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DÉCADES ÉPIGRAPHIQUES, PAR M. PH. LE BAS DE L'INSTITUT. PREMIÈRE DÉCADE

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DÉCADES ÉPIGRAPHIQUES, PAR M. PH. LE BAS DE L'INSTITUT. PREMIÈRE DÉCADE Source: Revue Archéologique, 13e Année, No. 1 (AVRIL A SEPTEMBRE 1856), pp. 1-11 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41746336 . Accessed: 19/05/2014 16:48 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.178 on Mon, 19 May 2014 16:48:45 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions
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DÉCADES ÉPIGRAPHIQUES, PAR M. PH. LE BAS DE L'INSTITUT. PREMIÈRE DÉCADESource: Revue Archéologique, 13e Année, No. 1 (AVRIL A SEPTEMBRE 1856), pp. 1-11Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41746336 .

Accessed: 19/05/2014 16:48

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

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DÉCADES ÉPIGRAPHIQUES ,

PAR M. PH. LE BAS DE L'INSTITUT.

PREMIÈRE DÉCADE (1).

PREMIÈRE PARTIE.

I.

nscriplion copiée à Litri, l'ancienne Érythres, sur un linteau de porte. Lettres d'une bonne époque, de 0,025. - Hamilton, Researches in Asia minor , n° 231.

2H2ANEOHKENAOHNA I HI POAIOX N0NHTH2ÀE.T.N. TEYIET OAE

Ce monument était moins mutilé quand M. Hamilton Ta vu. La copie du savant voyageur, qui, du reste, est loin de reproduire exactement la forme des lettres et ce qui subsiste de l'avant-dernier mot de la seconde ligne, donne au commencement de chacune des deux lignes quelques lettres de plus que la mienne. Voici comment elle est conçue :

A I. .©EP2H2ANEOHKENAOANAIHnOAIOX... riA.in I AONHTHI A. . .N. E OYïETOAE

Réduit à ma copie, j'avais restitué ainsi qďil suit le distique élé- giaque dont se composait l'inscription :

[Touto ITo]^*; ávsôrjxsv 'AÖyjvaty) 7roXioúy[u)] [Hrjxoç, ó] S' Ouvvìtt)«; Se[X]t[io]v [I]tsu?£ toSs.

Posés a élevé cette chapelle à Athéné , gardienne de la ville , et Onétés est V auteur des vers gravés sur cette tablette .

(t) M. Le Bas a bien voulu nous promettre de nous communiquer de temps en temps, avec les explications qu'il en donne, quelques-unes des inscriptions recueil- lies par lui, dans le cours de la mission dont il a été chargé en 1843 et en 1844, et qui lui paraissent dignes de fixer plus particulièrement l'attention des archéo- logues. Nous ne croyons pouvoir mieux inaugurer notre treizième année qu'en publiant la première partie de ces savantes communications, auxquelles, dans l'es- poir qu'elles seront fréquentes, nous croyons devoir donner le titre de Décades épigraphiques , qui rappellera à nos lecteurs les Décades numismatiques dont le comte Borghesi , le doyen et l'arbitre de l'épigraphie Ialine, a enrichi le Giornale arcadico . (Note de l'éditeur .)

XIII. 1

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2 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Le nom de II ájrw se retrouvant à Athènes (1), il me semblait na-

turel de le rencontrer à Érythres, où Cnopos, fils illégitime de Codros , dernier roi d'Athènes , amena une colonie (2) ; et ce qui semblait fortifier mon opinion c'est que les inscriptions de Smyrně fournissent aussi un exemple de ce nom (3).

