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EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DE LA …...Luiza pour leur participation à la présente...

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EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DE LA POPULATION DE LA ZONE DE SANTE DE LUIZA, PROVINCE DU KASAÏ OCCIDENTAL REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO NOVEMBRE 2008 Financée par Enquête et rapport réalisés par : Gustave MWAMBA KIDIYA, Superviseur- Evaluateur Sécurité alimentaire, ACF/RPN
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EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DE LA POPULATION

DE LA ZONE DE SANTE DE LUIZA,

PROVINCE DU KASAÏ OCCIDENTAL

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

NOVEMBRE 2008

Financée par Enquête et rapport réalisés par : Gustave MWAMBA KIDIYA, Superviseur- Evaluateur Sécurité alimentaire, ACF/RPN

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TABLE DES MATIERES 1  Introduction ................................................................................................................................ 7 

2  Approches méthodologiques ................................................................................................... 7 

2.1  Méthodologie ........................................................................................................................... 7 

2.2  Étude de marché ..................................................................................................................... 8 

2.3  Contraintes .............................................................................................................................. 8 

3  Résultats par composante ........................................................................................................ 9 

3.1  Contexte et typologie des ménages ........................................................................................ 9 3.1.1  Contexte General ................................................................................................................ 9 3.1.2  Typologie des ménages ...................................................................................................... 9 

3.2  Problématiques ...................................................................................................................... 10 

3.3  Production et disponibilité alimentaire ................................................................................... 11 3.3.1  Agriculture .......................................................................................................................... 11 3.3.2  Élevage .............................................................................................................................. 13 3.3.3  Pêche ................................................................................................................................. 13 3.3.4  Chasse ............................................................................................................................... 13 3.3.5  Étude de marché ............................................................................................................... 14 

3.4  Revenus et dépenses ............................................................................................................ 15 3.4.1  Sources de revenus ........................................................................................................... 15 3.4.2  Principales sources de dépenses ...................................................................................... 18 

3.5  Consommation alimentaire .................................................................................................... 19 

3.6  Situation sanitaire .................................................................................................................. 20 

3.7  Mécanismes de survie ........................................................................................................... 21 

4  Conclusion et recommandations ........................................................................................... 23 

4.1  Conclusion ............................................................................................................................. 23 

4.2  Recommandations ................................................................................................................. 23 

5  Annexes .................................................................................................................................... 26 

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Remerciements L’équipe d’Action Contre la Faim remercie les institutions et personnes ressources de Kananga et Luiza pour leur participation à la présente mission d’évaluation en sécurité alimentaire, et notamment les représentants de la FAO à Kananga, le point focal de la FAO à Luiza, le Médecin Inspecteur Provincial du Kasaï Occidental, le Médecin Chef de la Zone de Santé de Luiza, l’Inspecteur Territorial de l’Agriculture et de la Pêche de Luiza, l’Inspecteur Territorial de Développement Rural de Luiza, les ONGD locales, toute l’équipe des enquêteurs ainsi que toute la communauté locale touchée par cette étude. Que tous trouvent dans ces lignes, l’expression de notre profonde gratitude.

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Résumé exécutif

Données démographiques • La taille moyenne des ménages enquêtés est de 7 personnes. • 74,5% des enfants âgés de 5 à 15 ans sont scolarisés. Production • 89% des ménages enquêtés pratiquent les activités agricoles et, sur l’ensemble de ces ménages,

71% ne pratiquent que l’agriculture vivrière tandis que 29% l’associent aux activités maraîchères. • L’agriculture est la principale source de revenu pour 65% des ménages enquêtés. Les autres

sources de revenus révélées par les enquêtes sont l’exploitation artisanale du diamant, la fonction publique, l’élevage, la pêche, la chasse, l’artisanat et le petit commerce.

• Les ménages agricoles réalisent en moyenne 1 à 2 champs par an pour une superficie moyenne d’environ 1 ha, et le nombre moyen d’actifs agricoles par ménage est de 2 personnes. Ils utilisent à 100% la houe et la machette comme outils agricoles.

• Les principales cultures vivrières identifiées sont le manioc, le maïs, l’arachide, le riz, le haricot et le niébé.

• L’utilisation globale des produits agricoles par les ménages enquêtés indique qu’en moyenne ces derniers vendent 49,5% de leur récolte et la part restante se répartit de la manière ci-après : consommation (35,2%), puis semences, dons et stock.

• Quant à l’utilisation des produits agricoles par spéculation, les ménages enquêtés déclarent consommer en moyenne 65% du manioc produit alors qu’ils vendent leurs récoltes de maïs (63%), d’arachide (59%), de haricot (56%) et de riz (48%).

• Les ménages pratiquant l’agriculture maraîchère déclarent vendre 51,6% leur production ce qui est dans les mêmes proportions que pour les produits de la pêche et de la chasse.

Revenus • Les principaux postes de dépenses des ménages enquêtés se repartissent en moyenne de la

manière suivante : alimentation (44,6%), santé (20%), habillement (17,6%), éducation (12%). • En période de difficultés alimentaires ou financières récurrentes, les ménages enquêtés recourent

dans un premier temps à la modification des habitudes alimentaires (34,3%) et à la réduction du nombre de repas (33,6%). Ils recourent également à la vente de force de travail (13,4%), à l’endettement (11,8%), aux dons (5%).

• Au moment de l’enquête, 33,2% des enquêtés ont déclaré avoir contracté une dette dont les principales raisons sont la santé (30%), l’éducation (28,3), l’alimentation (28,3%). Le montant moyen de dettes par ménage enquêté est de 15 458Fc (soit 27,6 dollars US).

Consommation • D’une façon générale, les enquêtés prennent en moyenne 1 repas par jour en période difficile

contre 2 en période normale. 64% des personnes enquêtées déclarent avoir accès à un repas par jour contre 36% qui affirment prendre 2 repas par jour en période de difficulté alimentaire ou financière récurrente. Par ailleurs, en période dite normale, 4,2% d’entre eux n’ont accès qu’à 1 seul repas par jour, 77, 6% à 2 repas et 18,2% à 3 repas par jour.

Contraintes • S’agissant des contraintes agricoles, 34,3% des ménages enquêtés citent les maladies des

plantes qui attaquent les plants de manioc. Ils citent aussi le manque d’intrants agricoles de qualité (outils et semences) pour 30% des agriculteurs, les attaques d’insectes et de rongeurs (18,8%), l’insuffisance de la main d’œuvre (13,7%) et enfin les conflits d’accès aux espaces cultivables.

• Les contraintes aux activités maraîchères sont, par ordre décroissant, la destruction des plantes par du bétail en divagation (32,5%), le manque d’outils aratoires (29,4%), les maladies (29,4%) et l’accès à l’eau (8,7%).

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• Les principales contraintes aux activités d’élevage sont le vol, les maladies du bétail, les conflits liés à la divagation des animaux, la prédation par les animaux sauvages et le manque d’aliment, respectivement pour 41,3%, 33,3%, 16%, 5% et 4,5% des ménages d’éleveurs enquêtés.

• Les contraintes rencontrées par les ménages de pêcheurs enquêtés sont le manque d’intrants (72,4%) et la rareté du poisson (27,6%).

• Pour les ménages de chasseurs enquêtés, 64,3% d’entre eux signalent le manque d’intrants comme principale contrainte à la chasse, tandis que 35,7% déclarent que c’est la rareté du gibier qui constitue leur principale contrainte.

• La baisse sensible des productions agricoles observée ces dernières années est imputable aussi à l’abandon des activités agricoles par une bonne partie d’agriculteurs au profit des activités d’exploitation artisanale de l’or récemment découvert dans le territoire de Luiza, avec comme corollaire, le vieillissement de la population agricole et par conséquent, la baisse des superficies cultivées par ménage et des rendements moyens.

• Le manque d’encadrement des techniciens pour la vulgarisation et l’accompagnement des masses en faveur de l’augmentation de la production agricole d’une part et d’autre part en faveur de la transformation, de la valorisation et de la commercialisation de ces produits.

• L’explosion démographique avec les vagues de refoulés du Katanga de 1991 et les récentes vagues de refoulés d’Angola (de 2004 à ce jour) a accentué les difficultés locales.

• Une régression des activités d’élevage dû essentiellement à la mauvaise gestion des quelques fermes qui existaient jadis dans le territoire de Luiza, au manque de couverture sanitaire, aux services vétérinaires non appuyés depuis plus de 20 ans, avec comme conséquence des maladies, la dégénérescence des races et une faible productivité.

• L’inaccessibilité et l’isolement de certains sites dû à la dégradation des routes de dessertes agricoles rendent les échanges difficiles entre les sites de production et les centres de consommation.

Typologie des ménages vulnérables • Les ménages vulnérables identifiés au cours des focus groups sont les ménages dépourvus de

biens de valeur tels que vélo, outils aratoires, intrants de pêche etc. ; les ménages agricoles à faible revenu, ayant plus de 7 personnes à charge et réalisant au maximum un champ de moins de 40 ares. Cette catégorie représenterait 72% des ménages (environ 14 563 ménages), au sein desquels 37% (7 484 ménages) sont plus vulnérables, notamment : les ménages ayant un ou plusieurs enfants malnutris, les ménages ayant accueilli les refoulés d’Angola, les ménages autonomes de refoulés, les ménages de paysans pratiquant une agriculture de subsistance mais ne disposant pas d’un outillage de qualité diversifié, les familles monoparentales dont la femme est chef de ménage.

• Les ménages dits ni riches, ni pauvres sont des ménages à revenus moyens et capables d’assurer la scolarité et la santé de leurs enfants. Ils sont essentiellement composés de petits commerçants, d’artisans, de fonctionnaires et de quelques agriculteurs associant l’agriculture à une ou deux autres activités. Cette catégorie représenterait 23% des ménages de la zone de santé, soit 4 652 ménages environ.

• Les ménages considérés comme riches sont ceux qui exploitent de grandes étendues de champs, possèdent des biens de valeur tels que les motos, les groupes électrogènes, les moulins ou du gros bétail. Cette catégorie représenterait 5% des ménages de la zone de santé, soit 1 011 ménages environ.

