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MAI 2007 – N°434 – LE MENSUEL D’AMNESTY … · transitions vengeance, justice ou amnÉsie?...

Date post: 21-Jun-2018
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TRANSITIONS VENGEANCE, JUSTICE OU AMNÉSIE? MAI 2007 – N°434 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL MOUVEMENT GROS PLAN COORDINATIONS MIGRANTS L’ENFER D’HISPANIOLA DÉPOT À BRUXELLES X BELGIQUE- BELGIE PP 1/2345 BXL X Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles Libertes! TRANSITIONS VENGEANCE, JUSTICE OU AMNÉSIE?
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TRANSITIONSVENGEANCE, JUSTICE OU AMNÉSIE?

MAI 2007 – N°434 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

MOUVEMENTGROS PLANCOORDINATIONS

MIGRANTSL’ENFERD’HISPANIOLA

POT

À B

RU

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LLE

SXBELGIQUE-

BELGIE

PP

1/2345

BXL X

Ne paraît pas auxmois de juillet-août.

9, rue Berckmans1060 BruxellesLibertes!

TRANSITIONSVENGEANCE, JUSTICE OU AMNÉSIE?

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ACTUEL� Haïti : L’enfer d’Hispaniola� Paroles : «Misère pour misère, autant

tenter sa chance»� Insolites-Brèves

DOSSIERTRANSITIONS : VENGEANCE, JUSTICE OU AMNÉSIE ?� Afrique du Sud : Un processus pionnier

mais inachevé� Pologne : La justice ou le maccarthysme� Algérie : L’amnésie, religion d’État� L’exception rwandaise� Maroc : Équité et Réconciliation,

une initiative limitée

MOUVEMENT� Gros plan : «Trouver sa place et

conquérir son espace»� Un mouvement en coordinations� Un mémorandum pour mémoire ?

ACTION� Opération Courage Mai 2007� Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA� Après le déluge� L’horreur en 120 jours� Mort à Mourmansk

É D I T O R I A L

S O M M A I R E

Libertés ! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax: 02 537 37 29 • [email protected] • www.libertes.be • Éditeur respon-

sable : Sven Pitseys • Rédacteur en chef : Pascal Fenaux • Comité de rédaction : Bruno Brioni, Valérie Denis, Véronique Druant,Claude Gouzée, Samuel Grumiau, Anne Lowyck, Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Sabina Jaworek(st.) • Iconographie : Brian May • Maquette : RIF • Mise en page : Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture :

Le général Wojciech Jaruzelski à la réouverture de son procès pour son rôle dans la répression, en 1970, des manifestations ouvrières deschantiers navals de Gdansk, Gdynia, Szczecin et Elblag, qui avait fait 44 morts et un millier de blessés. Varsovie, février 2002. © AFP / TomaszGzell • Erratum : Dans le n° 433 du mois d’avril, nous avons oublié de préciser qu’Emmanuel Ngendanzi, auteur de Sale temps pour les femmespolitiques, était correspondant pour InfoSud – Syfia Grands Lacs.

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE

MEMBRE/DONATEUR(TRICE)Madame Michele Ligot : [email protected]

� je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse)Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .� Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre

� Je répartis le montant de : � ma cotisation � de mon abonnement sur toutel’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berck-mans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87€ (prix de la cotisation oude l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déduc-tibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 € ou plus.Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . lasomme de : � 2,5 € � 5 € � . . . . . . . . € (toute autre somme de mon choix)au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . .. . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordreà tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Date: . . . . . . . . Signature:

Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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Le 27 avril, la secrétaire générale d’Amnesty International,Irene Khan, lançait à partir de Rome un appel en faveur d’un«moratoire universel sur les exécutions». En avant-première de la

sortie du Rapport annuel le 23 mai prochain, elle livrait des chif-fres qui soulignent la cruauté et l’absurdité d’une situation danslaquelle 91 % des exécutions judiciaires appliquées en 2006 étaientle fait de seulement… 6 pays : la Chine, les États-Unis, l’Irak, l’Iran,le Pakistan et le Soudan. Bref, l’existence de ce «noyau dur» de serialexecutioners prouve paradoxalement que la peine de mort cons-titue de plus en plus une exception par rapport à la tendancemondiale. Par ailleurs, selon les chiffres dont dispose Amnesty Inter-national, le nombre d’exécutions judiciaires dans le monde estpassé de 2 148 en 2005, à 1 591 en 2006.En 1977, seuls 16 pays avaient aboli inconditionnellement la peinecapitale. En 2006, les Philippines sont devenues le 99e pays à avoiraboli la peine de mort pour les crimes de droit commun etplusieurs États, comme la Corée du Sud, sont sur le seuil de l’abo-

lition. Seuls six pays africains ont procédé à des exécutions en 2006.La Biélorussie est le seul pays qui continue d’avoir recours à la peinede mort en Europe. Les États-Unis sont le seul pays du continentaméricain à avoir procédé à des exécutions depuis 2003.Après l’effondrement du régime du parti Baas en avril 2003, l’Au-torité (américaine) provisoire de la Coalition avait suspendu en juinde la même année une peine de mort jusqu’alors pratiquée massi-vement. Mais, après la passation de pouvoir du 28 juin 2004, lapeine capitale a été rétablie par le gouvernement irakien intéri-maire le 8 août suivant. Par conséquent, depuis la fermeture decette parenthèse, l’Irak fait à nouveau partie des pays ayantprocédé au plus grand nombre d’exécutions en 2006. Plus de270 personnes ont été condamnées à mort, et des informations ontfait état d’au moins 100 exécutions. Aucune exécution n’avait étésignalée en 2004. L’exécution d’au moins trois hommes avait étérecensée en 2005. La Chine est toujours le pays où ont lieu le plus grand nombred’exécutions. Amnesty International a enregistré plus de 1 000exécutions dans ce pays en 2006. Les chiffres sur la peine de mortrelevant toujours du secret d’État en Chine, on considère que lenombre de personnes exécutées dans ce pays pourrait en réalités’élever à 8 000.Mais «the show must go on» et rien ne devrait, semble-t-il, venir«ternir» le déroulement des Jeux olympiques de Pékin en 2008. Enlançant ce 30 avril son Olympics Countdown, Amnesty va continuerd’interpeller le Comité international olympique et de sensibiliserles opinions. e Pascal FenauxAgir avec Amnesty contre la peine de mort :http://www.amnestyinternational.be/doc/rubrique315.html

PEINE DE MORTNOUS NERÉGRESSERONSPAS ENSEMBLE

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Un migrant haïtien. Batey Libertad, juin 2006 © AI / Gianni Dal Mas

Haïti et la République dominicaine se parta-gent l’île d’Hispaniola. Toutefois, les deuxpays entretiennent depuis longtemps des

relations de voisinage compliquées, en raison deconflits remontant au 19e siècle et de la disparité desdéveloppements économiques et sociaux. La questionde la migration haïtienne vers la République domi-nicaine est donc un sujet très sensible. Elle estexploitée par les groupes nationalistes du pays qui,avec l’aide de certains médias dominicains, font desmigrants haïtiens les boucs émissaires des problèmessociaux, économiques ou sécuritaires auxquels estconfronté le pays, ce qui ne fait qu’alimenter ladiscrimination, le racisme et la xénophobie. Ainsi serépand l’idée que le pays s’«haïtianise», que lesHaïtiens sont responsables de la plupart des infrac-tions commises dans le pays et qu’ils prennent letravail des Dominicains. En réalité, ils sont exploitéset font les travaux les plus pénibles, les plus malpayés et parfois les plus dangereux que, dans leurvaste majorité, les Dominicains refusent.Depuis plusieurs décennies, les Haïtiens quittentleur pays pour fuir les persécutions politiques et lasituation économique désastreuse qui y règne. Uncertain nombre d’entre eux ont émigré ou se sontréfugiés en Amérique du Nord ou en Europe. Mais laplupart sont partis à la recherche de meilleuresopportunités de l’autre côté de la frontière, en Répu-blique dominicaine. Depuis les années 1920, lesHaïtiens, pour la plupart des hommes, sont attiréspar la République dominicaine où ils sont embauchés

comme saisonniers dans l’industrie de la canne àsucre. L’activité des plantations de sucre – tantprivées que nationalisées – repose sur l’importanteréserve de travailleurs haïtiens. Ces derniers reçoiventdes salaires dérisoires et sont soumis à des conditionsde travail déplorables que la plupart des Domini-cains ne sont pas prêts à accepter.En l’absence de données officielles fiables, on estimequ’entre 500 000 et un million d’Haïtiens viventactuellement en République dominicaine(1). Laplupart sont arrivés il y a longtemps, à une époqueoù l’industrie de la canne à sucre embauchait parmilliers. L’activité de ce secteur a connu une certainerécession dans les années 80 mais le flux des immi-grés haïtiens ne s’est pas tari car d’autres secteurs del’économie dominicaine se sont progressivementouverts à eux. Le secteur agricole emploie toujoursun grand nombre de travailleurs migrants d’originehaïtienne, mais ces derniers sont désormais de plusen plus employés dans l’industrie du bâtiment, dutourisme, de l’hôtellerie et de la restauration, dansles ateliers de fabrication des zones franches situéesà proximité de la frontière avec Haïti et en tant quequ’employés de maison. De nombreux migrantshaïtiens gagnent aussi leur vie en vendant dans lesrues de la capitale, Saint-Domingue, et dans d’autresgrandes villes du pays.La discrimination fondée sur l’origine ethnique, lalangue et la nationalité est une réalité pour de nomb-reux travailleurs migrants haïtiens et de nombreuxDominicains d’origine haïtienne vivant en Répu-

Libertés ! Mai 2007 3

A C T U E L

SOUDANFICTIONLe gouvernement soudanais est désormais forte-ment suspecté de maquiller des appareils enavions des Nations unies pour transporter secrète-ment des armes. Le Soudan tenterait ainsi de fairecapoter les initiatives de la communauté interna-tionale pour mettre fin à la crise du Darfour. Ducoup, le fait que Khartoum ait finalement autoriséle déploiement de 3 000 Casques bleus faitcraindre un agenda caché. Le Bureau européend’Amnesty a demandé aux ministres des Affairesétrangères de l’UE d’oser enfin adopter des sanc-tions ciblées contre le gouvernement deKhartoum. e

IRANRÉPRESSIONDepuis le mois de mars, les manifestations paci-fiques d’enseignants, étudiants et autresdéfenseurs des droits humains débouchent surdes vagues d’arrestations et sur des campagnesde harcèlement. Il y a lieu de craindre que lesmanifestants soient de plus en plus pris pour ciblepar les autorités iraniennes. Le 10 avril, le ministredu Renseignement, Gholam Hossein MohseniEjeie, a publiquement accusé le mouvement desfemmes et les militants étudiants de participer àune conspiration ennemie de «subversion rampante»du gouvernement iranien. e

SYRIECONDAMNATIONAu terme d’un procès inéquitable, le Tribunalpénal de Damas a reconnu, le 24 avril, Anwar alBunni coupable du chef de «diffusion de fausses infor-mations de nature à porter atteinte à l’État» et lui ainfligé une peine de 5 années d’emprisonnement.Anwar al Bunni fait partie d’un groupe de10 personnes appréhendées pour avoir signé la«Déclaration Beyrouth-Damas», une pétition deman-dant la normalisation des relations entre la Syrieet le Liban. Depuis son arrestation, le 17 mai 2006,il est détenu à la prison d’Adhra, près de Damas, oùil a été soumis à des mauvais traitements. e