Mais la copie de M. Hamilton prouve que le consécrateur portait un nom différent, et que ce nom se terminait en 0s'p<nr¡c, comme 'AXiOepavi?, qu'on trouve dans Homère (4) et dans Pausanias (5); 'Etci0sp<tt¡<;, que porte un magistrat éponyme d'Érythres (6) et un athlète de la même ville, vainqueur aux jeux olympiques (7) ; et enfin IIoXu0ép<jir]ç , que fait supposer le patronymique noXuOspasíS»)? que nous rencontrons dans Homère (8). La mesure du vers ne permet pas d'en supposer un autre que [II]«[v]9¿p<n)í , le même que IlavOápa?]? , dont Manélhon nous offre un exemple (9) : car dans ces sortes de composés l'a et 1'« alternent, d'où l'on peut conclure avec certitude que le radical 0sp<r équivaut à Oapc (10).

La restitution du premier mot du second vers n'est pas aussi fa- cile. Je doute fort de l'authenticité du S, qui serait la quatrième lettre de ce mot, dans lequel je suis porté à voir le datif du mot itaoToç , désignant un édicule sacré, d'où uacmxpopo;. L'inscription doit donc, selon moi, se lire ainsi, en admettant la synérèse d'fo dans osXtîov •

[n]a[v]8sp(jriç àvé0T)jtev 'AOocvafy itoXioúj([<¡>] , icafotjii S' OoviÍtv)? Se[X]t[Ío]v [IJxeu^e toSe.

Panthersès a consacré ce 'petit sanctuaire à Athéné, gardienne de la ville , et Onétés a composé V inscription qui s'y trouve gravée.

'Ovüítyk, qui se présente ici avec l'allongement poétique de la première syllabe réclamé par le mètre , est moins connu sous la forme ionique que sous la forme dorique Ovata? qu'a illustrée un sta- tuaire éginète contemporain de Phidias (11).

(1) Corpus Inscr. gr ., n° 180. (2) Voy. n° 55 du 1. 111 de mes Inscriptions. (3) Corp. Inscr . gr 3246. (4) Odyss. Il, 167. (5) Liv. VII, ch. IV, § 1. (6) Mionnet, Suppl. , t. VI, p. 220, n° 950. (7) Paus., liv. VI, ch. XV, § 6. (8) Odyss. XXII, 287. (9)11,71. (10) Voy. le Thesaurus ling. gr. de Walpy, col. 4196. (11) Voy. Paus., liv. V, ch. xxvii, § 8, etc.

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DÉCADES ÉPIGRAPHIQUES. 3

Le culle d'Àthéné Poliade àÉrylhres est attesté, indépendamment de ce distique, par Pausanias (l), par le n® 40 de mon troisième volume, par les médailles (2) et par une inscription trouvée à Éry- thres depuis mon passage, laquelle contient un traité d'alliance offensive et défensive conclu entre les Érythréens et Hermias, tyran d'Atarnée (3).

Notre monument doit appartenir à la fin du Ve siècle avant l'ère chrétienne, à cette époque de transition où l'usage de la voyelle longue H commençait à s'introduire, mais où O représentait encore la diphthongue OY.

11.

A 30 min. au S. de Litri, dans l'église de la Mère de Dieu , M^iéca toö 0eoû, con- struite, suivant toute vraisemblance, sur l'emplacement d'un ancien temple. Lellres de 0,12, cttoi x»)8óv, semblables à celles d'Athènes dans la seconde moitié du Ve siècle avant notre ère.

THBOYAHKA I Till O N il N A A N A r P A y 4 I

ETHNEPYOPA IHN PQIENONKA I TPOE

H N A Y Til IENA I ENEPY HI 2 I N K A I AT E A E I AN

ANTflNXPH M AT il N K A I îArnrHîKAiEïArnrHi A I r O A E M O K A I E I P H N H I

IEPYOPA IONE INA I BOYAHT A IEI N A I A E

TAKA I A Y Til I KA I EK 2P0H2A20A I A E

I KONAXAAKH N K A I 2 T H 2 A I

KO N Í1N I I K A I

[¿H [8o-/6ai] ty) pouX9¡ xa i tío [8y)| jlw * K]ov(*)va àvaypávpat

(1) Liv. VIII, ch. v. (2) Mionnet, M éd. gr., t. II, p. 128. (3) Mémoires de V académie de Berlin , ann. 1863.

