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Vivre, penser, construire la ville ! (Part II) De quelques théories de la ville et du fait urbain

Date post: 13-Nov-2023
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Brussels Academy Mai - Juin 2014 Les études urbaines et le cas de Bruxelles Vivre, penser, construire la ville ! (Part 2) De quelques théories de la ville et du fait urbain Une réflexion sur le rôle des acteurs urbains et de leur « droit à la ville » face à la planificaon urbaine et aux discours théoriques sous-jacents. Gabriel Maissin, économiste - maître en sciences de la populaon et du développement UCL [email protected]
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Brussels AcademyMai - Juin 2014

Les études urbaines et le cas de BruxellesVivre, penser, construire la ville !

(Part 2) De quelques théories de la ville et du fait urbain

Une réflexion sur le rôle des acteurs urbains et de leur « droit à la ville » face à la planification urbaine et aux discours théoriques sous-jacents.

Gabriel Maissin, économiste - maître en sciences de la population et du développement [email protected]

Londres : Deux visages de la « globalisation »

Comment définir une ville ?

illustration de différentes approches disciplinaires de la réalité urbaine

• Pour l’historien• Pour le géographe• Pour l’économiste• Pour le sociologue

Pour le géographe

densité

complexité

réseau

Paysage ou ensemble physionomie et socioprofessionnel différencié, essentiellement non-agricole, en rupture avec l’environnement indifférencié par sa densité (accumulation) et sa complexité (stratification sociale), ensemble fonctionnellement intégré à un réseau hiérarchisé de complémentarité et exerçant sur son environnement une action régulatrice.(J - B Racine, La ville entre Dieu et les hommes)

La ville, l’urbain, etc.

• « La ville fait problème, la ville se défait … »• « Les territoires d’exil … »• « Vers la troisième ville … »• « La ville inclusive, la ville résiliente, la ville

intelligente … »• « Urbanisation = mondialisation …• « Le monde comme maillage urbain (imatériel) • Où est passé le « Village global » ?

1. La globalisation : avenir des villes ?

• 1.1. Métropoles, mégapoles et réseaux• Taille, (méga- lo-pole) , influence, morphologie, …• Métapole (taille et hétérogénéité)• « Global-cities »

• 1.2. La banane, la mosaïque et le réseau• Influences « endogènes »• Influences « exogénes »• Métasystèmes urbains

Réseau « christallérien »

« Hubs & spokes »

« L’Europe n’a pas encore choisit entre la banane, la mosaïque et le réseau, … (Wegener et Kunzemann, 1996)

Quels choix, quelles dynamiques …• a) la concentration. Au sein de la banane se concentrent les villes au taux de

croissance les plus élevés. Ce serait une nouvelle variante du modèle centre-périphérie. Mais reste à expliquer la croissance de villes “périphériques” comme Barcelone, où les scores de Hambourg, la ville la plus riche d’Europe.

• b) la décentralisation. A partir de l’augmentation des “déséconomies” et de la congestion des centres développés, l’investissement se déplacerait vers des régions à moindre coût de production et moins congestionnées. Ce qui permet d’expliquer pourquoi certaines zones périphériques comme Grenade ou la Murcie ont connu une croissance rapide. Mais cela n’infirme pas le fait que les centres croissent encore plus vite.

• c) l’hypothèse “mosaïque” répartit les villes en croissance ou en déclin de manière aléatoire sur le territoire. Deux villes proches peuvent même connaître des destins forts différents. Seule une approche historique cas par cas (cases studies) donnera une explication.

• d) le réseau. Dans cette hypothèse, le développement urbain est moins dépendant de la localisation que de la capacité des villes à se connecter à un réseau et d’établir ainsi des synergies avec d’autres entités.

Y-a-pas que le réseau !

• “les réseaux qu’étudie le géographe sont des réseaux entre des lieux ; mais en ces lieux ce sont des acteurs qui œuvrent, avec leurs stratégies et leur représentations … Il faut se défaire de toute une série d’interprétations univoques comme par exemple “l’espace-réticulaire-qui-rend-caduc-le-concept-de-territoire” (Brunet, La typographie est celle de l’auteur)

Y-a-pas que la taille !

