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INSECTA: Le royaume des insectes - Het insectenrijk - Das Reich der Insekten - The insect kingdom

Date post: 02-May-2023
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INSECTA LE ROYAUME DES INSECTES MUSEE DU CINQUANTENAIRE / PALAIS ROYAL PARC DU CINQUANTENAIRE, BRUXELLES / PLACE DES PALAIS, BRUXELLES LE GUIDE DU VISITEUR accompagnera utilement votre visite en présentant les huit grandes sections de cette exposition ainsi que tous les objets et œuvres d’art exposés. Ceux-ci sont numérotés de 1 à 85 et correspondent aux numéros présents dans les vitrines. Le guide renvoie donc, pour chaque objet exposé, à sa référence et à un commentaire explicatif rédigé par des chercheurs, conservateurs ou spécialistes qualifiés.
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INSECTALE ROYAUME DES INSECTES

MUSEE DU CINQUANTENAIRE / PALAIS ROYALPARC DU CINQUANTENAIRE, BRUXELLES / PLACE DES PALAIS, BRUXELLES

LE GUIDE DU VISITEUR accompagnera utilement votre visite en présentant les huit grandes sections de cette exposition ainsi que tous les objets et œuvres d’art exposés. Ceux-ci sont numérotés de 1 à 85 et correspondent aux numéros présents dans les vitrines. Le guide renvoie donc, pour chaque objet exposé, à sa référence et à un commentaire explicatif rédigé par des

chercheurs, conservateurs ou spécialistes qualifiés.

LES INSECTES nous sont éminemment proches et indispensables, nous le savons. Nous admettons aisément leurs rôles majeurs dans la pollinisation de la majorité des plantes à fleurs et des cultures, dans le recyclage des matières organiques végétales et animales, en tant que nourriture pour de nombreux vertébrés et invertébrés ; nous les utilisons volontiers comme additifs cosmétologiques ou comme colorants naturels ; nous les apprécions parfois même pour leur valeur nutritive.

Même si la peur, le dégoût ou le rejet nous envahissent parfois lorsqu’ils surgissent inattendus sous notre regard, ils nous fascinent cependant par leur mystère et leur esthétique complexe.

Depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours, de l’Amérique à l’Europe, de l’Égypte au Japon, toutes les civilisations du Globe les ont représentés sous des formes multiples et en des circonstances des plus diverses. Qu’ils personnifient une divinité, qu’ils soient œuvre d’art ou simple élément ornemental, les insectes sont omniprésents dans l’histoire de la civilisation.

Déployée au sein même de la majestueuse Salle du Trône à l’occasion des journées « portes ouvertes » du Palais royal de Bruxelles, l’exposition INSECTA vous fera découvrir les multiples représentations de l’insecte dans les domaines de l’art, de la littérature et du cinéma. Elle vous propose de traverser pêle-mêle autant de siècles que de cultures où l’Art et l’Insecte communient au travers d’une centaine d’œuvres issues de nos collections artistiques et scientifiques fédérales.

Non pas en un parcours banalement chronologique ou didactique mais au travers d’une évocation poétique où s’étale un florilège d’artefacts accompagnés de leurs modèles entomologiques mis en scène selon huit thématiques successives : de l’insecte Artiste à l’insecte Fascinateur, en passant par l’Architecte, l’Artisan, le Symbole ou la Divinité. Plus avant dans le parcours, on pourra toujours admirer le Heaven of Delight du célèbre artiste anversois Jan Fabre, qui fut inauguré en 2002 et qui décore aujourd’hui encore le plafond du Salon des Glaces, ainsi que quelques lustres au recouvrement constitué de milliers de scarabées.

En complément à l’exposition INSECTA et tout au long de celle-ci, le musée mobile ArtBox fera escale devant le Musée BelVue (Place des Palais 7, 1000 Bruxelles) pour vous offrir trois « curiosités » sonores et visuelles, de quelques minutes chacune, dont l’une évoquera notamment le monde des grillons sur une composition du célèbre musicien de la Renaissance Josquin des Prés. ArtBox est une initiative de la Politique scientifique fédérale, en partenariat avec le Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (Université François Rabelais, Tours).

INSECTA est une exposition conçue et réalisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire (MRAH) en collaboration avec les Musées royaux des Beaux-Arts (MRBAB), le Musée royal d’Afrique centrale (MRAC), l’Institut royal des Sciences naturelles (IRSNB), la Société royale belge d’Entomologie (SRBE), la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) ainsi que la Cinémathèque Royale (Cinematek). Avec le soutien de la Politique scientifique fédérale (BELSPO) et de la Chancellerie du Premier ministre.

LES INSECTES sont apparus il y a 400 millions d’années, c’est-à-dire 200 millions d’années avant les dinosaures et 390 millions d’années avant les premiers hommes ! Avec 1,4 millions d’espèces recensées, ils dominent aujourd’hui la biodiversité terrestre. Une des premières représentations probables d’insecte connue vient du sud de la Belgique et date du Magdalénien, culture de la fin du paléolithique supérieur en Europe (ca -15.000 à -9.000 av. J.-C.). Depuis,

ils n’ont cessé de s’immiscer dans l’art jusqu’à nos jours.

01L’INSECTE

UNE INSPIRATION

01. STRUDIELLA DEVONICA.FOSSILE D’UNE LARVE D’INSECTE AILÉ. VILLAGE DE STRUD, PROVINCE DE NAMUR (COMMUNE DE GESVES), BELGIQUE, CA 365 MILLIONS D’ANNÉES AV. J.-C. IRSNB , A 12818 A-B.

Le plus ancien fossile d’insecte à peu près complet recueilli à ce jour est vieux de 365 millions d’années. Il a été découvert en 2012 dans le village de Strud (commune de Gesves), en province de Namur. Il s’appelle Strudiella devonica : il ne mesure que 8 mm, il est l’ancêtre probable de la sauterelle (ordre des orthoptères) et il est belge. Probablement s’agit-il d’une larve d’un insecte ailé car il est muni de mandibules proches de celles des blattes ou des sauterelles.

02. FOSSILE DE LIBELLULE. trouvé à solnhofen. IRSNB.

03. FOURMI DANS DE L’AMBRE. ORIGINE INCONNUE. IRSNB.

04. PENDELOQUE EN IVOIRE DE MAMMOUTH.BOMAL-SUR-OURTHE (DURBUY), BELGIQUE. MAGDALÉNIEN FINAL, CA 12.500 AV. J.-C. MRAH, 7497.

L’art des chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire est surtout connu au travers des cavernes décorées du sud de la France et du nord de l’Espagne. Mais, à la fin de la dernière période glaciaire (ca 13.000 av. J-C.), au temps de la phase finale de la civilisation

LE SAVIEZ-VOUS ? Les insectes sont des Arthropodes. Ils sont invertébrés et ils n’ont pas de colonne vertébrale. Par contre, ils sont pourvus d’un squelette externe, sorte d’enveloppe protectrice, comme c’est le cas pour les araignées, les crustacés et les mille-pattes. Le corps des insectes est divisé en 3 parties ; tous possèdent 3 paires de pattes, le plus souvent 2 paires d’ailes et 1 paire d’antennes. Les insectes communiquent, entre autres, en sécrétant diverses phéromones. Les mâles, parés d’antennes exubérantes, repèrent les femelles attirées par leurs phéromones sexuelles.

magdalénienne, ce grand art laisse peu à peu la place à des œuvres plus modestes dans leurs dimensions et dessinées ou sculptées sur des supports mobiles. C’est à cette époque que nos régions, longtemps marquées par un climat inhospitalier, sont recolonisées. Aussi, en Belgique, ne connaît-on pas de grottes ornées, mais seulement des œuvres gravées sur des plaquettes de pierre et quelques sculptures en os et en ivoire, dont cette représentation de la carapace d’un coléoptère. Il s’agit d’une des seules figurations d’un insecte jamais découverte en Europe pour ces périodes lointaines.

05. DÉFENSE DE MORSE DÉCORÉE AVEC INSECTES.INUIT, ARCTIQUE, 18E SIÈCLE. MRAH, ETAM 64.8.

Les Inuits chassaient, à bord de leurs kayaks, différents mammifères marins tels que la baleine, le phoque et le morse. L’ensemble de l’animal tué était utilisé : la viande pour se nourrir, les os pour fabriquer différents outils, la peau pour se vêtir et l’ivoire des dents, comme cette défense, pour fabriquer des petites figurines ou des éléments décoratifs et artistiques. La chasse au morse se faisait essentiellement à la fin de l’été. Cette défense est gravée de scènes de cette période de l’année avec les représentations de végétations mais aussi de divers animaux de l’intérieur des terres comme le renne, le castor et la martre. On y aperçoit aussi diverses espèces d’insectes ou quppiruit en langue inuit : une grande libellule (ordre des odonates) au centre de la dent, plus loin ce qui semble être une punaise (ordre des hétéroptères) ainsi qu’un petit papillon (ordre des lépidoptères). Les insectes étaient surtout vus comme éléments de vitalité et de force car, malgré leurs petites tailles, ils résistaient à l’hiver et revenaient chaque année.

LE SAVIEZ-VOUS ? Les insectes ont bravé le temps. Avec constance, ils ont résisté aux nombreuses catastrophes en série : éruptions volcaniques, assèchement des océans, météorites, etc., qui se sont abattues sur la planète il y a 250 millions d’années, détruisant tout sur leur passage.Ils ont survécu à la disparition des dinosaures (– 65 millions d’années), tandis qu’ils ont dû partager, au même moment, leur territoire avec de nouveaux compagnons de route, moins encombrants il est vrai : les mammifères. Ils ont assisté à l’apparition des premiers primates (– 55 millions d’années). Ils ont ensuite côtoyé les premiers hominidés (– 6 millions d’années), qui n’ont pas manqué de leur rendre hommage dès les temps préhistoriques.

06. POIGNARD EN BRONZE AVEC INSECTES.LURISTAN, IRAN, 13E-9E SIÈCLE AV. J.-C. MRAH, IR.536.

Le manche de ce poignard fait d’une seule pièce était, à l’origine, incrusté de matériau périssable, sans doute du bois ou de l’os. L’incrustation était fixée par deux rivets et par des rabats recourbés. Ce type de poignard est caractéristique de l’âge du Fer I et II au Luristan. Les deux faces de la lame sont ornées d’une rangée de dix insectes, peut-être des abeilles (ordre des hyménoptères). Ce motif est inhabituel dans l’art de cette région et sa signification est inconnue.

07. FRAGMENT D’UN MODÈLE DE SANCTUAIRE DÉDIÉ À LA DÉESSE NEITH AVEC REPRÉSENTATIONS DE TAUPINS.ÉGYPTE (ABYDOS ?), PRÉDYNASTIQUE TARDIF OU PROTODYNASTIQUE, CA 3.300-2.900 AV. J.-C. MRAH, E.6261.

Cet fragment en grauwacke était considéré jadis comme le fragment d’une palette à fard, mais il s’agit plus vraisemblablement d’une représentation en miniature d’un sanctuaire entouré d’un mur. Les symboles représentés en relief dénotent clairement qu’il est consacré à Neith, une très ancienne déesse égyptienne de la création, qui fut entre autres associée à la guerre et à la chasse. Le symbole par excellence de Neith était le taupin ou élatéridé (ordre des coléoptères), dont la carapace oblongue est plusieurs fois figurée sur cet objet. Lorsqu’il est allongé sur le dos et qu’il veut se remettre sur le ventre, il se projette en l’air en émettant un cliquetis. Cette aptitude digne d’un acrobate lui permet d’effrayer ses ennemis mais aussi d’échapper aux eaux montantes de la crue du Nil. Si Neith était effectivement une déesse de l’inondation comme le pensent certains égyptologues, son association avec ce surprenant coléoptère pourrait y trouver son origine.

08. TAUPIN. BELGIQUE.COLLECTION DIDACTIQUE SRBE. IRSNB.

09. MANCHE DE CHASSE-MOUCHE EN BRONZE ET EN OR.ASSYRIE (IRAK), 9E-8E SIÈCLE AV. J.-C. MRAH, O.4783.

En Mésopotamie, les serviteurs des notables utilisaient des chasse-mouches pour éloigner les insectes et procurer un peu de fraîcheur à leurs maîtres. Il s’agit d’éventails formés de plumes montées sur un manche dont l’extrémité, comme le montrent des reliefs assyriens, peut être ornée d’une tête d’animal. Au 8e siècle, des objets de prestige de ce type étaient également utilisés à la cour des rois araméens en Syrie du Nord. Un certain nombre d’ivoires zoomorphes paraissent avoir eu cet usage, mais, à ce jour, aucun autre exemplaire en métal, précieux ou commun, n’a été découvert. Sur l’objet présenté, l’élément décoratif rappelle les têtes de gazelles des bracelets assyriens ou achéménides mais, dans ce cas-ci, l’animal présente des incisives redoutables et des décorations en forme de rosette.

