Date post: | 22-Mar-2023 |
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OUVRAGE S DU MÊME AUTEUR
L’E u r0pe centra le et ses réseaux d’É ta t. U n volume ini -1 2 . 3 fr. 50 c .
(Berger—Levrault et
L’Armée et la F lotte en |895. Grandes m anœuvres des V osges. L’expé
di tion de Madag ascar. Manœuvres navales. U n volume i ll- 12,avec nombreuses
cartes . 5fr. (Berger-Levrault et
L’Armée et la F lotte en l894. Manœuvres navales. Manœuvres de
Beauce . Manœuvres de forteresse. U n volume in- l2,illustrations de Paul
LÉON N E C , nomb reux croqu is et cartes. 5fr. (Berger-Levrault et
L’Armée nava le en |893 . L’
E scadre russe en P rovence. La D éfensede la C orse . U n volume in- 12 , avec 27 croquis ou vues et une carte de la
C orse . 5fr. (Berger—Levrault et
Au Rég iment E n E scadre. Préface de M . M É ZIÈRE B, de l‘Académie fran
çaise. 1894. U n volum e grand in-8, avec 350 photograph ies instantanées de M. Paul
Grass . 1 6 fr. (Berger-Levrault et
Le C o lonel -B ou rras . S uivi du Rapport sur les O pé rat ions ducorps fra nc des V osg es du colonel Bouaaas. 1892 . Brochure ia— 1 2 , avec un
portra it et couverture illustrée. (Berger-Levrault et [É pu isé. ]Le N ord de la F ra nce en l7 89. F landre. Artois. Hainaut. U n
volume iii - 1 2 . (Maurice D rey f0us . )La F ron tière , du N ord et les défenses b elg es de la Meuse. U n volume ia -8.
(Baudoin .)U ne Armée da ns les ne ig es , journal d’
un volonta ire du corps franc desV osges. Un volume i ll -8 illustré . (Rouam .)
É tudes a lg ér iennes . U n volume in-8. (Guillaum in et
Les G randes M anœ uvres de l882 à |892 . U n volume ia - 12 par année.
(Baudoin et Bouam .)
V oyag e en F rance. Ouvrage couron né par l’Académie française (prix Montyon
et prix N arcisse N ichant en 1901 , décerné à. l’auteur du meilleur ouvrag e de littéra
ture française) , par la S ociété des gens de lettres , par la S ociété de géog raph ie de
Paris et par la S ociété de géographie commerciale. S érie d’élégants volumes ia - 1 2 ,
avec cartes et croquis dans le texte, brochés à. 3 fr 50c . et reliés en percali ne à. 4 fr.
S É RIE : Le Morvan , le V al de Loire
et le Perche .
2° S É RIE : D es Alpesmancelles à la Loiremarit ime.
3° S É RIE Les Iles de l’Atlantique
I . D ’Arcachon (î le aux 0iseanx ) àB elle-Isle .
4° S É RIE Les Iles de l’Atlantique
II. D‘Hoe
'
dic à Ouessant.
5° SÉRIE Les Iles françaises de la
Manche ; Bretagne pén insulaire.
6° S ÉRIE N ormandie (sauf le pay s de
Bray et D ieppe) .7° S ÉRIE : Rég ion ly onnaise, Lyon ,monts
du Lyonnais et du F orez.
8° S ÉRIE Le Rhône du Léman à la mer,
D ombes, V alromey et B ugey , Bas
D auph ine. S avoie rhodan ienne ,La
C amarg ue .
9° SÉRIE Bas-D auph ine V iennois, G ra i
sivaudan , Oisans, D iois et V alenti
noie.
10° S É RIE Les Alpes du Léman à la D u
rance. N os chasseurs alpins.
1 1 ° S É RŒ F orez , V ivarais septentrional ,Tricastin et C omtat-V ena issin .
12° S ÉRIE Alpes de Provence et AlpesMaritimes.
1 3° S ÉRIE La Provence maritime .
14° S ÉRIE La C orse.
S ous presse 37° S ÉRIE : Le golfe du Lion . 38° S éaua : Haut—Languedoc.
39° SÉRIE Pyrénées, partie orientale. 40° S ÉRIE : Pyrénées, partie centrale.
41 c S ÉRIE Pyrénées, partie occidentale.
E n préparation 42° S ÉRIE et suivantes Paris et l’U e-de-F rance.
Le prospectus détaillé dc la collection est envoyé sur demande.
15° S ÉRŒ : Les C harentes et la Plaine
poitevine .
1 6° S ÉRIE D e V endée en Beauce.
1 7° S ÉRI E L ittora l du pays de C aux ,V exin ,B asse-Picardie.
18° Sésrs Rég ion du N ord : I. F landreet littoral du N ord.
19° S éru m Rég ion du N ord : II . Artois,C ambrésis et Hainaut .
20° S ÉRIE : Haute - Picardie, C hampagnerémoise et Ardennes.
2 1 ° S ÉRIE Haute- C hampagne, Basse—Lorrame.
22° S ÉRIE Plateau lorrain et V osges.
23° S ÉRIE Plaine comtoise et J ura .
24° SÉRIE Haute-Bourgogne.
25° SÉRIE B asse-Bourgogne et S énonais .»
26° S ÉRIE Berry et Poitou oriental.
27° SÉRIE Bourbonnais, Haute-Marche .
28° SÉRIE Limousin .
29° SÉ RIE5Bordelais et Périgord .
30° S ÉRIE Gascogne.
3 1° S ÉRIE Agenais Lomagne et Bas
Quercy .
32° S ÉRIE : Haut-Quercy ,Haute-Auvergne .
33° SÉRIE B asse—Auvergne.
34° S ÉRI E V elay , V ivarais méridional ,Gévaudan .
35° S É RIE : Rouergue et Albigeois .
36° S ÉRIE : C évennes méridionales
oy'
age en France
36°S ÉRIE
Cévennes méridionales
GARD ON N E N QU E MALGOIRÈS SALE N DRE NQU EVALLÉE F RAN ! AIS E AIGOUAL
ALZON N E N QUE SALAV ÈS GARRIGU E S
SALAGOU sspmouz:z
(Parties cévenoles des départements du Gard
de l’Hérault, de la Lozère et de l
’
Aude.)
Avec 26 cartes ou croquis
BE RGE R— LE V RAULT C “, É D IT—E URS
PARIS N AN C Y
5,nos p as snaux -aars 1 8, R U E p a s ona ors
1 904
Tous droits réservés
VOYAGE EN FRANCE
c o .
LA HAU TE GARD ON N E N QU E
Genolhac . La châtaigneraie cévenole. Le rhabilleur de
V ialas. La plus ancienne mine de houille de France. Le
reboisement . Les mines de la Grand’
combe. Au long
du Gardon . Le bassin d‘
Alais.
Alais. Juillet.
Genolhac, que l
’
on prononce Genoyac , su ivant
1 etrange usage de la langue d’oc faisant de [laun
l mouillé,est dans une rég ion très abri tée des
vents du nord , au p ied des derineres pentes dumont Lozère. Aussi
,pour les septentrionaux ,
cet te conque parcourue par la Gardonnette est
el le une région très chaude,mais grâce aux eaux
pures,à l
’
ombrage des grands châtaigniers, à de
fraî ches prairies bordées de peupliers, les habi
V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
2 V OYAGE E N FRAN C E .
tants de la plaine y voient un dél icieux sej our
d ’été . Aussi Genolhac reço it - il chaque année
un cont ingent de c i tadins venus du bas pays,l
’
al t i tude de500 mè tres assurant le mat in et le
soir une fraî cheur inconnue dans la plaine pou
dreuse.
La végétat ion est le grand charme du sej our.
Les part ies en pentes tapissées de châtai gniers,
les val lons et les col lines couvertes de mûriers
font une futaie cont inue qu i se rel ie aux grandes
plantat ions de p ins des monts Lozère.
Mais les châtaign iers s’
en vont sous la cognée.
D es usines pour la fabricat ion de l ’extrai t ou
acide gal l ique créées à Geno lhac et dans la com
mune de Pontei ls- et-Brézis consomment chaqueannée une grande quant ité de ces arbres qui sont
pourtant la base de l ’économie domest ique par
leurs fruits frais ou secs . La maladie qui sévi t
depuis quelques années sur l ’espèce n’
encourage
guère les proprié taires à remplacer les sujets
abattus.
La route et le chemin de fer parcourent ces
bel les val lées bo isées,au fond desquel les coulent
la Gardonnette et l’Homole. S i la Gardonnette
I . V oyez les précédents volumes et surtout dans la I re série
le chapitre XV II .
LA HAUTE GARDON N E N QU E . 3
porte en diminutif ce nom de gardon, qui s’
ap
pl ique à la p lupart des cours d ’
eau au sud du
Lozère et des monts du Bougès, el le n’
aboutit
pas àla rivière qui draine tant de fontaines et de
torrents avant de passer sous le fameux pont du
Gard ; par l’
Homole et le Luech el le va grossirla
C èze. Cependant l ’aspec t de tout ce pays fai t b ien
de Genolhac et de son canton une fraction de la
hau te Gardonnenqùe.
L’Homole a une val l ée fort acc identée
,où le
chemin de fera dû se frayer passage par des tun
nels et des viaducs pour déboucher dans le char
mant bassin de Chamborigaud,entouré de châ
taigneraies et de forêts de pins,embel l i par les
travaux d ’
art de la l i gne,surtout par le splen
dide viaduc courbe du Luech,franchissant cette
rivière par deux rangées d’
arches. Le vil lage,
tout menu , est au confluen t des torrents. Homo le
et Luech arrosent des prairies et des vergers.
Au— dessus,apparaissent les croupes terminales
du mont Lozère,hautes masses rocheuses
,très
mouvementées,dont une mai gre végé tat ion ne
parvient pas à masquer la nudité .
Le Luech n ’
a guèreque ce pet i t co in vraiment
riant dans son cours qui,depu is V ialas et plus
basjusqu’
à la C èze,est un sinueux défi l é . Mais
dans sa partie hau te vers V ialas,son bassin est
V OYAGE E N FRAN C E .
une admirable conque de châtaign iers énormes,
de mûriers et de petits prés entre lesquels appa
raissent d’
arides et laides croupes rocheuses.
Par les mœurs cette région est unedes p lus fran
chement cévenoles,l’é lément pro testant y do
mine. Même V ialas est devenu une sorte de l ieu
de pèlerinage pour les réformés,grâce à l
’
attrac
t ion qu ’
exerce um des plus cé lèbres rebouteurs
de ce Gévaudan où le peup le a si grande con
fiance dans la sc ience des rhab illeurs Celui de
V ialas se nomme V i gnes,c ’est un calviniste fer
vent , il n’
a pour trai tement que la paro le bibli
que, i l ag it à la façon du Christ . MM . Cord et
V iré , dans leur Guide de la Lozère, disent que
V i gnes ne parle que par sentences t irées del’
Ancien et du Nouveau Testament :
Il n’
accepte j amais de rétribution ; il ne“
reçoit j amais
qu’
une heure par jour ; il réunit tous ses malades (une
quinzaine par jour), leur adresse des paroles de foi, qui
peuvent se résumer en ces quelques mots C royez et
vous vivrez il répète cinq à six fois son petit sermon ;puis, il s
’
adresse individuellement à chacun et leur or
donne de faire des mouvements,s
’
il s’
agit de paralytiques ;s
’
il a devant lui un sourd, il lui ordonne d’
écouter. Il pro
met finalement une guérison D ans l’
année
1895, c’
est par centaines que les S uisses des cantons alle
1 . V oyez , dans la 32e série
,le chapitre X consacré à Pierron
nel, le rhabilleur de N asbinals .
LA HAUTE GARDON N E N QU E . 5mands se sont rendus en pèlerinage à V ialas, si bien que
la C ompagnie P.-L.
-M . a été invitée à faire des trains de
plaisir entre Genève et Genolhac .
A Chambori gaud un embranchement pénètre
dans la val l ée du Luech , mais c ’est pour s’é lever
bientô t au sommet des montagnes qui dominent
la rive gauche de la riv1ere et s’
y ramifier lu i
même autour du village de la Vernarède. Cette
l ignede trois kilomè tres et demi dessert la conces
sion houil lère de Portes- et- S énéchas, pro longe
ment du g isement de la Grand’
C ombe. La mine
est fort ancienne, de viei lles chartes portent qu’ i l
en fut fai t hommage au roi en 1 360, mais on ne
l’
a explo itée industriel lement que de nos j ours.
Commencée en 1851 l ’extrac tion a pris un grand
dével oppement depuis que des rai ls ont reli é
la mine au chemin de fer,en 1867 . La concessi on
appart ient à la Compagnie du gaz de Marsei l le ;cel le- ci emplo ie laplus grande partiedes produits
à l ’éc lairage de no tre grande c ité méditerra
néenne, la quant it é extrai te dépasse 1 00 000
tonnes ‘. C ’
est une forte diminution,car en 1888
la product ion s’
eleva à 188000 tonnes. Aussi la
populat ion de la V ernarède, centre d’
exploi
tation , qu i atteignai t p lus de 3 000 âmes, est- el le
1 . 108000 tonnes en 1901 .
6 V OYAGE E N FRAN C E .
tombée à moins de 2500 . C ’
est un bourg pure
ment ouvrier,al l ongé au bord d
’
un chemin
sinueux .
La val lée du Luech est ce qu ’on pourrai t appe
ler l ’é tage moyen du pays cevenol . Lorsqu ’on a
franchi le tunnel qui la séparede la val léedu Gar
don on voit s’ouvrirune zone plus chaude encore,
les chênes verts apparaissent , puis ce sont lesoliviers. Désormais on est bien dans la région
méditerranéenne. Les pentes sont p lus sèches
dans le val de l’Andorge, que l’
on-
suit j usqu ’à la
rencontre du Gardon d’
Alais,torrent indigent
auj ourd’hui,si souvent terrib le.
Sainte- C écile-d’
Andorge, au confluent,marque
la fin des paysages rustiques. E ncore quelques
tours de roues et vo ic i la région des'
mines de
houil le dont les fumées et les p oussi ères parais
sent é tranges sous ce beau c iel ensolei l l é , parmi
cette végétat ion de l’Italie et de la Grèce. La
Levade, premier vil lage du bassin minier de la
Grand’
C ombe,frappe surt ou t par ce contraste
pendant que la . gare est no ircie par lahouil le
descendue de la mine,on
'
voit sur les hautes ter
rasses fleurir des lauriers- r0ses en pleine terre,a coté des figuiers et des agavés croissant au
p ied des murail les revê tues de l ierre. A l ’entrée
LA HAUTE GARDON N E N QUË .
d ’une gorge bo isée de p ins se dresse l elégante
flèche d ’une chapel le.
Toute la montagne, sur la rive gauche, est
excavée par les mines, et cependant le pays reste
vert ; cela est d’
au tant plus surprenant que les
Cévennes méri dionales sont tr0p souvent dén ‘
u
dées. Mais la forê t et la houil l ère sont int ime
ment associées,la Compagnie des mines de la
Grand’
C ombe a de bonne - heure songé à recon
vrir d’
arbres les parties dénudées de sa conces
sion, el le les a plantées de p ins qu i sont aujour
d’
hui en pleine valeuret fournissent les boisages
néceSsaires aux galeries .
Cette oeuvre est d ’
au tant pl us intéressantequ ’
el le a é té menée à bien dans une contrée où la
déforestation est extrême et qu ’
el le donnedes ré
sultats financiers vraiment remarquables. L’
opé
rat i on a é té condui te avec beaucoup de persévé
rance,depuis 1839, sur l
’ ini tiative de M . Paul in
Talahot, homme éminent dont le nom reste attaché à tant de grandes entreprises
,notamment
les chemins de fer de Paris à la Méditerranée.
E n 1888la Compagnie se trouvai t ainsi propr1etaire de 1 2 61 hectares de jeunes forê ts. Au dé
but on préparait les semis avec so in,les terrains
é taient débroussai l l és auj ourd ’hui on a reconnu
que le couvert des arbrisseaux favorisait la cro is
8 V OYAGE E N FRAN C E .
sance ; les graines , d’
abord répanduesà la vo lée,
le sont auj ourd ’hu i à la piochette. Actuel lement
on n’
a plus à semerque- les parties soumises aux
coupes,encore le repeuplement se fai t— il naturel
lement .
Depuis 1878 environ,la forê t est en p leine
explo i tat ion ; on se borneàla production des po
teaux de mines. Quand ces bois é taient visi tésen 1888par la commission de la prime d
’hon
neur au concours général , la valeur annuel ledes
coupes atteignai t 1 00000 fr. les frais 11 etant que
de40000 fr.
,le bénéfice est donc considérable.
L’
exploitationde ces bo is est fac il i tée par des
câbles aériens de 1 000 à 1500 mè tres de portéeconduisant
‘
les poteaux sur les pet i tes vo ies fer
rées qui les mènent à l ’entrée des galeries .
A cô té de ces avantages financ iers,i l est ré
sulté une amélioration considérable du cl imat,
les chaleurs sont moins extrêmes,les torrents
qui ravinaient la montagne sont devenus desruisseaux tranquil les et purs
,d ’
al lure pérenne,
dont les plus é levés al imentent des réservo irs à
C hampclauson . C es eaux sont ensuite diri gées
sur lesmines pour être util isées au lavage de la
houil le. On vo it avec quel le sc ience on a su as
socier la forê t et le charbonnage. A ce point de
LA HAUTE GARD ON N E N QU E . 9
vue l ’explo itation de la Grand’
C ombe est un
modèle.
C es travaux n’ont pu cependant réussir à
maintenir les terres inconsistantes qui bordent larive gauche du Gardon près de la Grand’
C ombe.
Quand , depuisLaLevade, on a longé le pied des
hauteurs où les tranchées montrent des affleure
ments de houil le, où se succèdent les instal la
t ions de mines ateliers de triage, voies de char
gement,etc .
,on atteint un éperon de terres
mouvantes que les pluies font ébouler et qu i,
plus d ’une fois, ont emporté le chemin de fer.
Le dernier C ataclysme a entraîné une telle quan
t i tedematériaux que le Gardon fai l l i t ê tre barré ,on dut é tabl ir une vo ie de fortune dans les galets
du torrent pour ré tabl ir la c irculation . C e point
IO V OYAGE E N FRAN C E .
se nomme le C onfirezun puitsdemine aménagé
avec tous les progrès modernes en a pris le '
nom.
L’
aspec t de ces pentes est sinistre ; sous lapoussée formidable
,une grande part ie de la
montagne, net tement coupée en falaise,s’
est
avancée vers le torrent,le chemin de fer a dû
être reporté p lus l o in pourcontournerl’obstacle .
La vil le de la Grand’
C ombe est près du C onf
fre,el le se groupe au bord du Gardon et se pro
l onge dans le val l on latéral parune interminablerue demaisons ouvrières remplaçant les caser
nes de la primi t ive exploitation ; des casernes
existent encore autourde certains puits et chan
tiers,il en est au sommet de la montagne
,dans
le cirque à demi fermé,ré gul ierement dessiné
,
portant le nom bien préc is de C ham“
pclauson .
La vil le,mal gré la fumée des fours à coke et
des usines,tel les que la fabrication des agglo
mérés, reste assez propre . L’
absence d ’humidit é
ne permet pas à la suie de s’
attacher aux murs
comme el le le fai t dans les pays du Nord . Sousla brume noire qui pèse sur le si te
,les maisons
paraissent presque blanches et les badigeons
colorés ne sont pas trop ternis.
L’
énorme bourg s’
est construit sans plan bienarrêté , au fur et à mesure des besoins. I l y a l à
1 2 V OYAGE E N FRAN C E .
flanquée de tours rondes qu’
avoisine une tour
carrée. Ici le fond de val l ée est très vert ; des
mûriers,des pêchers chargés de fruits, des plan
tations de tomates occupent des petites laisses
d’
alluvions .
Le Gardon réapparaî t, purifié par son passage
dans les sables ; le plan s’é largi t
,occupé par des
roseaux deProvence, des tai l l isd’
acacias,des ln
zern1eres. De grands châtaigniers cro issent çà et
là . mettant la tache sombre de leur vaste ramure
sur ce fond plus clair. Au sommet d’
un rocher
surgit le donj on carré de Cendras,é trangement
percé d ’uneporte placée bien au— dessus du’
sol,
on ne pouvai t y accéder que par une échel le ;cette pré caution révèle l ’ép oque romane de la
construction .
Le si te est très classique et féodal d ’
aspect,la
val l ée du Galeizon qui débouche sur cel le du
Gardon possède encore le château de la Fare,
de construction moderne,et les débris d ’une
abbaye . S ur ce paysage plane un nuage de fumées lourdes provenant des usines d’
Alais. Au
premier coude du Gardon,on est de nouveau
en plein centre industriel ; sur la rive gauche
sont les forges et hauts fourneaux de Tamaris,
sur la rive dro ite les houil lères de Rochebelledont les galeries s
’é tendent jusqu’à l ’entréede la
LA. HAUTE GARDON N E N QU E . 1 3
vil le d’
Alais. Tamaris occupe une si tuat ion curieuse le pont suspendu qui traverse le Gardon
est au- dessous d’
un autre pont en tôle qu i le
recouvre en s’
appuyant sur .une p ile disposée
entre les deux travées.
C e pont supérieur porte les rai ls d’
un petit
chemin de fer amenant à la grande l igne les
charbons de la concession de Rochebelle- et
Cendras explo itée par une compagnie qu i vient
au troisœme rang parmi les sep t soc i é tés houil
lères du bassin du Gard I l y a l à des couches
nombreuses d’
anthracite et de charbons gras,
divisées en plusieurs groupes d’
extract ion . Le
plus important offre huit à dix couches exploi
tables avec 18à 2 0 mètres dehouil le denature
un peu friable, mais de quali té supérieure pour
la fabri cation des agglomérés
C es houill ères ont é té la cause principale de
prospéri t é pour la Vi l le d’
Alais,devenue une des
plus importantes du Midi . De9000‘ âmes au com
mencement du si ècle,la population est passée à
25000 et ce chiffre serai t b ien plus considé
rable encore sans la crise industriel le et les fléaux
qui se sont abattus surles vers à soie et la vigne,
autres sources de fortune du pay s cévenol.
1 . Production de Rochebelle en 190 1 2 20000 tonnes .
14 V OYAGE E N FRAN C E .
La présence du fer aux portes mêmes d’
Alais
a fait naî tre l ’ industrie mé tal lurg ique. Les mines
dites d’
Alais qu i s’ étendent sur le territo ire de
plusieurs communes ont fourni en 190 1 une
quant ité de 42 000 tonnes, el les avaient atteint
59000 l ’année précédente. Cette diminut ion est
due à la si tuat ion de l ’ industrie mé tal lurgique
et aussi à l’insuffisante richesse de ces minerais,
puisque les usines du département durent faire
appel aux mines des Pyrénées- Orientales pour
subven ir à leurs beso ins,qu i se sont é levés en
190 1 à 140 000 tonnes de minerai , ayant fourni
69000 tonnes de fonte transformées en 4000
tonnes de fer et 60 000 tonnes d ’
acier.
Cette industrie considérable n’
est pas confinée
dans la vil le,el le s
’é tend sur une vastebanl ieue,rempl i t les val l ées du Gardon
,de l
’
Auzon et de
la C èze . C ’
est ce que l’
on appel le le bassin d’
A
lais,dont les productions sont très variées .
LE BAS S IN D’
ALAI S
Alais . Pasteur et la sériciculture. Les grands h0mmes
d’
Alais.Industries alaisiennes La soie, la houille, la
métallurgie. Les usines de S alindres. De l’
Auzon à la
C èze.
‘
S aint—Ambroix . L’
Auzonnet et ses mines.
Saint- Jean-de— V alériscle. Le Martinet . Dans la chataigneraie. Rochessadoule. Besseges.
Bessèges. Avril.
Ainsi que la plupart des vil les du Midi , Alais
doi t à l’
exubérante végétat ion de ses platanes
l’aspect d ’une grande c ité . On vo it partout desavenues et des boulevards p lantés de cette es
sence,mais ces arbres
,même vigoureux
,n
’ont
jamais dans les contrées du Nord la pu issance
et la santé robuste qui en lontici comme un arbre
à part . La moindre b ourgade dont le cours
est bordé de platanes prend de suite de l ’al lure,
même si les constructi ons riveraines sont basses
ou banales.
A Alais ces végétaux sont particul ièrement
superbes sur la large avenue de la gare é clairée
1 6 V OYAGE E N FRAN C E .
par des globes électriques. Cet te ombreuse en
trée de vil le où la foule est parfois grande abou
tit à une place ornée de la statue de Pasteur.
L’hommage est particul i èrement méri té
,le grand
savant est le sauveur des Cévennes. Toute la
région du mûrier al lai t ê tre ruinée par lamaladie
des vers à soie l orsqu ’ il parvint à en déterminer
la cause et,à l ’aide de l ’examen microscopique
,
donna le moyen d’é l iminer les graines conta
minées . Au b ienfai teurde l ’humani té dit une
des inscriptions du p iédestal . S ur une autre face
on l i t A Pasteur,la séricicul ture et l
’
industrie
de la soie La statue repré
sente l ’ il lustre chimiste ,debout
,tenant une
rami l le de bruyère couverte de cocons. Deux
bas—rel iefs montrent une tisseuse au jacquard et
une dévi deuse de cocons .
La statue est au p ied d’une terrasse portant la
c itadel le construite par V auban pour contenir
les insurgés cévenols. Devant ces bât isses hautes
et raides auj ourd’hui transformées en caserne,
s’ é tend la promenade de la Maréchale
,qu i reçut
ce nom en l ’honneur de Mme de Montrevel ,femme du commandant de l ’armée royale
, pro
mo teur des dragonnades. D ’
autres promenades
entourent la caserne l ’une d ’
el les,jardin pu
blic appelé le Bosquet,renferme le buste du
LE BAS S IN D’
ALAI S . 1 7
marquis de la Fare-M ais, un des précurseurs du
f‘
é l ibrige.
S ur une peti te p lace deux au tres no tabili tésl ocales du X V…6
siècle ont é té glorifiées par un
monument , les frères B01ss1erde la Cro ix de S auva
‘
ge. L’
un,abbé
,rédigea le dict i onnaire langue
V OYAGE E N F RAN C E . XXXV I.
18 V OYAGE E N FRAN C E .
docien ; l’
autre, le docteur, fut professeurde b o
tanique à Montpel l ier.
Quant à J .- B . Dumas,le chimiste, glo ire plus
é clatante, i l a donné son nom au lycée d’
Alais
Le reste de la vi l le est d ’ intérê t assez médio
ere. La viei l le c ité , auj ourd’hu i débordée par les
larges artèresde quart iers plus régul iers etmieux
aérés, se compose de rues é tro ites, auxmaisonstrès élevées. La place du marché est entourée
d’
arcades. L’ égl ise Saint- Jean estl ’anc ienne ca
thédrale dont quelques part ies remontent au
x11°si è cle l evêché est devenu un café qui a
arboré le nom de l ’ancien palais des pré lats.
L’Hô teldevil le n ’
est pas sans valeur, i l renferme
notamment la sal le où se tenaient les É tats du
Languedoc . Le'Musée et l
’É cole des maî tres mi4
meurs complè tent les monuments de cette partie
d’
Alais.
‘
Les quart iers les plus vivants, ceux des hôtels
et des cafés, sont au bord du Gardon . La riv1ere,
bordéede quais et franchie par deux ponts, dont
un en dos d ’âne très pittoresque,sépare la ville
d’
un faubourg assis au pied de hautes col l inesrocheuses disposées en terrasses couvertes d’ol i
viers. Sur la tour d ’une église une statue deChrist semble bénir Alais. E n amont la c ita
del le surg i t au— dessusd’une haute murai l le flan
2 0 V OYAGE E N FRAN C E
l i té au mo ins égale à cel le des produits au
glais
La même usine trai te les calcaires asphaltiques
que l’
on retire surtout des mines de Servas et
dont l ’extraction at teint près de 1 0000 tonnes
chaque année Alais est un des trois principaux
centres de France pour cette industrie
JadisAlais é tait un centre intéressant pour la
product ion de la couperose. Les progrès de la
grande industrie ont tué cette fabricat ion toute
rurale, les paysans explo i taient dans ce but la
pyri te de Saint - Jul ien—de—V algalgues. La pro
duct ion atteigni t de 300 à 400 quintaux et fut
particul ierement active pendant les guerres de
l’
Empire. Jusqu ’
au mi l ieu du X IX°S i ècle
,les cam
pagnes cévenoles avaient une foule de petites
industries semblab les,anéanties par le dévelop
pement des grandes usines.
La séri c icul ture et ses dérivés restent la prin
cipale branche d’
ac tivi té d’
Alais . Après Lyon et
Aubenas cette vil le est le marché le plus cousi
dérable pour les cocons et les so ies,mal gré le
fâcheux abandon qu i semble se dessiner et se
traduit par la diminut ion du nombre des mû
1 . 9300 tonnes en 1901 .
2 . S ur la préparation de l’asphalte, voyez la 8e série du Voyageen F rance, chapitre V I I I , et la 33e série, chapitre X V I.
LE BAS S IN D’
ALAI S . 2 1
riers . C es arbres,atteints eux aussi par une
maladie nommée pourria’ze, ne sont pas soi
gnés ; on ne les remplace pas partou t lorsqu’ i ls
meurent et cependant le sol ne se prê te guère à
une autre cul ture ; on n’
a pas, comme dans le
V aucluse,la ressource des primeurs en terrains
irri gués et de la trufficulture en terrains secs .
Cependant l ’attribut ion de primes aux sérici
culteurs a eu pour effet d ’
enrayer le mouvement ,et les mé thodes de sé lect ion de la graine, les
consei ls et les exemples fournis par une station
expérimentalede séri cicul ture b ien outil l ée arrê
tènt la décadence
D ’
ai l leurs le Gard,et i c i par Gard il fau t en
tendre Surtout la rég ion cévenole,est touj ours
au premierrang pour la quanti té de cocons obte
nus plus du quart de la product ion française
qui se répart i t sur 2 7 départements Le nombre
des séri cicul teurs est cependant inférieur à celu i
relevé dans le département de la Drôme,mais
les magnaneries sont plus consi dérables.
Une grande partie des cocons de la rég ion
viennent se faire fi ler à Alais ; la vi l le possède
dans ses faubourgs ou au bord de son torrent
1 . C hiffres de 1900 France entiere 9 180404 kilogr. Gard
252 2 298kilogr. , 2 7 400 sériciculteurs contre 29032 dans la
Drôme.
2 2 V OYAGE E N FRAN C E .
des usines nombreuses dans lesquel les le cocon
plongé dansdes bassines d ’
eau chaude se dévide
rapidement . La soie grège ainsi obtenue se rend
en d’
autres manufactures appelées moulinages.
C es divers atel iers occupent un grand nombre
d ’ouvriers, de femmes surtout . Je ne reviendrai
pas sur ce travai l et sur la séri cicul ture dontj’
ai
déj à parlé avec quel que développement ‘.
L’ industrie alaisienne ason princ ipal foyer à
I’
eSt et au nord- est dela vil le,sur le chemin de
fer du Tei l et dans les val l ées de l’Auzonnet et
de la C èze. Pays curieux par le contraste entre
la sauvagerie des massifs montagneux et l’
ex
trême activi té de la plaine et des fonds de val l ée.
C ’
est que toute cette région est très ri che au
po int de vue agri cole dans les part ies basses,comme elle l
’
est,au po int de vue minéral , dans
les régionS accidentées.
Dès qu ’on a abandonné les bords du Gardon
on pénè tre dans une superbe plaine parsemée
d’une infini té de mas très vastes, entourés de
vignes sur échalas, de mûriers et d ’
arbres frui
1 . 1 1 e série du Voyage en F rance, chapitres X I et X I I .Le mouvement des affaires est donc considérable,
le bureau
auxiliaire de la Banque de France a mis en recouvrement en 1903
pour 1 3 241 974fr. d’
effets et en a escompté pour 2 963 02 1 fr.
LE BAS S IN D’
ALAI S . 2 3
tiers. Le mas, dans tou t le Midi , depuis Lyon,mais surtout dans la région du mûrier et de l ’o
l ivier,c ’est la ferme ; el le tire généralement sOn
nom d ’
une part iculari t é l ocale . La Mirei l le de
Mistral hab itait le mas des Micocoules, c’
est— à
dire entouré de micocoul iers
Cette mul ti tude de maisons donne beaucoup
de gaîté à ces abords de la vil le. Les co ll ines qu i
encadrent la plaine sont assez nues. Au l o in,sur
l’une d’
el les, apparaî t le château de Trouillas,
masse carrée flanquée de tours dominée par le
p 10 '
a1gu qui porte les ruines féodalesdeBousson .
Au p ied de ces hauteurs s’é tendent de vastes
é tabl issements dont la fumée embrume ce l umi
neux paysage. C ’
est la grande manufacture de
produits ch imiques de Sal indres qui vi t lesbeaux travaux de Sainte— C laiFe—Devil le pour la
recherche des procédésde product ion de l ’aluminium . Sal indres a donc une part glorieuse
dans l ’histo ire industriel le de notre siècle. Cette
usine doi t son développement aux richesses mi
nérales de son territo ire et'
à la proximité des
houil lères. Dans la montagne de Bousson s’
ex
ploitent des mines de zinc ; près de Servas sont
d ’importants g isementsde calcaires b itumineux .
Sal indres est surtout un centre industriel,mais
la lumière et le solei l sont trop éclatants dans
2 6 V OYAGE E N FRAN C E .
cette contrée pour soui l ler complè tement le
paysage. Si l’on vo i t de grands tas de scories
act ivement fouillés pardes femmeset des enfants
à la recherche des escarbil les combust ibles,les
groupes de ces pauvres gens ont de la couleur et
de la vie,grâce aux teintes vives des vêtements.
Le bourg a de hautes maisons aux to its couverts
de tuiles rouges,et il est dominé par les ruines
d’
un donj on . La campagne,aux alentours, est
un immense vignoble.
Mais i l y a aussi,vers l’Auzonnet
,d
’
horribles
landesdegenévriers et des broussai l lesde chênes
kermès entre lesquel les des cultivateurs ont su
créer des champs bien aménagés. A défaut de la
charrue,ces terrains incul tes attendent la visi te
du forestier qui les transformerai t en bel les fu
taies de p ins ou de chênes yeuses.
La p laine devient p lus verte sur les rives de
l’
Auzonnet,ou Auzon de la C èze
,clair mais 1ndi
gent torrent qui semble al ler butter contre une
murai l le de sombres coll ines ; cel les- c i l’obligent
à se replier vers le nord,mais el les lu i versent
par leurbase le tribut d’une source puissante née
près du vil lage d’
Arlendes. Il apporte ainsi à la
C èze un flo t pur et régul ier qui assai1‘
1it la rivière
po l luée par les égouts et les usines de Bessèges
et de Saint-Ambroix .
28 V OYAGE E N FRAN C E .
rococo avec tourel les et créneaux . Le Saint—Am
broix primit if est un entassement de curieuses
bâtisses,au l ong de peti tes rues irrégul ières. U n
vieux pont ogival enjambe le torrent souil lé . Au
dessous,les quart iers neufs bordent les routes.
La pet ite vil le, dont la populat ion dépasse
3500 âmes avec les habitants des mas écartés,
n’
a guère de part à la grande industrie déter
minée par les mines, mais cel les- c i sont très pro
ches et amènent un peti t mouvement commer
cial. L’
act ivi té est due surt out à la fi lature de
la soie,part icul ierement act ive
,qui emplo ie un
grand nombre de femmes et de jeunes fi l les ve
nues des campagnes voisines.
Pour trouver la rumeur des ruches ouvri ères,i l faut p énétrer à l ’ intérieur du massif où l’Au
zonnet,la C èze et la Gagnieres se creusent des
val l ées. Un des bourgs, Mol ières, dresse ses che
minées fumantes au p ied de terrasses d’
oliviers
et de chênes verts . Partou t se montrent desfosses à houil le et des atel iers de triage. U ne
fabriqued’
agglomérés, des culbuteurs, des fours
à coke noirc issent ce triste vil lage dominé par
une chapel le et‘
les restes d’
un château fort . Les
monceaux de mâchefer souil lent les bords de la
C èze où sont encore de beaux châtaigniers .
Pourtant , le charbon et d ’
autres minéraux
LE BAS S IN D’
ALA1S . 29
affluent et donnent l ieu à d’
importantes exploi
tations. C es richesses ont fait construire des
voies ferrées dont le rôle est purement indus
triel ; rares sont les touristes qui s’
aventurent au
sein de ces monts schisteux,cependant fort
beaux,grâce à leur manteau de châtaigneraies.
Une des l ignes remonte la val l ée de l’Auzon
net,resserrée
,bien exposée au soleil
,offrant
toute la végé tation provençale. S urla rive gauche
les oliviers et les mûriers occupent des terrasses
patiemment é tabl ies. Du cô té opposé les pentes
sont revêtuesde tail l is de ch ênes verts. La peti t e
riwere est d ’une adorable transparence et assez
abondante,car l ’ é té n
’
a point encore dessé ché
les sources. Autourdes Mages, les mûriers et les
châtaigniers sont nombreux . C ’
est une suite de
tableaux bien cévenols plans couverts de mû
riers,beaux mas
,terrasses s’
échelonnant en gra
dins j usqu’
au sommet des coll ines et t émoignant
d’
un prodig ieux labeur.
Dans cettegorge riante s’ouvrent les mines de
Saint- Jean—de—V alerisc le proprié té de la compa
gnie des mines de la Grand’
C ombe.
Les châtaigniersmasquent la banal i té du si tesur la rive droite _
le manteau des chênes verts
de l ’autre côté les o l iviers tout en haut,les châ
taigniers. C es derniers arbres n’ont pas encore
30 V OYAGE E N F RAN C E .
bourgeonné,ils s
’
épandent en nappes rousses ou
violacées, tandis que les autres végé taux , grâce
à leur feu illage persistant , donnent sous le solei l
ardent .d’
un avri l cevenol l ’ i l l usion d’
un paysage
estival .
Le vil lage de Saint- Jean-de-V alériscle,é tagé
au- dessus de la rivière,S epanouit dans ce cadre ;
des tours et une maison à arcades accentuent le
p ittoresque du décor. Les puits de houil le se sui
vent dans le défi l é lumineux un vieux château ,très vaste, a é té transformé en habitation ou
usine. Cela est tantôt âpre,tantô t charmant et
touj oursd’
un caractère classi que ainsi la mino
terie de l’
Auzonnet, ainsi des * mas,sur les ro
chers,évoquent l ’ idée desfabriques chères aux
peintres d ’
autrefo is
La val lée s’é largit autour de Saint- Florent et
le plan se rempl it de mûriers, tandis que les ol i
viers couvrent les terrasses et les châtaigniers
Ies'
hautes pentes. I l y eut i c i de l’induStrie, une
grande usine est navrante d ’
abandon ; on ne vo i t
yflus de flunée au sonnnet chæ la chen finée qui
prolonge au sommet de la coll ine une gaine
construite à son flanc . L’
activité s’
est portée au
fond du val lon , près du hameau du Mart inet ;l à s
’ouvrent les mines de charbon de Trel is,exploitées par la compagnie des forges d
’
Alais .
LE BAS S IN D’
ALAI S . 3 1
C ’
est le terminus du chemin de fer qui projet te
des embranchèments dans la montagne. Les ins
tallations occupent un peti t bassin verdoyant,
tapissé parla châtai gneraie j usqu’
au sommet desmontàgnes.
‘
Beaucoup des arbres sont jeunes,chose rare
,car on rep lante peu .
Le Martinet se compose uniquement d ’une rue
boueuse,mais lesmaisons sont propres et entou
rées de mûriers et de châtaigniers . Sur la rive
gauche du torrent naissant, les usines dressent
leurs cheminées fumantes parmi les arbres ; sur
la rive droi te les exploi tat ions ont mo ins d’
am
pleur. Des plans inc l inés et de pet ites v01es abou
tissent à la gare. Deux fabriques d’
agglomérés
transforment en briquettes une partie des pro
du its extrai ts.
La faib lesse des demandes a fai t d iminuer
régul ièrement la product ion de cette conces
si on de Trélys, qui comprend non seulement lesmines du Mart inet
,mais aussi les houil l ères de
Rochessadoule,sur l ’autre versant de la mon
tagne, dans un val l on ouvrant sur la C èze à B0
biac . Créée en 1855la compagnie donna rap i
dement de l ’essor à son extraction . E n 1882 el le
produisai t 240 000 tonnes, mais la quant ité a
décru au po int d ’
atteindre seulement 1 33 000
tonnes en 190 1 . On pourrai t retrouver les ren
32 V OYAGE E N FRAN C E .
dements d ’
autrefois si le chemin de fer,aujour
d’
hui arrêté dans le cul-de- sac du Martinet, al lai t
rej o indre - à la V ernarède l’
embranchement qui
se détache à Chamborigaud de la l igne de Cler
mont . D e nouveaux débouchés seraien t ouverts
Cette val l ée de l’Auzonnet a d ’
autres ri ches
ses,on y trouve l’antimoine mais i l ne donne
l ieu à aucune explo itat ion le fer,le plomb
argent ifère, le baryte, le p lat ine. De tous Ces mi
nerais,le baryte seul a fai t naî tre un mouvement
industriel les mines, ouvertes très haut au-des
sus de la val lée, al imentent en partieles usines
de Sal indres, lereste est diri g é surMarsei l le pour
l ’exportat ion . La gare du Mart inet en fi t des ex
péditions directes sur l’
Allemagne. La produc
ti on atteint en moyenne 1 000 tonnes par année.
U ne route mal entretenue monte du Mart inet
à Trélis,vil lage en part ie abandonné
,comme
d ’
autres hameaux voisins, par suite des effon
drements dus aux travaux de mine. Du col
dominé par ces ruines,on découvre le bassin du
Martinet enfermé entre des croupes, en ce mo
ment fauves, mais qu i doivent en faire une cor
bei lle de verdure quand les châtaign iers ont pris
leur feu il lage. Le manteau des grands arbres est
déchiré,à mi-hauteur de la montagne, par l
’
en
tai l le blanche d ’une exploitati on de baryte.
34 V OYAGE E N FRAN C E .
De l ’autre côté s’ouvre, tel un abîme
,le val
lon é trange de Rochessadoule où s’
entassent
confusément des maisons ouvr1eres à deux éta
ges, de teinte indéc ise, des plans inclinés et des
amas de déblais. D es châtai gniers,une o l ivette
sur une terrasse b ien exposée,des ouvertures de
galeries, des puits de mine, un torrent sale oùtombent en cascades des eaux roug ies oujaunies
par leur passage à travers des gisements de fer,
de j ol is jardinets, des talus pleins de dé tritus,des cheminées fumantes
,une pauvre égl ise à
campani le . Tou t cela extraordinairement con
fus dans son enchevêtrement .
Le chemin , raide, descend et at teint le hameau
où les fenê tres sont tendues de cordes suppor
tant des hardes qui sèchent autour de ces
grises demeures les pêchers mettent la florai
son'somptueuse des rameaux roses
,tandis que
des châtaigniers épargnés pendant la création
de ce centre ouvrier é tendent leurs branches
robustes.
Tel estRochessadoule, hameau peuplé de près
de 1 400 âmes et dépendant de la commune de
Robiac si tuée à deux kilomètres,au bord de la
C èze. Un chemin de fer industriel rel ie lesmines
à la l igne du Tei l . I l se détache au flanc de la
colline, vers le pui ts de Brissac , sous de hautes
36 V OYAGE E N FRAN C E .
sans , caractère, aux maisons plates et noircies
par la fumée . Les boutiques de charcut iers et
de bouchers sont nombreuses ; devant el les des
c hevreaux égorgés sont suspendus,d ’
autres ani
maux semblables attendent leur tourdesacrifice
les—
pattes barbarement l iées,ils gisent sur le
tro ttoir et bêlent d ’une façon lamentable.
De tous les centres ouvriers du bassin d’
Alais
celu i-ci a le caractère le plus franchementindus
trie] . I l rappel le les vil les des bords du G ier
dans la Lo ire, bien que le solei l soi t «plus brû
lant . C ’
est que Bessèges n’
est pas seulement un
centre houi ller,c ’
est encore le siège d’une grande
industrie métal lurgique, restée debout'
après la
catastrophe de la Compagnie de Terrenoire à
laquel le les hauts fourneaux appartenaient . C es
forges et fonderies consomment une grande
partie du combust ible extrai t dans lès mines très
importantes de Bessèges Les charbons sont
transformés en coke dans des fours dont la fu
mée se mêle à cel le des hauts fourneaux et des
cheminées.
Les puits de mine s é tendent sûrlesdeux rives
de la C èze que bordent des rangées de maisons
1 . Production , en 1901 , de la C ompagnie des mines de Bes
sèges516 000 tonnes ; la C ompagnie de Lalle en a produit ooo.
LE BAS S IN D’
ALAI S . 37
ouvr1eres. E n amont,sur la rive gauche, Où la
montagne ne plonge pas au tant à p ic sur la n
w ere,la l igne des maisons s
’é tend encore sur
prèsde deux kilomètres . I l y a plus de 9000 ha
bitants autour des forges et desmines .
Bessèges est une vi l le toute moderne, devant
son existence à la houil le et au fer,réunis sur
le même terri to ire. Pour dével opper leur pro
ducti on ,les mines consentirent , en 1 834 a four
nir la houil le à 4fr. la tonne à perpé tuité à
M . Grangier, maî trede forges en Franche- Comté
Les travaux deM. Grangier furent dé trui ts par
une crue de la C èze en 1835: Cockeri l l entrepri talors 1 etab lissement actuel qui devint en 1842 1a
propri é té d ’une soc1eté anonyme. Peu d ’
années
après, la compagnie de la V oulte, Terrenoire et
Bessèges prenai t l’
affaire el le la posséda j usqu ’à
la crise qui emporta la socié té
Bessèges a survécu à ce désastre dans lequel
sombra la prospéri t é de la ci té vivaraise de la
V oulte et de la ruche forézienne de Terreno ire.
E lle pourra cont inuer à vivre si les ag itat ions
ouvrières ne viennent pas mettre en péri l des
é tabl issements qui ont les désavantages communs à tant d ’
au tres centres métallurg iques :
l ’é loignement des vo ies navigab les et des gise
ments de minerai de fer de haute teneur. Les
38”
V OYAGE E N FRAN C E .
travai l leurs cévenols ont donc entre leurs mains
le sort des usines et le leur propre.
Au- dessus de la zonedes fumées et de la suie,le paysage reprend . sa netteté et Sa beauté . Des
vergers et des jardins superbes couvrent les ter
res rouges des col l ines . Par- dessus cel les- c i on
vo it monter les fumées des mines de charbon
explo i tées dans la val lée de Gagnières par la
compagnie al gérienne des minerais de fer ma
gnétique de Mokta- él-Hadid
1 . Production en 1901 dans les concessions de houille de les
S alles de Gagmeres, le Martinet de Gagmeres, Montalet, C essonset Trebiou, C omheredonde 1 30 000 tonnes.
LA S E RRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E
Le chemin de fer d’
Alais au Rhône. C onceptions grandioses,déception amère. Autour d
’
Alais. C élas. La plaine
de N avacelle. Le défilé des Angoustrines . La S erre du
Bouquet . Le Guidon et son panorama. Le désert deV allerargues. Lussan et ses garrigues. La vallée de la
Tave. Le pays de S abranenque. Mines de lignites.
C ulture du sorgho. Fabriques de balais. Le camp de
Laudun. L’
Ardoise et sa sucrerie.
Bagnols-sur-C èze. Mai.
Parmi les concep tions é conomiques de ces
trente dernieres années,il en est une qui parut
appel ée à un bri l lant succès, on n’était pas l o in
d ’y vo ir une transformation radicale des condi
tions mari times de Marsei l le. I l s’
agissai t d ’
ame
ner directement à la.mer,à l ’aide de navires spé
cieux , les charbons du bassin d’
Alais. C’
étaient
des bateaux- écluses,calant de 1 mè tre à
au plus,dans lesquels on pouvai t mettre un cha
land tou t charg é,dont le tirant d’
eau at teignai t
2 mè tres et qui pouvai t , grâce à ses formes,
flotter sur la mer à la sui te d’
un remorqueur.
40 V OYAGE E N FRAN C E .
Un chemin de fer prenai t les houilles à la mineet allait droit au Rhône les verser dans ces ba
teaux qui n’
avaient plus -
qu a descendre à gré
d ’
eau jusqu a la Méditerranée et, de là , se_
dmger
sur Marsei lle. Le système,fort ingénieux , é tai t
malheureusement très coûteux .
Aux yeux des inventeurs, les mines d’
Alais
prenaient un dével oppement énorme ; notrema
rine, dégagée du tribut payé à Newcastle et à
Cardiff,pouvai t lutter avec l’Angleterre Mar
seil le é tai t désormais le marché des charbons
dans la mer
C e beau rêve n’
a pas tenu devant les obstacles,les instal lations fai tes à grands frais sont aban
données,le port construit sur leRhône estmort
né. Le chemin de fer auquel on promettai t tant
d ’
avenir a fail l i lui-même être rendu àla garrigue
qu ’i l traverse.On l’
a sauvé du désastre,mais
pour en faire la l igne la plusmal desservie du ré
seau . Deux trains seulement parjour dans chaque
sens ! Je me trompe un embranchement de la
même compagnie est aussi mal partagé le tron
çon de Montagney aLa Barre près de Besançon .
On en chercherai t sans doute vainement un autre.
