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à mon corps défendant - TRIPTYQUE...

Date post: 30-May-2020
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1 à mon corps défendant Pièce chorégraphique de Marine Mane Marine Mane est artiste compagnon du manège, scène nationale - reims pour la saison 2017-2018 Création au Cirque Théâtre d’Elbeuf, 19 et 20 octobre 2017 From a half-million tweets over the course of a week, LUST studio filtered out those rela- ted to Dutch New Towns to measure the conversations related to controversies about new suburban development in the Netherlands. Visualized by place, these conversations look like clouds shaped like the country.
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à mon corpsdéfendant

Pièce chorégraphique de Marine ManeMarine Mane est artiste compagnon du manège, scène

nationale - reims pour la saison 2017-2018

Création au Cirque Théâtre d’Elbeuf,19 et 20 octobre 2017

From a half-million tweets over the course of a week, LUST studio filtered out those rela-ted to Dutch New Towns to measure the conversations related to controversies about new

suburban development in the Netherlands. Visualized by place, these conversations look like clouds shaped like the country.

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génériqueMarine Mane est artiste compagnon du manège, scène nationale - reims pour la saison 2017-2018Pièce chorégraphique de Marine ManeProduction : Cie In Vitro / Marine Mane

interprétée par :Benjamin Bertrand, Breno Caetano, Smaïn Boucetta, Johan CaussinCréation musicale : Christophe RuetschCréation vidéo : Clément DupeuxCréation plastique et visuelle : Vincent FortempsConseil sur le mouvement : Lucien ReynesMontage des correspondances : Cathy BlissonAssistante à la mise en scène : Raphaëlle Landré

Scénographie : Amélie Kiritzé Topor assistée de Camille Ferrand, Coline Lequenne, Laura Mevel, Margarita Rosa Robert AssisCréation Lumière : Thomas Costerg

Régie générale : Margaux Robin Administration : Anne Delépine et Érika Marques

Production et diffusion : Triptyque Production

sommaireP2 : Générique et sommaireP3 : 4 correspondances/4 trajets/4 boucles au plateauP4 : Présentation du projetP5 : Au plateau - Dispositif dramaturgique - Dispositif chorégraphique - Dispositif scénographiqueP7 : Les matériaux de la pluralité - Correspondances numériques - Correspondances vidéos, photographiques et sonoresP12 : Le plateau comme mise en perspective des correspondancesP16 : La partition, 3 exemples de boucleP22 : L’équipe

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4 CorresPonDants/4 trajets PartiCuliers/4 bouCles au PlateauFascinée par les correspondances écrites et la polysémie qui est à l’oeuvre dans les messages numériques, j’ai sollicité cinq personnes aux trajets particuliers et emblématiques, pour aborder avec eux les questions qui me travaillent. S’ils ne se connaissent pas, ils ont pour point commun le déracinement, le choix d’une vie hors norme, et hors la loi, dans des espaces en conflit. J’avais envie de savoir ce qu’ils éprouvent, ce que raconte ce désir d’aller se confronter à la violence, ou ce qui est en jeu pour eux dans cet exil.

Une jeune femme française convertie à l’islam (qui est partie défendre la cause djihadiste en Syrie),Un jeune homme engagé dans l’humanitaire (qui affronte la réalité du terrain en République Démocratique du Congo),

Un jeune réfugié afghan (qui a fui son pays et vit dans l’exil à Calais).Un jeune danseur d’Amérique du Sud (qui travaille en territoire Israëlo-Palestinien)

Qu’est-ce qui fait trace pour eux ?Quelles lignes de force et de fuites, inconscientes et (géo)graphiques, dessinent leurs rapports au monde ?Quelles gestuelles singulières les accompagnent ?Quels impacts physiques, géo-physiques, émotionnels, jalonnent leurs trajets ?Quels sillons se creusent lorsqu’ils subissent, (ré)activent, (ré)agissent?Que nous transmettent-ils ? *

Il y a du trouble en jeu dans la question du corps en exil. Parce qu’il est le lieu et le siège de l’équilibre, du retour au je comme sujet, si le corps peut être effacé, il ne peut s’oublier. Alors qu’est-ce qu’un corps qui veut s’éjecter de lui-même ? Il ne peut plus s’agir que d’éprouver les déplacements physiques qui sont à l’oeuvre dans le psychisme. Le traumatisme, c’est quand on ne peut plus inventer d’histoires(s). L’image est devenue fixe, sans mouvement. La fiction, c’est le mouvement qui revient, l’eau qui coule sous le pont, le vivant.

* A propos du réseau de Fernand Deligny. « TRACER la ligne d’erre permet de s’apercevoir, (re)voir ce qui échappe au premier regard. Nous vivons dans le temps (projet). Ils vivent dans l’espace, voient ce qui ne nous regarde pas. »

The way to silence, shiaru shiota

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présentation du projetÀ mon corps défendant est une traversée avec ceux qui naviguent en territoire violent, se tiennent en équilibre dans l’extraordinaire, et les mises en jeu de leurs corps dans ces espaces hors du commun.

Elle s’appuie sur des correspondances numériques entretenues depuis plusieurs années avec cinq témoins des zones de conflits actuels. Familiarisés avec un univers hors norme, assimilé comme une norme au quotidien, ils déplacent les contraintes, les limites et les frontières, frayant avec une certaine forme de dépendance à l’extrême et à la proximité du danger.Ce travail d’investigation, à base de correspondances numériques, photographies, films, conversations, interviews, enregistrements sonores, ne tient pas lieu d’explication, ni d’analyse. Simplement des fragments, des calques superposés, qui constatent et ré-sonnent les uns avec les autres.

À l’échelle plus intime, nous sommes tous confrontés à des conflits internes, qui nous tiennent et nous maintiennent en vie, au sens dynamique du terme. Et si certains ont choisi de vivre concrètement ces conflits en s’engageant physiquement dans une « cause », tout être humain est en équilibre grâce aux para-doxes qui le tiraillent.