CHINEEXTORSIONHusein Dzhelil, qui possède la nationalité cana-dienne, a été condamné le 19 avril à la détentionà perpétuité. Le Tribunal populaire intermédiaired’Ürümqi, capitale de la région autonomeouïghoure du Xinjiang, l’a déclaré coupable de«complot séparatiste» et lui a également infligé unepeine de 10 années d’emprisonnement pour appar-tenance à une «organisation terroriste». De touteévidence, Husein Dzhelil a été condamné pourdes motifs politiques suite à un procès inéqui-table et sur base d’«aveux» qui pourraient avoir étéextorqués sous la torture. Arrêté en Ouzbékistan,Husein Dzhelil a été extradé vers la Chine enjuin 2006. Le 2 février 2007, il a comparu en procèsà Ürümqi, la capitale de la, dans le nord-ouest dela Chine. e

JAMAÏQUEEXCLUSIONLes personnes «soupçonnées» d’homosexualitésont de plus en plus souvent victimes d’agressionshomophobes. On relève de plus en plus d’attrou-pement violents contre des personnes«soupçonnées» d’homosexualité sur simple foi deleur apparence ou de leur attitude. Amnesty Inter-national a interpellé les autorités de Kingston. e

HAÏTI – SAINT-DOMINGUE

L’ENFER D’HISPANIOLALa discrimination raciale dont sont victimes les migrants haïtiens vivant en Républiquedominicaine conduit à des expulsions arbitraires et massives, ainsi qu’au refus de délivrer desactes de naissance à des milliers d’enfants. À l’occasion de la Journée internationale pourl’Élimination de la Discrimination raciale, Amnesty International vient de publier un rapportaccablant. L’occasion aussi de poursuivre la campagne Vivre dans l’ombre – Les droits desmigrants.

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L’INSOLITE

A C T U E L

Un jeune Dominicain d’origine haïtienne. Batey 6, juin 2006 © AI

blique dominicaine. Les cas dont Amnesty Interna-tional a eu connaissance concernent principalementdes travailleurs migrants en situation irrégulière etsans papiers mais également des ressortissants domi-nicains d’origine haïtienne, et notamment desenfants.Les recherches effectuées par Amnesty Internationalmontrent que les lois et les politiques relatives à l’im-migration sont mises en œuvre de manièreincompatible avec les normes internationales enmatière de droits humains. Elles montrent égalementque si les travailleurs migrants haïtiens en situationirrégulière sont ceux qui courent le plus de risques, lesDominicains «légaux» d’origine haïtienne et lestravailleurs migrants en situation régulière conti-nuent d’être victimes de violations répétées. La législation en matière d’immigration et les dispo-sitions relatives à l’enregistrement des naissancessont souvent appliquées de manière discriminatoirepar les fonctionnaires dominicains. Les migrantshaïtiens sont spécifiquement visés par les fonction-naires de l’immigration lors de contrôles d’identité quise concluent souvent en détentions arbitraires,mauvais traitements et expulsions collectives etmassives vers Haïti. Le nombre annuel d’expulsionsvers Haïti oscille entre 20 000 et 30 000…

Les Dominicains d’origine haïtienne risquent enpermanence d’être détenus et expulsés. En effet, lesfonctionnaires de l’immigration peuvent refuser dereconnaître leurs papiers sous prétexte qu’ils sontfaux ou falsifiés. Amnesty International estime que lalégislation actuelle et la manière discriminatoiredont elle est appliquée revient de fait à priver desmilliers d’enfants dominicains d’origine haïtiennede tout un ensemble de droits économiques, civils etpolitiques, notamment le droit à la nationalité, àl’éducation et à la sécurité. e A.I.

POUR EN SAVOIR PLUS :République dominicaine. Une vie en transit – La situa-tion tragique des migrants haïtiens et desDominicains d’origine haïtienne (AMR 27/001/2007)Vivre dans l’ombre. Les droits des migrants (POL33/006/2006)POUR AGIR :République dominicaine – Les migrants haïtiens sontprivés de leurs droits (AMR 27/003/2007)

(1) Le Rapport national sur le développement humain en Répu-blique dominicaine du Programme des Nations unies pour ledéveloppement (PNUD) de 2005 (Informe Nacional de DesarrolloHumano República Dominicana 2005) considérait, comme une estima-tion moyenne, le chiffre de 416 000 Haïtiens vivant en Républiquedominicaine en 2003.

4 Libertés ! Mai 2007

«J’aimais bien aller à l’école de mon village à Haïti, mais un jour, quand j’avais 13ans, ma famille n’a plus pu continuer à payer mes frais scolaires. Il fallait de 1000à 1500 gourdes haïtiennes (de 20 à 30€) par an. Un peu plus tard, à l’âge de 14

ans, un cousin qui travaillait en République dominicaine a proposé que je le rejoigne. Mes parentsétaient d’accord. Je me suis dit : “Misère pour misère, autant tenter ma chance”.«J’étais content d’aller voir ailleurs, mais j’avais un peu le cœur serré au moment de quittermes parents et le village, un jour vers cinq heures du matin. Mes parents m’ont donné une valiseavec quelques vêtements et un peu d’argent. Je suis parti de mon village pour rejoindreOuanaminthe, une ville sur la frontière avec la République dominicaine. Là, j’ai rencontré lepasseur qui devait m’emmener de l’autre côté. Vers 18 heures, on s’est mis en route pour traverserla rivière Massacre, la frontière naturelle, puis marcher à travers les bois pour rejoindre unlieu de rendez-vous avec un passeur dominicain. Nous étions environ dix dans mon groupe.Avant de nous mettre en route, le passeur s’est adressé à nous pour donner ses instructions :ne pas courir si on voit des policiers dominicains (afin de ne pas se perdre ni prendre des coups),s’arrêter dès que le passeur s’arrête.«Après la rivière, nous avons dû traverser beaucoup de barrières en fils de fer barbelés d’en-viron 1,5 mètre de haut dans les champs et les bois. Certains adultes de mon groupe se sontblessés en grimpant par dessus. Nous avons été intercepté à deux reprises par des gardes domi-nicains. La première fois, ils ont exigé 1000 pesos dominicains (20€) pour laisser passer le groupe.

Nous avons encore rencontré deux autres gardes plus loin, ils nous ont pris ce qui restait, c’est-à-dire nos bagages et notre nourriture. Ils ont emporté mes habits, ils ne m’ont laissé que ceque je portais sur moi. J’ai eu très peur : ils frappaient ceux qui s’enfuyaient à grands coupsde crosse de fusil.«Nous n’avons plus mangé avant que le passeur haïtien ne nous confie à un passeur domini-cain, le lendemain après-midi. Ce passeur avait une voiture pour nous amener à Santiago, unegrande ville dominicaine. J’étais dans le coffre avec deux autres plus grands, on était très serrés,ça faisait mal car la voiture a roulé vite et longtemps. A Santiago, le passeur m’a conduit chezmon cousin. J’étais très content de le revoir.«Les premiers mois, je ne faisais pas grand-chose chez mon cousin. Le jour où on m’a finale-ment trouvé un petit travail de jardinage, j’ai été arrêté avant de pouvoir commencer. Les agentsde l’immigration ont débarqué dans la chambre où je me trouvais avec mon cousin. Ils nousont menottés, ils ne nous ont pas laissé prendre nos effets personnels avant de nous emmener.Ils nous ont mis en prison durant deux jours, puis nous ont conduit en bus au poste frontièrede Ouanaminthe.«Lorsque je suis rentré dans mon village, mes parents étaient contents de me voir, maisj’étais déçu d’être de retour si vite. Actuellement je ne vais toujours pas à l’école, j’aimerais yaller pour apprendre à lire et écrire car sans ça, je ne trouverai jamais de bon travail.» ePropos recueillis par Samuel Grumiau

P A R O L E S

HAÏTI

«MISÈRE POURMISÈRE, AUTANTTENTER SA CHANCE»Olibrit avait 14 ans lorsqu’il a traversé clandestinement la frontièrehaïtienne pour tenter sa chance en République dominicaine. Il raconteson épopée.

LES BRONZES FONT DE LA RÉSISTANCELa bourgmestre de la ville allemande de Chem-nitz, rebaptisée Karl-Marx-Stadt du temps de laRépublique démocratique allemande (RDA), tient àson passé stalinien. Elle s’est opposée à ce qu’unegigantesque statue de Karl Marx, toujours dresséeen ville, soit copiée et exposée à Münster, près deDortmund, à l’Ouest. La tête de Karl Marx enbronze, oeuvre du Russe Lev Kerbel, inaugurée en1971 et haute de sept mètres (sans compter lescinq mètres de son socle de granit), est «une pièceunique et doit le rester», a tranché mardi la (pour-tant) sociale-démocrate Barbara Ludwig. «Lasculpture est indissociable du bâtiment devant lequel elleest érigée, sur la façade duquel la phrase “Prolétaires detous les pays, unissez-vous”, en quatre langues, forme unegigantesque inscription», a conclu la bourgmestre.Une copie grandeur nature de cette oeuvre de42 tonnes devait être initialement exposée dansle cadre de l’exposition de plein air Skulptur ProjekteMünster, une manifestation très renommée, orga-nisée tous les dix ans, et dont l’édition 2007 sedéroulera du 17 juin au 30 septembre. e (© AFP)

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Libertés ! Mai 2007 5

D O S S I E R

Afrique du Sud, Argentine, Chili,Corée du Sud, Fidji, Ghana,Guatemala, Libéria, Maroc,Panamá, Pérou, Salvador, SierraLeone, Timor oriental. Aussidivers soient-ils, ces pays ont encommun d’avoir tenté, à partirdes années 90, de concilier unprocessus de transition politiqueavec la nécessité de seconfronter au legs sanglant de laviolence et de la répression. Poursoutenir ce processus fondé surla justice, la paix et laréconciliation, les pays enquestion ont privilégié desprocédures non seulementjudiciaires mais aussi non-judiciaires : les justicestransitionnelles. Ces dernièresconsistent à jugerindividuellement lesresponsables, accorder desréparations aux victimes,encourager les investigations surles abus du passé, réformer lapolice et la justice, et enfinécarter les responsables deviolations des droits humains despostes de responsabilité.Bien que parfois inégales etfrustrantes pour les victimes, lesjustices transitionnelles ontnéanmoins été une réussitepolitique et éthique dans un payscomme l’Afrique du Sud. Mais denombreux autres pays ontemprunté des voies beaucoupplus radicales et extrêmes que lajustice transitionnelle, les unsprivilégiant l’amnésie forcée,comme l’Algérie, et les autres lavengeance pure et simple,comme l’Irak post-baasiste ou,sous des modalités certesinfiniment moins violentes, laPologne du parti Prawo iSprawiedliwosc («Loi et Justice»)des désormais célèbres jumeauxKaczynski.

En 1994, l’intronisation du gouvernement multiracial sud-africain de transitiondémocratique s’est accompagnée de la mise sur pied de la Truth and ReconciliationCommission. Remarquable, cette institution chargée d’instruire les crimes commisautant par le régime d’apartheid (ségrégation) que par ses opposants armés n’atoutefois pas tenu toutes ses promesses.

