Date post: | 20-Jan-2023 |
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LE LIVRE, DE L’IMPRIM� AU
NUM�RIQUE
MARIE LEBERT
NEF, Universit� de Toronto, 2010
Copyright � 2010 Marie Lebert. Tous
droits r�serv�s.
Ce livre est d�di� � toutes les
personnes
ayant r�pondu � mes questions
pendant dix ans,
en Europe, en Afrique, en Asie, en
Australie
et dans les Am�riques,
avec tous mes remerciements pour leur
temps
et pour leur amiti�.
Le livre imprim� a cinq si�cles et demi.
Le livre num�rique a bient�t
quarante ans. On peut d�sormais lire un
livre sur son ordinateur, sur
son assistant personnel (PDA), sur son
t�l�phone mobile, sur son
smartphone ou sur une tablette de
lecture. Ce livre fait le point de la
situation en se basant sur quelques
milliers d’heures de navigation sur
le web pendant dix ans et sur une
centaine d’entretiens conduits de par
l’iPad�, en passant par ��h��, @folio,
Adobe, Amazon, Apple, Bookeen,
Le Choucas, CyLibris, Europeana,
Franklin, Gallica, Google, l’Internet
Archive, Microsoft, Mobipocket, Numilog,
Palm, Psion, Sony, Ulysse,
Unicode, le W�C et bien d’autres.
Marie Lebert, chercheuse et journaliste,
s’int�resse aux technologies
pour le livre et les langues. Elle est
l’auteure de Booknologie: le
livre num�rique (1971-2010), Une courte
histoire de l’ebook (NEF, 2009)
et Le Livre 010101 (NEF, 2003). Ses livres
sont publi�s par le Net des
�tudes fran�aises (NEF) ,
Universit� de Toronto, Canada, et sont
librement disponibles dans le
http://manybooks.net, dans divers
formats permettant leur lecture sur
tout appareil �lectronique (ordinateur,
PDA, t�l�phone mobile,
smartphone et tablette de lecture).
TABLE
Introduction
Un pari depuis 1971
Du pass� vers l’avenir
L’Online Books Page
Un r�pertoire d’oeuvres en
acc�s libre
Le durcissement du copyright
La presse se met en ligne
L’E-zine-list
La presse imprim�e
Amazon.com
Aux �tats-Unis
En Europe
Dans le monde
Et les petites librairies?
Les �diteurs sur le r�seau
Deux �diteurs pilotes
Premiers �diteurs �lectroniques
�diteurs traditionnels et
technologies
La convergence multim�dia
Une d�finition
Des commentaires
La mue des biblioth�ques
Des biblioth�ques num�riques
Un exemple: Gallica
Du biblioth�caire au
cyberth�caire
Des catalogues en r�seau
Une information multilingue
De l’ASCII � l’Unicode
De l’anglais au plurilinguisme
Des dictionnaires de langues en
ligne
Le copyright revisit�
Droit d’auteur et internet
Copyleft et Creative Commons
Domaine public et copyright
Une vaste encyclop�die
Vers un savoir num�rique
Quelques projets pilotes
Des best-sellers num�riques
Des logiciels de lecture
Stephen King ouvre la voie
D’autres auteurs suivent
Numilog, librairie num�rique
La cyber-litt�rature
Po�sie
Fables
Romans policiers
Autres oeuvres de fiction
Romans num�riques
Mails-romans
Sites hyperm�dias
Vers une biblioth�que plan�taire
Google Books
L’Open Content Alliance
Autres initiatives
PDA, smartphones et tablettes
Le projet @folio
PDA (assistants personnels)
Smartphones
Tablettes de lecture
Conclusion
Chronologie
Remerciements
INTRODUCTION
Le livre a beaucoup chang� depuis 1971.
Le livre imprim� a cinq si�cles et demi.
Le livre num�rique a bient�t
quarante ans (le 4 juillet 2011). Il est n�
en tant que eText #1 du
Michael Hart pour distribuer
gratuitement les oeuvres litt�raires par
voie �lectronique.
D’abord consid�r� comme
compl�tement irr�aliste, ce projet
trouve un
second souffle et un rayonnement
international avec l’apparition du web
en 1990, puis la cr�ation de Distributed
Proofreaders en 2000 pour
partager la relecture des livres entre des
milliers de volontaires.
Signe des temps, en novembre 2000, la
British Library met en ligne la
jamais �t� imprim�. Datant de 1454 ou
1455, cette Bible aurait �t�
en Allemagne. 48 exemplaires, dont
certains incomplets, existeraient
toujours, dont trois (deux versions
compl�tes et une partielle) � la
British Library.
En 2010, des milliers d’oeuvres du
domaine public sont en acc�s libre
sur le web. Les libraires et les �diteurs
ont pour la plupart un site
web. Certains naissent directement sur le
web, avec la totalit� de
leurs transactions r�alis�es via
l’internet. De plus en plus de livres
et revues ne sont disponibles qu’en
version num�rique, pour �viter les
co�ts d’une publication imprim�e.
Des auteurs font na�tre leurs oeuvres
sur des sites d’�criture hypertexte ou
hyperm�dia.
L’internet est devenu indispensable
pour se documenter, pour
communiquer, pour avoir acc�s aux
livres et pour �largir ses
connaissances. Nous n’avons plus
besoin de courir d�sesp�r�ment
apr�s
l’information dont nous avons besoin.
L’information dont nous avons
besoin est � notre port�e, y compris
pour ceux qui suivent leurs �tudes
par correspondance, qui vivent en rase
campagne, qui travaillent �
domicile ou qui sont clou�s sur un lit.
Le web est devenu une gigantesque
encyclop�die, une �norme
biblioth�que, une immense librairie et
un m�dium des plus complets. De
�statique� dans les livres imprim�s,
l’information est devenue fluide,
avec possibilit� d’actualisation
constante.
On peut d�sormais lire un livre sur son
ordinateur, sur son PDA
(assistant personnel), sur son
t�l�phone mobile, sur son smartphone
ou
sur une tablette de lecture.
Tel est le voyage virtuel que nous allons
entreprendre dans ces pages.
Ce livre est issu des multiples liens tiss�s
sur le Net des �tudes
fran�aises (NEF), fond� en mai 2000 par
Russon Wooldridge, professeur �
l’Universit� de Toronto (Canada). Sauf
indication contraire, les
citations sont des extraits des Entretiens
du NEF
francaises.net/entretiens/> et des
entretiens qui ont suivi pour les
actualiser et les compl�ter.
[R�sum�]
Le premier livre num�rique date de
juillet 1971. Il s’agit de l’eText
pour cr�er des versions �lectroniques
d’oeuvres litt�raires et les
avait permis � chacun d’avoir des
livres imprim�s pour un prix
chacun d’avoir une biblioth�que
num�rique gratuite. Ce projet trouve un
second souffle et un rayonnement
international avec l’apparition du web
en 1990, puis la cr�ation de Distributed
Proofreaders en 2000 pour
partager la relecture des livres entre des
milliers de volontaires. En
de milliers de t�l�chargements par jour,
des sites web aux �tats-Unis,
en Australie, en Europe et au Canada, et
38 sites miroirs r�partis sur
toute la plan�te.
= Un pari depuis 1971
Gestation
Quels furent les tous d�buts du projet?
Alors �tudiant � l’Universit�
de l’Illinois (�tats-Unis), Michael Hart
se voit attribuer quelques
millions de dollars de �temps
machine� dans le laboratoire
informatique
(Materials Research Lab) de son
universit�.
Le 4 juillet 1971, jour de la f�te
nationale, il saisit The United
States Declaration of Independence (La
D�claration de l’ind�pendance
des �tats-Unis, sign�e le 4 juillet 1776)
sur le clavier de son
ordinateur. En caract�res majuscules,
puisque les caract�res minuscules
n’existent pas encore. Le texte
�lectronique repr�sente 5 Ko (kilo-
octets). Mais l’envoi d’un fichier de 5
Ko � la centaine de personnes
que repr�sente le r�seau de l’�poque
aurait fait imploser celui-ci, la
bande passante �tant infime. Michael
diffuse donc un message indiquant
o� le texte est stock� - sans lien
hypertexte toutefois, puisque le web
ne voit le jour que vingt ans apr�s - suite
� quoi le fichier est
t�l�charg� par six personnes.
Dans la foul�e, Michael d�cide de
consacrer ce cr�dit-temps de quelques
millions de dollars � la recherche des
oeuvres litt�raires disponibles
en biblioth�que et � la num�risation
de celles-ci. Il d�cide aussi de
stocker les textes �lectroniques de la
mani�re la plus simple possible,
au format ASCII (American Standard
Code for Information Interchange),
pour que ces textes puissent �tre lus
sans probl�me quels que soient la
machine, la plateforme et le logiciel
utilis�s. Au lieu d’�tre un
ensemble de pages reli�es, le livre
devient un texte �lectronique que
l’on peut d�rouler en continu, avec des
lettres capitales pour les
termes en italique, en gras et soulign�s
de la version imprim�e.
disposition de tous, par voie
�lectronique, le plus grand nombre
possible d’oeuvres litt�raires. �Nous
consid�rons le texte �lectronique
comme un nouveau m�dium, sans
v�ritable relation avec le papier�,
explique-t-il plus tard, en ao�t 1998.
�Le seul point commun est que
nous diffusons les m�mes oeuvres, mais
je ne vois pas comment le papier
peut concurrencer le texte �lectronique
une fois que les gens y sont
habitu�s, particuli�rement dans les
�tablissements d’enseignement.�
Apr�s avoir saisi The United States
Declaration of Independence en
1971, Michael poursuit ses efforts en 1972
en saisissant The United
States Bill of Rights (La D�claration des
droits am�ricaine). Cette
D�claration comprend les dix premiers
amendements ajout�s en 1789 � la
Constitution des �tats-Unis (qui date
elle-m�me de 1787), et
d�finissant les droits individuels des
citoyens et les pouvoirs
respectifs du gouvernement f�d�ral et
des �tats. En 1973, un volontaire
saisit The United States Constitution (La
Constitution des �tats-Unis)
dans son entier.
D’ann�e en ann�e, la capacit� de la
disquette augmente r�guli�rement -
le disque dur n’existe pas encore - si
bien qu’il est possible
d’envisager des fichiers de plus en plus
volumineux. Des volontaires
entreprennent la num�risation de la
Bible, compos�e elle-m�me de
plusieurs livres qui peuvent �tre trait�s
s�par�ment et occuper chacun
un fichier diff�rent.
Michael Hart d�bute la saisie des
oeuvres compl�tes de Shakespeare,
avec l’aide de volontaires, une pi�ce
de th��tre apr�s l’autre, avec un
fichier pour chaque pi�ce. Cette version
n’est d’ailleurs jamais mise
en ligne, du fait d’une loi plus
contraignante sur le copyright entr�e
en vigueur dans l’intervalle, et qui vise
non pas le texte de
Shakespeare, tomb� depuis longtemps
dans le domaine public, mais les
commentaires et notes de l’�dition
correspondante. D’autres �ditions
annot�es appartenant au domaine
public sont mises en ligne quelques
ann�es plus tard.
Parall�lement, l’internet, qui �tait
encore embryonnaire en 1971,
d�bute v�ritablement en 1974, suite �
la cr�ation du protocole TCP/IP
(Transmission Control Protocol / Internet
Protocol) par Vinton Cerf et
Robert Kahn. En 1983, le r�seau est en
plein essor.
De 10 � 1.000
ebooks
King James Bible, une bible publi�e
pour la premi�re fois en 1611 et
dont la version la plus connue date de
1769. L’ensemble des fichiers de
l’Ancien Testament et du Nouveau
Testament repr�sente 5 Mo (m�ga-
octets).
En 1990, les internautes sont au nombre
de 250.000, et le standard en
vigueur est la disquette de 360 Ko. En
janvier 1991, Michael Hart
saisit Alice’s Adventures in Wonderland
(Alice au pays des merveilles)
de Lewis Carroll (paru en 1865). En juillet
de la m�me ann�e, il saisit
Peter Pan de James M. Barrie (paru en
1904). Ces deux classiques de la
litt�rature enfantine tiennent chacun sur
une disquette standard.
Arrive ensuite le web, op�rationnel en
1991. Le premier navigateur,
Mosaic, appara�t en novembre 1993.
Lorsque l’utilisation du web se
g�n�ralise, il devient plus facile de faire
circuler les textes
�lectroniques et de recruter des
volontaires.
d’un texte par mois en 1991, deux textes
par mois en 1992, quatre
textes par mois en 1993 et huit textes par
mois en 1994.
mise en ligne de The Complete Works of
William Shakespeare (Les oeuvres
compl�tes de William Shakespeare).
Shakespeare �crivit l’essentiel de
son oeuvre entre 1590 et 1613.
La production continue ensuite
d’augmenter, avec une moyenne de 16
textes par mois en 1995 et 32 textes par
mois en 1996.
Comme on le voit, entre 1991 et 1996, la
production double chaque
ann�e. Tout en continuant de
num�riser des livres, Michael coordonne
d�sormais le travail de dizaines de
volontaires.
(a) Light Literature (litt�rature de
divertissement), qui inclut par
exemple Alice’s Adventures in
Wonderland, Peter Pan ou Aesop’s
Fables
(Les Fables d’�sope); (b) Heavy
Literature (litt�rature �s�rieuse�),
qui inclut par exemple La Bible, les
oeuvres de Shakespeare ou Moby
Dick; © Reference Literature (litt�rature
de r�f�rence), compos�e
d’encyclop�dies et de dictionnaires,
par exemple le Roget’s Thesaurus.
Cette pr�sentation en trois secteurs est
abandonn�e par la suite pour
laisser place � un classement par
rubriques plus d�taill�.
choisies que pour le public vis�, le but
�tant de mettre la litt�rature
� la disposition de tous, en d�passant
largement le public habituel des
�tudiants et des enseignants. Le secteur
consacr� � la litt�rature de
divertissement est destin� � amener
devant l’�cran un public tr�s
divers, par exemple des enfants et leurs
grands-parents recherchant le
texte �lectronique de Peter Pan apr�s
avoir vu le film Hook, ou
recherchant la version �lectronique
d’Alice au pays des merveilles
apr�s avoir regard� l’adaptation
film�e � la t�l�vision, ou recherchant
l’origine d’une citation litt�raire
apr�s avoir vu un �pisode de Star
Trek. Pratiquement tous les �pisodes de
Star Trek citent des livres
L’objectif est donc que le public, qu’il
soit familier ou non avec le
livre imprim�, puisse facilement
retrouver des textes entendus dans des
conversations, des films, des musiques,
ou alors lus dans d’autres
livres, journaux et magazines. Les fichiers
�lectroniques prennent peu
de place gr�ce � l’utilisation du
format ASCII. On peut facilement les
t�l�charger par le biais de la ligne
t�l�phonique. La recherche
textuelle est tout aussi simple. Il suffit
d’utiliser la fonction
�rechercher� pr�sente dans
n’importe quel logiciel.
En 1997, la production est toujours de 32
titres par mois. En juin
Hood (Les aventures de Robin des Bois)
de Howard Pyle (paru en 1883).
En ao�t 1997, il met en ligne son
milli�me texte �lectronique, La
Divina Commedia (La Divine Com�die)
de Dante Alighieri (parue en 1321),
dans sa langue d’origine, en italien.
En ao�t 1998, Michael Hart �crit: �Mon
projet est de mettre 10.000
textes �lectroniques sur l’internet.
[NDLR: Ce sera chose faite en
octobre 2003.] Si je pouvais avoir des
subventions importantes,
j’aimerais aller jusqu’� un million et
�tendre aussi le nombre de nos
usagers potentiels de �,x% � 10% de la
population mondiale, ce qui
repr�senterait la diffusion de 1.000 fois
un milliard de textes
�lectroniques, au lieu d’un milliard
seulement.�
De 1.000 � 10.000
ebooks
Entre 1998 et 2000, la moyenne est
constante, avec 36 textes par mois.
En mai 1999, les collections comptent
2.000 livres. Le �.���e titre est
Don Quijote (Don Quichotte) de
Cervant�s (paru en 1605), dans sa
langue
d’origine, en espagnol.
Disponible en d�cembre 2000, le �.���e
titre est le troisi�me volume de
� l’ombre des jeunes filles en fleurs de
Marcel Proust (paru en 1919),
dans sa langue d’origine, en fran�ais.
La moyenne passe � 104 livres
par mois en 2001.
Mis en ligne en octobre 2001, le �.���e
titre est The French Immortals
Series (Collection de textes d’Immortels
fran�ais), dans sa traduction
anglaise. Publi� � Paris en 1905 par la
Maison Mazarin, ce livre
rassemble plusieurs fictions
d’�crivains couronn�s par
l’Acad�mie
fran�aise, comme �mile Souvestre,
Pierre Loti, Hector Malot, Charles de
Bernard, Alphonse Daudet, etc.
Disponible en avril 2002, le �.���e titre
est The Notebooks of Leonardo
da Vinci (Les Carnets de L�onard de
Vinci), des carnets datant du d�but
du ��e si�cle et qui se trouvent toujours
dans le Top 100 des livres
t�l�charg�s en 2010.
En 1988, Michael Hart avait choisi de
num�riser Alice’s Adventures in
Wonderland et Peter Pan parce que, dans
l’un et l’autre cas, leur
version num�ris�e tenait sur une
disquette de 360 Ko, le standard de
l’�poque. Quinze ans plus tard, en
2002, on dispose de disquettes de
1,44 Mo et on peut ais�ment compresser
les fichiers en les zippant. Un
fichier standard peut d�sormais
comporter trois millions de caract�res,
plus qu’il n’en faut pour un livre de
taille moyenne, puisqu’un roman
de 300 pages num�ris� au format ASCII
repr�sente un m�ga-octet. Un
livre volumineux tient sur deux fichiers
ASCII, t�l�chargeables tels
quels ou en version zipp�e. Cinquante
heures environ sont n�cessaires
pour s�lectionner un livre de taille
moyenne, v�rifier qu’il est bien
du domaine public, le scanner, le
corriger, le formater et le mettre en
page.
Quelques num�ros de livres sont
r�serv�s pour l’avenir, par exemple le
num�ro 1984 (eText #1984) pour le
roman �ponyme de George Orwell,
publi� en 1949, et qui est donc loin
d’�tre tomb� dans le domaine
public.
En 2002, les collections s’accroissent de
203 titres par mois. Au
printemps 2002, elles repr�sentent le
quart des oeuvres du domaine
public en acc�s libre sur le web,
recens�es de mani�re pratiquement
exhaustive par l’Internet Public Library
(IPL), un beau r�sultat d� au
patient travail de milliers de volontaires
actifs dans de nombreux
pays.
1.000 livres en ao�t 1997, 2.000 livres en
mai 1999, 3.000 livres en
d�cembre 2000, 4.000 livres en octobre
2001, 5.000 livres en avril
2002, 10.000 livres en octobre 2003. Le
��.���e livre est The Magna
Carta, qui fut le premier texte
constitutionnel anglais, sign� en 1215.
Entre avril 2002 et octobre 2003, les
collections doublent, passant de
5.000 � 10.000 livres en dix-huit mois. La
moyenne mensuelle est de 348
livres num�ris�s en 2003.
Dix mille livres. Un chiffre impressionnant
quand on pense � ce que
cela repr�sente de pages scann�es,
relues et corrig�es. Cette
croissance rapide est due � l’activit�
de Distributed Proofreaders
(DP), un site con�u en 2000 par Charles
Franks pour permettre la
correction partag�e des livres entre de
nombreux volontaires. Les
volontaires choisissent un livre en cours
de traitement pour relire et
corriger une page donn�e. Chacun
travaille � son propre rythme. A titre
indicatif, il est conseill� de relire une
page par jour. C’est peu de
temps sur une journ�e, et c’est
beaucoup pour le projet.
s�lection de 600 livres. En d�cembre
2003, date � laquelle le Projet
livres (9.400 livres) est grav�e sur un
DVD. CD-ROM et DVD sont envoy�s
gratuitement � qui en fait la demande.
Libre ensuite � chacun de faire
autant de copies que possible et de les
distribuer autour de soi.
De 10.000 � 20.000
ebooks
En d�cembre 2003, les collections
approchent les 11.000 livres.
Plusieurs formats sont d�sormais
pr�sents, par exemple les formats
HTML, XML et RTF, le format principal - et
obligatoire - restant
l’ASCII. Le tout repr�sente 46.000
fichiers, soit une capacit� totale
de 110 Go (giga-octets).
Le 13 f�vrier 2004, date de la
conf�rence de Michael Hart au si�ge de
l’UNESCO � Paris, les collections
comprennent tr�s exactement 11.340
livres dans 25 langues. En mai 2004, les
12.500 livres disponibles
repr�sentent 100.000 fichiers dans vingt
formats diff�rents, soit une
capacit� totale de 135 Go, destin�e �
doubler chaque ann�e avec l’ajout
d’environ 300 livres par mois (338 livres
en 2004).
�t� lanc� en 1997 pour rassembler des
collections de livres num�riques
d�j� existantes et provenant de sources
ext�rieures, est officiellement
Projet Rastko, bas� � Belgrade, en
Serbie. Distributed Proofreaders
Europe d�bute ses activit�s en janvier
2004, avec cent livres
disponibles en avril 2005. Les livres sont
en plusieurs langues pour
refl�ter la diversit� linguistique
pr�valant en Europe, avec cent
langues pr�vues sur le long terme.
mise en ligne de The Life of Reason (La
vie de raison) de George
Santayana (paru en 1906).
En juin 2005, le nombre de livres
s’�l�ve � 16.000. Si 25 langues
seulement �taient pr�sentes en f�vrier
2004, 42 langues sont
repr�sent�es en juin 2005, dont le
sanscrit et les langues mayas. En
d�cembre 2006, on compte 50 langues.
A la date du 16 d�cembre 2006, les
langues comprenant plus de cinquante
titres sont l’anglais (17.377
titres), le fran�ais (966 titres),
l’allemand (412 titres), le finnois
(344 titres), le hollandais (244 titres),
l’espagnol (140 titres),
l’italien (102 titres), le chinois (69 titres),
le portugais (68
titres) et le tagalog (51 titres).
en juillet 2005.
livres. Le ��.���e titre est un livre audio,
Twenty Thousand Leagues
Under the Sea, version anglaise de Vingt
mille lieues sous les mers de
Jules Verne (publi� en 1869). La
moyenne est de 345 nouveaux livres par
mois en 2006.
S’il a fallu 32 ans, de juillet 1971 �
octobre 2003, pour num�riser les
10.000 premiers livres, il n’aura fallu
que trois ans et deux mois,
d’octobre 2003 � d�cembre 2006,
pour num�riser les 10.000 livres
suivants.
compte 400 livres.
accueillir de nouveaux documents
suffisamment int�ressants pour �tre
mis en ligne, mais ne pouvant �tre
int�gr�s aux collections existantes
sans traitement ult�rieur par des
volontaires, pour diverses raisons:
collections incompl�tes, qualit�
insuffisante, conversion souhait�e
dans un autre format, etc. Cette section
comprend 379 titres en
d�cembre 2006, et plus de 2.000 titres
deux ans apr�s.
De 20.000 � 30.000
ebooks
novembre 2006 � l’instigation de Mike
Cook. Ce blog compl�te les
lettres d’information (hebdomadaire et
mensuelle) existant depuis
nombre d’ann�es. Le blog offre par
exemple les statistiques de
production hebdomadaires, mensuelles
et annuelles depuis 2001.
La production hebdomadaire est de 24
livres en 2001, 47 livres en 2002,
79 livres en 2003, 78 livres en 2004, 58
livres en 2005, 80 livres en
2006, 78 livres en 2007 et 69 livres en
2009. (Le d�compte pour 2008
inclut les PrePrints et n’est donc pas
pris en compte ici.)
La production mensuelle est de 104 livres
en 2001, 203 livres en 2002,
348 livres en 2003, 338 livres en 2004, 252
livres en 2005, 345 livres
en 2006, 338 livres en 2007 et 298 livres
en 2009.
La production annuelle est de 1.244 livres
en 2001, 2.432 livres en
2002, 4.176 livres en 2003, 4.058 livres en
2004, 3.019 livres en 2005,
4.141 livres en 2006, 4.049 livres en 2007
et 2.190 livres en 2009.
jour de la f�te nationale, �
l’instigation de Michael Shepard et
David
Jones. Il est suivi de Distributed
Proofreaders Canada (DPC), avec une
production qui d�bute en d�cembre
2007. Les cent premiers livres sont
disponibles en mars 2008, avec des livres
en anglais, en fran�ais et en
italien.
Le ��.���e livre est English Book
Collectors (Collectionneurs de livres
anglais) de William Younger Fletcher
(publi� en 1902). Le Projet
��.���e livre est The Bird Book (Le livre
des oiseaux), de Chester
Albert Reed (publi� en 1915).
Proofreaders (DP) f�te ses dix ans en
octobre 2010, avec plus de 18.000
livres num�ris�s, relus et corrig�s par
les soins de plusieurs milliers
de volontaires.
= Du pass� vers l’avenir
Le pari fait par Michael Hart en 1971 est
donc r�ussi. Mais les
chiffres. Les r�sultats se mesurent aussi
� l’influence du projet, qui
est consid�rable. Premier site
d’information sur l’internet et
premi�re
biblioth�ques num�riques au fil des
ans, � commencer par le Projekt
la litt�rature allemande.
Le Projekt Runeberg est la premi�re
biblioth�que num�rique su�doise de
livres du domaine public. Elle est cr��e
en d�cembre 1992 par Lysator,
un club informatique d’�tudiants, en
collaboration avec la biblioth�que
de l’Universit� de Link�ping (Su�de),
pour produire et organiser des
versions �lectroniques gratuites de la
litt�rature nordique classique.
200 oeuvres sont disponibles en 1998,
avec une liste de 6.000 auteurs
nordiques en tant qu’outil de
d�veloppement des collections.
de livres du domaine public. Plusieurs
dizaines de textes peuvent �tre
lus en ligne en 1998, avec une page web
pour les textes courts et
plusieurs pages - une par chapitre - pour
les oeuvres plus longues. Une
liste alphab�tique d’auteurs et de
titres est �galement disponible,
ainsi qu’une courte biographie et
bibliographie pour chaque auteur.
au strict minimum, avec une devise qui
tient en trois mots: �Less is
more.� Michael Hart insiste
r�guli�rement sur la n�cessit� d’un
cadre
aussi souple que possible laissant toute
initiative aux volontaires, et
la porte grande ouverte aux id�es
nouvelles. Le but est d’assurer la
p�rennit� du projet ind�pendamment
des cr�dits, des coupures de cr�dits
et des priorit�s culturelles, financi�res
et politiques du moment. Pas
de pression possible donc par le pouvoir
et par l’argent. Et respect �
l’�gard des volontaires, qui sont
assur�s de voir leur travail utilis�
pendant de nombreuses ann�es, si ce
n’est pour plusieurs g�n�rations,
d’o� l’int�r�t d’un format
num�rique qui soit toujours valable
dans
quelques si�cles. Le suivi r�gulier du
projet est assur� gr�ce � une
lettre d’information hebdomadaire et
mensuelle, des forums de
discussion, des wikis et des blogs.
Les dons servent � financer des
ordinateurs et des scanners, et �
envoyer des CD-ROM et DVD gratuits �
tous ceux qui en font la demande.
s�lection de 600 titres et � un premier
DVD disponible en d�cembre 2003
avec 9.400 titres, un deuxi�me DVD est
disponible en juillet 2006 avec
17.000 titres. A partir de 2005, CD-ROM et
DVD sont disponibles sous
forme d’images ISO sur le site de
BitTorrent, ces images pouvant �tre
t�l�charg�es pour graver des CD-ROM
et DVD sur place � titre personnel.
postale sous forme de CD-ROM et DVD.
Chose souvent pass�e sous silence,
Michael Hart est le v�ritable
inventeur de l’ebook. Si on consid�re
l’ebook dans son sens
�tymologique, � savoir un livre
num�ris� pour diffusion sous forme de
fichier �lectronique, celui-ci aurait donc
quarante ans et serait n�
r�confortante que les divers lancements
commerciaux dans un format
propri�taire ayant �maill� le d�but
des ann�es 2000. Il n’y a aucune
raison pour que la d�nomination
�ebook� ne d�signe que l’ebook
commercial et soit r�serv�e aux
Amazon, Barnes & Noble, ��h��,
Gemstar,
Google Books et autres. L’ebook non
commercial est un ebook � part
enti�re - et non un parent pauvre - tout
comme l’�dition �lectronique
non commerciale est une forme
d’�dition � part enti�re, et tout aussi
valable que l’�dition commerciale. En
2003, les etexts du Projet
ambiante.
En juillet 1971, l’envoi d’un fichier de 5
Ko � cent personnes aurait
fait sauter l’embryon de r�seau
disponible � l’�poque. En novembre
Genome Project - � savoir le
s�quen�age du g�nome humain -,
chaque
fichier se chiffrant en dizaines sinon en
centaines de m�ga-octets.
Ceci peu de temps apr�s la parution
initiale du Human Genome Project en
f�vrier 2001, puisqu’il appartient
d’embl�e au domaine public.
En 2004, la capacit� de stockage des
disques durs est telle qu’il
serait possible de faire tenir
l’int�gralit� de la Library of Congress
au format texte sur un support de
stockage co�tant 140 dollars US. Et
quelques ann�es seulement nous
s�pareraient d’une cl� USB (Universal
Serial Bus) permettant de stocker
l’int�gralit� du patrimoine �crit de
l’humanit�.
La demande est �norme. En t�moigne
le nombre de t�l�chargements, qui se
comptent d�sormais en dizaines de
milliers par jour.
A la date du 31 juillet 2005, on compte
37.532 fichiers t�l�charg�s
dans la journ�e, 243.808 fichiers
t�l�charg�s dans la semaine et
1.154.765 fichiers t�l�charg�s dans le
mois.
A la date du 6 mai 2007, on compte
89.841 fichiers t�l�charg�s dans la
journ�e, 697.818 fichiers t�l�charg�s
dans la semaine et 2.995.436
fichiers t�l�charg�s dans le mois.
Courant mai, ce nombre atteint les 3
millions.
� la date du 15 mars 2010, on compte
103.422 fichiers t�l�charg�s dans
la journ�e, 751.037 fichiers
t�l�charg�s dans la semaine et
3.033.824
fichiers t�l�charg�s dans le mois.
Ceci uniquement pour le principal site de
t�l�chargement, ibiblio.org
(bas� � l’Universit� de Caroline du
Nord, aux �tats-Unis), qui h�berge
est l’Internet Archive, qui est le site de
sauvegarde et qui met � la
Un �Top 100� recense les cent titres et
les cent auteurs les plus
t�l�charg�s dans la journ�e, dans la
semaine et dans le mois.
nombreux pays, et il en cherche
d’autres. La circulation des fichiers
se fait aussi en mode P�P (Peer-to-Peer),
qui permet d’�changer des
fichiers directement d’un utilisateur �
l’autre.
num�rique. Ils sont ais�ment
t�l�chargeables sur PDA. Un ordinateur
ou
un PDA d’occasion ne co�te que
quelques dollars ou quelques dizaines de
dollars, en fonction du mod�le. Certains
PDA fonctionnent � l’�nergie
solaire, permettant la lecture dans les
r�gions pauvres ou recul�es.
Plus tard, il sera peut-�tre possible
d’envisager une traduction
simultan�e dans une centaine de
langues, en utilisant un logiciel de
traduction automatique qui aurait alors
un taux de fiabilit� de l’ordre
de 99%, un pourcentage dont on est
encore loin. Ce logiciel de
traduction automatique serait relay� par
des traducteurs (non pas des
machines, mais des �tres humains), sur
un mod�le comparable � la
technologie OCR actuellement relay�e
par des correcteurs (non pas des
logiciels, mais des �tres humains) pour
offrir un contenu de grande
qualit�.
d�finit toujours comme un fou de travail
d�diant toute sa vie � son
projet, qu’il voit comme �tant �
l’origine d’une r�volution n�o-
industrielle. Il se d�finit aussi comme
altruiste, pragmatique et
visionnaire. Apr�s avoir �t� trait� de
toqu� pendant de nombreuses
ann�es, il force maintenant le respect.
changer le monde par le biais de
l’ebook gratuit ind�finiment
utilisable et reproductible, et favoriser
ainsi la lecture et la
culture pour tous � moindres frais. Cette
mission se r�sume en quelques
mots: �encourager la cr�ation et la
distribution d’ebooks�, par autant
de personnes que possible, et par tous
les moyens de diffusion
possibles, tout en prenant les virages
n�cessaires pour int�grer de
nouvelles id�es, de nouvelles
m�thodes et de nouveaux supports.
L’ONLINE BOOKS PAGE
[R�sum�]
L’Online Books Page est cr��e en
janvier 1993 par John Mark Ockerbloom
pour r�pertorier les textes
�lectroniques anglophones du domaine
public
en acc�s libre sur le web. � cette date,
John Mark est doctorant �
l’Universit� Carnegie Mellon
(Pennsylvanie, �tats-Unis). En 1999, il
rejoint l’Universit� de Pennsylvanie
pour travailler � la R&D
(recherche et d�veloppement) de la
biblioth�que num�rique. � la m�me
�poque, il y transf�re l’Online Books
Page tout en gardant la m�me
pr�sentation, tr�s sobre, et tout en
poursuivant son travail
d’inventaire dans le m�me esprit. Ce
r�pertoire recense plus de 20.000
titres en 2003 (dont 4.000 textes publi�s
par des femmes), 25.000
titres en 2006, 30.000 titres en 2007 (dont
7.000 textes du Projet
= Un r�pertoire d’oeuvres en acc�s
libre
Alors que certains num�risent les
oeuvres litt�raires du domaine
donnent pour t�che de r�pertorier
celles qui sont en acc�s libre sur le
web, en offrant au lecteur un point
d’acc�s commun. C’est le cas de
John Mark Ockerbloom, doctorant �
l’Universit� Carnegie Mellon
(Pittsburgh, Pennsylvanie, �tats-Unis),
qui cr�e l’Online Books Page
pour recenser les oeuvres anglophones.
Cinq ans plus tard, en septembre 1998,
John Mark relate: �J’�tais
webmestre ici pour la section
informatique de la CMU (Carnegie Mellon
University), et j’ai d�but� notre site
local en 1993. Il comprenait des
pages avec des liens vers des ressources
disponibles localement, et �
l’origine l’Online Books Page �tait
l’une de ces pages, avec des liens
vers des livres mis en ligne par des
coll�gues de notre d�partement
(par exemple Robert Stockton, qui a fait
des versions web de certains
des liens vers des livres disponibles sur
d’autres sites. J’ai remarqu�
proposaient des livres en ligne, et qu’il
serait utile d’en avoir une
liste compl�te qui permette de
t�l�charger ou de lire des livres o�
qu’ils soient sur l’internet. C’est ainsi
que mon index a d�but�.
J’ai quitt� mes fonctions de
webmestre en 1996, mais j’ai gard� la
gestion de l’Online Books Page, parce
qu’entre temps je m’�tais
passionn� pour l’�norme potentiel
qu’a l’internet de rendre la
litt�rature accessible au plus grand
nombre. Maintenant il y a tant de
livres mis en ligne que j’ai du mal �
rester � jour. Je pense pourtant
poursuivre cette activit� d’une
mani�re ou d’une autre. Je suis tr�s
int�ress� par le d�veloppement de
l’internet en tant que m�dium de
communication de masse dans les
prochaines ann�es. J’aimerais aussi
rester impliqu� dans la mise �
disposition gratuite de livres sur
l’internet, que ceci fasse partie
int�grante de mon activit�
professionnelle, ou que ceci soit une
activit� b�n�vole men�e sur mon
temps libre.�
Fin 1998, John Mark Ockerbloom obtient
son doctorat en informatique. En
1999, il rejoint l’Universit� de
Pennsylvanie, o� il travaille � la R&D
(recherche et d�veloppement) de la
biblioth�que num�rique. � la m�me
�poque, il y transf�re l’Online Books
Page tout en gardant la m�me
pr�sentation, tr�s sobre, et tout en
poursuivant son travail
d’inventaire dans le m�me esprit. Ce
r�pertoire recense 12.000 livres
en ligne en 1999, 20.000 livres en 2003
(dont 4.000 textes publi�s par
des femmes), 25.000 livres en 2006,
30.000 livres en 2007 (dont 7.000
= Le durcissement du copyright
En 1999, le d�bat fait rage sur le
durcissement de la loi sur le
copyright (qui date de 1976) suite � un
amendement de cette loi dat� du
27 octobre 1998. De nombreuses oeuvres
cens�es tomber dans le domaine
public restent d�sormais sous copyright,
au grand dam de Michael Hart,
d’autres. La l�gislation de 1998 porte
un coup tr�s rude aux
biblioth�ques num�riques, en plein
essor avec le d�veloppement du web.
Mais comment faire le poids vis-�-vis
des majors de l’�dition? Nombre
de titres doivent �tre retir�s des
collections.
Michael Hart raconte en juillet 1999:
�J’ai �t� le principal opposant
aux extensions du copyright, mais
Hollywood et les grands �diteurs ont
fait en sorte que le Congr�s ne
mentionne pas mon action en public. Les
d�bats actuels sont totalement
irr�alistes. Ils sont men�s par
“l’aristocratie terrienne de l’�ge de
l’information” et servent
uniquement ses int�r�ts. Un �ge de
l’information? Et pour qui?�
Pour ne prendre qu’un exemple, le
classique mondial Gone With the Wind
(Autant en emporte le vent) de Margaret
Mitchell, publi� en 1939,
aurait d� tomber dans le domaine
public au bout de 56 ans, en 1995,
conform�ment � la l�gislation de
l’�poque, lib�rant ainsi les droits
pour les adaptations en tous genres.
Suite aux l�gislations de 1976 et
1998, ce classique ne devrait d�sormais
tomber dans le domaine public
qu’en 2035.
John Mark Ockerbloom explique en ao�t
1999: �� mon avis, il est
important que les internautes
comprennent que le copyright est un
contrat social con�u pour le bien public
- incluant � la fois les
auteurs et les lecteurs. Ceci signifie que
les auteurs doivent avoir le
droit d’utiliser de mani�re exclusive et
pour un temps limit� les
oeuvres qu’ils ont cr��es, comme ceci
est sp�cifi� dans la loi actuelle
sur le copyright. Mais ceci signifie
�galement que leurs lecteurs ont
le droit de copier et de r�utiliser ce
travail autant qu’ils le veulent
� l’expiration de ce copyright.
Aux �tats-Unis, on voit maintenant
diverses tentatives visant � retirer
ces droits aux lecteurs, en limitant les
r�gles relatives �
l’utilisation de ces oeuvres, en
prolongeant la dur�e du copyright (y
compris avec certaines propositions
visant � le rendre permanent) et en
�tendant la propri�t� intellectuelle �
des travaux distincts des
oeuvres de cr�ation (comme on en
trouve dans les propositions de
copyright pour les bases de donn�es). Il
existe m�me des propositions
visant � enti�rement remplacer la loi
sur le copyright par une loi
instituant un contrat beaucoup plus
lourd. Je trouve beaucoup plus
difficile de soutenir la requ�te de Jack
Valenti, directeur de la MPAA
[Motion Picture Association of America],
qui demande d’arr�ter de
copier les films sous copyright, quand je
sais que, si ceci �tait
accept�, aucun film n’entrerait jamais
dans le domaine public (…). Si
l’on voit les soci�t�s de m�dias
tenter de bloquer tout ce qu’elles
peuvent, je ne trouve pas surprenant que
certains usagers r�agissent en
mettant en ligne tout ce qu’ils peuvent.
Malheureusement, cette
attitude est � son tour contraire aux
droits l�gitimes des auteurs.�
Comment r�soudre cela pratiquement?
�Ceux qui ont des enjeux dans ce
d�bat doivent faire face � la r�alit�, et
reconna�tre que les
producteurs d’oeuvres et leurs usagers
ont tous deux des int�r�ts
l�gitimes dans l’utilisation de celles-ci.
Si la propri�t�
intellectuelle �tait n�goci�e au moyen
d’un �quilibre des principes
plut�t que par le jeu du pouvoir et de
l’argent que nous voyons
souvent, il serait peut-�tre possible
d’arriver � un compromis
raisonnable.�
LA PRESSE SE MET EN LIGNE
[R�sum�]
Ce qui se passe pour la presse en ligne
dans les ann�es 1990 pr�figure
ce qui se passera pour le livre en ligne
dans les ann�es 2000, d’o�
l’int�r�t de ce court chapitre. Au
d�but des ann�es 1990, les premi�res
�ditions �lectroniques de journaux
sont disponibles par le biais de
services commerciaux tels que America
Online ou CompuServe. Avec
l’apparition du premier navigateur fin
1993 et la croissance rapide du
web qui s’ensuit, nombre de zines non
commerciaux proposent une version
�lectronique ou bien naissent
directement sous forme �lectronique. �
partir de 1995, les grands titres de la
presse en ligne lancent leurs
propres sites, tr�s diff�rents selon les
titres, et ces sites �voluent
ensuite rapidement.
= L’E-zine-list
Les premiers titres purement
�lectroniques sont des oeuvres courtes,
r�pertori�es dans l’E-zine-list, une
liste cr��e en �t� 1993 par John
Labovitz. Abr�g� de fanzine ou
magazine, un zine est g�n�ralement
l’oeuvre d’une personne ou d’un
petit groupe. Quant au e-zine, abr�g�
de zine �lectronique, il est uniquement
diffus� par courriel ou sur un
site web. Le plus souvent, il ne contient
pas de publicit�, ne vise pas
un profit commercial et n’est pas dirig�
vers une audience de masse.