Cette nouvelle création s’inscrit dans une quête au long cours, qui cherche à éprouver, par le dialogue entre différentes disciplines artistiques, ce qui se joue entre les êtres, à ausculter les traces, intimes et politiques, que dessinent les parcours individuels et collectifs. Elle témoigne de parcours complexes qui racontent les mutations du monde d’aujourd’hui. Les différents points de vue sur les territoires en conflit vécus par les correspondants se mélangent avec la perception intime et ambiguë de la cause que chacun d’entre eux a choisie de supporter.

Marine Mane compose une partition chorégraphique par la mise en dialogue des différents matériaux textuels, sonores et visuels, récoltés via ces correspondances numériques. Si ces correspondances et les matières qui en découlent sont à la base de l’écriture du spectacle, ce sont autant les corps, les éléments sonores et visuels, et de cette manière, la proposition plastique qui sont les éléments premiers de la conception du spectacle. En ce sens, cette pièce, s’inscrit dans le champ chorégraphique tout en stimulant une expérience physique de l’œil et de l’oreille. Dans ce dispositif dramaturgique et scénographique, chaque interprète réagit avec ses propres particula-rités physiques, son rapport particulier à l’espace et à l’équilibre, mais aussi son identité culturelle, socio-éducative.

© Photographie de répétition en résidence à Furies.

©Finlay O’Hara, jungle de Calais

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au plateauDispositif dramaturgiqueJe travaille à la superposition de trois échelles spatio-temporelles. L’on passe de l’une à l’autre par propagation, d’un geste réel qui se prolonge dans une image, repris à nouveau en direct par un corps incarné déplaçant alors cette nouvelle image pour en créer une autre.

La Zone Du QuotiDien creuse notre rapport au vacil-lement intime, en partant du geste quotidien qui fait sym-bole pour tout le monde et explore les petits ajustements que l’on fait avec soi-même : faire chauffer de l’eau, se laver, boire un café, être chez soi et déjà dans un réseau social...Dans ce rapport au quotidien, il y a sans cesse des impulsions de déséquilibre et de rééquili-brage.

Dans ce réel infiniment petit arrive l’irruption soudaine des informations qui nous sont impo-sées sur les conflits mondiaux actuels (Zone De ConFlit), leur traitement médiatique, les

changements de point de vue qu’elles provoquent inconsciemment, les déplace-ments psychiques et physiques que cela implique. Nous passons ainsi d’un vécu présent à un vécu fantasmé, et le geste quotidien s’en trouve bouleversé pour de-venir réactionnel. Le virtuel prend alors le dessus, et les images de ces corps en état d’urgence deviennent notre autre quoti-dien. Il y a écho et propagation : le bruit d’une bouilloire qui chauffe ici, la fumée qui en sort, l’attente, font correspondance avec l’image d’une explosion que nous identifions immédiatement en Syrie. Le corps se meut à partir de ces résonnances, et petit à petit reconstruit de la chair incar-née pour se maintenir en vie.

La troisième dimension, Zone Du PaYsaGe, qui se superpose en même temps qu’elle englobe les deux autres, est celle de la nature avec qui nous sommes interdépendants. Ce paysage environnemental qui fait corps commun, déplie les gestes ancestraux nécessaires à notre survie.

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Dispositif chorégraphique Ce début de XXIe siècle se caractérise par un retour en force de l’écrit, notam-ment grâce aux communications instantanées. Ainsi se dessine une nouvelle temporalité de la correspondance écrite. Le numérique et les écrans omni-présents dans notre quotidien deviennent des extensions de notre pouvoir perceptif et cognitif. a travers une partition chorégraphique écrite pour un corps dans un espace, nous cherchons à mettre en valeur l’impact de tous ces messages (skype, Viber, Whatsapp, Messenger, telegram) dans notre quotidien.

Chaque partition est un solo qui s’invente à partir des corps des danseurs et acrobates et pourra être investie par autant d’interprètes qu’il y a de subjectivités (acrobate, danseur, homme, femme, enfant). Nous cherchons ainsi à éviter un point de vue univoque. Toutes ces réponses possibles consti-tuent une sorte d’atlas du vivant. Elle est composée de 4 boucles mettant en mouvement les 4 correspondances.Pour alimenter cette partition, un appel international est lancé à des dan-seurs, circassiens et traceurs (parkour) vivants aujourd’hui dans les zones de conflits, en leur proposant de danser dans les décombres. Ces pièces choré-graphiques, envoyées sous forme de films et/ou photographies, s’intègrent à la scénographie afin de créer une relation entre corps réel et corps virtuel.Ce dialogue incarne cette distance impossible à résoudre avec l’ailleurs, mais révèle le lieu du plateau comme un des chemins pour faire communauté.

Dispositif scénographiqueune conception scénographique proche de l’installation : un tex-tile entre agrès et support numérique

Notre recherche se tourne vers un espace plurivoque, afin que chacune des matières convoquées au plateau, images, vidéos, corps, sons, écri-ture, puissent se superposer, interagir les unes avec les autres.

La plasticité de l’espace est constituée d’une matière textile que nous cherchons à décomposer autour de plusieurs caractéristiques à priori incompatibles :- des zones de projection, afin que les matières puissent être im-pulsées, rebondir, se propager.- un support pouvant dévoiler, cacher, révéler les zones du plateau pour mettre en relief différentes échelles, par le biais de l’éclai-rage et des médias vidéo.

Au delà d’expérimenter autour de ces caractéristiques, c’est le dépla-cement des matières et leurs conséquences dans l’espace que nous recherchons. Comment ces superpositions, ces confrontations d’états au plateau donnent naissance à de nouveaux territoires de communication, de nouveaux paysages venant perturber notre quotidien.