Recommandations • A court terme

- Appui aux familles récemment refoulées d’Angola ainsi qu’à celles qui les accueillent en intrants de base, noyau de petit élevage et de pêche afin de permettre le rétablissement de l’auto prise en charge ;

- Distribution d’intrants agricoles aux autres catégories de populations vulnérables ; - Distribution de kits maraîchers aux déchargés des centres nutritionnels ; - Formation des bénéficiaires et partenaires en techniques agricoles ; - Multiplication de semences vivrières et de boutures saines de manioc ; - Relance de la dynamique organisationnelle (groupement des paysans) ; - Mise en place de jardins de démonstration dans les centres nutritionnels.

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• A moyen terme - Réhabilitation de routes/ pistes de desserte agricole ; - Renforcement des capacités techniques des producteurs locaux (agriculteurs et pêcheurs) et

celles des techniciens agricoles pour la vulgarisation et l’accompagnement des masses paysannes ;

- Mise en place de greniers collectifs à travers des coopératives/ groupements villageois ; - Mise en place d’activités génératrices de revenus (AGR) et d’unités de transformation des

produits agricoles locaux ; - Relance de l’élevage familial.

• A long terme - Renforcement de la dynamique communautaire ; - Développement de l’initiative d’entreprise agricole familiale (fermes agricoles familiales).

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1 Introduction La zone de santé de Luiza, tout comme les autres zones de santé du territoire de Luiza, jadis grenier de la province du Kasaï occidental, a connu beaucoup d’événements : politiques, naturels, démographiques, économiques, etc. à la base de la chute des productions agricoles et des crises socio-économiques observées ces dernières années. En 1990, le déclenchement de la démocratisation du pays a eu entre autres pour conséquence le refoulement de milliers de résidents Kasaïens du Katanga vers les deux Kasaï en 1992-1993. A partir de 1997, les guerres successives ont déstabilisé les services de l’État et ravagé de nombreuses zones, dont les Kasaïs qui étaient sur la ligne de front. Les vagues de refoulés d’Angola de 2004 à ce jour ont amplifié les cas d’insécurité alimentaire au sein des ménages d’accueil et au sein même des ménages de refoulés. Cette enquête s’inscrit dans le cadre des activités mises en place par le programme RPN (Renforcement du Programme Nutritionnel) d’ACF, qui visent à documenter la situation nutritionnelle dans différentes zones potentiellement vulnérables au niveau national.

Suite à l’alarme lancée par les autorités sanitaires au sujet de la situation nutritionnelle, Action Contre la Faim a mené une enquête nutritionnelle anthropométrique en novembre 2008, en y joignant une évaluation de la sécurité alimentaire afin d’optimiser la connaissance de la vulnérabilité des ménages et des causes de la malnutrition. Cette évaluation a été réalisée sur la Zone de Santé de Luiza, dans le territoire de Luiza, province du Kasaï Occidental, du 10 au 14 Novembre 2008. Cette mission d’évaluation avait pour objectifs de: • Décrire et analyser les caractéristiques des moyens d’existence des ménages ; • Identifier les principales contraintes affectant les différents aspects relatifs à la sécurité

alimentaire des ménages ainsi que les conséquences qui en découlent ; • Effectuer une typologie des ménages selon une échelle de vulnérabilité émanant de la

population locale ; • Dégager les principales causes de l’insécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables et

proposer les types d’intervention appropriée. Le présent rapport s’articule autour des points ci-dessous : • Le premier point présente la méthodologie utilisée pour cette évaluation ; • Le deuxième point présente les résultats, par composante définie dans le questionnaire, y

compris le contexte géographique, socio-économique et humanitaire de la zone d’étude ; • Enfin, une conclusion et quelques recommandations finalisent le rapport.

2 Approches méthodologiques 2.1 Méthodologie La méthodologie de la présente étude s’est articulée autour des points ci-dessous :

- L’exploitation des données secondaires et les rencontres avec des personnes ressources et des partenaires ;

- L’organisation de 3 focus group (à Luyinda, Kakala et Mbendi); - La réalisation de 250 enquêtes ménages.

Les outils de collecte de données utilisés sur le terrain sont le questionnaire semi-structuré pour les focus-groups, l’entretien avec les personnes ressources et le questionnaire structuré pour les entretiens ménages (copies en annexe).

Pour les enquêtes ménages, l’échantillonnage a été effectué de concert avec l’équipe de l’enquête nutritionnelle. Ces enquêtes ont touché les 18 aires de santé qui constituent la zone de santé de Luiza. A l’aide d’un sondage en grappe à 2 degrés, le logiciel SMART a permis de fixer à 30 le nombre des grappes tirées au premier degré.

Les contraintes d’ordre financier, humain, logistique et temporel ont motivé la réduction de la taille de l’échantillon au 1/3 pour la partie sécurité alimentaire de l’évaluation, soit 250 ménages par rapport à

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l’évaluation nutritionnelle. Quant à la détermination du nombre des grappes dans chaque aire de santé, elle a été faite par SMART proportionnellement au nombre total des ménages ou parcelles, après compilation des données de la zone de santé ; et un tirage au hasard des villages ou quartiers a été fait sur place après constitution d’une base de sondage pour chaque grappe (liste exhaustive des villages ou quartiers de chaque grappe). Au deuxième degré, c’est par la méthode de crayon lancé, pour choisir d’abord la direction, puis les ménages, que huit ou neuf ménages ont été selon les cas, sélectionnés dans chaque grappe. Les grappes retenues ont été regroupées en 5 axes selon les critères d’accessibilité:

Axe Aire de Santé Sites enquêtés (villages)

Mukuandianga

Mukuandianga Bibalu Mukuandianga

Kasonga Matete

Kabuang Mayimbi II Kabuanga ka Mpoka

Kakamba Kakamba

Bambaïe

Kanda kanda Nsaka nsaka

Kapanga Tshiona Mpalanga Kamukenji

Bambaïe Mbuyi Mayika Balombi

Tutante Kamayi

Mubinza

Mubinza Kawayi Kamushilu Kabambu

Kitoko kasamayi Luku

Tutante Kabuita

Moma

Isasa Isasa Moma Kambimbi I Mpika Mbuji Mpika Mbuji

Mukungu Ngueji a nsandji Mualakababa

Tutante Sampika

Kazea

Kazea Mbendi

Mualansele Nsanji Kapenda

Kakala Kakala Luyinda I

Kakamba Quartier Plaine 2.2 Étude de marché Dans le but d’évaluer la disponibilité locale des denrées alimentaires entrant dans la composition du panier de la ménagère, une étude de marché a été faite sur l’étendue de la zone de santé de Luiza. Les prix relevés sur le marché sont présentés dans la partie consacrée aux résultats de l’étude. 2.3 Contraintes Les contraintes rencontrées sont de plusieurs ordres : • Climatique : pluies abondantes et régulières, limitant ainsi la mobilité • Logistique : zone enclavée par la forte dégradation des routes • Disponibilité des populations : ménages peu disponibles à cause des travaux champêtres • Large échantillonnage • Suivi des équipes nutrition, plus rapides à collecter leurs données.

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3 Résultats par composante

3.1 Contexte et typologie des ménages

3.1.1 Contexte General

La zone de santé de Luiza est située dans le territoire de Lwiza, district sanitaire de Lwiza, dans la province du Kasaï Occidental. Elle est limitée :

A l’Est par la zone de santé de Yangala ; Au Nord-Est par la zone de santé de Lubondai ; Au Nord-Ouest par la zone de santé de Bilomba; A l’Ouest par les zones de santé de Tshibola et Lwambo; Au Sud par la zone de santé de Masuika.

La superficie de la zone est de 3.999 km² avec une population de 137.776 habitants, soit une densité de 35 habitants au km². La population cible (enfants de 6 à 59 mois) est estimée à 27.555.

Les principales ethnies de la zone de santé de Luiza sont les Bakete (45%), les Basala (40%), les Bambala (10%). Les allochtones représentent 5% de la population de la zone de santé. Ces différentes ethnies parlent chacune une langue portant le même nom que l’ethnie. Le Tshiluba reste la langue vernaculaire et connue de tous. Chaque peuple garde ces us et coutumes, vit dans la tolérance mutuelle des habitudes coutumières des peuples voisins. Tous ces peuples se réclamant du courant migratoire de nsanga lubangu, en quelque sorte d’un aïeul commun du nom de Mbuyi, ont pratiquement les mêmes habitudes alimentaires, culinaires, culturales et pastorales. Les religions pratiquées dans la zone de santé de Luiza sont le Christianisme (sous toutes ses formes), l’Animisme et l’Islam.

La zone de santé de Luiza, tout comme les autres zones de santé du territoire de Luiza, jadis grenier de la province du Kasaï occidental, a connu beaucoup d’événements : politiques, naturels, démographiques, économiques, etc. à la base de la chute des productions agricoles et des crises socio-économiques observées ces dernières années. En 1990, le déclenchement de la démocratisation du pays a eu entre autres pour conséquence le refoulement de milliers de résidents Kasaïens du Katanga vers les deux Kasaï en 1992-1993. A partir de 1997, les guerres successives ont déstabilisé les services de l’État et ravagé de nombreuses zones, dont les Kasaïs qui étaient sur la ligne de front. Les vagues de refoulés d’Angola de 2004 à ce jour ont amplifié les cas d’insécurité alimentaire au sein des ménages d’accueil et au sein même des ménages de refoulés. Les statistiques des refoulés d’Angola tenues par la FAO signalent 3 535 personnes expulsées entre juin et décembre 2007 et 36 018 de janvier à novembre 2008. (15 497 entre janvier et avril 2008, 8 400 entre mai et juin 2008, 12 081 en octobre 2008).

La zone de santé de Lwiza connaît un climat tropical caractérisé par trois saisons : une saison des pluies de septembre à mai, intercalée par une petite saison sèche en janvier et une saison sèche de mai à août. Le relief est dominé par le plateau dont le sol est argilo-sablonneux et recouvert d’une végétation composée de savane boisée et herbeuse. La zone est ceinturée par les rivières Lulua et Lueta.

Les acteurs en sécurité alimentaire répertoriés dans la zone de santé de Luiza sont les suivants :

- FAO : dans le domaine de la sécurité alimentaire depuis décembre 2007: maraîchage, pêche, multiplication des semences et des boutures saines de manioc et de patate douce, aménagement de bas fonds pour la pisciculture et la riziculture, renforcement des capacités des bénéficiaires dans chaque activité

- BDD : (Bureau Diocésain de Développement) par un appui ponctuel dans toutes les zones de santé du territoire de Luiza dans le domaine de la sécurité alimentaire

3.1.2 Typologie des ménages Le ménage est la plus petite unité familiale organisée autour de la gestion commune des activités de production et partageant les mêmes repas. Ainsi, un village ou un quartier comprend plusieurs ménages.

