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Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA) Food...

Date post: 26-Aug-2020
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Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA) Food Crises Prevention Network (FCPN) (www.food-security.net ) Suite aux déficits de production prononcés, la situation alimentaire s’annonce très critique dans la bande sahélienne du Niger et de l’ouest du Tchad. Les mauvaises perspectives de productions agricoles et pastorales à l’est du Sahel annoncées en novembre 2009 lors de la réunion de concertation sur les productions agricoles en Afrique de l’Ouest, se sont confirmées pour le Tchad et le Niger et se traduisent par des déficits de productions (agricole et pastorale) très importants au plan national et local. Au Niger, l'enquête rapide de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire des ménages réalisée en décembre dernier par l’Institut National de la Statistique, révèle que 20,0% (soit environ 2.700.000 personnes) sont dans une situation de vulnérabilité et 38,2% (soit 5.100.000 personnes) en état de vulnérabilité modérée. Les ménages non affectés représentent une infime fraction de la population enquêtée, soit 9%. Les ménages les plus affectés sont caractérisés par l’insuffisance des stocks de céréales destinées à l’autoconsommation (10 jours maximum) et sont localisés dans les régions de Tahoua, Diffa, Zinder, les zones agro pastorales et pastorales désertiques comme le montre la carte 1 ci-dessous. Les stratégies de survie développées par les ménages touchées telles que la diminution de la ration alimentaire journalière, la diminution du nombre de repas quotidien, rester toute une journée sans manger, le recours à la mendicité et à la consommation inhabituelle des aliments de pénurie, ainsi que l’endettement sont autant d’éléments qui témoignent du degré de sévérité de la situation alimentaire et qui appellent à une intervention d’urgence. De plus, la hausse généralisée des prix des céréales (particulièrement de 24% pour le mil, 23% pour le sorgho par rapport à la moyenne sur 5 ans) sur le marché a fragilisé davantage la situation plus qu’il ne l’a été il y a deux mois. Cette situation risque d’évoluer négativement compte tenu des achats institutionnels qu’effectue l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) en vue de l’assistance prévue par le Gouvernement Nigérien de venir en aide aux populations touchées. Cependant, selon les missions d’évaluation récentes (CILSS/FEWS/PAM/FAO/Gouvernements), la situation des approvisionnements du Niger à partir du Nigeria et du Benin reste très favorable au Niger cette année contrairement à 2005. Des flux importants de céréales, essentiellement du maïs des pays côtiers (Nigeria et Benin) ravitaillent le Niger depuis octobre. Par ailleurs, entre décembre 2009 et janvier 2010 le marché du bétail connaît une hausse des présentations (de +2% à +48% selon les marchés) et des ventes (de +5% à +50%) suite au déstockage et à la présence d’acheteurs nigérians. Cette situation a eu comme corollaire une dégradation des termes de l’échange qui s’explique par la hausse du prix moyen du sac de 100 kg de mil de 5%. La forte demande a entraîné une hausse des prix (entre 3% et 24% selon les marchés de décembre à janvier) pour la plupart des intrants vétérinaires suivis, notamment de l’aliment de bétail. En ce début d’année 2010, les éleveurs craignent que leurs troupeaux subissent des pertes importantes, faute de fourrages, à l’instar de la campagne 2004/2005 qui avait dû enregistrer une mortalité importante du cheptel. En effet, les besoins en aliments de bétail sont évalués par le Comité élevage du Réseau national des Chambres d’agriculture du Niger à 32.000 tonnes, dont moins de 1.000 tonnes sont disponibles sur le territoire. La situation pastorale risque de se dégrader rapidement notamment à cause de la collecte effrénée de foin de brousse N°35 – JANVIER –FEVRIER - MARS 2010 Note Information Sécurité Alimentaire – NISA-35
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Page 1: Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA) Food ...portails.cilss.bf/IMG/pdf/nisa35_mars2010.pdf · Lamis suite aux mauvaises performances de la campagne agricole 2009-2010

Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA) Food Crises Prevention Network (FCPN) (www.food-security.net)

Suite aux déficits de production prononcés, la situation alimentaire s’annonce très critique dans la bande sahélienne du Niger et de l’ouest du Tchad. Les mauvaises perspectives de productions agricoles et pastorales à l’est du Sahel annoncées en novembre 2009 lors de la réunion de concertation sur les productions agricoles en Afrique de l’Ouest, se sont confirmées pour le Tchad et le Niger et se traduisent par des déficits de productions (agricole et pastorale) très importants au plan national et local. Au Niger, l'enquête rapide de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire des ménages réalisée en décembre dernier par l’Institut National de la Statistique, révèle que 20,0% (soit environ 2.700.000 personnes) sont dans une situation de vulnérabilité et 38,2% (soit 5.100.000 personnes) en état de vulnérabilité modérée. Les ménages non affectés représentent une infime fraction de la population enquêtée, soit 9%. Les ménages les plus affectés sont caractérisés par l’insuffisance des stocks de céréales destinées à l’autoconsommation (10 jours maximum) et sont localisés dans les régions de Tahoua, Diffa, Zinder, les zones agro pastorales et pastorales désertiques comme le montre la carte 1 ci-dessous. Les stratégies de survie développées par les ménages touchées telles que la diminution de la ration alimentaire journalière, la diminution du nombre de repas quotidien, rester toute une journée sans manger, le recours à la mendicité et à la consommation inhabituelle des aliments de pénurie, ainsi que l’endettement sont autant d’éléments qui témoignent du degré de sévérité de la situation alimentaire et qui appellent à une intervention d’urgence. De plus, la hausse généralisée des prix des céréales (particulièrement de 24% pour le mil,

