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Louis Althusser récit divanexcerpts.numilog.com/books/9782908855081.pdf · Clément Rosset, En ce...

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Jean Allouch LOUIS ALTHUSSER RÉCIT DIVAN E .P. E > T i,
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J e a n A l l o u c h

LOUIS ALTHUSSER

RÉCIT DIVAN

E • .P. E > T i,

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LOUIS ALTHUSSER

RÉCIT DIVAN

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J e a n Allouch a no tamment publ ié

Lettre pour lettre. Transcr i re , t radui re , t ransl i t térer

Toulouse, Érès, 1984, 334 p., 9 ill.

La « solution » du passage à Vacte. Le double crime des sœurs Papin

Jean ALLOUCH, Erik PORGE et Mayette VILTARD Livre signé de l'hétéronyme Francis D U P R É Toulouse, Érès, 1984, 270 p., 12 ill.

132 bons mots avec Jacques Lacan Toulouse, Érès, 1988, 176 p., 6 ill.

Marguerite, ou l'Aimée de Lacan Postface de Didier ANZIEU

Paris, E.P.E.L., 1990, 568 p., 13 ill., 12 dessins v

A p a r a î t r e p rocha inement

Freud, et puis Lacan Paris, E.P.E.L., 1993.

© E.P.E.L., 29, rue Madame, 75006 Paris Distribution : Distique ISBN : 2-908855-08-9 Dépôt légal 21394 FF, décembre 1992

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Jean Allouch

L O U I S ALTHUSSER

RÉCIT DIVAN

Lettre ouverte à Clément Rosset

à propos de ses notes sur Louis Althusser

• P • f i « T i.

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[...] l'homme est un animal perverti

que la nature ne parvient pas à résorber,

un enfant qui établit sa loi

et fait de sa perversion un universel

en l'imposant Louis Al thusser 1

Monsieur A., philosophe, qui a surgi de je ne sais où

pour me serrer la pince samedi dernier, m'a fait resurgir un titre de Tristan Tzara.

[puis, après avoir dit qu'Eluard l'attendrissait :] Monsieur A., lui, ne m'attendrit pas,

puisqu'il m'a fait revenir le titre: Monsieur Aa, l'antiphilosophe.

J a c q u e s L a c a n , le 18 m a r s 1980

1. Louis Althusser, Mémoire de DES, Yann Moulier Boutang, Louis Althusser une biographie, Paris, Grasset, 1992, p. 263-264.

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Vous faites, Clément Rosset, cas de Louis Al-thusser d 'une façon qui n'est ni commune ni quelconque, ce dont beaucoup vous sauront gré. Plus précisément, vous y faites valoir une am-biguïté, une « contradiction majeure » et même, dites-vous encore, une « aberration mentale » comme à double fond : une « perverse2 » sou-mission intellectuelle de disciples à un maître, trait qui suscite, chez qui vous lit, l ' inédit pro-verbe « à maître innocent, élève pervers », mais cette illumination est bientôt contrée par ce qui vient plus en arrière-plan, une position de ce maître-ci pas moins aberrante que celle de ses disciples puisque, se voulant un chevalier de la désillusion, de la lucidité mentale, des pensées solides et indiscutables, il choisit, dites-vous, de faire sienne et de monter publiquement en épin-gle une doctrine qui, notoirement, contrevient à

2. Clément Rosset, En ce temps-là, notes sur Louis Althusser, Pa-ris, Minuit, 1992, p. 14.

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ces exigences de départ. Vous ne reculez pas à qualifier cette contradiction de « contre-na-ture », renommant du même coup Louis Althus-ser lui-même du rabelaisien nom d 'Antiphysie . Dont acte : Antiphysie, tel sera son nom de cas. Pardonnez qu'un disciple de Lacan (vous n'ai-mez pas beaucoup les disciples, pas trop Lacan non plus, ce qui fait d'emblée deux raisons pour votre suspicion à mon endroit) vous dise ici qu'il considère lui aussi comme cruciale, chez Louis Althusser, cette aberration que vous soulignez. « Mais un tel accord, me répondrez-vous, aussi étrange soit-il (peut-être vous paraîtra-t-il tel à la mesure même de ce que vous penserez être la disparité de nos positions respectives), vaut-il un écrit public ? » Cette question que rhétori-quement, qu'intempestivement je vous attribue, vos notes elles-mêmes poussent à vous la retour-ner, sans d'ailleurs m'en défausser pour autant. Elles attestent en effet que TOUS SAVENT cette althussérienne aberration. Vous écrivez donc pour faire savoir ce que « tous savent », ce qui n'est certes pas une opération nulle. Quelle se-rait donc sa portée ?

