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Voyage en France - Forgotten Books

Date post: 22-Mar-2023
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360
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OUVRAGE S DU MÊME AUTEUR

L’E u r0pe centra le et ses réseaux d’É ta t. U n volume ini -1 2 . 3 fr. 50 c .

(Berger—Levrault et

L’Armée et la F lotte en |895. Grandes m anœuvres des V osges. L’expé

di tion de Madag ascar. Manœuvres navales. U n volume i ll- 12,avec nombreuses

cartes . 5fr. (Berger-Levrault et

L’Armée et la F lotte en l894. Manœuvres navales. Manœuvres de

Beauce . Manœuvres de forteresse. U n volume in- l2,illustrations de Paul

LÉON N E C , nomb reux croqu is et cartes. 5fr. (Berger-Levrault et

L’Armée nava le en |893 . L’

E scadre russe en P rovence. La D éfensede la C orse . U n volume in- 12 , avec 27 croquis ou vues et une carte de la

C orse . 5fr. (Berger—Levrault et

Au Rég iment E n E scadre. Préface de M . M É ZIÈRE B, de l‘Académie fran

çaise. 1894. U n volum e grand in-8, avec 350 photograph ies instantanées de M. Paul

Grass . 1 6 fr. (Berger-Levrault et

Le C o lonel -B ou rras . S uivi du Rapport sur les O pé rat ions ducorps fra nc des V osg es du colonel Bouaaas. 1892 . Brochure ia— 1 2 , avec un

portra it et couverture illustrée. (Berger-Levrault et [É pu isé. ]Le N ord de la F ra nce en l7 89. F landre. Artois. Hainaut. U n

volume iii - 1 2 . (Maurice D rey f0us . )La F ron tière , du N ord et les défenses b elg es de la Meuse. U n volume ia -8.

(Baudoin .)U ne Armée da ns les ne ig es , journal d’

un volonta ire du corps franc desV osges. Un volume i ll -8 illustré . (Rouam .)

É tudes a lg ér iennes . U n volume in-8. (Guillaum in et

Les G randes M anœ uvres de l882 à |892 . U n volume ia - 12 par année.

(Baudoin et Bouam .)

V oyag e en F rance. Ouvrage couron né par l’Académie française (prix Montyon

et prix N arcisse N ichant en 1901 , décerné à. l’auteur du meilleur ouvrag e de littéra

ture française) , par la S ociété des gens de lettres , par la S ociété de géog raph ie de

Paris et par la S ociété de géographie commerciale. S érie d’élégants volumes ia - 1 2 ,

avec cartes et croquis dans le texte, brochés à. 3 fr 50c . et reliés en percali ne à. 4 fr.

S É RIE : Le Morvan , le V al de Loire

et le Perche .

2° S É RIE : D es Alpesmancelles à la Loiremarit ime.

3° S É RIE Les Iles de l’Atlantique

I . D ’Arcachon (î le aux 0iseanx ) àB elle-Isle .

4° S É RIE Les Iles de l’Atlantique

II. D‘Hoe

'

dic à Ouessant.

5° SÉRIE Les Iles françaises de la

Manche ; Bretagne pén insulaire.

6° S ÉRIE N ormandie (sauf le pay s de

Bray et D ieppe) .7° S ÉRIE : Rég ion ly onnaise, Lyon ,monts

du Lyonnais et du F orez.

8° S ÉRIE Le Rhône du Léman à la mer,

D ombes, V alromey et B ugey , Bas

D auph ine. S avoie rhodan ienne ,La

C amarg ue .

9° SÉRIE Bas-D auph ine V iennois, G ra i

sivaudan , Oisans, D iois et V alenti

noie.

10° S É RIE Les Alpes du Léman à la D u

rance. N os chasseurs alpins.

1 1 ° S É RŒ F orez , V ivarais septentrional ,Tricastin et C omtat-V ena issin .

12° S ÉRIE Alpes de Provence et AlpesMaritimes.

1 3° S ÉRIE La Provence maritime .

14° S ÉRIE La C orse.

S ous presse 37° S ÉRIE : Le golfe du Lion . 38° S éaua : Haut—Languedoc.

39° SÉRIE Pyrénées, partie orientale. 40° S ÉRIE : Pyrénées, partie centrale.

41 c S ÉRIE Pyrénées, partie occidentale.

E n préparation 42° S ÉRIE et suivantes Paris et l’U e-de-F rance.

Le prospectus détaillé dc la collection est envoyé sur demande.

15° S ÉRŒ : Les C harentes et la Plaine

poitevine .

1 6° S ÉRIE D e V endée en Beauce.

1 7° S ÉRI E L ittora l du pays de C aux ,V exin ,B asse-Picardie.

18° Sésrs Rég ion du N ord : I. F landreet littoral du N ord.

19° S éru m Rég ion du N ord : II . Artois,C ambrésis et Hainaut .

20° S ÉRIE : Haute - Picardie, C hampagnerémoise et Ardennes.

2 1 ° S ÉRIE Haute- C hampagne, Basse—Lorrame.

22° S ÉRIE Plateau lorrain et V osges.

23° S ÉRIE Plaine comtoise et J ura .

24° SÉRIE Haute-Bourgogne.

25° SÉRIE B asse-Bourgogne et S énonais .»

26° S ÉRIE Berry et Poitou oriental.

27° SÉRIE Bourbonnais, Haute-Marche .

28° SÉRIE Limousin .

29° SÉ RIE5Bordelais et Périgord .

30° S ÉRIE Gascogne.

3 1° S ÉRIE Agenais Lomagne et Bas

Quercy .

32° S ÉRIE : Haut-Quercy ,Haute-Auvergne .

33° SÉRIE B asse—Auvergne.

34° S ÉRI E V elay , V ivarais méridional ,Gévaudan .

35° S É RIE : Rouergue et Albigeois .

36° S ÉRIE : C évennes méridionales

oy'

age en France

36°S ÉRIE

Cévennes méridionales

GARD ON N E N QU E MALGOIRÈS SALE N DRE NQU EVALLÉE F RAN ! AIS E AIGOUAL

ALZON N E N QUE SALAV ÈS GARRIGU E S

SALAGOU sspmouz:z

(Parties cévenoles des départements du Gard

de l’Hérault, de la Lozère et de l

Aude.)

Avec 26 cartes ou croquis

BE RGE R— LE V RAULT C “, É D IT—E URS

PARIS N AN C Y

5,nos p as snaux -aars 1 8, R U E p a s ona ors

1 904

Tous droits réservés

VOYAGE EN FRANCE

c o .

LA HAU TE GARD ON N E N QU E

Genolhac . La châtaigneraie cévenole. Le rhabilleur de

V ialas. La plus ancienne mine de houille de France. Le

reboisement . Les mines de la Grand’

combe. Au long

du Gardon . Le bassin d‘

Alais.

Alais. Juillet.

Genolhac, que l

on prononce Genoyac , su ivant

1 etrange usage de la langue d’oc faisant de [laun

l mouillé,est dans une rég ion très abri tée des

vents du nord , au p ied des derineres pentes dumont Lozère. Aussi

,pour les septentrionaux ,

cet te conque parcourue par la Gardonnette est

el le une région très chaude,mais grâce aux eaux

pures,à l

ombrage des grands châtaigniers, à de

fraî ches prairies bordées de peupliers, les habi

V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

2 V OYAGE E N FRAN C E .

tants de la plaine y voient un dél icieux sej our

d ’été . Aussi Genolhac reço it - il chaque année

un cont ingent de c i tadins venus du bas pays,l

al t i tude de500 mè tres assurant le mat in et le

soir une fraî cheur inconnue dans la plaine pou

dreuse.

La végétat ion est le grand charme du sej our.

Les part ies en pentes tapissées de châtai gniers,

les val lons et les col lines couvertes de mûriers

font une futaie cont inue qu i se rel ie aux grandes

plantat ions de p ins des monts Lozère.

Mais les châtaign iers s’

en vont sous la cognée.

D es usines pour la fabricat ion de l ’extrai t ou

acide gal l ique créées à Geno lhac et dans la com

mune de Pontei ls- et-Brézis consomment chaqueannée une grande quant ité de ces arbres qui sont

pourtant la base de l ’économie domest ique par

leurs fruits frais ou secs . La maladie qui sévi t

depuis quelques années sur l ’espèce n’

encourage

guère les proprié taires à remplacer les sujets

abattus.

La route et le chemin de fer parcourent ces

bel les val lées bo isées,au fond desquel les coulent

la Gardonnette et l’Homole. S i la Gardonnette

I . V oyez les précédents volumes et surtout dans la I re série

le chapitre XV II .

LA HAUTE GARDON N E N QU E . 3

porte en diminutif ce nom de gardon, qui s’

ap

pl ique à la p lupart des cours d ’

eau au sud du

Lozère et des monts du Bougès, el le n’

aboutit

pas àla rivière qui draine tant de fontaines et de

torrents avant de passer sous le fameux pont du

Gard ; par l’

Homole et le Luech el le va grossirla

C èze. Cependant l ’aspec t de tout ce pays fai t b ien

de Genolhac et de son canton une fraction de la

hau te Gardonnenqùe.

L’Homole a une val l ée fort acc identée

,où le

chemin de fera dû se frayer passage par des tun

nels et des viaducs pour déboucher dans le char

mant bassin de Chamborigaud,entouré de châ

taigneraies et de forêts de pins,embel l i par les

travaux d ’

art de la l i gne,surtout par le splen

dide viaduc courbe du Luech,franchissant cette

rivière par deux rangées d’

arches. Le vil lage,

tout menu , est au confluen t des torrents. Homo le

et Luech arrosent des prairies et des vergers.

Au— dessus,apparaissent les croupes terminales

du mont Lozère,hautes masses rocheuses

,très

mouvementées,dont une mai gre végé tat ion ne

parvient pas à masquer la nudité .

Le Luech n ’

a guèreque ce pet i t co in vraiment

riant dans son cours qui,depu is V ialas et plus

basjusqu’

à la C èze,est un sinueux défi l é . Mais

dans sa partie hau te vers V ialas,son bassin est

V OYAGE E N FRAN C E .

une admirable conque de châtaign iers énormes,

de mûriers et de petits prés entre lesquels appa

raissent d’

arides et laides croupes rocheuses.

Par les mœurs cette région est unedes p lus fran

chement cévenoles,l’é lément pro testant y do

mine. Même V ialas est devenu une sorte de l ieu

de pèlerinage pour les réformés,grâce à l

attrac

t ion qu ’

exerce um des plus cé lèbres rebouteurs

de ce Gévaudan où le peup le a si grande con

fiance dans la sc ience des rhab illeurs Celui de

V ialas se nomme V i gnes,c ’est un calviniste fer

vent , il n’

a pour trai tement que la paro le bibli

que, i l ag it à la façon du Christ . MM . Cord et

V iré , dans leur Guide de la Lozère, disent que

V i gnes ne parle que par sentences t irées del’

Ancien et du Nouveau Testament :

Il n’

accepte j amais de rétribution ; il ne“

reçoit j amais

qu’

une heure par jour ; il réunit tous ses malades (une

quinzaine par jour), leur adresse des paroles de foi, qui

peuvent se résumer en ces quelques mots C royez et

vous vivrez il répète cinq à six fois son petit sermon ;puis, il s

adresse individuellement à chacun et leur or

donne de faire des mouvements,s

il s’

agit de paralytiques ;s

il a devant lui un sourd, il lui ordonne d’

écouter. Il pro

met finalement une guérison D ans l’

année

1895, c’

est par centaines que les S uisses des cantons alle

1 . V oyez , dans la 32e série

,le chapitre X consacré à Pierron

nel, le rhabilleur de N asbinals .

LA HAUTE GARDON N E N QU E . 5mands se sont rendus en pèlerinage à V ialas, si bien que

la C ompagnie P.-L.

-M . a été invitée à faire des trains de

plaisir entre Genève et Genolhac .

A Chambori gaud un embranchement pénètre

dans la val l ée du Luech , mais c ’est pour s’é lever

bientô t au sommet des montagnes qui dominent

la rive gauche de la riv1ere et s’

y ramifier lu i

même autour du village de la Vernarède. Cette

l ignede trois kilomè tres et demi dessert la conces

sion houil lère de Portes- et- S énéchas, pro longe

ment du g isement de la Grand’

C ombe. La mine

est fort ancienne, de viei lles chartes portent qu’ i l

en fut fai t hommage au roi en 1 360, mais on ne

l’

a explo itée industriel lement que de nos j ours.

Commencée en 1851 l ’extrac tion a pris un grand

dével oppement depuis que des rai ls ont reli é

la mine au chemin de fer,en 1867 . La concessi on

appart ient à la Compagnie du gaz de Marsei l le ;cel le- ci emplo ie laplus grande partiedes produits

à l ’éc lairage de no tre grande c ité méditerra

néenne, la quant it é extrai te dépasse 1 00 000

tonnes ‘. C ’

est une forte diminution,car en 1888

la product ion s’

eleva à 188000 tonnes. Aussi la

populat ion de la V ernarède, centre d’

exploi

tation , qu i atteignai t p lus de 3 000 âmes, est- el le

1 . 108000 tonnes en 1901 .

6 V OYAGE E N FRAN C E .

tombée à moins de 2500 . C ’

est un bourg pure

ment ouvrier,al l ongé au bord d

un chemin

sinueux .

La val lée du Luech est ce qu ’on pourrai t appe

ler l ’é tage moyen du pays cevenol . Lorsqu ’on a

franchi le tunnel qui la séparede la val léedu Gar

don on voit s’ouvrirune zone plus chaude encore,

les chênes verts apparaissent , puis ce sont lesoliviers. Désormais on est bien dans la région

méditerranéenne. Les pentes sont p lus sèches

dans le val de l’Andorge, que l’

on-

suit j usqu ’à la

rencontre du Gardon d’

Alais,torrent indigent

auj ourd’hui,si souvent terrib le.

Sainte- C écile-d’

Andorge, au confluent,marque

la fin des paysages rustiques. E ncore quelques

tours de roues et vo ic i la région des'

mines de

houil le dont les fumées et les p oussi ères parais

sent é tranges sous ce beau c iel ensolei l l é , parmi

cette végétat ion de l’Italie et de la Grèce. La

Levade, premier vil lage du bassin minier de la

Grand’

C ombe,frappe surt ou t par ce contraste

pendant que la . gare est no ircie par lahouil le

descendue de la mine,on

'

voit sur les hautes ter

rasses fleurir des lauriers- r0ses en pleine terre,a coté des figuiers et des agavés croissant au

p ied des murail les revê tues de l ierre. A l ’entrée

LA HAUTE GARDON N E N QUË .

d ’une gorge bo isée de p ins se dresse l elégante

flèche d ’une chapel le.

Toute la montagne, sur la rive gauche, est

excavée par les mines, et cependant le pays reste

vert ; cela est d’

au tant plus surprenant que les

Cévennes méri dionales sont tr0p souvent dén ‘

u

dées. Mais la forê t et la houil l ère sont int ime

ment associées,la Compagnie des mines de la

Grand’

C ombe a de bonne - heure songé à recon

vrir d’

arbres les parties dénudées de sa conces

sion, el le les a plantées de p ins qu i sont aujour

d’

hui en pleine valeuret fournissent les boisages

néceSsaires aux galeries .

Cette oeuvre est d ’

au tant pl us intéressantequ ’

el le a é té menée à bien dans une contrée où la

déforestation est extrême et qu ’

el le donnedes ré

sultats financiers vraiment remarquables. L’

opé

rat i on a é té condui te avec beaucoup de persévé

rance,depuis 1839, sur l

’ ini tiative de M . Paul in

Talahot, homme éminent dont le nom reste attaché à tant de grandes entreprises

,notamment

les chemins de fer de Paris à la Méditerranée.

E n 1888la Compagnie se trouvai t ainsi propr1etaire de 1 2 61 hectares de jeunes forê ts. Au dé

but on préparait les semis avec so in,les terrains

é taient débroussai l l és auj ourd ’hui on a reconnu

que le couvert des arbrisseaux favorisait la cro is

8 V OYAGE E N FRAN C E .

sance ; les graines , d’

abord répanduesà la vo lée,

le sont auj ourd ’hu i à la piochette. Actuel lement

on n’

a plus à semerque- les parties soumises aux

coupes,encore le repeuplement se fai t— il naturel

lement .

Depuis 1878 environ,la forê t est en p leine

explo i tat ion ; on se borneàla production des po

teaux de mines. Quand ces bois é taient visi tésen 1888par la commission de la prime d

’hon

neur au concours général , la valeur annuel ledes

coupes atteignai t 1 00000 fr. les frais 11 etant que

de40000 fr.

,le bénéfice est donc considérable.

L’

exploitationde ces bo is est fac il i tée par des

câbles aériens de 1 000 à 1500 mè tres de portéeconduisant

les poteaux sur les pet i tes vo ies fer

rées qui les mènent à l ’entrée des galeries .

A cô té de ces avantages financ iers,i l est ré

sulté une amélioration considérable du cl imat,

les chaleurs sont moins extrêmes,les torrents

qui ravinaient la montagne sont devenus desruisseaux tranquil les et purs

,d ’

al lure pérenne,

dont les plus é levés al imentent des réservo irs à

C hampclauson . C es eaux sont ensuite diri gées

sur lesmines pour être util isées au lavage de la

houil le. On vo it avec quel le sc ience on a su as

socier la forê t et le charbonnage. A ce point de

LA HAUTE GARD ON N E N QU E . 9

vue l ’explo itation de la Grand’

C ombe est un

modèle.

C es travaux n’ont pu cependant réussir à

maintenir les terres inconsistantes qui bordent larive gauche du Gardon près de la Grand’

C ombe.

Quand , depuisLaLevade, on a longé le pied des

hauteurs où les tranchées montrent des affleure

ments de houil le, où se succèdent les instal la

t ions de mines ateliers de triage, voies de char

gement,etc .

,on atteint un éperon de terres

mouvantes que les pluies font ébouler et qu i,

plus d ’une fois, ont emporté le chemin de fer.

Le dernier C ataclysme a entraîné une telle quan

t i tedematériaux que le Gardon fai l l i t ê tre barré ,on dut é tabl ir une vo ie de fortune dans les galets

du torrent pour ré tabl ir la c irculation . C e point

IO V OYAGE E N FRAN C E .

se nomme le C onfirezun puitsdemine aménagé

avec tous les progrès modernes en a pris le '

nom.

L’

aspec t de ces pentes est sinistre ; sous lapoussée formidable

,une grande part ie de la

montagne, net tement coupée en falaise,s’

est

avancée vers le torrent,le chemin de fer a dû

être reporté p lus l o in pourcontournerl’obstacle .

La vil le de la Grand’

C ombe est près du C onf

fre,el le se groupe au bord du Gardon et se pro

l onge dans le val l on latéral parune interminablerue demaisons ouvrières remplaçant les caser

nes de la primi t ive exploitation ; des casernes

existent encore autourde certains puits et chan

tiers,il en est au sommet de la montagne

,dans

le cirque à demi fermé,ré gul ierement dessiné

,

portant le nom bien préc is de C ham“

pclauson .

La vil le,mal gré la fumée des fours à coke et

des usines,tel les que la fabrication des agglo

mérés, reste assez propre . L’

absence d ’humidit é

ne permet pas à la suie de s’

attacher aux murs

comme el le le fai t dans les pays du Nord . Sousla brume noire qui pèse sur le si te

,les maisons

paraissent presque blanches et les badigeons

colorés ne sont pas trop ternis.

L’

énorme bourg s’

est construit sans plan bienarrêté , au fur et à mesure des besoins. I l y a l à

1 2 V OYAGE E N FRAN C E .

flanquée de tours rondes qu’

avoisine une tour

carrée. Ici le fond de val l ée est très vert ; des

mûriers,des pêchers chargés de fruits, des plan

tations de tomates occupent des petites laisses

d’

alluvions .

Le Gardon réapparaî t, purifié par son passage

dans les sables ; le plan s’é largi t

,occupé par des

roseaux deProvence, des tai l l isd’

acacias,des ln

zern1eres. De grands châtaigniers cro issent çà et

là . mettant la tache sombre de leur vaste ramure

sur ce fond plus clair. Au sommet d’

un rocher

surgit le donj on carré de Cendras,é trangement

percé d ’uneporte placée bien au— dessus du’

sol,

on ne pouvai t y accéder que par une échel le ;cette pré caution révèle l ’ép oque romane de la

construction .

Le si te est très classique et féodal d ’

aspect,la

val l ée du Galeizon qui débouche sur cel le du

Gardon possède encore le château de la Fare,

de construction moderne,et les débris d ’une

abbaye . S ur ce paysage plane un nuage de fumées lourdes provenant des usines d’

Alais. Au

premier coude du Gardon,on est de nouveau

en plein centre industriel ; sur la rive gauche

sont les forges et hauts fourneaux de Tamaris,

sur la rive dro ite les houil lères de Rochebelledont les galeries s

’é tendent jusqu’à l ’entréede la

LA. HAUTE GARDON N E N QU E . 1 3

vil le d’

Alais. Tamaris occupe une si tuat ion curieuse le pont suspendu qui traverse le Gardon

est au- dessous d’

un autre pont en tôle qu i le

recouvre en s’

appuyant sur .une p ile disposée

entre les deux travées.

C e pont supérieur porte les rai ls d’

un petit

chemin de fer amenant à la grande l igne les

charbons de la concession de Rochebelle- et

Cendras explo itée par une compagnie qu i vient

au troisœme rang parmi les sep t soc i é tés houil

lères du bassin du Gard I l y a l à des couches

nombreuses d’

anthracite et de charbons gras,

divisées en plusieurs groupes d’

extract ion . Le

plus important offre huit à dix couches exploi

tables avec 18à 2 0 mètres dehouil le denature

un peu friable, mais de quali té supérieure pour

la fabri cation des agglomérés

C es houill ères ont é té la cause principale de

prospéri t é pour la Vi l le d’

Alais,devenue une des

plus importantes du Midi . De9000‘ âmes au com

mencement du si ècle,la population est passée à

25000 et ce chiffre serai t b ien plus considé

rable encore sans la crise industriel le et les fléaux

qui se sont abattus surles vers à soie et la vigne,

autres sources de fortune du pay s cévenol.

1 . Production de Rochebelle en 190 1 2 20000 tonnes .

14 V OYAGE E N FRAN C E .

La présence du fer aux portes mêmes d’

Alais

a fait naî tre l ’ industrie mé tal lurg ique. Les mines

dites d’

Alais qu i s’ étendent sur le territo ire de

plusieurs communes ont fourni en 190 1 une

quant ité de 42 000 tonnes, el les avaient atteint

59000 l ’année précédente. Cette diminut ion est

due à la si tuat ion de l ’ industrie mé tal lurgique

et aussi à l’insuffisante richesse de ces minerais,

puisque les usines du département durent faire

appel aux mines des Pyrénées- Orientales pour

subven ir à leurs beso ins,qu i se sont é levés en

190 1 à 140 000 tonnes de minerai , ayant fourni

69000 tonnes de fonte transformées en 4000

tonnes de fer et 60 000 tonnes d ’

acier.

Cette industrie considérable n’

est pas confinée

dans la vil le,el le s

’é tend sur une vastebanl ieue,rempl i t les val l ées du Gardon

,de l

Auzon et de

la C èze . C ’

est ce que l’

on appel le le bassin d’

A

lais,dont les productions sont très variées .

LE BAS S IN D’

ALAI S

Alais . Pasteur et la sériciculture. Les grands h0mmes

d’

Alais.Industries alaisiennes La soie, la houille, la

métallurgie. Les usines de S alindres. De l’

Auzon à la

C èze.

S aint—Ambroix . L’

Auzonnet et ses mines.

Saint- Jean-de— V alériscle. Le Martinet . Dans la chataigneraie. Rochessadoule. Besseges.

Bessèges. Avril.

Ainsi que la plupart des vil les du Midi , Alais

doi t à l’

exubérante végétat ion de ses platanes

l’aspect d ’une grande c ité . On vo it partout desavenues et des boulevards p lantés de cette es

sence,mais ces arbres

,même vigoureux

,n

’ont

jamais dans les contrées du Nord la pu issance

et la santé robuste qui en lontici comme un arbre

à part . La moindre b ourgade dont le cours

est bordé de platanes prend de suite de l ’al lure,

même si les constructi ons riveraines sont basses

ou banales.

A Alais ces végétaux sont particul ièrement

superbes sur la large avenue de la gare é clairée

1 6 V OYAGE E N FRAN C E .

par des globes électriques. Cet te ombreuse en

trée de vil le où la foule est parfois grande abou

tit à une place ornée de la statue de Pasteur.

L’hommage est particul i èrement méri té

,le grand

savant est le sauveur des Cévennes. Toute la

région du mûrier al lai t ê tre ruinée par lamaladie

des vers à soie l orsqu ’ il parvint à en déterminer

la cause et,à l ’aide de l ’examen microscopique

,

donna le moyen d’é l iminer les graines conta

minées . Au b ienfai teurde l ’humani té dit une

des inscriptions du p iédestal . S ur une autre face

on l i t A Pasteur,la séricicul ture et l

industrie

de la soie La statue repré

sente l ’ il lustre chimiste ,debout

,tenant une

rami l le de bruyère couverte de cocons. Deux

bas—rel iefs montrent une tisseuse au jacquard et

une dévi deuse de cocons .

La statue est au p ied d’une terrasse portant la

c itadel le construite par V auban pour contenir

les insurgés cévenols. Devant ces bât isses hautes

et raides auj ourd’hui transformées en caserne,

s’ é tend la promenade de la Maréchale

,qu i reçut

ce nom en l ’honneur de Mme de Montrevel ,femme du commandant de l ’armée royale

, pro

mo teur des dragonnades. D ’

autres promenades

entourent la caserne l ’une d ’

el les,jardin pu

blic appelé le Bosquet,renferme le buste du

LE BAS S IN D’

ALAI S . 1 7

marquis de la Fare-M ais, un des précurseurs du

f‘

é l ibrige.

S ur une peti te p lace deux au tres no tabili tésl ocales du X V…6

siècle ont é té glorifiées par un

monument , les frères B01ss1erde la Cro ix de S auva

ge. L’

un,abbé

,rédigea le dict i onnaire langue

V OYAGE E N F RAN C E . XXXV I.

18 V OYAGE E N FRAN C E .

docien ; l’

autre, le docteur, fut professeurde b o

tanique à Montpel l ier.

Quant à J .- B . Dumas,le chimiste, glo ire plus

é clatante, i l a donné son nom au lycée d’

Alais

Le reste de la vi l le est d ’ intérê t assez médio

ere. La viei l le c ité , auj ourd’hu i débordée par les

larges artèresde quart iers plus régul iers etmieux

aérés, se compose de rues é tro ites, auxmaisonstrès élevées. La place du marché est entourée

d’

arcades. L’ égl ise Saint- Jean estl ’anc ienne ca

thédrale dont quelques part ies remontent au

x11°si è cle l evêché est devenu un café qui a

arboré le nom de l ’ancien palais des pré lats.

L’Hô teldevil le n ’

est pas sans valeur, i l renferme

notamment la sal le où se tenaient les É tats du

Languedoc . Le'Musée et l

’É cole des maî tres mi4

meurs complè tent les monuments de cette partie

d’

Alais.

Les quart iers les plus vivants, ceux des hôtels

et des cafés, sont au bord du Gardon . La riv1ere,

bordéede quais et franchie par deux ponts, dont

un en dos d ’âne très pittoresque,sépare la ville

d’

un faubourg assis au pied de hautes col l inesrocheuses disposées en terrasses couvertes d’ol i

viers. Sur la tour d ’une église une statue deChrist semble bénir Alais. E n amont la c ita

del le surg i t au— dessusd’une haute murai l le flan

2 0 V OYAGE E N FRAN C E

l i té au mo ins égale à cel le des produits au

glais

La même usine trai te les calcaires asphaltiques

que l’

on retire surtout des mines de Servas et

dont l ’extraction at teint près de 1 0000 tonnes

chaque année Alais est un des trois principaux

centres de France pour cette industrie

JadisAlais é tait un centre intéressant pour la

product ion de la couperose. Les progrès de la

grande industrie ont tué cette fabricat ion toute

rurale, les paysans explo i taient dans ce but la

pyri te de Saint - Jul ien—de—V algalgues. La pro

duct ion atteigni t de 300 à 400 quintaux et fut

particul ierement active pendant les guerres de

l’

Empire. Jusqu ’

au mi l ieu du X IX°S i ècle

,les cam

pagnes cévenoles avaient une foule de petites

industries semblab les,anéanties par le dévelop

pement des grandes usines.

La séri c icul ture et ses dérivés restent la prin

cipale branche d’

ac tivi té d’

Alais . Après Lyon et

Aubenas cette vil le est le marché le plus cousi

dérable pour les cocons et les so ies,mal gré le

fâcheux abandon qu i semble se dessiner et se

traduit par la diminut ion du nombre des mû

1 . 9300 tonnes en 1901 .

2 . S ur la préparation de l’asphalte, voyez la 8e série du Voyageen F rance, chapitre V I I I , et la 33e série, chapitre X V I.

LE BAS S IN D’

ALAI S . 2 1

riers . C es arbres,atteints eux aussi par une

maladie nommée pourria’ze, ne sont pas soi

gnés ; on ne les remplace pas partou t lorsqu’ i ls

meurent et cependant le sol ne se prê te guère à

une autre cul ture ; on n’

a pas, comme dans le

V aucluse,la ressource des primeurs en terrains

irri gués et de la trufficulture en terrains secs .

Cependant l ’attribut ion de primes aux sérici

culteurs a eu pour effet d ’

enrayer le mouvement ,et les mé thodes de sé lect ion de la graine, les

consei ls et les exemples fournis par une station

expérimentalede séri cicul ture b ien outil l ée arrê

tènt la décadence

D ’

ai l leurs le Gard,et i c i par Gard il fau t en

tendre Surtout la rég ion cévenole,est touj ours

au premierrang pour la quanti té de cocons obte

nus plus du quart de la product ion française

qui se répart i t sur 2 7 départements Le nombre

des séri cicul teurs est cependant inférieur à celu i

relevé dans le département de la Drôme,mais

les magnaneries sont plus consi dérables.

Une grande partie des cocons de la rég ion

viennent se faire fi ler à Alais ; la vi l le possède

dans ses faubourgs ou au bord de son torrent

1 . C hiffres de 1900 France entiere 9 180404 kilogr. Gard

252 2 298kilogr. , 2 7 400 sériciculteurs contre 29032 dans la

Drôme.

2 2 V OYAGE E N FRAN C E .

des usines nombreuses dans lesquel les le cocon

plongé dansdes bassines d ’

eau chaude se dévide

rapidement . La soie grège ainsi obtenue se rend

en d’

autres manufactures appelées moulinages.

C es divers atel iers occupent un grand nombre

d ’ouvriers, de femmes surtout . Je ne reviendrai

pas sur ce travai l et sur la séri cicul ture dontj’

ai

déj à parlé avec quel que développement ‘.

L’ industrie alaisienne ason princ ipal foyer à

I’

eSt et au nord- est dela vil le,sur le chemin de

fer du Tei l et dans les val l ées de l’Auzonnet et

de la C èze. Pays curieux par le contraste entre

la sauvagerie des massifs montagneux et l’

ex

trême activi té de la plaine et des fonds de val l ée.

C ’

est que toute cette région est très ri che au

po int de vue agri cole dans les part ies basses,comme elle l

est,au po int de vue minéral , dans

les régionS accidentées.

Dès qu ’on a abandonné les bords du Gardon

on pénè tre dans une superbe plaine parsemée

d’une infini té de mas très vastes, entourés de

vignes sur échalas, de mûriers et d ’

arbres frui

1 . 1 1 e série du Voyage en F rance, chapitres X I et X I I .Le mouvement des affaires est donc considérable,

le bureau

auxiliaire de la Banque de France a mis en recouvrement en 1903

pour 1 3 241 974fr. d’

effets et en a escompté pour 2 963 02 1 fr.

LE BAS S IN D’

ALAI S . 2 3

tiers. Le mas, dans tou t le Midi , depuis Lyon,mais surtout dans la région du mûrier et de l ’o

l ivier,c ’est la ferme ; el le tire généralement sOn

nom d ’

une part iculari t é l ocale . La Mirei l le de

Mistral hab itait le mas des Micocoules, c’

est— à

dire entouré de micocoul iers

Cette mul ti tude de maisons donne beaucoup

de gaîté à ces abords de la vil le. Les co ll ines qu i

encadrent la plaine sont assez nues. Au l o in,sur

l’une d’

el les, apparaî t le château de Trouillas,

masse carrée flanquée de tours dominée par le

p 10 '

a1gu qui porte les ruines féodalesdeBousson .

Au p ied de ces hauteurs s’é tendent de vastes

é tabl issements dont la fumée embrume ce l umi

neux paysage. C ’

est la grande manufacture de

produits ch imiques de Sal indres qui vi t lesbeaux travaux de Sainte— C laiFe—Devil le pour la

recherche des procédésde product ion de l ’aluminium . Sal indres a donc une part glorieuse

dans l ’histo ire industriel le de notre siècle. Cette

usine doi t son développement aux richesses mi

nérales de son territo ire et'

à la proximité des

houil lères. Dans la montagne de Bousson s’

ex

ploitent des mines de zinc ; près de Servas sont

d ’importants g isementsde calcaires b itumineux .

Sal indres est surtout un centre industriel,mais

la lumière et le solei l sont trop éclatants dans

2 6 V OYAGE E N FRAN C E .

cette contrée pour soui l ler complè tement le

paysage. Si l’on vo i t de grands tas de scories

act ivement fouillés pardes femmeset des enfants

à la recherche des escarbil les combust ibles,les

groupes de ces pauvres gens ont de la couleur et

de la vie,grâce aux teintes vives des vêtements.

Le bourg a de hautes maisons aux to its couverts

de tuiles rouges,et il est dominé par les ruines

d’

un donj on . La campagne,aux alentours, est

un immense vignoble.

Mais i l y a aussi,vers l’Auzonnet

,d

horribles

landesdegenévriers et des broussai l lesde chênes

kermès entre lesquel les des cultivateurs ont su

créer des champs bien aménagés. A défaut de la

charrue,ces terrains incul tes attendent la visi te

du forestier qui les transformerai t en bel les fu

taies de p ins ou de chênes yeuses.

La p laine devient p lus verte sur les rives de

l’

Auzonnet,ou Auzon de la C èze

,clair mais 1ndi

gent torrent qui semble al ler butter contre une

murai l le de sombres coll ines ; cel les- c i l’obligent

à se replier vers le nord,mais el les lu i versent

par leurbase le tribut d’une source puissante née

près du vil lage d’

Arlendes. Il apporte ainsi à la

C èze un flo t pur et régul ier qui assai1‘

1it la rivière

po l luée par les égouts et les usines de Bessèges

et de Saint-Ambroix .

28 V OYAGE E N FRAN C E .

rococo avec tourel les et créneaux . Le Saint—Am

broix primit if est un entassement de curieuses

bâtisses,au l ong de peti tes rues irrégul ières. U n

vieux pont ogival enjambe le torrent souil lé . Au

dessous,les quart iers neufs bordent les routes.

La pet ite vil le, dont la populat ion dépasse

3500 âmes avec les habitants des mas écartés,

n’

a guère de part à la grande industrie déter

minée par les mines, mais cel les- c i sont très pro

ches et amènent un peti t mouvement commer

cial. L’

act ivi té est due surt out à la fi lature de

la soie,part icul ierement act ive

,qui emplo ie un

grand nombre de femmes et de jeunes fi l les ve

nues des campagnes voisines.

Pour trouver la rumeur des ruches ouvri ères,i l faut p énétrer à l ’ intérieur du massif où l’Au

zonnet,la C èze et la Gagnieres se creusent des

val l ées. Un des bourgs, Mol ières, dresse ses che

minées fumantes au p ied de terrasses d’

oliviers

et de chênes verts . Partou t se montrent desfosses à houil le et des atel iers de triage. U ne

fabriqued’

agglomérés, des culbuteurs, des fours

à coke noirc issent ce triste vil lage dominé par

une chapel le et‘

les restes d’

un château fort . Les

monceaux de mâchefer souil lent les bords de la

C èze où sont encore de beaux châtaigniers .

Pourtant , le charbon et d ’

autres minéraux

LE BAS S IN D’

ALA1S . 29

affluent et donnent l ieu à d’

importantes exploi

tations. C es richesses ont fait construire des

voies ferrées dont le rôle est purement indus

triel ; rares sont les touristes qui s’

aventurent au

sein de ces monts schisteux,cependant fort

beaux,grâce à leur manteau de châtaigneraies.

Une des l ignes remonte la val l ée de l’Auzon

net,resserrée

,bien exposée au soleil

,offrant

toute la végé tation provençale. S urla rive gauche

les oliviers et les mûriers occupent des terrasses

patiemment é tabl ies. Du cô té opposé les pentes

sont revêtuesde tail l is de ch ênes verts. La peti t e

riwere est d ’une adorable transparence et assez

abondante,car l ’ é té n

a point encore dessé ché

les sources. Autourdes Mages, les mûriers et les

châtaigniers sont nombreux . C ’

est une suite de

tableaux bien cévenols plans couverts de mû

riers,beaux mas

,terrasses s’

échelonnant en gra

dins j usqu’

au sommet des coll ines et t émoignant

d’

un prodig ieux labeur.

Dans cettegorge riante s’ouvrent les mines de

Saint- Jean—de—V alerisc le proprié té de la compa

gnie des mines de la Grand’

C ombe.

Les châtaigniersmasquent la banal i té du si tesur la rive droite _

le manteau des chênes verts

de l ’autre côté les o l iviers tout en haut,les châ

taigniers. C es derniers arbres n’ont pas encore

30 V OYAGE E N F RAN C E .

bourgeonné,ils s

épandent en nappes rousses ou

violacées, tandis que les autres végé taux , grâce

à leur feu illage persistant , donnent sous le solei l

ardent .d’

un avri l cevenol l ’ i l l usion d’

un paysage

estival .

Le vil lage de Saint- Jean-de-V alériscle,é tagé

au- dessus de la rivière,S epanouit dans ce cadre ;

des tours et une maison à arcades accentuent le

p ittoresque du décor. Les puits de houil le se sui

vent dans le défi l é lumineux un vieux château ,très vaste, a é té transformé en habitation ou

usine. Cela est tantôt âpre,tantô t charmant et

touj oursd’

un caractère classi que ainsi la mino

terie de l’

Auzonnet, ainsi des * mas,sur les ro

chers,évoquent l ’ idée desfabriques chères aux

peintres d ’

autrefo is

La val lée s’é largit autour de Saint- Florent et

le plan se rempl it de mûriers, tandis que les ol i

viers couvrent les terrasses et les châtaigniers

Ies'

hautes pentes. I l y eut i c i de l’induStrie, une

grande usine est navrante d ’

abandon ; on ne vo i t

yflus de flunée au sonnnet chæ la chen finée qui

prolonge au sommet de la coll ine une gaine

construite à son flanc . L’

activité s’

est portée au

fond du val lon , près du hameau du Mart inet ;l à s

’ouvrent les mines de charbon de Trel is,exploitées par la compagnie des forges d

Alais .

LE BAS S IN D’

ALAI S . 3 1

C ’

est le terminus du chemin de fer qui projet te

des embranchèments dans la montagne. Les ins

tallations occupent un peti t bassin verdoyant,

tapissé parla châtai gneraie j usqu’

au sommet desmontàgnes.

Beaucoup des arbres sont jeunes,chose rare

,car on rep lante peu .

Le Martinet se compose uniquement d ’une rue

boueuse,mais lesmaisons sont propres et entou

rées de mûriers et de châtaigniers . Sur la rive

gauche du torrent naissant, les usines dressent

leurs cheminées fumantes parmi les arbres ; sur

la rive droi te les exploi tat ions ont mo ins d’

am

pleur. Des plans inc l inés et de pet ites v01es abou

tissent à la gare. Deux fabriques d’

agglomérés

transforment en briquettes une partie des pro

du its extrai ts.

La faib lesse des demandes a fai t d iminuer

régul ièrement la product ion de cette conces

si on de Trélys, qui comprend non seulement lesmines du Mart inet

,mais aussi les houil l ères de

Rochessadoule,sur l ’autre versant de la mon

tagne, dans un val l on ouvrant sur la C èze à B0

biac . Créée en 1855la compagnie donna rap i

dement de l ’essor à son extraction . E n 1882 el le

produisai t 240 000 tonnes, mais la quant ité a

décru au po int d ’

atteindre seulement 1 33 000

tonnes en 190 1 . On pourrai t retrouver les ren

32 V OYAGE E N FRAN C E .

dements d ’

autrefois si le chemin de fer,aujour

d’

hui arrêté dans le cul-de- sac du Martinet, al lai t

rej o indre - à la V ernarède l’

embranchement qui

se détache à Chamborigaud de la l igne de Cler

mont . D e nouveaux débouchés seraien t ouverts

Cette val l ée de l’Auzonnet a d ’

autres ri ches

ses,on y trouve l’antimoine mais i l ne donne

l ieu à aucune explo itat ion le fer,le plomb

argent ifère, le baryte, le p lat ine. De tous Ces mi

nerais,le baryte seul a fai t naî tre un mouvement

industriel les mines, ouvertes très haut au-des

sus de la val lée, al imentent en partieles usines

de Sal indres, lereste est diri g é surMarsei l le pour

l ’exportat ion . La gare du Mart inet en fi t des ex

péditions directes sur l’

Allemagne. La produc

ti on atteint en moyenne 1 000 tonnes par année.

U ne route mal entretenue monte du Mart inet

à Trélis,vil lage en part ie abandonné

,comme

d ’

autres hameaux voisins, par suite des effon

drements dus aux travaux de mine. Du col

dominé par ces ruines,on découvre le bassin du

Martinet enfermé entre des croupes, en ce mo

ment fauves, mais qu i doivent en faire une cor

bei lle de verdure quand les châtaign iers ont pris

leur feu il lage. Le manteau des grands arbres est

déchiré,à mi-hauteur de la montagne, par l

en

tai l le blanche d ’une exploitati on de baryte.

V OYAGE E N FRAN C E . XXX ! '

I.

34 V OYAGE E N FRAN C E .

De l ’autre côté s’ouvre, tel un abîme

,le val

lon é trange de Rochessadoule où s’

entassent

confusément des maisons ouvr1eres à deux éta

ges, de teinte indéc ise, des plans inclinés et des

amas de déblais. D es châtai gniers,une o l ivette

sur une terrasse b ien exposée,des ouvertures de

galeries, des puits de mine, un torrent sale oùtombent en cascades des eaux roug ies oujaunies

par leur passage à travers des gisements de fer,

de j ol is jardinets, des talus pleins de dé tritus,des cheminées fumantes

,une pauvre égl ise à

campani le . Tou t cela extraordinairement con

fus dans son enchevêtrement .

Le chemin , raide, descend et at teint le hameau

où les fenê tres sont tendues de cordes suppor

tant des hardes qui sèchent autour de ces

grises demeures les pêchers mettent la florai

son'somptueuse des rameaux roses

,tandis que

des châtaigniers épargnés pendant la création

de ce centre ouvrier é tendent leurs branches

robustes.

Tel estRochessadoule, hameau peuplé de près

de 1 400 âmes et dépendant de la commune de

Robiac si tuée à deux kilomètres,au bord de la

C èze. Un chemin de fer industriel rel ie lesmines

à la l igne du Tei l . I l se détache au flanc de la

colline, vers le pui ts de Brissac , sous de hautes

36 V OYAGE E N FRAN C E .

sans , caractère, aux maisons plates et noircies

par la fumée . Les boutiques de charcut iers et

de bouchers sont nombreuses ; devant el les des

c hevreaux égorgés sont suspendus,d ’

autres ani

maux semblables attendent leur tourdesacrifice

les—

pattes barbarement l iées,ils gisent sur le

tro ttoir et bêlent d ’une façon lamentable.

De tous les centres ouvriers du bassin d’

Alais

celu i-ci a le caractère le plus franchementindus

trie] . I l rappel le les vil les des bords du G ier

dans la Lo ire, bien que le solei l soi t «plus brû

lant . C ’

est que Bessèges n’

est pas seulement un

centre houi ller,c ’

est encore le siège d’une grande

industrie métal lurgique, restée debout'

après la

catastrophe de la Compagnie de Terrenoire à

laquel le les hauts fourneaux appartenaient . C es

forges et fonderies consomment une grande

partie du combust ible extrai t dans lès mines très

importantes de Bessèges Les charbons sont

transformés en coke dans des fours dont la fu

mée se mêle à cel le des hauts fourneaux et des

cheminées.

Les puits de mine s é tendent sûrlesdeux rives

de la C èze que bordent des rangées de maisons

1 . Production , en 1901 , de la C ompagnie des mines de Bes

sèges516 000 tonnes ; la C ompagnie de Lalle en a produit ooo.

LE BAS S IN D’

ALAI S . 37

ouvr1eres. E n amont,sur la rive gauche, Où la

montagne ne plonge pas au tant à p ic sur la n

w ere,la l igne des maisons s

’é tend encore sur

prèsde deux kilomètres . I l y a plus de 9000 ha

bitants autour des forges et desmines .

Bessèges est une vi l le toute moderne, devant

son existence à la houil le et au fer,réunis sur

le même terri to ire. Pour dével opper leur pro

ducti on ,les mines consentirent , en 1 834 a four

nir la houil le à 4fr. la tonne à perpé tuité à

M . Grangier, maî trede forges en Franche- Comté

Les travaux deM. Grangier furent dé trui ts par

une crue de la C èze en 1835: Cockeri l l entrepri talors 1 etab lissement actuel qui devint en 1842 1a

propri é té d ’une soc1eté anonyme. Peu d ’

années

après, la compagnie de la V oulte, Terrenoire et

Bessèges prenai t l’

affaire el le la posséda j usqu ’à

la crise qui emporta la socié té

Bessèges a survécu à ce désastre dans lequel

sombra la prospéri t é de la ci té vivaraise de la

V oulte et de la ruche forézienne de Terreno ire.

E lle pourra cont inuer à vivre si les ag itat ions

ouvrières ne viennent pas mettre en péri l des

é tabl issements qui ont les désavantages communs à tant d ’

au tres centres métallurg iques :

l ’é loignement des vo ies navigab les et des gise

ments de minerai de fer de haute teneur. Les

38”

V OYAGE E N FRAN C E .

travai l leurs cévenols ont donc entre leurs mains

le sort des usines et le leur propre.

Au- dessus de la zonedes fumées et de la suie,le paysage reprend . sa netteté et Sa beauté . Des

vergers et des jardins superbes couvrent les ter

res rouges des col l ines . Par- dessus cel les- c i on

vo it monter les fumées des mines de charbon

explo i tées dans la val lée de Gagnières par la

compagnie al gérienne des minerais de fer ma

gnétique de Mokta- él-Hadid

1 . Production en 1901 dans les concessions de houille de les

S alles de Gagmeres, le Martinet de Gagmeres, Montalet, C essonset Trebiou, C omheredonde 1 30 000 tonnes.

LA S E RRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E

Le chemin de fer d’

Alais au Rhône. C onceptions grandioses,déception amère. Autour d

Alais. C élas. La plaine

de N avacelle. Le défilé des Angoustrines . La S erre du

Bouquet . Le Guidon et son panorama. Le désert deV allerargues. Lussan et ses garrigues. La vallée de la

Tave. Le pays de S abranenque. Mines de lignites.

C ulture du sorgho. Fabriques de balais. Le camp de

Laudun. L’

Ardoise et sa sucrerie.

Bagnols-sur-C èze. Mai.

Parmi les concep tions é conomiques de ces

trente dernieres années,il en est une qui parut

appel ée à un bri l lant succès, on n’était pas l o in

d ’y vo ir une transformation radicale des condi

tions mari times de Marsei l le. I l s’

agissai t d ’

ame

ner directement à la.mer,à l ’aide de navires spé

cieux , les charbons du bassin d’

Alais. C’

étaient

des bateaux- écluses,calant de 1 mè tre à

au plus,dans lesquels on pouvai t mettre un cha

land tou t charg é,dont le tirant d’

eau at teignai t

2 mè tres et qui pouvai t , grâce à ses formes,

flotter sur la mer à la sui te d’

un remorqueur.

40 V OYAGE E N FRAN C E .

Un chemin de fer prenai t les houilles à la mineet allait droit au Rhône les verser dans ces ba

teaux qui n’

avaient plus -

qu a descendre à gré

d ’

eau jusqu a la Méditerranée et, de là , se_

dmger

sur Marsei lle. Le système,fort ingénieux , é tai t

malheureusement très coûteux .

Aux yeux des inventeurs, les mines d’

Alais

prenaient un dével oppement énorme ; notrema

rine, dégagée du tribut payé à Newcastle et à

Cardiff,pouvai t lutter avec l’Angleterre Mar

seil le é tai t désormais le marché des charbons

dans la mer

C e beau rêve n’

a pas tenu devant les obstacles,les instal lations fai tes à grands frais sont aban

données,le port construit sur leRhône estmort

né. Le chemin de fer auquel on promettai t tant

d ’

avenir a fail l i lui-même être rendu àla garrigue

qu ’i l traverse.On l’

a sauvé du désastre,mais

pour en faire la l igne la plusmal desservie du ré

seau . Deux trains seulement parjour dans chaque

sens ! Je me trompe un embranchement de la

même compagnie est aussi mal partagé le tron

çon de Montagney aLa Barre près de Besançon .

On en chercherai t sans doute vainement un autre.

