Obama, Lula, Forum social, dix leçons convergentes

8/9/2019 Obama, Lula, Forum social, dix leons convergentes

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Sgolne Royal

L

ES

ESSAIS

Obama,

Lula,

Forum

social,dixleonsconvergentes

Obama, Lula,Forum social,dix leons

convergentes


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Obama, Lula,Forum social,

dix leons convergentes

Sgolne Royal


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S O M M A I R E

Introduction ............................................................................. 5

Belm, cest beaucoup plus srieux que Davos ! ..................... 6

Un diagnostic partag .............................................................. 11

Biens communs publics : une ide qui progresse .................... 15

Ltat nest pas le problmemais une partie de la solution .................................................. 18

Efficacit conomique et justice sociale :un couple insparable .............................................................. 22

Croissance verte :les tournants brsilien et amricain ......................................... 26

Dmocratie participative : une nouvelle culture politiqueet une condition de lefficacit publique ................................. 33

Deux nations rconcilies avec elles-mmes .............................. 39Nous ne voulons plus dingrences ! .......................................... 50

Questions de murs politiques et dalliances ............................ 58

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OBAMA, LULA, FORUM SOCIAL, DIX LEONS CONVERGENTES

Sgolne Royal est prsidente de la Rgion Poitou-Charentes depuis 2004.Le 22 avril 2007, elle est la premire femme accder au second tourd'une lection prsidentielle en France.

Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment Femme debout, avecFranoise Degois (Denol, fvrier 2009) ; Si la gauche veut des ides, avecAlain Touraine (Grasset, juillet 2008) ; Ma plus belle histoire, cest vous(Grasset, dcembre 2007) ;Maintenant (Hachette Littratures, mars 2007).


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I N T R O D U C T I O N

Les hasards du calendrier ont fait se succder en janvierdeux vnements majeurs que jai voulu vivre sur place etdont, sur fond de crise globale, les leons convergentesme frappent : linvestiture de Barack Obama et le Forum

social mondial de Belm, loccasion duquel jai gale-ment rencontr le Prsident Lula.

J'ai vu, dans la capitale amricaine, limmense mobilisa-tion populaire et lesprance qui unissait fraternellementdes Amricains de toutes origines, de toutes conditions,de tous ges ; leur fiert davoir contribu largirlunivers des possibles. J'ai vu, Belm, lexceptionnelleparticipation ce Forum social de retour au Brsil :130 000 citoyens engags de 142 nations, 3 000 Indiensde tous les pays qui ont lAmazonie en partage, la forte

Ce qui chappe aux cyniques,

cest que le sol sest drob sous leurs pieds.

(Barack Obama, discours dinvestiture,20 janvier 2009, Washington)

Nous navons pas t choisis par llite.

(Luiz Inacio Lula da Silva, meeting des cinq prsidentslatino-amricains, 29 janvier 2009, Belm)


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Pour lui, elle a toutes les qualits requises mais doit enconvaincre le peuple brsilien .

Hier encore, messianiques ou cyniques, les arrogantsdonneurs de leons de Davos moquaient les mises engarde des altermondialistes et nous vantaient les charmesde ltat minimal, de la politique rduite au rle dauxiliairedu business, de labaissement des protections sociales, duproductivisme prdateur et des prouesses des traders.Les voil contraints den appeler piteusement ltat

ambulancier. Filant la mtaphore de La montagne magiqueet du sanatorium immortaliss par Thomas Mann, lesttes pensantes de Davos prtendaient cette anne fairede leur luxueux rendez-vous linfirmerie dun mondemalade de la crise. Ils nont fait que constater les dgts,redouter que le pire, portant dans ses flancs la rvoltesociale, soit encore venir et rduire de 30 % leurconsommation de champagne.

Belm fut non seulement plus srieux mais plus cratif etplus stimulant que Davos. Il est vrai quen 2009 ils ont

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prsence des dlgations franaises. J'ai vu ces jeunes sinombreux, rtifs aux injustices et conscients dhabiter unmonde commun, assoiffs de politique en phase avec sontemps. Jai vu la richesse des tmoignages et des expriencesclairant trois grands thmes transversaux : justicesociale, dveloppement durable et dmocratie participa-tive. Jai vu discuter ensemble toutes les gauches que lonappelle l-bas utopistes, rvolutionnaires et rformistes car, comme la rappel lune des figures historiques duForum social, ce qui nous rassemble est plus fort que ce

qui nous spare .

Belm, cest beaucoup plus srieuxque Davos !

Cest lune des premires choses que ma dites lePrsident Lula lorsque nous nous sommes rencontrs. Ilma ensuite prsent Dilma Rousseff, qui exerce ses ctsdes fonctions proches de celles dun Premier ministre et asa prfrence pour les lections prsidentielles de 2010.

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perdu de leur superbe, ceux qui faisaient de la main invi-sible du march et de la destruction cratrice chre

Schumpeter lhorizon indpassable de lhumanit. Landernier, lun des vice-prsidents dAIG plastronnait enaffirmant que les fondamentaux de lconomie taientsains, forcment sains, et son groupe promis un avenirradieux ; ctait avant de recevoir en catastrophe 173 mil-liards de dollars du contribuable amricain ! Pas ques-tion, pour autant, dbaucher lombre dune autocritique :ni responsable, ni coupable, seulement victime, comme il

la dit, dune crise systmique , faon commode denaturaliser la faillite sans battre sa coulpe. On dit quecette anne les banquiers ont fait preuve, dans la stationsuisse, dune discrtion exquise : Ils ne sortent que lanuit , remarquait ironiquement un participant. PourNouriel Roubini, le docteur Doom , qui fut lun desrares conomistes tirer la sonnette dalarme ds 2006,le climat dpressif du dernier World Economic Forumtenait cette ralit simple : Ils sont passs de lavidit la peur. Assez peu mondial, dailleurs, ce forum duGotha dont lAfrique a t quasi totalement absente et

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auquel les pays mergents nont, pour la plupart, dlguquun petit nombre de reprsentants.

On y vit, chose inimaginable il y a peu, un appel au rem-boursement des bonus de Wall Street chaudementapplaudi et John Neill, patron dUnipart, acclamlorsquil suggra que les banquiers soient punis commeces industriels qui mettent des produits toxiques encirculation sur le march. On y entendit le fondateur dufonds deprivate equity KKR confesser benotement que,

si nous en sommes arrivs l, cest que nous nous sommestrop focaliss sur le profit . Certains se sont souvenus, sansfiert excessive, quil ny a pas si longtemps une grandebanque illustrait lune de ses publications en reprsentantAlan Greenspan sous les traits du Dieu de Michel-Angeinsufflant aux marchs leur force vitale

Il semble que la seule lueur despoir, dans cette ambiancemorose, soit venue dun chercheur isralien enseignant Lausanne, trs vers dans ltude des synapses et desneurones. A l'en croire, la modlisation informatique et la


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Comme la remarqu Chico Whitaker, lun des fondateursdu Forum social en 2001, le nolibralisme nest pas

encore mort et peut avoir plusieurs vies . Beaucoup lontdit Belm : ce quil nous faut, ce nest pas seulement unemoralisation superficielle des comportements dans lessphres dirigeantes, assortie de quelques techniques dergulation plus efficaces : cest un nouveau paradigme .

