Table des Matières
Introduction : .............................................................................................................................. 1
1. Le tourisme à Dubaï : une croissance rapide et exponentielle : ............................................. 2 1.1. Dubaï, à l’origine : .......................................................................................................... 2 1.2. Dubaï aujourd’hui : ......................................................................................................... 3
1.2.1 Chiffres clés : ............................................................................................................ 3 1.2.2. Provenance des touristes : ........................................................................................ 3 1.2.3. L’image de la ville en tant que destination : ............................................................ 4
2. Les enjeux de la destination « Dubaï » : ................................................................................ 4 2.1. L’Exposition Universelle de 2020 : ................................................................................ 4 2.2. L’écologie et le développement durable : des éléments encore trop peu considérés : .... 5
Conclusion : ................................................................................................................................ 6
Questions/Réponses : ................................................................................................................. 7
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Introduction :
L’Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme (IREST), rattaché à l’Université
Paris 1 Panthéon-Sorbonne, organise une série de conférences chaque année universitaire.
Celles-ci sont animées par des professionnels et des chercheurs intervenant dans le secteur
touristique. Aussi, cette initiative permet aux étudiants de l’IREST de diversifier leurs
connaissances en matière de tourisme, de patrimoine et de culture, mais également de débattre
et d’échanger sur de grandes thématiques actuelles.
La onzième édition de ce cycle de conférences a débuté en septembre 2018 et se poursuivra
jusqu’en mai 2019. Dans ce compte rendu, nous nous intéresserons à la conférence du 28
novembre 2018, qui a été donnée par Pascal Maigniez, conseiller en attractivité territoriale. Cette conférence est intitulée « Dubaï, et sa stratégie touristique : les enjeux d’une cité
mondiale ».
Si Monsieur Maigniez est intervenu sur cette thématique, c’est pour faire part de ses
connaissances sur Dubaï et de son potentiel touristique aux étudiants de l’IREST. À cela
s’ajoute le partage de son expérience, dans la mesure où il a passé une vingtaine d’années à
développer la destination Dubaï sur les marchés français et bénéluxien.
Nous débuterons ce compte rendu par la mise en évidence du développement stratégique et
touristique de la ville de Dubaï, puis nous aborderons les enjeux à venir, particulièrement ceux
se rapportant à l’accueil de l’Exposition Universelle de 2020. À la suite de notre conclusion, il
s’agira également de mentionner les différents échanges entre les différents participants de la
conférence.
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1. Le tourisme à Dubaï : une croissance rapide et exponentielle :
1.1. Dubaï, à l’origine : Pendant une vingtaine d’années, Monsieur
Maigniez a œuvré en faveur du développement
touristique de la destination « Dubaï ». En 1995,
période à laquelle il débuta son travail pour
promouvoir la ville sur le marché français,
seulement 9 000 Français s’y étaient rendus. De
plus, à cette époque, on ne comptait que trois
tour-opérateurs sur le marché en question. Aussi,
Monsieur Maigniez a souligné que travailler sur
un produit complètement neuf, n’étant pas
encore impacté par une image ou une
« étiquette » quelconque et offrant de multiples
perspectives d’avenir sont autant de facteurs rendant le cadre de travail davantage intéressant
pour un marketeur. En effet, la destination était méconnue sur le plan international. Pourtant, à
l’échelle régionale, Dubaï était déjà connue comme une ville commerçante, dans la mesure où
elle abritait un port de marchandise et quelques infrastructures permettant un tourisme
d’affaires.
Se pose alors la question suivante : « Comment Dubaï est parvenue à devenir une destination
touristique phare ? ». Tout d’abord, notons son emplacement, constituant un élément clé dans
la réussite de la commercialisation de tout produit touristique. En effet, Dubaï est située sur la
côte du Golfe Persique au Moyen-Orient, c’est-à-dire aux confins de l’Europe, de l’Afrique et
de l’Asie. De plus, un bras de mer de quinze kilomètres traverse la ville. Celui-ci a d’abord
accueilli des pêcheurs de perles, puis un port de marchandises. Aujourd’hui, il s’agit également
d’un lieu très prisé par les touristes, particulièrement dans le cadre de balades fluviales.
Dans les années 1960, les Emirats Arabes Unis (EAU) ont découvert la présence de pétrole sur
leurs terres. Toutefois, contrairement à d’autres états du Golfe, nous avons rapidement constaté
que cette ressource était limitée. Aussi, les souverains ont compris que le pétrole était une
ressource qui ne suffirait pas sur le long terme. À la création des EAU en 1971, le Cheikh de
l’émirat de Dubaï misa sur l’aspect marchand de la ville. Il investit notamment dans de grandes
infrastructures visant à abriter une activité commerciale mondiale. Dans les années 1970, un
aéroport fût bâti, puis s’en suivirent des ponts artificiels. Ainsi, l’objectif était de faciliter
l’accès et de faire de Dubaï une plaque tournante. L’absence de taxes sur ce territoire avait également pour but d’attirer de plus en plus d’entreprises étrangères. Par ailleurs, les
compagnies aériennes ont largement bénéficié de ce climat fiscal privilégié et du prix faible du
pétrole, en opérant un grand nombre d’escales via Dubaï. Cette initiative, augmentant
considérablement le flux de passagers, fut
une réelle opportunité à saisir pour Dubaï.
Dès lors, l’objectif était de faire en sorte
que ces passagers restent sur place, afin
que l’économie puisse en bénéficier
davantage. Cette mesure fut couronnée de
succès, dans la mesure où près de 80 hôtels
d’affaires ont été ouverts, ainsi que
quelques hôtels dédiés au tourisme de
loisir.
Dubaï avant son urbanisation.
Dubaï aujourd’hui.
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Parmi les personnalités qui contribuèrent largement à la transformation de la ville de Dubaï, il
est possible de citer le Cheikh Rachid ben Saïd Al Maktom. Homme visionnaire et libéral, il
misa sur son peuple ambitieux et fit de la ville une métropole mondiale sur laquelle règne un
climat d’affaires. Dubaï est ainsi devenue la « ville business » par excellence et accueille
aujourd’hui des commerçants du monde entier.
1.2. Dubaï aujourd’hui :
1.2.1 Chiffres clés :
Contrairement aux autres pays du Golfe, Dubaï a su miser sur une autre ressource, plus durable
que celle du pétrole : le secteur des services. En effet, le pétrole et ses dérivés ne représentent,
aujourd’hui, plus que 3% du PIB.
Dubaï abrite actuellement le neuvième plus grand port au monde et le troisième aéroport
mondial, en termes de trafic de passagers internationaux. Par ailleurs, la compagnie aérienne
Emirates est la compagnie qui parcourt le plus de kilomètres au monde.
Avec 16 millions de visiteurs étrangers en 2017, Dubaï est également la septième ville la plus
visitée au monde. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Dubaï accueille davantage de
visiteurs étrangers venus pour les loisirs que de visiteurs étrangers venus pour affaires. En 2017, ils se répartissaient de la façon suivante : 59% des visiteurs étrangers étaient venus pour les
loisirs contre 21% pour les affaires.
Le tourisme est devenu un élément phare de l’économie dubaïote. En effet, au cours de l’année
2017, 25% du PIB, à l’échelle de la ville de Dubaï, était réalisé par le secteur touristique. La
même année, ce secteur représentait également 10% du PIB à l’échelle des EAU. En 2018,
Dubaï compte plus de 120 000 chambres, qui font l’objet d’un très bon taux d’occupation à
hauteur de 75%. D’autant plus que le climat privilégié de la ville est fortement propice aux
investissements étrangers. En moyenne, le parc hôtelier de la ville croit de 10% chaque année.
Le gouvernement veut faire de cette métropole un centre touristique, logistique, financier et
d’affaires. En guise d’objectif économique pour l’année 2018, la ville de Dubaï vise une
croissance de son PIB de plus de 4,5%.
