans les sédiments marins (Beal et al., 2009). La réduction des émissionsde CH4 par ce processus d’oxydation pourrait être « substantielle » dans les eaux continentales (Noroiet al., 2013).

1.3.5.3 Le protoxyde d’azote

Le N2O peut être produit lors de :

– la nitrification (Goreau et al., 1980). La nitrification autotrophe est réalisée en présenced’oxygène par les bactéries nitrifiantes en deux étapes successives (Bock et Koops, 2002) (Figure1.6). La première étape est la nitritation, l’ammonium (NH+

4 ) est dans un premier temps oxydé enhydroxylamine (NH2OH) puis l’hydroxylamine est oxydé en nitrites (NO−

2 ) (Prosser, 1990). Lesnitrites sont ensuite oxydés en nitrates (NO−

3 ) lors de la seconde étape, la nitratation (Prosser,1990). L’hydroxylamine peut aussi s’oxyder en N2O et les nitrites peuvent être réduit en monoxyde

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d’azote (NO) puis N2O (Verstraete et Alexander, 1973). Firestone et Davidson (1989) estiment quelors de la nitrification le ratio NO−

3 : N2O est compris entre 10 : 1 et 300 : 1. Jianlong et Ning (2004)ont mis en évidence que la nitrification était totalement inhibée pour des pH inférieurs à 6,45 etsupérieurs à 8,95. Le N2O peut aussi être produit au cours de la nitrification hétérotrophe.Elle est réalisée par des bactéries et des champignons qui utilisent le carbone organique commesource de carbone et d’énergie contrairement aux bactéries nitrifiantes autotrophes qui utilisentle CO2 (Wrage et al., 2001). Contrairement aux bactéries dénitrifiantes (voir après), les bactériesnitrifiantes hétérotrophes peuvent réaliser la dénitrification en conditions oxiques (Roberston et al.,1989). En conditions aérobies, Papen et al. (1989) et Anderson et al. (1993) ont mis en évidenceque la nitrification hétérotrophe produisait plus de N2O que la nitrification autotrophe. Les plusfortes productions de N2O via nitrification hétérotrophe ont été mesurées pour des pH inférieurs à7 et de fortes concentrations en oxygène et carbone organique (Papen et al., 1989; Anderson et al.,1993).

– la dénitrification (Payne, 1981). La dénitrification est réalisée par les bactéries dénitrifiantes enplusieurs étapes en absence d’oxygène (Figure 1.6). Le NO−

3 est réduit en NO−2 puis en NO, puis

en N2O et enfin en diazote (N2). Firestone et Davidson (1989) estiment que lors de la dénitri-fication le ratio N2 : N2O est égal à 50 : 1. De faibles concentrations oxygène couplées avec defortes concentrations en NO−

3 et en carbone organique sont favorables à la production de N2O viadénitrification (Wrage et al., 2001).

– la nitrification dénitrification (« nitrifier denitrification ») (Wrage et al., 2001). Cette réactionne correspond pas à la succession des réactions de nitrification et de dénitrification mais à uneréaction au cours de laquelle le NH+

4 est oxydé en NH2OH puis en NO−2 puis en NO puis en N2O et

enfin en N2. Aucun NO−3 n’est produit lors de cette réaction. Cette réaction a lieu dans les milieux

peu oxygénés en présence de faibles concentrations en azote et carbone organique (Wrage et al.,2001; Cébron et al., 2005).

– la réduction du NO−3 en NH+

4 (« Dissimilatory Nitrate Reduction to Ammonium », DNRA)(Smith et Zimmerman, 1981; Smith, 1982; Conrad, 1996; Kelso et al., 1997). Lors de la DNRA leNO−

3 est réduit en NO−2 puis en NH+

4 . Bien que la majorité des nitrates soient réduits en NH+4 ,

Smith et Zimmerman (1981) ont déterminé que 5 à 10 % des nitrates sont réduits en N2O lors dela DNRA. Le N2O est donc un sous produit de cette réaction.

– et par les méthanotrophes qui oxydent le NH+4 (Yoshinari, 1985). Les molécules de NH+

4 et deCH4 ont la même taille et la même structure ainsi les bactéries méthanotrophes peuvent fixer leNH+

4 (Roy et Knowles, 1994; Schimel, 2000). Le NH+4 est dans un premier temps oxydé en NH2OH.

Suivant les bactéries méthanotrophes considérées le NH2OH sera oxydé en NO puis N2O ou NO−2

puis NO et enfin N2O (Campbell et al., 2011).

La production de N2O est fortement corrélée avec la concentration en oxygène (Ritchie et Nicholas,1972; Goreau et al., 1980; Jørgensen et al., 1984; Granli et Bockman, 1994; Bock et al., 1995; Cébronet al., 2005) mais elle dépend aussi de la température (Sitaula et Bakken, 1993; Mengis et al., 1997;Stange et al., 2000), du pH (Papen et al., 1989) et des concentrations en espèces azotées (Mengis et al.,1997; Huttunen et al., 2003b; Cébron et al., 2005; Wang et al., 2006; Whitfield et al., 2011).

Dans les rivières le N2O est principalement produit par la nitrification pélagique du NH+4 dans les

eaux oxygénées des rivières (IPCC, 2007; Beaulieu et al., 2011). Dans les ruisseaux, le faible tempsde résidence, la faible quantité de matière organique en suspension et la grande surface benthique parrapport au volume d’eau favorisent la nitrification dans les sédiments (Beaulieu et al., 2010). Dans lesrivières anthropisées la nitrification pélagique peut être stimulée par les apports d’azote par les rejetsdes villes. La nitrification hétérotrophe constitue l’une des principales voies d’oxydation du NH+

4 dansles rivières sous l’influence d’apports des usines de traitement des eaux usées (Garnier et al., 2001;Cébron et al., 2005; Garnier et al., 2006). Les eaux usées, même traitées, sont en effet des sources de

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bactéries nitrifiantes et d’azote (Brion et Billen, 2000; Cebron et al., 2003; Beaulieu et al., 2010). Dansles rivières le N2O peut aussi être produit lors de la dénitrification dans les sédiments anoxiques (Hill,1979; Seitzinger, 1988). Au niveau des estuaires une partie du N2O provient de la dénitrification dans lessédiments (Oremland et al., 1984; Middelburg et al., 1995). Cependant la majeure partie du N2O émispar les estuaires provient de la nitrification pélagique (Beaulieu et al., 2011) stimulée par la quantité dematière organique en suspension, les temps de résidence élevés et la plus forte turbidité (Owens, 1986;Barnes et Owens, 1999; de Wilde et de Bie, 2000).

Dans les lacs il existe quatre zones où le N2O peut être produit (Figure 1.5, Mengis et al. (1997)) :

– Zone 1 : Dans les lacs eutrophiques une production occasionnelle de N2O a été mis en évidence(Mengis et al., 1997). Elle est due à la croissance des algues vertes (Weathers, 1984) et aux bactériesdénitrifiantes qui vivent à la surface des macrophytes (Law et al., 1993).

– Zone 2 : Dans l’hypolimnion oxique la production de N2O se fait via la nitrification. De plus laréduction du N2O est inhibée dans cette couche oxygénée (Mengis et al., 1997).

– Zone 3 : Aux interfaces entre les couches oxique et anoxique une forte production de N2O aaussi été mise en évidence (Mengis et al., 1997). Elle a lieu via la nitrification et la dénitrification(Naqvi et Noronha, 1991; Codispoti et Christensen, 1985). La réduction du NO−

3 (Smith, 1982) etl’oxydation du CH4 par les méthanotrophes (Yoshinari, 1985) sont aussi sources de N2O dans cesinterfaces.

– Zone 4 : Dans l’hypolimnion anoxique la dénitrification réduit le N2O en N2. Cependant si cettecouche est temporairement oxygénée, du N2O est produit via la nitrification (Mengis et al., 1997).

Figure 1.5 – Profils de N2O et d’O2 dans les lacs (D’après Mengis et al. (1997)).

1.3.6 Fractionnement isotopique des processus biologiques et signature isotopiquede la matière organique

Les processus biologiques fractionnent le carbone et l’azote, c’est-à-dire que les êtres vivants utilisentpréférentiellement le 12C et le 14N plutôt que le 13C et le 15N (Tableau 1.1). Cette préférence s’expliquepar (i) les masses atomiques du 13C et du 15N respectivement 8 % et 7 % plus élevées que celles du 12C

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et du 14N, et par (ii) les liaisons chimiques plus fortes réalisées par le 13C et le 15N (O’Leary, 1988). Lefractionnement des processus biologiques est calculé de la manière suivante :

4δ =δ13Csource − δ13Cproduit

1 +δ13Csource

1000

(1.12)

avec

δ13C =

13C

12Céchantillon −

13C

12Cstandard

13C

12Cstandard

∗ 1000 (1.13)

Le standard international utilisé pour le carbone est le Pee Dee Belmnite défini à partir d’une for-mation argileuse de Caroline du Nord (13C/12CPDB = 0,0112372). Les mêmes équations sont transpo-sables à l’azote (13C → 15N et 12C → 14N), le standard utilisé pour l’azote est le N2 atmosphérique(15N/14NAir Atmosphérique = 0,003676).

Les fractionnements isotopiques du carbone et de l’azote (Tableau 1.1) ainsi que les valeurs des δ13Cdu CID, CO2, CH4, COD et COP et des δ15N du NH+

4 , NO−3 et NP sont utilisés pour :

– identifier les processus biochimiques en jeu dans les écosystèmes, et notamment le processus ma-joritaire. La dégradation de la matière organique lors de la première étape de la méthanogenèsefractionne peu le carbone, ainsi le CO2 ou l’acétate produits ont une signature isotopique peudifférente du carbone organique source (Conrad et al., 2014). Cependant lors de la seconde étape,le fractionnement isotopique est différent suivant le substrat utilisé, le CO2 ou l’acétate (Tableau1.1) (Conrad, 2005; Goevert et Conrad, 2009; Conrad et al., 2012). Ainsi l’analyse du δ13C-CH4 desbulles de CH4 émise en surface des lacs permet de déterminer la voie principale de la méthanogenèseréalisée dans les sédiments.Les bactéries méthanotrophes (-50 à -110 h, Boschker et Middelburg (2002)) utilisent préférentiel-lement du CH4 appauvri en 13C. De plus ces bactéries fractionnent le carbone en l’appauvrissanten 13C (Tableau 1.1) (Summons et al., 1994; Jahnke et al., 1999). L’analyse du δ13C-CH4 dans lacolonne d’eau permet donc aussi d’identifier les zones où l’oxydation du CH4 a lieu.Le phytoplancton consomme le NO−

3 qui n’a pas été réduit en N2 lors de la dénitrification. Ladénitrification fractionne l’azote (Tableau 1.1) ainsi le NO−

3 restant dans la colonne d’eau estappauvri en 15N et par conséquent le δ15N-NP du phytoplancton est de même appauvri en 15N(Hadas et al., 2009). Ainsi l’analyse du δ15N-NP du phytoplancton permet de mettre en évidenceles processus biologiques affectant l’azote inorganique dissous et son devenir dans la colonne d’eau.

– mettre en évidence les variations saisonnières des processus biochimiques. Les saisons font varier latempérature et les radiations solaires en surface des lacs. Le phytoplancton est sensible à ces varia-tions (cf 1.3.3). Lorsque sa croissance est stimulée (exemple : au printemps dans les lacs boréauxet tempérés), le phytoplancton absorbe de grandes quantités de CO2 et de NO−

3 . Plus la croissancedu phytoplancton est forte plus la quantité de 13CO2 et 15NO−

3 absorbée par le phytoplancton seragrande (Tableau 1.1). Ainsi l’augmentation du δ13C-COP et du δ15N-NP observé saisonnièrementdans des lacs est liée à la forte croissance du phytoplancton (Gu, 2009; Gu et al., 2011; Hou et al.,2013).

– mettre en évidence des apports par le bassin versant. Les variations saisonnières du δ13C-COP etδ15N-NP observées peuvent aussi être liées à la source du carbone et de l’azote. Les pluies stimulentla croissance du phytoplancton car elles apportent aux lacs des nutriments provenant du bassinversant. Le carbone et l’azote du bassin versant provient généralement de plantes en C3, ainsi lecarbone et l’azote apporté sont appauvris en 13C et 15N (Gu et al., 2006; Gu, 2009).

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– mettre en évidence le mélange de la colonne d’eau. La dégradation de la matière organique, au fondde la colonne d’eau lors de la méthanogenèse, enrichie en 13C le pool de CID. Lorsque la colonned’eau est mélangée les concentrations des espèces dissoutes sont homogénéisées (cf 1.3.2) ainsi leCID en surface est enrichi en 13C par les apports de CID provenant du fond de la colonne d’eau(Gu et al., 2006).

Processus biochimiques Fractionnement h RéférencesCARBONEPhotosynthèse (plantes C3) -20 O’Leary (1981)Respiration aérobie ∼ 0 O’Leary (1981)Réduction du CO2 -40 à -90 Landsdown et al. (1992)

en CH4 -75 Conrad et al. (2012)en acétate -56 Blaser et al. (2013)

Réduction de l’acétate -21 Goevert et Conrad (2009)Oxydation du CH4 -20 à 0 Summons et al. (1994); Jahnke et al. (1999)AZOTEAssimilation de l’azote

NH+4 -18 à -9 Robinson (2001)

NO−3 -19 à 0 Robinson (2001)

Photosynthèse -9 à -5 Altabet et François (1994)Ammonification -1 Mariotti (1982)Nitrification

Nitrosation -28 à -12 Mariotti (1983)Nitratation -35 à -15 Robinson (2001)Production de N2O -33 à -28 Robinson (2001)

Dénitrification -40 à -11 Wada (1980); Mariotti (1983)

Tableau 1.1 – Fractionnement isotopique des processus en jeu dans la colonne d’eau et les sédimentsdes lacs et des rivières.

1.3.7 Émissions des gaz à effet de serre par les eaux continentales

Une partie des gaz à effet de serre produits dans la colonne d’eau des lacs rejoint l’atmosphère viadifférentes voies : la diffusion, l’ébullition ou via les plantes (Figure 1.6).

1.3.7.1 La diffusion

Le flux diffusif est un transport net de molécules du à l’existence d’un gradient de concentration. Cetransport est réalisé grâce à l’agitation aléatoire des molécules. Le flux diffusif (Fdiff ) est fonction dugradient de concentration du gaz entre l’eau et l’air (4C) et de la vitesse de transfert du gaz (kg,T ) (Lisset Slater, 1974) :

Fdiff = kg,T4C (1.14)

kg,T dépend de la turbulence à l’interface air-eau qui favorise les échanges gazeux. De nombreuxfacteurs environnementaux augmentent la turbulence à cet interface comme le débit de la rivière, levent (Wanninkhof, 1992; Wanninkhof et McGillis, 1999; Frost et Upstill-Goddard, 2002; Borges et al.,2004; Guérin et al., 2007), les courants de marée (Borges et al., 2004; Zappa et al., 2007), la pluie (Hoet al., 1997, 2007; Guérin et al., 2007), la convection thermique (Schladow et al., 2002; Eugster et al.,2003; MacIntyre et al., 2010; Deshmukh et al., 2014; Sahlée et al., 2014) et la matière organique ou lesparticules en suspension (Abril et al., 2009; Calleja et al., 2009). La concentration du gaz à effet deserre en sub-surface est fonction de sa consommation et de sa production dans les eaux de surface (cf

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1.3.3, 1.3.4 et 1.3.5). Lors de très fortes pluies la colonne d’eau peut en partie se dé-stratifier entraînantun mélange d’une partie de la colonne d’eau (Guérin et Abril, 2007) (cf 1.3.2). Les concentrations ensurface deviennent alors plus élevées entraînant une augmentation du flux diffusif (Huttunen et al.,2003a; Abril et al., 2006; Guérin et Abril, 2007). Enfin, il semble que les micro-bulles participent à uneimportante fraction du flux diffusif (Prairie et Del Giorgio, 2013; Mc Ginnis et al., 2015). D’après Prairieet Del Giorgio (2013) 50 % des émissions par diffusion seraient dues aux micro-bulles. L’existence de cesmicro-bulles pourrait être responsable du plus fort k600 observé pour le CH4 en comparaison de celuidu CO2 (Mc Ginnis et al., 2015).

1.3.7.2 L’ébullition

Le CH4 est produit dans les sédiments lors de la méthanogenèse (cf 1.3.4.2). Lorsque sa concentrationdans les eaux interstitielles du sédiment devient supérieure à sa solubilité maximale dans l’eau, des bullesse forment. Les bulles de gaz, moins denses que l’eau environnante, remontent vers la surface (Figure1.6). Cette voie d’émission concerne principalement le CH4, il est peu soluble en milieu aquatique encomparaison du CO2 et du N2O (à 25°C et 101,325 kPa CH4 = 2,552.10−5, CO2 = 6,15.10−4 et N2O =5,068.10−4 (fraction molaire)) (Huttunen et al., 2003b; Lide, 1997). Le bullage du N2O a peu été mesurémais il semble négligeable en comparaison de celui du CH4 (Huttunen et al., 2002; Deshmukh, 2013).

La quantité de CH4 contenue dans les bulles est variable. Les concentrations les plus élevées ont étémesurées dans un lac de barrage tropical (59 - 66 % DelSontro et al. (2011)) et des lacs thermo-karstiques(82 ± 7 %, Walter et al. (2008)). Des concentrations intermédiaires ont été mesurées en climat boréaldans les zones pélagiques et les zones peu profondes, avec de la végétation, d’étangs de castor (47,2 ±20,8 % et 26,6 ± 12,4 %, Dove et al. (1999)) et dans des lacs subarctiques (34,8 ± 25,2 % Wik et al.(2013)). Les plus faibles concentrations en CH4 dans les bulles ont été mesurées dans les rizières (1 -5 % Tyler et al. (1997), 0,2 - 37,1 % Frenzel et Karofeld (2000), 10 - 50 % Krüger et al. (2002) ). Cesconcentrations étaient du même ordre de grandeur que celles mesurées par Deshmukh et al. (2014) dansun lac de barrage situé en climat subtropical (0 - 30 %) et par Crawford et al. (2014) dans des ruisseauxbien oxygénés (0 - 50,4 %). Dans les rizières les concentrations en CH4 sont généralement faibles car leCH4 produit lors de la méthanogenèse est rapidement transporté via les plants de riz (voir 1.3.7.3). Lesgammes de concentrations en CH4 sont généralement vaste au sein d’un même lac en raison des variationssaisonnières de la colonne d’eau qui affectent (i) la quantité d’oxygène, et donc le taux d’oxydation duCH4, dans les premiers millimètres des sédiments du lac et (ii) la température dans les sédiments quiaffecte elle-même la solubilité du CH4 et l’activité des bactéries méthanogènes (Deshmukh et al., 2014).

Le flux ébullitif a lieu dans les zones peu profondes des lacs (< 10 m) (Keller et Stallard, 1994; Galy-Lacaux et al., 1999; Joyce et Jewell, 2003; Bastviken et al., 2004a; Abril et al., 2005; McGinnis et al.,2006; Gunkel, 2009; DelSontro et al., 2011; Deshmukh et al., 2014) (Figure 1.6). McGinnis et al. (2006)ont mis en évidence que des bulles se forment à plus de 10 m de profondeur cependant elles n’atteignentpas la surface car elles subissent une dissolution lors de leur transport. Cette dissolution est fonction dela durée de l’ascension des bulles (DelSontro et al., 2011) et du diamètre initial des bulles (McGinniset al., 2006). La dissolution des bulles et linéaire jusqu’à ce que les bulles atteignent un diamètre de2 mm (McGinnis et al., 2006). D’après ces auteurs, lorsque les bulles ont atteint ce diamètre, elles secomportent comme des sphères solides et rejoignent la surface suivant la loi de Stokes. La libérationdes bulles est favorisée par différents paramètres environnementaux comme les variations de la pressionatmosphérique (Casper et al., 2000; Deshmukh et al., 2014) qui influencent la pression hydrostatiquedans la colonne d’eau, les variations de la vitesse du courant (Martens et Klump, 1984; Chanton et al.,1989; Scranton et al., 1993) car elles réduisent la pression hydrostatique, les variations de la pressionhydrostatique associées aux changements de la hauteur d’eau, dûs aux saisons, au dessus des sédiments(Smith et al., 2000; Bastviken et al., 2004a; Ostrovsky, 2009; Varadharajan et al., 2010; Deshmukhet al., 2014), l’augmentation de la température qui diminue la solubilité du CH4 (Yamamoto et al., 1976;Chanton et al., 1989), les épisodes de vents forts (Keller et Stallard, 1994) qui vont augmenter la vitesse

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du courant et la contrainte de cisaillement à la surface des sédiments (Joyce et Jewell, 2003) ce quidéclenchent l’ébullition.

Le flux ébullitif est relativement difficile à quantifier puisque c’est un processus épisodique. C’est unflux temporellement mais aussi spatialement hétérogène. L’hétérogénéité spatiale des sédiments (DelSon-tro et al., 2011; Wik et al., 2013), le taux de sédimentation et la nature de la matière organique (Sobeket al., 2012) sont des paramètres majeurs expliquant les variations spatiales du flux ébullitif dans unlac. Certains auteurs estiment que cette voie d’émission a été sous estimée dans le passé (Glaser et al.,2004; Bastviken et al., 2011). Les méthodes de mesure du flux ébullitif sont constamment améliorées.L’hydro-acoustique est de plus en plus mise en œuvre dans la mesure de l’ébullition des lacs. Elle permetnotamment d’obtenir une meilleure résolution de l’ébullition et de mieux comprendre le fonctionnementde cette voix d’émission. DelSontro et al. (2015) ont notamment mis en évidence que les bulles de granddiamètre (> 10 mm) participent à plus de 65 % des émissions de CH4 par ébullition alors que ces bullesne représentent que 10 % des bulles émises par les sédiments du lac Wohlen.

1.3.7.3 Le flux à travers les plantes

Dans les écosystèmes aquatiques la présence de végétation en milieu peu profond constitue une autrevoie d’émission des gaz à effet de serre (Chanton et al., 1989; Reddy et al., 1989; Sorrell et Boon, 1992;Hamilton et al., 1995; Boon, 2000; Juutinen et al., 2003; Bergström et al., 2007; Chen et al., 2009;Jørgensen et al., 2012) (Figure 1.6). Certaines plantes aquatiques (exemple : jonc, nénuphar...) sontassimilables à des conduits grâce à leur aérenchyme, tissu lacuneux, qui permet les échanges gazeux.Le transport se fait par diffusion du gaz dans l’aérenchyme mais peut aussi être réalisé par diffusiondu gaz dans les vaisseaux de la plantes (Reddy et al., 1989; Chang et al., 1998; Yu et Chen, 2009). Leflux de gaz est fonction de la production et de la consommation des gaz dans les sols peu profonds etennoyés et de l’évapotranspiration des plantes. Le transport de gaz varie en effet avec l’ensoleillement,et donc l’ouverture des stomates des plantes, il est favorisé par la continuité de l’aérenchyme qui permetla diffusion du gaz (Jørgensen et al., 2012).

Le CH4, peu soluble, produit dans les sols, rejoint l’atmosphère via l’aérenchyme des plantes (Sebacheret al., 1985). La quantité de CH4 émise est fonction de son taux d’oxydation et donc de la pénétrationde l’oxygène dans les sols qui dépend du transport de l’oxygène dans la plante jusqu’aux racines dela plante (Reddy et al., 1989). Le CO2 peut aussi emprunter l’aérenchyme des plantes et être émisdans l’atmosphère. Ses émissions évoluent au cours de la journée et au cours des saisons car elles sontgouvernées par la photosynthèse, qui dépend du rayonnement photosynthétique actif (cf 1.3.3), et parla respiration du sol. La diffusion de l’oxygène jusque dans les racines des plantes modifie les processusazotés responsables de la production de N2O (cf 1.3.5.3) (Reddy et al., 1989; Jørgensen et al., 2012). Laprésence de plantes au niveau des sols ennoyés peu profonds facilite le transport de N2O, produit dans lessols, vers l’atmosphère (Jørgensen et al., 2012). Ce transport est favorisé par la continuité de l’aérenchymequi permet la diffusion du N2O et limite sa réduction totale en N2 (Heincke et Kaupenjoham, 1999). Leszones littorales des lacs avec des végétaux sont donc des lieux d’émissions importantes de gaz à effet deserre dans les lacs, les émissions de CH4 via les plantes (10,2 Tg (CH4) an−1) sont en effet du mêmeordre de grandeur que celles via la diffusion (9,9 Tg (CH4) an−1) (Bastviken et al., 2011).

1.4 Les lacs de barrages hydroélectriques : Anthropisation des éco-systèmes naturels

1.4.1 Les différents types de centrales hydroélectriques

Il existe trois catégories de centrales hydroélectriques (IPCC, 2011) :

– les centrales au fil de l’eau. L’énergie nécessaire pour produire l’électricité provient du débit de larivière. La production d’énergie varie donc suivant les saisons.

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– les centrales à réservoir. La création d’un réservoir, c’est-à-dire d’un lac de barrage, permet delimiter l’influence du débit entrant sur la production d’énergie. Dans cette étude nous allons uni-quement nous intéresser à ce genre de centrale hydroélectrique.

– les centrales à réserve pompée. Ces centrales sont des dispositifs de stockage de l’eau. L’eau d’unréservoir est pompée vers un autre réservoir situé plus haut en altitude. Pendant les périodes defortes demandes en énergie ce processus peut être inversé afin de produire de l’énergie. Cependantce type de centrale n’est pas une source nette d’énergie.

1.4.2 Énergie hydroélectrique dans le monde

Actuellement le potentiel technique mondial de production d’énergie hydroélectrique est de 14 576TWh an−1 (IPCC, 2011). La puissance potentielle mondiale est de 3 721 GW soit quatre fois la capacitémondiale installée à ce jour. La capacité inexploitée varie d’un continent à un autre, elle est notammentde 47 % en Europe contre 92 % en Afrique. Ceci s’explique par le niveau de développement des continents.L’Asie, comme l’Afrique, possède un potentiel hydroélectrique non exploité important. Les économieschinoise et indienne en pleine essor permettent la construction de grands ouvrages hydroélectriques(exemple : barrage des Trois Gorges) contrairement aux pays africains (IPCC, 2011).

1.4.3 Modifications dues à la mise en place d’un barrage

La mise en place d’un barrage modifie le bilan radiatif. En effet la création d’un barrage entraîne latransformation d’écosystèmes naturels aquatiques (rivière, marais...) et terrestres (forêt, zone agricole,sol...) en un écosystème lacustre. La modification de l’occupation des sols entraîne une modification dessources et des puits de gaz à effet de serre (CO2, CH4 et N2O). Les processus physiques et biogéochimiquesayant précédemment lieu dans la rivière, les sols et les forêts sont modifiés et les processus physiqueset biogéochimiques ayant lieu dans un lac se mettent progressivement en place dans le lac de barrage(Figure 1.6).

1.4.3.1 Dynamique de la matière organique

La mise en place d’un barrage s’accompagne de la mise en eau d’une grande quantité de matièreorganique labile contenue dans les sols et la végétation du bassin versant de la rivière sur laquelle lebarrage est construit (Chartrand et al., 1994; Schetagne, 1994; DesLandes et al., 1995; St. Louis et al.,2000; Guérin et al., 2008b; Teodoru et al., 2011; Deshmukh, 2013; Chanudet et al., 2015). La dégradationde ce pool de matière organique entraîne la libération de grandes quantités de carbone organique et inor-ganique dissous et la libération d’importantes quantités de nutriments azotés, phosphorés ou potassiquesles premières années suivant la mise en eau (Vaquer et al., 1997; Roland et al., 2011). La productionprimaire est stimulée par l’apport de nutriments dans la colonne d’eau. Ce phénomène est appelé le« trophic upsurge », il est responsable de la production d’une grande quantité de matière organiqueautochtone (Galy-Lacaux, 1996; Schetagne, 1994; Vaquer et al., 1997; Teodoru et al., 2011; Deshmukh,2013). La production primaire croît les deux premières années suivant la mise en eau. Le délai avant d’at-teindre le maximum de production primaire est inhérent à l’adaptation du phytoplancton à son nouvelenvironnement (Teodoru et al., 2011).

La production primaire chute les années suivantes en raison de l’épuisement de la matière organiquela plus labile des sols et de la biomasse inondés (Vaquer et al., 1997; Abril et al., 2005; Guérin et al.,2008a). Campo et Sancholuz (1998) estime que environ 10 ans après la création d’un barrage en Uruguayles troncs d’arbres ennoyés ont perdu la totalité de leur fraction labile. La décomposition de la matièreorganique se poursuit plus lentement les années suivantes, Campo et Sancholuz (1998) ont mis en évidenceque, pour un lac de barrage en Uruguay, seulement 43 % du stock initialement mis en eau avait été dégradéen 37 ans. D’après Abril et al. (2005), la fraction la plus labile (= 18 % du stock initial de MO ennoyée)a été dégradée les 2,5 années ayant suivies la mise en eau à Petit Saut. Le reste de la fraction labile

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(= 24 %) devrait être totalement dégradé au cours des 23 années suivant la mise en eau et 90 % de lafraction la plus réfractaire restante devrait mettre encore 64 ans à se dégrader (Abril et al., 2005).

Bien que les lacs de barrages soient sujets à un « trophic depression » les années suivant le pic deproduction primaire, ils ne retrouvent pas le niveau trophique (qualité de l’eau, biocœnose) de la rivièreprésente avant la mise en eau (Gunkel, 2009). En effet, les lacs ont généralement un niveau trophiqueplus élevé que les rivières naturelles et de plus, les lacs de barrages sont sujets à d’importants apports dematière organique et de nutriments provenant de leur bassin versant. Ces apports sont plus importantsen raison de la longueur des berges des lacs de barrages. Elle est généralement supérieure à celle deslacs naturels car la création d’un barrage sur une rivière ennoie les vallées alentour et par conséquentaugmente la longueur des berges initiale de la rivière.

1.4.3.2 Dynamique et émissions des gaz à effet de serre dans les lacs de barrage

Les premières années suivant la mise en eau, la dégradation de la matière organique des sols et de labiomasse inondée s’accompagne d’une forte production de CO2 et d’une diminution de la concentrationen oxygène dans l’hypolimnion et les sols ennoyés qui peuvent devenir anoxiques (Galy-Lacaux, 1996;Deshmukh, 2013; Chanudet et al., 2015). L’anoxie des sols inondés permet la mise en place de la mé-thanogenèse (Galy-Lacaux, 1996; Deshmukh, 2013). De grandes quantités de CO2 et de CH4 sont doncproduites les premières années suivant la mise en eau (Delmas et al., 2001; Teodoru et al., 2012). DuN2O peut être produit (i) lors de la dégradation de la matière organique via la dénitrification dans lessols inondés anoxiques (cf 1.3.5.3), (ii) lors de la nitrification de l’ammonium produit en grande quantitélors du « trophic upsurge » et enfin (iii) le N2O peut être produit aux interfaces oxique - anoxique viala nitrification et la dénitrification dans les colonnes d’eau de lacs de barrages stratifiés (Mengis et al.,1997). Suivant l’écosystème présent avant la mise en eau l’importance des apports allochtones dans lesémissions de GES peut varier. Dans le cas des lacs de barrages tropicaux la quantité de MO ennoyéelors de la création du barrage est généralement conséquente (Galy-Lacaux, 1996) ainsi l’importance de laMO allochtone dans les émissions de GES les premières années suivant la mise en eau est généralementtrès faible (Abril et al., 2005; Guérin et al., 2008a). Cependant dans le cas de lacs de barrage construitssur d’anciennes zones de cultures la MO ennoyée est peu importante en comparaison des apports par lebassin versant (Downing et al., 2008).

Les gaz à effet de serre produits dans les lacs de barrages sont émis via les mêmes voies que cellesdes lacs naturels : via la diffusion, via l’ébullition et via les plantes (cf 1.3.7). Ainsi, en raison des fortesconcentrations en GES dans la colonne d’eau des lacs de barrages les premières années suivant la miseen eau, les flux diffusifs et ébullitifs augmentent les premières années suivant la mise en eau (Delmaset al., 2001; Teodoru et al., 2012; Deshmukh, 2013). Deux à trois ans après la mise en eau, l’épuisementdu pool de matière organique labile et le ralentissement de son taux de dégradation s’accompagnentd’une diminution des concentrations en CO2 et CH4 dans la colonne d’eau (Abril et al., 2005). La chutedes concentrations en CH4 est aussi liée à la mise en place de méthanotrophes, au cours de la premièreannée suivant la mise en eau, qui oxydent le CH4 (cf 1.3.5.2) (Dumestre et al., 1999). Les émissions pardiffusion et ébullition diminuent donc avec l’âge des lacs de barrages (Galy-Lacaux et al., 1999; Abrilet al., 2005; Bastien et al., 2011; Teodoru et al., 2012). Dans les lacs de barrages tropicaux, l’ébullitionest la voie principale d’émission du CH4 par le lac de barrage les 10 premières années suivant la mise eneau mais elle peut devenir négligeable avec le temps (Abril et al., 2005; Bastien et Demarty, 2013). Dansles lacs de barrages boréaux les émissions de CH4 par ébullition sont généralement négligeables devantcelles par diffusion (Huttunen et al., 2003a; Juutinen et al., 2003; Teodoru et al., 2012). Les émissionsde gaz à effet de serre diminuent plus rapidement en climat boréal qu’en climat tropical (Aberg et al.,2004; Tremblay et al., 2004; Abril et al., 2005; Barros et al., 2011). Dans les lacs de barrages tropicaux,la plus grande quantité de matière organique mise en eau, les plus fortes températures dans la colonned’eau et les sédiments, et l’existence d’un hypolimnion anoxique stimulent la production de gaz à effetde serre. Les plus hautes températures des lacs de barrages tropicaux favorisent la dégradation de la

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matière organique ennoyée sur le long terme (Campo et Sancholuz, 1998), et diminuent la solubilité desgaz à effet de serre ce qui favorise l’ébullition du CH4 (Yamamoto et al., 1976; Chanton et al., 1989).De plus l’acidité des eaux des lacs de barrages tropicaux est favorable au maintien d’eaux sursaturéesen CO2 et donc aux émissions de ce gaz par diffusion (Wetzel, 2001). La diffusion est la principale voied’émission du CO2 par les barrages (Abril et al., 2005; Bastien et al., 2011; Teodoru et al., 2012; Bastienet Demarty, 2013; Deshmukh, 2013). L’évolution temporelle de la concentration en N2O après la mise eneau n’a été réalisée que sur le barrage de Nam Theun 2 mais seulement deux années ont été présentéesdans les travaux de Deshmukh (2013) et ne permettent pas de conclure sur les évolutions temporelles desa concentration dans la colonne d’eau et de ses émissions.

Les variations d’émissions ne se limitent pas à des variations inhérentes à la latitude des lacs. En effetdes variations spatiales sont observées au sein même des lacs de barrages. De nombreuses études ont misen évidence que les émissions de gaz à effet de serre par les zones littorales et les zones de marnage étaientimportantes (Huttunen et al., 2003b; Wang et al., 2006; Zheng et al., 2011; Diem et al., 2012; Deshmukh,2013; Venkiteswaran et al., 2013; Yang et al., 2013b,a; Musenze et al., 2014a; Yang et al., 2014, 2015). Cesvariations d’émissions sont liées à la nature des sols et de la biomasse inondés (teneur en CO et labilité),à la présence de végétation dans les zones peu profondes et à l’existence de l’ébullition uniquement dansles zones peu profondes des lacs (Teodoru et al., 2011; Deshmukh, 2013; Yang et al., 2014, 2015). Dansles lacs de barrages, le débit de l’eau est en permanence contrôlé par l’usine du barrage. Lorsque lademande en énergie est forte le niveau de l’eau du lac peut fortement diminuer. Pendant les périodesd’étiage, les sols humides sont mis à l’air libre, ils peuvent être rapidement recolonisés par la végétation.Lorsque le niveau de l’eau ré-augmente (pluies, diminution de la demande...), la végétation est à nouveaumise en eau. Sa dégradation peut être à l’origine d’importants flux de gaz à effet de serre, notammentde CH4 (Chen et al., 2009; Yang et al., 2012). De plus la mise en eau des sols précédemment en contactavec l’atmosphère s’accompagne d’une diminution du potentiel réducteur des sols. La respiration aérobiedécroît donc au profit de la respiration anaérobie. Suivant la hauteur d’eau, si l’anaérobie stricte estatteinte il y a production de CH4 qui peut diffuser dans la colonne d’eau, être transporté par les plantesou être émis par ébullition (Yang et al., 2015). À Nam Theun 2 (Laos), les deux années suivant la miseen eau, cette zone de marnage correspondait à 16 - 25 % des émissions totales de CO2, 3 - 5 % desémissions totales de CH4 et 54 - 79 % des émissions totales de N2O (Deshmukh, 2013). D’après Rolandet al. (2010), négliger les variations spatiales à l’échelle du lac de barrage sous-estimerait de 25 % lesémissions de CO2 des lacs de barrages. En effet les zones majoritairement échantillonnées dans les lacsde barrages sont les zones pélagiques (Barros et al., 2011).

Les variations spatiales observées au sein des lacs de barrages ne se limitent pas à des variationsentre les zones de marnage ou littorale et la zone pélagique. Des études récentes ont mis en évidence unehétérogénéité longitudinale, c’est-à-dire de la rivière en amont du lac vers le barrage, des flux de CO2 versl’atmosphère et de la production primaire en surface (Vidal et al., 2012; Cardoso et al., 2013; Pachecoet al., 2015). La rivière est une zone propice à de fortes concentrations en nutriments mais la productionprimaire y est limitée en raison des fortes turbidité et turbulence des eaux (Thornton, 1990; Pachecoet al., 2015). En amont du lac de barrage, les concentrations en CO2 sont plus élevées que celles dans lazone de transition et dans le lac (Cardoso et al., 2013; Pacheco et al., 2015). Dans la zone de transition, laquantité de nutriments est encore élevée et, la turbidité et la turbulence ayant diminuées, la productionprimaire augmente par rapport à celle dans la rivière (Thornton, 1990; Pacheco et al., 2015). De plus,les taux de minéralisation dans les sédiments de la zone de transition sont élevés (Cardoso et al., 2013)ainsi, malgré l’augmentation de la production primaire, les concentrations en CO2 sont plus élevées quecelles mesurées dans la zone pélagique (Pacheco et al., 2015). Dans la zone pélagique, les faibles taux deminéralisation dans les sédiments (Cardoso et al., 2013) sont couplés à une faible production primaire enraison des faibles concentrations en nutriments (Thornton, 1990), ainsi les concentrations en CO2 sontplus faibles que celles mesurées dans la zone de transition (Pacheco et al., 2015). Les études de Cardosoet al. (2013) et Pacheco et al. (2015) montrent donc que l’échantillonnage seul de la zone pélagique peutpotentiellement sous-estimer les émissions de CO2 par les lacs de barrages.

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Les lacs de barrages, comme les lacs naturels, présentent des variations saisonnières de leurs émissions.Dans les lacs de barrages, les concentrations en gaz à effet de serre dans la colonne d’eau, et donc lesflux diffusifs associés, dépendent du temps de résidence des eaux qui peut varier avec les saisons (Galy-Lacaux et al., 1999; Abril et al., 2005). Dans les lacs de barrages tropicaux, les concentrations en gaz àeffet de serre sont plus élevées en saison sèche qu’en saison humide car le temps de résidence des eauxaugmente alors. Cette augmentation du temps de résidence est due à une diminution du débit entrantet donc du débit turbiné. Ainsi, dans les lacs de barrages tropicaux, les flux diffusifs en saison sèchesont en moyenne supérieurs à ceux mesurés en saison humide (Abril et al., 2005; Guérin et Abril, 2007).Ces variations entre les saisons humide et sèche peuvent être jusqu’à un ordre de grandeur supérieuresaux variations inter-annuelles (Abril et al., 2005). Dans les lacs de barrages tropicaux, on note aussi uneaugmentation occasionnelle du flux diffusif au début de la saison humide en raison du mélange de lacolonne d’eau (plongée des eaux de pluie plus froides) ce qui permet la remontée d’eaux plus chaudes etriches en gaz à effet de serre dissous accumulés pendant la saison sèche (Guérin et Abril, 2007). Dans leslacs de barrages tempérés, un pic d’émission de CO2 est généralement observé à l’automne en raison dumélange de la colonne d’eau (Halbedel et Koschorrek, 2013; Knoll et al., 2013). Dans les lacs de barragesboréaux, un pic des émissions est visible au printemps. Il est dû à la libération des gaz à effet de serrequi se sont accumulés sous la glace pendant l’hiver et à l’efflorescence alguaire qui a lieu à cette période.Du printemps à l’automne les flux de gaz à effet de serre des lacs de barrages boréaux ne présentent pasde variations saisonnières (Huttunen et al., 2002, 2003a; Demarty et al., 2009).

Bien que la dégradation des troncs d’arbres mis en eau soit lente (Martius, 1997; Campo et Sancholuz,1998; Abril et al., 2013), les troncs d’arbres se situant au dessus du niveau de l’eau semblent constituerune source additionnelle de gaz à effet de serre non négligeable à l’échelle de la vie d’un barrage (100 ans).Abril et al. (2013) ont en effet mis en évidence que la décomposition des troncs d’arbres au dessus duniveau de l’eau pouvait représenter 26 à 45 % des émissions totales et intégrées sur 100 ans des barragesde Balbina et Petit Saut.

1.4.3.3 Émissions en aval des barrages hydroélectriques

Encore trop peu d’études s’intéressent aux émissions en aval des barrages hydroélectriques. Cepen-dant la construction d’un barrage hydroélectrique entraîne l’apparition d’une nouvelle voie d’émission :le dégazage (Figure 1.6). Ce flux a lieu à la sortie des turbines de l’usine hydroélectrique. Son impor-tance dépend de trois paramètres : le débit, contrôlé en permanence suivant la demande d’énergie, laconcentration en gaz dans l’eau passant les turbines et la hauteur de chute de l’eau. Diem et al. (2012)ont en effet mis en évidence que le dégazage en sortie des turbines était plus important lorsque la hau-teur de chute d’eau était grande, une haute chute d’eau favorise la turbulence et donc le dégazage. Laconcentration en gaz à effet de serre dans les turbines dépend de la hauteur de prise d’eau au niveaudu barrage, les eaux de l’hypolimnion étant plus concentrées en gaz à effet de serre que les eaux del’épilimnion (Figure 1.4, cf 1.3.5). Pour les barrages dont les eaux turbinées correspondent à des eauxprovenant de l’hypolimnion riche en gaz à effet de serre dissous, le dégazage est une voie importanted’émission de gaz à effet de serre (Soumis et al., 2004; Abril et al., 2005; Roehm et Tremblay, 2006;Kemenes et al., 2007, 2011; Li et Zhang, 2014; Teodoru et al., 2015; Wang et al., 2015). Lorsque les eauxtransitant par les turbines proviennent de l’hypolimnion riche en gaz à effet de serre dissous, elles sontsujettes à une forte diminution de pression lorsqu’elles sont rejetées en aval du barrage. D’après la loide Henry, cette diminution de pression va entraîner une diminution de la solubilité des gaz dans l’eau,ils vont ainsi s’échapper dans l’atmosphère, on dit alors qu’il y a dégazage. Le dégazage a aussi lieu auniveau des systèmes d’aération créés pour ré-oxygéner les eaux (exemples : seuils d’aération des barragesde Petit Saut en Guyane Française, Galy-Lacaux et al. (1999) et de Nam Theun 2 au Laos, Deshmukh(2013)).

Comme l’ébullition et la diffusion, la quantité de gaz à effet de serre émise par dégazage diminueavec l’âge du barrage puisqu’il dépend des concentrations en gaz à effet de serre dans la colonne d’eau

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du lac. Le dégazage est généralement la voie d’émission majoritaire du CH4 dans les lacs de barragestropicaux (Abril et al., 2005; Kemenes et al., 2007; Bastien et Demarty, 2013) cependant elle peut êtredevancée par l’ébullition lorsque celle-ci est importante (DelSontro et al., 2011). Dans les lacs de barragesboréaux, l’importance du dégazage du CH4 peut être inférieure à celle de la diffusion en surface du laccar la quantité totale de CH4 émis via la diffusion est fonction de la surface du lac de barrage alors que ledégazage a lieu en un unique point. Ainsi, le dégazage du CH4 peut être négligeable devant les émissionspar le lac (Bastien et al., 2011; Teodoru et al., 2012). Les émissions de CO2 par dégazage, bien que nonnégligeables, sont inférieures à celles via la diffusion en surface du lac en raison de la forte solubilité duCO2 dans l’eau (Abril et al., 2005; Teodoru et al., 2012; Bastien et Demarty, 2013).

Les émissions en aval ne se limitent pas aux émissions en sortie des turbines, les fleuves en avaldes barrages hydroélectriques sont aussi sujets à des émissions en raison des apports, de gaz à effet deserre et de matière organique, par le barrage (Abril et al., 2005; De Junet et al., 2009; Deshmukh, 2013;Prasad et al., 2013). Les barrages dont les eaux turbinées proviennent de l’hypolimnion apportent deseaux riches en gaz à effet de serre au fleuve aval. La fraction de gaz à effet de serre qui n’a pas dégazépeut diffuser vers l’atmosphère. Le flux diffusif de CH4 diminue le long des fleuves situés en aval desbarrages hydroélectriques car le CH4 est oxydé dans les eaux oxygénées de ces fleuves (Abril et al.,2005; Guérin et al., 2006; Guérin et Abril, 2007; Deshmukh, 2013). Le CO2 est aussi émis en aval desbarrages hydroélectriques en raison des apports de CO2 par le lac de barrage et de la production de CO2à partir de la matière organique apportée par le lac de barrage (Abril et al., 2005; De Junet et al., 2009;Prasad et al., 2013). L’étude de Deshmukh (2013) met en évidence que du N2O est aussi émis en avaldu barrage de Nam Theun 2 via diffusion. Les émissions par diffusion en surface du fleuve en aval dubarrage sont généralement d’un ordre de grandeur inférieures aux autres voies d’émissions (Abril et al.,2005; Deshmukh, 2013). Cependant, le total des émissions en aval des barrages hydroélectriques, pardégazage et flux diffusif, peut être important dans le bilan global des émissions d’un barrage. Abril et al.(2005) estiment notamment que, en 2003, 57 % des émissions de CH4 ont eu lieu en aval du barrage dePetit Saut (Guyane Française). Cette tendance est confirmée par les études de Kemenes et al. (2007,2011) en 2004 - 2006 sur le système de Balbina (Brésil) où 55 % des émissions de CH4 se faisaient enaval.

1.4.3.4 Modification des flux de carbone et d’azote aux sédiments et à l’océan

La mise en place d’un barrage sur une rivière s’accompagne d’une augmentation du temps de résidencedes eaux qui favorise la sédimentation de la matière organique produite lors de la production primaireet apportée par le bassin versant, et d’une modification des transferts de carbone et d’azote au fleuve enaval du barrage (Galy-Lacaux, 1996; Abril et al., 2005; Guérin et al., 2006; Deshmukh, 2013). D’aprèsMulholland et Elwood (1982) et Dean et Gorham (1998) les lacs de barrages séquestreraient dans leurssédiments, respectivement, 500 (14 - 3300) g(C) m−2 an−1 et 400 g(C) m−2 an−1 soit au moins 20 foisplus de carbone que les lacs naturels (cf 1.3.4.2). La quantité de carbone séquestrée dans les lacs debarrages varie donc suivant une large gamme (0,021 - 4,95 Pg(C) an−1, Mulholland et Elwood (1982),avec une surface totale occupée par les lacs de barrages = 15 105 km2 Barros et al. (2011)). Cette largegamme est due à une variation de la quantité de carbone enfouie dans les sédiments avec la latitude dubarrage. D’après Mendonça et al. (2012) la quantité de carbone enfouie dans les sédiments est inférieureaux émissions de gaz à effet de serre pour les barrages tropicaux et supérieure aux émissions de gaz àeffet de serre pour les barrages boréaux. La gamme de valeur donnée par Mulholland et Elwood (1982)a été précisée par Syvitski et al. (2005) (1 - 3 Pg (C) an−1). D’après Syvitski et al. (2005) les barragessont responsables de la diminution de 26 % du flux de carbone organique à l’océan. Ils modifient aussiles flux d’azote à l’océan en accroissant les concentrations en NH+

4 dans les eaux relarguées en aval desbarrages (Galloway et al., 2004; Deshmukh, 2013; Chen et al., 2015). Enfin, Humborg et al. (1997) ontmis en évidence que la mise en place d’un barrage sur le Danube s’était accompagnée d’une chute del’apport de silice à la mer Noire ce qui a entraîné une modification de la population phytoplanctonique(diatomées → coccolithophoridés et flagellés).

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ukh(201

3)).

36

Les lacs de barrages présentent des variations spatiales de taux de minéralisation de la matièreorganique dans les sédiments, et donc par conséquent des taux de séquestration du carbone. Cardosoet al. (2013) ont mis en évidence que la zone de transition rivière - lac des lacs de barrages présentait destaux de minéralisation supérieurs à ceux mesurés dans la rivière en amont et dans le lac de barrage. Lestaux de minéralisation de la zone de transition sont supérieurs à ceux mesurés dans la rivière en raisonde la proportion plus faible de matière organique allochtone et du plus grand pool de bactéries (Cardosoet al., 2013). Les taux de minéralisation de la zone de transition sont supérieurs à ceux mesurés dansles sédiments de la zone pélagique du lac bien que la proportion de matière organique allochtone y soitsupérieure (Cardoso et al., 2013). La plus faible labilité de la matière organique allochtone (Tremblayet al., 2004) présente dans les sédiments de la zone de transition est vraisemblablement compensée parla plus grande quantité de matière organique qui sédimente dans la zone de transition (Cardoso et al.,2013). Les plus forts taux de sédimentation de cette zone sont dus (i) au ralentissement du courant dela rivière à la rencontre avec les eaux du lac de barrage qui ont un temps de résidence élevé et (ii) auxforts taux de production primaire en surface (Pacheco et al., 2015). Dans la zone de transition les fortstaux de minéralisation mettent en évidence qu’une importante partie du carbone qui sédimente n’est passéquestrée mais est recyclée en gaz à effet de serre qui peuvent diffuser dans la colonne d’eau (Cardosoet al., 2013). La mesure des taux de séquestration uniquement à partir de sédiments de la zone pélagiquedu lac de barrage sur-estime donc potentiellement la séquestration du carbone par les lacs de barrages.

1.4.4 Émissions nettes et brutes

L’énergie hydroélectrique était considérée comme une énergie sans émission de gaz à effet de serrejusqu’aux publications de Kelly et al. (1994) et Rudd et al. (1993). Leurs études ont mis en évidence quedes lacs de barrages boréaux étaient des sources de CO2 et de CH4. Ainsi, par la suite, de nombreusesétudes ont été menées afin d’estimer les émissions des lacs de barrages et ce quelque soit la zone climatiqueoù se situe le barrage. Les valeurs des émissions correspondent souvent aux émissions brutes. En effet lesémissions des écosystèmes avant la mise en eau sont souvent méconnues. Les émissions de l’écosystèmeantérieur au lac de barrage correspondent aux émissions des surfaces avant la mise en eau (rivière, sols,végétation). Les émissions brutes comprennent l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre suite àla mise en place d’un barrage (lac et fleuve en aval). Ainsi les émissions nettes sont définies d’après laformule suivante (Delmas et al., 2001) :

Émissions nettes = Émissions brutes− Émissions de l’écosystème antérieur au lac de barrage (1.15)

Bien que peu de publications présentent les émissions nettes des lacs de barrages, les résultats de Delmaset al. (2001), Guérin et al. (2008a) et Teodoru et al. (2012) mettent en évidence que, sur une base de100 ans, les émissions nettes de CO2 et de CH4 peuvent être 25 % à 50 % plus faibles que les émissionsbrutes d’où l’importance de les quantifier.

En climat boréal, la création de lacs de barrages a converti des écosystèmes à l’équilibre en écosys-tèmes étant des sources nettes de carbone (Teodoru et al., 2012). Ainsi on peut considérer que, pourles écosystèmes à l’équilibre avant la mise en eau, les émissions nettes sont égales aux émissions brutes.Ceci n’est pas forcément vérifié pour les lacs de barrages tropicaux. Par exemple avant la mise en placedu barrage de Petit Saut les émissions de CH4 par les sols ont été estimées à 27 - 89 Gg (CO2eq) an−1

(Delmas et al., 2001). En 2003, Abril et al. (2005) ont calculé que les émissions brutes de CH4 étaientde 389 Gg (CO2eq) an−1. Le lac de barrage de Petit Saut était donc en 2003 une source nette de 300- 362 Gg (CO2eq) an−1 de CH4. Pour le CH4, les émissions brutes sont 10 à 20 % plus élevées que lesémissions nettes. Les forêts tropicales sont des puits de CO2 (IPCC, 2007), ainsi la mise en place d’unlac à Petit Saut a créé une source nette de CO2. Cette source a été estimée, 10 ans après la mise eneau (2003), à 446 Gg (CO2eq) (Abril et al., 2005). En ce qui concerne le N2O, Delmas et al. (2001) ontestimé que les émissions de N2O par les sols avant la mise en eau étaient de 37 - 86 Gg (CO2eq) an−1.En 2003, Guérin et al. (2008b) ont estimé que les émissions brutes de N2O par le lac de barrage de PetitSaut étaient égales à 140 Gg (CO2eq) an−1. Les émissions nettes de N2O à Petit Saut seraient donc de

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54 - 103 Gg (CO2eq) an−1. Les émissions nettes de N2O correspondraient donc à 40 - 70 % des émissionsbrutes de N2O. Bien que la mise en place d’un lac de barrage à Petit Saut ait augmenté les émissionsde N2O par rapport à celles de l’écosystème en place avant la mise en eau, les émissions nettes de N2Odans le bilan global (émissions nettes = 801 - 912 Gg (CO2eq) an−1) ne correspondraient qu’à 10 % desémissions nettes totales malgré le pouvoir de réchauffement global élevé du N2O (Guérin et al., 2008b).

Le total des émissions de gaz à effet de serre par les lacs de barrages à l’échelle globale est mal connuencore aujourd’hui. Il est estimé à 3 - 321 Tg (C) an−1 pour le CH4 et 48 à 270 Gg (C) an−1 pour leCO2 (Barros et al., 2011; St. Louis et al., 2000). La vaste gamme de valeurs est due :

– à la quantité de matière organique ennoyée lors de la mise en eau (cf 1.4.3.1),

– à l’âge des lacs de barrages. Les lacs de barrages de moins de 20 ans émettent 3 fois plus de CH4et de CO2 que les lacs de barrages de plus de 20 ans (cf 1.4.3.2 et 1.4.3.3),

– et à la latitude du lac de barrage et donc la température moyenne annuelle dans la colonne d’eauet les sédiments (cf 1.3.4.2 et 1.4.3.3).

1.5 Conclusion

Les eaux continentales font partie intégrante des cycles du carbone et de l’azote des surfaces conti-nentales. Les eaux continentales autotrophes sont des puits de carbone lorsque la production primairepar le phytoplancton est supérieure à la dégradation de la matière organique lors des respirations aéro-bie et hétérotrophe du phytoplancton et du zooplancton. Les eaux continentales hétérotrophes sont aucontraire des sources de carbone (CO2 et CH4), la dégradation de la matière organique dans la colonned’eau et les sédiments y est supérieure à la production primaire dans la couche euphotique. Les gazà effet de serre sont produits directement lors de la dégradation de la matière organique autochtoneet allochtone dans la colonne d’eau et les sédiments (CO2 et CH4) et indirectement via la productiond’espèces dissoutes (NH+

4 et COD) qui seront transformées en gaz à effet de serre dans la colonne d’eau(N2O et CO2). Les gaz à effet de serre peuvent être émis dans l’atmosphère via la diffusion, l’ébullitionou via les plantes. Les émissions des eaux continentales varient avec les saisons qui impactent la forcede la stratification thermique de la colonne d’eau. L’étude des eaux continentales est de plus en plussouvent réalisée avec des outils isotopiques qui permettent notamment d’identifier les sources de carboneet d’azote utilisées lors des différents processus biogéochimiques ayant lieu dans la colonne d’eau et lesvariations saisonnières de ces processus et des apports du bassin versant.

L’importance des eaux continentales dans le bilan global des émissions de gaz à effet de serre et dansles bilans de carbone et d’azote globaux est encore aujourd’hui mal connue. Des incertitudes persistentencore sur les quantités de gaz à effet de serre émises par les eaux continentales et les quantités decarbone et d’azote transférées aux océans. Ces incertitudes sont principalement liées à l’anthropisationdes eaux continentales. En effet, l’Homme, de part ses activités (industrie, agriculture, vie quotidienne),modifie les flux de carbone et d’azote aux eaux continentales. De plus il modifie les flux de carbone etd’azote à l’océan en construisant des barrages sur les rivières. La construction de barrages s’accompagneaussi d’une augmentation de la superficie des eaux continentales et d’une modification des flux de gaz àeffet de serre vers l’atmosphère.

L’énergie hydroélectrique a longtemps été considérée comme une énergie exempte d’émissions decarbone dans l’atmosphère. Cependant la création d’un lac de barrage, hydroélectrique ou non, modifieles cycles du carbone et de l’azote précédemment en place dans la rivière. Les lacs de barrage sont eneffet sujet à de forts taux de séquestration du carbone et de fortes émissions de gaz à effet de serrenotamment les années suivant la mise en eau. Les émissions par les lacs de barrage diminuent avec leurâge. Les émissions par les lacs de barrages boréaux et tempérés sont généralement inférieures à celles deslacs de barrages tropicaux en raison des plus faibles quantités de matière organique ennoyée et des plus

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faibles températures dans les lacs de barrages boréaux et tempérés. Les émissions par les lacs de barragesvarient aussi à l’échelle du lac en raison de l’hétérogénéité spatiale des sédiments (quantité et labilité ducarbone et de l’azote), des variations de la production primaire en surface du lac suivant un gradientlongitudinal (rivière vers barrage) et de la profondeur de la zone d’émission considérée dans le lac. Lesémissions de gaz à effet serre suite à la mise en place d’un barrage hydroélectrique ne se limitent pas aulac de barrage (ébullition et diffusion) mais concernent aussi le fleuve en aval du barrage (dégazage etdiffusion). Les émissions de gaz à effet de serre par les barrages sont de mieux en mieux quantifiées maisil existe encore des incertitudes notamment sur les quantités de carbone et d’azote exportées en aval desbarrages et sur les quantités séquestrées dans les sédiments des lacs de barrages.

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Chapitre 2

Site d’étude, le barrage hydroélectriquede Petit Saut en Guyane Française

2.1 Le barrage et le lac de Petit Saut et le fleuve Sinnamary en avaldu barrage

Le barrage hydroélectrique de Petit Saut est situé à 5°N et 53°W sur l’ancien lit du fleuve Sinnamary(Figure 2.1, Figure 2.2).

Figure 2.1 – Localisation du barrage de Petit Saut (D’après AIHP-Géode, Université des Antilles et dela Guyane).

Il a été réalisé par le Centre National des Équipements Hydroélectriques d’Électricité De France(CNEH-EDF). Sa mise en eau a eu lieu en Janvier 1994, le niveau maximal a été atteint en Juillet 1995(35 m). Les quatre turbines d’une puissance totale de 115 MW ont pour but d’alimenter en électricitéles principales villes de la côte guyanaise (Cayenne, Kourou, Saint-Laurent-du-Maroni...) ainsi que leCentre Spatial Guyanais. Le barrage de Petit Saut a été construit à environ 80 km de l’Océan Atlantiquesur le fleuve Sinnamary. Le fleuve Sinnamary prend sa source à 125 m d’altitude au cœur de la Guyane.Il parcourait 245 km jusqu’à l’océan dans un relief peu élevé de collines en demi-orange (De Granville,

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1994) avant la mise en eau. Ces collines sont recouvertes d’une forêt primaire dense. Le bassin versantdu Sinnamary représente 7 000 km2 jusqu’à l’océan dont 5 927 km2 à Petit Saut. La création du lac debarrage de Petit Saut a entraîné la mise en eau de 365 km2 de forêt primaire et la formation de 105 km2

d’îles. Les autres caractéristiques du barrage, du lac de barrage et du fleuve en aval sont résumées dansle Tableau 2.1 :

Moyenne Intervalle de valeurs

LAC de BARRAGE Surface (km2) 1 333 273 - 365Volume (km3) 1 3,0 2,2 - 3,5Débit entrant (m3 s-1) 2 235 3 - 2 481

et Temps de résidence (mois) 2 4,3 0,44 - 300Débit turbiné (m3 s-1) 2 215 44 - 489

BARRAGE Profondeur (m) 10 0 - 35Tsurface (°C) 3 30,6 27,7 - 33,2Surface (km2) < 40 km 4 4 n.m.

AVAL du BARRAGE Surface (km2) > 40 km 4 17 n.m.Intervalle de marée 5 0,5 n.m.

Rivière et estuaire Profondeur (m) 5 4 3 - 5Teau (°C) 6 26,6 24,1 - 29,9

Tableau 2.1 – Caractéristiques du système Petit Saut (1996 à 2013).

1 La surface moyenne et le volume moyen du lac de barrage ont été estimés à partir de la côte moyenne du lac et de lacourbe hypsométrique. La côte moyenne a été calculée avec les valeurs mensuelles entre 1996 et 2013. 2 Les débits moyensont été calculés à partir des données journalières de débit de 1996 à 2013. Les temps de résidence ont été calculés à partirdes données journalières de débit entrant et de volume (déterminé à partir de la côte au niveau du barrage) de 1996 à 2013.3 La température moyenne en surface du lac a été calculée à partir des données mensuelles de température de surface de lastation Roche Genipa entre 1996 et 2013. 4 Abril et al. (2005). 5 Richard (1996). 6 La température moyenne en surface dufleuve en aval du barrage de Petit Saut a été calculée à partir des données mensuelles de deux stations du fleuve Sinnamary,Petit Saut (0,8 km) et Pointe Combi (36,5 km), entre 1996 et 2013.

À Petit Saut, trois thèses ont eu lieu après la mise en eau sur les émissions de gaz à effet de serreet le cycle du carbone (Galy-Lacaux, 1996; Dumestre, 1998; Guérin, 2006). Le jeu de données créé lorsde ces travaux de recherche est enrichi par le suivi mensuel réalisé par le laboratoire Hydreco depuisla mise en eau en 1994. Les paramètres de qualité des eaux et les concentrations en CH4, CO2, NH+

4 etNO−

3 des eaux de la station Roche Genipa, située dans la zone pélagique du lac de Petit Saut, ont eneffet été mesurés tous les mois depuis la mise en eau du lac de Petit Saut en 1994, cette station est doncla station de référence du lac de Petit Saut.

À Petit Saut il existe quatre points de passage des eaux du lac au niveau du barrage (Figure 2.2) :

– les turbines : sont contrôlées par l’usine EDF. La concentration des eaux passant par les turbines estun mélange de la colonne d’eau de la station Roche Genipa (18 % épilimnion + 82 % hypolimnion)(Galy-Lacaux et al., 1999; Abril et al., 2005).

– les vannes de fond : sont contrôlées par l’usine EDF. La concentration des eaux passant par lesvannes de fond peut être approximée par la moyenne des concentrations de 25 m au fond de lastation Roche Genipa (Richard, 1996).

– le clapet de surface : est contrôlé par l’usine EDF afin de ré-oxygéner les eaux en aval du barragelorsque ceci est nécessaire. Les eaux passant par le clapet de surface sont des eaux de surface dulac de barrage, elles sont donc oxygénées.

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– le déversoir de surface : la quantité d’eau qui se déverse en aval n’est pas contrôlable par l’usineEDF. Ce point du barrage permet d’évacuer le trop plein qui menace l’édifice pendant les saisonshumides.

La construction du barrage a grandement perturbé le fleuve Sinnamary. En effet l’année suivant lamise en eau il a été montré que les eaux provenant du barrage étaient totalement anoxiques ainsi la vieen aval immédiat du barrage était impossible (Richard, 1996). Un système d’aération a été rapidementmis en place dans le canal de fuite de l’usine environ 100 m après le barrage afin de ré-oxygéner les eaux(Figure 2.2). Sa hauteur, initialement de 5,40 m, a été diminuée par deux fois de 1,20 m (Décembre 2001et Février 2003) (Richard et al., 2005). Actuellement le seuil aérateur a une hauteur de 3,4 m, ce qui estaujourd’hui suffisant pour avoir une concentration supérieure à 2 mg(O2) L−1 à Pointe Combi (à 36,5km en aval du barrage) (Richard, 1996).

Figure 2.2 – Le barrage de Petit Saut vu du fleuve Sinnamary (E. Cailleaud, Juillet 2013)

2.2 Climatologie

Le climat équatorial présent en Guyane est sous l’influence de l’Océan Atlantique. Les années hy-drologiques sont séparées en quatre saisons (Figure 2.3) : petite humide (Janvier à Février), petite sèche(Mars), humide (Avril à Juillet) et sèche (Août à Décembre). Le bassin versant du fleuve est sous l’in-fluence des alizées de Nord - Est pendant la saison des pluies et des Alizées de Sud-Est pendant la saisonsèche.

Figure 2.3 – Cumul mensuel des pluies et température moyenne mensuelle de l’air à Petit Saut entre1998 et 2013 (Moyenne ± SEM).

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2.3 Source de matière organique

Le fond du lac de barrage de Petit Saut est essentiellement formé de roches métamorphiques pré-cambriennes du bouclier guyanais dont la nature chimique impacte la composition des eaux du bassinversant notamment en termes d’acidité et de concentrations en fer, aluminium et silicium.

