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« Origines d’Amon et origines de Karnak », revue Égypte, Afrique et Orient, n° 16,...

Date post: 23-Nov-2023
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2 ÉGYPTE AFRIQUE & ORIENT

Repères géographiques L'Égypte ancienne

Principaux sites mentionnés dans le dossier

mer Méditerranée

désert

Libyque

Hermopolis

Repères chronologiques Les rois d'Égypte

du l\IIoyen Empire au Nouvel Empire Xl" dynastie

(2160-2135) Antef fils d'Ikou (nomarque)

(2135-2130) Montouhotep l" (nomarque)

(2130-2120) Séhertaouy Antef l"

(2120-2070) Ouahânkh Antef II

(2070-2060) Nebtepnéfer Antef III

(2061-2010) Nebhépetrê Montouhotep II 1

(2010-2000) Séânkhkarê Montouhotep III

(2000-1987) Nebtaouyrê Montouhotep IV

XII" dynastie (1987-1799)

(1987-1958) Séhétepibrê Amenemhat l"

(1958-1913) Khéperkarê Sésostris l"

(1913-1879) Noubkaourê Amenemhat II

(1879-1872) Khâkhéperrê Sésostris II

(1872-1854) Khâkaourê Sésostris III

(1853-1808) Nymaâtrê Amenemhat III

(1808-1799) Maâkhérourê Amenemhat IV

(1799) Kasobekrê Néfrousobek

Xlli"-XlV' dynasties (1799-1630 ?)

XV'-XVI' dynasties hyksôs (1730 ?-1550)

XVII' dynastie thébaine (1580-1550)

XVIII' dynastie (1550-1292)

1550-1525 Nebpehtyrê Âhmosis

1525-1504 Djéserkarê Amenhotep l"

1504-1492 Âakhéperkarê Thoutmosis l"

1492-14 79 Âakhéperenrê Thoutmosis II

1479-1458 Menkhéperrê Thoutmosis III

1472-1458 Maâtkarê, Hatchepsout

1458-1425 Menkhéperrê Thoutmosis III (seul)

1425-1400 Âakhépérourê Amenhotep II

1400-1392 Menkhépérourê Thoutmosis IV

1392-1355 Nebmaâtrê Amenhotep III

1355-1338 Néferkhépérourê-ouâenrê Amenhotep IV

puis Néferkhépérourê-ouâenrê Akhénaton

1338-1335 Ânkhkhépérourê Mérytaton et Smenkhkarê

1335-1325 Nebkhépérourê Toutânkhaton

puis Nebkhépérourê Toutânkhamon

1325-1321 Khéperkhépérourê Ay

1321-1292 Djéserkhépérourê Horemheb

1. Le Moyen Empire débute pendant le règne de Montouhotep II.

Luc Gabo/de 3

ORIGINES D'AMON ET

ORIGINES DE KARNAK Thèbes et Karnak : de la préhistoire à l'histoire

L orsque la ville de Thèbes entre dans l'his­

toire à l'Ancien Empire, elle est déjà riche

d'un long passé humain. De très an­

ciennes implantations paléolithiques parsèment

la montagne thébaine (Debono, 1971,36, 43-44);

