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La Révolution française et l’Empire: une nouvelle conception
de la nation 4-6h
Notions, vocabulaire, biographies:
Notions propres au thème: révolution, souveraineté nationale, égalité devant la loi,
nation, empire, régime autoritaire, démocratie, suffrage universel masculin,
république + suffrage censitaire, monarchie constitutionnelle, nationalisme
Biographies: Madame Roland, Louis XVI, Robespierre, Napoléon Bonaparte
Rappel des éléments vus en 2de et au Collège: Société d’ordres,
développement des idées des Lumières dans l’Europe du XVIIIème
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siècle, Révolution américaine + année 1789 vue en 2de. Révolution
Française et affirmation de la souveraineté nationales et des
libertés personnelles, rupture avec la monarchie absolue, et
avènement de l’Empire, également abordé en 4ème.
Carte mentale : les difficultés de la monarchie sous Louis XVI
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Introduction:
Analyse du sujet:
- « Révolution Française »:
- rupture, renversement brusque entraînant des changements considérables
- 1789-1799 voire 1815 avec la fin de Napoléon - En France mais également ses
conséquences en Europe - « Empire »:
- 1804-1815 mais France napoléonienne débute dès 1799 avec le début du
Consulat.
- « Nation »: Communauté ayant une unité (langue, culture, histoire) et
souhaitant vivre ensemble et se doter d’un Etat.
- Cette nation aspire au pouvoir politique (souveraineté nationale)
- Cette Nation est mobilisée par la guerre
- La définition de la Nation varie selon les régimes: toujours des hommes, mais
SU, censitaire, etc.
A la fin du XVIIIème siècle, la France traverse une grave crise financière,
économique et sociale, amenant Louis XVI à convoquer les Etats Généraux pour le 5 mai
1789 afin de sauver le royaume de la faillite et contenir la révolte qui gronde. Commence
alors le 1er acte de bouleversements importants, la Révolution de 1789 ayant rencontré
de fortes oppositions qui ont plongé le pays à la fois dans la guerre civile et dans la
guerre étrangère, mais étant également changé en profondeur la société.
La période de la RF et de l’Empire est dont un moment de profonde transformation de
la France mais également de l’Europe: transformations politiques (fin de l’Ancien Régime
et succession de différents régimes), mais aussi sociales car c’est l’ensemble de la
société qui est réorganisée, dans un contexte de fortes oppositions et de conflits.
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En France comme en Europe, une notion nouvelle se diffuse, désormais placée au cœur
de la vie politique: la nation.
Problématique: Comment la Révolution inaugure-t-elle une nouvelle ère politique ?
Quelles difficultés la Ière République rencontre-t-elle ?
Napoléon Bonaparte est-il le continuateur ou le fossoyeur de la Révolution ?
Activité : à partir du visionnage de la bande annonce du film Un peuple et son roi de Pierre
Schoeller (2018), compléter le tableau suivant:
Repères chronologiques : voir manuel pages 14-15 (à faire avec les élèves).
Activités de découverte en lien avec la compétence identifier et nommer les
périodes historiques, les continuités et ruptures chronologiques (pp. 12-13).
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1/ La Nation affirme sa souveraineté (1789-1791)
Comment la Révolution inaugure-t-elle une nouvelle ère politique?
La RF proclame la souveraineté de la nation et jette les bases d’une nouvelle culture
politique cherchant à s’incarner dans une Monarchie Constitutionnelle.
A/ Bref retour sur l’année 1789: la fin de l’Ancien régime
—> vidéo « Année 1789 »
En quoi l’année 1789 est-elle un bouleversement?
1/ La formation de l’AN Constituante:
* Le 5 mai 1789: ouverture des Etats Généraux, précédée par la rédaction dans
chaque paroisse d’élection de députés par ordre et de rédaction de cahiers de
doléances. Les Etats Généraux ayant été convoqués pour sortir le royaume de
l’impasse financière.
* Les Etats Généraux suscitent des espoirs vite déçus, amenant des députés du tiers
Etat à être rejoints par des membres du clergé et de la noblesse se proclamant
Assemblée Nationale le 17 juin 1789.
* Jurant de ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution à la France le 20
juin 1789 (serment du jeu de Paume) voir le tableau de J-L David, ces députés,
rejoints par les députés des autres ordres, finissent par être reconnus comme
Assemblée Nationale Constituante le 9 juillet 1789 chargée de rédiger une
Constitution.
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==> C’est la fin de la monarchie absolue et l’affirmation de la souveraineté de la Nation,
la révolution politique transférant le pouvoir législatif du roi à l’Assemblée. (Cette 1ère
Constitution ne sera adoptée que le 13 septembre 1791).
2/ Le soulèvement du peuple
* Le 14 juillet 1789, par crainte d’un rétablissement par le Roi de son pouvoir absolu,
les Parisiens prennent d’assaut les Invalides pour y trouver des armes et la forteresse
de la Bastille pour s’y procurer de la poudre. Puis ils s’emparent du pouvoir municipal
et créent des gardes nationales. Le retentissement de cette journée est immense.
* La Révolution gagne les villes de province où le peuple suit l’exemple de Paris. Dans les
campagnes, c’est la Grande Peur de l’été 1789: les paysans sont apeurés par des
rumeurs de complot de la noblesse. Ils s’attaquent aux châteaux des seigneurs et
brûlent les titres de propriété (titres des droits seigneuriaux).
