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Le genre à la lumière de l’Histoire : jeunes actrices françaises dans les films en costumes...

Date post: 28-Feb-2023
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« Le genre à la lumière de l’Histoire : jeunes actrices françaises dans les films en costumes tournés sous l’Occupation (1940-1944) », Haffemayer S., Marpeau B., Verlaine J. (dir.), Le Spectacle de l’histoire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012, p. 155-166.
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« Le genre à la lumière de l’Histoire : jeunes actrices françaises dans les films en costumes tournés sous l’Occupation (1940-1944) », Haffemayer S., Marpeau B., Verlaine J. (dir.), Le Spectacle de l’histoire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012, p. 155-166.

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fronçqises dons les fi lmsen cosfumes tounnés

sous l'occuporion (rg Lo-tgI,L)On distingue généralernent le film historique du film en cosrqrnes, considé-

rant que le premier s'attache à représenter la grande Histoire tandis que le secoldmet en scène des personnages fictifs (qui peuvenr aussi être des personnages réelsdevenus des héros linéraires) dans des intrigues cenrrées sur la sphère n privée u,

déplacées pour l'occasion dans un cadre historiquel. euel que soit le souci d'au-thenticité historiqr-re or-r la valeur patrimoniale des films en costllmes, ce genre, quise développe surrour pendant la période classique du cir-réma français - Je. début,du parlant jusqu'à la Nouvelle vague - renseigne moins sur l'époque représer-rtée,celle de la fiction, que sur l'époque de production des films 1c'.rt-l-di.e la Francedes années 1930,1940 et 1950). Précisément parce qu'il raconre des histoires quise situent dans la sphère privée et familiale, le genre est travaillé par I'im,rginairequi sous-tend les rapports entre hommes et femmes et entre générations. Lhistoiredu genre cinématographique, de ses invarianrs er de ses évolutions permet ailsid'apporter un éclairage particulier sur I'histoire de ces rapports sociaux; c'est dumoins ce postulat qui guide ici notre réflexion.

Nous avons choisi de focaliser notre attention sur les films en cosrumes produitssous I'occupation, ceci pour deux raisons. La première esr que le genre connaîtalors un engouemenr particulièrement important, qui reflète l" t.rrdà.. lourcle dela production de cette époque à éviter les réferences au présent contemporain; cela

' I - P. Bnvr-or, R. MorNr (dir.), rtictions patrirnonia/es sur !ft1il[ ct ldit âlzzz, I)ess^:rc, prcsses

univcrsitaircs <ie Bordeaux, 2009. Voir I'introcluction, p. 9-24.

Delphine Chedoleux

conduit les cinéastes à privilégier le rccours au passé (les adaptations des classiquesde la Iittérattlre nation:rle, Balzac en têre, sont légion) rnais aussi au fantastiquË o1à la science-fiction2. La deuxièrne raison est que la procluction cinématographiquede l'occupation, tous genres confondus, esr le rhéârre cl'un bouleversemenr clesreprésentations en matière cle rapports sociaux de sexe : l'explosion quantitative etqualitative des rôles ferninins bou[everse un paysage cinén.ratographique jusqu,alorsdominé par des u patriarches ), qlli sonr dès lors détrônés. ôe phé'omène a étélargement analysé par Noël Burch et Geneviève Sellier cornme i'expression de Iacrise engendrée par I'hurniliante défaite militaire de 1940 Face à iarmée 1azie,et par I'occupation du territoire par ulre armée ennemiel. liémergence de cesnoLlveaux r:ôles féminins est à double tranchanr : les héroTnes c1e lbccupationsont souvent mises sur un piédestal et chargées, dans les récits qui les rnettent enscène, de sauvegarder l'ordre social en lieu er place des pères, allaiblis ou absents;elles servent donc, dans une large mesure, à régénérer un patriarcat cléfaillant.Mais ce processus de feminisation massive du cinéma - qui favorise l'émergencede nombreuses actrices, jeunes et moins jeunes - permet aussi I'apparition, danscertains films, de jeurres femn.res rebelles qui accornpiissent librem.r,t l..rr. désirs,professionnels et/ou âmolrreux en bravanr la u Loi du père u'i. Ainsi, sur les33 films historiques ou en costumes produits enrre I 940 et 1944, 16 (c'est-à-clire

Presque la moitié) mettent en avant un pcrsonnage feminin au ccelrr d'une intrigueamourelrse et/ou familiale. Du reste, les actrices les rnieux représentées dans legenre - Edwige Feuillère (deux fihns), odeme Joyeux (q.,atr. films) et MichelinePresle (deux films) - ont toutes trois la particularité d'inc:rrner, dans leurs rôlescomlne dans la vie, cles irr.rages de femtnes autonornes de générations clifférentes :

