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Nom et prénom: Mme HANINE Sanae Institution: l’Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des entreprises–ISCAE- Casablanca Adresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de Promotion des Œuvres Sociales Education Formation - BP 6281 Madinat Al Irfane Rabat.N° téléphone : 00 212 61 94 86 135E-Mail : hanine.sanae@gmail.com
Titre de l’article: Capital immatériel : un imbroglio épistémologique
Résumé :
A l’instar de toutes les nouvelles disciplines qui tendent vers la scientificité, le capital immatériel (CI) se heurte à des problèmes de nature épistémologiques. Le présent article tentera de mettre la lumière sur l’état de l’art du CI en tant que discipline scientifique du point de vue conceptuel, définitionnel, de classification, de modélisation et de théorisation. Une lisibilité de ces difficultés se fera à travers l’analyse des travaux de recherches les plus récents qui ont été menés sur le sujet. Une assise historique qui retrace de la genèse du concept, qui remontent aux années 20, et son évolution sera évoquée pour éclaircir les problématiques actuelles.
Abstract:
Like all new disciplines that tend toward scientism, intangible capital (IC) collides with many epistemological problems. This article will attempt to shed light on the state of the art of IC as a scientific discipline from a conceptual, definitional, classification, modeling and theorization points of view. Readability of these difficulties will be done through analysis of the latest research work that has been done on the subject. A historical foundation that traces the genesis of the concept, dating back to the 20s, and its evolution will be discussed to clarify the current problems.
Mots clés : capital immatériel, conceptualisation, classification
1
Introduction
Dans une économie mondialisée, fonctionnant de plus en plus en constellation, de plus en plus
dématérialisée et basée sur la connaissance, le capital immatériel (CI), avec ce qu’il induit
comme composantes, capital humain, capital relationnel et capital organisationnel,1 est
reconnu comme un levier majeur de création de la valeur et de l’innovation rapide dans le
travail et dans les services (Wickramansinghe et Sharma, 2005).2
Le CI est reconnu comme ayant un impact de plus en plus prépondérant sur la croissance
économique globale et sur la productivité. Il constitue un avantage concurrentiel évident pour
les entreprises (Daud & Yusoff, 2010; Khalique, Shaari, Isa & Ageel (2011). Il peut être
également considéré comme un facteur clé de succès (Ramezan 2011). Il a été démontré que
pendant l'ère post-crise financière, il est devenu clair que les pays, ayant des actifs incorporels
nationaux supérieurs, ont mieux résisté à la crise et ont rebondi plus vigoureusement en
comparaison avec ceux disposant d’actifs incorporels inférieurs (Lin et al 2013).
Le CI est caractérisé de révolutionnaire parce qu’il tend à renverser les acquis et les
absolutismes dans plusieurs domaines : gestion, finance, économie, enseignement supérieur et
recherche, fiscalité, développement social… etc. L’économie de l’immatériel donne de
l’espoir aux pays en voie de développement de pouvoir trouver la richesse en dehors des
facteurs traditionnels de la production.
L’intérêt de l’approche par le capital immatériel réside dans le fait qu’elle peut être holistique
et peut s’appliquer à toutes les formes d’organisation : une entreprise, une administration, une
ville, une région, un territoire et un pays.3 Cette approche peut également constituer une grille
de lecture systémique de l’économie d’un pays du point de vue de la création globale de la
1 La taxonomie des trois types de capital humain, organisationnel et relationnel est la plus usitée dans la littérature relative au CI. Elle a été appliquée dans la plupart des mesures. Cette taxonomie était, à l'origine, présentée par Karl-Erik Sveiby dans son livre (Knowledge Management) (Sveiby 1986), et son travail depuis le milieu des années 1980 a été identifié comme la racine de tout le mouvement relatif à IC (Sullivan, 1998; Edvinsson, 2005; Andriessen et Stam, 2004). Il a été développé par de nombreux chercheurs, notamment Edvinsson et Malone (1997).2 Nakamura (2000) a estimé la valeur des investissements des Etats Unies en actifs immatériels durant les années 2000 avoisinée le 1.0 trillion de dollars. 3 Sur la base des évaluations réalisées par la Banque mondiale, le capital immatériel du Maroc a progressé, entre 2000 et 2013, de 4,7% en moyenne par an, soit près de 82% sur toute la période. Sa contribution à la richesse globale est passée de 72,8% en 2000 à 75,7% en 2013. Un tel niveau, selon les experts, est proche de celui des pays développés.
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richesse. Le CI permet, de ce fait, de procéder à des diagnostics plus pertinents et d’élaborer
des plans d’actions plus efficaces.4
Bernhut, (2001); Luthy, (1998); Marr, (2008); Steenkamp et Kashyap, (2010) ont fait valoir
que le capital « intellectuel » 5 est l'un des trois ressources critiques (les deux autres étant le
capital physique et financier/actifs) des organisations. Ce dernier est subséquent à la
performance d'entreprise (Bontis, 1998; Bontis, Chua & Richardson 2000; Huang et Wu
2010). Ngah & Ibrahim, (2009) ont constaté que le capital « intellectuel » est la ressource la
plus importante pour le succès et la survie des entreprises.6
Au vu de ce qui précède, cette nouvelle thématique de recherche commence à revêtir une
importance exponentielle pour de la communauté scientifique. Un nouveau champ de
recherche est née pour les académiques mais également pour les gestionnaires, les financiers,
et les économistes (La Puerta 2011). Néanmoins, (Kaufmann & Schneider 2004)7 ont
effectué un travail de recherche sur les principales publications depuis 1997 concernant le CI,
ils ont déclaré que la revue de la littérature montre clairement que la plupart des publications
dans ce domaine manquent encore de fondement théorique. Le présent article ce focalisera sur
les obstacles auxquels se heurte le CI en tant que discipline scientifique du point de vue
terminologique, définitionnel et de classification. L’euphorie qui accompagne le CI, comme
trouvaille révolutionnaire, se heurte toujours aux problématiques de cadrage de la discipline,
de théorisation et de normalisation.
En effet, de par la polysémie du terme lui-même, considérant la pléthore des concepts qu’il
englobe, son ambiguïté et son ubiquité, ainsi eu égard au large spectre des disciplines qui lui
sont connectés : économie, finance, gestion, comptabilité, systèmes d’information,
management des connaissances, ressources humaines, développement humain.. se pose,
alors, la problématique pour cadrer le CI, le théoriser et le modéliser.
