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7/21/2019 Pr Ése Ntation
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Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Métaphysique
et de Morale.
http://www.jstor.org
PrésentationAuthor(s): Jeffrey Andrew BarashSource: Revue de Métaphysique et de Morale, No. 1, Mémoire, histoire (JANVIER-MARS 1998), pp
. 3-6Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40903575Accessed: 14-08-2015 08:13 UTC
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7/21/2019 Pr Ése Ntation
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Présentation
La dernière
décennie
témoigne
d un
important
enouvellement e
la
réflexion
utour de la
question
de la
mémoire,
étendantbien au-delà
des
frontières e
l Europe
ou
du
monde
occidental. Ce renouvellement
est d autant
plus frappant u il
intervient
près
une
période
de
relative
éclipse
durant
aquelle
cette
question
avait cessé
d occuper
la
place
cen-
trale
qu elle
tenait
dans
l interrogation hilosophique
du
début
du
siècle,
telle
qu elle
a
pu
se
déployer
notamment
partir
de l œuvre
de Henri
Bergson
ou encore des
analyses
de Maurice
Halbwachs concernant a
mémoire
collective1.
Ce
qui
a suscitécetterecrudescence
écentede l intérêt
our
le
thème
de la mémoire
n est d ailleurs
pas
tant la
reprise
d une
problématique
bergsonienne
à
laquelle
Halbwachs
pouvait
ncore adresser
e
manière
critique
,
qu une
recherche
niméed un tout autre ouci
le
souci
propre
à
l historien,
ui interroge
a mémoire n
premier
ieu dans son lien à
l histoire. C est cette nterrogationvant tout menée par les historiens
qui
a
conduit
à
réévaluer
importance
d une
enquête
sur la mémoire
pour
la
réflexion
hilosophique,
en
soulignant
on caractère
à la fois
problématique
t
fondamental.
Le
présent
numéro
de la
Revue
de
Métaphysique
et de Morale s est
donné
pour
but de contribuer l examen et à la
clarification,
partir
de
perspectives
iversifiées,
es
enjeux
et des
implications
e
la réflexion
contemporaine
ur
la
mémoiredans
son
rapport
à
l histoire. Les
cinq
études rassemblées
ci,
respectivement
édigées
par
deux
historiens,
n
spécialiste
de la littérature
nglophone
et
deux
philosophes,
tentent
d éclairercet aspect de la mémoirequi se montre out particulièrement
problématique
à
savoir,
la
mémoire
plurielle,
ou ce
que,
notamment
depuis
les travaux
de
Maurice
Halbwachs,
l on
a
coutume de nommer
la
«
mémoire
ollective .
Or,
ce
qui
ressort
de
ces diverses
tudes,
en
dépit
de la
spécificité
e
l approche
que
chacune d elles
propose,
c est
le rôle charnière
ue
tient
ujourd hui l investigation
ur les lieux de la
mémoire ollective
pour
l examen du
rapport
entre
mémoire
t
histoire.
1. Une
nouvelle
édition de La
mémoirecollectivede Maurice Halb
wachs,
qui
intègre
des
passages
du livre
supprimés
ans
la
première
dition,
est
parue
en
1997 aux
éditions
Albin Michel.
Revue de
Métaphysique
t de
Morale,
N°
1/1998
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4
Jeffrey
ndrew Bar sh
C est ainsi
que
le statut
spécifique
d une mémoire
plurielle,
d une
mémoire
publique,
fait
l objet
d une
analyse
approfondie
dans l étude
de Paul
Ricceur,
ntitulée
La
marque
du
passé
». Dans cette
étude,
Ricœur
s interroge
ur le statut la fois
épistémologique
t
ontologique
d un
passé qui
«
a été
»
et dont les individus
omme
es
sociétés retien-
nent e
souvenir,
mais
qui,
comme
e
langage
ordinaire
exprime,
«
est
»
plus.
Or,
où
précisément
éside
ce souvenir? Si toute une traditionde
réflexion ur la mémoire
depuis
Platon et Aristote voulu ramener a
mémoire la métaphorede l empreinte,Ricœur cherche montrer ue
la mémoire
plusieurs
dont
dépend
la
connaissance
historique
n est
pas
simplement
ssimilable
à ce
topos
traditionnel.Ce
qui
caractérise
a
mémoire
publique
qui
alimente e travail de
l historien,
est le statut
privilégié
u
témoignage,
a
possibilité
de confronter ifférents émoi-
gnages
es uns
avec les
autres,
dont
dépend
la
crédibilité
u récithisto-
rique.
