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Sous le signe de Terminus: cycles historiques et action politique à l'époque de la première...

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Cycles de la Nature, Cycles de l’Histoire

Illustration de couverture :Abraham BLOEMAERT, L’Âge d’Or, 1608, huile sur cuivre, Musée de Tessé, Le Mans ; cliché Musées du Mans.

Ausonius Éditions— Scripta Antiqua 76 —

Cycles de la Nature, Cycles de l’HistoireDe la découverte des météores à la fin de l’âge d’or

Actes des Journées d’étude du Mans (9 Novembre 2012 & 8 Novembre 2013)

textes édités par Estelle Bertrand et Rita Compatangelo-Soussignan

Ouvrage publié avec le concours du CReAAH-CESAM de l’université du Maine

— Bordeaux 2015 —

Notice catalographique :Bertrand, E. et R. Compatangelo-Soussignan (2015) : Cycles de la Nature, Cycles de l’Histoire. De la découverte des météores à la fin de l’âge d’or, Scripta Antiqua 76, Bordeaux.

Mots clés :Histoire politique de Rome, Historiographie Antique, Météorologie Antique, Philosophie Antique, Science Antique

AUSONIUSMaison de l’ArchéologieF - 33607 Pessac cedex

http://ausoniuseditions.u-bordeaux-montaigne.fr

Directeur des Publications : Olivier DevillersSecrétaire des Publications : Nathalie PexotoGraphisme de Couverture : Stéphanie Vincent Pérez

Tous droits réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit sans le consentement de l’éditeur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

© AUSONIUS 2015ISSN : 1298-1990ISBN : 978-2-35613-128-7

Achevé d’imprimer sur les pressesde l’imprimerie Gráficas CalimaAvenida Candina, s/nE - 39011 Santander

juillet 2015

U. Roberto, in : Cycles de la Nature, Cycles de l’Histoire, p. 219-232

Sous le signe de Terminus : cycles historiques et action politique à l’époque de la première tétrarchie

Umberto Roberto

Le lien entre politique et religion est une condition fondamentale pour comprendre la période de Dioclétien et le mode de gouvernement de la tétrarchie. Le règne de Dioclétien apparaît symboliquement rythmé par des cycles politiques qui s’insèrent dans un système plus complexe, marqué, aux yeux des contemporains – et dans les allégations d’une intense “propagande” – par la succession de cycles historiques qui prennent leur sens en fonction de la vision religieuse de la tétrarchie. À l’intérieur de cette architecture cyclique se développe un programme de réformes et de consolidation de l’empire romain, dans lequel la restauration politique s’accomplit sous la protection des divinités tutélaires de la tétrarchie 1.

D’usurpateur ad aurei parens saeculi

À l’origine du système tétrarchique, on trouve une mort mystérieuse et des crimes de sang. Dioclétien arracha le pouvoir à la famille de Carus par une usurpation sanglante. Après la mort de Carus en août 283, non loin de Ctésiphon, et celle, suspecte, de Numérien à l’automne 284, Dioclétien, alors chef des protectores, se fit proclamer Auguste par l’armée le 20 novembre 284, près de Nicomédie. Il s’attacha les soldats en tuant sous leurs yeux le préfet du prétoire Aper, gendre de Numérien et de ce fait adfinis de l’empereur légitime, Carin. Puis il débuta sa marche vers l’Occident, qui s’acheva en août 285 à la bataille de Margum, en Mésie Supérieure, avec l’assassinat de Carin et le triomphe de Dioclétien. En dépit de ces débuts violents, comme tout usurpateur, Dioclétien voulut lui aussi immédiatement convaincre les sujets de la nécessité de son geste, et il présenta son règne comme le retour de l’ordre et d’une paix que l’on souhaitait durable. Il mit donc en œuvre des stratégies de réconciliation et de clementia, et il choisit de commencer ses réformes en s’attelant sans délai à la refonte de la basileia. En l’espace de quelques mois, entre décembre 285 et le printemps 286, la monarchie de Dioclétien se transforma en dyarchie, avec la proclamation, d’abord comme César, puis comme Auguste, de Maximien 2.

1 Sur la vision politique et religieuse des tétrarques en général, voir Kolb 1988 ; Marotta 2010.2 Petr. Patr. fr. 13.1 Müller : “À l’occasion de sa proclamation, Dioclétien, prêtant serment sur les dieux

vénérés en ce temps-là, affirma qu’il avait tué Carin non pas pour s’approprier le pouvoir impérial, mais parce qu’il éprouvait de la peine à voir l’État en ruine”. Voir aussi Aur. Vict., 39.14-15 ; et SHA, Carus, 10, où se trouve rapportée la tradition de Dioclétien uir rei publicae necessarius. En général, sur les stratégies de conciliation et de consolidation du pouvoir de Dioclétien, immédiatement après la mort de Carin,

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Un document exceptionnel, une composition en hexamètres contenue dans le papyrus Oxyrhyncos 4352, rapporte le climat politique que la propagande de Dioclétien entendait répandre dans l’empire à peine conquis. Le papyrus contient un éloge révélateur de Dioclétien Auguste, inséré dans un poème probablement déclamé à l’occasion d’un jeu capitolin, dans la cité égyptienne d’Antinoopolis ou peut-être dans celle d’Oxyrynchos. Le document est datable de la période de la monarchie de Dioclétien, avant l’avènement de Maximien, soit entre novembre 284 et les premiers mois de 286 ; plus précisément, il pourrait remonter aux mois situés entre l’été et l’automne 285. Concernant l’arrivée au pouvoir de Dioclétien, on lit (5.2.18-39) :

“Zeus Capitolin, enfin pris de pitié pour la race humaine, fit don de la domination sur terre et sur mer à l’empereur Dioclétien, tel un dieu. Il effaça le souvenir des précédents maux pour ceux qui souffraient encore, cruellement enchaînés dans des lieux clos et sans lumière. Et le père vit le fils, l’épouse le mari, le frère son frère, libérés, comme s’ils revenaient pour la deuxième fois de l’Hadès à la lumière du soleil. C’est avec joie que Diogène, défenseur des cités, accueillit la bienveillance du bon empereur, et sans tarder il accorda aux cités l’heureux oubli des souffrances. C’est avec joie que toute la région trouva un soulagement, comme sous la lumière d’un nouvel âge d’or, et le fer, détourné du massacre des hommes, se retrouva dans son fourreau sans une goutte de sang. (γηθοσύνῃ πᾶς χῶρος ἰαίνεται ὡς ἐπὶ φωτ[ὶ / χρυσείης γενεῆς, ἀνδροκτασίης τε λιασθεὶ[ς / κεῖται ἀναιμωτὶ κολεῶν ἔντοσθε σίδηρος). Toi aussi, plein de liesse, tu as annoncé à tous, ô gouverneur des Sept Nômes, le cadeau impérial. Et le Nil louait ta douceur déjà naguère, quand tu gouvernais les cités de la Thébaïde nilotique avec diligence et rigueur. Et maintenant, ô maître d’un chœur vêtu du manteau, aide-moi, je t’en prie. Parce que, jour et nuit, c’est toi qui veilles sur nos peines, ceins ma tête de guirlandes de feuilles de ton olivier de l’Olympe” 3.