Les sols forestiers des climats équatoriaux humides sont sujets à une altération poussée ce qui entraînela formation de latérites voire d’une cuirasse latéritique. Les sols sont donc appauvris en silice et enrichisen hydroxydes de fer et d’aluminium. Cependant l’érosion des sols forestiers en climat équatorial humideest faible car la canopée absorbe une grande partie de l’énergie cinétique de la pluie (Sarrailh, 1990).Les transports solides sont faibles sauf après défrichement où l’activité érosive s’intensifie. Le climatfavorise aussi une dégradation rapide de la matière organique malgré l’importance de la litière et deson renouvellement. Les fleuves guyanais sont donc pauvres en particules (Fritsch, 1984; Prost, 1986,1991). La matière organique transportée par ces fleuves est réfractaire (acides fulviques). À Petit Saut,Delmas et al. (2001) ont mesurer les flux de N2O et de CH4 au cours des saisons sèche et humide de1994 de différents types de sols situés dans la zone qui est maintenant occupée par le lac de barrage. Lessols sélectionnés correspondent à des sols, dont la teneur en eau variait suivant la saison, des collines(humides ou drainés), dans la pente des collines (humides et secs) et dans la plaine (humides, saturés oumarécageux). L’ensemble des sols étaient des sources de N2O et de CH4 et les flux présentaient peu devariation entre les deux saisons. L’étude des sols du bassin versant a permis de déterminer que, la zonequi est maintenant occupée par le lac de barrage, émettaient 0,66 à 2,2 Gg (C-CH4) an−1 et 43 à 100Mg (N-N2O) an−1 (Delmas et al., 2001). En 1994, 3 690 Gg (C) contenus dans le sol guyanais ont étéennoyés (Guérin et al., 2008a) (Figure 2.4). Ils constitueront l’une des principales sources de gaz à effetde serre du lac de Petit Saut les 10 premières années suivant la mise en eau (Guérin et al., 2008a).

Contrairement à certains barrages Néerlandais construits au Surinam, à Petit Saut il a été fait lechoix de ne pas déboiser la forêt primaire qui serait ennoyée. Ainsi en 1994 des troncs d’arbres (4 950Gg (C)) et des feuilles (180 Gg (C)) ont été mis en eau (Hoff, 1993; Galy-Lacaux, 1996; Guérin et al.,2008a), soit un total de 5 130 Gg (C) de biomasse épigée. En 1994, 8 820 Gg (C) ont donc été mis eneau lors de la création du lac de Petit Saut, ceci constitue le stock initial de carbone (Figure 2.4). Lesfeuilles ont rapidement été dégradées les six premières années suivant la mise en eau, elles constituent laseconde source principale de gaz à effet de serre du lac de Petit Saut les 10 premières années suivant lamise en eau après les sols inondés (Guérin et al., 2008a). La quantité restante de carbone de la biomasseépigée et des sols inondés est inconnue 18 ans après la mise en eau. D’après Abril et al. (2005), 42 % dustock de MO ennoyée en 1994 devrait avoir été dégradé d’ici 2017. Le stock d’azote, initial et restant,contenu dans les sols inondés et les troncs d’arbres ennoyés est inconnu.

Au stock initial de carbone divers apports s’ajoutent en permanence dans le lac de barrage. Lesapports autochtones correspondent à la production primaire du phytoplancton et la production bacté-rienne. La production primaire était de 310 - 970 Gg (C) an−1 (Vaquer et al., 1997) pendant le « trophicupsurge », et de 53 - 130 Gg (C) an−1 Collos et al. (2001) après le « trophic upsurge » (Figure 2.4).La production bactérienne est de 154 Gg (C) an−1 (Dumestre, 1998) (Figure 2.4). La production bac-térienne comprend la production par les bactéries hétérotrophes aérobies situées dans l’épilimnion (94Gg (C) an−1), la production par les bactéries méthanotrophes dans le métalimnion (16 Gg (C) an−1) etla production par les bactéries hétérotrophes anaérobies dans l’hypolimnion (44 Gg (C) an−1) (Figure2.4). Le Sinnamary et ses affluents apportent aussi du carbone sous forme de COD, COP, CO2 et CH4(Richard, 1996; Galy-Lacaux, 1996; Abril et al., 2005) et Dumestre (1998) a estimé que 222,7 t (C bac-térien) an−1 étaient apportés par le Sinnamary et son bassin versant (Figure 2.4). D’après Collos et al.(2001) la production primaire dans la couche euphotique de le lac de Petit Saut est source de 23 ± 11Gg (N-NOP) an−1. Les apports allochtones d’azote n’ont jamais été quantifiés à Petit Saut.

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Figure 2.4 – Stock de carbone et flux entrants de carbone dans le lac de barrage de Petit Saut d’aprèsHoff (1993), Galy-Lacaux (1996), Richard (1996), Dumestre (1998), Abril et al. (2005) et Guérin et al.(2008a).

2.4 Le système de Petit Saut depuis sa mise en eauLa colonne d’eau du lac de Petit Saut est thermiquement stratifiée toute l’année, elle présente un

épilimnion oxique au dessus d’un hypolimnion anoxique (Guérin et Abril, 2007) (Figure 2.5). En saisonhumide, la diminution des radiations solaires atteignant la surface du lac par la couche nuageuse, les pluiesimportantes, le vent plus fort et l’augmentation des apports par les rivières du bassin versant affaiblissentla stratification thermique (Guérin et Abril, 2007). Cependant, d’après les travaux de Guérin et Abril(2007) et Abril et al. (2006), la déstratification de la colonne d’eau est partielle, elle n’affecte que le hautde l’hypolimnion.

Figure 2.5 – Variations temporelles de la température (A) et de la concentration en oxygène (B) dansla colonne d’eau du lac de barrage de Petit Saut entre Janvier et Décembre 2003 (Julian day 0 = 1erJanvier 2003) grâce à l’échantillonnage mensuel de la station Roche Genipa (voir (Figure3.3) (d’aprèsGuérin et Abril (2007)).

45

La mise en eau de 8 820 Gg (C) en 1994 s’est suivie d’un « trophic upsurge » entraînant la productionde grande quantité de gaz à effet de serre dans la colonne d’eau du jeune lac de barrage de Petit Saut(Galy-Lacaux, 1996). Les émissions de CO2 et de CH4 ont donc augmenté les deux premières annéessuivant la mise en eau (Galy-Lacaux, 1996). Les émissions de CO2 ont chuté à partir de 1997 en raisond’une chute de la concentration en CO2 dans la colonne d’eau. Les émissions de CH4 ont chuté dès1996 en raison d’une diminution de la diffusion du CH4 vers la surface liée à l’activation des bactériesméthanotrophes au niveau de l’oxycline. Cette activation est liée à l’augmentation de la profondeur del’oxycline qui a levé l’inhibition par la lumière de l’activité méthanotrophique (Dumestre et al., 1999).La profondeur de l’oxycline a en effet chuté les premières années suivant la mise en eau, l’oxycline estnotamment passée de 1 m en 1995 à 5,5 m en 1998, elle est depuis située entre 4 et 8 m suivant lessaisons (Galy-Lacaux et al., 1999; Abril et al., 2005; Guérin et Abril, 2007).

Après 1997 les émissions de gaz à effet de serre ont continué de diminuer (Galy-Lacaux et al.,1999; Abril et al., 2005). La diminution des flux s’expliquent essentiellement par une diminution de laconcentration des gaz à effet de serre dans la colonne d’eau, la matière organique ennoyée semble avoirperdu la majorité de sa fraction facilement dégradable. Depuis la mise en eau et après le « trophicupsurge », les principales sources de gaz à effet de serre à Petit Saut sont la biomasse non ligneuse etles sols inondés (Guérin et al., 2008a). Entre 1994 et 2003, 20 % des 8 820 Gg (C) ennoyés ont étéémis dans l’atmosphère (Guérin et al., 2008a). Les bilans de masse établis dans l’étude de Guérin et al.(2008a) valident l’hypothèse d’autres sources de carbone (allochtone et autochtone). Cependant on neconnaît actuellement pas l’état de la matière organique enfouie ni les transformations biologiques oumicrobiologiques que cette matière organique a subit depuis sa mise en eau.

Abril et al. (2005) ont estimé que 21 à 25 % des émissions de CO2 dans le fleuve en aval du barrageétaient dues aux apports de CO2 par le lac. D’après Abril et al. (2005), les 75 % émis restants ontvraisemblablement été produits dans la rivière en aval lors de la dégradation de la matière organiqueapportée par le lac (COD et COP). D’après De Junet et al. (2009) 20 % du CO2 émis par la rivière enaval du barrage proviendrait de la dégradation du COP issu du lac de Petit Saut.

Dix ans après la mise en eau, alors que les émissions de CH4 sont essentiellement dues au dégazage auniveau du barrage, les émissions de CO2 se font principalement via la diffusion en surface du lac (Tableau2.2). Aucun suivi temporel n’a été effectué pour le N2O à Petit Saut. Les émissions de ce gaz sont trèsmal connues actuellement. Seuls les flux diffusifs de N2O en surface du lac de barrage et du fleuve enaval ont été mesurés en Mai 2003 à Petit Saut (Guérin et al., 2008b) (Tableau 2.2). L’importance del’ébullition et du dégazage du N2O dans le bilan total des émissions n’a pas encore été calculé à PetitSaut car ces flux n’ont pas été mesuré/calculé en 2003. Guérin et al. (2008b) ont estimé que le dégazagedu N2O pouvait potentiellement être important à Petit Saut (30 - 120 Gg (CO2eq) an−1). Il pourraitreprésenter 3 à 12 % des émissions totales de gaz à effet de serre (CO2eq) car, à l’exemple du CH4 etdu CO2, la colonne d’eau du lac devait être riche en N2O puisque de forts flux diffusifs de N2O ont étéobservés en surface du lac en 2003 (Guérin et al., 2008b).

CH4 (%) CO2 (%) N2O (%)Flux diffusif en surface du lac 16 61 98Bullage dans le lac 5 Négligeable n.m.Dégazage 60 7 n.m.Flux diffusif en surface du fleuve aval 18 31 2

Tableau 2.2 – Part de chaque voie d’émission pour le CH4, le CO2 et le N2O en 2003 (Abril et al.,2005; Guérin et al., 2008b).

46

Abril et al. (2013) estiment que le troncs ligneux constituent une source additionnelle de CH4 et deCO2 via leur lente dégradation. Les émissions de ces deux gaz via la dégradation des troncs au dessusdu niveau de l’eau pourrait constituer de 26 à 45 % des émissions totales de CH4 et de CO2 sur 100 ans.L’état de dégradation actuel des arbres ennoyés en 1994, et donc la quantité de carbone émise lors deleur dégradation au cours des 18 premières années de vie du barrage, ne sont pas connus actuellement.

2.5 Définition du projet de thèse

À Petit Saut, les bilans de carbone et les incubations (Abril et al., 2005; Guérin et al., 2007, 2008a),et l’étude de la matière organique particulaire de la colonne d’eau (De Junet et al., 2009), réalisés àpartir des campagnes de 2003 et des données mensuelles depuis 1994, ont montré que, les 10 premièresannées suivant la mise en eau, 80 à 85 % des émissions du lac de barrage de Petit Saut provenaientde la dégradation de la biomasse et des sols mis en eau en 1994. Le reste des émissions est dû à laminéralisation de la matière organique issue de la production primaire (autochtone) et de celle du bassinversant (allochtone). Dix ans après la mise en eau, 22 % du stock initial de carbone ennoyé, dont latotalité de la biomasse labile épigée (feuilles), a été émis dans l’atmosphère sous forme de CH4 et deCO2 (Guérin et al., 2008a). Cependant les troncs d’arbres ligneux ennoyés en 1994 sont toujours en placedans le lac mais leur contribution a toujours été négligée dans le bilan des émissions du lac de barragede Petit Saut et des autres lacs de barrages où de la forêt a été ennoyée. Ainsi, 18 ans après la mise eneau, nous ne savons pas quel est l’état de dégradation de la matière ennoyée en 1994 ni quelle part de lamatière organique ennoyée (sols et troncs ligneux) a déjà été minéralisée.

Dans les lacs naturels et les lacs de barrages, la zone littorale est associée à un intense recyclage de lamatière organique et elle est associée à de fortes émissions de gaz à effet de serre (Huttunen et al., 2003b;Juutinen et al., 2003; Wang et al., 2006; Zheng et al., 2011; Venkiteswaran et al., 2013; Yang et al.,2013b,a; Musenze et al., 2014a; Yang et al., 2014, 2015) cependant aucune étude n’aborde l’importancede la zone littorale située dans la forêt inondée des lacs de barrages. De plus, l’ébullition, qui a lieudans les zones littorales, est trop souvent sous estimée dans les lacs de barrages car ces zones de fortesémissions de CH4 ne sont pas toujours bien représentées lors de l’échantillonnage (Glaser et al., 2004;Bastviken et al., 2011). À Petit Saut, l’ébullition a été peu étudiée en comparaison des autres voiesd’émissions et une seule zone littorale a été échantillonnée pour la mesure de l’ébullition.

Encore trop peu d’études renseignent sur les émissions en aval des lacs de barrages alors que cesémissions peuvent être importantes notamment en aval des lacs de barrages stratifiés présentant unhypolimnion anoxique. Les concentrations en gaz à effet de serre diminuant avec l’âge du barrage, l’im-portance des émissions en aval du barrage a pu diminuer. Abril et al. (2005) ont montré que seulement25 % du CO2 émis dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut provenait du CO2 de la colonne d’eaudu lac de barrage. Les 75 % restants proviennent vraisemblablement de la dégradation de la matièreorganique de la colonne d’eau apportée en aval. De Junet et al. (2009) ont notamment mis en évidenceque 20 % du CO2 émis provenait de la dégradation du COP du lac.

De plus en plus d’études s’intéressent aux émissions de N2O par les lacs de barrages en raison dufort PRG de ce gaz. À Petit Saut, une seule étude préliminaire a été menée 10 ans après la mise en eaupour quantifier les flux diffusifs de N2O en surface du lac et dans le fleuve en aval (Guérin et al., 2008b).L’ébullition et le dégazage de ce gaz n’ont pas été mesurés au cours de cette étude. Cependant Guérinet al. (2008b) estime que le dégazage du N2O pourrait potentiellement être important à Petit Saut. Uneétude récente réalisée en aval du barrage de Nam Theun 2 remet en cause cette hypothèse car cette voied’émission était négligeable devant les émissions du lac de barrage de Nam Theun 2. Les études réaliséesdans le lac de barrage de Petit Saut ont mis en évidence une variation saisonnière des émissions de CH4et de CO2 et de leurs processus associés (Dumestre et al., 1999; Abril et al., 2005; Guérin et Abril, 2007)mais l’étude préliminaire réalisée en 2003 par Guérin et al. (2008b) n’a pas permis de mettre en évidence

47

des variations saisonnières pour les émissions de N2O.

Peu d’études renseignent sur le cycle du carbone à l’échelle du lac de barrage, et aucune n’a étéréalisée en climat tropical (Knoll et al., 2013; Lopez et al., 2013). Aucune étude n’a été réalisée sur lecycle de l’azote à l’échelle d’un lac de barrage tropical. À Petit Saut, le couplage des travaux de Abrilet al. (2005) et Guérin et al. (2008a) permet de réaliser un cycle du carbone à l’échelle du lac de barragede Petit Saut 10 ans après la mise en eau. Les concentrations en gaz à effet de serre et la quantité de MOlabile dans les lacs de barrage diminuant avec leur âge (Vaquer et al., 1997; Abril et al., 2005; Guérinet al., 2008a), le cycle du carbone est probablement différent de celui établi en 2003 et les émissions degaz à effet de serre ont probablement continué de diminuer les 10 années suivantes (Delmas et al., 2001).

C’est dans ce contexte global sur les cycles du carbone et de l’azote, et les émissions de gaz à effet deserre des lacs de barrages, qu’un projet de recherche a été créé pour apporter des réponses aux questionssuivantes à partir de l’étude des rivières en amont du lac de barrage de Petit Saut, du lac lui-même etdu fleuve en aval du barrage hydroélectrique de Petit Saut 18 ans après la mise en eau (Figure 2.6) :

– 1) Quelles sont les sources principales de gaz à effet de serre et de matière organique dans le lac dePetit Saut 18 ans après la mise en eau ? et quel est l’état de dégradation de la matière organiquemise en eau en 1994 (sols et arbres) ?

– 2) Quelle est l’importance de la zone littorale dans le bilan des émissions du lac et dans le bilan desémissions totales à Petit Saut ? Quelle est la part exacte du bullage dans les émissions de CH4 ?

– 3) Quelles sont les sources de la matière organique en aval du barrage responsables de la productionde CO2 ? Quel est l’état de dégradation de la matière organique en aval du barrage et quelle estson origine principale ?

Au travers de ces différents questionnements nous nous sommes aussi intéressés au N2O :

– 4) Quelle est l’importance du N2O dans le bilan des émissions global à Petit Saut ? Quelle est lapart du dégazage dans les émissions de N2O? Quelle est la part du bullage dans les émissions deN2O?

Enfin, la quantification des quantités de carbone et d’azote entrant et sortant du lac de Petit Sautet l’ensemble de l’étude réalisée pour répondre aux précédentes questions nous a permis de :

– 5) réaliser des bilans de carbone et d’azote du système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval).

L’étude a été réalisée à partir du suivi de plusieurs stations en amont, dans et en aval du lac de PetitSaut sur 12 mois et au cours de 4 saisons pour rendre compte des variations longitudinales de l’amontvers l’aval, spatiales dans le lac, et saisonnières des cycles du carbone et de l’azote ainsi que des émissionsde gaz à effet de serre en climat tropical.

48

Figure 2.6 – Les axes de recherche du projet de thèse réalisés lors des campagnes de 2012 - 2013.

49

50

Chapitre 3

Matériels et Méthodes

3.1 Stratégie d’échantillonnageLes douze mois d’une année hydrologique ont été échantillonnés entre Avril 2012 et Septembre 2013

(Figure 3.1). Une première campagne de 3 mois a été réalisée entre Avril 2012 et Juin 2012 pour l’échan-tillonnage de la saison humide. La seconde a été réalisée entre Octobre 2013 et Décembre 2013 pourl’échantillonnage de la saison sèche et s’est poursuivie par une troisième campagne de Janvier 2013 àMars 2013 pour l’échantillonnage des petites saisons humide et sèche. Enfin entre Juillet 2013 et Sep-tembre 2013 la période de transition entre les saisons humide et sèche a été échantillonnée (Figure 3.1).L’année 2012 est caractérisée par l’absence d’une petite saison sèche et par une longue saison sèche (Fi-gure 3.1). En 2013 la petite saison humide est arrivée tardivement en Janvier, la petite saison sèche a étémarquée par des épisodes de pluie réguliers et la saison humide s’est étendue jusqu’à début Août (Figure3.1). Ainsi, dans les chapitres suivant, la saison humide correspondra aux mois de Janvier à Juillet incluset la saison sèche à ceux de Août à Décembre inclus :

Figure 3.1 – Séries temporelles du cumul mensuel de pluie et du niveau de l’eau dans le lac de barragede Petit Saut en 2012 - 2013 et nouvelle définition des saisons humide et sèche utilisées lors de notreétude.

51

Figure 3.2 – Quelques stations d’échantillonnage du système de Petit Saut (E. Cailleaud, 2012 - 2013)

52

Figure 3.3 – Carte du système Petit Saut et localisation des stations. À cette échelle les stations deforêt inondée sont confondues en un même point représenté par celui de leur zone, Crique Plomb pourles stations Crique Plomb 1, 2, 3 et 4, et PK 23,6 pour les stations PK 23,6 - 2, 3, 4, 5 et 6.

Pendant chacun des 12 mois échantillonnés, les intrants du lac de barrage de Petit Saut ont étécaractérisés et quantifiés grâce à un suivi mensuel de différents paramètres réalisé en surface de cinqstations situées en amont du lac de barrage (en marron sur la Figure 3.3, Amont du lac dans le Tableau

53

3.1, Figure 3.2). Les paramètres échantillonnés sont la température, la conductivité, le pH, le potentielréducteur, les concentrations en oxygène (O2), dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4), protoxyded’azote (N2O), ammonium (NH+

4 ), nitrate (NO−3 ), nitrite (NO−

2 ), carbone organique dissous (COD),matière en suspension (MES), et les concentrations en carbone organique particulaire (COP) et azoteparticulaire (NP), le rapport C/N, la teneur en carbone organique (CO) et en azote (N), le δ13C-COPet le δ15N-NP dans les matières en suspension. Le δ13C-CID a aussi été mesuré pour ces stations entreJuillet et Septembre 2013. La limite amont du lac est définie par les stations Takari Tanté et Saut Lucifer,respectivement sur le fleuve Sinnamary et la rivière Coursibo. Enfin les autres rivières (Crique en créole)principales alimentant le lac ont aussi été échantillonnées en Crique Tigre et en Crique Plomb. L’un desruisseaux affluents de la Crique Plomb a aussi été échantillonné, nous l’avons nommé Plombinette, il sedéverse dans la zone littorale de forêt inondée de Crique Plomb (Figure 3.3).

Dans le lac de barrage de Petit Saut, des profils verticaux des mêmes paramètres échantillonnés ensurface des rivières en amont du lac ont été réalisés en deux types de stations, les stations d’eaux libres,situées sur l’ancien lit du fleuve (en bleu sur la Figure 3.3, Lac - Eaux Libres dans le Tableau 3.1, Figure3.2), et les stations de forêt inondée, situées dans d’anciennes vallées et constituées de forêts primaire etsecondaire (en vert sur la Figure 3.3, Lac - Forêt Inondée dans le Tableau 3.1). Cet échantillonnage avaitpour but de déterminer l’importance de la zone littorale de forêt inondée dans le bilan des émissions dulac de barrage de Petit Saut. Cinq stations d’eaux libres ont été échantillonnées, elles appartiennent à lazone pélagique du lac, c’est-à-dire pour notre étude, la zone de plus de 10 mètres de profondeur. Deuxstations d’eaux libres appartiennent aux zones de transition du fleuve Sinnamary et de la rivière Coursiboavec le lac, respectivement Bois Blanc et Saut Kawenn (en bleu sur la Figure 3.3, Lac - Eaux Libresdans le Tableau 3.1). La station Deux Branches est située à l’ancienne confluence du fleuve Sinnamaryet de la rivière Coursibo (en bleu sur la Figure 3.3, Lac - Eaux Libres dans le Tableau 3.1). Les stationsPK 23,6-1 et Roche Genipa sont les stations d’eaux libres les plus proches du barrage de Petit Saut(en bleu sur la Figure 3.3, Lac - Eaux Libres dans le Tableau 3.1). Dix stations forêt inondée ont étééchantillonnées dans deux zones de forêt inondée, Crique Plomb et PK 23,6 (en vert sur la Figure 3.3,Lac - Forêt Inondée dans le Tableau 3.1). PK 23,6 est une ancienne vallée constituée d’une forêt inondéeéparse. La zone de prélèvement en Crique Plomb est située dans une ancienne vallée proche du barragede Petit Saut et proche de l’ancien lit de la rivière Crique Plomb, elle est constituée d’une forêt dense.Au moins quatre stations ont été échantillonnées mensuellement dans ces deux zones de forêt inondée.La répartition des flux diffusifs de CH4 et CO2 avec la profondeur nous a permis de confirmer que lazone littorale de forêt inondée, zone où l’on mesure le flux ébullitif, avait une profondeur inférieure à10 m (voir Chapitre 4). Ainsi suivant la saison les stations de forêt inondée étaient situées dans la zonelittorale (< 10 m) ou dans la zone pélagique (> 10 m). Les deux zones de forêt inondée échantillonnéessont représentatives de la diversité des zones littorales que l’on peut trouver dans le lac de Petit Saut(forêt inondée éparse ou dense, zone littorale d’île ou de berge). De même les stations échantillonnées enzone pélagique sont représentatives de la diversité de cette zone au sein du lac de Petit Saut (eaux libreset forêt inondée ; zone de transition et zone proche du barrage).

La matière organique au fond du lac a été caractérisée à l’aide de carottes de sédiments prélevées enAvril 2013 en deux stations : Bois Blanc et Crique Tigre (en orange sur la Figure 3.3, Amont du lac etLac Tableau 3.1). Des profils de concentrations des éléments traces et redox majeurs (O2, NO−

3 , NO−2 ,

sulfates (SO2−4 ), fer et manganèse), des concentrations en CO2, CH4, COD, NH+

4 et sulfure d’hydrogène(H2S), des teneurs en carbone organique (CO), soufre total (Stot) et azote (N) ont été réalisés sur cescarottes. Des troncs d’arbres ont été prélevés 500 m après l’ancienne confluence de la Crique Plomb etdu fleuve Sinnamary, dans la Crique Plomb, pendant la saison sèche (Octobre 2013). Les troncs d’arbresvivants ont été prélevés sur les berges du lac et les troncs d’arbres ennoyés ont été prélevés dans le lac.Des incubations anaérobies de sédiments et de poudre de troncs d’arbres ont été réalisées entre Mai etSeptembre 2014 afin d’identifier les différentes sources de gaz à effet de serre dans l’hypolimnion du lac.

54

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013

55

Le taux de sédimentation dans le lac a été déterminé à partir de pièges à particules disposés en SautKawenn, Deux Branches et Roche Genipa entre Avril 2012 et Décembre 2012 et Janvier 2013 et Juillet2013 (en bleu sur la Figure 3.3, Lac dans le Tableau 3.1). Des sols inondés et de forêt ont été prélevés (20premiers cm) sur les berges du lac de Petit Saut en Avril 2013 en Saut Lucifer, Crique Plomb et CriqueTigre (en marron sur la Figure 3.3, Amont du lac dans le Tableau 3.1) afin de caractériser la matièreorganique du bassin versant du lac et des sols inondés.

Les mêmes paramètres que ceux échantillonnés en surface des rivières en amont du lac et dans lacolonne d’eau du lac ont été mesurés en surface du fleuve en aval du barrage de Petit Saut en trois stationséchantillonnées mensuellement (Barrage de Petit Saut, Petit Saut 0,8 km et Pointe Combi à 36,5 kmdans le fleuve en aval des turbines) (en violet sur la Figure 3.3, Aval du barrage dans le Tableau 3.1). Cetéchantillonnage a été complété par l’étude de cinq stations supplémentaires échantillonnées quatre fois lelong du fleuve Sinnamary pendant la saison humide (Avril 2012, Juillet 2013), la saison sèche (Novembre2012) et la petite saison humide (Février 2013) (Figure 3.3 et Tableau 3.1). Les précédentes études ontpermis de mettre en évidence que la zone d’influence du barrage, et donc les émissions causées par lamise en place du barrage s’étendent jusqu’à 40 kilomètres (Abril et al., 2005; Guérin et al., 2006). Ainsidans notre étude nous avons aussi différencié deux tronçons pour le fleuve en aval du barrage, un premiercorrespondant aux premiers 40 kilomètres et un second correspondant aux 40 derniers kilomètres (Avaldu barrage dans le Tableau 3.1). L’étude de ces stations aval a été complétée par des incubations aérobiesd’eau de surface des stations Petit Saut (0,8 km) et Pointe Combi (36,5 km). L’ensemble de l’étude deseaux en aval du barrage nous a permis de caractériser la matière organique, de quantifier les quantitésde carbone et d’azote exportées par le lac de Petit Saut dans le fleuve et de valider les hypothèses surles sources de CO2 dans le fleuve. Enfin l’étude des stations Barrage de Petit Saut (Turbines) et PetitSaut (0,8 km) nous a permis de calculer le dégazage des gaz à effet de serre.

3.2 Méthodologie

3.2.1 Profils dans le lac

Pour chaque profil, quelque soit la profondeur de la station, au moins cinq niveaux ont été réaliséslorsqu’il existait une oxycline (cf Figure 1.4). La zone de fort gradient d’oxygène a été échantillonnéeplus précisément que le reste de la colonne d’eau : mesures 1 mètre au dessus de la zone de gradient, dansla zone de gradient, et un mètre au dessous de la zone de gradient. La surface et le fond ont toujours étééchantillonnés. Suivant la profondeur d’autres points ont été rajoutés entre la surface et le point 1 m audessus de la zone de gradient et entre le point 1 m en dessous de la zone de gradient et le fond.

3.2.2 Paramètres de qualité et prélèvement de l’eau

Les paramètres de qualité de l’eau ont été déterminés à l’aide d’une sonde multi-paramètres (YSI®,Yellow Springs, Ohio, États Unis) tous les 0,5 m jusqu’à 10 m ou plus si l’oxycline était plus profonde etensuite tous les mètres. Cette sonde donne pour chaque profondeur la température (°C), la conductivité(µS cm−1), le pH, le potentiel réducteur (mV) et l’oxygène dissous (% et mg L−1). Les eaux de surface etde la colonne d’eau ont été prélevées avec une bouteille de prélèvement de cinq litres (Uwitec®, Mondsee,Autriche).

3.2.3 Concentrations des gaz à effet de serre (CH4, CO2 et N2O)

Pour chaque profondeur de la station échantillonnée, un échantillon d’eau a été collecté dans unflacon en verre de 40 mL fermé avec un septum et serti d’une bague en aluminium pour la mesure desconcentrations en gaz à effet de serre (Guérin et Abril, 2007). Dans les trois heures suivant le prélèvementdes échantillons d’eau, un « headspace » constitué de 20 mL de N2 a été créé et les échantillons ont étéagités afin d’assurer un équilibre entre les phases liquide et gazeuse avant l’analyse (Guérin et Abril,2007).

56

Dans le but de conserver nos échantillons jusqu’à l’analyse, lors de la première campagne, les concen-trations des trois gaz à effet de serre ont été mesurées après l’ajout de chlorure mercurique (HgCl2).Cependant lors de cette première campagne nous nous sommes aperçus que l’ajout de chlorure mercu-rique augmentait la concentration en CO2 à T0 (Annexe A, A1). Une augmentation de la concentrationen CO2 dans des échantillons d’eau de mer et de sédiments de marais en présence de chlorure mercu-rique avait déjà été mise en évidence par Capone et al. (1983) et Brewer et al. (1986). Elle est due à ladilution et l’hydrolyse de l’ion Hg2+ (Brewer et al., 1986). L’ajout de chlorure mercurique est respon-sable d’une modification de l’équilibre des carbonates dans l’échantillon entraînant une augmentationdu CO2 dans le headspace (Annexe A, A3). En effet les ions Hg2+ réagissent avec les ions HCO−

3 cequi entraîne la formation d’un précicipité, le carbonate de mercure HgCO3, et la production de CO2(Hg2+ + HCO−

3 = HgCO3 + CO2 + H2O) La concentration en CH4 ne présentait pas de variationsuite à l’ajout du chlorure mercurique, le chlorure mercurique fixe donc la concentration en CH4 sans laperturber aussi bien dans les échantillons d’eau douces que les échantillons d’eau de mer (Scranton etBrewer, 1978) (Annexe A, A1). Nous avons testé un autre poison, l’azide de sodium, plus dangereux pourles utilisateurs que le chlorure mercurique, pour pouvoir conserver nos échantillons mais les tests réalisésont montré que l’azide de sodium ne fixait pas durablement les concentrations en CO2 et N2O (AnnexeA, A2 et A3). Ainsi suite aux résultats des tests de la première campagne nous avons décidé de mesurerles concentrations en CO2 avant et après l’ajout du chlorure mercurique. Les données de concentrationsen CO2 utilisées à partir du mois de Décembre 2012 correspondent aux concentrations en CO2 mesuréesavant l’ajout du poison. Les données de concentration en CO2 de la première campagne (Avril à Juin2012) et celles du début de la seconde campagne (Octobre et Novembre 2012) ont été corrigées grâceaux données obtenues à partir de Décembre 2012. L’ensemble des concentrations en N2O a été mesuréaprès l’ajout de chlorure mercurique, aucune étude n’a à ce jour remis en cause l’utilisation du chloruremercurique pour la fixation des concentrations en N2O (Yoshinari, 1976).

L’analyse des concentrations en CO2 et CH4 a été effectuée par un chromatographe en phase gazeuse(SRI® 8610C, Torrance, CA, états Unis) équipé d’un méthaniseur (opérationnel à 360°C avec H2) pourconvertir le CO2 en CH4 et d’un FID (flame ionization detector) qui permet la mesure des gaz carbonés(liaison C-H). Une colonne HayeSep D9" est utilisée pour la séparation à 40°C avec le gaz vecteur H2 etde l’air. La pression était respectivement de 20 psi et 5 psi pour le H2 et l’air. Le chromatographe utilisépour la mesure du N2O était un chromatographe en phase gazeuse équipé d’une ECD (Electron CaptureDetector) équipée d’une colonne HayeSep N, le gaz vecteur est le N2. Pour la mesure 0,5 mL ont étéinjectés avec une seringue pour gaz. Des standards commerciaux (CO2 - CH4 : 30 600 - 2 978 et 15 010 -3 007 ppmv, mélange de N2 avec CO2 et CH4 ; N2O : 320 et 1 ppbv ; Standarts Air Liquid "crystal") ontété injectés au début et tous les 10 échantillons pour la calibration. Lors de la mesure des concentrationsen CO2 et en CH4 dans les incubations de sédiments et d’arbres (voir 3.2.14) les standards commerciauxutilisés n’étaient pas des mélanges des deux gaz (CO2 et CH4) (CO2 : 400 ou 1 000 ppmv ; CH4 : 2ou 100 ppmv ; Standarts Air Liquid "crystal"). Pour chaque échantillon et pour chaque standard deuxinjections ont été réalisées. La reproductibilité de ces deux injections est en général inférieure à 5 %. Lelogiciel Peak Simple 3.54 permet l’intégration des pics.

3.2.4 Flux diffusifs

Les flux diffusifs ont été calculés avec les concentrations de surface suivant l’équation de Liss et Slater(1974) :

Fg,T = kg,T ∗ (Ceau,g − Catm,g) (3.1)

avec Fg,T le flux à l’interface eau-air pour un gaz g à une température T en mmol m−2 j−1, kg,T la vitessede transfert du gaz à une température T en m j−1 et la différence entre la concentration du gaz dansl’eau (Ceau,g) et celle dans l’air (Catm,g) en µmol L−1.

Les kg,T ont été calculés d’après les formules de Guérin et al. (2007), pour le lac de Petit Saut etle fleuve Sinnamary en aval du barrage, qui expriment le kg,T en fonction du vent à 10 mètres et des

57

précipitations. Une climatologie a été réalisée à partir des données de Février 2004 à Septembre 2008pour déterminer des moyennes mensuelles des vitesses de vent. Les données de pluie utilisées pour lecalcul des flux diffusifs correspondent à celles des moyennes mensuelles des mois échantillonnés en 2012- 2013.

Le flux diffusif moyen journalier de chaque zone (Zone pélagique > 10 m, Zone littorale < 10 m)a été calculé à partir de l’ensemble des données journalières de flux diffusif de chacune des zones. Lesmoyennes mensuelles des flux diffusifs des zones pélagique et littorale ont été calculées à partir desdonnées journalières de flux soit 2 à 8 flux suivant le mois considéré pour la zone pélagique et 2 à 4flux pour la zone littorale. Pour le calcul des émissions par diffusion nous avons extrapolé le flux diffusifmoyen journalier de l’ensemble des stations de la zone pélagique à sa surface pendant les années 2012- 2013. Pour la zone littorale un premier travail a consisté à regrouper les flux diffusifs par tranche de2 mètres afin de calculer un flux diffusif moyen pour cette tranche non nul, c’est-à-dire pour que laquantité de flux dans une tranche de 2 mètres soit supérieure à 1. La relation établie entre le flux diffusifet la profondeur (voir Chapitre 4) nous a ensuite permis de calculer un flux diffusif moyen pour chaquetranche de 2 mètres comprise entre 0 et 10 m de profondeur. Chaque flux diffusif moyen estimé a étéextrapolé à la surface moyenne de sa tranche de 2 mètres associée. La surface moyenne de chaque tranchede 2 mètres a été calculée à partir des surfaces de la tranche pendant les 12 mois échantillonnés afin derendre compte de la variation de cette surface avec les saisons. La somme des émissions par diffusionde chaque tranche de 2 mètres située entre 0 et 10 m de profondeur donne le total des émissions pardiffusion de la zone littorale du lac.

Dans le fleuve en aval du barrage, les flux journaliers moyens des deux tronçons de fleuve ont étédéterminés à partir de l’ensemble des flux journaliers de chaque tronçon. Les moyennes mensuelles ontété calculées à partir des données journalières de 2 à 6 stations pour les premiers 40 kilomètres et de 2stations pour les 40 derniers kilomètres (cf Tableau 3.1). Pour le calcul des émissions par diffusion enaval du barrage nous avons extrapolé le flux moyen à sa surface associée, 4 km2 pour les 40 premierskilomètres aval et 17 km2 pour les 40 derniers kilomètres du fleuve en aval (Abril et al., 2005).

3.2.5 Flux ébullitif

En 2012 - 2013, 799 entonnoirs ont été positionnés dans les deux zones littorales, Crique Plomb etPK 23,6. Six groupes de cinq entonnoirs inversés flottant grâce à du polyester extrudé (Surface = 0,07cm2) à 1 m de distance l’un de l’autre ont été positionnés au dessus de colonnes d’eau de 0 m à 11 m(Deshmukh et al., 2014). Ils sont restés en place environ 24 heures. Les volumes de gaz accumulés ontété collectés manuellement à travers un septum en caoutchouc avec une seringue de 50 mL (Deshmukhet al., 2014). L’échantillon de gaz a été stocké dans des flacons en verre qui contiennent une solution deNaCl 6M. Pour la mesure des gaz contenus dans les bulles 0,2 mL de l’échantillon ont été injectés avecune seringue pour gaz dans les chromatographes (cf 3.2.3). Les flux ébullitifs ont été calculés suivantl’équation suivante :

Flux ébullitif = C ∗ VS ∗ dt

(3.2)

Flux ébullitif en µmol m−2 j−1 ; C : concentration en GES en µmol L−1 ; V : volume d’air recueilli dansl’entonnoir en L ; S : surface de l’entonnoir en m2 ; dt : temps pendant lequel l’entonnoir est resté enplace en jours.

Pour chaque station nous avons calculé un flux moyen journalier pour chaque tranche de 1 mètre.Les flux nuls (entonnoirs vides) ont été pris en compte dans le calcul de ces moyennes journalières destranches de 1 mètre. Nous avons ainsi obtenu 179 flux après le calcul. Le flux ébullitif moyen des années2012 - 2013 a été calculé à partir de la moyenne de ces 179 flux. Il a été extrapolé à la surface totalede la zone littorale (= somme des surfaces des tranches de 2 mètres situées à moins de 10 mètres deprofondeur) pour le calcul des émissions par ébullition.

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3.2.6 Dégazage

Le dégazage des eaux turbinées a été calculé avec l’équation suivante :

Fdeg = D ∗ (CTurbine − CAval) (3.3)

avec Fdeg le dégazage en mmol s−1, CTurbine la concentration du gaz dans les eaux passant par les turbinesdu barrage en µmol L−1, CAval la concentration du gaz à 0,8 km en aval du barrage en µmol L−1 et Dle débit turbiné en m3 s−1.

Ainsi dans cette étude nous n’avons pas utilisé la moyenne pondérée des concentrations en RocheGenipa pour calculer le dégazage (Galy-Lacaux et al., 1997; Abril et al., 2005) mais la concentration dansles turbines. Le point de prélèvement dans les turbines a été mis en place après les études de Galy-Lacauxet al. (1997) et Abril et al. (2005). Le moyenne du dégazage en 2012 - 2013 a été calculée à partir del’ensemble des dégazages calculés en 2012 - 2013, soit douze valeurs sauf pour le N2O où seulement 4valeurs ont pu être utilisées (voir Chapitre 5).

3.2.7 Concentrations en ammonium (NH+4 ), nitrate (NO−

3 ) et nitrite (NO−2 )

Pour la mesure de l’ammonium, pour chaque profondeur de la station échantillonnée, 25 mL d’eau ontété prélevés sur le terrain et introduits dans un flacon en plastique de 125 mL à l’aide d’une seringue de50 mL puis 0,5 mL de bleu d’indophénol et 0,5 mL de nitroprussiate ont été ajoutés avant agitation. Cesflacons ont été conservés au réfrigérateur jusqu’à l’analyse. La concentration en ammonium a ensuiteété déterminée en laboratoire par la méthode colorimétrique de Koroleff (1969) au bleu d’indophénolmodifiée par Grasshoff et Johannsen (1972). Dans une solution légèrement basique l’ammoniac formeune monochloramine avec l’hypochlorite. Celle-ci réagit avec le phénol en présence d’un excès de chlorepour former le bleu d’indophénol. La réaction est accélérée par le nitroprussiate. Les eaux du lac étantcolorées (brunes) deux mesures d’absorbance (640 nm et 750 nm) ont été réalisées (spectrophotomètreMethrom ou Sécoman 1000) afin de s’affranchir de cette coloration (Collos et al., 2001).

Pour les nitrates et les nitrites, pour chaque profondeur de la station échantillonnée, environ 100 mLont été filtrés sur le terrain sur un filtre d’acétate de cellulose de porosité 0,2 µm et introduits dansun flacon en plastique de 125 mL. Ils ont été conservés au congélateur jusqu’à l’analyse. La méthodede mesure des concentrations en nitrates et en nitrites est fondée sur la réaction de Griess (1858). Lesnitrates sont réduits en nitrites avec une colonne de cadmium. Le nitrite réagit avec une première aminearomatique, le sulfanilamide, pour former un diazoïque qui est couplé à une seconde amine aromatique, N-naphtyléthylènediamine, ce qui entraîne la formation d’un composé coloré qui est mesuré par colorimétrie.Bendschneider et Robinson (1952) ont proposé une version optimisée de cette réaction, le sulfanilamideréagit d’abord avec le nitrite dans une solution acide, puis le diazoïque avec le N-naphtyléthylènediamine.La mesure a été effectuée en micro flux continu sur le Futura (Alliance Instrument, France) dont lesrésultats ont été validés par une mesure en macro flux continu sur le Technicon II (SEAL AnalyticalInc., États Unis), à 550 nm.

3.2.8 Carbone organique dissous (COD)

Afin de mesurer le carbone organique dissous, pour chaque profondeur de la station échantillonnée,20 mL d’eau ont été filtrés sur le terrain sur des filtres en fibre de verre pyrolysés à 450 °C pendantune nuit (Whatman GF-F, 0,7 µm) et collectés dans des flacons en verre lavés à l’acide puis pyrolysés.Les échantillons ont été acidifiés sur le terrain avec 0,2 mL de H3PO4 puis conservés au réfrigérateurjusqu’à l’analyse. Les concentrations en carbone organique dissous ont été mesurées en laboratoire avecun analyseur Shimadzu TOC-VCHS (Shimadzu Corporation, Japon). La limite de détection était de 4µg L−1.

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3.2.9 Matière organique en suspension (MES), carbone organique et azote particu-laires (COP et NP), rapport C/N, teneur en carbone organique et en azote(CO et N), δ13C-COP, δ15N-NP des matières en suspension et δ13C-CID

Pour séparer la matière organique particulaire de la matière organique dissoute, pour chaque profon-deur de la station échantillonnée, 0,5 à 1,5 litres d’eau prélevés sur le terrain ont été filtrés sur des filtresde fibre de verre (Whatman GF-F, 0,7 µm), pyrolysés à 450 °C pendant une nuit et pré-pesés, sous unepression modérée au moyen de porte filtre de verre (Millipore). Avant l’analyse, les échantillons ont étédécarbonatés en exposant les filtres pendant 4 heures à des vapeurs concentrées en acide chlorhydrique(HCl) dans un récipient en verre fermé (Lorrain et al., 2003). Ensuite, les filtres ont été séchés à 50 °Cet empaquetés dans des capsules en argent. Comme il n’est pas possible d’éliminer le NH+

4 des parti-cules avant la mesure, l’azote particulaire mesuré n’est pas uniquement organique, il sera donc référencercomme le NP et non NOP et la teneur en azote sera référencée par N et non NO dans le manuscrit.Les filtres analysés correspondent à l’ensemble des filtres des stations des rivières du bassin versant, àl’ensemble des filtres des stations de la zone de forêt inondée de Crique Plomb, aux filtres des stations dePK 23,6-1 et Roche Genipa des mois d’Avril, Mai, Octobre et Novembre 2012 et Janvier, Mars et Août2013 et à l’ensemble des filtres des stations situées dans le fleuve en aval du barrage. Les échantillonsd’eau utilisés pour la mesure des concentrations en gaz à effet de serre correspondant aux filtres analyséspour la période de Juillet à Septembre 2013 ont été utilisés pour la mesure du δ13C-CID des eaux. L’en-semble des échantillons solide et liquide a été analysé avec un analyseur élémentaire Thermo-Flash 112configuré pour l’analyse du carbone couplée en série, via un interface Con-Flo III, à un spectromètre demasse (EA-IRMS, Thermo-Finnigan Delta V Advantage, Bremen, Allemagne) à l’Université Catholiquede Louvain (KU, Louvain, Belgique). Pour la calibration des concentrations et de la composition isoto-pique, les standards de référence acétanilide et IAEA-CH-6 ont été utilisés, respectivement. L’erreur surla mesure est inférieure à 0,2 h pour les δ13C et δ15N, elle est inférieure à 5 % pour les concentrationsen COP et NP.

3.2.10 Sols

Les sols ont été prélevés en Avril 2013 au milieu de la saison humide avec une tarrière. Des solsinondés ont été prélevés à 1 mètre de l’eau et des sols de forêt ont été prélevés à environ 5 mètres deleur sol inondé correspondant. Nous avons utilisé les 20 premiers centimètres pour notre étude. Pour lessols inondés ces 20 premiers centimètres correspondaient à des sols sans litière sauf pour celui de SautLucifer, et avec présence de graminées. Les sols de forêt présentaient une litière à deux couches avecprésence de turricules. Le couvert végétal (arbres) était dense pour chacune des stations où les sols deforêt ont été échantillonnés. Les sols ont été collectés dans des sachets, séchés sous hotte et, broyés ethomogénéisés avec un broyeur en agate.

3.2.11 Carottes de sédiments

Pendant la saison humide (Avril 2013), cinq carottes de sédiments ont été prélevées (Tableau 3.2)avec un carottier interface Uwitec® (10 cm de diamètre) positionné sur une barge flottante permettantde se déplacer dans le lac de Petit Saut.

Mesures du pH, du potentiel rédox (Eh), des concentrations en oxygène dissous (O2) etsulfure d’hydrogène (H2S)

Des microprofils de l’évolution du pH, du potentiel rédox et des concentrations en O2 et H2S enfonction de la profondeur ont été réalisés sur le terrain à l’aide de microélectrodes UNISENSE® sur descolonnes de sédiments dédiées. Ces microélectrodes sont caractérisées par une pointe d’un diamètre de 50µm et permettent d’obtenir une résolution verticale millimétrique. La mesure des concentrations en O2et H2S est assurée par des microélectrodes ampérométriques et la mesure du pH et potentiel rédox pardes microélectrodes potentiométriques. Les microélectrodes sont opérées à l’aide d’un micromanipulateur

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(UNISENSE® MM33-2) stabilisé par un pied-masse (UNISENSE® LS18) permettant de déplacer verti-calement les microélectrodes dans le sédiment millimètre par millimètre. Le signal électrique provenantdes microélectrodes pendant l’acquisition est amplifié à l’aide d’un amplificateur digital à quatre canaux(UNISENSE® Microsensor Multimeter) piloté à l’aide du logiciel SensorTrace BASIC® (version 3.0.7).Les profils sont réalisés avec un pas de mesure de 1 millimètre en commençant 5 millimètres au-dessusde l’interface eau-sédiment.

Carotte Épaisseur (cm) Paramètres mesurésBois Blanc 9,5 ConcentrationsCrique Tigre Forêt 15,5 en CH4Crique Tigre Rivière 33,5 et en CO2

Bois Blanc* 15

Oxygène dissous, potentiel rédox et H2SFraction solide : éléments traces et majeurs,

Stot, %CO, %N, rapport C/N, δ13C-COet δ15N-N, fer et manganèse

particulaire et extractible à l’ascorbate

Crique Tigre* 24

Fraction liquide : éléments traces et majeurs,CH4, CO2, COD,NH+

4 , NO−3 , NO−

2 ,SO2−

4 , fer et manganèse dissous

Tableau 3.2 – Caractéristiques des carottes de sédiments prélevées en Avril 2013 dans le lac de barragede Petit Saut. Les carottes marquées par un astérisque sont aussi celles qui ont été utilisées pour lesincubations (voir 3.2.14). Les paramètres mesurés sont les mêmes pour les trois premières et les deuxdernières carottes.

Avant leur mise en place sur le terrain les microélectrodes ont été étalonnées en laboratoire. Lamicroélectrode utilisée pour la mesure du pH a été étalonnée avec des solutions tampons de pH 4, 7et 9. La microélectrode mesurant le potentiel rédox a été étalonnée avec deux solutions tampons rédox(quinhydrone) de pH 7 et 4. La microélectrode utilisée pour la mesurée de la concentration en O2 aété pré-polarisée avec un courant de -0,80 V avant l’étalonnage afin d’assurer un dégazage completde l’oxygène contenu dans l’électrolyte. L’étalonnage de la microélectrode pour la mesure de l’oxygènea ensuite été réalisé en deux étapes : (1) une lecture atmosphérique (Sat ; pA) réalisée en plongeantl’extrémité de la microélectrode dans une solution de calibrage aérée (par bullage) ; (2) lecture zéro(S0 ; pA) en plongeant l’extrémité de la microélectrode dans une solution anoxique obtenue par mélanged’ascorbate de sodium (0,1 M) et NaOH (0,1 M) et bullage avec du N2. La microélectrode pour lamesure de la concentration en H2S a été pré-polarisée avec un courant de +0.08 V avant l’étalonnage.L’étalonnage de cette microélectrode a été réalisé en deux étapes : (1) lecture zéro H2S en plongeantl’extrémité de la microélectrode dans une solution tampon de calibrage obtenu par bullage au N2 d’unesolution de tampon pH < 4 ; (2) en plongeant l’extrémité de la microélectrode dans des solutions deconcentrations en H2S connues (1,96.10-4 M, 4,76.10-4 M, 9,09.10-4 M) préparées à partir d’une solutionmère de S−

2 à 0,01 M (Na2S * 9 H2O + eau dé-ionisée) anoxique.

Mesures des concentrations en CO2 et CH4 dans les sédiments

Les carottes qui ont servie à la mesure des concentrations en CO2 et CH4 ont été découpées entranche de 1 à 3 centimètres dans les deux heures suivant leur prélèvement. Un sous-échantillon dechaque tranche a été conservé dans des flacons pré-pesés dans le but de déterminer la porosité et lecontenu en eau de chacune des tranches. Le reste de la tranche a été transféré dans un flacon en verrepré-pesé et contenant 20 mL d’eau dé-ionisée. Les flacons ont été fermés par des septums et des bouchonspercés avec un pas de vis, puis secoués vigoureusement pour briser le sédiment et assurer un équilibreentre les phases liquide et gazeuse avant l’analyse (Guérin et al., 2008a). Les concentrations en CO2 et

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CH4 ont été déterminées par chromatographe en phase gazeuse (cf 3.2.3).

Mesures des éléments traces et majeurs, des concentrations en COD et nutriments, desteneurs en CO, soufre total (Stot) et N et des δ13C-CO et δ15N-N dans les sédiments

Les éléments traces et majeurs sont des éléments chimiques constituant la croûte terrestre. Leséléments traces (Cu, Ni, Pb, Zn, ...) sont au nombre de 80 et sont qualifiés comme tels car ils nereprésentent que 0,6 % des éléments de la croûte terrestre. Les éléments majeurs (Fe, Al, Mn, ...) sontau nombre de 12 et représentent 99,4 % des éléments de la croûte terrestre.

Sur le terrain : Pour les deux dernières carottes du Tableau 3.2, l’eau de fond a été prélevéeimmédiatement après la remontée de la carotte sur la barge avec une seringue, puis filtrée (acétate decellulose, 0,22 µm, Sartorius®) et divisée en trois flacons, pour la mesure des nutriments, des élémentsmajeurs et traces (Audry et al. 2011). Les flacons pour les nutriments ont été congelés jusqu’à leur analyse,les flacons pour les éléments majeurs et traces ont été acidifiés à l’HNO3 (1 h) et conservés à 4°C jusqu’àl’analyse. Les deux carottes ont ensuite été coupées en tranche de 0,5 à 2 cm, les tranches les moinsépaisses étant les plus proches de l’eau de fond. Les tranches collectées ont ensuite été centrifugées surla barge à 4000 tours min-1 pour séparer la fraction solide des eaux interstitielles. Les eaux interstitiellesont suivies le même traitement que l’eau de fond et la fraction solide a été stockée dans des sachets àsédiments puis congelée pour son transport.

Au laboratoire :– Mesure des éléments traces et majeurs dans la fraction solide, les eaux interstitielles et l’eau defond : La fraction solide a été lyophilisée et remise en poudre. Une partie a ensuite été digérée (HF+ HNO3 + H2O2) en utilisant la technique sur plaque chauffante (EPA 3050). Afin de vérifier quela digestion a bien été totale, le standard LKSD03, certifié matériel de référence pour les sédiments(Conseil national de recherches du Canada), a été utilisé pour chaque session de digestion. Leséléments majeurs et traces de la fraction solide, des eaux interstitielles et de l’eau de fond ontensuite été mesurés en utilisant un spectromètre de masse (ICP-MS, Agilent 7500). La dériveinterne de l’analyse a été contrôlée et calibrée avec un standard interne Indium/Rhénium. Legéo standard international SLRS-5 (Matériel de référence des eaux de rivières, métaux tracescertifiés par le conseil national de recherches du Canada) a été utilisé pour vérifier la validité etla reproductibilité de chaque analyse. La précision était à moins de 5 % des valeurs certifiées etl’erreur d’analyse (écart type) était supérieure à 5 % pour des concentrations 10 fois supérieuresaux limites de détection.

– Mesure des concentrations en fer et manganèse extractibles dans la fraction solide : Deux centsmilligrammes de chaque tranche de sédiments ont subi une attaque ascorbate pour quantifier le feret le manganèse extractibles (Anschutz et al., 2000; Kostka et Luther III, 1994). Les concentrationsen fer et en manganèse ont ensuite été mesurées avec un spectromètre d’absorption atomique à laflamme (Perkin-Elmer A Analyst 400) et au four (Perkin-Elmer A Analyst 600), respectivement.Les standards utilisés pour la calibration ont été préparés dans la même matrice ascorbate.

– Mesure des teneurs en CO et N et en soufre total (Stot) dans la fraction solide : Les teneurs enCO et N dans les sédiments ont été mesurées de la même manière que pour la MO de la colonned’eau (cf 3.2.9). La teneur en soufre total a été mesurée en utilisant un analyseur carbone/soufre(Analyseur Horiba Jobin Yvon Emia-320V C/S) suivant la méthode de Cauwet et al. (1990). Lateneur en CO a donc aussi été mesurée lors de la mesure du soufre total. La précision de la mesurea été déterminée avec le matériel certifié de référence NCS HC 16024. La précision était à moinsde 2 % des valeurs certifiées et la reproductibilité meilleure que 5 %.

– Mesure des concentrations en COD : La concentration en COD dans les eaux interstitielles dessédiments et les eaux de fond a été mesurée suivant la même méthode que pour les eaux du lac (cf3.2.8).

– Mesure des concentrations en nutriments : Après décongélation des échantillons, les concentrations

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des anions (Cl−, NO−2 , NO

−3 et SO2−

4 ) ont été mesurées avec un chromatographe ionique (HPLC,Dionex ICS 2000), la précision de la mesure a été vérifiée avec le matériel de référence IO N915.Les concentrations des cations (NH+

4 , K+, Ca2+ et Mg2+) ont été mesurées par chromatographieionique (HPLC, Dionex ICS 1100).

3.2.12 Pièges à particules

Des pièges à particules inspirés de ceux de Lukashin et al. (2011) ont été placés en Saut Kawenn,Deux Branches et Roche Genipa à deux profondeurs, sous l’oxycline (10 m) et au fond (30 m). Du sela été ajouté dans les pièges afin de limiter le développement des bactéries et la dégradation de la MOrécoltée. La première série a été laissée en place d’Avril 2012 à Décembre 2012, la seconde série de Janvier2013 à Juillet 2013. Les masses humides et sèches ont été mesurées avant et après séchage à l’étuve (30°C). Des mesures des teneurs en CO et en N, du rapport C/N et des δ13C-CO et δ15N-N de la MO ontété réalisées à partir de la matière organique récupérée dans les pièges (cf 3.2.9). Pour le calcul des tauxde transferts nous avons utilisé 8 résultats obtenus à partir des pièges disposés en Saut Kawenn, DeuxBranches et Roche Genipa à 10 mètres de profondeur. Pour le calcul des taux de sédimentation nousavons utilisé 5 résultats obtenus à partir des pièges disposés en Saut Kawenn, Deux Branches et RocheGenipa à 30 mètres de profondeur.

3.2.13 Incubations aérobies d’eau aval

Abril et al. (2005) ont estimé que 21 à 25 % des émissions de CO2 dans le fleuve en aval du barrageétaient dues aux apports de CO2 provenant du lac. D’après Abril et al. (2005), les 75 % émis restantsont vraisemblablement été produits dans la rivière en aval lors de la dégradation de la matière organiqueprovenant du lac (COD et COP). De Junet et al. (2009) ont validé en partie cette hypothèse en estimantque 20 % du CO2 émis en aval provenait de la dégradation du COP. Afin de valider l’hypothèse d’uneproduction de CO2 en aval du barrage, en raison des apports de COD et COP provenant du lac, desincubations d’eau prélevée à 0,8 km et 36,5 km ont été réalisées en Juillet et Août 2013. Les mesure desconcentrations en gaz à effet de serre dissous (cf 3.2.3), sels nutritifs (cf 3.2.7) et COD (cf 3.2.8) ont étéréalisées à ces deux stations lors du prélèvement. Un second flacon d’eau de 40 mL a été prélevé pour lamesure du CID. Des triplicats ont été effectués pour la mesure du COD à t0, de plus d’autres triplicatsont été prélevés et acidifiés un mois après le prélèvement afin de déterminer le taux de dégradation duCOD. Cinq millilitres d’eau ont été prélevés pour la mesure du Fer (II) et Fer (III).

Nous avons mis en place pendant cinq jours quatre types d’incubation d’eau provenant du fleuve enl’aval du barrage à 0,8 km et 36,5 km : (1) eau non filtrée, non ré-oxygénée ; (2) eau non filtrée, ré-oxygénée ; (3) eau filtrée, non ré-oxygénée et (4) eau filtrée, ré-oxygénée. Trois réplicats ont été réaliséspour chacun des types d’incubation. Les incubations d’eau non filtrée non ré-oxygénée permettent derendre compte des taux de production de CO2 et d’oxydation de CH4 ayant lieu actuellement dans lefleuve en aval du barrage. Les incubations d’eau non filtrée ré-oxygénée ont pour but de déterminer sices taux ont varié depuis la réduction du seuil aérateur. Les incubations d’eau filtrée ont pour but, enles comparant avec les incubations non filtrées, de déterminer quelle quantité de CO2 est produite viala dégradation du COP et du COD. La ré-oxygénation avait une durée de 30 minutes et la filtrationa été réalisée sur des filtres en fibre de verre (Whatman GF-F, 0,7 µm) pyrolysés à 450 °C pendantune nuit. Environ 450 mL d’eau du fleuve ont été introduits dans des flacons de 620 mL. Les flaconsd’incubation ont été positionnés sur un agitateur plateau pendant les cinq jours d’expérience à 200 toursmin-1. Quotidiennement les concentrations en CH4 et CO2 ont été mesurées au chromatographe en phasegazeuse (cf 3.2.3). Le cinquième jour, deux fois 40 mL ont été prélevés pour la mesure des gaz à effetde serre dissous et du CID (cf 3.2.3), 25 mL pour l’ammonium (cf 3.2.7), 100 mL pour les nitrates etnitrites (cf 3.2.7), 20 mL pour le COD (cf 3.2.8), et enfin 5 mL pour la mesure du Fer (II) et Fer (III).Le protocole décrit par Viollier et al. (2000) a été utilisé pour la mesure du Fer (II) et Fer (III).

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3.2.14 Incubations anaérobies de sédiments

Dix huit ans après la mise en eau, nous avons cherché à déterminer les quantités de CH4, CO2 etN2O produites dans les sédiments anoxiques du lac de Petit Saut. Des échantillons de sédiments ontdonc été collectés à cet effet en Octobre 2013 en Bois Blanc et Crique Tigre (cf Figure 3.3) et ont étéséchées à l’étuve à 50 °C puis remise en poudre avec un broyeur en agate. Environ 90 g de poudre ontété introduits dans des flacons en verre de 600 mL préalablement lavés à l’acide chlorhydrique ([HCl] =10% vol). Des sextuplas ont été réalisés pour ces incubations de sédiments. Un volume d’eau déioniséeéquivalent au volume de solide a été ajouté dans les flacons afin d’avoir un ratio massique solide : liquidede 1 : 1 (Guérin et al., 2008a). Les flacons ont ensuite été fermés avec des septums et des bouchons percésà pas de vis. Avant d’être mis à l’obscurité, les flacons ont été purgés au N2 pour établir des conditionsanoxiques dans chaque flacon. Les flacons ont été incubés à 25 °C afin de reproduire les conditions detempérature au fond de la colonne d’eau de Petit Saut. Les flacons ont été incubés sans agitation afin dene pas altérer les associations symbiotiques responsables de la méthanogenèse (Dannenberg et Conrad,1997).

Les incubations ont été lancées le 8 Mai 2014, les semaines suivantes, et jusqu’à fin Août 2014, lesconcentrations en CH4, CO2 et N2O ont été mesurées au chromatographe en phase gazeuse (cf 3.2.3) tousles deux jours afin de déterminer les taux de production hebdomadaire de ces trois gaz. À la fin de chaquesemaine, un prélèvement de 5 mL a été effectué dans chaque flacon pour la mesure des concentrationsen NH+

4 , NO−3 , NO

−2 , SO

2−4 , fer et manganèse dissous. Les prélèvements ont été effectués sous flux de N2

afin de maintenir l’anoxie dans les flacons. Ces mélanges liquide-solide ont été centrifugés à 3 900 toursmin-1 (au minimum 30 min) afin de séparer les phases. Le surnageant a été filtré à 0,45 µm et conservédans deux flacons, l’un pour la mesure des cations et des anions et l’autre pour la mesure du fer et dumanganèse dissous. Les échantillons cations/anions ont été congelées jusqu’à l’analyse. Les échantillonsfer/manganèse ont été acidifié (HNO3, 2 gouttes pour 5 mL d’échantillon) et conservés au frais (4 °C).Les culots de centrifugation ont été conservés et congelés dans des sachets à sédiment. L’analyse desconcentrations en cations et anions, a été faite par chromatographie ionique (Dionex ICS 1100 et 1000,pour les cations et les anions respectivement). L’analyse des concentrations en fer a été réalisée avec unspectromètre d’absorption atomique à la flamme (Perkin-Elmer A Analyst 400) et celle en manganèseau four (Perkin-Elmer A Analyst 600). Après le prélèvement en fin de semaine les flacons ont été purgésau N2 pendant 30 minutes puis remis à pression atmosphérique. Cette purge hebdomadaire a permisd’éviter l’accumulation de grandes quantités de CH4, CO2 et N2O mais aussi de composés organiquesvolatiles pouvant inhiber la méthanogenèse (Williams et Crawford, 1984; Magnusson, 1993)). La mesuredes teneurs en CO et en N, du rapport C/N et des δ13C-CO et δ15N-N de la MO cf (3.2.9) a été réaliséea posteriori pour les culots de centrifugation aux temps T0, pic de CH4 et Tf.

Les taux de productions au temps t ont été calculés en divisant la pente de la droite de régressionlinéaire, obtenue en traçant la concentration du gaz en fonction du temps, par la masse d’échantilloncontenue dans le flacon au temps t. Pour ces incubations de sédiment la droite de régression a été établieà partir de trois points correspondant aux trois jours de mesure des concentrations en gaz à effet deserre.

3.2.15 Incubations anaérobies de troncs d’arbres

Dans le but de déterminer si les troncs ligneux d’arbres vivants et d’arbres ennoyés depuis 18 ansdans le lac de Petit Saut sont des sources de CH4 et CO2 des incubations anaérobies ont été réalisées.Les résultats présentés dans cette thèse constituent la première étape de l’étude sur les arbres qui a pourbut d’évaluer le potentiel de production en gaz à effet de serre des arbres et d’identifier les processus deproduction de gaz à effet de serre dans les troncs d’arbres ennoyés.