(Kaufmann & Schneider 2004), dans leur recherche, qui a porté sur un large spectre de
publications dans le domaine du CI, affirment qu’ils se sont heurtés à un grand nombre de 4 Aux États-Unis 11,7% du PIB a été investi dans des actifs incorporels en 2003 (Corrado et al., 2009), 10,1% du PIB au Royaume-Uni (marrane et Haskel, 2007), 7,6% en Allemagne (Crass et al., 2009), 8,7% en France, 5,15% en Italie et 5,2% en Espagne (Hao et al., 2009).5 Cette appellation est notamment utilisée dans la littérature anglophone. Dans la littérature anglophone on parle de capital immatériel (CI)6 Karanja N., (2014): “Intellectual Capital Theory of Entrepreneurship”, European Journal of Business Management, 2(1), 161-180.
7 Voir leur article: Lutz Kaufmann, Yvonne Schneider, (2004): “Intangibles: A synthesis of current research”, Journal of Intellectual Capital, Vol. 5 Iss: 3, pp.366 - 388
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concepts et de définitions différenciés. Une grande partie de la littérature, analysée par leurs
soins, ne parvient pas à fournir un modèle théorique ou empirique uniforme pour la gestion du
CI. La discussion de la question reste à un niveau très abstrait et généraliste.
(Diefenbach2002) estime qu’il y a peu de tentatives pour cadrer cette thématique.
La recherche sur le CI se caractérise par une grande variété de points de vue et
d’interprétations. Cette situation ouvre la porte à une multitude de possibilités de poursuivre
les recherches dans ce domaine important de l’économie, la gestion, les finances, la
comptabilité, les SI bref pour le développement en général.
Cette présente recherche sera amorcée par un rappel historique de la genèse du capital CI.
I. Genèse
1.1. Les théories néoclassiques
Les racines du CI remontent au début du 20ème siècle. Joseph Schumpeter8 soulignait, alors à
l’époque, de l’importance de l’innovation pour la croissance : réduction des coûts, création de
nouveaux marchés et gains de productivité. Les années 80 ont connu un net développement du
concept qui était étroitement associé, dans un premier temps, à la notion du « goodwill ».9
Cependant, des recherches antérieures sur les facteurs explicatifs de la croissance économique
ont constitué l’assise de sa genèse notamment la fonction de Cobb-Douglas10 (1928) qui
constitue le point de départ de l'analyse économique des facteurs de la croissance.
L'économiste américain C.W. Cobb,11 aidé par le mathématicien P. Douglas, a tenté de
chercher la relation existante entre la production globale de la nation et les facteurs de
production utilisés qui consistaient en le stock du capital et la force de travail.12 L’intérêt des
travaux du Pr. Douglas réside dans les efforts entrepris pour calculer les coefficients de la
8 Joseph Schumpeter (1999) : « Capitalisme, socialisme et démocratie », Dalloz9 Le Goodwill est la traduction anglaise de survaleur. Le Goodwill est la différence entre le montant de l'actif figurant au bilan d'une entreprise et la valeur marchande de son capital matériel et immatériel. 10 La fonction de Cobb-Douglas est une fonction largement utilisée en économie pour représenter le lien qui existe entre intrant et extrant. Cette fonction a été proposée et testée économétriquement par l'économiste américain Paul Douglas et le mathématicien américain Charles Cobb en 1928.11 Pour plus d’informations sur cette fonction voir l’article de : Fruit René : La fonction de production de Cobb-Douglas. In: Revue économique. Volume 13, n°2, 1962. pp. 186-236.
12 Certains chercheurs font remonter les raciness du CI aux années 20, voir à ce sujet l’article de M. Abramovitz et P. David, Technological change and the rise of intangible investments : the US economy's growth-path in the twentieth century in Employment and growth in the knowledge-based economy, Documents OCDE, 1996
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fonction pour une économie concrète que dans la mise au point d'un type particulier de
fonction, conforme aux théories économiques généralement admises (Fruit 1962).
Cette étape, importante dans la genèse du CI, a été suivie dans les années 50 par l’émergence
du modèle de croissance néoclassique de Solow (1956). Ce modèle est fondé sur une fonction
de production à double facteurs à savoir le travail et le capital. Il supposait que le
développement technologique avait une origine exogène et qu’il est incorporé dans le capital
physique et le travail. La production résulte donc exclusivement de la mise en combinaison
d'une certaine quantité de capital (capital physique) et de travail (main d'œuvre). Autrement
dit, pour Solow, la croissance, sur le long terme, provient du progrès technique qui est
considéré comme exogène.
Dans les années 1960, Schultz (1961), Becker (1962), Mincer (1969) et Nelson et Phelps
(1966)13 soulignaient la grande importance de l’«investissement dans les personnes». En
1962, aux Etats-Unis, E. Denison a introduit, pour la première fois, l'éducation de manière à
refléter l'amélioration du facteur travail et par transitivité, la hausse de sa productivité dans le
temps. Pour l'essentiel, l'idée était que l'éducation constitue le principal investissement en
capital humain et de ce fait, l'introduire dans la fonction de production permettait de prendre
en compte la variation de la qualité du facteur travail.14
Les travaux des années suivantes pilotés par Arrow (1962)15 et Sheshinski (1967) se sont
efforcés d’apporter une solution à la croissance de long terme, en proposant une théorie du
progrès technique. Ils ont alors proposé des modèles dans lesquels les découvertes étaient des
retombées de la production ou de l’investissement (mécanisme décrit comme l’apprentissage).
Chaque découverte a des retombées immédiates sur l’économie (diffusion rapide).16
1.2. Les années 80 : les immatériels dans les théories de la croissance endogène
Les années 80 ont connu l’émergence des théories sur la Recherche-Développement (R&D) et
la diffusion progressive des innovations technologiques. De nombreuses tentatives
d'explication et de prédiction de la croissance à long terme, qui coïncidaient avec l'émergence
13 Jess Benhabib et Mark Spiegel (1994) ont prolongé les travaux de Nelson et Phelps en développant l'idée que des travailleurs plus éduqués innovent plus rapidement.14 Levi Mario (1968):La croissance des nations. In: Politique étrangère N°6 - 33e année pp. 607-623.15 Voir son opus «The Economic Implication of Learning by Doing»16 Voir l’article de Stahle, P., Stahle, S, & Lin, C. (2015) : « Intangibles and national economic wealth - a new perspective on how they are linked», Journal of Intellectual Capital, Vol. 16 Iss: 1
5
du phénomène immatériel ont été mises en œuvre.17 De nouvelles théories de croissance ont
été élaborées: les théories de la croissance endogène issues principalement des travaux de
Romer18 (1986, 1987, 1990)19 et Lucas (1988), en surmontant les restrictions du progrès
technologique, implicites dans le modèle de Solow, mettent l’accent sur l’accumulation du
capital humain comme source déterminante de la croissance économique.