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4 REVUE ARCHÉOLOGIQUE .

[euEpY]sT7)v 'Epuôpaiwv [xal 7:]p()$6v0v, xa' 7rpos-

5 [Spt]"^ e(ï)vat £v 'Epo- [ôpjrjfftv xa ' àxeXetav [7ròcJvT(ov ^prifjLocTwv xal [l]<7aYi*>YÍ? *al HoLyiûy^ [xal] TToXgfjLOu xai eipvivyjç *

10 [x]al 'Epuôpaïov eivai [av] ßouXY)Tai* eivai Sè [Tau]ra xal auTw xal Ix- [yovoi];* TTcnfaaGÔat os

15 [auTou e]ïxova ^aAxvjv [ercfypusov] xal oTYjaai

Kovwvt xa(.

Le Gonon auquel sont décernés les honneurs énumérés dans ce décret, dont malheureusement le préambule a disparu, ne peut être que le célèbre général athénien. On sait qu'après sa victoire de Cnide (394 av. J. C.), il se porta avec sa flotte vers les îles et les villes du littoral de l'Asie Mineure encore soumises au joug de Sparte , et en chassa les harmostes lacédémoniens (1). Les premières qui firent défection furent Cos, Nisyros et Téos , et leur exemple fut suivi par Mityléně, Éphèse et Érythres (2). D'après son conseil, Pharnabaze , satrape des provinces maritimes et son collègue, n'y bâtit point de citadelles, mais y rétablit l'autonomie (3). C'est sans doute en reconnaissance de cette généreuse conduite que les Éry- thréens lui conférèrent les droits, et lui accordèrent les honneurs qui sont mentionnés dans cette précieuse inscription. Ils avaient d'ailleurs ďautant plus d'intérêt à s'assurer sa bienveillance qu'ils devaient être alors fort mal notés à Athènes, dont dix-huit ans au- paravant, en 412, ils s'étaient détachés à l'instigation d'Alcibiade et de Chalcideus (4).

Remarquez l'absence de l'iota souscrit dans ty¡ ßouXri, 1. i , fait très-surprenant dans un monument de cette époque , et l'emploi de O pour OY, dont nous avons déjà vu un exemple" au n° pré- cédent.

(1) Xénoph., Hist. gr. , liv. IV, ch. vin, § 1. Í21) Diod. de Sic.. liv. XIV, ch. xxxiv. (3) Xénoph., ibid., § 1 et 2. (4) Thür., liv. VIII, ch. xiv.

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DÉCADES ÉPIGRÀPHIQUES. 5

III.

A Litri, au haut de l'ancienne acropole; fragment de stèle en marbre noir. Lettres de 0,011, crcoi/^Sóv, du IV* siècle avant notre ère.

T H I B 0 Y A AY22Í1A AON • KAT

EAEPE I ANHPAT A 00 2 EP ITHNPOAI NTHNEPY

Í1NEINAI EOEPTETHNTH2 EÍ12KA I PPOIENON KAI POAI KAI E2PAOYNKA I EKPAOYN POAEMOKA I El PHNH2A2YAE A 2 P O N A E I KA I A T E A E I ANKA

OEAP I HNTAOTAAEE I NA I A O T I K A I EKTONO I 2 2 T H 2 A I A E A

Al E I KONAXAAKHNENTH IA I KAI A PT E IH I 2 I H 2 E I KONA NHNENTÛI AGHNA I ill K A I A N n 2 A I M A Y I 2 n A A O N M E N

El KÍ1NPENTHKONTAAPTE AEEKTP I HKONT AAAPE

A IAET AOT A E 2 T H A H I E2TOAOHNA ION INAI

[AeSÓ-] [y.9ai] ßouXß xal xw òr' iam [tov M]aúa<JwXXo[v 'E]xaT[óavo), ßa-] [aiXjéa, licei áv/)p áya^óí [ô-jcvj p- ] [Çs ir]epl toXiv TT|V 'Epu[0p-] [ai]u>v, elvat loEpY®xylv [tó-] [X]swí xal Trpóçevov xai 7toXí[T7|-] [v], xal i<r rXouv xai fxitXouv [stva-] [i] TroXs|jio[u] xal EÍp^vr,? , àauXeft xa- [i] ásTTOVSí t , xai aTsXeiav xa[i Trp-]

