Printemps arabe : une opportunité pour Al QaedaLa guerre au terrorisme n’est pas terminée
Par
Patrice Deschênes
Afin d’adopter des politiques de défense et des
principes de relations étrangères cohérentes, il est
important pour nos gouvernements de comprendre la nature
profonde et les objectifs fondamentaux des mouvements
islamistes. Qu’ils utilisent la violence ou les leviers
politiques, qu’ils s’affrontent entre eux, il n’en demeure
pas moins qu’ils partagent tous un même objectif. Cet essai
liera l’histoire et le présent afin d’aider à cette
compréhension.
C’est en décembre 2010 qu’ont débutées les
contestations, devenues révolutions et guerres civiles, du
monde arabe. La série de soulèvements d’intensité variable
qui se sont manifestés dans la majorité des pays arabes
(Bahreïn, Syrie, Yémen, Arabie Saoudite, Liban, Soudan, Oman
etc.) a poussé le tunisien Zine el-Abidine Ben Ali à quitter
le pouvoir, a délogé Hosni Moubarak d’un long règne
présidentiel en Égypte et a mené à l’assassinat du dictateur
libyen Mouammar Kadhafi.
Connues sous la bannière unique du Printemps arabe, les
contestations du monde musulman n’ont pas encore aboutit à
leur état final, elles sont toujours en évolution. En effet,
pendant que les combats font rage en Syrie, les Égyptiens
s’affrontent encore à propos de la nature de leur avenir et
les Libyens tentent tant bien que mal d’établir un appareil
d’État cohérent après une guerre civile sanglante. Ailleurs
comme en Arabie Saoudite, les pouvoirs établis ont soit
réprimé les vagues de contestations ou, comme en Jordanie,
tentent de se moderniser afin d’éviter l’arrivée au pouvoir
d’islamistes radicaux1.
Le roi jordanien Abdullah II fait partie des analystes
qui craignent la montée au pouvoir des islamistes dans la
foulée du Printemps arabe. En effet, l’élection des Frères
musulmans et des salafistes en Égypte, l’élection des
islamistes du parti Ennahda à la tête de la Tunisie ainsi
que la lente dérive vers un islamisme conservateur du
premier ministre turc Tayyip Erdogan et son parti islamiste2
sont vus par le roi de Jordanie comme l’émergence d’une
nouvelle alliance radicale complémentaire au croissant
iranien3.
Les révolutions du Printemps arabe n’étaient-elles
pourtant pas unies dans leurs espoirs de démocratie,
d’opportunités économiques équitables et de réduction de la
1 Jeffrey Goldberg, « The modern king in the Arab Spring », The Atlantic, no4, 2013.2 Boaz Ganor, « The Arab spring from a counter-terrorism perspective », Jerusalem issue brief, vol. 11 no.1, 27 May 2012, p. 4.3 Jeffrey Goldberg, « The modern king in the Arab Spring », The Atlantic, no 4, 2013.
corruption4 ? Les turbulences au Moyen-Orient ont été
spontanées et constituaient une révolte authentique contre
les anciens régimes et une demande d’une plus grande
démocratie5. Par contre, les islamistes en Tunisie et les
frères musulmans en Égypte, qui ont hésité longuement avant
de soutenir les soulèvements6 et qui continuent de soutenir
que la démocratie occidentale est immorale7, ont tout de
même réussi à accéder au pouvoir suite à des scrutins
populaires.
Dans ce contexte, que deviennent les groupes terroristes
et quel est leur avenir au sein de la nouvelle dynamique de
la région ? Comment les efforts de contre-terrorisme en
seront-ils affectés ? La présente recherche tentera de
déterminer si les révolutions du Printemps arabe constituent
4 Danielle Angel, « The Arab spring and terrorism », Senior Honors Capstone,Fall 2011, p. 2.5 Boaz Ganor, « The Arab spring from a counter-terrorism perspective », Jerusalem issue brief, vol. 11 no.1, p. 4.6 John Voll, Peter Mandaville, Steven Kull et Alexis Arieff, « PoliticalIslam in the Arab awakening: who are the major players ? », Middle East Policy, Vol. 19, No. 2, summer 2012, p. 15.7 Dean T. Olson, « The Muslim brotherhood reinvented », The counter terrorist,April/May 2012, p. 60.
une opportunité pour leur développement ou plutôt sonnent
leur déclin.