Comment l’E-zine-list d�bute-t-elle?
Dans l’historique pr�sent sur le
site, John Labovitz relate qu’�
l’origine son intention est de faire
conna�tre Crash, un zine imprim� dont
il souhaite faire une version
�lectronique. � la recherche de
r�pertoires, il ne trouve que le groupe
de discussion Alt.zines et des archives
comme The Well et The Etext
Archives. Lui vient alors l’id�e d’un
r�pertoire organis�. Il commence
avec douze titres class�s manuellement
sur un traitement de texte. Puis
il �crit sa propre base de donn�es.
En quatre ans, de 1993 � 1997, les
quelques dizaines d’e-zines
deviennent plusieurs centaines, et la
signification m�me d’e-zine
s’�largit pour recouvrir tout type de
publication publi�e par voie
�lectronique, m�me s’�il subsiste
toujours un groupe original et
ind�pendant d�sormais minoritaire qui
continue de publier suivant son
coeur ou de repousser les fronti�res de
ce que nous appelons un e-zine�
(John Labovitz). En �t� 1998, l’E-zine-
list comprend 3.000 titres.
= La presse imprim�e
Au d�but des ann�es 1990, les
premi�res �ditions �lectroniques de
journaux sont disponibles par le biais de
services commerciaux tels que
America Online ou CompuServe. Suite �
l’apparition du premier
navigateur fin 1993 et � la croissance
rapide du web qui s’ensuit, les
organes de presse cr�ent leurs propres
sites.
Au Royaume-Uni, le Times et le Sunday
Times font web commun sur un site
d�nomm� Times Online, avec
possibilit� de cr�er une �dition
personnalis�e.
Aux �tats-Unis, la version en ligne du
Wall Street Journal est payante,
avec 100.000 abonn�s en 1998. Celle du
New York Times est disponible
sur abonnement gratuit. Le Washington
Post propose l’actualit�
quotidienne en ligne et de nombreux
articles archiv�s, le tout avec
images, sons et vid�os. Pathfinder
(rebaptis� ensuite Time) est le site
web du groupe Time-Warner, �diteur de
Time Magazine, Sports
Illustrated, Fortune, People, Southern
Living, Money, Sunset, etc. On
peut y lire les articles �maison� et les
rechercher par date ou par
sujet. Lanc� en 1992 en Californie,
Wired, premier magazine imprim�
enti�rement consacr� � la culture
cyber, est bien �videmment pr�sent
sur le web.
Mis en ligne en f�vrier 1995, le site web
du mensuel Le Monde
diplomatique est le premier site d’un
p�riodique imprim� fran�ais.
Mont� dans le cadre d’un projet
exp�rimental avec l’Institut national
de l’audiovisuel (INA), ce site est
inaugur� lors du forum des images
Imagina. Il donne acc�s � l’ensemble
des articles depuis janvier 1994,
par date, par sujet et par pays.
L’int�gralit� du mensuel en cours est
consultable gratuitement pendant deux
semaines suivant sa parution. Un
forum de discussion permet au journal
de discuter avec ses lecteurs.
Fin 1995, le quotidien Lib�ration met en
ligne son site web, peu apr�s
le lancement du Cahier Multim�dia, un
cahier imprim� hebdomadaire
inclus dans l’�dition du jeudi. Le site
propose la Une du quotidien, la
rubrique Multim�dia (qui regroupe les
articles du Cahier Multim�dia et
les archives des cahiers pr�c�dents), le
Cahier Livres compl�t� par
Chapitre Un (le premier chapitre des
nouveaut�s retenues par le
quotidien) et bien d’autres rubriques.
La rubrique Multim�dia est
ensuite rebaptis�e Num�riques.
Le site du quotidien Le Monde est lanc�
en 1996. On y trouve des
dossiers en ligne, la Une en version
graphique � partir de 13 h,
l’int�gralit� du journal avant 17 h,
l’actualit� en liaison avec l’AFP
(Agence France-Presse), et des rubriques
sur la Bourse, les livres, le
multim�dia et le sport. En 1998, le
journal complet en ligne co�te 5 FF
(0,76 euros) alors que l’�dition papier
co�te 7,50 FF (1,15 euros).
S’ils concernent le multim�dia, les
articles du suppl�ment imprim�
hebdomadaire T�l�vision-Radio-
Multim�dia sont disponibles
gratuitement
en ligne dans la rubrique Multim�dia,
rebaptis�e ensuite Nouvelles
technologies.
L’Humanit� est le premier quotidien
fran�ais � proposer la version
int�grale du journal en acc�s libre.
Class�s par rubriques, les
articles sont disponibles entre 10 h et 11
h du matin, � l’exception de
L’Humanit� du samedi, disponible en
ligne le lundi suivant. Tous les
articles sont archiv�s sur le site.
La presse r�gionale est tout aussi
pr�sente sur le web, par exemple
Derni�res nouvelles d’Alsace et Ouest-
France.
Lanc� en septembre 1995, le site des
Derni�res nouvelles d’Alsace
propose l’int�grale de l’�dition du
jour ainsi que des informations
pratiques: cours de la Bourse, calcul des
imp�ts, etc., avec 5.500
visites quotidiennes en juin 1998. Il offre
aussi une �dition abr�g�e
en allemand.
Le site web du quotidien Ouest-France
est mis en ligne en juillet 1996.
D’abord appel� France-Ouest, le site
est ensuite renomm� Ouest-France,
du nom du journal.
Quelles sont les retomb�es de
l’internet pour les journalistes? Selon
Bernard Boudic, le responsable �ditorial
du site, interview� en juin
1998, �elles sont encore minces. Nous
commen�ons seulement � offrir un
acc�s internet � chacun (r�daction
d’Ouest-France: 370 journalistes
r�partis dans soixante r�dactions, sur
douze d�partements� pas
simple). Certains utilisent internet pour
la messagerie �lectronique
(courrier interne ou externe, r�ception
de textes de correspondants �
l’�tranger, envoi de fichiers divers) et
comme source d’informations.
Mais cette pratique demande encore �
s’�tendre et � se g�n�raliser.
Bien s�r, nous r�fl�chissons aussi �
tout ce qui touche � l’�criture
multim�dia et � sa r�tro-action sur
l’�criture imprim�e, aux
changements d’habitudes de nos
lecteurs, etc. (…) Internet est � la
fois une menace et une chance. Menace
sur l’imprim�, tr�s certainement
(captation de la pub et des petites
annonces, changement de r�flexes
des lecteurs, perte du go�t de
l’imprim�, concurrence d’un m�dia
gratuit, que chacun peut utiliser pour
diffuser sa propre info, etc.).
Mais c’est aussi l’occasion de relever
tous ces d�fis, de rajeunir la
presse imprim�e.�
Tous sujets que l’on retrouve quelques
ann�es plus tard dans les d�buts
du livre num�rique: rapport accru de
l’auteur avec ses lecteurs,
n�cessit� d’une formation technique,
version payante et/ou version
gratuite, version num�rique et/ou
version imprim�e, etc.
AMAZON.COM
[R�sum�]
Amazon.com est lanc� en juillet 1995
par Jeff Bezos � Seattle, sur la
c�te ouest des �tats-Unis. La librairie
en ligne d�bute avec dix
salari�s et trois millions d’articles, et
devient vite un g�ant du
commerce �lectronique. Cinq ans plus
tard, en novembre 2000, Amazon
compte 7.500 salari�s, 28 millions
d’articles, 23 millions de clients
et quatre filiales au Royaume-Uni (filiale
ouverte en octobre 1998), en
Allemagne (filiale ouverte � la m�me
date), en France (filiale ouverte
en ao�t 2000) et au Japon (filiale
ouverte en novembre 2000). Une
cinqui�me filiale est ouverte au Canada
(en juin 2002), suivie d’une
sixi�me filiale, Joyo, en Chine (en
septembre 2004). Pr�sent dans sept
pays et devenu une r�f�rence mondiale
du commerce en ligne (avec eBay),
Amazon f�te ses dix ans d’existence en
juillet 2005, avec 9.000
salari�s et 41 millions de clients.
= Aux �tats-Unis
Les d�buts
Un nouveau type de librairie na�t sur le
web au milieu des ann�es 1990.
Ces librairies n’ont ni murs, ni vitrine, ni
enseigne sur la rue, et
toutes leurs transactions se font via
l’internet. C’est le cas
d’Amazon.com qui, sous la houlette de
Jeff Bezos, ouvre ses portes
�virtuelles� en juillet 1995 avec un
catalogue de trois millions de
livres et dix salari�s bas�s � Seattle,
dans l’�tat de Washington, sur
la c�te ouest des �tats-Unis.
Quinze mois auparavant, au printemps
1994, Jeff Bezos fait une �tude de
march� pour d�cider du meilleur
�produit� � vendre sur l’internet.
Dans
sa liste de vingt produits marchands, qui
comprennent entre autres les
v�tements et les instruments de
jardinage, les cinq premiers du
classement se trouvent �tre les livres,
les CD, les vid�os, les
logiciels et le mat�riel informatique.
�J’ai utilis� tout un ensemble de
crit�res pour �valuer le potentiel de
chaque produit�, relate Jeff Bezos en
1997 dans le kit de presse
d’Amazon. �Le premier crit�re a �t�
la taille des march�s existants.
J’ai vu que la vente des livres
repr�sentait un march� mondial de 82
milliards de dollars US. Le deuxi�me
crit�re a �t� la question du prix.
Je voulais un produit bon march�. Mon
raisonnement �tait le suivant:
puisque c’�tait le premier achat que
les gens allaient faire en ligne,
il fallait que la somme � payer soit
modique. Le troisi�me crit�re a
�t� la vari�t� dans le choix: il y avait
trois millions de titres pour
les livres alors qu’il n’y avait que
300.000 titres pour les CD, par
exemple.�
L’expansion
Au printemps 1997, Amazon.com - que
tout le monde appelle d�sormais
Amazon - d�cide de s’inspirer du
syst�me d’�associ�s� en ligne
lanc�
quelques mois auparavant par
l’Internet Bookshop, grande librairie en
ligne britannique. Tout possesseur d’un
site web peut vendre des livres
appartenant au catalogue d’Amazon et
toucher un pourcentage de 15% sur
les ventes. L’�associ�(e)�
s�lectionne les titres du catalogue qui
l’int�ressent, en fonction de ses
centres d’int�r�t, et r�dige ses
propres r�sum�s. Amazon re�oit les
commandes par son interm�diaire,
exp�die les livres, r�dige les factures et
lui envoie un rapport
hebdomadaire d’activit� avec le
r�glement correspondant. Au printemps
1998, le r�seau d’Amazon compte plus
de 30.000 sites affili�s.
� la m�me date, outre les livres, on
trouve aussi des CD, des DVD, des
jeux informatiques, etc., avec un
catalogue qui serait au moins dix
fois sup�rieur � celui des plus grandes
cha�nes de supermarch�s. On
peut consulter le catalogue � l’�cran,
lire le r�sum� des livres
choisis ou m�me des extraits, puis
passer sa commande en ligne. Tr�s
attractif, le contenu �ditorial du site
change quotidiennement et se
veut un magazine litt�raire en ligne,
avec des conseils de lecture, des
articles �manant de journalistes connus
(qui travaillaient auparavant
dans la presse imprim�e), des entretiens
avec des auteurs et des
commentaires de lecteurs.
L’�volution rapide d’Amazon en tant
que pionnier d’un nouveau mod�le
�conomique est suivie de pr�s par des
analystes de tous bords, tout
comme sa popularit� aupr�s d’un
public qui s’habitue aux achats en
ligne. En 1998, avec 1,5 million de clients
dans 160 pays et une tr�s
bonne image de marque, Amazon est
r�guli�rement cit� comme un symbole
de r�ussite dans le cybercommerce. Si la
librairie en ligne est
toujours d�ficitaire, sa cotation
boursi�re est excellente suite � une
introduction � la Bourse de New York en
mai 1997.
Avant qu’Amazon n’assoie
d�finitivement sa supr�matie
nationale, la
librairie en ligne se lance dans une guerre
des prix avec son principal
concurrent aux �tats-Unis, Barnes &
Noble.com, � la grande joie des
clients qui profitent de cette course aux
rabais pour faire une
�conomie de 20 � 40% sur certains
titres.
Contrairement � Amazon, librairie
uniquement �virtuelle�, Barnes &
Noble.com s’appuie sur sa cha�ne de
librairies traditionnelles Barnes &
Noble (B&N) qui, en 1997, comprend 480
librairies �en dur� r�parties
dans tout le pays. Barnes & Noble cr�e
sa librairie en ligne en mai
1997, en partenariat avec le g�ant des
m�dias allemand Bertelsmann,
mais rach�tera la part d�tenue par
Bertelsmann (36,8%) en juillet 2003
pour 164 millions de dollars US.
= En Europe
La pr�sence europ�enne d’Amazon
d�bute en octobre 1998, avec les deux
premi�res filiales implant�es
simultan�ment en Allemagne et au
Royaume-
Uni.
En ao�t 2000, Amazon compte 1,8
million de clients au Royaume-Uni, 1,2
million de clients en Allemagne et
quelques centaines de milliers de
clients en France. La librairie en ligne
ouvre sa troisi�me filiale
europ�enne, Amazon France, avec
livres, musique, DVD et vid�os
(auxquels viennent s’ajouter logiciels et
jeux vid�os en juin 2001), et
livraison en 48 heures. � cette date, la
vente de livres en ligne en
France ne repr�sente que 0,5% du
march� du livre, contre 5,4% aux
�tats-Unis.
Pr�par�e dans le plus grand secret,
l’ouverture d’Amazon France n’est
rendue publique que le 23 ao�t 2000.
Avec une centaine de salari�s,
dont certains ont �t� envoy�s en
formation au si�ge du groupe �
Seattle, la filiale fran�aise s’installe �
Guyancourt, en r�gion
parisienne, pour l’administration, les
services techniques et le
marketing. Son service de distribution est
bas� � Boigny-sur-Bionne,
dans la banlieue d’Orl�ans. Son
service clients est bas� � La Haye, aux
Pays-Bas, dans l’optique d’une
expansion future d’Amazon en Europe.
Amazon France compte au moins quatre
rivaux de taille dans l’hexagone:
Fnac.com, Alapage, Chapitre.com et
BOL.fr.
Le service en ligne Fnac.com s’appuie
sur le r�seau des librairies
Fnac, r�parti sur toute la France et dans
quelques autres pays
europ�ens, et qui appartient au groupe
Pinault-Printemps-Redoute.
Alapage, librairie en ligne fond�e en
1996 par Patrice Magnard, rejoint
le groupe France T�l�com en
septembre 1999 puis devient en juillet
2000
une filiale � part enti�re de Wanadoo, le
fournisseur d’acc�s internet
de France T�l�com.
Chapitre.com est une librairie en ligne
ind�pendante cr��e en 1997 par
Juan Pirlot de Corbion.
BOL.fr est la succursale fran�aise de
BOL.com (BOL signifiant:
Bertelsmann On Line), lanc�e en ao�t
1999 par Bertelsmann, g�ant
allemand des m�dias, en partenariat
avec la multinationale fran�aise
Vivendi.
Un mois apr�s son lancement en ao�t
2000, Amazon.fr est � la seconde
place des sites de biens culturels
fran�ais. Selon les chiffres publi�s
le 24 octobre 2000 par Media Metrix
Europe, soci�t� d’�tude d’audience
de l’internet, le site re�oit 217.000
visites uniques en septembre
2000, juste devant Alapage (209.000
visites) mais loin derri�re
Fnac.com (401.000 visites). Suivent
Cdiscount.com (115.000 visites) et
BOL.fr (74.000 visites).
Contrairement � leurs homologues
anglophones, les librairies en ligne
fran�aises ne peuvent se permettre les
r�ductions substantielles
propos�es par celles des �tats-Unis ou
du Royaume-Uni, pays dans
lesquels le prix du livre est libre. Si la loi
fran�aise sur le prix
unique du livre (d�nomm�e loi Lang,
du nom du ministre � l’origine de
cette loi) leur laisse peu de latitude, �
savoir un rabais de 5%
seulement sur ce prix, les librairies en
ligne sont toutefois
optimistes sur les perspectives d’un
march� francophone international.
D�s 1997, un nombre significatif de
commandes provient de l’�tranger,
par exemple 10% des commandes pour
le service en ligne de la Fnac.
Interrog� par l’AFP (Agence France-
Presse) au sujet de la loi Lang,
Denis Terrien, pr�sident d’Amazon
France (jusqu’en mai 2001), r�pond en
ao�t 2000: �L’exp�rience que nous
avons en Allemagne, o� le prix du
livre est fixe, nous montre que le prix
n’est pas l’�l�ment essentiel
dans la d�cision d’achat. C’est tout le
service qui est ajout� qui
compte. Chez Amazon, nous avons tout
un tas de services en plus,
d’abord le choix - nous vendons tous les
produits culturels fran�ais.
On a un moteur de recherche tr�s
performant. En mati�re de choix de
musique, on est ainsi le seul site qui peut
faire une recherche par
titre de chanson. Outre le contenu
�ditorial, qui nous situe entre un
magasin et un magazine, nous avons un
service client 24 heures/�� 7
jours/�, ce qui est unique sur le march�
fran�ais. Enfin une autre
sp�cificit� d’Amazon, c’est le
respect de nos engagements de livraison.
On s’est fix� pour objectif d’avoir
plus de 90% de nos ventes en
stock.�
Admir� par beaucoup, le mod�le
�conomique d’Amazon a toutefois de
nombreux revers en mati�re de gestion
du personnel, avec des contrats
de travail pr�caires, de bas salaires et
des conditions de travail
laissant � d�sirer.
Malgr� la discr�tion d’Amazon � ce
sujet, les probl�mes commencent �
filtrer. En novembre 2000, le Prewitt
Organizing Fund et le syndicat
SUD-PTT Loire Atlantique d�butent une
action de sensibilisation aupr�s
des salari�s d’Amazon France pour de
meilleures conditions de travail
et des salaires plus �lev�s. Ils
rencontrent une cinquantaine de
salari�s travaillant dans le centre de
distribution de Boigny-sur-
Bionne. SUD-PTT d�nonce dans un
communiqu� �des conditions de travail
d�grad�es, la flexibilit� des horaires,
le recours aux contrats
pr�caires dans les p�riodes de flux, des
salaires au rabais, et des
garanties sociales minimales�. Une
action similaire est men�e dans les
succursales d’Amazon en Allemagne et
en Grande-Bretagne. Patrick Moran,
responsable du Prewitt Organizing Fund,
entend constituer une alliance
des salari�s de la nouvelle �conomie
sous le nom d’Alliance of New
Economy Workers (Alliance des
travailleurs de la nouvelle �conomie). De
son c�t�, Amazon riposte en diffusant
des documents internes sur
l’inutilit� de syndicats au sein de
l’entreprise.
Fin janvier 2001, la soci�t�, qui emploie
1.800 personnes en Europe,
annonce une r�duction de 15% des
effectifs et la fermeture du service
client�le de La Hague (Pays-Bas). Les
240 personnes qu’emploie ce
service sont transf�r�es dans les
centres de Slough (Royaume-Uni) et
Regensberg (Allemagne).
= Dans le monde
Le deuxi�me groupe de clients
�trangers (apr�s les clients europ�ens)
est la client�le japonaise. Lors d’un
colloque international sur les
technologies de l’information � Tokyo
en juillet 2000, Jeff Bezos
annonce son intention prochaine
d’implanter Amazon au Japon. Il insiste
aussi sur le march� � fort potentiel
repr�sent� par ce pays, avec des
prix immobiliers �lev�s se r�percutant
sur ceux des biens et services,
si bien que le shopping en ligne est plus
avantageux que le shopping
traditionnel. La densit� de la population
entra�ne des livraisons �
domicile faciles et peu co�teuses.
Un centre d’appels est ouvert en ao�t
2000 dans la ville de Sapporo,
sur l’�le d’Hokkaido. La filiale
japonaise d�bute ses activit�s trois
mois plus tard, en novembre 2000.
Amazon Japon, quatri�me filiale du
g�ant am�ricain et premi�re filiale
non europ�enne, ouvre ses portes
avec un catalogue de 1,1 million de titres
en japonais et 600.000
titres en anglais. Pour r�duire les d�lais
de livraison et proposer des
d�lais de 24 � 48 heures au lieu des six
semaines n�cessaires �
l’acheminement des livres depuis les
�tats-Unis, un centre de
distribution de 15.800 m� est cr�� dans
la ville d’Ichikawa, situ�e �
l’est de Tokyo.
En novembre 2000, entre la maison-
m�re et les quatre filiales, la
soci�t� compte 7.500 salari�s, 28
millions d’articles et 23 millions de
clients.
� la m�me date, Amazon d�bute
l’embauche de personnel francophone
connaissant le march� canadien, dans le
but de lancer une antenne
canadienne fran�aise avec vente de
livres, musique et films (VHS et
DVD). Amazon Canada, cinqui�me filiale
de la soci�t�, verra le jour en
juin 2002, avec un site bilingue anglais-
fran�ais.
Toujours en novembre 2000, Amazon
ouvre sa librairie num�rique, avec
1.000 titres disponibles au d�part, et
une augmentation rapide des
collections pr�vue les mois suivants.
M�me pour le marketing d’une grande
librairie en ligne, le papier n’est
pas mort, loin s’en faut. Pour la
deuxi�me ann�e cons�cutive, en
pr�vision des f�tes de l’ann�e 2000,
Amazon envoie un catalogue imprim�
� 10 millions de clients.
L’ann�e 2001 marque un tournant
dans les activit�s d’Amazon, qui doit
faire face aux secousses de la
�nouvelle� �conomie affectant les
entreprises internet.
Suite � un quatri�me trimestre
d�ficitaire en 2000, un plan de
r�duction de 15% des effectifs entra�ne
1.300 licenciements aux �tats-
Unis et 270 licenciements en Europe fin
janvier 2001.
Amazon opte aussi pour une plus grande
diversification de ses produits
et d�cide de vendre non seulement des
livres, des vid�os, des CD et des
logiciels, mais aussi des produits de
sant�, des jouets, des appareils
�lectroniques, des ustensiles de cuisine
et des outils de jardinage. En
novembre 2001, la vente des livres,
disques et vid�os ne repr�sente
plus que 58% du chiffre d’affaires
global, qui est de 4 milliards de
dollars US, avec 29 millions de clients.
La soci�t� devient b�n�ficiaire au
troisi�me trimestre 2003, pour la
premi�re fois depuis sa cr�ation.
En octobre de la m�me ann�e, Amazon
lance un service de recherche plein
texte (Search Inside the Book) apr�s
avoir scann� le texte int�gral de
120.000 titres, un nombre promis � une
croissance rapide. Amazon lance
aussi son propre moteur de recherche
A�.com.
Une sixi�me filiale est ouverte en Chine
sous le nom de Joyo en
septembre 2004.
En 2004, le b�n�fice net d’Amazon est
de 588 millions de dollars US,
dont 45% g�n�r� par ses six filiales,
avec un chiffre d’affaires de 6,9
milliards de dollars.
Pr�sent dans sept pays (�tats-Unis,
Canada, Royaume-Uni, Allemagne,
France, Japon, Chine) et devenu une
r�f�rence mondiale du commerce en
ligne, Amazon f�te ses dix ans
d’existence en juillet 2005, avec 9.000
salari�s et 41 millions de clients attir�s
par des produits culturels,
high-tech et autres � des prix attractifs
et une livraison en 48 heures
maximum dans les pays h�bergeant une
plateforme Amazon.
Amazon poursuit ensuite sa croissance,
vend de plus en plus de livres
num�riques apr�s avoir rachet� la
soci�t� Mobipocket en avril 2005, et
lance sa tablette de lecture, le Kindle, en
novembre 2007, avec un
catalogue de 80.000 ebooks. 538.000
tablettes sont vendues en 2008.
Deux autres mod�les, le Kindle 2 et le
Kindle DX (avec un �cran plus
grand), sont lanc�s respectivement en
f�vrier et mai 2009.
En janvier 2009, Amazon rach�te la
soci�t� Audible.com et sa collection
de livres, journaux et magazines audio, �
savoir 80.000 titres
t�l�chargeables sur baladeur,
t�l�phone mobile et smartphone. Le
catalogue d’Amazon comptabiliserait
450.000 ebooks en mars 2010.
= Et les petites librairies?
Qu’en est-il des petites librairies,
g�n�rales et sp�cialis�es? Ces
librairies se d�brouillent au mieux avec
des moyens limit�s, comme la
librairie Ulysse, sise au coeur de Paris,
dans l’�le Saint-Louis, tout
en se faisant peu d’illusions sur le raz-
de-mar�e qui est en train de
les emporter.
Cr��e en 1971 par Catherine Domain, la
librairie Ulysse est la premi�re
librairie au monde uniquement
consacr�e au voyage. Ses 20.000 livres,
cartes et revues neufs et d’occasion
rec�lent des documents
introuvables ailleurs. � la fois libraire et
grande voyageuse,
Catherine Domain est membre du
Syndicat national de la librairie
ancienne et moderne (SLAM), du Club
des explorateurs et du Club
international des grands voyageurs.
En 1999, elle d�cide de se lancer dans un
voyage autrement plus ingrat,
virtuel cette fois-ci, � savoir la
r�alisation d’un site web en
autodidacte. �Mon site est
embryonnaire et en construction�,
raconte-t-
elle en novembre 2000. �Il se veut �
l’image de ma librairie, un lieu
de rencontre avant d’�tre un lieu
commercial. Il sera toujours en
perp�tuel devenir! Internet me prend la
t�te, me bouffe mon temps et ne
me rapporte presque rien, mais cela ne
m’ennuie pas��
Elle est toutefois pessimiste sur l’avenir
des librairies comme la
sienne. �Internet tue les librairies
sp�cialis�es. En attendant d’�tre
d�vor�e, je l’utilise comme un moyen
d’attirer les clients chez moi, et
aussi de trouver des livres pour ceux qui
n’ont pas encore internet
chez eux! Mais j’ai peu d’espoir��
Dix ans plus tard, Catherine voit
l’internet d’un autre oeil. Elle
�crit en avril 2010: �Internet a pris de
plus en plus de place dans ma
vie! Il me permet depuis le �er avril
d’�tre �diteur gr�ce � de
laborieuses formations Photoshop,
InDesign et autres. (…) Quand j’ai
commenc� � utiliser l’internet, je ne
m’attendais vraiment pas �
devenir �diteur.� Catherine publie bien
entendu des livres de voyage.
LES �DITEURS SUR LE R�SEAU
[R�sum�]
� partir de 1996, l’�dition
�lectronique creuse son sillon � c�t�
de
l’�dition traditionnelle, du fait des
avantages qu’elle procure: pas de
stock, co�t de fonctionnement moins
�lev�, diffusion plus facile. Elle
am�ne aussi un souffle nouveau dans le
monde de l’�dition, et m�me une
certaine zizanie. On voit des �diteurs
traditionnels vendre directement
leurs titres en ligne, des �diteurs
�lectroniques commercialiser les
versions num�ris�es de livres publi�s
par des �diteurs traditionnels,
des libraires num�riques vendre les
versions num�ris�es de livres
publi�s par des �diteurs partenaires,
sans parler des auteurs qui
choisissent de s’auto-�diter sur le web
ou de promouvoir eux-m�mes
leurs oeuvres publi�es, ou encore de
nouvelles plateformes d’�dition
litt�raire pour d�couvrir de nouveaux
talents.
= Deux �diteurs pilotes
La publication en ligne d’un livre � titre
gratuit nuit-elle aux ventes
de la version imprim�e ou non? La
National Academy Press (NAP) est la
premi�re � prendre un tel risque, d�s
1994, avec un pari gagn�.
�A premi�re vue, cela para�t
illogique�, �crit Beth Berselli,
journaliste au Washington Post, dans un
article repris par le Courrier
international de novembre 1997. �Un
�diteur de Washington, la National
Academy Press (NAP), qui a publi� sur
internet 700 titres de son
catalogue actuel, permettant ainsi � tout
un chacun de lire
gratuitement ses livres, a vu ses ventes
augmenter de 17% l’ann�e
suivante. Qui a dit que personne
n’ach�terait la vache si on pouvait
avoir le lait gratuitement?�
Une politique atypique porte donc ses
fruits. �diteur universitaire, la
National Academy Press (qui devient
ensuite la National Academies
Press) publie environ 200 livres par an,
essentiellement des ouvrages
scientifiques et techniques et des
ouvrages m�dicaux. En 1994,
l’�diteur choisit de mettre en acc�s
libre sur le web le texte int�gral
de plusieurs centaines de livres, afin que
les lecteurs puissent les
�feuilleter� � l’�cran, comme ils
l’auraient fait dans une librairie,
avant de les acheter ensuite si utile.
La NAP est le premier �diteur � se
lancer dans un tel pari, une
initiative salu�e par les autres maisons
d’�dition, qui h�sitent
cependant � se lancer elles aussi dans
l’aventure, et ce pour trois
raisons: le co�t excessif qu’entra�ne
la mise en ligne de milliers de
pages, les probl�mes li�s au droit
d’auteur, et enfin une �concurrence�
entre versions num�riques et
imprim�es, qu’ils estiment nuisible �
la
vente de ces derni�res.
Dans le cas de la NAP, ce sont les auteurs
eux-m�mes qui, pour mieux
faire conna�tre leurs livres, demandent
que ceux-ci soient mis en ligne
sur le site. Pour l’�diteur, le web est un
nouvel outil de marketing
face aux 50.000 ouvrages publi�s chaque
ann�e aux �tats-Unis. Une
r�duction de 20% est accord�e pour
toute commande effectu�e en ligne.
La pr�sence de ces livres sur le web
entra�ne aussi une augmentation
des ventes par t�l�phone. En 1998, le
site de la NAP propose le texte
int�gral d’un millier de titres.
La solution choisie par la NAP est
�galement adopt�e d�s 1995 par la
MIT Press (MIT: Massachusetts Institute of
Technology), qui voit
rapidement ses ventes doubler pour les
livres disponibles en version
int�grale sur le web.
= Premiers �diteurs �lectroniques
�ditel
En avril 1995, Pierre Fran�ois Gagnon,
po�te et essayiste qu�b�cois,
d�cide d’utiliser le num�rique pour la
r�ception des textes, leur
archivage et leur diffusion. Il cr�e
�ditel, premier site d’auto-
�dition collective de langue fran�aise.
En juillet 2000, il relate: �En fait, tout le
monde et son p�re savent
ou devraient savoir que le premier site
d’�dition en ligne commercial
fut CyLibris [NDLR: cr�� en ao�t 1996],
pr�c�d� de loin lui-m�me, au
printemps de 1995, par nul autre
qu’�ditel, le pionnier d’entre les
pionniers du domaine, bien que nous
f�mes confin�s � l’action
symbolique collective, faute d’avoir les
moyens de d�boucher jusqu’ici
sur une formule de commerce en ligne
vraiment viable et abordable
(…). Nous sommes actuellement trois
mousquetaires [NDLR: Pierre
Fran�ois Gagnon, Jacques Massacrier et
Mostafa Benhamza] � d�velopper
le contenu original et in�dit du webzine
litt�raire qui continuera de
servir de fa�ade d’animation gratuite,
offerte personnellement par les
auteurs maison � leur lectorat, �
d’�ventuelles activit�s d’�dition en
ligne payantes, d�s que possible au
point de vue technico-financier.
Est-il encore r�aliste de r�ver � la
d�mocratie �conomique?� Beaucoup
plus tard, �ditel devient un blog
litt�raire.
CyLibris
Fond� � Paris en ao�t 1996 par Olivier
Gainon, CyLibris (de Cy, cyber
et Libris, livre) est le pionnier
francophone de l’�dition �lectronique
commerciale. CyLibris est en effet la
premi�re maison d’�dition �
utiliser l’internet et le num�rique pour
publier de nouveaux auteurs
litt�raires et quelques auteurs
confirm�s, dans divers genres:
litt�rature g�n�rale, policiers, science-
fiction, th��tre et po�sie.
Vendus uniquement sur le web, les livres
sont imprim�s � la commande et
envoy�s directement au client, ce qui
permet d’�viter le stock et les
interm�diaires. Des extraits sont
disponibles en t�l�chargement libre.
Pendant son premier trimestre
d’activit�, CyLibris signe des contrats
avec treize auteurs. Fin 1999, le site
compte 15.000 visites
individuelles et 3.500 livres vendus tous
exemplaires confondus, avec
une ann�e financi�rement �quilibr�e.
En 2001, certains titres sont
�galement vendus en version imprim�e
par un r�seau de librairies
partenaires, notamment la Fnac, et en
version num�rique par Mobipocket
et Numilog, pour lecture sur ordinateur
ou PDA. En 2003, le catalogue
de CyLibris comprend une cinquantaine
de titres.
Olivier Gainon explique en d�cembre
2000: �CyLibris a �t� cr�� d’abord
comme une maison d’�dition
sp�cialis�e sur un cr�neau particulier
de
l’�dition et mal couvert � notre sens
par les autres �diteurs: la
publication de premi�res oeuvres, donc
d’auteurs d�butants. Nous nous
int�ressons finalement � la litt�rature
qui ne peut trouver sa place
dans le circuit traditionnel: non
seulement les premi�res oeuvres, mais
les textes atypiques, inclassables ou en
d�calage avec la mouvance et
les modes litt�raires dominantes. Ce qui
est rassurant, c’est que nous
avons d�j� eu quelques succ�s
�ditoriaux: le grand prix de la SGDL
[Soci�t� des gens de lettres] en 1999
pour La Toile de Jean-Pierre
Balpe, le prix de la litote pour Willer ou la
trahison de J�r�me Olinon
en 2000, etc. Ce positionnement de
“d�fricheur” est en soi original
dans le monde de l’�dition, mais
c’est surtout son mode de
fonctionnement qui fait de CyLibris un
�diteur atypique.
Cr�� d�s 1996 autour de l’internet,
CyLibris a voulu contourner les
contraintes de l’�dition traditionnelle
gr�ce � deux innovations: la
vente directe par l’interm�diaire d’un
site de commerce sur internet,
et le couplage de cette vente avec une
impression num�rique en “flux
tendu”. Cela permettait de contourner
les deux barri�res
traditionnelles dans l’�dition: les
co�ts d’impression (et de stockage)
et les contraintes de distribution. Notre
syst�me g�rait donc des flux
physiques: commande re�ue par
internet, impression du livre
command�,
envoi par la poste. Je pr�cise que nous
sous-traitons l’impression �
des imprimeurs num�riques, ce qui
nous permet de vendre des livres de
qualit� �quivalente � celle de
l’offset, et � un prix comparable. Notre
syst�me n’est ni plus cher, ni de
moindre qualit�, il ob�it � une
�conomie diff�rente qui, � notre sens,
devrait se g�n�raliser � terme.�
En quoi consiste l’activit� d’un
�diteur �lectronique? �Je d�crirais
mon activit� comme double�, explique
Olivier Gainon. �D’une part celle
d’un �diteur traditionnel dans la
s�lection des manuscrits et leur re-
travail ( je m’occupe directement de la
collection science-fiction),
mais �galement le choix des maquettes,
les relations avec les
prestataires, etc. D’autre part, une
activit� internet tr�s forte qui
vise � optimiser le site de CyLibris et
mettre en oeuvre une strat�gie
de partenariat permettant � CyLibris
d’obtenir la visibilit� qui lui
fait parfois d�faut. Enfin, je repr�sente
CyLibris au sein du SNE
[NDLR: Syndicat national de l’�dition,
dont CyLibris fait partie depuis
le printemps 2000]. CyLibris est
aujourd’hui une petite structure. Elle
a trouv� sa place dans l’�dition, mais
est encore d’une �conomie
fragile sur internet. Notre objectif est de
la rendre p�renne et
rentable et nous nous y employons.�
Le site web se veut aussi un carrefour de
la petite �dition. Il procure
des informations pratiques aux auteurs
en herbe: comment envoyer un
manuscrit � un �diteur, ce que doit
comporter un contrat d’�dition,
comment prot�ger ses manuscrits,
comment tenter sa chance dans des
revues ou concours litt�raires, etc.
Par ailleurs, l’�quipe de CyLibris lance
en mai 1999 CyLibris Infos,
une lettre d’information �lectronique
gratuite dont l’objectif n’est
pas tant de promouvoir les livres de
l’�diteur que de pr�senter
l’actualit� de l’�dition francophone.
Volontairement d�cal�e et souvent
humoristique sinon d�capante, la lettre,
d’abord mensuelle, para�t deux
fois par mois � compter de f�vrier 2000,
avec 565 abonn�s en octobre
1. Elle change de nom en f�vrier 2001
pour devenir �dition-actu, qui
compte 1.500 abonn�s en 2003 avant de
laisser place au blog de
CyLibris. CyLibris (� ne pas confondre
avec CyberLibris, une autre
soci�t�) cesse ses activit�s �ditoriales
en 2007.
��h��
Lui aussi pionnier de l’�dition
�lectronique commerciale, ��h�� (qui se
prononce �z�ro heure�) fait son
apparition en mai 1998, un peu moins de
deux ans apr�s CyLibris. Mais le champ
d’investigation de ��h�� est
quelque peu diff�rent, en tant que
premier �diteur en ligne. Son
activit� est en effet de vendre des livres
num�riques via l’internet,
et non des livres imprim�s comme
CyLibris. En 2000, les versions
num�riques (au format PDF)
repr�sentent 85% des ventes, les 15%
restants �tant des versions imprim�es
� la demande du client, un
service que l’�diteur procure en
compl�ment.
��h�� est fond� par Jean-Pierre Arbon
et Bruno de Sa Moreira,
respectivement ancien directeur
g�n�ral de Flammarion et ancien
directeur de Flammarion Multim�dia.
Bruno de Sa Moreira explique en
juillet 1998: �Aujourd’hui mon activit�
professionnelle est 100% bas�e
sur internet. Le changement ne s’est
pas fait radicalement, lui, mais
progressivement (audiovisuel puis
multim�dia puis internet). … La
gestation du projet a dur� un an:
brainstorming, faisabilit�, cr�ation
de la soci�t� et montage financier,
d�veloppement technique du site et
informatique �ditoriale, mise au point et
production des textes et
pr�paration du catalogue �
l’ouverture. (…) Nous faisons un pari,
mais l’internet me semble un m�dia
capable d’une tr�s large
popularisation, sans doute gr�ce � des
terminaux plus faciles d’acc�s
que le seul micro-ordinateur.�
�La cr�ation de ��h�� marque la
v�ritable naissance de l’�dition en
ligne�, lit-on sur le site web en 1999.
�C’est en effet la premi�re
fois au monde que la publication sur
internet de textes au format
num�rique est envisag�e dans le
contexte d’un site commercial, et
qu’une entreprise propose aux acteurs
traditionnels de l’�dition
(auteurs et �diteurs) d’ouvrir avec elle
sur le r�seau une nouvelle
fen�tre d’exploitation des droits. Les
textes offerts par ��h�� sont
soit des in�dits, soit des textes du
domaine public, soit des textes
sous copyright dont les droits en ligne
ont fait l’objet d’un accord
avec leurs ayants droit. … Avec
l’�dition en ligne �merge
probablement une premi�re vision de
l’�dition au ��e si�cle. C’est
cette id�e d’origine, de nouveau
d�part qui s’exprime dans le nom de
marque, ��h��. …
Internet est un lieu sans pass�, o� ce
que l’on fait ne s’�value pas
par rapport � une tradition. Il y faut
inventer de nouvelles mani�res
de faire les choses. (…) Le succ�s de
l’�dition en ligne ne d�pendra
pas seulement des choix �ditoriaux: il
d�pendra aussi de la capacit� �
structurer des approches neuves,
fond�es sur les lecteurs autant que
sur les textes, sur les lectures autant que
sur l’�criture, et � rendre
imm�diatement perceptible qu’une
aventure nouvelle a commenc�.�
Les collections sont tr�s diverses:
in�dits, th��tre classique
fran�ais, contes et r�cits fantastiques,
contes et r�cits
philosophiques, souvenirs et m�moires,
philosophie classique, r�alisme
et naturalisme, cyberculture, romans
d’enfance, romans d’amour,
nouvelles et romans d’aventure. Le
recherche est possible par auteur,
par titre et par genre. Pour chaque livre,
on a un descriptif court, un
descriptif d�taill�, la table des
mati�res et une courte pr�sentation
de l’auteur. S’y ajoutent ensuite les
commentaires des lecteurs. Pas de
stock, pas de contrainte physique de
distribution, mais un lien direct
avec le lecteur et entre les lecteurs. Sur le
site, les
internautes/lecteurs peuvent cr�er leur
espace personnel pour y r�diger
leurs commentaires, participer � des
forums ou recommander des liens
vers d’autres sites. Ils peuvent
s’abonner � la lettre d’information de
��h�� pour �tre tenus au courant des
nouveaut�s. L’�diteur produit
aussi des clips litt�raires pour
pr�senter certains des ouvrages
publi�s.
En 2000, le catalogue comprend 600
titres, qui comprennent une centaine
d’oeuvres originales et des r��ditions
�lectroniques de livres publi�s
par d’autres �diteurs. Les oeuvres
originales sont r�parties en
plusieurs collections: nouvelles �critures
interactives et
hypertextuelles, premiers romans,
documents d’actualit�, �tudes sur les
NTIC (nouvelles technologies de
l’information et de la communication),
co-�ditions avec des �diteurs
traditionnels ou de grandes institutions.
