+ All Categories
Home > Documents > Genre, liberté et souveraineté de soi : ponctuations à partir d’Honneth

Genre, liberté et souveraineté de soi : ponctuations à partir d’Honneth

Date post: 10-Jan-2023
Category:
Upload: usp-br
View: 0 times
Download: 0 times
Share this document with a friend
12
ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010 Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010 Observação o texto foi usado na atualização do periódico Página265 GENRE, LIBERTE ET SOUVERAINETE DE SOI : PONCTUATIONS A PARTIR D’HONNETH Pedro Eduardo Silva Ambra Nelson da Silva Junior Universidade de São Paulo Universidade de São Paulo RÉSUME L’article présentera lês réflexions sur lethèmedu travestisme et autres phénomènes de genre, surtout dans lecontexte culturel brésilien, à partir de les réflexions du philosophe francfortien Axel Honneth et de la psychanalyse. Les travestis, avec des femmes, sontentête de la prostitution au Brésil et constituen taussi un important contingent des réseaux de la prostitution internationale, en particulier en Italie et en France. Pour le philosophe, le moment actuel du capitalisme occidental semble radicaliser le modèle de le de liberté moral eau détriment d’un modèle de liberté juridique. Ainsi, on chercherai démontrer de quel façon des expressions nouvelles du genresont liées à cette cadre, à partir de la critique freudienne de la souveraineté de soi. Mots-clés: Psychanalyse, contexteculturel, travesti, Axel Honneth GENERO LIBERDADE E SOBERANIA DE SI: PONDERAÇÕES A PARTIR DE D’HONNETH RESUMO O artigo apresentara reflexões sobre o tema do travestismo a outros fenômenos de gênero, especialmente no contexto cultural brasileiro, a partir das reflexões do filósofo frankfurtiano Axel Honneth e da psicanálise. As travestis, juntamente com as mulheres, lideram a prostituição no Brasil e constituem uma fonte para a prostituição internacional, em particular na Itália e França. Para o filósofo, o momento atual do capitalismo ocidental parece radicalizar o modelo de liberdade moral em detrimento de um modelo de liberdade jurídica. Assim, buscaremosdemostrar de que modo as novas expressões do gênero estão ligadas a este quadro a partir da crítica freudiana da soberania de si. Palavras- chave: Psicanálise, contexto cultural, travesti, Axel Honneth
Transcript

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

65

GENRE, LIBERTE ET SOUVERAINETE DE SOI : PONCTUATIONS A PARTIR

D’HONNETH

Pedro Eduardo Silva Ambra Nelson da Silva Junior

Universidade de São Paulo Universidade de São Paulo

RÉSUME

L’article présentera lês réflexions sur lethèmedu travestisme et autres phénomènes de genre,

surtout dans lecontexte culturel brésilien, à partir de les réflexions du philosophe francfortien

Axel Honneth et de la psychanalyse. Les travestis, avec des femmes, sontentête de la

prostitution au Brésil et constituen taussi un important contingent des réseaux de la

prostitution internationale, en particulier en Italie et en France. Pour le philosophe, le moment

actuel du capitalisme occidental semble radicaliser le modèle de le de liberté moral eau

détriment d’un modèle de liberté juridique. Ainsi, on chercherai démontrer de quel façon des

expressions nouvelles du genresont liées à cette cadre, à partir de la critique freudienne de la

souveraineté de soi.

Mots-clés: Psychanalyse, contexteculturel, travesti, Axel Honneth

GENERO LIBERDADE E SOBERANIA DE SI: PONDERAÇÕES A PARTIR DE

D’HONNETH

RESUMO

O artigo apresentara reflexões sobre o tema do travestismo a outros fenômenos de gênero,

especialmente no contexto cultural brasileiro, a partir das reflexões do filósofo frankfurtiano

Axel Honneth e da psicanálise. As travestis, juntamente com as mulheres, lideram a

prostituição no Brasil e constituem uma fonte para a prostituição internacional, em particular

na Itália e França. Para o filósofo, o momento atual do capitalismo ocidental parece

radicalizar o modelo de liberdade moral em detrimento de um modelo de liberdade jurídica.