Deux visions opposent des réponses différentes à la
question. La première soutient que le message violent des
groupes terroristes a perdu toute légitimité et qu’il
laissera place à l’intégration politique de ces
organisations plutôt qu’au combat armé. L’autre, que cette
recherche adopte, conclut que les terroristes seront
énergisés par les résultats du Printemps arabe et que les
opportunités offertes accentueront l’intensité de leur jihad.
Afin de soutenir cette thèse, nous allons d’abord
explorer les origines du terrorisme islamique en examinant
l’idéologie politique et religieuse qui en est le moteur,
telle que pensée et développée par les Frères musulmans.
Nous allons prouver que les islamistes et les groupes
jihadistes partagent le même objectif. Ensuite, nous ferons
un portrait d’Al Qaeda et examinerons l’état de sa
structure, ses capacités opérationnelles et son rôle
d’influence idéologique prédominant chez les jihadistes.
Enfin, nous allons opposer les deux visions présentées en
prémisse en relation avec les éléments soulevés dans notre
recherche.
GUERRE DE CIVILISATIONS
La politique est la religion; la religion est la politique
La magnitude des attentats du 11 septembre 2001 sur le
World Trade Center à New York a obligé les gouvernements de
l’Ouest à approfondir leurs connaissances sur la nature de
la menace terroriste islamiste. Pourtant, la menace n’était
pas nouvelle s’étant manifestée à plusieurs occasions sous
formes de détournements aériens, d’enlèvements et
d’attentats divers. La différence majeure en 2001 résidait
dans le fait qu’elle a frappé plus fort que dans le passé et
à l’extérieur du monde arabe.
Dans leur examen des groupes terroristes, les experts
soulignent une recrudescence du terrorisme religieux et
distinguent ce dernier du terrorisme politique de
revendication auquel l’Europe a été habituée dans les années
1980. Le qualifiant de nouveau terrorisme, le terrorisme
religieux se démarquerait de l’ancien terrorisme idéologique8
8 Benoît Dupont, Les réseaux de sécurité dans la lutte contre le terrorisme: les limites de la pensée analogique, dans Repenser le terrorisme : Concepts, acteurs et réponses, Presses de
« alors que les motivations politiques des terroristes
cèdent le pas à une recrudescence des motivations
religieuses »9. Assumant que le terrorisme associé à l’islam
est religieux, des chercheurs le classent donc dans la même
catégorie que d’autres terrorismes comme la secte japonaise
Aum ou d’autres nouveaux groupes religieux10.
Cette distinction entre le religieux et le politique ne
s’applique pas avec le terrorisme islamique et constitue, à
notre opinion, une erreur d’interprétation. L’islam
fondamentaliste, mais aussi en général, ne reconnait pas la
dualité entre la politique et la religion car il est basé
sur an all embracing system of life – a faith as well as an ideology and
Programme for life11. L’islam pur est un code de vie complet12
avec ses propres codes de lois, « politics in the muslim world
revolves around religion13».
l’université Laval, p. 271.9 Julie Auger, Un nouveau duo: terrorisme et armes de destruction massive, dans Repenser le terrorisme : Concepts, acteurs et réponses, Presses de l’université Laval,p. 217.10 Comme le fait dans sa recherche Dr. Lorne L. Dawson, The study of new religious movements and the process of radicalization in terrorist groups, November 2009.11 Saima Ashraf Kayani, « Islam: past, present and future », The dialogue, volume 6, number 4, p. 324.12 Ibid p. 324.13 Ibid p. 324.
La séparation entre l’État et la religion est engravée
dans l’intellect occidental et il est difficile de ce point
de vue de comprendre l’organisation d’un gouvernement
théocratique. Néanmoins, il est fondamental de comprendre
que les revendications des groupes islamiques
fondamentalistes se font d’un point de vue théocratique;
elles ne sont pas religieuses ou politiques, elles sont les
deux à la fois. D’ailleurs, une partie des intellectuels
islamiques n’acceptent pas que l’utilisation du terme
fondamentaliste soit associée aux supporters d’un retour aux
théocraties islamistes et blâment l’Ouest pour son
utilisation. En effet, ils préfèrent l’utilisation du terme
renaissance pour expliquer les revendications arabes14. Un
retour à l’histoire va nous éclairer à ce sujet.