Le paiement est effectu� en ligne gr�ce
� un syst�me s�curis� mis en
place par la Banque populaire. Ceux que
le paiement en ligne rebute
peuvent r�gler leur commande par carte
bancaire (envoi par fax) ou par
ch�que (envoi par courrier postal).
En septembre 2000, ��h�� est rachet�
par Gemstar-TV Guide
International, soci�t� am�ricaine
sp�cialis�e dans les produits et
services num�riques pour les m�dias.
Quelques mois auparavant, en
janvier 2000, Gemstar rach�te les deux
soci�t�s californiennes ayant
lanc� les premi�res tablettes de
lecture, NuvoMedia, cr�atrice du
Rocket eBook, et SoftBook Press,
cr�atrice du SoftBook Reader. Selon un
communiqu� de Henry Yuen, pr�sident
de Gemstar, �les comp�tences
�ditoriales dont dispose ��h�� et ses
capacit�s d’innovation et de
cr�ativit� sont les atouts n�cessaires
pour faire de Gemstar un acteur
majeur du nouvel �ge de l’�dition
num�rique qui s’ouvre en Europe.� La
communaut� francophone ne voit pas
ce rachat d’un tr�s bon oeil, la
mondialisation de l’�dition semblant
justement peu compatible avec
l’innovation et la cr�ativit�. Moins de
trois ans plus tard, en juin
2003, ��h�� cesse d�finitivement ses
activit�s, tout comme la branche
eBook de Gemstar et les tablettes
lanc�es depuis.
Il reste le souvenir d’une belle aventure.
En octobre 2006, Jean-Pierre
Arbon, devenu chanteur, raconte sur son
site: �J’avais fond�, avec
Bruno de Sa Moreira, une maison
d’�dition d’un genre nouveau, la
premi�re au monde � tenter � grande
�chelle l’aventure de l’�dition en
ligne. Tout �tait � faire, � inventer.
L’�dition num�rique �tait terra
incognita: on explorait, on d�frichait.�
= �diteurs traditionnels et technologies
L’exemple du
Choucas, �diteur
ind�pendant
Fond� en 1992 par Nicolas et Suzanne
Pewny, alors libraires en Haute-
Savoie, Le Choucas est une petite maison
d’�dition sp�cialis�e dans les
romans policiers, la litt�rature, la
photographie et les livres d’art.
En juin 1998, Nicolas Pewny raconte: �Le
site des �ditions du Choucas a
�t� cr�� fin novembre 1996. Lorsque
je me suis rendu compte des
possibilit�s qu’internet pouvait nous
offrir, je me suis jur� que nous
aurions un site le plus vite possible. Un
petit probl�me: nous n’avions
pas de budget pour le faire r�aliser.
Alors, au prix d’un grand nombre
de nuits sans sommeil, j’ai cr�� ce site
moi-m�me et l’ai fait
r�f�rencer (ce n’est pas le plus mince
travail). Le site a alors �volu�
en m�me temps que mes connaissances
(encore relativement modestes) en
la mati�re et s’est agrandi, et a
commenc� � �tre un peu connu
m�me
hors France et Europe.
Le changement qu’internet a apport�
dans notre vie professionnelle est
consid�rable. Nous sommes une petite
maison d’�dition install�e en
province. Internet nous a fait conna�tre
rapidement sur une �chelle que
je ne soup�onnais pas. M�me les
m�dias “classiques” nous ont ouvert
un
peu leur portes gr�ce � notre site. Les
manuscrits affluent par le
courrier �lectronique. Ainsi nous avons
�dit� deux auteurs qu�b�cois
[NDLR: Fernand H�roux et Liz Morency,
auteurs de Affaire de coeurs,
paru en septembre 1997]. Beaucoup de
livres se r�alisent (corrections,
illustrations, envoi des documents �
l’imprimeur) par ce moyen. D�s le
d�but du site nous avons re�u des
demandes de pays o� nous ne sommes
pas (encore) repr�sent�s: �tats-Unis,
Japon, Am�rique latine, Mexique,
malgr� notre volont� de ne pas devenir
un site “commercial” mais
d’information et � “connotation
culturelle”. (Nous n’avons pas de
syst�me de paiement s�curis�, nous
avons juste r�f�renc� sur une page
les libraires qui vendent en ligne.)�
Comment Nicolas voit-il l’avenir?
�J’aurais tendance � r�pondre par
deux questions: Pouvez vous me dire
comment va �voluer internet?
Comment vont �voluer les utilisateurs?
Nous voudrions bien rester aussi
peu “commercial” que possible et
augmenter l’interactivit� et le
contact avec les visiteurs du site. Y
r�ussirons-nous? Nous avons d�j�
re�u des propositions qui vont dans un
sens oppos�. Nous les avons
mises “en veille”. Mais si l’�volution
va dans ce sens, pourrons-nous
r�sister, ou trouver une “voie
moyenne”? Honn�tement, je n’en
sais
rien.�
Le Choucas cesse malheureusement ses
activit�s en mars 2001, une
disparition de plus � d�plorer chez les
petits �diteurs ind�pendants.
�Comme je le pr�voyais, notre
distributeur a d�pos� son bilan�,
raconte
Nicolas en juin 2001. �Et
malheureusement les �ditions du
Choucas
(ainsi que d’autres �diteurs) ont cess�
leur activit� �ditoriale. Je
maintiens gracieusement le site web
pour t�moignage de mon savoir-faire
d’�diteur on- et off-line. (…) Je ne
regrette pas ces dix ann�es de
lutte, de satisfactions et de malheurs
pass�s aux �ditions du Choucas.
J’ai connu des auteurs int�ressants
dont certains sont devenus des
amis� Maintenant je fais des
publications et des sites internet pour
d’autres. En ce moment pour une ONG
[organisation non gouvernementale]
internationale caritative; je suis ravi de
participer (modestement) �
leur activit� � but non lucratif. Enfin on
ne parle plus de profit ou
de manque � gagner, c’est reposant.�
Fort de son exp�rience dans le domaine
de la librairie, de l’�dition,
de l’internet et du num�rique, Nicolas
Pewny est maintenant consultant
en �dition �lectronique et met ses
comp�tences au service d’autres
organismes.
Technologies
num�riques et
�diteurs
Les technologies num�riques
conduisent les �diteurs scientifiques et
techniques � repenser leur travail et,
pour certains, � s’orienter vers
une diffusion en ligne, les tirages
imprim�s restant toujours possibles
� titre ponctuel. Certaines universit�s
diffusent d�sormais des manuels
�sur mesure� compos�s d’un choix
de chapitres et d’articles
s�lectionn�s dans une base de
donn�es, auxquels s’ajoutent les
commentaires des professeurs. Pour un
s�minaire, un tr�s petit tirage
peut �tre fait � la demande, � partir de
documents transmis par voie
�lectronique � un imprimeur. Quant
aux revues sp�cialis�es, certaines
optent pour une publication en ligne
compl�t�e par un partenariat avec
une soci�t� sp�cialis�e se chargeant
des impressions � la demande.
Enseignante-chercheuse � l’�cole
pratique des hautes �tudes (EPHE,
Paris-Sorbonne), Marie-Joseph Pierre
�crit en f�vrier 2003: �Il me
para�t �vident que la publication des
articles et ouvrages au moins
scientifiques se fera de plus en plus sous
forme num�rique, ce qui
permettra aux chercheurs d’avoir
acc�s � d’�normes banques de
donn�es,
constamment et imm�diatement
�volutives, permettant en outre le
contact
direct et le dialogue entre les auteurs.
Nos organismes de tutelle,
comme le CNRS [Centre national de la
recherche scientifique] par
exemple, ont d�j� commenc� �
contraindre les chercheurs � publier
sous
ce mode, et incitent fortement les
laboratoires � diffuser ainsi leurs
recherches pour qu’elles soient
rapidement disponibles. Nos rapports
d’activit� � deux et � quatre ans - ces
�normes dossiers peineux
r�sumant nos labeurs - devraient
prochainement se faire sous cette
forme. Le papier ne dispara�tra pas pour
autant, et je crois m�me que
la consommation ne diminuera pas�
Car lorsqu’on veut travailler sur
un texte, le livre est beaucoup plus
maniable. Je m’aper�ois dans mon
domaine que les revues qui ont
commenc� r�cemment sous forme
num�rique
commencent � �tre aussi imprim�es et
diffus�es sur papier dignement
reli�. Le passage de l’un � l’autre
peut permettre des r�visions et du
recul, et cela me para�t tr�s
int�ressant.�
Infographiste, Marc Autret a derri�re lui
dix ans de journalisme multi-
t�ches et d’hyperformation dans le
domaine de l’�dition, du multim�dia
et du droit d’auteur. Il explique en
d�cembre 2006: �C’est un “socle”
irrempla�able pour mes activit�s
d’aujourd’hui, qui en sont le
prolongement technique. Je suis un
“artisan” de l’information et je
travaille essentiellement avec des
�diteurs. Ils sont tellement en
retard, tellement �trangers � la
r�volution num�rique, que j’ai du
pain
sur la planche pour pas mal d’ann�es.
Aujourd’hui je me concentre sur
le conseil, l’infographie, la typographie,
le pr�-presse et le
webdesign, mais je sens que la part du
logiciel va grandir. Des
secteurs comme l’animation �D,
l’automatisation des t�ches de
production, l’int�gration multi-
supports, la base de donn�es et toutes
les technologies issues de XML
[eXtensible Markup Language] vont
s’ouvrir naturellement. Les �diteurs
ont besoin de ces outils, soit
pour mieux produire, soit pour mieux
communiquer. C’est l� que je vois
l’�volution, ou plut�t
l’intensification, de mon travail.�
Comment Marc voit-il l’avenir de
l’ebook? �Sans vouloir faire dans la
divination, je suis convaincu que l’e-
book (ou “ebook”: impossible de
trancher!) a un grand avenir dans tous les
secteurs de la non-fiction.
Je parle ici de livre num�rique en termes
de “logiciel”, pas en terme
de support physique d�di� (les
conjectures �tant plus incertaines sur
ce dernier point). Les �diteurs de guides,
d’encyclop�dies et
d’ouvrages informatifs en g�n�ral
consid�rent encore l’e-book comme
une
d�clinaison tr�s secondaire du livre
imprim�, sans doute parce que le
mod�le commercial et la s�curit� de
cette exploitation ne leur semblent
pas tout � fait stabilis�s aujourd’hui.
Mais c’est une question de
temps. Les e-books non commerciaux
�mergent d�j� un peu partout et
op�rent d’une certaine fa�on un
d�frichage des possibles. Il y a au
moins deux axes qui �mergent: (a) une
interface de lecture/consultation
de plus en plus attractive et fonctionnelle
(navigation, recherche,
restructuration � la vol�e, annotations
de l’utilisateur, quizz
interactif�); (b) une int�gration
multim�dia (vid�o, son, infographie
anim�e, base de donn�es, etc.)
d�sormais fortement coupl�e au web.
Aucun livre physique n’offre de telles
fonctionnalit�s. J’imagine donc
l’e-book de demain comme une sorte
de wiki cristallis�, empaquet� dans
un format. Quelle sera alors sa valeur
propre? Celle d’un livre:
l’unit� et la qualit� du travail
�ditorial!�
Concepteur du projet @folio, un projet de
tablette de lecture nomade,
Pierre Schweitzer explique en d�cembre
2006: �La lecture num�rique
d�passe de loin, de tr�s loin m�me, la
seule question du “livre” ou de
la presse. Le livre et le journal restent et
resteront encore, pour
longtemps, des supports de lecture
techniquement ind�passables pour les
contenus de valeur ou pour ceux
d�passant un seuil critique de
diffusion. Bien que leur mod�le
�conomique puisse encore �voluer
(comme
pour les “gratuits” la presse grand
public), je ne vois pas de
bouleversement radical � l’�chelle
d’une seule g�n�ration. Au-del� de
cette g�n�ration, l’avenir nous le dira.
On verra bien. Pour autant,
d’autres types de contenus se
d�veloppent sur les r�seaux. Internet
d�fie l’imprim� sur ce terrain-l�:
celui de la diffusion en r�seau
(d�mat�rialis�e = co�t marginal nul)
des oeuvres et des savoirs. L� o�
l’imprim� ne parvient pas �
�quilibrer ses co�ts. L� o� de
nouveaux
acteurs peuvent venir prendre leur place.
Or, dans ce domaine nouveau, les
�quilibres �conomiques et les logiques
d’adoption sont radicalement
diff�rents de ceux que l’on conna�t
dans
l’empire du papier - voir par exemple
l’�volution des syst�mes de
validation pour les archives ouvertes
dans la publication scientifique
ou les mod�les �conomiques
�mergents de la presse en ligne. Il est
donc
vain, dangereux m�me, de vouloir
transformer au forceps l’�cologie du
papier - on la ruinerait � vouloir le faire!
� la marge, certains
contenus tr�s sp�cifiques, certaines
niches �ditoriales, pourraient
�tre transform�es - l’encyclop�die
ou la publication scientifique le
sont d�j�: de la m�me fa�on, les
guides pratiques, les livres
d’actualit� quasi-jetables et quelques
autres segments qui envahissent
les tables des librairies pourraient
l’�tre, pour le plus grand bonheur
des libraires. Mais il n’y a l� rien de
massif ou brutal selon moi: nos
habitudes de lecture ne seront pas
boulevers�es du jour au lendemain,
elles font partie de nos habitudes
culturelles, elles �voluent
lentement, au fur et � mesure de leur
adoption (= acceptation) par les
g�n�rations nouvelles.�
LA CONVERGENCE MULTIM�DIA
[R�sum�]
La convergence multim�dia entra�ne
l’unification progressive des
secteurs li�s � l’information
(imprimerie, �dition, presse, conception
graphique, enregistrements sonores,
films, etc.) suite � l’utilisation
des techniques de num�risation, avec
un processus mat�riel de
production qui s’en trouve
consid�rablement acc�l�r�. Si
certains
secteurs cr�ent de nouveaux emplois,
par exemple ceux li�s � la
production audio-visuelle, d’autres
secteurs sont soumis � des
restructurations drastiques. La
convergence multim�dia a de nombreux
revers, par exemple des contrats
pr�caires pour les salari�s, l’absence
de syndicats pour les t�l�travailleurs ou
le droit d’auteur mis � mal
pour les auteurs, tous sujets d�battus
lors du Colloque sur la
convergence multim�dia organis� en
janvier 1997 � Gen�ve (Suisse) par
l’Organisation internationale du travail
(OIT).
= Une d�finition
On peut d�finir la convergence
multim�dia comme la convergence de
l’informatique, du t�l�phone, de la
radio et de la t�l�vision dans une
industrie de la communication et de la
distribution utilisant les m�mes
inforoutes (appel�es aussi autoroutes
de l’information).
Plus pr�cis�ment, de quoi s’agit-il? La
num�risation permet de cr�er,
d’enregistrer, de combiner, de stocker,
de rechercher et de transmettre
des textes, des sons et des images par
des moyens simples et rapides.
Des proc�d�s similaires permettent le
traitement de l’�criture, de la
musique et du cin�ma alors que, par le
pass�, ce traitement �tait
assur� par des proc�d�s diff�rents
sur des supports diff�rents (papier
pour l’�criture, bande magn�tique
pour la musique, cellulo�d pour le
cin�ma). De plus, des secteurs distincts
comme l’�dition (qui produit
des livres) et l’industrie musicale (qui
produit des disques)
travaillent ensuite de concert pour
produire des CD-ROM.
Ceci n’est pas le premier
bouleversement affectant la cha�ne de
l’�dition. Dans les ann�es 1970,
l’imprimerie traditionnelle est
d’abord �branl�e par les machines de
photocomposition. Le co�t de
l’impression continue ensuite de
baisser avec les photocopieurs, les
photocopieurs couleur, les proc�d�s
d’impression assist�e par
ordinateur et le mat�riel d’impression
num�rique. Dans les ann�es 1990,
l’impression est souvent assur�e �
bas prix par des ateliers de PAO
(publication assist�e par ordinateur).
Tout contenu est d�sormais
syst�matiquement num�ris� pour
permettre son transfert par voie
�lectronique.
La num�risation acc�l�re le processus
mat�riel de production. Dans la
presse, alors qu’auparavant le
personnel de production devait
dactylographier les textes du personnel
de r�daction, les journalistes
envoient d�sormais directement leurs
textes pour mise en page. Dans
l’�dition, le r�dacteur, le concepteur
artistique et l’infographiste
travaillent souvent simultan�ment au
m�me ouvrage.
On assiste progressivement � la
convergence de tous les secteurs li�s �
l’information: imprimerie, �dition,
presse, conception graphique,
enregistrements sonores, films,
radiodiffusion, etc.
Si, dans certains secteurs, ce
ph�nom�ne entra�ne de nouveaux
emplois,
par exemple ceux li�s � la production
de films ou de produits audio-
visuels, d’autres secteurs sont soumis
� d’inqui�tantes
restructurations. Ces probl�mes sont
suffisamment pr�occupants pour
�tre d�battus lors du Colloque sur la
convergence multim�dia organis�
en janvier 1997 par l’Organisation
internationale du travail (OIT) �
Gen�ve.
= Des commentaires
Plusieurs interventions faites au cours de
ce colloque soul�vent des
probl�mes de fond, dont certains sont
toujours d’actualit� en 2010.
Bernie Lunzer, secr�taire-tr�sorier de la
Newspaper Guild (�tats-Unis),
insiste sur les batailles juridiques faisant
rage autour des probl�mes
de propri�t� intellectuelle. Ces batailles
visent notamment l’attitude
des directeurs de publication, qui
am�nent les �crivains ind�pendants
�
signer des contrats particuli�rement
choquants c�dant tous leurs droits
au directeur de publication, avec une
contrepartie financi�re ridicule.
Heinz-Uwe R�benach, de l’Association
allemande de directeurs de
journaux (Bundesverband Deutscher
Zeitungsverleger), insiste lui aussi
sur la n�cessit� pour les entreprises de
presse de g�rer et de
contr�ler l’utilisation sur le web des
articles de leurs journalistes,
et d’obtenir une contrepartie
financi�re leur permettant de continuer
�
investir dans les nouvelles technologies.
Un probl�me tout aussi pr�occupant
est celui de la pression constante
exerc�e sur les journalistes des salles de
r�daction, dont le travail
doit �tre disponible � longueur de
journ�e et non plus seulement en fin
de journ�e. Ces tensions � r�p�tition
sont encore aggrav�es par un
travail � l’�cran pendant huit � dix
heures d’affil�e. Le rythme de
travail et l’utilisation intensive de
l’ordinateur entra�nent des
probl�mes de s�curit� au travail.
Apr�s quelques ann�es de ce r�gime,
des journalistes �craquent� � l’�ge
de 35 ou 40 ans.
Selon Carlos Alberto de Almeida,
pr�sident de la F�d�ration nationale
des journalistes au Br�sil (FENAJ:
Federa��o Nacional dos Jornalistas),
les nouvelles technologies �taient
cens�es rationaliser le travail et
r�duire sa dur�e afin de favoriser
l’enrichissement intellectuel et les
loisirs. En pratique, les professionnels
des m�dias sont oblig�s
d’effectuer un nombre d’heures de
travail en constante augmentation. La
journ�e l�gale de cinq heures est en fait
une journ�e de dix � douze
heures. Les heures suppl�mentaires ne
sont pas pay�es, comme ne sont
pas pay�es non plus celles effectu�es le
week-end par les journalistes
cens�s �tre en p�riode de repos.
La num�risation des documents et
l’automatisation des m�thodes de
travail acc�l�rent le processus de
production mais elles entra�nent
aussi une diminution de l’intervention
humaine et donc un accroissement
du ch�mage. Alors qu’auparavant le
personnel de production devait
retaper les textes du personnel de
r�daction, la mise en page
automatique permet de combiner les
deux t�ches de r�daction et de
composition.
Etienne Reichel, directeur suppl�ant de
Viscom (Visual Communication),
association suisse pour la
communication visuelle, d�montre que
le
transfert de donn�es via l’internet et la
suppression de certaines
phases de production r�duisent le
nombre d’emplois. Le travail de vingt
typographes est maintenant assur� par
six travailleurs qualifi�s, alors
que les entreprises de communication
visuelle �taient auparavant
g�n�ratrices d’emplois. Par contre,
l’informatique permet � certains
professionnels de s’installer � leur
compte, comme c’est le cas pour
30% des salari�s ayant perdu leur
emploi suite � la restructuration de
leur entreprise.
Professeur associ� en sciences sociales
� l’Universit� d’Utrecht (Pays-
Bas), Peter Leisink pr�cise lui aussi que
la r�daction des textes et la
correction des �preuves se font
d�sormais � domicile, le plus souvent
par des travailleurs ayant pris le statut
d’ind�pendants � la suite de
licenciements et de d�localisations ou
fusions d’entreprises. �Or cette
forme d’emploi tient plus du travail
pr�caire que du travail
ind�pendant�, explique-t-il, �car ces
personnes n’ont que peu
d’autonomie et sont g�n�ralement
tributaires d’une seule maison
d’�dition.�
A part quelques cas particuliers mis en
avant par les organisations
d’employeurs, la convergence
multim�dia entra�ne des suppressions
massives d’emplois.
Selon Michel Muller, secr�taire g�n�ral
de la FILPAC (F�d�ration des
industries du livre, du papier et de la
communication) en France, les
industries graphiques fran�aises ont
perdu 20.000 emplois en dix ans.
Entre 1987 et 1996, les effectifs sont
pass�s de de 110.000 � 90.000
salari�s. Les entreprises mettent en
place des plans sociaux co�teux
pour favoriser le reclassement des
personnes licenci�es, en cr�ant des
emplois souvent artificiels, alors qu’il
aurait �t� pr�f�rable de
financer des �tudes fiables sur la
mani�re d’�quilibrer cr�ations et
suppressions d’emplois lorsqu’il �tait
encore temps.
Partout dans le monde, de nombreux
postes � faible qualification
technique sont remplac�s par des
postes exigeant des qualifications
techniques �lev�es. Les personnes peu
qualifi�es sont licenci�es.
D’autres suivent une formation
professionnelle compl�mentaire, parfois
auto-financ�e et prise sur leur temps
libre, et cette formation
professionnelle ne garantit pas pour
autant le r�emploi.
Directeur de AT&T, g�ant des
t�l�communications aux �tats-Unis,
Walter
Durling insiste sur le fait que les
nouvelles technologies ne
changeront pas fondamentalement la
situation des salari�s au sein de
l’entreprise. L’invention du film n’a
pas tu� le th��tre et celle de la
t�l�vision n’a pas fait dispara�tre le
cin�ma. Les entreprises
devraient cr�er des emplois li�s aux
nouvelles technologies et les
proposer � ceux qui sont oblig�s de
quitter d’autres postes devenus
obsol�tes.
Des arguments bien th�oriques alors
que le probl�me est plut�t celui du
pourcentage. Combien de cr�ations de
postes pour combien de
licenciements?
De leur c�t�, les syndicats pr�conisent
la cr�ation d’emplois par
l’investissement, l’innovation, la
formation aux nouvelles
technologies, la reconversion des
travailleurs dont les emplois sont
supprim�s, des conventions collectives
�quitables, la d�fense du droit
d’auteur, une meilleure protection des
travailleurs dans le secteur
artistique, et enfin la d�fense des
t�l�travailleurs en tant que
travailleurs � part enti�re.
LA MUE DES BIBLIOTH�QUES
[R�sum�]
�Qu’il me suffise, pour le moment, de
redire la sentence classique: “La
biblioth�que est une sph�re dont le
centre v�ritable est un hexagone
quelconque, et dont la circonf�rence est
inaccessible”.� Cette citation
de Jorge Luis Borges - issue de La
biblioth�que de Babel (1941) -
pourrait tout aussi bien d�finir la
biblioth�que num�rique. La
num�risation du patrimoine mondial est
en cours, d’abord pour le texte,
et ensuite pour l’image et le son, avec la
mise en ligne de centaines
puis de milliers d’oeuvres du domaine
public, de publications
litt�raires et scientifiques, d’articles,
d’images, de bandes sonores
et de films, gratuits ou payants selon les
documents. De plus,
certaines biblioth�ques utilisent le web
pour faire conna�tre les
joyaux de leurs collections, pendant que
d’autres cr�ent des
�cyberespaces� pour leurs usagers,
avec des biblioth�caires devenus
cyberth�caires pour les piloter dans
leurs recherches et les orienter
sur la toile.
= Des biblioth�ques num�riques
De l’imprim� au
num�rique
La premi�re biblioth�que traditionnelle
pr�sente sur le web est la
biblioth�que municipale d’Helsinki
(Finlande), qui inaugure son site en
f�vrier 1994. Objectif poursuivi par des
g�n�rations de
biblioth�caires, la diffusion du livre
devient enfin possible � vaste
�chelle.
Fondateur de la biblioth�que
num�rique Athena, Pierre Perroud
insiste
en f�vrier 1997 sur la compl�mentarit�
du texte �lectronique et du
livre imprim�, dans un article de la
revue Informatique-Informations
(Gen�ve). Selon lui, �les textes
�lectroniques repr�sentent un
encouragement � la lecture et une
participation conviviale � la
diffusion de la culture�, notamment
pour l’�tude de ces textes et la
recherche textuelle. Ces textes
�lectroniques �sont un bon
compl�ment
du livre imprim� - celui-ci restant
irrempla�able lorsqu’il s’agit de
lire�. Mais le livre imprim� reste �un
compagnon myst�rieusement sacr�
vers lequel convergent de profonds
symboles: on le serre dans la main,
on le porte contre soi, on le regarde avec
admiration; sa petitesse
nous rassure autant que son contenu
nous impressionne; sa fragilit�
renferme une densit� qui nous fascine;
comme l’homme il craint l’eau et
le feu, mais il a le pouvoir de mettre la
pens�e de celui-l� � l’abri
du Temps.�
Si certaines biblioth�ques num�riques
naissent directement sur le web,
la plupart �manent de biblioth�ques
traditionnelles. En 1996, la
biblioth�que municipale de Lisieux
(Normandie, France) lance la
Biblioth�que �lectronique de Lisieux,
qui offre les versions num�riques
d’oeuvres litt�raires courtes choisies
dans les collections
municipales. En 1997, la Biblioth�que
nationale de France (BnF) cr�e
Gallica qui, dans un premier temps,
propose des images et textes du ��e
si�cle francophone, � savoir une
s�lection de 3.000 livres compl�t�e
par un �chantillon de la future
iconoth�que num�rique. En 1998, la
Biblioth�que municipale de Lyon met
les enluminures de 200 manuscrits
et incunables � la disposition de tous
sur son site web. Trois exemples
parmi tant d’autres.
La num�risation
des livres
Qui dit biblioth�que num�rique dit
num�risation, au moins les premiers
temps, puisque les livres num�riques
�manent de livres imprim�s. Pour
pouvoir �tre consult� � l’�cran, un
livre peut �tre num�ris� soit en
mode texte soit en mode image.
La num�risation en mode texte consiste
d’abord � patiemment saisir le
livre sur un clavier, page apr�s page,
solution souvent adopt�e lors de
la constitution des premi�res
biblioth�ques num�riques, ou alors
quand
les documents originaux manquent de
clart�, pour les livres anciens par
exemple. Les ann�es passant, la
num�risation en mode texte consiste
surtout � scanner le livre en mode
image, puis � le convertir en texte
gr�ce � un logiciel OCR (Optical
Character Recognition), avec relecture
�ventuelle � l’�cran pour corriger le
texte obtenu puisqu’un bon
logiciel OCR serait fiable � 99%.
La version informatique du livre ne
conserve pas la pr�sentation
originale du livre ou de la page. Le livre
devient texte, � savoir un
ensemble de caract�res apparaissant en
continu � l’�cran. A cause du
temps pass� au traitement de chaque
livre, ce mode de num�risation est
assez long, et donc nettement plus
co�teux que la num�risation en mode
image. Dans de nombreux cas, il est
toutefois tr�s pr�f�rable,
puisqu’il permet l’indexation, la
recherche textuelle, l’analyse
textuelle, une �tude comparative entre
plusieurs textes ou plusieurs
versions du m�me texte, etc. C’est la
m�thode utilis�e par exemple par
grande biblioth�que num�rique au
format texte, avec des livres relus et
corrig�s deux fois pour �tre fiables �
99,9% par rapport � la version
imprim�e.
La num�risation en mode image
consiste � scanner le livre, et
correspond donc � la photographie du
livre page apr�s page. La
pr�sentation originale �tant
conserv�e, on peut �feuilleter� le livre
�
l’�cran. La version informatique est en
quelque sorte le fac-simil�
num�rique de la version imprim�e.
C’est la m�thode employ�e pour les
num�risations � grande �chelle, par
exemple pour le programme de
num�risation de la Biblioth�que
nationale de France (BnF) et la
constitution de sa biblioth�que
num�rique Gallica. La num�risation en
mode texte est utilis�e en compl�ment
pour les tables des mati�res, les
sommaires et les corpus de documents
iconographiques, afin de faciliter
la recherche textuelle.
Pourquoi ne pas tout num�riser en
mode texte? La BnF r�pond en 2000 sur
le site de Gallica: �Le mode image
conserve l’aspect initial de
l’original y compris ses �l�ments non
textuels. Si le mode texte
autorise des recherches riches et
pr�cises dans un document et permet
une r�duction significative du volume
des fichiers manipul�s, sa
r�alisation, soit par saisie soit par OCR,
implique des co�ts de
traitement environ dix fois sup�rieurs �
la simple num�risation. Ces
techniques, parfaitement envisageables
pour des volumes limit�s, ne
pouvaient ici �tre �conomiquement
justifiables au vu des 50.000
documents (repr�sentant presque 15
millions de pages) mis en ligne.�
Dans les ann�es qui suivent, Gallica
convertit toutefois nombre de ses
livres du mode image au mode texte pour
permettre les recherches
textuelles.
Concepteur de Mot@mot, logiciel de
remise en page de fac-simil�s
num�riques, Pierre Schweitzer insiste
sur l’utilit� des deux modes de
num�risation. �Le mode image permet
d’avancer vite et � tr�s faible
co�t�, explique-t-il en janvier 2001.
�C’est important car la t�che de
num�risation du domaine public est
immense. Il faut tenir compte aussi
des diff�rentes �ditions: la
num�risation du patrimoine a pour but
de
faciliter l’acc�s aux oeuvres, il serait
paradoxal qu’elle aboutisse �
se focaliser sur une �dition et �
abandonner l’acc�s aux autres.
Chacun
des deux modes de num�risation
s’applique de pr�f�rence � un type
de
document, ancien et fragile ou plus
r�cent, libre de droit ou non (pour
l’auteur ou pour l’�dition),
abondamment illustr� ou pas. Les deux
modes ont aussi des statuts assez
diff�rents: en mode texte �a peut
�tre une nouvelle �dition d’une
oeuvre, en mode image c’est une sorte
d’“�dition d’�dition”, gr�ce � un
de ses exemplaires (qui fonctionne
alors comme une fonte d’imprimerie
pour du papier). En pratique, le
choix d�pend bien s�r de la nature du
fonds � num�riser, des moyens et
des buts � atteindre. Difficile de se
passer d’une des deux fa�ons de
faire.�
= Un exemple: Gallica
Un laboratoire en
ligne
Gallica - biblioth�que num�rique de la
BnF (Biblioth�que nationale de
France) - est inaugur� en octobre 1997
avec des textes et des images du
��e si�cle francophone, �si�cle de
l’�dition et de la presse moderne,
si�cle du roman mais aussi des grandes
synth�ses historiques et
philosophiques, si�cle scientifique et
technique�.
� l’�poque, le serveur stocke 2.500
livres num�ris�s en mode image
compl�t�s par les 250 livres
num�ris�s en mode texte de la base
Frantext de l’INaLF (Institut national de
la langue fran�aise, qui
deviendra plus tard le laboratoire ATILF -
Analyse et traitement
informatique de la langue fran�aise).
Class�s par discipline, ces livres sont
compl�t�s par une chronologie
du ��e si�cle et des synth�ses sur les
grands courants en histoire,
sciences politiques, droit, �conomie,
litt�rature, philosophie,
sciences et histoire des sciences.
Le site propose aussi un �chantillon de
la future iconoth�que
num�rique, � savoir le fonds du
photographe Eug�ne Atget, une
s�lection
de documents sur l’�crivain Pierre Loti,
une collection d’images de
l’�cole nationale des ponts et
chauss�es - ces images ayant trait aux
grands travaux de la r�volution
industrielle en France -, et enfin un
choix de livres illustr�s de la
biblioth�que du Mus�e de l’Homme.
Fin 1997, Gallica se consid�re moins
comme une banque de donn�es
num�ris�es que comme un
�laboratoire dont l’objet est
d’�valuer les
conditions d’acc�s et de consultation
� distance des documents
num�riques�. Le but est
d’exp�rimenter la navigation dans ces
collections, en permettant le libre
parcours du chercheur ou du lecteur
curieux.
D�but 1998, Gallica annonce 100.000
volumes et 300.000 images pour la
fin 1999, avec un accroissement rapide
des collections ensuite. Sur les
100.000 volumes pr�vus, qui
repr�senteraient 30 millions de pages
num�ris�es, plus du tiers concernerait
le ��e si�cle. Quant aux 300.000
images fixes, la moiti� viendrait des
d�partements sp�cialis�s de la
BnF (Estampes et photographie,
Manuscrits, Arts du spectacle, Monnaies
et m�dailles, etc.), et l’autre moiti� de
collections d’�tablissements
publics (mus�es et biblioth�ques,
Documentation fran�aise, �cole
nationale des ponts et chauss�es,
Institut Pasteur, Observatoire de
Paris, etc.) ou priv�s (agences de presse
dont Magnum, l’Agence France-
Presse, Sygma, Rapho, etc.).
En mai 1998, la BnF revoit ses
esp�rances � la baisse et modifie
quelque peu ses orientations premi�res.
J�r�me Strazzulla, journaliste
au quotidien Le Figaro, explique dans un
article du 3 juin 1998 que la
BnF est �pass�e d’une esp�rance
universaliste, encyclop�dique, � la
n�cessit� de choix �ditoriaux
pointus�.
Dans le m�me article, le pr�sident de la
BnF, Jean-Pierre Angremy,
rapporte la d�cision du comit�
�ditorial de Gallica: �Nous avons
d�cid�
d’abandonner l’id�e d’un vaste
corpus encyclop�dique de cent mille
livres, auquel on pourrait sans cesse
reprocher des trous. Nous nous
orientons aujourd’hui vers des corpus
th�matiques, aussi complets que
possibles, mais plus restreints. (…) Nous
cherchons � r�pondre, en
priorit�, aux demandes des chercheurs
et des lecteurs.�
Le premier corpus aura trait aux voyages
en France, � savoir des
textes, estampes et photographies du ��e
si�cle � 1920, avec mise en
ligne pr�vue en 2000. Les corpus
envisag�s ensuite concerneront Paris,
les voyages en Afrique des origines �
1920, les utopies et enfin les
m�moires des Acad�mies des sciences
de province.
Une consultation
plus ais�e
Professeur � l’�cole pratique des
hautes �tudes (EPHE, Paris-Sorbonne)
et adepte depuis toujours de la lecture
sur PDA (puis sur smartphone),
Marie-Joseph Pierre raconte en
novembre 2002: �Cela m’a pas mal
servi
pour mon travail, ou pour mes activit�s
associatives. Je fais par
exemple partie d’une petite soci�t�
po�tique locale, et nous faisons
prochainement un r�cital po�tique.
J’ai voulu rechercher des textes de
Victor Hugo, que j’ai maintenant pu lire
et m�me charger � partir du
site de la Biblioth�que nationale de
France: c’est vraiment extra.�
En 2003, Gallica rassemble 70.000
ouvrages et 80.000 images allant du
Moyen-�ge au d�but du ��e si�cle,
tous documents libres de droits.
Mais, de l’avis de nombreux usagers, les
fichiers des livres sont tr�s
lourds puisqu’ils sont num�ris�s en
mode image, et l’acc�s en est tr�s
long.
Chose tout aussi probl�matique, la
num�risation en mode image
n’autorise pas la recherche textuelle
alors que Gallica se trouve �tre
la plus grande biblioth�que num�rique
francophone en nombre de titres
disponibles en ligne. La recherche
textuelle est toutefois possible
dans les tables des mati�res, les
sommaires et les l�gendes des corpus
iconographiques, qui sont num�ris�s
en mode texte. Mais seule une
petite collection de livres (1.117 livres en
f�vrier 2004) est
int�gralement num�ris�e en mode
texte, celle de la base Frantext,
int�gr�e � Gallica.
Tous probl�mes auxquels la BnF
rem�die au fil des mois, avec une
navigation plus ais�e et la conversion
progressive des livres du mode
image au mode texte gr�ce � un logiciel
OCR, avec possibilit� donc de
recherche textuelle.
En f�vrier 2005, Gallica compte 76.000
ouvrages. � la m�me date, la BnF
annonce la mise en ligne prochaine
(entre 2006 et 2009) de la presse
fran�aise parue entre 1826 et 1944, �
savoir 22 titres repr�sentant 3,5
millions de pages.
D�but 2006, les premiers journaux
disponibles en ligne sont les
quotidiens Le Figaro (fond� en 1826), La
Croix (fond�e en 1883),
L’Humanit� (fond�e en 1904) et Le
Temps (fond� en 1861 et disparu en
1942).
En d�cembre 2006, les collections
comprennent 90.000 ouvrages
num�ris�s
(fascicules de presse compris), 80.000
images et des dizaines d’heures
de ressources sonores.
Une diffusion
mondiale
En novembre 2007, la BnF annonce la
num�risation de 300.000 ouvrages
suppl�mentaires d’ici 2010, � savoir
45 millions de pages qui seront
accessibles sur son nouveau site,
simultan�ment en mode image et en
mode texte.
Le site compte 3 millions de visites en
2008 et 4 millions de visites
en 2009. On en pr�voit le double pour
2010.
En mars 2010, Gallica franchit la barre du
million de documents -
livres, manuscrits, cartes, images,
p�riodiques (presse et revues),
fichiers sonores (paroles et musiques) et
partitions musicales - dont
la plupart sont accessibles gratuitement
sur un site dont l’interface
n’a cess� de s’am�liorer au fil des
ans.
Si les documents sont en langue
fran�aise dans leur tr�s grande
majorit�, on trouve aussi des
documents en anglais, en italien, en
allemand, en latin ou en grec selon les
disciplines.
En octobre 2010, Gallica offre 1,2 million
de documents, une interface
quadrilingue (fran�ais, anglais,
espagnol, portugais), la possibilit�
de cr�er un espace personnel, une
vignette exportable pour consulter
des images sur son site ou son blog et un
lecteur exportable pour y
consulter les livres.
Bruno Racine, pr�sident de la BnF, et
Steve Balmer, PDG de Microsoft,
signent le 7 avril 2010 un accord pour
l’indexation des collections de
Gallica dans Bing, le moteur de recherche
de Microsoft, ce qui
permettra une utilisation plan�taire des
collections et une meilleure
repr�sentation de la langue fran�aise et
de ses richesses sur une toile
multilingue.
= Du biblioth�caire au cyberth�caire
En 1999
Piloter les usagers sur l’internet, filtrer
et organiser l’information
� leur intention, cr�er et g�rer un site
web, rechercher des documents
dans des bases de donn�es
sp�cialis�es, telles sont d�sormais les
t�ches de nombreux biblioth�caires.
C’est le cas de Peter Raggett �
l’OCDE (Organisation de coop�ration
et de d�veloppement �conomiques) ou
de Bruno Didier � l’Institut Pasteur.
Peter Raggett est sous-directeur (puis
directeur) de la Biblioth�que
centrale de l’OCDE, renomm�e ensuite
Centre de documentation et
d’information (CDI).
Situ�e � Paris, l’OCDE regroupe trente
pays membres. Au noyau
d’origine, constitu� des pays
d’Europe de l’Ouest et d’Am�rique
du
Nord, viennent s’ajouter le Japon,
l’Australie, la Nouvelle-Z�lande, la
Finlande, le Mexique, la R�publique
tch�que, la Hongrie, la Pologne et
la Cor�e.
R�serv�e aux fonctionnaires de
l’organisation, la biblioth�que permet
la consultation de 60.000 monographies
et 2.500 p�riodiques imprim�s.
En ligne depuis 1996, les pages intranet
deviennent une source
d’information majeure pour le
personnel.
�Je dois filtrer l’information pour les
usagers de la biblioth�que, ce
qui signifie que je dois bien conna�tre
les sites et les liens qu’ils
proposent�, explique Peter Raggett en
ao�t 1999. �J’ai s�lectionn�
plusieurs centaines de sites pour en
favoriser l’acc�s � partir de
l’intranet de l’OCDE. Cette s�lection
fait partie du bureau de
r�f�rence virtuel propos� par la
biblioth�que � l’ensemble du
personnel. Outre de nombreux liens, ce
bureau de r�f�rence contient des
pages recensant les articles,
monographies et sites web
correspondant
aux diff�rents projets de recherche en
cours � l’OCDE, l’acc�s en
r�seau aux CD-ROM et une liste
mensuelle des nouveaux titres.�
Comment Peter voit-il l’avenir de la
profession? �L’internet offre aux
chercheurs un stock d’informations
consid�rable. Le probl�me pour eux
est de trouver ce qu’ils cherchent.