3/ La fin de l’Ancien Régime
* Ainsi, en réaction à la « Grande Peur » touchant les campagnes de France, et pour
mettre fin au soulèvement, les députés votent la nuit du 4 août 1789 l’abolition des
privilèges, des droits féodaux et de la dîme. C’est la fin de la féodalité et de la société
d’ordres.
* Le 26 août 1789, la DDHC (17 articles) est adoptée, fixant de nouveaux principes
universels. Elle réaffirme la souveraineté nationale, mais également les libertés
individuelles (la liberté de culte, d’opinion, de presse) et l’égalité des droits entre tous
les citoyens.
* De Versailles, le roi et sa famille sont ramenés à Paris le 5 octobre 1789 par les
Parisiennes, au château des Tuileries, pour réclamer du pain. Louis XVI est contraint de
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porter la cocarde tricolore et d’accepter les réformes: décrets sur l’abolition des
privilèges et la DDHC.
==> Les événements de l’été 1789 confirme la fin de l’absolutisme, en dotant la France
de nouveau principes politiques, mais également la fin de la société d’ordres.
==> Les députés mettent fin à la monarchie absolue au nom de la souveraineté nationale.
C’est le début de la « décennie révolutionnaire » de 1789 à 1799.
B/ Formulation des grands principes de la modernité politique
La fête de la fédération le 14 juillet 1790 (date anniversaire de la prise des Invalides
et de la Bastille l’année précédente) célèbre le nouveau régime, et met en scène l’unité
nationale autour du nouveau régime et autour des nouveaux principes politiques. Pour
l’occasion, les fédérés (gardes nationales de province) viennent à Paris. Au Champ-de-
Mars, devant une foule immense, les délégués des gardes nationales, les députés et la
famille royale prêtent serment de fidélité « à la nation, à la loi, au roi ».
—> En quoi consiste ce nouveau régime annonçant une ère nouvelle?
1/ Les libertés fondamentales sont reconnues:
Ces principes, inspirés des idées des Lumières et inscrits dans la DDHC, sont:
- La souveraineté de la nation remplace celle du roi sacré:
- Affirmation des droits naturels des individus: liberté, égalité - La loi est l’expression
de la volonté générale - L’égalité des droits:
- L’affirmation des libertés individuelles et de la liberté d’expression:
Partout, avec la liberté d’expression, des sociétés politiques se développent (des clubs:
Jacobins, Cordeliers), les journaux se multiplient, sont lus et commentés. Les députés
se regroupent par communauté d’idées à l’Assemblée (monarchistes, Jacobins, etc.),
annonçant l’organisation politique et les partis caractérisant la modernité.
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2/ L’AN est active à réformer le pays:
L’Assemblée nationale entreprend de nombreuses réformes pour moderniser la France
et l’unifier administrativement :
- 83 départements eux-mêmes subdivisés en districts, cantons et communes chacun
dirigé par des citoyens élus
- suppressions des péages intérieurs
- unification des poids et mesures
- instauration d’impôts payés par tous à la place des impôts de l’Ancien Régime
La justice est réformée, avec des juges élus et des jurys de citoyens pour juger les
crimes.
L’Assemblée impose le libéralisme économique, notamment avec la loi Le Chapelier sur
l’interdiction des associations ouvrières en 1791.
Le 12 juillet 1790, un décret de l’Assemblée instaure la Constitution civile du Clergé.
Les évêques et les curés sont désormais élus par les citoyens et reçoivent un salaire de
l’Etat. Cela est précédé d’une nationalisation des biens du Clergé votée le 2 novembre
1789 permettant à l’Etat de les vendre afin de résoudre les problèmes financiers.
3/ Une symbolique nationale se met en place.
- Elle se structure autour d’une devise apparaissant pour la 1ère fois dans un discours
de Robespierre en décembre 1790 (Liberté, Egalité, Fraternité), des allégories
(Liberté, Marianne, Bonnet phrygien), des fêtes et des chants (La Marseillaise en
1792, La Carmagnole après le 10 août 1792). « Ecouter un extrait de ce chant »
- Les républicains se créent de nouveaux héros, comme Marat, assassiné par la
girondine Charlotte Corday le 13 juillet 1793, et immortalisé en martyr de la
République par le peintre David la même année (voir le tableau du peintre).
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4/ Des tensions demeurent dans la société:
* Les revendications des femmes:
Les femmes : le rôle des femmes lors de la Révolution française est mis en avant
aujourd’hui par les historiens.
Elles ont de différentes manières participé aux événements révolutionnaires: - lors de
journées révolutionnaires: notamment lors des journées des 5 et 6 octobre 1789 : les
femmes ont participé aux marches vers Versailles qui ont permis de ramener le roi à
Paris, dans la capitale, au palais de Tuileries, sous surveillance de la garde nationale.
- lors des séances de la Convention nationale ou du tribunal révolutionnaire : les
«tricoteuses»: elles assistent plus qu’elles ne participent.
- en diffusant les idées, principes et valeurs de la Révolution : en créant des clubs
féminins, comme la Société des Républicaines révolutionnaires (1793), en rédigeant la
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (Olympe de Gouges, par exemple
revendiquant l’égalité politique avec les hommes), ou en tenant des salons politiques,
comme Madame Roland.