• Classements fluctuants suivant :– Aires urbaines– Agglomérations– Ville

• Illustration : – Le classement de l’ONU des agglomérations du continent

Europe– Les aires urbaines (+ville) de l’UE (plus de 2 millions)

2. Regards croisés sur les réalités urbaines.

• 2.1. Normatif & Positif• 2.2. Époques et paradigmes• 2.3. Permanence et temps longs• 2.4. La ville : comme polis

Exemple : projet d’aménagement de la Porte de Ninove et Musée d’art moderne

Si la Cityvision propose bien, à titre d'exemple, un projet de réseau, celui-ci est basé précisément sur une vision, qui part d’un objectif : améliorer les conditions de déplacements de tous les usagers et usagers potentiels des transports publics bruxellois – habitants, navetteurs, visiteurs ; non motorisés, automobilistes -, avec une attention prioritaire pour le temps de déplacement de porte à porte, paramètre essentiel s’il en est.

C’est donc avant tout une démarche, et non un projet à prendre tel quel ou à laisser.

Ses auteurs sont prêts à toute discussion de bonne foi sur base de cette prémisse, et appellent à la collaboration, afin d'améliorer les conditions de déplacements de tous les Bruxellois dans des délais et une épurebudgétaire raisonnables.

METROvision

CITYvision

Justice spatiale, avec et sans frontières Jacques Lévy From Geopolitics to Global Politics (2001), Dictionnaire de la géographie et de

l'espace des sociétés, codirigé avec Michel Lussault. (2003)

Le monde, l’Europe nous parlent tous les jours d’effacement des frontières, de la mauvaise humeur des partisans de « l’échelle unique ».

La géographie nous invite aussi, parfois, à créer des frontières justes, par exemple, en permettant aux métropoles de se gouverner à leur échelle. La justice spatiale, si on la vise, commande surtout de penser les problèmes des biens publics autrement que par des limites franches. Chacun de nous appartient à plusieurs sociétés juxtaposées, emboîtées, superposées … Et nous n’arrêtons pas de bouger.

Intermezzo – Question d’échelle …

Politique de l’urbain

• « Le droit à la ville »• Henri Lefevre (Mais aussi Critique de la vie quotidienne)

• David Harvey (Spaces of Hope (2000) Spaces of Capital: Towards a Critical Geography (2001)

• Mike Davis (City of Quartz, Planet of Slums)• « La reconquête de la ville »

– Neil Smith, Gentrification of the City (1984, 2002)

Espaces urbains et politique (1)La banlieue parisienne : ce territoire fut pendant quelques

décennies un espace relativement homogène• avec une sociologie dominante (le monde ouvrier de la seconde révolution

industrielle) et une vie politique marquée par l’hégémonie communiste. • Depuis 5o ans, désindustrialisation, mutations économiques et sociologiques

ont défait le tissu initial de la banlieue + crise de l’État-providence + délitement des sociabilités populaires anciennes

• Conséquence : trois territoires - type– les communes gentifiées où vit toujours une population fragilisée

(Montreuil, Saint-Ouen, Bagnolet)– les villes de plus en plus appauvries (La Courneuve, Bobigny,

Villetaneuse, Aubervilliers, Pierrefitte-sur-Seine…)– les villes bénéficiant d’un pôle de croissance (Tremblay-en-France ou

Saint-Denis), les écarts se sont creusés et rendent plus complexes la recherche de gestions territoriales redistributives cohérentes.

(Roger Martelli, « L’archipel urbain du PCF », Métropolitiques, 6 juin 2014.

Espaces urbains et politiques (2)• En 2011, la ville de Détroit est dans une situation

de faillite économique doublée d’une désertification industrielle et d’une chute démographique.

• Au niveau industriel, les trois grands constructeurs automobiles implantés à Détroit (General Motors, Ford et Chrysler), en plus d’une délocalisation de leur production depuis 1950 connaissent une crise sans précédent : en tout, ce sont 400 000 emplois qui ont été perdus depuis 2008. Dans certains quartiers, le taux de chômage à Détroit atteint ainsi les 50 %25.