Au-delà des topoi qui caractérisent la propagande de tout usurpateur, on trouve déjà dans ce texte les piliers politiques et religieux du régime de Dioclétien  : le soutien de Jupiter Optimus Maximus (Zeus Capitolin) à Dioclétien, représentant du dieu  ; l’origine charismatique du pouvoir de l’Auguste  ; l’importance que le nouveau régime accorde à la paix des cités, en Égypte et dans tout l’empire ; l’allusion à la lumière et à la théologie solaire comme culte de référence de Dioclétien et de ses soldats illyriens ; surtout, l’affirmation d’un retour de l’âge d’or, d’une nouvelle saison de paix, dans laquelle l’ordre terrestre, préservé par Auguste, reflète le modèle cosmique. Dioclétien aspirait tout particulièrement à présenter son règne comme le renouvellement, tant attendu et espéré, de l’âge d’or, un nouveau cycle dans l’histoire de l’empire après la longue et grave crise du iiie siècle. Et le contraste significatif entre la lumière du nouvel âge d’or et le fer qui, désormais inutile, se retrouve caché dans son fourreau, évoquait le souvenir de modèles que tous connaissaient. Sur le modèle de Marc Aurèle et de la période des Antonins, exemple de temps heureux déjà récupérés par les Sévères, Dioclétien aspirait à être reconnu comme le fondateur d’un nouveau saeculum de paix. Des inscriptions et des documents impériaux proclamaient cette vision, y compris quand la situation effective de l’empire était encore loin d’une pacification complète. Faisant

voir Roberto 2014, chap. 2 ; voir aussi Christol 1980 et Porena 2003, 22-39 et 73-89.3 Pour l’édition du papyrus, voir Rea 1996, 1-17. Pour la datation, je penche pour la première année

du règne, à la différence de Agosti 2002, qui situe le papyrus plus tard, au moment de la révolte de l’usurpateur égyptien Domitien ; sur ce thème, voir aussi Porena 2003, 93.

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écho à l’image utilisée dans le papyrus, un passage de l’Histoire Auguste, Vie d’Elagabal, 35.4, célèbre Dioclétien comme “père d’un siècle d’or”, aurei parens saeculi, qui contraste de manière suggestive avec Maximien, considéré à l’inverse ferrei saeculi parens 4. En 298, dans un panégyrique significatif adressé à Constance Chlore – un texte d’un grand intérêt pour l’histoire et la politique culturelle de la première tétrarchie –, le rhéteur Eumène célèbre les exploits de Dioclétien et de ses collègues qui, avec leurs victoires, ont conclu la période de crise et de précarité (Pan. Lat., 5.[9].18.5) :

Adeo, ut res est, aurea illa saecula, quae non diu quondam Saturno rege uiguerunt, nunc aeternis auspiciis Iouis et Herculis renascuntur.

“Tant il est vrai que cet âge d’or qui, jadis, sous le règne de Saturne, n’eut qu’une durée éphémère, renaît aujourd’hui sous les auspices éternels de Jupiter et d’Hercule”.

Deux aspects doivent être soulignés. En premier lieu, la propagande impériale insiste sur le rôle de Dioclétien comme représentant de Jupiter parmi les hommes. Dans la période qui suivit l’été 286, l’empereur s’était attribué l’épithète de Iouius, assignant celui de Herculius à son collègue Maximien. L’Auguste n’est pas un dieu, mais dans la mesure où Iouius possède les numina de Jupiter, il jouit de sa protection et est destiné à se transformer en divinité après la mort. Il s’agit d’une connexion d’une telle force et d’une telle ampleur que Lactance, adversaire de la tétrarchie, renverse dans les Institutions divines le discours de la propagande en déplorant la contradiction du message. Dioclétien vénère Jupiter, sous les auspices duquel les saecula aurea sont revenus sur terre, mais il oublie que Jupiter lui-même avait anéanti l’âge d’or en s’opposant à son père, le rex Saturne 5.

Un autre élément important pour l’interprétation du discours d’Eumène est sa date de 298. Dans l’architecture cyclique qui caractérise la période de la tétrarchie, l’année 298 est une année fondamentale. C’est l’année des grandes victoires des tétrarques sur la Perse et sur les rebelles en Égypte  ; c’est l’année pendant laquelle furent probablement prises les décisions sur le destin de la tétrarchie et sur la future abdication de Dioclétien et Maximien 6.

Charisme et fortune : la signification de la grande victoire de 298

Même s’il est difficile d’établir la date à laquelle Dioclétien prit la décision d’abdiquer, il y eut certainement un moment où l’empereur jugea nécessaire de rendre effective l’alternance

4 Le même contraste entre l’or et le fer se trouve déjà chez Cassius Dion (71.36.4) qui, évoquant la succession de Commode à Marc Aurèle en 180, faisait ce commentaire : “ Il faut, dès à présent, parler de ce fils (i.e. Commode), puisque, pour nous aujourd’hui, comme les affaires pour les Romains de ce temps, l’histoire est tombée d’un règne d’or dans un règne de fer et de rouille”. Le motif resurgit peut-être dans l’iconographie impériale d’époque tétrarchique : voir Fuhrmann 1938 pour l’attribution à Dioclétien du portrait d’un personnage sur un hermès bifrons provenant de Rome ; l’autre visage représenté est celui de Saturne-Chronos. Il est évident qu’il s’agit d’un hommage à un empereur qui a causé le retour de l’âge d’or et des Saturnia regna. Commode lui aussi, cependant, exigeait que son règne fût considéré comme le retour de l’âge d’or : D.C. 73.15.6.