Point de passage obligatoire : EDC : Mme Roland, femme en révolution, pages 18-
19.
Vidéo: Secrets d'Histoire - Les femmes de la Révolution - Manon Roland 1min08
==> Réaliser une biographie de Mme Roland en s’aidant du dossier + recherches.
* Les revendications des plus pauvres:
La France de 1789-1791 est encore plongée dans la crise. Des émeutes populaires
éclatent dans les villes comme dans les campagnes Les Français les plus pauvres
réclament une amélioration de leur niveau de vie, mais ils sont exclus des débats à
l’Assemblée, dominés par la bourgeoisie.
* Des rejets:
- dès 1789, des nobles émigrent et poussent les souverains étrangers à intervenir pour
rétablir l’Ancien Régime
- le Pape condamne la Constitution civile du Clergé, conduisant de nombreux prêtres à
la refuser: ce sont les prêtres réfractaires.
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C/ Monarchie constitutionnelle et Nation
La Constitution de la Monarchie Constitutionnelle est acceptée le 13 septembre 1791,
instaurant un régime réduisant le pouvoir royal et affirmant la souveraineté de la
Nation. Deux ans ont été nécessaires à sa rédaction, même si le régime fonctionne ainsi
depuis 1789.
Comment la souveraineté nationale s’incarne-t-elle dans la Monarchie
Constitutionnelle?
Exercice: Analyse du schéma des institutions cf page 16 Doc 1.
La monarchie constitutionnelle établit donc un compromis politique: elle répartit
les pouvoirs entre le roi et l’Assemblée législative élue pour 3 ans. Le « roi des Français
» conserve la politique extérieure et le pouvoir exécutif, et dispose d’un droit de veto
suspensif sur les lois. Par méfiance vis-vis du peuple, de nombreux députés décident
que les élections de l’Assemblée seront faites au suffrage censitaire, privant les
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pauvres du droit de vote: seuls les « citoyens actifs », soit 15% des hommes payant un
certain niveau d’impôt, peuvent voter. Les autres sont « citoyens passifs ».
2/ La Nation déchirée: de l’échec de la monarchie constitutionnelle à la tourmente
républicaine (1791-1799)
L’échec de la Monarchie Constitutionnelle, qui chute le 21 septembre 1792, amène la
proclamation de la République. Elle est confrontée à un renforcement des oppositions
intérieures et extérieures et est marquée par une division des révolutionnaires
concernant la politique à mener pour défendre la République. La vie politique est
marquée par la violence et l’instabilité, affaiblissant la République jusqu’à un coup d’Etat
en 1799.
Quels sont les effets des conflits auxquels est confrontée la France
révolutionnaire?
A/ De la trahison du roi à la proclamation de la République: une Nation divisée
Pourquoi le nouveau régime échoue-t-il à mettre fin à la Révolution?
1/ La division des révolutionnaires
* L’unanimité mise en scène le 14 juillet 1790 lors de la fête de la Fédération
est illusoire. Bien qu’ayant prêté serment sur le projet de Constitution l’année
précédente, Louis XVI refuse ces évolutions et s’enfuit le 21 juin 1791 pour rejoindre
les nobles émigrés et les troupes étrangères. Arrêté à Varennes, en Lorraine, il est
ramené à Paris, discrédité (il a perdu la confiance des Parisiens), mais maintenu à la tête
de l’Etat.
* La division au sein des révolutionnaires s’accentuent, les revendications
républicaines s’affirmant après cette trahison, notamment au sein d’une partie de la
population souffrant encore des inégalités sociales.
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—> fusillade du champ de mars 17 juillet 1791: répression par la garde nationale d’une
manifestation réclamant la déchéance du roi faisant une cinquantaine de morts
—> Adoptée le 13 septembre 1791, la Constitution crée une Monarchie
Constitutionnelle déjà bien affaiblie par ces divisions.
2/ La guerre extérieure et la fin de la monarchie
vidéo Les années terribles, la mort du roi
Aux divisions internes s’ajoutent des puissances européennes menaçantes, inquiètes
du sort de la famille royale et craignant une contagion révolutionnaire en Europe, et
précipite la fin de la Monarchie.
—> 20 avril 1792: l’Assemblée déclare la guerre à l’Autriche, pays dont est originaire
la reine Marie-Antoinette, et allié de la Prusse. Le roi n’utilise pas son droit de veto et
favorise l’arrivée au gouvernement de ministres girondins favorables à la guerre
révolutionnaire, espérant qu’une intervention militaire de l’Autriche pourra le rétablir
dans son pouvoir. Les armées autrichienne et prussienne envahissent la France.
—> La proclamation de la « patrie en danger » le 11 juillet 1792 entraîne l’afflux dans
la capitale de nombreux volontaires et de fédérés venus défendre la capitale, les
Marseillais chantant La Marseillaise. Cela entretient une atmosphère de tension.
—> Suite aux 1ères défaites françaises, le roi est soupçonné de double jeu et d’être
responsables des défaites. Le 25 juillet 1792, le duc de Brunswick, commandant les
troupes ennemies, menace Paris de destruction si ses habitants maltraitent le roi de
France (manifeste de Brunswick). Cela confirme les craintes du peuple de Paris et met
le feu aux poudres.