10. MOUCHE DOMESTIQUE. BELGIQUE.COLLECTION DIDACTIQUE SRBE. IRSNB.

11. FIBULE EN OR REPRÉSENTANT UNE ABEILLE.PROVINCE DE NAMUR, BELGIQUE, CA 576-600. MRAH, B 002643-001.

LE SAVIEZ-VOUS ? Les mouches, comme les moustiques, ne possèdent qu’une paire d’ailes et font partie de l’ordre des diptères. Il existe environ 100.000 espèces de mouches, mais l’on ne s’attachera ici qu’aux mouches domestiques, ces insectes commensaux de l’homme présents sous toutes les latitudes. Elles sont assurément perçues comme des « animaux de compagnie » des plus désagréables, nuisibles, « sales et inutiles », du fait qu’elles s’incrustent dans notre environnement avec une insistance opiniâtre qui n’est pas sans provoquer en nous à la fois irritation et exaspération. La fortune des chasse-mouches dans toutes les civilisations illustre à quel point nous les considérons comme importunes. Importunes mais pourtant tellement utiles étant donné leur rôle d’éboueurs : leurs larves appelées asticots étant coprophages (se nourrissant donc d’excréments) ou nécrophages (se nourrissant de cadavres).

12. DEUX PETITES ABEILLES (COPIES MODERNES).TOMBE DE CHILDÉRIC IER, TOURNAI, BELGIQUE, CA 480. MRAH.

Dès l’Antiquité, les abeilles (ordre des hyménoptères) représentèrent immortalité et résurrection et furent des emblèmes préférés des souverains. Ce fut aussi le cas des rois mérovingiens. En 1653, la tombe du roi mérovingien Childéric Ier fut découverte à Tournai. En plus de divers bijoux en or, de monnaies et d’armes richement décorées, le trésor de la tombe contenait plus de 300 petites abeilles en or décorées de grenats qui ornaient sans doute le manteau du roi. Au 19e siècle aussi, Napoléon Bonaparte prit l’abeille comme l’un des symboles de l’Empire, l’autre étant l’aigle. L’aigle faisait le lien avec Charlemagne et l’empire carolingien, les abeilles avec les Mérovingiens, la plus ancienne dynastie sur le sol de la France. En ajoutant l’abeille à ses armoiries et en faisant coudre les abeilles de Childéric sur son manteau impérial, Napoléon voulait légitimer son titre et son autorité.

13. PEIGNE EN BOIS AU CRIQUET.ÉGYPTE, NOUVEL EMPIRE, CA 1.550-1.200 AV. J.-C. MRAH, E.6396.

Cet élégant petit peigne en bois est surmonté d’un criquet ou d’une sauterelle (ordre des orthoptères) dont le corps étiré achève harmonieusement la forme de l’objet. La silhouette générale de l’insecte, à l’abdomen segmenté et aux pattes trapues, évoque assez précisément le criquet pèlerin (Schistocerca gregaria), une espèce très largement répandue dans toute l’Afrique du Nord. Divers objets de toilette du Nouvel Empire mettent en scène ces insectes qui pourtant, dans la vision égyptienne du monde, devaient être associés aux ravages qu’ils peuvent causer aux cultures. Apparaissant en nuées impressionnantes, ils sont, pour les anciens Égyptiens, une métaphore de la multitude indifférenciée, et ils sont notamment comparés aux hordes d’ennemis vaincus par le pharaon. À l’inverse, les criquets sont probablement aussi un signe positif d’abondance illimitée et de prospérité. Enfin, criquets et sauterelles stridulent, les premiers en frottant les fémurs de leurs pattes postérieures sur leurs

élytres ; les seconds en frottant les élytres l’un contre l’autre. Il s’agit donc d’animaux musiciens dont la présence sur des objets de toilette, associée au bien-être et aux réjouissances, est parfaitement adéquate.

14. CRIQUET MIGRATEUR OU LOCUSTE. EUROPE-AFRIQUE DU NORD.

COLLECTION DIDACTIQUE SRBE. IRSNB.

15. LAMPE À HUILE EN TERRE CUITE AVEC SAUTERELLE.ÉPOQUE ROMAINE, CA 40-70 AP. J.-C. MRAH, R.754.

Cette lampe à huile à bec rond et à doubles volutes en terre cuite moulée présente un médaillon décoré. On y distingue la représentation, plus ou moins réaliste, d’une sauterelle (ordre des orthoptères) sans antennes et avec seulement quatre pattes. Celle-ci est posée sur une branche de vigne, considérée par les Anciens comme un de ses aliments principaux (avec les grains de blé). Contrairement aux Parthes, aux Éthiopiens et aux Grecs, les Romains ne considéraient pas cet insecte comme étant mangeable. Ils appréciaient au contraire leur chant et les gardaient comme animaux familiers. Plusieurs poèmes nous racontent que tant des enfants que des adultes ont été jusqu‘à élever des tombeaux à leur sauterelle. On notera, au revers de la pièce, une marque d’atelier en forme d’empreinte de pied portant le nom Luc(ius).

16. INSIGNE EN ARGENT FRAPPÉ ET DÉCOUPÉ AVEC ÉMAIL MONTÉ EN ÉPINGLE, REPRÉSENTANT UNE ABEILLE AUX DRAPEAUX DE QUATRE PAYS ALLIÉS : LA BELGIQUE, LA FRANCE, LA RUSSIE ET LE ROYAUME-UNI.BELGIQUE, 1915. DON DE CHARLES LEFÉBURE. SANS NOM DE GRAVEUR. KBR, CABINET DES MÉDAILLES, N° 22863, INV. LEF 31/15.

Généralement, la résistance pendant la Première Guerre mondiale a été nettement moins importante que lors de la Seconde Guerre

mondiale. La résistance « symbolique » dans la population consistait en premier lieu à faire démonstration de manière plus ou moins provocante de sentiments patriotiques, par exemple en décorant les étalages d’objets « belges », en choisissant des prénoms patriotiques pour des nouveau-nés et, surtout, en arborant des matériaux numis-matiques témoignant de sentiments patriotiques. À partir d’un certain moment, l’interdiction de porter des insignes quelconques aux cou-leurs belges ou de pays en guerre avec l’Allemagne fut contournée par le port d’insignes aux couleurs des États-Unis, de vêtements verts ou d’insignes en forme de feuille de lierre symbolisant le mouvement de résistance belge.

17. INSIGNE AVEC COCCINELLE SUR UNE FEUILLE DE LIERRE EN MÉTAL PEINT.[1915]. KBR, CABINET DES MÉDAILLES, INV. II 1648.

18. COCCINELLE À DEUX POINTS. BELGIQUE.COLLECTION DIDACTIQUE SRBE. IRSNB.

19. INSIGNE EN BRONZE DORÉ FRAPPÉ ET DÉCOUPÉ, PEINT AVEC DES PETITES PIERRES DE VERRE ET MONTÉ EN ÉPINGLE DE SÛRETÉ REPRÉSENTANT UN PAPILLON AUX COULEURS BELGES.BELGIQUE, [1915]. DON DE CHARLES LEFÉBURE (1924). SANS NOM DE GRAVEUR. KBR, CABINET DES MÉDAILLES, N° 22745, INV. LEF 29/46.

PAR LEURS FORMES MULTIPLES, leurs couleurs chatoyantes, leurs mœurs parfois étranges, les insectes ont offert une source inépuisable d’inspiration à la créativité humaine. La diversité de leurs comportements ne cesse d’étonner : chanteurs, danseurs ou architectes, ils peuvent vivre en solitaires ou au sein de sociétés complexes. Ils sont capables de s’envoler ou au contraire de ramper dans les recoins les plus sombres. La multiplicité de leurs facettes conjuguée à leur caractère mystérieux et souvent obscur les ont vus chargés de symboles divers et ont suscité les fantasmes humains les plus extravagants. Souvent, par leur beauté intrinsèque, les insectes se muent aussi en œuvres d’art : véritables bijoux vivants, ils se retrouvent dans

de multiples figurations et graphismes.

02L’INSECTE

UNE EXPLORATION ARTISTIQUE

20. TROIS AQUARELLES DE LA COLLECTION DE SELYS-LONGCHAMPS.irsnb.

Longtemps associée en Occident aux puissances négatives et maléfiques, la libellule (ordre des odonates) recouvre en Orient une image positive associée aux notions de bonheur et de succès. Dans le monde occidental, on rencontre souvent la libellule dans les motifs ornementaux, surtout sur les faïences. À partir du 19e siècle, elle fait même l’objet d’une science, l’odonatologie, œuvre de l’homme politique et naturaliste belge, Edmond de Sélys-Longchamps (1813-1900).

21. KONO BAIREI, KOGYO ZUSHIKI (MOTIFS DÉCORATIFS POUR ARTISANS).TOKYO, OGURA MAGOBEI, 1883. KBR, IMPRIMÉS ANCIENS ET PRÉCIEUX, FS XLI 447.

Ce recueil de motifs gravés sur bois est destiné aux artisans : sculpteurs, dessinateurs, peintres, tisserands, tous ceux pouvant y trouver une source d’inspiration pour les arts décoratifs. L’illustration, à la fois réaliste et emplie de poésie, propose notamment des insectes représentés en situation, telles ces libellules (ordre des odonates) survolant un plan d’eau ou se posant sur une feuille. Ici, les insectes donnent lieu à une observation artistique, poétique et quasiment littéraire de la nature, perception radicalement différente de celle de l’Occident. L’exemplaire fait partie de la collection Hans de Winiwarter (1875-1949), chirurgien liégeois, acquise par la Bibliothèque royale de Belgique, comprenant plus de 1.000 livres japonais du 17e au 19e siècle.

22. PABLO PICASSO, EAUX-FORTES ORIGINALES POUR ILLUSTRER DES TEXTES DE GEORGES-LOUIS LECLERC, COMTE DE BUFFON.PARIS, MARTIN FABIANI, 1942. KBR, IMPRIMÉS ANCIENS ET PRÉCIEUX, LP 8.380 C.

Pablo Picasso (1881-1973) est l’auteur de ces trente et une eaux-fortes utilisant la technique de la gravure au sucre. Elles s’inspirent d’un ouvrage majeur du 18e siècle, l’Histoire naturelle, du naturaliste Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788). L’artiste y évoque librement quelques insectes : abeilles (ordre des hyménoptères), papillon (ordre des lépidoptères), libellule (ordre des odonates), sauterelles (ordre des orthoptères). Il change parfois le sexe d’autres animaux, le lion devenant lionne, la vache un taureau, en raison de son intérêt bien connu pour la tauromachie. Cet ensemble lui a été suggéré en 1936 par l’éditeur Ambroise Vollard (1866-1939) qui mourut cependant avant l’achèvement du travail, Picasso ayant pris son temps. L’associé et successeur de Vollard, Martin Fabiani, réussit à publier cette suite de gravures en pleine occupation, tout en refusant d’y inclure une planche représentant une puce (ordre des siphonaptères) sur le corps d’une femme, car celle-ci ressemblait beaucoup trop à Marie-Thérèse Walter, à l’époque la compagne de Picasso, encore marié à Olga Khokhlova.

23. MARC CHAGALL, EAUX-FORTES ORIGINALES POUR ILLUSTRER LES FABLES DE JEAN DE LA FONTAINE.PARIS, TÉRIADE, 1952. KBR, F.S. IX 839 C (LP).

Les Fables de Jean de La Fontaine (1621-1695) ont été illustrées par une quantité d’artistes. Les eaux-fortes de l’artiste Marc Chagall (1887-1985), commande de l’éditeur Ambroise Vollard (1866-1939), ont été gravées sur cuivre par le peintre de 1927 à 1930. Le livre ne parut finalement qu’en 1952 et fut tiré à 200 exemplaires, en feuilles, synthèse du classicisme français, de l’art contemporain et de l’imaginaire russe. « Le Lion et le moucheron » (ordre des diptères) n’est pas l’eau-forte la plus connue. Le lion y est vaincu par un insecte minuscule. La morale : les plus à craindre sont souvent les plus petits… L’exemplaire a fait partie de la bibliothèque de Madame Louis Solvay (1877-1962), qui a fait donation de sa collection de reliures et de ses livres français contemporains à la Bibliothèque royale de Belgique.

