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Printemps Arabe

Date post: 19-Feb-2023
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Printemps arabe : une opportunité pour Al Qaeda La guerre au terrorisme n’est pas terminée Par Patrice Deschênes Afin d’adopter des politiques de défense et des principes de relations étrangères cohérentes, il est important pour nos gouvernements de comprendre la nature profonde et les objectifs fondamentaux des mouvements islamistes. Qu’ils utilisent la violence ou les leviers politiques, qu’ils s’affrontent entre eux, il n’en demeure
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Printemps arabe : une opportunité pour Al QaedaLa guerre au terrorisme n’est pas terminée

Par

Patrice Deschênes

Afin d’adopter des politiques de défense et des

principes de relations étrangères cohérentes, il est

important pour nos gouvernements de comprendre la nature

profonde et les objectifs fondamentaux des mouvements

islamistes. Qu’ils utilisent la violence ou les leviers

politiques, qu’ils s’affrontent entre eux, il n’en demeure

pas moins qu’ils partagent tous un même objectif. Cet essai

liera l’histoire et le présent afin d’aider à cette

compréhension.

C’est en décembre 2010 qu’ont débutées les

contestations, devenues révolutions et guerres civiles, du

monde arabe. La série de soulèvements d’intensité variable

qui se sont manifestés dans la majorité des pays arabes

(Bahreïn, Syrie, Yémen, Arabie Saoudite, Liban, Soudan, Oman

etc.) a poussé le tunisien Zine el-Abidine Ben Ali à quitter

le pouvoir, a délogé Hosni Moubarak d’un long règne

présidentiel en Égypte et a mené à l’assassinat du dictateur

libyen Mouammar Kadhafi.

Connues sous la bannière unique du Printemps arabe, les

contestations du monde musulman n’ont pas encore aboutit à

leur état final, elles sont toujours en évolution. En effet,

pendant que les combats font rage en Syrie, les Égyptiens

s’affrontent encore à propos de la nature de leur avenir et

les Libyens tentent tant bien que mal d’établir un appareil

d’État cohérent après une guerre civile sanglante. Ailleurs

comme en Arabie Saoudite, les pouvoirs établis ont soit

réprimé les vagues de contestations ou, comme en Jordanie,

tentent de se moderniser afin d’éviter l’arrivée au pouvoir

d’islamistes radicaux1.

Le roi jordanien Abdullah II fait partie des analystes

qui craignent la montée au pouvoir des islamistes dans la

foulée du Printemps arabe. En effet, l’élection des Frères

musulmans et des salafistes en Égypte, l’élection des

islamistes du parti Ennahda à la tête de la Tunisie ainsi

que la lente dérive vers un islamisme conservateur du

premier ministre turc Tayyip Erdogan et son parti islamiste2

sont vus par le roi de Jordanie comme l’émergence d’une

nouvelle alliance radicale complémentaire au croissant

iranien3.

Les révolutions du Printemps arabe n’étaient-elles

pourtant pas unies dans leurs espoirs de démocratie,

d’opportunités économiques équitables et de réduction de la

1 Jeffrey Goldberg, « The modern king in the Arab Spring », The Atlantic, no4, 2013.2 Boaz Ganor, « The Arab spring from a counter-terrorism perspective », Jerusalem issue brief, vol. 11 no.1, 27 May 2012, p. 4.3 Jeffrey Goldberg, « The modern king in the Arab Spring », The Atlantic, no 4, 2013.

corruption4 ? Les turbulences au Moyen-Orient ont été

spontanées et constituaient une révolte authentique contre

les anciens régimes et une demande d’une plus grande

démocratie5. Par contre, les islamistes en Tunisie et les

frères musulmans en Égypte, qui ont hésité longuement avant

de soutenir les soulèvements6 et qui continuent de soutenir

que la démocratie occidentale est immorale7, ont tout de

même réussi à accéder au pouvoir suite à des scrutins

populaires.

Dans ce contexte, que deviennent les groupes terroristes

et quel est leur avenir au sein de la nouvelle dynamique de

la région ? Comment les efforts de contre-terrorisme en

seront-ils affectés ? La présente recherche tentera de

déterminer si les révolutions du Printemps arabe constituent

4 Danielle Angel, « The Arab spring and terrorism », Senior Honors Capstone,Fall 2011, p. 2.5 Boaz Ganor, « The Arab spring from a counter-terrorism perspective », Jerusalem issue brief, vol. 11 no.1, p. 4.6 John Voll, Peter Mandaville, Steven Kull et Alexis Arieff, « PoliticalIslam in the Arab awakening: who are the major players ? », Middle East Policy, Vol. 19, No. 2, summer 2012, p. 15.7 Dean T. Olson, « The Muslim brotherhood reinvented », The counter terrorist,April/May 2012, p. 60.

une opportunité pour leur développement ou plutôt sonnent

leur déclin.

