Introduction : Questions de définition : Etymologie :...

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Cours 1 : Le sujet – La conscience

Introduction : 

Questions de définition : 

Etymologie : du latin « cum-scientia » = avec savoir 

2 sens du mot « conscience »

Consciencepsychologique

Consciencemorale

A) Conscience au sens psychologique

= s'apercevoir de ce que l'on fait, de ce que l'on pense, de ce que l'on dit, etc.

Je sais que je sais que je regarde...

Je regarde le ciel...

Je sais que je regarde le ciel...

Première remarque : 

Distinguer « s'apercevoir » et « savoir ».

Deuxième remarque : 

Distinguer la conscience directe (ou conscience d'objet) et la conscience réfléchie (ou conscience de soi).

Conscience directe : 

cette femme est en train de compter son argent. 

Conscience réfléchie : 

Cette femme est en train de penser qu'elle compte son argent.

Sujet Objet

Conscience réfléchie

Consciencedirecte

B) Conscience au sens moral : 

« avoir bonne ou mauvaise conscience »« être face à un cas de conscience »« consulter sa conscience »« agir en âme et conscience »

Conscience morale = faculté de juger (approuver ou condamner) une conduite en fonction des concepts de bien et de mal. Faculté d'éprouver les sentiments correspondants : culpabilité, honte, fierté...

La problématique :

Chacun d'entre nous est un animal doué de raison, avec certaines particularités qui le distinguent et font son individualité.

Cependant, en tant que sujet, je suis d'abord une conscience. Or, la conscience n'est pas vraiment une chose, mais la faculté de s'apercevoir des choses.

Alors comment puis-je être quelque chose, et en même temps être une conscience ?

Suis-je ma conscience, ou suis-je cet individu que j'ai conscience d'être ? 

IndividuLe mondeco

nscience

I) Le sujet métaphysique

Le « Cogito » de Descartes

Descartes, au 17ème siècle, invente le sujet conscient de lui-même, comme source de la connaissance et de la volonté. 

Descartes,1596-1650

Dans les Méditations métaphysique (1641), Descartes recherche une première vérité, absolument certaine, qui servirait de fondement à la science.

Il forge la fiction d'un Malin Génie qui aurait la puissance de nous tromper à chaque fois que quelque chose nous paraît vrai.

Difficile d'aller plus loin dans le scepticisme...

Mais quelque chose résiste au doute : c'est le fait de penser lui-même.

Peut être n'ai-je aucun corps ; peut être que le monde n'existe pas : mais ce qui est indubitable  c'est que je pense avoir un corps, que je pense qu'il existe un monde, etc.

Descartes en conclut : 

1. J'existe, cela est certain, à chaque fois que je pense.« Cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit. »

2. Que suis-je, moi qui existe ? Une substance, dont l'essence est de penser ; une «  substance pensante » (« res cogitans ») 

« je ne suis donc précisément parlant qu'une chose qui pense »

Commentaire : 

Le sujet c'est l'être pensant conscient de lui-même, indépendamment des caractères physiques ou psychologiques.

Avec cette invention du sujet, entendu comme être conscient, c'est le rapport de l'homme à la nature qui va changer.

Auparavant la situation de l'homme était en général la suivante :

L'homme, animal raisonnable

Les autres êtres vivants

Les éléments

Dieu, créateur

La nature

A présent elle devient la suivante :

Le sujetLa nature

Connaissance

Action

Désir

Dieu

Et deviendra ensuite cela :

Le sujetLa nature,

objet de l'homme

Connaissance

Action

Désir

Conséquences pour le sujet moderne :

- le sujet est au fondement de la connaissance

- clivage entre le sujet et tout ce qui n'est pas lui.

- domination technique : « se rendre comme maître et possesseur de la nature » (Discours de la méthode)

- autonomie politique : le sujet a des droits en tant que tel, sans référence à Dieu.

Conclusion partielle :

Selon Descartes le sujet est essentiellement un être pensant, avant d'être un individu particulier (corps, caractère, histoire personnelle etc).

Problème :

Descartes n'est-il pas passé un peu vite de l'existence du sujet à son essence ?