10 oeSpiïjv TaoTa ck eîvat áotfw] i xat êxyóvotf , (rtîjaat 8è à[oTw] [x]ai EÌxóva j^aXxrjv Iv TÍ¡ ày[o-] [pvj] , xal 'Aprepioírii eíxóva [Xi-] [0{]vy)v tv TW 'AOrivatw , xal [ut-]

15 [E<p]av<ö<»ai MaúffffooXXov ¡asv [Ix]

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6 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

[$ap]eixwv TttVTifrovT« , 'ApTef^i-] [ffi7)v] Ss ex xpi^xovra Sape[txw-] [v , YP oty] çct §s Taoxa iç gt^Xy) [v xa-] V dTrjaaji iç rò 'A-Ö^vatov

20 i va [rafo i]...

En quelle circonstance la- vifle d'Érythres décerna-t-elle à Mau- sole, satrape de Carie, el à sa femme Artémise, les honneurs mentionnés dans cette inscription ? Fut-ce pendant la révolte des satrapes et des villes de l'Asie Mineure (362-361), à laquelle il s'associa (1), ou pendant la guerre que Byzance, Rhode», Chios, Cos et leurs alliés, soutinrent contre Athènes (2), après avoir, à l'in- stigation de Mausole (3), proclamé leur indépendance (357-355)? Il me paraît assez difficile de se prononcer : je serais cependant porté à croire que ce fut plutôt dans le premier cas.

D'un autre côté, s'il fallait en croire Lucien (4), Mausole aurait étendu ses conquêtes jusqu'en Ionie. Mais Lucien n'est pas un historien; c'est un philosophe satirique, et il n'exagère évidem- ment la puissance de Mausole pendant sa vie que pour donner plus de force aux sarcasmes que lui lance Diogène après sa mort. Il résulte cependant d'un passage de Polyen (5), dont l'autorité historique a plus de valeur, que le satrape de Carie avait jeté des vues ambitieuses sur Milet , qu'il regardait sans doute comme la première position à occuper pour pénétrer jusqu'en Ionie. Certes, dans l'état d'affaiblissement où était alors l'empire des Perses, on conçoit que, riche et puissant comme il l'était, Mausole ait pu songer à s'étendre au nord de son gouvernement, comme il s'était étendu au sud-est ; c'était assurément un excellent moyen de préparer ses conquêtes en Ionie que de s'y faire des partisans, et il est assez naturel de croire que c'est à la suite de quelque bienfait intéressé que les Érythréens lui donnèrent le témoignage de reconnaissance que notre inscription rappelle. Le bienfait de- vait être important pour qu'ils substituassent le titre de roi à son titre de satrape.

Quoiqu'il en soit, ce monument ajoute un fait nouveau à l'histoire si incomplète de ce prince^ Il nous fournit aussi une nouvelle

(1) Diodore de Sic., liy. XV, ch. xc. 12) Idem., liv. XVI, ch. vii et xxi. (3) Demoth., Disc, pour la lib . des Rhod § 1. (4) Dial, des tnovts , XXIV. Tà 7toX).àTyjç IcDVtaç xaTa?Tpt<póiitvoç. (5) Stratag liv. VI, ch. vin.

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DÉCADES ÉPIGRAPHIQÜES. 7

preuve de la véritable orthographe de son nom. Il résulte, en effet, des lignes 2 et 15 que ce nom s'écrivait MaúwwXXo ; et non MaúuwXoç, ce que nous avait déjà appris le n° 2691 c. d. e. du Corpus , plus exactement reproduit nM 377-379 du troisième volume de mes Inscriptions.