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Concernant les réseaux de solidarité, l’enquête a révélé l’existence, dans la majorité des villages, de mutuelles d’entraide libres et volontaires, fonctionnant sous la responsabilité des autorités des confessions religieuses, coutumières et communautaires et grâce aux cotisations en nature ou en espèce ou aux dons de leurs membres.

Concernant l’accès aux terres cultivables, on note quelques conflits entre villages voisins, lesquels conflits sont souvent liés au pouvoir coutumier. Ils trouvent, généralement, des solutions négociées par des champs de multiplication de semences à intérêt communautaire. Les autochtones peuvent aussi accéder aux terres, mais sur demande auprès des autorités coutumières. Le plus souvent, ces terres sont allouées par métayage ou usufruit. Ce mode d’acquisition n’encourage pas bien évidemment l’arboriculture fruitière avec la peur de tout perdre suite à une reprise « sans préavis » du propriétaire foncier. Aussi, ne sont-elles exploitées que pour des cultures saisonnières céréalières, légumineuses, maraîchères ou à tubercules (manioc, patate douce). La polygamie et la monogamie sont deux formes de mariage rencontrées et tolérées dans la zone. La typologie des ménages découlant des focus group réalisés lors de l’évaluation ACF se présente de la manière suivante : • Les ménages vulnérables identifiés au cours des focus groups sont les ménages dépourvus de

biens de valeur tels que vélo, outils aratoires, intrants de pêche etc. ; les ménages agricoles à faible revenu, ayant plus de 7 personnes à charge et réalisant au maximum un champ de moins de 40 ares. Cette catégorie représenterait 72% des ménages (environ 14 563 ménages), au sein desquels 37% (7 484 ménages) sont plus vulnérables, notamment : les ménages ayant un ou plusieurs enfants malnutris, les ménages ayant accueilli les refoulés d’Angola, les ménages autonomes de refoulés, les ménages de paysans pratiquant une agriculture de subsistance mais ne disposant pas d’un outillage de qualité diversifié, les familles monoparentales dont la femme est chef de ménage.

• Les ménages dits ni riches, ni pauvres sont des ménages à revenus moyens et capables d’assurer la scolarité et la santé de leurs enfants. Ils sont essentiellement composés de petits commerçants, d’artisans, de fonctionnaires et de quelques agriculteurs associant l’agriculture à une ou deux autres activités. Cette catégorie représenterait 23% des ménages de la zone de santé, soit 4 652 ménages environ.

• Les ménages considérés comme riches sont ceux qui exploitent de grandes étendues de champs, possèdent des biens de valeur tels que les motos, les groupes électrogènes, les moulins ou du gros bétail. Cette catégorie représenterait 5% des ménages de la zone de santé, soit 1 011 ménages environ.

3.2 Problématiques

Le territoire de Luiza était non seulement un grand grenier agricole, mais abritait avant la guerre de 1997 de nombreuses fermes pastorales. La société SEZ (Société d’Elevage Zaïrois) avait plus de 14 000 têtes de bovins, et il ne reste actuellement que quelques 200 têtes. La diminution des effectifs du cheptel de la SEZ est, dans une large mesure, imputable aux pillages perpétrés par les hommes en armes pendant la guerre. A coté de la société SEZ, il convient de mentionner l’élevage diocésain de MUBINZA. Celui-ci a aussi connu une régression sensible de sa production animale due essentiellement à une gestion économique, financière et technique inadaptée.

En outre, le manque de couverture vétérinaire des services étatiques, non appuyés depuis plus de 20 ans, a eu pour conséquences de nombreuses contraintes pour l’élevage : absence de soins, de vaccination, de suivi génétique et, par conséquent, dégénérescence des races et faible productivité. L’élevage des animaux à cycle court (volaille, porcin, lapin) est désorganisé pour les mêmes raisons. Pour l’agriculture, les dernières statistiques de la FAO montrent une diminution du rendement moyen des cultures vivrières depuis la guerre : 10 tonnes des tubercules de manioc à l’hectare en 2007 contre une vingtaine il y a quelques années ; 400kg/ha du maïs en 2007 contre 1200kg/ha sur des bonnes terres du Kasaï il y a quelques années ; 350kg/ha de niébé en 2007 contre plus de 400kg/ha il y a quelques années.

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L’enquête sécurité alimentaire ACF a mis en exergue les contraintes ci-dessous des ménages agricoles : • Baisse de la production : Elle est due à l’abandon des activités agricoles par une bonne partie

des agriculteurs au profit des activités d’exploitation artisanale de l’or récemment découvert dans le territoire de Luiza, avec comme corollaire, le vieillissement de la population agricole et par conséquent, une chute des superficies cultivées par ménage (0,6ha) et de faibles rendements agricoles ; elle est due aussi aux maladies des plantes (la mosaïque et le Chromolaena odorata1 qui attaquent les plants de manioc), aux intrants en quantité et qualité suffisante, aux techniques culturales inadaptées.

• Epizooties cycliques : La peste porcine d’origine africaine et la pseudo peste aviaire sont les principaux facteurs perturbateurs et responsables du faible rendement observé ces dernières années au niveau de l’élevage villageois ; le bétail a de plus été décimé pendant la guerre et les espèces locales sont dégénérées.

• Prise alimentaire déséquilibrée et peu diversifiée sur le plan nutritionnel : Une situation nutritionnelle préoccupante avec des taux élevés de malnutrition indiquée par la récente enquête ACF (enquête nutritionnelle de Novembre 2008) : malnutrition aigue globale : 13,1% [9,0% -17,2%] et malnutrition aigue sévère : 3,9% [1,7% -6,0 %].

• Explosion démographique : Les vagues de refoulés du Katanga de 1991 et les récentes vagues de refoulés d’Angola (de 2004 à ce jour) ont accentué les contraintes en sécurité alimentaire.

• Manque d’encadrement technique : Le manque de motivation et de moyens des techniciens pour la vulgarisation et l’accompagnement des masses en faveur de l’augmentation de la production agricole d’une part, et en faveur de la transformation, de la valorisation et de la commercialisation de ces produits, d’autre part.

• Enclavement des sites : La dégradation des routes de desserte agricole rend les échanges difficiles entre les sites de production et les centres de consommation.

3.3 Production et disponibilité alimentaire

Les principales activités productives révélées par l’enquête sont l’agriculture, la pêche et la chasse. La consommation de la nourriture est saisonnière tant dans sa composition que dans sa fréquence quotidienne. Tableau 1 : Synthèse de la population active par secteur de production, ZS Luiza, Nov 08

Secteur d’activité Population active Agriculture 89,2% Élevage 63,2% Pêche 6,2% Chasse 2,6%

NB : Le cumul de la population active des secteurs de production ci-dessus présentés dépassent 100% car la question était ouverte avec réponse multiple.

3.3.1 Agriculture

L’agriculture est à la fois la principale activité de production, la principale source de revenu et la principale source de nourriture. Elle est pratiquée par 89,2% des ménages enquêtés. Les principales cultures, en terme d’importance décroissante sont le manioc, le maïs, l’arachide, le haricot et le niébé. Le manioc et le maïs constituent la base alimentaire de la population de Luiza. Le maïs, l’arachide, le haricot et le niébé sont des cultures de rente. Cependant, la grande partie du maïs est utilisée pour la distillation de boisson alcoolisée, jugée plus rentable par les producteurs. L’accès aux outils se fait par achat. Pendant l’évaluation, on a noté que la plupart des agriculteurs recourent aux outils fabriqués par les forgerons locaux. Cette stratégie est développée suite au faible pouvoir d’achat qui limite l’accès aux outils de qualité vendus dans les marchés locaux. Les principales cultures, en termes de superficie, sont représentées dans la figure ci-dessous. 1 Le contact des racines de cette plante avec les tubercules de manioc fait pourrir ces dernières. Pourtant, arrachée, elle s’avère un excellent fertilisant pour les cultures céréalières et légumineuses. Cette plante qui prolifère depuis quelques années en RDC est baptisée par les paysans sous les nombreux noms de Mobutu, de SIDA, etc. pour ses effets néfastes sur leur principale culture (le manioc)

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Figure 1: Part moyenne de chaque spéculation dans la superficie moyenne cultivée par ménage, ZS Luiza, Nov 08

Les superficies moyennes cultivées annuellement par spéculation sont de l’ordre de 64,7 ares pour le maïs ; 62,7 ares pour le manioc ; 33 ares pour l’arachide; 7,4 ares pour le haricot et le niébé, et 2,6 ares pour le riz.

Les quantités moyennes de semences utilisées par les ménages sont de 10kg pour le maïs ; 7,6kg pour l’arachide ; 1,3kg pour le haricot et le niébé ; 0,5kg pour le riz pour une production moyenne respective estimée à 304kg (mais); 32kg (arachide); 24kg (haricot, niébé) et 2,6kg (riz). Quant au manioc, le nombre moyen de boutures utilisées par ménage est de 1 316 boutures (soit 452 mètres linéaires) pour une production moyenne estimée à 176,7kg.

La production moyenne par ménage est estimée, d’après les résultats de l’enquête ACF, à 176,7kg pour le manioc, 303,5kg pour le maïs, 32,2kg pour l’arachide, 23,7kg pour le haricot et le niébé, et 2,6kg pour le riz. Les évaluations ont montré que les producteurs de Luiza cultivent 1 à 2 champs par ménage, d’une superficie totale moyenne de 1ha. Le nombre moyen de personnes actives par ménage s’élève à 2 (l’homme et la femme), pourtant 61,4% des ménages agricoles estiment que la main d’œuvre est insuffisante pour espérer atteindre une production satisfaisante contre 38,6% qui déclarent avoir une main d’œuvre suffisante pour leurs exploitations agricoles. Les outils utilisés sont la houe, la machette, le râteau. Les évaluations ont indiquées que le nombre moyen d’outils utilisés par ménage est de 2, généralement la houe et la machette (utilisées par 100% des agriculteurs). Le calendrier agricole de Luiza se présente comme indiqué dans les tableaux suivants. La grande saison de culture (saison A) s’étale de la mi-août à la mi-février. C’est durant cette saison que sont cultivés le maïs, le haricot et l’arachide. La petite saison agricole s’étale de mi-janvier à juin2. Le manioc, l’arachide, le niébé, le haricot, le voandzou, la patate douce sont cultivés en toute saison. Tableau 2: Calendrier cultural de la zone de Luiza

Opérations culturales J F M A M J Jt A S O N D Préparation des champs Semis Entretien des cultures Récolte

Légende : Saison B Saison A

2 Il y a un chevauchement entre la saison agricole A et la saison agricole B. Cela est tout à fait normal car les semis de la saison B interviennent en même temps qu’une partie des récoltes de la saison A pour les ménages qui exploitent leurs terres pendant les deux saisons agricoles.