Un diagnostic partag

Dans les deux Amriques, chacun le dit avec ses mots,son histoire, sa culture, mais le constat est partag : au-del de lirresponsabilit des responsables (politiques,conomiques, financiers) qui ont laiss faire et profit

jusqu plus soif, ce qui est aujourdhui en cause, ce nesont pas des drapages , cest la nocivit et la dangero-sit dun systme fond, comme la soulign BarackObama, sur une conception trique de lintrt indivi-duel et du profit court terme . Dans son discours din-

vestiture, il a imput la brutale leon administre par un

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reconfiguration du cerveau pourraient, aux alentours de2030 et avec laide dun bon ordinateur, nous permettre

de corriger la source ces humaines dfaillances fauteusesde dsordres mondiaux. Le clonage virtuel, mdicationsur mesure pour hmisphres gauche et droit atteints delaisser-fairisme aigu ?

Grand-messe funraire , dsespoir palpable , deuil des ides reues de ces trente dernires annes , crainte et anxit , beaucoup de brouillard et pas de

boussole : pour nombre dditorialistes et de partici-pants, lhumeur, Davos, tait lugubre car, comme on ledit aux tats-Unis, grand-mre na jamais vu a !

Le Prsident Lula a raison : cest ailleurs que sbauchentles rponses dont le monde a besoin. Il ne semble pas quele gouvernement franais sen soit avis, reprsent Davospar quatre ministres mais absent de Belm. Attention, pour-tant, car sils en rabattent, ils nont pas renonc. Lhistoirenous lenseigne : ce qui nest pas remplac tend renatre,ft-ce au prix de quelques concessions cosmtiques.

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Le Forum social de Belm ne prtendait pas apporterde solutions clefs en mains, mais proposer dautres prin-cipes daction, ouvrir de nouvelles pistes et montrer,expriences concrtes lappui, que dautres voies sontpossibles. De ce point de vue, je trouve remarquableque, pour la premire fois, un forum Science etDmocratie ait prcd louverture proprement dite duForum social. Car ce sont aussi nos manires danalyserla socit et, ce faisant, de construire la ralit socialequil faut interroger et faire voluer. Cela vaut, on le voit

aujourdhui, pour une certaine science conomiquequi, force de se vouloir exacte et argument d'autorit, force de trop en pincer pour les modles conomtri-ques et la sophistication sans fin de la mathmatiquefinancire, ne fut souvent que la caution scientiste duneidologie de lautorgulation dsormais en droute. Cela

vaut aussi pour les autres disciplines, et plus encore pourcette tendance impnitente au monopole de lexpertisequi prtend tenir les controverses scientifiques et tech-nologiques labri du dbat public et de ce tiers intem-pestif : le profane, le citoyen.

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march devenu incontrlable notre chec collectif faire des choix difficiles .

Lula ne dit pas autre chose quand il stigmatise cetteconomie de casino . Ou Tarso Genro, son ministre dela Justice, lorsquil mexplique quil faut opposer unnouveau projet de civilisation la dshumanisation bru-tale de la globalisation prdatrice . Ou encore cet appellanc lissue du Forum social par des ONG, sign par laConfdration internationale des syndicats et le Conseil

mondial des glises, qui prconise de remettre lafinance sa place pour sortir dun systme en crise otout se tient, commencer par trente ans de transferts derevenus au bnfice du capital et au dtriment du travail.

Tous disent l'urgence dun modle alternatif de dvelop-pement qui assure la prminence de lintrt gnral surles intrts particuliers et sur la loi du plus fort. Un nouveaumodle dont le critre ne soit plus la boulimie financire dequelques-uns, mais le dveloppement humain et la viedigne laquelle chacun a droit.

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Ce sont bien nos raisons et nos faons, inextricablementlies, quil faut passer au crible dune critique dcapante,pour repenser de fond en comble le pilotage des socitscomplexes et interdpendantes qui sont les ntres. Car letemps nest plus, chacun en convient, o les difficultsdes uns pouvaient tre compenses par le dynamisme desautres : la consommation occidentale contre la crise asia-tique de 1997 ou la vitalit des pays mergents contre lcla-tement de la bulle Internet en 2002. Nous sommes, comme

jamais auparavant, tous embarqus dans le mme bateau et

tous exposs aux contagions rapides de nos conomiesrespectives. Ce nest donc pas coups de repentancessuperficielles ou de repltrages courte vue que nousenrayerons, chacun pour soi, la course erratique dune crisequi npargne aucun territoire. DObama Lula en passantpar le Forum de Belm que le prsident brsilien qualifieamicalement de grand supermarch idologique dont lemrite est duniversaliser les questions et les exp-riences , tous le disent : c'est bien la racine quensembleil faut reprendre les choses, partir dautres valeurs et duneautre conception du rle de la puissance publique. En

dpassant ce que le prsident amricain a appel, le jour deson investiture, ces dbats culs qui nous consumentdepuis si longtemps . En sarrachant, dans la foule, ceque Gramsci nommait jadis la viscosit des habitudes .

Biens communs publics :une ide qui progresse

La privatisation effrne des services publics et la mar-

chandisation croissante de tous les domaines de lexis-tence nont eu nulle part les effets vertueux que promet-taient leurs partisans. Il y a plusieurs annes, RicardoPetrella, lun des penseurs stimulants de laltermondia-lisme, a thoris la notion de biens publics mondiaux ,applicable par exemple leau potable, la sant, ldu-cation, lenvironnement, tous domaines justiciablesdautres logiques que celles de lappropriation prive.

Les sachants, alors, ricanaient : qui mieux que le marchsans entraves pouvait valoriser ces domaines et en faire

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profiter le plus grand nombre ? On a vu ! Non pas le miracledune concurrence pure et parfaite tendant ses bienfaits la plante entire, non pas labaissement des cots daccs des biens fondamentaux qui devraient tre le patrimoinecommun de lhumanit, mais, trs souvent, leur renchrisse-ment, les ententes tarifaires et lexclusion de ceux qui nontpas les moyens dacquitter les nouveaux pages. On a vu lesagriculteurs ligots par les semenciers et les grandes entre-prises promptes breveter tout le vivant. Un exemple parmibien dautres : les prix pratiqus sur les mdicaments par les

trusts pharmaceutiques ont bafou le droit la sant etcondamn les malades du sida dans les pays du Sud ; cest laraison du bras de fer homrique qui a oppos le Brsil auxgrands laboratoires, et de son engagement dans la fabricationde gnriques qui en fait aujourdhui, avec le renfort dauda-cieuses politiques de prvention, un pays exemplaire enmatire de lutte contre cette pandmie. Le Prsident Lulama dailleurs annonc que son pays allait construire auMozambique une usine de fabrication de gnriques destination des malades africains. Le Forum social a abon-damment dbattu de laccs ces biens communs dont

certains pourraient faire lobjet de financements issus dunefiscalit mondiale encore balbutiante.