I l est vrai que, l’
espérance du transit entreAlais
et le Rhône une fois évanouie, ce pauvre chemin
de fer a é té réduit à un b ienmaigre trafic,le pays
LA S E RRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 41
traversé est en partie un désert , non pas‘
au figuré
mais au sens propre du mot . V oyageurs et mar
chandises font défaut , les hab itants des villages
peu populeux que dessert la vo ie ne sont d ’
ai l
leurs guère inc i tés à util iser les trains ; si l’
on
veut al ler à Alais,à Bagnols ou à Nîmes, i l faut
partir de grand mat in et l’
on ne peu t rentrerquefort tard le so ir. Pouramél iorercet é tat de choses
on va do ter la l ignede vo itures automotri ces qu i
permettront d’
augmenter le nombre des voyages
en réduisant le personnel et les frais de tractionsur cette vo ie de près de quinze l ieuesE n dép it de sa pauvreté
,le pays traversé mé
ri te pourtant une visite,i l semble condenser tous
les aspec ts des Cévennes cal caires ; de pet i tsmonts le hérissent et, de leur cime
,o ffrent des
vues immenses ; cel le du Guidon du Bouquet estfameuse par les grands horizons découverts . I lest donc possib le que cette contrée Serre du
Bouquet , désert de V al lerargues, gorges profon
des de la C ézarenqne, attire unjour les visi teurs
La compagnied’
Alais au Rhône avai t tant de
confiance dans son entreprise qu ’
el le avai t cons
truit une gare monumentale dans le faubourg
1 . E xactement58k ilomètres. C es voitures àvapeur sontmaintenant en service, un troi51eme train circule dans chaque sens.
42 V OYAGE E N FRAN C E .
d’
Alais d ’où les rai ls se détachaient de la l ignede Nîmes. C et édifice presque somptueux estdésormais inutil isé , le départ se fai t dans la vieil legare d’
Alais,une des plus actives du réseau .
Aux approches de la vil le, j usqu a C élas où
l’
on croise la l igne du Martinet à Tarascon,la
campagne est fraîche,b ien cul tivée
,parsemée
d ’unemul t i tudedemaisonnet tes entouréesdejar
dins fleuris. Le sol, très fertile, se prête à une
culture vari ée. Dans les moissons croissent des
mûriers, des figuiers, des cerisiers . Les maisons
rurales doivent du p ittoresque aux galeries à
arcades dont la plupart sont dotées.
Le ruisseau de l’Avène, descendu du bassin
houil ler de la Grand’
C ombe et qui vient de tra
verser les grandes mais laides usines de Sal in
dres,marque la l imi te de cette banl ieue d’
Alais
i l coule entre des petites falaises cal caires très
ré gul ières, tail lées dans un chaînondes garrigues .
C ’
est al ors le domaine de la vigne, el le s’é tale
en grandes nappes sur les pentes,plantat ions ré
centes mais vigoureuses, dest inées à remplacer
le vignoble disparu . Cette zone a encore de la
fraî cheur et de l ’humid ité, des frênes et despeu
pl iers d’
Italie rel èvent l’uniformité du manteau
de pampres . Les col l ines qui bordent le bassin
sont rocai l leuses et sèches, sur l’une d ’
el les N é
A4 V OYAGE E N FRAN C E .
aux vertes eaux , née du flot perdu plus haut parle torrent d
’
Alauzène. Les escarpements sont
parfois hauts et droits, des mfiltrations amènentcontre ces parois des eaux chargées de . mole
cules cal caires formant des draperies de con
crétions.
ÏPeu. à peu ka süe devùnfl: sauvage, cfia sèches
et laides garri gues bordent l’Alauzène. La Serre
du Bouquet se hausse. Au p ied de la chaîne, à
l ’endroit où el le se repl ie vers le défi lé , i l y a pour
tant un espace où la terre végé tale est assez profonde pour qu’un vil lage s
’
y so i t crée. C ’
est
Seynes entouré de cul tures parseméesd’
oliviers
de mûriers et de vignes. Cel les- ci furent b ien
plus nombreuses jad is, car on vo it des terrasses
abandonnées s’
éta‘
ger j usqu à la base“
des falaises
suprêmes de la montagne. L’
Alauzène y reçoit
les eaux d’une bel le fontaine qui fOrmeréel lement
le torrent,des grottes s’ouvrent dans les rochers .
Le point culminant de la Serre domine le vil
lage,il atteint 63 1 mètres pentes assez douces
sur la plaine de Navacelles, présentant de grands
à— pic vers l’orient . C’
est Une formidablemurai l le,
surtou t au nord , au- dessus du vil lage du Bouquet
qui a donné son nom au massif. L’
ensemble est
hardi,nufis ha nmu üeau te uses exphfi té en
tai l l is est d ’une teinte triste. C es chênes verts
LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 45croissent surla roche jurassique Offrant tous lesphénomènes d erosion de cette formation géo
lo g ique,les avens y sont nombreux , des gro ttes
se creusent .
C et obsew atoire, d’où l’on découvre les Cé
vennes, les Garrigues, le V entoux , les Al pes de
Provence et, par les matinées c laires
,la nappe
é t in'
celante de laMédi terranée,dut ê treune vig ie.
Lepoque féodale édifia près de la c ime un châ
teau dont i l reste des ruines fières encore,tandis
que les archéologues seuls peuvent reconnaî tredans les informes débris épars dans la -montagne
des restes de c ivil isat ion plus ancienne ou des
âges préhistori ques.
”
La cime maî tresse, le Gui
d0n est couronnée par une pyramide, si gnal
géodésique, surmontée de la statue de la V ierge.
Cette contrée a é té moins entaméeque la C évenne
par le protestantisme,le cul te de la madone est
demeuré vivace.
V ers le Rhône et Nîmes, la vue s é tend sur
des campagnes sévères, plateaux ou peti tes col
l ines nues et grises ou couvertes de chênes verts
d ’une teinte terne. Au tour des vil lages et des
mas,les cul tures font des taches claires . Mal gré
la grandeur du tab leau,le Guidon du Bouquet
n’
est guère gravi par les touristes ; mais le
15aoû t la foule des pèlerins est grande, pour les
46 V OYAGE E N FRAN C E .
abriter on a édifié un bâtiment au- dessous de la
pyran fide.
Quel ques fontaines jai l l issent sur le revers
oriental de la Serre,el les ont fai t naî tre les ha
meaux du village de Bouquet et forment le S e
guissons dont le cours partage lemassifen deux
parties. Pet i te riv1ere curieuse el le aussi par les
gouffres,les Ai guières où el le se perd pour
al ler jai l l ir en grandes sources vers le confluent
de l’
Alauzène et de l’
Auzon .
C es sources sont accrues par les eaux de pluie
infiltrées sur les monts et les plateaux p ierreux .
Certaines parties de cette région sontde vérita
bles éponges minérales, pas une gou tte de pluien
’
est conservée, aussi la déforestat ion a— t— el le é té
faci le et complè te. Tel mas où l’onmet en cul
ture des cuvettes analo gues aux solchsdes caus
ses n’
a pas un arbre ou un buisson autourde lu i ;pendant la saison chaude la chaleur doi t y ê treatroce.
U n co in est particuherement farouche de sol i
tude : le plateau é tendu au sud du vil lage de
V al lerargues et au mi l ieu duquel se croisent laroute d’
U zès et le chemin de fer. Sur cette table
rocheuse, i l n’
y a d ’
autre végé tat ion que de trèsrares chênes verts ou genévriers croissant isolés.
Après les pluies prolongées,une herbe courte
LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 47
offre une pâture savoureuse ma15clairsemée
aux moutons,seuls hab itants de ce désert . Le
chemin de fer a doté cette sol i tude d ’une con
struction,la gare de V al lerargues- la— Brugu iere
si tuée entre deux vil lages é galement é lo ignés.
Quel triste séj our ! Peu d ’
emp loyés de voie fer
rée ont une résidence plus morue. Pour horizon
la plaine avec ses taches de chênes verts brous
sailleux et des amas blancs de roches model ées
par les agents atmosphériques.
V al lerargues, qui a donné son nom au plateau ,est dans u n bas— fond où -sourdent des fontaines
abondantes,ori g ine de la capri c ieuse riv1ere
d’
Avène qui,après avo ir parcouru des gorges
sévères et le val lon de V erfeuil , se recourhe
pour al ler se perdre sous terre au moment où
el le va atteindre l’Aiguillon . C e bassin de V al le
rargues semble fermé de tou tes parts entre les
peti ts monts et les coteaux cal caires revê tus de
l ’uniforme manteau des chênes verts et chênes
blancs. Ceux— là dominent souvent , aménagés
avec soin par le servicedes forê ts pour le compte
des communes proprié taires ainsi Lussan,chef
l ieu du canton ,a de beaux bo is couvrant
1 2 00 hectares. Mais partout où la soll ic i tude
administrative ne peut s’é tendre, sur les dofnaines particul iers, le mouton exerce son action
48 V OYAGE E N FRAN C E .
né faste, les chênes sont clairsemés et bas, seul
le chêne kermès, var1eté d’
yeuse à feuilles p i
quantes, résiste à ces causes de destruction,i l
forme des fourrés hautsd’
un p ied à peine, refuge
des lapins et des couleuvres.
Chaque creux de ces garri gues a son hameau
ou son vil lage, mais ces groupes sont él oignés
les uns des autres et la populat ion en est infime.
Lecanton de Lussan ,dont la superficie est de
18805hectares, compte à peine 4500 âmes ré
part ies en douze communes . Le chef- l ieu lui
mêmen’
est qu ’un b ien humble vil lage i l occupe
le sommet d’une col l ine isol ée, découpée comme
une c itadel le, ayant pour horizon les âpres gaf
rigues dont le manteau de chênesyeuses est um
formément vert , n’
offrant qu’
au printemps une
teinte nouvel le, le roux desjeunes pousses. Cette
forêt,dans laquel le des monuments mégalithi
ques révèlent une époque où la ré gion é taitplus
peupl ée,s’é tend jusqu ’à la C èzé qui débouche
de ses gorges pour arroser le pays de C ézaren
que, auquel el le donne son nom .
La destruction des viei l les futaies qui don
naient la fraî cheur et l ’ombre a amené cette dé
populat ion ,la vie ne se maint ient que dans les
pl is et les creux où les sources sont demeurées
pérennes . Ainsi , entre les garri gues de Lussan
LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 49
et cel les d’
Uzès, un massif de col l ines d’
appa
rence confuse est parcouru par trois val lées pa
rallèles où coulent des ruisseaux sur lesquels
plusieurs vil lages se sont é tabl is. Là se forme la
Tave par des fontaines claires. C es vil lages ont
tous al lure batai l leuse, ils sont crânement cam
pés, entourés de débris féodaux . La Brugmere
et Fontarèche"
semblent se menacer du haut de
leur p 1edestal . La campagne, b ien cul tivée à
leurs abords, va buter à la garri gue sèche et nue
où se montrent de grandes bergeries. Peu d’
in
dustrie dans cette ré gion ; i l y a des gisements
de l i gni ted’
un faib le rendement et Saint-Laurent
la-V ernède extrai t de son sol la roche de craie
pour la transformer en bâtons quadrangulaires.
La population se groupe en vil lages ; les mas
sont rares, mais très vastes. Peu à peu le pays
s’
anime, la zone des cul tures s’é tend et s’é larg it .
Le bourg de C avillarges aux maisons grises est
enve10ppé de mûriers et d’
oliviers vigoureux .
Des blés, du sainfoin , des pommes de terre, la
vigne couvrent les part ies basses. Les oliviers
préfèrent les pentes, ils sont nombreux sur les
col l ines au nord,où Sabran
,assis sous les ruines
de sa forteresse, semble commander encore à la
contrée dont i l fut la cap itale féodale et à laquel le
i l imposa le nom de Sabranenque. Pays sec , où
V OYAGE E N FRAN C E XXXV I.
50 V OYAGE E N FRAN C E .
la verdure grise des chênes vertsmasque iusuffisamment la roche. Cela contraste fort avec
l ’extrême fraî cheur du fond de val lon arrosé par
la Tave. Près de Saint- Pons, les arbres et les
peupl iers transportent b ien lo in des garri gues
Sur unedes col l ines, le Pin est entouré d’ol i
viers et dominé par une haute cheminée d’usine
qui é tonne après tant de campagnes désertes oupurement agri coles, cel le d
’une mine de l i gni te
donnant un peu de trafic au chemin de fer. Toute
cette part ie de la val l ée du Rhône, dans le bas
sin inférieur de la C èze, possède beaucoup de
gisements de combust ible, mais la production
du l igni te n’
est pas à comparer avec cel le de
la h0ui l le à Alais. E l le osc i l le entre 2 3 000 et
2 6 000 tonnes . E ncore,plus de la mo i ti é de cette
quanti té est— el le fourn ie par la mine de Saint
Jul ien-de-Peyrolas,si tuée sur les bords de l’Ar
dèche,au delà de Pont-Saint- E spri t
Les exploi tations houil l ères sont donc tr0p
peu considérables pour avoir pu modifier et
souil ler le paysage par leurs fumées et leurs dé
jections. Cel le du Pin n’
a pas dé trui t l’harmonie
des j ol ies coll ines qui encadren t un bassin planté
1 . Le nombre des ouvriers employés par ces mines est de 150.
S ur Pont- S aint- E sprit et Bagnols-sur—Gèze, voyez la 8e série
,
et la 1 1 ° série, Le Forez , V ivarais et C omtat—V enaissin.
52 V OYAGE E N FRAN C E .
demûriers. LePin fai t face à Saint-Pons- la- Calm
b ien assis sur un mamelon de la S abranenque .
Le pays est riche, cul t ivé avec so in ; autour des
vil lages les mas sont nombreux . Le bourg le
plus populeux , Connaux , est encore en partie
enfermé entre des murai l les flanquées de tours
qui ont servi de façade à de pauvres hab itat ions.
La tour carrée de l ’horl oge est surmontée d’
un
de ces campani les de fer forgé,chers aux hab i
tants de la ré gion . Le clocherde Connaux est
un de ceux où l’ornementation a é té poussée le
plus l o in, véri table travai l de patience.
Connaux possède une de ces fabriques de ha
lais de sorgho si nombreuses au bord du Rhône,dans la C ézarenque et l ’ancienne principauté
d’
Orange. La cul ture du sorgho couvre i c i de
grands espaces, en champs encadrés demûriers .
C ’
est d ’
ai l leurs la principale zone pour cette
plante dans notre pays ; les champs où s’
al i
gnent les hautes t iges à feui l lage rubané , au
l ourd pani culé de graines retombant en pana
ches, couvraient 3 62 2 hectares dans le Gard au
recensement décennal de 1892 , alors que la sur
face totale pour la France é tai t de5441 Aussi
1 . Les autres départements où l’
on cultive le sorgho sontl’
Ardèche 180 hectares, la Haute-Garonne 473, la Gironde 300,
le Lot-et-Garonne 42 1 , Tarn- é t—Garonne 347 et V aucluse 98.
LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 53l ’ industrie des balais a- t— el le une importance
au trement considérable que vers Agen ou Mon
tauban E l le est confinée dans les val l ées de la
C ézarenque, aux bords de l’
Ardèche, de la C èze,
de la Tave et du Rhône où les champsde sorgho
finissent à l ’embouchure du Gard .
Les riches cul tures enveloppent ent i èrement
un peti t massif cal caire hardiment tai l l é , surgis
sant de la plaine et dominant le confluent de la
C èze et du Rhône. Cette col l ine projetant des
éperons semblables à des bast i ons est une véri
table forteresse naturel le . Aussi fut— el le occupée
de bonne heure . Oppidum cel t i que et camp ro
main s’
y sont succédé . Les traces des défenses
artific iel les sont très visib les encore.
Cette col l ine de Laudun,si fi èrement tai l l ée
qu ’
el le semble une haute montagne mal gré sa
médiocre al t i tude de 2 6 1 mè tres, est'
un des
grands paysages historiques de la France. A tra
vers toutes les obscuri tés accumulées sur les
temps l o intains de la Gaule, les érudi ts ont à
peu près fixé au rivage du Rhône que Laudun
domine le théâtre de fai ts historiques qu i ont
1 . S ur la culture du sorgho et la fabrication des balais voyez
la 3 1 ° série du Voyage en F rance, chapitre X IV . C ette industrie est également signalée dans la 2 6e série
, page 79 (C harost) ,et la chapitre XV I I .
54 V OYAGE E N FRAN C E
laissé un souvenir profond . Lorsque les Gau
l o is de Bellovèse entreprirent le grand exodecpfi . devañg leur hvrer la flnxne lxnnbardNn Hs
auraient franchi le Rhône près de Laudun pour
al ler combattre les Li gures S alyens dans laplaine d’
Orange et s’ouvrir a1nS I le chemin des
Alpes par la val léede la Durance. Plus tard,An
n ibal cho isi t pour traverser le fleuve un point où
celu i— ci , ne possédant pas d’ î les, permetta i t le
passage sur un seul bras. E nfin c ’est en face,sur
la rive gauche, que les armées romaines éprou
vèrent un désastre dans leur premiere rencontreavec les Cimbres . Là aussi , on a placé la défai te
desArvernes et desAl lobro ges par les Romains,
(pn. assura aux conquéranüs itahens , 1 2 1 ans
avant Jésus- Christ , la possession de la Provincela future
“
Provence et de la N arbonnaise
Aucun édifice n’
évoque là— haut ces grands sou
venirs. On rêverai t cependant d’
un monument
rappelant au passant qu i suit le Rhône par les
deux chemins de fer de la vall ée ou sur les ba
teaux à vapeur'
que cette col l ine abrupte fut le
t émoin d’événements qu i troublèrent si profon
dément le monde ant ique. Mais rien , saufla trace
vague des anc iens ouvrages de défense, sauf les
débris de la chapel le de S aint— Pierre-du— C astres
rappelant le castrum gal l o- romain , ne peut faire
LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 55deviner ce rôle historique de vig ie au grand
passage anc ien du Rhône
Au pied de la pet itemontagne, surun ressaut ,le bourg deLaudun forme un beau si te. S on nom
,
venu de Laudanum, di t son ant ique ori g ine. Les
maisons de teintes rosées,couvertes de tu iles
fauves,s
’
étalent en amphithéâtre ; au mi l ieu se
dresse la masse de l ’é gl ise . Plus hau t,sur un
mamel on que domine le camp de César, est eri
gée une statue de la V ierge.
Laudun est un .pet i t centre trèsact if, la cul
ture du sorghoè t la fabri cat ion desbalais oc cu
pent un grand nombre de bras ; la roche cal caire
est transformée en ciment ; enfin l’Ardoise, ha
meau des bords du Rhône, possède une impor
tante sucrerie de betteraves,al imentée surtout
par la cul ture de la plaine d’
Orange dont les
produits viennent.à l ’usine à l ’aide d’
un câble
porteur aérien franchissant les deux bras du
Bhône .qui enserrent la grande île de la Pihou
lette
E n face de Laudun ,sur l ’au tre versant de la
val l ée de la Tave,ouvrant ic i vers le Rhône, un
épais massif de col l ines cal caires allant jusqn
1 . La sucrerie de Laudun- I’
Ardoise produit 25000 sacs de
sucre par année, c’
est un rang important dans la fabricationfrançaise.
56 V OYAGE E N F RAN C E .
la val l ée du Gard fini t par des pentes raides. U n
mamelon à demi isol é,à l ’entrée d ’une gorge sé
vère,porte Saint-V i ctor— la— Coste, vil lage al longé
sous les ruines féodales du castel dont la fière
si lhouette est un des grands caractères de ce
paysage rhodanien . De là on découvre de vastes
horizons sur les deux rives du fleuve, leV entoux ,les Garri gues, les Cévennes et la peti te monta
gne'
de Laudun dressant ses parois abruptes et
ses bo is de chênes verts au- dessus de la plaine
mervei l leusement fert ile où le Rhône reçoi t la
C èze, descendue de ses gorges et des bel les cam
pagnes de la C ézarenque, et l’
Aygues qui vient
de frôler Orange. On distingue,sur l ’autre rive
,
les grands monuments antiques de cette vil le,
dominant les to i ts bas de la viei l leArausio
1 . S ur Orange, voyez la 1 1° série du Voyage en F rance,
chapitre XV I I I .
LE PAY S DE MALG01RES .
Le château de Florian . E stelle et N émorin . Le mas Roux
et Jean C avalier. V ézénobres. E uzet-les-Bains. SaintQuentin- la-Poterie. La Gardonnenqne. Le Gardon d
’
An
duze. Anduze.
Anduze. Avril .
Me vo ic i de retour à Alais après une excursion
aux vol cans du V ivarais et je v1s1te,autour de
l’
industrieuse cité,des paysages bien différents
pet ites coll ines,plateaux secs couverts de buis
et de plantes odoriférantes, vil lages brûl és par
le solei l,
fi èrement assis sur les pentes et les
crê tes,entre les terrasses p lantées d’
oliviers et
de mûriers,puis torrents clairs al imentés par
desfoaœ, sources puissantes nées dans le mys
tère des cavités souterraines . Excursions un peu
décousues,car i l n’
y a guèrede l iens entre ces ré
g ions confuses bas Uzégeois ou Gardonnenqne.
Hierj’
étais al l é coucher à Quissac et ce mat in
j’
en repartaisàla première heure pour le château
1 . 34e série du Voyage en F rance, chapitres X I à X IV .
58 V OYAGE E N FRAN C E .
de Florian . C e n etai t pas dans le bu t d’
admirer
l ’ édifice,plutô t simple
,construction régul ière
flanquée de pavil lons carrés et couverte en tui les
rouges,mais il é tai t intéressant de voir le l ieu
où naquit un écrivain dont l ’oeuvre est en quel
que sorte une date dans no tre l i t térature. Jamais
pays ne s’
associa mo ins à l ’ idée que l’
on pour
rai t s’
en faire i l est _âpre et sévère autant que le
génie de Florian est fade. Les bergers et les
bergères qui mènent leurs maigres j'
troupeaux
par les garrigues sont l o in d evoquer E stel le et
N émorin l Même, l orsqu’on atteint la bel le et
luxuriante plaine de Canaules où les mo issons,
les mûriers et les vignes donnent une impres
sion de richesse,ce n
’
est pas encore un paysage
d’
idylle Les col l ines avec leur manteau de
pampres, parti cul ièrement denses autour de Le
dignan,n
’ont pas la grâce mol le que l’
on rêve
rai t : cel les qu i bordent l ’horizon au pied des
lunHes Cévennes ont des hgnes réguhères et
classiques.
U ne autre i l lustration du pays répond mieux
à l ’aspec t du sol. C ’
est Jean Caval ier,le chef des
Camisards, ce garçon boulanger qui avai t en lui
l’
étoffe des grands généraux et dont la Révolu
t ionaurai t fai t un chef d ’
armée s’
il avai t surg i
plus tard,avec les Lannes et les Masséna . Cava
60 VOYAGE E N FRAN C E .
chicoulis,les restes d’
un château,les ol iviers
,
les figuiers et d ’
autres arbres méditerranéens
qui envel oppe‘
nt la base des constructions,évo
quent puissamment l ’ i dée d ’une c i té féodale.
A l ’intérieur le charme disparaî t, des rues
sombres,é tro i tes
,montueuses conduisent au
sommet du coteau où se dresse l egl ise. Mais
d’
heureux détails retiennent au passage. Près
du presbytère est une charmante maison de la
Renaissance avec une porte de tourel le sculptée.
A'
mi- côte un lo gis conserve une hau te che
minée sarrasine fort é légante,rappelant ces
lanternes des morts, si communes dans le sud
ouest .
La plupart des habitat ions s’ouvrent sous les
voûtes des grandes terrasses qui sont la beauté
du paysage de V ézénobres. L’h iver, ces abris
sont souvent désertés, bien qu’
exposés en plein
midi ; l ete, l’
existence presque ent ière se passe
là-dessous,l ’ombre du j our y est dél ic ieuse, le
so ir on y al lume la lampe famil iale dont les
figuiers masquent en part ie la lueur. Par les
bel les nui ts parfumées et tièdes de cet heureux
cl imat,ces lumières produisent un effet magique.
Je fus l ’hôte, à V ézénobres, d
’
un prêtre d ’une
haute é loquence, l’
abb é Rédier,curé— doyen
,cou
sin demon anc ien chefdu corps franc desV osges,
LE PAYS D E MALGOIRÈS . 6 1
le colonel Bourras. L’
excellent curé ne craint pas
de faire le voyage des V osges aux jours de nos
grands anniversaires pour venir célébrer avec
nous les camarades tombés pendant l ’ invasi on
I l nous a accuei l l is avec cet empressement et
cette bonne grâce dans l ’hospital i té qu i est un des
attraits du Mid i . Nous ne voulions_que passer,
mais i l a fal l u céder à ses instances et nous asseoir
a sa table,devant le déjeuner improvisé par
M”° Rédier sa sœur.
Nous avons eu peine à qui tter V ézénobres
mais j’
ai promis àmon fils Pierre de lu i faire vi
si ter le pont du Gard et les trains ne sont pas très
nombreux sur les peti tes l ignes de l’Uzégeois ; la
gare d’
Euzet où nous al lons prendre le train est
é loignée. U ne poignée de mains à l ’abbé,et en
route. Nous passons devant le château de C lav 1eres et son parc ombreux , propr1eté d
’une
branche de cette fami lle de Bernis qui tient une
si grande place dans le pays,et nous vo ici dans
la plaine montueuse, couverte de mûriers.
C es arbres s’
en vont depuis que l’
on a trouvé
le moyen de remplacer les viei l les vi gnes par les
cépages améri cains,tous les sols profonds sont
p lantés, on arrache le mûrier pour faire place
aux sarments. Le goût de la séric iculture dispa
rait aussi , b ien des magnaneries sont closes,on
62 VOYAGE E N FRAN C E .
préfère vendre la feuil le aux é leveurs qui persis
tent à so igner les vers. La commune de Saint
Hippoly te-de— Caton surtout se l ivre à ce com
merce . Le sac de80 à 1 00 kilogrammes de feuilles
se vend de 6 à 7 fr.
Par contre, ceux qui continuent à produire le
cocon en font beaucoup plus que par le passé ,
grâce à la sélection des graines qui a réduit ou
supprimé les causes de maladies et aux primes
qui_ encouragent les proprié taires . U ne des mai
sons qui bordent le chemin fai t 350 kilogrammes
de cocons par année, c’
est un ch iffre considéra
ble pour le pays,la moyenne dans le Gard étant
de 92 kilogrammes par é leveur et cel le de l’Ar
dèche de 86 seulement .
Le chemin s’
est peu àpeu élevé , offrant des
vues é tendues sur les Cévennes et,plus haut
,le
massif du Lozère encore blanc de neige. Devant
nous se creuse le val lon du Droude, ample et
couvert de vignobles . Levil lagede Saint-É tienne
de-Lolm entouré d’
oliviers domine le torrent .
Derrière sa coll ine s’ouvre un large bassin sans
caractère, parcouru par le chemin de fer du Mar
tinet à Tarascon . Au fond, sous une ride boisée
de chênes verts, est le gris village d’
E uzet- les
Bains.
LE PAYS D E MALGOIRÈS . 63
Les sources qui donnèrent un surnom à E uzet
sont l o in des maisons,sur les bords du torrent
de la C andouille,au mil ieu d
’
un parc b ien
ombragé dont la verdure et la fraî cheur contras
tent avec l ’aspec t général du pays ; sur les hau
teurs qui dominent les bains,une autre fontaine
minéralejaillit prèsde Saint- Jean— dé— Ceyrargues.
Un peti t noyau de baigneurs vient chaque année
aux é tabl issements d’
E uzet,où l’on trai te la dys
pepsi c , le rhumatisme,les afl
’
ections des vo ies
aériennes,etc . Comme distractions ils ont les
excursions à U zès et au pont du Gard ; à E uzet
même,ils visitent des caves creusées dans la col
l ine et appel ées les grottes d’
E uzet. C e furent
des refuges de camisards pendant la guerre des
Cévennes .
La contrée vo isine se recouvre de vignes,el les tap isseront b ientô t tout le terrain que n
’
oc
cupentpas les tai l l isde chênes verts . C esmai gres
bois et ces plantat ions manquent de fraî cheur,pour retrouver une bel le campagne i l faut dé
passerServiers et descendreparMontaren . De ce
vil lage à Uzès on parcourt de bel les cul tures
ombragées d’
oliviers et coupées de vignes.
Dans l ’air transparent d’
unejournée d’
avri l ,la fière c i té a p lus grande mine encore sur sa
colline où ses maisons aux to its fauves envel op
64 V OYAGE E N FRAN C E .
pent le D uché, son beaud onjon et d ’
autres ves
t iges da passé historique et épiscopal . Aujour
d’
huije ne fais que traverser U zès pour al lerau
dessus de la vall ée de l’Alzon visi ter le bourg de
Saint- Quentin,peuplé de potiers
Saint - Quent in est très étroitement groupé ;sesmaisonsb
'
orderit les petites ruesque dominent
les ruinesd’
un château appel é le Vicomte' comme
celu i d’
U zès est le Duché . La population 2 vit
surtout par le travai l céramique. I l y a tou t autour d’ importants gisements d ’une argileb lanche
très favorable à la fabri cation des pipes com
munes. Mais l ’ industrie a fort décru et lenombre
des ouvriers s’
en est ressenti . Depuis 1870 le
nombre d ames s’
est abaissé de près de500 . E n
1854l ’activité étai t grande, ou recensai t 28fa
bri ques de poterie commune,dites taraz
’
lle'
es, et
30 fabriques de pipes dites pip1eres ; d’
autres
atel iers faisaient bri ques réfractaires et creusets.
La plupart de ces é tablissements ont disparu,
plusieurs se sont groupés ; auj ourd’hui la pro
duction est principalement cel le des briques, des
tuyaux et des pipes ; un des grands débouchés
pour Saint- Quent in est la pipe destinéeà être
1 . S ur U zès et le pont du Gard, voyez la 1 ze série du Voyage
en F rance, chapitre I I I .2 . 1 896 habitants, dont 1 51 2 agglomérés .
LE PAYS D E MALGOIRÈS 65cassée à coups de carabine dans les baraques de
foire.
La bel le fontaine d’
Airan jai l l i t aux abords de
la petite vil le ses eaux qui vont se perdre dans
l’
Alzon, près d’
U zès, furent jadis captées par
les Romains, el les se mêlaient à cel les de la fon
taine d’
E ure dans le réservoir d ’où el les é taient
conduites à Nîmes par l’
aqueduc du pont du
Gard
Sauf la pureté des l ignes et le grand décor
citadin d’
Uzès, un des p lus beaux de France, ce
pays de l’U zégeois est assez morose. Beaucoupde p ierres , beaucoup de broussai lles de chênes
kermès. Autour de la vil le les olivettes et quel
ques vignes où des mazels de forme singul ière
se dressent,ce son t des sortes de cônes ou
d’
ogives de pierre sèche où les U zégeois vont
passer le dimanche. Dans les campagnes,
“
les
mûriers tai l l és courts et les vignes ne donnent
guère de p ittoresque et de fraî cheur. Cependant
quelques parties, où dominent les cul tures decéréales et de fourrages art ific iels reposent les
yeux par leur Verdure. Les environs de Bourdic
et de Saint- Chaptes ne sont pas sans grâce et le
paysage acquiert de la grandeur par les formes
des col l ines ; sur l’une d ’
el les se dresse le châ
V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
66 V OYAGE E N FRAN C E .
teau de Castelnau-V alence, b ien conservé , aux
murai l les crénel ées flanquées de tours.
La val lée du Gardon que l’
on retrouve au p ied
de l ’anti que forteresse repose la vuepar ses rives
opulentes. Le torrent roule de bel les eaux entre
ces champs bien soignés. S ur la rive droite les
col l ines se dressent , trèsraides ; à Boucoiran el les
bordent la rivœre, laissant à peine place aux
construct ions du vil lage. C et é tro it passage é tai t
fort ifi é jadis,Boucoiran a conservé des restes de.
remparts et un grand pan de tour dominant au
lo in les campagnes de la Gardonnenque et du
Malgoirès, pet i t pays qu i a formé le canton de
S a1nt— Gen1es.
La route franchit le Gardon devant le vil lage
de Ners, sur un pont que côtoie celui de la voie
ferrée. Ners possède sur la rive gauche une jol ie
gare de briques et de pierre blanche dans '
le
style de la Renaissance. Parcette stat ion ont l ieu
les relations de Lédignan et de la plaine de la
Gardonnenque avec Nîmes. Le co in est j ol i,le
torrent entoure à demi une l ongue péninsule
ombragée de châtai gniers.
Pour cette contrée, un courant d ’
activit é a
l i‘
eu par la val lée du Gardon d’
Anduze, qui se
ramifie en amont par d’
autres Gardons drainant
68 VOYAGE E N FRAN C E .
des gorges, i l parcourt d’ immenses vignobles
parsemés de mûriers dont les tristes moignons
font mieux ressortir la beauté des grands chatai
guiers épargnés par la hache.
Le chemin de fer ne va pas j usqu’à l ’entrée de
la ville, il about it au hameau de Leyrac d’où une
route de plus d’
un kilomètre, bordée de jardins
et de j o l ies maisons, conduit à travers le plan
du Môle au cœur de la peti te c i té . Cel le- c i est
dans un creux des Cévennes, entre des col lines
hardies, les unes couvertes d’
oliviers,les autres
rocheuses et nues
C e fut jadis un po int stratég ique important .
Au premier é tranglement de la val lée, où le che
min de fer passe en tunnel , sont les ruines d’
un
château ; Anduze même est couronnée de débris
féodaux et la forteresse que construisi t V aubanl orsqu ’ i l eut à fortifier tant de cités cevenolescontre les camisards est encore debout
,mais
décap itée.
Le plan du Môle, avec ses prés bien irrigués,
sesjardins, ses beaux parcs plantés de pins, ses
ol ivettes, les terrasses étagées sur les pentes, estune incomparable entrée de vil le . On pénè tre
dans Anduze par la place ou plan de la Brie,
sur laquel le une viei lle tour surmontée d’une
tourel le renferme l ’horloge.
LE PAYS D E MALGOIRÈS . 69
La vil le primitive, qu’
enserraient les remparts,est exigue, percée de rues é tro ites
,sales
,pavées
de cai l l oux . Un coin pourtant est très pitto
resque la place de la République bordée de
constructions irrégul ières, plantée de platanestouffus
,égayée par le murmure de sa fontaine.
Le Gardon est la grâce de la campagne d’
An
duze mais une menace pour la vil le, à cause de
ses crues formidables. Pours’en préserver on a
dû construire une sorte de pu issant rempart for
mant terrasse d ’où l’on découvre toute la gorge
enfermée entre ses croupes rocheuses ; La route
d’
Alais franch it le torrent Sur unpont et conduit
à un pet it faubourg d’où la ci té se montre toute
grise, blottieau pied d’
un pic qui porte les ruines
du château de Saint- Jul ien . Cela est saisissant .
Par bien des poih ts AnduZe semble une vi lle
abandonnée ; en effet,el le est en pleine décrois
sance,malgré sa bel le si tuation commerciale. La
population qui atteignai t 5500 âmes au com
mencement du s1ecle n’
est pas de 4000 aujour
d’
hui Cela est dû aux Crises qui ont sévi sur le
pays :maladiedes versàsoie, maladiede lavigne,
diminut ion du nombre des fabriques. Cependant
le mouvement est considérable encore,Anduze
1 . Population totale 3 686, agglomérée 2 846.
70 V OYAGE E N FRAN C E .
conserve même son tribunal de commerce, mal
gré la proximi té d’
Alais. L’ industrie est assez
variée,c ’est un des centres pour la chapel lerie ;
la soie occupe beaucoup de bras, par la fi lature
,
le moul inage et la bonneterie dont je parleraib ientô t
La production typ ique d’
Anduze est cel le de
la grande poterie de jardin . On y modèle les
immenses vasesde terre cu i te dest inés à recevoir
les arbustes d ’ornement,orangers
,c itronniers
,
lauriers-roses,myrtes etc .
,les citronn iers surtout
viennent à merveil le dans ces ré cip ients et se
couvrent de fruits qui mûrissent . Devant beau
coup de vil las des environs de la vil le,terrasses
et parterres sont ornés de ces beaux arbustes,chargés de c itrons.
Les vases ont j usqu a de hauteur et
70 cent imètres de diamètre vers la panse, leur
épaisseur ne dépasse pas 3 cent imètres. On peut
en vo irquel ques-uns au musée de Sèvres Cette
po terie,qui résiste bien à la gel ée, est d
’
un prix
fort modi que,les fabricants d’
Anduze l ivrent
des vases depuis 25centimes j usqu’à 25frL
’
ornementation ou p lutô t la couverte est
1 . C hapitres IX et X X I.
2 . C es détails techniques ont été donnés vers 1854parM . Emi
lien D umas dans ses E tudes géolog iques sur le Gard.
LE PAYS D E MALGOIRES . 7 1
simple,c ’
est un vernis à l’
alquifoux dont lefond , d
’
un jaune bronzé , est relevé par des cou
lees,larmes ou flammes
,brunes
,vertes et oran
gées.
Les atel iers d’
Anduze ne se bornent pas à cettepoterie de jardin
,ils font aussi une poterie dite
fine,al lan t au feu
,de qual ité assez médiocre
,
puis des bri ques et carreaux vernis pour les
cheminées et fourneaux potagers d’
un emploi si
général dans ce pays où l’on se sert surtout du
charbon de bois pour la cuisine,le cl imat ne
né cessitant pas un chauffage hivernal constant .
La température est en effet très douce àAnduze
l ’h iver,si l ’é té est suffoquant . Les abords de la
vil le sont même plutô t provençaux d ’
aspec t que
languedociens. On trouverai t peu de plus beaux
bambous sur tou t lel i ttoral dans beaucoup de
jardins,de grands chamérops rappel lent les pal
miers de la Côte d’
azur. La petite vil le possède
un jardin publ ic où cette végétat ion particuliè
rement opulente est encadrée dans les coll ines
couvertes de chênes verts,d
’
oliviers,de chatai
gniers et de p ins. Dans cette promenade est le
buste de la troubadouresse Clara d’
Anduze,
érig é pour perpétuer la langue d ’o c
Il est peu de plus heureuses campagnes que
cel les d’
Anduze. L’
activité y est grande en ce
72 V OYAGE E N FRAN C E .
moment les mûriers qui gonflent leurs bour
geons seront b ientô t en feu il les,les vers à soie
é cloront,i l faudra assurer la nourri ture de ces
magnans voraces. Devant les mas les habitants
travail lent à la confection des claies de roseaux
sur lesquel les les vers auront leur courte exis
tence, j usqu’
au moment où ils monteront la
bruyère pour tisser leur coque soyeuse et s’
y
enfermer.
LA SALE N DRE N QU E
De S aint-Hippolyte à Lasalle. Une gorge cevenole. La châ
taigneraie. Au col de Rédar‘
es. Descente dans la S alendrenque. Lasalle et ses usines. E n suivant la vallée.
Pommages cevenols. UneArcadie ensoleillée. Thoiras.
Le Gardon de Saint-Jean. C orbes. Le Gardon d'
Anduze.
La porte des C évennes. D’
Anduze àAlais. Les valats
du Peyremale.
Anduze. Mai.
J’ai quittéAnduze pour venir coucher à Saint
Hippolyte-du- Fort d ’où un service de voitures,coïncidant avec d ’
autres l ignes de courriers, per
met d ’
atteindre Alais en parcourant ou traversant les plus bel les des val lées ceveno les.
Saint-Hippolyte 2est au point de contact des
deux zones du cal caire et du grani t . On y quitteles roches perméables et sèches des garrigues
pour péné trer dans les roches primit ives où les
eaux persistent long temps,où la verdure est
1 . On prononce S alindrinqne.
2 . S ur S aint—Hippolyte voyez pages 1 78et suivantes.
74 V OYAGE E N FRAN C E .
plus puissante,où le manteau sombre des châ
taigniers repose la vue éblouie par l’
éclatant
solei l méditerranéen . A peine a- t- on franch i leV idourle sur un beau viaduc moderne jeté au
pied d ’une tour qui vi t les luttes des camisards,
et l’
on pénètre dans un pli é troit de lamontagne,entre des pentes aux strates extraordinairement
p l issées et creusées de grottes. D’
un cô té crois
sent les chênes verts et les ol iviers,de l ’autre sont
des vignes et des luzern1eres, des prés bordent
le V idourle et,plus haut
,le l i t d’
un ruisseau aux
ondes claires dont le nom est inconnu du com‘
ducteur de la voi ture cependant,depuis b ien
des années,celu i- c i passe deux fo is par j our
dans cette fissure de la C évenne. C e premier
affluent du pet i t fleuve le rej o int dans un j ol i
si te dominé par le château de Figaret , assis sur
un promontoire,entre les mûriers et les tai l l is
de mi cocoul iers,lesfanabrêgues, cul t ivés pour
faire les fourches et les attel les
jLe vaHon que Pon :nnnonte 1f est 1 flus quhn1
ravin sévère. aux flancs revêtus d’
yeuses mé
langés de quel ques ch ênes rouvres . Au fond ,court le ruisseau
,très vif entre les aulnes qui le
bordent . Peu de cultures,cependant plusieurs
1 . Page 197 et suivantes.
76 V OYAGE E N FRAN C E .
bal iveaux les jeunes pousses s é lancent , presque
blanches à la po inte des rameaux , tandis que
les chatons roux pendent en manchons et en
houppe.
Dans une sorte d’
abîme riant est le mas duPontet
,entouré d ’une végé tation très vari ée où
les arbres du nord semê lent à ceux de Provence
aulnes, châtai gniers, noyers, figuiers, cerisiers,mûriers
,amandiers
,yeuses et p ins . I l y a la.des
coins charmants,de beaux logis couvrent les
pentes,les eaux de fontaines ont permis de les
entourer de prairies,chose dé l icieuse pour qui
vient des garrigues parfumées mais p ierreuses
et grises . Une de ces demeu‘
res, le pet i t château
de Blanqueyrou ,laisse un aimable souvenir
Le paysage grandi t à mesure que l’
on ap
proche de la l igne de faî te entre le V idourle et
la S alendre. La tê te du val lon formé une sorte
de grand cirque dans lequel la route s é lève par
des lacets et que peup lent les maisons de V ales
tahere. C e large abîme est tapissé de minuscules
vignobles enchâssés entre des rochers fleuris de
cistes, de genê ts, de bleuets, de chardons roses,
d’
églantine, de sauge violettem êlant leur parfum à celui des buis. Le sol est de granit dé
composé . Dominant de haut ce creux des monts,l ’é cole du hameau couvre une terrasse. Au— des
. LA SALE N DRE N QU E . 77
Sus, la'
vil la du Rédarès, abri tée des vents fro ids,est comme un co in d’
Afrique, par sa végé tat ion .
Des eaux vives donnent de lavigueur à de grands
bambous,un agavé. dresse ses feuilles piquantes
et raidesd’où s’é lance la tige florale, semblable
à une asperge gargantuesque.
V0i c i le co l de Rédarès,ouvert à 387 mètres,
où aboutissent les chemins de Colognac et de
V abres : on perd devue le c irquedeV alestalière
sur l ’autre versant se creuse la val l ée de la S alendre fermée au nord par de grandes croupes
boisées…Dansl es part ies basses sont éparpil l éeslesblanches maisons de Saint-Bonnet .
C e pays,comme la plupart des val l ées céve
noles du Gard,a pris le nom de sa rivière avec
la terminaison engue c ’est la S alendrenque,
peti t monde b ien à part , ayant un caractère, unaccent personnel , si je puis m
’
exprimer ainsi .
Sur le versant du sud où la rou te descend par
de brusques contours,i l y a beaucoup de fraî
cheur les cul tures sont nombreuses,multitude
de muriers et de châ taigniers entre lesquels les
vignes de Rouveyrac font des c lairières . Sur les
terrasses gagnées au flanc des monts on cul tive
surtou t les pommes de terre. Avec ses fontaines
murmurantes,chaque mas est une oasis. L
’
eau,
hab ilement recuei l l ie,est conduite sur les moin
78 V OYAGE E N FRAN C E .
dres ressau ts pour arroser les cul tures ; les ré
servoirs où viennent s’
amasser les eaux font
comme de pet i ts miroirs reflé tant l ’azur de ce
beau ciel,si rarement al téré .
E ntre les cerisiers et les platanes qui la bordent , la route, touj ours sinueuse
,descend jus
qu ’
au thalweg où la pérenni té des sources et
du torren t a permis de créer des prairies sousles col l ines ; les mas deviennent nombreux entreles châtaigniers et les mûriers. La végétat ion a
une vigueur ex trême, les châtai gniers surtout semontrent énormes, é tendant leur vaste ramure
sur des pel ouses d’herbe”
fine. De grandes habi
tations, châteaux ou vil las, é gaient ces cam
pagnes. E ntre deux monticules le château de
Sol ier domine la pet i te vil le de Lasal le,é tendue
à ses p ieds.
V i l le composée d’une unique rue, car l’
espace
est mesuré dans cette verte S alendrenque où , de
chaque côté ,lamontagne vient plonger ses p ieds
dans le torrent . Les maisons se sont assises au
bord même du flot,y bai gnant leur base ; plu
sieurs d ’
entre el les sont des usines où l’on mou
l ine les cocons du pays. Lasal le est un des plus
grands centres des Cévennes pour cette indus
trie, el le n’
est dépassée dans le Gard que par
Alais, Saint—Ambroix , Saint— Hippolyte et Saint
80 VOYAGE E N FRAN C E .
Jean—du- Gard et , dans l’Hérault , par Ganges.
S on terri to ire possède neuffilatures
E n arriere de l’
irrégulière et amusante façade
sur la S alendre court une é tro ite rue, longue deplus de 1500 mètres , bordée de maisons sans
caractère, plates, couvertes d’
un crép i grisâtre.
On a pu trouverun peu d’
espace dans l ’ouverture
d’
un ravin pour créerune place publ ique. De su
perbes platanes l’ombragent, les édifices com
muDaux l’
encadrent : é coles , é gl ise , mairie et
temple pro testant . Toute la vie de la bourgade
y semble concentrée.
Lasal le est b ien réel lement une capi tale pourcette val l ée close , enfermée entre de hau tesc imes qui at teignent p lus de 1 000 mè tres à la
tê te de la val l ée , 1 180 mè tres au sommet du
mont Fageas, point culminant du massif du Li
ron , d’où rayonnent tant de val l ées. Très é troi te
près de Lasal le, la val lée n’
est p lus qu’un pl i en
amont , mais parcouru par des eaux vives, au
sein d ’une admirable châtaigneraie parsemée
des hameaux de la commune de Soudorgues,
sorte de thébaïde ombreuse et fraî che habitée
1 . La quantité mise en œuvre en 1901 dans ces établissementsa été de 2 2 701 760 kilogr. de soie française et547 800 kilogr.
de soie étrangère ; les usiniers ont touché 1 37 7 1 6 fr. 67 c. de
primes.
LA SALE N DRE N QUE . 81
en grande part ie par des pro testants , commetou te cette part ie des Cévennes.
Si le si te de Lasal le est beau , plus bel le en
core est la descente de la S alendre au Gardon
La riv1ere à laquel le on donne volont iers le nommêmede la val l ée : S alendrenque, roule ses eaux
transparentes dans un l i t d’ immenses rochers
qu’
el le a pol is dans ses crues d ’
au tres amon
cellements de blocs , que ne peuvent atteindreles grandes eaux ordinaires, sont envahis par lesbroussai l les. Au- dessous de ce chaos les pet its
monts s’
écartent un instant pour dessiner une
conque presque idyl l ique avec ses prés plantés
de mûriers et le château de Calviac au parc fleuri
de roses, dont les bel les terrasses sont ombra
gées de grands arbres . Le si te est aménagé avec
goût,un pont de la viei l le-route a é té recouvert
de terre végé tale et forme un jardin suspendu
au- dessus des prés.
Les l ignes heureuses des hau teurs, les arcadesdes ponts, les grands chênes verts, les terrassesde cul tures, un pin parasol , les maisons b ien
campées sur un ressau t semblent réunies pour
le plaisirdes yeux comme l’
on disai t autrefois ;c ’
est le paysage classique dans toute sa pureté .
L’
olivier apparaî t de nouveau , son feu illage
V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
82 V OYAGE E N FRAN C E .
d’
un vert bleuâtre entoure la l ongue façaded’
un
grand mas é tal é au pied d ’une croupe rocheuse.
La S alendre coule entre les prairies , tan tô t
calme ,tantô t bruissant dans les rochers. Un
moment el le reflue au- dessus d’
un barrage,en
formant un pet i t lac é tincelant , et sa val lée se ré
trécit en une sorte de couloir que le château deMalérargues domine du hau t de ses terraSses
couvertes de grands chênes verts. I l y a encore
des prés , où les pommiers évoqueraient l’ i dée
de la Normandie, sans l’éclat pu issant du ciel ;
mais insensib lement le pays change,les cal caires
remplacent les grani ts, de grands amas de con
crétions bordent la routeet l’
on revoi t la floreparfumée des garri gues lavande et thym .
La roche, qui offrai t des pentes mol les ou ar
rondies, prend des formes plus nettes, el le s’
es
carpe et se dresse en aigu il les d’une teinte derouil le. Dans ce sol le châtai gnierne trouve plus
les sels nourri c iers qui lu i sont né cessaires, ou
le rencontre seulement par î lo ts près du ha
meau des Curieres i l se mêle à l ’ol ivier. I ci unvieux pont , é troi t mais hardi , franchi t la S alendre que vient rej oindre un fort et clair ruis
seau descendu de V abres.
Ainsi grossie, la rivi ère coule, ourl ée de prai
ries, dans un l i t souvent barré par des rochers,
84 V OYAGE E N FRAN C E .
descend en de bel les courbes l ’une d’
el les, près
du hameau de S ouveyrac, est empl ie de grands
châtai gniers plus l o in une forte source jai l l i t
d’
un rocher et atteint la riv1ere en face d’
un laid
amas de gravier disant assez quel les sont les
fureurs des eaux pendan t les inondat ions qu i
désolent tr0p souven t la Gardonnenque.
Sur une col l ine de la rive droi te, trois corps
de l ogis carrés,d’une archi tecture classique,
consti tuent le vi l lage de C orbès, une de ces
communes qui ne possè dent aucune aggloméra
tion,fai t assez rare dans leMidi où les hab i tants
se plaisent en bourgades . Peut- être se créera— t— il
un hameau,si jamais les mines de zinc et de
plomb argentifère et cel les de pyri te de fer qui
existent sur le terri to ire sont mises en explo i ta
t ion,après la construction du chemin de fer
d’
Anduze à Saint—Jean-du— Gard .