Assim, buscaremosdemostrar de que modo as novas expressões do gênero estão ligadas a este

quadro a partir da crítica freudiana da soberania de si.

Palavras- chave: Psicanálise, contexto cultural, travesti, Axel Honneth

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

66

GENERE, LIBERTY, AND SELF’S SOVEREIGNTY: CONSIDERATION TO START

FROM D’HONNETH

ABSTRACT

The paper presents reflections on the subject transvestism and other gender phenomena,

especially in the Brazilian culture, considering psychoanalysis and the reflections of the

Frankfurt School philosopher Axel Honneth. Transvestites, along with women, lead the

prostitution market in Brazil, serving as well as international prostitution source, particularly

in Italy and France. For the German philosopher, the moment of Western capitalism seems to

radicalize the model of moral freedom at the expense of a legal freedom model. Thus, we

would like to propose how the new expressions of gender are linked to this general context,

based on the Freudian critique of the Self’s sovereignty.

Key- words: Psychoanalysis, cultural context, transvestite, Axel Honneth

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

67

Devant l’urinoir, on rencontre debout un sujet aux ongles vernis, aux cheveux longs,

avec une jupe et des talons hauts. En percevant l’état stupéfait d’un vieil homme qui vient de

rentrer dans les toilettes, le premier s’exclame : « Vous ne vous êtes pas trompé de toilettes ».

La réponse, résignée, suit : « Oui je sais, je me suis trompé d’époque ». (CARTA CAPITAL,

2011)

Ce qui caractérise cette ‘’erreur d’époque’’ ? Il est possible de rencontrer depuis

l’Antiquité classique des sujets qui questionnent ce qui est considéré comme masculin et

féminin.Néanmoins, la manifestation et la fonction de cette représentation du masculin et du

fémininchange à chaque époque. Si nous considérons le fonctionnement social à partir du

modèle du retour du refoulé à partir de la psychanalyse, qu’est-ce queces symptômes sociaux

– étant donné qu’il s’agit ici d’évènements apparemment dysfonctionnels, étrangers à la

normalité connue – contiennent de vérité ?Nous croyons que quelque questions de genre,

conçues comme phénomènes culturelles de la réalité social brésilienne et étranger, peuvent

servir comme objet d’analyse privilégiés par les dénommées ‘’pathologies de la liberté

individuelle’’. Avant d’analyser plus attentivement les premières, il est nécessaire de

présenter comment Honneth prétend faire son diagnostic d’époque à partir des ponctuations

de Hegel sur la liberté individuelle.

‘’Changement de valeurs’’, ‘’postmodernité’’, et‘’société de risque’’, du côté de la

sociologie, et ‘’ société perverse’’, ‘’société psychotique’’, ‘’déclin de la fonction du Grand

Autre’’ et ‘’impératif de jouissance’’, du côté de la psychanalyse, se montrent comme

diagnostics d’époque plus ou moins utiles pour l’analyse de la contemporanéité. Néanmoins,

tous « se sont rapidement révélés des produits d’une super généralisation de développements

sociaux avec une portée restreinte, soit sous l’aspect historique, soit sur le social » ;

(HONNETH, 2003, p. 78) et nous compléterions, métapsychologique.

Si nous suivons les critiques d’Axel Honneth relatives aux diagnostics d’époque

effectués dans un passé récent, nous constaterons qu’avec les unitéralités empiriques de ces

analyses, il y a une absence de critique des tendances évolutives actuelles de nos sociétés. A

partir du diagnosticeffectué par Hegel dans ‘’La philosophie du Droit’’, l’auteur propose la

réalisation d’une analyse rigoureuse des prétentions normatives d’une société, pour vérifier si

pendant ce processus ne surgissent pas ‘’des fissures menaçantes dans l’auto-relation et dans

les relations sociales humaines’’. (HONNETH, 2003, P. 78). Du point de vue psychanalytique

nous rajouterions, néanmoins, que de telles ‘’fissures menaçantes’’ sont nécessaires et

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

68

constitutives de la subjectivité et de son expression sociale, nous revenant d’analyser

seulement de quelle manière elles prennent place dans différents contextes.