AFRIQUE DU SUD

UN PROCESSUSPIONNIER MAIS INACHEVÉ

La Truth and Reconciliation Commission(Commission Vérité et Réconciliation,TRC) a vu le jour avec la mise en place du

gouvernement multiracial sud-africain de trans-ition issu des premières élections démocratiquesde 1994. Ce gouvernement était une coalitionentre le Congrès national africain (ANC) de NelsonMandela, le Parti national (NP) de Frederik deKlerk et l’Inkatha de Mangosuthu Buthelezi. Fruitdu compromis conclu entre ces trois forces poli-tiques, cette institution sans précédent devaitétablir un ambitieux rapport sur l’époque del’apartheid, émettre des recommandations surles réparations à accorder aux victimes et octroyerdes amnisties, dans des cas limités et sur la base de

demandes individuelles. Bref, il ne pouvait être ques-tion d’une amnistie générale.Parallèlement aux travaux de la TRC, les gouver-nements qui se sont ensuite succédé sous labannière de l’ANC ont procédé à des réformesinstitutionnelles et mis sur pied des organes desurveillance destinés à s’assurer que les nouvellesautorités ne puissent plus jamais violer en touteimpunité les normes relatives aux droitshumains.Toutefois, les recommandations de la TRC n’ontété appliquées ni sérieusement ni intégralement.Les victimes d’atteintes aux droits humainscommises par le passé n’ont pas été indemniséeset de nombreux coupables présumés ont échappé

TRANSITIONSVENGEANCE, JUSTICE OU AMNÉSIE ?

lUn panneauofficiel fait lapromotion desgacaca, lestribunauxtraditionnelsremis àl’honneur pourinstruire lescrimes degénocide etréintégrer lescoupables desecond rang.Rwanda, 2005. © Panos / DieterTelemans

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aux poursuites judiciaires alors qu’il existait des preuves crédibles de leurparticipation à des atteintes graves aux droits humains. En 2003, untexte de loi prévoyant une extension de l’amnistie a même été discuté, fina-lement sans aboutir. De même, pour des raisons de conflit d’autorité entrecertaines procédures judiciaires en cours et les travaux de la TRC, lapublication des deux derniers volumes du rapport de la Commission apris du retard et retardé davantage l’attribution de réparations.

BILAN GLOBALEMENT POSITIFGlobalement, les travaux de la TRC ont néanmoins débouché sur unbilan positif. Même incomplet et tardif, le rapport produit par la TRC estsans précédent. Il a permis d’établir un historique implacable des viola-tions des droits humains dans l’Afrique du Sud ségrégationniste etd’émettre des recommandations essentielles sur les réparations à accorderaux victimes. Certes, l’octroi d’amnisties aux auteurs de violationsflagrantes des droits fondamentaux est problématique, du point de vuedes ONG nationales et internationales. Mais, paradoxalement, les condi-tions que les prévenus ont dû remplir pour bénéficier d’amnistiesindividuelles et la spécificité du processus d’amnistie mis en place par laTRC ont objectivement permis à cette dernière de faire toute la lumièresur de nombreux faits graves et de participer à l’établissement de lavérité historique. En outre, les audiences étant publiques, les survivantset leurs proches ont pu assister aux travaux de la TRC, voire même s’op-poser à certaines demandes d’amnisties.Les dispositions prévues pour mettre des garde-fous aux éventuellesamnisties individuelles ont contraint les responsables d’atteintes auxdroits humains à rendre des comptes. Parmi ces garde-fous, on peutciter en vrac : des enquêtes approfondies et le contre-interrogatoire desdemandeurs ; le caractère public d’audiences où les survivants ont

témoigné ; l’identification obligatoire des responsables des violationsles plus graves ; et, enfin, la possibilité d’ouvrir une procédure judiciairecontre des coupables présumés lorsque ces derniers ne collaboraientpas avec la TRC ou se voyaient refuser le bénéfice de l’amnistie. Depuis l’éta-blissement de la TRC, les gouvernements de l’ANC se sont montrésrelativement disposés à engager des poursuites contre un certain nombrede personnes impliquées dans les crimes commis sous l’apartheid. Petitbémol, certains procès ont néanmoins été entachés d’erreurs manifestes.Dans son rapport en cinq volumes publié en 1998, la TRC a retracé l’his-torique des atteintes aux droits fondamentaux commises par tous lesacteurs du conflit racial sud-africain entre 1960 et 1994. Elle a égalementémis des recommandations détaillées appelant le gouvernement àgarantir l’obligation de rendre des comptes pour les responsables de cesagissements, à promouvoir la réconciliation et à empêcher que de tellespratiques se reproduisent. La TRC recommandait, entre autres, d’en-gager des poursuites à l’encontre d’individus pour lesquels elle disposaitd’éléments prouvant leur responsabilité dans des atteintes graves auxdroits humains, ainsi que l’octroi de réparations, notamment finan-cières, aux victimes.

TENTATIVES D’OBSTRUCTIONDeux autres volumes contenant des conclusions fondées sur les indicesrecueillis après 1998 lors des audiences relatives aux demandes d’amnis-ties ainsi qu’une liste définitive des victimes et des recommandations àpropos de l’octroi de réparations ont été publiées avec retard. Le Parti dela liberté Inkatha, siégeant au gouvernement sud-africain jusqu’auxdernières législatives de 2004 et principal parti politique représenté augouvernement provincial du Kwazulu-Natal, faisait en effet obstruction.Du temps de l’apartheid, l’Inkatha, parti de l’ethnie zouloue mis à la têtedu «foyer national» noir du Kwazulu, fut longtemps un allié objectif dupouvoir blanc dans sa lutte contre l’ANC. L’Inkatha souhaitait faire modi-fier des conclusions de la TRC démontrant que ce mouvement s’était renducoupable de graves violations des droits humains. Le 29 janvier 2003, l’af-faire fut finalement réglée lorsque la TRC accepta d’inclure de légèresmodifications dans son rapport, sans changer toutefois l’essentiel deses conclusions. D’autres dérives ont également été constatées en 2002,lorsque, par exemple, une grâce fut accordée à 33 condamnés dont laplupart étaient membres des anciens mouvements de libération et dontquelques-uns au moins s’étaient vus refuser l’amnistie par la TRC.Si la TRC a globalement bien travaillé et permis de dire le passé, elle n’acependant pas permis de déboucher sur la mise sur pied d’une poli-tique déterminée de mise en œuvre des recommandations. Par exemple,le gouvernement de l’ANC n’a pas veillé à ce que les maigres répara-tions proposées par la TRC soient concrètement versées aux victimes. Or,la participation des victimes aux travaux de la TRC a été essentielle pourasseoir la légitimité et la crédibilité d’une institution pionnière dans lareconnaissance de crimes passés sans fragiliser le processus de transitionpolitique. Non seulement, les autorités politiques ont une obligationmorale envers les victimes dès lors qu’une amnistie individuelle peut êtreaccordée aux auteurs. Mais l’Afrique du Sud a également des obligationsdictées par la législation internationale(1).

6 OOO AMNISTIES REJETÉESDeux embellies ont néanmoins été enregistrées en 2005. Enseptembre 2005, la Cour constitutionnelle a confirmé que l’État avait ledroit d’inculper de nouveau Wouter Basson, responsable dans lesannées 80 d’un programme militaire secret de guerre chimique et biolo-gique. Les charges avaient pourtant été annulées en 1999 par le juge depremière instance. En novembre de la même année, à Gcuwa (anc. Butter-worth), deux anciens agents de police, Pumelele Gumengu et Aron Tyani,ont été condamnés chacun à vingt ans de réclusion pour l’assassinat enjanvier 1998 d’un militant de l’ANC, Sthembele Zokwe. Les deux hommesont également été reconnus coupables de tentative de meurtre sur lapersonne de Sthembele Zokwe en 1987. En mars 2000, la TRC avait rejetéleurs recours en grâce.En définitive, la TRC a recommandé l’octroi de réparations (maté-rielles et financières) à quelque 21 500 victimes. Et, si quelque 7 000individus responsables de violations graves des droits humains ontdemandé à bénéficier d’une amnistie, seuls 850 ont vu leur requêteacceptée. e P.F.

(1). Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Article 14 de la Conven-tion des Nations unies contre la Torture et autres peines ou traitements cruels, inhumainsou dégradants.

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L’ancien président afrikaner de l’Afrique du Sud ségrégationniste,Peter Botha, à sa sortie d’un tribunal où il avait été convoqué pouravoir refusé de témoigner devant la Commission Vérité etRéconciliation (TRC). Le Cap, janvier 1998. © AFP / Anna Zieminski

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Depuis le 15 mars, la législation polonaise s’est enrichie d’unenouvelle loi, celle relative à la «lustration» ou lustracja. Concrète-ment, toute personne publique née avant août 1972 doit remplir

une déclaration attestant de sa collaboration ou non avec la police secrètede l’ère communiste. Tout mensonge ou simple refus de la remplir estpassible d’une interdiction professionnelle de 10 ans. Sa nouveauté parrapport à l’ancienne loi de 1997 réside dans l’étendue de son publiccible : 700 000 hauts fonctionnaires, professeurs, avocats, directeursd’école ou journalistes. Le débat enflamme les deux rives de la Vistule.

LE PRÉCÉDENT TCHÈQUELa majorité des pays de l’Est avait adopté pareille législation dans lesannées 90. L’Allemagne – réunification oblige – puis la Tchécoslovaquieont ouvert la voie. Ainsi, en Tchécoslovaquie, quiconque était fichécomme agent ou collaborateur de la StB (police secrète) fut interditd’accès à toute fonction au sein du gouvernement, du pouvoir judiciaire,de la police, de l’armée, des services de renseignement, de la banquecentrale, du secteur éducatif, des entreprises et des médias d’État. De 1991à 2000, environ 210 000 Tchèques subirent l’épreuve de la lustration. Àmaintes reprises pourtant, Vaclav Havel avait exprimé ses réserves sur lefait que l’incrimination de ces personnes se faisait sur la seule foi des listessecrètes de la StB. Les organisations de défense des droits humains se sont,elles aussi, insurgées contre cette épuration menée sur base des dossiersdétenus par une police souvent prompte à inventer des faits, peuplée desurcroît d’agents avides de promotion, et distinguant rarement entrepersonnes simplement approchées et collaborateurs attitrés.La transition vers la démocratie ne se conçoit guère sans réconciliationni sans mise en lumière des pages sombres du passé totalitaire et soncortège de violations des droits humains. Quatre objectifs étaient initia-lement assignés à la lustration : protéger la démocratie des menaces del’ancien régime, susciter l’émergence d’une nouvelle élite dirigeante,aider la population à rompre avec le passé, et concentrer les investigationsentre les mains d’un organe unique. La nécessité de respecter la vieprivée des individus (victimes comme témoins) et celle de garantir laprésomption d’innocence allaient rapidement s’imposer. En effet, letraumatisme fut grand lorsqu’en 1991, devant les caméras de la télévision,un député tchèque désigna à la vindicte populaire dix de ses collèguestraités d’«informateurs» alors que le flou le plus total régnait encore sur leurimplication dans l’ancien régime. Sans garde-fous, la lustration risquaitde conduire à la multiplication d’actes de vengeance personnelle, voireà une justice expéditive dont l’exemple le plus tragique fut donné par l’exé-cution du couple Ceausescu en Roumanie. Une telle justice ne répare, nine réconcilie.La lustration ne peut être qu’une facette de la décommunisation. Elle doitêtre complétée par la condamnation des crimes graves, l’indemnisationdes victimes et l’enseignement du passé. Car c’est le système bien plus queses rouages humains qui porte la responsabilité des crimes du commu-nisme. Moult dossiers répertoriés auprès des différents «instituts de lamémoire» contiennent probablement les noms d’individus n’ayantaccepté de collaborer que sous la menace. Souvent le bourreau et lavictime se confondent en une seule et même personne. On ne peut pasattendre de tout individu qu’il joue les héros et mène des combats à la Soli-darnosc, ni qu’il soit prêt à subir torture et détention comme le fit un VaclavHavel. Qui, sous l’emprise de la menace, résiste bien longtemps ? Oùcommence et où s’arrête la responsabilité individuelle ? Ne serait-il pasplus juste de parler de responsabilité collective ? Vouloir la justice, c’est

POLOGNE

LA JUSTICE OU LEMACCARTHYSMEEn Pologne, le 15 mars dernier, une nouvelle loi dite de «lustration» (lustracja)est entrée en vigueur. Son nom vient du latin lustratio et désigne un rituel depurification et de réconciliation dans la Rome Antique au cours duquel onoffrait un sacrifice. Cette loi, censée solder les comptes de la dictaturecommuniste, s’apparente plutôt à un… règlement de comptes. Malaise.