Selon Monsieur Maigniez, le succès d’une destination repose sur trois facteurs : l’accessibilité,
l’absence de taxe et la présence d’un marché quantitatif et qualitatif. Aussi, la destination
« Dubaï » en est le parfait et unique exemple, puisqu’elle combine l’ensemble de ces facteurs
et connaît un succès significatif.
1.2.2. Provenance des touristes :
Pour la ville de Dubaï, le premier marché, en termes de visiteurs, est celui de l’Inde. Ensuite,
nous pouvons observer une dominance des pays d’Europe de l’Ouest, détenant à eux seuls 21%
des parts de marché. Même si la France est en 13ème position, elle fait tout de même l’objet
d’une forte progression, à hauteur de 12%. Toujours est-il que le marché européen est important
pour la ville de Dubaï, car les visiteurs en provenance des pays européens disposent d’un fort
pouvoir d’achat. Il en est également de même pour les pays du Golfe, qui représentent 19% des
touristes venant à Dubaï. La ville s’est aussi fixé un objectif supplémentaire : celui de miser sur
les marchés émergents tels que l’Asie, les Etats-Unis, les pays du Moyen-Orient et d’Afrique
du Nord. Les visiteurs en provenance des pays venant d’être cités peuvent être facile à capter
si la stratégie de développement de l’offre touristique fait en sorte que les prix deviennent de
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plus en plus accessibles. Par ailleurs, il est important de ne pas négliger le fait que Dubaï dispose
d’une situation géographique centrale, permettant de s’y rendre en moins de quatre heures de
vol pour 75% de la population mondiale. Aussi, il est important que la ville intègre dans sa
stratégie de développement touristique, à la fois la consolidation des marchés existants, mais
également la conquête de parts de marché supplémentaires au niveau des pays émergents.
1.2.3. L’image de la ville en tant que destination :
La ville de Dubaï est ternie par une image quelque peu « bling bling » et superficielle,
notamment au regard des Européens. En effet, la présentation de l’hôtel sept étoiles « Burj El
Arab » a été fortement critiqué en France, particulièrement pour son côté esthétique.
Finalement, le contre-argument qui a été donné fut le suivant : l’hôtel « Burj El Arab » n’est autre que le symbole de Dubaï, au même titre que la Tour Eiffel qui symbolise la ville de Paris.
La seule différence étant que l’établissement abrite des chambres. En outre, la tour a été
construite aux goûts d’une clientèle arabe fortunée et pas nécessairement pour répondre aux
goûts architecturaux des Européens.
Au niveau de sa communication, Dubaï mise avant tout sur son image de « ici, tout est
possible ». Dans la vidéo promotionnelle montrée lors de la conférence, on remarque
effectivement que l’accent est mis sur la multitude d’activités sportives existantes, que cela soit
le snowboard sur sable, les activités sportives extrêmes (sauts depuis le toit des immeubles de
la ville) ou encore le hall de ski artificiellement enneigé.
2. Les enjeux de la destination « Dubaï » :
2.1. L’Exposition Universelle de 2020 :
L’objectif gouvernemental en termes de fréquentation touristique de la ville de Dubaï a été fixé
à 20 millions de visiteurs pour l’année 2020. Cet objectif va de pair avec l’Exposition
Universelle qui aura lieu dans la ville en 2020. D’autant plus qu’il s’agit d’un moment clé, dans
la mesure où ce sera la première fois qu’un pays du Proche et Moyen-Orient accueillera
l’Exposition Universelle. Réel instrument de rayonnement mondial et de « soft power »,
l’Exposition Universelle se doit d’être accompagnée d’une politique efficiente de
développement des infrastructures. Pour ce faire, 65 milliards de dollars américains vont être
injectés dans l’économie dubaïote. De nombreux projets immobiliers ont d’ores et déjà vu le
jour quand d’autres sont encore en construction. En plus des 30 hôtels prévus pour accueillir
les visiteurs de l’Exposition Universelle, nous pouvons également citer quelques exemples
d’infrastructures tels que le parc d’attraction Legoland, le Dubaï Opera House, The Frame (un
cadre immense permettant d’avoir un aperçu sur la vieille ville d’un côté et sur la nouvelle ville de l’autre) et The World (un projet qui a fait beaucoup de bruit et n’est autre qu’un ensemble
d’îles artificielles formé de façon à représenter la carte du monde). Ainsi, nous pouvons avancer
que l’Exposition Universelle présente également un enjeu pour l’économie de Dubaï. D’autant
plus que l’on préconise la création de 277 000 emplois d’ici 2020.
En outre, la thématique de l’Exposition Universelle de 2020 accueillie par la ville de Dubaï est
la suivante : « Connecting minds and construct future » (Connecter les esprits et construire le
futur). Il s’agit là d’une thématique en parfaite concordance avec l’image et l’état d’esprit que
souhaite véhiculer la ville. Le but étant de faire rencontrer les cerveaux du monde entier afin
que des projets futurs puissent se réaliser ensemble.
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2.2. L’écologie et le développement durable : des éléments encore trop peu
considérés :
À l’échelle de la ville de Dubaï, la question écologique ne fait pas partie des enjeux prioritaires.
Par ailleurs, cela concerne davantage les pays disposant d’un haut degré de développement et
s’étant développés bien plus tôt que Dubaï. D’autant plus que ces derniers impactent depuis
plus longtemps l’environnement.
Toujours est-il que les Dubaïotes ont un rapport avec la nature bien plus important que d’autres
nationalités, telles que les Français. Monsieur Maigniez a d’ailleurs fait remarquer que les
Dubaïotes se rendaient régulièrement le weekend dans le désert pour y séjourner. En outre, cela
fait écho aux origines nomades de cette population.
Monsieur Maigniez a également rappelé que Dubaï a été remise en cause pour des questions
écologiques après avoir construit ses îles artificielles. Si ces constructions ont coupé certains
courants marins, il n’empêche que ces mesures ont été tout de même à l’origine de nouveaux
écosystèmes, car des arrivées massives de poissons, prenant refuge autour de ces îles, ont été
constatées.
Au cours de la conférence, il a également été mentionné que les jeunes dubaïotes commencent
à prendre conscience des enjeux écologiques et de développement durable. Même si ces enjeux
ne sont toujours pas prioritaires, des mesures commencent à être mises en place. Des champs
de panneaux solaires ont notamment été installés à proximité de Dubaï pour la production
d’électricité. Aussi, il ne fait aucun doute que le développement durable deviendra également
pour la ville de Dubaï une priorité d’ici quelques années.
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Conclusion :
En tout juste 20 ans, Dubaï est une ville qui a su se démarquer à l’échelle internationale. En
effet, c’est à une vitesse exponentielle et sans précèdent que cette ville s’est construite et
étendue. Il en est également de même quant au développement de son activité touristique. Aussi,
il est aisé d’attribuer, aujourd’hui, le qualificatif de « cité mondiale » à la ville de Dubaï. En
outre, une telle croissance se justifie par une position géostratégique de premier ordre et des
mesures ayant facilité la circulation de flux commerciaux et de personnes. D’autant plus que la
ville de Dubaï a bénéficié de dirigeants ayant encouragé ces mesures afin de faciliter au
maximum l’accessibilité et de permettre une fluidité accrue des flux. En effet, entre l’absence
de taxe et la mise en place de stratégies d’accessibilité efficientes, il est aisé de justifier
l’augmentation massive, rapide et inégalée sur le plan international des flux de visiteurs internationaux.
Si Dubaï est une ville qui connaît un succès significatif, elle doit aussi faire face à des enjeux
de diverses natures. En effet, même si cette ville a su convaincre le marché français, Dubaï est
encore connotée comme une destination superficielle et « bling bling » sur d’autres marchés.
Outre son image, la ville devra davantage prendre en considération les enjeux écologiques et
de développement durable dans les années à venir. Finalement, d’autres enjeux arriveront
prochainement quant à la mise en place d’infrastructures et d’aménagement adéquats, puisque
Dubaï a été désignée pour accueillir la prochaine Exposition Universelle qui se déroulera en
2020.
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Questions/Réponses :
Question 1 : “Quelles sont les activités culturelles qui peuvent intéresser les Français à Dubaï ?”
