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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQUE SUR UN TRAITÉ DE SAINT AUGUSTIN

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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQUE SUR UN TRAITÉ DE SAINT AUGUSTIN (Suite et fin) Author(s): G.-M. Tourret Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 35 (Janvier à Juin 1878), pp. 281-298 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41735248 . Accessed: 22/07/2013 14:03 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 78.155.22.44 on Mon, 22 Jul 2013 14:03:05 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions
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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQUE SUR UN TRAITÉ DE SAINT AUGUSTIN (Suite et fin)Author(s): G.-M. TourretSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 35 (Janvier à Juin 1878), pp. 281-298Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41735248 .

Accessed: 22/07/2013 14:03

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQUE

SUR

UN TRAITÉ DE SAINT AUGUSTIN

Suite et fin (1)

ni

D'après saint Augustin, la sépulture obtenue auprès des martyrs ne sert de rien si les survivants n'adressent pas à Dieu, en faveur du défunt, des prières plus ferventes (2). Cette doctrine est en parfait accord avec celle que professe saint Maxime de Turin (3), et il n'est pas douteux que le sentiment de ces deux Pères n'ait inspiré l'épi- taphe que l'archidiacre Sabinus, mort au ve siècle, fit placer sur sa tombe (4).

Mais il ne faut pas perdre de vue que les paroles de saint Augus- tin s'adressent à ceux qui recherchaient pour leurs proches un tom-

(1) Voir le numéro de mars. (2) «Quod vero quisque apud memorias martyrům sepelitur, hoc tantum mihi vide-

tur prodesse defuncto ut commendans eum etiam martyrům patrocinio, affectus pro ilio supplicationis augeatur {De cura , § 22) Sed cum talia vivorum solatia requi- r un tur, quibus eorum pius in suos animus appareat, non video quœ sunt adjumenta mortuorum nisi ad hoc ut dum recolunt ubi sint posita eorum quos diligunt cor- pora, eisdem sanctis illos tanquam patronis susceptos apud Dominum adjuvandos orando commendent (§6). Adjuvat defuncti spiritum non mortui corporis locus, sed ex loci memoria vivus matris affectus (§ 7). »

(3) «Fratres, veneremur eos (martyres) in sœculo, quos defensores habere possumus infuturo; et sicuteis ossibus parentum nostrorum jungimur, ita et eis fidei in ten - tione jungamur... sociemur illis tam religione quam corpore.» Homil, in natal. SS. Taurin . (, Biblioth . Max. PP., t. VI, p. 41). (4) De Rossi, Bull, ďareheol. crist 1864, p. 33.

XXXV. - Mai. 2U

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282 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. beau près des martyrs (1); à ceux qui s'inquiétaient pour eux-mêmes de se faire ensevelir de la même manière, on pourrait appliquer ce que Tévêque d'Hippone dit de Flora (2) : « Si quidem credici ejus (filii) animam meritis martyris adjuvari, hoc quod ita credidit, sup- plicati) quaedam fuit. »

Nous avons vu avec quel soin les fidèles recherchaient dans les cimetières chrétiens une place près des tombes des martyrs. Après la paix de l'Église, on voulut aussi être enseveli dans les basiliques ou dans les églises. L'exemple partait de haut, puisque l'histoire nous apprend que Constantin désigna, avant de mourir, la place de sa sépulture dans la basilique des Saints Apôtres qu'il avait fait construire à cet effet (3). Les chrétiens s'empressèrent d'imiter l'em- pereur, et de tous côtés on demanda à être enseveli dans les églises dédiées aux martyrs : comme il est facile de le prévoir, des abus ne tardèrent pas à se manifester, et un certain nombre de chrétiens, dont la foi était peu éclairée, s'imaginèrent que la sépulture près des martyrs rachetait les péché» et expiait les fautes d'une vie peu édifiante. Saint Damase, qui plus que tout autre aurait pu se choi- sir un tombeau près des saints dont il avait relevé et propagé le Culte, renonça à cette consolation et fit graver sur son épitaphe les paroles suivantes :

HIC EGO DAMASVS FATEOR VOLVI MEA CONDERE MEMBRA SED CINERES TIMVI SANCTOS VEXARE PIORVM (4).

C'était un blâme adressé è l'indiscret empressement de quelques chrétiens et un moyen de leur faire comprendre que leur première préoccupation devait être de mener une vie sainte. Plus tard, au ve siècle, ce sentiment s'accentue, et l'archidiacre Sabinus déclare nettement qu'on doit plutôt craindre que désirer reposer auprès des martyrs, et que c'est par la sainteté de la vie et non par le lieu de la sépulture que l'on doit se rapprocher d'eux (5). Ces scrupules et

(1) « Cum talia vivorum solatia requirantur. » De cura, § 6. (2) De cura, § 7. (3)Euseb., Vita Constanti ni, lib. IV, cap. 60. - Cf. S. Joann. Chrysost. Horn. XXVI

in Epist. Il ad, Corinth, (edit. Benedict., t. X, p. 625). (4) Damasus, Carm. XXXIII (Migne, Patrol, lat., t. XIII, col. 408). (5)

«IL IVVAT 1MMO GRAVAT TVMVLIS HAERERE PIORVM SANCTORVM MERITIS OPTIMA VITA PROPE EST

coRPORE NON OPVS EST ANIMA TENDAMVS AD ILLOS q' AE BENE SALVA POTEST • CORPORIS ESSE SALVS

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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQUE. 283

ces avertissements, qui durent être plus d'une fois exprimés, ne ra- lentirent pas l'ardeur des chrétiens, et en présence du nombre tou- jours croissant de ceux qui se faisaient enterrer dans les églises, le pouvoir civil dut intervenir. Une loi de l'an 381, édictée par Gratien, Yalentinien et Théodose, défend d'ensevelir dans les temples des apôtres et des martyrs (1). Le nombre de ces sépultures diminua no- tablement; mais des exceptions subsistèrent, comme nous le prouve une inscription de l'an 382 restituée par M. de Rossi :

NA IN DOM CVLTRIX P NVTRIVIT

sVIS amatrix pawPERORYM

quœ pro tanta MERITA ACCEPIT sepulcrum intra ZIMINA SANTORVM

T ACCEPIT quod multi cupiuNT ET RARI ACCIPIVNT

Antonio et SVAGRIO COS (2)

Peu de personnes l'obtiennent, RARI ACCIPIVNT, dit l'inscription; et c'est, je crois, à cette difficulté d'obtenir la faveur ambitionnée que nous devons un certain nombre des épitaphes mentionnant l'ensevelissement dans une église. Le chrétien aimait à témoigner qu'il était du nombre des privilégiés. A ce propos, il n'est pas inu- tile de faire remarquer que l'inscription citée plus haut nous offre un premier exemple du motif pour lequel on donnait place dans les églises à certaines sépultures : c'étaient les vertus notoires et les bonnes oeuvres d'un chrétien qui lui procuraientce privilège, comme en font foi plusieurs épitaphes postérieures au iv8 siècle (3).