Des expériences sur l’interaction de ces matières sur différents sup-ports ont déjà commencé avec le partenariat sur 2015-2017 du dépar-tement scénographie de l’Ecole d’Architecture de Nantes.

© A. Kiritzé-Topormaquette du spectacle

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les matériaux et la pluralité interprétativeles correspondances numériques :Les recherches s’articuleront autour de ces 4 applications (Skype, viber, WhatsApp, Messenger) : - Y a t-il un genre propre à chaque messagerie : quelle est la couleur, la taille, la forme des messages, et la place qu’ils prennent sur l’écran ? - Quelles réactions émotionnelles ce genre implique t-il ? - A quel endroit du téléphone arrive t-il, en haut, en plein écran, en bas ? Peut-on regarder et utiliser son téléphone sans lire le message ou doit-on le regarder obligatoirement ? Comment leur intrusion et le genre de ces messages définit ensuite le rapport au réel dans le quotidien et le changement d’échelle que cela provoque ?Comment le fond influe sur le contenu : étude poussée de la typographie, des émoticônes et de quels types, le fond d’écran sur lesquels les messages apparaissent ? Les types de messageries utilisées racontent aussi le pays, l’effet de mode de ces applications.

Nous chercherons à rendre concrets ces axes de recherches en utilisant différents modes de restitution de l’interface de messageries instantanées : restitution sur écran (d’ordinateur, de télévision), ou restitution en projection qui pourra se faire sur différentes surfaces.L’utilisation de la transparence pouvant permettre une démultiplication des images projetées sans multiplier les sources de projection. Nous explorerons également le rapport que le corps de l’interprète peut entretenir avec ces images de messages. A contrario, quelles modifications dans les corps entraînent l’apparition du message. Les messages que je reçois via des applications téléchargées et usitées par tous, sont définis par des caractéristiques particulières et racontent un contexte propre à influencer leurs contenus et leurs réceptions.

© Nexmo, start-up en infographie recensant les applis de messagerie instantanée, Site CBNews

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Conversation avec j.preneur de son pour la radio belge. reims.

Ah, c’est vrai que je repense… Tiens, je repense à la place Tahrir, en Egypte. Et c’est vrai que là y’avait un truc fou, c’est que dès que le soleil se couchait t’avais l’impression que c’était la guerre. Dès que le soleil se couchait t’avais les gens avec les pétards, qui hurlaient, machin, et… Et là, tiens, y a eu une expérience très intéressante. A un moment nous sommes allés dans un marché pour aller voir ce que les gens normaux disaient, pas ceux qui allaient manifester sur la place. Et on a interviewé une femme énorme, comme ça, une matriarche qui vendait des feuilles de vigne. Et à un moment on entend, à quelques mètres sur le côté dans un autre stand, un petit éclat de voix comme ça, et paf, ça tire, mouve-ment de foule, dans des petites rues comme ça, hop, la vieille avec qui on était nous choppe… Sa maison était derrière son étalage, elle nous tire chez elle, elle barricade les portes et tout. Et puis on attend que tous les bruits à l’extérieur se calment… On a appris par la suite – on est allés voir les gens on leur a demandé ce qui s’était passé – que c’était une femme qui était venue acheter du poulet, et donc elle avait payé deux kilos de poulet, et quand elle était retournée à la maison, elle avait pesé, y’avait que 1kg800. Donc elle avait renvoyé son fils avec un flingue, pour se venger. Tu te dis, mais, et ça c’est un des trucs qui m’a le plus marqué en fait., Dans quel état de ten-sion on peut se retrouver pour en arriver à… à de telles extrémités.

exemples de correspondances numériquesÉchange skype avec i.logisticien dans l’humanitaire. république du Congo.

i / 18 octobre, 22h35.J’ai 45 rougeoleux sous tente. Ils continuent d’arriver. Il pleut. Je n’ai plus de lits. Ils doivent partager. Je suis trempé, épuisé. Maintenant je croise les doigts pour qu’ils soient tous vivants demain matin…

19 octobre, 15h09.Une est partie. On s’en doutait. Son père dit que c’est de notre faute. Il a peut-être raison…

Échange Whatsapp avec s.jeune afghan rencontré à Calais.

s / Avril 2016In Iran i had not a good life because i was just afghan !And in Afghanistan i didn’t sure after leave house i can see again my family or no.And now in Europe i must look misery for my family ! I dont’ want Marine ! I don’t know i must for who ? To god ? To life ? To world ? I don’t know ! But i tell to everything and everybody ! What’s my offense that i was born afghan ? What’s my offense that i want just well life with my family ? What’s my offence that anyplace don’t like me ? I don’t know ! Why i must in youth loo-ked many misery ? Really what is my offence ?

I know one day i will have a good houseI very miss for a day that i will sleep in bed and my mom will come and will say me wake up come on for eat breakfastI very miss for look match footballI very miss for a normal life

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Conversation monologuée avec antoine d’agata,Photographe. arles.

Je photographie ce que je vis pendant que je le vis. Entre 17 et 30 ans, mon exis-tence a été essentiellement marquée par des choix absolus: la rue, la zone, la dé-fonce, l’errance. Ma vie a toujours été telle qu’elle transparait dans mes images : le même type de villes, de quartiers, de bars. La nuit, toujours.

Ce qui m’intéresse, c’est la vie, le monde. Comment construire une vie dans un monde où les hommes s’évertuent à se détruire ? Comment on fait son chemin dans ce chaos ?Voilà, là j’ai passé une année à bosser sur des textes pour les bouquins et là l’éner-gie que j’ai, vraiment, ça a été hyper compliqué de retourner…tu vois le corps a pas envie…alors je me protège, tu vois, le fait de pas avoir de maison, de pas avoir de famille, le fait d’avoir une liberté extrême, c’est au final des façons de…enfin d’être sûr que je peux facilement aller et venir, de ne pas être enfermé…une fois que tu as une maison, tout ça, des factures…bon voilà tu…moi j’ai pas tout ça…je peux facile-ment me dire oui je prends mon sac, je retourne là-bas, je vais là-bas…

Échange Whatsapp avec s,le Havre.