Le Gardon s’
apaise, retenu en b iefs par deux
barrages. Des ol iviers, de bel les demeures, des
p ins,des chaussées maçonnées conduisant à un
pon t sans parapet pour résisteraux inondat ions,const ituent un paysage b ien part icul ier. Une
papeterie aux constructions é tagées reçoi t la
force motri ce du torrent .A quelques centaines de mètres de ce défi lé ,
le Gardon de Saint— Jean va rej oindre le Gardon
LA SALE N DRE N QU E . 85de Mialet qu i lu i arrive par une gorge plus pro
fonde et sauvage encore. Désormais les deux
grands torrents const ituent le Gardon d’
AD
duze, dont les eaux pures seront b ientôt pol
luées par le Gardon d’
Alais qui , avec lu i , cons
tituera la r iv1ere devenue fameuse par son
aqueduc le pont du Gard
La route ne borde pas le cours d’
eau ainsi
achevé , el le s’ é lève Sur une sorte de col ou
vrant sur un court mais opulent bassin fermé
par les hau tes et abrup tes montagnes cal cairesà
'
travers lesquel les le Gardon s’
est frayé passage parl
’
étonnante cluseque les géolo gues con
sidèrent comme la porte des Cévennes. Dans
cette peti te plaine bien encadrée, débouche le
torrent de Paillères, descendu de hautes garri
gues revê tues de chênes verts dont l ’é corce est
explo i tée pour la tannerie et qu i renferme desmines de fer et de pyri tes. Jadis ces garri gues
é taient fameuses par la fontaine corrosive
C ’
est une source où les objets de nature organ ique jetés en é té disparaissent avec rapidi té .
Une feuil le mise le so ir dans le bassin n’
avai t
p lus le lendemain que ses nervures. E t les phy
siciens de donner des expl icat ions du phéno
mène dans la composi tion chimique. Un j our,
quelqu ’un ayant fai t bouil l ir de l ’eau corro
86 V OYAGE E N FRAN C E .
sive vi t que des insectes à peine perceptib les
avaient roug i comme l’
eussent fai t des écre
visses. C’
étaient de minuscules crevettes, appelées trinqùetailles par les gens du pays. E t l
’
on
s’
aperçut qu’
el les rongeaient les objets tombésdans - la source si le squelette des feuil les per
sistait, c
’
est que ces nervures é taient trop co
1 iaces !
Les eaux descendues du massif de Palheres
ne soulèvent plus de ces curiosi tés de physi
c iems el les sont simplement recuei l l ies avec
soin pour l ’ irri gat ion . La plaine leur doi t sa fraî
cheur. La végé tation est superbe i c i , les mûriers
abri tent des récol tes vari ées qu i donnent de la
gaî té aux maisons de campagne éparses dans la
verdure. On dirai t qu ’à leur issue sur les gar
rigues du Malgoirès les Cévennes ont voulu se
faire r—iantes . E l les y sont parvenues mal gré la
sévère ordonnance et la nudité des roches dans
lesquel les s’ouvre la cluse.
Cela est beau de l i gnes et de couleurs et con
traste avec la chaîne l o intainedes Cévennes gra
nitiques dont , vers le nord ,le dessin — l ourd ,
noir de forê ts, se plaque sur le b leu du ciel .
V o ic i la cluse avec ses vagues débris dedé
fense, ses escarpements sans. trace de verdure.
Les toü s düänduze , (Yun. rouge finnä _
connne
LA SALE N DRE N QUE . 87
cal c inés par le solei l , apparaissent par l’ouver
ture.
La place d’
Anduze entre la viei l le vi l le et les
quartiers neufs est couverte de dil i gences et
d’
omnibus. D’
immenses équipages conduisent
les voyageurs à la gare pour les amèneraNîmes
ou à Alais, mais beaucoup de gens préfèrent au
train une voi ture qui abou ti t à Alais, au cœur
de la vil le , et dont le conducteur vient vanter
les avantages. Je me laisse d ’
autant plus volon
t iers séduire quej’
ai déj a fai t le trajet par voie
ferrée et dois revenir encore en wagon pour
al ler dans la val lée du Gardon de Mialet .
Rapidement nous sommes en rou te, voic i lepont du Gardon traversé et le petit faubourg
d’usines où les chapel iers travai l lent devant lesfenê tres ouvertes, où le brui t jaseur des moul insà so ie s
’é l ève. La route monte dans un ravin S i
bien abri t é que les lauriers- roses et les agavés
croissent en pleine terre. Un propri é taire s’
est
p lu à orner son domaine de ces plantes afri
caines, i l a bordé le ruisseau de fourrés de bam
bous. Les flancs des co teaux sont tapissés d ’une
bel le varié té de résineux .
L’
amphithéâtre des to i ts rouges et des murs
gris d’
Anduze a disparu ; la route parcourt un
88 V OYAGE E N FRAN C E .
pl i où les ol ivettes et les vignes entourent des
mazets. Puis les mûriers dominent , en grandes
plantat ions ; la récolte des feuil les se poursui t,
suivie aussi tô t de la tai l le à vifqui obl i gera lasève d ’
aoû t à donner de nouveaux brins dont lafeuil le, l
’
an prochain , sera abondante et tendre.
V u d’ ic i,le pet i t mont de Peyremale qu i
forme l’un des côtés de la cluse d’
Anduze se
présente sous la forme d’une col l ine de moyenne
él évation,mais très rocheuse. A ses p ieds s
’
é
tend le grand et verdoyant bassin de cul turesde
Boisset , où les maisons éparses, pour la plupart
des magnaneries sont très nombreuses -
entreles ol iviers et les mûriers. Dans cette campagne
on rencontre souvent des tombeaux,ce sont les
sépul tures de protestants qui ont voulu reposer
Sur leur domaine. Cette coutume remonte,croit
on , à la guerre des camisards où les insurgés
é taient ob l igés de cacher les tombes, les cime
t 1eres leur étant interdits.
La voi ture s’
en va rapidement sur la route
l flanche dî fiï Fon a parflfi s de grandes échap
pées sur la plaine de la Gardonnenque. La vue
est bel le surtout aux abords de Bagard d ’où l on
découvre la val l ée d’
Alais et tout le rideau de
la Serre du Bouquet . Le vil lage s’
entoure de
(finnnps de cénäfles où hi inefle des pays du
'
LA SALE N DRE N QU E . 89
Nord est remplacée par le glaieul sauvage, d’une
teinte pourpre. A l ’entrée se dresse un temple
régul ier et froid ; plus l o in l’é gl ise cathol ique,
toute menue, semble une forteresse, tant sont
épais ses murs percés de fenê tres romanes . A
l ’écart , dans le vignob le et dominant le valat
de Cariol , est la tourde Belo t ou de Bil lot , où
les camisards soutirirent victorieusement une
attaque des troupes royales
Du chaînon dePeyremale descendent de nombreux valals ou peti ts val l ons qui vont rej o indre
le Gardon par le ruisseau de Cariol . Ils si l l on
nent um plateau parsemé de mas et de magna
neries innombrables. Pays ri che, b ien cul t ivé ,au mi l ieu duquel Saint- C hristol
'
s’
éteñd au- des
sus d’
un croisement de routes qui fi t naî tre un
hameau vivant , ombragé de grands arbres. Au
carrefour, se dresse une pyramide avec des ins
criptions sur plaques de marbre. La voi ture nes
’
arrê te pas, je ne puis l ire ni deviner le sens des
caractères lapidaires. Ames quest ions le cocher
répond que c’
est une pyramide. Je m’
en dou
tais !
Au delà de Saint- Christol le château de Mont
mirat est une bel le ruine. Les court ines créne
lées , les tours , une é l égante po ivrière d’
angle
forment un int éressant spécimen d ’
archi tecture
90 V OYAGE E N FRAN C E .
mi l itaire. U n ruisseau abondant coule au- dessous
des ruines.
V oic i Alais, décel é par les fumées des usines
et des mines et le nombre infini des mazets
blancs aux to i ts rouges semés sur les col l ines.
C es abords de vil le sont gais, la campagne est
un immense jardin maraî cherentre les arbres et
les vil las fleuries . Rien ne répond moins que
cette riante banl ieue à l ’ idée que l’
on se fai t à
l ’avance d ’une cité de la houil le et du fer.
92 V OYAGE E N FRAN C E .
Gardon, é tabl iesur lesrochers abrupts, etdevientune aimable avenue entre des jardins bien irrigués
, des vignes et des plantations demûriers
les col l ines sont divisées en terrasses plantées
d’
oliviers. Dans le plan croissent de grands cerisiers et des châtai gniers. Les terrasses représentent un énorme labeur
,les murs en pierre
sèche sont épais et hauts. Dans les parties supé
rieures de ces domaines pat iemment conquisparl ’homme
,le châtai gnier se mêle à l ’ol ivier et
,à
mesure que l’
a l t i tude s’
accroî t, remplace l’
ar
bre de Minerve
Un ruisseau abondant et clair descend au
Gardon ; celu i- c i est sai gné par un canal d’ irri
gation donnant la force mo trice à une usine
qu i fabrique des manches d’
Outils à l ’aide des
branches de chênes verts qui ont é té é corcées
pour la tannerie. Des jardins luxuriants envel op
pent cette pet i temanufacture et les maisons du
hameau de Prafans. Ils doivent une extrême fer
tilité à l ’eau du Gardon amenée entre les à-dos
et répartiepar lesmaraî chers armés d’une sorte
de houe recourbée, ils enl èvent la mot te de terre
qui ferme le si l l on et la placent dans le ruisseau ;ce barrage fai t refluer l ’eau dans les pet i tes fos
ses, el le s’
y pré cip ite, en un cl in d’
œi l le si l lon
est pleinèt 0n’
recommencé l’
Opération à la tran
94 V OYAGE E N FRAN C E .
chée su ivante les cul tures l égumi ères reçoiventainsi d’
un coup , en abondance, le l iquide nour
ric ier qui , assoc1e au solei l , donne aux plantes
une v nnu' inconnue dans k s pays du nord .
Cela se fai t avec une rapidit é extraordinaire,presquemécani quement .
Les ri ches cul tures où l’on ob t ient surtou t lestomates, aubergines, p iments, concombres et au
tres l é gumes qui semblent indispensab les à la vie
sous ce cl imat brûlant , entourent un vaste parc
dont la verdure est intense. Les bambous y attei
gnent la dimension qu ’ i ls ont en E xtrême— Orient .
De grands chamérops donnent à cette campagne
une al lure plus exotique encore. U ne vastemai
son est compl ètement tapissée par un manteau
de Vinsmural£s,cette vigne qui croî t p lus rapi
dement que le l ierre et n’
en a ni la teinte un peu
triste, ni l ’extrême broussaillement . Au tour de
ce parc et de ces hab itations de Montsauve, des
pl is du sol sont rempl is de mûriers, aux rocs
s’
accrochent des chênes verts . D es terrasses s’
é
tagent, plantéesde châtai gniers et d’
oliviers abri
tant des cul tures. E t cela forme une sorte de cir
que, un des paysages les plus riants du Midi
au mil ieu est le vil lage de Générargues, bâti a
la j onction de la rou te de Mialet et d’
un chemin
conduisant à Alais à travers le bassin presque
V OYAGE E N FRAN C E .
de Mialet débouche dans un l i t encombré d’
énor
mes b locs de_ poudingue rappelant les entassc
ments du S idobre Au sommet de la falaise, unroc b izarrement façonné im i te quelque énorme
oiseau antédiluvien,les gens du pays le nom
ment la poule
Avant d ’
atteindre ce chaos, le Gardon de Mia
let a dû se frayer passage dans la roche b lanche
pendant desmil l iers d ’
années les eaux l ’ont ron
gée, creusant une sorte de chenal que l’
on croi
rai t foré dans du marbre, tant les parois sont
é clatantes et l isses. On a profi té de l’étroitesse
du l i t pour construire le barrage dont les eaux
vont vivifier les jardins de Montsauve et de Pra
fans
La gorge s’
est un peu é largie, touj ours avec
une bande de végé tat ion opulente . Grâce à l ’ irri
gation, le hameau de Pradinas a des abords exu
hérauts, i l y a là un platane d’une grosseur et
d ’une hauteur“
mervei l leuses . Dans la montagneest uneminede zinc ; explo itéeen 1902 , el lereste
en ce moment inactive. Partout,dans cesmonts,
on rencontre des gî tes minéraux , mais soi t diffi
culté d’
extraction,so it pauvreté des filons
,ils
n’ont jamais pu donner l ieu à un travai l continu .
1 . 38e série du Voyage en F rance, chapitre Ier
D U GARDON D E MIALE T AU GARDON D E s‘— JEAN . 97
Au fond de la val l ée, le Gardon rouledes eaux
vertes, d’une transparence admirable, dérivées
par de peti ts canaux pour irri guer les pentes in
férieures. Des hameaux jalonnent la rou te, entre
les cul tures luxuriantes et les vignes ; le plus
considérable, Luziers, é tage pittoresquement ses
to i ts rouges et ses murs gris. Exposée en plein
aux rayons du midi , cette partiede la val lée voi t
croî tre l ibrement l’agavé dans ses roches hardies.
Cette calme contrée eut un moment l ’espoir de
part ic iper à la fortune de la val lée d’
Alais, on y
soupçonnai t la présence de la houil le des son
dages entrepris j usqu ’à 700 mè tres n’ont pas
réussi à trouver du combustible, et le Gardon
de Mialet continueà couler au sein de campa
gnes tranqui l les, aucune fumée, aucun tas de
scories ne les soui l le,le t ouriste peu t encore
trouver des si tes à peine connus.
Rares d’
ai l leurs sont les visi teurs au l ong du
val, ceux qui viennent appart iennent surtout aucul te réformé ils cherchent les souvenirs de la
guerre des camisards près du hameau de Pos
sant, on les guide vers les gro ttes où la tradit ion
place une des retrai tes de Jean Caval ier. Les
savants y ont recuei l l i de nombreux ossements
provenan t de la faune préhistorique. De cepoint
j usqu ’à Mialet , les deux versants sont creusés
V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
98 V OYAGE E N FRAN C E .
de cavernes, ouvertes dans de bel les parois por
tant dos c imes aigues ou coniques. U ne de ces
col l ines, tres haute de forme arrondie, couverte
de terrasses j usqu a la cime,domine le bourg de
Mialet , assis sur un coteau escarpé , autour d’une
viei l le' église et d
’
un temple dont l ’archi tectureévoque ùmévénnn neuannent lï dée dhn1 < firque.
Au- dessous de Mialet , led éfi l é se ferme de
nouveau , remonté sur la rive gauchepar un che
min quede mul tiples lacets conduisent à travers
des bois de chênes verts j usque dans le bassin
de Saint- Paul- la- C oste,où leGaleizo
‘
n se tord au
sein de gorges profondes. De cette rou te, b ien
tracée, se définfln3 1n1 tnnbranchennn n. qui fnni
ch i t le Gardon sur un pont superbe,mais n
’
est
pas achevé encore sur k1 1 1ve drohe,cfi1 il èkfi t
conduire à Saint- Jean-dû -Gard .
Jusqu ’à présent , les relat ions de Mialet avec
cette pet ite vil le, son chef— l ieu de canton,ne
peuvent se faire que par un raide chemin,fort
é troi t,où des charrettes à bœufs se risquent
seules . I l traverse le torrent par un vieux pont
en dos d ’âne, aux p iles à avant-bec accroissant
le caractère du défi l é qu i se reforme en amont .
Cette viei l le route qui avai t suffi j usqu ’ ic i aux
relat ions entre les val l ées des Gardons de Mialet
et de Saint— Jean monte au flanc d ’une montagne
1 00 VOYAGE E N FRAN C E .
rocheuse, presque à pic , revê tue de châtai gniers
et,b ientôt , domine la gorge où l
’
on voi t des
grottes s’ouvrir dans les falaises. Le chemin
é troi t et ardu est indiqué comme carrossab le sur
la carte et i l est doté de bornes indiquant ki lo
mè tres et myriamè tres : c’est qu’ i l fut long temps
la voie suivie entre Alais et Saint- Jean,et consti
tuait une part ie de la route royale de Paris à
Nîmes. E n le gravissant on a sans cessedes vues
superbes‘
sur des monts très pl issés et ravinés
où la roche gran i t ique désagrégéeapparaî t fauve
entre les châtaigniers et les broussai l les.
Peu demaisons dans ces grands amph i théâtres
de la C évenne, on pourrai t croire à un pays
abandonné sans les blancs lacets du chemin de
Saint - Paul et le superbe viaduc de la future
route de Saint-Jean . C et ouvrage neufgarde en
core toute la blancheur de ses pierres. Une
grande arcade de 30 mè tres d’ouverture domine
de 25mè tres de hauteur la nappe verte des
eaux ; de chaque cô té , des arches portées sur de
hauts p il iers et reposant sur le roc ou sur l’
ar
cade centrale donnent à l ’ouvrage une extrême
l é gèreté . Les gens du pays sont très fiers de ce
pont,ils l ’ont inauguré vo ic i p lus de deux ans
et ont obtenu la présence d’
un ministre àC ette
cérémonie. Mais i l ne sert à rien encore, la route
DU GARDON D E M IALE T AU GARD ON D E s‘- J EAN . 1 0 1
qu’
il doit porterne sera pas achevée avant 1904.
On lu i a donné le nom d’
un mas voisin : les AI
barines
Le vieux chemin monte touj ours, tracé en
corniche sur des pentes raides presque à p ic , offrant des vues de plus en plus é tendues sur le
massif desmonts confus et sombres que l’
on vo i t
s’
exhausser successivement j usqu aux grandes
croupes gazonnées du mont Lozère barrant l’ho
rizon avec lourdeur.
C e qui étonne surtou t c’est la teinte fauve des
pentes, d’
autant p lus brutale que la verdure des
châtaigniers la fai t mieux ressort ir ; toutes ces
montagnes ont leur ép iderme mis à nu,i l ne
s’
y fai t aucun humus.
‘
Le mouton et la chèvre
ont rongé l ’herbe, l’homme a complé té l ’œuvre
de dénudat i on en recuei l lant les feuil les tombées ;le gran i t ainsi mis à l ’air se décompose en un
sable grossier analogue à celu i de la Lo ire. Le
so lei l accé l ère l ’érosion ; les pluies ont un effet
plus désastreux encore, peu à peu la surface
de la montagne s’
en va au fond des val l ées par
cette descente continue des grains de grani t versle thalweg . Aussi le châ tai gnier est - i l p lutô t
ché tif dans ces parages et semble une proie désignée pour la inaladie qui sévit sur cet arbreprécieux .
VOYAGE E N FRAN C E .
Quel ques fermes isol ées animent l etrañgepaysage
,ce sont des constructions simples mais
amples dans lesquel les on fai t l ’é levage des vers
à soie . E l les occupent des ressauts etdes croupes
où l’on a pu gagner quel que terrain de cul ture
et planter des mûriers. Mais ces oasis sont rares,les habitants ont surtou t leurs champs dans la
partie basse de la val lée.
Plus é tonnamment érodé est le versant de la
montagne sur le Gardon de Saint-Jean . Les eaux
et les vents n’ont respecté que les noyaux ro
cheux les plus durs,encore se désagrè gent- ils
aussi . La montagne ainsi é corchée est d ’une cou
leur chaude,aveuglante sous le solei l
,mal gré les
châtai gniers et les genê ts. Sur b ien des points la
route subit le sort de la roche et menace d etre
emportée par le ravinement .
Au fond de la vall ée, au-dessous de la châtai
gneraie, la vil le de Saint- Jean-du- Gard s’
al longe
au bord de son Gardon . CommeLasal le, ce n’
est
qu ’une rue,plus é tendue encore
,car la popula
t ion est considérable ‘. Les maisons S é tendent
sur près de deux ki lomètres ; à peine, çà et là,
en dehorsde cet te artère,quel ques courtes et in
1 . Lasalle 2 298habitants, dont 1 753 agglomérés Saint— Jeandu— Gard : 3 2 28
, dont 2 195agglomérés.
V OYAGE E N FRAN C E
année plus de 25mi ll ions de kilogrammes et
emplo ient des centaines d’
ouvrières. Saint—Jean
possède également des atel iers de chapel lerie.
La petite vil le est un des principaux centres
de la rel igi on réformée dans les Cévennes, les
sectes y sont nombreuses ; je croisais tout à
l ’heuredesmembres de l ’armée du Salu t procla
mant leurs convic tions par leurs casquettes d’
u
niforme. C et attachement au cul te protestant
s’
affirme par le nom d ’une des rues, dédiée au
général Caval ier. On m’
assure que ce général est
le chef des camisards. Une autre rue porte lenom du maréchal de Tho
_
iras.
E n amont de la ville, le Gardon de Saint—Jean
coule dans une val lée si é troite que la route s’
y
est à grand’
peine frayé passage. Rares et de fai
ble population sont les villages dans ce l ong
défi l é dont la part ie supérieureest dans le dépar
tement de la Lozère et qui constitue jusqu ’
aux
approches de Saint - Jean le peti t pays de V al
borgne compris dans le canton de Saint-André .
La population ,très clairsemée dans ces monta
gnes de schiste recouvertes de châtai gniers,est
maintenue par 1 elevage des vers à so ie et la fila
ture qui possède des usines à Saumane, aux
Plantiers,à Saint-André surtout où deux éta
blissements produisent p lus de dix mill ions de
D U GARD ON D E M IALE T AU GARDON D E s‘- J EAN . 1 05
kilogrammes de soie par année. Le dernier vil
lage du canton ,Peyrolles, possédai t jadis des
orpail leurs qui lavaient les sablesdu Gardon pour
en retirer les infinitésimales pépites d’
or. Cette
industrie a complètement disparu .
Au -dessousde Saint- Jean,la val lée, plus large,
s’
épanouit assez pour pouvoir être cul tivée. Près
de la ville la campagne est verte et riante, des
villas entourées de peti ts parcs, des terrains de
mûriers et de vignes se suivent au long de la
rou te d’
Anduze formant une avenue de platanes .
Dans les prés sont plantés des pommiers dont
la présence est d ’
autant plus surprenante quel’
on vo it beaucoup d’
agavés et de cactus dressés
en buissons inextricables dans les al l ées d’
un
domaine.
On doit ces contrastes à l ’ irri gation les eaux
du Gardon donnent l ’humidité qui permet l ’existence des prairies où les pommiers trouvent la
fraî cheur.
Le Gardon,abondant et pur, descend avec ra
pidité dans ce beau val, au pied de roches offrant
parfois l ’aspect de ruines féodales. Les schistesfont peu à peu place aux cal caires
,la végé tation
se transforme, les fortes senteursdes sols de gar
rigues s’
épandent dans le val des sources jail l is
1 06 V OYAGE E N FRAN C E .
sent à la base des roches sous les figuiers et les
chênes.
Le crépuscule vient,donnant à ce paysage
apaisé avec la dispari tion de la grande lumiere
un caractère intime et doux,presque auguste
dans sa beau té classique. Les fins de j our sont
l ’heure adorable de ces régions de flammes.
V OYAGE E N FRAN C E .
on,à la reconnaissancedes populations dél ivrées
des Sarrasins par les Francs de Charlemagne.
La l ongue arê te qui sépare le Gardon de Mialet
du Gardon de Saint - Jean est parfo is appel ée
chaîne francesque.
Saint— Jean- du-Gard , je l’
ai dit est le centred ’
attraction pour ces val l ées ; si l on veut péné
trer dans la V al l ée Française en venant du Midi,
il faut passer par cette vil le et entreprendre une
longue ascension amenant sur le versant du Gar
don de Mialet , par une route plus praticable que
cel le de Mialet où je passai h ier. E l le monte
entre des jardins et des prés bordés par la châ
taigneraie cont inue, peuplés de bel les maisons
de campagne. Cette zone riante est courte,on
retrouve la montagne mise à nu ,le grani t à
gros grain,très friable, où le châtaignier pl onge
ses puissantes racines. Un pan de rocher coupé
par la chaussée met à nu des fragments de ces
racine‘
s ayant plusieurs mètres de l ongueur.
C es arbres sont d ’
ai l leurs médiocres de tai l le,beaucoup languissent
,atteints par la maladie
qui cause tant de dég âts dans les châtai gne
raies d’
E urope et sur la nature de laquel le on
n’
est pas b ien fixé encore. Cependant ce fl éau
est é tudié avec beaucoup de so in par les savants.
M . Cri é , professeur à la faculté des sciences de
LA VALLEE F RAN çAIS‘
E . 1 09
Rennes,a consacré de l ongues années à la re
cherche des causes de ce mal, sans oser se pro
noncer encore.
D ’
ai l leurs i l importemoins de connaî tre exa'
c
tement les raisons de cette ép idémie qui frappepartout cet arbre utile, particul ièrement pré cieux
dans les Cévennes , que de trouver le remède.
Or,toutes les tentatives fai tes jusqu’ ic i ont é té
vaines, le châtai gnier cont inue à dépérir. C er
taines années les feuil les tombent dès sep tembre
et le fruit avorte, réduisant les populations à une
quasi— famine. La châtai gne, en effet , resteencore
sur b ien des points le fond de la nourri ture. Pour
conserver longtemps ce frui t , i l est soumis à la
dessiccation dans les cle‘
des avoisinant la plupartdes hab itations
Par ces châtai gneraies au sous— bois compl è tement nu ,
on atteint la l i gne de faî te dans un
paysage semblable on descend vers le Gardon
de Mialet coulant au fond de gorges sinueuses oùles eaux des plu ies, que nul le couche d
’
humus et
de gazon ne ralent i t , causent des inondations
effroyables. Au mi l ieu du torrent se montrent
deux arches d’
un pont enlevé la nuit même qu i
suivi t son achèvement .
Pourtant on pourrai t maintenir cette roche'
inconsistante en conservant les feuilles tombées,
I IO V OYAGE E N FRAN C E .
en rebo isant les parties où les châtaigniers ont
disparu . L’
œuvre est fac ile, el le a été tentée ;de bel les p inèdes revê tent quelques pentes. On
pourrai t ainsi couvrir toute la montagne d’
un
manteau de bois qui arrê terai t les érosi ons.
Partout où l ’extrême dénudat ion ne s’
est pas
produi te, le pays reste vert . Près du pont ruiné ,le hameau de Falgu1ere occupe un j ol i bassin
au p ied d’
un mont icule ceint de chênes verts
et de châtai gniers ; des terrasses de cul tures
ombragées d’
oliviers descendent j usqu a un pé
t i t p lan de prairies arrosé par un canal d irri
gation .
La montagne est entail l ée pardes ravines pro
fondes et fraîches. L’une d ’
el les , sur la rive
dro i te,marque la l imi te entre le Gard et la LO
zère. On sai t avec quel le fantaisie furent décou
pés les départements , nulle part'
peut- ê tre on ne
s’
inspira moins des l imi tes naturel les . Le cours
supérieur des Gardons qui appartenai t jadis au
Gévaudan a é té maintenu à la c irconscrip t ion
dont Mende devenai t chef- l ieu,cependant cette
Gardonnenque regarde uniquement vers Alais et
Nîmes,les relat ions ont surtout l ieu avec ces
vil les populeuses.
La V al lée Française et cel lede Saint- Germain
de- Calberte ont pourtant b ien moinsde rapports
I I 2 V OYAGE E N FRAN C E .
Cela est vraiment trop sol i taire ; sauf une tourruinée qui semontre entre la val l ée du Gardon de
Sainte— Cro ix et cel le du Gardon de Saint-Ger
main ,on n
’
aperçoi‘
t guère tracede construct ionsaux abords du confluent . La gorge semble dé
serte ; plus déserts encore sont les ravins que
traverse la route, véri tables précip ices aux pa
rois déch iquetées par les torrents de crues.
Pourtant,à un dernier contour, au moment
où l’on atteint le confluent des deux Gardons,voic i une peti te bande de prairies ombragée de
beaux châtai gniers. La V al l ée Française se re
pl ie vers l ’ouest , très verte, tandis que le torrent
de Calberte descend du nord par une gorge ro
cheuse et sinueuse après avo ir contourné le j ol i
b ourg de Saint- É tienne-V al l ée— Française.
Saint-Etienne est dominé par un château flanqué de tours rondes et d ’une tour carrée crénel ée
,
les arbres d’
un parc envel oppent l’édifice. Un
vieux bourg aux rues é troi tes et montueuses dé
gringole vers un quartier neu fformé par laroute
de Barre-des- C évennes et de Florac . On y accède
par une avenue plantée de t i l leuls. L’égl ise, au
cœur du vieux village, est bâtie en schiste noir
dans lequel sont noyés des b locs de quartz ar
rondis . Cela est d’
un effet sauvage. Une porte et
une fenê tre romanes s’ouvrent dans le clocher.
1 14 V OYAGE E N FRAN C E .
Les maisons ont beaucoup de fleurs sur l ’appu i
des fenê tres ; les jardins sont également très fleu
ris. Le tout est fort menu,carle bourg ne possède
pas même 350 habitants agglomérés. E t pour
tant aucun groupe de populat ion aussi considé
rable n’
existe au l ong du Gardon de Calberte
Saint - Germain , chef— l ieu du canton , n’
est pas
plus important ; une autre val l ée,cel le du Gar
don de Saint - Mart in - de- Lansuscle, ne possède
aucun vil lage, les hab i tat ions y sont dispersées .
Autour de Saint—Etienne la campagne se cou
vre de vignes et de mûriers. On él ève encore ic i
beaucoup de vers à soie et la fi lature y possède
deux usines. La val l ée de Calberte est réputée
pour ses cocons, ils sont plus fermes que ceux
d’
en bas, parce que la température ne permet
pas de faire éclore aussi tô t les bombyx .
La V al l ée Française est le plus frais de ces
grands pl is du massif cévenol . Le Gardon de
Sainte- Croix y borde de pet i ts coins heureux
par la verdure et la - grâce. On y pénè tre au sein
d ’une châtai gneraiepour s’é lever sur une cor
niche assez vertig ineuse, dominant de haut lari
v1ere encadrée de châtai gniers souvent énormes.
Mais dès que les pentes offrent des ressauts,aussi tô t qu ’ i l a é té possible d etablir des ter
rasses, on retrouve la vie. V oici un hameau , la
1 1 6 VOYAGE E N FRAN C E .
c ile. La masse est trop compacte,la teinte trop
uniformément sombre pourfaireun beau tableau,
mais,vusde l o in, ces débris sont fantastiques,
ils ont une apparence quasi aérienne.
Leschênes verts et des châtaigniers rabougris
revêtent le rocher et semblent l’escaladerdu côté
dela rivière ; sur le versant opposé , où la posi
t ion é tai t p lus accessib le, on avai t renforcé la
forteresse par une seconde enceinte,rempart
flanqué tkæ UHu s .
Le château de Moissac a donné son nom à la
commune, mais auCun vil lage ou hameau de
Moissac ne s’
est construit et i l n’
ya pas‘
d’
agglo
inérati0n de ce nom sur le terri to ire. Cette par
tie de la val l ée est pourtant la plus i l lustre sur
la'
rive gauche du Gard0n ,au hameau de Bois
sonnadeèxiSte une pet iteé gl ise,très noire, très
viei l le , très fruste ,construi te en grani t d
’
un
grain fin que l’
on a comparé au grani t de Ker
santon ,
‘
dans lequel la Bretagne a entai l lé tant
de sanctuaires, de croix et de calvaires, roche
semblable à la lave par sa teinte. Cette é gl ise,dévolue maintenant au cul te protestant , aurai t
é té construite par Charlemagne pour cé lébrer sa
victoire sur les Sarrasins, c’
est Notre-Dame de
la V i c toire de V alfrancesque ou de la val l ée des
Francs la V al l ée Française.
LA VALLEE FRAN çAIS E . 1 1 7
C e vénérable édifice, les restes du château ,deux antiques demeures bât ies au- dessous des
ruines, dont une possède une tour et l’
autre une
tourel le d ’
angle, font de ces bords du Gardon un
site très pittoresque, dominé par la hau te mon
tagne que couronne le vil lage de Saint-Roman,
au- dessus d ’une bel le fu taie de p ins ob tenue de
puis moins de quarante ans. Jadis les communi
cations de la V al l ée Française avec le haut Gé
vaudan et Saint- Jean avaient l ieu par une route
de poste qui suivai t cette crê te la construction
des vo ies nouvel les par le fond des val lées a fai t
abandonner l ’antique chaussée. E l le est aujour
d’
hui dégradée sur tant de points et possède desrampes si raides que les voituriers de Saint
Jean n’
ont'
paS voulu m’
y conduire.
Jusqu a Sainte- Croix,vil lage assez considé
rable pour le pays,et à quelques kilomè tres en
core au delà,on trouve touj ours lesmêmes petits
épanouissements de la val lée,avec leurs cultures
et leurs châtaigneraies,mais peu à peu lagrande
végé tation cesse sur le hau t des monts on ne
trouve plus que les pel ouses des alpages. C ’
est
dans ces vastes et froides prairies,dominant le
grand cirque de Molezon où naî t le Gardon deMialet , que s
’
al longe, sur la route,Barre— des— C ê
1 18 V OYAGE E N FRAN C E .
venues chef— l ieu de ce canton lozérien . Pauvre
petit bourg qui serai t sans vie,si ses quatorze
foires n’
amenaient des foules consi dérables. Cel le
de j uin lui vaut j usqu ’à 1 0000 visi teurs,condui
sant les moutons et les vaches qui donnent heu àd ’ importants é changes.
Barre est à 1 000 mè tres au- dessus de la mer.
Les nombreuses rou tes qui'
yaboutissent ou se
Séparent près de l à en font un bon centre d’
ex
cursions dans les diverses val l ées des Gardons
Une de ces routes,se tenant sans cesse à plus
de 1 000 mè tres,suit la crê te occidentale du
cirquedeMolezon, pourdescendre au Pompidou ,vil lage act if assis sur une haute crête d ’où l’on
peut redescendre dans la val l ée du Gardon de
Saint-Jean vers Saint -‘
Audré-de— V alborgne. La
course est bel le car elle montre sous des aspects
b ien divers le labyrinthe de montagnes où naissent les Gardons
,où vient aussi au jour le Tar
non,premier grand affluent du Tarn .
Je suis revenu de Sainte- Croix à Saint— Jean à
l ’heure crépusculaire. La val l ée de Sainte— Croix
me paru t plus bel le e ncore,au del à de Saint
Et ienne,à la descente du Gardon de Mialet les
1 . 34e série du Voyage en F rance, chapitre XX I I .
1 2 0 V OYAGE E N FRAN C E .
cocher,i l leur de la soupe
,du frico t
,des
pommes de
E t comme en un tel pays les moyens de se
procurer de semblables douceurs font défaut,
les val lées dès Gardons tendent à se dépeupler
au profi t des grandes vil les du l ittoral .
BRAMABIAU E T L’
AIG0UAL
De Meyrueis au causse N oir. Lanuejols. Saint— S auveurdes-Pourcils. Bramabiau et la perte du Bonheur L
’
ex
ploration de Martel. Le vallon du Bonheur et l’
E spérou.
Au col de la S erreyrède. La forêt de l'AigOù àl. La source
de l’
Hérault.— L
’
observatoire de l’Aigoual au Jardin de D ieu.
Observatoire de l’Aigoual. Juin .
A peine le j our a- t- i l paru lorsque nous quit
tons Meyrueis pour la longue course de l’
Ai
goual. La petite vil le est profondément endormieencore, mais déjà un brui t de sounailles annonce
le départ des brebis pourles hauts pâturages,un
murmure infiniment doux s’
él ève de la Jonte et
du Bétuzon qui babil lent sur les graviers.
La route monte au 10119de ce dernier torrent
le val lon, d’
abord large et cul tivé,devient b ientô t
un abîme de verdure entré°
le causse Noir,bo isé
de pins, et lemassifdel’
Aigoualcouvert degrands
châtai gniers . Le chemin abandonne le val au
dessus du château de Roquedols et monte dansun ravin latéral rempli par la forê t de ce nom
1 2 2 V OYAGE E N F RAN C E .
où des hêtres et des chênes d une bel le venue
croissent sous les grands pins. Sous les arbres
abondent l’airelle, la frambo ise et la fraise. Les
thyrses de la digitale bordent les talus.
Le pays est assez bo isé pourque l’
on ait cons
trui t une scierie à laquel le semblent dévolus les
pins sylvestres hauts et droi ts et les hêtres à la
grande ramure. Cela est charmant,on ne se
croirai t jamais sur un causse celui- ci,i l est vrai
,
est le moins aride de ces plateaux cal caires, i l
devrai t même son nom de causse Noir aux forê ts
de pins qui le recouvraient uniformément jadisIl a encore beaucoup d ’
arbres, de bel les fermes
et même des fontaines. La partie par laquelle
nous l’abordons en ce moment est un lambeau de
terrain sch isteux rappelant fort peu les tables et
les parois qui sont la caractéristique des régions
caussenardes
La rampe a é té raide,aussi les vues s é tendent
b ientôt ; d’
un sommet de côte on découvre tout
le plateau fortement ondulé du causse Méjean ,
çà et là tacheté de vert par les champs de
seigle ; sous la falaise se creuse la bel le vall ée
de Meyrueis.
V oici la surface du causse Noiroù l’on pénètre
après avo ir franchi la l imi te entre la Lozère et le
Gard . La route continue à parcourir le plateau
1 24 V OYAGE E N FRAN C E .
domine au l o in le château d’
E spinassou . E ncore
quelques pas, voici un co l et toute la chaîne de
l’
E spérou apparaî t j usqu ’
au co l de la S erreyrède
où el le se rattache à l’Aigoual. Celui- ci semontre
peu à peu ,noir de ses naissantes forêts. Tou te
cette rég ion si âpre est d’
ai lleurs en vo ie de
rebo isement ; l’
E spérou ,jadis très peupl é , ne
reprendra vie que l orsque les bo is auront rendu
au sévère plateau l ’abri contre les tempêtes deneige en hiver
,contre le solei l en é té .
C es monts de l’E spérou surgissent au- dessus
de la val lée du Trevezel, extrêmement creuse,
aux pentes très découpées.
A mesureque l’
on avance,l’
Aigoual semontre
mieux son énorme croupe se dé tache mainte
nant sur le ciel bleu ; au- dessous,dans le col de
la S erreyrède, on distingue le to it rouge de la
maison forestière. Cela semble tout près,mais
la course sera longue encore.
La route,coupant un promontoire hérissé de
roches noires et ai gues,passe au- dessus des ra
res maisons du hameau de Lafoux entourées par
les pépini ères du service des forê ts qui servent
aux plantat ions dont lemanteau s’
accroî t de plusen plus. Les reboisements s é tendent de chaquecôté dela chaussée
,les plus anciensmontrent des
arbres vigoureux : mé l èzes,acac ias
,surtout des
BRAMABIAU E T L’
AIGOUAL. 1 25pins. La basede l’E spérou , ainsi toute conquise,dessine un grand cirque verdoyant ; au fond le
clocher de Saint- Sauveur—des-Pourci ls apparaî t
et disparaî t selon les contours du chemin . A l ’est,
un grand ravin aux paro is rouges se creuse en
tre des croupes bo isées, c’
est le cé lèbre abîme de
Bramabiau le plateau qu i le domine porte les
maisons de Camprieu
Les Forêts ont eu la coquetterie de faire des
abords aimables à ce site fameux , des plantations
de pins laricios de bel le venue couvrent les pen
tes raides au pied desquel les court le torrent
échappéà sa prison .
Les réci ts de Martel sur son expéd ition dans
le gouffre ne m’
inspirent guère le désir d’
entre
prendre la visi te du torrent qui s’
est creusé de si
prodigieux passages sous un pet i t causse inséré
entre des grani ts. Je me suis borné à voir la
grotte d ’
entrée et à contourner la col l ine pour
visiter l ’ issue. Le ruisseau du Bonheur pénè tre
dans la montagne au sein de couloirs, avant de
plonger, par des cascades, j usqu a la val l ée de
S aint- Sauveur,où il revient au j our sous le nom
de Bramabiau . Cela veut dire Bramement de
bœuf,onomatop ée inspirée par la rumeur des
eaux à l ’époque des crues .
1 2 6 V OYAGE E N FRAN C E .
Le Bonheur, est— cc un fleuve aux grandes îles ? N on .
C ’
est un pauvre ruisseau venu de la même
crête de l’Aigoual que l’Hérault
,mais du versant
Opposé . I l a parcouru une large val lée de pâtu
rages quand il arrive sur le causse de Camprieu,
au- dessous du hameau . A une époque très lo in
taine,les eaux parvenues entre la masse calcaire
et l ’encaissement des grani ts ont transformé la
fail le en fissure,l ’ont agrandie
,l ’ont creusée en
tunnels ; puis, cont inuant l’
œuvre intérieure,el les
ont creusé des galeries plus profondes encore en
abandonnant le premier souterrain . Cette œuvre
de forage s’
est poursuivie, tantô t leBonheur creu
sai t de véritables puits où il tombai t en cascade,tantôt i l é larg issai t des fissures horizontales et
coulai t en rivi ère,pour p longer à nouveau . Ainsi
i l parvint j usqu’à la base des rochers immenses
d ’où il s echappe par le Bramabiau .
Rien ne déconcerte plus l ’espri t que l evidente
disproport ion du torrent travail leur et de l’
œuvre
accomplie. Le Bonheur est un ruisseau à peine
capable d’
actionner un moul in,et cependant i l
a fai t ouvrir dans la masse cal caire, par l
’
effon
drement d ’une cavité qu’ i l creusa,un tunnel
d’
une régulari té absolue, c’
est une galerie rec
tangulaire haute de 1 0 mètres,large de 2 0
, pro
fonde de 80,dans laquel le
,en cette saison , on
1 28 V OYAGE E N FRAN C E .
pénè tre sans peine entrede grands blocs éboulés
de la voûte à l’eXtrémité de ce gigantesque
couloir on retrouve la l um ière du j our tombant
par l’
aven de Balset,ouvert sur le plateau de
Camprieu . Dans ce parcours,se creuse déj à un
gouffre,appel é la Tronche
,du nom d
’
un habi
tant de Camprieu qui s’
y perdit et dont le cadavre
fut retrouvé pendant l’
exploration de la caverne.
Au delà s’ouvre un puits béant C ’
est la bouche
d ’une fissure du plateau qui avale le Bonheur
to ut entier,é crivai t Martel
,en 1886
,et je ne
crois pas qu’on ose jamais suivre son cours dans
les conduits de la montagne aucun aven n’
est
p lus noir et formidable.
Cependant on devai t suivre le cours du Bon
heur et lui arracher son secret deux hommesne
crai gnirent pas de tenter l’
aventure et l’
un d ’
eux
é tai t ce même Martel qui déclarai t l ’entreprise
impossible.
E l le fut accompl ieen j uin 1888. Le 2 7 , Martel ,ses parents Marcel et Gabriel Gaupillat et Chei l
ley, accompagnés decinq guides ou habitants du
pays, tentaient l’exp loration parl
’ issue inférieure,c ’est- à- dire Bramabiau . Ils parvinrent assez l oin
remontant les cascades à l ’ai de d’
échelles, par
courant les biefs al ’aide d’
un canot démontable
On ne put atteindre la sortie,bien que l
’
on eût
BRAMABIAU E T L’
AIGOUAL . 1 29
pénétré fort avant , maisle lendemain onentrepri t
l’
excursion par la perte du Bonheur ; cette fo is,après despéripé t ies souvent tragiques, Martel et
ses compagnonsArmand et Blanc seretrouvaient
sur leur i t inéraire de la vei l le ; par des effortsinouïs de gymnastique ils débouchaient dansl’
alcôvède Bramabiau,ago mètres plus bas que
la perte du Bonheur et à près d’
un kilomè tre à
vo l d ’o iseau . Martel a fai t dans son l ivre,les C e
'
vennes, un émouvant ré ci t de cette expédition .
Si l ’entrée du Bonheursous le causse de C amprien est une bel le chose par la majesté de
l ’œuvre de perforat ion accompl ie, la sortie est
superbe. Le causse,dont la surface est si plane
,
a é té entai l l é , par les eaux et les agents atmos
phériques, en une falaise régul ière aux strates
très apparentes, de teintes admirables,dans la
quel le s’ouvre nu coul oir profond au fond duquel
on voit le Bramabiau s’
élancer en cascade d ’une
hauteur de près de 1 0mè tres. Le si te est étrangeet grandiose
,mais i l n’
a plus la beauté farouche
que lui donnent d’
anciennes photographies,les
jeunes plantations ont grandi,le chemin qu i
descend dans l’
abîme est ombragé d ’
arbres
vigoureux tamisant les rayons du so lei l les
herbes et les mousses,favorisées par l
’humi dité
de peti tes sources, y sont d ’une extrême fraî
V OYAGE E N F RAN C E . XXXV I.
1 30 VOYAGE E N FRAN C E .
cheur. Aux abords de l’
alcôve seulement on
retrouve la roche et fé éboulis.
Bramabiau est donc une des grandes beautés
naturel les de cette région des causses,dont le
plateau de Camprieu est la dernière formation .
On resterai t longtemps dans cet abîme vert
où s’é l ève la rumeur du torrent
,mais le sommet
de l’
Aigoual est l o in encore. Nous nous remet
.tons en chemin à regret . V oici les derniers ar
bres de l’excavation, pu is la val l ée du Bonheur ;nous remontons le ruisseau jusqu a lamaison du
cantonnier où .l’
on nous a dit qùe l’
on pouvai t
déjeuner. La maî tresse de céans a vite fai t d’
im
proviser le repas, quel ques instants après nous
reprenons la route.
La val lée est un large bassin de prairies entre
les grandes pentes boisées de lAigoual et cel les,moins é levées, de l
’
E spérou . Cette part ie est en
core de format i on cal caire,aussi a- t- ou pu entre
prendre des cul tures mal gré l ’al t i tude de plus
de 1 000 mètres ; mais les pâturages dominent .
L’
ancien chemin que nous suivons côtoie le
Bonheur, tandisque la route foresti ère, traversant
Camprieu,s
’é l ève au l ong du Trévezel'
par des
détours ; au pied des premières pentes un sen
tier raide,tracé entre de laids éboul is, permet
d ’
al ler rej o indre la vo ie carrossab le plus douce
1 32 V OYAGE E N FRAN C E .
verdure qu’enveloppent les ramures plus som
bres des châtaigniers
La S erreyrède, jadis inhospitahere, où l’
on ne
parvenai t que par les drai l les raides et rocailleu
ses suivies par les moutons du Languedoc al lant
paî tre sur les pentes de l’Aigoual et de l’
Auver
gue, est auj ourd’hui le point de j onction de plu
sieurs bel les routes construites par le servi ce
des forêts pour conduire dans les montagnes
soumiseS au reboisement . U n manteau de bo is
recouvre toutes ces croupes autrefo is arides et
parcourues par les brebis qui avaient presque
entierement détruit l ’herbe et la terre el le-même.
Auj ourd’hui,toute pâture est supprimée
,mais la
grandé clraille ‘existe encore
,large piste par
laquel le les troupeaux se rendent des val l ées
inférieures aux pentes qui restent soumises à
leur parcours ; ils s’
en vont ainsi par les causses
et les gorges du Lot jusqu’
aux sommets herbeux
de l’
Aubrac,à près de vingt- cinq l ieues d ’ i ci .
De toutes ces routes,la plus fréquentée est
cel le du sommet suprême de l’
Aigoual, el le se
déVe10ppe au flanc de l ’ immense ravin de l’Hé
raul t,au mil ieu de la bel le forê t cré ée de nos
1 . On écrit aussi draye, mais cette forme rend mal la pronou
ciation .
BRAMABIAU E T L’
AIGOUAL. 1 33
j ours. Les arbres sont déj à hauts ; les hêtres et
les pins ont fai t naî treun sous-bois . On contourne
de nombreuses ravines secondaires, dans l’une
un fi let d ’
eau descend entre les roches, se perd
dans les éboulis,apparaî t de nouveau et descend
en chutes dans le cirque profond . C e pet i t ruis
selet j aseur est la source d’
un fleuve, l’Hérault.
La fontaine supérieure,très modeste, sourd là
haut,au bord de la grande drai l le, non l oin de
la charmante maison qui sert de l ogis d é té au
conservateur des forêts .
Les reboisements sont presque achevés, les
dern iers pâturages ont é té conquis,des arbres
très bas,d ’
apparence souffreteuse, occupent une
sorte de seui l où les vents du sud acquièrent
une violence extraordinaire. De l à cet aspect
chétif des pins dont beaucoup sont brisés. S ur
le sommet de la montagne,vo ic i l ’observatoire
de l’
Aigoual , semblable à quelque forteresse
du passé par la tour qui le flanque. E ntre les
arbustes qui deviendront une forêt , un sentier
b ien tracé épargne les lacets de la route et con
duit rapidement à l ’édifice dont la constructionest une des bel les œuvres de la sciencemoderne.
J’
ai la bonne fortune d etre annoncé par
M . Fabre, le conservateur des forê ts qu i a présidé à la transformation du massifde l’Aigoual,
1 34 V OYAGE E N FRAN C E .
de l’
E spérou ,de la Lozère et de tant d ’
autresparties des Cévennes. Il m
’
a offert l ’hospital i té
dans son propre l og is ; grâce à luij’
ai pu jouir
de cemerveil leux belvé dèredel’Aigoual, en dép it
du vent formidable qui s’
est é levé dans l’après1n id i
L’observatoire est l ’œuvre de M . Fabre. L e
minent géologue qu i a é tudié avec tant de passion
tout lemassif cévenol et l’a décrit avec un talent
d ecrivain bien personnel,en pages souvent admi
rables a . de bonne heure signal é l ’util i té d’
un
é tabl issement mé téoro logique. Pendant que les
savants ayant à leur tête le futur général Perrier,orig inaire de V al leraugue
,faisaient une act ive
campagne pour ob tenir unemodeste instal lation
sur l’
Aigoual, M . Fabre, al ors inspecteur des fo
rêts,décidai t son service à entreprendre l ’œuvre.