—> Le 10 août 1792, des sans-culottes et des fédérés s’emparent de la résidence du
roi, le palais des Tuileries à Paris (les Parisiennes avaient ramené de force la famille
royale à Paris le 65octobre 1789): c’est la prise des Tuileries. Le roi se réfugie à
l’Assemblée Nationale, qui, sous la pression populaire, le fait emprisonner avec sa famille
à la prison du Temple, et annonce l’élection d’une nouvelle Assemblée Constituante, la
Convention, au suffrage universel masculin. C’est la fin de la monarchie.
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- Point de passage obligatoire : EDC, l’exécution de Louis XVI cf pp.22-23.
Point de passage n° 2, pp. 36-37 vous êtes un représentant de la nation et vous
participez au procès de Louis XVI. Vous devez choisir si Louis XVI est coupable de
trahison et s’il faut guillotiner le roi ou non. Compléter le tableau suivant et faites un
choix à la fin (un vote par groupe). Questions: Louis XVI est-il coupable de trahison?
Faut-il guillotiner louis XVI? Activités à faire en classe.
B/ La 1ère République dans la tourmente:
Quelles difficultés la Ière république rencontre-t-elle?
Le 21 septembre 1792, la Convention, 1ère assemblée élue au SU masculin, abolit la
Royauté et proclame la République, profitant de la victoire remportée à Valmy contre la
coalition des monarchies européennes le 20 septembre 1792, qui éloigne un temps la
menace extérieure. Elle a connu trois formes de gouvernements entre le 21 septembre
1792 et le 18 mai 1804:
1. La Convention nationale, du 22 septembre 1792 jusqu'au 26 octobre 1795. Le
pouvoir est essentiellement aux mains du Comité de salut public (CSP). C'est
pendant cette période qu'a lieu la Terreur. Y alterne au pouvoir les Girondins puis
les Montagnards.
2. Le Directoire, de 1795 а 1799, fondé par la Constitution de l'an III. Le pouvoir
est exercé par cinq directeurs et deux assemblées élues au suffrage censitaire.
Il est renversé par le coup d’Etat du 18 Brumaire an VIII organisé par Bonaparte
et son entourage.
3. Le Consulat, de 1799 à 1804, gouverné par trois consuls. Peu à peu, Napoléon
Bonaparte prend tous les pouvoirs en devenant Premier consul, puis Consul à vie
en 1802.
Le 18 mai 1804, le Sénat fait de la France un Empire avec Napoléon Bonaparte comme
empereur.
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1/ La République Girondine (22 septembre 1792 - 2 juin 1793)
—> Les divisions entre révolutionnaires s’aggravent, dans un contexte de guerre
nécessitant d’accroître l’effort militaire. Le climat se durcit; les royalistes sont
pourchassés.
* La Convention nationale élue en septembre 1792 comprend des groupes politiques
rivaux (Girondins, Montagnards, Plaine). Regroupés derrière Jacques-Pierre Brissot et
des élus du département de la Gironde (Roland, Vergniaud, etc.), les Girondins,
exercent le pouvoir aux premiers temps de la République grâce aux voix des députés
de la Plaine (siège en bas de l’hémicycle). Ils forment la droite de la nouvelle assemblée.
Modérés, ils sont très attachés aux principes de 1789, mais se méfient du peuple (sans-
culottes), à la différence des Montagnards (Robespierre, Danton, Marat).
Le sort du roi divise les Conventionnels : les girondins, qui dirigent le pays sont hostiles
aux sans-culottes, à la différence des Montagnards. Ceux-ci obtiennent que le roi soit
jugé et guillotiné le 21 janvier 1793, ce qui achève de faire entrer les pays européens
en guerre contre la France.
* L’effort militaire s’accompagne de mesures exceptionnelles : création du tribunal
révolutionnaire et du CSP. Finalement, l’alliance entre Montagnards et sans-culottes
élimine les Girondins: pour défendre la République, le 2 juin 1793. La Convention fait
arrêter 29 députés girondins, dont Brissot et Jean-Marie Roland, accusés de trahisons
du fait de leur modération.
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2/ La République Montagnarde (2 juin 1793 - 27 juillet 1794)
Vidéo extrait de Les Années Terribles
* Les Montagnards regroupent de nombreux élus de Paris, et siègent en haut des
tribunes (d’où leur nom). Ils sont plus proches des sans-culottes que les Girondins.
Parmi eux: Georges Danton, Maximilien de Robespierre, Jean-Paul Marat. Ils exercent
le pouvoir à partir du 2 juin 1793 grâce aux voix des députés de la Plaine.
* Face aux dangers intérieurs et extérieurs, la Convention, désormais aux mains des
sans-culottes, désigne un Comité de salut Public de 11 membres le 10 juillet 1793,
chargé d’assurer les tâches de gouvernement. Dominé, par Robespierre, il met « la
terreur à l’ordre du jour », instaurant un gouvernement d’exception. La Constitution
de l’an 1, adoptée le 24 juin 1793 et rétablissant le suffrage universel, est donc
suspendue par ce gouvernement déclaré révolutionnaire jusqu’à la paix. Le pouvoir
parisien est relayé en province par des « représentants en mission » et des comités
de surveillance pour épurer l’administration des éléments trop modérés.