24. ALFRED STEVENS, LA BÊTE À BON DIEU.HUILE SUR TOILE, 92,5 X 65,5 CM. 1880. MRBAB, INV. 2816.

Dans ce tableau d’Alfred Stevens (1823-1906), une jeune dame fixe son regard fasciné sur une petite bête à Bon Dieu se baladant tout en haut d’un iris blanc. Sans le titre du tableau, l’insecte serait très probablement resté inaperçu, tant il n’est qu’un minuscule détail dans la composition. Ce tableau sans histoire a pu servir d’alibi pour représenter une Parisienne dans ses plus beaux atours. Qu’attend-elle donc, assise sur sa chaise dorée ? Elle n’a pas l’air concentrée sur le bouquet de fleurs qu’elle a pu recevoir d’un admirateur, mais bien plutôt sur l’insecte minuscule, symbole séculaire de bonheur et de prospérité. Le nom même de la petite bête à Bon Dieu se réfère au religieux. De nombreux maîtres anciens ont affublé la Vierge d’un manteau écarlate (coccinus) alors que les sept taches noires symbolisaient les sept douleurs ou les sept allégresses de la Sainte Vierge. Alfred Stevens s’est rendu à Paris dès la fin de ses études à l’Académie de Bruxelles. Dans la capitale française, il a conquis sa place comme étant le peintre par excellence de la femme bourgeoise. Comme c’est le cas ici, il la représente le plus souvent dans une toilette somptueuse et méditant dans un intérieur précieux.

25. JANE GRAVEROL, LOLITA.HUILE SUR UNALIT, 92,5 X 65,5 CM. 1960. MRBAB, INV. 2816.

LE SAVIEZ-VOUS ? Les coccinelles (ordre des coléoptères) sont parmi les rares insectes que nous considérions d’un œil bienveillant et qui jouissent d’une excellente réputation, comme c’est le cas par ailleurs pour les fourmis ou pour les abeilles. Leur écarlate couleur ludique parsemée de gros points attire et charme les enfants. Cousine du scarabée, la coccinelle à sept points est aussi, pour certains, synonyme de chance et de bonheur. D’ailleurs, communément appelée « bête à Bon Dieu », elle dispenserait fidélité et amour, tandis que ses sept taches noires symboliseraient les plaies de Jésus. Enfin, certains esprits superstitieux considèrent même que le fait qu’elle se pose sur la joue ou la main annonce un bonheur imminent alors que le fait de la tuer entraînerait autant d’années de malchance qu’elle porte de points noirs sur le dos.

Œuvre surréaliste de l’artiste Jane Graverol (1905-1984), influencée par René Magritte et inspirée, ici, par le roman éponyme de Vladimir Nabokov (1899-1977), par ailleurs lui-même passionné par la chasse aux papillons et entomologiste distingué. Ce tableau tout en féminité déploie la chevelure d’une jeune femme sur laquelle est posé un papillon imaginaire, lui aussi attribut féminin, dont les quatre yeux semblent fixer le spectateur comme pour lui signifier de garder ses distances.

26. PARTIE DU SERVICE À THÉ (THÉIÈRE, 3 TASSES ET SOUCOUPES, BOÎTE À THÉ, POT À LAIT ET BOÎTE À SUCRE) ET DU SERVICE À DESSERT (2 ASSIETTES, 2 COMPOTIERS, 2 TASSES À GLACE, UN SUCRIER À POUDRE) DU SERVICE DU DUC D’ORLÉANS (DIT « AUX OISEAUX DE BUFFON »).PORCELAINE TENDRE, MANUFACTURE DE TOURNAI, 1787-1791. MRAH, V.381 B-H, K-N, O-Q, & SY.340.4, 6, 27, 29, 41, 42, 49.

Le service commandé en 1787 par le duc d’Orléans, cousin de Louis XVI, à la manufacture de Tournai comprenait près de 1.600 pièces. Cet ensemble prestigieux comportant 27 formes différentes, certaines en diverses grandeurs, témoigne des usages de la table au 18e siècle, où le dîner est organisé en plusieurs services successifs. Assiettes, compotiers, sucriers, tasses à glace composent une partie du service des desserts. Une part de la vaisselle était aussi consacrée aux boissons chaudes servies au salon : thé, mais aussi café et chocolat. Témoignant du goût de l’époque pour les sciences exactes et inspirés de ceux de la manufacture de Sèvres, les décors sont faits d’oiseaux copiés d’après les traités d’ornithologie de Buffon et de Seligmann. Mais, sur la bordure néo-classique, le peintre alterne souvent des cartouches aux oiseaux et des médaillons décorés d’insectes qui apportent une certaine légèreté à l’ensemble. Très en vogue dès le milieu du 18e siècle sur les services en porcelaine de Meissen ou en faïence de Strasbourg, les papillons colorés (ordre des lépidoptères) relèvent d’une délicate fantaisie, tandis que les autres insectes sont des reproductions plus fidèles de la nature, dessinés d’après les ouvrages de naturalistes.

LA NATURE a été la principale source d’inspiration de l’Art Nouveau, ce courant décoratif qui s’est développé un peu partout en Europe vers 1900. Son vocabulaire ornemental ne se limitait pas aux fleurs et aux plantes, il impliquait aussi les insectes. Un des principaux catalyseurs de ce grand intérêt pour la nature fut le japonisme, véritable phénomène de mode dans la seconde moitié du 19e siècle. En 1854, sous la pression des États-Unis, le Japon s’était vu contraint d’ouvrir ses frontières après deux siècles d’isolement. Le pays se tourna vers l’Occident et participa à partir de 1862 aux expositions universelles successives, faisant connaître l’art japonais au grand public. Cet art se caractérise entre autres par le rôle central d’éléments empruntés à la nature. Représentés de manière réaliste ou stylisée, des animaux, des fleurs et des insectes se révèlent soudain aux regards occidentaux comme sujets inhabituels d’estampes ou de décorations sur des objets d’usage courant d’un grand raffinement. Il suffisait d’avoir un petit air japonais pour être « branché » ! Dès la dernière décennie du 19e siècle, de nombreux artistes occidentaux avaient assimilé le japonisme à leur esthétique. Il était devenu un ingrédient majeur de l’Art Nouveau, introduisant des libellules, des coléoptères, des mantes religieuses et autres guêpes dans le nouveau répertoire

décoratif.

03L’INSECTE

UN MOTIF ORNEMENTAL

27. VASE SOLIFLORE, DÉCOR DE PLANTES AQUATIQUES ET DE LIBELLULES.DAUM FRÈRES, CA 1897. ACQUIS EN 1897. MRAH, 6794.

La ville de Nancy, en Lorraine, a été la capitale française de l’Art Nouveau. Après la guerre franco-allemande de 1870-1871, l’Alsace et des parties de la Lorraine passèrent sous l’autorité allemande. Par conséquent, un grand nombre de Français évacua ces nouveaux territoires conquis en direction de Nancy, la ville française la plus proche de la frontière allemande. Comme ces immigrés faisaient en général partie de la classe aisée, ils suscitèrent une demande importante d’articles de luxe dans un nouveau contexte. Faisant partie de ce groupe, le notaire Jean Daum (1825-1885) investit à Nancy dans une verrerie industrielle, reprise plus tard par ses deux fils qui la transformèrent en entreprise tournée vers la production artistique. À l’instar de la verrerie de leur concurrent nancéien Émile Gallé (1846-1904), la famille Daum réalisa de la verrerie artistique au moyen de techniques d’une grande complexité. Si la libellule se reflétant dans l’eau pourrait être le sujet d’une estampe japonaise, elle est bel et bien française. Il est en effet avéré que les maîtres verriers se rendaient volontiers dans les forêts des environs de Nancy pour y trouver de l’inspiration.

28. CHARLES VAN DER STAPPEN ET VICTOR HORTA, LES QUATRE PÉRIODES DU JOUR. JARDINIÈRE SUR PIÉDESTAL. 1898. ACQUIS EN 1993. MRAH, SC. 124.

Cette jardinière en bronze, acajou et marbre avec sauterelles sur le bord de la scuplture, a été conçue par le sculpteur Charles Van der Stappen (1843-1910) pour l’Exposition universelle de 1900 à Paris. Réalisé à l’occasion de cet événement prestigieux, cet objet artistique était en argent massif. Comme on ignore si l’exemplaire en argent existe encore, cette version-ci, en bronze, réalisée probablement un peu plus tard, est d’une valeur très particulière. Comme le titre l’indique, la nature occupe une place primordiale dans cette œuvre.

Les quatre parties du jour se trouvent symbolisées par quatre figures de femmes accompagnées d’un animal : le coq pour l’aube, les pigeons pour midi, le chat pour le soir et la chouette pour la nuit. Le bord supérieur de la jardinière est décoré de mollusques et d’insectes tels que des escargots et une sauterelle. Dénuées ici d’une quelconque valeur symbolique explicite, il s’agit de décorations telles qu’on les trouve sur beaucoup d’objets d’usage courant joliment travaillés, importés en grandes quantités du Japon dans les dernières décennies du 19e siècle.

29. PHILIPPE WOLFERS, PENDENTIF EN FORME DE LIBELLULE. BRUXELLES, 1902-1903. COLLECTION PRIVÉE.

La libellule est un des sujets de prédilection de l’Art Nouveau. Sans doute les artistes ont-ils été fascinés par la grâce de ses ailes aux reflets de couleurs infinis. Un des bijoux les plus célèbres de l’orfèvre bruxellois Philippe Wolfers (1858-1929) a pour sujet une libellule que l’artiste a intégrée dans un pendentif impressionnant dans lequel il a réussi à reproduire les couleurs ravissantes, propre à l’insecte, par son choix de matériaux nobles : or, émail, opale mexicaine, quartz irisé et diamant. Particulièrement spectaculaire est la manière dont les ailes sont élaborées. Il s’agit d’un véritable exploit technique appelé plique-à-jour qui consiste en de minuscules vitraux. Des fils dorés sont montés sur une plaque de sorte à former une structure de cellules : celles-ci sont remplies de poudre d’émail avant que le tout ne disparaisse au four à émailler. Une fois la cuisson terminée, la plaque est retirée. Les fils des cellules imitent le dessin naturel des ailes membraneuses et les accents dans le diamant accentuent l’étincellement de l’insecte en vol.

30. MARCEL WOLFERS, ŒUVRE DE MAÎTRISE REPRÉSENTANT UNE LIBELLULE. 1905. COLLECTION PRIVÉE.

Fils de l’artiste internationalement reconnu Philippe Wolfers (1858-1929), Marcel (1886-1976) semblait prédestiné à suivre à son tour une voie artistique.

Il se consacra à la sculpture et à la céramique pour connaître les sommets créatifs de sa carrière dans l’entre-deux-guerres. Enfant déjà, il avait été impliqué par son père dans l’activité artistique de ce dernier : la vaste propriété à La Hulpe (Brabant wallon), avec son atelier bien équipé, s’y prêtait merveilleusement bien. Il apprit avec son père à dessiner d’après nature et il l’aida à réaliser toutes sortes d’objets artistiques. C’est dans ce contexte qu’il convient de considérer cette libellule. L’objet décoratif en or et émail date de 1905, époque où Philippe avait déjà conçu et réalisé une série de bijoux sur le thème des insectes. Marcel même l’a qualifié dans son registre de chef-d’œuvre en vue de l’obtention de sa maîtrise, posant ainsi ses premiers pas en tant qu’artiste indépendant.

31. PHILIPPE WOLFERS, DESSIN D’UN PENDENTIF INTITULÉ « MANTE RELIGIEUSE ».

CRAYON, ENCRE, GOUACHE ET AQUARELLE SUR PAPIER. 4 FÉVRIER 1902. COLLECTION PRIVÉE.

32. PHILIPPE WOLFERS, DESSIN D’UN PENDENTIF INTITULÉ « SCARABÉE IDE ». CRAYON, ENCRE, GOUACHE ET AQUARELLE SUR PAPIER. 6 OCTOBRE 1904.

COLLECTION PRIVÉE.

33. PHILIPPE WOLFERS, DESSIN D’UN PENDENTIF INTITULÉ « SCARABÉE IRIS ». CRAYON, ENCRE, GOUACHE ET AQUARELLE SUR PAPIER. 28 FÉVRIER 1900.

COLLECTION PRIVÉE.

34. PHILIPPE WOLFERS, PROJET DE BIJOU. CRAYON, ENCRE, GOUACHE ET AQUARELLE SUR PAPIER CALQUE. CA 1900.

COLLECTION PRIVÉE.