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Tableau 3: Calendrier cultural des principales spéculations agricoles de la zone de Luiza Spéculations J F M A M J Jt A S O N D Maïs Arachide Haricot Niébé Riz Manioc

Légende : Semis Entretien des cultures Récolte

Systèmes de cultures

L’association des cultures est une pratique culturale très développée par les agricultures de Luiza. Elle offre l’avantage de gain de temps dans la mesure où les travaux d’entretien se font au même moment pour toutes les cultures installées sur la parcelle. Ensuite, elle permet l’utilisation rationnelle des éléments minéraux se trouvant dans la couche arable du sol.

Ce système de cultures se présente comme suit :

1ère année : Saison A : Maïs, Arachide Saison B : Haricot

2ème année : Saison A : Maïs, Arachide Saison B : Niébé

3ème année : Saison A : Arachide, Manioc Saison B : Maïs

La récolte de manioc intervient après 12 mois de culture. Considéré comme culture de fin d’assolement, le manioc est placé juste avant la jachère. Ceci est surtout vrai pour les systèmes traditionnels de culture en raison de l’épuisement du sol, de la plasticité et de la rusticité du manioc.

3.3.2 Élevage

L’élevage est pratiqué par 40,8% des enquêtés et généralement pour la volaille, les lapins, les caprins et ovins et enfin les porcins. L’élevage familial concerne essentiellement la volaille (63,2% du total avec bétail), les lapins (17,5%), les caprins (17%) et les porcins (2,3%). Pendant l’évaluation, 40,8% de ménages disposaient d’au moins un couple de volaille (soit des poules, soit des canards).

Les autres espèces animales (gros bétail) ont été largement pillées lors des guerres. La pseudo peste aviaire, qui sévit dans la zone de façon cyclique de juillet à septembre, décime des centaines de volailles. La vaginite des caprins, la grippe et la diarrhée des ovins, la gale et autres dermatoses des lapins, la peste porcine sont les différentes maladies qui entravent la productivité animale.

Les quelques petits bétails rencontrés sur la zone sont laissés en divagation, ce qui pose des problèmes de vol, de dégâts des cultures de case, d’hygiène et de pollution liées aux déjections, et des conflits sociaux entre agriculteurs et petits éleveurs.

3.3.3 Pêche

La pêche est la cinquième activité par ordre d’importance décroissant et ne concerne que 6,2% des ménages de la zone de Luiza. Les captures de poissons sont destinées à la vente (54,9%) et à la consommation (45,1%). La saison de pêche s’étale de juin à février. Les principales contraintes sont le manque d’intrants (72,4%) et la rareté des poissons due aux fréquentes incinérations des marécages qui détruisent souvent les œufs et les anguilles en période d’incubation.

3.3.4 Chasse

La chasse est l’apanage des hommes qui capturent leur gibier à l’aide de pièges et de fusils de chasse. Généralement fumée, la viande de chasse est destinée à la vente (57,4%) et à la

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consommation familiale (42,6%). Les contraintes liées aux activités de chasse sont le manque d’outils de chasse notamment les cartouches 12 qui coûtent cher et la rareté du gibier due essentiellement aux fréquents feux de brousse et à la déforestation pour l’agriculture.

3.3.5 Étude de marché Par indisponibilité des données de référence, nous nous sommes contentés uniquement des données collectées au cours de cette évaluation, considérées comme données primaires. Elles serviront en cas d’intervention de données de repère pour suivre l’évolution des prix et leur relation avec l’action mise en place. Ces données ont été recueillies en période de soudure, à la veille des récoltes. Les prix relevés sont donc à leur niveau le plus élevé de l’année. Tableau 4 : Etude de marché, ZS Luisa, Novembre 2008 (560 Fc = 1 dollars US)

Produits Unité Prix (Fc) Disponibilité Origine Manioc 800 g 200 Luiza, villages Maïs en grain 2,7 Kg (1 meka) 1000 Luiza, Farine de maïs 2,7 Kg (1 meka) 500 Luiza Farine de manioc 2,6 Kg (1 meka) 300 Luiza Viande de chèvre 1 Kg 2000 Luiza, villages Haricot jaune 3,3 Kg (1 meka) 3000 Luiza, villages Riz 2,3 Kg (1 meka) 2000 Luiza Arachide frais 1,8 Kg (1 meka) 1200 Luiza, villages Maïs frais en épi 2 épis 100 Luiza, villages Tomate 0 ,5 Kg (tas) 50 Luiza, villages Chenilles (mansamba) 1 Kg (1 meka) 4000 Villages Niébé 2,5 Kg (1 meka) 4000 Luiza, villages Aubergine 0,3 Kg (1 tas) 50 Luiza Sucre 1 Verre 250 Kananga Sel 1 Verre 200 Kananga Café 1 Verre 200 Kananga Thé 1 Verre 250 Kananga Feuilles de courge 1 Botte 50 Luiza Fougère 2 Botte 50 Luiza, villages Amarante 2 Botte 50 Luiza, villages Feuilles de manioc 2 Botte 50 Luiza, villages Fretin de malawi 0,5 Kg (1 meka) 2500 Kananga Fretin du Katanga (Kisense) 0,5 Kg (1 meka) 2500 Kananga Milongie (poisson) 1 Brochette 250 Villages Ail (gousse) 2 pièces 150 Kananga Silure (poisson séché) 0,2Kg (3 pièce) 1000 Villages Poisson salé 1 pièce 500 Kananga Avocat 1 pièce 50 Luiza, villages Gombo 4 pièces 50 Luiza Piment 4 à 5 pièces 50 Luiza Banane plantain 2 pièces 100 Luiza, villages Ngaie ngaie 2 Bottes 50 Luiza, villages Champignon 0,4 Kg (tas) 50 Luiza, villages Ananas 1 pièce 300 Luiza, villages Mangue 1 pièce 20 Luiza, villages Arachide décortiqué 2,3 Kg (1 meka) 2500 Luiza, villages Pain (pistolet) 1 pièce 100 Luiza Beignet 1 pièce 50 Luiza

Légende : Très bonne disponibilité Bonne disponibilité Denrée rare

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3.4 Revenus et dépenses

3.4.1 Sources de revenus

L’agriculture est la principale source de revenu de la population de la zone de santé de Luiza (65,4% de revenu des enquêtés proviennent de l’agriculture). A coté des activités agricoles comme source de revenu, il y a également l’exploitation artisanale de l’or récemment découvert dans la zone de santé et la vente de force de travail (main d’œuvre) 7,6% qui viennent en second plan ; suivi des divers services étatiques (7,3%), de l’élevage (7%), de la pêche (6,2%), de la chasse (2,6%), de l’artisanat (2,1%) et enfin du petit commerce (1,8%).

3.4.1.1 Agriculture

Les résultats de l’enquête ACF montrent que d’une manière globale, près de la moitié des produits agricoles sont vendus (49,5%) et la part restante se repartit entre la consommation (35,2%), les semences (5,6%), les dons (4,8%), le stock (2,9%), le troc (0,9%), la perte (0,7%) et le remboursement (0,4%). Néanmoins, la spéculation la moins vendue est le manioc (24,4%) qui est l’aliment de base de la population de la zone de Luiza et est consommé sous forme de fufu, pate obtenue grâce à un mélange de farine de manioc et de maïs. A l’inverse, la spéculation la plus vendue est le maïs (63,2%), beaucoup utilisé pour la distillation d’alcool qui, selon les informations reçues, rapporterait 3 fois plus que s’il était vendu en graines ou farine, toutes deux destinées à l’alimentation. Le maïs, l’arachide, le haricot et le niébé sont cultivés comme des cultures de rente. Figure 2 : Proportion de l’utilisation des productions agricoles par spéculation, ZS Luiza, Nov 08

La part du surplus agricole vendue rapporte un revenu annuel moyen de l’ordre de 126 410 Francs congolais, environ 226 dollars US par ménage agricole, soit un revenu moyen hebdomadaire de 2 430 Francs congolais (4,3 dollars US), et 90% des ménages enquêtés ont un revenu annuel compris entre 50000 Francs congolais (89 dollars US) et 250000 Francs congolais (446 dollars US), soit un revenu hebdomadaire compris entre 960 Fc (1,7 dollars US) et 4810 Fc (8,6 dollars US).

3.4.1.2 Activités minières

L’orpaillage est la seconde source de revenu absorbant 7,6% des personnes actives, généralement les jeunes et les jeunes adultes (de 16 à 40 ans). Il est pratiqué toute l’année, mais beaucoup plus en saison sèche (mai à septembre) du fait de l’absence des contraintes liées à la pluviométrie qui rend le travail des carrières difficiles pour le prélèvement et le tamisage des couches aurifères. Malgré cette mobilisation accrue des jeunes vers les activités minières, celles-ci sont loin de satisfaire leurs attentes pécuniaires. Les résultats de l’enquête ACF révèlent que le revenu moyen par orpailleur est presque le même que celui des ménages agricoles. Celui-ci est estimé à 143 923 Francs congolais, environ 257 dollars US par an, soit 2 768 Francs congolais (4,9 dollars US) par semaine. L’orpailleur

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ne gagnerait, en moyenne, que 17 513 Fc, environ 31,3 dollars US par an (ou encore 0,6$/mois) de plus que l’agriculteur.

3.4.1.3 Services étatiques

Les divers services de l’Etat (santé, éducation, administration publique, sécurité, police, etc.) occupent 7,3% de la population enquêtée. La modicité et l’irrégularité des paiements des salaires des agents de la fonction publique ont fini par ériger la corruption (tracasseries) en droit. D’après les résultats de l’enquête ACF, le revenu moyen par fonctionnaire, si les salaires étaient payés régulièrement, serait de 292 600 Fc (523 dollars US) par an, soit 5 627 Fc (10 dollars US) par semaine, ce qui est loin d’être le cas. En effet, les arriérés de salaires ne cessent de s’accumuler.