Tel que nous le présente Honneth, Hegel diviserait les possibilités de libertés

individuelles en deux types complémentaires. Le premier modèle de liberté est le juridique.

Dans celui-ci, la liberté est appréhendée seulement comme ‘’prétention de droit’’, selonles

mots même d’Hegel, « l’impératif de droit (abstrait) et donc : soit une personne et respecte les

autres comme personnes » (HEGEL, 1820/2009, p. 40). Donc, cette première conception de

liberté peut être représentée par le vieux proverbe: « Ta liberté se termine quand commence la

liberté de l’autre ».

Mais il y a aussi le modèle de liberté morale. Dans celui-ci, l’autonomie morale est

prise comme boussole des actions. « Telle action (de la conscience) a son fondement en soi et

pour soi » (HEGEL, 1820/2009, p. 141). Pour donner un exemple, de nouveau, nous pouvons

citer Aleister Crowley : « Do what thou wilt shall be the whole of the Law » - Faire ce que tu

veux sera toute la loi.

Bien, la critique de Honneth sera dirigée à la primauté de ce modèle de liberté morale

sur celui de la liberté juridique. Pour lui, le diagnostic hégélien d’une liberté incomplète, qui

ne considère pas ces deux sphères pour uneéthicitécommune, continue à être actuel. Pour

Honneth, il y aurait alors ‘’(…) la tendance à se perdre dans une autocertificationabissale, car

il n’y a pas d’échappatoire à cause du manque de normes ou d’obligation préalablement

acceptées. La réflexion morale se déroule pour ainsi dire dans le vide, (…) (HONNETH,

2003, p. 85).

Honneth se risque même à une interprétation de phénomènes cliniques

psychanalytiques à partir de cette lecture sociale, dans laquelle il y a une contraction

normative au nom de la liberté individuelle : « tandis que les ‘’névroses’’ de l’époque de

Freud, c’est-à-dire des troubles psychiques liés à des conflits d’autorité à la phase oedipienne,

paraissent perdre del’importance sociale, augmentent les dépressions dans des proportions

alarmantes, ce qui est déjà perceptible par l’activité économique sans précédents autour des

antidépresseurs’’(HONNETH, 2003, p. 86).

Ainsi faite cette petite et, très probablement, lacunaire, explication des pathologies de

la liberté individuelle chez Honneth, revenons à notre sujet. La tentative ici sera circonscrite

seulement à quelques cas de ce l’on nomme ‘’problèmes de genre’’. Nous apprenons avec la

technique psychanalytique d’investigation à considérer le déviant pour comprendre le

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

69

‘’normal’’,ou mieux encore, nous apprenons à nous servir de cette dualité problématique pour

avancer sur ce qui est considéré aujourd’hui comme recherche en psychanalyse.

Nous présenterons donc quelques phénomènes de genre – tels que le transsexualisme

et ‘’l’indétermination de genre’’ – et la forme sous laquelle ils trouvent leur expression

spécifique dans le contexte actuel. En anticipant notre hypothèse, malgré qu’elles portent

d’importantes différences, de telles questions paraissent avoir en commun le faitde porter–

principalement – la marque de souveraineté de soi. Ainsi, ces phénomènes paraissent aller

dans la même direction que l’hypothèse de Honneth, celle d’une primauté de l’autonomie

morale au détriment d’une expressionjuridique de la liberté.

Mais nous plaçons la charrue avant les bœufs. C’est l’heure de présenter concrètement

ce que nous avons appelé jusque-là ‘’questions de genre’’.

Questions de détermination : travestisme et transsexualisme

‘’Toute faite’’ est comme les travestis brésiliennes se nomment après avoir réalisé

leurs interventions chirurgicales et hormonales. (BENEDETTI, 1995) Cette expression

présente déjà ce que nous soulignerons comme central dans le cas du travestisme et du

transsexualisme : ce qui est en jeu est « me faire femme », et pas – à la Beauvoir – ‘’devenir

femme’’. Si ce devenir implique un développement conflictuel et dialectique de l’histoire

individuelle, le ‘’se faire’’ impliquel’intentionnalité, la production et les certitudes. Ainsi, la

technique dans ce cas parait être au service de ces sujets pour faire coïncider leurs idéaux –

dans ce cas, de féminité – avec leur corps.