La société dubaïote est totalement différente de celle de la France. Aussi, cela explique que la découverte
de la culture arabe est au centre des activités des Français à Dubaï. Il existe des cités de marchands
depuis le XIXème siècle et les touristes français, cherchant à en apprendra davantage sur l’Arabie, aiment
visiter des mosquées, des souks ou encore le désert. Ainsi, Dubaï dispose d’une offre culturelle riche
avec sa quarantaine de musées. Question 2 : “Rencontre-t-on beaucoup de population locale à Dubaï ?”
La population à Dubaï se compose de 80% de non locaux et de 10% de locaux. Cette énorme disparité
apporte à la fois avantages et inconvénients. Concernant les avantages, rencontrer des gens du monde
entier peut s’avérer captivant pour les touristes et les hommes d’affaires. Quant aux inconvénients, il est
difficile de rentrer en contact avec les Dubaïotes, qui ont tendance à beaucoup se protéger. Toutefois,
ils prennent de plus en plus conscience de ce problème et ont besoin de temps pour travailler dessus. Question 3 : “Quels sont les impacts environnementaux de Dubaï, et quel est le poids du
développement durable à Dubaï ?” Pour les Dubaïotes, les problématiques environnementales ne sont pas encore au centre de leur stratégie.
Ces problématiques font l’objet d’une considération plus importante dans les pays très développés et/ou
“ultra-riches”. Toutefois, la notion de développement durable commence à être de plus en plus en
présente, comme c’est le cas en Inde et en Chine. Les nouvelles générations ont conscience des enjeux
écologiques, mais n’en font pas encore une priorité. Nous restons tout de même sur une logique de
durabilité et d’écologie. Aussi, le développement durable deviendra également, en son temps, une
priorité nationale. Ce progrès des mentalités est tout de même relié au fait que Dubaï et sa région font
l’objet d’une crise. En effet, si les parents des jeunes dubaïotes ont pleinement profité de l’essor de
l’époque pétrolière, aujourd’hui les jeunes générations font face à de nouvelles perturbations,
notamment liées à la préservation de l’environnement. Question 3 (suite) : “Pourquoi ne pas prendre en compte dès maintenant le problème de
l’environnement ?” D’un côté, les Dubaïotes seraient plus attachés à la nature que les Occidentaux. Ceci s’explique
notamment par l’urbanisation récente de la ville de Dubaï. Régulièrement, ils se rendent le weekend
dans le désert, ce qui leur octroierait un meilleur rapport avec la terre que les Français. Ils ont, depuis
longtemps, conscience de respecter la nature. D’un autre côté, au niveau de l’électricité, ils disposent
déjà de champs de panneaux solaires monumentaux, ce qui s’inscrit bien dans la logique de l’énergie
durable. Question 4 : “Après l’ouverture du Louvre Abu Dhabi, Abu Dhabi est-il en concurrence avec Dubaï
au niveau touristique ?” Abu Dhabi est une ville dotée de bien plus d’infrastructures touristiques que Dubaï. Il s’agit aussi d’un
territoire 15 fois plus grand que la ville de Dubaï. En outre, ce sont deux destinations qui disposent d’une
attractivité touristique différente. Notons qu’à Dubaï, les commerçants occupent une place
prépondérante. Par ailleurs, la montée en puissance d’Abu Dhabi permet de disperser les flux
touristiques. D’autant plus que les gens qui visitent la ville d’Abu Dhabi se rendent également à Dubaï.
Ceci constitue aussi une opportunité pour le Louvre, dans la mesure où il bénéficie d’une récupération
financière importante. Ainsi, l’ouverture du Louvre Abu Dhabi est bénéfique pour la ville autant que
pour le Louvre elle-même.
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Compte-rendu de la conférence: «Dubaï Stratégie Touristique : les enjeux d’une cité mondiale»
@voyagedubai
Pascal Maigniez Mercredi 28 novembre 2018
Compte-rendu réalisé par: Ethuin Margaux
Malin Manon
Mornon Camille
Burini Camille
Chekaba Lydia
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Présentation de l’intervenant :
Pascal Maigniez est spécialiste en stratégie marketing des destinations, pour les secteurs
du tourisme et du commerce. Il a travaillé de 1995 à 2017 en tant que directeur France-Benelux
pour le département du tourisme et du marketing commercial de Dubaï. Il a participé à la
promotion de cette ville sur les marchés de France et du Benelux. En effet, il est le premier
marketeur français à avoir développé la destination touristique de Dubaï en France.
Cette conférence nous a permis de comprendre les stratégies marketing engagées par Dubaï
depuis les vingt dernières années pour s’imposer sur le marché international. Elle nous a
également permis d’appréhender les nouveaux enjeux auxquels la ville va devoir faire face,
notamment avec la préparation de l’exposition universelle de 2020.
Introduction :
Dubaï est souvent soumis à de nombreux préjugés et a priori, qui définissent la
destination comme une ville démesurée, outrageusement luxueuse ou encore comme une ville
dépendante de son pétrole. Cependant, Dubaï est une ville, avec des origines commerçantes
fortes, qui a très vite pris conscience que le pétrole était, certes, une ressource capitale et
enrichissante, mais aussi non renouvelable.
Dès lors, il a été question pour les dirigeants de trouver des alternatives pour faire vivre
l’économie en la diversifiant. C’est alors que s’est opérée une politique de réinvestissement des
revenus pétroliers dans le développement de l’urbanisme de la ville, de ses infrastructures et du
tourisme.
Le secteur du tourisme est devenu alors un secteur prioritaire pour la ville mondiale. La ville a
ouvert ses portes aux régions voisines, mais aussi au monde de manière générale. Cela a donné
lieu à un flux business important, qui a participé à stimuler l’activité commerciale. Aujourd’hui
l’objectif de Dubaï est d’entamer sa période d’après-pétrole en misant sur le commerce et le
tourisme. L’ambition de la ville est de devenir un pôle touristique incontournable au Moyen-
Orient, et de s’imposer sur le marché international du tourisme.
D’ailleurs, l’exposition universelle de 2020 devrait être pour Dubaï une date-clé dans son
processus de développement international. La ville est en pleine préparation de cet événement,
et a choisi un thème très actuel : « connecter les esprits et créer le futur » pour attirer de
nombreux touristes et lutter contre les stéréotypes qui entachent son image. En effet, Dubaï
espère avoir une visibilité internationale lors de cette exposition, afin de réaffirmer son potentiel
touristique.
État des lieux de la destination en 1995 :
En 1995, il y a un peu plus de vingt ans, Dubaï avait pour ambition de devenir une
destination touristique et cherchait de facto un marketeur pour développer son image et son
attractivité touristique. Ce territoire était largement inconnu des étrangers alors que Dubaï est
la première ville des Émirats arabes unis devant la capitale fédérale Abu d’Abi. Cette ville du
golfe persique a donc identifié un marketeur pour développer cette destination touristique et
des projets touristiques ont été mis en place et revendiqués par le gouvernement. Le but est de
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faire de Dubaï, à moyen et long-termes, une des premières destinations mondiales du tourisme,
notamment de luxe, ainsi que de diversifier son activité en l'étendant au tourisme familial,
commercial, d’affaires ...
Pour notre intervenant, le territoire de Dubaï, vierge en termes de tourisme, était pour
lui une opportunité. Il avait en effet la possibilité de démarrer avec un produit « neuf », « à faire
». En 1995, la destination accueillait par exemple seulement neuf mille Français par an. Elle
était donc peu connue, mais possédait par ailleurs des avantages pour permettre une mise en
tourisme rapide et efficiente. En effet, cette destination était déjà relativement bien équipée en
infrastructures de transports (l’aéroport de Dubaï est le troisième aéroport mondial le plus
fréquenté avec 77 millions de passagers en transit en 2015 et le premier aéroport mondial en
termes de trafic international) et possédait déjà de nombreux hôtels d’affaires. Ce dernier point
est d’ailleurs, à contrario des clichés fait sur le tourisme d’affaires dans cette région, une
singularité de Dubaï.