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* La France se trouve envahie et déchirée. A la coalition armée des souverains
européens s’ajoutent des divisions internes accrues qui sont sévèrement réprimées
par la République Montagnarde:
- Insurrections fédéralistes de plusieurs villes et de 60 départements fidèles aux
Girondins suite au coup de force du 2 juin 1793, dont les départements du Sud
et de l’Ouest, Lyon, Marseille.
- Insurrections royalistes comme: les Chouans en Bretagne, les Vendéens au Sud
de la Loire. La répression est violente.
* Alors, des mesures radicales sont prises:
- 2ème levée en masse décrétée le 23 août 1793 permettant de recruter plus d’un
million de soldats
- Vote de la terrible loi des suspects qui permet d’arrêter toute personne ennemie de
la République ou suspectée de l’être le 17 septembre 1793. Cette loi entraîne de
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nombreuses arrestations et des procès expéditifs devant le Tribunal Révolutionnaire.
Les suspects sont souvent exécutés: prêtres réfractaires, Girondins, nobles. 500
000 personnes suspectées de sympathies royalistes sont arrêtées, près de 20 000
sont exécutées au terme de jugements expéditifs.
- Politique de déchristianisation: le calendrier chrétien est remplacé par le calendrier
républicain mis en place en octobre 1793 mais qui débute au 1er jour de la nouvelle
République. Il illustre la volonté de créer une France nouvelle (an 1 = 1793). Dans de
nombreuses municipalités, les Montagnards ferment les lieux de culte. La violence
populaire contre les prêtres réfractaires et toute forme d’opposition se déchaîne.
* Mais des mesures plus sociales sont également prises:
- Pour satisfaire les sans-culottes et apaiser la misère, la Convention vote un prix
maximum pour les produits de première nécessité (loi du Maximum général), organise
la réquisition des grains et instaure le dirigisme économique.
- L’abolition de l’esclavage est également proclamée en 1794, suite aux insurrections
aux Antilles.
- Confirme la légalisation du divorce instaurée le 20 septembre 1792 par les Girondins
- Même si elle n’est finalement pas appliquée, la Constitution de l’An 1 se voulait très
démocratique (SU masculin pour tous les hommes de plus de 21ans sauf les
domestiques).
* La politique de la Terreur a des résultats rapides:
- Dès 1794, la République est victorieuse sur tous les fronts. Les armées ennemies
sont repoussées hors des frontières: après la victoire de Fleurus dans les Pays-Bas
autrichiens le 26 juin 1794, la menace d’invasion s’éloigne.
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- L’ordre est rétabli dans les départements. Le soulèvement des Vendéens est écrasé
au prix d’un bilan très lourd: environ 200.000 morts en Vendée. On dénombre plus de
17 000 exécutions dans toute la France.
* Vers la fin de la Terreur:
- Mais face à ces victoires, les Montagnards éclatent en tendances opposées. Les
Indulgents, derrière Danton et Desmoulins, demandent l’arrêt de la Terreur et sont
accusés de faiblesse. Les Enragés, conduits par le journaliste Jacques-René Hébert,
souhaitent au contraire son renforcement. Robespierre fait exécuter les uns et les
autres (mars-avril 1794), puis établit une dictature personnelle.
- Les Conventionnels, notamment la bourgeoisie libérale, qui craignent pour leur vie,
le font arrêter avec ses partisans le 27 juillet 1794 (9 Thermidor an 2) et les
guillotinent sans jugement le 28 juillet 1794 (10 Thermidor an 2). La Terreur est abolie
et les suspects libérés.
3/ La République conservatrice (27 juillet 1794 - 9 novembre
1799)
* L’instauration du Directoire:
- Après la mort de Robespierre, la Convention est dominée par les républicains
modérés comme Boissy d’Anglas, souvent issus de la Plaine, les Thermidoriens, qui
mettent fin à la Terreur et votent une nouvelle Constitution donnant naissance à un
nouveau régime, le Directoire.
- Pour éviter le risque d’une nouvelle dictature, le pouvoir exécutif est confié à 5
directeurs élus pour 5 ans et 2 assemblées élues au suffrage censitaire se partagent le
pouvoir législatif (le Conseil des Cinq-Cents propose les lois, le Conseil des Anciens les
vote). La méfiance vis-à-vis du peuple explique le rétablissement du suffrage censitaire
qui réserve le droit de vote à une minorité aisée de 30 000 propriétaires. Cf page 21
Doc 2
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* La contestation du Directoire:
- Le nouveau régime profite surtout aux classes aisées et est rapidement
contesté par les sans-culottes et anciens Montagnards d’un côté, et par les royalistes
d’un autre. En effet, sous l’effet d’une politique économique redevenue libérale, les
inégalités sociales s’accroissent. La population souffre de la hausse des prix et de
l’insécurité. La misère grandit dans les villes alors que les fournisseurs aux armées et
les Directeurs bâtissent de grandes fortunes. Cela provoque des insurrections
populaires en avril et mai 1795.
- Le Directoire réprime violemment les uns et les autres pour se maintenir comme
en 1796 où l’Etat réprime ainsi sur sa gauche le complot (la conjuration des Egaux) de
Gracchus Babeuf, héritier de Robespierre, qui voulait fonder une « République des
Egaux ».