dans la basilique de S. Laurent in Agro Verano. - De Rossi, Bull, ďarcheol . cr ist., 1864, p. 33. (1) « Nemo Apostolorum vel martyrům sedem numanis corporibus existimet esse

concessam. » L. 2 cod. de Sacros. Ecclesiis. (2) De Rossi, Inscript, christ t. I, n° 319, p. 142. (3) QVI MERVIT SANCTORVM SOC1ARI SEPVLCRIS (à Trêves). Ed. Le Blant,

Inscr. chrét. de la Gaule , n° 293, 1. 1, p. 396. - DISCITE QVJ LEGITIS DIVINO MVNERE REDDI | MERCEDEM MERITIS SEDES CVI PROXIMA SANCTIS | MAR- TYRIBVS CONCESSA DEO EST GRAT VMQVE CVBILE | SARMATA QVOD MERVIT VENERANDO PRESBYTER ACTO... (à Verceil). Gazzera, Iscr. crist. del Piemonte , p. 101. - CORPORIS HANG REQVIEM MERVIT PRO MVNERE VITAE. Gazzera, loco, cit., p. 103. - PONTIFICIS SANCTI REQVIESCVNT MEMBRA SACRATO | PRO MERITIS DEVOTA LOCO... (à Verceil). Gazzera, loco, cit., p. 98. - QVaE

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284 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

Quelques années après la promulgation de la loi édictée en 381, on pouvait acheter l'emplacement d'une tombe dans une basilique (1); peu à peu les achats devinrent plus nombreux : depuis la fin du v* et pendant tout le vi° siècle, on rencontre souvent des épitaphes qui mentionnent des sépultures faites dans les églises (2). On voit par quelques-uns de ces marbres que l'autorité ecclésiastique s'était cependant réservé le droit de concession (3).

ANN1S N. VIII ABSENTIA VIRGINI SVI SVAMCAS | TITATEM CVSTODIVIT VNDE IN HOC LOCO SANCTO DEPOSITA EST De Rossi, Roma sotterr. crist., t. Ill, pl. XXIV-XXV, n° h. (1) LOGVM IN BASILIC ALVA EMI (in basilica alba), anno 391 ; de Rossi, Inscript.

christ ., t. I, no 395. LOCVM EMIT... PASGASIO EPC, anno 397; de Rossi, ibid., no 4Ü2.

(2) De Rossi, Inscript, christ. , t. I, n°s 916, 918, 1081, 1125, 1199, 1297. - Une oraison du Sacramentaire gélasien mentionne le fait et laisse voir qu'il était passé à l'état d'habitude : « Hanc igitur oblalionem pro tuorum requie famulorum ill. et ili. et omnium fîdelium catholicorum in hac basilica in Christo quiescentium, et qui in circuitu hujus ecclesi» tu» requiescunt. » Muratori, Liturg. Rom. vêtus , p. 761.

(3) LOCVM CONCESSVM A PAPA HORMISDA, anno 526 ; de Rossi, Inscripta t. I, no 989. LOCVM CONCESSVM SIBI ET POSTER1S EIVS A BEATISSIMO PAPA IOANNE, anno 503 ; de Rossi, ibid., n° 1096. Locus quem se BIBI A DIVÍTE Prœpo - sito comPARAVERVNT ; de Rossi, ibid., n° 1200. Cf. n° ÌJ 78. - Ea ce qui con- cerne les églises nouvelles, le fondateur était libre d'y défendre les ensevelissements. Ainsi s'explique la singulière anomalie qu'on remarque à cette époque, et que Marini a fait ressortir ( Papiri diplom ., p. 283, note 21), entre les usages suivis par différentes églises et quelquefois dans la môme ville. A Ravenne, l'église Saint- Vital ne pouvait recevoir que les corps des évèques; c'est ce qu'indique l'inscription que fit graver son fondateur, l'évêque Ecclesius, dans les premières années du vic siècle .

HOS QVOQVE PERPETVA MANDA VIT LEGE TENENDVM HIS NVLLI LIGEAT CONDERE MEMBRA LOCIS.

SED QVOD PONTIFICVM CONSTANT MONVMENTA PRIORVM FAS SIBI SIT TANTVM PONERE SED SIMILES

(Marini, Papiri , p. 283.)

A Pérouse, Sallustius Salvinus fit bâtir un temple et y plaça cette inscription : MEMMIVS SALLVSTIVS | SALVINVS DIANIVS Vs"| BASILIC AM SANCTORV •

ANGELORVM FECIT IN | QVA • SEPELIRI NON LICET (Vermiglioli, Ant . iscriz. Perug.y t. II, p. kk 2.) S. Fulgence fut le premier, dit Marini [loc. cit.)} qui y fut enseveli, en 533. Quant au fondateur de la basilique, il se faisait enterrer dans l'église qu'il

avait construite. Une inscription d'Espagne confirme ce fait, qui trouve facile" ment des preuve* dans l'histoire des premiers siècles. Hübner, Inscript. Hisp . christ no 99 j_IN HVNC TV | MVLVM REQV1 | ESCIT CORPVS | BELESARI FA | MVLI XPI CONDI I TORI HVIVS BASE | LICE.....

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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQUE. 288

En Gaule et en Espagne, à la même époque, les abus étaient plus manifestes, puisque le concile de Bragues en 863 et celui d'Auxerre en 578 défendirent formellement d'ensevelir les défunts à l'intérieur des églises et des baptistères (1).

Mais toutes ces prescriptions restèrent à peu près inutiles. Au vu" siècle, dit Pellicia (2), la discipline se relâcha peu à peu sur ce point; les canons des conciles du ixe siècle, comme les capitulaires de Charlemagne, en rappelant les anciennes prescriptions ecclésias- tiques, montrent combien s'était affermie la coutume de faire des églises un lieu de sépulture (3).

A partir de cette époque, on introduisit dans la législation des exceptions que le droit canonique devait laisser subsister et qui ré- servaient la sépulture clans les églises aux évêques, aux prêtres, aux abbés. Quelques laïques obtinrent aussi ce privilège comme récom- pense d'une vie pleine de mérites.

Quant à l'Église, malgré les abus qui s'étaient manifestés, elle n'avait point blâmé la pratique pieuse des chrétiens, pratique qu'ap- prouvaient d'ailleurs de grands esprits comme saint Paulin de

(1) « Item placuit ut corpora defunctorum nullo modo in basilica sanctorum sepe- li an tur; sed, si necesse est, deforis circa murum basilic« usque adheo non abhorret. Nam si firmissimum hoc privilegium usque nunc manet civitate, ut nullo modo intra ambitus murorum cujuslibet defuncti corpus humetur, quanto magis hoc ve- nerabilium martyrům debet reverenda obtinere?» Condi. Bracarense //, can. XVIII (Labbe, Concil., t. V, p. 842). - « Non licet in baptisterio corpora sepeliri. » Concila Antesiodorense, can. XIV (Labbe, Cornil., t. V, p. 961).