Jamais auparavant on n’avait senti
une telle surcharge d’informations,
comme on la sent maintenant quand
on tente de trouver un renseignement
sur un sujet pr�cis en utilisant
les moteurs de recherche disponibles sur
l’internet. A mon avis, les
biblioth�caires auront un r�le
important � jouer pour am�liorer la
recherche et l’organisation de
l’information sur le r�seau. Je pr�vois
aussi une forte expansion de l’internet
pour l’enseignement et la
recherche. Les biblioth�ques seront
amen�es � cr�er des biblioth�ques
num�riques permettant � un �tudiant
de suivre un cours propos� par une
institution � l’autre bout du monde. La
t�che du biblioth�caire sera de
filtrer les informations pour le public.
Personnellement, je me vois de
plus en plus devenir un biblioth�caire
virtuel. Je n’aurai pas
l’occasion de rencontrer les usagers, ils
me contacteront plut�t par
courriel, par t�l�phone ou par fax,
j’effectuerai la recherche et je
leur enverrai les r�sultats par voie
�lectronique.�
En 1999, Bruno Didier est biblioth�caire
� l’Institut Pasteur (Paris),
une fondation priv�e dont le but est la
pr�vention et le traitement des
maladies infectieuses par la recherche,
l’enseignement et des actions
de sant� publique.
S�duit par les perspectives qu’offre le
r�seau pour la recherche
documentaire, Bruno Didier cr�e le site
web de la biblioth�que en 1996
et devient son webmestre.
�Le site web de la biblioth�que a pour
vocation principale de servir la
communaut� pasteurienne�, relate-t-il
en ao�t 1999. �Il est le support
d’applications devenues indispensables
� la fonction documentaire dans
un organisme de cette taille: bases de
donn�es bibliographiques,
catalogue, commande de documents et
bien entendu acc�s � des
p�riodiques en ligne. C’est �galement
une vitrine pour nos diff�rents
services, en interne mais aussi dans toute
la France et � l’�tranger.
Il tient notamment une place importante
dans la coop�ration
documentaire avec les instituts du
r�seau Pasteur � travers le monde.
Enfin j’essaie d’en faire une passerelle
adapt�e � nos besoins pour la
d�couverte et l’utilisation d’internet.
(…) Je d�veloppe et maintiens
les pages du serveur, ce qui
s’accompagne d’une activit� de veille
r�guli�re. Par ailleurs je suis
responsable de la formation des
usagers, ce qui se ressent dans mes
pages. Le web est un excellent
support pour la formation, et la plupart
des r�flexions actuelles sur
la formation des usagers int�grent cet
outil.�
Son activit� professionnelle a chang�
de mani�re radicale, tout comme
celle de ses coll�gues. �C’est � la fois
dans nos rapports avec
l’information et avec les usagers que les
changements ont eu lieu�,
explique-t-il. �Nous devenons de plus en
plus des m�diateurs, et peut-
�tre un peu moins des conservateurs.
Mon activit� actuelle est typique
de cette nouvelle situation: d’une part
d�gager des chemins d’acc�s
rapides � l’information et mettre en
place des moyens de communication
efficaces, d’autre part former les
utilisateurs � ces nouveaux outils.
Je crois que l’avenir de notre m�tier
passe par la coop�ration et
l’exploitation des ressources
communes. C’est un vieux projet
certainement, mais finalement c’est la
premi�re fois qu’on dispose
enfin des moyens de le mettre en
place.�
En 2000
En 2000, Bakayoko Bourahima est
responsable de la biblioth�que de
l’�cole nationale sup�rieure de
statistique et d’�conomie appliqu�e
(ENSEA) � Abidjan (C�te d’Ivoire).
L’ENSEA assure la formation de
statisticiens pour les pays africains
d’expression fran�aise. Son site
web est mis en ligne en avril 1999 dans le
cadre du r�seau REFER, un
r�seau cr�� par l’Agence
universitaire de la Francophonie (AUF)
pour
desservir la communaut� scientifique et
technique en Afrique, en Asie
et en Europe orientale (24 pays
participants en 2002).
Bakayoko Bourahima s’occupe de la
gestion de l’information et de la
diffusion des travaux publi�s par
l’ENSEA. Quel est l’apport de
l’internet dans son travail? �Le service
de la biblioth�que travaille �
deux projets d’int�gration du web pour
am�liorer ses prestations�,
relate-t-il en juillet 2000. �J’esp�re
bient�t pouvoir mettre � la
disposition de mes usagers un acc�s
internet pour l’interrogation de
bases de donn�es. Par ailleurs, j’ai en
projet de r�aliser et de mettre
sur l’intranet et sur le web un certain
nombre de services
documentaires (base de donn�es
th�matique, informations
bibliographiques, service de r�f�rences
bibliographiques, bulletin
analytique des meilleurs travaux
d’�tudiants�). Il s’agit donc pour
la biblioth�que, si j’obtiens les
financements n�cessaires pour ces
projets, d’utiliser pleinement
l’internet pour donner � notre �cole
un
plus grand rayonnement et de renforcer
sa plateforme de communication
avec tous les partenaires possibles. En
int�grant cet outil au plan de
d�veloppement de la biblioth�que,
j’esp�re am�liorer la qualit� et
�largir la gamme de l’information
scientifique et technique mise � la
disposition des �tudiants, des
enseignants et des chercheurs, tout en
�tendant consid�rablement l’offre
des services de la biblioth�que.�
En 2000, Emmanuel Barthe est
documentaliste juridique et responsable
informatique de Coutrelis & Associ�s, un
cabinet d’avocats parisien.
�Les principaux domaines de travail du
cabinet sont le droit
communautaire, le droit de
l’alimentation, le droit de la
concurrence
et le droit douanier�, �crit-il en octobre
2000. �Je fais de la saisie
indexation, et je con�ois et g�re les
bases de donn�es internes. Pour
des recherches documentaires difficiles,
je les fais moi-m�me ou bien
je conseille le juriste. Je suis aussi
responsable informatique et
t�l�coms du cabinet: conseils pour les
achats, assistance et formation
des utilisateurs. De plus, j’assure la
veille, la s�lection et le
catalogage de sites web juridiques: titre,
auteur et bref descriptif.
Je suis �galement formateur internet
juridique aussi bien � l’int�rieur
de mon entreprise qu’� l’ext�rieur
lors de stages de formation.�
En 2001
En 2001, Anissa Rachef est biblioth�caire
et professeur � l’Institut
fran�ais de Londres. Pr�sents dans de
nombreux pays, les instituts
fran�ais sont des organismes officiels
proposant des cours de fran�ais
et des manifestations culturelles. A
Londres, 5.000 �tudiants environ
s’inscrivent aux cours chaque ann�e.
Inaugur�e en mai 1996, la
m�diath�que utilise l’internet d�s sa
cr�ation.
�L’objectif de la m�diath�que est
double�, explique Anissa Rachef en
avril 2001. �Servir un public
s’int�ressant � la culture et la langue
fran�aises et “recruter” un public
allophone en mettant � disposition
des produits d’appel tels que vid�os
documentaires, livres audio, CD-
ROM. La mise en place r�cente d’un
espace multim�dia sert aussi �
fid�liser les usagers. L’installation
d’un service d’information rapide
a pour fonction de r�pondre dans un
temps minimum � toutes sortes de
questions pos�es via le courrier
�lectronique, ou par fax. Ce service
exploite les nouvelles technologies pour
des recherches tr�s
sp�cialis�es. Nous �laborons
�galement des dossiers de presse
destin�s
aux �tudiants et professeurs pr�parant
des examens de niveau
secondaire. Je m’occupe
essentiellement de catalogage,
d’indexation et
de cotation. …
J’utilise internet pour des besoins de
base. Recherches
bibliographiques, commande de livres,
courrier professionnel, pr�t
inter-biblioth�ques. C’est gr�ce �
internet que la consultation de
catalogues collectifs, tels SUDOC
[Syst�me universitaire de
documentation] et OCLC [Online
Computer Library Center], a �t�
possible. C’est ainsi que j’ai pu mettre
en place un service de
fourniture de documents ext�rieurs � la
m�diath�que. Des ouvrages
peuvent d�sormais �tre achemin�s
vers la m�diath�que pour des usagers
ou bien � destination des biblioth�ques
anglaises.�
= Des catalogues en r�seau
L’UNIMARC,
format
bibliographique
commun
L’avenir des catalogues informatiques
en r�seau tient � l’harmonisation
du format MARC (Machine Readable
Cataloguing) par le biais de l’UNIMARC
(Universal Machine Readable
Cataloguing).
Cr�� en 1977 par l’IFLA (International
Federation of Library
Associations - F�d�ration
internationale des associations de
biblioth�ques), le format UNIMARC est
un format universel permettant le
stockage et l’�change de notices
bibliographiques au moyen d’une
codification des diff�rentes parties de la
notice (auteur, titre,
�diteur, etc.) pour traitement
informatique.
Ce format favorise les �changes de
donn�es entre la vingtaine de
formats MARC existants, qui
correspondent chacun � une pratique
nationale de catalogage (INTERMARC en
France, UKMARC au Royaume-Uni,
USMARC aux �tats-Unis, CAN/MARC au
Canada, etc.). Les notices dans le
format MARC d’origine sont d’abord
converties au format UNIMARC avant
d’�tre converties � nouveau dans le
format MARC de destination. UNIMARC
peut aussi �tre utilis� comme standard
pour le d�veloppement de
nouveaux formats MARC.
Dans le monde anglophone, la British
Library (qui utilise UKMARC), la
Library of Congress (qui utilise USMARC)
et la Biblioth�que nationale
du Canada (qui utilise CAN/MARC)
d�cident d’harmoniser leurs formats
MARC nationaux. Un programme de trois
ans, men� entre d�cembre 1995 et
d�cembre 1998, permet de mettre au
point un format MARC commun aux
trois biblioth�ques.
Parall�lement, en 1996, dans le cadre de
son Programme des
biblioth�ques, la Commission
europ�enne promeut l’utilisation du
format
UNIMARC comme format commun
d’�change entre tous les formats MARC
utilis�s dans les pays de l’Union
europ�enne. Le groupe de travail
correspondant �tudie aussi les
probl�mes pos�s par les diff�rentes
polices de caract�res, et la mani�re
d’harmoniser le format
bibliographique et le format du
document lui-m�me pour les
documents
disponibles en ligne.
WorldCat,
catalogue collectif
mondial
L’internet facilite la gestion de
catalogues collectifs. Le but premier
de ces catalogues est d’�viter de
cataloguer � nouveau un document
d�j�
trait� par une biblioth�que partenaire.
Si le catalogueur trouve la
notice du livre qu’il est cens�
cataloguer, il la copie pour l’inclure
dans le catalogue de sa propre
biblioth�que. S’il ne trouve pas la
notice, il la cr�e, et cette notice est
aussit�t disponible pour les
catalogueurs officiant dans d’autres
biblioth�ques.
Outre de nombreux catalogues collectifs
r�gionaux et nationaux, deux
catalogues collectifs mondiaux sont
propos�s par OCLC (Online Computer
Library Center) et RLG (Research Libraries
Group) d�s les ann�es 1980.
Vingt ans plus tard, ces deux organismes
g�rent de gigantesques bases
bibliographiques aliment�es par leurs
adh�rents, permettant ainsi aux
biblioth�ques d’unir leurs forces par-
del� les fronti�res.
Fond� en 1967 dans l’Ohio, un �tat
des �tats-Unis, OCLC g�re d’abord
l’OCLC Online Union Catalog, d�but�
en 1971 pour desservir les
biblioth�ques universitaires de l’Ohio.
Ce catalogue collectif s’�tend
ensuite � tout le pays, puis au monde
entier.
D�sormais appel� WorldCat, et
disponible sur abonnement payant, il
comprend 38 millions de notices en 370
langues en 1998, avec
translitt�ration pour les caract�res non
romains des langues JACKPHY, �
savoir le japonais, l’arabe, le chinois, le
cor�en (Korean en anglais),
le persan, l’h�breu et le yiddish.
L’accroissement annuel est de 2
millions de notices. WorldCat utilise huit
formats bibliographiques
correspondant aux cat�gories suivantes:
livres, p�riodiques, documents
visuels, cartes et plans, documents
mixtes, enregistrements sonores,
partitions et enfin documents
informatiques.
En 2005, 61 millions de notices
bibliographiques produites par 9.000
biblioth�ques et centres de
documentation sont disponibles dans
400
langues. En 2006, 73 millions de notices
provenant de 10.000 organismes
dans 112 pays permettent de localiser un
milliard de documents. Une
notice type contient la description du
document ainsi que des
informations sur son contenu (table des
mati�res, r�sum�, couverture,
illustrations, courte biographie de
l’auteur).
Devenue la plus grande base mondiale
de donn�es bibliographiques,
WorldCat migre progressivement sur le
web, d’abord en rendant la
consultation des notices possible par le
biais de plusieurs moteurs de
recherche (Yahoo!, Google et bien
d’autres), puis en lan�ant en ao�t
2006 une version web (b�ta) de
WorldCat en acc�s libre, qui propose
non
seulement les notices des documents
mais aussi l’acc�s direct (gratuit
ou payant) aux documents
�lectroniques des biblioth�ques
membres:
livres du domaine public, articles,
photos, livres audio, musique et
vid�os.
Le deuxi�me catalogue collectif mondial
est g�r� par RLG (Research
Library Group, qui devient ensuite
Research Libraries Group). Fond� en
1980 en Californie, avec une antenne �
New York, RLG se donne pour but
d’am�liorer l’acc�s �
l’information dans le domaine de
l’enseignement
et de la recherche. RLG d�bute son
propre catalogue sous le nom de RLIN
(Research Libraries Information
Network). Contrairement � WorldCat qui
n’accepte qu’une notice par
document, RLIN accepte plusieurs
notices
pour un m�me document.
En 1998, RLIN comprend 82 millions de
notices dans 365 langues, avec
des notices translitt�r�es pour les
documents publi�s dans les langues
JACKPHY et en cyrillique. Des centaines
de d�p�ts d’archives,
biblioth�ques de mus�es,
biblioth�ques universitaires,
biblioth�ques
publiques, biblioth�ques de droit,
biblioth�ques techniques,
biblioth�ques d’entreprise et
biblioth�ques d’art utilisent RLIN pour
le catalogage, le pr�t inter-
biblioth�ques et le descriptif de leurs
archives et manuscrits. Une des
sp�cialit�s de RLIN est l’histoire de
l’art. Aliment�e par 65 biblioth�ques
sp�cialis�es, une section
sp�cifique comprend 100.000 notices de
catalogues d’expositions et
168.500 notices de documents
iconographiques (photographies,
diapositives, dessins, estampes et
affiches). Cette section inclut
aussi les 110.000 notices de la base
bibliographique Scipio, consacr�e
aux catalogues de ventes d’objets
d’art.
En 2003, RLIN change de nom pour
devenir le RLG Union Catalog, qui
comprend d�sormais 126 millions de
notices bibliographiques
correspondant � 42 millions de
documents (livres, cartes, manuscrits,
films, bandes sonores, etc.). Au
printemps 2004, une version web du
catalogue est disponible en acc�s libre
sous le nom de RedLightGreen,
suite � une phase pilote lanc�e �
l’automne 2003. La mise en ligne de
RedLightGreen inaugure une �re
nouvelle. C’est en effet la premi�re
fois qu’un catalogue collectif mondial
est en acc�s libre, trois ans
avant WorldCat. Destin� en premier lieu
aux �tudiants du premier cycle
universitaire, RedLightGreen propose 130
millions de notices, avec des
informations sp�cifiques aux
biblioth�ques d’un campus donn�
(cote,
lien vers la version en ligne si celle-ci
existe, etc.).
Apr�s trois ans d’activit�, en
novembre 2006, le site RedLightGreen
cesse ses activit�s, et les usagers sont
invit�s � utiliser WorldCat,
dont la version web (b�ta) est en acc�s
libre depuis ao�t 2006. � la
m�me date, le RLG est int�gr� �
OCLC, qui g�re d�sormais le seul
catalogue collectif mondial. En mars
2010, WorldCat permet de localiser
1,5 milliard de documents et d’avoir
directement acc�s � certains
d’entre eux.
UNE INFORMATION MULTILINGUE
[R�sum�]
De pratiquement anglophone � ses
d�buts, le web, devenu multilingue,
permet une large diffusion des textes
�lectroniques sans contrainte de
fronti�res. Mais la barri�re de la langue
est loin d’avoir disparu.
Comme l’�crit si bien en ao�t 1999
Maria Victoria Marinetti, professeur
d’espagnol en entreprise et traductrice,
�il est tr�s important de
pouvoir communiquer en diff�rentes
langues. Je dirais m�me que c’est
obligatoire, car l’information donn�e
sur l’internet est � destination
du monde entier, alors pourquoi ne
l’aurions-nous pas dans notre propre
langue ou dans la langue que nous
souhaitons utiliser? Information
mondiale, mais pas de vaste choix dans
les langues, ce serait
contradictoire, pas vrai?�
= De l’ASCII � l’Unicode
Communiquer dans plusieurs langues
implique d’avoir des syst�mes de
codage adapt�s � nos alphabets ou
id�ogrammes respectifs.
Le premier syst�me d’encodage
informatique est l’ASCII (American
Standard Code for Information
Interchange). Publi� en 1968 aux �tats-
Unis par l’ANSI (American National
Standards Institute), avec
actualisation en 1977 et 1986, l’ASCII est
un code standard de 128
caract�res traduits en langage binaire
sur sept bits (A est traduit par
�1000001�, B est traduit par
�1000010�, etc.). Les 128 caract�res
comprennent 33 caract�res de contr�le
(qui ne repr�sentent donc pas de
symbole �crit) et 95 caract�res
imprimables: les 26 lettres sans accent
en majuscules (A-Z) et minuscules (a-z),
les chiffres, les signes de
ponctuation et quelques symboles, le
tout correspondant aux touches du
clavier anglophone.
L’ASCII permet uniquement la lecture
de l’anglais et du latin. Il ne
permet pas de prendre en compte les
lettres accentu�es pr�sentes dans
bon nombre de langues europ�ennes, et
� plus forte raison les langues
non alphab�tiques (chinois, japonais,
cor�en, etc.). Ceci ne pose pas
de probl�me majeur les premi�res
ann�es, tant que l’�change de fichiers
�lectroniques se limite essentiellement
� l’Am�rique du Nord. Mais le
multilinguisme devient bient�t une
n�cessit� vitale. Des variantes de
l’ASCII (norme ISO-���� ou ISO-Latin)
sur huit bits prennent en compte
les caract�res accentu�s de quelques
langues europ�ennes. Par exemple,
la variante pour le fran�ais est d�finie
par la norme ISO-����-� (ISO-
Latin-�).
Cependant le passage de l’ASCII
original � ses diff�rentes extensions
devient vite un v�ritable casse-t�te, y
compris au sein de l’Union
europ�enne, les probl�mes �tant
entre autres la multiplication des
variantes, la corruption des donn�es
dans les �changes informatiques ou
encore l’incompatibilit� des
syst�mes, les pages ne pouvant �tre
affich�es que dans une seule langue �
la fois.
Avec le d�veloppement du web,
l’�change des donn�es
s’internationalise
de plus en plus. On ne peut plus se
limiter � l’utilisation de
l’anglais, du latin et de quelques
langues europ�ennes �traduites� par
un syst�me d’encodage datant de
1968.
Publi� pour la premi�re fois en janvier
1991, l’Unicode est un syst�me
d’encodage �universel� sur 16 bits
sp�cifiant un nombre unique pour
chaque caract�re. Ce nombre est lisible
quels que soient la plateforme,
le logiciel et la langue utilis�s.
L’Unicode peut traiter 65.000
caract�res uniques et prendre en
compte tous les syst�mes d’�criture
de
la plan�te. � la grande satisfaction des
linguistes, il remplace
progressivement l’ASCII, avec des
variantes UTF-�, UTF-�� et UTF-��
(UTF: Unicode Transformation Format)
en fonction du nombre de bits
utilis�s. Il devient une composante des
sp�cifications du W�C (World
Wide Web Consortium), l’organisme
international charg� du
d�veloppement
du web.
L’utilisation de l’Unicode se
g�n�ralise � partir de 1998, par
exemple
pour les fichiers texte sous plateforme
Windows (Windows NT, Windows
2000, Windows XP et versions suivantes),
qui �taient jusque-l� en
ASCII.
Mais l’Unicode ne peut r�soudre tous
les probl�mes, comme le souligne
en juin 2000 Luc Dall’Armellina, co-
auteur et webmestre d’oVosite, un
espace d’�criture hyperm�dia: �Les
syst�mes d’exploitation se dotent
peu � peu des kits de langues et bient�t
peut-�tre de polices de
caract�res Unicode � m�me de
repr�senter toutes les langues du
monde;
reste que chaque application, du
traitement de texte au navigateur web,
embo�te ce pas. Les difficult�s sont
immenses: notre clavier avec ses �
250 touches avoue ses manques d�s lors
qu’il faille saisir des Katakana
ou Hiragana japonais, pire encore avec la
langue chinoise. La grande
vari�t� des syst�mes d’�criture de
par le monde et le nombre de leurs
signes font barrage. Mais les �cueils
culturels ne sont pas moins
importants, li�s aux codes et modalit�s
de repr�sentation propres �
chaque culture ou ethnie.�
Que pr�conise Olivier Gainon, fondateur
de CyLibris et pionnier de
l’�dition �lectronique litt�raire?
�Premi�re �tape: le respect des
particularismes au niveau technique�,
explique-t-il en d�cembre 2000.
�Il faut que le r�seau respecte les
lettres accentu�es, les lettres
sp�cifiques, etc. Je crois tr�s important
que les futurs protocoles
permettent une transmission parfaite de
ces aspects - ce qui n’est pas
forc�ment simple (dans les futures
�volutions de l’HTML ou des
protocoles IP, etc.). Donc il faut que
chacun puisse se sentir � l’aise
avec l’internet et que ce ne soit pas
simplement r�serv� � des (plus ou
moins) anglophones. Il est anormal
aujourd’hui que la transmission
d’accents puisse poser probl�me dans
les courriers �lectroniques. La
premi�re d�marche me semble donc
une d�marche technique. Si on arrive �
faire cela, le reste en d�coule: la
repr�sentation des langues se fera
en fonction du nombre de connect�s, et
il faudra envisager � terme des
moteurs de recherche multilingues.�
= De l’anglais au plurilinguisme
Apr�s avoir �t� anglophone �
pratiquement 100%, l’internet est
encore
anglophone � plus de 80% en 1998, un
pourcentage qui s’explique par
trois facteurs: (a) la cr�ation d’un
grand nombre de sites web �manant
des �tats-Unis, du Canada et du
Royaume-Uni; (b) une proportion
d’usagers particuli�rement forte en
Am�rique du Nord par rapport au
reste du monde; © l’usage de l’anglais
en tant que principale langue
d’�change internationale.
L’anglais reste en effet pr�pond�rant
et ceci n’est pas pr�s de
dispara�tre. Comme indiqu� en janvier
1999 par Marcel Grangier,
responsable de la section fran�aise des
services linguistiques centraux
de l’Administration f�d�rale suisse,
�cette supr�matie n’est pas un mal
en soi, dans la mesure o� elle r�sulte de
r�alit�s essentiellement
statistiques (plus de PC par habitant, plus
de locuteurs de cette
langue, etc.). La riposte n’est pas de
“lutter contre l’anglais” et
encore moins de s’en tenir � des
j�r�miades, mais de multiplier les
sites en d’autres langues. Notons
qu’en qualit� de service de
traduction, nous pr�conisons
�galement le multilinguisme des sites
eux-
m�mes. La multiplication des langues
pr�sentes sur internet est
in�vitable, et ne peut que b�n�ficier
aux �changes multiculturels.�
Yoshi Mikami est informaticien �
Fujisawa, au Japon. En d�cembre 1995,
il lance le site �The Languages of the
World by Computers and the
Internet� (Les langues du monde par les
ordinateurs et l’internet),
commun�ment appel� Logos Home
Page ou Kotoba Home Page. Son site
donne
un bref historique de chaque langue, ses
caract�ristiques, son syst�me
d’�criture, son jeu de caract�res et
enfin la configuration du clavier
dans la langue donn�e. Yoshi Mikami est
�galement co-auteur (avec Kenji
Sekine et Nobutoshi Kohara) de Pour un
web multilingue, publi� en ao�t
1997 en japonais par les �ditions
O’Reilly avant d’�tre traduit en
anglais, en allemand et en fran�ais en
1998.
Yoshi explique en d�cembre 1998: �Ma
langue maternelle est le japonais.
Comme j’ai suivi mes �tudes de
troisi�me cycle aux �tats-Unis et que
j’ai travaill� dans l’informatique, je
suis devenu bilingue
japonais/anglais am�ricain. J’ai
toujours �t� int�ress� par
diff�rentes
langues et cultures, aussi j’ai appris le
russe, le fran�ais et le
chinois dans la foul�e. A la fin de 1995,
j’ai cr�� sur le web le site
“The Languages of the World by
Computers and the Internet” et j’ai
tent� de donner - en anglais et en
japonais - un bref historique de
toutes ces langues, ainsi que les
caract�ristiques propres � chaque
langue et � sa phon�tique. Suite �
l’exp�rience acquise, j’ai invit�
mes deux associ�s � �crire un livre sur
la conception, la cr�ation et
la pr�sentation de pages web
multilingues, livre qui fut publi� en
ao�t
1997 [en japonais] sous le titre Pour un
web multilingue, le premier
livre au monde sur un tel sujet.�
Comment Yoshi voit-il l’�volution vers
un web multilingue? �Il y a des
milliers d’ann�es de cela, en �gypte,
en Chine et ailleurs, les gens
�taient plus sensibles au fait de
communiquer leurs lois et leurs
r�flexions non seulement dans une
langue mais dans plusieurs. Dans
notre monde moderne, chaque �tat a
adopt� plus ou moins une seule
langue de communication. A mon avis,
l’internet verra l’utilisation
plus grande de langues diff�rentes et de
pages multilingues (et pas
seulement une gravitation autour de
l’anglais am�ricain) et un usage
plus cr�atif de la traduction
informatique multilingue. 99% des sites
web cr��s au Japon sont en japonais!
�
Consultant en marketing internet chez
Globalink, une soci�t� de
logiciels et services de traduction, Randy
Hobler �crit en septembre
1998: �Comme l’internet n’a pas de
fronti�res nationales, les
internautes s’organisent selon
d’autres crit�res propres au m�dium.
En
termes de multilinguisme, vous avez des
communaut�s virtuelles, par
exemple ce que j’appelle les “nations
des langues”, tous ces
internautes qu’on peut regrouper selon
leur langue maternelle quel que
soit leur lieu g�ographique. Ainsi la
nation de la langue espagnole
inclut non seulement les internautes
d’Espagne et d’Am�rique latine,
mais aussi tous les Hispanophones vivant
aux �tats-Unis, ou encore ceux
qui parlent espagnol au Maroc.�
Bruno Didier, webmestre de la
biblioth�que de l’Institut Pasteur,
�crit
en ao�t 1999: �Internet n’est une
propri�t� ni nationale, ni
linguistique. C’est un vecteur de
culture, et le premier support de la
culture, c’est la langue. Plus il y a de
langues repr�sent�es dans leur
diversit�, plus il y aura de cultures sur
internet. Je ne pense pas
qu’il faille justement c�der � la
tentation syst�matique de traduire
ses pages dans une langue plus ou moins
universelle. Les �changes
culturels passent par la volont� de se
mettre � la port�e de celui vers
qui on souhaite aller. Et cet effort passe
par l’appr�hension de sa
langue. Bien entendu c’est tr�s
utopique comme propos.
Concr�tement,
lorsque je fais de la veille, je peste d�s
que je rencontre des sites
norv�giens ou br�siliens sans un
minimum d’anglais.�
Au cours de l’�t� 2000, les usagers
non anglophones d�passent la barre
des 50%. Ce pourcentage continue
ensuite d’augmenter, comme le
montrent
les statistiques de la soci�t� Global
Reach, mises � jour � intervalles
r�guliers. Le nombre d’usagers non
anglophones est de 52,5% en �t�
2001, 57% en d�cembre 2001, 59,8% en
avril 2002, 64,4% en septembre
2003 (dont 34,9% d’Europ�ens non
anglophones et 29,4% d’Asiatiques) et
64,2% en mars 2004 (dont 37,9%
d’Europ�ens non anglophones et 33%
d’Asiatiques).
= Des dictionnaires de langues en ligne
Le Grand
dictionnaire
terminologique
Le Grand dictionnaire terminologique
(GDT) est une initiative majeure
de l’Office qu�b�cois de la langue
fran�aise (OQLF). C’est en effet la
premi�re fois qu’un organisme
propose une base terminologique de
cette
taille en acc�s libre sur le web. Mis en
ligne en septembre 2000, le
GDT est pr�c�d� deux ans plus t�t par
Le Signet, une base
terminologique pour les technologies de
l’information, dont les 10.000
fiches bilingues fran�ais-anglais sont
�galement int�gr�es au GDT.
Le GDT est un dictionnaire bilingue
fran�ais-anglais de 3 millions de
termes appartenant au vocabulaire
industriel, scientifique et
commercial. Sa mise en ligne est le
r�sultat d’un partenariat entre
l’OQLF, auteur du dictionnaire, et
Semantix, soci�t� sp�cialis�e dans
les solutions logicielles linguistiques.
�v�nement c�l�br� par de
nombreux linguistes, cette mise en ligne
est un succ�s. D�s le premier
mois, le GDT est consult� par 1,3 million
de personnes, avec des
pointes de 60.000 requ�tes
quotidiennes. La gestion de la base est
ensuite assur�e par Convera Canada. En
f�vrier 2003, les requ�tes sont
au nombre de 3,5 millions par mois. Une
nouvelle version du GDT est
mise en ligne en mars 2003. Sa gestion
est d�sormais assur�e par l’OQLF
lui-m�me, et non plus par une soci�t�
prestataire.
Eurodicautom et
IATE
G�r� par les services de traduction de
la Commission europ�enne,
Eurodicautom est une base
terminologique multilingue de termes
�conomiques, scientifiques, techniques
et juridiques qui permet de
combiner entre elles les onze langues
officielles de l’Union europ�enne
(allemand, anglais, danois, espagnol,
finnois, fran�ais, grec,
hollandais, italien, portugais, su�dois),
ainsi que le latin, avec une
moyenne de 120.000 consultations par
jour en 2003.
Fin 2003, Eurodicautom annonce son
int�gration dans une base
terminologique plus vaste regroupant les
bases terminologiques de
plusieurs institutions de l’Union
europ�enne, notamment celle du
Parlement europ�en et celle du Conseil
de l’Union europ�enne. Cette
nouvelle base traiterait non plus douze
langues mais une vingtaine, du
fait de l’�largissement pr�vu de
l’Union europ�enne l’ann�e
suivante
vers l’Europe de l’Est.
Un projet de base terminologique
commune est �voqu� d�s 1999 afin de
renforcer la coop�ration inter-
institutionnelle. Les partenaires de ce
projet sont le Parlement europ�en, le
Conseil de l’Union europ�enne, la
Commission europ�enne, la Cour de
justice, la Cour des comptes
europ�enne, le Comit� �conomique et
social europ�en, le Comit� des
r�gions, la Banque europ�enne
d’investissement, la Banque centrale
europ�enne et enfin le Centre de
traduction des organes de l’Union
europ�enne.
La nouvelle base terminologique voit le
jour au printemps 2004 sous le
nom de IATE (InterActive Terminology for
Europe), d’abord pour un usage
interne dans les institutions de l’Union
europ�enne avant de migrer sur
le web en juin 2007 en tant que service
public, avec 1,4 million
d’entr�es dans les 23 langues
officielles de l’Union europ�enne, plus
le latin. L’Union europ�enne est en
effet pass�e de 15 � 25 pays
membres en mai 2004, pour atteindre 27
pays membres en janvier 2007,
d’o� la n�cessit� de 23 langues
officielles au lieu des 11 langues
officielles pr�sentes dans
Eurodicautom.
Le site web de IATE est administr� par le
Centre de traduction des
organes de l’Union europ�enne �
Luxembourg (capitale du pays du m�me
nom), pour le compte des partenaires du
projet. Comme expliqu� dans la
brochure mutilingue de IATE, �les
termes sont introduits dans la base
de donn�es par les terminologues et les
traducteurs de l’Union
europ�enne sur la base des
informations fournies par les traducteurs,
les administrateurs, les juristes-
linguistes, les experts et d’autres
sources fiables.� En 2009, IATE
comprend 8,4 millions de termes, dont
540.000 abr�viations et 130.000
expressions.
WordReference.com
Le site WordReference.com est lanc� en
1999 par Michael Kellogg pour
proposer des dictionnaires bilingues
gratuits en ligne. En mars 2010,
Michael relate sur son site: �L’internet
a �t� un incroyable outil ces
derni�res ann�es pour rassembler des
gens du monde entier. L’un des
principaux obstacles � cela reste bien
entendu la langue. Le contenu de
l’internet est pour une grande part en
anglais et de tr�s nombreux
usagers lisent ces pages alors que
l’anglais est leur deuxi�me langue
et non leur langue maternelle. De par
mes propres exp�riences avec la
langue espagnole, je sais que de
nombreux lecteurs comprennent une
grande partie de ce qu’ils lisent, mais
pas la totalit�.
J’ai d�but� ce site en 1999 pour
procurer des dictionnaires bilingues
gratuits en ligne et d’autres outils pour
tous sur l’internet. Depuis,
le site s’est progressivement
d�velopp� pour devenir l’un des sites
de
dictionnaires en ligne les plus utilis�s, et
le principal dictionnaire
en ligne pour les paires de langues
anglais-espagnol, anglais-fran�ais,
anglais-italien, espagnol-fran�ais et
espagnol-portugais. Ce site est
toujours class� sans interruption parmi
les 500 sites les plus visit�s
du web. Aujourd’hui, je suis heureux de
continuer � am�liorer ces
dictionnaires, les autres outils
linguistiques du site et les forums de
langues. J’ai vraiment plaisir � cr�er
de nouvelles fonctionnalit�s
pour rendre ce site de plus en plus
utile.�
Les dictionnaires les plus populaires sont
le dictionnaire espagnol
(espagnol-anglais et anglais-espagnol), le
dictionnaire fran�ais et le
dictionnaire italien. On trouve aussi un
dictionnaire allemand, un
dictionnaire russe et un dictionnaire
monolingue anglais. Des tableaux
de conjugaison sont disponibles pour
l’espagnol, le fran�ais et
l’italien.
Pour l’anglais, on trouve �galement
des dictionnaires de l’anglais vers
les langues suivantes: arabe, chinois,
cor�en, grec, japonais,
polonais, portugais, roumain, tch�que
et turc, et vice versa.
Pour l’espagnol, en plus des deux
dictionnaires d’Espasa Calpe et
d’Oxford compl�t�s par le
suppl�ment propre �
WordReference.com, on
peut consulter un dictionnaire
monolingue espagnol, un dictionnaire
espagnol de synonymes, un dictionnaire
espagnol-fran�ais et un
dictionnaire espagnol-portugais.
Pour le fran�ais et l’italien, outre les
dictionnaires d’Oxford,
WordReference.com propose deux
dictionnaires qui lui sont propres, �
savoir un dictionnaire fran�ais-anglais
de 250.000 termes et un
dictionnaire italien-anglais de 200.000
termes.
WordReference.com offre �galement des
forums linguistiques tr�s actifs
et de qualit�. Si les gens ont une
question sur un usage linguistique
donn�, ils peuvent faire une recherche
dans les centaines de milliers
de questions pr�c�dentes, avant de
poser leur propre question dans l’un
des forums si n�cessaire, pour �tre
aid�s par des gens des quatre coins
du monde.
WordReference Mini est une version
miniature du site qui permet son
int�gration dans d’autres sites, par
exemple des sites d’apprentissage
de langues.
Une version pour appareil mobile est
disponible pour plusieurs
dictionnaires: anglais-espagnol,
espagnol-anglais, anglais-fran�ais,
fran�ais-anglais, anglais-italien, italien-
anglais, avec d’autres
paires de langues � venir.
LE COPYRIGHT REVISIT�
[R�sum�]
Lanc�e en 2001 � l’initiative de
Lawrence �Larry� Lessig, professeur de
droit � la Stanford Law School, en
Californie, la licence Creative
Commons a pour but de favoriser la
diffusion d’oeuvres num�riques tout
en prot�geant le droit d’auteur.
L’organisme du m�me nom propose
des
licences-type, qui sont des contrats
flexibles de droit d’auteur
compatibles avec une diffusion sur
l’internet. Simplement r�dig�es, ces
autorisations non exclusives permettent
aux titulaires des droits
d’autoriser le public � utiliser leurs
cr�ations tout en ayant la
possibilit� de restreindre les
exploitations commerciales et les
oeuvres d�riv�es. Finalis�e en f�vrier
2007, la version 3.0 de la
Creative Commons instaure une licence
internationale et la
compatibilit� avec d’autres licences
similaires, dont le copyleft et la
GPL (General Public License).
= Droit d’auteur et internet
Si le d�bat relatif au droit d’auteur sur
l’internet est vif � la fin
des ann�es 1990, Philippe Loubi�re,
traducteur litt�raire et
dramatique, ram�ne ce d�bat aux vrais
probl�mes. �Ce d�bat me semble
assez proche sur le fond de ce qu’il est
dans les autres domaines o� le
droit d’auteur s’exerce, ou devrait
s’exercer�, �crit-il en mars 2001.
�Le producteur est en position de force
par rapport � l’auteur dans
pratiquement tous les cas de figure. Les
pirates, voire la simple
diffusion libre, ne menacent vraiment
directement que les producteurs.
Les auteurs ne sont menac�s que par
ricochet. Il est possible que l’on
puisse l�gif�rer sur la question, au
moins en France o� les
corporations se revendiquant de
l’exception culturelle sont actives et
r�sistent encore un peu aux
Am�ricains, mais le mal est plus
profond.
En effet, en France comme ailleurs, les
auteurs �taient toujours les
derniers et les plus mal pay�s avant
l’apparition d’internet, on
constate qu’ils continuent d’�tre les
derniers et les plus mal pay�s
depuis. Il me semble n�cessaire que
l’on r�gle d’abord la question du
respect des droits d’auteur en amont
d’internet.�
Pour nombre d’auteurs, le web est
avant tout un espace public bas� sur
l’�change. Alain Bron, consultant en
syst�mes d’information et auteur
de romans, �crit en novembre 1999:
�Je consid�re aujourd’hui le web
comme un domaine public. Cela veut
dire que la notion de droit d’auteur
sur ce m�dia dispara�t de facto: tout le
monde peut reproduire tout le
monde. La cr�ation s’expose donc �
la copie imm�diate si les copyrights
ne sont pas d�pos�s dans les formes
usuelles et si les oeuvres sont
expos�es sans proc�dures de
revenus.�
Jacques Gauchey, journaliste et
sp�cialiste des technologies de
l’information, exprime un avis
diff�rent. �Le droit d’auteur dans son
contexte traditionnel n’existe plus�,
�crit-il en juillet 1999. �Les
auteurs ont besoin de s’adapter � un
nouveau paradigme, celui de la
libert� totale du flot de l’information.
Le contenu original est comme
une empreinte digitale: il est incopiable.
Il survivra et prosp�rera
donc.�
Selon Xavier Malbreil, auteur
multim�dia interview� en mars 2001,
�il y
a deux choses. Le web ne doit pas �tre
un espace de non-droit, et c’est
un principe qui doit s’appliquer � tout,
et notamment au droit
d’auteur. Toute utilisation commerciale
d’une oeuvre doit ouvrir droit
� r�tribution. Mais �galement, le web
est un lieu de partage. �changer
entre amis des passages d’un texte qui
vous a plu, comme on peut
recopier des passages d’un livre
particuli�rement appr�ci�, pour le
faire aimer, cela ne peut faire que du bien
aux oeuvres, et aux
auteurs. La litt�rature souffre surtout de
ne pas �tre diffus�e. Tout
ce qui peut concourir � la faire sortir de
son ghetto sera positif.�
= Copyleft et Creative Commons
Des cr�ateurs souhaitent respecter la
vocation premi�re du web, r�seau
de diffusion � l’�chelon mondial. De
ce fait, les adeptes de contrats
flexibles - copyleft, GPL (General Public
License) et Creative
Commons - sont de plus en plus
nombreux.
L’id�e du copyleft est lanc�e d�s
1984 par Richard Stallman, ing�nieur
en informatique et d�fenseur inlassable
du mouvement Open Source au
sein de la Free Software Foundation
(FSF). Con�u � l’origine pour les
logiciels, le copyleft est formalis� par la
GPL (General Public
License) et �tendu par la suite � toute
oeuvre de cr�ation. Il contient
la d�claration normale du copyright
affirmant le droit d’auteur, mais
son originalit� est de donner au lecteur
le droit de librement
redistribuer le document et de le
modifier. Le lecteur s’engage
toutefois � ne revendiquer ni le travail
original, ni les changements
effectu�s par d’autres personnes. De
plus, tous les travaux d�riv�s de
l’oeuvre originale sont eux-m�mes
soumis au copyleft.
Lanc�e en 2001 � l’initiative de
Lawrence �Larry� Lessig, professeur de
droit � la Stanford Law School, en
Californie, la licence Creative
Commons a elle aussi pour but de
favoriser la diffusion d’oeuvres
num�riques tout en prot�geant le droit
d’auteur. L’organisme du m�me
nom propose des licences-type, qui sont
des contrats flexibles de droit
d’auteur compatibles avec une
diffusion sur l’internet. Simplement
r�dig�es, ces autorisations non
exclusives permettent aux titulaires
des droits d’autoriser le public �
utiliser leurs cr�ations tout en
ayant la possibilit� de restreindre les
exploitations commerciales et
les oeuvres d�riv�es. L’auteur peut
par exemple choisir d’autoriser ou
non la reproduction et la rediffusion de
ses oeuvres. Ces contrats
peuvent �tre utilis�s pour tout type de
cr�ation: texte, film, photo,
musique, site web, etc. Finalis�e en
f�vrier 2007, la version 3.0 de la
Creative Commons instaure une licence
internationale et la
compatibilit� avec d’autres licences
similaires, dont le copyleft et la
GPL.