Feuillère (qui a 33 ans en 1940) incarne u.e fèmrne accomplie et indépenclantetanclis que Joyeux et Presie (toutes deux inconnues oLl presque

"r,a1t glerre) sont

des jeunes filles en quête d'émancipation sociale ., r.r.r.11.. Ces constatations nousconduisent à faire I'hypothèse de la capacité dLr fihn en cosrumes à évoquer lespréoccupations er les contradicrions conremporaines de i'occupation (les boule-versements et les recor-rÊgurations des rapports de sexe et de génération induitspar le contexte de guerr:e) 5 d'autant plus facilement que le déplacement de l,in-trigue dans le passé perrner souvcnr d'échapper à la ceisure. Dals le caclre de cet

'2 voir F. rirnrrcrr, Ciucnn.f'ptrado' New Trrk, (irhrnrbia fJrriversiw r)rcss, 1985.'3 . N. Bunr:H' c. Srr.r.rsH' Lrt lrôle tlc gu.crrc des vxas du t;inlrna..frutnuir,2, éd., p:rris, fumancl(irlin,2005.

'1 Si cctte ligure prencl déjà flnne avart grlerre solrs les rraits cle l)aniellc l):rrrieux. clle n,estJors ttlttteliris p:rs prisc au sérieux ct finit toujours p:rr rcnoncer:i ses tentativcs d'érnancipltiorr.'5 ()utrc la crisc patriarcale ct le brouillagc des norrncs scxuécs, l:r périoclc f3vorisc aussi lcqucstionnerrrcnt clcs rapports cntre sénérations. La jeuncsse, clui v:r pour la prernière fbis làirel'obiet cl'une prise cn charge par le pouvoir politiqiie, r.a aussi monrrer.scs prrcnricrs sigrres cJ'au,

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Le genr.e à lo lumière de l,Histoire...

article, nous avons privilégié l'étude de cas à un panorama exhaustif pour testernos hypothèses, en replaçant les films étudiés dans leur conrexre de productionet de réception. Afin d'interroger I'articulation spécifique des rapports de sexe erde génération, nous avons choisi de focaliser notre analyse ,u, d..r* films mettalten scène odette Joyeux et Micheline Presle : Douce (claude-Autanr-Lara, 1943),puis Félicie lVanteui/ (MarcAllégret, 1942)6. Ces deux acrrices deviennent célèbrespendant cette période parmi d'autres jeunes premières qui incarnent aussi desfigures feminines rebeiles à I'ordre social etlou familial.

Une femme foffequx qllures de << pelite fille 1900,r: Douce

claude Autant-Lara (comme beaucoup d'autres jeunes réalisateurs à cetteépoque) signe ses premiers longs métrages sous l'occupationT : Le Mariage decbfiàn (1942), Lettres d'atnour (1942) et Douce (1943), trois films en cosrumesécrits pour odene Joyeux, qui y incarne une adolescenre ( r 900 , en rébellioncontre I'ordre social et familial. Autant-Lara er son scénaristeJean Aurenches sesituent d'emblée, avec ces trois Êlms, dans la posrure polémiste qui sera la marquede fabrique de leur longue et prolifique collaboratione :

u Lara, Bost et moi avions trouvé un biais pour continuer à faire ce qrrenous voulions, c'est-à-dirc aller le plus bin possible dans la dénonciation duconformisme et de la cruauté des mcrurs boLrrgeoiscs : nous avions choisicle faire des films en cosrurncs, qLri, sous lc couvert d'histoires rf'un autrc

tononrisation culturelle * sot:ialc. Voir norarnment [.-P Rrorx (dkj, La Vie cu/turelle sous Vi,lry,Paris, É<lition Complcxe, 1990.

' 6 llorclrc dans lequel nous lcs aborclons est justifié par lcurs dates de sortics respectives; I.élit}eNanteuil, tourné avant -I)azrff, ne sera toutefois présenté au public francais qu'à la Libération, pourdes raisons quc nous explicluons.

'7 Aurant-l.ara cst pourtanr déjà créclité au génériquc de ci[ss1"lst (19j3) une adaptation del'opérettc de Reynaldo Hahn. Mais Ic ÊLr suscite clcs polénriqucs quant à ses droits d'autcurs, etAutant-Lara lui-même désavoue la version présentéc au public, rcnaniée selon lui par les produc-teurs. Il tournc aussi d'autres films pour Maurice Lehmann dars les années 1930 sans être créclitéau générique. Vrir l,'. BuecHn, Cl.attdt Autant-l.ara, Paris, t)Âgc d'Homme, 19ti2.