(2) De Eccles. politia, t. II, p. 341. Bassani, 1782. (3) «Prohibendum estetiam secundum majorům instituta ut io ecclesia nullatenus

sepeliantur, sed in atrio, aut in porticu, aut in exhedris ecclesiœ. Intra vero ec- clesiam et prope altare, ubi corpus et sanguis Domini conficitur, nullatenus sepe- liantur. » Condì . Moguntiense, ann. 813 (Labbe, Condì., t. VII, p. 1252). Richter rapporte ce concile à Tannée 803 (édit. du Decretum de Gratien, col. 623). - « Nullus mortuus intra ecclesiam sepeliatur, nisi episcopi, aut abbates, aut digni presbyteri, vel fideles laici. » Condi, Mogunt , can. lii (Labbe, Condì. , t. VII, p. 1253). - «Ut de sepeliendis in basilicis mortuis illa constitutio seryetur, quae ab antiquis patribus constitutaest.» Condì. A relátense F/, ann. 813, can. xxi (Labbe, ibid., t. VII, p. 1238) . Les Capitulaires de Charlemagne reproduisent plus d'une fois les défenses faites par les conciles : « ut nullus deinceps in ecclesia mortuum sepeliat», dit un capitulaire de l'an 789. Baluze, Capit. I Caroli Magni , cap. cliii (tome I, col. 731; cf. 1. 1, col. 504, col. 752). - Le concile de Tribur, de Tan 895, spécifia nettement ceux auxquels on pouvait concéder la sépulture dans les églises : « Secundum statuta sanctorum Patrum et experimenta miraculorum prohibemus et praecipimus ut deinceps nullus laicus in ecclesia sepeliatur nisi forte talis sit persona sacerdotis aut cujuslibet justi hominis qui per vitas meritum talem vivendo suo corpori defuncto locum acquisiyit. » Condi, Trrburiense , can. xyii (Labbe, Condi., t. IX, p. 450).

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286 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Noie (4), saint Maxime de Turin (2), saint Âmbroise(3), saint Jérôme (4), saint Grégoire de Nazianze (S), et à laquelle plusieurs papes devaient plus tard se conformer (6). Si des lois vinrent res- treindre la faculté d'ensevelissement dans les églises, c'est, d'une part, qu'il devenait nécessaire d'arrêter le nombre toujours croissant des sépultures faites auprès de sanctuaires vénérés ; c'est, d'autre part (et ce motif ne se produisit que plus tard), que les tombes se rapprochèrent tellement de l'autel que le saint sacrifice ne pouvait plus être célébré avec la dignité et le respect qui lui étaient dus (7); et on avait vu aussi des gens dont la vie avait été scandaleuse en- terrés à côté des reliques des saints; mais des prodiges manifestes avaient démontré que Dieu ne pouvait tolérer ce profane contact pour les cendres des martyrs (8).

IV

Nous avons vu que le principal motif qui inspirait les fidèles, lorsqu'ils cherchaient á se faire ensevelir près des martyrs, c'était la confiance dans leur intercession. Ce point nous amène à parler du dogme de la communion des saints.

Ce que la doctrine catholique appelle la communion des saints, c'est l'union qui existe entre tous les membres de l'Eglise qui sont au ciel, dans le purgatoire et sur la terre ; c'est la participation de chacun des fidèles aux œuvres méritoires des justes (9). Saint Au- gustin en parle de la manière la plus explicite à la fin de son traité

(1) «Dicisvideri tibi non esse inanes motus animorum religioso™ m atque fidelium pro suisista curanti um. » S. Augustin., De cura pro mortuis , § 1. Cf. S. Paulin. No!., De obitu Celsi pueri} p. 533 534, edit. Rosweid. (2) « Sociemur illis tam religione quam corpore. » Homìl. in natal. SS. Taurin .

- « Gum sanctis ergo martyribus quiescentes evadi mu s inferni tenebras, eorum propriis meritis attamen consocii sanctitate. » Ibid. (Bibi, Max. PP,, t. VI, p. fti.) (3) « Commendabiliorem Deo futurum esse me credam, quod supra sancti corporis

ossa quiescam. » Deexcessu fratrissui Satijri}§ 18 (t. II, col. 1118, edit. Bened.). (4) Epitaphium Paulœ, Opp. t. IV, p. 688, edit. Bcned. (tf) V. Muratori, Anecd. grœca , t. I, p. 61, 91-92. (6) Liber pontificato, in Zosim., § II; in Sixt. III, § IX ; in Hilar., § XIII. (7) Voy. les canons du concile de Mayence (Labbe, t. VII, p. 1252). (8) Gregor. Turon., De gloria martyrům , cap. lxxxix. - Gregor. Magnus,

Dialog . lly 23 (Opp., t. II, p. 251), etc. - Labbe, Concil ., t. IX, p. 450 ( Concil . Tribur., can. xvii). (9) Voir Catech . concil. Tridentini , pars I, De artic. IX , § xxv. - Cf. Concila

Tridentini Cánones et Decreta, sessio xxv, De invocai . et veneratione sanctorum .

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ETÜDE ÉPIGRAPHIQÜE. 287

De cura pro mortuis (1). L'évêqued'Hippone dit aussi dans un autre de ses ouvrages : « A l'autel , nous ne faisons pas mémoire des martyrs de la môme manière que nous le faisons pour les autres fidèles qui reposent en paix ; nous ne prions pas pour eux : bien plus, nous leur demandons de prier pour nous (2).» La même pensée, la même croyance, sont d'ailleurs aussi nettement exprimées dans les Pères des premiers siècles. Il faut citer d'abord saint Ignace (3), saint Cyprien (4), saint Cyrille de Jérusalem (5), dont les témoigna- ges sont formels, et plus tard saint Maxime de Turin (6), saint Ba- sile (7), les livres liturgiques (8). Si nous examinons les monuments épigraphiques, la croyance à l'intercession des saints ne nous pa- raîtra pas établie d'une manière moins évidente par les témoignages

(1) « Hinc et illa solvitur quaestio quomodo martyres, ipsis beneficiis quae dantur orantibus, indicant se interesse rebus humanis - Non igitur putandum est vivorum rebus quoslibet interesse posse defunctos quoniam quibusdam sanandis vel adjuvandis martyres adsunt : sed ideo potius intelligendum est quod per divinam potentiam martyres vivorum rebus intersunt... ipsis (martyribus) generaliter oranti- bus pro indigentiis supplicantum, sicut et nos oramus pro mortuis... - An Deus omnipotens exaudiens martyrům preces... et suorum martyrům ubi vult, quando vult, quomodo vult, maximeque per eorum memorias, quoniam hoc novit expedire nobis ad œdificandam fidem Christi, pro cujus illi confessione sunt passi, mirabili atque ineffabili pietate ac bonitate commendet... illis (sanctis) in summa quiete po- sitis et ad alia longe meliora visa vacantibus seorsum a nobis, orantibusque pro nobis. » De cura pro mortuis , §§ 19, 20, 21. (2) « Ideo ad ipsam mensam non sic (martyres) commemoramus, quemadmodum

alios, qui in pace requiescunt, ut etiam pro eis oremus, sed magis ut et ipsi pro nobis. Tract . 84 in Evang . S. Joann, (tom. III, secund. part., p. 710, edit. Bene- dict.).