Prenons ici la question à partir du discours du capitaliste, tel que Lacan le présente,

c’est-à-dire un discours qui fait croireque la distance entre le sujet et son manque fondamental

estnulle. (AMBRA, 2010 ; CASTRO 2009)

Il s’agit d’une promesse basée dans la conscience et dans la volonté du sujet, il est

possible maintenant de me redéfinir d’une forme concrète. C’est-à-dire : des conflits qui

traditionnellement paraissent avoir été résolus d’autres formes – par exemple, je suis laid et

cela m’amène de la douleur, donc je converse avec des amis, j’écris des livres, je vais chez le

psychologue, je me déprime… - aujourd’hui trouvent dans le corps une issue exclusivement

imaginaire, dans le sens que Lacan donne au terme. Non seulement dans le domaine du genre,

on peut, et en certain sens on doit, payer une chirurgie plastique et faire que l’image coïncide

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

70

avec l’idéal et, plus encore, que la modification de mes idéaux corporels puisse être toujours

suivie par une reconfiguration physique.

Il est évident que nous ne sommes pas ici en train de faire un jugement moral

apocalyptique, mais il est nécessaire de noter que ce changement rapide amène des effets

importants subjectivement. Des conflits qui historiquement étaient résolus par le langage,

aujourd’hui ont d’autres formes d’expressions : je fais un tatouage, j’implante du silicone et

etc. Le sujet se met aujourd’hui en relation avec son désir aussi à partir de l’image corporelle

et sa potentielle modification.

Mais qu’arrive-t-il quand ce corps historicisé en vient à être considéré comme concret

et, plus que cela, comme définisseur de l’identité du sujet ? Dans le cas du travesti, nous

observons la radicalisation de cela par rapport au genre. Je suis ce que mon corps est. Cela

signale la possibilité imaginaire de redéfinition non seulement d’une image idéale, mais de

‘’l’être’’ en tant que tel, si nous considérons le genre comme composant structural et non

contingent de la subjectivité. Une telle modification ne s’articule plus à partir d’une

expérience philosophique, religieuse ou psychologique, mais avant tout dans et par le corps.

On pourrait avancer qu’il a toujours existé des travestis ou des transsexuels, mais que

nous observons aujourd’hui leurs transformations seulement à cause dudéveloppement de la

technique de chirurgie. Cette opinion est mise en question, cependant, par un fait intéressant

et qui va dans le sens de notre hypothèsede la fonction du corps dans la contemporanéité. Ce

fait démontre le caractère historique et social de l’utilisation du corps. Dans une étude

anthropologique sur les travestis de Porto Alegre, Benedetti met en avant que les travestis

plus âgés, qui ont commencé leur travail dans les décennies de 1960 et 1970, paraissent ne pas

souhaiter de modifications corporelles plus radicales et optent seulement pour des traitements

avec des hormones. Un autre fait intéressant est que le nombre de tatouages augmente

vertigineusement parmi les travestis plus jeunes, alors que les tatouages ne sont pas fréquents

chez les travestis plus âgés.

Ajoutons : durant la dictature militaire au Brésil, spécialement à la fin de la décennie

1960, les travestis étaient fréquemment persécutés par le pouvoir policier et préféraient

parfoisse couper les veines et être emmenés à l’hôpital qu’aller en prison. Aujourd’hui, ces

cicatrices – qui avaient une fonction pour « elles » et pas totalement volontaires– de leurs

histoires sont exhibées avec fierté par les travestis les plus vieux, qui n’ont pas de tatouages.

Soulignons ici le net passage de l’histoire symbolisée dans le corps pour le corps comme

produit imaginaire d’idéaux.

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

71

Ce que nous aimerions ponctuer ici est le caractère d’extrême détermination dans

lequel la question paraît se présenter. Tant chez les travestis qui travaillent dans la prostitution

que chez les transsexuels qui ont leurchirurgie de transgénitalisation payée par le

gouvernement, le corps est le résultat d’un processus de décision qui cherche à exclure

concrètement ce qui n’est pas désirable et appréhendable par le sujet. Il est visé dans ce cas

une identité spécifique, déterminée et totale.