I l est vrai que, l’

espérance du transit entreAlais

et le Rhône une fois évanouie, ce pauvre chemin

de fer a é té réduit à un b ienmaigre trafic,le pays

LA S E RRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 41

traversé est en partie un désert , non pas‘

au figuré

mais au sens propre du mot . V oyageurs et mar

chandises font défaut , les hab itants des villages

peu populeux que dessert la vo ie ne sont d ’

ai l

leurs guère inc i tés à util iser les trains ; si l’

on

veut al ler à Alais,à Bagnols ou à Nîmes, i l faut

partir de grand mat in et l’

on ne peu t rentrerquefort tard le so ir. Pouramél iorercet é tat de choses

on va do ter la l ignede vo itures automotri ces qu i

permettront d’

augmenter le nombre des voyages

en réduisant le personnel et les frais de tractionsur cette vo ie de près de quinze l ieuesE n dép it de sa pauvreté

,le pays traversé mé

ri te pourtant une visite,i l semble condenser tous

les aspec ts des Cévennes cal caires ; de pet i tsmonts le hérissent et, de leur cime

,o ffrent des

vues immenses ; cel le du Guidon du Bouquet estfameuse par les grands horizons découverts . I lest donc possib le que cette contrée Serre du

Bouquet , désert de V al lerargues, gorges profon

des de la C ézarenqne, attire unjour les visi teurs

La compagnied’

Alais au Rhône avai t tant de

confiance dans son entreprise qu ’

el le avai t cons

truit une gare monumentale dans le faubourg

1 . E xactement58k ilomètres. C es voitures àvapeur sontmaintenant en service, un troi51eme train circule dans chaque sens.

42 V OYAGE E N FRAN C E .

d’

Alais d ’où les rai ls se détachaient de la l ignede Nîmes. C et édifice presque somptueux estdésormais inutil isé , le départ se fai t dans la vieil legare d’

Alais,une des plus actives du réseau .

Aux approches de la vil le, j usqu a C élas où

l’

on croise la l igne du Martinet à Tarascon,la

campagne est fraîche,b ien cul tivée

,parsemée

d ’unemul t i tudedemaisonnet tes entouréesdejar

dins fleuris. Le sol, très fertile, se prête à une

culture vari ée. Dans les moissons croissent des

mûriers, des figuiers, des cerisiers . Les maisons

rurales doivent du p ittoresque aux galeries à

arcades dont la plupart sont dotées.

Le ruisseau de l’Avène, descendu du bassin

houil ler de la Grand’

C ombe et qui vient de tra

verser les grandes mais laides usines de Sal in

dres,marque la l imi te de cette banl ieue d’

Alais

i l coule entre des petites falaises cal caires très

ré gul ières, tail lées dans un chaînondes garrigues .

C ’

est al ors le domaine de la vigne, el le s’é tale

en grandes nappes sur les pentes,plantat ions ré

centes mais vigoureuses, dest inées à remplacer

le vignoble disparu . Cette zone a encore de la

fraî cheur et de l ’humid ité, des frênes et despeu

pl iers d’

Italie rel èvent l’uniformité du manteau

de pampres . Les col l ines qui bordent le bassin

sont rocai l leuses et sèches, sur l’une d ’

el les N é

A4 V OYAGE E N FRAN C E .

aux vertes eaux , née du flot perdu plus haut parle torrent d

Alauzène. Les escarpements sont

parfois hauts et droits, des mfiltrations amènentcontre ces parois des eaux chargées de . mole

cules cal caires formant des draperies de con

crétions.

ÏPeu. à peu ka süe devùnfl: sauvage, cfia sèches

et laides garri gues bordent l’Alauzène. La Serre

du Bouquet se hausse. Au p ied de la chaîne, à

l ’endroit où el le se repl ie vers le défi lé , i l y a pour

tant un espace où la terre végé tale est assez profonde pour qu’un vil lage s

y so i t crée. C ’

est

Seynes entouré de cul tures parseméesd’

oliviers

de mûriers et de vignes. Cel les- ci furent b ien

plus nombreuses jad is, car on vo it des terrasses

abandonnées s’

éta‘

ger j usqu à la base“

des falaises

suprêmes de la montagne. L’

Alauzène y reçoit

les eaux d’une bel le fontaine qui fOrmeréel lement

le torrent,des grottes s’ouvrent dans les rochers .

Le point culminant de la Serre domine le vil

lage,il atteint 63 1 mètres pentes assez douces

sur la plaine de Navacelles, présentant de grands

à— pic vers l’orient . C’

est Une formidablemurai l le,

surtou t au nord , au- dessus du vil lage du Bouquet

qui a donné son nom au massif. L’

ensemble est

hardi,nufis ha nmu üeau te uses exphfi té en

tai l l is est d ’une teinte triste. C es chênes verts

LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 45croissent surla roche jurassique Offrant tous lesphénomènes d erosion de cette formation géo

lo g ique,les avens y sont nombreux , des gro ttes

se creusent .

C et obsew atoire, d’où l’on découvre les Cé

vennes, les Garrigues, le V entoux , les Al pes de

Provence et, par les matinées c laires

,la nappe

é t in'

celante de laMédi terranée,dut ê treune vig ie.

Lepoque féodale édifia près de la c ime un châ

teau dont i l reste des ruines fières encore,tandis

que les archéologues seuls peuvent reconnaî tredans les informes débris épars dans la -montagne

des restes de c ivil isat ion plus ancienne ou des

âges préhistori ques.

La cime maî tresse, le Gui

d0n est couronnée par une pyramide, si gnal

géodésique, surmontée de la statue de la V ierge.

Cette contrée a é té moins entaméeque la C évenne

par le protestantisme,le cul te de la madone est

demeuré vivace.

V ers le Rhône et Nîmes, la vue s é tend sur

des campagnes sévères, plateaux ou peti tes col

l ines nues et grises ou couvertes de chênes verts

d ’une teinte terne. Au tour des vil lages et des

mas,les cul tures font des taches claires . Mal gré

la grandeur du tab leau,le Guidon du Bouquet

n’

est guère gravi par les touristes ; mais le

15aoû t la foule des pèlerins est grande, pour les

46 V OYAGE E N FRAN C E .

abriter on a édifié un bâtiment au- dessous de la

pyran fide.

Quel ques fontaines jai l l issent sur le revers

oriental de la Serre,el les ont fai t naî tre les ha

meaux du village de Bouquet et forment le S e

guissons dont le cours partage lemassifen deux

parties. Pet i te riv1ere curieuse el le aussi par les

gouffres,les Ai guières où el le se perd pour

al ler jai l l ir en grandes sources vers le confluent

de l’

Alauzène et de l’

Auzon .

C es sources sont accrues par les eaux de pluie

infiltrées sur les monts et les plateaux p ierreux .

Certaines parties de cette région sontde vérita

bles éponges minérales, pas une gou tte de pluien

est conservée, aussi la déforestat ion a— t— el le é té

faci le et complè te. Tel mas où l’onmet en cul

ture des cuvettes analo gues aux solchsdes caus

ses n’

a pas un arbre ou un buisson autourde lu i ;pendant la saison chaude la chaleur doi t y ê treatroce.

U n co in est particuherement farouche de sol i

tude : le plateau é tendu au sud du vil lage de

V al lerargues et au mi l ieu duquel se croisent laroute d’

U zès et le chemin de fer. Sur cette table

rocheuse, i l n’

y a d ’

autre végé tat ion que de trèsrares chênes verts ou genévriers croissant isolés.

Après les pluies prolongées,une herbe courte

LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 47

offre une pâture savoureuse ma15clairsemée

aux moutons,seuls hab itants de ce désert . Le

chemin de fer a doté cette sol i tude d ’une con

struction,la gare de V al lerargues- la— Brugu iere

si tuée entre deux vil lages é galement é lo ignés.

Quel triste séj our ! Peu d ’

emp loyés de voie fer

rée ont une résidence plus morue. Pour horizon

la plaine avec ses taches de chênes verts brous

sailleux et des amas blancs de roches model ées

par les agents atmosphériques.

V al lerargues, qui a donné son nom au plateau ,est dans u n bas— fond où -sourdent des fontaines

abondantes,ori g ine de la capri c ieuse riv1ere

d’

Avène qui,après avo ir parcouru des gorges

sévères et le val lon de V erfeuil , se recourhe

pour al ler se perdre sous terre au moment où

el le va atteindre l’Aiguillon . C e bassin de V al le

rargues semble fermé de tou tes parts entre les

peti ts monts et les coteaux cal caires revê tus de

l ’uniforme manteau des chênes verts et chênes

blancs. Ceux— là dominent souvent , aménagés

avec soin par le servicedes forê ts pour le compte

des communes proprié taires ainsi Lussan,chef

l ieu du canton ,a de beaux bo is couvrant

1 2 00 hectares. Mais partout où la soll ic i tude

administrative ne peut s’é tendre, sur les dofnaines particul iers, le mouton exerce son action

48 V OYAGE E N FRAN C E .

né faste, les chênes sont clairsemés et bas, seul

le chêne kermès, var1eté d’

yeuse à feuilles p i

quantes, résiste à ces causes de destruction,i l

forme des fourrés hautsd’

un p ied à peine, refuge

des lapins et des couleuvres.

Chaque creux de ces garri gues a son hameau

ou son vil lage, mais ces groupes sont él oignés

les uns des autres et la populat ion en est infime.

Lecanton de Lussan ,dont la superficie est de

18805hectares, compte à peine 4500 âmes ré

part ies en douze communes . Le chef- l ieu lui

mêmen’

est qu ’un b ien humble vil lage i l occupe

le sommet d’une col l ine isol ée, découpée comme

une c itadel le, ayant pour horizon les âpres gaf

rigues dont le manteau de chênesyeuses est um

formément vert , n’

offrant qu’

au printemps une

teinte nouvel le, le roux desjeunes pousses. Cette

forêt,dans laquel le des monuments mégalithi

ques révèlent une époque où la ré gion é taitplus

peupl ée,s’é tend jusqu ’à la C èzé qui débouche

de ses gorges pour arroser le pays de C ézaren

que, auquel el le donne son nom .

La destruction des viei l les futaies qui don

naient la fraî cheur et l ’ombre a amené cette dé

populat ion ,la vie ne se maint ient que dans les

pl is et les creux où les sources sont demeurées

pérennes . Ainsi , entre les garri gues de Lussan

LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 49

et cel les d’

Uzès, un massif de col l ines d’

appa

rence confuse est parcouru par trois val lées pa

rallèles où coulent des ruisseaux sur lesquels

plusieurs vil lages se sont é tabl is. Là se forme la

Tave par des fontaines claires. C es vil lages ont

tous al lure batai l leuse, ils sont crânement cam

pés, entourés de débris féodaux . La Brugmere

et Fontarèche"

semblent se menacer du haut de

leur p 1edestal . La campagne, b ien cul tivée à

leurs abords, va buter à la garri gue sèche et nue

où se montrent de grandes bergeries. Peu d’

in

dustrie dans cette ré gion ; i l y a des gisements

de l i gni ted’

un faib le rendement et Saint-Laurent

la-V ernède extrai t de son sol la roche de craie

pour la transformer en bâtons quadrangulaires.

La population se groupe en vil lages ; les mas

sont rares, mais très vastes. Peu à peu le pays

s’

anime, la zone des cul tures s’é tend et s’é larg it .

Le bourg de C avillarges aux maisons grises est

enve10ppé de mûriers et d’

oliviers vigoureux .

Des blés, du sainfoin , des pommes de terre, la

vigne couvrent les part ies basses. Les oliviers

préfèrent les pentes, ils sont nombreux sur les

col l ines au nord,où Sabran

,assis sous les ruines

de sa forteresse, semble commander encore à la

contrée dont i l fut la cap itale féodale et à laquel le

i l imposa le nom de Sabranenque. Pays sec , où

V OYAGE E N FRAN C E XXXV I.

50 V OYAGE E N FRAN C E .

la verdure grise des chênes vertsmasque iusuffisamment la roche. Cela contraste fort avec

l ’extrême fraî cheur du fond de val lon arrosé par

la Tave. Près de Saint- Pons, les arbres et les

peupl iers transportent b ien lo in des garri gues

Sur unedes col l ines, le Pin est entouré d’ol i

viers et dominé par une haute cheminée d’usine

qui é tonne après tant de campagnes désertes oupurement agri coles, cel le d

’une mine de l i gni te

donnant un peu de trafic au chemin de fer. Toute

cette part ie de la val l ée du Rhône, dans le bas

sin inférieur de la C èze, possède beaucoup de

gisements de combust ible, mais la production

du l igni te n’

est pas à comparer avec cel le de

la h0ui l le à Alais. E l le osc i l le entre 2 3 000 et

2 6 000 tonnes . E ncore,plus de la mo i ti é de cette

quanti té est— el le fourn ie par la mine de Saint

Jul ien-de-Peyrolas,si tuée sur les bords de l’Ar

dèche,au delà de Pont-Saint- E spri t

Les exploi tations houil l ères sont donc tr0p

peu considérables pour avoir pu modifier et

souil ler le paysage par leurs fumées et leurs dé

jections. Cel le du Pin n’

a pas dé trui t l’harmonie

des j ol ies coll ines qui encadren t un bassin planté

1 . Le nombre des ouvriers employés par ces mines est de 150.

S ur Pont- S aint- E sprit et Bagnols-sur—Gèze, voyez la 8e série

,

et la 1 1 ° série, Le Forez , V ivarais et C omtat—V enaissin.

52 V OYAGE E N FRAN C E .

demûriers. LePin fai t face à Saint-Pons- la- Calm

b ien assis sur un mamelon de la S abranenque .

Le pays est riche, cul t ivé avec so in ; autour des

vil lages les mas sont nombreux . Le bourg le

plus populeux , Connaux , est encore en partie

enfermé entre des murai l les flanquées de tours

qui ont servi de façade à de pauvres hab itat ions.

La tour carrée de l ’horl oge est surmontée d’

un

de ces campani les de fer forgé,chers aux hab i

tants de la ré gion . Le clocherde Connaux est

un de ceux où l’ornementation a é té poussée le

plus l o in, véri table travai l de patience.

Connaux possède une de ces fabriques de ha

lais de sorgho si nombreuses au bord du Rhône,dans la C ézarenque et l ’ancienne principauté

d’

Orange. La cul ture du sorgho couvre i c i de

grands espaces, en champs encadrés demûriers .

C ’

est d ’

ai l leurs la principale zone pour cette

plante dans notre pays ; les champs où s’

al i

gnent les hautes t iges à feui l lage rubané , au

l ourd pani culé de graines retombant en pana

ches, couvraient 3 62 2 hectares dans le Gard au

recensement décennal de 1892 , alors que la sur

face totale pour la France é tai t de5441 Aussi

1 . Les autres départements où l’

on cultive le sorgho sontl’

Ardèche 180 hectares, la Haute-Garonne 473, la Gironde 300,

le Lot-et-Garonne 42 1 , Tarn- é t—Garonne 347 et V aucluse 98.

LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 53l ’ industrie des balais a- t— el le une importance

au trement considérable que vers Agen ou Mon

tauban E l le est confinée dans les val l ées de la

C ézarenque, aux bords de l’

Ardèche, de la C èze,

de la Tave et du Rhône où les champsde sorgho

finissent à l ’embouchure du Gard .

Les riches cul tures enveloppent ent i èrement

un peti t massif cal caire hardiment tai l l é , surgis

sant de la plaine et dominant le confluent de la

C èze et du Rhône. Cette col l ine projetant des

éperons semblables à des bast i ons est une véri

table forteresse naturel le . Aussi fut— el le occupée

de bonne heure . Oppidum cel t i que et camp ro

main s’

y sont succédé . Les traces des défenses

artific iel les sont très visib les encore.

Cette col l ine de Laudun,si fi èrement tai l l ée

qu ’

el le semble une haute montagne mal gré sa

médiocre al t i tude de 2 6 1 mè tres, est'

un des

grands paysages historiques de la France. A tra

vers toutes les obscuri tés accumulées sur les

temps l o intains de la Gaule, les érudi ts ont à

peu près fixé au rivage du Rhône que Laudun

domine le théâtre de fai ts historiques qu i ont

1 . S ur la culture du sorgho et la fabrication des balais voyez

la 3 1 ° série du Voyage en F rance, chapitre X IV . C ette industrie est également signalée dans la 2 6e série

, page 79 (C harost) ,et la chapitre XV I I .

54 V OYAGE E N FRAN C E

laissé un souvenir profond . Lorsque les Gau

l o is de Bellovèse entreprirent le grand exodecpfi . devañg leur hvrer la flnxne lxnnbardNn Hs

auraient franchi le Rhône près de Laudun pour

al ler combattre les Li gures S alyens dans laplaine d’

Orange et s’ouvrir a1nS I le chemin des

Alpes par la val léede la Durance. Plus tard,An

n ibal cho isi t pour traverser le fleuve un point où

celu i— ci , ne possédant pas d’ î les, permetta i t le

passage sur un seul bras. E nfin c ’est en face,sur

la rive gauche, que les armées romaines éprou

vèrent un désastre dans leur premiere rencontreavec les Cimbres . Là aussi , on a placé la défai te

desArvernes et desAl lobro ges par les Romains,

(pn. assura aux conquéranüs itahens , 1 2 1 ans

avant Jésus- Christ , la possession de la Provincela future

Provence et de la N arbonnaise

Aucun édifice n’

évoque là— haut ces grands sou

venirs. On rêverai t cependant d’

un monument

rappelant au passant qu i suit le Rhône par les

deux chemins de fer de la vall ée ou sur les ba

teaux à vapeur'

que cette col l ine abrupte fut le

t émoin d’événements qu i troublèrent si profon

dément le monde ant ique. Mais rien , saufla trace

vague des anc iens ouvrages de défense, sauf les

débris de la chapel le de S aint— Pierre-du— C astres

rappelant le castrum gal l o- romain , ne peut faire

LA S ERRE D U BOUQU E T E T LA SABRAN E N QU E . 55deviner ce rôle historique de vig ie au grand

passage anc ien du Rhône

Au pied de la pet itemontagne, surun ressaut ,le bourg deLaudun forme un beau si te. S on nom

,

venu de Laudanum, di t son ant ique ori g ine. Les

maisons de teintes rosées,couvertes de tu iles

fauves,s

étalent en amphithéâtre ; au mi l ieu se

dresse la masse de l ’é gl ise . Plus hau t,sur un

mamel on que domine le camp de César, est eri

gée une statue de la V ierge.

Laudun est un .pet i t centre trèsact if, la cul

ture du sorghoè t la fabri cat ion desbalais oc cu

pent un grand nombre de bras ; la roche cal caire

est transformée en ciment ; enfin l’Ardoise, ha

meau des bords du Rhône, possède une impor

tante sucrerie de betteraves,al imentée surtout

par la cul ture de la plaine d’

Orange dont les

produits viennent.à l ’usine à l ’aide d’

un câble

porteur aérien franchissant les deux bras du

Bhône .qui enserrent la grande île de la Pihou

lette

E n face de Laudun ,sur l ’au tre versant de la

val l ée de la Tave,ouvrant ic i vers le Rhône, un

épais massif de col l ines cal caires allant jusqn

1 . La sucrerie de Laudun- I’

Ardoise produit 25000 sacs de

sucre par année, c’

est un rang important dans la fabricationfrançaise.

56 V OYAGE E N F RAN C E .

la val l ée du Gard fini t par des pentes raides. U n

mamelon à demi isol é,à l ’entrée d ’une gorge sé

vère,porte Saint-V i ctor— la— Coste, vil lage al longé

sous les ruines féodales du castel dont la fière

si lhouette est un des grands caractères de ce

paysage rhodanien . De là on découvre de vastes

horizons sur les deux rives du fleuve, leV entoux ,les Garri gues, les Cévennes et la peti te monta

gne'

de Laudun dressant ses parois abruptes et

ses bo is de chênes verts au- dessus de la plaine

mervei l leusement fert ile où le Rhône reçoi t la

C èze, descendue de ses gorges et des bel les cam

pagnes de la C ézarenque, et l’

Aygues qui vient

de frôler Orange. On distingue,sur l ’autre rive

,

les grands monuments antiques de cette vil le,

dominant les to i ts bas de la viei l leArausio

1 . S ur Orange, voyez la 1 1° série du Voyage en F rance,

chapitre XV I I I .

LE PAY S DE MALG01RES .

Le château de Florian . E stelle et N émorin . Le mas Roux

et Jean C avalier. V ézénobres. E uzet-les-Bains. SaintQuentin- la-Poterie. La Gardonnenqne. Le Gardon d

An

duze. Anduze.

Anduze. Avril .

Me vo ic i de retour à Alais après une excursion

aux vol cans du V ivarais et je v1s1te,autour de

l’

industrieuse cité,des paysages bien différents

pet ites coll ines,plateaux secs couverts de buis

et de plantes odoriférantes, vil lages brûl és par

le solei l,

fi èrement assis sur les pentes et les

crê tes,entre les terrasses p lantées d’

oliviers et

de mûriers,puis torrents clairs al imentés par

desfoaœ, sources puissantes nées dans le mys

tère des cavités souterraines . Excursions un peu

décousues,car i l n’

y a guèrede l iens entre ces ré

g ions confuses bas Uzégeois ou Gardonnenqne.

Hierj’

étais al l é coucher à Quissac et ce mat in

j’

en repartaisàla première heure pour le château

1 . 34e série du Voyage en F rance, chapitres X I à X IV .

58 V OYAGE E N FRAN C E .

de Florian . C e n etai t pas dans le bu t d’

admirer

l ’ édifice,plutô t simple

,construction régul ière

flanquée de pavil lons carrés et couverte en tui les

rouges,mais il é tai t intéressant de voir le l ieu

où naquit un écrivain dont l ’oeuvre est en quel

que sorte une date dans no tre l i t térature. Jamais

pays ne s’

associa mo ins à l ’ idée que l’

on pour

rai t s’

en faire i l est _âpre et sévère autant que le

génie de Florian est fade. Les bergers et les

bergères qui mènent leurs maigres j'

troupeaux

par les garrigues sont l o in d evoquer E stel le et

N émorin l Même, l orsqu’on atteint la bel le et

luxuriante plaine de Canaules où les mo issons,

les mûriers et les vignes donnent une impres

sion de richesse,ce n

est pas encore un paysage

d’

idylle Les col l ines avec leur manteau de

pampres, parti cul ièrement denses autour de Le

dignan,n

’ont pas la grâce mol le que l’

on rêve

rai t : cel les qu i bordent l ’horizon au pied des

lunHes Cévennes ont des hgnes réguhères et

classiques.

U ne autre i l lustration du pays répond mieux

à l ’aspec t du sol. C ’

est Jean Caval ier,le chef des

Camisards, ce garçon boulanger qui avai t en lui

l’

étoffe des grands généraux et dont la Révolu

t ionaurai t fai t un chef d ’

armée s’

il avai t surg i

plus tard,avec les Lannes et les Masséna . Cava

60 VOYAGE E N FRAN C E .

chicoulis,les restes d’

un château,les ol iviers

,

les figuiers et d ’

autres arbres méditerranéens

qui envel oppe‘

nt la base des constructions,évo

quent puissamment l ’ i dée d ’une c i té féodale.

A l ’intérieur le charme disparaî t, des rues

sombres,é tro i tes

,montueuses conduisent au

sommet du coteau où se dresse l egl ise. Mais

d’

heureux détails retiennent au passage. Près

du presbytère est une charmante maison de la

Renaissance avec une porte de tourel le sculptée.

A'

mi- côte un lo gis conserve une hau te che

minée sarrasine fort é légante,rappelant ces

lanternes des morts, si communes dans le sud

ouest .

La plupart des habitat ions s’ouvrent sous les

voûtes des grandes terrasses qui sont la beauté

du paysage de V ézénobres. L’h iver, ces abris

sont souvent désertés, bien qu’

exposés en plein

midi ; l ete, l’

existence presque ent ière se passe

là-dessous,l ’ombre du j our y est dél ic ieuse, le

so ir on y al lume la lampe famil iale dont les

figuiers masquent en part ie la lueur. Par les

bel les nui ts parfumées et tièdes de cet heureux

cl imat,ces lumières produisent un effet magique.

Je fus l ’hôte, à V ézénobres, d

un prêtre d ’une

haute é loquence, l’

abb é Rédier,curé— doyen

,cou

sin demon anc ien chefdu corps franc desV osges,

LE PAYS D E MALGOIRÈS . 6 1

le colonel Bourras. L’

excellent curé ne craint pas

de faire le voyage des V osges aux jours de nos

grands anniversaires pour venir célébrer avec

nous les camarades tombés pendant l ’ invasi on

I l nous a accuei l l is avec cet empressement et

cette bonne grâce dans l ’hospital i té qu i est un des

attraits du Mid i . Nous ne voulions_que passer,

mais i l a fal l u céder à ses instances et nous asseoir

a sa table,devant le déjeuner improvisé par

M”° Rédier sa sœur.

Nous avons eu peine à qui tter V ézénobres

mais j’

ai promis àmon fils Pierre de lu i faire vi

si ter le pont du Gard et les trains ne sont pas très

nombreux sur les peti tes l ignes de l’Uzégeois ; la

gare d’

Euzet où nous al lons prendre le train est

é loignée. U ne poignée de mains à l ’abbé,et en

route. Nous passons devant le château de C lav 1eres et son parc ombreux , propr1eté d

’une

branche de cette fami lle de Bernis qui tient une

si grande place dans le pays,et nous vo ici dans

la plaine montueuse, couverte de mûriers.

C es arbres s’

en vont depuis que l’

on a trouvé

le moyen de remplacer les viei l les vi gnes par les

cépages améri cains,tous les sols profonds sont

p lantés, on arrache le mûrier pour faire place

aux sarments. Le goût de la séric iculture dispa

rait aussi , b ien des magnaneries sont closes,on

62 VOYAGE E N FRAN C E .

préfère vendre la feuil le aux é leveurs qui persis

tent à so igner les vers. La commune de Saint

Hippoly te-de— Caton surtout se l ivre à ce com

merce . Le sac de80 à 1 00 kilogrammes de feuilles

se vend de 6 à 7 fr.

Par contre, ceux qui continuent à produire le

cocon en font beaucoup plus que par le passé ,

grâce à la sélection des graines qui a réduit ou

supprimé les causes de maladies et aux primes

qui_ encouragent les proprié taires . U ne des mai

sons qui bordent le chemin fai t 350 kilogrammes

de cocons par année, c’

est un ch iffre considéra

ble pour le pays,la moyenne dans le Gard étant

de 92 kilogrammes par é leveur et cel le de l’Ar

dèche de 86 seulement .

Le chemin s’

est peu àpeu élevé , offrant des

vues é tendues sur les Cévennes et,plus haut

,le

massif du Lozère encore blanc de neige. Devant

nous se creuse le val lon du Droude, ample et

couvert de vignobles . Levil lagede Saint-É tienne

de-Lolm entouré d’

oliviers domine le torrent .

Derrière sa coll ine s’ouvre un large bassin sans

caractère, parcouru par le chemin de fer du Mar

tinet à Tarascon . Au fond, sous une ride boisée

de chênes verts, est le gris village d’

E uzet- les

Bains.

LE PAYS D E MALGOIRÈS . 63

Les sources qui donnèrent un surnom à E uzet

sont l o in des maisons,sur les bords du torrent

de la C andouille,au mil ieu d

un parc b ien

ombragé dont la verdure et la fraî cheur contras

tent avec l ’aspec t général du pays ; sur les hau

teurs qui dominent les bains,une autre fontaine

minéralejaillit prèsde Saint- Jean— dé— Ceyrargues.

Un peti t noyau de baigneurs vient chaque année

aux é tabl issements d’

E uzet,où l’on trai te la dys

pepsi c , le rhumatisme,les afl

ections des vo ies

aériennes,etc . Comme distractions ils ont les

excursions à U zès et au pont du Gard ; à E uzet

même,ils visitent des caves creusées dans la col

l ine et appel ées les grottes d’

E uzet. C e furent

des refuges de camisards pendant la guerre des

Cévennes .

La contrée vo isine se recouvre de vignes,el les tap isseront b ientô t tout le terrain que n

oc

cupentpas les tai l l isde chênes verts . C esmai gres

bois et ces plantat ions manquent de fraî cheur,pour retrouver une bel le campagne i l faut dé

passerServiers et descendreparMontaren . De ce

vil lage à Uzès on parcourt de bel les cul tures

ombragées d’

oliviers et coupées de vignes.

Dans l ’air transparent d’

unejournée d’

avri l ,la fière c i té a p lus grande mine encore sur sa

colline où ses maisons aux to its fauves envel op

64 V OYAGE E N FRAN C E .

pent le D uché, son beaud onjon et d ’

autres ves

t iges da passé historique et épiscopal . Aujour

d’

huije ne fais que traverser U zès pour al lerau

dessus de la vall ée de l’Alzon visi ter le bourg de

Saint- Quentin,peuplé de potiers

Saint - Quent in est très étroitement groupé ;sesmaisonsb

'

orderit les petites ruesque dominent

les ruinesd’

un château appel é le Vicomte' comme

celu i d’

U zès est le Duché . La population 2 vit

surtout par le travai l céramique. I l y a tou t autour d’ importants gisements d ’une argileb lanche

très favorable à la fabri cation des pipes com

munes. Mais l ’ industrie a fort décru et lenombre

des ouvriers s’

en est ressenti . Depuis 1870 le

nombre d ames s’

est abaissé de près de500 . E n

1854l ’activité étai t grande, ou recensai t 28fa

bri ques de poterie commune,dites taraz

lle'

es, et

30 fabriques de pipes dites pip1eres ; d’

autres

atel iers faisaient bri ques réfractaires et creusets.

La plupart de ces é tablissements ont disparu,

plusieurs se sont groupés ; auj ourd’hui la pro

duction est principalement cel le des briques, des

tuyaux et des pipes ; un des grands débouchés

pour Saint- Quent in est la pipe destinéeà être

1 . S ur U zès et le pont du Gard, voyez la 1 ze série du Voyage

en F rance, chapitre I I I .2 . 1 896 habitants, dont 1 51 2 agglomérés .

LE PAYS D E MALGOIRÈS 65cassée à coups de carabine dans les baraques de

foire.

La bel le fontaine d’

Airan jai l l i t aux abords de

la petite vil le ses eaux qui vont se perdre dans

l’

Alzon, près d’

U zès, furent jadis captées par

les Romains, el les se mêlaient à cel les de la fon

taine d’

E ure dans le réservoir d ’où el les é taient

conduites à Nîmes par l’

aqueduc du pont du

Gard

Sauf la pureté des l ignes et le grand décor

citadin d’

Uzès, un des p lus beaux de France, ce

pays de l’U zégeois est assez morose. Beaucoupde p ierres , beaucoup de broussai lles de chênes

kermès. Autour de la vil le les olivettes et quel

ques vignes où des mazels de forme singul ière

se dressent,ce son t des sortes de cônes ou

d’

ogives de pierre sèche où les U zégeois vont

passer le dimanche. Dans les campagnes,

les

mûriers tai l l és courts et les vignes ne donnent

guère de p ittoresque et de fraî cheur. Cependant

quelques parties, où dominent les cul tures decéréales et de fourrages art ific iels reposent les

yeux par leur Verdure. Les environs de Bourdic

et de Saint- Chaptes ne sont pas sans grâce et le

paysage acquiert de la grandeur par les formes

des col l ines ; sur l’une d ’

el les se dresse le châ

V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

66 V OYAGE E N FRAN C E .

teau de Castelnau-V alence, b ien conservé , aux

murai l les crénel ées flanquées de tours.

La val lée du Gardon que l’

on retrouve au p ied

de l ’anti que forteresse repose la vuepar ses rives

opulentes. Le torrent roule de bel les eaux entre

ces champs bien soignés. S ur la rive droite les

col l ines se dressent , trèsraides ; à Boucoiran el les

bordent la rivœre, laissant à peine place aux

construct ions du vil lage. C et é tro it passage é tai t

fort ifi é jadis,Boucoiran a conservé des restes de.

remparts et un grand pan de tour dominant au

lo in les campagnes de la Gardonnenque et du

Malgoirès, pet i t pays qu i a formé le canton de

S a1nt— Gen1es.

La route franchit le Gardon devant le vil lage

de Ners, sur un pont que côtoie celui de la voie

ferrée. Ners possède sur la rive gauche une jol ie

gare de briques et de pierre blanche dans '

le

style de la Renaissance. Parcette stat ion ont l ieu

les relations de Lédignan et de la plaine de la

Gardonnenque avec Nîmes. Le co in est j ol i,le

torrent entoure à demi une l ongue péninsule

ombragée de châtai gniers.

Pour cette contrée, un courant d ’

activit é a

l i‘

eu par la val lée du Gardon d’

Anduze, qui se

ramifie en amont par d’

autres Gardons drainant

68 VOYAGE E N FRAN C E .

des gorges, i l parcourt d’ immenses vignobles

parsemés de mûriers dont les tristes moignons

font mieux ressortir la beauté des grands chatai

guiers épargnés par la hache.

Le chemin de fer ne va pas j usqu’à l ’entrée de

la ville, il about it au hameau de Leyrac d’où une

route de plus d’

un kilomètre, bordée de jardins

et de j o l ies maisons, conduit à travers le plan

du Môle au cœur de la peti te c i té . Cel le- c i est

dans un creux des Cévennes, entre des col lines

hardies, les unes couvertes d’

oliviers,les autres

rocheuses et nues

C e fut jadis un po int stratég ique important .

Au premier é tranglement de la val lée, où le che

min de fer passe en tunnel , sont les ruines d’

un

château ; Anduze même est couronnée de débris

féodaux et la forteresse que construisi t V aubanl orsqu ’ i l eut à fortifier tant de cités cevenolescontre les camisards est encore debout

,mais

décap itée.

Le plan du Môle, avec ses prés bien irrigués,

sesjardins, ses beaux parcs plantés de pins, ses

ol ivettes, les terrasses étagées sur les pentes, estune incomparable entrée de vil le . On pénè tre

dans Anduze par la place ou plan de la Brie,

sur laquel le une viei lle tour surmontée d’une

tourel le renferme l ’horloge.

LE PAYS D E MALGOIRÈS . 69

La vil le primitive, qu’

enserraient les remparts,est exigue, percée de rues é tro ites

,sales

,pavées

de cai l l oux . Un coin pourtant est très pitto

resque la place de la République bordée de

constructions irrégul ières, plantée de platanestouffus

,égayée par le murmure de sa fontaine.

Le Gardon est la grâce de la campagne d’

An

duze mais une menace pour la vil le, à cause de

ses crues formidables. Pours’en préserver on a

dû construire une sorte de pu issant rempart for

mant terrasse d ’où l’on découvre toute la gorge

enfermée entre ses croupes rocheuses ; La route

d’

Alais franch it le torrent Sur unpont et conduit

à un pet it faubourg d’où la ci té se montre toute

grise, blottieau pied d’

un pic qui porte les ruines

du château de Saint- Jul ien . Cela est saisissant .

Par bien des poih ts AnduZe semble une vi lle

abandonnée ; en effet,el le est en pleine décrois

sance,malgré sa bel le si tuation commerciale. La

population qui atteignai t 5500 âmes au com

mencement du s1ecle n’

est pas de 4000 aujour

d’

hui Cela est dû aux Crises qui ont sévi sur le

pays :maladiedes versàsoie, maladiede lavigne,

diminut ion du nombre des fabriques. Cependant

le mouvement est considérable encore,Anduze

1 . Population totale 3 686, agglomérée 2 846.

70 V OYAGE E N FRAN C E .

conserve même son tribunal de commerce, mal

gré la proximi té d’

Alais. L’ industrie est assez

variée,c ’est un des centres pour la chapel lerie ;

la soie occupe beaucoup de bras, par la fi lature

,

le moul inage et la bonneterie dont je parleraib ientô t

La production typ ique d’

Anduze est cel le de

la grande poterie de jardin . On y modèle les

immenses vasesde terre cu i te dest inés à recevoir

les arbustes d ’ornement,orangers

,c itronniers

,

lauriers-roses,myrtes etc .

,les citronn iers surtout

viennent à merveil le dans ces ré cip ients et se

couvrent de fruits qui mûrissent . Devant beau

coup de vil las des environs de la vil le,terrasses

et parterres sont ornés de ces beaux arbustes,chargés de c itrons.

Les vases ont j usqu a de hauteur et

70 cent imètres de diamètre vers la panse, leur

épaisseur ne dépasse pas 3 cent imètres. On peut

en vo irquel ques-uns au musée de Sèvres Cette

po terie,qui résiste bien à la gel ée, est d

un prix

fort modi que,les fabricants d’

Anduze l ivrent

des vases depuis 25centimes j usqu’à 25frL

ornementation ou p lutô t la couverte est

1 . C hapitres IX et X X I.

2 . C es détails techniques ont été donnés vers 1854parM . Emi

lien D umas dans ses E tudes géolog iques sur le Gard.

LE PAYS D E MALGOIRES . 7 1

simple,c ’

est un vernis à l’

alquifoux dont lefond , d

un jaune bronzé , est relevé par des cou

lees,larmes ou flammes

,brunes

,vertes et oran

gées.

Les atel iers d’

Anduze ne se bornent pas à cettepoterie de jardin

,ils font aussi une poterie dite

fine,al lan t au feu

,de qual ité assez médiocre

,

puis des bri ques et carreaux vernis pour les

cheminées et fourneaux potagers d’

un emploi si

général dans ce pays où l’on se sert surtout du

charbon de bois pour la cuisine,le cl imat ne

né cessitant pas un chauffage hivernal constant .

La température est en effet très douce àAnduze

l ’h iver,si l ’é té est suffoquant . Les abords de la

vil le sont même plutô t provençaux d ’

aspec t que

languedociens. On trouverai t peu de plus beaux

bambous sur tou t lel i ttoral dans beaucoup de

jardins,de grands chamérops rappel lent les pal

miers de la Côte d’

azur. La petite vil le possède

un jardin publ ic où cette végétat ion particuliè

rement opulente est encadrée dans les coll ines

couvertes de chênes verts,d

oliviers,de chatai

gniers et de p ins. Dans cette promenade est le

buste de la troubadouresse Clara d’

Anduze,

érig é pour perpétuer la langue d ’o c

Il est peu de plus heureuses campagnes que

cel les d’

Anduze. L’

activité y est grande en ce

72 V OYAGE E N FRAN C E .

moment les mûriers qui gonflent leurs bour

geons seront b ientô t en feu il les,les vers à soie

é cloront,i l faudra assurer la nourri ture de ces

magnans voraces. Devant les mas les habitants

travail lent à la confection des claies de roseaux

sur lesquel les les vers auront leur courte exis

tence, j usqu’

au moment où ils monteront la

bruyère pour tisser leur coque soyeuse et s’

y

enfermer.

LA SALE N DRE N QU E

De S aint-Hippolyte à Lasalle. Une gorge cevenole. La châ

taigneraie. Au col de Rédar‘

es. Descente dans la S alendrenque. Lasalle et ses usines. E n suivant la vallée.

Pommages cevenols. UneArcadie ensoleillée. Thoiras.

Le Gardon de Saint-Jean. C orbes. Le Gardon d'

Anduze.

La porte des C évennes. D’

Anduze àAlais. Les valats

du Peyremale.

Anduze. Mai.

J’ai quittéAnduze pour venir coucher à Saint

Hippolyte-du- Fort d ’où un service de voitures,coïncidant avec d ’

autres l ignes de courriers, per

met d ’

atteindre Alais en parcourant ou traversant les plus bel les des val lées ceveno les.

Saint-Hippolyte 2est au point de contact des

deux zones du cal caire et du grani t . On y quitteles roches perméables et sèches des garrigues

pour péné trer dans les roches primit ives où les

eaux persistent long temps,où la verdure est

1 . On prononce S alindrinqne.

2 . S ur S aint—Hippolyte voyez pages 1 78et suivantes.

74 V OYAGE E N FRAN C E .

plus puissante,où le manteau sombre des châ

taigniers repose la vue éblouie par l’

éclatant

solei l méditerranéen . A peine a- t- on franch i leV idourle sur un beau viaduc moderne jeté au

pied d ’une tour qui vi t les luttes des camisards,

et l’

on pénètre dans un pli é troit de lamontagne,entre des pentes aux strates extraordinairement

p l issées et creusées de grottes. D’

un cô té crois

sent les chênes verts et les ol iviers,de l ’autre sont

des vignes et des luzern1eres, des prés bordent

le V idourle et,plus haut

,le l i t d’

un ruisseau aux

ondes claires dont le nom est inconnu du com‘

ducteur de la voi ture cependant,depuis b ien

des années,celu i- c i passe deux fo is par j our

dans cette fissure de la C évenne. C e premier

affluent du pet i t fleuve le rej o int dans un j ol i

si te dominé par le château de Figaret , assis sur

un promontoire,entre les mûriers et les tai l l is

de mi cocoul iers,lesfanabrêgues, cul t ivés pour

faire les fourches et les attel les

jLe vaHon que Pon :nnnonte 1f est 1 flus quhn1

ravin sévère. aux flancs revêtus d’

yeuses mé

langés de quel ques ch ênes rouvres . Au fond ,court le ruisseau

,très vif entre les aulnes qui le

bordent . Peu de cultures,cependant plusieurs

1 . Page 197 et suivantes.

76 V OYAGE E N FRAN C E .

bal iveaux les jeunes pousses s é lancent , presque

blanches à la po inte des rameaux , tandis que

les chatons roux pendent en manchons et en

houppe.

Dans une sorte d’

abîme riant est le mas duPontet

,entouré d ’une végé tation très vari ée où

les arbres du nord semê lent à ceux de Provence

aulnes, châtai gniers, noyers, figuiers, cerisiers,mûriers

,amandiers

,yeuses et p ins . I l y a la.des

coins charmants,de beaux logis couvrent les

pentes,les eaux de fontaines ont permis de les

entourer de prairies,chose dé l icieuse pour qui

vient des garrigues parfumées mais p ierreuses

et grises . Une de ces demeu‘

res, le pet i t château

de Blanqueyrou ,laisse un aimable souvenir

Le paysage grandi t à mesure que l’

on ap

proche de la l igne de faî te entre le V idourle et

la S alendre. La tê te du val lon formé une sorte

de grand cirque dans lequel la route s é lève par

des lacets et que peup lent les maisons de V ales

tahere. C e large abîme est tapissé de minuscules

vignobles enchâssés entre des rochers fleuris de

cistes, de genê ts, de bleuets, de chardons roses,

d’

églantine, de sauge violettem êlant leur parfum à celui des buis. Le sol est de granit dé

composé . Dominant de haut ce creux des monts,l ’é cole du hameau couvre une terrasse. Au— des

. LA SALE N DRE N QU E . 77

Sus, la'

vil la du Rédarès, abri tée des vents fro ids,est comme un co in d’

Afrique, par sa végé tat ion .

Des eaux vives donnent de lavigueur à de grands

bambous,un agavé. dresse ses feuilles piquantes

et raidesd’où s’é lance la tige florale, semblable

à une asperge gargantuesque.

V0i c i le co l de Rédarès,ouvert à 387 mètres,

où aboutissent les chemins de Colognac et de

V abres : on perd devue le c irquedeV alestalière

sur l ’autre versant se creuse la val l ée de la S alendre fermée au nord par de grandes croupes

boisées…Dansl es part ies basses sont éparpil l éeslesblanches maisons de Saint-Bonnet .

C e pays,comme la plupart des val l ées céve

noles du Gard,a pris le nom de sa rivière avec

la terminaison engue c ’est la S alendrenque,

peti t monde b ien à part , ayant un caractère, unaccent personnel , si je puis m

exprimer ainsi .

Sur le versant du sud où la rou te descend par

de brusques contours,i l y a beaucoup de fraî

cheur les cul tures sont nombreuses,multitude

de muriers et de châ taigniers entre lesquels les

vignes de Rouveyrac font des c lairières . Sur les

terrasses gagnées au flanc des monts on cul tive

surtou t les pommes de terre. Avec ses fontaines

murmurantes,chaque mas est une oasis. L

eau,

hab ilement recuei l l ie,est conduite sur les moin

78 V OYAGE E N FRAN C E .

dres ressau ts pour arroser les cul tures ; les ré

servoirs où viennent s’

amasser les eaux font

comme de pet i ts miroirs reflé tant l ’azur de ce

beau ciel,si rarement al téré .

E ntre les cerisiers et les platanes qui la bordent , la route, touj ours sinueuse

,descend jus

qu ’

au thalweg où la pérenni té des sources et

du torren t a permis de créer des prairies sousles col l ines ; les mas deviennent nombreux entreles châtaigniers et les mûriers. La végétat ion a

une vigueur ex trême, les châtai gniers surtout semontrent énormes, é tendant leur vaste ramure

sur des pel ouses d’herbe”

fine. De grandes habi

tations, châteaux ou vil las, é gaient ces cam

pagnes. E ntre deux monticules le château de

Sol ier domine la pet i te vil le de Lasal le,é tendue

à ses p ieds.

V i l le composée d’une unique rue, car l’

espace

est mesuré dans cette verte S alendrenque où , de

chaque côté ,lamontagne vient plonger ses p ieds

dans le torrent . Les maisons se sont assises au

bord même du flot,y bai gnant leur base ; plu

sieurs d ’

entre el les sont des usines où l’on mou

l ine les cocons du pays. Lasal le est un des plus

grands centres des Cévennes pour cette indus

trie, el le n’

est dépassée dans le Gard que par

Alais, Saint—Ambroix , Saint— Hippolyte et Saint

80 VOYAGE E N FRAN C E .

Jean—du- Gard et , dans l’Hérault , par Ganges.

S on terri to ire possède neuffilatures

E n arriere de l’

irrégulière et amusante façade

sur la S alendre court une é tro ite rue, longue deplus de 1500 mètres , bordée de maisons sans

caractère, plates, couvertes d’

un crép i grisâtre.

On a pu trouverun peu d’

espace dans l ’ouverture

d’

un ravin pour créerune place publ ique. De su

perbes platanes l’ombragent, les édifices com

muDaux l’

encadrent : é coles , é gl ise , mairie et

temple pro testant . Toute la vie de la bourgade

y semble concentrée.

Lasal le est b ien réel lement une capi tale pourcette val l ée close , enfermée entre de hau tesc imes qui at teignent p lus de 1 000 mè tres à la

tê te de la val l ée , 1 180 mè tres au sommet du

mont Fageas, point culminant du massif du Li

ron , d’où rayonnent tant de val l ées. Très é troi te

près de Lasal le, la val lée n’

est p lus qu’un pl i en

amont , mais parcouru par des eaux vives, au

sein d ’une admirable châtaigneraie parsemée

des hameaux de la commune de Soudorgues,

sorte de thébaïde ombreuse et fraî che habitée

1 . La quantité mise en œuvre en 1901 dans ces établissementsa été de 2 2 701 760 kilogr. de soie française et547 800 kilogr.

de soie étrangère ; les usiniers ont touché 1 37 7 1 6 fr. 67 c. de

primes.

LA SALE N DRE N QUE . 81

en grande part ie par des pro testants , commetou te cette part ie des Cévennes.

Si le si te de Lasal le est beau , plus bel le en

core est la descente de la S alendre au Gardon

La riv1ere à laquel le on donne volont iers le nommêmede la val l ée : S alendrenque, roule ses eaux

transparentes dans un l i t d’ immenses rochers

qu’

el le a pol is dans ses crues d ’

au tres amon

cellements de blocs , que ne peuvent atteindreles grandes eaux ordinaires, sont envahis par lesbroussai l les. Au- dessous de ce chaos les pet its

monts s’

écartent un instant pour dessiner une

conque presque idyl l ique avec ses prés plantés

de mûriers et le château de Calviac au parc fleuri

de roses, dont les bel les terrasses sont ombra

gées de grands arbres . Le si te est aménagé avec

goût,un pont de la viei l le-route a é té recouvert

de terre végé tale et forme un jardin suspendu

au- dessus des prés.

Les l ignes heureuses des hau teurs, les arcadesdes ponts, les grands chênes verts, les terrassesde cul tures, un pin parasol , les maisons b ien

campées sur un ressau t semblent réunies pour

le plaisirdes yeux comme l’

on disai t autrefois ;c ’

est le paysage classique dans toute sa pureté .

L’

olivier apparaî t de nouveau , son feu illage

V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

82 V OYAGE E N FRAN C E .

d’

un vert bleuâtre entoure la l ongue façaded’

un

grand mas é tal é au pied d ’une croupe rocheuse.

La S alendre coule entre les prairies , tan tô t

calme ,tantô t bruissant dans les rochers. Un

moment el le reflue au- dessus d’

un barrage,en

formant un pet i t lac é tincelant , et sa val lée se ré

trécit en une sorte de couloir que le château deMalérargues domine du hau t de ses terraSses

couvertes de grands chênes verts. I l y a encore

des prés , où les pommiers évoqueraient l’ i dée

de la Normandie, sans l’éclat pu issant du ciel ;

mais insensib lement le pays change,les cal caires

remplacent les grani ts, de grands amas de con

crétions bordent la routeet l’

on revoi t la floreparfumée des garri gues lavande et thym .

La roche, qui offrai t des pentes mol les ou ar

rondies, prend des formes plus nettes, el le s’

es

carpe et se dresse en aigu il les d’une teinte derouil le. Dans ce sol le châtai gnierne trouve plus

les sels nourri c iers qui lu i sont né cessaires, ou

le rencontre seulement par î lo ts près du ha

meau des Curieres i l se mêle à l ’ol ivier. I ci unvieux pont , é troi t mais hardi , franchi t la S alendre que vient rej oindre un fort et clair ruis

seau descendu de V abres.

Ainsi grossie, la rivi ère coule, ourl ée de prai

ries, dans un l i t souvent barré par des rochers,

84 V OYAGE E N FRAN C E .

descend en de bel les courbes l ’une d’

el les, près

du hameau de S ouveyrac, est empl ie de grands

châtai gniers plus l o in une forte source jai l l i t

d’

un rocher et atteint la riv1ere en face d’

un laid

amas de gravier disant assez quel les sont les

fureurs des eaux pendan t les inondat ions qu i

désolent tr0p souven t la Gardonnenque.

Sur une col l ine de la rive droi te, trois corps

de l ogis carrés,d’une archi tecture classique,

consti tuent le vi l lage de C orbès, une de ces

communes qui ne possè dent aucune aggloméra

tion,fai t assez rare dans leMidi où les hab i tants

se plaisent en bourgades . Peut- être se créera— t— il

un hameau,si jamais les mines de zinc et de

plomb argentifère et cel les de pyri te de fer qui

existent sur le terri to ire sont mises en explo i ta

t ion,après la construction du chemin de fer

d’

Anduze à Saint—Jean-du— Gard .