Qui utilise la licence Creative Commons?
O’Reilly Media par exemple.
Fond� par Tim O’Reilly en 1978,
O’Reilly Media est un �diteur r�put�
de
manuels informatiques et de livres sur les
technologies de pointe.
L’�diteur dispose d’abord d’une
formule de �copyright ouvert� pour les
auteurs qui le souhaitent ou pour des
projets collectifs. A partir de
2003, il privil�gie le Creative Commons
Founders’ Copyright permettant
d’offrir des contrats flexibles de droit
d’auteur � ceux qui veulent
�galement diffuser leurs oeuvres sur le
web.
La Public Library of Science (PLoS) utilise
elle aussi la licence
Creative Commons. Les articles de ses
p�riodiques en ligne - qui sont
des p�riodiques scientifiques et
m�dicaux de haut niveau disponibles
gratuitement - peuvent �tre librement
diffus�s et r�utilis�s ailleurs,
y compris pour des traductions, la seule
contrainte �tant la mention
des auteurs et de la source.
Une licence Creative Commons est
utilis�e pour un million d’oeuvres en
2003, 4,7 millions d’oeuvres en 2004, 20
millions d’oeuvres en 2005, 50
millions d’oeuvres en 2006, 90 millions
d’oeuvres en 2007, 130 millions
d’oeuvres en 2008 et 350 millions
d’oeuvres en avril 2010.
= Domaine public et copyright
Chose inqui�tante � l’heure d’une
soci�t� dite de l’information, le
domaine public se r�duit comme peau
de chagrin. � une �poque qui n’est
pas si lointaine, 50% des oeuvres
appartenaient au domaine public, et
pouvaient donc �tre librement utilis�es
par tous. D’ici 2100, 99% des
oeuvres seraient r�gies par le droit
d’auteur, avec un maigre 1% laiss�
au domaine public. Un probl�me
�pineux pour tous ceux qui g�rent des
que Google Books.
gratuitement par voie �lectronique le
plus grand nombre possible
d’oeuvres litt�raires, sa t�che n’est
gu�re facilit�e par les coups de
boutoir port�s au domaine public.
Michael Hart, son fondateur, se
penche sur la question depuis plus de
trente ans, avec l’aide d’un
groupe d’avocats sp�cialis�s dans le
droit d’auteur.
calculs � faire pour d�terminer si un
titre publi� aux �tats-Unis
appartient ou non au domaine public.
Les oeuvres publi�es avant 1923
sont soumises au droit d’auteur
pendant 75 ans � partir de leur date de
publication (elles sont donc maintenant
dans le domaine public). Les
oeuvres publi�es entre 1923 et 1977
sont soumises au droit d’auteur
pendant 95 ans � partir de leur date de
publication (rien ne tombera
dans le domaine public avant 2019). Une
oeuvre publi�e en 1998 et les
ann�es suivantes est soumise au droit
d’auteur pendant 70 ans � partir
de la date du d�c�s de l’auteur s’il
s’agit d’un auteur personnel (rien
dans le domaine public avant 2049), ou
alors pendant 95 ans � partir de
la date de publication - ou 120 ans �
partir de la date de cr�ation -
s’il s’agit d’un auteur collectif (rien
dans le domaine public avant
2074). Tout ceci dans les grandes lignes,
d’autres r�gles venant
s’ajouter � ces r�gles de base.
Nettement plus contraignant que
l’amendement pr�c�dent, qui datait
de
1976, un nouvel amendement au
copyright est ent�rin� par le Congr�s
le
27 octobre 1998 pour contrer le
formidable v�hicule de diffusion qu’est
l’internet. Au fil des si�cles, chaque
avanc�e technique est
accompagn�e d’un durcissement du
copyright, qui semble �tre la r�ponse
des �diteurs � un acc�s plus facile au
savoir, et la peur aff�rente de
perdre des royalties.
�Le copyright a �t� augment� de 20
ans�, explique Michael Hart en
juillet 1999. �Auparavant on devait
attendre 75 ans, on est maintenant
pass� � 95 ans. Bien avant, le copyright
durait 28 ans (plus une
extension de 28 ans si on la demandait
avant l’expiration du d�lai) et,
avant cela, le copyright durait 14 ans
(plus une extension de 14 ans si
on la demandait avant l’expiration du
d�lai). Comme on le voit, on
assiste � une d�gradation r�guli�re et
constante du domaine public.�
Les instances politiques ne cessent de
parler d’�ge de l’Information
alors que, en parall�le, elles durcissent
la r�glementation relative �
la mise � disposition de cette
information. La contradiction est
flagrante. Le copyright est pass� d’une
dur�e de 30 ans en moyenne en
1909 � une dur�e de 95 ans en
moyenne en 1998. En 89 ans, de 1909 �
1998, le copyright a subi une extension
de 65 ans qui affecte les trois
quarts de la production du ��e si�cle.
Seul un livre publi� avant 1923
peut �tre consid�r� avec certitude
comme du domaine public.
Les dates �voqu�es par Michael sont
les suivantes, comme expliqu� en
d�tail dans son blog:
(a) 1790 est la date de la main-mise de la
Guilde des imprimeurs (les
�diteurs de l’�poque en Angleterre)
sur les auteurs, ce qui entra�ne la
naissance du copyright. Le 1790
Copyright Act institue un copyright de
14 ans apr�s la date de publication de
l’oeuvre, plus une extension de
28 ans si celle-ci est demand�e avant
l’expiration du d�lai. Les
oeuvres pouvant �tre l�galement
imprim�es passent subitement de 6.000
�
600, et neuf titres sur dix disparaissent
des librairies. Quelque 335
ans apr�s les d�buts de l’imprimerie,
cens�e ouvrir les portes du
savoir � tous, le monde du livre est
d�sormais contr�l� par les
�diteurs et non plus par les auteurs.
Cette nouvelle l�gislation est
�galement effective en France et aux
�tats-Unis.
(b) 1831 est la date d’un premier
renforcement du copyright pour
contrer la r��dition de vastes
collections du domaine public sur les
nouvelles presses � vapeur. Le 1831
Copyright Act institue un copyright
de 28 ans apr�s la date de publication
de l’oeuvre, plus une extension
de 14 ans si celle-ci est demand�e avant
l’expiration du d�lai, �
savoir un total de 42 ans.
© 1909 est la date d’un deuxi�me
renforcement du copyright pour
contrer une r��dition des collections
du domaine public sur les
nouvelles presses �lectriques. Le 1909
Copyright Act double la p�riode
de l’extension, qui passe � 28 ans, le
tout repr�sentant un total de 56
ans.
(d) 1976 est la date d’un nouveau
durcissement du copyright suite �
l’apparition de la photocopieuse
lanc�e par Xerox. Le 1976 Copyright
Act institue un copyright de 50 ans apr�s
le d�c�s de l’auteur. De ce
fait, tout copyright en cours avant le 19
septembre 1962 n’expire pas
avant le 31 d�cembre 1976.
(e) 1998 est la date d’un durcissement
suppl�mentaire du copyright
suite au d�veloppement rapide des
technologies num�riques et aux
centaines de milliers d’oeuvres
d�sormais disponibles sur CD-ROM et
DVD
et sur le web, gratuitement ou � un prix
tr�s bas. Le 1998 Copyright
Act allonge la dur�e du copyright qui est
d�sormais de 70 ans apr�s le
d�c�s de l’auteur, pour prot�ger
l’empire Disney (raison pour laquelle
on parle souvent de Mickey Mouse
Copyright Act) et nombre de
multinationales culturelles.
Un durcissement similaire touche les
pays de l’Union europ�enne. La
r�gle g�n�rale est d�sormais un
copyright de 70 ans apr�s le d�c�s de
l’auteur, alors qu’il �tait auparavant
de 50 ans, suite aux pressions
exerc�es par les �diteurs de contenu
sous le pr�texte d’�harmoniser�
les lois nationales r�gissant le droit
d’auteur pour r�pondre � la
mondialisation du march�.
A ceci s’ajoute la l�gislation sur le
copyright des �ditions num�riques
en application des trait�s internationaux
de l’OMPI (Organisation
mondiale de la propri�t�
intellectuelle). Ces trait�s sont sign�s
en
1996 dans l’optique de contr�ler la
gestion des droits num�riques. Le
Digital Millenium Copyright Act (DMCA)
est ent�rin� en octobre 1998 aux
�tats-Unis.
La directive EUCD (European Union
Copyright Directive) est ent�rin�e en
mai 2001 par la Communaut�
europ�enne. Cette directive s’intitule
tr�s
pr�cis�ment �Directive ����/��/EC du
Parlement europ�en et du Conseil
sur l’harmonisation de certains aspects
du droit d’auteur et des droits
voisins dans la soci�t� de
l’information�. Elle fait suite � la
directive de f�vrier 1993 (Directive
��/��/EEC) qui visait � harmoniser
les l�gislations des diff�rents pays en
mati�re de protection du droit
d’auteur. La directive EUCD entre peu �
peu en vigueur dans tous les
pays de l’Union europ�enne, avec mise
en place de l�gislations
nationales, le but officiel �tant de
renforcer le respect du droit
d’auteur sur l’internet et de contrer
ainsi le piratage. En France, par
exemple, la loi DADVSI (Droit d’auteur et
droits voisins dans la
soci�t� de l’information) est
promulgu�e en ao�t 2006, et n’est pas
sans susciter de nombreux remous.
UNE VASTE ENCYCLOP�DIE
[R�sum�]
En 2002, le MIT (Massachusetts Institute
of Technology) d�cide de
publier le contenu de ses cours en ligne,
avec acc�s libre et gratuit,
en privil�giant la diffusion libre du
savoir. Le MIT OpenCourseWare
(MIT OCW) offre en acc�s libre le
mat�riel d’enseignement de nombreux
cours, � savoir des textes de
conf�rences, des travaux pratiques, des
exercices et corrig�s, des bibliographies,
des documents audio et
vid�o, etc. Parall�lement, la Public
Library of Science (PLoS) met sur
pied des revues scientifiques et
m�dicales en ligne de haut niveau
diffus�es gratuitement. Pour les
encyclop�dies, Wikip�dia ouvre la voie
en 2001, en lan�ant une encyclop�die
�crite collectivement, avec
possibilit� de corriger et de compl�ter
les articles, et dont le
contenu est librement r�utilisable.
Suivent d’autres encyclop�dies
collaboratives en acc�s libre comme
Citizendium et l’Encyclopedia of
Life.
= Vers un savoir num�rique
Vinton Cerf est souvent appel� le p�re
de l’internet parce qu’il est
l’auteur en 1974 (avec Robert Kahn) des
protocoles n�cessaires au bon
fonctionnement du r�seau. Sur le site de
l’Internet Society (ISOC),
qu’il fonde en 1992 pour promouvoir le
d�veloppement de l’internet, il
explique: �Le r�seau fait deux choses
(…): comme les livres, il
permet d’accumuler de la
connaissance. Mais, surtout, il la
pr�sente
sous une forme qui la met en relation
avec d’autres informations. Alors
que, dans un livre, l’information est
maintenue isol�e.�
De plus, l’information contenue dans
les livres reste la m�me, au moins
pendant une p�riode donn�e, alors que
l’internet privil�gie les
informations r�centes et
r�guli�rement actualis�es.
Lors d’une conf�rence organis�e en
septembre 1996 par l’IFIP
(International Federation of Information
Processing), Dale Spender,
professeur et chercheuse, tente de cerner
les changements fondamentaux
apport�s par l’internet dans
l’acquisition du savoir et les m�thodes
d’enseignement. Voici son
argumentation r�sum�e en deux
paragraphes.
Pendant plus de cinq si�cles,
l’enseignement est principalement
bas�
sur l’information donn�e par les livres.
Or les habitudes li�es �
l’imprim� ne peuvent �tre
transf�r�es au monde num�rique.
L’enseignement en ligne offre des
possibilit�s tellement nouvelles
qu’il n’est gu�re possible
d’effectuer les distinctions
traditionnelles
entre enseignant et enseign�. Le
passage de la culture imprim�e � la
culture num�rique exige
d’enti�rement repenser le processus
d’enseignement, puisque nous avons
maintenant l’opportunit� sans
pr�c�dent de pouvoir influer sur le
genre d’enseignement que nous
souhaitons.
Dans la culture imprim�e,
l’information contenue dans les livres
restait la m�me pendant un certain
temps, ce qui nous a encourag� �
penser que l’information �tait stable.
La nature m�me de l’imprim� est
li�e � la notion de v�rit�, stable elle
aussi. Cette stabilit� et
l’ordre qu’elle engendre ont �t� un
des fondements de l’�ge industriel
et de la r�volution scientifique. Les
notions de v�rit�, de loi,
d’objectivit� et de preuve ont �t� les
�l�ments de r�f�rence de nos
croyances et de nos cultures. Mais la
r�volution num�rique change tout
ceci. Soudain l’information en ligne
supplante l’information imprim�e
pour devenir la plus fiable et la plus utile,
et l’usager est pr�t � la
payer en cons�quence. C’est cette
transformation radicale dans la
nature de l’information qui doit �tre au
coeur du d�bat relatif aux
m�thodes d’enseignement.
En t�moigne l’exp�rience de Patrick
Rebollar, professeur de litt�rature
fran�aise au Japon, qui raconte en juillet
1998: �Mon travail de
recherche est diff�rent, mon travail
d’enseignant est diff�rent, mon
image en tant qu’enseignant-chercheur
de langue et de litt�rature est
totalement li�e � l’ordinateur, ce qui a
ses bons et ses mauvais c�t�s
(surtout vers le haut de la hi�rarchie
universitaire, plut�t constitu�e
de gens �g�s et technologiquement
r�calcitrants). J’ai cess� de
m’int�resser � certains coll�gues
proches g�ographiquement mais qui
n’ont rien de commun avec mes id�es,
pour entrer en contact avec des
personnes inconnues et r�parties dans
diff�rents pays (et que je
rencontre parfois, � Paris ou � Tokyo,
selon les vacances ou les
colloques des uns ou des autres). La
diff�rence est d’abord un gain de
temps, pour tout, puis un changement de
m�thode de documentation, puis
de m�thode d’enseignement
privil�giant l’acquisition des
m�thodes de
recherche par mes �tudiants, au
d�triment des contenus (mais cela
d�pend des cours). Progressivement, le
paradigme r�ticulaire l’emporte
sur le paradigme hi�rarchique.�
Russon Wooldridge, professeur au
d�partement des �tudes fran�aises de
l’Universit� de Toronto (Canada),
relate en f�vrier 2001: �Mes
activit�s de recherche, autrefois
men�es dans une tour d’ivoire, se
font maintenant presque uniquement
par des collaborations locales ou �
distance. (…) Tout mon enseignement
exploite au maximum les
ressources d’internet (le web et le
courriel): les deux lieux communs
d’un cours sont la salle de classe et le
site du cours, sur lequel je
mets tous les mat�riaux des cours. Je
mets toutes les donn�es de mes
recherches des vingt derni�res ann�es
sur le web (r��dition de livres,
articles, textes int�graux de
dictionnaires anciens en bases de
donn�es
interactives, de trait�s du ��e si�cle,
etc.). Je publie des actes de
colloques, j’�dite un journal, je
collabore avec des coll�gues
fran�ais, mettant en ligne � Toronto ce
qu’ils ne peuvent pas publier
en ligne chez eux. En mai 2000 j’ai
organis� � Toronto un colloque
international sur “Les �tudes
fran�aises valoris�es par les nouvelles
technologies”. (…)
Je me rends compte que sans internet
mes activit�s seraient bien
moindres, ou du moins tr�s diff�rentes
de ce qu’elles sont
actuellement. Donc je ne vois pas
l’avenir sans. Mais il est crucial
que ceux qui croient � la libre diffusion
des connaissances veillent �
ce que le savoir ne soit pas bouff�, pour
�tre vendu, par les int�r�ts
commerciaux. Ce qui se passe dans
l’�dition du livre en France, o� on
n’offre gu�re plus en librairie que des
manuels scolaires ou pour
concours (c’est ce qui s’est pass� en
linguistique, par exemple), doit
�tre �vit� sur le web. Ce n’est pas
vers les amazon.com qu’on se tourne
pour trouver la science d�sint�ress�e.
Sur mon site, je refuse toute
sponsorisation.�
= Quelques projets pilotes
L’Encyclop�die
de Diderot en ligne
Le projet ARTFL (American and French
Research on the Treasury of the
French Language) est un projet commun
du Centre national de la
recherche scientifique (CNRS, France) et
de l’Universit� de Chicago
(Illinois, �tats-Unis). Ce projet a pour but
de constituer une base de
donn�es de 2.000 textes ayant trait � la
litt�rature, � la philosophie,
aux arts ou aux sciences et
s’�chelonnant du ��e au ��e si�cle.
L’ARTFL travaille notamment � la
version en ligne exhaustive de la
premi�re �dition (1751-1772) de
l’Encyclop�die ou Dictionnaire
raisonn�
des sciences, des m�tiers et des arts de
Diderot et d’Alembert. 72.000
articles r�dig�s par plus de 140
collaborateurs - dont Voltaire,
Rousseau, d’Alembert, Marmontel,
d’Holbach, Turgot, etc. - ont fait de
cette encyclop�die un monumental
ouvrage de r�f�rence pour les arts et
les sciences. Destin�e � rassembler puis
divulguer les connaissances de
l’�poque, l’Encyclop�die porte la
marque des courants intellectuels et
sociaux du ��e si�cle, et c’est gr�ce �
elle qu’ont �t� propag�es les
id�es du Si�cle des Lumi�res. Elle
comprend 17 volumes de texte - qui
repr�sentent 18.000 pages et 20.736.912
mots - et 11 volumes de
planches.
La base de donn�es correspondant au
premier volume est accessible en
ligne � titre exp�rimental en 1998. La
recherche peut �tre effectu�e
par mot, portion de texte, auteur ou
cat�gorie, ou par la combinaison
de ces crit�res entre eux. On dispose de
renvois d’un article �
l’autre, au moyen de liens permettant
d’aller d’une planche au texte ou
du texte au fac-simil� des pages
originales. L’automatisation compl�te
des proc�dures de saisie entra�ne des
erreurs typographiques et des
erreurs d’identification qui sont
corrig�es au fil des mois. La
recherche d’images est �galement
possible dans un deuxi�me temps.
L’ARTFL travaille aussi � un projet de
base de donn�es pour le
Dictionnaire de l’Acad�mie fran�aise,
dont les diff�rentes �ditions se
sont �chelonn�es entre 1694 et 1935.
Ce projet inclut la saisie et
l’�dition du texte, ainsi que la
cr�ation d’un moteur de recherche
sp�cifique. La premi�re �dition (1694)
et la cinqui�me �dition (1798)
du dictionnaire sont les premi�res �
�tre disponibles pour une
recherche par mot, puis pour une
recherche par portion de texte. Les
diff�rentes �ditions sont ensuite
combin�es dans une base de donn�es
unique, qui permet de juger de
l’�volution d’un terme en consultant
aussi bien une �dition particuli�re que
l’ensemble des �ditions.
Les autres projets de l’ARTFL sont la
mise en ligne des ouvrages
suivants: le Dictionnaire historique et
critique de Philippe Bayle
(�dition de 1740), le Roget’s Thesaurus
de 1911, le Webster’s Revised
Unabridged Dictionary de 1913, le
Thresor de la langue fran�aise de
Jean Nicot (1606), un projet biblique
multilingue comprenant entre
autres La Bible fran�aise de Louis
Segond (1910), etc.
Des ouvrages de
r�f�rence en ligne
Les premi�res grandes encyclop�dies
en ligne �manent d’encyclop�dies
imprim�es. Elles apparaissent sur la
toile en d�cembre 1999 avec
WebEncyclo, l’Encyclopaedia
Universalis et Britannica.com. Quant aux
premiers grands dictionnaires imprim�s
en ligne, ce sont le
Dictionnaire universel francophone en
ligne d’Hachette, les
dictionnaires anglais de Merriam-
Webster et l’Oxford English
Dictionary.
WebEncyclo (aujourd’hui disparu),
publi� par les �ditions Atlas, est la
premi�re grande encyclop�die
francophone en acc�s libre, avec mise
en
ligne en d�cembre 1999. La recherche
est possible par mots-cl�s,
th�mes, m�dias (� savoir les cartes,
liens internet, photos et
illustrations) et id�es. Un appel �
contribution incite les
sp�cialistes d’un sujet donn� �
envoyer des articles, qui sont
regroup�s dans la section �WebEncyclo
contributif�. Apr�s avoir �t�
libre, l’acc�s est ensuite soumis � une
inscription pr�alable gratuite.
La version web de l’Encyclopaedia
Universalis est mise en ligne � la
m�me date, soit un ensemble de 28.000
articles sign�s de 4.000 auteurs.
Si la consultation est payante sur la base
d’un abonnement annuel, de
nombreux articles sont en acc�s libre.
Le site Britannica.com est la premi�re
grande encyclop�die anglophone
en acc�s libre, avec mise en ligne en
d�cembre 1999. Le site web
propose l’�quivalent num�rique des
32 volumes de la ��e �dition de
l’Encyclopaedia Britannica,
parall�lement � la version imprim�e et
� la
version CD-ROM, toutes deux payantes.
Le site offre une s�lection
d’articles issus de 70 magazines, un
guide des meilleurs sites, un
choix de livres, etc., le tout �tant
accessible � partir d’un moteur de
recherche unique.
En septembre 2000, le site fait partie des
cent sites les plus visit�s
au monde. En juillet 2001, la consultation
devient payante sur la base
d’un abonnement annuel ou mensuel.
Fin 2008, Britannica.com annonce
l’ouverture prochaine de son site � des
contributeurs ext�rieurs, avec
inscription obligatoire pour �crire et
modifier des articles.
En ce qui concerne les dictionnaires en
ligne, le premier dictionnaire
de langue fran�aise en acc�s libre est le
Dictionnaire universel
francophone en ligne (aujourd’hui
disparu), qui r�pertorie 45.000 mots
et 116.000 d�finitions tout en
pr�sentant �sur un pied d’�galit�, le
fran�ais dit “standard” et les mots et
expressions en fran�ais tel
qu’on le parle sur les cinq continents�.
Issu de la collaboration entre
Hachette et l’AUPELF-UREF (devenu
depuis l’AUF: Agence universitaire de
la Francophonie), il correspond � la
partie �noms communs� du
dictionnaire imprim� disponible chez
Hachette. L’�quivalent pour la
langue anglaise est le site Merriam-
Webster OnLine, qui donne librement
acc�s au Collegiate Dictionary et au
Collegiate Thesaurus.
En mars 2000, les 20 volumes de
l’Oxford English Dictionary (OED) sont
mis en ligne par l’Oxford University
Press (OUP). La consultation du
site est payante. Le dictionnaire
b�n�ficie d’une mise � jour
trimestrielle d’environ 1.000 entr�es
nouvelles ou r�vis�es. Deux ans
apr�s cette premi�re exp�rience, en
mars 2002, l’Oxford University
Press met en ligne l’Oxford Reference
Online (ORO), une vaste
encyclop�die con�ue directement pour
le web et consultable elle aussi
sur abonnement payant. Avec 60.000
pages et un million d’entr�es, elle
repr�sente l’�quivalent d’une
centaine d’ouvrages de r�f�rence.
Wikip�dia
Issu du terme hawa�en �wiki� (qui
signifie: vite, rapide), un wiki est
un site web permettant � plusieurs
utilisateurs de collaborer en ligne
sur un m�me projet. � tout moment,
ces utilisateurs peuvent contribuer
� la r�daction du contenu, modifier ce
contenu et l’enrichir en
permanence. Le wiki est utilis� par
exemple pour cr�er et g�rer des
dictionnaires, des encyclop�dies ou
encore des sites d’information sur
un sujet donn�. Le programme pr�sent
derri�re l’interface d’un wiki est
plus ou moins �labor�. Un programme
simple g�re du texte et des
hyperliens. Un programme �labor�
permet d’inclure des images, des
graphiques, des tableaux, etc.
L’encyclop�die wiki la plus connue est
Wikip�dia.
Cr��e en janvier 2001 � l’initiative de
Jimmy Wales et de Larry Sanger
(Larry quitte ensuite l’�quipe),
Wikip�dia est une encyclop�die
gratuite �crite collectivement et dont le
contenu est librement
r�utilisable. Elle est imm�diatement
tr�s populaire. Sans publicit� et
financ�e par des dons, cette
encyclop�die coop�rative est r�dig�e
par
des milliers de volontaires - appel�s
Wikip�diens, et qui s’inscrivent
en prenant un pseudonyme - avec
possibilit� de corriger et compl�ter
les articles, aussi bien les leurs que ceux
d’autres contributeurs. Les
articles restent la propri�t� de leurs
auteurs, et leur libre
utilisation est r�gie par la licence GFDL
(GNU Free Documentation
License) et la licence Creative Commons.
En d�cembre 2004, Wikip�dia compte
1,3 million d’articles r�dig�s par
13.000 contributeurs dans une centaine
de langues. En d�cembre 2006,
l’encyclop�die est l’un de dix sites les
plus visit�s du web, avec 6
millions d’articles.
En mai 2007, Wikip�dia compte 7
millions d’articles dans 192 langues,
dont 1,8 million en anglais, 589.000 en
allemand, 500.000 en fran�ais,
260.000 en portugais et 236.000 en
espagnol. En 2008, Wikip�dia est
l’un des cinq sites les plus visit�s du
web.
En septembre 2010, Wikip�dia compte
14 millions d’articles en 272
langues, dont 3,4 millions en anglais, 1,1
million en allemand et 1
million en fran�ais, qui est donc la
troisi�me langue de
l’encyclop�die.
Fond�e en juin 2003, la Wikimedia
Foundation g�re non seulement
Wikip�dia mais aussi Wiktionary, un
dictionnaire et th�saurus
multilingue lanc� en d�cembre 2002,
puis Wikibooks (livres et manuels
en cours de r�daction) lanc� en juin
2003, auxquels s’ajoutent ensuite
Wikiquote (r�pertoire de citations),
Wikisource (textes du domaine
public), Wikimedia Commons (sources
multim�dia), Wikispecies
(r�pertoire d’esp�ces animales et
v�g�tales), Wikinews (site
d’actualit�s) et enfin Wikiversity
(mat�riel d’enseignement), lanc� en
ao�t 2006.
Les cours du MIT
Professeur � l’Universit� d’Ottawa
(Canada), Christian Vandendorpe
salue en mai 2001 �la d�cision du MIT
[Massachusetts Institute of
Technology] de placer tout le contenu de
ses cours sur le web d’ici dix
ans, en le mettant gratuitement � la
disposition de tous. Entre les
tendances � la privatisation du savoir et
celles du partage et de
l’ouverture � tous, je crois en fin de
compte que c’est cette derni�re
qui va l’emporter.�
Le MIT d�cide en effet de publier le
contenu de ses cours en ligne dans
un OpenCourseWare, une initiative
men�e avec le soutien financier de la
Hewlett Foundation et de la Mellon
Foundation. Un OpenCourseWare peut
�tre d�fini comme la publication
�lectronique en acc�s libre du
mat�riel d’enseignement d’un
ensemble de cours.
Mise en ligne en septembre 2002, la
version pilote du MIT
OpenCourseWare (MIT OCW) offre en
acc�s libre le mat�riel
d’enseignement de 32 cours
repr�sentatifs des cinq facult�s du MIT.
Ce
mat�riel d’enseignement comprend
des textes de conf�rences, des travaux
pratiques, des exercices et corrig�s, des
bibliographies, des documents
audio et vid�o, etc. Le lancement officiel
du site a lieu un an plus
tard, en septembre 2003, avec acc�s �
quelques centaines de cours. En
mars 2004, 500 cours sont disponibles
dans 33 disciplines. En mai 2006,
1.400 cours sont disponibles dans 34
disciplines. La totalit� des 1.800
cours dispens�s par le MIT est en ligne
en novembre 2007, avec
actualisation r�guli�re ensuite.
Certains cours sont traduits en
espagnol, en portugais et en chinois avec
l’aide d’autres organismes.
Le MIT esp�re que cette exp�rience de
publication �lectronique - la
premi�re du genre - va permettre de
d�finir un standard et une m�thode
de publication, et inciter d’autres
universit�s � cr�er un
OpenCourseWare pour la mise �
disposition gratuite de leurs propres
cours. A cet effet, le MIT lance
l’OpenCourseWare Consortium (OCW
Consortium) en d�cembre 2005, avec
acc�s libre et gratuit au mat�riel
d’enseignement de cent universit�s
dans le monde un an plus tard.
La Public Library of
Science
A l’heure de l’internet, il para�t assez
scandaleux que le r�sultat de
travaux de recherche - travaux originaux
et demandant de longues ann�es
d’efforts - soit d�tourn� par des
�diteurs sp�cialis�s s’appropriant ce
travail et le monnayant � prix fort.
L’activit� des chercheurs est
souvent financ�e par les deniers publics,
et de mani�re substantielle
en Am�rique du Nord. Il semblerait donc
normal que la communaut�
scientifique et le grand public puissent
b�n�ficier librement du
r�sultat de ces recherches.
Dans le domaine scientifique et m�dical
par exemple, 1.000 nouveaux
articles sont publi�s chaque jour, en ne
comptant que les articles
r�vis�s par les pairs. Se basant sur ce
constat, la Public Library of
Science (PLoS) est fond�e en octobre
2000 � San Francisco �
l’initiative de Harold Varmus, Patrick
Brown et Michael Eisen,
chercheurs dans les universit�s de
Stanford et Berkeley (Californie).
Le but est de contrer les pratiques de
l’�dition sp�cialis�e en
regroupant tous les articles scientifiques
et m�dicaux au sein
d’archives en ligne en acc�s libre. Au
lieu d’une information
diss�min�e dans des millions de
rapports et des milliers de p�riodiques
en ligne ayant chacun des conditions
d’acc�s diff�rentes, un point
d’acc�s unique permettrait de lire le
contenu int�gral de ces articles,
avec moteur de recherche multi-crit�res
et syst�me d’hyperliens entre
les articles.
Pour ce faire, PLoS fait circuler une lettre
ouverte demandant que les
articles publi�s par les �diteurs
sp�cialis�s soient distribu�s
librement dans un service d’archives en
ligne, et incitant les
signataires de cette lettre � promouvoir
les �diteurs pr�ts � soutenir
ce projet. La r�ponse de la
communaut� scientifique internationale
est
remarquable. Au cours des deux ann�es
suivantes, la lettre ouverte est
sign�e par 30.000 chercheurs dans 180
pays. Bien que la r�ponse des
�diteurs soit nettement moins
enthousiaste, plusieurs �diteurs
donnent
leur accord pour une distribution
imm�diate des articles publi�s par
leurs soins, ou alors une distribution
dans un d�lai de six mois. Mais
dans la pratique, m�me les �diteurs
ayant donn� leur accord formulent
nombre d’objections au nouveau
mod�le propos�, si bien que le projet
d’archives en ligne ne voit finalement
pas le jour.
Un autre objectif de la Public Library of
Science est de devenir elle-
m�me �diteur. PLoS fonde donc une
maison d’�dition scientifique non
commerciale qui re�oit en d�cembre
2002 une subvention de 9 millions de
dollars US de la part de la Moore
Foundation. Une �quipe �ditoriale de
haut niveau est constitu�e en janvier
2003 pour lancer des p�riodiques
de qualit� selon un nouveau mod�le
d’�dition en ligne bas� sur la
diffusion libre du savoir.
Le premier num�ro de PLoS Biology est
disponible en octobre 2003, avec
une version en ligne gratuite et une
version imprim�e au prix co�tant
(couvrant uniquement les frais de
fabrication et de distribution). PLoS
Medicine est lanc� en octobre 2004.
Trois nouveaux titres voient le
jour en 2005: PLoS Genetics, PLoS
Computational Biology et PLoS
Pathogens. PLoS Clinical Trials voit le
jour en 2006. PLoS Neglected
Tropical Diseases est lanc� �
l’automne 2007 en tant que premi�re
publication scientifique consacr�e aux
maladies tropicales n�glig�es,
ces maladies affectant les populations
pauvres dans les villes comme
dans les campagnes.
Tous les articles de ces p�riodiques sont
librement accessibles en
ligne, sur le site de PLoS et dans PubMed
Central, le service
d’archives en ligne public et gratuit de
la National Library of
Medicine (�tats-Unis), avec moteur de
recherche multicrit�res. Les
versions imprim�es sont abandonn�es
en 2006 pour laisser place � un
service d’impression � la demande
g�r� par la soci�t� Odyssey Press.
Ces articles peuvent �tre librement
diffus�s et r�utilis�s ailleurs, y
compris pour des traductions, selon les
termes de la licence Creative
Commons, la seule contrainte �tant la
mention des auteurs et de la
source. PLoS lance aussi PLoS ONE, un
forum en ligne permettant la
publication d’articles sur tout sujet
scientifique et m�dical.
Le succ�s est total. Trois ans apr�s les
d�buts de la Public Library of
Science en tant qu’�diteur, PLoS
Biology et PLos Medicine ont la m�me
r�putation d’excellence que les
grandes revues Nature, Science ou The
New England Journal of Medicine. PLoS
re�oit le soutien financier de
plusieurs fondations tout en mettant sur
pied un mod�le �conomique
viable, avec des revenus �manant des
frais de publication pay�s par les
auteurs, et �manant aussi de la
publicit�, des sponsors et des
activit�s destin�es aux membres de
PLoS. PLoS souhaite en outre que ce
mod�le �conomique d’un genre
nouveau inspire d’autres �diteurs pour
cr�er des revues du m�me type ou pour
mettre des revues existantes en
acc�s libre.
Citizendium
Une nouvelle �tape s’ouvre avec les
d�buts de Citizendium - acronyme de
�The Citizens’ Compendium� -, une
grande encyclop�die collaborative en
ligne con�ue en novembre 2006 par
Larry Sanger, un des co-fondateurs de
Wikip�dia, et lanc�e en mars 2007 (en
version b�ta).
Citizendium est une encyclop�die
coop�rative et gratuite, tout comme
Wikip�dia, mais sans ses travers, �
savoir le vandalisme, le manque de
rigueur et l’utilisation d’un
pseudonyme pour y participer. Les
auteurs
signent leurs articles de leur vrai nom, et
ces articles sont relus et
corrig�s par des experts (�editors�)
�g�s d’au moins 25 ans et
titulaires d’une licence universitaire. De
plus, des �constables� sont
charg�s de la bonne marche du projet et
du respect du r�glement.
Citizendium comptabilise 1.100 articles,
820 auteurs et 180 experts en
mars 2007, 9.800 articles en janvier 2009
et 15.000 articles en
septembre 2010.
Dans Why Make Room for Experts in Web
2.0? (Pourquoi faire une place
aux experts dans le web 2.0?), une
communication dat�e d’octobre 2006
et r�guli�rement actualis�e depuis sur
le site de l’encyclop�die, Larry
Sanger voit dans Citizendium
l’�mergence d’un nouveau mod�le
de
collaboration massive de dizaines de
milliers d’intellectuels et
scientifiques, non seulement pour les
encyclop�dies, mais aussi pour
les manuels d’enseignement, les
ouvrages de r�f�rence, le multim�dia
et
les applications en �D. Cette
collaboration est bas�e sur le partage
des connaissances, dans la lign�e du
web 2.0, un concept lanc� en 2004
pour caract�riser les notions de
communaut� et de partage et qui se
manifeste d’abord par une floraison de
blogs, wikis et sites sociaux.
D’apr�s Larry, il importe aussi de
cr�er des structures permettant des
collaborations scientifiques, et
Citizendium pourrait servir de
prototype dans ce domaine.
L’Encyclopedia of
Life
Cet appel semble se concr�tiser d�s
mai 2007 avec les premiers pas de
l’Encyclopedia of Life. Cette vaste
encyclop�die collaborative en ligne
a pour but de rassembler les
connaissances existantes sur toutes les
esp�ces animales et v�g�tales
connues (1,8 million), y compris les
esp�ces en voie d’extinction, avec
l’ajout de nouvelles esp�ces au fur
et � mesure de leur identification, ce qui
repr�senterait entre 8 et 10
millions d’esp�ces en tout.
Cette encyclop�die multim�dia
permettra de rassembler textes, photos,
cartes, bandes sonores et vid�os, avec
une page web par esp�ce, en
offrant un portail unique � des millions
de documents �pars, en ligne
et hors ligne. Outil d’apprentissage et
d’enseignement pour une
meilleure connaissance de notre
plan�te, l’encyclop�die sera �
destination de tous: scientifiques,
enseignants, �tudiants, scolaires,
m�dias, d�cideurs et grand public.
Ce projet collaboratif est men� par
plusieurs grandes institutions:
Field Museum of Natural History, Harvard
University, Marine Biological
Laboratory, Missouri Botanical Garden,
Smithsonian Institution et
Biodiversity Heritage Library.
Le directeur honoraire du projet est
Edward Wilson, professeur �m�rite
� l’Universit� de Harvard, qui, dans un
essai dat� de 2002, fut le
premier � �mettre le voeu d’une telle
encyclop�die. Cinq ans plus tard,
en 2007, c’est d�sormais chose
possible gr�ce aux avanc�es
technologiques r�centes: outils logiciels
permettant l’agr�gation de
contenu, mash-up (� savoir le fait de
rassembler un contenu donn� �
partir de nombreuses sources
diff�rentes), wikis de grande taille et
gestion de contenu � vaste �chelle.
La Biodiversity Heritage Library est un
consortium des dix plus grandes
biblioth�ques des sciences de la vie (qui
seront rejointes plus tard
par d’autres biblioth�ques). Le
consortium entreprend la num�risation
de 2 millions de documents, avec des
dates de publication s’�talant sur
deux cents ans, pour int�gration
progressive dans l’Encyclopedia of
Life. En mai 2007, on compte 1,25 million
de pages trait�es dans les
centres de num�risation de Londres,
Boston et Washington, D.C., tous
documents progressivement int�gr�s
dans l’Internet Archive.
Le financement initial de l’Encyclopedia
of Life est assur� par la
MacArthur Foundation avec 10 millions
de dollars US et la Sloan
Foundation avec 2,5 millions de dollars.
Un financement total de 100
millions de dollars serait n�cessaire sur
dix ans, avant que
l’encyclop�die ne puisse
s’autofinancer. La r�alisation des
pages web
d�bute courant 2007. L’encyclop�die
fait ses r�els d�buts sur le web �
la mi-����. Elle devrait �tre pleinement
op�rationnelle en 2012 et
compl�te - c’est-�-dire � jour - en
2017. La version initiale sera
d’abord en anglais avant d’�tre
traduite en plusieurs langues par de
futurs organismes partenaires.
L’encyclop�die sera aussi un
�macroscope� permettant de d�celer
les
grandes tendances � partir d’un stock
d’informations consid�rable, � la
diff�rence du microscope permettant
l’�tude de d�tail. Elle permettra
�galement � chacun de contribuer au
contenu sous une forme
s’apparentant au wiki, ce contenu
�tant ensuite valid� ou non par des
scientifiques.
Pour clore ce chapitre, voici une belle
d�finition du web donn�e par
Robert Beard, professeur de langues et
cr�ateur de sites de
dictionnaires, qui �crit en septembre
1998: �Le web sera une
encyclop�die du monde faite par le
monde pour le monde. Il n’y aura
plus d’informations ni de
connaissances utiles qui ne soient pas
disponibles, si bien que l’obstacle
principal � la compr�hension
internationale et interpersonnelle et au
d�veloppement personnel et
institutionnel sera lev�. Il faudrait une
imagination plus d�bordante
que la mienne pour pr�dire l’effet de
ce d�veloppement sur l’humanit�.�
DES BEST-SELLERS NUM�RIQUES
[R�sum�]
En 2003, des centaines de best-sellers
sont vendus en version num�rique
sur Amazon.com, Barnes & Noble.com,
Yahoo! eBook Store ou sur des sites
d’�diteurs (Random House,
PerfectBound, etc.). Le catalogue de Palm
Digital Media approche les 10.000 titres,
lisibles sur PDA (assistant
personnel), avec 15 � 20 nouveaux titres
par jour et 1.000 nouveaux
clients par semaine. Numilog distribue
3.500 titres num�riques (livres
et p�riodiques) en fran�ais et en
anglais. Mobipocket distribue 6.000
titres num�riques dans plusieurs
langues, soit sur son site soit dans
des librairies partenaires. Les formats les
plus utilis�s sont le
format PDF (pour l’Acrobat Reader puis
l’Adobe Reader), le format LIT
(pour le Microsoft Reader), le format PRC
(pour le Mobipocket Reader)
et le format OeB (pour de nombreux
logiciels de lecture).
= Des logiciels de lecture
L’Adobe Reader
Le format PDF (Portable Document
Format) est lanc� en juin 1993 par la
soci�t� Adobe, en m�me temps que
l’Acrobat Reader (gratuit), premier
logiciel de lecture du march�,
t�l�chargeable gratuitement pour
lecture
des fichiers au format PDF. Le but de ce
format est de figer les
documents num�riques dans une
pr�sentation donn�e, pour conserver la
pr�sentation originale du document
source, quelle que soit la
plateforme utilis�e pour le cr�er et
pour le lire. Le format PDF
devient au fil des ans un standard
international de diffusion des
documents. Tout document peut �tre
converti au format PDF � l’aide du
logiciel Adobe Acrobat (payant).
