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LE LIVRE, DE L'IMPRIM AU NUM RIQUE MARIE LEBERT NEF ...

Date post: 20-Jan-2023
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LE LIVRE, DE L’IMPRIM� AU

NUM�RIQUE

MARIE LEBERT

NEF, Universit� de Toronto, 2010

Copyright � 2010 Marie Lebert. Tous

droits r�serv�s.

Ce livre est d�di� � toutes les

personnes

ayant r�pondu � mes questions

pendant dix ans,

en Europe, en Afrique, en Asie, en

Australie

et dans les Am�riques,

avec tous mes remerciements pour leur

temps

et pour leur amiti�.

Le livre imprim� a cinq si�cles et demi.

Le livre num�rique a bient�t

quarante ans. On peut d�sormais lire un

livre sur son ordinateur, sur

son assistant personnel (PDA), sur son

t�l�phone mobile, sur son

smartphone ou sur une tablette de

lecture. Ce livre fait le point de la

situation en se basant sur quelques

milliers d’heures de navigation sur

le web pendant dix ans et sur une

centaine d’entretiens conduits de par

l’iPad�, en passant par ��h��, @folio,

Adobe, Amazon, Apple, Bookeen,

Le Choucas, CyLibris, Europeana,

Franklin, Gallica, Google, l’Internet

Archive, Microsoft, Mobipocket, Numilog,

Palm, Psion, Sony, Ulysse,

Unicode, le W�C et bien d’autres.

Marie Lebert, chercheuse et journaliste,

s’int�resse aux technologies

pour le livre et les langues. Elle est

l’auteure de Booknologie: le

livre num�rique (1971-2010), Une courte

histoire de l’ebook (NEF, 2009)

et Le Livre 010101 (NEF, 2003). Ses livres

sont publi�s par le Net des

�tudes fran�aises (NEF) ,

Universit� de Toronto, Canada, et sont

librement disponibles dans le

http://manybooks.net, dans divers

formats permettant leur lecture sur

tout appareil �lectronique (ordinateur,

PDA, t�l�phone mobile,

smartphone et tablette de lecture).

TABLE

Introduction

Un pari depuis 1971

Du pass� vers l’avenir

L’Online Books Page

Un r�pertoire d’oeuvres en

acc�s libre

Le durcissement du copyright

La presse se met en ligne

L’E-zine-list

La presse imprim�e

Amazon.com

Aux �tats-Unis

En Europe

Dans le monde

Et les petites librairies?

Les �diteurs sur le r�seau

Deux �diteurs pilotes

Premiers �diteurs �lectroniques

�diteurs traditionnels et

technologies

La convergence multim�dia

Une d�finition

Des commentaires

La mue des biblioth�ques

Des biblioth�ques num�riques

Un exemple: Gallica

Du biblioth�caire au

cyberth�caire

Des catalogues en r�seau

Une information multilingue

De l’ASCII � l’Unicode

De l’anglais au plurilinguisme

Des dictionnaires de langues en

ligne

Le copyright revisit�

Droit d’auteur et internet

Copyleft et Creative Commons

Domaine public et copyright

Une vaste encyclop�die

Vers un savoir num�rique

Quelques projets pilotes

Des best-sellers num�riques

Des logiciels de lecture

Stephen King ouvre la voie

D’autres auteurs suivent

Numilog, librairie num�rique

La cyber-litt�rature

Po�sie

Fables

Romans policiers

Autres oeuvres de fiction

Romans num�riques

Mails-romans

Sites hyperm�dias

Vers une biblioth�que plan�taire

Google Books

L’Open Content Alliance

Autres initiatives

PDA, smartphones et tablettes

Le projet @folio

PDA (assistants personnels)

Smartphones

Tablettes de lecture

Conclusion

Chronologie

Remerciements

INTRODUCTION

Le livre a beaucoup chang� depuis 1971.

Le livre imprim� a cinq si�cles et demi.

Le livre num�rique a bient�t

quarante ans (le 4 juillet 2011). Il est n�

en tant que eText #1 du

Michael Hart pour distribuer

gratuitement les oeuvres litt�raires par

voie �lectronique.

D’abord consid�r� comme

compl�tement irr�aliste, ce projet

trouve un

second souffle et un rayonnement

international avec l’apparition du web

en 1990, puis la cr�ation de Distributed

Proofreaders en 2000 pour

partager la relecture des livres entre des

milliers de volontaires.

Signe des temps, en novembre 2000, la

British Library met en ligne la

jamais �t� imprim�. Datant de 1454 ou

1455, cette Bible aurait �t�

en Allemagne. 48 exemplaires, dont

certains incomplets, existeraient

toujours, dont trois (deux versions

compl�tes et une partielle) � la

British Library.

En 2010, des milliers d’oeuvres du

domaine public sont en acc�s libre

sur le web. Les libraires et les �diteurs

ont pour la plupart un site

web. Certains naissent directement sur le

web, avec la totalit� de

leurs transactions r�alis�es via

l’internet. De plus en plus de livres

et revues ne sont disponibles qu’en

version num�rique, pour �viter les

co�ts d’une publication imprim�e.

Des auteurs font na�tre leurs oeuvres

sur des sites d’�criture hypertexte ou

hyperm�dia.

L’internet est devenu indispensable

pour se documenter, pour

communiquer, pour avoir acc�s aux

livres et pour �largir ses

connaissances. Nous n’avons plus

besoin de courir d�sesp�r�ment

apr�s

l’information dont nous avons besoin.

L’information dont nous avons

besoin est � notre port�e, y compris

pour ceux qui suivent leurs �tudes

par correspondance, qui vivent en rase

campagne, qui travaillent �

domicile ou qui sont clou�s sur un lit.

Le web est devenu une gigantesque

encyclop�die, une �norme

biblioth�que, une immense librairie et

un m�dium des plus complets. De

�statique� dans les livres imprim�s,

l’information est devenue fluide,

avec possibilit� d’actualisation

constante.

On peut d�sormais lire un livre sur son

ordinateur, sur son PDA

(assistant personnel), sur son

t�l�phone mobile, sur son smartphone

ou

sur une tablette de lecture.

Tel est le voyage virtuel que nous allons

entreprendre dans ces pages.

Ce livre est issu des multiples liens tiss�s

sur le Net des �tudes

fran�aises (NEF), fond� en mai 2000 par

Russon Wooldridge, professeur �

l’Universit� de Toronto (Canada). Sauf

indication contraire, les

citations sont des extraits des Entretiens

du NEF

francaises.net/entretiens/> et des

entretiens qui ont suivi pour les

actualiser et les compl�ter.

[R�sum�]

Le premier livre num�rique date de

juillet 1971. Il s’agit de l’eText

pour cr�er des versions �lectroniques

d’oeuvres litt�raires et les

avait permis � chacun d’avoir des

livres imprim�s pour un prix

chacun d’avoir une biblioth�que

num�rique gratuite. Ce projet trouve un

second souffle et un rayonnement

international avec l’apparition du web

en 1990, puis la cr�ation de Distributed

Proofreaders en 2000 pour

partager la relecture des livres entre des

milliers de volontaires. En

de milliers de t�l�chargements par jour,

des sites web aux �tats-Unis,

en Australie, en Europe et au Canada, et

38 sites miroirs r�partis sur

toute la plan�te.

= Un pari depuis 1971

Gestation

Quels furent les tous d�buts du projet?

Alors �tudiant � l’Universit�

de l’Illinois (�tats-Unis), Michael Hart

se voit attribuer quelques

millions de dollars de �temps

machine� dans le laboratoire

informatique

(Materials Research Lab) de son

universit�.

Le 4 juillet 1971, jour de la f�te

nationale, il saisit The United

States Declaration of Independence (La

D�claration de l’ind�pendance

des �tats-Unis, sign�e le 4 juillet 1776)

sur le clavier de son

ordinateur. En caract�res majuscules,

puisque les caract�res minuscules

n’existent pas encore. Le texte

�lectronique repr�sente 5 Ko (kilo-

octets). Mais l’envoi d’un fichier de 5

Ko � la centaine de personnes

que repr�sente le r�seau de l’�poque

aurait fait imploser celui-ci, la

bande passante �tant infime. Michael

diffuse donc un message indiquant

o� le texte est stock� - sans lien

hypertexte toutefois, puisque le web

ne voit le jour que vingt ans apr�s - suite

� quoi le fichier est

t�l�charg� par six personnes.

Dans la foul�e, Michael d�cide de

consacrer ce cr�dit-temps de quelques

millions de dollars � la recherche des

oeuvres litt�raires disponibles

en biblioth�que et � la num�risation

de celles-ci. Il d�cide aussi de

stocker les textes �lectroniques de la

mani�re la plus simple possible,

au format ASCII (American Standard

Code for Information Interchange),

pour que ces textes puissent �tre lus

sans probl�me quels que soient la

machine, la plateforme et le logiciel

utilis�s. Au lieu d’�tre un

ensemble de pages reli�es, le livre

devient un texte �lectronique que

l’on peut d�rouler en continu, avec des

lettres capitales pour les

termes en italique, en gras et soulign�s

de la version imprim�e.

disposition de tous, par voie

�lectronique, le plus grand nombre

possible d’oeuvres litt�raires. �Nous

consid�rons le texte �lectronique

comme un nouveau m�dium, sans

v�ritable relation avec le papier�,

explique-t-il plus tard, en ao�t 1998.

�Le seul point commun est que

nous diffusons les m�mes oeuvres, mais

je ne vois pas comment le papier

peut concurrencer le texte �lectronique

une fois que les gens y sont

habitu�s, particuli�rement dans les

�tablissements d’enseignement.�

Apr�s avoir saisi The United States

Declaration of Independence en

1971, Michael poursuit ses efforts en 1972

en saisissant The United

States Bill of Rights (La D�claration des

droits am�ricaine). Cette

D�claration comprend les dix premiers

amendements ajout�s en 1789 � la

Constitution des �tats-Unis (qui date

elle-m�me de 1787), et

d�finissant les droits individuels des

citoyens et les pouvoirs

respectifs du gouvernement f�d�ral et

des �tats. En 1973, un volontaire

saisit The United States Constitution (La

Constitution des �tats-Unis)

dans son entier.

D’ann�e en ann�e, la capacit� de la

disquette augmente r�guli�rement -

le disque dur n’existe pas encore - si

bien qu’il est possible

d’envisager des fichiers de plus en plus

volumineux. Des volontaires

entreprennent la num�risation de la

Bible, compos�e elle-m�me de

plusieurs livres qui peuvent �tre trait�s

s�par�ment et occuper chacun

un fichier diff�rent.

Michael Hart d�bute la saisie des

oeuvres compl�tes de Shakespeare,

avec l’aide de volontaires, une pi�ce

de th��tre apr�s l’autre, avec un

fichier pour chaque pi�ce. Cette version

n’est d’ailleurs jamais mise

en ligne, du fait d’une loi plus

contraignante sur le copyright entr�e

en vigueur dans l’intervalle, et qui vise

non pas le texte de

Shakespeare, tomb� depuis longtemps

dans le domaine public, mais les

commentaires et notes de l’�dition

correspondante. D’autres �ditions

annot�es appartenant au domaine

public sont mises en ligne quelques

ann�es plus tard.

Parall�lement, l’internet, qui �tait

encore embryonnaire en 1971,

d�bute v�ritablement en 1974, suite �

la cr�ation du protocole TCP/IP

(Transmission Control Protocol / Internet

Protocol) par Vinton Cerf et

Robert Kahn. En 1983, le r�seau est en

plein essor.

De 10 � 1.000

ebooks

King James Bible, une bible publi�e

pour la premi�re fois en 1611 et

dont la version la plus connue date de

1769. L’ensemble des fichiers de

l’Ancien Testament et du Nouveau

Testament repr�sente 5 Mo (m�ga-

octets).

En 1990, les internautes sont au nombre

de 250.000, et le standard en

vigueur est la disquette de 360 Ko. En

janvier 1991, Michael Hart

saisit Alice’s Adventures in Wonderland

(Alice au pays des merveilles)

de Lewis Carroll (paru en 1865). En juillet

de la m�me ann�e, il saisit

Peter Pan de James M. Barrie (paru en

1904). Ces deux classiques de la

litt�rature enfantine tiennent chacun sur

une disquette standard.

Arrive ensuite le web, op�rationnel en

1991. Le premier navigateur,

Mosaic, appara�t en novembre 1993.

Lorsque l’utilisation du web se

g�n�ralise, il devient plus facile de faire

circuler les textes

�lectroniques et de recruter des

volontaires.

d’un texte par mois en 1991, deux textes

par mois en 1992, quatre

textes par mois en 1993 et huit textes par

mois en 1994.

mise en ligne de The Complete Works of

William Shakespeare (Les oeuvres

compl�tes de William Shakespeare).

Shakespeare �crivit l’essentiel de

son oeuvre entre 1590 et 1613.

La production continue ensuite

d’augmenter, avec une moyenne de 16

textes par mois en 1995 et 32 textes par

mois en 1996.

Comme on le voit, entre 1991 et 1996, la

production double chaque

ann�e. Tout en continuant de

num�riser des livres, Michael coordonne

d�sormais le travail de dizaines de

volontaires.

(a) Light Literature (litt�rature de

divertissement), qui inclut par

exemple Alice’s Adventures in

Wonderland, Peter Pan ou Aesop’s

Fables

(Les Fables d’�sope); (b) Heavy

Literature (litt�rature �s�rieuse�),

qui inclut par exemple La Bible, les

oeuvres de Shakespeare ou Moby

Dick; © Reference Literature (litt�rature

de r�f�rence), compos�e

d’encyclop�dies et de dictionnaires,

par exemple le Roget’s Thesaurus.

Cette pr�sentation en trois secteurs est

abandonn�e par la suite pour

laisser place � un classement par

rubriques plus d�taill�.

choisies que pour le public vis�, le but

�tant de mettre la litt�rature

� la disposition de tous, en d�passant

largement le public habituel des

�tudiants et des enseignants. Le secteur

consacr� � la litt�rature de

divertissement est destin� � amener

devant l’�cran un public tr�s

divers, par exemple des enfants et leurs

grands-parents recherchant le

texte �lectronique de Peter Pan apr�s

avoir vu le film Hook, ou

recherchant la version �lectronique

d’Alice au pays des merveilles

apr�s avoir regard� l’adaptation

film�e � la t�l�vision, ou recherchant

l’origine d’une citation litt�raire

apr�s avoir vu un �pisode de Star

Trek. Pratiquement tous les �pisodes de

Star Trek citent des livres

L’objectif est donc que le public, qu’il

soit familier ou non avec le

livre imprim�, puisse facilement

retrouver des textes entendus dans des

conversations, des films, des musiques,

ou alors lus dans d’autres

livres, journaux et magazines. Les fichiers

�lectroniques prennent peu

de place gr�ce � l’utilisation du

format ASCII. On peut facilement les

t�l�charger par le biais de la ligne

t�l�phonique. La recherche

textuelle est tout aussi simple. Il suffit

d’utiliser la fonction

�rechercher� pr�sente dans

n’importe quel logiciel.

En 1997, la production est toujours de 32

titres par mois. En juin

Hood (Les aventures de Robin des Bois)

de Howard Pyle (paru en 1883).

En ao�t 1997, il met en ligne son

milli�me texte �lectronique, La

Divina Commedia (La Divine Com�die)

de Dante Alighieri (parue en 1321),

dans sa langue d’origine, en italien.

En ao�t 1998, Michael Hart �crit: �Mon

projet est de mettre 10.000

textes �lectroniques sur l’internet.

[NDLR: Ce sera chose faite en

octobre 2003.] Si je pouvais avoir des

subventions importantes,

j’aimerais aller jusqu’� un million et

�tendre aussi le nombre de nos

usagers potentiels de �,x% � 10% de la

population mondiale, ce qui

repr�senterait la diffusion de 1.000 fois

un milliard de textes

�lectroniques, au lieu d’un milliard

seulement.�

De 1.000 � 10.000

ebooks

Entre 1998 et 2000, la moyenne est

constante, avec 36 textes par mois.

En mai 1999, les collections comptent

2.000 livres. Le �.���e titre est

Don Quijote (Don Quichotte) de

Cervant�s (paru en 1605), dans sa

langue

d’origine, en espagnol.

Disponible en d�cembre 2000, le �.���e

titre est le troisi�me volume de

� l’ombre des jeunes filles en fleurs de

Marcel Proust (paru en 1919),

dans sa langue d’origine, en fran�ais.

La moyenne passe � 104 livres

par mois en 2001.

Mis en ligne en octobre 2001, le �.���e

titre est The French Immortals

Series (Collection de textes d’Immortels

fran�ais), dans sa traduction

anglaise. Publi� � Paris en 1905 par la

Maison Mazarin, ce livre

rassemble plusieurs fictions

d’�crivains couronn�s par

l’Acad�mie

fran�aise, comme �mile Souvestre,

Pierre Loti, Hector Malot, Charles de

Bernard, Alphonse Daudet, etc.

Disponible en avril 2002, le �.���e titre

est The Notebooks of Leonardo

da Vinci (Les Carnets de L�onard de

Vinci), des carnets datant du d�but

du ��e si�cle et qui se trouvent toujours

dans le Top 100 des livres

t�l�charg�s en 2010.

En 1988, Michael Hart avait choisi de

num�riser Alice’s Adventures in

Wonderland et Peter Pan parce que, dans

l’un et l’autre cas, leur

version num�ris�e tenait sur une

disquette de 360 Ko, le standard de

l’�poque. Quinze ans plus tard, en

2002, on dispose de disquettes de

1,44 Mo et on peut ais�ment compresser

les fichiers en les zippant. Un

fichier standard peut d�sormais

comporter trois millions de caract�res,

plus qu’il n’en faut pour un livre de

taille moyenne, puisqu’un roman

de 300 pages num�ris� au format ASCII

repr�sente un m�ga-octet. Un

livre volumineux tient sur deux fichiers

ASCII, t�l�chargeables tels

quels ou en version zipp�e. Cinquante

heures environ sont n�cessaires

pour s�lectionner un livre de taille

moyenne, v�rifier qu’il est bien

du domaine public, le scanner, le

corriger, le formater et le mettre en

page.

Quelques num�ros de livres sont

r�serv�s pour l’avenir, par exemple le

num�ro 1984 (eText #1984) pour le

roman �ponyme de George Orwell,

publi� en 1949, et qui est donc loin

d’�tre tomb� dans le domaine

public.

En 2002, les collections s’accroissent de

203 titres par mois. Au

printemps 2002, elles repr�sentent le

quart des oeuvres du domaine

public en acc�s libre sur le web,

recens�es de mani�re pratiquement

exhaustive par l’Internet Public Library

(IPL), un beau r�sultat d� au

patient travail de milliers de volontaires

actifs dans de nombreux

pays.

1.000 livres en ao�t 1997, 2.000 livres en

mai 1999, 3.000 livres en

d�cembre 2000, 4.000 livres en octobre

2001, 5.000 livres en avril

2002, 10.000 livres en octobre 2003. Le

��.���e livre est The Magna

Carta, qui fut le premier texte

constitutionnel anglais, sign� en 1215.

Entre avril 2002 et octobre 2003, les

collections doublent, passant de

5.000 � 10.000 livres en dix-huit mois. La

moyenne mensuelle est de 348

livres num�ris�s en 2003.

Dix mille livres. Un chiffre impressionnant

quand on pense � ce que

cela repr�sente de pages scann�es,

relues et corrig�es. Cette

croissance rapide est due � l’activit�

de Distributed Proofreaders

(DP), un site con�u en 2000 par Charles

Franks pour permettre la

correction partag�e des livres entre de

nombreux volontaires. Les

volontaires choisissent un livre en cours

de traitement pour relire et

corriger une page donn�e. Chacun

travaille � son propre rythme. A titre

indicatif, il est conseill� de relire une

page par jour. C’est peu de

temps sur une journ�e, et c’est

beaucoup pour le projet.

s�lection de 600 livres. En d�cembre

2003, date � laquelle le Projet

livres (9.400 livres) est grav�e sur un

DVD. CD-ROM et DVD sont envoy�s

gratuitement � qui en fait la demande.

Libre ensuite � chacun de faire

autant de copies que possible et de les

distribuer autour de soi.

De 10.000 � 20.000

ebooks

En d�cembre 2003, les collections

approchent les 11.000 livres.

Plusieurs formats sont d�sormais

pr�sents, par exemple les formats

HTML, XML et RTF, le format principal - et

obligatoire - restant

l’ASCII. Le tout repr�sente 46.000

fichiers, soit une capacit� totale

de 110 Go (giga-octets).

Le 13 f�vrier 2004, date de la

conf�rence de Michael Hart au si�ge de

l’UNESCO � Paris, les collections

comprennent tr�s exactement 11.340

livres dans 25 langues. En mai 2004, les

12.500 livres disponibles

repr�sentent 100.000 fichiers dans vingt

formats diff�rents, soit une

capacit� totale de 135 Go, destin�e �

doubler chaque ann�e avec l’ajout

d’environ 300 livres par mois (338 livres

en 2004).

�t� lanc� en 1997 pour rassembler des

collections de livres num�riques

d�j� existantes et provenant de sources

ext�rieures, est officiellement

Projet Rastko, bas� � Belgrade, en

Serbie. Distributed Proofreaders

Europe d�bute ses activit�s en janvier

2004, avec cent livres

disponibles en avril 2005. Les livres sont

en plusieurs langues pour

refl�ter la diversit� linguistique

pr�valant en Europe, avec cent

langues pr�vues sur le long terme.

mise en ligne de The Life of Reason (La

vie de raison) de George

Santayana (paru en 1906).

En juin 2005, le nombre de livres

s’�l�ve � 16.000. Si 25 langues

seulement �taient pr�sentes en f�vrier

2004, 42 langues sont

repr�sent�es en juin 2005, dont le

sanscrit et les langues mayas. En

d�cembre 2006, on compte 50 langues.

A la date du 16 d�cembre 2006, les

langues comprenant plus de cinquante

titres sont l’anglais (17.377

titres), le fran�ais (966 titres),

l’allemand (412 titres), le finnois

(344 titres), le hollandais (244 titres),

l’espagnol (140 titres),

l’italien (102 titres), le chinois (69 titres),

le portugais (68

titres) et le tagalog (51 titres).

en juillet 2005.

livres. Le ��.���e titre est un livre audio,

Twenty Thousand Leagues

Under the Sea, version anglaise de Vingt

mille lieues sous les mers de

Jules Verne (publi� en 1869). La

moyenne est de 345 nouveaux livres par

mois en 2006.

S’il a fallu 32 ans, de juillet 1971 �

octobre 2003, pour num�riser les

10.000 premiers livres, il n’aura fallu

que trois ans et deux mois,

d’octobre 2003 � d�cembre 2006,

pour num�riser les 10.000 livres

suivants.

compte 400 livres.

accueillir de nouveaux documents

suffisamment int�ressants pour �tre

mis en ligne, mais ne pouvant �tre

int�gr�s aux collections existantes

sans traitement ult�rieur par des

volontaires, pour diverses raisons:

collections incompl�tes, qualit�

insuffisante, conversion souhait�e

dans un autre format, etc. Cette section

comprend 379 titres en

d�cembre 2006, et plus de 2.000 titres

deux ans apr�s.

De 20.000 � 30.000

ebooks

novembre 2006 � l’instigation de Mike

Cook. Ce blog compl�te les

lettres d’information (hebdomadaire et

mensuelle) existant depuis

nombre d’ann�es. Le blog offre par

exemple les statistiques de

production hebdomadaires, mensuelles

et annuelles depuis 2001.

La production hebdomadaire est de 24

livres en 2001, 47 livres en 2002,

79 livres en 2003, 78 livres en 2004, 58

livres en 2005, 80 livres en

2006, 78 livres en 2007 et 69 livres en

2009. (Le d�compte pour 2008

inclut les PrePrints et n’est donc pas

pris en compte ici.)

La production mensuelle est de 104 livres

en 2001, 203 livres en 2002,

348 livres en 2003, 338 livres en 2004, 252

livres en 2005, 345 livres

en 2006, 338 livres en 2007 et 298 livres

en 2009.

La production annuelle est de 1.244 livres

en 2001, 2.432 livres en

2002, 4.176 livres en 2003, 4.058 livres en

2004, 3.019 livres en 2005,

4.141 livres en 2006, 4.049 livres en 2007

et 2.190 livres en 2009.

jour de la f�te nationale, �

l’instigation de Michael Shepard et

David

Jones. Il est suivi de Distributed

Proofreaders Canada (DPC), avec une

production qui d�bute en d�cembre

2007. Les cent premiers livres sont

disponibles en mars 2008, avec des livres

en anglais, en fran�ais et en

italien.

Le ��.���e livre est English Book

Collectors (Collectionneurs de livres

anglais) de William Younger Fletcher

(publi� en 1902). Le Projet

��.���e livre est The Bird Book (Le livre

des oiseaux), de Chester

Albert Reed (publi� en 1915).

Proofreaders (DP) f�te ses dix ans en

octobre 2010, avec plus de 18.000

livres num�ris�s, relus et corrig�s par

les soins de plusieurs milliers

de volontaires.

= Du pass� vers l’avenir

Le pari fait par Michael Hart en 1971 est

donc r�ussi. Mais les

chiffres. Les r�sultats se mesurent aussi

� l’influence du projet, qui

est consid�rable. Premier site

d’information sur l’internet et

premi�re

biblioth�ques num�riques au fil des

ans, � commencer par le Projekt

la litt�rature allemande.

Le Projekt Runeberg est la premi�re

biblioth�que num�rique su�doise de

livres du domaine public. Elle est cr��e

en d�cembre 1992 par Lysator,

un club informatique d’�tudiants, en

collaboration avec la biblioth�que

de l’Universit� de Link�ping (Su�de),

pour produire et organiser des

versions �lectroniques gratuites de la

litt�rature nordique classique.

200 oeuvres sont disponibles en 1998,

avec une liste de 6.000 auteurs

nordiques en tant qu’outil de

d�veloppement des collections.

de livres du domaine public. Plusieurs

dizaines de textes peuvent �tre

lus en ligne en 1998, avec une page web

pour les textes courts et

plusieurs pages - une par chapitre - pour

les oeuvres plus longues. Une

liste alphab�tique d’auteurs et de

titres est �galement disponible,

ainsi qu’une courte biographie et

bibliographie pour chaque auteur.

au strict minimum, avec une devise qui

tient en trois mots: �Less is

more.� Michael Hart insiste

r�guli�rement sur la n�cessit� d’un

cadre

aussi souple que possible laissant toute

initiative aux volontaires, et

la porte grande ouverte aux id�es

nouvelles. Le but est d’assurer la

p�rennit� du projet ind�pendamment

des cr�dits, des coupures de cr�dits

et des priorit�s culturelles, financi�res

et politiques du moment. Pas

de pression possible donc par le pouvoir

et par l’argent. Et respect �

l’�gard des volontaires, qui sont

assur�s de voir leur travail utilis�

pendant de nombreuses ann�es, si ce

n’est pour plusieurs g�n�rations,

d’o� l’int�r�t d’un format

num�rique qui soit toujours valable

dans

quelques si�cles. Le suivi r�gulier du

projet est assur� gr�ce � une

lettre d’information hebdomadaire et

mensuelle, des forums de

discussion, des wikis et des blogs.

Les dons servent � financer des

ordinateurs et des scanners, et �

envoyer des CD-ROM et DVD gratuits �

tous ceux qui en font la demande.

s�lection de 600 titres et � un premier

DVD disponible en d�cembre 2003

avec 9.400 titres, un deuxi�me DVD est

disponible en juillet 2006 avec

17.000 titres. A partir de 2005, CD-ROM et

DVD sont disponibles sous

forme d’images ISO sur le site de

BitTorrent, ces images pouvant �tre

t�l�charg�es pour graver des CD-ROM

et DVD sur place � titre personnel.

postale sous forme de CD-ROM et DVD.

Chose souvent pass�e sous silence,

Michael Hart est le v�ritable

inventeur de l’ebook. Si on consid�re

l’ebook dans son sens

�tymologique, � savoir un livre

num�ris� pour diffusion sous forme de

fichier �lectronique, celui-ci aurait donc

quarante ans et serait n�

r�confortante que les divers lancements

commerciaux dans un format

propri�taire ayant �maill� le d�but

des ann�es 2000. Il n’y a aucune

raison pour que la d�nomination

�ebook� ne d�signe que l’ebook

commercial et soit r�serv�e aux

Amazon, Barnes & Noble, ��h��,

Gemstar,

Google Books et autres. L’ebook non

commercial est un ebook � part

enti�re - et non un parent pauvre - tout

comme l’�dition �lectronique

non commerciale est une forme

d’�dition � part enti�re, et tout aussi

valable que l’�dition commerciale. En

2003, les etexts du Projet

ambiante.

En juillet 1971, l’envoi d’un fichier de 5

Ko � cent personnes aurait

fait sauter l’embryon de r�seau

disponible � l’�poque. En novembre

Genome Project - � savoir le

s�quen�age du g�nome humain -,

chaque

fichier se chiffrant en dizaines sinon en

centaines de m�ga-octets.

Ceci peu de temps apr�s la parution

initiale du Human Genome Project en

f�vrier 2001, puisqu’il appartient

d’embl�e au domaine public.

En 2004, la capacit� de stockage des

disques durs est telle qu’il

serait possible de faire tenir

l’int�gralit� de la Library of Congress

au format texte sur un support de

stockage co�tant 140 dollars US. Et

quelques ann�es seulement nous

s�pareraient d’une cl� USB (Universal

Serial Bus) permettant de stocker

l’int�gralit� du patrimoine �crit de

l’humanit�.

La demande est �norme. En t�moigne

le nombre de t�l�chargements, qui se

comptent d�sormais en dizaines de

milliers par jour.

A la date du 31 juillet 2005, on compte

37.532 fichiers t�l�charg�s

dans la journ�e, 243.808 fichiers

t�l�charg�s dans la semaine et

1.154.765 fichiers t�l�charg�s dans le

mois.

A la date du 6 mai 2007, on compte

89.841 fichiers t�l�charg�s dans la

journ�e, 697.818 fichiers t�l�charg�s

dans la semaine et 2.995.436

fichiers t�l�charg�s dans le mois.

Courant mai, ce nombre atteint les 3

millions.

� la date du 15 mars 2010, on compte

103.422 fichiers t�l�charg�s dans

la journ�e, 751.037 fichiers

t�l�charg�s dans la semaine et

3.033.824

fichiers t�l�charg�s dans le mois.

Ceci uniquement pour le principal site de

t�l�chargement, ibiblio.org

(bas� � l’Universit� de Caroline du

Nord, aux �tats-Unis), qui h�berge

est l’Internet Archive, qui est le site de

sauvegarde et qui met � la

Un �Top 100� recense les cent titres et

les cent auteurs les plus

t�l�charg�s dans la journ�e, dans la

semaine et dans le mois.

nombreux pays, et il en cherche

d’autres. La circulation des fichiers

se fait aussi en mode P�P (Peer-to-Peer),

qui permet d’�changer des

fichiers directement d’un utilisateur �

l’autre.

num�rique. Ils sont ais�ment

t�l�chargeables sur PDA. Un ordinateur

ou

un PDA d’occasion ne co�te que

quelques dollars ou quelques dizaines de

dollars, en fonction du mod�le. Certains

PDA fonctionnent � l’�nergie

solaire, permettant la lecture dans les

r�gions pauvres ou recul�es.

Plus tard, il sera peut-�tre possible

d’envisager une traduction

simultan�e dans une centaine de

langues, en utilisant un logiciel de

traduction automatique qui aurait alors

un taux de fiabilit� de l’ordre

de 99%, un pourcentage dont on est

encore loin. Ce logiciel de

traduction automatique serait relay� par

des traducteurs (non pas des

machines, mais des �tres humains), sur

un mod�le comparable � la

technologie OCR actuellement relay�e

par des correcteurs (non pas des

logiciels, mais des �tres humains) pour

offrir un contenu de grande

qualit�.

d�finit toujours comme un fou de travail

d�diant toute sa vie � son

projet, qu’il voit comme �tant �

l’origine d’une r�volution n�o-

industrielle. Il se d�finit aussi comme

altruiste, pragmatique et

visionnaire. Apr�s avoir �t� trait� de

toqu� pendant de nombreuses

ann�es, il force maintenant le respect.

changer le monde par le biais de

l’ebook gratuit ind�finiment

utilisable et reproductible, et favoriser

ainsi la lecture et la

culture pour tous � moindres frais. Cette

mission se r�sume en quelques

mots: �encourager la cr�ation et la

distribution d’ebooks�, par autant

de personnes que possible, et par tous

les moyens de diffusion

possibles, tout en prenant les virages

n�cessaires pour int�grer de

nouvelles id�es, de nouvelles

m�thodes et de nouveaux supports.

L’ONLINE BOOKS PAGE

[R�sum�]

L’Online Books Page est cr��e en

janvier 1993 par John Mark Ockerbloom

pour r�pertorier les textes

�lectroniques anglophones du domaine

public

en acc�s libre sur le web. � cette date,

John Mark est doctorant �

l’Universit� Carnegie Mellon

(Pennsylvanie, �tats-Unis). En 1999, il

rejoint l’Universit� de Pennsylvanie

pour travailler � la R&D

(recherche et d�veloppement) de la

biblioth�que num�rique. � la m�me

�poque, il y transf�re l’Online Books

Page tout en gardant la m�me

pr�sentation, tr�s sobre, et tout en

poursuivant son travail

d’inventaire dans le m�me esprit. Ce

r�pertoire recense plus de 20.000

titres en 2003 (dont 4.000 textes publi�s

par des femmes), 25.000

titres en 2006, 30.000 titres en 2007 (dont

7.000 textes du Projet

= Un r�pertoire d’oeuvres en acc�s

libre

Alors que certains num�risent les

oeuvres litt�raires du domaine

donnent pour t�che de r�pertorier

celles qui sont en acc�s libre sur le

web, en offrant au lecteur un point

d’acc�s commun. C’est le cas de

John Mark Ockerbloom, doctorant �

l’Universit� Carnegie Mellon

(Pittsburgh, Pennsylvanie, �tats-Unis),

qui cr�e l’Online Books Page

pour recenser les oeuvres anglophones.

Cinq ans plus tard, en septembre 1998,

John Mark relate: �J’�tais

webmestre ici pour la section

informatique de la CMU (Carnegie Mellon

University), et j’ai d�but� notre site

local en 1993. Il comprenait des

pages avec des liens vers des ressources

disponibles localement, et �

l’origine l’Online Books Page �tait

l’une de ces pages, avec des liens

vers des livres mis en ligne par des

coll�gues de notre d�partement

(par exemple Robert Stockton, qui a fait

des versions web de certains

des liens vers des livres disponibles sur

d’autres sites. J’ai remarqu�

proposaient des livres en ligne, et qu’il

serait utile d’en avoir une

liste compl�te qui permette de

t�l�charger ou de lire des livres o�

qu’ils soient sur l’internet. C’est ainsi

que mon index a d�but�.

J’ai quitt� mes fonctions de

webmestre en 1996, mais j’ai gard� la

gestion de l’Online Books Page, parce

qu’entre temps je m’�tais

passionn� pour l’�norme potentiel

qu’a l’internet de rendre la

litt�rature accessible au plus grand

nombre. Maintenant il y a tant de

livres mis en ligne que j’ai du mal �

rester � jour. Je pense pourtant

poursuivre cette activit� d’une

mani�re ou d’une autre. Je suis tr�s

int�ress� par le d�veloppement de

l’internet en tant que m�dium de

communication de masse dans les

prochaines ann�es. J’aimerais aussi

rester impliqu� dans la mise �

disposition gratuite de livres sur

l’internet, que ceci fasse partie

int�grante de mon activit�

professionnelle, ou que ceci soit une

activit� b�n�vole men�e sur mon

temps libre.�

Fin 1998, John Mark Ockerbloom obtient

son doctorat en informatique. En

1999, il rejoint l’Universit� de

Pennsylvanie, o� il travaille � la R&D

(recherche et d�veloppement) de la

biblioth�que num�rique. � la m�me

�poque, il y transf�re l’Online Books

Page tout en gardant la m�me

pr�sentation, tr�s sobre, et tout en

poursuivant son travail

d’inventaire dans le m�me esprit. Ce

r�pertoire recense 12.000 livres

en ligne en 1999, 20.000 livres en 2003

(dont 4.000 textes publi�s par

des femmes), 25.000 livres en 2006,

30.000 livres en 2007 (dont 7.000

= Le durcissement du copyright

En 1999, le d�bat fait rage sur le

durcissement de la loi sur le

copyright (qui date de 1976) suite � un

amendement de cette loi dat� du

27 octobre 1998. De nombreuses oeuvres

cens�es tomber dans le domaine

public restent d�sormais sous copyright,

au grand dam de Michael Hart,

d’autres. La l�gislation de 1998 porte

un coup tr�s rude aux

biblioth�ques num�riques, en plein

essor avec le d�veloppement du web.

Mais comment faire le poids vis-�-vis

des majors de l’�dition? Nombre

de titres doivent �tre retir�s des

collections.

Michael Hart raconte en juillet 1999:

�J’ai �t� le principal opposant

aux extensions du copyright, mais

Hollywood et les grands �diteurs ont

fait en sorte que le Congr�s ne

mentionne pas mon action en public. Les

d�bats actuels sont totalement

irr�alistes. Ils sont men�s par

“l’aristocratie terrienne de l’�ge de

l’information” et servent

uniquement ses int�r�ts. Un �ge de

l’information? Et pour qui?�

Pour ne prendre qu’un exemple, le

classique mondial Gone With the Wind

(Autant en emporte le vent) de Margaret

Mitchell, publi� en 1939,

aurait d� tomber dans le domaine

public au bout de 56 ans, en 1995,

conform�ment � la l�gislation de

l’�poque, lib�rant ainsi les droits

pour les adaptations en tous genres.

Suite aux l�gislations de 1976 et

1998, ce classique ne devrait d�sormais

tomber dans le domaine public

qu’en 2035.

John Mark Ockerbloom explique en ao�t

1999: �� mon avis, il est

important que les internautes

comprennent que le copyright est un

contrat social con�u pour le bien public

- incluant � la fois les

auteurs et les lecteurs. Ceci signifie que

les auteurs doivent avoir le

droit d’utiliser de mani�re exclusive et

pour un temps limit� les

oeuvres qu’ils ont cr��es, comme ceci

est sp�cifi� dans la loi actuelle

sur le copyright. Mais ceci signifie

�galement que leurs lecteurs ont

le droit de copier et de r�utiliser ce

travail autant qu’ils le veulent

� l’expiration de ce copyright.

Aux �tats-Unis, on voit maintenant

diverses tentatives visant � retirer

ces droits aux lecteurs, en limitant les

r�gles relatives �

l’utilisation de ces oeuvres, en

prolongeant la dur�e du copyright (y

compris avec certaines propositions

visant � le rendre permanent) et en

�tendant la propri�t� intellectuelle �

des travaux distincts des

oeuvres de cr�ation (comme on en

trouve dans les propositions de

copyright pour les bases de donn�es). Il

existe m�me des propositions

visant � enti�rement remplacer la loi

sur le copyright par une loi

instituant un contrat beaucoup plus

lourd. Je trouve beaucoup plus

difficile de soutenir la requ�te de Jack

Valenti, directeur de la MPAA

[Motion Picture Association of America],

qui demande d’arr�ter de

copier les films sous copyright, quand je

sais que, si ceci �tait

accept�, aucun film n’entrerait jamais

dans le domaine public (…). Si

l’on voit les soci�t�s de m�dias

tenter de bloquer tout ce qu’elles

peuvent, je ne trouve pas surprenant que

certains usagers r�agissent en

mettant en ligne tout ce qu’ils peuvent.

Malheureusement, cette

attitude est � son tour contraire aux

droits l�gitimes des auteurs.�

Comment r�soudre cela pratiquement?

�Ceux qui ont des enjeux dans ce

d�bat doivent faire face � la r�alit�, et

reconna�tre que les

producteurs d’oeuvres et leurs usagers

ont tous deux des int�r�ts

l�gitimes dans l’utilisation de celles-ci.

Si la propri�t�

intellectuelle �tait n�goci�e au moyen

d’un �quilibre des principes

plut�t que par le jeu du pouvoir et de

l’argent que nous voyons

souvent, il serait peut-�tre possible

d’arriver � un compromis

raisonnable.�

LA PRESSE SE MET EN LIGNE

[R�sum�]

Ce qui se passe pour la presse en ligne

dans les ann�es 1990 pr�figure

ce qui se passera pour le livre en ligne

dans les ann�es 2000, d’o�

l’int�r�t de ce court chapitre. Au

d�but des ann�es 1990, les premi�res

�ditions �lectroniques de journaux

sont disponibles par le biais de

services commerciaux tels que America

Online ou CompuServe. Avec

l’apparition du premier navigateur fin

1993 et la croissance rapide du

web qui s’ensuit, nombre de zines non

commerciaux proposent une version

�lectronique ou bien naissent

directement sous forme �lectronique. �

partir de 1995, les grands titres de la

presse en ligne lancent leurs

propres sites, tr�s diff�rents selon les

titres, et ces sites �voluent

ensuite rapidement.

= L’E-zine-list

Les premiers titres purement

�lectroniques sont des oeuvres courtes,

r�pertori�es dans l’E-zine-list, une

liste cr��e en �t� 1993 par John

Labovitz. Abr�g� de fanzine ou

magazine, un zine est g�n�ralement

l’oeuvre d’une personne ou d’un

petit groupe. Quant au e-zine, abr�g�

de zine �lectronique, il est uniquement

diffus� par courriel ou sur un

site web. Le plus souvent, il ne contient

pas de publicit�, ne vise pas

un profit commercial et n’est pas dirig�

vers une audience de masse.