Du califat à l’État nation
À la fin de la Première Guerre mondiale, l’empire
Ottoman islamique, affaibli et allié de l’Allemagne vaincue,
a été démembré. Le grand califat fut divisé et séparé entre
plusieurs États nations sous l’influence administrative
14 Ibid p. 323.
coloniale principalement britannique et française. Le
contraste culturel était important pour les populations de
l’ancien empire alors que les nouvelles nations non
seulement voyaient les pratiquants de l’islam (la ummah)
divisés, la nouvelle gestion séculaire de l’État
s’implantait. Ces changements étaient perçus par certains
groupes conservateurs comme étrangers, extra-terrestres et
non-islamiques15. C’est durant cette période que les
premiers mouvements fondamentalistes, ou de renaissance, se
formèrent avec pour objectif la réunification de la ummah
et le rétablissement du califat.
Les Frères musulmans d’Égypte, créés en 1928, sont
l’origine idéologique de tous les mouvements islamistes
fondamentalistes qui allaient se créer dans le siècle à
venir dont entre autre Jamaat al-Jihad (Égypte), Al Najun Min
Al Nar (Égypte), AMAL (Liban), Hezbollah (Liban), Ennahda
(Turqie), muhahidin-i-Khalq (Iran), FIS (Algérie), Talibans
(Afghanistan) et Jamat is-Islami (Pakistan)16. En général,
l’idéologie de base des fondamentalistes peut se résumer en
15 Ibid p. 328.16 Ibid p. 328-329.
quatre points : ils dénoncent la nature non-islamique des
États de la ummah, ils affirment que les dirigeants
islamiques sont contrôlés par l’Ouest et servent les
intérêts des États-Unis, ils exigent que la Shari’a soit
implantée et pour ce faire ils jurent que le jihad est un
devoir obligatoire pour tout musulman17. Étant donné leur
positionnement politique prédominant actuel, il est
important d’examiner en détail les caractéristiques du
groupe des Frères Musulmans.
Radicalisation des Frères musulmans
« When you consider the history of the Muslim Brotherhood, itstarted with a pretty brilliant strategy : Create terrorist groupsthat use violence to advance your goals, distance yourself fromthose groups, present yourself as the reasonable alternative, andenjoy the accolades of the very people you are trying to destroy.»
David J. Jonsson, Islamic Economics and the Final Jihad
Le mouvement des Frères musulmans a été fondé en 1928
par le charismatique Hassan al-Banna18. Frustré par la 17 Ibid p. 329.18 Christine Sixta Rinehart, « Volatile breeding grounds: the
radicalization of the Egyptian Muslim brotherhood », Studies in conflict and
terrorism, issue 32 (année??), p. 953.
domination britannique des institutions politiques d’Égypte,
al-Banna a créé son mouvement afin de promouvoir une réforme
islamique de son pays. Dans la décennie qui suivit, les
Frères musulmans ont activement participé à la vie
politique. En 1939, le roi Farouk suspectant les Frères
musulmans de s’adonner à des activités qui allaient conduire
à la violence tenta de les convaincre de créer un parti
politique afin qu’ils s’intègrent pacifiquement au dialogue
social; ces derniers ont refusé, le monarque leur a retiré
leur financement et en 1941 toutes leurs publications
étaient fermées19 .
Le roi Farouk avait bien évalué la menace que
constituaient les Frères musulmans. En effet dans les années
qui suivirent, la volonté d’al-Banna d’utiliser la force se
concrétisa. Après avoir finalement tenté de participer aux
élections de 1942, une pléiade d’intrigues politiques et une
série de défaites interrompues par des périodes
d’emprisonnement, les Frères musulmans exécutèrent leur
19 Ibid p. 961.
premier assassinat politique en 194420, 16 ans après leur
fondation. Par contre, la planification stratégique de
l’utilisation du terrorisme comme moyen de renverser la
monarchie égyptienne avait été ébauchée dès 1931. En effet,
al-Banna avait planifié débuter sa campagne violente en
créant une cellule terroriste de 300 membres et utilisa une
décennie pour infiltrer l’armée et créer des groupes
militants sous l’appel général du jihad21. Au cours du siècle
qui suivit, les actions terroristes et l’idéologie salafiste
(qui réfère à l’âge d’or de l’islam) des Frères musulmans
ont inspiré une multitude d’autres groupes jihadistes à
travers le monde musulman, dont la fameuse Al Qaeda. Puisque
tous les groupes jihadistes violents partagent la vision et
l’idéologie motrice des Frères musulmans, il est approprié
de se pencher sur leur plateforme idéologique.