II) L'âme et le corps (notion du programme : la matière et l'esprit)

Questions : Qu'est ce que la conscience ? Une fonction du cerveau, ou une faculté de l'âme ?L'esprit est-il réductible à un mécanisme cérébral ?Ai-je un corps, ou suis-je mon corps ?

II) A) Le dualisme de Descartes

Selon Descartes, hormis Dieu, il n'y a que deux substances :

La substance pensante / La substance étendue

Substance pensante :- immatérielle - ne peut pas être localisée dans l'espace - toutes ses parties lui sont intérieures- se rapporte au passé et au futur- spirituelle- consciente

Substance étendue : - matérielle

- occupant un espace défini

- ses parties sont extérieures les unes aux autres - prisonnière du présent

- corporelle- inconsciente.

Descartes reconnaît néanmoins qu'en chaque être humain, l'âme et le corps sont intimement liés :

« je ne suis pas logé dans mon corps ainsi qu’un pilote en son navire, mais outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement, et tellement confondu et mêlé, que je compose un seul tout avec lui. » 6ème Méditation métaphysique

Mais la liaison entre ces deux substances est pour le moins confuse. En témoigne la théorie de la glande pinéale, dans le Traité de l'homme.

II)B) Le monisme matérialiste

Dès l'Antiquité, certains penseurs avaient élaboré des conceptions matérialistes du monde.

La théorie des atomes chez Démocrite(-460/-370)

La matière est composée de particules insécables, les atomes, qui lui confèrent ses propriétés. Le poids dépend de la distance entre ces atomes (existence du vide).

Epicure (-341 / - 270)reprend ce matérialisme à son compte et l'approfondit.

- l'âme est composée d'atomes

- les dieux sont composés d'atomes

- la sensation est une émanation de la matière (simulacre)

Aujourd'hui encore, certains penseurs essaient de concevoir la conscience comme un phénomène purement matériel.

C'est le cas du neurologue français, JP Changeux

Thèse de Changeux : Le pensée n'est rien d'autre qu'une activité du cerveau.

« L'identification d'événements mentaux à des événements physiques ne se présente donc en aucun cas comme une prise de position idéologique, mais simplement comme l'hypothèse de travail la plus raisonnable et surtout la plus fructueuse. »L'homme neuronal, 1983, p 333 (Fayard)

Thèse claire en apparence, mais très discutable si on la considère précisément.

Problème posé par cette thèse : peut-on identifier l'esprit à la matière ?

Images de la douleur obtenues avec une caméra à positons.

Le matérialiste ne confond il pas ce qui se passe dans le cerveau lorsque l'on pense avec la pensée elle-même ?

Certes, sans cerveau nous ne pourrions penser...Mais est-ce le cerveau ou le sujet qui pense ?

Réfléchissez au porte-manteau...

Le dualisme a raison sur certains points :

La conscience est solidaire du cerveau, mais pas équivalente au cerveau (Cf Bergson)

Expliquer le cerveau # Comprendre la pensée

Le mouvement du corps # le sens d'une idée.

II)C) Le parallélisme corps/esprit(ou parallélisme psycho-physique)

Données du problème : - le corps et l'esprit sont deux essences distinctes- le corps et l'esprit sont intimement liés.

Solution de Spinoza : corps et esprit sont deux essences différentes, mais appartenant à une seule et même substance.

Baruch Spinoza, 1632- 1677

Oeuvre principale : L'Ethique

Pour Spinoza, il n'existe qu'une seule substance, qu'un seul sujet au sens propre : Dieu = la Nature.

Dieu ouLa Nature

Dieu

N°1 N°2

Dieu a un nombre infini d'attributs (essences)

N°3

N°4N°5N°n

N° n+1

infini

Dieu

La pensée

Le corpsinfini

Nous ne connaissons que 2 attributs de Dieu : la pensée et le corps.

Dieu

La pensée

Le corps

Dans le temps chaque événement ne se produit qu'en Dieu ; mais il se manifeste dans chaque attribut

Evénement A

PenséeCorpsIndividu X = Un être humain

Dieu ou Nature (version simplifiée).

Événement A = sensationEvénément A =

Activité neuronale

Conclusion partielle : selon Spinoza :

- le sujet humain n'est pas une substance, mais une partie infime de la substance qui est Dieu / Nature.