Le colonel Perrier,qu i avai t réuni 2 3 000 fr.
,
mit cette somme à la disposi t ion des Forêts, les
ressources s’
accrurent au po int que la maison de
gardes est devenue un établ issement sc ient ifique
important,dont les proportions é tonnent .
Les travaux furent commencés en même temps
que l’
on entreprenai t la restaurat ion forestière
des derniers sommets de l’Aigoual autorisée par
1 . Éparses surtout dans le grand dictionnaire géographique deJoanne.
V OYAGE E N FRAN C E
dans la partie de l’Hérault où le fleuve coule en
une é tro ite val lée, et pour 15mi l l i ons dans lesvignobles de la plaine.
Le rebo isement entrepris sur de grandes sur
faces aura pour résultat sinon d ’
empêcher les
crues,au moins d’
en restreindre l ’action malfai
sante,en Opposant des obstacles à l ’écoulement
des eaux , en ob l igeant cel les- ci à péné trerdans le
sol en fi l trant dans les herbes et au l ong des ra
cines des arbres. Déj a on constate une amél iora
t ion réel le,les torrents s’
accroissent mo ins rap i
dement,en même temps les sources tarissent avec
p lus de lenteur.
L’observatoire est légèrement abrité par la
crêtemêmede la montagne qu i fut enta i l l ée pour
obtenir une terrasse ; seule la tour où sont les
instruments météorol og iques dépasse le sommet
par sa plate- forme crénel ée portée sur une ga
lerie de mâchicoulis. Derri ère est la maisonnette
basse et misérable occupée par le gardien du
refuge du Club alp in,el le s
’ouvre en face de la
sal le à manger,baraque de planches retenue au
sol par de fortes chaînes de fer pour empêcher
le vent d ’
emporter la construct ion ; les fenêtres
prennent j our sur le versant du nord,où nais
sent la Jonte et le Tarnou .
BRAMABIAU E T L’
AIGOUAL . 1 37
Autour de l ’observatoire et du refuge,aucun
arbre, c’
est une pelouse accidentée,aux pentes
raides et qui se pare au printemps d’
un merveil
leux tapisde fleurs. L eclat de ce parterre a valu
au sommet de l’Aigoual lenom de l’
Horl deD ieu,
c ’est— à- dire le Jardin de Dieu . C e nom remonte
au xv1° s1ecle, à l’époque où la Facul té de Mont
pellier, dans tout l ’éclat de son enseignement ,envoyai t ses maî tres herboriser sur ces sommets
dont la flore est d ’une ri chesse incomparable.
De l ’observato ire ou des petites croupes vo i
sines,la vue est plus é trange quevraiment bel le
auj ourd ’hui du mo ins où la netteté de l’horizon
est faib le. La Méditerranée,qu i est une des
grandes beautés du spectac le,ne se vo it pas, on
la devine seulement par le bleu confus de l’ho
rizon . Les gardes me montrent des plaques d’
un
jaune fauve enchâssées dans une p laine verte ce
sont les é tangs de la région d’
Aigues—Mortes .
Au- dessous de la montagne, les Cévennes sem
blent d ’énormes vagues schisteuses aux crê tesaigues les roches sont de teintes ardentes
,
b lanches,rousses ou vertes.
LA HAU TE V ALLEE D E L’
HERAULT
L’
Aigoual la nuit . Au lever du soleil. La bourrasque .
Le sentier des Quatre mille marches. D escente sur V alle
raugue. Les premiers oliviers. V alleraugue et ses filatures . La vallée de l
’
Hérault. Pont—d’
Hérault. Le
V igan . Les bains de C anvalat. La fontaine d’
lsis.— Les
gorges de la V is. Les mines des Malines.
Le V igan. Juin.
A la chute du j our, le vent qui avait é té vio
lent au point de nous interdire toute sortie sur
l’
Aigoual s’
est un peu apaisé , mais un l éger ri
deau de brume a cont inué à pesersur l ’ immense
paysage. Pourtant beaucoup de détails avaient
p lus de net teté , on distinguai t fort b ien Montpel
l ier par la blancheur de ses édifices ; le pic de
Saint-Loup qui masquai t en partie la grande c ité
semb lai t au cœur du tableau . La val l ée de l’Hé
raul t se dessinai t p lusnettement , é tonnant ab îme
au fond duquel , à 1 250 mètres au- dessous de la
terrasse de l ’observato ire, apparaissent les pre
mières maisons de V al leraugue. L’horizon é tai t
140 V OYAGE E N FRAN C E .
Puis les éto i les s’
al lument au c iel . E n même
temps des lumières se montrent au- dessousde la
montagne, révé lant V al leraugue et ses hameaux .
D’
innombrahles points lumineuxmarquent l’em
placement de Montpel l ier, d’
au tres sont al ignés
comme au long d’
un quai ou étagés aux flancs
d ’une montagne c ’est la vil le de Cette que la
nuit seule a pu nousmontrer. Partout sc inti l lent
ainsi des lueurs, gaz ou lumi ère é lectrique des
pet i tes vil les répart ies dans l ’ immense plaine du
l ittoral . Lo in,dans le sud- est
,se montre la lueur
d’
Un phare, sans doute l’
E spiguette.
Les gardes mettent un nom sur tous ces foyers
de lumi ère.
La fraî cheur est grande à cette heure sur le
sommet sol i taire,puis le vent s’él èvedenouveau ,
venant des causses,il souffle avec furie
,secoue
les fenê tres de l ’observato ire. Dans ces rumeurs
de tempête je m’
endors,rêvant que je suis en
mer par un de ces coups de mistral qui ag itent
si furieusement le golfe du Lion
Le j our ne po inte pas encore quand un des
gardes frappe à la porte, nous voulons j ouir du
lever de solei l et part ir aussi tô t après pour V alleraugue afin de trouver la vo iture du chemin defer. En quelques minutes nous sommes prê ts.
Le vent souffle touj ours, de plusen plus vio lent ;
LA HAUTE VALLEE DE L’
HERAULT . 141
pour gagner le refuge du club alpin où le déjeu
ner est préparé i l faut presque ramper. Dans la
sal le à mangerretenue au roc par ses chaînes on
éprouve un vague malaise,la baraque semble
prê te à s’
envoler.
Le j our vient,terne ; des brumes précèdent le
solei l . Le cerc le d ’horizon est très restreint . Le
spectacle annoncé va rater nous dit- on . Le
solei l apparaî tra tard,dans une buée chaude, et
nous n’
aurons pas l’i l luminat ion des crê tes ni
l ’apparit ion de la mer. Alors en route ! A peine
avons-nous l ’abri du sommet et le vent semble
ê tre tombé .
Un des gardes nous accompagne j usqu a l’
en
dro it où le chemin de V al leraugue est b ien re
connaissable,car nous allons su ivre une éton
nantearête entre l’abîme de l’Hérault et un ravin
non moins profond où c0ule un des affluents du
fleuve naissant . Au- dessous de l ’observato ire, un
écri teau annonce l ’amorce de l ’escal ier des Qua
tre mil le marches. C ’
est un sent ier très raide,
presque à p ic,qui permettrai t d ’
atteindre en une
heure les rives de l’Hérault au hameau deMal
let . Au bord de ce raidil l on vraiment extraordi
naire,les gardes ont leur jardin potager, ils y
descendent en une demi- heure,mais la montée
demande trois fo is plus de temps. Là- haut , rien
142 V OYAGE E N FRAN C E .
ne croî trai t , i c i ils réco l tent assez de lé gumes
pour leurs provisions d ’hiver.
C ’
est que la vie est dure à l’Aigoual, pendant
l ’hiver. Malgré la nei ge, les agents doivent cha
que j our faire leur tournée, c’
est à leur chef
qu’
iucombeut lesobservations météoro logiques.
Le télégraphe et le té léphone les rattachent seuls
au reste du monde. A cet te vie sol itaire les fa
culté_s d ’observation s
’
aiguisent, en causant avec
ces braves gens on est surpris de ce qu ’ i ls ont
su voir. D’
instinct ils devinerit mieux qu ’
avec
leurs instruments les brusques tourmentes dontces hauts parages sont le theatre . U n des indices
qu ’ i ls ont relevés est curieux Ouand un orage
va éclater, des myriades d
’
abeil les viennent se
col ler contre les vitres de l ’observato ire.
Le chemin descend,très rapide, surdes pentes
gazonnées , entre des rocs et des broussai l les qui
seraient devenues forê ts si les bergers n’
avaient
si l ong temps incendié toute végétation . Aujour
d’
hui la plupart des terrains sont acquis parl’Etat
et l’
on peut surveil ler ces pentes où , peu à peu ,
on vo i t renaî tre un tapis de verdure. Montant
autour de rocs qui barrent la crê te,descendant
par de vagues degrés tail l és dans le schiste,on
fini t par atteindre l ’entrée d ’une châtaigneraie
couvrant les flancs très raidesd’
un val lon au fond
144 V OYAGE E N FRAN C E .
mouvoir les roues denombreuses usines,surtout
des filatures ou moul inages de so ie. Cette partie
de la val léede l’Hérault, j usqu a Ganges,est une
des parties les p lus ac tives des Cévennes pour
cette industrie.
La commune est assez populeuse, mais la vil le
proprement di te n’
a guère qu ’un mi l l ier d ’hab i
tants ‘et se compose seulement d ’une rue sur
chaque côté de l’Hérault. Près de l egl ise ,sur
une pet ite place,se dresse la statue du général
Perrier qu i d iri gea longtemps le service géodé
sique de l ’armée. E l le est l ’œuvre du sculp teur
Mori ce . L’
artiste est de mes amis, j
’
ai connu le
modèle à l ’époque où se dessinai t sa carriere de
savant lorsqu’ i l effectuai t sur un des sommets
du Dj ebel Murdjadjo près d’
Oran lajonction du
réseau de la triangulat ion de l’Algérie avec celui
d’
E spagne, achevé par le général lbanez . J etais
à ses cô tés avec le capitaine Derrien quand,pour
la première fois,apparurent les signaux des offi
c iers espagnols instal lés sur le p ic de Mulhacen,
dont le nom avec le t i tre de marquis devai t ê tre
donné au général Ibanez , runnf sa. parüc nion
à cette œuvre.
Perrier est né à V al leraugue. La commune est
1 . 2 443 habitants, dont 1 059 agglomérés.
LA HAUTE VALLEE D E L’
HERAU LT . 145également la patrie de Quatrefages de Bréaux
le cél èbre natural iste étai t né au hameau de Ber
thezène dans la val l ée du Clareau . La vil le lu i a
érig é un monument dû aussi au sculp teurMori ce °
un buste sur un p 1edestal ; au pied se dresse une
femme,tendant hau t une palme.
La descentedeV al leraugue au Pont—d’
Hérault
est une course charmante. C ’
est comme‘
une syn
thèse de toutes les grâces un peu sévères du
pays cévenol. La route suit les sinuosités du
fleuve,entre les col lines disposées en terrasses
p lant ées de mûriers et de vignes. Les parties les
plus raides sont recouvertes de ch ênes verts ex
ploités pour leur écorce, si recherchée par la
tannerie. Les petitsp lans sont couverts de beaux
mûriers en ce moment dépouill és, car il y a peu
de temps qu’on les effeui l la pour la nourri ture
des vers à soie. Dans leurs parties hautes,les
monts diffèrent beaucoup,sel on l ’exposi tion ;
alors que la rive gauche est revêtue*de ch ênes
verts, la rive dro ite est couverte de chatai
gniers.
C es arbres sont une des ressources du pays .
Au pied des châtai gneraies on distinguedes cons
tructions rustiques d ’où S échappe une épaissefumée
,ce sont les sécho irs où l’on prépare les
V OYAGE E N FRAN C E . xxxv1 . 10
146 V OYAGE E N FRAN C E .
châtaignes pour les rendre de conservation facilependant l ’é té . E n ce moment l ’op érat ion du
séchage est finie depu is l ongtemps,la fumée ac
tuelle vient des foyers al lumés pour faire sé cherles feuil lesde mûrier qu i ont é té recuei l l ies aprèsl ’élevage des vers à soie. Ainsi privées de toutehumidité , ces feuil les sont conservées pour lanourriture du bétail pendant l ’hiver.
Certains passages de la val lée sont superbes
par l’
0pulence de la végétation . Les terrasses
ont tantôt des châtaigniers énormes,tantô t des
noyers vi goureux ; quand on a pu amener les
eaux dérivées de l’Hérault,de belles cultures ont
é té établies ; les luzernes surtou t sont luxu
riantes. Le coude où le fleuve,qui semblai t jus
qu’
alors aller rej o indre les Gardons,se repl ie
dro it au sud pour se diriger vers la Méditer
ranée,est un très grand paysage. Sur le pro
montoire, le hameau du Mazel apparaî t en am
phithéâtre ; en face,dans les arbres pointe le
clocher dela Bouvière.
Les habitants ont pré cieusement capté l’Hé
raul t au- dessus d’
un chaos de roches str1ees et
pol ies par le torrent qu i devient monstrueux
dans ses crues. Les flots purs courent au flanc
des monts souvent portés sur de vieux ponts
pit toresques . Parmi les cultures irri guées i l y a
148 V OYAGE E N FRAN C E .
animé par sa gare où se font t outes les relat ions
de V al leraugue avec le - V i gan , Ganges et les
grandes villes du Midi . Le chem in de fer y par
vient en franchissant par de l ongs tunnels le
massif qu i sépare la Sumène de l’Hérault . Après
avo ir traversé le petit fleuve,i l remonte l’Arre
qui lui apporte un flot abondant venu des bords
du Larzac par le V i gan .
Nous prenons place en wagon avec quelque
sat isfacti on,longue fut la course depuis l’Aigoual
et la chaleur est forte dans ces val l ées é troites !
Le train est très en retard par la faute aux co
cons nous a dit le chef de gare ; il a en effet
chargé des cocons à toutes les stations, en quan
tité tel le que l’
on a perdu partout quelques mi
nutes. Mais nous n’
accélerons guère la vitesse
pour cela. Le convo i file au pied des terrasses
couvertes de châtaigniers,la l o como tivejette sa
fumée aux murai lles trop restaurées du château
deRey. L’
Arre,très l impide
,bordede pet its prés.
S ur la rive gauche un hameau s’
accroche à —la
roche.
Le val s é larg i t près du château de Tessan où
l’
Arre est franchie par un beau vieux pont surmont é d’
un aqueduc . La zonede prairies s’é tend
des pommiers et des mûriers ombragent ces pél ou
'
ses. V o ic i le V i gan .
LA HAUTE VALLEE D E L’
HERAULT 149
C e n’
est point une grosse vi lle mais l ong
temps contenue par des remparts, el le a dû sur
é lever ses édifices pour faire place à tous ses
habitants . Lesmaisons sont donc hautes et cela
suffirai t à lui donner l ’aspect d ’une ci té p lus po
puleuse si el le n’
avai t pas l’
agitat ion coutumière
des vil lesméridionales, où l’
on vit si vo lontiers
au dehors. Les trottoirs de C afés att irent sans
cesse la foule et les citadins errent sous les
arbres en causant affaires ou pol it ique. E n é té
l ’animation s’
accroî t par les nombreux étrangers
qu’
attirent la campagne, les beaux'
ombrages
de la ville,les facil ités du séj our. Le cadre est
d ’
ai l leurs séduisant,les terrasses d’
oliviers et les
grandes châtaigneraies font de ce bassin une
corbei lle de verdure. Les montagnes semblent
transformées en gradins d’
amphitheatre tant
sont nombreux les murs qui retiennent les terres
et permet tent les cul tures .
La place centrale concentre à peu près tou t lemouvement ; elle possède la statue du cheval ier
d’
Assas,le hérosde C lostercamp, é levéeen 1830.
De nos j ours a é té éri gée, devant l’hôtel de ville
,
la statue du sergent Triaire mortel lement et
gl orieusement b lessé à E l—Arich en 1 799. Le
1 Population de la commune51 26 habitants, agglomérée4032 .
150 V OYAGE E N FRAN C E .
boulevard qu i passe devant cet te œuvre de Mo
ri ce conduit au sommet de la vil le ; l à s é tend une
promenade comme aucune autre c ité n’
en pos
sede z Une châtai gneraie peuplée d ’
arbres cen
tenaires sous lesquels on trouve une ombre
épaisse. Auj ourd ’hu i boulevard et promenade
des châtaigniers sont envahis par les moutons,c ’
est la foire et les paysans ont amené avec eux
des troupeaux entiers.
La peti te vil le est fort commerçante, à cause
de sa situation au centre de nombreuses val lées
dont les populat ions n’ont pas d
’
autre vil le à
proximité . Jadis el le é tai t un grand centre pourla fabri cation des bas etde la bonneteriede soie ;el le produit encore un peu ces articles et donne
même son nom à la bonneterie du V igan
mais en réal i té Ganges est le foyer actuel pour
cette intéressante industrie. Comme toutes les
vil les cévenoles,le V igan est très séric icole
,ses
campagnes é l èvent beaucoup de vers à soie, ses
cours d ’
eau font mouvoirfilatures etmoulinages
en outre el le possède d ’ importantes usines pour
la fi lature de la sehappe, c’
est- à- dire des déchets
de la fi lature,bourre de soie et déchets de co
cons .
Les eaux sulfurées cal ciques de C auvalat qui
jai ll issent dans la vall ée de l’Arre, en amont de
152 V OYAGE E N FRAN C E
gracieuse,elle offre aussi de grands si tes surtout
vers les gorges supérieures de l’Arre, et,dans
le peti t pays d’
Alzonnenqne à travers lequel
s’é l ève le chemin de fer qui rel ie Le V i gan au
Rouergue par les sol itudes du Larzac . Au sud,
ce sont les gorges de la V is, que l
’
on visiterai t
davantage sans la torride chaleur des é tés et le
causse de Montdardier.
'
N on l o in de Montdardieret d’
Avèze ce causse
possède des calcaires assez compacts pour que
l’
on ait pu les exploiter comme p ierres lithogra
phiques. Dans le massif comprisentre le V i gan
et le p ic d’
Aujean, sur le territo ire de Saint-Laurent— le—Minier
,sont ouvertes d’ importantesmines
de plomb et de Zinc,dites des Mal ines ‘
. Plu
sieurs sociétés se partagent la concession,éten
due au mil ieu d ’une des rég ions les plus vertes
des Cévennes. Le point d ’
expédition pour ces
minerais est surtout la gare de Ganges à laquel le
C onduit une route,l ongeant la V is j usqu’à sa
j onction avec l’Hérault
1 . Le département du Gard a produit 35700 tonnes de ces
minerais en 1901 , la presque totalité provenait des Malines.
L’
ALZON N E N QU E E T LE LARZAC
Un chemin de fer de montagne : Du V igan à Tournemire.
Arre, l’
Arre et sa vallée. Le cirque d’
Arrigas . La V is .
Alzon et l’
Alzonnenque. Au flanc du S aint-Guiral.Ascension du Larzac. S auclieres. Sur le causse du
Larzac .
L’Hospitalet (Aveyron). Mai.
Les cheminsde fer, que l’
on accuse si souvent
de gater les paysages, sont l o in de mériter tou
j ours ce reproche. Même, dans l’
ensemble, ils
ont droi t à la reconnaissance des art istes et des
promeneurs par la beauté nouvel le que leurs
travaux d’
art ont apportée à tant de si tes. Les
grands viaducs qui parcourent les val l ées, les
ponts , les arcs rampants , ont donné à bien
des contrées un carac tère de majesté classique
qu’
el les é taient l o in de posséder. Pour quel que
pente tristement balafréeparune tranchée ou unremblai
, que de val lons ou de val lées sans ca
ractère sont devenus de grands tableaux,grâce
aux arches de p ierre qui les enjambent
154 V OYAGE E N FRAN C E .
Parfois de longs trajets sont ainsi transformésen suites de monuments laissant b ien l o in derriere eux
, par la grandeur des difficultés vain
cues, les œuvres les plus vantées du génie ro
main . Tel le ré gion banale ou morue acquiert une
beau té parfai te. Certains pays,où la montagne
manquai t souvent de fraî cheur et de grâce,sont
modifiés d ’une manière profonde par l’
al lure
classique des grands travaux .
Ainsi l’âpre contrée entre leV i gan et le causse
du Larzac doi t au chemin de fer une succession
de beaux décors, lïnuvre de Phonnne raOhèüa
la sécheresse des l i gnes naturel les . D ’
ai l leurs
cette voie ferrée permet de se rendre compte
d’une façon précise des caractères divers du
pays cévenol. De la zone de l ’ol ivier on s é l ève
dans la châüfignenfi e, ! uns sur les unfigres
croupes de grani t où croî t le sei gle,pour attein
dre la surface désolée du causse. Le contraste
est grand entre les prairies irri guées du V i gan
et l’
aridité extrême du Larzac .
Les deux régions seraient é galement brûlées
si l ’eau des plu ies filtrées sur la nappe du causse
ne donnai t naissance aux grandes sources des
val l ées inférieures. Mais ces ondes, i déalement
pures, captées par les canaux d’
arrosage, font
naî tre partou t la fraî cheur et la vie. Le V i gan
156 V OYAGE E N FRAN C E .
mé tiers à bonneterie, d’
autres font des cartonnages. C es bel les usines éclairées à l’é lectric i té
sont entourées de vi l las.
Ic i commence l ’ascension du caussepar la voie
ferrée. Sur près de quatre l ieues la pente n’
at
teint pas mo ins de 33 mi l l imètres par mètre
L’
ascension a l ieu d’
abord à travers la chatai
gneraie, au sein d’
un paysage d’une beauté sé
vère où les hameaux sont j uchés sur des roches
Les pentes gravies par la vo ie sont en terrain
inconsistant qui a nécessi té de grands travaux
de consol i dat ion . Par une courbe harmonieuse
on contourne le cirque où s é tagent p ittoresque
ment les hameaux de la commune d’
Aumessas,
à l ecart les uns des autres sur des mont icules
isol és.
La châtai gneraie très vigoureuse autourd’
Au
messas, empl i t de grands ravins ; au- dessus de
ses cimes mou tonnantes surgissent des rochers
beaux de couleurs et de forme. L’
al t i tude est
grande déj à ,500 mètres environ ,mais l’exposi
t ion est tel le que l’ol ivier croî t encore avec vi
gueur. C es arbres, le beau viaduc de grani t , la
ravine où l’Albagne se brise en cascatel les, la
boucle décri te par le chemin de fer const i tuent
un si temajestueux . On en sort pardes courbes”
et
des tunnels séparés par d’é troi ts val lons où l’on
158 V OYAGE E N FRAN C E .
peut suivre les changements dans la flore, dus à
l ’al ti tude sans cesse croissante. A l ’ issued’
un de
ces souterrains se mon tre un instant Arri gas,
dans un val prenant son ori g ine au mont Saint
Guiral , une des c imes les plus fameuses des Cé
venues, si el le n’
est pas parmi les plus hautes
Un chaînon secondaire est troué par le tunnel de
la N ougarède dans lequel jai l l i t avec abondance
une source puissante formant un torrent qu i
s ecoule en cascade. Lorsque l’on découvri t cette
nappe en creusant un souterrain,on crut qu’ i l
s’
agissai t simplement d’une poche dont l’éva
cuation serai t rapide, mais le flot ne s’
estjamais
ralent i et ces eaux pures continuent à se dé
verser; ce n’
est pas un desmo indres phénomènes
hydrol ogiques de ce pays où les curiosi tés sem
blab les abondent .
Du côté opposé , le tunnel s’ouvre sur le val lon
de l’
Alzonneuque. La rivi ère, ou p lutôt le tor
rent , à laquel le la carte donne déj à le nomdeV is
roule i ci des eaux qui ruissel èrent des flancs du
Saint- Guiral , maise l le les perd plus bas dans la
ravine creusée au sein des caussesde Campestre
et de Montdardier, prolongement du Larzac , et
ce l i t desséché va rej o indre la V irenque pour
former la V is. Rien ne fai t deviner encore le voi
sinage des cal caires crevassés et fissurés, le pet i t
1 60 V OYAGE E N FRAN C E .
rochers, la végé tat ion, l’
animation des eaux tom
haut en cascades. La V is ainsi arrivée au j our
est la véri table branche mère de l’Hérault,’
car
ce pet i t fleuve est devenu un l i t sec de gravier
quand la V is l u i apportela pérenni té .
Alzon serai t sans doute le point de départ
des excursions pour ces gorges et leur bel le
fontaine si un chemin suivai t le canon de la V is,
mais celui- c i est inabordable. Aussi le bourg
reste- t— il i gnoré dans le pl i des causses où ses to i ts
sombres entourent une égl ise à flèched’
ardoises .
Cependant i l pourra devenir une station d ’é té
pour les hab i tantsdes plaines brûlantes. L’
airqui
é tai t embrasé ce matin au V i gan est vivifiant i ci,
pourtant i l n’
est pas 2 heures de l’après-midi .
Les deux zones géologiques restent en pré
sence dans le val lon de V alcroze que remonte la
voie ferrée. Cel le- c i est tracée dans les grani ts
revê tus de châtai gniers par l’ouverture des ra
vins ou découvre,vers le nord
,les grands eu
tassements de rocs du Saint- Guiral ; sur le ver
sant opposé c ’est le causse, dont les parois sontrevêtues du manteau d’
or des genêts d’
E spagne,plante adoptée par le service forestier pour la
fixation des clap iers, en attendant qu ’on puisse’
les conquérir définit ivement par les pins.
L’
ALZON N E N QUE E T LE LARZAC . 1 61
L’
al t i tude est b ientô t tr0p grande pour le
châtai gnier on le vo i t peu à peu disparaître au
delà du beau viaduc de V alcroze et d’
un tunnel
La pente, moins raide, a permis de créer quel
ques champs de sei gle et de pommes de terre ;dans l ’é tro it val lon de la Burle, descen lue du
Saint- Guiral,vo ici des prés fleuris de narc isses.
Des frênes, des aulnes, des peupl iers, bordent
le ruisseau ; la rive gauche est dominée par les
escarpements du causse, pente hardie hérissée
de roches dressées en ai guil les, en pyramides,en obé l isques offrant un contraste absolu avec
l ’au tre rive tai l l ée dans les sch istes. Mais c’est
la fin des sols frais, au delà du vi l lage de Sau
clières rou te et chemin de fer attei gnent lecausse
Saucheres est devenu un centre de rayonne
ment pour le Larzac , le causse Noir et le massi f
du Saint - Guiral . U n chemin se dé tache de larou te nat ionale près de la gare et condui t au
bourg industrieux de Saint- Jeau-du—Bruel , d’où
l’
on gagne Trèves et Meyrueis. Là sont les vallées p ittoresques de la Dourhie et du Trevezel
et b ien des mervei l les du pays caussenard ‘.
1 . Sur N ant et S aint-Jean-du-Bruel, voyez la 35e série du
Voyage en F rance, chap. IX .
V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
1 62 V OYAGE E N FRAN C E .
Saucheres est un vil lage de teinte grise, assisà 753 mè tres d’
al t i tude, dans un c irque nu où
les maisons semblent fri leusement se blo ttir autour de l ’égl ise dont la flèche porte une cloche
à son sommet . Le val lon très creux de la Prade,
qui s’ouvre au p ied,possède encore des chatai
guiers. Plus l o in ,les pentes de grès ont quel ques
bosquetsde hêtres et de chênes clairsemés entredes broussai l les de buis
Chaque année, le lundi de Pentecôte, la gare
de S aucheres vo i t des visi teurs assez nombreux .
Ils viennent gravir le sommet du Saint- Guiral,
où les habi tants de toutes les paro isses voisines
se rendent pour assister à des vêpres en plein
air,suiviesde danse. Des blocs de rocherservent
d’
autel. C’
est la persistanced’
un cul te dont l ’orig ine se perd dans une antiqui té lo intaine. Le
roc terminal du Saint — Guiral , monol ithe puissant qu i se dresse à 60 mè tres au- dessus de sa
base,fut l ong temps un objet de vénérat ion. La
rel igion cathol ique a remplacé les cérémonies
païennes par la fê te de laPentecôte.
De grandes croupes ondulées, qu i sont lescontreforts du massif, entourent lebassin de Sanclières, conque herbeuse aux prés blanchis par
les margueri tes et les narc isses,aux pauvres
récol tes à peine sorties de t erre mal gré la sai
D E L’
HERAU LT AU V 1DOU RLE
Le vallon du Rieutort. Un fleuve de cailloux . Sumene.
Arrivée à Ganges. La ville et ses industries. La bonne
terie de soie. Les bas à jour. Les merveilles naturellesde Ganges. Gorges de l
’
Hérault. Grotte des Demoiselles.
Abîmes deRabanel. Source de la Foux et gorges de la V is.
S aint-Hippolyte-du—Fort. Pompignan et le colonel Bourras.
Pompignan. Juin.
Les torrents des Cévennes ne le cèdent pas à
ceux desAlpes pourla largeur de leur l it , le con
traste entre leur régime normal et la violence de
leurs crues. Tel si l lon où coule à peine un fi let
d ’
eau à partirdejuin , roule parles grandespluies
un vo lume parfo is décuple de celu i de la Seine.
Tel est le cas du Rieutort , S umène ou E nsumène,descendu des pentes du Liron et qui débouche
dans la plaine de Ganges pour rej o indre l’Hé
rault . E n ce moment déjà,le torrent et l’Hérault
sont à sec , seules la largeur du l i t et la grosseur
des graviers en disent la violence. Cependant ,en amont , i l y avai t de l’eau vive. AV al leraugue
D E L’
HERAULT AU V IDOURLE . 1 65l’Hérault bahillait gaiement sur les roues d’
us1
nes, mais tout s’
est perdu dans les pierres, et,
désormais, au l ieu de donner de la fraî cheur au
paysage, i l contribue à rendre la gorge suffo
cante par la réverbérat ion de ces pierres polies
et blanches .
Cependant une ville,S umène
,s
’
est créée dans
cette vallée brûlante,profi tant de l ’étroit espace
offert par la réunion d ’
autres torrents. Toute
grise, el le se blotti t au fond du val, dominée par
son campanile, son c locher, les cheminées des
fabriques . L’
emplacement est si réduit, que l
’
on
n’
a pu é tab l ir de quais au bord de la Sumene,les maisons semblent surgir du l i t m ême. Cela
est pourtant beau,Sumene sous la grande lu
m1ere,au p ied de ses monts revê tus de châtai
guiers et d’
oliviers, est d’
un grand caractère.
L’
existence d’
un centre aussi peuplé au fond
de cet te gorge est due à l ’ industrie. La produc
tion des so ies et leur mise en œuvre occupentla plupart des bras ; ellesy furent de bonne heureflorissantes. La bonneterie de so ie occupe un
certain nombre d ’ouvriers qui travai l lent pour
les maisons de Ganges ; une importante'
usine
file les schappes produites dans les diverses fa
1 . 2 537 habitants, dont 1598 agglomérés.
1 66 V OYAGE E N FRAN C E .
briques où l’on transforme les cocons en fils,où
l’
on mouline ceux- c i . La soie est donc la vie de
Sumene, comme el le est cel le de tou t son eau
ton . Le commerce de la graine de vers à soie est
particul ièrement actif. Aussi,partout où l’on a
pu trouver assez de terre pour planter des mûriers, a— t—ou mis cet arbre comme l ’ol ivier i l s’
é
l ève sur les terrasses j usqu’
au sommet des coll ines
La gorge du Rieutort, au
- dessous de la ville,est très étro ite, entredes roches désagrégées quiont parfois nécessi té la construc tion d’
abris en
fer pour pro téger la route contre la chute des
pierres. Le chemin de ferévite ces passages dan
gereux par des galeries i l traverse les torrentssur des viaducs frustes . A divers é tages de lamontagne, on aperçoit les orifices de mines de
fer. I l y a ic i une concessi on dite des Deux—Ju
meaux qui produit non seulement le fer,mais en
core d ’
autres minerais. L’é tat du marché mé tal
lurgique ralenti t fort l ’extrac tion C e n’
eSt pas
la seule ri chesse minérale du bassin de S umène,i l renferme aussi un pet it gisement houil ler.
Le torrent n’
est sans eau qu ’
en apparence,en réal i té une nappe fi ltre au- dessous des galets
,
1 . 1 700 tonnes de minerai de fer en 1901 .
1 68 V OYAGE E N FRAN C E .
vil le industriel le. C ’
est en effet un des centres
vivants du pays cévenol, l’
un des points les plus
actifs pour la soierie. E n dép i t des dé limi tationsadministratives qui en font un chef- l ieu de can
ton de l’Hérault
,el le dépend davantage du V i
gan et d’
Alais que de Montpel l ier, à laquel le,d ’
ai l leurs, el le n’
est pas directement rel iée on
ne peut al ler à cette vil le en chemin de fer qu ’
au
prix d’
un long dé tour par Sommieres.
Le travai l final de la so ie est i ci représenté parla bonneterie, c
’
est-à— dire la fabri cat ion des baset de quel ques art ic les ob tenus par la mêmema
chine. Ganges est peu à peu devenu la véritablecapi tale pour cette industrie, du moins pour les
articles de luxe, nécessi tant une so ie de qual i té
supérieure. Or,les cocons de la région vers
Saint-Hippolyte,Ganges
,le V i gan et Alais pas
sent pourproduiredes fils incomparables. Aussi ,mal gré la concurrence, la pet i te ville cévenole a
gardé son renom. Troyes, qui t isse la bonneterie
de soie pour les artic les courants, fai t fabriquerà
Ganges ses produits les plus chers ‘. A l ’é tranger,
l’
Angleterre est une rivale sérieuse ; la Saxe, où
l’
on fai t aussi les mêmes t issus, ne peut lutter,
1 . Sur Troyes et ses ateliers de bonneterie, voyez la 2 1 ° série
du Voyage en F rance, chap. VI.
D E L’
HERAULT AU V IDOURLE . 1 69
car el le se borne à la camelo‘
te ; du mo ins les
industriels de Ganges n’
ont- ils pas de crainte sé
rieuse de ce côté .
Les fabricants sont très fiersdes résultats aux
quels ils sont parvenus. MM. Lauret frères ont
bien voulu me faire visi ter leur usine et admirer
des produits qui semblent œuvre de fée. A eux
seuls ils occupent c inq cents ouvriers dont deux
cents dans la fabrique,les autres travai llant à
domicile sur l ’antique mé tier à bas - inventé au
xv1uesi ècle et qui cont inue à ê tre employé con
curremment“
avec les machines modernes dont la
marche est plus fac ile et le rendement plus con
s-idérable. L’é tablissement a plus de cent ans
d ’
existence,ayant é té fondé en 1 780 . I l a survécu
à toutes les crises,p lus heureux que tant d
’
autres
emportés par la mode qui arendu le bas de soie
inutile, dès le j our où les pantal ons ont rem
placé la culo tte courte. Mais pour parvenir à
vivre, i l a fal lu se résoudre à faire autre chose
que la bonneterie de so ie le coton occupe au
jourd’
hui une place importante dans la fabrique
Jusqu’
aux premieres années du x1x°siè cle
Nîmes avai t la prépondérance pour la bonneterie
de soie ; la grande c i té languedocienne a partiel
lement abandonné cette product i on,comme la
perdirent nombre de vil les de l’ intérieur. Nîmes
1 70 V OYAGE E N FRAN C E .
fabrique désormaisdela bonneterie courante, sesmaisons sont en quel que sorte de l o intaines ex
pansions d ’usines champenoises,car el les ont dû
transporter là—bas une partie de leurs atel iers ‘.
Pour résister,Ganges a dû se confiner dans la
bonneterie de soiepure et fine,les autres articles
11 etant qu ’un accessoire. E l le travai l le directement les cocons achetés sur place en mai et j uin
sur les grands marchés de Saint-Hippolyte et
d’
Alais. Les principaux fabri cants filent, mou
linent et teignent eux—mêmes la soie qu ’ i lsmet
tent en œuvre. Grâce à un personnel dressé
depuis l ong temps,ils arrivent à produire des
merveil les de légèreté , de formes, de teinte et
de goût . J ’
ai vu,dans les magasins , des bas
d ’une maille si fine,qu ’ i ls pèsent seulement 1 2
grammes la paire L’
araignée ne fait pasde to ile
p lus ténue et ne saurai t parvenir à une semblable
solidité,car ces t issus presque impalpables sont
extraordinairement résistants.
Comme je l’
ai dit,les métiers à bas des a1eux
continuent à fonctionner. C es vénérables Outils
rappel lent un peu le cou teau de Jeanno t car i l
n’
est guère de leurs parties qui n’
aient eté re
1 . Sur N îmes, voyez la 37° série duVoyage en F rance, cha
pitres I , I I et I I I .
1 72 V OYAGE E N FRAN C E
de 4fr. 50 c . à 6 fr. dans une j ournée de dix
heures,pendant laquel le i l a confectionné quatre
ou c inq paires de bas. Le jouriste, qui se borne
à achever le bas pour la partie à j our, pourra
faire une paire dans sa j ournée et gagnera à ce
travai l 6 fr.50 c . Le bonnetier qu i fai t les arti
cles fins pour lesquels on emplo ie des fils d’une
extrême ténui té parvient à achever une paire de
bas dans sajouruée et gagne 7 fr.
Or,dans ce pays où l ’hiver est doux , où le vin
abonde,lavie est d
’
un bonmarché remarquable,viande et l é gumes sont à bas prix . L
’
ouvrier qui
ob tient de tels salaires est donc très à l ’aise. Les
femmes gagnent moins,mais les gains sont fort
élevés encore,aussi la plupart des jeunes fi lles
cherchent- el les de préférence le travai l des ate
l iers ou la fin i tion des arti cles. Trois impor
tantes maisons et d ’
autres moins considérables,en emplo ient un grand nombre. La fi lature et le
moul inage comprennent une vingtaine d’
établis
sements dans la vil le et les communes limitro
phes de Cazi lhac et de Laroque
Cette fabrication gracieuse ne semble pas sur
la voie du décl in,au contraire. Par son carac
1 . Population de l’
agglomération : Ganges, 4247 habitants ;C az ilhac
, 656 ; Laroque, 501 . Au total :5404habitants.
D E L’
HERAULT AU V IDOURLE . 1 73
tère de luxemême,el le voit se maintenir et s
’
e
grandir les débouchés extérieurs. Nombre de
personnes en France sont restées fidè les aux bas
de soie dans les famil les patri c iennes ou richis
simes d’
Angleterre et d’
Amérique, les bas à j our,mervei l les de Ganges, sont de plus en p lus re
cherchés.
Le travail de la soie a fai t naî tre quelques péti tes industries annexes, tel les que la fabrication
des cartonnages pour envelopper les produi ts
précieux de la bonneterie les courtiers en so ie,
les marchands de cocons ont des comp toirs. A
cela ne se bornepas l’
activi té de Ganges ses tan
neries ont gardé la viei l le réputat ion due à l’emplo i des écorces de chênes verts récoltées surcesmonts cal caires , et le commerce de ces écorces
est considérable Millau ,notamment
,est un
cl ient fidèle Une fonderie produit des clo
chettes pour les troupeaux La compagnie des
mines de zinc des Mal ines a ses bureaux dans la
petite vil le.
E n même temps qu ’
elle est un des points vi
taux des Cévennes, Ganges est devenue un centred
’
excursions. Avant même que la révé lati on des
1 . Sur Millau et ses tanneries, voyez la 35° série du Voyage
en F rance, chap. VII.
1 74 V OYAGE E N FRAN C E .
gorges du Tarn et des grandioses paysages des
causses ait déterminé le mouvement de visi teursauquel nousassistons, on serendai t déj à à Gangespouradmirer la grotte des Demoisel les, dépassée
en beauté parDarghilan etPadirac,nouvel lement
découvertes. Les touristes y viennent encore et,
de l à , vont parcourir les parties abordables des
bel les gorges de l’Hérault et de la V is. Ils se
raient plus nombreux si l’
on pouvai t facilement
explorer ce pays,mais les routes sont l ongues
,
les moyensde communi cation coûteux ou rares
quant à al ler à p ied en cette saison dans les
gorges brûlées,l ’entreprise n’
est guère pour tenter
,d ’
autant que les gî tes sont un peu sommaires.
C’
est pourquoi je n’
ai pu revoir la source de la
Foux et les défi lés é tro its qui enferment la V is,
réel lement née de cette puissante fontaine, unedes p lus belles de France, issue des eaux infil
trees sur le Larzac
S i j’
ai hési té devant la l ongue course de la
Foux, je n
’
eus aucune hési tation pour l ’abime
de Rabanel je n’
ai pas même tent é de voir la
b ouche de cet aven dans lequel Martel , avec
son inséparableGaupillat et ses vai l lants guides,
1 Le plateau ou caussedu Larzac fait l’objet des chapitres _V I I I
et IX de la 35° série du Voyage en France.
1 76 V OYAGE E N FRAN C E .
le pet i t village de Laroque occupe une situationpittoresque sur la montagne de Thaurac ; un
vieux château domine lesmaisons. U ne chapel le
se dresse sur le rocher, à unegrande hauteur ;cependant l’Hérault a atteint cepeti t temple dans
unede ses formidables crues, dont les traces sont
partout apparentes encore. C ’
est l ’entrée d’
un
des plus superbes canonsdes Cévennes calcaires,mais un des plus difficiles à parcourir, faute dechemins avant le débouché de l’Hérault dans la
plaine d’
Aniane
Cependant , au revers sud du Thaurac,le val
lon de l’
Alzon s’ouvrant sur le fleuve à permis à
un bourg de s’étendre Saint—Bauzi l le-de-Pu to is.
I l apparaî t au delà d’
i1n superbe coulo ir de
rochers . C ’
est une dépendance de Ganges que
ses filatures al imentent de so ie. D es tanneries
et une fabrique de gantS occupent beaucoup debras.
La grotte des Demoiselles s’ouvre sur la mon
tagne de Thaurac , couverte de chênes verts et
de plantes odoriférantes. Toute cette contrée est
parfumée par une flore spéciale thym,
'
roma
rin,lavande
,sauge
,serpolet , dont les som
1 . Les gorges inférieures de l’
Hérault, vers Saint—Guilhem-le
Désert, sont décrites dans le chapitre suivant.
D E L’
HERAULT AU V ID OURLE . 1 77
mités fleuries ou les feuilles font l ’objet d’
un
grand commerce. On les dist il le pour la pro
duction d ’
essences à l ’usage de la droguerie et
de la parfumerie. La même industrie se re
trouve sur l ’autre rive de l’Hérault,au vil lage
de Brissac, que domine la montagne de la Sé
ranne. Au pied de cel le- c i s’ouvre l’abîme de
Rabanel
La plaine de Ganges se prolonge vers l ’est en
un bassin qui se ré tré cit peu à peu j usqu’
au
vil lage de La Cadière. La vigne,l ’ol iv ier
,le mû
rier, tapissent ce beau plateau qui s’
abaisse en
pentes douces j usqu ’à la montagne de Thaurac
l ongée par le torrent de Merdanson . La Cadière
est sur une sorte de seuil conduisant dans laval l ée du V idourle
,à l ’endro it où ce peti t fleuve
,
charmant , capric ieux et terrib le débouche desgrandes Cévennes pour péné trer dans le massif
secondaire qu’ i l parcourt j usqu ’à la plaine l i ttorale. C ’
est une situation indiqnée pour une vil le.
De bonne heure,un bourg fortifié couvrit un ro
cherde la rive dro ite,le Castiles ou Saint—Hippo
lyte-le-V ieux au X Vesiècle
,cel ui- c i se vi t déserté
pour la partie basse,la Planquette ou Pet it—Plan
dans laquel le une c i té régul ière s’é tabl i t , assez
semblable aux bast ides duS ud-Ouest . Grâce à la
V OYAGE E N FRAN C E . XXX V I.
1 78 V OYAGE E N F RAN C E .
si tuation,le nouveau Saint— Hippolyte se déve
l oppa rap idement et devint un centre fort actif
La Réforme marqua un temps d ’
arrê t,les habi
tants y prirent une part ac tive et,j usqu’à la fin
,
ne cessèrent de témoignerune extrême animositéà tout ce qui é tai t cathol ique. Les é gl ises furent
à demi dé truites, pendant l ongtemps ce culte
fut interdit . U ne sorte d emeute survenue en
1 678, à la suite d ’ insul tes adressées à un prêtre
qui portai t le viatique, aurait é té la cause déterminante de la révocation de l ’édit de Nantes.
Aujourd ’hui encore,Saint-Hippolyte est un des
principaux centres calvinistes des Cévennes et
le S iege d’
un consisto ire.
Le surnom du F or! est d ’orig ine p lus récente
180 V OYAGE E N FRAN C E .
laine et le coton . Comme toute vil le cévenole,
el le possède des filatures de soie ; en outre, el lecompte plusieurs fabricantsde chaussures. D
’
im
portantes pép inières al imentent les campagnes
voisines d’
arbres et de plants de vignes.
Saint-Hippolyte n’
a guère de caractère, ses
rues é troites sont bondées de maisons banales
La place centrale est ornée d ’une fontaine jai l l is
sante surmontée d’une pyramide ; le civisme des
habitants s’
est affirmé par le bariolage de ce
monol ithe à l ’aide de grandes bandes aux cou
leurs nationales, d’
un efl’
et plutô t singu l ier.
La populat ion se porte surtout au long du V i
dourle que bordent de nombreux vil lages et des
petites vil les tel les que Sauve et Sommieres .
V ers le sud i l y a de grands espaces presque inha
bités. Après avoir parcouru les bel les campagnes
du vieux Saint-Hippo lyte, parsemées demas ou
demazels entourés d’
olivièrs et de mûriers,on
traverse une plaine assez triste avant d ’
atteindre
l ’ important vignoble et les riches cul tures de
Pounfignan .
U n p ieux souvenirm’
a condui t dans ce bourg
de vignerons et de disti l lateurs d ’
essences. Nous
y avons fai t ériger, mes camarades du Corps franc
des V osges et moi, la statue de notre chef bien
aimé,le colonel Bourras, né dans ce co in des
D E L’
HERAULT AU V IDOURLE . 181
Cévennes. Je voulais revo ir l ’effigie due à mon
ami le sculp teur Mori ce. Le vai l lant sol dat est
debout comme s’
ilmontrai t de la main la rou tequ ’ i l voulut suivre dans les neiges du Risoux
pour é chapper à la poursui te des"
Al lemands et
éviter l’internement en Suisse. L’
artiste lu i adonné la physionomie énerg ique qu ’ i l avait auxheures cri t i ques. Nous
,ses soldats
,nous évo
quons surtout sa physionomie méditat ive,et la
douceur qui s’
alliait à tant de fermeté .
Bourras est mort jeune encore,rongé par le
chagrin de la défaite et par la douleur inavouée
que lu i causai t l’inj ust ice dont il é tai t victime
,la
commission de revision des grades ne lui ayant
reconnu que le grade de chef de batai l l on .
La derniere fo is queje vis Bourras, c’é tai t au
mi lieu de c irconstances difficiles, quand il fut
placé comme général auxiliaire à la tête desgardes nationales du Rhône. L
’homme n’était
plus lemême. Dans le grand sal on de l’Hôtel de
V i l le de Lyon,où il fal lait sans cesse parlemen
ter avec les chefs p ossib les de l ’ insurrection latente, je le revo is
,morue
,affaissé
,découragé .
J’
al lais lui demander de faire céder pour moi le
décret qu i empêchai t les engagements vol ontaires . E n reconnaissant un de ses peti ts francst ireurs, i l eut unmouvement dejoie, je retrouvai
182 VOYAGE E N FRAN C E .
le chef énergique que nous aimions tant,mais i l
me dit tristement Je ne puis rien maintenant,
nous sommes oubl ies
1 . ARDOU IN —DUMAZE 'I
‘ Le C olonel Bourras . Paris,librairie
Berger—Levrault et C ie. Du même auteur : Une armée dans
les neiges, journal d’
un volontaire de l’armée de l’E st, avec lettrepréface de M . de Freycinet. Librairie Rouam.
184 VOYAGE E N FRAN C E .
temps d’
arènes ; l à se donnent des courses de
taureaux auxquel les la f0ule assiste du haut des
terrasses ou des fenêtres. La grande rue est en
partie établie sur les archesd’
un pont romain . On
ne devine l ’ant ique édifice qu’
en descendant aux
ruel les inférieures, d’où l’on peut péné trer sous
les voûtes en grand apparei l quifurent les arches.
Le V idourle aux eaux Vertes et l imp ides coule
dans un l i t de gravier, entre des quais ombragés
de platanes. Le fleuve,le pont moderne bâti sur
les p iles du pont romain et commandé à l ’entrée
de la vi l le par une tour d ’horl oge percée d ’une
porte Ogivale et surmontée d’
un campani le, les
teintes ardente‘
s du paysage,col l ines de garri
gues imp i toyablement cal c inées par le solei l,
tout ce tableau laisse un souvenir.
S ommières est une cité double, mais le quar
t ier supérieur,V i l leviei l le, est une commune à
part ‘. C e faubourg est d
’
un grand effet grâce à
son château , masse puissante flanquée de tours
et d’
un donj on carré ; on accède par un raide
chemin j usqu ’à ce petit centre,assis sur un pla
teau où l’on trouve en abondance des bri ques
romaines qui semblent indiquer l ’existence de la
cité primi tive à laquel le Sommieres succéda. D e
1 . S ommiere 3 780 habitants ; V illevieillc 32 6.
SOMMIÈRE S E T LE SALAV ES .
près,le château perd de son caractère grandiose
pour prendre un aspect presque pimpant , grâceaux bâtiments à galerie révélant le X V II
esièc le
,
qui ont é té comme insérés entre les tours féo
dales. Des abords, la vue est superbe sur la val
lée du V idourle, large , verdoyante par ses cul
tures, ses vignes et ses vergers. Au fond,vers le
nord,apparaî t dans toute sa grandeur la chaîne
des Cévennes. V o ic i le pic de Saint-Loup,aigu
,
l’
E spérou ,le Saint-Guiral
,le puissant massifde
l’
Aigonal, les monts de la Lozère et le Tanargue.