Ici, nous divergeons. Cet écart prend son départ de ce que vous notez, l'aberration, mais, à ce

3. C. Rosset, op. cit., p. 38. 4. Ibid., p. 24

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qu'il me semble, sans tenir compte d'un de ses traits majeurs, à savoir que si tous la savent c'est qu'elle fut bel et bien affichée, exhibée, qu'elle l'est même, une fois encore, avec ces deux récentes publications qui ont suscité votre plume . Dès lors le lecteur, qu'Althusser post mortem ap-pelle de ses vœux tout en ayant mis tout en œuvre pour qu'il ne puisse jamais formuler sur son cas que ce que lui-même, Louis Althusser, lui suggère de dire , n'a de choix qu'entre re-conduire l'exhibition de l 'aberrante contradic-tion ou bien, mais l'on ne sait trop comment, y mettre un terme. Vos notes glissent (au double sens de ce mot) sur cette monstration de la contradiction ; la chose est d'autant plus curieuse que vous dites fort justement que cette contradiction est une aberration, et que sa mise à l'étalage semble bien à portée de votre... main (comment, ici, au-rais-je pu écrire « regard » ?). Outre de ce que « tous savent », ne témoignez-vous pas en effet

5. Outre l'ouvrage de Y. Moulier Boutang, cité note 1, il s'agit des deux écrits posthumes de Louis Althusser, L'avenir dure long-temps suivi de Les faits, Autobiographies, présentation d'O. Corpet et Y. Moulier Boutang, Paris, Stock / IMEC , 1992. 6. L'appel est très explicite dans « Deux mots », inédit de L. A. publié par Le Monde du 24 avril 1992. Quant au verrouillage de l'interprétation, exact opposé de l'appel, il fut parfaitement repéré dans l'article de Michel Contât publié dans ce même journal.

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de votre expérience personnelle directe, frontale, du regard de Louis Althusser ? En une phrase ter-rible, si l'on songe à ce qui s'est passé, mais il est vrai frappée sous votre plume du sceau d'une quasi dénégation, vous présentez ce regard comme celui « d'un serpent apparemment endor-mi mais qui guette le bon moment pour vous sauter à la gorge » ? Car il faut bien tout de même que ce regard, que vous évoquez pour ne pas le lui attribuer, Louis Althusser, l'ait présen-tifié chez vous ! D'où, sinon, le tiendriez-vous pour le décrire, à son propos, avec une si juste précision, gorge comprise ? Et surtout, plus dé-cisif, ce regard de serpent apparemment endor-mi, avec ses deux moments (l'attente actuelle, l'acte à venir), est une version mieux déployée, donc plus analytique, de celui que vous mettez, lui, explicitement en avant comme étant celui d'Althusser, un regard de « saurien "énervé" au sens propre du terme ». Que vous écriviez ainsi « "énervé" » au lieu du mot « dénervé » aujour-d'hui en usage montre d'ailleurs bien que, sau-rien ou serpent, il s'agit du même regard. A un moment donné le nerf, jusque-là apparemment absentifié, vient à la gorge de l'autre, et l'on sait alors, mais trop tard qu'il n'était pas irré-médiablement coupé (ce fut exactement l'expé-

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rience d'Hélène Legotien-Rytmann, celle d'un sien partenaire basculant de l ' impuissance au meurtre, une expérience qui confirme la justesse de la définition lacanienne de l ' impuissance : non pas « ne pas pouvoir » mais « pouvoir ne pas »). Vous aviez donc l 'aberrante contradic-tion, vous aviez le « tous savent » (la publicité), vous aviez (presque) le regard en ses deux mo-ments et cependant la monstration de l 'aberra-tion vous échappe comme trait marquant la contradiction d'une façon qui lui est essentielle. Vous tentez donc de faire valoir comme aber-rante la contradiction sans tenir compte de la monstration de cette aberration ; et vos notes s'en ressentent, reconduisant du coup partielle-ment ce qu'elles ambitionnent de dénoncer. Je fais donc cas du trait que, comme vous, je consi-dère susceptible de faire enseignement, l 'aber-rante contradiction, mais un peu autrement que vous, y décelant ainsi un autre enseignement. Certes, expliquer la contradiction n'était pas vo-tre visée ; la faire valoir seulement (je n'appelle pas « explication » votre idée psychologisante, un instant effleurée, d'une tendance qui, l'on ne sait trop pourquoi, l 'aurait emporté sur une autre tendance contraire, même si cette remarque eût été reçue comme explicative au temps où Aris-tote déployait son problème XXX sur l'homme de

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génie et la mélancolie ). Est-ce parce que vous n'avez pas voulu vous engager dans une expli-cation ? Est-ce parce que cette explication en eût aussi été une (mais le terme change quelque peu de sens) avec Louis Althusser ? Toujours est-il qu'à lire vos notes, l'on en vient à consta-ter qu'elles reconduisent la monstration de l'a-berrante contradiction même si, sémantiquement, elles s'en démarquent. Vos énoncés la récusent, votre énonciation la remet, une fois encore, à l'étalage. Mais pourquoi s'en étonner ? N'est-ce pas là cette part de contagion qu'inflige un texte lu à celui qui le commente (le bovarysme en constitue un mode parmi d'au-tres, certes exemplaire) ? Pourtant, une telle contagion signe un ratage de la lecture (la Bo-vary ne lisait que des romans de quai de gare). Ainsi dans vos notes sur Althusser, ce ratage va-t-il au-delà du fait de montrer à nouveau l'a-berration, il va jusqu'à la re-produire. La chose est déjà sensible lorsque l'on vous dé-couvre, non sans surprise, partager avec Louis Althusser son idéalisation de Joseph Hours. Je ne sais rien de ce que fut cet homme que vous nous dites avoir été « presque "voyant " »

8. C. Rosset, op. cit., p. 25 (ce texte d'Aristote fut récemment publié par Jackie Pigeaud, Paris, Rivages, 1988, avec une im-portante préface de J. Pigeaud). 9. Ibid., p. 26.


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