Mais ce n’est pas le cas d’un autre ensemble de phénomènes de genre qui a eu de plus

en plus de place dans les médias.

Le genre indéterminé

En 1993 un sigle créé par André Fischer a gagné une grande popularité au Brésil. Il

s’agit du sigle GLS – Gays, Lesbiennes, et Sympathisants. Néanmoins, si l’expression était

utilisée aujourd’hui elle serait probablement répudiée par les militants. Sa dernière

reformulation est LGBTIQ – Lesbiennes, Gays, Bissexuels, Transgenres, Inter-sexe,

Questionnants.

Cette explosion de catégories a rapidement eu sa traduction dans la loi. Depuis le 15

août 2011, les Australiens ont le droit d’opter soit pour le genre masculin ou féminin sur leur

passeport soit pour la catégorie ‘’indéterminée’’. Cette décision du gouvernement australien

est le résultat d’une polémique qui a débuté quand Norrie May-Welby est devenue la première

personne ‘’sans genre’’ dans le pays, après ne pas s’être adaptée psychiquement à la chirurgie

de transgénitalisation, qui l’avait dotée de caractères physiques féminins.

Le reportage ‘’L’Ere du post-genre’’ de la revue Carta Capital, montre que cette forme

de penser le sexe est présente aussi à l’université :

Interrogée par le journal catalan La Vanguardia sur son genre, Beatriz (philosophe

catalane) a répondu : ‘’Cette question reflète une obsession occidentale anxieuse,

celle de vouloir réduire la vérité du sexe à un binôme. Je consacre ma vie à

dynamiter ce binôme. J’affirme la multiplicité infinie du sexe’’. Selon la philosophe,

la sexualité humaine est comme les langues : on peut en apprendre plusieurs. (Carta

Capital, 2011)

Et comment s’apprennent les sexualités ? Tel que nous le montre la psychanalyse – et

toute la myriade de critiques dirigées contre elles – c’est au moyen de constructions faites à

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

72

partir de la famille que le sujet se positionne devant les choix objectaux et identifications, y

compris de genre. Et si dans l’enfance il est le noyau dur de ces définitions c’est là que doit

être recherché et reconstruite l’histoire du sujet – telle est une des fonctions de l’analyse

classiquement conçue.

Néanmoins, quelques familles semblent avoir pris très au sérieux cette constatation, en

y ajoutant une vision particulière de liberté de choix de genre.

Le couple lesbien Pauline Moreno et Debra Lobel, de Californie (E.U.), a décidé

d’utiliser des bloqueurs d’hormones pour retarder l’arrivée de la puberté chez le fils

Tommy, de 11 ans. La mesure a été prise pour que l’enfant ait plus de temps pour

décider si réellement il veut faire un changement de sexe. Tommy porte des

vêtements de fille et est appelé par les mères ‘’Tammy’’. ‘’Cela donne aux enfants

et aux familles l’opportunité de prendre la bonne décision’’, a dit Joel Baum,

directeur de l’ONG Californiana gender Spectrum, selon le site AdelaideNow.(O

Globo, 2011).

Et encore :

Un cas similaire s’est présenté il y a deux ans en Suède avec le bébé ‘’Pop’’, genre

non révélé, qui à deux ans pouvait choisir s’il voulait porter des robes ou des

vêtements de garçon. « Nous voulons que Pop grandisse le plus librement possible,

nous voulons éviter qu’il soit forcé/e à assumer un genre spécifique dicté par

l’extérieur », a expliqué la mère de l’enfant. « C’est cruel de mettre un enfant au

monde avec une étiquette bleue ou rose clouée sur le front. » (Carta Capital, 2011).

Paul Mc Hugh, professeur de psychiatrie de l’université Johns Hopkins University

affirme : « Cela est de l’abus infantile. C’est comme faire une liposucion sur un enfant

anorexique ». Radicalité d’une prétendue liberté ou violence injustifiée, il est un fait que ces

phénomènes appartiennent à une seconde catégorie de questions de genre.