Là ne se borne pas l'intérêt que doit inspirer ce décret. Son im- portance philologique égale au moins son importance historique, puisqu'il nous offre deux curieux exemples de celui des quatre rameaux du dialecte ionien qui, au dire d'Hérodote, était propre à Érythres et à Chios. Les lignes 5, 10 et 18, nous prouvent, en effet, que dans ce sous-dialecte o remplaçait u dans les diplithongues où cette dernière lettre occupait la seconde place.

Nous pouvons de plus, par les lignes 16 et 17, nous faire mie idée approximative de la valeur des couronnes d'or que les villes décernaient à leurs bienfaiteurs. La darique du système asiatique équivalant, d'après les calculs de mon savant confrère, M. Ch. Le- normant, à 29 fr. 05 c. de notre monnaie, la couronne de Mausole valait 1452 fr. 50 c., et celle d'Artémise 871 fr. 50 c.

Eufin , du lieu où j'ai trouvé le n° 1 et la stèle sur laquelle cette inscription a été gravée, on peut conclure que le temple de Mi- nerve Poliade s'élevait sur le sommet de l'acropole, ce qui permet de déterminer un des points les plus importants de la topographie d'Érythres.

IV.

A Litri, près du Port, sur un fragment.

TNÍ1. . . . 2 I AH02-EP TOAI. .HMATOKYPn

O M I T. -Al KA2TH2BA NKAOE... A N 2 I TOYA

AIKÍ1N KAI - P ATP AOÍ1N E N T A 1 2 <t> I A O T I M I A I 2

TO..TA...ÛZ I N E I 2 T H N T ENTAI

La restitution de la droite de la ligne 1 se présente d'elle-même : [Im ßa]ai),7,oq , Sép^ou ou plutôt Eép?euç (1). Ainsi nous avons sous les yeux un monument se rapportant au règne de l'un des deux rois qui ont porté le nom de Xerxès, et ce roi ne peut être autre

(1) Voy. n°* 377 el 379 du t. III de mes Inscriptions.

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8 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

que Xerxès l#r, puisque Xerxès II ne passa qu'un instant sur le trône pour faire place immédiatement à Darius II. L'acte repro- duit dans cette incription se place donc entre 485 et 465 avant notre ère, et plutôt à la fin qu'au commencement de ce règne. Nous voyons de plus par le mot ßa<xtX9jo; qu'elle est écrite en dialecte ionien.

Il n'est pas aussi facile de restituer la partie gauche ; mais on peut cependant y parvenir en comparant notre inscription au petit nombre de monuments épi graphiques qui rappellent la do- mination persane en Asie Mineure , et qui jusqu'ici se réduisent à quatre (1). On y voit, en effet, que tous les actes officiels de l'époque persane étaient précédés de deux dates, dont Tune con- tenait le nom du roi régnant, et l'autre celui du satrape qui gou- vernait la province que ces actes concernaient. Il est donc pro- bable que sur le marbre d'Éry thres , en avant du nom de Xerxès , se trouvait celui du satrape qui hvait alors sous ses ordres les provinces maritimes de l'Asie Mineure , et l'on ne peut s'empê- cher de songer à Pissuthnès, fils ďHystaspe , qui occupait cette haute position pendant la guerre du Péloponèse (2). Il est bien vrai que dans Thucydide le nom de ce personnage est écrit par un ô et non par un t , mais on ne doit pas oublier que notre in- scription est écrite dans le dialecte ionien, dont Hérodote nous offre le modèle, et qui tend constamment à remplacer les consonnes aspirées par les fortes. La première ligne devait être conçue en ces termes :

[IIi<j<you]TV<ö, [Í7ui ßaJaiXrjO? Sep^suç] , et la précédente devait se terminer par le mot l?aaTpa7reúovToç, forme qui, avec quelques variantes, nous est fournie par les quatre mo- numents auxquels j'ai fait allusion plus haut. Ainsi se trouve con- firmé le choix entre Xerxès Ier et Xerxès II.