Les troncs d’arbres ont été sciés dans un zone située à 500 mètres de l’embouchure de la Crique

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Plomb et de l’ancien lit du fleuve Sinnamary, dans la Crique Plomb (cf Figure 3.3). Le matériel ligneuxéchantillonné comprenait trois essences différentes de bois, Eperua falcata, Sterculia foetida et Jesseniabataua. Pour chaque espèce des échantillons d’environ 50 cm de long du tronc de l’arbre vivant et de sonéquivalent ennoyé depuis 19 ans ont été prélevés, respectivement, sur la berge et dans le lac. L’Eperuafalcata est de couleur rouge-brun. L’Eperua falcata ennoyé est plus friable que l’Eperua falcata vivant etplus rouge. Le Sterculia foetida est de couleur ocre-marron. Il est moins compact que l’Eperua falcata etplus friable. L’échantillon de Jessina bataua ennoyé étant très friable il nous a été difficile de le conserverainsi nous ne l’avons pas utilisé dans la suite de notre étude. Les échantillons ennoyés d’Eperua falcata etde Steruclia foetida sont uniquement constitués de la fraction ligneuse du tronc alors que les échantillonsvivants possèdent encore leur cœur et leur écorce. Les prélèvements ayant été effectué en Octobre 2013,l’échantillon ennoyé correspond à la partie du tronc sous l’eau en saison humide et dans l’air en saisonsèche. Ces morceaux d’arbres étaient donc situés dans des eaux oxygénées, nous ne pouvions en effet pasavoir accès aux arbres situés en permanence dans la zone anoxique de la colonne d’eau du lac. Sur lestroncs d’arbres nous avons échantillonnés des carottes de 5 mm de diamètre de l’écorce vers le cœur etdu cœur vers l’écorce afin de réaliser des mesures de densité de nos morceaux de troncs d’arbres.

Les troncs d’arbres prélevés ont dans un premier temps été découpés en cubes de 1 cm3 pour faciliterle séchage à l’étuve, à 30 °C pendant 3 jours jusqu’à dessiccation totale, et le broyage, au broyeur enagate. La sciure obtenue a été passée au tamis afin d’obtenir une poudre fine de 500 µm. Pour chaquetype d’arbre, ennoyé et vivant, 50 à 100 g de poudre ont été pesés et répartis dans des flacons en verre de600 mL préalablement lavés avec une solution de HCl 10% vol. Des triplicats ont été réalisés pour chaqueessence d’arbre ennoyé et vivant. Du fait de la capacité du bois à absorber l’eau ajoutée, nous avons dûadapter le protocole classique des incubations de sédiments en ajustant le ratio massique solide : liquideà 1 : 5 de manière à obtenir une « suspension » dans laquelle les prélèvements d’eau étaient possibles.Les protocoles de mesure, des concentrations en gaz à effet de serre, cations, anions, fer et manganèsedissous, et de prélèvement étaient similaires à ceux des incubations anaérobies de sédiments (cf 3.2.14).Cependant le prélèvement en fin de semaine était de 10 mL et il était centrifugé pendant seulement 10min puisque la centrifugation de plus de 10 minutes ne permettait pas de récupérer plus de surnageant.Le N2O n’a pas été étudié pour les arbres pour des raisons de temps d’analyse incompressible.

Les taux de production au temps t ont été calculés en divisant la pente de la droite de régressionlinéaire, obtenue en traçant la concentration du gaz en fonction du temps, par la masse d’échantilloncontenue dans le flacon au temps t. Pour ces incubations de poudre de troncs d’arbres la droite derégression a été établie à partir de trois points correspondant aux trois jours de mesure des concentrationsen gaz à effet de serre.

3.2.16 Tests statistiques

Des tests statistiques ont été réalisés afin de mettre en évidence les variations spatiales et saisonnièresdes différents paramètres mesurés. Le test Kolmogoro-Smirnov indiquait la répartition normale ou nonnormale des jeux de données. Pour les jeux de données ne suivant pas une répartition en gaussienne, letest Mann-Whitney, et pour les jeux de données suivant une gaussienne, le t-test, ont été réalisés. Pourla variabilité entre plus de deux jeux de données, le test ANOVA a été réalisé pour les séries de donnéesayant une répartition en gaussienne, et le test Kruskal-Wallis a été réalisé pour les séries de données nesuivant pas une loi de répartition gaussienne. L’ensemble de ces tests statistiques a été réalisé avec lelogiciel GraphPad Prism (GraphPad Software, Inc, v5.04).

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Chapitre 4

Importance de la zone littorale de forêtinondée dans le bilan des émissions deCH4 et de CO2 à Petit Saut

Résumé

L’étude réalisée en 2012 - 2013 est la première visant à mettre en évidence des variationsspatiales des émissions de CH4 et de CO2 dans le lac de barrage Petit Saut. Elle nous a aussipermis de faire un bilan des émissions de CH4 et de CO2 18 ans après la mise en eau dulac de Petit Saut. Elle s’appuie sur des données de concentrations en GES (CH4, CO2), enespèces dissoute (COD) et particulaire (COP), des données d’état de dégradation de la MO(% CO, rapport C/N) et des données d’isotopie (δ13C-COP, δ13C-CID) dans le lac et dansle fleuve en aval du barrage de Petit Saut.

Dix huit ans après la mise en eau du lac de Petit Saut, les émissions totales de CH4 sontde 6,82 ± 1,1 Gg (CH4) an−1. La principale voie d’émission du CH4 est le dégazage (4,45 ±1,1 Gg (CH4) an−1) qui représente 65 % des émissions totales de CH4. Dans le lac, le CH4est autant émis par diffusion (0,708 ± 0,10 Gg (CH4) an−1) qu’ébullition (0,742 ± 0,21 Gg(CH4) an−1). En aval du barrage, le CH4 est aussi émis via la diffusion en surface du fleuve(0,918 ± 0,12 Gg (CH4) an−1).

Dix huit ans après la mise en eau, les émissions totales de CO2 sont de 263 ± 6,7 Gg (CO2)an−1. La principale voie d’émission du CO2 est la diffusion en surface le lac (203 ± 4,3 Gg(CO2) an−1) qui représente 77 % des émissions totales de CO2. L’ébullition (0,002 ± 0,001Gg (CO2) an−1) est négligeable devant les émissions par diffusion. Les flux diffusifs de CO2en surface du lac montraient une hétérogénéité spatiale au sein des stations des eaux libres.De forts flux ont été calculés en surface de la zone de transition entre le fleuve Sinnamary etle lac et aux abords d’une zone littorale de forêt inondée. Le CO2 est aussi émis en aval dubarrage via dégazage (25,0 ± 5,1 Gg (CO2) an−1) et diffusion (35,3 ± 0,77 Gg (CO2) an−1).Les émissions de CO2 dans le fleuve en aval du barrage sont dues aux apports de CO2 par lelac (40 %), à l’oxydation du CH4 (6 %) et à la dégradation du COD (30 %) et du COP (24%) apportés par le lac.

Les flux diffusifs de CH4 et de CO2 en surface du lac de Petit Saut diminuaient avec laprofondeur dans la zone littorale de forêt inondée, ils étaient constants au delà de 10 m deprofondeur. La zone littorale de forêt inondée était source de 1,22 ± 0,23 Gg (CH4) an−1 et104 ± 3,6 Gg (CO2) an−1 via diffusion et ébullition, soit 84 % des émissions de CH4 et 51% des émissions de CO2 par le lac de Petit Saut, et 18 % des émissions de CH4 et 40 % desémissions de CO2 par l’ensemble du système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval).

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4.1 Introduction

Les lacs de barrages sont connus comme étant des sources de CH4 et de CO2 depuis les années 90(Rudd et al., 1993; Kelly et al., 1994; St. Louis et al., 2000; Barros et al., 2011; Yang et al., 2014). Barroset al. (2011) ont montré que, parmi 85 lacs de barrages, 88 % sont des sources de CO2 et 100 % sont dessources de CH4. Ces deux gaz à effet de serre sont émis à la surface du lac par diffusion (Galy-Lacauxet al., 1997) et ébullition (Abril et al., 2005; DelSontro et al., 2011; Deshmukh et al., 2014). Ils sont aussiémis en aval du barrage par dégazage au niveau de la sortie des turbines (Abril et al., 2005; Kemeneset al., 2007, 2011; Diem et al., 2012; Deshmukh, 2013; Li et Zhang, 2014; Teodoru et al., 2015; Wanget al., 2015) et par diffusion en surface du fleuve en aval du barrage (Guérin et al., 2006; Kemenes et al.,2007, 2011; Deshmukh, 2013; Prasad et al., 2013).

Pendant ces dix dernières années, plusieurs études se sont focalisées sur l’étude de la variabilitéspatiale des émissions par les lacs de barrages. Des études ont mis en évidence que les flux diffusifs deCH4 et de CO2 en surface de la zone littorale des lacs de barrages étaient supérieurs à ceux mesurés dansles zones pélagiques (Zheng et al., 2011; Venkiteswaran et al., 2013; Yang et al., 2013b,a). Ces forts fluxdiffusifs sont liés à la quantité et la labilité de la biomasse mise en eau et à la présence de végétationdans ces zones lorsque le niveau du lac de barrage diminue (Roland et al., 2010; Teodoru et al., 2011;DelSontro et al., 2011; Yang et al., 2014). En effet lorsque le niveau de l’eau diminue les sols inondéspeuvent être colonisés par de la végétation qui est dégradée lorsque le niveau de l’eau augmente (Chenet al., 2009; Yang et al., 2012). Les émissions des zones littorales ne se limitent pas aux émissions viadiffusion, ces zones sont aussi sujettes à des émissions via ébullition (Bastviken et al., 2004a; DelSontroet al., 2011; Deshmukh et al., 2014). À ce jour il n’existe aucune étude portant sur l’importance de la zonelittorale de forêt inondée dans le bilan des émissions totales de CH4 et de CO2 par les lacs de barrages(Lac + Fleuve en aval). Cette zone est rarement échantillonnée car c’est une zone souvent difficile àatteindre.

Des études plus récentes ont mis en évidence que des variations spatiales des flux diffusifs de CO2existent entre la zone de transition et la zone proche du barrage (Cardoso et al., 2013; Pacheco et al.,2015). Ces différences sont liées à des variations longitudinales de la production primaire (Vidal et al.,2012; Pacheco et al., 2015) et des taux de minéralisation dans les sédiments (Cardoso et al., 2013).

Les émissions des barrages ne se limitent pas au lac. En effet les barrages émettent du CH4 et duCO2 en aval via dégazage et diffusion dans le fleuve (Soumis et al., 2004; Abril et al., 2005; Roehm etTremblay, 2006; Kemenes et al., 2007, 2011; Deshmukh, 2013; Li et Zhang, 2014; Teodoru et al., 2015;Wang et al., 2015). Abril et al. (2005) estime que seulement 25 % du CO2 émis en aval du barrageprovient du CO2 du lac, les 75 % restants proviennent vraisemblablement de la dégradation de la MOapportée par le lac (Abril et al., 2005; De Junet et al., 2009).

Guérin et al. (2008a) estiment que 20 % de la matière organique ennoyée (sols et biomasse) a étédégradée pendant les 10 premières années suivant la mise en eau. Cette dégradation s’est poursuiviependant les 10 années suivantes, d’après Abril et al. (2005) 36 % du stock de carbone ennoyé aura étédégradé d’ici 2017, ainsi les quantités de CH4 et CO2 émises ont pu diminuer depuis 2003 (Delmas et al.,2001).

Ce chapitre a pour buts :

– de caractériser la colonne d’eau de la zone littorale de forêt inondée (< 10 m) et de mettre enévidence des différences (qualité de l’eau, concentrations en carbone, matière organique) avec cellede la zone pélagique (> 10 m),

– de caractériser la colonne d’eau de chacune des stations des eaux libres de la zone pélagique (prochedu barrage et zone de transition) afin de mettre en évidence l’existence d’une variation longitudinale

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des concentrations en CO2 de ces stations,

– de déterminer les sources de la MO et du CO2 produit dans le fleuve en aval du barrage,

– de déterminer la part exacte de l’ébullition et du dégazage dans le bilan des émissions de CH4 àPetit Saut 18 ans après la mise en eau,

– de déterminer l’importance de la zone littorale de forêt inondée du lac de Petit Saut dans le bilandes émissions totales de CH4 et de CO2 18 ans après la mise en eau.

Dans ce chapitre les profils verticaux des paramètres de qualité des eaux et des concentrations enCH4, CO2, COD, COP et MES, et du rapport C/N, de la teneur en CO, du δ13C-COP des matières ensuspension et du δ13C-CID seront présentés pour caractériser les colonnes d’eau des zones pélagique (>10 m) et littorale (< 10 m) du lac de Petit Saut. Le calcul des flux diffusifs de CH4 et de CO2, à partirdes concentrations de surface, et des flux ébullitifs de CH4 et de CO2, déterminés à partir des entonnoirspositionnés dans les zones littorales de forêt inondée de Crique Plomb et de PK 23,6, nous permettronsde déterminer l’importance de la zone littorale dans le bilan des émissions de CH4 et de CO2 du lac debarrage de Petit Saut. Les incubations d’eau du fleuve en aval du barrage ont pour but de déterminerles sources de MO et leur part dans la production de CO2. L’étude dans le fleuve en aval du barragedes mêmes paramètres que ceux étudiés dans le lac nous permettra de déterminer l’origine de la MOdu fleuve en aval, de calculer les dégazages et flux diffusifs de CH4 et de CO2 dans le fleuve en aval dubarrage et ainsi de déterminer l’importance de la zone littorale de forêt inondée dans le bilan global desémissions de CH4 et de CO2 à Petit Saut.

4.2 Résultats

4.2.1 Dynamique des paramètres de qualité des eaux et du carbone dans la colonned’eau du lac de barrage de Petit Saut

4.2.1.1 Température et O2

En 2012 - 2013, les températures du lac de barrage de Petit Saut étaient comprises entre 24,7 et 32,7°C (Tableau 4.1). Les températures moyennes de surface et au fond étaient respectivement de 30,6 ± 0,11°C et 26,0 ± 0,09 °C. En 2012 - 2013, le lac de barrage de Petit Saut était thermiquement stratifié avecune thermocline dont la profondeur suivait les mêmes variations saisonnières que celles observées en 2003par Guérin et Abril (2007). Pendant la saison sèche, la colonne d’eau du lac était fortement stratifiéeavec une thermocline autour de 5 m de profondeur (Figure 4.1 D1). En saison humide la profondeurde la thermocline augmentait jusqu’à environ 8 m (Figure 4.1 C1). L’arrivée des pluies (Figure 3.1)et l’augmentation du débit entrant des rivières du bassin versant (Figure 6.12), à partir de Janvier etjusqu’à la fin de la saison humide, affaiblissaient la stratification thermique (Kim et al., 2000; Vidal et al.,2012; Pacheco et al., 2015). En eaux libres, la profondeur de la thermocline située autour de 2,5 m enBois Blanc était plus profonde en PK 23,6-1 (4,5 m) et encore plus profonde en Roche Genipa (6,5 m).Les deux stations situées dans les zones de transition (Vidal et al., 2012; Cardoso et al., 2013; Pachecoet al., 2015), Bois Blanc et Saut Kawenn, présentaient les plus faibles stratifications thermiques des eauxlibres. En 2012 - 2013, les températures moyennes dans l’hypolimnion et au fond de la zone littoraleétaient un degré plus élevées que celles de la zone pélagique. Cette différence est due à la profondeur dela zone littorale en moyenne 10 mètres plus faible que celle de la zone pélagique (Tableau 3.1). De plusla stratification thermique de la colonne d’eau de la zone pélagique, et notamment celle des eaux libres,était plus faible que celle de la zone littorale (Figure 4.1).

En 2012 - 2013, les concentrations en O2 dans le lac de barrage de Petit Saut étaient comprisesentre 0,6 et 260 µmol L−1 (Tableau 4.1). Les concentrations moyennes en O2 en surface et au fondétaient respectivement de 227 ± 1,8 µmol L−1 et 32,2 ± 5,1 µmol L−1. Les variations saisonnièresde la concentration en O2 observées dans le lac de Petit Saut sont liées à la force de la stratification

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thermique de la colonne d’eau (Figure 4.1). En 2012 - 2013, en saison sèche, l’hypolimnion était, comme enDécembre 2003, totalement anoxique (Guérin et Abril, 2007) (Figure 4.1 D2). Cependant contrairementà ce qu’avait observé Guérin et Abril (2007) en 2003, l’hypolimnion pouvait être partiellement oxygénésous 8 mètres dans la zone pélagique du lac pendant l’ensemble de la saison humide (Figure 4.1 C2).En eaux libres, la colonne d’eau de Bois Blanc était oxygénée jusqu’au fond toute l’année avec uneconcentration moyenne annuelle en O2 au fond de 115 ± 16 µmol L−1 (Annexe B Figures B1 à B4). EnSaut Kawenn, l’hypolimnion était anoxique sous 10 m uniquement de Septembre à Décembre (Annexe BFigures B5 à B8), le reste de l’année la concentration en O2 au fond était en moyenne de 50 ± 14 µmolL−1. La colonne d’eau des stations Deux Branches, Roche Genipa et PK 23,6-1, présentait une oxyclineà 5 m en moyenne et un hypolimnion anoxique sous 20 m sauf en Mars et Juillet 2013 (Annexe B FigureB9 à B17). En Mars et Juillet 2013 l’hypolimnion de ces trois stations était anoxique entre 5 et 15 - 20m et oxique sous 15 - 20 m. La concentration en O2 dans l’hypolimnion de la zone littorale était deuxfois plus faible que celle de la zone pélagique (Tableau 4.1).

ÉPILIMNIONZone littorale < 10 m Zone pélagique > 10 m

Moyenne ± SEM (n) Gamme Moyenne ± SEM (n) GammeO2 175 ± 3,9 (291) 5,94 - 257 167 ± 4,0 (415) 7,19 - 262CH4 5,38 ± 1,8 (87) 0,001 - 93,5 4,10 ± 0,95 (200) 0,001 - 128CO2 151 ± 13 (87) 38,5 - 625 134 ± 8,1 (200) 10,9 - 592COD 306 ± 6,8 (70) 210 - 471 323 ± 6,4 (184) 197 - 848MES 3,73 ± 0,28 (39) 0,556 - 8,94 3,27 ± 0,12 (72) 1,50 - 7,80COP 127 ± 7,7 (25) 71,7 - 201 101 ± 3,7 (63) 47,7 - 166

Teneur en CO 37,4 ± 1,5 (25) 19,2 - 50,0 37,4 ± 0,86 (63) 19,7 - 49,5Rapport C/N 15,2 ± 0,32 (39) 11,0 - 19,2 15,2 ± 0,30 (72) 9,40 - 19,8δ13C-COP -35,8 ± 0,18 (39) -38,2 à -32,9 -35,2 ± 0,14 (72) -37,4 à -32,4

HYPOLIMNIONZone littorale < 10 m Zone pélagique > 10 m

Moyenne ± SEM (n) Gamme Moyenne ± SEM (n) GammeO2 12,9 ± 1,3 (79) 3,44 - 60,0 27,0 ± 1,9 (496) 0,625 - 204CH4 214 ± 50 (19) 0,224 - 720 91,8 ± 9,4 (275) 0,001 - 1015CO2 649 ± 57 (19) 240 - 1093 492 ± 33 (275) 110 - 1412COD 406 ± 31 (18) 238 - 688 420 ± 7,3 (248) 194 - 878MES 9,31 ± 1,7 (5) 4,50 - 11,6 5,04 ± 0,27 (111) 0,300 - 16,3COP 160 ± 11 (5) 120 - 183 90,6 ± 4,1 (109) 17,4 - 232

Teneur en CO 22,1 ± 2,6 (5) 17,3 - 32,0 22,2 ± 0,60 (109) 8,75 - 49,1Rapport C/N 12,6 ± 0,66 (5) 10,9 - 14,7 12,3 ± 0,18 (111) 7,60 - 16,5δ13C-COP -32,6 ± 0,57 (5) -34,5 à -31,3 -32,4 ± 0,10 (111) -34,8 à -30,5

Tableau 4.1 – Concentrations en O2, CH4, CO2, COD et COP en µmol L−1, concentrations en MESen mg L−1, teneur en CO en %, rapport C/N sans unité et δ13C-COP en h des MES dans l’épilimnionet dans l’hypolimnion de la zone littorale (< 10 m) et de la zone pélagique (> 10 m) du lac de barragede Petit Saut en 2012 - 2013.

4.2.1.2 Concentration en CH4

En 2012 - 2013, les concentrations en CH4 en surface du lac étaient comprises entre 0,001 et 9,95 µmolL−1 et la concentration moyenne était de 0,453 ± 0,10 µmol L−1. La concentration en CH4, constantedans l’épilimnion (4,5 ± 0,85 µmol L−1) était 20 fois plus forte dans l’hypolimnion (100 ± 9,5 µmol

70

−1) (Figure 4.1 C3 et D3, Annexe B). Le CH4 produit dans les sédiments anoxiques (voir Chapitre6) diffusait vers la surface et, d’après Guérin et Abril (2007), environ 85 % du CH4 était oxydé parles méthanotrophes dans le métalimnion avant d’atteindre la surface (Figure 4.1 C3 et D3). En 2012- 2013, les concentrations en CH4 dans le lac étaient inférieures à celles mesurées entre 1997 et 2003,notamment en Roche Genipa où les concentrations en 2012 - 2013 étaient 4 fois plus faibles (Abril et al.,2005; Guérin et Abril, 2007). Les concentrations en CH4 dans l’hypolimnion des eaux libres du lac dePetit Saut (Tableau 4.1) étaient en moyenne d’un ordre de grandeur inférieures à celles mesurées dansl’hypolimnion des lacs de barrages tropicaux de Balbina (16 ans) et Samuel (15 ans) (Guérin et al., 2006)mais elles étaient du même ordre de grandeur que celles mesurées dans des lacs de barrages indiens âgésde 4 à 35 ans (Narvenkar et al., 2013).

Les variations saisonnières de la concentration en CH4 dans la colonne d’eau du lac de Petit Sautsont liées aux temps de résidence des eaux (Galy-Lacaux et al., 1999; Abril et al., 2005; Guérin et Abril,2007). En 2012 - 2013, les concentrations en CH4 dans la colonne d’eau du lac de Petit Saut présentaientles mêmes variations saisonnières que celles décrites par Guérin et Abril (2007). Les concentrations enCH4 les plus élevées ont été mesurées pendant la saison sèche dans l’hypolimnion (1015 µmol L−1, Figure4.1 D3). Pendant la saison sèche, les concentrations en CH4 dans la colonne d’eau du lac (77,3 ± 9,6µmol L−1) étaient au moins deux fois plus élevées que celles mesurées pendant la saison humide (34,7± 5,4 µmol L−1) (p < 0,0001). Les fortes concentrations en CH4 en saison sèche sont dues aux tauxd’oxydation nuls dans l’hypolimnion pendant cette saison en raison de l’absence d’O2 dans l’hypolimnion(Guérin et Abril, 2007). Pendant la saison humide, les rivières du bassin versant et les eaux de pluieapportent des eaux froides en surface du lac d’où un mélange progressif de la colonne d’eau du lac quis’accompagne d’une oxydation du CH4, en raison de l’apport d’oxygène dans l’hypolimnion (Guérin etAbril, 2007) (Figure 4.1 C3).

En eaux libres, les concentrations en CH4 dans l’hypolimnion des stations situées dans les zones detransition étaient inférieures à celles mesurées pour les stations plus proches du barrage. Cette différenceétait plus marquée entre Bois Blanc et les stations proches du barrage, la concentration moyenne en CH4dans l’hypolimnion de Bois Blanc (0,506 ± 0,23 µmol L−1) était de deux ordres de grandeur inférieureà celles calculées pour les stations PK 23,6-1 (79,6 ± 16 µmol L−1) et Roche Genipa (91,9 ± 17 µmolL−1). Les concentrations en CH4 de la zone littorale étaient supérieures à celles de la zone pélagique surl’ensemble de la colonne d’eau (p < 0,05, Tableau 4.1). Les concentrations en CH4 en surface de la zonelittorale (0,615 ± 0,07 µmol L−1) étaient notamment, en moyenne, 60 % plus élevées que celles de lazone pélagique (0,389 ± 0,14 µmol L−1).

4.2.1.3 Concentration en CO2 et δ13C-CID

En 2012 - 2013, les concentrations en CO2 en surface du lac étaient comprises entre 10,9 et 188 µmolL−1 et la concentration moyenne était de 58,5 ± 2,4 µmol L−1. La concentration en CO2, constante dansl’épilimnion (139 ± 7,0 µmol L−1) était trois fois plus élevée dans l’hypolimnion (451 ± 13 µmol −1)(Figure 4.1 C4 et D4, Annexe B). Le CO2 produit lors de la dégradation de la matière organique dans lacolonne d’eau et les sédiments diffusait vers la surface, il était en partie consommé par le phytoplanctonlors de la photosynthèse dans la couche euphotique du lac de Petit Saut (Vaquer et al., 1997). En 2012- 2013, les concentrations en CO2 dans le lac étaient inférieures à celles mesurées entre 1997 et 2003,notamment en Roche Genipa où les concentrations en 2012 - 2013 étaient 20 % plus faibles (Abril et al.,2005). En surface, les concentrations en CO2 dans le lac étaient du même ordre de grandeur que cellesmesurées dans le lac de barrage de Balbina mais les concentrations au fond étaient deux fois plus élevéesque celles à Balbina (Kemenes et al., 2011).

Dans la zone pélagique la concentration la plus élevée en CO2 a été mesurée en saison sèche (1412µmol L−1), la concentration moyenne en CO2 pendant cette saison (509 ± 22 µmol L−1) était 30 % plusélevée que celle de la saison humide (p < 0,0001, Figure 4.1 C4 et D4). Ainsi la concentration en CO2présentait les mêmes variations saisonnières que celles observées pour le CH4 dans la zone pélagique.

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72

Dans la zone littorale du lac les concentrations en CO2 ne présentaient pas de différence significativeentre les saisons sèche (246 ± 30 µmol L−1) et humide (242 ± 40 µmol L−1) sur l’ensemble de la colonned’eau (p > 0,05, Figure 4.1 C4 et D4).

En surface des eaux libres, la concentration moyenne en CO2 diminuait entre Bois Blanc (57,7 ± 4,5µmol L−1) et Deux Branches (50,7 ± 2,1 µmol L−1) et Roche Genipa (44,6 ± 3,4 µmol L−1) (p < 0,05).La concentration moyenne en CO2 en surface de Saut Kawenn (35,6 ± 4,4 µmol L−1) était inférieure àcelles des autres stations des eaux libres (p < 0,05). La concentration moyenne en CO2 en surface dePK 23,6-1 (55,9 ± 4,2 µmol L−1) était du même ordre de grandeur que celle en Bois Blanc (p > 0,05).Dans l’hypolimnion, la concentration moyenne en Bois Blanc (176 ± 7,9 µmol L−1) était inférieure àcelles calculées pour les autres stations d’eaux libres (p < 0,0001). Les concentrations en CO2 dans lacolonne d’eau de la zone littorale étaient supérieures à celles de la zone pélagique (p < 0,05, Tableau4.1). Les concentrations en CO2 en surface de la zone littorale (72,1 ± 3,8 µmol L−1) étaient notamment,en moyenne, 35 % plus élevées que celles de la zone pélagique (53,2 ± 2,8 µmol L−1).

De Juillet à Août 2013, le δ13C-CID était compris entre -5,61 et -7,70 h en surface et -18,3 et -11,5h au fond de la colonne d’eau du lac. Le δ13C-CID de la surface (-6,76 ± 0,27 h) s’appauvrissait en 13Cdans l’hypolimnion (-16,9 ± 0,44 h), il était très appauvri en 13C autour de 10 m de profondeur (-17,8± 0,45 h), c’est-à-dire sous le métalimnion, aux profondeurs où la concentration en CO2 augmentait.Nous n’avons pas pu rechercher de variation saisonnière et de variation spatiale pour le δ13C-CID car leδ13C-CID a seulement été mesuré pendant la période de transition entre saison humide et saison sèche(Juillet - Août 2013) pour deux profils d’eaux libres et six profils de forêt inondée dont deux en zonelittorale.

4.2.1.4 Concentration en COD

En 2012 - 2013, les concentrations en COD étaient comprises entre 197 et 878 µmol L−1. La concen-tration en COD augmentait de 45 % entre la surface (322 ± 7,2 µmol L−1) et le fond (466 ± 13 µmolL−1) de la colonne d’eau du lac (Figure 4.1, Tableau 4.1). Les concentrations en COD en Roche Genipaen 2012 - 2013 étaient du même ordre de grandeur que celles mesurées en 2003 par Abril et al. (2005).Les concentrations en COD plus élevées au fond du lac mettent en évidence que le COD est produit lorsde la dégradation de la matière organique de la colonne d’eau et des sédiments (Kristensen et al., 1995;Abril et al., 2005).

Les concentrations en COD ne présentaient pas de différence significative entre les saisons humideet sèche sur l’ensemble de la colonne d’eau du lac de Petit Saut (p > 0,05, Figure 4.1 C5 et D5). Dansl’épilimnion des eaux libres, les concentrations moyennes en COD dans la colonne d’eau de Bois Blanc(350 ± 18 µmol L−1) et de Saut Kawenn (351 ± 14 µmol L−1) étaient significativement supérieures àcelle calculée en PK 23,6-1 (293 ± 6,2 µmol L−1) mais elles n’étaient pas significativement différentes decelle calculée en Roche Genipa (327 ± 19 µmol L−1). Les concentrations en COD dans la colonne d’eaude la zone littorale étaient inférieures à celles mesurées dans la colonne d’eau de la zone pélagique (p <0,05, Tableau 4.1).

4.2.1.5 Concentration en MES et COP, teneur en CO, rapport C/N et δ13C-COP

En 2012 - 2013, les concentrations en MES dans la colonne d’eau du lac étaient comprises entre0,300 et 16,3 mg L−1. Les concentrations en MES mesurées en 2012 - 2013 sur l’ensemble de la colonned’eau du lac (4,35 ± 0,17 mg L−1) étaient du même ordre de grandeur que celles mesurées en 2003 parDe Junet et al. (2009) en Roche Genipa (3,82 ± 0,38 mg L−1). La concentration en MES diminuait entrel’épilimnion (3,43 ± 0,13 mg L−1) et l’hypolimnion (5,22 ± 0,27 mg L−1) (Figure 4.1 C6 et D6). Les plusfortes concentrations en MES ont été mesurées au fond de la colonne d’eau (6,44 ± 0,60). La teneur enCO dans les MES diminuait entre l’épilimnion (37,4 ± 1,5 %) et l’hypolimnion (22,2 ± 0,58 %) (Figure4.1 C7 et D7). Les teneurs en CO dans les MES des pièges à particules situés sous l’oxycline (10 m,11,4 ± 1,6 %) et au fond (30 m, 11,6 ± 1,6 %) étaient similaires et du même ordre de grandeur quecelles mesurées par De Junet et al. (2009) en Roche Genipa en 2003 (7 m : 10,7 %, 20 m : 13,1 % et 30

73

m : 8,5 %). Les concentrations en COP dans la colonne d’eau du lac étaient comprises entre 17,4 et 232µmol L−1. La concentration moyenne en COP dans l’épilimnion (108 ± 3,6 µmol L−1) était supérieureà celle de l’hypolimnion (93,6 ± 4,2 µmol L−1) (Figure 4.1 C8 et D8, Tableau 4.1). Dans l’hypolimnion,les plus fortes concentrations en COP étaient mesurées au fond (118 ± 8,7 µmol L−1) (Figure 4.1 C8et D8). Les rapports C/N de la MO de la colonne d’eau étaient compris entre 7,60 et 19,8. Le rapportC/N diminuait entre l’épilimnion (15,2 ± 0,23) et l’hypolimnion (12,3 ± 0,17) (Figure 4.1 C9 et D9).Les rapports C/N moyens de la MO récupérée dans les pièges à particules situés sous l’oxycline (13,9± 1,2) et au fond (15,0 ± 1,7) étaient similaires et du même ordre de grandeur que ceux mesurés parDe Junet et al. (2009) (7 m : 11,2, 20 m : 12,4 et 30 m : 14,0). Les δ13C-COP étaient compris entre-37,6 et -30,5 h. Le δ13C-COP était appauvri en 13C dans l’épilimnion (-35,4 ± 0,12 h) et enrichi en13C dans l’hypolimnion (-32,4 ± 0,10 h) (Figure 4.1 C10 et D10). Les δ13C-COP moyens de la MO despièges à particules situés sous l’oxycline (-32,6 ± 0,43 h) et au fond (-33,0 ± 0,20 h) étaient similaireset du même ordre de grandeur que ceux de l’hypolimnion et appauvris en 13C en comparaison de ceuxmesurés par De Junet et al. (2009) (7 m : -28,0 h, 20 m : -28,8 h et 30 m : -29,7 h). La concentrationen COP, la teneur en CO et le rapport C/N présentaient des profils similaires et miroirs de celui duδ13C-COP (Figure 4.1). Les profils verticaux des concentrations en MES et COP, de la teneur en CO,du rapport C/N et du δ13C-COP de la MO de la colonne d’eau étaient similaires à ceux de De Junetet al. (2009).

Dans l’épilimnion de la zone littorale, les plus fortes concentrations en COP ont été mesurées en Avril(154 ± 14 µmol L−1), Mai (184 ± 9,1 µmol L−1) et Octobre (142 ± 6,1 µmol L−1) 2012 (p < 0,0001). Lesδ13C-COP des mois d’Avril (-36,6 ± 0,41 h) et Octobre (-36,4 ± 0,17 h) 2012 étaient les plus appauvrisen 13C et celui du mois de Mai 2012 était le plus enrichi (-34,0 ± 0,35 h) (p < 0,0001). Le rapportC/N et la teneur en CO des MES ne présentaient pas de variation significative entre les différents moiséchantillonnés (p > 0,05). Dans l’hypolimnion de la zone littorale la colonne d’eau est peu profonde etseulement la Crique Plomb a été échantillonnée pour ces paramètres ainsi le jeu de données réduit nenous permet pas de conclure sur une éventuelle variation saisonnière des paramètres de la MO.

Dans l’épilimnion de la zone pélagique, les plus fortes concentrations en COP ont été mesurées enMai (40 ± 8,0 µmol L−1) et Octobre (111 ± 11 µmol L−1) 2012 et les plus faibles en Janvier 2013 (77,2± 6,6 µmol L−1) (p = 0,0007). Le δ13C-COP du mois de Mai 2012 était le plus enrichi (-34,3 ± 0,30 h)et celui du mois de Janvier le plus appauvri (-35,8 ± 0,27 h) (p < 0,05). Le rapport C/N et la teneuren CO des MES ne présentaient pas de variation significative entre les différents mois échantillonnés (p> 0,05). Dans l’hypolimnion de la zone pélagique, la concentration en COP (110 ± 10 µmol L−1), lerapport C/N (13,9 ± 0,37) et le δ13C-COP (-31,7 ± 0,21 h) au mois de Mai 2012 étaient supérieurs àceux du mois d’Octobre 2012 (COP = (53,03 ± 8,4 µmol L−1, C/N = 11,1 ± 0,54, δ13C-COP = -32,6± 0,25 h) (p ≤ 0,0004).

Sur l’ensemble de la colonne d’eau, les concentrations en COP de zone littorale étaient en moyenne30 % plus élevées que celles mesurées en zone pélagique (p < 0,0001, Tableau 4.1). Dans l’épilimnion,les δ13C-COP de la zone littorale étaient plus appauvris en 13C que ceux de la zone pélagique (Tableau4.1). Au fond de la colonne d’eau, la teneur en CO (30,1 ± 3,3 %) et le rapport C/N (14,3 ± 0,66) de laMO de la zone littorale étaient supérieurs à ceux de la zone pélagique (CO : 20,4 ± 1,2 % ; C/N : 13,1± 0,43).

4.2.2 Flux diffusifs en surface du lac

4.2.2.1 Flux diffusifs de CH4

En 2012 - 2013, les flux diffusifs de CH4 en surface du lac de Petit Saut étaient compris entre -0,001et 7 mmol m−2 j−1 (Figure 4.3 a). Le flux diffusif moyen de CH4 était de 0,318 ± 0,07 mmol m−2 j−1,il était d’un ordre de grandeur inférieur aux flux diffusifs des précédentes études réalisées à Petit Saut(Abril et al., 2005; Guérin et al., 2006; Guérin et Abril, 2007). En 2012 - 2013, le flux diffusif moyen dela station de référence Roche Genipa (0,152 ± 0,03 mmol m−2 j−1) était notamment 8 fois plus faibleque le flux calculé en 2003 par Abril et al. (2005) en cette station. Le flux diffusif moyen de CH4 était

74

largement inférieur aux flux diffusifs moyens des lacs de barrages tropicaux amazoniens (16 mmol m−2

j−1) et non amazoniens (6 mmol m−2 j−1), mais il était du même ordre de grandeur que le flux diffusifdes lacs de barrages de hautes latitudes (1,25 mmol m−2 j−1) (tous âges confondus, Barros et al. (2011)).Le flux diffusif moyen de CH4 était largement inférieur à celui des lacs de barrages de plus de 20 ans(2,1 mmol m−2 j−1) (toutes zones climatiques confondues, Barros et al. (2011)).

Contrairement à ce qu’avaient observé Guérin et al. (2006) et Guérin et Abril (2007), les flux diffusifsde CH4 ne présentaient pas de différence significative entre les saisons en zone pélagique et en zonelittorale (p > 0,05, Figure 4.2 a et b). Dans la zone littorale, les flux diffusifs de CH4 diminuaientexponentiellement avec la profondeur, ils étaient constants autour d’une valeur moyenne de 0,199 ±0,03 mmol m−2 j−1 dans la zone pélagique (Figure 4.3 a). Les flux diffusifs de CH4 en eaux libres nevariaient donc pas avec la profondeur de la station (> 10 m), de plus ils ne présentaient pas de variationsignificative entre les différentes stations des eaux libres. Les plus forts flux diffusifs de CH4 ont étécalculés en Décembre 2012 en PK 23,6-4 (7 ± 1,1 mmol m−2 j−1) et en Août 2013 en Crique Plomb 2(1,04 ± 0,17 mmol m−2 j−1) (Figure 4.3 a).

Figure 4.2 – Série temporelle des moyennes mensuelles des flux diffusifs de CH4 (a et b) et de CO2 (cet d) en surface de la zone pélagique (à gauche) et de la zone littorale (à droite) pendant les saisonshumide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013.

4.2.2.2 Flux diffusifs de CO2

En 2012 - 2013, les flux diffusifs de CO2 étaient compris entre 5,92 et 124 mmol m−2 j−1 et le fluxdiffusif moyen était 33,0 ± 1,6 mmol m−2 j−1.

75

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76

Il était d’un ordre de grandeur inférieur aux flux diffusifs de CO2 des précédentes études réalisées àPetit Saut (Abril et al., 2005; Guérin et al., 2006). En 2012 - 2013, le flux diffusif moyen de la stationde référence Roche Genipa (22,7 ± 2,5 mmol m−2 j−1) était notamment 2 fois plus faible que le fluxcalculé en 2003 par Abril et al. (2005) en cette station. Le flux diffusif moyen de CO2 était largementinférieur au flux diffusif moyen des lacs de barrages tropicaux amazoniens (127 mmol m−2 j−1) mais ilétait du même ordre de grandeur que le flux diffusif des lacs de barrages tropicaux non amazoniens (50mmol m−2 j−1) et des lacs de barrages des hautes latitudes (27 mmol m−2 j−1) (tous âges confondus,Barros et al. (2011)). Le flux diffusif moyen de CO2 était du même ordre de grandeur que celui des lacsde barrages de plus de 20 ans (28,0 mmol m−2 j−1) (toutes zones climatiques confondues, Barros et al.(2011)). Comme observé par Abril et al. (2005), les flux diffusifs de CO2 ne présentaient pas de variationsaisonnière significative en zones pélagique et littorale (p > 0,05, Figure 4.2 c et d).

Dans la zone littorale, les flux diffusifs de CO2 diminuaient exponentiellement avec la profondeur,ils étaient constants autour d’une valeur moyenne de 27,2 ± 1,5 mmol m−2 j−1 dans la zone pélagique(Figure 4.3 b). Les flux diffusifs de CO2 des eaux libres ne variaient donc pas avec la profondeur. Lesflux diffusifs calculés en Bois Blanc (30,6 ± 2,7 mmol m−2 j−1) étaient supérieurs à ceux calculés en SautKawenn (19,4 ± 2,3 mmol m−2 j−1) et Roche Genipa (22,7 ± 2,5 mmol m−2 j−1), et du même ordre degrandeur que ceux calculés en PK 23,6-1 (29,9 ± 2,8 mmol m−2 j−1). En forêt inondée, le flux diffusif deCO2 calculé en Décembre 2012 en PK 23,6-4 (124 ± 20 mmol m−2 j−1) était largement supérieur auxautres flux calculés en surface du lac.

4.2.3 Ébullition dans le lac

4.2.3.1 Taux d’ébullition (VEB)

En 2012 - 2013, les taux d’ébullition étaient compris entre 0 et 1 162 mL m−2 j−1 en PK 23,6 et0 et 4 694 mL m−2 j−1 en Crique Plomb (Tableau 4.2). En PK 23,6 et Crique Plomb, 70 % et 59 %des entonnoirs posés étaient, respectivement, vides. Le taux d’ébullition moyen en PK 23,6 (47,5 ± 5,5mL m−2 j−1) était 6 fois plus faible que celui en Crique Plomb (286 ± 31,9 mL m−2 j−1) (p < 0,0001,Tableau 4.2). En PK 23,6, le taux d’ébullition ne présentait pas de variation saisonnière (Tableau 4.2,Figure 4.4 a). En Crique Plomb le taux d’ébullition en saison sèche était plus élevé qu’en saison humide(p < 0,05, Tableau 4.2, Figure 4.4 b). En PK 23,6, en saison sèche, le taux d’ébullition ne présentait pasde variation avec la profondeur (p = 0,12, Figure 4.4 a) alors qu’en saison humide, le taux d’ébullitionmoyen entre 0 - 4 m était au moins 50 % plus élevé que ceux calculés pour les autres profondeurs (p =0,02, Figure 4.4 a). En Crique Plomb, les taux d’ébullition moyens les plus élevés ont été mesurés entre7 - 9 m en saison humide et 4 - 7 m en saison sèche (Figure 4.4 b).

4.2.3.2 Ébullition du CO2

La concentration en CO2 dans les bulles étaient comprises entre 0,002 et 0,266 %. La concentrationmoyenne en CO2 dans les bulles de Crique Plomb (0,061 ± 0,005 %) était 50 % plus élevée que celleen PK 23,6 (0,041 ± 0,007 %) (p = 0,0006). Les flux ébullitifs de CO2 par tranche de 1 mètre étaientcompris entre 0 et 40,3 µmol m−2 j−1 et le flux ébullitif moyen était de 0,819 ± 0,27 µmol m−2 j−1. Leflux ébullitif moyen de CO2 en Crique Plomb (1,61 ± 0,57 µmol m−2 j−1) était 13 fois plus élevé quecelui calculé en PK 23,6 (0,122 ± 0,03 µmol m−2 j−1) (p = 0,02).

4.2.3.3 Ébullition du CH4

Concentration en CH4 dans les bulles

À Petit Saut, en 2012 - 2013, les concentrations en CH4 dans les bulles étaient comprises entre 0,082et 88,4 %. La concentration moyenne en CH4 dans les bulles (36,7 ± 1,6 %) était deux fois plus faibleque celle mesurée par DelSontro et al. (2011) dans le lac Wohlen (59 - 66%), dans la gamme des lacssubarctiques (35 ± 25 %, Wik et al. (2013)) et de celle des zones pélagiques (47 ± 21 %) et des zones avec

77

de la végétation (27 ± 12 %) des étangs de castor (Dove et al., 1999) et deux fois plus élevée que cellemesurée dans un lac de barrage subtropical récemment mis en eau (14,9 %, Deshmukh et al. (2014)). Lesconcentrations en CH4 dans les bulles étaient comprises entre 0,089 % et 59,8 % en PK 23,6 et 0,082 %et 88,4 % en Crique Plomb (Tableau 4.2, Figure 4.4 c et d). La concentration moyenne en CH4 dans lesbulles en PK 23,6 (24 ± 2 %) était 50 % plus faible qu’en Crique Plomb (47 ± 2 %) (p < 0,0001, Tableau4.2). La concentration en CH4 dans les bulles en PK 23,6 en saison sèche était 55 % plus élevée qu’ensaison humide (Tableau 4.2, Figure 4.4 c). La concentration en CH4 dans les bulles en Crique Plomben saison sèche était 20 % plus faible qu’en saison humide (Tableau 4.2, Figure 4.4 d). En PK 23,6 laconcentration en CH4 dans les bulles ne présentait pas de variation avec la profondeur et ce quelle quesoit la saison considérée (p > 0,05, Figure 4.2 c). En Crique Plomb, les concentrations moyennes les plusélevées ont été mesurées entre 7 - 9 m en saison humide et 4 - 7 m en saison sèche (Figure 4.4 d).

PK 23,6Humide Sèche p 2012 - 2013

VEB38,8 ± 4,8 (217) 57,5 ± 9,1 (190)

0,6947,5 ± 5,5 (407)

0 ; 0 - 399 0 ; 0 - 1 162 0 ; 0 - 1 162

Cbulles21,0 ± 1,9 (50) 32,6 ± 2,5 (40) 0,0003 25,8 ± 1,6 (90)19,8 ; 0,089 - 52,1 34,4 ; 1,56 - 59,8 26,8 ; 0,089 - 59,8

FEB0,171 ± 0,05 (52) 0,344 ± 0,13 (43) 0,66 0,239 ± 0,06 (95)0,040 ; 0 - 1,72 0,040 ; 0 - 5,16 0,040 ; 0 - 5,16

CRIQUE PLOMBHumide Sèche p 2012 - 2013

VEB102 ± 11 (173) 492 ± 71 (144) 0,0002 286 ± 31,9 (347)

0 ; 0 - 559 73,0 ; 0 - 4 694 37,8 ; 0 - 4 694

Cbulles51,5 ± 3,1 (50) 41,1 ± 3,4 (46) 0,02 46,7 ± 2,3 (96)

55,4 ; 0,082 - 88,4 38,0 ; 1,18 - 85,4 51,5 ; 0,082 - 88,4

FEB0,763 ± 0,23 (52) 3,74 ± 1,4 (42) 0,12 1,78 ± 0,57 (84)0,085 ; 0 - 8,63 0,260 ; 0 - 38,4 0,170 ; 0 - 38,4

Tableau 4.2 – Taux d’ébullition (VEB) en mL m−2 j−1, concentration en CH4 (Cbulles) dans les bullesen % et flux ébullitif de CH4 (FEB) en mmol m−2 j−1 dans les zones littorales de PK 23,6 et CriquePlomb pendant les saisons humide et sèche de 2012 - 2013. Les taux d’ébullition moyens par tranche de1 mètre nuls sont pris en compte dans ce tableau et les tests statistiques. La valeur p du test statistiquecomparant les deux saisons est donnée dans ce tableau. Moyenne ± SEM, (n), médiane ; minimum -maximum).

Flux ébullitif de CH4 (FEB)

En 2012 - 2013, à Petit Saut, les flux ébullitifs de CH4 par tranche de un mètre étaient compris entre0 et 38,4 mmol m−2 j−1 et le flux ébullitif moyen était 0,963 ± 0,27 mmol m−2 j−1. Le flux ébullitifmoyen était dans le bas de la gamme de valeurs des lacs de barrages tropicaux (DelSontro et al., 2011;Deshmukh et al., 2014), deux fois plus élevé qu’en 2003 (Abril et al., 2005) et du même ordre de grandeurque les lacs de barrages indiens (Panneer Selvam et al., 2014). Les flux ébullitifs de CH4 par tranchede un mètre étaient compris entre 0 et 5,16 mmol m−2 j−1 en PK 23,6 et entre 0 et 38,4 mmol m−2

j−1 en Crique Plomb (Tableau 4.2, Figure 4.4 e et f). Le flux ébullitif moyen en PK 23,6 (0,239 ± 0,06mmol m−2 j−1) était 7 fois plus faible que celui de Crique Plomb (1,78 ± 0,57 mmol m−2 j−1) (p =0,01, Tableau 4.2). En PK 23,6 le flux ébullitif de CH4 ne présentait pas de variation significative avecla profondeur et ce quelle que soit la saison considérée (p > 0,05, Figure 4.4 e). En Crique Plomb, lesflux ébullitifs de CH4 présentaient les mêmes variations que celles observées pour le taux d’ébullition et

78

la concentration en CH4 dans les bulles, les flux ébullitifs moyens les plus élevés ont été mesurés entre 7- 9 m en saison humide et entre 4 - 7 m en saison sèche (Figure 4.4 f).

Figure 4.4 – (a et b) Taux d’ébullition (VEB), (c et d) concentration en CH4 dans les bulles (Cbulles)et (e et f) flux ébullitif (FEB) dans les zones littorales de PK 23,6 (à gauche) et Crique Plomb (à droite)pendant les saisons humide et sèche de 2012 - 2013 à quatre profondeurs différentes (0 - 4 m, 4 - 7 m,7 - 9 m et 9 - 11 m). La boîte montre la médiane et l’écart interquartile. Les moustaches présentent lagamme des données et la croix représente la moyenne.

De forts flux ébullitifs ont été mesurés lorsque le niveau de l’eau du lac était maximal (Mai 2012 etJuillet 2013) ou minimal (Novembre 2012) (Figure 4.5). Par conséquent, en PK 23,6 et Crique Plomb,les flux ébullitifs ne présentaient pas de relation avec le niveau de l’eau du lac.

79

Figure 4.5 – Évolution temporelle du flux ébullitif de CH4 dans les zones littorales de PK 23,6 (a) etCrique Plomb (b) et variations du niveau de l’eau du lac de barrage de Petit Saut en 2012 - 2013.

4.2.4 Variations spatiales et saisonnières de la qualité des eaux et des concentrationsen carbone et de sa signature isotopique dans les turbines et les 40 premierskilomètres du fleuve en aval du barrage

Les eaux transitant par les turbines avaient une température de 27,2 ± 0,17 °C, elles étaient pauvresen O2 (58,2 ± 11 µmol L−1), riches en CH4 (78,2 ± 17 µmol L−1), CO2 (379 ± 29 µmol L−1) et COD(396 ± 18 µmol L−1) (Figure 4.6).

Dans les premiers 800 mètres du fleuve en aval du barrage de Petit Saut, les eaux ayant transitéespar les turbines étaient ré-oxygénées (Figure 4.6 c et d). La concentration en CH4 à 800 mètres était plusde deux fois inférieure à celle mesurée dans les turbines et la concentration en CO2 à 800 mètres était20 % plus faible que celle mesurée dans les turbines (Figure 4.6 e et f). Cette chute des concentrationsen CH4 et en CO2 met en évidence le dégazage qui a lieu dans les 800 premiers mètres du fleuve en avaldu barrage (voir 4.2.6).

La température (27,6 ± 0,10 °C), la concentration en CO2 (294 ± 8,4 µmol L−1), la teneur en CO(23,6 ± 0,89 %), le δ13C-CID (-16,4 ± 0,18 h) et le δ13C-COP (-33,5 ± 0,21 h) ne présentaient pasde différence significative entre 0,8 km et 36,5 km (p > 0,05, Figure 4.6 a, f, i et j). La conductivité etla concentration en O2 diminuaient de 10 % entre 0,8 et 36,5 km (respectivement p = 0,03 et p = 0,05,Figue 4.6 b et c). La concentration en CH4 à 36,5 km (8,36 ± 2,4 µmol L−1) était 3,5 fois plus faible quecelle mesurée à 0,8 km (30,2 ± 5,2 µmol L−1) (p = 0,02, Figure 4.6 f), le CH4 était oxydé dans les eauxoxygénées du fleuve (Guérin et Abril, 2007). La concentration en COD et le rapport C/N diminuaientde 15 % entre les turbines et 36,5 km (p < 0,05, Figure 4.6 g et k). Les concentrations en MES et enCOP augmentaient de 40 % entre 0,8 km et 36,5 km (p < 0,0001, Tableau 4.3, Figure 4.6 h).

Les différents paramètres, mesurés dans les turbines, à 0,8 km et 36,5 km dans le fleuve en aval dubarrage, ne présentaient pas de différence significative entre les saisons sèche et humide (p > 0,05) etles plus faibles concentrations en CH4 ont été mesurées entre Avril et Juin 2012 (Turbines : 15,7 ± 2,2µmol L−1 ; 0,8 km : 11,0 ± 1,2 µmol L−1 ; 36,5 km : 1,24 ± 0,47 µmol L−1).

80

Figur

e4.6–Te

mpé

rature

(a),

cond

uctiv

ité(b),

concentrationen

O2(c),δ1

3 C-C

ID(d),

concentrations

enCH

4(e),

CO

2(f),

COD

(g),

COP

(h),

MES

(i),r

appo

rtC/N

(j),

teneur

enCO

(k)etδ1

3 C-C

OP

(l)da

nslesturbines,e

tà0,8km

et36

,5km

ensurfacedu

fleuv

eSinn

amaryen

aval

duba

rragede

Petit

Saut.L

esconcentrations

enCOP

etMES

,lerapp

ortC/N

,lateneur

enCO,leδ1

3 C-C

OP

etleδ1

3 C-C

IDdesturbines

sont

des

moyen

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ed’eaude

Roche

Genipa(18%

Épilimnion

+82

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etl’é

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interqua

rtile

.Les

mou

stachesprésentent

lagammedesdo

nnéeset

lacroixreprésente

lamoyenne.

81

Figur

e4.7–Év

olutionspatiale

desconcentrations

enCH

4,CO

2,COD,C

OP,

MES

,dela

teneur

enCO,d

urapp

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etdu

δ13 C

-COP

des

turbines

àl’e

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eSinn

amaryen

saiso

nhu

mide(Févrie

r,Av

rilet

Juillet)et

saiso

nsèche(N

ovem

bre).

82

4.2.5 Évolution spatiale des concentrations des espèces carbonées des eaux du fleuveSinnamary du barrage à l’estuaire

La température des 40 derniers km du fleuve en aval du barrage était en moyenne 0,5 °C supérieureà celle des 40 premiers km (p < 0,05, Tableau 4.3). La conductivité, les concentrations en O2 et CO2, leδ13C-CID et le δ13C-COP étaient constants sur l’ensemble du fleuve Sinnamary lors des quatre transects(Figure 4.7). En Juillet le δ13C-COP moyen sur l’ensemble du fleuve était enrichi en 13C par rapport àceux mesurés pour les trois autres mois (Figure 4.7 i). La concentration en CH4 diminuait le long dufleuve Sinnamary, quel que soit le mois considéré, les concentrations en CH4 étaient inférieures à 6 µmolL−1 après 40 kilomètres (Figure 4.7). La concentration en COD diminuait sur les 40 premiers kilomètresen aval du barrage (cf 4.2.4). En Juillet et Novembre, la concentration en COD augmentait dans les40 derniers kilomètres du fleuve jusqu’à des valeurs supérieures à celles mesurées dans les turbines dubarrage (Figure 4.7 k et l). Les concentrations en MES augmentaient entre 0,8 km et 5 km puis restaientconstantes jusqu’à 49,5 km, elles doublaient dans l’estuaire (p < 0,0001, Tableau 4.3) sauf en Octobre2012. Les concentrations en COP augmentaient de l’aval du barrage à environ 20 km, elles étaientconstantes entre 20 et 50 km, elles diminuaient dans l’estuaire en Février et Novembre (Figure 4.7). Lerapport C/N diminuait le long du fleuve Sinnamary (p < 0,05, Figure 4.7, Tableau 4.3). La teneur enCO augmentait entre 0,8 km et 5 km, restait globalement constante jusqu’à 49,5 km et chutait dansl’estuaire (p < 0,05, Figure 4.7, Tableau 4.3).

4.2.6 Production de CO2 et consommation de CH4 dans le fleuve Sinnamary à 0,8km et 36,5 km en aval du barrage de Petit Saut

Incubations d’eau prélevée à 0,8 km

Les incubations d’eau non filtrée et non ré-oxygénée permettent de rendre compte de l’en-semble des processus ayant lieu dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut car la qualité des eaux etles concentrations des espèces carbonées du fleuve à T0 n’ont pas été modifiées. Dans ces incubations,la concentration en CH4 diminuait alors que la concentration en CO2 augmentait (Figure 4.8 a et b).Le CH4 était oxydé alors que du CO2 était produit. Le taux d’oxydation moyen du CH4 était de 0,191± 0,01 µmol L−1 h−1 et le taux de production moyen du CO2 était de 5,86 ± 0,35 µmol L−1 h−1. Laconcentration en COD ne présentait pas une tendance nette à l’augmentation ou la diminution, uneproduction de COD a été observé dans deux réplicats (1,10 ± 0,49 µmol L−1 h−1) et une consommationde COD a été observé dans le troisième réplicat 0,916 µmol L−1 h−1) (Figure 4.8 c). La concentrationen Fe II a été divisée par 40 (Figure 4.8 m) et la concentration en Fe III a été multipliée par 4 (Figure4.8 n) pendant les 92 heures d’incubation.

Les incubations d’eau non filtrée et ré-oxygénée permettent de rendre compte de la modifi-cation des processus ayant lieu dans le fleuve en aval du barrage si l’oxygénation des eaux (turbulence)augmente. Dans ces incubations, les concentrations en CH4, CO2, COD, Fe II et Fe III présentaientles mêmes variations temporelles que celles observées dans les incubations non filtrées non ré-oxygénées(Figure 4.8 d, e, f, m et n). Les concentrations en Fe III, à T0, étaient inférieures aux limites de détection(Figure 4.8 n). Le taux d’oxydation moyen du CH4 (0,113 ± 0,01 µmol L−1 h−1) était inférieur à celuicalculé dans les incubations d’eau non filtrée non ré-oxygénée. Les taux de production moyens du CO2(5,49 ± 0,60 µmol L−1 h−1) et du COD (1,18 ± 0,04 µmol L−1 h−1) étaient du même ordre de grandeurque ceux calculés dans les incubations d’eau non filtrée non ré-oxygénée. Une dégradation du COD aaussi été observée dans un seul réplicat (0,902 µmol L−1 h−1).

Les incubations d’eau filtrée et non ré-oxygénée permettent, par comparaison avec les incuba-tions d’eau non filtrée de mettre en évidence que le CO2 produit provient en partie de la dégradation duCOP. Dans ces incubations, la concentration en CH4 est restée constante pendant les 92 heures d’incu-bation alors que la concentration en CO2 a augmenté (Figure 4.8 g et h). Les taux de production moyensdu CO2 (4,42 ± 0,31 µmol L−1 h−1) et du COD (0,728 ± 0,35 µmol L−1 h−1) étaient inférieurs à ceuxcalculés dans les incubations d’eau non filtrée non ré-oxygénée et ré-oxygénée.

83

PetitSa

utKeren

roch

Cha

peau

Vénus

Roche

Bravo

PointeCom

biSinn

amary

Estua

ire

0,8km

5km

11,5

km21

,5km

30km

36,5

km49

,5km

60km

Tem

pérature

27,6±

0,18

27,4±

0,33

27,5±

0,35

27,4±

0,36

27,7±

0,43

27,7±

0,17

27,9±

0,41

28,5±

0,45

26,8

-28,9

26,7

-28,0

26,7

-28,3

26,7

-28,4

26,9

-28,9

26,6

-28,7

27,2

-29,0

27,5

-29,5

Con

ductivité

24,9±

0,71

24,3±

0,85

22,8±

1,0

22,5±

1,0

21,8±

0,63

22,0±

0,46

21,8±

0,85

3641±

2985

20-2

822

-26

20-2

520

-25

20-2

319

-24

20-2

423

-124

85

O2sat

71,2±

2,8

78,0±

5,2

72,0±

3,6

71,1±

2,5

69,3±

1,9

64,4±

1,2

63,1±

2,1

69,5±

6,9

54,0

-85,1

66,5

-89,6

63,8

-81,2

64,8

-76,6

65,1

-74,1

56,8

-71,8

57,9

-66,9

57,3

-89,2

O2

175±

6,7

180±

8,3

178±

8,2

175±

5,3

170±

4,2

160±

2,8

155±

5,2

166±

14134-2

08166-2

04160-1

99162-1

88162-1

8214

1-1

7614

4-1

6414

1-2

07

CH

430,2±

5,2

28,4±

8,5

22,6±

8,6

19,7±

7,4

11,3±

4,8

8,36±

2,4

2,14±

1,1

0,06

0,04

9,06

-61,7

13,5

-46,1

5,52

-42,9

7,48

-37,7

2,78

-22,3

0,32

0-2

0,4

0,20

3-5

,09

0,00

1-0

,171

CO

2300±

11267±

7,0

256±

8,4

283±

13244±

8,1

287±

1325

1320

4624

°-3

59253-2

82234-2

70251-3

14227-2

6323

4-3

9022

7-2

8774

,8-2

92

COD

375±

20450±

58387±

26335±

22341±

2933

1240

6739

83283-4

69336-6

02339-4

47304-4

01299-4

2628

2-4

1728

7-5

6026

4-6

32

MES

3,55±

0,25

5,18±

0,29

5,26±

0,37

6,14±

0,78

6,21±

0,76

6,11±

0,23

6,79±

0,46

15,6±

3,1

1,44

-4,78

4,40

-5,79

4,44

-6,24

4,24

-8,00

4,00

-7,47

4,20

-6,80

6,10

-8,13

7,70

-22,4

COP

76,6±

3,9

91,6±

8,5

109±

10111±

1299,3±

9,3

111±

5,0

105±

5,2

82,1±

2150,3

-91,6

67,3

-104

91,6

-135

87,1

-145

73,8

-118

86,0

-136

91,2

-114

27,1

-126

Rap

port

C/N

13,1±

0,33

13,8±

0,55

14,5±

0,52

14,8±

0,62

14,1±

0,34

13,9±

0,33

13,8±

0,30

11,1±

1,3

11,2

-15,2

12,2

-14,6

13,4

-15,4

13,8

-16,5

13,2

-14,8

12,3

-15,8

13,2

-14,6

7,1-1

2,7

Ten

euren

CO

25,0±

1,4

21,4±

2,3

25,2±

2,9

22,4±

2,7

20,3±

3,6

22,3±

1,0

19,0±

2,0

7,50±

2,2

13,5

-29,8

15,1

-25,3

17,6

-32,0

16,0

-29,1

13,3

-30,0

16,1

-28,4

13,5

-22,0

1,45

-11,7

δ13 C

-COP

-33,6±

0,30

-33,6±

0,45

-33,3±

0,38

-33,7±

0,52

-33,9±

0,72

-33,4±

0,29

-33,5±

0,76

-32,4±

0,44

-35,4à-31,7

-34,1à-32,4

-34,0à-32,4

-34,9à-32,6

-35,3à-32,2

-35,1à-31,8

-34,7à31

,4-33,6à31

,7

Tab

leau

4.3–Te

mpé

rature

en°C

,con

ductivité

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−1 ,

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oncentratio

nsen

O2,

CH

4,CO

2,COD

etCOP

enµmol

L−1 ,

conc

entrationen

MES

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1 ,rapp

ortC/N

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unité

,teneuren

CO

en%

etδ1

3 C-C

OP

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dufleuv

eSinn

amaryen

aval

duba

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Petit

Saut.L

amoyenne±

SEM

estdo

nnée

surla

prem

ière

ligne

etlesminim

umet

max

imum

surla

second

elig

ne.

84

Figure 4.8 – Évolution temporelle des concentrations en CH4 (à gauche), CO2 (au centre) et COD(à droite) et des concentrations en Fe II (m) et Fer III (n) dans les incubations d’eau prélevée dans lefleuve Sinnamary à 0,8 km en aval du barrage de Petit Saut en Août 2013. b.d.l : inférieur aux limitesde détection.

Une dégradation du COD a aussi été observée dans un seul réplicat, le taux de dégradation du COD(0,129 µmol L−1 h−1) était inférieur à ceux calculés dans les incubations d’eau non filtrée non ré-oxygénéeet ré-oxygénée. Les concentrations en Fe II et Fe III présentaient les mêmes variations temporelles quedans les incubations d’eau non filtrée (Figure 4.8). Les concentrations en Fe III, à T0, étaient inférieuresaux limites de détection (Figure 4.8 n).

85

Dans les incubations d’eau filtrée et ré-oxygénée, les concentrations en CH4, CO2 et CODprésentaient les mêmes variations temporelles que celles observées dans les incubations d’eau filtrée nonré-oxygénée (Figure 4.8 j, k et l). Les taux de production moyens du CO2 (1,79 ± 1,5 µmol L−1 h−1) etdu COD (0,500 ± 0,001 µmol L−1 h−1) étaient inférieurs à ceux des trois autres types d’incubations. Unedégradation du COD a aussi été observée dans un seul réplicat, le taux de dégradation du COD (0,632µmol L−1 h−1) était inférieur à ceux calculés dans les incubations d’eau non filtrée non ré-oxygénée etré-oxygénée et supérieur à celui dans les incubations d’eau filtrée non ré-oxygénée. Les concentrations enFe II et Fe III présentaient les mêmes variations temporelles que dans les incubations d’eau non filtréenon ré-oxygénée et ré-oxygénée (Figure 4.8).

Incubations d’eau prélevée à 36,5 km

Dans les incubations d’eau non filtrée et non ré-oxygénée, la concentration en CH4 diminuait de 25% et celle en CO2 augmentait de 13 % (Figure 4.9 a et b). Le taux d’oxydation moyen du CH4 (< 0,004µmol L−1 h−1) était inférieur à ceux calculés pour les incubations d’eau prélevée à 0,8 km. Le taux deproduction moyen du CO2 (1,83 ± 0,06 µmol L−1 h−1) était du même ordre de grandeur que celui calculépour les incubations d’eau filtrée et ré-oxygénée prélevée à 0,8 km et donc inférieur à celui calculé dansles incubations d’eau non filtrée non ré-oxygénée prélevée à 0,8 km.

Figure 4.9 – Évolution temporelle des concentrations en CH4 (à gauche), CO2 (au centre) et COD (àdroite) dans des incubations d’eau prélevée dans le fleuve Sinnamary à 36,5 km en aval du barrage dePetit Saut en Juillet 2013.