En 1899, Philippe Wolfers (1858-1929) se fit construire une maison de campagne par un de ses amis, l’architecte Paul Hankar (1859-1901). Il en résulta une des œuvres majeures de l’architecture de l’Art Nouveau belge, la villa Les Glycines. Le projet pour ce vaste domaine prévoyait en outre un grand atelier. De cette manière, l’orfèvre manifesta clairement son intention de faire du cadre forestier de La Hulpe (Brabant wallon) sa source d’inspiration. Grâce aux nombreux dessins conservés, on suit aisément le proce-ssus de création. En première instance, souvent dans une période de quelques jours à peine, Wolfers réalisait des croquis réalistes de ce que la nature proposait en fleurs, plantes et insectes à cet instant. Une fois l’automne arrivé, il se mettait au travail en stylisant certains éléments de ces études, qui devaient constituer la base de ses projets de bijoux. Ceux-ci étaient entièrement élaborés sur papier tandis que les couleurs souhaitées définissaient le choix des pierres précieuses. Ces dessins de Philippe Wolfers, presque tous pourvus de son élégant monogramme, étaient souvent exposés avec les bijoux, faisant ainsi état publiquement de l’intention de l’artiste de s’inspirer directement de la nature.

35. LIBELLULES. IRSNB.

36. ADOLPHE CRESPIN, AFFICHE POUR ET AVEC L’ARCHITECTE PAUL HANKAR.

LITHOGRAPHIE EN COULEUR SUR PAPIER (IMPRIMERIE AD. MERTENS), 1894. MRAH, AFF. 003.

Peu après son mariage, l’architecte Paul Hankar (1859-1901) dessina en 1893 sa propre maison qui devait également abriter son bureau d’architecte. Acceptant encore volontiers un peu de publicité pour son activité, il fut reconnaissant à son grand ami Adolphe Crespin (1859-1944) de lui avoir dessiné en 1894 une affiche pour son étude. Le peintre et décorateur Adolphe Crespin est resté un fidèle collaborateur de Hankar, décorant la plupart de ses réalisations architecturales de sgraffite, des motifs décoratifs de façades hauts

en couleurs réalisés dans le mortier. Grand collectionneur d’estampes japonaises, Crespin s’est volontiers inspiré de cet art, ce dont témoigne l’affiche ici présente. Elle se caractérise par l’asymétrie, les contours très nets des surfaces colorées et l’approche bidimensionnelle. La composition renferme un grand nombre de références à l’activité du personnage central installé à une table de dessin. La règle dans le bord supérieur et le fil à plomb dans le bord gauche renvoient à une activité d’architecte. L’arrière-fond est décoré de nids d’abeilles et d’abeilles positionnées de manière rythmique pour illustrer le goût du travail de qualité que l’architecte Hankar appréciait hautement.

DANS CERTAINES CIVILISATIONS, les insectes participent aux usages cérémoniels de diverses croyances ; ils y représentent l’un ou l’autre concept, l’une ou l’autre divinité. Parmi les insectes les plus populaires, nous trouvons le papillon (ordre des lépidoptères). Souvent considéré comme la matérialisation de l’âme des morts, on le retrouve associé aux normes et concepts surnaturels. Un même mot désigne d’ailleurs, en grec, à la fois le papillon et l’âme. Absent de la pictographie préhistorique, il est présent dans l’art de l’Égypte pharaonique environ 3.000 ans avant notre ère. Il apparaît ensuite au Japon (1er siècle av. J.-C.), alors que, paradoxalement, de tels insectes ne sont figurés dans l’art chinois qu’au 13e siècle. Au Japon, le papillon constitue surtout l’emblème de la femme et, lorsque deux spécimens sont représentés ensemble, ils symbolisent la fidélité conjugale. Dans l’art occidental des Temps modernes, les papillons représentent parfois la décrépitude ou, au contraire,

la résurrection ultime.

POUR LES ANCIENS ÉGYPTIENS, le scarabée sacré (ordre des coléoptères) était l’animal sacré du dieu Khepri qui se manifeste dans le soleil du matin se levant dans l’horizon pour « devenir » (kheper) le dieu solaire Rê. En s’aidant de son front et de ses pattes antérieures, ce scarabée forme une boule faite d’excréments de mammifères. Ensuite, il fait rouler cette boule au moyen de ses pattes postérieures jusqu’à un abri où il pond ses œufs. C’est pourquoi cette procédure évoquait dans l’Égypte antique la course du soleil : le jeune coléoptère correspondait à la naissance du soleil chaque matin à l’horizon. Il symbolisait à la fois la vie, la fertilité et la renaissance promise aux morts. Il protégeait en outre par-là les vivants. Sur les momies, le scarabée était souvent posé près du cœur, considéré comme le

siège de l’âme.

04L’INSECTE

UN SYMBOLE DE VIE ET DE RENAISSANCE

37. PAPILLONS. BRÉSIL, COSTA RICA, PAPOUASIE NOUVELLE GUINÉE.

IRSNB.

COLÉOPTÈRES (SCARABÉES SACRÉS, AFRIQUE ; BALANINS, BELGIQUE ; DYNASTES, AFRIQUE).

IRSNB.

38. LAURENT SEROUSSI, ENSEMBLE DE SEPT FEMMES INSECTES : GOLIATHUS REGIUS, CEROGENES AURICOMA,

MEGASOMA ACTAEON, MORMOLYCE PHYLLODES PHYLLIUM GIGANTEUM, SCOLOPANDRA SUBSPINIPES, TITANACRIS ALBIPES.

PHOTOGRAPHIES, TIRAGE NUMÉRIQUE EKTA, 42 X 12 CM. 2002.

39. FIGURINE D’HIPPOPOTAME COUVERT DE FLEURS ET D’UN PAPILLON.

ÉGYPTE, ABYDOS, MOYEN EMPIRE, CA 1900-1700 AV. J.-C. MRAH, E.2676.

Les hippopotames en faïence bleue ou en pierre émaillée, au corps orné de végétaux, d’oiseaux et d’insectes des marais, sont des objets caractéristiques des tombes égyptiennes du Moyen Empire. L’hippopotame symbolise les dangers de la navigation sur le Nil, assimilée au passage vers l’Au-delà. Ces statuettes montrent l’animal couvert de diverses plantes aquatiques, comme s’il émergeait des marécages, ainsi que d’oiseaux prenant leur envol et de papillons. Les lotus épanouis ou en boutons évoquent le renouvellement perpétuel de la végétation. Quant aux papillons, ils sont également un signe de renaissance, attesté depuis les premiers temps de la civilisation égyptienne. Ils semblent prendre leur envol depuis les corolles des fleurs, comme le soleil émergeant du lotus primordial, à l’aube de la création.

40. BOUTEILLE PEINTE AVEC PAPILLON. HOPI, SUD-OUEST DES ÉTATS-UNIS, 20E SIÈCLE. MRAH, T.81.37.2.

Cette bouteille a été produite par les Hopis. Il s’agit d’une ethnie amérindienne qui vit dans le Sud-Ouest des États-Unis. Ils sont les descendants directs des Anasazis, la culture qui a dominé l’ensemble de la région avant l’arrivée des Européens. Dès cette époque, le papillon a joué un rôle important dans la mythologie comme élément symbolique de la transformation et de la renaissance ; la chenille devenant chrysalide avant de devenir papillon. Sa représentation est fréquente sur les murs des centres cérémoniels (les kivas) ainsi que sur les céramiques. Les Hopis sont également connus pour leur coiffe très spéciale : les jeunes filles en âge de se marier paraient leurs cheveux de telles manière qu’elles arboraient deux grands macarons sur les côtés de la tête, symbolisant les ailes des papillons. Il existe aussi une danse du papillon qui se déroulait à la fin de l’été et mettait en avant la beauté de l’insecte ainsi que son rôle pollinisateur dans un hymne à la vie, à la bonne santé et à la qualité des récoltes.

41. ÉPINGLE À CHEVEUX AVEC FLEURS ET PAPILLON. CHINE, CA 1900. MRAH, EO.425.

En Chine, les femmes ont porté de tout temps des bijoux et des épingles à cheveux de tous genres dans leurs coiffures très élaborées. Les bijoux étaient souvent incrustés d’émail, d’ivoire ou de pierres (semi-)précieuses, mais aussi de plumes du martin-pêcheur. Cette mode remonte à la dynastie Tang (618-906). Il s’agissait d’un travail très minutieux consistant à couper d’abord les plumes dans la forme souhaitée avant de les coller sur le métal. Cette technique servait à décorer des ornements de tête, des peignes et des épingles à cheveux. En forme de papillon entouré de fleurs, cet exemplaire-ci est fait de métal, de perles, de verre coloré, de plumes de martin-pêcheur et de diverses pierreries. Le papillon était souvent considéré comme le symbole de l’amant attiré par le nectar de la fleur, symbole de la femme. Comme ils étaient souvent montés sur un petit ressort en métal, le papillon et ses antennes se balançaient à chaque pas que faisait la porteuse de cet ornement.

42. ALBERTUS SEBA, LOCUPLETISSIMI RERUM NATURALIUM THESAURI ACCURATA DESCRIPTIO ET ICONIBUS ARTIFICIOSISSIMIS EXPRESSIO, PER UNIVERSAM PHYSICES HISTORIAM OPUS EX TOTO TERRARUM ORBE COLLEGIT DIGESSIT DESCRIPSIT ET DEPINGENDUM CURAVIT

ALBERTUS SEBA.AMSTELAEDAMI, J. WETSTENIUS, GUL SMITH & JANSSONII-WAESBERGII, 1734-1765. KBR, IMPRIMÉS ANCIENS ET PRÉCIEUX, II 8.226 E.

Albertus Seba (1665-1736), pharmacien de profession établi à Amsterdam, est l’un des plus grands collectionneurs de spécimens d’histoire naturelle des Pays-Bas. En 1717, il vend sa collection à Pierre II de Russie, qui la destine à ses musées en cours de création à Saint-Pétersbourg. Seba en reconstitue immédiatement une autre. Il entreprend la publication d’un catalogue de sa collection en 1734, illustré de 446 planches. Le quatrième volume paraît en 1765, après son décès. Ce volume est spécifiquement consacré aux serpents et aux insectes, qui s’alignent par dizaines au fil des planches :phasmes, papillons, mantes, etc. Les insectes, généralement exotiques, se présentent de manière assez naturelle, parfois en grandeur réelle vu le format du livre, tous étant alignés tels qu’ils se présentent dans un tiroir de cabinet de curiosités. Ce catalogue de la collection comprend aussi des textes explicatifs. L’exemplaire est mis en couleurs à la main.

43. AUTEUR ANONYME, ALBUM DE DESSINS (INSECTES, PAPILLONS).CHINE (CANTON ?), PREMIÈRE MOITIÉ DU 19E SIÈCLE, DON DE L’ABBÉ CHARLES-LOUIS CARTON. KBR, MS. 19.941.

Réalisé en Chine durant la première moitié du 19e siècle, ce remarquable album de dessins provient sans doute d’un atelier cantonnais. Outre des araignées (qui ne sont pas des insectes), des scarabées, des libellules et divers coléoptères, il comporte

plus de soixante papillons d’une valeur entomologique et artistique remarquable. Non seulement les couleurs mais aussi l’attitude et la position des insectes suscitent l’admiration. Par son talent, l’artiste est parvenu à rendre un aspect tactile à ses illustrations. On pourrait presque sentir la texture des ailes, des pattes et des mandibules. Les douze planches du volume, exécutées à la peinture et à l’encre de Chine sur du papier de riz, sont collées sur des feuilles de piètre qualité et entourées de soie. Offert ainsi que six autres du même genre à la Bibliothèque royale de Belgique en 1847, cet album provient de la collection de l’abbé Charles-Louis Carton (1802-1863), natif de Pittem (Flandre orientale) et familier du père Ferdinand Verbiest, un des principaux missionnaires en Chine. On retiendra en particulier la quatrième planche où une araignée noire, poilue et agressive, s’attaque à une libellule empêtrée dans sa toile. Ce type de recueil composite se vendait pour quelques dollars sur les marchés ou dans les échoppes de marchands.

44. IVOIRE PHÉNICIEN AVEC REPRÉSENTATION D’UN SCARABÉE.LEVANT (CÔTE SYRO-PALESTINIENNE), 8E SIÈCLE AV. J.-C.

MRAH, O.3480.