Développement chronologique et historique de Dubaï : une stratégie de long terme
par l’investissement dans le tourisme.
La ville, fondée au XVIIIème siècle, reste un petit bourg modeste lié à l’activité de la
pêche et de la culture de perles jusqu'à la fin du XIXème siècle. Dubaï devient cependant une
destination commerçante et prend de l’importance au fil des siècles. Par exemple, elle s’associe
avec son émirat à la création des États de Trêves en 1853.
Dans l’entre-deux-guerres, Dubaï connaît une période délicate du fait du développement de la
permaculture artificielle. En effet, son activité est directement concurrencée et impactée. En
1971, la ville participe à la création des Emirats-Arabes-Unis actuels. Face aux problématiques
de statuer et d’investir dans une économie pétrolière du fait de ses faibles réserves, Dubaï
diversifie ses activités commerçantes et ambitionne de devenir une destination touristique de
premier plan, ce qu'elle parvient à faire. Cette cité mondiale, cosmopolite est et continue d’être
une destination ayant pour vocation de faire du business. Cette diversification se traduit
directement par ses données économiques. En effet, la ville a connu une forte diversification
des apports de son Produit intérieur brut (PIB) puisque 97% de celui-ci est constitué de produits
non pétroliers et de produits dérivés du pétrole. La diversification, notamment de son offre et
des publics visés par sa mise en tourisme, encore actuelle, lui permet de se consolider
économiquement et d’investir.
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Quelques chiffres clés :
Au niveau des infrastructures, le port de Jebel Ali, ville des Emirats-Arabes-Unis, situé
à 35 km au sud-ouest de la ville de Dubaï, est le neuvième port à conteneurs le plus important
au monde en 2017(Trafic en millions d'EVP). Ce port artificiel est considéré comme le plus
grand du monde. Ce territoire abrite également trois sociétés portuaires mondiales. Ce port
s’inscrit dans une plateforme intermodale connectée à l’aéroport international de Dubaï et à
l’aéroport international Al Maktoum. Cet aéroport international est également utile pour le
transport massif du fret avec une capacité de fret annuelle de 12 millions de tonnes.
Quelques chiffres sur son activité touristique :
La vitesse de développement de l'activité touristique de Dubaï est exponentielle. Dubaï
a la possibilité d’être ainsi le deuxième plus grand marché international. Le tourisme constitue
actuellement 25% de son Produit intérieur brut et 10% du Produit intérieur brut des Emirats-
Arabes-Unis. Enfin, Dubaï représente 0,4% des flux d’affaires et du tourisme mondial. La part
des loisirs dans ses retombées économiques est également sensible pour le tourisme, supérieure
à celle du business. Dubaï est également connue pour sa promotion touristique et pour la
médiatisation de ces produits touristiques comme l’hôtel Burj-Al-Arab. Des projets
gigantesques comme le Palm Island, presqu’île artificielle en forme de palmier, the World, un
archipel artificiel, ou encore la Dubaï Marina, participent à sa médiatisation et à son attractivité.
Enfin, en termes de loisirs, la ville possède également de nombreuses offres comme l’IMG
World of Adventure, le Dubaï Opera, Legoland…
Les objectifs pour l’horizon 2020 :
L’objectif pour 2020 est d’atteindre plus de 20 millions de visiteurs. Le marché français
est quant à lui le troisième au rang européen pour cette destination avec 300 000 visiteurs
français par an. On peut également constater une croissance exponentielle du nombre de
touristes français, avec une augmentation de 36% des voyageurs par rapport à 2014.
Au niveau économique, l’objectif d’ici 2020 est de gagner et d’investir dans l’économie. Ainsi
65 milliards de dollars US de revenu du tourisme seront injectés dans l’économie.
L’ouverture de trente hôtels ces deux dernières années illustre cette croissance et ces
investissements dans tous les secteurs.
En 2018 le parc hôtelier est composé de 120 000 chambres (700 unités). L’objectif est de
conquérir des parts de marché, notamment sur le marché indien et chinois, afin d’atteindre
l’objectif de 150 000 chambres en 2020 (date-clef, car s’y déroulera l’Exposition universelle).
Pour cette Exposition universelle, Dubaï doit se doter d’un certain nombre d’infrastructures
(acheminements, arrivée d’eau). L’ambition étant d’accueillir 25 millions de visiteurs.
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Historique de la destination et choix stratégiques :
Tout vient déjà d’un positionnement géostratégique remarquable, via les connexions
dans le passé. Ces connexions sont d’abord régionales : Dubaï était au départ un petit port
maritime qui accueillait de nombreux commerçants, notamment sur la route de la soie.
À la fin du XIXe siècle, Dubaï devient un port franc, sans taxe. Cette absence de taxe l’aide à
développer le commerce, car, de surcroît, la position géographique de la ville permettait l’accès
à de nombreuses autres villes (en Inde, au Pakistan, dans les autres ports du Golfe...). Ce
phénomène de vascularisation de la région s’est amplifié avec le temps.
À la fin du XIXe siècle, les Dubaïotes étaient dotés d'huîtres perlières, ils montent donc un
comptoir de perles au début du XXe siècle (la ville compte alors jusqu’à 1000 marchands de
perles). Mais un chimiste japonais invente la formulation de perles de culture synthétique et le
marché du port dubaïote s’effondre.
Dans les années 1960, le pétrole arrive, et on prédit à Dubaï des réserves pour 40-50 ans
maximum. Ils décident donc de se diversifier en investissant, grâce à l’argent du pétrole :
aéroport international, port artificiel... Ils cherchent à faciliter l’accès.
Contrairement au cheikh d’Abu Dhabi, qui était assez conservateur, le cheikh de Dubaï
était un véritable commerçant. Dubaï décide d’investir sur l’accès en mettant en place une loi
fiscale privilégiée. Les premiers avions de l’aéroport venaient uniquement faire du refueling,
ils se posaient à Dubaï avant d’aller en l’Asie. L’idée était de faire rester ces avions
internationaux, d’occuper les hôtels en termes de business, mais aussi en termes de tourisme. Il
fallait faire en sorte que les gens restent et dépensent.
Dubaï met en place un environnement facile d’accès, agréable et libéral, de sorte que
l’économie en profite. Le but du cheikh est de faire de Dubaï le “Singapour du Moyen-Orient”,
afin de sortir de l’angoisse de l’après-pétrole. C’est un pays novateur pour lequel tout semble
possible.
Position géostratégique :
Dubaï se trouve au centre de deux cercles :
- en moins de 4h de vol on touche 25% de la population mondiale.
- en moins de 8h de vol on touche 75% de la population mondiale.
Ces chiffres représentent toute la potentialité de la destination. Son accessibilité est son atout
principal, la ville peut être attractive, mais il faut également qu’elle soit accessible.
À moins de 4h de vol on a un marché quantitatif, avec des pays volumineux (en termes de
nombre d’habitants) touchés dans le premier cercle, avec l’Inde et des ports africains.
Ce marché gigantesque ajouté à l’absence de taxe et à l’accessibilité de la destination représente
la stratégie touristique primaire de Dubaï.
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Aujourd’hui et demain :
Aujourd’hui l’objectif est de consolider tout cela, continuer à gagner des parts de
marché, et aller sur des marchés émergents. C’est une ville tertiaire, son objectif stratégique
majeur est de diversifier son offre de services : centre touristique, logistique, financier et
d’affaires.
L’un des éléments clés qui manquaient à Dubaï était un coup de projecteur international. Plus
maintenant grâce à l’Exposition universelle de 2020. En effet la destination possède une image
un peu “bling-bling” et superficielle qu’elle cherche à dépasser. Ainsi, avec la création de
l’hôtel 7 étoiles, le Burj al-Arabe (“la tour des Arabes”), il a fallu défendre le projet,
communiquer dessus. Il s’agit d’une tour destinée aux Saoudiens, aux Qataris. L’idée est de
cibler et d’accéder à des segments de la population bien particuliers, en travaillant sur des
thématiques fortes.