(3) eAYvíÇy)Tai 0(jlwv to èjiòv 7rveùpx, ou (jLÓvov vuv, àXkà xaì örav 0eoû lizirbytü. Epist. ad Trallianov, xm. (4) Epist. LVI1 (in fine) : Si quis istinc nostrum prior divinœ dignationis celeri-

tate praecesserit, perseveret apud Dominum nostra dilectio, pro fratribus et sorori- bus nostris apud misericorçliam Patris non cesset oratio. » Cf. Lib . de Moiialitate, in fine. „ (5) Etra (JLVYi[JL0veÚ0{jL£V xaì to v TrpoxExoi|AY]|AÉvü)v, rcpaiTOV 7raTpiapxwv, Tcpoçyixttjv, àiroaróXtóv, (jiapTÚptóv * ottwç ó 0eó¡; xaïç eO^aiç àvxwv xat 7rp£d6£Íatç TipoaSé^rat ttjv 8ÉY)(Ttv. Catech. XXIII, Mystagog. V, cap. 9.

(6)«Cuncti igitur martyres devotissime percolendi sunt, sed specialiter ii venerandi sunt a nobis, quorum reliquias possidemus : illi enim nos orationibus adjuvant, istj etiam adjuvant passione. Homil. in natal. SS. Taurin. ( Biblioth . Max, PP.t t. VI, p. 41). (7) Homil . in XL martyr . (Migne, Patrol, grœc ., t. XXXI, col. 523). - Cf. Rui

nart, 1. 1, p. 360, Acta S. Maximi , § II ; Damasus, Carm. XX, XXII. (8) « Orationes eorum et benedictiones eorum, et pax eorum et caritas Dei sin^

nobiscum in saecula saeculorum. » (Renaudot, Liturg. Orient ., 1. 1, p. 510.) - Cf. Muratori, Liturg . Rom. vêtus ( Liturg . Leonian .), col. 596.

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288 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. de reconnaissance que les chrétiens plaçaient dans les cimetières et dont nous voyons des exemples dans les inscriptions suivantes : PETRVS ET PANGARA BOTV PO | SVENT MARTVRE FELICI- TATI (1); SANCTIS MARTYRIBVS | PAPRO ET MAVROLEONI | DOMIN1S VOTVM REDD* | CAMASIVS QVIET ASCLEPIVS,etc.(2); SANCTO SILVANO YO | TVM POSVIŤ CLADIVS {sic) | EVTY- CHES CVM COIV I GEM (sic) ET F1L10S (3) ; nous trouvons aussi des invocations aux martyrs conçues dans les termes les plus nets (4) et dans lesquelles les fidèles ne se contentent pas de demander des grâces spirituelles. Les proscynèmes que l'on trouve dans les cata- combes de Rome sont très-curieux à ce point de vue, et la foi chré- tienne s'y montre dans toute sa spontanéité; je n'en citerai que quelques-uns : SANTE SVSTE IN MENTE HABEAS IN HORATIO- NES AVRELIV REPENTINV ; MARCIANVM SVCCESSVM SEVE- RVM SPIRITA SANCTA IN MENTE HAVETE ET OMNES FRATRES NOSTROS; petite spiritk SANCTA VT VERECVNDVS CVM SVIS BENE NAVIGET ; EAA4>IN OIC (sic) MNIAN EXETAI ; A10NVCIN EIC MNIAN EXETAI (sic); OTIA PETITE ET PRO PARENTE et pro FRATRIBVS Ej'VS VIBANf (TVN BONO (5).

Le chrétien ne se contentait pas d'invoquer les martyrs et les saints dont le culte était reconnu : il s'adressait aussi à ceux de ses proches qui étaient morts et il leur demandait de prier pour lui lorsqu'ils seraient en possession de la gloire éternelle : ROGES PRO NOBIS QVIA SCIMVS TE IN )£, lisons-nous sur un marbre du cimetière de Sainte-Agnès (6) ; ORO SCIO NAMQVE BEATAM, porte

(1) Oderici, Sylioge, p. 268. (2) Migne, Patrolog. lat., t. XIII, p. 390 ( [Opp . S. Damasi ). (3) Marini, Arvali, t. II, p. 405. (4) FELICITAS GVLTRIX ROMANORVM, dans un oratoire près des thermes de

Titus ; de Rossi, Bullet . ďarchéol . chrét ., 1869, p. 15, édit. française. - SANCTA MARTYR MVLTVM PRAESTAS, ibid.; de Rossi, loc. cit., p. 45. - PETRVS PRO« TEGAT (sur un verre). Garrucci, Vetri ornati , X, 1. - RVTA OMNIBVS SVBDITA ET ATFABI | LIS VIVET IN NOMINE PETRI | IN PACE. Cimet, de Priscilla; Mai, Collect. Vatic., t. V, p. 446, 9. (5) De Rossi, Roma $otterr.t t. II, p. 17, 18 ; p. 382, 383, 385, 386. - On peut

comparer avec ces invocations le passage suivant de saint Basile : ó ÔXtêójxevo; S7ù xoùç xe<T<rapáxovxa xaxaçeúyei, ó eOçpaivô^evo; ¿tt' avxovç arcoxpe/Ei • ó (xèv, iva Xúaiv eüpyj tüjv óva^eptov • ó 8è, ïva qpvXaxö*) aúxqj xà xp*l<rcóxepa. 'Evxauôa yuvrj euasêri; Oirèp xéxvcov eOxo[iivY) xaxaXajJiêávsxai , à7t0Ô7)|A0Ûvxi àv8pì xr¡v èirávoôov aíxou[i¿vrh à^waxoûvxt xílv <T(i)XY)píav. Homil . in XL martyres (Migae, Patrolog. grœc ., t. XXXI, col. 523). (6) Marini, Arvali, t. II, p. 362 et planche. - Cf. p. 295, note 12.

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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQÜE. 289

une autre inscription (1). Nous lisons encore : PETE PRO FILIIS TVIS (2), PETE PRO CELSINV CONIVGEM (sic) (3), PETAT PRO NOBIS (4), PETAS PONO (sic) (5), PETE PRO EOS (6), EÏXOY riIEP HMGJN (7), CARVS ORATo DOMIN VM TVuM QVOD ego NON MEREOR VNITER DOMINVM | RE PRES- TES IN ORATIONIS TVIS VT POSS1T AMARTIAS MEAS IN- DULGERE (8), etc.

Le dogme de l'intercession des saints représentait aux yeux des fidèles une idée très-nette. Ceux-ci, en effet, considéraient les mar- tyrs comme des patrons ayant en quelque sorte envers leurs clients des devoirs de protection et d'assistance analogues àceux qui incom- baient aux familles nobles "de Rome vis-à-vis des humiliores qui de- mandaient leur patronage (9). Cette protection, les martyrs ne l'ac- cordaient pas seulement aux fidèles : les cités elles-mêmes en ressentaient les effets. Saint Augustin parle d'une apparition de saint Félix aux habitants de Noie, lorsque cette ville était assiégée par les barbares (10); l'épigraphie chrétienne atteste à son tour que les villes avaient la plus entière confiance dans la protection des martyrs, et qu'elles comptaient sur eux pour les protéger contre