5 Voir Lactant., Diu. inst., 5.5.9-7.2 ; 1.10.10 ; Kolb 1988, 29-30 et Kolb 2004. Sur le panégyrique d’Eumène, voir La Bua 2010. Sur le thème, voir aussi Pan. Lat., 3.(11).15.2-4.

6 À ce propos je partage l’hypothèse de Kuhoff 2001, 305-306.

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entre Augustes et Césars. De ce point de vue, l’année 298 représente une date significative, qui a suscité l’intérêt des chercheurs. En 298 prenaient fin, de manière simultanée, divers cycles politiques de la tétrarchie : quinze ans de pouvoir pour Dioclétien et Maximien ; cinq ans pour les nouveaux Césars. Surtout, c’était la fin d’un cycle historique dans les rapports entre empire romain et Perse sassanide. Depuis l’arrivée au pouvoir des Sassanides, dans les années vingt du iiie siècle, les deux empires avaient lutté pour l’hégémonie politique et religieuse sur l’oikoumène, s’estimant prédestinés à pareille mission par l’investiture divine. Souvent, l’affrontement militaire avec les Perses s’était conclu par de sévères défaites pour les Romains. La plus douloureuse, et humiliante, fut celle de Valérien en 260. L’empereur fut capturé et déporté, événement inédit dans l’histoire de Rome. Avec la guerre de 296-298, les offenses subies furent vengées. Galère vainquit en Arménie le roi perse Narseh, envahit la Perse, et s’empara pour la quatrième fois de Ctésiphon, la capitale adverse. Si l’on considère ce qu’avait signifié pendant tout le iiie siècle la menace perse, avec les revendications redoutables sur une grande partie de l’Orient romain, on comprend bien le sentiment de triomphe et l’orgueil que Dioclétien et les autres tétrarques affichèrent. Grâce à leurs victoires, en effet, les tétrarques ne nourrirent plus de doutes sur le fait que les dieux étaient véritablement avec Rome, et avec ses princes.

Il existe plusieurs indices de grande valeur symbolique qui confirment le nouveau climat déterminé par la victoire. En premier lieu, les sources rapportent le discours de la propagande impériale qui proclame la supériorité des Romains sur la plus dangereuse des nations adverses. Il s’agit d’une stratégie qui apparaît clairement, par exemple, dans l’exaltation de la victoire de Galère face au message des oracles anti-romains qui circulaient au Proche Orient, notamment le soi-disant “oracle de Ctésiphon”. En 283, l’empereur Carus s’était avancé en profondeur dans l’empire perse et avait réussi à conquérir la capitale Ctésiphon. Il y avait établi un campement avec l’objectif de poursuivre plus avant, à l’intérieur de l’empire. Mais il était mort dans des circonstances mystérieuses, peut-être de maladie. Quoi qu’il en soit, la tente dans laquelle il se trouvait avait pris feu après avoir été touchée par un éclair. On attribua cet événement à la colère divine et l’on répandit le bruit qu’un oracle interdisait aux Romains de s’avancer au-delà de Ctésiphon. La victoire de Galère en 298 et son avancée au cœur de la Perse déjouèrent l’“oracle de Ctésiphon”, comme le rapporte l’auteur de l’Histoire Auguste, Vie de Carus, 9.1-3 :

Hanc ego epistulam idcirco indidi, quod plerique dicunt uim fati quandam esse, ut Romanus princeps Ctesifontem transire non possit, ideoque Carum fulmine absumptum, quod eos fines transgredi cuperet, qui fataliter constituti sunt. Sed sibi habeat artes suas timiditas, calcanda uirtutibus. Licet plane ac licebit (per sacratissimum Caesarem Maximianum constitit) Persas uincere atque ultra eos progredi, et futurum reor, si a nostris non deseratur promissus numinum fauor.

“J’ai rapporté cette lettre, parce que nombreux sont ceux qui affirment qu’il existe une mystérieuse force du destin, en raison de laquelle un empereur romain ne peut pas aller au-delà de Ctésiphon, et que Carus fut tué par un éclair, parce qu’il avait voulu franchir les limites imposées par le destin. Mais laissons à la timidité ses superstitions, que l’homme de courage doit fouler sous ses pieds. Le très vénérable César Maximien peut, quand il le voudra, marcher

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en vainqueur sur la Perse, et porter ses armes plus loin encore ; ce qui arrivera, je l’espère, si les nôtres ne dédaignent point la protection que les dieux nous ont promise” 7.

Le message est clair : aucun faux oracle ne pouvait empêcher les Romains de vaincre les Perses, et leur supériorité n’était pas soumise aux caprices du sort. Au contraire, la fortune cédait au charisme des Romains, une situation prévue par l’investiture divine qui assignait à Rome la suprématie sur les nations. Ce thème ressurgit encore plus efficacement dans un passage révélateur tiré d’un fragment de Pierre le Patrice, auteur du vie siècle qui réélabore une source contemporaine des événements.

Dans les derniers mois de 298, Galère se retrouva à gérer les phases préliminaires des tractations de paix avec les Perses. Selon Patrice, une ambassade conduite par Apharban, dignitaire et ami du roi Narseh, fut introduite auprès de Galère. Le discours attribué à Apharban associe des topoi de l’historiographie sur le rapport entre fortune et grands empires, et des concepts qui relèvent effectivement de la vision perse de la royauté et du pouvoir. Comme s’il voulait minimiser la sévère défaite subie, l’ambassadeur perse ouvre le discours en présentant le rôle des deux empires dans l’histoire :

“Il est évident que l’empire romain et l’empire perse sont comme deux lumières pour le genre humain (φανερόν ἐστι τῷ γένει τῶν ἀνθρώπων, ὅτι ὡσπερανεὶ δύο λαμπτῆρές εἰσιν ἥ τε ῾Ρωμαϊκὴ καὶ Περσικὴ βασιλεία). Et, comme pour les yeux, il est nécessaire que l’un soit orné de la splendeur de l’autre, et qu’ils ne se causent aucun tort en se détruisant mutuellement. Une telle attitude ne serait pas de la valeur, mais sottise et méchanceté”. Petr. Patr., fr. 13 Müller = (Exc. de legationibus gentium 12 de Boor).