-
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* La poursuite de la guerre extérieure et l’émergence de Bonaparte:
- A l’extérieur, depuis le printemps 1794, la France s’engage de nouveau dans une
politique de conquêtes. Les succès militaires entraînent la création de « Républiques
soeurs » contraintes de participer à l’effort de guerre.
- Le général français Napoléon Bonaparte, à la tête de l’armée d’Italie, devient très
populaire après ses victoires contre les Autrichiens (1796-1797) et la signature du
traité de Campoformio en octobre 1797. Le gouvernement se sent alors menacé par
Bonaparte. En 1798, il l’éloigne en l’envoyant en Egypte pour s’emparer du pays et
couper l’Angleterre de ses relations avec l’Inde. (A cette occasion, 160 savants
participent à l’expédition d’Egypte. La stèle qu’ils trouvent à Rosette, datant du
IIème siècle avant notre ère, et dont l’inscription est en 3 langues, permettra à
Champollion, à partir de 1821, de déchiffrer les Hiéroglyphes).
- * La fin du Directoire: Bonaparte, fort de ses succès en Italie, revient presque
clandestinement en France au moment où le mécontentement contre le Directoire est
à son comble. Avec le soutien de plusieurs responsables du régime et de l’Armée,
Napoléon Bonaparte renverse le Directoire par le coup d’Etat soigneusement préparé
du 9 novembre 1799 (18 Brumaire an 8). Il se pose en sauveur de la République qu’il
entend stabiliser.
Conclusion: Les conflits intérieurs et extérieurs des années 1789-1799 contribuent à
intensifier le mouvement révolutionnaire, tout en alimentant l’instabilité politique.
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3/ Napoléon Bonaparte, de la République à l’Empire (1799-1815)
L’arrivée au pouvoir de Bonaparte en 1799 assure une stabilisation politique et
économique assurant la popularité du régime dans un contexte de victoires militaires.
Napoléon Bonaparte consolide ainsi certains acquis de la Révolution et pose les
bases de la France moderne. Mais il installe dès 1802 un pouvoir personnel contraire
aux idéaux de 1789. Les guerres de conquête qu’il mène en Europe engendrent un éveil
des nationalités menant à sa chute en 1815.
Napoléon Bonaparte est-il le continuateur ou le fossoyeur de la Révolution ?
A/ Du Consulat à l’Empire: un régime autoritaire dominant l’Europe, garantissant et
diffusant certains principes révolutionnaires
Comment les idéaux de 1789 se maintiennent-ils dans un régime autoritaire?
1/ L’ordre politique autoritaire de Napoléon Bonaparte
* Le Consulat à travers la Constitution de l’an VIII, se veut fidèle aux principes
de 1789 mais sans les excès de la Révolution:
- Repose sur le suffrage universel masculin qui est rétabli, mais encadré:
les 6 millions de citoyens ne font en effet que voter pour des listes,
généralement de riches propriétaires
- Séparation des pouvoirs
- Pouvoir législatif, affaibli, est attribué à 4 assemblées faisant ironisé à
l’époque: « d’un côté des manchots, de l’autre des muets »
- Le Conseil d’Etat rédige les lois
- Le Tribunat discute les lois
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- Le Corps législatif vote les lois
- Le Sénat vérifie la constitutionnalité des lois
* Mais c’est un pouvoir autoritaire et centralisé qui n’a que l’apparence de la
République:
- Le premier Consul (Bonaparte) est prépondérant sur les deux autres
(Cambacérès et Lebrun ne font que le seconder) et sur le pouvoir législatif:
- Il concentre le pouvoir exécutif - Il nomme les membres des assemblées en les
choisissant dans les listes élues par les citoyens et contrôle le législatif
- Il a l’initiative des lois
- Il a recours au plébiscite pour gouverner, comme en 1799 pour se prononcer en
faveur ou non de la nouvelle Constitution
- Le régime, autoritaire, n’est républicain qu’en apparence et très fortement
centralisé: - Nomination du préfet à la tête de chaque département à la place
des assemblées élues: ce sont les chevilles ouvrières de ses réformes (à la tête
de chaque département, ils représentent l’Etat, encouragent les activités
économiques, établissent des statistiques et des rapports sur la population de
leur département).
- Nomination des juges
- Nomination des maires des grandes villes
- Le maire des petites villes est nommé par le préfet
- Réorganisation de l’administration de manière à renforcer l’autorité du
gouvernement.
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* Le régime de Napoléon 1er prend un caractère monarchique, avec des ambitions
dynastiques.
Vidéo extrait sur Napoléon
Sacre de Napoléon Bonaparte -1804 Tableau de J-L David.
- Pour se maintenir au pouvoir, Bonaparte se fait nommer Consul à vie en 1802, avant
de se sacrer Empereur le 2 décembre 1804 (le Sénat avait déjà mis fin au Consulat
et donc à la 1ère République et marqué le début de l’Empire le 18 mai 1804, un
plébiscite ayant confirmé ce choix le 6 novembre 1804). Il se couronne lui-même lors
du sacre à Notre Dame de Paris célébré par le pape Pie VII. Bonaparte devient
Napoléon 1er.