Au premier plan ondulent les collines revêtues
186 V OYAGE E N FRAN C E .
par les bo is de Lens, où l’
on a cru vo ir l ’ori ginede la fontaine de Nîmes
,dans les fissures de la
roche où s’
engouffrent les eaux des pluies.
C e paysage est beau,mais i l a besoin de la
poésie des couchants ; dans la j ournée, le flam
boiement intensede la lumièreest presque inson
tenable. La chaleur sur ces roches est torride
Mais lorsque la lumiere décl ine,quel le douceur
et quel le transparence dans l ’atmosphère C om
b ien semblent grandir,se solenniser tou tes les
l ignes du tableau
Sommieres est une vi l le de commerce assez
active pour avoir é té dotée d ’une chambre con
sultative,mais el le ne possède plus l’ industrie
qui l’anima j adis. E lle travai l lai t la laine,fabri
quait des molletons et de la flanelle ses pet i tes
usines ont disparu , el le est surtout devenue lemarché pour les communes très nombreuses qui
occupent les garrigues sur les deux rives du
V idourle dans les départements du Gard et de
l’Hérault ; garri gues hab it ées, contrastant parleurs vil lages
,leurs hameaux
,leurs ol iviers et
leurspetitsvignobles avec les co teaux plus désertsdu canton des Matel les
,dont les tail l isde chênes
et les espaces couverts de plantes odoriférantessont une des plus é tranges rég ions de la France.
188 V OYAGE E N FRAN C E .
mi tés fleuries. Ainsi , pour obtenir 1 kilogr. d’
es
sence de thym,i l faut 400 kilogr. de feuil les ; le
mo is prochain,en mai
,la plante ayant plus de
sève, i l suffira de 2 00 kilogr.
Le commerce des essences a des débouchés
fort é tendus on en envo ie en Belg ique,en Rus
sie,aux Etats-Un is et en Austral ie on les y em
plo ie pour parfumer les savons de toilette. I l y a
une concurrence très vive - tant entre les disti l lateursde l’Hérault et du Gard eux-mêmes
,qu’
avec
ceux de Provence et surtout avec l ’ industrie chi
miquedes goudrons de houil le, qui est parvenue
à im iter la plupart des parfums. Les maisons de
Sommieres ont des représentants à l ’é tranger.
Parmi les autres commerces de la pet ite vil le
est celu i de la terre qui porte son nom,la terre
de S ommières,bien qu’
el le ne so i t pas extraite
dans la commune. Cette magnésite s’
exploite
uniquement dans une autre partie du canton,à
Sal inel les,sur les -bords du V idourlè
,d’où ce
nom de terre de Sal inel les ou S alinettes donné
souvent à la poudre, telle qu’
el le est l ivrée aux
magasins de produits ch imiques.
Sal inel les est un peti t vil lage de grande routebât i au bord de la route de Quissac
,dans la
ri che val l ée où le V idourle roule ses eaux vertesaccrues par les ruisseaux venus de plusieursval
SOMMIÈRE S E T LE SALAV ÈS . 189
Ions des garri gues. A l ’entrée de l’
un d ’
eux ,parcouru par l
’
Aygalade, le château de Poudres
montre une bel le façade crénelée ; au fond,le
bourg de Montpezat,de féodale al lure
,couvre
un co teau de ses maisons d’
un blanc doré , dis
posées en amph i théâtre. E n face de la j onct ion
de l’
Aygalade et du V idourle, près de Sal inel les,l ’ég l ise de Saint— Jul ien ,
très viei l le,est à l ’écart
sur un co teau .
Le g isement de magnési te, carbonate de ma
gnésie, magnésie silicatée,magnésie carbonatée
silicifère ou terre de pipe, car les traités de geo
logie sont peu d’
accord sur le nom exact de cette
mat ière,s’é tend sous tout le vil lage
,mais l
’
em
plo i de la poudre n’
est pas assez - considérable
pour avoir fait naî tre une exploi tation b ienim
portante. On se borne à fouil ler le sol pour cher
cher la p ierre et on remblaie le trou au fur et à
mesure de l ’épuisement . I l y a en ce moment
c inq carrieres en ac t ivité . Sous une épaisse
couche de terre on trouve un banc de calcaire
de 1 mètre, au- dessous est la magnési te dispo
sée en couches lent iculaires,sur une épaisseur
totale de50 centimètres à 1 mè tre
La matière extrai te est envoyée àLyon et à
Marsei l le sous la forme d ’une p ierre friable. Le
commerce des produi ts chimiques la fai t réduire
190 V OYAGE E N FRAN C E .
en poudre impalpable qui est vendue aux atel iers
de dégraissage pour servir d’
abs01bant après
l ’emplo i des essences à dé tacher benzine,téré
benthine,etc . Certaines industries textiles
,no
tamment l ’ impression sur é toffes dont Lyon est
le centre, en font une consommation considé
rable pour att irer les corps gras. La gare de
S ommières expédié de quinze à ving t wagons
demagnési te par année, chacun contenant5000kilogr.
Jadis cette exploitation é tai t plus fructueuse
que de nos j ours,la magnésite se vendai t 15fr.
les 1 00 kilogr.
,la concurrence a fai t descendre
le prix à 4 fr. Mais les débouchés se sont un
peu étendus ainsi la poudre, comme le tale ou
craie de Briançon ,est employée pour accroître
le poids des savons à bas prix et les faire foi
sonner
Jadis la magnési te é tai t envoyée à Nîmes ; on
l ’y chargeai t sur wagons à destination de Mar
sei l le,où el le é tai t broyée et mise en pains de
25grammes ; unemarque ou cachet apposé sur
chaque pain lu i fi t donner le nom de terre sig il
lee. Sous cet te forme,el le se vendai t de 2 0 à
25fr. le quintal les pharmac iens l’employaient
et l’
emploient encore comme base de certains
électuaireS et de dent ifri ces.
192 V OYAGE E N FRAN C E .
couverts de vignes et de vergers, au confluentdes ruisseaux descendus des garri gues . Cette
val l ée est curieuse par le contraste extrême entrela sécheresse des p lantes cal c inées par le solei l
et la fraî cheur de toutes les parties où l’on a pu
amener des eaux . S i le V idourle é tai t ut i l isé
comme i l pourrai t l ’ê tre à l ’aide de barrages
conservant l ’eau des crues,i l serait peu de pays
plus ri che dans toute la France que cette pet i te
contrée appel ée S alavès du nom de la ville de
Sauve et dont le chef- l ieu é tai t le château de
Mussemble
Le cours du vert torrent est très sinueux ; près
deV ic- le- Fesq,un méandre fermé par un isthme
é tro i t n’
a pas moins de six kilomè tres de déve
loppement . A chaque instant s’ouvre quelque
val l ée latérale,parcourue par le l i t d
’
Un torrent
à sec la plus grande partie de l ’année Doulitre,
C ourme,Crieulon
,Brestalou
,dont les orages
font des dévastateurs terrib les apportant leurs
flots furieux à ceux déj à effrayants des vidour
lades . C es torrents ont si l lonné des garri gues
semblab les aux causses par leurs roches et leurs
gouffres. Le'
Brestalou est passé près d’
un de
ces avens,le Pescantieu ,
ouvert non l o in du
village de Brouzet .
E n amont de Quissac , le V idourle est capté
S OMM IERE S ET LE SALAVES . 193
pour l ’ irri gation d ’une petite partie de la val lée.
La prise d ’
eau est dans un beau site,en vue
des Cévennes. Le bourg de Quissac qui borde le
fleuve n’
a guère d’ intérê t , mais son p ont en dosd ’âne et les bel les promenades dont les platanesse mirent dans l ’eau transparente forment unaimab le décor. C e petit centre est assez commer
çant, grâce à l’
embranchement de chemin de fer
qui s’
en détache vers Anduze et Alais C ’
est le
grand marché des moutons pour les garrigues
et les causses ; au mois de sep tembre, une fo irefameuse donne l ieu àla vente de 90000 à 1 00000
de ces animaux . I l s’
y fai t des affaires ac t ivesen truffes récoltées dans les bois de chênes des
garrigues.
Au tourde Quissàc , surtou t en amont,sur les
deux rives du V idourle, le fond de la valléé est,au printemps
,un long tap is de fleurs b lanches
de beaux -vergers de cerisiers couvrent les rivesde la riv1ere. C es arbres sont plantés dans depet itsenclosvoisins d’
au tres plantations où cro issent des arbrisseaux d’
un aspect assez singul ier.
C e sont des t iges grises et l isses, . d ’où partent
,
au sommet,des branches en forme de fourche
1 . Pour la région d'
Anduze et d’
Alais,
fi oyez la 34° série duVoyage en France, chap. 1 à IV .
V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
194 V OYAGE E N FRAN C E .
couvertes de feuil les al longées d’
un vert tendre
C es tai l l is si régul ièrement tenus sont des mico
couliers. L’
arbre laissé à lu i—même est de très
grande tail le, un des plus beaux du l i ttoral mé
diterranéen ,mais i l est i c i cul t ivé bas
, en cépées,
comme le châtai gnier en d ’
autres contrées.
Le micocoul ier, appel éfanabre‘
gue au bord du
V idourle, est une cul ture industrielle,comme
i l l ’est dans le V alespir pour la préparat ion
des manches de fouets. Au bord du V idourle, i l
sert à la fabri cat ion de fourches et d’
a llelles et
doi t ê tre diri gé dans ce but par la disposi t i on
de ses branches ; on ne lu i laisse que deux ou
tro is brins au sommet , en même temps qu’on
s’
efforce de donner le plus de régularité pos
sible à la t i ge. C es tai l lis s’é tendent surtout sur
les bords de la rivière, où le solest frais, profond
et riche, ce qu i excite la végé tation des souches
et fai t naî tre de nombreux brins. On les trouvej usqu ’
aux abords de Sauve, pet i te mais fort
industrieuse vi l le assise sur la rive dro ite duV idourle, dans un des sites les plus curieux de
cette pittoresque val lée. De hautes coll ines cal
caires montrent des strates inc l inées, des roches
superbes é trangement fissurées et dressées, des
1 . 37° série du Voyage en France, chap. XX ; voir aussi la
39° série.
‘
196 V OYAGE E N FRAN C E .
Sauve, un véritable bouil lon de cul ture. C es
constatat ions des explorateurs ont causé un vif
émo i dans la vil le, où l’
on a é té condui t à prendre
des mesures contre la pollution .
La fontaine et le V idourle sont la vie de la
peti te cité dont ils font mouvoir une grande par
tie des usines. Tou t le monde travai l le à Sauve,
les productions y sont nombreuses et vari ées
La bonneterie, si importante à Nîmes, dans la
haute val l ée du V idourle, vers Saint-Hippolyte
et Ganges, puis autour du V i gan ,possède de
nombreux é tablissements dont laplupart tra
vai l lent à l ’aide de machines à bras. On y fai t
des bas de coton et des bas de laine, des gilets
de laine, des camisoles et des cache- corset,spé
cialitésde la place. U ne pet ite usine produit du
coton cardé . La chaussure occupe aussi beau
coup de bras, une manufacture fabrique des sou
l iers cousus à la main ou à la machine et surtout
les pantoufles à dest inat ion de l’Algérie. Cent
douzaines de ces art icles à bon marché sortent
chaque j our des atel iers ou sont produ its par lesouvriers travai l lant à domi ci le.
La céramique est encore une industrie de
Sauve , p lusieurs po teries font des vases com
muns, cruches à eau ,vases de cuisine de grande
dimension appel és gaudes ou cassoles.
S OMMIERE S E T LE SALAV ES 197
Mais le travai l du mi cocoul ier est la part ie la
plus caractérist iquede l ’ac tivi té . Toutes les bran
ches de fanabre‘
gues coupées dans ce curieux
peti t pays du '
S alavès viennent à Sauve,sa cap i
tale,pour y être manufacturées . J
’
ai pu étudier
cette transformat ion dans l ’usine de MM . Laget
et Forest ier oùj’
ai é té accuei l l i fort cordialementOn peut y suivre toutes les phases de - l
’
0péra
t ion,depu is la cul ture el le-même
,les cours de
la fabri que é tant p lantées de souchesdemicocou
l iers énormes,d
’
où jaillissent les brins qui de
viendront foùrches ou attel les c ’est-à-dire la
carcasse des col l iers pourles animaux de trai t .
Les brins de micocoul iers,tels qu ’ i ls arrivent
à l ’usine, sont parfois tordus. Le premiersoin es‘
t
de leur donner une dispositi on plus régul ière.
Ayant é té préalablement écorcés,ils sont mis à
chauffer dans un four d ’où ils sortent très mal
léahles, pour ê tre disposés surun arbre à p l ier
entre des dents de fer qui les dressent et où ils
restent pendant tout le temps nécessaire à leurrefro idissement . Ayant ainsi la forme pour le
manche,i l reste à disposer la fourche ; les t iges
laissées par la tai l le sont eu'
nombre de deux,
de tro is, parfo is de quatre. C e seront les dents ;el les sont ondulées et n’ont pas la forme courbéenécessaire ; ou les met dans une sorte de moule
198 VOYAGE E N FRAN C E .
leur donnant à la fo is la courbure et l ecarte
ment désirés. Des bandes d’
écorce enveloppent
le manche et les dents,de façon à former des
dessins entre- cro isés . Ainsi préparée,la fourche
est mise au four où el le reste toute la nu it ; el le
sèche,prend la forme voulue
,se colore en brun
dans les parties que les bandelettes d’
écorce
n’ont pas recouvertes . Quand on la ret ire , le
matin , on trouve Un objet l é ger, d’
un maniement
fac ile etd’
une résistance au mo ins égale à cel le
des fourches d ’
ac ier. Pour l ivrer au commerce,i l n’
y a plus qu ’à enlever les aspéri tés,égal iser
et épointer les dents, puis met tre en paquets.
On emplo ie lemême procédé pourlefaçonnage
des manches de pel les, dont la forme si particu
lière est ob tenue par le séj our dans un moule en
fer après chauffage au four, de même pour les
manches de faux . Quant aux attel les,el les sont
assoupl iespar le passage dans un bain de vapeur
surchauffée. Dans l ’usine,ou produit50 paquets
de50 fourches ou 1 00 manches parjour. Or,ce
n’
est l à qu ’une partie de la fabrication,car les
atel iers Sont nombreux .
Par leur lé gèreté,ces artic les ont pu résister
à la concurrence des fourches d’
ac ier dites amé
ricaines, d’
un usage si généralaujourd’
hui ; el les
sent très recherchées dans tout leMid i et donnent
LE S GARR IGUE S D E MON TPE LLI E R
Apparition du pic de S aint-Loup, roi des Garrigues. Banlieue
montpelliéraîne. Saint—Gely-du- Fesc . Le mont Bouras.
Les Matelles et leur source. D ans les garrigues .
Les moutons. Le pays de Londres. S aint-Martin-de
Londres. E n remontant leLamalou. Lepic de S aint-Loupet son panorama.
S aint-Martin-de-Londres. Mai.
Sur les cartes, le pays qui s é tend au nord de
Montpel l ier produit une impressi on singul i ère
par l’
aspect heurté de ses chaînes de hau teurs,l ’encaissement extrême de ses torrents
,gorges
plus que val lées, canons plus que gorges, ses
grands bo is, le peu d é tendue des terres de cul
ture et la raret é des vil lages . Rég ion extraordi
nairement confuse où l’on voi t fort peu de tracés
de routes,en dehors des deux grandes vo ies qui
se diri gent de Montpel l ier vers Sauve et Ganges
et de cel le qui rel ie Aniane à Saint—Martin-de
Londres.
- Si l’on contemple cette contrée du haut d ’une
col l ine avo isinant Montpel lier ou simplement de
2 04 V OYAGE E N FRAN C E .
p issée de vi gnes, plantée d’
oliviers, offrant des
bois de pins formant parcs autour de bel les
hab itations bourgeoises. Cette campagne est un
instant interrompue par les constructions neuves
d’
un asi le d’
aliénés, vaste comme une vil le. Plus
l o in, au
- dessus d’
un bois depins, émerge le châ
teau de Fontfrège, édifice d’
un pseudo- style féo
dal dont les tours,les créneaux et le donj on
rappel lent les remparts d’
Avignon ou la ci té de
Carcassonne.
C e castel a pour horizon des col l ines arides
couvertes de chênes kermès et de plantes odo
rantes avec des bouquets de p ins montrant ce
que pourrai t devenir la garri gue si l’
on procédai t
à son ensemencemeut en résineux . V ers l ’est ,Fontfrège a vue sur la val lée du Lez , où le flo t
pur de la riv1ere a fai t naî tre un rideau d ’
arbres
verts.
La vigne n’
a pas conquis les coteaux , mais el le
forme un beau tap is dans les val lonnements et
Sur les prem ieres pentes, où la terre végé tales’
est amassée. I l est de bel les plantat ions aux
deux côtés de la route bordée de platanes. Cela
n’
estpas continu tou tefois, on traverse b ien des
terrains abandonnés,où la grande vé gé tat ion
est bornée au buis à odeur âcre et forte. Du
sommet d’une côte on domine des pl is amples,
LE S GARRIGU E S D E MON TPE LLIE R . 2 05très profonds
,où la vigne et les cul tures ont fort
empiété sur le domaine des broussai l les ; vers le
nord , le p ic de Saint—Loup se montre sous l’as
peot d ’une chaîne réguhere ; vers l’ouest se des
sinent les pentes du mont Bouras, revê tues de
leur uniforme vê tement de chênes verts.
Des co teaux rocheux , du buis, de la lavande,une végé tat ion terne mais parfumée, puis au
fond d’une sorte de bassin rempl i de cul tures,oasis de la garri gue, le vi l lage de Saint—Gély-du
Fesc, façades grises et toi ts ardents, dominé par
un vaste châteaumoderne. S i la garrigue n’
a pas
é té partou t dépouil l ée de ses broussai l les d ’yen
ses, la vigne occupede vastes espaces sans cesse
accrus peu à peu sont conquis les co teaux quiséparent Saint-Gèly du pl i où le Lez naî t d
’une
source abondante et superbe,en part ie cap tée
pour la vil le de Montpel l ier. Le mûrier, rare
au tour de la grande vil le voisine, est i c i cul tivé .
Les branches dépouil lées de leurs feuil les mon
trent que l’
on entre de nouveau dans le pays
séri c ico le.
La route monte en pente douce au flanc du
mont Bouras, entre des garri gues creusées deravins
, çà et là s’é tale quelque mé tairie entourée
de pampres et de mûriers. Un de ces pl is, né au
pied d’
un mamelon que couronne la tour ruinée
2 06 V OYAGE E N FRAN C E .
de Roucayrol a de la fraî cheur, un ruisseau y
naî t , les cul tures sont é tendues et bel les. La con
trée s’
humanise à ces abordsde la source du Lez ,aussi les vil lages sont— ils assez nombreux au tourdu peti t bourg desMatel les, chef- l ieu du canton .
L’
un d’
eux , Saint-Mathieu-de-Tréviers, est assis
à l ’entrée d’une sorte de défi l é ouvert au p ied du
p ic de Saint-Loup .
A l ’écart , se dresse la hau te é gl ise de No tre
IDannæ des£Hunnps, sous laquefle F abrüent les
constructions d’
un orphel inat . L’é tabl issement
est proche des Matches qu i occupent une sorte
de conque où sourd la bel le fontaine de Liron ;après les grandes pluies
,les eaux se brisent en
cascade entre des rochers. Cette pet i te riv1ere
jai l l issant du sol pour al ler rej o indre la source
du Lez , et les affluents descendus du massif de
Saint—Loup gardant tous quel que onde pendant
l ’é té,expl iquent l ’existence de vi l lages et de cul
tures au cœur des garri gues.
Les Matel les, c’
est un groupe de maisons très
serré , comme si l’
on avai t craint de tr0p pré
lever d ’
espace sur ce bassin favorable aux cul
tures, mais b ien exigu entre les roches et les
broussai l les. Des ol iviers, des vignes, quel ques
champs rempl issent le val et se poursuivent au
long du Liron . Tou t au tour,les garri gues sem
2 08 V OYAGE E N FRAN C E
du bassin et dans lesquels viendront bo ire lesbrebis
La rou te de Ganges court en pleine sol i tudesauf les mares régul ièrement espacées et une
maison cantonmere, rien ne distrai t l ’attent ionatt irée par la longue murai l le du p ic deSaintLoup , assez proche maintenant pour que l
’
on
dist ingue le triste manteau de broussai l les masquant mal la roche grise. La montagne si bleue
et fi ère vue du li ttoral et des plaines l o intainesest fort vulgaire ainsi aperçue de près et sous
cette face. Au sommet,entre deux mamelons,
très blanche apparaî t la chapel le.
La rou te pénè tre dans une partie de bois
moins dévastée des chênes tai l l is, yeuses ourouvres, <nr fissent assez drus, séparés par des
blocs de cal caire blanc , é trangement disposésen amas ou en l i gnes rappelant les amoncel le
ments de grès de Fontainebleau . La chausséeest bordée d
’
ailantes dont les drageons gagnent
peu à peu l ’ intérieur de la garri gue, semblant
indiquer aux forestiers que cette essence se plai
rai t sur ce sol desséché . I l est vrai que le bois
d’
ailante est de médiocre valeuret que les réSul
tats escomp tés par l’éducat ion du bombyx à so ie
vivant au Japon sur ses feuil les n’
a pas donné
en France les résul tats espérés, mais la rapidité
LE S GARRIGU E S D E MON TPE LLIE R. 2 09
de la croissance, le peu d’
exigence et la rust i c i té
du vernis du Japon permettraient de couvrir
b ien des terrains nus .
Sur cetteroute, les ponts et chaussées ont es
sayé d’
autres essences pour leur plantat ion d’
a
lignement, une double rangéede micocoul iers
offre son ombre dans la traversée d’une zone de
roches blanches disloquées, où les chênes sont
rares et que parfument les senteurs puissantes
du thym et des au tres plantes odoriférantes des
garri gues. Là, près de la . métairie de la iPour
caresse, le p ic de S aint-Loup reprend sa forme
aigue ; on voi t le chaînon de profi l,tel un ohé
lisque t i tanique et fier.
La montagne domine un bassin cul t ivé en
trecoupé de landes p ierreuses au fond duquel
se forme et coule le torrent de Lamalou i l y
a là un bourg et trois vil lages Saint-Mart in
de-Londres , Mas-de—Londres No tre-Dame-de
Londres, Le Rouet-de-Gabriac . C e nom de Lou
dres fréquemment répé té di t assez que ce pet i t
pays f01me une région distincte,les géologues
le dési gnent comme le causse de Londres. E n
dehors des abords des vil lages où l’on fai t quel
que cul ture, c’
est une des parties lesplus sèches
et les plus curieuses des garrigues dans ses
roches se creuse le fameux ravin des Arcs
V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
2 10 V OYAGE E N FRAN C E .
Les pet i ts monts qui s etendent vers l ’ouest
sont parcourus , sc iés , pourrai t - on dire, par
l’
Hérault dont le cañ on splendide est malaisé à
parcourir. D ’une aridit é extrême,ils présentent
à peine quel ques taches de broussai l les.
La route laissant à gauche Mas—de-Londres,l’
anc1enne Lundræ qui a donné son nom à la
contrée, descend entredesmûriers, puis sous de
beaux platanes, formant avenue, et abouti t dans
le quartier bas de Saint—Martin, carrefour om
bra9é'
par trois grands platanes dont l’
un est
énorme. A l ’abri de cet épais feuil lage, une fon
ta1ne jai l l i t d’
un édicule al imentant un abreu
voir. U ne terrasse portée par deux rangées de
gradins entoure le platane géant . La place, enca
drée de cafés, de remises, de viei l les maisons
d ’une ancienne tour crénel ée servant d ’horl oge,
const i tue un com p i ttoresque,dél i cieux de fraî
cheur.
Le Saint-Mart in primi t if s etage au - dessus,
bourg ant ique aux rues é troites et montueuses,ayant pour noyau une curieuse église romane
dont le clo cher menaçant ruine a é té récemment
abattu . L’édifice est entouré de constructions
en partie sou tenues par des arcades ; un de ces
antiques l og is possède uneporte charmante. C e
coin Vieil l o t,dél icieux de tranquil l ité et de grâce
2 1 2 V OYAGE E N FRAN C E .
archa1qne, fut cein t d’une murail le continue, on
y pénè tre encore par une porte og ivale ouverte
à la base d ’une tour. Au-dessous s’é tai t cons
truit une sorte de faubourg dont les maisons
conservent des traces de l ’art gothique et de la
Renaissance.
Saint—Martin,bien que ne possédant pas 900
habi tants dans sa commune et 750 à peine
dans le bourg,
est le centre le plus considéra
ble de toute la ré gion des garri gues é tendue sur
les cantons de Claret , des Matel les, de Saint
Martin-de-Londres et d’
Aniane,dont elle occupe
le cœur.
“ C ’
est le rendez-vous commercial pour
les vil lages du pays de Londres,mais l ’activi té y
est faib le. L’ industrie
,comme dans tou tes les
garrigues, est surtout représentée par la distilla
tion des plantes aromatiques romarin, thym et
lavande.
Le ruisseau de Rieutord , né de la fontaine de
Saint—Martin,parcourt un petit val où ses eaux
ont permis de créer des prairies ; i l coule sous
un rideau de saules jusqu ’
au Lamalou , torrentné sur le revers nord de l’Hortus et du pic de
S aint-Loup , dans les bois ravinés où passe la
l imite entre les départements de l’Hérault et duGard .
Des environs de Saint—Martin, le pic de Saint
LE S GARRIGU E S D E MON TPE LLIE R . 2 1 3
Loup se présente sousun aspec t terrib le. C en’
est
plus la fière ai guil le admiréeçdn l ittoral , ni le
chaînon tapissé de broussai l les que l’
on voyai t
des Matel les, c’
est une gigantesque falaise se
dressant à p ic au- dessus de pentes maigrement
revê tues de tai l l is et faisant face à la chaîne des
grandes Cévennes.
Sur ce versant , le p ic est inab ordable, l’
as
cension a l ieu par l’
autre face, du cô té regardant
la Méditerranée, en traversant le village de C azevieille
,bât i sur un petit plateau du causse
J ’
aurais voulu gravir la montagne, mais la cha
leur est forte et les horizons manquent de net
teté,des vapeurs grisâtres estompent les l ignes
de ce paysage, d’ ordinaire si nettes. Je renonce
donc à faire le Saint—Loup, comme disent les
alp inistes,à monter par le chemin de la Dévo
tion que suivent les hab itants du pays de LOH
dres le j our de la fê te de saint Joseph pour al ler
faire leurs prières à l ’ermi tage et contempler
un des plus grands paysages de la France en
tiere. Par les beaux temps, on découvre de là
haut tou t le rivage méditerranéen ,depuis les
Alpes Mari times j usqu ’
au C anigou et même aux
monts de C atalogue. Les garrigues, aplanies en
apparence, déroulent leur nappe de broussai l les
2 14 V OYAGE E N FRAN C E .
ternes ; plus loin,j usqu a lamer
,c’est la verdure
du vi gnoble enchâssant les vi l lages,les bourgs
,
les vil les, les co teaux revê tus d’
oliviers.
Lamontagne est un observato ire trop superbe,el le offre de trop grandes fac il i tés de défensepour ne pas avoir é té occupée de bonne heure
par des ouvrages de fortificat ion . Au- dessus de
Cazeviei l le se dresse une ancienne tour ; à la
po inte orientale, dominant Saint -Mathieu - de
Tréviers, le château de MontferrandOffre encore
debeaux débris,d’
un grand efl’
etdanslepaysage.
Par son isolement , le p ic deSaint-Loup paraî t
bien plus é levé qu’ i l ne l ’est réel lement
,sa cime
atteint seulement 633 mè tres au— dessus de la
mer,mais cela représente 400 mè tres au- dessus
de la base. Aussi la montagne produi t— el le une
forte impression, surtou t lorsqu ’on la vo it de
profi l sous son aspect de p ic ou de corne aiguë.
E l le écrase sa vo isine, la montagne d’Hortus,
cependant hau te et escarpée, dominant de ses
51 2 mè tres le bassin deV alflaunès et les plateauxboisés de chênes verts qui serattachent au causse
de Pomp ignan.
Le p ic de Saint-Loup est le r01 incontesté des
garri gues ; cette contrée Sèche ,si triste quand
on la parcourt , d’une beauté classique et sereine
l orsqu’on contemple de lo in ses co teaux et ses
LE S GORGE S D E L’HERAULT
E n longeant les garrigues. Murviel. La vallée du C oula
zou. Aniane et son abbaye. L’Hérault au pont du Diable.
La source de la C lamouse. La gorge du V erdus. S aintGuilhem- le - Désert. Le soir dans les garrigues. Le
ravin des Arcs. La grande Draille. Descente vers l’Hé
rault. S aint—Bauzille-de—Putois.
Ganges. Mai.
Je su is revenu de Saint—Martin-de-Londres à
Montpel l ier et de la vil le à Saint-Mart in encore,
mais en remontant l’Hérault vers les gorges de
Saint— Guilhem . L’
excursion est facil itée j usqu ’à
Aniane par le chemin de fer de Cessenon,‘
tracé
à travers une zone monotone de vignes, devant
un peu de carac tère à la si lhouette l o intaine dupic de Saint - Loup . Peu d ’
arbres, même d ’o l i
viers,une terre rouge sur laquel le tranchent
vigoureusement les ceps chargés de raisins. Les
environs de Saint- Georges sont réputés par la
qual ité de leurs vins. Au l o in, Pignan semble
une c ité forte et puissante par ses hautes tours.
E n avant,à l ’é cart , l
’é gl ise isol ée de .V ignagoul
LE S G0RGE S D E L’
HERAULT. 2 1 7
imi te el le- même quel que forteresse fé odale.
C ’
est tou t un co in pré cieux pour les archéo
l ognes que ces premières pentes des garri gues
de l’Hérault. Sur un mont i cule ap te à la dé
fense,on trouve les remparts bien visib les en
core d’
un opp idum gaulo is sous lequel les Ro
mains é levèrent leur cité d’
Altimurium . Les
murs de ce camp ont plus de 3 mè tres d’
épais
seur et sont fai ts de blocs sans c iment . Lorsque
Charles-Martel poursuivi t les Sarrasins,i l les
trouva instal lés dans Altimurium. I l pri t et dé
truisit la vil le ; sur ce si te s eleva Murviel . La
dévastati on n’
a respecté qu ’une fontaine ro
maine, à l’une des entrees du vil lage. Celu i- c i
renferme à peine500 âmes, mais son passé his
torique lu i a valu de donner son nom à la par
tie des garri gues,qui forme massi f entre Gignac
et Montpel l ier.
C es garri gues de Murviel sont assez laides.
La nudité est à peine rompue çà et l à par des
amandiers et des noyers. De grands espaces
sont parfumés de lavande ; les parties où la
terre s’
est amassée ont é té conquises par la
vigne le chêne vert forme de hauts fourrés ex
ploités pour l’é corce.
La val lée du C oulazou ou C oulazou ouvre
passage dans ces co teaux rocheux qui se dres
2 18 V OYAGE E N FRAN C E .
sent en pet i tes falaises, près du vil lage de SaintPaul . C es roches fissurées absorbent les eaux
comme celles des causses ; à l’ issue du C0ulazou
sur Cournonterral , un aveu rappel le des phéno
mènes semblables, si fréquents plus au nord .
S ur des pentes revêtues de vignes se montreen amphithéâtre le vi l lage de Montarnaud
,tout
gris,dominé par un château sombre flanqué de
tours ; le gris paraî t la teinte dominante du
paysage, les col l ines el les-mêmes sont decettecouleur neu tre ;
'
de formes affaissées, el les font
cou101r à uneVallée ayant le pic de Saint—Loup
pourperspect ive.
Au long du C oulazou , les hameaux semblent
cal c inés par le soleil . Le ru isseau ,cependant
c lair et preste, est al imenté par de bel les sour
ces et par lesfi lets issus de peti ts lacs ou plutôt
de mares vives enchâssées dans la garri gue.
Autour de la Boismère sont des tai l l is de chênes
verts ; des o l iviers souffreteux couvrent les co
féaux . Le pays paraî t se faire p lus aride,On
suit une gorge blanche et désol ée et soudain ,
au pied de col l ines d’une extraordinaire nudité ,apparaî t la plaine de l’Hérault, très verte et
fraî che grâce aux irri gat ions, à la vigne, à de
bel les et vigoureuses ol ivettes.
Dans ce cadre s é tend la petite vil le d’
Aniane,
2 2 0 V OYAGE E N FRAN C E .
tendent de làjusqu’
au bord du fleuve. Au- dessus
de cette zone verdoyante sont des ol iviers pro
duisant des fruits transformés dans les confiseries
d ’ol ives . Plus haut,les garri gues se montrent ,
pauvrement revêtues de plantes aromat iques qu i
al imentent plusieurs dist i l leries d ’
essence. La
production de l ’huile d’ol ive,la transformat ion
des l ies et des tartres en crème de tartre, sont
encore des industries l ocales. E l les se retrou
vent dans toutes les communes du canton.
Aniane est le po int de départ pour la visi te
des gorges inférieuresde l’Hérault. La route, qu i
condui t à ces paysages sévères mais grandioses,
s’
en va entre les vignobleset les o l ivettes,bordée
de grenadiers sauvages aux bel les fleurs d’
un
rouge si vif. C et arbre semble indigène ic i,tant
i l abonde au long des cheminsS ur larive dro ite du fleuve
,le vil lage de Saint
Jean-de- Fos garde l ’entrée du défi l é . L’Hérault
débouche entre les hautes parois rocheuses, au
fond d’
un l i t profond creusé dans les cal caires.
Un pont ant ique et hardi , dit du Diable, le
franchit , non l o in d’
un aqueduc fai t d ’une arche
qui porte dans les campagnes de Saint - Jeanune part ie des eaux prises au torrent . A ce dé
bouché dans la plaine,celu i- c i est vert et immo
2 2 2 VOYAGE E N FRAN C E .
bile. E n amont,le l i t foré dans la roche pol ie et
stri ée a parfo is 1 mètre de largeur à peine. Les
coll ines riveraines sont de roc nu et l isse,i l n’
y
a de végé tation que sur les éboul is ou'
les par
t ies désagrégées
Sur des tables de concré ti ons cal caires, sour
dent des fontaines. L’une d ’
el les est de tempéra
ture é levée,on la nomme la Font Caude S es
eaux incrustantes ont construi t un large rebord
s’
avançant sur l’
abîme d ’où el les tombent en
nappes. Dans les creux , de mervei l leuses fou
gères tap issent les paro is.
E n amont de ce cañ on,dans les roches qui
encombrent le l it de l’Hérault, sont d’é tranges
moul ins construits en blocs énormes, en forme
de voûte, capables de résister aux crues les plus
formidables. C es trois minuscules usines sem
blent des tombeaux remontant à une c ivi l isa
t ion très ancienne. Plus hau t , des moul ins sem
blables sont dominés par une sorte de donj on
carré appel é le Moul in de la Tour
Sauf en bordure de la route où deux ou trois
é tages de terrasses portent de mai gres oliviers
et quelques rangées de vignes, on ne trouve pas
de cul tures j usqu ’à Saint— Guilhem .
E n h iver et pendant les pluies du printemps,le défi l é offre un superbe spectac le par l
’
ahom
2 24 V OYAGE E N FRAN C E .
de châteaux accro issent le grand caractère de ce
si te au del à duquel on ne peu t remonter l ong
temps l’Hérault. E t cependant ces gorges sont
parmi les plus é trangesdes Cévennes, el les méri
téraient d ’ê tre accessib les autrement que par les
rares chemins qui les franchissent pour faire
communiquer la montagne de la S éranne avec
les garrigues du canton de Saint-Mart in-de—Lon
dres. Au po int de vue botanique, la région est
curieuse par la présence du pin laric io de Salz
mann, _
essence très viei lle qui a disparu presque
partout en France, sauf aux environs d’
Alais,
près de Gagmeres,où je l
’
ai si gnal ée ‘
,et vers
Prades dans les Pyrénées-Orientales .
Saint— Guilhem est pour ainsi dire perdu dans
ses rochers, bien que les progrès de la vicina
l i té lui aient valu une route curieuse remontant
un instant l’Hérault pour s elever sur les gar
rigues du Causse-de- la- Sel le,commune dont le
nom di t assez le caractère et qu i vi t surtout par
le commerce des,bois. Mais la cluse du V erdus
est encore privée de chemin carrossable ; son
extrémi té méri te bien ce ti trede Bout du Monde
p0rté par une fontaine. Pour. sèche que soit la
garri gue, el le n’
est pas trop marâtre et vau t à
1 . 34° série du Voyage en F rance, chap. X I .
LE S GORGE S D E L’
HERAULT. 2 25Saint Gu ilhem quelques industries, ses bois sont
transformés en attel les pour les col l iers de che
vaux , les ol iviers sont assez nombreux pour ali
menter la confiserie de leurs fruits enfin les
plantes parfumées qui abondent sur les rochers
sont uti l isées pour la préparat ion des essences.
Saint- Guilhem est un des po ints du Langue
doc qu i attirent le p lus de visi teurs i l en rece
vrait b ien davantage si la température souvent
suffocante des garri gues n etai t un obstacle auxvisi tes pendant l ’é té . La course sur ces pentes
p ierreuses est vraiment p énib le en cette saison
j ’aurais cependant entrepris la traversée, de ce
po int des garri gues jusqu’
au paysdeLondres,si
je pouvais supposer des si tes capables de payer
la fatigue ressentie. Les gorges de l’Hérault sont
inabordables ,le chemin par le causse de la
Sel le se tient fort lo in du torrent ; quant au
ravin des Arcs Martel qu i le si gnala comme
une curiosi té de premier ordre ne pu t le parcourir que grâce à son tempérament d’
amphi
bie, en se mettant souvent à la nage dans les
gours
Je suis donc prosa1quement revenu à Anianepourme faire conduire en voi ture à Saint-Mar
tin— de-Londres. Après la grande chaleur de laV OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
2 2 6 VOYAGE E N FRAN C E .
j ournée , cette course à travers les garri gues
est exquise. Toutes les plantes à parfum sem
blent v ider leurs cassolettes. La forê t de chênesverts et de pins laricios, domaine des charbon
niers et des é corceurs,est d
’
un calme infini . Du
hau t des cô tes on voi t des chaînons lo intains,
S érane ou Saint-Loup , s’
estomperd’
un noir vio
lacé Sur le c iel dont le bleu s’
est assombri . Peud’habi tat ions sur la rou te ; deux vil lages seule
ment : Puechabon où de nombreux alambics dis
t i l lent les essences et V io ls- en—Laval,minuscule
chef— l ieu d’une vaste commune i 40 hab i tants
sont répart is sur 1 600 hec tares .
Au point du j ourj’
ai quitté Saint-Martin pour
gagner à p ied Saint— Bauzi l le-de- Putois que desomnibus rel ient à la gare de Ganges. A peine
sort i du bourg on retrouve les broussai l les des
garri gues, un instant interrompues par le coursdu Lamal ou . La rivœre descend par une succes
sion de rap ides et de gours d’
un bleu lai teux,
passe sous la grande arche portant la route et
pénè tre dans le rav1n p 1erreux qu’
el le a si étran
gement model é , pol issant les parois, creusant
en arcs les rochers qu i donnent leur nom au
si te. S i é troi te que so i t l ’ouverture du Lamalou
dans le massif rongé du nord au sud par l’
Hé
2 28 V OYAGE E N FRAN C E .
contrée maintenant sol i taire reprendra l exis
tence pastorale.
Le mouton semble avo ir é té cantonné dans
ce co in des garri gues ; non seulement le chemin
de la transhumance lu i est nettement imposé,
mais encore on a tenu les troupeaux à l ’ écart de
quel ques bo is. A la ferme de la Boissière, au
dessus d’
un p l i descendant à Notre-Dame-de
Londres, des tai l l is de chênes verts mis en def
fends sont hauts et touffus, trèsbeauxmaintenant
par leurs jeunes pousses d’
un vert velouté infi
niment doux , leurs chatons innombrab les pen
dant avec grâce et leurs fleursd’
un jaunegrisâtre.
La route entretenue avec soin est superbe,une des plus roulantes de France, é tabl ie avec
goût les tal us offrent une végétat ion inatten
due disposée pour la protection des voyageurs
et le plaisir des yeux . I c i s’
al i gne une bordure
de l i las ; plus l o in un contour a des haies de gre
nadiers, ai l leurs l ep ine du Christ croî t sur les
remblais.
Dans une chênaie, un campement d ecorceurs
est é tab l i sous les yeuses dont les troncs, à vif,sont d’
un rouge sanglant . Quand l ecorce a é té
enlevée, mise en bottes et emp ilée on coupe les
bal iveaux ainsi torturés et c ’
est alors le tour duC harbonnier ; i l détai l le les branches et les en
LE S GORGE S D E L’
HERAULT . 2 29
tasse pour ê tre transformées en charbon,com
bustible indispensable à la vie domestique sur
tout le l i ttoral .
Un col sur lequel s’é l ève une maison canton
nière donne accès sur le versant de l’Hérault. De
l à on découvre la croupe puissante de la S érane
et les monts plus hauts et sombres de l’E spérou
et du Saint-Guiral . Sur les flancs de la S érane
une pointe rocheuse est couronnée par une sta
tue de la Madone, au — dessous apparaissent le
couvent et l ’é gl ise de Notre-Dame-du- Suc,pèle
rinage très fréquenté .
Par des valats p ierreux où paissent encoredes
brebis,puis entre des rochers couverts de yeu
ses,la route descend à Saint- Bauz i l le- de-Puto is
le bassin de ce vi l lage apparaî t par l’ issue d’
un
dernier défi l é . V o ici de bel les campagnes cou
vertes de mûriers et de vignes,les p i les d’
un
pont suspendu révé lant l’Hérault invisib le. Au
bout d’une avenuede platanes est Saint-Bauzi l lebourg vivant dont les hautes maisons grises à
grand contrevent ont une al lure c i tadine. La
populat ion est considérable pour les garri gues
Saint- Bauzi l le est une dépendance industriel lede Ganges pour l ’ industrie ses deux filatures
1 1 756 habitants dont 1 429 agglomérés.
V OYAGE E N FRAN C E .
de soie sont parmi les plus considérables des
Cévennes, on y file, annéemoyenne, dix mil l ions
de kilogrammes . La product ion de la chaux et
des C iments,cel le des essences, la ganterie occu
pent é galement beaucoup de bras.
Maintenant adieu aux garri gues. U ne invrai
semblable patache me conduit à Ganges où je
trouverai le chemin de fer. Pour revenir à Mont
pellier c’
est un l ong dé tour,mais le trajet se
fai t plus vi te et plus commodément surtou t que
par la dil i gence de Saint-Mart in .
2 32 V OYAGE E N FRAN C E .
dans le commerce sous le nom d’
acétate de cui
vre0u de vert de Montpel l ier ; ou le nomme
vulgairement vert— de- gris, ce n’
est en effet que
le produi t de l ’oxydat i on du cuivre. I l ne faut
pas chercher i c i les grandes usines de produits
chimiques que l’
on pourrai t croire instal l éespour
fabriquer une tel le matiere,on met simplement
à profi t la réaction obtenue par le contact de
vieux mares de raisin et de lames de cuivre. Des
procédés scientifiques plus rapides permettentd ’obtenir le verdet à des prix de revient p lus
faibles,mais les peti tes instal lations des envi
rons de Gignac n’
en persistent pas moins à en
l ivrer au commerce. I l est assez malaisé de con
naî tre la quantité manufacturée on l’
évaluait, i l
y a trente ans, à 40 000 kilogrammes. Quel ques
industriels ont complé té leur installation par la
fabrication du sulfate de cuivre, dont l’
emplo i est
si considérable pour le trai tement des maladies
cryptogamiques de la vigne.
La préparation est simple. On empiledes lames
de cuivre avec des couches successives de marc
C es tas restent à l ’air, l’
alcool qui demeure dans
lemarc S’oxyde et se transforme en acide acéti
que, le cuivre s’
oxyde également et se combineavec l ’ac i de. Peu à peu les lames se recouvrent
d’
une croûte bleuâtre de vert-de- gris. On la
LA LERGU E - E T LE SALAGOU . 2 33
dé tache par un raclage des plaques. La poudre
ob tenue est pé trie avec du vinaigre pour former
une pâte à laquel le on donne la forme de pains.
C ’
est ainsi que le verdet est l ivré au commerce
pour être vendu aux peintres et aux teinturiers.
Le centre principal de cette curieuse industrie,fort répandue, est un village des environs de
Saint—Jean,Montpeyroux
,assis au mi l ieu de
bel les plantations d’
oliviers,au pied des garri
gues,près de l’abîme du Drac d ’où s’é lance par
fo is un énorme torrent,provenant sans doutedes
grandes pluies tombées sur l ’ immense causse du
Larzac Montpeyroux compte près de ving t deces petites fabriques.
Une au tre production de la contrée est celle
des savons noirs ou savons mous.
Dans les part ies basses du pays,sur les deux
rives de l’Hérault, on trouve un beau vignoble,
plus hau t les co teaux sont couverts d’
oliviers qui
produisent la varié té d’o l ives rondes connue sous
le nom de verdale. Montpeyroux est un des een
tres pour la ré colte et la confiserie de ce fruit,
mais les plus grands ateliers de préparat ion sont
à Gignac,peti teville si tuée non l oin de l’Hérault
,
à l ’extrémité des garri gues de Murviel .
1 . S ur le Larzac, voyez la 35° série du Voyage en F rance
,
chapitres V II et V I I I , et, dans le présent volume, le chapitre X .
2 34 V OYAGE E N FRAN C E .
C e centre est entouré de campagnesremarqua
blement ferti les, dont la richesse est fort accrue
par les irri gat ions dues à l’Hérault. C ’
est unedesparties les plus opulentes de ce département .
Gignac ressembleàla plupart de ses vo isines,son
aspect extérieur est plus agréableque celui de ses
rues é troi tes. L egl ise est intéressante ; une haute
tour à campanile et,en arrière, surun mamelon
,
la‘ chapel le Notre—Dame- de— Grâce
,qu i aurai t é té
un temple de V esta,donnent du caractère au
site.
Gignac fabriquedu verdet et distil ledes plantes
aromatiques ; el le trai te aussi les l ies et les tar
tres pour les transformer en crème de tartre,
mais sa princ ipale industrie est la confiserie
d ’ol ives S es garrigues,ses col lines pierreuses
,
même des terrains où la vi gne pourrai t pros
pérer restent consacrés à l ’ol ivier. Le fruit des
tiné à être util isé comme condiment étant d’
un
excel lent revenu,l ’arbre de Minerve, comme on
disai t autrefois,n
’
a pas aussi complè tement cédé
le terrain au moment où la fi èvre de la vigne a
sévi sur le Midi,comme la fi èvre des phosphates
1 . S ur la confiserie de l’
olive, voyez la 37° série du Voyage en
F rance, chapitre III ; sur la confi serie des câpres, la 1 3° série,
chapitre V ; sur la fièvre des phosphates, la 19° série, cha
pitre V .
2 36 V OYAGE E N FRAN C E .
sévissai t sur la Picardie. C ’
est que l’olivier
,b ien
conduit,peut donnerde500 à 1 000 fr. de revenu
à l’hectare. D ’
après une notice de MM . Degrully
et V iala, professeurs à l’é cole de Montpel l ier
,le
prix des terres complantées en oliviers attein
drai t de5000 à 6000 fr. l’
hectare.
Le canton de Gignac , qui s é tend sur les deux
rives de l’Hérault, est un des plus grands pro
ducteurs d ’olives du Languedoc . Depuis quel
ques années,ses habitants ont entrepris sur une
grande é chel le la culturedes raisinsde table, tels
que le chasselas. Montpevroux au nord,Campa
gnan au sud sont les centres principaux pour ce
commerce et celu i des primeurs. Un des vi l lages
qui s’
y l ivrent porte le nom bien bachique de’
V Endén nan .
La varié té des cultures cesse au delà de l’Hé
raul t . La route de Lodève s’
engage à travers une
vaste plaine couverte d’
un vignoble qui semble
rai t sans fin,si, au nord
,ne se dressaient les
premieres pentes des Garrigues, croupes pier
reuses et hardies qui sont les avant-monts des
Cévennes. Projetée devant le massif, se dresse
une co ll ine âpre, hérissée de roches,semblable
à quelque acropole démantel ée . C ’
est le rocher
des Deux-V ierges, ainsi nommé du séj our qu ’y
fi rent les deux sœurs de saint Fulcran ,évêquede
LA LE RGUE E T LE SALAGOU 2 37
Lodève. U ne chapel le,auj ourd ’hu i en ruines, fut
élevée en leur honneur.
Au mi l ieu des pampres semés de rares oliviers
apparaissent des vil lages, le p lus considérable
est Saint-André—de- Sangonis, façon de pet ite
ville entourée de bel les avenues de platanes . Au
fond du paysage,vers l ’ouest
,se montre une
ville plus considérable, C lermont— l’
Hérault, der
rière laquel lelesommet deSaint— Jean— d’
Aureillau
dresse son pic aigu . La plaine va mourir sur la
Lergue, le grand torrent de Lodève, bordée de
j o l ies coll ines portant le vil lage de Lacoste et
disposées en terrasses complantées d’
oliviers et
de vignes . Les ressauts sont tapissés de chênes
verts. Des val lons s’
entrouvrent, creusés dansune
Pocherougede terrain permi—eu,anal ogueaux sols
de roug ier du Rouergue Cette formation géo
l og ique est plus compl ète encore dans le bassin
parcouru par le torrent de S alagou qu i a donné
son nom à une peti te contrée prodigieusement
découpée par plus de cent ravins ou torrents
dont les berges à nu ont toutes cette teinte ruti
lante. Dans le pays on appel le aussi le S alagoules Ruffes cette région é trange mais pauvreé l ève beaucoup demoutons.