Deux visions opposent des réponses différentes à la

question. La première soutient que le message violent des

groupes terroristes a perdu toute légitimité et qu’il

laissera place à l’intégration politique de ces

organisations plutôt qu’au combat armé. L’autre, que cette

recherche adopte, conclut que les terroristes seront

énergisés par les résultats du Printemps arabe et que les

opportunités offertes accentueront l’intensité de leur jihad.

Afin de soutenir cette thèse, nous allons d’abord

explorer les origines du terrorisme islamique en examinant

l’idéologie politique et religieuse qui en est le moteur,

telle que pensée et développée par les Frères musulmans.

Nous allons prouver que les islamistes et les groupes

jihadistes partagent le même objectif. Ensuite, nous ferons

un portrait d’Al Qaeda et examinerons l’état de sa

structure, ses capacités opérationnelles et son rôle

d’influence idéologique prédominant chez les jihadistes.

Enfin, nous allons opposer les deux visions présentées en

prémisse en relation avec les éléments soulevés dans notre

recherche.

GUERRE DE CIVILISATIONS

La politique est la religion; la religion est la politique

La magnitude des attentats du 11 septembre 2001 sur le

World Trade Center à New York a obligé les gouvernements de

l’Ouest à approfondir leurs connaissances sur la nature de

la menace terroriste islamiste. Pourtant, la menace n’était

pas nouvelle s’étant manifestée à plusieurs occasions sous

formes de détournements aériens, d’enlèvements et

d’attentats divers. La différence majeure en 2001 résidait

dans le fait qu’elle a frappé plus fort que dans le passé et

à l’extérieur du monde arabe.

Dans leur examen des groupes terroristes, les experts

soulignent une recrudescence du terrorisme religieux et

distinguent ce dernier du terrorisme politique de

revendication auquel l’Europe a été habituée dans les années

1980. Le qualifiant de nouveau terrorisme, le terrorisme

religieux se démarquerait de l’ancien terrorisme idéologique8

8 Benoît Dupont, Les réseaux de sécurité dans la lutte contre le terrorisme: les limites de la pensée analogique, dans Repenser le terrorisme : Concepts, acteurs et réponses, Presses de

« alors que les motivations politiques des terroristes

cèdent le pas à une recrudescence des motivations

religieuses »9. Assumant que le terrorisme associé à l’islam

est religieux, des chercheurs le classent donc dans la même

catégorie que d’autres terrorismes comme la secte japonaise

Aum ou d’autres nouveaux groupes religieux10.

Cette distinction entre le religieux et le politique ne

s’applique pas avec le terrorisme islamique et constitue, à

notre opinion, une erreur d’interprétation. L’islam

fondamentaliste, mais aussi en général, ne reconnait pas la

dualité entre la politique et la religion car il est basé

sur an all embracing system of life – a faith as well as an ideology and

Programme for life11. L’islam pur est un code de vie complet12

avec ses propres codes de lois, « politics in the muslim world

revolves around religion13».

l’université Laval, p. 271.9 Julie Auger, Un nouveau duo: terrorisme et armes de destruction massive, dans Repenser le terrorisme : Concepts, acteurs et réponses, Presses de l’université Laval,p. 217.10 Comme le fait dans sa recherche Dr. Lorne L. Dawson, The study of new religious movements and the process of radicalization in terrorist groups, November 2009.11 Saima Ashraf Kayani, « Islam: past, present and future », The dialogue, volume 6, number 4, p. 324.12 Ibid p. 324.13 Ibid p. 324.

La séparation entre l’État et la religion est engravée

dans l’intellect occidental et il est difficile de ce point

de vue de comprendre l’organisation d’un gouvernement

théocratique. Néanmoins, il est fondamental de comprendre

que les revendications des groupes islamiques

fondamentalistes se font d’un point de vue théocratique;

elles ne sont pas religieuses ou politiques, elles sont les

deux à la fois. D’ailleurs, une partie des intellectuels

islamiques n’acceptent pas que l’utilisation du terme

fondamentaliste soit associée aux supporters d’un retour aux

théocraties islamistes et blâment l’Ouest pour son

utilisation. En effet, ils préfèrent l’utilisation du terme

renaissance pour expliquer les revendications arabes14. Un

retour à l’histoire va nous éclairer à ce sujet.