23% pour le sorgho par rapport à la moyenne sur 5 ans) sur le marché a fragilisé davantage la situation plus qu’il ne l’a été il y a deux mois. Cette situation risque d’évoluer négativement compte tenu des achats institutionnels qu’effectue l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) en vue de l’assistance prévue par le Gouvernement Nigérien de venir en aide aux populations touchées. Cependant, selon les missions d’évaluation récentes (CILSS/FEWS/PAM/FAO/Gouvernements), la situation des approvisionnements du Niger à partir du Nigeria et du Benin reste très favorable au Niger cette année contrairement à 2005. Des flux importants de céréales, essentiellement du maïs des pays côtiers (Nigeria et Benin) ravitaillent le Niger depuis octobre. Par ailleurs, entre décembre 2009 et janvier 2010 le marché du bétail connaît une hausse des présentations (de +2% à +48% selon les marchés) et des ventes (de +5% à +50%) suite au déstockage et à la présence d’acheteurs nigérians. Cette situation a eu comme corollaire une dégradation des termes de l’échange qui s’explique par la hausse du prix moyen du sac de 100 kg de mil de 5%. La forte demande a entraîné une hausse des prix (entre 3% et 24% selon les marchés de décembre à janvier) pour la plupart des intrants vétérinaires suivis, notamment de l’aliment de bétail. En ce début d’année 2010, les éleveurs craignent que leurs troupeaux subissent des pertes importantes, faute de fourrages, à l’instar de la campagne 2004/2005 qui avait dû enregistrer une mortalité importante du cheptel. En effet, les besoins en aliments de bétail sont évalués par le Comité élevage du Réseau national des Chambres d’agriculture du Niger à 32.000 tonnes, dont moins de 1.000 tonnes sont disponibles sur le territoire. La situation pastorale risque de se dégrader rapidement notamment à cause de la collecte effrénée de foin de brousse

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Note Information Sécurité Alimentaire – NISA-35

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observée dans certaines zones, d’où l’importance d’une réponse urgente. Au Tchad, la situation alimentaire telle que révélée par les résultats des missions conjointes CILSS/FEWS/PAM/FAO/Gouvernements est préoccupante. Selon les estimations du dispositif national (SAP) près de deux millions de personnes affectées auraient besoin d’une assistance alimentaire ou non alimentaire au cours de l’année 2010). Les besoins en céréales sont estimés à 80 000 tonnes.

L’insécurité alimentaire est plus prononcée dans la zone sahélienne Ouest composée des régions du Lac, du Kanem, du Bahr El Gazal et du Hadjer Lamis suite aux mauvaises performances de la campagne agricole 2009-2010 (plus de 50% de pertes de récoltes) et d’une forte mortalité du bétail intervenue au cours de la soudure pastorale de 2009. Dans cette zone, les populations présentent un degré de vulnérabilité très élevé comme en atteste la carte 2.

Parmi ces populations, celles qui sont les plus affectées risquent d’être confrontées à de sérieuses difficultés alimentaires à partir de mars 2010. Par conséquent, elles auront besoin d’une assistance multiforme et ciblée pour couvrir leurs besoins pendant la période de soudure à leur retour de la transhumance et de l’exode

saisonniers. Toutefois, les possibilités de diversification des activités existent pour celles qui sont en vulnérabilité modérée et permettront ainsi aux populations de faire face à leurs besoins jusqu'au démarrage de la prochaine campagne.