Quand Barack Obama promet de sattaquer aux ingalitsdevant la sant et lducation ou quand Ana Julia Carepa,gouverneure de ltat amazonien du Par, me parle desmesures contraignantes prises pour protger la biodiver-sit amazonienne et valoriser la fort debout , ilstmoignent de cette commune conviction : il est desdomaines vitaux qui doivent tre soustraits aux diktats

exclusifs des intrts privs et du profit court terme.

Comme le disent de longues dates les altermondialistes, nos vies valent plus que leurs profits , ce qui, pour moi,ne signifie videmment pas que tout profit soit illgitime,mais que ce nest pas laune de la rentabilit marchandeque doivent sapprcier les droits fondamentaux garantir.En 2009, du nord au sud, lide de biens communs delhumanit, objets dune responsabilit collective (le sensoriginel de solidarit ), a le vent en poupe, et cest,pour le monde, une bonne nouvelle.

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la France et lEurope peinent mobiliser 1,5 % de leurrichesse produite. Ce qui frappe, dans les propos et lesactes du prsident amricain, cest le rle dsormaisstratgique de la puissance publique. Limportant, a-t-ilsouvent dit, nest pas de savoir si ltat est trop gros outrop maigre, mais sil remplit correctement ses missions.Cest pourquoi, ajoute-t-il, nous arrterons ce qui ne marchepas et dvelopperons ce qui marche, y compris en recru-tant les fonctionnaires qualifis dont nous avons besoinpour accompagner et contrler les investissements et les

programmes publics que nous lancerons. Affaiblis enFrance, les services publics renaissent au pays o ladroite prtendit sen passer au nom de la lutte contre labureaucratie fdrale et de labandon du bien communaux intrts particuliers.

Au Brsil, llection puis la rlection du Prsident Lulaont aussi signifi un vote pour un nouveau volontarismepolitique prenant bras-le-corps la question sociale.Le Brsil, tout en se mobilisant pour retrouver laconfiance des investisseurs (rtablissement de sa balance

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Ltat nest pas le problmemais une partie de la solution

Qui et cru que lon discuterait aujourdhui aux tats-Unis de la nationalisation temporaire des banques ? Quiaurait pu imaginer que ltat amricain plafonnerait dau-torit les rmunrations des plus hauts dirigeants desentreprises aides par la puissance publique ? laube dela rvolution conservatrice, Ronald Reagan dsignait le cou-pable : ltat. laube dun possible post-libralisme qui

ne se contente pas de panser les plaies et dattnuer leschocs (ce qui, vu de France, serait toutefois apprcia-ble !), cest la volont politique de reprendre la main. Cenest pas dtat brancardier mais dtat anticipateur,porteur dune vision long terme de lintrt gnral, queles pays malmens par la crise ont imprieusementbesoin pour sen sortir et surtout ne pas y retomber.

Cest une des significations majeures de la victoiredObama et de son plan de relance nergique, auquel lestats-Unis vont consacrer 5,6 % de leur PIB alors que

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den payer le plus violemment le prix : pauvres des paysriches et nations du Sud. Fort de sa puissance ascendanteet de ses russites, le Brsil entend bien contribuer llaboration dun nouveau modle de dveloppement post-libral qui sappuie sur le potentiel dun marchsocialement rgul et donne ltat tout son rle.

Cependant, comme lcrit Tarso Genro dans le texte surla rnovation de la gauche quil ma remis, il nest pasquestion de rchauffer de vieilles recettes en tombant

dans une statoltrie bureaucratique qui, lEst et ail-leurs, a chou. Ltat stratge assumant ses responsabi-lits conomiques et sociales que dfendent Obama etLula doit tre ractif, efficace, lcoute de la socit. LeForum social a lui aussi affirm lurgence de lactionpublique pour combattre les paradis fiscaux et sanctionnerleurs utilisateurs, pour radiquer la spculation sur lesmatires premires, pour tablir de justes fiscalits pro-gressives ou pour garantir un vritable service bancaireuniversel, mais avec le contrepoids des mouvementssociaux et dun nouveau contrle citoyen.

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commerciale, remboursement anticip du prt du Fondsmontaire international), a mis en place des politiquesredistributives quil considre aujourdhui comme un fac-teur de rsistance la crise. Il stait dot, ma dit lePrsident Lula, de rgles prudentielles bien plus strictesque celles en vigueur aux tats-Unis et ailleurs (quilsagisse des ratios demprunt des banques par rapport leurpatrimoine liquide ou des conditions dintervention sur lesmarchs terme). Il vient de renforcer massivement enle dotant de 60 milliards deuros supplmentaires son

Programme dacclration de la croissance lanc il y a deuxans pour raliser les grands travaux dont le Brsil modernea besoin. La Banque nationale de dveloppement y est unoutil plus efficace que la Banque mondiale.

Les matres du monde ont prfr le profit court termeaux investissements long terme, lendettement popu-laire des salaires dcents, les mirages des retraites parcapitalisation la scurit de la rpartition et les culbutes

virtuelles lconomie relle. Et ce sont, a soulign Lula,ceux qui nen portent pas la responsabilit qui risquent

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de lconomie et lconomie au service de la juste satisfac-tion des besoins humains, ce nest pas mettre en pril laproduction de richesses, cest lorienter autrement.Morale et croissance, justice et performance conomique :

voil ce quil faut conjuguer ; et mesurer laide dindica-teurs de dveloppement humain plus reprsentatifs quelarchaque PIB.

Barack Obama la soulign lors de son discours dinvesti-ture : Une nation ne peut prosprer longtemps si elle ne

favorise que les plus nantis. Il n'a pas, lui, dilapid envain une quinzaine de milliards au bnfice des plus aisset appliqu la thorie errone dite du ruissellement , quoi se rduisait la vision sociale de George Bush : plusles riches senrichissent, plus les pauvres finissent par enprofiter Le nouveau Prsident amricain na pas nonplus fait, pour son plan de relance, le choix unijambistedune politique de loffre qui ignore la demande. On estloin du souverain mpris du Prsident Sarkozy pour lepouvoir dachat des Franais, loin des rponses tardiveset insuffisantes quil apporte comme contrecur pour

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Efficacit conomique et justice sociale :un couple insparable

Linjustice sociale freine et pervertit le dveloppement(troitesse du march intrieur, corruption endmique,boulevard ouvert aux trafics et aux mafias, instabilit poli-tique et, si la dmocratie doit socialement, tentationautoritaire). Un ordre conomique injuste nest quunchaos et une poudrire. Enivr de cupidit court terme,le systme nolibral na pas seulement trbuch sur ses

propres vices : il a sem dans le vaste monde des dses-poirs et des ressentiments qui menacent la scuritcollective.