- la conscience est trompeuse, car elle ne fait que constater des effets superficiels dans le psychisme.

- Spinoza ouvre la voie à tout une critique de la conscience comme source d'illusions (Marx, Nietzsche, Freud ...).

III) Le moi ne serait il qu'une fiction ?

III)A) Nous n'avons pas d'accès direct au moi.

Selon l'empiriste écossais David Hume (1711-1776), nous ne percevons jamais notre moi directement, mais seulement des sensations ou idées. Le moi n'est qu'une croyance.

III)B) Le moi n'est-il qu'une illusion du langage ?

Selon Nietzsche : c'est une illusion grammaticale.Le langage incite à croire que toute qualité, toute action est supportée par un sujet.« La fleur est jaune » ; « La nuit tombe », etc.

Mais le langage n'est pas forcément un reflet de la réalité...

« Dire que s'il y a de la pensée, il doit y avoir quelque chose qui pense, ce n'est qu'une façon de formuler, propre à notre habitude grammaticale qui suppose toujours un sujet agissant »Nietzsche, La volonté de puisance, §147

Friedrich Nietzsche1844-1900

Nietzsche ajoute que cette illusion est renforcée par le désir de culpabiliser les hommes.Il faut bien rapporter les actions à un sujet responsable.

Conclusion :

Concevoir le sujet comme un moi substantiel, permanent et identique à lui-même, est contestable. Peut être que le sujet-substance n'est qu'une fiction de la métaphysique.

Mais ne peut on pas concevoir l'identité du sujet d'une autre manière ?

IV) Comment concevoir l'identité du sujet ?

Qu'est-ce que « l'identité » ?1) Au sens large, c'est le caractère de ce qui est identique ou équivalent : Exemple : identités remarquables : (a+b)² = a²+2ab+b²

2) Pour un individu, l'identité c'est l'ensemble des caractéristiques qui « l'identifient » et le distinguent des autres individus.

Mais le sujet peut il « s'identifier » à cet ensemble de « différences » ?

IV)A) L'identité consiste-t-elle dans l'individualité ?

L'identité du sujet n'est pas donnée d'emblée ; elle se construit.

Pour être un individu il faut avoir une « unité » :

Notre corps constitue-t-il notre « unité » ?

L'unité objective du corps ne suffit pas. C'est l'image subjective de notre corps (ce qu'on appelle le « corps propre ») qui constitue notre identité corporelle.

Aux alentours de 9 mois le bébé commence à se reconnaître dans le miroir, et à forger une image intérieure de lui-même.On appelle cela le « stade du miroir ».

Mais l'image de notre corps est souvent déformée, fantasmée et illusoire. Voir les troubles de l'image du corps comme l'anorexie.

L'identité suppose aussi d'être « unique ».

Sommes nous uniques par notre « code génétique » ?

Certes, mais c'est une unicité « de fait » ; le sujet a besoin d'affirmer ses différences vis-à-vis d'autrui. Conséquence : pour se différencier de X, il faut s'identifier à Y.

L'identité sociale ?

N° Sécurité sociale, adresse, N° compte en banque, identifiants, mots de passe, etc.

Cela permet à la société de « m'identifier » au sens de me « repérer ». Mais il est évident que « je » ne peux pas m'identifier à mon numéro de sécurité sociale.

Les habitus sociaux ?

Selon le sociologue Pierre Bourdieu, « l'habitus » ce sont les dispositions acquises par un individu,(telles que les goûts, les manières d'être, les pratiques langagières), en fonction de son appartenance à un groupe social.L'habitus c'est l'identité du groupe social se manifestant dans l'individu.On voit par cette définition que ce n'est précisément pas ce qui rend l'individu « unique ».

« L'histoire » personnelle ?

Certes, mais c'est plutôt une « mémoire » personnelle, largement reconstruite, en fonction de nos souvenirs, de nos oublis, et des récits familiaux.Cette histoire personnelle n'est elle pas un petit roman ?

Le caractère ?

On sait qu'il change... Parfois on s'adoucit ; parfois on devient lunatique etc.Peut-on postuler un « tempérament » invariant ? C'est douteux ; et de toute manière le « tempérament » définit une catégorie d'individus, et non « un » individu unique.