86

Dans les trois autres types incubations d’eau prélevée à 36,5 km la concentration en CH4 ne présentaitpas de variation significative pendant les 96 heures d’incubations alors que celle en CO2 augmentait d’aumoins 7 % (Figure 4.9). Les taux de production moyens en CO2 (0,503 - 0,895 µmol L−1 h−1) étaientinférieurs à ceux des incubations d’eau non filtrée non ré-oxygénée à 36,5 km et donc inférieurs à ceux desquatre types d’incubations d’eau prélevée à 0,8 km. La concentration en COD augmentait ou diminuaitsuivant les réplicats des incubations (Figure 4.9). Les taux de production (0,03 - 0,28 µmol L−1 h−1)et de dégradation (0,01 - 0,54 µmol L−1 h−1) du COD étaient du même ordre de grandeur entre lesdifférents types d’incubation d’eau prélevée à 36,5 km, mais ils étaient deux fois plus faibles que ceuxmesurés pour les eaux prélevées à 0,8 km.

Les taux d’oxydation du CH4 calculés en 2013 pour les eaux non filtrées non ré-oxygénées prélevéesà 0,8 km (0,191 ± 0,006 µmol L−1 h−1) et 36,5 km (0,004 ± 0,001 µmol L−1 h−1) étaient dans le basde la gamme de ceux calculés en 2003 (0,062 - 19,8 µmol L−1 h−1, Guérin et Abril (2007)). Les taux derespiration calculés en 2013 pour les eaux non filtrées non ré-oxygénées prélevées à 0,8 km (5,86 ± 0,35µmol CO2 L−1 h−1) et 36,5 km (1,83 ± 0,06 µmol CO2 L−1 h−1) étaient supérieurs à ceux mesurés pourdes rivières du bassin de l’Amazone (0,026 µmol CO2 L−1 h−1 Benner et al. (1995), < 1,9 µmol CO2L−1 h−1 Ellis et al. (2012), 0,033 - 0,071 µmol CO2 L−1 h−1 Ward et al. (2013)).

4.2.7 Dégazage et flux diffusifs de CH4 et de CO2 dans le fleuve en aval du barragede Petit Saut

Dans les 800 premiers mètres en aval du barrage, les dégazages du CH4 étaient compris entre32,4 et 1 010 Mg (CH4) mois−1 et le dégazage moyen était égal à 369 ± 87 Mg (CH4) mois−1 (Figure4.10 a). Le dégazage du CH4 calculé en 2012 - 2013 était 40 % plus faible que celui calculé en 2003(Abril et al., 2005) et 20 fois plus faible que celui mesuré en aval du barrage tropical de Balbina (18 ans)(Kemenes et al., 2007). Les dégazages du CO2 en aval du barrage de Petit Saut étaient compris entre243 et 5 420 Mg (CO2) mois−1 et le dégazage moyen était égal à 2 070 ± 380 Mg (CO2) mois−1 (Figure4.10 b). Le dégazage du CO2 calculé en 2012 - 2013 était 20 % plus faible que celui calculé en 2003(Abril et al., 2005), 6 fois plus faible que celui mesuré en aval du barrage tropical de Balbina (23 ans)(Kemenes et al., 2011) mais il était largement supérieur à ceux calculés en aval de barrages subtropicauxd’au moins 50 ans (0,763 - 2,64 Mg (CO2) mois−1) (Bastien et Demarty, 2013; Wang et al., 2015).

Figure 4.10 – Séries temporelles des dégazages moyens mensuels de CH4 (a) et de CO2 (b) en aval dubarrage de Petit Saut pendant les saisons humide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013 et débitturbiné moyen mensuel.

Le dégazage total (CH4 + CO2 = 174 Gg (CO2eq) an−1) était d’un ordre de grandeur supérieur àcelui mesuré en aval de barrages du Cerrado (Brésil, 3 à 49 ans) (0,59 à 67 Gg (CO2eq) an−1) (Omettoet al., 2013) et du barrage d’Eastmain-1 (Québec) les 4 premières années suivant sa mise en eau (0,050- 0,685 Gg (CO2eq) an−1, Teodoru et al. (2012)) mais du même ordre de grandeur que celui mesuré les

87

2 premières années suivant la mise en eau du barrage de Nam Theun 2 (218 - 117 Gg (CO2eq) an−1,Deshmukh (2013)).

Dans les 40 premiers kilomètres en aval du barrage, les flux diffusifs de CH4 étaient comprisentre 0,612 et 121 mmol m−2 j−1 et le flux moyen était égal à 39,3 ± 5,0 mmol m−2 j−1 (Figure 4.11 a).Les flux diffusifs de CO2 étaient compris entre 427 et 735 mmol m−2 j−1 et le flux moyen était égal à549 ± 12 mmol m−2 j−1 (Figure 4.11 c). Les flux diffusifs moyens de CH4 et de CO2 étaient inférieurs àceux mesurés en 2003 en aval du barrage de Petit Saut (58,8 ± 7,8 mmol CH4 m−2 j−1, 812 ± 49 mmolCO2 m−2 j−1) et dans la gamme de valeur de ceux mesurés en aval des barrages de Balbina (17 ans, 114± 66 mmol CH4 m−2 j−1, 412 ± 95 mmol CO2 m−2 j−1) et Samuel (16 ans, 12 ± 13 mol CH4 m−2 j−1,549 ± 12 mmol CO2 m−2 j−1) (Guérin et al., 2006).

Dans les 40 derniers kilomètres du fleuve en aval du barrage, les flux diffusifs de CH4 étaientcompris entre -0,005 et 10,4 mmol m−2 j−1 et le flux moyen était égal à 2,25 ± 1,3 mmol m−2 j−1 (Figure4.11 b). Ils étaient du même ordre de grandeur que ceux mesurés en 2003 par Abril et al. (2005) (1,6± 0,71 mmol m−2 j−1). Dans les 40 derniers kilomètres du fleuve aval, les flux diffusifs de CO2 étaientcompris entre 131 et 589 mmol m−2 j−1 et le flux moyen était égal à 435 ± 49 mmol m−2 j−1 (Figure4.11 d). Ils étaient 40 % plus faibles que ceux mesurés en 2003 par Abril et al. (2005) (727 ± 16 mmolm−2 j−1).

Figure 4.11 – Séries temporelles des flux diffusifs moyens mensuels de CH4 (en haut) et de CO2 (enbas) des 40 premiers (à gauche) et des 40 derniers (à droite) kilomètres du fleuve en aval du barrage enpendant les saisons humide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013.

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Les dégazages et les flux diffusifs des 40 premiers kilomètres de CH4 et de CO2 en aval du barragede Petit Saut les plus élevés ont été observés entre Octobre 2012 et Mars 2013 et les plus faibles entreAvril et Juin 2012 (Figure 4.10, Figure 4.11 a et c). Dans les 40 derniers kilomètres, comme en 2003(Abril et al., 2005), les flux diffusifs de CH4 de la saison sèche (Novembre 2012) étaient supérieurs àceux de la saison humide (Avril 2012 et Juillet 2013) (Figure 4.11 b). Dans les 40 derniers kilomètres,comme observé en 2003 par Abril et al. (2005), les flux diffusifs de CO2 ne présentaient pas de différencesignificative entre les saisons humide et sèche (Figure 4.11 d).

4.3 Discussion

4.3.1 Origine de la MO

4.3.1.1 Dans le lac de Petit Saut

Dans l’épilimnion, la MO est peu dégradée (CO : 37,4 ± 0,75 %, rapport C/N : 15,2 ± 0,23) etappauvrie en 13C (δ13C-COP : -35,4 ± 0,12 h) par rapport à celle de l’hypolimnion. Cette MO sembleprincipalement constituée de phytoplancton, elle est autochtone (Figure 4.12). Dans l’hypolimnion laMO correspond à la MO dégradée de l’épilimnion (rapports C/N inférieurs et δ13C-COP enrichis en 13C,voir 4.3.2.1, Figure 4.12). Les fortes concentrations en MES mesurées au fond de l’hypolimnion (AnnexeB) témoignent de la remise en suspension des sédiments au contact de la colonne d’eau.

Figure 4.12 – Origine et état de dégradation de la matière organique de la colonne d’eau du lac de PetitSaut.

Des fragments de branches étaient visibles dans nos pièges à particules. La MO qui rejoint l’hypolim-nion n’est donc pas uniquement constituée de phytoplancton dégradé, elle contient aussi des fragmentsligneux d’arbres provenant de la forêt inondée ou des arbres du bassin versant, une fraction de la MOde la colonne d’eau est donc allochtone. La MO allochtone ne provient pas seulement des berges du lac.

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Les profils de COP de la zone pélagique (exemple Roche Genipa : Figure 4.14 b) mettent en évidenceune augmentation de la concentration en COP dans le métalimnion et non une diminution. De plus leδ13C-CID présente un enrichissement en 13C à 6 m et le δ13C-COP un enrichissement en 13C à 10 m(Figure 4.14 c). Ces profils illustrent des apports par les rivières du bassin versant (Sinnamary et Cour-sibo amont : δ13C-CID = -11,5 ± 0,56 h, δ13C-COP = -30,4 ± 0,08 h) qui persistent en fin de saisonhumide. Ainsi une partie de la MO allochtone provient des rivières en amont du lac (Figure 4.12). Lesapports de MO allochtone varient avec les saisons, en saison humide ils sont probablement plus impor-tants en raison d’une augmentation du débit entrant et des précipitations pendant cette saison. Dans lazone pélagique, les concentrations en COP plus élevées en saison humide (Mai 2012) peuvent donc êtreliées à une augmentation des apports de MO allochtone. La MO allochtone (Sinnamary et Coursibo :-30,4 ± 0,08 h ; Arbres et sols : -27,9 ± 0,31) étant plus enrichie en 13C que la MO autochtone produitepar le phytoplancton le δ13C-COP de la MO de l’épilimnion s’enrichit pendant cette saison (Mai 2012).

Dans l’épilimnion de zone littorale, les concentrations en COP sont plus élevées et la MO est plusappauvrie en 13C qu’en zone pélagique (Tableau 4.1, cf 4.2.1.5, Figure 4.12). Les δ13C-COP de la MO dela zone littorale plus appauvris en 13C que ceux de la zone pélagique peuvent être liés à la présence desméthanotrophes. Les fortes concentrations en CH4 mesurées dans la colonne d’eau de zone littorale (Ta-bleau 4.1) sont en effet favorables au développement d’une importante communauté de méthanotrophesdans cette zone du lac or ces bactéries correspondent à un pool de COP appauvri en 13C (Boschker etMiddelburg, 2002).

Les différences de δ13C-COP et de concentrations en COP entre les zones littorale et pélagiquepeuvent aussi être liées à des variations spatiales de la production primaire. Le δ13C-COP plus appauvridans l’épilimnion de la zone littorale suggère que la production primaire est moins limitée par les faiblesconcentrations en nutriments (Collos et al., 2001) qu’en zone pélagique. En zone littorale, dans la coucheeuphotique, la concentration en azote pouvant être utilisé par le phytoplancton lors de la photosynthèse(NH+

4 + NO−3 ) est de 23,3 µg (N) L−1 et celle en carbone (CO2) est de 1 810 µg (C) L−1, le rapport

de Redfield C/N est alors de 78 en zone littorale. De même en zone pélagique, avec les concentrationsen azote (8,53 µg (N) L−1) et carbone (1 610 µg (N) L−1), on obtient un rapport de Redfield C/Nde 189. Ces rapports appuient l’hypothèse d’une production primaire dans la couche euphotique de lazone littorale moins limitée par les concentrations en azote que dans la zone pélagique. De plus, en zonepélagique, la production primaire peut aussi être limitée par les concentrations en COD plus élevées quilimitent la pénétration de la lumière et donc la production primaire (Vidal et al., 2012; Pacheco et al.,2015).

Enfin, les différences observées entre les δ13C-COP et les concentrations en COP des deux zonespeuvent être liées au temps de résidence des eaux, qui est probablement plus élevé en zone littorale etplus faible en zone pélagique. Dans la zone pélagique il est en effet probable que la vitesse du courant soitsupérieure à celle de la zone littorale car la zone pélagique est directement sous l’influence des vitessesde courant des rivières en amont du lac alors que les zones littorales échantillonnées se situaient dansdes anciennes vallées n’étant pas directement connectées aux quatre grandes rivières du bassin versant(Figure 3.3).

4.3.1.2 Dans le fleuve en aval du barrage

D’après Abril et al. (2005), les eaux transitant par les turbines sont un mélange de 18 % d’eauprovenant de l’épilimnion et 82 % d’eau provenant de l’hypolimnion de Roche Genipa. Ces pourcentagesnous permettent de calculer un δ13C-COP empirique à partir des δ13C-COP de l’épilimnion (-34,6 ±0,35 h) et de l’hypolimnion (-32,2 ± 0,25 h) de Roche Genipa. Nous obtenons un δ13C-COP empiriquede -32,6 ± 0,27 h. Le δ13C-COP réellement mesuré dans le fleuve en aval du barrage était de -33,5± 0,16 h, il est donc du même ordre de grandeur que le δ13C-COP empirique. De plus les apportspar les affluents (débits = 15 - 36 m3 s−1, Dumestre (1998)) sont négligeables devant ceux du barrage(débits = 140 - 291 m3 s−1 en 2012 - 2013). Ainsi la matière organique du fleuve en aval du barrageprovient essentiellement du lac de Petit Saut (Figure 4.13). La MO du fleuve correspond donc à la MO

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plus ou moins dégradée de la colonne d’eau du lac. Le δ13C-COP mesuré dans le fleuve est en moyennelégèrement plus appauvri en 13C que l’empirique calculé à partir des pourcentages de Abril et al. (2005).Cet appauvrissement laisse supposer que les eaux de l’épilimnion ont un poids plus important que celuidéterminé par Abril et al. (2005). Pour obtenir un δ13C-COP empirique égal à celui mesuré il faudraitque, dans le calcul, les eaux de l’épilimnion aient le même poids que celle de l’hypolimnion. Cependantles δ13C-COP de la station de Roche Genipa n’ont été mesurés qu’un mois sur deux alors que ceuxde l’aval ont été mesurés pour chaque mois, de plus la station Roche Genipa n’a pas toujours pu êtreéchantillonnée 2 semaines avant l’échantillonnage de l’aval du barrage or ce délai correspond au tempsde transit des eaux de Roche Genipa au barrage. Ainsi la légère différence entre les δ13C-COP mesuréet calculé de manière empirique peut être due à un biais d’échantillonnage. Cet appauvrissement peutaussi être lié à une augmentation de la contribution des méthanotrophes au total de la biomasse, quise développent sur des particules dans les eaux oxygénées et riches en CH4 du fleuve (de Angelis etScranton, 1993; Abril et al., 2007; De Junet et al., 2009).

Figure 4.13 – Origine et état de dégradation de la matière organique du le fleuve en aval du barrage dePetit Saut.

La MO du fleuve provenant essentiellement des apports du lac de barrage et les apports par lesaffluents étant négligeables, l’augmentation de la concentration en COP observée entre 0,8 km et 36,5km est due à l’effet de la marée dynamique (Annexe D) qui ralentit le transfert du carbone à l’OcéanAtlantique (Amouroux, 2003). Les concentrations en MES élevées et les faibles teneurs en CO dans laMO mesurées dans l’estuaire du Sinnamary mettent en évidence une remise en suspension des sédimentsde cette zone en raison des courants de marée. La MO en aval du barrage étant essentiellement sousl’influence des apports du barrage, l’enrichissement du δ13C-COP en 13C en Juillet 2013 (Figure 4.7 i)est donc uniquement lié aux apports du barrage. Sa signature isotopique était plus proche de celle del’hypolimnion que de celle de l’épilimnion. Cependant cette augmentation ne peut pas être due à uneaugmentation des apports d’eau provenant de l’hypolimnion car les vannes de fond sont restées fermées

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pendant la totalité de ce mois. Ainsi l’enrichissement du δ13C-COP en 13C de la MO en aval du barragesuggère un enrichissement du δ13C-COP en 13C dans l’ensemble de la colonne d’eau du lac. Le moisde Juillet correspond à un mois de la saison humide, il est donc assimilable au mois de Mai 2012 oùla colonne d’eau de la zone pélagique a une faible stratification thermique en raison des pluies et desforts débits entrants. Les apports des rivières du bassin versant (δ13C-COP enrichi en 13C) sont doncimportants pendant ce mois-ci et l’oxygénation d’une partie de l’hypolimnion stimule la dégradation dela matière organique et donc l’enrichissement en 13C du pool de COP (cf 4.1.2.5).

4.3.2 Dynamique du carbone

4.3.2.1 Dans le lac de Petit Saut

Dans la couche euphotique du lac (0 - 5 m, Vaquer et al. (1997)), les concentrations en CO2, CODet COP et les δ13C-CID et δ13C-COP sont constants (Figure 4.14). Les concentrations en CO2 sontfaibles par rapport à celles du reste de la colonne d’eau et les δ13C-COP sont appauvris en 13C alors queles δ13C-CID sont enrichis en 13C (cf 4.2.1, Figure 4.14). Dans la couche euphotique, le phytoplanctonassimile et incorpore préférentiellement du 12CO2 dans ses molécules organiques (O’Leary, 1981), leCID restant est donc enrichi en 13C alors que la matière organique produite par le phytoplancton estappauvrie en 13C. Les δ13C-CID enrichis en 13C mesurés en surface du lac (-6,77 ± 0,27 h) sont doncassociés aux plus faibles concentrations en CO2 et à des δ13C-COP appauvris en 13C (Figure 4.14).

Figure 4.14 – Profils verticaux des concentrations en (a) CO2 et CH4, (b) COD et COP en µmol L−1,(c) du rapport C/N sans unité et de la teneur en CO en % de la MO et (d) du δ13C-CID et du δ13C-COP en h en Roche Genipa en Août 2013. La ligne en tiretés représente le métalimnion, la limite entrel’épilimnion et l’hypolimnion de la colonne d’eau.

Nous avons calculé le taux de production primaire en utilisant la formule de Del Giorgio et Peters(1993) pour les lacs :

PP = 10, 3 ∗ Chl1,19 (4.1)avec PP la production primaire en mg(C) m-3 j-1, Chl la concentration en chlorophylle a en mg(C) m-3.

Les concentrations en chlorophylle a dans la couche euphotique étaient comprises entre 0,5 et 15 mgm−3 (communication personnelle Hydreco, Roche Genipa 2014). Les taux de production primaire obtenusont ensuite été convertis en Gg (C) an−1 en multipliant par le volume de la couche euphotique de PetitSaut (0,931 ± 0,08 km3 en 2012 - 2013). Avec cette méthode nous avons estimé que la consommation deCO2 via la photosynthèse était comprise entre 1,53 et 87,8 Gg (C) an−1 (44,7 ± 31 Gg (C) an−1). Elleest inférieure à celles calculées par Vaquer et al. (1997) (285 - 897 Gg (C) an−1) pendant le « trophicupsurge » et dans le bas de la gamme de celles estimées par Collos et al. (2001) après le « trophic

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upsurge » (48,9 - 124 Gg (C) an−1). À Petit Saut, Collos et al. (2001) ont mis en évidence que le facteurlimitant de la production primaire était la concentration en NH+

4 . Il est probable que 20 ans après lamise en eau le phosphore soit aussi un facteur limitant de la production primaire (Abril et al., 2008).

Dans le métalimnion, les concentrations en CO2, CH4 et COD augmentent alors que la concentrationen COP, la teneur en CO et le rapport C/N diminuent, et le δ13C-COP s’enrichit en 13C alors quele δ13C-CID s’appauvrit en 13C (Figure 4.14). De plus la concentration en CO2 dans la colonne d’eauest corrélée positivement avec celle du COD, négativement avec le rapport C/N et le δ13C-CID alorsque la concentration en COP est corrélée positivement avec le rapport C/N et, le δ13C-COP est corrélénégativement avec le δ13C-CID (Figure 4.15). Les variations des concentrations sur la verticale et les cor-rélations entre les différents paramètres mettent en évidence que la dégradation de la matière organiquerejoignant l’hypolimnion, qui se traduit par une diminution de la concentration en COP, de la teneur enCO et du rapport C/N (Figure 4.15 d) et un enrichissement du δ13C-COP (Figure 4.15 e), est sourcede COD et de CO2, ce qui se traduit par une augmentation des concentrations en CO2 et COD (Figure4.15 a) et un appauvrissement du δ13C-CID (Figure 4.15 c) (Figure 4.14). Wetzel (2001) estime que plusde 75 % de la matière organique de la couche euphotique est rapidement dégradée et ne sédimente pas.Les pièges à particules positionnés en Saut Kawenn, Deux Branches et Roche Genipa (Figure 3.3) sousl’oxycline nous ont permis de calculer les quantités de carbone qui sont transférées dans l’hypolimnion :

Taux de transfert =p ∗%CO ∗ 0, 01 ∗ 365 jours

j ∗ πr2 (4.2)

avec le taux de transfert en g (C) m-2 an-1, p le poids récolté en grammes, % CO le pourcentage decarbone dans la MO récoltée, r le rayon du tube du piège à particule (0,125 m) et j le nombre de joursde pose du piège.

En 2012 - 2013, 23,3 ± 4,5 g (C) m−2 an−1 rejoignent l’hypolimnion par gravité. En extrapolant cetaux de transfert à l’ensemble de la surface du lac en 2012 - 2013 (334 km2) on estime que 7,90 ± 1,5 Gg(C) an−1, soit 18 % du carbone produit lors de la production primaire, sont transférés de l’épilimnionvers l’hypolimnion. Ainsi, 82 % du carbone produit lors de la production primaire a été dégradé dans lemétalimnion, notre estimation est similaire à celle de Wetzel (2001) (75 %). Notre taux de transfert entrel’épilimnion et l’hypolimnion est largement supérieur à celui calculé par De Junet et al. (2009) en 2003(5,2 ± 0,9 g (C) m−2 an−1). Cette différence est probablement liée au temps de pose plus court en 2003(48 jours) qui n’est pas favorable à l’accumulation de grandes quantités de débris végétaux qui augmentele poids p récupéré et donc le taux de transfert (cf équation 4.2). De plus l’absence d’empoisonnementdans les pièges de De Junet et al. (2009) ne limite pas la dégradation de la MO récoltée en 2003, laprésence de sel dans nos pièges en 2012 - 2013 a au contraire limitée le développement des bactéries etdonc la perte de matière.

La dégradation du COP se traduit par une restitution de la majeure partie du CO2, capté par lephytoplancton dans la couche euphotique, à la colonne d’eau. La dégradation de la matière organiquelibère du CID riche en 12C, d’où un appauvrissement du δ13C-CID dans l’hypolimnion (Figure 4.14 d,Figure 4.15 c). Le COP préférentiellement dégradé est du 12COP ainsi le reste du COP est enrichi en13C, d’où un enrichissement du δ13C-COP en 13C dans l’hypolimnion (Figure 4.14 d, Figure 4.15 e).L’enrichissement en 13C du δ13C-CID et l’appauvrissement en 13C du δ13C-COP entre l’hypolimnion etl’épilimnion met aussi en évidence la présence de méthanotrophes qui oxydent le CH4 (Lehmann et al.,2004; Murase et Sugimoto, 2005; Bastviken et al., 2008; De Junet et al., 2009). Dans le métalimnion, lesconditions physico-chimiques (peu de lumière, peu d’O2) sont favorables à la prolifération des métha-notrophes (Dumestre et al., 1999). Ainsi les bactéries méthanotrophes oxydent la majorité du CH4 quidiffuse depuis le fond de la colonne d’eau (Guérin et Abril, 2007). En effet, le CH4, ainsi qu’une partiedu CO2, proviennent aussi de la dégradation de la MO dans les sédiments (voir Chapitre 6).

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4.3.2.2 Dans le fleuve en aval du barrage

Le CH4 ayant transité par les turbines, et qui n’a pas été dégazé dans les premiers 800 mètres dufleuve (voir 4.3.5), est émis par diffusion (voir 4.3.6) ou oxydé le long du fleuve Sinnamary (Figure 4.6,Figure 4.8) (Abril et al., 2005; Guérin et Abril, 2007). Les plus faibles taux d’oxydation du CH4 dans lesincubations d’eau filtrée que dans les incubations d’eau non filtrée mettent en évidence que la présence departicules stimulent l’oxydation du CH4 dans le fleuve Sinnamary. Ceci a déjà été observé dans d’autresrivières et estuaires, la présence de particules en suspension est en effet favorable au développement desméthanotrophes (de Angelis et Scranton, 1993; Abril et al., 2007; De Junet et al., 2009). Les filtrationseffectuées sur une partie des échantillons incubés ont donc modifié la communauté bactérienne. De plusla chute des taux d’oxydation du CH4 entre 0,8 km et 36,5 km met en évidence que l’activité desméthanotrophes est dépendante de la concentration en CH4 (Guérin et Abril, 2007). Dans le fleuve enaval les méthanotrophes ne sont pas affectées par la lumière car (i) la turbidité de l’eau est importanteet (ii) l’agitation dans la colonne d’eau du fleuve les entraînent du fond vers la surface et vice et versaen permanence (Dumestre, 1998).

La constance des concentrations en CO2 le long du fleuve atteste d’une production de ce gaz dansle fleuve (Figure 4.6, Figure 4.8) (Abril et al., 2005). Les incubations d’eau non filtrée, c’est-à-direreprésentatives de la chimie des eaux du fleuve, prélevée à 0,8 km et 36,5 km, nous permettent d’estimerque la production totale moyenne de CO2 dans les 40 premiers kilomètres du fleuve en aval du barrageest de 5,92 ± 1,8 Gg (C) an −1 (21,7 ± 6,7 Gg (CO2) an−1). Une partie du CO2 produit provient del’oxydation du CH4. D’après Guérin et Abril (2007), 40 % du CH4 apporté au fleuve est oxydé. En 2012- 2013, 2,30 ± 0,37 Gg (C-CH4) an−1 ont été apportés aux premiers 40 kilomètres du fleuve en aval dubarrage, 0,689 ± 0,09 Gg (C-CH4) an−1 ont été émis par diffusion et environ 0,617 ± 0,17 Gg (C-CH4)an−1 ont été exportés aux 40 derniers kilomètres du fleuve. Ainsi en 2012 - 2013, 40 % du CH4 apportéau fleuve a bien été oxydé. Environ 50 % du CH4 prélevé par les bactéries méthanotrophes est respiré enCO2 lors de la croissance bactérienne (Bastviken et al., 2003) soit, à Petit Saut, 20 % du CH4 apporté auxpremiers 40 kilomètres du fleuve. Les apports au fleuve étant de 2,30 ± 0,37 Gg (C-CH4) an−1 on calculeque 0,46 ± 0,07 Gg (C-CO2) an−1 proviennent de l’oxydation du CH4 par les méthanotrophes. Seulement10 % du CO2 produit dans fleuve provient de l’oxydation du CH4, ce n’est donc pas la principale sourcede CO2 en aval du barrage. Le reste du CO2 produit provient de la dégradation de la MO provenant dulac, c’est-à-dire de la dégradation du COD et du COP (Abril et al., 2005; De Junet et al., 2009). Lesincubations d’eau filtrée, c’est-à-dire contenant de la MO uniquement sous forme de COD, prélevée à0,8 km et 36,5 km, nous permettent d’estimer une production moyenne de CO2 via la dégradation duCOD à partir des taux de production du COD. Elle est de 3,19 ± 1,3 Gg (C-CO2) an−1 soit 50 % de laproduction totale de CO2 dans le fleuve en aval du barrage. Le reste de la production étant due au COP,la dégradation du COP participerait à la production de 40 % du CO2 produit dans le fleuve en aval etnon 18 % comme l’avait estimé De Junet et al. (2009). L’augmentation de l’oxygénation ne modifie pasles taux de production de CO2 car elle affecte principalement les concentrations en CH4 or l’oxydationdu CH4 n’est pas la source majoritaire de CO2 dans le fleuve en aval du barrage.

La chute de la conductivité le long du fleuve Sinnamary en aval du barrage (Figure 4.6) sembleprincipalement liée à la minéralisation de la MO issue du lac dans les eaux oxygénées du fleuve. En effet,il est peu probable que la diminution de la conductivité soit liée à un effet dilution par les eaux desaffluents du Sinnamary puisque ces apports sont faibles en comparaison de ceux du lac de Petit Saut.

En 2012 - 2013, les concentrations en CH4 à 0,8 km et 36,5 km nous permettent d’estimer que, suivantles mois, 80 à 97 % du CH4 apporté au fleuve a été diffusé ou oxydé avant 36,5 km. Dans le fleuve enaval du barrage, à 36,5 km du barrage, les concentrations en CH4 étaient inférieures à 3 µmol L−1

seulement pendant la saison humide. Les 40 premiers kilomètres du fleuve n’étaient donc pas forcément« suffisants » pour oxyder/diffuser les grandes quantités de CH4 apportées par le lac de Petit Saut. Les40 derniers kilomètres du fleuve Sinnamary ne retrouvaient pas des concentrations en CH4 et en CO2 du

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même ordre de grandeur que celles mesurées en surface des rivières en amont du lac. Ainsi l’ensembledu fleuve Sinnamary aval semble être principalement sous l’influence des apports du lac de Petit Saut etce jusqu’à plus de 40 kilomètres du barrage.

4.3.3 Variations spatiales et saisonnières des émissions par diffusion en surface dulac de Petit Saut

En eaux libres l’échantillonnage de stations situées dans la zone de transition a permis de mettre enévidence une hétérogénéité spatiale du flux diffusif de CO2 entre les stations de la zone de transition etcelles proches du barrage. Nos observations étendent les résultats de Vidal et al. (2012) et Pacheco et al.(2015) à un lac de barrage tropical amazonien mais complexifient un peu plus l’hétérogénéité spatialedes lacs de barrages.

La zone de transition du Sinnamary (Bois Blanc) présente comme dans les études de Vidal et al.(2012) et Pacheco et al. (2015) des flux diffusifs de CO2 supérieurs à ceux de la station la plus prochedu barrage (Roche Genipa). La colonne d’eau de Bois Blanc est principalement sous l’influence desapports de la rivière Sinnamary dont la température (25,9 ± 0,26 °C) est en moyenne 4 °C inférieureà celles des eaux de l’épilimnion du lac (29,5 ± 0,08 °C). Ainsi la colonne d’eau de Bois Blanc esten permanence mélangée par ces apports d’eaux froides. Elle est donc en permanence oxygénée d’où lesfaibles concentrations en CH4 observées. La turbulence générée par ce mélange et les fortes concentrationsen COD mesurées en Bois Blanc limite la production primaire et donc la consommation du CO2 (Vaqueret al., 1997; Vidal et al., 2012; Pacheco et al., 2015). Ainsi les concentrations en CO2 mesurées en surfacede Bois Blanc sont élevées par rapport à celles mesurées en Roche Genipa. Les fortes concentrations enCO2 en surface de Bois Blanc peuvent aussi être liées à une production de CO2 dans les sédiments deBois Blanc supérieure à celle dans les sédiments des stations proches du barrage (Crique Tigre) (voirChapitre 6). Cardoso et al. (2013) ont en effet montré que, dans le lac de barrage de Manso, les taux deminéralisation de la MO dans les sédiments de la zone de transition étaient en moyenne trois fois plusélevés que ceux dans les sédiments de la zone proche du barrage.

L’échantillonnage de la station Saut Kawenn, dans la zone de transition de la Coursibo, présententdes résultats différents de ceux de Bois Blanc (faibles [CO2] en surface). Ces différences sont dues auxvariations saisonnières de la stratification thermique de la station Saut Kawenn. Suivant la saison lastation Saut Kawenn est située ou non dans la zone de transition, l’échantillonnage de cette station meten évidence la migration de la zone de transition qui s’effectue entre les saisons humide et sèche (Pachecoet al., 2015). Pendant la saison sèche, la station Saut Kawenn était vraisemblablement une station lac, elleétait en effet stratifiée et les profils verticaux des concentrations en O2 et espèces dissoutes et particulairecarbonées étaient similaires à ceux des stations plus proches du barrage (Annexe B Figure B.6), la zonede transition Coursibo - lac se situait donc en amont de cette station. Pendant la saison humide la stationSaut Kawenn était une station de zone de transition, sa colonne d’eau était en effet mélangée (AnnexeB Figures B.5 et B.7).

L’échantillonnage de la station PK 23,6-1, située dans la zone pélagique du lac, met en évidence unehétérogénéité entre les stations plus proches du barrage (Roche Genipa et PK 23,6-1). Les concentrationsen CO2 en surface de PK 23,6-1, et donc les flux diffusifs associés, sont du même ordre de grandeur queceux de Bois Blanc, située dans la zone de transition, et donc supérieurs à ceux de Roche Genipa. Lastation PK 23,6-1 est située à l’entrée de la zone littorale de forêt inondée de PK 23,6 (Figure 3.3),elle peut donc être sous l’influence d’apports latéraux de cette zone, où les concentrations en CO2 sontplus élevées (Tableau 4.1), qui ne mélangent pas la colonne de PK 23,6-1 car les températures des eauxadvectées depuis la zone litorale sont 1 °C supérieures à celle de la colonne d’eau de la zone pélagique(cf 4.2.1.1), donc de celle de PK 23,6-1.

Les forts flux diffusifs de CH4 et/ou de CO2 observés occasionnellement (PK 23,6-4 et Crique Plomb2, Figure 4.3) sont liés à des concentrations en CH4 et CO2 élevées en surface et dans la colonne d’eau.Ces fortes concentrations peuvent être dues à un mélange de la colonne d’eau après des épisodes de pluie(Abril et al., 2006; Guérin et Abril, 2007).

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Figure 4.15 – Corrélations entre (a) les concentrations en COD et CO2, (b) entre le rapport C/N et laconcentration en CO2, (c) entre le δ13C-CID et la concentration en CO2, (d) entre la concentration enCOP et le rapport C/N et (e) entre le δ13C-CID et le δ13C-COP dans la colonne d’eau du lac de PetitSaut en saison humide (cercles pleins) et saison sèche (cercles vides). Le δ13C-CID n’ayant été mesuréque au cours de la dernière campagne de terrain, qui a eu lieu à la transition entre les saisons humide etsèche, nous n’avons pas différencié les deux saisons dans les graphiques (c) et (e). La ligne en trait pleinest la régression linéaire et les lignes en pointillés représentent l’intervalle de confiance.

De plus, les flux diffusifs de la zone littorale, sont supérieurs à ceux de la zone pélagique (Figure 4.3).Ces différences sont dues à des concentrations en CH4 et CO2 de surface supérieures en zone littorale.Ces concentrations plus élevées en zone littorale peuvent être dues à (i) des productions de CH4 et deCO2 supérieures et/ou (ii) une oxydation du CH4 faible et/ou (iii) une dilution du CH4 et du CO2 faiblesen comparaison de celles ayant lieu dans la colonne d’eau de la zone pélagique et/ou (iv) un transferthorizontal des eaux de la zone littorale vers la zone pélagique.

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(i) La production du CH4 et du CO2 dépend (i-i) des quantités et de (i-ii) la labilité de la MOdans la colonne d’eau et les sédiments du lac. (i-i) Les quantités de matière organique (COP) dansla colonne d’eau de zone littorale sont supérieures à celle de la zone pélagique (Tableau 4.1), de plusgrandes quantités de CO2 peuvent donc être produites dans la colonne d’eau de zone littorale et de plusgrandes quantités de COP peuvent sédimenter (Tableau 4.1). De plus dans la zone littorale le tempsde sédimentation est raccourci en raison des plus faibles profondeurs et la profondeur de cette zoneest généralement inférieure à la profondeur à laquelle environ 75 % du COP a été dégradé (Wetzel,2001) (< 8 m, Figure 4.1 C6 et D6). La quantité de MO qui atteint le sédiment de zone littorale estdonc probablement supérieure à celle en zone pélagique ainsi de plus grandes quantités de CH4 et deCO2 peuvent être produites dans les sédiments de la zone littorale. (i-ii) Vraisemblablement, de grandesquantités de MO sédimentent en zone littorale (cf i-i), la MO qui atteint le fond est peu dégradée(rapports C/N au fond = 14,3 ± 0,66 ; CO = 30,1 ± 3,3 %) (Figure 4.12) et donc probablement pluslabile que celle qui sédimente en zone pélagique (rapports C/N au fond = 13,1 ± 0,43 ; CO = 20,4 ± 1,2%). Les quantités de CH4 et de CO2 produites dans les sédiments de la zone littorale peuvent donc êtresupérieure à celles produites dans ceux de la zone pélagique.

(ii) En zone littorale, la colonne d’eau peut être entièrement oxygénée car elle est peu profonde,dans ce cas là les sédiments sont en contact avec les eaux mélangées de l’épilimnion. Le CH4 et leCO2 produits dans ces sédiments diffusent donc directement dans la couche de mélange (Tranvik et al.,2009). Le CH4 est peu oxydé car son transport rapide dans la colonne d’eau peu profonde et mélangéelimite son oxydation (Bastviken et al., 2008). Ainsi la zone littorale s’oppose à la zone pélagique où leCH4 qui diffuse dans l’hypolimnion anoxique est majoritairement oxydé dans le métalimnion (Striegl etMichmerhuizen, 1998; Guérin et Abril, 2007; Tranvik et al., 2009). De plus en zone pélagique, le CH4est aussi oxydé dans l’hypolimnion partiellement oxique en saison humide (Figure 4.1 C3).

(iii) En zone littorale, le probable temps de résidence plus élevé favorise le maintien de fortes concen-trations en COP, CO2 et CH4 alors qu’en zone pélagique le faible temps de résidence affaiblit la stra-tification thermique et favorise la plongée des eaux de pluie en saison humide d’où une dilution desconcentrations dans cette zone du lac.

(iv) Enfin, la diminution des concentrations entre la zone littorale et la zone pélagique peut aussi êtreliée à un transfert horizontal des eaux de la zone littorale vers la zone pélagique. Ainsi les concentrationset donc les flux diffusifs décroissent au fur et à mesure que la profondeur augmente dans le lac.

Il convient de noter que les zones littorales échantillonnées sont des zones peu ouvertes en comparai-son de la zone pélagique, elles sont donc plus protégées du vent. Cette remarque est surtout valable pourla zone littorale échantillonné en Crique Plomb, cette zone se situe dans une ancienne vallée vraisembla-blement très encaissée elle était donc protégée du vent. Le k600 étant fonction du vent il est probableque le k600 calculé pour les zones littorales ait été surestimé lors de notre étude car nous avons utilisépour le calcul des données correspondant à la zone pélagique (cf 3.2.4). Ainsi les flux diffusifs des zoneslittorales calculés dans notre étude ne seraient pas forcément supérieurs à ceux de la zone pélagique.Nous n’avons cependant pas de mesure de vent pour valider l’hypothèse d’un k600 plus faible pour noszones littorales.

Les quantités totales de CH4 et de CO2 émises par diffusion en surface du lac de Petit Saut ont étécalculées à partir des formules suivantes déterminées à partir des flux moyennés sur des tranches de 2mètres de profondeur (cf 4.2.2) :

Flux CH4 = (0, 864± 0, 36− 0, 199) e−0,110±0,07 * Profondeur + 0, 199 (4.3)

Flux CO2 = (66, 7± 14− 27, 2) e−0,145±0,06 * Profondeur + 27, 2 (4.4)

Dans un premier temps, pour la zone littorale de forêt inondée (< 10 m) les flux diffusifs de CH4 et deCO2 de chaque tranche de 2 mètres ont respectivement été calculés à partir des équations 4.3 et 4.4. Lesvaleurs de flux de chaque tranche de 2 mètres ont été extrapolées à la surface moyenne de leur tranchede 2 mètres correspondante pendant les années 2012 - 2013. La surface moyenne de chaque tranche de2 mètres a été calculée à partir des surfaces de la tranche pendant les 12 mois échantillonnés afin de

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rendre compte de la variation de cette surface avec les saisons. Pour la zone pélagique, les flux ne varientpas avec la profondeur. Des variations spatiales du flux diffusif de CO2 avaient été observées pour leseaux libres de la zone pélagique (cf 4.2.2.2) mettant en évidence des flux diffusifs de CO2 en zone detransition plus forts que dans la zone proche du barrage, or la zone de transition est moins profonde quela zone proche du barrage (Tableau 3.1). Les flux diffusifs de CO2 calculés en PK 23,6-1, zone prochedu barrage et profonde (Tableau 3.1), du même ordre de grandeur que ceux de la zone de transition(Bois Blanc), permettent d’émettre l’hypothèse que, bien que les flux diffusifs de CO2 soient élevés dansla zone de transition moins profonde, d’autres zones avec des flux du même ordre de grandeur existentau sein des eaux libres plus profondes. Ainsi nous avons extrapolé la valeur du flux lorsque la courbeatteint le plateau de l’exponentielle (pour le CH4 : 0,199 mmol m−2 j−1 et pour le CO2 : 27,2 mmolm−2 j−1) à la surface que représente cette zone (202 ± 5,7 km2). Ainsi en 2012 - 2013, la zone littoralea émis par diffusion autant de CO2 (104 ± 3,6 Gg (CO2) an−1) et deux fois plus de CH4 (0,473 ± 0,09Gg (CH4) an−1) que la zone pélagique (99,5 ± 2,4 Gg (CO2) an−1, 0,235 ± 0,04 Gg (CH4) an−1) du lac(Tableau 4.4) alors que la surface de la zone littorale ne représente que un tiers de la surface totale dulac de barrage de Petit Saut (somme des surfaces de 2 mètres de profondeur inférieure à 10 m = 132 ±1,3 km2).

En 2012 - 2013, les émissions totales de CH4 par diffusion en surface du lac étaient de 0,708 ± 0,10Gg (CH4) an−1, elles étaient donc trois fois plus faibles que celles calculées en 2003 (Abril et al., 2005)et celles de CO2 étaient de 203 ± 4,3 Gg (CO2) an−1, elles étaient donc 30 % plus faibles que celles de2003 (Abril et al., 2005). Les flux diffusifs de CH4 et de CO2 à la surface du lac de barrage de PetitSaut suivent en décroissant ce qui avait été prévu par Delmas et al. (2001) c’est-à-dire une décroissanceexponentielle des émissions de gaz à effet de serre par la surface du lac en raison d’une diminutiondes concentrations dans la colonne d’eau due à la diminution du stock de matière organique ennoyéeen 1994 (Abril et al., 2005). Par exemple, en Roche Genipa, les concentrations en CH4 mesurées dansl’épilimnion (3,8 ± 1,5 µmol L−1) et l’hypolimnion (92 ± 17 µmol L−1) en 2012 - 2013 étaient au moins3 fois inférieures à celles mesurées entre 1997 et 2003 (Abril et al., 2005). De même, en Roche Genipa,les concentrations en CO2 mesurées dans l’épilimnion (120 ± 17 µmol L−1) et l’hypolimnion (430 ± 22µmol L−1) en 2012 - 2013 étaient au moins 10 % plus faibles que celles mesurées entre 1997 et 2003(Abril et al., 2005).

D’après les équations déterminées par Galy-Lacaux et al. (1999) pour l’évolution temporelle desconcentrations en CH4 ([CH4(t)] = [10,5 + 3,5 cos((2π/12)t)] exp(-0,015 t)) et CO2 ([CO2(t)] = 6,11 *[CH4(t)] + 22,5), 20 ans après la mise en eau, les concentrations en CH4 et CO2 devraient être de 24et 170 µmol L−1, respectivement. En 2012 - 2013 (18 - 19 ans après la mise en eau), les concentrationsmoyennes en CH4 et CO2 dans la colonne d’eau du lac étaient de 53 ± 5,2 µmol L−1 et 290 ± 10µmol L−1, respectivement. Ces concentrations sont supérieures à celles obtenues d’après les équationsde Galy-Lacaux et al. (1999). Ces auteurs mentionnent cependant que l’utilisation d’une seule fonctionde décroissance exponentielle pour modéliser la diminution des concentrations n’est pas représentativede l’ensemble des différents taux de dégradation de la MO. En effet, en 2003, Abril et al. (2005) ont misen évidence que trois phases de dégradation de la MO pouvaient être distinguées, une première de 2,5ans où 18 % de la MO a été dégradée, une seconde qui se terminerait lorsque le barrage serait âgé de 23ans et où 24 % de la MO ennoyée serait dégradée et enfin une dernière phase qui durerait 64 ans et où90 % de la MO restante serait dégradée.

De plus la diminution de la concentration en CO2 n’est pas exactement linéairement corrélée à celledu CH4 comme l’avait démontré Galy-Lacaux et al. (1999) (Figure 4.16). Les concentrations en CH4et CO2 mesurées en 2012 - 2013 permettent en effet de mettre en évidence que la corrélation entre lesconcentrations en CH4 et CO2 suit plutôt une loi exponentielle avec deux phases de croissance (Figure4.16) :

[CO2] = Plateau +Afaste−Kfast[CH4] +Aslowe

−Kslow[CH4] (4.5)

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avec Afast = (Y0 −Plateau) ∗Pfast ∗ 0, 01 et Aslow = (Y0 −Plateau) ∗ (100−Pfast) ∗ 0, 01, Y0 = 129 ±6,97 ; Plateau = 1295 ± 111 ; Pfast = 17,6 ± 1,61 ; Kfast = 0,280 ± 0,061 ; Kslow = 0,002 ± 0,0003.

Figure 4.16 – Variation de la concentration en CO2 en fonction de la concentration en CH4 dans lacolonne d’eau du lac de Petit Saut. Les cercles gris pleins et vides correspondent aux données de 2012 -2013.

La première phase de croissance rapide correspond à l’épilimnion et au métalimnion où les concen-trations en CH4 sont peu élevées alors que celles en CO2 augmentent dans le métalimnion, et la secondephase correspond à l’hypolimnion où les concentrations en CH4 et CO2 augmentent de concert (Figure4.16).

4.3.4 Variations spatiales des émissions par ébullition dans le lac de Petit Saut

Les larges gammes de valeurs du taux d’ébullition et de la concentration en CH4 dans les bulles desdeux zones littorales (Tableau 4.2, Figure 4.4) montrent que la production de CH4 varie spatialementet temporellement et que les paramètres physiques de la colonne d’eau affectent la formation des bullesdans les sédiments (Sobek et al., 2012; Wik et al., 2013). Comme observé pour d’autres lacs, la gamme deconcentrations en CH4 est vaste (< 0,1 à 88 %) dans le lac de Petit Saut. Cette gamme peut s’expliquerpar les variations saisonnières de la colonne d’eau qui affectent (i) la quantité d’oxygène, et donc le tauxd’oxydation du CH4, dans les premiers millimètres des sédiments du lac et (ii) la température dans lessédiments qui affecte elle-même la solubilité du CH4 et l’activité des bactéries méthanogènes (Deshmukhet al., 2014). En 2012-2013, à Petit Saut, les plus faibles concentrations en CH4 ont été observées auxplus faibles profondeurs c’est-à-dire aux profondeurs où les premiers millimètres des sédiments sontoxygénés. La production de CH4 semble plus importante en Crique Plomb qu’en PK 23,6. Les volumes,concentrations et flux ébullitifs sont en effet supérieurs en Crique Plomb (Tableau 4.2). La configurationgéométrique des deux zones littorales est différente, la zone d’échantillonnage de Crique Plomb est peularge (< 20 m) en comparaison de la vaste zone dégagée que constitue la zone d’échantillonnage de PK23,6 (>> 20 m). Le temps de résidence des eaux en Crique Plomb est donc probablement supérieur àcelui des eaux de PK 23,6 ce qui favorise la sédimentation de MO.

Nous n’avons pas trouvé la relation classique du flux ébullitif avec la profondeur (Smith et al., 2000;Bastviken et al., 2004a; Ostrovsky, 2009; Varadharajan et al., 2010; Deshmukh et al., 2014) dans nosdeux zones littorales. En Crique Plomb, pendant la saison humide la plus forte production de CH4 étaitlocalisée entre 7 et 9 m alors qu’en saison sèche elle était localisée entre 4 et 7 m (Figure 4.4). Dans lelac de Petit Saut la variation du niveau de l’eau entre les saisons humide et sèche est d’environ trois

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mètres. Ainsi la zone de 4 à 7 m en saison sèche correspond à la zone de 7 à 9 m en saison humide. Cettegamme de profondeur est donc un « hotspot » d’ébullition. Les différences entre les profondeurs peuventêtre liées à l’hétérogénéité spatiale des sédiments et des sols ennoyés en 1994, c’est-à-dire à la quantitéet la labilité du carbone présent dans les sédiments et les sols inondés (DelSontro et al., 2011; Sobeket al., 2012; Wik et al., 2013). Cependant aucune carotte de sédiment n’a jamais été échantillonnée dansla forêt inondée de Petit Saut pour valider cette hypothèse.

Le lac de Petit Saut est de type dendritique (Figure 2.1), il possède de nombreuses zones littoralesmorphologiquement similaires à celle de Crique Plomb, ainsi la zone littorale de Crique Plomb estautant représentative de la zone littorale du lac que l’est la zone littorale de PK 23,6. Nous avons donccalculé l’ébullition totale du lac de Petit Saut en extrapolant la moyenne de l’ensemble des flux ébullitifsmoyennés par tranche de 1 mètre, pour le CO2 et le CH4 (cf 4.2.3), à la surface totale moyenne de lazone littorale (132 ± 1,3 km2) en 2012 - 2013. En 2012 - 2013, l’ébullition du CO2 était de 0,002 ± 0,001Gg (CO2) an−1 et celle du CH4 était de 0,742 ± 0,21 Gg (CH4) an−1. L’ébullition du CH4 était doncprès de 30 % supérieure à celle mesurée en 2003 (Abril et al., 2005). Le flux ébullitif de CH4 semble avoirété sous estimé en 2003. La Crique Plomb n’avait notamment pas été échantillonnée lors des campagnesde 2003 or cette zone nous a permis de mettre en évidence de fortes émissions par ébullition dans le lacde Petit Saut 18 ans après sa mise en eau. En 2012 - 2013, l’ébullition du CH4 est du même ordre degrandeur que les émissions par diffusion en surface du lac (Tableau 4.4). Plus de 18 ans après la miseen eau, l’ébullition reste une voie importante d’émissions de CH4 dans le lac de barrage de Petit Saut.Les sols inondés en 1994 sont donc probablement toujours des sources de CH4, de plus la diminution decette source avec le temps (Guérin et al., 2008a) a pu être compensée par la sédimentation de matièreorganique dans la zone littorale. Lors de notre étude aucun pièges à particules n’a été positionné dansla zone littorale ainsi nous n’avons pas pu mesurer le taux de sédimentation dans cette zone du lac.

4.3.5 Dégazage en aval du barrage de Petit Saut

Les dégazages de CH4 et de CO2 les plus élevés ont été observés entre Octobre 2012 et Mars 2013(Figure 4.10). Les dégazages sont élevés entre Octobre 2012 et Janvier 2013 en raison des fortes concen-trations en CH4 et CO2 mesurées dans l’hypolimnion du lac de Petit Saut et ils sont élevés entre Févrieret Mars 2013 en raison de l’augmentation du débit turbiné (Figure 4.10) (Abril et al., 2005; Guérin etAbril, 2007). Bien que les débits turbinés aient été élevés entre Avril et Juin 2012, les dégazages calculéssont faibles car le clapet de surface a régulièrement été ouvert pendant ces mois (14 - 22 m3 s−1) et leniveau de l’eau dans le lac était à son maximum entre Avril et Juin 2012, par conséquent des eaux desurface passaient aussi par le déversoir du barrage, ainsi les eaux restituées à l’aval en Avril et Juin 2012étaient diluées par des apports d’eau de surface.

En 2012 - 2013, le dégazage du CH4 était de 4,45 ± 1,1 Gg (CH4) an−1, il a donc diminué de 35 %depuis 2003 (Abril et al., 2005) mais il reste la principale voie d’émission du CH4 à Petit Saut (Tableau4.4). En 2012 - 2013, le barrage de Petit Saut a apporté en moyenne 7,55 ± 1,5 Gg (CH4) an−1 au fleuve,ainsi environ 60 % du CH4 apporté par le lac a été dégazé dans les premiers 800 mètres du fleuve. En2012 - 2013, le dégazage du CO2 était de 25 ± 5,1 Gg (CO2) an−1, il a donc diminué de 20 % depuis 2003(Abril et al., 2005), il reste une voie d’émission secondaire en comparaison des émissions par diffusionen surface du lac et du fleuve en aval du barrage (Tableau 4.4). En 2012 - 2013, le barrage de Petit Sauta apporté en moyenne 109 ± 6,2 Gg (CO2) an−1 au fleuve, ainsi environ 20 % du CO2 apporté par lelac a été dégazé dans les premiers 800 mètres du fleuve. La diminution des émissions par dégazage et deson efficacité est liée aux diminutions des concentrations en CH4 et CO2 dans la colonne d’eau du lac(cf 4.3.3) et à la diminution du seuil aérateur.

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4.3.6 Variations spatiales des émissions par diffusion dans le fleuve en aval du bar-rage

Les flux diffusifs dans le fleuve en aval suivent les mêmes variations saisonnières que le dégazage carils dépendent des concentrations en CH4 et CO2 dans le lac et des apports par le barrage (débit). Lesflux diffusifs moyens de CH4 et de CO2 des 40 premiers kilomètres du fleuve en aval du barrage de PetitSaut ont été extrapolés à la surface que représente ce premier tronçon de fleuve (4 km2). En 2012 - 2013les émissions de CH4 par diffusion en aval du barrage étaient de 0,918 ± 0,12 Gg (CH4) an −1, ellesétaient deux fois plus faibles que celles calculées en 2003 (Abril et al., 2005) en raison de la chute desconcentrations en CH4 dans le lac de Petit Saut (cf 4.3.3). La concentration en CH4 diminuant le long duSinnamary en raison de l’oxydation du CH4, les émissions par diffusion dans les 40 derniers kilomètresdu fleuve sont inférieures à celles des 40 premiers kilomètres (0,223 ± 0,13 Gg (CH4) an−1).

En 2012 - 2013 les émissions de CO2 par diffusion en aval du barrage étaient de 35,3 ± 0,77 Gg (CO2)an −1, elles étaient quatre fois plus faibles que celles calculées en 2003 (Abril et al., 2005) en raison dela chute des concentrations en CO2 dans le lac de Petit Saut (cf 4.3.3). D’après les incubations d’eauaval 21,7 ± 6,7 Gg (CO2) an−1, soit 60 % des émissions de CO2 par diffusion par le premier tronçon dufleuve, proviennent de l’oxydation du CH4 (6 %) et de la dégradation du COD (30 %) et du COP (24%) du lac de Petit Saut, le reste provient du CO2 apporté au fleuve en aval (40 %). La concentrationen CO2 restant constante le long du Sinnamary, en raison de la production de CO2, et la surface des40 derniers kilomètres étant 4 fois plus grande que celle des 40 premiers kilomètres, les émissions pardiffusion dans les 40 derniers kilomètres du fleuve (119 ± 13 Gg (CO2) an−1) sont supérieures à cellesdes 40 premiers kilomètres.

4.3.7 Importance de la zone littorale de forêt inondée dans les émissions totales deCH4 et de CO2 à Petit Saut

La zone littorale de forêt inondée représente 132 ± 1,3 km2 (cf 4.3.3) soit un tiers de la surface totaledu lac de barrage de Petit Saut. Elle comptabilise 84 % des émissions de CH4 (1,22 ± 0,23 Gg (CH4)an−1) et 51 % des émissions de CO2 (104 ± 3,6 Gg (CO2) an−1) du lac de Petit Saut (Tableau 4.4).En comptabilisant l’ensemble des émissions du système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval), les émissionspar la zone littorale représente 18 % des émissions totales de CH4 et 40 % des émissions totales de CO2(Tableau 4.4). Son importance est vraisemblablement liée au temps de résidence des eaux élevé, à lafaible profondeur de la colonne d’eau et aux quantités de MO dans les sédiments et les sols inondés dela zone littorale qui favorisent le maintien de fortes concentrations en CH4 et CO2 dans la colonne d’eauet en surface d’où de forts flux diffusifs en surface de cette zone (cf 4.3.3). Son importance, notammentdans le bilan des émissions de CH4, est aussi liée à l’existence de l’ébullition uniquement dans cette zonedu lac.

L’échantillonnage de la zone littorale de forêt inondée est important pour rendre compte de la va-riation spatiale des émissions de CH4 et de CO2 et estimer au mieux les émissions de ces deux gaz àeffet de serre par les lacs de barrages. Lors de notre étude de la zone littorale nous n’avons pas mesuréles émissions par les sols découverts en saison sèche ni les émissions dues à la dégradation de végétationsuite à la remontée du niveau du lac en saison humide dans la zone de marnage. Les zones littoraleséchantillonnées présentaient en effet des berges avec une pente très élevée ainsi la surface des sols libérésde l’emprise des eaux et colonisés par de la végétation en saison sèche n’étaient pas significative dansces zones littorales. Cependant, lors de l’échantillonnage des rivières en amont du lac nous avons puobserver que, dans les zones en aval des confluences des rivières amont avec le lac, les pentes de la zonede marnage étaient plus faibles et les sols découverts pouvaient être colonisés par de la végétation, c’étaitnotamment le cas lors de l’échantillonnage des sols aux abords du Saut Lucifer (Rivière Coursibo). Deprécédentes études ont mis en évidence que la zone de marnage (Zheng et al., 2011; Deshmukh, 2013)et les zones littorales végétalisées (Chen et al., 2009; Venkiteswaran et al., 2013; Yang et al., 2013b,a)

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étaient des zones d’émissions importantes de CH4 et de CO2 dans les lacs de barrages. Ainsi, l’étude deces zones à Petit Saut permettraient de préciser l’importance de la zone littorale.

Gg (CH4) an−1 Gg (CO2) an−1

LAC de BARRAGEDiffusion> 10 m (202 ± 5,7 km2) 0,235 ± 0,04 99,5 ± 2,4< 10 m (132 ± 1,3 km2) 0,473 ± 0,09 104 ± 3,6Total diffusion 0,708 ± 0,10 203 ± 4,3Ébullition(132 ± 1,3 km2) 0,742 ± 0,21 0,002 ± 0,001Total lac de barrage 1,45 ± 0,23 203 ± 4,3Contribution de la zone < 10 m 84% 51%

AVAL du BARRAGEDégazage 4,45 ± 1,1 25,0 ± 5,1Diffusion (40 premiers km) 0,918 ± 0,12 35,3 ± 0,77Total Aval 5,37 ± 1,1 60,3 ± 5,1

ÉMISSIONS TOTALES 6,82 ± 1,1 263 ± 6,7Contribution de la zone < 10 m 18% 40%

Tableau 4.4 – Importance de la zone littorale dans le bilan des émissions de CH4 et de CO2 par le lacde Petit Saut et par l’ensemble du système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval du barrage).

Dix huit ans après la mise en eau, l’ensemble du système Petit Saut (Lac et Fleuve en aval) émet6,82 ± 1,1 Gg (CH4) an−1 et 263 ± 6,7 Gg (CO2) an−1 (Tableau 4.4). En utilisant un PRG de 34 pourle CH4 (IPCC, 2013) on estime que, dix huit ans après la mise en eau, les émissions de CH4 (232 ±37 Gg (CO2)eq an−1) sont du même ordre de grandeur que celle du CO2. Les émissions brutes totalesde CH4 et de CO2 (495 ± 38 Gg (CO2)eq an−1) ont donc diminuées de 44 % depuis 2003 (884 Gg(CO2eq) an−1 avec PRG(CH4) = 34, Abril et al. (2005)). Cette diminution est due à une chute desconcentrations dans la colonne d’eau du lac, et donc en aval du barrage, en raison de la diminution dustock de matière organique mise en eau en 1994 (Delmas et al., 2001; Abril et al., 2005). Les émissionsdevraient se stabiliser lorsque le stock de matière organique ennoyée aura été totalement épuisé et que leCH4 et le CO2 seront uniquement produits lors de la dégradation dans la colonne d’eau et les sédimentsde la matière organique issue de la production primaire et du bassin versant.

4.4 ConclusionLa matière organique de la colonne d’eau du lac provient de la production primaire ayant lieu dans

la couche euphotique ainsi que des apports par le bassin versant. La matière organique de la colonned’eau (autochtone et allochtone) est source de CO2 lors de sa dégradation dans la colonne d’eau du lacde Petit Saut. Cette dégradation se fait majoritairement dans le métalimnion.

La colonne d’eau du lac de Petit Saut présente des variations spatiales des paramètres de qualitédes eaux et des concentrations en espèces dissoutes et particulaires carbonées. Les concentrations enCH4, CO2 et COP sont plus élevées dans la colonne d’eau de la zone littorale que dans celle de la zonepélagique. La concentration en COD dans la colonne d’eau de la zone pélagique est plus élevée quecelle dans la zone littorale. Les concentrations en espèces dissoutes et particulaires carbonées sont aussisujettes à des variations saisonnières en raison des apports du bassin versant et des pluies qui diminuentla force de la stratification thermique.

Les flux diffusifs de CH4 et de CO2 diminuent exponentiellement avec la profondeur dans la zone

102

littorale (< 10 m) de forêt inondée. Les émissions de cette zone par diffusion et ébullition correspondentà 84 % des émissions de CH4 et 51 % des émissions de CO2 par le lac de Petit Saut et 18 % des émissionsde CH4 et 40 % des émissions de CO2 par l’ensemble du système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval).L’échantillonnage de la zone littorale de forêt inondée est donc essentiel pour rendre compte des émissionsréelles d’un lac de barrage.

De plus l’échantillonnage de plusieurs zones littorales est indispensable pour rendre compte de l’hété-rogénéité spatiale de l’ébullition et ne pas sous estimer cette voie d’émission en échantillonnant seulementune zone où l’ébullition est faible. La gamme de profondeur située autour de 6 m en Crique Plomb cor-respond à une zone de forte émission de CH4 par ébullition.

L’échantillonnage de plusieurs stations en eaux libres nous a permis de mettre en évidence unehétérogénéité spatiale des flux diffusifs de CO2 en surface des eaux libres. En effet des flux diffusifs deCO2 élevés ont été mesurés dans la zone de transition de la rivière Sinnamary et du lac. L’hétérogénéitéspatiale des flux diffusifs de CO2 ne se limite pas à des différences entre la zone de transition et le restede la zone pélagique, en effet des flux diffusifs de CO2 élevés ont été mesurés en une station située àl’entrée d’une zone de forêt inondée comprenant une vaste zone littorale.

Dans le fleuve en aval du barrage la matière organique provient essentiellement du lac. Le CO2 diffuséen surface du fleuve en aval provient du lac, de l’oxydation du CH4 et de la dégradation du COD et duCOP apportés par le lac. Les mesures en aval du lac confirme l’importance du fleuve aval dans le bilandes émissions de gaz à effet de serre à Petit Saut puisque la somme des émissions de CH4 et de CO2par dégazage et diffusion en surface du fleuve représente la moitié des émissions totales du système PetitSaut (Lac + Fleuve en aval).

Le dégazage du CH4 est la principale voie d’émission du CH4 par le système de Petit Saut alorsque c’est la diffusion en surface du lac pour le CO2. Les émissions de CH4 sont du même ordre degrandeur que celle du CO2. Les émissions de CH4 et de CO2 ont diminué depuis 2003 en raison d’unediminution des concentrations en CH4 et CO2 dans la colonne d’eau du lac mais elles sont supérieuresaux estimations réalisées précédemment.

103

104

Chapitre 5

Variations spatiales et saisonnières desémissions de N2O à Petit Saut

Résumé

Cette étude est la première à inclure des mesures de concentrations en N2O, en espèces azotéesdissoutes (NH+

4 , NO−3 et NO−

2 ) et particulaire (NP), des données de l’état de dégradation dela MO azotée (teneur en N, rapport C/N), des données isotopiques (δ15N-NP) et l’estimationde l’ensemble des voies d’émissions du N2O dans le lac et en aval d’un barrage tropical.

L’échantillonnage de deux types de stations au cours de 12 mois met en évidence des variationsspatiale, entre les zones littorale et pélagique, et saisonnière des concentrations des espècesazotées dans la colonne d’eau du lac. Les concentrations en NH+

4 et NP dans la colonne d’eaude la zone littorale sont supérieures à celles de la zone pélagique. Les concentrations en NO−

3et NO−

2 dans la colonne d’eau de la zone pélagique sont supérieures à celles de la zone littoraleet la concentration en N2O dans l’hypolimnion de la zone pélagique est supérieure à celle dela zone littorale. Les plus faibles concentrations en N2O en surface du lac ont été mesuréespendant la saison humide, elles sont couplées à des concentrations en NH+

4 supérieures à cellesmesurées en saison sèche. Dans l’hypolimnion de la zone pélagique, les concentrations en NH+

4étaient plus faibles et celles en NO−

3 , NO−2 et N2O étaient plus fortes en saison humide qu’en

saison sèche.

En surface du lac de Petit Saut, les concentrations en N2O (16,6 ± 0,39 nmol L−1) et les fluxdiffusifs de N2O (7,40 ± 0,27 µmol m−2 j−1) sont homogènes sur l’ensemble du lac. Les fluxébullitifs de N2O dans la zone littorale du lac sont peu élevés (0,958 ± 0,34 nmol m−2 j−1).Dans le lac de Petit Saut les émissions par ébullition (0,002 ± 0,001 Mg (N2O) an−1) sontnégligeables devant les émissions par diffusion (39,7 ± 1,4 Mg (N2O) an−1).

En aval du barrage, le dégazage n’a pas pu être estimé pour chacun des mois échantillonnésen raison d’une production de N2O dans les 800 premiers mètres du fleuve. Les émissionsminimales par dégazage (0,347 ± 0,12 Mg (N2O) an−1) sont négligeables devant celles dulac. Le fleuve en aval du barrage est essentiellement sous l’influence des apports du lac dePetit Saut, les concentrations en azote dans le lac et les débits turbinés conditionnent lesconcentrations en azote dans le fleuve et donc les émissions de N2O par diffusion par le fleuve(1,72 ± 0,25 Mg (N2O) an−1).