J'ai t frappe, Belm, par la forte prsence des mili-tants syndicaux : ceux des trois confdrations brsilienneset ceux venus dautres pays, dont la France. Les dbatssur lemploi, les droits du travail et la redistribution ont

bnfici de leur exprience. La grande journe franaisede grves et de manifestations du 29 janvier 2009 y futchaleureusement soutenue. Mettre la finance au service

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pan-amazonienne. La forte mobilisation de la Coordi-nation des organisations indignes du bassin amazonien atmoign de sa volont dtre un acteur part entire despolitiques nationales et des ngociations internationales.On a abondamment dbattu de la dforestation sauvage,de la protection de la biodiversit, du changement clima-tique, du respect des droits des peuples indiens et desdroits sociaux de ceux qui travaillent dans cette immensergion peuple, dans sa partie brsilienne, de 25 millionsdhabitants.

Le Brsil a longtemps eu la rputation dun tat-voyoucologique et reste le quatrime pays le plus pollueur dela plante. Il fut un temps o les dveloppementistes purs et durs sopposaient aux tenants dune sanctuarisa-tion de la fort amazonienne. Les lignes ont boug dansune perspective qualifie au Brsil de socioenvironne-mentale . Mais, sur le terrain, faute notamment depersonnels de contrle en nombre suffisant, les materos(forestiers qui percent des routes tout va et se livrent aucommerce illgal de bois), les grileiros (leveurs qui

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cur de son projet de relance. Il sagit en effet, explique-t-il, de donner nos enfants des chances de vivre leur rvedans un monde qui na jamais t plus comptitif et depermettre aux tudiants de Chicago et de Boston de riva-liser avec les enfants de Pkin dans les mtiers high tech etbien rmunrs du futur . Dans le compromis final avec leCongrs, qui a revu la baisse les moyens que le Prsidentamricain prvoyait de mobiliser mais a permis ladoptiondun plan de relance conu comme une premire tape ,des dizaines de milliards y restent consacrs. Pour Obama

comme pour Lula, lenjeu ducatif est une priorit dutemps qui vient et linvestissement dans le capital humain,un des leviers majeurs de la sortie de crise.

Croissance verte : les tournantsbrsilien et amricain

Organis aux portes de la plus grande fort du monde, poumon vert de la plante dj terriblement entam,le Forum social a consacr une journe entire la question

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endetts se tourner en priorit vers des cultures dexporta-tion, au dtriment de leur autosuffisance alimentaire, et importer de quoi nourrir leur population. Ces injonctionsles ont rendus totalement vulnrables la volatilit des prixet constituent une cause majeure des meutes de la faim.

Le Prsident Lula, lui, est un ardent dfenseur de la pro-duction brsilienne dagro-carburants, qui sont l-basmassivement utiliss par les vhicules. Il considre quecet or vert , produit base de canne sucre et non de

mas comme aux Etats-Unis, est sans consquence surlexplosion spculative des prix alimentaires, bnfiquepour le pouvoir dachat car moins cher que lessence etrducteur des missions de gaz effet de serre. NombredONG demandent un moratoire sur les biocarburantsmais le Brsil, fier de ses victoires remportes sur lafamine, nest pas prt renoncer lun des leviers de sacroissance et lexportation de sa technologie.

Sagissant de la dforestation amazonienne, il faut recon-natre lactif du gouvernement brsilien une relle prise

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brlent la fort pour y installer leurs immenses trou-peaux), les gros producteurs de soja (dont lenvol des coursacclre la dforestation) et les orpailleurs clandestins(utilisateurs du mercure qui pollue les rivires) saffran-chissent dune lgislation encore rcente (code forestier,zones protges) et font rgner la loi du plus fort.

Les mouvements cologistes et altermondialistes repro-chent au gouvernement son soutien une agricultureintensive indiffrente lenvironnement, son incapacit

enrayer suffisamment la dforestation sauvage, ses pro-jets de barrages hydrolectriques qui perturbent les qui-libres environnementaux et son dveloppement volonta-riste des biocarburants (thanol, biodiesel) dont le Brsilest, derrire les tats-Unis, le deuxime producteur et lepremier exportateur mondial. Ces agro-carburants sontaccuss de contribuer la crise alimentaire et davoir unbilan cologique global ngatif. Certains analystes de lacrise alimentaire observent toutefois que le plus ravageur,ce sont les orientations de la Banque mondiale et duFonds montaire europen (FMI) qui ont pouss les pays

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est radicalement diffrente : responsabilit assume etrle actif de la puissance publique pour faire de la crois-sance verte un moteur de la relance conomique, et durepositionnement de lconomie amricaine sur descrneaux davenir (nergies renouvelables, en particulier).

Jai rencontr Washington Amy Klobuchar, snatricedmocrate du Minnesota et spcialiste des questionsenvironnementales. Elle ma indiqu qu la confrencede Copenhague, en dcembre prochain, les tats-Unis

devraient signer laccord qui actualise le protocole de Kyoto(en esprant que la Chine en fasse autant). Elle a gale-ment soulign ce que les difficults de lindustrie automo-bile amricaine doivent un dfaut dadaptation de sonoffre, flagrante quand les familles durement touches par lacrise prfrent des voitures conomes en carburant. BarackObama na pas cd aux constructeurs automobiles qui

voulaient bien empocher plus de dix-sept milliards dedollars daide mais pas investir plus vite, en contrepartie,dans des technologies rduisant les missions de gaz effetde serre. Le Prsident amricain, qui vient dannoncer

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de conscience et de vrais efforts. Cependant, prs du cin-quime de la fort originelle a disparu, dont la moiti ces

vingt dernires annes, et la capacit du Brsil tenir lesengagements quil a pris (faire diminuer la dforestationde 40 % dici 2010 et rduire les missions de CO2 de4,8 milliards de tonnes lhorizon 2017) suscite un cer-tain scepticisme.

Le dbat au Brsil est vif, mme au sein du gouverne-ment o il a motiv, au printemps dernier, le dpart de

Marina Silva, ministre de lcologie. Ce dialogueconflictuel tmoigne du dilemme auquel est encoreconfront ce pays-continent qui veut, la fois, exploiterses avantages comparatifs, combattre nergiquement lapauvret, dfendre sa souverainet (raison pour laquelleil est hostile toute ide de tutelle internationale delAmazonie) et assumer ses responsabilits cologiques.

Les tats-Unis navaient eu de cesse de torpiller le protocolede Kyoto. Sous ladministration Bush, lirresponsabilitfdrale fut son comble. Avec Barack Obama, lapproche

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aujourdhui les tats-Unis : 2,6 millions demplois dtruits en2008 et 598 000 pour le seul mois de janvier 2009).

Faire de la crise non pas une catastrophe subie mais loc-casion dune redfinition radicale de nos manires deproduire de la richesse et de la partager, cest mobilisernos forces et nos talents pour prendre le tournant de larvolution cologique. Les efforts brsiliens et le renforttats-unien sont bienvenus.

Dmocratie participative :une nouvelle culture politiqueet une condition de lefficacit publique

Je suis partisane dune proposition faite au Forum social :la possibilit, pour les clients comme pour les salaris destablissements bancaires, dexercer eux aussi un droit decontrle sur la manire dont les banques assument leurfonction dintermdiation. Il en rsulterait une dynamisationapprciable du crdit aux PME et une saine moralisation

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quinze milliards de dollars dinvestissements annuelsdans les nergies propres (sur un total de 80 milliards dedollars de dpenses nouvelles allant aux questions nerg-tiques) leur a dit sans fard quil ne protgerait pas despratiques dun autre ge, mais quil tait en revanche prt les aider construire les voitures de demain, y comprispar des normes antipollution contraignantes.