Le Gardon s’

apaise, retenu en b iefs par deux

barrages. Des ol iviers, de bel les demeures, des

p ins,des chaussées maçonnées conduisant à un

pon t sans parapet pour résisteraux inondat ions,const ituent un paysage b ien part icul ier. Une

papeterie aux constructions é tagées reçoi t la

force motri ce du torrent .A quelques centaines de mètres de ce défi lé ,

le Gardon de Saint— Jean va rej oindre le Gardon

LA SALE N DRE N QU E . 85de Mialet qu i lu i arrive par une gorge plus pro

fonde et sauvage encore. Désormais les deux

grands torrents const ituent le Gardon d’

AD

duze, dont les eaux pures seront b ientôt pol

luées par le Gardon d’

Alais qui , avec lu i , cons

tituera la r iv1ere devenue fameuse par son

aqueduc le pont du Gard

La route ne borde pas le cours d’

eau ainsi

achevé , el le s’ é lève Sur une sorte de col ou

vrant sur un court mais opulent bassin fermé

par les hau tes et abrup tes montagnes cal cairesà

'

travers lesquel les le Gardon s’

est frayé passage parl

étonnante cluseque les géolo gues con

sidèrent comme la porte des Cévennes. Dans

cette peti te plaine bien encadrée, débouche le

torrent de Paillères, descendu de hautes garri

gues revê tues de chênes verts dont l ’é corce est

explo i tée pour la tannerie et qu i renferme desmines de fer et de pyri tes. Jadis ces garri gues

é taient fameuses par la fontaine corrosive

C ’

est une source où les objets de nature organ ique jetés en é té disparaissent avec rapidi té .

Une feuil le mise le so ir dans le bassin n’

avai t

p lus le lendemain que ses nervures. E t les phy

siciens de donner des expl icat ions du phéno

mène dans la composi tion chimique. Un j our,

quelqu ’un ayant fai t bouil l ir de l ’eau corro

86 V OYAGE E N FRAN C E .

sive vi t que des insectes à peine perceptib les

avaient roug i comme l’

eussent fai t des écre

visses. C’

étaient de minuscules crevettes, appelées trinqùetailles par les gens du pays. E t l

on

s’

aperçut qu’

el les rongeaient les objets tombésdans - la source si le squelette des feuil les per

sistait, c

est que ces nervures é taient trop co

1 iaces !

Les eaux descendues du massif de Palheres

ne soulèvent plus de ces curiosi tés de physi

c iems el les sont simplement recuei l l ies avec

soin pour l ’ irri gat ion . La plaine leur doi t sa fraî

cheur. La végé tation est superbe i c i , les mûriers

abri tent des récol tes vari ées qu i donnent de la

gaî té aux maisons de campagne éparses dans la

verdure. On dirai t qu ’à leur issue sur les gar

rigues du Malgoirès les Cévennes ont voulu se

faire r—iantes . E l les y sont parvenues mal gré la

sévère ordonnance et la nudité des roches dans

lesquel les s’ouvre la cluse.

Cela est beau de l i gnes et de couleurs et con

traste avec la chaîne l o intainedes Cévennes gra

nitiques dont , vers le nord ,le dessin — l ourd ,

noir de forê ts, se plaque sur le b leu du ciel .

V o ic i la cluse avec ses vagues débris dedé

fense, ses escarpements sans. trace de verdure.

Les toü s düänduze , (Yun. rouge finnä _

connne

LA SALE N DRE N QUE . 87

cal c inés par le solei l , apparaissent par l’ouver

ture.

La place d’

Anduze entre la viei l le vi l le et les

quartiers neufs est couverte de dil i gences et

d’

omnibus. D’

immenses équipages conduisent

les voyageurs à la gare pour les amèneraNîmes

ou à Alais, mais beaucoup de gens préfèrent au

train une voi ture qui abou ti t à Alais, au cœur

de la vil le , et dont le conducteur vient vanter

les avantages. Je me laisse d ’

autant plus volon

t iers séduire quej’

ai déj a fai t le trajet par voie

ferrée et dois revenir encore en wagon pour

al ler dans la val lée du Gardon de Mialet .

Rapidement nous sommes en rou te, voic i lepont du Gardon traversé et le petit faubourg

d’usines où les chapel iers travai l lent devant lesfenê tres ouvertes, où le brui t jaseur des moul insà so ie s

’é l ève. La route monte dans un ravin S i

bien abri t é que les lauriers- roses et les agavés

croissent en pleine terre. Un propri é taire s’

est

p lu à orner son domaine de ces plantes afri

caines, i l a bordé le ruisseau de fourrés de bam

bous. Les flancs des co teaux sont tapissés d ’une

bel le varié té de résineux .

L’

amphithéâtre des to i ts rouges et des murs

gris d’

Anduze a disparu ; la route parcourt un

88 V OYAGE E N FRAN C E .

pl i où les ol ivettes et les vignes entourent des

mazets. Puis les mûriers dominent , en grandes

plantat ions ; la récolte des feuil les se poursui t,

suivie aussi tô t de la tai l le à vifqui obl i gera lasève d ’

aoû t à donner de nouveaux brins dont lafeuil le, l

an prochain , sera abondante et tendre.

V u d’ ic i,le pet i t mont de Peyremale qu i

forme l’un des côtés de la cluse d’

Anduze se

présente sous la forme d’une col l ine de moyenne

él évation,mais très rocheuse. A ses p ieds s

é

tend le grand et verdoyant bassin de cul turesde

Boisset , où les maisons éparses, pour la plupart

des magnaneries sont très nombreuses -

entreles ol iviers et les mûriers. Dans cette campagne

on rencontre souvent des tombeaux,ce sont les

sépul tures de protestants qui ont voulu reposer

Sur leur domaine. Cette coutume remonte,croit

on , à la guerre des camisards où les insurgés

é taient ob l igés de cacher les tombes, les cime

t 1eres leur étant interdits.

La voi ture s’

en va rapidement sur la route

l flanche dî fiï Fon a parflfi s de grandes échap

pées sur la plaine de la Gardonnenque. La vue

est bel le surtout aux abords de Bagard d ’où l on

découvre la val l ée d’

Alais et tout le rideau de

la Serre du Bouquet . Le vil lage s’

entoure de

(finnnps de cénäfles où hi inefle des pays du

'

LA SALE N DRE N QU E . 89

Nord est remplacée par le glaieul sauvage, d’une

teinte pourpre. A l ’entrée se dresse un temple

régul ier et froid ; plus l o in l’é gl ise cathol ique,

toute menue, semble une forteresse, tant sont

épais ses murs percés de fenê tres romanes . A

l ’écart , dans le vignob le et dominant le valat

de Cariol , est la tourde Belo t ou de Bil lot , où

les camisards soutirirent victorieusement une

attaque des troupes royales

Du chaînon dePeyremale descendent de nombreux valals ou peti ts val l ons qui vont rej o indre

le Gardon par le ruisseau de Cariol . Ils si l l on

nent um plateau parsemé de mas et de magna

neries innombrables. Pays ri che, b ien cul t ivé ,au mi l ieu duquel Saint- C hristol

'

s’

éteñd au- des

sus d’

un croisement de routes qui fi t naî tre un

hameau vivant , ombragé de grands arbres. Au

carrefour, se dresse une pyramide avec des ins

criptions sur plaques de marbre. La voi ture nes

arrê te pas, je ne puis l ire ni deviner le sens des

caractères lapidaires. Ames quest ions le cocher

répond que c’

est une pyramide. Je m’

en dou

tais !

Au delà de Saint- Christol le château de Mont

mirat est une bel le ruine. Les court ines créne

lées , les tours , une é l égante po ivrière d’

angle

forment un int éressant spécimen d ’

archi tecture

90 V OYAGE E N FRAN C E .

mi l itaire. U n ruisseau abondant coule au- dessous

des ruines.

V oic i Alais, décel é par les fumées des usines

et des mines et le nombre infini des mazets

blancs aux to i ts rouges semés sur les col l ines.

C es abords de vil le sont gais, la campagne est

un immense jardin maraî cherentre les arbres et

les vil las fleuries . Rien ne répond moins que

cette riante banl ieue à l ’ idée que l’

on se fai t à

l ’avance d ’une cité de la houil le et du fer.

92 V OYAGE E N FRAN C E .

Gardon, é tabl iesur lesrochers abrupts, etdevientune aimable avenue entre des jardins bien irrigués

, des vignes et des plantations demûriers

les col l ines sont divisées en terrasses plantées

d’

oliviers. Dans le plan croissent de grands cerisiers et des châtai gniers. Les terrasses représentent un énorme labeur

,les murs en pierre

sèche sont épais et hauts. Dans les parties supé

rieures de ces domaines pat iemment conquisparl ’homme

,le châtai gnier se mêle à l ’ol ivier et

mesure que l’

a l t i tude s’

accroî t, remplace l’

ar

bre de Minerve

Un ruisseau abondant et clair descend au

Gardon ; celu i- c i est sai gné par un canal d’ irri

gation donnant la force mo trice à une usine

qu i fabrique des manches d’

Outils à l ’aide des

branches de chênes verts qui ont é té é corcées

pour la tannerie. Des jardins luxuriants envel op

pent cette pet i temanufacture et les maisons du

hameau de Prafans. Ils doivent une extrême fer

tilité à l ’eau du Gardon amenée entre les à-dos

et répartiepar lesmaraî chers armés d’une sorte

de houe recourbée, ils enl èvent la mot te de terre

qui ferme le si l l on et la placent dans le ruisseau ;ce barrage fai t refluer l ’eau dans les pet i tes fos

ses, el le s’

y pré cip ite, en un cl in d’

œi l le si l lon

est pleinèt 0n’

recommencé l’

Opération à la tran

94 V OYAGE E N FRAN C E .

chée su ivante les cul tures l égumi ères reçoiventainsi d’

un coup , en abondance, le l iquide nour

ric ier qui , assoc1e au solei l , donne aux plantes

une v nnu' inconnue dans k s pays du nord .

Cela se fai t avec une rapidit é extraordinaire,presquemécani quement .

Les ri ches cul tures où l’on ob t ient surtou t lestomates, aubergines, p iments, concombres et au

tres l é gumes qui semblent indispensab les à la vie

sous ce cl imat brûlant , entourent un vaste parc

dont la verdure est intense. Les bambous y attei

gnent la dimension qu ’ i ls ont en E xtrême— Orient .

De grands chamérops donnent à cette campagne

une al lure plus exotique encore. U ne vastemai

son est compl ètement tapissée par un manteau

de Vinsmural£s,cette vigne qui croî t p lus rapi

dement que le l ierre et n’

en a ni la teinte un peu

triste, ni l ’extrême broussaillement . Au tour de

ce parc et de ces hab itations de Montsauve, des

pl is du sol sont rempl is de mûriers, aux rocs

s’

accrochent des chênes verts . D es terrasses s’

é

tagent, plantéesde châtai gniers et d’

oliviers abri

tant des cul tures. E t cela forme une sorte de cir

que, un des paysages les plus riants du Midi

au mil ieu est le vil lage de Générargues, bâti a

la j onction de la rou te de Mialet et d’

un chemin

conduisant à Alais à travers le bassin presque

V OYAGE E N FRAN C E .

de Mialet débouche dans un l i t encombré d’

énor

mes b locs de_ poudingue rappelant les entassc

ments du S idobre Au sommet de la falaise, unroc b izarrement façonné im i te quelque énorme

oiseau antédiluvien,les gens du pays le nom

ment la poule

Avant d ’

atteindre ce chaos, le Gardon de Mia

let a dû se frayer passage dans la roche b lanche

pendant desmil l iers d ’

années les eaux l ’ont ron

gée, creusant une sorte de chenal que l’

on croi

rai t foré dans du marbre, tant les parois sont

é clatantes et l isses. On a profi té de l’étroitesse

du l i t pour construire le barrage dont les eaux

vont vivifier les jardins de Montsauve et de Pra

fans

La gorge s’

est un peu é largie, touj ours avec

une bande de végé tat ion opulente . Grâce à l ’ irri

gation, le hameau de Pradinas a des abords exu

hérauts, i l y a là un platane d’une grosseur et

d ’une hauteur“

mervei l leuses . Dans la montagneest uneminede zinc ; explo itéeen 1902 , el lereste

en ce moment inactive. Partout,dans cesmonts,

on rencontre des gî tes minéraux , mais soi t diffi

culté d’

extraction,so it pauvreté des filons

,ils

n’ont jamais pu donner l ieu à un travai l continu .

1 . 38e série du Voyage en F rance, chapitre Ier

D U GARDON D E MIALE T AU GARDON D E s‘— JEAN . 97

Au fond de la val l ée, le Gardon rouledes eaux

vertes, d’une transparence admirable, dérivées

par de peti ts canaux pour irri guer les pentes in

férieures. Des hameaux jalonnent la rou te, entre

les cul tures luxuriantes et les vignes ; le plus

considérable, Luziers, é tage pittoresquement ses

to i ts rouges et ses murs gris. Exposée en plein

aux rayons du midi , cette partiede la val lée voi t

croî tre l ibrement l’agavé dans ses roches hardies.

Cette calme contrée eut un moment l ’espoir de

part ic iper à la fortune de la val lée d’

Alais, on y

soupçonnai t la présence de la houil le des son

dages entrepris j usqu ’à 700 mè tres n’ont pas

réussi à trouver du combustible, et le Gardon

de Mialet continueà couler au sein de campa

gnes tranqui l les, aucune fumée, aucun tas de

scories ne les soui l le,le t ouriste peu t encore

trouver des si tes à peine connus.

Rares d’

ai l leurs sont les visi teurs au l ong du

val, ceux qui viennent appart iennent surtout aucul te réformé ils cherchent les souvenirs de la

guerre des camisards près du hameau de Pos

sant, on les guide vers les gro ttes où la tradit ion

place une des retrai tes de Jean Caval ier. Les

savants y ont recuei l l i de nombreux ossements

provenan t de la faune préhistorique. De cepoint

j usqu ’à Mialet , les deux versants sont creusés

V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

98 V OYAGE E N FRAN C E .

de cavernes, ouvertes dans de bel les parois por

tant dos c imes aigues ou coniques. U ne de ces

col l ines, tres haute de forme arrondie, couverte

de terrasses j usqu a la cime,domine le bourg de

Mialet , assis sur un coteau escarpé , autour d’une

viei l le' église et d

un temple dont l ’archi tectureévoque ùmévénnn neuannent lï dée dhn1 < firque.

Au- dessous de Mialet , led éfi l é se ferme de

nouveau , remonté sur la rive gauchepar un che

min quede mul tiples lacets conduisent à travers

des bois de chênes verts j usque dans le bassin

de Saint- Paul- la- C oste,où leGaleizo

n se tord au

sein de gorges profondes. De cette rou te, b ien

tracée, se définfln3 1n1 tnnbranchennn n. qui fnni

ch i t le Gardon sur un pont superbe,mais n

est

pas achevé encore sur k1 1 1ve drohe,cfi1 il èkfi t

conduire à Saint- Jean-dû -Gard .

Jusqu ’à présent , les relat ions de Mialet avec

cette pet ite vil le, son chef— l ieu de canton,ne

peuvent se faire que par un raide chemin,fort

é troi t,où des charrettes à bœufs se risquent

seules . I l traverse le torrent par un vieux pont

en dos d ’âne, aux p iles à avant-bec accroissant

le caractère du défi l é qu i se reforme en amont .

Cette viei l le route qui avai t suffi j usqu ’ ic i aux

relat ions entre les val l ées des Gardons de Mialet

et de Saint— Jean monte au flanc d ’une montagne

1 00 VOYAGE E N FRAN C E .

rocheuse, presque à pic , revê tue de châtai gniers

et,b ientôt , domine la gorge où l

on voi t des

grottes s’ouvrir dans les falaises. Le chemin

é troi t et ardu est indiqué comme carrossab le sur

la carte et i l est doté de bornes indiquant ki lo

mè tres et myriamè tres : c’est qu’ i l fut long temps

la voie suivie entre Alais et Saint- Jean,et consti

tuait une part ie de la route royale de Paris à

Nîmes. E n le gravissant on a sans cessedes vues

superbes‘

sur des monts très pl issés et ravinés

où la roche gran i t ique désagrégéeapparaî t fauve

entre les châtaigniers et les broussai l les.

Peu demaisons dans ces grands amph i théâtres

de la C évenne, on pourrai t croire à un pays

abandonné sans les blancs lacets du chemin de

Saint - Paul et le superbe viaduc de la future

route de Saint-Jean . C et ouvrage neufgarde en

core toute la blancheur de ses pierres. Une

grande arcade de 30 mè tres d’ouverture domine

de 25mè tres de hauteur la nappe verte des

eaux ; de chaque cô té , des arches portées sur de

hauts p il iers et reposant sur le roc ou sur l’

ar

cade centrale donnent à l ’ouvrage une extrême

l é gèreté . Les gens du pays sont très fiers de ce

pont,ils l ’ont inauguré vo ic i p lus de deux ans

et ont obtenu la présence d’

un ministre àC ette

cérémonie. Mais i l ne sert à rien encore, la route

DU GARDON D E M IALE T AU GARD ON D E s‘- J EAN . 1 0 1

qu’

il doit porterne sera pas achevée avant 1904.

On lu i a donné le nom d’

un mas voisin : les AI

barines

Le vieux chemin monte touj ours, tracé en

corniche sur des pentes raides presque à p ic , offrant des vues de plus en plus é tendues sur le

massif desmonts confus et sombres que l’

on vo i t

s’

exhausser successivement j usqu aux grandes

croupes gazonnées du mont Lozère barrant l’ho

rizon avec lourdeur.

C e qui étonne surtou t c’est la teinte fauve des

pentes, d’

autant p lus brutale que la verdure des

châtaigniers la fai t mieux ressort ir ; toutes ces

montagnes ont leur ép iderme mis à nu,i l ne

s’

y fai t aucun humus.

Le mouton et la chèvre

ont rongé l ’herbe, l’homme a complé té l ’œuvre

de dénudat i on en recuei l lant les feuil les tombées ;le gran i t ainsi mis à l ’air se décompose en un

sable grossier analogue à celu i de la Lo ire. Le

so lei l accé l ère l ’érosion ; les pluies ont un effet

plus désastreux encore, peu à peu la surface

de la montagne s’

en va au fond des val l ées par

cette descente continue des grains de grani t versle thalweg . Aussi le châ tai gnier est - i l p lutô t

ché tif dans ces parages et semble une proie désignée pour la inaladie qui sévit sur cet arbreprécieux .

VOYAGE E N FRAN C E .

Quel ques fermes isol ées animent l etrañgepaysage

,ce sont des constructions simples mais

amples dans lesquel les on fai t l ’é levage des vers

à soie . E l les occupent des ressauts etdes croupes

où l’on a pu gagner quel que terrain de cul ture

et planter des mûriers. Mais ces oasis sont rares,les habitants ont surtou t leurs champs dans la

partie basse de la val lée.

Plus é tonnamment érodé est le versant de la

montagne sur le Gardon de Saint-Jean . Les eaux

et les vents n’ont respecté que les noyaux ro

cheux les plus durs,encore se désagrè gent- ils

aussi . La montagne ainsi é corchée est d ’une cou

leur chaude,aveuglante sous le solei l

,mal gré les

châtai gniers et les genê ts. Sur b ien des points la

route subit le sort de la roche et menace d etre

emportée par le ravinement .

Au fond de la vall ée, au-dessous de la châtai

gneraie, la vil le de Saint- Jean-du- Gard s’

al longe

au bord de son Gardon . CommeLasal le, ce n’

est

qu ’une rue,plus é tendue encore

,car la popula

t ion est considérable ‘. Les maisons S é tendent

sur près de deux ki lomètres ; à peine, çà et là,

en dehorsde cet te artère,quel ques courtes et in

1 . Lasalle 2 298habitants, dont 1 753 agglomérés Saint— Jeandu— Gard : 3 2 28

, dont 2 195agglomérés.

V OYAGE E N FRAN C E

année plus de 25mi ll ions de kilogrammes et

emplo ient des centaines d’

ouvrières. Saint—Jean

possède également des atel iers de chapel lerie.

La petite vil le est un des principaux centres

de la rel igi on réformée dans les Cévennes, les

sectes y sont nombreuses ; je croisais tout à

l ’heuredesmembres de l ’armée du Salu t procla

mant leurs convic tions par leurs casquettes d’

u

niforme. C et attachement au cul te protestant

s’

affirme par le nom d ’une des rues, dédiée au

général Caval ier. On m’

assure que ce général est

le chef des camisards. Une autre rue porte lenom du maréchal de Tho

_

iras.

E n amont de la ville, le Gardon de Saint—Jean

coule dans une val lée si é troite que la route s’

y

est à grand’

peine frayé passage. Rares et de fai

ble population sont les villages dans ce l ong

défi l é dont la part ie supérieureest dans le dépar

tement de la Lozère et qui constitue jusqu ’

aux

approches de Saint - Jean le peti t pays de V al

borgne compris dans le canton de Saint-André .

La population ,très clairsemée dans ces monta

gnes de schiste recouvertes de châtai gniers,est

maintenue par 1 elevage des vers à so ie et la fila

ture qui possède des usines à Saumane, aux

Plantiers,à Saint-André surtout où deux éta

blissements produisent p lus de dix mill ions de

D U GARD ON D E M IALE T AU GARDON D E s‘- J EAN . 1 05

kilogrammes de soie par année. Le dernier vil

lage du canton ,Peyrolles, possédai t jadis des

orpail leurs qui lavaient les sablesdu Gardon pour

en retirer les infinitésimales pépites d’

or. Cette

industrie a complètement disparu .

Au -dessousde Saint- Jean,la val lée, plus large,

s’

épanouit assez pour pouvoir être cul tivée. Près

de la ville la campagne est verte et riante, des

villas entourées de peti ts parcs, des terrains de

mûriers et de vignes se suivent au long de la

rou te d’

Anduze formant une avenue de platanes .

Dans les prés sont plantés des pommiers dont

la présence est d ’

autant plus surprenante quel’

on vo it beaucoup d’

agavés et de cactus dressés

en buissons inextricables dans les al l ées d’

un

domaine.

On doit ces contrastes à l ’ irri gation les eaux

du Gardon donnent l ’humidité qui permet l ’existence des prairies où les pommiers trouvent la

fraî cheur.

Le Gardon,abondant et pur, descend avec ra

pidité dans ce beau val, au pied de roches offrant

parfois l ’aspect de ruines féodales. Les schistesfont peu à peu place aux cal caires

,la végé tation

se transforme, les fortes senteursdes sols de gar

rigues s’

épandent dans le val des sources jail l is

1 06 V OYAGE E N FRAN C E .

sent à la base des roches sous les figuiers et les

chênes.

Le crépuscule vient,donnant à ce paysage

apaisé avec la dispari tion de la grande lumiere

un caractère intime et doux,presque auguste

dans sa beau té classique. Les fins de j our sont

l ’heure adorable de ces régions de flammes.

V OYAGE E N FRAN C E .

on,à la reconnaissancedes populations dél ivrées

des Sarrasins par les Francs de Charlemagne.

La l ongue arê te qui sépare le Gardon de Mialet

du Gardon de Saint - Jean est parfo is appel ée

chaîne francesque.

Saint— Jean- du-Gard , je l’

ai dit est le centred ’

attraction pour ces val l ées ; si l on veut péné

trer dans la V al l ée Française en venant du Midi,

il faut passer par cette vil le et entreprendre une

longue ascension amenant sur le versant du Gar

don de Mialet , par une route plus praticable que

cel le de Mialet où je passai h ier. E l le monte

entre des jardins et des prés bordés par la châ

taigneraie cont inue, peuplés de bel les maisons

de campagne. Cette zone riante est courte,on

retrouve la montagne mise à nu ,le grani t à

gros grain,très friable, où le châtaignier pl onge

ses puissantes racines. Un pan de rocher coupé

par la chaussée met à nu des fragments de ces

racine‘

s ayant plusieurs mètres de l ongueur.

C es arbres sont d ’

ai l leurs médiocres de tai l le,beaucoup languissent

,atteints par la maladie

qui cause tant de dég âts dans les châtai gne

raies d’

E urope et sur la nature de laquel le on

n’

est pas b ien fixé encore. Cependant ce fl éau

est é tudié avec beaucoup de so in par les savants.

M . Cri é , professeur à la faculté des sciences de

LA VALLEE F RAN çAIS‘

E . 1 09

Rennes,a consacré de l ongues années à la re

cherche des causes de ce mal, sans oser se pro

noncer encore.

D ’

ai l leurs i l importemoins de connaî tre exa'

c

tement les raisons de cette ép idémie qui frappepartout cet arbre utile, particul ièrement pré cieux

dans les Cévennes , que de trouver le remède.

Or,toutes les tentatives fai tes jusqu’ ic i ont é té

vaines, le châtai gnier cont inue à dépérir. C er

taines années les feuil les tombent dès sep tembre

et le fruit avorte, réduisant les populations à une

quasi— famine. La châtai gne, en effet , resteencore

sur b ien des points le fond de la nourri ture. Pour

conserver longtemps ce frui t , i l est soumis à la

dessiccation dans les cle‘

des avoisinant la plupartdes hab itations

Par ces châtai gneraies au sous— bois compl è tement nu ,

on atteint la l i gne de faî te dans un

paysage semblable on descend vers le Gardon

de Mialet coulant au fond de gorges sinueuses oùles eaux des plu ies, que nul le couche d

humus et

de gazon ne ralent i t , causent des inondations

effroyables. Au mi l ieu du torrent se montrent

deux arches d’

un pont enlevé la nuit même qu i

suivi t son achèvement .

Pourtant on pourrai t maintenir cette roche'

inconsistante en conservant les feuilles tombées,

I IO V OYAGE E N FRAN C E .

en rebo isant les parties où les châtaigniers ont

disparu . L’

œuvre est fac ile, el le a été tentée ;de bel les p inèdes revê tent quelques pentes. On

pourrai t ainsi couvrir toute la montagne d’

un

manteau de bois qui arrê terai t les érosi ons.

Partout où l ’extrême dénudat ion ne s’

est pas

produi te, le pays reste vert . Près du pont ruiné ,le hameau de Falgu1ere occupe un j ol i bassin

au p ied d’

un mont icule ceint de chênes verts

et de châtai gniers ; des terrasses de cul tures

ombragées d’

oliviers descendent j usqu a un pé

t i t p lan de prairies arrosé par un canal d irri

gation .

La montagne est entail l ée pardes ravines pro

fondes et fraîches. L’une d ’

el les , sur la rive

dro i te,marque la l imi te entre le Gard et la LO

zère. On sai t avec quel le fantaisie furent décou

pés les départements , nulle part'

peut- ê tre on ne

s’

inspira moins des l imi tes naturel les . Le cours

supérieur des Gardons qui appartenai t jadis au

Gévaudan a é té maintenu à la c irconscrip t ion

dont Mende devenai t chef- l ieu,cependant cette

Gardonnenque regarde uniquement vers Alais et

Nîmes,les relat ions ont surtout l ieu avec ces

vil les populeuses.

La V al lée Française et cel lede Saint- Germain

de- Calberte ont pourtant b ien moinsde rapports

I I 2 V OYAGE E N FRAN C E .

Cela est vraiment trop sol i taire ; sauf une tourruinée qui semontre entre la val l ée du Gardon de

Sainte— Cro ix et cel le du Gardon de Saint-Ger

main ,on n

aperçoi‘

t guère tracede construct ionsaux abords du confluent . La gorge semble dé

serte ; plus déserts encore sont les ravins que

traverse la route, véri tables précip ices aux pa

rois déch iquetées par les torrents de crues.

Pourtant,à un dernier contour, au moment

où l’on atteint le confluent des deux Gardons,voic i une peti te bande de prairies ombragée de

beaux châtai gniers. La V al l ée Française se re

pl ie vers l ’ouest , très verte, tandis que le torrent

de Calberte descend du nord par une gorge ro

cheuse et sinueuse après avo ir contourné le j ol i

b ourg de Saint- É tienne-V al l ée— Française.

Saint-Etienne est dominé par un château flanqué de tours rondes et d ’une tour carrée crénel ée

,

les arbres d’

un parc envel oppent l’édifice. Un

vieux bourg aux rues é troi tes et montueuses dé

gringole vers un quartier neu fformé par laroute

de Barre-des- C évennes et de Florac . On y accède

par une avenue plantée de t i l leuls. L’égl ise, au

cœur du vieux village, est bâtie en schiste noir

dans lequel sont noyés des b locs de quartz ar

rondis . Cela est d’

un effet sauvage. Une porte et

une fenê tre romanes s’ouvrent dans le clocher.

1 14 V OYAGE E N FRAN C E .

Les maisons ont beaucoup de fleurs sur l ’appu i

des fenê tres ; les jardins sont également très fleu

ris. Le tout est fort menu,carle bourg ne possède

pas même 350 habitants agglomérés. E t pour

tant aucun groupe de populat ion aussi considé

rable n’

existe au l ong du Gardon de Calberte

Saint - Germain , chef— l ieu du canton , n’

est pas

plus important ; une autre val l ée,cel le du Gar

don de Saint - Mart in - de- Lansuscle, ne possède

aucun vil lage, les hab i tat ions y sont dispersées .

Autour de Saint—Etienne la campagne se cou

vre de vignes et de mûriers. On él ève encore ic i

beaucoup de vers à soie et la fi lature y possède

deux usines. La val l ée de Calberte est réputée

pour ses cocons, ils sont plus fermes que ceux

d’

en bas, parce que la température ne permet

pas de faire éclore aussi tô t les bombyx .

La V al l ée Française est le plus frais de ces

grands pl is du massif cévenol . Le Gardon de

Sainte- Croix y borde de pet i ts coins heureux

par la verdure et la - grâce. On y pénè tre au sein

d ’une châtai gneraiepour s’é lever sur une cor

niche assez vertig ineuse, dominant de haut lari

v1ere encadrée de châtai gniers souvent énormes.

Mais dès que les pentes offrent des ressauts,aussi tô t qu ’ i l a é té possible d etablir des ter

rasses, on retrouve la vie. V oici un hameau , la

1 1 6 VOYAGE E N FRAN C E .

c ile. La masse est trop compacte,la teinte trop

uniformément sombre pourfaireun beau tableau,

mais,vusde l o in, ces débris sont fantastiques,

ils ont une apparence quasi aérienne.

Leschênes verts et des châtaigniers rabougris

revêtent le rocher et semblent l’escaladerdu côté

dela rivière ; sur le versant opposé , où la posi

t ion é tai t p lus accessib le, on avai t renforcé la

forteresse par une seconde enceinte,rempart

flanqué tkæ UHu s .

Le château de Moissac a donné son nom à la

commune, mais auCun vil lage ou hameau de

Moissac ne s’

est construit et i l n’

ya pas‘

d’

agglo

inérati0n de ce nom sur le terri to ire. Cette par

tie de la val l ée est pourtant la plus i l lustre sur

la'

rive gauche du Gard0n ,au hameau de Bois

sonnadeèxiSte une pet iteé gl ise,très noire, très

viei l le , très fruste ,construi te en grani t d

un

grain fin que l’

on a comparé au grani t de Ker

santon ,

dans lequel la Bretagne a entai l lé tant

de sanctuaires, de croix et de calvaires, roche

semblable à la lave par sa teinte. Cette é gl ise,dévolue maintenant au cul te protestant , aurai t

é té construite par Charlemagne pour cé lébrer sa

victoire sur les Sarrasins, c’

est Notre-Dame de

la V i c toire de V alfrancesque ou de la val l ée des

Francs la V al l ée Française.

LA VALLEE FRAN çAIS E . 1 1 7

C e vénérable édifice, les restes du château ,deux antiques demeures bât ies au- dessous des

ruines, dont une possède une tour et l’

autre une

tourel le d ’

angle, font de ces bords du Gardon un

site très pittoresque, dominé par la hau te mon

tagne que couronne le vil lage de Saint-Roman,

au- dessus d ’une bel le fu taie de p ins ob tenue de

puis moins de quarante ans. Jadis les communi

cations de la V al l ée Française avec le haut Gé

vaudan et Saint- Jean avaient l ieu par une route

de poste qui suivai t cette crê te la construction

des vo ies nouvel les par le fond des val lées a fai t

abandonner l ’antique chaussée. E l le est aujour

d’

hui dégradée sur tant de points et possède desrampes si raides que les voituriers de Saint

Jean n’

ont'

paS voulu m’

y conduire.

Jusqu a Sainte- Croix,vil lage assez considé

rable pour le pays,et à quelques kilomè tres en

core au delà,on trouve touj ours lesmêmes petits

épanouissements de la val lée,avec leurs cultures

et leurs châtaigneraies,mais peu à peu lagrande

végé tation cesse sur le hau t des monts on ne

trouve plus que les pel ouses des alpages. C ’

est

dans ces vastes et froides prairies,dominant le

grand cirque de Molezon où naî t le Gardon deMialet , que s

al longe, sur la route,Barre— des— C ê

1 18 V OYAGE E N FRAN C E .

venues chef— l ieu de ce canton lozérien . Pauvre

petit bourg qui serai t sans vie,si ses quatorze

foires n’

amenaient des foules consi dérables. Cel le

de j uin lui vaut j usqu ’à 1 0000 visi teurs,condui

sant les moutons et les vaches qui donnent heu àd ’ importants é changes.

Barre est à 1 000 mè tres au- dessus de la mer.

Les nombreuses rou tes qui'

yaboutissent ou se

Séparent près de l à en font un bon centre d’

ex

cursions dans les diverses val l ées des Gardons

Une de ces routes,se tenant sans cesse à plus

de 1 000 mè tres,suit la crê te occidentale du

cirquedeMolezon, pourdescendre au Pompidou ,vil lage act if assis sur une haute crête d ’où l’on

peut redescendre dans la val l ée du Gardon de

Saint-Jean vers Saint -‘

Audré-de— V alborgne. La

course est bel le car elle montre sous des aspects

b ien divers le labyrinthe de montagnes où naissent les Gardons

,où vient aussi au jour le Tar

non,premier grand affluent du Tarn .

Je suis revenu de Sainte- Croix à Saint— Jean à

l ’heure crépusculaire. La val l ée de Sainte— Croix

me paru t plus bel le e ncore,au del à de Saint

Et ienne,à la descente du Gardon de Mialet les

1 . 34e série du Voyage en F rance, chapitre XX I I .

1 2 0 V OYAGE E N FRAN C E .

cocher,i l leur de la soupe

,du frico t

,des

pommes de

E t comme en un tel pays les moyens de se

procurer de semblables douceurs font défaut,

les val lées dès Gardons tendent à se dépeupler

au profi t des grandes vil les du l ittoral .

BRAMABIAU E T L’

AIG0UAL

De Meyrueis au causse N oir. Lanuejols. Saint— S auveurdes-Pourcils. Bramabiau et la perte du Bonheur L

ex

ploration de Martel. Le vallon du Bonheur et l’

E spérou.

Au col de la S erreyrède. La forêt de l'AigOù àl. La source

de l’

Hérault.— L

observatoire de l’Aigoual au Jardin de D ieu.

Observatoire de l’Aigoual. Juin .

A peine le j our a- t- i l paru lorsque nous quit

tons Meyrueis pour la longue course de l’

Ai

goual. La petite vil le est profondément endormieencore, mais déjà un brui t de sounailles annonce

le départ des brebis pourles hauts pâturages,un

murmure infiniment doux s’

él ève de la Jonte et

du Bétuzon qui babil lent sur les graviers.

La route monte au 10119de ce dernier torrent

le val lon, d’

abord large et cul tivé,devient b ientô t

un abîme de verdure entré°

le causse Noir,bo isé

de pins, et lemassifdel’

Aigoualcouvert degrands

châtai gniers . Le chemin abandonne le val au

dessus du château de Roquedols et monte dansun ravin latéral rempli par la forê t de ce nom

1 2 2 V OYAGE E N F RAN C E .

où des hêtres et des chênes d une bel le venue

croissent sous les grands pins. Sous les arbres

abondent l’airelle, la frambo ise et la fraise. Les

thyrses de la digitale bordent les talus.

Le pays est assez bo isé pourque l’

on ait cons

trui t une scierie à laquel le semblent dévolus les

pins sylvestres hauts et droi ts et les hêtres à la

grande ramure. Cela est charmant,on ne se

croirai t jamais sur un causse celui- ci,i l est vrai

,

est le moins aride de ces plateaux cal caires, i l

devrai t même son nom de causse Noir aux forê ts

de pins qui le recouvraient uniformément jadisIl a encore beaucoup d ’

arbres, de bel les fermes

et même des fontaines. La partie par laquelle

nous l’abordons en ce moment est un lambeau de

terrain sch isteux rappelant fort peu les tables et

les parois qui sont la caractéristique des régions

caussenardes

La rampe a é té raide,aussi les vues s é tendent

b ientôt ; d’

un sommet de côte on découvre tout

le plateau fortement ondulé du causse Méjean ,

çà et là tacheté de vert par les champs de

seigle ; sous la falaise se creuse la bel le vall ée

de Meyrueis.

V oici la surface du causse Noiroù l’on pénètre

après avo ir franchi la l imi te entre la Lozère et le

Gard . La route continue à parcourir le plateau

1 24 V OYAGE E N FRAN C E .

domine au l o in le château d’

E spinassou . E ncore

quelques pas, voici un co l et toute la chaîne de

l’

E spérou apparaî t j usqu ’

au co l de la S erreyrède

où el le se rattache à l’Aigoual. Celui- ci semontre

peu à peu ,noir de ses naissantes forêts. Tou te

cette rég ion si âpre est d’

ai lleurs en vo ie de

rebo isement ; l’

E spérou ,jadis très peupl é , ne

reprendra vie que l orsque les bo is auront rendu

au sévère plateau l ’abri contre les tempêtes deneige en hiver

,contre le solei l en é té .

C es monts de l’E spérou surgissent au- dessus

de la val lée du Trevezel, extrêmement creuse,

aux pentes très découpées.

A mesureque l’

on avance,l’

Aigoual semontre

mieux son énorme croupe se dé tache mainte

nant sur le ciel bleu ; au- dessous,dans le col de

la S erreyrède, on distingue le to it rouge de la

maison forestière. Cela semble tout près,mais

la course sera longue encore.

La route,coupant un promontoire hérissé de

roches noires et ai gues,passe au- dessus des ra

res maisons du hameau de Lafoux entourées par

les pépini ères du service des forê ts qui servent

aux plantat ions dont lemanteau s’

accroî t de plusen plus. Les reboisements s é tendent de chaquecôté dela chaussée

,les plus anciensmontrent des

arbres vigoureux : mé l èzes,acac ias

,surtout des

BRAMABIAU E T L’

AIGOUAL. 1 25pins. La basede l’E spérou , ainsi toute conquise,dessine un grand cirque verdoyant ; au fond le

clocher de Saint- Sauveur—des-Pourci ls apparaî t

et disparaî t selon les contours du chemin . A l ’est,

un grand ravin aux paro is rouges se creuse en

tre des croupes bo isées, c’

est le cé lèbre abîme de

Bramabiau le plateau qu i le domine porte les

maisons de Camprieu

Les Forêts ont eu la coquetterie de faire des

abords aimables à ce site fameux , des plantations

de pins laricios de bel le venue couvrent les pen

tes raides au pied desquel les court le torrent

échappéà sa prison .

Les réci ts de Martel sur son expéd ition dans

le gouffre ne m’

inspirent guère le désir d’

entre

prendre la visi te du torrent qui s’

est creusé de si

prodigieux passages sous un pet i t causse inséré

entre des grani ts. Je me suis borné à voir la

grotte d ’

entrée et à contourner la col l ine pour

visiter l ’ issue. Le ruisseau du Bonheur pénè tre

dans la montagne au sein de couloirs, avant de

plonger, par des cascades, j usqu a la val l ée de

S aint- Sauveur,où il revient au j our sous le nom

de Bramabiau . Cela veut dire Bramement de

bœuf,onomatop ée inspirée par la rumeur des

eaux à l ’époque des crues .

1 2 6 V OYAGE E N FRAN C E .

Le Bonheur, est— cc un fleuve aux grandes îles ? N on .

C ’

est un pauvre ruisseau venu de la même

crête de l’Aigoual que l’Hérault

,mais du versant

Opposé . I l a parcouru une large val lée de pâtu

rages quand il arrive sur le causse de Camprieu,

au- dessous du hameau . A une époque très lo in

taine,les eaux parvenues entre la masse calcaire

et l ’encaissement des grani ts ont transformé la

fail le en fissure,l ’ont agrandie

,l ’ont creusée en

tunnels ; puis, cont inuant l’

œuvre intérieure,el les

ont creusé des galeries plus profondes encore en

abandonnant le premier souterrain . Cette œuvre

de forage s’

est poursuivie, tantô t leBonheur creu

sai t de véritables puits où il tombai t en cascade,tantôt i l é larg issai t des fissures horizontales et

coulai t en rivi ère,pour p longer à nouveau . Ainsi

i l parvint j usqu’à la base des rochers immenses

d ’où il s echappe par le Bramabiau .

Rien ne déconcerte plus l ’espri t que l evidente

disproport ion du torrent travail leur et de l’

œuvre

accomplie. Le Bonheur est un ruisseau à peine

capable d’

actionner un moul in,et cependant i l

a fai t ouvrir dans la masse cal caire, par l

effon

drement d ’une cavité qu’ i l creusa,un tunnel

d’

une régulari té absolue, c’

est une galerie rec

tangulaire haute de 1 0 mètres,large de 2 0

, pro

fonde de 80,dans laquel le

,en cette saison , on

1 28 V OYAGE E N FRAN C E .

pénè tre sans peine entrede grands blocs éboulés

de la voûte à l’eXtrémité de ce gigantesque

couloir on retrouve la l um ière du j our tombant

par l’

aven de Balset,ouvert sur le plateau de

Camprieu . Dans ce parcours,se creuse déj à un

gouffre,appel é la Tronche

,du nom d

un habi

tant de Camprieu qui s’

y perdit et dont le cadavre

fut retrouvé pendant l’

exploration de la caverne.

Au delà s’ouvre un puits béant C ’

est la bouche

d ’une fissure du plateau qui avale le Bonheur

to ut entier,é crivai t Martel

,en 1886

,et je ne

crois pas qu’on ose jamais suivre son cours dans

les conduits de la montagne aucun aven n’

est

p lus noir et formidable.

Cependant on devai t suivre le cours du Bon

heur et lui arracher son secret deux hommesne

crai gnirent pas de tenter l’

aventure et l’

un d ’

eux

é tai t ce même Martel qui déclarai t l ’entreprise

impossible.

E l le fut accompl ieen j uin 1888. Le 2 7 , Martel ,ses parents Marcel et Gabriel Gaupillat et Chei l

ley, accompagnés decinq guides ou habitants du

pays, tentaient l’exp loration parl

’ issue inférieure,c ’est- à- dire Bramabiau . Ils parvinrent assez l oin

remontant les cascades à l ’ai de d’

échelles, par

courant les biefs al ’aide d’

un canot démontable

On ne put atteindre la sortie,bien que l

on eût

BRAMABIAU E T L’

AIGOUAL . 1 29

pénétré fort avant , maisle lendemain onentrepri t

l’

excursion par la perte du Bonheur ; cette fo is,après despéripé t ies souvent tragiques, Martel et

ses compagnonsArmand et Blanc seretrouvaient

sur leur i t inéraire de la vei l le ; par des effortsinouïs de gymnastique ils débouchaient dansl’

alcôvède Bramabiau,ago mètres plus bas que

la perte du Bonheur et à près d’

un kilomè tre à

vo l d ’o iseau . Martel a fai t dans son l ivre,les C e

'

vennes, un émouvant ré ci t de cette expédition .

Si l ’entrée du Bonheursous le causse de C amprien est une bel le chose par la majesté de

l ’œuvre de perforat ion accompl ie, la sortie est

superbe. Le causse,dont la surface est si plane

,

a é té entai l l é , par les eaux et les agents atmos

phériques, en une falaise régul ière aux strates

très apparentes, de teintes admirables,dans la

quel le s’ouvre nu coul oir profond au fond duquel

on voit le Bramabiau s’

élancer en cascade d ’une

hauteur de près de 1 0mè tres. Le si te est étrangeet grandiose

,mais i l n’

a plus la beauté farouche

que lui donnent d’

anciennes photographies,les

jeunes plantations ont grandi,le chemin qu i

descend dans l’

abîme est ombragé d ’

arbres

vigoureux tamisant les rayons du so lei l les

herbes et les mousses,favorisées par l

’humi dité

de peti tes sources, y sont d ’une extrême fraî

V OYAGE E N F RAN C E . XXXV I.

1 30 VOYAGE E N FRAN C E .

cheur. Aux abords de l’

alcôve seulement on

retrouve la roche et fé éboulis.

Bramabiau est donc une des grandes beautés

naturel les de cette région des causses,dont le

plateau de Camprieu est la dernière formation .

On resterai t longtemps dans cet abîme vert

où s’é l ève la rumeur du torrent

,mais le sommet

de l’

Aigoual est l o in encore. Nous nous remet

.tons en chemin à regret . V oici les derniers ar

bres de l’excavation, pu is la val l ée du Bonheur ;nous remontons le ruisseau jusqu a lamaison du

cantonnier où .l’

on nous a dit qùe l’

on pouvai t

déjeuner. La maî tresse de céans a vite fai t d’

im

proviser le repas, quel ques instants après nous

reprenons la route.

La val lée est un large bassin de prairies entre

les grandes pentes boisées de lAigoual et cel les,moins é levées, de l

E spérou . Cette part ie est en

core de format i on cal caire,aussi a- t- ou pu entre

prendre des cul tures mal gré l ’al t i tude de plus

de 1 000 mètres ; mais les pâturages dominent .

L’

ancien chemin que nous suivons côtoie le

Bonheur, tandisque la route foresti ère, traversant

Camprieu,s

’é l ève au l ong du Trévezel'

par des

détours ; au pied des premières pentes un sen

tier raide,tracé entre de laids éboul is, permet

d ’

al ler rej o indre la vo ie carrossab le plus douce

1 32 V OYAGE E N FRAN C E .

verdure qu’enveloppent les ramures plus som

bres des châtaigniers

La S erreyrède, jadis inhospitahere, où l’

on ne

parvenai t que par les drai l les raides et rocailleu

ses suivies par les moutons du Languedoc al lant

paî tre sur les pentes de l’Aigoual et de l’

Auver

gue, est auj ourd’hui le point de j onction de plu

sieurs bel les routes construites par le servi ce

des forêts pour conduire dans les montagnes

soumiseS au reboisement . U n manteau de bo is

recouvre toutes ces croupes autrefo is arides et

parcourues par les brebis qui avaient presque

entierement détruit l ’herbe et la terre el le-même.

Auj ourd’hui,toute pâture est supprimée

,mais la

grandé clraille ‘existe encore

,large piste par

laquel le les troupeaux se rendent des val l ées

inférieures aux pentes qui restent soumises à

leur parcours ; ils s’

en vont ainsi par les causses

et les gorges du Lot jusqu’

aux sommets herbeux

de l’

Aubrac,à près de vingt- cinq l ieues d ’ i ci .

De toutes ces routes,la plus fréquentée est

cel le du sommet suprême de l’

Aigoual, el le se

déVe10ppe au flanc de l ’ immense ravin de l’Hé

raul t,au mil ieu de la bel le forê t cré ée de nos

1 . On écrit aussi draye, mais cette forme rend mal la pronou

ciation .

BRAMABIAU E T L’

AIGOUAL. 1 33

j ours. Les arbres sont déj à hauts ; les hêtres et

les pins ont fai t naî treun sous-bois . On contourne

de nombreuses ravines secondaires, dans l’une

un fi let d ’

eau descend entre les roches, se perd

dans les éboulis,apparaî t de nouveau et descend

en chutes dans le cirque profond . C e pet i t ruis

selet j aseur est la source d’

un fleuve, l’Hérault.

La fontaine supérieure,très modeste, sourd là

haut,au bord de la grande drai l le, non l oin de

la charmante maison qui sert de l ogis d é té au

conservateur des forêts .

Les reboisements sont presque achevés, les

dern iers pâturages ont é té conquis,des arbres

très bas,d ’

apparence souffreteuse, occupent une

sorte de seui l où les vents du sud acquièrent

une violence extraordinaire. De l à cet aspect

chétif des pins dont beaucoup sont brisés. S ur

le sommet de la montagne,vo ic i l ’observatoire

de l’

Aigoual , semblable à quelque forteresse

du passé par la tour qui le flanque. E ntre les

arbustes qui deviendront une forêt , un sentier

b ien tracé épargne les lacets de la route et con

duit rapidement à l ’édifice dont la constructionest une des bel les œuvres de la sciencemoderne.

J’

ai la bonne fortune d etre annoncé par

M . Fabre, le conservateur des forê ts qu i a présidé à la transformation du massifde l’Aigoual,

1 34 V OYAGE E N FRAN C E .

de l’

E spérou ,de la Lozère et de tant d ’

autresparties des Cévennes. Il m

a offert l ’hospital i té

dans son propre l og is ; grâce à luij’

ai pu jouir

de cemerveil leux belvé dèredel’Aigoual, en dép it

du vent formidable qui s’

est é levé dans l’après1n id i

L’observatoire est l ’œuvre de M . Fabre. L e

minent géologue qu i a é tudié avec tant de passion

tout lemassif cévenol et l’a décrit avec un talent

d ecrivain bien personnel,en pages souvent admi

rables a . de bonne heure signal é l ’util i té d’

un

é tabl issement mé téoro logique. Pendant que les

savants ayant à leur tête le futur général Perrier,orig inaire de V al leraugue

,faisaient une act ive

campagne pour ob tenir unemodeste instal lation

sur l’

Aigoual, M . Fabre, al ors inspecteur des fo

rêts,décidai t son service à entreprendre l ’œuvre.

Le colonel Perrier,qu i avai t réuni 2 3 000 fr.

,

mit cette somme à la disposi t ion des Forêts, les

ressources s’

accrurent au po int que la maison de

gardes est devenue un établ issement sc ient ifique

important,dont les proportions é tonnent .

Les travaux furent commencés en même temps

que l’

on entreprenai t la restaurat ion forestière

des derniers sommets de l’Aigoual autorisée par

1 . Éparses surtout dans le grand dictionnaire géographique deJoanne.