(1) Marini, Arvali , p. 266. (2) Oderici Sylloge , p. 262. (3) Ibid., p. 263. (4) Ibid.t p. 343. (5) Aringhi, Roma subi ., t. 1, p. 305. - Oderici, loc. cit., p. 344. (6) Oderici Sylloge , p. 344. i7) Corp. inscr . grœc., 9545. (8) De Rossi, Roma sotter ., t. III, p. 245. - Cf. Marini, Arvali, p. 266; Mai, Col-

lect . Vatic., t. V, p. 402, 8; Damas., Carm. XXXI ; Marangoni, Acta S. Victor. ¡ pp. 90, 119; Boldetti, Osservaz ., p. 418, 490; de Rossi, Roma sott err., t. II, p. 276, 277; Corp. inscr. grœc no 9673 ; Ed. Le Blant, Inscr. chrèt . de la Gaule , 1. 1, n°4; et saint Augustin : « Ipsis (martyribus) in loco suis meritis congruo ab omni morta- lium conversatione remotis et tarnen orantibus pro indigentiis supplicantum, sicut nos oramus pro mortuis. » De cura , § 20. (9) C'est ainsi que saint Augustin dit en parlant des martyrs : « Non video quee

sunt adjumenta mortuorum, nisi ad hoc ut dum recolunt ubisint posita eorum quos diligunt corpora, eisdem sanctis illos tanquam patronis susceptos apud Dominum adjuvandos orando commendent. » De cura, § 6. - A la fin de ce mêrna traité, il exprime de nouveau cette idée : « Commendans eum martyrům patrocinio. » Sur une épitaphe que j'ai déjà citée, on lit : CVIQVE PRO VITAE SVAE TESTIMONI VM SANCTI MARTYRES APVD DEVM ET CHRISTVM ERVNT ADVOCATI (de Rossi, Bullet . ďarch. chrèt 1864, p. 34). Un graffito donné parM.de Rossi dans sa Roma sotterranea (t. II, p. 383) porte ces mots : PETE PRO MARCIANVM ALVMNVM.

(10) De curat § 19.

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290 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. tout danger teniporel (1). Saint Maxime donne à cette croyance Pap'frói de sa parole (2).

y

Les fidèles ne songeaient pas seulement à eux-mêmes, lorsqu'ils imploraient la protection des martyrs ; mais leur pensée se repor- tait aussi vers ceux de leurs proches ou de leurs amis qui avaient quitté cette vie.

La prière pour les défunts est souvent mentionnée dans le De cura pro mortuis : je dirai quelques mots de cette importante question, qui terminera l'examen que j'ai entrepris du traité de saint Augus- tin.

Après avoir répété l'expression dont s'était servi saint Paulin dans sa lettre, universa pro defunctis Ecclesia supplicare consuevit (3), et après avoir rappelé le passage du livre des Macchabées où il est fait mention du sacrifice offert pour les morts (4), l'évêque d'Hip- pone ajoute : « Lors môme que nous ne trouverions dans l'Ecriture aucune parole relative à la prière pour les morts, nous devrions tenir grand compte de la coutume établie par l'autorité de l'Église

(1) PATRICI SOLOMON INSTI[TV]TION ■ NEMO EXPVGNARE VALEVIT | DE- FENSIO MARTIR • TVET[V]R POSTICVS IPSE CLEMENS ET VINCENTIVS MARTIR- CVSTOD • INfTJROITVM IPSV. L. Renier, Inscript, rom. de l'Algérie, n® 2746. - SIC LINQVENS MVNDVM COELESTEM POSSIDET ARCEM | QVI SIT PRAES1DIVM CELSA VIENNA TIBI. Ed. Le Blant, Inscript, chrét. de la Gaule, t. II, n0 429. - AED1FICAVIT OPVS SANCTORVM PIGNORA CONDENS | PRAESIDIO MAGNO PATRIAM POPVLVMQVE FIDELEM | MVNIVIT T ANTIS FIRMANS CVS- TODIBVS VRBEM. Gazzera, her. cristiane del Piemonte , p. 80. - Cf. S. August. De civit. Dei, I, 1; Renaudot, Liturg . Orient t. I, p. 139; Prudence, Peristeph ., hymn, xiv : «Agnes sepulcrum est Romulea in domo... Conspectu in ipso condita turrium Servat salutem virgo Quiritium. » - Voy. aussi Acta S. Agaihœ , cap. iv (Acta SS. Februarii , 1. 1, p. 623). (2) « Precipue eorum solemnitas ista nobis veneratone curanda est, qui in nostris

domiciliis proprium sanguinem profuderunt : nam licet universi sancti ubique sint et omnibus prosint, specialiter illi tamen pro nobis interveniunt qui et supplicia per- tulere pro nobis. Martyr enim cum patitur, non sibi tantum patitur, sed et civibus : sibi enim patitur ad premium, civibus ad exemplum : sibi patitur ad requiem, ci- vibus ad salutem. » Homilia in natali SS. Taurin ., in init. ( Bibl . Max. PP., t. VI> p. 41). (3) De cura, § 3. (h) II Machab ., XII, 43 : «Et facta collectione, duodecim millia drachmas argenti

misit (Judas) Jerosolymam offerri pro peccatis mortuorum sacriñcium, bene et re« ligiose de resurrectione cogitans. »

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ÉTUbfe ÉPIGRAPHlQUE. 291

universelle : c'est elle, en effet, qui a placé la recommandation des défuntè parmi les prières que le prêtre offre à Dieu pendant le sa- crifice de l'autel (1). » Un pea plas loin, il fait ressortir l'avantage que les défunts retiraient du voisinage des martyrs, avantage qui consiste uniquement dans les prières plus ferventes que les vivants peuvent adresser à Dieu en leur faveur (2). Cependant, dit-il, en quelque lieu que le Adèle soit enseveli, ses frères ne doivent pas se dispenser de prier pour lui, car on doit procurer le repos à son âme. Il termine par ces mots : « Ne croyons donc pas pouvoir être utiles aux défunts que nous voulons soulager, autrement que par les sup- plications solennelles du sacrifice de l'autel et du sacrifice de nos prières et de nos aumônes (3). »

Comme le dit saint Augustin, l'Église tout entière avait coutume de prier pour les morts : les constitutions apostoliques ordonnent des prières pour les défunts le troisième, le neuvième et le quarantième jour, et à la date anniversaire de leur décès (4); Tertullien fait un devoir à la femme chrétienne de prier pour son mari (5). Dans les liturgies anciennes, on retrouve à chaque pas les prières pour les défunts (6), et les écrits des Pères sont remplis de passages qui attes- tent l'antiquité et l'universalité de cet usage (7). Ici* comme ailleurs, les inscriptions abondent : ce sont les morts qui se recommandent aux prières des vivants : ONNS QVI • INTRATIS | IN HANC. (8); AVLASLDEI | ORATIONE ORATE. PR. MEJ PECCATORE ROGO VOS ONNS QVI HINC | TRANSITIS ORAE PRO ME (9): ORO VOS (10); ... ROGO VOS HOM | NES QVI LEGITIS HORATE PRO

(1) «Sed etsi nusquamin scripturis veteribus omnino legeretur, non parva est uni- vers» Ecclesia quae in bac consuetudine claret auctoritas, ubi in precibus sacer- dotis quœ Domino Deo ad ejus altare funduntur, locum suum habet etiam commen- datio mortuorum. » De cura , § 3. (2) De cura , §§ 6, 7. (3) De cura , § 22. (4) Constit. apoštol. y lib. VIII, cap. 41, 42 (Labbe, Concila t. Ia col. 505). (5) Tertullian., De monogamia , x. (6) Muratori, Liturg. Romana vetusti, I, p. 761 ; t. Il, p. 223. - Mabillon,Z,í7Mrý.