des industries lithiques du V" millénaire ont en­

core été reconnues à El-Tarif, sur la rive gauche

du Nil, à l'embouchure de la Vallée des Rois, re­

couvertes par du matériel de l'époque de Nagadda

-vers 3150 av.J.-C. (Arnold, 1976, 17). À Karnak

même, juste à l'extérieur de l'enceinte

d'Amon, au sud-est, G. Legrain re­

trouve un lot de matériel très antique,

"des silex taillés néolithiques, des frag­

ments de vases en pierre dure multi­

colore" et "des morceaux de poteries

archaïques [ ... ] aussi un morceau de

lame d'obsidienne, des plaques de

schiste et des blocs d'oxyde de fer et

des charbons [ ... ] toute une petite col­

lection d'objets archaïques de l'époque de Nagaddeh" (Legrain, 1906, 21). La

présence d'une seule de ces catégories

d'objets n'aurait pas été déterminante, mais l'ac­

cumulation des silex, des vases de pierres dures et

d'un matériel céramique de type nagaddéen

- cette poterie possède· des formes suffisamment

caractérisées pour ne pas risquer d'être confondue

avec du matériel plus tardif - permet de penser

qu'un établissement de la fin du néolithique, voire

prédynastique, avait existé dans le secteur même

de Karnak-Est ; ce sentiment est confirmé par les

découvertes ultérieures d'un "vase suspendu" en

basalte noir prédynastique [fig. 1] et de céra­

miques, à l'intérieur de l'enceinte d'Amon, au

sud-est, derrière le mur à redans de Thoutmosis III

(Lauffray, 1973,317, fig. 9). La première mention de Thèbes apparaît sur un

groupe statuaire représentant le roi Mykérinos

accompagné d'un personnage masculin figurant

le nome thébain et portant sur sa tête le pavois

surmonté du sceptre-ouas qui sert à écrire le nom

de la ville et celui du nome Ouaset (JE 406 78 =

Reisner, 1931, pl. 41-42; Urk. I, 159)

[fig. 2]. Ainsi, aussi loin que l'on re­

monte dans le temps, c'est bien

Thèbes qui donne son nom au nome,

et il y a de bonnes raisons de penser

que c'est dans cette métropole que

résidait le gouverneur de la province (Gomaâ, 1980, 42). Sur la rive gauche du Nil, deux masta­

bas de briques crues attestent, en tout

cas, l'enterrement de personnages de

quelque importance pendant cette même IV' dynastie (Arnold, 1976,

11-18) tandis que trois tombes rupestres datant

sans doute des V' et VI'-VIII' dynasties montrent

qu'un peu plus tard les nomarques Ounasânkh,

Khenti et Ihi y eurent leur sépulture (Saleh,

1976 ; Fischer, 1979). ~elques mentions sup­

plémentaires dans les célèbres décrets de Coptos

(Urk . I, 301, 8, ainsi que Goedicke, 1967, 175,

n. 18) des VI'-VII' dynasties confirment sa place

importante de métropole.

4

Page précédente, fig 1

Poterie prédynastique

trouvée lors des fouilles

duCFEETK

à l'Est du lac sacré

(n" CFEETK 9987).

Page de droite, fig 2

La personnification du

nome de Thèbes sur une

des triades de Mykérinos.

Ci-contre, fig. 3

Amon (?) dans les textes

de la pyramide de Pépy II.

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Luc Gabo/de

Ancienneté de Karnak : hypothèses de Daumas et Wildung Néanmoins, compte tenu de la modicité du matériel

de l'Ancien Empire repéré sur le site même - matériel

qui, en outre, n'a jamais été trouvé en place dans une

stratigraphie cohérente, et pourrait éventuellement

avoir été importé -, la question de l'ancienneté du

sanctuaire de Karnak s'est posée très vite, sans qu'on

ait pu y répondre de manière probante.

Fr. Daumas s'est exprimé sur le sujet il y a une tren­

taine d'années et pour lui il ne fait aucun doute que

le temple de Karnak doit remonter à la plus haute

antiquité (Daumas 1967, 201-214). Il s'appuie no­

tamment sur la présence d'une sélection de rois de

l'Ancien Empire dans la chambre des ancêtres de

Thoutmosis III, rois auxquels on serait redevable de

constructions à Karnak. Il y ajoute l'existence de

statues de souverains de l'Ancien Empire, originales

ou posthumes, trouvées dans la cachette de Karnak,

admettant toutefois que ce matériel peut avoir été

transporté là depuis fort loin. Il fonde sa conviction

surtout sur la description par Wiedemann d'une

statue, depuis lors perdue, de Pépy II où le roi était

"aimé d'Amon-Rê maître de Thèbes", ce qui semblait

faire définitivement remonter à la VI' dynastie au

moins l'existence d'un Amon-Rê à Thèbes.