'8 - Picrre Bosr rejoint l'équipe pour l'écriturc de Douce. Parmi les succès fururs clu célèbre crsulfureux trio, on peut cirer, enrre autres, zr l)iablc au corps (.194f), Le B/é en herhe (1953) otLe Rouge et lc Noir (19)4).

' 9 Il faut préciser qu'Autanr-I-ara a hérité en partie de l'engagenrent poiiti<1uc de ses parents

- Louise Lara ct Édouarcl Àutant, fondateurs du groupe < Arr action , et particulièrcment clc ccluide sa mère, sociétaire de la comédie-Francaise engagée à la (l(lf, ce qui lui vaut d'êtrc remerciécde I'institution après plusieurs scanclales. (llaude Autant-l.ara cst ancré à gauchc avant clc basculcrà l'extrêrne clroite à la fin de sa vic (il se fcra élire sur une liste Front national au Parlegent clre-péen en 1989).

157

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15A Delphine Chedoleux

siècle, ga|daicnt unc aPpârcllcc anoclinc tout en llorls pcrmcttânt de fairepasser nos idécslo.,

Adapté d'u' roma' de Michel f)avet - pseudonyrne d'Hélène Marry épouseDavet, prolifique roma.cière des années 1930 aux an'ées l9g0 (Douce paraît e'1940) , Douce est le dernier et le pltrs corrosif de ces rrois filrns;à la clifférencedu Mdriage de chffin et de Lettres dbmourqui sont des comédies, il se situe dansr-rn registre dramatique. Il raconte I'histoire de Douce de Bonafé, fille uniqued'une famille aristocratique au sein de laquelle elle reçoit une éducation catho-liqtre stricte. [,a jeune fille tombc

"r-,.,o.rr..,r. de Fabien Marani (Roger pigault),

le rnétayer cle la famille qui est aussi l'amant (clanclestin) d'lrène (MacleleineRobinson), son instittttrice. Marani est un rebelle; il veut fuir au Canacla e1 volantI'argent des lermages des Bonafe pour y refaire sa vie avec lrène. Mais l'ilstitutrice,désireuse de s'élever socialement, lui préfère Engelbert (fean l)ebucourt) le père cJeDouce, qui la demande en mariage. Douce révèle opportunément ceme rrahisonà Marani et profite de la colère et du désarroi de ce dernier pour le convailcrecle partir avec elle. Ils fuient ensemble, mais l)ouce colrsrate i. .leri. toujours vifde Marani pour Irèr-re. Elle décide de mettre un terme à leur liaison er de rentrerchez elle. Elle n'en alrra pas le ternps; le soir rnême, elle périt dans I'incenclie quiravage i'opéra-comique (un fait historique survenu en lgBZ) en voulanr sauverson amant.

La trame narrative du {rlrn présente d'importantes et signi{icatives clifftrencesavec le roman original. chez Michel D:rvet, [a fami[e Bor]af. f it par acceprer,certes à contrecæut la liaison de Douce et de Marani/valentin;1.. à.u* amanrsinterrompent lcur cavale et se marient. Mais Douce prend rapidement co.scienceque le métayer est un

^lstre er ..n ivrognc, qui l'a tporré. .rniqu.',,.rt pour se

venger d'lrène (Marie-claire dans le rornan). La jeune femme se r.rrd.orr-rpt"de son erreur mais il esr rrop tarcl : elle est déjà mariée à valentin lorrqu'Ëll.tombe anloureuse de François d'Entraygues, son cousin, à qui eile était initiale_ment promise (un personn:rge évactré du film). La mort de valentin/Marani dansl'incendie de I'Opéra-comique résotrt tor-rtefois la situation : elle pourra finalemeltépouser François. ce u happy end , pern'ret de rétablir l'ordre ,o.i.l

".r r.épris du

désir de la jeu'e femme, clui est monrrée trop irnrnature pour décicler seule deson sort; son erreur < dejeunesse, oubliée, elle rentre dals le rang en épousaltl'hornme choisi pour elle par ses parenrs.