Ces derniers se sont inspirés des recherches de Robert Lucas (1988) qui fut le premier à
considérer l’accumulation de capital humain comme une source décisive de croissance
endogène. Pour lui l’éducation catalyse l’accumulation du capital humain que détient la main-
d’œuvre, ce qui stimule la productivité du travail et accélère la croissance économique.
Romer (1986) a confirmé que la production nécessite non seulement les facteurs
traditionnels tels que le capital et le travail, mais aussi des compétences (capital humain),
recherche et innovation technologique, division croissante du travail (investissements en
organisation et réorganisation) liée au progrès technique (capital structurel ou
organisationnel). Les théories des années 80 tentent d'expliquer et de formaliser les effets de
la variable considérée longtemps comme exogène: le progrès technique (Brynjolfsson, Hitt et
Yang, 2002). Mankiw et alii suggèrent toutefois que les autorités publiques pourraient assurer
une croissance positive à long terme en déployant une politique de soutien à l’éducation qui
maintiendrait positif le taux d’accumulation du capital humain (Aghion et Howitt, 2009).
La croissance est alors expliquée par l’accumulation de quatre facteurs principaux : le capital
physique, la technologie, le capital humain et le capital public. Le rythme d’accumulation de
ces variables dépend de choix économiques, c’est pourquoi on parle de théories de la
croissance endogène.
La connaissance fut considérée comme un facteur déterminant pour le progrès technologique
représentée par l’éducation (Romer 1986, 1990), introduisant ainsi le concept de l'actif
incorporel dans les calculs de la productivité,20 ou par les recherches et développement (Lucas
17 Pour plus d’informations sur ce sujet voir l’article de Romer P., 1986 sous le titre « Increasing Returns and Long-Run Growth », Journal of Political Economy, vol. 94, pp.1002-1037. On doit l'expression croissance endogène à cet économiste américain et de Lucas R., 1988, «On the Mechanics of Economic Development», Journal of Monetary Economics, vol. 22,pp. 3-42.
18 ROMER, Paul (1990), « Endogenous technical change », in Journal of Political Economy, vol. 98, n° 5.19 Pour plus de détails sur ce point voir la thèse de Yassine Louzzani. Sous le titre « Immatériel et performances des entreprises : Cas des entreprises industrielles en France sur la période 1994-1998 ». Business Administration. Université des Sciences Sociales - Toulouse I, 200420 Lorsque Romer (1986) a ajouté à la fonction de production de Cobb-Douglas le facteur de capital humain.
6
1988). 1.3. Les années 90 : la consolidation
Le rôle de la technologie et de la connaissance comme les principaux moteurs de la croissance
se sont renforcés (Romer 1986, Ikonen 1999, Fritsch 2002, Yoo 2003, Ang 2009, et Ishise
Sawada 2009). Les travaux poursuivis par Grossman et Helpman (1991), Aghion et Howitt
(1992), Barro et Sala-i-Martin (1995) ont affirmé que le progrès technique résulte d’un
objectif fixé en recherche-développement, activité récompensée selon Schumpeter (1934) par
la détention d’une forme de pouvoir monopolistique expost.
Barro et Sala-i-Martin (1998) ont examiné un large éventail de facteurs institutionnels et
organisationnels qui influencent la croissance. Tandis que d'autres chercheurs ont également
étudié les facteurs sociologiques (capital social) Ishise 2009, l'innovation (Fritsch 2002)
(Czarnitzki 2008) et la valeur ajoutée des efforts (Ang 2009).
Dans ce cadre, Abramovitz (1994) a suggéré que la réussite économique ne dépendait pas
uniquement des compétences individuelles, mais aussi sur les organisations du secteur privé et
public ainsi que sur l’environnement sociétal plus large, y compris les relations
internationales. Lall (1992) a souligné que l’avantage technologique national est constitué par
les compétences techniques et générales, les R & D, les brevets, la qualification technique du
personnel, la prise de décision politique et des institutions pérennes.
Ces modèles ont été relancés dernièrement grâce à l’intégration de nouvelles variables
explicatives (régime politique, démocratie…), de nouvelles relations (dépassement de la
croissance trop restrictive afin d’intégrer les analyses en termes de développement, IDH21 de
Armatya Sen) et du principe de convergence conditionnelle (Barro). Ainsi alors que l’analyse
des découvertes renvoie au rythme du progrès technologique dans les économies de pointe,
l’étude de la diffusion de ces découvertes renvoie à la manière dont les économies suiveuses
se partageront par imitation ces découvertes (possibilité de convergence proche du modèle
néoclassique car l’imitation coûte moins cher que l’innovation).
Au fil des ans, de nombreuses études ont été menées (Mankiw et al., 1992)22 ;Islam, 1995;
Ikonen 1999, Poliment 2007) sur le capital social (Ishise 2006),23 l'innovation (Fritsch 2002
21 IDH : Indice de Dévellopent Humain 22 Voir son article avec Romer D. et Weil. D.N. (1992): “A contribution to the empirics of economic growth”, Harvard College and the Massachusetts Institute of Technology, in The Quarterly Journal of Economics 23 Hirokazu Ishise & Yasuyuki Sawada ( 2006) : “Aggregate Returns to Social Capital: Estimates Based on the Augmented Augmented-Solow Model” CIRJE F-Series CIRJE-F-413, CIRJE, Faculty of Economics, University of Tokyo.
7
Czarnitzki 2008), la R & D (Abdih 2008) et les efforts de la valeur ajoutée (Ang 2009). Otto
Toivanen et Lotta Väänänen (2013)24 ont cherché à déterminer si l’éducation stimulait
l’innovation. De cette manière, leurs travaux éclairent l’un des canaux par lesquels
l’accumulation de capital humain influence la dynamique de la croissance économique. Leur
analyse se concentre sur la formation en ingénierie en Finlande, d’une part, car les brevets
d’invention sont généralement déposés par des ingénieurs et, d’autre part, parceque la
Finlande se distingue des autres économies avancées par sa proportion élevée d’ingénieurs.
Selon Stahle, P., Stahle, S, & Lin, C. (2015), ont élaboré une récapitulation sur les courants
de recherche sur le capital immatériel. Selon eux, les vingt dernières années ont vu émergé
trois traditions de recherche distinctes qui ont eu peu d'échange et de dialogue mutuel. Il s’agit
de :
a. Le premier courant (afférent au capital humain) : a été principalement axé sur les
facteurs individuels et les éléments qui les renforcent (le savoir-faire technologique,
les innovations et le développement de produits) et de leurs impacts sur la
productivité, (Romer 1986, Ikonen 1999, Fritsch 2002, Yoo 2003, Ang 2009, Ishise
Sawada et 2009).
b. Le deuxième courant : est le cadre de la comptabilité nationale (Corrado 2005,
Aghion et Howitt 2007, Hulten 2008)25, initié par le modèle de Corrado, Hulten et
Sichel (CHS) (Corrado et al., 2009).26 Ces auteurs considèrent un certain nombre de
dépenses « incorporelles » qu'il convient de traiter comme des investissements, plutôt
que comme des consommations intermédiaires, pour une meilleure description et
analyse des économies modernes dont la croissance et les performances sont de plus
en plus fondées sur ces investissements. Ils présentent ensuite les premières
évaluations de ces investissements incorporels pour les États-Unis, en les classant en
trois grandes catégories : Logiciels-Bases de données (Computerized information),
Études techniques-R&D (Scientific/creative property) et Formation-Organisation-
Publicité (Economic competencies).