L’eurodéputé polonais et ancien dissident Bronislaw Geremekannonce qu’il refuse de se plier à la loi de «lustration» et décidé dedémissionner. Strasbourg, avril 2007. © AFP / Gérard Cercles

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bien. Mais encore faut-il savoir à qui l’appliquer. S’il est naïf de croire qu’àelle seule une révolution peut balayer l’ordre ancien, il est tout aussi injustede nier la capacité de l’être humain à s’amender. Tout cela été superbementdépeint dans le film Das Leben der Anderen (La vie des autres) de FlorianHenckel-Donnersmarck.

LE RETOUR DES DISSIDENTS Le 28 juillet 2004, la Cour européenne des Droits de l’Homme fit droit àla requête de deux Lituaniens, ex-agents du KGB, reconvertis depuis desannées dans le privé et ayant fait preuve de loyauté envers leur paysdepuis son indépendance. La Cour de Strasbourg jugea disproportionnéeet discriminatoire l’interdiction professionnelle de 10 ans qui les frappait(1).Ce 24 avril 2007, la même Cour vient de condamner la Pologne pour sa laloi de décommunisation de 1997, pourtant plus «soft» que celle adoptéele 15 mars dernier(2). Les juges de Strasbourg ont estimé que TadeuszMatyjek, un ancien député, n’avait pas bénéficié d’un procès équitable lors-qu’il fut jugé dans son pays pour avoir menti sur son passé. L’accès àcertaines pièces des dossiers de l’accusation lui avait en effet été refusé aumotif que celles-ci étaient «top secret».Et le 25 avril, Bronislaw Geremek, un des fondateurs de Solidarnosc, arefusé quant à lui de se soumettre à un courrier du président de laCommission électorale polonaise exigeant qu’il se soumette à la déclara-tion de «lustration» sous peine d’être privé de son mandat de député auParlement européen. «Je ne remplirai pas cette déclaration. Il a été dit que cetteloi de lustration poursuit des fins morales. Je ne partage pas ce point de vue. Je croisque la loi de lustration dans sa forme actuelle viole les règles morales, menace la libertéd’expression, l’indépendance des médias et l’autonomie des universités. Elle engendreune forme de “Ministère de la Vérité” et de “Police de la mémoire” et désarme le citoyenconfronté à des campagnes de calomnies en affaiblissant la protection légale de sesdroits.»(3)

Affronter son passé totalitaire et en solder les comptes sans enfreindre lesprincipes fondamentaux de l’État de droit, terreau de toute démocratie,voilà le défi auquel sont confrontés les pays ex-communistes d’Europecentrale. e Véronique Druant

1 Cour eur. Dr H., 28 juillet 2004, SIDABRAS et DZIAUTAS, c. Lituanie, accessible surwww.echr.coe.int2 Cour eur. Dr H., 24 avril 2007, MATYJEK, c. Pologne, accessible sur www.echr.coe.int3 http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2007/04/geremek_expliqu.html

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8 Libertés ! Mai 2007

Depuis le 27 février 2006, un décret du présidentalgérien Abdelaziz Bouteflika assure l’impunitéaux responsables de crimes de guerre et contre

l’humanité. En outre, tout débat sur cette question estdésormais impossible, la discussion publique sur le conflitqui a déchiré le pays pendant plus d’une décennie etcausé la mort d’au moins 200 000 personnes (et la «dispa-rition» de plusieurs milliers d’autres) étant explicitementcriminalisée par le «Décret de mise en œuvre de la Charte pourla paix et la réconciliation nationale».Les mesures favorisant l’impunité contenues dans cette loiconstituent un revers majeur. Elles prévoient notammentune amnistie généralisée étendue aux membres des forcesde sécurité et, vraisemblablement, des milices arméespar l’État. De même, elle élargit les précédentes mesuresd’amnisties partielles aux membres des groupes isla-mistes armés. Officiellement, les autorités algériennesprésentent cette loi comme mettant en œuvre la «Chartepour la paix et la réconciliation nationale» du Président Boute-flika, une charte approuvée lors d’un référendumcontroversé le 29 septembre 2005 et alors que les électeurss’étaient prononcés sur un texte qui ne mentionnait pasexpressément d’amnistie pour… les membres des forces desécurité.La «réconciliation nationale» telle que décrétée par les auto-rités algériennes repose hélas sur un déni de vérité et dejustice pour les victimes et leurs familles. Elle interdit (souspeine de prison et d’amendes astronomiques) aux victimeset à leurs familles de demander justice en Algérie etempêche que la vérité sur ces abus n’éclate devant lestribunaux algériens. Les mesures d’amnistie et de non-recours, en s’étendant aux crimes contre l’humanité etautres atteintes aux droits humains, ont été estimées parles ONG de défense des droits humains comme contrairesaux obligations internationales de l’Algérie d’enquêtersur ces abus et de déterminer la responsabilité de leursauteurs, et de fournir aux victimes des voies de recoursjudiciaires.Longtemps, le débat a fait rage sur la responsabilité réellede certains massacres de grande ampleur commis au plusfort de la guerre civile des années 90. Alimentant dessoupçons parfois têtus, le gouvernement algérien n’aplus délivré les invitations demandées depuis des lustrespar les experts des Nations unies, et notamment le Groupede travail sur les disparitions forcées ou involontaires, leRapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires,sommaires ou arbitraires, ainsi que le Rapporteur spécialsur la torture, et qui leur permettraient de venir visiterle pays et d’y enquêter en toute indépendance. L’amnésieet l’impunité, en Algérie comme partout ailleurs, compo-sent un cocktail détonnant qui ne demande qu’à exploserle moment venu. e P.F.

Durant toute la précédente décennie, lapopulation algérienne a vécu dans une terreursanglante exercée par les groupes islamistesarmés, les services de sécurité et les «groupes delégitime défense» armés par l’État. Au nom de la«réconciliation nationale», l’amnésie est devenuereligion d’État.

ALGÉRIE

L’AMNÉSIE,RELIGIOND’ÉTAT

L’EXCEPTION RWANDAISE

Après le génocide de 1994 et l’extermination d’un million de personnes, essentiellement d’ori-gine tutsie, le nouveau régime rwandais a été confronté à l’impossibilité matérielled’instruire les actes de génocide et de juger plus de 100000 inculpés, sinon en plusieurs décen-

nies. De cette contrainte arithmétique, est née l’expérience des tribunaux gacaca, des tribunauxtraditionnels censés instruire les crimes hors du système judiciaire, de façon pacifique et réconcilia-trice.Le système gacaca a donc été lancé en 2002 dans le but de collecter des renseignements sur les crimescommis entre le 1er octobre 1990 et le 31 décembre 1994. Le Service national des juridictions gacacaindiquait à cette époque que plus de 760 000 personnes risquaient d’être poursuivies (soit un quartde la population adulte) et que les procédures devraient être achevées pour 2007. Cette volonté de traiterles affaires si rapidement n’a fait qu’alimenter le soupçon quant à l’équité et l’impartialité dusystème.En définitive, au début de 2005, plus de dix ans après la chute de l’ancien régime, plus de 80 000détenus attendaient encore d’être jugés pour leur participation présumée au génocide de 1994. Enaoût 2005, 36000 de ces détenus ont été remis en liberté provisoire au motif qu’ils avaient avoué leurparticipation au génocide. Leur remise en liberté a été décidée en partie dans le souci de réduire lasurpopulation carcérale, et en partie pour faire comparaître certains d’entre eux devant des tribu-naux ordinaires et les autres devant les tribunaux gacaca, qui leur demanderaient de fournir desinformations complémentaires sur les crimes perpétrés par d’autres coupables présumés. Préalable-ment à leur libération et à leur déferrement devant les tribunaux traditionnels, la plupart despersonnes libérées passent deux mois dans des «camps de la solidarité», destinés à faciliter leur réin-tégration au sein de leurs communautés respectives. Sont exclues toutes les personnes considéréescomme ayant dirigé et organisé le génocide, classées en «catégorie 1». e

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lUn policier de la sinistre prison de Serkadji, au moment de la libération de membres présumés degroupes islamistes armés, dans le cadre du décret présidentiel d’amnistie. Alger, mars 2006. © AFP /Fayez Nureldine

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Voici trois ans, le Maroc lançait une expérience sans précédent dansl’histoire tourmentée du Moyen-Orient et du Maghreb. Enjanvier 2004, sur recommandation du Conseil consultatif des