A la différence de l’obstination de détermination transsexuelle, il s’agit ici d’une lutte

pour le droit de non détermination de genre. Le refus d’inscription en catégories qui se sont

montrées toujours plus fragiles pour expliquer des réalités contemporaines ne dialogue pas

seulement avec la sphère psychopathologique, mais demande des reconnaissances dans le

champ social et juridique. Reprenant brièvement Honneth, nous nous souvenons, néanmoins,

que ces demandes de reconnaissance juridique sont au service seulement de l’autonomie

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

73

morale de liberté, étant donné qu’elles n’ont pas comme horizon la régulation du tout social,

mais seulement la garantie individuelle de liberté.

Bon, si le positionnement devant la détermination de genre divise les deux groupes de

phénomènes, nous proposons qu’ils soient intimement liés à ce qui concerne et à ce que nous

appelons souveraineté de soi.

La troisième blessure narcissique, encore

Par ‘’souveraineté de soi’’ nous entendons l’attitude du sujet moderne d’avoir dans la

raison, dans la conscience et dans le libre arbitre les piliers de de ses actions et de sonattitude

devant le monde. Déjà dénoncée par Freud comme « troisième blessure narcissique », la non

considération des déterminations inconscientes est patente dans les deux les groupes de

phénomènes. Soit chez le sujet qui demande une chirurgie de changement de sexe, soit chez

les parents qui forcent l’enfant à un positionnement de genre, l’impossibilité de choix comme

telle n’est jamais mise en question.

Une telle position n’ignore pas seulement les aspects inconscients de la personnalité,

mais paraît ne questionner aucune autre détermination externe au sujet, par exemple,

l’économie. Si nous considérons le marxisme commeprécispour démontrer la primauté de la

sphère économique sur la sphère sociale, ces phénomènes peuvent aussi être trouvés dans la

création d’un marché rentable qui comprend des chirurgies plastiques, des médicaments et

jusqu’à même un appareil juridique et de la média.

Encore que dans les demandes de non détermination de sexe – genre indéterminé et

enfants sans genre – il puisse y avoir un désir d’indétermination, il n’y a pas d’espace pour

l’indétermination du désir. Tant dans celles-ci, que dans les demandes de détermination de

genre – travestis et transsexuels -, on observe le projet de souveraineté de soi de la raison,déjà

dénoncé par Freud, est maintenant aussi dans les corps, semblants et politiques publiques.

Reprenant donc le diagnostic d’époque qu’Honneth trouve dans Hegel, nous pouvons

dire que les phénomènes de genre cités ici font partie d’un diagnostic d’époque appelé comme

‘’pathologie du social’’.

Je cite Honneth :

Hegel affirme sur son (et la notre) époque que nous souffrons d’une relation sociale

et une autorelationfausses, parce que nous attribuonsune autonomie souveraine à

quelques aspects nécessaires à une culture moderne de la liberté et nous faisons de

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

74

l’autonomie l’unique point de référence de notre compréhension personnelle.

(Honneth, p. 79)

Pour le philosophe frankfortien, le moment actuel du capitalisme occidental semble

radicaliser le modèle de liberté morale au détriment d’un modèle de liberté juridique. Il est

évident que la radicalisation de ce second modèle conduit également à des pathologies,

clairement localisables dans des régimes autocratiques ou extrêmement bureaucratisés. Mais

ce que l’auteur montre c’est qu’il n’a pas été atteint un moment d’éthicité, présenté par Hegel

comme une réalité dans laquelleles deux sphères peuvent coexister.

La ‘’thérapie philosophique’’ proposée par l’auteur serait, finalement, la

considération (synthèse) de ces deux sphères à partir d’une liberté communicative. Si nous

considérons ce que nous avons présenté, nous pouvons donner du crédit à son diagnostic

social.Mais reste à la psychanalyse d’orientation lacanienne à souligner l’impossibilité

structurale d’une liberté communicative, étant donné que le langage – très anecdotiquement et

brièvement – provoque plus de malentendusqu’ilne communique.