• En 2013, avec une dette de 18,5 milliards, la ville demande sa mise en faillite.

• 1950 : 1.850.000 hab. 2000 : 951.700 hab.2012 : 706.585Crise des subprimes : 67.000 habitatons saisises

entre 2008 et 2011

Réactions ?

Detroit (suite)• Aujourd'hui ? Conjurer ce déclin.• Renaissance quartiers du centre-ville et le long de la rivière : les relations

avec le milieu d'affaires sont rétablies. Aide financière gouvernement fédéral.

• Mouvements autonomes d'autogestion, apparaissent à la suite de la crise économique. (Voir Piqueteros en Argentine dans les années 1990)

• Le « Do It Ourselves » (faisons le nous-même), reprenant le mouvement international dont l'un des grands principes est la réappropriation de la production par des moyens simples, permettant de s'affranchir des industriels ayant délocalisé.

• La consommation collaborative : jardins communautaires improvisés, entraide collaborative pour l'isolation des maisons, réutilisation des technologies pour la fabrication à la manière des fablab et débrouille en tout genre.

• FABLAB = mise à disposition de machines-outils, software, ateliers, etc … pour un usage communautaire

Ça c’est passé près de chez vous …

• De quelques exemples d’implications citoyenne à Bruxelles– Le temps urbain (vivre, penser, construire)– L’expert, la loi, et …– Le réseau, l’action et …– Le droit à la ville

Le temps urbain : le RER

Le temps urbain : viaduc Reyers

Atelier de recherches et d’actions urbaines (ARAU)

Les visites guidéesLes midis de la villeLes midis de l’urbanismeL’école urbaine (45éditions)Voir le site

Brusselse Raad voor het Leefmilieu (BRAL)

BRAL, BBL en Greenpeace tevreden met vernietiging milieuvergunning UplaceGepost in Grote

stadsprojecten op 28 mei 2014• De Raad van State heeft met het arrest van 28 mei 2014 een

bom gelegd onder het megawinkelcomplex van Uplace Machelen. De Raad bevestigt wat de auditeur reeds aangekondigde: de Vlaamse regering heeft in het milieuvergunningsdossier van de NV Uplace een fout gemaakt en zich partijdig opgesteld. Bond Beter Leefmilieu (BBL), Greenpeace en de Brusselse Raad voor het Leefmilieu ( BRAL ) zijn verheugd over de ze uitspraak die mobiliteit en luchtkwaliteit in de regio ten goede komt , en vragen de volgende regering werk te maken van een kernversterkend beleid door geen nieuwe mega winkelcentra meer toe te laten

Inter environnement Bruxelles

Les enquêtes publiques

• PDF• Voir site IEB

« The City is back in town »Town 1 A town is a place with many streets and buildings, where people live and work. Towns are larger than villages and smaller than cities. Many places that are called towns in Britain would be called cities in the United States.

City 1 any large town or populous place 2 (in Britain) a large town that has received this title from the Crown: usually the seat of a bishop 3 (in the U.S.) an incorporated urban centre with its own government and administration established by state charter 4 (in Canada) a similar urban municipality incorporated by the provincial government 5 an ancient Greek city-state; polis 6 the people of a city collectivelySynonymes : conurbation, megalopolis, metropolis, municipality

Politique de l’urbain (II)

• « Le droit à la ville »• Henri Lefevre (Mais aussi Critique de la vie quotidienne)

• David Harvey (Spaces of Hope (2000) Spaces of Capital: Towards a Critical Geography (2001)

• Mike Davis (City of Quartz, Planet of Slums)• « La reconquête de la ville »

– Neil Smith, Gentrification of the City (1984, 2002)

L’urbain constitutif du 3ème âge du capitalisme• Les villes : scènes de la révolte et de la contestation. Depuis crise 2008 :