En 2012 - 2013 le système de Petit Saut a émis un total de 41,8 ± 1,4 Mg (N2O) an−1 dont99 % via diffusion, en surface du lac (95 %) et du fleuve en aval du barrage (4 %). À PetitSaut, les émissions de N2O (12,4 ± 0,42 Gg (CO2eq) an−1) sont négligeables devant celles deCH4 (232 ± 37 Gg (CO2eq) an−1) et de CO2 (263 ± 6,7 Gg (CO2eq) an−1).

105

5.1 Introduction

Ces vingt dernières années, plusieurs études ont montré que les zones pélagiques des lacs naturels etdes lacs de barrages boréaux (Huttunen et al., 2002, 2003b,a; Hendzel et al., 2005), tempérés (Mengiset al., 1997; McCrackin et Elser, 2011; Diem et al., 2012), subtropicaux (Wang et al., 2006, 2009; Chenet al., 2010; Liu et al., 2011; Deshmukh, 2013; Zhao et al., 2013; Musenze et al., 2014a; Sturm et al.,2014) et tropicaux (Lima et al., 2002; Guérin et al., 2008b) étaient des sources de N2O. De plus, la zonelittorale avec de la végétation (Huttunen et al., 2003a; Wang et al., 2006; Diem et al., 2012) et la zonede marnage (Deshmukh, 2013) des lacs naturels et des lacs de barrages présentent de fortes émissions deN2O. Les émissions de N2O par les lacs naturels et les lacs de barrages ne sont pas à ce jour connues àl’échelle globale alors que les émissions de N2O par les rivières naturelles (0,05 Tg (N) an−1) et par lesrivières anthropisées (1,1 Tg (N) an−1) sont bien connues (Galloway et al., 2004).

Dans les écosystèmes aquatiques le N2O est produit lors de cinq processus biologiques (i) commeespèce intermédiaire ou sous produit lors de la dénitrification (Payne, 1981), (ii) comme sous produitlors de la nitrification (Goreau et al., 1980), (iii) comme espèce intermédiaire lors de la nitrification -dénitrification (Wrage et al., 2001), (iv) comme sous produit lors de la réduction du NO−

3 en NH+4 (Smith

et Zimmerman, 1981) et (v) comme produit par les méthanotrophes (Yoshinari, 1985). Ces réactions sontcontrôlées par la température (Stow et al., 2005), le pH (Jianlong et Ning, 2004), la concentration enO2 (Goreau et al., 1980; Cébron et al., 2005), et la concentration en azote inorganique (Firestone et al.,1979; Cébron et al., 2005; Hendzel et al., 2005). Dans les lacs naturels et les lacs de barrages, le N2Oest principalement produit à l’interface oxique - anoxique de la colonne d’eau (Mengis et al., 1997) etdans les sols et les sédiments des zones littorales peu profondes (Huttunen et al., 2003b; Wang et al.,2006). La principale voie d’émission du N2O par les écosystèmes aquatiques est la diffusion, l’ébullitionest en effet souvent négligeable (Huttunen et al., 2002; Deshmukh, 2013). Peu d’études documentent lesémissions de N2O en aval des lacs de barrages mais, d’après les études de Guérin et al. (2008b) et Liuet al. (2011), les émissions par dégazage pourraient être importantes. Guérin et al. (2008b) ont émisl’hypothèse que, à Petit Saut, le dégazage pouvait représenter 3 à 12 % des émissions totales de gaz àeffet de serre en équivalent CO2, soit 101 - 403 Mg (N2O) an−1. Cependant l’étude de l’aval d’un lacde barrage subtropical par Deshmukh (2013) a montré que le dégazage du N2O (< 6,7 Mg (N2O) an−1)était négligeable devant les autres voies d’émission de ce gaz (2 % des émissions totales de N2O).

La colonne d’eau stratifiée du lac de barrage de Petit Saut (cf 4.2.1.1) est propice à une forte pro-duction de N2O au niveau de l’interface oxique - anoxique (Mengis et al., 1997; Deshmukh, 2013; Sturmet al., 2014). Les émissions de N2O sont mal connues à Petit Saut car une seule étude préliminaire, baséesur seulement deux campagnes, a été menée en 2003 par Guérin et al. (2008b). D’après cette étude,les flux diffusifs de N2O en surface du lac de barrage de Petit Saut ne présentaient pas de variationspatiale ni de variation saisonnière significatives. L’ébullition du N2O n’a pas encore été mesurée à PetitSaut, ni le dégazage. Cependant Guérin et al. (2008b) ont estimé que le dégazage pouvait être l’une desprincipales voies d’émission du N2O car, à l’exemple du CH4 et du CO2, la colonne d’eau du lac devaitêtre riche en N2O puisque les flux diffusifs de N2O en surface étaient élevés (94 ± 6,7 µmol m−2 j−1).

Les buts de ce chapitre sont de :

– appuyer les hypothèses sur l’origine et l’état de la dégradation de la MO du lac et du fleuve émisesdans le Chapitre 4 avec les données d’azote,

– présenter les variations spatiales et saisonnières des concentrations en azote dans la colonne d’eaudu lac de barrage de Petit Saut et du fleuve en aval du barrage,

– valider l’hypothèse d’une production de N2O au niveau de l’interface oxique - anoxique dans lacolonne d’eau du lac,

– quantifier les émissions de N2O à Petit Saut via la diffusion en surface du lac, via l’ébullition dans

106

le lac, et via le dégazage et la diffusion en aval du barrage,

– déterminer l’importance de chaque voie d’émission dans le bilan global des émissions de N2O etdéterminer l’importance des émissions totales de N2O dans le bilan global d’émissions de GES àPetit Saut.

Dans ce chapitre les profils verticaux des concentrations en NH+4 , NO−

3 , NO−2 , N2O et NP, et de

la teneur en N et du δ15N-NP des MES dans la colonne d’eau du lac de barrage de Petit Saut serontprésentés pour (i) caractériser les colonnes d’eau de zone littorale et de zone pélagique, (ii) déterminerquel est le processus principal source de N2O et (iii) localiser les zones principales où le N2O est produit.Le calcul des flux diffusifs, à partir des concentrations de surface, et le calcul des flux ébullitifs, déterminésà partir des entonnoirs positionnés dans les zones littorales du lac nous permettrons de déterminer la voieprincipale d’émission de N2O en surface du lac de Petit Saut. L’étude du fleuve en aval du barrage desmêmes paramètres que ceux étudiés dans le lac nous permettra (i) de déterminer le processus principalsource de N2O dans le fleuve, (ii) de calculer le dégazage et le flux diffusif de N2O dans le fleuve en avaldu barrage et ainsi (iii) de déterminer la voie principale d’émission de N2O à Petit Saut et l’importancedes émissions de N2O par rapport à celles de CH4 et de CO2.

5.2 Résultats

5.2.1 Dynamique de l’azote dans la colonne d’eau du lac de Petit Saut

5.2.1.1 Concentrations en NH+4 , NO−

3 et NO−2

Dans la colonne d’eau du lac, les concentrations en NH+4 étaient comprises entre 0,001 et 62,3 µmol

L−1. Elles étaient du même ordre de grandeur que celles de lacs de barrages subtropicaux et présen-taient des variations verticales similaires à celles observées dans des lacs monomictiques subtropicaux(Deshmukh, 2013; Sturm et al., 2014). Pendant la saison sèche, lorsque la colonne d’eau était forte-ment stratifiée, la concentration en NH+

4 était constante dans l’épilimnion (0,039 ± 0,02 µmol L−1), elleaugmentait dans le métalimnion (1,39 ± 0,44 µmol L−1) et continuait à augmenter dans l’hypolimnion(19,5 ± 1,7 µmol L−1) et jusqu’au fond de la colonne d’eau (Figure 5.1 D3). Pendant la saison humide,lorsque la stratification thermique était faible, la concentration en NH+

4 était constante dans l’épilimnionet élevée (0,571 ± 0,23 µmol L−1) en comparaison de celle de la saison sèche (p = 0,0008), elle ne nevariait pas dans le métalimnion puisqu’elle augmentait seulement sous l’interface oxique - anoxique del’hypolimnion où la concentration moyenne en NH+

4 (10,0 ± 1,1 µmol L−1) était deux fois plus faible quecelle de la saison sèche (p < 0,0001) (Figure 5.1 C3). Sur l’ensemble de la colonne d’eau, les concentra-tions en NH+

4 étaient en moyenne deux fois plus élevées en zone littorale qu’en zone pélagique (Figure5.1 C3 et D3, Tableau 5.1).

Dans la colonne d’eau du lac, les concentrations en NO−3 étaient comprises entre 0,001 et 7,54 µmol

L−1. Elles étaient supérieures à celles mesurées dans un lac de barrage subtropical d’Australie (Sturmet al., 2014) mais inférieures à celles mesurées dans le lac de barrage subtropical de Nam Theun 2(Laos) (Deshmukh, 2013). La concentration en NO−

3 présentaient les mêmes variations verticales quecelles observées à Nam Theun 2 (Deshmukh, 2013). Pendant la saison sèche, la concentration en NO−

3restait globalement constante sur l’ensemble de la colonne d’eau du lac (0,468 ± 0,10 µmol L−1) (Figure5.1 D4). Pendant la saison humide, la concentration en NO−

3 était constante dans l’épilimnion (0,231± 0,10 µmol L−1), doublait dans le métalimnion (0,461 ± 0,10 µmol L−1) et présentait un maximumà l’interface oxique - anoxique de l’hypolimnion où la concentration en NO−

3 était en moyenne (2,06 ±0,19 µmol L−1) deux fois plus élevée que celle mesurée en saison sèche (p = 0,0004) (Figure 5.1 C4). Surl’ensemble de la colonne d’eau, les concentrations en NO−

3 en zone pélagique étaient supérieures à cellesmesurées en zone littorale (p < 0,0001, Figure 5.1 C4 et D4, Tableau 5.1).

Dans la colonne d’eau du lac, les concentrations en NO−2 étaient comprises entre 0,001 et 0,659

107

µmol L−1 et présentaient des variations verticales globalement similaires à celles observées pour le NO−3

(Figure 5.1 C5 et D5, Annexe C). Sur l’ensemble de la colonne d’eau, la moyenne des concentrations enNO−

2 pendant la saison humide (0,075 ± 0,005 µmol L−1) était trois fois plus élevée que celle de la saisonsèche (p < 0,0001). Sur l’ensemble de la colonne d’eau, les concentrations en NO−

2 en zone pélagiqueétaient supérieures à celle mesurées en zone littorale (p < 0,0001, Figure 5.1 C5 et D5, Tableau 5.1).

ÉPILIMNIONZone littorale < 10 m Zone pélagique > 10 m

Moyenne ± SEM (n) Gamme Moyenne ± SEM (n) GammeNH+

4 0,915 ± 0,27 (84) 0,001 - 14,6 0,306 ± 0,06 (199) 0,001 - 8,37NO−

3 0,075 ± 0,02 (85) 0,001 - 1,45 0,303 ± 0,07 (199) 0,001 - 4,59NO−

2 0,032 ± 0,01 (85) 0,001 - 0,185 0,042 ± 0,01 (199) 0,001 - 0,376N2O 17,0 ± 0,61 (85) 5,20 - 38,7 17,2 ± 0,29 (199) 4,00 - 52,2NP 7,59 ± 0,28 (39) 4,79 - 11,6 5,72 ± 0,14 (63) 2,92 - 8,68

Teneur en N 2,59± 0,11 (25) 1,33 - 3,67 2,50 ± 0,05 (63) 1,62 - 3,76δ15N-NP 5,53 ± 0,42 (39) 0,568 - 12,1 4,77 ± 0,31 (72) -4,03 - 20,7

HYPOLIMNIONZone littorale < 10 m Zone pélagique > 10 m

Moyenne ± SEM (n) Gamme Moyenne ± SEM (n) GammeNH+

4 24,4 ± 4,8 (20) 0,600 - 59,2 11,8 ± 0,87 (273) 0,001 - 62,3NO−

3 0,175 ± 0,07 (21) 0,001 - 1,12 1,41 ± 0,13 (272) 0,001 - 7,5NO−

2 0,028 ± 0,01 (21) 0,001 - 0,194 0,094 ± 0,01 (272) 0,001 - 0,659N2O 15,5 ± 1,7 (20) 4,46 - 27,8 39,2 ± 4,2 (275) 1,99 - 663NP 11,0 ± 0,71 (5) 9,32 - 12,6 6,07 ± 0,23 (109) 1,78 - 13,9

Teneur en N 1,79 ± 0,29 (5) 1,43 - 2,92 1,88 ± 0,07 (109) 0,770 - 6,23δ15N-NP 2,84 ± 0,63 (5) 0,618 - 4,54 2,07 ± 0,21 (111) -4,24 - 8,40

Tableau 5.1 – Concentrations NH+4 , NO

−3 , NO−

2 et NP en µmol L−1, en N2O en nmol L−1, teneur enN en % et δ15N-NP en h dans l’épilimnion et l’hypolimnion des zones littorale (< 10 m) et pélagique(> 10 m) du lac de Petit Saut.

5.2.1.2 Concentrations en N2O

Dans la colonne d’eau du lac, les concentrations en N2O étaient comprises entre 2,8 et 663 nmol L−1.Elles étaient du même ordre de grandeur que celles observées dans des lacs de barrages subtropicaux(Deshmukh, 2013; Sturm et al., 2014). En surface du lac, les concentrations en N2O étaient comprisesentre 5,20 et 32,3 nmol L−1 et ne présentaient pas de différence significative entre les zones pélagiqueet littorale (p > 0,05). Ainsi en surface du lac de Petit Saut, la concentration moyenne en N2O était de16,6 ± 0,39 nmol L−1. La concentration en N2O présentait des variations verticales similaires à cellesobservées dans des lacs monomictiques subtropicaux (Deshmukh, 2013; Sturm et al., 2014) et à cellesdu NO−

3 et NO−2 (Figure 5.1 C6 et D6).

Dans l’épilimnion, les concentrations en N2O pendant la saison humide (16,1 ± 0,45 nmol L−1)étaient en moyenne inférieures à celles de la saison sèche (18,3 ± 0,32 nmol L−1) (p < 0,0001) alors que,dans l’hypolimnion, les concentrations en N2O pendant la saison humide (39,9 ± 5,8 nmol L−1) étaienten moyenne supérieures à celles de la saison sèche (34,3 ± 7,6 nmol L−1) (p = 0,008) (Figure 5.1 C6 etD6).

108

Figur

e5.1–Pr

ofils

verticau

xsaiso

nniers

dela

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rature

en°C

,des

concentrations

enO

2,NH

+ 4,N

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O− 2

etNP

enµmol

L−1 ,

dela

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1et

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mide(M

ai20

12)et

sèche(N

ovem

bre20

12).

109

De plus, dans l’hypolimnion des eaux libres de la zone pélagique, une augmentation de la concentra-tion jusqu’à plus de 500 nmol L−1 jusqu’au fond de la colonne d’eau a été observée plusieurs fois pendantla saison humide et pendant la période de transition entre les saisons humide et sèche (Annexe C). À cesprofondeurs de faibles concentrations en NH+

4 ont été mesurées. En zone littorale, les concentrations enN2O, constantes dans l’épilimnion et l’hypolimnion, présentaient un maximum dans le métalimnion, ilétait inférieur à une augmentation de 10 nmol L−1 de la concentration de l’épilimnion alors qu’en zonepélagique, et notamment en eaux libres, il était supérieur à une augmentation de 20 nmol L−1 de laconcentration dans l’épilimnion (Figure 5.1 C6 et D6). Dans la zone littorale, de fortes concentrationsen N2O ont été mesurées à de faibles profondeurs (< 5 m) comme par exemple en Crique Plomb 1 enMai 2012 (38,7 nmol L−1 à 1,5 m de profondeur, profondeur max = 2,5 m) ou encore en PK 23,6-6 enDécembre 2012 (32,3 nmol L−1 en surface, profondeur max = 5 m). Ces fortes concentrations en N2Osont à l’image de celles mesurées dans des zones littorales de lacs naturels boréaux, supérieures à cellesdu reste du lac (Huttunen et al., 2003b,a).

5.2.1.3 Concentration en NP, teneur en N et δ15N-NP

Dans la colonne d’eau du lac, les concentrations en NP étaient comprises entre 1,78 et 13,9 µmolL−1. Les concentrations en NP dans l’épilimnion (6,17 ± 0,17 µmol L−1) et l’hypolimnion (6,32 ± 0,24µmol L−1) étaient du même ordre de grandeur, elles chutaient dans le métalimnion et augmentaient aufond de la colonne d’eau (Figure 5.1 C7 et D7). Dans la colonne d’eau du lac, les teneurs de N dans lesMES étaient comprises entre 0,770 et 4,09 %. Les teneurs en N dans les MES de l’épilimnion (2,52 ±0,05 %) étaient supérieures à celles mesurées dans l’hypolimnion (1,84 ± 0,05 %) (Figure 5.1 C8 et D8).Dans la colonne d’eau du lac, les δ15N-NP étaient compris entre -4,24 et 20,7 h. Le δ15N-NP diminuaitentre l’épilimnion (5,04 ± 0,25 h) et l’hypolimnion (2,10 ± 0,20 h) (Figure 5.1 C10 et D10).

Dans l’épilimnion de zone littorale, en Avril et Mai 2012 les fortes concentrations en NP (9,26 ±0,56 µmol L−1) étaient couplées à de faibles teneurs en N dans les MES (2,16 ± 0,16 %) alors qu’enJanvier et Mars 2013 les faibles concentrations en NP (5,48 ± 0,26 µmol L−1) étaient couplées à defortes teneurs en N (3,11 ± 0,20 %) (p < 0,05). Les δ15N-NP d’Avril et Mai 2012 (6,29 ± 0,82 h) étaientdu même ordre de grandeur que ceux de Janvier et Mars 2013 (6,82 ± 0,65 h) (p > 0,05). Les autresmois échantillonnés pour la mesure de ces paramètres dans l’épilimnion de la zone littorale (Octobre etNovembre 2012, Juillet et Août 2013) présentaient des concentrations en NP (7,02 ± 0,25 µmol L−1) etdes teneurs en N dans les MES (2,61 ± 0,12 %) intermédiaires et des δ15N-NP plus faibles (4,56 ± 0,50h). Dans l’hypolimnion de la zone littorale la colonne d’eau est peu profonde et seulement la CriquePlomb a été échantillonnée pour ces trois paramètres ainsi le jeu de données réduit ne nous permet pasde conclure sur une éventuelle variation saisonnière de la concentration en NP, de la teneur en N et duδ15N-NP.

Dans l’épilimnion de la zone pélagique, les concentrations en NP les plus élevées ont été mesuréesen Mai 2012 (7,40 ± 0,32 µmol L−1) et les plus faibles ont été mesurées en Janvier 2013 (4,27 ± 0,21µmol L−1) (p < 0,0001). Les teneurs en N et les δ15N-NP des MES ne présentaient cependant pas dedifférence significative entre ces deux mois (p > 0,05). Dans l’épilimnion de la zone pélagique, les teneursen N étaient homogènes entre les différents mois échantillonnés (p > 0,05) et seul le δ15N-NP moyen dumois de Mars 2013 (7,93 ± 1,8 h) était au moins 40 % plus élevé que ceux des autres mois (p < 0,05).Dans l’hypolimnion de la zone pélagique, la concentration en NP en Mai 2012 (6,67 ± 0,46 µmol L−1)était supérieure à celle mesurée en Octobre 2012 (3,83 ± 0,49 µmol L−1) (p < 0,0001). La teneur en Nen Mai 2012 (1,54 ± 0,07 %) était inférieure à celle en Octobre 2012 (1,75 ± 0,12 %) (p < 0,05). Dansl’hypolimnion de la zone pélagique, les plus forts δ15N-NP ont été mesurés en Mai 2012 (2,67 ± 0,32 h)et les plus faibles en Janvier 2013 (0,414 ± 0,67 h) (p = 0,002).

Les concentrations en NP dans la colonne d’eau de la zone littorale étaient en moyenne 25 % su-périeures à celles mesurées dans la colonne d’eau de la zone pélagique (p < 0,0001, Tableau 5.1). Lesδ15N-NP de l’épilimnion de la zone littorale étaient plus enrichis en 15N que ceux de la zone pélagique

110

(p < 0,05, Tableau 5.1). Au fond de la colonne d’eau, la teneur en N dans les MES de la colonne de lazone littorale (2,19 ± 0,24 %) était supérieure à celle de la zone pélagique (1,62 ± 0,14 %) (p < 0,0001).

5.2.2 Dynamique de l’azote dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut

Les eaux transitant par les turbines étaient pauvres en NO−3 (0,034 ± 0,02 µmol L−1), NO−

2 (0,052 ±0,02 µmol L−1) et N2O (15,2 ± 1,8 nmol L−1) et riches en NH+

4 (11,9 ± 1,7 µmol L−1) en comparaisondes eaux de surface du fleuve en aval du barrage (Figure 5.2 a, b, c et d). Suivant les mois de l’année,entre les turbines et la première station du fleuve à 800 mètres en aval du barrage, la concentrationen NH+

4 diminuait de 6 à 50 % et celle en NO−3 augmentait de 2 à 260 %. La concentration en NH+

4à 36,5 km du barrage était 20 % plus faible que celle à 0,8 km (Figure 5.2 a). Les concentrations enNO−

3 , NO−2 et N2O augmentaient entre 0,8 km et 36,5 km (Figure 5.2 b, c et d), la concentration en

NO−3 était notamment multipliée par plus de 20 et celle en N2O augmentait de 50 % entre ces deux

stations. Entre 0,8 km et 36,5 km la concentration en NP augmentait de 30 % et la teneur en N dansles MES restait constante (Figure 5.2 d et e). Les concentrations en azote dans les turbines, à 0,8 kmet 36,5 km présentaient les mêmes variations saisonnières que celles observées en surface du lac, les plusfaibles concentrations en N2O et NO−

3 et les plus fortes concentrations en NH+4 ont en effet été mesurées

pendant la saison humide.

Figure 5.2 – Concentrations en NH+4 (a), NO−

3 (b), N2O (c), teneur en N dans les MES (d), concentrationen NP (e) et δ15N-NP (f) dans les turbines, et à 0,8 km et 36,5 km en surface du fleuve Sinnamary enaval du barrage de Petit Saut. La concentration en NP, la teneur en N et le δ15N-NP des turbines sontdes moyennes pondérées des données de la colonne d’eau de Roche Genipa (18 % Épilimnion + 82 %Hypolimnion). La boîte montre la médiane et l’écart interquartile. Les moustaches présentent la gammedes données et la croix représente la moyenne.

La tendance de la concentration en NH+4 entre 36,5 km et 49,5 km était, comme entre 0,8 km et 36,5

km, à la diminution (p < 0,0001, Tableau 5.2, Figure 5.3). Les concentrations en NO−3 , N2O et NP et la

teneur en N entre 36,5 km et 49,5 km présentaient la même tendance à l’augmentation observée entre0,8 km et 36,5 km (p < 0,05, Tableau 5.2, Figure 5.3). Entre la ville de Sinnamary (49,5 km) et l’estuaire(60 km), les tendances observées étaient globalement similaires à celles observées entre 36,5 km et 49,5km cependant la teneur en N dans les MES chutait dans l’estuaire (Tableau 5.2, Figure 5.3).

111

PetitSa

utKeren

roch

Cha

peau

Vénus

Roche

Bravo

PointeCom

biSinn

amary

Estua

ire

0,8km

5km

11,5

km21

,5km

30km

36,5

km49

,5km

60km

NH

+ 48,52±

1,1

9,58±

2,4

9,72±

2,1

8,61±

2,8

8,06±

1,9

6,72±

1,1

6,67±

2,2

5,97±

2,3

4,44

-16,7

4,44

-15,6

5,56

-15,6

3,33

-16,1

3,89

-12,8

2,22

-14,4

1,67

-12,2

0,55

6-1

1,7

NO

− 30,035±

0,01

0,104±

0,04

0,215±

0,06

0,361±

0,12

0,565±

0,10

0,77

0,07

1,14±

0,15

2,57±

1,2

0,001-0

,168

0,040-0

,206

0,114-0

,376

0,219-0

,711

0,385-0

,843

0,47

9-1

,37

0,87

9-1

,55

1,16

-6,15

NO

− 20,032±

0,01

0,074±

0,04

0,084±

0,05

0,085±

0,05

0,104±

0,06

0,07

0,02

0,11

0,07

0,42

0,26

0,001-0

,155

0,001-0

,148

0,001-0

,172

0,001-0

,170

0,001-0

,216

0,00

1-0

,234

0,00

1-0

,258

0,02

4-1

,19

N2O

15,1±

1,7

15,8±

2,8

17,2±

2,7

19,1±

2,7

20,9±

2,6

23,2±

2,2

23,4±

2,4

21,4±

2,4

6,19

-25,7

9,73

-21,3

10,9

-22,4

13,1

-25,0

14,7

-25,4

9,98

-36,8

18,2

-27,7

17,5

-28,2

NP

5,12±

0,18

5,64±

0,32

6,43±

0,38

6,38±

0,44

6,05±

0,51

6,90±

0,24

6,54±

0,28

6,06±

1,2

3,69

-5,63

4,74

-6,11

5,84

-7,53

5,41

-7,56

4,55

-6,79

5,60

-8,60

5,74

-7,01

3,26

-9,10

Ten

euren

N1,95±

0,10

1,60±

0,08

1,54±

0,12

1,74±

0,16

1,52±

0,20

1,46±

0,29

1,37±

0,13

0,62

0,15

1,16

-2,33

1,21

-2,16

1,24

-1,79

1,31

-2,08

1,16

-2,08

0,95

8-2

,27

0,98

9-1

,57

0,20

3-0

,928

δ15 N

-NP

2,40±

0,36

1,48±

0,31

2,30±

0,37

2,75±

1,8

1,77±

0,34

2,37±

0,37

1,02±

0,57

2,89±

0,47

-0,49à4,51

1,07

à2,42

1,37

à3,17

-0,71à7,93

1,11

à2,68

0,90

à5,71

-0,49à2,03

1,72

à3,98

Tab

leau

5.2–Con

centratio

nsen

NH

+ 4,N

O− 3,N

O− 2et

NP

enµmol

L−1et

N2O

ennm

olL−

1 ,et

teneur

enN

en%

etδ1

5 N-N

Pen

hdesMES

des

stations

dufleuv

eSinn

amaryen

aval

duba

rragede

Petit

Saut

lors

descampa

gnes

de2012

-201

3.La

moyenne±

SEM

estdo

nnéessurla

prem

ière

ligne

etlesminim

umet

max

imum

surla

second

elig

ne.

112

Figur

e5.3–Év

olutionspatiale

desconcentrations

enNH

+ 4,N

O− 3,N

O− 2,N

2Oet

NP,

etde

lateneur

enN,d

urapp

ortC/N

etdu

δ15 N

-NPdesMES

desturbines

àl’e

stua

iredu

fleuv

eSinn

amaryen

saiso

nhu

mide(Févrie

r,Av

rilet

Juillet)et

saiso

nsèche(N

ovem

bre).

113

Le δ15N-NP restait globalement constant dans le fleuve en aval du barrage sauf en Février où ilmontrait une tendance à l’augmentation entre 0,8 km et 36,5 km (p < 0,05, Tableau 5.2, Figure 5.3 c).

5.2.3 Émissions de N2O à Petit Saut

5.2.3.1 Flux diffusif en surface du lac

En surface du lac de Petit Saut, les flux diffusifs de N2O étaient compris entre -1,4 et 12,9 µmol m−2

j−1. Ils ne présentaient pas de différence significative entre les zones littorale et pélagique (p > 0,05) nide relation avec la profondeur (Figure 5.4 a), le flux moyen était donc de 7,40 ± 0,27 µmol m−2 j−1. Ilétait inférieur à celui mesuré avec des chambres flottantes en 2003 en surface du lac de Petit Saut (10ans, 97 ± 61 µmol m−2 j−1) et du même ordre de grandeur que celui mesuré à Fortuna (20 ans, 7 ± 11µmol m−2 j−1) par Guérin et al. (2008b). Le flux diffusif moyen était du même ordre de grandeur queceux calculés en surface de lacs de barrages subtropicaux (< 2 ans, 19 ± 17 µmol m−2 j−1, Deshmukh(2013) ; < 30 ans, 15 - 20 µmol m−2 j−1 ; Liu et al. (2011) ; < 40 ans, 0,7 - 9,3 µmol m−2 j−1, Musenzeet al. (2014a)). Le flux diffusif moyen était supérieur à ceux calculés en surface d’un lac de barragesubtropical australien (> 100 ans, 0,73 - 1,40 µmol m−2 j−1, Sturm et al. (2014)), de lacs de barragesboréaux (finlandais, 25 ans : -6,80 - 11,6 µmol m−2 j−1, Huttunen et al. (2002) ; expérimentaux Canada,< 5 ans : -0,023 - -0,080 µmol m−2 j−1, Hendzel et al. (2005)) et tempérés (50 - 100 ans, < 1,6 ± 0,5µmol m−2 j−1, Diem et al. (2012)). Le flux diffusif moyen en saison humide (6,12 ± 0,38 µmol m−2 j−1)était 30 % plus faible que celui calculé pendant la saison sèche (8,96 ± 0,20 µmol m−2 j−1) (p < 0,0001,Figure 5.4 b).

Figure 5.4 – (a) Flux diffusifs journaliers de N2O en fonction de la profondeur et (b) série temporelledes flux diffusifs moyens mensuels de N2O en surface du lac de barrage de Petit Saut pendant les saisonshumide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013.

5.2.3.2 Ébullition dans le lac de Petit Saut

Les concentrations en N2O dans les bulles étaient comprises entre 0,002 et 0,005 % et ne présentaientpas de différence significative entre la zone littorale de PK 23,6 et celle de Crique Plomb (p > 0,05).En 2012 - 2013, la concentration moyenne en N2O dans les bulles était de 0,003 ± 0,001 %, elle étaitdu même ordre de grandeur que celle mesurée dans le jeune lac de barrage de Nam Theun 2 (0,006 ±0,0002 %, Deshmukh (2013)). Les flux ébullitif de N2O, calculés à partir des tranches de 1 mètre, étaientcompris entre 0 et 31,4 nmol m−2 j−1 et ne présentaient pas de différence significative entre la zonelittorale de PK 23,6 et celle de Crique Plomb (p > 0,05). En 2012 - 2013, le flux ébullitif de N2O était de0,958 ± 0,34 nmol m−2 j−1, il était donc du même ordre de grandeur que celui calculé pour le barrage

114

subtropical de Nam Theun 2 (0,30 ± 0,04 nmol m−2 j−1, Deshmukh (2013)) et inférieur à ceux calculésdans des lacs de barrages boréaux (0 - 16 nmol m−2 j−1, Huttunen et al. (2002)).

5.2.3.3 Dégazage dans les premiers 800 mètres du fleuve en aval du barrage

Les dégazages, calculés en aval du barrage de Petit Saut, étaient compris entre 0 et 65,4 kg (N2O)mois−1 (Figure 5.5 a). Le dégazage a seulement été observé 4 mois parmi les 12 échantillonnés : Novembre2012, Mars, Juillet et Août 2013. En effet, entre les turbines et la station à 0,8 km, la concentration enN2O augmentait en moyenne de 12 ± 5 % (Mai, Juin, Octobre et Décembre 2012 et Janvier, Février etSeptembre 2013), ou diminuait de 7,0 ± 2 % (Novembre 2012 et Mars, Juillet et Août 2013) (Figure 5.5b). Le dégazage du N2O n’était donc pas systématique, ceci avait déjà été observé en aval du barrage deNam Theun 2 (Deshmukh, 2013). Ainsi, le dégazage moyen, calculé à partir des mois où du dégazage aété observé, était de 29,4 ± 12 kg (N2O) mois−1.

Figure 5.5 – Variations mensuelles du débit turbiné et, (a) du dégazage du N2O et, (b) des concentrationsen N2O dans les turbines et à 0,8 km en surface du fleuve en aval du barrage.

5.2.3.4 Flux diffusif en surface du fleuve en aval du barrage

40 premiers kilomètres du fleuve en aval du barrage. Les flux diffusifs de N2O étaient comprisentre -2,69 et 61,1 µmol m−2 j−1 et le flux diffusif moyen était de 26,8 ± 4,0 µmol m−2 j−1. Le fluxdiffusif moyen était inférieur à celui mesuré en aval du lac de barrage de Nam Theun 2 (toutes sectionscomprises : 75,0 ± 10 µmol m−2 j−1, Deshmukh (2013)). Les flux diffusifs de N2O augmentaient entre0,8 km (19,7 ± 3,5 µmol m−2 j−1) et 36,5 km (34,9 ± 4,5 µmol m−2 j−1). Les flux diffusifs de N2Oprésentaient les mêmes variations saisonnières que celles observées pour les flux diffusifs de N2O ensurface du lac de Petit Saut, les flux diffusifs de N2O pendant la saison humide (24,2 ± 3,1 µmol m−2

j−1) étaient en moyenne 30 % plus faibles que ceux de la saison sèche (33,7 ± 2,1 µmol m−2 j−1) (Figure5.6 a).

115

40 derniers kilomètres du fleuve en aval du barrage. Les flux diffusifs de N2O étaient comprisentre 21,8 et 54,3 µmol m−2 j−1 et le flux diffusif moyen était de 37,7 ± 5,5 µmol m−2 j−1. Le flux diffusifde N2O du second tronçon de fleuve était donc en moyenne supérieur à celui du premier tronçon. Lesflux diffusifs de N2O ne présentaient pas de variations spatiale et saisonnière significatives (Figure 5.6b) cependant seulement deux stations ont été échantillonnées 4 fois pour ce tronçon de fleuve.

Figure 5.6 – Séries temporelles des flux diffusifs moyens mensuels de N2O pour les (a) 40 premiers etles (b) 40 derniers kilomètres du fleuve Sinnamary en aval du barrage de Petit Saut pendant les saisonshumide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013.

5.3 Discussion

5.3.1 Origine et dynamique saisonnière de la MO

5.3.1.1 Dans le lac de barrage de Petit Saut

Les données de δ15N-NP, couplées à celles de δ13C-COP, permettent de valider que dans l’épilimnionune partie de la MO provient de la production primaire réalisée par le phytoplancton (autochtone) etqu’une autre partie provient des apports du bassin versant (allochtone) (Chapitre 4, Figure 4.12, Figure5.7). La MO allochtone se divise en deux sous parties, la MO des rivières en amont du lac et la MO desberges du lac (sols et arbres). Les δ15N-NP et δ13C-COP appauvris en zone pélagique semblent confirmerl’hypothèse d’une production primaire limitée et/ou d’importants apports de MO allochtone dans cettezone du lac (Rapports de Redfield Chapitre 4, Figure 5.7).

Les plus fortes concentrations en NP observées dans l’épilimnion de zone littorale en saison humidepeuvent être liées à des apports de MO et/ou des apports de nutriments provenant des berges. Lesapports de NP des berges appauvrissent le δ15N-NP de la MO de l’épilimnion alors que les apports denutriments l’enrichissent en stimulant la production primaire (Collos et al., 2001), le rapport de RedfieldC/N (=[CO2]/[NH+

4 ,NO−3 ]) pendant la saison humide (= 98) était en effet deux fois plus faible que celui

pendant la saison sèche (= 210). Ainsi la concentration en NP augmente en saison humide, en raisond’une stimulation de la production primaire par les apports de nutriments, alors que le δ15N-NP ne variepas entre les saisons humide et sèche car les variations du δ15N-NP induites par les apports du bassinversant et la stimulation de la production primaire sont contraires (Hou et al., 2013).

En zone pélagique, les fortes concentrations en MO (COP, NP) et les δ13C-COP et δ15N-NP élevéspendant la saison humide sont liés aux apports du bassin versant (rivières, Figure 5.7) qui sont plus

116

importants qu’en saison sèche (voir Chapitre 6). En fin de saison sèche (Janvier 2013) les apports sontfaibles, d’où les faibles concentrations en NP et COP et les δ13C-COP et δ15N-NP enrichis mesurés àcette période de l’année dans la colonne d’eau de la zone pélagique. Les plus faibles rapports de Redfielddans la zone pélagique semblent valider l’hypothèse d’une production primaire plus limitée dans cettezone du lac puisque principalement dépendante des apports du bassin versant.

Figure 5.7 – Origine de la matière organique de la colonne d’eau du lac de Petit Saut.

5.3.1.2 Dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut

D’après Abril et al. (2005), les eaux transitant par les turbines sont un mélange de 18 % d’eauprovenant de l’épilimnion et 82 % d’eau provenant de l’hypolimnion de Roche Genipa. De même qu’avecles δ13C-COP, avec les δ15N-NP de l’épilimnion (4,61 ± 0,54 h) et de l’hypolimnion (2,49 ± 0,60 h) dela station Roche Genipa nous calculons un δ15N-NP empirique, pour la matière organique du fleuve enaval du barrage, égal à 2,88 ± 0,59 h au lieu du 2,21 ± 0,21 h réellement mesuré en 2012 - 2013 dans lefleuve. L’ensemble de la MO dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut provient donc du lac (Figure5.8), les apports par les affluents sont négligeables devant les apports par le barrage. L’augmentationde la concentration en NP dans les 40 premiers kilomètres du fleuve est donc due à l’effet de la maréedynamique (Amouroux, 2003) qui ralentit le transfert des particules à l’Océan Atlantique.

117

En Février les δ15N-NP augmentaient après 0,8 km (Figure 5.3 c). Cette augmentation peut être dueà la combinaison de l’effet de la marée dynamique, qui ralentie le transfert du NP, et aux apports dubassin versant, qui ont modifié la signature isotopique de la MO du lac. En Février, la colonne d’eaudu lac est régulièrement mélangée, le mois de Février correspond en effet au mois où les précipitationssont les plus importantes (Figure 3.1), ainsi le δ15N-NP de l’hypolimnion est probablement plus élevé.De plus les apports du bassin versant enrichissent en 15N la MO du lac.

Figure 5.8 – Origine de la MO dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut.

5.3.2 Dynamique de l’azote dans la colonne d’eau du lac de Petit Saut

Outre les plus fortes concentrations en NP observées en zone littorale, les concentrations en NH+4

sont supérieures à celles mesurées en zone pélagique et ce sur l’ensemble de la colonne d’eau (Tableau5.1). Les fortes concentrations en NH+

4 mesurées dans la colonne d’eau de la zone littorale peuvent êtreliées à (i) une plus forte production de NH+

4 , (ii) une plus faible dilution du NH+4 et (iii) une plus

faible oxydation du NH+4 qu’en zone pélagique. (i) Le NH+

4 de la colonne d’eau provient en partie de ladégradation de la MO de la colonne d’eau, Collos et al. (2001) estiment que la régénération du NH+

4 estde 460 ± 220 Gg (N-NH+

4 ) an−1 dans le lac de Petit Saut. La quantité de MO azotée (NP) étant plusabondante en zone littorale de plus grandes quantités de NH+

4 peuvent être produites lors du recyclagede la MO dans la colonne d’eau de cette zone. De plus, les fortes concentrations en NH+

4 mesurées aufond de la colonne du lac mettent en évidence que du NH+

4 est produit dans les sédiments du lac de

118

Petit Saut. En zone littorale, la concentration en NP est plus élevée, le NP qui atteint l’hypolimnionest donc en moyenne moins dégradé d’où les C/N élevés (cf Chapitre 4, 4.2.1.5). De plus la teneur enN dans les MES au fond de la colonne d’eau de zone littorale est 70 % plus élevée que celle mesurée aufond de la zone pélagique. La fraction labile de la matière organique qui sédimente en zone littorale estpeut être supérieure à celle de la zone pélagique, ainsi la production de NH+

4 dans les sédiments de zonelittorale est peut être supérieure à celle dans les sédiments de la zone pélagique. (ii) En zone pélagiqueles apports du bassin versant diminuent le temps de résidence des eaux, la stratification thermique yest donc plus faible. Lorsqu’il pleut la colonne d’eau de la zone pélagique peut donc partiellement outotalement se mélanger ainsi le NH+

4 est dilué. (iii) Le mélange de la colonne d’eau de la zone pélagiquepermet l’oxygénation d’une partie de l’hypolimnion ainsi le NH+

4 peut être nitrifié aux profondeurs oùl’hypolimnion est oxique. Le temps de résidence probablement plus élevé en zone littorale favorise doncle maintien de fortes concentrations en NH+

4 dans la colonne d’eau de cette zone du lac.

Dans la colonne d’eau de la zone pélagique les concentrations en NO−3 et NO−

2 sont plus élevéesque dans celles de la zone littorale (Tableau 5.1). Ces deux espèces azotées sont produites lors de lanitrification du NH+

4 qui diffuse depuis l’hypolimnion et les sédiments (Goreau et al., 1980). En zonepélagique la nitrification du NH+

4 est favorisée par les apports d’O2 récurrents en saison humide danscette zone du lac. Ainsi la plus faible stratification thermique de la zone pélagique, due à un faible tempsde résidence des eaux, favorise la production de NO−

3 et NO−2 . Elle favorise aussi la dégradation du NP

en saison humide (Zehnder et Svensson, 1986; Kristensen et al., 1995; Hulthe et al., 1998; Bastvikenet al., 2004b; Stumm et Morgan, 2012), une chute de la concentration en NP était en effet visible dansl’hypolimnion oxique de la zone pélagique (Figure 5.1 C7).

Les concentrations en N2O dans l’hypolimnion de zone littorale étaient inférieures à celles dansl’hypolimnion de la zone pélagique mais en surface les concentrations en N2O étaient homogènes surl’ensemble du lac (Tableau 5.1). Dans le métalimnion et l’hypolimnion de la zone littorale, la concentra-tion en N2O était négativement corrélée avec celle en NH+

4 et positivement corrélée avec celle en NO−3

(Figure 5.9 b et d). En zone littorale, le N2O semble donc principalement produit via la nitrification duNH+

4 (Mengis et al., 1997; Liu et al., 2011). Dans la zone pélagique, les concentrations en N2O et NH+4

ou NO−3 n’étaient pas corrélées (Figure 5.9 a et c), cependant, les fortes concentrations en N2O (> 40

nmol −1) étaient couplées à de faibles concentrations en NH+4 (< 10 µmol L−1) (Figure 5.9 a, Annexe

C). Ainsi, comme en zone littorale, la nitrification semble aussi être la principale voie de production duN2O en zone pélagique (Mengis et al., 1997; Liu et al., 2011).

Dans la zone pélagique, en saison sèche, la production de N2O est limitée par la forte stratificationthermique qui limite la diffusion du NH+

4 de l’hypolimnion vers l’épilimnion (Figure 5.1 D3 et D6).Pendant la saison humide, les apports du bassin versant ont fragilisé la stratification thermique enréduisant le temps de résidence des eaux, les eaux froides des pluies mélangent la colonne d’eau. Le stockde NH+

4 piégé dans l’hypolimnion en saison sèche entre en contact avec des eaux oxygénées, il est doncnitrifié et de grandes quantités de N2O et NO−

3 sont produites dans le métalimnion et dans l’hypolimnionoxique de la zone pélagique (Figure 5.1 C3, C4 et C6). En saison humide, les fortes concentrations enN2O au fond de la colonne d’eau (> 200 nmol L−1), couplées à de faibles concentrations en NO−

3 (< 4µmol L−1) (Figure 5.9 b, Annexe C), montrent que l’oxygène inhibe plus la réduction du N2O en N2 quecelle du NO−

3 en N2O (Betlach et Tiedje, 1981), ainsi le N2O s’accumule au fond de la colonne d’eaualors que le NO−

3 est réduit.Le N2O produit dans l’hypolimnion oxique des eaux libres de la zone pélagique pendant la saison

humide semble être majoritairement réduit en N2 dans l’hypolimnion anoxique sus-jacent (Annexe C).Pendant cette saison, en raison de l’oxydation d’une partie du stock de NH+

4 de l’hypolimnion quidiffuse vers l’épilimnion, le pic de N2O dans le métalimnion est généralement faible (Annexe C). Les plusfaibles concentrations en N2O mesurées dans l’épilimnion du lac en saison humide qu’en saison sèchesemblent donc liées, non pas uniquement à une dilution par les pluies dans l’épilimnion, mais aussi àla consommation du NH+

4 dans l’hypolimnion oxique de la zone pélagique. Ainsi, en zone pélagique, laproduction de N2O est majoritairement indépendante des quantités d’azote présentes dans la colonne

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d’eau et dans les sédiments, elle est en effet principalement fonction de la concentration en oxygène, dansle métalimnion et l’hypolimnion, qui détermine la concentration en NH+

4 à ces profondeurs (Figure 5.9e).

Figure 5.9 – Concentration en N2O en fonction des concentrations en (a) NH+4 , (b) NO−

3 et (c) O2 dansl’hypolimnion des zones pélagique (à gauche) et littorale (à droite) pendant les saisons humide (cerclespleins) et sèche (cercles vides).

En zone littorale la corrélation entre les concentrations en N2O et en O2 n’est pas significative (Figure5.9 f), de fortes concentrations en N2O ont en effet été mesurées en surface de cette zone, elles étaientdonc couplées à de fortes concentrations en O2. Ces fortes concentrations en N2O ont été mesurées dansdes zones littorales peu profondes (< 5 m). Ainsi, dans la zone pélagique, le métalimnion semble êtrela zone principale de production du N2O émis en surface, la production dans les sédiments semble en

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effet négligeable (voir Chapitre 6) alors que, en zone littorale, voire exclusivement en zone littorale peuprofonde, les sédiments et/ou sols inondés semblent être la principale zone de production de N2O. Afinde vérifier ces hypothèses nous avons calculé la diffusion turbulente du N2O du métalimnion, qui se situeau fond de la colonne d’eau en zone littorale peu profonde, vers la surface à partir du modèle de diffusionturbulente validé pour le système de Petit Saut par Guérin et Abril (2007) :

FN2O = K∆CN2O

∆z (5.1)

avec ∆CN2O la différence des concentrations en N2O entre le métalimnion et la surface, ∆z la différencede profondeur entre le métalimnion et la surface, et K le coefficient de diffusion défini par Hondzoet Stefan (1993) K = ak ∗ (N2)−0,43 avec ak = 0, 00706 ∗ S0,56 avec S la surface du lac en km2 etN2 = g

ρ ∗∆ρ∆z avec g = 9,81 m s−2, ρ la densité de l’eau en kg m−3 définie par la formule de Kalff (2002)

ρ = 1 − 6, 63.10−6 ∗ (Température(°C) − 4)2 et ∆ρ la différence de densité entre le métalimnion et lasurface. Les coefficients de diffusion calculés étaient compris entre 1,9 et 18 m2 j−1 (moyenne : 3,9 ±0,22 m2 j−1 ; médiane : 3,5 m2 j−1).

En 2012 - 2013, le flux diffusif moyen du métalimnion vers la surface était de 4,29 ± 0,54 µmolL−1 j−1 il était donc 40 % plus faible que le flux diffusif moyen calculé en surface du lac. Les fortsflux diffusifs observés en surface du lac correspondaient à des mois où les pluies et/ou les vents étaientforts, notre calcul de diffusion depuis le métalimnion ne semble pas prendre en compte la turbulencegénérée par le vent et les pluies sur l’ensemble de l’épilimnion et ainsi sous estime la diffusion depuis lemétalimnion. De plus il est possible que la différence observée entre la diffusion depuis le métalimnionet celle depuis la surface soit due à une surestimation du k600 lors du calcul des flux diffusifs depuis lasurface de la zone littorale, cette zone est en effet plus à l’abri du vent que la zone pélagique. Enfin,la différence observée peut être due à une sous estimation de la diffusion de N2O du métalimnion versla surface et notamment en zone littorale de moins de 5 mètres de profondeur. Cette zone présentaitoccasionnellement des flux diffusifs élevés et comparables à ceux mesurés lors des épisodes de vents fortset de fortes pluies dans le reste du lac (> 10 µmol m−2 j−1). Ces flux diffusifs en surface de la zonelittorale ne sont pas représentés par notre calcul de diffusion depuis le métalimnion car la colonne d’eaupeu profonde présentait des concentrations en N2O homogènes sur toute sa profondeur (Figure 5.9 f),ainsi le gradient de concentration en N2O entre le métalimnion, situé au fond de la colonne d’eau peuprofonde de zone littorale, et la surface était nul. Les fortes concentrations en N2O dans l’ensemble dela colonne d’eau de la zone littorale de moins de 5 mètres de profondeur mettent donc bien en évidenceque du N2O semble aussi être produit dans les sols inondés et les sédiments de cette zone contrairementà ce qui a été observé pour les sédiments de la zone pélagique (voir Chapitre 6). Cette zone littoralepeu profonde est située dans la zone de marnage, ainsi, périodiquement, les sols sont oxygénés lors duretrait des eaux en saison sèche ou deviennent anoxiques lors du retour des eaux en saison humide.Cette alternance peut favoriser la production de N2O via la nitrification du NH+

4 et la dénitrificationdu NO−

3 (Deshmukh, 2013; Liengaard et al., 2013). Ainsi la concentration en oxygène semble être leparamètre principal déterminant la production de N2O que ce soit dans la colonne d’eau de la zonepélagique ou dans les sédiments/sols inondés de la zone de marnage (= zone littorale de moins de 5mètres de profondeur). Pour calculer la diffusion turbulente ayant lieu dans la zone de marnage il auraitfallu connaître la concentration en N2O dans les sédiments/sols inondés pour obtenir un gradient deconcentration non nul, cependant aucune carotte n’a été prélevée dans cette zone. Ainsi notre calcul dediffusion turbulente n’a pas pris en compte la diffusion ayant réellement lieu en zone de marnage d’où unesous-estimation de la diffusion turbulente. La zone de marnage est vraisemblablement, avec l’interfaceoxique - anoxique de la colonne d’eau, une zone de production de N2O dans le lac de Petit Saut.

5.3.3 Dynamique de l’azote dans le fleuve en aval du barrage

Les concentrations en N2O à 0,8 km, supérieures à celles dans les turbines, peuvent être attribuéesà une production de N2O, ce phénomène a déjà été observé en aval du barrage de Nam Theun 2 (Desh-mukh, 2013). D’après Firestone et Davidson (1989), les rapports de NO−

3 : N2O produits lors de la

121

nitrification sont compris entre 10 : 1 et 300 : 1. La quantité de N2O potentiellement produite lors de lanitrification du NH+

4 est donc faible en comparaison de celle de NO−3 . La diminution de la concentration

en NH+4 dans les 800 premiers mètres du fleuve ne s’accompagnait pas toujours d’une augmentation de

la concentration en NO−3 , ceci suggère que la production du N2O n’est peut être pas essentiellement

due à la nitrification. Cette production peut en effet aussi provenir de la nitrification - dénitrificationdu NH+

4 (Wrage et al., 2001) dans les eaux peu oxygénées relarguées dans les premiers 800 m du fleuve,ce phénomène a notamment été observé en aval des usines de traitement des eaux usées (Cébron et al.,2005; Garnier et al., 2006). Le débit moyen annuel est de 227 ± 7,3 m3 s−1 (2012 - 2013) ainsi le tempsde séjour des eaux dans les 800 premiers mètres du fleuve en aval du barrage est de moins d’une heure.Ce court séjour suggère que la production de N2O, si elle existe, est très faible.

Dans le reste du fleuve, le N2O semble être principalement produit lors de la nitrification du NH+4 ,

qui est aussi source de NO−3 . La chute de la concentration en NH+

4 est faible malgré sa consommation parles bactéries nitrifiantes. La concentration en NH+

4 dans les 30 premiers kilomètres était positivementcorrélée avec la concentration en NP (r2 = 0,26 p = 0,005). Il semble donc que du NH+

4 soit produit via ladégradation du NP apporté par le barrage. Cette dégradation est notamment illustrée par la diminutiondu rapport C/N le long du fleuve Sinnamary (Figure 5.3).

C’est au niveau de l’estuaire du Sinnamary que les plus fortes concentrations en N2O ont été mesurées(Figure 5.3). Il semble que la nitrification du NH+

4 soit la principale source de N2O dans l’estuaire duSinnamary car l’augmentation de la concentration en N2O entre 49,5 km et 60 km est couplée à uneaugmentation de la concentration en NO−

3 et une diminution de la concentration en NH+4 (Figure 5.3).

Dans l’estuaire, l’effet de la marée stimule la nitrification par la remise en suspension de particulessédimentaires et de bactéries nitrifiantes qui, précédemment en conditions anoxiques dans les sédiments,se retrouvent en présence d’oxygène (Owens, 1986). La remise en suspension de particules sédimentairesest notamment illustrée par la chute des teneurs en CO et N dans la MO prélevée au niveau de l’estuaire.Comme observé dans de précédentes études sur des estuaires, la forte production de N2O a lieu au niveaudu maximum de turbidité du fleuve (Owens, 1986; de Wilde et de Bie, 2000; Musenze et al., 2014b). Lesfortes concentrations en N2O mesurées dans l’estuaire peuvent aussi être liées à une production de N2Ovia dénitrification dans les sédiments de l’estuaire (Barnes et Owens, 1999).

La signature isotopique de la MO variant peu le long des 60 kilomètres du fleuve, les concentrationsen azote et les processus ayant lieu dans le fleuve semblent être principalement soutenus par les apportsd’azote du lac de Petit Saut. Les concentrations en azote dans le lac déterminent les concentrations enazote dans le fleuve en aval du barrage. Les faibles concentrations en N2Omesurées en saison humide dansle fleuve en aval du barrage, alors que de fortes concentrations en N2O étaient mesurées pendant la mêmepériode dans l’hypolimnion du lac, mettent en évidence qu’un autre paramètre que les concentrationsdu lac détermine aussi les concentrations dans le fleuve en aval, c’est le nombre de voies de passage auniveau du barrage. En saison sèche il n’y a généralement qu’une seule voie de passage, les turbines, leseaux correspondent donc au mélange 18 % d’eau provenant de l’épilimnion et 82 % d’eau provenant del’hypolimnion. En saison humide, il y a plusieurs voies de passage des eaux, les turbines dont le débit(257 ± 19 m3 s−1) était 30 % plus élevé que celui de saison sèche, les vannes de fond (71 ± 15 m3 s−1)et le clapet de surface (12 ± 4,5 m3 s−1). Les eaux restituées à l’aval correspondent à un mélange d’eauxdu lac différent de celui restitué en saison sèche. Ainsi, pendant la saison humide, les eaux en aval dubarrage étaient donc diluées par des apports d’eau pauvre en N2O (surface et fond).

Plus de 40 km en aval du barrage de Petit Saut, les eaux du fleuve Sinnamary sont riches en NH+4

en comparaison de celles mesurées en amont du lac de Petit Saut. Ces fortes concentrations peuventêtre liées à des rejets par la ville de Sinnamary (Cébron et al., 2005; Beaulieu et al., 2010). Les faiblesfréquence et résolution spatiale de l’échantillonnage des 40 derniers kilomètres du fleuve (2 stations,4 mois) ne permettent donc pas de conclure sur l’étendue réelle de la zone d’influence du barrage dePetit Saut sur le fleuve en aval. L’absence de variation de la signature isotopique de la MO le long du

122

Sinnamary suggère cependant que la zone d’influence du lac de Petit Saut se situe au delà de 36,5 km(Pointe Combi, Figure 3.3).

5.3.4 Émissions de N2O à Petit Saut

Les flux diffusifs étant homogènes sur l’ensemble du lac de Petit Saut (Figure 5.4 a) le flux moyende N2O a été extrapolé à la surface moyenne totale du lac en 2012 - 2013 (= 334 ± 8,1 km2). Ainsi, en2012 - 2013, un total de 39,7 ± 1,4 Mg (N2O) an−1 a été émis par diffusion en surface du lac de PetitSaut (Tableau 5.3).

Le flux ébullitif moyen de N2O a été extrapolé à la surface moyenne totale de la zone littorale dulac de Petit Saut (= 132 ± 1,3 km2). En 2012 - 2013, un total de 0,002 ± 0,001 Mg (N2O) an−1 aété émis par ébullition (Tableau 5.3). Comme observé dans des études précédentes de lacs de barrages,les émissions de N2O par ébullition sont négligeables devant celles par diffusion (Huttunen et al., 2002;Deshmukh, 2013). Bien que du N2O soit vraisemblablement produit dans les sols et les sédiments de lazone littorale, il est principalement émis par diffusion en raison de sa solubilité plus élevée que celle duCH4.

En 2012 - 2013, le dégazage moyen pour les 800 premiers mètres du fleuve en aval du barrage de PetitSaut est de 0,347 ± 0,12 Mg (N2O) an−1 (Tableau 5.3). Cette estimation correspond au minimum dudégazage car une partie du dégazage est masquée par une production de N2O. Cette production semblecependant être faible (cf 5.3.3) ainsi le dégazage du N2O en aval du barrage est négligeable devant lesémissions par le lac de Petit Saut. Ceci avait déjà été observé à Nam Theun 2 (Deshmukh, 2013). Guérinet al. (2008b) avait émis l’hypothèse que le dégazage devait être fort en aval des turbines puisque lacolonne d’eau du lac devait être riche en N2O en raison des forts flux diffusifs mesurés en surface du lacen 2003. Les flux diffusifs mesurés en surface du lac en 2003 ont vraisemblablement été surestimés ainsiils ne permettaient pas de rendre compte des concentrations réelles en N2O dans la colonne d’eau du lacet donc du dégazage.

Le flux diffusif moyen de N2O calculé pour les 40 premiers kilomètres du fleuve en aval du barrage aété extrapolé à la surface que représente ce premier tronçon de fleuve (= 4 km2). Ainsi, en 2012 - 2013,le premier tronçon de 40 kilomètres a émis 1,72 ± 0,25 Mg (N2O) an−1 via la diffusion (Tableau 5.3).Pendant la saison humide les flux diffusifs de N2O étaient plus faibles que ceux calculés pour la saisonsèche (Figure 5.4 a) en raison de la dilution des eaux du fleuve aval par les apports d’eau de surface etd’eau de fond du lac via le clapet de surface et les vannes de fond, respectivement (cf 5.3.3).

Les émissions des derniers 40 kilomètres du fleuve n’ont pas été prises en compte dans notre biland’émission car seulement deux stations ont été échantillonnées 4 fois en 2012 - 2013, la première étaitprobablement sous l’influence des apports d’azote de la ville de Sinnamary (Cébron et al., 2005; Beaulieuet al., 2010) et la seconde était située dans l’estuaire du fleuve, elle était donc sous l’influence de processuspropres à cette zone (cf 5.3.3) (Owens, 1986; Barnes et Owens, 1999; de Wilde et de Bie, 2000; Musenzeet al., 2014b), Figure 3.3). La mesure des concentrations en azote entre 36,5 km et 60 km est nécessairepour définir plus précisément la zone d’influence du barrage de Petit Saut sur le fleuve Sinnamary et ainsidéterminer si cette zone d’influence doit être étendue au delà de 40 kilomètres (cf 5.3.3), c’est-à-dire,déterminer si une partie des émissions des derniers 40 km du fleuve doit être attribuée à la présence dubarrage de Petit Saut sur le fleuve Sinnamary.

À Petit Saut, en 2012 - 2013, le N2O était principalement émis par diffusion en surface du lac (95%) (Tableau 5.3). Les émissions brutes totales étaient de 41,8 ± 1,4 Mg (N2O) an−1, elles sont donclargement inférieures aux émissions de N2O par les sols avant la mise en eau du lac (320 - 750 Mg (N2O)an−1, Delmas et al. (2001)). Le système de Petit Saut (Lac + Fleuve en aval) ne semble donc pas êtreune source nette de N2O. Lors de notre étude nous n’avons pas mesuré les flux de N2O par les solsinondés qui affleurent en saison sèche lorsque le niveau de l’eau baisse. Des études sur des lacs, naturels

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ou de barrages, ont mis en évidence que les émissions de N2O par les zones de marnage sont importantes(Huttunen et al., 2003b; Wang et al., 2006; Chen et al., 2010; Deshmukh, 2013). À Petit Saut la zone demarnage est peu étendue, à son maximum (92 km2) elle correspond à moins de 25 % de la surface totale.Ainsi les émissions brutes de N2O intégrant les émissions par la zone de marnage sont probablementinférieures aux fortes émissions par les sols avant la mise en place du lac.

Mg (N2O) an−1

LAC Diffusion 39,7 ± 1,4de Ébullition 0,002 ± 0,001

BARRAGE Total 39,7 ± 1,4AVAL Dégazage 0,347 ± 0,12du Diffusion (40 premiers km) 1,72 ± 0,25

BARRAGE Total 2,07 ± 0,28ÉMISSIONS TOTALES 41,8 ± 1,4

Tableau 5.3 – Bilan des émissions brutes de N2O en Mg (N2O) an−1 à Petit Saut en 2012 - 2013(Moyenne ± SEM).

En utilisant le PRG du N2O (= 298, IPCC (2013)) nous calculons que le système de Petit Saut(Lac + Fleuve en aval) a émis 12,4 ± 0,42 Gg (CO2eq) an−1 en 2012 - 2013. D’après le Chapitre 4, lasomme des émissions totales de CH4 et de CO2 est égale à 495 Gg (CO2eq) an−1. Ainsi, comme observédans la plupart des précédentes études réalisées dans d’autres lacs de barrages (Huttunen et al., 2003a;Lima et al., 2002; Whitfield et al., 2011; Diem et al., 2012), les émissions de N2O sont négligeables encomparaison des émissions de CH4 et de CO2.

5.4 Conclusion

Cette étude est la seconde réalisée à Petit Saut sur le N2O mais elle est la première à inclure la mesuredes concentrations d’espèces azotées dissoutes et particulaire, des données isotopiques et l’estimation del’ensemble des voies d’émissions du N2O d’un barrage tropical de près de 20 ans.

Les données isotopiques permettent de mettre en évidence différentes origines de la MO du lac. LaMO autochtone provient de la production primaire réalisée par le phytoplancton dans l’épilimnion. LaMO allochtone provient de l’ensemble du bassin versant du lac, les rivières en amont et les berges dulac. En aval du barrage de Petit Saut, la matière organique provient essentiellement du lac.

Cette étude a permis de mettre en évidence des variations spatiale et saisonnière des concentrationsen azote dans la colonne d’eau du lac de Petit Saut. Les mesures réalisées en 2012 - 2013 dans le lac dePetit Saut ont en effet mis en évidence que la colonne d’eau de la zone littorale est plus riche en NH+

4et NP et plus pauvre en NO−

3 et N2O que celle de la zone pélagique. Cette étude met aussi en évidenceque la variation saisonnière des concentrations en azote est liée à l’oxygénation de l’hypolimnion de lazone pélagique en saison humide.

L’étude de l’ensemble du fleuve en aval du barrage démontre que les concentrations en azote des 40premiers kilomètres du fleuve en aval du barrage sont entièrement déterminées par les apports d’azote parle barrage. Les concentrations en azote dans le lac et les débits turbinés conditionnent les concentrationsen azote dans le fleuve et donc les émissions de N2O par le fleuve.

Notre étude démontre que, à Petit Saut, la diffusion est la voie majoritaire d’émission du N2O, etle lac est la principale zone d’émission du N2O. L’ébullition est en effet négligeable devant les émissions

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par diffusion en surface du lac. Les émissions en aval du barrage sont négligeables devant celles du lacet le dégazage n’est pas significatif. La comparaison des émissions totales de N2O avec celles de CH4 etde CO2 met en évidence que les émissions de N2O sont négligeables devant celles de CH4 et de CO2. Lesystème de Petit Saut n’est pas une source nette de N2O.

125

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Chapitre 6

Bilans de carbone et d’azote

RésuméJusqu’à aujourd’hui aucune étude concernant les cycles du carbone et de l’azote d’un lacde barrage n’avait été réalisée en climat tropical près de 20 ans après sa mise en eau. Lescampagnes de terrain réalisées à Petit Saut en 2012 - 2013 ont permis la mesure d’unevingtaine de paramètres (qualité des eaux, concentrations en carbone et en azote, MO) enune vingtaine de stations situées en amont, dans et en aval du lac de barrage pendant les12 mois d’une année hydrologique. Ces mesures ont été complétées par des prélèvements desols inondés, de sols de forêt et de troncs d’arbres vivants du bassin versant, le carottagede sédiments et le prélèvement de troncs d’arbres ennoyés depuis 19 ans dans le lac de PetitSaut, et la réalisation d’incubations de sédiments et de poudre de troncs d’arbres en conditionsanaérobies.

L’étude réalisée sur les sédiments et les troncs d’arbres a permis de démontrer que l’utilisationdes accepteurs d’électron n’était pas séquentielle lors de la dégradation de la MO mais qu’elleétait fonction des concentrations de ces accepteurs. De plus nous avons pu mettre en évidenceque les taux de dégradation de la MO des sédiments de la zone de transition étaient supérieursà ceux de la zone pélagique proche du barrage. Les sols inondés et les sédiments de la zonepélagique sont des sources de CH4 et de CO2 mais pas des sources significatives de N2O.Les troncs d’arbres situés dans l’hypolimnion ne sont pas des sources significatives de CO2.La diminution du stock de carbone et d’azote dans les sols inondés a été compensée par lasédimentation de MO dans le lac. Dix huit ans après la mise en eau, les deux tiers du carboneémis et exporté par le lac proviennent de la MO autochtone et les sols inondés sont encorela principale source de CH4 et de CO2. De plus, les deux tiers de l’azote émis et exportéproviennent de la MO allochtone qui est donc la principale source de N2O.