Partant de plus loin, la volont amricaine dobtenir desrsultats est plus manifeste que celle inspirant les rcentes

annonces du gouvernement Sarkozy pour relancer lcono-mie franaise. Liant nouvelles technologies et croissance

verte, le plan de relance de Barack Obama affirme uneambition de la puissance publique assortie dobjectifs (dou-blement en trois ans de la production dnergies alternati-

ves, 25 % de llectricit amricaine issue moyen termedes nergies renouvelables, etc.). Il entend tirer lemeilleur parti du gisement demplois verts et table sur500 000 postes crs en liaison avec les nergies propres(sur 3,5 millions demplois consolids et nouveaux qui doi-

vent compenser les destructions demplois massives frappant

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en guerre, le record des morts par armes feu. Le tauxdlucidation des homicides y est trs bas, signe dineffica-cit policire. La responsabilit de la police dans lescaladede la violence et dans les excutions sommaires de jeunesafro-brsiliens des bidonvilles a t plusieurs reprisespubliquement mise en cause. Faute de politiques publiquesgarantissant efficacement la scurit des personnes, latentation de faire justice soi-mme a conduit dinqui-tantes drives. Le gouvernement brsilien a consciencede ces dysfonctionnements de ltat de droit et des attentes

lgitimes de la population quant la protection qui lui estdue. Il a pris certaines initiatives qui ont port leurs fruitsmais il reste beaucoup faire, de la prvention la sanction,pour que les quartiers en proie la violence deviennent ces territoires de paix dont ma parl Tarso Genro, en mecitant des expriences locales qui ont fait chuter le tauxdhomicides de manire spectaculaire et ont arrach ungrand nombre de jeunes lenrlement par le narcotrafic.

Cette consultation participative nationale sur la scuritpublique associe des citoyens, des associations et des

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de la tarification bancaire ! D'une manire gnrale, leserrements lorigine de la crise renforcent lexigencedune association plus directe des citoyens aux dcisionset au contrle de leur application. Cest la condition dunleadership lgitime et dune action publique efficace.

Ana Julia Carepa, la dynamique gouverneure du Par, maparl de la dmarche de planification participative quellea lance. Elle associe pour la premire fois la populationde cet tat grand comme deux France et demie la dter-

mination dinvestissements rgionaux prioritaires pour lesquatre ans venir et au suivi de leur ralisation.

Tarso Genro (aprs mavoir appris que le budget partici-patif des lyces cr en Poitou-Charentes avait eu leshonneurs de la presse brsilienne) ma parl de la grandeconsultation participative nationale lance au Brsil sur laquestion, infiniment sensible, de la scurit publique. LeBrsil est un pays o la dangerosit urbaine nest pas un fantasme dinscurit mais une plaie dont les plusdmunis sont les premires victimes. Il dtient, hors pays

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Un vent nouveau souffle aussi des Etats-Unis, o lacampagne de Barack Obama a prouv lefficacit dunemobilisation participative. Jy ai retrouv bien des partispris communs aux miens. Barack Obama a pouss cechoix politique une chelle indite. Ses quipes ont enoutre fait preuve dun professionnalisme sans faille qui abnfici du travail accompli par Howard Dean pourmoderniser le Parti dmocrate. Jai rencontr

Washington des associations qui agissent dans les quar-tiers pauvres et y font vivre cette dmarche de community

organizing initie par Saul Alinsky. Hillary Clinton lui a jadis consacr un mmoire universitaire ( There is onlythe Fight... , an Analysis of the Alinsky Model, consultableen franais sur le site Dsirs davenir) et Obama a voquson influence lors de ses annes dorganisateur de quar-tier Chicago. La campagne de lactuel Prsident amri-cain fut, certains gards, une hybridation russie entreles traditions dorganisation alinskiennes et la cultureFacebook des rseaux sociaux. Mais le plus neuf estquaujourdhui Barack Obama entend bien gouverner encontinuant sappuyer sur cette dmocratie participative

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policiers. Elle repose sur trois temps de dbats et de pro-positions, lchelle des communes puis des tats, etenfin au niveau fdral. Je nentrerai pas ici dans le dtaildune mthodologie prcise qui, mlant professionnels etprofanes, nest pas sans rappeler, quoiqu une autrechelle, les confrences de consensus scandinaves. Cettedmarche devrait mobiliser au total 170 000 personnes etculminer en aot 2009, Brasilia, en une confrencenationale conclusive laquelle je suis convie car cela faitplusieurs annes que la Rgion Poitou-Charentes a nou

avec le Brsil des changes et des relations de partenariatautour de nos expriences respectives de dmocratie parti-cipative.

Le Brsil est un formidable laboratoire de pratiques poli-tiques innovantes. Le Prsident Lula ma dit combien laparticipation citoyenne et le dialogue avec les mouvementssociaux lui semblaient vitaux pour mieux exercer les respon-sabilits confies par les lecteurs. Quelle diffrence avec laprfrence impnitente du gouvernement franais pour lesrformes non concertes et les passages en force !

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politiques traditionnelles et favorise lintervention crois-sante et consciente des citoyens dans la sphre publique.Cest une dimension du modle alternatif de croissanceet de gouvernance dont lpreuve de la crise doit hterlavnement. Une culture politique partage progresse lchelle de la plante.

Deux nations rconciliesavec elles-mmes

Aux tats-Unis et au Brsil, jai vu la fiert sans arrogancede deux nations rconcilies avec elles-mmes par desleaders qui sont des porteurs despoir.

La victoire de Lula a t perue comme la revanche sansagressivit dun peuple longtemps tenu lcart des res-ponsabilits et considr comme un obstacle au progrspar les lites qui monopolisaient la politique. Le chef deltat brsilien ne manque pas de rappeler quil est lepremier prsident sans autre diplme que son CAP de

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qui allie forte prsence sur le terrain et utilisationcitoyenne dInternet. Elle ouvre aux citoyens de nouveauxespaces dexpression, dinfluence et de contrle de lac-tion publique, en mme temps quelle offre aux dcideurspolitiques des capteurs dmultiplis et des garde-fousprcieux. Contre la connivence des intrts conomiqueset politiques qui a marqu les annes Bush et ne semblepas devoir pargner les annes Sarkozy, contre la puis-sance des lobbies et les rsistances au changement, cetappel au peuple affirme lutilit de rapports de force

citoyens. Les premires initiatives de Barack Obama surla transparence et la traabilit des dcisions de sonadministration (dont le site www.recovery.org pour queles citoyens amricains suivent lutilisation des fondspublics engags en leur nom) ainsi que la fin des contratssans appel doffres dont les amis du Prsident Bush onttant profit montrent limportance quil attache larestauration de la confiance dans la mobilisation du pays.