V OYAGE E N FRAN C E

dans la partie de l’Hérault où le fleuve coule en

une é tro ite val lée, et pour 15mi l l i ons dans lesvignobles de la plaine.

Le rebo isement entrepris sur de grandes sur

faces aura pour résultat sinon d ’

empêcher les

crues,au moins d’

en restreindre l ’action malfai

sante,en Opposant des obstacles à l ’écoulement

des eaux , en ob l igeant cel les- ci à péné trerdans le

sol en fi l trant dans les herbes et au l ong des ra

cines des arbres. Déj a on constate une amél iora

t ion réel le,les torrents s’

accroissent mo ins rap i

dement,en même temps les sources tarissent avec

p lus de lenteur.

L’observatoire est légèrement abrité par la

crêtemêmede la montagne qu i fut enta i l l ée pour

obtenir une terrasse ; seule la tour où sont les

instruments météorol og iques dépasse le sommet

par sa plate- forme crénel ée portée sur une ga

lerie de mâchicoulis. Derri ère est la maisonnette

basse et misérable occupée par le gardien du

refuge du Club alp in,el le s

’ouvre en face de la

sal le à manger,baraque de planches retenue au

sol par de fortes chaînes de fer pour empêcher

le vent d ’

emporter la construct ion ; les fenêtres

prennent j our sur le versant du nord,où nais

sent la Jonte et le Tarnou .

BRAMABIAU E T L’

AIGOUAL . 1 37

Autour de l ’observatoire et du refuge,aucun

arbre, c’

est une pelouse accidentée,aux pentes

raides et qui se pare au printemps d’

un merveil

leux tapisde fleurs. L eclat de ce parterre a valu

au sommet de l’Aigoual lenom de l’

Horl deD ieu,

c ’est— à- dire le Jardin de Dieu . C e nom remonte

au xv1° s1ecle, à l’époque où la Facul té de Mont

pellier, dans tout l ’éclat de son enseignement ,envoyai t ses maî tres herboriser sur ces sommets

dont la flore est d ’une ri chesse incomparable.

De l ’observato ire ou des petites croupes vo i

sines,la vue est plus é trange quevraiment bel le

auj ourd ’hui du mo ins où la netteté de l’horizon

est faib le. La Méditerranée,qu i est une des

grandes beautés du spectac le,ne se vo it pas, on

la devine seulement par le bleu confus de l’ho

rizon . Les gardes me montrent des plaques d’

un

jaune fauve enchâssées dans une p laine verte ce

sont les é tangs de la région d’

Aigues—Mortes .

Au- dessous de la montagne, les Cévennes sem

blent d ’énormes vagues schisteuses aux crê tesaigues les roches sont de teintes ardentes

,

b lanches,rousses ou vertes.

LA HAU TE V ALLEE D E L’

HERAULT

L’

Aigoual la nuit . Au lever du soleil. La bourrasque .

Le sentier des Quatre mille marches. D escente sur V alle

raugue. Les premiers oliviers. V alleraugue et ses filatures . La vallée de l

Hérault. Pont—d’

Hérault. Le

V igan . Les bains de C anvalat. La fontaine d’

lsis.— Les

gorges de la V is. Les mines des Malines.

Le V igan. Juin.

A la chute du j our, le vent qui avait é té vio

lent au point de nous interdire toute sortie sur

l’

Aigoual s’

est un peu apaisé , mais un l éger ri

deau de brume a cont inué à pesersur l ’ immense

paysage. Pourtant beaucoup de détails avaient

p lus de net teté , on distinguai t fort b ien Montpel

l ier par la blancheur de ses édifices ; le pic de

Saint-Loup qui masquai t en partie la grande c ité

semb lai t au cœur du tableau . La val l ée de l’Hé

raul t se dessinai t p lusnettement , é tonnant ab îme

au fond duquel , à 1 250 mètres au- dessous de la

terrasse de l ’observato ire, apparaissent les pre

mières maisons de V al leraugue. L’horizon é tai t

140 V OYAGE E N FRAN C E .

Puis les éto i les s’

al lument au c iel . E n même

temps des lumières se montrent au- dessousde la

montagne, révé lant V al leraugue et ses hameaux .

D’

innombrahles points lumineuxmarquent l’em

placement de Montpel l ier, d’

au tres sont al ignés

comme au long d’

un quai ou étagés aux flancs

d ’une montagne c ’est la vil le de Cette que la

nuit seule a pu nousmontrer. Partout sc inti l lent

ainsi des lueurs, gaz ou lumi ère é lectrique des

pet i tes vil les répart ies dans l ’ immense plaine du

l ittoral . Lo in,dans le sud- est

,se montre la lueur

d’

Un phare, sans doute l’

E spiguette.

Les gardes mettent un nom sur tous ces foyers

de lumi ère.

La fraî cheur est grande à cette heure sur le

sommet sol i taire,puis le vent s’él èvedenouveau ,

venant des causses,il souffle avec furie

,secoue

les fenê tres de l ’observato ire. Dans ces rumeurs

de tempête je m’

endors,rêvant que je suis en

mer par un de ces coups de mistral qui ag itent

si furieusement le golfe du Lion

Le j our ne po inte pas encore quand un des

gardes frappe à la porte, nous voulons j ouir du

lever de solei l et part ir aussi tô t après pour V alleraugue afin de trouver la vo iture du chemin defer. En quelques minutes nous sommes prê ts.

Le vent souffle touj ours, de plusen plus vio lent ;

LA HAUTE VALLEE DE L’

HERAULT . 141

pour gagner le refuge du club alpin où le déjeu

ner est préparé i l faut presque ramper. Dans la

sal le à mangerretenue au roc par ses chaînes on

éprouve un vague malaise,la baraque semble

prê te à s’

envoler.

Le j our vient,terne ; des brumes précèdent le

solei l . Le cerc le d ’horizon est très restreint . Le

spectacle annoncé va rater nous dit- on . Le

solei l apparaî tra tard,dans une buée chaude, et

nous n’

aurons pas l’i l luminat ion des crê tes ni

l ’apparit ion de la mer. Alors en route ! A peine

avons-nous l ’abri du sommet et le vent semble

ê tre tombé .

Un des gardes nous accompagne j usqu a l’

en

dro it où le chemin de V al leraugue est b ien re

connaissable,car nous allons su ivre une éton

nantearête entre l’abîme de l’Hérault et un ravin

non moins profond où c0ule un des affluents du

fleuve naissant . Au- dessous de l ’observato ire, un

écri teau annonce l ’amorce de l ’escal ier des Qua

tre mil le marches. C ’

est un sent ier très raide,

presque à p ic,qui permettrai t d ’

atteindre en une

heure les rives de l’Hérault au hameau deMal

let . Au bord de ce raidil l on vraiment extraordi

naire,les gardes ont leur jardin potager, ils y

descendent en une demi- heure,mais la montée

demande trois fo is plus de temps. Là- haut , rien

142 V OYAGE E N FRAN C E .

ne croî trai t , i c i ils réco l tent assez de lé gumes

pour leurs provisions d ’hiver.

C ’

est que la vie est dure à l’Aigoual, pendant

l ’hiver. Malgré la nei ge, les agents doivent cha

que j our faire leur tournée, c’

est à leur chef

qu’

iucombeut lesobservations météoro logiques.

Le télégraphe et le té léphone les rattachent seuls

au reste du monde. A cet te vie sol itaire les fa

culté_s d ’observation s

aiguisent, en causant avec

ces braves gens on est surpris de ce qu ’ i ls ont

su voir. D’

instinct ils devinerit mieux qu ’

avec

leurs instruments les brusques tourmentes dontces hauts parages sont le theatre . U n des indices

qu ’ i ls ont relevés est curieux Ouand un orage

va éclater, des myriades d

abeil les viennent se

col ler contre les vitres de l ’observato ire.

Le chemin descend,très rapide, surdes pentes

gazonnées , entre des rocs et des broussai l les qui

seraient devenues forê ts si les bergers n’

avaient

si l ong temps incendié toute végétation . Aujour

d’

hui la plupart des terrains sont acquis parl’Etat

et l’

on peut surveil ler ces pentes où , peu à peu ,

on vo i t renaî tre un tapis de verdure. Montant

autour de rocs qui barrent la crê te,descendant

par de vagues degrés tail l és dans le schiste,on

fini t par atteindre l ’entrée d ’une châtaigneraie

couvrant les flancs très raidesd’

un val lon au fond

144 V OYAGE E N FRAN C E .

mouvoir les roues denombreuses usines,surtout

des filatures ou moul inages de so ie. Cette partie

de la val léede l’Hérault, j usqu a Ganges,est une

des parties les p lus ac tives des Cévennes pour

cette industrie.

La commune est assez populeuse, mais la vil le

proprement di te n’

a guère qu ’un mi l l ier d ’hab i

tants ‘et se compose seulement d ’une rue sur

chaque côté de l’Hérault. Près de l egl ise ,sur

une pet ite place,se dresse la statue du général

Perrier qu i d iri gea longtemps le service géodé

sique de l ’armée. E l le est l ’œuvre du sculp teur

Mori ce . L’

artiste est de mes amis, j

ai connu le

modèle à l ’époque où se dessinai t sa carriere de

savant lorsqu’ i l effectuai t sur un des sommets

du Dj ebel Murdjadjo près d’

Oran lajonction du

réseau de la triangulat ion de l’Algérie avec celui

d’

E spagne, achevé par le général lbanez . J etais

à ses cô tés avec le capitaine Derrien quand,pour

la première fois,apparurent les signaux des offi

c iers espagnols instal lés sur le p ic de Mulhacen,

dont le nom avec le t i tre de marquis devai t ê tre

donné au général Ibanez , runnf sa. parüc nion

à cette œuvre.

Perrier est né à V al leraugue. La commune est

1 . 2 443 habitants, dont 1 059 agglomérés.

LA HAUTE VALLEE D E L’

HERAU LT . 145également la patrie de Quatrefages de Bréaux

le cél èbre natural iste étai t né au hameau de Ber

thezène dans la val l ée du Clareau . La vil le lu i a

érig é un monument dû aussi au sculp teurMori ce °

un buste sur un p 1edestal ; au pied se dresse une

femme,tendant hau t une palme.

La descentedeV al leraugue au Pont—d’

Hérault

est une course charmante. C ’

est comme‘

une syn

thèse de toutes les grâces un peu sévères du

pays cévenol. La route suit les sinuosités du

fleuve,entre les col lines disposées en terrasses

p lant ées de mûriers et de vignes. Les parties les

plus raides sont recouvertes de ch ênes verts ex

ploités pour leur écorce, si recherchée par la

tannerie. Les petitsp lans sont couverts de beaux

mûriers en ce moment dépouill és, car il y a peu

de temps qu’on les effeui l la pour la nourri ture

des vers à soie. Dans leurs parties hautes,les

monts diffèrent beaucoup,sel on l ’exposi tion ;

alors que la rive gauche est revêtue*de ch ênes

verts, la rive dro ite est couverte de chatai

gniers.

C es arbres sont une des ressources du pays .

Au pied des châtai gneraies on distinguedes cons

tructions rustiques d ’où S échappe une épaissefumée

,ce sont les sécho irs où l’on prépare les

V OYAGE E N FRAN C E . xxxv1 . 10

146 V OYAGE E N FRAN C E .

châtaignes pour les rendre de conservation facilependant l ’é té . E n ce moment l ’op érat ion du

séchage est finie depu is l ongtemps,la fumée ac

tuelle vient des foyers al lumés pour faire sé cherles feuil lesde mûrier qu i ont é té recuei l l ies aprèsl ’élevage des vers à soie. Ainsi privées de toutehumidité , ces feuil les sont conservées pour lanourriture du bétail pendant l ’hiver.

Certains passages de la val lée sont superbes

par l’

0pulence de la végétation . Les terrasses

ont tantôt des châtaigniers énormes,tantô t des

noyers vi goureux ; quand on a pu amener les

eaux dérivées de l’Hérault,de belles cultures ont

é té établies ; les luzernes surtou t sont luxu

riantes. Le coude où le fleuve,qui semblai t jus

qu’

alors aller rej o indre les Gardons,se repl ie

dro it au sud pour se diriger vers la Méditer

ranée,est un très grand paysage. Sur le pro

montoire, le hameau du Mazel apparaî t en am

phithéâtre ; en face,dans les arbres pointe le

clocher dela Bouvière.

Les habitants ont pré cieusement capté l’Hé

raul t au- dessus d’

un chaos de roches str1ees et

pol ies par le torrent qu i devient monstrueux

dans ses crues. Les flots purs courent au flanc

des monts souvent portés sur de vieux ponts

pit toresques . Parmi les cultures irri guées i l y a

148 V OYAGE E N FRAN C E .

animé par sa gare où se font t outes les relat ions

de V al leraugue avec le - V i gan , Ganges et les

grandes villes du Midi . Le chem in de fer y par

vient en franchissant par de l ongs tunnels le

massif qu i sépare la Sumène de l’Hérault . Après

avo ir traversé le petit fleuve,i l remonte l’Arre

qui lui apporte un flot abondant venu des bords

du Larzac par le V i gan .

Nous prenons place en wagon avec quelque

sat isfacti on,longue fut la course depuis l’Aigoual

et la chaleur est forte dans ces val l ées é troites !

Le train est très en retard par la faute aux co

cons nous a dit le chef de gare ; il a en effet

chargé des cocons à toutes les stations, en quan

tité tel le que l’

on a perdu partout quelques mi

nutes. Mais nous n’

accélerons guère la vitesse

pour cela. Le convo i file au pied des terrasses

couvertes de châtaigniers,la l o como tivejette sa

fumée aux murai lles trop restaurées du château

deRey. L’

Arre,très l impide

,bordede pet its prés.

S ur la rive gauche un hameau s’

accroche à —la

roche.

Le val s é larg i t près du château de Tessan où

l’

Arre est franchie par un beau vieux pont surmont é d’

un aqueduc . La zonede prairies s’é tend

des pommiers et des mûriers ombragent ces pél ou

'

ses. V o ic i le V i gan .

LA HAUTE VALLEE D E L’

HERAULT 149

C e n’

est point une grosse vi lle mais l ong

temps contenue par des remparts, el le a dû sur

é lever ses édifices pour faire place à tous ses

habitants . Lesmaisons sont donc hautes et cela

suffirai t à lui donner l ’aspect d ’une ci té p lus po

puleuse si el le n’

avai t pas l’

agitat ion coutumière

des vil lesméridionales, où l’

on vit si vo lontiers

au dehors. Les trottoirs de C afés att irent sans

cesse la foule et les citadins errent sous les

arbres en causant affaires ou pol it ique. E n é té

l ’animation s’

accroî t par les nombreux étrangers

qu’

attirent la campagne, les beaux'

ombrages

de la ville,les facil ités du séj our. Le cadre est

d ’

ai l leurs séduisant,les terrasses d’

oliviers et les

grandes châtaigneraies font de ce bassin une

corbei lle de verdure. Les montagnes semblent

transformées en gradins d’

amphitheatre tant

sont nombreux les murs qui retiennent les terres

et permet tent les cul tures .

La place centrale concentre à peu près tou t lemouvement ; elle possède la statue du cheval ier

d’

Assas,le hérosde C lostercamp, é levéeen 1830.

De nos j ours a é té éri gée, devant l’hôtel de ville

,

la statue du sergent Triaire mortel lement et

gl orieusement b lessé à E l—Arich en 1 799. Le

1 Population de la commune51 26 habitants, agglomérée4032 .

150 V OYAGE E N FRAN C E .

boulevard qu i passe devant cet te œuvre de Mo

ri ce conduit au sommet de la vil le ; l à s é tend une

promenade comme aucune autre c ité n’

en pos

sede z Une châtai gneraie peuplée d ’

arbres cen

tenaires sous lesquels on trouve une ombre

épaisse. Auj ourd ’hu i boulevard et promenade

des châtaigniers sont envahis par les moutons,c ’

est la foire et les paysans ont amené avec eux

des troupeaux entiers.

La peti te vil le est fort commerçante, à cause

de sa situation au centre de nombreuses val lées

dont les populat ions n’ont pas d

autre vil le à

proximité . Jadis el le é tai t un grand centre pourla fabri cation des bas etde la bonneteriede soie ;el le produit encore un peu ces articles et donne

même son nom à la bonneterie du V igan

mais en réal i té Ganges est le foyer actuel pour

cette intéressante industrie. Comme toutes les

vil les cévenoles,le V igan est très séric icole

,ses

campagnes é l èvent beaucoup de vers à soie, ses

cours d ’

eau font mouvoirfilatures etmoulinages

en outre el le possède d ’ importantes usines pour

la fi lature de la sehappe, c’

est- à- dire des déchets

de la fi lature,bourre de soie et déchets de co

cons .

Les eaux sulfurées cal ciques de C auvalat qui

jai ll issent dans la vall ée de l’Arre, en amont de

152 V OYAGE E N FRAN C E

gracieuse,elle offre aussi de grands si tes surtout

vers les gorges supérieures de l’Arre, et,dans

le peti t pays d’

Alzonnenqne à travers lequel

s’é l ève le chemin de fer qui rel ie Le V i gan au

Rouergue par les sol itudes du Larzac . Au sud,

ce sont les gorges de la V is, que l

on visiterai t

davantage sans la torride chaleur des é tés et le

causse de Montdardier.

'

N on l o in de Montdardieret d’

Avèze ce causse

possède des calcaires assez compacts pour que

l’

on ait pu les exploiter comme p ierres lithogra

phiques. Dans le massif comprisentre le V i gan

et le p ic d’

Aujean, sur le territo ire de Saint-Laurent— le—Minier

,sont ouvertes d’ importantesmines

de plomb et de Zinc,dites des Mal ines ‘

. Plu

sieurs sociétés se partagent la concession,éten

due au mil ieu d ’une des rég ions les plus vertes

des Cévennes. Le point d ’

expédition pour ces

minerais est surtout la gare de Ganges à laquel le

C onduit une route,l ongeant la V is j usqu’à sa

j onction avec l’Hérault

1 . Le département du Gard a produit 35700 tonnes de ces

minerais en 1901 , la presque totalité provenait des Malines.

L’

ALZON N E N QU E E T LE LARZAC

Un chemin de fer de montagne : Du V igan à Tournemire.

Arre, l’

Arre et sa vallée. Le cirque d’

Arrigas . La V is .

Alzon et l’

Alzonnenque. Au flanc du S aint-Guiral.Ascension du Larzac. S auclieres. Sur le causse du

Larzac .

L’Hospitalet (Aveyron). Mai.

Les cheminsde fer, que l’

on accuse si souvent

de gater les paysages, sont l o in de mériter tou

j ours ce reproche. Même, dans l’

ensemble, ils

ont droi t à la reconnaissance des art istes et des

promeneurs par la beauté nouvel le que leurs

travaux d’

art ont apportée à tant de si tes. Les

grands viaducs qui parcourent les val l ées, les

ponts , les arcs rampants , ont donné à bien

des contrées un carac tère de majesté classique

qu’

el les é taient l o in de posséder. Pour quel que

pente tristement balafréeparune tranchée ou unremblai

, que de val lons ou de val lées sans ca

ractère sont devenus de grands tableaux,grâce

aux arches de p ierre qui les enjambent

154 V OYAGE E N FRAN C E .

Parfois de longs trajets sont ainsi transformésen suites de monuments laissant b ien l o in derriere eux

, par la grandeur des difficultés vain

cues, les œuvres les plus vantées du génie ro

main . Tel le ré gion banale ou morue acquiert une

beau té parfai te. Certains pays,où la montagne

manquai t souvent de fraî cheur et de grâce,sont

modifiés d ’une manière profonde par l’

al lure

classique des grands travaux .

Ainsi l’âpre contrée entre leV i gan et le causse

du Larzac doi t au chemin de fer une succession

de beaux décors, lïnuvre de Phonnne raOhèüa

la sécheresse des l i gnes naturel les . D ’

ai l leurs

cette voie ferrée permet de se rendre compte

d’une façon précise des caractères divers du

pays cévenol. De la zone de l ’ol ivier on s é l ève

dans la châüfignenfi e, ! uns sur les unfigres

croupes de grani t où croî t le sei gle,pour attein

dre la surface désolée du causse. Le contraste

est grand entre les prairies irri guées du V i gan

et l’

aridité extrême du Larzac .

Les deux régions seraient é galement brûlées

si l ’eau des plu ies filtrées sur la nappe du causse

ne donnai t naissance aux grandes sources des

val l ées inférieures. Mais ces ondes, i déalement

pures, captées par les canaux d’

arrosage, font

naî tre partou t la fraî cheur et la vie. Le V i gan

156 V OYAGE E N FRAN C E .

mé tiers à bonneterie, d’

autres font des cartonnages. C es bel les usines éclairées à l’é lectric i té

sont entourées de vi l las.

Ic i commence l ’ascension du caussepar la voie

ferrée. Sur près de quatre l ieues la pente n’

at

teint pas mo ins de 33 mi l l imètres par mètre

L’

ascension a l ieu d’

abord à travers la chatai

gneraie, au sein d’

un paysage d’une beauté sé

vère où les hameaux sont j uchés sur des roches

Les pentes gravies par la vo ie sont en terrain

inconsistant qui a nécessi té de grands travaux

de consol i dat ion . Par une courbe harmonieuse

on contourne le cirque où s é tagent p ittoresque

ment les hameaux de la commune d’

Aumessas,

à l ecart les uns des autres sur des mont icules

isol és.

La châtai gneraie très vigoureuse autourd’

Au

messas, empl i t de grands ravins ; au- dessus de

ses cimes mou tonnantes surgissent des rochers

beaux de couleurs et de forme. L’

al t i tude est

grande déj à ,500 mètres environ ,mais l’exposi

t ion est tel le que l’ol ivier croî t encore avec vi

gueur. C es arbres, le beau viaduc de grani t , la

ravine où l’Albagne se brise en cascatel les, la

boucle décri te par le chemin de fer const i tuent

un si temajestueux . On en sort pardes courbes”

et

des tunnels séparés par d’é troi ts val lons où l’on

158 V OYAGE E N FRAN C E .

peut suivre les changements dans la flore, dus à

l ’al ti tude sans cesse croissante. A l ’ issued’

un de

ces souterrains se mon tre un instant Arri gas,

dans un val prenant son ori g ine au mont Saint

Guiral , une des c imes les plus fameuses des Cé

venues, si el le n’

est pas parmi les plus hautes

Un chaînon secondaire est troué par le tunnel de

la N ougarède dans lequel jai l l i t avec abondance

une source puissante formant un torrent qu i

s ecoule en cascade. Lorsque l’on découvri t cette

nappe en creusant un souterrain,on crut qu’ i l

s’

agissai t simplement d’une poche dont l’éva

cuation serai t rapide, mais le flot ne s’

estjamais

ralent i et ces eaux pures continuent à se dé

verser; ce n’

est pas un desmo indres phénomènes

hydrol ogiques de ce pays où les curiosi tés sem

blab les abondent .

Du côté opposé , le tunnel s’ouvre sur le val lon

de l’

Alzonneuque. La rivi ère, ou p lutôt le tor

rent , à laquel le la carte donne déj à le nomdeV is

roule i ci des eaux qui ruissel èrent des flancs du

Saint- Guiral , maise l le les perd plus bas dans la

ravine creusée au sein des caussesde Campestre

et de Montdardier, prolongement du Larzac , et

ce l i t desséché va rej o indre la V irenque pour

former la V is. Rien ne fai t deviner encore le voi

sinage des cal caires crevassés et fissurés, le pet i t

1 60 V OYAGE E N FRAN C E .

rochers, la végé tat ion, l’

animation des eaux tom

haut en cascades. La V is ainsi arrivée au j our

est la véri table branche mère de l’Hérault,’

car

ce pet i t fleuve est devenu un l i t sec de gravier

quand la V is l u i apportela pérenni té .

Alzon serai t sans doute le point de départ

des excursions pour ces gorges et leur bel le

fontaine si un chemin suivai t le canon de la V is,

mais celui- c i est inabordable. Aussi le bourg

reste- t— il i gnoré dans le pl i des causses où ses to i ts

sombres entourent une égl ise à flèched’

ardoises .

Cependant i l pourra devenir une station d ’é té

pour les hab i tantsdes plaines brûlantes. L’

airqui

é tai t embrasé ce matin au V i gan est vivifiant i ci,

pourtant i l n’

est pas 2 heures de l’après-midi .

Les deux zones géologiques restent en pré

sence dans le val lon de V alcroze que remonte la

voie ferrée. Cel le- c i est tracée dans les grani ts

revê tus de châtai gniers par l’ouverture des ra

vins ou découvre,vers le nord

,les grands eu

tassements de rocs du Saint- Guiral ; sur le ver

sant opposé c ’est le causse, dont les parois sontrevêtues du manteau d’

or des genêts d’

E spagne,plante adoptée par le service forestier pour la

fixation des clap iers, en attendant qu ’on puisse’

les conquérir définit ivement par les pins.

L’

ALZON N E N QUE E T LE LARZAC . 1 61

L’

al t i tude est b ientô t tr0p grande pour le

châtai gnier on le vo i t peu à peu disparaître au

delà du beau viaduc de V alcroze et d’

un tunnel

La pente, moins raide, a permis de créer quel

ques champs de sei gle et de pommes de terre ;dans l ’é tro it val lon de la Burle, descen lue du

Saint- Guiral,vo ici des prés fleuris de narc isses.

Des frênes, des aulnes, des peupl iers, bordent

le ruisseau ; la rive gauche est dominée par les

escarpements du causse, pente hardie hérissée

de roches dressées en ai guil les, en pyramides,en obé l isques offrant un contraste absolu avec

l ’au tre rive tai l l ée dans les sch istes. Mais c’est

la fin des sols frais, au delà du vi l lage de Sau

clières rou te et chemin de fer attei gnent lecausse

Saucheres est devenu un centre de rayonne

ment pour le Larzac , le causse Noir et le massi f

du Saint - Guiral . U n chemin se dé tache de larou te nat ionale près de la gare et condui t au

bourg industrieux de Saint- Jeau-du—Bruel , d’où

l’

on gagne Trèves et Meyrueis. Là sont les vallées p ittoresques de la Dourhie et du Trevezel

et b ien des mervei l les du pays caussenard ‘.

1 . Sur N ant et S aint-Jean-du-Bruel, voyez la 35e série du

Voyage en F rance, chap. IX .

V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

1 62 V OYAGE E N FRAN C E .

Saucheres est un vil lage de teinte grise, assisà 753 mè tres d’

al t i tude, dans un c irque nu où

les maisons semblent fri leusement se blo ttir autour de l ’égl ise dont la flèche porte une cloche

à son sommet . Le val lon très creux de la Prade,

qui s’ouvre au p ied,possède encore des chatai

guiers. Plus l o in ,les pentes de grès ont quel ques

bosquetsde hêtres et de chênes clairsemés entredes broussai l les de buis

Chaque année, le lundi de Pentecôte, la gare

de S aucheres vo i t des visi teurs assez nombreux .

Ils viennent gravir le sommet du Saint- Guiral,

où les habi tants de toutes les paro isses voisines

se rendent pour assister à des vêpres en plein

air,suiviesde danse. Des blocs de rocherservent

d’

autel. C’

est la persistanced’

un cul te dont l ’orig ine se perd dans une antiqui té lo intaine. Le

roc terminal du Saint — Guiral , monol ithe puissant qu i se dresse à 60 mè tres au- dessus de sa

base,fut l ong temps un objet de vénérat ion. La

rel igion cathol ique a remplacé les cérémonies

païennes par la fê te de laPentecôte.

De grandes croupes ondulées, qu i sont lescontreforts du massif, entourent lebassin de Sanclières, conque herbeuse aux prés blanchis par

les margueri tes et les narc isses,aux pauvres

récol tes à peine sorties de t erre mal gré la sai

D E L’

HERAU LT AU V 1DOU RLE

Le vallon du Rieutort. Un fleuve de cailloux . Sumene.

Arrivée à Ganges. La ville et ses industries. La bonne

terie de soie. Les bas à jour. Les merveilles naturellesde Ganges. Gorges de l

Hérault. Grotte des Demoiselles.

Abîmes deRabanel. Source de la Foux et gorges de la V is.

S aint-Hippolyte-du—Fort. Pompignan et le colonel Bourras.

Pompignan. Juin.

Les torrents des Cévennes ne le cèdent pas à

ceux desAlpes pourla largeur de leur l it , le con

traste entre leur régime normal et la violence de

leurs crues. Tel si l lon où coule à peine un fi let

d ’

eau à partirdejuin , roule parles grandespluies

un vo lume parfo is décuple de celu i de la Seine.

Tel est le cas du Rieutort , S umène ou E nsumène,descendu des pentes du Liron et qui débouche

dans la plaine de Ganges pour rej o indre l’Hé

rault . E n ce moment déjà,le torrent et l’Hérault

sont à sec , seules la largeur du l i t et la grosseur

des graviers en disent la violence. Cependant ,en amont , i l y avai t de l’eau vive. AV al leraugue

D E L’

HERAULT AU V IDOURLE . 1 65l’Hérault bahillait gaiement sur les roues d’

us1

nes, mais tout s’

est perdu dans les pierres, et,

désormais, au l ieu de donner de la fraî cheur au

paysage, i l contribue à rendre la gorge suffo

cante par la réverbérat ion de ces pierres polies

et blanches .

Cependant une ville,S umène

,s

est créée dans

cette vallée brûlante,profi tant de l ’étroit espace

offert par la réunion d ’

autres torrents. Toute

grise, el le se blotti t au fond du val, dominée par

son campanile, son c locher, les cheminées des

fabriques . L’

emplacement est si réduit, que l

on

n’

a pu é tab l ir de quais au bord de la Sumene,les maisons semblent surgir du l i t m ême. Cela

est pourtant beau,Sumene sous la grande lu

m1ere,au p ied de ses monts revê tus de châtai

guiers et d’

oliviers, est d’

un grand caractère.

L’

existence d’

un centre aussi peuplé au fond

de cet te gorge est due à l ’ industrie. La produc

tion des so ies et leur mise en œuvre occupentla plupart des bras ; ellesy furent de bonne heureflorissantes. La bonneterie de so ie occupe un

certain nombre d ’ouvriers qui travai l lent pour

les maisons de Ganges ; une importante'

usine

file les schappes produites dans les diverses fa

1 . 2 537 habitants, dont 1598 agglomérés.

1 66 V OYAGE E N FRAN C E .

briques où l’on transforme les cocons en fils,où

l’

on mouline ceux- c i . La soie est donc la vie de

Sumene, comme el le est cel le de tou t son eau

ton . Le commerce de la graine de vers à soie est

particul ièrement actif. Aussi,partout où l’on a

pu trouver assez de terre pour planter des mûriers, a— t—ou mis cet arbre comme l ’ol ivier i l s’

é

l ève sur les terrasses j usqu’

au sommet des coll ines

La gorge du Rieutort, au

- dessous de la ville,est très étro ite, entredes roches désagrégées quiont parfois nécessi té la construc tion d’

abris en

fer pour pro téger la route contre la chute des

pierres. Le chemin de ferévite ces passages dan

gereux par des galeries i l traverse les torrentssur des viaducs frustes . A divers é tages de lamontagne, on aperçoit les orifices de mines de

fer. I l y a ic i une concessi on dite des Deux—Ju

meaux qui produit non seulement le fer,mais en

core d ’

autres minerais. L’é tat du marché mé tal

lurgique ralenti t fort l ’extrac tion C e n’

eSt pas

la seule ri chesse minérale du bassin de S umène,i l renferme aussi un pet it gisement houil ler.

Le torrent n’

est sans eau qu ’

en apparence,en réal i té une nappe fi ltre au- dessous des galets

,

1 . 1 700 tonnes de minerai de fer en 1901 .

1 68 V OYAGE E N FRAN C E .

vil le industriel le. C ’

est en effet un des centres

vivants du pays cévenol, l’

un des points les plus

actifs pour la soierie. E n dép i t des dé limi tationsadministratives qui en font un chef- l ieu de can

ton de l’Hérault

,el le dépend davantage du V i

gan et d’

Alais que de Montpel l ier, à laquel le,d ’

ai l leurs, el le n’

est pas directement rel iée on

ne peut al ler à cette vil le en chemin de fer qu ’

au

prix d’

un long dé tour par Sommieres.

Le travai l final de la so ie est i ci représenté parla bonneterie, c

est-à— dire la fabri cat ion des baset de quel ques art ic les ob tenus par la mêmema

chine. Ganges est peu à peu devenu la véritablecapi tale pour cette industrie, du moins pour les

articles de luxe, nécessi tant une so ie de qual i té

supérieure. Or,les cocons de la région vers

Saint-Hippolyte,Ganges

,le V i gan et Alais pas

sent pourproduiredes fils incomparables. Aussi ,mal gré la concurrence, la pet i te ville cévenole a

gardé son renom. Troyes, qui t isse la bonneterie

de soie pour les artic les courants, fai t fabriquerà

Ganges ses produits les plus chers ‘. A l ’é tranger,

l’

Angleterre est une rivale sérieuse ; la Saxe, où

l’

on fai t aussi les mêmes t issus, ne peut lutter,

1 . Sur Troyes et ses ateliers de bonneterie, voyez la 2 1 ° série

du Voyage en F rance, chap. VI.

D E L’

HERAULT AU V IDOURLE . 1 69

car el le se borne à la camelo‘

te ; du mo ins les

industriels de Ganges n’

ont- ils pas de crainte sé

rieuse de ce côté .

Les fabricants sont très fiersdes résultats aux

quels ils sont parvenus. MM. Lauret frères ont

bien voulu me faire visi ter leur usine et admirer

des produits qui semblent œuvre de fée. A eux

seuls ils occupent c inq cents ouvriers dont deux

cents dans la fabrique,les autres travai llant à

domicile sur l ’antique mé tier à bas - inventé au

xv1uesi ècle et qui cont inue à ê tre employé con

curremment“

avec les machines modernes dont la

marche est plus fac ile et le rendement plus con

s-idérable. L’é tablissement a plus de cent ans

d ’

existence,ayant é té fondé en 1 780 . I l a survécu

à toutes les crises,p lus heureux que tant d

autres

emportés par la mode qui arendu le bas de soie

inutile, dès le j our où les pantal ons ont rem

placé la culo tte courte. Mais pour parvenir à

vivre, i l a fal lu se résoudre à faire autre chose

que la bonneterie de so ie le coton occupe au

jourd’

hui une place importante dans la fabrique

Jusqu’

aux premieres années du x1x°siè cle

Nîmes avai t la prépondérance pour la bonneterie

de soie ; la grande c i té languedocienne a partiel

lement abandonné cette product i on,comme la

perdirent nombre de vil les de l’ intérieur. Nîmes

1 70 V OYAGE E N FRAN C E .

fabrique désormaisdela bonneterie courante, sesmaisons sont en quel que sorte de l o intaines ex

pansions d ’usines champenoises,car el les ont dû

transporter là—bas une partie de leurs atel iers ‘.

Pour résister,Ganges a dû se confiner dans la

bonneterie de soiepure et fine,les autres articles

11 etant qu ’un accessoire. E l le travai l le directement les cocons achetés sur place en mai et j uin

sur les grands marchés de Saint-Hippolyte et

d’

Alais. Les principaux fabri cants filent, mou

linent et teignent eux—mêmes la soie qu ’ i lsmet

tent en œuvre. Grâce à un personnel dressé

depuis l ong temps,ils arrivent à produire des

merveil les de légèreté , de formes, de teinte et

de goût . J ’

ai vu,dans les magasins , des bas

d ’une maille si fine,qu ’ i ls pèsent seulement 1 2

grammes la paire L’

araignée ne fait pasde to ile

p lus ténue et ne saurai t parvenir à une semblable

solidité,car ces t issus presque impalpables sont

extraordinairement résistants.

Comme je l’

ai dit,les métiers à bas des a1eux

continuent à fonctionner. C es vénérables Outils

rappel lent un peu le cou teau de Jeanno t car i l

n’

est guère de leurs parties qui n’

aient eté re

1 . Sur N îmes, voyez la 37° série duVoyage en F rance, cha

pitres I , I I et I I I .

1 72 V OYAGE E N FRAN C E

de 4fr. 50 c . à 6 fr. dans une j ournée de dix

heures,pendant laquel le i l a confectionné quatre

ou c inq paires de bas. Le jouriste, qui se borne

à achever le bas pour la partie à j our, pourra

faire une paire dans sa j ournée et gagnera à ce

travai l 6 fr.50 c . Le bonnetier qu i fai t les arti

cles fins pour lesquels on emplo ie des fils d’une

extrême ténui té parvient à achever une paire de

bas dans sajouruée et gagne 7 fr.

Or,dans ce pays où l ’hiver est doux , où le vin

abonde,lavie est d

un bonmarché remarquable,viande et l é gumes sont à bas prix . L

ouvrier qui

ob tient de tels salaires est donc très à l ’aise. Les

femmes gagnent moins,mais les gains sont fort

élevés encore,aussi la plupart des jeunes fi lles

cherchent- el les de préférence le travai l des ate

l iers ou la fin i tion des arti cles. Trois impor

tantes maisons et d ’

autres moins considérables,en emplo ient un grand nombre. La fi lature et le

moul inage comprennent une vingtaine d’

établis

sements dans la vil le et les communes limitro

phes de Cazi lhac et de Laroque

Cette fabrication gracieuse ne semble pas sur

la voie du décl in,au contraire. Par son carac

1 . Population de l’

agglomération : Ganges, 4247 habitants ;C az ilhac

, 656 ; Laroque, 501 . Au total :5404habitants.

D E L’

HERAULT AU V IDOURLE . 1 73

tère de luxemême,el le voit se maintenir et s

e

grandir les débouchés extérieurs. Nombre de

personnes en France sont restées fidè les aux bas

de soie dans les famil les patri c iennes ou richis

simes d’

Angleterre et d’

Amérique, les bas à j our,mervei l les de Ganges, sont de plus en p lus re

cherchés.

Le travail de la soie a fai t naî tre quelques péti tes industries annexes, tel les que la fabrication

des cartonnages pour envelopper les produi ts

précieux de la bonneterie les courtiers en so ie,

les marchands de cocons ont des comp toirs. A

cela ne se bornepas l’

activi té de Ganges ses tan

neries ont gardé la viei l le réputat ion due à l’emplo i des écorces de chênes verts récoltées surcesmonts cal caires , et le commerce de ces écorces

est considérable Millau ,notamment

,est un

cl ient fidèle Une fonderie produit des clo

chettes pour les troupeaux La compagnie des

mines de zinc des Mal ines a ses bureaux dans la

petite vil le.

E n même temps qu ’

elle est un des points vi

taux des Cévennes, Ganges est devenue un centred

excursions. Avant même que la révé lati on des

1 . Sur Millau et ses tanneries, voyez la 35° série du Voyage

en F rance, chap. VII.

1 74 V OYAGE E N FRAN C E .

gorges du Tarn et des grandioses paysages des

causses ait déterminé le mouvement de visi teursauquel nousassistons, on serendai t déj à à Gangespouradmirer la grotte des Demoisel les, dépassée

en beauté parDarghilan etPadirac,nouvel lement

découvertes. Les touristes y viennent encore et,

de l à , vont parcourir les parties abordables des

bel les gorges de l’Hérault et de la V is. Ils se

raient plus nombreux si l’

on pouvai t facilement

explorer ce pays,mais les routes sont l ongues

,

les moyensde communi cation coûteux ou rares

quant à al ler à p ied en cette saison dans les

gorges brûlées,l ’entreprise n’

est guère pour tenter

,d ’

autant que les gî tes sont un peu sommaires.

C’

est pourquoi je n’

ai pu revoir la source de la

Foux et les défi lés é tro its qui enferment la V is,

réel lement née de cette puissante fontaine, unedes p lus belles de France, issue des eaux infil

trees sur le Larzac

S i j’

ai hési té devant la l ongue course de la

Foux, je n

eus aucune hési tation pour l ’abime

de Rabanel je n’

ai pas même tent é de voir la

b ouche de cet aven dans lequel Martel , avec

son inséparableGaupillat et ses vai l lants guides,

1 Le plateau ou caussedu Larzac fait l’objet des chapitres _V I I I

et IX de la 35° série du Voyage en France.

1 76 V OYAGE E N FRAN C E .

le pet i t village de Laroque occupe une situationpittoresque sur la montagne de Thaurac ; un

vieux château domine lesmaisons. U ne chapel le

se dresse sur le rocher, à unegrande hauteur ;cependant l’Hérault a atteint cepeti t temple dans

unede ses formidables crues, dont les traces sont

partout apparentes encore. C ’

est l ’entrée d’

un

des plus superbes canonsdes Cévennes calcaires,mais un des plus difficiles à parcourir, faute dechemins avant le débouché de l’Hérault dans la

plaine d’

Aniane

Cependant , au revers sud du Thaurac,le val

lon de l’

Alzon s’ouvrant sur le fleuve à permis à

un bourg de s’étendre Saint—Bauzi l le-de-Pu to is.

I l apparaî t au delà d’

i1n superbe coulo ir de

rochers . C ’

est une dépendance de Ganges que

ses filatures al imentent de so ie. D es tanneries

et une fabrique de gantS occupent beaucoup debras.

La grotte des Demoiselles s’ouvre sur la mon

tagne de Thaurac , couverte de chênes verts et

de plantes odoriférantes. Toute cette contrée est

parfumée par une flore spéciale thym,

'

roma

rin,lavande

,sauge

,serpolet , dont les som

1 . Les gorges inférieures de l’

Hérault, vers Saint—Guilhem-le

Désert, sont décrites dans le chapitre suivant.

D E L’

HERAULT AU V ID OURLE . 1 77

mités fleuries ou les feuilles font l ’objet d’

un

grand commerce. On les dist il le pour la pro

duction d ’

essences à l ’usage de la droguerie et

de la parfumerie. La même industrie se re

trouve sur l ’autre rive de l’Hérault,au vil lage

de Brissac, que domine la montagne de la Sé

ranne. Au pied de cel le- c i s’ouvre l’abîme de

Rabanel

La plaine de Ganges se prolonge vers l ’est en

un bassin qui se ré tré cit peu à peu j usqu’

au

vil lage de La Cadière. La vigne,l ’ol iv ier

,le mû

rier, tapissent ce beau plateau qui s’

abaisse en

pentes douces j usqu ’à la montagne de Thaurac

l ongée par le torrent de Merdanson . La Cadière

est sur une sorte de seuil conduisant dans laval l ée du V idourle

,à l ’endro it où ce peti t fleuve

,

charmant , capric ieux et terrib le débouche desgrandes Cévennes pour péné trer dans le massif

secondaire qu’ i l parcourt j usqu ’à la plaine l i ttorale. C ’

est une situation indiqnée pour une vil le.

De bonne heure,un bourg fortifié couvrit un ro

cherde la rive dro ite,le Castiles ou Saint—Hippo

lyte-le-V ieux au X Vesiècle

,cel ui- c i se vi t déserté

pour la partie basse,la Planquette ou Pet it—Plan

dans laquel le une c i té régul ière s’é tabl i t , assez

semblable aux bast ides duS ud-Ouest . Grâce à la

V OYAGE E N FRAN C E . XXX V I.

1 78 V OYAGE E N F RAN C E .

si tuation,le nouveau Saint— Hippolyte se déve

l oppa rap idement et devint un centre fort actif

La Réforme marqua un temps d ’

arrê t,les habi

tants y prirent une part ac tive et,j usqu’à la fin

,

ne cessèrent de témoignerune extrême animositéà tout ce qui é tai t cathol ique. Les é gl ises furent

à demi dé truites, pendant l ongtemps ce culte

fut interdit . U ne sorte d emeute survenue en

1 678, à la suite d ’ insul tes adressées à un prêtre

qui portai t le viatique, aurait é té la cause déterminante de la révocation de l ’édit de Nantes.

Aujourd ’hui encore,Saint-Hippolyte est un des

principaux centres calvinistes des Cévennes et

le S iege d’

un consisto ire.

Le surnom du F or! est d ’orig ine p lus récente

180 V OYAGE E N FRAN C E .

laine et le coton . Comme toute vil le cévenole,

el le possède des filatures de soie ; en outre, el lecompte plusieurs fabricantsde chaussures. D

im

portantes pép inières al imentent les campagnes

voisines d’

arbres et de plants de vignes.

Saint-Hippolyte n’

a guère de caractère, ses

rues é troites sont bondées de maisons banales

La place centrale est ornée d ’une fontaine jai l l is

sante surmontée d’une pyramide ; le civisme des

habitants s’

est affirmé par le bariolage de ce

monol ithe à l ’aide de grandes bandes aux cou

leurs nationales, d’

un efl’

et plutô t singu l ier.

La populat ion se porte surtout au long du V i

dourle que bordent de nombreux vil lages et des

petites vil les tel les que Sauve et Sommieres .

V ers le sud i l y a de grands espaces presque inha

bités. Après avoir parcouru les bel les campagnes

du vieux Saint-Hippo lyte, parsemées demas ou

demazels entourés d’

olivièrs et de mûriers,on

traverse une plaine assez triste avant d ’

atteindre

l ’ important vignoble et les riches cul tures de

Pounfignan .

U n p ieux souvenirm’

a condui t dans ce bourg

de vignerons et de disti l lateurs d ’

essences. Nous

y avons fai t ériger, mes camarades du Corps franc

des V osges et moi, la statue de notre chef bien

aimé,le colonel Bourras, né dans ce co in des

D E L’

HERAULT AU V IDOURLE . 181

Cévennes. Je voulais revo ir l ’effigie due à mon

ami le sculp teur Mori ce. Le vai l lant sol dat est

debout comme s’

ilmontrai t de la main la rou tequ ’ i l voulut suivre dans les neiges du Risoux

pour é chapper à la poursui te des"

Al lemands et

éviter l’internement en Suisse. L’

artiste lu i adonné la physionomie énerg ique qu ’ i l avait auxheures cri t i ques. Nous

,ses soldats

,nous évo

quons surtout sa physionomie méditat ive,et la

douceur qui s’

alliait à tant de fermeté .

Bourras est mort jeune encore,rongé par le

chagrin de la défaite et par la douleur inavouée

que lu i causai t l’inj ust ice dont il é tai t victime

,la

commission de revision des grades ne lui ayant

reconnu que le grade de chef de batai l l on .

La derniere fo is queje vis Bourras, c’é tai t au

mi lieu de c irconstances difficiles, quand il fut

placé comme général auxiliaire à la tête desgardes nationales du Rhône. L

’homme n’était

plus lemême. Dans le grand sal on de l’Hôtel de

V i l le de Lyon,où il fal lait sans cesse parlemen

ter avec les chefs p ossib les de l ’ insurrection latente, je le revo is

,morue

,affaissé

,découragé .

J’

al lais lui demander de faire céder pour moi le

décret qu i empêchai t les engagements vol ontaires . E n reconnaissant un de ses peti ts francst ireurs, i l eut unmouvement dejoie, je retrouvai

182 VOYAGE E N FRAN C E .

le chef énergique que nous aimions tant,mais i l

me dit tristement Je ne puis rien maintenant,

nous sommes oubl ies

1 . ARDOU IN —DUMAZE 'I

‘ Le C olonel Bourras . Paris,librairie

Berger—Levrault et C ie. Du même auteur : Une armée dans

les neiges, journal d’

un volontaire de l’armée de l’E st, avec lettrepréface de M . de Freycinet. Librairie Rouam.

184 VOYAGE E N FRAN C E .

temps d’

arènes ; l à se donnent des courses de

taureaux auxquel les la f0ule assiste du haut des

terrasses ou des fenêtres. La grande rue est en

partie établie sur les archesd’

un pont romain . On

ne devine l ’ant ique édifice qu’

en descendant aux

ruel les inférieures, d’où l’on peut péné trer sous

les voûtes en grand apparei l quifurent les arches.

Le V idourle aux eaux Vertes et l imp ides coule

dans un l i t de gravier, entre des quais ombragés

de platanes. Le fleuve,le pont moderne bâti sur

les p iles du pont romain et commandé à l ’entrée

de la vi l le par une tour d ’horl oge percée d ’une

porte Ogivale et surmontée d’

un campani le, les

teintes ardente‘

s du paysage,col l ines de garri

gues imp i toyablement cal c inées par le solei l,

tout ce tableau laisse un souvenir.

S ommières est une cité double, mais le quar

t ier supérieur,V i l leviei l le, est une commune à

part ‘. C e faubourg est d

un grand effet grâce à

son château , masse puissante flanquée de tours

et d’

un donj on carré ; on accède par un raide

chemin j usqu ’à ce petit centre,assis sur un pla

teau où l’on trouve en abondance des bri ques

romaines qui semblent indiquer l ’existence de la

cité primi tive à laquel le Sommieres succéda. D e

1 . S ommiere 3 780 habitants ; V illevieillc 32 6.

SOMMIÈRE S E T LE SALAV ES .

près,le château perd de son caractère grandiose

pour prendre un aspect presque pimpant , grâceaux bâtiments à galerie révélant le X V II

esièc le

,

qui ont é té comme insérés entre les tours féo

dales. Des abords, la vue est superbe sur la val

lée du V idourle, large , verdoyante par ses cul

tures, ses vignes et ses vergers. Au fond,vers le

nord,apparaî t dans toute sa grandeur la chaîne

des Cévennes. V o ic i le pic de Saint-Loup,aigu

,

l’

E spérou ,le Saint-Guiral

,le puissant massifde

l’

Aigonal, les monts de la Lozère et le Tanargue.

Au premier plan ondulent les collines revêtues

186 V OYAGE E N FRAN C E .

par les bo is de Lens, où l’

on a cru vo ir l ’ori ginede la fontaine de Nîmes

,dans les fissures de la

roche où s’

engouffrent les eaux des pluies.