Il y a là un cercle : mon caractère me définit, mais « je » forme mon caractère ? Où trouver le fondement de mon identité ?

Conclusion :

Chacun d'entre nous est un individu unique. Mais ces différences ne sont pas permanentes, et n'existent que relativement à autrui.Que suis-je vraiment ?

IV) B) L'identité de la personne

Pour être un sujet, il n'est pas besoin d'être « le même » (idem), mais il suffit d'être « soi-même » (ipse). On parle alors « d'ipséité ».

L'ipséité : Pouvoir du sujet pensant de se représenter lui-même comme une seule et même personne, malgré les changements physiques et psychologiques qui adviennent au cours de son existence.

Exemple : lorsque tu regardes une photo de toi enfant ; c'est bien « toi-même » (ipse), mais ce n'est plus « le même » individu (idem).

C'est ainsi que le philosophe anglais, John Locke, considère que ce qui fait l'identité de la personne, c'est le fait qu'elle a conscience d'elle même.

C'est cette conscience de soi qui réunit les différents moments, et les différents aspects de l'existence d'un individu, et qui en fait une personne.

J. Locke1632-1704

IV)C) Le langage structure la conscience de soi

Etre capable de dire « Je », « ce pouvoir élève l'homme  infiniment au-dessus de tous le autres êtres vivants sur la terre. »Emmanuel Kant, Anthropologie, 1798

Etre sujet c'est être capable de se penser soi-même.

Kant 1724-1804

Conclusion : * L'identité d'un moi substance est douteuse

* Les traits individuels font bien un être unique, mais pas une identité unifiée et stable.

* Etre sujet, c'est être une personne = un être conscient de lui-même.

Mais qu'est-ce que la conscience ?

V) Etre conscient c'est être-au-mondeConscience et existence

Question : la conscience est elle une chose ? Peut on lui attribuer un être ? Ou bien la conscience est elle un acte ?

C

Conscience

Une idée contestable de la conscience : l'intériorité de la pensée

C

La conscience comme représentation interne des choses.

Arbre réel ; dehors

Perception visuelle

Conscience de l'arbre = image interne de la réalité

Selon cette conception, la conscience est la faculté de représentation.C'est une interprétation de la conscience en termes purement psychologiques. La conscience est réduite à une chose : l'activité mentale.

Cela conduit à une double impasse :

L'impasse idéaliste : le monde n'est que l'idée que je m'en fais. => mais alors comment connaître le réel ?

L'impasse matérialiste : mes idées ne sont qu'un effet de l'activité du cerveau => nous avons vu que l'on ne peut confondre une idée et une activité cérébrale.

Durant la première moitié du 20ème, différents philosophes refusent de concevoir la conscience comme un ensemble d'événements psychiques, et décident de décrire la conscience dans son mode d'existence.

Qu'ont ils découvert ?

V) A) La conscience et le temps

La conscience n'est pas « dans » le temps, mais elle est ce par quoi le temps (= durée) se déploie.

Etre conscient c'est :

- retenir une expérience passée : mémoire- se projeter vers l'avenir : anticipation- situer l'expérience présente : attention

Pas

Inst

ant

Pré

sent

Fut

ur

Monde des chosesTemps = succession d'instants

Monde de la conscience

Temps = durée

Conscience

A B C

La conscience est donc l'acte de maintenir une chose entre passé et avenir : dans la durée. Ce n'est donc pas une simple chose dans l'esprit.

« La conscience est un pont  entre le passé et l'avenir »Bergson , L'énergie spirituelle

Bergson, 1859, 1941

V)B) La conscience et l'action

La conscience n'enregistre pas passivement les informations venant de l'extérieur. Au contraire, elle est attentive à ce qui permet d'agir, et se détourne de ce qui n'est pas important pour l'action.Plus une action est consciente, plus elle est libre ; moins elle est consciente, plus elle est mécanique.

« Conscience est synonyme de choix »Bergson.

V)C) L'intentionnalité

La conscience n'est pas une image redoublée, elle n'est pas une chose « dans la tête ». Elle est l'acte de se rapporter aux choses.

« Toute conscience est conscience de quelque chose »Husserl.

Ce rapport aux choses est « intentionnel » = La conscience attribue à l'objet une certaine signification.