Du Brsil aux tats-Unis, ce que Tarso Genro appelle la nouvelle rvolution dmocratique bouscule les pratiques

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en mme temps quelle doit marquer le point de dpartdune nouvelle mobilisation de la nation. Admirable faonde ne pas cacher le pire pour faire lien avec le meilleur etdinviter ses concitoyens crire ensemble une nouvellepage de leur histoire.

Quand Nicolas Sarkozy joue sur les peurs, Barack Obamamontre comment les dpasser. On imagine difficilementdans la bouche du fils de ltudiant knyan venu parfairesa formation suprieure en Amrique, le calamiteux dis-

cours de Dakar et ses considrations ahurissantes surlhomme africain otage de ses traditions et pas encore deplain-pied dans lhistoire Voil bien deux visions dumonde. Deux conceptions opposes du rapport dunenation son histoire. Deux reprsentations antagonistesde lidentit nationale.

Washington, Barack Obama a tenu un discours de res-ponsabilit, individuelle et collective. Il a appel chacun leffort mais a, dans le mme temps, garanti que la puissancepublique ferait son devoir. Il a scell la complmentarit

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A la clart des convictions et la dtermination dans l'ac-tion, Obama joint une grande aptitude entendre le pointde vue de lautre, ft-il un opposant, et percevoir cequil peut y avoir de lgitime dans les raisons adversespour en tenir compte sans sectarisme inutile. Dans sondiscours de Philadelphie, il avait su trouver les mots pourfaire comprendre le ressentiment des Afro-Amricains etles frustrations des Blancs. Sans rien dulcorer ni de les-clavage ni de la sgrgation, Barack Obama a su proposer la nation amricaine dassumer une histoire partage en

prenant appui sur les valeurs fondatrices de sa dmocra-tie. Durant son discours dinvestiture, bel appel lunionet la comprhension du monde, il a voqu celles etceux qui ont souffert de la morsure du fouet , ceux quiprirent le risque dimmigrer et btirent le pays, ceux comme son pre que lon aurait refus de servir dansun restaurant cause de la couleur de leur peau il y amoins de soixante ans. Il la fait sans dolorisme ni mora-lisme culpabilisateur, mais avec lucidit et surtout endonnant tous les Amricains la fiert des droits peu peu conquis et dune lection qui en est laboutissement

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cours des choses. En rompant radicalement avec lillusionqu elle seule la croissance rsorberait les ingalits et enconsidrant les droits sociaux comme constitutifs dunecitoyennet non pas formelle mais relle, elle a profond-ment transform lide que se font les Brsiliens de leurdestin collectif. Larrive au pouvoir dun parti construit denbas autour dun programme de justice sociale, la russiteemblmatique des bourses familiales et leur augmenta-tion rcente, le doublement du salaire minimum (encorerelev de 12 % en janvier 2009), la rduction du chmage

(de 13,5 % larrive de Lula 7,5 % en 2008), le reculpalpable de la pauvret (de 34 % en 2003 25 % en 2006),leffort majeur de scolarisation, la fiert dtre reprsent parun fils du peuple mondialement populaire, le poidsconomique et politique grandissant du pays sur la scneinternationale constituent, ma-t-il sembl, les ingrdientsmajeurs de cette nouvelle identit nationale brsilienne fort contenu social et citoyen. Moins dinscurit sociale,plus de participation dmocratique et de diversificationde la reprsentation politique, cela soude autrement unenation que la stigmatisation de limmigration.

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de linitiative individuelle et de la solidarit. Cest l undes fondements majeurs de cette rconciliation desAmricains avec eux-mmes, dont le profond dsir aport sa campagne et dont nat aujourdhui un nouvelespoir : celui dun pays dautant plus assur de lui-mmequil saura tre accueillant tous les siens et au clair sur ses

valeurs. Celui dune puissance qui, ne nous y trompons pas,dfendra fermement ses intrts, mais sera dautant plusrespecte hors de ses frontires quelle renoncera aux tenta-tions impriales qui jamais ne lont grandie.

La fiert dtre brsilien ne date pas daujourdhui. Ce quiest nouveau, cest que nul ne sen sente exclu. Sans doutelimmensit de ce pays, grand comme quinze fois la France,et sa puissance croissante contribuent-elles lui donnerlassurance de sa destine, mais le Brsil reste aussi trsingalitaire. La rconciliation brsilienne dont Lula a tlemblme et lartisan lie troitement intgration politique etintgration sociale de ceux, pauvres et mpriss, quil a ins-talls au cur dun nouveau rcit national. Elle clbre lacapacit dun pays tirant dans le mme sens inverser le

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Lula (dont le taux de popularit, en fin de deuxime mandat,atteint 84 % !) et Obama ( qui de nombreux lecteursqui navaient pas vot pour lui font dsormais confiance)ont en commun de redonner une esprance. Les peuplesamricain et brsilien ont chacun fait le choix de leadersqui conoivent lidentit nationale comme la construction

volontaire dun pays plus juste. Cette identit nationalepositive tire sa force dun socle de valeurs partageables ;elle nest pas fonde sur le rejet, le repli, mais sur uneforte capacit se projeter ensemble dans lavenir, qui est

une des raisons dtre de la politique bien comprise.Confiance enviable vue de la France, hexagonale et ultra-marine, qui se sent traite avec mpris.

Il me parat important de le souligner car, parmi les ventsmauvais de la crise, pointe le risque xnophobe. Dj, iciou l en Europe, des salaris durement frapps par leslicenciements sen prennent aux travailleurs venus

dailleurs, en qui ils voient des voleurs demplois quandle travail se fait rare et des boucs missaires portede main quand les nbuleuses mondialises du pouvoir

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Beaucoup reste faire, mais jai entendu Belm la fiertdu chemin dj accompli et une confiance en lavenirbien plus forte que chez nous. en croire les enqutescomparatives, le Brsil est aujourdhui l'un des pays les plusoptimistes de la plante alors que la France exprime un fortpessimisme, sur le double plan des perspectives macroco-nomiques et de lvolution des situations individuelles. Lepeuple brsilien, malgr des critiques parfois vives de tel outel choix gouvernemental, ne met en doute ni lengagementde son prsident ses cts, ni les amliorations substan-

tielles quil a apportes ses conditions de vie. La crise aviolemment abord les rivages brsiliens. Au cours du moisde dcembre 2008, 650 000 emplois ont t dtruits. Lerisque existe dune dferlante ruinant les efforts du pays cause de ceux qu Belm, Lula a dcrits en ces termes : Ilsprtendaient tout savoir, ils ignoraient les difficults des pau-

vres, ils nous prenaient pour des incomptents et se pre-naient, eux, pour des infaillibles , ajoutant sous un tonnerre

de rires et dapplaudissements : Eh bien, que le FMI ailledonc dire Obama et Sarkozy comment ils doivent syprendre pour sortir de cette crise ne chez eux !