3.4.1.4 Élevage

L’élevage constitue une source de revenu non négligeable pour les ménages de la zone de santé de Luiza. Il s’agit, essentiellement, de l’élevage familial d’animaux à cycle court : volaille, lapins, caprins et ovins. Il existe aussi à Luiza quelques porcheries chez les missionnaires et de petits poulaillers chez les religieuses.

Au regard des résultats de l’enquête, les animaux les plus vendus sont les caprins (14,4%) et les porcins (13,1%), tandis que les plus consommés sont les lapins (19,7%) et la volaille (18%). La part vendue offre, selon les résultats de l’enquête, un revenu moyen par ménage éleveur de l’ordre de 32 125 Fc par an (environ 57,4 dollars US), soit un revenu moyen hebdomadaire de 618 Fc (1,1 dollar US).

3.4.1.5 Pêche

La pêche est pratiquée surtout par les populations riveraines des rivières Lulua, Meta, Tshisense, Kefu, Muiyewu et Lubandaï. Dans l’ensemble, ces rivières ne sont très pas poissonneuses. La grande production halieutique que fournissaient jadis les étangs naturels poissonneux de la zone a sensiblement baissé. Cela est dû aux fréquentes incinérations des marécages et à l’utilisation des plantes neurotoxiques dans les organes fluviaux à faible ou sans débit, au niveau desquels l’élimination des toxines s’effectue très lentement. Ces pratiques non durables détruisent les œufs des anguilles en période de ponte et d’incubation et limitent donc le renouvellement des espèces.

L’enquête a montré que 55% de la production halieutique sont destinés à la vente et généreraient un revenu moyen par pêcheur estimé à 130 428 Fc (environ 233 dollars US) annuellement, soit un revenu moyen hebdomadaire de 2 508 Fc (environ 4,5 dollars US).

Les techniques de pêche développées dans la zone sont la pêche au filet, la pêche à la nasse et la pêche à la ligne. Les équipements de pêche les plus fréquents dans la zone sont :

• Les filets de différents numéros : 12, 10, 8, 6, 3, 2 ½, 2, 1 ; • Les hameçons de différents numéros, même les prohibés : 1, 3, 4, 5, 6, 8, 14, 16, 18, 20 ; • Les bobines de nylon de numéro 2.5 ; • Les lignes nylon (pour canne à pêche) de numéro 1.

Tableau 5 : Calendrier de pêche de la zone de Luiza

Mois J F M A M J Jt A S O N D Saison de pêche Période interdite

3.4.1.6 Chasse

Les activités de la chasse occupent 2,6% des ménages enquêtés dans la zone de santé de Luiza et constituent une source de revenu non négligeable. La part du gibier destinée à la vente représente 57,4% du produit de la chasse contre 42,6% destinée à la consommation. La chasse à la carabine de calibres 12 et 16 est en vigueur à l’heure actuelle et se substitue de plus en plus aux filets utilisés jadis.

Les feux de brousse, le non respect du calendrier de chasse, la déforestation sont autant de causes qui expliquent l’éloignement et la rareté du gibier, soulignés comme principales contraintes par les chasseurs.

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D’après les résultats de l’enquête, le revenu moyen par chasseur est estimé à 127 777 Fc (environ 228 dollars US) par an, soit 2 457 Fc (4,4 dollars US) par semaine. Le matériel utilisé pour la chasse est le suivant : • Le fusil de chasse (carabine de calibres 12 et 16) ; • Le câble métallique/nylon (servant à la fabrication de pièges).

Une seule saison de chasse a été identifiée d’après la compilation des informations collectées. Elle s’étale de mi-mai à septembre et correspond à la saison sèche, période durant laquelle les chasseurs abattent essentiellement des antilopes autour des points d’eau et après brûlis des bosquets (chasse à la battue). Cependant, cette pratique des feux de brousse diminue progressivement sous le contrôle des agents des eaux et forêt. Tableau 6 : Calendrier de chasse de la zone de santé de Luiza

Mois J F M A M J Jt A S O N D

Saison de chasse

3.4.1.7 Artisanat

Les principaux métiers artisanaux rencontrés dans la zone sont :

Forgerons : fabrication des outils agricoles (houe, machette, hache) Menuiserie : fabrication des meubles Fabrication de charbon de bois dans les localités périphériques de Luiza centre.

Le revenu moyen généré par les activités artisanales ci-haut citées est, d’après les résultats de l’enquête ACF, de l’ordre 155 857 Fc (environ 278 dollars US) par an et par artisan, soit 2 997 Fc (environ 5,4 dollars US) par semaine.

3.4.1.8 Petit commerce

Traditionnellement, les paysans vendent leurs produis agricoles dans les villages, pendant la période de récolte. Il s’agit essentiellement des épis de maïs frais, des cossettes de manioc, de l’arachide décortiqué ou non, du haricot et du niébé, des tubercules de patate douce, etc. Par ailleurs, à Luiza, des ménages disposant de vélo ou moto et vendent les produits de première nécessité (sel, sucre, pétrole, etc.) qu’ils achètent à Kananga (à 230km). La plupart des boutiques de vente des produits manufacturés et divers sont tenues par des refoulés Kasaïens du Katanga et quelques migrants de Luiza. Le revenu moyen généré par cette activité et par petit commerçant est, selon les résultats de l’enquête ACF, de l’ordre de 223 666 Fc (soit 400 dollars US) par an ou encore, 4 301 Fc (7,7 dollars US) la semaine. Tableau 6 : Synthèse des revenus par source de revenu, ZS Luiza, Nov 08

Activités Gain moyen (en $ US) Commentaires Revenus (en FC) Annuel Hebdomadaire Min Max

Agriculture 226 4,3 sur 12 mois 15 000 800 000 Activités minières 257 4,9 sur 12 mois 24 000 480 000 Salariés (Etat et secteur privé)

523 10 sur 12 mois 100 000 384 000

Elevage 57,4 1,1 sur 12 mois 5 000 120 000 Pêche 233 4,5 de juin à février 20 000 960 000 Chasse 228 4,4 mi-mai à septembre 30 000 240 000 Artisanat 278 5,4 12 mois 54 000 240 000 Petit commerce 400 7,7 sur 12 mois 72 000 400 000 NB : Les valeurs extrêmes au niveau des deux bornes ont été exclues du calcul des moyennes

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3.4.2 Principales sources de dépenses Les principaux postes de dépense des ménages de la zone de santé de Luiza sont l’alimentation, la santé, l’habillement et l’éducation qui représentent à eux quatre 94% de l’ensemble des dépenses des ménages (figure ci-dessous). Figure 3 : Postes de dépense des ménages enquêtés, ZS Luiza, Nov 08

• Alimentation et produits de première nécessité Le gros des dépenses alimentaires des ménages agricoles consiste dans un premier temps à l’achat du poisson, du sel et de la viande. Les produits manufacturés de première nécessité (savon, ustensiles de cuisines, etc.) sont aussi prioritaires pour ces ménages agricoles. En moyenne, 44% du revenu des ménages sont alloués à l’alimentation.

• Santé La santé constitue le deuxième poste de dépense de la population de Luiza (20%), car se soigner coûte cher tant pour la consultation que pour l’achat des médicaments. Environ 30% des enquêtés ayant une dette en cours, ont déclaré l’avoir contractée pour assurer des soins médicaux.

• Education Les résultats de l’enquête ACF indiquent un taux de scolarisation de 74,5% à Luiza. Ceci s’explique par le fait que les frais de scolarité sont particulièrement élevés en septembre lors de la rentrée scolaire (achats des fournitures scolaires et des uniformes des enfants), ainsi que lors de paiement de minerval (frais scolaires acquittés par trimestre). Le part moyenne du revenu allouée à la scolarisation des enfants est de 12%. Avec la crise, les adolescents sont plus orientés vers des activités génératrices de revenus immédiats et donc, vers leur contribution à la « couverture » des besoins alimentaires et monétaires du ménage que vers les salles de classe, a priori, « improductives ». Le chômage des diplômés présents sur place et « l’apparente » réussite des creuseurs et autres artisans locaux ont fini par décrédibiliser davantage le rôle de l’éducation dans l’ascenseur social et sa capacité à améliorer le quotidien des populations rurales.

• Habillement L’habillement consomme 18% des revenus des ménages de la zone de santé de Luiza (soit 5,2% de plus que l’éducation). La qualité de la tenue vestimentaire s’avère une véritable question de dignité, surtout pour les femmes et accessoirement pour les enfants.

• Équipements productifs Le renouvellement des moyens de production est une notion quasi inexistante dans la zone de Luiza. Ce poste est marginal dans les dépenses des ménages, même en période de bons gains (période post-récoltes, par exemple). Il ne consomme en moyenne que 3% des revenus des ménages enquêtés.

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3.5 Consommation alimentaire

Les données recueillies auprès du Bureau Central de la Zone (BCZ) de santé Luiza indiquent que le statut nutritionnel des ménages varie selon les saisons : De mi – juin à septembre : la situation nutritionnelle est mauvaise. La carence en denrées alimentaires s’explique par le fait qu’il y a vente irrationnelle (vente sur pied ou vente précoce à taux usuraires) des produits agricoles ; transformation du maïs, denrée alimentaire de base et riche en protéine, en alcool, plus rentable; rareté des denrées sur le marché due également à l’exportation vers les marchés lointains. Pendant cette période, les travaux champêtres préparatoires de la saison agricole A mobilisent toutes les énergies. Cela se traduit par une faible prise alimentaire en qualité et quantité. En effet, pendant cette période difficile, plus de la moitié des ménages ont accès en moyenne à un seul repas par jour. Les résultats de l’enquête ACF indiquent que 64% des ménages ont accès à un seul repas et 36% à 2 repas par jour. D’octobre à mai : la situation nutritionnelle des ménages devient stable. La reprise des pluies avec apport des produits de cueillette - chenilles, champignons, légumes sauvages (Miodia : bourgeons terminaux des ignames), repousses de manioc - font que les ménages ont accès à une diversité d’aliments. Les cultures à croissance rapide : amarante, ngaïngaï, feuilles des courges (bibwabwa), feuilles de patate douce, arachide, voandzou, haricot et niébé viennent s’ajouter dans l’assiette alimentaire des ménages. D’une manière générale, les ménages ont accès à 2 repas par jour durant cette période normale. Les résultats de l’enquête ACF montrent que 4,2% des ménages ont accès à un seul repas par jour ; 77,6% à 2 repas par jour et 18,2% des ménages ont accès à 3 repas par jour. Le manioc et le maïs constituent l’alimentation de base de la population de Lwiza. Les deux (manioc et maïs) sont souvent consommés sous forme de Fufu (pâte faite à base de farine de manioc et de maïs).