C e paysage est beau,mais i l a besoin de la

poésie des couchants ; dans la j ournée, le flam

boiement intensede la lumièreest presque inson

tenable. La chaleur sur ces roches est torride

Mais lorsque la lumiere décl ine,quel le douceur

et quel le transparence dans l ’atmosphère C om

b ien semblent grandir,se solenniser tou tes les

l ignes du tableau

Sommieres est une vi l le de commerce assez

active pour avoir é té dotée d ’une chambre con

sultative,mais el le ne possède plus l’ industrie

qui l’anima j adis. E lle travai l lai t la laine,fabri

quait des molletons et de la flanelle ses pet i tes

usines ont disparu , el le est surtout devenue lemarché pour les communes très nombreuses qui

occupent les garrigues sur les deux rives du

V idourle dans les départements du Gard et de

l’Hérault ; garri gues hab it ées, contrastant parleurs vil lages

,leurs hameaux

,leurs ol iviers et

leurspetitsvignobles avec les co teaux plus désertsdu canton des Matel les

,dont les tail l isde chênes

et les espaces couverts de plantes odoriférantessont une des plus é tranges rég ions de la France.

188 V OYAGE E N FRAN C E .

mi tés fleuries. Ainsi , pour obtenir 1 kilogr. d’

es

sence de thym,i l faut 400 kilogr. de feuil les ; le

mo is prochain,en mai

,la plante ayant plus de

sève, i l suffira de 2 00 kilogr.

Le commerce des essences a des débouchés

fort é tendus on en envo ie en Belg ique,en Rus

sie,aux Etats-Un is et en Austral ie on les y em

plo ie pour parfumer les savons de toilette. I l y a

une concurrence très vive - tant entre les disti l lateursde l’Hérault et du Gard eux-mêmes

,qu’

avec

ceux de Provence et surtout avec l ’ industrie chi

miquedes goudrons de houil le, qui est parvenue

à im iter la plupart des parfums. Les maisons de

Sommieres ont des représentants à l ’é tranger.

Parmi les autres commerces de la pet ite vil le

est celu i de la terre qui porte son nom,la terre

de S ommières,bien qu’

el le ne so i t pas extraite

dans la commune. Cette magnésite s’

exploite

uniquement dans une autre partie du canton,à

Sal inel les,sur les -bords du V idourlè

,d’où ce

nom de terre de Sal inel les ou S alinettes donné

souvent à la poudre, telle qu’

el le est l ivrée aux

magasins de produits ch imiques.

Sal inel les est un peti t vil lage de grande routebât i au bord de la route de Quissac

,dans la

ri che val l ée où le V idourle roule ses eaux vertesaccrues par les ruisseaux venus de plusieursval

SOMMIÈRE S E T LE SALAV ÈS . 189

Ions des garri gues. A l ’entrée de l’

un d ’

eux ,parcouru par l

Aygalade, le château de Poudres

montre une bel le façade crénelée ; au fond,le

bourg de Montpezat,de féodale al lure

,couvre

un co teau de ses maisons d’

un blanc doré , dis

posées en amph i théâtre. E n face de la j onct ion

de l’

Aygalade et du V idourle, près de Sal inel les,l ’ég l ise de Saint— Jul ien ,

très viei l le,est à l ’écart

sur un co teau .

Le g isement de magnési te, carbonate de ma

gnésie, magnésie silicatée,magnésie carbonatée

silicifère ou terre de pipe, car les traités de geo

logie sont peu d’

accord sur le nom exact de cette

mat ière,s’é tend sous tout le vil lage

,mais l

em

plo i de la poudre n’

est pas assez - considérable

pour avoir fait naî tre une exploi tation b ienim

portante. On se borne à fouil ler le sol pour cher

cher la p ierre et on remblaie le trou au fur et à

mesure de l ’épuisement . I l y a en ce moment

c inq carrieres en ac t ivité . Sous une épaisse

couche de terre on trouve un banc de calcaire

de 1 mètre, au- dessous est la magnési te dispo

sée en couches lent iculaires,sur une épaisseur

totale de50 centimètres à 1 mè tre

La matière extrai te est envoyée àLyon et à

Marsei l le sous la forme d ’une p ierre friable. Le

commerce des produi ts chimiques la fai t réduire

190 V OYAGE E N FRAN C E .

en poudre impalpable qui est vendue aux atel iers

de dégraissage pour servir d’

abs01bant après

l ’emplo i des essences à dé tacher benzine,téré

benthine,etc . Certaines industries textiles

,no

tamment l ’ impression sur é toffes dont Lyon est

le centre, en font une consommation considé

rable pour att irer les corps gras. La gare de

S ommières expédié de quinze à ving t wagons

demagnési te par année, chacun contenant5000kilogr.

Jadis cette exploitation é tai t plus fructueuse

que de nos j ours,la magnésite se vendai t 15fr.

les 1 00 kilogr.

,la concurrence a fai t descendre

le prix à 4 fr. Mais les débouchés se sont un

peu étendus ainsi la poudre, comme le tale ou

craie de Briançon ,est employée pour accroître

le poids des savons à bas prix et les faire foi

sonner

Jadis la magnési te é tai t envoyée à Nîmes ; on

l ’y chargeai t sur wagons à destination de Mar

sei l le,où el le é tai t broyée et mise en pains de

25grammes ; unemarque ou cachet apposé sur

chaque pain lu i fi t donner le nom de terre sig il

lee. Sous cet te forme,el le se vendai t de 2 0 à

25fr. le quintal les pharmac iens l’employaient

et l’

emploient encore comme base de certains

électuaireS et de dent ifri ces.

192 V OYAGE E N FRAN C E .

couverts de vignes et de vergers, au confluentdes ruisseaux descendus des garri gues . Cette

val l ée est curieuse par le contraste extrême entrela sécheresse des p lantes cal c inées par le solei l

et la fraî cheur de toutes les parties où l’on a pu

amener des eaux . S i le V idourle é tai t ut i l isé

comme i l pourrai t l ’ê tre à l ’aide de barrages

conservant l ’eau des crues,i l serait peu de pays

plus ri che dans toute la France que cette pet i te

contrée appel ée S alavès du nom de la ville de

Sauve et dont le chef- l ieu é tai t le château de

Mussemble

Le cours du vert torrent est très sinueux ; près

deV ic- le- Fesq,un méandre fermé par un isthme

é tro i t n’

a pas moins de six kilomè tres de déve

loppement . A chaque instant s’ouvre quelque

val l ée latérale,parcourue par le l i t d

Un torrent

à sec la plus grande partie de l ’année Doulitre,

C ourme,Crieulon

,Brestalou

,dont les orages

font des dévastateurs terrib les apportant leurs

flots furieux à ceux déj à effrayants des vidour

lades . C es torrents ont si l lonné des garri gues

semblab les aux causses par leurs roches et leurs

gouffres. Le'

Brestalou est passé près d’

un de

ces avens,le Pescantieu ,

ouvert non l o in du

village de Brouzet .

E n amont de Quissac , le V idourle est capté

S OMM IERE S ET LE SALAVES . 193

pour l ’ irri gation d ’une petite partie de la val lée.

La prise d ’

eau est dans un beau site,en vue

des Cévennes. Le bourg de Quissac qui borde le

fleuve n’

a guère d’ intérê t , mais son p ont en dosd ’âne et les bel les promenades dont les platanesse mirent dans l ’eau transparente forment unaimab le décor. C e petit centre est assez commer

çant, grâce à l’

embranchement de chemin de fer

qui s’

en détache vers Anduze et Alais C ’

est le

grand marché des moutons pour les garrigues

et les causses ; au mois de sep tembre, une fo irefameuse donne l ieu àla vente de 90000 à 1 00000

de ces animaux . I l s’

y fai t des affaires ac t ivesen truffes récoltées dans les bois de chênes des

garrigues.

Au tourde Quissàc , surtou t en amont,sur les

deux rives du V idourle, le fond de la valléé est,au printemps

,un long tap is de fleurs b lanches

de beaux -vergers de cerisiers couvrent les rivesde la riv1ere. C es arbres sont plantés dans depet itsenclosvoisins d’

au tres plantations où cro issent des arbrisseaux d’

un aspect assez singul ier.

C e sont des t iges grises et l isses, . d ’où partent

,

au sommet,des branches en forme de fourche

1 . Pour la région d'

Anduze et d’

Alais,

fi oyez la 34° série duVoyage en France, chap. 1 à IV .

V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

194 V OYAGE E N FRAN C E .

couvertes de feuil les al longées d’

un vert tendre

C es tai l l is si régul ièrement tenus sont des mico

couliers. L’

arbre laissé à lu i—même est de très

grande tail le, un des plus beaux du l i ttoral mé

diterranéen ,mais i l est i c i cul t ivé bas

, en cépées,

comme le châtai gnier en d ’

autres contrées.

Le micocoul ier, appel éfanabre‘

gue au bord du

V idourle, est une cul ture industrielle,comme

i l l ’est dans le V alespir pour la préparat ion

des manches de fouets. Au bord du V idourle, i l

sert à la fabri cat ion de fourches et d’

a llelles et

doi t ê tre diri gé dans ce but par la disposi t i on

de ses branches ; on ne lu i laisse que deux ou

tro is brins au sommet , en même temps qu’on

s’

efforce de donner le plus de régularité pos

sible à la t i ge. C es tai l lis s’é tendent surtout sur

les bords de la rivière, où le solest frais, profond

et riche, ce qu i excite la végé tation des souches

et fai t naî tre de nombreux brins. On les trouvej usqu ’

aux abords de Sauve, pet i te mais fort

industrieuse vi l le assise sur la rive dro ite duV idourle, dans un des sites les plus curieux de

cette pittoresque val lée. De hautes coll ines cal

caires montrent des strates inc l inées, des roches

superbes é trangement fissurées et dressées, des

1 . 37° série du Voyage en France, chap. XX ; voir aussi la

39° série.

196 V OYAGE E N FRAN C E .

Sauve, un véritable bouil lon de cul ture. C es

constatat ions des explorateurs ont causé un vif

émo i dans la vil le, où l’

on a é té condui t à prendre

des mesures contre la pollution .

La fontaine et le V idourle sont la vie de la

peti te cité dont ils font mouvoir une grande par

tie des usines. Tou t le monde travai l le à Sauve,

les productions y sont nombreuses et vari ées

La bonneterie, si importante à Nîmes, dans la

haute val l ée du V idourle, vers Saint-Hippolyte

et Ganges, puis autour du V i gan ,possède de

nombreux é tablissements dont laplupart tra

vai l lent à l ’aide de machines à bras. On y fai t

des bas de coton et des bas de laine, des gilets

de laine, des camisoles et des cache- corset,spé

cialitésde la place. U ne pet ite usine produit du

coton cardé . La chaussure occupe aussi beau

coup de bras, une manufacture fabrique des sou

l iers cousus à la main ou à la machine et surtout

les pantoufles à dest inat ion de l’Algérie. Cent

douzaines de ces art icles à bon marché sortent

chaque j our des atel iers ou sont produ its par lesouvriers travai l lant à domi ci le.

La céramique est encore une industrie de

Sauve , p lusieurs po teries font des vases com

muns, cruches à eau ,vases de cuisine de grande

dimension appel és gaudes ou cassoles.

S OMMIERE S E T LE SALAV ES 197

Mais le travai l du mi cocoul ier est la part ie la

plus caractérist iquede l ’ac tivi té . Toutes les bran

ches de fanabre‘

gues coupées dans ce curieux

peti t pays du '

S alavès viennent à Sauve,sa cap i

tale,pour y être manufacturées . J

ai pu étudier

cette transformat ion dans l ’usine de MM . Laget

et Forest ier oùj’

ai é té accuei l l i fort cordialementOn peut y suivre toutes les phases de - l

0péra

t ion,depu is la cul ture el le-même

,les cours de

la fabri que é tant p lantées de souchesdemicocou

l iers énormes,d

où jaillissent les brins qui de

viendront foùrches ou attel les c ’est-à-dire la

carcasse des col l iers pourles animaux de trai t .

Les brins de micocoul iers,tels qu ’ i ls arrivent

à l ’usine, sont parfois tordus. Le premiersoin es‘

t

de leur donner une dispositi on plus régul ière.

Ayant é té préalablement écorcés,ils sont mis à

chauffer dans un four d ’où ils sortent très mal

léahles, pour ê tre disposés surun arbre à p l ier

entre des dents de fer qui les dressent et où ils

restent pendant tout le temps nécessaire à leurrefro idissement . Ayant ainsi la forme pour le

manche,i l reste à disposer la fourche ; les t iges

laissées par la tai l le sont eu'

nombre de deux,

de tro is, parfo is de quatre. C e seront les dents ;el les sont ondulées et n’ont pas la forme courbéenécessaire ; ou les met dans une sorte de moule

198 VOYAGE E N FRAN C E .

leur donnant à la fo is la courbure et l ecarte

ment désirés. Des bandes d’

écorce enveloppent

le manche et les dents,de façon à former des

dessins entre- cro isés . Ainsi préparée,la fourche

est mise au four où el le reste toute la nu it ; el le

sèche,prend la forme voulue

,se colore en brun

dans les parties que les bandelettes d’

écorce

n’ont pas recouvertes . Quand on la ret ire , le

matin , on trouve Un objet l é ger, d’

un maniement

fac ile etd’

une résistance au mo ins égale à cel le

des fourches d ’

ac ier. Pour l ivrer au commerce,i l n’

y a plus qu ’à enlever les aspéri tés,égal iser

et épointer les dents, puis met tre en paquets.

On emplo ie lemême procédé pourlefaçonnage

des manches de pel les, dont la forme si particu

lière est ob tenue par le séj our dans un moule en

fer après chauffage au four, de même pour les

manches de faux . Quant aux attel les,el les sont

assoupl iespar le passage dans un bain de vapeur

surchauffée. Dans l ’usine,ou produit50 paquets

de50 fourches ou 1 00 manches parjour. Or,ce

n’

est l à qu ’une partie de la fabrication,car les

atel iers Sont nombreux .

Par leur lé gèreté,ces artic les ont pu résister

à la concurrence des fourches d’

ac ier dites amé

ricaines, d’

un usage si généralaujourd’

hui ; el les

sent très recherchées dans tout leMid i et donnent

LE S GARR IGUE S D E MON TPE LLI E R

Apparition du pic de S aint-Loup, roi des Garrigues. Banlieue

montpelliéraîne. Saint—Gely-du- Fesc . Le mont Bouras.

Les Matelles et leur source. D ans les garrigues .

Les moutons. Le pays de Londres. S aint-Martin-de

Londres. E n remontant leLamalou. Lepic de S aint-Loupet son panorama.

S aint-Martin-de-Londres. Mai.

Sur les cartes, le pays qui s é tend au nord de

Montpel l ier produit une impressi on singul i ère

par l’

aspect heurté de ses chaînes de hau teurs,l ’encaissement extrême de ses torrents

,gorges

plus que val lées, canons plus que gorges, ses

grands bo is, le peu d é tendue des terres de cul

ture et la raret é des vil lages . Rég ion extraordi

nairement confuse où l’on voi t fort peu de tracés

de routes,en dehors des deux grandes vo ies qui

se diri gent de Montpel l ier vers Sauve et Ganges

et de cel le qui rel ie Aniane à Saint—Martin-de

Londres.

- Si l’on contemple cette contrée du haut d ’une

col l ine avo isinant Montpel lier ou simplement de

2 04 V OYAGE E N FRAN C E .

p issée de vi gnes, plantée d’

oliviers, offrant des

bois de pins formant parcs autour de bel les

hab itations bourgeoises. Cette campagne est un

instant interrompue par les constructions neuves

d’

un asi le d’

aliénés, vaste comme une vil le. Plus

l o in, au

- dessus d’

un bois depins, émerge le châ

teau de Fontfrège, édifice d’

un pseudo- style féo

dal dont les tours,les créneaux et le donj on

rappel lent les remparts d’

Avignon ou la ci té de

Carcassonne.

C e castel a pour horizon des col l ines arides

couvertes de chênes kermès et de plantes odo

rantes avec des bouquets de p ins montrant ce

que pourrai t devenir la garri gue si l’

on procédai t

à son ensemencemeut en résineux . V ers l ’est ,Fontfrège a vue sur la val lée du Lez , où le flo t

pur de la riv1ere a fai t naî tre un rideau d ’

arbres

verts.

La vigne n’

a pas conquis les coteaux , mais el le

forme un beau tap is dans les val lonnements et

Sur les prem ieres pentes, où la terre végé tales’

est amassée. I l est de bel les plantat ions aux

deux côtés de la route bordée de platanes. Cela

n’

estpas continu tou tefois, on traverse b ien des

terrains abandonnés,où la grande vé gé tat ion

est bornée au buis à odeur âcre et forte. Du

sommet d’une côte on domine des pl is amples,

LE S GARRIGU E S D E MON TPE LLIE R . 2 05très profonds

,où la vigne et les cul tures ont fort

empiété sur le domaine des broussai l les ; vers le

nord , le p ic de Saint—Loup se montre sous l’as

peot d ’une chaîne réguhere ; vers l’ouest se des

sinent les pentes du mont Bouras, revê tues de

leur uniforme vê tement de chênes verts.

Des co teaux rocheux , du buis, de la lavande,une végé tat ion terne mais parfumée, puis au

fond d’une sorte de bassin rempl i de cul tures,oasis de la garri gue, le vi l lage de Saint—Gély-du

Fesc, façades grises et toi ts ardents, dominé par

un vaste châteaumoderne. S i la garrigue n’

a pas

é té partou t dépouil l ée de ses broussai l les d ’yen

ses, la vigne occupede vastes espaces sans cesse

accrus peu à peu sont conquis les co teaux quiséparent Saint-Gèly du pl i où le Lez naî t d

’une

source abondante et superbe,en part ie cap tée

pour la vil le de Montpel l ier. Le mûrier, rare

au tour de la grande vil le voisine, est i c i cul tivé .

Les branches dépouil lées de leurs feuil les mon

trent que l’

on entre de nouveau dans le pays

séri c ico le.

La route monte en pente douce au flanc du

mont Bouras, entre des garri gues creusées deravins

, çà et là s’é tale quelque mé tairie entourée

de pampres et de mûriers. Un de ces pl is, né au

pied d’

un mamelon que couronne la tour ruinée

2 06 V OYAGE E N FRAN C E .

de Roucayrol a de la fraî cheur, un ruisseau y

naî t , les cul tures sont é tendues et bel les. La con

trée s’

humanise à ces abordsde la source du Lez ,aussi les vil lages sont— ils assez nombreux au tourdu peti t bourg desMatel les, chef- l ieu du canton .

L’

un d’

eux , Saint-Mathieu-de-Tréviers, est assis

à l ’entrée d’une sorte de défi l é ouvert au p ied du

p ic de Saint-Loup .

A l ’écart , se dresse la hau te é gl ise de No tre

IDannæ des£Hunnps, sous laquefle F abrüent les

constructions d’

un orphel inat . L’é tabl issement

est proche des Matches qu i occupent une sorte

de conque où sourd la bel le fontaine de Liron ;après les grandes pluies

,les eaux se brisent en

cascade entre des rochers. Cette pet i te riv1ere

jai l l issant du sol pour al ler rej o indre la source

du Lez , et les affluents descendus du massif de

Saint—Loup gardant tous quel que onde pendant

l ’é té,expl iquent l ’existence de vi l lages et de cul

tures au cœur des garri gues.

Les Matel les, c’

est un groupe de maisons très

serré , comme si l’

on avai t craint de tr0p pré

lever d ’

espace sur ce bassin favorable aux cul

tures, mais b ien exigu entre les roches et les

broussai l les. Des ol iviers, des vignes, quel ques

champs rempl issent le val et se poursuivent au

long du Liron . Tou t au tour,les garri gues sem

2 08 V OYAGE E N FRAN C E

du bassin et dans lesquels viendront bo ire lesbrebis

La rou te de Ganges court en pleine sol i tudesauf les mares régul ièrement espacées et une

maison cantonmere, rien ne distrai t l ’attent ionatt irée par la longue murai l le du p ic deSaintLoup , assez proche maintenant pour que l

on

dist ingue le triste manteau de broussai l les masquant mal la roche grise. La montagne si bleue

et fi ère vue du li ttoral et des plaines l o intainesest fort vulgaire ainsi aperçue de près et sous

cette face. Au sommet,entre deux mamelons,

très blanche apparaî t la chapel le.

La rou te pénè tre dans une partie de bois

moins dévastée des chênes tai l l is, yeuses ourouvres, <nr fissent assez drus, séparés par des

blocs de cal caire blanc , é trangement disposésen amas ou en l i gnes rappelant les amoncel le

ments de grès de Fontainebleau . La chausséeest bordée d

ailantes dont les drageons gagnent

peu à peu l ’ intérieur de la garri gue, semblant

indiquer aux forestiers que cette essence se plai

rai t sur ce sol desséché . I l est vrai que le bois

d’

ailante est de médiocre valeuret que les réSul

tats escomp tés par l’éducat ion du bombyx à so ie

vivant au Japon sur ses feuil les n’

a pas donné

en France les résul tats espérés, mais la rapidité

LE S GARRIGU E S D E MON TPE LLIE R. 2 09

de la croissance, le peu d’

exigence et la rust i c i té

du vernis du Japon permettraient de couvrir

b ien des terrains nus .

Sur cetteroute, les ponts et chaussées ont es

sayé d’

autres essences pour leur plantat ion d’

a

lignement, une double rangéede micocoul iers

offre son ombre dans la traversée d’une zone de

roches blanches disloquées, où les chênes sont

rares et que parfument les senteurs puissantes

du thym et des au tres plantes odoriférantes des

garri gues. Là, près de la . métairie de la iPour

caresse, le p ic de S aint-Loup reprend sa forme

aigue ; on voi t le chaînon de profi l,tel un ohé

lisque t i tanique et fier.

La montagne domine un bassin cul t ivé en

trecoupé de landes p ierreuses au fond duquel

se forme et coule le torrent de Lamalou i l y

a là un bourg et trois vil lages Saint-Mart in

de-Londres , Mas-de—Londres No tre-Dame-de

Londres, Le Rouet-de-Gabriac . C e nom de Lou

dres fréquemment répé té di t assez que ce pet i t

pays f01me une région distincte,les géologues

le dési gnent comme le causse de Londres. E n

dehors des abords des vil lages où l’on fai t quel

que cul ture, c’

est une des parties lesplus sèches

et les plus curieuses des garrigues dans ses

roches se creuse le fameux ravin des Arcs

V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

2 10 V OYAGE E N FRAN C E .

Les pet i ts monts qui s etendent vers l ’ouest

sont parcourus , sc iés , pourrai t - on dire, par

l’

Hérault dont le cañ on splendide est malaisé à

parcourir. D ’une aridit é extrême,ils présentent

à peine quel ques taches de broussai l les.

La route laissant à gauche Mas—de-Londres,l’

anc1enne Lundræ qui a donné son nom à la

contrée, descend entredesmûriers, puis sous de

beaux platanes, formant avenue, et abouti t dans

le quartier bas de Saint—Martin, carrefour om

bra9é'

par trois grands platanes dont l’

un est

énorme. A l ’abri de cet épais feuil lage, une fon

ta1ne jai l l i t d’

un édicule al imentant un abreu

voir. U ne terrasse portée par deux rangées de

gradins entoure le platane géant . La place, enca

drée de cafés, de remises, de viei l les maisons

d ’une ancienne tour crénel ée servant d ’horl oge,

const i tue un com p i ttoresque,dél i cieux de fraî

cheur.

Le Saint-Mart in primi t if s etage au - dessus,

bourg ant ique aux rues é troites et montueuses,ayant pour noyau une curieuse église romane

dont le clo cher menaçant ruine a é té récemment

abattu . L’édifice est entouré de constructions

en partie sou tenues par des arcades ; un de ces

antiques l og is possède uneporte charmante. C e

coin Vieil l o t,dél icieux de tranquil l ité et de grâce

2 1 2 V OYAGE E N FRAN C E .

archa1qne, fut cein t d’une murail le continue, on

y pénè tre encore par une porte og ivale ouverte

à la base d ’une tour. Au-dessous s’é tai t cons

truit une sorte de faubourg dont les maisons

conservent des traces de l ’art gothique et de la

Renaissance.

Saint—Martin,bien que ne possédant pas 900

habi tants dans sa commune et 750 à peine

dans le bourg,

est le centre le plus considéra

ble de toute la ré gion des garri gues é tendue sur

les cantons de Claret , des Matel les, de Saint

Martin-de-Londres et d’

Aniane,dont elle occupe

le cœur.

“ C ’

est le rendez-vous commercial pour

les vil lages du pays de Londres,mais l ’activi té y

est faib le. L’ industrie

,comme dans tou tes les

garrigues, est surtout représentée par la distilla

tion des plantes aromatiques romarin, thym et

lavande.

Le ruisseau de Rieutord , né de la fontaine de

Saint—Martin,parcourt un petit val où ses eaux

ont permis de créer des prairies ; i l coule sous

un rideau de saules jusqu ’

au Lamalou , torrentné sur le revers nord de l’Hortus et du pic de

S aint-Loup , dans les bois ravinés où passe la

l imite entre les départements de l’Hérault et duGard .

Des environs de Saint—Martin, le pic de Saint

LE S GARRIGU E S D E MON TPE LLIE R . 2 1 3

Loup se présente sousun aspec t terrib le. C en’

est

plus la fière ai guil le admiréeçdn l ittoral , ni le

chaînon tapissé de broussai l les que l’

on voyai t

des Matel les, c’

est une gigantesque falaise se

dressant à p ic au- dessus de pentes maigrement

revê tues de tai l l is et faisant face à la chaîne des

grandes Cévennes.

Sur ce versant , le p ic est inab ordable, l’

as

cension a l ieu par l’

autre face, du cô té regardant

la Méditerranée, en traversant le village de C azevieille

,bât i sur un petit plateau du causse

J ’

aurais voulu gravir la montagne, mais la cha

leur est forte et les horizons manquent de net

teté,des vapeurs grisâtres estompent les l ignes

de ce paysage, d’ ordinaire si nettes. Je renonce

donc à faire le Saint—Loup, comme disent les

alp inistes,à monter par le chemin de la Dévo

tion que suivent les hab itants du pays de LOH

dres le j our de la fê te de saint Joseph pour al ler

faire leurs prières à l ’ermi tage et contempler

un des plus grands paysages de la France en

tiere. Par les beaux temps, on découvre de là

haut tou t le rivage méditerranéen ,depuis les

Alpes Mari times j usqu ’

au C anigou et même aux

monts de C atalogue. Les garrigues, aplanies en

apparence, déroulent leur nappe de broussai l les

2 14 V OYAGE E N FRAN C E .

ternes ; plus loin,j usqu a lamer

,c’est la verdure

du vi gnoble enchâssant les vi l lages,les bourgs

,

les vil les, les co teaux revê tus d’

oliviers.

Lamontagne est un observato ire trop superbe,el le offre de trop grandes fac il i tés de défensepour ne pas avoir é té occupée de bonne heure

par des ouvrages de fortificat ion . Au- dessus de

Cazeviei l le se dresse une ancienne tour ; à la

po inte orientale, dominant Saint -Mathieu - de

Tréviers, le château de MontferrandOffre encore

debeaux débris,d’

un grand efl’

etdanslepaysage.

Par son isolement , le p ic deSaint-Loup paraî t

bien plus é levé qu’ i l ne l ’est réel lement

,sa cime

atteint seulement 633 mè tres au— dessus de la

mer,mais cela représente 400 mè tres au- dessus

de la base. Aussi la montagne produi t— el le une

forte impression, surtou t lorsqu ’on la vo it de

profi l sous son aspect de p ic ou de corne aiguë.

E l le écrase sa vo isine, la montagne d’Hortus,

cependant hau te et escarpée, dominant de ses

51 2 mè tres le bassin deV alflaunès et les plateauxboisés de chênes verts qui serattachent au causse

de Pomp ignan.

Le p ic de Saint-Loup est le r01 incontesté des

garri gues ; cette contrée Sèche ,si triste quand

on la parcourt , d’une beauté classique et sereine

l orsqu’on contemple de lo in ses co teaux et ses

LE S GORGE S D E L’HERAULT

E n longeant les garrigues. Murviel. La vallée du C oula

zou. Aniane et son abbaye. L’Hérault au pont du Diable.

La source de la C lamouse. La gorge du V erdus. S aintGuilhem- le - Désert. Le soir dans les garrigues. Le

ravin des Arcs. La grande Draille. Descente vers l’Hé

rault. S aint—Bauzille-de—Putois.

Ganges. Mai.

Je su is revenu de Saint—Martin-de-Londres à

Montpel l ier et de la vil le à Saint-Mart in encore,

mais en remontant l’Hérault vers les gorges de

Saint— Guilhem . L’

excursion est facil itée j usqu ’à

Aniane par le chemin de fer de Cessenon,‘

tracé

à travers une zone monotone de vignes, devant

un peu de carac tère à la si lhouette l o intaine dupic de Saint - Loup . Peu d ’

arbres, même d ’o l i

viers,une terre rouge sur laquel le tranchent

vigoureusement les ceps chargés de raisins. Les

environs de Saint- Georges sont réputés par la

qual ité de leurs vins. Au l o in, Pignan semble

une c ité forte et puissante par ses hautes tours.

E n avant,à l ’é cart , l

’é gl ise isol ée de .V ignagoul

LE S G0RGE S D E L’

HERAULT. 2 1 7

imi te el le- même quel que forteresse fé odale.

C ’

est tou t un co in pré cieux pour les archéo

l ognes que ces premières pentes des garri gues

de l’Hérault. Sur un mont i cule ap te à la dé

fense,on trouve les remparts bien visib les en

core d’

un opp idum gaulo is sous lequel les Ro

mains é levèrent leur cité d’

Altimurium . Les

murs de ce camp ont plus de 3 mè tres d’

épais

seur et sont fai ts de blocs sans c iment . Lorsque

Charles-Martel poursuivi t les Sarrasins,i l les

trouva instal lés dans Altimurium. I l pri t et dé

truisit la vil le ; sur ce si te s eleva Murviel . La

dévastati on n’

a respecté qu ’une fontaine ro

maine, à l’une des entrees du vil lage. Celu i- c i

renferme à peine500 âmes, mais son passé his

torique lu i a valu de donner son nom à la par

tie des garri gues,qui forme massi f entre Gignac

et Montpel l ier.

C es garri gues de Murviel sont assez laides.

La nudité est à peine rompue çà et l à par des

amandiers et des noyers. De grands espaces

sont parfumés de lavande ; les parties où la

terre s’

est amassée ont é té conquises par la

vigne le chêne vert forme de hauts fourrés ex

ploités pour l’é corce.

La val lée du C oulazou ou C oulazou ouvre

passage dans ces co teaux rocheux qui se dres

2 18 V OYAGE E N FRAN C E .

sent en pet i tes falaises, près du vil lage de SaintPaul . C es roches fissurées absorbent les eaux

comme celles des causses ; à l’ issue du C0ulazou

sur Cournonterral , un aveu rappel le des phéno

mènes semblables, si fréquents plus au nord .

S ur des pentes revêtues de vignes se montreen amphithéâtre le vi l lage de Montarnaud

,tout

gris,dominé par un château sombre flanqué de

tours ; le gris paraî t la teinte dominante du

paysage, les col l ines el les-mêmes sont decettecouleur neu tre ;

'

de formes affaissées, el les font

cou101r à uneVallée ayant le pic de Saint—Loup

pourperspect ive.

Au long du C oulazou , les hameaux semblent

cal c inés par le soleil . Le ru isseau ,cependant

c lair et preste, est al imenté par de bel les sour

ces et par lesfi lets issus de peti ts lacs ou plutôt

de mares vives enchâssées dans la garri gue.

Autour de la Boismère sont des tai l l is de chênes

verts ; des o l iviers souffreteux couvrent les co

féaux . Le pays paraî t se faire p lus aride,On

suit une gorge blanche et désol ée et soudain ,

au pied de col l ines d’une extraordinaire nudité ,apparaî t la plaine de l’Hérault, très verte et

fraî che grâce aux irri gat ions, à la vigne, à de

bel les et vigoureuses ol ivettes.

Dans ce cadre s é tend la petite vil le d’

Aniane,

2 2 0 V OYAGE E N FRAN C E .

tendent de làjusqu’

au bord du fleuve. Au- dessus

de cette zone verdoyante sont des ol iviers pro

duisant des fruits transformés dans les confiseries

d ’ol ives . Plus haut,les garri gues se montrent ,

pauvrement revêtues de plantes aromat iques qu i

al imentent plusieurs dist i l leries d ’

essence. La

production de l ’huile d’ol ive,la transformat ion

des l ies et des tartres en crème de tartre, sont

encore des industries l ocales. E l les se retrou

vent dans toutes les communes du canton.

Aniane est le po int de départ pour la visi te

des gorges inférieuresde l’Hérault. La route, qu i

condui t à ces paysages sévères mais grandioses,

s’

en va entre les vignobleset les o l ivettes,bordée

de grenadiers sauvages aux bel les fleurs d’

un

rouge si vif. C et arbre semble indigène ic i,tant

i l abonde au long des cheminsS ur larive dro ite du fleuve

,le vil lage de Saint

Jean-de- Fos garde l ’entrée du défi l é . L’Hérault

débouche entre les hautes parois rocheuses, au

fond d’

un l i t profond creusé dans les cal caires.

Un pont ant ique et hardi , dit du Diable, le

franchit , non l o in d’

un aqueduc fai t d ’une arche

qui porte dans les campagnes de Saint - Jeanune part ie des eaux prises au torrent . A ce dé

bouché dans la plaine,celu i- c i est vert et immo

2 2 2 VOYAGE E N FRAN C E .

bile. E n amont,le l i t foré dans la roche pol ie et

stri ée a parfo is 1 mètre de largeur à peine. Les

coll ines riveraines sont de roc nu et l isse,i l n’

y

a de végé tation que sur les éboul is ou'

les par

t ies désagrégées

Sur des tables de concré ti ons cal caires, sour

dent des fontaines. L’une d ’

el les est de tempéra

ture é levée,on la nomme la Font Caude S es

eaux incrustantes ont construi t un large rebord

s’

avançant sur l’

abîme d ’où el les tombent en

nappes. Dans les creux , de mervei l leuses fou

gères tap issent les paro is.

E n amont de ce cañ on,dans les roches qui

encombrent le l it de l’Hérault, sont d’é tranges

moul ins construits en blocs énormes, en forme

de voûte, capables de résister aux crues les plus

formidables. C es trois minuscules usines sem

blent des tombeaux remontant à une c ivi l isa

t ion très ancienne. Plus hau t , des moul ins sem

blables sont dominés par une sorte de donj on

carré appel é le Moul in de la Tour

Sauf en bordure de la route où deux ou trois

é tages de terrasses portent de mai gres oliviers

et quelques rangées de vignes, on ne trouve pas

de cul tures j usqu ’à Saint— Guilhem .

E n h iver et pendant les pluies du printemps,le défi l é offre un superbe spectac le par l

ahom

2 24 V OYAGE E N FRAN C E .

de châteaux accro issent le grand caractère de ce

si te au del à duquel on ne peu t remonter l ong

temps l’Hérault. E t cependant ces gorges sont

parmi les plus é trangesdes Cévennes, el les méri

téraient d ’ê tre accessib les autrement que par les

rares chemins qui les franchissent pour faire

communiquer la montagne de la S éranne avec

les garrigues du canton de Saint-Mart in-de—Lon

dres. Au po int de vue botanique, la région est

curieuse par la présence du pin laric io de Salz

mann, _

essence très viei lle qui a disparu presque

partout en France, sauf aux environs d’

Alais,

près de Gagmeres,où je l

ai si gnal ée ‘

,et vers

Prades dans les Pyrénées-Orientales .

Saint— Guilhem est pour ainsi dire perdu dans

ses rochers, bien que les progrès de la vicina

l i té lui aient valu une route curieuse remontant

un instant l’Hérault pour s elever sur les gar

rigues du Causse-de- la- Sel le,commune dont le

nom di t assez le caractère et qu i vi t surtout par

le commerce des,bois. Mais la cluse du V erdus

est encore privée de chemin carrossable ; son

extrémi té méri te bien ce ti trede Bout du Monde

p0rté par une fontaine. Pour. sèche que soit la

garri gue, el le n’

est pas trop marâtre et vau t à

1 . 34° série du Voyage en F rance, chap. X I .

LE S GORGE S D E L’

HERAULT. 2 25Saint Gu ilhem quelques industries, ses bois sont

transformés en attel les pour les col l iers de che

vaux , les ol iviers sont assez nombreux pour ali

menter la confiserie de leurs fruits enfin les

plantes parfumées qui abondent sur les rochers

sont uti l isées pour la préparat ion des essences.

Saint- Guilhem est un des po ints du Langue

doc qu i attirent le p lus de visi teurs i l en rece

vrait b ien davantage si la température souvent

suffocante des garri gues n etai t un obstacle auxvisi tes pendant l ’é té . La course sur ces pentes

p ierreuses est vraiment p énib le en cette saison

j ’aurais cependant entrepris la traversée, de ce

po int des garri gues jusqu’

au paysdeLondres,si

je pouvais supposer des si tes capables de payer

la fatigue ressentie. Les gorges de l’Hérault sont

inabordables ,le chemin par le causse de la

Sel le se tient fort lo in du torrent ; quant au

ravin des Arcs Martel qu i le si gnala comme

une curiosi té de premier ordre ne pu t le parcourir que grâce à son tempérament d’

amphi

bie, en se mettant souvent à la nage dans les

gours

Je suis donc prosa1quement revenu à Anianepourme faire conduire en voi ture à Saint-Mar

tin— de-Londres. Après la grande chaleur de laV OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

2 2 6 VOYAGE E N FRAN C E .

j ournée , cette course à travers les garri gues

est exquise. Toutes les plantes à parfum sem

blent v ider leurs cassolettes. La forê t de chênesverts et de pins laricios, domaine des charbon

niers et des é corceurs,est d

un calme infini . Du

hau t des cô tes on voi t des chaînons lo intains,

S érane ou Saint-Loup , s’

estomperd’

un noir vio

lacé Sur le c iel dont le bleu s’

est assombri . Peud’habi tat ions sur la rou te ; deux vil lages seule

ment : Puechabon où de nombreux alambics dis

t i l lent les essences et V io ls- en—Laval,minuscule

chef— l ieu d’une vaste commune i 40 hab i tants

sont répart is sur 1 600 hec tares .

Au point du j ourj’

ai quitté Saint-Martin pour

gagner à p ied Saint— Bauzi l le-de- Putois que desomnibus rel ient à la gare de Ganges. A peine

sort i du bourg on retrouve les broussai l les des

garri gues, un instant interrompues par le coursdu Lamal ou . La rivœre descend par une succes

sion de rap ides et de gours d’

un bleu lai teux,

passe sous la grande arche portant la route et

pénè tre dans le rav1n p 1erreux qu’

el le a si étran

gement model é , pol issant les parois, creusant

en arcs les rochers qu i donnent leur nom au

si te. S i é troi te que so i t l ’ouverture du Lamalou

dans le massif rongé du nord au sud par l’

2 28 V OYAGE E N FRAN C E .

contrée maintenant sol i taire reprendra l exis

tence pastorale.

Le mouton semble avo ir é té cantonné dans

ce co in des garri gues ; non seulement le chemin

de la transhumance lu i est nettement imposé,

mais encore on a tenu les troupeaux à l ’ écart de

quel ques bo is. A la ferme de la Boissière, au

dessus d’

un p l i descendant à Notre-Dame-de

Londres, des tai l l is de chênes verts mis en def

fends sont hauts et touffus, trèsbeauxmaintenant

par leurs jeunes pousses d’

un vert velouté infi

niment doux , leurs chatons innombrab les pen

dant avec grâce et leurs fleursd’

un jaunegrisâtre.

La route entretenue avec soin est superbe,une des plus roulantes de France, é tabl ie avec

goût les tal us offrent une végétat ion inatten

due disposée pour la protection des voyageurs

et le plaisir des yeux . I c i s’

al i gne une bordure

de l i las ; plus l o in un contour a des haies de gre

nadiers, ai l leurs l ep ine du Christ croî t sur les

remblais.

Dans une chênaie, un campement d ecorceurs

est é tab l i sous les yeuses dont les troncs, à vif,sont d’

un rouge sanglant . Quand l ecorce a é té

enlevée, mise en bottes et emp ilée on coupe les

bal iveaux ainsi torturés et c ’

est alors le tour duC harbonnier ; i l détai l le les branches et les en

LE S GORGE S D E L’

HERAULT . 2 29

tasse pour ê tre transformées en charbon,com

bustible indispensable à la vie domestique sur

tout le l i ttoral .

Un col sur lequel s’é l ève une maison canton

nière donne accès sur le versant de l’Hérault. De

l à on découvre la croupe puissante de la S érane

et les monts plus hauts et sombres de l’E spérou

et du Saint-Guiral . Sur les flancs de la S érane

une pointe rocheuse est couronnée par une sta

tue de la Madone, au — dessous apparaissent le

couvent et l ’é gl ise de Notre-Dame-du- Suc,pèle

rinage très fréquenté .

Par des valats p ierreux où paissent encoredes

brebis,puis entre des rochers couverts de yeu

ses,la route descend à Saint- Bauz i l le- de-Puto is

le bassin de ce vi l lage apparaî t par l’ issue d’

un

dernier défi l é . V o ici de bel les campagnes cou

vertes de mûriers et de vignes,les p i les d’

un

pont suspendu révé lant l’Hérault invisib le. Au

bout d’une avenuede platanes est Saint-Bauzi l lebourg vivant dont les hautes maisons grises à

grand contrevent ont une al lure c i tadine. La

populat ion est considérable pour les garri gues

Saint- Bauzi l le est une dépendance industriel lede Ganges pour l ’ industrie ses deux filatures

1 1 756 habitants dont 1 429 agglomérés.

V OYAGE E N FRAN C E .

de soie sont parmi les plus considérables des

Cévennes, on y file, annéemoyenne, dix mil l ions

de kilogrammes . La product ion de la chaux et

des C iments,cel le des essences, la ganterie occu

pent é galement beaucoup de bras.

Maintenant adieu aux garri gues. U ne invrai

semblable patache me conduit à Ganges où je

trouverai le chemin de fer. Pour revenir à Mont

pellier c’

est un l ong dé tour,mais le trajet se

fai t plus vi te et plus commodément surtou t que

par la dil i gence de Saint-Mart in .

2 32 V OYAGE E N FRAN C E .

dans le commerce sous le nom d’

acétate de cui

vre0u de vert de Montpel l ier ; ou le nomme

vulgairement vert— de- gris, ce n’

est en effet que

le produi t de l ’oxydat i on du cuivre. I l ne faut

pas chercher i c i les grandes usines de produits

chimiques que l’

on pourrai t croire instal l éespour

fabriquer une tel le matiere,on met simplement

à profi t la réaction obtenue par le contact de

vieux mares de raisin et de lames de cuivre. Des

procédés scientifiques plus rapides permettentd ’obtenir le verdet à des prix de revient p lus

faibles,mais les peti tes instal lations des envi

rons de Gignac n’

en persistent pas moins à en

l ivrer au commerce. I l est assez malaisé de con

naî tre la quantité manufacturée on l’

évaluait, i l

y a trente ans, à 40 000 kilogrammes. Quel ques

industriels ont complé té leur installation par la

fabrication du sulfate de cuivre, dont l’

emplo i est

si considérable pour le trai tement des maladies

cryptogamiques de la vigne.

La préparation est simple. On empiledes lames

de cuivre avec des couches successives de marc

C es tas restent à l ’air, l’

alcool qui demeure dans

lemarc S’oxyde et se transforme en acide acéti

que, le cuivre s’

oxyde également et se combineavec l ’ac i de. Peu à peu les lames se recouvrent

d’

une croûte bleuâtre de vert-de- gris. On la

LA LERGU E - E T LE SALAGOU . 2 33

dé tache par un raclage des plaques. La poudre

ob tenue est pé trie avec du vinaigre pour former

une pâte à laquel le on donne la forme de pains.

C ’

est ainsi que le verdet est l ivré au commerce

pour être vendu aux peintres et aux teinturiers.

Le centre principal de cette curieuse industrie,fort répandue, est un village des environs de

Saint—Jean,Montpeyroux

,assis au mi l ieu de

bel les plantations d’

oliviers,au pied des garri

gues,près de l’abîme du Drac d ’où s’é lance par

fo is un énorme torrent,provenant sans doutedes

grandes pluies tombées sur l ’ immense causse du

Larzac Montpeyroux compte près de ving t deces petites fabriques.

Une au tre production de la contrée est celle

des savons noirs ou savons mous.

Dans les part ies basses du pays,sur les deux

rives de l’Hérault, on trouve un beau vignoble,

plus hau t les co teaux sont couverts d’

oliviers qui

produisent la varié té d’o l ives rondes connue sous

le nom de verdale. Montpeyroux est un des een

tres pour la ré colte et la confiserie de ce fruit,

mais les plus grands ateliers de préparat ion sont

à Gignac,peti teville si tuée non l oin de l’Hérault

,

à l ’extrémité des garri gues de Murviel .

1 . S ur le Larzac, voyez la 35° série du Voyage en F rance

,

chapitres V II et V I I I , et, dans le présent volume, le chapitre X .

2 34 V OYAGE E N FRAN C E .

C e centre est entouré de campagnesremarqua

blement ferti les, dont la richesse est fort accrue

par les irri gat ions dues à l’Hérault. C ’

est unedesparties les plus opulentes de ce département .

Gignac ressembleàla plupart de ses vo isines,son

aspect extérieur est plus agréableque celui de ses

rues é troi tes. L egl ise est intéressante ; une haute

tour à campanile et,en arrière, surun mamelon

,

la‘ chapel le Notre—Dame- de— Grâce

,qu i aurai t é té

un temple de V esta,donnent du caractère au

site.

Gignac fabriquedu verdet et distil ledes plantes

aromatiques ; el le trai te aussi les l ies et les tar

tres pour les transformer en crème de tartre,

mais sa princ ipale industrie est la confiserie

d ’ol ives S es garrigues,ses col lines pierreuses

,

même des terrains où la vi gne pourrai t pros

pérer restent consacrés à l ’ol ivier. Le fruit des

tiné à être util isé comme condiment étant d’

un

excel lent revenu,l ’arbre de Minerve, comme on

disai t autrefois,n

a pas aussi complè tement cédé

le terrain au moment où la fi èvre de la vigne a

sévi sur le Midi,comme la fi èvre des phosphates

1 . S ur la confiserie de l’

olive, voyez la 37° série du Voyage en

F rance, chapitre III ; sur la confi serie des câpres, la 1 3° série,

chapitre V ; sur la fièvre des phosphates, la 19° série, cha

pitre V .

2 36 V OYAGE E N FRAN C E .

sévissai t sur la Picardie. C ’

est que l’olivier

,b ien

conduit,peut donnerde500 à 1 000 fr. de revenu

à l’hectare. D ’

après une notice de MM . Degrully

et V iala, professeurs à l’é cole de Montpel l ier

,le

prix des terres complantées en oliviers attein

drai t de5000 à 6000 fr. l’

hectare.

Le canton de Gignac , qui s é tend sur les deux

rives de l’Hérault, est un des plus grands pro

ducteurs d ’olives du Languedoc . Depuis quel

ques années,ses habitants ont entrepris sur une

grande é chel le la culturedes raisinsde table, tels

que le chasselas. Montpevroux au nord,Campa

gnan au sud sont les centres principaux pour ce

commerce et celu i des primeurs. Un des vi l lages

qui s’

y l ivrent porte le nom bien bachique de’

V Endén nan .

La varié té des cultures cesse au delà de l’Hé

raul t . La route de Lodève s’

engage à travers une

vaste plaine couverte d’

un vignoble qui semble

rai t sans fin,si, au nord

,ne se dressaient les

premieres pentes des Garrigues, croupes pier

reuses et hardies qui sont les avant-monts des

Cévennes. Projetée devant le massif, se dresse

une co ll ine âpre, hérissée de roches,semblable

à quelque acropole démantel ée . C ’

est le rocher

des Deux-V ierges, ainsi nommé du séj our qu ’y

fi rent les deux sœurs de saint Fulcran ,évêquede

LA LE RGUE E T LE SALAGOU 2 37

Lodève. U ne chapel le,auj ourd ’hu i en ruines, fut

élevée en leur honneur.

Au mi l ieu des pampres semés de rares oliviers

apparaissent des vil lages, le p lus considérable

est Saint-André—de- Sangonis, façon de pet ite

ville entourée de bel les avenues de platanes . Au

fond du paysage,vers l ’ouest

,se montre une

ville plus considérable, C lermont— l’

Hérault, der

rière laquel lelesommet deSaint— Jean— d’

Aureillau

dresse son pic aigu . La plaine va mourir sur la

Lergue, le grand torrent de Lodève, bordée de

j o l ies coll ines portant le vil lage de Lacoste et

disposées en terrasses complantées d’

oliviers et

de vignes . Les ressauts sont tapissés de chênes

verts. Des val lons s’

entrouvrent, creusés dansune

Pocherougede terrain permi—eu,anal ogueaux sols

de roug ier du Rouergue Cette formation géo

l og ique est plus compl ète encore dans le bassin

parcouru par le torrent de S alagou qu i a donné

son nom à une peti te contrée prodigieusement

découpée par plus de cent ravins ou torrents

dont les berges à nu ont toutes cette teinte ruti

lante. Dans le pays on appel le aussi le S alagoules Ruffes cette région é trange mais pauvreé l ève beaucoup demoutons.

1 . 35° série du Voyage en F rance, chapitres 111 et X I .

2 38 V OYAGE E N FRAN C E

La Lergue descend el le-même entre ces terres

rouges au mil ieu desquel les des coulées de ba

sal te se sont fai t j o ur ; des pitons volcaniques,d ’où s

écroulentdes tronçons de prismes,héris

sent le pays. C es sols festonnés, dessinés pardes

assises plus so l ides, forment un cadre singul ier à

Salelles- de-Bosc,

.hameau groupé au p ied d ’une

montagnebo isée, en facedes crêtes déchiquetées

des Deux—V ierges et de la'

chaîne qui prol ongece

singul ier piton .

Sur la rive droi te de la Lergue, les coll ines

sont disposées en terrasses de cul tures et décou

pées par de courts ravins. E n face,ce sont des

val l ons parcourus par des torrents roulant à

peine un fi let d ’

eau et curieux par leurs tê tes deroches aux teintes vari ées rouges

,vertes

,blan

ches,disposées en larges seu ils. Cela a beaucoup

de couleur,mais l ’ensemble laisse quel que im

pression de laideur.