L’étude des quatre principales rivières se jetant dans le lac de Petit Saut a permis de mettreen évidence que les apports par les rivières sont majoritairement constitués de COD, NO−

3 etNP. Ces apports varient entre les saisons humide et sèche puisqu’ils sont fonction du débit desrivières. De plus la comparaison du fleuve Sinnamary en amont et en aval du lac a permis demettre en évidence que la création du lac a entraîné une modification des quantités et qualitésde carbone et d’azote des eaux exportées vers l’Océan Atlantique. Les eaux exportées depuisla création du barrage contiennent 30 % de carbone et 20 % d’azote en plus que les eauxinitialement exportées par le fleuve Sinnamary. Les eaux exportées depuis la création dubarrage sont plus pauvres en COP, NP et NO−

3 et plus riches en CH4, CO2 et NH+4 que les

eaux initialement exportées par le fleuve Sinnamary.

Près de 20 ans après la mise en eau, les émissions de GES sont supérieures aux estimationsréalisées lorsque le barrage avait moins de 10 ans, elles sont en effet encore supérieures à cellesdes centrales thermiques à charbon.

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6.1 Introduction

L’étude réalisée en 2012 - 2013 est la première étude où les principaux éléments des cycles du carboneet de l’azote d’un lac de barrage, situé en climat équatorial et dont la création a entraîné la mise en eaude forêt primaire, sont étudiés près de 20 ans après sa mise en eau. Les premières années suivant la miseen eau les émissions par les lacs de barrages sont fortes en raison de la dégradation rapide de la matièreorganique très labile (feuilles) mise en eau (Delmas et al., 2001; Teodoru et al., 2012). La dégradationde la matière organique mise en eau se poursuit les années suivantes, le stock et la labilité de cette MOdiminuant les émissions de GES diminuent aussi. Guérin et al. (2008a) estiment que les 10 premièresannées qui ont suivi la mise en eau du lac de barrage de Petit Saut, la principale source de gaz à effet deserre était la matière organique ennoyée en 1994. La dégradation de 22 % de cette MO aurait en effetcontribué à 75 - 90 % des émissions de CH4 et de CO2 les 10 premières années suivant la mise en eau. LaMO ennoyée restante a continué d’être dégradée les années suivantes cependant comme la fraction labilea diminué avec le temps la dégradation de la MO s’est probablement ralentie (Abril et al., 2005; Guérinet al., 2008a). Campo et Sancholuz (1998) ont en effet montré que la dégradation des troncs d’arbresennoyés était très lente après 10 ans, ils estiment notamment que près de 40 ans après sa mise en eauseulement 40 % de la MO ligneuse des troncs d’arbres a été dégradée. À Petit Saut, l’état de dégradationde la MO ennoyée (sols et troncs) est inconnue près de 20 ans après la mise en eau. Ainsi nous ne savonspas si cette MO est toujours la principale source de GES ou si au contraire la principale source de GESest dorénavant la MO autochtone produite par le phytoplancton et/ou la MO allochtone apportée parle bassin versant. Ce chapitre a donc pour but de réaliser un bilan de carbone et un bilan d’azote du lacde Petit Saut près de 20 ans après sa mise en eau afin de répondre aux questions suivantes :

– Quel est l’état de dégradation de la MO ennoyée (sols et troncs d’arbres) ?

– Est-ce que la MO ennoyée en 1994 est toujours une source significative de GES ?

– Quelle est la source principale de GES ?

Les précédents chapitres 4 et 5 nous permettent de quantifier les quantités de carbone et d’azoteexportées en aval du lac et dans l’atmosphère. Il nous reste donc à :

– quantifier les apports de carbone et d’azote des rivières en amont du lac de Petit Saut et caractériserla matière organique apportée dans le lac par ces rivières. De plus, les prélèvements de sols de forêtet de sols inondés réalisés en Avril 2013 et d’arbres sur les berges du lac réalisés en Septembre2013, nous permettront de déterminer la signature isotopique de l’ensemble du bassin versant dulac,

– déterminer les quantités de GES produites dans les sédiments du lac, l’état de dégradation de laMO des sédiments, son origine et le stock de carbone et d’azote qu’elle représente.

– déterminer si la biomasse ligneuse mise en eau en 1994 est une source de gaz à effet de serre,quantifier le stock de carbone et d’azote que cette biomasse représente 18 ans après la mise en eauet son état de dégradation,

Les paramètres de qualité des eaux, les concentrations en espèces dissoutes et particulaires azotéeset carbonées des cinq rivières en amont du lac nous permettront de calculer les quantités d’azote et decarbone apportées au lac. Les taux de sédimentation de carbone et d’azote seront déterminés à partirdes données des pièges à particules positionnés à 30 m de profondeur dans le lac. Les quantités de gazà effet de serre produits par les sédiments et la biomasse ligneuse seront calculées à partir des résultatsdes incubations anaérobies de sédiments et d’arbres.

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6.2 Résultats

6.2.1 Les sols et la végétation du bassin versant

Les cinq sols inondés prélevés sur les berges du lac ne présentaient pas de différence entre eux enterme de teneurs en CO et en N, de rapport C/N et de δ13C-CO et de δ15N-N de la MO, il en étaitde même pour les sols de forêt (p < 0,05). Les sols inondés avaient des teneurs en CO et en N et desrapports C/N inférieurs à ceux des sols de forêt (Tableau 6.1). Les δ13C-CO et les δ15N-N de la MO dessols inondés étaient du même ordre de grandeur que ceux des sols de forêt (Tableau 6.1).

N% CO% Rapport C/N δ13C-CO δ15N-NSolsSols inondés 0,112 ± 0,01 1,59 ± 0,18 16,7 ± 1,6 -28,6 ± 0,17 5,44 ± 0,58Sols de forêt 0,260 ± 0,02 4,41 ± 0,41 20,0 ± 1,6 -28,1 ± 0,35 5,38 ± 0,45ArbresEperua falcata ennoyé 0,393 49,6 147 -25,3 3,96Eperua falcata vivant 0,303 44,8 173 -26,9 1,44Sterculia foetida ennoyé 0,214 47,1 256 -29,2 0,510Sterculia foetida vivant 0,153 44,9 344 -25,7 0,821Rivières en amontSinnamary 0,894 ± 0,03 10,8 ± 0,38 12,2 ± 0,26 -30,4 ± 0,10 4,81 ± 0,40Coursibo 0,846 ± 0,11 11,0 ± 2,2 12,4 ± 0,51 -30,4 ± 0,14 5,48 ± 0,54Crique Tigre 2,18 ± 0,18 27,3 ± 2,2 12,8 ± 0,44 -31,8 ± 0,38 4,28 ± 0,43Crique Plomb 1,64 ± 0,25 23,6 ± 3,4 14,7 ± 0,53 -31,8 ± 0,75 4,05 ± 0,43Plombinette 1,12 ± 0,26 15,5 ± 3,1 14,4 ± 0,80 -31,9 ± 0,81 3,56 ± 0,69Colonne d’eau du lacÉpilimnion 2,52 ± 0,50 37,4 ± 0,75 15,2 ± 0,25 -35,3 ± 0,12 4,85 ± 0,21Hypolimnion 1,84 ± 0,05 22,2 ± 0,58 12,3 ± 0,18 -32,4 ± 0,10 2,05 ± 0,20Pièges à particules10 m 0,820 ± 0,11 11,4 ± 1,6 13,9 ± 1,2 -32,6 ± 0,43 2,60 ± 0,6030 m 0,773 ± 0,05 11,6 ± 1,6 15,0 ± 1,7 -33,0 ± 0,20 2,27 ± 1,2Sédiments (surface)Bois Blanc 0,620 7,75 15,0 -31,6 3,90Crique Tigre 0,199 3,44 16,2 -31,7 3,50Aval du barrage 1,57 ± 0,07 21,4 ± 0,93 13,6 ± 0,21 -33,4 ± 0,15 2,21 ± 0,21

Tableau 6.1 – Teneurs en N et en CO (en %), rapport C/N (sans unité) et δ13C-CO et δ15N-N (en h)de la matière organique des sols inondés, des sols de forêt, des arbres du bassin versant et ennoyés dansle lac depuis 1994, des rivières en amont du lac, des pièges à sédiments positionnés dans le lac, de lacolonne d’eau du lac, de la surface des sédiments du lac et de celle du fleuve en aval du lac.

Les troncs des deux arbres vivants du bassin versant avaient une densité similaire (0,64 ± 0,04 gcm−3) et du même ordre de grandeur que celle mesurée pour des troncs d’arbres en Uruguay (0,76 ±0,06 g cm−3, Campo et Sancholuz (1998)). Ils avaient des teneurs en CO et en N et des rapports C/Nsupérieurs à ceux des sols du bassin versant (Arbres vivants dans Tableau 6.1). Le rapport C/N et leδ13C-CO de la MO du tronc d’Eperua falcata vivant étaient inférieurs à ceux de Sterculia foetida vivant(Tableau 6.1). Le δ15N-N d’Eperua falcata vivant était supérieur à celui de Sterculia foetida vivant(Tableau 6.1).

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6.2.2 Les rivières du bassin versant du lac de barrage de Petit Saut

Les rivières en amont du lac étaient bien oxygénées (229 ± 3,7 µmol L−1, 92 ± 1,2 % de saturation,Figure 6.1 c), elles avaient une conductivité faible (22 ± 0,53 µS cm−1, Figure 6.1 b) et un pH acide (pH≈ 6) (Tableau 6.2).

Figure 6.1 – Variations spatiales (a) de la température, (b) de la conductivité et (c) de l’oxygène dissousen % et (d) en µmol L−1 des rivières en amont du lac de Petit Saut (Si : Takari Tanté sur le Sinnamary ;Co : Saut Lucifer sur la Coursibo ; CT : Crique Tigre ; CP : Crique Plomb ; Pl : Plombinette). Lesmoyennes de l’ensemble des rivières en amont du lac et en surface du lac sont indiquées par des pointillés.Les boîtes montrent la médiane et l’écart interquartile. Les moustaches présentent la gamme des donnéeset la croix représente la moyenne.

Les données de concentrations en espèces carbonées et azotées et des MES sont résumées dans leTableau 6.2. Les données de δ13C-CID des rivières du bassin versant du lac ne sont pas inclues dans leTableau 6.2, seulement trois mois (Juillet, Août et Septembre 2013) ont été échantillonnés pour cettemesure. Les δ13C-CID des rivières du bassin versant du lac étaient compris entre -13,1 et -9,79 h(Figure 6.2 d). Le δ13C-CID moyen des rivières en amont du lac (-11,4 ± 0,34 h) était compris entrecelui des ruisseaux de montagne (-4,9 ± 2,7 h) et ceux des rivières des plaines (-17,0 ± 5,9 h) du bassinversant de l’Amazone (Mayorga et al., 2005). Les concentrations en CH4 mesurées en surface des rivièresSinnamary et Coursibo (0,001 - 1,6 µmol L−1) étaient du même ordre de grandeur que celles mesuréesen 2003 par Guérin et al. (2006) (CH4 : 0,63 - 2,5 µmol L−1) et que celles mesurées par Teodoru et al.(2015) dans le bassin versant du Zambezi (Zambezi : 0,77 µmol L−1 ; Kafue : 0,38 µmol L−1 ; Luangwa :0,20 µmol L−1). Les concentrations en CO2 mesurées en surface des rivières Sinnamary et Coursibo (44- 113 µmol L−1) étaient inférieures à celles mesurées en 2003 par Guérin et al. (2006) (CO2 : 130 - 270µmol L−1), cette différence est vraisemblablement liée à l’utilisation du chlorure mercurique en 2003(cf 3.2.3, Annexe A). De plus les concentrations en CO2 mesurées en surface des rivières Sinnamaryet Coursibo (44 - 113 µmol L−1) étaient du même ordre de grandeur que celles mesurées par Teodoruet al. (2015) dans des affluents du Zambezi (Mazoe : 43 µmol L−1 ; Luangwa : 63 µmol L−1) et quecelles mesurées dans des ruisseaux de montagnes du bassin versant de l’Amazone (4,6 - 183 µmol L−1,Mayorga et al. (2005)). Les concentrations en COD en surface des rivières Sinnamary et Coursibo (221

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- 704 µmol L−1) étaient du même ordre de grandeur que celles mesurées en 1995 (302 ± 35 µmol L−1,Gadel et al. (1997)) et 2003 (350 ± 57 µmol L−1, Abril et al. (2005)), elles étaient dans le bas de lagamme des concentrations mesurées dans d’autres fleuves guyanais, le Maroni et l’Oyapoque (205 - 4200 µmol L−1, Sondag et al. (2010)) et dans le bas de la gamme de celles mesurées dans les rivières deplaine du bassin versant de l’Amazone (25 - 1 500 µmol L−1, Mayorga et al. (2005)). Les concentrationsen COP en surface des rivières Sinnamary et Coursibo (64 - 192 µmol L−1) étaient du même ordrede grandeur que celles mesurées en 2004 en surface du Sinnamary (54 µmol L−1, Muresan (2006) etDominique (2006)) et dans le bassin versant de l’Amazone (0 - 603 µmol L−1, Mayorga et al. (2005)).Les concentrations en NH+

4 en surface des rivières Sinnamary et Coursibo (0,001 - 2,2 µmol L−1) étaientdu même ordre de grandeur que celles mesurées en 2004 dans le fleuve Sinnamary (0,84 µmol L−1,Muresan (2006) et Dominique (2006)). Les concentrations en NO−

3 (0,26 - 7,9 µmol L−1) étaient dans lagamme de concentrations mesurées sur deux autres fleuves guyanais, le Maroni et l’Oyapoque (1,94 - 22µmol L−1, Sondag et al. (2010)). Les concentrations en N2O mesurées en surface des rivières Sinnamaryet Coursibo (13 - 31 nmol L−1) étaient deux fois plus élevées que celles mesurées dans le bassin versantdu Zambezi (Zambezi : 6,4 nmol L−1 ; Kafue : 5,8 nmol L−1, Teodoru et al. (2015)). Les concentrationsen MES en surface des rivières Sinnamary et Coursibo (6,67 - 17,3 mg L−1) étaient du même ordre degrandeur que celle mesurée en surface du Sinnamary par De Junet et al. (2009) (5,6 mg L−1) et dansle bas de la gamme de celles mesurées dans les rivières de plaine du bassin versant de l’Amazone (6,1- 257 mg L−1, Mayorga et al. (2005)). Les rapports C/N des rivières Sinnamary et Coursibo (10 - 17)étaient du même ordre de grandeur que ceux de la MO de l’Amazone (6 - 18) (Moreira-Turcq et al.,2013) et inférieurs à ceux des sols et des arbres vivants du bassin versant (Tableau 6.1). Les δ13C-COPde la MO des rivières Sinnamary et Coursibo (-31,1 à -29,6 h) étaient appauvris en 13C par rapportà ceux de la MO de l’Amazone (-29,3 à -23,8 h Mayorga et al. (2005), -29,9 à -26,6 h Moreira-Turcqet al. (2013)) et par rapport à ceux des arbres et des sols du bassin versant (Tableau 6.1). Les δ15N-NPdes rivières Sinnamary et Coursibo (1,6 - 11 h) étaient du même ordre de grandeur que ceux des solsmais ils étaient enrichis en 15N par rapport à ceux des arbres vivants du bassin versant (Tableau 6.1).

L’unique différence notable entre les rivières Sinnamary et Coursibo, principales rivières se jetantdans le lac de Petit Saut (76 % des apports d’eau, Guérin (2006)), était la concentration en COD,supérieure en surface de la Coursibo (p < 0,05, Figure 6.2 b).

La Crique Tigre se démarquait par ses eaux plus chaudes (Figure 6.1 a), moins oxygénées (Figure 6.1b), pauvres en NO−

3 (Figure 6.2 f) et riches en CH4 et CO2 (Figure 6.2 a et c) par rapport à celles desrivières Sinnamary et Coursibo. Les températures, les conductivités et les concentrations en NO−

3 deseaux de la Crique Tigre étaient notamment du même ordre de grandeur que celles des eaux de surfacedu lac de Petit Saut (Figure 6.1 a et b, Figure 6.2 f). De plus, les concentrations en COP et NP et lesteneurs en CO et en N de la MO de la Crique Tigre étaient plus élevées que celles des rivières Sinnamaryet Coursibo et du même ordre de grandeur que celles mesurées dans la colonne d’eau du lac (p < 0,05,Figure 6.3 c, d, e et f, Tableau 6.1).

La Crique Plomb se démarquait aussi, notamment par ses eaux de faible conductivité (Figure 6.1b), pauvres en COD et NO−

3 et riches en CH4 et CO2 (Figure 6.2) en comparaison de celles des rivièresSinnamary et Coursibo. De plus, les teneurs en CO de la MO de la Crique Plomb, et occasionnellementles concentrations en COP, étaient plus élevées que celles des rivières Sinnamary et Coursibo et du mêmeordre de grandeur que celles mesurées dans la colonne d’eau du lac (p < 0,05, Figure 6.3 c, d, Tableau6.1). Les teneurs en CO et en N de la Crique Plomb en saison sèche étaient du même ordre de grandeurque celles de la Crique Tigre et que celles mesurées en surface du lac. Les rapports C/N de la CriquePlomb étaient 15 % plus élevés que ceux de la MO des rivières Sinnamary et Coursibo et du même ordrede grandeur que ceux des sols inondés (p < 0,05, Figure 6.3 a, Tableau 6.1). Le ruisseau Plombinetteavait des eaux de conductivité élevée (Figure 6.1 b), riches en CO2 (Figure 6.2 c), pauvres en MES, COPet NP (Figure 6.3 a, c et e) par rapport à celles des rivières Sinnamary et Coursibo. Les teneurs en COet en N du ruisseau Plombinette étaient comprises entre celles des rivières Sinnamary et Coursibo etcelles des Crique Tigre et Crique Plomb (Figure 6.3 d et f).

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Figure 6.2 – Variations spatiales des concentrations en (a) CH4, (b) COD, (c) CO2, du (d) δ13C-CID,des concentrations en (e) NH+

4 , (f) NO−3 , (g) NO−

2 et (h) N2O en surface des rivières en amont du lac dePetit Saut (Si : Takari Tanté sur le Sinnamary ; Co : Saut Lucifer sur la Coursibo ; CT : Crique Tigre ;CP : Crique Plomb ; Pl : Plombinette). Les concentrations moyennes de l’ensemble des rivières en amontdu lac et en surface du lac sont indiquées par des pointillés. Les boîtes montrent la médiane et l’écartinterquartile. Les moustaches présentent la gamme des données et la croix représente la moyenne.

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Figure 6.3 – Variations spatiales des concentrations en MES (a), COP (c) et NP (e), du rapport C/N(b), des teneurs en CO (d) et en N (f) et des (g) δ13C-COP et (h) δ15N-NP de la MO des rivières enamont du lac de Petit Saut (Si : Takari Tanté sur le Sinnamary ; Co : Saut Lucifer sur la Coursibo ; CT :Crique Tigre ; CP : Crique Plomb ; Pl : Plombinette). Les moyennes de l’ensemble des rivières en amontdu lac et en surface du lac sont indiquées par des pointillés. Les boîtes montrent la médiane et l’écartinterquartile. Les moustaches présentent la gamme des données et la croix représente la moyenne.

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Sinnamary Coursibo Crique Tigre Crique Plomb Plombinette

Température 25,9 ± 0,26 25,9 ± 0,34 30,8 ± 0,72 27,0 ± 0,90 25,3 ± 0,2125,0 - 27,5 24,8 - 28,7 25,5 - 35,1 24,0 - 31,6 24,7 - 26,2

Conductivité 23 ± 0,75 23 ± 0,81 21 ± 0,67 19 ± 0,53 29 ± 0,8119 - 26 19 - 26 18 - 25 17 - 22 26 - 32

O2237 ± 2,3 249 ± 1,9 190 ± 9,5 235 ± 3,5 236 ± 7,8219 - 247 241 - 262 155 - 237 214 - 257 202 - 256

CH40,26 ± 0,04 0,31 ± 0,12 8,4 ± 5,1 1,4 ± 0,32 0,42 ± 0,360,15 - 0,68 0,001 - 1,6 0,79 - 59 0,29 - 3,3 0,001 - 2,5

CO279 ± 3,3 73 ± 5,1 223 ± 66 127 ± 20 125 ± 2162 - 95 44 - 113 108 - 869 72 - 317 71 - 214

COD 344 ± 30 444 ± 45 409 ± 39 223 ± 44 175 ± 39221 - 519 291 - 704 239 - 729 99 - 483 65 - 246

COP 87 ± 5,3 100 ± 11 158 ± 18 106 ± 23 55 ± 1564 - 122 65 - 192 70 - 310 28 - 208 13 - 111

NH+4

0,28 ± 0,16 0,42 ± 0,19 6,7 ± 6,2 0,45 ± 0,22 0,32 ± 0,240,001 - 1,7 0,001 - 2,2 0,001 - 68 0,001 - 2,2 0,001 - 1,7

NO−3

4,7 ± 0,40 4,2 ± 0,49 0,45 ± 0,29 1,4 ± 0,40 1,9 ± 0,291,8 - 7,9 0,3 - 6,9 0,001 - 2,6 0,001 - 2,8 1,2 - 3,2

NO−2

0,11 ± 0,03 0,11 ± 0,03 0,04 ± 0,02 0,04 ± 0,02 0,08 ± 0,030,001 - 0,34 0,001 - 0,34 0,001 - 0,15 0,001 - 0,21 0,001 - 0,19

N2O20 ± 1,4 20 ± 1,4 19 ± 2,5 17 ± 1,7 19 ± 1,214 - 30 13 - 31 11 - 42 4,5 - 23 15 - 24

NP 6,2 ± 0,36 6,8 ± 0,48 11 ± 1,7 6,1 ± 1,4 2,4 ± 0,634,6 - 9,1 5,1 - 9,6 4,1 - 26 1,6 - 13 0,77 - 5,2

MES 9,77 ± 0,63 12,3 ± 1,0 7,36 ± 1,8 5,49 ± 1,9 3,49 ± 1,27,29 - 14,3 6,67 - 17,3 2,28 - 23,1 1,57 - 21,7 1,33 - 10,7

Teneur en CO 10,8 ± 0,38 11,0 ± 2,2 27,3 ± 2,2 23,6 ± 3,4 15,5 ± 3,18,7 - 13,8 4,93 - 34,5 14,0 - 33,9 8,23 - 40,4 8,08 - 29,4

Teneur en N 0,894 ± 0,03 0,846 ± 0,11 2,18 ± 0,18 1,64 ± 0,25 1,12 ± 0,260,742 - 1,10 0,467 - 2,02 0,960 - 2,69 0,664 - 2,82 0,516 - 2,28

Rapport C/N 12 ± 0,26 12 ± 0,51 13 ± 0,44 15 ± 0,53 14 ± 0,8010 - 13 11 - 17 10 - 15 12 - 18 11 - 18

δ13C-COP -30,4 ± 0,10 -30,4 ± 0,14 -31,8 ± 0,38 -31,8 ± 75 -31,9 ± 0,81-30,9 à -29,8 -31,1 à -29,6 -33,3 à -29,4 -35,4 à -29,4 -34,9 à 29,7

δ15N-NP 4,8 ± 0,40 5,5 ± 0,54 4,3 ± 0,43 4,1 ± 0,43 3,6 ± 0,691,6 - 7,8 3,7 - 11 2,6 - 6,8 0,7 - 5,6 1,4 - 6,3

Tableau 6.2 – Température en °C, conductivité en µS cm−1, concentrations en O2, CH4, CO2, COD,COP, NH+

4 , NO−3 , NO

−2 et NP en µmol L−1, N2O en nmol L−1, et MES en mg L−1, teneur en CO et

en N en%, rapport C/N sans unité, et δ13C-COP et δ15N-NP en h mesurés en surface des stations desrivières amont du lac de Petit Saut (Sinnamary : Takari Tanté, Coursibo : Saut Lucifer, Crique Tigre,Crique Plomb et Plombinette) lors des campagnes de 2012 - 2013. La moyenne ± SEM est donnée surla première ligne et les minimum et maximum sur la seconde ligne.

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Les δ13C-COP de la MO de Crique Tigre, Crique Plomb et Plombinette étaient plus appauvris en 13Cque ceux de la MO des rivières Sinnamary et Coursibo, ils étaient du même ordre de grandeur que ceuxde la MO de l’hypolimnion du lac (p < 0,05, Figure 6.3 g, Tableau 6.1). Les δ15N-NP ne présentaientpas de différence significative entre les différentes rivières (p > 0,05, Figure 6.3 h).

Seule la concentration en NH+4 présentait des variations saisonnières significatives (p < 0,05). En

saison humide, la concentration moyenne en NH+4 (0,556 ± 0,16 µmol L−1) des rivières Sinnamary et

Coursibo était 10 fois plus élevée que celle de saison sèche.

6.2.3 Les troncs d’arbres ennoyés depuis 1994

Dix huit ans après la mise en eau les troncs ligneux des arbres ennoyés étaient toujours présentsdans le lac de Petit Saut. Contrairement à ce qu’avait observé Campo et Sancholuz (1998), la densitémoyenne des troncs d’arbres ennoyés (0,81 ± 0,06 g cm−3) était supérieure à celle des troncs d’arbresvivants (0,64 ± 0,04 g cm−3). Les troncs d’arbres ennoyés avaient des teneurs en CO et en N supérieuresà leur équivalent vivant (Tableau 6.1). Le rapport C/N du tronc d’arbre ennoyé d’Eperua falcata était 15% plus faible que celui de son équivalent vivant et le rapport C/N du tronc d’arbre ennoyé de Sterculiafoetida était 26 % plus faible que celui de son équivalent vivant (Tableau 6.1). Pour Eperua falcata, letronc ennoyé était enrichi en 13C et 15N par rapport à son équivalent vivant et, pour Sterculia foetida,le tronc ennoyé était appauvri en 13C et 15N (Tableau 6.1).

6.2.4 Les sédiments du lac

Les sédiments de Bois Blanc et de Crique Tigre étaient anoxiques (Figure 6.4 a et d). Le pH etle potentiel réducteur étaient constants dans les 4,5 premiers centimètres du sédiment de Bois Blanc(Figure 6.4 b et c). Ces premiers centimètres correspondaient à une section fluide du sédiment. Le pHet le potentiel réducteur diminuaient ensuite avec la profondeur.

Figure 6.4 – Concentrations en O2, pH et potentiel réducteur dans les six premiers centimètres dessédiments de Bois Blanc (en haut) et Crique Tigre (en bas). Le potentiel réducteur en Crique Tigre n’apu être mesuré.

135

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(carréspleins).

136

Les concentrations en CH4 étaient comprises entre 193 et 3 500 µmol L−1 (Figure 6.5 a et g). Laconcentration en CH4 était multipliée par 3 entre la surface du sédiment et le sédiment profond deCrique Tigre Forêt et Bois Blanc alors que l’augmentation n’était que de 45 % dans le sédiment deCrique Tigre Rivière. Dans les 5 premiers centimètres du sédiment, les concentrations moyennes en CH4dans les sédiments de Crique Tigre Forêt (290 ± 54 µmol L−1) et Bois Blanc (540 ± 77 µmol L−1)étaient inférieures à celle du sédiment de Crique Tigre Rivière (830 ± 78 µmol L−1) (p = 0,0005). Sous5 cm de profondeur, les concentrations moyennes en CH4 dans les sédiments de Crique Tigre Rivière (1400 ± 97 µmol L−1) et Forêt (1 900 ± 180 µmol L−1) étaient du même ordre de grandeur et supérieuresà celle du sédiment de Bois Blanc (920 ± 32 µmol L−1) (p = 0,003).

Les concentrations en CO2 étaient comprises entre 322 et 9 100 µmol L−1 (Figure 6.5 b et h). Laconcentration en CO2 était multipliée par 3 entre la surface du sédiment et le sédiment profond deCrique Tigre alors que l’augmentation n’était que de 30 % dans le sédiment de Bois Blanc. Dans les 5premiers centimètres du sédiment, les concentrations moyennes en CO2 dans les sédiments de CriqueTigre Rivière (3 000 ± 240 µmol L−1) et Bois Blanc (2 500 ± 130 µmol L−1) étaient du même ordre degrandeur et trois fois plus élevées que celle du sédiment de Crique Tigre Forêt (p < 0,0001). Sous 5 cmde profondeur, les concentrations moyennes en CO2 dans les sédiment de Bois Blanc (2 900 ± 93 µmolL−1) et de Crique Tigre Forêt (4 200 ± 270 µmol L−1) étaient inférieures à celle du sédiment de CriqueTigre Rivière (7 200 ± 460 µmol L−1) (p < 0,0001).

Les concentrations en COD étaient comprises entre 850 et 9 300 µmol L−1 (Figure 6.5 c et i). Laconcentration en COD dans l’eau de fond (= située juste au dessus du sédiment) de Bois Blanc étaitdeux fois plus élevée que dans celle de Crique Tigre. Dans les 5 premiers centimètres du sédiment, un picde concentration en COD était visible, il avait lieu en surface du sédiment de Crique Tigre (0,5 cm) et à3 cm de profondeur dans celui de Bois Blanc. Aux profondeurs du pic de concentration, la concentrationen COD était 90 % plus élevée dans le sédiment de Crique Tigre que dans celui de Bois Blanc. Sous5 cm de profondeur, la concentration moyenne en COD dans le sédiment de Bois Blanc (3 100 ± 180µmol L−1) était deux fois plus élevée que dans le sédiment de Crique Tigre (1 600 ± 170 µmol L−1, p <0,0001).

La concentration en CIP était en dessous des limites de détection dans les deux sédiments. Les teneursen CO dans la MO des sédiments étaient comprises entre 0,25 et 7,7 % (Figure 6.5 d et j) et du mêmeordre de grandeur que celles mesurées dans les sols de forêt et les sols inondés en 2013 (Tableau 6.1) etque le sol latéritique (0,4 %) et le mélange sol latéritique - sol organique (8,4 %) de Guérin et al. (2008a)en 2003. La teneur moyenne en CO de la MO du sédiment de Bois Blanc (7,3 ± 0,11 %) était cinq foisplus élevée que celle du sédiment de Crique Tigre (1,3 ± 0,23 %).

Les rapports C/N de la MO des sédiments étaient compris entre 12,8 et 20,3 (Figure 6.5 e et k). Lesrapports C/N de la MO des sédiments de surface étaient du même ordre de grandeur que ceux de la MOde l’épilimnion et des pièges à particules du lac (Tableau 6.1). Les rapports C/N de la MO du sédimentde Bois Blanc, en moyenne de 15,7 ± 0,11, augmentaient seulement de 10 % avec la profondeur. Dansles 5 premiers centimètres du sédiment de Crique Tigre, le rapport C/N de la MO était 10 % plus élevéque celui du sédiment de la MO du Bois Blanc (p = 0,002). Le rapport C/N de la MO du sédiment deCrique Tigre présentait un pic à 10 cm (20,3) où il était du même ordre de grandeur que celui de la MOdes sols inondés.

Les δ13C-CO de la MO des sédiments étaient compris entre -31,9 et -28,5 h (Figure 6.5 f et l). Leδ13C-CO moyen de la MO du sédiment de Bois Blanc (-31,4 ± 0,04 h) était plus appauvri en 13C quecelui de la MO de la rivière Sinnamary et plus enrichi en 13C que celui de la MO de l’hypolimnion et despièges à particules. Le δ13C-CO de la MO du sédiment de Bois Blanc s’enrichissait en 13C de seulement 5% avec la profondeur. La MO des 3 premiers centimètres du sédiment de Crique Tigre avait un δ13C-COmoyen constant (-31,6 ± 0,08 h) et du même ordre de grandeur que celui du sédiment de Bois Blancet que celui de la MO de la Crique Tigre. Il présentait un enrichissement en 13C rapide entre 3 et 7centimètres puis plus lent sous 10 cm, il était alors du même ordre de grandeur que celui de la MO dessols inondés et de forêt.

137

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138

Les concentrations en NH+4 étaient comprises entre 43 et 742 µmol L−1 et augmentaient avec la

profondeur dans les sédiments (Figure 6.6 a et f). Dans les 5 premiers centimètres du sédiment, lesconcentrations moyennes en NH+

4 dans les sédiments de Bois Blanc et Crique Tigre étaient du mêmeordre de grandeur (p > 0,05). Sous 5 centimètres de profondeur, la concentration moyenne en NH+

4 dansle sédiment de Crique Tigre (380 ± 47 µmol L−1) était supérieure à celle du sédiment de Bois Blanc (190± 8,3 µmol L−1) (p < 0,0001). De plus, l’augmentation de la concentration en NH+

4 dans le sédiment deCrique Tigre n’était pas linéaire sur l’ensemble de la carotte, elle était deux fois plus rapide entre 17 et18 cm de profondeur.

Les concentrations en NO−3 étaient comprises entre 2,21 et 39,8 µmol L−1 et diminuaient avec la

profondeur dans les sédiments (Figure 6.6 a et f). Dans les 5 premiers centimètres du sédiment, laconcentration en NO−

3 présentait un pic dans le sédiment de Crique Tigre uniquement. Sous 5 centimètresde profondeur, les concentrations en NO−

3 étaient du même ordre de grandeur dans les deux sédiment(p > 0,05).

Les teneurs en N de la MO des sédiments étaient comprises entre 0,02 et 0,63 % et diminuaient avecla profondeur (Figure 6.6 b et g). La teneur moyenne en N dans la MO du sédiment de Bois Blanc (0,550± 0,02 %) était 6 fois plus élevée que celle du sédiment de Crique Tigre (0,093 ± 0,02 %). Les teneursen N de la MO du sédiment de Bois Blanc étaient comprises entre celles des sols et celles de la MOdes rivières Sinnamary et Coursibo. Les teneurs en N de la MO du sédiment de Crique Tigre étaient dumême ordre de grandeur que celles des sols.

Les δ15N-N de la MO des sédiments étaient compris entre 3,14 et 6,30 h (Figure 6.6 c et h). Leδ15N-N de la MO du sédiment de Bois Blanc était constant sur les 15 cm de sédiments échantillonnés(4,10 ± 0,03 h). Il était inférieur à ceux de la MO de la rivière Sinnamary et des sols et du mêmeordre de grandeur que ceux de la MO de l’épilimnion. La MO des 3 premiers centimètres du sédimentde Crique Tigre avait un δ15N-N moyen constant (3,62 ± 0,07 h) et du même ordre de grandeur quecelui mesuré en Bois Blanc. Le δ15N-N augmentait de 70 % entre 4 et 24 cm. Il était du même ordre degrandeur que celui de la MO de la Crique Tigre autour de 10 cm et du même ordre de grandeur queceux de la MO des sols sous 10 cm.

Les teneurs en Stot dans les sédiments étaient comprises entre 0,02 % et 0,24 % (Figure 6.6 d et i).La teneur moyenne en Stot en Bois Blanc (2,9 ± 1 %) était quatre fois plus élevée qu’en Crique Tigre (p< 0,0001).

Les concentrations en SO2−4 étaient comprises entre 0,216 et 15,4 µmol L−1 et diminuaient avec

la profondeur dans les sédiments (Figure 6.6 e et j). Dans les 5 premiers centimètres du sédiment, laconcentration en SO2−

4 présentait un pic, il était 10 fois plus élevé dans le sédiment de Bois Blanc quedans celui de Crique Tigre. Sous 5 centimètres de profondeur, les concentrations en SO2−

4 étaient dumême ordre de grandeur dans les deux sédiments (p > 0,05).

La concentration moyenne en fer particulaire dans le sédiment de Bois Blanc (27 ± 0,6 g kg−1)était deux fois plus élevée que dans celui Crique Tigre (12 ± 0,8 g kg−1) (p < 0,0001) (Figure 6.7 aet e). La quantité de fer extractible à l’ascorbate était égale à 13 % du stock total de fer particulaireen Crique Tigre contre seulement 5 % en Bois Blanc. Dans les 5 premiers centimètres du sédiment, lesconcentrations en fer dissous en Crique Tigre étaient 10 fois plus faibles que celles mesurées en Bois Blanc(p < 0,0001, Figure 6.7 b et f). L’augmentation de la concentration en fer dissous avec la profondeurétait associée à une diminution de la concentration en fer extractible à l’ascorbate (Figure 6.7 b et f).Dans le sédiment de Crique Tigre des pics de fer particulaire et extractible à l’ascorbate ont été observésautour de 2 cm et 10 cm de profondeur (Figure 6.7 e et f).

Dans les 5 premiers centimètres de sédiment, les concentrations moyennes en manganèse particulaireétaient du même ordre de grandeur dans les deux sédiments (p > 0,05) alors que sous 5 centimètres laconcentration moyenne en manganèse particulaire en Crique Tigre (160 ± 6,3 mg kg−1) était 25 % plusélevée qu’en Bois Blanc (110 ± 6,7 mg kg−1) (p < 0,0001, Figure 6.7 c et g). En Bois Blanc la quantité demanganèse extractible à l’ascorbate correspondait à 65 % du stock de manganèse particulaire alors qu’en

139

Crique Tigre elle n’était que de 2 %. Sur l’ensemble de la carotte de Crique Tigre les concentrations enmanganèse dissous étaient trois fois plus faibles que celles mesurées en Bois Blanc (p < 0,0001, Figure6.7 d et h). L’augmentation de la concentration en manganèse dissous avec la profondeur était associéeà une diminution de la concentration en manganèse extractible à l’ascorbate (Figure 6.7 b et f). Dans lesédiment de Crique Tigre des pics de manganèse particulaire et extractible à l’ascorbate ont été observésautour de 10 cm de profondeur (Figure 6.7 g et h).

Figure 6.7 – Profils verticaux des concentrations en (a et e) fer (Fepart) et (c et g) manganèse (Mnpart)particulaires, en (b, d, f et h) fer (Feasc) et manganèse (Mnasc) extraits à l’ascorbate et en fer (Fediss)et manganèse (Mndiss) dissous dans les sédiments de Bois Blanc (en haut) et Crique Tigre (en bas). Lesconcentrations en Fepart, Mnpart, Feasc et Mnasc sont exprimées en mg kg−1, les concentrations en Fedisssont exprimées en mg L−1 et les concentrations en Mndiss sont exprimées en µg L−1.

6.2.5 Production de GES lors de la dégradation de la MO des sédiments et destroncs d’arbres ennoyés dans le lac de Petit Saut

Les résultats des mesures de NH+4 , NO

−3 , NO−

2 et SO2−4 ne seront pas présentées car des problèmes

ont été détectés lors des analyses. Ces problèmes sont vraisemblablement liés à la matrice des eauxanalysées, chargée en acides humiques.

6.2.5.1 Les sédiments

Les incubations de carottes de sédiments du lac mettent en évidence une production de CH4, CO2 etoccasionnellement de N2O. Les incubations de Crique Tigre et de Bois Blanc présentaient trois phases

140

comme décrit par Yao et al. (1999) et Guérin et al. (2008a). Les taux de production des trois gaz à effetde serre pendant ces trois phases sont résumés dans le Tableau 6.3 :

Phase I Phase II Phase III 30 semainesCH4

CT 0,015 ± 0,01 7,07 ± 2,9 1,70 ± 1,0 3,14 ± 1,2b.d.l. ; b.d.l. - 0,170 0,501 ; b.d.l. - 108 0,277 ; b.d.l. - 23,8 0,061 ; b.d.l. - 108

BB 0,074 ± 0,02 336 ± 80 56,3 ± 4,5 103 ± 210,042 ; b.d.l. - 0,371 173 ; 9,20 - 1 090 59,0 ; b.d.l. - 126 42,0 ; b.d.l. - 1 090

CO2

CT 133 ± 20 36,6 ± 3,7 62,1 ± 5,6 79,8 ± 9,172,0 ; 0,181 - 556 32,8 ; 8 - 132 56,0 ; 24,5 - 120 47,4 ; 0,181 - 556

BB 664 ± 113 328 ± 24 157 ± 8,6 336 ± 38379 ; 1,58 - 1 920 293 ; 160 - 552 144 ; 57 - 475 190 ; 1,58 - 1 920

N2O

CT 0,0001 ± 0,0001 b.d.l. 0,0004 ± 0,008 0,001 ± 0,0005b.d.l. ; b.d.l. - 0,001 b.d.l. b.d.l. ; b.d.l. - 0,017 b.d.l. ; b.d.l. - 0,017

BB 0,057 ± 0,02 b.d.l. 0,0005 ± 0,0004 0,019 ± 0,008b.d.l. ; b.d.l. - 0,182 b.d.l. b.d.l. ; b.d.l. - 0,009 b.d.l. ; b.d.l. - 0,182

Tableau 6.3 – Taux de production de CH4, CO2 et N2O en nmol j−1 g-1 au cours des trois phases desincubations des sédiments de Crique Tigre (CT) et Bois Blanc (BB). La première phase et la secondephase ont duré 7 semaines pour les incubations de Crique Tigre, la première phase a duré 5 semaineset la deuxième phase a duré 4 semaines pour les incubations de Bois Blanc. La Moyenne ± SEM estprésentée sur la première ligne et la médiane ; min - max sont présentés sur la seconde ligne. b.d.l. : lesconcentrations étaient en dessous des limites de détection ainsi nous n’avons pas pu calculer un taux deproduction.

Première phase. Elle était plus longue pour les sédiments de Crique Tigre (7 semaines) que pourceux de Bois Blanc (5 semaines) (Figure 6.8). Lors de cette première phase la production de CO2 étaitmaximale et la production de CH4 n’était pas significative (Figure 6.8 a et b, Tableau 6.3, Yao et al.(1999)). Dans les incubations de Crique Tigre aucune production significative de N2O n’a été mise enévidence lors de cette première phase alors qu’en Bois Blanc une production de N2O a été observée lestrois premières semaines d’incubation (Figure 6.8 c et d). La concentration en fer dissous augmentaitrapidement les 2 premières semaines d’incubation du sédiment de Crique Tigre (Figure 6.8 e). Dansles incubations de sédiment de Bois Blanc l’augmentation de la concentration en fer dissous était lenteentre les semaines 0 et 1 (Figure 6.8 f). La concentration en manganèse dissous augmentait linéairementet lentement dans les incubations de sédiment de Crique Tigre (r2 = 0,60, p < 0,05, Figure 6.8 e).Dans les incubations de sédiment de Bois Blanc, après une augmentation entre les semaines 0 et 1, laconcentration en manganèse dissous diminuait de 40 % (Figure 6.8 f).

Deuxième phase. Elle correspond à la phase de pic de méthanogenèse (Yao et al., 1999). Pourles incubations de sédiment de Crique Tigre cette phase est arrivée trois semaines plus tard que pourcelles de Bois Blanc et cette phase était plus longue pour celle de Crique Tigre (7 semaines) que pourcelles de Bois Blanc (4 semaines) (Figure 6.8). La production de CH4 dans les incubations de sédimentde Bois Blanc était cinq fois plus élevée et le pic de CH4 était plus restreint dans le temps que pourcelles de Crique Tigre (Figure 6.8 a et b, Tableau 6.3). Dans les incubations de sédiment de Crique Tigrela concentration en fer dissous a été divisée par plus de trois entre les semaines 7 et 8, elle augmentaitensuite de 40 % jusqu’à la fin de la seconde phase avec cependant des diminutions ponctuelles les semainesdu pic de méthanognenèse (semaines 11 et 13, Figure 6.8 e). Dans les incubations de sédiment de BoisBlanc la concentration en fer dissous présentait une tendance à la diminution pendant cette seconde

141

phase avec une chute ponctuelle la semaine du pic de méthanogenèse (Figure 6.8 f).

Troisième phase. Après le pic de méthanogenèse les taux de production en CH4 et CO2 sontrestés stables (Figure 6.8 a et b). Les dernières mesures des incubations ont confirmé la présence d’uneproduction de N2O dans l’ensemble les incubations de Crique Tigre en semaine 21 (0,004 ± 0,002 nmolj−1 g-1) et dans l’un des réplicats de Crique Tigre en semaine 30 (0,015 nmol j−1 g-1). En Bois Blanc seulun réplicat présentait des taux de production en N2O non nuls en semaine 21 (0,002 nmol j−1 g-1). Lesconcentrations en fer dissous présentaient une tendance à la diminution alors que les concentrations enmanganèse dissous semblaient s’être stabilisées (Figure 6.8 e et f).

Figure 6.8 – Évolution temporelle (a et b) des taux de production en CH4 et CO2, (c et d) du tauxde production en N2O et (e et f) des concentrations en fer (Fe) et manganèse (Mn) dissous dans lesincubations anaérobies des sédiments de Crique Tigre (à gauche) et Bois Blanc (à droite). Les lignes enpointillés représentent les bornes des différentes phases.

Dans les incubations de sédiment de Crique Tigre, les teneurs en CO et en N, le rapport C/N etle δ15N-N de la MO diminuaient, et le δ13C-CO augmentait (Tableau 6.4). Dans les incubations desédiment de Bois Blanc, les teneurs en CO et en N et le rapport C/N de la MO diminuaient aussi maisla diminution du rapport C/N était mois élevée que celle observée dans les incubations de sédiment de

142

Crique Tigre (Tableau 6.4). De plus les δ13C-CO et δ15N-N ne présentaient pas de variation significativedans les incubations de sédiment de Bois Blanc (Tableau 6.4).

CO (%) N (%) Rapport C/N δ13C-CO (h) δ15N-N (h)CRIQUE TIGRESemaine 0 6,12 0,319 22,4 -30,5 4,55Semaine 13 (Pic de CH4) 0,354 0,028 14,7 -29,4 1,81Semaine 16 0,233 0,024 11,4 -29,1 0,865BOIS BLANCSemaine 0 8,84 0,599 17,2 -31,0 3,97Semaine 13 (Pic de CH4) 9,16 0,682 15,7 -31,2 4,10Semaine 16 1,40 0,112 14,6 -31,0 3,48

Tableau 6.4 – Évolution temporelle des teneurs en CO et en N, du rapport C/N et des δ13C-CO etδ15N-N de la MO des sédiments incubés.

Dans les incubations de sédiment de Crique Tigre, le stock initial de CO (1,3 ± 0,23 %) était dumême ordre de grandeur que celui des sols latéritiques (0,4 %) incubés par Guérin et al. (2008a) et lestaux de production moyens en CH4 et CO2 (Tableau 6.3) étaient du même ordre de grandeur que ceuxmesurés pour des sols latéritiques (CH4 : 4,1 ± 1,9 nmol g−1 j−1 ; CO2 : 96 ± 32 nmol g−1 j−1, Guérinet al. (2008a)).

Dans les incubations de sédiment de Bois Blanc, le stock initial de CO (7,3 ± 0,11 %) était du mêmeordre de grandeur que celui du mélange du sol latéritique - sol organique (1 : 1) (8,4 %) incubés parGuérin et al. (2008a) et les taux de production moyens en CH4 et CO2 (Tableau 6.3) étaient supérieursà ceux mesurés pour des sols latéritiques et inférieurs à ceux mesurés pour le mélange de sol latéritique- sol organique (CH4 : 480 ± 260 nmol g−1 j−1 ; CO2 : 1 200 ± 770 nmol g−1 j−1, Guérin et al. (2008a)).

6.2.5.2 Les troncs arbres ennoyés

Au cours de nos incubations de poudre de troncs d’arbres aucune production significative de CH4n’a été détectée alors que dans l’ensemble des incubations une production de CO2 a été mise en évidence(Figure 6.9 a, b, c et d). Trois phases peuvent être identifiées lors des incubations de poudre de troncsd’arbres. Les taux de production de CO2 pendant ces trois phases sont résumés dans le Tableau 6.5.Sterculia foetida vivant présentait le plus faible taux de production moyen de CO2 (Tableau 6.5). Lestaux de production de CO2 de la poudre de tronc d’arbres étaient du même ordre de grandeur que ceuxdes sédiments de Bois Blanc (Tableau 6.3).

Première phase. Cette phase s’étendait de la première à la septième semaines inclues. Lors de cettephase les taux de production de CO2 étaient constants (Figure 6.9 c et d). Les taux de production deCO2 d’Eperua falcata vivant et ennoyé et Sterculia foetida vivant étaient du même ordre de grandeur,ceux de Sterculia foetida ennoyé étaient d’un ordre de grandeur supérieurs (Figure 6.9 c et d, Tableau6.3). La concentration en fer dissous dans les incubations d’Eperua falcata ennoyé et vivant augmentaitlinéairement (r2 > 0,6 p < 0,05) et lentement pendant cette phase (Pente < 2 µmol L−1 semaine−1)(Figure 6.9 e). Dans les incubations de Sterculia foetida ennoyé et vivant, la concentration en fer dissousaugmentait aussi linéairement (r2 > 0,9 p < 0,05), l’augmentation (Pente > 2 µmol L−1 semaine−1)était supérieure à celle observée dans les incubations d’Eperua falcata (Figure 6.9 f). La concentration enmanganèse dissous dans les incubations d’Eperua falcata ennoyé et vivant augmentait rapidement entreles semaines 0 et 1 puis linéairement (r2 > 0,9 p < 0,05, Pente < 1 µmol L−1 semaine−1) (Figure 6.9 g).Dans les incubations de Sterculia foetida, la concentration en manganèse augmentait aussi linéairement(r2 > 0,6 p < 0,05), l’augmentation dans les incubations de Sterculia foetida ennoyé (Pente > 9 µmolL−1 semaine−1) était supérieure à celle mesurée dans les incubations d’Eperua falcata et de Sterculiafoetida vivant (Figure 6.9 h).

143

Figure 6.9 – Évolution temporelle des taux de production en CH4, CO2, et des concentrations enfer dissous (Fe) et manganèse dissous dans les incubations anaérobies de poudre de troncs (à gauche)d’Eperua falcata et (à droite) de Sterculia foetida morts (carrés vides) et vivants (carrés pleins). Leslignes en pointillés représentent les bornes des différentes phases.

Deuxième phase. Cette phase s’étendait des semaines 8 à 14 inclues. Lors de cette phase les tauxde production de CO2 ont augmenté sauf dans les incubations de Sterculia foetida ennoyé où ils sontrestés du même ordre de grandeur que pendant la première phase (Figure 6.9 c et d, Tableau 6.3).Les taux de production de CO2 des incubations d’Eperua falcata ennoyé et vivant ont été multipliés

144

par 10 entre les semaines 8 et 11 puis sont restés constants jusqu’à la semaine 14 (Figure 6.9 c). Lestaux de production de CO2 des incubations de Sterculia foetida vivant présentaient une augmentationdu même ordre de grandeur bien que celle-ci soit arrivée plus tardivement en semaine 11 (Figure 6.9d). La concentration en fer dissous dans les incubations d’Eperua falcata ennoyé et vivant augmentaitlinéairement (r2 > 0,7 p < 0,05) pendant cette seconde phase, l’augmentation était supérieure à celleobservée pendant la première phase (Pente > 4 µmol L−1 semaine−1) (Figure 6.9 e). Dans les incubationsde Sterculia foetida ennoyé et vivant, la concentration en fer dissous était globalement constante pendantcette seconde phase (Figure 6.9 f). La concentration en manganèse dissous dans les incubations d’Eperuafalcata ennoyé et vivant continuait d’augmenter linéairement pendant la seconde phase (r2 > 0,7 p <0,05) mais l’augmentation était inférieure à celle mesurée pendant la première phase (Figure 6.9 g). Dansles incubations de Sterculia foetida, la concentration en manganèse était constante pour le tronc vivantet continuait d’augmenter pour le tronc ennoyé, cette augmentation était plus lente que pendant les septpremières semaines (Figure 6.9 h).

Troisième phase. Elle commence à partir de la semaine 15. Les taux de production de CO2 dansles incubations ont chuté pendant cette phase (Figure 6.9 c et d). Les concentrations en fer et manganèsedissous étaient du même ordre de grandeur qu’à la fin de la seconde phase (Figure 6.9 e et f).

Phase I Phase II Phase III 30 semainesEperua falcata

vivant 249 ± 58 757 ± 86 714 ± 170 550 ± 64131 ; 79,0 - 1 040 721 ; 118 - 1 490 482 ; 104 - 2 000 421 ; 79,0 - 2 000

ennoyé 75,9 ± 7,8 637 ± 93 480 ± 54 384 ± 5178,2 ; 20,0 - 166 738 ; 50,0 - 1 380 495 ; 155 - 902 204 ; 20,0 - 1 380

Sterculia foetida

vivant 137,9 ± 5,5 326 ± 90 414 ± 132 233 ± 5032,8 ; b.d.l - 108 83,9 ; 22,8 - 1 220 215 ; 86,4 - 1 540 76,0 ; b.d.l - 1 540

ennoyé 341 ± 39 453 ± 49 366 ± 67 390 ± 29361 ; 48,9 - 754 465 ; 50,2 - 821 270 ; 116 - 791 359 ; 48,9 - 821

Tableau 6.5 – Taux de production de CO2 en nmol j−1 g-1 au cours des trois phases des incubations depoudre de troncs d’arbre ennoyé et vivant. La première phase et la seconde phase ont duré 7 semaines.La Moyenne ± SEM est présentée sur la première ligne et la médiane ; min - max sont présentés sur laseconde ligne. b.d.l. : les concentrations étaient en dessous des limites de détection ainsi nous n’avonspas pu calculer un taux de production.

L’évolution temporelle des teneurs en CO et en N ainsi que du rapport C/N et de la signatureisotopique de la MO pendant les incubations est résumée dans le Tableau 6.6. Pendant les 16 semainesd’incubation, la teneur en N n’a pas augmenté de manière significative dans les incubations puisque savariation était inférieure à la barre d’erreur des mesures. La teneur en CO dans la MO des incubationsd’Eperua falcata ennoyé n’a pas varié de manière significative alors qu’elle a diminué dans celle deSterculia foetida ennoyé. La teneur en CO dans la MO des incubations de poudre de troncs vivantsa augmenté. Les rapports C/N de la MO incubée ont légèrement diminué pendant les 16 semainesd’incubation. Le δ13C-CO ne présentait pas de variation temporelle significative. Le δ15N-N a augmentépuis diminué dans celle d’Eperua falcata ennoyé et de Sterculia foetida vivant, il a augmenté dans lesincubations d’Eperua falcata vivant et diminué puis augmenté dans celle de Sterculia foetida ennoyé.

145

CO% N% Rapport C/N δ13C-CO δ15N-NEperua Semaine 0 50,5 0,157 375 -25,3 -0,055falcata Semaine 11 (Pic de CO2) 49,4 0,162 355 -25,4 0,070ennoyé Semaine 16 50,2 0,161 363 -25,3 -0,447Eperua Semaine 0 43,4 0,180 281 -26,9 0,896falcata Semaine 11 (Pic de CO2) 47,5 0,214 259 -26,9 1,45vivant Semaine 16 47,9 0,201 277 -26,9 2,291

Sterculia Semaine 0 43,5 0,205 247 -29,2 0,220foetida Semaine 13 41,7 0,223 218 -29,2 -2,11ennoyé Semaine 16 41,4 0,233 207 -29,3 -0,187Sterculia Semaine 0 35,8 0,120 347 -25,6 -0,416foetida Semaine 13 (Pic de CO2) 47,1 0,136 404 -25,5 1,67vivant Semaine 16 45,4 0,146 363 -25,4 0,132

Tableau 6.6 – Évolution temporelle des teneurs en CO et en N (%), du rapport C/N (sans unité) etdes δ13C-CO et δ15N-N (h) de la MO de la poudre de troncs d’arbres incubée.

6.3 Discussion

6.3.1 Apports de carbone et d’azote par les rivières en amont du lac

6.3.1.1 Caractérisation des rivières se déversant dans le lac de Petit Saut

Les eaux des rivières Sinnamary et Coursibo diffèrent seulement en terme de concentration en COD.Les concentrations en COD plus élevées dans la rivière Coursibo que dans la rivière Sinnamary peuventêtre liées aux activités d’orpaillage, légales ou non, aux alentours de St Elie qui affectent la rivièreLeblond affluent de la Coursibo (HYDRECO, 2005; BRGM, 2008) (Figure 6.10).

Figure 6.10 – Localisation du site d’orpaillage de St Elie dans le bassin versant du lac de Petit Saut(d’après Muresan (2006)).

Ces activités se traduisent par une turbidité des eaux plus élevées dans la rivière Leblond (28 mgL−1, BRGM (2008)) affluent de la rivière Coursibo (Figure 6.10) que dans les eaux du Sinnamary (9,77

146

± 0,63 mg L−1). De plus, les prélèvements de sols réalisés en 2013 en aval de la Coursibo mettaient enévidence la présence de litière sur les berges et d’une abondante population de graminées en épi alorsque ceci n’avait pas été observé sur les berges en aval des Crique Plomb et Crique Tigre. Les plus fortesconcentrations en COD observées pour la Coursibo peuvent aussi être liées à la dégradation de la litièreet de la végétation qui colonise les berges en saison sèche au niveau de la rivière Coursibo.

Les eaux de surface de la Crique Tigre sont moins oxygénées en raison de leur température élevée(Tableau 6.2). La zone d’échantillonnage de la Crique Tigre se situe dans une zone où le courant est trèsfaible, les eaux semblent y stagner d’où les températures plus élevées que dans les autres rivières. Lestempératures, les conductivités et les concentrations en NO−

3 des eaux de la Crique Tigre du même ordrede grandeur que celles des eaux de surface du lac de Petit Saut suggèrent que la zone d’échantillonnage dela Crique Tigre semble être régulièrement sous l’influence des eaux du lac, le NO−

3 y est donc consommépar le phytoplancton. Les concentrations en COP et NP plus élevées, les teneurs en CO et N plusélevées et les plus faibles concentrations en MES, que celles des rivières Sinnamary et Coursibo, et dumême ordre de grandeur que celles des eaux de surface du lac, semblent valider l’hypothèse que la zoned’échantillonnage de la Crique Tigre se situait dans la zone d’influence des eaux du lac.

Les concentrations en CH4, en CO2 et occasionnellement en COP, élevées et les conductivités etconcentrations en COD et NO−

3 faibles par rapport à celles des rivières Sinnamary et Coursibo suggèrentque la zone d’échantillonnage de la station Crique Plomb semble aussi être sous l’influence des eaux du lacnotamment lors de la saison sèche où l’accès à la station est rendu plus difficile par la chute du niveau del’eau. Les faibles concentrations en MES mesurées pendant la saison sèche dans la zone d’échantillonnagede la Crique Plomb (< 8 mg L−1) appuient cette hypothèse. De plus lors des prélèvements de solsdans cette zone il a été observé que les berges de la Crique Plomb étaient marquées par des tracesd’activités humaines (bois tronçonné, déchets). Ces activités sont vraisemblablement responsables d’uneaugmentation de l’érosion des sols qui se traduit occasionnellement par de fortes concentrations en MESet de faibles teneurs en CO (exemple Juillet 2013, MES : 21,7 mg L−1 ; CO : 8,23 %) par rapport auxmois où la zone d’échantillonnage est surtout sous l’influence du lac (exemple Novembre 2012, MES :4,20 mg L−1 ; CO : 33,3 %).

Enfin, le ruisseau Plombinette est comparable à un ruisseau de montagne du bassin versant de l’Ama-zone (Mayorga et al., 2005) en terme de concentrations en CO2, COD et COP, les faibles concentrationsen COP suggèrent que ce ruisseau est principalement alimenté par des eaux de source.

6.3.1.2 Origine de la MO des rivières en amont du lac

Le δ13C-CID appauvri en 13C met en évidence que le CID des rivières en amont du lac provientprincipalement de la dégradation de la MO. Les faibles rapports C/N et teneurs en CO confirment quela MO des rivières est dégradée (Figure 6.11 a). Elle provient du bassin versant des rivières (arbres etsols) (Figure 6.11) (Mayorga et al., 2005; Mollenhauer et Eglinton, 2007). D’après Mayorga et al. (2005),la dégradation de la MO du bassin versant dans les rivières tropicales est quasi immédiate (< 5 ans).

La MO des Crique Tigre et Crique Plomb, moins dégradée et appauvrie en 13C en comparaison de celledes rivières Sinnamary et Coursibo (Figure 6.11 a), supporte l’hypothèse que les zones d’échantillonnagede ces deux rivières sont principalement sous l’influence des eaux du lac (cf 6.3.1.1). Dans les zonesd’échantillonnage des Crique Tigre et Crique Plomb la MO est donc principalement phytoplanctonique.La MO du ruisseau Plombinette présente des caractéristiques similaires à celle des deux précédentesrivières cependant la zone d’échantillonnage de ce ruisseau n’est vraisemblablement pas sous l’influencedu lac puisque elle se situe dans une zone de fort courant éloignée des eaux stagnantes de l’ancien lit dela Crique Plomb. Les δ15N-NP de la MO du ruisseau Plombinette sont régulièrement proches de ceux desarbres du bassin versant ainsi cette MO semble principalement constituée de débris végétaux du bassinversant (Figure 6.11 b).

147

Figure 6.11 – (a) État de dégradation et (b) origine de la matière organique des rivières en amont dulac.

6.3.1.3 Variations saisonnières et quantification des apports de carbone et d’azote au lacde Petit Saut

Les apports en eau des rivières Tigre (9 %) et Plomb (5 %) sont largement inférieurs à ceux desrivières Coursibo (36 %) et Sinnamary (40 %) (Guérin, 2006). Le reste des apports correspond auxpluies et aux ruisseaux (ex : Pombinette), nous n’avons pas caractérisé les apports par les pluies ainsinous ne les comptabiliserons pas dans notre bilan. Notre bilan représente donc 90 % des apports aulac de Petit Saut. Comme les zones d’échantillonnage des Crique Tigre et Crique Plomb semblent êtrerégulièrement sous l’influence du lac nous avons calculé les apports de carbone et d’azote en considérantque l’ensemble des apports provenaient (i) uniquement des rivières Sinnamary (47 %) et Coursibo (43%), puis (ii) uniquement des rivières Sinnamary (42 %), Coursibo (38 %) et Crique Tigre (10 %), puis(iii) uniquement des rivières Sinnamary (44 %), Coursibo (40 %) et Crique Plomb (6 %), et enfin (iv)des quatre rivières avec les coefficients déterminés par Guérin (2006). Ces apports ont été calculés pourchaque mois et chaque espèce carbonée et azotée à partir de leurs concentrations, mesurées en 2012 -2013, et du débit entrant de chaque rivière en 2012 - 2013. Les apports totaux moyens de carbone etd’azote par les rivières, calculés à partir de la moyenne des 4 estimations précédemment définies, sontsynthétisés dans le Tableau 6.7 :

Apports de carbone (Gg (C) an−1) Apports d’azote (Mg (N) an−1)CH4 0,028 ± 0,003 < 0,001 % NH+

4 48,9 ± 24 5 %CO2 5,85 ± 0,92 13 % NO−

3 362 ± 56 36 %HCO−

31 6,5 15 % NO−

2 10,8 ± 3,6 1 %COD 24,5 ± 3,5 56 % N2O 0,824 ± 0,11 < 0,001 %COP 7,06 ± 1,2 16 % NP 582 ± 93 58 %Total 44,0 ± 5,1 Total 1 000 ± 160

Tableau 6.7 – Bilan des apports de carbone (à gauche) et d’azote (à droite) par les rivières au lac dePetit Saut. 1 Abril et al. (2005)

En 2012 - 2013 les rivières en amont du lac ont apporté au lac de Petit Saut 44 ± 5,1 Gg (C) an−1

dont 56 % sous forme de COD, 16 % sous forme de COP et 13 % sous forme de CO2 (Tableau 6.7).Les apports de carbone calculés en 2012 - 2013 à partir des données des quatre rivières alimentant le lac

148

sont dans la barre d’erreur (± 50 %) de l’estimation de Abril et al. (2005) (35,5 Gg (C) an−1) réaliséeseulement à partir des données de la rivière Sinnamary en amont du lac en Mai et Décembre 2003. Lesrivières en amont du lac ont aussi apporté 1 000 ± 160 Mg (N) an−1 dont 58 % sous forme de NP, 36 %sous forme de NO−

3 et 5 % sous forme de NH+4 (Tableau 6.7).

Figure 6.12 – Apports saisonniers en (a) carbone et en (b) azote des rivières du bassin versant au lacde Petit Saut et débit entrant.

En 2012 - 2013, pour la rivière Sinnamary, les apports de COP et de COD représentaient, respective-ment, environ 20 % et 65 % des apports. En 2003, pour la rivière Sinnamary, les fractions représentées parle COP (6 %) et le COD (53 %) semblent avoir été sous-estimées (Abril et al., 2005). De plus, l’hypothèsed’une homogénéité des concentrations des rivières en amont du lac n’est pas totalement validée pour lecarbone puisque des concentrations en COD (espèce majoritaire apportée) différentes ont été observéesentre les rivières Sinnamary et Coursibo. Cependant, l’estimation des apports totaux de carbone avecseulement l’échantillonnage de la rivière Sinnamary (12 mois : 44,8 ± 4,1 Gg (C) an−1) permet d’obtenirune bonne approximation de ces apports par le bassin versant, et ce même si seulement deux mois desaisons humide (Mai) et sèche (Décembre) ont été échantillonnés (45,3 ± 14,8 Gg (C) an−1). Les rivièresSinnamary et Coursibo ne présentant pas de différence significative pour les concentrations des espècesazotées l’approximation des apports totaux en azote au lac de Petit Saut par l’unique échantillonnagede la rivière Sinnamary en amont du lac est possible. Ainsi l’estimation des apports totaux d’azoteavec seulement l’échantillonnage de la rivière Sinnamary (12 mois : 1 000 ± 120 Mg (N) an−1) permetd’obtenir une bonne approximation de ces apports par le bassin versant, et ce même si seulement deuxmois de saisons humide (Mai) et sèche (Décembre) ont été échantillonnés (930 ± 300 Mg (N) an−1).Par conséquent, l’échantillonnage de seulement deux mois, un en saison humide et un en saison sèche,comme réalisé par Abril et al. (2005), permet d’obtenir une bonne estimation des apports moyens totaux

149

de carbone et d’azote au lac de Petit Saut sur une année hydrologique, l’augmentation de la fréquenced’échantillonnage permettra seulement de réduire l’écart à la moyenne.