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brsilien nest pourtant un adepte ni du castrisme finis-sant, ni de la rvolution bolivarienne dHugo Chvez, nide la droite au pouvoir Mexico. Mais il dnie aux tats-Unis le droit de continuer simmiscer de manire intem-pestive dans les affaires du sous-continent. Lors dumeeting de plus de 10 000 personnes auquel jai assist la veille de notre entrevue, les cinq prsidents du Brsil,de Bolivie, du Venezuela, dquateur et du Paraguay onttous fermement affirm vouloir rgler entre eux leurspropres affaires. Malgr leurs diffrences idologiques et

leurs diffrends bilatraux, ils ont oppos leur unit etleur solidarit aux menaces que fait peser sur le dvelop-pement de tous une crise ne du culte irresponsable du dieu-march , comme la dit le Prsident Lula.

Sil est un point qui fait consensus entre toutes les gaucheslatino-amricaines, cest cette mmoire au long cours delinterventionnisme amricain et de ses dsastres rp-

tition. Jai entendu Dilma Rousseff, lors de la rencontresur le rle des femmes en politique laquelle jai parti-cip au Forum social, voquer le lourd tribut pay par

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la forme la plus acheve, quoiquil faille encore beaucoupl'amliorer. Quel dommage quen France le prsident de laRpublique prfre critiquer la baisse de la TVA dcidepar Gordon Brown, plutt que fdrer utilement les ner-gies dun pays en mal dcoute et de respect, en sinspirantdu vrai volontarisme conomique et social des Prsidentsbrsilien et amricain.

Nous ne voulons plus dingrences !

Lula ma dit ce quen tout premier lieu il attendaitdObama : Quil laisse lAmrique du Sud sorganiserelle-mme ! Nous ne voulons plus dingrences : nous

voulons tre des partenaires. Les tats-Unis, a-t-ilajout, doivent cesser daccuser le Venezuela dexporterle terrorisme , lever lembargo punitif inflig Cuba,qui ne reprsente aucun danger pour la scurit amri-

caine, et faire leffort de comprendre le Mexique dontlconomie est totalement imbrique la leur, en particu-lier en voluant sur le dossier migratoire . Le Prsident

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Belm qui fut un moment politiquement passionnantpour mieux comprendre ce qui spare et ce qui rapprocheles gauches latino-amricaines, les cinq chefs dtat onttous raill tour de rle ceux qui tats-Unis en tte nont eu de cesse dinstiller la plante entire le veninnolibral et comptent aujourdhui, pour rparer leurserreurs, sur ces tats quils voulaient tant rduire. Biensr, entre le socialisme du XXIme sicle et la dmo-cratie plbiscitaire dHugo Chvez, dune part, et lescoalitions de centre gauche brsilienne ou chilienne,

dautre part, les diffrences de style et de fond sontimportantes et la concurrence politique manifeste. Lesrsultats ne sont pas non plus les mmes, quil sagisse deterrasser linflation ou de faire reculer la pauvret ; quilsagisse de lendettement, des services publics ou desinvestissements anticipant lavenir. Mais, contre ce quilnest plus question daccepter, les mots sont interchan-geables et le rejet unanime. Et tous ont clat de rire

quand Lula sest exclam : Jen ai assez daller New York, Londres, voir de jeunes banquiers mexpliquercomment je dois grer mon pays alors quils nont jamais

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ceux qui, comme elle, furent torturs pendant la dictatureet par ceux qui payrent leur engagement de leur vie. Jaientendu Lula rappeler ce que les actuelles dmocratieslatino-amricaines doivent aux combats mens sous lesrgimes militaires. Jai nouveau mesur, comme dj auChili et en Argentine, quel point les dirigeantsdAmrique latine nont rien oubli des violences de cette

premire ingrence. Ils ont certes tir les leons desimpasses de la lutte arme et de lchec de lUnit popu-laire chilienne. Mais ils se souviennent du temps o la

CIA fomentait et paulait tant de sanglants coups dtatpour protger les intrts conomiques amricains et, surfond de guerre froide, faire de lAmrique latine leurchasse garde. Nul na oubli que le Chili de Pinochet futle laboratoire des Chicago Boys, ces intgristes de la dr-gulation forms aux tats-Unis.

Le rtablissement progressif de la dmocratie en

Amrique latine sest malheureusement accompagndune deuxime ingrence : celle du consensus de

Washington et des diktats du FMI. Lors de ce meeting de

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classe moyenne urbaine. Ses peuples longtemps muselset marginaliss ont port au pouvoir des candidats quintaient pas issus du srail et navaient pas la bndictiondes tats-Unis ou des marchs financiers (un ouvrier auBrsil, un Indien en Bolivie, un vque des pauvres auParaguay, comme cela a t rappel lors du meeting descinq prsidents Belm). Ses pays mergents nac-ceptent plus que le club des mergs dcide sanseux : cest tout le sens de limportance que le Brsil atta-che son rle au sein du G20 (les mouvements altermon-

dialistes contestent la lgitimit de ce simple largissement vingt du cercle des puissants et avaient appel mani-fester l'occasion de sa runion Londres le 2 avril). Surfond de mtissage qui na pas limin les discriminations,saffirme la revendication de dignit et dgalit dans ladiversit des populations indiennes et dorigine africaine.Quelles que soient encore leurs limites ou les rivalits leurpropos, les organes dintgration rgionale dont les pays

latino-amricains se sont dots (Mercosul en particulier)tmoignent de la volont de tirer collectivement parti deleurs atouts et de peser ensemble. Quils exigent (comme

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mis les pieds au Brsil et savent peine o se trouvelAmrique latine !

Do lamertume devant cette troisime forme dingrenceque constitue une crise qui, comme la dit le PrsidentLula, nest pas la ntre mais la leur , et dont londe dechoc menace en Amrique latine les progrs ralisscomme les projets structurants dune croissance durable.

Jai entendu, Belm, cette exaspration de devoir payerles pots casss par dautres ; cette inquitude que le

ralentissement de lenviable croissance latino-amricaineet la diminution des ressources tires de lexportation(ainsi que, pour les pays les plus pauvres, leffondrementdes transferts financiers des migrs) rduisent lesmoyens des politiques redistributrices, dtruisent lemploiet compromettent les investissements dans les infrastruc-tures, la sant, lducation.

LAmrique latine a profondment chang et redoute devoir son volution bloque par la crise. Elle a marqu despoints contre la pauvret et vu lessor dune nouvelle

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lcoute des mouvements sociaux, ne pas en rabattre surle volontarisme politique et le rle dun tat assumant laplnitude de ses responsabilits, lier plus fortement que

jamais le dveloppement avec la redistribution et laprotection de l'environnement, faire de la crise uneopportunit pour btir un modle alternatif et un nouvelordre juste international : telles sont les orientations quila dessines ce soir-l, suscitant de nombreux applaudis-sements. Comme la joliment dit le Prsident Lugo, ludepuis peu au Paraguay : le changement joint nos mains

pour ne pas dlier lesprance .

Les chefs dtat latino-amricains que jai couts esp-rent, aprs lincomprhension de George Bush, queBarack Obama, dont la vision du monde leur parat moinsrustique, sera ouvert des partenariats dbarrasss desimpriales tutelles dantan et du protectionnisme sensunique, cet envers paradoxal et rserv aux riches du

modle ultralibral.