1 . 35° série du Voyage en F rance, chapitres 111 et X I .
2 38 V OYAGE E N FRAN C E
La Lergue descend el le-même entre ces terres
rouges au mil ieu desquel les des coulées de ba
sal te se sont fai t j o ur ; des pitons volcaniques,d ’où s
’
écroulentdes tronçons de prismes,héris
sent le pays. C es sols festonnés, dessinés pardes
assises plus so l ides, forment un cadre singul ier à
Salelles- de-Bosc,
.hameau groupé au p ied d ’une
montagnebo isée, en facedes crêtes déchiquetées
des Deux—V ierges et de la'
chaîne qui prol ongece
singul ier piton .
Sur la rive droi te de la Lergue, les coll ines
sont disposées en terrasses de cul tures et décou
pées par de courts ravins. E n face,ce sont des
val l ons parcourus par des torrents roulant à
peine un fi let d ’
eau et curieux par leurs tê tes deroches aux teintes vari ées rouges
,vertes
,blan
ches,disposées en larges seu ils. Cela a beaucoup
de couleur,mais l ’ensemble laisse quel que im
pression de laideur.
Pourtant voic i un peu de verdure, la routeest
bordée de superbes platanes,la Lergue coule,
c laire,ré trécie
'
entre des berges couvertes de
grands roseaux . Les o l iviers sont nombreux,vi
goureux ,b ien ’
so ignés. On devine l ’approche
d ’une ville,c ’
est Lodève en effet,à laquel le les
grands arbres de la route font une entrée royale
J’
atteins ce faubourg à l ’heure de la sortie des
240 V OYAGE E N FRAN C E .
édifice d’
un vif intérêt . La façade est un spéci
men curieux et complet d’ égl ise fort ifiée ; le
chœur charmant,b ien que disproportionné
,
étant ample comme la nef el le—même ; par les
hautes verri ères la lumiere tombe mystérieuse
et puissante à la fo is . La rose est grac ieuse,
dans chaque compartiment une fi gure apparaî t ,radieuse dans la pénombre formée par les ner“
vures .
Cette égl ise dédi ée à saint Fulcran,le patron
de la c i té , avo isine l ’ancien évêché . Lodève eut
ses évêquesjusqu a laRévo lut ion, comme sesvoi
sines B éziers, Agde et Saint-Pons . L’
anc ienne
résidence épiscopale, devenue hô tel de vi lle, est
une maison cossue, rien de plus,mais el le est
assez vaste pour avoir ac cuei l l i la prison,les
gendarmes, le tribunal et les prêtres de la pa
roisse ! Une maison part icu l ière,qui fai t face au
palais,possède un beau bal con en fer forgé ou
repoussé au marteau ; tro is médai l lons repro
duisent les trai ts de Michel -Ange,Benvenuto
Cel l ini et Raphael . Des écussons portent les
t i tres d’
œuvres d’
art appartenant à la région .
U ne inscrip tion martelée donne le nom du fer
ronnier : Cousson , deLodève.
Une promenade,ombragée de beaux arbres
,
é gayée par une fontaine jai l l issante, bordée au
LA LERGU E E T LE SALAGOU . 241
f0nd par une caserne, est très so l itairele j our ;lesoirl
’
animationy est extrême. D e l à on décou
vre le panorama,sévère mais beau , du bassin
de Lodève. C e mat in c’ é tai t à la fo is exquis et
é trange. S ur les pentes rouges, les terrasses de
pierre sèche et grise dessinent des marches
g igantesques où les ol iviers tai l l és en gobelets
mettent leurs touffes rondes d’
un bleu d’
acier
terni ; de vastes figuiers, d’
un vert sombre, tran
chent vigoureusement près de ce feuil lage pâle
et des amandiers à la mai gre ramure. A cer
taines heures, cet immense amph i théâtre, que
dominent les hautes croupes de l’E scandorgue
et les pu issantes falaises du Larzac , est d’une
réel le majesté . Des po ints é levés qui entourent
la vil le, le pays se montre comme un c irque im
V OYAGE E N FRAN C E . xxxv1 . 16
242 V OYAGE E N FRAN C E .
meuse dessiné par la j onction de plusieurs val
lées décrivant une sorte d’
éventail de rochers et
de verdure, dont les branches se réunissent versle confluent de la Lergue et de la S oulondre
Lodève est une vil le en décro issance ; b ien
qu ’
el le ait été do tée d ’une garnison assez consi
dérable, el le a perdu plus de 2 000 habitantsdepuis 1870 Cette diminution est due à la dis
parition d’une partie des usines par le dép lace
ment de l ’ industrie des draps. Lodève qui faisai t
et fai t encore le drap de troupe, sub it la con
currence de centres mieux placés . On a recensé
j usqu’à 7 000 ouvriers, i l n’
en reste gu ère plus
de 1 000 à 1 100, au moment où le travai l est
ac tif ; comme par le passé ou produi t surtou t lesdraps et couvertures pour l ’armée et les admi
nistrations,six usines seulement continuent à
travai l ler
L’ industrie lainière est née dans la contrée
par la volonté de Colbert , qui a créé des manu
factures royales dont une seulea persisté j usqu a
nous,cel le de V i l leneuvette queje visi terai b ien
tô t . Le choix du paysdeLodève s’
expliquait par
1 . Pour la région au nord de Lodève“
(Larzac), voyez la
35° série du Voyage en F rance, chapitres V II et V I I I .2 . Le recensement fait avant la guerre donnait 1057 1 habitants,
le dernier n’
en relève plus que 8200 dont 1 200 pour la garnison.
244 V OYAGE E N FRAN C E .
pouvai t prévoir l ’ instab il ité d ’une industrie alors
incapable de varier ses produi ts selon le goût
changeant de la mode. Au moment des grosses
commandes de l’Etat on avai t insuffisamment de
main-d’
œuvre, i l y en avai t trop quand l ’armée
n’
avai t p lus autant de besoins. Lorsque la mode
des é toffes aux teintes variées ou d’
apparence
plus fine s’
est répandue,les t issus de la région,
sol ides mais frustes , se sont vus disputer les
nnarchés.
E n ces temps peu é loignés de nous, on traçai t
de la vie de l ’ouvrier à Lodève un tab leau qui
reportai t b ien l o in en arri ère. La ferveur rel i
gieuse é tai t grande et les cérémonies du culte
j ouaient un rô le considérable dans la vie locale.
Les é gl ises é taient pleines aux j ours de fê tes et
dimanches,les artisans al laient en mul ti tude aux
processi ons,souvent p ieds nus
,un c ierge à la
main,ou servant de thuriféraires et de porteurs
de corbei l les de fleurs. Deux confréries depéni
tents,touj ours rivales
,met taient dans les cortè
ges le pi ttoresque de leurs cagoules ; bleus et
blancs s’
efforçaient de se surpasser pour le
luxe des ornements. des cro ix et des bannières.
Le patron de la vi l le, saint Fulcran ,est aussi celui
des ouvriers drap iers,i l eut sur ce pet i t monde
une influence et un prestige extraordinaires . La
LA LE RGU E E T LE SALAGOU . 245fête du vieil évêque é tai t un des grands événe
ments l o caux,car on voyai t dans Fulcran comme
le père et le conso lateur des misérables. U n des
cant iques chantés en son honneur di t
S aint Fulcran est notre frèreE t notreIl partage nos alarmes
,
Attentif à nos besoins .
L’
indigent, sous ses auspices,
V oit finir tous ses
Louis Reybaud s’
est p lu à dé crire les homma
ges rendus au bon saint,le plaisir des habitants
à décorer leurs rues et leurs demeures, tout en
démêlant un peu de mise en scène dans cette
sorte d’
apothéose annuel le. D e même,dans le
tableau qu’ i l traçai t de la ri gidité des mœurs,i l
estimai t que cel le- c i est à la superfic ie.
Je ne suis pas rest é assez longtemps à Lodève
pourjuger à quel degré ces mœurs et ces tradi
t ions ont survécu,mais el les se sont b ien atté
nuées La perte de la vignea détrui t en part ie le
goû t des hab itants pour les excursions domini
cales aux domaines exigus qui é taient la j oie et
l’
orgueil de bien des ménages.
Lodève, au po int de vue industriel , est com
plété par Clermont- l’Hérault
,vil le moins popu
leuse et é galement en vo ie de décroissance par
246 V OYAGE E N FRAN C E .
le déplacement de l ’ industrie ; la population, de
plus de 6000 âmes jadis,nedépasse guère5000
auj ourd’hu i ‘. Cependant l
’
activi té y est restée
grande ; par la vari é té des productions ce peti t
centre offre de l ’ intérê t .
Mal gré ce surnom de l’Hérault, Clermont est
assez él o igné du fleuve. La vil le est bâtie dans
un repl i des col l ines, à l’
entrée de la ri che plaine
où la Lergue atteint l’Hérault et que domine dehau t levi l lagedeLacoste, deféodale allure, porté
sur un promonto ire divisé en terrasses par desmurs de lave. Cette plaine est plus bel le encore
que cel le de Gignac , l opulencede la verdure est
relevée par les teintes douces des oliviers répartis sur les pentes.
Clermont , dans son ensemble, est p lus élé
gante et propre que Lodève. U ne large avenue
de platanes condui t au cœur de la c ité mon
tueuse aux rues inégales,dont l ’é gl ise
,du
xv° S iè cle,possède une absi de à mâch icoul is qui
la rend semblable à une forteresse. S urune place
p ittoresque se t ient un marché très animé . Sous
les arbres est le buste de Peyrottés, poè te
languedocien Sur le piédestal sont sculp tées
des poteries,de pet i ts vases
,des t irel ires rappe
1 . 5280 en 1901 . V oyez la carte, page 251 .
248 V OYAGE E N FRAN C E .
Je n’
ai rien lu de Peyrottes, jé l’
avoue,maisje
me souvenais de son défi qu i peint si bien l’espri t de ces populat ions ardentes du Languedoc
Riante autour de la place et dans ses quartiersneufs
,Clermont ressemble à toutes les autres
peti tes vi l les de la contrée par le noyau de rues
é tro i tes,salés
,puantes, bordées de hautes mai
sons qui const ituent la c i té primi t ive. Les tou
ristes y viennent volontiers pour al ler visiter lecirque deMourèze, ils n
’
y reviennent guère,les
hôtel iers n’
ayant vu dans cet te affluence qu ’un
moyen d’
enfler leurs prix .
La fabri cat ion des lainages estmoins considé
rable qu ’à Lodève une manufacture produi t desdraps de troupe, d
’
autres fabriquent ces lourdes
mais chaudes et imperméables l imousines dont
se servent les roul iers et les bergers, et les draps
di ts mulelie‘
re. La tannerie occupe p lusieurs
usines ; une fabrique de papier à cigarettes est
assez surprenante par son isolement dans une
rég ion où la papeterie est inconnue. Le com
merce des vins et celui des laines donnent l ieu à
un mouvement d’
affaires considérable.
1 . S ur Jasmin, voyez la 3 1
° série du Voyage en F rance, cha
pitres IX et X .
V ILLE N E U V E TTE E T BEDAR IE UX
Les garrigues-
dé C lermont—l’Hérault. D ans l’
oasis de V ille
neuvette. Une usine fortifiée. Histoire de V illeneuvette.
Association de l’
industrie et de l’
agriculture. Le reboi
sement . Le cirque de Moureze. Paulhan. Bedarieux .
Industrie disparue.
Bédarieux . Juillet.
La val l ée de l’Hérault,entre Clermont et Pé
zenas est un large plan d ’une grande richesse
rustique ; les ol iviers, très nombreux , atténuent
la monotonie des é tendues de V ignes . L’
âpreté
et la nudité des coll ines font mieux ressortir la
splendeur de ces campagnes . Au mil ieu des
vertes plantat ions , des vi l lages sont enchâssés,
d ’
autres,aux noms sonores comme N ébian et
Aspiran,occupent le sommet des coteaux .
Cette opulence végé tale contraste avec les
garrigues qui s é tendent de chaque cô té de laval lée et dont certains po ints
,notamment dans
le cirque deMourèze, sont de la plus complète
aridité . Mais on constate aussi ceque le reboise
250 V OYAGE E N FRAN C E .
1nent donneraH. sous ce chunü n en découvrant
les bel les plantations de V i lleneuvette. Leur ver
dure confine au dépouil lement suprême.
L’
excursion est une des plus intéressantes que
l’
on puisse faire dans l’Hérault. La route char
mante parfo is,curieuse touj ours
,sort de Cler
mont en longeant le pet i t torrent de Rhonel,
près d ’une grande fabrique de draps. Les berges
sont disposées en pentes douces revêtues de
grandes dalles sur lesquel les on fai t sécher la
laine après le lavage. Le val évasé est divisé en
terrasses d’
oliviers et de vignes, de riantes mai
sons se succèdent,possédan t pour avenues de
mervei lleuses al l ées de lauriers- roses.
Le chemin atteint un peti t co l , sur lequel est
bâtie la chapel le de Notre-Dame-du-Peyrou d ’o
riginale archi tecture. Le porche est formé par
des contreforts surmontés de pinacles. La nef, de
la Renaissance,offre de j ol ies clés de voûte et
quatre chapel les latérales dont une est rempl ie
d’
ex - volo rappelant des guérisons. De viei l les ta
pisseries ornent lesmurailles. Le chœur est, d’
un
côté,tapissé de cadres ovales dorés représentant
des communiantes en robede papier découpé , de
l ’autre, des cadres de même forme renferment
des couronnes nuptiales.
L’église est à l ’entrée d’
un charmant bassin de
252 V OYAGE E N FRAN C E .
vi gnes encadré de p ins et de chênes- heges. Dans
les murs de clô ture cro issent de beaux câpriers.
Puis,les co teaux deviennent des collines et
,plus
lo in,cel les— c i se transforment en peti ts monts. ! à
et l à de beaux figuiers. Sur des aires, les mules
foulent les bl és . C é bassin riant fait partie du
domaine à la fois rural et industriel de V illeneu”
V ette.
Une splendide avenue de platanes traverse
ces vignes, plantées de grands ol iviers et en
tourées de massifs vigoureux de p ins pignons.
L’
alléeaboutit à une muraille percéed’
un portai l
portant cet te inscrip t ion Honneur au travail.
Jusqu ’
en 1848, on pouvait l ire Manufacture
royale
C ’é tait le dernier spécimen des usines fondées
parColbert pouremployer les laines de France et
lutter contre la concurrence de l ’é tranger. Dès
avant la Révolut ion, la manufacture é tait aux
mains de particul iers, mais el le avai t conservé
son aspect quasi féodal. Afin de protéger l’éta
blissement,pendant les guerres rel igieuses qui
déso lèrent les Cévennes, on l’
avai t entouré d’
un
mur d ’
enceinte anal ogue à celu i des places for
tes, crénel é , flanqué de redoutes. A l ’ intérieur
de ce rempart s’é taient é levées de pet ites mai
sons où logeaHn fl. les oue ns. li
éghse eHe
V ILLE N E UV ETTE E T BEDARIE UX . 253même étai t dans la manufacture et
,loq ue l’on
créa les municipal ités,la mairie fut instal l ée der
rière ces murailles. La porte se fermai t le soir
après une diane bat tue au tambour, on levait un
pont— levis et nul ne pouvai t entrerou sortir.
Quand,en 1867 , Louis Reybaud publ iai t ses
é tudes sur le Rég ime des manufactures,l ’orga
nisation fonctionnai t encore. On s’
est b ien dé
parti de cette ri gueur auj ourd ’hui le pont- levis
a fai t place à un portail,mais la populat ion tient
à vivre au tour de la fabrique, comme le poussin
sous l ’ai le maternel le,et ne quitte pas volont iers
l ’enclos formé par le rempart .
Fondée en 1 666 pour faire du drap , la manu
facture en produit encore mais au début l’en
treprise étai t g érée par une sociét é travai l lant
pour le Levant et recevant 1 0 fr. pour chaque
p iecede drap exportée. Depuis plus de cent ans
l ’usine,comprenant tou t le territoire de la com
mune et le vil lage,est la propri é té de la famille
Maistre,qui a suivi le mouvement industriel et
entrepris la production des draps de troupe et
d’
uniformes pour les col lèges,les chemins de
fer,etc . el le a conservé la curieuse organisat ion
patriarcale de la manufacture.
Cel le— c i a fai t naî tre b ien des pro testations ; ona employé des grands mo ts
,on a parl é de féoda
254 V OYAGE E N FRAN C E .
l i té ; mais cette féodal it é a permis de maintenir
une usine considérable lo in des vo ies ferrées,à
l ecart de toute cité , dans un ravin sauvage,où
les eaux sont rares, alors que des établissements
plus favorisés et mieux si tués ont dû fermer leurs
portes ou ont complètement disparu .
Le l ien féodal est d ’
ail leurs b ien ténu ! I l seborne en somme à cec i i l n’
y a pas de vil lage
en dehors de la fabrique, ni d’
autres maisons,
sauf tro is fermes et trois anciens moulins. Les
soixante—dix logements dans l ’enceinte,les ving t
huit au dehors appartiennent à la manufacture
et sont attribués gratuitement aux ouvriers On
n’
exige d ’
eux que lerespect de la propriété et un
souCi de propret é et d ’hyg iène. Des écri teaux
défenden t par exemple de dé truire les nids d’o i
seaux et de jeter de l ’eau ou des balayures par
les fenêtres . Comme servage, c’
est assez accep
table, aussi les ouvriers t iennent- ils à leur l oge
ment de l ’usine et, en dép it des excitat ions, res
tent fidèles à la fami l le qui les fai t vivre et leur
assure la sécuri té du lendemain . Le patron et les
siens sont d ’
ai l leurs au mil ieu d ’
eux,donnant
l ’exemple de l’assiduité au labeur.
1 . La population renfermée dans l’
usine est de 2 33 hab itants,la commune entiere en possède 300 .
256 V OYAGE E N FRAN C E .
A cô té de la vigne, les céréales, la luzernesurtout
,couvrent les territoires favorables à la
cul ture. C et ensemble consti tue une explo itat ion
modèle,dont l ’exemple serai t fructueux si V il le
neuvette n’étai t en quel que sorte au mil ieu d’
un
désert . L’usine,i l est vrai
,permet une culture
intensive,les déchets et les eaux vannes servent
d ’
engrais,les eaux réunies pour la force motri ce
peuvent enmême temps faire face aux irri gat ions .
Le chemin remonte le val l on de la Dourhie
de Mourèze qui donne la vie à l ’usine. Grâce
aux ondes pures nées de fontaines nombreuses,
i l est d’une extrême fraî cheur. Les p ins p ignon
et lari c io semêlent à la flore aquat ique des peu
pl iers et des aulnes . Les pentes de la rive droite
conservent mieux l ’humidi té,car el les sont de
natureschisteuse un superbemanteau de chênes
verts mélangés de lent isques, d
’
arbousiers et de
grandes bruyères les recouvrent . Sauf le c iste,toute la végétat ion arborescente de la Méditer
ranee semble réunie i c i . D e grandes clémati tes
blanches s’
enchevêtrent dans les rameaux des
arbustes.
Brusquement le bo is cesse et l’
on commence à
découvrir le sommet des aiguilles de Mourèze,
la tour grisâtre de l ’égl ise, les ruines du châ
V ILLE N E UV ETTE E T BEDARIE UX . 257teau . Un chemin rocai l leux descend dans le
grand cirque encadré par la crête de Saint-Jean
d’
Aureilhan et ses contreforts,et dominé au sud
par le pic de V issous ; i l franchit la Dourhie aux
eaux rares mais l imp ides et arrive en face‘
d’
un
si te d ’une é trangeté extraordinaire,un chaos de
roches dressées en aiguilles, projetées en encor
bélléménts,simulant des ruines ou des animaux
monstrueux . Un vil lage s’
est b lo tt i dans ces en
tasse'
ments,si gris lu i aussi qu’ il semble parti ci
per à la contexture b izarre de ce c irque. L’é gl ise
tranche sur cette tonal i té ; el le est construite en
moel lons de lave, rel i és parun l i t mincede chaux
blanche. La roche vo lcani que a résisté aux éro
sions et garde intactes les formes pures de l’ogive
flamboyante employée pour l ’abside
Au- dessusde l’ égl ise se dresseun rocher à p ic,
dont les points faib les,les parties érodées ou dé
truites ont é té renforcés par des murailles de
lave dessinant un quadri latère ces ruines fan
tastiques sont cel les du château . Au p ied levi l lage, tou t menu i l ne renferme pas cent
habitants semble mort ou endormi ; rares et
pauvres sont les demeures qu’
avoisinent quel
ques mûriers.
Tout autour la roche présenté des bizarœries
indescrip tibles. Friable et sans consistance, el le
V OYAGE E N FRAN C E . XXXVI.
258 V OYAGE E N FRAN C E .
a é té rongée, sculptée,model ée par le solei l
,le
vent et la pluie. D es col onnes,des obélisques
,des
port iques,des voûtes rappel lent les curiosi tésde
Montpel l ier- le-V ieux et de Pa101ive Peut- être
y a- t— il ic i un peu plus de fantasmagorie, car la
pierre continue chaque j our sa transformation .
Le cirque n’
est pas très é tendu , 1 2 00 mè tresdans chaque sens à peine I l serai t donc faci lede
le parcourir,mais en cette saison
,à onze heures
du mat in,la course entre cés rochespardes che
mins montants et sinueux est presque un sup
plice.
'
Lâchement nous nous contentons de gra
vir une sorte de monticule et de contempler le
fantastique paysage,avant de retrouver sur le
chemin la voiture qui nous ramène à Clermont .
La l igne de Bédarieux à Montpel lier cro ise à
Paulhan cel le de Béz iers à Lodève. L’
attente
pour le changement de train est longue ; malgré
la chaleur nous al l ons donc explorer Paulhan ,
que l’
on prononce Pauillan . Dans tout le Midi
[il se mouilleiC’
est un de ces centres p0puleux2
comme i l y en a tant dans la région et pouvant
1 . S ur Montpellier-Ie-V ieux , voyez la 34° série du Voyage en
F rance, chapitre XX I . Sur le bois de Pa1011ve la même série,
chapitre X I .2 . 2 073 habitants dont 1 994agglomérés.
2 60 V OYAGE E N FRAN C E .
vigne, parknfl : la. 1 dgne avec les gros bourgs
émergeant desvertes é tendues. D é Paulhan à Bê
darieux , on ne quitte guère les rangées de ceps,sinon en l ongeant ou traversant les coteaux que
l ’amandier et l ’ol ivierrecouvrent , au- dessous des
tai l l is de chênes verts. Dans les vignes, Nizas,dans les vignes Caux , anti que bourgade étroi
tement groupée autour d ’une viei l le ét bel le
égl ise,encore guerrière d’
aspect par un donj on .
De peti tes coll ines entourent cette cité autrefoisforte ; de leurs sommets on découvre toute la
plaine ondulée,verte de pampres où coule
,
quand el le a dé l ’eau , la Peyne, torrent de Pézenas. Au mil ieu de cette étendue
,Al i gnan-du
V ent occupe l’
extrémité d ’une ride. Surdes pen
tes douces dominant la plaine, Roujan s’é tale
sur une vaste é tendue et donne l ’i l lusi on d ’une
vil le considérable,
fi ère par la haute tour de son
égl ise et les ruines du château de Sainte—Marthe
qui la domine. Cette peti te contrée, où la F eynedébouchedes garrigues
,est plus p ittoresque que
le val inférieur,le sol est très accidenté ; on
trouve d ’
anciens édifices : la chapel le Notre
Dame-de-Mouguères et le prieuré de Cassau,
devenu château et qui a conservé une remar
quable égl ise du xii°S iècle.
Cet te contrée est peut— être appelée à quel que
V ILLE N E U V ETTE ET BEDARIE UX . 2OI
dével oppement industriel,ou a constaté l ’exis
tencede la houil le. Des sources minérales jai l l is
sent sur plusieurs po ints. L’une d ’
el les,près de
Gabian,
figure sur la carte d’Etat—maj or sous le
nom de source d ’huile de pétrole. L’
eau ferru
gineuse et gazeuse amène… de l ’huile minérale qui
formeàla surfaceune couche assez épaisse. D’
au
tres fontaines d ’
eau très pure furent cap tées parles Romains pour l ’al imentat ion de Béziers
,la
t ê te de l’aqueduc reste visi ble,près du bourg
de Gabian,viei l le place forte, encore en partie
entourée de ses remparts.
L e vignob le revê t tous les fonds de val lon et
les pentes douces,les coteaux sont couverts d’
a
mandiers dont le fruit est l ’objet d’
un commerce
considérable,l ’ intérieur du massifdes Garri gues
renferme de grands tail l is de chênes Verts exploités pour l ’écorce
,dont Mil lau fait une grande
consommat ionDes vignes encore
, un parcours acc identé eutre des coteaux dont l’un porte les ruines deR0
quessels, une rég ion de hauteurs âpres et vo ic i
la val lée de l’Orb,entre des hauteurs couvertes
d’
oliviers. On franch it le pet i t fleuve,on longe
une route poudreuse et Bédarieux apparaî t em
1 . Voyez la 35° série du Voyage en F rance, chapitre V I I I .
2 62 V OYAGE E N FRAN C E .
pl issant le bassin de ses to its que dominent les
cheminées d’usines.
Mal gré cette apparence de ville très popu
leuse,Bédarieux est en pleine décadence
,au
mo ins pour une de ses industries,la draperie.
La populat ion,qui attei gnai t 9000 habitants en
1870, est descendue à 6000 à peine Les progrès
avaient é té aussi rapides que le fut la diminu
t ion vers 182 0,ou ne comp tai t pas encore
4000 âmes.
L’
aspec t de grandeur de la ville est accru par
le beau viaduc qui traverse la val l éeet sur lequel
c irculaient jadis les trains du chemin de fer. La
construct ion des lignes de Béziers àN éussargues
et de Bédarieux à Montauban a né cessi té le dé
p lacement dé la gare ; désormaisle grand ouvrage
d ’
art n’
est guère qu’un ornement dans le paysage.
Les trains de charbon des mines de Graissessac
l ’util isent parfois.
La nouvel le station,don t les vo ies sont cou
vertes d’
un grand hal l , est une des plus vivantes
et des plus bruyantes du Midi , le buffet déborde
dansla courpardes tables placées sous lesarbres,et la foule s
’
ypresse. De l à on gagne la vil le par
i . 6 106 dont 566 1 agglomérés .
2 64 V OYAGE E N FRAN C E .
une avenue de platanes, pleine du bruit strident
des cigales. Des usines bordent cette large voie
poussiéreuse ; tou tes sont closes,une seulemon
tre encore quel que vie,mais el le fermera ses
portes à la fin du mois,me dit-on
,en attendant
une adj udicat ion possib le qui permettrai t de reprendre le travai l et de cont inuer à faire petitsdraps etmare
‘
gues . Les autres sont probablement
àjamais fermées. Seules les tanneries et les mé
gisseries restent prospères, ces dernieres ayant
un rapport avec l ’industrie de la laine,car el les
dépouil lent les peaux de leurs toisons. I l y eut,
j usqu ’à 1873, ving t manufactures. A cette épo
que, une grève éclata qui eut pour résultat de
tuer l ’ industrie. Les patrons ne pouvant vivre
en acceptant les pré tentions dés ouvriers durentfermer leurs portes. Les é tabl issements ont é té
vendus et transformés en atel iers pour la fabri
cat ion des pressoirs, des produits chimiques,la préparat ion des peaux , etc.
Mal gré cette décadence, la ville conserve bel
aspect . L’
espace ne lui a pas manqué, on a tracé
des rues larges et el les ont é té bordées de hautesmaisons proprement crép ies. L
’
Orb partage Bê
darieux en deux part ies,mais ce fleuve n
’
est
qu’un énorme l i t de torrent ; un é troi t fi let d ’
eau
coule entre les graviers et les galets qui servent
V ILLE N E UV E TTE E T BEDARI E UX . 2 65aux lavand1eres pour é tendre le linge. U ne voie
régul ière franchit l’0rb et se prolonge jusqu a
l ’hôtel de ville. La principale et la p lus bel le
artère a reçu le nom de Ferdinand Fabre,le
romanc ier de la Montagne—Noire et de l’
E spi
nouze.
Mais , comme les autres centres,Bédarieux
possèdeun noyau de viei l le vil le, aux rues irrégu
lières,l épreuses et puantes. Le C ourbezon qui
le traverse amène à l’Orh les eaux nauséabondes
déversées par les mégisseries. Au bord de ce
torrent pol lué,sous de superbes platanes, est le
buste de Cot , le peintre qui eut son «Sonnet
d’
Arvers et son V ase brisé parS on tableau
le Printemps, qu i représente un jeune homme
et unejeune femme se balançant dans un paysage
de mai. Peintre d’histo ire dit cependant
une inscrip tion du piédestal . E t d ’
autres rap
pellent les noms d ’
œuvres de l ’art iste l’
Orage,
le Printemps, Mireille, ce qui n’
a rien d’
histo
rique. Le monument,dû à Antonin Mercié, est
d ’une bel le allure .
Sur la rive gauche du C ourbezon de hautesmaisons indiquent la prospéri té de la vil le au
j our de leur construction ; la plupart sont —closes
et donnent une poignante impression de tristesse .
I l y a trente ans , Bédarieux possédai t une
2 66 V OYAGE E N FRAN C E .
quinzainede fabriquesde draps, usinesmodestes
auprès de cel les de Lodève , mais importantes
encore. Auj ourd ’hui les annuaires signalent unemanufacture de ce tissu et une autre consacréeà la production des flanelles et des l imousines
A l’ époque où Louis Reybaud visitai t ces ate
l iers, i l y avai t 5000 ouvriers, sur 9000 hab i
tants,et l
’
on estimai t qu ’un nombre égal existai t
dans la banl ieue où l’on travai l lai t à domicile.
C ’
est dire combien la pauvre vil le a é té atteinte.
L’ industrie étai t d ’
abord consacrée au t issage
des bas de laine, peu à peu celu i— c i disparut et
fut remplacé parla nouveauté en draperie comme
à E lbeuf. Les fabri cants firent venir des ouvriers
de cette contrée normande pour dresser ceux de
Bédarieux au mouvement du mé t ier Jacquart.
La pet ite vil le languedocienne en vint à fabri
quer sura : les draps pour casquefl es, eue
parut maî tresse absolue de cette branche et
Fon pouvaü évahnn° à 250 1nn1 ; neces la quantité de ces tissus spéciaux ; le reste de la prodim
tion é tai t composé d é toffes l égères, mé langées
de laine et de coton,lainettes ou fi loselles . Le
fabriques mettaient en œuvre 050 000 kilogram
mes de laine valant de sept à huit mi l l ions. Mais
on pouvai t déj à prévoir que l’
esprit de routine
tuerai t cette activi té . Aucune des quinze gran
2 68 VOYAGE E N FRAN C E .
le drap de tout le monde, imit é avec de vieil les
lainesparV ienne, parLisieux , par E lbeufmême
Ouant à l ’armée, les grandes usines de Château
roux,dé Romorant in et de Pierrepont ont bien
accaparé ses fourni tures el les ont su s’ instal ler
avec tout le 1natéfi el rnoderne.
A notre époque,i l faut savoir transformer ses
procédés de travai l . Dans tout le Midi,une seule
vil le,Mazamet
,a compris cette nécessi té et
,de
nos j ours même,est devenue grande cité indus
trielle. Bédarieux aurai t pu avo ir cette fortune,
car el le possède le charbon,la force motrice hy
draulique, un réseau complet de voies ferrées et
l’
abondante main- d’
œuvre du pays cévenol dans
les populations de l’E scaudorgue et de l’
E spi
nouze. I l lu i reste ses mégisseries nombreuses et
son marché des laines,mais à ce point de vue
Millau est autrement prospère et sa concurrence
parafl: écrasahte‘
1 . S ur MazamEt, voyez la 35° série du Voyage en F rance,
chapitresX IX et XX sur Millau, la 35° série, chapitre V I I I ; surla draperie, voyez la 7
° série (V ienne) ; la 6° (E lbeuf, Louviers,Lisieux ) ; la 19
° (Roubaix et Tourcoing) ; la 2 0° (S edan) ; la2 6° ( C hâteauroux ) ; la i ‘° (Romorantin) .
LE S ORAN GE RS D E ROQU E BRU N
Aux gorges d’
Héric . Traversée de l’
0rb. Les oliviers“
de
V ieussan . V ieussan. D ans le maquis. Les agavés.
Roquebrun et ses orangers. Un phénomène climatérique.
Palmiers des C évennes. Le vallon du Rieuberlou. Le
vignoble de l’
0rb. Au confluent de la V ernazoubres.
C essenon. Juin.
J ’
avais lu, je ne sais où , que le vil lage de R0
quebrun ,dans la val l ée moyenne de l’0rb, é tai t
comparable aux coins les plus privi l é giés de la
C ôte d’
Azur par une vé gé tation toute afri caine.
Descrip t ion enthousiaste se résumant à peu près
en cec i : Lorsqu ’on arrive à Roquebrun on se
demande si l’on n’
est pas le j ouet d’
un rêve. V oic i
des palmiers- datt iers balançant leurs grandes
palmes, des orangers aux fruits d’
un jaune d’
or,
et le laurier— rose, et le figuier de Barbarie, et
l’
agavé appel é ic i encore l’
aloès
J’
ai voulu être le j ouet d’
un rêve et j’
ai
profi té d ’une j ournée où la température semblai t
t iède pour faire la descente de l’Orb j usqu ’à ce
2 70 V OYAGE E N FRAN C E .
coin privi l ég ié des Cévennes,qu i devai t me rap
peler Nice et Menton . Le vil lage est entre les
deux lignesde Castres à Bédarieux et de Béz iers
à Saint- Chin ian ,rel i ées par les routes d
’
Olar
gues et de Mons- la-Trival le à Cessenon .
Je suis remonté à Bédarieux pour gagner
Mons- la-Trival le, gare sur la premiere de ces
lignes.
La température,supportable dans leBitterrois
où la brise marine soufflait,é tai t accablante à
Bédarieux . Mal gré l ’ouverture des fenêtres du
wagon on pouvai t se cro ire dans une é tuve pen
dant que le train remontai t la bel le val l ée de
l’
0rb à laquel le les hautes masses du mont C a
roux et de l’
E spinouze font un é cran contre les
vents froids du nord . Quand j’
ai mis p ied sur le
quai de la peti te gare de Mons, l’
atmosphère
é tai t suffocante et déj à le solei l avai t baissé à
l ’horizon .
J’
ai hési té l âchement avant de partir ces dix
sep t k i lomè tres en plein solei l,au fond d ’une
gorge dont je distinguais les roches cal cinées,
n’
offràient qu’un médi ocre attrai t , mais l ’ idée
de cuei l l ir des oranges et de les manger à l’om
bre des palmiers me décida .
La route blanche descend à l’Orb , décrivant
i ci le coude brusque qui lui donne sa direction
2 72 V OYAGE E N FRAN C E .
au pied de V ieussan . Les maisons tapissent une
raide paroi , el les y semblent plaquées. E xacte
ment exposée au midi , la montagne arrête les
vents froids :maisons,vi gnes
,terrassesd’
oliviers
sont soumis à tou te l ’ intensi té des rayons so
laires. Je n’
ai pas aperçu d’
orangers à V ieussan,
mais à Roquebrun,l’
hôtesse a paru stupéfai te
qu ’un Parisien ait osé affronter le passage en un
après-midi de j u in . Pourtant les gens de Roque
brun sont connaisseurs en effets de solei l
L’
agavé croî t au mi l ieu des jardins ; comme
dans la Provence mari t ime la vigne et les au tres
cul tures sont proté gées par l’ombre grêle des
ol iviers. Le vil lage vit de ces récol tes et surtout
de cel le des châtai gnes,fort abondantes dans les
parties hautes de la montagne. Pas d’ industrie,une mine de manganèse jadis ouverte sur le ter
ri to ire est inexplo itée.
Longtemps l’amphithéâtre du vi l lage, l’é gl ise
et les ruines du château forment décor au fond
de la val l ée cel le- ci devient p lus sauvage, l’
Orb
coule au p ied de paro is rocheuses profondé
ment tai l l ées eu canon par un ruisseau descendu
du haut massif où sont les ruines. Cette fissure
fini t en un superbe chaos de rochers franchi
par un viaduc hardi . De là on découvre les
hautes cimes de l’
E spinouze b izarrement dente
2 74 V OYAGE E N FRAN C E .
lées. Sur la rive droi te de l’0rb une montagne
s’
escarpe, revêtue de chênes verts et des grands
genê ts d’
E spagne dont l’odeur est si péné trante.
La rive gauche a des pentes plus douces où lavigne et l’ol ivier montent j usqu’à la zone des
châtai gniers
L’
ensemble de ce paysage est plutô t sévère.
V oici pourtant un coin aimable, le hameau de
Ceps bâti sur la rive dro i te entre de superbes
terrassesde vignes, -et rel ié a la routeparun pont
de six arches. Un peu au- dessous,l’
Orb, qu i des
cendaH: au. sud, tourne à PC SL .AI I C OUGB abou
tissent -d’é tro i ts val lons creusés dans les hautes
et âpres col l ines revê tues de chênes auxquel les
on a donné le nom du vil lage de Pardai lhan .
Désorma1s, jusqu’
à Roquebrun, la rive gauche
de la val lée, franchement exposée au sud, re
prend dé nouveau le caractère provençal . Les
vignes et les ol iviers dominent , mais certains
domaines sont entourés d’
agavés et de figuiers
Les bordsde la riv1ere sont des fourrésde grands
roseaux ces cannes de Provence s’
utilisent
parfois comme clô ture pour les jardins.
Les premieres maisonsde Roquebrun semon
trent . A l ’entrée du bourg,une rangée d’
agavés
dresse les viei l les hampes florales à cô té desasperges géantes qui fleuriront bientôt. Le
2 76 V OYAGE E N FRAN C E .
les peti ts monts et les col l ines ontdes lignesheu
reuses deSsinant le cours capri cieux du torrent
et les val lons ouverts dans ce massi f assez sem
blable aux Garri gues, mais plus vert et mieux
cul t ivé .
Au pied du bourg , arrosés parles eaux du tor
rent , séparés par des murailles, sont les jardins
où croissent les orangers. C es arbres sont unedéception . L
’écran de la montagne ne leur suffi t
pas, i l leur faut encore celu i des murailles. Ils se
serrent fri leusement dans les exposi t ions les
plus chaudes, où les vents du nord ne peuvent
se faire sentir. Aussi n’
ont- ils pas l’
al lure libre
et le port arrondi des arbres semb lables dans
les jardins de Hyères et de Nice et bien moins
encore ceux des p lantations de V alence et de
Sicile. Sauf qu’ i ls ne sont pas fixés contre les
murs, ils sont , en somme,en espal iers. C haque
jardin en possède un ou deux . Cette année ils
n’ont pas leur beau té hab i tuel le, une tempéra
ture déplorable én'
décembre les a dépouil lés de
leurs frui ts. E n temps ordinaire l ’orange mûri t
sans peine, les beaux globes d’
or donnent beaucoup de gaî té aux peti ts enclos.
C haque proprié taire t ient à posséderdes oran
gers. Ou ne fai t pas commerce d’oranges et de
c i trons, maison est heureux de pouvoir donner
LE S ORAN GERS D E ROQU EBRU N 77
des frui ts aux enfants et de posséder l’assaison
nement de la cuisine.
L’orangeret le ci tronnierne sont pas les seuls
vé gé taux de l ’extrême midi accl imatés sur le ro
cher de Roquebrun . Partout on trouve le juj u
hier le grenadier y atteint sa plus grande tai l le,les terrasses
.se couvrent d’
agavés et de figuiers
de Barbarie,enfin
, çà et là,quel ques palmiers
ont été plantés. Dans les murs,le câprier laisse
pendre ses flexibles rameaux aux bel les fleurs
en houppes.
Cette flore afri caine s epanouit surtou t dans
le ravin de l’Aurenque où des carrieres demar
bre sont ouvertes. Un hab itant a disposé le sol
en terrasses où i l a planté en grand nombre les
divers arbres de la fami l le des agrumes ou au
rantiacées,c ’est-à— dire des orangers. C’
est le
jardin des Hespérides de Roquebrun, l’
eau du
torrent l’arrose et l ’anime ; dans ces ondes vivi
fiantes le laurier— rose puise la vi gueur.
Les orangers é taient beaucoup plus nombreuxavant 1889, me dit-on alors Roquebrun méri
tai t bien la répu tation qu i lu i a é té fai te dans le
monde des climatologistes et des botanistes. On
comptai t plus de 400 de ces arbres, l ibres de
port , un hiver ri goureux les a frappés ; ceux— là
seuls qui é taient pro té gés par leur exposit ion au
2 78 V OYAGE E N FRAN C E .
flanc'
d’
une murai l le ont résisté . Le désastre sera
l ong à réparer, car certains orangers é taient
énormes,l’
un d ’
eux mesurai t plus d’
un mè tre
de d iamètre au ras du sol.
C e ne sont l à que des acc idents. Hyères aussi ,dont on connaî t le cl imat si doux
,a é té frappé
par des hivers exceptionnels. Roquebrun n’
en
est donc pas moins un si te cl imatérique fort
curieux et qui méri terai t d ’être mieux connu .
Combien de malades à qui l’on recommande
d ’évi ter le voisinage de la mer trouveraient ici
un sejour d’hiver presque parfai t ! On pourrai t
créer fac ilement une bel le campagne en aména
géant mieux les eaux de l’0rb et des affluents
qui permettraient , par l’ irri gation , de masquer
l’
aridité de certaines pentes ; d’
ai l leurs le pays
est très boisé , chênes verts et châtai gniers s’
élè
vent hauts sur la montagne.
Cel le— c i est d’une al t i tude respectable la
chaîne, dans -
sa partie supérieure, dépasse 600
mètres ; un sommet , où prend naissance le ruis
seau de l’Aurenque, est même à 782 ; or, l’
Orb
coule à 70mètres environ à Roquebrun,on com
prend l ’efficaci té dé 1 ecran contre lemistral des
cendu desmontsdeLacaune que l’hiverrecouvre
d ’une épaisse couche de neige. Roquebrun se
rit de son souffle,passant b ien au-dessus de lu i .
280 V OYAGE E N FRAN C E .
Le bassin de Roquebrun semble fermé versle sud. Pour s’
en échapper,l’
0rb a dû s’ouvrirun
passage entre les monts revê tus d’
yeuses et en
ce moment fleuris de grands genêts empl issentla val lée d ’une odeur exquise
,à laquel le semêle
cel le des plantesde la garri gue. Au matin toutes‘
ces senteurs évoquent d ’une façon saisissante la
C orse, l’î le embaumée.
La route de Cessenon franch i t l’Orh et coupe
pardes rampes les courbes du peti t fleuve ; s’
éle
vant éntré les ol iviers b ien tai l lés et les vignes,el le atteint en tranchée le maquis embaumé
Les genêts mettent leurs touffes somptueuses
dans ces broussai l les de chênes verts, d’
arbou
siers, de grande bruyère, de lent isques et de
cistes au- dessous,l’
0rb se tord entre les vignes
en arriere se plaque le décor de Roquebrun .
Celu i- ci disparaî t , ou descend dans un ravin dont
le maquis serait au trement semblable encore à
celu i de la Corse si les arbrisseaux é taient p lusé levés, mais on les coupe tr0p fréquemment .
Au fond de la gorge coule leruisseau deRieu
berl ou bordé de prairies et de châtai gniers. On
traversece torrent en vue d’une pet itemontagneaux beaux escarpements rocheux que frôle l
’
0rb .
V oici la plaine où la rivœre descendue du flanc
LE S ORAN GERS D E ROQU E BRUN . 281
des causses reçoi t la V eruazoubres, venue de
l ’apre massif parfumé de Pardai lhan . A l ’entrée
du vaste vignoble se groupe le hameau deLugné
L’
Orb s’
en va, bordé de peupl iers, au sein des
nappes de pampres tachetées par la ramure d ’é
normes ol iviers. Au fond, sur un coteau , la tour
de Cessenon se dresse au- dessus de la peti te
vil le groupée à ses p ieds.
Le vignob le est en pleine vie. Les mulets traî
nent la charrue entre les rangées de ceps, les
vignerons saupoudrent de soufre le feuil lage
menacé par l’
oïdium . Partou t c’est la fièvre du
travai lV o ic i un large torrent , aux eaux rares, la
V eruazoubres. I l va rej o indre l’0rb et lu i dou
ner la portée d’
eaux qu’ i l aura à Béziers,les
autres affluents n’
amenant en cette saison qu ’un
insignifiant tribut .
XV III
L’
E S C AN D ORGU E E T L’
E SPIN°
0q
D u Tarn à l’
Orb. Le causse de Gabriac et l’
E scandorgue.
Lunas. Les houillères du Bousquet d’
Orb. S aint—GervaisV illé . Les cercles et les châtaignons . E strechoux .
Les mines de Graissessac. De Bedarieux à Béziers.
Béziers. Juillet.
Lorsqu ’on est descendu par le cheminde fer
du causse de Sauveterre dans la val l ée du Tarn,
vers Mi l lau,on s
’
imaginerait vol ontiers, si l’
on
ne connaî t pas les contrées médi terranéennes,
que l’
on est enfin dansleMidi,tant a é té brusque
le changement des choses . Cependant l’impres
sion est autrement v iveaprès le passage du cou
trefort du Larzac ; lorsqu’on débouche dans les
Garri gues,entre l
’
E scaudorgue et l’
E spinouze,
pour descendre dans la val l ée de l’Orb, les rocs
sont p lus brûlés encore s’
il est possib le et l ’ol i
vier devient l ’arbre carac téristique du paysage.
Rien ne fai t prévo ir cette brusque transfor
mation . Les horizons,après le grand cirque de
284 V OYAGE E N FRAN C E .
de fer pénètre dans un très long tunnel. A l ’ issue
du souterrain on est sur . le versant du golfe du
Lion,le ruisseau de la V arène descend au pet i t
fleuve d’
0rb par une val l ée dont les pentes sont
frangées par des ravins maigrement revê tus de
buis et de ch ênes. V o ici l’0rb, encore ruisseau ,preste et clair, coulant sur les rochers. A l
’
en
dro it où la vo ie le traverse i l reço it le Thés. Des
chen fins longent cesvaflons ; au rnfintdejoncüon
avec ces chaussées, la gare de Cei l hes-Roque
redonde prend quel que importance pendant lasaison des eaux ; c
’
est le point de départ pour les
bains de”
Sylvanèset d’
Andahre prèsde C amarès,
pour ceux d’
Avène dans les gorges p i ttoresques
et ombreuses de l’0rb
Le chemin de fer n’
a pas su ivi le fleuve nais
sant,trop encaissé
,i l remonte le Val l on du Thés
,
ruisseau qui, pardes cascatel les, tombe de strate
en strate,accru par des ru isseaux descendus de
l’
E scandorgue où ils se creusent de pittoresques
bassins finissant en impasse au p ied de ce ou
rieux p lateau cal caire revê tu d’une nappe de
basal te. Les hautes col l ines donnent l ’ impression
de la grande montagne par leur revê tement de
hê tres et de chênes. Plus bas le buis semble
dans son habitat , tant i l forme des massifs et
des fourrés épais.
L’
E S C AN DORGU E E T L’
E S PIN OUZE . 285L
’
E scandorgueI projette i c i leplus large de ses
chaînons latéraux,plateau all ongé , capri c ieuse
ment dé coupé,reproduisant en petit l
’
ensemble
du système ; les pentes en sont coupées à pic et
fort nues. C e rameau est nommé causse de Ga
briac par la carte d’
E tat—maj or. Un tunnel le
troue, on débouche en pleine lumière sur un ra
vin très profond offrant une vue saisissante. C e
n’
est qu ’un éclair : vo ic i un autre tunnel et la
val l ée,très mérid ionale cette fois, du Gravezou ;
désormais ce caractère va s’
accentuer pour ainsi
d ire à chaque tour de roue. Beaucoup devignes,des châtaign iers des arbres fruitiers, desmûriers
puis les amandiers apparaissent de nouveau *
sur les pentes b ien abri tées ce sont les o l iviers.
Par les val lons latéraux se montre la haute
crê te de l’E âcandorgue, nue,striée de teintes
diverses, semblant avo ir pour contreforts leséperons projetés vers le Gravezou . C es crêtes
paraissent rayonner en éventai l vers le p i ttoresque bourg deLunas dont lesmaisons blanches
sont entourées de j ardins où les lauriers,les
ol iviers, les amandiers, les bambous, lespêchers,les cerisiers
,les poiriers se mêlent en un aimable
décor. La val lée est fraîche,ses ruisseaux sont
Appelé aussi E soandolgue.
286 V OYAGE E N FRAN C E .
bordés de saules en tai l l is dressant de hautes et
vigoureuses tiges . Le sol est d’
un rouge ardent,
car i l appartient à la format ion permienne du
S alagou si puissante vers Lodève. La vigne y
pousse avec vigueur, entremêl ée d’
oliviers. Beau
coup de champs de fraisiers, culture considé
rable Jusqu’
au delà de Bédarieux . Cette cam
pagne est ravissante pour qui vient de la région
des Causses ou de cel le des Garri gues.
Mal gré cette fraî cheur al l iée à la végétation
du Bas—Languedo c , Lunas dépend du rayon de
Roquefort pour son industrie ; le lai t des brebis
de l’
E scandorgue s’
y transforme en fromages de
Roquefort achevés sur p lace ou envoyés dans
les caves de la cité aveyronnaise . C ’
est un bourg
dépassé en population, dans son propre canton,
par le Bousquet—d’
0rb,un des centres d’
exploi
tat ion des mines de Graissessac .