Mais D. Wildung conteste peu après la datation de

la statue sur des arguments essentiellement épigra­

phiques : la graphie du nom de Pépy est particulière

aux époques tardives tandis que l'écriture du participe

"aimé" ne peut être antérieure au Moyen Empire,

conclusions assez généralement partagées aujour­d'hui (Wildung, 1969, 218-219).

On en est donc revenu à l'étape antérieure : certes, il

y a toujours ces multiples indices archéologiques en

faveur de l'existence de Thèbes de la préhistoire à

l'Ancien Empire et, a fortiori à la Première Période

intermédiaire, mais rien de concluant sur Karnak même et son dieu.

En tout état de cause, une chose demeure claire :

l'essor de Thèbes et le développement de Karnak

sont directement liés à la montée en puissance du dieu Amon.

ORIGINES D'AMON ET ORIGINES DE KARNAK 5

Amon à l'Ancien Empire Pourtant les origines d'Amon sont plus que mo­

destes. Depuis la magistrale étude de Sethe

(1929), on discute encore de savoir si les trois

mentions d'jmn dans les Textes des Pyramides

(région memphite) peuvent réellement attester

l'existence du dieu thébain à l'Ancien Empire.

À vrai dire, on ne peut pas considérer comme

allant de soi que la divinité citée dans ces textes

(Pyr. 446c, 1540b et 1712b) soit la même que

celle de Karnak car ni Thèbes ni ses lieux saints

n'y sont mentionnés, tandis qu'aucune des épi­

thètes du dieu thébain n'y apparaît.

Le contexte même de ces citations

est toutefois un peu plus concluant.

Dans un cas (Pyr. 446c) Amon est

cité, ainsi que sa parèdre Amonet,

en compagnie de deux des six divi­

nités auxquelles dans les textes thé­

bains il est plus tard associé, au sein

de l'Ogdoade hermopolitaine - à

savoir, Noun et Nounet. Certes, il

faut tout de suite noter, d'une part,

que l'insertion d'Amon et Amonet

dans cette Ogdoade est le résultat

d'une composition théologique tardive

(première mention sous Amasis) qui

n'éclaire pas nécessairement le texte

des pyramides et, d'autre part, que

les caractéristiques de cet Amon de l'Ogdoade

sont si spécifiques que l'on peut pratiquement en

faire une divinité différente de l'Amon de Karnak.

En vertu de quoi le lien entre ce texte et l'Amon

de Thèbes reste conjectural.

La seconde mention d'Amon (Pyr. 1540b) décrit

le roi défunt comme "fils de Geb sur le trône

d'Amon", ce qui pourrait, par un jeu subtil

d'équivalences, être rapproché d'un des aspects les

plus importants du dieu de Karnak, celui de

"maître des trônes du Double-Pays", qui le définit

comme la divinité qui détient- et donc accorde -

les trônes (c'est-à -dire le gouvernement) de

l'Égypte, et par conséquent lui donne le pouvoir

de légitimer l'accession au trône des pharaons; or

on connaît des allusions fréquentes et anciennes

aux "trônes de Geb" (Wb II, 322, 9); aussi, si l'on

admet que dans le texte présent le parallélisme

entre Amon et Geb vaut pour une équivalence,

on pourrait comprendre qu'en tant qu'héritier de

Geb le roi se voit accorder le trône d'Amon, c'est­

à-dire le trône de Geb lui-même, qui deviendrait

plus tard les trônes du Double-Pays. Une telle ap­

titude, si elle pouvait un jour être vérifiée, mon­

trerait que le rôle avéré de "faiseur de rois"

d'Amon, puise sa source aux origines. Mais ceci

vraiment]".

n'est, encore, qu'une conjecture et le

sens du mot jmn dans ce passage a

donné lieu à d'autres traductions

tout autant recevables, comme "fils

de Geb sur le trône de 'celui qui

demeure"', tandis que l'assimilation

envisagée du "trône d'Amon" aux

"trônes du Double-Pays" n'est jamais

affirmée textuellement. La troisième mention d'Amon dans

cet antique corpus (Pyr. 1712b) met

en équivalence Min et Amon à

travers deux leçons différentes du

même texte: - Mérenrê : "Ha, vraiment, Min,

vraiment". - Pépy II: "Ha, vraiment, A[ mon(?)