Au plan nutritionnel, des taux de malnutrition déjà très élevés enregistrés, lors des enquêtes Gouvernement du Tchad /PAM/FAO (Avril/juin 2009) et Nutrition/survie de l’Enfant (Gouvernement du Niger/UNICEF/PAM/HKI/FIDA, Mai/Juin 2009) risquent de s’aggraver durant la prochaine période de soudure pastorale de 2010, si des actions d’atténuation ne sont pas prises. En effet, le taux de malnutrition aigüe globale dépassait le seuil « critique » de 15% selon l’OMS dans la zone sahélienne du Tchad et dans les régions de Diffa et Zinder au Niger. Au Tchad, les préfectures de Biltine et de Kanen dans la zone sahélienne et au Niger, les régions d’Agadez, Dossou, Niamey, Maradi et Tahoua présentaient également des taux élevés (10-15%). En définitive, les mauvaises perspectives des productions agricoles et pastorales à l’est du Sahel annoncées en décembre 2009 lors de la réunion RPCA, se sont confirmées pour le Tchad et le Niger et se sont traduites par des baisses de productions céréalières très importantes soient respectivement de 34% et 31% par rapport à l’année dernière. Au Niger, un appel pour un coût global de 89 164 706 400 CFA vient d’être adressé à la communauté internationale par les autorités avec un gap à rechercher de 59 509 234 065 FCFA Les bailleurs se mobilisent et commencent à annoncer les aides en tenant compte des capacités de réponses du pays. Parallèlement aux interventions déjà annoncées, une enquête sur la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire des ménages en milieu urbain et rural sera conduite au mois d’avril pour mieux assoir le diagnostic et dégager les perspectives alimentaires pour les prochains mois dans l’ensemble du pays. Cependant, cette situation qui prévaut dans cette partie Est du Sahel interpelle au plus haut niveau les décideurs et un certain nombre de mesures s’imposent afin d’atténuer la vulnérabilité des populations touchées.

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Quelles actions ? Face à cette situation, des mesures d’urgence s’imposent afin d’atténuer les effets de soudure tant au niveau de la durée que pour ce qui concerne sa sévérité en vue de permettre également aux populations à risque de surmonter une éventuelle crise alimentaire cette année au Sahel. Dans le cas particulier du Niger où l’appel a déjà été lancé, l’urgence est à la mobilisation de l’aide mais surtout à la meilleure coordination selon les principes de la Charte de l’aide alimentaire (Charte 1990). Pour ce faire, la mise en œuvre d’un plan d’urgence aux populations touchées est nécessaire. Pour le Niger et le Tchad, il s’agira de mettre en œuvre des mesures curatives dans l’immédiat parmi lesquelles : Assurer une meilleure coordination de la

mobilisation et de la mise en œuvre de l’aide alimentaire au Niger selon les principes de la Charte ;

Assister les populations se trouvant dans une vulnérabilité extrême. Cette aide pourrait être fournie sous forme de distribution ciblée, reconstitution de banques céréalières, formation contre travail, vivre contre travail, etc ;

Procéder à la vente à des prix modérés ou subventionnés aux ménages défavorisés confrontés à des problèmes

d’approvisionnement sur le marché marqués par l’instabilité des prix des produits vivriers ;

Assurer la disponibilité et une subvention de l’aliment bétail pour faciliter l’accès et la livraison aux organisations d’éleveur suite aux difficultés notées cette année au plan pastoral dans certains pays ;

Assurer une meilleure prise en charge des cas de malnutrition sévère et modérée selon le protocole en vigueur dans les pays.

Dans la partie Est du Sahel, il faudra mettre en œuvre des actions préventives qui pourraient s’agir entre autres : Anticiper sur la préparation de la campagne

agricole prochaine 2010/2011 en mettant à la disposition des producteurs des intrants suffisants (engrais, semences, produits phytosanitaire, etc.) ;

Suivre de très près l’évolution du degré de vulnérabilité des ménages agropasteurs et pasteurs ;

Assurer un suivi sanitaire des animaux compte tenu des risques de mortalité liés à une alimentation insuffisante ;

Analyser la structure du comportement et de la performance des marchés céréaliers ;

Suivre et analyser les stratégies développées par les différents acteurs du marché régional ;

Renforcer les programmes de prévention de la malnutrition tels que les Actions Essentielles en Nutrition.

  Pour un meilleur accès à l’information sur la situation alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest

Dans le but de favoriser l’accès à l’information sur la situation alimentaire et nutritionnelle dans la région, en vue de la prise de décision pour l’action, le RPCA s’est doté d’un site Web. Pour vos questions en rapport avec la situation alimentaire et nutritionnelle, et notamment vos besoins en documents analytiques sur la question, ce site est désormais à votre disposition : www.food-security.net. Cette note d’analyse du RPCA a été réalisée sur la base d’informations ou d’analyses fournies par différentes institutions spécialisées membres ou non du Réseau. Plus d’informations peuvent être obtenues sur leurs sites Web respectifs.

CSAO/SWAC www.westafricaclub.org [email protected] +33-1-45-24-19-82 [email protected] +33-1-45-24-17-98

CILSS www.cilss.bf [email protected] [email protected] [email protected] +226-50-37-41-25/33

FEWS NET www.fews.net [email protected] +226-70204979 [email protected] +227-96-97-70-11

FAO www.fao.org [email protected] SMIAR/FAO- ROME +39-06-57-05-30-99 [email protected] FAO-DAKAR

WFP www.wfp.org [email protected] [email protected]

AFRIQUE VERT www.afriqueverte.org

ECHO www.ec.europa.eu/echo

OCHA www.humanitarianinfo.org

OCHA http://ochaonline.un.org/

RELIEFWEB www.reliefweb.int/


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