Rie'de tel dans le ûLn qui, co'trairemenr au rornan, prend donc Douceau sérieux, ce qtiindique Lrne aurre différence de taille entre les deux ætrvres :

tandis que le roman adopre de bout en bout Ie point de vue d'Irè.e/Marie-claire

' l0 AURrNcul, Lt.çttitc à /'y'ttztn. riutrctict , Arles, Institut r.unrière/Actes Sud, r993, p. 109

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Le genre ù lo lumière de I,Histoire._.

qui observe les agissements de Douce avec une distance condescendante, le récitfilmique est conduit du point de vue cognitif et visuel de Douce. Norre savoirépouse le sien et la mise en scène est centrée sur elle - les nombreux gros plans surson visage grave permement de metrre en évidence son intellige... .r.À regardcritique sur son milieu. La jeune fille romanesque, passive er naTve du romandevient dans le film une héroTne froide et calculatrice qui utilise sciemmenr I'irnagede petite fille innocenre que les adultes ont d'elle, po.r,. p".,r.rrir à ses fins. sousdes apparences d'adolescenre ( 1900 , au corp, graciie et aL minois enfantin (l,unedes caractérisriques physiques d'odette Joye"* Àt d. paraître beaucoup plus jeuneque son âge - elle est née en r9r4), Douce ert er-r réalité une jeune f.Â-. pre,.à tout pour accéder à son désir, et à laquelle les spectatric.. -., les spectateurs -sont conviés à s'identifier. Le Êlm détourne explicitement l,image qrr. 1., adultesprojettent sur elle : celle de u I'oie blanche ,, modèle de.leune fille idéale forgédans un xrx'siècle pudibond et arc-bouté sur les valeurs patriarcaleslt. Sa morttragique à la fin du film peut bien sûr apparaître comme ,n -oy.r, d.e punir cettejeu'e fille rebelle, mais cerre fin extrêmement noire empêche .r-, -ê-. remps sonretour en repenrante au sein de sa famille, lui conférant du même .o.rp .rr-r. fo...subversive' On voit toute I'ironie et le < venin u (selon les mots du réalisaterrrlui-même) d'une telle opération, à l'heure où le discours vichyste tente d,imposerun idéal de jeune fille vouée au mariage et à la maternité. l)u resre, à rravers sarébellion conrre l'ordre familial et social et son désir pour un homme de conditionsubalterne, Douce représente une forme de ,',od.rnité républicaine qui s,opposeà la nostalgie des privilèges d'ancien régime entretenue p", 1., Bonaf., en p.rii..r-lier par la grand-mère despotique qui affirme être farouchement antiréputlcairre(l'action du film se sirue en l8BZ, au début de la III. République). Là encore, lepied-de-nez à vichy est évident, à l'heure où le régime-.orrd"r'',r. u l,esprit dejouissance u d'une III" République srigmarisée comme responsable de la défalte .

Le film suscire des réactions et interprétations multiples dans la presse dei'époque. La presse parisienne collaborationniste se réjouit de sa noirceur et de lavirulence^ de sa critique de I'aristocra tie : ,< Douce est le drame des castes, ces prisonssociales12. , Elle est volontiers encline à railler le moralisme vichyste, à l'instar dufasciste Lucien Rebatet alias Francois Vinneuil :

' 1 I - voir G. l)uev. M. Pr:nnor (dir.), Histoire des.fcrnmes en occident ('I'omeiv), 2" ér1., paris,Pcrrin, 2002. Dans lc film, la grand-rnère crc Douce, comtessc de Bonafe (Marguerite Moreno), l.iinterdir par excmplc de boire du thé sous prétcxte que cela I'u énene ,, r.ppelmt là res précautio'sâlinentâircs observécs à l'égard des jeunes lilles, à clui I'on intcrdisait aloÀ-1..

"li-.rrt.'trop épicéssusceptibles d'agir comme u dcs stimulants des organes génitaux et dcs facultés iut.llectrelle,, ,

Y KNrnreurrn' M. BsR.Nos, E. I{,'Lvoux-rlcrr.o, E. Rrcuam, De ra pucerle à. la mirJitrctte,pars,Messidor, 1983, p. 93.. 12 G. Cmwrmrx, Cri r*t peup/e,24 novcmbre 194j.

160 - Delphine Chedoleux

u QLrelqucs nigaucls ltcront cncore à Douce le rcproche dc moralité.

[...] Haussons les épaulcs devant ccs niaiseries, qui, si on les écoutait,aurait pour résultat de rnettre au pilon toutc notre littérature. 1...1 Si Douce

conrportc, irnplicitement, la condarnnation d'unc certainc forrne dc bour-

geoisie car les arisrocrates de Douce vive:nt en bourgeois - ce signe dcs

ternps doit-il vraiment être pour nolls llfr objet d'affiictionl3 ? ,

Le durcissement du ton du film par rapport au roman original semble pour-tant gêner une partie des critiques comme, si l'on en croit Panoramn, ùne paltie

du public : u Les spectateurs qui ont lu le roman se prétendent déçus car le film a

transformé l'histoire au point de la rendre méconnaissable 14. ,Les réactions des magazines populaires, qui s'adressent à un public plus jeune

et féminin, adoptent une lecture plus éthique en se centfant suf la conduite de

l'héroine. Pour Roger Régent d:Lns Wdettesl5 :

u Nous ne clcvorrs pas nous trofi]per sur la prétcndue clouceur dc Douce.