24 Otto Toivanen and Lotta Väänänen (2014): «Education and Invention», CEPR Discussion Paper. 8537, August.25 Aghion, Ph., & Howitt, P., (1992): « A model of growth through creative destruction », in Econometrica, vol. 60, n° 2.26 Voir leur article Carol Corrado, Charles Hulten, and Daniel Sichel (2004): “Measuring Capital and Technology: an Expanded Framework”, Finance and Economics Discussion Series, Divisions of Research & Statistics and Monetary Affairs, Federal Reserve Board, Washington, D.C.
8
c. Le troisième courant : de recherche a été engendré en Suède dans les années 1990.
L'objectif de cette ligne de recherche est focalisée sur la définition, la modélisation et
l’évaluation des actifs incorporels (Sveiby 1997 et 1998; Edvinsson et Malone 1997;
Andriessen 2004, 2008, Navarro 2011, IUS 2012, KAM 2012).
Toutes ces approches ont considérablement fait progresser la mesure de la productivité.
Cependant, les analyses de l'impact du capital immatériel sur la productivité ont eu tendance à
rester assez étroitement ciblées, abordant généralement seulement une variable qualitative à la
fois. Le défi reste encore de la façon de tenir compte de tous les principaux facteurs qualitatifs
ou intangibles lors de la mesure de la productivité.27
La taxonomie de trois types de capital : humain, organisationnel et relationnel a été appliquée
à la plupart des mesures. Cette dernière a été initialement présentée par Karl-Erik Sveiby en
1986.28 Son travail a été considéré comme la racine de tout le mouvement IC (Sullivan, 1998;
Edvinsson 2005; Andriessen et Stam, 2004). Cependant, la problématique terminologique
n’est pas aussi simple qu’il y parait. La deuxième partie de ce travail essayera de disséquer ce
point épineux.
II. Le dédale épistémologique
(Bounfour, 2003) a déjà prévenu de « sous-estimer la difficulté de l'exercice d'identification,
de mesure et d'évaluation des immatériels ». Il constate que « nous sommes loin de disposer
de l'information normée nécessaire ». A son sens, les actifs immatériels relèvent de
l'économie de la singularité au sens de Karpik,29 autrement dit d'une incertitude radicale
rendant tout langage standard difficile. À ce titre, ils appellent au développement d'un langage
spécifique, qu’il a nommé « la grammaire de l'immatériel » par opposition à sa
photographie.30
En se référant aux substrats épistémologiques, la thématique de recherche relative au CI est
encore à un stade embryonnaire. Il n’existe toujours pas un construit scientifique établi.
27
28 Dans son livre Knowledge Management publié en 199029 Lucien Karpik est un sociologue français, professeur à l'école des Mines de Paris où il a créé en 1967 le Centre de sociologie de l'innovation. Le livre en question : « L'économie des singularités », Ed. Gallimard, 2007, 373 p 30 Par grammaire, il s'agit donc d'entendre ici le développement d'un langage de la création de valeur, à forte composante spécifique (par entreprise, par secteur, ou selon des critères de profilage à déterminer). Par photographie, il convient d'entendre le développement d'un langage doté d'une certaine universalité, et facilitant donc la comparaison ; le reporting standard en constituant l'archétype.
9
L’intérêt pour le côté pragmatique et managérial l’emporte, aujourd’hui, sur le côté
épistémologique.
La problématique de la terminologie en CI est un véritable casse-tête. Du point de vue
conceptuel, le CI est un terme parapluie qui englobe une multitude de désignations que
certains chercheurs considèrent qu’ils ne désignent pas forcement la même chose bien que
d’autres pensent le contraire. Il semble, en outre, y avoir une inadéquation entre les définitions
et les taxinomies31 d'une part, et les situations concrètes auxquelles les entreprises sont
confrontées, d'autre part.32 A l’instar de tous les nouveaux domaines de recherche, le CI se
heurte toujours à des problèmes de terminologie, de définition et de classification en sus des
problèmes liés à la problématique des mesures.
1.1 La problématique relative au consensus terminologique
A ce jour, il n’existe pas de conceptualisation unifiée du « capital immatériel ». Il est connu
sous différentes appellations dans la littérature managériale et universitaire: capital
immatériel, capital intellectuel, capital humain, actifs immatériels, capital cognitif,
ressources rares, patrimoine spécifique, actifs intellectuels, actifs incorporels, gestion de
la connaissance …. Il existe diverses approches pour les définir notamment pour les deux
termes «immatériel et intellectuel ». Il faut ajouter à cela la problématique relative à la
translation de l’anglais vers le français qui complique la donne. En anglais, intangible
matériel, est usité comme synonyme de capital immatériel. Néanmoins, sur le plan
linguistique la signification n’est pas identique.
Définir le concept d'intangibilité revient à définir le concept d' « intangible » puisque
l’intangibilité signifie le "caractère de ce qui est intangible" (Larousse, 2000). "Intangible" est
l’un de ces nombreux mots de la langue française dont l’usage commun en a détourné le sens.
Dans le langage courant, "intangible" est utilisé comme l’antonyme de "tangible", et signifie
impalpable, inaccessible au sens du toucher. L’origine latine de ce mot, "intangible" signifie
"qui doit rester intact, sacré, inviolable" (Larousse, 2000; Hachette, 1997). Un principe
intangible est donc un principe qui ne peut pas être changé, qui est immuable. Néanmoins, en
anglais, intangible a une autre signification qu’en français. L’Oxford Dictionnary of Current
English (1996) le définit comme 1) l’incapacité à être vu ou touché, 2) la difficulté à être
31 Qui se rapporte à la taxinomie, aux lois de la classification; qui repose sur des classifications. Groupe, série, unité, variable taxinomique; analyse, conception, démarche, modèle, procédure taxinomique.32 Voir le rapport de l’OCDE, sous le titre « Actifs intellectuels et création de valeur : rapport de synthèse », 2006
10
défini et formulé de façon précise, 3) la difficulté à être compris. Le Cambridge International
Dictionary of English définit ce vocable comme suit: "immatériel, impossible à être vu ou
touché, bien que réel, et donc difficile à expliquer ou à montrer".