Droits de l’Homme (CCDH), le roi Mohammed VI mettait sur pied l’InstanceÉquité et Réconciliation (IER), un organe chargé d’examiner les affaires de«disparitions» et de détentions arbitraires sous le règne d’Hassan II.Ensuite, en décembre 2004, l’IER entamait des auditions destinées àpermettre aux victimes et à leurs proches d’offrir leur témoignage àl’opinion publique marocaine. Les auditions furent ouvertes aux journa-listes marocains et étrangers, ainsi qu’aux ONG, et elles furentretransmises par la radio et la télévision nationales.Près de 200 victimes, familles de victimes et témoins d’atteintes auxdroits humains y participèrent, sur une période d’environ 10 semaines etdans 10 villes différentes, en commençant par Rabat, la capitale adminis-trative marocaine. L’IER était présidée par des personnalités au-dessus detout soupçon : son président Driss Benzekri était un ancien opposant degauche ayant passé 17 ans de sa vie en prison et, hormis 3 juges (dont leprésident sahraoui de la Cour d’Appel de Laayoune), tous les commis-saires étaient d’anciens opposants ayant tâté de la prison ou contraints àl’exil sous le règne d’Hassan II.L’une des missions de l’IER était de poursuivre et terminer le travailentrepris de 1999 à 2003 par la Commission d’Arbitrage chargée de déter-miner les indemnisations au profit des victimes et ayants droit dans ledossier des victimes de «disparitions» et de détentions arbitraires. Enoutre, l’IER était chargée d’offrir d’autres formes de réparation auxvictimes, afin de permettre leur réadaptation et leur réinsertion dans lasociété, et de proposer des mesures propres à empêcher toutes nouvelles

atteintes aux droits humains. Pour se faire une idée du traumatismelaissé par les «années de plomb», la Commission d’Arbitrage reçut plus de16 000 demandes individuelles de réparation.L’autre mission de la Commission était d’établir ce qu’étaient devenuesplusieurs centaines de personnes «disparues» au cours de ces quatredécennies et de déterminer, pour celles qui étaient mortes en détention,où se trouvaient leurs dépouilles. En avril 2005, la Commission a renducompte de ses travaux dans un rapport.Les travaux et les compétences de la Commission furent cependant sérieu-sement limités par des statuts qui excluaient catégoriquement touteidentification nominative des personnes responsables, ainsi que toute pour-suite pénale. En conséquence, en novembre 2004, le Comité des droits del’Homme des Nations unies s’était déclaré «préoccupé» par le fait qu’aucunemesure ne prévoirait la comparution ultérieure en justice des responsa-bles des «disparitions».Au terme de deux ans d’auditions et après une longue période de rédac-tion d’un rapport soumis à un arbitrage politique entre le roi MohammedVI, le gouvernement et l’IER, le rapport en question fut présenté par le roi.En gros, le discours royal insistait sur une double condition : d’une part,l’octroi de réparations de diverses natures aux victimes des «années deplomb» et à leurs ayant droits ; d’autre part, le respect du «changement dansla continuité», c’est-à-dire l’interdiction de poursuivre en justice des officiersou des fonctionnaires qui avaient travaillé de concert avec son père, le roiMohammed VI.Dans ces conditions, bien qu’introduisant une rupture salutaire et non-violente dans la culture de l’impunité et de l’amnésie institutionnelle quicaractérise la plupart des régimes politiques du Maghreb et du Moyen-Orient, l’IER s’est néanmoins arrêtée au milieu du gué. Certes, les auditionsont permis que la vérité soit dite et 9 000 personnes ont été identifiéescomme bénéficiaires de réparations. Mais, contrairement à ses engage-ments internationaux, le Maroc a de facto décrété une amnistie généraleen n’instruisant pas judiciairement les crimes de guerre et contre l’huma-nité perpétrés durant les quatre décennies du règne d’Hassan II. La véritéa été dite, mais elle restera impunie. e P.F.

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MAROC

ÉQUITÉ ET RÉCONCILIATION,UNE INITIATIVE LIMITÉEUne Instance Équité et Réconciliation (IER) a été instituée par lesautorités marocaines en janvier 2004. Il s’agissait de faire la lumièresur les «disparitions» et les détentions arbitraires survenues sous lelong règne du roi Hassan II, entre son accession au pouvoir en 1956 etsa mort en 1999.

j

Des proches devictimes de larépression exercéesous le règne du roiHassan II sont reçuspar le roi MohammadVI avant qu’il n’exposeles conclusions durapport de l’InstanceÉthique etRéconciliation. Rabat,janvier 2006.

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M O U V E M E N T

Qu’est-ce qui t’a fait adhérer àAmnesty ?Je suis à Amnesty depuis que j’ai

l’âge de raison. C’est le choc que j’ai ressentiau moment du coup d’État au Chili qui està l’origine de mon engagement en faveurdes droits humains. Puis j’ai commencé àeffectuer des traductions pour la sectionfrançaise d’AI (je suis française), lorsquej’étais étudiante à l’université. Ensuite, jesuis allée à Londres pour suivre ma forma-tion d’interprète de conférence et j’ai fait unpeu d’interprétation bénévole pour le Secré-tariat international (SI). Un mariage en Italie,et enfin la Belgique où je suis venuetravailler pour les institutions européennes.C’est alors que j’ai eu envie de faire davan-tage qu’écrire les lettres du mois et payer macotisation. J’ai adhéré à un groupe local qui s’occupaitessentiellement de l’Amérique latine et duMexique car je connais l’espagnol. J’aitravaillé sur le Mexique et la Colombie ausein du groupe, et, lorsque la fonction deresponsable de la Coordination Andin Nordest devenue vacante, je l’ai reprise. Bref,c’est en Belgique, il y a neuf ans, que je suisvraiment devenue militante. Et c’est monaction au sein d’un groupe local qui m’aconduite à devenir coordinatrice, et nonl’inverse.

Connaissais-tu déjà la situation enColombie ?Un tout petit peu. Mais petit à petit, endeux ans, au travers des actions que je rece-vais de Londres et que je devais transmettreaux groupes travaillant sur les cas colom-biens (c’était l’époque des photocopies…),j’ai appris. Enfin, parce qu’une coordina-tion d’AIBF, ça ne fait pas beaucoup demonde, j’ai aussi beaucoup appris entravaillant avec d’autres ONG au sein de laCoordination belge pour la Colombie,comme les Brigades pour la Paix, Entraideet Fraternité, etc., ou en rencontrant et enaidant les nombreux Colombiens réfugiésen Belgique.

Cette Coordination, ce n’est pas seule-ment la Colombie…Non, bien entendu. Et j’ai la chance d’avoirun très bon co-équipier, Claudio Guthmann.La Coordination Andin Nord, c’est égale-ment le Venezuela et l’Équateur. Sur leVenezuela, nous n’avons pas beaucoup d’ac-tions, si ce n’est sur les abus dans lescommissariats de police. Sur l’Équateur,nous suivons en particulier le combat desIndiens Sarayacu, communauté indigènequi résiste depuis plusieurs années à l’instal-lation sur son territoire de grandescompagnies pétrolières.

Pour revenir à la Colombie, la Belgiqueaccorde-t-elle encore facilement l’asileaux Colombiens? Et selon quels critères?Oui, même s’il est important de continuerà convaincre les autorités belges que,contrairement à ce que dit le gouvernementUribe, la situation ne s’est pas améliorée. Lesréfugiés ont tous été menacés directementou indirectement par la violence exercéesur leur famille par les militaires, les para-militaires ou par la guérilla, les FARCnotamment. Les groupes paramilitairessont sans doute les plus violents car ilspeuvent exterminer une famille entièrepour intimider un seul de ses membres. LaCoordination s’efforce dès lors d’aider lesavocats à étayer le dossier de demanded’asile du réfugié, en mettant à leur dispo-sition les rapports d’Amnesty et les actionsurgentes correspondant à la situation vécuepar leur client.

Ce travail de documentation a-t-il unimpact ?Oui, les actions urgentes par exemple, entissant un tissu de présomptions et «en illus-trant» de manière concrète une situationdonnée, donnent de la cohérence auxdemandes d’asile. Et les rapports, évidem-ment. Ce fut le cas dans les années 90, lorsde l’affaire de l’Hacienda Bellacruz, où despaysans furent massacrés, expulsés de leursterres par des paramilitaires, et leurs

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FORMATIONS 2007

Envie de suivre une formation sur Amnesty avant les vacancesd’été ?Voici le programme!

Mission et fonctionnement12/05 de 09h30 à 16h30 BXLParler de la peine de mort09/06 de 10h00 à 15h00 BXLDécouvrir Amnesty14/06 de 19h00 à 22h00 BXLLes violences conjugales16/06 de 10h00 à 16h30 BXLDécouvrir Amnesty16/06 de 09h30 à 12h30 LuxembourgHomosexualité et droits humains30/06 de 10h00 à 16h30 BXL

Pour vous inscrire à un ou plusieurs module(s) et consulter l’entiè-reté de notre catalogue 2007, rendez-vous sur notre site Internet àl’adresse suivante : http://www.amnesty.be/formationsAttention ! La formation «Prendre la parole en public» prévue pourles 2 et 3 juin, mentionnée sur le site, est déjà complète.Pour tout renseignement, n’hésitez pas à nous contacter par e-mailà l’adresse [email protected] ou par téléphone au 02 538 81 77, depréférence les mercredi, jeudi et vendredi. e

CERCLE BENENSONÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ : LE RÔLE DES MÉDIASDans une société de communication en plein essor, les informa-tions sont nombreuses et le tri entre celles-ci n’est pas toujoursévident à effectuer. Le rôle éducatif des médias semble disparaître faceaux priorités économiques et aux pressions de l’audimat. Les médiaspeuvent-ils maintenir leur rôle «d’éducateur à la citoyenneté» sansse mettre en danger financièrement? De quels moyens disposent-ilspour remplir un rôle éducatif ?Béatrice Delvaux, rédactrice en chef du journal Le Soir.Jean-Jacques Jespers, journaliste à la RTBF pendant 33 ans. Depuis1980, il enseigne au Département des Sciences de l’Information etde la Communication de l’ULB.Jean-Pierre Jacqmin, chef de la rédaction des émissions d’informa-tions de La Première RTBF, en particulier de L’invité de Matin Première.Philippe Roussel, rédacteur en chef télé et directeur de la Rédactionde RTL-TVI. Chef d’information de LCI (La Chaîne Info) à Paris avantde rejoindre RTL en 1998. eLieu : Théâtre Poème, rue d’Écosse 30, 1060 BruxellesEntrée : 5€ (adultes) 2€ (étudiants et demandeurs d’emploi)Réservation souhaitée au 02 538 81 77 ou [email protected]

RWANDARFOURLe dimanche 29 avril, à l’occasion de la Journée mondiale de solida-rité avec le Darfour et à l’initiative d’Amnesty International, denombreuses associations ont organisé un «die-in» dans la reconstitu-tion d’un village dévasté par la guerre.Au Darfour, les massacres se poursuivent et la violence s’étend auxpays voisins, dont le Tchad. Depuis 2003, plus de 200 000 personnesont été tuées, des milliers de femmes violées et des centaines demilliers de personnes ont été déplacées. Le gouvernement soudanaisest responsable, du fait de sa complicité avec les Janjawid et de sonmanque de volonté d’établir la paix. L’Union africaine et le Conseilde sécurité des Nations unies doivent se donner les moyens effi-caces et énergiques pour établir la paix et protéger les populationsciviles. e

G R O S P L A N

«TROUVER SA PLACEET CONQUÉRIR SONESPACE»Amnesty International Belgique Francophone, ce sont des membres, desdonateurs, des militants, des groupes locaux, des régionales et descoordinations. Ces dernières jouent un rôle essentiel dans l’organisation et ladiffusion d’informations et d’actions liées à des thématiques ou à des zonesgéographiques.Ce mois-ci, rencontre avec Annie Bougault de Benedictis, responsable (sortante)de la Coordination Andin Nord (Pays andins du Nord : Équateur, Venezuela etsurtout Colombie, pays prioritaire).

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Annie Bougault de Benedictis, coordinatrice Andin Nord. Bruxelles, avril 2007. © Bruno Brioni

récoltes et leurs biens brûlés sur ordre de lafamille de l’ambassadeur de l’époque enBelgique, Carlos Arturo Marulanda ! Legouvernement belge a d’ailleurs exigé ledépart de l’ambassadeur et contribué àfinancer la réinstallation des familles survi-vantes.