Gallic . vetus, p. 278, 289; cf. p. 218, 224 à 226, 253, 270, 572. - Mone, Lateinische und griechische Messen^ p. 17, 19, 22,27, 31, 32, etc. - Renaudot, Liturg. Orient . collection passim. (7) Tertullian., De corona , III. - S. Cyrill. Hierosol., Catech . XXIII (mystag. v,

cap. 9.- S. Cyprian., Epist. LXVI, édit. Baluze. - Clem. Alex. , S/rom., vu, 12. - Joann. Chrysost., De sacerdotio , vi, 4, etc.

(8 et 9) J acuti us, De Bonusœ et Mennœ titulo, p. 14. (10) Boldetti, Osservazioni , p. 436.

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292 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

I ME PECCATORE (i); ce sont les vivants demandant les prières de leurs frères pour les défunts : MERVIT TITVLVM | INSCRI- BI VT QVISQVIS DE FRATRIBVS LEGERIT ROGET DEV | VT SANCTO ET INNOCENTE SPIRITO AD DEVM SVSCIPIATVR (2); OBTESTORYOS OMNESQVIHAEC LEC | TVRIESTIS YTPRO RE- QVIE ILLIVS ORARE NON DESINATISI); ce sont enfin les fidèles implorant pour les morts la miséricorde de Dieu et l'intercession des saints: KEMNHC0HTEI TOT AOT | AOY COT AI0EPIKOÏ (4) ; MAR- TYRES SANCT IN MENTE HA | YITE MARIA (5); SANCTO MAR- TYRILAVRENTIO (6); SANCTO MARTYRI IANVARIO(7);SANCTE LA VRENTI SVSCEPTA ABETO ANIMAm ejus (8)', SERENVS FLENS DEPRECOR IPSE deum... ET BEATAm BASS ILLA»» VT VOBIS PRO MERITIS (9); DOMINA BASILLA COM | MANDA MVS TIBI CRES I CENTINVS ET MICINA | FILIA NOSTRA CRESCEN(IO); COMMANDO BASSILA INNOCENTIAM GEMELLI (Ii); SANCTI PETRE MARCELLINE SVSCIPITE VESTRVM ALVMNVM (12); MARTER BAVDELIVS PER PASSIONIS DIE DNO DVLCEM SVVM COMMENDAT ALVMNVM (13); SCO IOANNI. THEODORVS CONS- TANTINA I IMPOSVERVNT PRO QVIETE ANIMAE (14), etc. Nous pouvons rapprocher de ces textes explicites les acclamations sépul- crales et les souhaits que forment les chrétiens pour ceux qui ont quitté cette vie. Telle est la formule fréquemment répétée dans les provinces orientales de l'empire romain : KYPIOC MNHC9H THC KOIMHCEÛC COÏ(IS); et l'acclamation si universelle VIVAS

(1) Muratori, 1972, 17. (2) Oderici Sylloge, p. 265. (3) Hübner, Inscr , Hisp. christ ., n° 2/i8. (4) Corpus inscrip. grœcar ., 8618. (5) Corp . inscr, latin., t. V, n° 1636. (6) Bosio, Roma sotter p. 409. (7) De Rossi, Bullet . ďarchéol. chrét ., 1875, p. 32, edit, française. (8) Mommsen, Inscr, regni Neapolit., 6736. (9) Bosio, Roma sotter. , p. 560. (10) Jacutius, Ue Bonusœ etMennœ titulo , p. 51. (11) Boldetti, Osservazioni , p. 463. (12) Davanzati, Notizie della basilica di b. Prassede, p. 211. (13) Ed. Le Blant, Inscr. chrét . de la Gaule , t. Il, p. 596. (14) Muratori, 1949, 1. (15) Corpus inscr. gr œc. y 9 - MNHC0H ATTOr O 0EOC ICTOi Altu^AL

[ibid., 9643) ; CWCI O 0€OC THN WXHN ÏMWN. Ibid., 9845. - Voir aussi Corp. inscr. grœc., 8867, 9719; de Rossi, Roma sott., t. II, p. 271.

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ETÜDE ÉPIGRAPHIQDE. 293

ZHCH, VIVAS IN DEO (1) ; il suffit d'ouvrir un recueil d'inscriptions chrétiennes pour en trouver de nombreux exemples. Ce sont les plus antiques acclamations, et les inscriptions où elles figurent remontent aux premiers âges de la foi. Je signalerai seule- ment les quelques variantes suivantes de cette première formule: XP1CTOC META COY (2) ; 0EÛ MEMNHMENOG (3); AEIMNHCTOC EN 0EÛ (4); IN DEO PAX (5); VIBE IN AETERNO (6) ; SPIRIT VS IN BONO (7) , etc. On doit ranger dans la même classe les formules CVM SANCTIS, INTER SANCTOS, qui expriment une espérance et un souhait en faveur de ceux qui sont décédés, et souvent aussi té- moignent de la ferme confiance que les défunts jouissent du bonheur éternel ; « in occultis piorum sedibus quietos (8) > , « in summa quiete positis (9) », dit saint Augustin, reproduisant les expressions épigra- phiques ACCEPIT REQVIEM IN DEO (10); INVENIET VICINA IN SEDE HABITARE BEATOS (11); SANCTORVM SEDE P0TITVS(12); VIVIT IN AETERNA PARADISI SEDE BEATVS (13); PORTICIBVS SACRIS IAM NON PERGRINAQVIESCO(U). Le grand évéquenous parle aussi des âmes des fidèles reçues par Dieu, « animœ fidelium a Deo susceptœ » (15) ; c'est également dans ces termes que nous lisons la même pensée sur les marbres chrétiens, qui mentionnent encore l'admission des fidèles au milieu des choeurs des saints : IN PACEM CVM SPIRITA SANCTA ACCEPT VM (16); ACCEPTA AD SPIRITA

(1) « Talora (acclamazioni) hanno il valore di vere preghiere per ottener quella pace. » De Rossi, Roma sotterr ., t. I, p. 341.

(2) Corp. inscr . grcec., 9697. (»3) Corp. inscr. grœc ., 9835. (4) Corp. inscr. grœc.> 9613. (5) De Rossi, Roma sott., t. II, tav. XLIX, n° 25. (6) Boldetti, Osservai ., p. 417. (7) Marangoni, Acta S. Victorini, p. 131 ; Lupi, Epit. Sever . Mart., p. 193; Boi-

detti, Osservaz ., p. 418; de Rossi, Roma sott., t. II, tav. XLIII, n° 45; Mai, Coll. Vatic., t. V, p. 446, 8. (8) De cura, § 20. (9) De cura , § 21. - V. aussi l'expression in pace requiescere, répétée deux fois

dans le § 16. (10) Marangoni, Acta S. Victor., p. 97. (11) Damas., Carm. XIX, de S. Gregorio. (12 et 13) Corp. inscript, latin ., t. VI, part. I, in comment, sub n°1756. (14) Inscript. Siciliœ, p. 250, n° XXXII. (15) De cura, § 3. (16) Boldetti, Osservaz ., p. 276.- Cf. les formules: RECEPTVSIN PACE (Boldetti,

ibid., p. 400) ; PéKCIITOC €N €1PHNH (Aringhi, Roma subt,, t. Il, p. 121); IN PACE XPI RECEPTA (Gazzera, Iscr. crist . del Piémont e , p. 35).