Du califat à l’État nation

À la fin de la Première Guerre mondiale, l’empire

Ottoman islamique, affaibli et allié de l’Allemagne vaincue,

a été démembré. Le grand califat fut divisé et séparé entre

plusieurs États nations sous l’influence administrative

14 Ibid p. 323.

coloniale principalement britannique et française. Le

contraste culturel était important pour les populations de

l’ancien empire alors que les nouvelles nations non

seulement voyaient les pratiquants de l’islam (la ummah)

divisés, la nouvelle gestion séculaire de l’État

s’implantait. Ces changements étaient perçus par certains

groupes conservateurs comme étrangers, extra-terrestres et

non-islamiques15. C’est durant cette période que les

premiers mouvements fondamentalistes, ou de renaissance, se

formèrent avec pour objectif la réunification de la ummah

et le rétablissement du califat.

Les Frères musulmans d’Égypte, créés en 1928, sont

l’origine idéologique de tous les mouvements islamistes

fondamentalistes qui allaient se créer dans le siècle à

venir dont entre autre Jamaat al-Jihad (Égypte), Al Najun Min

Al Nar (Égypte), AMAL (Liban), Hezbollah (Liban), Ennahda

(Turqie), muhahidin-i-Khalq (Iran), FIS (Algérie), Talibans

(Afghanistan) et Jamat is-Islami (Pakistan)16. En général,

l’idéologie de base des fondamentalistes peut se résumer en

15 Ibid p. 328.16 Ibid p. 328-329.

quatre points : ils dénoncent la nature non-islamique des

États de la ummah, ils affirment que les dirigeants

islamiques sont contrôlés par l’Ouest et servent les

intérêts des États-Unis, ils exigent que la Shari’a soit

implantée et pour ce faire ils jurent que le jihad est un

devoir obligatoire pour tout musulman17. Étant donné leur

positionnement politique prédominant actuel, il est

important d’examiner en détail les caractéristiques du

groupe des Frères Musulmans.

Radicalisation des Frères musulmans

« When you consider the history of the Muslim Brotherhood, itstarted with a pretty brilliant strategy : Create terrorist groupsthat use violence to advance your goals, distance yourself fromthose groups, present yourself as the reasonable alternative, andenjoy the accolades of the very people you are trying to destroy.»

David J. Jonsson, Islamic Economics and the Final Jihad

Le mouvement des Frères musulmans a été fondé en 1928

par le charismatique Hassan al-Banna18. Frustré par la 17 Ibid p. 329.18 Christine Sixta Rinehart, « Volatile breeding grounds: the

radicalization of the Egyptian Muslim brotherhood », Studies in conflict and

terrorism, issue 32 (année??), p. 953.

domination britannique des institutions politiques d’Égypte,

al-Banna a créé son mouvement afin de promouvoir une réforme

islamique de son pays. Dans la décennie qui suivit, les

Frères musulmans ont activement participé à la vie

politique. En 1939, le roi Farouk suspectant les Frères

musulmans de s’adonner à des activités qui allaient conduire

à la violence tenta de les convaincre de créer un parti

politique afin qu’ils s’intègrent pacifiquement au dialogue

social; ces derniers ont refusé, le monarque leur a retiré

leur financement et en 1941 toutes leurs publications

étaient fermées19 .

Le roi Farouk avait bien évalué la menace que

constituaient les Frères musulmans. En effet dans les années

qui suivirent, la volonté d’al-Banna d’utiliser la force se

concrétisa. Après avoir finalement tenté de participer aux

élections de 1942, une pléiade d’intrigues politiques et une

série de défaites interrompues par des périodes

d’emprisonnement, les Frères musulmans exécutèrent leur

19 Ibid p. 961.

premier assassinat politique en 194420, 16 ans après leur

fondation. Par contre, la planification stratégique de

l’utilisation du terrorisme comme moyen de renverser la

monarchie égyptienne avait été ébauchée dès 1931. En effet,

al-Banna avait planifié débuter sa campagne violente en

créant une cellule terroriste de 300 membres et utilisa une

décennie pour infiltrer l’armée et créer des groupes

militants sous l’appel général du jihad21. Au cours du siècle

qui suivit, les actions terroristes et l’idéologie salafiste

(qui réfère à l’âge d’or de l’islam) des Frères musulmans

ont inspiré une multitude d’autres groupes jihadistes à

travers le monde musulman, dont la fameuse Al Qaeda. Puisque

tous les groupes jihadistes violents partagent la vision et

l’idéologie motrice des Frères musulmans, il est approprié

de se pencher sur leur plateforme idéologique.