C est
ainsi moins a
problématique
une
ressemblance
ntrerécit
et événements acontés
problématique
de
la
trace,
héritée
d une ten-
dance traditionnelle identifier
a
mémoire
avec
l empreinte que
la
confrontation
e
témoignages
ans leursdifférents
egrés
de
fiabilité
ui,
selon Ricœur, nous fait assisterà l événementraconté.
Cette
réflexion
ur le
décalage
entre mémoire
t
histoire
uvre,
dans
la
deuxième
partie
de cette
étude,
à une
analyse
approfondie
de la tem-
poralité ropre
u
passé qui
fait
objet
du souvenir
t amène
Paul
Ricœur
à
se confronter
u
privilège
ccordé,
dans la
synthèse
es trois
modes
du
temps,
chez saint
Augustin
au
présent
t chez
Heidegger,
u
futur.
De cette
manière,
Ricœur cherche
à
rééquilibrer
a
synthèse
es
temps
en
lui
restituant
n autre
rapport
u
passé, que
l on ne saurait atteindre
à
partir
d Augustin
ou de
Heidegger.
Libérer l histoire
du
modèle
de
la trace,de la métaphore e la mémoire ommeempreinte, evient réci-
sément
la restitution
e ce
mode de
temporalisation
u
passé jusqu ici
esquivé
cet
autre
rapport
au
passé
vise,
conjointement
la mise
en
évidence
du
témoignagepropre
au travail
de
l historien,
souligner
a
dette
envers e
passé,
comme
la
possibilité
d une
délivrance
de la dette.
C est,
en
effet,
n délivrant
par
le
moyen
de
l histoire,
es
promesses
non
tenues,
voir
empêchées
et
refoulées
par
le
cours ultérieur
e l his-
toire,
qu un peuple,
une
nation,
une entité
culturelle,
euvent
accéder
à une
conception
ouverte et
vivante de leurs
traditions
.
En
un tout autre
sens,
l étude
de Reinhart
Koselleck
prend
également
pourthème a dette nvers e passé, sous la forme e l examende l injonc-
tion à la commémoration
ollective
ont es
monuments édiés
aux soldats
morts u combat
portent
émoignage.
Koselleck
retrace a
manièredont
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Présentation
5
cette
njonction
pu
revêtir
ne historicité
aractéristique
es
Temps
modernes.
récédant une
décennie
a
publication
u
prestigieux
nven-
taire
ue représentent
es Lieuxde
mémoire,
ont ierre
ora st e maître
d œuvre2
t centré
ur les
enjeuxpolitiques
e la commémoration
n
France,
e travail
e Koselleck
ise
dégager
arrière-planuquel
merge
la
volonté e commémoration
olitique
u affichent
es
monuments
ux
morts. elon
argument
e
Koselleck,
a fonctionnalisation
olitique
t
la démocratisation
roissantese
a
commémoration
ont
émoigne
exten-
siondes monumentsux morts epuis a Révolutionrançaise ontété
rendues
ossibles
ue par
un
long processus
e sécularisation.
Dans étude
ntitulée
De
l histoire,
artie
e la mémoire
la
mémoire,
objet
d histoire
,
Krzysztof
omianmet n évidence
a transformation
importante
u
rapport
ntre
mémoiret histoire
epuis
aube des
Temps
modernes
ux
xve
et
xvie
iècles. elon
ui, histoire,
n tant
ue
connais-
sance
historique,
affranchit
e
plus
en
plus
nettement
partir
u début
de
l époque
moderne e sa
dépendance l égard
de
la mémoire ollec-
tive,
t notamment
e la mémoire es élites
ettréese la chrétienté.
ux
yeux
e
Pomian,
ette
modification
u rôle
de la
connaissance
istorique
met nquestiona placede la mémoire ollectiveomme eul ienentre
les
époquespermettant
e remonteru
passé
au
présent.
ette
modifica-
tion
orrespond
la fois
l émergence
un
nouveau
tatut
pistémolo-
gique
et d une nouvelle nsertionnstitutionnelle
e la connaissance
historique.
n
dégageant,
ans étude
du
passé,
une
ogique
ne
dépen-
dant
pas
exclusivement
e ce
qui
a
pu
faire
objet
d une remémoration
explicite,
a nouvelle onnaissance
istorique
ermet
e
jeter
un
regard
critique
ur
ce
qu une
époque
choisit
e
retenir n mémoire.