« Immatériel » en français qui le synonyme utilisé comme synonyme « intangible » en
anglais, est définit par le dictionnaire Larousse comme « qui n’as pas consistance
corporelle », Ancienne signification développée en 1694 par l’académie Française (ACAD -
1694)
Pourtant, certains auteurs considèrent les termes mentionnés comme des synonymes, tandis
que d’autres les séparent les uns des autres (Lacroix et Zambon, (2002), Volkov et Garanina
2007). Cette hétérogénéité de concepts engendre des complications sémantiques et des
confusions relatives à la compréhension et l’analyse de la thématique CI.
Des questionnements émergent quant à l’utilisation de manière indifférenciée les termes
« immatériel » et « intellectuel» par exemple. La question se pose si les deux concepts sont
synonymes. Du point de vue linguistique, naturellement la réponse est négative. Intellectuel
sous-entend une notion d’intellect, d’intellectualisme. Le dictionnaire Robert propose pour
« intellectuel » la définition suivante : « dont la vie est consacrée aux activités
intellectuelles». Dans son édition de 2004, une définition plus technique qu'éthique est donnée
« où l'intelligence a une part prédominante ou excessive » suivie de « qui a un goût prononcé
ou excessif pour les choses de l'intelligence, de l'esprit, chez qui prédomine la vie
intellectuelle », et donne comme synonyme cérébral. Donc, du point de vue linguistique, cette
appellation est susceptible de semer la confusion dans les esprits. Par « opposition », le
Business dictionary définit « Intellectual capital » comme suit : « Connaissance collective
(documentée ou non documentée) des individus dans une organisation ou dans une société.
Cette connaissance peut être utilisée pour produire de la richesse, multiplier l’output des
actifs physiques, acquérir un avantage concurrentiel, et / ou pour améliorer la valeur des
autres types de capital ».
Lorsqu’ils sont employés dans un article de comptabilité, certains de ces termes prenant un
sens bien particulier que celui que leur donne la terminologie comptable. Prenons tout d’abord
comme exemples les notions de capital et d’actif. Le terme capital est un terme issu de
l’économie: c’est un facteur de production. C’est dans cette idée qu’a été développée la notion
de « capital humain » propre à Gary Becker33 par analogie au capital physique ou au capital
33 Prix Nobel d’économie en 1992
11
financier. Un actif, tel qu’il résulte de la définition actuelle du PCG (plan comptable général)34
qui, lui-même, a fait sienne la définition fournie par les normes internationales, est une
ressource susceptible d’engendrer de futurs avantages économiques. On peut donc
comprendre que les termes d’actif et de capital soient utilisés indifféremment.
Cela dit, un actif a vocation à figurer au bilan d’une entreprise ce qui, précisément, n’est pas
systématiquement l’objet de toutes les composantes de « l’immatériel ». Les chercheurs
estiment qu’il est donc, peut-être, plus approprié de privilégier la notion économique de
«capital» à celle d’«actif» parce que à connotation plus comptable. D’autant plus que
«capital» est aussi un terme juridique que le comptable ne peut ignorer. Considérons ensuite
Le capital correspond-il à des actifs ? Un investissement peut-il être assimilé à une ressource?
Est-ce que ces termes ont-ils les mêmes significations dans le domaine de la gestion, de la
comptabilité, de la finance et des sciences sociales.35 (Petty et Guthrie, 2000) soulignent
l’ambiguïté des termes : capital immatériel, capital intellectuel, capital humain, actifs
immatériels, capital cognitif, actifs incorporels, ressources rares, patrimoine spécifique, actifs
intellectuels car insuffisamment explicitée et pourtant souvent utilisés de manière synonyme.36
(Lev 200337, Lönnqvist et Mettänen, 2002) estiment que les termes actifs incorporels, actifs de
connaissances et capital intellectuel sont interchangeables en raison du fait que les trois
termes sont "largement utilisés: actifs incorporels dans la littérature de la comptabilité, les
actifs de connaissances par les économistes, le capital intellectuel dans la gestion et le droit; et
dans l'ensemble ils aboutissent au même objectif : il en résulte des bénéfices futurs qui ne
sont pas incarnées matériellement.
Afin de faire une lecture de scientificité relative à la thématique du CI, il a été jugé opportun
de faire un parallélisme avec la démarche épistémologique. Il est à rappeler que cette dernière
34 Le plan comptable général est adopté par le Conseil National de la Comptabilité en France. Il définit l'ensemble des normes comptables française ainsi que les règles de présentation des comptes, des rapports, bilan, compte de résultat et annexes par les entreprises industrielles et commerciales établies en France.Le plan comptable général contient une liste intégrale des comptes comptables qu'une entreprise doit utiliser pour établir sa comptabilité tout en respectant les normes comptables.35 Puisque dans le capital immatériel on parle de bien être de la population, de la création de la richesse…etc
36 Voir le travail de recherche de Corinne Bessieux-Ollier, Monique Lacroix, Elisabeth Walliser (2006) sous le titre : « Capital humain : mesure, management et reporting : un état des lieux sur le plan théorique et pratique », Comptabilité, Contrôle, Audit et institution(s), Tunisia. Cette constatation a été faite par le survol, sur les dix dernières années, des thèmes traités par six revues comptables majeures: Accounting Organisation and Society (AOS), Accounting Review (AR), Comptabilité Contrôle Audit (CCA), European Accounting Review (EAR), Journal of Accounting and Economics (JAE), Journal of Accounting Research (JAR)37 B. Lev, “Intangible Assets: Concepts and Measurements,” Encyclopedia of Social Measurement, Elsevier Inc., 2005, Vol. 2, pp.299-305.
12
peut ainsi porter sur plusieurs aspects : les modes de production de la connaissance, les
fondements de cette connaissance, la dynamique de cette production, sa validation, son
organisation et sa progression. En empruntant la pensée de (Kuhn, 1962) dans sa logique des
révolutions scientifiques, cette thématique de recherche est toujours en phase de pré-science:
c’est-à-dire une phase de bourgeonnement.
Astolfi,38 en empruntant Bachlard,39 a effectué un travail sur les obstacles épistémologiques.40
Bachelard relève une dizaine d'obstacles épistémologiques: l'expérience première, la
connaissance générale, l'obstacle verbal, la connaissance pragmatique, l'obstacle
substantialiste, le réalisme, l'obstacle animiste, le mythe de la digestion, la libido et enfin la
connaissance quantitative. Pour le besoin de cet article, nous allons juste emprunter les
obstacles qui nous paraissent utiles pour notre recherche.