Ha est ici une divinité du désert occidental, mise

en parallèle, donc, avec Min divinité du désert

oriental. Le nom du second dieu [fig. 3] est endommagé

chez Pépy II et la restitution suggérée par K. Sethe,

quoique probable, demeure hypothétique. Mais là

encore, si elle venait à être confirmée, cette mise

en équivalence de Min et d'Amon serait des plus

significatives puisque les plus anciennes représen­

tations de Karnak montrent que l'apparence et les

rites de l'Amon thébain avaient été, dès le Moyen

Empire, extensivement empruntés à l'iconographie

et la liturgie de M in de Coptos.

fig. 4

Les scarabées

de Matmar qui,

selon Drioton,

auraient donné

des mentions

cryptographiques

du nom d'Amon.

6

Autre source de l'Ancien Empire : l'onomastique Les mastabas de Saqqâra ont, par ailleurs, livré plusieurs noms théo­phares formés sur Amon. Ainsi, une certaine Imen-djefaes appa­raît-elle à trois reprises dans le mastaba de son époux Raour (LD II, 27 et 29a) tandis qu'un Ameny (abréviation d'un nom en Amon ; ce sera, ainsi, plus tard, le surnom d'Amenemhat l" dans la Prophétie de Néferty) de la VI' dynastie a été repéré aux abords de la pyramide de Pépy II (Jéquier, 1928, 24, fig. 29).

En résumé, les Textes des Pyra­mides ou l'onomastique ne per­mettent pas de garantir l'existence d'un Amon à Karnak à l'Ancien Empire. Toutefois, dans le premier cas, les rares mentions du dieu ap­paraissent dans des contextes qui se trouvent remarquablement corres­pondre à certains aspects ultérieurs de la divinité thébaine. Tout ceci forme ainsi un faisceau d'indices qui s'accorderaient avec une assez grande ancienneté de l'Amon de Karnak mais la preuve définitive manque.

Luc Gabo/de

Absence de mentions d'Amon dans les tombes thébaines de l'Ancien E mpire

Car c'est bien là que la thèse de l'ancienneté du culte d'Amon à Thèbes se heurte à des obstacles de taille : Amon est absent de l'ensemble du site à l'Ancien Empire et Karnak même ne semble pas exister à cette haute époque. Ainsi, aucune des tombes de l'Ancien Empire situées sur la rive gauche de Thèbes n'a livré le nom du dieu, alors qu'Hathor de Dendara, Montou - l'autre grande divinité du nome thébain, vénéré à Ermant, Tôd et Medamoud - , Ptah-Sokar, Anubis et, bien sûr, Osiris y sont dûment cités. Or, c'est un usage fréquent que de faire mention dans sa tombe du dieu de la ville où l'on réside (le ntr njwty).

Montou, à l'inverse, paraît bien implanté dans le nome thébain. Si son nom n'a pas été retrouvé dans la ville de Thèbes, il est en

revanche présent dans les tombes de la rive gauche (Saleh, 1976, 28) et attesté à Tôd dès le règne d'Ouserkaf. Tout autant problématique est l'absence, à Karnak même, du moindre vestige architectural de l'Ancien Empire. Si, on l'a vu, quelques statues de pharaons de cette époque y ont été trouvées, princi­palement dans la "cachette", non seule­ment elles appartiennent au "mobilier" du temple et peuvent avoir été appor­tées sur le site à des époques plus ré-centes, mais il est en outre avéré que

certaines d'entre elles ont été dédiées à leurs ancêtres par des pharaons du Moyen Empire et ne garantissent donc en rien l'ancienneté de l'implantation (Wildung, 1969, 212-219 ; contra Bothmer, 1974, 165, 169-170). Particulièrement difficile à expliquer, enfin, est la très faible quantité de céramiques de l'Ancien Empire retrouvée sur le site de Karnak, alors que ce genre de matériel finit toujours par ré­apparaître en surface quelque part. En somme, on trouverait, hors enceinte, un matériel lithique et céramique prédynastique, puis un grand vide d'objets jusqu'au Moyen Empire. De l'Ancien Empire proprement dit, rien ne nous serait parvenu. À ce jour, l'archéologie et l'épigraphie ne permettent donc pas de faire remonter la fondation de Karnak à l'Ancien Empire, même si quelques indices - qui ne constituent aucunement des preuves - vont dans ce sens.