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lquateur) un moratoire sur la dette illgitime ouaient pris sur eux den anticiper le remboursement(comme le Brsil), ils rclament le droit de tracer leur pro-

pre chemin. L-dessus, tous sont daccord. Ils ne veulentplus ni dune souverainet bafoue, ni dun commerceinternational dsquilibr, ni dun modle de dveloppe-ment qui a failli. Cette volont dmancipation nest paslennemie du pragmatisme : les pays latino-amricains peu-

vent signer des accords bilatraux avec les tats-Unis etfaire capoter laccord de libre-change voulu par Bush ou

voter contre la guerre en Irak. Comme la dit le Prsidentquatorien Correa, nous ne vivons pas une poque dechangements mais un changement dpoque .

Lors de ce meeting Belm, jai t particulirement sen-sible la franchise et la maestria avec lesquelles lePrsident Lula, sans rien cacher des diffrends nerg-tiques et financiers qui opposent le Brsil la Bolivie,

lquateur et au Paraguay, a su trouver les mots pour direlunit du front que doivent opposer la crise les payslatino-amricains, pluriels mais solidaires. Rester

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Pour convaincre des lus nappartenant pas sa majoritdu bien-fond de son plan de relance, Barack Obama napas mnag sa peine. Que ses efforts aient t moins

couronns de succs quil ne lesprait ne change rien laffaire : cette manire dagir semble bien ancre dans saconception de lexercice du pouvoir et des compromisconstructifs qui, faisant bouger les lignes, font avancer leschoses. La prsence dans son quipe gouvernementale dedeux Rpublicains (aprs le dpart de Judd Gregg), choi-sis non pas titre de trophes ornementaux mais pour

leurs comptences en matire de dfense et de trans-ports, relve dun tout autre registre que louverturesarkozyenne, srie de coups pour la galerie et de mauvaistours dont le prince samuse, matre des grces et desdisgrces. La main tendue par Obama traduit, elle, larecherche obstine de convergences sur lessentiel avecdes Rpublicains lasss de labaissement du pays sous lesmandats de George Bush, et disposs partager lthique

de lintrt gnral du nouveau Prsident. Le Prsidentfranais racole et dbauche. Le Prsident amricain cherche convaincre et respecte. Jubilation ostentatoire de lun,

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Questions de murs politiqueset dalliances

Barack Obama a eu llgance dinviter John McCain dner la veille de son investiture. Le geste tait fair play.Il illustre cette volont de travailler dans un esprit de bipartisme rompant avec le manichisme obsession-nellement clivant qui avait rgn la Maison-Blanche dutemps de la croisade noconservatrice. Changement demurs avec Obama et retour dune certaine tenue en

politique. En ce dbut de mandat, le Prsident amricainest fidle ce quil avait annonc durant sa campagne :rechercher, pour russir le changement, des cooprationsallant au-del du Parti dmocrate. Non seulement parceque lheure est grave et justifie la plus large mobilisationnationale, mais aussi parce que telle est, de longue date,la pratique de lancien snateur de lIllinois, ce qui ne lanullement empch de prendre une position minoritaire

et courageuse contre la guerre en Irak. Preuve que lonpeut tendre la main au-del de son camp sans passer sousles fourches caudines de ladversaire, ni se trahir.

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partidaires des tats-Unis et de la France, le sens dudialogue dont Obama fait actuellement preuve avec leParlement, avec son opposition et avec le peuple amri-

cain, me parat riche de leons mditer de ce ct-ci delocan.

Dans toute lAmrique latine qui, entre 2009 et 2011, neverra pas moins de quatorze lections prsidentielles etnombre de lgislatives, une mme question est pose auxgauches actuellement au pouvoir, au gr d'alliances trs

diverses, dans une quinzaine de pays : comment btir desmajorits prsidentielles qui ne soient pas de circons-tance, non seulement pour gagner les lections mais pourmettre ensuite en uvre des programmes progressistes ?

Au Brsil, le Parti des Travailleurs (PT) gouverne avecune douzaine de partis plus petits dont certains peuventdifficilement tre classs gauche. Ils relvent de ce que

lon appelle l-bas des partis opportunistes ou physio-logiques , comme disent aussi les Brsiliens. Constitussans souci programmatique sur la base dintrts lectoraux

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qui signe la petitesse de lobjectif tactique. Sobrit delautre car, plutt que de dtruire, il sagit de construire.

Jignore ce quil adviendra au long cours de ces manires

de faire qui sont actuellement la marque de BarackObama, mais jobserve quelles sinscrivent dans un horizonde valeurs et de pragmatisme en phase avec les attentesde citoyens pris de choix clairs mais las des querellespoliticiennes surjoues.

Jai cout Washington une intervention de Colin

Powell o lon sentait le soulagement de cet homme intgre lide que le gouvernement de son pays remette de lamorale en politique et veuille en finir avec des pratiquesindignes (au premier rang desquelles Guantanamo) quiont fait aux tats-Unis autant de mal au-dedans quaudehors de leurs frontires. Comme dautres Rpublicainsmodrs sensibles au nouveau climat politique voulu par lePrsident amricain, Powell a choisi daccompagner le

changement et leffort de redressement national pilots parObama, qui ne leur demande pas leur reddition mais leurcoopration. Si diffrentes que soient les configurations

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publique qui ne sont pas prts se satisfaire du vaguelifting dun systme dont tous les fondamentaux sont revoir. En nous inspirant de cette pluralit stimulante

dont le Forum social mondial reste un exemple. Cestainsi que je conois llaboration dune proposition politi-que radicale et crdible, capable de redonner espoir auxFranais et, le moment venu, de fdrer les nergies detoutes celles et de tous ceux qui seront dcids battre ladroite sarkozyenne. Il y faudra, comme certains sy effor-cent dans les deux Amriques, le courage de changer sans

se perdre.

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le sens rel des politiques mises en uvre : cest le Chili,pays de coopration gouvernementale entre socialistes etdmocrates-chrtiens, qui dtient en Amrique latine la

palme du recul de la pauvret). Avives par la crise, lesinterrogations portent donc conjointement sur le modlede dveloppement alternatif proposer au monde et surles alliances qui permettront de tenir la promesse detransformation durable de la socit, en vitant le doublecueil de limpuissance lectorale et de lopportunisme degouvernement. Ces dbats qui traversent les gauches

latino-amricaines ne sont pas exotiques. La crise radica-lise les attentes et pousse la gauche qui ambitionne de gou-verner faire mieux que se rpter pour, comme le disentObama et Lula, garder le cap sur lessentiel.

Les choses vues et entendues Washington et Belmme confortent dans la conviction que le dialogue le pluslarge, sans ostracisme ni complaisance, est ncessaire

avec tous ceux altermondialistes, militants de toutes lesgauches, rpublicains et dmocrates attachs unecertaine ide de la France et du rle de la puissance

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LES ESSAIS DE LA FONDATION JEAN-JAURS

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Obama, Lula, Forum social, dix leçons convergentes

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