Les lignes 2 et 3 devaient contenir les mots suivants :

[xoct&J to Si[xaí]to[/.a to xupw[Ôèv] [8 cPe]o[/.ÍT[pY)ç] Sixaat^ç pa[<jtX#oç] X. T. X.

Peut-être encore faut-il lire au commencement de la ligne 4 [f,fju]v xa0s[7as].

(1) Corp. inscr. gr„ il0' 2691, c. d. e. (377-379 du t. III de mes Inscriptions ), et 2919 (1651 du même tome). (2) Voy. Thucyd., liv. I, ch. cxv; liv. II, ch. xxxi et xxxiv; et liv. Vili , ch. y

et xxvin.

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DÉCADES ÉPIGRAPHIQUES. 9

Le reste n'offre plus de certain que, ligne 5, SixSv x<*' [ira]paypa- <pi>v ; ligne 6, sv Taiç çiXoTijjuaiç, et ligne 7, eïç T7¡v TTo[)av].

Quel pouvait être le sens de ce monument qui, à en juger par la forme des lettres, ne peut pas être antérieur à l'époque d'Alexandre ? C'était , je pense , un acte où , dans l'intérêt d'une cause quelconque, on invoquait la législation antérieure, et particulièrement celle qui, revêtue de la sanction du sou- verain (1. 2), avait été établie par le juge royal Rhéomithrès (1. 3 et 4), pendant la satrapie de Pissouthnès, sous le règne de Xerxès.

Nous apprenons par Hérodote que les juges royaux choisis parmi les Perses les plus distingués, remplissaient leurs fonctions à vie, à moins de prévarication (1) ; qu'ils étaient chargés de rendre la justice et d'interpréter les lois , et que toutes les affaires liti- gieuses étaient soumises à leurs arrêts (2). On les prenait aussi parmi les Grecs , témoin Sandocès de Cyme en Éolide , qui , après avoir été juge royal, et condamné à être crucifié pour avoir vendu la justice , avait obtenu sa grâce , et commandait les quinze vais- seaux persans qui furent pris à Artémision (3). Celui dont il est ici question est bien un Perse. Le nom qu'il porte figure souvent dans l'histoire (4) sous la forme PsoaiOcr^ ; mais l'aspiration dis- paraît dans d'autres noms propres analogues , MirpoêcÍTr,? (5) , MiTpaSoÎTïn (6), MiTpaïoç (7), et dans une inscription de Smyrně (8), où se lit le nom de 0T)Xu|¿ÍTpr)? , dans la composition duquel entre l'élément essentiel de celui-ci. Envoyait-on un juge dans chaque province? Cela est assez vraisemblable, et peut-être notre inscription, moins mutilée, eût pu fixer nos idées à cet égard; il est donc fort à regretter qu'elle ne nous soit pas parvenue plus intacte.

(1) Oí 8è ßaffiXrjeoi Sixaaxal xexptpiévoi ávSpeç yivovTat Ilepfféwv èç ou à7uoôáv<*)<ji ^ a<pi 7iapeupe0YÍ ti âôixov , (li/pt toutou. Hér., liv. Ill , ch. xxxi. (2) Oötoi ôè Toïori ïlepa^di ôíxa; 8ixáÇou<ri v.aì è^yyiTai t¿5v rcaTpiwv 0e<T|¿á)v yívovTai,

xaì rtávxa èç toútouç àvaxéaTai. Ibid . Cf. Brissoïi, De reg. Vers, princip. , liy. I, ch. cxxxn et suiv. (3) Hér., liv. VII , ch. cxciv. (4) Xén., Cyr. y liv. VIII, ch. vm, § 4. Diod. ďe Sic., liv. XV, ch. xcii j liv. XVII,

ch. XIX et XXXIV. Arr., Anàb.t liv. I, ch. xii, § 8; liv. II, ch. xi, § 8; liv. III, ch. xviii, § 11. (5) Hér., liv. III, ch. cxx. (6) Id., liv. I, ch. ex. (7) Xén., Hell., liv. II, ch. i", Ç 8. (8) Corpus inser. gr n° 3346 A.