C'cst en réaliré un pctit aninàl assez charmant ct d'unc grarrde cruauté.

[...] Avec une froidc clétermination, elle détruira cette Famille au scin de

laquelle ellc vit, mais cet être fragile et tendre, ct tout chargé cles grâces et

cles brutales passions cle I'enlance finissante, n'échappera pas à son destitt16. ,

Ciné-Mondia/t7 salue u un lilm d'atmosphère, un ûlm humain > et relève la

portée contemporaine et universelle du Personnage: < En 1887, le rêve d'unejeune fille de 17 ans était sensiblement le même que le rêve cl'une jeune fille de

1943. Avec les années changent les costumes, la couleur des cheveux et des fards,

la silhouette, Ies mæurs, même l'esprit, mais pas le fond de l'âme18. u Pourtant,

deux numéros plus loin, le magazine durcit le ton :

u Douce sovft=re d'irnprécision. f ...] Lcs aclaptatcurs, Jean Aurenche et Pierre

Bost, ont cu grand tort de c1éclaigncr I'apport d'un roman qui lcLrr offraitune matièrc riche, solidc et logiquc. lOclcttc Joyeux] souffre du souvenir

c1c Chillbn. Le rôle inconsistant de Douce ne lui permct pas cl'utiliscr au

. 13 Fl VrNNgrrrr, u (llassicislrc frutçais ", Jc suis pdrtout, 19 lovembre 1943.

. 14 - Patonnnt, 1il novcrnbrc 1943.

. l5 Wde ttes esT une revue hebdomadaire créée p:rr l'occupant et tr:ritant cle ciném:r, théâtre,

radio. music-hall.. .

. 1(r R. Rocnn, Wdettes, tovetthrc 1943 (lc numéro et la ciate exactc sont illisiblcs sur le nricro-

fiLn quc nous avons consulté).. 17 Cinl-Mondial est Ic scul magazinc populaire de cinéna palaissant sous l'C)ccupation I ils'inscrit dans le sillage dc Oinl-rniroi6 Cinémonde r>u,['ourVous, qui ont cessé dc paraître en 1940.

Créé par I'occuparr, il se proclanre apolitique. mais cles sensibilités divcrgcntes s'y côtoient. Le

magazine est diilusé sur I'ensenblc du territoire d'août l94l à août 1944..18 G. FnlNcr. Ciné-MonrJial. n'115. l2 novenrbre 19,tr3.

Le genre ù lo lumière de l,Histoire...

mie,x res exceprionnellcs qualirés qui fircnt c|elre une adoratrle petite fillede Gvp [auteur du Martagi de chffir"d'p,é ;;À;;;;;r* en 1942]1e. ,,

À l'éviden.e, il s'agit là d'une reprise en main de la part du comité de rédac-tion; il est fort probable que re aor', d., firm ait surpris une partie des collabora_teurs de ciné-Mondial- .o--. sans doure une partie du pubric - qui s,attendaitcerrainemenr à rerrouver ra légèreté du Mariage ie chffinLt de Lett e, d,amour; ilfaut sans doute voir d".rr..riigr.. -or"lir"r.ices l'influence des pétainistes dansla. rédacrion du magazine pourr.n,créé par I.occupanr. a""l ;;i;;;:;;;:*,r:réception centrée sur ra conduite de l'héroïne dans les magazines u popuraires omonûe la portée directement conremporaine du person""g;"";";; les spectatrices< ordinaires > sont invitées à s'identifi.r, ,ro'robrt"nt le décalage historique. D,u'efaçon plus générale, la rfception critique du tlm dans la p.# ,,'rnr,.use ) commedans la presse grand publii lairse entrevoirla ponée.#;;;;e du film.

Félicie Nqnfeuil : une héroihe en << clqiF.obscur >>

En 1942' Marc Ailégret adapte IHistoire comiqueécrite en r903 par AnatoreFrance' Allégret rebaptise ,o,r fil- Fé/icie Nartrri/, du nom d. i,.r, des person_nages du roman' ce premier changement lignal_e

un déplacement décisif parrapporr à l'æuvre initiare : si ra narÀtion d,Ariatol. Fr"rr.à ;r;y;i, les points devue successifs de chacun.des personnages, elle se focalise dans le zu- r,_r, l,héroihe.Au rournant du siècre,.Félicie Nanteuii(Micherine presre) ;r;;;;;;prentie comé_dienne formée à I'art dramatiqu. par Aimé é"u"Ii., tcr""a" o""jiirr;, .o-edi.,,du théâtre de I'odéon.q.,i l" pi.,.,à sous son "il. "t