Le riz a été récemment introduit par les migrants Tetela et commence peu à peu à s’intégrer dans les habitudes alimentaires des autochtones. Il est généralement consommé en second plan en période difficile ou comme supplément à la ration « principale » journalière.

Ces aliments sont principalement accompagnés de feuilles de manioc (Matamba), de légumes (Amarante, Gombo, Hibiscus, Aubergine, etc.), de viande, de poisson frit ou séché, de fretins et poissons salés de Bukama (Katanga). La viande est consommée dans la plupart des cas par les commerçants et les salariés qui ne représentent qu’une faible portion de la population.

Le rappel des 24 heures précédant l’enquête indique que 28,4% des enquêtés ont pris 1 seul repas, 66,8% 2 repas et 4,8% 3 repas.

Le rappel de la fréquence hebdomadaire de la prise alimentaire se présente comme suit : les légumes ont été consommés 6 fois dans la semaine, les plats à base de tubercules et les plats préparés avec de l’huile, de la graisse ou du beurre 4 fois, les plats à base du maïs 3 fois; les fruits et le poisson frais, séché ou des coquillages 2 fois; la viande, le haricot et d’autres aliments comme les épices, du café, du thé 1 fois; et pas de consommation de produits laitiers, du sucre et d’œufs dans la semaine précédent l’enquête.

Tableau 1 : Calendrier de disponibilité alimentaire, ZS Luiza

Opérations culturales J F M A M J Jt A S O N D

Manioc

Maïs

Arachide

Viande

Poissons

Légende : Très bonne disponibilité Bonne disponibilité Denrée rare

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Comme l’indiquent les données du tableau ci-dessus, on note que c’est en période post récolte, que les ménages disposent d’une très bonne disponibilité de maïs et d’arachide. Le manioc est disponible durant toute l’année. Le poisson présente une bonne disponibilité pendant la période de capture allant de juin à février.

Par contre, la viande présente une bonne disponibilité entre juillet et août et une très bonne disponibilité de septembre à décembre. En effet, pendant cette période les animaux se déplacent facilement, à la recherche de leur nourriture (fruits sauvages tombés à terre). Leur mobilité est également fonction de la présence des points d’eau pour leur abreuvement. Les quelques fermes existantes élèvent également du bétail pour la viande.

3.6 Situation sanitaire

La zone de santé de Lwiza compte au total 18 aires de santé toutes fonctionnelles, équipées de 1 hôpital général de référence, 2 hôpitaux secondaires, 1 centre de santé de référence, 15 centres de santé, 4 centres nutritionnels supplémentaires et 23 postes de santé. La zone compte au total 6 médecins, 47 infirmiers A1, 43 infirmiers A2, 54 infirmiers A3. Il n’y a aucun nutritionniste.

La zone a également deux structures d’enseignement médical pour la formation des infirmiers A1 et A2.

Sur plan épidémiologique, le paludisme, les infections respiratoires aiguës (IRA), les diarrhées simples et la malnutrition sont les pathologies les plus courantes dans la zone, d’après les statistiques de la zone de santé. Tableau 8: Données épidémiologiques, ZS de Luiza, 3ème trimestre 2008

Pathologies Nombre de cas Nombre de décèsPaludisme 744 31 IRA 285 8 Diarrhées simples 201 11 Malnutrition 103 4

Les activités vaccinales sont opérationnelles au niveau de toute la zone de santé. Néanmoins, ces dernières font face à des difficultés d’ordre logistique notamment : la vétusté des moyens de déplacement, le manque de partenaires, mais aussi de longues distances entre les sites de stockage et ceux de distribution.

La figure ci-dessous indique les différents modes d’accès aux soins des ménages enquêtés. Figure 4 : Mode d'accès aux soins des ménages de la zone de santé de Luiza

Légende : CS : Centre de Soin TP : Tradi-Praticien AM : Automédication

Il en ressort que le centre de soins (38%) reste le mode d’accès principal aux soins pour les ménages locaux. Dans plus de 53% des cas, les traitements au centre sont associés à une automédication.

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Pour l’approvisionnement en eau, la zone n’a que 50 sources d’eau aménagées sur les 732 nécessaires compte tenu des besoins de la population. La REGIDESO approvisionne une petite partie de la population. La majeure partie de la population consomme l’eau des ruisseaux et de pluie, sources de certaines maladies d’origine hydrique. Des cas de fièvres typhoïdes sont signalés périodiquement.

Au plan humanitaire, la zone de santé bénéficie de l’appui de :

- Catholic Relief Service (CRS) de 2003 à 2008, dans le cadre d’un appui global aux structures sanitaires,

- Coopération Technique Belge (CTB) de 2004 à 2005 par un appui ponctuel à l’hôpital général de référence par des matelas, un groupe électrogène et la prime au personnel.

- FOMI en 2005 par un appui ponctuel à l’hôpital en matelas, lits et draps de lits. - OXFAM en 2001 par un appui ponctuel en lampes scialytiques à l’hôpital général de référence. - UNICEF et OMS par des appuis ponctuels à la zone de santé dans le cadre de la prévention des

maladies de l’enfance. - CISP : aménagement de sources et construction de latrines, villages assainis, depuis 3 ans.

3.7 Mécanismes de survie En période de difficultés alimentaires ou financières récurrentes, les ménages de Luiza recourent dans un premier temps à la modification des habitudes alimentaires (34,3%) où le riz prend la place du fufu (pâte obtenu à partir du mélange de la farine de manioc et de maïs) et à la réduction du nombre de repas (33,6%) comme moyen de survie. Ces deux formes d’adaptation à la crise représentent à elles seules 68%. Ils recourent également à la vente de la force de travail (13,4%), généralement aux travaux champêtres, au transport par vélo de lourds fardeaux sur de longues distances3 (phénomène muyanda), à l’endettement (11,8%) ou aux dons (5%). 3.7.1. Travail

Le travail concerne essentiellement les travaux champêtres monnayés auprès d’une tierce personne : défrichage, entretien, sarclage et récolte, et le transport par vélo de lourds fardeaux sur de longues distances (phénomène Muyanda). Ce secteur de la vente de la main d’œuvre représente un mécanisme de survie développé par 13,4% de ménages de Luiza pour faire face aux crises financière et alimentaire observées en période difficile. 3.7.2. Dons

Les dons représentent un mécanisme de survie, développé par 33% des ménages enquêtés pour faire face à une situation de crise alimentaire. Ils se font généralement suivant le réseau de solidarité existant (relation familiale, appartenance aux confessions religieuses, ou à un groupe social, voisinage, etc.) 3.7.3. Emprunt

L’emprunt représente un mécanisme de survie développé par 11,8% des ménages de Luiza pour faire face à la crise alimentaire et financière.

Au moment de l’enquête, 33,2% des enquêtés ont déclaré avoir contracté une dette dont les raisons principales sont la santé (31%), l’éducation (28%), l’alimentation (28%), le renouvellement de l’outil productif (8%) et autres raisons dont les funérailles (5%). Le montant moyen par ménage enquêté et endetté est de 15 458 Fc (soit 27,6 dollars US).

3 A titre d’exemple, les localités desservies depuis Luiza par les petits porteurs à vélo sont Kananga (230Km) et Tshikapa (270km).

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Figure 5 : Causes de l'endettement des ménages enquêté, ZS Luiza, Nov 08

La vente des produits de la récolte est citée par les enquêtés, généralement les agriculteurs ayant une dette en cours, comme principal moyen de paiement de la dette (62%) ; tandis que 19% des enquêtés préconisent le remboursement par le biais de leurs salaires, généralement les fonctionnaires ; 18% par le biais de la main d’œuvre ou la vente d’un bien de valeur et 1,1% à l’issue du revenu généré par un petit commerce. Tableau 2 : Synthèse des mécanismes de survie, ZS Luiza, Nov 08 Mécanismes de survie Proportion en % Commentaires Dons 5 Se fait selon le réseau de solidarité existant

(famille, voisinage, église, etc.) Travail 13,4 Travaux champêtres monnayés et le transport

(phénomène Muyanda) Réduction de nombre des repas 33,6 Passage de 3 à 2 ou 1 repas ou encore de 2 à 1

repas par jour Modification des habitudes alimentaires

34,3 Le riz remplace le fufu

Emprunt 11,8 Se fait selon le réseau de solidarité existant (famille, voisinage, église, etc.)

Autres 1,9

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4 Conclusion et recommandations

4.1 Conclusion Les crises politiques et socio-économiques observées dans la zone de santé de Luiza sont à la base de la chute des productions agricoles de ces dernières années. Le déclenchement de la démocratisation du pays (1990) a eu pour conséquence immédiate le refoulement de milliers de résidents Kasaïens du Katanga vers les deux Kasaï de 1991-1993, notamment vers Luiza. Les guerres successives depuis 1007 ont renforcé la crise. Les vagues de refoulés d’Angola de 2004 à ce jour ont amplifié les cas d’insécurité alimentaire au sein des ménages d’accueil et au sein même des ménages de refoulés. Au regard des crises ci-haut citées, les problèmes suivants ont été appréhendés : la désarticulation du système productif, la diminution de la main d’œuvre agricole, le pillage de la production, des biens productifs et non productifs, la décapitalisation de l’élevage, la déstructuration des services de l’Etat et l’absence de soutien aux populations, la dégradation de la situation nutritionnelle des populations locales. Les conséquences des problèmes précédents se sont manifestés entre autres par : • La dégénérescence des semences vivrières ; • Le manque d’accès aux intrants agricoles de qualité (outils et semences) ; • La vente irrationnelle des produits agricoles, surtout le maïs ; • La chute des productions agricoles ; • L’enclavement de certains sites ; • Le manque d’encadrement technique des producteurs et des techniciens tant en pêche qu’en

agriculture et en élevage ; • Les épizooties qui ravagent le petit élevage ; • La faiblesse, voir l’inexistence, d’une dynamique organisationnelle ; • Le sous équipement en outils de pêche et de chasse ; • La propagation de la mosaïque du manioc et du chromolaena odorata, faute d’encadrement et

de recherches agronomiques efficaces ; • La baisse du pouvoir d’achat ; • La marginalisation de la production agricole au profit de l’extraction de l’or par les jeunes.