Comment l’E-zine-list d�bute-t-elle?

Dans l’historique pr�sent sur le

site, John Labovitz relate qu’�

l’origine son intention est de faire

conna�tre Crash, un zine imprim� dont

il souhaite faire une version

�lectronique. � la recherche de

r�pertoires, il ne trouve que le groupe

de discussion Alt.zines et des archives

comme The Well et The Etext

Archives. Lui vient alors l’id�e d’un

r�pertoire organis�. Il commence

avec douze titres class�s manuellement

sur un traitement de texte. Puis

il �crit sa propre base de donn�es.

En quatre ans, de 1993 � 1997, les

quelques dizaines d’e-zines

deviennent plusieurs centaines, et la

signification m�me d’e-zine

s’�largit pour recouvrir tout type de

publication publi�e par voie

�lectronique, m�me s’�il subsiste

toujours un groupe original et

ind�pendant d�sormais minoritaire qui

continue de publier suivant son

coeur ou de repousser les fronti�res de

ce que nous appelons un e-zine�

(John Labovitz). En �t� 1998, l’E-zine-

list comprend 3.000 titres.

= La presse imprim�e

Au d�but des ann�es 1990, les

premi�res �ditions �lectroniques de

journaux sont disponibles par le biais de

services commerciaux tels que

America Online ou CompuServe. Suite �

l’apparition du premier

navigateur fin 1993 et � la croissance

rapide du web qui s’ensuit, les

organes de presse cr�ent leurs propres

sites.

Au Royaume-Uni, le Times et le Sunday

Times font web commun sur un site

d�nomm� Times Online, avec

possibilit� de cr�er une �dition

personnalis�e.

Aux �tats-Unis, la version en ligne du

Wall Street Journal est payante,

avec 100.000 abonn�s en 1998. Celle du

New York Times est disponible

sur abonnement gratuit. Le Washington

Post propose l’actualit�

quotidienne en ligne et de nombreux

articles archiv�s, le tout avec

images, sons et vid�os. Pathfinder

(rebaptis� ensuite Time) est le site

web du groupe Time-Warner, �diteur de

Time Magazine, Sports

Illustrated, Fortune, People, Southern

Living, Money, Sunset, etc. On

peut y lire les articles �maison� et les

rechercher par date ou par

sujet. Lanc� en 1992 en Californie,

Wired, premier magazine imprim�

enti�rement consacr� � la culture

cyber, est bien �videmment pr�sent

sur le web.

Mis en ligne en f�vrier 1995, le site web

du mensuel Le Monde

diplomatique est le premier site d’un

p�riodique imprim� fran�ais.

Mont� dans le cadre d’un projet

exp�rimental avec l’Institut national

de l’audiovisuel (INA), ce site est

inaugur� lors du forum des images

Imagina. Il donne acc�s � l’ensemble

des articles depuis janvier 1994,

par date, par sujet et par pays.

L’int�gralit� du mensuel en cours est

consultable gratuitement pendant deux

semaines suivant sa parution. Un

forum de discussion permet au journal

de discuter avec ses lecteurs.

Fin 1995, le quotidien Lib�ration met en

ligne son site web, peu apr�s

le lancement du Cahier Multim�dia, un

cahier imprim� hebdomadaire

inclus dans l’�dition du jeudi. Le site

propose la Une du quotidien, la

rubrique Multim�dia (qui regroupe les

articles du Cahier Multim�dia et

les archives des cahiers pr�c�dents), le

Cahier Livres compl�t� par

Chapitre Un (le premier chapitre des

nouveaut�s retenues par le

quotidien) et bien d’autres rubriques.

La rubrique Multim�dia est

ensuite rebaptis�e Num�riques.

Le site du quotidien Le Monde est lanc�

en 1996. On y trouve des

dossiers en ligne, la Une en version

graphique � partir de 13 h,

l’int�gralit� du journal avant 17 h,

l’actualit� en liaison avec l’AFP

(Agence France-Presse), et des rubriques

sur la Bourse, les livres, le

multim�dia et le sport. En 1998, le

journal complet en ligne co�te 5 FF

(0,76 euros) alors que l’�dition papier

co�te 7,50 FF (1,15 euros).

S’ils concernent le multim�dia, les

articles du suppl�ment imprim�

hebdomadaire T�l�vision-Radio-

Multim�dia sont disponibles

gratuitement

en ligne dans la rubrique Multim�dia,

rebaptis�e ensuite Nouvelles

technologies.

L’Humanit� est le premier quotidien

fran�ais � proposer la version

int�grale du journal en acc�s libre.

Class�s par rubriques, les

articles sont disponibles entre 10 h et 11

h du matin, � l’exception de

L’Humanit� du samedi, disponible en

ligne le lundi suivant. Tous les

articles sont archiv�s sur le site.

La presse r�gionale est tout aussi

pr�sente sur le web, par exemple

Derni�res nouvelles d’Alsace et Ouest-

France.

Lanc� en septembre 1995, le site des

Derni�res nouvelles d’Alsace

propose l’int�grale de l’�dition du

jour ainsi que des informations

pratiques: cours de la Bourse, calcul des

imp�ts, etc., avec 5.500

visites quotidiennes en juin 1998. Il offre

aussi une �dition abr�g�e

en allemand.

Le site web du quotidien Ouest-France

est mis en ligne en juillet 1996.

D’abord appel� France-Ouest, le site

est ensuite renomm� Ouest-France,

du nom du journal.

Quelles sont les retomb�es de

l’internet pour les journalistes? Selon

Bernard Boudic, le responsable �ditorial

du site, interview� en juin

1998, �elles sont encore minces. Nous

commen�ons seulement � offrir un

acc�s internet � chacun (r�daction

d’Ouest-France: 370 journalistes

r�partis dans soixante r�dactions, sur

douze d�partements� pas

simple). Certains utilisent internet pour

la messagerie �lectronique

(courrier interne ou externe, r�ception

de textes de correspondants �

l’�tranger, envoi de fichiers divers) et

comme source d’informations.

Mais cette pratique demande encore �

s’�tendre et � se g�n�raliser.

Bien s�r, nous r�fl�chissons aussi �

tout ce qui touche � l’�criture

multim�dia et � sa r�tro-action sur

l’�criture imprim�e, aux

changements d’habitudes de nos

lecteurs, etc. (…) Internet est � la

fois une menace et une chance. Menace

sur l’imprim�, tr�s certainement

(captation de la pub et des petites

annonces, changement de r�flexes

des lecteurs, perte du go�t de

l’imprim�, concurrence d’un m�dia

gratuit, que chacun peut utiliser pour

diffuser sa propre info, etc.).

Mais c’est aussi l’occasion de relever

tous ces d�fis, de rajeunir la

presse imprim�e.�

Tous sujets que l’on retrouve quelques

ann�es plus tard dans les d�buts

du livre num�rique: rapport accru de

l’auteur avec ses lecteurs,

n�cessit� d’une formation technique,

version payante et/ou version

gratuite, version num�rique et/ou

version imprim�e, etc.

AMAZON.COM

[R�sum�]

Amazon.com est lanc� en juillet 1995

par Jeff Bezos � Seattle, sur la

c�te ouest des �tats-Unis. La librairie

en ligne d�bute avec dix

salari�s et trois millions d’articles, et

devient vite un g�ant du

commerce �lectronique. Cinq ans plus

tard, en novembre 2000, Amazon

compte 7.500 salari�s, 28 millions

d’articles, 23 millions de clients

et quatre filiales au Royaume-Uni (filiale

ouverte en octobre 1998), en

Allemagne (filiale ouverte � la m�me

date), en France (filiale ouverte

en ao�t 2000) et au Japon (filiale

ouverte en novembre 2000). Une

cinqui�me filiale est ouverte au Canada

(en juin 2002), suivie d’une

sixi�me filiale, Joyo, en Chine (en

septembre 2004). Pr�sent dans sept

pays et devenu une r�f�rence mondiale

du commerce en ligne (avec eBay),

Amazon f�te ses dix ans d’existence en

juillet 2005, avec 9.000

salari�s et 41 millions de clients.

= Aux �tats-Unis

Les d�buts

Un nouveau type de librairie na�t sur le

web au milieu des ann�es 1990.

Ces librairies n’ont ni murs, ni vitrine, ni

enseigne sur la rue, et

toutes leurs transactions se font via

l’internet. C’est le cas

d’Amazon.com qui, sous la houlette de

Jeff Bezos, ouvre ses portes

�virtuelles� en juillet 1995 avec un

catalogue de trois millions de

livres et dix salari�s bas�s � Seattle,

dans l’�tat de Washington, sur

la c�te ouest des �tats-Unis.

Quinze mois auparavant, au printemps

1994, Jeff Bezos fait une �tude de

march� pour d�cider du meilleur

�produit� � vendre sur l’internet.

Dans

sa liste de vingt produits marchands, qui

comprennent entre autres les

v�tements et les instruments de

jardinage, les cinq premiers du

classement se trouvent �tre les livres,

les CD, les vid�os, les

logiciels et le mat�riel informatique.

�J’ai utilis� tout un ensemble de

crit�res pour �valuer le potentiel de

chaque produit�, relate Jeff Bezos en

1997 dans le kit de presse

d’Amazon. �Le premier crit�re a �t�

la taille des march�s existants.

J’ai vu que la vente des livres

repr�sentait un march� mondial de 82

milliards de dollars US. Le deuxi�me

crit�re a �t� la question du prix.

Je voulais un produit bon march�. Mon

raisonnement �tait le suivant:

puisque c’�tait le premier achat que

les gens allaient faire en ligne,

il fallait que la somme � payer soit

modique. Le troisi�me crit�re a

�t� la vari�t� dans le choix: il y avait

trois millions de titres pour

les livres alors qu’il n’y avait que

300.000 titres pour les CD, par

exemple.�

L’expansion

Au printemps 1997, Amazon.com - que

tout le monde appelle d�sormais

Amazon - d�cide de s’inspirer du

syst�me d’�associ�s� en ligne

lanc�

quelques mois auparavant par

l’Internet Bookshop, grande librairie en

ligne britannique. Tout possesseur d’un

site web peut vendre des livres

appartenant au catalogue d’Amazon et

toucher un pourcentage de 15% sur

les ventes. L’�associ�(e)�

s�lectionne les titres du catalogue qui

l’int�ressent, en fonction de ses

centres d’int�r�t, et r�dige ses

propres r�sum�s. Amazon re�oit les

commandes par son interm�diaire,

exp�die les livres, r�dige les factures et

lui envoie un rapport

hebdomadaire d’activit� avec le

r�glement correspondant. Au printemps

1998, le r�seau d’Amazon compte plus

de 30.000 sites affili�s.

� la m�me date, outre les livres, on

trouve aussi des CD, des DVD, des

jeux informatiques, etc., avec un

catalogue qui serait au moins dix

fois sup�rieur � celui des plus grandes

cha�nes de supermarch�s. On

peut consulter le catalogue � l’�cran,

lire le r�sum� des livres

choisis ou m�me des extraits, puis

passer sa commande en ligne. Tr�s

attractif, le contenu �ditorial du site

change quotidiennement et se

veut un magazine litt�raire en ligne,

avec des conseils de lecture, des

articles �manant de journalistes connus

(qui travaillaient auparavant

dans la presse imprim�e), des entretiens

avec des auteurs et des

commentaires de lecteurs.

L’�volution rapide d’Amazon en tant

que pionnier d’un nouveau mod�le

�conomique est suivie de pr�s par des

analystes de tous bords, tout

comme sa popularit� aupr�s d’un

public qui s’habitue aux achats en

ligne. En 1998, avec 1,5 million de clients

dans 160 pays et une tr�s

bonne image de marque, Amazon est

r�guli�rement cit� comme un symbole

de r�ussite dans le cybercommerce. Si la

librairie en ligne est

toujours d�ficitaire, sa cotation

boursi�re est excellente suite � une

introduction � la Bourse de New York en

mai 1997.

Avant qu’Amazon n’assoie

d�finitivement sa supr�matie

nationale, la

librairie en ligne se lance dans une guerre

des prix avec son principal

concurrent aux �tats-Unis, Barnes &

Noble.com, � la grande joie des

clients qui profitent de cette course aux

rabais pour faire une

�conomie de 20 � 40% sur certains

titres.

Contrairement � Amazon, librairie

uniquement �virtuelle�, Barnes &

Noble.com s’appuie sur sa cha�ne de

librairies traditionnelles Barnes &

Noble (B&N) qui, en 1997, comprend 480

librairies �en dur� r�parties

dans tout le pays. Barnes & Noble cr�e

sa librairie en ligne en mai

1997, en partenariat avec le g�ant des

m�dias allemand Bertelsmann,

mais rach�tera la part d�tenue par

Bertelsmann (36,8%) en juillet 2003

pour 164 millions de dollars US.

= En Europe

La pr�sence europ�enne d’Amazon

d�bute en octobre 1998, avec les deux

premi�res filiales implant�es

simultan�ment en Allemagne et au

Royaume-

Uni.

En ao�t 2000, Amazon compte 1,8

million de clients au Royaume-Uni, 1,2

million de clients en Allemagne et

quelques centaines de milliers de

clients en France. La librairie en ligne

ouvre sa troisi�me filiale

europ�enne, Amazon France, avec

livres, musique, DVD et vid�os

(auxquels viennent s’ajouter logiciels et

jeux vid�os en juin 2001), et

livraison en 48 heures. � cette date, la

vente de livres en ligne en

France ne repr�sente que 0,5% du

march� du livre, contre 5,4% aux

�tats-Unis.

Pr�par�e dans le plus grand secret,

l’ouverture d’Amazon France n’est

rendue publique que le 23 ao�t 2000.

Avec une centaine de salari�s,

dont certains ont �t� envoy�s en

formation au si�ge du groupe �

Seattle, la filiale fran�aise s’installe �

Guyancourt, en r�gion

parisienne, pour l’administration, les

services techniques et le

marketing. Son service de distribution est

bas� � Boigny-sur-Bionne,

dans la banlieue d’Orl�ans. Son

service clients est bas� � La Haye, aux

Pays-Bas, dans l’optique d’une

expansion future d’Amazon en Europe.

Amazon France compte au moins quatre

rivaux de taille dans l’hexagone:

Fnac.com, Alapage, Chapitre.com et

BOL.fr.

Le service en ligne Fnac.com s’appuie

sur le r�seau des librairies

Fnac, r�parti sur toute la France et dans

quelques autres pays

europ�ens, et qui appartient au groupe

Pinault-Printemps-Redoute.

Alapage, librairie en ligne fond�e en

1996 par Patrice Magnard, rejoint

le groupe France T�l�com en

septembre 1999 puis devient en juillet

2000

une filiale � part enti�re de Wanadoo, le

fournisseur d’acc�s internet

de France T�l�com.

Chapitre.com est une librairie en ligne

ind�pendante cr��e en 1997 par

Juan Pirlot de Corbion.

BOL.fr est la succursale fran�aise de

BOL.com (BOL signifiant:

Bertelsmann On Line), lanc�e en ao�t

1999 par Bertelsmann, g�ant

allemand des m�dias, en partenariat

avec la multinationale fran�aise

Vivendi.

Un mois apr�s son lancement en ao�t

2000, Amazon.fr est � la seconde

place des sites de biens culturels

fran�ais. Selon les chiffres publi�s

le 24 octobre 2000 par Media Metrix

Europe, soci�t� d’�tude d’audience

de l’internet, le site re�oit 217.000

visites uniques en septembre

2000, juste devant Alapage (209.000

visites) mais loin derri�re

Fnac.com (401.000 visites). Suivent

Cdiscount.com (115.000 visites) et

BOL.fr (74.000 visites).

Contrairement � leurs homologues

anglophones, les librairies en ligne

fran�aises ne peuvent se permettre les

r�ductions substantielles

propos�es par celles des �tats-Unis ou

du Royaume-Uni, pays dans

lesquels le prix du livre est libre. Si la loi

fran�aise sur le prix

unique du livre (d�nomm�e loi Lang,

du nom du ministre � l’origine de

cette loi) leur laisse peu de latitude, �

savoir un rabais de 5%

seulement sur ce prix, les librairies en

ligne sont toutefois

optimistes sur les perspectives d’un

march� francophone international.

D�s 1997, un nombre significatif de

commandes provient de l’�tranger,

par exemple 10% des commandes pour

le service en ligne de la Fnac.

Interrog� par l’AFP (Agence France-

Presse) au sujet de la loi Lang,

Denis Terrien, pr�sident d’Amazon

France (jusqu’en mai 2001), r�pond en

ao�t 2000: �L’exp�rience que nous

avons en Allemagne, o� le prix du

livre est fixe, nous montre que le prix

n’est pas l’�l�ment essentiel

dans la d�cision d’achat. C’est tout le

service qui est ajout� qui

compte. Chez Amazon, nous avons tout

un tas de services en plus,

d’abord le choix - nous vendons tous les

produits culturels fran�ais.

On a un moteur de recherche tr�s

performant. En mati�re de choix de

musique, on est ainsi le seul site qui peut

faire une recherche par

titre de chanson. Outre le contenu

�ditorial, qui nous situe entre un

magasin et un magazine, nous avons un

service client 24 heures/�� 7

jours/�, ce qui est unique sur le march�

fran�ais. Enfin une autre

sp�cificit� d’Amazon, c’est le

respect de nos engagements de livraison.

On s’est fix� pour objectif d’avoir

plus de 90% de nos ventes en

stock.�

Admir� par beaucoup, le mod�le

�conomique d’Amazon a toutefois de

nombreux revers en mati�re de gestion

du personnel, avec des contrats

de travail pr�caires, de bas salaires et

des conditions de travail

laissant � d�sirer.

Malgr� la discr�tion d’Amazon � ce

sujet, les probl�mes commencent �

filtrer. En novembre 2000, le Prewitt

Organizing Fund et le syndicat

SUD-PTT Loire Atlantique d�butent une

action de sensibilisation aupr�s

des salari�s d’Amazon France pour de

meilleures conditions de travail

et des salaires plus �lev�s. Ils

rencontrent une cinquantaine de

salari�s travaillant dans le centre de

distribution de Boigny-sur-

Bionne. SUD-PTT d�nonce dans un

communiqu� �des conditions de travail

d�grad�es, la flexibilit� des horaires,

le recours aux contrats

pr�caires dans les p�riodes de flux, des

salaires au rabais, et des

garanties sociales minimales�. Une

action similaire est men�e dans les

succursales d’Amazon en Allemagne et

en Grande-Bretagne. Patrick Moran,

responsable du Prewitt Organizing Fund,

entend constituer une alliance

des salari�s de la nouvelle �conomie

sous le nom d’Alliance of New

Economy Workers (Alliance des

travailleurs de la nouvelle �conomie). De

son c�t�, Amazon riposte en diffusant

des documents internes sur

l’inutilit� de syndicats au sein de

l’entreprise.

Fin janvier 2001, la soci�t�, qui emploie

1.800 personnes en Europe,

annonce une r�duction de 15% des

effectifs et la fermeture du service

client�le de La Hague (Pays-Bas). Les

240 personnes qu’emploie ce

service sont transf�r�es dans les

centres de Slough (Royaume-Uni) et

Regensberg (Allemagne).

= Dans le monde

Le deuxi�me groupe de clients

�trangers (apr�s les clients europ�ens)

est la client�le japonaise. Lors d’un

colloque international sur les

technologies de l’information � Tokyo

en juillet 2000, Jeff Bezos

annonce son intention prochaine

d’implanter Amazon au Japon. Il insiste

aussi sur le march� � fort potentiel

repr�sent� par ce pays, avec des

prix immobiliers �lev�s se r�percutant

sur ceux des biens et services,

si bien que le shopping en ligne est plus

avantageux que le shopping

traditionnel. La densit� de la population

entra�ne des livraisons �

domicile faciles et peu co�teuses.

Un centre d’appels est ouvert en ao�t

2000 dans la ville de Sapporo,

sur l’�le d’Hokkaido. La filiale

japonaise d�bute ses activit�s trois

mois plus tard, en novembre 2000.

Amazon Japon, quatri�me filiale du

g�ant am�ricain et premi�re filiale

non europ�enne, ouvre ses portes

avec un catalogue de 1,1 million de titres

en japonais et 600.000

titres en anglais. Pour r�duire les d�lais

de livraison et proposer des

d�lais de 24 � 48 heures au lieu des six

semaines n�cessaires �

l’acheminement des livres depuis les

�tats-Unis, un centre de

distribution de 15.800 m� est cr�� dans

la ville d’Ichikawa, situ�e �

l’est de Tokyo.

En novembre 2000, entre la maison-

m�re et les quatre filiales, la

soci�t� compte 7.500 salari�s, 28

millions d’articles et 23 millions de

clients.

� la m�me date, Amazon d�bute

l’embauche de personnel francophone

connaissant le march� canadien, dans le

but de lancer une antenne

canadienne fran�aise avec vente de

livres, musique et films (VHS et

DVD). Amazon Canada, cinqui�me filiale

de la soci�t�, verra le jour en

juin 2002, avec un site bilingue anglais-

fran�ais.

Toujours en novembre 2000, Amazon

ouvre sa librairie num�rique, avec

1.000 titres disponibles au d�part, et

une augmentation rapide des

collections pr�vue les mois suivants.

M�me pour le marketing d’une grande

librairie en ligne, le papier n’est

pas mort, loin s’en faut. Pour la

deuxi�me ann�e cons�cutive, en

pr�vision des f�tes de l’ann�e 2000,

Amazon envoie un catalogue imprim�

� 10 millions de clients.

L’ann�e 2001 marque un tournant

dans les activit�s d’Amazon, qui doit

faire face aux secousses de la

�nouvelle� �conomie affectant les

entreprises internet.

Suite � un quatri�me trimestre

d�ficitaire en 2000, un plan de

r�duction de 15% des effectifs entra�ne

1.300 licenciements aux �tats-

Unis et 270 licenciements en Europe fin

janvier 2001.

Amazon opte aussi pour une plus grande

diversification de ses produits

et d�cide de vendre non seulement des

livres, des vid�os, des CD et des

logiciels, mais aussi des produits de

sant�, des jouets, des appareils

�lectroniques, des ustensiles de cuisine

et des outils de jardinage. En

novembre 2001, la vente des livres,

disques et vid�os ne repr�sente

plus que 58% du chiffre d’affaires

global, qui est de 4 milliards de

dollars US, avec 29 millions de clients.

La soci�t� devient b�n�ficiaire au

troisi�me trimestre 2003, pour la

premi�re fois depuis sa cr�ation.

En octobre de la m�me ann�e, Amazon

lance un service de recherche plein

texte (Search Inside the Book) apr�s

avoir scann� le texte int�gral de

120.000 titres, un nombre promis � une

croissance rapide. Amazon lance

aussi son propre moteur de recherche

A�.com.

Une sixi�me filiale est ouverte en Chine

sous le nom de Joyo en

septembre 2004.

En 2004, le b�n�fice net d’Amazon est

de 588 millions de dollars US,

dont 45% g�n�r� par ses six filiales,

avec un chiffre d’affaires de 6,9

milliards de dollars.

Pr�sent dans sept pays (�tats-Unis,

Canada, Royaume-Uni, Allemagne,

France, Japon, Chine) et devenu une

r�f�rence mondiale du commerce en

ligne, Amazon f�te ses dix ans

d’existence en juillet 2005, avec 9.000

salari�s et 41 millions de clients attir�s

par des produits culturels,

high-tech et autres � des prix attractifs

et une livraison en 48 heures

maximum dans les pays h�bergeant une

plateforme Amazon.

Amazon poursuit ensuite sa croissance,

vend de plus en plus de livres

num�riques apr�s avoir rachet� la

soci�t� Mobipocket en avril 2005, et

lance sa tablette de lecture, le Kindle, en

novembre 2007, avec un

catalogue de 80.000 ebooks. 538.000

tablettes sont vendues en 2008.

Deux autres mod�les, le Kindle 2 et le

Kindle DX (avec un �cran plus

grand), sont lanc�s respectivement en

f�vrier et mai 2009.

En janvier 2009, Amazon rach�te la

soci�t� Audible.com et sa collection

de livres, journaux et magazines audio, �

savoir 80.000 titres

t�l�chargeables sur baladeur,

t�l�phone mobile et smartphone. Le

catalogue d’Amazon comptabiliserait

450.000 ebooks en mars 2010.

= Et les petites librairies?

Qu’en est-il des petites librairies,

g�n�rales et sp�cialis�es? Ces

librairies se d�brouillent au mieux avec

des moyens limit�s, comme la

librairie Ulysse, sise au coeur de Paris,

dans l’�le Saint-Louis, tout

en se faisant peu d’illusions sur le raz-

de-mar�e qui est en train de

les emporter.

Cr��e en 1971 par Catherine Domain, la

librairie Ulysse est la premi�re

librairie au monde uniquement

consacr�e au voyage. Ses 20.000 livres,

cartes et revues neufs et d’occasion

rec�lent des documents

introuvables ailleurs. � la fois libraire et

grande voyageuse,

Catherine Domain est membre du

Syndicat national de la librairie

ancienne et moderne (SLAM), du Club

des explorateurs et du Club

international des grands voyageurs.

En 1999, elle d�cide de se lancer dans un

voyage autrement plus ingrat,

virtuel cette fois-ci, � savoir la

r�alisation d’un site web en

autodidacte. �Mon site est

embryonnaire et en construction�,

raconte-t-

elle en novembre 2000. �Il se veut �

l’image de ma librairie, un lieu

de rencontre avant d’�tre un lieu

commercial. Il sera toujours en

perp�tuel devenir! Internet me prend la

t�te, me bouffe mon temps et ne

me rapporte presque rien, mais cela ne

m’ennuie pas��

Elle est toutefois pessimiste sur l’avenir

des librairies comme la

sienne. �Internet tue les librairies

sp�cialis�es. En attendant d’�tre

d�vor�e, je l’utilise comme un moyen

d’attirer les clients chez moi, et

aussi de trouver des livres pour ceux qui

n’ont pas encore internet

chez eux! Mais j’ai peu d’espoir��

Dix ans plus tard, Catherine voit

l’internet d’un autre oeil. Elle

�crit en avril 2010: �Internet a pris de

plus en plus de place dans ma

vie! Il me permet depuis le �er avril

d’�tre �diteur gr�ce � de

laborieuses formations Photoshop,

InDesign et autres. (…) Quand j’ai

commenc� � utiliser l’internet, je ne

m’attendais vraiment pas �

devenir �diteur.� Catherine publie bien

entendu des livres de voyage.

LES �DITEURS SUR LE R�SEAU

[R�sum�]

� partir de 1996, l’�dition

�lectronique creuse son sillon � c�t�

de

l’�dition traditionnelle, du fait des

avantages qu’elle procure: pas de

stock, co�t de fonctionnement moins

�lev�, diffusion plus facile. Elle

am�ne aussi un souffle nouveau dans le

monde de l’�dition, et m�me une

certaine zizanie. On voit des �diteurs

traditionnels vendre directement

leurs titres en ligne, des �diteurs

�lectroniques commercialiser les

versions num�ris�es de livres publi�s

par des �diteurs traditionnels,

des libraires num�riques vendre les

versions num�ris�es de livres

publi�s par des �diteurs partenaires,

sans parler des auteurs qui

choisissent de s’auto-�diter sur le web

ou de promouvoir eux-m�mes

leurs oeuvres publi�es, ou encore de

nouvelles plateformes d’�dition

litt�raire pour d�couvrir de nouveaux

talents.

= Deux �diteurs pilotes

La publication en ligne d’un livre � titre

gratuit nuit-elle aux ventes

de la version imprim�e ou non? La

National Academy Press (NAP) est la

premi�re � prendre un tel risque, d�s

1994, avec un pari gagn�.

�A premi�re vue, cela para�t

illogique�, �crit Beth Berselli,

journaliste au Washington Post, dans un

article repris par le Courrier

international de novembre 1997. �Un

�diteur de Washington, la National

Academy Press (NAP), qui a publi� sur

internet 700 titres de son

catalogue actuel, permettant ainsi � tout

un chacun de lire

gratuitement ses livres, a vu ses ventes

augmenter de 17% l’ann�e

suivante. Qui a dit que personne

n’ach�terait la vache si on pouvait

avoir le lait gratuitement?�

Une politique atypique porte donc ses

fruits. �diteur universitaire, la

National Academy Press (qui devient

ensuite la National Academies

Press) publie environ 200 livres par an,

essentiellement des ouvrages

scientifiques et techniques et des

ouvrages m�dicaux. En 1994,

l’�diteur choisit de mettre en acc�s

libre sur le web le texte int�gral

de plusieurs centaines de livres, afin que

les lecteurs puissent les

�feuilleter� � l’�cran, comme ils

l’auraient fait dans une librairie,

avant de les acheter ensuite si utile.

La NAP est le premier �diteur � se

lancer dans un tel pari, une

initiative salu�e par les autres maisons

d’�dition, qui h�sitent

cependant � se lancer elles aussi dans

l’aventure, et ce pour trois

raisons: le co�t excessif qu’entra�ne

la mise en ligne de milliers de

pages, les probl�mes li�s au droit

d’auteur, et enfin une �concurrence�

entre versions num�riques et

imprim�es, qu’ils estiment nuisible �

la

vente de ces derni�res.

Dans le cas de la NAP, ce sont les auteurs

eux-m�mes qui, pour mieux

faire conna�tre leurs livres, demandent

que ceux-ci soient mis en ligne

sur le site. Pour l’�diteur, le web est un

nouvel outil de marketing

face aux 50.000 ouvrages publi�s chaque

ann�e aux �tats-Unis. Une

r�duction de 20% est accord�e pour

toute commande effectu�e en ligne.

La pr�sence de ces livres sur le web

entra�ne aussi une augmentation

des ventes par t�l�phone. En 1998, le

site de la NAP propose le texte

int�gral d’un millier de titres.

La solution choisie par la NAP est

�galement adopt�e d�s 1995 par la

MIT Press (MIT: Massachusetts Institute of

Technology), qui voit

rapidement ses ventes doubler pour les

livres disponibles en version

int�grale sur le web.

= Premiers �diteurs �lectroniques

�ditel

En avril 1995, Pierre Fran�ois Gagnon,

po�te et essayiste qu�b�cois,

d�cide d’utiliser le num�rique pour la

r�ception des textes, leur

archivage et leur diffusion. Il cr�e

�ditel, premier site d’auto-

�dition collective de langue fran�aise.

En juillet 2000, il relate: �En fait, tout le

monde et son p�re savent

ou devraient savoir que le premier site

d’�dition en ligne commercial

fut CyLibris [NDLR: cr�� en ao�t 1996],

pr�c�d� de loin lui-m�me, au

printemps de 1995, par nul autre

qu’�ditel, le pionnier d’entre les

pionniers du domaine, bien que nous

f�mes confin�s � l’action

symbolique collective, faute d’avoir les

moyens de d�boucher jusqu’ici

sur une formule de commerce en ligne

vraiment viable et abordable

(…). Nous sommes actuellement trois

mousquetaires [NDLR: Pierre

Fran�ois Gagnon, Jacques Massacrier et

Mostafa Benhamza] � d�velopper

le contenu original et in�dit du webzine

litt�raire qui continuera de

servir de fa�ade d’animation gratuite,

offerte personnellement par les

auteurs maison � leur lectorat, �

d’�ventuelles activit�s d’�dition en

ligne payantes, d�s que possible au

point de vue technico-financier.

Est-il encore r�aliste de r�ver � la

d�mocratie �conomique?� Beaucoup

plus tard, �ditel devient un blog

litt�raire.

CyLibris

Fond� � Paris en ao�t 1996 par Olivier

Gainon, CyLibris (de Cy, cyber

et Libris, livre) est le pionnier

francophone de l’�dition �lectronique

commerciale. CyLibris est en effet la

premi�re maison d’�dition �

utiliser l’internet et le num�rique pour

publier de nouveaux auteurs

litt�raires et quelques auteurs

confirm�s, dans divers genres:

litt�rature g�n�rale, policiers, science-

fiction, th��tre et po�sie.

Vendus uniquement sur le web, les livres

sont imprim�s � la commande et

envoy�s directement au client, ce qui

permet d’�viter le stock et les

interm�diaires. Des extraits sont

disponibles en t�l�chargement libre.

Pendant son premier trimestre

d’activit�, CyLibris signe des contrats

avec treize auteurs. Fin 1999, le site

compte 15.000 visites

individuelles et 3.500 livres vendus tous

exemplaires confondus, avec

une ann�e financi�rement �quilibr�e.

En 2001, certains titres sont

�galement vendus en version imprim�e

par un r�seau de librairies

partenaires, notamment la Fnac, et en

version num�rique par Mobipocket

et Numilog, pour lecture sur ordinateur

ou PDA. En 2003, le catalogue

de CyLibris comprend une cinquantaine

de titres.

Olivier Gainon explique en d�cembre

2000: �CyLibris a �t� cr�� d’abord

comme une maison d’�dition

sp�cialis�e sur un cr�neau particulier

de

l’�dition et mal couvert � notre sens

par les autres �diteurs: la

publication de premi�res oeuvres, donc

d’auteurs d�butants. Nous nous

int�ressons finalement � la litt�rature

qui ne peut trouver sa place

dans le circuit traditionnel: non

seulement les premi�res oeuvres, mais

les textes atypiques, inclassables ou en

d�calage avec la mouvance et

les modes litt�raires dominantes. Ce qui

est rassurant, c’est que nous

avons d�j� eu quelques succ�s

�ditoriaux: le grand prix de la SGDL

[Soci�t� des gens de lettres] en 1999

pour La Toile de Jean-Pierre

Balpe, le prix de la litote pour Willer ou la

trahison de J�r�me Olinon

en 2000, etc. Ce positionnement de

“d�fricheur” est en soi original

dans le monde de l’�dition, mais

c’est surtout son mode de

fonctionnement qui fait de CyLibris un

�diteur atypique.

Cr�� d�s 1996 autour de l’internet,

CyLibris a voulu contourner les

contraintes de l’�dition traditionnelle

gr�ce � deux innovations: la

vente directe par l’interm�diaire d’un

site de commerce sur internet,

et le couplage de cette vente avec une

impression num�rique en “flux

tendu”. Cela permettait de contourner

les deux barri�res

traditionnelles dans l’�dition: les

co�ts d’impression (et de stockage)

et les contraintes de distribution. Notre

syst�me g�rait donc des flux

physiques: commande re�ue par

internet, impression du livre

command�,

envoi par la poste. Je pr�cise que nous

sous-traitons l’impression �

des imprimeurs num�riques, ce qui

nous permet de vendre des livres de

qualit� �quivalente � celle de

l’offset, et � un prix comparable. Notre

syst�me n’est ni plus cher, ni de

moindre qualit�, il ob�it � une

�conomie diff�rente qui, � notre sens,

devrait se g�n�raliser � terme.�

En quoi consiste l’activit� d’un

�diteur �lectronique? �Je d�crirais

mon activit� comme double�, explique

Olivier Gainon. �D’une part celle

d’un �diteur traditionnel dans la

s�lection des manuscrits et leur re-

travail ( je m’occupe directement de la

collection science-fiction),

mais �galement le choix des maquettes,

les relations avec les

prestataires, etc. D’autre part, une

activit� internet tr�s forte qui

vise � optimiser le site de CyLibris et

mettre en oeuvre une strat�gie

de partenariat permettant � CyLibris

d’obtenir la visibilit� qui lui

fait parfois d�faut. Enfin, je repr�sente

CyLibris au sein du SNE

[NDLR: Syndicat national de l’�dition,

dont CyLibris fait partie depuis

le printemps 2000]. CyLibris est

aujourd’hui une petite structure. Elle

a trouv� sa place dans l’�dition, mais

est encore d’une �conomie

fragile sur internet. Notre objectif est de

la rendre p�renne et

rentable et nous nous y employons.�

Le site web se veut aussi un carrefour de

la petite �dition. Il procure

des informations pratiques aux auteurs

en herbe: comment envoyer un

manuscrit � un �diteur, ce que doit

comporter un contrat d’�dition,

comment prot�ger ses manuscrits,

comment tenter sa chance dans des

revues ou concours litt�raires, etc.

Par ailleurs, l’�quipe de CyLibris lance

en mai 1999 CyLibris Infos,

une lettre d’information �lectronique

gratuite dont l’objectif n’est

pas tant de promouvoir les livres de

l’�diteur que de pr�senter

l’actualit� de l’�dition francophone.

Volontairement d�cal�e et souvent

humoristique sinon d�capante, la lettre,

d’abord mensuelle, para�t deux

fois par mois � compter de f�vrier 2000,

avec 565 abonn�s en octobre

1. Elle change de nom en f�vrier 2001

pour devenir �dition-actu, qui

compte 1.500 abonn�s en 2003 avant de

laisser place au blog de

CyLibris. CyLibris (� ne pas confondre

avec CyberLibris, une autre

soci�t�) cesse ses activit�s �ditoriales

en 2007.

��h��

Lui aussi pionnier de l’�dition

�lectronique commerciale, ��h�� (qui se

prononce �z�ro heure�) fait son

apparition en mai 1998, un peu moins de

deux ans apr�s CyLibris. Mais le champ

d’investigation de ��h�� est

quelque peu diff�rent, en tant que

premier �diteur en ligne. Son

activit� est en effet de vendre des livres

num�riques via l’internet,

et non des livres imprim�s comme

CyLibris. En 2000, les versions

num�riques (au format PDF)

repr�sentent 85% des ventes, les 15%

restants �tant des versions imprim�es

� la demande du client, un

service que l’�diteur procure en

compl�ment.

��h�� est fond� par Jean-Pierre Arbon

et Bruno de Sa Moreira,

respectivement ancien directeur

g�n�ral de Flammarion et ancien

directeur de Flammarion Multim�dia.

Bruno de Sa Moreira explique en

juillet 1998: �Aujourd’hui mon activit�

professionnelle est 100% bas�e

sur internet. Le changement ne s’est

pas fait radicalement, lui, mais

progressivement (audiovisuel puis

multim�dia puis internet). … La

gestation du projet a dur� un an:

brainstorming, faisabilit�, cr�ation

de la soci�t� et montage financier,

d�veloppement technique du site et

informatique �ditoriale, mise au point et

production des textes et

pr�paration du catalogue �

l’ouverture. (…) Nous faisons un pari,

mais l’internet me semble un m�dia

capable d’une tr�s large

popularisation, sans doute gr�ce � des

terminaux plus faciles d’acc�s

que le seul micro-ordinateur.�

�La cr�ation de ��h�� marque la

v�ritable naissance de l’�dition en

ligne�, lit-on sur le site web en 1999.

�C’est en effet la premi�re

fois au monde que la publication sur

internet de textes au format

num�rique est envisag�e dans le

contexte d’un site commercial, et

qu’une entreprise propose aux acteurs

traditionnels de l’�dition

(auteurs et �diteurs) d’ouvrir avec elle

sur le r�seau une nouvelle

fen�tre d’exploitation des droits. Les

textes offerts par ��h�� sont

soit des in�dits, soit des textes du

domaine public, soit des textes

sous copyright dont les droits en ligne

ont fait l’objet d’un accord

avec leurs ayants droit. … Avec

l’�dition en ligne �merge

probablement une premi�re vision de

l’�dition au ��e si�cle. C’est

cette id�e d’origine, de nouveau

d�part qui s’exprime dans le nom de

marque, ��h��. …

Internet est un lieu sans pass�, o� ce

que l’on fait ne s’�value pas

par rapport � une tradition. Il y faut

inventer de nouvelles mani�res

de faire les choses. (…) Le succ�s de

l’�dition en ligne ne d�pendra

pas seulement des choix �ditoriaux: il

d�pendra aussi de la capacit� �

structurer des approches neuves,

fond�es sur les lecteurs autant que

sur les textes, sur les lectures autant que

sur l’�criture, et � rendre

imm�diatement perceptible qu’une

aventure nouvelle a commenc�.�

Les collections sont tr�s diverses:

in�dits, th��tre classique

fran�ais, contes et r�cits fantastiques,

contes et r�cits

philosophiques, souvenirs et m�moires,

philosophie classique, r�alisme

et naturalisme, cyberculture, romans

d’enfance, romans d’amour,

nouvelles et romans d’aventure. Le

recherche est possible par auteur,

par titre et par genre. Pour chaque livre,

on a un descriptif court, un

descriptif d�taill�, la table des

mati�res et une courte pr�sentation

de l’auteur. S’y ajoutent ensuite les

commentaires des lecteurs. Pas de

stock, pas de contrainte physique de

distribution, mais un lien direct

avec le lecteur et entre les lecteurs. Sur le

site, les

internautes/lecteurs peuvent cr�er leur

espace personnel pour y r�diger

leurs commentaires, participer � des

forums ou recommander des liens

vers d’autres sites. Ils peuvent

s’abonner � la lettre d’information de

��h�� pour �tre tenus au courant des

nouveaut�s. L’�diteur produit

aussi des clips litt�raires pour

pr�senter certains des ouvrages

publi�s.

En 2000, le catalogue comprend 600

titres, qui comprennent une centaine

d’oeuvres originales et des r��ditions

�lectroniques de livres publi�s

par d’autres �diteurs. Les oeuvres

originales sont r�parties en

plusieurs collections: nouvelles �critures

interactives et

hypertextuelles, premiers romans,

documents d’actualit�, �tudes sur les

NTIC (nouvelles technologies de

l’information et de la communication),

co-�ditions avec des �diteurs

traditionnels ou de grandes institutions.