Dubai Expo 2020
L’Exposition va tenter mettre en lumière la destination, et de, comme sa thématique
l’indique de “faire se rencontrer les gens”, en effet le slogan de la candidature dubaïote était
“connecting mind, building the future”. L’idée de travailler sur des thématiques fortes et
notamment celle de l’authenticité, du mouvement et de la durabilité (les trois sous
thématiques de l’événement)
« Le pic de croissance entraîné par l’expo 2020 aura lieu en 2018… et une croissance de l’émirat
de 10,5% de 2018 à 2021 est prévisible -, Dubai Expo devrait générer des revenus à hauteur de
22,9 MDS US $ et créer 277 000 emplois » Barclays Bank (Déc. 2013).
Présentation d’un visuel sur Dubaï
L’intervenant a conclu sa présentation par la projection d’un visuel publicitaire de la
destination. Celui-ci permet de voir que la destination Dubaï a fait le choix de l’excès en termes
de communication pour marquer les esprits. Tout est possible à Dubaï : « Discover all that
possible ». Elle cherche également à cibler les enfants, ces derniers pouvant intervenir dans le
choix des vacances.
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Questions/Réponses
Question : Comment la ville de Dubaï se projette-t-elle dans l’avenir sur le plan écologique
et durable ?
Réponse de l’intervenant : Comme tous les pays développés, nous avons passé une deuxième
phase. Nous avons réussi notre révolution industrielle. Maintenant nous allons entamer la
révolution des services. Nous nous posons des « questions de riches ». Pour eux (les Dubaïotes),
c’est un peu comme en Inde ou en Chine : car en réalité, elle n’est pas tout de suite là. Elle est
là, notamment sur les jeunes générations, celles qui ont à peu près entre 20 et 30 ans. Cela ne
reste pas leur priorité, mais cela va le devenir. Pour eux, c’est une question de survie. Nous,
dans les pays développés on se pose moins des questions de survie. Pour eux la manne pétrolière
s’est consolidée puis reconsolidée. Nous on a plusieurs plans d’économie qui nous assure des
aléas, des crises ou des éléments conjoncturels, mais eux, le tourisme, les services, la finance,
l’agriculture, l’industrie…cet ensemble est relativement fragile. Donc on est sur une logique de
durabilité, d’écologie qui commence, mais, encore une fois, ça viendra en son temps en termes
de priorité nationale.
Suite de la question : Est-ce que je pourrais avoir deux, trois chiffres de l’impact
environnemental actuel ?
Réponse de l’intervenant : Vous pouvez vous mettre en relation avec le département du
tourisme de la ville, « Dubaï Tourism info », et lui poser cette question.
Question : Vous parlez d’une question de survie, mais ne pensez-vous pas qu’il serait
intelligent pour les Dubaïotes de prendre en compte cette question environnementale dès
à présent au lieu de s’en préoccuper lorsqu’il sera trop tard et lorsque les conséquences
de celle-ci seront déjà survenues ? C’est-à-dire, au niveau des énergies utilisées comme
l’eau, surtout, une ressource qui est amenée à devenir de plus en plus rare et qu’ils
utilisent à outrance. Puis ensuite, au niveau des îles artificielles qu’ils construisent et qui
posent des problématiques comme celle de la montée des eaux. Pour ma part, cela me
paraît absurde de construire des îles artificielles lorsqu’il y a de vraies îles qui
disparaissent avec justement cette montée des eaux.
Réponse de l’intervenant : Pour répondre rapidement et schématiser, là où Dubaï a été mis au
ban de la communauté écologique c’est lorsqu’elle a construit ses îles. Je vais me faire
volontairement l’avocat du diable. Ces projets sont intéressants, notamment en termes
d’ingénierie. Avec ces 5km, 10km, on parle de « l’île de Palm ». On a pris du sable à un endroit,
on l’a déversé dans un autre. La mer du Golfe, l’Arabie, ce n’est que du sable. Pas de rochers.
Et puis cette île artificielle sort de l’eau, car les fonds ne sont pas très profonds. Puis après, on
construit des maisons au-dessus. J’ai un ami qui avait une villa à cet endroit et lors d’un
barbecue, je vois des femmes de ménage qui passent avec une canne à pêche. Je demande «
Vous allez à la pêche ? » et on me répond « Oui, car c’est très poissonneux ! Depuis que j’ai
acheté cette maison sur Palm, je ne vais plus chez le poissonnier. Grâce aux récifs artificiels,
cela a provoqué la venue de la faune et de la flore ». Donc je vous raconte cela pour vous faire
comprendre que, parfois, ça a été stigmatisé sans connaissances. Quand un poisson n’a pas de
lieu où se nicher, où se nourrir, où il n’y a plus que du sable : il vient à mourir. Mais quand
vous mettez un rocher, etc., les planctons viennent ; ils attirent toutes sortes de mollusques…il
y a une écologie qui se fait. Donc l’île de Palm, n’a pas eu que des inconvénients, que des
impacts négatifs sur l’écologie. Elle a dans son fond, quelque chose de novateur et quand on
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fait quelque chose de nouveau, on peut se tromper, c’est normal. Dans son tronc, cela a coupé
les courants marins du port littoral. Ils ont construit un tunnel en dessous. Il y a eu, à un moment,
des exagérations, c’est sûr. Quand nous, nous avons eu la préfiguration de ce que seraient ces
territoires touristiques, puisque chaque île qui se crée est un pourtour balnéaire, c’était délirant.
Les Dubaïotes croyaient que tout était possible avec leurs îles artificielles. Heureusement la
crise des subprimes est passée par là : il y avait moins de cash et les banques étaient moins
favorables à ces projets. Pour continuer sur votre question, je pense qu’ils connaissent ces
problématiques, beaucoup mieux que vous et moi. Ce sont des gens qui sont nés du maigre fruit
du désert et qui ont une conscience de la Terre beaucoup plus fine que la plupart d’entre nous.
Ils vont tous les weekends dans le désert, dont les parents et grands-parents leur ont toujours
inculqué le respect de la nature. Il n’y a pas que des riches qui roulent en Porsche et qui font
des rallyes. Ils ont un rapport beaucoup plus proche à la nature que le nôtre. Le deuxième aspect,
c’est au niveau de l’électricité. Ils ont des champs photovoltaïques qui sont des monuments.
Donc ils n’ont pas attendu d’avoir une conscience de l’énergie durable.
16
Compte rendu de la conférence donnée le mercredi 28
novembre 2018 de 18h00 à 20h
Pascal MAIGNIEZ
Spécialiste en stratégie marketing des destinations pour les secteurs du tourisme et du commerce. Il a été
Directeur du Bureau de développement, du tourisme de l'émirat de Dubaï en France et au Bénélux (Dubai
Department of Tourism and Commerce Marketing - DTCM) de 1995 à 2017.
“Dubai : Stratégie touristique. Les enjeux d’une Cité
mondiale”
Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme
Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne
Réalisé par : Elisa Gallet, Claire Tournier, Zoé Dupont, Caroline Picard, Sandrine Alin et
Lauriane Genestout.
Table des matières
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Introduction 18
I - Perspectives économiques : Tourisme 19
II - Perspectives économiques : Hôtellerie 20
III - Position géostratégique 21
IV - Dubaï : Hier VS Aujourd’hui 23
V - Questions / Réponses 23
18
Introduction :
Dubaï est à la fois une ville et un émirat des Émirats arabes unis. Ce dernier est ouvert sur le
golfe Persique et situé entre les émirats de Sharjah au nord-est et d'Abou Dabi au sud. Dubaï
est entièrement construite sur le désert du Rub al-Khali. La langue parlée majoritairement est
l’Arabe. La ville de Dubaï compte plus de 2 millions d’habitants. Cette ville est devenue un
nouveau lieu de la mondialisation. En effet, Dubaï est une ville dynamique qui repose
principalement sur le tourisme international, l’exportation de pétrole (mais les réserves
s’épuisent), le commerce d’industries lourdes ou encore les nouvelles technologies.