03:08SalamMarine now we leaved polistationAnd they said us we will cant find a place for sleep for youAnd now we are in streetSorryAnd they said us we will cant find a place for sleep for you

Conversation skype avec b.province de raqqa en syrie.

Marine / 10h28. J’ai tellement envie de vous voirTu travailles toujours à l’hopital ?

b. / 10h28. Moi aussi tu nous manquesNon g plus le temps avec les enfants chacun va dans une ecole différente

Marine / 10h30.Ah bon

b. / 10h30.Et on a déménagé un peu plus loin de l’hopital

Marine / 10h30.Ah d’accordEt l’école ça va ?

b. / 10h31.Oui ça va tranquillement

Marine / 10h31.Tranquillement ???

b. / 10h32.Hihihi

Marine / 10h35.Faut quand même pas que je vous revois plus jamais hein

b. / 10h36.On ne c pas de quoi est fait le lendemain

Marine / 10h36.Oui on verra.J’arrête je suis en train de pleurer sur mon thé.

s. / 10h36.Moi je bois du nescafé.

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les correspondances vidéos, photographiques et audiosNous avons récolté des matières vidéos, photographiques et sonores, provenant des corres-pondants eux-mêmes, de l’appel international lancé à celles et ceux qui travaillent dans les zones à risque, des médias. Elles seront mises en écho entre les trois dimensions (quotidien, conflit, paysage), les correspondances numériques, et le réel du plateau.

le message par l’imageL’image médiatique est censée nous donner accès à une réalité dont nous sommes éloignés, cou-pés, elle se propose (ou nous impose) de nous transporter virtuellement au cœur de l’action, du conflit, de l’horreur. Pas d’image sans cadre, pas de cadre sans point de vue, sans regardeur, sans positionnement. L’objectif photographique est en premier lieu le choix d’un angle de vision donc d’une perspective. Comment croire encore à l’illusion de l’objectivité médiatique ? Et pourtant, nous ne pouvons nous empêcher d’être saisi, voire pétrifié, par l’image qui nous arrive et nous re-trouvons dans une mise à distance impossible. Au contraire du discours, l’image se donne d’emblée toute entière, réduisant considérablement le temps d’analyse nécessaire à sa compréhension.D’un côté la photographie comme arrêt du temps, arrêt du flux, comme « éternisation » de l’instant, d’un moment de l’horreur qui se cristallise et devient une image fixe ; de l’autre, la vidéo, qui ne peut s’arrêter même lorsqu’il n’y a rien à montrer, comme une injonction impérieuse au mouvement, à l’action. Deux manières de rendre compte du réel, en en capturant un instant ou en en enregis-trant le flux.Ces images pénètrent notre quotidien, tentent de nous envahir. Ces intrusions, sorte de violation d’un territoire intime (Zone du quotidien), contraindront l’interprète à un déplacement, à une pro-jection hors de lui même dans un second espace englobant le premier, espace immatériel, virtuel, fait de matières éparses, croisement de la propre culture de l’individu et du flux d’informations continu qui lui arrive au travers de sa vie connectée (médias, messages, réseaux sociaux).

Danser (sur) la zone du conflitÀ rebours de l’image médiatique nous nous proposerons de donner une autre vision de la zone de conflit par des artistes vivants et éprouvants ces territoires au quotidien, en leur proposant de se filmer dans leur environnement. Les images ainsi collectées dans différentes zones sensibles de la planète seront diffusées sur le plateau, ce qui pourra mener à la création d’une chorégraphie virtuelle de groupe basée sur des interprètes isolés et éloignés géographiquement mais réunis par la juxta-position de leurs images sur scène.En jouant sur la transparence des supports de projections, nous explorerons les interactions possibles entre l’interprète présent physiquement sur scène et ceux présents au travers vidéo. Comment la présence réelle peut-elle se nourrir de ces présences virtuelles et enregistrées ? Mais aussi comment le mouvement traverse les frontières et les cultures, tout danseur étant soumis, in fine, aux mêmes lois de la gravitation universelle et disposant du même instrument, le corps humain.

©Danni Beach, 2016, bouches cousues à Calais.

©Breno Caetano, Morad, Palestine, Gaza.

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la grande échelleAu delà des conflits, des jeux de pouvoir et d’intérêt humains, le territoire, le pays est d’abord paysage, relief, volume, imbrication d’eau et de terre, lui aussi soumis à un jeu d’équilibre/désé-quilibre constant. Les enjeux de ce grand mouvement perpétuel, semblent à première vue tout à fait étrangers aux enjeux humains. Le contrôle des règles de cette mise en mouvement de la nature nous échappent en grande partie, et nous ne pouvons bien souvent n’être que simples spectateurs. En nous intéressant à cette échelle, nous opérerons un dernier déplacement de l’humain vers le non-humain, vers ce qui l’englobe et sans quoi il n’existerait pas. La question du paysage serait-elle la grande oubliée du jeu médiatique, trop occupé de la petite échelle humaine ?Alors que la diffusion visuelle des messages et des images médiatiques sera basée sur la frag-mentation, la juxtaposition et la démultiplication des supports de diffusion (écran d’ordinateur, textiles opaques ou translucides, murs du décor), l’image de paysage sera au contraire unique et envahira tout le plateau. Nous privilégierons une composition complexe du cadre à une jux-taposition de différents cadres, ainsi que des plans-séquences. Nous explorerons comment les corps des interprètes peuvent eux aussi créer des paysages en s’abstrayant de l’incarnation de personnage pour entrer en écho avec les images filmées.