Apharban attribue une dignité identique aux deux empires. L’un et l’autre, en effet, sont investis, par la volonté divine, de la mission de gouverner l’oikoumène. Par conséquent, l’un et l’autre disposent d’un statut garanti par le charisma. Il ne fait aucun doute que Galère a triomphé sur la Perse en raison de sa valeur. Pour fruit de sa victoire, le César romain s’était emparé des femmes de la maison royale, de nombreux otages et de trésors colossaux. En vertu de leur état commun de suprématie sur les autres nations, Apharban demande à Galère de reconnaître Narseh comme unique souverain des Perses  ; et il en appelle à la philanthropia de l’empereur pour demander la libération des prisonniers. En présentant sa requête, l’ambassadeur perse ne manque pas de rappeler le poids de la fortune :

“Par ces paroles, il exhortait à considérer la versatilité des destinées humaines”.

(ἐν τούτοις εἰς μνήμην ἦγε καὶ τὸ τῶν ἀνθρωπίνων πραγμάτων εὐμετάβλητον).

Il est évident que le discours d’Apharban est construit en fonction des topoi de l’historiographie hellénistico-romaine. Dans la défaite, le vaincu est toujours prêt à rappeler au vainqueur la versatilité de la Fortune, qui domine les affaires des hommes et des États. La réaction du vainqueur est toujours de réfuter les affirmations du vaincu, en décidant de son sort selon son bon vouloir. Dans le cas du dialogue entre Galère et Apharban, on trouve des variantes significatives qui renvoient à des détails concrets de l’événement. En particulier, la colère de Galère est surprenante. Pierre le Patrice, en effet, souligne la réaction incontrôlée du César, qui sursauta et eut des tremblements dans tout le corps. La colère de Galère

7 Cf. Straub 1952.

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provient du souvenir, encore vif, de l’offense infligée à Valérien par les Perses, de son vivant et après sa mort, quand son corps fut soumis au rituel cruel de l’écorchement. Mais ce n’est pas seulement ce souvenir vivace de la brutalité perse qui irrite le César. Galère en effet n’entend pas accepter que la valeur de la victoire soit atténuée par l’ambassadeur perse. Dans la vision des tétrarques – et de leur propagande  –, le triomphe de 298 sanctionnait la supériorité des Romains sur la Perse, une situation qui attribuait à l’empire romain la suprématie par l’investiture divine. Même les puissants Perses devaient se plier à la volonté divine. Du reste, autant les exploits militaires que les traditions des Romains, les mores, justifiaient le choix des dieux. Très révélatrice, pour sceller la réponse à l’ambassadeur perse, est la conclusion du discours par la citation de Virgile, Éneide, 6.853 :

“Ainsi parla Galère, et il ajouta qui’il accédait à sa requête non pas en raison des éléments que les Perses avaient rappelés par l’ambassade – qu’il fallait tenir compte de la versatilité de la fortune des hommes (de ce point de vue il était plus opportun de s’emporter en pensant à ce qu’avaient fait les Perses) –, mais pour suivre les traces des ancêtres, qui avaient coutume d’épargner les soumis et de désarmer les superbes” (ἀλλὰ τοῖς τῶν οἰκείων προγόνων ἴχνεσιν ἀκολουθεῖν, οἷς ἔθος φείδεσθαι μὲν τῶν ὑπηκόων, καταγωνίζεσθαι δὲ τῶν ἀντιταττομένων).

Parcere subiectis et debellare superbos : pour évaluer la crédibilité de la citation attribuée par Patrice à Galère, il est bon de rappeler que, à l’époque de la tétrarchie, nous avons d’autres exemples du recours à Virgile comme modèle suprême de la tradition culturelle romaine. La colère de Galère s’oppose donc à la tentative d’Apharban de souligner le poids de la Fortune dans les destins des empires et, par voie de conséquence, la possibilité d’une alternance, qui pourrait même être proche, dans l’hégémonie entre Rome et la Perse sur l’oikoumène. Pour Galère, la fortune cédait nécessairement devant le charisma, ouvrant un nouveau cycle de puissance et de paix dans l’histoire de l’empire romain 8.

La source de Pierre le Patrice évoque le climat religieux, politique et culturel que la propagande de la tétrarchie voulut répandre dans l’empire après le triomphe sur les Perses. À en juger d’après les titulatures impériales qui figurent dans les diplômes militaires datant des dernières années de Dioclétien, la phase finale de la première tétrarchie, entre 298 et 305, fut caractérisée par de nombreuses guerres contre les populations barbares aux frontières, surtout dans la région du Rhin et du Danube. À en juger d’après une notice significative d’Ammien Marcellin (22.12.1), même la frontière orientale fut touchée par de nouveaux conflits, peut-être en 302-303, au moment de la succession entre Narseh et le nouveau souverain, Hormizd II. Cependant, pour Dioclétien et les tétrarques, le triomphe de 298 sur la Perse sembla terminer le temps de la guerre. Les Romains avaient vaincu l’ennemi le plus redoutable pour leur suprématie dans le monde ; toutes les autres guerres n’étaient que des questions locales, sans importance 9.

8 La pensée de Galère, dans la reconstruction de Patrice, est également confirmée par un passage de Festus, Breuiarium, 25. Sur l’organisation du discours en général, voir Roberto sous presse et Panaino 2004. Sur les prétentions sassanides à l’hégémonie, voir Mecella & Roberto 2013. Pour les divers exemples de la valeur attribuée à Virgile à l’époque de la tétrarchie – Constantin cite encore la IVe

Eglogue de Virgile au cours de son oratio ad sanctorum coetum –, voir en général Rees 2004. 9 Sur les guerres à la frontière du Rhin et du Danube, après les triomphes de 296-298, Barnes 1976 ;

Roberto 2014, 167-174. Sur l’exaltation des exploits de Constance Chlore comme fondateurs d’une nouvelle époque de paix, voir déjà Pan. Lat., 4.(8).3.1-3 ; 20.1-2 ; 21.1-2.

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Le profond enracinement de cette vision dans la pensée de Dioclétien apparaît dans plusieurs témoignages issus de l’épigraphie et de la documentation juridique. À cet égard, le préambule de l’Edictum de pretiis uenalium rerum de l’automne 301 est un document fondamental. Dioclétien affirme (Proem., ll.16-26) :

Fortunam rei publicae nostrae – cui iuxta inmortales deos bellorum memoria, quae feliciter gessimus, gratulari licet tranquillo orbis statu et in gremio altissimae quietis locato, etiam pacis bonis, propter quam sudore largo laboratum est – disponi fideliter adque ornari decenter honestum publicum et Romana dignitas maiestasque desiderant, ut nos, qui benigno favore numinum aestuantes de praeterito rapinas gentium barbararum ipsarum nationum clade compressimus, in aeternum fundatam quietem debitis iustitae munimentis saepiamus.