La réunification de la ummah et le rétablissement du

califat

Depuis sa création, l’objectif central des Frères

musulmans est de rétablir la proéminence de l’islam dans

20 Ibid p. 961-962.21 Ibid p. 963-964.

l’établissement de gouvernements qui dirigeront en fonction

des strictes exigences de la Shari’a22. Le rétablissement du

califat n’inclut pas seulement la réunification des nations

arabes, mais aussi des nations qui ont été un jour dans

l’histoire occupées par les musulmans comme l’annonce al-

Banna : « Thus Andalusia, Sicily, the Balkans, the Italian coast, as well as the

islands of the Mediterranean, are all of them muslim meditteranean colonies

and they must return to the islamic fold. »23. De plus, les Frères

musulmans ne se sentent pas obligés de mener le jihad en

défense des terres islamiques mais ils doivent aussi mener

une offensive globale dans l’objectif de libérer le monde

des lois faites par les hommes24.

Le jihad, la mort et le martyr sont nécessaires à

l’atteinte des objectifs des Frères musulmans, comme le note

Robert P. Mitchell :

« The art of death. Death is art. The Qur’an has commanded people to love death more than life. Unless the philosophy of the Qur’an on death replaces the love of life which has consumed

22 Investigative Project on Terrorism, « The Muslim Brotherhood », consulté le 25 mars 2013, http://investigativeproject.org/documents/misc/135.pdf23 Ibid, Hassan al-Banna, cité dans Caroline Fourest, Brother Tariq: The doublespeak of Tariq Ramadan, lieu de publication?? Encounter books, (2008),p. 19. 24 Ibid, (référant à l’oeuvre de Sayyid Qutb)

muslims, then they will reach naught. Victory can only come withthe mastery of the art of death. The movement cannot succeed, Banna insists, without this dedicated and unqualified kind of jihad. »25

Le jihad est défini par les Frères musulmans comme étant

une guerre violente contre les non musulmans comme le

confirme le fondateur du mouvement, Hassan al-Banna, dans

l’épilogue de son livre Jihad:

« Jihad is an obligation from Allah on every muslim and cannot be ignored nor evaded… My brothers ! The Ummah that knows how to die a noble and honourable death is granted an exalted life in this world and eternal felicity in the next. Degradation and dishonour are the results of the love of this world and the fear of death. Therefore prepare for jihad and be the lovers of death. »26

Encadré dans cet atmosphère lugubre du culte de la mort,

le projet des Frères musulmans prévoit se dérouler en sept

étapes. De l’éducation de l’ummah à la conquête du monde,

les étapes suivent une logique d’unification et de

renforcement du califat27.

25 Robert P. Mitchell, Society of Muslim Brotherhood, p. 207, cité dans Investigative Project on Terrorism, « The Muslim Brotherhood », consultéle 25 mars 2013, http://investigativeproject.org/documents/misc/135.pdf26 Hassan al-Banna, Jihad, consulté le 25 mars 2013 sur le site : http://web.youngmuslims.ca/online_library/books/jihad/27 Investigative Project on Terrorism, « The Muslim Brotherhood », consulté le 25 mars 2013, http://investigativeproject.org/documents/misc/135.pdf

Les Frères musulmans contemporains, indépendants des

plus fondamentalistes salafistes, insistent qu’ils ont

adopté des principes démocratiques et abandonné le recours à

la violence. Ceci constitue un changement idéologique

radical qui manque de crédibilité puisqu’en 2010 encore, le

guide suprême des Frères Musulmans appelait, dans la même

veine morbide associée au culte de la mort, au jihad et au

sacrifice contre les États-Unis pendant un de ses sermons: «

The Arab Nations are diregarding Allah’s commandment to wage jihad for his

sake with their money and their lives, so that Allah’s word will reign supreme and

the infidel’s word will be inferior… »28

Le thème de la démocratie est promu sur le site internet

officiel anglophone des Frères musulmans par contre, une

lecture et analyse critique de leur déclaration de principes

notera une série de contradictions. En effet, tout en

assurant un appel à la démocratie, les Frères musulmans

confirment l’obligation d’implanter la Shari’a dans

l’exercice du gouvernement mais tentent de rassurer en 28 The Middle East Media Research Institute, traduction anglaise du sermon de Muhammad Badi publié sur le site officiel des Frères musulmansle 30 septembre 2010, « How Islam confronts the oppression and tyranny », consulté le 25 mars 2013, http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/4650.htm#_edn2

affirmant que les principes rigoureux de la loi islamique ne

sont pas si nombreux29. En bref, les Frères musulmans font

aujourd’hui la promotion de la liberté et la démocratie dans

un contexte conditionnel à l’imposition de la loi islamique,

ce qui fait dire à certains observateurs comme Andrew C.