Dix ans plus tard, 10% des documents
disponibles sur l’internet sont au
format PDF. Des millions de fichiers PDF
sont pr�sents sur le web pour
lecture ou t�l�chargement, ou bien
transitent par courriel. L’Acrobat
Reader est progressivement disponible
dans plusieurs langues et pour
diverses plateformes (Windows, Mac,
Linux).
Adobe annonce en ao�t 2000
l’acquisition de la soci�t� Glassbook,
sp�cialis�e dans les logiciels de
distribution de livres num�riques �
l’intention des �diteurs, libraires,
diffuseurs et biblioth�ques. Adobe
passe aussi un partenariat avec
Amazon.com et Barnes & Noble.com afin
de proposer des titres lisibles sur
l’Acrobat Reader et le Glassbook
Reader.
En janvier 2001, Adobe lance deux
nouveaux logiciels.
Le premier logiciel, gratuit, est l’Acrobat
eBook Reader. Il permet de
lire les fichiers PDF de livres num�riques
sous droits, avec gestion
des droits par l’Adobe Content Server. Il
permet aussi d’ajouter des
notes et des signets, de choisir
l’orientation de lecture des livres
(paysage ou portrait), ou encore de
visualiser leur couverture dans une
biblioth�que personnelle. Il utilise la
technique d’affichage CoolType
et comporte un dictionnaire int�gr�.
Le deuxi�me logiciel, payant, est
l’Adobe Content Server, destin� aux
�diteurs et distributeurs. Il s’agit d’un
logiciel serveur de contenu
assurant le conditionnement, la
protection, la distribution et la vente
s�curis�e de livres num�riques au
format PDF. Ce syst�me de gestion des
droits num�riques (DRM: Digital Rights
Management) permet de contr�ler
l’acc�s aux livres num�riques sous
droits, et donc de g�rer les droits
d’un livre selon les consignes donn�es
par le gestionnaire des droits,
par exemple en autorisant ou non
l’impression ou le pr�t. L’Adobe
Content Server sera remplac� par
l’Adobe LiveCycle Policy Server en
novembre 2004.
En avril 2001, Adobe conclut un
partenariat avec Amazon, qui met en
vente 2.000 livres num�riques lisibles
sur l’Acrobat eBook Reader:
titres de grands �diteurs, guides de
voyages, livres pour enfants, etc.
L’Acrobat Reader s’enrichit d’une
version PDA, pour le Palm Pilot en
mai 2001 puis pour le Pocket PC en
d�cembre 2001.
En dix ans, entre 1993 et 2003, l’Acrobat
Reader aurait �t� t�l�charg�
500 millions de fois. En 2003, ce logiciel
est d�sormais disponible
dans de nombreuses langues et pour
toute plateforme (Windows, Mac,
Linux, Palm OS, Pocket PC, Symbian OS,
etc.). 10% des documents
pr�sents sur l’internet seraient au
format PDF, et le format PDF est
aussi le format de livre num�rique le
plus r�pandu.
En mai 2003, l’Acrobat Reader (version
5) fusionne avec l’Acrobat eBook
Reader (version 2) pour devenir l’Adobe
Reader (d�butant � la version
6), qui permet de lire aussi bien les
fichiers PDF standard que les
fichiers PDF s�curis�s comme ceux des
livres num�riques sous droits.
Fin 2003, Adobe ouvre sa librairie en
ligne, Digital Media Store, avec
les titres au format PDF de grands
�diteurs - HarperCollins Publishers,
Random House, Simon & Schuster, etc. -
ainsi que les versions
�lectroniques de journaux et magazines
comme le New York Times, Popular
Science, etc. Adobe lance aussi Adobe
eBooks Central, un service
permettant de lire, publier, vendre et
pr�ter des livres num�riques, et
l’Adobe eBook Library, qui se veut un
prototype de biblioth�que de
livres num�riques.
Les versions r�centes d’Adobe Acrobat
permettent de cr�er des PDF
compatibles avec le format OeB (Open
eBook) puis le format ePub (qui
succ�de au format OeB), devenus eux
aussi des standards du livre
num�rique.
L’Open eBook
Les ann�es 1998 et 1999 sont marqu�es
par la prolif�ration des formats,
chacun lan�ant son propre format de
livre num�rique dans le cadre d’un
march� naissant promis � une
expansion rapide.
Aux formats classiques - formats TXT
(texte), DOC (Microsoft Word),
HTML (HyperText Markup Language), XML
(eXtensible Markup Language) et
PDF (Portable Document Format) -
s’ajoutent des formats propri�taires
cr��s par plusieurs soci�t�s pour
lecture sur leurs propres logiciels,
qui sont entre autres le Glassbook
Reader, le Peanut Reader, le Rocket
eBook Reader (pour lecture sur le Rocket
eBook), le Franklin Reader
(pour lecture sur l’eBookMan), le
logiciel de lecture Cytale (pour
lecture sur le Cybook), le Gemstar eBook
Reader (pour lecture sur le
Gemstar eBook) et le Palm Reader (pour
lecture sur le Palm Pilot). Ces
logiciels correspondent souvent � un
appareil donn� et ne peuvent donc
pas �tre utilis�s sur d’autres
appareils, tous comme les formats qui
vont avec.
Inquiets pour l’avenir du livre
num�rique qui, � peine n�, propose
presque autant de formats que de titres,
certains insistent sur
l’int�r�t - sinon la n�cessit� - d’un
format unique. A l’instigation
du NIST (National Institute of Standards
& Technology) aux �tats-Unis,
l’Open eBook Initiative voit le jour en
juin 1998 et constitue un
groupe de travail de 25 personnes sous le
nom d’Open eBook Authoring
Group. Ce groupe �labore l’OeB (Open
eBook), un format de livre
num�rique bas� sur le langage XML et
destin� � normaliser le contenu,
la structure et la pr�sentation des livres
num�riques.
Le format OeB est d�fini par l’OeBPS
(Open eBook Publication
Structure), dont la version 1.0 est
disponible en septembre 1999.
T�l�chargeable gratuitement,
l’OeBPS dispose d’une version
ouverte et
gratuite appartenant au domaine public.
La version originale est
destin�e aux professionnels de la
publication puisqu’elle doit �tre
associ�e � une technologie
normalis�e de gestion des droits
num�riques,
et donc � un syst�me de DRM (Digital
Rights Management) permettant de
contr�ler l’acc�s des livres
num�riques sous droits.
Fond� en janvier 2000 pour prendre la
suite de l’Open eBook Initiative,
l’OeBF (Open eBook Forum) est un
consortium industriel international
regroupant constructeurs, concepteurs
de logiciels, �diteurs, libraires
et sp�cialistes du num�rique (avec 85
participants en 2002) dans
l’optique de d�velopper le format OeB
et l’OeBPS. Le format OeB devient
un standard qui sert lui-m�me de base
� de nombreux formats, par
exemple le format LIT (pour le Microsoft
Reader) ou le format PRC (pour
le Mobipocket Reader).
En avril 2005, l’Open eBook Forum
devient l’International Digital
Publishing Forum (IDPF), et le format
OeB laisse la place au format
ePub.
Le Microsoft
Reader
Lanc� en avril 2000, le Microsoft Reader
est un logiciel permettant la
lecture de livres num�riques au format
LIT (abr�g� du terme anglais
�literature�), lui-m�me bas� sur le
format OeB. Le Microsoft Reader
�quipe d’abord le Pocket PC,
l’assistant personnel lanc� � la
m�me date
par Microsoft. Quatre mois plus tard, en
ao�t 2000, le Microsoft Reader
est utilisable sur toute plateforme
Windows, et donc aussi bien sur
ordinateur que sur assistant personnel.
Ses caract�ristiques sont un
affichage utilisant la technologie
ClearType, le choix de la taille des
caract�res, la m�morisation des mots-
cl�s pour des recherches
ult�rieures, et l’acc�s d’un clic au
Merriam-Webster Dictionary.
Ce logiciel �tant t�l�chargeable
gratuitement, Microsoft facture les
�diteurs et distributeurs pour
l’utilisation de sa technologie de
gestion des droits num�riques (DRM), et
touche une commission sur la
vente de chaque titre. La gestion des
droits num�riques s’effectue au
moyen du Microsoft DAS Server (DAS:
Digital Asset Server). Microsoft
passe aussi des partenariats avec les
grandes librairies en ligne -
Barnes & Noble.com en janvier 2000 puis
Amazon.com en ao�t 2000 - pour
la vente de livres num�riques lisibles sur
le Microsoft Reader. Barnes
& Noble.com ouvre son secteur eBooks
en ao�t 2000, suivi par Amazon.com
en novembre 2000.
En novembre 2002, le Microsoft Reader
est disponible pour tablette PC,
d�s la commercialisation de cette
nouvelle machine par 14 fabricants.
Le Mobipocket
Reader
Face � Adobe avec son format PDF (pour
l’Acrobat Reader) et Microsoft
avec son format LIT (pour le Microsoft
Reader), un nouvel acteur
s’impose rapidement sur le march�,
sur un cr�neau bien sp�cifique,
celui des appareils mobiles. Fond� �
Paris en mars 2000 par Thierry
Brethes et Nathalie Ting, Mobipocket se
sp�cialise d’embl�e dans la
distribution s�curis�e de livres pour
assistant personnel. La soci�t�
est financ�e en partie par Viventures,
branche de la multinationale
fran�aise Vivendi.
Mobipocket con�oit d’abord le
Mobipocket Reader, logiciel de lecture
permettant la lecture de fichiers au
format PRC. Gratuit et disponible
en plusieurs langues (fran�ais, anglais,
allemand, espagnol et
italien), ce logiciel est �universel�,
c’est-�-dire utilisable sur tout
assistant personnel. En octobre 2001, le
Mobipocket Reader re�oit
l’eBook Technology Award de la Foire
internationale du livre �
Francfort. � la m�me date, Franklin
passe un partenariat avec
Mobipocket pour l’installation du
Mobipocket Reader sur l’eBookMan,
l’assistant personnel multim�dia de
Franklin, au lieu du partenariat
pr�vu � l’origine entre Franklin et
Microsoft pour l’installation du
Microsoft Reader.
Si le Mobipocket Reader est gratuit,
d’autres logiciels Mobipocket sont
payants. Le Mobipocket Web Companion
est un logiciel d’extraction
automatique de contenu pour les sites de
presse partenaires de la
soci�t�. Le Mobipocket Publisher
permet aux particuliers (version
priv�e gratuite ou version standard
payante) et aux �diteurs (version
professionnelle payante) de cr�er des
livres num�riques s�curis�s
utilisant la technologie Mobipocket DRM,
afin de contr�ler l’acc�s aux
livres num�riques sous droits. Dans un
souci d’ouverture aux autres
formats, le Mobipocket Publisher permet
aussi de cr�er des livres
num�riques au format LIT pour le
Microsoft Reader.
D�j� utilisable sur n’importe quel
PDA, le Mobipocket Reader peut �tre
utilis� sur tout ordinateur et pour toute
plateforme en avril 2002,
avec le lancement de nouvelles versions
pour ordinateur personnel.
Au printemps 2003, le Mobipocket Reader
�quipe tous les appareils
mobiles du march�, � savoir les
gammes Palm Pilot, Pocket PC,
eBookMan
et Psion, auxquels s’ajoutent les
smartphones de Nokia et de Sony
Ericsson. � la m�me date, le nombre de
livres lisibles sur le
Mobipocket Reader se chiffre � 6.000
titres dans plusieurs langues
(fran�ais, anglais, allemand, espagnol),
distribu�s soit sur le site de
Mobipocket soit dans des librairies
partenaires.
Mobipocket est rachet� par
Amazon.com en avril 2005. Ce rachat
permet �
Amazon de beaucoup �toffer son
catalogue de livres num�riques, en
pr�vision du lancement de sa tablette
de lecture Kindle en novembre
1. Le site de Mobipocket propose
70.000 ebooks en 2008.
= Stephen King ouvre la voie
En 2000, le livre num�rique commence
� se g�n�raliser mais la partie
est loin d’�tre gagn�e. Ma�tre du
suspense de renomm�e mondiale,
Stephen King est le premier auteur de
best-sellers � se lancer dans
l’aventure num�rique, malgr� les
risques commerciaux encourus, en
tentant de publier un roman �pistolaire
sur le web ind�pendamment de
son �diteur.
En mars 2000, Stephen King commence
d’abord par distribuer uniquement
sur l’internet sa nouvelle Riding the
Bullet, assez volumineuse
puisqu’elle comprend 66 pages. Du fait
de la notori�t� de l’auteur et
de la couverture m�diatique de ce
scoop, la �sortie� de cette nouvelle
sur le web est un succ�s imm�diat,
avec 400.000 exemplaires t�l�charg�s
lors des premi�res vingt-quatre heures
dans les librairies en ligne qui
la vendent (au prix de 2,5 dollars US).
En juillet 2000, fort de cette exp�rience
prometteuse, Stephen King
d�cide de se passer des services de
Simon & Schuster, son �diteur
habituel. Il cr�e un site web sp�cifique
pour d�buter l’auto-
publication en �pisodes de The Plant,
un roman �pistolaire in�dit qui
raconte l’histoire d’une plante
carnivore s’emparant d’une maison
d’�dition et lui promettant le succ�s
commercial en �change de
sacrifices humains. Le premier chapitre
est t�l�chargeable dans
plusieurs formats - PDF, OeB, HTML, TXT -
pour la modeste somme de 1
dollar, avec paiement diff�r� ou
paiement imm�diat sur le site
d’Amazon.
Dans une lettre aux lecteurs publi�e sur
son site � la m�me date,
l’auteur raconte que la cr�ation du
site, le design et la publicit� lui
ont co�t� la somme de 124.150 dollars,
sans compter sa prestation en
tant qu’�crivain ni la r�mun�ration
de son assistante. Il pr�cise aussi
que la publication des chapitres suivants
est li�e au paiement du
premier chapitre par au moins 75% des
internautes.
�Mes amis, vous avez l’occasion de
devenir le pire cauchemar des
�diteurs�, d�clare-t-il dans sa lettre.
�Comme vous le voyez, c’est
simple. Pas de cryptage assommant!
Vous voulez imprimer l’histoire et
en faire profiter un(e) ami(e)? Allez-y. Une
seule condition: tout
repose sur la confiance, tout simplement.
C’est la seule solution. Je
compte sur deux facteurs. Le premier est
l’honn�tet�. Prenez ce que bon
vous semble et payez pour cela, dit le
proverbe. Le second est que vous
aimerez suffisamment l’histoire pour
vouloir en lire davantage. Si vous
le souhaitez vraiment, vous devez payer.
Rappelez-vous: payez, et
l’histoire continue; volez, et l’histoire
s’arr�te.�
Une semaine apr�s la mise en ligne du
premier chapitre, on compte
152.132 t�l�chargements, avec
paiement par 76% des lecteurs. Certains
paient davantage que le dollar
demand�, allant parfois jusqu’� 10 ou
20
dollars pour compenser le manque �
gagner de ceux qui ne paieraient
pas, et �viter ainsi que la s�rie ne
s’arr�te.
La barre des 75% est d�pass�e de peu,
au grand soulagement des fans, si
bien que le deuxi�me chapitre suit un
mois apr�s.
En ao�t 2000, dans une nouvelle lettre
aux lecteurs, Stephen King
annonce un nombre de
t�l�chargements l�g�rement
inf�rieur � celui du
premier chapitre. Il en attribue la cause
� une publicit� moindre et �
des probl�mes de t�l�chargement. Si
le nombre de t�l�chargements n’a
que l�g�rement d�cru, le nombre de
paiements est en nette diminution,
les internautes ne r�glant leur d�
qu’une seule fois pour plusieurs
t�l�chargements.
L’auteur s’engage toutefois � publier
le troisi�me chapitre comme
pr�vu, fin septembre, et � prendre une
d�cision ensuite sur la
poursuite ou non de l’exp�rience, en
fonction du nombre de paiements.
Ses pr�visions sont de onze ou douze
chapitres en tout, avec un nombre
total de 1,7 million de t�l�chargements.
Le ou les derniers chapitres
seraient gratuits.
Plus volumineux (environ 10.000 signes
au lieu de 5.000), les chapitres
4 et 5 passent � 2 dollars. Mais le
nombre de t�l�chargements et de
paiements ne cesse de d�cliner, avec
40.000 t�l�chargements seulement
pour le cinqui�me chapitre - alors que le
premier chapitre avait �t�
t�l�charg� 120.000 fois -, et paiement
pour 46% des t�l�chargements
seulement.
Fin novembre, Stephen King annonce
l’interruption de la publication
pendant une p�riode ind�termin�e,
apr�s la parution du sixi�me
chapitre, t�l�chargeable gratuitement
� la mi-d�cembre. �The Plant va
retourner en hibernation afin que je
puisse continuer � travailler�,
pr�cise-t-il sur son site. �Mes agents
insistent sur la n�cessit�
d’observer une pause afin que la
traduction et la publication �
l’�tranger puissent rattraper la
publication en anglais.� Mais cette
d�cision semble d’abord li�e �
l’�chec commercial de l’exp�rience.
Cet arr�t suscite de vives critiques. On
oublie de reconna�tre �
l’auteur au moins un m�rite, celui
d’avoir �t� le premier � se lancer
dans l’aventure, avec les risques
qu’elle comporte. Entre juillet et
d�cembre 2000, pendant les six mois
qu’elle aura dur�, nombreux sont
ceux qui suivent les tribulations de The
Plant, � commencer par les
�diteurs, quelque peu inquiets face �
un m�dium qui pourrait un jour
concurrencer le circuit traditionnel.
Quand Stephen King d�cide d’arr�ter
l’exp�rience, plusieurs
journalistes et critiques litt�raires
affirment qu’il se ridiculise aux
yeux du monde entier. N’est-ce pas
quelque peu exag�r�? L’auteur avait
d’embl�e annonc� la couleur
puisqu’il avait li� la poursuite de la
publication � un pourcentage de
paiements satisfaisant.
Qu’est-il advenu ensuite des
exp�riences num�riques de Stephen
King?
L’auteur reste tr�s pr�sent dans ce
domaine, mais cette fois par le
biais de son �diteur, preuve que les
�diteurs restent toujours utiles.
En mars 2001, son roman Dreamcatcher
est le premier roman � �tre lanc�
simultan�ment en version imprim�e
par Simon & Schuster et en version
num�rique par Palm Digital Media, pour
lecture sur les assistants
personnels Palm Pilot et Pocket PC.
En mars 2002, son recueil de nouvelles
Everything’s Eventual est lui
aussi publi� simultan�ment en deux
versions: en version imprim�e par
Scribner, subdivision de Simon &
Schuster, et en version num�rique par
Palm Digital Media, qui en propose un
extrait en t�l�chargement libre.
= D’autres auteurs suivent
En novembre 2000, deux romanciers
europ�ens, l’anglais Frederick
Forsyth et l’espagnol Arturo P�rez-
Reverte, d�cident eux aussi de
tenter l’aventure num�rique. Mais,
forts de l’exp�rience d’auto-
publication de Stephen King peut-�tre,
ni l’un ni l’autre n’ont
l’intention de se passer d’�diteur.
Frederick Forsyth, le ma�tre britannique
du thriller, aborde la
publication num�rique avec l’appui
d’Online Originals, un �diteur
�lectronique londonien. En novembre
2000, Online Originals publie The
Veteran, histoire d’un crime violent
commis � Londres et premier volet
de Quintet, une s�rie de cinq nouvelles
�lectroniques (annonc�es dans
l’ordre suivant: The Veteran, The
Miracle, The Citizen, The Art of the
Matter, Draco).
Disponible en trois formats (PDF,
Microsoft Reader et Glassbook
Reader), la nouvelle est vendue au prix de
3,99 pounds (6,60 euros) sur
le site de l’�diteur et dans plusieurs
librairies en ligne au Royaume-
Uni (Alphabetstreet, BOL.com, WHSmith)
et aux �tats-Unis (Barnes &
Noble, Contentville, Glassbook).
�La publication en ligne sera essentielle
� l’avenir, d�clare Frederick
Forsyth sur le site d’Online Originals.
Elle cr�e un lien simple et
surtout rapide et direct entre le
producteur original (l’auteur) et le
consommateur final (le lecteur), avec
tr�s peu d’interm�diaires. Il est
passionnant de participer � cette
exp�rience. Je ne suis absolument pas
un sp�cialiste des nouvelles
technologies. Je n’ai jamais vu de livre
�lectronique. Mais je n’ai jamais vu
non plus de moteur de Formule 1,
ce qui ne m’emp�che pas de constater
combien ces voitures de course
sont rapides.�
La premi�re exp�rience num�rique
d’Arturo P�rez-Reverte est un peu
diff�rente. La s�rie best-seller du
romancier espagnol relate les
aventures du Capitan Alatriste au ��e
si�cle. Le nouveau titre �
para�tre fin 2000 s’intitule El Oro del
Rey (L’or du roi).
En novembre 2000, en collaboration avec
son �diteur Alfaguara, l’auteur
d�cide de diffuser El Oro del Rey en
version num�rique sur un site
sp�cifique du portail Inicia, en
exclusivit� pendant un mois, avant sa
sortie en librairie. Le roman est
disponible au format PDF pour 2,90
euros, un prix tr�s inf�rieur aux 15,10
euros annonc�s pour le livre
imprim�.
R�sultat de l’exp�rience, le nombre
de t�l�chargements est tr�s
satisfaisant, mais pas celui des
paiements. Un mois apr�s la mise en
ligne du roman, on compte 332.000
t�l�chargements, avec paiement par
12.000 lecteurs seulement.
� la m�me date, Marilo Ruiz de Elvira,
directrice de contenus du
portail Inicia, explique dans un
communiqu�: �Pour tout acheteur du
livre num�rique, il y avait une cl� pour
le t�l�charger en 48 heures
sur le site internet et, surtout au d�but,
beaucoup d’internautes se
sont �chang�s ce code d’acc�s dans
les forums de chats [dialogues en
direct] et ont t�l�charg� leur
exemplaire sans payer. On a voulu tester
et cela faisait partie du jeu. Arturo P�rez-
Reverte voulait surtout
qu’on le lise.�
En 2006, les cinq premiers tomes de cette
saga litt�raire devenue un
succ�s plan�taire sont vendus � 4
millions d’exemplaires. Ils donnent
�galement naissance au film Alatriste,
une superproduction espagnole de
20 millions d’euros.
Trois ans apr�s ces premi�res
tentatives, si les exp�riences purement
num�riques sont provisoirement
abandonn�es, les livres num�riques
ont
une place significative � c�t� de leurs
correspondants imprim�s.
En 2003, des centaines de best-sellers
sont vendus en version num�rique
sur Amazon.com, Barnes & Noble.com,
Yahoo! eBook Store ou sur des sites
d’�diteurs (Random House,
PerfectBound, etc.), pour lecture sur
ordinateur ou sur assistant personnel.
Mobipocket distribue 6.000
titres num�riques dans plusieurs
langues, soit sur son site soit dans
des librairies partenaires. Le catalogue de
Palm Digital Media approche
les 10.000 titres, lisibles sur les gammes
de PDA Palm et Pocket PC,
avec 15 � 20 nouveaux titres par jour et
1.000 nouveaux clients par
semaine.
Une exp�rience un peu diff�rente est
celle du romancier br�silien Paulo
Coelho, devenu mondialement c�l�bre
apr�s la parution de L’Alchimiste.
D�but 2003, ses livres, traduits en 56
langues, ont �t� vendus en 53
millions d’exemplaires dans 155 pays,
dont 6,5 millions d’exemplaires
dans les pays francophones.
En mars 2003, Paulo Coelho d�cide de
distribuer plusieurs romans
gratuitement en version PDF, dans
diverses langues, avec l’accord de
ses �diteurs respectifs, dont Anne
Carri�re, son �ditrice en France.
Trois romans sont disponibles en
fran�ais: Manuel du guerrier de la
lumi�re, La cinqui�me montagne et
Veronika d�cide de mourir.
Pourquoi une telle d�cision? �Comme
le fran�ais est pr�sent, � plus ou
moins grande �chelle, dans le monde
entier, je recevais sans cesse des
courriers �lectroniques d’universit�s
et de personnes habitant loin de
la France, qui ne trouvaient pas mes
oeuvres�, d�clare le romancier par
le biais de son �ditrice. � la question
classique relative au pr�judice
�ventuel sur les ventes futures, il
r�pond: �Seule une minorit� de gens
a acc�s � l’internet, et le livre au
format ebook ne remplacera jamais
le livre papier.� Une remarque tr�s
juste en 2003, mais qui n’est peut-
�tre plus de mise en 2010.
= Numilog, librairie num�rique
Numilog ouvre ses portes �virtuelles�
en octobre 2000 pour devenir en
quelques ann�es la plus grande librairie
num�rique francophone du
r�seau.
En f�vrier 2001, Denis Zwirn, pr�sident
de Numilog, relate: �D�s 1995,
j’avais imagin� et dessin� des
mod�les de lecteurs �lectroniques
permettant d’emporter sa
biblioth�que avec soi et pesant comme
un livre
de poche. D�but 1999, j’ai repris ce
projet avec un ami sp�cialiste de
la cr�ation de sites internet, en
r�alisant la formidable synergie
possible entre des appareils de lecture
�lectronique mobiles et le
d�veloppement d’internet, qui permet
d’acheminer les livres
d�mat�rialis�s en quelques minutes
dans tous les coins du monde.�
Denis explique aussi: �Nous avons
cr�� une base de livres accessible
par un moteur de recherche. Chaque livre
fait l’objet d’une fiche avec
un r�sum� et un extrait. En quelques
clics, il peut �tre achet� en
ligne par carte bancaire, puis re�u par
email ou t�l�chargement.� Les
livres sont � l’origine r�partis en trois
grandes cat�gories - savoir,
guides pratiques et litt�rature. Le site de
Numilog offre ensuite �des
fonctionnalit�s nouvelles, comme
l’int�gration d’une “authentique
vente
au chapitre” (les chapitres vendus
isol�ment sont trait�s comme des
�l�ments inclus dans la fiche-livre, et
non comme d’autres livres) et
la gestion tr�s ergonomique des formats
de lecture multiples�.
Fond�e en avril 2000, six mois avant
l’ouverture de la librairie
num�rique, la soci�t� Numilog a en
fait une triple activit�: librairie
en ligne, studio de fabrication et
diffuseur.
�Numilog est d’abord une librairie en
ligne de livres num�riques�,
relate Denis en 2001. �Notre site internet
est d�di� � la vente en
ligne de ces livres, qui sont envoy�s par
courrier �lectronique ou
t�l�charg�s apr�s paiement par carte
bancaire. Il permet aussi de
vendre des livres par chapitres. Numilog
est �galement un studio de
fabrication de livres num�riques:
aujourd’hui, les livres num�riques
n’existent pas chez les �diteurs, il faut
donc d’abord les fabriquer
avant de pouvoir les vendre, dans le
cadre de contrats n�goci�s avec
les �diteurs d�tenteurs des droits. Ce
qui signifie les convertir � des
formats convenant aux diff�rents
“readers” du march�. (…)
Enfin Numilog devient aussi
progressivement un diffuseur. Car, sur
internet, il est important d’�tre
pr�sent en de tr�s nombreux points du
r�seau pour faire conna�tre son offre.
Pour les livres en particulier,
il faut les proposer aux diff�rents sites
th�matiques ou de
communaut�s, dont les centres
d’int�r�t correspondent � leur sujet
(sites de fans d’histoire, de
management, de science-fiction�).
Numilog facilitera ainsi la mise en oeuvre
de multiples “boutiques de
livres num�riques” th�matiques.�
Les livres sont disponibles en plusieurs
formats: format PDF pour
lecture sur l’Acrobat Reader (devenu
l’Adobe Reader en mai 2003),
format LIT pour lecture sur le Microsoft
Reader et format PRC pour
lecture sur le Mobipocket Reader.
En septembre 2003, le catalogue
comprend 3.500 titres (livres et
p�riodiques) en fran�ais et en anglais,
gr�ce � un partenariat avec une
quarantaine d’�diteurs, le but � long
terme �tant de �permettre � un
public d’internautes de plus en plus
large d’avoir progressivement
acc�s � des bases de livres
num�riques aussi importantes que
celles des
livres papier, mais avec plus de
modularit�, de richesse d’utilisation
et � moindre prix�.
Au fil des ans, Numilog devient la
principale librairie francophone de
livres num�riques, suite � des accords
avec de nombreux �diteurs:
Gallimard, Albin Michel, Eyrolles,
Herm�s Science, Pearson Education
France, etc. Numilog propose aussi des
livres audio-num�riques lisibles
sur synth�se vocale. Une librairie
anglophone est lanc�e suite � des
accords de diffusion conclus avec
plusieurs �diteurs anglo-saxons:
Springer-Kluwer, Oxford University Press,
Taylor & Francis, Kogan Page,
etc. Les diff�rents formats propos�s
permettent la lecture des livres
sur tout appareil �lectronique:
ordinateur, assistant personnel,
t�l�phone portable, smartphone,
tablette de lecture.
La soci�t� est �galement prestataire
de services pour les technologies
DRM. En 2004, Numilog met sur pied un
syst�me de biblioth�que en ligne
pour le pr�t de livres num�riques. Ce
syst�me est surtout destin� aux
biblioth�ques, aux administrations et
aux entreprises. En d�cembre
2006, le catalogue de Numilog comprend
35.000 livres gr�ce � un
partenariat avec 60 �diteurs
francophones et anglophones.
Selon Denis Zwirn, interview� �
nouveau en ao�t 2007, �2008 pourrait
sans doute marquer un premier point
d’inflexion dans la courbe de
croissance du march� des livres
num�riques. Plusieurs facteurs sont
r�unis pour cela:
(1) le d�veloppement de vastes
catalogues en ligne utilisant pleinement
les fonctionnalit�s de la recherche plein
texte dans les livres
num�ris�s, comme ceux de la future
Biblioth�que num�rique europ�enne,
de VollTextSuche Online, de Google et
d’Amazon. Une fois le contenu
trouv� dans un des ouvrages ainsi
“sond�” par ce type de recherche
r�volutionnaire pour le grand public, il
est naturel de vouloir acc�der
� la totalit� de l’ouvrage� dans sa
version num�rique.
(2) Des progr�s techniques cruciaux tels
que la proposition commerciale
d’appareils de lecture � base d’encre
�lectronique am�liorant
radicalement l’exp�rience de lecture
finale pour l’usager en la
rapprochant de celle du papier. Par
exemple l’iLiad d’Irex ou le Sony
Reader, mais bien d’autres appareils
s’annoncent. Le progr�s concerne
toutefois tout autant le d�veloppement
des nouveaux smartphones
multifonctions comme les BlackBerry ou
l’iPhone, ou la proposition de
logiciels de lecture � l’interface
fortement am�lior�e et pens�e pour
les ebooks sur PC, comme Adobe Digital
Edition.
(3) Enfin, le changement important
d’attitude de la part des
professionnels du secteur, �diteurs, et
probablement bient�t aussi
libraires. Les �diteurs anglo-saxons
universitaires ont massivement
trac� une route que tous les autres sont
en train de suivre, en tout
cas aux �tats-Unis, en Europe du Nord et
en France: proposer une
version num�rique de tous les ouvrages.
M�me pour les plus r�ticents
encore il y a quelques ann�es, ce n’est
plus une question de
“pourquoi?”, c’est simplement
devenu une question de “comment?”.
Les
libraires ne vont pas tarder � consid�rer
que vendre un livre num�rique
fait partie de leur m�tier normal.�
Selon Denis, �le livre num�rique n’est
plus une question de colloque,
de d�finition conceptuelle ou de
divination par certains “experts”:
c’est un produit commercial et un outil
au service de la lecture. Il
n’est pas besoin d’attendre je ne sais
quel nouveau mode de lecture
hypermoderne et hypertextuel enrichi de
multim�dia orchestrant
savamment sa sp�cificit� par rapport
au papier, il suffit de proposer
des textes lisibles facilement sur les
supports de lecture �lectronique
vari�s qu’utilisent les gens, l’encre
�lectronique pouvant
progressivement envahir tous ces
supports. Et de les proposer de
mani�re industrielle. Ce n’est pas et ne
sera jamais un produit de
niche (les dictionnaires, les guides de
voyage, les livres pour les non
voyants�): c’est en train de devenir un
produit de masse, riche de
formes multiples comme l’est le livre
traditionnel.�
En janvier 2009, Numilog, devenu filiale
du groupe Hachette Livre (en
mai 2008), est d�sormais un
distributeur-diffuseur num�rique
repr�sentant 100 �diteurs
francophones et anglophones, avec un
catalogue de 50.000 livres num�riques
distribu�s aupr�s des
particuliers et des biblioth�ques.
Numilog propose �galement aux
librairies un service de vente de livres
num�riques sur leur propre
site.
LA CYBER-LITT�RATURE
[R�sum�]
Nombre d’auteurs s’accordent �
reconna�tre les bienfaits de l’internet,
que ce soit pour la recherche
d’information, la diffusion de leurs
oeuvres, les �changes avec les lecteurs
ou la collaboration avec
d’autres cr�ateurs. Des auteurs f�rus
de nouvelles technologies font
aussi un v�ritable travail de d�fricheur
en explorant les possibilit�s
offertes par l’hyperlien. Les
technologies num�riques donnent
naissance
� plusieurs genres: roman multim�dia,
roman hypertexte, roman
hyperm�dia, site d’�criture
hyperm�dia, mail-roman, etc. La cyber-
litt�rature bouscule d�sormais la
litt�rature traditionnelle en lui
apportant un souffle nouveau, tout en
s’int�grant � d’autres formes
artistiques puisque le support
num�rique favorise la fusion de l’�crit
avec l’image et le son.
= Po�sie
Po�te et plasticienne, Silvaine Arabo vit
en France, dans la r�gion
Poitou-Charentes. En mai 1997, elle cr�e
l’un des premiers sites
francophones consacr�s � la po�sie,
Po�sie d’hier et d’aujourd’hui, sur
lequel elle propose de nombreux
po�mes, y compris les siens.
En juin 1998, elle raconte: �Je suis
po�te, peintre et professeur de
lettres (13 recueils de po�mes publi�s,
ainsi que deux recueils
d’aphorismes et un essai sur le th�me
“po�sie et transcendance”; quant
� la peinture, j’ai expos� mes toiles �
Paris - deux fois - et en
province). (…) Pour ce qui est
d’internet, je suis autodidacte (je
n’ai re�u aucune formation
informatique quelle qu’elle soit). J’ai
eu
l’id�e de construire un site litt�raire
centr� sur la po�sie: internet
me semble un moyen privil�gi� pour
faire circuler des id�es, pour
communiquer ses passions aussi. Je me
suis donc mise au travail, tr�s
empiriquement, et ai finalement abouti
� ce site sur lequel j’essaye de
mettre en valeur des po�tes
contemporains de talent, sans oublier la
n�cessaire prise de recul (rubrique
“R�flexions sur la po�sie”) sur
l’objet consid�r�. (…)
Par ailleurs, internet m’a mis en contact
avec d’autres po�tes, dont
certains fort int�ressants. Cela rompt le
cercle de la solitude et
permet d’�changer des id�es. On se
lance des d�fis aussi. Internet peut
donc pousser � la cr�ativit� et relancer
les motivations des po�tes
puisqu’ils savent qu’ils seront lus et
pourront m�me, dans le meilleur
des cas, correspondre avec leurs lecteurs
et avoir les points de vue de
ceux-ci sur leurs textes. Je ne vois
personnellement que des aspects
positifs � la promotion de la po�sie par
internet, tant pour le lecteur
que pour le cr�ateur.�
Tr�s vite, Po�sie d’hier et
d’aujourd’hui prend la forme d’une
cyber-
revue. Quatre ans plus tard, en mars
2001, Silvaine Arabo cr�e une
deuxi�me revue, Saraswati: revue de
po�sie, d’art et de r�flexion,
cette fois sous forme imprim�e. Les
deux revues �se compl�tent et sont
vraiment � placer en regard l’une de
l’autre�.
= Fables
Fond� en 1992 par Nicolas et Suzanne
Pewny, alors libraires en Haute-
Savoie, Le Choucas est une petite maison
d’�dition sp�cialis�e dans les
romans policiers, la litt�rature, la
photographie et les livres d’art.
Bien qu’�tant d’abord un �diteur �
vocation commerciale, Nicolas Pewny
tient aussi � avoir des activit�s non
commerciales pour faire conna�tre
des auteurs peu diffus�s, par exemple
Raymond Godefroy, �crivain-paysan
normand, qui d�sesp�rait de trouver
un �diteur pour son recueil de
fables, Fables pour l’an 2000. Quelques
jours avant l’an 2000, Nicolas
Pewny publie le recueil en ligne sur le site
du Choucas, dans une belle
version num�rique.
�Internet repr�sente pour moi un
formidable outil de communication qui
nous affranchit des interm�diaires, des
barrages doctrinaires et des
int�r�ts des m�dias en place�, �crit
Raymond Godefroy en d�cembre 1999.
�Soumis aux m�mes lois cosmiques,
les hommes, pouvant mieux se
conna�tre, acquerront peu � peu cette
conscience du collectif,
d’appartenir � un m�me monde
fragile pour y vivre en harmonie sans le
d�truire. Internet est absolument
comme la langue d’�sope, la meilleure
et la pire des choses, selon l’usage
qu’on en fait, et j’esp�re qu’il
me permettra de m’affranchir en partie
de l’�dition et de la
distribution traditionnelle qui, referm�e
sur elle-m�me, souffre d’une
crise d’intol�rance pour entrer �
reculons dans le prochain
mill�naire.�
Tr�s certainement autobiographique, la
fable Le po�te et l’�diteur (�
savoir la sixi�me fable de la troisi�me
partie du recueil) relate on ne
peut mieux les affres du po�te � la
recherche d’un �diteur. Raymond
Godefroy restant tr�s attach� au papier,
il auto-publie la version
imprim�e de ses fables en juin 2001,
avec un titre l�g�rement
diff�rent, Fables pour les ann�es 2000,
puisque le cap du ��e si�cle
est d�sormais franchi.
= Romans policiers
Michel Beno�t habite Montr�al, au
Qu�bec. Auteur de nouvelles
polici�res, de r�cits noirs et
d’histoires fantastiques, il utilise
l’internet pour �largir ses horizons et
pour �abolir le temps et la
distance�.
Il relate en juin 2000: �L’internet s’est
impos� � moi comme outil de
recherche et de communication,
essentiellement. Non, pas
essentiellement. Ouverture sur le monde
aussi. Si l’on pense
“recherche”, on pense
“information”. Voyez-vous, si l’on
pense
“�criture”, “r�flexion”, on pense
“connaissance”, “recherche”. Donc
on
va sur la toile pour tout, pour une id�e,
une image, une explication.
Un discours prononc� il y a vingt ans,
une peinture expos�e dans un
mus�e � l’autre bout du monde. On
peut donner une id�e � quelqu’un
qu’on n’a jamais vu, et en recevoir de
m�me. La toile, c’est le monde
au clic de la souris. On pourrait penser
que c’est un beau clich�.
Peut-�tre bien, � moins de prendre
conscience de toutes les
implications de la chose.
L’instantan�it�, l’information tout
de suite,
maintenant. Plus besoin de fouiller, de se
taper des heures de
recherche. On est en train de faire, de
produire. On a besoin d’une
information. On va la chercher,
imm�diatement. De plus, on a acc�s
aux
plus grandes biblioth�ques, aux plus
importants journaux, aux mus�es
les plus prestigieux. (…)
Mon avenir professionnel en inter-
relation avec le net, je le vois
exploser. Plus rapide, plus complet, plus
productif. Je me vois faire
en une semaine ce qui m’aurait pris des
mois. Plus beau, plus
esth�tique. Je me vois r�ussir des
travaux plus raffin�s, d’une facture
plus professionnelle, m�me et surtout
dans des domaines connexes � mon
travail, comme la typographie, o� je
n’ai aucune comp�tence. La
pr�sentation, le transport de textes, par
exemple. Le travail simultan�
de plusieurs personnes qui seront sur des
continents diff�rents.
Arriver � un consensus en quelques
heures sur un projet, alors qu’avant
le net, il aurait fallu plusieurs semaines,
parlons de mois entre les
Francophones. Plus le net ira se
complexifiant, plus l’utilisation du
net deviendra profitable, n�cessaire,
essentielle.�
Autre exp�rience, celle d’Alain Bron,
consultant en syst�mes
d’information et �crivain. L’internet
est un des �personnages� de son
deuxi�me roman, Sanguine sur toile,
disponible en version imprim�e aux
�ditions du Choucas en 1999, puis en
version num�rique (format PDF) aux
�ditions ��h�� en 2000.
Quel est le th�me de ce roman? �La
“toile”, c’est celle du peintre,
c’est aussi l’autre nom d’internet: le
web - la toile d’araign�e -�,
raconte l’auteur en novembre 1999.
�”Sanguine” �voque le dessin et la
mort brutale. Mais l’amour des couleurs
justifierait-il le meurtre?
Sanguine sur toile �voque l’histoire
singuli�re d’un internaute pris
dans la tourmente de son propre
ordinateur, manipul� � distance par un
tr�s myst�rieux correspondant qui n’a
que vengeance en t�te. J’ai voulu
emporter le lecteur dans les univers de la
peinture et de l’entreprise,
univers qui s’entrelacent,
s’�chappent, puis se rejoignent dans la
fulgurance des logiciels.