Matières sonores La création musicale s’emploie à mettre en résonnance les différentes matières reçues via les cor-respondants. Elles sont de plusieurs types :- Enregistrements réalisés par Marine Mane et racontant un rapport intime à cet hors la loi, au hors normé (interviews d’Antoine d’Agata le photographe et J. l’ingénieur du son pour la radio belge)- Enregistrements de terrain réalisés par Marine Mane, envoyés par S. le jeune réfugié, ou J. l’in-génieur du son, et faisant directement référence aux zones sensibles, captant ce que l’œil ne peut pas voir (musiciens afghans et soudanais réfugiés dans le camp dit la jungle de Calais, démantè-lement du camps, prises de sons envoyés par J. lors des attentats en Belgique, dans les camps de réfugiés en Grèce, en Afrique, ambiance sonore à la frontière turco-syrienne…)- Sons captés des différentes vidéos envoyées via l’appel international.Ces matières seront le prolongement d’une recherche acousmatique, et de sons issus des bruits du quotidien (cuillère, tasse, table, ordinateur, téléphone, pas, chaise, extérieur, intérieur…) qui positionnent l’interprète soit dans une distance extrêmement proche, soit dans un cadre éloi-gné, regardé, comme un point de vue de l’oreille qui focaliserait et défocaliserait l’attention du spectateur.

© Images tirées des matières de Vincent Fortemps

©vidéo The Parkour Tour of Gaza,Gaza’s young parkour team

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le plateau comme mise en perspective des correspondances

Jacopo Bodini,L’écran pour le sujet : un miroir opaque et

narratif.Voir selon les écrans, penser selon les

écrans Édition Mimésis Images, Médiums, sous la direction de Jacopo Bodini, et

Mauro Carbone.

« Qu’est qu’un sujet parmi les écrans aujourd’hui ? À savoir, quel est le statut du sujet dans notre époque, lorqu’il se

retrouve non seulement à vivre parmi les écrans, mais à vivre par le biais des écrans,

à travers les écrans eux-mêmes ?Au fond, quel type de subjectivité

s’engendre à partir des expérences du monde, et de nous-mêmes, qu’on fait à

partir des écrans. »

public

la scénographie s’occupe d’espace, de temps, et de mouvement, s’ouvre ainsi la question de la représentation des nouveaux espaces de communi-cation. Comment retranscrire ces superpositions de correspondance et des matière récoltées ? Et dans quel écrin représentatif, un langage se crée, prend du recul, manifeste, se révolte, et enfin s’entend de son interlocuteur. De toutes ces voix superposées, quel réseau, quel liens se tissent?

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l’espace du quotidien

C’est la cellule intime, la zone d’identité particulière, habitude, geste du quotidien.L’appel des différents médias (téléphone, messagerie instantanée, télé, radio, ordinateur...) discret, insistant, voir carrément intrusif s’immisce dans nos espaces intimes, dans notre cadre de vie bien réel qui peut être à mille lieux du « correspondant ». Notre espace quotidien se trouve-t-il affecté par ces entrées répétées de l’ailleurs?Quel est l’espace d’une correspondance numérique, que l’on qualifie aussi de dématérialisée ?Quel est l’impact de ces correspondances « sans matière » sur nous, notre relation à l’espace, au langage, à la voix, à l’intuition, la réactivité, et l’émotion?Dans quel espace-temps plaçons-nous alors notre relation à l’autre ?

Ce petit espace comprend tous les éléments du réelbouilloire, tasse à café... afin de recréer le geste quotidien.

Sur l’élément textile Média 1 (cf plan) vont s’afficher les diffé-rents matériaux menant le corps au vascillement.

Croquis, et extrait d’une séance de travail avec Lucien Reynes et le déséquilibre dans la zone du quotidien

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La zone de conflit : le réseauC’est le corps transporté, celui qui a vascillé, celui qui se tient entre équilibre et déséquilibre, parfois dans l’ombre, parfois dans la lumière, ou soi et l’autour fait corps. Les environnements se superposent créant ainsi décalages, concordances étonnantes ou assemblages absurdes, sans même que notre conscience n’ait eu le temps d’analyser les situations.

Ainsi la scénographie sert de support. Nous nous servons d’images projetées pour parler du temps et d’espace. 3 espaces/temps se superposent, 3 positionnements par rapport à l’histoire et le corps inscrit dans l’histoire : l’espace intime/quotidien, l’interaction avec l’espace des autres, et l’espace paysage/Histoire.entre chaque, des vacillements.

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Évolution de la zone de conflit, connectée où l’interprète se confronte aux médias virtuels

©Andreas Gefeller, réseaux

©Jac Leirner, réseau pour une ampoule

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le média projeté : de l’intime au paysage - exemple

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boucle 1 / la bouilloire / syrie

Didascalie : se faire chauffer de l’eau / amplification du bruit de la bouilloire / apparition message de B. WhatsApp / le corps quotidien se projette contre les murs et entame un travail autour du rebondissement / photo bombardement Syrie / musique - bruit des bombes / vidéo du danseur Syrien à Alep et Palmyre / bruits des bombes devient la musique percussive de la dabkeh / zone du quotidien disparaît / le danseur au plateau apparaît derrière le tulle et entame un duo avec le partenaire virtuel - ici le danseur syrien / petit à petit le désert vient recouvrir des photos d’une armée en train de tirer.

la partition, 3 exemples de boucle

message de B. WhatsApp dans lequotidien de l’interprète en train de se faire chauffer de l’eau pour un thé.

L’image se mêle sur le tulle média 1, la correpondance et un bombardement

(image TV). Fumée de la bouilloire qui se confond avec celle des bombes.

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“Moi je bois du nescafé.“ b.

Reportage sur Ahmad Joudeh danseur syriendansant dans Alep et Palmyre«Danser dans les décombres»

Duo entre le danseur virtuel et l’interprète entré dans la zone de conflit sur le tulle média 2. Le corps du danseur se meut vers ceux des tireurs dans le désert syrien.