Le premier des obstacles est «l'expérience première», c'est-à-dire l'expérience non
accompagnée d'esprit critique et d'interrogation; les impressions générées par nos sens et nos
expériences quotidiennes sont autant de freins à une véritable compréhension de l’objet de
notre recherche. L'obstacle de l'expérience première consiste à s'attacher aux aspects
impressionnants d'un phénomène, ce qui évite d'en saisir les aspects importants du point de
vue de la connaissance. Il est suggéré que la thématique de recherche relative au CI est
toujours à cette phase d’ « expérience première » qui n’a pas eu le temps de murir.
L’euphorie qui règne autour ce concept, qui frôle la magie, occulte les problématiques
relatives à mise en œuvre des assisses scientifiques.
Le deuxième obstacle épistémologique est relatif à la «connaissance générale», laquelle nuit
à l'émergence de concepts précis. La connaissance générale consiste à généraliser trop vite,
ce qui fait perdre de vue les caractéristiques essentielles d'un phénomène. Astolfi donne
l’exemple du terme « coagulation », sous lequel ont été rassemblés des phénomènes aussi
divers que la coagulation du sang, la solidification des métaux fondus et la congélation de
l'eau. Un auteur en vient même à affirmer en 1780, dans un livre intitulé « De l'origine du
monde et de la Terre en particulier », que « les animaux proviennent d'une matière liquide, qui
38 Universitaire français, spécialiste de la didactique des sciences en empruntant Bachlar dans son œuvre : « L'Erreur, un outil pour enseigner : Cinq caractéristiques de l'obstacle épistémologique ».39 La formation de l'esprit scientifique40 L'obstacle épistémologique est un concept inventé par le philosophe Gaston Bachelard dans La formation de l'esprit scientifique en 1938, désignant ce qui vient se placer entre le désir de connaître du scientifique et l'objet qu'il étudie. Cet obstacle l'induit en erreur quant à ce qu'il croit pouvoir savoir du phénomène en question. Il est pour Bachelard interne à l'acte de connaître puisque c'est l'esprit qui imagine des explications aux choses.
13
devient solide par une sorte de coagulation». Donc le parallélisme avec le CI est aussi
significatif puisque la terminologie utilisée est toujours générique.41
La diversité des acteurs concernés : universitaires, économistes, financiers, sociologues,
organismes de comptabilité, investisseurs, dirigeants d'entreprise, consultants en gestion,
informaticiens et décideurs dans les domaines de l'économie et de l'administration des
entreprises compliquent la tâche de standardisation du CI comme une science.
Il a été tenté à plusieurs reprises de déterminer les diverses composantes du capital immatériel
et d'établir une taxinomie. Il en est résulté une prolifération de définitions, de classifications et
de techniques de mesure qui donnent une idée sur les difficultés méthodologiques et pratiques
de la question dont un aperçu sera évoqué ci-dessous.
1.2 Le labyrinthe des définitions
Sans prétendre à l'exhaustivité, le présent travail de recherche a pour objectif de donner une
vision générique sur les approches de base afférentes à la définition du CI. Ensuite nous
relaterons les difficultés relatives à leur classification.
En adoptant une méthode chronologique, la définition de L’OCDE (1998) sera citée en
premier. Elle retient trois caractéristiques des actifs immatériels: « absence de substance
physique, capacité de générer un profit économique, possibilité d’appropriation et de
négociation par l’entreprise ». Cette définition être qualifiée de générique et évasive. En
1999, l’OCDE revoit cette première définition en admettant que « le capital intellectuel est
défini comme la valeur économique de deux catégories d’actifs immatériels (intangible
assets) : le capital organisationnel (structurel) et le capital humain». Cette deuxième
définition s’enrichit pas deux notions : le capital organisationnel et le capital humain, le
capital relationnel n’y figure toujours pas.
(Stewart, 1991)42 indique que le capital intellectuel « est tout ce qui ne peut pas être touché,
mais peut faire gagner de l'argent pour l'entreprise ». Il le décompose en trois volets: capital
humain, capital structurel et, in fine, capital relationnel. Il englobe tout ce qui relève de la
connaissance, l'information, la propriété intellectuelle, l'expérience qui peut être mise à profit
pour créer de la richesse. La même année (Edvinsson & Malone, 1999)43 définissent le capital
intellectuel comme étant «les relations avec les clients et les partenaires, les efforts 41 D’autres obstacles sont cités, mais dans ce travail de recherche nous nous contentons de ces deux.42 Stewart, T. (1997) Intellectual Capital: The New Wealth Of Organizations,. Nicholas Brealey Publishing, Business Digest, New York
14
d'innovation, l'infrastructure de l'entreprise et les connaissances et les compétences des
membres de l'organisation». Certains chercheurs estiment que cette définition et la plus
proche de la complétude. De même, (Sullivan, 1999) indique que le capital intellectuel
consiste en « la connaissance qui peut être convertie en bénéfices futurs et comprend des
ressources telles que les idées, les inventions, les technologies, les dessins, les processus et les
programmes d'information ». Cette définition occulte le capital humain.
Lev (2001)44 estime que « les ressources immatérielles sont celles qui peuvent générer de la
valeur à l'avenir sans être sous forme physique ou financière ».(Rechtman, 2001) mentionne
la définition de la Financial Accounting Standards Board (FASB), et celle de l’International
Accounting Standards Board (IASB) qui définissent l’actif comme étant " un avantage
économique futur probable obtenu ou contrôlé par une entité particulière à la suite de
transactions ou d'événements passés".
Une définition similaire, mais en se référant aux actifs incorporels est donnée par (Bouteiller,
2002), où ils sont définis « comme des actifs résultant d'événements passés et possèdent trois
attributs principaux: ils sont non physique dans la nature, ils sont capables de produire
avenir économique bénéfices nets, et ils sont protégés légalement par un droit ou de fait ».
L’International Federation of Accountants estime que le CI « comporte trois volets. Le capital
humain renvoyant aux attributs des personnes: intelligence, savoir-faire, créativité. Le capital
relationnel se référant aux éléments détenus par l’entreprise: propriété intellectuelle,
systèmes, processus, bases de données, culture. Et le capital organisationnel, ayant trait aux
relations externes avec les parties prenantes: clients, fournisseurs, partenaires, réseaux,
régulateurs ». Les actifs immatériels ne se réduisent plus à la R&D, brevets et marques.
Le Financial Accounting Standards Board définit l’actif immatériel comme « un ensemble de
profits futurs probable contrôlé ou produit par une entité particulière au sein de l’entreprise
suite à des transactions ou événements passés ». La norme IAS 38 45définit une
immobilisation incorporelle comme « un actif non monétaire identifiable sans substance
physique, détenu en vue de son utilisation pour la production ou la fourniture de biens ou de
services, pour une location à des tiers ou à des fins administratives ».