Les apports de carbone (46,6 ± 5,9 Gg (C) an−1) et d’azote (1 300 ± 220 Mg (N) an−1) pendant lasaison humide étaient en moyenne deux fois plus élevés que ceux mesurés pendant la saison sèche (24,7± 6,4 Gg (C) an−1 ; 596 ± 159 Mg (N) an−1) (Figure 6.12). La moyenne du débit entrant de la saisonhumide (270 ± 47 m3 s−1) était deux fois plus élevée que celle calculée pour la saison sèche (127 ± 16 m3

s−1) (Figure 6.12). Seule la concentration en NH+4 présentait une différence significative entre les saisons

humide et sèche, en saison humide les pluies qui lessivent les berges des rivières semblent apporter duNH+

4 . Les variations saisonnières des apports de carbone et d’azote étaient donc essentiellement duesaux variations du débit entrant. Les apports de carbone et d’azote sont donc corrélés aux débits entrants(Figure 6.13) :

Apports de carbone = −(76, 3± 21)e−0,003±0,002∗débit entrant + (76, 3± 21) (6.1)

Apports d’azote = −(9980± 15800)e−0,0005±0,001∗débit entrant + (9980± 15800) (6.2)

Le plateau est plus rapidement atteint pour le carbone que pour l’azote (Figure 6.13). Il sembledonc que lorsque le débit entrant est supérieur à 400 m3 s−1 les concentrations des espèces carbonéesdans les rivières amont soient diluées. En effet, en Avril 2012, lorsque le débit entrant était de 468 m3

s−1 la concentration en COD (220 µmol L−1) de la rivière Sinnamary était inférieure à sa moyenneannuelle (344 ± 30 µmol L−1). Cet effet dilution, bien qu’il affecte aussi les espèces azotées, notammentle nitrate (rivière Sinnamary, Avril 2012 = 1,8 µmol L−1, moyenne annuelle = 4,7 ± 0,40 µmol L−1),semble contrebalancé par les apports de NH+

4 par les pluies (rivière Sinnamary, Avril 2012 = 1,1 µmolL−1, moyenne annuelle = 0,28 ± 0,16 µmol L−1).

Figure 6.13 – Apports de (a) carbone et (b) d’azote des rivières du bassin versant au lac de Petit Sauten fonction du débit entrant en 2012 - 2013.

6.3.2 Origine et état de dégradation de la MO des sédiments et des arbres ennoyésdu lac de Petit Saut

6.3.2.1 La MO des sédiments

Une partie du COP et du NP produits dans l’épilimnion de la colonne d’eau du lac ou apportéspar le bassin versant n’est pas dégradée dans le métalimnion et l’hypolimnion (cf Chapitres 4 et 5),

150

cette fraction sédimente. La MO de l’épilimnion et celle récupérée dans les pièges au fond du lac a unesignature isotopique qui est similaire à celle de la MO en surface des sédiments de Bois Blanc et deCrique Tigre (Tableau 6.1, Figure 6.5, Figure 6.6). Dans la zone pélagique, et vraisemblablement dans lazone littorale, la MO qui sédimente correspond donc principalement à du phytoplancton dégradé (Kalff,2002; Tremblay et al., 2004; Cardoso et al., 2013). La présence de fragments ligneux d’arbres dans lespièges à particules situés à 30 mètres de profondeur met en évidence que la MO qui sédimente n’estpas uniquement autochtone. Ces débris végétaux peuvent certes provenir des arbres ennoyés (= MOautochtone) mais aussi des arbres vivants du bassin versant (= MO allochtone). La MO allochtone quisédimente peut aussi avoir été apportée par les rivières en amont du lac (cf Chapitre 4 et 5, Cardosoet al. (2013)). La quantité de MO dégradée (= faible rapport C/N) dans les 5 premiers centimètres dusédiment de Bois Blanc semble être supérieure à celle dans le sédiment de Crique Tigre, la fraction deMO allochtone dégradée (cf 6.3.1.2) dans le sédiment de Bois Blanc semble donc être supérieure à lafraction de MO autochtone en raison de la position géographique de Bois Blanc dans le lac de Petit Saut(= zone de transition) (Cardoso et al., 2013). Les faibles variations du rapport C/N et des δ13C-CO etδ15N-N dans le sédiment de Bois Blanc mettent en évidence que la MO est homogène dans l’ensemble dusédiment, elle correspond à un mélange de phytoplancton et de MO allochtone probablement dominéepar de la MO allochtone en raison des apports par le Sinnamary (Figure 6.14). En Crique Tigre, suivantla profondeur du sédiment, l’origine de la MO semble varier. Dans les 3 premiers centimètres, la MOcorrespond à celle de l’épilimnion qui n’a pas été totalement dégradée dans la colonne d’eau, elle estdonc principalement constituée de phytoplancton mort (Cardoso et al., 2013). L’augmentation rapide duδ13C-CO entre 3 et 7 centimètres suggèrent une autre origine de la MO du sédiment de Crique Tigre.Le sédiment de Crique Tigre sous 10 cm est associé à des rapports C/N, des δ13C-CO et des δ15N-Ndu même ordre de grandeur que ceux des sols inondés. Ainsi la carotte prélevée en Crique Tigre nesemble pas être uniquement constituée de sédiments déposés après 1994 (0 - 10 cm) mais elle semble êtreaussi constituée des sols en place avant la mise en eau en 1994 (Figure 6.14). Les taux de productionmoyens de CH4 et CO2 dans les incubations de Crique Tigre du même ordre de grandeur que ceuxmesurés pour des sols latéritiques (Guérin et al., 2008a) et, les pics de teneur en CO, en N, Fe et Mnsous 10 cm de profondeur dans le sédiment de Crique Tigre couplés à des rapports C/N, des δ13C-CO etdes δ15N-N du même ordre de grandeur que ceux des sols inondés appuient l’hypothèse que le matérieléchantillonné sous 10 cm de profondeur correspond aux sols mis en eau en 1994. Nous n’avons pas pudater ces sédiments/sols pour valider cette hypothèse.

La quantité de carbone dans les sédiments et les sols inondés du lac a été estimée à partir des donnéesdes carottes de sédiments prélevées en Bois Blanc et Crique Tigre. D’après les résultats de ces carottes onpeut considérer que les 10 premiers centimètres correspondent à du sédiment déposé après 1994. Sous 10cm le matériel prélevé correspond à des sédiments en Bois Blanc et des sols inondés en Crique Tigre. Lestaux de sédimentation étant élevés dans la zone de transition (Cardoso et al., 2013), nous considéreronsque l’ensemble de la carotte de Bois Blanc correspond à des sédiments déposés après la mise en eau.Les stocks de carbone et d’azote contenu dans les sédiments, et les sols inondés, ont été calculés pourchaque tranche des sédiments de Crique Tigre (10 cm) et de Bois Blanc (15 cm), et chaque tranche dessols inondés de Crique Tigre (15 cm), suivant la formule suivante :

Quantité de C = d ∗ h ∗%CO ∗ 0, 01 ∗ Sk

(6.3)

avec la quantité de C (ou de N) dans la tranche de sédiments ou de sols inondés en Gg (C) (ou de (N)),d la densité de la tranche en kg cm-3, h l’épaisseur de la tranche en mètres, %CO la teneur en CO (ouen N), S la surface totale du lac de Petit Saut (365 km2) et k un facteur de conversion (106).

La moyenne des deux carottes nous donne un stock moyen de carbone et d’azote dans le sédiment,respectivement de 630 ± 150 Gg (C) et 43 ± 12 Gg (N). Les 15 centimètres de sols inondés situés sousles sédiments de Crique Tigre contiennent 590 Gg (C) et 42 Gg (N). Si l’on fait l’approximation quedans les sols inondés situés sous ceux que l’on a échantillonné (15 cm) lors de notre carottage en Crique

151

Tigre contiennent au maximum autant de CO que ceux situés sous les sédiments alors on peut calculerqu’il reste 1 570 Gg (C) dans les sols inondés en 1994 (40 cm) soit 40 % du stock initial (3 960 Gg (C)).Cette valeur correspond a un maximum de carbone restant puisque la concentration en CO dans lessols inondés situés sous notre carotte est probablement inférieure à celle que nous avons mesuré dans lacarotte de Crique Tigre. D’après notre estimation plus de la moitié du stock de carbone des sols inondésa été dégradé en 19 ans.

6.3.2.2 La MO des troncs d’arbres ennoyés

Les rapports C/N élevés des troncs d’arbres ennoyés et vivants mettent en évidence la faible pro-portion de MO labile dans la MO des troncs d’arbres (Campo et Sancholuz, 1998). La MO ennoyée destroncs ligneux semble donc être constituée principalement d’une MO réfractaire. La faible différence desrapports C/N des troncs d’Eperua falcata vivant et ennoyé met en évidence que la MO de l’Eperuafalcata est moins labile que celle du Sterculia foetida. Les teneurs en CO et N dans la MO des troncsennoyés supérieures à celles des troncs vivants suggèrent que les troncs ennoyés ont été colonisés par dela biomasse (biofilms). Lors de la dégradation des troncs après leur mise en eau, il est en effet probableque des micro-organismes fixant l’azote aient colonisés les troncs, ce phénomène a déjà été observé lorsde la dégradation de feuilles (Shunula et Whittick, 2001; Moore et al., 2006).

Afin de calculer le stock de carbone et d’azote que représente la biomasse ligneuse ennoyée nousavons dans un premier temps cherché à déterminer la densité d’arbres dans le lac de Petit Saut. D’aprèsSteege et al. (2013), la forêt amazonienne contient 3,9 1011 arbres sur une surface totale de 6,29 106 km2.Dans la forêt amazonienne la densité d’arbres est donc de 62 000 arbres km−2. Ainsi on peut estimerque, à Petit Saut (355 km2), 22,0 106 arbres ont été ennoyés en 1994. La canopée se situe à environ 30mètres de haut ce qui, dans le bouclier guyanais, correspond à des arbres avec un tronc de 20 à 40 cmde diamètre (Feldpausch et al., 2011). Afin de rendre compte de la diminution verticale du diamètre dutronc (houppier) nous avons choisi d’utiliser un diamètre de 20 cm, ce qui nous donne un volume moyenpour un arbre de 0,942 m3. Ainsi, en 1994, 20,7 106 m3 d’arbres ont été ennoyés dans les 355 km2 quereprésentait le lac. Avec la formule suivante nous calculons les densités de carbone des arbres vivants :

Densité de carbone = %CO ∗ 0, 01 ∗ d ∗ V ∗ kS

(6.4)

avec la densité de carbone en Gg (C) km-2, %CO la teneur en CO dans le tronc d’arbre prélevé, d ladensité du tronc en g cm-3, V le volume d’arbres ennoyés en 1994 (20,7 106 m3), S la surface totale dulac 355 km2 et k un facteur de conversion (1 000).

On obtient alors pour Eperua falcata une densité de carbone de 14,0 ± 0,49 Gg (C) km−2 et pourSterculia foetida une densité de 18,8 ± 0,06 Gg (C) km−2. Elles sont du même ordre de grandeur que celleutilisée par Galy-Lacaux (1996) (16,5 Gg (C) km−2). Ces espèces semblent donc être représentatives de laflore ennoyée en 1994, Eperua falcata est en effet l’une des 20 espèces majoritaires (1,95 109 spécimens) dela forêt amazonienne et est surtout présente dans le bouclier guyanais (Steege et al., 2013). Nous pouvonsréaliser le même calcul pour les arbres ennoyés cependant, ils sont creux et sans écorce. Ils ont perduune partie de leur volume dont le cœur qui a une faible masse (m) car il est principalement constituéede cellules creuses destinées au transport de la sève. L’augmentation de la densité (d) des troncs ennoyéspar rapport à leur équivalent vivant (cf 6.2.3) est donc liée à une diminution du volume (V) supérieureà une diminution de la masse du tronc (d=m/V). En observant le tronc ennoyé et son équivalent vivanton peut faire l’approximation que la moitié du volume initial a été dégradée. En utilisant un volume de0,471 m3 pour les troncs ennoyés on obtient alors des densités de carbone de 13,3 ± 0,06 Gg (C) km−2

pour Eperua falcata et 10,4 ± 0,46 Gg (C) km−2 pour Sterculia foetida. Si on raisonne en terme de stocktotal de carbone, initialement, d’après nos densités de carbone, on avait 5 310 ± 550 Gg (C), il en reste3 830 ± 340 Gg (C) en 2013. Environ 30 % du stock initial aurait donc été dégradé en près de 20 ans,soit 1 380 Gg (C) dégradé et 3 570 Gg (C) restant, avec un stock initial de carbone dans la biomasse

152

ligneuse de 4 950 Gg (C) (Galy-Lacaux, 1996). Ce résultat repose sur l’approximation du volume d’arbrerestant, il se base sur l’hypothèse que le volume total de la fraction ligneuse de l’arbre a globalementété divisé par deux cependant les branches qui sont tombées après la mise en eau n’ont pas forcémentété intégralement dégradées, elles reposent probablement au fond du lac de Petit Saut ainsi le volumerestant est peut être supérieur à celui estimé. Notre estimation de la quantité dégradée est inférieureà celle de Campo et Sancholuz (1998) qui estiment que, en 10 ans, 40 % de la biomasse ligneuse miseen eau dans un lac de barrage uruguayen a été dégradée. D’après leur étude le taux de dégradation semaintient les 30 années suivantes, 45 % 31 ans après la mise en eau et 44 % 45 ans après la mise en eau.Si 40 % de la biomasse ennoyée en 1994 (= 4 950 Gg (C), Galy-Lacaux (1996)) a été dégradée alors 19ans après la mise en eau il reste 2 970 Gg (C).

Nous pouvons réaliser les mêmes calculs pour l’azote. Les densités d’azote d’Eperua falcata et deSterculia foetida vivants sont respectivement de 94,7 ± 3,3 Mg (N) km−2 et 63,8 ± 0,2 Mg (N) km−2.Le stock initial d’azote serait donc de 24,7 ± 6,7 Gg (N). Les densités d’azote d’Eperua falcata et deSterculia foetida ennoyés sont respectivement de 105 ± 0,5 Mg (N) km−2 et 47,1 ± 2,1 Mg (N) km−2,en faisant l’approximation que la moitié du volume de l’arbre ennoyé a été dégradé. Le stock d’azoterestant serait donc de 25,6 ± 3,5 Gg (N). Le stock d’azote n’aurait vraisemblablement pas varié en 19ans. Campo et Sancholuz (1998) avaient observé une augmentation de la quantité d’azote dans les arbresennoyés, cette augmentation serait due à la fixation de l’azote sur la surface du tronc ennoyé (Shunulaet Whittick, 2001; Moore et al., 2006). À Petit Saut, si l’on ne tient pas compte de la barre d’erreur denos calculs, on peut mettre en évidence une augmentation de 4 % de la quantité d’azote dans les troncs,Campo et Sancholuz (1998) avaient estimé cette augmentation à plus de 10 % après 10 ans.

6.3.3 Contrôle redox de la dégradation de la MO

6.3.3.1 Des sédiments

La diminution des teneurs en CO et N avec la profondeur dans les sédiments met en évidence ladégradation de la MO des sédiments (Rullkötter, 2000) qui est source de COD, CO2, CH4, NO−

3 etNH+

4 (Figure 6.5 a,b et c, Figure 6.6 a, Orem et al. (1986), Martens et al. (1992)). Dans les 5 premierscentimètres du sédiment de Bois Blanc, la dégradation de la MO a lieu principalement via la sulfato-réduction du SO2−

4 (Scholten et al., 2002) synchrone de la réduction du Fe (III) (Figure 6.6 e, Figure 6.7b). Entre 5 et 10 cm de profondeur, la sulfato-réduction se poursuit, elle est synchrone de la dénitrificationdu NO−

3 et des réductions du Mn (IV) et du Fe (III) (Figure 6.6 a et e, Figure 6.7 f et h). Sous 10 cm,la dégradation de la MO se poursuit via la dénitrification du NO−

3 et les réductions du Mn (IV) et duFe (III). Dans les 5 premiers centimètres du sédiment de Crique Tigre, la dégradation de la MO a lieuprincipalement via la dénitrification du NO−

3 mais aussi via la sulfato-réduction du SO2−4 synchrone des

réductions du Fe (III) et du Mn (IV) (Figure 6.6 f et j, Figure 6.7 f et h). Entre 5 et 10 cm, la dégradationde la MO se poursuit principalement via la dénitrification du NO−

3 et la réduction du Fer (III) synchronede la réduction du Mn (IV). Sous 10 cm, la MO est essentiellement dégradée via les réductions du Fer(III) et du Mn (IV), le pool de NO−

3 et de SO2−4 a en effet été épuisé dans les 10 premiers centimètres

du sédiment (Figure 6.6 f et j). Les variations verticales des concentrations des accepteurs d’électronsdans les carottes de sédiment du lac mettent en évidence une utilisation non séquentielle des accepteursd’électrons (NO−

3 , Mn (IV), Fe (III) et SO2−4 ) lors de la dégradation de la matière organique dans les

sédiments contrairement à ce qui avait été mis en évidence par Froelich et al. (1979) (Figure 6.14).Jørgensen (1982) a montré que cette séquence dépend des concentrations des accepteurs d’électron.Ainsi, dans les 5 premiers centimètres, dans le sédiment de Crique Tigre, les fortes concentrations enNO−

3 favorise la dénitrification alors que, dans le sédiment de Bois Blanc, les fortes concentrations enSO2−

4 et fer particulaire favorisent la sulfato-réduction et la réduction du Fe (III).

Dans les incubations de sédiment, l’augmentation des concentrations en fer et manganèse dissous dèsles premières semaines confirme une utilisation non séquentielle des accepteurs d’électrons (NO−

3 , Mn(IV), Fe (III) et SO2−

4 ) lors de la dégradation de la MO dans les sédiments contrairement à ce qu’avait

153

mis en évidence Froelich et al. (1979). L’augmentation de la concentration en manganèse dissous étantplus lente que celle du fer dissous dans les incubations du sédiment de Crique Tigre, le fer semble êtrepréférentiellement utilisé comme accepteur d’électron dans le sédiment de Crique Tigre, d’où l’augmen-tation de la concentration en fer dissous plus élevée que celle du manganèse dissous dans la carottede Crique Tigre (Figure 6.7 f et h) (Figure 6.14). Il est difficile de conclure sur l’accepteur d’électronpréférentiellement utilisé entre le fer et le manganèse dans le sédiment de Bois Blanc (Figure 6.14). Eneffet, dans les incubations de sédiment de Bois Blanc, la concentration en manganèse diminuait dès ladeuxième semaine et celle du fer à partir de la septième semaine (Figure 6.8 j). D’après Vandieken et al.(2006) la libération du Mn2+ et du Fe2+ lors de la dégradation de la matière organique est masquée pard’autres réactions comme la précipitation, l’adsorption et l’oxydation chimique ainsi les taux de réduc-tion de ces deux métaux sont généralement sous estimés (Canfield et al., 1993; Thamdrup et Canfield,1996; Glud et al., 2000; Thamdrup et al., 2000; Jensen et al., 2003).

Figure 6.14 – Schéma de la répartition verticale de l’origine de la MO et des processus ayant lieu lorsde la dégradation de la MO dans les sédiments de Bois Blanc et Crique Tigre.

Dans les incubations de Crique Tigre la concentration en fer dissous a été divisée par plus de troisentre les semaines 7 et 8 (Figure 6.8 i). Cette chute de concentration peut être due à l’oxydation du feravec comme accepteur d’électron le manganèse (Fe (II) + Mn (IV)→ Fe (III) + Mn (II), Postma (1985);Myers et Nealson (1988); Lovley et Phillips (1988) et Lovley (1991)). Cette chute peut aussi être due à uneadsorption du Fe (II) sur les sulfures (Thamdrup et al., 1994; Wallmann et al., 1993) ou une précipitationdans des carbonates (Berner, 1981; Aller et al., 1986; Rude et Aller, 1989). D’autres chutes ponctuelles dela concentrations en fer dissous ont été observées dans les incubations de sédiment de Crique Tigre, ellessont synchrones du pic de méthanogenèse (Figure 6.8), ainsi les différentes diminutions de la concentrationen fer dissous peuvent être liées à une compétition pour le substrat entre les bactéries méthanogènes etles bactéries réductrices du fer (Lovley, 1991, 1995). Le pic de fer extractible à l’ascorbate observé à 2cm de profondeur dans le sédiment de Crique Tigre peut être interprété comme la signature de la boucled’oxydoréduction. La boucle d’oxydoréduction a été observée dans de nombreux lacs où le fond de lacolonne d’eau est oxygénée (Robbins et Callender, 1975; Matisoff et al., 1981; Davison, 1982; Löfgrenet Boström, 1989; Wersin et al., 1991; Hamilton-Taylor et Davison, 1995). D’après les profils d’oxygèneobservés en zone pélagique (Chapitre 4, Annexe B) il est fort probable que la colonne d’eau en Crique

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Tigre ait été occasionnellement oxygénée jusqu’au fond, le Fe2+ qui diffusait depuis le sédiment dans lacolonne d’eau a été oxydé en Fe3+ qui a sédimenté.

6.3.3.2 Des troncs d’arbres ennoyés

Les incubations d’arbres mettent en évidence trois phases (Figure 6.9). La première phase (Semaines 0à 7 inclues) peut être assimilée à une phase de réduction des principaux accepteurs d’électron, la secondephase (Semaines 8 à 14 inclues) correspond au pic de CO2 et la troisième phase (> 15ème semaine inclue)se caractérise par une diminution des taux de production de CO2.

Figure 6.15 – Évolution temporelle de l’utilisation des accepteurs d’électron lors de la dégradation dela MO de la poudre de troncs d’arbre incubée en conditions anaérobies.

Dans les incubations d’Eperua falcata ennoyé et vivant, l’augmentation lente des concentrations enfer et manganèse dissous suggèrent que ce ne sont pas les principaux accepteurs d’électrons pendant cettephase (Figure 6.9 e et g, Figure 6.15). Pendant la seconde phase l’augmentation de la concentration enfer dissous est supérieure à celle de la première phase alors que celle du manganèse dissous est inférieure,le fer semble être l’un des principaux accepteurs d’électron lors de cette seconde phase (Figure 6.15).Dans les incubations de Sterculia foetida vivant (Figure 6.9 f et h), la réduction du fer (III) sembleprévaloir sur celle du Mn (IV) pendant la première phase (Figure 6.15). Les concentrations en fer eten manganèse dissous variant peu pendant la seconde phase des incubations de Sterculia foetida vivant,d’autres accepteurs d’électron sont probablement utilisés (NO−

3 , SO2−4 , Figure 6.15). Dans les incubations

de Sterculia foetida ennoyé (Figure 6.9 f et h), la réduction du Mn (IV) semble prévaloir sur celle duFer (III), celle du manganèse se poursuit plus lentement pendant la seconde phase, un autre accepteurd’électron semble donc aussi être utilisé à partir de la semaine 7 (Figure 6.15). Le fer et le manganèseétant utilisés dès les premières semaines d’incubation, l’utilisation des accepteurs d’électron lors de ladégradation de la MO de la poudre d’arbre n’est pas séquentielle (Figure 6.15). À l’exemple de sédiments,il est probable que l’utilisation des accepteurs d’électron soit fonction des concentrations de ces accepteurs(Jørgensen, 1982).

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6.3.4 La MO des sédiments et la MO ennoyée en 1994 : des sources de carbone,d’azote et de GES dans le lac de Petit Saut

6.3.4.1 Les sédiments et les sols inondés

La variation du δ13C-CO (+ 1,4 h, Tableau 6.4) pendant les 16 premières semaines d’incubation dusédiment de Crique Tigre est du même ordre de grandeur que celle observée par Gälman et al. (2009)lors de la phase initiale de la dégradation de la MO de sédiments (0,4 - 1,5 h), de plus le δ15N-Nchute pendant ces 16 premières semaines. Ces variations des δ13C-CO et δ15N-N mettent en évidenceque la fraction la plus labile de la MO qui a sédimenté (= phytoplancton) a été préférentiellementdégradée. D’après Gälman et al. (2009) les variations des δ13C-CO et δ15N-N lors de la poursuite de ladégradation de la MO sont très faibles. Dans les incubations de sédiment de Bois Blanc, l’absence devariation significative des δ13C-CO et δ15N-N confirme que la MO du sédiment de Bois Blanc contientune fraction plus importante de MO allochtone que de MO autochtone (phytoplancton) en comparaisonde celle de Crique Tigre ainsi sa dégradation s’accompagne de variations du δ13C-CO et du δ15N-N nonsignificatives car le pool de MO de ce sédiment est déjà largement constitué d’une MO dégradée (Zehnderet Svensson, 1986; Emerson et Hedges, 1988) dont la signature isotopique est déjà enrichie en 13C. Deplus, les taux de production moyens de CH4 et CO2 dans les incubations de Bois Blanc supérieurs àceux de Crique Tigre mettent en évidence que les taux de minéralisation de la zone de transition sontsupérieurs à ceux du lac (Cardoso et al., 2013). Comme mentionné par Cardoso et al. (2013) il sembleque nous puissions émettre l’hypothèse que « les plus forts taux de sédimentation de MO dans [...] lazone de transition compensent la faible dégradabilité de la MO allochtone, parce que, avec plus de MOdisponible dans le sédiment, plus de CO est apporté aux bactéries et champignons, ce qui promeut deforts taux de minéralisation dans ces zones ».

Les 5 premiers centimètres des sédiments du lac sont le lieu d’une intense dégradation de la MOqui sédimente. Dans le sédiment de Crique Tigre, le COP qui sédimente est rapidement dégradé enCOD d’où le pic sous la surface du sédiment alors qu’en Bois Blanc les forts taux de sédimentationfavorisent l’accumulation du COP au détriment de sa dégradation. Ainsi, dans le sédiment de BoisBlanc, les profondeurs où le COP commence à être plus dégradé qu’accumulé, et donc les profondeurscorrespondant au pic de COD, se situent plus profondément (4 cm) que dans le sédiment de Crique Tigre(0,5 cm) (Figure 6.5 c et i). Le pic plus faible de COD dans le sédiment de Bois Blanc peut être lié àune diffusion plus rapide du COD vers la colonne d’eau en raison de l’existence d’une section fluide dansles cinq premiers centimètres du sédiment de Bois Blanc (Figure 6.4 b et c). De plus, en Crique Tigrela MO des cinq premiers centimètres est essentiellement constituée de phytoplancton (cf 6.3.2), elle estdonc très labile d’où le fort pic de COD sous la surface du sédiment (Tremblay et al., 2004; Sobek et al.,2009).

La dégradation de la MO est aussi source de CH4 et de CO2 (Figure 6.5, Figure 6.8). Ces deux gazsemblent être principalement produits sous 5 cm de profondeur, ils diffusent depuis la base du sédimentvers la colonne d’eau (Figure 6.5 a, b, g et h, Figure 6.14). Dans les incubations de sédiment de CriqueTigre, la phase du pic de méthanogenèse est arrivée trois semaines plus tard que dans celles de Bois Blanc(Figure 6.8 a et b), les bactéries méthanogènes étaient probablement en compétition avec les bactériesdénitrifiantes pour le substrat H2 en présence de NO−

3 (Balderston et Payne, 1976; Boon et Mitchell,1995; Scholten et Stams, 1995; Klüber et Conrad, 1998; Liikanen et al., 2002; Scholten et al., 2002). EnCrique Tigre la dénitrification était uniquement source de N2 aucune production de N2O n’ayant été miseen évidence pendant la première phase des incubations (Figure 6.8 c). En Bois Blanc la dénitrificationne semble pas être une source significative de N2O car ce gaz n’était produit que les trois premièressemaines d’incubation (Figure 6.8 d). Dans les incubations de sédiment de Bois Blanc, l’augmentationlente de la concentration en fer dissous entre les semaines 0 et 1 peut être liée à une inhibition de laréduction du Fe (III) par la présence de NO−

3 (Sorensen, 1982), le Fe2+ serait ré-oxydé en Fe3+ par lesNO−

2 produits lors de la dénitrification qui a lieu ces premières semaines (Figure 6.8 d et h) (Yasuhikoet al., 1978).

156

6.3.4.2 Des troncs d’arbres vivants et ennoyés

Dans les incubations de poudre de troncs d’arbres, la faible diminution des rapports C/N et l’absenced’une tendance nette de l’évolution temporelle des δ13C-CO et δ15N-N confirme le caractère réfractairede la MO des troncs d’arbres ligneux (Campo et Sancholuz, 1998). L’absence de variation de la teneuren N dans la MO des incubations peut être liée à son immobilisation (Aber et Mellilo, 1982; Mooreet al., 2006). D’après Aber et Mellilo (1982) l’immobilisation de l’azote pendant la première phase dedégradation des feuilles est fonction de la quantité de lignine, plus celle-ci est importante plus l’azote estimmobilisé. L’immobilisation cesse lorsque la teneur en CO restante dans la MO est inférieure à 50 % dustock initial (Moore et al., 2006), ceci n’a pas pu être observé dans nos incubations puisque la teneur enCO dans la MO n’a pas diminué de plus de 5 %. Les poudres de troncs incubées sont pauvres en azoteet vraisemblablement riches en lignine ainsi il est probable que l’azote ait été immobilisé. L’absence devariation de la teneur en CO dans la MO des incubations d’Eperua falcata ennoyé peut être la signature(i) d’une MO réfractaire et/ou (ii) d’une précipitation du COD qui adsorbe le Fe2+ et le Mn2+ d’où unepréservation de la teneur totale en CO dans la MO (Lalonde et al., 2012; Barber et al., 2014). La faibleaugmentation des concentrations en fer et manganèse dissous dans les incubations semble s’accorder avecl’hypothèse d’une précipitation de COD. Dans de précédentes études sur la dégradation des feuilles uneaugmentation de la teneur en CO avait aussi été observée avant sa diminution (Shunula et Whittick,2001; Davis et al., 2003). L’absence de diminution nette de la teneur en CO dans la MO des incubationsd’Eperua falcata et Sterculia foetida vivants semble confirmer le caractère réfractaire de la MO incubée.

La dégradation de la MO de la poudre de troncs d’arbres vivants et ennoyés est source de CO2 maispas de CH4. Pour Eperua falcata, les taux de production de CO2 similaires entre le tronc ennoyé et letronc vivant mettent en évidence que l’état de dégradation d’Eperua falcata n’influence pas le taux deproduction de CO2. Pour Sterculia foetida l’état de dégradation du tronc est au contraire un facteurimportant puisque le plus fort taux de production de CO2 (1 500 nmol j−1 g−1) a été mesuré dans lesincubations de l’échantillon vivant, l’échantillon le moins dégradé à l’état initial. Les troncs ennoyés dansle lac de Petit Saut ne se dégradent pas tous à la même vitesse puisque leur taux de dégradation estfonction de la quantité de lignine présente lors de la mise en eau. Eperua falcata semble être plus riche enlignine que Sterculia foetida, son broyage avait en effet été plus fastidieux que celui de Sterculia foetida.

Les résultats des incubations d’arbres représentent la dégradation de la matière organique de poudred’arbre dans l’hypolimnion anoxique du lac. Bien que les taux de dégradation soit élevés et similaires àceux des sédiments (Tableau 6.5, Tableau 6.3) la quantité de poudre d’arbres présente dans la colonned’eau n’est probablement pas suffisamment élevée pour rendre cette source de CO2 significative parrapport aux autres sources (dégradation MO issue de la production primaire et sédiment/sols inondés).De plus les résultats de nos incubations ne sont pas extrapolables au tronc ligneux car la surface d’échangeoccasionnée par le format poudre a favorisé la dégradation de la MO. Les taux de production ont étécalculés à partir d’incubations anaérobies, c’est-à-dire modélisant l’hypolimnion anoxique du lac de PetitSaut, ces taux peuvent être différents dans l’épilimnion oxique (O2, température, bactéries). La faiblevariation du rapport C/N pendant nos incubations suggère que la dégradation des troncs ligneux, aumoins dans l’hypolimnion, est très lente (Martius, 1997; Abril et al., 2013). Les troncs ligneux ne semblentdonc pas être une source significative de gaz à effet de serre, du moins sous la surface de l’eau car audessus la dégradation des troncs par les termites est potentiellement une source importante de gaz àeffet de serre et notamment de CH4 (Abril et al., 2013).

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6.3.5 Bilans de carbone

6.3.5.1 Dans le lac de Petit Saut

À partir des données du chapitre 4 et des données présentées dans ce chapitre 6 nous avons tenté deréaliser un bilan de carbone du système Petit Saut près de 20 ans après sa mise en eau (Figure 6.17). Lesdonnées du chapitre 4 nous permettent d’estimer que 57 ± 1,4 Gg (C) an−1 ont été émis par la surfacedu lac (diffusion + ébullition) et 81 ± 3,5 Gg (C) an−1 ont été exportés en aval du lac via les turbines(Figure 6.17). Ainsi les apports par le bassin versant (44 ± 5,1 Gg (C) an−1, cf 6.3.1.3) représentent 32% du carbone émis (CH4, CO2) et exporté (CH4, CO2, COD, COP) par le lac. La matière organiqueautochtone, provenant de la production primaire, des sédiments et de la MO ennoyée en 1994 (sols etarbres inondés), est donc responsable des deux tiers du carbone émis (CH4, CO2) et exporté (CH4, CO2,COD, COP). Bien que la teneur en CO dans la MO ait diminuée dans les sols inondés (cf 6.3.2.1) ce sonttoujours des sources de CH4 et de CO2 (cf 6.3.4.1). La diminution de la production de CH4 et de CO2par les sols inondés en raison de l’épuisement du stock de CO (cf 6.3.2.1) a pu en partie être compenséepar la sédimentation de MO autochtone (production primaire) et allochtone (cf 6.3.2.1). Les donnéesdes pièges à particules positionnés au fond du lac nous ont permis d’estimer le taux de sédimentation decarbone :

Taux de sédimentation =p ∗%CO ∗ 0, 01 ∗ 365 jours

j ∗ πr2 (rappel de l’équation 4.2)

avec le taux de sédimentation en g (C) m-2 an-1, p le poids récolté en grammes, %CO la teneur en COdans la MO récoltée, r le rayon du tube du piège à particule (0,125 m) et j le nombre de jours de posedu piège.

En 2012 - 2013 le taux de sédimentation de carbone était de 63,6 ± 3,5 g (C) m−2 an−1 (Figure 6.16).Ce taux est largement supérieur à celui estimé par De Junet et al. (2009) (5,2 ± 0,9 g (C) m−2 an−1).La teneur en CO dans la MO récoltée dans le piège en 2003 n’était que de 8,5 % alors qu’en 2012 - 2013elle était de 11,6 ± 1,6 %. De plus le taux de sédimentation estimé en 2003 avait été calculé à partird’un piège positionné pendant seulement 48 jours. Le temps de pose plus long lors de notre étude (> 100jours) est favorable à l’accumulation d’une grande quantité de débris de végétaux riches en CO (> 40 %,Tableau 4.12). De plus, en 2003, aucun empoisonnement des pièges n’avait été mis en place (De Junetet al., 2009). En 2012 - 2013, la présence de sel dans nos pièges a limité le développement bactérien etdonc la dégradation de la MO récoltée. Enfin, en 2003, les mesures n’avaient été réalisées qu’en RocheGenipa alors qu’en 2012 - 2013 nos calculs concernent trois zones : une zone de transition du lac (SautKawenn), la zone de confluence des deux anciennes rivières (Deux Branches) et la zone proche du barrage(Roche Genipa) (Figure 3.3). La zone de transition n’avait donc pas été échantillonnée en 2003 or cettezone correspond à une zone de chute de la vitesse du courant de la rivière entrant dans le lac, elle estdonc propice à de forts taux de sédimentation (Cardoso et al., 2013; Pacheco et al., 2015). À Petit Sautla zonalité du taux de sédimentation semble être validée par les teneurs en CO et N dans la MO dusédiment de Bois Blanc supérieures à celles mesurées dans celle du sédiment de Crique Tigre (Figure 6.5d et j, Figure 6.6 b et g). Saut Kawenn étant située dans la zone de transition en saison humide et horsde cette zone en saison sèche (cf Chapitre 4), et aucun piège n’ayant été positionné en Bois Blanc, nousn’avons pas pu différencier quantitativement les taux de sédimentation des zones de transition et prochedu barrage. La comparaison des données de pièges de 2003 avec ceux de 2012 - 2013 met en évidencequ’il est probable que le taux de sédimentation de carbone calculé en 2003 ait été sous-estimé car (i) unepartie de la MO récoltée avait été dégradée avant la mesure de la teneur en CO en raison de l’absenced’empoisonnement, (ii) la sédimentation de débris végétaux n’avait pas été prise en compte à cause ducourt temps de pose des pièges et (iii) seule la zone proche du barrage avait été échantillonnée en 2003.En extrapolant le taux de sédimentation en carbone moyen (63,6 ± 3,5 g (C) m−2 an−1) calculé en 2012- 2013 à la surface totale du lac (365 km2) nous obtenons un taux de sédimentation de carbone de 23,2± 1,3 Gg (C) an−1. Ainsi, sur 19 ans on peut estimer que la quantité totale de carbone déposée seraitde 441 ± 24 Gg (C). Le stock de sédiment a été estimé à 580 ± 150 Gg C (cf 6.3.2.1). Nos estimations

158

du taux de sédimentation de carbone et du stock de carbone dans les sédiments sont du même ordre degrandeur. Ainsi les sédiments ne semblent pas avoir été beaucoup dégradés depuis leur dépôt.

La dégradation des sédiments, et des sols inondés, est source de CH4 et de CO2 (cf 6.3.4.1). Lesincubations de sédiments/sols inondés ont été réalisées à partir de l’ensemble de la carotte prélevée afinde calculer les quantités de carbone produites sous forme de CH4 et de CO2 lors de la dégradation de laMO des sédiments et des sols inondés. Dans un premier temps, nous avons calculer la densité moyennede la carotte sur 25 cm pour Crique Tigre et 15 cm pour Bois Blanc à partir des densités de chaquetranche de sédiment/sol inondé (g cm−3) et des épaisseurs des tranches (cm). Nous obtenons une densitémoyenne de 13 ± 1,6 Gg km−2 pour la carotte de Crique Tigre (25 cm) et de 2,5 ± 0,25 Gg km−2 pourla carotte de Bois Blanc. Les taux de production de CH4 et de CO2 calculés à partir des incubationsnous permettent de calculer la production en CH4 et CO2 dans les sédiments et sols inondés suivant laformule suivante :

Production de CO2 ou CH4 = Taux de production * d * MC * 365 jours * k (6.5)

avec la production de CO2 ou CH4 en g (C) m-2 an-1, le taux de production en nmol j-1 g-1, d ladensité moyenne des sédiments/sols inondés en Gg km−2 dans les 25 cm de Crique Tigre (13 ± 1,6 Ggkm-2) et les 15 cm de sédiment de Bois Blanc (2,5 ± 0,25 Gg km-2), MC la masse molaire du carbone(12 g mol-1) et k un facteur de conversion (10-6).

Les résultats sont reportés dans le Tableau suivant :

Bois Blanc Crique Tigre Lac de Petit Saut

CH41,13 ± 0,23 0,178 ± 0,07 0,653 ± 0,240 - 11,9 0 - 0,456

CO23,68 ± 0,42 4,54 ± 0,51 4,11 ± 0,660,017 - 21,0 0,010 - 8,88

Tableau 6.8 – Production de CH4 et CO2 calculée à partir des données des incubations des 25 premierscentimètres des sédiments/sols inondés prélevés en Bois Blanc et Crique Tigre (g (C) m−2 an−1).

Le CH4 et le CO2 produits dans les sédiments et les sols inondés diffusent vers la colonne d’eau. Pourcalculer ce flux, dit flux benthique, nous avons utilisé la loi de Fick :

Fsédiment - colonne = −Deff dCdz∗ k (6.6)

avec Fsédiment - colonne le flux benthique en g (C) m-2 an-1, Deff le coefficient de diffusion effectif dans lesédiment en m2 s-1, dC la différence de concentration en µmol L-1 entre le fond de la carotte de sédimentet l’eau au fond de la colonne d’eau, dz la différence de profondeur en mètres entre le fond de la carottede sédiment et la surface du sédiment et k un facteur de conversion (k = Mc ∗ 365 ∗ 10-3 avec Mc lamasse molaire du carbone (12 g mol-1)).

Les concentrations en CH4 et CO2 au fond de la colonne d’eau correspondent à la moyenne annuelledes concentrations au fond de la station correspondant à la carotte (Bois Blanc, Saut Kawenn, CriqueTigre Forêt et Crique Tigre Rivière). Pour Crique Tigre, puisque aucun profil vertical des concentrationsen CH4 et CO2 n’a été réalisé dans cette zone nous avons utilisé les données de Roche Genipa, stationla plus proche de la zone d’échantillonnage des carottes de Crique Tigre.

159

De plus, dans une roche saturée en eau (Yuan-Hui et Gregory, 1974) :

Deff = φ

θ2Dw (6.7)

avec φ la porosité sans unité, θ le facteur de sinuosité sans unité et Dw le coefficient de diffusion dansl’eau en m2 s-1.

Nous avons calculé une porosité moyenne pour chacune de nos carottes ainsi qu’un facteur de sinuositémoyen à partir de l’équation de Boudreau (1996) (θ2 = −0, 73φ+ 2, 17) déterminée pour des sédimentsà grains fins et non lithifiés. Enfin, nous avons utilisé les définitions de Guo et al. (2013) pour le CH4 etLu et al. (2013) pour le CO2 pour calculer Dw :

Dw = Do ∗ ( TTs− 1)m (6.8)

avec T la température moyenne dans le sédiment en kelvin que nous avons estimer être égale à cellemesurée au fond de la colonne d’eau et, pour le CH4 Do = 15,95 10-9 m2 s-1, Ts = 229,8 K et m =1,8769 et, pour le CO2 Do = 13,942 10-9 m2 s-1, Ts = 227,0 K et m = 1,7094.

Après calcul nous obtenons des flux diffusifs moyens de 2,32 ± 0,47 g (C-CH4) m−2 an−1 et 9,4 ±3,3 g (C-CO2) m−2 an−1 (Figure 6.16). De plus le CH4 et le CO2 quittent aussi le sédiment et les solsinondés via ébullition 0,004 ± 0,001 g (C-CO2) m−2 an−1 et 4,22 ± 1,2 g (C-CH4) m−2 an−1 (cf Chapitre4) (Figure 6.16).

Figure 6.16 – Bilan de carbone des sédiments et sols inondés du lac de Petit Saut (g (C) m−2 an−1).

D’après nos estimations, au total 6,54 ± 1,3 g (C-CH4) m−2 an−1 quittent les sédiments/sols inondésalors que seulement 0,653 ± 0,24 g (C-CH4) m−2 an−1 sont produits. De même, au total 9,40 ± 3,3g (C-CO2) m−2 an−1 quittent les sédiments/sols inondés alors que seulement 4,11 ± 0,66 g (C-CO2)m−2 an−1 sont produits (Figure 6.16). Nos calculs se basent sur l’incubation de seulement 15 cm pourle sédiment de Bois Blanc et 25 cm pour celui de Crique Tigre dont 10 cm de sédiment et 15 cm desols inondés. Nos incubations ne rendent donc probablement pas compte des productions de CH4 etde CO2 ayant réellement lieu dans les sols inondés. Les concentrations en CH4 et CO2 étaient plusélevées au fond des carottes que dans les premiers centimètres (Figure 6.5) ainsi la production dans lessols inondés est probablement supérieure à notre estimation. Outre la quantité de sols inondés incubée,vraisemblablement non représentative de l’ensemble des sols inondés présents au fond du lac de PetitSaut, il est probable que les productions de CH4 et CO2 aient été sous-estimées car elles se basent surdes données de sédiment de zone pélagique. La teneur en CO dans les sédiments de zone littorale estprobablement supérieure à celle mesurée dans les sédiments de la zone pélagique (cf Chapitre 4).

160

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2.

161

La zone de forte ébullition observée en Crique Plomb appuie en effet l’hypothèse de zone littoralecontenant de grandes quantités de CO et donc source de grandes quantités de GES et notamment de CH4émis par ébullition. L’échantillonnage de carottes de sédiments/sols inondés dans la zone littorale du lacpermettraient de vérifier l’hypothèse de taux de production de GES plus élevés qu’en zone pélagique.

Les résultats des incubations de poudre de troncs suggèrent que les troncs d’arbres présents sous lasurface de l’eau se dégradent lentement (Martius, 1997; Campo et Sancholuz, 1998), ils ne sont donc pasdes sources significatives de CO2 dans la colonne d’eau (cf 6.3.4.2) (Figure 6.17). Lors de notre étudenous n’avons pas pu estimer les taux de dégradation en conditions aérobies afin de déterminer si ladégradation des troncs situés au dessus du niveau de l’eau était une source significative de CH4 et deCO2. De nombreuses termitières peuvent être observées sur les troncs et les branches situées au dessusdu niveau de l’eau, elles sont les témoins de la dégradation de la biomasse ligneuse située au dessus duniveau de l’eau. D’après Abril et al. (2013) la dégradation des troncs situés au dessus du niveau de l’eauconstituerait une importante source additionnelle de CH4 et de CO2 qui, sur 100 ans, contribuerait à 26- 45 % des émissions totales à Petit Saut.

Si on extrapole à la surface moyenne totale du lac de Petit Saut en 2012 - 2013 (334 km2), on obtientque, en moyenne, au moins 21,3 ± 1,2 Gg (C-COP) an−1 sédimentent, au moins 0,218 ± 0,11 Gg (C-CH4)an−1 et 1,37 ± 0,10 Gg (C-CO2) an−1 sont produits dans les 25 premiers centimètres de sédiments/solsinondés, au moins 0,773 ± 0,16 Gg (C-CH4) an−1 et 3,14 ± 1,11 Gg (C-CO2) an−1 diffusent depuis lessédiments/sols inondés (Figure 6.17), et 0,557 ± 0,16 Gg (C-CH4) an−1 et 0,001 ± 0,0001 Gg (C-CO2)an−1 quittent les sédiments/sols inondés de la zone littorale du lac (132 km2) dans des bulles. L’apportde CO2 lors de la dégradation des troncs d’arbres ennoyés est négligeable. Ainsi, le bilan de carboneréalisé sur le lac de Petit Saut près de 20 ans après la mise en eau met en évidence que la principalesource de CH4 et de CO2 dans le lac de Petit Saut est la MO autochtone contenue dans les sols inondéset les sédiments. Le COP allochtone et le COP autochtone issus de la production primaire sont aussides sources indirectes de CH4 et de CO2 puisque le COP apporté par les rivières ou produit lors dela production primaire peut sédimenter. D’après nos calculs, la quantité de carbone qui a sédimentédepuis 1994 est du même ordre de grandeur que le stock de carbone dans les sédiments. Cette estimationsuggèrent que les sédiments seraient plus des pièges que des sources de carbone. La mesure des taux deproduction en CH4 et CO2 dans les sédiments valident l’hypothèse que les sédiments sont des sources deCH4 et de CO2 et que la dégradation du carbone qui sédimente est faible devant son taux d’accumulation(Figure 6.16). Ainsi les sols inondés semblent toujours être la principale source de CH4 et de CO2 aufond de la colonne d’eau du lac. La matière organique autochtone, et notamment les sols inondés, estdonc toujours la principale source de CH4 et CO2 dans le lac de Petit Saut. Des incubations de solsinondés seuls, prélevés par carottage sous les sédiments du lac, permettraient de valider l’hypothèsed’une production de CH4 et de CO2 plus élevée dans les sols inondés que dans les sédiments déposésaprès 1994.

6.3.5.2 En aval du lac de Petit Saut

Les mesures réalisées en aval du fleuve nous ont permis de calculer que 81 ± 3,5 Gg (C) an−1 sontapportées au fleuve en aval du barrage dont 7 % de CH4, 36 % de CO2, 39 % de COD et 8 % sous formede COP, le reste étant du HCO−

3 (Abril et al., 2005) (Figure 6.17). La chute des concentrations en CH4et CO2 dans les 800 premiers mètres du fleuve nous a permis de calculer les dégazages de ces deux gaz(cf Chapitre 4) et la quantité de carbone réellement transférée au fleuve en aval du barrage, elle est de70 ± 4,3 Gg (C) an−1, ainsi 14 % du carbone apporté en aval du barrage a dégazé dans les premiers 800mètres.

L’effet de la marée ne nous permet pas d’utiliser les données de concentration mesurées à 36,5 kmpour estimer l’export de carbone à l’océan, cependant les incubations réalisées à partir d’eau aval et lesflux diffusifs calculés en surface des premiers 40 kilomètres nous permettent de réaliser une estimation

162

de la quantité de carbone exportée (Figure 6.18). Pour le CH4 l’export est égal aux apports dans lespremiers 40 kilomètres (2,3 ± 0,37 Gg (C) an−1) moins ce qui a été oxydé (0,46 ± 0,20 Gg (C) an−1)et émis par diffusion (0,689 ± 0,09 Gg (C) an−1) soit 1,2 ± 0,43 Gg (C) an−1 (CH4, Figure 6.18). Pourle CO2 l’export est égal à ce qui a été apporté (23 ± 1,6 Gg (C) an−1) plus ce qui a été produit (5,9± 1,8 Gg (C) an−1) moins ce qui a diffusé (9,6 ± 0,21 Gg (C) an−1) soit 19 ± 2,4 Gg (C) an−1 (CO2,Figure 6.18). Pour le COD l’export est égal à ce qui a été apporté (29 ± 3,9 Gg (C) an−1) plus ce quia été produit (0,293 ± 0,09 Gg (C) an−1) moins ce qui a été dégradé (3,2 ± 1,3 Gg (C) an−1) soit 26± 4,1 Gg (C) an−1 (COD, Figure 6.18). Enfin pour le COP nous considérons que la sédimentation dansles 40 premiers kilomètres est négligeable car les temps de résidence des eaux sont très courts en aval dubarrage en raison des forts débits imposés par l’usine hydroélectrique ainsi le COP qui est exporté estégal à ce qui a été apporté (6,4 ± 0,58 Gg (C) an−1) moins ce qui a été dégradé (2,3 ± 2,2Gg (C) an−1)soit 4,1 ± 2,3 Gg (C) an−1 (COP, Figure 6.18).

Ainsi environ 58 ± 5,3 Gg (C) an−1 sont exportées vers l’Océan Atlantique dont 33 % de CO2, 45% de COD et 7 % de COP, le reste étant du CH4 et de l’HCO−

3 (Figure 6.17). L’export de carbone versl’Océan Atlantique serait donc 30 % plus élevé qu’avant la mise en eau (= apports rivières amont, Figure6.17). De plus les eaux exportées vers l’océan sont plus riches en carbone inorganique, CH4 et CO2, etplus pauvres en carbone organique, COD et COP, que les eaux de la rivière Sinnamary en amont du lac(cf 6.3.1.3). Entre l’amont et l’aval du lac, la diminution des concentrations en COD et COP est liée àl’augmentation du temps de résidence des eaux dans le lac qui ralentit le transfert de la MO vers l’aval etstimule la dégradation de la MO et sa sédimentation. La production primaire (45 ± 31 Gg (C) an−1) nesemble donc pas suffisante pour pallier au ralentissement du transfert (temps de résidence = 4,3 mois)et au fort taux de sédimentation (21,3 ± 1,2 Gg (C) an−1) du COP. La dégradation de la MO permet lemaintien d’un hypolimnion, de sédiments et de sols inondés anoxiques favorables à la production de CH4et de CO2 d’où des concentrations élevées en aval du barrage. De plus les concentrations en CO2 plusélevées en aval du barrage qu’en amont du lac sont liées à une production de CO2 due à la dégradationde la MO apportée par le lac (cf Chapitre 4). La mise en place d’un lac a donc modifié la quantitéet la qualité du carbone exporté vers l’océan en modifiant les processus qui avaient lieu dans le fleuveSinnamary avant la mise en eau. La mise en place du lac s’accompagne d’une diminution de l’export ducarbone organique (COD, COP), qui est dégradé et/ou séquestré dans le lac et dégradé dans le fleuve,et d’une augmentation de l’export du carbone inorganique, qui est produit dans le lac (CH4 et CO2) etdans le fleuve (CO2).

Les débits du fleuve en aval présument que le taux de sédimentation est faible en aval du barrage,cependant le fleuve Sinnamary n’étant pas rectiligne il est probable que de la MO sédimente en certainspoints du fleuve. Cette sédimentation est probablement non négligeable au delà de 40 kilomètres dubarrage où le fleuve devient plus large et où les débits semblent être plus faibles en raison de l’effet dela marée dynamique plus fort sur cette seconde section du fleuve.

Les concentrations en CH4 élevées mesurées à 36,5 km du barrage et le maintien de fortes concen-trations en CO2 le long du fleuve suggèrent que l’ensemble du fleuve est impacté par la mise en placedu barrage de Petit Saut. L’effet de la marée dynamique accentue l’impact du barrage en ralentissantle transfert du carbone. Il est difficile de conclure sur les 40 derniers kilomètres du fleuve, car ils sontaussi sous l’influence des apports de la ville de Sinnamary, des mangroves et de l’estuaire et seulementdeux stations ont été échantillonnées quatre fois au cours de nos campagnes de terrain. Cependant il estprobable que les émissions de cette seconde section du fleuve soient majoritairement dues à la présencedu barrage en amont. Une étude plus approfondie de cette seconde section du fleuve Sinnamary en avaldu barrage de Petit Saut semble nécessaire pour déterminer plus précisément la zone d’influence dubarrage et ainsi déterminer quelle part des émissions du second tronçon de fleuve doit être intégrée auxémissions de carbone du système de Petit Saut.

163

6.3.6 Bilan d’azote

6.3.6.1 Dans le lac de Petit Saut

À partir des données du chapitre 5 et des données présentées dans ce chapitre 6 nous avons tentéde réaliser un bilan d’azote du système Petit Saut près de 20 ans après sa mise en eau (Figure 6.19).Les données du chapitre 5 nous permettent d’estimer que 6,3 ± 0,04 Mg (N) an−1 ont été émis par lasurface du lac (diffusion + ébullition) et 1 600 ± 150 Mg (N) an−1 ont été exportés en aval du lac viales turbines (Figure 6.19). Ainsi les apports par le bassin versant (1 000 ± 160 Mg (N) an−1, cf 6.3.1.3)représentent 62,5 % de l’azote émis (N2O) et exporté (N2O, NH+

4 , NO−3 , NO−

2 , NP) par le lac. Lamatière organique autochtone, provenant de la production primaire, des sédiments et de la MO ennoyéeen 1994, est donc responsable de seulement un tiers de l’azote émis (N2O) et exporté (N2O, NH+

4 , NO−3 ,

NO−2 , NP). L’azote allochtone, qu’il soit organique ou inorganique, est donc la principale source d’azote,

organique ou inorganique, dans le lac de Petit Saut.

Les pièges à particules positionnés au fond de la colonne d’eau nous ont permis d’estimer le taux desédimentation de l’azote dans le lac de Petit Saut, il est de 4,47 ± 0,35 g (N) m−2 an−1 (cf équation 4.2).En extrapolant à la surface totale du lac de Petit Saut (365 km2) nous obtenons un taux de sédimentationd’azote de 1 630 ± 130 Mg (N) an−1. Ainsi sur 19 ans environ 31,0 ± 2,4 Gg (N) se seraient accumulésau fond de la colonne d’eau du lac. Le stock déterminé dans les sédiments à partir de nos carottes étantde 43 ± 12 Gg (N), comme observé pour le carbone, les sédiments du lac semblent plus être un piègequ’une source d’azote.

L’azote qui sédimente et l’azote des sols inondés n’est pas une source significative de N2O en zonepélagique, le N2O émis en surface du lac est principalement produit au niveau de l’interface oxique -anoxique (cf Chapitre 5). Le bilan d’azote a été réalisé à partir de données de la zone pélagique ainsi ilne prend pas en compte le N2O potentiellement produit dans les sols inondés de la zone de marnage (cfChapitre 5). De plus la production de NH+

4 dans les sédiments et les sols inondés n’a pas pu être mesuréelors de notre étude cependant les concentrations en NH+

4 mesurées dans les sédiments et les sols inondésvalident l’hypothèse d’une source de NH+

4 au fond de la colonne d’eau du lac. Le flux benthique de NH+4

estimé à partir des carottes de sédiments de Bois Blanc et de Crique Tigre, du coefficient de diffusiondu NH+

4 dans l’eau (Dw = 19,8 10−6 cm2 s−1 à 25 °C, Yuan-Hui et Gregory (1974)) et de la loi de Fickdans les sédiments (cf équations 6.6 et 6.7) est notamment de 1,58 ± 0,21 g (N) m−2 an−1. Le N2O étantvraisemblablement produit lors de la nitrification du NH+

4 au niveau de l’interface oxique - anoxique dela colonne d’eau et le NH+

4 provenant vraisemblablement de la dégradation de la MO des sédiments etdes sols inondés, les sédiments et les sols inondés sont des sources indirectes de N2O. La contribution dessols inondés a vraisemblablement diminué depuis leur mise en eau (Abril et al., 2005) mais les apportsd’azote via la sédimentation de MO compensent en partie la diminution du stock d’azote dans les solsinondés en 1994.

Nous n’avons pas pu déterminer si les troncs d’arbres ennoyés étaient des sources significatives d’azotelors de leur dégradation cependant les résultats des incubations nous ont permis de mettre en évidenceque les troncs d’arbres ennoyés constituaient plutôt un piège d’azote organique sur le long terme (Campoet Sancholuz, 1998).

Si on extrapole à la surface moyenne totale du lac de Petit Saut en 2012 - 2013 (334 km2), onobtient que, en moyenne, au moins 1 490 ± 120 Mg (N-NP) an−1 sédimentent, au moins 529 ± 70Mg (N-NH+

4 ) an−1 diffusent depuis les sédiments/sols inondés (Figure 6.19), et 0,0003 ± 0,0002 Mg(N-N2O) an−1 quittent les sédiments/sols inondés de la zone littorale du lac (132 km2) dans des bulles.Ces résultats ne prennent pas en compte une éventuelle variation spatiale du flux benthique de NH+

4entre les zones littorale et pélagique et l’existence d’un flux benthique de N2O dans la zone de marnagedu lac. L’échantillonnage de sédiments et de sols inondés dans les zones littorales et de marnage estnécessaire pour valider l’hypothèse d’une production de NH+

4 supérieure dans les sédiments/sols inondés

164

de la zone littorale et l’existence d’une forte production de N2O dans les sédiments/sols inondés de lazone de marnage.

Figure 6.18 – Bilan de carbone du CH4, du CO2, du COD et du COP dans les 40 premiers kilomètresdu fleuve en aval et export de carbone à l’océan.

165

Le NP allochtone, qui lors de sa dégradation dans la colonne d’eau et les sédiments est source deNH+

4 qui diffuse vers la surface et est nitrifié au niveau de l’interface oxique - anoxique, semble en effetêtre une source indirecte de N2O. De plus le NO−

3 allochtone, consommé par le phytoplancton et doncintégré dans la biomasse (NP), serait aussi une source indirecte de N2O. Près de 20 ans après la mise eneau, bien que, une partie du NH+

4 nitrifié proviennent des sédiments et des sols inondés et qu’une partiedu N2O émis en surface du lac soit vraisemblablement produite dans les sédiments et les sols inondés dela zone littorale, la principale source de N2O serait allochtone.

6.3.6.2 En aval du barrage de Petit Saut

En aval du barrage, les émissions de N2O par les premiers 800 mètres sont sous estimées en raisond’une production de N2O dans ce premier tronçon du fleuve. Nous n’avons pas pu réaliser d’incubationsaérobies des eaux relarguées en aval du barrage, ainsi nous ne connaissons pas les taux de production deN2O et donc le dégazage réel de N2O en aval du barrage de Petit Saut. La réalisation de ces incubationsest nécessaire afin d’identifier les processus sources de N2O (nitrification ou nitrification - dénitrification,cf Chapitre 5). Les données en aval du barrage nous permettent d’estimer que environ 1 300 ± 110 Mg(N) an−1 sont apportés aux premiers 40 kilomètres du fleuve en aval du barrage dont 61 % de NH+

4 et 38% de NP (Figure 6.19). La réalisation d’incubation des eaux du fleuve permettraient de déterminer lestaux d’oxydation du NH+

4 , de production de NO−3 et de valider l’hypothèse qu’une partie du NP apporté

est source de NH+4 .

L’effet de la marée ne nous permet pas d’utiliser les données de concentration mesurées à 36,5 kmpour estimer l’export d’azote à l’Océan Atlantique cependant les émissions de N2O constituant une faibleperte d’azote (0,27 ± 0,04 Mg (N) an−1) et la sédimentation du NP étant probablement faible dans lespremiers 40 kilomètres du fleuve en aval du barrage, il est probable que l’export d’azote vers l’océan soitproche de la quantité d’azote apportée dans le fleuve (1 300 ± 110 Mg (N) an−1, Figure 6.19). L’exportd’azote vers l’Océan Atlantique serait donc 20 % plus élevé que celui avant la mise en eau (= rivières enamont, Figure 6.19). De plus, dans le fleuve en aval du barrage, les espèces majoritaires sont le NH+

4 (61%) et le NP (38 %) alors que en amont du lac les espèces majoritaires étaient le NO−

3 (36 %) et le NP(58 %) (Tableau 6.7). Les eaux exportées en aval du barrage sont plus riches en NH+

4 et plus pauvresen NO−

3 et NP que les eaux de la rivière Sinnamary en amont du lac (cf 6.3.1.3). L’augmentation de laconcentration en NH+

4 est due à l’augmentation du temps de résidence qui a permis la mise en place d’unhypolimnion anoxique où le NP est dégradé d’où une production de NH+

4 importante qui n’est pas oxydédans ces eaux non oxygénées. Collos et al. (2001) estime en effet que la régénération de l’ammonium estimportante dans le lac de Petit Saut (460 ± 220 Gg (N) an−1). L’augmentation du temps de résidencedes eaux dans le lac après la création du barrage a ralenti le transfert du NP et favorisé sa dégradationet séquestration dans le lac. La diminution de la concentration en NO−

3 entre le Sinnamary amontet le Sinnamary aval est due (i) à sa consommation dans l’épilimnion par le phytoplancton qui s’estdéveloppé dans ces eaux moins turbulentes que les eaux de la rivière Sinnamary, et à (ii) sa réductiondans l’hypolimnion anoxique. La mise en place d’un lac a donc modifié la quantité et la qualité d’azoteexporté vers l’océan en modifiant les processus qui avaient lieu dans le fleuve Sinnamary avant la miseen eau. La mise en place du lac s’accompagne d’une diminution de l’export de l’azote organique (NP)qui est dégradé et/ou séquestré dans le lac, et d’une modification de la forme majoritaire de l’azoteinorganique qui est dorénavant le NH+

4 en aval du barrage.

Une partie du NH+4 apporté par le barrage est oxydée dans les eaux oxygénées du fleuve d’où une

production de NO−3 et de N2O (Chapitre 5). Cependant les 40 premiers kilomètres du fleuve en aval du

barrage ne semblent pas suffisants pour oxyder les 793 ± 100 Mg (N-NH+4 ) an−1 apportés par le barrage,

notamment parce que du NH+4 semble être produit dans le fleuve lors de la dégradation du NP apporté

par le barrage. Comme pour le carbone il est difficile de conclure sur les 40 derniers kilomètres du fleuvecar ils sont sous l’influence des apports de la ville de Sinnamary, des mangroves et de l’estuaire.

166

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167

Cependant il est probable que l’ensemble du fleuve soit sous l’influence des apports du barrage etnotamment parce que le transfert des eaux est ralenti par l’effet de la marée dynamique. Les proportionsde chaque espèce restent donc différentes de celles dans la rivière en amont du lac ainsi les quantités denitrates apportées à l’océan sont plus faibles que celles des rivières naturelles.

6.3.7 Cycle de vie du barrage de Petit Saut

Pour la comparaison des émissions de Petit Saut sur 100 ans avec les émissions des autres alternativesthermiques, nous n’avons pas considéré les émissions de N2O car le jeu de données pour ce gaz est troprestreint (cette étude et Guérin et al. (2008b)). De plus la première étude n’a pas quantifié l’ensembledes émissions de N2O ainsi il nous est difficile de tracer une évolution temporelle des émissions de N2O.Les valeurs données ne considéreront donc que le CH4 et le CO2. Les facteurs d’émission des autresalternatives thermiques ont été calculés avec un pouvoir de réchauffement de 25 pour le CH4 (IPCC,2011). Nous avons donc réalisé le calcul du facteur d’émission du barrage de Petit Saut pour les deuxpouvoirs de réchauffement du CH4 (= 25, IPCC (2007) ; = 34, IPCC (2013)) afin de pouvoir comparerPetit Saut aux autres alternatives thermiques (IPCC, 2011) et afin de donner le facteur d’émission réelde Petit Saut d’après le pouvoir de réchauffement du CH4 actualisé (IPCC, 2013). Dans un premiertemps nous avons déterminé l’équation de la diminution des émissions à partir des bilans d’émissions deAbril et al. (2005) entre 1994 et 2003 et à partir du bilan d’émissions de 2012 - 2013.