Le paiement est effectu� en ligne gr�ce

� un syst�me s�curis� mis en

place par la Banque populaire. Ceux que

le paiement en ligne rebute

peuvent r�gler leur commande par carte

bancaire (envoi par fax) ou par

ch�que (envoi par courrier postal).

En septembre 2000, ��h�� est rachet�

par Gemstar-TV Guide

International, soci�t� am�ricaine

sp�cialis�e dans les produits et

services num�riques pour les m�dias.

Quelques mois auparavant, en

janvier 2000, Gemstar rach�te les deux

soci�t�s californiennes ayant

lanc� les premi�res tablettes de

lecture, NuvoMedia, cr�atrice du

Rocket eBook, et SoftBook Press,

cr�atrice du SoftBook Reader. Selon un

communiqu� de Henry Yuen, pr�sident

de Gemstar, �les comp�tences

�ditoriales dont dispose ��h�� et ses

capacit�s d’innovation et de

cr�ativit� sont les atouts n�cessaires

pour faire de Gemstar un acteur

majeur du nouvel �ge de l’�dition

num�rique qui s’ouvre en Europe.� La

communaut� francophone ne voit pas

ce rachat d’un tr�s bon oeil, la

mondialisation de l’�dition semblant

justement peu compatible avec

l’innovation et la cr�ativit�. Moins de

trois ans plus tard, en juin

2003, ��h�� cesse d�finitivement ses

activit�s, tout comme la branche

eBook de Gemstar et les tablettes

lanc�es depuis.

Il reste le souvenir d’une belle aventure.

En octobre 2006, Jean-Pierre

Arbon, devenu chanteur, raconte sur son

site: �J’avais fond�, avec

Bruno de Sa Moreira, une maison

d’�dition d’un genre nouveau, la

premi�re au monde � tenter � grande

�chelle l’aventure de l’�dition en

ligne. Tout �tait � faire, � inventer.

L’�dition num�rique �tait terra

incognita: on explorait, on d�frichait.�

= �diteurs traditionnels et technologies

L’exemple du

Choucas, �diteur

ind�pendant

Fond� en 1992 par Nicolas et Suzanne

Pewny, alors libraires en Haute-

Savoie, Le Choucas est une petite maison

d’�dition sp�cialis�e dans les

romans policiers, la litt�rature, la

photographie et les livres d’art.

En juin 1998, Nicolas Pewny raconte: �Le

site des �ditions du Choucas a

�t� cr�� fin novembre 1996. Lorsque

je me suis rendu compte des

possibilit�s qu’internet pouvait nous

offrir, je me suis jur� que nous

aurions un site le plus vite possible. Un

petit probl�me: nous n’avions

pas de budget pour le faire r�aliser.

Alors, au prix d’un grand nombre

de nuits sans sommeil, j’ai cr�� ce site

moi-m�me et l’ai fait

r�f�rencer (ce n’est pas le plus mince

travail). Le site a alors �volu�

en m�me temps que mes connaissances

(encore relativement modestes) en

la mati�re et s’est agrandi, et a

commenc� � �tre un peu connu

m�me

hors France et Europe.

Le changement qu’internet a apport�

dans notre vie professionnelle est

consid�rable. Nous sommes une petite

maison d’�dition install�e en

province. Internet nous a fait conna�tre

rapidement sur une �chelle que

je ne soup�onnais pas. M�me les

m�dias “classiques” nous ont ouvert

un

peu leur portes gr�ce � notre site. Les

manuscrits affluent par le

courrier �lectronique. Ainsi nous avons

�dit� deux auteurs qu�b�cois

[NDLR: Fernand H�roux et Liz Morency,

auteurs de Affaire de coeurs,

paru en septembre 1997]. Beaucoup de

livres se r�alisent (corrections,

illustrations, envoi des documents �

l’imprimeur) par ce moyen. D�s le

d�but du site nous avons re�u des

demandes de pays o� nous ne sommes

pas (encore) repr�sent�s: �tats-Unis,

Japon, Am�rique latine, Mexique,

malgr� notre volont� de ne pas devenir

un site “commercial” mais

d’information et � “connotation

culturelle”. (Nous n’avons pas de

syst�me de paiement s�curis�, nous

avons juste r�f�renc� sur une page

les libraires qui vendent en ligne.)�

Comment Nicolas voit-il l’avenir?

�J’aurais tendance � r�pondre par

deux questions: Pouvez vous me dire

comment va �voluer internet?

Comment vont �voluer les utilisateurs?

Nous voudrions bien rester aussi

peu “commercial” que possible et

augmenter l’interactivit� et le

contact avec les visiteurs du site. Y

r�ussirons-nous? Nous avons d�j�

re�u des propositions qui vont dans un

sens oppos�. Nous les avons

mises “en veille”. Mais si l’�volution

va dans ce sens, pourrons-nous

r�sister, ou trouver une “voie

moyenne”? Honn�tement, je n’en

sais

rien.�

Le Choucas cesse malheureusement ses

activit�s en mars 2001, une

disparition de plus � d�plorer chez les

petits �diteurs ind�pendants.

�Comme je le pr�voyais, notre

distributeur a d�pos� son bilan�,

raconte

Nicolas en juin 2001. �Et

malheureusement les �ditions du

Choucas

(ainsi que d’autres �diteurs) ont cess�

leur activit� �ditoriale. Je

maintiens gracieusement le site web

pour t�moignage de mon savoir-faire

d’�diteur on- et off-line. (…) Je ne

regrette pas ces dix ann�es de

lutte, de satisfactions et de malheurs

pass�s aux �ditions du Choucas.

J’ai connu des auteurs int�ressants

dont certains sont devenus des

amis� Maintenant je fais des

publications et des sites internet pour

d’autres. En ce moment pour une ONG

[organisation non gouvernementale]

internationale caritative; je suis ravi de

participer (modestement) �

leur activit� � but non lucratif. Enfin on

ne parle plus de profit ou

de manque � gagner, c’est reposant.�

Fort de son exp�rience dans le domaine

de la librairie, de l’�dition,

de l’internet et du num�rique, Nicolas

Pewny est maintenant consultant

en �dition �lectronique et met ses

comp�tences au service d’autres

organismes.

Technologies

num�riques et

�diteurs

Les technologies num�riques

conduisent les �diteurs scientifiques et

techniques � repenser leur travail et,

pour certains, � s’orienter vers

une diffusion en ligne, les tirages

imprim�s restant toujours possibles

� titre ponctuel. Certaines universit�s

diffusent d�sormais des manuels

�sur mesure� compos�s d’un choix

de chapitres et d’articles

s�lectionn�s dans une base de

donn�es, auxquels s’ajoutent les

commentaires des professeurs. Pour un

s�minaire, un tr�s petit tirage

peut �tre fait � la demande, � partir de

documents transmis par voie

�lectronique � un imprimeur. Quant

aux revues sp�cialis�es, certaines

optent pour une publication en ligne

compl�t�e par un partenariat avec

une soci�t� sp�cialis�e se chargeant

des impressions � la demande.

Enseignante-chercheuse � l’�cole

pratique des hautes �tudes (EPHE,

Paris-Sorbonne), Marie-Joseph Pierre

�crit en f�vrier 2003: �Il me

para�t �vident que la publication des

articles et ouvrages au moins

scientifiques se fera de plus en plus sous

forme num�rique, ce qui

permettra aux chercheurs d’avoir

acc�s � d’�normes banques de

donn�es,

constamment et imm�diatement

�volutives, permettant en outre le

contact

direct et le dialogue entre les auteurs.

Nos organismes de tutelle,

comme le CNRS [Centre national de la

recherche scientifique] par

exemple, ont d�j� commenc� �

contraindre les chercheurs � publier

sous

ce mode, et incitent fortement les

laboratoires � diffuser ainsi leurs

recherches pour qu’elles soient

rapidement disponibles. Nos rapports

d’activit� � deux et � quatre ans - ces

�normes dossiers peineux

r�sumant nos labeurs - devraient

prochainement se faire sous cette

forme. Le papier ne dispara�tra pas pour

autant, et je crois m�me que

la consommation ne diminuera pas�

Car lorsqu’on veut travailler sur

un texte, le livre est beaucoup plus

maniable. Je m’aper�ois dans mon

domaine que les revues qui ont

commenc� r�cemment sous forme

num�rique

commencent � �tre aussi imprim�es et

diffus�es sur papier dignement

reli�. Le passage de l’un � l’autre

peut permettre des r�visions et du

recul, et cela me para�t tr�s

int�ressant.�

Infographiste, Marc Autret a derri�re lui

dix ans de journalisme multi-

t�ches et d’hyperformation dans le

domaine de l’�dition, du multim�dia

et du droit d’auteur. Il explique en

d�cembre 2006: �C’est un “socle”

irrempla�able pour mes activit�s

d’aujourd’hui, qui en sont le

prolongement technique. Je suis un

“artisan” de l’information et je

travaille essentiellement avec des

�diteurs. Ils sont tellement en

retard, tellement �trangers � la

r�volution num�rique, que j’ai du

pain

sur la planche pour pas mal d’ann�es.

Aujourd’hui je me concentre sur

le conseil, l’infographie, la typographie,

le pr�-presse et le

webdesign, mais je sens que la part du

logiciel va grandir. Des

secteurs comme l’animation �D,

l’automatisation des t�ches de

production, l’int�gration multi-

supports, la base de donn�es et toutes

les technologies issues de XML

[eXtensible Markup Language] vont

s’ouvrir naturellement. Les �diteurs

ont besoin de ces outils, soit

pour mieux produire, soit pour mieux

communiquer. C’est l� que je vois

l’�volution, ou plut�t

l’intensification, de mon travail.�

Comment Marc voit-il l’avenir de

l’ebook? �Sans vouloir faire dans la

divination, je suis convaincu que l’e-

book (ou “ebook”: impossible de

trancher!) a un grand avenir dans tous les

secteurs de la non-fiction.

Je parle ici de livre num�rique en termes

de “logiciel”, pas en terme

de support physique d�di� (les

conjectures �tant plus incertaines sur

ce dernier point). Les �diteurs de guides,

d’encyclop�dies et

d’ouvrages informatifs en g�n�ral

consid�rent encore l’e-book comme

une

d�clinaison tr�s secondaire du livre

imprim�, sans doute parce que le

mod�le commercial et la s�curit� de

cette exploitation ne leur semblent

pas tout � fait stabilis�s aujourd’hui.

Mais c’est une question de

temps. Les e-books non commerciaux

�mergent d�j� un peu partout et

op�rent d’une certaine fa�on un

d�frichage des possibles. Il y a au

moins deux axes qui �mergent: (a) une

interface de lecture/consultation

de plus en plus attractive et fonctionnelle

(navigation, recherche,

restructuration � la vol�e, annotations

de l’utilisateur, quizz

interactif�); (b) une int�gration

multim�dia (vid�o, son, infographie

anim�e, base de donn�es, etc.)

d�sormais fortement coupl�e au web.

Aucun livre physique n’offre de telles

fonctionnalit�s. J’imagine donc

l’e-book de demain comme une sorte

de wiki cristallis�, empaquet� dans

un format. Quelle sera alors sa valeur

propre? Celle d’un livre:

l’unit� et la qualit� du travail

�ditorial!�

Concepteur du projet @folio, un projet de

tablette de lecture nomade,

Pierre Schweitzer explique en d�cembre

2006: �La lecture num�rique

d�passe de loin, de tr�s loin m�me, la

seule question du “livre” ou de

la presse. Le livre et le journal restent et

resteront encore, pour

longtemps, des supports de lecture

techniquement ind�passables pour les

contenus de valeur ou pour ceux

d�passant un seuil critique de

diffusion. Bien que leur mod�le

�conomique puisse encore �voluer

(comme

pour les “gratuits” la presse grand

public), je ne vois pas de

bouleversement radical � l’�chelle

d’une seule g�n�ration. Au-del� de

cette g�n�ration, l’avenir nous le dira.

On verra bien. Pour autant,

d’autres types de contenus se

d�veloppent sur les r�seaux. Internet

d�fie l’imprim� sur ce terrain-l�:

celui de la diffusion en r�seau

(d�mat�rialis�e = co�t marginal nul)

des oeuvres et des savoirs. L� o�

l’imprim� ne parvient pas �

�quilibrer ses co�ts. L� o� de

nouveaux

acteurs peuvent venir prendre leur place.

Or, dans ce domaine nouveau, les

�quilibres �conomiques et les logiques

d’adoption sont radicalement

diff�rents de ceux que l’on conna�t

dans

l’empire du papier - voir par exemple

l’�volution des syst�mes de

validation pour les archives ouvertes

dans la publication scientifique

ou les mod�les �conomiques

�mergents de la presse en ligne. Il est

donc

vain, dangereux m�me, de vouloir

transformer au forceps l’�cologie du

papier - on la ruinerait � vouloir le faire!

� la marge, certains

contenus tr�s sp�cifiques, certaines

niches �ditoriales, pourraient

�tre transform�es - l’encyclop�die

ou la publication scientifique le

sont d�j�: de la m�me fa�on, les

guides pratiques, les livres

d’actualit� quasi-jetables et quelques

autres segments qui envahissent

les tables des librairies pourraient

l’�tre, pour le plus grand bonheur

des libraires. Mais il n’y a l� rien de

massif ou brutal selon moi: nos

habitudes de lecture ne seront pas

boulevers�es du jour au lendemain,

elles font partie de nos habitudes

culturelles, elles �voluent

lentement, au fur et � mesure de leur

adoption (= acceptation) par les

g�n�rations nouvelles.�

LA CONVERGENCE MULTIM�DIA

[R�sum�]

La convergence multim�dia entra�ne

l’unification progressive des

secteurs li�s � l’information

(imprimerie, �dition, presse, conception

graphique, enregistrements sonores,

films, etc.) suite � l’utilisation

des techniques de num�risation, avec

un processus mat�riel de

production qui s’en trouve

consid�rablement acc�l�r�. Si

certains

secteurs cr�ent de nouveaux emplois,

par exemple ceux li�s � la

production audio-visuelle, d’autres

secteurs sont soumis � des

restructurations drastiques. La

convergence multim�dia a de nombreux

revers, par exemple des contrats

pr�caires pour les salari�s, l’absence

de syndicats pour les t�l�travailleurs ou

le droit d’auteur mis � mal

pour les auteurs, tous sujets d�battus

lors du Colloque sur la

convergence multim�dia organis� en

janvier 1997 � Gen�ve (Suisse) par

l’Organisation internationale du travail

(OIT).

= Une d�finition

On peut d�finir la convergence

multim�dia comme la convergence de

l’informatique, du t�l�phone, de la

radio et de la t�l�vision dans une

industrie de la communication et de la

distribution utilisant les m�mes

inforoutes (appel�es aussi autoroutes

de l’information).

Plus pr�cis�ment, de quoi s’agit-il? La

num�risation permet de cr�er,

d’enregistrer, de combiner, de stocker,

de rechercher et de transmettre

des textes, des sons et des images par

des moyens simples et rapides.

Des proc�d�s similaires permettent le

traitement de l’�criture, de la

musique et du cin�ma alors que, par le

pass�, ce traitement �tait

assur� par des proc�d�s diff�rents

sur des supports diff�rents (papier

pour l’�criture, bande magn�tique

pour la musique, cellulo�d pour le

cin�ma). De plus, des secteurs distincts

comme l’�dition (qui produit

des livres) et l’industrie musicale (qui

produit des disques)

travaillent ensuite de concert pour

produire des CD-ROM.

Ceci n’est pas le premier

bouleversement affectant la cha�ne de

l’�dition. Dans les ann�es 1970,

l’imprimerie traditionnelle est

d’abord �branl�e par les machines de

photocomposition. Le co�t de

l’impression continue ensuite de

baisser avec les photocopieurs, les

photocopieurs couleur, les proc�d�s

d’impression assist�e par

ordinateur et le mat�riel d’impression

num�rique. Dans les ann�es 1990,

l’impression est souvent assur�e �

bas prix par des ateliers de PAO

(publication assist�e par ordinateur).

Tout contenu est d�sormais

syst�matiquement num�ris� pour

permettre son transfert par voie

�lectronique.

La num�risation acc�l�re le processus

mat�riel de production. Dans la

presse, alors qu’auparavant le

personnel de production devait

dactylographier les textes du personnel

de r�daction, les journalistes

envoient d�sormais directement leurs

textes pour mise en page. Dans

l’�dition, le r�dacteur, le concepteur

artistique et l’infographiste

travaillent souvent simultan�ment au

m�me ouvrage.

On assiste progressivement � la

convergence de tous les secteurs li�s �

l’information: imprimerie, �dition,

presse, conception graphique,

enregistrements sonores, films,

radiodiffusion, etc.

Si, dans certains secteurs, ce

ph�nom�ne entra�ne de nouveaux

emplois,

par exemple ceux li�s � la production

de films ou de produits audio-

visuels, d’autres secteurs sont soumis

� d’inqui�tantes

restructurations. Ces probl�mes sont

suffisamment pr�occupants pour

�tre d�battus lors du Colloque sur la

convergence multim�dia organis�

en janvier 1997 par l’Organisation

internationale du travail (OIT) �

Gen�ve.

= Des commentaires

Plusieurs interventions faites au cours de

ce colloque soul�vent des

probl�mes de fond, dont certains sont

toujours d’actualit� en 2010.

Bernie Lunzer, secr�taire-tr�sorier de la

Newspaper Guild (�tats-Unis),

insiste sur les batailles juridiques faisant

rage autour des probl�mes

de propri�t� intellectuelle. Ces batailles

visent notamment l’attitude

des directeurs de publication, qui

am�nent les �crivains ind�pendants

signer des contrats particuli�rement

choquants c�dant tous leurs droits

au directeur de publication, avec une

contrepartie financi�re ridicule.

Heinz-Uwe R�benach, de l’Association

allemande de directeurs de

journaux (Bundesverband Deutscher

Zeitungsverleger), insiste lui aussi

sur la n�cessit� pour les entreprises de

presse de g�rer et de

contr�ler l’utilisation sur le web des

articles de leurs journalistes,

et d’obtenir une contrepartie

financi�re leur permettant de continuer

investir dans les nouvelles technologies.

Un probl�me tout aussi pr�occupant

est celui de la pression constante

exerc�e sur les journalistes des salles de

r�daction, dont le travail

doit �tre disponible � longueur de

journ�e et non plus seulement en fin

de journ�e. Ces tensions � r�p�tition

sont encore aggrav�es par un

travail � l’�cran pendant huit � dix

heures d’affil�e. Le rythme de

travail et l’utilisation intensive de

l’ordinateur entra�nent des

probl�mes de s�curit� au travail.

Apr�s quelques ann�es de ce r�gime,

des journalistes �craquent� � l’�ge

de 35 ou 40 ans.

Selon Carlos Alberto de Almeida,

pr�sident de la F�d�ration nationale

des journalistes au Br�sil (FENAJ:

Federa��o Nacional dos Jornalistas),

les nouvelles technologies �taient

cens�es rationaliser le travail et

r�duire sa dur�e afin de favoriser

l’enrichissement intellectuel et les

loisirs. En pratique, les professionnels

des m�dias sont oblig�s

d’effectuer un nombre d’heures de

travail en constante augmentation. La

journ�e l�gale de cinq heures est en fait

une journ�e de dix � douze

heures. Les heures suppl�mentaires ne

sont pas pay�es, comme ne sont

pas pay�es non plus celles effectu�es le

week-end par les journalistes

cens�s �tre en p�riode de repos.

La num�risation des documents et

l’automatisation des m�thodes de

travail acc�l�rent le processus de

production mais elles entra�nent

aussi une diminution de l’intervention

humaine et donc un accroissement

du ch�mage. Alors qu’auparavant le

personnel de production devait

retaper les textes du personnel de

r�daction, la mise en page

automatique permet de combiner les

deux t�ches de r�daction et de

composition.

Etienne Reichel, directeur suppl�ant de

Viscom (Visual Communication),

association suisse pour la

communication visuelle, d�montre que

le

transfert de donn�es via l’internet et la

suppression de certaines

phases de production r�duisent le

nombre d’emplois. Le travail de vingt

typographes est maintenant assur� par

six travailleurs qualifi�s, alors

que les entreprises de communication

visuelle �taient auparavant

g�n�ratrices d’emplois. Par contre,

l’informatique permet � certains

professionnels de s’installer � leur

compte, comme c’est le cas pour

30% des salari�s ayant perdu leur

emploi suite � la restructuration de

leur entreprise.

Professeur associ� en sciences sociales

� l’Universit� d’Utrecht (Pays-

Bas), Peter Leisink pr�cise lui aussi que

la r�daction des textes et la

correction des �preuves se font

d�sormais � domicile, le plus souvent

par des travailleurs ayant pris le statut

d’ind�pendants � la suite de

licenciements et de d�localisations ou

fusions d’entreprises. �Or cette

forme d’emploi tient plus du travail

pr�caire que du travail

ind�pendant�, explique-t-il, �car ces

personnes n’ont que peu

d’autonomie et sont g�n�ralement

tributaires d’une seule maison

d’�dition.�

A part quelques cas particuliers mis en

avant par les organisations

d’employeurs, la convergence

multim�dia entra�ne des suppressions

massives d’emplois.

Selon Michel Muller, secr�taire g�n�ral

de la FILPAC (F�d�ration des

industries du livre, du papier et de la

communication) en France, les

industries graphiques fran�aises ont

perdu 20.000 emplois en dix ans.

Entre 1987 et 1996, les effectifs sont

pass�s de de 110.000 � 90.000

salari�s. Les entreprises mettent en

place des plans sociaux co�teux

pour favoriser le reclassement des

personnes licenci�es, en cr�ant des

emplois souvent artificiels, alors qu’il

aurait �t� pr�f�rable de

financer des �tudes fiables sur la

mani�re d’�quilibrer cr�ations et

suppressions d’emplois lorsqu’il �tait

encore temps.

Partout dans le monde, de nombreux

postes � faible qualification

technique sont remplac�s par des

postes exigeant des qualifications

techniques �lev�es. Les personnes peu

qualifi�es sont licenci�es.

D’autres suivent une formation

professionnelle compl�mentaire, parfois

auto-financ�e et prise sur leur temps

libre, et cette formation

professionnelle ne garantit pas pour

autant le r�emploi.

Directeur de AT&T, g�ant des

t�l�communications aux �tats-Unis,

Walter

Durling insiste sur le fait que les

nouvelles technologies ne

changeront pas fondamentalement la

situation des salari�s au sein de

l’entreprise. L’invention du film n’a

pas tu� le th��tre et celle de la

t�l�vision n’a pas fait dispara�tre le

cin�ma. Les entreprises

devraient cr�er des emplois li�s aux

nouvelles technologies et les

proposer � ceux qui sont oblig�s de

quitter d’autres postes devenus

obsol�tes.

Des arguments bien th�oriques alors

que le probl�me est plut�t celui du

pourcentage. Combien de cr�ations de

postes pour combien de

licenciements?

De leur c�t�, les syndicats pr�conisent

la cr�ation d’emplois par

l’investissement, l’innovation, la

formation aux nouvelles

technologies, la reconversion des

travailleurs dont les emplois sont

supprim�s, des conventions collectives

�quitables, la d�fense du droit

d’auteur, une meilleure protection des

travailleurs dans le secteur

artistique, et enfin la d�fense des

t�l�travailleurs en tant que

travailleurs � part enti�re.

LA MUE DES BIBLIOTH�QUES

[R�sum�]

�Qu’il me suffise, pour le moment, de

redire la sentence classique: “La

biblioth�que est une sph�re dont le

centre v�ritable est un hexagone

quelconque, et dont la circonf�rence est

inaccessible”.� Cette citation

de Jorge Luis Borges - issue de La

biblioth�que de Babel (1941) -

pourrait tout aussi bien d�finir la

biblioth�que num�rique. La

num�risation du patrimoine mondial est

en cours, d’abord pour le texte,

et ensuite pour l’image et le son, avec la

mise en ligne de centaines

puis de milliers d’oeuvres du domaine

public, de publications

litt�raires et scientifiques, d’articles,

d’images, de bandes sonores

et de films, gratuits ou payants selon les

documents. De plus,

certaines biblioth�ques utilisent le web

pour faire conna�tre les

joyaux de leurs collections, pendant que

d’autres cr�ent des

�cyberespaces� pour leurs usagers,

avec des biblioth�caires devenus

cyberth�caires pour les piloter dans

leurs recherches et les orienter

sur la toile.

= Des biblioth�ques num�riques

De l’imprim� au

num�rique

La premi�re biblioth�que traditionnelle

pr�sente sur le web est la

biblioth�que municipale d’Helsinki

(Finlande), qui inaugure son site en

f�vrier 1994. Objectif poursuivi par des

g�n�rations de

biblioth�caires, la diffusion du livre

devient enfin possible � vaste

�chelle.

Fondateur de la biblioth�que

num�rique Athena, Pierre Perroud

insiste

en f�vrier 1997 sur la compl�mentarit�

du texte �lectronique et du

livre imprim�, dans un article de la

revue Informatique-Informations

(Gen�ve). Selon lui, �les textes

�lectroniques repr�sentent un

encouragement � la lecture et une

participation conviviale � la

diffusion de la culture�, notamment

pour l’�tude de ces textes et la

recherche textuelle. Ces textes

�lectroniques �sont un bon

compl�ment

du livre imprim� - celui-ci restant

irrempla�able lorsqu’il s’agit de

lire�. Mais le livre imprim� reste �un

compagnon myst�rieusement sacr�

vers lequel convergent de profonds

symboles: on le serre dans la main,

on le porte contre soi, on le regarde avec

admiration; sa petitesse

nous rassure autant que son contenu

nous impressionne; sa fragilit�

renferme une densit� qui nous fascine;

comme l’homme il craint l’eau et

le feu, mais il a le pouvoir de mettre la

pens�e de celui-l� � l’abri

du Temps.�

Si certaines biblioth�ques num�riques

naissent directement sur le web,

la plupart �manent de biblioth�ques

traditionnelles. En 1996, la

biblioth�que municipale de Lisieux

(Normandie, France) lance la

Biblioth�que �lectronique de Lisieux,

qui offre les versions num�riques

d’oeuvres litt�raires courtes choisies

dans les collections

municipales. En 1997, la Biblioth�que

nationale de France (BnF) cr�e

Gallica qui, dans un premier temps,

propose des images et textes du ��e

si�cle francophone, � savoir une

s�lection de 3.000 livres compl�t�e

par un �chantillon de la future

iconoth�que num�rique. En 1998, la

Biblioth�que municipale de Lyon met

les enluminures de 200 manuscrits

et incunables � la disposition de tous

sur son site web. Trois exemples

parmi tant d’autres.

La num�risation

des livres

Qui dit biblioth�que num�rique dit

num�risation, au moins les premiers

temps, puisque les livres num�riques

�manent de livres imprim�s. Pour

pouvoir �tre consult� � l’�cran, un

livre peut �tre num�ris� soit en

mode texte soit en mode image.

La num�risation en mode texte consiste

d’abord � patiemment saisir le

livre sur un clavier, page apr�s page,

solution souvent adopt�e lors de

la constitution des premi�res

biblioth�ques num�riques, ou alors

quand

les documents originaux manquent de

clart�, pour les livres anciens par

exemple. Les ann�es passant, la

num�risation en mode texte consiste

surtout � scanner le livre en mode

image, puis � le convertir en texte

gr�ce � un logiciel OCR (Optical

Character Recognition), avec relecture

�ventuelle � l’�cran pour corriger le

texte obtenu puisqu’un bon

logiciel OCR serait fiable � 99%.

La version informatique du livre ne

conserve pas la pr�sentation

originale du livre ou de la page. Le livre

devient texte, � savoir un

ensemble de caract�res apparaissant en

continu � l’�cran. A cause du

temps pass� au traitement de chaque

livre, ce mode de num�risation est

assez long, et donc nettement plus

co�teux que la num�risation en mode

image. Dans de nombreux cas, il est

toutefois tr�s pr�f�rable,

puisqu’il permet l’indexation, la

recherche textuelle, l’analyse

textuelle, une �tude comparative entre

plusieurs textes ou plusieurs

versions du m�me texte, etc. C’est la

m�thode utilis�e par exemple par

grande biblioth�que num�rique au

format texte, avec des livres relus et

corrig�s deux fois pour �tre fiables �

99,9% par rapport � la version

imprim�e.

La num�risation en mode image

consiste � scanner le livre, et

correspond donc � la photographie du

livre page apr�s page. La

pr�sentation originale �tant

conserv�e, on peut �feuilleter� le livre

l’�cran. La version informatique est en

quelque sorte le fac-simil�

num�rique de la version imprim�e.

C’est la m�thode employ�e pour les

num�risations � grande �chelle, par

exemple pour le programme de

num�risation de la Biblioth�que

nationale de France (BnF) et la

constitution de sa biblioth�que

num�rique Gallica. La num�risation en

mode texte est utilis�e en compl�ment

pour les tables des mati�res, les

sommaires et les corpus de documents

iconographiques, afin de faciliter

la recherche textuelle.

Pourquoi ne pas tout num�riser en

mode texte? La BnF r�pond en 2000 sur

le site de Gallica: �Le mode image

conserve l’aspect initial de

l’original y compris ses �l�ments non

textuels. Si le mode texte

autorise des recherches riches et

pr�cises dans un document et permet

une r�duction significative du volume

des fichiers manipul�s, sa

r�alisation, soit par saisie soit par OCR,

implique des co�ts de

traitement environ dix fois sup�rieurs �

la simple num�risation. Ces

techniques, parfaitement envisageables

pour des volumes limit�s, ne

pouvaient ici �tre �conomiquement

justifiables au vu des 50.000

documents (repr�sentant presque 15

millions de pages) mis en ligne.�

Dans les ann�es qui suivent, Gallica

convertit toutefois nombre de ses

livres du mode image au mode texte pour

permettre les recherches

textuelles.

Concepteur de Mot@mot, logiciel de

remise en page de fac-simil�s

num�riques, Pierre Schweitzer insiste

sur l’utilit� des deux modes de

num�risation. �Le mode image permet

d’avancer vite et � tr�s faible

co�t�, explique-t-il en janvier 2001.

�C’est important car la t�che de

num�risation du domaine public est

immense. Il faut tenir compte aussi

des diff�rentes �ditions: la

num�risation du patrimoine a pour but

de

faciliter l’acc�s aux oeuvres, il serait

paradoxal qu’elle aboutisse �

se focaliser sur une �dition et �

abandonner l’acc�s aux autres.

Chacun

des deux modes de num�risation

s’applique de pr�f�rence � un type

de

document, ancien et fragile ou plus

r�cent, libre de droit ou non (pour

l’auteur ou pour l’�dition),

abondamment illustr� ou pas. Les deux

modes ont aussi des statuts assez

diff�rents: en mode texte �a peut

�tre une nouvelle �dition d’une

oeuvre, en mode image c’est une sorte

d’“�dition d’�dition”, gr�ce � un

de ses exemplaires (qui fonctionne

alors comme une fonte d’imprimerie

pour du papier). En pratique, le

choix d�pend bien s�r de la nature du

fonds � num�riser, des moyens et

des buts � atteindre. Difficile de se

passer d’une des deux fa�ons de

faire.�

= Un exemple: Gallica

Un laboratoire en

ligne

Gallica - biblioth�que num�rique de la

BnF (Biblioth�que nationale de

France) - est inaugur� en octobre 1997

avec des textes et des images du

��e si�cle francophone, �si�cle de

l’�dition et de la presse moderne,

si�cle du roman mais aussi des grandes

synth�ses historiques et

philosophiques, si�cle scientifique et

technique�.

� l’�poque, le serveur stocke 2.500

livres num�ris�s en mode image

compl�t�s par les 250 livres

num�ris�s en mode texte de la base

Frantext de l’INaLF (Institut national de

la langue fran�aise, qui

deviendra plus tard le laboratoire ATILF -

Analyse et traitement

informatique de la langue fran�aise).

Class�s par discipline, ces livres sont

compl�t�s par une chronologie

du ��e si�cle et des synth�ses sur les

grands courants en histoire,

sciences politiques, droit, �conomie,

litt�rature, philosophie,

sciences et histoire des sciences.

Le site propose aussi un �chantillon de

la future iconoth�que

num�rique, � savoir le fonds du

photographe Eug�ne Atget, une

s�lection

de documents sur l’�crivain Pierre Loti,

une collection d’images de

l’�cole nationale des ponts et

chauss�es - ces images ayant trait aux

grands travaux de la r�volution

industrielle en France -, et enfin un

choix de livres illustr�s de la

biblioth�que du Mus�e de l’Homme.

Fin 1997, Gallica se consid�re moins

comme une banque de donn�es

num�ris�es que comme un

�laboratoire dont l’objet est

d’�valuer les

conditions d’acc�s et de consultation

� distance des documents

num�riques�. Le but est

d’exp�rimenter la navigation dans ces

collections, en permettant le libre

parcours du chercheur ou du lecteur

curieux.

D�but 1998, Gallica annonce 100.000

volumes et 300.000 images pour la

fin 1999, avec un accroissement rapide

des collections ensuite. Sur les

100.000 volumes pr�vus, qui

repr�senteraient 30 millions de pages

num�ris�es, plus du tiers concernerait

le ��e si�cle. Quant aux 300.000

images fixes, la moiti� viendrait des

d�partements sp�cialis�s de la

BnF (Estampes et photographie,

Manuscrits, Arts du spectacle, Monnaies

et m�dailles, etc.), et l’autre moiti� de

collections d’�tablissements

publics (mus�es et biblioth�ques,

Documentation fran�aise, �cole

nationale des ponts et chauss�es,

Institut Pasteur, Observatoire de

Paris, etc.) ou priv�s (agences de presse

dont Magnum, l’Agence France-

Presse, Sygma, Rapho, etc.).

En mai 1998, la BnF revoit ses

esp�rances � la baisse et modifie

quelque peu ses orientations premi�res.

J�r�me Strazzulla, journaliste

au quotidien Le Figaro, explique dans un

article du 3 juin 1998 que la

BnF est �pass�e d’une esp�rance

universaliste, encyclop�dique, � la

n�cessit� de choix �ditoriaux

pointus�.

Dans le m�me article, le pr�sident de la

BnF, Jean-Pierre Angremy,

rapporte la d�cision du comit�

�ditorial de Gallica: �Nous avons

d�cid�

d’abandonner l’id�e d’un vaste

corpus encyclop�dique de cent mille

livres, auquel on pourrait sans cesse

reprocher des trous. Nous nous

orientons aujourd’hui vers des corpus

th�matiques, aussi complets que

possibles, mais plus restreints. (…) Nous

cherchons � r�pondre, en

priorit�, aux demandes des chercheurs

et des lecteurs.�

Le premier corpus aura trait aux voyages

en France, � savoir des

textes, estampes et photographies du ��e

si�cle � 1920, avec mise en

ligne pr�vue en 2000. Les corpus

envisag�s ensuite concerneront Paris,

les voyages en Afrique des origines �

1920, les utopies et enfin les

m�moires des Acad�mies des sciences

de province.

Une consultation

plus ais�e

Professeur � l’�cole pratique des

hautes �tudes (EPHE, Paris-Sorbonne)

et adepte depuis toujours de la lecture

sur PDA (puis sur smartphone),

Marie-Joseph Pierre raconte en

novembre 2002: �Cela m’a pas mal

servi

pour mon travail, ou pour mes activit�s

associatives. Je fais par

exemple partie d’une petite soci�t�

po�tique locale, et nous faisons

prochainement un r�cital po�tique.

J’ai voulu rechercher des textes de

Victor Hugo, que j’ai maintenant pu lire

et m�me charger � partir du

site de la Biblioth�que nationale de

France: c’est vraiment extra.�

En 2003, Gallica rassemble 70.000

ouvrages et 80.000 images allant du

Moyen-�ge au d�but du ��e si�cle,

tous documents libres de droits.

Mais, de l’avis de nombreux usagers, les

fichiers des livres sont tr�s

lourds puisqu’ils sont num�ris�s en

mode image, et l’acc�s en est tr�s

long.

Chose tout aussi probl�matique, la

num�risation en mode image

n’autorise pas la recherche textuelle

alors que Gallica se trouve �tre

la plus grande biblioth�que num�rique

francophone en nombre de titres

disponibles en ligne. La recherche

textuelle est toutefois possible

dans les tables des mati�res, les

sommaires et les l�gendes des corpus

iconographiques, qui sont num�ris�s

en mode texte. Mais seule une

petite collection de livres (1.117 livres en

f�vrier 2004) est

int�gralement num�ris�e en mode

texte, celle de la base Frantext,

int�gr�e � Gallica.

Tous probl�mes auxquels la BnF

rem�die au fil des mois, avec une

navigation plus ais�e et la conversion

progressive des livres du mode

image au mode texte gr�ce � un logiciel

OCR, avec possibilit� donc de

recherche textuelle.

En f�vrier 2005, Gallica compte 76.000

ouvrages. � la m�me date, la BnF

annonce la mise en ligne prochaine

(entre 2006 et 2009) de la presse

fran�aise parue entre 1826 et 1944, �

savoir 22 titres repr�sentant 3,5

millions de pages.

D�but 2006, les premiers journaux

disponibles en ligne sont les

quotidiens Le Figaro (fond� en 1826), La

Croix (fond�e en 1883),

L’Humanit� (fond�e en 1904) et Le

Temps (fond� en 1861 et disparu en

1942).

En d�cembre 2006, les collections

comprennent 90.000 ouvrages

num�ris�s

(fascicules de presse compris), 80.000

images et des dizaines d’heures

de ressources sonores.

Une diffusion

mondiale

En novembre 2007, la BnF annonce la

num�risation de 300.000 ouvrages

suppl�mentaires d’ici 2010, � savoir

45 millions de pages qui seront

accessibles sur son nouveau site,

simultan�ment en mode image et en

mode texte.

Le site compte 3 millions de visites en

2008 et 4 millions de visites

en 2009. On en pr�voit le double pour

2010.

En mars 2010, Gallica franchit la barre du

million de documents -

livres, manuscrits, cartes, images,

p�riodiques (presse et revues),

fichiers sonores (paroles et musiques) et

partitions musicales - dont

la plupart sont accessibles gratuitement

sur un site dont l’interface

n’a cess� de s’am�liorer au fil des

ans.

Si les documents sont en langue

fran�aise dans leur tr�s grande

majorit�, on trouve aussi des

documents en anglais, en italien, en

allemand, en latin ou en grec selon les

disciplines.

En octobre 2010, Gallica offre 1,2 million

de documents, une interface

quadrilingue (fran�ais, anglais,

espagnol, portugais), la possibilit�

de cr�er un espace personnel, une

vignette exportable pour consulter

des images sur son site ou son blog et un

lecteur exportable pour y

consulter les livres.

Bruno Racine, pr�sident de la BnF, et

Steve Balmer, PDG de Microsoft,

signent le 7 avril 2010 un accord pour

l’indexation des collections de

Gallica dans Bing, le moteur de recherche

de Microsoft, ce qui

permettra une utilisation plan�taire des

collections et une meilleure

repr�sentation de la langue fran�aise et

de ses richesses sur une toile

multilingue.

= Du biblioth�caire au cyberth�caire

En 1999

Piloter les usagers sur l’internet, filtrer

et organiser l’information

� leur intention, cr�er et g�rer un site

web, rechercher des documents

dans des bases de donn�es

sp�cialis�es, telles sont d�sormais les

t�ches de nombreux biblioth�caires.

C’est le cas de Peter Raggett �

l’OCDE (Organisation de coop�ration

et de d�veloppement �conomiques) ou

de Bruno Didier � l’Institut Pasteur.

Peter Raggett est sous-directeur (puis

directeur) de la Biblioth�que

centrale de l’OCDE, renomm�e ensuite

Centre de documentation et

d’information (CDI).

Situ�e � Paris, l’OCDE regroupe trente

pays membres. Au noyau

d’origine, constitu� des pays

d’Europe de l’Ouest et d’Am�rique

du

Nord, viennent s’ajouter le Japon,

l’Australie, la Nouvelle-Z�lande, la

Finlande, le Mexique, la R�publique

tch�que, la Hongrie, la Pologne et

la Cor�e.

R�serv�e aux fonctionnaires de

l’organisation, la biblioth�que permet

la consultation de 60.000 monographies

et 2.500 p�riodiques imprim�s.

En ligne depuis 1996, les pages intranet

deviennent une source

d’information majeure pour le

personnel.

�Je dois filtrer l’information pour les

usagers de la biblioth�que, ce

qui signifie que je dois bien conna�tre

les sites et les liens qu’ils

proposent�, explique Peter Raggett en

ao�t 1999. �J’ai s�lectionn�

plusieurs centaines de sites pour en

favoriser l’acc�s � partir de

l’intranet de l’OCDE. Cette s�lection

fait partie du bureau de

r�f�rence virtuel propos� par la

biblioth�que � l’ensemble du

personnel. Outre de nombreux liens, ce

bureau de r�f�rence contient des

pages recensant les articles,

monographies et sites web

correspondant

aux diff�rents projets de recherche en

cours � l’OCDE, l’acc�s en

r�seau aux CD-ROM et une liste

mensuelle des nouveaux titres.�

Comment Peter voit-il l’avenir de la

profession? �L’internet offre aux

chercheurs un stock d’informations

consid�rable. Le probl�me pour eux

est de trouver ce qu’ils cherchent.