Athènes, Londres, … Mais aussi Maidan à Kiev, Gezi à Istambul• Mais : « La ville n’est pas seulement le théâtre de la marchandisation, elle

aussi objet de la marchandisation »• La ville n’échappe pas aux mécanismes économiques généraux (mode de

production, mode de consommation, mode de vie) :o Variation et modification des secteurs économiques présentso Tension entre « valeur d’usage » et « valeur d’échange » : cf. L’immobiliero Concurrence (intra et interurbaine : cf. le cas de Bruxelles et Emirdag (TK)) et

surproduction et dégradation environnementale

• Les conséquences :– les formes spatiales de la ville– les relations sociales au sein de la ville (tensions sociales, raciales, …)

La ville comme « espace du capital » Versus

« le droit à la ville »

Le pourcentage d’appartements vides progresse en Chine : il était de 22,4% en 2013, contre 20,6% deux ans plus tôt.En 2013, 49 millions d’appartements inoccupés. Les mises en chantier de logements sont en chute libre. Comme dans d’autres industries situation de surcapacités. L’immobilier et les industries qui y sont associées représenteraient 16% à 25% du PIB. Et il joue un rôle essentiel dans le financement des collectivités locales. Source : Faculté d’Economie et de Finances de Chengdu (Les Echos 12juin 2014) qui s’était déjà illustrée par son franc-parler en publiant, l’an dernier, une étude assez alarmante sur le degré d’inégalité dans la société chinois.

L’indétermination urbaine

• Ville : objet de la marchandisation du monde et théâtre de celle-ci, mais que laissent voir les (acteurs) urbains ?

• « The right to the city as the right to another city in another World » (Marco Lopes de Souza)

• Réagir – Agir - Construire : La longue chaîne de l’existence urbaine : apprendre et mettre en scéne ces acteurs et leurs actions : Sem teto, Piqueteros, Indignados, Recall the street, Squaters, Habitat alternatif, …

• Avec des lignes de fractures multiples : genre, race, culture, génération

• Ségrégation – discrimination – souffrance symbolique• Ces « nouveaux » « mouvements » « sociaux » sont-ils l’avenir

des villes ? Les possibilités d’une nouvelle urbanité ?

Interface: a journal for and about social movements Response to HarveyVolume 2 (1): 315 – 333 (May 2010) Souza, Which right to which city?

« La ville incertaine » (B. Frank)

• Trois tensions traverses les « politiques de la ville »©. La politique et l’urbain :

• Politique• Sociale• Spatiale

Elles déterminent les champs d’actions et les relations « politiques - acteurs urbains ». Mais, elles conditionnent également le « vivre en ville ».

Tension 1 : politique

Tension 2 : sociale

• Tension sociale, ethnique, culturelle, …

• Effets discriminatoires et ségrégationnistes des projets urbains (ou d’absence de)– « dedans » - « dehors »– « avec » - « sans »Exemple la cohésion sociale par la mixité …

Tension 3 : spatiale

• La ville est un espace « structuré » et « structurant »

• Morphologique (les formes urbaines)• L’infrastructure urbaine (espace public, transport, …)• La qualité du bâti (collectif et individuel)

• NB :– le droit à la beauté ?– Espace structurant = espace contraignant

Paradis infernaux : les villes hallucinées du néo-capitalisme, Sous la direction deMike Davis & Daniel B. Monk, Paris, Les prairies ordinaires (traduction française) (collectionPenser/Croiser), 2008, 320 p.

ConclusionSi aujourd’hui, les échelles de l’espace et du temps changent, si

les territoires sont bouleversés, si les valeurs et les références culturelles se modifient rapidement, si les villes sont appelées à un nouveau destin, rendant certainement légitime l'élaboration de nouveaux cadres d’analyse, le simple bon sens peut nous rappeler qu’il n’y a jamais de véritable “tabula rasa”. En tout cas pas dans le monde réel qui est sans doute plus proche de l'empilement chaotique façonné par l’histoire humaine, que de la feuille blanche où s’écrit systématiquement un nouveau chapitre.

• La nostalgie, n’est plus ce qu’elle était


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