“Le bien public ainsi que la dignité et la majesté du peupe romain exigent que la Fortune de notre État – dont nous nous félicitons auprès des dieux immortels, au souvenir des guerres livrées avec succès, maintenant que le monde entier est tranquille et repose au sein de la plus profonde quiétude, disposant aussi des biens de la paix acquise au prix de tant de peines – soit organisée hônnetement et réglée convenablement ; c’est pourquoi nous qui, avec la faveur bienveillante des dieux, avons vigoureusement réprimé dans le passé les pillages des nations barbares avec la ruine de leurs propres peuples, nous voulons renforcer avec les remparts nécessaires de la justice la paix garantie pour l’éternité” 10.

“Paix garantie pour l’éternité”. Grâce à la protection divine, et à ses exploits, Dioclétien a mené à terme un cycle historique, mettant fin au temps de guerre, d’anarchie, de précarité qui avait caractérisé le règne des empereurs entre 235 et 284. Comme le démontrent toutes les célébrations après 298, la victoire sur les usurpateurs en Bretagne, obtenue par le César Constance Chlore, et celle sur les Perses, obtenue par le César Galère, inaugurent une nouvelle ère pour l’empire romain. Beatissimum saeculum : voilà la nouvelle période de paix, que l’on espère éternelle (quies in aeternum fundata/perpetua pax). Mais pour garantir cette situation, Dioclétien et les tétrarques doivent abattre tous les obstacles qui s’opposent à la faveur des dieux envers l’empire. Ce n’est pas un hasard si cette question est traitée dans le préambule de l’Édit sur les prix, publié à la fin de 301. Après avoir éliminé, grâce à la vertu militaire, les dangers aux frontières, Dioclétien affirme la nécessité de se servir de la iustitia impériale pour assurer la conservation du nouvel ordre. Même s’il s’agit d’une disposition destinée à combattre l’inflation des prix, on ne trouve dans le préambule de l’Édit des prix aucune évaluation économique du problème  ; on trouve en revanche une condamnation très sévère de l’activité des spéculateurs et affairistes contre lesquels l’empereur, pour le bien d’un nombre considérable de pauvres, entend lutter sans pitié.

Le même devoir de iustitia contre les adversaires du pacte d’alliance entre les tétrarques et les dieux transparaît dans le texte de la mesure contre les manichéens, le 31 mars 302. Sur ordre de l’empereur, les disciples du manichéisme furent déclarés hors-la-loi et soumis à une dure persécution en tant que propagateurs d’une doctrine opposée à la tradition des Romains et aux valeurs qui avaient permis à la tétrarchie de refonder la paix dans l’empire. Ces deux documents décrivent les étapes d’une bataille contre les ennemis de la religion et de la tradition qui finit par se déchaîner de manière terrible en 303 contre les adversaires

10 Pour le texte et une traduction en italien, cf. Giacchero 1974 ; en général, Grelle 2005.

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les plus dangereux et étrangers à la politeia des Romains, les chrétiens. Mais dans cette circonstance, les informations dont nous disposons indiquent que Dioclétien et ses collègues étaient conscients de l’énormité et des risques de cette nouvelle entreprise 11.

Sous le signe de Terminus : la “Grande Persécution” contre les chrétiens

Les raisons de la “Grande Persécution” contre les chrétiens, engagée à la fin mars 303, se comprennent dans le cadre du nouveau cycle historique inauguré par les victoires extérieures des tétrarques. Pour sauvegarder les conditions d’ordre et de paix du nouveau beatissimum saeculum, il était nécessaire d’éliminer les ennemis des dieux et de la tradition. Nous ne possédons pas le texte de l’édit qui marqua le début de la persécution. Nous pouvons cependant percevoir l’esprit de la mesure en relisant tout ce qui se trouve dans le document qui, plus de huit ans après, met un terme à la période de la “Grande persécution”, l’Édit de Galère, d’avril 311  : “Entre toutes les dispositions que nous n’avons cessé de prendre dans l’intérêt et pour le bien de l’État, nous avions décidé antérieurement de réformer toutes choses selon les lois anciennes et la règle des Romains, et de veiller à ce que même les Chrétiens, qui avaient abandonné la religion de leurs ancêtres, revinssent à de bons sentiments” 12. On sait bien que les sources historiographiques sur la persécution sont de tendance chrétienne. Dans la version de ces textes, la perspective est biaisée par des objectifs apologétiques et laudatifs, qui tendent à souligner l’intensité et la dureté de l’hostilité entre l’empire romain et les chrétiens. Et pourtant, précisément dans la source qui exprime le plus une interprétation partiale des événements, le De mortibus persecutorum de Lactance, on est frappé par la représentation de Dioclétien qui hésite à donner libre cours à la persécution, se montrant longtemps indécis sur le moment et les modalités d’action, d’autant que Lactance attribue à l’inverse au César Galère une insistance opiniâtre pour démarrer la répression. Par ailleurs, au-delà des responsabilités plus ou moins importantes de Galère, il y a probablement un autre indice qui confirme l’inquiétude de Dioclétien 13.

11 L’image du Beatissimum Saeculum fondée par les victoires des tétrarques se trouve dans l’édit contre les manichéens, du 31 mars 302 : cf. Mosaicarum et Romanarum legum collatio 15.3. Pour l’annonce d’une perpetua pax voir, par exemple, l’inscription provenant du fort de Yotvata, AE 1990, 1015 = 1992, 1714 = 2002, 1563, et Roll 1989 ; et celle de 302/303 du fort de Udruh, avec la célébration des tétrarques comme fundatores ubique pacem : Kennedy – Falahat 2008. En réalité, l’annonce d’une pax perpetua ou aeterna parcourt toutes les années quatre-vingt dix du iiie siècle. Voir ainsi, par exemple, l’inscription d’Augsbourg, datant du début de la décennie : CIL, III, 5810 = ILS 618 = AE 1972, 358, dans laquelle Dioclétien est célébré comme fundator pacis aeternae. Voir aussi CIL, VI, 1132, en l’honneur de Constance, fundator pacis. Sur le nouveau climat après les victoires de 298, voir aussi Christol 1998, 367-368.