43 Edvinsson L., Malone M.S., Mazars Audit (1999), Le capital immatériel de l’entreprise : identification, mesure, management, Editions Maxima.44 Baruch Lev (2001) : “Intangibles: Management, Measurement, and Reporting”45 IAS 38 (2003): International Accounting Standards 38 ‘Intangible Assets’, in: International Financial Reporting Standards 2003, International Accounting Standards Board, London.
15
Une nouvelle étape en 2008, l’OCDE considère que le champ d’application des actifs
intellectuels a évolué vers un concept plus large qui comprend « les ressources et capacités
humaines, les moyens structurels (bases de données, technologie, habitudes et culture) et le
capital « relationnel » (concepts et processus organisationnels, réseaux de clients et de
fournisseurs, par exemple) ».
Pour sa part Pierre Vernimmen le définit comme suit: "Ensemble des compétences, des
techniques ou des pratiques possédées par une entreprise qui lui permettent d'obtenir une
rentabilité supérieure à la rentabilité minimale exigée par ses pourvoyeurs de fonds. Ce
capital immatériel n'a souvent aucune valeur comptable et le goodwill a souvent été utilisé
pour l'évaluer et corriger ainsi la valeur patrimoniale d'une entreprise très rentable".
Alan Fustec, co-créateur de l'Observatoire de l'immatériel donne une autre définition "Le
capital immatériel d’une entreprise, c’est toute sa richesse cachée qui permettra de générer
de la rentabilité future et qu’on ne lit pas dans les comptes".
(Lönnqvist, Mettänen, 2002), ont défini les actifs incorporels comme « des sources non-
matérielles de création de valeur d'une entreprise, sur la base des capacités des employés,
des ressources des organisations, le mode de fonctionnement et les relations avec les
actionnaires ».
(Lev 2005)46 définit les immobilisations incorporelles ou le capital intellectuel comme étant
des «sources non-physiques de valeur (droits à des prestations futures) générés par
l'innovation (la découverte), des designs uniques, organisationnelles ou des pratiques de
ressources humaines".
La synthèse de l’analyse de contenu de l’ensemble de ces définitions montre la grande
diversité synonyme à un flou définitionnel. Cependant, la plupart des définitions semblent
s'accorder sur le fait que les actifs immatériels présentent trois caractéristiques principales : i)
ils sont considérés comme des sources de probables avantages économiques futurs ; ii) ils
n'ont pas de substance physique ; et iii) dans une certaine mesure, ils peuvent être conservés et
commercialisés par une entreprise.
Les définitions ont tendance à inclure désormais, en outre des R-D, des brevets, des logiciels
et des marques commerciales, des attributs économiques comme la capacité de créer des
connaissances, les droits d'accès aux technologies, la capacité d'exploiter les informations, les
46 Lev B., (2005) : « Intangible Assets : concepts and measurements », New York University, USA
16
procédures et processus d'exploitation, les compétences des équipes dirigeantes à mettre en
œuvre une stratégie, ainsi que la capacité d'innovation..
A la lumière de ce qui précède, il est à constater que la définition des contours de l’actif
immatériel pose un problème complexe à la littérature : d’une part parce qu’elle englobe
différentes notions; d’autre part parce qu’elle soulève un conflit réel entre la comptabilité, la
finance et le droit.
Les difficultés spécifiques à ces définitions de l’immatériel demeurent. Elles sont de deux
ordres : le choix des éléments à retenir et leur mesure.
Dans une perspective analytique du capital immatériel, différentes composantes ont été
établies. Parmi les éléments qui ont fait l’objet d’approches structurées, on peut distinguer
l’investissement dans l’humain (Drucker 1993, Ingham 1997, Nonaka et Tageuchi 1995), la
mise en valeur de la qualité des produits et services (Garvin 1983, 1987, Zeithaml,
Parasuraman et Berry 1990), la réputation de l’entreprise (Fombrun et Shanley 1990, Demsetz
1995), l’investissement dans la publicité (Hart 1988, Nelson 1970, 1974, 1975, Milgrom et
Roberts 1986, 1992) et finalement l’investissement en recherche et développement (Jensen
1993, Castanias et Helfat 1992, Nelson 1990 ).
(Diefenbach 2005) estime que les axes arrêtés des actifs incorporels, à ce jour, ont leurs
avantages spécifiques mais aussi leurs limites puisque conceptualisées à des fins différentes. Il
estime que les approches définitionnelles existantes fournissent des définitions très
généralistes et peu précises parce que les axes arrêtés ne sont pas reliés entre eux, voir n’ont
aucune relation.
1.3 La classification des actifs immatériels :
Les classifications47 sont un «outil heuristique», une «aide de construction» pour
l'interprétation et la compréhension (Gröjer 2001) et doit avoir un but (Rosing 1978). Qu’en
est-il de la classification des actifs immatériels ? A l’instar des difficultés de
conceptualisation et de définition, ils se heurtent à un problème de classification.
(Walker 2009) affirma qu'il est difficile de trouver un objectif déclaré pour la classification
des actifs incorporels. Toutefois, un seul but semble être valable est celui relatif à des fins de
gestion48. Afin de gérer avec succès, il faut rendre visible et de mettre des étiquettes sur
47 Les chercheurs qui ont travaillé sur les questions de la classification en termes de méthodologie et de logique par exemple Bowker / Star 2002, Gröjer, 2001, Carr 1992, and Thompson 1983.48 Il y a lieu de se poser des questions sur ce point
17
différentes ressources; une façon de le faire est de les catégoriser (Kaufman & Schneider,
2004).49 Dans une revue de la littérature réalisée par Kaufmann & Schneider (2004), il a été
conclu que « comme il n’existe pas une définition généralement acceptée, de même, il
n’existe pas une la classification généralement acceptée ». (Gröjer 2001) de sa part affirme
qu’il n'y a pas eu une telle tentative de définir et d'identifier toutes les ressources intangibles
systématiquement. A cause des nombreuses approches n'y a toujours pas de clarté sur une
définition générale des actifs incorporels et des critères pour l'identification des différents
types.