Le lecteur est ainsi invit� � prendre
l’enqu�te � son propre compte
pour tenter de d�m�ler les fils tress�s
par la seule passion. Pour
percer le myst�re, il devra r�pondre �
de multiples questions. Le monde
au bout des doigts, l’internaute n’est-
il pas pour autant l’�tre le
plus seul au monde? Comp�titivit�
oblige, jusqu’o� l’entreprise
d’aujourd’hui peut-elle aller dans la
violence? La peinture tend-elle �
reproduire le monde ou bien � en cr�er
un autre? Enfin, j’ai voulu
montrer que les images ne sont pas si
sages. On peut s’en servir pour
agir, voire pour tuer. (…)
Dans le roman, internet est un
personnage en soi. Plut�t que de le
d�crire dans sa complexit� technique,
le r�seau est montr� comme un
�tre tant�t mena�ant, tant�t
pr�venant, maniant parfois l’humour.
N’oublions pas que l’�cran
d’ordinateur joue son double r�le: il
montre
et il cache. C’est cette ambivalence qui
fait l’intrigue du d�but � la
fin. Dans ce jeu, le grand gagnant est bien
s�r celui ou celle qui sait
s’affranchir de l’emprise de l’outil
pour mettre l’humanisme et
l’intelligence au-dessus de tout.�
= Autres oeuvres de fiction
Murray Suid vit � Palo Alto, dans la
Silicon Valley, en Californie. Il
est l’auteur de livres p�dagogiques, de
livres pour enfants, d’oeuvres
multim�dia et de sc�narios.
D�s septembre 1998, il pr�conise une
solution choisie depuis par de
nombreux auteurs. �Un livre peut avoir
un prolongement sur le web - et
donc vivre en partie dans le cyberespace,
explique-t-il. L’auteur peut
ainsi ais�ment l’actualiser et le
corriger, alors qu’auparavant il
devait attendre longtemps, jusqu’�
l’�dition suivante, quand il y en
avait une. (…) Je ne sais pas si je
publierai des livres sur le web,
au lieu de les publier en version
imprim�e. J’utiliserai peut-�tre ce
nouveau support si les livres deviennent
multim�dias. Pour le moment,
je participe au d�veloppement de
mat�riel p�dagogique multim�dia.
C’est
un nouveau type de mat�riel qui me
pla�t beaucoup et qui permet
l’interactivit� entre des textes, des
films, des bandes sonores et des
graphiques qui sont tous reli�s les uns
aux autres.�
Un an plus tard, en ao�t 1999, il ajoute:
�En plus des livres compl�t�s
par un site web, je suis en train
d’adopter la m�me formule pour mes
oeuvres multim�dias - qui sont sur CD-
ROM - afin de les actualiser et
d’enrichir leur contenu.�
Quelques mois plus tard, l’int�gralit�
de ses oeuvres multim�dias est
sur le r�seau. Le mat�riel p�dagogique
auquel il contribue est con�u
non plus pour diffusion sur CD-ROM, mais
pour diffusion sur le web.
D’entreprise multim�dia, la soci�t�
de logiciels �ducatifs qui emploie
Murray s’est reconvertie en entreprise
internet.
Autre exp�rience, celle d’Anne-
B�n�dicte Joly, romanci�re et
essayiste,
qui habite en r�gion parisienne. En avril
2000, elle d�cide d’auto-
publier ses oeuvres en utilisant
l’internet pour les faire conna�tre.
�Mon site a plusieurs objectifs�, relate-
t-elle en juin 2000.
�Pr�senter mes livres (essais, nouvelles
et romans auto-�dit�s) �
travers des fiches signal�tiques (dont le
format est identique � celui
que l’on trouve dans la base de
donn�es �lectre) et des extraits
choisis, pr�senter mon parcours (de
professeur de lettres et
d’�crivain), permettre de commander
mes ouvrages, offrir la possibilit�
de laisser des impressions sur un livre
d’or, guider le lecteur �
travers des liens vers des sites litt�raires.
(…) Cr�er un site
internet me permet d’�largir le cercle
de mes lecteurs en incitant les
internautes � d�couvrir mes �crits.
Internet est �galement un moyen
pour �largir la diffusion de mes
ouvrages. Enfin, par une politique de
liens, j’esp�re susciter des contacts de
plus en plus nombreux.�
= Romans num�riques
Lucie de Boutiny est l’auteur de NON,
roman multim�dia d�but� en ao�t
1997 et publi� en feuilleton par
Synesth�sie, une revue en ligne d’art
contemporain.
�NON est un roman comique qui fait la
satire de la vie quotidienne d’un
couple de jeunes cadres suppos�s
dynamiques�, raconte-t-elle en juin
1. �Bien qu’appartenant � l’�lite
high-tech d’une industrie
florissante, Monsieur et Madame sont les
jouets de la dite r�volution
num�rique. (…) NON prolonge les
exp�riences du roman post-moderne
(r�cits tout en digression, polys�mie
avec jeux sur les registres -
naturaliste, m�lo, comique� - et les
niveaux de langues, etc.). Cette
hyper-stylisation permet � la narration
des d�veloppements inattendus
et offre au lecteur l’attrait d’une
navigation dans des r�cits
multiples et multim�dias, car l’�crit
� l’�cran s’apparente � un jeu et
non seulement se lit mais aussi se
regarde.�
Les romans pr�c�dents de Lucie de
Boutiny sont publi�s sous forme
imprim�e. Un roman num�rique
requiert-il une d�marche diff�rente?
�D’une mani�re g�n�rale, mon
humble exp�rience d’apprentie auteur
m’a
r�v�l� qu’il n’y a pas de diff�rence
entre �crire de la fiction pour le
papier ou le pixel: cela demande une
concentration maximale, un
isolement � la limite d�sesp�r�, une
patience obsessionnelle dans le
travail millim�trique avec la phrase, et
bien entendu, en plus de la
volont� de faire, il faut avoir quelque
chose � dire! Mais avec le
multim�dia, le texte est ensuite mis en
sc�ne comme s’il n’�tait qu’un
sc�nario. Et si, � la base, il n’y a pas un
vrai travail sur le langage
des mots, tout le graphisme et les astuces
interactives qu’on peut y
mettre fera gadget. Par ailleurs, le
support modifie l’appr�hension du
texte, et m�me, il faut le souligner,
change l’oeuvre originale.�
Autre roman num�rique, Apparitions
inqui�tantes est n� sous la plume
d’Anne-C�cile Brandenbourger. Il
s’agit d’�une longue histoire � lire
dans tous les sens, un labyrinthe de
crimes, de mauvaises pens�es et de
plaisirs ambigus�.
Pendant deux ans, cette histoire se
construit sous forme de feuilleton
sur le site d’Anacoluthe, en
collaboration avec Olivier Lef�vre. En
f�vrier 2000, l’histoire est publi�e en
version num�rique (au format
PDF) aux �ditions ��h��, en tant que
premier titre de la Collection
2003, consacr�e aux �critures
num�riques, avec version imprim�e �
la
demande.
��h�� pr�sente l’ouvrage comme �un
cyber-polar fait de r�cits
hypertextuels imbriqu�s en gigogne.
Entre personnages de feuilleton
am�ricain et intrigue polici�re, le
lecteur est - hypertextuellement -
men� par le bout du nez dans cette saga
aux allures borg�siennes. (…)
C’est une histoire de meurtre et une
enqu�te polici�re; des textes
�crits court et mont�s serr�s; une
balade dans l’imaginaire des s�ries
t�l�; une d�structuration (organis�e)
du r�cit dans une transposition
litt�raire du zapping; et par
cons�quent, des sensations de lecture
radicalement neuves.�
Suite au succ�s du livre, les �ditions
Florent Massot publient en ao�t
2000 une deuxi�me version imprim�e
(la premi�re �tant celle de ��h��,
imprim�e uniquement � la demande),
avec une couverture en �D, un
nouveau titre - La mal�diction du
parasol - et une maquette d’Olivier
Lef�vre restituant le rythme de la
version originale.
Anne-C�cile Brandenbourger relate en
juin 2000: �Les possibilit�s
offertes par l’hypertexte m’ont permis
de d�velopper et de donner libre
cours � des tendances que j’avais
d�j� auparavant. J’ai toujours ador�
�crire et lire des textes �clat�s et
inclassables (comme par exemple La
vie mode d’emploi de Perec ou Si par
une nuit d’hiver un voyageur de
Calvino) et l’hyperm�dia m’a donn�
l’occasion de me plonger dans ces
formes narratives en toute libert�. Car,
pour cr�er des histoires non
lin�aires et des r�seaux de textes qui
s’imbriquent les uns dans les
autres, l’hypertexte est �videmment
plus appropri� que le papier. Je
crois qu’au fil des jours, mon travail
hypertextuel a rendu mon
�criture de plus en plus intuitive. Plus
“int�rieure” aussi peut-�tre,
plus proche des associations d’id�es et
des mouvements d�sordonn�s qui
caract�risent la pens�e lorsqu’elle se
laisse aller � la r�verie. Cela
s’explique par la nature de la navigation
hypertextuelle, le fait que
presque chaque mot qu’on �crit peut
�tre un lien, une porte qui s’ouvre
sur une histoire.�
Lucie de Boutiny raconte � la m�me
date: �Mes “conseillers
litt�raires”, des amis qui n’ont pas
ressenti le vent de libert� qui
souffle sur le web, aimeraient que j’y
reste, englu�e dans la p�te �
papier. Appliquant le principe de demi-
d�sob�issance, je fais des
allers-retours papier-pixel. L’avenir
nous dira si j’ai perdu mon temps
ou si un nouveau genre litt�raire
hyperm�dia va na�tre. (…) Si les
�crivains fran�ais classiques en sont
encore � se demander s’ils ne
pr�f�rent pas le petit carnet
Clairefontaine, le Bic ou le Mont-Blanc
f�tiche, et un usage mod�r� du
traitement de texte, plut�t que
l’ordinateur connect�, c’est que
l’HTX [HyperText Literature] n�cessite
un travail d’accouchement visuel qui
n’est pas la vocation originaire
de l’�crivain papier. En plus des
pr�occupations du langage (syntaxe,
registre, ton, style, histoire�), le techno-
�crivain - collons-lui ce
label pour le diff�rencier - doit aussi
ma�triser la syntaxe
informatique et participer � l’invention
de codes graphiques car lire
sur un �cran est aussi regarder.�
= Mail-romans
Le premier mail-roman francophone est
lanc� en 2001 par Jean-Pierre
Balpe, chercheur, �crivain et directeur
du d�partement hyperm�dia de
l’Universit� Paris 8. Pendant tr�s
exactement cent jours, entre le 11
avril et le 19 juillet 2001, il diffuse
quotidiennement par courriel un
chapitre de Rien n’est sans dire aupr�s
de cinq cents personnes - sa
famille, ses amis, ses coll�gues, etc. - en
y int�grant les r�ponses et
les r�actions des lecteurs.
Racont�e par un narrateur, l’histoire
est celle de Stanislas et Zita,
qui vivent une passion tragique
d�chir�e par une sombre histoire
politique. �Cette id�e d’un mail-
roman m’est venue tout
naturellement�,
relate l’auteur en f�vrier 2002.
�D’une part en me demandant depuis
quelque temps d�j� ce qu’internet
peut apporter sur le plan de la forme
� la litt�rature (…) et d’autre part en
lisant de la litt�rature
“�pistolaire” du ��e si�cle, ces
fameux “romans par lettres”. Il suffit
alors de transposer: que peut �tre le
“roman par lettres” aujourd’hui?�
Jean-Pierre Balpe tire plusieurs
conclusions de cette exp�rience:
�D’abord c’est un “genre”: depuis,
plusieurs personnes m’ont dit lancer
aussi un mail-roman. Ensuite j’ai
aper�u quantit� de possibilit�s que
je n’ai pas exploit�es et que je me
r�serve pour un �ventuel travail
ult�rieur. La contrainte du temps est
ainsi tr�s int�ressante �
exploiter: le temps de l’�criture bien
s�r, mais aussi celui de la
lecture: ce n’est pas rien de mettre
quelqu’un devant la n�cessit� de
lire, chaque jour, une page de roman. Ce
“pacte” a quelque chose de
diabolique. Et enfin le renforcement de
ma conviction que les
technologies num�riques sont une
chance extraordinaire du
renouvellement du litt�raire.�
= Sites hyperm�dias
Principe de base du web, le lien
hypertexte permet de relier entre eux
des documents textuels et des images.
Quant au lien hyperm�dia, il
permet l’acc�s � des graphiques, des
images anim�es, des bandes sonores
et des vid�os. Des �crivains f�rus de
nouvelles technologies ne tardent
pas � en explorer les possibilit�s, dans
des sites d’�criture
hyperm�dia et des oeuvres
d’hyperfiction.
Mis en ligne en juin 1997, oVosite est un
espace d’�criture con�u par
un collectif de six auteurs issus du
d�partement hyperm�dia de
l’Universit� Paris 8: Chantal Beaslay,
Laure Carlon, Luc Dall’Armellina
(qui est aussi le webmestre d’oVosite),
Philippe Meuriot, Anika
Mignotte et Claude Rouah. �oVosite est
un site web con�u et r�alis�
(…) autour d’un symbole primordial et
spirituel, celui de l’oeuf�,
explique Luc Dall’Armellina en juin
2000. �Le site s’est constitu�
selon un principe de cellules autonomes
qui visent � exposer et
int�grer des sources h�t�rog�nes
(litt�rature, photo, peinture, vid�o,
synth�se) au sein d’une interface
unifiante.�
Les possibilit�s offertes par l’hyperlien
ont-elles chang� son mode
d’�criture? Sa r�ponse est � la fois
n�gative et positive.
N�gative d’abord: �Non - parce
qu’�crire est de toute fa�on une
affaire
tr�s intime, un mode de relation qu’on
entretient avec son monde, ses
proches et son lointain, ses mythes et
fantasmes, son quotidien et
enfin, appendus � l’espace du langage,
celui de sa langue d’origine.
Pour toutes ces raisons, je ne pense pas
que l’hypertexte change
fondamentalement sa mani�re
d’�crire, qu’on proc�de par touches,
par
impressions, associations, quel que soit
le support d’inscription, je
crois que l’essentiel se passe un peu �
notre insu.�
Positive ensuite: �Oui - parce que
l’hypertexte permet sans doute de
commencer l’acte d’�criture plus
t�t: devan�ant l’activit� de lecture
(associations, bifurcations, sauts de
paragraphes) jusque dans l’acte
d’�crire. L’�criture (ceci est
significatif avec des logiciels comme
StorySpace) devient peut-�tre plus
modulaire. On ne vise plus tant la
longue horizontalit� du r�cit, mais la
mise en espace de ses fragments,
autonomes. Et le travail devient celui
d’un tissage des unit�s entre
elles. L’autre aspect li� � la
modularit� est la possibilit�
d’�critures crois�es, � plusieurs
auteurs. Peut-�tre s’agit-il
d’ailleurs d’une m�ta-�criture, qui
met en relation les unit�s de sens
(paragraphes ou phrases) entre elles.�
Luc ajoute aussi: �La couverture du
r�seau autour de la surface du
globe resserre les liens entre les individus
distants et inconnus. Ce
qui n’est pas simple puisque nous
sommes plac�s devant des situations
nouvelles: ni vraiment spectateurs, ni
vraiment auteurs, ni vraiment
lecteurs, ni vraiment interacteurs. Ces
situations cr�ent des nouvelles
postures de rencontre, des postures de
“spectacture” ou de “lectacture”
(Jean-Louis Weissberg). Les notions de
lieu, d’espace, de temps,
d’actualit� sont requestionn�es �
travers ce m�dium qui n’offre plus
gu�re de distance � l’�v�nement
mais se situe comme aucun autre dans le
pr�sent en train de se faire. L’�cart
peut �tre mince entre l’envoi et
la r�ponse, parfois imm�diat (cas de la
g�n�ration de textes).
Mais ce qui frappe et se trouve rep�rable
ne doit pas masquer les
aspects encore mal d�finis tels que les
changements radicaux qui
s’op�rent sur le plan symbolique,
repr�sentationnel, imaginaire et plus
simplement sur notre mode de relation
aux autres. “Plus de proximit�”
ne cr�e pas plus d’engagement dans la
relation, de m�me “plus de liens”
ne cr�ent pas plus de liaisons, ou encore
“plus de tuyaux” ne cr�ent
pas plus de partage. Je r�ve d’un
internet o� nous pourrions �crire �
plusieurs sur le m�me dispositif, une
sorte de lieu d’atelier
d’�critures permanent et qui
autoriserait l’�criture personnelle
(c’est
en voie d’exister), son partage avec
d’autres auteurs, leur mise en
relation dans un tissage d’hypertextes
et un espace commun de notes et
de commentaires sur le travail qui se
cr�e.�
L’avenir de la cyber-litt�rature est
trac� par sa technologie m�me,
comme l’explique en ao�t 1999 Jean-
Paul, webmestre du site hyperm�dia
cotres.net: �Il est maintenant
impossible � un(e) auteur(e) seul(e) de
manier � la fois les mots, leur apparence
mouvante et leur sonorit�.
Ma�triser aussi bien Director, Photoshop
et Cubase, pour ne citer que
les plus connus, c’�tait possible il y a
dix ans, avec les versions 1.
�a ne l’est plus. D�s demain (matin), il
faudra savoir d�l�guer les
comp�tences, trouver des partenaires
financiers aux reins autrement
plus solides que Gallimard, voir du c�t�
d’Hachette-Matra, Warner,
Pentagone, Hollywood. Au mieux, le
statut de� l’�crivaste? Du
multim�diaste? sera celui du vid�aste,
du metteur en sc�ne, du
directeur de produit: c’est lui qui
�cope des palmes d’or � Cannes,
mais il n’aurait jamais pu les d�crocher
seul. Soeur jumelle (et non
pas clone) du cin�matographe, la cyber-
litt�rature (= la vid�o + le
lien) sera une industrie, avec quelques
artisans isol�s dans la
p�riph�rie off-off (aux droits d’auteur
n�gatifs, donc).�
Quelques mois plus tard, en juin 2000,
Jean-Paul s’interroge sur
l’apport de l’internet dans son
�criture: �La navigation par hyperliens
se fait en rayon (j’ai un centre
d’int�r�t et je clique
m�thodiquement
sur tous les liens qui s’y rapportent) ou
en louvoiements (de clic en
clic, � mesure qu’ils apparaissent, au
risque de perdre de vue mon
sujet). Bien s�r, les deux sont possibles
avec l’imprim�. Mais la
diff�rence saute aux yeux: feuilleter
n’est pas cliquer. L’internet n’a
donc pas chang� ma vie, mais mon
rapport � l’�criture. On n’�crit pas
de la m�me mani�re pour un site que
pour un sc�nario, une pi�ce de
th��tre, etc. (…)
Depuis, j’�cris (compose, mets en
page, en sc�ne) directement �
l’�cran. L’�tat “imprim�” de mon
travail n’est pas le stade final, le
but; mais une forme parmi d’autres, qui
privil�gie la lin�arit� et
l’image, et qui exclut le son et les
images anim�es. …
C’est finalement dans la publication en
ligne (l’entoilage?) que j’ai
trouv� la mobilit�, la fluidit� que je
cherchais. Le ma�tre mot y est
“chantier en cours”, sans palissades.
Accouchement permanent, � vue,
comme le monde sous nos yeux.
Provisoire, comme la vie qui t�tonne, se
cherche, se d�prend, se reprend. Avec
�videmment le risque soulign� par
n’est s�r. Il n’y a plus de source fiable,
elles sont trop nombreuses,
et il devient difficile de distinguer un
clerc d’un gourou. Mais c’est
un probl�me qui concerne le contr�le
de l’information. Pas la
transmission des �motions.�
Jean-Paul fait � nouveau le point sur son
activit� d’entoileur quelques
ann�es plus tard, en janvier 2007:
�J’ai gagn� du temps. J’utilise
moins de logiciels, dont j’int�gre le
r�sultat dans Flash. Ce dernier
m’assure de contr�ler � 90% le
r�sultat � l’affichage sur les �crans
de
r�ception (au contraire de ceux qui
pr�f�rent pr�senter des oeuvres
ouvertes, o� l’intervention tant�t du
hasard tant�t de l’internaute est
recherch�e). Je peux maintenant me
concentrer sur le coeur de la chose:
l’architecture et le d�veloppement du
r�cit. (…) Les deux points
forts des trois ou quatre ans � venir
sont: (1) la g�n�ralisation du
tr�s haut d�bit (c’est-�-dire en fait du
d�bit normal), qui va
m’affranchir des limitations purement
techniques, notamment des soucis
de poids et d’affichage des fichiers
(mort d�finitive, enfin, des
histogrammes de chargement); (2) le
d�veloppement de la 3 D. C’est le
r�cit en hyperm�dia (= le multim�dia +
le clic) qui m’int�resse. Les
pi�ges que pose un r�cit en 2 D sont
d�j� passionnants. Avec la 3 D, il
va falloir chevaucher le tigre pour �viter
la simple prouesse technique
et laisser la priorit� au r�cit.�
VERS UNE BIBLIOTH�QUE PLAN�TAIRE
[R�sum�]
En 2005, le livre devient un objet
convoit� par les g�ants de
l’internet que sont Google, Yahoo! et
Microsoft, d’une part par souci
m�ritoire de mettre le patrimoine
mondial � la disposition de tous,
d’autre part � cause de l’enjeu
repr�sent� par les recettes
publicitaires g�n�r�es par les liens
commerciaux accol�s aux r�sultats
des recherches. Lanc�e en octobre 2005
� l’instigation de l’Internet
Archive, l’Open Content Alliance (OCA)
souhaite pour sa part cr�er une
biblioth�que plan�taire publique qui
soit respectueuse du droit
d’auteur et dont les collections puissent
�tre accessibles sur
n’importe quel moteur de recherche.
= Google Books
Google Print
Google d�cide de mettre son expertise
au service du livre et lance la
version b�ta de Google Print en mai
2005. Ce lancement est pr�c�d� de
deux �tapes.
En octobre 2004, Google lance la
premi�re partie de son programme
Google Print, �tabli en partenariat avec
les �diteurs pour pouvoir
consulter � l’�cran des extraits de
livres, puis commander les livres
aupr�s d’une librairie en ligne.
En d�cembre 2004, Google lance la
deuxi�me partie de son programme
Google Print, cette fois � destination des
biblioth�ques. Il s’agit
d’un projet de biblioth�que consistant
� num�riser les livres
appartenant � plusieurs grandes
biblioth�ques partenaires, �
commencer
par la biblioth�que de l’Universit� du
Michigan (dans sa totalit�, �
savoir 7 millions d’ouvrages), les
biblioth�ques des Universit�s de
Harvard, de Stanford et d’Oxford, et
celle de la ville de New York. Le
co�t estim� au d�part se situe entre
150 et 200 millions de dollars US,
avec la num�risation de 10 millions de
livres sur six ans et un
chantier d’une dur�e totale de dix ans.
En ao�t 2005, soit trois mois apr�s son
lancement, Google Print est
suspendu pour une dur�e
ind�termin�e suite � un conflit
grandissant
avec les associations d’auteurs et
d’�diteurs de livres sous droits,
celles-ci reprochant � Google de
num�riser les livres sans l’accord
pr�alable des ayants droit.
Google Livres
Le programme reprend en ao�t 2006
sous le nom de Google Books (Google
Livres). Google Books permet de
rechercher les livres par date, titre
ou �diteur. La num�risation des fonds
de grandes biblioth�ques se
poursuit, tout comme le d�veloppement
de partenariats avec les �diteurs
qui le souhaitent.
Les livres libres de droit sont
consultables � l’�cran en texte
int�gral, leur contenu est copiable et
l’impression est possible page �
page. Ils sont �galement
t�l�chargeables sous forme de fichiers
PDF et
imprimables dans leur entier. Les liens
publicitaires associ�s aux
pages de livres sont situ�s en haut et �
droite de l’�cran.
Le conflit avec les associations
d’auteurs et d’�diteurs se poursuit
lui aussi, puisque Google continue de
num�riser des livres sous droits
sans l’autorisation pr�alable des
ayants droit, en invoquant le droit
de citation pour pr�senter des extraits
sur le web. L’Authors Guild et
l’Association of American Publishers
(AAP) invoquent pour leur part le
non respect de la l�gislation relative au
copyright pour attaquer
Google en justice.
Fin 2006, d’apr�s le buzz m�diatique,
Google scannerait 3.000 livres
par jour - ce qui repr�senterait un
million de livres par an -, le co�t
estim� serait de 30 dollars par livre et
Google Books comprendrait d�j�
3 millions de livres. Tous chiffres �
prendre avec pr�caution, la
soci�t� ne communiquant pas de
statistiques � ce sujet.
� l’exception de la New York Public
Library, les collections en cours
de num�risation appartiennent toutes
� des biblioth�ques universitaires
am�ricaines (Harvard, Stanford,
Michigan, Oxford, Californie, Virginie,
Wisconsin-Madison), auxquelles
s’ajoutent la biblioth�que de
l’Universidad Complutense de Madrid
(Espagne) puis, d�but 2007, les
biblioth�ques des Universit�s de
Princeton et du Texas (Austin), ainsi
que la Biblioteca de Catalunya
(Catalogne, Espagne) et la Bayerische
Staatbibliothek (Bavi�re, Allemagne). En
mai 2007, Google annonce la
participation de la premi�re
biblioth�que francophone, la
Biblioth�que
cantonale et universitaire (BCU) de
Lausanne (Suisse), pour la
num�risation de 100.000 titres en
fran�ais, en allemand et en italien
publi�s entre le ��e et le ��e si�cle. Suit
ensuite un partenariat avec
la Biblioth�que municipale de Lyon
(France), sign� en juillet 2008 pour
num�riser 500.000 livres.
En octobre 2008, apr�s trois ans de
conflit, Google tente de mettre fin
aux poursuites �manant des
associations d’auteurs et d’�diteurs.
La
soci�t� propose un accord qui serait
bas� sur un partage des revenus
g�n�r�s par Google Books ainsi
qu’un large acc�s aux ouvrages
�puis�s,
tout comme le paiement de 125 millions
de dollars US � l’Authors Guild
et � l’Association of American
Publishers (AAP) pour cl�turer
d�finitivement ce conflit.
Suite � cet accord, Google pourrait
proposer de plus larges extraits de
livres, jusqu’� 20% d’un m�me
ouvrage, avec un lien commercial pour
acheter une copie - num�rique ou non -
de l’oeuvre. Les ayants droit
auraient la possibilit� de participer ou
non au projet Google Books, et
donc de retirer leurs livres des
collections. Par ailleurs, les
biblioth�ques universitaires et
publiques des �tats-Unis pourraient
acc�der � un portail gratuit g�r� par
Google et donnant acc�s aux
textes de millions de livres �puis�s. Un
abonnement permettrait aux
universit�s et aux �coles de consulter
les collections des
biblioth�ques les plus renomm�es.
En novembre 2008, Google Books
comprend 7 millions d’ouvrages
num�ris�s, en partenariat avec 24
biblioth�ques et 2.000 �diteurs
partenaires. Les 24 biblioth�ques
partenaires se situent principalement
aux �tats-Unis (16), mais aussi en
Allemagne (1), en Belgique (1), en
Espagne (2), en France (1), au Japon (1),
au Royaume-Uni (1) et en
Suisse (1).
En f�vrier 2009, Google Books lance un
portail sp�cifique pour
t�l�phone mobile et smartphone, par
exemple sur l’iPhone �G d’Apple ou
sur le G� de T-Mobile. Le catalogue
comprend 1,5 million de livres du
domaine public, auxquels s’ajoutent
500.000 autres titres
t�l�chargeables hors des �tats-Unis,
du fait d’une l�gislation du
copyright moins restrictive dans certains
pays.
= L’Open Content Alliance
En r�action au projet Google Books,
l’Internet Archive pense qu’une
biblioth�que � vocation mondiale ne
doit pas �tre li�e � des enjeux
commerciaux. Courant 2005, elle lance
l’Open Content Alliance (OCA),
dans l’optique de f�d�rer un grand
nombre de partenaires pour cr�er une
biblioth�que plan�taire publique
respectueuse du copyright et sur un
mod�le ouvert.
Qu’est-ce exactement que l’Internet
Archive? Fond�e en avril 1996 par
Brewster Kahle � San Francisco
(Californie), l’Internet Archive a pour
but de constituer, stocker, pr�server et
g�rer une �biblioth�que� de
l’internet, en archivant la totalit� du
web tous les deux mois, afin
d’offrir un outil de travail aux
universitaires, chercheurs et
historiens, et de pr�server un historique
de l’internet pour les
g�n�rations futures.
En octobre 2001, l’Internet Archive met
ses archives en acc�s libre sur
le web gr�ce � la Wayback Machine, qui
permet � tout un chacun de
consulter l’historique d’un site web, �
savoir le contenu et la
pr�sentation d’un site web �
diff�rentes dates, th�oriquement tous
les
deux mois � partir de 1996.
L’Internet Archive d�bute aussi la
constitution de collections
num�riques telles que le Million Book
Project (10.520 livres en avril
2005), des archives de films de la
p�riode 1903-1973, des archives de
concerts live r�cents, des archives de
logiciels, etc. Toutes ces
collections sont en consultation libre sur
le web.
En janvier 2005, l’Internet Archive
s’associe � Yahoo! pour mettre sur
pied l’Open Content Alliance (OCA), une
initiative visant � cr�er un
r�pertoire libre et multilingue de livres
num�ris�s et de documents
multim�dia pour consultation sur
n’importe quel moteur de recherche.
L’OCA est officiellement lanc�e en
octobre 2005 et d�bute v�ritablement
durant l’�t� 2006. Le but de
l’initiative est de s’inspirer de Google
Books tout en �vitant ses travers, �
savoir la num�risation des livres
sous droits sans l’accord pr�alable des
�diteurs, tout comme la
consultation et le t�l�chargement
impossibles sur un autre moteur de
recherche.
L’OCA regroupe de nombreux
partenaires: des biblioth�ques et des
universit�s bien s�r, mais aussi des
organisations gouvernementales,
des associations � but non lucratif, des
organismes culturels et des
soci�t�s informatiques (Adobe, Hewlett
Packard, Microsoft, Yahoo!,
Xerox, etc.).
Les premiers partenaires pour la
num�risation des livres sont les
biblioth�ques des Universit�s de
Californie et de Toronto, l’European
Archive, les Archives nationales du
Royaume-Uni, O’Reilly Media et les
Prelinger Archives. Seuls les livres
appartenant au domaine public sont
num�ris�s, pour �viter les probl�mes
de copyright auxquels se heurte
Google, et les collections num�ris�es
sont progressivement int�gr�es �
la section Text Archive de l’Internet
Archive.
En d�cembre 2006, l’OCA franchit la
barre des 100.000 livres num�ris�s,
avec un rythme de 12.000 nouveaux
livres par mois.
� la m�me date, l’Internet Archive
re�oit une subvention d’un million
de dollars US de la part de la Sloan
Foundation pour num�riser les
collections du Metropolitan Museum of
Art (l’ensemble des livres et
plusieurs milliers d’images) ainsi que
certaines collections de la
Boston Public Library (les 3.800 livres de
la biblioth�que personnelle
de John Adams, deuxi�me pr�sident
des �tats-Unis), du Getty Research
Institute (une collection de livres d’art),
de la John Hopkins
University (une collection de documents
li�s au mouvement anti-
esclavagiste) et de l’Universit� de
Californie � Berkeley (une
collection de documents relatifs � la
ru�e vers l’or).
En mai 2007, l’OCA franchit la barre des
200.000 livres num�ris�s. La
barre du million de livres num�ris�s est
atteinte en d�cembre 2008, et
celle des deux millions de livres
num�ris�s en mars 2010.
= Autres initiatives
Microsoft Live
Search Books
Si Microsoft est l’un des partenaires de
l’Open Content Alliance, la
soci�t� se lance aussi dans l’aventure
� titre personnel. En d�cembre
2006 est mise en ligne aux �tats-Unis la
version b�ta de Live Search
Books, qui permet une recherche par
mots-cl�s dans les livres du
domaine public. Ces livres sont
num�ris�s par Microsoft suite � des
accords pass�s avec de grandes
biblioth�ques, les premi�res �tant la
British Library et les biblioth�ques des
Universit�s de Californie et
de Toronto, suivies en janvier 2007 par
celles de la New York Public
Library et de l’Universit� Cornell.
Microsoft compte �galement ajouter
des livres sous droits, mais uniquement
avec l’accord pr�alable des
�diteurs.
Tout comme Google Books, Live Search
Books permet de consulter des
extraits comportant les mots-cl�s, qui
sont eux-m�me surlign�s. Mais
les collections sont moins riches, le
moteur de recherche est plus
rudimentaire, et il n’est pas possible de
t�l�charger les livres au
format PDF dans leur entier.
En mai 2007, Microsoft annonce des
accords avec plusieurs grands
�diteurs, dont Cambridge University
Press et McGraw Hill.
Microsoft met finalement un terme � ce
projet en mai 2008, pour
concentrer ses efforts sur d’autres
activit�s. Les 750.000 livres d�j�
num�ris�s sont vers�s dans les
collections de l’Open Content Alliance.
Europeana
En Europe, certains s’inqui�tent de
l’�h�g�monie am�ricaine� que
repr�sente Google Books.
Il existe d�j� sur le web une
Biblioth�que europ�enne, qui est en
fait
un portail commun aux 43 biblioth�ques
nationales, lanc� en janvier
2004 par la CENL (Conference of
European National Librarians) et
h�berg� sur le site de la Biblioth�que
nationale des Pays-Bas.
En septembre 2005, la Commission
europ�enne lance une vaste
consultation sur un projet de
biblioth�que num�rique europ�enne,
avec
r�ponse requise en janvier 2006 et
lancement officiel du projet en mars
2006.
�Le plan de la Commission europ�enne
visant � promouvoir l’acc�s
num�rique au patrimoine de l’Europe
prend forme rapidement, lit-on dans
le communiqu� de presse. Dans les cinq
prochaines ann�es, au moins six
millions de livres, documents et autres
oeuvres culturelles seront mis
� la disposition de toute personne
disposant d’une connexion �
l’internet, par l’interm�diaire de la
“biblioth�que num�rique
europ�enne”. Afin de stimuler les
initiatives de num�risation
europ�ennes, la Commission va co-
financer la cr�ation d’un r�seau
paneurop�en de centres de
num�risation. La Commission abordera
�galement, dans une s�rie de
documents strat�giques, la question du
cadre appropri� � adopter pour assurer
la protection des droits de
propri�t� intellectuelle dans le cadre
des biblioth�ques num�riques.�
Europeana et ses deux millions de
documents sont disponibles en
novembre 2008, avec un serveur qui
d�clare rapidement forfait suite �
la tr�s forte demande des premi�res
heures, puis une p�riode
exp�rimentale avec consultation
partielle des collections. Europeana
propose 6 millions de documents en
mars 2010, puis 10 millions de
documents en septembre 2010 avec une
nouvelle interface.
PDA, SMARTPHONES ET TABLETTES
[R�sum�]
Nous lisons d’abord sur notre
ordinateur - portable ou non - avant de
lire sur des agendas �lectroniques
(Psion et eBookMan) puis sur des PDA
(Palm Pilot, Pocket PC et bien d’autres).
Suivent ensuite les premiers
smartphones de Nokia et Sony Ericsson.
Parall�lement apparaissent des
tablettes de lecture d�di�es. Les
premi�res sont le Rocket eBook, le
SoftBook Reader et le Gemstar eBook,
qui ne durent pas. Apr�s une
p�riode morose, des tablettes plus
l�g�res gagnent en puissance et en
qualit� d’�cran, par exemple le
Cybook (nouvelle version) et le Sony
Reader, auxquels s’ajoute le Kindle
d’Amazon en novembre 2007, puis
l’iPad d’Apple en avril 2010. Le papier
�lectronique serait pour
�bient�t�.
= Le projet @folio
Les livres num�riques sont d’abord
lisibles uniquement sur l’�cran de
notre ordinateur, que celui-ci soit un
ordinateur de bureau ou un
ordinateur portable sinon ultra-portable.
Outre le stockage d’un
millier de livres sinon plus - en fonction
de la taille du disque dur -
, l’ordinateur permet l’utilisation
d’outils bureautiques standard,
l’acc�s au web, l’�coute de fichiers
musicaux et le visionnement de
vid�os ou de films. Certains usagers sont
�galement tent�s par le
webpad, un ordinateur-�cran sans
disque dur disposant d’une connexion
sans fil � l’internet, apparu en 2001, ou
alors la tablette PC, une
tablette informatique pourvue d’un
�cran tactile, apparue fin 2002.
Con�u d�s octobre 1996 par Pierre
Schweitzer, architecte designer �
Strasbourg (Alsace, France), le projet
@folio (qui se prononce �a-
folio�) se d�finit comme un baladeur
de textes ou encore comme un
support de lecture nomade permettant
de lire des textes glan�s sur
l’internet. De petite taille, il cherche �
mimer, sous forme
�lectronique, le dispositif technique du
livre, afin d’offrir une
m�moire de fac-simil�s reli�s en
hypertexte pour faciliter le
feuilletage.
Pierre explique en janvier 2001: �@folio
est un baladeur de textes,
simple, l�ger, autonome, que le lecteur
remplit selon ses d�sirs �
partir du web, pour aller lire n’importe
o�. Il peut aussi y imprimer
des documents personnels ou
professionnels provenant d’un CD-ROM.
Les
textes sont m�moris�s en faisant:
“imprimer”, mais c’est beaucoup plus
rapide qu’une imprimante, �a ne
consomme ni encre ni papier. Les liens
hypertextes sont maintenus au niveau
d’une reliure tactile. (…)
Le projet est n� � l’atelier Design de
l’�cole d’architecture de
Strasbourg o� j’�tais �tudiant. Il est
d�velopp� � l’�cole nationale
sup�rieure des arts et industries de
Strasbourg avec le soutien de
l’ANVAR-Alsace. Aujourd’hui, je
participe avec d’autres � sa
formalisation, les prototypes, design,
logiciels, industrialisation,
environnement technique et culturel,
etc., pour transformer ce concept
en un objet grand public pertinent.�
Pierre est aussi l’auteur du logiciel
Mot@mot. �La plus grande partie
du patrimoine �crit existant est fix�
dans des livres, sur du papier�,
explique-t-il � la m�me date. �Pour
rendre ces oeuvres accessibles sur
la toile, la num�risation en mode image
est un moyen tr�s efficace. Le
projet Gallica en est la preuve. Mais il
reste le probl�me de
l’adaptation des fac-simil�s d’origine
� nos �crans de lecture
aujourd’hui: r�duits brutalement � la
taille d’un �cran, les fac-
simil�s deviennent illisibles. Sauf �
manipuler les barres d’ascenseur,
ce qui n�cessite un ordinateur et ne
permet pas une lecture
confortable. La solution propos�e par
Mot@mot consiste � d�couper le
livre, mot � mot, du d�but � la fin
(enfin, les pages scann�es du
livre�). Ces mots restent donc des
images, il n’y a pas de
reconnaissance de caract�res, donc pas
d’erreur possible. On obtient
une cha�ne d’images-mots liquide,
qu’on peut remettre en page aussi
facilement qu’une cha�ne de
caract�res. Il devient alors possible de
l’adapter � un �cran de taille
modeste, sans rien perdre de la
lisibilit� du texte. La typographie
d’origine est conserv�e, les
illustrations aussi.� Pour d�velopper le
projet @folio et le logiciel
Mot@mot, Pierre fait valider un brevet
international en avril 2001,
puis cr�e la start-up fran�aise iCodex
en juillet 2002.
Cinq ans plus tard, en ao�t 2007, Pierre
Schweitzer poursuit patiemment
sa croisade pour promouvoir son projet.
�Il ne s’agit pas de
transformer le support papier des livres
existants, c’est absurde,
�crit-il. Il s’agit plut�t d’offrir un
support de lecture efficace aux
textes qui n’en ont pas, ceux qui sont
accessibles sur le web. Avec
@folio, je reste persuad� qu’un
support de lecture transportable qui
serait � la fois simple et l�ger,
annotable et effa�able, � bas co�t,
respectueux de la page et de nos
traditions typographiques, pourrait
apporter un suppl�ment de confort
appr�ciable � tous les usagers du
texte num�rique. Une ardoise dont on
pourrait feuilleter l’hypertexte �
main nue, en lieu et place de
l’imprimante��
En quoi la technologie utilis�e est-elle
diff�rente de celle des autres
tablettes? �La technologie d’@folio est
inspir�e du fax et du classeur
livres. Ce mode fac-simil� ne n�cessite
aucun format propri�taire, il
est directement lisible � l’oeil nu. Le
fac-simil� est un mode de
repr�sentation de l’information
robuste, p�renne, adaptable � tout
type
de contenu (de la musique imprim�e
aux formules de math�matique ou de
chimie) sans aucune adaptation
n�cessaire. C’est un mode de
repr�sentation totalement ouvert et
accessible � tous: il supporte
l’�criture manuscrite, la calligraphie,
les �critures non
alphab�tiques, et le dessin � main
lev�e, toutes choses qui sont tr�s
difficiles � faire � l’aide d’un seul
outil sur un ordinateur ou un
“ebook” classique. Cette conception
technique nouvelle et tr�s
simplifi�e permet de recueillir une
grande vari�t� de contenus et
surtout, elle permet un prix de vente
tr�s raisonnable (100 euros pour
le mod�le de base) dans diff�rentes
combinaisons de formats (tailles
d’�cran) et de m�moire (nombre de
pages) adapt�es aux diff�rentes
pratiques de lecture.�
Outre cette technologie novatrice, quel
serait l’avantage de la lecture
sur @folio? �La simplicit� d’usage,
l’autonomie, le poids, le prix.