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294 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. SANCTA (1); QVORVM SPIRITVS ACCEPTVS EST (2); ACCEPTA APVT DEVM (3) ; QVEM DOMIN VS SVSCEPIT IN PACE (4); MIPINA AKEI1TA IN XPO(5) ; ROGET DEV(w) VT.... AD DEVM SVSCIPIATVR (6).

Pour obtenir en faveur des défunts le repos éternel, les chrétiens ont trois moyens à leur disposition : le sacrifice de l'autel, la prière et l'aumône (7). J'ai parlé tout à l'heure de la prière pour les défunts; quant à l'aumône, qui a été aussi mise en pratique dès le commencement même du christianisme, son fréquent usage ne peut faire l'objet d'aucun doute. Il me parait donc inutile d'insister sur ce point (8). Offrir le sacrifice pour les morts a été en usage de toute antiquité. J'ai déjà rappelé le passage de l'Ecriture où nous voyons cette habitude mise en pratique par Judas Machabée ; elle ne fut pas étrangère aux chrétiens, comme en font foi les constitutions aposto- liques et les Pères des premiers siècles (9).

La commémoration des fidèles trépassés avait sa place marquée dans les prières de la messe, ainsi que l'indique saint Augustin : les anciennes liturgies nous en donnent une preuve évidente par les

(1 et 2) Corp . inscr. latin., t. V, n° 1686, n® 1720. (3) Aringhi, Roma subì. , 1. 1, p. 203. (4) Gazzera, Iscr. crisi . del Piemonte , p. 35. (5) Fabretti, p. 391, n° 254. (6) Odericus, Sylloge, p. 265. (7) De cura , § 22 : « Non existimemos ad mortuos, pro quibus curam gerimus,

pervenire, nisi quod pro eis sive altaris,4sive orationum, sive eleemosynarum sacri- ficiissolemniter supplicamus. » - Cf. Augustin., Enchiridion , cap. CIX : «Ñeque ne- gandum est defunctorum animas pietate suorum viveotium relevari, cum pro illis sacrificium mediatoris offertur, vel eleemosynœ in ecclesia fiunt »; et les Constit . apostoliques : « item anno exacto (exsequiœ fiant) ad recordationem ejusdem (lib. VIII, cap. 42). - Gratien, dans son Decretum , ajoute, d'après S. Grégoire, un quatrième moyen de soulager les défunts ; c'est le jeûne : « An im» defunctorum quatuor modis solvuntur, aut oblationibus sacerdotum, aut precibus sanctorum, aut carorum eleemosyni», aut jejunio cognatorum » (Gratiani Decretum , t. I, p. 382, cum comment . Turrecremala , edit. Fontanini). Le jeûne, dans la primitive Église, était l'accompagnement nécessaire de la prière ; il ne faut donc pas s'étonner si S. Au- gustin n'en a pas fait mention. - Voy. S. Polycarpe, Epist. ad Philipp. , cap. VII : « Vigilantes in orationibus et perseverantes in jejunio» ; Hermas, Pastor y lib. I, vis. III, cap. 10 : a Omnis oratio humilitate eget; jejuna ergo et percipies a Domino quod postulas; » Lactance, De mortib. persecute XI : « Jejuniis et orationibus insiste- bant ». - L'usage du jeûne tirait, du reste, son origine de l'ancienne loi.

(8) Act. IV, 32, 34 ; VI, 1, 6 ; XI, 29. - Tertull., Apolog. XXXIX. - Euseb., Hist, eccles ., IV, 23; V, 2. -S. Cyprian., Epist . II, LXI, LXXVI. - S. Justin., ApoU , I, lk y 67. - Tertull., Ad uxor . II, 4, 0. - S. Ignat., Ad Polycarp ., IV.

(9) Voir les notes 3 et 7 de la page 391.

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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQUE. 395

prières intitulées : Post nomina, super diptycha, qu'ailes nous ont conservées, et qui aujourd'hui encore sont reproduites presque textuellement dans le canon de la messe. Voici en effet quelles so at les paroles que l'Eglise met dans la bouche du prôtre : « Memento » etiam, Domine, famulorum famularumque tua ru m, qui nos prse- u cesserunt cum signo fidei et dormiunt in somno pacis. Ipsis, « Domine, et omnibus in Christo quiescentibus, locum refrigerii, « lucis et pacis, ut indulgeas deprecamur. » La formule de début, Memento, Domine, famulorum, etc., se retrouve à chaque pas dans les liturgies orientales (1); elle est aussi fréquemment employée dans les inscriptions grecques (2). L'expression qui nos prœeesserunt cum signo fidei et dormiunt in somno pacis se rencontre à peu près textuel- lement dans la liturgie et dans l'épigraphie. On lit en effet sur une épitaphe d'Afrique : PRECESS1T NOS IN PACE (3); et sur une ins- cription citée par M. Le Blant: QVAENOS PRAECESSERVNT IN SOMNO PACIS (4). M. de Rossi donne une inscription roipaineoi) se trouvent les mots DORMIT IN SOMNO PACIS (5); dansBoldetti, je relève une formule analogue: IN PACE DOMINI DORMIAS (6); dans les liturgies orientales, les expressions sont les mômes : quietem Ulis tribue quorum prœcessit dormitio (7) ; quorum obitus prœces- sit (8) ; qui in Domino dormierunt, disent les Constitutions apostoli- ques (9) ; qui in fide discessissent, dit le commentaire sur Job attribué à Origène (10). Je ferai les mômes remarques sur le mot quiescere in Christo, que reproduisent les Constitutions apostoliques et le Sacr?- mentaire grégorien (II). Les liturgies orientales le remplacent par quiescere in fide Christi (12). Quant aux trois souhaits renfermés dans

(1) Renaudot, Liturg. Orient, co//., passim. (2) MNHC0H O 0€0C, MNHC0H K[rRIO]C, etc. Corp . Inscr. grœc., 96*3,

8618, 9461, 9493, 9719, etc. - De Rossi, Roma sott., t. II, p. 271. - Cf. l'expres- sion latine IN MENTE HAVITE (de Rossi, Roma sott., t. II, p. 19).

(3) Revue archéolog., t. IV, p. 662. Cette inscription est de l'aqnée 403. (4) Ed. Le Blant, Inscr . chrét . de la Gaule , t. I, p. 384, notes. (5) De Rossi, Inscr. christ ., t. I, n° 44 2. (6) Boldetti, Osservaz ., p. 418. (7) Renaudot, Liturg. Orient., 1. 1, p. 7. (8) Ibid., p. 42. (9) IV, 17. (10) Lib. III. (11) « Qui in Christo requieverunt. » Constit . aposta VIII, 14. - « omniumque in Christo quiescentium. » Sacram. Gregor . (12) « Qui obdormierunt in fide orthodoxa » (Renaudot, loc. cit., t. I, p. 36, 34) ;

qui dormierunt et quieverunt in fide Christi » (Renaudot, t. I, p. 4 2). - Cf. p. 519, t. I; p. 28,38, t. II.