- L’Empereur s’entoure en 1808 d’une cour et d’une nouvelle noblesse impériale sans
privilèges.
- S’appuyant sur la police et l’administration, il exerce un pouvoir de plus en plus
dictatorial. Les assemblées sont supprimées ou inactives.
* Socialement et politiquement, le régime se durcit:
- les opposants (les mêmes que sous le Directoire: royalistes et jacobins) sont traqués,
forcés à l’exil.
- Les libertés sont progressivement réduites. Napoléon 1er dispose d’une police
dirigée par l’ancien montagnard Fouché, dont les moyens sont renforcés.
L’enseignement est contrôlé par le gouvernement et le catéchisme impérial impose la
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fidélité à l’Empereur comme un devoir pour tous les Français. La presse surveillée
(suppression de la liberté de la presse dès 1800).
- En 1803, l’institution du livret obligatoire pour tous les ouvriers devient un outil de
contrôle du peuple et renforce l’emprise des patrons sur leurs employés. Il réaffirme
l’interdiction du droit de coalition des travailleurs.
2/ La conservation de certains principes de la Révolution
Point de passage obligatoire: 1804 – Le Code civil permet l’égalité devant la loi et
connaît un rayonnement européen. Cf pp 26-27.
* Pour réorganiser la société et le stabiliser, Napoléon met en place ce qu’il nomme
luimême des « masses de granit », différentes mesures visant à moderniser la
France:
- la Banque de France est créée en 1800 et une nouvelle monnaie, le franc germinal
en 1803.
- Les 1ers lycées publics sont créés en 1802, les Universités en 1808, ce qui améliore
la qualité d’un enseignement mais réservé à une élite riche et masculine servant à
former les élites au service de l’Etat (fonctionnaires, officiers compétents)
- La Légion d’honneur récompense les services rendus à l’Etat (militaires ou civils) et
permet de s’attacher l’élite de la nation.
- Enfin, le code Civil confirme certains acquis de la Révolution le 21 mars 1804, et
contribue à uniformiser le droit civil, réalisation fondamentale du Consulat à laquelle
ont participé des juristes éminents ainsi que Bonaparte lui-même:
- Il fixe durablement les bases des relations sociales (mari-épouse, patron-ouvrier,
etc.) selon une conception très autoritaire de la famille et des relations dans le
travail.
- Il établit des règles juridiques claires entre les individus, et communes à tous.
- Il confirme les conquêtes révolutionnaires: le droit de propriété privée, la liberté de
conscience, l’égalité devant la loi (malgré le rétablissement de l’esclavage dans les
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colonies, et malgré l’inscription de l’infériorité juridique de la femme, placée sous la
tutelle de son mari).
* Pour mettre un terme à la Révolution, Bonaparte mène une politique de
réconciliation nationale:
- Il réconcilie les catholiques avec l’Etat et les rallie au régime en signant en 1801 le
Concordat avec le Pape Pie VII. La liberté de culte est garantie et le catholicisme
est reconnu comme la « religion de la grande majorité des Français ». Désormais, les
membres du clergé doivent prêter serment de fidélité à l’Etat qui les rémunère (En
1794, le Directoire avait instauré la séparation et l’Etat, mettant fin à la Constitution
de l’Eglise et de l’Etat).
- Il permet, sous conditions, le retour des nobles émigrés, et leur offre des postes
dans l’administration.
* Après la pacification intérieure, le traité d’Amiens de 1802 ramène la paix en
Europe. Mais dans les colonies, le rétablissement de l’esclavage provoque de nouvelles
révoltes, et en 1804, les Français doivent quitter Haïti, devenue indépendante.
==> Le Consulat favorise le retour d’une stabilité politique, d’une croissance économique
et de la paix, autant de facteurs qui rendent ce régime populaire.
3/ La diffusion de ces principes en Europe
==> Tentant de concilier principes révolutionnaires et pouvoir personnel et autoritaire,
Napoléon Bonaparte se lance également dans de vastes conquêtes militaires.
* Disposant de la plus grande armée d’Europe, Napoléon étend les conquêtes de la
France révolutionnaire. A son apogée en 1811, la France domine alors le continent; seule
l’Angleterre est encore en guerre, mais Napoléon espère la ruiner par le blocus
continental à partir de 1806, rendu possible par les annexions et alliances avec les Etats
européens. L’Empire comprend ainsi 130 départements et 45 millions d’habitants,
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soumis aux lois françaises. Et grâce aux Etats vassaux (la Confédération du Rhin, le
grand-duché de Varsovie, la Confédération helvétique, le royaume d’Italie) à la tête
desquels Napoléon a placé des membres de sa famille ou des princes soumis, Napoléon
contrôle une large partie de l’Europe; la Prusse, la Russie et l’Autriche sont devenues
des puissances alliées. Il y exporte les grands principes révolutionnaires.
* Il diffuse le Code civil (« Code Napoléon ») affirmant le principe d’égalité
devant la loi, et des principes issus de la Révolution:
- Constitutions
- Centralisation de l’administration
- Abolition de la féodalité (servage, privilèges et droits seigneuriaux) - Système
métrique - Etc.
B/ Un empire fragile
Comment la nation se construit-elle à travers la guerre en France et en Europe,
menant à la chute de l’Empire?