Jamais auparavant on n’avait senti

une telle surcharge d’informations,

comme on la sent maintenant quand

on tente de trouver un renseignement

sur un sujet pr�cis en utilisant

les moteurs de recherche disponibles sur

l’internet. A mon avis, les

biblioth�caires auront un r�le

important � jouer pour am�liorer la

recherche et l’organisation de

l’information sur le r�seau. Je pr�vois

aussi une forte expansion de l’internet

pour l’enseignement et la

recherche. Les biblioth�ques seront

amen�es � cr�er des biblioth�ques

num�riques permettant � un �tudiant

de suivre un cours propos� par une

institution � l’autre bout du monde. La

t�che du biblioth�caire sera de

filtrer les informations pour le public.

Personnellement, je me vois de

plus en plus devenir un biblioth�caire

virtuel. Je n’aurai pas

l’occasion de rencontrer les usagers, ils

me contacteront plut�t par

courriel, par t�l�phone ou par fax,

j’effectuerai la recherche et je

leur enverrai les r�sultats par voie

�lectronique.�

En 1999, Bruno Didier est biblioth�caire

� l’Institut Pasteur (Paris),

une fondation priv�e dont le but est la

pr�vention et le traitement des

maladies infectieuses par la recherche,

l’enseignement et des actions

de sant� publique.

S�duit par les perspectives qu’offre le

r�seau pour la recherche

documentaire, Bruno Didier cr�e le site

web de la biblioth�que en 1996

et devient son webmestre.

�Le site web de la biblioth�que a pour

vocation principale de servir la

communaut� pasteurienne�, relate-t-il

en ao�t 1999. �Il est le support

d’applications devenues indispensables

� la fonction documentaire dans

un organisme de cette taille: bases de

donn�es bibliographiques,

catalogue, commande de documents et

bien entendu acc�s � des

p�riodiques en ligne. C’est �galement

une vitrine pour nos diff�rents

services, en interne mais aussi dans toute

la France et � l’�tranger.

Il tient notamment une place importante

dans la coop�ration

documentaire avec les instituts du

r�seau Pasteur � travers le monde.

Enfin j’essaie d’en faire une passerelle

adapt�e � nos besoins pour la

d�couverte et l’utilisation d’internet.

(…) Je d�veloppe et maintiens

les pages du serveur, ce qui

s’accompagne d’une activit� de veille

r�guli�re. Par ailleurs je suis

responsable de la formation des

usagers, ce qui se ressent dans mes

pages. Le web est un excellent

support pour la formation, et la plupart

des r�flexions actuelles sur

la formation des usagers int�grent cet

outil.�

Son activit� professionnelle a chang�

de mani�re radicale, tout comme

celle de ses coll�gues. �C’est � la fois

dans nos rapports avec

l’information et avec les usagers que les

changements ont eu lieu�,

explique-t-il. �Nous devenons de plus en

plus des m�diateurs, et peut-

�tre un peu moins des conservateurs.

Mon activit� actuelle est typique

de cette nouvelle situation: d’une part

d�gager des chemins d’acc�s

rapides � l’information et mettre en

place des moyens de communication

efficaces, d’autre part former les

utilisateurs � ces nouveaux outils.

Je crois que l’avenir de notre m�tier

passe par la coop�ration et

l’exploitation des ressources

communes. C’est un vieux projet

certainement, mais finalement c’est la

premi�re fois qu’on dispose

enfin des moyens de le mettre en

place.�

En 2000

En 2000, Bakayoko Bourahima est

responsable de la biblioth�que de

l’�cole nationale sup�rieure de

statistique et d’�conomie appliqu�e

(ENSEA) � Abidjan (C�te d’Ivoire).

L’ENSEA assure la formation de

statisticiens pour les pays africains

d’expression fran�aise. Son site

web est mis en ligne en avril 1999 dans le

cadre du r�seau REFER, un

r�seau cr�� par l’Agence

universitaire de la Francophonie (AUF)

pour

desservir la communaut� scientifique et

technique en Afrique, en Asie

et en Europe orientale (24 pays

participants en 2002).

Bakayoko Bourahima s’occupe de la

gestion de l’information et de la

diffusion des travaux publi�s par

l’ENSEA. Quel est l’apport de

l’internet dans son travail? �Le service

de la biblioth�que travaille �

deux projets d’int�gration du web pour

am�liorer ses prestations�,

relate-t-il en juillet 2000. �J’esp�re

bient�t pouvoir mettre � la

disposition de mes usagers un acc�s

internet pour l’interrogation de

bases de donn�es. Par ailleurs, j’ai en

projet de r�aliser et de mettre

sur l’intranet et sur le web un certain

nombre de services

documentaires (base de donn�es

th�matique, informations

bibliographiques, service de r�f�rences

bibliographiques, bulletin

analytique des meilleurs travaux

d’�tudiants�). Il s’agit donc pour

la biblioth�que, si j’obtiens les

financements n�cessaires pour ces

projets, d’utiliser pleinement

l’internet pour donner � notre �cole

un

plus grand rayonnement et de renforcer

sa plateforme de communication

avec tous les partenaires possibles. En

int�grant cet outil au plan de

d�veloppement de la biblioth�que,

j’esp�re am�liorer la qualit� et

�largir la gamme de l’information

scientifique et technique mise � la

disposition des �tudiants, des

enseignants et des chercheurs, tout en

�tendant consid�rablement l’offre

des services de la biblioth�que.�

En 2000, Emmanuel Barthe est

documentaliste juridique et responsable

informatique de Coutrelis & Associ�s, un

cabinet d’avocats parisien.

�Les principaux domaines de travail du

cabinet sont le droit

communautaire, le droit de

l’alimentation, le droit de la

concurrence

et le droit douanier�, �crit-il en octobre

2000. �Je fais de la saisie

indexation, et je con�ois et g�re les

bases de donn�es internes. Pour

des recherches documentaires difficiles,

je les fais moi-m�me ou bien

je conseille le juriste. Je suis aussi

responsable informatique et

t�l�coms du cabinet: conseils pour les

achats, assistance et formation

des utilisateurs. De plus, j’assure la

veille, la s�lection et le

catalogage de sites web juridiques: titre,

auteur et bref descriptif.

Je suis �galement formateur internet

juridique aussi bien � l’int�rieur

de mon entreprise qu’� l’ext�rieur

lors de stages de formation.�

En 2001

En 2001, Anissa Rachef est biblioth�caire

et professeur � l’Institut

fran�ais de Londres. Pr�sents dans de

nombreux pays, les instituts

fran�ais sont des organismes officiels

proposant des cours de fran�ais

et des manifestations culturelles. A

Londres, 5.000 �tudiants environ

s’inscrivent aux cours chaque ann�e.

Inaugur�e en mai 1996, la

m�diath�que utilise l’internet d�s sa

cr�ation.

�L’objectif de la m�diath�que est

double�, explique Anissa Rachef en

avril 2001. �Servir un public

s’int�ressant � la culture et la langue

fran�aises et “recruter” un public

allophone en mettant � disposition

des produits d’appel tels que vid�os

documentaires, livres audio, CD-

ROM. La mise en place r�cente d’un

espace multim�dia sert aussi �

fid�liser les usagers. L’installation

d’un service d’information rapide

a pour fonction de r�pondre dans un

temps minimum � toutes sortes de

questions pos�es via le courrier

�lectronique, ou par fax. Ce service

exploite les nouvelles technologies pour

des recherches tr�s

sp�cialis�es. Nous �laborons

�galement des dossiers de presse

destin�s

aux �tudiants et professeurs pr�parant

des examens de niveau

secondaire. Je m’occupe

essentiellement de catalogage,

d’indexation et

de cotation. …

J’utilise internet pour des besoins de

base. Recherches

bibliographiques, commande de livres,

courrier professionnel, pr�t

inter-biblioth�ques. C’est gr�ce �

internet que la consultation de

catalogues collectifs, tels SUDOC

[Syst�me universitaire de

documentation] et OCLC [Online

Computer Library Center], a �t�

possible. C’est ainsi que j’ai pu mettre

en place un service de

fourniture de documents ext�rieurs � la

m�diath�que. Des ouvrages

peuvent d�sormais �tre achemin�s

vers la m�diath�que pour des usagers

ou bien � destination des biblioth�ques

anglaises.�

= Des catalogues en r�seau

L’UNIMARC,

format

bibliographique

commun

L’avenir des catalogues informatiques

en r�seau tient � l’harmonisation

du format MARC (Machine Readable

Cataloguing) par le biais de l’UNIMARC

(Universal Machine Readable

Cataloguing).

Cr�� en 1977 par l’IFLA (International

Federation of Library

Associations - F�d�ration

internationale des associations de

biblioth�ques), le format UNIMARC est

un format universel permettant le

stockage et l’�change de notices

bibliographiques au moyen d’une

codification des diff�rentes parties de la

notice (auteur, titre,

�diteur, etc.) pour traitement

informatique.

Ce format favorise les �changes de

donn�es entre la vingtaine de

formats MARC existants, qui

correspondent chacun � une pratique

nationale de catalogage (INTERMARC en

France, UKMARC au Royaume-Uni,

USMARC aux �tats-Unis, CAN/MARC au

Canada, etc.). Les notices dans le

format MARC d’origine sont d’abord

converties au format UNIMARC avant

d’�tre converties � nouveau dans le

format MARC de destination. UNIMARC

peut aussi �tre utilis� comme standard

pour le d�veloppement de

nouveaux formats MARC.

Dans le monde anglophone, la British

Library (qui utilise UKMARC), la

Library of Congress (qui utilise USMARC)

et la Biblioth�que nationale

du Canada (qui utilise CAN/MARC)

d�cident d’harmoniser leurs formats

MARC nationaux. Un programme de trois

ans, men� entre d�cembre 1995 et

d�cembre 1998, permet de mettre au

point un format MARC commun aux

trois biblioth�ques.

Parall�lement, en 1996, dans le cadre de

son Programme des

biblioth�ques, la Commission

europ�enne promeut l’utilisation du

format

UNIMARC comme format commun

d’�change entre tous les formats MARC

utilis�s dans les pays de l’Union

europ�enne. Le groupe de travail

correspondant �tudie aussi les

probl�mes pos�s par les diff�rentes

polices de caract�res, et la mani�re

d’harmoniser le format

bibliographique et le format du

document lui-m�me pour les

documents

disponibles en ligne.

WorldCat,

catalogue collectif

mondial

L’internet facilite la gestion de

catalogues collectifs. Le but premier

de ces catalogues est d’�viter de

cataloguer � nouveau un document

d�j�

trait� par une biblioth�que partenaire.

Si le catalogueur trouve la

notice du livre qu’il est cens�

cataloguer, il la copie pour l’inclure

dans le catalogue de sa propre

biblioth�que. S’il ne trouve pas la

notice, il la cr�e, et cette notice est

aussit�t disponible pour les

catalogueurs officiant dans d’autres

biblioth�ques.

Outre de nombreux catalogues collectifs

r�gionaux et nationaux, deux

catalogues collectifs mondiaux sont

propos�s par OCLC (Online Computer

Library Center) et RLG (Research Libraries

Group) d�s les ann�es 1980.

Vingt ans plus tard, ces deux organismes

g�rent de gigantesques bases

bibliographiques aliment�es par leurs

adh�rents, permettant ainsi aux

biblioth�ques d’unir leurs forces par-

del� les fronti�res.

Fond� en 1967 dans l’Ohio, un �tat

des �tats-Unis, OCLC g�re d’abord

l’OCLC Online Union Catalog, d�but�

en 1971 pour desservir les

biblioth�ques universitaires de l’Ohio.

Ce catalogue collectif s’�tend

ensuite � tout le pays, puis au monde

entier.

D�sormais appel� WorldCat, et

disponible sur abonnement payant, il

comprend 38 millions de notices en 370

langues en 1998, avec

translitt�ration pour les caract�res non

romains des langues JACKPHY, �

savoir le japonais, l’arabe, le chinois, le

cor�en (Korean en anglais),

le persan, l’h�breu et le yiddish.

L’accroissement annuel est de 2

millions de notices. WorldCat utilise huit

formats bibliographiques

correspondant aux cat�gories suivantes:

livres, p�riodiques, documents

visuels, cartes et plans, documents

mixtes, enregistrements sonores,

partitions et enfin documents

informatiques.

En 2005, 61 millions de notices

bibliographiques produites par 9.000

biblioth�ques et centres de

documentation sont disponibles dans

400

langues. En 2006, 73 millions de notices

provenant de 10.000 organismes

dans 112 pays permettent de localiser un

milliard de documents. Une

notice type contient la description du

document ainsi que des

informations sur son contenu (table des

mati�res, r�sum�, couverture,

illustrations, courte biographie de

l’auteur).

Devenue la plus grande base mondiale

de donn�es bibliographiques,

WorldCat migre progressivement sur le

web, d’abord en rendant la

consultation des notices possible par le

biais de plusieurs moteurs de

recherche (Yahoo!, Google et bien

d’autres), puis en lan�ant en ao�t

2006 une version web (b�ta) de

WorldCat en acc�s libre, qui propose

non

seulement les notices des documents

mais aussi l’acc�s direct (gratuit

ou payant) aux documents

�lectroniques des biblioth�ques

membres:

livres du domaine public, articles,

photos, livres audio, musique et

vid�os.

Le deuxi�me catalogue collectif mondial

est g�r� par RLG (Research

Library Group, qui devient ensuite

Research Libraries Group). Fond� en

1980 en Californie, avec une antenne �

New York, RLG se donne pour but

d’am�liorer l’acc�s �

l’information dans le domaine de

l’enseignement

et de la recherche. RLG d�bute son

propre catalogue sous le nom de RLIN

(Research Libraries Information

Network). Contrairement � WorldCat qui

n’accepte qu’une notice par

document, RLIN accepte plusieurs

notices

pour un m�me document.

En 1998, RLIN comprend 82 millions de

notices dans 365 langues, avec

des notices translitt�r�es pour les

documents publi�s dans les langues

JACKPHY et en cyrillique. Des centaines

de d�p�ts d’archives,

biblioth�ques de mus�es,

biblioth�ques universitaires,

biblioth�ques

publiques, biblioth�ques de droit,

biblioth�ques techniques,

biblioth�ques d’entreprise et

biblioth�ques d’art utilisent RLIN pour

le catalogage, le pr�t inter-

biblioth�ques et le descriptif de leurs

archives et manuscrits. Une des

sp�cialit�s de RLIN est l’histoire de

l’art. Aliment�e par 65 biblioth�ques

sp�cialis�es, une section

sp�cifique comprend 100.000 notices de

catalogues d’expositions et

168.500 notices de documents

iconographiques (photographies,

diapositives, dessins, estampes et

affiches). Cette section inclut

aussi les 110.000 notices de la base

bibliographique Scipio, consacr�e

aux catalogues de ventes d’objets

d’art.

En 2003, RLIN change de nom pour

devenir le RLG Union Catalog, qui

comprend d�sormais 126 millions de

notices bibliographiques

correspondant � 42 millions de

documents (livres, cartes, manuscrits,

films, bandes sonores, etc.). Au

printemps 2004, une version web du

catalogue est disponible en acc�s libre

sous le nom de RedLightGreen,

suite � une phase pilote lanc�e �

l’automne 2003. La mise en ligne de

RedLightGreen inaugure une �re

nouvelle. C’est en effet la premi�re

fois qu’un catalogue collectif mondial

est en acc�s libre, trois ans

avant WorldCat. Destin� en premier lieu

aux �tudiants du premier cycle

universitaire, RedLightGreen propose 130

millions de notices, avec des

informations sp�cifiques aux

biblioth�ques d’un campus donn�

(cote,

lien vers la version en ligne si celle-ci

existe, etc.).

Apr�s trois ans d’activit�, en

novembre 2006, le site RedLightGreen

cesse ses activit�s, et les usagers sont

invit�s � utiliser WorldCat,

dont la version web (b�ta) est en acc�s

libre depuis ao�t 2006. � la

m�me date, le RLG est int�gr� �

OCLC, qui g�re d�sormais le seul

catalogue collectif mondial. En mars

2010, WorldCat permet de localiser

1,5 milliard de documents et d’avoir

directement acc�s � certains

d’entre eux.

UNE INFORMATION MULTILINGUE

[R�sum�]

De pratiquement anglophone � ses

d�buts, le web, devenu multilingue,

permet une large diffusion des textes

�lectroniques sans contrainte de

fronti�res. Mais la barri�re de la langue

est loin d’avoir disparu.

Comme l’�crit si bien en ao�t 1999

Maria Victoria Marinetti, professeur

d’espagnol en entreprise et traductrice,

�il est tr�s important de

pouvoir communiquer en diff�rentes

langues. Je dirais m�me que c’est

obligatoire, car l’information donn�e

sur l’internet est � destination

du monde entier, alors pourquoi ne

l’aurions-nous pas dans notre propre

langue ou dans la langue que nous

souhaitons utiliser? Information

mondiale, mais pas de vaste choix dans

les langues, ce serait

contradictoire, pas vrai?�

= De l’ASCII � l’Unicode

Communiquer dans plusieurs langues

implique d’avoir des syst�mes de

codage adapt�s � nos alphabets ou

id�ogrammes respectifs.

Le premier syst�me d’encodage

informatique est l’ASCII (American

Standard Code for Information

Interchange). Publi� en 1968 aux �tats-

Unis par l’ANSI (American National

Standards Institute), avec

actualisation en 1977 et 1986, l’ASCII est

un code standard de 128

caract�res traduits en langage binaire

sur sept bits (A est traduit par

�1000001�, B est traduit par

�1000010�, etc.). Les 128 caract�res

comprennent 33 caract�res de contr�le

(qui ne repr�sentent donc pas de

symbole �crit) et 95 caract�res

imprimables: les 26 lettres sans accent

en majuscules (A-Z) et minuscules (a-z),

les chiffres, les signes de

ponctuation et quelques symboles, le

tout correspondant aux touches du

clavier anglophone.

L’ASCII permet uniquement la lecture

de l’anglais et du latin. Il ne

permet pas de prendre en compte les

lettres accentu�es pr�sentes dans

bon nombre de langues europ�ennes, et

� plus forte raison les langues

non alphab�tiques (chinois, japonais,

cor�en, etc.). Ceci ne pose pas

de probl�me majeur les premi�res

ann�es, tant que l’�change de fichiers

�lectroniques se limite essentiellement

� l’Am�rique du Nord. Mais le

multilinguisme devient bient�t une

n�cessit� vitale. Des variantes de

l’ASCII (norme ISO-���� ou ISO-Latin)

sur huit bits prennent en compte

les caract�res accentu�s de quelques

langues europ�ennes. Par exemple,

la variante pour le fran�ais est d�finie

par la norme ISO-����-� (ISO-

Latin-�).

Cependant le passage de l’ASCII

original � ses diff�rentes extensions

devient vite un v�ritable casse-t�te, y

compris au sein de l’Union

europ�enne, les probl�mes �tant

entre autres la multiplication des

variantes, la corruption des donn�es

dans les �changes informatiques ou

encore l’incompatibilit� des

syst�mes, les pages ne pouvant �tre

affich�es que dans une seule langue �

la fois.

Avec le d�veloppement du web,

l’�change des donn�es

s’internationalise

de plus en plus. On ne peut plus se

limiter � l’utilisation de

l’anglais, du latin et de quelques

langues europ�ennes �traduites� par

un syst�me d’encodage datant de

1968.

Publi� pour la premi�re fois en janvier

1991, l’Unicode est un syst�me

d’encodage �universel� sur 16 bits

sp�cifiant un nombre unique pour

chaque caract�re. Ce nombre est lisible

quels que soient la plateforme,

le logiciel et la langue utilis�s.

L’Unicode peut traiter 65.000

caract�res uniques et prendre en

compte tous les syst�mes d’�criture

de

la plan�te. � la grande satisfaction des

linguistes, il remplace

progressivement l’ASCII, avec des

variantes UTF-�, UTF-�� et UTF-��

(UTF: Unicode Transformation Format)

en fonction du nombre de bits

utilis�s. Il devient une composante des

sp�cifications du W�C (World

Wide Web Consortium), l’organisme

international charg� du

d�veloppement

du web.

L’utilisation de l’Unicode se

g�n�ralise � partir de 1998, par

exemple

pour les fichiers texte sous plateforme

Windows (Windows NT, Windows

2000, Windows XP et versions suivantes),

qui �taient jusque-l� en

ASCII.

Mais l’Unicode ne peut r�soudre tous

les probl�mes, comme le souligne

en juin 2000 Luc Dall’Armellina, co-

auteur et webmestre d’oVosite, un

espace d’�criture hyperm�dia: �Les

syst�mes d’exploitation se dotent

peu � peu des kits de langues et bient�t

peut-�tre de polices de

caract�res Unicode � m�me de

repr�senter toutes les langues du

monde;

reste que chaque application, du

traitement de texte au navigateur web,

embo�te ce pas. Les difficult�s sont

immenses: notre clavier avec ses �

250 touches avoue ses manques d�s lors

qu’il faille saisir des Katakana

ou Hiragana japonais, pire encore avec la

langue chinoise. La grande

vari�t� des syst�mes d’�criture de

par le monde et le nombre de leurs

signes font barrage. Mais les �cueils

culturels ne sont pas moins

importants, li�s aux codes et modalit�s

de repr�sentation propres �

chaque culture ou ethnie.�

Que pr�conise Olivier Gainon, fondateur

de CyLibris et pionnier de

l’�dition �lectronique litt�raire?

�Premi�re �tape: le respect des

particularismes au niveau technique�,

explique-t-il en d�cembre 2000.

�Il faut que le r�seau respecte les

lettres accentu�es, les lettres

sp�cifiques, etc. Je crois tr�s important

que les futurs protocoles

permettent une transmission parfaite de

ces aspects - ce qui n’est pas

forc�ment simple (dans les futures

�volutions de l’HTML ou des

protocoles IP, etc.). Donc il faut que

chacun puisse se sentir � l’aise

avec l’internet et que ce ne soit pas

simplement r�serv� � des (plus ou

moins) anglophones. Il est anormal

aujourd’hui que la transmission

d’accents puisse poser probl�me dans

les courriers �lectroniques. La

premi�re d�marche me semble donc

une d�marche technique. Si on arrive �

faire cela, le reste en d�coule: la

repr�sentation des langues se fera

en fonction du nombre de connect�s, et

il faudra envisager � terme des

moteurs de recherche multilingues.�

= De l’anglais au plurilinguisme

Apr�s avoir �t� anglophone �

pratiquement 100%, l’internet est

encore

anglophone � plus de 80% en 1998, un

pourcentage qui s’explique par

trois facteurs: (a) la cr�ation d’un

grand nombre de sites web �manant

des �tats-Unis, du Canada et du

Royaume-Uni; (b) une proportion

d’usagers particuli�rement forte en

Am�rique du Nord par rapport au

reste du monde; © l’usage de l’anglais

en tant que principale langue

d’�change internationale.

L’anglais reste en effet pr�pond�rant

et ceci n’est pas pr�s de

dispara�tre. Comme indiqu� en janvier

1999 par Marcel Grangier,

responsable de la section fran�aise des

services linguistiques centraux

de l’Administration f�d�rale suisse,

�cette supr�matie n’est pas un mal

en soi, dans la mesure o� elle r�sulte de

r�alit�s essentiellement

statistiques (plus de PC par habitant, plus

de locuteurs de cette

langue, etc.). La riposte n’est pas de

“lutter contre l’anglais” et

encore moins de s’en tenir � des

j�r�miades, mais de multiplier les

sites en d’autres langues. Notons

qu’en qualit� de service de

traduction, nous pr�conisons

�galement le multilinguisme des sites

eux-

m�mes. La multiplication des langues

pr�sentes sur internet est

in�vitable, et ne peut que b�n�ficier

aux �changes multiculturels.�

Yoshi Mikami est informaticien �

Fujisawa, au Japon. En d�cembre 1995,

il lance le site �The Languages of the

World by Computers and the

Internet� (Les langues du monde par les

ordinateurs et l’internet),

commun�ment appel� Logos Home

Page ou Kotoba Home Page. Son site

donne

un bref historique de chaque langue, ses

caract�ristiques, son syst�me

d’�criture, son jeu de caract�res et

enfin la configuration du clavier

dans la langue donn�e. Yoshi Mikami est

�galement co-auteur (avec Kenji

Sekine et Nobutoshi Kohara) de Pour un

web multilingue, publi� en ao�t

1997 en japonais par les �ditions

O’Reilly avant d’�tre traduit en

anglais, en allemand et en fran�ais en

1998.

Yoshi explique en d�cembre 1998: �Ma

langue maternelle est le japonais.

Comme j’ai suivi mes �tudes de

troisi�me cycle aux �tats-Unis et que

j’ai travaill� dans l’informatique, je

suis devenu bilingue

japonais/anglais am�ricain. J’ai

toujours �t� int�ress� par

diff�rentes

langues et cultures, aussi j’ai appris le

russe, le fran�ais et le

chinois dans la foul�e. A la fin de 1995,

j’ai cr�� sur le web le site

“The Languages of the World by

Computers and the Internet” et j’ai

tent� de donner - en anglais et en

japonais - un bref historique de

toutes ces langues, ainsi que les

caract�ristiques propres � chaque

langue et � sa phon�tique. Suite �

l’exp�rience acquise, j’ai invit�

mes deux associ�s � �crire un livre sur

la conception, la cr�ation et

la pr�sentation de pages web

multilingues, livre qui fut publi� en

ao�t

1997 [en japonais] sous le titre Pour un

web multilingue, le premier

livre au monde sur un tel sujet.�

Comment Yoshi voit-il l’�volution vers

un web multilingue? �Il y a des

milliers d’ann�es de cela, en �gypte,

en Chine et ailleurs, les gens

�taient plus sensibles au fait de

communiquer leurs lois et leurs

r�flexions non seulement dans une

langue mais dans plusieurs. Dans

notre monde moderne, chaque �tat a

adopt� plus ou moins une seule

langue de communication. A mon avis,

l’internet verra l’utilisation

plus grande de langues diff�rentes et de

pages multilingues (et pas

seulement une gravitation autour de

l’anglais am�ricain) et un usage

plus cr�atif de la traduction

informatique multilingue. 99% des sites

web cr��s au Japon sont en japonais!

Consultant en marketing internet chez

Globalink, une soci�t� de

logiciels et services de traduction, Randy

Hobler �crit en septembre

1998: �Comme l’internet n’a pas de

fronti�res nationales, les

internautes s’organisent selon

d’autres crit�res propres au m�dium.

En

termes de multilinguisme, vous avez des

communaut�s virtuelles, par

exemple ce que j’appelle les “nations

des langues”, tous ces

internautes qu’on peut regrouper selon

leur langue maternelle quel que

soit leur lieu g�ographique. Ainsi la

nation de la langue espagnole

inclut non seulement les internautes

d’Espagne et d’Am�rique latine,

mais aussi tous les Hispanophones vivant

aux �tats-Unis, ou encore ceux

qui parlent espagnol au Maroc.�

Bruno Didier, webmestre de la

biblioth�que de l’Institut Pasteur,

�crit

en ao�t 1999: �Internet n’est une

propri�t� ni nationale, ni

linguistique. C’est un vecteur de

culture, et le premier support de la

culture, c’est la langue. Plus il y a de

langues repr�sent�es dans leur

diversit�, plus il y aura de cultures sur

internet. Je ne pense pas

qu’il faille justement c�der � la

tentation syst�matique de traduire

ses pages dans une langue plus ou moins

universelle. Les �changes

culturels passent par la volont� de se

mettre � la port�e de celui vers

qui on souhaite aller. Et cet effort passe

par l’appr�hension de sa

langue. Bien entendu c’est tr�s

utopique comme propos.

Concr�tement,

lorsque je fais de la veille, je peste d�s

que je rencontre des sites

norv�giens ou br�siliens sans un

minimum d’anglais.�

Au cours de l’�t� 2000, les usagers

non anglophones d�passent la barre

des 50%. Ce pourcentage continue

ensuite d’augmenter, comme le

montrent

les statistiques de la soci�t� Global

Reach, mises � jour � intervalles

r�guliers. Le nombre d’usagers non

anglophones est de 52,5% en �t�

2001, 57% en d�cembre 2001, 59,8% en

avril 2002, 64,4% en septembre

2003 (dont 34,9% d’Europ�ens non

anglophones et 29,4% d’Asiatiques) et

64,2% en mars 2004 (dont 37,9%

d’Europ�ens non anglophones et 33%

d’Asiatiques).

= Des dictionnaires de langues en ligne

Le Grand

dictionnaire

terminologique

Le Grand dictionnaire terminologique

(GDT) est une initiative majeure

de l’Office qu�b�cois de la langue

fran�aise (OQLF). C’est en effet la

premi�re fois qu’un organisme

propose une base terminologique de

cette

taille en acc�s libre sur le web. Mis en

ligne en septembre 2000, le

GDT est pr�c�d� deux ans plus t�t par

Le Signet, une base

terminologique pour les technologies de

l’information, dont les 10.000

fiches bilingues fran�ais-anglais sont

�galement int�gr�es au GDT.

Le GDT est un dictionnaire bilingue

fran�ais-anglais de 3 millions de

termes appartenant au vocabulaire

industriel, scientifique et

commercial. Sa mise en ligne est le

r�sultat d’un partenariat entre

l’OQLF, auteur du dictionnaire, et

Semantix, soci�t� sp�cialis�e dans

les solutions logicielles linguistiques.

�v�nement c�l�br� par de

nombreux linguistes, cette mise en ligne

est un succ�s. D�s le premier

mois, le GDT est consult� par 1,3 million

de personnes, avec des

pointes de 60.000 requ�tes

quotidiennes. La gestion de la base est

ensuite assur�e par Convera Canada. En

f�vrier 2003, les requ�tes sont

au nombre de 3,5 millions par mois. Une

nouvelle version du GDT est

mise en ligne en mars 2003. Sa gestion

est d�sormais assur�e par l’OQLF

lui-m�me, et non plus par une soci�t�

prestataire.

Eurodicautom et

IATE

G�r� par les services de traduction de

la Commission europ�enne,

Eurodicautom est une base

terminologique multilingue de termes

�conomiques, scientifiques, techniques

et juridiques qui permet de

combiner entre elles les onze langues

officielles de l’Union europ�enne

(allemand, anglais, danois, espagnol,

finnois, fran�ais, grec,

hollandais, italien, portugais, su�dois),

ainsi que le latin, avec une

moyenne de 120.000 consultations par

jour en 2003.

Fin 2003, Eurodicautom annonce son

int�gration dans une base

terminologique plus vaste regroupant les

bases terminologiques de

plusieurs institutions de l’Union

europ�enne, notamment celle du

Parlement europ�en et celle du Conseil

de l’Union europ�enne. Cette

nouvelle base traiterait non plus douze

langues mais une vingtaine, du

fait de l’�largissement pr�vu de

l’Union europ�enne l’ann�e

suivante

vers l’Europe de l’Est.

Un projet de base terminologique

commune est �voqu� d�s 1999 afin de

renforcer la coop�ration inter-

institutionnelle. Les partenaires de ce

projet sont le Parlement europ�en, le

Conseil de l’Union europ�enne, la

Commission europ�enne, la Cour de

justice, la Cour des comptes

europ�enne, le Comit� �conomique et

social europ�en, le Comit� des

r�gions, la Banque europ�enne

d’investissement, la Banque centrale

europ�enne et enfin le Centre de

traduction des organes de l’Union

europ�enne.

La nouvelle base terminologique voit le

jour au printemps 2004 sous le

nom de IATE (InterActive Terminology for

Europe), d’abord pour un usage

interne dans les institutions de l’Union

europ�enne avant de migrer sur

le web en juin 2007 en tant que service

public, avec 1,4 million

d’entr�es dans les 23 langues

officielles de l’Union europ�enne, plus

le latin. L’Union europ�enne est en

effet pass�e de 15 � 25 pays

membres en mai 2004, pour atteindre 27

pays membres en janvier 2007,

d’o� la n�cessit� de 23 langues

officielles au lieu des 11 langues

officielles pr�sentes dans

Eurodicautom.

Le site web de IATE est administr� par le

Centre de traduction des

organes de l’Union europ�enne �

Luxembourg (capitale du pays du m�me

nom), pour le compte des partenaires du

projet. Comme expliqu� dans la

brochure mutilingue de IATE, �les

termes sont introduits dans la base

de donn�es par les terminologues et les

traducteurs de l’Union

europ�enne sur la base des

informations fournies par les traducteurs,

les administrateurs, les juristes-

linguistes, les experts et d’autres

sources fiables.� En 2009, IATE

comprend 8,4 millions de termes, dont

540.000 abr�viations et 130.000

expressions.

WordReference.com

Le site WordReference.com est lanc� en

1999 par Michael Kellogg pour

proposer des dictionnaires bilingues

gratuits en ligne. En mars 2010,

Michael relate sur son site: �L’internet

a �t� un incroyable outil ces

derni�res ann�es pour rassembler des

gens du monde entier. L’un des

principaux obstacles � cela reste bien

entendu la langue. Le contenu de

l’internet est pour une grande part en

anglais et de tr�s nombreux

usagers lisent ces pages alors que

l’anglais est leur deuxi�me langue

et non leur langue maternelle. De par

mes propres exp�riences avec la

langue espagnole, je sais que de

nombreux lecteurs comprennent une

grande partie de ce qu’ils lisent, mais

pas la totalit�.

J’ai d�but� ce site en 1999 pour

procurer des dictionnaires bilingues

gratuits en ligne et d’autres outils pour

tous sur l’internet. Depuis,

le site s’est progressivement

d�velopp� pour devenir l’un des sites

de

dictionnaires en ligne les plus utilis�s, et

le principal dictionnaire

en ligne pour les paires de langues

anglais-espagnol, anglais-fran�ais,

anglais-italien, espagnol-fran�ais et

espagnol-portugais. Ce site est

toujours class� sans interruption parmi

les 500 sites les plus visit�s

du web. Aujourd’hui, je suis heureux de

continuer � am�liorer ces

dictionnaires, les autres outils

linguistiques du site et les forums de

langues. J’ai vraiment plaisir � cr�er

de nouvelles fonctionnalit�s

pour rendre ce site de plus en plus

utile.�

Les dictionnaires les plus populaires sont

le dictionnaire espagnol

(espagnol-anglais et anglais-espagnol), le

dictionnaire fran�ais et le

dictionnaire italien. On trouve aussi un

dictionnaire allemand, un

dictionnaire russe et un dictionnaire

monolingue anglais. Des tableaux

de conjugaison sont disponibles pour

l’espagnol, le fran�ais et

l’italien.

Pour l’anglais, on trouve �galement

des dictionnaires de l’anglais vers

les langues suivantes: arabe, chinois,

cor�en, grec, japonais,

polonais, portugais, roumain, tch�que

et turc, et vice versa.

Pour l’espagnol, en plus des deux

dictionnaires d’Espasa Calpe et

d’Oxford compl�t�s par le

suppl�ment propre �

WordReference.com, on

peut consulter un dictionnaire

monolingue espagnol, un dictionnaire

espagnol de synonymes, un dictionnaire

espagnol-fran�ais et un

dictionnaire espagnol-portugais.

Pour le fran�ais et l’italien, outre les

dictionnaires d’Oxford,

WordReference.com propose deux

dictionnaires qui lui sont propres, �

savoir un dictionnaire fran�ais-anglais

de 250.000 termes et un

dictionnaire italien-anglais de 200.000

termes.

WordReference.com offre �galement des

forums linguistiques tr�s actifs

et de qualit�. Si les gens ont une

question sur un usage linguistique

donn�, ils peuvent faire une recherche

dans les centaines de milliers

de questions pr�c�dentes, avant de

poser leur propre question dans l’un

des forums si n�cessaire, pour �tre

aid�s par des gens des quatre coins

du monde.

WordReference Mini est une version

miniature du site qui permet son

int�gration dans d’autres sites, par

exemple des sites d’apprentissage

de langues.

Une version pour appareil mobile est

disponible pour plusieurs

dictionnaires: anglais-espagnol,

espagnol-anglais, anglais-fran�ais,

fran�ais-anglais, anglais-italien, italien-

anglais, avec d’autres

paires de langues � venir.

LE COPYRIGHT REVISIT�

[R�sum�]

Lanc�e en 2001 � l’initiative de

Lawrence �Larry� Lessig, professeur de

droit � la Stanford Law School, en

Californie, la licence Creative

Commons a pour but de favoriser la

diffusion d’oeuvres num�riques tout

en prot�geant le droit d’auteur.

L’organisme du m�me nom propose

des

licences-type, qui sont des contrats

flexibles de droit d’auteur

compatibles avec une diffusion sur

l’internet. Simplement r�dig�es, ces

autorisations non exclusives permettent

aux titulaires des droits

d’autoriser le public � utiliser leurs

cr�ations tout en ayant la

possibilit� de restreindre les

exploitations commerciales et les

oeuvres d�riv�es. Finalis�e en f�vrier

2007, la version 3.0 de la

Creative Commons instaure une licence

internationale et la

compatibilit� avec d’autres licences

similaires, dont le copyleft et la

GPL (General Public License).

= Droit d’auteur et internet

Si le d�bat relatif au droit d’auteur sur

l’internet est vif � la fin

des ann�es 1990, Philippe Loubi�re,

traducteur litt�raire et

dramatique, ram�ne ce d�bat aux vrais

probl�mes. �Ce d�bat me semble

assez proche sur le fond de ce qu’il est

dans les autres domaines o� le

droit d’auteur s’exerce, ou devrait

s’exercer�, �crit-il en mars 2001.

�Le producteur est en position de force

par rapport � l’auteur dans

pratiquement tous les cas de figure. Les

pirates, voire la simple

diffusion libre, ne menacent vraiment

directement que les producteurs.

Les auteurs ne sont menac�s que par

ricochet. Il est possible que l’on

puisse l�gif�rer sur la question, au

moins en France o� les

corporations se revendiquant de

l’exception culturelle sont actives et

r�sistent encore un peu aux

Am�ricains, mais le mal est plus

profond.

En effet, en France comme ailleurs, les

auteurs �taient toujours les

derniers et les plus mal pay�s avant

l’apparition d’internet, on

constate qu’ils continuent d’�tre les

derniers et les plus mal pay�s

depuis. Il me semble n�cessaire que

l’on r�gle d’abord la question du

respect des droits d’auteur en amont

d’internet.�

Pour nombre d’auteurs, le web est

avant tout un espace public bas� sur

l’�change. Alain Bron, consultant en

syst�mes d’information et auteur

de romans, �crit en novembre 1999:

�Je consid�re aujourd’hui le web

comme un domaine public. Cela veut

dire que la notion de droit d’auteur

sur ce m�dia dispara�t de facto: tout le

monde peut reproduire tout le

monde. La cr�ation s’expose donc �

la copie imm�diate si les copyrights

ne sont pas d�pos�s dans les formes

usuelles et si les oeuvres sont

expos�es sans proc�dures de

revenus.�

Jacques Gauchey, journaliste et

sp�cialiste des technologies de

l’information, exprime un avis

diff�rent. �Le droit d’auteur dans son

contexte traditionnel n’existe plus�,

�crit-il en juillet 1999. �Les

auteurs ont besoin de s’adapter � un

nouveau paradigme, celui de la

libert� totale du flot de l’information.

Le contenu original est comme

une empreinte digitale: il est incopiable.

Il survivra et prosp�rera

donc.�

Selon Xavier Malbreil, auteur

multim�dia interview� en mars 2001,

�il y

a deux choses. Le web ne doit pas �tre

un espace de non-droit, et c’est

un principe qui doit s’appliquer � tout,

et notamment au droit

d’auteur. Toute utilisation commerciale

d’une oeuvre doit ouvrir droit

� r�tribution. Mais �galement, le web

est un lieu de partage. �changer

entre amis des passages d’un texte qui

vous a plu, comme on peut

recopier des passages d’un livre

particuli�rement appr�ci�, pour le

faire aimer, cela ne peut faire que du bien

aux oeuvres, et aux

auteurs. La litt�rature souffre surtout de

ne pas �tre diffus�e. Tout

ce qui peut concourir � la faire sortir de

son ghetto sera positif.�

= Copyleft et Creative Commons

Des cr�ateurs souhaitent respecter la

vocation premi�re du web, r�seau

de diffusion � l’�chelon mondial. De

ce fait, les adeptes de contrats

flexibles - copyleft, GPL (General Public

License) et Creative

Commons - sont de plus en plus

nombreux.

L’id�e du copyleft est lanc�e d�s

1984 par Richard Stallman, ing�nieur

en informatique et d�fenseur inlassable

du mouvement Open Source au

sein de la Free Software Foundation

(FSF). Con�u � l’origine pour les

logiciels, le copyleft est formalis� par la

GPL (General Public

License) et �tendu par la suite � toute

oeuvre de cr�ation. Il contient

la d�claration normale du copyright

affirmant le droit d’auteur, mais

son originalit� est de donner au lecteur

le droit de librement

redistribuer le document et de le

modifier. Le lecteur s’engage

toutefois � ne revendiquer ni le travail

original, ni les changements

effectu�s par d’autres personnes. De

plus, tous les travaux d�riv�s de

l’oeuvre originale sont eux-m�mes

soumis au copyleft.

Lanc�e en 2001 � l’initiative de

Lawrence �Larry� Lessig, professeur de

droit � la Stanford Law School, en

Californie, la licence Creative

Commons a elle aussi pour but de

favoriser la diffusion d’oeuvres

num�riques tout en prot�geant le droit

d’auteur. L’organisme du m�me

nom propose des licences-type, qui sont

des contrats flexibles de droit

d’auteur compatibles avec une

diffusion sur l’internet. Simplement

r�dig�es, ces autorisations non

exclusives permettent aux titulaires

des droits d’autoriser le public �

utiliser leurs cr�ations tout en

ayant la possibilit� de restreindre les

exploitations commerciales et

les oeuvres d�riv�es. L’auteur peut

par exemple choisir d’autoriser ou

non la reproduction et la rediffusion de

ses oeuvres. Ces contrats

peuvent �tre utilis�s pour tout type de

cr�ation: texte, film, photo,

musique, site web, etc. Finalis�e en

f�vrier 2007, la version 3.0 de la

Creative Commons instaure une licence

internationale et la

compatibilit� avec d’autres licences

similaires, dont le copyleft et la

GPL.