La réunification de la ummah et le rétablissement du
califat
Depuis sa création, l’objectif central des Frères
musulmans est de rétablir la proéminence de l’islam dans
20 Ibid p. 961-962.21 Ibid p. 963-964.
l’établissement de gouvernements qui dirigeront en fonction
des strictes exigences de la Shari’a22. Le rétablissement du
califat n’inclut pas seulement la réunification des nations
arabes, mais aussi des nations qui ont été un jour dans
l’histoire occupées par les musulmans comme l’annonce al-
Banna : « Thus Andalusia, Sicily, the Balkans, the Italian coast, as well as the
islands of the Mediterranean, are all of them muslim meditteranean colonies
and they must return to the islamic fold. »23. De plus, les Frères
musulmans ne se sentent pas obligés de mener le jihad en
défense des terres islamiques mais ils doivent aussi mener
une offensive globale dans l’objectif de libérer le monde
des lois faites par les hommes24.
Le jihad, la mort et le martyr sont nécessaires à
l’atteinte des objectifs des Frères musulmans, comme le note
Robert P. Mitchell :
« The art of death. Death is art. The Qur’an has commanded people to love death more than life. Unless the philosophy of the Qur’an on death replaces the love of life which has consumed
22 Investigative Project on Terrorism, « The Muslim Brotherhood », consulté le 25 mars 2013, http://investigativeproject.org/documents/misc/135.pdf23 Ibid, Hassan al-Banna, cité dans Caroline Fourest, Brother Tariq: The doublespeak of Tariq Ramadan, lieu de publication?? Encounter books, (2008),p. 19. 24 Ibid, (référant à l’oeuvre de Sayyid Qutb)
muslims, then they will reach naught. Victory can only come withthe mastery of the art of death. The movement cannot succeed, Banna insists, without this dedicated and unqualified kind of jihad. »25
Le jihad est défini par les Frères musulmans comme étant
une guerre violente contre les non musulmans comme le
confirme le fondateur du mouvement, Hassan al-Banna, dans
l’épilogue de son livre Jihad:
« Jihad is an obligation from Allah on every muslim and cannot be ignored nor evaded… My brothers ! The Ummah that knows how to die a noble and honourable death is granted an exalted life in this world and eternal felicity in the next. Degradation and dishonour are the results of the love of this world and the fear of death. Therefore prepare for jihad and be the lovers of death. »26
Encadré dans cet atmosphère lugubre du culte de la mort,
le projet des Frères musulmans prévoit se dérouler en sept
étapes. De l’éducation de l’ummah à la conquête du monde,
les étapes suivent une logique d’unification et de
renforcement du califat27.
25 Robert P. Mitchell, Society of Muslim Brotherhood, p. 207, cité dans Investigative Project on Terrorism, « The Muslim Brotherhood », consultéle 25 mars 2013, http://investigativeproject.org/documents/misc/135.pdf26 Hassan al-Banna, Jihad, consulté le 25 mars 2013 sur le site : http://web.youngmuslims.ca/online_library/books/jihad/27 Investigative Project on Terrorism, « The Muslim Brotherhood », consulté le 25 mars 2013, http://investigativeproject.org/documents/misc/135.pdf
Les Frères musulmans contemporains, indépendants des
plus fondamentalistes salafistes, insistent qu’ils ont
adopté des principes démocratiques et abandonné le recours à
la violence. Ceci constitue un changement idéologique
radical qui manque de crédibilité puisqu’en 2010 encore, le
guide suprême des Frères Musulmans appelait, dans la même
veine morbide associée au culte de la mort, au jihad et au
sacrifice contre les États-Unis pendant un de ses sermons: «
The Arab Nations are diregarding Allah’s commandment to wage jihad for his
sake with their money and their lives, so that Allah’s word will reign supreme and
the infidel’s word will be inferior… »28
Le thème de la démocratie est promu sur le site internet
officiel anglophone des Frères musulmans par contre, une
lecture et analyse critique de leur déclaration de principes
notera une série de contradictions. En effet, tout en
assurant un appel à la démocratie, les Frères musulmans
confirment l’obligation d’implanter la Shari’a dans
l’exercice du gouvernement mais tentent de rassurer en 28 The Middle East Media Research Institute, traduction anglaise du sermon de Muhammad Badi publié sur le site officiel des Frères musulmansle 30 septembre 2010, « How Islam confronts the oppression and tyranny », consulté le 25 mars 2013, http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/4650.htm#_edn2
affirmant que les principes rigoureux de la loi islamique ne
sont pas si nombreux29. En bref, les Frères musulmans font
aujourd’hui la promotion de la liberté et la démocratie dans
un contexte conditionnel à l’imposition de la loi islamique,
ce qui fait dire à certains observateurs comme Andrew C.