d.,rr",r, ;;;;il", son amanr.De rôles en rôles, beile et ralenrueuse, Féricie s'a*ire l,admiration du public etdevient une vedette des planches; Aimé, de son côté, ne se voit plus confier que desrôles mineurs. Félicie renconrre bientôt un jeune comre (Louis Jourdan) dont elletombe amoureuse' Elle rompt sa liaison avec cavarier; celui-ci, littéralement foude jalousie, la menace,de représailres qu'il met bientôt à executron , un soir, il setue sous les yeux de Félicie et Ligny.nl., "...rr"nt d.,être respo'sables d.e sa mort.Dès lors, son fantôme revient h".i.. Félicie chaque fois qu,eile revoit re comte deLigny. Résignée, elle renonce à son amour pour se consacrer exclusivement à sabri llanre carrière théârrale.

cette histoire rraite des rensions enrre re désir d,émancipation de |héroïne-.dans la sphère publique et privée, sur le plan professionnel et amoureux - er lesrésistances qu'elle ..tr.onrr., personnifiées par cavalier (chevalier chez AnatoreFrance). Félicie est l'archéqype de n l'élève qui dépasse f. *"i,r. ,,, et la jalousie

.

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) Si Douce

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- 162 Delphine Chedoleux

de Cavalier s'exerce autant sur sa fulgurante ascension professionnelle que sur sa

liaison avec Ligny. Ici encore, les décalages entre le roman et I'adaptation sont

révélateurs du glissement de sens opéré par le cinéaste. D'abord, comme dans

Douce,la principale différence réside dans le point de vue. Le film se focalise sur

le personnage de Félicie, singulièrement à partir du moment où Cavalier sombre

dans la folie, faisant ainsi fonctionner à plein le processus d'identification avec

I'héroTne. Chez Anatole France, Félicie est maintenue à distance, notamment à

travers les considérations acerbes de Ligny sur elle à partir du moment où elle

se refuse à lui; la frustration sexuelle engendrée par cette situation le pousse à

la tromper, puis à rompre leur liaison. Rien de tel dans le film où Ligny reste,

jusqu au bour, un amoureux fidèle qu on voit à travers elle. En focalisant le récit

sur Félicie, Allégret nous invite en oLltre à partager son point de vue sur Cavalier,

ce qui permet d'accentuer la déchéance de ce dernier. Tlompé, humilié, illégitime,

Cavalier est aussi violent et dangereux : il n'hésite pas à utiliser la menace physique

à l'égard de Félicie lorsque celle-ci lui annonce qu elle est la maîtresse de Ligny,

dernier recours (masculin) pour assurer sa domination sur cette femme plus intel-

ligente er talentueuse que lui. Le point de vue surplombant et distancié d'Anatole

France sur son personnage laisse place dans le film à un point de vue empâ-

thique; nous sommes invités à partager la peur et le dégorlt que Cavalier inspire

à Félicie, mais nous sommes aussi les témoins de ses tentatives de résistance aux

menaces de ce dernier. D'abord résolue à vaincre Cavalier, elle fait effectivement

pfeuve à son égard d'une attitude ferme et pugnace. Le film se termine toutefois

sur son renoncement à I'amour, mais là encore, avec une difftrence significative

par rapporr au roman : ce dernier se termine en efFet sur la solitude de I'héroïne

devant une ultime apparition du fantôme de Cavalier. Le Êlm propose une fincertes malheureuse mais moins cruelle, puisque nous voyons Félicie, devenue une

grande actrice, enrourée de sa mère et de son habilleuse, auprès desquelles elle vitdésormais, après avoir renoncé à son amour pour Ligny. Contrairemeîtàl'HistoireComique,l'héroîne de Félicie Nanteuil ne reste donc pas seule face à son désarroi;

I'entre-soi féminin constitue ur.r refuge protecteur face à la persécution masculine,

une manifestation de solidarité intergénérationnelle face à un monde masculin

oppressif. Aucune des deux femmes, pourtant plus âgées que Félicie, riémet de

jugement négatif sur sa conduite, et chacune I'aidera par ailleurs à des moments

décisifs; cerre ( cellule feminine ) autour de Félicie va à I'encontre des stratégies de

surveillance encouragées par Vichy vis-à-vis des femmes de prisonniers20.

. 20 H. Ecr, u Les Françaiscs sous Vichy. Fcmmes du désastre citoyennes par le désastre ? ,, lnG. Duev, M. Prnnor (dir.). l[istoire des.fernmes en Ocùdent (tome V), 2" éd., Paris, Perrin, 2002,

p.287-323.

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Le genre ù lo lumière de l'His1oire...