Qui utilise la licence Creative Commons?

O’Reilly Media par exemple.

Fond� par Tim O’Reilly en 1978,

O’Reilly Media est un �diteur r�put�

de

manuels informatiques et de livres sur les

technologies de pointe.

L’�diteur dispose d’abord d’une

formule de �copyright ouvert� pour les

auteurs qui le souhaitent ou pour des

projets collectifs. A partir de

2003, il privil�gie le Creative Commons

Founders’ Copyright permettant

d’offrir des contrats flexibles de droit

d’auteur � ceux qui veulent

�galement diffuser leurs oeuvres sur le

web.

La Public Library of Science (PLoS) utilise

elle aussi la licence

Creative Commons. Les articles de ses

p�riodiques en ligne - qui sont

des p�riodiques scientifiques et

m�dicaux de haut niveau disponibles

gratuitement - peuvent �tre librement

diffus�s et r�utilis�s ailleurs,

y compris pour des traductions, la seule

contrainte �tant la mention

des auteurs et de la source.

Une licence Creative Commons est

utilis�e pour un million d’oeuvres en

2003, 4,7 millions d’oeuvres en 2004, 20

millions d’oeuvres en 2005, 50

millions d’oeuvres en 2006, 90 millions

d’oeuvres en 2007, 130 millions

d’oeuvres en 2008 et 350 millions

d’oeuvres en avril 2010.

= Domaine public et copyright

Chose inqui�tante � l’heure d’une

soci�t� dite de l’information, le

domaine public se r�duit comme peau

de chagrin. � une �poque qui n’est

pas si lointaine, 50% des oeuvres

appartenaient au domaine public, et

pouvaient donc �tre librement utilis�es

par tous. D’ici 2100, 99% des

oeuvres seraient r�gies par le droit

d’auteur, avec un maigre 1% laiss�

au domaine public. Un probl�me

�pineux pour tous ceux qui g�rent des

que Google Books.

gratuitement par voie �lectronique le

plus grand nombre possible

d’oeuvres litt�raires, sa t�che n’est

gu�re facilit�e par les coups de

boutoir port�s au domaine public.

Michael Hart, son fondateur, se

penche sur la question depuis plus de

trente ans, avec l’aide d’un

groupe d’avocats sp�cialis�s dans le

droit d’auteur.

calculs � faire pour d�terminer si un

titre publi� aux �tats-Unis

appartient ou non au domaine public.

Les oeuvres publi�es avant 1923

sont soumises au droit d’auteur

pendant 75 ans � partir de leur date de

publication (elles sont donc maintenant

dans le domaine public). Les

oeuvres publi�es entre 1923 et 1977

sont soumises au droit d’auteur

pendant 95 ans � partir de leur date de

publication (rien ne tombera

dans le domaine public avant 2019). Une

oeuvre publi�e en 1998 et les

ann�es suivantes est soumise au droit

d’auteur pendant 70 ans � partir

de la date du d�c�s de l’auteur s’il

s’agit d’un auteur personnel (rien

dans le domaine public avant 2049), ou

alors pendant 95 ans � partir de

la date de publication - ou 120 ans �

partir de la date de cr�ation -

s’il s’agit d’un auteur collectif (rien

dans le domaine public avant

2074). Tout ceci dans les grandes lignes,

d’autres r�gles venant

s’ajouter � ces r�gles de base.

Nettement plus contraignant que

l’amendement pr�c�dent, qui datait

de

1976, un nouvel amendement au

copyright est ent�rin� par le Congr�s

le

27 octobre 1998 pour contrer le

formidable v�hicule de diffusion qu’est

l’internet. Au fil des si�cles, chaque

avanc�e technique est

accompagn�e d’un durcissement du

copyright, qui semble �tre la r�ponse

des �diteurs � un acc�s plus facile au

savoir, et la peur aff�rente de

perdre des royalties.

�Le copyright a �t� augment� de 20

ans�, explique Michael Hart en

juillet 1999. �Auparavant on devait

attendre 75 ans, on est maintenant

pass� � 95 ans. Bien avant, le copyright

durait 28 ans (plus une

extension de 28 ans si on la demandait

avant l’expiration du d�lai) et,

avant cela, le copyright durait 14 ans

(plus une extension de 14 ans si

on la demandait avant l’expiration du

d�lai). Comme on le voit, on

assiste � une d�gradation r�guli�re et

constante du domaine public.�

Les instances politiques ne cessent de

parler d’�ge de l’Information

alors que, en parall�le, elles durcissent

la r�glementation relative �

la mise � disposition de cette

information. La contradiction est

flagrante. Le copyright est pass� d’une

dur�e de 30 ans en moyenne en

1909 � une dur�e de 95 ans en

moyenne en 1998. En 89 ans, de 1909 �

1998, le copyright a subi une extension

de 65 ans qui affecte les trois

quarts de la production du ��e si�cle.

Seul un livre publi� avant 1923

peut �tre consid�r� avec certitude

comme du domaine public.

Les dates �voqu�es par Michael sont

les suivantes, comme expliqu� en

d�tail dans son blog:

(a) 1790 est la date de la main-mise de la

Guilde des imprimeurs (les

�diteurs de l’�poque en Angleterre)

sur les auteurs, ce qui entra�ne la

naissance du copyright. Le 1790

Copyright Act institue un copyright de

14 ans apr�s la date de publication de

l’oeuvre, plus une extension de

28 ans si celle-ci est demand�e avant

l’expiration du d�lai. Les

oeuvres pouvant �tre l�galement

imprim�es passent subitement de 6.000

600, et neuf titres sur dix disparaissent

des librairies. Quelque 335

ans apr�s les d�buts de l’imprimerie,

cens�e ouvrir les portes du

savoir � tous, le monde du livre est

d�sormais contr�l� par les

�diteurs et non plus par les auteurs.

Cette nouvelle l�gislation est

�galement effective en France et aux

�tats-Unis.

(b) 1831 est la date d’un premier

renforcement du copyright pour

contrer la r��dition de vastes

collections du domaine public sur les

nouvelles presses � vapeur. Le 1831

Copyright Act institue un copyright

de 28 ans apr�s la date de publication

de l’oeuvre, plus une extension

de 14 ans si celle-ci est demand�e avant

l’expiration du d�lai, �

savoir un total de 42 ans.

© 1909 est la date d’un deuxi�me

renforcement du copyright pour

contrer une r��dition des collections

du domaine public sur les

nouvelles presses �lectriques. Le 1909

Copyright Act double la p�riode

de l’extension, qui passe � 28 ans, le

tout repr�sentant un total de 56

ans.

(d) 1976 est la date d’un nouveau

durcissement du copyright suite �

l’apparition de la photocopieuse

lanc�e par Xerox. Le 1976 Copyright

Act institue un copyright de 50 ans apr�s

le d�c�s de l’auteur. De ce

fait, tout copyright en cours avant le 19

septembre 1962 n’expire pas

avant le 31 d�cembre 1976.

(e) 1998 est la date d’un durcissement

suppl�mentaire du copyright

suite au d�veloppement rapide des

technologies num�riques et aux

centaines de milliers d’oeuvres

d�sormais disponibles sur CD-ROM et

DVD

et sur le web, gratuitement ou � un prix

tr�s bas. Le 1998 Copyright

Act allonge la dur�e du copyright qui est

d�sormais de 70 ans apr�s le

d�c�s de l’auteur, pour prot�ger

l’empire Disney (raison pour laquelle

on parle souvent de Mickey Mouse

Copyright Act) et nombre de

multinationales culturelles.

Un durcissement similaire touche les

pays de l’Union europ�enne. La

r�gle g�n�rale est d�sormais un

copyright de 70 ans apr�s le d�c�s de

l’auteur, alors qu’il �tait auparavant

de 50 ans, suite aux pressions

exerc�es par les �diteurs de contenu

sous le pr�texte d’�harmoniser�

les lois nationales r�gissant le droit

d’auteur pour r�pondre � la

mondialisation du march�.

A ceci s’ajoute la l�gislation sur le

copyright des �ditions num�riques

en application des trait�s internationaux

de l’OMPI (Organisation

mondiale de la propri�t�

intellectuelle). Ces trait�s sont sign�s

en

1996 dans l’optique de contr�ler la

gestion des droits num�riques. Le

Digital Millenium Copyright Act (DMCA)

est ent�rin� en octobre 1998 aux

�tats-Unis.

La directive EUCD (European Union

Copyright Directive) est ent�rin�e en

mai 2001 par la Communaut�

europ�enne. Cette directive s’intitule

tr�s

pr�cis�ment �Directive ����/��/EC du

Parlement europ�en et du Conseil

sur l’harmonisation de certains aspects

du droit d’auteur et des droits

voisins dans la soci�t� de

l’information�. Elle fait suite � la

directive de f�vrier 1993 (Directive

��/��/EEC) qui visait � harmoniser

les l�gislations des diff�rents pays en

mati�re de protection du droit

d’auteur. La directive EUCD entre peu �

peu en vigueur dans tous les

pays de l’Union europ�enne, avec mise

en place de l�gislations

nationales, le but officiel �tant de

renforcer le respect du droit

d’auteur sur l’internet et de contrer

ainsi le piratage. En France, par

exemple, la loi DADVSI (Droit d’auteur et

droits voisins dans la

soci�t� de l’information) est

promulgu�e en ao�t 2006, et n’est pas

sans susciter de nombreux remous.

UNE VASTE ENCYCLOP�DIE

[R�sum�]

En 2002, le MIT (Massachusetts Institute

of Technology) d�cide de

publier le contenu de ses cours en ligne,

avec acc�s libre et gratuit,

en privil�giant la diffusion libre du

savoir. Le MIT OpenCourseWare

(MIT OCW) offre en acc�s libre le

mat�riel d’enseignement de nombreux

cours, � savoir des textes de

conf�rences, des travaux pratiques, des

exercices et corrig�s, des bibliographies,

des documents audio et

vid�o, etc. Parall�lement, la Public

Library of Science (PLoS) met sur

pied des revues scientifiques et

m�dicales en ligne de haut niveau

diffus�es gratuitement. Pour les

encyclop�dies, Wikip�dia ouvre la voie

en 2001, en lan�ant une encyclop�die

�crite collectivement, avec

possibilit� de corriger et de compl�ter

les articles, et dont le

contenu est librement r�utilisable.

Suivent d’autres encyclop�dies

collaboratives en acc�s libre comme

Citizendium et l’Encyclopedia of

Life.

= Vers un savoir num�rique

Vinton Cerf est souvent appel� le p�re

de l’internet parce qu’il est

l’auteur en 1974 (avec Robert Kahn) des

protocoles n�cessaires au bon

fonctionnement du r�seau. Sur le site de

l’Internet Society (ISOC),

qu’il fonde en 1992 pour promouvoir le

d�veloppement de l’internet, il

explique: �Le r�seau fait deux choses

(…): comme les livres, il

permet d’accumuler de la

connaissance. Mais, surtout, il la

pr�sente

sous une forme qui la met en relation

avec d’autres informations. Alors

que, dans un livre, l’information est

maintenue isol�e.�

De plus, l’information contenue dans

les livres reste la m�me, au moins

pendant une p�riode donn�e, alors que

l’internet privil�gie les

informations r�centes et

r�guli�rement actualis�es.

Lors d’une conf�rence organis�e en

septembre 1996 par l’IFIP

(International Federation of Information

Processing), Dale Spender,

professeur et chercheuse, tente de cerner

les changements fondamentaux

apport�s par l’internet dans

l’acquisition du savoir et les m�thodes

d’enseignement. Voici son

argumentation r�sum�e en deux

paragraphes.

Pendant plus de cinq si�cles,

l’enseignement est principalement

bas�

sur l’information donn�e par les livres.

Or les habitudes li�es �

l’imprim� ne peuvent �tre

transf�r�es au monde num�rique.

L’enseignement en ligne offre des

possibilit�s tellement nouvelles

qu’il n’est gu�re possible

d’effectuer les distinctions

traditionnelles

entre enseignant et enseign�. Le

passage de la culture imprim�e � la

culture num�rique exige

d’enti�rement repenser le processus

d’enseignement, puisque nous avons

maintenant l’opportunit� sans

pr�c�dent de pouvoir influer sur le

genre d’enseignement que nous

souhaitons.

Dans la culture imprim�e,

l’information contenue dans les livres

restait la m�me pendant un certain

temps, ce qui nous a encourag� �

penser que l’information �tait stable.

La nature m�me de l’imprim� est

li�e � la notion de v�rit�, stable elle

aussi. Cette stabilit� et

l’ordre qu’elle engendre ont �t� un

des fondements de l’�ge industriel

et de la r�volution scientifique. Les

notions de v�rit�, de loi,

d’objectivit� et de preuve ont �t� les

�l�ments de r�f�rence de nos

croyances et de nos cultures. Mais la

r�volution num�rique change tout

ceci. Soudain l’information en ligne

supplante l’information imprim�e

pour devenir la plus fiable et la plus utile,

et l’usager est pr�t � la

payer en cons�quence. C’est cette

transformation radicale dans la

nature de l’information qui doit �tre au

coeur du d�bat relatif aux

m�thodes d’enseignement.

En t�moigne l’exp�rience de Patrick

Rebollar, professeur de litt�rature

fran�aise au Japon, qui raconte en juillet

1998: �Mon travail de

recherche est diff�rent, mon travail

d’enseignant est diff�rent, mon

image en tant qu’enseignant-chercheur

de langue et de litt�rature est

totalement li�e � l’ordinateur, ce qui a

ses bons et ses mauvais c�t�s

(surtout vers le haut de la hi�rarchie

universitaire, plut�t constitu�e

de gens �g�s et technologiquement

r�calcitrants). J’ai cess� de

m’int�resser � certains coll�gues

proches g�ographiquement mais qui

n’ont rien de commun avec mes id�es,

pour entrer en contact avec des

personnes inconnues et r�parties dans

diff�rents pays (et que je

rencontre parfois, � Paris ou � Tokyo,

selon les vacances ou les

colloques des uns ou des autres). La

diff�rence est d’abord un gain de

temps, pour tout, puis un changement de

m�thode de documentation, puis

de m�thode d’enseignement

privil�giant l’acquisition des

m�thodes de

recherche par mes �tudiants, au

d�triment des contenus (mais cela

d�pend des cours). Progressivement, le

paradigme r�ticulaire l’emporte

sur le paradigme hi�rarchique.�

Russon Wooldridge, professeur au

d�partement des �tudes fran�aises de

l’Universit� de Toronto (Canada),

relate en f�vrier 2001: �Mes

activit�s de recherche, autrefois

men�es dans une tour d’ivoire, se

font maintenant presque uniquement

par des collaborations locales ou �

distance. (…) Tout mon enseignement

exploite au maximum les

ressources d’internet (le web et le

courriel): les deux lieux communs

d’un cours sont la salle de classe et le

site du cours, sur lequel je

mets tous les mat�riaux des cours. Je

mets toutes les donn�es de mes

recherches des vingt derni�res ann�es

sur le web (r��dition de livres,

articles, textes int�graux de

dictionnaires anciens en bases de

donn�es

interactives, de trait�s du ��e si�cle,

etc.). Je publie des actes de

colloques, j’�dite un journal, je

collabore avec des coll�gues

fran�ais, mettant en ligne � Toronto ce

qu’ils ne peuvent pas publier

en ligne chez eux. En mai 2000 j’ai

organis� � Toronto un colloque

international sur “Les �tudes

fran�aises valoris�es par les nouvelles

technologies”. (…)

Je me rends compte que sans internet

mes activit�s seraient bien

moindres, ou du moins tr�s diff�rentes

de ce qu’elles sont

actuellement. Donc je ne vois pas

l’avenir sans. Mais il est crucial

que ceux qui croient � la libre diffusion

des connaissances veillent �

ce que le savoir ne soit pas bouff�, pour

�tre vendu, par les int�r�ts

commerciaux. Ce qui se passe dans

l’�dition du livre en France, o� on

n’offre gu�re plus en librairie que des

manuels scolaires ou pour

concours (c’est ce qui s’est pass� en

linguistique, par exemple), doit

�tre �vit� sur le web. Ce n’est pas

vers les amazon.com qu’on se tourne

pour trouver la science d�sint�ress�e.

Sur mon site, je refuse toute

sponsorisation.�

= Quelques projets pilotes

L’Encyclop�die

de Diderot en ligne

Le projet ARTFL (American and French

Research on the Treasury of the

French Language) est un projet commun

du Centre national de la

recherche scientifique (CNRS, France) et

de l’Universit� de Chicago

(Illinois, �tats-Unis). Ce projet a pour but

de constituer une base de

donn�es de 2.000 textes ayant trait � la

litt�rature, � la philosophie,

aux arts ou aux sciences et

s’�chelonnant du ��e au ��e si�cle.

L’ARTFL travaille notamment � la

version en ligne exhaustive de la

premi�re �dition (1751-1772) de

l’Encyclop�die ou Dictionnaire

raisonn�

des sciences, des m�tiers et des arts de

Diderot et d’Alembert. 72.000

articles r�dig�s par plus de 140

collaborateurs - dont Voltaire,

Rousseau, d’Alembert, Marmontel,

d’Holbach, Turgot, etc. - ont fait de

cette encyclop�die un monumental

ouvrage de r�f�rence pour les arts et

les sciences. Destin�e � rassembler puis

divulguer les connaissances de

l’�poque, l’Encyclop�die porte la

marque des courants intellectuels et

sociaux du ��e si�cle, et c’est gr�ce �

elle qu’ont �t� propag�es les

id�es du Si�cle des Lumi�res. Elle

comprend 17 volumes de texte - qui

repr�sentent 18.000 pages et 20.736.912

mots - et 11 volumes de

planches.

La base de donn�es correspondant au

premier volume est accessible en

ligne � titre exp�rimental en 1998. La

recherche peut �tre effectu�e

par mot, portion de texte, auteur ou

cat�gorie, ou par la combinaison

de ces crit�res entre eux. On dispose de

renvois d’un article �

l’autre, au moyen de liens permettant

d’aller d’une planche au texte ou

du texte au fac-simil� des pages

originales. L’automatisation compl�te

des proc�dures de saisie entra�ne des

erreurs typographiques et des

erreurs d’identification qui sont

corrig�es au fil des mois. La

recherche d’images est �galement

possible dans un deuxi�me temps.

L’ARTFL travaille aussi � un projet de

base de donn�es pour le

Dictionnaire de l’Acad�mie fran�aise,

dont les diff�rentes �ditions se

sont �chelonn�es entre 1694 et 1935.

Ce projet inclut la saisie et

l’�dition du texte, ainsi que la

cr�ation d’un moteur de recherche

sp�cifique. La premi�re �dition (1694)

et la cinqui�me �dition (1798)

du dictionnaire sont les premi�res �

�tre disponibles pour une

recherche par mot, puis pour une

recherche par portion de texte. Les

diff�rentes �ditions sont ensuite

combin�es dans une base de donn�es

unique, qui permet de juger de

l’�volution d’un terme en consultant

aussi bien une �dition particuli�re que

l’ensemble des �ditions.

Les autres projets de l’ARTFL sont la

mise en ligne des ouvrages

suivants: le Dictionnaire historique et

critique de Philippe Bayle

(�dition de 1740), le Roget’s Thesaurus

de 1911, le Webster’s Revised

Unabridged Dictionary de 1913, le

Thresor de la langue fran�aise de

Jean Nicot (1606), un projet biblique

multilingue comprenant entre

autres La Bible fran�aise de Louis

Segond (1910), etc.

Des ouvrages de

r�f�rence en ligne

Les premi�res grandes encyclop�dies

en ligne �manent d’encyclop�dies

imprim�es. Elles apparaissent sur la

toile en d�cembre 1999 avec

WebEncyclo, l’Encyclopaedia

Universalis et Britannica.com. Quant aux

premiers grands dictionnaires imprim�s

en ligne, ce sont le

Dictionnaire universel francophone en

ligne d’Hachette, les

dictionnaires anglais de Merriam-

Webster et l’Oxford English

Dictionary.

WebEncyclo (aujourd’hui disparu),

publi� par les �ditions Atlas, est la

premi�re grande encyclop�die

francophone en acc�s libre, avec mise

en

ligne en d�cembre 1999. La recherche

est possible par mots-cl�s,

th�mes, m�dias (� savoir les cartes,

liens internet, photos et

illustrations) et id�es. Un appel �

contribution incite les

sp�cialistes d’un sujet donn� �

envoyer des articles, qui sont

regroup�s dans la section �WebEncyclo

contributif�. Apr�s avoir �t�

libre, l’acc�s est ensuite soumis � une

inscription pr�alable gratuite.

La version web de l’Encyclopaedia

Universalis est mise en ligne � la

m�me date, soit un ensemble de 28.000

articles sign�s de 4.000 auteurs.

Si la consultation est payante sur la base

d’un abonnement annuel, de

nombreux articles sont en acc�s libre.

Le site Britannica.com est la premi�re

grande encyclop�die anglophone

en acc�s libre, avec mise en ligne en

d�cembre 1999. Le site web

propose l’�quivalent num�rique des

32 volumes de la ��e �dition de

l’Encyclopaedia Britannica,

parall�lement � la version imprim�e et

� la

version CD-ROM, toutes deux payantes.

Le site offre une s�lection

d’articles issus de 70 magazines, un

guide des meilleurs sites, un

choix de livres, etc., le tout �tant

accessible � partir d’un moteur de

recherche unique.

En septembre 2000, le site fait partie des

cent sites les plus visit�s

au monde. En juillet 2001, la consultation

devient payante sur la base

d’un abonnement annuel ou mensuel.

Fin 2008, Britannica.com annonce

l’ouverture prochaine de son site � des

contributeurs ext�rieurs, avec

inscription obligatoire pour �crire et

modifier des articles.

En ce qui concerne les dictionnaires en

ligne, le premier dictionnaire

de langue fran�aise en acc�s libre est le

Dictionnaire universel

francophone en ligne (aujourd’hui

disparu), qui r�pertorie 45.000 mots

et 116.000 d�finitions tout en

pr�sentant �sur un pied d’�galit�, le

fran�ais dit “standard” et les mots et

expressions en fran�ais tel

qu’on le parle sur les cinq continents�.

Issu de la collaboration entre

Hachette et l’AUPELF-UREF (devenu

depuis l’AUF: Agence universitaire de

la Francophonie), il correspond � la

partie �noms communs� du

dictionnaire imprim� disponible chez

Hachette. L’�quivalent pour la

langue anglaise est le site Merriam-

Webster OnLine, qui donne librement

acc�s au Collegiate Dictionary et au

Collegiate Thesaurus.

En mars 2000, les 20 volumes de

l’Oxford English Dictionary (OED) sont

mis en ligne par l’Oxford University

Press (OUP). La consultation du

site est payante. Le dictionnaire

b�n�ficie d’une mise � jour

trimestrielle d’environ 1.000 entr�es

nouvelles ou r�vis�es. Deux ans

apr�s cette premi�re exp�rience, en

mars 2002, l’Oxford University

Press met en ligne l’Oxford Reference

Online (ORO), une vaste

encyclop�die con�ue directement pour

le web et consultable elle aussi

sur abonnement payant. Avec 60.000

pages et un million d’entr�es, elle

repr�sente l’�quivalent d’une

centaine d’ouvrages de r�f�rence.

Wikip�dia

Issu du terme hawa�en �wiki� (qui

signifie: vite, rapide), un wiki est

un site web permettant � plusieurs

utilisateurs de collaborer en ligne

sur un m�me projet. � tout moment,

ces utilisateurs peuvent contribuer

� la r�daction du contenu, modifier ce

contenu et l’enrichir en

permanence. Le wiki est utilis� par

exemple pour cr�er et g�rer des

dictionnaires, des encyclop�dies ou

encore des sites d’information sur

un sujet donn�. Le programme pr�sent

derri�re l’interface d’un wiki est

plus ou moins �labor�. Un programme

simple g�re du texte et des

hyperliens. Un programme �labor�

permet d’inclure des images, des

graphiques, des tableaux, etc.

L’encyclop�die wiki la plus connue est

Wikip�dia.

Cr��e en janvier 2001 � l’initiative de

Jimmy Wales et de Larry Sanger

(Larry quitte ensuite l’�quipe),

Wikip�dia est une encyclop�die

gratuite �crite collectivement et dont le

contenu est librement

r�utilisable. Elle est imm�diatement

tr�s populaire. Sans publicit� et

financ�e par des dons, cette

encyclop�die coop�rative est r�dig�e

par

des milliers de volontaires - appel�s

Wikip�diens, et qui s’inscrivent

en prenant un pseudonyme - avec

possibilit� de corriger et compl�ter

les articles, aussi bien les leurs que ceux

d’autres contributeurs. Les

articles restent la propri�t� de leurs

auteurs, et leur libre

utilisation est r�gie par la licence GFDL

(GNU Free Documentation

License) et la licence Creative Commons.

En d�cembre 2004, Wikip�dia compte

1,3 million d’articles r�dig�s par

13.000 contributeurs dans une centaine

de langues. En d�cembre 2006,

l’encyclop�die est l’un de dix sites les

plus visit�s du web, avec 6

millions d’articles.

En mai 2007, Wikip�dia compte 7

millions d’articles dans 192 langues,

dont 1,8 million en anglais, 589.000 en

allemand, 500.000 en fran�ais,

260.000 en portugais et 236.000 en

espagnol. En 2008, Wikip�dia est

l’un des cinq sites les plus visit�s du

web.

En septembre 2010, Wikip�dia compte

14 millions d’articles en 272

langues, dont 3,4 millions en anglais, 1,1

million en allemand et 1

million en fran�ais, qui est donc la

troisi�me langue de

l’encyclop�die.

Fond�e en juin 2003, la Wikimedia

Foundation g�re non seulement

Wikip�dia mais aussi Wiktionary, un

dictionnaire et th�saurus

multilingue lanc� en d�cembre 2002,

puis Wikibooks (livres et manuels

en cours de r�daction) lanc� en juin

2003, auxquels s’ajoutent ensuite

Wikiquote (r�pertoire de citations),

Wikisource (textes du domaine

public), Wikimedia Commons (sources

multim�dia), Wikispecies

(r�pertoire d’esp�ces animales et

v�g�tales), Wikinews (site

d’actualit�s) et enfin Wikiversity

(mat�riel d’enseignement), lanc� en

ao�t 2006.

Les cours du MIT

Professeur � l’Universit� d’Ottawa

(Canada), Christian Vandendorpe

salue en mai 2001 �la d�cision du MIT

[Massachusetts Institute of

Technology] de placer tout le contenu de

ses cours sur le web d’ici dix

ans, en le mettant gratuitement � la

disposition de tous. Entre les

tendances � la privatisation du savoir et

celles du partage et de

l’ouverture � tous, je crois en fin de

compte que c’est cette derni�re

qui va l’emporter.�

Le MIT d�cide en effet de publier le

contenu de ses cours en ligne dans

un OpenCourseWare, une initiative

men�e avec le soutien financier de la

Hewlett Foundation et de la Mellon

Foundation. Un OpenCourseWare peut

�tre d�fini comme la publication

�lectronique en acc�s libre du

mat�riel d’enseignement d’un

ensemble de cours.

Mise en ligne en septembre 2002, la

version pilote du MIT

OpenCourseWare (MIT OCW) offre en

acc�s libre le mat�riel

d’enseignement de 32 cours

repr�sentatifs des cinq facult�s du MIT.

Ce

mat�riel d’enseignement comprend

des textes de conf�rences, des travaux

pratiques, des exercices et corrig�s, des

bibliographies, des documents

audio et vid�o, etc. Le lancement officiel

du site a lieu un an plus

tard, en septembre 2003, avec acc�s �

quelques centaines de cours. En

mars 2004, 500 cours sont disponibles

dans 33 disciplines. En mai 2006,

1.400 cours sont disponibles dans 34

disciplines. La totalit� des 1.800

cours dispens�s par le MIT est en ligne

en novembre 2007, avec

actualisation r�guli�re ensuite.

Certains cours sont traduits en

espagnol, en portugais et en chinois avec

l’aide d’autres organismes.

Le MIT esp�re que cette exp�rience de

publication �lectronique - la

premi�re du genre - va permettre de

d�finir un standard et une m�thode

de publication, et inciter d’autres

universit�s � cr�er un

OpenCourseWare pour la mise �

disposition gratuite de leurs propres

cours. A cet effet, le MIT lance

l’OpenCourseWare Consortium (OCW

Consortium) en d�cembre 2005, avec

acc�s libre et gratuit au mat�riel

d’enseignement de cent universit�s

dans le monde un an plus tard.

La Public Library of

Science

A l’heure de l’internet, il para�t assez

scandaleux que le r�sultat de

travaux de recherche - travaux originaux

et demandant de longues ann�es

d’efforts - soit d�tourn� par des

�diteurs sp�cialis�s s’appropriant ce

travail et le monnayant � prix fort.

L’activit� des chercheurs est

souvent financ�e par les deniers publics,

et de mani�re substantielle

en Am�rique du Nord. Il semblerait donc

normal que la communaut�

scientifique et le grand public puissent

b�n�ficier librement du

r�sultat de ces recherches.

Dans le domaine scientifique et m�dical

par exemple, 1.000 nouveaux

articles sont publi�s chaque jour, en ne

comptant que les articles

r�vis�s par les pairs. Se basant sur ce

constat, la Public Library of

Science (PLoS) est fond�e en octobre

2000 � San Francisco �

l’initiative de Harold Varmus, Patrick

Brown et Michael Eisen,

chercheurs dans les universit�s de

Stanford et Berkeley (Californie).

Le but est de contrer les pratiques de

l’�dition sp�cialis�e en

regroupant tous les articles scientifiques

et m�dicaux au sein

d’archives en ligne en acc�s libre. Au

lieu d’une information

diss�min�e dans des millions de

rapports et des milliers de p�riodiques

en ligne ayant chacun des conditions

d’acc�s diff�rentes, un point

d’acc�s unique permettrait de lire le

contenu int�gral de ces articles,

avec moteur de recherche multi-crit�res

et syst�me d’hyperliens entre

les articles.

Pour ce faire, PLoS fait circuler une lettre

ouverte demandant que les

articles publi�s par les �diteurs

sp�cialis�s soient distribu�s

librement dans un service d’archives en

ligne, et incitant les

signataires de cette lettre � promouvoir

les �diteurs pr�ts � soutenir

ce projet. La r�ponse de la

communaut� scientifique internationale

est

remarquable. Au cours des deux ann�es

suivantes, la lettre ouverte est

sign�e par 30.000 chercheurs dans 180

pays. Bien que la r�ponse des

�diteurs soit nettement moins

enthousiaste, plusieurs �diteurs

donnent

leur accord pour une distribution

imm�diate des articles publi�s par

leurs soins, ou alors une distribution

dans un d�lai de six mois. Mais

dans la pratique, m�me les �diteurs

ayant donn� leur accord formulent

nombre d’objections au nouveau

mod�le propos�, si bien que le projet

d’archives en ligne ne voit finalement

pas le jour.

Un autre objectif de la Public Library of

Science est de devenir elle-

m�me �diteur. PLoS fonde donc une

maison d’�dition scientifique non

commerciale qui re�oit en d�cembre

2002 une subvention de 9 millions de

dollars US de la part de la Moore

Foundation. Une �quipe �ditoriale de

haut niveau est constitu�e en janvier

2003 pour lancer des p�riodiques

de qualit� selon un nouveau mod�le

d’�dition en ligne bas� sur la

diffusion libre du savoir.

Le premier num�ro de PLoS Biology est

disponible en octobre 2003, avec

une version en ligne gratuite et une

version imprim�e au prix co�tant

(couvrant uniquement les frais de

fabrication et de distribution). PLoS

Medicine est lanc� en octobre 2004.

Trois nouveaux titres voient le

jour en 2005: PLoS Genetics, PLoS

Computational Biology et PLoS

Pathogens. PLoS Clinical Trials voit le

jour en 2006. PLoS Neglected

Tropical Diseases est lanc� �

l’automne 2007 en tant que premi�re

publication scientifique consacr�e aux

maladies tropicales n�glig�es,

ces maladies affectant les populations

pauvres dans les villes comme

dans les campagnes.

Tous les articles de ces p�riodiques sont

librement accessibles en

ligne, sur le site de PLoS et dans PubMed

Central, le service

d’archives en ligne public et gratuit de

la National Library of

Medicine (�tats-Unis), avec moteur de

recherche multicrit�res. Les

versions imprim�es sont abandonn�es

en 2006 pour laisser place � un

service d’impression � la demande

g�r� par la soci�t� Odyssey Press.

Ces articles peuvent �tre librement

diffus�s et r�utilis�s ailleurs, y

compris pour des traductions, selon les

termes de la licence Creative

Commons, la seule contrainte �tant la

mention des auteurs et de la

source. PLoS lance aussi PLoS ONE, un

forum en ligne permettant la

publication d’articles sur tout sujet

scientifique et m�dical.

Le succ�s est total. Trois ans apr�s les

d�buts de la Public Library of

Science en tant qu’�diteur, PLoS

Biology et PLos Medicine ont la m�me

r�putation d’excellence que les

grandes revues Nature, Science ou The

New England Journal of Medicine. PLoS

re�oit le soutien financier de

plusieurs fondations tout en mettant sur

pied un mod�le �conomique

viable, avec des revenus �manant des

frais de publication pay�s par les

auteurs, et �manant aussi de la

publicit�, des sponsors et des

activit�s destin�es aux membres de

PLoS. PLoS souhaite en outre que ce

mod�le �conomique d’un genre

nouveau inspire d’autres �diteurs pour

cr�er des revues du m�me type ou pour

mettre des revues existantes en

acc�s libre.

Citizendium

Une nouvelle �tape s’ouvre avec les

d�buts de Citizendium - acronyme de

�The Citizens’ Compendium� -, une

grande encyclop�die collaborative en

ligne con�ue en novembre 2006 par

Larry Sanger, un des co-fondateurs de

Wikip�dia, et lanc�e en mars 2007 (en

version b�ta).

Citizendium est une encyclop�die

coop�rative et gratuite, tout comme

Wikip�dia, mais sans ses travers, �

savoir le vandalisme, le manque de

rigueur et l’utilisation d’un

pseudonyme pour y participer. Les

auteurs

signent leurs articles de leur vrai nom, et

ces articles sont relus et

corrig�s par des experts (�editors�)

�g�s d’au moins 25 ans et

titulaires d’une licence universitaire. De

plus, des �constables� sont

charg�s de la bonne marche du projet et

du respect du r�glement.

Citizendium comptabilise 1.100 articles,

820 auteurs et 180 experts en

mars 2007, 9.800 articles en janvier 2009

et 15.000 articles en

septembre 2010.

Dans Why Make Room for Experts in Web

2.0? (Pourquoi faire une place

aux experts dans le web 2.0?), une

communication dat�e d’octobre 2006

et r�guli�rement actualis�e depuis sur

le site de l’encyclop�die, Larry

Sanger voit dans Citizendium

l’�mergence d’un nouveau mod�le

de

collaboration massive de dizaines de

milliers d’intellectuels et

scientifiques, non seulement pour les

encyclop�dies, mais aussi pour

les manuels d’enseignement, les

ouvrages de r�f�rence, le multim�dia

et

les applications en �D. Cette

collaboration est bas�e sur le partage

des connaissances, dans la lign�e du

web 2.0, un concept lanc� en 2004

pour caract�riser les notions de

communaut� et de partage et qui se

manifeste d’abord par une floraison de

blogs, wikis et sites sociaux.

D’apr�s Larry, il importe aussi de

cr�er des structures permettant des

collaborations scientifiques, et

Citizendium pourrait servir de

prototype dans ce domaine.

L’Encyclopedia of

Life

Cet appel semble se concr�tiser d�s

mai 2007 avec les premiers pas de

l’Encyclopedia of Life. Cette vaste

encyclop�die collaborative en ligne

a pour but de rassembler les

connaissances existantes sur toutes les

esp�ces animales et v�g�tales

connues (1,8 million), y compris les

esp�ces en voie d’extinction, avec

l’ajout de nouvelles esp�ces au fur

et � mesure de leur identification, ce qui

repr�senterait entre 8 et 10

millions d’esp�ces en tout.

Cette encyclop�die multim�dia

permettra de rassembler textes, photos,

cartes, bandes sonores et vid�os, avec

une page web par esp�ce, en

offrant un portail unique � des millions

de documents �pars, en ligne

et hors ligne. Outil d’apprentissage et

d’enseignement pour une

meilleure connaissance de notre

plan�te, l’encyclop�die sera �

destination de tous: scientifiques,

enseignants, �tudiants, scolaires,

m�dias, d�cideurs et grand public.

Ce projet collaboratif est men� par

plusieurs grandes institutions:

Field Museum of Natural History, Harvard

University, Marine Biological

Laboratory, Missouri Botanical Garden,

Smithsonian Institution et

Biodiversity Heritage Library.

Le directeur honoraire du projet est

Edward Wilson, professeur �m�rite

� l’Universit� de Harvard, qui, dans un

essai dat� de 2002, fut le

premier � �mettre le voeu d’une telle

encyclop�die. Cinq ans plus tard,

en 2007, c’est d�sormais chose

possible gr�ce aux avanc�es

technologiques r�centes: outils logiciels

permettant l’agr�gation de

contenu, mash-up (� savoir le fait de

rassembler un contenu donn� �

partir de nombreuses sources

diff�rentes), wikis de grande taille et

gestion de contenu � vaste �chelle.

La Biodiversity Heritage Library est un

consortium des dix plus grandes

biblioth�ques des sciences de la vie (qui

seront rejointes plus tard

par d’autres biblioth�ques). Le

consortium entreprend la num�risation

de 2 millions de documents, avec des

dates de publication s’�talant sur

deux cents ans, pour int�gration

progressive dans l’Encyclopedia of

Life. En mai 2007, on compte 1,25 million

de pages trait�es dans les

centres de num�risation de Londres,

Boston et Washington, D.C., tous

documents progressivement int�gr�s

dans l’Internet Archive.

Le financement initial de l’Encyclopedia

of Life est assur� par la

MacArthur Foundation avec 10 millions

de dollars US et la Sloan

Foundation avec 2,5 millions de dollars.

Un financement total de 100

millions de dollars serait n�cessaire sur

dix ans, avant que

l’encyclop�die ne puisse

s’autofinancer. La r�alisation des

pages web

d�bute courant 2007. L’encyclop�die

fait ses r�els d�buts sur le web �

la mi-����. Elle devrait �tre pleinement

op�rationnelle en 2012 et

compl�te - c’est-�-dire � jour - en

2017. La version initiale sera

d’abord en anglais avant d’�tre

traduite en plusieurs langues par de

futurs organismes partenaires.

L’encyclop�die sera aussi un

�macroscope� permettant de d�celer

les

grandes tendances � partir d’un stock

d’informations consid�rable, � la

diff�rence du microscope permettant

l’�tude de d�tail. Elle permettra

�galement � chacun de contribuer au

contenu sous une forme

s’apparentant au wiki, ce contenu

�tant ensuite valid� ou non par des

scientifiques.

Pour clore ce chapitre, voici une belle

d�finition du web donn�e par

Robert Beard, professeur de langues et

cr�ateur de sites de

dictionnaires, qui �crit en septembre

1998: �Le web sera une

encyclop�die du monde faite par le

monde pour le monde. Il n’y aura

plus d’informations ni de

connaissances utiles qui ne soient pas

disponibles, si bien que l’obstacle

principal � la compr�hension

internationale et interpersonnelle et au

d�veloppement personnel et

institutionnel sera lev�. Il faudrait une

imagination plus d�bordante

que la mienne pour pr�dire l’effet de

ce d�veloppement sur l’humanit�.�

DES BEST-SELLERS NUM�RIQUES

[R�sum�]

En 2003, des centaines de best-sellers

sont vendus en version num�rique

sur Amazon.com, Barnes & Noble.com,

Yahoo! eBook Store ou sur des sites

d’�diteurs (Random House,

PerfectBound, etc.). Le catalogue de Palm

Digital Media approche les 10.000 titres,

lisibles sur PDA (assistant

personnel), avec 15 � 20 nouveaux titres

par jour et 1.000 nouveaux

clients par semaine. Numilog distribue

3.500 titres num�riques (livres

et p�riodiques) en fran�ais et en

anglais. Mobipocket distribue 6.000

titres num�riques dans plusieurs

langues, soit sur son site soit dans

des librairies partenaires. Les formats les

plus utilis�s sont le

format PDF (pour l’Acrobat Reader puis

l’Adobe Reader), le format LIT

(pour le Microsoft Reader), le format PRC

(pour le Mobipocket Reader)

et le format OeB (pour de nombreux

logiciels de lecture).

= Des logiciels de lecture

L’Adobe Reader

Le format PDF (Portable Document

Format) est lanc� en juin 1993 par la

soci�t� Adobe, en m�me temps que

l’Acrobat Reader (gratuit), premier

logiciel de lecture du march�,

t�l�chargeable gratuitement pour

lecture

des fichiers au format PDF. Le but de ce

format est de figer les

documents num�riques dans une

pr�sentation donn�e, pour conserver la

pr�sentation originale du document

source, quelle que soit la

plateforme utilis�e pour le cr�er et

pour le lire. Le format PDF

devient au fil des ans un standard

international de diffusion des

documents. Tout document peut �tre

converti au format PDF � l’aide du

logiciel Adobe Acrobat (payant).