C es houil l ères ont leurs premiers pu its non
l o in de Lunas, sur les bords de l’Orb,dont la
val lée, soudain é larg ie, serai t b ien belle sans le
manteau de brumes épandu par les fumées in
dustrielles. Les puits à houil le bordent la vo ie,
l’
un d ’
eux , ouvert au sommet d ’une col l ine,est
relie au chemin de fer par un funi culaire. Au
dessous, près du confluent du Gravezou et de
l’
Orb,le Bousquet-d’
0rb borde la riv1ere . C e
288 V OYAGE E N FRAN C E .
Je suis venu hier coucher à Saint-Gervais,très
pet ite vil le assise au fond d’
un c irque de mon
tagnes dont les plus hauts sommets de l’E spi
nouze forment le fond . Les avant-monts de
l’
E spinouze et du C aroux,les monts deLacaune
et le massif rouergat deMaroon sont très verts,grâce à l ’ industrie lo cale des cercles et des lattes
de châtai gniers qui a fai t maintenir en tail l is
toutes les pentes et empêché la dépaissance.
Saint—Gervais,mal gré l’évidente ant iquité d ’une
partie de ses é difices, est d ’orig ine ré cente au
près d’
un Saint—Gervais primi tif qu i couvrai t un
étrange rocher déchiqueté et dontlès ruines con
sidérables encore se confondent avec celu i- c i .
Au pied de ce bourg abandonné,les bords de la
Maresont couvertsdevignes et de beaux j ardins.
U ne al l éede platanes condui t à une chapel le pla
cée sous le vocable de Notre—Dame—de—Loret te.
U ne seconde ville s’
est créée sur un coteau
iso l é rues é tro ites, montueuses, souvent en ès
cal iers,bordéesdemaisons noires plus tard une
cité nouvel le se forma dans la vall ée,des arra
chements de portes, desmaisons des xv1 ° et xvn°
siècles une d’
el les porte la date de 1595
1 . V oyez sur les monts de l'E spinouze, le C aroux et lesmontsde Lacaune, la 383 Série du Voyage en France.
L’
E S C AN DORGUE E T L’
E SPIN OUZE 289
des ruel les é troi tes consti tuent cette partie de
cité que borde la grande route devenue, de nos
j ours, la partie vivante de Saint-Gervais. Là sont
les hô tels,les cafés et les boutiques
,l à se porte
toute la vie de l’humble maisactive bourgade.
Saint-Gervais est animée par le passage des
convo is de charbons descendus de nombreuses
mines ouvertes dans la val lée supérieure de la
Mare et qu ’un chemin de fer rel iera“
un jour à
E stréchoux,terminus ac tuel . L’ industrie est re
présentée surtout par la fabr10at10n des cercles
de châtaignier dont l ’emplo i est si consi dérable
dans l ’ immense région vignoble de l’Hérault .
C ette industrie,très ancienne, fut enrayée au
moment où el le é tait une source importante de
richesse,le cercle de fer devint une concurrence
ruineuse lahausse desmétaux a fai t revenir au
châtaignier,au po int que des cercles empilés
depuis hui t ans, fautede cl ients, furent enlevés en
quel ques j ours. Il fal lut reconstituer le stock et
l ’activ ité devint tel le que les tail l is explo ités jadis
tous les sept ans,le sont en ce moment au bout
de cinq années seulement .
Le commerce des châtaignons, c’est—à— dire
des brins employés comme échalas ou pour la
tonnel lerie,est fort ac t i f aussi . Des atel iers de
clouteries, des fabri ques de sonnettes pour lesVOYAGE E N FRAN C E . xxxvi .
‘
19
290 V OYAGE E N FRAN C E .
troupeaux et de tar1eres sont d ’
autres branches
intéressantes du travai l à Saint- Gervais.
Pour les montagnes de Lacaune,rehees à la
pet i te ville par une excel lente et admirable
route Saint—Gervais est un véritable centre d’
at
tractions ; c’
est le marché où les habitants de ces
hautes et froides terres trouvent les vins et autresproduits du Midi . Par là descendent chaque
annéedes populations ent ièresde montagnolsallant dans la rég ion vignoble prendre part auxvendanges. Leur arrivée
,leur retour
,comme le
passage incessant de_] 11 1I1 à septembre des bour
geois de la plaine al lant vil l égiaturer vers La
caune,donnent une an imation très grande à
l ’aimable bourgade.
Pas de monuments intéressants, mais on me
si gnale deux curiosi tés : une fontaine intermi t
tente qu i jail l i t dans le mur de l ’excel lent hôtel
S oulié où l ’accuei l est si cordial , et le to i t trian
gulaire de l’égl ise envahi par la végétation . De
peti ts arbres y ont pris victorieusement racine et
chaque saison apporte une floraison nouvel le
dont la succession est annoncée par les giroflées
printanières.
Je refais en p lein j our le chemin d’
E stréchoux
1 . S ur les monts de Lacaune, voyez la 38e série du Voyage en
France; chapit‘
res I et Il .
292 V OYAGE E N FRAN C E .
Les mines s’ouvrent dans un vaste cirque
rempl i de châtaigniers dont la futaie est trouée
par les mul tip les organismes de l’
explo i tation
hautes cheminées, constructions des puits, han
gars à triage,fours à coke
,etc . Au‘
- dessus de la
gare un bât iment assez semblable à un château
fort est un des points d ’
extraction . L’
outillage
est complet,cependant la production de la com
pagnie est en décro issance. Après avo ir dépassé
300000 tonnes el leest tombée à 2 07000 en 1897[
Le bassin ne comprend pas seulement les en
virons de Graissessac , les mines du Bousquet
d’
Orb appart iennent à la même compagnie et
leur tonnage figuredans ces chiffres . L’
extraction
sera sans doute fort accrue lorsque le chemin de
fer,é tant prol ongé j usqu a Saint-Gervais et C as
tanet- le-Hau t , permettra d ’
expl o i ter avec frui t
les importants g isements qu i s’é tenden t vers les
sources de la Mare. E n attendant,la l igne n’
est
qu ’un très court tronçon de5kilomè tres,al lant
rej o indre à La Tour- sur-Orb la grande vo ie de
Béziers .
L’
Orb,au— dessous de Bédarieux
,abandonne
brusquemenÙsa descentevers le sudcomme pour
1 . Les quatre mines de houille réunies de Graissessac ont pro
duit 255624tonnes en 1902 et environ 2 70 000 en 1903. Il y a
donc un relèvement très marque.
L’
E S C AN DORGU E E T v L’
E SP1N OU ZE .
s’
en al ler du côté de l’Océan ,mais les contreforts
de l’
E spinouze l’
Obliqeront bientôt à se repl ier
de nouveau et à reprendre sa direc t ion primit ive.
Le chemin de fer de Bézrers ne l ’accompagne
pas dans cette course fantaisiste, i l l’
abandonne
au- dessus d’
Hérépian ,dans le large bassin Où
la Mare rej o int le fleuve au sein de campagnes
d ’une rare opulence. C e n’
est point la vigne-qui
fai t la fortune du ' cult ivateur, celu1—m se con
sacre plus volOntiers à la cul ture de la fraise.
Dans les deux val lées, les parties hautes sont
couvertes de champs de fraisiers dont le produi t
est fort rémunérateur. U ne note communi quée
jadis à l’
Académie des sciences morales et pol i
t iques évaluai t à 3 2 00 fr. le produit bru t d’
un
hectare ; le rendement net,après défal cation des
frais de culture, de cuei llette, d’
embal lage,etc .
,
atteignai t 2400 à 2500 fr.Les communes où l’onse l ivre surtout à cette industrie son t cel les de
V i l lemagne dans la val léede laMare, d’Hérépian ,
du Pouj o l et desAires au- dessous de l’0rb . Les
champs s’
étalent à environ 450mètres d ’
al titude
Au moment où la surproduct i on des vins cau
sai t une si grande gêne dans les communes voi
sines,cel les— là
,grâce au fraisier, demeuraient
prospères. E l les peuvent é tendre sans crainte
leurs cu l tures,les débouchés ne feront pas dé
2 94 V OYAGE E N FRAN C E .
faut,lepays vignoble é tant entierement tributaire
pour tout ce qui touche au j ardinage.
Les garrigues, que l’
on parcourt au delà d’
Hé
répian ,sont l o in de présenter un tel caractèrede
richesse. C e ne sont que tai l l is de chênes verts,sauf autour des vi l lages où des terrasses décou
pent en gradins les collines .
'
Le pays est assez
triste,mais les horizons sont vastes et les pentes
abrup tes du C aroux et de l’E spinouze se décou
pent majestueusement surle ciel d’une admirable
pureté .
V ers Laurens on abandonne la garri gue pour
retrouver la vigne. Jusqu a Béziers el le est
maî tresse incontest ée du sol ; le pays serai t fort
monotone à parcourir à p ied si déj à la t orride
chaleur de j ui l let ne rendait l ’entreprise diffi ci le
D es ceps, touj ours des ceps ; sur les chemins
des charrettes portant . des fûts dans les gares
des amoncel lements de tonneaux ou ces grands
xvagons rés æ uæ firs dont Pusage se générahse.
Rien ne retient l ’attent ion ; cependant , sur une
hauünn 3voù fi une enceù üe flanquée de finn s
,
bien conservée. Plus l o in le vi l lage de Magalas,au nom sonore
,est d ’
al lure héroïque avec ses
maisons grises escaladant un co teau . De près
c’est peu de chose ; au- dessous de la stat ion,un bourg neuf est plus peuplé que le vil lage
D E LA V E RN AZOU BRE S A L’
AU D E
D e Béziers à S aint- C hinian. Le vignoble de l’
Orb . C a
zouls- lès-Beziers. C essenon. S aint—C hinian. Industriedisparue. Les collines de Pardailhan. A travers leMinervois. C ebazan . La vallée de la C esse. Bizc.
D ans le vignoble narbonnais.
N arbonne. Juin.
Je n’ai pas eu le l o isir de revo ir Béziers ‘
.
Pour al ler à Saint- Chinian i l me fal lai t en hâtetraverser la ville entre la gare du Mid i et la garedu Nord
,comme on appel le i c i la stat ion des
chemins de fer de l’Hérault , peti t réseau qui
do i t Un trafic considérable au vignoble,desservi
sur plus de cent k i lomè tres, de Montpel l ier à
Cessenon .
Mal gré l’interminable manteau de pampres,
le pays est acc identé et présente une série de
paysages parfo is curieux . C ’
est la val lée de l’Orbaux flancs revê tus de grandes habi tations et de
1 . 37° série du Voyage en F rance, chapitre X I I I .
D E LA V ERNAZOU3 RE S A L’
AU D E . 297
vastes chais, son fleuve aux eaux transparentes
et vertes et les l ointains horizons du Larzac , de
l’
E scandorgue ,du C aroux et de l
’
E spinouze
Les centres dép0pulation occupent les sommets
très bel l iqueux encore par l’
aspect,mal gré leur
rôle pacifique de marchés pour les vins. Sur la
rive gauche se suivent ces bourgs populeux et
de fi ère mine Corneilhan, Thézan ,Murviel£lès
Béziers dominé par la hau te flèchede son égl ise,tous curieux à voir de l o in,
mais touj ours sem
blables par leurs rues é troites et sombres ; sur
la rive gauche la bourgade la p lus é tendue,Maraussan
,d
’un blanc grisâtre, s
’é tale au pied
d ’une église à flèchede pierre et de la tour
carrée d’
un beffro i .
Peu d’
oliviers, les pampres les chassentde la
plupart des posi ti ons qu ’ i ls occupent . C ette'
des
truction des grands végé taux“
est navrante.Mau
reilhan gardé quel ques—uns de ces arbres sur
son mamel on couronné par les tours et les rem
parts noirâtres d’
un château ruiné . loi des parcs
aux beaux ombrages met tent des taches vigoureuses sur le vert plus tendre de l ’é ternel vi
guoble.
Maraussan et Maurei lhan sont déj à, par la
population, des sortes de vi l les ; plus considé
rable encore est Cazouls- lès— Beziers dans une
298 V OYAGE E N FRAN C E .
pet i te plaine évasée, si l lonnée de torrents ‘. C a
zouls,d ’
aspect pr05père, possède un singul ier
cl ocher crénel é rappelant les beffrois des Flan
dres. D e grands chais couverts de to i ts rouges
et plats disent l ’activi té vi ti cole. Les vins appar
t iennent surtou t à la varié t é du muscat .
Des abords de Cazouls , on découvre toutes
la ri che val l ée de l’Orb au fond du pay sage Bé
ziers dresse fièrement ses tours d ’égl ises,bleuies,
rendues puesque aéÜennes par Pék fignènun ü
L’
Orb roule de bel les eaux entre les galets,les
roches, les arbres verts, au p ied de la fière col
l ine deMurviel . Brusquement son l i t seresserre,une rouüa fTanchü. sur un beau pont le fleuve
ré tré c i et l’on se trouve dans un autre pays . C ’
est
un co in de Cévennes avec leurs landes et leurs
rochers où l’Orb a dû se frayer passage en creu
sant des oules, en moutonnant et striant les
assises cal caires ; i l bondi t et é cume dans ce dé
fi l é très court .
Au mi l ieu d’
un bassin rempl i de vignes, entre
des cimes âpres et nues, dressées en pic,et des
col l ines aux régul ières paro is, rel ief tourmenté
et p ittoresque,Cessenon domine le confluent de
1 . Maraussan 1 866 habitants ; Maureilhan 1 376 ; C azouls-lès
Béziers 4143 .
300 V OYAGE E N FRAN C E .
zoubres dont les riv1eres se réunissent en amont
de la vil le, l’
Orb plus abondante,'
l’
autre torren
t iel le et traînant de pauvres eaux au mil ieu d’
un
large l it de galetS i l’Orb est la plus importantedesdeux riv1eres
réunies, la V ernazoubres est cel le dont la dirce
t ion s’ impose au tronc coinmun .
‘
Sa val l ée est
large,mais les eaux sont rares,simple ruisseau
dans un fleuve de p ierres. Le torrent se resserre
entre les quais de S aiRt- Chin ian ,petite vil le ja
dis active, désormais rédu ite au rôle de marché
pour les communes voisines. On y comp tai t plus
de'
4000 habi tants avant 1870, i l en reste à
peine 3 000 aujourd’hu i ‘. La
’
fermeture de ses
fabriquesd e drap a'
causé cette énorme dimi
nution . Saint — Chinian ne peu t guère compter
sur son cours d’
eau pour retrouver de l ’activi téc ’
est un torrent aveugle dont les crues sont
effroyables. En1875, le 1 2 sep tembre,i l ren
versa 149maisons et fi t périr97 personnes sous
les ruines ou dans les eaux . Pour remédier à
ces dangers i l faudrait reconst ituer la bel le
forê t qui couvrai t jadis le massi f montagneux si
confus compris entre laV ernazoubres, le Jaur et
1 . Population en 1870 4284habitants. Au dernierrecensement( 1901 ) 3 181 dont-2 442 agglomérés.
D E LA V ERNAZOUBRE S A L’
AU D E .
l’
Orb,région nue
,ari de, sauvage, à laquel le on
donne parfo is le nom de Pardai lhan, son vil lage
central .Saint- Chinian ne ressemble pas aux vil les du
grand vignoble, ses rues sont plus larges et
mieux tracées. Je l ’aurais sans doute trouvée
aimable si _ la chaleur n’
y é tai t aussi suffocante,mais on ne saurai t s
’ imag iner une fournaise
comparable à cet te val lée en j u il let. Rien n’
at
ténue les ardeurs d’
un solei l dont l ’éclat est in
soutenable. On ne respire un peu que sous les
beaux p latanes des promenades et des quais,dans lesquels chantent les c igales( Au long des
rues,les femmes consent
,assises dans l’étroite
bande d ’ombre dessinée par les maisons.
Quand la chaleur est devenue moins forte, j’
ai
qui tté Saint— Ch inian pour gagner Narbonne ; j’
a
302 V OYAGE E N FRAN C E .
vais songé à parcourir le massif de Pardai lhan ,
mais vraiment le solei l est un ennemi terrible
s’
il vaut de doux h ivers à -C ette menue c ité et
permet la cul ture de l ’oranger à l ’abri desmurs
i l rend presque impossible toute excursion est i
vale. L’ombre et la fraî cheur
,encore présentes
dans quel ques plis des environs de la vil le,font
défau t dans le Pardailhan ; si les val l ons découpent le massif à l ’infini
,les sources y sont ah
sentes.
Je me suis donc rési gné à gagner Bize,tê te
de l igne d’
un chemin de fer destiné à desservir
le vignoble. La route s’élève sur les contreforts
du Minervo is, au— dessus de la petite vi l le“
aux
toits cal cinés,enfouie entre les vignes
,au pied
des premières pentes du Pardai lhan ,revêtues de
bois de chênes verts et d’
arbousiers. Sur lespen
tes,les ol iviers, bien tai l l és, ressemblent à ces
arbres frisés dont Nuremberg peuple ses é tables
j ouets. Cela est sévère, mais vraiment beau .
Les col l ines à front calcaire que gravit la .
route sont disposées en terrasses ; el les demeu
rent incultes,la vigne est morte et n
’
a pas é té
remplacée. Quel les bel les olivettes, quel les su
perbes figuières on ferait i c i ! Hélas, les gros
revenus de la vigne font oubl ier les autres cul
tures,ou ne fai t d ’
effort que pour reconsti tuer
304 V OYAGE E N FRAN C E .
Les eaux s’
en”
vont dans le Val lon de V i l les
passans, véri table fleuve de pampres contenu
entre des berges plantées de _ chênes verts et
d ’
arbustes appartenant à la flore provençale.
V i l lespassans,petit v il lage dominé parune haute
tour, . domine de grands horizons vers le sud,
toute la chaîne des Corb ières apparaî t,se haus
sant en l i gnes successives.
La route descend dans un sévère val l on entre
des paro is cal caires,
- type accompl i de gorge
caussenarde,mais plus âpre et brûlée que cel les
des grands causses . Un torrent en ce moment
sans eau la parcourt ; toutes les pentes suscep
tibles d ’ ê tre mises en cul ture sont couvertes de
vignes s’ é tendant j usqu’à la base des falaises .
On retrouve quel que fraî cheur avec le con
flûent de la Cesse ; même en cette saison le ter
rib le torrent venu de la montagne Noire et de
l ’é trange si te de Minerve roule un peu d’
eau ,des arbres verts le bordent
,reposant la vue fati
guée par les roches é clatantes du Minervo is ou
exaspérée par la cont inui té de la nappe vit i coleC e changement co in
°
c ide avec le passage dans
un autre département ; vo ic i celu i de l’
Aude et
b ientô t son premier bourg,Bize. A l ’entrée de
l ’agglomération, on est saisi par une violente
odeur de lavande,el le provient d ’une disti llerie
D E LA V E RN A20UB‘
RE S A L’
AU D E 305où les so:nmités fleuries de cette plante sont
trai tées .
Bize est très étroitement groupée dans l’
es
pace que dél imi tèrent jadis des remparts. On y
pénètre encore par une ancienne porte. C e peti t
centre,qu i n’offre guère d ’ intérê t
,a dû sa nais
sance à une bel le source qui vient rej oindre le
vaste l i t de la Cesse.
La bourgade est plus peuplée que Ginestas,son chef- l ieu de canton , sa situat ion dans la
val lée de la Cesse en a fai t le point d ’
arrivée du
chemin de fer qui rel ie Narbonne au Minervois,
une des principales sources d ’
al imentation du
commerce de ce grand centre vini cole.
Les col lines entre lesquel les Bize est blo tt i
s’
entr’
ouvrent bientô t et la Cesse pénètre dans
l ’ immense plaine dont Ouvei l lan occupe le cœur,
au sommet de son peti t massif, et dans laquel le
le canal du Midi se trace un cours extrêmement
sinueux pour gagner le pied des coll ines du Mi
nervois en évi tant l ’ancienne lagune de Capes
tang, auj ourd’hui conquise par la cul ture.
Au p ied et sur les pentes apparaissent de
beaux vil lages. La plaine n’
est pas trop m onotone ; si le vignoble est immense, i l reste quel
ques chênes,témoins des sylves disparues
,et de
petites landes. Parfo is des ol iviers entourent eu
V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
306 VOYAGE E N FRAN C E .
core les fermes. Près de Mirepeisset,des terres
incul tes bordent le canal du Midi dont les berges
sont ombragées de beaux pins parasols. Bien
des vignes mal so ignées ou périssantes disent
le peu de ferti l i té du terrain . Mais l orsqu’on a
atteint la zone traversée par le canal de j onc
tion,voie navigab le rel iant le canal du Midi ià
Narbonne et à La Nouvel le, l’
opulence renaî t . La
gare de Sal leles—d’
Aude est encombrée de fûts
des wagons—réservoirs stati onnent sur les quais.
Le riche village de S allèles pour promenade
les rives du canal ombragées de pins parasols ;cette sorte d’
avenue nautique s’é tend jusqu ’à
l’
Aude dont la traversée a né cessité de remar
quables travaux . U ne partie du fleuve est dérivée
pour al imenter le canal ou rob ine de Narbonne.
L’
Aude frôle le pied d’
un massif de coteaux
nus, formant des montic ules iso lés, souvent en
tourés par la mer des pampres qui couvre au
jourd’
hui l ’emplacement d’
un anc ien go lfe. Près
de Moussan, ces hautes buttes donnent l’ i l lusion
de dunes fixéespar les jones marins. Plusieurs
montrent à vif leur blanche ossature de calcaire.
On les rencontre j usqu’
aux abords de Narbonne
qu’
el les enlaidissent quelque peu .
308 IN D EX ALPHABÉTIQU E
Amérique, 1 73, 199.
Andabre (bains d’
) [Aveyron] ,284.
Andorge (riv1ere) , 6.
Anduze (Gard) , 6 7 à 7 2 , 86 ,
87 , 88, 91 , 95.Angleterre, 19, 40, 148, 1 73.
Angoustrines ou Augustines(défilé des) . 43.
Aniane (Hérault) , 1 73, 2 02 ,
2 1 2 , 2 1 6, 2 18 à 2 2 1 , 2 25.Antimoine, 19, 20.
Arcs (ravin des) [Hérault] , 2 09,2 25, 2 2 6.
ARDECHE (département) , 52 ,
62 .
Ardèche (riwere) , 50, 53.
Ardoise (l’
) [Gard] , 55.Arlendes (Gard) , 2 6.
Arre (Gard) , 155, 156.
Arre (rivière) , 148 à 156159.
Arrigas (Gard) , 158.
Asperes (Gard), 191 .
Asphaltiquc (calcaire), 2 0.
Aspic (essence 187 .
Aspiran (Hérault) , 249.
Attelles, 194, 197 à 199.
Aubenas (Ardèche) , 2 0.
Aub rac , 1 2 3, 2 2 7 .
AUDE (département) , 304 à
306.
Aude (fleuve) 306.
Anjean (pic d 152 .
Aumessas (Gard) , 156.
Aurenque (ruisseau de 2 77 ,
2 78.
Australie, 188.
Auvergne, 19, 1 32 , 2 2 6
Auzon (riwere) , 1 1 , 14, 46.
Auzonnet ou Auzon de la C èze(riv1ere) , 2 2 , 2 6, 28, 29à 33.
Aven Armand gouffre) [Loz
‘
ere] , 1 75.Avène (bains d
’
) [Herault‘
,
284.
Avène (ruisseau) , 42 , 47 .
AV E YRON ( département ),159.
Aveze (Gard) , 152 , 155.Avignon (V aucluse), 2 04.
Aygalade (ruisseau) , 189.
Aygues (riv1ere) , 56.
Bagnols-sur-C èze (Gard) , 2 7 ,
41 , 50.
Balais de sorgho, 52 à56 .
Banquéde F rance, 2 2 .
Barre (La) [Haute-Saône] , 40.
Barre des C évennes, 1 1 7 à1 19;
Baryle (mines de) , 3Bas (fabriques de) , 196.
Bassin d’Alais. 5a 38,
39, 97
Beda_
rieux (Hérault) , 2 60, 2 6 1
à 2 68, 2 7 1 , 286,
299.
Belgique, 188.
Belot ou Billot, 89.
Berthezène (Gard) , 144.
Besançon (Doubs) , 40.
Besseges (Gard), 2 6, 35à 38.
Belleraves (culture des) , 55.Bétuzon (riwere) , 1 2 1 .
Bez (Gard) , 155.
I N D EX ALPHABETIQU E .
Béziers (Hérault) 240, 2 61 ,
2 7 1 , 281 , 294, 295, 296, 298.
t ununeuæ (calcaires), voyezAsphalliqaes (calcaires).
Bize (Aude) , 302 , 304, 305.
Blanqueyrou ( château de )[Gard] , 76.
Boisset (Gard) , 88.
Boisa ere (la) [Hérault] , 2 18.
Boissiere (ferme de la) [Hé
rault] , 2 28.
Bonheur (ruisseau du) , 1 25à
1 30,1 3 1 .
Bonneterie, 150, 155, 156 ,
165, 1 68à 1 73, 1 79,
Boucoiran (Gard) , 66.
Boug és (monts du) , 3.
Bouquet (Le) [Gard] , 44, 46.
Bourdic (Gard) , 65.Bousquet-d
’
0rb (le) [Hérault] ,86, 287 , 292 .
Bout-du—Monde (fontaine) [Hérault] , 2 24.
Bovine (race) , 1 2 3.
Bramabiau (abîme de) [Gard] ,1 25à 1 30.
Brestalou (torrent) , 192 .
Bretagne, 1 16.
Brissac (Hérault) , 1 77 .
Brouzet (Gard) , 43, 192 .
Bruguiere (La) [Gard] , 49.
Brut (ruines de) [Gard] , 191 .
Buis (Le) [Gard] , 35.Burle (ruisseau de la) , 1 6 1 .
C abrerolles (Hérault) , 2 79.
C abrespie (Lozère) , 1 1 1 .
309
C ache-corset, 196.
C alviac (château de) [Gard] ,81
C amarès (Aveyron) , 284.
C ambon (Lozère) , 1 15.C amisoles, 196.
C ampagnan (Hérault) , 2 36.
C amp de C ésar (Gard) , 55.C ampestre causse de) [voyeà C ausse] .
C amprieu (Gard) , 1 25à 1 30.
C anal de jonction (ou robine
de N arbonne) , 306 .
C anal du Midi, 295, 305, 306 .
C anaules (plaine de) [Gard] ,58.
C andouille (torrent de la) , 63.
C anigou (mont) , 1 39, 2 1 3.
C apestang ( lagune de) [Hé305.
C arcassonne (Aude) , 2 04.
C ardiff (Angleterre) .C ariol (valat et ruisseau de) ,89.
C aroux (mont) , 2 70, 288, 294,97 °
C asquelles (drap pour) , 2 66.
C assagnoles (Gard) , 59.
C assan (Hérault) , 2 60.
C astanet-le-Bas (Hérault) , 291
C astanet - le Haut (Hérault292 .
C astel (ruines du) [Gard] , 56 .
C astelnau-V alence (Gard) , 66.
C atalogne (province d’
E spa
gne) , 2 1 3.
C ausse de C ampestre, 158.
C ausse de C amprieu (Gard) ,1 2 6.
3 10 IN D EX ALPHABÉTIQU E .
C ausse de Gabriac, 285.C ausse- de - la - S elle (le) [Hérault] , 2 24, 2 25.
C ausse de Londres, 2 09.
C ausse de Montdardier, 152,
155, 158.
C ausse du Larzac (voyez Lar
C ausse M ejan , 1 2 1 , 1 39,
C ausse N oir, 1 2 1 , 1 2 2 , 1 6 1 .
C ausses (région des) , 140.
C auvalat (Gard) , 150, 151 .
C avillargues (Gard) , 49.
Gazelle (la) [Gard] , 75.C azevieille (Hérault) ,C az ilhac (Hérault) , 1 72 .
C azouls— lès-Bél iers, 297 , 298.
C ebazan (Hérault) , 303.
(Zeilhes-Roqueredonde ( garede) [Hérault] , 284.
C élas (Gard) , 42 , 43.
C endras (Gard) , 1 2 , 2 6 à
29.
C eps (Hérault), 2 74.
C éramique, 64, 65, 196, 2 3 1 .
C ercles de châtaignier, 289.
C erisiers, 193.
C esse (rivière) , 304, 305.C essenon (Hérault) , 281 , 296,
2 98, 2 99.
Cessons et Trébions (mines de)[Gard] , 38.
C ette (Hérault) , 140.
C évennes (le volume) .
C ézarenque (pays de) , 11
48, 50 à 46.
C eze (rin ere) , 3 à 6 , 14, 2 2,
. 34 à 38, 48, 50, 53, 55.
C hamborigaud ( Gard) , 3, 5,32 .
C hampclauson ( Gard) , 8, 10,
1 1 .
C hapellerie, 70,87
,104.
C hâ laignes, 1 19, 145.C hâ laigniers, 2
, 108, 109,
289.
C hâtaignons, 289.
C hâteauroux Indre 2 67
2 68.
C haussures, 180, 196.
C hauæ , 2 29.
C iment, 2 29.
C irque de Mourèze (Hérault) ,248, 249 256 à 258.
C lim as, 70 .
C lamoux (source) [Hérault] ,2 2 3.
C lareau ( torrent de) , 143, 144.
C laret (Hérault) , 187 , 2 1 2 .
C lavières (château de) [Gard] ,6 1 .
C lédon (riv1ere), 291 .
C lermont - l'Hérault (Hérault) ,2 37 , 245à 249,
250.
C lochettes, 1 73.
C omberedonde (Aveyron) , 163.
C omtat—V enaissin , 2 15.C oudoulou (ruisseau) , 151 .
C onnaux (Gard) , 52 .
C onqueyrac (Gard) , 199.
C orbes (Gard) , 84.
C orb ières (montagne des) ,304.
C orneilhan(Hérault) , 297 .
C orse ( île de) , 19, 1 1 1,2 74,
281 .
C oton (bonneterie de) , 180.
3 1 2
Fargette(fontainede la) [Aveyron] .
F er(mines de) , 32 ,1 66.
F euille de mûrier, 62 .
F igaret(0hâteau de) [Gard] , 74.
F ilaturede la soie, 2 1 , 2 2 ,28,
70, 1 04, 147 , 1 76, 2 2 9.
F iloselle, 2 66.
F lanelles, 2 66.
F lorae (Lozère) , 1 1 1 .
F lorian (châteaude) [Gard] ,58.
F oires, 193.
Fondamente (Aveyron) , 283.
F ontainebleau ( S eine- et—Mar
ne) , 2 08.
Fontaine corrosive (Gard) , 85.Fontainede N îmes (Gard) , 186.
Fontainede S auve (Gard) , 195.Fontarèche (Gard) , 49.
Font C aude (source thermale)[Hérault] , 2 2 2 .
Fontfrège (château de) [Hérault] , 2 04.
F ourches demicocoulier, 194,197 à 199
Foux (sourcede 1 74.
F rai.sier (culturedu) , 286, 2 93.
F rère (aven du) [Gard] , 195.F romage de Roquefort, 191 ,
43 . 286
F umades (Gard) , 2 7 .
Gabian (Hérault) , 2 6 1 .
Gabriac (causse de) [voyezC ausse] .
Gagnieres (riv1ere), 28, 38.
Galeizon 1 2, 98.
I N D EX ALPHABÉTIQU E .
202 .
Garrigues de Murviel,2 1 7 ,
2 33.
Garrigues de N imes, 45.Générargucs(Gard) , 91 94,95.
Ganges (Hérault) , 80, 144, 145,150, 152 ,
196, 1 6 7
à 1 74, 2 02 à 2 03, 2 29.
Ganterie, 2 29.
GARD (département) , 1 à 1 1 1 ,
1 2 2 à 1 6 7 , 1 7751 199, 2 1 2 .
Gard ou Gardon (riv1ere) , 53,66.
Gardon d’
Alais (riwere) , 1 à
2 2 , 59, 85, 1 07 .
Gardon d’
Anduze (riv1ere) ,59,66, 83 à 88, 91 a95, 1 07 .
Gardon de C alberte (riwere) ,1 03, 1 10, 1 1 2 ,
1 15.Gardon deMialet (riwere) , 67 ,83, 84, 85, 87 , 95à 102 ,
1 07 , 1 08, 109’
à 1 20.
Gardon de S ainte- C roix (voyezGardon deV allée-Française) .
Gardon de S aint- Jean (riwere),67 , 81 , 83, 84, 85, 95, 102à 106 , 107 , 108, 1 18.
Gardon de Saint—Martin - de
Lansuscle (rivrere) , 1 14.
Gardon de Vallée-Française ou
deS ainte- C roix1 1 2
, 1 14 à 1 2 0.
Gardonnenque, 1 à 1 20.
Gardonnette (rivière), 1 , 2 , 3 .
GARON N E (HAUTE 52 .
Garrigues (région des) , 186,187 , 191 , 2 02 à 2 30 , 2 33
,
2 36. 2 76.
Garr1g ues de Montpellier,
IN D EX ALPHABÉTIQU E
Genolhac (Gard) ,“1 à 3 .
Gévaudan , 8 à‘5, 1 10 à
1 2 2 , 2 2 7 .
Gier (rivière) , 36.
Gignac (Hérault) , 2 32 ,2 33,
2 34, 2 36, 246.
Gilets de laine, 196.
Ginestas (Aude) , 305.G IRON DE (département) , 52 .
C lepe (ruisseau de la) , 151 .
Gorges de l’
Hérault, 2 2 1 à
2 2 6 .
Goudron de houille, 188.
Gouffre (Le) [Gard] , 9, 1 0.
Gragnos (ferme de) [Hérault] ,303.
Graissessac (Hérault) , 286, 291
292 .
Grand-C ombe ( la) [Gard] , 6,
7 , 9 à 1 1 , 29, 42 .
Gravezou (ruisseau) , 285, 286.
Guidon du Bouquet (montagne) [Gard] , 41 , 45.
H au t e Gardonnenque
(voyez Gardonnenque),14.
HAUTE - LOIREment) , 19, 159.
HERAULT (département) , 80,1 35, 1 36, 1 6 7 à 1 7 7 , 186 ,
187 , 188, 2 02 à 304.
Hérault (fleuve) , 1 2 6, 1 3 1 , 1 32 ,
1 33,
1 38, 143 à 148, 152 ,160, 1 64, 16 7 à 1 7 7 , 2 10,
2 15, 2 2 1 à 2 2 6 , 2 28, 2 2 9,
2 3 1 à 2 3 6 , 246, 249, 259.
départe
3 1 3
Isis (fontaine 151 , 155.
Jonte (riv1ere) , 1 35, 1 39.
Jour (riv1ere) , 300.
Joyeuse (Ardèche) , 1 35, 1 36.
Kersanton (F inistère) , 1 1 6.
Hérépian (Hérault) , 293 , 2 94.
Héric (gorge 2 7 1 .
Homole (riv1ere) , 2 , 3 .
Hort de D ieu ( I’
) [Gard] , 1 37 .
Hortus (mont), 2 1 2 ,2 14.
Hospitalet (l’
) [Aveyon] , 1 63.
Houille, 1 à 14, 2 9 à 38,50,
97, 166, 286 , 287 , 291 , 2 92 .
Hyères (Var) , 2 76 .
Lacadière (Hérault) , 1 77 .
Lacaune (Tarn) , 289.
Lacaune (monts de) , 2 78,
288,289.
Lacoste (Hérault) , 2 37 , 246.
Lafoux (de I’
Aigoual) [Gard] ,1 24.
Laine (industrie de la ), 180,
196, 242 à 244, 248, 2 65à 2 68, 300.
Lainettes, 2 66.
Lamalou (torrent de) , 2 09, 2 1 2 ,2 2 6.
3 14
Landayran (ruisseau de) , 2 79.
Languedoc (le volume) .Lanuéjols (Gard), 1 2 3 .
Laroque (Hérault) , 1 72 , 1 76.
Larzac (caussedu), 148, 154,1 6 1 , 1 6 3 , 1 74,
2 33,241 , 243, 282 , 283, 297 .
Larzac (rocher de) [Aveyron] ,283.
Lasalle (Gard) , 78à 81 .
Laudun (Gard) , 53 à55.Laurens (Hérault) , 294.
Lavande (essence de),187 .
Lavassac (Gard) , 155.Lédignan (Gard) , 58, 59, 66.
Lens (bois de) [Gard] , 186.
Lergue (rivière) , 2 37 à 248.
Levade (La) [Gard] , 6, 9.
Levezou (massif du) , 1 2 3.
Leyrac (Gard) , 68.
Lez (rivière) , 204, 2 05, 2 06,
2 15.Lézan (Gard) , 66.
Léz ignan— la — C
‘
ebe (Hérault) ,
Lie de vin, 2 34.
Lieuran- lès—Beziers (Hérault) ,295.
Lignite (mines de) , 49.
Limousines, 248, 2 66 .
Lion (golfe du) , 140.
Liron (montagnes du) , 80, 1 64.
Liron (fontaine de) [Hérault] ,2 06.
Lisieux (C alvados) , 2 67 , 2 68.
Lodève (Hérault) , 2 38
à 245, 246.
LOIRE (département) , 36.
IN D EX ALPHABÉTIQU E .
LOIRE (HAUTE [département] , 19.
Loire (fleuve), 10 1 .
Lombardie (région d’
Italie) ,54.
Londres (pays de) , 209 à
2 15, 2 25.LOT-ET-GARON N E (département) , 52 .
Louviers (E ure) , 2 68.
LOZERE (département) , 19,
62,1 03, 1 10 à 1 2 2 .
Lozère (mont) , 1,2, 3, 101
,
1 04, 1 34, 185.Luech (riwere) , 3 à 6.
Lugné (Hérault) , 2 81 .
Lunas (Hérault) , 285, 286 .
Lunel (Hérault), 191 .
Lussan (Gard) , 47 .
Luziers (Gard) , 97 .
Lyon (Rhône) , 2 0, 2 3, 181 ,
189.
Magalas (Hérault) , 294.
Mages (Les) [Gard] , 29.
Malérargues (Gard) , 82 .
M alg oirès (pays de) , 59,66, 86.
Malines (minedes) [Gard] , 152 ,1 73.
Mallet (Gard) , 141 .
Mallet (riv1ere de) , 143.
Manches d’
ou/ils, 92 .
Manyanèse, 2 72 .
Maraussan (Hérault) , 297 .
Maroon (montagnes de) , 288.
Mare (La) [rivière] , 288,2 89,
291 , 292 , 293.
3 1 6 I N D EX ALPHABÉTIQU E .
N avacelles (Gard) , 43, 44.
N avigation, 39, 40.
N ant (Aveyron) , 1 6 1 .
N ant— C omberedonde (gare de)[Aveyron] , 1 63.
N arbonne (Aude) , 305, 306.
N ébian (Hérault) , 249.
N ers (Gard) , 66.
N ew castle (Angleterre) , 40.
N ice (Alpes-Maritimes), 2 7
N îmes (Gard) , 41 , 65, 66, 103,1 10, 1 69, 190, 196.
N ormandie, 82 .
N otre- D ame — de - Grâce (chapelle) [Herault] , 2 34.
N otre- Dame-de- la -V ictoire deV alfrancesque (Lozère) , 1 1 6.
N otre—Dame-de-Londres Hé
rault) , 2 09, 2 28.
N otre - D ame— de- Lorette (Hérault) , 288.
N otre-Dame-de-Mouguères(Hérault) , 2 60.
N otre—Dame-des-C hamps (He'
rault) , 2 06.
N otre-D ame-du-Peyrou cha
pelle) [Hérault] , 250.
N otre-D ame-du-S uc (Hérault) ,2 29.
N ougarède (la) [Gard] , 158.
N ouvelle (la) [Aude] , 306.
N uremberg (Bavière) , 302 .
Observatoiredel’
Aigoual, 1 33
et suivantes.
Océan atlantique, 1 31 .
Olives (récolte et confi serie
des) , 2 33.
Olivier, 2 34 à 2 3 6 .
Or (lavage de 105.Orange (V aucluse) , 54,55,56.
Granger (culture 2 75à2 78, 302 .
Orb (fleuve) , 2 6 1 , 2 69à 284,
2 92 à 299, 300.
Ouveillan (Aude) , 305.
Padirac (gouffre de) [Lot] , 1 75.Paillères (torrent de) , 8586.
Pa101ive (bois de) [Ardeche] ,258.
Papier à cigarettes, 248.
Pardailhan (Hérault) , 2 74.
Pardailhan (monts de) [Hérault] , 2 74, 281 , 302 .
Paulhan (Hérault) , 258, 259,
2 60.
Pépinzeres, 180.
Perjuret (col de) , 1 39.
Pescantieu (aven de) [Gard] ,192 .
Pétrole (source de) , 2 61Peyne (torrent) , 2 60.
Peyremale (mont de), 88, 89,91 , 95
Peyrolles (Gard) , 105.Pézenas (Hérault), 249, 259,
2 60.
Piboulette îleduRhône) [Vaucluse] , 55.
P icardie, 2 36.
Pic du Midi de Bigorre, 1 39.
I N D EX ALPHABÉTIQU E . 3 1 7
Pic de S aint - Loup (voyez Provence, 54, 1 1 1 , 188, 2 15,S aint—Loup) .
Pierrepont Meurthe et Mo
selle) , 2 67 .
Pignan (Hérault) , 2 1 6.
Pin (le) [Gard] , 50, 51 .
Pin laricio, 2 25.Pipes en terre, 64, 65.Plan du Môle (Gard) , 68.
Plantiers (les) [Gard] , 104.
Platine (mines de) , 32 . Quatre mille marches les )Plomb (mines de) , 152 . [Gard] , 141 .
Plomb argentifère (mine de) Quissac (Gard) , 57 , 192 , 193 .
32 .
Pompidou (le) [Lozère] , 1 18.
Pompignan (Gard) , 180 à
182 , 2 14.
Pondres (château de) , 189.
Pont- d’
Hérault ( Gard ) 145,147 .
Pont—du-Diable (Hérault) , 2 2 1 ,2 2 3 .
Pont—du-Gard (Gard) , 3 , 59,61 , 63, 65, 85.
Ponteils— et—Brézis (Gard) , 2 .
Pontet (mas du) [Gard] , 76.
Pont- Saint— E sprit (Gard) , 50.
Portugal, 19.
Possant (Gard) , 97 .
Poterie, 196.
Poterie dejardin, 70, 7 1 .
Poujol (le) [Hérault] , 293.
Pourcaresse ( la ) [Hérault ] ,2 09.
Prade (la) [Aveyron] , 1 62 .
Pradinas (Gard) , 96.
Prafans (Gard) , 92 , 96.
Prat (le) [Gard] , 145.Produits chimiques, 2 3 à 2 6 .
2 72 .
Puéchahon (Hérault) , 2 2 6.
Puteaux (Seine) , 1 7 1
PYREN E E S ORIE N TALE S14.
Pyrénées, 107 .
Rabanel (abîme de) [Hérault] ,1 74, 1 75.
Reboisement, 7 à 9,255.
Rebouteurs, 4.
Ré ( île de) , 83.
Rédarès ( ville et col du)
[Gard] ,Rey (château de) [Gard] , 148.
RHON E (département) , 181 .
Rhône ( fleuve) , 40, 50, 53,1 35.
Rhonel (torrent) , 250.
Rieutort (rivière) , 148, 1 64,1 65, 1 66, 1 67 , 1 75,
Risoux (mont) [Jura] , 181
Robiac (Gard) , 3 1 , 34.
Robine de N arbonne voyez
C anal de Jonction) .Rochebelle (Gard) , 1 2 .
Rochessadoule (Gard) , 3 1 , 34,
35.
Bomarin (essence de) , 1 76,
187 .
3 18 IN D EX ALPHABÉTIQU E .
Romorantin Loir—et C her)2 67 , 2 68.
Roquebrun (Hérault) , 2 69, 2 72 ,
2 74à 280.
Roquedols (château de) [Lo2 ère] , 1 2 1 .
Roquefort (Aveyron) , 283, 286.
Roquessels (ruines) , 2 6 1 .
Roquette (la) [Lozère] , 1 15.Roubaix (N ord) , 2 68.
Roueayrol ( ruines de) [Hé
rault] , 2 06.
Rouergue, 152,2 37 .
Rouet de Gabriac (Hérault) ,2 09.
Roug ier, 2 37 .
Roujan (Hérault) , 2 60.
Roussillon , 243.
Rousson (Gard) , 2 3.
Rouveyrac (Gard) , 77 .
Rouviere(la) [Gard] , 146.
Rue (essence de) , 187 .
Ruffes (région des) , 2 37 ,
243.
Russie (empire 188.
S abine (essence de) , 187 .
S abran (Gard) . 49.
S abranenque (Gard) , 49 à
56 .
S aint-Affrique (Avey ron) , 283.
S aint—Ambroix (Gard) , 2 6, 2 7 ,
28, 78.
S aint André de Majencoules(Gard) , 147 .
S aint André de V alborgne
(Gard) , 102 , 104, 1 18, 143.
Saint Bauzille de- Putois Hé
rault) , 1 76, 2 29.
S aint-Beaulize (Aveyron) , 283.
Saint—Bonnet (Gard), 77 .
S aint - C haptes Gard) ,”59,
65.S aint - C hinian (Hérault) , 299,
300 à 302 .
Saint-C hristol (Hérault) , 89.
S a in te- C ecile- d’
Andorge
(Gard) , 6.
S ainte C roix de-Vallée-Fran
çaise (Lozère) , 1 1 7 , 1 18.
S ainte-Marthe ( château de)[Hérault] , 2 60.
S aint—É tienne—de-Lolm (Gard) ,62 .
S aint— Etienne-Vallée- Française(Lozère) , 1 1 2 , 1 1 7 , 1 18.
S aint—F lorent (Gard) , 30.
S aint— Gely-du F esc (Hérault) ,2 05.
S aint G e11 1 es de Malgoires
(Gard), 59, 66.
S aint—Georges (Hérault) , 2 16.
S aint—Germain-de- C alberte(LOzere) , 1 14.
S aint— Gervais (Hérault), 288à 290, 2 91 , 2 92 .
Saint- Guilhem- lo— Désert (Hérault) , 203, 2 2 2
, 2 2 3 à 2 25.S aint—Guiral (mont) , 1 39, 159,
1 60, 1 61 , 1 62 , 1 6 3 , 185,
2 29.
S aint -Hippo ly te- de— C aton(Gard) , 62 .
S a in t -Hippolyt e -du — F ort(Gard) , 73, 78, 1 68, 1 70, 1 78à 180, 196, 199.
32 0 IN D EX '
ALPHABÉTIQU E .
S erpolet(essence de) ,S erre du Bouquet (montagnedu Gard) , 41 , 43 à 46 , 88.
S erreyrède (col de la) [Gard] ,1 24, 1 3 1 , 1 32 .
S ervas (Gard) , 2 3.
S erviers (Gard) , 63.
S eynes (Gard) , 44.
S icile (ile de) , 2 76.
S idobre, 96.
Sœur ( aveu de la ) [Gard] ,
S oie (voyez S ér i c ic u ltur e,tl[ oulinage, F ilature de la) .
S olier (château de) [Gard] , 78.
Sommi eres (Gard) , 180, 183
à 188.
S orgho (culturedu) ,52 à 53,
SorgueduLarzac (riv1ere) , 283 .
S oudorgues (Gard) , 80, 81 .
S oulondres (riv1ere) , 2 39, 242
a 245.Souveyrac (Gard) , 84.
S ucrerie, 55.S uisse, 181 .
S ulfate de cuivre, 2 32 .
S umène (Gard) , 1 65, 1 66 .
S umene (rivière) [voyez Rieutort] .
Sylvanes (Aveyron) , 284.
Tale, 190.
Tamaris (Gard) , 1 2 .
Tanargue (montagne) , 1 35, 185.Tannerie, 1 73, 248.
Tarassac (Hérault) , 2 7 1 .
Tarn (riv1ere) , 1 18,1 35
TARN — E T—GARON N E (departement) , 52 .
Tarn0n (rivière) , 1 18, 1 35, 1 391Tartre, 2 34.
Tave (rivière) , 49, 50, 53, 55.Terre de S ommieres, de S a
linelles ou de S atinettes,
188 à 1 91 .
Terrenoire (Loire) , 38.
Terre sigille'
e,190.
Tessan (château de) , 148.
Thaurac (montagne de) , 1 76,
1 77 .
Thes (ruisseau) , 284.
Thézan (Hérault) , 297 .
Thoiras (Gard) , 83.
Thouars (D eux- Sèvres) , 2 19.
Thym (essence de) , 1 76, 187 ,
188.
Tour (château de la) [Gard] , 1 1Tourcoing (N ord) , 2 68.
Tourette (La) [Gard] , 75.Tour— sur—Orb (La) [Hérault] ,
2 87 , 292 .
Trebiou (minesde) [Gard] , 38.
Trélis (mines de) [Gard] , 30à 3 2 .
Trescol (mines de) [Gard] , 1 1 .
Trèves (Gard) , 1 2 3,1 6 1 .
Trévezel (ruisseau) , 1 2 3, 1 24,
1 30, 1 6 1 .
Trou de I’
Aven (Gard) , 195.Trou de la Tour—dû -MOle (aven)[Gard] , 195.
Troufllas (château de) [Gard] ,2 3.
Troyes (Aube) , 1 68, 1 7 1 .
Truffi culture, 2 1 , 193.
I N D EX ALPHABÉTIQU E .
U zégeois, 57, 6 1 à 66 .
U zès (Gard) , 43, 49, 63,
V
Vabres (Gard) , 77 , 82 .
V alborgne (pays de) , 104,
143 .
V alcroze (Gard) , 160, 161 .
V alence (E spagne) , 2 77 .
V allespir, 194.
V alestalière (Gard) , 77 .
V alflaunes (Hérault) , 2 14.
V allée Borgne, 107 .
V allée F rançaise ou V al
francesque,1 07 , 108, 1 1 0,
1 1 2 , 1 14à 1 2 0.
V allée Longue,1 07 .
V allerargues (Gard) , 41 , 46 ,
V allera rg u es- la - Bruguiere
(Gard), 47 .
V alleraugue (Gard), 1 3 1 , 1 35,1 38, 140 , 143 à 145, 147 ,1 64.
V arene (ruisseau de la) , 284.
VAU C LU S E (département) ,2 1 , 53.
Vaucluse (fontaine de) , 159.
V endemian (Hérault) , 2 36.