Dès la fin du 2e millénaire av. J.-C., le travail de l’ivoire avait atteint un très haut niveau au Levant. L’ivoire d’éléphant ou de rhinocéros fournissait la matière première des statuettes, bijoux et plaquettes décoratives pour des boîtes ou des meubles. Ayant fait partie d’une boîte de baume ou d’épices, cette plaquette représente un scarabée aux quatre ailes déployées, une pelote de bouse entre les pattes arrière et un disque solaire entre les pattes avant. Alors que les modèles de scarabées égyptiens n’ont pas d’ailes ou seulement une paire, le scarabée à quatre ailes est un concept phénicien. L’art phénicien témoigne souvent d’influences égyptiennes et le bousier en est un thème de prédilection comme élément décoratif sur l’ivoire, des reliefs, des coupes en métal ou encore sur des sceaux-amulettes en forme de scarabée. À la suite de l’expansion de l’Empire assyrien (Irak du Nord) au cours des 9e-7e siècles, de grandes quantités de plaquettes en ivoire fabriquées dans les villes côtières du Levant aboutirent comme butin de guerre, cadeau

diplomatique ou impôt dans les palais néo-assyriens, plus préci-sément dans celui de Nimrud où a également été retrouvé cet exemplaire.

45. SARCOPHAGE DE SCARABÉE EN BOIS COUVERT DE RÉSINE. ÉGYPTE, BASSE ÉPOQUE, CA 722-332 AV. J.-C. MRAH, E.7076.

À l’époque tardive, alors que se développe la vénération populaire envers les formes animales des dieux, des coléoptères momifiés, placés dans de petits sarcophages en bois, en bronze ou en pierre, étaient offerts en ex-voto aux dieux. Peu de momies de scarabées sont conservées, mais on en a découvert dans les principales nécropoles animales d’Égypte (Saqqarah, Abydos, etc.) où elles étaient souvent mêlées à celles d’autres espèces. Comme ces dernières, le scarabée ne faisait pas à proprement parler l’objet d’un culte, mais il servait d’intermédiaire entre les hommes et le dieu solaire. Déposés dans les nécropoles et les temples, ces ex-voto à l’image de Khepri étaient pour leurs donateurs des promesses de renaissance solaire.

46. DYNASTE, SOUS-FAMILLE DES SCARABÉES RHINOCÉROS. AFRIQUE. IRSNB.

47. COPIE D’UNE MONNAIE EN BRONZE REPRÉSENTANT UNE TÊTE DE SILÈNE ET UN SCARABÉE. SICILE, 476-461 AV. J.-C. (ORIGINAL). KBR, INV. 2005-57.

Copie d’une monnaie grecque unique conservée au Cabinet des médailles et dont l’original a été frappé dans la ville d’Aitna en Sicile au 5e siècle avant notre ère. Ce grand scarabée (Thorectes marginatus) est assez commun en Sicile.

48. BOÎTE À FARD KUBA. RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, 19E SIÈCLE. MRAC, EO.0.0.28575.

Les deux insectes qui ornent le couvercle de cette boîte à fard sont des charançons ntshyeem (Brachycerus sp.). Cet insecte était très présent dans l’iconographie kuba et était souvent représenté sur différents types d’objets. Sa dépouille, ou des imitations en métal de cette dernière, n’était arborée que par le roi et quelques grands notables. Selon certains auteurs, il arrivait même qu’un ntshyeem vivant soit attaché par un lien de raphia et porté autour du cou.

49. COIFFE MAKANGUDU BINJA. VILLAGE DE BOBINGA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, DÉBUT DU 20E SIÈCLE. RÉCOLTÉ PAR A. HUTEREAU ; INSCRIT EN 1911. MRAC, EO.0.0.4384.

Le collecteur de cet objet, l’officier Armand Hutereau, le définit comme un bonnet makangudu des Mabinza (Binja) : « coiffure d’une suprême élégance que l’on ne porte que dans les grandes circonstances ». Les Mabinza ne sont pas les seuls groupes du nord de la RDC qui, dans les années 1910, confectionnèrent des couvre-chefs que décoraient des carapaces de scarabées rhinocéros (Augosoma centaurus). Ainsi certains clans bati connaissaient une coiffe formellement analogue connue sous le nom d’egangoy. Cette coiffure egangoy aurait été l’apanage de certains spécialistes rituels.

LE SAVIEZ-VOUS ? Les insectes sont particulièrement résistants, aussi bien à la chaleur qu’aux températures extrêmes. Les coléoptères, par exemple, vivent pratiquement dans tous les biotopes, excepté les milieux polaires et océaniques. En outre, les insectes ont maintes fois démontré, face aux radiations ionisantes, une résistance étonnante, bien supérieure à celle des humains et des autres mammifères. D’où l’idée, exploitée par des romans d’anticipation et des films de science-fiction, que des arthropodes nous survivront sur Terre après une catastrophe nucléaire. Pour ce qui est des fourmis, on en a, il est vrai, retrouvé des exemplaires vivants là où toute vie s’était éteinte à la suite de l’explosion de la bombe atomique. Cette constatation a marqué les esprits. Il y a plusieurs raisons à cette survie : leur radiorésistance, leur mode de vie souterrain, leur petite taille et leur nombre.

50. STÈLE AVEC HYMNE AU DIEU SOLAIRE. NOUVEL EMPIRE (18E DYNASTIE), CA 1550-1295 AV. J.-C. MRAH, E.6252.

En Égypte, le scarabée était adoré comme le soleil levant, Khepri, un des trois états du dieu du soleil (Khepri le matin, Ré en journée et Atoum le soleil couchant). Ce bousier incarne le dieu du soleil poussant le disque solaire (pelote de bouse), imitant de la sorte la résurrection quotidienne du soleil à l’horizon. Il ne s’agit donc pas d’une régénération unique, mais de celle du grand dieu du soleil qui recommence quotidiennement. Le scarabée comme métaphore de Khepri apparaît ici sur une stèle votive de grès ayant appartenu à un orfèvre qui y fit graver un hymne adressé au dieu solaire. Tous les symboles en haut (scarabée, cobra, disques solaires) accentuent le caractère solaire du texte.

51. JEAN-HENRI FABRE, LA VIE DES INSECTES : MORCEAUX CHOISIS EXTRAITS DES SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES.

PARIS, S.D. KBR, IMPRIMÉS CONTEMPORAINS, III 6.134 A 2.

Jean-Henri Fabre (1823-1915) fait la synthèse entre littérature et entomologie. Il décrit les insectes à la perfection et avec un talent littéraire inégalé, associant rigueur scientifique, pédagogie et vulgarisation. Fabre a beaucoup contribué à démystifier les peurs suscitées par les insectes. Cette édition de morceaux choisis extraits de ses Souvenirs entomologiques, son œuvre majeure, parue de 1891 à 1907, est illustrée de gravures dans le texte et de photographies. L’accent y est mis sur les scarabées, dont le scarabée sacré ou bousier.

LE SAVIEZ-VOUS ? Comme son nom l’indique, le bousier a pour particularité de se nourrir exclusivement d’excréments. Bien que son régime alimentaire puisse gastronomiquement être sujet à caution, il est considéré comme constituant l’une des espèces d’insectes les plus robustes évoluant à la surface de la Terre. En se basant sur un rapport masse de l’insecte/masse soulevée, il est capable de soulever 1.141 fois sa masse. Comme si un colossal athlète soulevait un poids de 100 tonnes aux Jeux olympiques !.

52. TÊTE RÉDUITE AVEC PENDANTS D’OREILLE EN ÉLYTRES DE COLÉOPTÈRES.

ÉQUATEUR, AMAZONIE, 20E SIÈCLE. MRAH, ETAM 4566.

Les Indiens Chuars (mieux connus sous le nom de Jivaros) pratiquaient la réduction des têtes de leurs ennemis. Après les avoir décapités, ils extrayaient les os et cousaient les orifices. Ils plaçaient ensuite la peau dans une mixture d’eau et d’herbes ; la réduction s’achevait par l’insertion de pierres et de sable chaud. Il était alors temps de les agrémenter pour les accrocher à la ceinture. Ces têtes appelées tsantsa étaient collectionnées par les redoutables guerriers. Très vite cependant des collectionneurs européens, avides de curiosités des Amériques, sont apparus et la demande a été croissante avec le temps. Ne pouvant pas suivre cette sollicitation pour le moins particulière, les Amérindiens ont choisi de faire appel à des animaux dont des singes. C’est le cas de celle qui est présentée ici. Les longues boucles d’oreilles sont réalisées grâce à des élytres de scarabées verts, ce qui n’est pas sans rappeler ceux utilisés par Jan Fabre ici même dans le Palais.

53. MASQUE DE MOMIE.ÉGYPTE, PÉRIODE GRÉCO-ROMAINE, 3E-1ER SIÈCLE AV. J.-C. MRAH, E.1048.

Symbole de la régénération et de la résurrection qu’espère le défunt, le scarabée est omniprésent dans les tombes sous forme d’amulettes, d’images sur les parois, sur les dons funéraires et les sarcophages… À l’époque gréco-romaine, un masque de momie était passé sur la tête et la poitrine du défunt. Il était composé d’une couche de stuc doré et peint recouvrant de la toile ou du papyrus. Étant donné que la peau des dieux était de couleur d’or, le visage doré du défunt reflétait son statut divin. À l’image d’Osiris, dieu des enfers, le défunt tient dans ses mains croisées devant sa poitrine un sceptre et un flagellum. L’or et la couleur bleue de la perruque accentuent davantage encore le statut divin du défunt. Le dessus de la perruque est décoré d’un filet de perles surmonté d’un scarabée poussant un disque solaire qui renvoie au dieu solaire ressuscitant éternellement.

54. LAURENT SEROUSSI, SCARABÉE-ATLAS. TIRAGE NUMÉRIQUE SUR DIBOND, 127 X 210 CM. 2015.

55. LAURENT SEROUSSI, CHEIROTONUS MACLEAYI. TIRAGE NUMÉRIQUE SUR DIBOND, 127 X 210 CM. 2015.

Ceci n’est pas un monstre mais une chimère, cousine des centaures, des anges ou des sirènes. Une image d’images où la composition tient moins du collage que du sertissage. Une quasi-joaillerie fantastique. Corsetée d’étrange façon, cette femme-insecte vaut-elle pour sa capacité d’opposer à l’infinie variété des formes du monde les reniements et les constrictions maniérés de l’artificieux. Si la vraisemblance, mise à mal, doit en rabattre, l’unité plastique de cette chimère vient aisément compenser le manque de crédit qu’on pourrait lui opposer. Un sémiologue dirait que la cohésion (formelle) de cet hybride lui confère une cohérence (idéelle) inattendue. Ce tour de force où se mêlent rigueur et incongruité est une cons-tante de l’art. Laurent Seroussi est un peintre, au sens classique du terme, même si ses instruments sont ceux de l’image retraitée grâce aux logiciels de l’heure. Hanté par le gongorisme visuel d’aujourd’hui, notre imagier est un capricieux chez qui prolonge l’ars combinatoria de toujours…

SUR LE CONTINENT AFRICAIN, bien que les insectes soient peu représentés stricto sensu dans l’art, ils y sont quelquefois sculptés, souvent de manière stylisée et parfois même présents sous forme de fragments biologiques. Parmi les insectes les plus souvent représentés en Afrique centrale, on trouve les

termites et les sauterelles, symboles de fécondité.

05L’INSECTE

UN SYMBOLE DE FÉCONDITÉ ET DE FERTILITÉ

56. MASQUE CIKUNZA. VILLAGE DE CHOKWE, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO,

PREMIÈRE MOITIÉ DU 20E SIÈCLE. ACQUIS EN 1951. MRAC, EO.1951.77.1.

Cikunza est le plus important des masques qui interviennent lors du rituel de circoncision mukanda. Outre son rôle protecteur auprès des jeunes novices durant leur réclusion en brousse, il constitue un symbole important de fécondité et de succès cynégétique. La coiffure du masque, dont le visage semble à première vue anthropomorphe, est en forme de cône de plus d’un mètre de long. Cette coiffure est en réalité constituée de deux éléments zoomorphes distincts. La partie postérieure représente la corne de l’antilope ntengo. La partie antérieure, un fin et long bourrelet vertical, prend naissance au niveau du nez du visage pour épouser la courbe de la « corne d’antilope » jusqu’à son sommet. Cikunza signifie « sauterelle » (ordre des orthoptères), insecte associé au symbole de la fécondité. La deuxième excroissance longiforme du masque représenterait l’oviscapte (organe de ponte) en lame, typique des femelles sauterelles.