Quoi d’autre? La finesse n’est pas
n�gligeable pour pouvoir �tre gliss�
presque n’importe o�. Et l’acc�s
imm�diat aux documents - pas de
temps
d’attente comme quand on “allume”
son ordinateur portable: @folio ne
s’allume jamais et ne s’�teint pas, la
derni�re page lue reste affich�e
et une simple pression sur le bord de
l’�cran permet de remonter
instantan�ment au sommaire du
document ou aux onglets de
classement.�
� la m�me date, en ao�t 2007, la
grande revue en ligne anglophone
TeleRead fait l’�loge du projet @folio
en intitulant l’article Pierre
Schweitzer’s Dream (Le r�ve de Pierre
Schweitzer). Plusieurs
sp�cialistes anglophones, et non des
moindres (David Rothman, Mike
Cook, Ellen Hage), rendent hommage �
la pers�v�rance de Pierre en
esp�rant voir son projet commercialis�
un jour.
= PDA (assistants personnels)
La gamme Psion
Lanc� d�s 1984 par la soci�t�
britannique Psion, le Psion Organiser est
le premier mod�le d’agenda
�lectronique. Au fil des ans, la gamme
des
appareils s’�tend et la soci�t� se
d�veloppe � l’international.
En 2000, les divers mod�les (S�rie 7,
S�rie �mx, Revo, Revo Plus) sont
concurrenc�s par le Palm Pilot et le
Pocket PC. Les ventes baissent et
la soci�t� d�cide de diversifier ses
activit�s. Suite au rachat de
Teklogix par Psion, Psion Teklogix est
cr�� en septembre 2000 pour
d�velopper des solutions mobiles sans
fil � destination des
entreprises. Psion Software est cr�� en
2001 pour d�velopper les
logiciels de la nouvelle g�n�ration
d’appareils mobiles utilisant la
plateforme Symbian OS, par exemple
ceux du smartphone Nokia 9210,
mod�le pr�curseur commercialis� la
m�me ann�e.
Enseignante-chercheuse � l’�cole
pratique des hautes �tudes (EPHE,
Paris-Sorbonne), Marie-Joseph Pierre
utilise un Psion depuis plusieurs
ann�es pour lire et �tudier dans le train
lors de ses fr�quents
d�placements entre Argentan
(Normandie), sa ville de r�sidence, et
Paris. Elle ach�te son premier Psion en
1997, un S�rie 3, remplac�
ensuite par un S�rie 5, remplac� lui-
m�me par un Psion �mx en juin
2001.
En f�vrier 2002, elle raconte: �J’ai
charg� tout un tas de trucs
litt�raires - dont mes propres travaux et
dont la Bible enti�re - sur
mon Psion �mx (16 + 16 Mo), que je
consulte surtout dans le train ou
pour mes cours, quand je ne peux pas
emporter toute une biblioth�que.
J’ai mis les �l�ments de programme
qui permettent de lire page par page
comme sur un v�ritable ebook. Ce qui
est pratique, c’est de pouvoir
charger une �norme masse
documentaire sur un support minuscule.
Mais ce
n’est pas le m�me usage qu’un livre,
surtout un livre de poche qu’on
peut feuilleter, tordre, sentir�, et qui
s’ouvre automatiquement � la
page qu’on a aim�e. C’est beaucoup
moins agr�able � utiliser, d’autant
que sur PDA, la page est petite: on n’a
pas de vue d’ensemble. Mais
avec une qualit� appr�ciable: on peut
travailler sur le texte
enregistr�, en rechercher le vocabulaire,
r�utiliser des citations,
faire tout ce que permet le traitement
informatique du document, et
cela m’a pas mal servi pour mon travail,
ou pour mes activit�s
associatives. Je fais par exemple partie
d’une petite soci�t� po�tique
locale, et nous faisons prochainement un
r�cital po�tique. J’ai voulu
rechercher des textes de Victor Hugo, que
j’ai maintenant pu lire et
m�me charger � partir du site de la
Biblioth�que nationale de France:
c’est vraiment extra.�
L’eBookMan de
Franklin
Bas�e dans le New Jersey (�tats-Unis),
la soci�t� Franklin
commercialise d�s 1986 le premier
dictionnaire consultable sur une
machine de poche. Quinze ans plus tard,
Franklin distribue 200 ouvrages
de r�f�rence sur des machines de
poche: dictionnaires unilingues et
bilingues, encyclop�dies, Bibles,
manuels d’enseignement, ouvrages
m�dicaux et livres de loisirs.
En octobre 2000, Franklin lance
l’eBookMan, un assistant personnel
multim�dia qui - entre autres
fonctionnalit�s (agenda, dictaphone,
etc.) - permet la lecture de livres
num�riques sur le Franklin Reader,
le logiciel de lecture �maison�. � la
m�me date, l’eBookMan re�oit
l’eBook Technology Award de la Foire
internationale du livre de
Francfort.
Trois mod�les (EBM-���, EBM-��� et
EBM-���) sont disponibles d�but
1. Leurs prix respectifs sont de 130,
180 et 230 dollars US. Le prix
est fonction de la taille de la m�moire
vive (8 ou 16 Mo) et de la
qualit� de l’�cran � cristaux liquides
(�cran LCD), r�tro-�clair� ou
non selon les mod�les. Nettement plus
grand que celui de ses
concurrents, l’�cran n’existe toutefois
qu’en noir et blanc,
contrairement � la gamme Pocket PC ou
� certains mod�les Palm avec
�cran couleur. L’eBookMan permet
aussi l’�coute de livres audio-
num�riques et de fichiers musicaux au
format MP�.
En octobre 2001, Franklin d�cide de ne
pas int�grer le Microsoft Reader
� l’eBookMan, mais de lui pr�f�rer le
Mobipocket Reader, logiciel de
lecture jug� plus performant, et prim�
� la m�me date par l’eBook
Technology Award de la Foire de
Francfort. Parall�lement, le Franklin
Reader est progressivement disponible
pour les gammes d’appareils
mobiles Psion, Palm, Pocket PC et Nokia.
Franklin d�veloppe aussi une
librairie num�rique sur son site en
passant des partenariats avec
plusieurs soci�t�s, notamment avec
Audible.com pour avoir acc�s � sa
collection de 4.500 livres audio-
num�riques.
La gamme Palm
Pilot
Lorsque le livre num�rique commence
� se g�n�raliser en 2000, tous les
fabricants de PDA d�cident d’int�grer
un logiciel de lecture dans leur
machine, en plus des fonctionnalit�s
standard (agenda, dictaphone,
lecteur de MP�, etc.). En parall�le, ils
n�gocient les droits de
diffusion num�rique de centaines de
titres, soit directement soit par
le biais de librairies num�riques. Si
certains professionnels du livre
s’inqui�tent de la petitesse de
l’�cran, les adeptes de la lecture sur
PDA assurent que la taille de l’�cran
n’est pas un probl�me. Les grands
favoris du march� sont les gammes
Palm Pilot et Pocket PC.
La soci�t� Palm lance en mars 1996 le
Palm Pilot, premier PDA du
march�, et vend 23 millions de
machines entre 1996 et 2002. Le
syst�me
d’exploitation du Palm Pilot est le Palm
OS et son logiciel de lecture
le Palm Reader. En mars 2001, la gamme
Palm Pilot propose plusieurs
mod�les permettant de lire des livres
aussi bien sur le Palm Reader que
sur le Mobipocket Reader, le logiciel de
lecture de Mobipocket.
La gamme Pocket
PC
Microsoft lance en avril 2000 son propre
PDA, le Pocket PC, et son
propre logiciel de lecture, le Microsoft
Reader. Le syst�me
d’exploitation utilis� est Windows CE,
remplac� en octobre 2001 par
Pocket PC 2002, qui permet entre autres
de lire des livres num�riques
sous droits. Ces livres sont prot�g�s par
un syst�me de gestion des
droits num�riques, le Microsoft DAS
Server (DAS: Digital Asset Server).
En 2002, la gamme Pocket PC permet la
lecture sur trois logiciels: le
Microsoft Reader bien s�r, le Mobipocket
Reader et le Palm Reader.
D’autres
mod�les
Le march� des PDA poursuit sa
croissance. D’apr�s un num�ro du
Seybold
Report dat� d’avril 2001, on
d�nombre 17 millions de PDA dans le
monde
pour seulement 100.000 tablettes de
lecture. 13,2 millions de PDA sont
vendus en 2001, et 12,1 millions en 2002.
En 2002, la gamme Palm Pilot
est toujours le leader du march� (avec
36,8% des machines vendues),
suivi par la gamme Pocket PC de
Microsoft et les mod�les de Hewlett-
Packard, Sony, Handspring, Toshiba et
Casio. Les syst�mes
d’exploitation utilis�s sont
essentiellement le Palm OS (pour 55%
des
machines) et le Pocket PC (pour 25,7%
des machines).
En 2004, on note une plus grande
diversit� des mod�les et une baisse
des prix chez tous les fabricants. Les trois
principaux fabricants sont
Palm, Sony et Hewlett-Packard. Suivent
Handspring, Toshiba, Casio et
d’autres. Mais le PDA est de plus en plus
concurrenc� par le
smartphone, qui est un t�l�phone
portable doubl� d’un PDA, et les
ventes commencent � baisser. En
f�vrier 2005, Sony d�cide de se retirer
compl�tement du march� des PDA.
= Smartphones
Le premier smartphone est le Nokia 9210,
mod�le pr�curseur lanc� en
2001 par la soci�t� finlandaise Nokia,
grand fabricant mondial de
t�l�phones portables. Apparaissent
ensuite le Nokia Series 60, le Sony
Ericsson P���, puis les mod�les de
Motorola et de Siemens. Ces
diff�rents mod�les permettent de lire
des livres num�riques sur le
Mobipocket Reader.
Appel� aussi t�l�phone multim�dia,
t�l�phone multifonctions ou encore
t�l�phone intelligent, le smartphone
dispose d’un �cran couleur, du son
polyphonique et de la fonction appareil
photo, qui viennent s’ajouter
aux fonctions habituelles de l’assistant
personnel: agenda, dictaphone,
lecteur de livres num�riques, lecteur de
musique, etc.
Les smartphones repr�sentent 3,7% des
ventes de t�l�phones portables en
2004 et 9% des ventes en 2006, � savoir
90 millions de smartphones pour
un milliard de t�l�phones portables.
Si les livres num�riques ont une longue
vie devant eux, les appareils
de lecture risquent de muer
r�guli�rement. Selon Denis Zwirn,
pr�sident
de la librairie num�rique Numilog,
interview� en f�vrier 2003,
�l’�quipement des individus et des
entreprises en mat�riel pouvant �tre
utilis� pour la lecture num�rique dans
une situation de mobilit� va
continuer de progresser tr�s fortement
dans les dix prochaines ann�es
sous la forme de machines de plus en
plus performantes (en terme
d’affichage, de m�moire, de
fonctionnalit�s, de l�g�ret��) et de
moins en moins ch�res. Cela prend d�s
aujourd’hui la forme de PDA
(Pocket PC et Palm Pilot), de tablettes PC
et de smartphones, ou de
smart displays (�crans tactiles sans fil).
Trois tendances devraient
�tre observ�es: la convergence des
usages (t�l�phone/PDA), la
diversification des types et tailles
d’appareils (de la montre-PDA-
t�l�phone � la tablette PC
waterproof), la d�mocratisation de
l’acc�s
aux machines mobiles (des PDA pour
enfants � 15 euros). Si les �diteurs
et les libraires num�riques savent en
saisir l’opportunit�, cette
�volution repr�sente un
environnement technologique et culturel
au sein
duquel les livres num�riques, sous des
formes vari�es, peuvent devenir
un mode naturel d’acc�s � la lecture
pour toute une g�n�ration.�
� la m�me date, on se demande si les
tablettes d�di�es pourront
vraiment r�ussir � s’imposer face aux
smartphones multifonctions. On
se demande aussi s’il existe une
client�le sp�cifique pour les deux
types de machines, la lecture sur
t�l�phone portable et smartphone
�tant destin�e au grand public, et la
lecture sur tablette �tant
r�serv�e aux gros consommateurs de
documents que sont les lyc�ens, les
�tudiants, les professeurs, les
chercheurs ou les juristes. Le d�bat
n’est pas pr�t d’�tre clos en 2010,
m�me si on ne parle plus de publics
diff�rents pour l’une et l’autre
machine.
= Tablettes de lecture
Premiers pas
D�s 1999, on voit appara�tre des
tablettes d�di�es de la taille d’un
(gros) livre, souvent appel�es ebooks,
livres �lectroniques, tablettes
de lecture ou m�me liseuses. Ces
premiers appareils suscitent un
engouement certain, m�me si peu de
gens vont jusqu’� les acheter, vu
leur prix prohibitif (plusieurs centaines
de dollars) et un choix de
livres restreint, le catalogue de livres
num�riques �tant encore
ridicule par rapport � la production
imprim�e.
Les premi�res tablettes de lecture sont
con�ues et d�velopp�es dans la
Silicon Valley, en Californie. Elles
disposent d’un �cran � cristaux
liquides (�cran LCD) r�tro-�clair� ou
non, noir et blanc ou en couleur.
Elles fonctionnent sur batterie et
disposent d’un modem int�gr� et
d’un
port USB, pour connexion � l’internet
et t�l�chargement des livres �
partir de librairies num�riques.
Le mod�le le plus connu, le Rocket
eBook, est d�velopp� en 1998 et
commercialis� en 1999 par la soci�t�
NuvoMedia, financ�e par la cha�ne
de librairies Barnes & Noble et le g�ant
des m�dias Bertelsmann. Un
deuxi�me mod�le, le SoftBook Reader,
est d�velopp� par la soci�t�
SoftBook Press, financ�e par les deux
grandes maisons d’�dition Random
House et Simon & Schuster. Plusieurs
autres mod�les ont une dur�e de
vie assez courte, par exemple
l’EveryBook, appareil � double �cran
cr��
par la soci�t� du m�me nom, ou
encore le Millennium eBook, cr�� par la
soci�t� Librius.com. A cette �poque,
qui n’est pas si lointaine, toutes
ces tablettes �lectroniques p�sent
entre 700 grammes et 2 kilos et
peuvent stocker une dizaine de livres.
Le Gemstar eBook
Pr�sent� en octobre 2000 � New York
et commercialis� le mois suivant
aux �tats-Unis, le Gemstar eBook se
d�cline en deux mod�les, qui sont
les successeurs du Rocket eBook (con�u
par NuvoMedia) et du SoftBook
Reader (con�u par SoftBook Press),
suite au rachat de NuvoMedia et de
SoftBook Press en janvier 2000 par
Gemstar-TV Guide International,
grande soci�t� sp�cialis�e dans les
produits et services num�riques
pour les m�dias.
Ces deux mod�les - le REB 1100 (�cran
noir et blanc, successeur du
Rocket eBook) et le REB 1200 (�cran
couleur, successeur du SoftBook
Reader) - sont construits et vendus sous
le label RCA, appartenant �
Thomson Multimedia. Le syst�me
d’exploitation, le navigateur et le
logiciel de lecture sont sp�cifiques �
l’appareil, tout comme le format
de lecture, bas� sur le format OeB (Open
eBook). Les deux mod�les sont
vendus respectivement 300 et 699 dollars
US par la cha�ne de magasins
SkyMall.
Les ventes sont tr�s inf�rieures aux
pronostics. En avril 2002, un
article du New York Times annonce
l’arr�t de la fabrication de ces
appareils par RCA. En automne 2002,
leurs successeurs - le GEB 1150 et
le GEB 2150 - sont produits sous le label
Gemstar et vendus par SkyMall
� un prix beaucoup plus comp�titif,
avec ou sans abonnement annuel ou
bisannuel � la librairie num�rique
Gemstar eBook. Le GEB 1150 co�te 199
dollars sans abonnement, et 99 dollars
avec abonnement annuel (factur�
20 dollars par mois). Le GEB 2150 co�te
349 dollars sans abonnement, et
199 dollars avec abonnement bisannuel
(�galement factur� 20 dollars par
mois).
Mais les ventes restent peu concluantes -
faute d’un march� m�r pour ce
genre d’appareil - et Gemstar d�cide
de mettre fin � ses activit�s
eBook. La soci�t� cesse la vente de ses
tablettes de lecture en juin
2003 et la vente de ses livres
num�riques le mois suivant.
Le Cybook
Premi�re tablette de lecture
europ�enne, le Cybook (21 x 16 cm, 1
kilo)
est con�u et d�velopp� par la
soci�t� fran�aise Cytale, et
commercialis� en janvier 2001. Sa
m�moire - 32 Mo de m�moire SDRAM et
16 Mo de m�moire flash - permet de
stocker 15.000 pages de texte, soit
30 livres de 500 pages.
�J’ai crois� il y a deux ans le chemin
balbutiant d’un projet
extraordinaire, le livre �lectronique�,
�crit en d�cembre 2000 Olivier
Pujol, PDG de Cytale. �Depuis ce jour, je
suis devenu le promoteur
imp�nitent de ce nouveau mode
d’acc�s � l’�crit, � la lecture, et au
bonheur de lire. La lecture num�rique se
d�veloppe enfin, gr�ce � cet
objet merveilleux: biblioth�que, librairie
nomade, livre “adaptable”,
et aussi moyen d’acc�s � tous les sites
litt�raires (ou non), et �
toutes les nouvelles formes de la
litt�rature, car c’est �galement une
fen�tre sur le web.�
Mais les ventes sont tr�s inf�rieures aux
pronostics - le march�
n’�tant pas m�r pour ce genre
d’appareil - et forcent la soci�t� � se
d�clarer en cessation de paiement.
Cytale est mis en liquidation
judiciaire en juillet 2002 et cesse ses
activit�s � la m�me date.
La commercialisation du Cybook est
reprise quelques mois plus tard par
la soci�t� Bookeen, cr��e en 2003 �
l’initiative de Michael Dahan et
Laurent Picard, deux ing�nieurs de
Cytale. En juillet 2007, Bookeen
d�voile une nouvelle version de sa
tablette, baptis�e Cybook Gen�, avec
un �cran utilisant pour la premi�re fois
la technologie E Ink.
Les mod�les de
Sony
En avril 2004, Sony lance au Japon le
Libri� ����-EP, produit en
partenariat avec les soci�t�s Philips et
E Ink. Cette tablette est la
premi�re � utiliser la technologie
d’affichage d�velopp�e par la
soci�t� E Ink et d�nomm�e encre
�lectronique.
L’appareil p�se 300 grammes (avec
piles et protection d’�cran) pour une
taille de 12,6 x 19 x 1,3 centim�tres. Sa
m�moire est de 10 Mo - avec
possibilit� d’extension - et sa capacit�
de stockage de 500 livres. Son
�cran de 6 pouces a une d�finition de
170 DPI et une r�solution de 800
x 600 pixels. Un port USB permet le
t�l�chargement des livres � partir
de son ordinateur. L’appareil comprend
aussi un clavier, une fonction
d’enregistrement et une synth�se
vocale. Il fonctionne avec quatre
piles alcalines, qui permettraient la
consultation de 10.000 pages. Son
prix est de 375 dollars US.
Le Libri� c�de ensuite la place au Sony
Reader, lanc� en septembre 2006
aux �tats-Unis au prix de 350 dollars,
avec six mod�les sortis depuis
avec succ�s.
Le Kindle
Amazon.com lance en novembre 2007 sa
propre tablette de lecture, le
Kindle, avec un format livresque (19 x 13
x 1,8 cm), un poids de 289
grammes, un �cran noir et blanc (6
pouces, 800 x 600 pixels), un
clavier, une m�moire de 256 Mo
(extensible par carte SD), un port USB
et une connexion sans fil (WiFi). Vendu
400 dollars US (273 euros), le
Kindle peut contenir jusqu’� 200 livres
parmi les 80.000 livres
num�riques disponibles sur le site
d’Amazon. 538.000 tablettes sont
vendues en 2008.
En f�vrier 2009, Amazon lance une
nouvelle version du Kindle, le Kindle
2, au prix de 359 dollars (prix qui baisse
sensiblement dans les mois
qui suivent), avec un catalogue de
230.000 titres. En mai de la m�me
ann�e, Amazon lance le Kindle DX avec
un �cran plus grand, notamment
pour la lecture de journaux et magazines,
pour un prix de 489 dollars.
L’iPad
En avril 2010, la soci�t� Apple lance
l’iPad, sa tablette num�rique
multifonctions, au prix de 499 dollars US,
avec un iBookstore de 60.000
livres num�riques qui devrait s’�toffer
rapidement. Apr�s l’iPod (lanc�
en octobre 2001) puis l’iPhone (lanc�
en juin 2007), deux objets cultes
aupr�s de toute une g�n�ration, Apple
devient lui aussi un acteur de
poids pour le livre num�rique.
La comp�tition risque d’�tre rude sur
un march� tr�s prometteur. Reste
� voir quels mod�les seront retenus par
l’usager parce que solides,
l�gers, �conomiques et procurant un
v�ritable �confort de lecture�,
sans oublier l’aspect esth�tique et les
possibilit�s de lecture en 3 D.
Petit ou grand �cran? Smartphone ou
tablette?
Selon Jean-Paul, webmestre du site
hyperm�dia cotres.net, interview� en
janvier 2007, �on progresse. Les PDA et
autres baladeurs multim�dia ont
form� le public � manipuler des
�crans tactiles de dimension
individuelle (par opposition aux bornes
publiques de circulation et
autres tirettes-�-sous). L’hyperm�dia
est maintenant une �vidence. Il
ne reste plus qu’� laisser se bousculer
les ing�nieurs et les
marketteurs pour voir sortir un objet
rentable, l�ger, attirant, peu
fragile, occupant au mieux l’espace qui
s�pare les deux mains d’un
terrien assis dans le bus ou sur sa lunette
WC: la surface d’une
feuille A� en format italien, soit � 800 x
600 pixels. Bien s�r, ce que
montrera cette surface ne sera pas en 2 D
mais en 3 D. Comme les GPS
prochaine g�n�ration, ou les �crans de
vis�e sur le cockpit d’un A-
Win.�
On nous parle maintenant de papier
�lectronique pour �bient�t�, avec
les soci�t�s E Ink et Plastic Logic en
t�te de file pour nous proposer
des supports de lecture souples et ultra-
fins.
CONCLUSION
[R�sum�]
En 2010, offrir un livre num�rique
devient �tendance�, et le lire sur
son smartphone ou sa tablette l’est
encore plus. Preuve que le monde du
livre a bien chang� depuis la panique
ayant saisi les �diteurs et les
libraires � la fin des ann�es 1990. Dix
ans plus tard, trois termes
paraissent essentiels: stockage,
organisation et diffusion. Dans un
proche avenir, on devrait disposer de
l’ensemble du patrimoine mondial
stock� sous forme num�rique, d’une
organisation effective de
l’information et d’un r�seau internet
omnipr�sent. Confidentiel en
2000, puis parent pauvre des fichiers
musicaux et vid�o, le livre
num�rique est d�sormais en bonne
place � c�t� de la musique et des
films.
Tim Berners-Lee est l’inventeur du web
en 1990. A la question de Pierre
Ruetschi, journaliste au quotidien La
Tribune de Gen�ve: �Sept ans plus
tard, �tes-vous satisfait de la fa�on
dont le web a �volu�?�, il r�pond
en d�cembre 1997 que, s’il est heureux
de la richesse et de la vari�t�
de l’information disponible, le web n’a
pas encore la puissance pr�vue
dans sa conception d’origine. Il aimerait
�que le web soit plus
interactif, que les gens puissent cr�er de
l’information ensemble�, et
pas seulement consommer celle qui leur
est propos�e. Le web doit
devenir �un m�dia de collaboration, un
monde de connaissance que nous
partageons�.
Son souhait commence � se concr�tiser
quelque sept ann�es plus tard, en
2004, avec ce qu’on appelle le web 2.0.
La paternit� de l’expression
�web 2.0� revient d’ailleurs � un
�diteur, Tim O’Reilly, fondateur des
�ditions O’Reilly Media, qui utilise
cette expression pour la premi�re
fois en 2004 comme titre d’une s�rie
de conf�rences qu’il est en train
d’organiser. D�sormais, le web ne vise
plus seulement � utiliser
l’information, mais il incite aussi les
usagers � �changer et
collaborer en ligne, sur des blogs, des
wikis, des sites sociaux ou des
encyclop�dies coop�ratives comme
Wikip�dia et Citizendium.
Un enjeu tout aussi important est
l’accessibilit� de l’internet pour
tous. Mis en ligne en septembre 2000 par
l’association du m�me nom, le
site Handicapz�ro devient en f�vrier
2003 un portail g�n�raliste
offrant un acc�s adapt� �
l’information pour les Francophones
ayant un
probl�me visuel, � savoir plus de 10%
de la population. Le portail
offre des informations dans nombre de
domaines: actualit�s, programmes
de t�l�vision, m�t�o, sant�, emploi,
consommation, loisirs, sports,
t�l�phonie, etc. Les personnes
aveugles peuvent acc�der au site au
moyen d’une plage braille ou d’une
synth�se vocale. Les personnes
malvoyantes peuvent param�trer sur la
page d’accueil la taille et la
police des caract�res ainsi que la
couleur du fond d’�cran pour une
navigation confortable. Les personnes
voyantes peuvent correspondre en
braille avec des aveugles par le biais du
site.
En octobre 2006, le portail adopte une
nouvelle pr�sentation en
enrichissant encore son contenu, en
adoptant une navigation plus
intuitive pour la page d’accueil, en
proposant des raccourcis de
clavier, en offrant un service am�lior�
pour l’affichage �confort de
lecture�, etc. Plus de 2 millions de
visiteurs utilisent les services
du portail en 2006. Handicapz�ro
entend ainsi d�montrer �que, sous
r�serve du respect de certaines r�gles
�l�mentaires, l’internet peut
devenir enfin un espace de libert� pour
tous�.
Un autre enjeu est l’infrastructure de
l’internet. La connexion au
r�seau est d�sormais plus facile, avec
la DSL, le c�ble ou la fibre
optique, tout comme les technologies
WiFi pour un secteur g�ographique
limit� et WiMAX pour un secteur
g�ographique �tendu. Jean-Paul,
webmestre du site hyperm�dia
cotres.net, r�sume la situation en
janvier
2007: �J’ai l’impression que nous
vivons une p�riode “flottante”, entre
les temps h�ro�ques, o� il s’agissait
d’avancer en attendant que la
technologie nous rattrape, et le futur, o�
le tr�s haut d�bit va
lib�rer les forces qui commencent �
bouger, pour l’instant dans les
seuls jeux.�
L’internet du futur pourrait �tre un
r�seau pervasif permettant de se
connecter en tout lieu et � tout moment
sur tout type d’appareil �
travers un r�seau unique et
omnipr�sent. Le concept de r�seau
pervasif
est d�velopp� par Rafi Haladjian,
fondateur de la soci�t� Ozone. Comme
expliqu� sur le site web de la soci�t�
en 2007, �la nouvelle vague
touchera notre monde physique, notre
environnement r�el, notre vie
quotidienne dans tous les instants. Nous
n’acc�derons plus au r�seau,
nous l’habiterons. Les composantes
futures de ce r�seau (parties
filiaires, parties non filiaires, op�rateurs)
seront transparentes �
l’utilisateur final. Il sera toujours ouvert,
assurant une permanence
de la connexion en tout lieu. Il sera
�galement agnostique en terme
d’application(s), puisque fond� sur les
protocoles m�mes de
l’internet.�
Pierre Schweitzer, inventeur du projet
@folio, une tablette de lecture
nomade, �crit en d�cembre 2006: �La
chance qu’on a tous est de vivre
l�, ici et maintenant cette
transformation fantastique. Quand je suis
n� en 1963, les ordinateurs avaient
comme m�moire quelques pages de
caract�res � peine. Aujourd’hui, mon
baladeur de musique pourrait
contenir des milliards de pages, une vraie
biblioth�que de quartier.
Demain, par l’effet conjugu� de la loi
de Moore et de l’omnipr�sence
des r�seaux, l’acc�s instantan� aux
oeuvres et aux savoirs sera de
mise. Le support de stockage lui-m�me
n’aura plus beaucoup d’int�r�t.
Seules importeront les commodit�s
fonctionnelles d’usage et la po�tique
de ces objets.�
chacun d’avoir une biblioth�que
compl�te - jusque-l� r�serv�e � la
collectivit� -, sur un support qu’on
peut glisser dans sa poche, le
plus de 33.000 livres num�riques en
octobre 2010, soit la taille d’une
biblioth�que publique de quartier, mais
cette fois disponible sur le
web et ind�finiment reproductible.
Le web est aussi une formidable
aventure. Selon les termes m�mes de
Tim
Berners-Lee, son inventeur, �le r�ve
derri�re le web est un espace
d’information commun dans lequel
nous communiquons en partageant
l’information. Son universalit� est
essentielle, � savoir le fait qu’un
lien hypertexte puisse pointer sur quoi
que ce soit, quelque chose de
personnel, de local ou de global, aussi
bien une �bauche qu’une
r�alisation tr�s sophistiqu�e.
Deuxi�me partie de ce r�ve, le web
deviendrait d’une utilisation tellement
courante qu’il serait un miroir
r�aliste (sinon la principale incarnation)
de la mani�re dont nous
travaillons, jouons et nouons des
relations sociales. Une fois que ces
interactions seraient en ligne, nous
pourrions utiliser nos ordinateurs
pour nous aider � les analyser, donner
un sens � ce que nous faisons,
et voir comment chacun trouve sa place
et comment nous pouvons mieux
travailler ensemble.� (extrait de son
essai The World Wide Web: A very
short personal history (Le World Wide
Web: une tr�s courte histoire
personnelle), dat� d’avril 1998)
Quinze ans apr�s la cr�ation du web, le
magazine Wired constate dans
son num�ro d’ao�t 2005 que �moins
de la moiti� du web est commercial,
le reste fonctionne avec la passion�.
Quant � l’internet, d’apr�s le
quotidien Le Monde du 19 ao�t 2005,
�ses trois pouvoirs - l’ubiquit�,
la vari�t� et l’interactivit� - rendent
son potentiel d’usages quasi
infini�.
Le futur sera-t-il le cyberespace d�crit en
1994 par Timothy Leary,
philosophe, dans son livre Chaos et
cyberculture? �Toute l’information
du monde est � l’int�rieur [NDLR: de
gigantesques bases de donn�es]. Et
gr�ce au cyberespace, tout le monde
peut y avoir acc�s. Tous les
signaux humains contenus jusque-l�
dans les livres ont �t� num�ris�s.
Ils sont enregistr�s et disponibles dans
ces banques de donn�es, sans
compter tous les tableaux, tous les films,
toutes les �missions de
t�l�, tout, absolument tout.�
Nous n’en sommes pas encore l�. Mais,
en 2010, sur les 30 millions de
livres du domaine public pr�sents dans
les biblioth�ques (sans compter
les diff�rentes �ditions), 10 millions de
livres seraient d�j�
librement disponibles sur l’internet.
Libraire, �diteur puis consultant en
�dition �lectronique, Nicolas
Pewny voit �le livre num�rique du futur
comme un “ouvrage total”
r�unissant textes, sons, images, vid�o,
interactivit�: une nouvelle
mani�re de concevoir et d’�crire et de
lire, peut-�tre sur un livre
unique, sans cesse renouvelable, qui
contiendrait tout ce qu’on a lu,
unique et multiple compagnon�.
Archive et Google Books pour lire des
livres, Wikip�dia pour nous
documenter et Facebook et Twitter pour
communiquer, un point
particuli�rement int�ressant semble
�tre la possibilit� - encore �
l’�tude - de la traduction simultan�e
du m�me livre dans de nombreuses
langues, m�me si la traduction
automatique reste encore � am�liorer.
Rien ne remplacera une traduction par
un traducteur litt�raire
professionnel, bien s�r, mais ce serait un
premier pas pour ceux qui
souhaiteraient d�couvrir de nouvelles
oeuvres sans en conna�tre la
langue, avant de recruter ensuite un
traducteur litt�raire
professionnel pour proposer une
traduction de qualit�. C’est aussi
l’assurance d’un vaste d�bat sur les
avantages et les limites de la
traduction automatique, un d�bat
entam� dans les ann�es 1990 et qui
n’est pas pr�t d’�tre clos.
Sans nul doute, nous continuerons �
vivre des ann�es passionnantes, qui
ne seront pas seulement marqu�es par
l’iPad et ses successeurs ou
encore le (v�ritable) papier
�lectronique enfin sorti des
�prouvettes
des chercheurs, mais qui verront aussi
une imbrication plus grande des
technologies du livre avec celles des
langues, un sujet auquel
l’auteure pense d�sormais se
consacrer.
Mais, qu’il soit un volume imprim� ou
un fichier num�rique, le livre
est d’abord un ensemble de mots
�manant d’une personne voulant
communiquer ses pens�es, ses
sentiments ou son savoir � large
�chelle.
Souvent appel� le p�re de l’internet
parce que co-inventeur en 1974 des
protocoles du r�seau, Vinton Cerf aime
� rappeler que l’internet relie
moins des ordinateurs que des
personnes et des id�es. Ce fut le cas
pour ce livre. Merci � tous -
professionnels du livre et apparent�s -
pour leur participation, pour leur temps
et pour leur amiti�.
CHRONOLOGIE
[Chaque ligne d�bute par l’ann�e ou
bien l’ann�e/mois. Par exemple,
1971�07 signifie juillet 1971.]
1968: Le code ASCII est le premier
syst�me d’encodage informatique.
1974: L’internet fait ses d�buts.
1977: L’UNIMARC est cr�� en tant que
format bibliographique commun.
1983: L’internet prend son envol.
1984: Le copyleft est institu� pour les
logiciels puis pour toute
oeuvre de cr�ation.
1984: Psion lance l’agenda
�lectronique Psion Organiser.
1986: Franklin lance le premier
dictionnaire consultable sur une
machine de poche.
1990: Le web fait ses d�buts.
1991�01: L’Unicode est un syst�me
d’encodage pour toutes les langues.
1993�01: L’Online Books Page est le
premier r�pertoire de livres en
acc�s libre.
1993�06: Adobe lance le format PDF et
l’Acrobat Reader.
1993�07: L’E-zine-list recense les zines
�lectroniques.
1993�11: Mosaic est le premier logiciel de
navigation sur le web.
1994�02: Le premier site de biblioth�que
est mis en ligne.
1994: La NAP met des livres en acc�s
libre sur son site pour augmenter
leurs ventes imprim�es.
1995�07: Amazon.com est la premi�re
grande librairie en ligne.
1995: La grande presse se met en ligne.
1996�03: Le Palm Pilot est le premier
assistant personnel (PDA).
1996�04: L’Internet Archive est cr��e
pour archiver le web.
1996�07: CyLibris est le pionnier
francophone de l’�dition
�lectronique.
1996�10: Le projet @folio travaille � un
baladeur de textes �ouvert�.
1996: On se penche sur de nouvelles
m�thodes d’enseignement.
1997: L’�dition �lectronique
commence � se g�n�raliser.
1997�01: La convergence multim�dia est
le sujet d’un colloque.
1997�04: E Ink d�veloppe une
technologie d’encre �lectronique.
1997�10: La Biblioth�que nationale de
France lance Gallica, sa
biblioth�que num�rique.
1997�12: AltaVista lance son logiciel de
traduction automatique Babel
Fish.
1998�05: Les �ditions ��h�� vendent des
livres num�riques.
1999: Des biblioth�caires deviennent
cyberth�caires.
1999: Certains auteurs se mettent au
num�rique.
1999: WordReference.com propose des
dictionnaires bilingues gratuits.
1999: Le Rocket eBook est la premi�re
tablette de lecture.
1999�09: Le format Open eBook (OeB) est
un standard de livre num�rique.
1999�12: WebEncyclo est la premi�re
grande encyclop�die francophone en
ligne.
1999�12: Britannica.com est la premi�re
grande encyclop�die anglophone
en ligne.
2000�01: Le Million Book Project veut
proposer un million de livres sur
le web.
2000�03: Mobipocket se consacre aux
livres num�riques pour assistant
personnel.
2000�04: Microsoft lance son assistant
personnel Pocket PC.
2000�07: La moiti� des usagers de
l’internet est non anglophone.
2000�07: Stephen King auto-publie un
roman en ligne.
2000�08: Microsoft lance le Pocket PC
(PDA) et le Microsoft Reader.
2000�09: Le Grand dictionnaire
terminologique (GDT) est bilingue
fran�ais-anglais.
2000�09: La librairie Numilog se consacre
aux livres num�riques.
2000�09: Le portail Handicapz�ro
d�montre que l’internet est pour tous.
2000�10: Distributed Proofreaders
num�rise les livres du domaine
public.
2000�10: La Public Library of Science
envisage des revues scientifiques
en ligne gratuites.
2000�10: Franklin lance l’eBookMan, un
assistant personnel multim�dia.
2000�10: Gemstar lance ses tablettes de
lecture Gemstar eBook.
2001�01: Wikip�dia est la premi�re
grande encyclop�die collaborative
gratuite.
2001�01: Le Cybook est la premi�re
tablette de lecture europ�enne.
2001: La licence Creative Commons
adapte le droit d’auteur au web.
2001: Le Nokia 9210 est le premier
smartphone.
2003�09: Le mat�riel p�dagogique des
cours du MIT est � la disposition
de tous.
2004�10: Google lance Google Print pour
le rebaptiser ensuite Google
Books.
2005�04: Amazon.com rach�te la
soci�t� Mobipocket.
2005�10: L’Open Content Alliance lance
une biblioth�que num�rique
plan�taire et publique.
2006�08: Le catalogue collectif mondial
WorldCat lance une version
gratuite sur le web.
2006�10: Microsoft lance Live Search
Books mais l’abandonne ensuite.
2006�10: Sony lance sa tablette de
lecture Sony Reader.
2007�03: Citizendium est une
encyclop�die en ligne collaborative
�fiable�.
2007�03: IATE est la base terminologique
multilingue europ�enne.
2007�05: L’Encyclopedia of Life compte
r�pertorier toutes les esp�ces
v�g�tales et animales.
2007�11: Amazon.com lance sa tablette
de lecture Kindle.
2008�05: Numilog devient une filiale
d’Hachette Livre.
2008�10: Google Books propose un
accord aux associations d’auteurs et
d’�diteurs.
2008�11: Europeana est la biblioth�que
num�rique europ�enne.
2010�04: Apple lance l’iPad, sa propre
tablette.
REMERCIEMENTS
Ce livre doit beaucoup � toutes les
personnes ayant accept� de r�pondre
� mes questions au fil des ans. Certains
entretiens sont disponibles en
ligne sur le Net des �tudes fran�aises
(NEF)
francaises.net/entretiens/>, Universit�
de Toronto, Canada. D’autres
entretiens ont �t� directement inclus
dans ce livre ou alors ils ont
inspir� des id�es d�velopp�es dans
ces pages.
Merci � Nicolas Ancion, Alex
Andrachmes, Guy Antoine, Silvaine
Arabo,
Arlette Attali, Marc Autret, Isabelle
Aveline, Jean-Pierre Balpe,
Emmanuel Barthe, Robert Beard, Michael
Behrens, Michel Beno�t, Guy
Bertrand, Olivier Bogros, Christian Boitet,
Bernard Boudic, Bakayoko
Bourahima, Marie-Aude Bourson, Lucie
de Boutiny, Anne-C�cile
Brandenbourger, Alain Bron, Patrice
Cailleaud, Tyler Chambers, Pascal
Chartier, Richard Chotin, Alain Clavet,
Jean-Pierre Cloutier, Jacques
Coubard, Luc Dall’Armellina, Kushal
Dave, Cynthia Delisle, �milie
Devriendt, Bruno Didier, Catherine
Domain, Helen Dry, Bill Dunlap,
Pierre-No�l Favennec, G�rard
Fourestier, Pierre Fran�ois Gagnon,
Olivier Gainon, Jacques Gauchey,
Raymond Godefroy, Muriel Goiran,
Marcel Grangier, Barbara Grimes, Michael
Hart, Roberto Hern�ndez
Montoya, Randy Hobler, Eduard Hovy,
Christiane Jadelot, G�rard Jean-
Fran�ois, Jean-Paul, Anne-B�n�dicte
Joly, Brian King, Geoffrey
Kingscott, Steven Krauwer, Ga�lle
Lacaze, Michel Landaret, H�l�ne
Larroche, Pierre Le Loarer, Claire Le
Parco, Annie Le Saux, Fabrice
Lhomme, Philippe Loubi�re, Pierre
Magnenat, Xavier Malbreil, Alain
Marchiset, Maria Victoria Marinetti,
Michael Martin, Tim McKenna,
Emmanuel M�nard, Yoshi Mikami, Jacky
Minier, Jean-Philippe Mouton, John
Mark Ockerbloom, Caoimh�n �
Donna�le, Jacques Pataillot, Alain Patez,
Nicolas Pewny, Marie-Joseph Pierre,
Herv� Ponsot, Olivier Pujol, Anissa
Rachef, Peter Raggett, Patrick Rebollar,
Philippe Renaut, Jean-Baptiste
Rey, Philippe Rivi�re, Blaise Rosnay,
Bruno de Sa Moreira, Pierre
Schweitzer, Henk Slettenhaar, Murray
Suid, June Thompson, Zina Tucsnak,
Fran�ois Vadrot, Christian Vandendorpe,
Robert Ware, Russon Wooldridge