Pourtant voic i un peu de verdure, la routeest

bordée de superbes platanes,la Lergue coule,

c laire,ré trécie

'

entre des berges couvertes de

grands roseaux . Les o l iviers sont nombreux,vi

goureux ,b ien ’

so ignés. On devine l ’approche

d ’une ville,c ’

est Lodève en effet,à laquel le les

grands arbres de la route font une entrée royale

J’

atteins ce faubourg à l ’heure de la sortie des

240 V OYAGE E N FRAN C E .

édifice d’

un vif intérêt . La façade est un spéci

men curieux et complet d’ égl ise fort ifiée ; le

chœur charmant,b ien que disproportionné

,

étant ample comme la nef el le—même ; par les

hautes verri ères la lumiere tombe mystérieuse

et puissante à la fo is . La rose est grac ieuse,

dans chaque compartiment une fi gure apparaî t ,radieuse dans la pénombre formée par les ner“

vures .

Cette égl ise dédi ée à saint Fulcran,le patron

de la c i té , avo isine l ’ancien évêché . Lodève eut

ses évêquesjusqu a laRévo lut ion, comme sesvoi

sines B éziers, Agde et Saint-Pons . L’

anc ienne

résidence épiscopale, devenue hô tel de vi lle, est

une maison cossue, rien de plus,mais el le est

assez vaste pour avoir ac cuei l l i la prison,les

gendarmes, le tribunal et les prêtres de la pa

roisse ! Une maison part icu l ière,qui fai t face au

palais,possède un beau bal con en fer forgé ou

repoussé au marteau ; tro is médai l lons repro

duisent les trai ts de Michel -Ange,Benvenuto

Cel l ini et Raphael . Des écussons portent les

t i tres d’

œuvres d’

art appartenant à la région .

U ne inscrip tion martelée donne le nom du fer

ronnier : Cousson , deLodève.

Une promenade,ombragée de beaux arbres

,

é gayée par une fontaine jai l l issante, bordée au

LA LERGU E E T LE SALAGOU . 241

f0nd par une caserne, est très so l itairele j our ;lesoirl

animationy est extrême. D e l à on décou

vre le panorama,sévère mais beau , du bassin

de Lodève. C e mat in c’ é tai t à la fo is exquis et

é trange. S ur les pentes rouges, les terrasses de

pierre sèche et grise dessinent des marches

g igantesques où les ol iviers tai l l és en gobelets

mettent leurs touffes rondes d’

un bleu d’

acier

terni ; de vastes figuiers, d’

un vert sombre, tran

chent vigoureusement près de ce feuil lage pâle

et des amandiers à la mai gre ramure. A cer

taines heures, cet immense amph i théâtre, que

dominent les hautes croupes de l’E scandorgue

et les pu issantes falaises du Larzac , est d’une

réel le majesté . Des po ints é levés qui entourent

la vil le, le pays se montre comme un c irque im

V OYAGE E N FRAN C E . xxxv1 . 16

242 V OYAGE E N FRAN C E .

meuse dessiné par la j onction de plusieurs val

lées décrivant une sorte d’

éventail de rochers et

de verdure, dont les branches se réunissent versle confluent de la Lergue et de la S oulondre

Lodève est une vil le en décro issance ; b ien

qu ’

el le ait été do tée d ’une garnison assez consi

dérable, el le a perdu plus de 2 000 habitantsdepuis 1870 Cette diminution est due à la dis

parition d’une partie des usines par le dép lace

ment de l ’ industrie des draps. Lodève qui faisai t

et fai t encore le drap de troupe, sub it la con

currence de centres mieux placés . On a recensé

j usqu’à 7 000 ouvriers, i l n’

en reste gu ère plus

de 1 000 à 1 100, au moment où le travai l est

ac tif ; comme par le passé ou produi t surtou t lesdraps et couvertures pour l ’armée et les admi

nistrations,six usines seulement continuent à

travai l ler

L’ industrie lainière est née dans la contrée

par la volonté de Colbert , qui a créé des manu

factures royales dont une seulea persisté j usqu a

nous,cel le de V i l leneuvette queje visi terai b ien

tô t . Le choix du paysdeLodève s’

expliquait par

1 . Pour la région au nord de Lodève“

(Larzac), voyez la

35° série du Voyage en F rance, chapitres V II et V I I I .2 . Le recensement fait avant la guerre donnait 1057 1 habitants,

le dernier n’

en relève plus que 8200 dont 1 200 pour la garnison.

244 V OYAGE E N FRAN C E .

pouvai t prévoir l ’ instab il ité d ’une industrie alors

incapable de varier ses produi ts selon le goût

changeant de la mode. Au moment des grosses

commandes de l’Etat on avai t insuffisamment de

main-d’

œuvre, i l y en avai t trop quand l ’armée

n’

avai t p lus autant de besoins. Lorsque la mode

des é toffes aux teintes variées ou d’

apparence

plus fine s’

est répandue,les t issus de la région,

sol ides mais frustes , se sont vus disputer les

nnarchés.

E n ces temps peu é loignés de nous, on traçai t

de la vie de l ’ouvrier à Lodève un tab leau qui

reportai t b ien l o in en arri ère. La ferveur rel i

gieuse é tai t grande et les cérémonies du culte

j ouaient un rô le considérable dans la vie locale.

Les é gl ises é taient pleines aux j ours de fê tes et

dimanches,les artisans al laient en mul ti tude aux

processi ons,souvent p ieds nus

,un c ierge à la

main,ou servant de thuriféraires et de porteurs

de corbei l les de fleurs. Deux confréries depéni

tents,touj ours rivales

,met taient dans les cortè

ges le pi ttoresque de leurs cagoules ; bleus et

blancs s’

efforçaient de se surpasser pour le

luxe des ornements. des cro ix et des bannières.

Le patron de la vi l le, saint Fulcran ,est aussi celui

des ouvriers drap iers,i l eut sur ce pet i t monde

une influence et un prestige extraordinaires . La

LA LE RGU E E T LE SALAGOU . 245fête du vieil évêque é tai t un des grands événe

ments l o caux,car on voyai t dans Fulcran comme

le père et le conso lateur des misérables. U n des

cant iques chantés en son honneur di t

S aint Fulcran est notre frèreE t notreIl partage nos alarmes

,

Attentif à nos besoins .

L’

indigent, sous ses auspices,

V oit finir tous ses

Louis Reybaud s’

est p lu à dé crire les homma

ges rendus au bon saint,le plaisir des habitants

à décorer leurs rues et leurs demeures, tout en

démêlant un peu de mise en scène dans cette

sorte d’

apothéose annuel le. D e même,dans le

tableau qu’ i l traçai t de la ri gidité des mœurs,i l

estimai t que cel le- c i est à la superfic ie.

Je ne suis pas rest é assez longtemps à Lodève

pourjuger à quel degré ces mœurs et ces tradi

t ions ont survécu,mais el les se sont b ien atté

nuées La perte de la vignea détrui t en part ie le

goû t des hab itants pour les excursions domini

cales aux domaines exigus qui é taient la j oie et

l’

orgueil de bien des ménages.

Lodève, au po int de vue industriel , est com

plété par Clermont- l’Hérault

,vil le moins popu

leuse et é galement en vo ie de décroissance par

246 V OYAGE E N FRAN C E .

le déplacement de l ’ industrie ; la population, de

plus de 6000 âmes jadis,nedépasse guère5000

auj ourd’hu i ‘. Cependant l

activi té y est restée

grande ; par la vari é té des productions ce peti t

centre offre de l ’ intérê t .

Mal gré ce surnom de l’Hérault, Clermont est

assez él o igné du fleuve. La vil le est bâtie dans

un repl i des col l ines, à l’

entrée de la ri che plaine

où la Lergue atteint l’Hérault et que domine dehau t levi l lagedeLacoste, deféodale allure, porté

sur un promonto ire divisé en terrasses par desmurs de lave. Cette plaine est plus bel le encore

que cel le de Gignac , l opulencede la verdure est

relevée par les teintes douces des oliviers répartis sur les pentes.

Clermont , dans son ensemble, est p lus élé

gante et propre que Lodève. U ne large avenue

de platanes condui t au cœur de la c ité mon

tueuse aux rues inégales,dont l ’é gl ise

,du

xv° S iè cle,possède une absi de à mâch icoul is qui

la rend semblable à une forteresse. S urune place

p ittoresque se t ient un marché très animé . Sous

les arbres est le buste de Peyrottés, poè te

languedocien Sur le piédestal sont sculp tées

des poteries,de pet i ts vases

,des t irel ires rappe

1 . 5280 en 1901 . V oyez la carte, page 251 .

248 V OYAGE E N FRAN C E .

Je n’

ai rien lu de Peyrottes, jé l’

avoue,maisje

me souvenais de son défi qu i peint si bien l’espri t de ces populat ions ardentes du Languedoc

Riante autour de la place et dans ses quartiersneufs

,Clermont ressemble à toutes les autres

peti tes vi l les de la contrée par le noyau de rues

é tro i tes,salés

,puantes, bordées de hautes mai

sons qui const ituent la c i té primi t ive. Les tou

ristes y viennent volontiers pour al ler visiter lecirque deMourèze, ils n

y reviennent guère,les

hôtel iers n’

ayant vu dans cet te affluence qu ’un

moyen d’

enfler leurs prix .

La fabri cat ion des lainages estmoins considé

rable qu ’à Lodève une manufacture produi t desdraps de troupe, d

autres fabriquent ces lourdes

mais chaudes et imperméables l imousines dont

se servent les roul iers et les bergers, et les draps

di ts mulelie‘

re. La tannerie occupe p lusieurs

usines ; une fabrique de papier à cigarettes est

assez surprenante par son isolement dans une

rég ion où la papeterie est inconnue. Le com

merce des vins et celui des laines donnent l ieu à

un mouvement d’

affaires considérable.

1 . S ur Jasmin, voyez la 3 1

° série du Voyage en F rance, cha

pitres IX et X .

V ILLE N E U V E TTE E T BEDAR IE UX

Les garrigues-

dé C lermont—l’Hérault. D ans l’

oasis de V ille

neuvette. Une usine fortifiée. Histoire de V illeneuvette.

Association de l’

industrie et de l’

agriculture. Le reboi

sement . Le cirque de Moureze. Paulhan. Bedarieux .

Industrie disparue.

Bédarieux . Juillet.

La val l ée de l’Hérault,entre Clermont et Pé

zenas est un large plan d ’une grande richesse

rustique ; les ol iviers, très nombreux , atténuent

la monotonie des é tendues de V ignes . L’

âpreté

et la nudité des coll ines font mieux ressortir la

splendeur de ces campagnes . Au mil ieu des

vertes plantat ions , des vi l lages sont enchâssés,

d ’

autres,aux noms sonores comme N ébian et

Aspiran,occupent le sommet des coteaux .

Cette opulence végé tale contraste avec les

garrigues qui s é tendent de chaque cô té de laval lée et dont certains po ints

,notamment dans

le cirque deMourèze, sont de la plus complète

aridité . Mais on constate aussi ceque le reboise

250 V OYAGE E N FRAN C E .

1nent donneraH. sous ce chunü n en découvrant

les bel les plantations de V i lleneuvette. Leur ver

dure confine au dépouil lement suprême.

L’

excursion est une des plus intéressantes que

l’

on puisse faire dans l’Hérault. La route char

mante parfo is,curieuse touj ours

,sort de Cler

mont en longeant le pet i t torrent de Rhonel,

près d ’une grande fabrique de draps. Les berges

sont disposées en pentes douces revêtues de

grandes dalles sur lesquel les on fai t sécher la

laine après le lavage. Le val évasé est divisé en

terrasses d’

oliviers et de vignes, de riantes mai

sons se succèdent,possédan t pour avenues de

mervei lleuses al l ées de lauriers- roses.

Le chemin atteint un peti t co l , sur lequel est

bâtie la chapel le de Notre-Dame-du-Peyrou d ’o

riginale archi tecture. Le porche est formé par

des contreforts surmontés de pinacles. La nef, de

la Renaissance,offre de j ol ies clés de voûte et

quatre chapel les latérales dont une est rempl ie

d’

ex - volo rappelant des guérisons. De viei l les ta

pisseries ornent lesmurailles. Le chœur est, d’

un

côté,tapissé de cadres ovales dorés représentant

des communiantes en robede papier découpé , de

l ’autre, des cadres de même forme renferment

des couronnes nuptiales.

L’église est à l ’entrée d’

un charmant bassin de

252 V OYAGE E N FRAN C E .

vi gnes encadré de p ins et de chênes- heges. Dans

les murs de clô ture cro issent de beaux câpriers.

Puis,les co teaux deviennent des collines et

,plus

lo in,cel les— c i se transforment en peti ts monts. ! à

et l à de beaux figuiers. Sur des aires, les mules

foulent les bl és . C é bassin riant fait partie du

domaine à la fois rural et industriel de V illeneu”

V ette.

Une splendide avenue de platanes traverse

ces vignes, plantées de grands ol iviers et en

tourées de massifs vigoureux de p ins pignons.

L’

alléeaboutit à une muraille percéed’

un portai l

portant cet te inscrip t ion Honneur au travail.

Jusqu ’

en 1848, on pouvait l ire Manufacture

royale

C ’é tait le dernier spécimen des usines fondées

parColbert pouremployer les laines de France et

lutter contre la concurrence de l ’é tranger. Dès

avant la Révolut ion, la manufacture é tait aux

mains de particul iers, mais el le avai t conservé

son aspect quasi féodal. Afin de protéger l’éta

blissement,pendant les guerres rel igieuses qui

déso lèrent les Cévennes, on l’

avai t entouré d’

un

mur d ’

enceinte anal ogue à celu i des places for

tes, crénel é , flanqué de redoutes. A l ’ intérieur

de ce rempart s’é taient é levées de pet ites mai

sons où logeaHn fl. les oue ns. li

éghse eHe

V ILLE N E UV ETTE E T BEDARIE UX . 253même étai t dans la manufacture et

,loq ue l’on

créa les municipal ités,la mairie fut instal l ée der

rière ces murailles. La porte se fermai t le soir

après une diane bat tue au tambour, on levait un

pont— levis et nul ne pouvai t entrerou sortir.

Quand,en 1867 , Louis Reybaud publ iai t ses

é tudes sur le Rég ime des manufactures,l ’orga

nisation fonctionnai t encore. On s’

est b ien dé

parti de cette ri gueur auj ourd ’hui le pont- levis

a fai t place à un portail,mais la populat ion tient

à vivre au tour de la fabrique, comme le poussin

sous l ’ai le maternel le,et ne quitte pas volont iers

l ’enclos formé par le rempart .

Fondée en 1 666 pour faire du drap , la manu

facture en produit encore mais au début l’en

treprise étai t g érée par une sociét é travai l lant

pour le Levant et recevant 1 0 fr. pour chaque

p iecede drap exportée. Depuis plus de cent ans

l ’usine,comprenant tou t le territoire de la com

mune et le vil lage,est la propri é té de la famille

Maistre,qui a suivi le mouvement industriel et

entrepris la production des draps de troupe et

d’

uniformes pour les col lèges,les chemins de

fer,etc . el le a conservé la curieuse organisat ion

patriarcale de la manufacture.

Cel le— c i a fai t naî tre b ien des pro testations ; ona employé des grands mo ts

,on a parl é de féoda

254 V OYAGE E N FRAN C E .

l i té ; mais cette féodal it é a permis de maintenir

une usine considérable lo in des vo ies ferrées,à

l ecart de toute cité , dans un ravin sauvage,où

les eaux sont rares, alors que des établissements

plus favorisés et mieux si tués ont dû fermer leurs

portes ou ont complètement disparu .

Le l ien féodal est d ’

ail leurs b ien ténu ! I l seborne en somme à cec i i l n’

y a pas de vil lage

en dehors de la fabrique, ni d’

autres maisons,

sauf tro is fermes et trois anciens moulins. Les

soixante—dix logements dans l ’enceinte,les ving t

huit au dehors appartiennent à la manufacture

et sont attribués gratuitement aux ouvriers On

n’

exige d ’

eux que lerespect de la propriété et un

souCi de propret é et d ’hyg iène. Des écri teaux

défenden t par exemple de dé truire les nids d’o i

seaux et de jeter de l ’eau ou des balayures par

les fenêtres . Comme servage, c’

est assez accep

table, aussi les ouvriers t iennent- ils à leur l oge

ment de l ’usine et, en dép it des excitat ions, res

tent fidèles à la fami l le qui les fai t vivre et leur

assure la sécuri té du lendemain . Le patron et les

siens sont d ’

ai l leurs au mil ieu d ’

eux,donnant

l ’exemple de l’assiduité au labeur.

1 . La population renfermée dans l’

usine est de 2 33 hab itants,la commune entiere en possède 300 .

256 V OYAGE E N FRAN C E .

A cô té de la vigne, les céréales, la luzernesurtout

,couvrent les territoires favorables à la

cul ture. C et ensemble consti tue une explo itat ion

modèle,dont l ’exemple serai t fructueux si V il le

neuvette n’étai t en quel que sorte au mil ieu d’

un

désert . L’usine,i l est vrai

,permet une culture

intensive,les déchets et les eaux vannes servent

d ’

engrais,les eaux réunies pour la force motri ce

peuvent enmême temps faire face aux irri gat ions .

Le chemin remonte le val l on de la Dourhie

de Mourèze qui donne la vie à l ’usine. Grâce

aux ondes pures nées de fontaines nombreuses,

i l est d’une extrême fraî cheur. Les p ins p ignon

et lari c io semêlent à la flore aquat ique des peu

pl iers et des aulnes . Les pentes de la rive droite

conservent mieux l ’humidi té,car el les sont de

natureschisteuse un superbemanteau de chênes

verts mélangés de lent isques, d

arbousiers et de

grandes bruyères les recouvrent . Sauf le c iste,toute la végétat ion arborescente de la Méditer

ranee semble réunie i c i . D e grandes clémati tes

blanches s’

enchevêtrent dans les rameaux des

arbustes.

Brusquement le bo is cesse et l’

on commence à

découvrir le sommet des aiguilles de Mourèze,

la tour grisâtre de l ’égl ise, les ruines du châ

V ILLE N E UV ETTE E T BEDARIE UX . 257teau . Un chemin rocai l leux descend dans le

grand cirque encadré par la crête de Saint-Jean

d’

Aureilhan et ses contreforts,et dominé au sud

par le pic de V issous ; i l franchit la Dourhie aux

eaux rares mais l imp ides et arrive en face‘

d’

un

si te d ’une é trangeté extraordinaire,un chaos de

roches dressées en aiguilles, projetées en encor

bélléménts,simulant des ruines ou des animaux

monstrueux . Un vil lage s’

est b lo tt i dans ces en

tasse'

ments,si gris lu i aussi qu’ il semble parti ci

per à la contexture b izarre de ce c irque. L’é gl ise

tranche sur cette tonal i té ; el le est construite en

moel lons de lave, rel i és parun l i t mincede chaux

blanche. La roche vo lcani que a résisté aux éro

sions et garde intactes les formes pures de l’ogive

flamboyante employée pour l ’abside

Au- dessusde l’ égl ise se dresseun rocher à p ic,

dont les points faib les,les parties érodées ou dé

truites ont é té renforcés par des murailles de

lave dessinant un quadri latère ces ruines fan

tastiques sont cel les du château . Au p ied levi l lage, tou t menu i l ne renferme pas cent

habitants semble mort ou endormi ; rares et

pauvres sont les demeures qu’

avoisinent quel

ques mûriers.

Tout autour la roche présenté des bizarœries

indescrip tibles. Friable et sans consistance, el le

V OYAGE E N FRAN C E . XXXVI.

258 V OYAGE E N FRAN C E .

a é té rongée, sculptée,model ée par le solei l

,le

vent et la pluie. D es col onnes,des obélisques

,des

port iques,des voûtes rappel lent les curiosi tésde

Montpel l ier- le-V ieux et de Pa101ive Peut- être

y a- t— il ic i un peu plus de fantasmagorie, car la

pierre continue chaque j our sa transformation .

Le cirque n’

est pas très é tendu , 1 2 00 mè tresdans chaque sens à peine I l serai t donc faci lede

le parcourir,mais en cette saison

,à onze heures

du mat in,la course entre cés rochespardes che

mins montants et sinueux est presque un sup

plice.

'

Lâchement nous nous contentons de gra

vir une sorte de monticule et de contempler le

fantastique paysage,avant de retrouver sur le

chemin la voiture qui nous ramène à Clermont .

La l igne de Bédarieux à Montpel lier cro ise à

Paulhan cel le de Béz iers à Lodève. L’

attente

pour le changement de train est longue ; malgré

la chaleur nous al l ons donc explorer Paulhan ,

que l’

on prononce Pauillan . Dans tout le Midi

[il se mouilleiC’

est un de ces centres p0puleux2

comme i l y en a tant dans la région et pouvant

1 . S ur Montpellier-Ie-V ieux , voyez la 34° série du Voyage en

F rance, chapitre XX I . Sur le bois de Pa1011ve la même série,

chapitre X I .2 . 2 073 habitants dont 1 994agglomérés.

2 60 V OYAGE E N FRAN C E .

vigne, parknfl : la. 1 dgne avec les gros bourgs

émergeant desvertes é tendues. D é Paulhan à Bê

darieux , on ne quitte guère les rangées de ceps,sinon en l ongeant ou traversant les coteaux que

l ’amandier et l ’ol ivierrecouvrent , au- dessous des

tai l l is de chênes verts. Dans les vignes, Nizas,dans les vignes Caux , anti que bourgade étroi

tement groupée autour d ’une viei l le ét bel le

égl ise,encore guerrière d’

aspect par un donj on .

De peti tes coll ines entourent cette cité autrefoisforte ; de leurs sommets on découvre toute la

plaine ondulée,verte de pampres où coule

,

quand el le a dé l ’eau , la Peyne, torrent de Pézenas. Au mil ieu de cette étendue

,Al i gnan-du

V ent occupe l’

extrémité d ’une ride. Surdes pen

tes douces dominant la plaine, Roujan s’é tale

sur une vaste é tendue et donne l ’i l lusi on d ’une

vil le considérable,

fi ère par la haute tour de son

égl ise et les ruines du château de Sainte—Marthe

qui la domine. Cette peti te contrée, où la F eynedébouchedes garrigues

,est plus p ittoresque que

le val inférieur,le sol est très accidenté ; on

trouve d ’

anciens édifices : la chapel le Notre

Dame-de-Mouguères et le prieuré de Cassau,

devenu château et qui a conservé une remar

quable égl ise du xii°S iècle.

Cet te contrée est peut— être appelée à quel que

V ILLE N E U V ETTE ET BEDARIE UX . 2OI

dével oppement industriel,ou a constaté l ’exis

tencede la houil le. Des sources minérales jai l l is

sent sur plusieurs po ints. L’une d ’

el les,près de

Gabian,

figure sur la carte d’Etat—maj or sous le

nom de source d ’huile de pétrole. L’

eau ferru

gineuse et gazeuse amène… de l ’huile minérale qui

formeàla surfaceune couche assez épaisse. D’

au

tres fontaines d ’

eau très pure furent cap tées parles Romains pour l ’al imentat ion de Béziers

,la

t ê te de l’aqueduc reste visi ble,près du bourg

de Gabian,viei l le place forte, encore en partie

entourée de ses remparts.

L e vignob le revê t tous les fonds de val lon et

les pentes douces,les coteaux sont couverts d’

a

mandiers dont le fruit est l ’objet d’

un commerce

considérable,l ’ intérieur du massifdes Garri gues

renferme de grands tail l is de chênes Verts exploités pour l ’écorce

,dont Mil lau fait une grande

consommat ionDes vignes encore

, un parcours acc identé eutre des coteaux dont l’un porte les ruines deR0

quessels, une rég ion de hauteurs âpres et vo ic i

la val lée de l’Orb,entre des hauteurs couvertes

d’

oliviers. On franch it le pet i t fleuve,on longe

une route poudreuse et Bédarieux apparaî t em

1 . Voyez la 35° série du Voyage en F rance, chapitre V I I I .

2 62 V OYAGE E N FRAN C E .

pl issant le bassin de ses to its que dominent les

cheminées d’usines.

Mal gré cette apparence de ville très popu

leuse,Bédarieux est en pleine décadence

,au

mo ins pour une de ses industries,la draperie.

La populat ion,qui attei gnai t 9000 habitants en

1870, est descendue à 6000 à peine Les progrès

avaient é té aussi rapides que le fut la diminu

t ion vers 182 0,ou ne comp tai t pas encore

4000 âmes.

L’

aspec t de grandeur de la ville est accru par

le beau viaduc qui traverse la val l éeet sur lequel

c irculaient jadis les trains du chemin de fer. La

construct ion des lignes de Béziers àN éussargues

et de Bédarieux à Montauban a né cessi té le dé

p lacement dé la gare ; désormaisle grand ouvrage

d ’

art n’

est guère qu’un ornement dans le paysage.

Les trains de charbon des mines de Graissessac

l ’util isent parfois.

La nouvel le station,don t les vo ies sont cou

vertes d’

un grand hal l , est une des plus vivantes

et des plus bruyantes du Midi , le buffet déborde

dansla courpardes tables placées sous lesarbres,et la foule s

ypresse. De l à on gagne la vil le par

i . 6 106 dont 566 1 agglomérés .

2 64 V OYAGE E N FRAN C E .

une avenue de platanes, pleine du bruit strident

des cigales. Des usines bordent cette large voie

poussiéreuse ; tou tes sont closes,une seulemon

tre encore quel que vie,mais el le fermera ses

portes à la fin du mois,me dit-on

,en attendant

une adj udicat ion possib le qui permettrai t de reprendre le travai l et de cont inuer à faire petitsdraps etmare

gues . Les autres sont probablement

àjamais fermées. Seules les tanneries et les mé

gisseries restent prospères, ces dernieres ayant

un rapport avec l ’industrie de la laine,car el les

dépouil lent les peaux de leurs toisons. I l y eut,

j usqu ’à 1873, ving t manufactures. A cette épo

que, une grève éclata qui eut pour résultat de

tuer l ’ industrie. Les patrons ne pouvant vivre

en acceptant les pré tentions dés ouvriers durentfermer leurs portes. Les é tabl issements ont é té

vendus et transformés en atel iers pour la fabri

cat ion des pressoirs, des produits chimiques,la préparat ion des peaux , etc.

Mal gré cette décadence, la ville conserve bel

aspect . L’

espace ne lui a pas manqué, on a tracé

des rues larges et el les ont é té bordées de hautesmaisons proprement crép ies. L

Orb partage Bê

darieux en deux part ies,mais ce fleuve n

est

qu’un énorme l i t de torrent ; un é troi t fi let d ’

eau

coule entre les graviers et les galets qui servent

V ILLE N E UV E TTE E T BEDARI E UX . 2 65aux lavand1eres pour é tendre le linge. U ne voie

régul ière franchit l’0rb et se prolonge jusqu a

l ’hôtel de ville. La principale et la p lus bel le

artère a reçu le nom de Ferdinand Fabre,le

romanc ier de la Montagne—Noire et de l’

E spi

nouze.

Mais , comme les autres centres,Bédarieux

possèdeun noyau de viei l le vil le, aux rues irrégu

lières,l épreuses et puantes. Le C ourbezon qui

le traverse amène à l’Orh les eaux nauséabondes

déversées par les mégisseries. Au bord de ce

torrent pol lué,sous de superbes platanes, est le

buste de Cot , le peintre qui eut son «Sonnet

d’

Arvers et son V ase brisé parS on tableau

le Printemps, qu i représente un jeune homme

et unejeune femme se balançant dans un paysage

de mai. Peintre d’histo ire dit cependant

une inscrip tion du piédestal . E t d ’

autres rap

pellent les noms d ’

œuvres de l ’art iste l’

Orage,

le Printemps, Mireille, ce qui n’

a rien d’

histo

rique. Le monument,dû à Antonin Mercié, est

d ’une bel le allure .

Sur la rive gauche du C ourbezon de hautesmaisons indiquent la prospéri té de la vil le au

j our de leur construction ; la plupart sont —closes

et donnent une poignante impression de tristesse .

I l y a trente ans , Bédarieux possédai t une

2 66 V OYAGE E N FRAN C E .

quinzainede fabriquesde draps, usinesmodestes

auprès de cel les de Lodève , mais importantes

encore. Auj ourd ’hui les annuaires signalent unemanufacture de ce tissu et une autre consacréeà la production des flanelles et des l imousines

A l’ époque où Louis Reybaud visitai t ces ate

l iers, i l y avai t 5000 ouvriers, sur 9000 hab i

tants,et l

on estimai t qu ’un nombre égal existai t

dans la banl ieue où l’on travai l lai t à domicile.

C ’

est dire combien la pauvre vil le a é té atteinte.

L’ industrie étai t d ’

abord consacrée au t issage

des bas de laine, peu à peu celu i— c i disparut et

fut remplacé parla nouveauté en draperie comme

à E lbeuf. Les fabri cants firent venir des ouvriers

de cette contrée normande pour dresser ceux de

Bédarieux au mouvement du mé t ier Jacquart.

La pet ite vil le languedocienne en vint à fabri

quer sura : les draps pour casquefl es, eue

parut maî tresse absolue de cette branche et

Fon pouvaü évahnn° à 250 1nn1 ; neces la quantité de ces tissus spéciaux ; le reste de la prodim

tion é tai t composé d é toffes l égères, mé langées

de laine et de coton,lainettes ou fi loselles . Le

fabriques mettaient en œuvre 050 000 kilogram

mes de laine valant de sept à huit mi l l ions. Mais

on pouvai t déj à prévoir que l’

esprit de routine

tuerai t cette activi té . Aucune des quinze gran

2 68 VOYAGE E N FRAN C E .

le drap de tout le monde, imit é avec de vieil les

lainesparV ienne, parLisieux , par E lbeufmême

Ouant à l ’armée, les grandes usines de Château

roux,dé Romorant in et de Pierrepont ont bien

accaparé ses fourni tures el les ont su s’ instal ler

avec tout le 1natéfi el rnoderne.

A notre époque,i l faut savoir transformer ses

procédés de travai l . Dans tout le Midi,une seule

vil le,Mazamet

,a compris cette nécessi té et

,de

nos j ours même,est devenue grande cité indus

trielle. Bédarieux aurai t pu avo ir cette fortune,

car el le possède le charbon,la force motrice hy

draulique, un réseau complet de voies ferrées et

l’

abondante main- d’

œuvre du pays cévenol dans

les populations de l’E scaudorgue et de l’

E spi

nouze. I l lu i reste ses mégisseries nombreuses et

son marché des laines,mais à ce point de vue

Millau est autrement prospère et sa concurrence

parafl: écrasahte‘

1 . S ur MazamEt, voyez la 35° série du Voyage en F rance,

chapitresX IX et XX sur Millau, la 35° série, chapitre V I I I ; surla draperie, voyez la 7

° série (V ienne) ; la 6° (E lbeuf, Louviers,Lisieux ) ; la 19

° (Roubaix et Tourcoing) ; la 2 0° (S edan) ; la2 6° ( C hâteauroux ) ; la i ‘° (Romorantin) .

LE S ORAN GE RS D E ROQU E BRU N

Aux gorges d’

Héric . Traversée de l’

0rb. Les oliviers“

de

V ieussan . V ieussan. D ans le maquis. Les agavés.

Roquebrun et ses orangers. Un phénomène climatérique.

Palmiers des C évennes. Le vallon du Rieuberlou. Le

vignoble de l’

0rb. Au confluent de la V ernazoubres.

C essenon. Juin.

J ’

avais lu, je ne sais où , que le vil lage de R0

quebrun ,dans la val l ée moyenne de l’0rb, é tai t

comparable aux coins les plus privi l é giés de la

C ôte d’

Azur par une vé gé tation toute afri caine.

Descrip t ion enthousiaste se résumant à peu près

en cec i : Lorsqu ’on arrive à Roquebrun on se

demande si l’on n’

est pas le j ouet d’

un rêve. V oic i

des palmiers- datt iers balançant leurs grandes

palmes, des orangers aux fruits d’

un jaune d’

or,

et le laurier— rose, et le figuier de Barbarie, et

l’

agavé appel é ic i encore l’

aloès

J’

ai voulu être le j ouet d’

un rêve et j’

ai

profi té d ’une j ournée où la température semblai t

t iède pour faire la descente de l’Orb j usqu ’à ce

2 70 V OYAGE E N FRAN C E .

coin privi l ég ié des Cévennes,qu i devai t me rap

peler Nice et Menton . Le vil lage est entre les

deux lignesde Castres à Bédarieux et de Béz iers

à Saint- Chin ian ,rel i ées par les routes d

Olar

gues et de Mons- la-Trival le à Cessenon .

Je suis remonté à Bédarieux pour gagner

Mons- la-Trival le, gare sur la premiere de ces

lignes.

La température,supportable dans leBitterrois

où la brise marine soufflait,é tai t accablante à

Bédarieux . Mal gré l ’ouverture des fenêtres du

wagon on pouvai t se cro ire dans une é tuve pen

dant que le train remontai t la bel le val l ée de

l’

0rb à laquel le les hautes masses du mont C a

roux et de l’

E spinouze font un é cran contre les

vents froids du nord . Quand j’

ai mis p ied sur le

quai de la peti te gare de Mons, l’

atmosphère

é tai t suffocante et déj à le solei l avai t baissé à

l ’horizon .

J’

ai hési té l âchement avant de partir ces dix

sep t k i lomè tres en plein solei l,au fond d ’une

gorge dont je distinguais les roches cal cinées,

n’

offràient qu’un médi ocre attrai t , mais l ’ idée

de cuei l l ir des oranges et de les manger à l’om

bre des palmiers me décida .

La route blanche descend à l’Orb , décrivant

i ci le coude brusque qui lui donne sa direction

2 72 V OYAGE E N FRAN C E .

au pied de V ieussan . Les maisons tapissent une

raide paroi , el les y semblent plaquées. E xacte

ment exposée au midi , la montagne arrête les

vents froids :maisons,vi gnes

,terrassesd’

oliviers

sont soumis à tou te l ’ intensi té des rayons so

laires. Je n’

ai pas aperçu d’

orangers à V ieussan,

mais à Roquebrun,l’

hôtesse a paru stupéfai te

qu ’un Parisien ait osé affronter le passage en un

après-midi de j u in . Pourtant les gens de Roque

brun sont connaisseurs en effets de solei l

L’

agavé croî t au mi l ieu des jardins ; comme

dans la Provence mari t ime la vigne et les au tres

cul tures sont proté gées par l’ombre grêle des

ol iviers. Le vil lage vit de ces récol tes et surtout

de cel le des châtai gnes,fort abondantes dans les

parties hautes de la montagne. Pas d’ industrie,une mine de manganèse jadis ouverte sur le ter

ri to ire est inexplo itée.

Longtemps l’amphithéâtre du vi l lage, l’é gl ise

et les ruines du château forment décor au fond

de la val l ée cel le- ci devient p lus sauvage, l’

Orb

coule au p ied de paro is rocheuses profondé

ment tai l l ées eu canon par un ruisseau descendu

du haut massif où sont les ruines. Cette fissure

fini t en un superbe chaos de rochers franchi

par un viaduc hardi . De là on découvre les

hautes cimes de l’

E spinouze b izarrement dente

VOYAGE E N FRAN C E . XXXVI.

2 74 V OYAGE E N FRAN C E .

lées. Sur la rive droi te de l’0rb une montagne

s’

escarpe, revêtue de chênes verts et des grands

genê ts d’

E spagne dont l’odeur est si péné trante.

La rive gauche a des pentes plus douces où lavigne et l’ol ivier montent j usqu’à la zone des

châtai gniers

L’

ensemble de ce paysage est plutô t sévère.

V oici pourtant un coin aimable, le hameau de

Ceps bâti sur la rive dro i te entre de superbes

terrassesde vignes, -et rel ié a la routeparun pont

de six arches. Un peu au- dessous,l’

Orb, qu i des

cendaH: au. sud, tourne à PC SL .AI I C OUGB abou

tissent -d’é tro i ts val lons creusés dans les hautes

et âpres col l ines revê tues de chênes auxquel les

on a donné le nom du vil lage de Pardai lhan .

Désorma1s, jusqu’

à Roquebrun, la rive gauche

de la val lée, franchement exposée au sud, re

prend dé nouveau le caractère provençal . Les

vignes et les ol iviers dominent , mais certains

domaines sont entourés d’

agavés et de figuiers

Les bordsde la riv1ere sont des fourrésde grands

roseaux ces cannes de Provence s’

utilisent

parfois comme clô ture pour les jardins.

Les premieres maisonsde Roquebrun semon

trent . A l ’entrée du bourg,une rangée d’

agavés

dresse les viei l les hampes florales à cô té desasperges géantes qui fleuriront bientôt. Le

2 76 V OYAGE E N FRAN C E .

les peti ts monts et les col l ines ontdes lignesheu

reuses deSsinant le cours capri cieux du torrent

et les val lons ouverts dans ce massi f assez sem

blable aux Garri gues, mais plus vert et mieux

cul t ivé .

Au pied du bourg , arrosés parles eaux du tor

rent , séparés par des murailles, sont les jardins

où croissent les orangers. C es arbres sont unedéception . L

’écran de la montagne ne leur suffi t

pas, i l leur faut encore celu i des murailles. Ils se

serrent fri leusement dans les exposi t ions les

plus chaudes, où les vents du nord ne peuvent

se faire sentir. Aussi n’

ont- ils pas l’

al lure libre

et le port arrondi des arbres semb lables dans

les jardins de Hyères et de Nice et bien moins

encore ceux des p lantations de V alence et de

Sicile. Sauf qu’ i ls ne sont pas fixés contre les

murs, ils sont , en somme,en espal iers. C haque

jardin en possède un ou deux . Cette année ils

n’ont pas leur beau té hab i tuel le, une tempéra

ture déplorable én'

décembre les a dépouil lés de

leurs frui ts. E n temps ordinaire l ’orange mûri t

sans peine, les beaux globes d’

or donnent beaucoup de gaî té aux peti ts enclos.

C haque proprié taire t ient à posséderdes oran

gers. Ou ne fai t pas commerce d’oranges et de

c i trons, maison est heureux de pouvoir donner

LE S ORAN GERS D E ROQU EBRU N 77

des frui ts aux enfants et de posséder l’assaison

nement de la cuisine.

L’orangeret le ci tronnierne sont pas les seuls

vé gé taux de l ’extrême midi accl imatés sur le ro

cher de Roquebrun . Partout on trouve le juj u

hier le grenadier y atteint sa plus grande tai l le,les terrasses

.se couvrent d’

agavés et de figuiers

de Barbarie,enfin

, çà et là,quel ques palmiers

ont été plantés. Dans les murs,le câprier laisse

pendre ses flexibles rameaux aux bel les fleurs

en houppes.

Cette flore afri caine s epanouit surtou t dans

le ravin de l’Aurenque où des carrieres demar

bre sont ouvertes. Un hab itant a disposé le sol

en terrasses où i l a planté en grand nombre les

divers arbres de la fami l le des agrumes ou au

rantiacées,c ’est-à— dire des orangers. C’

est le

jardin des Hespérides de Roquebrun, l’

eau du

torrent l’arrose et l ’anime ; dans ces ondes vivi

fiantes le laurier— rose puise la vi gueur.

Les orangers é taient beaucoup plus nombreuxavant 1889, me dit-on alors Roquebrun méri

tai t bien la répu tation qu i lu i a é té fai te dans le

monde des climatologistes et des botanistes. On

comptai t plus de 400 de ces arbres, l ibres de

port , un hiver ri goureux les a frappés ; ceux— là

seuls qui é taient pro té gés par leur exposit ion au

2 78 V OYAGE E N FRAN C E .

flanc'

d’

une murai l le ont résisté . Le désastre sera

l ong à réparer, car certains orangers é taient

énormes,l’

un d ’

eux mesurai t plus d’

un mè tre

de d iamètre au ras du sol.

C e ne sont l à que des acc idents. Hyères aussi ,dont on connaî t le cl imat si doux

,a é té frappé

par des hivers exceptionnels. Roquebrun n’

en

est donc pas moins un si te cl imatérique fort

curieux et qui méri terai t d ’être mieux connu .

Combien de malades à qui l’on recommande

d ’évi ter le voisinage de la mer trouveraient ici

un sejour d’hiver presque parfai t ! On pourrai t

créer fac ilement une bel le campagne en aména

géant mieux les eaux de l’0rb et des affluents

qui permettraient , par l’ irri gation , de masquer

l’

aridité de certaines pentes ; d’

ai l leurs le pays

est très boisé , chênes verts et châtai gniers s’

élè

vent hauts sur la montagne.

Cel le— c i est d’une al t i tude respectable la

chaîne, dans -

sa partie supérieure, dépasse 600

mètres ; un sommet , où prend naissance le ruis

seau de l’Aurenque, est même à 782 ; or, l’

Orb

coule à 70mètres environ à Roquebrun,on com

prend l ’efficaci té dé 1 ecran contre lemistral des

cendu desmontsdeLacaune que l’hiverrecouvre

d ’une épaisse couche de neige. Roquebrun se

rit de son souffle,passant b ien au-dessus de lu i .

280 V OYAGE E N FRAN C E .

Le bassin de Roquebrun semble fermé versle sud. Pour s’

en échapper,l’

0rb a dû s’ouvrirun

passage entre les monts revê tus d’

yeuses et en

ce moment fleuris de grands genêts empl issentla val lée d ’une odeur exquise

,à laquel le semêle

cel le des plantesde la garri gue. Au matin toutes‘

ces senteurs évoquent d ’une façon saisissante la

C orse, l’î le embaumée.

La route de Cessenon franch i t l’Orh et coupe

pardes rampes les courbes du peti t fleuve ; s’

éle

vant éntré les ol iviers b ien tai l lés et les vignes,el le atteint en tranchée le maquis embaumé

Les genêts mettent leurs touffes somptueuses

dans ces broussai l les de chênes verts, d’

arbou

siers, de grande bruyère, de lent isques et de

cistes au- dessous,l’

0rb se tord entre les vignes

en arriere se plaque le décor de Roquebrun .

Celu i- ci disparaî t , ou descend dans un ravin dont

le maquis serait au trement semblable encore à

celu i de la Corse si les arbrisseaux é taient p lusé levés, mais on les coupe tr0p fréquemment .

Au fond de la gorge coule leruisseau deRieu

berl ou bordé de prairies et de châtai gniers. On

traversece torrent en vue d’une pet itemontagneaux beaux escarpements rocheux que frôle l

0rb .

V oici la plaine où la rivœre descendue du flanc

LE S ORAN GERS D E ROQU E BRUN . 281

des causses reçoi t la V eruazoubres, venue de

l ’apre massif parfumé de Pardai lhan . A l ’entrée

du vaste vignoble se groupe le hameau deLugné

L’

Orb s’

en va, bordé de peupl iers, au sein des

nappes de pampres tachetées par la ramure d ’é

normes ol iviers. Au fond, sur un coteau , la tour

de Cessenon se dresse au- dessus de la peti te

vil le groupée à ses p ieds.

Le vignob le est en pleine vie. Les mulets traî

nent la charrue entre les rangées de ceps, les

vignerons saupoudrent de soufre le feuil lage

menacé par l’

oïdium . Partou t c’est la fièvre du

travai lV o ic i un large torrent , aux eaux rares, la

V eruazoubres. I l va rej o indre l’0rb et lu i dou

ner la portée d’

eaux qu’ i l aura à Béziers,les

autres affluents n’

amenant en cette saison qu ’un

insignifiant tribut .

XV III

L’

E S C AN D ORGU E E T L’

E SPIN°

0q

D u Tarn à l’

Orb. Le causse de Gabriac et l’

E scandorgue.

Lunas. Les houillères du Bousquet d’

Orb. S aint—GervaisV illé . Les cercles et les châtaignons . E strechoux .

Les mines de Graissessac. De Bedarieux à Béziers.

Béziers. Juillet.

Lorsqu ’on est descendu par le cheminde fer

du causse de Sauveterre dans la val l ée du Tarn,

vers Mi l lau,on s

imaginerait vol ontiers, si l’

on

ne connaî t pas les contrées médi terranéennes,

que l’

on est enfin dansleMidi,tant a é té brusque

le changement des choses . Cependant l’impres

sion est autrement v iveaprès le passage du cou

trefort du Larzac ; lorsqu’on débouche dans les

Garri gues,entre l

E scaudorgue et l’

E spinouze,

pour descendre dans la val l ée de l’Orb, les rocs

sont p lus brûlés encore s’

il est possib le et l ’ol i

vier devient l ’arbre carac téristique du paysage.

Rien ne fai t prévo ir cette brusque transfor

mation . Les horizons,après le grand cirque de

284 V OYAGE E N FRAN C E .

de fer pénètre dans un très long tunnel. A l ’ issue

du souterrain on est sur . le versant du golfe du

Lion,le ruisseau de la V arène descend au pet i t

fleuve d’

0rb par une val l ée dont les pentes sont

frangées par des ravins maigrement revê tus de

buis et de ch ênes. V o ici l’0rb, encore ruisseau ,preste et clair, coulant sur les rochers. A l

en

dro it où la vo ie le traverse i l reço it le Thés. Des

chen fins longent cesvaflons ; au rnfintdejoncüon

avec ces chaussées, la gare de Cei l hes-Roque

redonde prend quel que importance pendant lasaison des eaux ; c

est le point de départ pour les

bains de”

Sylvanèset d’

Andahre prèsde C amarès,

pour ceux d’

Avène dans les gorges p i ttoresques

et ombreuses de l’0rb

Le chemin de fer n’

a pas su ivi le fleuve nais

sant,trop encaissé

,i l remonte le Val l on du Thés

,

ruisseau qui, pardes cascatel les, tombe de strate

en strate,accru par des ru isseaux descendus de

l’

E scandorgue où ils se creusent de pittoresques

bassins finissant en impasse au p ied de ce ou

rieux p lateau cal caire revê tu d’une nappe de

basal te. Les hautes col l ines donnent l ’ impression

de la grande montagne par leur revê tement de

hê tres et de chênes. Plus bas le buis semble

dans son habitat , tant i l forme des massifs et

des fourrés épais.

L’

E S C AN DORGU E E T L’

E S PIN OUZE . 285L

E scandorgueI projette i c i leplus large de ses

chaînons latéraux,plateau all ongé , capri c ieuse

ment dé coupé,reproduisant en petit l

ensemble

du système ; les pentes en sont coupées à pic et

fort nues. C e rameau est nommé causse de Ga

briac par la carte d’

E tat—maj or. Un tunnel le

troue, on débouche en pleine lumière sur un ra

vin très profond offrant une vue saisissante. C e

n’

est qu ’un éclair : vo ic i un autre tunnel et la

val l ée,très mérid ionale cette fois, du Gravezou ;

désormais ce caractère va s’

accentuer pour ainsi

d ire à chaque tour de roue. Beaucoup devignes,des châtaign iers des arbres fruitiers, desmûriers

puis les amandiers apparaissent de nouveau *

sur les pentes b ien abri tées ce sont les o l iviers.

Par les val lons latéraux se montre la haute

crê te de l’E âcandorgue, nue,striée de teintes

diverses, semblant avo ir pour contreforts leséperons projetés vers le Gravezou . C es crêtes

paraissent rayonner en éventai l vers le p i ttoresque bourg deLunas dont lesmaisons blanches

sont entourées de j ardins où les lauriers,les

ol iviers, les amandiers, les bambous, lespêchers,les cerisiers

,les poiriers se mêlent en un aimable

décor. La val lée est fraîche,ses ruisseaux sont

Appelé aussi E soandolgue.

286 V OYAGE E N FRAN C E .

bordés de saules en tai l l is dressant de hautes et

vigoureuses tiges . Le sol est d’

un rouge ardent,

car i l appartient à la format ion permienne du

S alagou si puissante vers Lodève. La vigne y

pousse avec vigueur, entremêl ée d’

oliviers. Beau

coup de champs de fraisiers, culture considé

rable Jusqu’

au delà de Bédarieux . Cette cam

pagne est ravissante pour qui vient de la région

des Causses ou de cel le des Garri gues.

Mal gré cette fraî cheur al l iée à la végétation

du Bas—Languedo c , Lunas dépend du rayon de

Roquefort pour son industrie ; le lai t des brebis

de l’

E scandorgue s’

y transforme en fromages de

Roquefort achevés sur p lace ou envoyés dans

les caves de la cité aveyronnaise . C ’

est un bourg

dépassé en population, dans son propre canton,

par le Bousquet—d’

0rb,un des centres d’

exploi

tat ion des mines de Graissessac .

C es houil l ères ont leurs premiers pu its non

l o in de Lunas, sur les bords de l’Orb,dont la

val lée, soudain é larg ie, serai t b ien belle sans le

manteau de brumes épandu par les fumées in

dustrielles. Les puits à houil le bordent la vo ie,

l’

un d ’

eux , ouvert au sommet d ’une col l ine,est

relie au chemin de fer par un funi culaire. Au

dessous, près du confluent du Gravezou et de

l’

Orb,le Bousquet-d’

0rb borde la riv1ere . C e

288 V OYAGE E N FRAN C E .

Je suis venu hier coucher à Saint-Gervais,très

pet ite vil le assise au fond d’

un c irque de mon

tagnes dont les plus hauts sommets de l’E spi

nouze forment le fond . Les avant-monts de

l’

E spinouze et du C aroux,les monts deLacaune

et le massif rouergat deMaroon sont très verts,grâce à l ’ industrie lo cale des cercles et des lattes

de châtai gniers qui a fai t maintenir en tail l is

toutes les pentes et empêché la dépaissance.

Saint—Gervais,mal gré l’évidente ant iquité d ’une

partie de ses é difices, est d ’orig ine ré cente au

près d’

un Saint—Gervais primi tif qu i couvrai t un

étrange rocher déchiqueté et dontlès ruines con

sidérables encore se confondent avec celu i- c i .

Au pied de ce bourg abandonné,les bords de la

Maresont couvertsdevignes et de beaux j ardins.

U ne al l éede platanes condui t à une chapel le pla

cée sous le vocable de Notre—Dame—de—Loret te.