McCarthy, ancien procureur de la poursuite contre les 11
terroristes du premier attentat contre le World Trade Center
en 1993, que la démocratie islamique n’est en fait que
l’implantation sous un différent nom de la théocratie si
convoitée par al-Banna30. D’ailleurs, les commentaires en
1990 du premier ministre turc actuel Erdogan à l’effet que
la démocratie ne soit qu’un train où l’on monte à bord
seulement pour en débarquer lorsqu’arrivé à destination31
peuvent facilement être interprétés comme un indice sérieux
de la possibilité que les islamistes n’utilisent la
démocratie que comme un prétexte et la manipulent pour les
aider à instaurer des théocraties intégristes. C’est du
29 The Muslim Brotherhood, « The Principles of the Muslim Brotherhood », consulté le 22 mars 2013, http://www.ikhwanweb.com/article.php?id=81330 Andrew C. McCarthy, The illusion of Islamic democracy, Encounter Digital, New York, 2012, chapitre 1, p. 15-20.31 Andrew C. McCarthy, The illusion of Islamic democracy, Encounter Digital, New York, 2012, chapitre 1, p. 1.
moins ce que les protestataires du carré Taksim au printemps
2013 dénoncent.
Ainsi, nous avons vu qu’il n’existe pas de séparation
entre la religion et la politique dans le contexte
islamique. Aussi, nous savons que les Frères musulmans sont
à l’origine de l’islamisme fondamentaliste violent. Créés en
1928, ils ont donné naissance à une multitude de groupes
jihadistes tous motivés par l’idée salafiste de rétablir le
califat. Aujourd’hui, ils tentent de changer leur image et
prétendent à l’adoption des principes démocratiques. Par
contre, il existe plusieurs indices qui laissent croire que
leurs prétentions ne représentent pas leurs intentions.
Examinons maintenant un des plus influents bras armés
salafistes contemporains sur la planète, Al Qaeda.
AL QAEDA – L’ÉCHO DU JIHAD ISLAMIQUE
Comme nous l’avons vu dans la section précédente,
Oussama Bin Laden est un produit de l’idéologie salafiste
des Frères musulmans. N’ayant rien inventé, Bin Laden fut
introduit à la doctrine jihadiste par le Frère musulman
palestinien Abdullah Yusuf Azzam32.
Si Bin Laden n’a pas raffiné les idéologies jihadistes,
il a introduit avec Al Qaeda une nouvelle stratégie
guerrière. En effet, avant son arrivée en Afghanistan, la
cible des islamistes était concentrée sur l’ennemi
rapproché33, c'est-à-dire sur les gouvernements arabes
considérés comme traitres à l’islam. La violence était
interne au monde arabe et visait à défendre le territoire
comme par exemple le combat en Afghanistan contre l’Union
Soviétique, l’assassinat du président égyptien Sadat en 1981
et les nombreuses autres actions entreprises par le Hamas,
etc.
Impatient et frustré par le manque de résultat d’un
siècle de combat, Bin Laden introduisit le concept de la
guerre éloignée contre ce qu’il qualifia d’ennemi
lointain34, c'est-à-dire les États-Unis. Il avait pour
objectif de libérer les nations arabes du joug étranger en 32 Ayan Hirsi Ali, « Will the Muslim Brotherhood succeed where Osama failed ? », New perspectives quarterly, summer 2011, p. 19.33 Juan C. Zarate et David A. Gordon, « The battle for reform with Al-Qaeda », The Washington quarterly, summer 2011, p. 107.34 Ibid p. 107-108.
les forçant à retirer leurs intérêts du monde arabe et ainsi
affaiblir les régimes locaux facilitant leur chute. Par
contre, ses attaques loin d’avoir diminué la volonté de
l’Ouest ont plutôt déclenché une réponse armée puissante des
États-Unis qui a décimé les capacités de commandement et de
contrôle du mouvement terroriste.
Le résultat fut la transformation organisationnelle du
groupe. En effet, Al Qaeda a dû passer d’une structure
centralisée en Afghanistan en un réseau complexe de groupes
affiliés ou inspirés par l’idée. En fait, Brian Jenkins de
la Rand corporation affirme qu’Al Qaeda est maintenant
devenu plutôt un terme plus pratique pour l’analyse du
phénomène que pour la description du réseau en soi35. La
nébuleuse Al Qaeda est devenue si décentralisée que sa
périphérie est plus puissante que son centre « as a result, its
regional affiliates in Iraq, North Africa and especially Yemen currently pose the
greatest threat »36. De plus, la stratégie d’Al Qaeda de mener une
35 Brian Michael Jenkins, New challenges to U.S. counterterrorism efforts: an assessment of the current terrorist threat, testimony presented before the senate homeland security and governmental affairs committee on July 11, 2012, Rand corporation, p. 1.36 Brian Michael Jenkins, Al-Qaeda in its third decade: irreversible decline or imminent victory ?, Rand occasional paper, Rand corporation, 2012, p. 3.
guerre à l’ennemi lointain est adoptée par de plus en plus
d’autres groupes terroristes jihadistes, ce qui augmente le
risque pour les nations de l’Ouest37. Dans ce contexte,
quelles seront les conséquences des événements du Printemps
arabe sur les opérations d’Al Qaeda ?