12 Cf. Lactant., mort. pers., 34.1 : inter cetera, quae pro rei publicae semper commodis atque utilitate disponimus, nos quidem uolueramus antehac iuxta leges ueteres et publicam disciplinam Romanorum cuncta corrigere atque id prouidere, ut etiam Christiani, qui parentum suorum relinquerant sectam, ad bonas mentes redirent.

13 Pour le texte de l’édit de Galère, cf. Lactant., mort. pers., 34-35.1 ; une traduction grecque du texte est transmise par Eus., H.E., 8.17. Cf. aussi Szidat 2013. Sur l’insistance de Galère, cf. Lactant., mort. pers., 11.

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La répression la plus dure et la plus systématique du christianisme dans le monde romain débuta à l’aube du 23 février 303, à Nicomédie. Dioclétien lança son offensive contre les impies chrétiens, ennemis des dieux et de la tradition, le jour de la fête des Terminalia, la célébration en l’honneur du dieu Terminus. Étant donné la profonde connexion entre religion et action politique à l’époque de la tétrarchie, on comprend bien que la date n’est pas choisie au hasard, pas plus qu’elle n’est une coïncidence. Dans un projet inspiré par la religion et inséré dans une architecture cyclique, Dioclétien, princeps religiosissimus, choisit consciemment de placer son entreprise contre les chrétiens sous la tutelle de Terminus. Lactance, une fois encore (mort. pers., 12.1), offre un témoignage précis de la connexion entre le début de la persécution, le jour des Terminalia, et la dernière bataille contre les ennemis des Romains :

Inquiritur peragendae rei dies aptus et felix ac potissimum Terminalia deliguntur, quae sunt a.d. septimum Kalendas Martias, ut quasi terminus imponeretur huic religioni. Ille dies primus leti primusque malorum causa fuit, quae et ipsis et orbi terrarum acciderunt.

“On recherche pour l’action prévue le jour favorable et propice : le choix s’arrête sur la fête des Terminales , le 23 février, jour qui paraissait particulièrement désigné comme devant mettre un terme à notre religion. ‘Ce jour fameux fut la cause première de la mort, la cause première des malheurs’ qui s’abattirent sur eux (i.e. les empereurs) et sur le monde”.

En plus d’indiquer précisément la date du début de la persécution – 23 février, date des Terminalia –, Lactance se révèle une source de grande valeur pour la connaissance de la dimension politique et religieuse de la tétrarchie 14. Le choix des Terminalia s’explique en référence aux diverses significations du culte de Terminus dans la tradition religieuse romaine. En premier lieu, il y a une dimension à caractère temporel : Terminus représente, en effet, le gardien d’une scansion régulière de l’ordre du temps. La fête du dieu Terminus tombait un 23 février  ; avec elle s’achevait l’antique année romaine. Varron affirme, De lingua Latina, 6.13, que le 23 février représentait le dies anni extremi, dont découlait le nom de la fête : Terminalia, quod is dies anni extremus constitutus : duodecimus enim mensis fuit Februarius. Ovide le considère comme finis sacrorum (Fast., 2.50), et Augustin (C.D., 7.7), qui s’inspire probablement de Varron, éclaircit les aspects symboliques du culte 15. Le 23 février, fête des Terminalia, représente sur le plan religieux de la tradition le “jour de la fin”. Dans sa significaton de scansion temporelle, elle conclut donc un cycle, et introduit, après un intervalle de cinq jours, un autre cycle, l’année nouvelle.

Il convient d’ajouter à cette première signification un autre aspect. Selon la tradition, les Terminalia se trouvaient à la conclusion d’une période caractérisée, dans le calendrier romain primitif, par des célébrations connotées négativement : 17 février : commémoration de la disparition ou de l’assassinat de Romulus, dans le cadre de la fête des Quirinalia  ; 21 février  : feralia avec clôture de la période des dies parentales, commencée le 13 février

14 Du point de vue de la vision politico-religieuse de la tétrarchie, la “Grande Persécution” était une nécessité, surtout après les signes de la faveur divine, donnés par les victoires de 296-298 : voir Kolb 1988, 28-30 et 35-36 ; Kuhoff 2001, 250-251.

15 Voir aussi un autre passage de Varron, Epistolicae Quaestiones, conservé dans Ps. Serv., Georg., 1.43, sur lequel voir Magdelain 1990, 288-289, qui discute aussi un autre témoignage du juriste Quintus Mucius dans Dig., 50.16.98. En général, voir aussi Piccaluga 1974, 129-135.

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avec la parentatio publique, période pendant laquelle les morts envahissaient le monde des vivants et étaient éloignés par le biais des rites des dies parentales. Ces jours de février représentaient donc une période de bouleversement de l’ordre temporel romain ; en regard, les Terminalia constituaient un point fixe, autorisant le passage à une période de renouveau et d’ordre. Cette valeur symbolique de la fête influa également sur la décision de Dioclétien. Les victoires des tétrarques avaient favorisé l’alternance cyclique entre une époque de crise et de précarité et un nouveau saeculum qui devait respecter l’ordre cosmique. La bataille contre le christianisme devait conclure ce passage à une nouvelle époque. La protection de Terminus devait assister Dioclétien dans l’élimination de la dernière cause grave de désordre. Dans ce contexte, il faut aussi considérer que les Terminalia représentaient le jour de clôture d’une période de purification, qui servait à effacer tous les crimes et toutes les causes de malheur accumulés par la communauté durant l’année qui venait de s’écouler. Il ne fait pas de doute que Dioclétien traitait les chrétiens comme un mal, à la manière de dangereux ennemis de la politeia romaine, et donc criminels. Un célèbre passage de Lactance (mort. pers., 13.2) rapporte la réaction des habitants de Nicomédie, qui trouvèrent dans l’édit du 24 février une équivalence troublante entre la dangerosité des chrétiens et celle des Goths et des Sarmates. Faire commencer la persécution des chrétiens le jour des Terminalia, le 23 février, garantissait la sanction religieuse. En signe de reconnaissance envers les dieux, et particulièrement envers Jupiter, Dioclétien entendait purifier le monde qu’il gouvernait de l’impiété des chrétiens. Il s’agissait d’un geste de remerciement, venant conclure une bataille de vingt ans contre tous les ennemis de l’empire, et d’un auspice de durée éternelle pour la paix conquise 16.