U ne seconde ville s’

est créée sur un coteau

iso l é rues é tro ites, montueuses, souvent en ès

cal iers,bordéesdemaisons noires plus tard une

cité nouvel le se forma dans la vall ée,des arra

chements de portes, desmaisons des xv1 ° et xvn°

siècles une d’

el les porte la date de 1595

1 . V oyez sur les monts de l'E spinouze, le C aroux et lesmontsde Lacaune, la 383 Série du Voyage en France.

L’

E S C AN DORGUE E T L’

E SPIN OUZE 289

des ruel les é troi tes consti tuent cette partie de

cité que borde la grande route devenue, de nos

j ours, la partie vivante de Saint-Gervais. Là sont

les hô tels,les cafés et les boutiques

,l à se porte

toute la vie de l’humble maisactive bourgade.

Saint-Gervais est animée par le passage des

convo is de charbons descendus de nombreuses

mines ouvertes dans la val lée supérieure de la

Mare et qu ’un chemin de fer rel iera“

un jour à

E stréchoux,terminus ac tuel . L’ industrie est re

présentée surtout par la fabr10at10n des cercles

de châtaignier dont l ’emplo i est si consi dérable

dans l ’ immense région vignoble de l’Hérault .

C ette industrie,très ancienne, fut enrayée au

moment où el le é tait une source importante de

richesse,le cercle de fer devint une concurrence

ruineuse lahausse desmétaux a fai t revenir au

châtaignier,au po int que des cercles empilés

depuis hui t ans, fautede cl ients, furent enlevés en

quel ques j ours. Il fal lut reconstituer le stock et

l ’activ ité devint tel le que les tail l is explo ités jadis

tous les sept ans,le sont en ce moment au bout

de cinq années seulement .

Le commerce des châtaignons, c’est—à— dire

des brins employés comme échalas ou pour la

tonnel lerie,est fort ac t i f aussi . Des atel iers de

clouteries, des fabri ques de sonnettes pour lesVOYAGE E N FRAN C E . xxxvi .

19

290 V OYAGE E N FRAN C E .

troupeaux et de tar1eres sont d ’

autres branches

intéressantes du travai l à Saint- Gervais.

Pour les montagnes de Lacaune,rehees à la

pet i te ville par une excel lente et admirable

route Saint—Gervais est un véritable centre d’

at

tractions ; c’

est le marché où les habitants de ces

hautes et froides terres trouvent les vins et autresproduits du Midi . Par là descendent chaque

annéedes populations ent ièresde montagnolsallant dans la rég ion vignoble prendre part auxvendanges. Leur arrivée

,leur retour

,comme le

passage incessant de_] 11 1I1 à septembre des bour

geois de la plaine al lant vil l égiaturer vers La

caune,donnent une an imation très grande à

l ’aimable bourgade.

Pas de monuments intéressants, mais on me

si gnale deux curiosi tés : une fontaine intermi t

tente qu i jail l i t dans le mur de l ’excel lent hôtel

S oulié où l ’accuei l est si cordial , et le to i t trian

gulaire de l’égl ise envahi par la végétation . De

peti ts arbres y ont pris victorieusement racine et

chaque saison apporte une floraison nouvel le

dont la succession est annoncée par les giroflées

printanières.

Je refais en p lein j our le chemin d’

E stréchoux

1 . S ur les monts de Lacaune, voyez la 38e série du Voyage en

France; chapit‘

res I et Il .

292 V OYAGE E N FRAN C E .

Les mines s’ouvrent dans un vaste cirque

rempl i de châtaigniers dont la futaie est trouée

par les mul tip les organismes de l’

explo i tation

hautes cheminées, constructions des puits, han

gars à triage,fours à coke

,etc . Au‘

- dessus de la

gare un bât iment assez semblable à un château

fort est un des points d ’

extraction . L’

outillage

est complet,cependant la production de la com

pagnie est en décro issance. Après avo ir dépassé

300000 tonnes el leest tombée à 2 07000 en 1897[

Le bassin ne comprend pas seulement les en

virons de Graissessac , les mines du Bousquet

d’

Orb appart iennent à la même compagnie et

leur tonnage figuredans ces chiffres . L’

extraction

sera sans doute fort accrue lorsque le chemin de

fer,é tant prol ongé j usqu a Saint-Gervais et C as

tanet- le-Hau t , permettra d ’

expl o i ter avec frui t

les importants g isements qu i s’é tenden t vers les

sources de la Mare. E n attendant,la l igne n’

est

qu ’un très court tronçon de5kilomè tres,al lant

rej o indre à La Tour- sur-Orb la grande vo ie de

Béziers .

L’

Orb,au— dessous de Bédarieux

,abandonne

brusquemenÙsa descentevers le sudcomme pour

1 . Les quatre mines de houille réunies de Graissessac ont pro

duit 255624tonnes en 1902 et environ 2 70 000 en 1903. Il y a

donc un relèvement très marque.

L’

E S C AN DORGU E E T v L’

E SP1N OU ZE .

s’

en al ler du côté de l’Océan ,mais les contreforts

de l’

E spinouze l’

Obliqeront bientôt à se repl ier

de nouveau et à reprendre sa direc t ion primit ive.

Le chemin de fer de Bézrers ne l ’accompagne

pas dans cette course fantaisiste, i l l’

abandonne

au- dessus d’

Hérépian ,dans le large bassin Où

la Mare rej o int le fleuve au sein de campagnes

d ’une rare opulence. C e n’

est point la vigne-qui

fai t la fortune du ' cult ivateur, celu1—m se con

sacre plus volOntiers à la cul ture de la fraise.

Dans les deux val lées, les parties hautes sont

couvertes de champs de fraisiers dont le produi t

est fort rémunérateur. U ne note communi quée

jadis à l’

Académie des sciences morales et pol i

t iques évaluai t à 3 2 00 fr. le produit bru t d’

un

hectare ; le rendement net,après défal cation des

frais de culture, de cuei llette, d’

embal lage,etc .

,

atteignai t 2400 à 2500 fr.Les communes où l’onse l ivre surtout à cette industrie son t cel les de

V i l lemagne dans la val léede laMare, d’Hérépian ,

du Pouj o l et desAires au- dessous de l’0rb . Les

champs s’

étalent à environ 450mètres d ’

al titude

Au moment où la surproduct i on des vins cau

sai t une si grande gêne dans les communes voi

sines,cel les— là

,grâce au fraisier, demeuraient

prospères. E l les peuvent é tendre sans crainte

leurs cu l tures,les débouchés ne feront pas dé

2 94 V OYAGE E N FRAN C E .

faut,lepays vignoble é tant entierement tributaire

pour tout ce qui touche au j ardinage.

Les garrigues, que l’

on parcourt au delà d’

répian ,sont l o in de présenter un tel caractèrede

richesse. C e ne sont que tai l l is de chênes verts,sauf autour des vi l lages où des terrasses décou

pent en gradins les collines .

'

Le pays est assez

triste,mais les horizons sont vastes et les pentes

abrup tes du C aroux et de l’E spinouze se décou

pent majestueusement surle ciel d’une admirable

pureté .

V ers Laurens on abandonne la garri gue pour

retrouver la vigne. Jusqu a Béziers el le est

maî tresse incontest ée du sol ; le pays serai t fort

monotone à parcourir à p ied si déj à la t orride

chaleur de j ui l let ne rendait l ’entreprise diffi ci le

D es ceps, touj ours des ceps ; sur les chemins

des charrettes portant . des fûts dans les gares

des amoncel lements de tonneaux ou ces grands

xvagons rés æ uæ firs dont Pusage se générahse.

Rien ne retient l ’attent ion ; cependant , sur une

hauünn 3voù fi une enceù üe flanquée de finn s

,

bien conservée. Plus l o in le vi l lage de Magalas,au nom sonore

,est d ’

al lure héroïque avec ses

maisons grises escaladant un co teau . De près

c’est peu de chose ; au- dessous de la stat ion,un bourg neuf est plus peuplé que le vil lage

D E LA V E RN AZOU BRE S A L’

AU D E

D e Béziers à S aint- C hinian. Le vignoble de l’

Orb . C a

zouls- lès-Beziers. C essenon. S aint—C hinian. Industriedisparue. Les collines de Pardailhan. A travers leMinervois. C ebazan . La vallée de la C esse. Bizc.

D ans le vignoble narbonnais.

N arbonne. Juin.

Je n’ai pas eu le l o isir de revo ir Béziers ‘

.

Pour al ler à Saint- Chinian i l me fal lai t en hâtetraverser la ville entre la gare du Mid i et la garedu Nord

,comme on appel le i c i la stat ion des

chemins de fer de l’Hérault , peti t réseau qui

do i t Un trafic considérable au vignoble,desservi

sur plus de cent k i lomè tres, de Montpel l ier à

Cessenon .

Mal gré l’interminable manteau de pampres,

le pays est acc identé et présente une série de

paysages parfo is curieux . C ’

est la val lée de l’Orbaux flancs revê tus de grandes habi tations et de

1 . 37° série du Voyage en F rance, chapitre X I I I .

D E LA V ERNAZOU3 RE S A L’

AU D E . 297

vastes chais, son fleuve aux eaux transparentes

et vertes et les l ointains horizons du Larzac , de

l’

E scandorgue ,du C aroux et de l

E spinouze

Les centres dép0pulation occupent les sommets

très bel l iqueux encore par l’

aspect,mal gré leur

rôle pacifique de marchés pour les vins. Sur la

rive gauche se suivent ces bourgs populeux et

de fi ère mine Corneilhan, Thézan ,Murviel£lès

Béziers dominé par la hau te flèchede son égl ise,tous curieux à voir de l o in,

mais touj ours sem

blables par leurs rues é troites et sombres ; sur

la rive gauche la bourgade la p lus é tendue,Maraussan

,d

’un blanc grisâtre, s

’é tale au pied

d ’une église à flèchede pierre et de la tour

carrée d’

un beffro i .

Peu d’

oliviers, les pampres les chassentde la

plupart des posi ti ons qu ’ i ls occupent . C ette'

des

truction des grands végé taux“

est navrante.Mau

reilhan gardé quel ques—uns de ces arbres sur

son mamel on couronné par les tours et les rem

parts noirâtres d’

un château ruiné . loi des parcs

aux beaux ombrages met tent des taches vigoureuses sur le vert plus tendre de l ’é ternel vi

guoble.

Maraussan et Maurei lhan sont déj à, par la

population, des sortes de vi l les ; plus considé

rable encore est Cazouls- lès— Beziers dans une

298 V OYAGE E N FRAN C E .

pet i te plaine évasée, si l lonnée de torrents ‘. C a

zouls,d ’

aspect pr05père, possède un singul ier

cl ocher crénel é rappelant les beffrois des Flan

dres. D e grands chais couverts de to i ts rouges

et plats disent l ’activi té vi ti cole. Les vins appar

t iennent surtou t à la varié t é du muscat .

Des abords de Cazouls , on découvre toutes

la ri che val l ée de l’Orb au fond du pay sage Bé

ziers dresse fièrement ses tours d ’égl ises,bleuies,

rendues puesque aéÜennes par Pék fignènun ü

L’

Orb roule de bel les eaux entre les galets,les

roches, les arbres verts, au p ied de la fière col

l ine deMurviel . Brusquement son l i t seresserre,une rouüa fTanchü. sur un beau pont le fleuve

ré tré c i et l’on se trouve dans un autre pays . C ’

est

un co in de Cévennes avec leurs landes et leurs

rochers où l’Orb a dû se frayer passage en creu

sant des oules, en moutonnant et striant les

assises cal caires ; i l bondi t et é cume dans ce dé

fi l é très court .

Au mi l ieu d’

un bassin rempl i de vignes, entre

des cimes âpres et nues, dressées en pic,et des

col l ines aux régul ières paro is, rel ief tourmenté

et p ittoresque,Cessenon domine le confluent de

1 . Maraussan 1 866 habitants ; Maureilhan 1 376 ; C azouls-lès

Béziers 4143 .

300 V OYAGE E N FRAN C E .

zoubres dont les riv1eres se réunissent en amont

de la vil le, l’

Orb plus abondante,'

l’

autre torren

t iel le et traînant de pauvres eaux au mil ieu d’

un

large l it de galetS i l’Orb est la plus importantedesdeux riv1eres

réunies, la V ernazoubres est cel le dont la dirce

t ion s’ impose au tronc coinmun .

Sa val l ée est

large,mais les eaux sont rares,simple ruisseau

dans un fleuve de p ierres. Le torrent se resserre

entre les quais de S aiRt- Chin ian ,petite vil le ja

dis active, désormais rédu ite au rôle de marché

pour les communes voisines. On y comp tai t plus

de'

4000 habi tants avant 1870, i l en reste à

peine 3 000 aujourd’hu i ‘. La

fermeture de ses

fabriquesd e drap a'

causé cette énorme dimi

nution . Saint — Chinian ne peu t guère compter

sur son cours d’

eau pour retrouver de l ’activi téc ’

est un torrent aveugle dont les crues sont

effroyables. En1875, le 1 2 sep tembre,i l ren

versa 149maisons et fi t périr97 personnes sous

les ruines ou dans les eaux . Pour remédier à

ces dangers i l faudrait reconst ituer la bel le

forê t qui couvrai t jadis le massi f montagneux si

confus compris entre laV ernazoubres, le Jaur et

1 . Population en 1870 4284habitants. Au dernierrecensement( 1901 ) 3 181 dont-2 442 agglomérés.

D E LA V ERNAZOUBRE S A L’

AU D E .

l’

Orb,région nue

,ari de, sauvage, à laquel le on

donne parfo is le nom de Pardai lhan, son vil lage

central .Saint- Chinian ne ressemble pas aux vil les du

grand vignoble, ses rues sont plus larges et

mieux tracées. Je l ’aurais sans doute trouvée

aimable si _ la chaleur n’

y é tai t aussi suffocante,mais on ne saurai t s

’ imag iner une fournaise

comparable à cet te val lée en j u il let. Rien n’

at

ténue les ardeurs d’

un solei l dont l ’éclat est in

soutenable. On ne respire un peu que sous les

beaux p latanes des promenades et des quais,dans lesquels chantent les c igales( Au long des

rues,les femmes consent

,assises dans l’étroite

bande d ’ombre dessinée par les maisons.

Quand la chaleur est devenue moins forte, j’

ai

qui tté Saint— Ch inian pour gagner Narbonne ; j’

a

302 V OYAGE E N FRAN C E .

vais songé à parcourir le massif de Pardai lhan ,

mais vraiment le solei l est un ennemi terrible

s’

il vaut de doux h ivers à -C ette menue c ité et

permet la cul ture de l ’oranger à l ’abri desmurs

i l rend presque impossible toute excursion est i

vale. L’ombre et la fraî cheur

,encore présentes

dans quel ques plis des environs de la vil le,font

défau t dans le Pardailhan ; si les val l ons découpent le massif à l ’infini

,les sources y sont ah

sentes.

Je me suis donc rési gné à gagner Bize,tê te

de l igne d’

un chemin de fer destiné à desservir

le vignoble. La route s’élève sur les contreforts

du Minervo is, au— dessus de la petite vi l le“

aux

toits cal cinés,enfouie entre les vignes

,au pied

des premières pentes du Pardai lhan ,revêtues de

bois de chênes verts et d’

arbousiers. Sur lespen

tes,les ol iviers, bien tai l l és, ressemblent à ces

arbres frisés dont Nuremberg peuple ses é tables

j ouets. Cela est sévère, mais vraiment beau .

Les col l ines à front calcaire que gravit la .

route sont disposées en terrasses ; el les demeu

rent incultes,la vigne est morte et n

a pas é té

remplacée. Quel les bel les olivettes, quel les su

perbes figuières on ferait i c i ! Hélas, les gros

revenus de la vigne font oubl ier les autres cul

tures,ou ne fai t d ’

effort que pour reconsti tuer

304 V OYAGE E N FRAN C E .

Les eaux s’

en”

vont dans le Val lon de V i l les

passans, véri table fleuve de pampres contenu

entre des berges plantées de _ chênes verts et

d ’

arbustes appartenant à la flore provençale.

V i l lespassans,petit v il lage dominé parune haute

tour, . domine de grands horizons vers le sud,

toute la chaîne des Corb ières apparaî t,se haus

sant en l i gnes successives.

La route descend dans un sévère val l on entre

des paro is cal caires,

- type accompl i de gorge

caussenarde,mais plus âpre et brûlée que cel les

des grands causses . Un torrent en ce moment

sans eau la parcourt ; toutes les pentes suscep

tibles d ’ ê tre mises en cul ture sont couvertes de

vignes s’ é tendant j usqu’à la base des falaises .

On retrouve quel que fraî cheur avec le con

flûent de la Cesse ; même en cette saison le ter

rib le torrent venu de la montagne Noire et de

l ’é trange si te de Minerve roule un peu d’

eau ,des arbres verts le bordent

,reposant la vue fati

guée par les roches é clatantes du Minervo is ou

exaspérée par la cont inui té de la nappe vit i coleC e changement co in

°

c ide avec le passage dans

un autre département ; vo ic i celu i de l’

Aude et

b ientô t son premier bourg,Bize. A l ’entrée de

l ’agglomération, on est saisi par une violente

odeur de lavande,el le provient d ’une disti llerie

D E LA V E RN A20UB‘

RE S A L’

AU D E 305où les so:nmités fleuries de cette plante sont

trai tées .

Bize est très étroitement groupée dans l’

es

pace que dél imi tèrent jadis des remparts. On y

pénètre encore par une ancienne porte. C e peti t

centre,qu i n’offre guère d ’ intérê t

,a dû sa nais

sance à une bel le source qui vient rej oindre le

vaste l i t de la Cesse.

La bourgade est plus peuplée que Ginestas,son chef- l ieu de canton , sa situat ion dans la

val lée de la Cesse en a fai t le point d ’

arrivée du

chemin de fer qui rel ie Narbonne au Minervois,

une des principales sources d ’

al imentation du

commerce de ce grand centre vini cole.

Les col lines entre lesquel les Bize est blo tt i

s’

entr’

ouvrent bientô t et la Cesse pénètre dans

l ’ immense plaine dont Ouvei l lan occupe le cœur,

au sommet de son peti t massif, et dans laquel le

le canal du Midi se trace un cours extrêmement

sinueux pour gagner le pied des coll ines du Mi

nervois en évi tant l ’ancienne lagune de Capes

tang, auj ourd’hui conquise par la cul ture.

Au p ied et sur les pentes apparaissent de

beaux vil lages. La plaine n’

est pas trop m onotone ; si le vignoble est immense, i l reste quel

ques chênes,témoins des sylves disparues

,et de

petites landes. Parfo is des ol iviers entourent eu

V OYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

306 VOYAGE E N FRAN C E .

core les fermes. Près de Mirepeisset,des terres

incul tes bordent le canal du Midi dont les berges

sont ombragées de beaux pins parasols. Bien

des vignes mal so ignées ou périssantes disent

le peu de ferti l i té du terrain . Mais l orsqu’on a

atteint la zone traversée par le canal de j onc

tion,voie navigab le rel iant le canal du Midi ià

Narbonne et à La Nouvel le, l’

opulence renaî t . La

gare de Sal leles—d’

Aude est encombrée de fûts

des wagons—réservoirs stati onnent sur les quais.

Le riche village de S allèles pour promenade

les rives du canal ombragées de pins parasols ;cette sorte d’

avenue nautique s’é tend jusqu ’à

l’

Aude dont la traversée a né cessité de remar

quables travaux . U ne partie du fleuve est dérivée

pour al imenter le canal ou rob ine de Narbonne.

L’

Aude frôle le pied d’

un massif de coteaux

nus, formant des montic ules iso lés, souvent en

tourés par la mer des pampres qui couvre au

jourd’

hui l ’emplacement d’

un anc ien go lfe. Près

de Moussan, ces hautes buttes donnent l’ i l lusion

de dunes fixéespar les jones marins. Plusieurs

montrent à vif leur blanche ossature de calcaire.

On les rencontre j usqu’

aux abords de Narbonne

qu’

el les enlaidissent quelque peu .

308 IN D EX ALPHABÉTIQU E

Amérique, 1 73, 199.

Andabre (bains d’

) [Aveyron] ,284.

Andorge (riv1ere) , 6.

Anduze (Gard) , 6 7 à 7 2 , 86 ,

87 , 88, 91 , 95.Angleterre, 19, 40, 148, 1 73.

Angoustrines ou Augustines(défilé des) . 43.

Aniane (Hérault) , 1 73, 2 02 ,

2 1 2 , 2 1 6, 2 18 à 2 2 1 , 2 25.Antimoine, 19, 20.

Arcs (ravin des) [Hérault] , 2 09,2 25, 2 2 6.

ARDECHE (département) , 52 ,

62 .

Ardèche (riwere) , 50, 53.

Ardoise (l’

) [Gard] , 55.Arlendes (Gard) , 2 6.

Arre (Gard) , 155, 156.

Arre (rivière) , 148 à 156159.

Arrigas (Gard) , 158.

Asperes (Gard), 191 .

Asphaltiquc (calcaire), 2 0.

Aspic (essence 187 .

Aspiran (Hérault) , 249.

Attelles, 194, 197 à 199.

Aubenas (Ardèche) , 2 0.

Aub rac , 1 2 3, 2 2 7 .

AUDE (département) , 304 à

306.

Aude (fleuve) 306.

Anjean (pic d 152 .

Aumessas (Gard) , 156.

Aurenque (ruisseau de 2 77 ,

2 78.

Australie, 188.

Auvergne, 19, 1 32 , 2 2 6

Auzon (riwere) , 1 1 , 14, 46.

Auzonnet ou Auzon de la C èze(riv1ere) , 2 2 , 2 6, 28, 29à 33.

Aven Armand gouffre) [Loz

ere] , 1 75.Avène (bains d

) [Herault‘

,

284.

Avène (ruisseau) , 42 , 47 .

AV E YRON ( département ),159.

Aveze (Gard) , 152 , 155.Avignon (V aucluse), 2 04.

Aygalade (ruisseau) , 189.

Aygues (riv1ere) , 56.

Bagnols-sur-C èze (Gard) , 2 7 ,

41 , 50.

Balais de sorgho, 52 à56 .

Banquéde F rance, 2 2 .

Barre (La) [Haute-Saône] , 40.

Barre des C évennes, 1 1 7 à1 19;

Baryle (mines de) , 3Bas (fabriques de) , 196.

Bassin d’Alais. 5a 38,

39, 97

Beda_

rieux (Hérault) , 2 60, 2 6 1

à 2 68, 2 7 1 , 286,

299.

Belgique, 188.

Belot ou Billot, 89.

Berthezène (Gard) , 144.

Besançon (Doubs) , 40.

Besseges (Gard), 2 6, 35à 38.

Belleraves (culture des) , 55.Bétuzon (riwere) , 1 2 1 .

Bez (Gard) , 155.

I N D EX ALPHABETIQU E .

Béziers (Hérault) 240, 2 61 ,

2 7 1 , 281 , 294, 295, 296, 298.

t ununeuæ (calcaires), voyezAsphalliqaes (calcaires).

Bize (Aude) , 302 , 304, 305.

Blanqueyrou ( château de )[Gard] , 76.

Boisset (Gard) , 88.

Boisa ere (la) [Hérault] , 2 18.

Boissiere (ferme de la) [Hé

rault] , 2 28.

Bonheur (ruisseau du) , 1 25à

1 30,1 3 1 .

Bonneterie, 150, 155, 156 ,

165, 1 68à 1 73, 1 79,

Boucoiran (Gard) , 66.

Boug és (monts du) , 3.

Bouquet (Le) [Gard] , 44, 46.

Bourdic (Gard) , 65.Bousquet-d

0rb (le) [Hérault] ,86, 287 , 292 .

Bout-du—Monde (fontaine) [Hérault] , 2 24.

Bovine (race) , 1 2 3.

Bramabiau (abîme de) [Gard] ,1 25à 1 30.

Brestalou (torrent) , 192 .

Bretagne, 1 16.

Brissac (Hérault) , 1 77 .

Brouzet (Gard) , 43, 192 .

Bruguiere (La) [Gard] , 49.

Brut (ruines de) [Gard] , 191 .

Buis (Le) [Gard] , 35.Burle (ruisseau de la) , 1 6 1 .

C abrerolles (Hérault) , 2 79.

C abrespie (Lozère) , 1 1 1 .

309

C ache-corset, 196.

C alviac (château de) [Gard] ,81

C amarès (Aveyron) , 284.

C ambon (Lozère) , 1 15.C amisoles, 196.

C ampagnan (Hérault) , 2 36.

C amp de C ésar (Gard) , 55.C ampestre causse de) [voyeà C ausse] .

C amprieu (Gard) , 1 25à 1 30.

C anal de jonction (ou robine

de N arbonne) , 306 .

C anal du Midi, 295, 305, 306 .

C anaules (plaine de) [Gard] ,58.

C andouille (torrent de la) , 63.

C anigou (mont) , 1 39, 2 1 3.

C apestang ( lagune de) [Hé305.

C arcassonne (Aude) , 2 04.

C ardiff (Angleterre) .C ariol (valat et ruisseau de) ,89.

C aroux (mont) , 2 70, 288, 294,97 °

C asquelles (drap pour) , 2 66.

C assagnoles (Gard) , 59.

C assan (Hérault) , 2 60.

C astanet-le-Bas (Hérault) , 291

C astanet - le Haut (Hérault292 .

C astel (ruines du) [Gard] , 56 .

C astelnau-V alence (Gard) , 66.

C atalogne (province d’

E spa

gne) , 2 1 3.

C ausse de C ampestre, 158.

C ausse de C amprieu (Gard) ,1 2 6.

3 10 IN D EX ALPHABÉTIQU E .

C ausse de Gabriac, 285.C ausse- de - la - S elle (le) [Hérault] , 2 24, 2 25.

C ausse de Londres, 2 09.

C ausse de Montdardier, 152,

155, 158.

C ausse du Larzac (voyez Lar

C ausse M ejan , 1 2 1 , 1 39,

C ausse N oir, 1 2 1 , 1 2 2 , 1 6 1 .

C ausses (région des) , 140.

C auvalat (Gard) , 150, 151 .

C avillargues (Gard) , 49.

Gazelle (la) [Gard] , 75.C azevieille (Hérault) ,C az ilhac (Hérault) , 1 72 .

C azouls— lès-Bél iers, 297 , 298.

C ebazan (Hérault) , 303.

(Zeilhes-Roqueredonde ( garede) [Hérault] , 284.

C élas (Gard) , 42 , 43.

C endras (Gard) , 1 2 , 2 6 à

29.

C eps (Hérault), 2 74.

C éramique, 64, 65, 196, 2 3 1 .

C ercles de châtaignier, 289.

C erisiers, 193.

C esse (rivière) , 304, 305.C essenon (Hérault) , 281 , 296,

2 98, 2 99.

Cessons et Trébions (mines de)[Gard] , 38.

C ette (Hérault) , 140.

C évennes (le volume) .

C ézarenque (pays de) , 11

48, 50 à 46.

C eze (rin ere) , 3 à 6 , 14, 2 2,

. 34 à 38, 48, 50, 53, 55.

C hamborigaud ( Gard) , 3, 5,32 .

C hampclauson ( Gard) , 8, 10,

1 1 .

C hapellerie, 70,87

,104.

C hâ laignes, 1 19, 145.C hâ laigniers, 2

, 108, 109,

289.

C hâtaignons, 289.

C hâteauroux Indre 2 67

2 68.

C haussures, 180, 196.

C hauæ , 2 29.

C iment, 2 29.

C irque de Mourèze (Hérault) ,248, 249 256 à 258.

C lim as, 70 .

C lamoux (source) [Hérault] ,2 2 3.

C lareau ( torrent de) , 143, 144.

C laret (Hérault) , 187 , 2 1 2 .

C lavières (château de) [Gard] ,6 1 .

C lédon (riv1ere), 291 .

C lermont - l'Hérault (Hérault) ,2 37 , 245à 249,

250.

C lochettes, 1 73.

C omberedonde (Aveyron) , 163.

C omtat—V enaissin , 2 15.C oudoulou (ruisseau) , 151 .

C onnaux (Gard) , 52 .

C onqueyrac (Gard) , 199.

C orbes (Gard) , 84.

C orb ières (montagne des) ,304.

C orneilhan(Hérault) , 297 .

C orse ( île de) , 19, 1 1 1,2 74,

281 .

C oton (bonneterie de) , 180.

3 1 2

Fargette(fontainede la) [Aveyron] .

F er(mines de) , 32 ,1 66.

F euille de mûrier, 62 .

F igaret(0hâteau de) [Gard] , 74.

F ilaturede la soie, 2 1 , 2 2 ,28,

70, 1 04, 147 , 1 76, 2 2 9.

F iloselle, 2 66.

F lanelles, 2 66.

F lorae (Lozère) , 1 1 1 .

F lorian (châteaude) [Gard] ,58.

F oires, 193.

Fondamente (Aveyron) , 283.

F ontainebleau ( S eine- et—Mar

ne) , 2 08.

Fontaine corrosive (Gard) , 85.Fontainede N îmes (Gard) , 186.

Fontainede S auve (Gard) , 195.Fontarèche (Gard) , 49.

Font C aude (source thermale)[Hérault] , 2 2 2 .

Fontfrège (château de) [Hérault] , 2 04.

F ourches demicocoulier, 194,197 à 199

Foux (sourcede 1 74.

F rai.sier (culturedu) , 286, 2 93.

F rère (aven du) [Gard] , 195.F romage de Roquefort, 191 ,

43 . 286

F umades (Gard) , 2 7 .

Gabian (Hérault) , 2 6 1 .

Gabriac (causse de) [voyezC ausse] .

Gagnieres (riv1ere), 28, 38.

Galeizon 1 2, 98.

I N D EX ALPHABÉTIQU E .

202 .

Garrigues de Murviel,2 1 7 ,

2 33.

Garrigues de N imes, 45.Générargucs(Gard) , 91 94,95.

Ganges (Hérault) , 80, 144, 145,150, 152 ,

196, 1 6 7

à 1 74, 2 02 à 2 03, 2 29.

Ganterie, 2 29.

GARD (département) , 1 à 1 1 1 ,

1 2 2 à 1 6 7 , 1 7751 199, 2 1 2 .

Gard ou Gardon (riv1ere) , 53,66.

Gardon d’

Alais (riwere) , 1 à

2 2 , 59, 85, 1 07 .

Gardon d’

Anduze (riv1ere) ,59,66, 83 à 88, 91 a95, 1 07 .

Gardon de C alberte (riwere) ,1 03, 1 10, 1 1 2 ,

1 15.Gardon deMialet (riwere) , 67 ,83, 84, 85, 87 , 95à 102 ,

1 07 , 1 08, 109’

à 1 20.

Gardon de S ainte- C roix (voyezGardon deV allée-Française) .

Gardon de S aint- Jean (riwere),67 , 81 , 83, 84, 85, 95, 102à 106 , 107 , 108, 1 18.

Gardon de Saint—Martin - de

Lansuscle (rivrere) , 1 14.

Gardon de Vallée-Française ou

deS ainte- C roix1 1 2

, 1 14 à 1 2 0.

Gardonnenque, 1 à 1 20.

Gardonnette (rivière), 1 , 2 , 3 .

GARON N E (HAUTE 52 .

Garrigues (région des) , 186,187 , 191 , 2 02 à 2 30 , 2 33

,

2 36. 2 76.

Garr1g ues de Montpellier,

IN D EX ALPHABÉTIQU E

Genolhac (Gard) ,“1 à 3 .

Gévaudan , 8 à‘5, 1 10 à

1 2 2 , 2 2 7 .

Gier (rivière) , 36.

Gignac (Hérault) , 2 32 ,2 33,

2 34, 2 36, 246.

Gilets de laine, 196.

Ginestas (Aude) , 305.G IRON DE (département) , 52 .

C lepe (ruisseau de la) , 151 .

Gorges de l’

Hérault, 2 2 1 à

2 2 6 .

Goudron de houille, 188.

Gouffre (Le) [Gard] , 9, 1 0.

Gragnos (ferme de) [Hérault] ,303.

Graissessac (Hérault) , 286, 291

292 .

Grand-C ombe ( la) [Gard] , 6,

7 , 9 à 1 1 , 29, 42 .

Gravezou (ruisseau) , 285, 286.

Guidon du Bouquet (montagne) [Gard] , 41 , 45.

H au t e Gardonnenque

(voyez Gardonnenque),14.

HAUTE - LOIREment) , 19, 159.

HERAULT (département) , 80,1 35, 1 36, 1 6 7 à 1 7 7 , 186 ,

187 , 188, 2 02 à 304.

Hérault (fleuve) , 1 2 6, 1 3 1 , 1 32 ,

1 33,

1 38, 143 à 148, 152 ,160, 1 64, 16 7 à 1 7 7 , 2 10,

2 15, 2 2 1 à 2 2 6 , 2 28, 2 2 9,

2 3 1 à 2 3 6 , 246, 249, 259.

départe

3 1 3

Isis (fontaine 151 , 155.

Jonte (riv1ere) , 1 35, 1 39.

Jour (riv1ere) , 300.

Joyeuse (Ardèche) , 1 35, 1 36.

Kersanton (F inistère) , 1 1 6.

Hérépian (Hérault) , 293 , 2 94.

Héric (gorge 2 7 1 .

Homole (riv1ere) , 2 , 3 .

Hort de D ieu ( I’

) [Gard] , 1 37 .

Hortus (mont), 2 1 2 ,2 14.

Hospitalet (l’

) [Aveyon] , 1 63.

Houille, 1 à 14, 2 9 à 38,50,

97, 166, 286 , 287 , 291 , 2 92 .

Hyères (Var) , 2 76 .

Lacadière (Hérault) , 1 77 .

Lacaune (Tarn) , 289.

Lacaune (monts de) , 2 78,

288,289.

Lacoste (Hérault) , 2 37 , 246.

Lafoux (de I’

Aigoual) [Gard] ,1 24.

Laine (industrie de la ), 180,

196, 242 à 244, 248, 2 65à 2 68, 300.

Lainettes, 2 66.

Lamalou (torrent de) , 2 09, 2 1 2 ,2 2 6.

3 14

Landayran (ruisseau de) , 2 79.

Languedoc (le volume) .Lanuéjols (Gard), 1 2 3 .

Laroque (Hérault) , 1 72 , 1 76.

Larzac (caussedu), 148, 154,1 6 1 , 1 6 3 , 1 74,

2 33,241 , 243, 282 , 283, 297 .

Larzac (rocher de) [Aveyron] ,283.

Lasalle (Gard) , 78à 81 .

Laudun (Gard) , 53 à55.Laurens (Hérault) , 294.

Lavande (essence de),187 .

Lavassac (Gard) , 155.Lédignan (Gard) , 58, 59, 66.

Lens (bois de) [Gard] , 186.

Lergue (rivière) , 2 37 à 248.

Levade (La) [Gard] , 6, 9.

Levezou (massif du) , 1 2 3.

Leyrac (Gard) , 68.

Lez (rivière) , 204, 2 05, 2 06,

2 15.Lézan (Gard) , 66.

Léz ignan— la — C

ebe (Hérault) ,

Lie de vin, 2 34.

Lieuran- lès—Beziers (Hérault) ,295.

Lignite (mines de) , 49.

Limousines, 248, 2 66 .

Lion (golfe du) , 140.

Liron (montagnes du) , 80, 1 64.

Liron (fontaine de) [Hérault] ,2 06.

Lisieux (C alvados) , 2 67 , 2 68.

Lodève (Hérault) , 2 38

à 245, 246.

LOIRE (département) , 36.

IN D EX ALPHABÉTIQU E .

LOIRE (HAUTE [département] , 19.

Loire (fleuve), 10 1 .

Lombardie (région d’

Italie) ,54.

Londres (pays de) , 209 à

2 15, 2 25.LOT-ET-GARON N E (département) , 52 .

Louviers (E ure) , 2 68.

LOZERE (département) , 19,

62,1 03, 1 10 à 1 2 2 .

Lozère (mont) , 1,2, 3, 101

,

1 04, 1 34, 185.Luech (riwere) , 3 à 6.

Lugné (Hérault) , 2 81 .

Lunas (Hérault) , 285, 286 .

Lunel (Hérault), 191 .

Lussan (Gard) , 47 .

Luziers (Gard) , 97 .

Lyon (Rhône) , 2 0, 2 3, 181 ,

189.

Magalas (Hérault) , 294.

Mages (Les) [Gard] , 29.

Malérargues (Gard) , 82 .

M alg oirès (pays de) , 59,66, 86.

Malines (minedes) [Gard] , 152 ,1 73.

Mallet (Gard) , 141 .

Mallet (riv1ere de) , 143.

Manches d’

ou/ils, 92 .

Manyanèse, 2 72 .

Maraussan (Hérault) , 297 .

Maroon (montagnes de) , 288.

Mare (La) [rivière] , 288,2 89,

291 , 292 , 293.

3 1 6 I N D EX ALPHABÉTIQU E .

N avacelles (Gard) , 43, 44.

N avigation, 39, 40.

N ant (Aveyron) , 1 6 1 .

N ant— C omberedonde (gare de)[Aveyron] , 1 63.

N arbonne (Aude) , 305, 306.

N ébian (Hérault) , 249.

N ers (Gard) , 66.

N ew castle (Angleterre) , 40.

N ice (Alpes-Maritimes), 2 7

N îmes (Gard) , 41 , 65, 66, 103,1 10, 1 69, 190, 196.

N ormandie, 82 .

N otre- D ame — de - Grâce (chapelle) [Herault] , 2 34.

N otre- Dame-de- la -V ictoire deV alfrancesque (Lozère) , 1 1 6.

N otre—Dame-de-Londres Hé

rault) , 2 09, 2 28.

N otre - D ame— de- Lorette (Hérault) , 288.

N otre-Dame-de-Mouguères(Hérault) , 2 60.

N otre—Dame-des-C hamps (He'

rault) , 2 06.

N otre-D ame-du-Peyrou cha

pelle) [Hérault] , 250.

N otre-D ame-du-S uc (Hérault) ,2 29.

N ougarède (la) [Gard] , 158.

N ouvelle (la) [Aude] , 306.

N uremberg (Bavière) , 302 .

Observatoiredel’

Aigoual, 1 33

et suivantes.

Océan atlantique, 1 31 .

Olives (récolte et confi serie

des) , 2 33.

Olivier, 2 34 à 2 3 6 .

Or (lavage de 105.Orange (V aucluse) , 54,55,56.

Granger (culture 2 75à2 78, 302 .

Orb (fleuve) , 2 6 1 , 2 69à 284,

2 92 à 299, 300.

Ouveillan (Aude) , 305.

Padirac (gouffre de) [Lot] , 1 75.Paillères (torrent de) , 8586.

Pa101ive (bois de) [Ardeche] ,258.

Papier à cigarettes, 248.

Pardailhan (Hérault) , 2 74.

Pardailhan (monts de) [Hérault] , 2 74, 281 , 302 .

Paulhan (Hérault) , 258, 259,

2 60.

Pépinzeres, 180.

Perjuret (col de) , 1 39.

Pescantieu (aven de) [Gard] ,192 .

Pétrole (source de) , 2 61Peyne (torrent) , 2 60.

Peyremale (mont de), 88, 89,91 , 95

Peyrolles (Gard) , 105.Pézenas (Hérault), 249, 259,

2 60.

Piboulette îleduRhône) [Vaucluse] , 55.

P icardie, 2 36.

Pic du Midi de Bigorre, 1 39.

I N D EX ALPHABÉTIQU E . 3 1 7

Pic de S aint - Loup (voyez Provence, 54, 1 1 1 , 188, 2 15,S aint—Loup) .

Pierrepont Meurthe et Mo

selle) , 2 67 .

Pignan (Hérault) , 2 1 6.

Pin (le) [Gard] , 50, 51 .

Pin laricio, 2 25.Pipes en terre, 64, 65.Plan du Môle (Gard) , 68.

Plantiers (les) [Gard] , 104.

Platine (mines de) , 32 . Quatre mille marches les )Plomb (mines de) , 152 . [Gard] , 141 .

Plomb argentifère (mine de) Quissac (Gard) , 57 , 192 , 193 .

32 .

Pompidou (le) [Lozère] , 1 18.

Pompignan (Gard) , 180 à

182 , 2 14.

Pondres (château de) , 189.

Pont- d’

Hérault ( Gard ) 145,147 .

Pont—du-Diable (Hérault) , 2 2 1 ,2 2 3 .

Pont—du-Gard (Gard) , 3 , 59,61 , 63, 65, 85.

Ponteils— et—Brézis (Gard) , 2 .

Pontet (mas du) [Gard] , 76.

Pont- Saint— E sprit (Gard) , 50.

Portugal, 19.

Possant (Gard) , 97 .

Poterie, 196.

Poterie dejardin, 70, 7 1 .

Poujol (le) [Hérault] , 293.

Pourcaresse ( la ) [Hérault ] ,2 09.

Prade (la) [Aveyron] , 1 62 .

Pradinas (Gard) , 96.

Prafans (Gard) , 92 , 96.

Prat (le) [Gard] , 145.Produits chimiques, 2 3 à 2 6 .

2 72 .

Puéchahon (Hérault) , 2 2 6.

Puteaux (Seine) , 1 7 1

PYREN E E S ORIE N TALE S14.

Pyrénées, 107 .

Rabanel (abîme de) [Hérault] ,1 74, 1 75.

Reboisement, 7 à 9,255.

Rebouteurs, 4.

Ré ( île de) , 83.

Rédarès ( ville et col du)

[Gard] ,Rey (château de) [Gard] , 148.

RHON E (département) , 181 .

Rhône ( fleuve) , 40, 50, 53,1 35.

Rhonel (torrent) , 250.

Rieutort (rivière) , 148, 1 64,1 65, 1 66, 1 67 , 1 75,

Risoux (mont) [Jura] , 181

Robiac (Gard) , 3 1 , 34.

Robine de N arbonne voyez

C anal de Jonction) .Rochebelle (Gard) , 1 2 .

Rochessadoule (Gard) , 3 1 , 34,

35.

Bomarin (essence de) , 1 76,

187 .

3 18 IN D EX ALPHABÉTIQU E .

Romorantin Loir—et C her)2 67 , 2 68.

Roquebrun (Hérault) , 2 69, 2 72 ,

2 74à 280.

Roquedols (château de) [Lo2 ère] , 1 2 1 .

Roquefort (Aveyron) , 283, 286.

Roquessels (ruines) , 2 6 1 .

Roquette (la) [Lozère] , 1 15.Roubaix (N ord) , 2 68.

Roueayrol ( ruines de) [Hé

rault] , 2 06.

Rouergue, 152,2 37 .

Rouet de Gabriac (Hérault) ,2 09.

Roug ier, 2 37 .

Roujan (Hérault) , 2 60.

Roussillon , 243.

Rousson (Gard) , 2 3.

Rouveyrac (Gard) , 77 .

Rouviere(la) [Gard] , 146.

Rue (essence de) , 187 .

Ruffes (région des) , 2 37 ,

243.

Russie (empire 188.

S abine (essence de) , 187 .

S abran (Gard) . 49.

S abranenque (Gard) , 49 à

56 .

S aint-Affrique (Avey ron) , 283.

S aint—Ambroix (Gard) , 2 6, 2 7 ,

28, 78.

S aint André de Majencoules(Gard) , 147 .

S aint André de V alborgne

(Gard) , 102 , 104, 1 18, 143.

Saint Bauzille de- Putois Hé

rault) , 1 76, 2 29.

S aint-Beaulize (Aveyron) , 283.

Saint—Bonnet (Gard), 77 .

S aint - C haptes Gard) ,”59,

65.S aint - C hinian (Hérault) , 299,

300 à 302 .

Saint-C hristol (Hérault) , 89.

S a in te- C ecile- d’

Andorge

(Gard) , 6.

S ainte C roix de-Vallée-Fran

çaise (Lozère) , 1 1 7 , 1 18.

S ainte-Marthe ( château de)[Hérault] , 2 60.

S aint—É tienne—de-Lolm (Gard) ,62 .

S aint— Etienne-Vallée- Française(Lozère) , 1 1 2 , 1 1 7 , 1 18.

S aint—F lorent (Gard) , 30.

S aint— Gely-du F esc (Hérault) ,2 05.

S aint G e11 1 es de Malgoires

(Gard), 59, 66.

S aint—Georges (Hérault) , 2 16.

S aint—Germain-de- C alberte(LOzere) , 1 14.

S aint— Gervais (Hérault), 288à 290, 2 91 , 2 92 .

Saint- Guilhem- lo— Désert (Hérault) , 203, 2 2 2

, 2 2 3 à 2 25.S aint—Guiral (mont) , 1 39, 159,

1 60, 1 61 , 1 62 , 1 6 3 , 185,

2 29.

S aint -Hippo ly te- de— C aton(Gard) , 62 .

S a in t -Hippolyt e -du — F ort(Gard) , 73, 78, 1 68, 1 70, 1 78à 180, 196, 199.

32 0 IN D EX '

ALPHABÉTIQU E .

S erpolet(essence de) ,S erre du Bouquet (montagnedu Gard) , 41 , 43 à 46 , 88.

S erreyrède (col de la) [Gard] ,1 24, 1 3 1 , 1 32 .

S ervas (Gard) , 2 3.

S erviers (Gard) , 63.

S eynes (Gard) , 44.

S icile (ile de) , 2 76.

S idobre, 96.

Sœur ( aveu de la ) [Gard] ,

S oie (voyez S ér i c ic u ltur e,tl[ oulinage, F ilature de la) .

S olier (château de) [Gard] , 78.

Sommi eres (Gard) , 180, 183

à 188.

S orgho (culturedu) ,52 à 53,

SorgueduLarzac (riv1ere) , 283 .

S oudorgues (Gard) , 80, 81 .

S oulondres (riv1ere) , 2 39, 242

a 245.Souveyrac (Gard) , 84.

S ucrerie, 55.S uisse, 181 .

S ulfate de cuivre, 2 32 .

S umène (Gard) , 1 65, 1 66 .

S umene (rivière) [voyez Rieutort] .

Sylvanes (Aveyron) , 284.

Tale, 190.

Tamaris (Gard) , 1 2 .

Tanargue (montagne) , 1 35, 185.Tannerie, 1 73, 248.

Tarassac (Hérault) , 2 7 1 .

Tarn (riv1ere) , 1 18,1 35

TARN — E T—GARON N E (departement) , 52 .

Tarn0n (rivière) , 1 18, 1 35, 1 391Tartre, 2 34.

Tave (rivière) , 49, 50, 53, 55.Terre de S ommieres, de S a

linelles ou de S atinettes,

188 à 1 91 .

Terrenoire (Loire) , 38.

Terre sigille'

e,190.

Tessan (château de) , 148.

Thaurac (montagne de) , 1 76,

1 77 .

Thes (ruisseau) , 284.

Thézan (Hérault) , 297 .

Thoiras (Gard) , 83.

Thouars (D eux- Sèvres) , 2 19.

Thym (essence de) , 1 76, 187 ,

188.

Tour (château de la) [Gard] , 1 1Tourcoing (N ord) , 2 68.

Tourette (La) [Gard] , 75.Tour— sur—Orb (La) [Hérault] ,

2 87 , 292 .

Trebiou (minesde) [Gard] , 38.

Trélis (mines de) [Gard] , 30à 3 2 .

Trescol (mines de) [Gard] , 1 1 .

Trèves (Gard) , 1 2 3,1 6 1 .

Trévezel (ruisseau) , 1 2 3, 1 24,

1 30, 1 6 1 .

Trou de I’

Aven (Gard) , 195.Trou de la Tour—dû -MOle (aven)[Gard] , 195.

Troufllas (château de) [Gard] ,2 3.

Troyes (Aube) , 1 68, 1 7 1 .

Truffi culture, 2 1 , 193.

I N D EX ALPHABÉTIQU E .

U zégeois, 57, 6 1 à 66 .

U zès (Gard) , 43, 49, 63,

V

Vabres (Gard) , 77 , 82 .

V alborgne (pays de) , 104,

143 .

V alcroze (Gard) , 160, 161 .

V alence (E spagne) , 2 77 .

V allespir, 194.

V alestalière (Gard) , 77 .

V alflaunes (Hérault) , 2 14.

V allée Borgne, 107 .

V allée F rançaise ou V al

francesque,1 07 , 108, 1 1 0,

1 1 2 , 1 14à 1 2 0.

V allée Longue,1 07 .

V allerargues (Gard) , 41 , 46 ,

V allera rg u es- la - Bruguiere

(Gard), 47 .

V alleraugue (Gard), 1 3 1 , 1 35,1 38, 140 , 143 à 145, 147 ,1 64.

V arene (ruisseau de la) , 284.

VAU C LU S E (département) ,2 1 , 53.

Vaucluse (fontaine de) , 159.

V endemian (Hérault) , 2 36.

Ventoux (mont) , 56, 1 38, 2 15.Verdales (olives dites) , 2 33.

Verdet ou Vert—de—

gris, 2 23,

2 3 1 à 2 3 3 .

V erdus (cluse du) [Hérault] ,2 24.

V erfeuil (Gard) , 47 .

32 1

280,

Zinc (mines de), 2 3, 96, 152 ,

VOYAGE E N FRAN C E . XXXV I.

V ernarede (La) [Gard] , 5, 6 ,

32 .

V ernazoubres (rivœre

281 , 2 99 à 301 .

Vernis du J apon (voyez Ai

lante), 2 08.

Vertde gris (voir Verdet) , 2 2 3.

V ézénobres (Gard) , 59 à 6 1 .

V ialas (Lozère) , 3 à5.V icq

- le-F esq, 192 .

V idourle (fleuve) , 74, 76, 1 78,

180, 184 à 199.

V ienne ( Isère) , 2 67 , 2 68.

V ieussan (Hérault) , 2 7 1 , 2 7 2 .

V igan (Le) [Gard] , 148 à

151 , 152 , 154, 155, 1 68,

196.

V ignagoul (Hérault) , 2 16, 2 1 7.

V illaret (Gard), 147 .

V illemagne (Hérault) , 293.

V illeneuvette (Hérault) , 242 ,250, 252 à 256 .

Villespassans (Hérault) , 304.

V illevieillc (Gard) , 183, 184.

V iols- en—Laval (Hérault) , 2 2 6.

V irenque (rivière) , 158, 159.