En guise de conclusion, si nous considérons ces souffrances-symptômes (sociaux car

individuels) comme contenant quelque chose de réel, et n’étant pas quelque chose devant être

extirpé comme un cancer, la question qui est posée est si la psychanalyse est dotée

d’opérateurs théoriques qui puissent comprendre ces nouvelles modalités d’être au monde.

Si nous défendons la structuration subjective comme nécessairement inconsciente, la

critique de la souveraineté de soi est encore valide. Mais comment penser le genre dans ces

cas, sans se dérober par la voie facile et séductrice de la pathologie individuelle ? Il reste

donc, à se fier au conseil freudien de la primauté de la clinique sur la théorie. Même ainsi il

semble pertinent de nous souvenir qu’aucune écoute clinique ne doit être faite hors du social.

Nous espérons avoir présenté quelques ponctuations qui montrent qu’il n’y a pas de théorie ni

de clinique anhistorique ou détachée du contexte social. Comme l’a dit Lacan : « la

psychanalyse est un symptôme, un symptôme social, et c’est ainsi qu’il convient de connoter

son existence » (LACAN, 1976)

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

75

BIBLIOGRAPHIE

AMBRA, P. E. S. O Travestismo como forma contemporânea de subjetivação: o recurso ao

corpo. In: Alberto Trimboli, Juan Carlos Fantin, Silvia Raggi, Eduardo Grande, Pablo

Fridman, Gustavo Bertran. (Org.)Trauma, Historia y Subjetividad1 ed, Buenos Aires,

Conexiones, v. 1, 2010.

CASTRO, J.C.L. Consumo de massa e discurso da hysteria.II Colóquio Binacional Brasil-

méxico de Ciências da Comunicação, 2009.

LACAN, J. Journéesdescartels de l’Écolefreudienne de Paris.Maison de lachimie, Paris,

Lettre de l’Écolefreudienne, n° 18, pp. 263-270, 1976.

BENEDETTI, M. Toda feita: o corpo e o gênero das travestis.Rio de Janeiro:Garramond,

2005.

CARTA CAPITAL. A era do pós-gênero.São Paulo, Setembro, 2011

HEGEL, G.W.F. Princípios da filosofia do direito, São Paulo, Martins Fontes.

Originalmente publicado em 1820, 2009.

HONNETH, A., Patologias da liberdade individual. O diagnóstico hegeliano de época e o

presente. Tradução de Luiz Repa. Novos Estudos CEBRAP, n. 66, p. 77-90, 2003.

Autores

Pedro Eduardo Silva Ambra

Psicólogo e mestrando do Departamento de Psicologia Social do Instituto de Psicologia da USP. Pesquisador do

Laboratório de Epistemologia Genética e Reabilitação e do Laboratório de Teoria Social, Filosofia e Psicanálise

da USP, LATESFIP. Editor do Periódico Transformações em Psicologia do Instituto de Psicologia da USP.

Universidade de São Paulo, Brasil

E-mail: [email protected]

ISSN 2177-661X Pedro Eduardo Silva Ambra & Nelson da Silva Junior 2010

Brazilian Cultural Studies v. 1, n. 3, p. 265-276, Setembro/Dezembro 2010

Observação – o texto foi usado na atualização do periódico

Pág

ina2

76

Nelson da Silva Junior

Psicanalista e Professor do Instituto de Psicologia da Universidade de São Paulo, diretor do Laboratório de

Epistemologia Genética e Reabilitação Psicossocial e coordenador do Laboratório de Teoria Social, Filosofia e

Psicanálise, LATESFIP

Universidade de São Paulo, Brasil

E-mail: [email protected]

Nota: Este artigo é fruto de uma apresentação realizada no Colóquio “La souffrance de l’être : ses formes

modernes, ses traitements”, organizado pela Universidade de Rennes 2, nos dias 24 e 25 de novembro de 2011.

A pesquisa contou com o apoio financeiro da FAPESP e do convênio CAPES/COFECUB. A tradução é de

Raphaël Gelas."

Artigo recebido em: 03/06/2012

Aceito em: 13/07/2012


Recommended