Pour un PRG du CH4 égal à 25 :

Émission annuelle = (5320± 578− 348± 329)e−0,2583±0,064∗Âge du barrage − 348± 329 (6.9)

Sur 20 ans on obtient un total d’émission brutes de 24 200 ± 2 100 Gg (CO2eq). Avant la mise en eaules émissions de CH4 étaient de 32 - 106 Gg (CO2eq) an−1. Ainsi sur 20 ans les émissions nettes totalessont comprises entre 22 100 et 23 600 Gg (CO2eq). À l’âge de 20 ans le système de Petit Saut émet donctoujours plus de GES que les centrales thermiques à charbon (20 000 Gg (CO2eq)) alors que Delmas et al.(2001) avaient prévu que les émissions de Petit Saut seraient à peu près égales à celles d’une centralethermique à charbon en fonctionnement depuis 20 ans. La production annuelle à Petit Saut est de 560GWh soit 11 200 GWh sur 20 ans. Nous obtenons un facteur d’émission nette de 2 040 ± 47 g (CO2eq)kWh−1.

Pour un cycle de vie (100 ans) on obtient un total d’émission de 58 100 ± 20 000 Gg (CO2eq) soit untotal d’émissions nettes (CH4 + CO2) compris entre 47 500 et 54 900 Gg (CO2eq). À l’âge de 100 ansle système de Petit Saut aura donc émis légèrement moins de carbone (CH4 + CO2) que les centralesthermiques à gaz (65 000 Gg (CO2eq)) comme l’avait prévu Delmas et al. (2001). La production annuelleest de 560 GWh soit 56 000 GWh sur 100 ans. Nous obtenons un facteur d’émission nette de 914 ± 47 g(CO2eq) kWh−1 (Figure 6.20). Sur 100 ans, le facteur d’émission de Petit Saut est donc supérieur à celuides centrales thermiques utilisant le gaz naturel et du même ordre de grandeur que celui des centralesthermiques au pétrole et charbon (Figure 6.20).

Pour un PRG du CH4 égal à 34 :

Émission annuelle = (6770± 772− 423± 410)e−0,2697±0,068∗Âge du barrage − 423± 410 (6.10)

Sur 20 ans on obtient un total d’émission brutes de 29 500 ± 2 100 Gg (CO2eq). Avant la mise en eau lesémissions de CH4 étaient de 32 - 106 Gg (CO2eq) an−1. Ainsi sur 20 ans les émissions nettes totales sontcomprises entre 26 600 et 28 600 Gg (CO2eq). Nous obtenons un facteur d’émission nette de 2 470 ±63 g (CO2eq) kWh−1. Pour un cycle de vie (100 ans) on obtient un total d’émission de 70 200 ± 20 000Gg (CO2eq) soit un total d’émissions nettes (CH4 + CO2) compris entre 55 800 et 65 800 Gg (CO2eq).Nous obtenons un facteur d’émission nette de 1 086 ± 63 g (CO2eq) kWh−1 (Figure 6.20).

Les facteurs d’émissions obtenus ne prennent pas en compte les émissions de N2O puisque nousn’avons pas pu estimer leur évolution temporelle ainsi ils sont probablement plus faibles que les facteursd’émissions nettes réels car les émissions de N2O avant la mise en eau étaient importantes à Petit Saut

168

(37 - 86 Gg (CO2eq) an−1, Delmas et al. (2001)). De plus les facteurs d’émissions calculés comprennentles émissions de CO2 issu de la dégradation de la MO des rivières en amont du lac de Petit Saut orces émissions correspondent à des émisisons anté-retenue ainsi elles devraient être soustraites au biland’émissions.

Figure 6.20 – Éstimations des émissions de gaz à effet de serre sur un cycle de vie des différentesvoies de production d’énergie (g CO2eq kWh−1) (D’après IPCC (2011)). Les étoiles correspondent ausystème Petit Saut (Lac + Fleuve en aval) pour 100 ans d’émissions de CH4 et de CO2. Les chiffres desalternatives thermiques ont été calculés avec un PRG du CH4 égal à 25 ainsi le facteur d’émission dePetit Saut avec un PRG du CH4 égal à 34 est donné à titre indicatif. Le facteur d’émission calculé neprend pas en compte les émissions de N2O, les émissions par les arbres situés au dessus du niveau del’eau, les émissions de la zone de marnage et les émissions dues à la construction du barrage.

La diminution des émissions prévues par Delmas et al. (2001) ne semble donc pas aussi rapideque prévue. Le stock de MO ennoyée a bien diminué cependant il a en partie été compensé par lasédimentation de MO. L’évolution du stock de carbone ennoyé a été estimé par Abril et al. (2005) :

Carbone restant (Mt C) = 1, 8e−0,275∗âge + 2, 44e−0,031∗âge + 5, 858 (6.11)

En 2013, d’après cette équation, le stock de carbone restant devrait être de 5 880 Gg (C). Nousavons estimé que le stock de carbone restant dans les sols inondés pourrait être de 1 570 Gg (C) (cf6.3.2.1) et que celui dans les arbres inondés pourrait être de 3 570 Gg (C) (cf 6.3.2.2). Ainsi au totalil resterait 5 140 Gg (C), ceci signifie que 3 680 Gg (C) auraient été dégradés en 19 ans. D’après Abrilet al. (2005), 1 800 Gg (C) ont été dégradés les 2,5 premières années ayant suivies la mise en eau et2 400 Gg (C) de plus devraient être dégradés avant que le barrage n’atteigne l’âge de 23 ans soit 4200 Gg (C) dégradés en 23 ans. Notre estimation est proche de celle de Abril et al. (2005) et confirme,avec les résultats des incubations d’arbres, l’hypothèse que le reste de la MO ennoyée en 1994 va sedégrader lentement (90 % du reste en 64 ans). Ainsi la diminution des émissions plus lente que celleprévue par Delmas et al. (2001) n’est pas liée à une dégradation plus lente de la MO ennoyée mais à

169

des apports de MO par sédimentation probablement plus importants que ceux prévus initialement. Deplus l’estimation de l’évolution des émissions proposée par Delmas et al. (2001) repose sur des mesuresd’émission qui sous-estimaient l’ébullition du CH4, alors que cette voie d’émission contribue à la moitiédes émissions par le lac, et de plus les émissions étaient probablement sous-estimées car elles provenaientde l’extrapolation des flux diffusifs à partir de la zone pélagique or les flux diffusifs dans cette zone dulac sont inférieurs à ceux de la zone littorale (cf Chapitre 4). Les émissions de CH4 et de CO2 devraientà peu près se stabiliser lorsque le stock de MO ennoyée dans les sols inondés aura été totalement épuiséet que le CH4 et le CO2 seront principalement produits lors de la dégradation dans la colonne d’eau etles sédiments de la MO issue de la production primaire et du bassin versant. D’après l’équation 6.10cette stabilisation devrait être atteinte lorsque le barrage aura plus de 30 ans, les émissions annuellesde CH4 et de CO2 seraient alors inférieures à 425 Gg (CO2eq) an−1. Les émissions diminueront encorelégèrement en raison de la dégradation plus lente de la biomasse ligneuse, elles seraient alors de 422,5Gg (CO2eq) an−1 lorsque le barrage aura l’âge de 100 ans.

6.4 ConclusionL’étude réalisée en 2012 - 2013 est la première étude où les principaux éléments des cycles du carbone

et de l’azote d’un lac de barrage, situé en climat équatorial et dont la création a entraîné la mise en eaude forêt primaire, sont étudiés près de 20 ans après sa mise en eau.

À partir de l’échantillonnage des rivières situés en amont du lac de Petit Saut nous avons pu mettreen évidence que les apports par les rivières sont majoritairement constitués de COD, NO−

3 et NP. Deplus ces apports sont fonction du débit entrant et varient donc d’un facteur deux entre les saisonshumide et sèche. L’étude des quatre principales rivières contribuant aux apports du lac nous a permisde confirmer que les apports par les rivières peuvent être extrapolés à partir de l’échantillonnage de larivière Sinnamary en seulement deux saisons ou à partir du débit entrant.

L’échantillonnage de carottes de sédiments et les incubations anaérobies réalisées ont montré quela dégradation de la MO des sédiments, des sols inondés et des troncs d’arbres ne suit pas une loid’utilisation séquentielle des accepteurs d’électron, elle est en effet fonction des concentrations de cesaccepteurs d’électrons. Les carottes et les incubations de sédiment nous ont permis de mettre en évidenceune variation spatiale du taux de dégradation de la MO des sédiments de Petit Saut, ces taux sont eneffet plus élevés dans la zone de transition que dans la zone pélagique proche du barrage. Les carottes desédiment et les incubations ont montré que, en zone pélagique, les sédiments, mais aussi les sols inondésen 1994, sont des sources de CH4 et de CO2 et qu’ils ne sont pas sources de N2O. Les incubationsde poudre de troncs d’arbres nous ont permis de démontrer que la dégradation de la MO des arbresennoyés situés dans l’hypolimnion est uniquement source de CO2 et que cette dégradation est lente encomparaison de celle des sédiments et des sols inondés.

Près de 20 ans après la mise en eau, la MO des sédiments, des sols inondés et issue de la productionprimaire est la principale source de carbone émis et exporté en aval du barrage alors que les apports dubassin versant sont la principale source d’azote. La MO des sols inondés semble toujours être la principalesource de CH4 et de CO2 alors que la principale source de N2O semble être l’azote allochtone. La MOennoyée a perdu la majorité de sa fraction dégradable ainsi la poursuite de sa dégradation sera plus lentedans les années à venir. La perte de ce stock de carbone a été compensée par la sédimentation de MOdepuis 1994 ainsi les émissions de GES restent supérieures à celles des centrales thermiques à charbonprès de 20 ans après la mise en eau.

170

Conclusions et Perspectives

Conclusions

L’étude réalisée en 2012 - 2013 à Petit Saut est la première étude regroupant des données de concen-trations en gaz à effet de serre (CH4, CO2, N2O) et en carbone et azote dissous (COD, NH+

4 , NO−3 ,

NO−2 ) et particulaires (COP, NP), des données de l’état de dégradation de la MO (teneurs en CO et

en N, rapport C/N) et de sa signature isotopique (δ13C-COP et δ15N-NP) mesurées en des stations,échantillonnées pendant les 12 mois d’une année hydrologique, situées en amont, dans et en aval d’unlac de barrage hydroélectrique situé en milieu tropical, près de 20 ans après sa mise en eau, et ayant parsa création entraîné la mise en eau de forêt primaire.

Dans la colonne d’eau du lac de Petit Saut, la matière organique est autochtone, elle provient dela production primaire réalisée par le phytoplancton dans la couche euphotique et des troncs d’arbresennoyés en 1994, et elle est allochtone, elle provient du bassin versant c’est-à-dire des rivières mais aussides berges du lac et de ses nombreuses îles. La matière organique des rivières et des sols du bassin versantest une matière organique dégradée, tout comme l’est celle des arbres ennoyés. Ainsi la matière organiquedu lac de Petit Saut correspond à un mélange de matières organiques plus ou moins dégradées suivantleur origine. Une partie de la matière organique de la colonne d’eau sédimente. L’origine de la matièreorganique des sédiments varie spatialement, en zone de transition elle provient principalement des rivièressituées en amont du lac alors que dans les zones proches du barrage elle provient principalement de laproduction primaire. Sous les sédiments, un autre pool de MO autochtone existe, les sols inondés en1994. La matière organique qui ne sédimente pas est exportée en aval du barrage. En aval du barrage lamatière organique provient essentiellement du lac, elle correspond à un mélange de matières organiquesde l’épilimnion et de l’hypolimnion dominé par de la matière organique de l’hypolimnion, en raison de laprofondeur de la prise d’eau, c’est-à-dire de la matière organique dégradée. Les apports par les affluentsdu fleuve Sinnamary en aval du lac sont négligeables en comparaison des apports par le lac.

La dégradation de la matière organique est source de CH4, dans les sédiments et les sols inondés dulac, et de CO2, dans la colonne d’eau du lac et du fleuve en aval du barrage et dans les sédiments et solsinondés du lac. Les sols inondés sont en effet toujours des sources de CH4 et de CO2 près de 20 ans aprèsleur mise en eau. Le taux de dégradation de la matière organique des sédiments varie spatialement dansle lac, il est plus élevé dans la zone de transition que dans la zone proche du barrage. Cette variation estliée aux importants apports de matière organique aux sédiments de la zone de transition en raison dela chute de la vitesse du courant dans cette zone qui favorise la sédimentation de la matière organiqueapportée par les rivières en amont du lac. La dégradation des troncs ennoyés dans l’hypolimnion estsource de CO2 cependant cette dégradation est très lente, les troncs ennoyés ont perdu la fraction la pluslabile de leur matière organique. Ainsi 18 ans après la mise en eau les principales sources de CH4 et deCO2 sont la matière organique des sols inondés en 1994 et les sédiments déposés après 1994, la sourcedu CH4 et du CO2 émis en surface du lac est donc principalement autochtone.

Le CH4 et le CO2 produits dans les sédiments et les sols inondés du lac diffusent dans la colonned’eau en direction de la surface. La mesure des concentrations de ces deux gaz à effet de serre dans lacolonne d’eau du lac a permis de valider l’hypothèse d’une variation spatiale de leurs concentrations entreles zones littorale et pélagique. Les plus fortes concentrations en CH4 et CO2 mesurées dans la colonne

171

d’eau de la zone littorale sont potentiellement dues à une plus forte production dans les sédiments decette zone, et vraisemblablement dues à une plus faible profondeur de la colonne d’eau et un tempsde résidence plus élevé que dans la zone pélagique. La plus faible profondeur de cette zone favorise letransport rapide du CH4 et du CO2 entre les sédiments et la surface. Ce transport est rapide car lorsquela colonne d’eau est peu profonde (< 5 - 8 m) le CH4 et le CO2 produits sont directement diffusésdans l’épilimnion, ils rejoignent donc rapidement la surface en raison du mélange vertical permanent quiaffecte cette couche de la colonne d’eau du lac. Ainsi le CH4 est peu oxydé avant d’atteindre la surfacealors qu’en zone pélagique le CH4 est majoritairement oxydé au niveau du métalimnion. Le temps derésidence plus élevé en zone littorale limite aussi l’oxydation du CH4 et la dilution du CH4 et du CO2 enfavorisant le maintien d’une forte stratification thermique qui empêche la plongée des eaux de pluies etdonc l’oxygénation de l’hypolimnion de la zone littorale. Ainsi les concentrations en surface de la zonelittorale et les flux diffusifs de CH4 et de CO2 sont supérieurs à ceux de la zone pélagique. Cette étudea permis de déterminer deux équations reliant les flux diffusifs de CH4 et de CO2 en surface du lac dePetit Saut avec la profondeur.

Le CH4 et le CO2 produits dans les sédiments rejoignent aussi l’atmosphère via ébullition. Elleest négligeable pour le CO2 qui est principalement émis par diffusion en surface du lac. Au contraire,l’ébullition du CH4 contribue à la moitié des émissions de CH4 du lac. À Petit Saut, cette voie d’émissiona été sous estimée dans le passé notamment en raison de l’échantillonnage d’une unique zone littorale.L’échantillonnage d’une seconde zone littorale lors de notre étude a permis de valider l’hypothèse d’unevariation spatiale de l’ébullition et de démontrer que le flux ébullitif n’était pas forcément fonction dela profondeur. En effet, aucune relation classique avec la profondeur n’a pu être mise en évidence danschacune des deux zones littorales. En Crique Plomb une profondeur (autour de 6 m) correspond à un« hotspot » d’ébullition. Il est probable que d’autres zones comme Crique Plomb existe dans le lacdendritique de Petit Saut.

L’ensemble des résultats sur le carbone dans la colonne d’eau du lac a permis de démontrer l’im-portance de la zone littorale dans le bilan des émissions de CH4 et de CO2 du lac et de l’ensemble dusystème de Petit Saut puisque cette zone, qui ne représente que un tiers du lac, contribue à 84 % desémissions de CH4 et 51 % des émissions de CO2 par le lac, et 18 % des émissions de CH4 et 40 % desémissions de CO2 par l’ensemble du système de Petit Saut (Lac + Fleuve en aval).

Lors de notre étude nous nous sommes aussi intéressés à la dynamique du carbone et aux émissionsde CH4 et de CO2 dans le fleuve en aval du barrage. L’échantillonnage d’eau dans les turbines et à 0,8 kmen aval du barrage nous a permis de calculer le dégazage 18 ans après la création du barrage. Cette voied’émission est la principale voie d’émission du CH4. Grâce à la réalisation d’incubations aérobies d’eaudu fleuve nous avons pu mettre en évidence que 40 % du CO2 émis par le fleuve provient du CO2 du lac,6 % de l’oxydation du CH4, 30 % de la dégradation du COD et 24 % de la dégradation du COP apportéspar le lac. L’effet de la marée dynamique favorise la dégradation de la matière organique apportée parle lac en ralentissant son transfert à l’Océan Atlantique. L’ensemble des émissions aval correspond à lamoitié des émissions de CH4 et de CO2 par le système de Petit Saut.

Nous nous sommes aussi intéressés à un troisième gaz à effet de serre émis par les eaux continentales,le N2O, et à la dynamique de l’azote dans la colonne d’eau du lac et du fleuve en aval du barrage. Dansla zone pélagique du lac la matière organique des sédiments et des sols inondés n’est pas une sourcesignificative de N2O. Le N2O est en effet principalement produit dans la colonne d’eau au niveau del’interface oxique - anoxique et vraisemblablement lors de la nitrification du NH+

4 . Les sédiments et lessols inondés étant probablement des sources de NH+

4 qui diffuse vers la surface, la matière organique dessédiments et des sols inondés de la zone pélagique est donc une source indirecte de N2O. Dans la zonelittorale il semble qu’une autre zone de production du N2O existe et soit localisée dans les sédimentset les sols inondés de la zone de marnage. La quantification des apports d’azote par le bassin versant acependant mis en évidence que les deux tiers de l’azote émis et exporté par le lac provenait du bassinversant. Ce résultat est différent de celui du carbone où au contraire les deux tiers du carbone émis etexporté provenaient de la dégradation de la matière organique des sédiments et des sols inondés.

Bien que les processus en jeu dans la colonne d’eau des zones littorale et pélagique soient les mêmes,

172

le plus faible temps de résidence des eaux dans la zone pélagique affaiblit la stratification thermique dela colonne d’eau ce qui favorise la plongée des eaux de pluie en saison humide et donc la nitrificationdu NH+

4 et donc la production de N2O à l’interface oxique - anoxique. Bien que les concentrations enN2O soient plus élevées dans l’hypolimnion de la zone pélagique que dans celui de la zone littorale lesconcentrations en N2O en surface du lac sont homogènes. La majorité du N2O produit en saison humidedans l’hypolimnion oxique est réduite dans l’hypolimnion sus-jacent anoxique de la zone pélagique. Laproduction de N2O dans la colonne d’eau de la zone littorale semble plus faible. Cette différence estdue au fait que la production du N2O dans la colonne d’eau du lac est principalement fonction de laconcentration en oxygène. La colonne d’eau de la zone littorale étant fortement stratifiée l’hypolimnionreste anoxique en saison humide ainsi le stock de NH+

4 qui s’y accumule n’est pas nitrifié pendant cettesaison. Les faibles productions dans la colonne d’eau de la zone littorale semblent être compensées parune production de N2O dans les sédiments et les sols inondés de la zone de marnage.

Le N2O est principalement émis par diffusion en surface du lac. L’ébullition est en effet négligeabledevant la diffusion. En aval du barrage, le dégazage du N2O semble négligeable cependant nous n’avonspas pu obtenir une bonne estimation de cette voie d’émission car une production de N2O avait vraisem-blablement lieu dans les 800 premiers mètres du fleuve. Bien que du N2O soit produit dans le fleuveen aval via la nitrification du NH+

4 apporté par le barrage, son émission par diffusion est faible encomparaison de celle en surface du lac.

Dix huit ans après la mise en eau le système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval) émet 507 ± 38 Gg(CO2eq) an−1 dont 46 % sous forme de CH4, 52 % sous forme de CO2 et 2 % sous forme de N2O. Commeobservé dans la plupart des précédentes études réalisées dans d’autres lacs de barrages les émissions deN2O sont négligeables en comparaison des émissions de CH4 et de CO2. Les émissions de CH4 et deCO2 ont continué de décroître depuis 2003, elles restent cependant supérieures à celles d’une centralethermique à charbon du même âge. La diminution du stock de matière organique ennoyée est en partiecompensée par des apports de matière organique par sédimentation ainsi la diminution des émissions estplus lente que celle prévue dans les précédentes études réalisées à Petit Saut.

Perspectives

La comparaison des zones littorale et pélagique nous a permis de mettre en évidence des différencesde concentrations en CH4 et CO2 dans la colonne d’eau de ces deux zones. Ces différences peuvent êtreliées à une production plus importante dans les sédiments de la zone littorale. La colonne d’eau de lazone littorale est riche en COP et le temps de résidence des eaux est probablement plus long qu’en zonepélagique. Le taux de sédimentation dans la zone littorale est potentiellement supérieur à celui de la zonepélagique. De plus, en zone littorale, la teneur en CO de la matière organique au fond de la colonne d’eauétait supérieure à celle mesurée en zone pélagique. La quantité de carbone labile apportée aux sédimentsde la zone littorale est donc potentiellement supérieure à celle de la zone pélagique. Ainsi, le prélèvementde carottes de sédiment en zone littorale permettrait de (i) déterminer si des différences existent entreles sédiments des zones pélagique et littorale, (ii) quantifier le carbone labile dans les sédiments de zonelittorale et valider l’hypothèse d’une abondance supérieure en zone littorale, (iii) calculer les taux deproduction de CH4 et de CO2 dans les sédiments de zone littorale et valider l’hypothèse de taux deproduction supérieurs. De plus la mise en place de pièges à particules dans les zones littorales du lacpermettraient de valider l’hypothèse de taux de sédimentation plus importants en zone littorale.

Lors de notre étude nous n’avons pas pu calculer le taux de sédimentation (cm an−1) dans le lacde Petit Saut. La mesure de ce taux via la datation des sédiments permettraient de confirmer que lematériel sous 10 centimètres dans la carotte de Crique Tigre correspond bien à des sols inondés présentsavant la mise en eau. De plus avec l’âge des sédiments nous pourrions calculer précisément les quantitésde carbone et d’azote qui ont été accumulées au fond de la colonne d’eau et ainsi les quantités qui ontété émises depuis 1994, nous pourrions ainsi déterminer la part des sédiments dans le bilan des émissionset valider l’hypothèse que les sols inondés restent la principale source de CH4 et de CO2 près de 20 ans

173

après la mise en eau.Enfin, le calcul de la diffusion turbulente dans l’épilimnion du lac nous avait permis de mettre en

évidence qu’une partie du N2O émis en surface du lac ne provenait pas de l’interface oxique - anoxiquemais provenait probablement des sédiments et sols inondés de la zone de marnage. Le prélèvement etl’étude des sédiments de la zone de marnage semble donc nécessaire afin de valider l’hypothèse d’uneproduction de N2O dans ces sédiments.

Lors de notre étude nous avons pu mettre en évidence que les taux d’ébullition, les concentrations enCH4 dans les bulles et les flux ébullitifs en Crique Plomb étaient supérieurs à ceux de PK 23,6. Ces dif-férences sont vraisemblablement liées à une hétérogénéité des sédiments. L’échantillonnage de sédimentsdans les deux zones littorales ainsi que la mise en place d’incubations anaérobies nous permettraientde démontrer que (i) la quantité de matière organique dans les sédiments situés autour de 6 mètres deprofondeur en Crique Plomb est supérieure à celle aux autres profondeurs et de (ii) valider l’hypothèsed’une plus forte production de CH4 dans les sédiments de Crique Plomb autour de 6 m de profondeur.

D’autres zones du lac semblent être de bonnes candidates pour l’ébullition. En effet au cours de noscampagnes nous avons pu observer de l’ébullition dans les zones de transition. En raison d’une chutede la vitesse du courant des eaux des rivières lorsqu’elles rencontrent la masse d’eau du lac, ces zonesde transition sont des zones où la sédimentation de carbone et d’azote organiques est importante. Leprofil sédimentaire de la station de Bois Blanc nous a permis de valider cette hypothèse. La mesure del’ébullition dans la zone littorale des zones de transition permettrait d’avoir une meilleure représentationdes zones où a lieu l’ébullition dans le lac de Petit Saut.

La zone de transition du lac est une zone clé dans le bilan de carbone du lac. Elle correspond eneffet à une zone où de grandes quantités de sédiments sont déposés, où la quantité de CO2 produit dansles sédiments est importante et où les concentrations en CO2 en surface, et donc les flux diffusifs, sontélevés. L’échantillonnage de la station Saut Kawenn avait mis en évidence la migration saisonnière de lazone de transition située entre la rivière Coursibo et le lac de Petit Saut. L’estimation de la surface deszones de transition, et notamment de sa variation avec les saisons, est nécessaire afin de préciser (i) laquantité totale de CO2 produite dans les sédiments de cette zone et (ii) l’importance de cette zone dansle bilan des émissions de CO2.

La biomasse ligneuse toujours présente dans le lac est une autre source de gaz à effet de serre. D’aprèsnos incubations anaérobies les troncs ligneux ne seraient sources que de CO2. Les taux de productionmesurés étaient comparables à ceux des sédiments de Bois Blanc cependant nos incubations ont étéréalisées à partir de poudre d’arbre et non de morceaux de troncs. La grande surface d’échange crééepar ce format poudre a probablement favorisée la dégradation de la matière organique des arbres. Desincubations de morceaux de troncs doivent être réalisées pour obtenir une meilleure estimation des tauxde production de CO2 par les troncs ligneux. De plus nous n’avons pas pu mesurer les taux de productionde CO2 par les troncs situés dans la zone oxique ainsi que ceux à l’air libre, ni ceux de CH4 lors de ladégradation des troncs émergés par les termites. Ces incubations doivent être réalisées pour pouvoir avoirune réelle estimation de l’ensemble des émissions par les troncs ligneux ennoyés dans le lac de Petit Saut.Enfin, nous n’avons pas pu évaluer si les troncs d’arbres sont des sources de N2O, les quantités d’azotecontenus dans les arbres en font pourtant des sources potentielles ou des sources indirectes comme lessédiments.

Au niveau de l’interface oxique - anoxique de la colonne d’eau du lac, la principale source de N2Osemble être la nitrification du NH+

4 qui diffuse depuis l’hypolimnion et les sédiments. Dans le fleuve enaval du barrage la nitrification semble aussi être la principale voie de production de N2O. L’étude dessignatures isotopiques du NH+

4 et du NO−3 de la colonne d’eau du lac et du fleuve en aval du barrage

permettrait de valider l’hypothèse d’une production de N2O principalement via la nitrification. Dans les800 premiers mètres du fleuve en aval du barrage la connaissance de la quantité de N2O produite estnécessaire afin d’estimer le dégazage réel de N2O. L’estimation du dégazage donnée dans notre étude

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correspond en effet à un minimum puisqu’une partie du dégazage était masquée par la production deN2O. La réalisation d’incubation d’eau prélevée dans les turbines permettrait de valider l’hypothèsed’une production de N2O via la nitrification dans les 800 premiers mètres du fleuve en aval du barrage etde quantifier cette production. La chute des concentrations en NH+

4 le long du fleuve en aval du barrageest lente bien que le NH+

4 soit vraisemblablement nitrifié en N2O et NO−3 , une partie du NP apporté par

le lac est vraisemblablement dégradé en NH+4 mais la quantité de NH+

4 produite n’est pas connue à cejour. La réalisation d’incubation semble nécessaire pour estimer le taux de production du NH+

4 dans lefleuve en aval du barrage.

À Petit Saut, la moitié des émissions ont lieu en aval du barrage. Cependant seuls le dégazage et ladiffusion en surface des 40 premiers kilomètres du fleuve sont comptabilisés dans le bilan des émissions.Lors de notre étude nous avons pu mettre en évidence que l’ensemble de la matière organique présente enaval du barrage provenait du lac et ce jusqu’à l’estuaire. La signature isotopique de la matière organiqueétait en effet globalement constante le long du fleuve. De plus de fortes concentrations en CH4 et NH+

4ont été mesurées à plus de 40 kilomètres du barrage et la dégradation du COP apporté par le lac estsource de CO2 sur l’ensemble du fleuve. Il semble donc que la zone d’influence du barrage de Petit Sauts’étende au delà de 40 kilomètres. Une étude plus précise des 40 derniers kilomètres du fleuve en avaldu barrage de Petit Saut que celle menée lors de notre étude (seulement 2 stations échantillonnées 4fois) permettrait de définir plus précisément la zone d’influence du lac de Petit Saut et ainsi d’estimerl’ensemble des émissions en aval du barrage dues à la présence du lac en amont.

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201

202

Annexe A

Tests pour la recherche d’un poisonefficace permettant la conservation dansle temps des concentrations en CH4,CO2 et N2O dans les échantillons d’eauet ne les modifiant pas par sa présence

203

A.1

Évo

lution

tempo

relle

desconc

entrations

enCH

4et

CO

2en

présen

cede

chlorure

mercu

riqu

e(H

gCl 2)

Figur

eA.1

–Év

olutiontempo

relle

desconcentrations

enCH

4et

CO

2da

nsla

colonn

ed’eaudu

lacde

barrag

ede

Petit

Saut

à0,2m,5

met

33m

pour

lesécha

ntillon

sd’eautémoinet

avec

ajou

tde

HgC

l 2(con

centratio

n5%

envo

lume).

204

A.2

Évo

lution

tempo

relle

desconc

entrations

enCH

4et

CO

2en

présen

ced’azidede

sodium

(N3N

a)

Figur

eA.2

–Év

olutiontempo

relle

desconcentrations

enCH

4et

CO

2da

nsla

colonn

ed’eaudu

lacde

barrag

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Petit

Saut

à0,2m,5

met

33m

pour

lesécha

ntillon

sd’eautémoinet

avec

ajou

tde

N3N

a(con

centratio

n5%

envolume).

205

A.3 Variations de la concentration en CO2 suite à l’ajout de chloruremercurique (HgCl2) dans les échantillons d’eau

Eaux de % d’augmentationSurface du lac de Petit Saut, Takari Tanté et Saut Lucifer 170Épilimnion 140Métalimnion 60Hypolimnion 35Aval du barrage, Crique Tigre et Crique Plomb 42

Tableau A.1 – Pourcentages d’augmentation de la concentration en CO2 en fonction de la provenancedes eaux du système Petit Saut suite à l’ajout de chlorure mercurique de concentration supérieure à 2%.

Figure A.3 – Concentration en CO2 dans des échantillons avec H3PO4 en fonction de la concentrationen CO2 dans des échantillons avec HgCl2.

A.4 Comparaison des concentrations en N2O en fin d’expérience

Figure A.4 – Concentration à Tf en N2O (a) en surface, (b) à l’oxycline et (c) au fond, dans leséchantillons sans poison, avec chlorure mercurique (HgCl2) et avec azide de sodium (N3Na). Les boîtesmontrent la médiane et l’écart interquartile. Les moustaches représentent la gamme des données et lacroix la moyenne.

206

Annexe B

Profils verticaux des concentrations enoxygène dissous (O2), matière ensuspension (MES) et des espècescarbonées (CO2, CH4, COD et COP),de la teneur en CO, du rapport C/N,du δ13C-COP de l’ensemble des stationsdu lac de Petit Saut

207

Figure B.1 – Bois Blanc - Saisons humide et sèche - 2012.

208

Figure B.2 – Bois Blanc - Petite saison humide, Petit saison sèche et transition saison humide saisonsèche - 2013.

209

Figure B.3 – Saut Kawenn - Saisons humide et sèche - 2012.

210

Figure B.4 – Saut Kawenn - Petite saison humide, Petit saison sèche et transition saison humide saisonsèche - 2013.

211

Figure B.5 – Deux Branches - 2012 - 2013 (µmol L−1).

212

Figure B.6 – PK 23,6-1 - Saisons humide et sèche - 2012.

213

Figure B.7 – PK 23,6-1 - Petite saison humide, Petit saison sèche et transition saison humide saison sèche - 2013.

214

Figure B.8 – Roche Genipa - Saisons humide et sèche - 2012.

215

Figure B.9 – Roche Genipa - Petite saison humide, Petit saison sèche et transition saison humide saison sèche - 2013.

216

Figure B.10 – PK 23,6-2 - 2012 - 2013.

217

Figure B.11 – PK 23,6-3 - 2012 - 2013.

218

Figure B.12 – PK 23,6-4 - 2012 - 2013.

219

Figure B.13 – PK 23,6-5 - 2012 - 2013.

220

Figure B.14 – PK 23,6-6 - 2012 - 2013.

221

Figure B.15 – Crique Plomb 1 - 2012 - 2013.

222

Figure B.16 – Crique Plomb 2 - 2012 - 2013.

223

Figure B.17 – Crique Plomb 3 - 2012 - 2013.

224

Figure B.18 – Crique Plomb 4 - 2012 - 2013

225

226

Annexe C

Profils verticaux des concentrations enoxygène dissous et des espèces azotées(NH+

4 , NO−3 , NO−2 , N2O et NP), de lateneur en N et du δ15N-NP del’ensemble des stations du lac de PetitSaut

227

Figure C.1 – Bois Blanc - Saisons humide et sèche - 2012.

228

Figure C.2 – Bois Blanc - Petite saison humide, Petit saison sèche et transition saison humide saisonsèche - 2013.

229

Figure C.3 – Saut Kawenn - Saisons humide et sèche - 2012.

230

Figure C.4 – Saut Kawenn - Petite saison humide, Petit saison sèche et transition saison humide saisonsèche - 2013.

231

Figure C.5 – Deux Branches - 2012 - 2013.

232

Figure C.6 – PK 23,6-1 - Saisons humide et sèche - 2012.

233

Figure C.7 – PK 23,6-1 - Petite saison humide, Petit saison sèche et transition saison humide saison sèche - 2013.

234

Figure C.8 – Roche Genipa - Saisons humide et sèche - 2012.

235

Figure C.9 – Roche Genipa - Petite saison humide, Petit saison sèche et transition saison humide saison sèche - 2013.

236

Figure C.10 – PK 23,6-2 - 2012 - 2013.

237

Figure C.11 – PK 23,6-3 - 2012 - 2013.

238

Figure C.12 – PK 23,6-4 - 2012 - 2013.

239

Figure C.13 – PK 23,6-5 - 2012 - 2013.

240

Figure C.14 – PK 23,6-6 - 2012 - 2013.

241

Figure C.15 – Crique Plomb 1 - 2012 - 2013.

242

Figure C.16 – Crique Plomb 2 - 2012 - 2013.

243

Figure C.17 – Crique Plomb 3 - 2012 - 2013.

244

Figure C.18 – Crique Plomb 4 - 2012 - 2013

245

246

Annexe D

Variations spatiales des concentrationsen COP en aval du barrage de PetitSaut et marée dynamique

247

Figur

eD.1

–Év

olutionspatiale

desconcentrations

enCOP

dans

lefleuv

een

aval

duba

rrag

ede

Petit

Saut

de0,8km

à60

kmet

varia

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rd’eauau

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duLa

rivot

(Cayenne)en

fonctio

nde

l’heure

deprélèvem

ententreAv

rilet

Décem

bre20

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’heure

d’écha

ntillon

nage

des

stations

dufleuv

een

aval

duba

rrageestreprésentéepa

run

elig

neen

tiretés

surlesgrap

hesde

hauteurd’eau.

248

Figur

eD.2

–Év

olutionspatiale

desconcentrations

enCOP

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hauteurd’eau.

249

Liste des tableaux

1.1 Fractionnement isotopique des processus en jeu dans la colonne d’eau et les sédiments deslacs et des rivières. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

2.1 Caractéristiques du système Petit Saut (1996 à 2013). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 422.2 Part de chaque voie d’émission pour le CH4, le CO2 et le N2O en 2003 (Abril et al., 2005;

Guérin et al., 2008b). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

3.1 Liste des stations échantillonnées pour lesquelles des échantillons d’eau ont été prélevésen 2012 - 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

3.2 Caractéristiques des carottes de sédiments prélevées en Avril 2013 dans le lac de barragede Petit Saut. Les carottes marquées par un astérisque sont aussi celles qui ont été utiliséespour les incubations (voir 3.2.14). Les paramètres mesurés sont les mêmes pour les troispremières et les deux dernières carottes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

4.1 Concentrations en O2, CH4, CO2, COD et COP en µmol L−1, concentrations en MES enmg L−1, teneur en CO en %, rapport C/N sans unité et δ13C-COP en h des MES dansl’épilimnion et dans l’hypolimnion de la zone littorale (< 10 m) et de la zone pélagique(> 10 m) du lac de barrage de Petit Saut en 2012 - 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

4.2 Taux d’ébullition (VEB) en mL m−2 j−1, concentration en CH4 (Cbulles) dans les bullesen % et flux ébullitif de CH4 (FEB) en mmol m−2 j−1 dans les zones littorales de PK 23,6et Crique Plomb pendant les saisons humide et sèche de 2012 - 2013. Les taux d’ébullitionmoyens par tranche de 1 mètre nuls sont pris en compte dans ce tableau et les testsstatistiques. La valeur p du test statistique comparant les deux saisons est donnée dansce tableau. Moyenne ± SEM, (n), médiane ; minimum - maximum). . . . . . . . . . . . . . 78

4.3 Température en °C, conductivité en µS cm−1, O2 à saturation en %, concentrations enO2, CH4, CO2, COD et COP en µmol L−1, concentration en MES en mg L−1, rapportC/N sans unité, teneur en CO en % et δ13C-COP en h en surface des stations du fleuveSinnamary en aval du barrage de Petit Saut. La moyenne ± SEM est donnée sur lapremière ligne et les minimum et maximum sur la seconde ligne. . . . . . . . . . . . . . . 84

4.4 Importance de la zone littorale dans le bilan des émissions de CH4 et de CO2 par le lacde Petit Saut et par l’ensemble du système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval du barrage). 102

5.1 Concentrations NH+4 , NO

−3 , NO

−2 et NP en µmol L−1, en N2O en nmol L−1, teneur en N

en % et δ15N-NP en h dans l’épilimnion et l’hypolimnion des zones littorale (< 10 m) etpélagique (> 10 m) du lac de Petit Saut. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108

5.2 Concentrations en NH+4 , NO

−3 , NO

−2 et NP en µmol L−1 et N2O en nmol L−1, et teneur

en N en % et δ15N-NP en h des MES des stations du fleuve Sinnamary en aval du barragede Petit Saut lors des campagnes de 2012 - 2013. La moyenne ± SEM est données sur lapremière ligne et les minimum et maximum sur la seconde ligne. . . . . . . . . . . . . . . 112

5.3 Bilan des émissions brutes de N2O en Mg (N2O) an−1 à Petit Saut en 2012 - 2013 (Moyenne± SEM). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

250

6.1 Teneurs en N et en CO (en %), rapport C/N (sans unité) et δ13C-CO et δ15N-N (en h)de la matière organique des sols inondés, des sols de forêt, des arbres du bassin versantet ennoyés dans le lac depuis 1994, des rivières en amont du lac, des pièges à sédimentspositionnés dans le lac, de la colonne d’eau du lac, de la surface des sédiments du lac etde celle du fleuve en aval du lac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

6.2 Température en °C, conductivité en µS cm−1, concentrations en O2, CH4, CO2, COD,COP, NH+

4 , NO−3 , NO

−2 et NP en µmol L−1, N2O en nmol L−1, et MES en mg L−1,

teneur en CO et en N en%, rapport C/N sans unité, et δ13C-COP et δ15N-NP en hmesurés en surface des stations des rivières amont du lac de Petit Saut (Sinnamary :Takari Tanté, Coursibo : Saut Lucifer, Crique Tigre, Crique Plomb et Plombinette) lorsdes campagnes de 2012 - 2013. La moyenne ± SEM est donnée sur la première ligne et lesminimum et maximum sur la seconde ligne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134

6.3 Taux de production de CH4, CO2 et N2O en nmol j−1 g-1 au cours des trois phases desincubations des sédiments de Crique Tigre (CT) et Bois Blanc (BB). La première phaseet la seconde phase ont duré 7 semaines pour les incubations de Crique Tigre, la premièrephase a duré 5 semaines et la deuxième phase a duré 4 semaines pour les incubations deBois Blanc. La Moyenne ± SEM est présentée sur la première ligne et la médiane ; min -max sont présentés sur la seconde ligne. b.d.l. : les concentrations étaient en dessous deslimites de détection ainsi nous n’avons pas pu calculer un taux de production. . . . . . . . 141

6.4 Évolution temporelle des teneurs en CO et en N, du rapport C/N et des δ13C-CO etδ15N-N de la MO des sédiments incubés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

6.5 Taux de production de CO2 en nmol j−1 g-1 au cours des trois phases des incubations depoudre de troncs d’arbre ennoyé et vivant. La première phase et la seconde phase ont duré7 semaines. La Moyenne ± SEM est présentée sur la première ligne et la médiane ; min -max sont présentés sur la seconde ligne. b.d.l. : les concentrations étaient en dessous deslimites de détection ainsi nous n’avons pas pu calculer un taux de production. . . . . . . . 145

6.6 Évolution temporelle des teneurs en CO et en N (%), du rapport C/N (sans unité) et desδ13C-CO et δ15N-N (h) de la MO de la poudre de troncs d’arbres incubée. . . . . . . . . 146

6.7 Bilan des apports de carbone (à gauche) et d’azote (à droite) par les rivières au lac dePetit Saut. 1 Abril et al. (2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

6.8 Production de CH4 et CO2 calculée à partir des données des incubations des 25 premierscentimètres des sédiments/sols inondés prélevés en Bois Blanc et Crique Tigre (g (C) m−2

an−1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

251

Liste des figures

1.1 Estimation du bilan moyen global et annuel de la Terre (D’après Kiehl et Trenberth (1997)et IPCC (2007)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

1.2 Bilan de carbone dans les eaux continentales (en Pg (C) an−1) (D’après Cole et al. (2007);Tranvik et al. (2009); Bastviken et al. (2011); Raymond et al. (2013); Regnier et al. (2013);Lauerwald et al. (2015)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

1.3 Bilan d’azote dans les eaux continentales (en Tg (N) an−1) (D’après Van Drecht et al.(2001); Galloway et al. (2004); Green et al. (2004); Boyer et al. (2006); Nieder et Benbi(2008); Beaulieu et al. (2011)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1.4 Profils de température, d’O2 et de CO2 ou de CH4 dans la colonne d’eau d’une rivière oud’un lac non stratifié (à gauche) et d’un lac stratifié (à droite) (D’après Harby et al. (2012)). 19

1.5 Profils de N2O et d’O2 dans les lacs (D’après Mengis et al. (1997)). . . . . . . . . . . . . . 261.6 Cycle du carbone dans un lac de barrage hydroélectrique (D’après Guérin (2006); Desh-

mukh (2013)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

2.1 Localisation du barrage de Petit Saut (D’après AIHP-Géode, Université des Antilles etde la Guyane). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

2.2 Le barrage de Petit Saut vu du fleuve Sinnamary (E. Cailleaud, Juillet 2013) . . . . . . . 432.3 Cumul mensuel des pluies et température moyenne mensuelle de l’air à Petit Saut entre

1998 et 2013 (Moyenne ± SEM). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 432.4 Stock de carbone et flux entrants de carbone dans le lac de barrage de Petit Saut d’après

Hoff (1993), Galy-Lacaux (1996), Richard (1996), Dumestre (1998), Abril et al. (2005) etGuérin et al. (2008a). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

2.5 Variations temporelles de la température (A) et de la concentration en oxygène (B) dansla colonne d’eau du lac de barrage de Petit Saut entre Janvier et Décembre 2003 (Julianday 0 = 1er Janvier 2003) grâce à l’échantillonnage mensuel de la station Roche Genipa(voir (Figure3.3) (d’après Guérin et Abril (2007)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

2.6 Les axes de recherche du projet de thèse réalisés lors des campagnes de 2012 - 2013. . . . 49

3.1 Séries temporelles du cumul mensuel de pluie et du niveau de l’eau dans le lac de barragede Petit Saut en 2012 - 2013 et nouvelle définition des saisons humide et sèche utiliséeslors de notre étude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

3.2 Quelques stations d’échantillonnage du système de Petit Saut (E. Cailleaud, 2012 - 2013) 523.3 Carte du système Petit Saut et localisation des stations. À cette échelle les stations de

forêt inondée sont confondues en un même point représenté par celui de leur zone, CriquePlomb pour les stations Crique Plomb 1, 2, 3 et 4, et PK 23,6 pour les stations PK 23,6- 2, 3, 4, 5 et 6. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

4.1 Profils verticaux saisonniers de la température en °C, des concentrations en O2, CH4,CO2, COD et COP en µmol L−1, de la concentration en MES en mg L−1, de la teneur enCO en %, du rapport C/N sans unité et du δ13C-COP en h dans les MES en une stationde zone pélagique (Roche Genipa) (carrés pleins) et une station de zone littorale de forêtinondée (Crique Plomb 2) (carrés vides) du lac de Petit Saut pendant les saisons humide(Mai 2012) et sèche (Novembre 2012). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

252

4.2 Série temporelle des moyennes mensuelles des flux diffusifs de CH4 (a et b) et de CO2 (cet d) en surface de la zone pélagique (à gauche) et de la zone littorale (à droite) pendantles saisons humide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . 75

4.3 Flux diffusifs de CH4 (a) et de CO2 (b) en fonction de la profondeur dans le lac de PetitSaut en 2012 - 2013. La ligne en trait continu représente la courbe exponentielle dontl’équation a été déterminée à partir des flux moyens des tranches de 2 mètres et les lignesen tiretés l’intervalle de confiance (95 %). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

4.4 (a et b) Taux d’ébullition (VEB), (c et d) concentration en CH4 dans les bulles (Cbulles)et (e et f) flux ébullitif (FEB) dans les zones littorales de PK 23,6 (à gauche) et CriquePlomb (à droite) pendant les saisons humide et sèche de 2012 - 2013 à quatre profondeursdifférentes (0 - 4 m, 4 - 7 m, 7 - 9 m et 9 - 11 m). La boîte montre la médiane et l’écartinterquartile. Les moustaches présentent la gamme des données et la croix représente lamoyenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

4.5 Évolution temporelle du flux ébullitif de CH4 dans les zones littorales de PK 23,6 (a) etCrique Plomb (b) et variations du niveau de l’eau du lac de barrage de Petit Saut en 2012- 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

4.6 Température (a), conductivité (b), concentration en O2 (c), δ13C-CID (d), concentrationsen CH4 (e), CO2 (f), COD (g), COP (h), MES (i), rapport C/N (j), teneur en CO (k) etδ13C-COP (l) dans les turbines, et à 0,8 km et 36,5 km en surface du fleuve Sinnamaryen aval du barrage de Petit Saut. Les concentrations en COP et MES, le rapport C/N, lateneur en CO, le δ13C-COP et le δ13C-CID des turbines sont des moyennes pondérées desdonnées de la colonne d’eau de Roche Genipa (18 % Épilimnion + 82 % Hypolimnion).La boîte montre la médiane et l’écart interquartile. Les moustaches présentent la gammedes données et la croix représente la moyenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

4.7 Évolution spatiale des concentrations en CH4, CO2, COD, COP, MES, de la teneur enCO, du rapport C/N et du δ13C-COP des turbines à l’estuaire du fleuve Sinnamary ensaison humide (Février, Avril et Juillet) et saison sèche (Novembre). . . . . . . . . . . . . 82

4.8 Évolution temporelle des concentrations en CH4 (à gauche), CO2 (au centre) et COD (àdroite) et des concentrations en Fe II (m) et Fer III (n) dans les incubations d’eau prélevéedans le fleuve Sinnamary à 0,8 km en aval du barrage de Petit Saut en Août 2013. b.d.l :inférieur aux limites de détection. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

4.9 Évolution temporelle des concentrations en CH4 (à gauche), CO2 (au centre) et COD (àdroite) dans des incubations d’eau prélevée dans le fleuve Sinnamary à 36,5 km en avaldu barrage de Petit Saut en Juillet 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

4.10 Séries temporelles des dégazages moyens mensuels de CH4 (a) et de CO2 (b) en aval dubarrage de Petit Saut pendant les saisons humide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 -2013 et débit turbiné moyen mensuel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

4.11 Séries temporelles des flux diffusifs moyens mensuels de CH4 (en haut) et de CO2 (en bas)des 40 premiers (à gauche) et des 40 derniers (à droite) kilomètres du fleuve en aval dubarrage en pendant les saisons humide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013. . . . . . 88

4.12 Origine et état de dégradation de la matière organique de la colonne d’eau du lac de PetitSaut. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

4.13 Origine et état de dégradation de la matière organique du le fleuve en aval du barrage dePetit Saut. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

4.14 Profils verticaux des concentrations en (a) CO2 et CH4, (b) COD et COP en µmol L−1,(c) du rapport C/N sans unité et de la teneur en CO en % de la MO et (d) du δ13C-CIDet du δ13C-COP en h en Roche Genipa en Août 2013. La ligne en tiretés représente lemétalimnion, la limite entre l’épilimnion et l’hypolimnion de la colonne d’eau. . . . . . . . 92

253

4.15 Corrélations entre (a) les concentrations en COD et CO2, (b) entre le rapport C/N etla concentration en CO2, (c) entre le δ13C-CID et la concentration en CO2, (d) entre laconcentration en COP et le rapport C/N et (e) entre le δ13C-CID et le δ13C-COP dansla colonne d’eau du lac de Petit Saut en saison humide (cercles pleins) et saison sèche(cercles vides). Le δ13C-CID n’ayant été mesuré que au cours de la dernière campagne deterrain, qui a eu lieu à la transition entre les saisons humide et sèche, nous n’avons pasdifférencié les deux saisons dans les graphiques (c) et (e). La ligne en trait plein est larégression linéaire et les lignes en pointillés représentent l’intervalle de confiance. . . . . . 96

4.16 Variation de la concentration en CO2 en fonction de la concentration en CH4 dans lacolonne d’eau du lac de Petit Saut. Les cercles gris pleins et vides correspondent auxdonnées de 2012 - 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

5.1 Profils verticaux saisonniers de la température en °C, des concentrations en O2, NH+4 ,

NO−3 , NO

−2 et NP en µmol L−1, de la concentration en N2O en nmol L−1 et de la teneur

en N en %, du rapport C/N sans unité et du δ15N-NP en h des MES en une station dezone pélagique (Roche Genipa) (carrés pleins) et de zone littorale (Crique Plomb 2) (carrésvides) du lac de Petit Saut pendant les saisons humide (Mai 2012) et sèche (Novembre2012). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

5.2 Concentrations en NH+4 (a), NO−

3 (b), N2O (c), teneur en N dans les MES (d), concen-tration en NP (e) et δ15N-NP (f) dans les turbines, et à 0,8 km et 36,5 km en surfacedu fleuve Sinnamary en aval du barrage de Petit Saut. La concentration en NP, la teneuren N et le δ15N-NP des turbines sont des moyennes pondérées des données de la colonned’eau de Roche Genipa (18 % Épilimnion + 82 % Hypolimnion). La boîte montre la mé-diane et l’écart interquartile. Les moustaches présentent la gamme des données et la croixreprésente la moyenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

5.3 Évolution spatiale des concentrations en NH+4 , NO−

3 , NO−2 , N2O et NP, et de la teneur en

N, du rapport C/N et du δ15N-NP des MES des turbines à l’estuaire du fleuve Sinnamaryen saison humide (Février, Avril et Juillet) et saison sèche (Novembre). . . . . . . . . . . . 113

5.4 (a) Flux diffusifs journaliers de N2O en fonction de la profondeur et (b) série temporelledes flux diffusifs moyens mensuels de N2O en surface du lac de barrage de Petit Sautpendant les saisons humide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013. . . . . . . . . . . . 114

5.5 Variations mensuelles du débit turbiné et, (a) du dégazage du N2O et, (b) des concentra-tions en N2O dans les turbines et à 0,8 km en surface du fleuve en aval du barrage. . . . . 115

5.6 Séries temporelles des flux diffusifs moyens mensuels de N2O pour les (a) 40 premierset les (b) 40 derniers kilomètres du fleuve Sinnamary en aval du barrage de Petit Sautpendant les saisons humide (en noir) et sèche (en gris) de 2012 - 2013. . . . . . . . . . . . 116

5.7 Origine de la matière organique de la colonne d’eau du lac de Petit Saut. . . . . . . . . . 1175.8 Origine de la MO dans le fleuve en aval du barrage de Petit Saut. . . . . . . . . . . . . . . 1185.9 Concentration en N2O en fonction des concentrations en (a) NH+

4 , (b) NO−3 et (c) O2 dans

l’hypolimnion des zones pélagique (à gauche) et littorale (à droite) pendant les saisonshumide (cercles pleins) et sèche (cercles vides). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

6.1 Variations spatiales (a) de la température, (b) de la conductivité et (c) de l’oxygène dissousen % et (d) en µmol L−1 des rivières en amont du lac de Petit Saut (Si : Takari Tantésur le Sinnamary ; Co : Saut Lucifer sur la Coursibo ; CT : Crique Tigre ; CP : CriquePlomb ; Pl : Plombinette). Les moyennes de l’ensemble des rivières en amont du lac et ensurface du lac sont indiquées par des pointillés. Les boîtes montrent la médiane et l’écartinterquartile. Les moustaches présentent la gamme des données et la croix représente lamoyenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130

254

6.2 Variations spatiales des concentrations en (a) CH4, (b) COD, (c) CO2, du (d) δ13C-CID,des concentrations en (e) NH+

4 , (f) NO−3 , (g) NO−

2 et (h) N2O en surface des rivières enamont du lac de Petit Saut (Si : Takari Tanté sur le Sinnamary ; Co : Saut Lucifer sur laCoursibo ; CT : Crique Tigre ; CP : Crique Plomb ; Pl : Plombinette). Les concentrationsmoyennes de l’ensemble des rivières en amont du lac et en surface du lac sont indiquéespar des pointillés. Les boîtes montrent la médiane et l’écart interquartile. Les moustachesprésentent la gamme des données et la croix représente la moyenne. . . . . . . . . . . . . . 132

6.3 Variations spatiales des concentrations en MES (a), COP (c) et NP (e), du rapport C/N(b), des teneurs en CO (d) et en N (f) et des (g) δ13C-COP et (h) δ15N-NP de la MOdes rivières en amont du lac de Petit Saut (Si : Takari Tanté sur le Sinnamary ; Co : SautLucifer sur la Coursibo ; CT : Crique Tigre ; CP : Crique Plomb ; Pl : Plombinette). Lesmoyennes de l’ensemble des rivières en amont du lac et en surface du lac sont indiquéespar des pointillés. Les boîtes montrent la médiane et l’écart interquartile. Les moustachesprésentent la gamme des données et la croix représente la moyenne. . . . . . . . . . . . . . 133

6.4 Concentrations en O2, pH et potentiel réducteur dans les six premiers centimètres dessédiments de Bois Blanc (en haut) et Crique Tigre (en bas). Le potentiel réducteur enCrique Tigre n’a pu être mesuré. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

6.5 Profils verticaux des concentrations en CH4, CO2 et COD dans les eaux interstitielles dessédiments et de la teneur en CO, du rapport C/N et du δ13C-CO de la fraction solide dessédiments de Bois Blanc (en haut) et Crique Tigre (en bas). La teneur en CO, le rapportC/N et le δ13C-CO des sols de forêt (losange plein), des sols inondés (losange vide), desMES des rivières Sinnamary et Coursibo (cercle vide), de la matière récoltée dans lespièges à particules à 30 m (triangle plein) et l’épilimnion de la colonne d’eau (trianglevide) sont représentés et positionnés à la profondeur zéro par défaut. Les concentrationsen CO2 et CH4 ont été mesurées pour deux carottes en Crique Tigre, une prélevée enbordure de forêt inondée (carrés vides) et l’autre au milieu de l’ancien lit de la rivière(carrés pleins). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136

6.6 Profils verticaux des concentrations en NH+4 , NO−

3 , SO2−4 et H2S dans les eaux intersti-

tielles des sédiments et des teneurs en N et en Stot et des δ15N-N de la fraction solide dessédiments de Bois Blanc (en haut) et Crique Tigre (en bas). La teneur en N et le δ15N-Ndes sols de forêt (losange plein), des sols inondés (losange vide), des MES des rivièresSinnamary et Coursibo (cercle vide), de la matière récoltée dans les pièges à particules à30 m (triangle plein) et l’épilimnion de la colonne d’eau (triangle vide) sont représentéset positionnés à la profondeur zéro par défaut. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

6.7 Profils verticaux des concentrations en (a et e) fer (Fepart) et (c et g) manganèse (Mnpart)particulaires, en (b, d, f et h) fer (Feasc) et manganèse (Mnasc) extraits à l’ascorbate et enfer (Fediss) et manganèse (Mndiss) dissous dans les sédiments de Bois Blanc (en haut) etCrique Tigre (en bas). Les concentrations en Fepart, Mnpart, Feasc et Mnasc sont expriméesen mg kg−1, les concentrations en Fediss sont exprimées en mg L−1 et les concentrationsen Mndiss sont exprimées en µg L−1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

6.8 Évolution temporelle (a et b) des taux de production en CH4 et CO2, (c et d) du taux deproduction en N2O et (e et f) des concentrations en fer (Fe) et manganèse (Mn) dissousdans les incubations anaérobies des sédiments de Crique Tigre (à gauche) et Bois Blanc(à droite). Les lignes en pointillés représentent les bornes des différentes phases. . . . . . . 142

6.9 Évolution temporelle des taux de production en CH4, CO2, et des concentrations en ferdissous (Fe) et manganèse dissous dans les incubations anaérobies de poudre de troncs (àgauche) d’Eperua falcata et (à droite) de Sterculia foetida morts (carrés vides) et vivants(carrés pleins). Les lignes en pointillés représentent les bornes des différentes phases. . . . 144

6.10 Localisation du site d’orpaillage de St Elie dans le bassin versant du lac de Petit Saut(d’après Muresan (2006)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

6.11 (a) État de dégradation et (b) origine de la matière organique des rivières en amont du lac.148

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6.12 Apports saisonniers en (a) carbone et en (b) azote des rivières du bassin versant au lacde Petit Saut et débit entrant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

6.13 Apports de (a) carbone et (b) d’azote des rivières du bassin versant au lac de Petit Sauten fonction du débit entrant en 2012 - 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

6.14 Schéma de la répartition verticale de l’origine de la MO et des processus ayant lieu lorsde la dégradation de la MO dans les sédiments de Bois Blanc et Crique Tigre. . . . . . . . 154

6.15 Évolution temporelle de l’utilisation des accepteurs d’électron lors de la dégradation de laMO de la poudre de troncs d’arbre incubée en conditions anaérobies. . . . . . . . . . . . . 155

6.16 Bilan de carbone des sédiments et sols inondés du lac de Petit Saut (g (C) m−2 an−1). . . 1606.17 Bilan de carbone à Petit Saut (Moyenne ± SEM Gg (C) an−1). . . . . . . . . . . . . . . . 1616.18 Bilan de carbone du CH4, du CO2, du COD et du COP dans les 40 premiers kilomètres

du fleuve en aval et export de carbone à l’océan. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1656.19 Bilan d’azote à Petit Saut (Moyenne ± SEM Mg (N) an−1). . . . . . . . . . . . . . . . . . 1676.20 Éstimations des émissions de gaz à effet de serre sur un cycle de vie des différentes voies de

production d’énergie (g CO2eq kWh−1) (D’après IPCC (2011)). Les étoiles correspondentau système Petit Saut (Lac + Fleuve en aval) pour 100 ans d’émissions de CH4 et de CO2.Les chiffres des alternatives thermiques ont été calculés avec un PRG du CH4 égal à 25ainsi le facteur d’émission de Petit Saut avec un PRG du CH4 égal à 34 est donné à titreindicatif. Le facteur d’émission calculé ne prend pas en compte les émissions de N2O, lesémissions par les arbres situés au dessus du niveau de l’eau, les émissions de la zone demarnage et les émissions dues à la construction du barrage. . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

256

Liste des abréviations

C CarboneCH4 MéthaneCID Carbone inorganique dissousCIP Carbone inorganique particulaireCO Carbone organiqueCO2 Dioxyde de carboneCOD Carbone organique dissousCOP Carbone organique particulaireFe FerGES Gaz à effet de serreH2S Sulfure d’hydrogèneMn ManganèseMO Matière organiqueN AzoteN2O Protoxyde d’azoteNH+

4 AmmoniumNO−

2 NitriteNO−

3 NitrateNP Azote particulaireO2 Oxygène dissousPRG Pouvoir de réchauffement globalStot Soufre totalSO2−

4 Sulfate

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Résumé : Les eaux continentales sont des sources de méthane (CH4), de dioxyde de carbone (CO2)et de protoxyde d’azote (N2O). Dans le but de préciser leur importance dans le bilan global des émissionsde gaz à effet de serre (GES), de nombreuses études ont été réalisées afin de quantifier les différentsflux de carbone et d’azote les parcourant. Ces flux sont perturbés par la mise en place de barrages surle lit des fleuves. Peu d’études présentent des bilans de carbone et d’azote complets (apports, exports,flux vers l’atmosphère et enfouissement) pour les lacs de barrages, et elles concernent uniquement desécosystèmes boréaux et tempérés. Suite à la création d’un barrage, de la matière organique (MO) estmise en eau (sols et forêts), elle se dégrade rapidement les premières années suivant la mise en eau puisplus lentement par la suite. L’état de dégradation de la MO et la principale source de GES dans un lacde barrage près de 20 ans après la mise en eau sont souvent méconnus. L’étude réalisée 18 ans après lamise en eau du lac de Petit Saut (Guyane Française) est la première étude où les principaux élémentsdes cycles du carbone et de l’azote d’un lac de barrage hydroélectrique, et de son fleuve en aval, situéen climat équatorial et dont la création a entraîné la mise en eau de forêt primaire, sont étudiés près de20 ans après la mise en eau. Cette étude se base sur (i) la mesure mensuelle de la qualité des eaux etdes concentrations en carbone et azote en amont, dans, et en aval du lac de barrage, (ii) la mesure et/oule calcul des différents flux de GES vers l’atmosphère, (iii) des données de la signature isotopique et del’état de dégradation de la MO en amont, dans, et en aval du lac, (iv) des prélèvements de sédimentset de troncs d’arbres ennoyés en 1994 et (v) des incubations d’eau du fleuve, de sédiments et de troncsd’arbres du lac. L’ensemble des données collectées au cours des 12 mois de campagnes réalisées en 2012- 2013 nous a permis de déterminer que (i) les sols inondés sont toujours des sources significatives deGES contrairement aux troncs d’arbres ennoyés, (ii) dans le lac 84 % des émissions de CH4 et 51 % desémissions de CO2 ont lieu dans la zone littorale (< 10 m de profondeur), (iii) 54 % du CO2 produit dansle fleuve en aval provient de la dégradation de la MO apportée par le lac. Cette étude nous a aussi permisde réaliser des bilans de carbone et d’azote à Petit Saut et un bilan des émissions de chacun des GESémis (CH4, CO2, N2O) près de 20 ans après la mise en eau.

Mots clés : Eaux continentales, Lac de barrage hydroélectrique, Fleuve en aval d’un barrage, Climattropical, Cycle du carbone, Méthane, Dioxyde de carbone, Cycle de l’azote, Protoxyde d’azote, Matièreorganique, δ13C, δ15N.

Abstract : Inland waters are sources of methane (CH4), carbon dioxide (CO2) and nitroux oxide(N2O). In order to define their importance in the global balance of greenhouse gases (GHG) emissions,numerous studies have been conducted to quantify the different fluxes of the carbon and nitrogen browsingthem. These fluxes are modified by the creation of dams on river beds. Few studies present full carbon andnitrogen balances (inputs, outputs, fluxes to the atmosphere and sequestration) for reservoirs, and theyconcern only boreal and temperate ecosystems. The creation of a dam floods organic matter (OM) (soilsand forests), which is rapidly degraded the first years following the impoundment and thereafter moreslowly. The state of degradation of the OM and the main source of GHG in a reservoir nearly 20 yearsafter impoundment are often unknown. The study conducted 18 years after the impoundment of the PetitSaut Reservoir (French Guiana) is the first study where the main elements of carbon and nitrogen cyclesof an hydroelectric reservoir, and its river downstream, located in equatorial climate and which creationresulted in the flooding of primary forest, are studied nearly 20 years after impoundment. This study isbased on (i) a monthly measurement of water quality and carbon and nitrogen concentrations upstream,in, and downstream of the reservoir, (ii) measurements and/or calculations of the different fluxes ofGHG through the atmosphere, (iii) data of the isotopic signature and of the state of degradation of OMupstream, in, and downstream of the reservoir, (iv) sediments and 1994’s flooded tree trunks samplingand (v) incubations of downstream river water, sediments and tree trunks from the reservoir. All thedata collected during the 12 months of campaigns carried out in 2012 - 2013 allowed us to determinethat (i) flooded soils are still significant sources of GHG unlike flooded tree trunks, (ii) in the reservoir84 % of CH4 emissions and 51 % of CO2 emissions occur in the littoral zone (< 10 m depth), (iii) 54 %of the CO2 produced in the river downstream of the dam come from the degradation of the OM providedby the reservoir. This study also allowed us to achieve carbon and nitrogen balances in Petit Saut andemission balance of each GHG emitted (CH4, CO2, N2O) nearly 20 years after impoundment.

Keywords : Inland waters, Hydroelectric reservoir, River downstream a dam, Tropical climate,Carbon cycle, Methane, Carbon dioxide, Nitrogen cycle, Nitrous oxide, Organic matter, δ13C, δ15N.

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