57. MASQUE NGOLO. PENDE DE L’EST, PROVINCE DU KASAÏ, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE

DU CONGO, PREMIÈRE MOITIÉ DU 20E SIÈCLE. COLLECTÉ PAR JULES

AUGUSTE FOURCHE. ACQUIS EN 1946. MRAC, EO.0.0.43153.

58. MASQUE DE CIRCONCISION DE TYPE GIWOYO, MAIS SURNOMMÉ PAR SES UTILISATEURS MUYOMBO.

PENDE CENTRAUX, MALEMBE, PROVINCE DE BANDUNDU, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO. COLLECTÉ PAR ALBERT MAESEN EN 1953. MRAC, EO.1953.74.4131.

Tous les masques de circoncision giwoyo des Pende centraux sont surmontés d’un petit prolongement destiné à attacher la coiffure et qui affecte généralement la forme d’un court cylindre. Mais, sur cet exemplaire recueilli à Malembe, il revêt la forme très réaliste d’un champignon, ce qui sans doute lui a valu le surnom de muyombo. Tout aussi singulier est ce masque ngolo des Pende orientaux, lui

aussi surmonté de deux magnifiques carpophores. Pour tenter de comprendre la signification de ces deux ornements fongiques, il faut croiser un certain nombre d’informations. Le masque giwoyo symbolise un défunt et la prétendue barbe qu’il affecte est en réalité le linceul qui recouvre son corps jusqu’au menton. Avec d’autres types de masques, giwoyo danse à l’occasion de la clôture du rite de circoncision pour signifier que les jeunes circoncis sont désormais des adultes « complets », en pleine possession du givule (principe vital) que leur oncle ou grand-oncle maternel leur a légué. Quant au masque ngolo des Pende orientaux, il encadre les jeunes garçons au sein du camp de brousse et est lui aussi lié aux ancêtres. Chez les Chokwe, toutes les personnes qui ont été initiées à l’âge adulte relâchent à leur décès une émanation spirituelle, l’équivalent du givule pende, qui devient un ancêtre. Ces principes spirituels transitent par une termitière avant de rejoindre l’univers chthonien des ancêtres. Ces derniers sont invoqués sur des autels constitués, entre autres, de poteaux sculptés et de blocs en terre de termitière placés au pied d’un arbre appelé muyombo, lequel a donné son surnom au masque concerné ici et son nom à un autre masque pende représentant également un ancêtre défunt. Nous sommes donc en présence des représentations masquées de défunts dont on sait par ailleurs, grâce à des recherches récentes, que leur givule est expulsé par le sommet de la tête ; or, tout porte à croire qu’à l’instar des âmes des défunts chokwe, les esprits des morts pende doivent également faire un séjour au sein d’une termitière avant de rejoindre les autres ancêtres.

LE SAVIEZ-VOUS ? « Des îles de fertilité ». Cette expression a été suggérée pour qualifier les termitières en raison de l’accumulation de matière organique et de minéraux, notamment de nitrate et d’azote, qui sont produits par l’activité des termites. Certaines plantes y trouvent un milieu favorable et poussent dans leur environnement immédiat. Elles sont riches en nutriments et constituent un mets de choix pour de nombreux animaux. Les termites sont considérés comme des acteurs primordiaux de plusieurs écosystèmes tels les déserts, les savanes et les forêts tropicales, en raison du rôle qu’ils jouent dans l’ameublissement et la fertilité des sols.

59. MASQUE KAKUUNGU. NKANU, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, DEUXIÈME MOITIÉ DU 20E SIÈCLE. MRAC, EO.1990.12.1.

Un grand lien symbolique unit les rites de circoncision (mukanda) des Nkanu avec des isoptères bien connus : les termites. Ainsi, le camp de réclusion dans lequel se trouvent les jeunes circoncis est volontiers comparé à une termitière ayant pour souveraine l’impor-tant masque kakuungu qui a d’ailleurs pour surnom « la reine des in-sectes » et dont la coiffe sphérique renvoie également à la termitière. Quant aux jeunes circoncis eux-mêmes, ils sont volontiers mis en relation avec les termites ailés (adultes fertiles) lorsque survient leur sortie du camp. Ce rapport avec les imagos fertiles peut s’expliquer d’au moins deux manières : 1. l’habillement uniforme des circoncis fait miroir à l’homogénéité physique des imagos ; 2. comme les imagos fertiles, les circoncis sont, au sortir du camp, en pleine possession de leurs forces sexuelles et reproductives.

60. MASQUE PÀT (TAMANOIR) KARON. KAYAPO, VILLAGE DE MEKRANOTI, BRÉSIL, 1980. MRAC, EO.1992.8.1.

Le masque pàt représente un fourmilier. La chair de cet insectivore est fort appréciée des indiens Kayapó dans le centre du Brésil. Cependant, la chair du fourmilier ne peut pas être consommée par des individus dont les noms rituels ont été honorés au cours de la fête de baptême kôkô. Cette fête dure deux mois et n’est célébrée que tous les cinq à dix ans. Au cours de la fête, les hommes portent des masques représentant divers genres d’animaux, entre autres le fourmilier qui joue un rôle primordial lors de la prestation du groupe de masques. Habituellement, il faut au moins quatre fourmiliers : deux « adultes » et deux « jeunes ». Une fois la fête terminée, les masques de fourmiliers sont accrochés à des branches d’un très grand arbre ; rongés par le temps, ils sont ensuite jetés à la rivière pour que l’eau puisse emporter les esprits des fourmiliers.

61. SCULPTURE MPWU YANZI. BANDUNDU, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, PREMIER TIERS DU 20E SIÈCLE. MRAC, SJ.467.

Chez les Yanzi de RDC, il existait par le passé un fétiche connu sous le nom de mpwu qui était la possession de certains chefs locaux. Normalement, un fétiche mpwu était constitué d’un couple de sculptures (homme et femme) qu’accompagnait une figurine jouant le rôle d’un serviteur. L’une des fonctions principales du mpwu était de combattre les personnages malfaisants (sorciers, criminels…). Pour exercer au mieux cette fonction, le mpwu se devait d’avoir un caractère agressif. C’est pour cette raison que, lors de rituels qui lui étaient propres, le possesseur du mpwu frottait les sculptures avec des cendres d’aiguillons de guêpes (ordre des hyménoptères), de dards de scorpion et de crocs de serpents. Ces éléments issus d’insectes, d’arachnides ou de reptiles venimeux et potentiellement dangereux renforçaient symboliquement l’action du fétiche.

62. STATUE D’ANCÊTRE ASMAT. NOUVELLE-GUINÉE OCCIDENTALE, 20E SIÈCLE. MRAC, EO.1966.17.1.

Par le passé, les crânes humains jouaient un rôle important dans la culture des Asmat de Nouvelle-Guinée. Deux types de crânes peuvent être distingués dans le système de pensée asmat : ceux des ancêtres de lignage et ceux des ennemis tués lors des « chasses aux têtes ». La gestuelle de la sculpture ici présentée, qui évoque une mante religieuse (ordre des mantodea), renvoie à une symbolique guerrière évoquant la décapitation de l’ennemi. En effet, cet insecte est un prédateur redoutable qui commencera toujours par attaquer la partie antérieure de sa victime.

DÈS LEURS ORIGINES, les sociétés humaines ont pris conscience de l’intérêt d’exploiter certaines espèces d’insectes pour leur potentiel nourricier ou économique. Outre la production de miel et autres produits de la ruche, l’abeille assure la pollinisation (transport du pollen d’une fleur à l’autre) de nombreuses plantes à fleurs, notamment celles que nous cultivons. Quant au ver à soie, chenille du papillon Bombyx mori, il tisse un fil unique pouvant atteindre 1.500 mètres ! Par ailleurs, les cochenilles fournissent depuis l’Antiquité, selon les espèces, un colorant naturel, utilisé encore aujourd’hui dans l’alimentation (E 120), les cosmétiques et les teintures de tissu ou la gomme-laque

utilisée dans la fabrication de vernis.

06L’INSECTE

UN ARTISAN

63. VESTE D’ENFANT BRODÉE DE PAPILLONS PAR JACQUES FATH (PARIS) AYANT APPARTENU À LA PRINCESSE MARIE-ESMÉRALDA DE BELGIQUE. 1956. MRAH, 2093.

La princesse Marie-Esméralda était la fille de Léopold III et de la princesse Liliane. Cette dernière était cliente de la maison Jacques Fath, couturier parisien qui installa son enseigne en 1937. La pièce a été réalisée après la mort du créateur, survenue en 1954 et dont les collections de couture ne seront présentées que jusqu’en 1957. Le vêtement reprend les caractéristiques de la maison, aimant les modèles asymétriques, parfois excentriques, et les décors brillants qu’on ne s’attend pas à voir appliquer à un vêtement d’un très jeune enfant. La pièce fut achetée à la vente de la garde-robe de la princesse Liliane par Sotheby’s en 2003.

64. TUNIQUE DE FEMME EN SOIE. CHINE, DYNASTIE QING TARDIVE (CA 1644-1911). MRAH, E.O.57.

Cette tunique de femme, fabriquée en gaze de soie brute, est une tunique d’été. Les femmes chinoises portaient ce genre de tunique par-dessus un large pantalon. La décoration de papillons, d’orchidées et de médaillons de fleurs est brodée. Le col et les bords sont faits de gaze noire superposée avec des personnages brodés et ils sont accentués par un bord en passementerie bleue. Les coiffures des personnages sont ornées de ficelle de papier doré. Les boutons de cuivre sont d’origine occidentale, de la marque « T.W. & W Rich Treble Gilt ». Les papillons (hudie en chinois) figurent parmi les thèmes favoris de peintres, poètes et artisans chinois. Ils symbolisent

LE SAVIEZ-VOUS ? Quelque 1.200 espèces d’insectes sont consommées par les humains, principalement en Asie et en Afrique. C’est ce qu’on appelle l’entomophagie. De nos jours, ils réapparaissent au menu en Europe. Un effet de mode ? Peut-être. Cependant, leur utilisation dans l’alimentation humaine comporte de nombreux avantages pour la santé (grande valeur nutritionnelle) mais aussi pour l’environnement (élevage peu polluant) et au niveau social de la subsistance.

LE SAVIEZ-VOUS ? Dès le début du 20e siècle, le Japon devint le premier producteur mondial de soie. De même que dans les petites exploitations familiales, cette activité saisonnière et complémentaire est dévolue aux femmes et aux enfants ; la culture intensive pratiquée aujourd’hui dans les grandes entreprises s’adresse elle aussi à un personnel féminin. Même si elle est très innovante, l’industrie textile japonaise de la soie a conservé nombre de ses traditions pour la fabrication de tissus de qualité et la fabrication du fil de soie. Il y aurait même un élevage de vers à soie à l’intérieur du palais impérial dont l’entretien, qui est rituellement confié à l’impératrice, fait pendant à la riziculture, qui fait partie des prérogatives de l’empereur.

l’été, la beauté et l’amour et, en littérature, ils constituent des métaphores pour les rêves.

65. ESTAMPES DE KITAGAWA UTAMARO, « FEMMES AU TRAVAIL DANS LA CULTURE DE LA SOIE » (JOSHOKU KAIKO TEWAZA KUSA). SIGNATURE : UTAMARO HITSU. JAPON, CA 1798-1800. MRAH, JP.19, JP.21, JP.22.

La série complète d’estampes japonaises compte douze images illustrant le processus de la culture de la soie. L’estampe à gauche est la quatrième de la série : une femme se sert d’une plume pour réveiller les chenilles de leur troisième « sommeil ». Au milieu, la sixième estampe : après leur dernière période de fourrage, les vers commencent à tisser leur cocon et sont redéposés dans des caisses en bois. Dès que les cocons sont entièrement formés, ils sont cuits, provoquant ainsi la mort de la chrysalide avant sa métamorphose en papillon et l’éclosion du cocon. Un certain nombre de cocons est sélectionné en vue de la reproduction et ces papillons-là ont le droit de prendre leur envol. L’image à droite représente des femmes sur une véranda jouant avec des papillons accrochés à un fil : ils sont posés sur une feuille de papier afin de recueillir les œufs.

66. VER À SOIE. CHINE, 11E-10E SIÈCLES AV. J.-C. MRAH, L.144.

En Chine, les vers à soie ont été cultivés pour la production de soie dès le néolithique. Comme le ver à soie ne prospère que dans des conditions très spécifiques, il demande des soins intensifs. La chenille connaît trois à quatre mues selon la région. Cette mue est appelée « sommeil ». Entre-temps, les chenilles doivent être nourries de feuilles fraîches du mûrier. Elles tissent leur cocon à l’aide de deux orifices dans un fil de soie ininterrompu de 700 à 1.600 mètres. Cela prend un jour ou deux. Pour la production de la soie, il est important que le fil de soie ne soit pas cassé : les chenilles ne doivent donc pas sortir de leur chrysalide parce qu’elles risqueraient de percer un trou dans le cocon. C’est pourquoi les cocons sont cuits, ce qui permet de détacher le fil de soie et de l’enrouler avec d’autres fils. Cette réplique en néphrite blanche représente bien les détails anatomiques du corps et des yeux. Sous la tête, une minuscule ouverture permet de fixer la chenille en guise de parure.