L étude e Cairns
raig
ntitulée
T. S.
Eliot,
. A.
Richards
nd
Empi-
ricism s
rt f
Memory analyse
e
thème
e la
mémoireollectiveous
l anglede la créationittérairetartistique. rolongeantun desthèmes
centrauxxaminés
ans son œuvre
magistrale,
eats, liot,Pound,
and
thePolitics
f Poetry,
airns
Craig
met
n évidencea
grande
ifficulté
que pose
a
communication
oétique,
urtout
partir
e
Coleridge, our
la théorie
mpiriste
e
l association es
dées,
fondée
ur es
présupposés
hérités e la traditione Locke et
de
Hartley.
e
l époque
de
Coleridge
au
début
du xixe
iècle,
usqu à
celle
d I. A.
Richards
t de
T.
S.
Eliot,
un
siècle
lus
tard,
estcette ifficulté
ui
a suscité
n
débat
mportant
parmi
es
poètes
t
critiques
ittéraires
ritanniques
la discussionutour
2. En 1997
les éditions Gallimard
ont
publié
une nouvelle édition en trois tomes des
Lieux de
mémoire,
dirigée par
Pierre Nora.
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6
Jeffrey
ndrew Barash
de la
possibilité
e
la
communication
un sens
poétique,
tel
qu il émerge
du
génie
du
poète,
à un lecteur
qui
n est
pas
doté de la
même force
créatrice,
t dont
es idées
prennent
écessairementaissance
dans d autres
processus
ssociatifs.
airns
Craig
montre
omment ettedifficulté
onduit
à une
crise
de
l interprétation
ui
trouve ne
possible
ssue dans les
concep-
tions de la mémoire
collective hez
Eliot
et
Richards.
Par l idée d une
mémoire
ollective,
hacun
de ces auteurs
tente de rendre
compte
non
seulement
de
la
persistance
de certaines
dées,
mais
de
la transmission
du principe e leur enchaînement.n reformulantinsi es théories mpi-
ristesantérieures
e l association
des idées
à la lumière
du
phénomène
de
la
mémoire
ollective,
es
auteurs entent
e
comprendre
a
possibilité
de la communicabilité
oétique
en
dépit
de l écart
qui,
selon
eux,
sépare
le
poète
de son
lecteur.
Mon étude
«
Les sources
de
la mémoire clôt le
présent
volume.
La
conviction
ui
nourritmon
approche
est
qu aucune
des
grandes
héorisa-
tions
traditionnelles
e la mémoire n
Occident
la
réminiscence
lato-
nicienne,
a mémoire
omme
garant
de l identité
personnelle
u sens de
Locke,
la remémoration
égélienne
du
parcours
de
l Esprit
-
n est en
mesurede nous aider à dégager a spécificité e ce phénomène, el qu il
se
montredans
le contexte
ontemporain.
A
la
suite du
défi lancé
par
Nietzsche ans
la
Seconde
considération
ntempestive
t en tenant
ompte
des sombres
épreuves
du
xxe
siècle,
nous nous
trouvons
face à
l obliga-
tion de
repenser
e
que signifie
se souvenir
.
Mon étude
réfléchit ur
la
possibilité
d envisager
une théorie
de la mémoire
ui,
tout en évitant
les connotations
métaphysiques
e la réminiscence
latonicienne,
ne se
trouve
pas
pour
autant cantonnée
au domaine lockien
de l identité
per-
sonnelle.
l
s agit
alors de
promouvoir
e thème
d une mémoire
plurielle
qui,
en
renonçant
la certitude
bsolue au sens
de
Hegel,
nous
permet
de sonderune mémoire ollective ui seraitmoinsdu côté de la légitima-
tion
identitaire
ue
de celui
de la manifestation
es
inconsistances,
es
failles,
des refoulements
ouchant
au cœur de notre existence
plurielle
contemporaine.
C est sous
ces diverses
accentuations
que
nous nous
proposons
de
relancer,
notre
manière,
dans le
présent
olume,
e débat
sur es
enjeux
de la mémoire
dans
ses liens
à l histoire.
Jeffrey
ndrew
Barash
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