Dix ans plus tard, 10% des documents

disponibles sur l’internet sont au

format PDF. Des millions de fichiers PDF

sont pr�sents sur le web pour

lecture ou t�l�chargement, ou bien

transitent par courriel. L’Acrobat

Reader est progressivement disponible

dans plusieurs langues et pour

diverses plateformes (Windows, Mac,

Linux).

Adobe annonce en ao�t 2000

l’acquisition de la soci�t� Glassbook,

sp�cialis�e dans les logiciels de

distribution de livres num�riques �

l’intention des �diteurs, libraires,

diffuseurs et biblioth�ques. Adobe

passe aussi un partenariat avec

Amazon.com et Barnes & Noble.com afin

de proposer des titres lisibles sur

l’Acrobat Reader et le Glassbook

Reader.

En janvier 2001, Adobe lance deux

nouveaux logiciels.

Le premier logiciel, gratuit, est l’Acrobat

eBook Reader. Il permet de

lire les fichiers PDF de livres num�riques

sous droits, avec gestion

des droits par l’Adobe Content Server. Il

permet aussi d’ajouter des

notes et des signets, de choisir

l’orientation de lecture des livres

(paysage ou portrait), ou encore de

visualiser leur couverture dans une

biblioth�que personnelle. Il utilise la

technique d’affichage CoolType

et comporte un dictionnaire int�gr�.

Le deuxi�me logiciel, payant, est

l’Adobe Content Server, destin� aux

�diteurs et distributeurs. Il s’agit d’un

logiciel serveur de contenu

assurant le conditionnement, la

protection, la distribution et la vente

s�curis�e de livres num�riques au

format PDF. Ce syst�me de gestion des

droits num�riques (DRM: Digital Rights

Management) permet de contr�ler

l’acc�s aux livres num�riques sous

droits, et donc de g�rer les droits

d’un livre selon les consignes donn�es

par le gestionnaire des droits,

par exemple en autorisant ou non

l’impression ou le pr�t. L’Adobe

Content Server sera remplac� par

l’Adobe LiveCycle Policy Server en

novembre 2004.

En avril 2001, Adobe conclut un

partenariat avec Amazon, qui met en

vente 2.000 livres num�riques lisibles

sur l’Acrobat eBook Reader:

titres de grands �diteurs, guides de

voyages, livres pour enfants, etc.

L’Acrobat Reader s’enrichit d’une

version PDA, pour le Palm Pilot en

mai 2001 puis pour le Pocket PC en

d�cembre 2001.

En dix ans, entre 1993 et 2003, l’Acrobat

Reader aurait �t� t�l�charg�

500 millions de fois. En 2003, ce logiciel

est d�sormais disponible

dans de nombreuses langues et pour

toute plateforme (Windows, Mac,

Linux, Palm OS, Pocket PC, Symbian OS,

etc.). 10% des documents

pr�sents sur l’internet seraient au

format PDF, et le format PDF est

aussi le format de livre num�rique le

plus r�pandu.

En mai 2003, l’Acrobat Reader (version

5) fusionne avec l’Acrobat eBook

Reader (version 2) pour devenir l’Adobe

Reader (d�butant � la version

6), qui permet de lire aussi bien les

fichiers PDF standard que les

fichiers PDF s�curis�s comme ceux des

livres num�riques sous droits.

Fin 2003, Adobe ouvre sa librairie en

ligne, Digital Media Store, avec

les titres au format PDF de grands

�diteurs - HarperCollins Publishers,

Random House, Simon & Schuster, etc. -

ainsi que les versions

�lectroniques de journaux et magazines

comme le New York Times, Popular

Science, etc. Adobe lance aussi Adobe

eBooks Central, un service

permettant de lire, publier, vendre et

pr�ter des livres num�riques, et

l’Adobe eBook Library, qui se veut un

prototype de biblioth�que de

livres num�riques.

Les versions r�centes d’Adobe Acrobat

permettent de cr�er des PDF

compatibles avec le format OeB (Open

eBook) puis le format ePub (qui

succ�de au format OeB), devenus eux

aussi des standards du livre

num�rique.

L’Open eBook

Les ann�es 1998 et 1999 sont marqu�es

par la prolif�ration des formats,

chacun lan�ant son propre format de

livre num�rique dans le cadre d’un

march� naissant promis � une

expansion rapide.

Aux formats classiques - formats TXT

(texte), DOC (Microsoft Word),

HTML (HyperText Markup Language), XML

(eXtensible Markup Language) et

PDF (Portable Document Format) -

s’ajoutent des formats propri�taires

cr��s par plusieurs soci�t�s pour

lecture sur leurs propres logiciels,

qui sont entre autres le Glassbook

Reader, le Peanut Reader, le Rocket

eBook Reader (pour lecture sur le Rocket

eBook), le Franklin Reader

(pour lecture sur l’eBookMan), le

logiciel de lecture Cytale (pour

lecture sur le Cybook), le Gemstar eBook

Reader (pour lecture sur le

Gemstar eBook) et le Palm Reader (pour

lecture sur le Palm Pilot). Ces

logiciels correspondent souvent � un

appareil donn� et ne peuvent donc

pas �tre utilis�s sur d’autres

appareils, tous comme les formats qui

vont avec.

Inquiets pour l’avenir du livre

num�rique qui, � peine n�, propose

presque autant de formats que de titres,

certains insistent sur

l’int�r�t - sinon la n�cessit� - d’un

format unique. A l’instigation

du NIST (National Institute of Standards

& Technology) aux �tats-Unis,

l’Open eBook Initiative voit le jour en

juin 1998 et constitue un

groupe de travail de 25 personnes sous le

nom d’Open eBook Authoring

Group. Ce groupe �labore l’OeB (Open

eBook), un format de livre

num�rique bas� sur le langage XML et

destin� � normaliser le contenu,

la structure et la pr�sentation des livres

num�riques.

Le format OeB est d�fini par l’OeBPS

(Open eBook Publication

Structure), dont la version 1.0 est

disponible en septembre 1999.

T�l�chargeable gratuitement,

l’OeBPS dispose d’une version

ouverte et

gratuite appartenant au domaine public.

La version originale est

destin�e aux professionnels de la

publication puisqu’elle doit �tre

associ�e � une technologie

normalis�e de gestion des droits

num�riques,

et donc � un syst�me de DRM (Digital

Rights Management) permettant de

contr�ler l’acc�s des livres

num�riques sous droits.

Fond� en janvier 2000 pour prendre la

suite de l’Open eBook Initiative,

l’OeBF (Open eBook Forum) est un

consortium industriel international

regroupant constructeurs, concepteurs

de logiciels, �diteurs, libraires

et sp�cialistes du num�rique (avec 85

participants en 2002) dans

l’optique de d�velopper le format OeB

et l’OeBPS. Le format OeB devient

un standard qui sert lui-m�me de base

� de nombreux formats, par

exemple le format LIT (pour le Microsoft

Reader) ou le format PRC (pour

le Mobipocket Reader).

En avril 2005, l’Open eBook Forum

devient l’International Digital

Publishing Forum (IDPF), et le format

OeB laisse la place au format

ePub.

Le Microsoft

Reader

Lanc� en avril 2000, le Microsoft Reader

est un logiciel permettant la

lecture de livres num�riques au format

LIT (abr�g� du terme anglais

�literature�), lui-m�me bas� sur le

format OeB. Le Microsoft Reader

�quipe d’abord le Pocket PC,

l’assistant personnel lanc� � la

m�me date

par Microsoft. Quatre mois plus tard, en

ao�t 2000, le Microsoft Reader

est utilisable sur toute plateforme

Windows, et donc aussi bien sur

ordinateur que sur assistant personnel.

Ses caract�ristiques sont un

affichage utilisant la technologie

ClearType, le choix de la taille des

caract�res, la m�morisation des mots-

cl�s pour des recherches

ult�rieures, et l’acc�s d’un clic au

Merriam-Webster Dictionary.

Ce logiciel �tant t�l�chargeable

gratuitement, Microsoft facture les

�diteurs et distributeurs pour

l’utilisation de sa technologie de

gestion des droits num�riques (DRM), et

touche une commission sur la

vente de chaque titre. La gestion des

droits num�riques s’effectue au

moyen du Microsoft DAS Server (DAS:

Digital Asset Server). Microsoft

passe aussi des partenariats avec les

grandes librairies en ligne -

Barnes & Noble.com en janvier 2000 puis

Amazon.com en ao�t 2000 - pour

la vente de livres num�riques lisibles sur

le Microsoft Reader. Barnes

& Noble.com ouvre son secteur eBooks

en ao�t 2000, suivi par Amazon.com

en novembre 2000.

En novembre 2002, le Microsoft Reader

est disponible pour tablette PC,

d�s la commercialisation de cette

nouvelle machine par 14 fabricants.

Le Mobipocket

Reader

Face � Adobe avec son format PDF (pour

l’Acrobat Reader) et Microsoft

avec son format LIT (pour le Microsoft

Reader), un nouvel acteur

s’impose rapidement sur le march�,

sur un cr�neau bien sp�cifique,

celui des appareils mobiles. Fond� �

Paris en mars 2000 par Thierry

Brethes et Nathalie Ting, Mobipocket se

sp�cialise d’embl�e dans la

distribution s�curis�e de livres pour

assistant personnel. La soci�t�

est financ�e en partie par Viventures,

branche de la multinationale

fran�aise Vivendi.

Mobipocket con�oit d’abord le

Mobipocket Reader, logiciel de lecture

permettant la lecture de fichiers au

format PRC. Gratuit et disponible

en plusieurs langues (fran�ais, anglais,

allemand, espagnol et

italien), ce logiciel est �universel�,

c’est-�-dire utilisable sur tout

assistant personnel. En octobre 2001, le

Mobipocket Reader re�oit

l’eBook Technology Award de la Foire

internationale du livre �

Francfort. � la m�me date, Franklin

passe un partenariat avec

Mobipocket pour l’installation du

Mobipocket Reader sur l’eBookMan,

l’assistant personnel multim�dia de

Franklin, au lieu du partenariat

pr�vu � l’origine entre Franklin et

Microsoft pour l’installation du

Microsoft Reader.

Si le Mobipocket Reader est gratuit,

d’autres logiciels Mobipocket sont

payants. Le Mobipocket Web Companion

est un logiciel d’extraction

automatique de contenu pour les sites de

presse partenaires de la

soci�t�. Le Mobipocket Publisher

permet aux particuliers (version

priv�e gratuite ou version standard

payante) et aux �diteurs (version

professionnelle payante) de cr�er des

livres num�riques s�curis�s

utilisant la technologie Mobipocket DRM,

afin de contr�ler l’acc�s aux

livres num�riques sous droits. Dans un

souci d’ouverture aux autres

formats, le Mobipocket Publisher permet

aussi de cr�er des livres

num�riques au format LIT pour le

Microsoft Reader.

D�j� utilisable sur n’importe quel

PDA, le Mobipocket Reader peut �tre

utilis� sur tout ordinateur et pour toute

plateforme en avril 2002,

avec le lancement de nouvelles versions

pour ordinateur personnel.

Au printemps 2003, le Mobipocket Reader

�quipe tous les appareils

mobiles du march�, � savoir les

gammes Palm Pilot, Pocket PC,

eBookMan

et Psion, auxquels s’ajoutent les

smartphones de Nokia et de Sony

Ericsson. � la m�me date, le nombre de

livres lisibles sur le

Mobipocket Reader se chiffre � 6.000

titres dans plusieurs langues

(fran�ais, anglais, allemand, espagnol),

distribu�s soit sur le site de

Mobipocket soit dans des librairies

partenaires.

Mobipocket est rachet� par

Amazon.com en avril 2005. Ce rachat

permet �

Amazon de beaucoup �toffer son

catalogue de livres num�riques, en

pr�vision du lancement de sa tablette

de lecture Kindle en novembre

1. Le site de Mobipocket propose

70.000 ebooks en 2008.

= Stephen King ouvre la voie

En 2000, le livre num�rique commence

� se g�n�raliser mais la partie

est loin d’�tre gagn�e. Ma�tre du

suspense de renomm�e mondiale,

Stephen King est le premier auteur de

best-sellers � se lancer dans

l’aventure num�rique, malgr� les

risques commerciaux encourus, en

tentant de publier un roman �pistolaire

sur le web ind�pendamment de

son �diteur.

En mars 2000, Stephen King commence

d’abord par distribuer uniquement

sur l’internet sa nouvelle Riding the

Bullet, assez volumineuse

puisqu’elle comprend 66 pages. Du fait

de la notori�t� de l’auteur et

de la couverture m�diatique de ce

scoop, la �sortie� de cette nouvelle

sur le web est un succ�s imm�diat,

avec 400.000 exemplaires t�l�charg�s

lors des premi�res vingt-quatre heures

dans les librairies en ligne qui

la vendent (au prix de 2,5 dollars US).

En juillet 2000, fort de cette exp�rience

prometteuse, Stephen King

d�cide de se passer des services de

Simon & Schuster, son �diteur

habituel. Il cr�e un site web sp�cifique

pour d�buter l’auto-

publication en �pisodes de The Plant,

un roman �pistolaire in�dit qui

raconte l’histoire d’une plante

carnivore s’emparant d’une maison

d’�dition et lui promettant le succ�s

commercial en �change de

sacrifices humains. Le premier chapitre

est t�l�chargeable dans

plusieurs formats - PDF, OeB, HTML, TXT -

pour la modeste somme de 1

dollar, avec paiement diff�r� ou

paiement imm�diat sur le site

d’Amazon.

Dans une lettre aux lecteurs publi�e sur

son site � la m�me date,

l’auteur raconte que la cr�ation du

site, le design et la publicit� lui

ont co�t� la somme de 124.150 dollars,

sans compter sa prestation en

tant qu’�crivain ni la r�mun�ration

de son assistante. Il pr�cise aussi

que la publication des chapitres suivants

est li�e au paiement du

premier chapitre par au moins 75% des

internautes.

�Mes amis, vous avez l’occasion de

devenir le pire cauchemar des

�diteurs�, d�clare-t-il dans sa lettre.

�Comme vous le voyez, c’est

simple. Pas de cryptage assommant!

Vous voulez imprimer l’histoire et

en faire profiter un(e) ami(e)? Allez-y. Une

seule condition: tout

repose sur la confiance, tout simplement.

C’est la seule solution. Je

compte sur deux facteurs. Le premier est

l’honn�tet�. Prenez ce que bon

vous semble et payez pour cela, dit le

proverbe. Le second est que vous

aimerez suffisamment l’histoire pour

vouloir en lire davantage. Si vous

le souhaitez vraiment, vous devez payer.

Rappelez-vous: payez, et

l’histoire continue; volez, et l’histoire

s’arr�te.�

Une semaine apr�s la mise en ligne du

premier chapitre, on compte

152.132 t�l�chargements, avec

paiement par 76% des lecteurs. Certains

paient davantage que le dollar

demand�, allant parfois jusqu’� 10 ou

20

dollars pour compenser le manque �

gagner de ceux qui ne paieraient

pas, et �viter ainsi que la s�rie ne

s’arr�te.

La barre des 75% est d�pass�e de peu,

au grand soulagement des fans, si

bien que le deuxi�me chapitre suit un

mois apr�s.

En ao�t 2000, dans une nouvelle lettre

aux lecteurs, Stephen King

annonce un nombre de

t�l�chargements l�g�rement

inf�rieur � celui du

premier chapitre. Il en attribue la cause

� une publicit� moindre et �

des probl�mes de t�l�chargement. Si

le nombre de t�l�chargements n’a

que l�g�rement d�cru, le nombre de

paiements est en nette diminution,

les internautes ne r�glant leur d�

qu’une seule fois pour plusieurs

t�l�chargements.

L’auteur s’engage toutefois � publier

le troisi�me chapitre comme

pr�vu, fin septembre, et � prendre une

d�cision ensuite sur la

poursuite ou non de l’exp�rience, en

fonction du nombre de paiements.

Ses pr�visions sont de onze ou douze

chapitres en tout, avec un nombre

total de 1,7 million de t�l�chargements.

Le ou les derniers chapitres

seraient gratuits.

Plus volumineux (environ 10.000 signes

au lieu de 5.000), les chapitres

4 et 5 passent � 2 dollars. Mais le

nombre de t�l�chargements et de

paiements ne cesse de d�cliner, avec

40.000 t�l�chargements seulement

pour le cinqui�me chapitre - alors que le

premier chapitre avait �t�

t�l�charg� 120.000 fois -, et paiement

pour 46% des t�l�chargements

seulement.

Fin novembre, Stephen King annonce

l’interruption de la publication

pendant une p�riode ind�termin�e,

apr�s la parution du sixi�me

chapitre, t�l�chargeable gratuitement

� la mi-d�cembre. �The Plant va

retourner en hibernation afin que je

puisse continuer � travailler�,

pr�cise-t-il sur son site. �Mes agents

insistent sur la n�cessit�

d’observer une pause afin que la

traduction et la publication �

l’�tranger puissent rattraper la

publication en anglais.� Mais cette

d�cision semble d’abord li�e �

l’�chec commercial de l’exp�rience.

Cet arr�t suscite de vives critiques. On

oublie de reconna�tre �

l’auteur au moins un m�rite, celui

d’avoir �t� le premier � se lancer

dans l’aventure, avec les risques

qu’elle comporte. Entre juillet et

d�cembre 2000, pendant les six mois

qu’elle aura dur�, nombreux sont

ceux qui suivent les tribulations de The

Plant, � commencer par les

�diteurs, quelque peu inquiets face �

un m�dium qui pourrait un jour

concurrencer le circuit traditionnel.

Quand Stephen King d�cide d’arr�ter

l’exp�rience, plusieurs

journalistes et critiques litt�raires

affirment qu’il se ridiculise aux

yeux du monde entier. N’est-ce pas

quelque peu exag�r�? L’auteur avait

d’embl�e annonc� la couleur

puisqu’il avait li� la poursuite de la

publication � un pourcentage de

paiements satisfaisant.

Qu’est-il advenu ensuite des

exp�riences num�riques de Stephen

King?

L’auteur reste tr�s pr�sent dans ce

domaine, mais cette fois par le

biais de son �diteur, preuve que les

�diteurs restent toujours utiles.

En mars 2001, son roman Dreamcatcher

est le premier roman � �tre lanc�

simultan�ment en version imprim�e

par Simon & Schuster et en version

num�rique par Palm Digital Media, pour

lecture sur les assistants

personnels Palm Pilot et Pocket PC.

En mars 2002, son recueil de nouvelles

Everything’s Eventual est lui

aussi publi� simultan�ment en deux

versions: en version imprim�e par

Scribner, subdivision de Simon &

Schuster, et en version num�rique par

Palm Digital Media, qui en propose un

extrait en t�l�chargement libre.

= D’autres auteurs suivent

En novembre 2000, deux romanciers

europ�ens, l’anglais Frederick

Forsyth et l’espagnol Arturo P�rez-

Reverte, d�cident eux aussi de

tenter l’aventure num�rique. Mais,

forts de l’exp�rience d’auto-

publication de Stephen King peut-�tre,

ni l’un ni l’autre n’ont

l’intention de se passer d’�diteur.

Frederick Forsyth, le ma�tre britannique

du thriller, aborde la

publication num�rique avec l’appui

d’Online Originals, un �diteur

�lectronique londonien. En novembre

2000, Online Originals publie The

Veteran, histoire d’un crime violent

commis � Londres et premier volet

de Quintet, une s�rie de cinq nouvelles

�lectroniques (annonc�es dans

l’ordre suivant: The Veteran, The

Miracle, The Citizen, The Art of the

Matter, Draco).

Disponible en trois formats (PDF,

Microsoft Reader et Glassbook

Reader), la nouvelle est vendue au prix de

3,99 pounds (6,60 euros) sur

le site de l’�diteur et dans plusieurs

librairies en ligne au Royaume-

Uni (Alphabetstreet, BOL.com, WHSmith)

et aux �tats-Unis (Barnes &

Noble, Contentville, Glassbook).

�La publication en ligne sera essentielle

� l’avenir, d�clare Frederick

Forsyth sur le site d’Online Originals.

Elle cr�e un lien simple et

surtout rapide et direct entre le

producteur original (l’auteur) et le

consommateur final (le lecteur), avec

tr�s peu d’interm�diaires. Il est

passionnant de participer � cette

exp�rience. Je ne suis absolument pas

un sp�cialiste des nouvelles

technologies. Je n’ai jamais vu de livre

�lectronique. Mais je n’ai jamais vu

non plus de moteur de Formule 1,

ce qui ne m’emp�che pas de constater

combien ces voitures de course

sont rapides.�

La premi�re exp�rience num�rique

d’Arturo P�rez-Reverte est un peu

diff�rente. La s�rie best-seller du

romancier espagnol relate les

aventures du Capitan Alatriste au ��e

si�cle. Le nouveau titre �

para�tre fin 2000 s’intitule El Oro del

Rey (L’or du roi).

En novembre 2000, en collaboration avec

son �diteur Alfaguara, l’auteur

d�cide de diffuser El Oro del Rey en

version num�rique sur un site

sp�cifique du portail Inicia, en

exclusivit� pendant un mois, avant sa

sortie en librairie. Le roman est

disponible au format PDF pour 2,90

euros, un prix tr�s inf�rieur aux 15,10

euros annonc�s pour le livre

imprim�.

R�sultat de l’exp�rience, le nombre

de t�l�chargements est tr�s

satisfaisant, mais pas celui des

paiements. Un mois apr�s la mise en

ligne du roman, on compte 332.000

t�l�chargements, avec paiement par

12.000 lecteurs seulement.

� la m�me date, Marilo Ruiz de Elvira,

directrice de contenus du

portail Inicia, explique dans un

communiqu�: �Pour tout acheteur du

livre num�rique, il y avait une cl� pour

le t�l�charger en 48 heures

sur le site internet et, surtout au d�but,

beaucoup d’internautes se

sont �chang�s ce code d’acc�s dans

les forums de chats [dialogues en

direct] et ont t�l�charg� leur

exemplaire sans payer. On a voulu tester

et cela faisait partie du jeu. Arturo P�rez-

Reverte voulait surtout

qu’on le lise.�

En 2006, les cinq premiers tomes de cette

saga litt�raire devenue un

succ�s plan�taire sont vendus � 4

millions d’exemplaires. Ils donnent

�galement naissance au film Alatriste,

une superproduction espagnole de

20 millions d’euros.

Trois ans apr�s ces premi�res

tentatives, si les exp�riences purement

num�riques sont provisoirement

abandonn�es, les livres num�riques

ont

une place significative � c�t� de leurs

correspondants imprim�s.

En 2003, des centaines de best-sellers

sont vendus en version num�rique

sur Amazon.com, Barnes & Noble.com,

Yahoo! eBook Store ou sur des sites

d’�diteurs (Random House,

PerfectBound, etc.), pour lecture sur

ordinateur ou sur assistant personnel.

Mobipocket distribue 6.000

titres num�riques dans plusieurs

langues, soit sur son site soit dans

des librairies partenaires. Le catalogue de

Palm Digital Media approche

les 10.000 titres, lisibles sur les gammes

de PDA Palm et Pocket PC,

avec 15 � 20 nouveaux titres par jour et

1.000 nouveaux clients par

semaine.

Une exp�rience un peu diff�rente est

celle du romancier br�silien Paulo

Coelho, devenu mondialement c�l�bre

apr�s la parution de L’Alchimiste.

D�but 2003, ses livres, traduits en 56

langues, ont �t� vendus en 53

millions d’exemplaires dans 155 pays,

dont 6,5 millions d’exemplaires

dans les pays francophones.

En mars 2003, Paulo Coelho d�cide de

distribuer plusieurs romans

gratuitement en version PDF, dans

diverses langues, avec l’accord de

ses �diteurs respectifs, dont Anne

Carri�re, son �ditrice en France.

Trois romans sont disponibles en

fran�ais: Manuel du guerrier de la

lumi�re, La cinqui�me montagne et

Veronika d�cide de mourir.

Pourquoi une telle d�cision? �Comme

le fran�ais est pr�sent, � plus ou

moins grande �chelle, dans le monde

entier, je recevais sans cesse des

courriers �lectroniques d’universit�s

et de personnes habitant loin de

la France, qui ne trouvaient pas mes

oeuvres�, d�clare le romancier par

le biais de son �ditrice. � la question

classique relative au pr�judice

�ventuel sur les ventes futures, il

r�pond: �Seule une minorit� de gens

a acc�s � l’internet, et le livre au

format ebook ne remplacera jamais

le livre papier.� Une remarque tr�s

juste en 2003, mais qui n’est peut-

�tre plus de mise en 2010.

= Numilog, librairie num�rique

Numilog ouvre ses portes �virtuelles�

en octobre 2000 pour devenir en

quelques ann�es la plus grande librairie

num�rique francophone du

r�seau.

En f�vrier 2001, Denis Zwirn, pr�sident

de Numilog, relate: �D�s 1995,

j’avais imagin� et dessin� des

mod�les de lecteurs �lectroniques

permettant d’emporter sa

biblioth�que avec soi et pesant comme

un livre

de poche. D�but 1999, j’ai repris ce

projet avec un ami sp�cialiste de

la cr�ation de sites internet, en

r�alisant la formidable synergie

possible entre des appareils de lecture

�lectronique mobiles et le

d�veloppement d’internet, qui permet

d’acheminer les livres

d�mat�rialis�s en quelques minutes

dans tous les coins du monde.�

Denis explique aussi: �Nous avons

cr�� une base de livres accessible

par un moteur de recherche. Chaque livre

fait l’objet d’une fiche avec

un r�sum� et un extrait. En quelques

clics, il peut �tre achet� en

ligne par carte bancaire, puis re�u par

email ou t�l�chargement.� Les

livres sont � l’origine r�partis en trois

grandes cat�gories - savoir,

guides pratiques et litt�rature. Le site de

Numilog offre ensuite �des

fonctionnalit�s nouvelles, comme

l’int�gration d’une “authentique

vente

au chapitre” (les chapitres vendus

isol�ment sont trait�s comme des

�l�ments inclus dans la fiche-livre, et

non comme d’autres livres) et

la gestion tr�s ergonomique des formats

de lecture multiples�.

Fond�e en avril 2000, six mois avant

l’ouverture de la librairie

num�rique, la soci�t� Numilog a en

fait une triple activit�: librairie

en ligne, studio de fabrication et

diffuseur.

�Numilog est d’abord une librairie en

ligne de livres num�riques�,

relate Denis en 2001. �Notre site internet

est d�di� � la vente en

ligne de ces livres, qui sont envoy�s par

courrier �lectronique ou

t�l�charg�s apr�s paiement par carte

bancaire. Il permet aussi de

vendre des livres par chapitres. Numilog

est �galement un studio de

fabrication de livres num�riques:

aujourd’hui, les livres num�riques

n’existent pas chez les �diteurs, il faut

donc d’abord les fabriquer

avant de pouvoir les vendre, dans le

cadre de contrats n�goci�s avec

les �diteurs d�tenteurs des droits. Ce

qui signifie les convertir � des

formats convenant aux diff�rents

“readers” du march�. (…)

Enfin Numilog devient aussi

progressivement un diffuseur. Car, sur

internet, il est important d’�tre

pr�sent en de tr�s nombreux points du

r�seau pour faire conna�tre son offre.

Pour les livres en particulier,

il faut les proposer aux diff�rents sites

th�matiques ou de

communaut�s, dont les centres

d’int�r�t correspondent � leur sujet

(sites de fans d’histoire, de

management, de science-fiction�).

Numilog facilitera ainsi la mise en oeuvre

de multiples “boutiques de

livres num�riques” th�matiques.�

Les livres sont disponibles en plusieurs

formats: format PDF pour

lecture sur l’Acrobat Reader (devenu

l’Adobe Reader en mai 2003),

format LIT pour lecture sur le Microsoft

Reader et format PRC pour

lecture sur le Mobipocket Reader.

En septembre 2003, le catalogue

comprend 3.500 titres (livres et

p�riodiques) en fran�ais et en anglais,

gr�ce � un partenariat avec une

quarantaine d’�diteurs, le but � long

terme �tant de �permettre � un

public d’internautes de plus en plus

large d’avoir progressivement

acc�s � des bases de livres

num�riques aussi importantes que

celles des

livres papier, mais avec plus de

modularit�, de richesse d’utilisation

et � moindre prix�.

Au fil des ans, Numilog devient la

principale librairie francophone de

livres num�riques, suite � des accords

avec de nombreux �diteurs:

Gallimard, Albin Michel, Eyrolles,

Herm�s Science, Pearson Education

France, etc. Numilog propose aussi des

livres audio-num�riques lisibles

sur synth�se vocale. Une librairie

anglophone est lanc�e suite � des

accords de diffusion conclus avec

plusieurs �diteurs anglo-saxons:

Springer-Kluwer, Oxford University Press,

Taylor & Francis, Kogan Page,

etc. Les diff�rents formats propos�s

permettent la lecture des livres

sur tout appareil �lectronique:

ordinateur, assistant personnel,

t�l�phone portable, smartphone,

tablette de lecture.

La soci�t� est �galement prestataire

de services pour les technologies

DRM. En 2004, Numilog met sur pied un

syst�me de biblioth�que en ligne

pour le pr�t de livres num�riques. Ce

syst�me est surtout destin� aux

biblioth�ques, aux administrations et

aux entreprises. En d�cembre

2006, le catalogue de Numilog comprend

35.000 livres gr�ce � un

partenariat avec 60 �diteurs

francophones et anglophones.

Selon Denis Zwirn, interview� �

nouveau en ao�t 2007, �2008 pourrait

sans doute marquer un premier point

d’inflexion dans la courbe de

croissance du march� des livres

num�riques. Plusieurs facteurs sont

r�unis pour cela:

(1) le d�veloppement de vastes

catalogues en ligne utilisant pleinement

les fonctionnalit�s de la recherche plein

texte dans les livres

num�ris�s, comme ceux de la future

Biblioth�que num�rique europ�enne,

de VollTextSuche Online, de Google et

d’Amazon. Une fois le contenu

trouv� dans un des ouvrages ainsi

“sond�” par ce type de recherche

r�volutionnaire pour le grand public, il

est naturel de vouloir acc�der

� la totalit� de l’ouvrage� dans sa

version num�rique.

(2) Des progr�s techniques cruciaux tels

que la proposition commerciale

d’appareils de lecture � base d’encre

�lectronique am�liorant

radicalement l’exp�rience de lecture

finale pour l’usager en la

rapprochant de celle du papier. Par

exemple l’iLiad d’Irex ou le Sony

Reader, mais bien d’autres appareils

s’annoncent. Le progr�s concerne

toutefois tout autant le d�veloppement

des nouveaux smartphones

multifonctions comme les BlackBerry ou

l’iPhone, ou la proposition de

logiciels de lecture � l’interface

fortement am�lior�e et pens�e pour

les ebooks sur PC, comme Adobe Digital

Edition.

(3) Enfin, le changement important

d’attitude de la part des

professionnels du secteur, �diteurs, et

probablement bient�t aussi

libraires. Les �diteurs anglo-saxons

universitaires ont massivement

trac� une route que tous les autres sont

en train de suivre, en tout

cas aux �tats-Unis, en Europe du Nord et

en France: proposer une

version num�rique de tous les ouvrages.

M�me pour les plus r�ticents

encore il y a quelques ann�es, ce n’est

plus une question de

“pourquoi?”, c’est simplement

devenu une question de “comment?”.

Les

libraires ne vont pas tarder � consid�rer

que vendre un livre num�rique

fait partie de leur m�tier normal.�

Selon Denis, �le livre num�rique n’est

plus une question de colloque,

de d�finition conceptuelle ou de

divination par certains “experts”:

c’est un produit commercial et un outil

au service de la lecture. Il

n’est pas besoin d’attendre je ne sais

quel nouveau mode de lecture

hypermoderne et hypertextuel enrichi de

multim�dia orchestrant

savamment sa sp�cificit� par rapport

au papier, il suffit de proposer

des textes lisibles facilement sur les

supports de lecture �lectronique

vari�s qu’utilisent les gens, l’encre

�lectronique pouvant

progressivement envahir tous ces

supports. Et de les proposer de

mani�re industrielle. Ce n’est pas et ne

sera jamais un produit de

niche (les dictionnaires, les guides de

voyage, les livres pour les non

voyants�): c’est en train de devenir un

produit de masse, riche de

formes multiples comme l’est le livre

traditionnel.�

En janvier 2009, Numilog, devenu filiale

du groupe Hachette Livre (en

mai 2008), est d�sormais un

distributeur-diffuseur num�rique

repr�sentant 100 �diteurs

francophones et anglophones, avec un

catalogue de 50.000 livres num�riques

distribu�s aupr�s des

particuliers et des biblioth�ques.

Numilog propose �galement aux

librairies un service de vente de livres

num�riques sur leur propre

site.

LA CYBER-LITT�RATURE

[R�sum�]

Nombre d’auteurs s’accordent �

reconna�tre les bienfaits de l’internet,

que ce soit pour la recherche

d’information, la diffusion de leurs

oeuvres, les �changes avec les lecteurs

ou la collaboration avec

d’autres cr�ateurs. Des auteurs f�rus

de nouvelles technologies font

aussi un v�ritable travail de d�fricheur

en explorant les possibilit�s

offertes par l’hyperlien. Les

technologies num�riques donnent

naissance

� plusieurs genres: roman multim�dia,

roman hypertexte, roman

hyperm�dia, site d’�criture

hyperm�dia, mail-roman, etc. La cyber-

litt�rature bouscule d�sormais la

litt�rature traditionnelle en lui

apportant un souffle nouveau, tout en

s’int�grant � d’autres formes

artistiques puisque le support

num�rique favorise la fusion de l’�crit

avec l’image et le son.

= Po�sie

Po�te et plasticienne, Silvaine Arabo vit

en France, dans la r�gion

Poitou-Charentes. En mai 1997, elle cr�e

l’un des premiers sites

francophones consacr�s � la po�sie,

Po�sie d’hier et d’aujourd’hui, sur

lequel elle propose de nombreux

po�mes, y compris les siens.

En juin 1998, elle raconte: �Je suis

po�te, peintre et professeur de

lettres (13 recueils de po�mes publi�s,

ainsi que deux recueils

d’aphorismes et un essai sur le th�me

“po�sie et transcendance”; quant

� la peinture, j’ai expos� mes toiles �

Paris - deux fois - et en

province). (…) Pour ce qui est

d’internet, je suis autodidacte (je

n’ai re�u aucune formation

informatique quelle qu’elle soit). J’ai

eu

l’id�e de construire un site litt�raire

centr� sur la po�sie: internet

me semble un moyen privil�gi� pour

faire circuler des id�es, pour

communiquer ses passions aussi. Je me

suis donc mise au travail, tr�s

empiriquement, et ai finalement abouti

� ce site sur lequel j’essaye de

mettre en valeur des po�tes

contemporains de talent, sans oublier la

n�cessaire prise de recul (rubrique

“R�flexions sur la po�sie”) sur

l’objet consid�r�. (…)

Par ailleurs, internet m’a mis en contact

avec d’autres po�tes, dont

certains fort int�ressants. Cela rompt le

cercle de la solitude et

permet d’�changer des id�es. On se

lance des d�fis aussi. Internet peut

donc pousser � la cr�ativit� et relancer

les motivations des po�tes

puisqu’ils savent qu’ils seront lus et

pourront m�me, dans le meilleur

des cas, correspondre avec leurs lecteurs

et avoir les points de vue de

ceux-ci sur leurs textes. Je ne vois

personnellement que des aspects

positifs � la promotion de la po�sie par

internet, tant pour le lecteur

que pour le cr�ateur.�

Tr�s vite, Po�sie d’hier et

d’aujourd’hui prend la forme d’une

cyber-

revue. Quatre ans plus tard, en mars

2001, Silvaine Arabo cr�e une

deuxi�me revue, Saraswati: revue de

po�sie, d’art et de r�flexion,

cette fois sous forme imprim�e. Les

deux revues �se compl�tent et sont

vraiment � placer en regard l’une de

l’autre�.

= Fables

Fond� en 1992 par Nicolas et Suzanne

Pewny, alors libraires en Haute-

Savoie, Le Choucas est une petite maison

d’�dition sp�cialis�e dans les

romans policiers, la litt�rature, la

photographie et les livres d’art.

Bien qu’�tant d’abord un �diteur �

vocation commerciale, Nicolas Pewny

tient aussi � avoir des activit�s non

commerciales pour faire conna�tre

des auteurs peu diffus�s, par exemple

Raymond Godefroy, �crivain-paysan

normand, qui d�sesp�rait de trouver

un �diteur pour son recueil de

fables, Fables pour l’an 2000. Quelques

jours avant l’an 2000, Nicolas

Pewny publie le recueil en ligne sur le site

du Choucas, dans une belle

version num�rique.

�Internet repr�sente pour moi un

formidable outil de communication qui

nous affranchit des interm�diaires, des

barrages doctrinaires et des

int�r�ts des m�dias en place�, �crit

Raymond Godefroy en d�cembre 1999.

�Soumis aux m�mes lois cosmiques,

les hommes, pouvant mieux se

conna�tre, acquerront peu � peu cette

conscience du collectif,

d’appartenir � un m�me monde

fragile pour y vivre en harmonie sans le

d�truire. Internet est absolument

comme la langue d’�sope, la meilleure

et la pire des choses, selon l’usage

qu’on en fait, et j’esp�re qu’il

me permettra de m’affranchir en partie

de l’�dition et de la

distribution traditionnelle qui, referm�e

sur elle-m�me, souffre d’une

crise d’intol�rance pour entrer �

reculons dans le prochain

mill�naire.�

Tr�s certainement autobiographique, la

fable Le po�te et l’�diteur (�

savoir la sixi�me fable de la troisi�me

partie du recueil) relate on ne

peut mieux les affres du po�te � la

recherche d’un �diteur. Raymond

Godefroy restant tr�s attach� au papier,

il auto-publie la version

imprim�e de ses fables en juin 2001,

avec un titre l�g�rement

diff�rent, Fables pour les ann�es 2000,

puisque le cap du ��e si�cle

est d�sormais franchi.

= Romans policiers

Michel Beno�t habite Montr�al, au

Qu�bec. Auteur de nouvelles

polici�res, de r�cits noirs et

d’histoires fantastiques, il utilise

l’internet pour �largir ses horizons et

pour �abolir le temps et la

distance�.

Il relate en juin 2000: �L’internet s’est

impos� � moi comme outil de

recherche et de communication,

essentiellement. Non, pas

essentiellement. Ouverture sur le monde

aussi. Si l’on pense

“recherche”, on pense

“information”. Voyez-vous, si l’on

pense

“�criture”, “r�flexion”, on pense

“connaissance”, “recherche”. Donc

on

va sur la toile pour tout, pour une id�e,

une image, une explication.

Un discours prononc� il y a vingt ans,

une peinture expos�e dans un

mus�e � l’autre bout du monde. On

peut donner une id�e � quelqu’un

qu’on n’a jamais vu, et en recevoir de

m�me. La toile, c’est le monde

au clic de la souris. On pourrait penser

que c’est un beau clich�.

Peut-�tre bien, � moins de prendre

conscience de toutes les

implications de la chose.

L’instantan�it�, l’information tout

de suite,

maintenant. Plus besoin de fouiller, de se

taper des heures de

recherche. On est en train de faire, de

produire. On a besoin d’une

information. On va la chercher,

imm�diatement. De plus, on a acc�s

aux

plus grandes biblioth�ques, aux plus

importants journaux, aux mus�es

les plus prestigieux. (…)

Mon avenir professionnel en inter-

relation avec le net, je le vois

exploser. Plus rapide, plus complet, plus

productif. Je me vois faire

en une semaine ce qui m’aurait pris des

mois. Plus beau, plus

esth�tique. Je me vois r�ussir des

travaux plus raffin�s, d’une facture

plus professionnelle, m�me et surtout

dans des domaines connexes � mon

travail, comme la typographie, o� je

n’ai aucune comp�tence. La

pr�sentation, le transport de textes, par

exemple. Le travail simultan�

de plusieurs personnes qui seront sur des

continents diff�rents.

Arriver � un consensus en quelques

heures sur un projet, alors qu’avant

le net, il aurait fallu plusieurs semaines,

parlons de mois entre les

Francophones. Plus le net ira se

complexifiant, plus l’utilisation du

net deviendra profitable, n�cessaire,

essentielle.�

Autre exp�rience, celle d’Alain Bron,

consultant en syst�mes

d’information et �crivain. L’internet

est un des �personnages� de son

deuxi�me roman, Sanguine sur toile,

disponible en version imprim�e aux

�ditions du Choucas en 1999, puis en

version num�rique (format PDF) aux

�ditions ��h�� en 2000.

Quel est le th�me de ce roman? �La

“toile”, c’est celle du peintre,

c’est aussi l’autre nom d’internet: le

web - la toile d’araign�e -�,

raconte l’auteur en novembre 1999.

�”Sanguine” �voque le dessin et la

mort brutale. Mais l’amour des couleurs

justifierait-il le meurtre?

Sanguine sur toile �voque l’histoire

singuli�re d’un internaute pris

dans la tourmente de son propre

ordinateur, manipul� � distance par un

tr�s myst�rieux correspondant qui n’a

que vengeance en t�te. J’ai voulu

emporter le lecteur dans les univers de la

peinture et de l’entreprise,

univers qui s’entrelacent,

s’�chappent, puis se rejoignent dans la

fulgurance des logiciels.