L’OPPORTUNITÉ INATTENDUE OU LE DÉCLIN DES TERRORISTES ?
Certains observateurs estiment que le Printemps arabe
aura des conséquences négatives sur les groupes terroristes
et marquera le début de leur déclin. Leur premier argument
est centré sur le volet de la sécurité et le second aborde
les idéologies et la philosophie.
D’abord, ils estiment que les nouveaux gouvernements
islamistes au pouvoir vont devoir faire preuve de
pragmatisme et ne soutiendront pas d’activités terroristes
comme l’Iran a pu le faire. En effet, les nouveaux
dirigeants pour se maintenir devront faire face à la
réalité : ils auront besoin de l’aide de la communauté
internationale et elle ne pourra pas être obtenue s’ils
appuient le jihad armé ou s’ils cessent leur collaboration
37 Ibid p. 3.
dans les efforts de contre-terrorisme38. Sans l’appui de la
communauté internationale, leurs États risqueraient de
tomber dans des conditions de guerres civiles semblables à
la Lybie ou la Syrie et « even the hard-line side of the Islamist groups
would like to avoid »39.
Cet argument serait valide si les régimes qui ont été
remplacés par les révolutions du Printemps arabe n’avaient
peu ou pas coopéré dans les efforts de contre-terrorisme.
Par contre, à l’exception de la Lybie, l’Égypte et la
Tunisie ont toujours été des partenaires dans la guerre au
terrorisme et n’ont jamais fait la promotion du jihad. La
Lybie avait même renoncé au terrorisme et se réintégrait
lentement au sein de la communauté internationale. Ainsi, en
présumant que les gouvernements islamistes ne cessent pas
leur coopération dans les opérations contre-terroristes, au
mieux la situation demeurera au statu quo et le réseau Al
Qaeda pourra continuer ses opérations dans un contexte
sécuritaire identique à celui d’avant les révolutions.
38 Nathan E. Shields, « Unrest in the Middle East: potential implications for international terrorism and counterterrorism policy », Global security studies, volume 3, issue 2, p. 21-22.39 Ibid p. 22.
Par contre, la situation sécuritaire n’est pas au statu
quo. L’Égypte est au milieu de confrontations sévères entre
le gouvernement des Frères musulmans et les protestataires
de la révolution. En Lybie, le gouvernement peine à
s’imposer sur tout le territoire, les armes circulent
librement dans un contexte de frontières perméables ouvertes
à la libre circulation de groupes criminels et
terroristes40. De plus, l’Égypte et la Lybie ont démantelé
leurs agences de sécurité qui géraient le contre-terrorisme
et libéré des centaines d’islamistes et de jihadistes41. Cet
affaiblissement des agences de sécurité est une opportunité
pour un réseau complexe, nous l’avons vu, comme Al Qaeda. Si
l’on considère que les gouvernements faibles sont sujets au
terrorisme42 , la situation est inquiétante et l’argument
cité ci-haut est réfuté.
Notons aussi que le Printemps arabe pourrait avoir
renforcé les capacités opérationnelles d’Al Qaeda. En effet,
40 Danielle Angel, « The Arab spring and terrorism », Senior Honors Capstone,Fall 2011, p. 38.41 Juan C. Zarate et David A. Gordon, « The battle for reform with Al-Qaeda », The Washington quarterly, summer 2011, p. 113.42 Daniel Byman, « Regime change in the middle east: problems and prospects », Political science quarterly, volume 127, No. 1, p. 36.
les experts s’entendent qu’une décennie de guerre au
terrorisme avait affaibli sérieusement le groupe terroriste
qui était constamment en déclin43. Comme nous l’avons vu
précédemment, le groupe a été délogé de ses bases en
Afghanistan et ses capacités de commandement et de contrôle
ont été anéanties laissant place à un réseau complexe de
petits affiliés moins organisés44. Par contre, à la lumière
des attentats contre l’ambassade américaine en Lybie, de
l’attaque d’un complexe pétrolier en Algérie et de
l’invasion militaire du nord du Mali, il est crédible de
croire que le réseau ait profité des bouleversements de la
région et de la faiblesse des gouvernements pour s’être
consolidé.