Mais l’entreprise n’était pas sans danger. Après avoir combattu pour la paix aux frontières, Dioclétien savait que la persécution des chrétiens pouvait miner dans ses fondements l’ordre du saeculum nouvellement refondé. Les chrétiens, en effet, étaient nombreux, surtout au Proche Orient, en Egypte et en Afrique ; et ils étaient présents à tous les niveaux sociaux. L’implication de Terminus, dont on demandait la protection, indique que Dioclétien redoutait les effets pervers de la persécution sur la paix. C’est surtout la cohésion sociale qui préoccupait l’empereur, particulièrement dans les cités. La consécration à Terminus de la bataille contre les chrétiens servait à garantir la stabilité de l’empire de Rome, en vertu de la prérogative que la plus antique tradition religieuse attribuait au dieu. Par son action multiple, Terminus était en effet la divinité qui, comme une borne de limite, garantissait la défense d’un ordre, d’une situation dont on espérait qu’elle dure dans le temps. Du moment que la première fonction de Terminus était de délimiter les espaces, on comprend bien que Dioclétien ait décidé de placer sous sa tutelle l’entreprise qui devait démontrer que les chrétiens étaient étrangers à la politeia romaine. À travers l’intercession de Terminus, le déroulement de la persécution devait précisément apparaître comme garantissant la permanence de Rome comme empire, l’inaltérabilité et l’inviolabité de la culture et de la tradition romaines. Depuis le début, c’était le sens de l’auspicium perpetuitatis qui avait été formulé, d’après le passage révélateur de Tite-Live (1.55.4) 17. Tite-Live raconte en effet

16 Cf. Ov., Fast., 2.19-50 sur le mois de février comme période de purification ; les Terminalia fermaient cette période de l’année archaïque. Cf. aussi Varr., L., 6.34. Cf. déjà Brelich 1955, 95-125.

17 Cf. en comparaison l’invocation intéressante à Terminus dans la fête des Terminalia d’après le

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que pour l’édification du temple en l’honneur de Jupiter Capitolin, on décida de procéder à l’exauguratio de tous les autres cultes. Les divinités devaient céder leur espace au nouveau temple pour Jupiter Optimus Maximus. Cependant les dieux ne permirent pas que le dieu Terminus fût éloigné. Le temple de Jupiter sur le Capitole fut néanmoins construit, mais sans déconsacrer l’aire sacrée de Terminus. Cet espace et son culte furent donc englobés dans ceux de Jupiter 18. Les sources attestent qu’à côté de Terminus, Iuuentas, divinité de la jeunesse, était également liée à la vénération de Jupiter Capitolin. Iuuentas avait également refusé l’exauguratio pour la construction du nouveau temple pour Jupiter. Ainsi fut créée une association entre le culte de Jupiter Optimus Maximus, celui de Terminus et celui de Iuuentas. Et l’on en déduisit le présage que l’État romain conserverait à jamais la stabilité, grâce à l’intercession de Terminus, ainsi que la vitalité et la jeunesse perpétuelle, grâce à l’intercession de Iuuentas. La grande valeur symbolique du 23 février pour le début de la persécution se laisse comprendre d’après cette association de cultes et de significations. Dans la vision de Dioclétien, et des tétrarques, Terminus et Iuuentas étaient des alliés précieux pour garantir que la bataille contre les chrétiens se déroulerait sans anéantir la nouvelle période de renouvellement 19.

Revenons à Lactance, mort. pers., 12.1. Le choix du 23 février come dies aptus et felix pour commencer la persécution est liée à l’interprétation du culte de Terminus. Il ne fait pas de doute, en effet, que Dioclétien et son entourage de prêtres et d’experts de la religion traditionnelle considéraient Terminus comme un hypostase de Jupiter Capitolin. En effet, à partir du moment où le temple de Jupiter Optimus Maximus avait englobé le lieu de culte de Terminus, les deux divinités avaient été assimilées. Pour cette raison, Jupiter avait amplifié son rôle de garant de l’ordre cosmique. En choisissant Terminus comme divinité protectrice, Dioclétien et les tétrarques confiaient en réalité à Jupiter Capitolin, sous l’apparence de Jupiter-Terminus, la grande entreprise qui devait obligatoirement, selon Lactance, mettre un terminus à la religion chrétienne. Sur le plan religieux, elle devait marquer la limite entre la tradition religieuse et politique du monde romain, défendue par les tétrarques, et le culte des chrétiens, étranger et ennemi. La conséquence était nécessairement l’exclusion du christianisme de l’empire, mise à exécution de manière progressive et toujours plus violente, à travers les diverses mesures qui suivirent l’édit du 23 février 303. Il s’agit évidemment d’une récupération significative de la connexion entre Jupiter et Terminus selon la tradition religieuse romano-italique la plus antique 20. Étant donné ces prémisses, le choix d’invoquer

témoignage d’Ov., Fast., 2.659-678 ; spéc. v. 659-662 : tu populos urbesque et regna ingentia finis/omnis erit sine te litigiosus ager./Nulla tibi ambitio est, nullo corrumperis auro,/legitima seruas credita rure fide.

18 Cf. Liv. 1.55.4 : “idque omen auguriumque ita acceptum est non motam Termini sedem unumque eum deorum non evocatum sacratis sibi finibus firma stabiliaque cuncta portendere. Cf. aussi Cato, Orig., Fr. 24 P2 ; Ov., Fast., 2.667-684 ; Serv., ad Aen., 9.446. Cf. Piccaluga 1973, 286-292 ; Turcan 1986, 53-54 ; Santini 2002, 721. Il est intéressant de souligner que d’après la tradition contenue chez Plutarque, Numa, 16, ce fut Numa qui institua le culte de Terminus. Numa, en outre, l’associa à celui de Fides, c’est-à-dire à un pilier culturel et religieux de la mentalité et de l’organisation sociales, selon la tradition romaine la plus antique ; ces deux cultes étaient aussi reliés à celui de Jupiter : cf. De Sanctis 2005, 92-95.

19 Sur le refus de l’exauguratio de la part de Iuuentas aussi, cf. Liv. 5.54.7, D.H. 3.69.5, Flor. 1.7.8., August., C.D., 4.23, rapporte que, outre Iuuentas et Terminus, Mars refusa aussi d’abandonner son siège. Sur le lien entre Jupiter et Iuuentas : Dumézil [1974] 20012, 185-188.