1/ De la nation en armes à la Grande Armée, fer de lance d’un Empire en guerre
perpétuelle
- Après une courte période de paix (Amiens, 1802), la guerre reprend en 1805
contre l’Angleterre et ses alliés. Le 21 octobre 1805, la flotte française subit une grave
défaite contre l’Angleterre qui l’anéantit à Trafalgar, lui laissant la maîtrise des mers.
- Mais Napoléon remporte aussi grâce à son génie militaire des victoires jusqu’en
1812. Ainsi, le 2 décembre 1805, Napoléon remporte une écrasante victoire contre les
troupes austro-russes à Austerlitz.
- Placée sous le commandement direct de l’Empereur, la « Grande Armée » est le
fer de lance des conquêtes. Mobilisant de plus en plus de Français (entre 1802 et 1815,
2 millions d’hommes sont incorporés dans la Grande Armée, armée impériale de Napoléon
1er de 1804 à 1814 et pendant l’épisode des Cent-Jours en 1815), la Grande Armée est
composée de conscrits et de contingents étrangers de plus en plus importants. En effet,
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depuis la loi Jourdan en 1798, la conscription est obligatoire pour les Français âgé de
20 à 25 ans. Ces soldats sont issus de 20 Nations, c’est la 1ère armée d’Europe,
comprenant près de 700 000 soldats en 1812. Dévouée à l’Empereur, elle est commandée
par des officiers brillants qui n’hésitent pas à s’engager physiquement dans les combats.
2/ L’émergence des sentiments nationaux
==> Malgré les réformes, l’occupation française devient vite insupportable. La Grande
Armée vit dans les pays occupés. Les populations sont contraintes de payer de lourds
impôts et doivent fournir des soldats pour l’armée.
Les sentiments nationaux s’éveillent face à l’occupant français:
- En Espagne, en mai 1808, le soulèvement du peuple madrilène contre la volonté de
Napoléon d’imposer son frère Joseph sur le trône, marque le début d’une guérilla
contre les occupants français qui dure jusqu’en 1814 - Tres de Mayo de Goya
(Peinture).
- En Allemagne, les révoltes contre l’armée française sont fréquentes et, face à la
France, des intellectuels comme Fichte (Discours à la nation allemande) et Arndt
appellent à l’unité des Allemands, à cette époque séparés en de nombreux Etats.
- Les montagnards du Tyrol se soulèvent derrière Andreas Hofer contre l’occupation
bavaroise, royaume allié de l’Empire français.
3/ La résistance des monarchies et des empires européens et la fin des régime
impérial
* La campagne de Russie:
C’est dans ce contexte que la France entre en guerre contre la Russie en 1812 qui a
ouvert ses portes aux produits anglais malgré le blocus continental, et marche sur
Moscou où il être le 14 septembre 1812 avec plus de 600 000 hommes. Mais devant le
refus du tsar de traiter avec lui, et menacé d’encerclement dans une ville ravagée par
un incendie, il décide de repartir. La Grande Armée, surprise par l’hiver et le froid,
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harcelée par les soldats et les partisans russes, perd plus de 450 000 hommes au cours
de la retraite de Russie.
* Une nouvelle coalition (Angleterre, Russie, Prusse, Suède, Autriche, des Etats
allemands) se dresse alors contre l’Empereur affaibli qui abdique une 1ère fois.
- En 1813, la France subit une grave défaite à Leipzig face aux armes coalisées.
- Tout s’écroule: les Etats vassaux reprennent leur indépendance et les anglais
chassent les Français d’Espagne en avril 1814 (la guerre d’Espagne a coûté 217 000
hommes à la France et 390 000 à l’Espagne entre 1808 et 1814).
- Elle est alors envahie en 1814 (russes et prussiens dans Paris le 31 mars 1814) et
Napoléon doit abdiquer le 4 avril 1814. Il est exilé à l’île d’Elbe, au large de la Corse
et des côtes italiennes.
- Louis XVIII, le frère de Louis XVI, est placé sur le trône par les grandes puissances
et s’apprête à gouverner en roi constitutionnel. Mais les Français craignent que le
nouveau roi ne restaure l’Ancien Régime.
* Les « Cent-Jours » à la 2de abdication de Napoléon 1er.
- Napoléon parvient à s’échapper, à débarquer dans le Sud de la France (Provence) le
1er mars 1815 et à remonter triomphalement vers Paris où il reprend le pouvoir après la
fuite du roi Louis XVIII pour une courte période (les « Cent jours » 20 mars - 22 juin
1815). - Son retour pousse l’Angleterre, la Prusse et l’Autriche à relancer la guerre.
De nouveau vaincu par les Anglais Waterloo le 18 juin 1815, il signe son abdication
définitive le 22 juin 1815 et est cette fois exilé dans la lointaine île de Sainte-Hélène,
où il meurt en 1821.
==> Les guerres de l’Empire ont fait 1 million de morts côté français. Napoléon laisse
une France réduite à ses frontières de 1792.
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==> L’expansion de l’Empire contribue à diffuser de nouveaux principes politiques ou
administratifs en Europe. L’impérialisme napoléonien renforce aussi le sentiment
national dans les territoires occupés ou soumis à l’influence de la France.
Jean-Michel ADOBOE, Lycée international Jean Mermoz, Abidjan, Août 2019.