67. VER À SOIE (LARVE DU PAPILLON BOMBYX). ASIE. COLLECTION DIDACTIQUE SRBE. IRSNB.

68. PAPILLON BOMBYX. ASIE. COLLECTION DIDACTIQUE SRBE. IRSNB.

LE SAVIEZ-VOUS ? Une légende chinoise attribue la découverte du ver à soie à l’impératrice Leizu, l’épouse du mythique Empereur jaune, qui inventa le métier à tisser la soie au 27e siècle av. J.-C. Alors que celle-ci buvait du thé sous un mûrier, un cocon chut dans sa tasse. Elle voulut le récupérer. Un fil de soie s’en détacha. Plus elle tirait, plus le fil s’allongeait. Elle en parla alors autour d’elle et la rumeur de la découverte se propagea. Telle serait l’origine de la sériciculture, qui constitue depuis lors en Chine une véritable industrie.

69. MÉDAILLE FRAPPÉE EN BRONZE DORÉ PAR GODEFROID DEVREESE.

BELGIQUE, 1916. DON DE CHARLES LEFÉBURE. KBR, CABINET DES MÉDAILLES, N° 24775, INV. 55/54.

Médaille vendue au profit de l’œuvre d’alimentation et de secours aux enfants Les Petites Abeilles représentant une jeune femme en costume d’infirmière qui sert trois enfants assis à table. Dans l’iconographie profane, l’image de la ruche se répand peu à peu partout grâce à l’estampe de reproduction au 16e siècle. Avant d’incarner la notion de productivité et de puissance industrielle, elle sera successivement considérée comme un attribut de l’espérance, celle de l’apiculteur et du paysan dans l’attente de la récolte ; elle sera ensuite associée à l’assiduité et même dédiée à l’activité pure. Pour la franc-maçonnerie, la ruche représentait la persévérance (car l’abeille retrouve toujours la voie afin de récolter le nectar), le travail consacré à la construction du Temple (car l’initié doit travailler tout au long de sa vie pour tirer le meilleur parti de lui-même), ainsi que la loge maçonnique elle-même. On la retrouve également dans certains ouvrages d’alchimie, où l’abeille associée à la ruche illustre la préfiguration de l’alliance du terrestre et de l’aérien. Dans un autre contexte et dans d’autres circonstances, la ruche symbolisera même la sainte alliance des trois ordres de la société : le clergé, la noblesse et le tiers-état.

70. CONTENANT À MIEL EN PEAU TOUAREG. RÉGION D’AGADEZ, NIGER, 20E SIÈCLE. MRAC, EO.1979.35.9.

Ce type de récipient en cuir moulé sert au transport et à la conservation du miel. Après remplissage du précieux « nectar », l’ouverture est habituellement scellée par un opercule de peau. Une fois vide, le récipient connaissait habituellement de nombreuses réutilisations (pot à miel, boîte pour petits objets…).

71. ABEILLES MELLIFÈRES : REINE, MÂLE ET OUVRIÈRE. BELGIQUE. COLLECTION DIDACTIQUE SRBE. IRSNB.

72. ÉVENTAIL AU FUSEAU ET À L’AIGUILLE. HAALTERT, CA 1890. MRAH, D.2305.01.

Cet éventail fut donné aux MRAH en 1909 par le fabricant lui-même, Jenny Minne, dernière représentante d’une célèbre lignée de dentellier qui émigra de Bruxelles vers Haaltert pour se rapprocher de sa main-d’œuvre qui avait déserté la capitale. La maison est remarquée dans les expositions internationales par des pièces d’une exécution hors pair mais illustrant des sujets souvent d’un réalisme un peu mièvre. La feuille de l’éventail est composée d’une dentelle entourant une scène peinte, signée par M.Rodigues, et représentant des amours entourant des abeilles, insectes dont le travail incessant symbolise la femme industrieuse.

LE SAVIEZ-VOUS ? Sur le plan symbolique, le miel a toujours occupé une place prépondérante dans les cultures et les religions antiques. Il incarnait la douceur dans le judaïsme ; il fut associé au don de prophétie tant dans le monde attique que dans la Bible. Symbole solaire par excellence, véritable quintessence végétale de la lumière de l’astre du jour exaltée dans les fleurs, le miel était considéré par le mithraïsme comme un signe de pureté. En plus de sa consommation comme aliment ou condiment, le miel fut également apprécié dès l’Antiquité en tant que produit cosmétique et médicamenteux. Lors des Jeux olympiques, les athlètes antiques absorbaient de l’eau additionnée de miel pour reconstituer leurs forces. Hippocrate disait que l’usage du miel favorisait un vieillissement décent et il le prescrivait pour combattre la fièvre, les blessures, les ulcères et les plaies purulentes. À partir du Moyen Âge, en Chine puis en Europe, le miel servit à la fabrication du pain d’épices. Il était aussi apprécié comme antiseptique pour la guérison des infections et s’avérait efficace pour soigner verrues, boutons infectieux et furoncles. Le miel de romarin, également appelé « miel de Narbonne », participait encore à la thériaque de la pharmacopée maritime au 18e siècle. Durant la Première et la Seconde guerre mondiale, on l’utilisa pour accélérer la cicatrisation des plaies.

73. NICOLAS JOSEPH THIÉRY DE MENONVILLE, TRAITÉ DE LA CULTURE DU NOPAL ET DE L’ÉDUCATION DE LA COCHENILLE DANS LES COLONIES FRANÇAISES DE L’AMÉRIQUE, PRÉCÉDÉ D’UN VOYAGE À GUAXACA.AU CAP-FRANÇAIS, VVE HERBAULT, 1787. KBR, IMPRIMÉS ANCIENS ET PRÉCIEUX, VH 7.064 A.

Le nopal ou figuier de Barbarie est un cactus qui prospère dans les régions arides. Des cochenilles le parasitent en lui prélevant de la sève pour s’en nourrir. Le botaniste français Nicolas Joseph Thiéry de Menonville (1739-1780), séjournant au Mexique en 1774, en ramèna quelques spécimens à Port-au-Prince et écrivit un traité proposant l’élevage industriel de cette espèce à Saint-Domingue, alors colonie française. L’exemplaire provient du bibliophile gantois Charles Van Hulthem (1764-1832), dont la collection fut acquise en bloc pour la Bibliothèque royale de Belgique. Il s’intéressait notamment de très près à la botanique, et donc au nopal et à ses parasites, étant un des fondateurs de la Société d’Horticulture de Gand. Notons que les cochenilles se protègent de prédateurs éventuels en sécrétant de l’acide carminique, un pigment rouge permettant aussi de produire une teinture naturelle d’un rouge carmin, procédé déjà connu des Mayas et des Incas, qui utilisaient ces insectes à des fins utilitaires, décoratives et commerciales.

74. MARTIN FROBENIUS LEDERMÜLLER, AMUSEMENTS MICROSCOPIQUES TANT POUR L’ESPRIT QUE POUR LES YEUX. NUREMBERG, A. W. WINTERSCHMIDT, 1764-1768. KBR, IMPRIMÉS ANCIENS ET PRÉCIEUX, VH 5.367 B.

Le naturaliste Martin Frobenius Ledermüller (1719-1769) fait de l’utilisation du microscope et de l’examen des insectes, des plantes et des cristaux un loisir mondain. Ses observations paraissent en allemand en 1760 et sont traduites en plusieurs langues. Les illustrations en couleurs de Johann Justin Preissler (1698-1771), dessinateur et peintre allemand, contribuent beaucoup à la popularité du livre. Il y montre des ailes de papillon en gros plan, une punaise, une puce ou un moustique vus en gros plan, ainsi que leurs organes, autant d’images et de structures que l’on retrouve

aujourd’hui sous une autre forme dans l’industrie de pointe, tant la physiologie des insectes est complexe.

75. LOUIS QUESTIAUX ET LÉON DARDENNE, DESSINS ENTOMOLOGIQUES. FIN DES ANNÉES 1890. MRAC, HO.0.1.1079-70 À 1079-73.

Ces aquarelles montrent différents lépidoptères et un diptère, la fameuse et néfaste mouche tsé-tsé (Glossina sp.) Elles furent réalisées dans le cadre de l’expédition scientifique Lemaire (1898-1900) qui concerna une vaste zone de l’Afrique centrale allant de la rive gauche du Tanganyika (RDC) jusqu’au lac Dilolo (Angola). À noter que les papillons présentés ici furent dessinés de manière à proposer une vue de l’avers et du revers des ailes.

76. COLÉOPTÈRE APPELÉ « MOUCHE ESPAGNOLE ». RÉGION DES ABRUZZES, ITALIE. IRSNB.

Certains insectes ont des spécificités curatives parfois surprenantes. La cantharide officinale (Lytta vesicatoria) par exemple, également appelée « mouche espagnole », est un coléoptère allongé vert brillant de la famille des méloïdés. Il dégage, à distance, une odeur assez désagréable et sécrète une arme redoutable, la can-tharidine, substance vésicatoire très toxique. Cette dernière est encore employée aujourd’hui en pharmacopée comme emplâtre destiné à soigner de nombreuses affections. Une autre caractéristique a assuré sa célébrité, c’est la propriété aphrodisiaque qu’on attribue à la cantharidine, qui en ferait un stimulateur de l’érection : son absorption provoque en effet une inflammation des voies urinaires, dont l’érection n’est qu’une conséquence pathologique. Le célèbre marquis de Sade avait coutume d’offrir à ses partenaires des bonbons d’anis enrobés de cantharidine. Il fut embastillé pour empoisonnement.

LES INSECTES font l’objet de fantasmes littéraires, picturaux et cinématographiques des plus évocateurs. La littérature de science-fiction, notamment, a souvent dépeint l’homme aux prises avec des formes d’insectes monstrueux, parfois symboles du dérèglement de la psyché humaine. Les insectes sont en effet souvent perçus comme des êtres dont l’individualité se dilue dans le groupe, au contraire de l’idéal humaniste ; ils sont dès lors utilisés comme symboles de la remise en question fondamentale de l’essence de l’homme. Qui sommes-nous ? Que représente l’individu ? Pourquoi sommes-nous présents sur Terre ? Cet antagonisme perçu est une des raisons d’une certaine répulsion que l’homme peut ressentir parfois face aux insectes dont le caractère envahissant de certaines espèces, ainsi que leur rôle dans la transmission de certaines maladies,

contribue également à ce dégoût, pourtant bien injustifié.

07L’INSECTE

UN FASCINATEUR FANTASMATIQUE

77. GUILLAUME APOLLINAIRE, LE BESTIAIRE D’ORPHÉE. ILLUSTRÉ PAR RAOUL DUFY.

PARIS, LA SIRÈNE, 1919. KBR, IMPRIMÉS ANCIENS ET PRÉCIEUX, FS XLIX 99 A.

Les puces (ordre des siphonaptères) n’ont jamais été populaires. Elles sont parasites de l’homme et d’autres mammifères et peuvent être vecteurs de maladies, dont la peste. Elles ont même donné leur nom à une couleur au 18e siècle, tant les gens portaient de puces. Cependant, leur aptitude à faire des sauts gigantesques proportionnellement à leur petite taille a séduit, d’où leur présence dans les cirques et fêtes foraines au 19e siècle. Comme plusieurs auteurs, Guillaume Apollinaire (1880-1918) est fasciné par les animaux et les bestiaires. Il publie ce recueil de poèmes en 1911. Outre les puces, plusieurs pièces concernent les insectes : chenille, mouche et sauterelle. L’édition de 1919 est illustrée de bois de Raoul Dufy (1877-1953).

78. PATRICE DE LA TOUR DU PIN, BESTIAIRE FABULEUX. POÈMES ÉCRITS D’APRES LES GOUACHES DE JEAN LURÇAT.

PARIS, MAURICE DARANTIÈRE, 1950. KBR, IMPRIMÉS ANCIENS ET PRÉCIEUX,

FS IX 822 C.