Cette propriété de se rapporter essentiellement à autre chose que soi, en lui donnant une signification, Husserl l'appelle « intentionnalité ».

CConscience d'arbre

Objet visé par la conscience = objet « intentionnel »L'intentionnalité

Cela veut dire que :

1) La conscience n'existe pas en elle-même ; mais relativement aux choses.2 ) La conscience fait apparaître ces choses dans un certain réseau de significations. Le monde est relatif à la conscience.3) La conscience ne se confond pas avec ces choses. Ces choses sont bien réelles.

La conscience constitue la signification de l'objet. Mais elle ne crée pas l'objet

C

perception

Première conséquence : la conscience peut attribuer différentes significations à un même objet.

Conscience de pyromane

Conscience de peintre

Conscience technicienne

Deuxième conséquence : pour l'être conscient « l'existence précède l'essence »

«Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après.»Jean Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme

Troisième conséquence :

Toute conscience d'une chose est implicitement une conscience réfléchie.

En effet être conscient de quelque chose, c'est précisément ne pas être cette chose. C'est poser cette chose devant soi : « ob-jet ».Implicitement c'est se poser, soi, comme la source de cette chose : « sub-ject », « sujet ».

Donc la conscience directe peut toujours devenir conscience réfléchie.

Quatrième conséquence : Je ne suis pas cet individu que j'ai conscience d'être.En effet, ce « moi » dont j'ai conscience est encore un objet de ma conscience.Donc : « je » ne suis pas « moi ».

« Je est un autre », Rimbaud.

Je peux cependant dire que je suis l'ensemble des actes et des expériences qui ont constitué ma vie.

« L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait »Sartre, L'existentialisme est un humanisme.

Résumons l'essentiel :

* la conscience n'est pas un être, mais un acte.

* être conscient c'est se projeter dans le monde ; c'est donc se choisir.

* il ne faut pas confondre le sujet conscient avec le « moi » auquel il s'identifie.

* la conscience ne crée pas le monde, mais elle le fait apparaître selon certaines significations.

* toute conscience de quelque chose est implicitement consciente d'elle-même.

VI) La conscience morale

Question : la conscience morale est elle une invention culturelle, non nécessaire, ou bien est-elle le parachèvement de la conscience ?

Certes, une certaine morale est le produit de l'intériorisation des interdits, des normes propres à un groupe social.

Ce sont les « bonnes moeurs », les bons usages : ce qui se fait, et ce qui ne se fait pas.

En ce sens la « conscience morale » n'est rien d'autre qu'un mécanisme de prohibition et de culpabilité (Cf Freud : cours sur l'inconscient).

Disons que c'est une conscience de la morale, mais pas une conscience morale en elle-même.

Mais toute conscience est intentionnelle, avons-nous dit.Et toute conscience est capable de se réfléchir elle-même.Par conséquent le sujet conscient peut toujours réfléchir à ses propres intentions. S'il ne le fait pas c'est qu'il ne le veut pas.

Or c'est précisément la démarche morale : que dois-je vouloir ? Comment dois-je me comporter ?

Exemple :Celui qui commet un acte de violence sur autrui, sait implicitement qu'il agresse une personne et transgresse un interdit.

S'il ne le sait pas c'est qu'il est une brute stupide, ou un enfant trop jeune.

S'il ne réfléchit pas à son geste c'est qu'il ne le veut pas.

Chaque être conscient est donc responsable de réfléchir à ses actes.

Il y a peut-être parfois de bonnes raisons de ne pas réfléchir. Mais nous sommes responsables de ce choix.

“Ce mouvement intérieur est dans toute pensée ; car  celui qui ne se dit pas finalement : « que dois-je penser ? » ne peut pas être dit penser. La conscience est toujours implicitement morale.”Emile Chartier, dit Alain

Conclusion :

* Etre un sujet c'est au fond ne pas s'identifier à une nature, qu'elle soit spécifique ou individuelle.

* Etre un sujet conscient, c'est, pour un être vivant, avec son corps, entrer dans une relation au monde qui ne soit pas mécanique (stimulus/réponse) mais une relation de sens (intentionnalité).

* La conscience crée une distance entre soi et le monde, entre soi et les autres, entre soi et soi. C'est ce qui permet l'esprit critique, mais aussi la réflexion morale.