Concrètement, en quoi consiste tontravail ?Premièrement, au niveau de la section, un«coordinateur-pays» doit diffuser l’informa-tion sur le pays en question et, inversement,le Secrétariat national doit lui fournir lesoutien logistique nécessaire pour sesactions. Mais bien sûr, la Colombie n’estpas le seul pays sur lequel travaille Amnestyet n’est pas davantage le seul pays priori-taire. Ainsi, être en charge d’uneCoordination consiste aussi à se battre pourimposer «son» pays dans le travail de lasection, se faire une place en quelque sorteet faire comprendre les actions que l’onessaie de mener. Deuxièmement, il y a le contact constantavec le SI, à Londres. Nous avons la chance,pour notre part, de pouvoir compter surune excellente équipe de chercheurs, desgens qui font un travail formidable et appor-tent un soutien essentiel. Je les voisrégulièrement quand ils sont de passage àBruxelles. Troisièmement, le coordinateur reçoit lesactions et les informations préparées àLondres et les distribue ensuite aux 13 ou 14groupes locaux qui ont choisi de travaillersur la Colombie. Il faut «adapter» les actionsau contexte belge – transmettre parexemple les adresses des parlementairesbelges que l’on sait intéressés par laColombie et motiver les groupes et lasection à travailler toujours plus sur ce pays. Quatrièmement, il y a évidemment tout letravail de lobbying auprès des autoritésbelges (ministère des Affaires étrangères), del’ambassade, un travail réalisé en coordi-nation avec la responsable du lobbying au

Secrétariat national. Enfin, il y a toutsimplement les contacts avec les journa-listes, les étudiants, ces derniers étantparticulièrement sensibilisés par laColombie.

D’un point de vue «profane», laColombie, il y a quinze ans, c’était untraitement médiatique par le prisme dela violence entre narcotrafiquants etautorités, tandis qu’aujourd’hui, lethème «porteur», ce sont les prisesd’otages.C’est vrai que, si l’impact médiatique de laColombie peut sembler faciliter quelque peule travail de sensibilisation, ces prismes sontparfois plutôt réducteurs et ne donnent pasune image complète. Fort heureusement,Londres envoie d’excellents documents etdes analyses précises. J’ai toujours privilégié,dans mon travail de coordinatrice, le point devue des défenseurs des droits humains, lessyndicalistes, les mouvements indigènes…ceux-ci sont d’ailleurs en train de disparaîtreen Colombie.

En neuf années de Coordination, quelschangements as-tu observés ?On ne peut pas dire qu’il y ait une amélio-ration… Il y a quelque temps, je suisdescendue dans les caves du SN pour recher-cher une action urgente des années 70. Enfeuilletant les centaines d’AU de l’époque,j’ai eu l’impression que les problèmesétaient exactement les mêmes que ceux quenous traitons aujourd’hui. Cela m’a profon-dément découragée… pendant quelquesheures ! Il y a peut-être une petite note positivecependant, une infime lueur d’espoir dansle chaos politique colombien, c’est cettenouvelle force politique, le pôle démocra-tique, une alliance de forces que l’on peutqualifier de gauche ou progressistes, quisemble se développer. Mais c’est à prendreavec beaucoup de prudence. e Proposrecueillis par P. F.

M O U V E M E N T

Libertés ! Mai 2007 11

LES COORDINATIONS

Les coordinateurs-pays sont des membres expérimentés d’AIBF,

responsables pour un pays ou un groupe de pays. Ils conseillent les

groupes locaux, font du lobbying politique et du travail auprès de la

presse. Ils conseillent la section lors des campagnes sur le pays en

question.

AFRIQUE

GRANDS LACSBurundi , République démocratique du Congo, RwandaAndré DE BOECK — [email protected] WILLAME — [email protected] DE L’OUESTBénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Libéria,Sierra Leone, Mali, Mauritanie, NigerRotraud SCHARF — [email protected] ROSSEEL — [email protected]ÉRIQUES

PAYS ANDINS SUDPérouAnne-Françoise MOFFROID — [email protected] MOERENHOUT — [email protected], BolivieCécile ROLIN — [email protected] ANDINS NORDColombie, Venezuela, ÉquateurAnnie BOUGAULT DE BENEDICTIS — [email protected] GUTHMANNAMÉRIQUE CENTRALE (CASA)Guatemala, Mexique, El Salvador, Nicaragua, Panama, Costa RicaNancy CANO — [email protected] ALEIX — [email protected]ésilFrançois GRAAS — [email protected]ÉTATS-UNISFrançoise DIERYCK — [email protected] MIEGE — [email protected] CARDINAL — [email protected]ÏBESCubaMarta ARPIO — [email protected]ïtiDanièle JANSSEN — [email protected]

MYANMARJean NIZET — [email protected] BUYSE — [email protected] DETIENNE — [email protected] INDERaymonde CHARLIER — [email protected] DE MEES — [email protected]éodora LOZANOVA — [email protected]

TURQUIEJenny VANDERLINDEN — [email protected] HOOFD — [email protected] VANDOREN — [email protected] ECTOR — [email protected] ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

PAYS DU GOLFEArabie Saoudite, Bahrein, Émirats arabes unis, Irak, Iran, Koweït,Oman, Qatar, YémenEmile FRANCK — [email protected]ÉRIEIsabelle DUROY — [email protected]ÉGYPTE / LIBYEJean-Marie KAIRIS — [email protected], SYRIE, LIBANSophie AUJEAN — [email protected]ËL, TERRITOIRES OCCUPÉS ET AUTORITÉ PALESTINIENNE(ITOP)Jean-Jules DOCQUIR — [email protected] LITT — [email protected]

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Les députésfédéraux, lorsd’une desdernièresséancesplénières de laChambre desReprésentantsavant ladissolution duParlement etles législativesdu 10 juin.Bruxelles, avril2007. © Belga / AudeVanlathem

12 Libertés ! Mai 2007

Le 10 juin, plus de 7 millions d’électeurs belgesrenouvelleront la Chambre des Représentantset le Sénat. L’occasion pour Amnesty Interna-

tional Belgique Francophone (AIBF) et AmnestyInternational Vlaanderen (AIBF) d’adresser leurs recom-mandations aux partis politiques du nord et du sud dupays.La reconnaissance légale que chaque être humainpeut revendiquer de façon inconditionnelle un certainnombre de droits fondamentaux est l’un des plusgrands acquis du précédent millénaire. Les droitshumains sont ancrés dans la Constitution et dans leslois belges. Ils sont également protégés par la Chartedes Nations unies, par les traités élaborés à l’ONU, auConseil de l’Europe et à l’Union européenne (UE). Bref,ces droits sont le pilier et la condition sine qua non dela démocratie.Adoptés en 1948, les principes de la Déclaration univer-selle des Droits de l’Homme (DUDH) ont été traduits etprécisés juridiquement par de nombreux traités etconventions. Or, depuis quelques années et particuliè-rement depuis l’automne 2001, un certain nombrede ces principes ont été mis à rude épreuve. Dans lecadre de la lutte contre le terrorisme, un certainnombre de démocraties (les plus puissantes, s’entend)remettent en question l’interdiction de la torture(article 5 de la DUDH), l’interdiction de la détentionarbitraire (article 9 de la DUDH) et le droit au procèséquitable (article 10 de la DUDH).Amnesty International demande donc au futurgouvernement belge de rester vigilant par rapport àcette tendance avérée à la régression démocratiqueet de s’y opposer, ce qui requiert du courage politique,des efforts et des moyens.Amnesty espère que ses représentants, à l’instar dece qui s’est passé après les élections de 2003, serontreçus par l’informateur et qu’ils pourront ainsi pesersur la rédaction de l’Accord de Gouvernement et de la

Déclaration gouvernementale qui sera prononcéedevant la Chambre par le nouveau Premier ministre.Certes, durant la dernière législature emmenée par leParti socialiste (PS), le Mouvement réformateur (MR),le Socialistische Partij Anders (SP.A) et les Vlaamse enLiberale Democraten (VLD), la coalition violette n’apas rempli tous les engagements qu’elle avait prisenvers les ONG de défense des droits humains etinscrits dans la Déclaration gouvernementale du14 juillet 2003. À titre d’exemple, on y trouvait la créa-tion d’une Commission belge des Droitsfondamentaux. Ce sujet a été mis à l’étude mais aucunprogrès significatif n’a été enregistré.Néanmoins, le contenu de la Déclaration gouvernemen-tale est important car il permet aux ONG de défense desdroits humains de plus facilement exercer des pres-sions sur le monde politique, ne serait-ce qu’en luirappelant ses engagements écrits et en jouant ainsi lerôle de «mauvaise conscience».Le Mémorandum couvre neuf thématiques : les traitésdes droits humains et la création d’une commissionbelge des droits fondamentaux ; le contrôle ducommerce des armes ; la lutte contre le terrorisme etses effets sur les droits humains; la politique étrangère;l’asile et les migrations ; les violences conjugales ; lesoutien au travail des défenseurs des droits humains ;le système pénitentiaire ; le monde des entreprises.Pour rédiger ce document, nous avons sollicité l’avis descoordinations. Certaines seront frustrées que tous lespays même prioritaires ne soient pas mentionnés,mais les préoccupations qui constituent le socle de lamission d’Amnesty s’y retrouvent. Les thématiquesexposées sont le reflet fidèle du travail quotidien de lasection, tant sur le plan national qu’international. ePour en savoir plus, il suffit de télécharger le Mémo-randum au format PDF sur le site d’AIBF :http://www.amnestyinternational.be/doc/IMG/pdf/memorandum.pdf

M O U V E M E N T

LÉGISLATIVES 2007

UN MÉMORANDUM POURMÉMOIRE ?À l’approche des élections législatives du 10 juin, les deux sections belges d’AmnestyInternational adressent une série de recommandations aux partis politiques.

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur le terrain, fontun travail d’action et de sensibilisation aux droitshumains. Pour vous y joindre, contactez votrerégionale.

SECRÉTARIAT NATIONAL AIBFRue Berckmans 9, 1060 Bruxelles – 02 538 81 77 — Fax : 02 537 37 29 – www.amnesty.beSECRÉTARIAT INTERNATIONALEaston Street 1, London WC1X ODW – United Kingdom –00 44 207 413 5500AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDERENKerkstraat 156, 2060 Antwerpen 6 – 03 271 16 16RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTYBRABANT WALLONJean-Philippe CHENU – chemin de la Terre Franche 13,1470 Genappe – 010 61 37 73 – [email protected] PINXTEREN – Rue de la Flèche 16 A – 1000Bruxelles – 02 513 77 10 – [email protected] OCCIDENTALMyriam DELLACHERIE – rue Basse Couture 20, 7500Tournai 069 22 76 18 – [email protected] ORIENTALNicole GROLET – av. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle071 43 78 40 – [email protected]ÈGEChristiane PIVONT – rue Bellevue 66, 4020 Liège – [email protected] – 04 343 89 76Christine BIKA – Responsable de la gestion de la perma-nence – C/O Bureau régional d’AI – rue Souverain Pont 11,4000 Liège – du lundi au samedi de 13h00 à 17h30 – 04223 05 15LUXEMBOURGDaniel LIBIOULLE – Avenue de la Toison d’Or 26 – 6900Marche en Famenne – 084 31 51 31 – [email protected] VAN GULCK – Rue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe– 071 88 92 51 – [email protected]

COORDINATIONS THÉMATIQUES

Les coordinations thématiques, composées en

général d’une dizaine de membres, travaillent sur un

thème ou auprès d’un secteur spécifique de la

population. Elles conseillent les groupes locaux

travaillant sur leur domaine.