McCarthy, ancien procureur de la poursuite contre les 11

terroristes du premier attentat contre le World Trade Center

en 1993, que la démocratie islamique n’est en fait que

l’implantation sous un différent nom de la théocratie si

convoitée par al-Banna30. D’ailleurs, les commentaires en

1990 du premier ministre turc actuel Erdogan à l’effet que

la démocratie ne soit qu’un train où l’on monte à bord

seulement pour en débarquer lorsqu’arrivé à destination31

peuvent facilement être interprétés comme un indice sérieux

de la possibilité que les islamistes n’utilisent la

démocratie que comme un prétexte et la manipulent pour les

aider à instaurer des théocraties intégristes. C’est du

29 The Muslim Brotherhood, « The Principles of the Muslim Brotherhood », consulté le 22 mars 2013, http://www.ikhwanweb.com/article.php?id=81330 Andrew C. McCarthy, The illusion of Islamic democracy, Encounter Digital, New York, 2012, chapitre 1, p. 15-20.31 Andrew C. McCarthy, The illusion of Islamic democracy, Encounter Digital, New York, 2012, chapitre 1, p. 1.

moins ce que les protestataires du carré Taksim au printemps

2013 dénoncent.

Ainsi, nous avons vu qu’il n’existe pas de séparation

entre la religion et la politique dans le contexte

islamique. Aussi, nous savons que les Frères musulmans sont

à l’origine de l’islamisme fondamentaliste violent. Créés en

1928, ils ont donné naissance à une multitude de groupes

jihadistes tous motivés par l’idée salafiste de rétablir le

califat. Aujourd’hui, ils tentent de changer leur image et

prétendent à l’adoption des principes démocratiques. Par

contre, il existe plusieurs indices qui laissent croire que

leurs prétentions ne représentent pas leurs intentions.

Examinons maintenant un des plus influents bras armés

salafistes contemporains sur la planète, Al Qaeda.

AL QAEDA – L’ÉCHO DU JIHAD ISLAMIQUE

Comme nous l’avons vu dans la section précédente,

Oussama Bin Laden est un produit de l’idéologie salafiste

des Frères musulmans. N’ayant rien inventé, Bin Laden fut

introduit à la doctrine jihadiste par le Frère musulman

palestinien Abdullah Yusuf Azzam32.

Si Bin Laden n’a pas raffiné les idéologies jihadistes,

il a introduit avec Al Qaeda une nouvelle stratégie

guerrière. En effet, avant son arrivée en Afghanistan, la

cible des islamistes était concentrée sur l’ennemi

rapproché33, c'est-à-dire sur les gouvernements arabes

considérés comme traitres à l’islam. La violence était

interne au monde arabe et visait à défendre le territoire

comme par exemple le combat en Afghanistan contre l’Union

Soviétique, l’assassinat du président égyptien Sadat en 1981

et les nombreuses autres actions entreprises par le Hamas,

etc.

Impatient et frustré par le manque de résultat d’un

siècle de combat, Bin Laden introduisit le concept de la

guerre éloignée contre ce qu’il qualifia d’ennemi

lointain34, c'est-à-dire les États-Unis. Il avait pour

objectif de libérer les nations arabes du joug étranger en 32 Ayan Hirsi Ali, « Will the Muslim Brotherhood succeed where Osama failed ? », New perspectives quarterly, summer 2011, p. 19.33 Juan C. Zarate et David A. Gordon, « The battle for reform with Al-Qaeda », The Washington quarterly, summer 2011, p. 107.34 Ibid p. 107-108.

les forçant à retirer leurs intérêts du monde arabe et ainsi

affaiblir les régimes locaux facilitant leur chute. Par

contre, ses attaques loin d’avoir diminué la volonté de

l’Ouest ont plutôt déclenché une réponse armée puissante des

États-Unis qui a décimé les capacités de commandement et de

contrôle du mouvement terroriste.