V is (riv1ere) , 152 , 158, 159,1 60, 1 74, 1 75.

Vissec ( Gard) , 159.

V issous pic de) [Hérault] , 257 .

Viticulture, 191 , 2 1 6.

V ivarais, 57 .

V osg es, 61 .

TABLE DE S CARTE S

La Grand’

C ombe, 9.

E nvirons d’

Alais, 1 7 .

Le pays cevenol, 24, 25.Bassin houiller de Besseges,

33.

Montagne de Laudun et con

fluent de la C èze et du

Rhône, 51 .

E nvirons d’

Anduze, 67 .

La Salendrenqùe et Anduze,

79°

La Gardonnenque d’

Anduze,

93.

Gardons de S aint— Jean et de

Mialet , 99.

Gardons de la V allée Fran

çaise et de_

C alberte, 1 1 3.

Le massif de l’

Aigoual, 1 2 7 .

E nvirons du V igan ,151 .

Ascension du Larzac par la

voie ferrée du V igan,157 .

E nvirons de Ganges, 1 67 .

E nvirons de S aint—Hippolytedu— Fort, 1 78.

De Sommieres à S alinelles,

185.V ersant méditerra néen des C êvennes, 2 00 ,

2 01 .

Le pays de Londres, 2 10.

Les gorges de l’

Hérault, 2 2 1 .

La vallée de l’

Orb,2 35.

Lodève et sa banlieue,241 .

C lermont- l’Hérault et le cirque

de Moureze,251 .

Bédarieux et Graissessac, 2 63 .

L’

Orb, de V ieussan à C esse

non, 2 7

Saint— C hinian, 301 .

324 TABLE D E S MATIÈRE S .

LA SALE N DRE N QU E .

Pages.

D e S aint Hippolyte à Lasalle. Une gorge cévenole. La châ

taigneraie. Au col de Rédarès. D escente dans la S alen

drenque Lasalle et ses usines. E n suivant la vallée.

Pommages cévenols. Une Arcadie ensoleillée. Thoims.

Le Gardon de Saint-Jean. C orbè’

s. LeGarden d’

Anduze.

La porte des C évennes. D’

Anduze à Alais. Les valats

du Peyremale.

D U GARD ON D E MIALE T AU GARD ON

D E SAIN T- J E AN .

Le Gardon et les jardins d’

Anduze. Flore d’

Afrique. Gêné

rargues.— Le Gardon de Mialet. Souvenirs des camisards.

Mialet. La vieille route de Saint-Jean. Sous les chatai

guiers.— Le pont des Albarines. Le granit désagrégé.

Saint—Jean-du-Gard

LA V ALLEE FRAN ! AIS E .

Les Gardens. D e S‘

aint—Jean-du—Gard au Gardon de Mialet.

Les châtaigniers. Lemaquis. Le Gardon de C alberte.

S aint—É tienne-V aüée-Française. D ans le V alfrancesque.

Moissac et ses ruines. N otre-D ame-de-la—V ictoire de V al

francesque. S ainte-C roix-V allée-Française. V ers Barre

des-C évennes

BRAMABIAU E T L’

AIGOUAL .

D e Meyrueis au causse N oir. Lanuéjols Saint— S auveurdes—Pourcils. Bramabiau et la perte du Bonheur. L

explo

ration deMartel. Le vallon du Bonheur et l’

E spérou. Au

col de la Serreyrède. La forêt de l’Aigoual. La source

de l’Hérault. L

observatoire de l’

Aigoual au Jardin de D ieu.

TABLE D E S MATIÈRE S .

LA HAUTE V ALLEE D E L’

HERAULT .

325

Pages .

L’Aigoual la nuit. Au lever du soleil. La bourrasque.

Le sentier .des Quatremille marches. D escente sur V alle

raugue. Les premiers oliviers. V alleraugue et ses

fi latures. La vallée de l’Hérault. Pont—d’Hérault. Le

V igan. Les bains de C auvalat. La fontaine d’

lsis. Les

gorges de la V is. Lesmines des Malines.

L’

ALZON N E N9U E E T LE LARZAC .

Un chemin de fer de montagne : Du V igan à Tournemire.

Arre, l’

Arre et sa vallée. Le cirque d‘

Arrigas. La V is.

Alzon et l’

Alzonnenque. Au flanc du Saint—Guiral.Ascension du Larzac. S auclières. S ur le causse du

Larzac .

D E L’

HERAULT AU V 1DOURLE .

Le vallon du Rieutort . Un fleuve de cailloux . S umene.

Arrivée à Ganges. La ville et ses industries. La bonne

terie de soie. Les bas à jour. Les merveilles naturelles

de Ganges. Gorges de l’

Hérault. Grotte des D emoiselles.

Ab îmes de Rabanel. S ource de la Poux et gorges de la

V is. S aint—Hippolyte-du—For-t. Pompignan et le colonel

Bourras.

S OMMIERE S E T LE SALAV ES .

Sommieres et V illevieille. Paysage des Garrigues. Le com

mercede Sommières. Les distilleries d’

essences. La terre

de Sommières. S alinelles et ses carrieres. Au long du

V idourle. Les vins d’

Aspères. Quissac. C erisiers et

micocouliers. La culture du fanabrègue. S auve et ses

sources. Les fourches demicocoulier

32 6 TABLE D E S MATIÈRE S .

LE S GARRIGU E S D E MON TPE LLIER .

Pages.

Apparition du pic de S aint—Loup, roi des Garrigues. Banlieue

montpelliéraine. S aint—Gély-du-Fesc . Le mont Bouras.

Les Matelles et leur source. D ans les garrigues. Les

moutons. Le pays de L0ndres. S aint-Martin-de-Lohdres.

E n remontant le Lamalou . Le pic de S aint—Loup

'

et son

panorama

LE S GORGE S D E L’HERAULT .

E n longeant les garrigues. Murviel. La vallée du C oulazou.

Aniane et son abbaye. L’

Hérault au p0nt du Diab le.

La source de la C lamouse. La gorge du V erdus. S aint

Guilhem—du-D ésert. Le soir dans les garrigues. Le ravin

desArcs. La grande'

draille. D escente vers l’

Hérault.

S aint—Bauzille-de-Putois

LA LERGU E E T LE SALAGOU .

Fabrication du vert—de-

gris. La confiserie des olives. Gignac

et ses industries. La Lergue. Lodève. E n vue de

l’

E scandorgue. Au pieddu Larzac . L’

industrie deLodève.

Le culte de saint Fulcran. C lermont—l’

Hérault. Le

potier

V ILLE N E U V E TTE E T BEDARIE UX .

Les garrigues de C lermont—l’Hérault. D ans l’

oasis de V ille

neuvette. Une usine fortifiée. Histoire de V illeneuvette.

Association de l’

industrie et de l‘

agriculture. Le reboise

ment. Le cirque de Moureze. Paulhan . Bédarieux .

Industrie disparue

XV II . LE S ORAN GERS D E ROQU E BRU N .

Aux gorges d’

Hérie. Traversée de l’

Orb . Les oliviers de

V ieussan. V ieussan . D ans le maquis. Les agavés.

Roquebrun et ses orangers. Un phénomène climatérique.

— Palmiers des C évennes. Le vallon du Rieuberlou . Le

vignoble de l’

0rb . Au confluent de la V ernazoubres

CHEMIN S DE FER DE PARIS —LY ON —MÉDITERRANËB

L’HIV E R A LA C OTE D

AZURBillets d

'aller et retour collectifs de 2e et 3° classes

A TRES LON GU E VALID ITÉ POUR FAMILLE S

D u 16 r octobre au 15novembre, il est délivré par les gares P .-L.

-M .

,

aux familles composées d’au moins trois personnes, des billets d

’aller et

retour collectifs de 2° et 38 classes, pour Hy ères et toutes les gares P .-L .

-M .

situées au delà. vers M enton . Le parcours simple doit être d’au moins

400kilomètres.

La famille comprend père, mère, en fants ; grand—

père, grand’mère, beau

père, belle-mère, gendre, belle- fille, frère, sœur

,beau- frère

,belle—sœur

,

oncle, tante, neveu et nièce, ainsi que les serviteursattachés à la famille.

C es billets sont valables jusqu’au 15mai. La validité de ces billets

peut ê tre prolongée une ou plusieurs fois de 15jours, moyennant le paiement, pour chaque prolongation , d

’un supplément égal à. 10p . 100 du prix

du billet collectif. Le coupon d’aller de ces billets n

’est valable que du

Ier octobre au 15novembre .

Le prix du billet collectif est calculé comme suit : prix de quatre billets

simples pour les deux premières personnes, prix d’un billet simple pour la

troisième personne, la moitié du prix d’un billet simple pour la. quatrième

personne et chacune des suivantes. Arrêts facultatifs à. toutes les gares

situées sur l’itinéraire. La demande de billets doit être faite quatre jours

au moins a l’avance à la gare de départ.

S TA T IO N S H IV E R N A L E S

(N ice, C annes , Menton , etc . )B illets d

aller et retour defamille, valables 33 jours .

' Il est délivré, du 15octobre au 15mai,dans toutes les gares du réseau

P .—L .

—M sous condition d’

effectuer un parcours simple minimum de 150k ilomètres, aux familles d’

au moins trois personnes voyageant ensemble, des

b illets d’aller et retour collectifs de 2€ et 3° classes

, pour les stations

hivernales suivantes Hy ères et toutes les gares situées entre S aint

Raph aël—V alescure, Grasse , N ice et M enton inclusivement.

Le prix s’

obtient en ajoutant au prix de quatre billets simples ordinaires

pour les deux premières personnes, le prix d’un billet simple pour la. troi

sième personne, la moitié de ce prix pour la quatrième et chacune des sui

vantes.

La durée de validité de ces billets (33 jours) peut être prolongée une ou

plusieurs fois de 15jours, moyennant le paiement, pour chaque prolon

gation ,d’un supplément égal à. 10p . 100du prix du billet collectif . Arrêts

facultati fs à. toutes les gares situées sur l’itinéraire.

Les demandes de ces billets doivent être faites quatre jours au moins à.

l’avance à la gare de départ.

V ILLE S D’

E A U X

D es serv ie s p a r l e R és eau P .—L . M .

1 ° B illets d’

aller et retour collectifs (de famille) .

Il est délivré, du 15mai au 15septembre, dans toutes les gares du

réseau P .

-L .—M .

,sous condi tion d

’effectuer un parcours simple minimum de

150 k ilomètres,aux familles d'

au moins trois personnes voyageant en

semble,des billets d

aller et retour collectifs de 2e et 3° class‘

es,

valables 33 jours, pour les stations thermales suivantes

Aix—en-Provence, Aix—les-Bains (Aix- les-Bains,Marlioz ), Baume-les

Dames (Guillon), Besan çon , Bourbon-Lancÿ , C arpentras (Biontbrun ), Cette(Balaruc) , Chambéry (C halles), Charbonm

'

ères—les-Bains, C lermont—Ferrand

(Royat), Coudes— Saint— N ectaire, Digne, Die (Le ) [ artouret, S al lières

- les

Bains) Divonne- les—Bains, Euzet-les—Bains, Evian-les Bains (Amphion), Ge

nève (C hampel), Grenoble (U riage ), Groisy —Le Piot-La Cail le, La BastideSalnt-Laurent— les-Bains,

Le Fayet- Saint-Gervais, LeLuc etLe Cannet (Pioule),Lépin-lac d

Ai guebelette (La Bauche), Lons- la Saunier, Manosque (Gréoulx),Menthon (lac d

’Annecy ), Montélimar (Bondonneau), Montpell ier (Palavas) ,Montrond (Mon trond-Geyser), Moulins (B ourbon Moutiers

Sal ins (Sali ns-Brides), Pontcharra-sur—Bréda (Allevard), Pougues—les—Eaux .

Rémilly ( S aint—Honoré-les ( C hâtel-Guy on , C hâteaun euf ),Roanne ( S aint-Al ban ), Sai l-sous-Couzan, Saint-Georges-de-Commiem (LaMotte—les Saint-Junea-de—Cassagnas (Les F umades) Saint—MartinSaü -les—Bains, Salins (J ura), Santenay , S arrians

-Montmirail , Sauve (F onsange

— les-Bains), Thonon- les-Bains, Val s— les-Bains-Labégude. Vandenesse

Saint-Honoré- les— Bains, Vichy (V ich y — C usœ t), V il lefort (Bagnols) .Le prix s

'

obtient en ajou tant au prix de quatre billets simples ordinaires

(pour les deux premières personnes) le prix d’un b illet simple pour la troi

sième personne. la moitié de ce prix pour la quatrième et chacune des sui

vante

Arrêts facultatifs. F aire la demande de billet quatre jours au moins à

l’avance à la gare où le voyage doit être commencé.

2 ° B illets d’

a ller et retour individuels .

Il est délivré du 15mai au 15septembre, dans toutes les gares du réseau ,

des billets d’aller et retour de l re, 2

° et 3e classes, comportan t une réduc

tion de 25p . 100en 1 " classe et de 20p . 100en 2 6 et 3° classes, pour . les sta

tions thermales dénommées ci-dessus .

V alidi té 10jours. F aculté de prolongation . Arrêts facultatifs.

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M anuel de C on férences ag ricoles tech niqu es et prat iques à l’

usagedes officiers et des corps de troupe. par

—G . AU BE RT , ingénieur agronome ,

garde général des E aux et Forêts. Préface par L. DABAT , directeur au Ministere de l

agriculture. 1904. Un volume in-8,broché 5fr.

Incendi es en forêt . É valuation des dommages, par A. JAC QUOT , inspecteurdes E aux et Forêts. Ouvrage couronné par la Société nationale d’

agriculturede France. 1903. Un volume grand in

-8de 400 pages, broché 8 fr.

D ég âts causés aux forê ts par les b alles du fusil de l’

armée. L’

in

demnité qu’

ils eæ igent et son règ lement, par J . GE ORGE , garde général desE aux et Forêts. Ouvrage couronné par la Société nationale d’

agriculture deFrance. 1903 . Un volume grand ln

-8, avec 1 3 figures et 10 planches en photo

La V in ifi cat ion moderne , ou l’

art de faire et conserver le vin, par

Georges JAC Qp E M1N , directeur scientifique de l’

Institut La C laire, et HenriALLIOT , ingen1eur agricole. I . La Viticulture. I I . La Vinifi cation. 1903 .

D eux volumes_

in—8 ( 1 819pages) , avec nombreuses figures et planches,reliés en percalme 15fr.

Les V ignes . Recherches expérimentales sur leur culture e t leur exploitation , parA. Münrz , professeur à l’

Institut national agronomique, membredu C onseil supérieur de l

agriculture. 1896. Un volume grand ln—8 de581pages, broché

Le Traitement des b ois en F ran ce . E stimation, partage et usufruit desforêts, par C h . BROLLLIARD , ancien professeurà l

E cole forestière. N ouvelle

édition . 1894. Un beau volume in-8de 700 pages, broché 7 fr.50 c .

L’

Agricu lture et les Questions sociales, par M. D ARBOT , sénateur, président du C onseil général de la Haute-Marne.

Tome Ier. La C rise agricole. L’

industrie chevaline. LesRéformes démocratiques. 1899. Un volume grand ih

-8de 396 pages, broché 5fr.

Tome I I . La me'vente du ble'. Le risque professionnel. La lame douanière sur les vins, etc.

, etc. La police sanitaire des anzmauæ . 1901 . Unvolume grand in-8de 650 pages, broché 7 fr.50 c .

Traité d’

analy se des m at ières ag ricoles , par L. GRAN D E AU , inspecteurgeneral des stations agronomiques. 3e ed1tion, cona dérahlement augmentée.

1897 . evo] . ln-8, avec 1 7 1 fig .,1 planche en couleurs et50 tableaux , br. 1 8 fr.

É lectricité agricole, par C amille P.…sr , ingénieur agronome: 1894. Un

volume in-8de 390 pages, broché 5fr.

Les E nnemis de l’Agriculture. Insectes nuisibles, Maladies cryptogamiques,Alte

'

rations org aniques et accidents, Plantes nuisibles, par C . RAMPON , pré

parateur au laboratoire agronomique de Loir—et- C her. 1898. Beau volume in-8de416 pages, avec 140 figures , broché.

C h asse et P êche en F rance , par L. BOPPE , ancien directeur de_

l‘École

nationale forestière. 1900. Un volume in- 1z avec figures et graphi ques encouleur, relié en percaline gaufrée. 4 fr. 50 c .

Traité pratique de Piscicu lture . E xploitations des mares et étangs, parA . PE UPION ,

inspecteur adjoint des forêts. 1898. Beau volume ln—8de 665pbroché . 7 fr.50 0.

C ode de Lég islation rurale , comprenant le C ode rural, le C odeforestier etles extraits des divers C odes, civil, de procédure, d

instruction criminelle,pénal et de commerce, par Léon et Maurice LE SAGE .

1 cv fascicule C ode rura let C odeforestier . 1899. Gr. ln-8de 94pages. 3 fr.

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—8, 81 2 pages. 1 2 fr.

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ARDOUIN - DUMAZET

t'

a— 1 2 d’

environ 400 pages, avec cartes et croquis.

que volume, broché, 3 jr.50 E légamment relié, 4fr.

œuvre considérable entreprise par M. Ardouin—Dumazet touche a

11 ; on pourrait mêmedire qu’

elle est terminée aux yeux des habi

s de Paris, car tous les volumes consacrés à la France au delà des et de l

’lle-de—France sont achevés, les derniers paraissant au

tard au mois de juillet 1904. Et l‘

auteur annonce pour la fin de

même année les quatre volumes sur le bassinde Paris et, peutle commencement de son étude surla grandeville, quicomprendraeux à trois volumes. On voit avec quelle ardeuret quellepersévé

eM. Ardouin-Dumazet a conduit cette entreprise sans précédentans équivalent dans aucune littérature.

cycle de ces voyages à travers la France s’

est terminé par lesmues et les Pyrénées. Les lecteurs retrouveront dans les derniersmes les qualités qui ont fait le succès de cette description vivante

et minutieuse de notre pays. Ainsi que les premières séries,les n

velles se recommandent par la vivacité et le pittoresque des desettions, comme par les qualités littéraires qui rendent attrayant ,

ouvrage, véritable monument élevé à la patrie française.

Aussi les récompenses n’

ont pas manqué au V oy ag e en F ran

L‘

Académie française par deux fois, la'

Société des gens-

.de lettjugeant un de ses pairs, la Société de géographie et la Sociétégéographie commerciale de Paris —

ont couronné l’

œuvre. Cette demilui a décerné la médaille de Fra

nce dés le vingtième volume, etrapporteur disaitIl

, g a donc encore des coins insu47îsamment connus en Franc

Posez cette question devant M . Ardonia -D umazet . Il vous repo

dra en vous montrant les“

: volumes déjà parus de son V oyage

F rance œuvre zzzachevéç3, sans doute ; mais fallaitattendre encore, après vingt

__

volumes, pour 7 écompenser l’œuvr

Aucun de nous ne l’a pen‘

se‘

L’auteur nous entra îne de provinceen province, de ville en vil

d’usine en usine. C ’

est a u tour de Frdnce, efl ectué avec le compagnle plus a imable, lep lus instruit, le,p lus débrouillard, lep lus in:tiablement curieux qui sepuisse imaginer. M. Ardoutn—Dumazet etend étudier de près, voir, toucher, comprendre ce qu

’il décrit,

qui fait qu’une fois en possession de son sujet, il l

’exposé avec u

aisance extrême, avec le talent de sefaire lire jusqu’au bout .

La plume est alerte, sans prétention pas de phraséologie ; o'

7non‘

ceaux defaits et de chijïres, dressés pour l’édifi cation du tacle

par les voies les p lus courtes . Pays, mœurs, production industrielagriculture, conditions du travail, dans chaque localité, tout estpas

en revue avec intelligence et sincérité. L’auteur nous appartient su

tout par le côté économique et commercial . On sent que l’on a en

sw ce ten ain un guide a qui l’on peut se fier .

L’un de nous a dit que l

’oeuvre de M. Ardouin Dumazet était ce q

avatl été publié de p lus ag7 éable et de plus complet en ce gen

sur la France depq le célèbre voyage d’Arthur … Young a la fin

xv111es .iècle les pzéoccupatz

ons de l’auteur moderne sont moins e

clustvement agricoles que celles de sonp 7 édécesseur, et Arthur You:

parcourait lentement nos campagnes sur unejument grise, tandis qM. Ardouin— Duma: et use de tous les moyens de locomotion .

N otre auteur a été soldat avant d’

étre écrivain . Franc- tireur

1870, il combattit“à Dijon, N uits, à Vesoul ; il s’engagea en 18

dans un régiment de ligne, passa de là aux tirailleurs algérien

forma une S ociété de géographie Tlemcen, fut élu membre deSociété de géographie de Bordeaux et membre correspondant de not

S ociété. Il était alors caporal . Le suivre dans les nombreuses per

péltes de sa carrière lit’entratnerait trop loin . Il s’est fait lui-mem

dans ce V oy age en F ran ce il voit, pour la première fois une

g éog raph ie national e vraiment digne de ce nom, autant sous le

rapport des recherches nouvelles et inattendues, que de la méthoded

exposition, et qui laisse bien loin derrière elle tout ce qui a ététenté dans ce genre ; en un mot, une œuvre moderne dans lameilleure acception du termeLe succès du V oyag e en F rance est d

autant plus frappant,que l

auteur,tout à son œuvre et à ses travaux spéciaux d

écrivain

militaire,n

a pas recherché le bruit autour de sa remarquable créa

tion. Les distinctions et les encouragements dont elle a été l’

objet luisont venus sans qu

il les ait sollicités. Cet ensemble de livres consa

crés à un même sujet, qu

à bon droit on peut appeler une bibliothèquenationale et qui constitue un des plus considérables labeurs de ce

temps, s'est imposé par sa seule valeur.

Nous ne saurions trop insister sur ce point . Ce n’

est pas une

géographie dans le sens étroit de ce mot. C ’

est aussi une œuvrelittéraire et historique, d

une portée considérable. L’Académie tran

çaise, appelée pour la seconde fois à couronner le V oyag e en

F ran ce, a tenu à bien marquer son sentiment à cet égard, en lui

attribuant le prix Narcisse Michaut, qu’

elle décerne tous les deux ans

à l’

auteur du meilleur ouvrage de littératurefrançdise.

Voici les sommaires des quarante et un volumes parus où près de

paraitre et des six derniers volumes annoncés

V olumes parus

S Énm : LE MORVAN , LE VAL DE LOIRE, LE PERCHE. Le flottage

en Morvan les‘

bûcherons du Nivernais au pays des nourriœs

le Nivernais industriel le Nivernais pastoral une usine nationale(Guerigny) Gien et la Puisaye la Sologne paysages solognots

les colons de Sologne la Sologne berrichonne le safran en

Gâtinais Orléans les roses d’

olivet les troglodytes du Vendomois les vignes du val de Loire la capitale des tanneurs la

Champagne tourangelle Rabelais, guide en Touraine la réglisse

la Touraine industrielle Mettray le Perche lepercheronen

Amérique le Grand—Perche les forêts du Perche la'

vallee de la

Sarthe ce que deviennent les hêtres la Flècheet lepaysfléchois.

370pages avec 19 cartes ou croquis.

2° SÉRIÈ : DES ALPES MANCELLES A LALOIRE MARITIME. Les Al;mancelles le pavé de Paris la Champagne mancelle Sablé

ses marbres Laval et Port-du- Salut chez les Chouans dans

Mayenne l’agriculture dans le Bas-Maine aiguilles et épingles

le point d’

Alençon le Camembert Flers la SuissenormandeAngers et les ardoisières ardoises et primeurs le guignolet etvin d

Anjou Saumur la bijouterie religieuse leBocagevendé

sur la Loire,d

’Angers à Nantes Grand- Jouan C lisson et l

lacs de l’

Erdre le lac de Grand-Lieu la Loire,de Nantes à Pai

bœuf. 356 pages avec 24 cartes.

(Ces deux volumes ont été couronnés par l’Académiefrançaise

leur apparition ; les 23 suivants ont obtenu une nouvelle et bar

récompense. )

3° S ÉRIE : LES ILES DE L’

ATLANTIQUE. I . D’Arcachon a Belle-IsL

Ile aux Oiseaux la Seudre et les iles de Marennes l’

ile d’

O

ron lle d’Aix — 1le Madame et Brouage ile de Ré ile d

Y— 11e de Noirmoutier de l

ile de Bouin à Saint-Nazaire archiide la Grande—Briere ile Ouimet et la presqu

’ île du Croisic Bel.

lsle- en—Mer. 3 18pages avec 19 cartes.

t ° SÉRIE : LES ILES DE L'ATLANTIOUE.— lI. D’Hoè

dicaOuessa'

nt.

d’Houat La Charte des iles bretonnes — Ile d

Ho‘

édic le Morbihet la presqu

île de Rhuys— ile aux Moines petites î les du N orbin

iles d’

Ars et d’

llur ile de Groix ile Chevalier et î le Tudyarchipel des Glénans la ville close de Concarneau Ile de St

ile de Molène et îlots de l’

archipel d’

Ouessant l’

ile d’

Ouessant

iles de la rade de Brest. 322 pag es avec 25cartes.

5° SÉRIE : ILES FRAN! AISES DE LAMANCHE ET BRETAGNE PÉNINSULAIFLes îles de l

Aber—Vrac’

h île de Siec ile de Batz Morlaixson archipel les Sept

— Iles ile Grande (Enès Meur) et son archi

archipel de Saint-Gildas les iles d’

Er archipel de Bréhat

le C oello et le Penthievre au berceau de la Tour—d’

AuvergneCornouailles au pays de Brizeux Bretagne celtique, Bretagfrançaise Mi— Voie et Brocéliande deVitréaumont Saint-MichellaHollande de Normandie Saint-Malo

,la Rance et Dinan Gra

ville, les Chausey et les Minquiers. 407 pages avec 20cartes.

6° SÉRIE : COTENTIN , BASSE-NORMANDIE, PAYS O’

AUGE, HAUTE-NORMt

DIE, PAYS DE CAUX. Une ville de chaudronniers les Vaux-de- Vi

la Déroute et les lignes de Carentan le_

duché de CoignyHougue Cherbourg et la Hague Bayeux et leBessin la cam*

gue de Caen la foire de Guibray du Bocage à la mer le

toral du Calvados la vallée d’Auge en Lieuvin Trouville et

COte-de-Grâce le marais Vernier et la Risl_e Evreux et le Sai

André trainglots et enfants de troupe les:draps d

Elbeuf

l’

Avre à la Risle de la Risle à l’Andelle Rouen le royaume

d’

Yvetot le Mascaret le Havre. 455pages avec 30 cartes.

7° SÉRIE : LARÉGION LYONNAISE : LYON , MONTS DU LYONNAIS ET DU

FOREZ. Lyon rôle social de Lyon à travers Lyon la Croix

Bousse et Vaise du Gourguillon au mont d’

or la plaine du Dau

phine Vienne et le pays des cerises le mont Pilat les montsdu Lyonnais de Vichy à Thiers de Thiers à Pierre-sur—HautèMontbrison

,la plaine du Forez et Saint-Galmier lesmonts de Tarare

le col des Sauvages et Thizy Cours et Roanne le berceau deFélix Faure la diligence des Echarmeaux le Beaujolais et la foirede Montmerle Teinturiers et tireurs d

or. 344pages, 19 cartes.

8° SÉnrn r LE RHONE OU LEMAN A LAMER COMBES, VALROMEY ET

BUGEY , BAS-DAUPHINE, SAVOIE RHODANIENNE, LACAMARGUE.— Eu Dombes

la Bresse et le Bugey la corne et . le celluloïd Saint— Claudeet ses pipes la Valserine et la perte du Rhône le Valromey et

Belley les lacs du Bas-Bugey les Balmes viennoises l’

ile de

Cremieu laHollande du Dauphiné du lac d’Aiguehelette au lac

du Bourget le lac d’

Annecy Albertville et l’Arly les horlogers

de Cluses le Rhône de Bellegarde à Seyssel les défilés de

Pierre— Châtel Villebois et le Sault du Rhône le Rhône,de Lyon

à Valence le Rhône, de Valence à la mer en Camargue les

Saintes—Maries-de- la—Mer lesvignobles et les troupeaux. 325pagesavec 22 cartes.

9e SÉRIE : BAS—DAUPHINE : VIENNOIS, GRAISIVAUOAN ,

OISANS OIOIS ET

VALENTINOIS . Le lac de Paladru et la Eure du Rhône a la Morgela noix de Grenoble Voiron et la Chartreuse Grenoble de

Grenoble à la Mure la Mateysine et Vizille Uriage, le Pont-de

Claix l’

Oisans en Graisivaudan le pays du gratin Tournon,Tain et l

Ermitage le Valentinois Crest et la Drôme le cheminde fer du col de Cabres — les premiers oliviers Dieulefit et la forêtde Saou le Vercors le Royannais les Quatre-Montagnes357 pages avec 23 cartes.

10° SÉRIE : LES ALPES DU LEMAN A LA DURANCE. Les chasseurs

alpins en Tarentaise en Maurienne dans les Bauges le

Genevois le Léman français du Faucigny en Chablais des

Dranses au mont Blanc les alpag es de Roselend le poste des

Chapieux la redoute ruinée du petit Saint-Bernard aumont iserauau pied du mont Cenis — une Caravane militaire le Briançonnaisdu mont Genevre au val de Nevache en Vallouise le Queyrasles Barcelonnettes auMexique les défenses de l’Ubaye Embrun

et C ap du Champsaur en Valgodemard en Devoluy du Triéves

en Valbonnais. 374pages avec 25cartes.

VOLUME-JS PARUS côru ..uano

Morvan , V al de Loire et Perche.

a. D es Alpes mancelles a la Loire maritime.

s. Les [ les de l‘Atlantique I. ”Arcachon

4. II. D ’Hoëdic Oum ant. [Belle—Isle.

5. Iles de la Manche et Bretagne.

6 . N ormandie.

7 . La Région lyonnaise.

8. Le Rhô ne, du Léman à la mer.

9. Bas—D auphine.

10. Les Alpes, du Léman a la D urance.

1 1 . F orez, V ivara is, Tricastin , C omtat—V enaissin .

12 . Alpes de Provence et Alpes maritimes.

Rég ion marseillaise et C ô te d‘Azur.

14. La C orse.

15. C haren tes et P laine Poitevine.

16. D e V endée en Beauce.

17 . V exin , Picardie et pays de C aux .

is. N ord I . F landre et Littoral.

19. N ord : Il . Arto is, C ambrésü et Hainaut .

to. Haute—Picardie, C hampagne rémoise etArdennes.

31 . Haute—C hampagne“

; Basse Lorraine.

22 . Plateau lorrain et V osges.

23 . P laine C om toise et Jura .

24. Haute Bourgogne.

25. li asse-Bourgogne et S enonais.

26. Berry et Po tou oriental .

27 . Bourbonnais et Haute—Marche.

Basse—M arche et Limousin .

39. Bordelais et Perigord .

3 1. Gascogne.

31 . Agena is, Lomagne et B as-Quercy.

32 . Haut—Quercy. Haute—Auvergne.

sa. Basse—Auvergne.

34. V elay,V ivarais méridional, Gévaudan.

35. Rouergue et Alb igeois.

se. C évennes méridiona les.

37 . Golle du Lion .

38. l laui»Languedoc .

S OUS PRE S S E

39. Pyrénées orientales. (Dép artements des Pyrénées-orientales. Aude, Ariège.)4 Pyrénées centrales. (Départements des Hautes et Basses—Pyrénéeq.)41 . Pyrénées occidentales.42 . V alois et Parisis.

43. La Brie.

44. Gâ tinais et Hurepoix.

45. D e Beauce en V exin.

46-47. Paris.

asuams‘

V OS GE S

"H" SAôN E

N OTA . Par suite de l’accroissement del’

ouvrage, cette carte n‘

est plus exactepour les volumes sous presse.

C onsulter la liste des volumes.

merveilles de la Braconne les sources de la Touvre une usine

nationale : Ruelle de la Charente au Né la Champag ne de

Cognac— le vignoble de Cognac — la fabrication du cognac — lesPays

Bas de Jarnac — dans les Fins-Bois le Confolentais — de laTardoire

à la Dronne la double Saintongeaise la Charente maritime (deSaintes à Rochefort) La Rochelle les vignes et les laiteries del’

Aunis les bouchots à moules N iort et la plaine poitevinel’

école militaire de Saint—Maixent les protestants du Poitou les

mulets deMelle. 385pages avec 26 cartes.

16° SÉRIE : DE VENDEE EN BEAUCE. Lavallée de la Vonne à Sanxayde Lusignan à Poitiers les armes blanches de Châtellerault

en Mirebalais Giron et Thouars la Vendée historique les Alpesvendéennes le Bocage vendéen la forêt de Vouvant les maraisde la Sèvre Niortaise le Marais vendéen Luçon et son maraisl’

estuaire du Lay la Vendéemoderne le pays d’olonne de la .

Loire à la Vie de Bressuire en Gâtine le Thouet et l’École de

Saumur au pays de Rabelais de Tours au pays“

de Ronsardla Beauce dunoise et Blois les champs de bataille de la Beaucela Beauce chartraine— Perche Gouèt, Thimerais etDrouais. 388pages

avec 30 cartes.

17° Steam : LITTORALDU PAYS -DE CAUX,VEXIN

,BASSE-PICARDIE. Les

falaises de Caux Dieppe et la vallée de la Scie de valleuse en

valleuse l’A1iermont le pays de Bray en Vexin les table

tiers de Méru les éventaillistes au village le pays de Thelle

Beauvais les Opticiens du Therain lavallée dorée de la Brèche

à la Noye les tourbières de Picardie Amiens dans les hortil

lonnages les bonnetiers du Santerre pendant les manœuvresl’

Amiénois et la vallée de la Bresle les dernières falaises les ser

ruriers de Vimeu d’Escarhotin à la haie de Somme. 398 pa

g es

avec 24cartes.

18° S ÉRIE : FLANDRE ET LITTORAL DU NORD. Roubaix la forteresse du collectivisme Tourcoing et le Ferrain le Val de Lys

le vieux Lille le nouveau Lille mœurs lilloises la Flandre

guerrière l’

agriculture dans le Nord les villes‘

industrielles de laLys la Flandre flamingante les monts de Flandres les MoeresDunkerque et son port la pêche à Islande Fort—Mardyck et

Gravelines dans lesWateringues en Morinie Langle, Bredenarde

et Pays reconquis la fabrication des tuiles en Boulonuais Bou

logue et ses plumes métalliques la côte boulonhaise de laGauche

à I‘

Authie le Marquenterre et le Ponthieu le cheval boulonnais.

456 pages avec 30 cartes.

19° SÉRIE : ARTOIS , CAMBRESIS ET HAINAUT. Les sources de la

Somme le champ de bataille de Saint—Quentin la vallée de l’0mignon de la Somme à I’Ancre le pays des phosphates _

la Nièvrepicarde le pays d

’Arras Azincourt, Enguinegatte et Tl1ér0uaune

l’Écosse du Jura Morez

la vallée des Dappes et la Faucillele pays de Gex,

les Lapidaires de Septmoncel et de Saint— ClaudeC lairvaux et le Grandvaux la Moyenne Montagne. 423 pages

avec 25cartes.

24° Sima : HAUTE-BOURGOGNE. DIJOD dans les houblonnières

les Pays bas de Bourgogne le vignoble de la Côte—d’

Or la

côte dijonnaise la côtedeNuits et C iteaux Beaune et sa côte le

finage et Dôle la forêt de Chaux et le Val d’

Amour leBon Pays

Chalon-sur- Sa0ne et laBressechalonnaise Bresse bressane et Revermont la Bresse louhanaise la côtemaconnaise au long de la

Saône de royaume en empire au pays de Lamartine la côtechalonnaise et Cluny des Grosnes au Sornin en Brionnais

Charollais et Combrailles la Loire bourguignonne. 399 pages

avec 30cartes.

25° SÉRIE BASSE-BOURGOGNE ET SENONAIS. Le seuil deLongpendu

la vallée de la céramique le Creusot Bibracte et Autun le

pays de l’

huile le Morvan bourguignon en Auxois autourd

’Alésia le vignoble des Riceys et l

Ource Châtillonnais et Dues

mois aux sources de la Seine l’

Avallonnais la Cure et l’

Yonne

en Auxerrois le Tonnerrois en Sénonais la Puisaye le

Gâtinais français le Gâtinais orleanais entre Sologne et Gâtinais.

373 pages avec 24cartes .

26° Sims : BERRY ET POITOU ORIENTAL. Le Sancerrois et la Forêtles Forêtins les arsenaux de Bourges le camp d

’Avord et la

Septaine le canal du Berry du Cher à l’Amon une colonie

d’

aliénés porcelainiers et forgerons du Berry Issoudun et Châ

teauroux la Champagne berrichonne la vallée du Nahon les

moutons du Berry la basse vallée de l’Indre en Brenne de la

Claise à la Creuse de Touraine en Acadie les carrières du Poi

tou la Beauce montmorillonnaise entrée en Boischaut les

Iingères d’

Argenton le pays de George Sand la Creuse et la Gar

gilesse. 365pages avec 25cartes.

2 7° SÉRIE : BOURBONNAIS ET HAUTE-MARCHE. Nevers et le bec

d’AIlier Moulins et Souvigny Sologne hourbonnaise la valléede la Besbre monts de la Madeleine Limag ne bourhonnaisele berceau des Bourbons des côtes Matras à la Sioule de la

Sioule à la Bouble— houillères'

de Commentry — la forêt deTroncais etMontluçon

— uh tour en Berry — entrée dans la Marche les maçonsde la Creuse la tapisserie d

Auhusson au long de la Creuse

les Trois- Comes et la Sedelle aux sources de la Gartempe du

Taurion à la Maulde le plateau de Gentioux. 352 pages avec

27 cartes.

28° Sérum: LIMOUSIN . La basse Marche les montagnes deBlond les monts d’Ambazac Limoges émaux et porcelaines

a

'

utour'

de Limoges Saint— indien et ses gantiers aux cor

du Périgord la Chine du Limousin la haute vallée de la Vie

Treignac et les Monédières Meymac et Ussel le plateaMillevaches la Corrèze et Tulle le château d’

Uzerche ardc

et primeurs Ségur et l’Auvézère de Pompadour à la Vézér

Brive— la-Gaillarde Noailles et Turenne la Dordogne limouentreArgentat etTulle. 350pages avec 24 cartes.

29° SÉ 1nn : BORDELAIS ETPERIGORD. Le Libournais les vin

Bordeaux Bordeaux l’

activité bordelaise navigation sur la

ronde le Médoc des grands vins les landes du Médoc

pointede,

Grave laGironde saintongeaiæ Blayais et Bourgeai

le Saint— Emilionnais l’

Entre Deux—mers en Bazadais la

dogue en Périgord la Double de laDronne à la Nizonne

gueux et l’

Isle le pays du père Buge‘

aud le Noutronnais

nos aïeux préhistoriques les truffes du Sarladais. 41 1 pavec 3 1 cartes.

30° SÉRIE GASCOGNE. Le Bazadais la conquête des Landeles landes de Bordeaux autour du bassin d

Arcachon Arca<et les dunes le Captalat de Buch le pays d

’A1bret le Maet le Cabardan de la Midouze à la Leyre le pays de. Born

Iièges deMarantin de Dax au Vieux—Boucau Cap-Breton et la

remue la Chalosse la Rivière—Basse et le Tursan le pla

de Lannemezan le Pardiac et l’

Astarac l’Armagnac. 340p

avec 26 cartes.

31° Sienna :'AGENAIS , LOMAGNE ET BAS-OUERCY. La plaine de la

ronne la vallée du Drot les landes de Lot-et—Garonne la c

tale duBéarnais les bouchonniers deMézin Lomagne, GaurFezenzaguet le Fezensac et l

Eauzan le Condomois le

des prunes les petits pois de Villeneuve le Haut—Agenais A

et ses campagnes le Bas-Quercy Lomagne et Rivière- Ver

la rivière ‘

nmntalbanaise les chapeaux de paille du Quercyles gorges de l

’Aveyron les cingles du Lot le causse de Limcle Lot entre Rouergue et Quercy. Avec 22 cartes.

32° série HAUT-QUERCY ETHAUTE-AUVERGNE. Le Céléet laBrau

Gourdon et la Bonriane le causse de Martel de César à

robert le causse de Gramat de Capdenac au Segala— les go

de la Cère et Aurillac la Châtaigneraie Campuac et Viadèn

dans l’Aubrac en Carladès Saint-Flour et la Planèze Lu

et Cézallier le Féniers et l’

Artense du sommet du puy Marles bœufs de Salers. Avec

'

2 i cartes.

33° série : BASSE—AUVERGNE. Combrailles et Franc—Allen

houillères de la Combrailles la Limagne le puy de la Foi

C lermont— Ferrand au puy de Dôme le reboisement dans lede—D0me le mont Dore le camp de

Bourg-Lastic les or

de Bert le puy de Sancy et les lacs d’Auvergne du mont Do

al’

Allier du Velay à la Margeride de Brioude à Issoire Ge

govie de l’

Allier à la Doré en Livradois du Livradois en For

de la Loire aux Boutieres. Avec 23 cartes.

34° série VELAY , VIVARAIS MERIDIONAL, GEVAUDAN . Le L1gnoVellave le pays d

'

Emblavès et le Puy la dentelle du Puy P

Iignac et le volcan de Bar le mont Mezene a la source de

Loire le lac d’

Issarlès le lac du Bouchet entrée en pays c

venci de la Cère à l’

Ardèche au long de l’Ardèche ascensi

du mont Lozère Mende et le Gévaudan le plateau de la Margride le palais du roi le causse de Sauveterre les gorges

Tarn autour du causse Mejean entre causses et Cévennes

Bramabiau et l’

Aigoual.

35° série : ROUERGUE ETALBIGEOIS . La basse Marche du Rouergle bassin de Decazeville la montagne qui brûle Rodez et

causse du Comtal Espalion et le causse de Bozouls le causse

Séverac Millau les brebis du Larzac à travers le Larzacles caves de Roquefort

'

le rougier de Camarès à traversSégala

'

entrée en Albigeois le pays de Cocagne Carmauxses mines entre Tarn et Dadou les vins de Gaillac Castres

son causse une page d’

histoire industrielle Mazamet, la M0tagne

— Noire et le Thore.

36° série : CEVENNES MERIDIONALES . La Gardonnenque le bas:

d’

Alais le Guidon du Bouquet entre Uzès et Anduze la Sale

drenque le Gardon de Mialet la Vallée française Bramabiet I

Aigoual la haute vallée de l’Hérault lavallée de la Dourde l

’Hérault au Vidourle Sommieres et le Salavès les gorgde Saint-Guilhem la vallée de la Lergue Villeneuvette et Béc

'

rieux l’Escandorgue et l

Espinouze'

la Vernazobres et la Ces

en Minervois.

37° série GOLFE DU LION . Nimes le Nemauzès lesmazdes Garrigues aux bords du petit Rh0ne Aiguesmortesvignoble des Sables la Vannage et la Vidourlenque Moutpelli— 4 la cité morte -de Maguelonne Cette Agde et l

étang de Thle fleuve Hérault Béziers et le Bitterrois Narbonne le ]

Rubrensis La Nouvelle et Leucate Rivesaltes et la Salanque

les jardins de Perpignan au pied des Alberes Port—VendresBanyuls.

38° série LE HAUT-LANGUEDOC . Le SidobreetLacaune lesmode Lacaune et l

Espinouze du Saumail en Cahardès de Sai

Papoul à Soreze les rigoles du canal du Midi en Lauragais

Carcassonne et le Carcassés dans les Corbières le Fenouillèd

les défilés de Pierre Lis le Razes le Kereorhis le Mireprde l

’Ariège à la Garonne Toulouse le pays toulousain

Bas— Comminges et Nébouzan.

44° Sénrs : HUREPOIX ET GATINAIS . Les lilas forcés autourSceaux Palaiseau et Orsay la vallée de Chevreuse les va

de Cernay en Hurepoix l’

Orge et la Remarde les maraichede Montlhery Corbeil et Petit-Bourg les usines d

Essonnes

forêt de Fontainebleau les raisins de Thomery le Loing àM01Nemours et ses sablières en Gâtinais la vallée de l‘Essonla vallée de la Juine l

Etampois.

45° SERIE : DE BEAUCE EN VEXIN . Autour de Versailles l’

écc

de Saint— Cyr le Josas et la Bièvre les Yvelines Epernon

Maintenon — la vallée de la Voise la Beauce Chartraine un ch

min de fermilitaire les volailles de Houdan le pays de MontiI’

Amaury les eaux d’

égout à Gennevilliers Marly et Saint-Gmain—eu-Laye la vallée de la Mauldre la Seine de Paris à Meulala Seine de Meulan à Vernon le pays de Madrie le Mantoisl’

Authie le pays d’

Arthies en Vexin français.

En préparation

47° et 48° SERIE S PARIS .

Mars 1904. Les Éditeurs,

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économie historiques, par Pierre Bon i. 1902 . Un volume in—8 e 432 pages, avec 3 planches, broché 6 1l'.

L'Ë popée des Alpes . É pisodes de l

h istoire militaire des Alpes , en

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Le J ura. 1888. V olume ii i—8, avec figures et une carte, broché 5fr.

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C orse et Italie . Impressions de voyage, par G . Bsnov. 1897 . Un volume

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E urope centrale et ses Réseaux d’É tat . Belg ique, Hollande, Alsace

Lorruz‘

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Les F lottes de comb at en 1 903 . par le commandant D E BALIN C OURT , capitaine de frégate. Un volume iii— 16 oblong de842 pages, avec403 figures schématimes de bâtiments. E légamment relié en percaline souple, tranches

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Le Génie en C h ine (1 900 par E . Lacm xn—G1ru aos . colonel du génie.

1903 . Un vol. grand ia—8, avec 140 grav. et 1 1 planches hors texte, br. 6 fr.

Les Rivag es indo—chinois . E tude economique et maritime, parR. C AS TE X,

enseigne de 1905. Un vol. ia-8, avec 6 croquis hors texte, br. 5fr.

La V ie militaire au Tonk in , par le capitaineLE C OMTE , breveté d’

état-major,attaché à l’état—major du corps expéditionnaire.

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M . D .w pms et5croquis cartographiques. Br. sous couv . illustr. 1 0 fr.

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Armée française au Tonkin Le Guet—Apens de Bac—Lê , par le capitaine LE C OMTE . breveté d‘

état—magma 1890. V olume iii- 1 2 avec 2 1 illustrationsparM . D aumas , et 3 cartes, broché sous couvert. illustr. en couleurs. 3 fr.

M arch e de Lang— S on à Tuy en

-Quan . C ombat de Hoa—Moe. D éblocus

de Tuyen-Quan, par le capitaine LE C OMTE . 1889. V olume ih -8, avec 10 cartes

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E scadre de l'

Amiral C ourbet , parMaurice Lom , lieutenant de vaisseau àbord de la Triomphante. 1894. Très beau volume gr. ia—8jésus de 360 pages.

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Lemêmeouvrage, ih - 1 2 . 6e édit , 1892 , av . portr. et 10 cartes, br. 3 fr.50 c .

L'

Océan ie trançaise. Les Intérêts fran çai s dans le Pacifique. Tahiti,N ouvelles—Hebrides, C anal dePanama, par C h . Leman, résident honoraireconseiller du commerce extérieur. 1904. Un volume ia-8, avec 3 cartes et20 photogravures, broché. 2 ir.

Rapport sur l’

E xpédition de M adagascar, par le général D ucnasrœ .

adressé le 25avril 1896 au ministère de la guerre. suivi detous les documentsmilitaires (ordres, instructions, notes ministérielles, états d‘

effectifs, di

p10matiques et parlementaires, relatifs à l’

expédition de 1895. Avec 16 cartes,croquis ou itinéraires, en noir ou en couleurs, dressés d

après les travauxdu Service géôgra hique du corps expéditionnaire. 1897. Un volume ia—8de

487 pages, avec at as , broché 1 2

N ancy . imp . Berger-Levranlt et C te.

COTE S

VOLUMES PARUS

1 . Morvan , V al de Loire et Perche.

2 . D es Alpes mancelles à la Loire maritime.

8. Les Iles de l‘Atlantique I . D'Arcachon Dolto-Ido.

Il . D’

Ho‘

e‘

dic Ouen ant.

Iles de la Manche et B retagne.

. N ormandie.

La Région lyonnaise.

Le Rhône, du Léman à la mer.

9. Bas—D auphine.

10. Les Alpes, du Léman à la D urance.

1 1 . F orez, V ivarais, Tricastin , C omtat—V enalssln .

12 . Al pes de Provence et A lpes maritimes.

1 3 . Rég ion marseillaise et C ô te d‘Azur.

La C orse.

15. C harentes et P laine Poitevine.

10. D e V endée en Beauce .

1 1 . V exin , Picardi e et pays de C aux .

18. I. F landre et Littoral.

19.

N ord : Il . Artoic, C ambréaù et Hainaut.

eu . Haute—Picardie, C hampagne rémolse etArdennes2 1 . Haute—C hampagne ; Basse—Lorraine

Plateau lorrai n et V osges .

23 . Pla ine C omtoise et J ura .

24. Haute—Bourgogne.

25. R usse-Bourgogne et S enonais .

26 . B erry et Po itou orien tal.

27 . Bourbonnai s et Haute—M arche.

28. Basse—Marche et Limousin .

29. Bordelai s et Périgord.

Gascogne.

3 1 . Agenai s, Lomagne et Bas—Quer0y.

se. Haut—Quercy , Haute—Auvergne.

83 . Basse-Auvergne.

S OUS PRE S S E

34. V elay , V ivarais méridional, Gévaudan.

8= Rouergue et Alb igeois .

au. C évennes méridionales.

3 1 . Golfe du Lion .

ss. Haut-Languedoc .

E N PRÉ PARATION

89. Pyrénées (Partie orien tale) . (D épartements des Pyrenees—Orientales,40. Pyrénées (Pa rtie occiden tale). (D épartements des Hautes et Basses-l

u -42 . Paris et l‘

i le de—F rance.

œ—nœw

b


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