Dubaï est une Cité mondiale, c’est-à-dire un endroit où les individus n'ont pas la même religion
ni la même nationalité, mais viennent principalement pour faire du « business ». Le business n’est pas seulement lié au pétrole, mais aussi au commerce et au tourisme. « Avant d’être des
musulmans, ce sont des commerçants ».
La fonction économique de la ville est primordiale, et pratiquement unique : Dubaï est depuis
les origines une ville vouée aux affaires. L’économie de Dubaï était basée sur le commerce et
notamment sur l’exportation des perles, jusque dans les années 1950. Avec la découverte de
l’exploitation du pétrole et du gaz naturel juste après la Seconde Guerre mondiale, Dubaï
abandonne quasiment toutes ses autres activités. Mais depuis quelques années le gouvernement
a pris conscience de l’extrême dépendance de l’économie des émirats vis-à-vis des énergies
fossiles. Dubaï reconvertit donc son économie vers de nouvelles technologies, le commerce et
surtout vers le tourisme sont principalement orientés vers le luxe à l’image du Burj-Al-Arab
qui est l’hôtel le plus luxueux, le plus haut (321m) et le plus « étoilé » du monde.
Dubaï est devenu un haut lieu du tourisme mondial. La ville, possédant des atouts
géographiques et climatique (la mer, le soleil, le désert..) a pu ainsi séduire des touristes venus
d’Europe par exemple. Dubaï a aménagé volontairement son territoire afin de subvenir au
besoin touristique. La ville est dotée de 120 000 chambres en 2018, et passera à 150 000 chambres en 2020. Le tourisme représente aujourd’hui 25% du PIB de Dubaï et 10% du PIB
des E.A.U (Émirats arabes unis). En 2017, la ville a accueilli 16 millions de visiteurs (soit une
hausse de 21% par rapport à 2014). L’objectif en 2020 est d’atteindre les 20 millions de
visiteurs. La construction de nouveaux équipements d’accueil, tel que les hôtels, les restaurants,
les palaces, ou de loisirs, comme les parcs d’attractions, les centres commerciaux ont aussi
participé à l’attrait de cette ville par les voyageurs. Dubaï a aménagé près des terres de grandes
îles dont les formes peu communes ont fait la célébrité de la ville. Ces îles, en forme de palmier
(Palm Islands), et plus récemment en forme de mappemonde (l'archipel The World), sont
composées de maisons individuelles, d’hôtels et de restaurants. Une piste de ski intérieure de
400m qui se situe dans le centre commercial le Mall of the Emirates a été construite et attire de
nombreux de visiteurs.
Tout ce commerce autour du tourisme s’est créé, car l’épuisement des réserves de gaz naturel
et de pétrole est prévu d’ici quelques décennies.
Dubaï s’apprête à recevoir l’Exposition universelle en 2020. Cette Expo 2020 est organisée sur
le thème, « Connecter les Esprits, Construire le Futur », un thème qui sera décliné en trois sous-thèmes – Mobilité, Durabilité, Opportunité. Cet événement va permettre d’attirer davantage de
touristes sur l'Émirat de Dubaï. Ce dernier pense accueillir 25 millions de visiteurs pour
l’Exposition universelle.
19
Ce compte rendu de la conférence nous permettra d’aborder les différents points qui ont été
traités par Pascal Maigniez, à savoir : les perspectives économiques du tourisme et de
l'hôtellerie, la position géostratégique et l’évolution de Dubaï (hier VS aujourd’hui).
I - Perspectives économiques : Tourisme
Bien que Dubaï soit un émirat faisant partie des Émirats arabes unis, elle est considérée comme
une Cité-État c’est-à-dire une ville très puissante qui se gouverne par elle-même.
Contrairement à ce que l’on pense, l’économie de Dubaï n’est pas seulement tournée vers
l’industrie du pétrole. En effet, depuis près de 20 ans Dubaï se diversifie et aujourd’hui 97% de
son PIB est basé sur une économie hors pétrole et hors produits dérivés du pétrole.
Quelques chiffres qui montrent la place qu’a prise Dubaï sur le plan international pendant les
20 dernières années :
● 9ème port le plus important au monde
● 3ème société portuaire mondiale
● 1er aéroport mondial en termes de trafic passagers internationaux (83 600 000 passagers)
et le 6ème aéroport mondial
● 7ème ville la plus visitée au monde en l’espace de deux décennies seulement. Ce qui fait
de Dubaï l’exemple jamais égalé en termes de vitesse de développement touristique
d’une destination, mais également en termes de construction d’infrastructures
● Environ 1 000 nouvelles entreprises s’implantent par mois sur le territoire.
● 2ème plus gros marché mondial du commerce de détail derrière Londres
● 3ème centre mondial de l’exportation de denrées alimentaires
● Une des trois plus grandes plateformes internationales du commerce de l’or.
Aujourd’hui, le tourisme représente 25% du PIB de l’émirat. Cela montre que l’industrie
touristique est un pan majeur de l’économie dubaïote, mais également pour les Émirats arabes
unis puisqu’elle représente 10% de l'État fédéral.
Un autre chiffre qui met en avant le poids du tourisme est celui du chiffre d’affaires du tourisme
mondial. Le chiffre d’affaires engendré par le tourisme à Dubaï se chiffre à hauteur de 24% du
chiffre d’affaires du tourisme mondial.
D’ici 2020, les revenus du tourisme représenteront 65 milliards de dollars. Cet argent sera
ensuite réinvesti, réinjecté dans l’économie locale.
Si le tourisme était principalement pratiqué par des locaux avant son spectaculaire
développement, ce n’est désormais plus le cas. Les chiffres de ces dernières années tendent à
démontrer que la destination se veut plus internationale. Contrairement à ce que pensaient les
touristes auparavant, Dubaï n’est pas uniquement une région “business travel”, mais principalement une destination touristique. Ces dernières années l’émirat de Dubaï a vu sa
fréquentation augmenter rapidement et de manière significative. En effet, la destination a attiré
près de 16 millions de visiteurs étrangers l’an dernier, soit une augmentation de 21% par rapport
à l’année 2014 (soit en l’espace de 3 ans). Son objectif est désormais de tendre vers les 20
millions de visiteurs en 2020.
20
Il n’y a pas dans le monde une destination qui connaît une augmentation aussi importante du
tourisme international.
Afin de mieux répondre à la demande des touristes, Dubaï s’est dotée de nouvelles
infrastructures. 30 hôtels et autres infrastructures de loisirs ont ouvert depuis 2 ans :
● IMG World of Adventure
● Legoland
● Museum of the future sur une île artificielle
● Dubai Opera House ...
D’où viennent les visiteurs ?
● Ils proviennent principalement d’Europe de l’Ouest. Ils représentent 21% des arrivées
internationales à Dubaï, soit ⅕ des flux touristiques. Il s’agit d’un market source
important et stratégique pour l’émirat. Cela est notamment dû au fait que la population
possède un niveau de vie plutôt confortable.
Le marché français se classe au 3ème rang européen avec 300 000 visiteurs pour l’année
2017. Ce qui représente une augmentation de 36% par rapport à 2014.
● Les touristes qui se rendent à Dubaï ont également des visiteurs régionaux, c’est-à-dire
de la Gulf Cooperation Council (Conseil de coopération du Golfe) : ils représentent 22%
des arrivées et ont un taux de dépense 3 fois supérieur à celui des Européens.
● Environ 11% des touristes qui se rendent sur cette destination sont du Moyen Orient et
d’Afrique du Nord.
● Ils viennent également de l’Asie du Sud et notamment du Pakistan et de l’Inde : Il s’agit
d’un gros marché de volume, assez “cheap” en termes de dépense par visiteurs.
Dubaï veut se tourner vers la Chine et les États-Unis (6% des arrivées touristiques) qui
représentent une source de développement potentiel.
II - Perspectives économiques : Hôtellerie Le tourisme fait partie du dynamisme économique de Dubaï, le secteur de l’hôtellerie-
restauration représente 5% du PIB de l’émirat et a enregistré une augmentation de 8% en 2017.