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boucle 2 / la tasse à café / afghanistan

Didascalie : le danseur tourne sa cuillère dans la tasse / message Viber de S. / déplacement du réel corps extra quotidien / accélération de la cuillère / musique - les chèvres au loin dans la montagne afghane / vidéo des afghans qui dansent à calais / interprète en rapport avec cette ronde dans la zone du quotidien / message S. qui arrête et fait rupture / message audio sur le démantèlement de Calais / vidéo du gamin sur l’écran de la zone du quotidien comme une télé le matin / déplacement du réel pour l’interprète, qui reprend les mêmes gestes que ceux de l’enfant / vidéo de l’enfant grossit et passe d’un écran à l’autre, pour devenir de plus en plus énorme et faire un focus sur une des parties du corps / transformation de l’image en paysage / disparition des êtres humains.

message de S. / VIBER, dans le quoti-dien de l’interprète

Projection tulle média 2Superposition du quotidien et

d’un ailleurs virtualisé (vidéo des afghans qui dansent à Calais).

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“and now we are in street“ s.

Projection tulle média 2vidéo du gamin sur l’écran de la zone

du quotidien comme une télé.Dans la zone de conflit, le corps

réel de l’interprète “danse“ avec le corps virtuel de l’enfant.

Projection tulle média 2transformation de l’image en paysage. Le corps n’est plus.

message Viber de S., enfermé dans un container, port du Havre

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boucle 3 / la carafe d’eau / israël

Didascalie : La carafe d’eau : une attente / l’eau commence à trembler dans la carafe, musique, comme un bruit d’avion qui tourne / focus en vidéo sur la carafe, dans le détail (impression de la mer) / musique, rythme decrescendo, en surimpression avec le bruit d’un tremblement de terre / arrivée de photos / arrivée de messages Skype d’I. / Petit à petit on remarque que derrière les corps sur les photos, se dessine un corps réel, celui de l’interprète au plateau dans la même position / l’image s’étire et les corps deviennent animaux, formes, chair...

Projection tulle média 1les phrases d’I. par skype se suc-

cèdent, et provoque un vascil-lement des murs, un tourbillon,

un vertige se confondant avec le bruit du tremblement de terre.

quotidien d’un verre d’eau rempli

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“une est partie. on s’en doutait“ i.

Image de la résidence chorégraphique autour du quotidien

© Emad NassarDanser dans le décombre :

Salem Saoody, 30 ans, donne le bain à sa fille Layan et sa nièce Shaymaa, dans ce qui reste de leur maison du quartier

de Shaja’ia, à Gaza

Projection tulle média 2Superposition des corps et du

paysage.

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l’équipeMarine ManeMetteure en scène, chorégraphe, auteure

Premières armesAprès avoir suivi les formations de la Sorbonne Nouvelle en Arts du Spec-tacle, Marine Mane intègre les classes de la Comédie de Reims, où elle fonde une compagnie, La Tramédie. À sa sortie d’école en 2000, elle devient l’assistante de Christian Schiaretti.Entre 2002 et 2005, Marine Mane est accueillie en résidence au Théâtre Ici et Là de Mancieulles, en Lorraine. Elle y lance de premières expérimentations sensorielles avec les anciens ouvriers du carreau de mine (autour de Valère Novarina, Pierre Bourdieu, Pascal Adam).

le corps malmenéEn 2006, elle met en scène des comédiens (adultes) qui jouent les enfants qui jouent à la famille et adoptent le langage de la guerre, pour se dépeindre en éternels orphelins de parents trucidés. (Histoires de Famille, de Biljana Srbjanovic).En 2009, elle crée un théâtre visuel et physique autour de deux corps blessés qui se dévoilent malgré eux, dans un climat de désir attisé par la différence de statut social et le spectre de la mort. (Une puce, épargnez-la, de Naomi Wallace)En 2010, elle confie à une non-comédienne le monologue inspiré par les journaux intimes d’un jeune lycéen ayant retourné une arme contre profs et élèves, avant de se suicider. (Le 20 novembre, de Lars Noren).En 2011, elle se fait accompagner d’une chorégraphe pour inviter deux co-médiens, et deux musiciens à s’affronter comme sur un ring autour de la mécanique du désir. (Dans la solitude des champs de coton, de Bernard-Marie Koltes).Depuis 2012, elle invite des artistes de tous horizons à expérimenter collecti-vement sur les Laboratoires de Traverse, sessions de recherche sans obliga-tion de résultat, désormais indissociables de sa démarche de création.La Tramédie laisse alors la place à la Compagnie In Vitro.En 2015, elle prend le chemin d’une écriture personnelle. A ses cotés, un acrobate-danseur, un dessinateur et un musicien électro-acoustique tissent une seule et même toile, déroulant les fils entremêlés qui font la singularité d’une existence. (La tête des porcs contre l’enclos)Depuis 2015, au sein d’En lisière, elle s’interroge sur la relation que les habi-tants entretiennent à leur territoire, avec le désir de soulever le voile sur ce qui reste habituellement caché et invisible: traces des objets abandonnés, espaces en marge et hors circuit, humains en reste et en résistance. (Portrait de territoire, un récit des restes)En 2017, elle développe, avec En lisière, le premier volet d’un projet au long cours, afin de construire avec la population, des jardins urbains et des échanges culturels (danse, musique, photo...) dans un même désir de « se nourrir ». Une demande auprès de l’Institut français, dans le programme de mobilité Prospective architecturale et urbaine est déposée. (Nourritures - Beyrouth)