Le résultat fut la transformation organisationnelle du

groupe. En effet, Al Qaeda a dû passer d’une structure

centralisée en Afghanistan en un réseau complexe de groupes

affiliés ou inspirés par l’idée. En fait, Brian Jenkins de

la Rand corporation affirme qu’Al Qaeda est maintenant

devenu plutôt un terme plus pratique pour l’analyse du

phénomène que pour la description du réseau en soi35. La

nébuleuse Al Qaeda est devenue si décentralisée que sa

périphérie est plus puissante que son centre « as a result, its

regional affiliates in Iraq, North Africa and especially Yemen currently pose the

greatest threat »36. De plus, la stratégie d’Al Qaeda de mener une

35 Brian Michael Jenkins, New challenges to U.S. counterterrorism efforts: an assessment of the current terrorist threat, testimony presented before the senate homeland security and governmental affairs committee on July 11, 2012, Rand corporation, p. 1.36 Brian Michael Jenkins, Al-Qaeda in its third decade: irreversible decline or imminent victory ?, Rand occasional paper, Rand corporation, 2012, p. 3.

guerre à l’ennemi lointain est adoptée par de plus en plus

d’autres groupes terroristes jihadistes, ce qui augmente le

risque pour les nations de l’Ouest37. Dans ce contexte,

quelles seront les conséquences des événements du Printemps

arabe sur les opérations d’Al Qaeda ?

L’OPPORTUNITÉ INATTENDUE OU LE DÉCLIN DES TERRORISTES ?

Certains observateurs estiment que le Printemps arabe

aura des conséquences négatives sur les groupes terroristes

et marquera le début de leur déclin. Leur premier argument

est centré sur le volet de la sécurité et le second aborde

les idéologies et la philosophie.

D’abord, ils estiment que les nouveaux gouvernements

islamistes au pouvoir vont devoir faire preuve de

pragmatisme et ne soutiendront pas d’activités terroristes

comme l’Iran a pu le faire. En effet, les nouveaux

dirigeants pour se maintenir devront faire face à la

réalité : ils auront besoin de l’aide de la communauté

internationale et elle ne pourra pas être obtenue s’ils

appuient le jihad armé ou s’ils cessent leur collaboration

37 Ibid p. 3.

dans les efforts de contre-terrorisme38. Sans l’appui de la

communauté internationale, leurs États risqueraient de

tomber dans des conditions de guerres civiles semblables à

la Lybie ou la Syrie et « even the hard-line side of the Islamist groups

would like to avoid »39.

Cet argument serait valide si les régimes qui ont été

remplacés par les révolutions du Printemps arabe n’avaient

peu ou pas coopéré dans les efforts de contre-terrorisme.

Par contre, à l’exception de la Lybie, l’Égypte et la

Tunisie ont toujours été des partenaires dans la guerre au

terrorisme et n’ont jamais fait la promotion du jihad. La

Lybie avait même renoncé au terrorisme et se réintégrait

lentement au sein de la communauté internationale. Ainsi, en

présumant que les gouvernements islamistes ne cessent pas

leur coopération dans les opérations contre-terroristes, au

mieux la situation demeurera au statu quo et le réseau Al

Qaeda pourra continuer ses opérations dans un contexte

sécuritaire identique à celui d’avant les révolutions.

38 Nathan E. Shields, « Unrest in the Middle East: potential implications for international terrorism and counterterrorism policy », Global security studies, volume 3, issue 2, p. 21-22.39 Ibid p. 22.

Par contre, la situation sécuritaire n’est pas au statu

quo. L’Égypte est au milieu de confrontations sévères entre

le gouvernement des Frères musulmans et les protestataires

de la révolution. En Lybie, le gouvernement peine à

s’imposer sur tout le territoire, les armes circulent

librement dans un contexte de frontières perméables ouvertes

à la libre circulation de groupes criminels et

terroristes40. De plus, l’Égypte et la Lybie ont démantelé

leurs agences de sécurité qui géraient le contre-terrorisme

et libéré des centaines d’islamistes et de jihadistes41. Cet

affaiblissement des agences de sécurité est une opportunité

pour un réseau complexe, nous l’avons vu, comme Al Qaeda. Si

l’on considère que les gouvernements faibles sont sujets au

terrorisme42 , la situation est inquiétante et l’argument

cité ci-haut est réfuté.

Notons aussi que le Printemps arabe pourrait avoir

renforcé les capacités opérationnelles d’Al Qaeda. En effet,

40 Danielle Angel, « The Arab spring and terrorism », Senior Honors Capstone,Fall 2011, p. 38.41 Juan C. Zarate et David A. Gordon, « The battle for reform with Al-Qaeda », The Washington quarterly, summer 2011, p. 113.42 Daniel Byman, « Regime change in the middle east: problems and prospects », Political science quarterly, volume 127, No. 1, p. 36.

les experts s’entendent qu’une décennie de guerre au

terrorisme avait affaibli sérieusement le groupe terroriste

qui était constamment en déclin43. Comme nous l’avons vu

précédemment, le groupe a été délogé de ses bases en

Afghanistan et ses capacités de commandement et de contrôle

ont été anéanties laissant place à un réseau complexe de

petits affiliés moins organisés44. Par contre, à la lumière

des attentats contre l’ambassade américaine en Lybie, de

l’attaque d’un complexe pétrolier en Algérie et de

l’invasion militaire du nord du Mali, il est crédible de

croire que le réseau ait profité des bouleversements de la

région et de la faiblesse des gouvernements pour s’être

consolidé.