A ce sujet (Lev 2005)50 affirme que l'ampleur des actifs incorporels peut être saisie par leur
catégorisation en tant que produit/services, la relation client, ressources humaines et le capital
organisationnel. Malgré cela, il y eu beaucoup de propositions pour la classification des actifs
incorporels. (Lev 2001) les a classés en quatre (04) groupes :
1. Découverte / apprentissage; ex R & D2. En relation avec les clients : ex marques, marques de commerce, des canaux de
distribution3. Les ressources humaines; ex. éducation, formation et systèmes de rémunération4. Organisation du capital; conception de l'organisation structurelle, les processus
d'affaires, de la culture d'entreprise unique
La classification adoptée par Wyatt (2008) est la suivante:
Les ressources technologiques1. Les dépenses en R & D et les propriétés intellectuelles connexes
Les ressources humaines 2. Capital humain
La production de ressources3. La publicité, les marques et la propriété intellectuelle connexe4. La fidélisation de la clientèle5. L'avantage concurrentiel6. Le Goodwill
(Artsberg Mehtiyeva 2010) affirme que la classification des composantes du CI est plus
raffinée dans la comptabilité financière. Ceci est lié à un objectif clair relié à l’information des
utilisateurs externes ou à des fins de mesure ou pour des considérations fiscales. Pour qu’une
classification soit utile et précise, il ne devrait pas y avoir des chevauchements entre les
49 Voir l’article de Lutz Kaufmann, Yvonne Schneider, (2004) "Intangibles: A synthesis of current research", Journal of Intellectual Capital, Vol. 5 Iss: 3, pp.366 - 38850 Lev B., (2005) : « Intangible Assets : Concepts and Measurements », New York University, USA
18
différentes catégories. La classification de la Financial Accounting Standards Board
(FASB)51.52 FASB a suggéré la classification suivante:
• Les actifs basés sur la technologie• Les actifs basés sur les clients• Les actifs basés sur le marché• Les actifs basés sur la force du travail• Les actifs basés sur les contrats• Les actifs basés sur l'organisation• Les actifs basés sur le fondement législatif
En s’inspirant de certains chercheurs comme (Glaser / Strauss 1967) à propos des analyses
comparatives issues de la théorie empirique et en se basant sur la méthode logico-déductive,
Diefenbach a entrepris la tentative d’identifier et de classifier les actifs incorporels, qui ont
des attributs en commun et peuvent être regroupé. Selon lui, le système catégoriel qu’il a créé
est basée sur un processus logico-déductif. Il a identifié, en combinant trois attributs53 6
catégories. Ils sont comme suit 54
Première
catégorie :
Les qualités personnelles : connaissances tacites et comprenant les
qualifications, les expériences, les compétences et capacités d'un
individu - les sentiments individuels et les valeurs, les espoirs et
objectifs - la santé, le bien-être - la main-d’œuvre - la compétence
individuelle d'évaluer, de décider, d'agir et de se comporter- la
personnalité - les diplômes officiels (juridiquement protégé)
deuxième
catégorie :
Les qualités partagés avec d’autres personnes: les relations
personnelles/informelles, les normes sociales, les sentiments et les
traditions, les aspects réglementaires non contractuels par exemple
confiance, l'engagement, l'engagement, les attentes, les obligations, les
compétences sociales (capacité pour le discours, les conflits et la
coopération), puissance et réputation basée sur des caractéristiques
51 Le Comité a été créé en 1973, en remplacement du Comité pour les principes comptables (Accounting Principles Board) et du Comité de la procédure comptable de l'Institut américain des comptables publics certifiés. Le FASB a pour mission d'établir et d'améliorer les normes de comptabilité et d'information financière pour l'orientation et l'éducation du public, y compris les émetteurs, auditeurs et utilisateurs d'informations financières. 52
53 Les trois attributs sont : le premier est lié à un individu en particulier, le deuxième est situé dans deux ou plusieurs personnes le troisième est la transférabilité.54 Voir l’article de Diefenbach Thomas (2005): “Intangible resources - a categorical System of Knowledge and other Intangible Assets”
19
personnelles;
Troisième Attributs qui peuvent être partagés entre deux personnes et plus :
la langue, les traditions et le patrimoine culturels, le trait national
la culture d'entreprise, le climat de travail, des règles informelles, les
normes sociales, les valeurs, les règles, le droit..etc
Quatrième
catégorie:
Rôle, position sociale, pouvoir, statuts et l’influence reliée à la position
Droits et devoirs
Cinquième
catégorie:
données (symboles, signes), l'information - connaissances explicites -
propriété intellectuelle (nom et logo de la société, marques, dessins,
formules, logiciels, droits d'auteur, les brevets, les licences, les domaines
quota, Internet, Portails, aspects contractuellement réglementaires de
relations formelles entre les parties
Sixième
catégorie
infrastructure (hiérarchies, gouvernement, la planification, de
l'information, la communication, la coordination, l'administration et les
structures de contrôle et des processus, des chaînes d'approvisionnement
et les distributions) immatériels - savoir organisationnel et des capacités
intégrées dans les technologies et les modèles - connaissances
incorporées dans les produits transformés ou produits
Le travail de pionnier par Edvinson & Malone (1997) qui a classé le capital immatériel en
deux catégories: le capital humain et le capital structurel a fortement influencé les autres
chercheurs. Cependant, il semble que la plupart des chercheurs dans cette tradition adoptent
un classement de trois catégories; celui lié aux ressources humaines qui est le plus souvent
appelé le capital humain, un deuxième a trait aux processus et structures internes, il est
souvent appelé capital structurel ou capital organisationnel, le troisième est relié à la
clientèle nommée, capital relationnel (Kaufmann & Schneider, 2004). Néanmoins,
(Kaufmann & Schneider, 2004) qualifient cette classification d’abstraite et de très
généraliste. Ce qu’il en faut en déduire, c’est qu’il y a un travail de fond qui doit être entrepris
dans ce domaine. La cacophonie des classifications démontre qu’un grand effort de
normalisation doit être effectué.
Conclusion
20
D’après ce qui précède, on peut faire la déduction que le CI en tant que science et notamment
par rapport aux axes conceptuels, définitionnels et de classification est caractérisé par une
certaine parcimonie dans le domaine de la recherche, qui est reste encore embryonnaire.
Aucun consensus n’a été arrêté à ce jour autour des concepts, des définitions ou de la
classification. Il y a une certaine primauté de l’aspect pragmatique versus l’aspect
académique. Cependant, les objectifs se rejoignent : les gestionnaires des entreprises, les
analystes du marché, les comptables, les actionnaires et les investisseurs ont besoin de savoir
comment ces actifs incorporels sont gérés, comment ils sont qualifiés pour pouvoir les
évaluer. Une terminologie précise et une identification claire des composantes du CI ne
contribuent pas seulement à une meilleure compréhension, mais aussi à une meilleure gestion
de des affaires personnelles, organisationnelles et sociétales.55 La demande des arguments
plus solides et une méthodologie rigoureuse et une normalisation consensuelle dans ce
nouveau domaine de connaissance est de plus en plus exponentielle. Le travail qui a été
réalisé, jusqu’à, maintenant doit être soutenu par des méthodologies en profondeur et basée
sur des données empiriques (De la Puerta 2011).
55 Idem
21
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