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10 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

V.

Encastrée , la tète en bas, dans le mur d'une ancienne mosquée, au S. de Smyrně, à la droite du Grand cimetière, et à mi-chemin de Sédikeuï, dans un lieu appelé Kamméno Djami , près du grand mur de fortification et d'une ancienne chaus- sée. Communiquée par feu Borrell. - Chandler, Inscr. antiq. (Oxon, 1764, in-fol.), p. 6, n° 15; ďAnsse de Yilloison, Mémoire sur différentes inscriptions grecques , p. 139 du t. II des Mémoires de l'Institut (classe d'histoire et de littérature an- cienne); Bailie, Inscr. gr.t n° 34, t. I, p. 118«

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-f-K[úpi]£, ¡ivr'ffO^Tt tou ooúXou croo AiGspýou tou áp^iêTricrxóirou j)pw[v], L 'Oriens christianus (1) mentionne un ^Ethericos, évêque de

Smyrně, qui assista, en 448, aux synodes tenus par Flavien de Constantinople et par Thalassios de Césarée , à l'occasion de l'héré- sie d'Eutychès, l'année suivante au synode appelé le brigandage ď Éphèse, où il adopta les opinions impies de Dioscoros, et enfin, deux ans plus tard , au concile de Chalcédoine, où revenant à l'or- thodoxie , il fit attester son adhésion par son diacre (2). Cet ̂Ethe- ricos est sans doute le nôtre. Seulement le nôtre reçoit ici le titre d'archevêque, tandis que celui qui assistait au concile de Chalcé- doine ne se qualifie que d'évêque , seul titre qui, en effet, convînt au pasteur de Smyrně , suffragant de l'archevêque d'Éphèse. Peut- être y a-t-il dans cette exagération une dernière trace de la con- testation qui exista pendant presque toute la durée de l'empire romain entre Smyrně et Éphèse sur la question de savoir laquelle des deux était en droit de se dire -po';-:-/] xîjç 'Asía?. La supériorité fut assurée à Éphèse par un rescrit de Caracalla (3), et dès lors les Éphé- siens se qualifièrent de seuls premiers (4) ; mais les Smyrnéens ne se tinrent pas pour battus, et trouvèrent des compensations : ils se di- rent xpwToi 'Asía? oí xáXXst xaì peyédet (5), et leur ville fut qualifiée, dans

(1) T. I, p. 742. (2) AiÔépixoç èniaxonoç SfAupvyj; ôpíaaç ünéypoupoc StàlIavXov Siaxóvov. (3) Digest., liv. 1, t. XVI, De officio Proconsulis. (4) Vaillant, Num., Pop. et Urb p. 121. (5) Mionnet, t. Ill, p. 242, n° 1366; t. VI, p. 368, n° 1791.

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DÉCADES ÉP1GRÀPH1QUES. 11

leurs actes publics, de 7rp(*>Tr) ty¡; Adía; xáXkzi xai [xe yéQei xai Xa^irpoToror) p*.7)Tpo7roXiç Tïjç 'Aexi'aç xal xoŒ^oç Trjç Iwvíaç (1). Il n'y aurait rien de surprenant que la rivalité qui existait entre les deux villes se soit perpétuée entre les deux églises , et que les chrétiens de Smyrně en donnant à leur pasteur le titre d'archevêque n'aient voulu protester contre le privilège accordé à Éphèse , et auquel ils se croyaient des droits par l'étendue et la beauté de leur ville.

Villoison pense que la formule contenue dans cette inscription, et qu'on rencontre sur un grand nombre de monuments chrétiens , tels que bagues, diptyques, etc., a été inspirée par ce passage du psaume 131, f 1 : MvTq<7Ô7]Tt Kupte toî> Aaêt'S, et par cet autre du psaume 118, f 49 : twv Xoyov aou t5 oouXw. Pour ma part, je crois que c'est uniquement du premier de ces deux passages que ces sortes d'invocations sont imitées.

(1) Corp. nscr.gr., 3202,3204-3206.

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