En 2018, Dubaï se classe en 7ème position des villes les plus visitées au monde. Pour continuer
dans son rayonnement mondial, elle se prépare à recevoir l’Exposition universelle en 2020.
Dubaï pense accueillir jusqu’à 25 millions de visiteurs lors de cet événement, il s’agit d’un
moteur de croissance pour le secteur de l’hôtellerie.
C’est pour cela qu’elle est actuellement en train de se doter de nouvelles infrastructures et
d’augmenter rapidement son parc hôtelier suite à l’augmentation du nombre de visiteurs.
Selon les professionnels du tourisme, l’exposition universelle de 2020 va engendrer une solide
croissance pour le secteur de l’hôtellerie, les quatre années qui suivront cet événement.
Quelques chiffres :
● 2017 : taux d’occupation moyen 75%
21
● 2018 : Dubaï compte 120 000 chambres pour 700 établissements avec une croissance
de 7% par rapport à 2017.
● 2018 : le chiffre d’affaires par chambre disponible (RevPAR) a progressé de 6 % pour
atteindre 83,13 dollars par rapport à 2017.
● 2018 : 356 projets hôteliers en cours avec une évolution rapide du nombre d’hôtels.
● 17 nouveaux projets hôteliers d’une valeur de plus de 860 millions de dollars ont été livrés
au T1 2018.
● 100 hôtels 5 étoiles, affichent des taux d’occupation de 85 % pour 36 000 chambres en
janvier 2018.
● Les taux d’occupation des hôtels et hôtels-appartements de 1 à 3 étoiles s’élèvent à
89 % en janvier 2018.
● Objectif 2020 : ajouter 30 000 chambres supplémentaires pour obtenir un total de
150 000 chambres.
● Croissance du parc hôtelier de 10% chaque année grâce aux investissements.
● 43 milliards de dollars d’investissements pour des nouveaux hôtels et hôtels-
appartements au cours du premier trimestre de l’année, soit une croissance de 6,1 % par
rapport au T1 2017.
Dubaï possède un parc hôtelier assez luxueux, cependant le gouvernement émirati a souhaité
diversifier la clientèle c’est la raison pour laquelle il a encouragé le développement d’offres
plus accessibles. D’autant plus que le gouvernement émirati a mis en place des mesures
d'allègement fiscal pour encourager le développement de cette catégorie d'hôtels. Aujourd’hui
Dubaï compte plusieurs établissements hôteliers 3 et 4 étoiles, qui ont augmenté de 114 à 138,
représentant 25 % du nombre de chambres, à des tarifs compétitifs. Les groupes hôteliers sont optimistes concernant les performances de ces nouveaux
établissements pendant l’Exposition universelle et après cet événement.
La diversité et la popularité du secteur hôtelier de Dubaï permettent à l’émirat de bien se
positionner et d’atteindre son objectif d’ici 2020 : accueillir 25 millions de visiteurs. Bien que le nombre de chambres augmente rapidement, la performance des établissements existants reste
solide. Les investissements de Dubaï dans d’importants projets hôteliers lui réservent donc un
avenir prometteur.
III - Position géostratégique
Le Dubaï des années 1970’s n’a plus rien à voir avec le Dubaï d’aujourd’hui ; aucune ville n’a
évolué à ce point aussi rapidement. Comment l'Émirat a-t-il réussi cette extraordinaire
métamorphose ?
Dubaï fait partie des sept émirats qui composent les Émirats arabes unis. C’est le second plus
grand émirat avec une superficie de 3 885 km². Situés dans le Moyen-Orient, bordés par le golfe
Persique et le Golfe d'Oman, les Émirats arabes unis ont comme pays voisins le Qatar, l'Arabie
Saoudite et Oman. La ville de Dubaï s’est créée dans le Khor Dubaï : une boucle du bras de
mer qui s'insère dans le désert et qui forme un port naturel.
La péninsule Arabique bénéficie d’une position géostratégique particulière, puisqu’elle est l’un
des espaces les plus anciennement « mondialisés ». Dès l’Antiquité, le commerce constitue la
principale activité de la zone géographique. Elle est connectée au reste du monde par des routes maritimes et terrestres, renforcées aujourd’hui. Elle possède aussi des produits convoités tels
que la myrrhe, l’encens et plus récemment la perle et le pétrole, dont la concentration confère
22
à la zone une spécificité économique et géopolitique à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, le golfe
Persique est aussi un des pôles majeurs de la mondialisation des échanges. Dubaï a un
emplacement géostratégique remarquable. Historiquement, Dubaï était un petit port de
commerce sur la route de la Soie. La ville commerçait avec l’Inde, le Pakistan, mais acheminait
également des denrées sur les autres ports maritimes. Puis il est devenu un port franc, ce qui lui
a permis de développer son commerce et de gagner un accès aux marchés environnants. Dubaï
est également une porte d’accès pour plus de 5 milliards de consommateurs et de producteurs.
Ce port maritime s’est donc développé au fil du temps, tout en conservant une connexion avec
son passé régional. Le commerce est aujourd’hui structuré. Au début du 20ème siècle, Dubaï
s’est lancé dans la culture d’huîtres perlières et s’est érigé en comptoir de perles. Lorsqu’un
chimiste japonais a inventé la perle de culture, le développement économique de la cité s’est
ralenti d'un point de vue commercial pendant une dizaine d’années. L’exploitation du pétrole est arrivée après cette période difficile.
Afin d’anticiper la fin prévisible de la rente pétrolière, Dubaï a engagé une diversification de
son économie dans la sidérurgie, la finance, le commerce, le tourisme, l’éducation ou la culture,
entraînant l’apparition de projets urbains pharaoniques dont la ville de Dubaï est devenue le
symbole. Le gouvernement de Dubaï a voulu faire de leur ville une sorte de Hong Kong des
sables pour se sortir de l’angoisse de l’après-pétrole, sous un prisme international. En à peine
trois décennies, Dubaï s’est transformée en une ville mondialisée au cœur du commerce
régional. Pour cela, la ville a su mettre à profit sa position géostratégique en développant des
hubs portuaires et aéroportuaires et en s’érigeant comme figure de proue régionale du système
réticulaire mondial des flux de marchandises, humains et de capitaux.
Dubaï a travaillé et travaille toujours à véhiculer l’image d’une destination touristique majeure
à l’échelle régionale et internationale. Son objectif a été dans un premier temps, comme nous
l’a rappelé Pascal Maigniez, de fluidifier ses flux humains, c’est-à-dire de faire en sorte que les
gens puissent venir plus facilement. Pour cela, Dubaï a mis en place des incitations fiscales.
Dans le secteur aérien, la ville motive par exemple les compagnies à venir avec en contrepartie
le non-paiement de taxes. L'idée étant de faire rester les avions internationaux. Cela a aidé au
démarrage du tourisme à Dubaï. Le nombre de touristes arrivant sur le territoire a rapidement augmenté. Après les hôtels d’affaires, ce sont les hôtels de tourisme qui ont émergé, afin de
répondre à cette nouvelle demande. L’idée de cette stratégie de développement était que les
gens restent et dépensent sur place. En faisant le choix de secteurs stratégiques, tels le
commerce et le tourisme, Dubaï est parvenu à s’inscrire durablement dans la mondialisation.
En l’espace d’une quinzaine d’années, la ville-émirat est ainsi devenue une place tournante du
commerce mondial et régional grâce à son gigantesque port de Djebel Ali. L'émirat est devenu
une destination touristique en vogue faisant de ce secteur un moteur de sa diversification
économique, grâce notamment à ses infrastructures hôtelières haut de gamme et son réseau
aérien porté par la compagnie publique Emirates. L’autopromotion est depuis une vingtaine
d’années le moteur de l’expansion de la ville. Il s’agit de construire une image positive d’une
ville basée sur la modernité.
La réussite économique de Dubaï peut enfin s’expliquer par le contexte régional (crises
régionales à répétitions des États voisins), dont elle a su bénéficier de manière stratégique.