Le deuxième argument gravite autour de l’idée que les
révolutions du Printemps arabe ont anéanti toute la
légitimité du message et des théories des islamistes et que
faute de crédibilité ces organisations ne réussiront plus à
recruter et sont donc condamnées à disparaitre. En effet, il
43 Brian Michael Jenkins, Al-Qaeda in its third decade: irreversible decline or imminent victory ?, Rand occasional paper, Rand corporation, p. 8.44 Danielle Angel, « The Arab spring and terrorism », Senior Honors Capstone,Fall 2011, p. 9.
est estimé que les révolutions non violentes et séculaires
ont porté sur des problèmes locaux de gouvernance et de
droits individuels45 et qu’elles sont portées par l’espoir
de l’accès à la démocratie. Le renversement pacifique des
dictatures par le peuple prouverait donc que le discours de
recrutement des islamistes fondamentalistes, dans lequel ils
affirment que les changements de régimes ne seront possibles
que par la guerre violente contre l’ennemi lointain, est
donc devenu impertinent.
Cette analyse serait pertinente dans un contexte
culturel européen séculaire mais ne s’applique pas au monde
arabe et ignore la nature théocratique du monde musulman et
du message islamiste. En effet, le détrônement des
dictateurs de l’ancienne ère communiste, comme le président
roumain Nicolae Ceausescu par exemple, répondait exactement
aux mêmes espoirs cités plus haut et de réels gouvernements
démocratiques furent instaurés. Par contre, les Roumains
n’aspiraient pas à la réunification d’un califat et ne
voulaient pas non plus se soumettre à quelques lois divines.
45 Juan C. Zarate et David A. Gordon, « The battle for reform with Al-Qaeda », The Washington quarterly, summer 2011, p. 103.
L’idéologie motrice des fondamentalistes n’est pas la
libération de l’homme ou l’accès à la démocratie, comme nous
l’avons vu plus tôt, elle est motivée par l’instauration
d’une théocratie autoritaire, de la soumission à Allah : «
Freedom means complete submission to Allah’s law – which islamic scholars over
the centuries have called perfect slavery »46. Il est donc fallacieux de
prétendre que le recrutement des groupes jihadistes sera
miné puisqu’ils ne recrutaient pas leurs membres parmi les
révolutionnaires sécularistes de toute façon.
Au contraire, il est fort plus probable que le
recrutement soit facilité, voire même connaisse une
recrudescence, puisque non seulement le message des
islamistes demeure viable mais le Printemps arabe a renforcé
leur moral et leurs espoirs après une décennie de
difficultés. En effet, les islamistes non seulement avaient-
ils prévu les révolutions mais ils misaient leurs espoirs en
elles47. Même si l’objectif final des révolutionnaires de
46 Kathryn Jean lopez, « Spring fever: the illusion of Islamic democracy», interview with author Andrew C. McCarthy, Assyrian International NewsAgency, 24 September 2012, http://aina.org/news/20120924101732.htm 47 Daveed Gartenstein-Ross et Tara Vassefi, « perceptions of the Arab spring within the salafi-jihadi movement », Studies in conflict and terrorism, vol. 35, issue 12, p 832-833.
première heure diffère de ceux des islamistes, les résultats
du Printemps arabe sont tout de même des victoires
stratégiques pour les islamistes. En effet, les intérêts de
l’occident ont été endommagés et les régimes impurs ont été
déstabilisés. Les islamistes identifient deux gains
opérationnels : D’abord, la libération de centaines de
jihadis va venir renforcer leurs rangs et l’opportunité de
contrôler du territoire, comme au Mali et en Lybie, va leur
permettre d’établir des bases solides48.
Il est estimé que le souffle d’une nouvelle démocratie,
l’infusion d’une nouvelle liberté d’opinion et la création
de nouveaux médias va permettre la propagation d’idées
modérées qui vont éroder l’environnement pour les
terroristes49. Par contre, cette estimation ignore la nature
intrinsèquement violente d’une grande partie des textes
religieux de l’islam et sa propagation active. Aux États-
Unis, berceau de la démocratie républicaine contemporaine,
de la liberté et de la diversité d’opinion et de la
48 Ibid p. 835.49 Danielle Angel, « The Arab spring and terrorism », Senior Honors Capstone,Fall 2011, p. 35
diversité de presse, une recherche effectuée pour le compte
du Congrès américain a trouvé que 81% des mosquées
américaines propageaient des textes faisant la promotion de
l’utilisation du jihad violent comme devoir musulman afin
d’instaurer un ordre politique basé sur la Shari’a50 et
conclut que « the overwhelming majority of mosques surveyed promoted
literature supportive of violent jihad … and promoted violent jihad and other
behaviors that are inconsistent with a reasonable construct of liberal citizenship.