Ventoux (mont) , 56, 1 38, 2 15.Verdales (olives dites) , 2 33.
Verdet ou Vert—de—
gris, 2 23,
2 3 1 à 2 3 3 .
V erdus (cluse du) [Hérault] ,2 24.
V erfeuil (Gard) , 47 .
32 1
280,
Zinc (mines de), 2 3, 96, 152 ,
VOYAGE E N FRAN C E . XXXV I.
V ernarede (La) [Gard] , 5, 6 ,
32 .
V ernazoubres (rivœre
281 , 2 99 à 301 .
Vernis du J apon (voyez Ai
lante), 2 08.
Vertde gris (voir Verdet) , 2 2 3.
V ézénobres (Gard) , 59 à 6 1 .
V ialas (Lozère) , 3 à5.V icq
- le-F esq, 192 .
V idourle (fleuve) , 74, 76, 1 78,
180, 184 à 199.
V ienne ( Isère) , 2 67 , 2 68.
V ieussan (Hérault) , 2 7 1 , 2 7 2 .
V igan (Le) [Gard] , 148 à
151 , 152 , 154, 155, 1 68,
196.
V ignagoul (Hérault) , 2 16, 2 1 7.
V illaret (Gard), 147 .
V illemagne (Hérault) , 293.
V illeneuvette (Hérault) , 242 ,250, 252 à 256 .
Villespassans (Hérault) , 304.
V illevieillc (Gard) , 183, 184.
V iols- en—Laval (Hérault) , 2 2 6.
V irenque (rivière) , 158, 159.
V is (riv1ere) , 152 , 158, 159,1 60, 1 74, 1 75.
Vissec ( Gard) , 159.
V issous pic de) [Hérault] , 257 .
Viticulture, 191 , 2 1 6.
V ivarais, 57 .
V osg es, 61 .
TABLE DE S CARTE S
La Grand’
C ombe, 9.
E nvirons d’
Alais, 1 7 .
Le pays cevenol, 24, 25.Bassin houiller de Besseges,
33.
Montagne de Laudun et con
fluent de la C èze et du
Rhône, 51 .
E nvirons d’
Anduze, 67 .
La Salendrenqùe et Anduze,
79°
La Gardonnenque d’
Anduze,
93.
Gardons de S aint— Jean et de
Mialet , 99.
Gardons de la V allée Fran
çaise et de_
C alberte, 1 1 3.
Le massif de l’
Aigoual, 1 2 7 .
E nvirons du V igan ,151 .
Ascension du Larzac par la
voie ferrée du V igan,157 .
E nvirons de Ganges, 1 67 .
E nvirons de S aint—Hippolytedu— Fort, 1 78.
De Sommieres à S alinelles,
185.V ersant méditerra néen des C êvennes, 2 00 ,
2 01 .
Le pays de Londres, 2 10.
Les gorges de l’
Hérault, 2 2 1 .
La vallée de l’
Orb,2 35.
Lodève et sa banlieue,241 .
C lermont- l’Hérault et le cirque
de Moureze,251 .
Bédarieux et Graissessac, 2 63 .
L’
Orb, de V ieussan à C esse
non, 2 7
Saint— C hinian, 301 .
324 TABLE D E S MATIÈRE S .
LA SALE N DRE N QU E .
Pages.
D e S aint Hippolyte à Lasalle. Une gorge cévenole. La châ
taigneraie. Au col de Rédarès. D escente dans la S alen
drenque Lasalle et ses usines. E n suivant la vallée.
Pommages cévenols. Une Arcadie ensoleillée. Thoims.
Le Gardon de Saint-Jean. C orbè’
s. LeGarden d’
Anduze.
La porte des C évennes. D’
Anduze à Alais. Les valats
du Peyremale.
D U GARD ON D E MIALE T AU GARD ON
D E SAIN T- J E AN .
Le Gardon et les jardins d’
Anduze. Flore d’
Afrique. Gêné
rargues.— Le Gardon de Mialet. Souvenirs des camisards.
Mialet. La vieille route de Saint-Jean. Sous les chatai
guiers.— Le pont des Albarines. Le granit désagrégé.
Saint—Jean-du-Gard
LA V ALLEE FRAN ! AIS E .
Les Gardens. D e S‘
aint—Jean-du—Gard au Gardon de Mialet.
Les châtaigniers. Lemaquis. Le Gardon de C alberte.
S aint—É tienne-V aüée-Française. D ans le V alfrancesque.
Moissac et ses ruines. N otre-D ame-de-la—V ictoire de V al
francesque. S ainte-C roix-V allée-Française. V ers Barre
des-C évennes
BRAMABIAU E T L’
AIGOUAL .
D e Meyrueis au causse N oir. Lanuéjols Saint— S auveurdes—Pourcils. Bramabiau et la perte du Bonheur. L
’
explo
ration deMartel. Le vallon du Bonheur et l’
E spérou. Au
col de la Serreyrède. La forêt de l’Aigoual. La source
de l’Hérault. L
’
observatoire de l’
Aigoual au Jardin de D ieu.
TABLE D E S MATIÈRE S .
LA HAUTE V ALLEE D E L’
HERAULT .
325
Pages .
L’Aigoual la nuit. Au lever du soleil. La bourrasque.
Le sentier .des Quatremille marches. D escente sur V alle
raugue. Les premiers oliviers. V alleraugue et ses
fi latures. La vallée de l’Hérault. Pont—d’Hérault. Le
V igan. Les bains de C auvalat. La fontaine d’
lsis. Les
gorges de la V is. Lesmines des Malines.
L’
ALZON N E N9U E E T LE LARZAC .
Un chemin de fer de montagne : Du V igan à Tournemire.
Arre, l’
Arre et sa vallée. Le cirque d‘
Arrigas. La V is.
Alzon et l’
Alzonnenque. Au flanc du Saint—Guiral.Ascension du Larzac. S auclières. S ur le causse du
Larzac .
D E L’
HERAULT AU V 1DOURLE .
Le vallon du Rieutort . Un fleuve de cailloux . S umene.
Arrivée à Ganges. La ville et ses industries. La bonne
terie de soie. Les bas à jour. Les merveilles naturelles
de Ganges. Gorges de l’
Hérault. Grotte des D emoiselles.
Ab îmes de Rabanel. S ource de la Poux et gorges de la
V is. S aint—Hippolyte-du—For-t. Pompignan et le colonel
Bourras.
S OMMIERE S E T LE SALAV ES .
Sommieres et V illevieille. Paysage des Garrigues. Le com
mercede Sommières. Les distilleries d’
essences. La terre
de Sommières. S alinelles et ses carrieres. Au long du
V idourle. Les vins d’
Aspères. Quissac. C erisiers et
micocouliers. La culture du fanabrègue. S auve et ses
sources. Les fourches demicocoulier
32 6 TABLE D E S MATIÈRE S .
LE S GARRIGU E S D E MON TPE LLIER .
Pages.
Apparition du pic de S aint—Loup, roi des Garrigues. Banlieue
montpelliéraine. S aint—Gély-du-Fesc . Le mont Bouras.
Les Matelles et leur source. D ans les garrigues. Les
moutons. Le pays de L0ndres. S aint-Martin-de-Lohdres.
E n remontant le Lamalou . Le pic de S aint—Loup
'
et son
panorama
LE S GORGE S D E L’HERAULT .
E n longeant les garrigues. Murviel. La vallée du C oulazou.
Aniane et son abbaye. L’
Hérault au p0nt du Diab le.
La source de la C lamouse. La gorge du V erdus. S aint
Guilhem—du-D ésert. Le soir dans les garrigues. Le ravin
desArcs. La grande'
draille. D escente vers l’
Hérault.
S aint—Bauzille-de-Putois
LA LERGU E E T LE SALAGOU .
Fabrication du vert—de-
gris. La confiserie des olives. Gignac
et ses industries. La Lergue. Lodève. E n vue de
l’
E scandorgue. Au pieddu Larzac . L’
industrie deLodève.
Le culte de saint Fulcran. C lermont—l’
Hérault. Le
potier
V ILLE N E U V E TTE E T BEDARIE UX .
Les garrigues de C lermont—l’Hérault. D ans l’
oasis de V ille
neuvette. Une usine fortifiée. Histoire de V illeneuvette.
Association de l’
industrie et de l‘
agriculture. Le reboise
ment. Le cirque de Moureze. Paulhan . Bédarieux .
Industrie disparue
XV II . LE S ORAN GERS D E ROQU E BRU N .
Aux gorges d’
Hérie. Traversée de l’
Orb . Les oliviers de
V ieussan. V ieussan . D ans le maquis. Les agavés.
Roquebrun et ses orangers. Un phénomène climatérique.
— Palmiers des C évennes. Le vallon du Rieuberlou . Le
vignoble de l’
0rb . Au confluent de la V ernazoubres
CHEMIN S DE FER DE PARIS —LY ON —MÉDITERRANËB
L’HIV E R A LA C OTE D
’
AZURBillets d
'aller et retour collectifs de 2e et 3° classes
A TRES LON GU E VALID ITÉ POUR FAMILLE S
D u 16 r octobre au 15novembre, il est délivré par les gares P .-L.
-M .
,
aux familles composées d’au moins trois personnes, des billets d
’aller et
retour collectifs de 2° et 38 classes, pour Hy ères et toutes les gares P .-L .
-M .
situées au delà. vers M enton . Le parcours simple doit être d’au moins
400kilomètres.
La famille comprend père, mère, en fants ; grand—
père, grand’mère, beau
père, belle-mère, gendre, belle- fille, frère, sœur
,beau- frère
,belle—sœur
,
oncle, tante, neveu et nièce, ainsi que les serviteursattachés à la famille.
C es billets sont valables jusqu’au 15mai. La validité de ces billets
peut ê tre prolongée une ou plusieurs fois de 15jours, moyennant le paiement, pour chaque prolongation , d
’un supplément égal à. 10p . 100 du prix
du billet collectif. Le coupon d’aller de ces billets n
’est valable que du
Ier octobre au 15novembre .
Le prix du billet collectif est calculé comme suit : prix de quatre billets
simples pour les deux premières personnes, prix d’un billet simple pour la
troisième personne, la moitié du prix d’un billet simple pour la. quatrième
personne et chacune des suivantes. Arrêts facultatifs à. toutes les gares
situées sur l’itinéraire. La demande de billets doit être faite quatre jours
au moins a l’avance à la gare de départ.
S TA T IO N S H IV E R N A L E S
(N ice, C annes , Menton , etc . )B illets d
’
aller et retour defamille, valables 33 jours .
' Il est délivré, du 15octobre au 15mai,dans toutes les gares du réseau
P .—L .
—M sous condition d’
effectuer un parcours simple minimum de 150k ilomètres, aux familles d’
au moins trois personnes voyageant ensemble, des
b illets d’aller et retour collectifs de 2€ et 3° classes
, pour les stations
hivernales suivantes Hy ères et toutes les gares situées entre S aint
Raph aël—V alescure, Grasse , N ice et M enton inclusivement.
Le prix s’
obtient en ajoutant au prix de quatre billets simples ordinaires
pour les deux premières personnes, le prix d’un billet simple pour la. troi
sième personne, la moitié de ce prix pour la quatrième et chacune des sui
vantes.
La durée de validité de ces billets (33 jours) peut être prolongée une ou
plusieurs fois de 15jours, moyennant le paiement, pour chaque prolon
gation ,d’un supplément égal à. 10p . 100du prix du billet collectif . Arrêts
facultati fs à. toutes les gares situées sur l’itinéraire.
Les demandes de ces billets doivent être faites quatre jours au moins à.
l’avance à la gare de départ.
V ILLE S D’
E A U X
D es serv ie s p a r l e R és eau P .—L . M .
1 ° B illets d’
aller et retour collectifs (de famille) .
Il est délivré, du 15mai au 15septembre, dans toutes les gares du
réseau P .
-L .—M .
,sous condi tion d
’effectuer un parcours simple minimum de
150 k ilomètres,aux familles d'
au moins trois personnes voyageant en
semble,des billets d
’
aller et retour collectifs de 2e et 3° class‘
es,
valables 33 jours, pour les stations thermales suivantes
Aix—en-Provence, Aix—les-Bains (Aix- les-Bains,Marlioz ), Baume-les
Dames (Guillon), Besan çon , Bourbon-Lancÿ , C arpentras (Biontbrun ), Cette(Balaruc) , Chambéry (C halles), Charbonm
'
ères—les-Bains, C lermont—Ferrand
(Royat), Coudes— Saint— N ectaire, Digne, Die (Le ) [ artouret, S al lières
- les
Bains) Divonne- les—Bains, Euzet-les—Bains, Evian-les Bains (Amphion), Ge
nève (C hampel), Grenoble (U riage ), Groisy —Le Piot-La Cail le, La BastideSalnt-Laurent— les-Bains,
Le Fayet- Saint-Gervais, LeLuc etLe Cannet (Pioule),Lépin-lac d
’
Ai guebelette (La Bauche), Lons- la Saunier, Manosque (Gréoulx),Menthon (lac d
’Annecy ), Montélimar (Bondonneau), Montpell ier (Palavas) ,Montrond (Mon trond-Geyser), Moulins (B ourbon Moutiers
Sal ins (Sali ns-Brides), Pontcharra-sur—Bréda (Allevard), Pougues—les—Eaux .
Rémilly ( S aint—Honoré-les ( C hâtel-Guy on , C hâteaun euf ),Roanne ( S aint-Al ban ), Sai l-sous-Couzan, Saint-Georges-de-Commiem (LaMotte—les Saint-Junea-de—Cassagnas (Les F umades) Saint—MartinSaü -les—Bains, Salins (J ura), Santenay , S arrians
-Montmirail , Sauve (F onsange
— les-Bains), Thonon- les-Bains, Val s— les-Bains-Labégude. Vandenesse
Saint-Honoré- les— Bains, Vichy (V ich y — C usœ t), V il lefort (Bagnols) .Le prix s
'
obtient en ajou tant au prix de quatre billets simples ordinaires
(pour les deux premières personnes) le prix d’un b illet simple pour la troi
sième personne. la moitié de ce prix pour la quatrième et chacune des sui
vante
Arrêts facultatifs. F aire la demande de billet quatre jours au moins à
l’avance à la gare où le voyage doit être commencé.
2 ° B illets d’
a ller et retour individuels .
Il est délivré du 15mai au 15septembre, dans toutes les gares du réseau ,
des billets d’aller et retour de l re, 2
° et 3e classes, comportan t une réduc
tion de 25p . 100en 1 " classe et de 20p . 100en 2 6 et 3° classes, pour . les sta
tions thermales dénommées ci-dessus .
V alidi té 10jours. F aculté de prolongation . Arrêts facultatifs.
BERGER— LE VRAULT C ie, LIBRAIRE S - ÉD ITEURSPARIS , 5, rue des Beaux—Arts . 1 8, rue des Glacis, N AN C Y .
M anuel de C on férences ag ricoles tech niqu es et prat iques à l’
usagedes officiers et des corps de troupe. par
—G . AU BE RT , ingénieur agronome ,
garde général des E aux et Forêts. Préface par L. DABAT , directeur au Ministere de l
’
agriculture. 1904. Un volume in-8,broché 5fr.
Incendi es en forêt . É valuation des dommages, par A. JAC QUOT , inspecteurdes E aux et Forêts. Ouvrage couronné par la Société nationale d’
agriculturede France. 1903. Un volume grand in
-8de 400 pages, broché 8 fr.
D ég âts causés aux forê ts par les b alles du fusil de l’
armée. L’
in
demnité qu’
ils eæ igent et son règ lement, par J . GE ORGE , garde général desE aux et Forêts. Ouvrage couronné par la Société nationale d’
agriculture deFrance. 1903 . Un volume grand ln
-8, avec 1 3 figures et 10 planches en photo
La V in ifi cat ion moderne , ou l’
art de faire et conserver le vin, par
Georges JAC Qp E M1N , directeur scientifique de l’
Institut La C laire, et HenriALLIOT , ingen1eur agricole. I . La Viticulture. I I . La Vinifi cation. 1903 .
D eux volumes_
in—8 ( 1 819pages) , avec nombreuses figures et planches,reliés en percalme 15fr.
Les V ignes . Recherches expérimentales sur leur culture e t leur exploitation , parA. Münrz , professeur à l’
Institut national agronomique, membredu C onseil supérieur de l
’
agriculture. 1896. Un volume grand ln—8 de581pages, broché
Le Traitement des b ois en F ran ce . E stimation, partage et usufruit desforêts, par C h . BROLLLIARD , ancien professeurà l
’
E cole forestière. N ouvelle
édition . 1894. Un beau volume in-8de 700 pages, broché 7 fr.50 c .
L’
Agricu lture et les Questions sociales, par M. D ARBOT , sénateur, président du C onseil général de la Haute-Marne.
Tome Ier. La C rise agricole. L’
industrie chevaline. LesRéformes démocratiques. 1899. Un volume grand ih
-8de 396 pages, broché 5fr.
Tome I I . La me'vente du ble'. Le risque professionnel. La lame douanière sur les vins, etc.
, etc. La police sanitaire des anzmauæ . 1901 . Unvolume grand in-8de 650 pages, broché 7 fr.50 c .
Traité d’
analy se des m at ières ag ricoles , par L. GRAN D E AU , inspecteurgeneral des stations agronomiques. 3e ed1tion, cona dérahlement augmentée.
1897 . evo] . ln-8, avec 1 7 1 fig .,1 planche en couleurs et50 tableaux , br. 1 8 fr.
É lectricité agricole, par C amille P.…sr , ingénieur agronome: 1894. Un
volume in-8de 390 pages, broché 5fr.
Les E nnemis de l’Agriculture. Insectes nuisibles, Maladies cryptogamiques,Alte
'
rations org aniques et accidents, Plantes nuisibles, par C . RAMPON , pré
parateur au laboratoire agronomique de Loir—et- C her. 1898. Beau volume in-8de416 pages, avec 140 figures , broché.
C h asse et P êche en F rance , par L. BOPPE , ancien directeur de_
l‘École
nationale forestière. 1900. Un volume in- 1z avec figures et graphi ques encouleur, relié en percaline gaufrée. 4 fr. 50 c .
Traité pratique de Piscicu lture . E xploitations des mares et étangs, parA . PE UPION ,
inspecteur adjoint des forêts. 1898. Beau volume ln—8de 665pbroché . 7 fr.50 0.
C ode de Lég islation rurale , comprenant le C ode rural, le C odeforestier etles extraits des divers C odes, civil, de procédure, d
’
instruction criminelle,pénal et de commerce, par Léon et Maurice LE SAGE .
1 cv fascicule C ode rura let C odeforestier . 1899. Gr. ln-8de 94pages. 3 fr.
2 e à 46 fascicules E x traits des autres C odeset Supplément (an560 àV olumes grand in
—8, 81 2 pages. 1 2 fr.
Le catalogue complet de la Librairie BERGER- LE VRAULT et C ic
est envoyé sur demande.
5. rue des Beaux -Arts . 1 8, rue des Glacls , N AN C Y .
ARDOUIN - DUMAZET
t'
a— 1 2 d’
environ 400 pages, avec cartes et croquis.
que volume, broché, 3 jr.50 E légamment relié, 4fr.
œuvre considérable entreprise par M. Ardouin—Dumazet touche a
11 ; on pourrait mêmedire qu’
elle est terminée aux yeux des habi
s de Paris, car tous les volumes consacrés à la France au delà des et de l
’lle-de—France sont achevés, les derniers paraissant au
tard au mois de juillet 1904. Et l‘
auteur annonce pour la fin de
même année les quatre volumes sur le bassinde Paris et, peutle commencement de son étude surla grandeville, quicomprendraeux à trois volumes. On voit avec quelle ardeuret quellepersévé
eM. Ardouin-Dumazet a conduit cette entreprise sans précédentans équivalent dans aucune littérature.
cycle de ces voyages à travers la France s’
est terminé par lesmues et les Pyrénées. Les lecteurs retrouveront dans les derniersmes les qualités qui ont fait le succès de cette description vivante
et minutieuse de notre pays. Ainsi que les premières séries,les n
velles se recommandent par la vivacité et le pittoresque des desettions, comme par les qualités littéraires qui rendent attrayant ,
ouvrage, véritable monument élevé à la patrie française.
Aussi les récompenses n’
ont pas manqué au V oy ag e en F ran
L‘
Académie française par deux fois, la'
Société des gens-
.de lettjugeant un de ses pairs, la Société de géographie et la Sociétégéographie commerciale de Paris —
ont couronné l’
œuvre. Cette demilui a décerné la médaille de Fra
‘
nce dés le vingtième volume, etrapporteur disaitIl
, g a donc encore des coins insu47îsamment connus en Franc
Posez cette question devant M . Ardonia -D umazet . Il vous repo
dra en vous montrant les“
: volumes déjà parus de son V oyage
F rance œuvre zzzachevéç3, sans doute ; mais fallaitattendre encore, après vingt
__
volumes, pour 7 écompenser l’œuvr
Aucun de nous ne l’a pen‘
se‘
L’auteur nous entra îne de provinceen province, de ville en vil
d’usine en usine. C ’
est a u tour de Frdnce, efl ectué avec le compagnle plus a imable, lep lus instruit, le,p lus débrouillard, lep lus in:tiablement curieux qui sepuisse imaginer. M. Ardoutn—Dumazet etend étudier de près, voir, toucher, comprendre ce qu
’il décrit,
qui fait qu’une fois en possession de son sujet, il l
’exposé avec u
aisance extrême, avec le talent de sefaire lire jusqu’au bout .
La plume est alerte, sans prétention pas de phraséologie ; o'
7non‘
ceaux defaits et de chijïres, dressés pour l’édifi cation du tacle
par les voies les p lus courtes . Pays, mœurs, production industrielagriculture, conditions du travail, dans chaque localité, tout estpas
en revue avec intelligence et sincérité. L’auteur nous appartient su
tout par le côté économique et commercial . On sent que l’on a en
sw ce ten ain un guide a qui l’on peut se fier .
L’un de nous a dit que l
’oeuvre de M. Ardouin Dumazet était ce q
avatl été publié de p lus ag7 éable et de plus complet en ce gen
sur la France depq le célèbre voyage d’Arthur … Young a la fin
xv111es .iècle les pzéoccupatz
‘
ons de l’auteur moderne sont moins e
clustvement agricoles que celles de sonp 7 édécesseur, et Arthur You:
parcourait lentement nos campagnes sur unejument grise, tandis qM. Ardouin— Duma: et use de tous les moyens de locomotion .
N otre auteur a été soldat avant d’
étre écrivain . Franc- tireur
1870, il combattit“à Dijon, N uits, à Vesoul ; il s’engagea en 18
dans un régiment de ligne, passa de là aux tirailleurs algérien
forma une S ociété de géographie Tlemcen, fut élu membre deSociété de géographie de Bordeaux et membre correspondant de not
S ociété. Il était alors caporal . Le suivre dans les nombreuses per
péltes de sa carrière lit’entratnerait trop loin . Il s’est fait lui-mem
dans ce V oy age en F ran ce il voit, pour la première fois une
g éog raph ie national e vraiment digne de ce nom, autant sous le
rapport des recherches nouvelles et inattendues, que de la méthoded
’
exposition, et qui laisse bien loin derrière elle tout ce qui a ététenté dans ce genre ; en un mot, une œuvre moderne dans lameilleure acception du termeLe succès du V oyag e en F rance est d
’
autant plus frappant,que l
’
auteur,tout à son œuvre et à ses travaux spéciaux d
’
écrivain
militaire,n
’
a pas recherché le bruit autour de sa remarquable créa
tion. Les distinctions et les encouragements dont elle a été l’
objet luisont venus sans qu
’
il les ait sollicités. Cet ensemble de livres consa
crés à un même sujet, qu
’
à bon droit on peut appeler une bibliothèquenationale et qui constitue un des plus considérables labeurs de ce
temps, s'est imposé par sa seule valeur.
Nous ne saurions trop insister sur ce point . Ce n’
est pas une
géographie dans le sens étroit de ce mot. C ’
est aussi une œuvrelittéraire et historique, d
’
une portée considérable. L’Académie tran
çaise, appelée pour la seconde fois à couronner le V oyag e en
F ran ce, a tenu à bien marquer son sentiment à cet égard, en lui
attribuant le prix Narcisse Michaut, qu’
elle décerne tous les deux ans
à l’
auteur du meilleur ouvrage de littératurefrançdise.
Voici les sommaires des quarante et un volumes parus où près de
paraitre et des six derniers volumes annoncés
V olumes parus
S Énm : LE MORVAN , LE VAL DE LOIRE, LE PERCHE. Le flottage
en Morvan les‘
bûcherons du Nivernais au pays des nourriœs
le Nivernais industriel le Nivernais pastoral une usine nationale(Guerigny) Gien et la Puisaye la Sologne paysages solognots
les colons de Sologne la Sologne berrichonne le safran en
Gâtinais Orléans les roses d’
olivet les troglodytes du Vendomois les vignes du val de Loire la capitale des tanneurs la
Champagne tourangelle Rabelais, guide en Touraine la réglisse
la Touraine industrielle Mettray le Perche lepercheronen
Amérique le Grand—Perche les forêts du Perche la'
vallee de la
Sarthe ce que deviennent les hêtres la Flècheet lepaysfléchois.
370pages avec 19 cartes ou croquis.
2° SÉRIÈ : DES ALPES MANCELLES A LALOIRE MARITIME. Les Al;mancelles le pavé de Paris la Champagne mancelle Sablé
ses marbres Laval et Port-du- Salut chez les Chouans dans
Mayenne l’agriculture dans le Bas-Maine aiguilles et épingles
le point d’
Alençon le Camembert Flers la SuissenormandeAngers et les ardoisières ardoises et primeurs le guignolet etvin d
’
Anjou Saumur la bijouterie religieuse leBocagevendé
sur la Loire,d
’Angers à Nantes Grand- Jouan C lisson et l
lacs de l’
Erdre le lac de Grand-Lieu la Loire,de Nantes à Pai
bœuf. 356 pages avec 24 cartes.
(Ces deux volumes ont été couronnés par l’Académiefrançaise
leur apparition ; les 23 suivants ont obtenu une nouvelle et bar
récompense. )
3° S ÉRIE : LES ILES DE L’
ATLANTIQUE. I . D’Arcachon a Belle-IsL
’
Ile aux Oiseaux la Seudre et les iles de Marennes l’
ile d’
O
ron lle d’Aix — 1le Madame et Brouage ile de Ré ile d
’
Y— 11e de Noirmoutier de l
’
ile de Bouin à Saint-Nazaire archiide la Grande—Briere ile Ouimet et la presqu
’ île du Croisic Bel.
lsle- en—Mer. 3 18pages avec 19 cartes.
t ° SÉRIE : LES ILES DE L'ATLANTIOUE.— lI. D’Hoè
‘
dicaOuessa'
nt.
d’Houat La Charte des iles bretonnes — Ile d
’
Ho‘
édic le Morbihet la presqu
’
île de Rhuys— ile aux Moines petites î les du N orbin
iles d’
Ars et d’
llur ile de Groix ile Chevalier et î le Tudyarchipel des Glénans la ville close de Concarneau Ile de St
ile de Molène et îlots de l’
archipel d’
Ouessant l’
ile d’
Ouessant
iles de la rade de Brest. 322 pag es avec 25cartes.
5° SÉRIE : ILES FRAN! AISES DE LAMANCHE ET BRETAGNE PÉNINSULAIFLes îles de l
’
Aber—Vrac’
h île de Siec ile de Batz Morlaixson archipel les Sept
— Iles ile Grande (Enès Meur) et son archi
archipel de Saint-Gildas les iles d’
Er archipel de Bréhat
le C oello et le Penthievre au berceau de la Tour—d’
AuvergneCornouailles au pays de Brizeux Bretagne celtique, Bretagfrançaise Mi— Voie et Brocéliande deVitréaumont Saint-MichellaHollande de Normandie Saint-Malo
,la Rance et Dinan Gra
ville, les Chausey et les Minquiers. 407 pages avec 20cartes.
6° SÉRIE : COTENTIN , BASSE-NORMANDIE, PAYS O’
AUGE, HAUTE-NORMt
DIE, PAYS DE CAUX. Une ville de chaudronniers les Vaux-de- Vi
la Déroute et les lignes de Carentan le_
duché de CoignyHougue Cherbourg et la Hague Bayeux et leBessin la cam*
gue de Caen la foire de Guibray du Bocage à la mer le
toral du Calvados la vallée d’Auge en Lieuvin Trouville et
COte-de-Grâce le marais Vernier et la Risl_e Evreux et le Sai
André trainglots et enfants de troupe les:draps d
’
Elbeuf
l’
Avre à la Risle de la Risle à l’Andelle Rouen le royaume
d’
Yvetot le Mascaret le Havre. 455pages avec 30 cartes.
7° SÉRIE : LARÉGION LYONNAISE : LYON , MONTS DU LYONNAIS ET DU
FOREZ. Lyon rôle social de Lyon à travers Lyon la Croix
Bousse et Vaise du Gourguillon au mont d’
or la plaine du Dau
phine Vienne et le pays des cerises le mont Pilat les montsdu Lyonnais de Vichy à Thiers de Thiers à Pierre-sur—HautèMontbrison
,la plaine du Forez et Saint-Galmier lesmonts de Tarare
le col des Sauvages et Thizy Cours et Roanne le berceau deFélix Faure la diligence des Echarmeaux le Beaujolais et la foirede Montmerle Teinturiers et tireurs d
’
or. 344pages, 19 cartes.
8° SÉnrn r LE RHONE OU LEMAN A LAMER COMBES, VALROMEY ET
BUGEY , BAS-DAUPHINE, SAVOIE RHODANIENNE, LACAMARGUE.— Eu Dombes
la Bresse et le Bugey la corne et . le celluloïd Saint— Claudeet ses pipes la Valserine et la perte du Rhône le Valromey et
Belley les lacs du Bas-Bugey les Balmes viennoises l’
ile de
Cremieu laHollande du Dauphiné du lac d’Aiguehelette au lac
du Bourget le lac d’
Annecy Albertville et l’Arly les horlogers
de Cluses le Rhône de Bellegarde à Seyssel les défilés de
Pierre— Châtel Villebois et le Sault du Rhône le Rhône,de Lyon
à Valence le Rhône, de Valence à la mer en Camargue les
Saintes—Maries-de- la—Mer lesvignobles et les troupeaux. 325pagesavec 22 cartes.
9e SÉRIE : BAS—DAUPHINE : VIENNOIS, GRAISIVAUOAN ,
OISANS OIOIS ET
VALENTINOIS . Le lac de Paladru et la Eure du Rhône a la Morgela noix de Grenoble Voiron et la Chartreuse Grenoble de
Grenoble à la Mure la Mateysine et Vizille Uriage, le Pont-de
Claix l’
Oisans en Graisivaudan le pays du gratin Tournon,Tain et l
’
Ermitage le Valentinois Crest et la Drôme le cheminde fer du col de Cabres — les premiers oliviers Dieulefit et la forêtde Saou le Vercors le Royannais les Quatre-Montagnes357 pages avec 23 cartes.
10° SÉRIE : LES ALPES DU LEMAN A LA DURANCE. Les chasseurs
alpins en Tarentaise en Maurienne dans les Bauges le
Genevois le Léman français du Faucigny en Chablais des
Dranses au mont Blanc les alpag es de Roselend le poste des
Chapieux la redoute ruinée du petit Saint-Bernard aumont iserauau pied du mont Cenis — une Caravane militaire le Briançonnaisdu mont Genevre au val de Nevache en Vallouise le Queyrasles Barcelonnettes auMexique les défenses de l’Ubaye Embrun
et C ap du Champsaur en Valgodemard en Devoluy du Triéves
en Valbonnais. 374pages avec 25cartes.
VOLUME-JS PARUS côru ..uano
Morvan , V al de Loire et Perche.
a. D es Alpes mancelles a la Loire maritime.
s. Les [ les de l‘Atlantique I. ”Arcachon
4. II. D ’Hoëdic Oum ant. [Belle—Isle.
5. Iles de la Manche et Bretagne.
6 . N ormandie.
7 . La Région lyonnaise.
8. Le Rhô ne, du Léman à la mer.
9. Bas—D auphine.
10. Les Alpes, du Léman a la D urance.
1 1 . F orez, V ivara is, Tricastin , C omtat—V enaissin .
12 . Alpes de Provence et Alpes maritimes.
Rég ion marseillaise et C ô te d‘Azur.
14. La C orse.
15. C haren tes et P laine Poitevine.
16. D e V endée en Beauce.
17 . V exin , Picardie et pays de C aux .
is. N ord I . F landre et Littoral.
19. N ord : Il . Arto is, C ambrésü et Hainaut .
to. Haute—Picardie, C hampagne rémoise etArdennes.
31 . Haute—C hampagne“
; Basse Lorraine.
22 . Plateau lorrain et V osges.
23 . P laine C om toise et Jura .
24. Haute Bourgogne.
25. li asse-Bourgogne et S enonais.
26. Berry et Po tou oriental .
27 . Bourbonnais et Haute—Marche.
Basse—M arche et Limousin .
39. Bordelais et Perigord .
3 1. Gascogne.
31 . Agena is, Lomagne et B as-Quercy.
32 . Haut—Quercy. Haute—Auvergne.
sa. Basse—Auvergne.
34. V elay,V ivarais méridional, Gévaudan.
35. Rouergue et Alb igeois.
se. C évennes méridiona les.
37 . Golle du Lion .
38. l laui»Languedoc .
S OUS PRE S S E
39. Pyrénées orientales. (Dép artements des Pyrénées-orientales. Aude, Ariège.)4 Pyrénées centrales. (Départements des Hautes et Basses—Pyrénéeq.)41 . Pyrénées occidentales.42 . V alois et Parisis.
43. La Brie.
44. Gâ tinais et Hurepoix.
45. D e Beauce en V exin.
46-47. Paris.
asuams‘
V OS GE S
"H" SAôN E
N OTA . Par suite de l’accroissement del’
ouvrage, cette carte n‘
est plus exactepour les volumes sous presse.
C onsulter la liste des volumes.
merveilles de la Braconne les sources de la Touvre une usine
nationale : Ruelle de la Charente au Né la Champag ne de
Cognac— le vignoble de Cognac — la fabrication du cognac — lesPays
Bas de Jarnac — dans les Fins-Bois le Confolentais — de laTardoire
à la Dronne la double Saintongeaise la Charente maritime (deSaintes à Rochefort) La Rochelle les vignes et les laiteries del’
Aunis les bouchots à moules N iort et la plaine poitevinel’
école militaire de Saint—Maixent les protestants du Poitou les
mulets deMelle. 385pages avec 26 cartes.
16° SÉRIE : DE VENDEE EN BEAUCE. Lavallée de la Vonne à Sanxayde Lusignan à Poitiers les armes blanches de Châtellerault
en Mirebalais Giron et Thouars la Vendée historique les Alpesvendéennes le Bocage vendéen la forêt de Vouvant les maraisde la Sèvre Niortaise le Marais vendéen Luçon et son maraisl’
estuaire du Lay la Vendéemoderne le pays d’olonne de la .
Loire à la Vie de Bressuire en Gâtine le Thouet et l’École de
Saumur au pays de Rabelais de Tours au pays“
de Ronsardla Beauce dunoise et Blois les champs de bataille de la Beaucela Beauce chartraine— Perche Gouèt, Thimerais etDrouais. 388pages
avec 30 cartes.
17° Steam : LITTORALDU PAYS -DE CAUX,VEXIN
,BASSE-PICARDIE. Les
falaises de Caux Dieppe et la vallée de la Scie de valleuse en
valleuse l’A1iermont le pays de Bray en Vexin les table
tiers de Méru les éventaillistes au village le pays de Thelle
Beauvais les Opticiens du Therain lavallée dorée de la Brèche
à la Noye les tourbières de Picardie Amiens dans les hortil
lonnages les bonnetiers du Santerre pendant les manœuvresl’
Amiénois et la vallée de la Bresle les dernières falaises les ser
ruriers de Vimeu d’Escarhotin à la haie de Somme. 398 pa
g es
avec 24cartes.
18° S ÉRIE : FLANDRE ET LITTORAL DU NORD. Roubaix la forteresse du collectivisme Tourcoing et le Ferrain le Val de Lys
le vieux Lille le nouveau Lille mœurs lilloises la Flandre
guerrière l’
agriculture dans le Nord les villes‘
industrielles de laLys la Flandre flamingante les monts de Flandres les MoeresDunkerque et son port la pêche à Islande Fort—Mardyck et
Gravelines dans lesWateringues en Morinie Langle, Bredenarde
et Pays reconquis la fabrication des tuiles en Boulonuais Bou
logue et ses plumes métalliques la côte boulonhaise de laGauche
à I‘
Authie le Marquenterre et le Ponthieu le cheval boulonnais.
456 pages avec 30 cartes.
19° SÉRIE : ARTOIS , CAMBRESIS ET HAINAUT. Les sources de la
Somme le champ de bataille de Saint—Quentin la vallée de l’0mignon de la Somme à I’Ancre le pays des phosphates _
la Nièvrepicarde le pays d
’Arras Azincourt, Enguinegatte et Tl1ér0uaune
l’Écosse du Jura Morez
‘
la vallée des Dappes et la Faucillele pays de Gex,
les Lapidaires de Septmoncel et de Saint— ClaudeC lairvaux et le Grandvaux la Moyenne Montagne. 423 pages
avec 25cartes.
24° Sima : HAUTE-BOURGOGNE. DIJOD dans les houblonnières
les Pays bas de Bourgogne le vignoble de la Côte—d’
Or la
côte dijonnaise la côtedeNuits et C iteaux Beaune et sa côte le
finage et Dôle la forêt de Chaux et le Val d’
Amour leBon Pays
Chalon-sur- Sa0ne et laBressechalonnaise Bresse bressane et Revermont la Bresse louhanaise la côtemaconnaise au long de la
Saône de royaume en empire au pays de Lamartine la côtechalonnaise et Cluny des Grosnes au Sornin en Brionnais
Charollais et Combrailles la Loire bourguignonne. 399 pages
avec 30cartes.
25° SÉRIE BASSE-BOURGOGNE ET SENONAIS. Le seuil deLongpendu
la vallée de la céramique le Creusot Bibracte et Autun le
pays de l’
huile le Morvan bourguignon en Auxois autourd
’Alésia le vignoble des Riceys et l
’
Ource Châtillonnais et Dues
mois aux sources de la Seine l’
Avallonnais la Cure et l’
Yonne
en Auxerrois le Tonnerrois en Sénonais la Puisaye le
Gâtinais français le Gâtinais orleanais entre Sologne et Gâtinais.
373 pages avec 24cartes .
26° Sims : BERRY ET POITOU ORIENTAL. Le Sancerrois et la Forêtles Forêtins les arsenaux de Bourges le camp d
’Avord et la
Septaine le canal du Berry du Cher à l’Amon une colonie
d’
aliénés porcelainiers et forgerons du Berry Issoudun et Châ
teauroux la Champagne berrichonne la vallée du Nahon les
moutons du Berry la basse vallée de l’Indre en Brenne de la
Claise à la Creuse de Touraine en Acadie les carrières du Poi
tou la Beauce montmorillonnaise entrée en Boischaut les
Iingères d’
Argenton le pays de George Sand la Creuse et la Gar
gilesse. 365pages avec 25cartes.
2 7° SÉRIE : BOURBONNAIS ET HAUTE-MARCHE. Nevers et le bec
d’AIlier Moulins et Souvigny Sologne hourbonnaise la valléede la Besbre monts de la Madeleine Limag ne bourhonnaisele berceau des Bourbons des côtes Matras à la Sioule de la
Sioule à la Bouble— houillères'
de Commentry — la forêt deTroncais etMontluçon
— uh tour en Berry — entrée dans la Marche les maçonsde la Creuse la tapisserie d
’
Auhusson au long de la Creuse
les Trois- Comes et la Sedelle aux sources de la Gartempe du
Taurion à la Maulde le plateau de Gentioux. 352 pages avec
27 cartes.
28° Sérum: LIMOUSIN . La basse Marche les montagnes deBlond les monts d’Ambazac Limoges émaux et porcelaines
a
'
utour'
de Limoges Saint— indien et ses gantiers aux cor
du Périgord la Chine du Limousin la haute vallée de la Vie
Treignac et les Monédières Meymac et Ussel le plateaMillevaches la Corrèze et Tulle le château d’
Uzerche ardc
et primeurs Ségur et l’Auvézère de Pompadour à la Vézér
Brive— la-Gaillarde Noailles et Turenne la Dordogne limouentreArgentat etTulle. 350pages avec 24 cartes.
29° SÉ 1nn : BORDELAIS ETPERIGORD. Le Libournais les vin
Bordeaux Bordeaux l’
activité bordelaise navigation sur la
ronde le Médoc des grands vins les landes du Médoc
pointede,
Grave laGironde saintongeaiæ Blayais et Bourgeai
le Saint— Emilionnais l’
Entre Deux—mers en Bazadais la
dogue en Périgord la Double de laDronne à la Nizonne
gueux et l’
Isle le pays du père Buge‘
aud le Noutronnais
nos aïeux préhistoriques les truffes du Sarladais. 41 1 pavec 3 1 cartes.
30° SÉRIE GASCOGNE. Le Bazadais la conquête des Landeles landes de Bordeaux autour du bassin d
’
Arcachon Arca<et les dunes le Captalat de Buch le pays d
’A1bret le Maet le Cabardan de la Midouze à la Leyre le pays de. Born
Iièges deMarantin de Dax au Vieux—Boucau Cap-Breton et la
remue la Chalosse la Rivière—Basse et le Tursan le pla
de Lannemezan le Pardiac et l’
Astarac l’Armagnac. 340p
avec 26 cartes.
31° Sienna :'AGENAIS , LOMAGNE ET BAS-OUERCY. La plaine de la
ronne la vallée du Drot les landes de Lot-et—Garonne la c
tale duBéarnais les bouchonniers deMézin Lomagne, GaurFezenzaguet le Fezensac et l
’
Eauzan le Condomois le
des prunes les petits pois de Villeneuve le Haut—Agenais A
et ses campagnes le Bas-Quercy Lomagne et Rivière- Ver
la rivière ‘
nmntalbanaise les chapeaux de paille du Quercyles gorges de l
’Aveyron les cingles du Lot le causse de Limcle Lot entre Rouergue et Quercy. Avec 22 cartes.
32° série HAUT-QUERCY ETHAUTE-AUVERGNE. Le Céléet laBrau
Gourdon et la Bonriane le causse de Martel de César à
robert le causse de Gramat de Capdenac au Segala— les go
de la Cère et Aurillac la Châtaigneraie Campuac et Viadèn
dans l’Aubrac en Carladès Saint-Flour et la Planèze Lu
”
et Cézallier le Féniers et l’
Artense du sommet du puy Marles bœufs de Salers. Avec
'
2 i cartes.
33° série : BASSE—AUVERGNE. Combrailles et Franc—Allen
houillères de la Combrailles la Limagne le puy de la Foi
C lermont— Ferrand au puy de Dôme le reboisement dans lede—D0me le mont Dore le camp de
’
Bourg-Lastic les or
de Bert le puy de Sancy et les lacs d’Auvergne du mont Do
al’
Allier du Velay à la Margeride de Brioude à Issoire Ge
govie de l’
Allier à la Doré en Livradois du Livradois en For
de la Loire aux Boutieres. Avec 23 cartes.
34° série VELAY , VIVARAIS MERIDIONAL, GEVAUDAN . Le L1gnoVellave le pays d
'
Emblavès et le Puy la dentelle du Puy P
Iignac et le volcan de Bar le mont Mezene a la source de
Loire le lac d’
Issarlès le lac du Bouchet entrée en pays c
venci de la Cère à l’
Ardèche au long de l’Ardèche ascensi
du mont Lozère Mende et le Gévaudan le plateau de la Margride le palais du roi le causse de Sauveterre les gorges
Tarn autour du causse Mejean entre causses et Cévennes
Bramabiau et l’
Aigoual.
35° série : ROUERGUE ETALBIGEOIS . La basse Marche du Rouergle bassin de Decazeville la montagne qui brûle Rodez et
causse du Comtal Espalion et le causse de Bozouls le causse
Séverac Millau les brebis du Larzac à travers le Larzacles caves de Roquefort
'
le rougier de Camarès à traversSégala
'
entrée en Albigeois le pays de Cocagne Carmauxses mines entre Tarn et Dadou les vins de Gaillac Castres
son causse une page d’
histoire industrielle Mazamet, la M0tagne
— Noire et le Thore.
36° série : CEVENNES MERIDIONALES . La Gardonnenque le bas:
d’
Alais le Guidon du Bouquet entre Uzès et Anduze la Sale
drenque le Gardon de Mialet la Vallée française Bramabiet I
’
Aigoual la haute vallée de l’Hérault lavallée de la Dourde l
’Hérault au Vidourle Sommieres et le Salavès les gorgde Saint-Guilhem la vallée de la Lergue Villeneuvette et Béc
'
rieux l’Escandorgue et l
’
Espinouze'
la Vernazobres et la Ces
en Minervois.
37° série GOLFE DU LION . Nimes le Nemauzès lesmazdes Garrigues aux bords du petit Rh0ne Aiguesmortesvignoble des Sables la Vannage et la Vidourlenque Moutpelli— 4 la cité morte -de Maguelonne Cette Agde et l
’
étang de Thle fleuve Hérault Béziers et le Bitterrois Narbonne le ]
Rubrensis La Nouvelle et Leucate Rivesaltes et la Salanque
les jardins de Perpignan au pied des Alberes Port—VendresBanyuls.
38° série LE HAUT-LANGUEDOC . Le SidobreetLacaune lesmode Lacaune et l
’
Espinouze du Saumail en Cahardès de Sai
Papoul à Soreze les rigoles du canal du Midi en Lauragais
Carcassonne et le Carcassés dans les Corbières le Fenouillèd
les défilés de Pierre Lis le Razes le Kereorhis le Mireprde l
’Ariège à la Garonne Toulouse le pays toulousain
Bas— Comminges et Nébouzan.
44° Sénrs : HUREPOIX ET GATINAIS . Les lilas forcés autourSceaux Palaiseau et Orsay la vallée de Chevreuse les va
de Cernay en Hurepoix l’
Orge et la Remarde les maraichede Montlhery Corbeil et Petit-Bourg les usines d
’
Essonnes
forêt de Fontainebleau les raisins de Thomery le Loing àM01Nemours et ses sablières en Gâtinais la vallée de l‘Essonla vallée de la Juine l
’
Etampois.
45° SERIE : DE BEAUCE EN VEXIN . Autour de Versailles l’
écc
de Saint— Cyr le Josas et la Bièvre les Yvelines Epernon
Maintenon — la vallée de la Voise la Beauce Chartraine un ch
min de fermilitaire les volailles de Houdan le pays de MontiI’
Amaury les eaux d’
égout à Gennevilliers Marly et Saint-Gmain—eu-Laye la vallée de la Mauldre la Seine de Paris à Meulala Seine de Meulan à Vernon le pays de Madrie le Mantoisl’
Authie le pays d’
Arthies en Vexin français.
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47° et 48° SERIE S PARIS .
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Océan ie trançaise. Les Intérêts fran çai s dans le Pacifique. Tahiti,N ouvelles—Hebrides, C anal dePanama, par C h . Leman, résident honoraireconseiller du commerce extérieur. 1904. Un volume ia-8, avec 3 cartes et20 photogravures, broché. 2 ir.
Rapport sur l’
E xpédition de M adagascar, par le général D ucnasrœ .
adressé le 25avril 1896 au ministère de la guerre. suivi detous les documentsmilitaires (ordres, instructions, notes ministérielles, états d‘
effectifs, di
p10matiques et parlementaires, relatifs à l’
expédition de 1895. Avec 16 cartes,croquis ou itinéraires, en noir ou en couleurs, dressés d
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après les travauxdu Service géôgra hique du corps expéditionnaire. 1897. Un volume ia—8de
487 pages, avec at as , broché 1 2
N ancy . imp . Berger-Levranlt et C te.
COTE S
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1 . Morvan , V al de Loire et Perche.
2 . D es Alpes mancelles à la Loire maritime.
8. Les Iles de l‘Atlantique I . D'Arcachon Dolto-Ido.
Il . D’
Ho‘
e‘
dic Ouen ant.
Iles de la Manche et B retagne.
. N ormandie.
La Région lyonnaise.
Le Rhône, du Léman à la mer.
9. Bas—D auphine.
10. Les Alpes, du Léman à la D urance.
1 1 . F orez, V ivarais, Tricastin , C omtat—V enalssln .
12 . Al pes de Provence et A lpes maritimes.
1 3 . Rég ion marseillaise et C ô te d‘Azur.
La C orse.
15. C harentes et P laine Poitevine.
10. D e V endée en Beauce .
1 1 . V exin , Picardi e et pays de C aux .
18. I. F landre et Littoral.
19.
‘
N ord : Il . Artoic, C ambréaù et Hainaut.
eu . Haute—Picardie, C hampagne rémolse etArdennes2 1 . Haute—C hampagne ; Basse—Lorraine
Plateau lorrai n et V osges .
23 . Pla ine C omtoise et J ura .
24. Haute—Bourgogne.
25. R usse-Bourgogne et S enonais .
26 . B erry et Po itou orien tal.
27 . Bourbonnai s et Haute—M arche.
28. Basse—Marche et Limousin .
29. Bordelai s et Périgord.
Gascogne.
3 1 . Agenai s, Lomagne et Bas—Quer0y.
se. Haut—Quercy , Haute—Auvergne.
83 . Basse-Auvergne.
S OUS PRE S S E
34. V elay , V ivarais méridional, Gévaudan.
8= Rouergue et Alb igeois .
au. C évennes méridionales.
3 1 . Golfe du Lion .
ss. Haut-Languedoc .
E N PRÉ PARATION
89. Pyrénées (Partie orien tale) . (D épartements des Pyrenees—Orientales,40. Pyrénées (Pa rtie occiden tale). (D épartements des Hautes et Basses-l
u -42 . Paris et l‘
i le de—F rance.
œ—nœw
b