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benjamin bertrand, danseurNé en 1989, Benjamin Bertrand débute la danse aux cotés de Claire Ser-vant et d’Odile Azagury en parallèle de ses études en classes préparatoires littéraires. Il intègre le cycle supérieur du CRR de Paris en 2009. Il collabore ensuite avec Karine Saporta pour la reprise de La Princesse de Milan, Phi-lippe Quesne et Egle Budvytyte pour le Pavillon Neuflize du Palais de Tokyo, Francois Stemmer pour Seventeen, Jean-Luc Verna. Il est actuellement inter-prète dans Tragédie d’Olivier Dubois et dans Auguri (2016).

breno Caetano, acrobateBreno Caetano est danseur, créateur/interprète, performer et circassien. Il suit une formation dans la deuxième promotion de la faculté de danse à Fortaleza (Brésil) avant d’intégrer le Centre National des Arts du Cirque. En 2005, il crée avec Edmar Cândido le groupe Fuzuê qui développe une recherche entre la danse et le cirque. Il y est créateur/interprète dans Pica-deiro, Respiro et Olha ô Queima! Et participe à la Biennale Internationale de Danse au Brésil et au Cap Vert. Puis il participe à Procissão Pagã du choré- graphe Yann Marussich (Suisse) dans le cadre de la VIe Biennale de danse de Ceará (Brésil). En 2009 et 2010 il bénéficie de trois aides à projet par le gouvernement afin de développer sa recherche en danse, performance et cirque. Par la suite, il crée Essais d’une fragilité avec Marcio Medeiros. En 2011 il fonde avec Marcel Vidal Castells le Nucleo 3ANDAR, une série de rencontres, permettant un dialogue plus large du mouvement, inaugurant de nouveaux paramètres dans l’art contemporain. Parallèlement, il oriente avec l’architecte Eduardo Soares le projet «nouveaux médias appliqués au cirque», en échange avec le Musée de l’image et du son de São Paulo. Il danse avec des compagnies de Tel Aviv, Gaza, le Maroc.

smaïn boucetta, danseurIssu d’une famille algérienne Smain arrive en France a 5 ans effectue toute sa scolarité en France , il oriente ses études en plomberie et a 19 ans il intègre une entreprise dans la quelle il travaille quelque années, en parallèle il dé-couvre la danse contemporaine il se forme dans une école privée, il intègre l’école du CNDC d’Angers a 25 ans fini sa formation et sort en 1998 .Il commence sa carrière d’interprète dans divers projets avec Maud Le Pladec,Christian Rizzo, Nasser Martin-Gousset, Yuval Pick, Khalid Benghrib

johan Caussin, danseur acrobateOriginaire de Provence, Johan débute la gymnastique dès son plus jeune âge. Une dizaine d’années plus tard, il fait la rencontre du break-dance et l’univers de battles c’est alors que « micro » entre en piste.A la recherche d’une formation de cascadeur après l’obtention de son Bac, il s’oriente vers le cirque. Il se présente avec un autre danseur aux sélections du Centre des arts du cirque Balthazar à Montpellier. Durant une année, il y tra-vaille l’acrobatie sur trampoline et au sol, pour ensuite enchaîner deux années à l’Ecole nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois (Enacr) en anneaux chinois : d’abord en quatuor, puis en duo. Suivant des chemins différents, les deux partenaires se séparent et micro, intègre le Centre national des arts du cirque (Cnac) de Châlons-en-Champagne.Après six mois de pratique en solo aux anneaux chinois, et avec un vocabu-laire technique bien avancé, micro se consacre aux portés icariens, au trampo-line et à l’acro-danse qu’il mêle au break-dance. C’est à travers ses différentes techniques et influences qu’il trouve le meilleur moyen d’exploitation de son potentiel acrobatique.

Vincent Fortemps, artiste plasticienVincent Fortemps est né en 1967 et a vécu toute son enfance dans un village du Brabant wallon. À 19 ans, il entame des études d’illustration à l’Institut St-Luc de Bruxelles où il rencontre Thierry Van Hasselt, Denis et Olivier Deprez. Ensemble, ils forment le collectif Frigoproduction, ancêtre belge du Frémok. En 1997, il publie Cimes aux éditions Fréon puis La Digue en 2001 chez Amok. Repéré par le metteur en scène chorégraphe François Verret, il parti-cipe à un documentaire pour Arte. S’enchaîne ensuite une collaboration sur deux spectacles, Chantier Musil et Contrecoups. À l’occasion du premier, il crée, avec ses complices de La Cinémécanique, un dispositif pour réaliser et projeter ses dessins. Il le développe depuis en diverses formations de musi- ciens ou de danseurs. Vincent Fortemps vit à F. où il a achevé Par les sillons, une oeuvre qui le hante depuis les premières heures de la revue Frigobox. Le titre dit l’attachement à la terre, matrice et matière, comme les oeuvres précédentes avaient montré le goût de la mer et du ciel.

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Clément Dupeux, artiste multimédiaClément Dupeux est né en 1989. Vidéaste, réalisateur et monteur, il participe en 2008 à la fondation du Collectif du K, collectif artistique pluridisciplinaire avec lequel il explore le travail de la vidéo autant dans le cadre de spectacles vivants que de formes filmiques ou d’installations. Sa pratique va de l’expé-rimentation aux genres fictionnelles et documentaires, et du travail pour la salle de cinéma à celui d’espaces scéniques (expositions Marges en 2011, et les Cris de la ville en 2013, installation multiécrans Le miroir dans mon dos en 2015).Récemment, il a été chef monteur du documentaire Corps seuls réalisé par Edwige Moreau (produit par la société ZeugmaFilms).Actuellement, il réalise un long métrage documentaire produit par la société L’image d’après.

thomas Costerg, créateur lumièreCréateur lumières, Thomas Costerg est sorti de l’école du TNS section Régie en 1999. Il multiplie les collaborations: l’ensemble Reflex et Georges Aperghis (théâtre musical), la compagnie Xici et Guillaume Delaveau, Côme De Bel-lescize, et le Théâtre écarlate, l’Atelier du Plateau pour les Rencontres circas-siennes. Il travaille régulièrement avec Romain Bonnin, et pour la deuxième fois avec Marine Mane. Baltika Luminodynamique naît de la collaboration avec Ishrann Silgidjian et Romain Bonnin sur Amphitryon de Molière au CDN de Nice. C’est sous ce nom que Thomas Costerg signera les éclairages des opéras Trouble in Tahiti de Berstein, et L’enfant et les sortilèges. Depuis quatre éditions, il conçoit également la scénographie du Salon de la littérature jeu-nesse de Montreuil.