Depuis l’apparition de la crise, aucune action humanitaire de grande envergure n’a été entreprise dans la zone de santé de Luiza dans le domaine de la sécurité alimentaire. Les actions entreprises par la FAO depuis l’année dernière et celles du BDD, développées depuis quelques années, sont loin de pouvoir répondre suffisamment aux besoins des ménages vulnérables.

Au moment de l’enquête, la situation nutritionnelle dans la zone était alarmante avec un taux de malnutrition aigue globale au dessus du seuil d’urgence reconnu en RDC (>10% MAG). 4.2 Recommandations 4.2.1. Ciblage prioritaire

Les groupes cibles pour les futurs programmes devront être constitués des : ♦ Ménages ayant un ou plusieurs enfants malnutris, ♦ Ménages ayant accueilli les refoulés d’Angola, ♦ Ménages autonomes de refoulés, ♦ Ménages de paysans pratiquant une agriculture de subsistance mais ne disposant pas d’un

outillage de qualité et diversifié ; ♦ Familles monoparentales dont la femme est chef de ménage ;

D’autres caractéristiques pour les groupes cible pourront être complétées par les communautés lors de la phase de l’identification des bénéficiaires de l’intervention.

Le proportionnal piling réalisé dans les focus groups, dans l’optique d’obtenir une typologie de la population de la zone d’étude, a révélé que 72% des ménages (environ 14 563 ménages) sont vulnérables, au sein desquels 37% (soit 7 484 ménages) sont très vulnérables.

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4.2.2. Recommandations d’intervention Période : 0 à 12 mois Secteur

d’activité Types d’activités Populations cibles

Maraîchage Distribution d’un Kit maraîcher/ménage comprenant : • 1 houe, • 1 machette, • 1 râteau, • 1 arrosoir et • 40g de semences maraîchères (amarante,

tomate, ibuscus, aubergine

2500 ménages dont : famille ayant des enfants malnutris, familles de refoulés, famille d’accueil de refoulés, paysans pratiquant une agriculture de subsistance et familles monoparentales où la femme est chef de ménage.

Agriculture de subsistance

• Distribution d’intrants (outils et semences) : 1 houe, 1 machette, 10Kg de semences de céréales (maïs et riz), 5kg de légumineuses (arachide ou niébé ou haricot)

• Multiplication de semences vivrières pour 10 ménages associés pour un champ de 1 hectare. Outils : 7 houes, 5 machettes et semences : 25Kg de maïs, 25Kg de légumineuses (cas du niébé)

• Multiplication de boutures saines de manioc pour 10 ménages associés pour un champ de 1 hectare. Outils : 7 houes, 5 machettes et boutures : 2500 mètres linéaires, soit 1 mètre linéaire pour 3 boutures à planter.

• Formation des partenaires et bénéficiaires en techniques agricoles, c'est-à-dire renforcement des capacités sur les opérations culturales.

• Mise en place des jardins de démonstration dans des villages où beaucoup de cas de malnutrition sont dénombrés.

7 484 ménages dont : famille ayant des enfants malnutris, familles de refoulés, famille d’accueil de refoulés, paysans pratiquant une agriculture de subsistance et familles monoparentales où la femme est chef de ménage.

Pêche Distribution d’équipements de pêche : • 2 nappes de filets, 2 bobines de fil, 2 boites

d’hameçons, 1 lime et 1 machette pour 2 pêcheurs.

• Sensibilisation et organisation d’ateliers d’échange d’expériences dans les sites de pêche.

630 pêcheurs artisanaux.

4.2.3. Types de programmes suggérés • A court terme

- Appui aux familles récemment refoulées d’Angola ainsi qu’à celles qui les accueillent en intrants de base, noyau de petit élevage et de pêche afin de permettre le rétablissement de l’auto prise en charge ;

- Distribution d’intrants agricoles aux autres catégories de populations vulnérables ; - Distribution de kits maraîchers aux déchargés des centres nutritionnels ; - Formation des bénéficiaires et partenaires en techniques agricoles ; - Multiplication de semences vivrières et de boutures saines de manioc ; - Relance de la dynamique organisationnelle (groupement des paysans) ; - Mise en place de jardins de démonstration dans les centres nutritionnels.

• A moyen terme - Réhabilitation de routes/ pistes de desserte agricole ;

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- Renforcement des capacités techniques des producteurs locaux (agriculteurs et pêcheurs) et celles des techniciens agricoles pour la vulgarisation et l’accompagnement des masses paysannes ;

- Mise en place de greniers collectifs à travers des coopératives/ groupements villageois ; - Mise en place d’activités génératrices de revenus (AGR) et d’unités de transformation des

produits agricoles locaux ; - Relance de l’élevage familial.

• A long terme - Renforcement de la dynamique communautaire ; - Développement de l’initiative d’entreprise agricole familiale (fermes agricoles familiales).

4.2.4. Priorités de la communauté Les besoins prioritaires de la communauté peuvent être résumés comme suit :

• Améliorer l’accès aux intrants agricoles et équipement de pêche ; • Améliorer les échanges commerciaux entre Luiza, Kananga, Tshikapa et Mbuji-mayi ; • Améliorer l’accès aux produits manufacturés de première nécessité (tels le sel, savon…).

4.2.5. Calendrier saisonnier des interventions Dans l’optique de distribuer les intrants agricoles en conformité avec le calendrier cultural local, nous proposons le calendrier d’activités ci-dessous Tableau 10: Calendrier d’intervention Activités J F M A M J Jt A S O N D Recrutement et formation de l’équipe terrain Ciblage de zones d’intervention Identification des bénéficiaires et des partenaires Formation des BNFS Distribution des kits Monitoring Jardin de démonstration

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5 Annexes

Annexe 1 : TDR de l’évaluation

Termes de Référence de la Mission Explo dans les territoires de Luisa et Tshikapa, Province du Kasaï Occidental * Novembre 2008

1. Identification de la situation normale C'est-à-dire avant les événements (depuis 1997 mais aussi des événements récents tels que la vague des réfugiés d’Angola, etc.)

- Ressources alimentaires et revenus : agricultures, pêche, élevage, chasse etc.…avec détail (quels intrants, quelles productions, quelles utilisations de la production, etc.) ;

- Disponibilité dans les ménages des biens de valeur autres que les intrants - Consommation alimentaire des ménages - Calendrier saisonnier des activités et des disponibilités alimentaires / des revenus.

2. Conséquences des événements : identification de la situation actuelle.

- Immédiates (c’est à dire par exemple ménages ayant des enfants malnutris, ménages exposés au risque d’insécurité alimentaire (disponibilité, accessibilité limitée et utilisation inadéquate de la nourriture).

- Secondaires : en termes de conditions de vie, de sécurité alimentaire des ménages, de moyen de subsistance et situation économique, de mécanisme de survie en période difficile, de situation nutritionnelle et sanitaire, de source de revenus et de dépenses, et autres problèmes prioritaires etc.

3. Caractériser la situation :

- Par une classification socio économique des ménages : Riche, Pauvre, Ni riche, ni pauvre. - Perspective dans 6 mois ,12 mois (coté agricole et sécurité alimentaire- scénario suivant le

niveau de sécurité / insécurité). 4. Analyse

- Niveau de la situation actuelle : comprendre la situation des communautés en matière de sécurité alimentaire et déterminer si elles ont besoin d’une assistance extérieure. Dans l’affirmative, quelle forme d’assistance? (Comparaison entre situation avant et actuelle)

5. Recommandations

- Proposer des interventions, au besoin différenciées selon le niveau de vulnérabilité observé des ménages et le secteur d’activités, en fonction des conclusions de l’analyse dans la partie précédente mais aussi en prenant en compte les perspectives à court et moyen termes = sécurité, mouvement de population, projets d’autres ONGS, UN, etc.

Exemples :

- Distribution d’intrants : quoi, combien, à qui, où ? - Distribution de non- Food items : quoi, combien, à qui, où ? - Etc.

6. Durée de l’explo : 21 jours Prise de décision s’il faut ou pas lancer les démarches auprès des bailleurs :

- Situation sécu : est-il possible de faire quelque chose ? - Problèmes / Besoins - Objectifs à atteindre - Activités à mettre en œuvre : quoi, combien, quand.

7. Consignes à prendre en compte avant la descente sur terrain :

- Contacts : Autorités militaires, ANR, Autorités politico administratives, Responsables de la santé, Services de l’agriculture, pêche et élevage et/ou du développement rural, environnement, etc.

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- Observation à faire : Conditions d’accessibilité dans la zone (état des routes, état des ponts, présence d’une piste d’atterrissage – longueur et largeur de piste, etc.…Existence ou non des points de vente.

8. Disponibilité locale en Ressources humaines Recueillir des informations auprès des personnes ressources (par exemple inspecteurs agricoles, Administrateurs de territoires) sur la disponibilité locale en RH notamment, les agronomes et/ou les techniciens en développement rural.

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Annexe 2 : Fiche d’enquête ménages Fiche d’enquête ménage : Enquêtes Exploratoires Luiza Questionnaire d'enquête des Ménages Date : Nom de l’enquêteur : Site : Nom du superviseur : Village ou Quartier : Heure début entretien : Numéro du ménage : Heure fin entretien :

I. Taille et caractéristiques du ménage Tranches d’âges M Scolarisés F Scolarisées > 55 ans 16 - 55 ans 8-15 ans 5-7 ans 0-4 ans Famille monoparentale Oui Non Présence

d’handicape Oui Non

II. Moyens de subsistance et situation économique II.1. Sources de revenus II.1.1. Quelles sont vos trois principales sources de revenu ? 1 Revenu moyen par semaine, saison ou année (devise :…….) 2 Revenu moyen par semaine, saison ou année (devise :…….) 3 Revenu moyen par semaine, saison ou année (devise :…….)