Le lecteur est ainsi invit� � prendre

l’enqu�te � son propre compte

pour tenter de d�m�ler les fils tress�s

par la seule passion. Pour

percer le myst�re, il devra r�pondre �

de multiples questions. Le monde

au bout des doigts, l’internaute n’est-

il pas pour autant l’�tre le

plus seul au monde? Comp�titivit�

oblige, jusqu’o� l’entreprise

d’aujourd’hui peut-elle aller dans la

violence? La peinture tend-elle �

reproduire le monde ou bien � en cr�er

un autre? Enfin, j’ai voulu

montrer que les images ne sont pas si

sages. On peut s’en servir pour

agir, voire pour tuer. (…)

Dans le roman, internet est un

personnage en soi. Plut�t que de le

d�crire dans sa complexit� technique,

le r�seau est montr� comme un

�tre tant�t mena�ant, tant�t

pr�venant, maniant parfois l’humour.

N’oublions pas que l’�cran

d’ordinateur joue son double r�le: il

montre

et il cache. C’est cette ambivalence qui

fait l’intrigue du d�but � la

fin. Dans ce jeu, le grand gagnant est bien

s�r celui ou celle qui sait

s’affranchir de l’emprise de l’outil

pour mettre l’humanisme et

l’intelligence au-dessus de tout.�

= Autres oeuvres de fiction

Murray Suid vit � Palo Alto, dans la

Silicon Valley, en Californie. Il

est l’auteur de livres p�dagogiques, de

livres pour enfants, d’oeuvres

multim�dia et de sc�narios.

D�s septembre 1998, il pr�conise une

solution choisie depuis par de

nombreux auteurs. �Un livre peut avoir

un prolongement sur le web - et

donc vivre en partie dans le cyberespace,

explique-t-il. L’auteur peut

ainsi ais�ment l’actualiser et le

corriger, alors qu’auparavant il

devait attendre longtemps, jusqu’�

l’�dition suivante, quand il y en

avait une. (…) Je ne sais pas si je

publierai des livres sur le web,

au lieu de les publier en version

imprim�e. J’utiliserai peut-�tre ce

nouveau support si les livres deviennent

multim�dias. Pour le moment,

je participe au d�veloppement de

mat�riel p�dagogique multim�dia.

C’est

un nouveau type de mat�riel qui me

pla�t beaucoup et qui permet

l’interactivit� entre des textes, des

films, des bandes sonores et des

graphiques qui sont tous reli�s les uns

aux autres.�

Un an plus tard, en ao�t 1999, il ajoute:

�En plus des livres compl�t�s

par un site web, je suis en train

d’adopter la m�me formule pour mes

oeuvres multim�dias - qui sont sur CD-

ROM - afin de les actualiser et

d’enrichir leur contenu.�

Quelques mois plus tard, l’int�gralit�

de ses oeuvres multim�dias est

sur le r�seau. Le mat�riel p�dagogique

auquel il contribue est con�u

non plus pour diffusion sur CD-ROM, mais

pour diffusion sur le web.

D’entreprise multim�dia, la soci�t�

de logiciels �ducatifs qui emploie

Murray s’est reconvertie en entreprise

internet.

Autre exp�rience, celle d’Anne-

B�n�dicte Joly, romanci�re et

essayiste,

qui habite en r�gion parisienne. En avril

2000, elle d�cide d’auto-

publier ses oeuvres en utilisant

l’internet pour les faire conna�tre.

�Mon site a plusieurs objectifs�, relate-

t-elle en juin 2000.

�Pr�senter mes livres (essais, nouvelles

et romans auto-�dit�s) �

travers des fiches signal�tiques (dont le

format est identique � celui

que l’on trouve dans la base de

donn�es �lectre) et des extraits

choisis, pr�senter mon parcours (de

professeur de lettres et

d’�crivain), permettre de commander

mes ouvrages, offrir la possibilit�

de laisser des impressions sur un livre

d’or, guider le lecteur �

travers des liens vers des sites litt�raires.

(…) Cr�er un site

internet me permet d’�largir le cercle

de mes lecteurs en incitant les

internautes � d�couvrir mes �crits.

Internet est �galement un moyen

pour �largir la diffusion de mes

ouvrages. Enfin, par une politique de

liens, j’esp�re susciter des contacts de

plus en plus nombreux.�

= Romans num�riques

Lucie de Boutiny est l’auteur de NON,

roman multim�dia d�but� en ao�t

1997 et publi� en feuilleton par

Synesth�sie, une revue en ligne d’art

contemporain.

�NON est un roman comique qui fait la

satire de la vie quotidienne d’un

couple de jeunes cadres suppos�s

dynamiques�, raconte-t-elle en juin

1. �Bien qu’appartenant � l’�lite

high-tech d’une industrie

florissante, Monsieur et Madame sont les

jouets de la dite r�volution

num�rique. (…) NON prolonge les

exp�riences du roman post-moderne

(r�cits tout en digression, polys�mie

avec jeux sur les registres -

naturaliste, m�lo, comique� - et les

niveaux de langues, etc.). Cette

hyper-stylisation permet � la narration

des d�veloppements inattendus

et offre au lecteur l’attrait d’une

navigation dans des r�cits

multiples et multim�dias, car l’�crit

� l’�cran s’apparente � un jeu et

non seulement se lit mais aussi se

regarde.�

Les romans pr�c�dents de Lucie de

Boutiny sont publi�s sous forme

imprim�e. Un roman num�rique

requiert-il une d�marche diff�rente?

�D’une mani�re g�n�rale, mon

humble exp�rience d’apprentie auteur

m’a

r�v�l� qu’il n’y a pas de diff�rence

entre �crire de la fiction pour le

papier ou le pixel: cela demande une

concentration maximale, un

isolement � la limite d�sesp�r�, une

patience obsessionnelle dans le

travail millim�trique avec la phrase, et

bien entendu, en plus de la

volont� de faire, il faut avoir quelque

chose � dire! Mais avec le

multim�dia, le texte est ensuite mis en

sc�ne comme s’il n’�tait qu’un

sc�nario. Et si, � la base, il n’y a pas un

vrai travail sur le langage

des mots, tout le graphisme et les astuces

interactives qu’on peut y

mettre fera gadget. Par ailleurs, le

support modifie l’appr�hension du

texte, et m�me, il faut le souligner,

change l’oeuvre originale.�

Autre roman num�rique, Apparitions

inqui�tantes est n� sous la plume

d’Anne-C�cile Brandenbourger. Il

s’agit d’�une longue histoire � lire

dans tous les sens, un labyrinthe de

crimes, de mauvaises pens�es et de

plaisirs ambigus�.

Pendant deux ans, cette histoire se

construit sous forme de feuilleton

sur le site d’Anacoluthe, en

collaboration avec Olivier Lef�vre. En

f�vrier 2000, l’histoire est publi�e en

version num�rique (au format

PDF) aux �ditions ��h��, en tant que

premier titre de la Collection

2003, consacr�e aux �critures

num�riques, avec version imprim�e �

la

demande.

��h�� pr�sente l’ouvrage comme �un

cyber-polar fait de r�cits

hypertextuels imbriqu�s en gigogne.

Entre personnages de feuilleton

am�ricain et intrigue polici�re, le

lecteur est - hypertextuellement -

men� par le bout du nez dans cette saga

aux allures borg�siennes. (…)

C’est une histoire de meurtre et une

enqu�te polici�re; des textes

�crits court et mont�s serr�s; une

balade dans l’imaginaire des s�ries

t�l�; une d�structuration (organis�e)

du r�cit dans une transposition

litt�raire du zapping; et par

cons�quent, des sensations de lecture

radicalement neuves.�

Suite au succ�s du livre, les �ditions

Florent Massot publient en ao�t

2000 une deuxi�me version imprim�e

(la premi�re �tant celle de ��h��,

imprim�e uniquement � la demande),

avec une couverture en �D, un

nouveau titre - La mal�diction du

parasol - et une maquette d’Olivier

Lef�vre restituant le rythme de la

version originale.

Anne-C�cile Brandenbourger relate en

juin 2000: �Les possibilit�s

offertes par l’hypertexte m’ont permis

de d�velopper et de donner libre

cours � des tendances que j’avais

d�j� auparavant. J’ai toujours ador�

�crire et lire des textes �clat�s et

inclassables (comme par exemple La

vie mode d’emploi de Perec ou Si par

une nuit d’hiver un voyageur de

Calvino) et l’hyperm�dia m’a donn�

l’occasion de me plonger dans ces

formes narratives en toute libert�. Car,

pour cr�er des histoires non

lin�aires et des r�seaux de textes qui

s’imbriquent les uns dans les

autres, l’hypertexte est �videmment

plus appropri� que le papier. Je

crois qu’au fil des jours, mon travail

hypertextuel a rendu mon

�criture de plus en plus intuitive. Plus

“int�rieure” aussi peut-�tre,

plus proche des associations d’id�es et

des mouvements d�sordonn�s qui

caract�risent la pens�e lorsqu’elle se

laisse aller � la r�verie. Cela

s’explique par la nature de la navigation

hypertextuelle, le fait que

presque chaque mot qu’on �crit peut

�tre un lien, une porte qui s’ouvre

sur une histoire.�

Lucie de Boutiny raconte � la m�me

date: �Mes “conseillers

litt�raires”, des amis qui n’ont pas

ressenti le vent de libert� qui

souffle sur le web, aimeraient que j’y

reste, englu�e dans la p�te �

papier. Appliquant le principe de demi-

d�sob�issance, je fais des

allers-retours papier-pixel. L’avenir

nous dira si j’ai perdu mon temps

ou si un nouveau genre litt�raire

hyperm�dia va na�tre. (…) Si les

�crivains fran�ais classiques en sont

encore � se demander s’ils ne

pr�f�rent pas le petit carnet

Clairefontaine, le Bic ou le Mont-Blanc

f�tiche, et un usage mod�r� du

traitement de texte, plut�t que

l’ordinateur connect�, c’est que

l’HTX [HyperText Literature] n�cessite

un travail d’accouchement visuel qui

n’est pas la vocation originaire

de l’�crivain papier. En plus des

pr�occupations du langage (syntaxe,

registre, ton, style, histoire�), le techno-

�crivain - collons-lui ce

label pour le diff�rencier - doit aussi

ma�triser la syntaxe

informatique et participer � l’invention

de codes graphiques car lire

sur un �cran est aussi regarder.�

= Mail-romans

Le premier mail-roman francophone est

lanc� en 2001 par Jean-Pierre

Balpe, chercheur, �crivain et directeur

du d�partement hyperm�dia de

l’Universit� Paris 8. Pendant tr�s

exactement cent jours, entre le 11

avril et le 19 juillet 2001, il diffuse

quotidiennement par courriel un

chapitre de Rien n’est sans dire aupr�s

de cinq cents personnes - sa

famille, ses amis, ses coll�gues, etc. - en

y int�grant les r�ponses et

les r�actions des lecteurs.

Racont�e par un narrateur, l’histoire

est celle de Stanislas et Zita,

qui vivent une passion tragique

d�chir�e par une sombre histoire

politique. �Cette id�e d’un mail-

roman m’est venue tout

naturellement�,

relate l’auteur en f�vrier 2002.

�D’une part en me demandant depuis

quelque temps d�j� ce qu’internet

peut apporter sur le plan de la forme

� la litt�rature (…) et d’autre part en

lisant de la litt�rature

“�pistolaire” du ��e si�cle, ces

fameux “romans par lettres”. Il suffit

alors de transposer: que peut �tre le

“roman par lettres” aujourd’hui?�

Jean-Pierre Balpe tire plusieurs

conclusions de cette exp�rience:

�D’abord c’est un “genre”: depuis,

plusieurs personnes m’ont dit lancer

aussi un mail-roman. Ensuite j’ai

aper�u quantit� de possibilit�s que

je n’ai pas exploit�es et que je me

r�serve pour un �ventuel travail

ult�rieur. La contrainte du temps est

ainsi tr�s int�ressante �

exploiter: le temps de l’�criture bien

s�r, mais aussi celui de la

lecture: ce n’est pas rien de mettre

quelqu’un devant la n�cessit� de

lire, chaque jour, une page de roman. Ce

“pacte” a quelque chose de

diabolique. Et enfin le renforcement de

ma conviction que les

technologies num�riques sont une

chance extraordinaire du

renouvellement du litt�raire.�

= Sites hyperm�dias

Principe de base du web, le lien

hypertexte permet de relier entre eux

des documents textuels et des images.

Quant au lien hyperm�dia, il

permet l’acc�s � des graphiques, des

images anim�es, des bandes sonores

et des vid�os. Des �crivains f�rus de

nouvelles technologies ne tardent

pas � en explorer les possibilit�s, dans

des sites d’�criture

hyperm�dia et des oeuvres

d’hyperfiction.

Mis en ligne en juin 1997, oVosite est un

espace d’�criture con�u par

un collectif de six auteurs issus du

d�partement hyperm�dia de

l’Universit� Paris 8: Chantal Beaslay,

Laure Carlon, Luc Dall’Armellina

(qui est aussi le webmestre d’oVosite),

Philippe Meuriot, Anika

Mignotte et Claude Rouah. �oVosite est

un site web con�u et r�alis�

(…) autour d’un symbole primordial et

spirituel, celui de l’oeuf�,

explique Luc Dall’Armellina en juin

2000. �Le site s’est constitu�

selon un principe de cellules autonomes

qui visent � exposer et

int�grer des sources h�t�rog�nes

(litt�rature, photo, peinture, vid�o,

synth�se) au sein d’une interface

unifiante.�

Les possibilit�s offertes par l’hyperlien

ont-elles chang� son mode

d’�criture? Sa r�ponse est � la fois

n�gative et positive.

N�gative d’abord: �Non - parce

qu’�crire est de toute fa�on une

affaire

tr�s intime, un mode de relation qu’on

entretient avec son monde, ses

proches et son lointain, ses mythes et

fantasmes, son quotidien et

enfin, appendus � l’espace du langage,

celui de sa langue d’origine.

Pour toutes ces raisons, je ne pense pas

que l’hypertexte change

fondamentalement sa mani�re

d’�crire, qu’on proc�de par touches,

par

impressions, associations, quel que soit

le support d’inscription, je

crois que l’essentiel se passe un peu �

notre insu.�

Positive ensuite: �Oui - parce que

l’hypertexte permet sans doute de

commencer l’acte d’�criture plus

t�t: devan�ant l’activit� de lecture

(associations, bifurcations, sauts de

paragraphes) jusque dans l’acte

d’�crire. L’�criture (ceci est

significatif avec des logiciels comme

StorySpace) devient peut-�tre plus

modulaire. On ne vise plus tant la

longue horizontalit� du r�cit, mais la

mise en espace de ses fragments,

autonomes. Et le travail devient celui

d’un tissage des unit�s entre

elles. L’autre aspect li� � la

modularit� est la possibilit�

d’�critures crois�es, � plusieurs

auteurs. Peut-�tre s’agit-il

d’ailleurs d’une m�ta-�criture, qui

met en relation les unit�s de sens

(paragraphes ou phrases) entre elles.�

Luc ajoute aussi: �La couverture du

r�seau autour de la surface du

globe resserre les liens entre les individus

distants et inconnus. Ce

qui n’est pas simple puisque nous

sommes plac�s devant des situations

nouvelles: ni vraiment spectateurs, ni

vraiment auteurs, ni vraiment

lecteurs, ni vraiment interacteurs. Ces

situations cr�ent des nouvelles

postures de rencontre, des postures de

“spectacture” ou de “lectacture”

(Jean-Louis Weissberg). Les notions de

lieu, d’espace, de temps,

d’actualit� sont requestionn�es �

travers ce m�dium qui n’offre plus

gu�re de distance � l’�v�nement

mais se situe comme aucun autre dans le

pr�sent en train de se faire. L’�cart

peut �tre mince entre l’envoi et

la r�ponse, parfois imm�diat (cas de la

g�n�ration de textes).

Mais ce qui frappe et se trouve rep�rable

ne doit pas masquer les

aspects encore mal d�finis tels que les

changements radicaux qui

s’op�rent sur le plan symbolique,

repr�sentationnel, imaginaire et plus

simplement sur notre mode de relation

aux autres. “Plus de proximit�”

ne cr�e pas plus d’engagement dans la

relation, de m�me “plus de liens”

ne cr�ent pas plus de liaisons, ou encore

“plus de tuyaux” ne cr�ent

pas plus de partage. Je r�ve d’un

internet o� nous pourrions �crire �

plusieurs sur le m�me dispositif, une

sorte de lieu d’atelier

d’�critures permanent et qui

autoriserait l’�criture personnelle

(c’est

en voie d’exister), son partage avec

d’autres auteurs, leur mise en

relation dans un tissage d’hypertextes

et un espace commun de notes et

de commentaires sur le travail qui se

cr�e.�

L’avenir de la cyber-litt�rature est

trac� par sa technologie m�me,

comme l’explique en ao�t 1999 Jean-

Paul, webmestre du site hyperm�dia

cotres.net: �Il est maintenant

impossible � un(e) auteur(e) seul(e) de

manier � la fois les mots, leur apparence

mouvante et leur sonorit�.

Ma�triser aussi bien Director, Photoshop

et Cubase, pour ne citer que

les plus connus, c’�tait possible il y a

dix ans, avec les versions 1.

�a ne l’est plus. D�s demain (matin), il

faudra savoir d�l�guer les

comp�tences, trouver des partenaires

financiers aux reins autrement

plus solides que Gallimard, voir du c�t�

d’Hachette-Matra, Warner,

Pentagone, Hollywood. Au mieux, le

statut de� l’�crivaste? Du

multim�diaste? sera celui du vid�aste,

du metteur en sc�ne, du

directeur de produit: c’est lui qui

�cope des palmes d’or � Cannes,

mais il n’aurait jamais pu les d�crocher

seul. Soeur jumelle (et non

pas clone) du cin�matographe, la cyber-

litt�rature (= la vid�o + le

lien) sera une industrie, avec quelques

artisans isol�s dans la

p�riph�rie off-off (aux droits d’auteur

n�gatifs, donc).�

Quelques mois plus tard, en juin 2000,

Jean-Paul s’interroge sur

l’apport de l’internet dans son

�criture: �La navigation par hyperliens

se fait en rayon (j’ai un centre

d’int�r�t et je clique

m�thodiquement

sur tous les liens qui s’y rapportent) ou

en louvoiements (de clic en

clic, � mesure qu’ils apparaissent, au

risque de perdre de vue mon

sujet). Bien s�r, les deux sont possibles

avec l’imprim�. Mais la

diff�rence saute aux yeux: feuilleter

n’est pas cliquer. L’internet n’a

donc pas chang� ma vie, mais mon

rapport � l’�criture. On n’�crit pas

de la m�me mani�re pour un site que

pour un sc�nario, une pi�ce de

th��tre, etc. (…)

Depuis, j’�cris (compose, mets en

page, en sc�ne) directement �

l’�cran. L’�tat “imprim�” de mon

travail n’est pas le stade final, le

but; mais une forme parmi d’autres, qui

privil�gie la lin�arit� et

l’image, et qui exclut le son et les

images anim�es. …

C’est finalement dans la publication en

ligne (l’entoilage?) que j’ai

trouv� la mobilit�, la fluidit� que je

cherchais. Le ma�tre mot y est

“chantier en cours”, sans palissades.

Accouchement permanent, � vue,

comme le monde sous nos yeux.

Provisoire, comme la vie qui t�tonne, se

cherche, se d�prend, se reprend. Avec

�videmment le risque soulign� par

n’est s�r. Il n’y a plus de source fiable,

elles sont trop nombreuses,

et il devient difficile de distinguer un

clerc d’un gourou. Mais c’est

un probl�me qui concerne le contr�le

de l’information. Pas la

transmission des �motions.�

Jean-Paul fait � nouveau le point sur son

activit� d’entoileur quelques

ann�es plus tard, en janvier 2007:

�J’ai gagn� du temps. J’utilise

moins de logiciels, dont j’int�gre le

r�sultat dans Flash. Ce dernier

m’assure de contr�ler � 90% le

r�sultat � l’affichage sur les �crans

de

r�ception (au contraire de ceux qui

pr�f�rent pr�senter des oeuvres

ouvertes, o� l’intervention tant�t du

hasard tant�t de l’internaute est

recherch�e). Je peux maintenant me

concentrer sur le coeur de la chose:

l’architecture et le d�veloppement du

r�cit. (…) Les deux points

forts des trois ou quatre ans � venir

sont: (1) la g�n�ralisation du

tr�s haut d�bit (c’est-�-dire en fait du

d�bit normal), qui va

m’affranchir des limitations purement

techniques, notamment des soucis

de poids et d’affichage des fichiers

(mort d�finitive, enfin, des

histogrammes de chargement); (2) le

d�veloppement de la 3 D. C’est le

r�cit en hyperm�dia (= le multim�dia +

le clic) qui m’int�resse. Les

pi�ges que pose un r�cit en 2 D sont

d�j� passionnants. Avec la 3 D, il

va falloir chevaucher le tigre pour �viter

la simple prouesse technique

et laisser la priorit� au r�cit.�

VERS UNE BIBLIOTH�QUE PLAN�TAIRE

[R�sum�]

En 2005, le livre devient un objet

convoit� par les g�ants de

l’internet que sont Google, Yahoo! et

Microsoft, d’une part par souci

m�ritoire de mettre le patrimoine

mondial � la disposition de tous,

d’autre part � cause de l’enjeu

repr�sent� par les recettes

publicitaires g�n�r�es par les liens

commerciaux accol�s aux r�sultats

des recherches. Lanc�e en octobre 2005

� l’instigation de l’Internet

Archive, l’Open Content Alliance (OCA)

souhaite pour sa part cr�er une

biblioth�que plan�taire publique qui

soit respectueuse du droit

d’auteur et dont les collections puissent

�tre accessibles sur

n’importe quel moteur de recherche.

= Google Books

Google Print

Google d�cide de mettre son expertise

au service du livre et lance la

version b�ta de Google Print en mai

2005. Ce lancement est pr�c�d� de

deux �tapes.

En octobre 2004, Google lance la

premi�re partie de son programme

Google Print, �tabli en partenariat avec

les �diteurs pour pouvoir

consulter � l’�cran des extraits de

livres, puis commander les livres

aupr�s d’une librairie en ligne.

En d�cembre 2004, Google lance la

deuxi�me partie de son programme

Google Print, cette fois � destination des

biblioth�ques. Il s’agit

d’un projet de biblioth�que consistant

� num�riser les livres

appartenant � plusieurs grandes

biblioth�ques partenaires, �

commencer

par la biblioth�que de l’Universit� du

Michigan (dans sa totalit�, �

savoir 7 millions d’ouvrages), les

biblioth�ques des Universit�s de

Harvard, de Stanford et d’Oxford, et

celle de la ville de New York. Le

co�t estim� au d�part se situe entre

150 et 200 millions de dollars US,

avec la num�risation de 10 millions de

livres sur six ans et un

chantier d’une dur�e totale de dix ans.

En ao�t 2005, soit trois mois apr�s son

lancement, Google Print est

suspendu pour une dur�e

ind�termin�e suite � un conflit

grandissant

avec les associations d’auteurs et

d’�diteurs de livres sous droits,

celles-ci reprochant � Google de

num�riser les livres sans l’accord

pr�alable des ayants droit.

Google Livres

Le programme reprend en ao�t 2006

sous le nom de Google Books (Google

Livres). Google Books permet de

rechercher les livres par date, titre

ou �diteur. La num�risation des fonds

de grandes biblioth�ques se

poursuit, tout comme le d�veloppement

de partenariats avec les �diteurs

qui le souhaitent.

Les livres libres de droit sont

consultables � l’�cran en texte

int�gral, leur contenu est copiable et

l’impression est possible page �

page. Ils sont �galement

t�l�chargeables sous forme de fichiers

PDF et

imprimables dans leur entier. Les liens

publicitaires associ�s aux

pages de livres sont situ�s en haut et �

droite de l’�cran.

Le conflit avec les associations

d’auteurs et d’�diteurs se poursuit

lui aussi, puisque Google continue de

num�riser des livres sous droits

sans l’autorisation pr�alable des

ayants droit, en invoquant le droit

de citation pour pr�senter des extraits

sur le web. L’Authors Guild et

l’Association of American Publishers

(AAP) invoquent pour leur part le

non respect de la l�gislation relative au

copyright pour attaquer

Google en justice.

Fin 2006, d’apr�s le buzz m�diatique,

Google scannerait 3.000 livres

par jour - ce qui repr�senterait un

million de livres par an -, le co�t

estim� serait de 30 dollars par livre et

Google Books comprendrait d�j�

3 millions de livres. Tous chiffres �

prendre avec pr�caution, la

soci�t� ne communiquant pas de

statistiques � ce sujet.

� l’exception de la New York Public

Library, les collections en cours

de num�risation appartiennent toutes

� des biblioth�ques universitaires

am�ricaines (Harvard, Stanford,

Michigan, Oxford, Californie, Virginie,

Wisconsin-Madison), auxquelles

s’ajoutent la biblioth�que de

l’Universidad Complutense de Madrid

(Espagne) puis, d�but 2007, les

biblioth�ques des Universit�s de

Princeton et du Texas (Austin), ainsi

que la Biblioteca de Catalunya

(Catalogne, Espagne) et la Bayerische

Staatbibliothek (Bavi�re, Allemagne). En

mai 2007, Google annonce la

participation de la premi�re

biblioth�que francophone, la

Biblioth�que

cantonale et universitaire (BCU) de

Lausanne (Suisse), pour la

num�risation de 100.000 titres en

fran�ais, en allemand et en italien

publi�s entre le ��e et le ��e si�cle. Suit

ensuite un partenariat avec

la Biblioth�que municipale de Lyon

(France), sign� en juillet 2008 pour

num�riser 500.000 livres.

En octobre 2008, apr�s trois ans de

conflit, Google tente de mettre fin

aux poursuites �manant des

associations d’auteurs et d’�diteurs.

La

soci�t� propose un accord qui serait

bas� sur un partage des revenus

g�n�r�s par Google Books ainsi

qu’un large acc�s aux ouvrages

�puis�s,

tout comme le paiement de 125 millions

de dollars US � l’Authors Guild

et � l’Association of American

Publishers (AAP) pour cl�turer

d�finitivement ce conflit.

Suite � cet accord, Google pourrait

proposer de plus larges extraits de

livres, jusqu’� 20% d’un m�me

ouvrage, avec un lien commercial pour

acheter une copie - num�rique ou non -

de l’oeuvre. Les ayants droit

auraient la possibilit� de participer ou

non au projet Google Books, et

donc de retirer leurs livres des

collections. Par ailleurs, les

biblioth�ques universitaires et

publiques des �tats-Unis pourraient

acc�der � un portail gratuit g�r� par

Google et donnant acc�s aux

textes de millions de livres �puis�s. Un

abonnement permettrait aux

universit�s et aux �coles de consulter

les collections des

biblioth�ques les plus renomm�es.

En novembre 2008, Google Books

comprend 7 millions d’ouvrages

num�ris�s, en partenariat avec 24

biblioth�ques et 2.000 �diteurs

partenaires. Les 24 biblioth�ques

partenaires se situent principalement

aux �tats-Unis (16), mais aussi en

Allemagne (1), en Belgique (1), en

Espagne (2), en France (1), au Japon (1),

au Royaume-Uni (1) et en

Suisse (1).

En f�vrier 2009, Google Books lance un

portail sp�cifique pour

t�l�phone mobile et smartphone, par

exemple sur l’iPhone �G d’Apple ou

sur le G� de T-Mobile. Le catalogue

comprend 1,5 million de livres du

domaine public, auxquels s’ajoutent

500.000 autres titres

t�l�chargeables hors des �tats-Unis,

du fait d’une l�gislation du

copyright moins restrictive dans certains

pays.

= L’Open Content Alliance

En r�action au projet Google Books,

l’Internet Archive pense qu’une

biblioth�que � vocation mondiale ne

doit pas �tre li�e � des enjeux

commerciaux. Courant 2005, elle lance

l’Open Content Alliance (OCA),

dans l’optique de f�d�rer un grand

nombre de partenaires pour cr�er une

biblioth�que plan�taire publique

respectueuse du copyright et sur un

mod�le ouvert.

Qu’est-ce exactement que l’Internet

Archive? Fond�e en avril 1996 par

Brewster Kahle � San Francisco

(Californie), l’Internet Archive a pour

but de constituer, stocker, pr�server et

g�rer une �biblioth�que� de

l’internet, en archivant la totalit� du

web tous les deux mois, afin

d’offrir un outil de travail aux

universitaires, chercheurs et

historiens, et de pr�server un historique

de l’internet pour les

g�n�rations futures.

En octobre 2001, l’Internet Archive met

ses archives en acc�s libre sur

le web gr�ce � la Wayback Machine, qui

permet � tout un chacun de

consulter l’historique d’un site web, �

savoir le contenu et la

pr�sentation d’un site web �

diff�rentes dates, th�oriquement tous

les

deux mois � partir de 1996.

L’Internet Archive d�bute aussi la

constitution de collections

num�riques telles que le Million Book

Project (10.520 livres en avril

2005), des archives de films de la

p�riode 1903-1973, des archives de

concerts live r�cents, des archives de

logiciels, etc. Toutes ces

collections sont en consultation libre sur

le web.

En janvier 2005, l’Internet Archive

s’associe � Yahoo! pour mettre sur

pied l’Open Content Alliance (OCA), une

initiative visant � cr�er un

r�pertoire libre et multilingue de livres

num�ris�s et de documents

multim�dia pour consultation sur

n’importe quel moteur de recherche.

L’OCA est officiellement lanc�e en

octobre 2005 et d�bute v�ritablement

durant l’�t� 2006. Le but de

l’initiative est de s’inspirer de Google

Books tout en �vitant ses travers, �

savoir la num�risation des livres

sous droits sans l’accord pr�alable des

�diteurs, tout comme la

consultation et le t�l�chargement

impossibles sur un autre moteur de

recherche.

L’OCA regroupe de nombreux

partenaires: des biblioth�ques et des

universit�s bien s�r, mais aussi des

organisations gouvernementales,

des associations � but non lucratif, des

organismes culturels et des

soci�t�s informatiques (Adobe, Hewlett

Packard, Microsoft, Yahoo!,

Xerox, etc.).

Les premiers partenaires pour la

num�risation des livres sont les

biblioth�ques des Universit�s de

Californie et de Toronto, l’European

Archive, les Archives nationales du

Royaume-Uni, O’Reilly Media et les

Prelinger Archives. Seuls les livres

appartenant au domaine public sont

num�ris�s, pour �viter les probl�mes

de copyright auxquels se heurte

Google, et les collections num�ris�es

sont progressivement int�gr�es �

la section Text Archive de l’Internet

Archive.

En d�cembre 2006, l’OCA franchit la

barre des 100.000 livres num�ris�s,

avec un rythme de 12.000 nouveaux

livres par mois.

� la m�me date, l’Internet Archive

re�oit une subvention d’un million

de dollars US de la part de la Sloan

Foundation pour num�riser les

collections du Metropolitan Museum of

Art (l’ensemble des livres et

plusieurs milliers d’images) ainsi que

certaines collections de la

Boston Public Library (les 3.800 livres de

la biblioth�que personnelle

de John Adams, deuxi�me pr�sident

des �tats-Unis), du Getty Research

Institute (une collection de livres d’art),

de la John Hopkins

University (une collection de documents

li�s au mouvement anti-

esclavagiste) et de l’Universit� de

Californie � Berkeley (une

collection de documents relatifs � la

ru�e vers l’or).

En mai 2007, l’OCA franchit la barre des

200.000 livres num�ris�s. La

barre du million de livres num�ris�s est

atteinte en d�cembre 2008, et

celle des deux millions de livres

num�ris�s en mars 2010.

= Autres initiatives

Microsoft Live

Search Books

Si Microsoft est l’un des partenaires de

l’Open Content Alliance, la

soci�t� se lance aussi dans l’aventure

� titre personnel. En d�cembre

2006 est mise en ligne aux �tats-Unis la

version b�ta de Live Search

Books, qui permet une recherche par

mots-cl�s dans les livres du

domaine public. Ces livres sont

num�ris�s par Microsoft suite � des

accords pass�s avec de grandes

biblioth�ques, les premi�res �tant la

British Library et les biblioth�ques des

Universit�s de Californie et

de Toronto, suivies en janvier 2007 par

celles de la New York Public

Library et de l’Universit� Cornell.

Microsoft compte �galement ajouter

des livres sous droits, mais uniquement

avec l’accord pr�alable des

�diteurs.

Tout comme Google Books, Live Search

Books permet de consulter des

extraits comportant les mots-cl�s, qui

sont eux-m�me surlign�s. Mais

les collections sont moins riches, le

moteur de recherche est plus

rudimentaire, et il n’est pas possible de

t�l�charger les livres au

format PDF dans leur entier.

En mai 2007, Microsoft annonce des

accords avec plusieurs grands

�diteurs, dont Cambridge University

Press et McGraw Hill.

Microsoft met finalement un terme � ce

projet en mai 2008, pour

concentrer ses efforts sur d’autres

activit�s. Les 750.000 livres d�j�

num�ris�s sont vers�s dans les

collections de l’Open Content Alliance.

Europeana

En Europe, certains s’inqui�tent de

l’�h�g�monie am�ricaine� que

repr�sente Google Books.

Il existe d�j� sur le web une

Biblioth�que europ�enne, qui est en

fait

un portail commun aux 43 biblioth�ques

nationales, lanc� en janvier

2004 par la CENL (Conference of

European National Librarians) et

h�berg� sur le site de la Biblioth�que

nationale des Pays-Bas.

En septembre 2005, la Commission

europ�enne lance une vaste

consultation sur un projet de

biblioth�que num�rique europ�enne,

avec

r�ponse requise en janvier 2006 et

lancement officiel du projet en mars

2006.

�Le plan de la Commission europ�enne

visant � promouvoir l’acc�s

num�rique au patrimoine de l’Europe

prend forme rapidement, lit-on dans

le communiqu� de presse. Dans les cinq

prochaines ann�es, au moins six

millions de livres, documents et autres

oeuvres culturelles seront mis

� la disposition de toute personne

disposant d’une connexion �

l’internet, par l’interm�diaire de la

“biblioth�que num�rique

europ�enne”. Afin de stimuler les

initiatives de num�risation

europ�ennes, la Commission va co-

financer la cr�ation d’un r�seau

paneurop�en de centres de

num�risation. La Commission abordera

�galement, dans une s�rie de

documents strat�giques, la question du

cadre appropri� � adopter pour assurer

la protection des droits de

propri�t� intellectuelle dans le cadre

des biblioth�ques num�riques.�

Europeana et ses deux millions de

documents sont disponibles en

novembre 2008, avec un serveur qui

d�clare rapidement forfait suite �

la tr�s forte demande des premi�res

heures, puis une p�riode

exp�rimentale avec consultation

partielle des collections. Europeana

propose 6 millions de documents en

mars 2010, puis 10 millions de

documents en septembre 2010 avec une

nouvelle interface.

PDA, SMARTPHONES ET TABLETTES

[R�sum�]

Nous lisons d’abord sur notre

ordinateur - portable ou non - avant de

lire sur des agendas �lectroniques

(Psion et eBookMan) puis sur des PDA

(Palm Pilot, Pocket PC et bien d’autres).

Suivent ensuite les premiers

smartphones de Nokia et Sony Ericsson.

Parall�lement apparaissent des

tablettes de lecture d�di�es. Les

premi�res sont le Rocket eBook, le

SoftBook Reader et le Gemstar eBook,

qui ne durent pas. Apr�s une

p�riode morose, des tablettes plus

l�g�res gagnent en puissance et en

qualit� d’�cran, par exemple le

Cybook (nouvelle version) et le Sony

Reader, auxquels s’ajoute le Kindle

d’Amazon en novembre 2007, puis

l’iPad d’Apple en avril 2010. Le papier

�lectronique serait pour

�bient�t�.

= Le projet @folio

Les livres num�riques sont d’abord

lisibles uniquement sur l’�cran de

notre ordinateur, que celui-ci soit un

ordinateur de bureau ou un

ordinateur portable sinon ultra-portable.

Outre le stockage d’un

millier de livres sinon plus - en fonction

de la taille du disque dur -

, l’ordinateur permet l’utilisation

d’outils bureautiques standard,

l’acc�s au web, l’�coute de fichiers

musicaux et le visionnement de

vid�os ou de films. Certains usagers sont

�galement tent�s par le

webpad, un ordinateur-�cran sans

disque dur disposant d’une connexion

sans fil � l’internet, apparu en 2001, ou

alors la tablette PC, une

tablette informatique pourvue d’un

�cran tactile, apparue fin 2002.

Con�u d�s octobre 1996 par Pierre

Schweitzer, architecte designer �

Strasbourg (Alsace, France), le projet

@folio (qui se prononce �a-

folio�) se d�finit comme un baladeur

de textes ou encore comme un

support de lecture nomade permettant

de lire des textes glan�s sur

l’internet. De petite taille, il cherche �

mimer, sous forme

�lectronique, le dispositif technique du

livre, afin d’offrir une

m�moire de fac-simil�s reli�s en

hypertexte pour faciliter le

feuilletage.

Pierre explique en janvier 2001: �@folio

est un baladeur de textes,

simple, l�ger, autonome, que le lecteur

remplit selon ses d�sirs �

partir du web, pour aller lire n’importe

o�. Il peut aussi y imprimer

des documents personnels ou

professionnels provenant d’un CD-ROM.

Les

textes sont m�moris�s en faisant:

“imprimer”, mais c’est beaucoup plus

rapide qu’une imprimante, �a ne

consomme ni encre ni papier. Les liens

hypertextes sont maintenus au niveau

d’une reliure tactile. (…)

Le projet est n� � l’atelier Design de

l’�cole d’architecture de

Strasbourg o� j’�tais �tudiant. Il est

d�velopp� � l’�cole nationale

sup�rieure des arts et industries de

Strasbourg avec le soutien de

l’ANVAR-Alsace. Aujourd’hui, je

participe avec d’autres � sa

formalisation, les prototypes, design,

logiciels, industrialisation,

environnement technique et culturel,

etc., pour transformer ce concept

en un objet grand public pertinent.�

Pierre est aussi l’auteur du logiciel

Mot@mot. �La plus grande partie

du patrimoine �crit existant est fix�

dans des livres, sur du papier�,

explique-t-il � la m�me date. �Pour

rendre ces oeuvres accessibles sur

la toile, la num�risation en mode image

est un moyen tr�s efficace. Le

projet Gallica en est la preuve. Mais il

reste le probl�me de

l’adaptation des fac-simil�s d’origine

� nos �crans de lecture

aujourd’hui: r�duits brutalement � la

taille d’un �cran, les fac-

simil�s deviennent illisibles. Sauf �

manipuler les barres d’ascenseur,

ce qui n�cessite un ordinateur et ne

permet pas une lecture

confortable. La solution propos�e par

Mot@mot consiste � d�couper le

livre, mot � mot, du d�but � la fin

(enfin, les pages scann�es du

livre�). Ces mots restent donc des

images, il n’y a pas de

reconnaissance de caract�res, donc pas

d’erreur possible. On obtient

une cha�ne d’images-mots liquide,

qu’on peut remettre en page aussi

facilement qu’une cha�ne de

caract�res. Il devient alors possible de

l’adapter � un �cran de taille

modeste, sans rien perdre de la

lisibilit� du texte. La typographie

d’origine est conserv�e, les

illustrations aussi.� Pour d�velopper le

projet @folio et le logiciel

Mot@mot, Pierre fait valider un brevet

international en avril 2001,

puis cr�e la start-up fran�aise iCodex

en juillet 2002.

Cinq ans plus tard, en ao�t 2007, Pierre

Schweitzer poursuit patiemment

sa croisade pour promouvoir son projet.

�Il ne s’agit pas de

transformer le support papier des livres

existants, c’est absurde,

�crit-il. Il s’agit plut�t d’offrir un

support de lecture efficace aux

textes qui n’en ont pas, ceux qui sont

accessibles sur le web. Avec

@folio, je reste persuad� qu’un

support de lecture transportable qui

serait � la fois simple et l�ger,

annotable et effa�able, � bas co�t,

respectueux de la page et de nos

traditions typographiques, pourrait

apporter un suppl�ment de confort

appr�ciable � tous les usagers du

texte num�rique. Une ardoise dont on

pourrait feuilleter l’hypertexte �

main nue, en lieu et place de

l’imprimante��

En quoi la technologie utilis�e est-elle

diff�rente de celle des autres

tablettes? �La technologie d’@folio est

inspir�e du fax et du classeur

livres. Ce mode fac-simil� ne n�cessite

aucun format propri�taire, il

est directement lisible � l’oeil nu. Le

fac-simil� est un mode de

repr�sentation de l’information

robuste, p�renne, adaptable � tout

type

de contenu (de la musique imprim�e

aux formules de math�matique ou de

chimie) sans aucune adaptation

n�cessaire. C’est un mode de

repr�sentation totalement ouvert et

accessible � tous: il supporte

l’�criture manuscrite, la calligraphie,

les �critures non

alphab�tiques, et le dessin � main

lev�e, toutes choses qui sont tr�s

difficiles � faire � l’aide d’un seul

outil sur un ordinateur ou un

“ebook” classique. Cette conception

technique nouvelle et tr�s

simplifi�e permet de recueillir une

grande vari�t� de contenus et

surtout, elle permet un prix de vente

tr�s raisonnable (100 euros pour

le mod�le de base) dans diff�rentes

combinaisons de formats (tailles

d’�cran) et de m�moire (nombre de

pages) adapt�es aux diff�rentes

pratiques de lecture.�

Outre cette technologie novatrice, quel

serait l’avantage de la lecture

sur @folio? �La simplicit� d’usage,

l’autonomie, le poids, le prix.