Margaux robin, régisseuse généraleAprès son diplôme en réalisation et régie son obtenu à l’ENSATT en 2014, Margaux Robin participe à la régie de plusieurs spectacles, et notamment de la dernière création de Carole Thibaut, Monkey Money. Elle accompagne le tra-vail de la compagnie In Vitro depuis La tête des porcs contre l’enclos. Actuelle-ment, elle collabore avec le Nouveau Théâtre de Montreuil en régie générale, plateau et vidéo. Elle a à son actif plusieurs créations de bandes sonores, au rang desquelles celles de Monkey Money et Printemps (Carole Thibaut). Elle travaille au cinéma, et participe à la prise et au mixage son de deux films du Collectif COMET : Un peu d’écume autour des vagues, film expérimental de Jeanne Cousseau, et Les Couleurs de Camille de Lana Cheramy.

amélie Kiritzé topor, scénographeDans un travail axé sur le rapport lieu-objet-langage, elle a d’abord élabo-ré des espaces pour le théâtre avec S. Mongin-Algan (Thrène-Kermann), E. Massé (Les Bonnes-Genêt). Elle fut ensuite l’assistante du scénographe Rudy Sabounghi sur les spectacles mis en scène par T. de Peretti (Gengis parmi les Pygmées, Le Mystère de la rue Rousselet ), J.C. Berutti (Les temps difficiles) au Théâtre du Vieux Colombier et D. Pischel (Tosca, Opéra de Rouen). Elle l’assiste aussi à la création d’un défilé de mode “hors norme” pour la collec-tion Travelling Light de G. Rozier.Plus récemment, elle a travaillé pour Omar Porras (Bolivar, Fragmentos de un sueno, L’Eveil du printemps-Wedekind, La grande duchesse de Gerolstein-Offenbach, La dame de la mer-Ibsen), la Cie Les Bourgeois de Kiev, spectacle de clown beckettien, La Cie Inka ( Des couteaux dans les poules-Harrower), Le chien, la nuit, le couteau-Van Mayenburg, Cie du Munstrum.Ses créations se tournent aussi vers la scène lyrique où elle conçoit des scé-nographies pour V. Vittoz (La petite renarde rusée-Janacèk, La servante maî-tresse-Pergolèse, Lundi, Monsieur vous serez riche!-Duhamel, La voix hu-maine-Poulenc, Cavalleria Rusticana-Mascagni, Viva la mamma-Donizzetti, La fille du régiment-Donizzetti pour l’opéra de Lausanne ), pour M. Wasserman (Fidélio-Beethoven,) et pour B. Bénichou (Trouble in Tahiti - L’enfant et les sortilèges Bernstein-Ravel, La chauve-souris-Strauss, L’heure espagnole-Ravel, L’étoile-Chabrier, Brundibar- Krasa à l’opéra de Caen)Elle travaille aussi sur des espaces d’exposition et muséographiques : FACTOREV, La nuit de la récup créative dans le cadre du Voyage à Nantes 2012, Cap Environnement 2007, concept graphique et spatial en collaboration avec Cléo Laigret (Atria de Belfort), et une malle poétique pour le Printemps de Poètes.Enfin, elle enseigne et collabore à l’organisation pédagogique du diplôme dédié à la scénographie de l’École d’Architecture de Nantes.

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Cathy blisson, dramaturgeCathy Blisson est journaliste à Paris. Pendant huit ans à Télérama, elle s’est spécialisée dans la couverture de la création contemporaine hybride, à la croisée des disciplines scéniques et autres arts visuels. Depuis septembre 2009, elle exerce en free-lance sur les lisières entre culture et société, écri-vant pour Mouvement, Stradda, Evene.fr, Graffiti Art Magazine, ou encore la revue québécoise Jeu... Elle accompagne par ailleurs les démarches d’équipes en recherche (La Tramédie/In Vitro, Alexandre Fray/ Cie Un loup pour l’homme, le groupe Berlin, Zadig Productions, le Théâtre du Centaure, La Zampa...), à qui elle prête sa plume et un regard extérieur, et poursuit des projets personnels d’écriture textuelle et sonore.

Christophe ruestch, musicienCompositeur, performer, Christophe Ruetsch travaille avec toutes sortes de sons qu’il malaxe allègrement sur scène ou dans les studios de musique électroacoustique, à l’aide de machines toujours plus anciennes. Il collabore avec des chorégraphes, et est invité au GRM depuis 2003. En 2008, il part en résidence à Tchernobyl et travaille sur des phonographies dans la zone contaminée. Il en sortira trois créations : Atomic Radio 137, en juin 2009, pour les Ateliers de Création Radiophonique de France Culture, Zona en 2010 sur une commande de l’État et du GRM, et Atomic Radio 137 live en 2011. Depuis quelques années, il développe son travail en live, ce qui s’est traduit notamment depuis 2007 par l’élaboration d’une lutherie électronique personnelle donnant lieu à des concerts, ciné-concerts, et performances. Sa musique est jouée dans de nombreux concerts et festivals en France et à l’étranger. Christophe Ruetsch est membre du collectif de musique active Éole à Toulouse. Il a déjà collaboré avec la compagnie In Vitro autour de sa dernière création, La tête des porcs contre l’enclos.

© Photographie Christina Malkoun,production Arte

camp de Burj el-Barajneh, Liban


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