Pour Evelyn Ehrlich2l, Félicie Nanteuil, comme tous les films tournés en

zone non occupée, est influencé par le moralisme vichyste; pour Noël Burch et

Geneviève Sellier, le film est n travaillé à la fois par la misogynie propre au natu-

ralisme d'Anatole France et par la culpabilisation vichyste u22. Il est vrai que le

châtiment final subi par l'héroïne fait écho à la répression du désir féminin quisévit sous l'Occupation, dans le discours politique comme dans les mesures légis-

latives2s. Cependant, le film nous semble plus complexe qu'une simple u façon

de rappeler aux femmes qu'elles ne peuvent prétendre tout avoir, le succès profes-

sionnel et l'amour r24. En dépit de sa fin punitive, il peut faire l'objet d'unelecture positive du point de vue du personnage feminin. Anatole France écrit son

roman au rout début du >o<"siècle; les questions hées à l'émancipation feminine

qui se sont alors fait jour25 inspirent à l'écrivain (comme à beaucoup d'autres au

même moment)26 un récit misogyne travaillé par l'angoisse masculine face à ces

menaces conrre l'ordre patriarcal. 40 ans plus tard, les modifications opérées par

Marc Allégret traduisent un déplacement de point de vue. La mise en scène de

la Belle Époq'_t., parce qu elle renvoie à une période d'émancipation des femmes,

lui permet d'aborder ces questions, sous I'apparence désuète du film en costumes,

dans le contexte de l'Occupation caractérisé à la fois par une remise en cause des

rapports de sexe et de générarion, mais aussi par une idéologie punitive à l'égard

des femmes.Le film ne sort sur les écrans qu'en 1 945, à la Libération, à cause de la présence

ar-r générique de Claude Dauphin : tous les films de l'acteur, qui a entretemps

rejoint les Forces françaises libres, ont été interdits par les autorités allemandes.

Laccueil du film dans la presse est très mitigé, en partie Parce que les critiques

attendent un film centré sur le très populaire Claude Dauphin, devenu un héros

de la résistance; or, le portrait sans concession du pitoyable Cavalier déroute

les critiques, qui adoptent du même coup une lecture négative du person-

nage feminin . Les lrlouuelles littéraires notent par exemple : u lJne autre histoire

d'Anatole France aurait pu retenir I'attention, mais non, c'est I'histoire de cette

. 21 E. EnHrrcH, Cinerna ofparddox...

. 22 N. Runcrr, C. Serttr.g, La Drôle de guerre des sexes..., p. 112.

.23 Vichy clurcit considérablcment les lois sur lc divorcc, sut I'avortetnent, etc. Voir F. Muslf)nsvpus. Vichy er l'éternelJèmirtin,Paris, Lc Scuil, 1996..24 N. BuncH, (1. Sr:ltvp, [.rt DrôJe de guerre drs sexes..., p. I47.. 25 - t.es nouvemenrs férninistes apparaisscnt au xrx' siècle; 1a lin du siècle voit en partieu-

lier l'érnergcnce de fèmmes publiqucs mârquântes telles clue À4arguerite Durard (directrice tle

It Fronde, iournal féniniste créé en 1897), Madcleine Pellctier (militante néo-malthttsiennc),

Maric (lurie, etc.. 26 Voir A. À4-crrcus, u LÈve nouvelle et le vieil Adarn ,, /i (). L)usv, M. Psnnor (<\r')' Histoire

des fernnes en occideat, (Tome IV), p. 6 I 5-636.

-163-

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7.6L Delphine Chedoleux

petite actrice qui aLrandonne son professeur pour suivre un bellâtre qr-ion r.rous

raconte2T. , Georges Sadoul estilne quant à lui que n le cabotin sumsanr devientun mauvais bougre, I'enfant timide une belle garce, puis unc paLlvre fille u28; pourle critique communiste, n Claucle Dauphin est un des dix meilleurs acteurs dllcinémafrançais. [...] maisilaéchouédansletragiqueuetMichelinePresleoneparaît pas savoir souffrir, et sa douleur, qui paraît feinte, ne nous émeut pas u29.

Même constat pour Léon Moussinac dans L'EcranJiançais,la revue de cinémanée de la résistance communiste : u Nous souhaiterions qu'au mélodrame Margotpleurât. Et Margot, séduite, un peu éblouie, garde les yeux secsl0. , Moussinac,qui commence sa notice en rappelant les activités résistantes de Claude Dauphin etcentre son article sur I'acteur (un encadré lui est consacré) aurait sans doute préferéun traitement mélodrarnatique plus classique... Cette contradiction enrre I'imagede I'acteur-héros de la France résistante et son personnage explique sans doute en

partie le mauvais accueil dr-r film par la presse u sérieuse ,. À un. époque où u le

registre de la virilité se retrouve totalement confondu avec celui de la libérationnationale r:]1, l'hetrre n'est plus à la représentation d'une masculinité délaillantemais à la remise en ordre sexuée, à travers la construction de la figure du hérosrésistant, nécessairement masculin12. Les circonstances de i:r sortie clu filrn nousprivent n'ralheureusement de l'écho d'un point de vue plus populaire et feminin,les nragazines tels que Cinémonde ou Ciné-mirozr ne reprenant leur publicationqu'à partir de 1946.