Patrice de La Tour du Pin (1911-1975) s’inspire directement des gouaches de Jean Lurçat (1892-1966) pour composer les poèmes de son bestiaire fabuleux. La typographie est particulièrement remar-quable, les poèmes étant composés en forme de calligrammes par Jules Dominique Morniroli. Les poèmes prennent la forme d’animaux monstrueux, dont La puce cerf-volant (ordre des siphonaptères) et Le papillon vert (ordre des lépidoptères).

79. NATHAN JURAN, THE DEADLY MANTIS. ÉTATS-UNIS, 1957. PRODUCTION : UNIVERSAL INTERNATIONAL PICTURES.

COLLECTIONS CINÉMATHÈQUE ROYALE.

Dans ce film américain, un tremblement de terre dans la région polaire brise un iceberg et libère de sa prison de glace une formidablement grande et grotesque créature, vieille de millions d’années, qui s’avère être l’ancêtre préhistorique des mantes religieuses actuelles, capable de marcher, d’escalader et de voler. De surcroît, elle est carnivore ! Après avoir fait des ravages sur place, elle se dirige vers les États-Unis placés en état d’alerte et qui attaquent la créature avec des avions et des fusées. Un paléontologiste du Musée d’Histoire Naturelle, envoyé sur place, identifie plus ou moins la créature. Réfugiée dans un tunnel du fleuve Hudson, elle sera finalement tuée par un détachement de militaires à l’aide de gaz toxiques. La campagne publicitaire pour la Belgique montre notamment la gigantesque mante religieuse (ordre des mantodea) agrippée à la flèche du beffroi de l’hôtel de ville de Bruxelles !

80. MANTE RELIGIEUSE. ORIGINE INCONNUE. COLLECTION DIDACTIQUE SRBE. IRSNB.

81. MICHEL CIRY, PORTRAIT DE FRANZ KAFKA. 1955, EAU-FORTE, DEUXIÈME ÉTAT. KBR, IMPRIMÉS ANCIENS ET

PRÉCIEUX, VI 58603 A 3.

Michel Ciry (°1919) est l’auteur de ce beau portrait gravé à l’eau-forte de Franz Kafka (1883-1924), écrivain tchèque de langue allemande issu de la petite bourgeoisie juive. Ce portrait sert de frontispice à l’édition de La Métamorphose et autres nouvelles réalisée par l’Imprimerie nationale à Paris en 1955 pour la collection « Grand prix des grands romans étrangers ». Le livre est traduit par Alexandre Vialatte, préfacé par Jean Dutourd. Monument de la littérature, La Métamorphose paraît en 1915 à Leipzig, en allemand, dans la revue Die Weissen Blätter, puis sous forme de livre la même année. Le héros, Gregor Samsa, s’y métamorphose brutalement en un insecte monstrueux, perdant graduellement la parole, toute humanité, tout contact avec sa famille dont il métamorphose également tous les membres.

Les interprétations psychanalytiques de cette métamorphose sont aussi nombreuses que les interprètes. C’est la plus brillante transposition d’insecte en littérature, absurde et incompréhensible.

82. JEANNOT SZWARC, BUG. ÉTATS-UNIS, 1975. PRODUCTION : PARAMOUNT PICTURES. COLLECTIONS

CINÉMATHÈQUE ROYALE.

Dans ce film américain d’épouvante et de science-fiction, un village est secoué par un séisme. Dans la panique, personne n’attache sur l’instant une attention particulière à la présence d’une colonie d’insectes noirs aux dimensions inhabituelles : des punaises (ordre des hétéroptères) d’une espèce inconnue, incendiaires, sans yeux ni tube digestif, qui se déplacent difficilement, se nourrissent de cendres et sont incapables de se reproduire. Un spécialiste de biologie animale, lors d’expérimentations, accouple des femelles à des cafards mâles (ordre des blattoptères). Les insectes qui en résultent sont de puissants carnivores qui tentent de communiquer avec lui. Le spécialiste, James Parmiter, les baptise « Parmitera Hephaestus ». Mutants, ceux-ci deviennent d’énormes insectes volants. Lors d’une attaque des Parmitera, pour les contrer, le biologiste les entraîne dans la faille sismique avant que la terre ne se referme. Sans être le Citizen Kane du film d’horreur, ce film, dont le titre belge est L’invasion des insectes de feu, obtint néanmoins le grand prix du Festival du Film fantastique de Paris.

83. LAURENT SEROUSSI, MACRODONTIA CERVICORNIS. TIRAGE NUMÉRIQUE SUR DIBOND, 127 X 210 CM. 2015.

84. LAURENT SEROUSSI, ODOTONLABIS SPECTABILIS. TIRAGE NUMÉRIQUE SUR DIBOND, 127 X 210 CM. 2015.

Il y a quelque chose de glaçant dans les femmes-insectes de Laurent Seroussi. Les plus beaux atours du monde des êtres minuscules viennent sertir ces corps de femmes, et c’est en orfèvre qu’il se saisit

des canons de la haute couture pour en dessiner un étrange motif : celui de l’incarcération sur le mode de la taxidermie chimérique. Car ces femmes naturalisées, si l’on doutait qu’elles fussent mortes, sont soumises à l’index d’un signe discret dans la série : l’éviscération de la femme-scolopendre. Cet hommage à une certaine organicité nous déplace hors du cabinet du naturaliste. Les mortes inquiétantes de Seroussi sont incarcérées : naturalisées, elles sont définitivement privées de sépulture.

LES INSECTES jouent un rôle capital dans la plupart des écosystèmes. En tant que principaux représentants de la microfaune, ils constituent la nourriture d’un grand nombre d’animaux ; en tant que consommateurs de végétaux ou d’animaux morts et d’excréments, ils prennent une part essentielle dans la décomposition et le recyclage de ces matières organiques ; en tant que butineurs, ils jouent un rôle prépondérant dans la pollinisation des plantes à fleurs ; et en tant que carnivores ou parasites, ils sont les régulateurs de population d’un grand nombre d’espèces d’invertébrés. Apprenons à les connaître, à

les respecter et à les apprécier à leur juste valeur.

08L’INSECTE

UN ALLIÉ DE L’HOMME

85. BORIS VAN DER AVOORT, IMPERCEPTIBLE. FILM VIDÉO HD. CRÉATION SONORE DE SLAVEK KWI, BRUXELLES, 2015.

Dans Imperceptible, les insectes sont filmés en clair-obscur sur fond noir… ils semblent émerger de la nuit. L’image est volontairement dépouillée pour que toute l’attention soit portée sur eux. Aucun référent extérieur ne donne une idée de la taille réelle de ces liliputiens. Par la dimension de la projection, le spectateur y est plus petit que les insectes et il se voit dès lors confronté à l’étrange démesure morphologique des insectes se mouvant sous ses yeux. Cet isolement visuel trouve son équivalent sonore, car le moindre son généré par le corps des insectes prend une ampleur tout à fait inhabituelle. Notre émerveillement se porte également sur les multiples textures de ces animaux munis d’ailes plus fines que du papier, recouverts parfois de poils épais, rugueux ou très fins, d’écailles même ou d’une chitine lisse ou grumeleuse. Et comme les insectes passent beaucoup de temps à se nettoyer, à s’astiquer les antennes, à lustrer leurs élytres, toutes ces surfaces engendrent des sons par frottement. Un paysage sonore créé par le compositeur Slavek Kwi accompagne les images et sert de tremplin pour évoquer une autre dimension de la réalité et pour questionner nos limites perceptives.

Cette installation est complémentaire à un film dont vous pouvez trouver une bande annonce sur le site www.borisvanderavoort.be.

COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION DR SANDRINE THIEFFRY

SCÉNOGRAPHIE LAURENT SEROUSSI

REMERCIEMENTS - AUTEURS DES NOTICES NOUS REMERCIONS NOS PARTENAIRES, LA POLITIQUE SCIENTIFIQUE

FÉDÉRALE, LA CHANCELLERIE DU PREMIER MINISTRE AINSI QUE LE PALAIS ROYAL, POUR LEUR SOUTIEN FINANCIER ET LOGISTIQUE, AINSI QUE POUR LEURS ENCOURAGEMENTS QUI N’ONT JAMAIS FAILLI. MERCI AUSSI AUX ÉTABLISSEMENTS SCIENTIFIQUES FÉDÉRAUX POUR LEUR COLLABORATION AINSI QU’AUX AUTEURS DES NOTICES DE CE GUIDE, TOUS CONSERVATEURS ET/OU SPÉCIALISTES ÉMINENTS DE L’HISTOIRE DE L’ART, DE LA LITTÉRATURE, DU CINÉMA OU DE L’ENTOMOLOGIE :

DR WERNER ADRIAENSSENS (IRPA), DR VIVIANE BAEKE (MRAC), DR VANESSA BOSCHLOOS (MRAH), DR BERNARD BOUSMANNE (KBR),

BORIS CHAFFEL, DR NICOLAS CAUWE (MRAH), ISABELLE COPPÉE (SRBE), DR MARGUERITE COPPENS (MRAH), DR WOUTER DEKONINCK (IRNSB), DR LUC DELVAUX (MRAH), DR ALEXANDRA DE POORTER (MRAH), ANNE DEVILLERS (MRAH), JEAN-PAUL DORCHAIN (CINEMATEK), DR CÉCILE EVERS (MRAH), PIERRE FRESNAULT-DERUELLE, DR ERIC GUBEL (MRAH), DR DIRK HUYGE (MRAH), DR SERGE LEMAITRE (MRAH), DR DOMINIQUE MARÉCHAL (MRBAB), DR VALÉRIE MONTENS (MRAH), DR BRUNO OVERLAET (MRAH), ALAIN RENARD (KBR), DR CLAUDE SORGELOOS (KBR), NATHALIE VANDEPERRE (MRAH), JACQUELINE VAN DRIESSCHE (KBR), DR JOHAN VAN HEESCH (KBR), DR GUSTAAF VERSWIJVER (MRAH), ET DR JULIEN VOLPER (MRAC). NOS REMERCIEMENTS VONT ÉGALEMENT AUX NOMBREUX SERVICES DES MUSÉES ROYAUX D’ART ET D’HISTOIRE QUI ONT CONTRIBUÉ À LA RÉALISATION DE CETTE EXPOSITION, À COMMENCER PAR LE SERVICE DES EXPOSITIONS TEMPORAIRES, LE SERVICE TECHNIQUE, LE SERVICE DE MUSÉOGRAPHIE ÉGALEMENT. SURTOUT, REMERCIONS VANESSA BOSCHLOOS ET ANNE DEVILLERS, VÉRITABLES CHEVILLES OUVRIÈRES, SANS LESQUELLES NOUS N’AURIONS PU MENER À BIEN CETTE EXCEPTIONNELLE AVENTURE. QUE SYLVIE PAREYN SOIT AUSSI REMERCIÉE POUR LA

COLOPHON

PROMOTION DE CET ÉVÉNEMENT, AINSI QUE WERNER ADRIAENSSENS QUI NOUS A PERMIS DE DÉVOILER AU GRAND JOUR QUELQUES PIÈCES D’UNE SPLENDEUR INÉGALÉE. MERCI AUSSI AUX PROPRIÉTAIRES DE CES PIÈCES. ILS SE RECONNAÎTRONT. NOTRE SINCÈRE GRATITUDE VA ENFIN À MESSIEURS RENÉ DELCOURT, PRÉSIDENT A.I. DE BELSPO, ET ERIC GUBEL, DIRECTEUR GÉNÉRAL A.I. DES MRAH, AINSI QU’À MADAME ELKE SLEURS, SECRÉTAIRE D’ÉTAT EN CHARGE DE LA POLITIQUE SCIENTIFIQUE, QUI ONT CONTRIBUÉ À CE DÉFI COMMUN : CELUI DE RASSEMBLER LES JOYAUX DE NOTRE PATRIMOINE NATIONAL AUTOUR D’UNE THÉMATIQUE AMBITIEUSE ET PASSIONNANTE. MERCI POUR LEUR CONFIANCE.

ÉDITEUR RESPONSABLE PROF. DR ERIC GUBEL DIRECTEUR GÉNÉRAL A.I. DES MUSÉES ROYAUX D’ART ET D’HISTOIRE PARC DU CINQUANTENAIRE 10, 1000 BRUXELLES

COORDINATEURS ÉDITORIAUX DR SANDRINE THIEFFRY DR VANESSA BOSCHLOOS ANNE DEVILLERS

TRADUCTION BENEDIKT PERQUY MICHEL PERQUY NCI TRANSLATION CENTER

GRAPHISME LAURENT SEROUSSI KENNETH MOTTAR ORRY BARBOSA

DÉPÔT LÉGAL D/2015/0550/7


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