Le deuxième argument gravite autour de l’idée que les

révolutions du Printemps arabe ont anéanti toute la

légitimité du message et des théories des islamistes et que

faute de crédibilité ces organisations ne réussiront plus à

recruter et sont donc condamnées à disparaitre. En effet, il

43 Brian Michael Jenkins, Al-Qaeda in its third decade: irreversible decline or imminent victory ?, Rand occasional paper, Rand corporation, p. 8.44 Danielle Angel, « The Arab spring and terrorism », Senior Honors Capstone,Fall 2011, p. 9.

est estimé que les révolutions non violentes et séculaires

ont porté sur des problèmes locaux de gouvernance et de

droits individuels45 et qu’elles sont portées par l’espoir

de l’accès à la démocratie. Le renversement pacifique des

dictatures par le peuple prouverait donc que le discours de

recrutement des islamistes fondamentalistes, dans lequel ils

affirment que les changements de régimes ne seront possibles

que par la guerre violente contre l’ennemi lointain, est

donc devenu impertinent.

Cette analyse serait pertinente dans un contexte

culturel européen séculaire mais ne s’applique pas au monde

arabe et ignore la nature théocratique du monde musulman et

du message islamiste. En effet, le détrônement des

dictateurs de l’ancienne ère communiste, comme le président

roumain Nicolae Ceausescu par exemple, répondait exactement

aux mêmes espoirs cités plus haut et de réels gouvernements

démocratiques furent instaurés. Par contre, les Roumains

n’aspiraient pas à la réunification d’un califat et ne

voulaient pas non plus se soumettre à quelques lois divines.

45 Juan C. Zarate et David A. Gordon, « The battle for reform with Al-Qaeda », The Washington quarterly, summer 2011, p. 103.

L’idéologie motrice des fondamentalistes n’est pas la

libération de l’homme ou l’accès à la démocratie, comme nous

l’avons vu plus tôt, elle est motivée par l’instauration

d’une théocratie autoritaire, de la soumission à Allah : «

Freedom means complete submission to Allah’s law – which islamic scholars over

the centuries have called perfect slavery »46. Il est donc fallacieux de

prétendre que le recrutement des groupes jihadistes sera

miné puisqu’ils ne recrutaient pas leurs membres parmi les

révolutionnaires sécularistes de toute façon.

Au contraire, il est fort plus probable que le

recrutement soit facilité, voire même connaisse une

recrudescence, puisque non seulement le message des

islamistes demeure viable mais le Printemps arabe a renforcé

leur moral et leurs espoirs après une décennie de

difficultés. En effet, les islamistes non seulement avaient-

ils prévu les révolutions mais ils misaient leurs espoirs en

elles47. Même si l’objectif final des révolutionnaires de

46 Kathryn Jean lopez, « Spring fever: the illusion of Islamic democracy», interview with author Andrew C. McCarthy, Assyrian International NewsAgency, 24 September 2012, http://aina.org/news/20120924101732.htm 47 Daveed Gartenstein-Ross et Tara Vassefi, « perceptions of the Arab spring within the salafi-jihadi movement », Studies in conflict and terrorism, vol. 35, issue 12, p 832-833.

première heure diffère de ceux des islamistes, les résultats

du Printemps arabe sont tout de même des victoires

stratégiques pour les islamistes. En effet, les intérêts de

l’occident ont été endommagés et les régimes impurs ont été

déstabilisés. Les islamistes identifient deux gains

opérationnels : D’abord, la libération de centaines de

jihadis va venir renforcer leurs rangs et l’opportunité de

contrôler du territoire, comme au Mali et en Lybie, va leur

permettre d’établir des bases solides48.

Il est estimé que le souffle d’une nouvelle démocratie,

l’infusion d’une nouvelle liberté d’opinion et la création

de nouveaux médias va permettre la propagation d’idées

modérées qui vont éroder l’environnement pour les

terroristes49. Par contre, cette estimation ignore la nature

intrinsèquement violente d’une grande partie des textes

religieux de l’islam et sa propagation active. Aux États-

Unis, berceau de la démocratie républicaine contemporaine,

de la liberté et de la diversité d’opinion et de la

48 Ibid p. 835.49 Danielle Angel, « The Arab spring and terrorism », Senior Honors Capstone,Fall 2011, p. 35

diversité de presse, une recherche effectuée pour le compte

du Congrès américain a trouvé que 81% des mosquées

américaines propageaient des textes faisant la promotion de

l’utilisation du jihad violent comme devoir musulman afin

d’instaurer un ordre politique basé sur la Shari’a50 et

conclut que « the overwhelming majority of mosques surveyed promoted

literature supportive of violent jihad … and promoted violent jihad and other

behaviors that are inconsistent with a reasonable construct of liberal citizenship.