COORDINATION CULTURE

Suzanne WELLES — [email protected] DROITS ÉCONOMIQUES,

SOCIAUX ET CULTURELS (DESC)

Karine PFLÜGER — [email protected] ENTREPRISES BELGES ET

DROITS HUMAINS

Dominique SMEETS — [email protected] ENFANTS

Althea WILLIAMS (ff) — [email protected] LGBT (LESBIENNES, GAYS,

BISEXUELS ET TRANSEXUELS) ET DH

Sassia LETTOUN — [email protected] JURIDIQUE

Nicolas BONBLED — [email protected] MÉDICALE

Eugenia NAVARRO — [email protected] PEINE DE MORT

Victoria GIL CASADO — [email protected]çoise DIERYCK — [email protected] RÉFUGIÉS

Estelle DUBOST (ff) — [email protected] INTERNATIONALE

Ruth SCHMITZ — [email protected] MILITAIRE, SÉCURITÉ, POLICE

Arnaud COLLIGNON — [email protected]

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Libertés ! Mai 2007 13

RECEVOIR LES LETTRES DU MOISVous pouvez recevoir les lettres du mois par e-mail en envoyant directement un e-mail vide à [email protected]

BONNES NOUVELLESDans tous les pays du monde, des gens sont libérésgrâce au travail des membres d’Amnesty. Destémoignages émouvants nous parviennent desprisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrentqu’une action de masse peut avoir des résultats pourun meilleur respect des droits humains.

ÉTATS-UNISOBJECTEUR LIBÉRÉAgustín Aguayo, prisonnier d’opinion, a été libéré le 18 avril. Ilétait détenu dans une prison militaire américaine en Allemagne.En mars 2007, cet infirmier de l’armée américaine avait étécondamné à huit mois d’emprisonnement par un tribunal mili-taire des États-Unis, parce qu’il avait refusé de participer à laguerre en Irak pour des raisons de conscience. Au moment de salibération, les autorités ont considéré qu’il avait déjà purgé sixmois de sa peine, car le temps qu’il a passé en détention enattendant d’être jugé a été pris en compte. Ses avocats ont intro-duit un recours contre sa condamnation et déposé desdocuments auprès d’un tribunal américain pour demander unnouvel examen de l’appel qu’il avait interjeté après que l’arméeait refusé de le rendre à la vie civile, en tant qu’objecteur de cons-cience. e

ARABIE SAOUDITECONDAMNATION À MORT COMMUÉECondamnée à mort pour le meurtre d’un homme qui avait appa-remment tenté d’exercer un chantage sur elle, S., surnommée «lafille de Khamis Mushayt», a été pardonnée par la famille de lavictime. Cette décision a été prise à la suite de l’intervention duroi Abdallah bin Abdul Aziz al Saoud et du prince Sultan BinAbdul Aziz al Saoud, le prince héritier. Dans les affaires demeurtre, en Arabie saoudite, la Charia (loi islamique) prévoit lapossibilité, pour les proches de la victime, de pardonner le ou lacoupable avec ou sans indemnité (principe du qisas ou «répara-tion»), auquel cas la peine de mort est commuée. e

SOUDANAUTONOMISTES RELAXÉSAbulgasim Ahmed Abulgasim, son frère Zakaria et Mukhtar AliAhmed ont été libérés de la prison de Kober, à Khartoum, lacapitale soudanaise, le 28 mars. Aucune charge n’a été retenuecontre eux. Ces trois hommes sont originaires de la région deKuttum (dans le nord du Darfour) et font partie de groupesethniques associés aux groupes armés d’opposition du Darfour.Il semble qu’ils aient été pris pour cibles pour avoir coordonnél’aide financière au MLS, voire soutenu directement ce groupe surle plan financier. Abulgasim Ahmed Abulgasim était à la tête dela Commission de l’ALS sur le partage des richesses lors despourparlers d’Abuja, qui ont débouché sur un accord de paix entrele gouvernement soudanais et une seule des factions de l’ALS, cellede Minni Minawi. e

SOMALILANDJOURNALISTES GRACIÉSLe 29 mars, le président du Somaliland a gracié par décret YusufAbdi Gabobe, Ali Abdi Dini et Mohamed Omar Sheikh Ibrahim,journalistes du réseau Haatuf. Les trois hommes ont été libérés dela prison de Mandera, où ils purgeaient des peines allant de 24à 29 mois, après avoir été déclarés coupables, le 4 mars, d’avoir«diffusé de fausses informations sur le gouvernement, discrédité le prési-dent et sa famille et créé des tensions intercommunautaires». Unquatrième journaliste de Haatuf, qui avait été jugé par contumaceet déclaré coupable des mêmes faits, a lui aussi été gracié. e

OPÉRATION COURAGE MAI 2007

ÉCRIVEZ DIRECTEMENTAUX VICTIMESIl n’est pas question ici d’écrire des lettres parfois trop impersonnelles à desautorités ronronnant de leurs titres pompeux. Au contraire, nous vousdemandons d’écrire aux victimes, d’y mettre votre sensibilité personnelle (touten respectant certaines règles) et de les encourager par un message d’espoir, desoutien ou de réconfort.

A C T I O N

En 2002, lors d’incidents séparés, InesFernandez Ortega et ValentinaRosendo Cantu ont été interrogées

par des soldats et, par la suite, ceux-ci lesauraient violées. Quatre ans plus tard,personne n’a été déféré à la justice. InesFernandez Ortega et Valentina Rosendo Cantuont montré un grand courage en rapportantaux autorités leurs épreuves. Amnesty Inter-national fait campagne pour que justice soitrendue dans les deux cas.Ines Fernandez Ortega, une Indienne Tlapa-neca (Me’phaa) qui parle peu l’espagnol,aurait été violée le 22 mars 2002, pour n’avoirpas répondu aux questions posées par lessoldats qui étaient entrés dans sa maison,située dans la communauté de BarrancaTecuani dans l’État de Guerrero. Ils voulaientqu’elle réponde à des questions concernant dela viande soi-disant volée. Pour sa part Valen-tina Rosendo Cantu, alors âgée de 17 ans,également une Indienne Tlapaneca (Me’phaa),a été abordée le 16 février 2002 près de sondomicile par des soldats qui l’ont questionnéeà propos des activités de certains «hommesencagoulés» (une référence à des groupesarmés d’opposition). Lorsqu’elle réponditqu’elle n’en connaissait aucun, elle a étémenacée et deux soldats l’ont violée. Plus dequatre ans ont passé et personne n’a étédéféré à la justice.

Répondant à des appels émanant de sympathi-sants d’Amnesty International datant dedébut 2006, les autorités mexicaines ontargué du fait que les enquêtes avaient étésabotées par manque de coopération des deuxfemmes. Cependant autant Ines FernandezOrtega que Valentina Rosendo Cantu ontmontré un grand courage en rapportant leursépreuves aux autorités et elles ont étéconfrontées à nombre d’obstacles dans leurquête de justice. Les deux cas sont mainte-nant examinés par la Commissioninteraméricaine des droits humains. (CIADH).

CONTEXTE :Au Mexique, les femmes et les jeunes fillessouffrent de discrimination et de violence dehaut niveau, à la maison et dans la commu-nauté. Les femmes indigènes souffrent dediscriminations à la fois sexuelles et raciales,allant souvent de pair avec la pauvreté. Lesefforts des autorités pour prévenir et punir detels crimes sont souvent inadéquats, malgréune prise de conscience du problème par lepublic. e

MEXIQUE

VIOLS IMPUNIS

CONSIGNES D’ÉCRITURE :– Écrivez des messages simples et

personnalisés de type : «nous espéronsque vous allez bien, ici nous pensons àvous et…».

– Ne faites pas allusion à la situationpolitique du pays ou aux accusationsportées contre les individus.

– Préférez une carte postale mais avecdes motifs, une image neutre(paysage par exemple).

ADRESSE :Inès Fernandez Ortega – ValentinaRosendo Cantuc/o Centro de Derechos Humanos de laMontana Tlachinollan A.C.Calle Mina n° 77, Colonia Centro,CP 411304 TlapaGuerreroMexico

Page 14: MAI 2007 – N°434 – LE MENSUEL D’AMNESTY … · transitions vengeance, justice ou amnÉsie? mai 2007 – n°434 – le mensuel d’amnesty international mouvement gros plan

Trois sœurs laotiennes, Nhia Vue, 12 ans, MaiKer Vue, 14 ans, et Xiong Vue, 16 ans, ont«disparu» depuis le 5 décembre 2005. Elles

se trouvaient parmi les 27 personnes de l’ethnieHmong (22 d’entre elles étaient des enfants) quiavaient été expulsées par les autorités thaïlandaisesvers le Laos, après avoir été arrêtées pour être entréesillégalement en Thaïlande.Jusqu’à leur arrestation, elles avaient vécu avec leurfamille dans un camp de réfugiés dans le village deHuay Nam Khao, où environ 6 000 Hmong du Laoscherchent à échapper à des persécutions de la part desautorités laotiennes. On sait peu de choses sur ce quiest arrivé aux 27 personnes depuis qu’elles ont étédéportées. Leurs parents, Lee Vang et Chang Vue, neles ont plus revues. Les autorités laotiennes n’ont pasdonné de confirmation sur leur lieu de séjour etnient toute responsabilité : elles prétendent les recher-cher par préoccupation humanitaire…Des rapports indiquent que les filles se trouvent dansune prison en dehors de la ville de Paksen dans laprovince de Bolikhamsay, et que les garçons et lesjeunes hommes ont d’abord été détenus à Vientianepuis transférés à Phongsaly dans le nord lointain.Les conditions de détention y seraient très dures. Onpense que certains parmi les déportés ont étémaltraités, certains pourraient avoir été torturés.

CONTEXTE :Les Laotiens de la minorité ethnique Hmong ontcommencé à chercher le statut de réfugiés en Thaï-lande en 2004, et ils sont maintenant 6 500 à vivredans la province de Petchabun. Les autorités thaïlan-daises les considèrent comme des immigrés illégaux,alors que le gouvernement laotien a exprimé desdoutes quant à leur citoyenneté laotienne.En 2005, le Comité des Nations unies pour l’élimina-tion de la discrimination raciale a émis despréoccupations au sujet de la violence à l’encontre dela minorité Hmong, y compris les enfants.Le Laos et la Thaïlande sont parties à la Convention desNations unies pour les droits de l’enfant qui déclare«qu’aucun enfant ne sera séparé de son ou de sesparents contre sa volonté excepté lorsque des autoritéscompétentes sujettes à un contrôle judiciaire détermi-nent, en accord avec la loi et les procéduresapplicables, qu’une telle séparation est nécessairepour l’intérêt supérieur de l’enfant». La convention ditaussi qu’aucun enfant ne sera privé de liberté illéga-lement ou arbitrairement. e

14 Libertés ! Mai 2007

A C T I O N

LAOS

TROIS FILLETTESONT DISPARU

CONSIGNES D’ÉCRITURE :– Écrivez aux parents des trois fillettes

des messages simples et personnalisésde type : «nous espérons que vous allez bien,ici nous pensons à vous et…».

– Ne faites pas allusion à la situationpolitique du pays ou aux accusationsportées contre les individus.

– Préférez une carte postale mais avecdes motifs, une image neutre (paysagepar exemple).