»51. Si cette situation prévaut dans une démocratie libérale
comme aux États-Unis, il est opportun de soulever de sérieux
doutes sur les chances de succès des idées séculaires dans
le monde arabe.
CONCLUSION
Les racines idéologiques solidement implantées chez les
fondamentalistes islamiques appellent au renversement
violent des régimes qui sont considérés impurs afin de
réunir l’ummah sous un glorieux califat dont la mission
50 Mordechai Kedar et David Yerushalmi, « Shari’a and violence in Americanmosques », Middle East Quarterly, vol. 18 issue 3, p. 64.51 Ibid p. 68
serait de dominer le monde et imposer le règne d’Allah sur
la terre.
Cette idéologie salfiste a été élaborée et propagée par
le mouvement des Frères musulmans. La création d’une
multitude d’organisations terroristes au cours du siècle
dernier qui ont porté le flambeau du combat a permis aux
Frères musulmans de renoncer à la violence et ils se sont
concentrés dans l’organisation politique, les œuvres de
charité et l’éducation du monde arabe à leur vision de
renaissance. Après un siècle d’enseignement, les idées
salafistes font partie du corpus central des enseignements
islamiques propagés dans une grande partie des mosquées à
travers le monde, comme l’indique l’étude sur la communauté
musulmane américaine.
Dans ce contexte, le Printemps arabe fut déclenché par
des idées de liberté et de démocratie mais la popularité des
salafistes et leur organisation supérieure les a propulsés
rapidement au pouvoir. Leurs succès inspirent les groupes
armés terroristes qui considèrent le Printemps arabe comme
une victoire stratégique importante qui pave la voie aux
étapes ultérieures de leur campagne. La faiblesse des
nouveaux régimes leur a permis de consolider leurs forces,
de se regrouper et de continuer le combat. Nous pouvons
conclure donc que les révolutions du Printemps arabe ont été
une opportunité significative pour les groupes terroristes
qui ont su en profiter.
À la lumière de notre recherche, il semble évident que
le terrorisme islamique n’entre pas dans la catégorie
définie du terrorisme religieux. Sa nature est hybride, un
amalgame du politique et du spirituel. Il est une méthode de
combat d’une campagne politique et idéologique ambitieuse,
le recours au terrorisme ayant été forcé par le manque de
moyens des salafistes dû à leur persécution par des régimes
dictatoriaux coopérant avec l’occident.
Si la campagne salafiste ne s’identifie pas à une nation
en particulier, elle a ciblé par contre son ennemi commun,
l’occident personnifié par les États-Unis. Dans ce contexte,
les différentes attaques terroristes perpétrées depuis des
décennies ne peuvent pas être interprétées en isolation mais
font plutôt partie d’une guerre de civilisation menée par
les salafistes dont les tactiques et stratégies changent en
fonction des leaders et des conditions de l’époque.
Enfin, cette logique nous permet d’extrapoler qu’à long
terme, la guerre au terrorisme se continue. En effet, les
efforts en renseignement et en déploiement de ressources de
contre terrorisme sont loin de pouvoir être diminués par les
gouvernements occidentaux. D’ailleurs, l’entraînement et
l’armement des rebelles syriens ne sont-ils pas qu’une
répétition de l’histoire vécue en Afghanistan dans laquelle
nous avons dû combattre les Talibans précédemment armés et
entrainés par les alliés occidentaux ? De plus, les
gouvernements occidentaux devront faire des choix judicieux
en politique étrangère, des choix éclairés basés sur une
compréhension approfondie de la nature des acteurs avec
lesquels ils discutent. Choisir d’appuyer financièrement et
militairement des islamistes et les Frères musulmans, comme
nous le faisons maintenant en Égypte et en Syrie, aux dépens
des groupes séculiers représentant les valeurs fondamentales
de la démocratie républicaine, doit être fait en
connaissances de cause. Les groupes terroristes non
seulement sortent plus forts du Printemps arabe mais ils
bénéficient aussi d’un support moral de gouvernements
islamistes décidés à accomplir le projet de réunification du
califat.
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