»51. Si cette situation prévaut dans une démocratie libérale

comme aux États-Unis, il est opportun de soulever de sérieux

doutes sur les chances de succès des idées séculaires dans

le monde arabe.

CONCLUSION

Les racines idéologiques solidement implantées chez les

fondamentalistes islamiques appellent au renversement

violent des régimes qui sont considérés impurs afin de

réunir l’ummah sous un glorieux califat dont la mission

50 Mordechai Kedar et David Yerushalmi, « Shari’a and violence in Americanmosques », Middle East Quarterly, vol. 18 issue 3, p. 64.51 Ibid p. 68

serait de dominer le monde et imposer le règne d’Allah sur

la terre.

Cette idéologie salfiste a été élaborée et propagée par

le mouvement des Frères musulmans. La création d’une

multitude d’organisations terroristes au cours du siècle

dernier qui ont porté le flambeau du combat a permis aux

Frères musulmans de renoncer à la violence et ils se sont

concentrés dans l’organisation politique, les œuvres de

charité et l’éducation du monde arabe à leur vision de

renaissance. Après un siècle d’enseignement, les idées

salafistes font partie du corpus central des enseignements

islamiques propagés dans une grande partie des mosquées à

travers le monde, comme l’indique l’étude sur la communauté

musulmane américaine.

Dans ce contexte, le Printemps arabe fut déclenché par

des idées de liberté et de démocratie mais la popularité des

salafistes et leur organisation supérieure les a propulsés

rapidement au pouvoir. Leurs succès inspirent les groupes

armés terroristes qui considèrent le Printemps arabe comme

une victoire stratégique importante qui pave la voie aux

étapes ultérieures de leur campagne. La faiblesse des

nouveaux régimes leur a permis de consolider leurs forces,

de se regrouper et de continuer le combat. Nous pouvons

conclure donc que les révolutions du Printemps arabe ont été

une opportunité significative pour les groupes terroristes

qui ont su en profiter.

À la lumière de notre recherche, il semble évident que

le terrorisme islamique n’entre pas dans la catégorie

définie du terrorisme religieux. Sa nature est hybride, un

amalgame du politique et du spirituel. Il est une méthode de

combat d’une campagne politique et idéologique ambitieuse,

le recours au terrorisme ayant été forcé par le manque de

moyens des salafistes dû à leur persécution par des régimes

dictatoriaux coopérant avec l’occident.

Si la campagne salafiste ne s’identifie pas à une nation

en particulier, elle a ciblé par contre son ennemi commun,

l’occident personnifié par les États-Unis. Dans ce contexte,

les différentes attaques terroristes perpétrées depuis des

décennies ne peuvent pas être interprétées en isolation mais

font plutôt partie d’une guerre de civilisation menée par

les salafistes dont les tactiques et stratégies changent en

fonction des leaders et des conditions de l’époque.

Enfin, cette logique nous permet d’extrapoler qu’à long

terme, la guerre au terrorisme se continue. En effet, les

efforts en renseignement et en déploiement de ressources de

contre terrorisme sont loin de pouvoir être diminués par les

gouvernements occidentaux. D’ailleurs, l’entraînement et

l’armement des rebelles syriens ne sont-ils pas qu’une

répétition de l’histoire vécue en Afghanistan dans laquelle

nous avons dû combattre les Talibans précédemment armés et

entrainés par les alliés occidentaux ? De plus, les

gouvernements occidentaux devront faire des choix judicieux

en politique étrangère, des choix éclairés basés sur une

compréhension approfondie de la nature des acteurs avec

lesquels ils discutent. Choisir d’appuyer financièrement et

militairement des islamistes et les Frères musulmans, comme

nous le faisons maintenant en Égypte et en Syrie, aux dépens

des groupes séculiers représentant les valeurs fondamentales

de la démocratie républicaine, doit être fait en

connaissances de cause. Les groupes terroristes non

seulement sortent plus forts du Printemps arabe mais ils

bénéficient aussi d’un support moral de gouvernements

islamistes décidés à accomplir le projet de réunification du

califat.

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