20 Cf. D.H. 2.74.2. Rares sont les attestations épigraphiques du culte du dieu Terminus associé à Iuppiter.

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la protection de Jupiter sous l’apparence de Terminus confirme que Dioclétien n’ignorait pas les risques de la lutte contre les chrétiens. D’après Lactance, sa décision ne lui profita pas. Au contraire, Lactance dénonce le lien funeste entre Jupiter et Dioclétien ; et à l’inverse, il tourne en dérision le choix des Terminalia en insistant sur la valeur négative du jour. Le 23 février en effet, le dies aptus et felix se transforma en Ille dies primus leti primusque malorum causa fuit, quae et ipsis et orbi terrarum acciderunt. La citation virgilienne de l’Énéide, 4.169-170, est d’une grande valeur symbolique, en raison aussi de ce qui a déjà été dit sur la valeur religieuse et culturelle de Virgile à l’époque tétrarchique. L’échec des espoirs de Dioclétier apparaît clairement dans la mise en évidence de son erreur consistant à se placer sous la protection de Jupiter. Déjà dans les Divinae Institutiones Lactance avait critiqué la décision de Dioclétien de célébrer la renaissance de l’âge d’or sous Jupiter, personnage qui en tuant son père Chronos avait déterminé la fin de cette période. La critique resurgit avec force dans ce passage, là où la fonction de Jupiter, sous l’apparence de Terminus, comme garant de l’ordre cosmique et gardien de la tradition romaine, est drastiquement repoussée. Au contraire  : selon Lactance, le début de la persécution provoqua la fin du beatissimum saeculum et de la paix que la tétrarchie espérait in aeternum fundata et perpetua. En désavouant les pouvoirs de Jupiter-Terminus, le passage de Lactance se réfère aux paroles de l’édit de Galère : la tétrarchie a perdu sa bataille contre les chrétiens. Désormais enfoncé dans la crise de la tétrarchie, et dans une maladie létale, en avril 311 Galère fit marche arrière et demanda aux chrétiens l’intervention de leur Dieu pour la défense de l’ordre romain. Évidemment, Jupiter-Terminus avait échoué  ; il n’avait servi à rien d’invoquer son soutien dans la persécution qui aurait dû éliminer les chrétiens. Lactance, et ses correligionnaires, pouvaient ainsi démontrer que Jupiter Capitolin était une fausse divinité, incapable de garantir la paix pour les hommes. Le passage de Lactance renvoie à la dernière affirmation significative qui conclut le De mortibus persecutorum, 52.3, sur l’échec de l’alliance entre Dioclétien et Jupiter Optimus Maximus :

Ubi sunt modo magnifica illa et clara per gentes Iouiorum et Herculiorum cognomina, quae primum a Dioclete ac Maximiano insolenter adsumpta ac postmodum ad successores eorum translata uiguerunt? Nempe deleuit ea dominus et erasit de terra.“Où sont-ils donc, ces surnoms de Jovien et d’Herculien, naguère orgueilleux et célèbres parmi les nations, ces surnoms que Dioclès et Maximien s’étaient d’abord insolemment arrogés et qui, transmis par leurs successeurs, restèrent après eux en usage ? Le Seigneur les a anéantis, les a fait disparaître de la terre”.

Cf., par ex., AE 1996, 632 : Io(vi) T/er(mino), provenant d’Ameria en Ombrie; et CIL, XI, 351, dédiée aussi à IOV(i) TER(mino) (ou Terminalis ou Terminator) provenant du territoire ravennate ; on trouve une référence explicite au culte de Jupiter Capitolin dans une inscription provenant de Ustikolina, dans la Dalmatie romaine, AE 1939, 301 : Ter(mino)/Lib(ero) P(atri)/I(ovi) O(ptimo) M(aximo). D’autres attestations proviennent de la même région, mais avec la seule référence à Terminus : AE 1939, 302 et CIL, III, 8371 ; cf. aussi AE 1983, 304 de Norcia et AE 1960, 59, toujours de l’Étrurie ; cf. aussi CIL, XI, 956, de Reggio Emilia. La concentration des attestations du culte de Terminus principalement dans l’aire étrusco-italique est un élément significatif, si l’on considère la politique religieuse traditionaliste promue par les tétrarques. Ce n’est pas un hasard si Lactant., mort. pers., 10, donne des informations sur la présence d’Étrusques parmi les prêtres de l’entourage de Dioclétien, qui contribuèrent à la décision de persécuter les chrétiens. Sur les rapports entre Dioclétien et la tradition religieuse étrusque, cf. Briquel 1997, 51-64 ; Ramelli 2003, 123-134. Plus généralement sur le rôle de la tradition étrusque dans le paganisme tardoantique, cf. Mazzarino 1980, 290-293.

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Comme pour Lactance, pour ses contemporains également, l’échec de Jupiter-Terminus contre les chrétiens représentait le signe évident de la crise religieuse qui étouffait sans remède le système tétrarchique, révélant les erreurs de Dioclétien. À l’appui de cette perception, on trouve la diffusion, surtout dans les milieux grecs, d’une tradition qui attribue le dernier tournant dans l’architecture cyclique de la tétrarchie – l’abdication des Augustes Dioclétien et Maximien le 1er mai 305 – non pas à l’application d’un nouveau modèle de basileia, élaboré au fil des ans, mais au contraire au désespoir des tétrarques âgés qui avaient fait l’expérience de la défaite contre les chrétiens 21.

Traduit de l’italien par Estelle Bertrand, avec la collaboration de Rita Soussignan

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21 Il s’agit d’une tradition qui, du versant grec, passa ensuite aux historiens byzantins : cf. déjà la dénonciation de Constantin, Oratio ad Sanctorum coetum, 25.1-2 ; Io. Ant. fr. 251.2 ; Zonaras, 12 32 (618, 4-10). Le 20 novembre de la même année 303, Dioclétien et Maximien, au point culminant de la cérémonie pour la célébration des uicennalia impériaux et pour les triomphes de la tétrarchie, jurèrent sur l’autel de Jupiter Capitolin à Rome qu’ils déposeraient le pouvoir. La signification de l’abdication de Dioclétien s’insère dans une vision qui ramenait la basileia réformée selon le système de la tétrarchie à une marche cyclique et régulière. Cf., de ce point de vue, le célèbre passage de Lactance, mort. pers., 20. Cf. ausi Marotta 2010, Roberto 2014, chap. 10, et Grelle 1993, 75-79.

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