II.1.2. Répartition des revenus sur un cycle agricole (ou année dernière)

Activité Spéculation Cycle agricole Annuel Total

Agriculture

Petit commerce

Vente de MO

AUTRE: (préciser)

TOTAL II.2. Agriculture : Combien de champs cultivez-vous ? Quelle est la surface des champs ? Qui dans la famille cultive ? (nombre) Main d’œuvre de la famille : est-elle suffisante ? (rayer la réponse inutile) Oui Non

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Quels intrants utilisez-vous ? 1. 2. 3. 4. Que cultivez-vous ? (cultures vivrières) Culture 1 Culture 2 Culture 3 Principales cultures Quantités semées4 Surface cultivée Production5 Quelles sont vos deux contraintes principales ? *

Exemples : Accès aux intrants, Main d’œuvre, Accès à la terre, Facteurs climatiques, Maladies, Insectes, Animaux, etc.

Utilisation de la production agricole (utilisez 10 cailloux pour faire les proportions)

Types de Culture

Consommation Vente Stock Semences Troc Remboursement Dons Pertes

1 2 3 4

II.3. Elevage : Lapins Caprins/ovins Volailles Porcins Autres (Spécifiez)Quel élevage pratiquez-vous ?

Combien d’animaux avez-vous ?

Durant les 12 derniers mois : Combien sont morts ? Combien ont été consommés ?

Combien ont été achetés ? Combien ont été vendus ? Vos deux contraintes principales *

Est-ce que votre production est suffisante pour nourrir toute la famille ? O/N Non Oui

Si non pourquoi ? Et que faudrait-il pour atteindre une production suffisante ?

1. 2 3. 4.

* Exemples : Alimentation; Maladies; Pâturage ; Parcours ; Conflits ; Vols; Gardiennage, etc. II.4. Pêche :

Où ? Période ? Utilisation (Vente ou Consommation, dons, troc, etc.) ?6

Vente Consommation Troc Don Autre

Vos deux contraintes principales * II.5.Chasse :

Où ? Période ? Utilisation (Vente ou Consommation, dons, troc, etc.) ?

Vente Consommation Troc Don Autre

Vos deux contraintes principales * * Exemples : Accès aux intrants, Accès à l’eau, Manque de connaissances, etc.

4 Pour les quantités semées : utiliser les unités de mesures locales en prenant le soin de préciser leurs correspondances en Kg ou en g. 5 Idem pour les productions : il faut convertir les unités de mesures locales (seaux, paniers, bidons, etc.) en Kg 6 Exprimer la part de chaque usage en pourcentage (utiliser dix cailloux). C’est aussi valable pour la chasse et le maraîchage

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II.6. Maraîchage : Période ? Quels légumes ? 1. 2. 3. 4. Utilisation (Vente ou consommation, dons, troc, etc.) ?

Vente Consommation Troc Don Autre

Vos deux contraintes principales * * Exemples : Accès aux intrants, Accès à l’eau, Manque de semences, Animaux, Manque de connaissances, etc. II.7. Quelles sont vos principales dépenses ? (Utilisez 10 cailloux pour faire les proportions)

Alimentation Santé Education Habillement Habitation Equipement productif Autres (Spécifiez)

II.8. Quels sont les cinq principaux biens de valeurs que votre ménage possède ? Désignation Nombre Etat 1. Bon 2. Moyen 3. Mauvais 1 2 3 4 5 III. Mécanismes de survie en période « difficile » Qu’est- ce que vous faites en cas de difficulté alimentaire ou financière récurrente ? Dons Vente de force de travail Réduction de nombres de repas Modification des habitudes alimentaires Dette* Autres (à préciser) Y a-t-il des périodes de « difficultés alimentaires » (période d’insécurité alimentaire)? Si oui lesquelles ?

1. 2.

*Avez-vous la dette actuellement ? Oui _______ Non _______ Si oui, pour quelle raison ? Combien de francs ? ____________ Comment Vous comptez rembourser cette dette ? ____________________ IV. Consommation alimentaire 1……… 2………. 3……… 4……… Combien de repas prenez-vous par jour en période normale ? (période de …….. à ……….)

Combien de repas prenez-vous par jour en période difficile ? (Période de……………à ……………..)

1……… 2………. 3……… 4………

Rappel des 24h : Combien de repas hier : Détail de la consommation

Denrée

ORIGINE: (marché, boutique dans le village, propre production, échange). NB: faire distinction si achat avec emprunt ou non.

Matin (Heure: ________)

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Déjeuner (heure:___________)

Dîner (heure:___________)

Durant les 7 derniers jours, combien de fois avez-vous consommé les aliments suivants ? 1. Du pain ou d'autres plats à base du mais? � OUI �NON si oui combien de fois : 2. Des pommes de terre, patate douce, manioc, ou d'autres plats a base de tubercules ou de racines? � OUI �NON si oui combien de fois : 3. Des légumes? � OUI �NON si oui combien de fois : 4. Des fruits? � OUI �NON si oui combien de fois : 5. Du bœuf, porc, chèvre, poulet, lapin, canard, mouton, ou du foie, reins, ou autres abats? � OUI �NON si oui combien de fois : 6. Des œufs? � OUI �NON si oui combien de fois : 7. Du poisson frais, séché ou des coquillages? � OUI �NON si oui combien de fois : 8. Des haricots, lentilles, petits poids, soja, noix? � OUI �NON si oui combien de fois : 9. Du fromage, yaourt, lait ou produits laitier? � OUI �NON si oui combien de fois : 10. De plat fait avec l'huile, la graisse, ou du beurre? � OUI �NON si oui combien de fois : 11. Du sucre ou du miel? � OUI �NON si oui combien de fois : 12. D'autres aliments, comme les épices, du café, du thé? � OUI �NON si oui combien de fois : V. Santé Quelles sont les maladies enregistrées dans votre famille au cours des 12 derniers mois(par ordre d’importance)? 1 2 3 4 5

Où est-ce que les membres malades de votre ménages ont été soignés ? (cochez « oui » ou « non ») Centre de Santé Oui Non Tradi-praticien Oui Non Auto-médicamentation Oui Non VI. Problèmes prioritaires Quels sont vos 3 principaux problèmes (par ordre d’importance)? Il faudra surement pré-coder la réponse et prévoir du détail (cf modèle ci-dessous à adapter au contexte RDC) :

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Problèmes Cochez le mot clé Priorité

(1, 2, 3.)

ACTIVITE-EMPLOI - Emploi irrégulier - Revenus très bas - Dépendance des travaux champêtre

INTRANTS AGRICOLES - Manque d’intrants (semences & outils, outils de pêches…)

ALIMENTATION - Production insuffisante - Longue période de soudure

ACCES A L’EAU - Manque d’infrastructure - Longue période de sécheresse

ACCES A LA TERRE - Statut de la terre (propriétaire ou non) - Conditions sécuritaires

SECURITE -Tensions - Présence de camp

INACCESSIBILITE - Difficulté pour écouler (accès au marché) - Exclus du développement

SANITATION - Mauvaise condition d’hygiène SANTE - Mauvaise couverture sanitaire EDUCATION - Difficultés de scolarisation des enfants AUTRE (Préciser)

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Annexe 3 : Guide d’entretien Historique de la zone - Evénements politiques, économiques, naturels, démographiques…sur les 10 à 20 dernières

années sur la zone/ le village. - Dynamique spatio-temporelle des activités de production et de valorisation

(transformation/vente/consommation) des produits locaux

Caractéristiques naturelles du village - Localisation, végétation - Accès/le village

Caractéristiques démographiques et ethnoculturelles - Nombre de familles dans le village/ Nombre moyen de personnes par famille/ Composition des

familles - Ethnies, langages, religions - Origines des familles : résidents/ déplacés/réfugiés, mouvement de population ? - Localisation/répartition spatiale des différents groupes

Activités (Cf. annexe 1) - Principales activités industrielles/ commerciales/ agricoles/ artisanales/etc. - Calendrier des activités saisonnières - Opportunités d’emploi

Organisation du village - Administrative - Traditionnelle - Religieuse - Sociale

- Relation au sein de la population (domination, réseau de solidarité/entraide, crédit/prêt/usure, banque des semences).

- Utilisation et accès aux ressources (à la terre, aux espaces aquatiques, à la forêt,…) - Pratique d’héritage, de mariage,…condition des veuves ? - Identification des partenaires potentiels

Infrastructures - Ecoles - Dispensaire - Château d’eau - Centrale électrique / hydroélectrique

Typologie des populations (Cf. annexe 2) - Une classification socio-économique des ménages est-elle possible ? - Comment reconnaît-on un pauvre, un riche, une personne qui n’est ni pauvre ni riche ? - Pourquoi est –on pauvre ? riche ? moyen = ni pauvre ni riche ?

Etat sanitaire et nutritionnel - Y a-t-il déjà eu des enquêtes/ évaluations nutritionnelles ? Méthodologie, résultats - Variation du statut nutritionnel selon les saisons ? - Y a-t-il déjà eu des enquêtes de mortalité ? résultat ? - Principales causes de décès ? - Données de centres de santé, centres nutritionnels ? - Principales maladies sur la zone au cours des 3 derniers mois ? Fluctuation selon les saisons ? - Données de morbidité ? Présence de maladies à potentiel épidémique ? - Données de couverture vaccinale ? - Y a-t-il apparition de nouvelles maladies depuis la crise ? pourquoi ? - Structures du système de santé ? Structures sanitaires : présence, distance, accessibilité, prix,

disponibilité en médicaments ?

Présence humanitaire - Qui, quoi, comment, où, depuis quand, avec quel bailleur ? - Nombre de bénéficiaires

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Guide d’entretien Activités et opportunités d’emploi

Village (ou Quartier) :…………………………………………………………………

Acticités (commerciales, industrielles,

agricoles, artisanales, cueillettes, etc.)

Calendrier saisonnier Opportunités d’emploi

J F M A M J J A S O N D

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. NB : Il s’agit des activités génératrices des revenus occupant une bonne partie de la population de la grappe (du village). Typologie des ménages

Village (ou Quartier) : ………………………………………………………………………. Une classification socio-économique des ménages est-elle possible ?

Oui Non

Comment reconnaît-on ? Un Riche Un pauvre Ni riche, ni pauvre

Pourquoi est-on ?

Pauvre Riche Ni riche, ni pauvre

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Etude de marché Village(ou Quartier) :………………………………………

Produits Unité de mesure Marché 1 Marché 2 Marché 3

Prix (FC) Disponibilité Prix (FC) Disponibilité Prix (FC) Disponibilité1.

2.

3.

4.

5.

6.

7.

9.

10.

11.

12.

14.

15.

16.

17.

18.

19.

20.

Légende :

+++ Très bonne disponibilité ++ Bonne disponibilité + Produits rares - Produits non disponibles sur les marchés


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