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296 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. la phrase locum refrigera, lucis et pads , il serait impossible d'énu- mérer toutes les inscriptions qui les contiennent Je me contenterai de citer les principales.

Le mot REFRIGERIVM ou le verbe REFRIGERARE sont souvent employés par les fidèles qui veulent inscrire une prière sur la tombe de leurs frères : REFRIGERA CVM SPIRITA SANCTA (Í), IN REFRI- GERIO ET IN PACE (2), DEUS REFRIGERET (3), etc.; ad indul- gentiam et refrigerium sempiternum pervenire mereatur (4) ; rorem ei misericordias tum perennem infunde (S) ; Indue eos in locum vir idem, super aquas refrigera (6).

Les mots lux et pax ne sont pas d'un moins fréquent usage chez les chrétiens: lucis ei lœtitiœque regionem in sanctorum tuorum so- detate concedas (7); IC TOnON AHWN (8); VIVI IN GLORIA DEI ET IN PACE DOMINI NOSTRI ìlc(9); IN PACE ET IN £ (10); LVCE NOVA FRVERIS LVX TIBI CHRISTVS ADEST (H); toOOC«;« ?WC A4>0APTON(12); DE HAC LVCE SVBLATA est ut in me/(?)IORE LVMINE VIVERE M erereiur (13); DEVS TE PRECOR VT PARADI- SVM LVCIS POSSIT VIDERE (14); ut digneris, Domine, dare locum lucidum, locum refrigera et quietis (15).

La prière pour les défunts appelle une dernière question, qui a été déjà soulevée par M. l'abbé Martigny : il s'agit de la fête appelée Com- mémoration des morts, que l'Église célèbre lež novembre. Lesavant archéologue, dans son Dictionnaire des antiquités chrétiennes (16), s'appuie sur un passage du traité De cura pro mortuis pour établir l'antiquité de cette fête dont on s'accorde généralement à fixer l'insti- tution au Xe siècle. Voici le passage de saint Augustin : «... non sunt

(1) Marangoni, Cose gentilesche , p. 460. (2) Gruter, 1057, 10. (3) Boldetti, Osservaz., p. 418. (4) S. Gregorii Missa pro episc . defuncto, Opp. t. III, p. 217 (Paris, 1705, in-f°). (5) S. Gregorii Missa diei depos. defuncti , Opp. t. III, p. 218. (6) Renaudot, Liturg . Orient ., t. I, p. 18. (7) S. Gregorii Magni Lib . sacramentar., Opp., t. III, p. 218. (8) Lupi, Epitaph. Sever . Mart , p. 165, 166. (9) Marangoni, Acta S. Victorini , Append., p. 69. (10) Boldetti, Osservaz p. 318. (ll) Corp. inscr. latin. , t. VI, part. I, p. 389, sub. n° 1756. (12) Corp.tnscr. grœc 9870. (13) De Rossi, Inscr . christ., t. I, n° 1076. (14) Ed. Le Blant, Réponse à une lettre de 1680, p. 13. (15) Muratori, Liturg . Rom. vêtus , 1. 1, p. 749 (Sacram. Gelasian.). (16) V° Fêtes , § IX.

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ÉTUDE ÉPIGRAPHIQUE. 297 « praetermittendae suppUcationes pro spiritibus mortuorum : quas fa- c ciendas pro omnibus in Christiana et catholica societate defunctis, « etiamtacitis nominibuseorum, sub generali comraemoratione susce- « pit Ecclesia; utquibusad istadesunt párenles, aut filii,autquicum- « que cognati rei amici, ab una eis exhibuantur pia matre comniu- « ni(l).» Je ne crois pas qu'on puisse voir là la mention évidente d'une fête réserrée à la commémoration desdéfunts. La commémoration gé- nérale dont parle saint Augustin est tout simplement celle que l'on fai- sait à la messe, et dans laquelle le prôtre priait pour tous les fidèles morts dans la foi catholique : c'est ce qu'exprime saint Cyrille de Jé- rusalem par ces paroles : « Ensuite nous prions pour les pères et les évêques défunts et à la fois pour tous ceux d'entre nous qui ontquitté celte vie (2)»; c'est également ce que l'on trouvera dans les liturgies anciennes : Memoriam agimus defunctorum quoque nostrorum et om- nium de functorum, fideliumß); Memento, Domine, sacerdotum orthodo- xorum pridem defunctorum.... et eorum quos unusquisqtie désignât animo (i), etc. Il ne faut pas davantage s'arrêter à l'expression deTer- tullien : « oblationes pro defunctis, pro natalitiis annua die faci- mtts(b).» Il était d'usage dans l'Eglise primitive de faire célébrer le saint sacrifice le jour anniversaire de la mort d'un défunt. Tertullien mentionne cette coutume dans son traité De monogamia (G), et on en trouve d'autres exemples dans les Constitutions apostoliques (7) et dans un ouvrage attribué à Origène (8). Les preuves alléguées à l'appui de cette opinion, que l'Eglise aurait déterminé un jour cha- que année pour faire la commémoration générale des fidèles trépas- sés, me semblent donc fort douteuses.

En résumé, de l'examen du traité De cura pro mortuis ressortent l'antiquité et l'universalité des croyances catholiques ; on ne saurait nier que les paroles de saint Augustin n'aient eu une grande portée et n'aient puissamment contribué à détruire les derniers vestiges des

(1) De cura , § 6. (2) Catech. XXIII, Mystagog. V, cap. 9 : e ita xat vrcsp twv 7rpoxexoi(xr){jiéva)v áyícov

TOcrepwv, xai èm<rxÓ7H»>v, xaì tcxvtwv airXw; twv ¿v ý)|j.tv upox£xoi[iT]{j.£va)v. (3) Renaudot, Liturg. Orient., t. II, p. 17. (U) Ibid. y p. 38. (5) De corona milit., cap. III. (6) «(Uxor) pro animaejus orat... etoffert annuis diebus dormitationis ejus» cap.X. (7) « Exequi» vero mortuorum fiant tertio die item anno exacto ad habendam

memoriam ipsius defuncti. » Lib. VIII, cap. 62. (8) a Convocantur in anmversarns diebus memoriae vel parentum defunctorum vel

amicorum seu quorumcumque qui in fide discessissent sacerdotes simul et laici. « ommentar. in Job., lib. III.

XXXV. 21

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298 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

superstitions païennes qui avaient pu se glisser parmi les fidèles. Elles ne tardèrent pas en effet à se dissiper. Il fallut plus de temps pour faire disparaître ce sentiment que le grand docteur avait surtout voulu combattre et qui faisait croire à plusieurs que la dévotion à quelque martyr pouvait tenir lieu de la pratique des vertus chré- tiennes : mais saint Augustin avait vivement combattu cette erreur; d'autres suivirent son exemple, et en somme, ce qui resta de toutes ces idées quelque peu superstitieuses du passé, c'était précisément ce que, à la fin de son traité, l'évêque d'Hippone avait établi com- me la règle de foi en cette matière, c'est-à-dire le dogme de la com- munion des saints et de l'efficacité de leur intercession pour le sou- lagement des morts et la protection des vivants.

G.-M. Tourret.

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