ADRESSE :Lee Vang and Chang Vue,c/o Control command 28th CavalryBattalion,Khao Kho District,Phetchaburn, Thailand

Le Révérend Bienvenido Samba Momesori,pasteur protestant de l’église des Chérubins etdes Séraphins et membre d’un groupe

ethnique de Bioko Island, est détenu depuisoctobre 2003 sans inculpation ni jugement. AmnestyInternational le considère comme un prisonnierd’opinion, arrêté sur base de ses opinions politiquespacifiques connues et de son origine ethnique.Le Révérend Bienvenido Samba Momesori, la cinquan-taine, est marié et a quatre filles et un fils. Auxenvirons de 19h30 le dimanche 26 octobre 2003, il aété arrêté à son église de Malabo, la capitale de laGuinée équatoriale, dans l’île de Bioko. Depuis lors,il est détenu sans inculpation ni jugement. D’aborddétenu au secret, il partage désormais une celluleavec un autre prisonnier d’opinion, Felipe OndoObiang.Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) peutmaintenant lui rendre visite régulièrement. Les visitesde la famille sont autorisées n’importe quand, maisétant donné la distance qui sépare la prison de sondomicile, la famille ne peut venir en visite qu’en-viron tous les cinq mois.

CONTEXTE :C’est la seconde fois que le Révérend Samba est arrêté.Il a été arrêté une première fois en 1998, à la suite d’at-tentats contre des baraques militaires par un petitgroupe de Bubis armés qui demandait l’indépen-dance de Bioko Island. À peu près 500 Bubis ont étéarrêtés, la plupart d’entre eux seulement en raison deleur origine ethnique. La plupart ont été sévèrementtorturés : au moins dix sont morts en détention. Lerévérend Samba avait été condamné après un procèsinéquitable et amnistié en octobre 2002.Le 5 juin 2006, le président Teodoro Obiang NguemaMbasogo a libéré 42 personnes lors d’une amnistiepour marquer son 64e anniversaire. Les bénéficiairesétaient en partie des prisonniers d’opinion et desprisonniers politiques, dont la plupart étaient incar-cérés depuis plus de deux ans sans inculpation nijugement. Amnesty International a salué cetteamnistie, mais elle reste préoccupée par des rapportsindiquant que quelques jours avant le décret d’am-nistie, les prisonniers ont été obligés de signer desdéclarations promettant de ne pas participer à desactivités politiques durant une période de 10 ans. e

GUINÉE ÉQUATORIALE

PASTEUR DÉTENU SANS JUGEMENT

CONSIGNES D’ÉCRITURE ÀL’AVOCAT DE SAMBA MOMESORI :– Écrivez des messages simples et

personnalisés de type : «nous espéronsque vous allez bien, ici nous pensons à vouset…».

– Ne faites pas allusion à la situationpolitique du pays ou aux accusationsportées contre les individus.

– Préférez une carte postale mais avecdes motifs, une image neutre (paysagepar exemple).

ADRESSE DE L’AVOCAT :Fabian Nsuec/o Palacio de JusticiaMalaboEquatorial Guinea

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APRÈS LE DÉLUGE

De la vieille ville chinoise de Fengjie, il nesubsiste plus que quelques pans demurs émergeant de l’eau. Comme toute

cette vallée sur le cours du Yangtsé au centre dela Chine, la ville a été partiellement inondéesuite à la construction du gigantesque barragedes Trois Gorges. Après le très beau The World, lecinéaste chinois Jia Zhang-Ke plante sa caméra dans la ville dévastée pour y suivre les errancesde deux personnages en pleine reconstruction de leur vie personnelle. Han, un placide mineur,débarque de sa province à la recherche de son ex-femme et de sa fille qu’il n’a plus vu depuis16 ans. Obstiné et impassible, il attend son heure en travaillant sur les chantiers de démolitionoù les ouvriers ne peuvent compter que sur leurs masses et leurs muscles pour abattre lesmurs. Shen, une dynamique infirmière, suit les traces de son mari, qui a quitté le domicileconjugal depuis deux ans. Le sort de la ville de Fengjie est à l’image de la marche forcée de laChine vers la modernisation: populations déplacées, administration débordée, paupérisation desuns et enrichissement des autres. Au-delà d’une certaine mélancolie pour ce qui ne reviendrajamais, Still Life n’est pas un film pessimiste ou misérabiliste car, chacun à leur manière, Han etShen font mieux que survivre au milieu d’un tel paysage de désolation, ils veulent prendre leurdestin en main. e Gilles BechetStill Life, de Jia Zhang-Ke, Lion d’Or Festival de Venise 2006, en salle le 9 mai.

L’HORREUR EN120 JOURS

Lunettes noires, gros calibres, attitudesarrogantes, un groupe d’hommes faitirruption dans une maison cossue de

Buenos Aires. Ils terrorisent la femme pourconnaître l’adresse du fils qui sera très rapide-ment emmené vers une grosse villa anonyme. Nous sommes en 1977 alors qu’une dictature brutalea balayé toutes les libertés démocratiques pour asseoir son pouvoir. 30000 opposants ou sympa-thisants seront enlevés par la junte militaire argentine et pour la plupart éliminés sans laisserde traces. Parmi eux, Claudio Tamburrini, arrêté à la suite d’accusations sans fondements, etenfermé dans un centre de détention clandestin dont il s’évadera après 120 jours de tortures etd’humiliations. En adaptant ces faits authentiques au cinéma, le réalisateur, Israel AdrianCaetano a choisi de se concentrer sur les épreuves et la brutalité de la détention. Pudique, il évitede s’attarder sur les sévices, pour insister plutôt sur le délabrement physique et psychologiquequi s’en suit. Filmé caméra à l’épaule avec une image aux textures granuleuses et contrastées,le film s’identifie au calvaire des prisonniers soumis à l’arbitraire de l’horreur et des manipu-lations de leurs bourreaux. Confinées au huis clos de cette villa de l’enfer, les images gagnéespar un jeu formel finissent pourtant par laisser un goût de trop peu. Violence et souffrance s’op-posent comme dans un thriller, dépassant toujours plus loin l’aptitude à la torture comme àl’esprit de survie. Ça s’est passé en Argentine, ça aurait pu être ailleurs. e G.B.Cronica de una fuga, d’Israel Adrian Caetano, sortie le 12 juin.

MORT À MOURMANSK

Que s’est-il réellement passé, le 12 août 2000, en mer de Barents, au nord du Cercle polairearctique? Alors qu’il participait à des manœuvres navales, le «Koursk», fleuron des sous-marins nucléaires russes, explose inexplicablement et coule avec une centaine de

membres d’équipage. L’on sait qu’il restait à bord une vingtaine de survivants qui auraient puêtre sauvés. Pourquoi ne l’ont-ils pas été? Autour de cette tragédie toujours entourée de mystère,l’écrivain Marc Dugain a bâti plusieurs récits et traverse ainsi l’histoire de la Russie du vingtièmesiècle. Car le véritable sujet du roman, c’est le lien invisible entre la révolution d’hier et le libé-ralisme d’aujourd’hui, un lien qui serait l’antisémitisme. Si la Russie ne se débarrasse pas de cefléau, elle ne pourra jamais accéder à la démocratie. Le narrateur Pavel nous conte troishistoires. La première, étonnante, met en scène un Staline vieillissant qui a recours aux soinsd’une guérisseuse, d’origine juive, il le sait, mais qui seule parvient à lui rendre le sommeil. Laseconde dessine le portrait d’un jeune officier du KGB déterminé et cynique, derrière lequel onpeut deviner la figure de Poutine. Enfin la tragédie du «Koursk» dans laquelle périt Vania, le filsdu narrateur. Marc Dugain s’est rendu à Mourmansk et a même séjourné sur l’un de ces mons-tres d’acier, ce qui lui permet de rendre de manière réaliste le récit du naufrage et la mort terribledes marins. De multiples hypothèses ont été évoquées pour déterminer ce qui s’est réellementpassé. Comme le dit Pavel, «dans cette dictature ancrée dans la bureaucratie et le mystère», il faudraun bon siècle avant d’accéder à la vérité. e Suzanne WellesUne exécution ordinaire, de Marc Dugain, Gallimard, 350 p., 19,90€.

A G E N D A

LE 19 JUIN, SOIRÉE DE SOUTIEN ÀAMNESTYLA FLÛTE ENCHANTÉE DE MOZARTÀ LA MONNAIE

Pour clôturer en beauté cette première saison du Cercle PeterBenenson, Amnesty International organise, en collaborationavec le Théâtre Royal de la Monnaie, une représentation de LaFlûte Enchantée (Die Zauberflöte) de Mozart. Créé peu de tempsaprès la révolution française, le dernier opéra de Mozart réaliseune synthèse unique entre les aspirations progressistes d’unepartie de l’intelligentia européeenne et la volonté d’être acces-sible à tous.Le spectacle du 19 juin, pour lequel nous vous invitons àréserver des places dès maintenant, sera mis en scène parWilliam Kentridge et placé sous la direction musicale du chefPiers Maxim. Il sera rehaussé de la présence de BernardFoccroulle, directeur de la Monnaie de 1992 à 2007. eLa représentation débutera à 19h00, et le prix des places a été fixé à 125,95, 80, 50, 25 et 15€.La vente des billets aura lieu uniquement au bureau de réservation de LaMonnaie, Place de la Monnaie, 1000 Bruxelles.Le bureau de réservation est ouvert du mardi au samedi, de 11h00 à 18h00,et il est également possible de réserver en ligne sur le site www.lamonnaie.be, et par téléphone au 070 23 39 39.

LA CUISINE D’ELVISDans cette comédie hilarante etsarcastique, Lee Hall (scénariste deBilly Elliot) évoque les saveurs etfadeurs de la chair dans unefamille anglaise pour le moinsatypique. Jill obsédée par la nourri-ture et la cuisine s’obstine àmitonner des plats pour trouverla recette qui ranimera son légumede père, devenu paralytique suite àun accident de voiture… Du fond deson fauteuil, inerte, Dad rêve dutemps avant l’accident où iltroquait tous les soirs son compas

de géomètre pour le costume d’Elvis… Un King qui reprend dumicro, plus décadent que jamais. La mère, un soupçonnymphomane, un chouïa alcoolique, n’hésite pas à convier àla table familiale son bel et jeune amant superviseur en pâtis-serie… mais c’est sans compter sur la jalousie boulimique de safille… Les répliques cruelles, cinglantes et déjantées virevoltentavec tendresse sur un air de Love me Tender et nous plonge danscet univers truculent, teinté de mauvais goût.Traduction de Frédérique Revuz et Louis-Charles SirjacqMise en scène de Georges Lini assisté de Xavier MailleuxAvec Isabelle Defossé, John Dobrynine, Vincent Lecuyer etLaure VoglaireAdaptations musicales : Laurent Horgnies e

Du 16 au 22 mai et du 26 mai au 2 juin 2007 à 20h30 (relâche les diman-ches et lundis)Réservations : 02/649.17.27 – [email protected] – www.poche.be

Libertés ! Mai 2007 15

C U L T U R E

Page 16: MAI 2007 – N°434 – LE MENSUEL D’AMNESTY … · transitions vengeance, justice ou amnÉsie? mai 2007 – n°434 – le mensuel d’amnesty international mouvement gros plan

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