Le recours au passé de ces films en costunles permet ainsi d'aborder des ques-tions difiiciles à traiter dans des histoires au présent parce qu'elies sont rabouesdans le contexte de I'Occupation. La u Belle Époq.t" , olTre en particulier uncadre privilégié pour aborder le désir d':rutonomie des femmes - et en parriculierdes jeunes femmes. Cette époque est en effet associée à une forrne de modernitépolitique (la III' li.épublique), éconornique (l'essor du capitalisme), technique, ctsociale (l'égalitarisrne républicain, les mouvemenrs féministcs), et renvoie à unmoment florissant et pacifié de I'histoire française (la u Belle Époq.r. , prerrd finavec la Première Guerre mondiale).

Si la Libération mer fin à la chape de plomb moralisarrice du régime c1e Vichy,et inaugure une nouvelle étape clans la démocratisation de la France avec I'instau-

. 27 Lcs Nourclles litténtires,5 juillet 1945.

.2U C. Srrorrr, Les Lettes.françalsa,2l juillcr 1945.

.29 I!,ù/.

. 30 L'Ecrau.[rdnçd.is, n' 2, 1 1 juillet 1945.

. 3l F. \4ncrr-r, Lt France uirile, )' éc1., Paris, P:ryot, 2004, p. 303.

' 32 Pour les ambigiiités symboliqucs des acquis 1égislatif-i cle la Libération, voir S. CJtr.+r'rnoN,n Les récorrrpcnses des résisrantes ,, âi É1. Monru-RrrruRf,^u (r1ir.), ( )ortbrt t/e fiantes, t 9j9,1 9'i5,l)aris, Autrcnent, 2001, p. l7l -185.

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N. Buncs, (Armand C

S. Cuepeno:Cornbats dt

Claude AtttdiM. I)avsr, I

Le genre ù lo lumière de l'Hisloire'.'

ration du suffrage universel qui permet enfin aux femmes de voter, la politique

nataliste des gouvernements d'après-guerre représente un frein noLlveaLl à l'éman-

cipation d., f.*-.r. Dans ce contexte de tensions33, le film u Belle Époq,t. ' ,r"devenir un véritable sous-genre du film historique dans le cinéma d'après-guerre,

en privilégiant un point de vue féminin sur les rapports entfe hommes et femmes

et sur l'émancipation sexuelle et professionnelle des femmes. Tândis qu'au même

momenr, le film historique, routes époques confondues, seft de u support privilégié

à la réaffirmation de I'identité nationale, sous la forme consensuelle d'un rappel

des grandes heures de I'histoire du pays ,ra, le film. Belle-Époque ) va quant à

lui servir de :

u déguisemenr prorecteur pour aborder certaines questions brûlantes du

moment, en I'occurrence les rapports entrc hommcs et femmes, avec un

point de vue qui épouse fréquemment celui des clominées3t ,.

Les films o Belle Époq.r. 136 vont ainsi former un îlot de résistance dans une

production cinématographique - celle de I'après-guerre - globalement marquée

par une misogynie substantielle3T.

BibliogrophieJ. AunnNcun, La Suite à l'écran. Ennetiens, Arles, Institut Lumière/Actes Sud,

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. 33 , Voir C. Benl, Les Fennnes dans la société Jrançaise au xl sièclr, Paris, Armand Colin, 200 l.

. 34 G. Smrnn, u Les films "Belle-Époque" dans le cinéma d'après-guerrc ', lzr R. MorNe (dir.),

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. 36 Il faut notamment mentionner les films de Jacqueline Audry ()igi ll949l' Minrre, I'in'génue libertinell950l, otiuiall()511, Mixou t19561...), une réalisatrice féministe oubliée dans

les histoires du cinéma (rnasculines). Voir B. Rorrur, u Question(s) de genre(s). Les réalisatri.es

françaises et les fi lms à costunes r, in Le Cinérnd Jrançais ..' p. |63-1,7 3.

.37 -Yoir N. BuncH, G. Ser-l-rnn, La Drôle de guerre dts sexes du cinlmafançais' op. cit.

r65

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. CnqpsnoN,;,1939-1945,

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