Dubaï joue progressivement un rôle de substitution à la fenêtre libérale et libertaire que jouait
le Liban, notamment pour les finances et le tourisme, et au marché du travail sinistré pour les
jeunes du monde arabe. Enfin, elle joue le rôle d’interface entre l’Occident et le Monde arabe,
de plus en plus puissant sur la scène internationale, d’où le terme de position géostratégique.
23
IV - Dubaï : Hier VS aujourd’hui
La destination « Dubaï » s’est établie en tant que destination d'affaire et d'ultra luxe grâce à son
offre hôtelière. Il manquait cependant un coup de projecteur mondial afin de permettre d’attirer
une nouvelle clientèle et d’en faire une destination mondiale durable basée sur un futur
imaginaire loin de l’image de superficialité qu’elle pouvait avoir.
C’est dans ce but que Dubaï a posé sa candidature pour accueillir l’Exposition universelle 2020
avec comme bannière « Connecting Minds and Building the Futur ! ». Dubaï veut être un espace
d’échange entre les esprits du monde entier sur trois thèmes majeurs : la durabilité, la mobilité,
et les opportunités. Pascal Maigniez a développé les objectifs de Dubaï pour cette Exposition
universelle 2020 : “Le pic de croissance entraîné par l’expo 2020 aura lieu en 2018…. Et une
croissance de l’émirat de 10,5% de 2018 à 2021 est prévisible. Dubaï Exposition universelle 2020 devrait générer des revenus à hauteur de 22,9 milliards de dollars et 277 000 emplois d’ici
2020. L’Exposition universelle doit donc créer plusieurs milliers d’emplois et être un moyen
de soutien la croissance économique des cinq prochaines années.
Depuis 2013, toute la dynamique économique de Dubaï est portée par l’organisation de
l’Exposition universelle prévue pour 2020, dont le logo est visible sur toutes les enseignes de
la ville. Elle semble avoir donné un second souffle au secteur immobilier qui a relancé des
projets interrompus en raison de la crise financière de 2008. Pour accueillir cet événement,
Dubaï construit le Dubaï Trade Center Jebel Ali sur un site de 438 hectares incluant un espace
couvert de 150 hectares pour accueillir 250 exposants du monde entier et double son offre
d’hébergement. L’exposition va créer environ 277 000 emplois d'ici 2020 et générer des
revenus d’environ 23 milliards de dollars. Les 25 millions de visiteurs attendus dont les trois
quarts en provenance de l’étranger devraient booster le secteur touristique et commercial, les
infrastructures de transport étant déjà en marche. Le développement de l’énergie solaire devrait
permettre de pourvoir à la hausse de la demande énergétique et de répondre aux exigences de
durabilité promue dans le projet de candidature.
En choisissant comme fil conducteur de l’Exposition universelle 2020 le thème « Connecter les
esprits, construire le futur », Dubaï cherche à mettre en avant l’une des principales dynamiques de la mondialisation qui a contribué à son développement et que nous avons évoquée plus haut
: celle des mobilités humaines. En l’espace d’un demi-siècle, la péninsule Arabique est
devenue, en raison de son développement rapide, l’un des principaux pôles migratoires au
monde, cosmopolite et qui fonctionne moins comme une nouvelle terre d’installation qu’un
segment de la nouvelle division internationale du travail qui caractérise la mondialisation. En
2016, Dubaï a été reconnue comme la ville la plus cosmopolite au monde avec 83 % de ses 2,2
millions d’habitants nés à l’étranger. En promouvant la connexion des hommes les uns avec les
autres et en faisant un facteur d’avenir, l’”Expo 2020 Dubai” souligne l’importance des
étrangers pour construire le futur des Émirats et les relations avec le reste du monde.
V - Questions / Réponses
Question 1
Les Français s'intéressent beaucoup à la culture et le patrimoine. Sachant que pour eux Dubaï
peut apparaître comme une destination un peu artificielle, quelles sont les activités qui peuvent intéresser les Français à Dubaï ?
Je pense que découvrir des cultures que l'on ne connaît pas c’est déjà le premier niveau de la
découverte culturelle et touristique. La culture ce n'est pas uniquement visiter des vieilles
pierres.
24
De plus, à Dubaï, il y a des souks, une ancienne Cité des marchands, qui existent depuis des
siècles. Vous pouvez également découvrir la culture de la péninsule Arabique de l'Arabie
heureuse. Les Français attirés par les vieilles pierres et le patrimoine ancien pourront visiter les
mosquées, les souks, mais aussi les boutres du port ou la quarantaine de musées présents à
Dubaï. Il est également possible d’accéder à un patrimoine naturel exceptionnel avec la
découverte du désert, des montagnes ou des escapades en mer.
Question 2
Pouvez-vous nous dire s’il est facile de rencontrer la population locale sachant qu'il y a
beaucoup de touristes et que la population n'est pas majoritairement locale ?
10 % de la population de Dubaï est d’origine dubaïote. Par conséquent, 90 % des personnes
habitant à Dubaï viennent d’autres pays. C'est une population avec beaucoup de métissage notamment d’origine indienne. On demande souvent aux personnes que l’on rencontre d’où
elles sont originaires. Au niveau des affaires c'est très intéressant d'avoir ce mélange de cultures.
Cependant la population locale n’a pas le profil extériorisé des Italiens, mais un tempérament
plus « low profil ». Pendant mes années à Dubaï j’ai noué des relations amicales avec 3-4
Dubaïotes qui m’ont invité chez eux. C’est aussi une population qui se protège un peu d'une
forte acculturation.
Le contexte de crise, notamment avec la raréfaction du pétrole, fait cependant évoluer la
population. La jeune génération des Dubaïotes va devoir à l’avenir travailler plus
opérationnellement. C'est encore un peu marginal, mais ça va se développer de plus en plus
notamment dans les services notamment pour garder le lever opérationnel et continuer à
développer le pays.
Question 3
Pouvez-vous nous faire un retour sur le développement durable et l’écologie à Dubaï?
C'est une préoccupation de plus en plus présente. Cependant, pour eux, c’est une problématique
de pays ultra-développés qui polluent bien davantage. Ce n'est pas encore leur priorité. Si la
démarche n’est pas encore suffisamment présente chez les dirigeants, elle l’est de plus en plus chez les 20-30 ans.
C'est une économie beaucoup plus fragile que celles de la Chine, des États-Unis ou des pays
européens qui ont des économies plus diversifiées. L’avenir de Dubaï passe par le
développement des services, du tourisme et la finance. C’est une question de survie.
Dubaï est dans une logique de durabilité, mais l’écologie est débutante. Si ce n’est pas encore
une priorité, l’écologie viendra en son temps en termes de priorité nationale.
Question 4
Ne pensez-vous pas qu'il soit important de prendre en considération les questions
environnementales maintenant et pas, un jour, quand il sera trop tard ?
Dubaï a été mis au ban de la communauté écologique quand elle a construit ses îles artificielles.
J'ai visité ces îles très intéressantes notamment du point de vue de l'ingénierie. Au-delà de la
construction ex nihilo des îles, des récifs artificiels ont été créés et au fil des ans ils ont permis
la reconstitution d’une faune aquatique dont profitent la population et les touristes.
Les Dubaïotes ne reportent-ils pas les problèmes écologiques à plus tard au lieu de maximiser
les ressources issues de l’industrie pétrolière sur l’écologie ? Par exemple en abandonnant
l’utilisation de l’eau fossile non renouvelable ?
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En fait à Dubaï ils ont développé l’eau issue de la désalinisation. L’énergie solaire est également
très développée et le sera de plus en plus à l’avenir.
Cette solution est cependant une eau coûteuse à produire avec des impacts écologiques forts :
consommation d’énergie, augmentation de la salinité. Qu’en est-il du sable importé pour la
construction et le développement du pays notamment des îles artificielles ?
La construction des îles participe au développement et à l’attractivité de la destination. De leur
côté, les Dubaïotes restent proches de la nature et notamment du désert dans lequel ils se rendent
régulièrement notamment pour s’y recueillir.