Quoi d’autre? La finesse n’est pas

n�gligeable pour pouvoir �tre gliss�

presque n’importe o�. Et l’acc�s

imm�diat aux documents - pas de

temps

d’attente comme quand on “allume”

son ordinateur portable: @folio ne

s’allume jamais et ne s’�teint pas, la

derni�re page lue reste affich�e

et une simple pression sur le bord de

l’�cran permet de remonter

instantan�ment au sommaire du

document ou aux onglets de

classement.�

� la m�me date, en ao�t 2007, la

grande revue en ligne anglophone

TeleRead fait l’�loge du projet @folio

en intitulant l’article Pierre

Schweitzer’s Dream (Le r�ve de Pierre

Schweitzer). Plusieurs

sp�cialistes anglophones, et non des

moindres (David Rothman, Mike

Cook, Ellen Hage), rendent hommage �

la pers�v�rance de Pierre en

esp�rant voir son projet commercialis�

un jour.

= PDA (assistants personnels)

La gamme Psion

Lanc� d�s 1984 par la soci�t�

britannique Psion, le Psion Organiser est

le premier mod�le d’agenda

�lectronique. Au fil des ans, la gamme

des

appareils s’�tend et la soci�t� se

d�veloppe � l’international.

En 2000, les divers mod�les (S�rie 7,

S�rie �mx, Revo, Revo Plus) sont

concurrenc�s par le Palm Pilot et le

Pocket PC. Les ventes baissent et

la soci�t� d�cide de diversifier ses

activit�s. Suite au rachat de

Teklogix par Psion, Psion Teklogix est

cr�� en septembre 2000 pour

d�velopper des solutions mobiles sans

fil � destination des

entreprises. Psion Software est cr�� en

2001 pour d�velopper les

logiciels de la nouvelle g�n�ration

d’appareils mobiles utilisant la

plateforme Symbian OS, par exemple

ceux du smartphone Nokia 9210,

mod�le pr�curseur commercialis� la

m�me ann�e.

Enseignante-chercheuse � l’�cole

pratique des hautes �tudes (EPHE,

Paris-Sorbonne), Marie-Joseph Pierre

utilise un Psion depuis plusieurs

ann�es pour lire et �tudier dans le train

lors de ses fr�quents

d�placements entre Argentan

(Normandie), sa ville de r�sidence, et

Paris. Elle ach�te son premier Psion en

1997, un S�rie 3, remplac�

ensuite par un S�rie 5, remplac� lui-

m�me par un Psion �mx en juin

2001.

En f�vrier 2002, elle raconte: �J’ai

charg� tout un tas de trucs

litt�raires - dont mes propres travaux et

dont la Bible enti�re - sur

mon Psion �mx (16 + 16 Mo), que je

consulte surtout dans le train ou

pour mes cours, quand je ne peux pas

emporter toute une biblioth�que.

J’ai mis les �l�ments de programme

qui permettent de lire page par page

comme sur un v�ritable ebook. Ce qui

est pratique, c’est de pouvoir

charger une �norme masse

documentaire sur un support minuscule.

Mais ce

n’est pas le m�me usage qu’un livre,

surtout un livre de poche qu’on

peut feuilleter, tordre, sentir�, et qui

s’ouvre automatiquement � la

page qu’on a aim�e. C’est beaucoup

moins agr�able � utiliser, d’autant

que sur PDA, la page est petite: on n’a

pas de vue d’ensemble. Mais

avec une qualit� appr�ciable: on peut

travailler sur le texte

enregistr�, en rechercher le vocabulaire,

r�utiliser des citations,

faire tout ce que permet le traitement

informatique du document, et

cela m’a pas mal servi pour mon travail,

ou pour mes activit�s

associatives. Je fais par exemple partie

d’une petite soci�t� po�tique

locale, et nous faisons prochainement un

r�cital po�tique. J’ai voulu

rechercher des textes de Victor Hugo, que

j’ai maintenant pu lire et

m�me charger � partir du site de la

Biblioth�que nationale de France:

c’est vraiment extra.�

L’eBookMan de

Franklin

Bas�e dans le New Jersey (�tats-Unis),

la soci�t� Franklin

commercialise d�s 1986 le premier

dictionnaire consultable sur une

machine de poche. Quinze ans plus tard,

Franklin distribue 200 ouvrages

de r�f�rence sur des machines de

poche: dictionnaires unilingues et

bilingues, encyclop�dies, Bibles,

manuels d’enseignement, ouvrages

m�dicaux et livres de loisirs.

En octobre 2000, Franklin lance

l’eBookMan, un assistant personnel

multim�dia qui - entre autres

fonctionnalit�s (agenda, dictaphone,

etc.) - permet la lecture de livres

num�riques sur le Franklin Reader,

le logiciel de lecture �maison�. � la

m�me date, l’eBookMan re�oit

l’eBook Technology Award de la Foire

internationale du livre de

Francfort.

Trois mod�les (EBM-���, EBM-��� et

EBM-���) sont disponibles d�but

1. Leurs prix respectifs sont de 130,

180 et 230 dollars US. Le prix

est fonction de la taille de la m�moire

vive (8 ou 16 Mo) et de la

qualit� de l’�cran � cristaux liquides

(�cran LCD), r�tro-�clair� ou

non selon les mod�les. Nettement plus

grand que celui de ses

concurrents, l’�cran n’existe toutefois

qu’en noir et blanc,

contrairement � la gamme Pocket PC ou

� certains mod�les Palm avec

�cran couleur. L’eBookMan permet

aussi l’�coute de livres audio-

num�riques et de fichiers musicaux au

format MP�.

En octobre 2001, Franklin d�cide de ne

pas int�grer le Microsoft Reader

� l’eBookMan, mais de lui pr�f�rer le

Mobipocket Reader, logiciel de

lecture jug� plus performant, et prim�

� la m�me date par l’eBook

Technology Award de la Foire de

Francfort. Parall�lement, le Franklin

Reader est progressivement disponible

pour les gammes d’appareils

mobiles Psion, Palm, Pocket PC et Nokia.

Franklin d�veloppe aussi une

librairie num�rique sur son site en

passant des partenariats avec

plusieurs soci�t�s, notamment avec

Audible.com pour avoir acc�s � sa

collection de 4.500 livres audio-

num�riques.

La gamme Palm

Pilot

Lorsque le livre num�rique commence

� se g�n�raliser en 2000, tous les

fabricants de PDA d�cident d’int�grer

un logiciel de lecture dans leur

machine, en plus des fonctionnalit�s

standard (agenda, dictaphone,

lecteur de MP�, etc.). En parall�le, ils

n�gocient les droits de

diffusion num�rique de centaines de

titres, soit directement soit par

le biais de librairies num�riques. Si

certains professionnels du livre

s’inqui�tent de la petitesse de

l’�cran, les adeptes de la lecture sur

PDA assurent que la taille de l’�cran

n’est pas un probl�me. Les grands

favoris du march� sont les gammes

Palm Pilot et Pocket PC.

La soci�t� Palm lance en mars 1996 le

Palm Pilot, premier PDA du

march�, et vend 23 millions de

machines entre 1996 et 2002. Le

syst�me

d’exploitation du Palm Pilot est le Palm

OS et son logiciel de lecture

le Palm Reader. En mars 2001, la gamme

Palm Pilot propose plusieurs

mod�les permettant de lire des livres

aussi bien sur le Palm Reader que

sur le Mobipocket Reader, le logiciel de

lecture de Mobipocket.

La gamme Pocket

PC

Microsoft lance en avril 2000 son propre

PDA, le Pocket PC, et son

propre logiciel de lecture, le Microsoft

Reader. Le syst�me

d’exploitation utilis� est Windows CE,

remplac� en octobre 2001 par

Pocket PC 2002, qui permet entre autres

de lire des livres num�riques

sous droits. Ces livres sont prot�g�s par

un syst�me de gestion des

droits num�riques, le Microsoft DAS

Server (DAS: Digital Asset Server).

En 2002, la gamme Pocket PC permet la

lecture sur trois logiciels: le

Microsoft Reader bien s�r, le Mobipocket

Reader et le Palm Reader.

D’autres

mod�les

Le march� des PDA poursuit sa

croissance. D’apr�s un num�ro du

Seybold

Report dat� d’avril 2001, on

d�nombre 17 millions de PDA dans le

monde

pour seulement 100.000 tablettes de

lecture. 13,2 millions de PDA sont

vendus en 2001, et 12,1 millions en 2002.

En 2002, la gamme Palm Pilot

est toujours le leader du march� (avec

36,8% des machines vendues),

suivi par la gamme Pocket PC de

Microsoft et les mod�les de Hewlett-

Packard, Sony, Handspring, Toshiba et

Casio. Les syst�mes

d’exploitation utilis�s sont

essentiellement le Palm OS (pour 55%

des

machines) et le Pocket PC (pour 25,7%

des machines).

En 2004, on note une plus grande

diversit� des mod�les et une baisse

des prix chez tous les fabricants. Les trois

principaux fabricants sont

Palm, Sony et Hewlett-Packard. Suivent

Handspring, Toshiba, Casio et

d’autres. Mais le PDA est de plus en plus

concurrenc� par le

smartphone, qui est un t�l�phone

portable doubl� d’un PDA, et les

ventes commencent � baisser. En

f�vrier 2005, Sony d�cide de se retirer

compl�tement du march� des PDA.

= Smartphones

Le premier smartphone est le Nokia 9210,

mod�le pr�curseur lanc� en

2001 par la soci�t� finlandaise Nokia,

grand fabricant mondial de

t�l�phones portables. Apparaissent

ensuite le Nokia Series 60, le Sony

Ericsson P���, puis les mod�les de

Motorola et de Siemens. Ces

diff�rents mod�les permettent de lire

des livres num�riques sur le

Mobipocket Reader.

Appel� aussi t�l�phone multim�dia,

t�l�phone multifonctions ou encore

t�l�phone intelligent, le smartphone

dispose d’un �cran couleur, du son

polyphonique et de la fonction appareil

photo, qui viennent s’ajouter

aux fonctions habituelles de l’assistant

personnel: agenda, dictaphone,

lecteur de livres num�riques, lecteur de

musique, etc.

Les smartphones repr�sentent 3,7% des

ventes de t�l�phones portables en

2004 et 9% des ventes en 2006, � savoir

90 millions de smartphones pour

un milliard de t�l�phones portables.

Si les livres num�riques ont une longue

vie devant eux, les appareils

de lecture risquent de muer

r�guli�rement. Selon Denis Zwirn,

pr�sident

de la librairie num�rique Numilog,

interview� en f�vrier 2003,

�l’�quipement des individus et des

entreprises en mat�riel pouvant �tre

utilis� pour la lecture num�rique dans

une situation de mobilit� va

continuer de progresser tr�s fortement

dans les dix prochaines ann�es

sous la forme de machines de plus en

plus performantes (en terme

d’affichage, de m�moire, de

fonctionnalit�s, de l�g�ret��) et de

moins en moins ch�res. Cela prend d�s

aujourd’hui la forme de PDA

(Pocket PC et Palm Pilot), de tablettes PC

et de smartphones, ou de

smart displays (�crans tactiles sans fil).

Trois tendances devraient

�tre observ�es: la convergence des

usages (t�l�phone/PDA), la

diversification des types et tailles

d’appareils (de la montre-PDA-

t�l�phone � la tablette PC

waterproof), la d�mocratisation de

l’acc�s

aux machines mobiles (des PDA pour

enfants � 15 euros). Si les �diteurs

et les libraires num�riques savent en

saisir l’opportunit�, cette

�volution repr�sente un

environnement technologique et culturel

au sein

duquel les livres num�riques, sous des

formes vari�es, peuvent devenir

un mode naturel d’acc�s � la lecture

pour toute une g�n�ration.�

� la m�me date, on se demande si les

tablettes d�di�es pourront

vraiment r�ussir � s’imposer face aux

smartphones multifonctions. On

se demande aussi s’il existe une

client�le sp�cifique pour les deux

types de machines, la lecture sur

t�l�phone portable et smartphone

�tant destin�e au grand public, et la

lecture sur tablette �tant

r�serv�e aux gros consommateurs de

documents que sont les lyc�ens, les

�tudiants, les professeurs, les

chercheurs ou les juristes. Le d�bat

n’est pas pr�t d’�tre clos en 2010,

m�me si on ne parle plus de publics

diff�rents pour l’une et l’autre

machine.

= Tablettes de lecture

Premiers pas

D�s 1999, on voit appara�tre des

tablettes d�di�es de la taille d’un

(gros) livre, souvent appel�es ebooks,

livres �lectroniques, tablettes

de lecture ou m�me liseuses. Ces

premiers appareils suscitent un

engouement certain, m�me si peu de

gens vont jusqu’� les acheter, vu

leur prix prohibitif (plusieurs centaines

de dollars) et un choix de

livres restreint, le catalogue de livres

num�riques �tant encore

ridicule par rapport � la production

imprim�e.

Les premi�res tablettes de lecture sont

con�ues et d�velopp�es dans la

Silicon Valley, en Californie. Elles

disposent d’un �cran � cristaux

liquides (�cran LCD) r�tro-�clair� ou

non, noir et blanc ou en couleur.

Elles fonctionnent sur batterie et

disposent d’un modem int�gr� et

d’un

port USB, pour connexion � l’internet

et t�l�chargement des livres �

partir de librairies num�riques.

Le mod�le le plus connu, le Rocket

eBook, est d�velopp� en 1998 et

commercialis� en 1999 par la soci�t�

NuvoMedia, financ�e par la cha�ne

de librairies Barnes & Noble et le g�ant

des m�dias Bertelsmann. Un

deuxi�me mod�le, le SoftBook Reader,

est d�velopp� par la soci�t�

SoftBook Press, financ�e par les deux

grandes maisons d’�dition Random

House et Simon & Schuster. Plusieurs

autres mod�les ont une dur�e de

vie assez courte, par exemple

l’EveryBook, appareil � double �cran

cr��

par la soci�t� du m�me nom, ou

encore le Millennium eBook, cr�� par la

soci�t� Librius.com. A cette �poque,

qui n’est pas si lointaine, toutes

ces tablettes �lectroniques p�sent

entre 700 grammes et 2 kilos et

peuvent stocker une dizaine de livres.

Le Gemstar eBook

Pr�sent� en octobre 2000 � New York

et commercialis� le mois suivant

aux �tats-Unis, le Gemstar eBook se

d�cline en deux mod�les, qui sont

les successeurs du Rocket eBook (con�u

par NuvoMedia) et du SoftBook

Reader (con�u par SoftBook Press),

suite au rachat de NuvoMedia et de

SoftBook Press en janvier 2000 par

Gemstar-TV Guide International,

grande soci�t� sp�cialis�e dans les

produits et services num�riques

pour les m�dias.

Ces deux mod�les - le REB 1100 (�cran

noir et blanc, successeur du

Rocket eBook) et le REB 1200 (�cran

couleur, successeur du SoftBook

Reader) - sont construits et vendus sous

le label RCA, appartenant �

Thomson Multimedia. Le syst�me

d’exploitation, le navigateur et le

logiciel de lecture sont sp�cifiques �

l’appareil, tout comme le format

de lecture, bas� sur le format OeB (Open

eBook). Les deux mod�les sont

vendus respectivement 300 et 699 dollars

US par la cha�ne de magasins

SkyMall.

Les ventes sont tr�s inf�rieures aux

pronostics. En avril 2002, un

article du New York Times annonce

l’arr�t de la fabrication de ces

appareils par RCA. En automne 2002,

leurs successeurs - le GEB 1150 et

le GEB 2150 - sont produits sous le label

Gemstar et vendus par SkyMall

� un prix beaucoup plus comp�titif,

avec ou sans abonnement annuel ou

bisannuel � la librairie num�rique

Gemstar eBook. Le GEB 1150 co�te 199

dollars sans abonnement, et 99 dollars

avec abonnement annuel (factur�

20 dollars par mois). Le GEB 2150 co�te

349 dollars sans abonnement, et

199 dollars avec abonnement bisannuel

(�galement factur� 20 dollars par

mois).

Mais les ventes restent peu concluantes -

faute d’un march� m�r pour ce

genre d’appareil - et Gemstar d�cide

de mettre fin � ses activit�s

eBook. La soci�t� cesse la vente de ses

tablettes de lecture en juin

2003 et la vente de ses livres

num�riques le mois suivant.

Le Cybook

Premi�re tablette de lecture

europ�enne, le Cybook (21 x 16 cm, 1

kilo)

est con�u et d�velopp� par la

soci�t� fran�aise Cytale, et

commercialis� en janvier 2001. Sa

m�moire - 32 Mo de m�moire SDRAM et

16 Mo de m�moire flash - permet de

stocker 15.000 pages de texte, soit

30 livres de 500 pages.

�J’ai crois� il y a deux ans le chemin

balbutiant d’un projet

extraordinaire, le livre �lectronique�,

�crit en d�cembre 2000 Olivier

Pujol, PDG de Cytale. �Depuis ce jour, je

suis devenu le promoteur

imp�nitent de ce nouveau mode

d’acc�s � l’�crit, � la lecture, et au

bonheur de lire. La lecture num�rique se

d�veloppe enfin, gr�ce � cet

objet merveilleux: biblioth�que, librairie

nomade, livre “adaptable”,

et aussi moyen d’acc�s � tous les sites

litt�raires (ou non), et �

toutes les nouvelles formes de la

litt�rature, car c’est �galement une

fen�tre sur le web.�

Mais les ventes sont tr�s inf�rieures aux

pronostics - le march�

n’�tant pas m�r pour ce genre

d’appareil - et forcent la soci�t� � se

d�clarer en cessation de paiement.

Cytale est mis en liquidation

judiciaire en juillet 2002 et cesse ses

activit�s � la m�me date.

La commercialisation du Cybook est

reprise quelques mois plus tard par

la soci�t� Bookeen, cr��e en 2003 �

l’initiative de Michael Dahan et

Laurent Picard, deux ing�nieurs de

Cytale. En juillet 2007, Bookeen

d�voile une nouvelle version de sa

tablette, baptis�e Cybook Gen�, avec

un �cran utilisant pour la premi�re fois

la technologie E Ink.

Les mod�les de

Sony

En avril 2004, Sony lance au Japon le

Libri� ����-EP, produit en

partenariat avec les soci�t�s Philips et

E Ink. Cette tablette est la

premi�re � utiliser la technologie

d’affichage d�velopp�e par la

soci�t� E Ink et d�nomm�e encre

�lectronique.

L’appareil p�se 300 grammes (avec

piles et protection d’�cran) pour une

taille de 12,6 x 19 x 1,3 centim�tres. Sa

m�moire est de 10 Mo - avec

possibilit� d’extension - et sa capacit�

de stockage de 500 livres. Son

�cran de 6 pouces a une d�finition de

170 DPI et une r�solution de 800

x 600 pixels. Un port USB permet le

t�l�chargement des livres � partir

de son ordinateur. L’appareil comprend

aussi un clavier, une fonction

d’enregistrement et une synth�se

vocale. Il fonctionne avec quatre

piles alcalines, qui permettraient la

consultation de 10.000 pages. Son

prix est de 375 dollars US.

Le Libri� c�de ensuite la place au Sony

Reader, lanc� en septembre 2006

aux �tats-Unis au prix de 350 dollars,

avec six mod�les sortis depuis

avec succ�s.

Le Kindle

Amazon.com lance en novembre 2007 sa

propre tablette de lecture, le

Kindle, avec un format livresque (19 x 13

x 1,8 cm), un poids de 289

grammes, un �cran noir et blanc (6

pouces, 800 x 600 pixels), un

clavier, une m�moire de 256 Mo

(extensible par carte SD), un port USB

et une connexion sans fil (WiFi). Vendu

400 dollars US (273 euros), le

Kindle peut contenir jusqu’� 200 livres

parmi les 80.000 livres

num�riques disponibles sur le site

d’Amazon. 538.000 tablettes sont

vendues en 2008.

En f�vrier 2009, Amazon lance une

nouvelle version du Kindle, le Kindle

2, au prix de 359 dollars (prix qui baisse

sensiblement dans les mois

qui suivent), avec un catalogue de

230.000 titres. En mai de la m�me

ann�e, Amazon lance le Kindle DX avec

un �cran plus grand, notamment

pour la lecture de journaux et magazines,

pour un prix de 489 dollars.

L’iPad

En avril 2010, la soci�t� Apple lance

l’iPad, sa tablette num�rique

multifonctions, au prix de 499 dollars US,

avec un iBookstore de 60.000

livres num�riques qui devrait s’�toffer

rapidement. Apr�s l’iPod (lanc�

en octobre 2001) puis l’iPhone (lanc�

en juin 2007), deux objets cultes

aupr�s de toute une g�n�ration, Apple

devient lui aussi un acteur de

poids pour le livre num�rique.

La comp�tition risque d’�tre rude sur

un march� tr�s prometteur. Reste

� voir quels mod�les seront retenus par

l’usager parce que solides,

l�gers, �conomiques et procurant un

v�ritable �confort de lecture�,

sans oublier l’aspect esth�tique et les

possibilit�s de lecture en 3 D.

Petit ou grand �cran? Smartphone ou

tablette?

Selon Jean-Paul, webmestre du site

hyperm�dia cotres.net, interview� en

janvier 2007, �on progresse. Les PDA et

autres baladeurs multim�dia ont

form� le public � manipuler des

�crans tactiles de dimension

individuelle (par opposition aux bornes

publiques de circulation et

autres tirettes-�-sous). L’hyperm�dia

est maintenant une �vidence. Il

ne reste plus qu’� laisser se bousculer

les ing�nieurs et les

marketteurs pour voir sortir un objet

rentable, l�ger, attirant, peu

fragile, occupant au mieux l’espace qui

s�pare les deux mains d’un

terrien assis dans le bus ou sur sa lunette

WC: la surface d’une

feuille A� en format italien, soit � 800 x

600 pixels. Bien s�r, ce que

montrera cette surface ne sera pas en 2 D

mais en 3 D. Comme les GPS

prochaine g�n�ration, ou les �crans de

vis�e sur le cockpit d’un A-

Win.�

On nous parle maintenant de papier

�lectronique pour �bient�t�, avec

les soci�t�s E Ink et Plastic Logic en

t�te de file pour nous proposer

des supports de lecture souples et ultra-

fins.

CONCLUSION

[R�sum�]

En 2010, offrir un livre num�rique

devient �tendance�, et le lire sur

son smartphone ou sa tablette l’est

encore plus. Preuve que le monde du

livre a bien chang� depuis la panique

ayant saisi les �diteurs et les

libraires � la fin des ann�es 1990. Dix

ans plus tard, trois termes

paraissent essentiels: stockage,

organisation et diffusion. Dans un

proche avenir, on devrait disposer de

l’ensemble du patrimoine mondial

stock� sous forme num�rique, d’une

organisation effective de

l’information et d’un r�seau internet

omnipr�sent. Confidentiel en

2000, puis parent pauvre des fichiers

musicaux et vid�o, le livre

num�rique est d�sormais en bonne

place � c�t� de la musique et des

films.

Tim Berners-Lee est l’inventeur du web

en 1990. A la question de Pierre

Ruetschi, journaliste au quotidien La

Tribune de Gen�ve: �Sept ans plus

tard, �tes-vous satisfait de la fa�on

dont le web a �volu�?�, il r�pond

en d�cembre 1997 que, s’il est heureux

de la richesse et de la vari�t�

de l’information disponible, le web n’a

pas encore la puissance pr�vue

dans sa conception d’origine. Il aimerait

�que le web soit plus

interactif, que les gens puissent cr�er de

l’information ensemble�, et

pas seulement consommer celle qui leur

est propos�e. Le web doit

devenir �un m�dia de collaboration, un

monde de connaissance que nous

partageons�.

Son souhait commence � se concr�tiser

quelque sept ann�es plus tard, en

2004, avec ce qu’on appelle le web 2.0.

La paternit� de l’expression

�web 2.0� revient d’ailleurs � un

�diteur, Tim O’Reilly, fondateur des

�ditions O’Reilly Media, qui utilise

cette expression pour la premi�re

fois en 2004 comme titre d’une s�rie

de conf�rences qu’il est en train

d’organiser. D�sormais, le web ne vise

plus seulement � utiliser

l’information, mais il incite aussi les

usagers � �changer et

collaborer en ligne, sur des blogs, des

wikis, des sites sociaux ou des

encyclop�dies coop�ratives comme

Wikip�dia et Citizendium.

Un enjeu tout aussi important est

l’accessibilit� de l’internet pour

tous. Mis en ligne en septembre 2000 par

l’association du m�me nom, le

site Handicapz�ro devient en f�vrier

2003 un portail g�n�raliste

offrant un acc�s adapt� �

l’information pour les Francophones

ayant un

probl�me visuel, � savoir plus de 10%

de la population. Le portail

offre des informations dans nombre de

domaines: actualit�s, programmes

de t�l�vision, m�t�o, sant�, emploi,

consommation, loisirs, sports,

t�l�phonie, etc. Les personnes

aveugles peuvent acc�der au site au

moyen d’une plage braille ou d’une

synth�se vocale. Les personnes

malvoyantes peuvent param�trer sur la

page d’accueil la taille et la

police des caract�res ainsi que la

couleur du fond d’�cran pour une

navigation confortable. Les personnes

voyantes peuvent correspondre en

braille avec des aveugles par le biais du

site.

En octobre 2006, le portail adopte une

nouvelle pr�sentation en

enrichissant encore son contenu, en

adoptant une navigation plus

intuitive pour la page d’accueil, en

proposant des raccourcis de

clavier, en offrant un service am�lior�

pour l’affichage �confort de

lecture�, etc. Plus de 2 millions de

visiteurs utilisent les services

du portail en 2006. Handicapz�ro

entend ainsi d�montrer �que, sous

r�serve du respect de certaines r�gles

�l�mentaires, l’internet peut

devenir enfin un espace de libert� pour

tous�.

Un autre enjeu est l’infrastructure de

l’internet. La connexion au

r�seau est d�sormais plus facile, avec

la DSL, le c�ble ou la fibre

optique, tout comme les technologies

WiFi pour un secteur g�ographique

limit� et WiMAX pour un secteur

g�ographique �tendu. Jean-Paul,

webmestre du site hyperm�dia

cotres.net, r�sume la situation en

janvier

2007: �J’ai l’impression que nous

vivons une p�riode “flottante”, entre

les temps h�ro�ques, o� il s’agissait

d’avancer en attendant que la

technologie nous rattrape, et le futur, o�

le tr�s haut d�bit va

lib�rer les forces qui commencent �

bouger, pour l’instant dans les

seuls jeux.�

L’internet du futur pourrait �tre un

r�seau pervasif permettant de se

connecter en tout lieu et � tout moment

sur tout type d’appareil �

travers un r�seau unique et

omnipr�sent. Le concept de r�seau

pervasif

est d�velopp� par Rafi Haladjian,

fondateur de la soci�t� Ozone. Comme

expliqu� sur le site web de la soci�t�

en 2007, �la nouvelle vague

touchera notre monde physique, notre

environnement r�el, notre vie

quotidienne dans tous les instants. Nous

n’acc�derons plus au r�seau,

nous l’habiterons. Les composantes

futures de ce r�seau (parties

filiaires, parties non filiaires, op�rateurs)

seront transparentes �

l’utilisateur final. Il sera toujours ouvert,

assurant une permanence

de la connexion en tout lieu. Il sera

�galement agnostique en terme

d’application(s), puisque fond� sur les

protocoles m�mes de

l’internet.�

Pierre Schweitzer, inventeur du projet

@folio, une tablette de lecture

nomade, �crit en d�cembre 2006: �La

chance qu’on a tous est de vivre

l�, ici et maintenant cette

transformation fantastique. Quand je suis

n� en 1963, les ordinateurs avaient

comme m�moire quelques pages de

caract�res � peine. Aujourd’hui, mon

baladeur de musique pourrait

contenir des milliards de pages, une vraie

biblioth�que de quartier.

Demain, par l’effet conjugu� de la loi

de Moore et de l’omnipr�sence

des r�seaux, l’acc�s instantan� aux

oeuvres et aux savoirs sera de

mise. Le support de stockage lui-m�me

n’aura plus beaucoup d’int�r�t.

Seules importeront les commodit�s

fonctionnelles d’usage et la po�tique

de ces objets.�

chacun d’avoir une biblioth�que

compl�te - jusque-l� r�serv�e � la

collectivit� -, sur un support qu’on

peut glisser dans sa poche, le

plus de 33.000 livres num�riques en

octobre 2010, soit la taille d’une

biblioth�que publique de quartier, mais

cette fois disponible sur le

web et ind�finiment reproductible.

Le web est aussi une formidable

aventure. Selon les termes m�mes de

Tim

Berners-Lee, son inventeur, �le r�ve

derri�re le web est un espace

d’information commun dans lequel

nous communiquons en partageant

l’information. Son universalit� est

essentielle, � savoir le fait qu’un

lien hypertexte puisse pointer sur quoi

que ce soit, quelque chose de

personnel, de local ou de global, aussi

bien une �bauche qu’une

r�alisation tr�s sophistiqu�e.

Deuxi�me partie de ce r�ve, le web

deviendrait d’une utilisation tellement

courante qu’il serait un miroir

r�aliste (sinon la principale incarnation)

de la mani�re dont nous

travaillons, jouons et nouons des

relations sociales. Une fois que ces

interactions seraient en ligne, nous

pourrions utiliser nos ordinateurs

pour nous aider � les analyser, donner

un sens � ce que nous faisons,

et voir comment chacun trouve sa place

et comment nous pouvons mieux

travailler ensemble.� (extrait de son

essai The World Wide Web: A very

short personal history (Le World Wide

Web: une tr�s courte histoire

personnelle), dat� d’avril 1998)

Quinze ans apr�s la cr�ation du web, le

magazine Wired constate dans

son num�ro d’ao�t 2005 que �moins

de la moiti� du web est commercial,

le reste fonctionne avec la passion�.

Quant � l’internet, d’apr�s le

quotidien Le Monde du 19 ao�t 2005,

�ses trois pouvoirs - l’ubiquit�,

la vari�t� et l’interactivit� - rendent

son potentiel d’usages quasi

infini�.

Le futur sera-t-il le cyberespace d�crit en

1994 par Timothy Leary,

philosophe, dans son livre Chaos et

cyberculture? �Toute l’information

du monde est � l’int�rieur [NDLR: de

gigantesques bases de donn�es]. Et

gr�ce au cyberespace, tout le monde

peut y avoir acc�s. Tous les

signaux humains contenus jusque-l�

dans les livres ont �t� num�ris�s.

Ils sont enregistr�s et disponibles dans

ces banques de donn�es, sans

compter tous les tableaux, tous les films,

toutes les �missions de

t�l�, tout, absolument tout.�

Nous n’en sommes pas encore l�. Mais,

en 2010, sur les 30 millions de

livres du domaine public pr�sents dans

les biblioth�ques (sans compter

les diff�rentes �ditions), 10 millions de

livres seraient d�j�

librement disponibles sur l’internet.

Libraire, �diteur puis consultant en

�dition �lectronique, Nicolas

Pewny voit �le livre num�rique du futur

comme un “ouvrage total”

r�unissant textes, sons, images, vid�o,

interactivit�: une nouvelle

mani�re de concevoir et d’�crire et de

lire, peut-�tre sur un livre

unique, sans cesse renouvelable, qui

contiendrait tout ce qu’on a lu,

unique et multiple compagnon�.

Archive et Google Books pour lire des

livres, Wikip�dia pour nous

documenter et Facebook et Twitter pour

communiquer, un point

particuli�rement int�ressant semble

�tre la possibilit� - encore �

l’�tude - de la traduction simultan�e

du m�me livre dans de nombreuses

langues, m�me si la traduction

automatique reste encore � am�liorer.

Rien ne remplacera une traduction par

un traducteur litt�raire

professionnel, bien s�r, mais ce serait un

premier pas pour ceux qui

souhaiteraient d�couvrir de nouvelles

oeuvres sans en conna�tre la

langue, avant de recruter ensuite un

traducteur litt�raire

professionnel pour proposer une

traduction de qualit�. C’est aussi

l’assurance d’un vaste d�bat sur les

avantages et les limites de la

traduction automatique, un d�bat

entam� dans les ann�es 1990 et qui

n’est pas pr�t d’�tre clos.

Sans nul doute, nous continuerons �

vivre des ann�es passionnantes, qui

ne seront pas seulement marqu�es par

l’iPad et ses successeurs ou

encore le (v�ritable) papier

�lectronique enfin sorti des

�prouvettes

des chercheurs, mais qui verront aussi

une imbrication plus grande des

technologies du livre avec celles des

langues, un sujet auquel

l’auteure pense d�sormais se

consacrer.

Mais, qu’il soit un volume imprim� ou

un fichier num�rique, le livre

est d’abord un ensemble de mots

�manant d’une personne voulant

communiquer ses pens�es, ses

sentiments ou son savoir � large

�chelle.

Souvent appel� le p�re de l’internet

parce que co-inventeur en 1974 des

protocoles du r�seau, Vinton Cerf aime

� rappeler que l’internet relie

moins des ordinateurs que des

personnes et des id�es. Ce fut le cas

pour ce livre. Merci � tous -

professionnels du livre et apparent�s -

pour leur participation, pour leur temps

et pour leur amiti�.

CHRONOLOGIE

[Chaque ligne d�bute par l’ann�e ou

bien l’ann�e/mois. Par exemple,

1971�07 signifie juillet 1971.]

1968: Le code ASCII est le premier

syst�me d’encodage informatique.

1974: L’internet fait ses d�buts.

1977: L’UNIMARC est cr�� en tant que

format bibliographique commun.

1983: L’internet prend son envol.

1984: Le copyleft est institu� pour les

logiciels puis pour toute

oeuvre de cr�ation.

1984: Psion lance l’agenda

�lectronique Psion Organiser.

1986: Franklin lance le premier

dictionnaire consultable sur une

machine de poche.

1990: Le web fait ses d�buts.

1991�01: L’Unicode est un syst�me

d’encodage pour toutes les langues.

1993�01: L’Online Books Page est le

premier r�pertoire de livres en

acc�s libre.

1993�06: Adobe lance le format PDF et

l’Acrobat Reader.

1993�07: L’E-zine-list recense les zines

�lectroniques.

1993�11: Mosaic est le premier logiciel de

navigation sur le web.

1994�02: Le premier site de biblioth�que

est mis en ligne.

1994: La NAP met des livres en acc�s

libre sur son site pour augmenter

leurs ventes imprim�es.

1995�07: Amazon.com est la premi�re

grande librairie en ligne.

1995: La grande presse se met en ligne.

1996�03: Le Palm Pilot est le premier

assistant personnel (PDA).

1996�04: L’Internet Archive est cr��e

pour archiver le web.

1996�07: CyLibris est le pionnier

francophone de l’�dition

�lectronique.

1996�10: Le projet @folio travaille � un

baladeur de textes �ouvert�.

1996: On se penche sur de nouvelles

m�thodes d’enseignement.

1997: L’�dition �lectronique

commence � se g�n�raliser.

1997�01: La convergence multim�dia est

le sujet d’un colloque.

1997�04: E Ink d�veloppe une

technologie d’encre �lectronique.

1997�10: La Biblioth�que nationale de

France lance Gallica, sa

biblioth�que num�rique.

1997�12: AltaVista lance son logiciel de

traduction automatique Babel

Fish.

1998�05: Les �ditions ��h�� vendent des

livres num�riques.

1999: Des biblioth�caires deviennent

cyberth�caires.

1999: Certains auteurs se mettent au

num�rique.

1999: WordReference.com propose des

dictionnaires bilingues gratuits.

1999: Le Rocket eBook est la premi�re

tablette de lecture.

1999�09: Le format Open eBook (OeB) est

un standard de livre num�rique.

1999�12: WebEncyclo est la premi�re

grande encyclop�die francophone en

ligne.

1999�12: Britannica.com est la premi�re

grande encyclop�die anglophone

en ligne.

2000�01: Le Million Book Project veut

proposer un million de livres sur

le web.

2000�03: Mobipocket se consacre aux

livres num�riques pour assistant

personnel.

2000�04: Microsoft lance son assistant

personnel Pocket PC.

2000�07: La moiti� des usagers de

l’internet est non anglophone.

2000�07: Stephen King auto-publie un

roman en ligne.

2000�08: Microsoft lance le Pocket PC

(PDA) et le Microsoft Reader.

2000�09: Le Grand dictionnaire

terminologique (GDT) est bilingue

fran�ais-anglais.

2000�09: La librairie Numilog se consacre

aux livres num�riques.

2000�09: Le portail Handicapz�ro

d�montre que l’internet est pour tous.

2000�10: Distributed Proofreaders

num�rise les livres du domaine

public.

2000�10: La Public Library of Science

envisage des revues scientifiques

en ligne gratuites.

2000�10: Franklin lance l’eBookMan, un

assistant personnel multim�dia.

2000�10: Gemstar lance ses tablettes de

lecture Gemstar eBook.

2001�01: Wikip�dia est la premi�re

grande encyclop�die collaborative

gratuite.

2001�01: Le Cybook est la premi�re

tablette de lecture europ�enne.

2001: La licence Creative Commons

adapte le droit d’auteur au web.

2001: Le Nokia 9210 est le premier

smartphone.

2003�09: Le mat�riel p�dagogique des

cours du MIT est � la disposition

de tous.

2004�10: Google lance Google Print pour

le rebaptiser ensuite Google

Books.

2005�04: Amazon.com rach�te la

soci�t� Mobipocket.

2005�10: L’Open Content Alliance lance

une biblioth�que num�rique

plan�taire et publique.

2006�08: Le catalogue collectif mondial

WorldCat lance une version

gratuite sur le web.

2006�10: Microsoft lance Live Search

Books mais l’abandonne ensuite.

2006�10: Sony lance sa tablette de

lecture Sony Reader.

2007�03: Citizendium est une

encyclop�die en ligne collaborative

�fiable�.

2007�03: IATE est la base terminologique

multilingue europ�enne.

2007�05: L’Encyclopedia of Life compte

r�pertorier toutes les esp�ces

v�g�tales et animales.

2007�11: Amazon.com lance sa tablette

de lecture Kindle.

2008�05: Numilog devient une filiale

d’Hachette Livre.

2008�10: Google Books propose un

accord aux associations d’auteurs et

d’�diteurs.

2008�11: Europeana est la biblioth�que

num�rique europ�enne.

2010�04: Apple lance l’iPad, sa propre

tablette.

REMERCIEMENTS

Ce livre doit beaucoup � toutes les

personnes ayant accept� de r�pondre

� mes questions au fil des ans. Certains

entretiens sont disponibles en

ligne sur le Net des �tudes fran�aises

(NEF)

francaises.net/entretiens/>, Universit�

de Toronto, Canada. D’autres

entretiens ont �t� directement inclus

dans ce livre ou alors ils ont

inspir� des id�es d�velopp�es dans

ces pages.

Merci � Nicolas Ancion, Alex

Andrachmes, Guy Antoine, Silvaine

Arabo,

Arlette Attali, Marc Autret, Isabelle

Aveline, Jean-Pierre Balpe,

Emmanuel Barthe, Robert Beard, Michael

Behrens, Michel Beno�t, Guy

Bertrand, Olivier Bogros, Christian Boitet,

Bernard Boudic, Bakayoko

Bourahima, Marie-Aude Bourson, Lucie

de Boutiny, Anne-C�cile

Brandenbourger, Alain Bron, Patrice

Cailleaud, Tyler Chambers, Pascal

Chartier, Richard Chotin, Alain Clavet,

Jean-Pierre Cloutier, Jacques

Coubard, Luc Dall’Armellina, Kushal

Dave, Cynthia Delisle, �milie

Devriendt, Bruno Didier, Catherine

Domain, Helen Dry, Bill Dunlap,

Pierre-No�l Favennec, G�rard

Fourestier, Pierre Fran�ois Gagnon,

Olivier Gainon, Jacques Gauchey,

Raymond Godefroy, Muriel Goiran,

Marcel Grangier, Barbara Grimes, Michael

Hart, Roberto Hern�ndez

Montoya, Randy Hobler, Eduard Hovy,

Christiane Jadelot, G�rard Jean-

Fran�ois, Jean-Paul, Anne-B�n�dicte

Joly, Brian King, Geoffrey

Kingscott, Steven Krauwer, Ga�lle

Lacaze, Michel Landaret, H�l�ne

Larroche, Pierre Le Loarer, Claire Le

Parco, Annie Le Saux, Fabrice

Lhomme, Philippe Loubi�re, Pierre

Magnenat, Xavier Malbreil, Alain

Marchiset, Maria Victoria Marinetti,

Michael Martin, Tim McKenna,

Emmanuel M�nard, Yoshi Mikami, Jacky

Minier, Jean-Philippe Mouton, John

Mark Ockerbloom, Caoimh�n �

Donna�le, Jacques Pataillot, Alain Patez,

Nicolas Pewny, Marie-Joseph Pierre,

Herv� Ponsot, Olivier Pujol, Anissa

Rachef, Peter Raggett, Patrick Rebollar,

Philippe Renaut, Jean-Baptiste

Rey, Philippe Rivi�re, Blaise Rosnay,

Bruno de Sa Moreira, Pierre

Schweitzer, Henk Slettenhaar, Murray

Suid, June Thompson, Zina Tucsnak,

Fran�ois Vadrot, Christian Vandendorpe,

Robert Ware, Russon Wooldridge

et Denis Zwirn.

Copyright � 2010 Marie Lebert. Tous

droits r�serv�s.


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