ORIGINES D'AMON ET ORIGINES DE KARNAK

Les hypothèses de K. Sethe et de É . Drioton En face de ces maigres traces textuelles et archéologiques, il est tentant donc d'ima­giner qu'Amon a pu être importé d'ailleurs, éventualité tout à fait recevable dans la mesure où des dieux aussi éminents qu'Osiris ou Horus de Béhedet ont été implan­tés dans leurs actuelles métropoles d'Abydos et d'Edfou à une époque récen~e (Lacau, Chevrier, 1956, 220-226); c'est le noyau des thèses défendues par K. Sethe etE. Drioton sur la genèse de la théologie amonienne. K. Sethe, en s'appuyant sur de nombreux textes cosmogoniques thébains, est arrivé à la conclusion qu'Amon et sa parèdre Amonet ont tout d'abord fait partie de la corporation des huit dieux créateurs d'Hermopolis puis qu'ils ont été implantés, au Moyen Empire, à Thèbes (Sethe, 1929). Amon et Amonet auraient eu une person­nalité prééminente au sein de cette corporation et auraient figuré le concept de l'Invisible, à côté du couple Hehou-Hehout l'infini, Kekou-Kekout les ténèbres, Nenou-Nenout les eaux, l'abîme. Il a fallu ensuite revenir sur cette interprétation. D'une part, Amon n'apparaît nulle part dans les textes thébains du Moyen Empire comme démiurge ou en relation quelconque avec Hermopolis (Bickel, 1994, 160). D'autre part, on ne peut négliger le fait que la remarquable documentation rassemblée par Sethe est dans sa totalité postérieure au Nouvel Empire, et qu'elle ne permet donc pas de préjuger de l'in­fluence hermopolitaine sur la cosmogonie thébaine du Moyen Empire : toute cette composition théologique apparaît comme une spéculation récente et peut très bien avoir été artificiellement rattachée à la Moyenne-Égypte. Drioton a élaboré une hypothèse plus audacieuse encore. Sur la foi de mentions cryptographiques sur des scarabées [fig. 4], l'Amon de Karnak aurait été prir_nitive­ment une divinité des nautoniers originaire de la région de Matmar en Haute-Egypte, à 300 km au nord de Thèbes et à 100 km au sud d'Hermopolis (Drioton, 1958, 33-41). Le paradoxe est que ces scarabées ne donnent jamais en clair un seul signe du nom d'Amon. Mais Drioton explique que c'était parce qu'Amon signifiait juste­ment "le caché". La boucle est bouclée. Curieusement, ces documents fournissent, toujours selon l'interprétation de Drioton, de nombreuses formes cryptées très dif­férentes les unes des autres, ce qui est assez gênant dans la mesure où les crypto­grammes, pour être reconnus comme tels, doivent justement être plus ou moins répétitifs. Chose plus curieuse encore, aucun de ces cryptogrammes n'aurait jamais été repris par la suite, alors justement que des cryptogrammes en Amon se répandent assez tôt. Autre difficulté majeure :pas le moindre sanctuaire d'Amon n'a été repéré fig. 5

7

dans .ce secteur ; alors qu'il devenait l'une des principales divinités du panthéon et La colonnette d'Antef II

que son culte essaimait dans toute l'Égypte, rien n'aurait été implanté dans ce qui aurait (n· CFEETK 25649).

été la terre d'origine du dieu de Karnak. Pour finir, les textes thébains ne parlent jamais de M atmar et aucune tradition n'a rattaché par la suite Amon à cette province. Il n'y a probablement jamais eu le moindre rapport entre Amon de Thèbes et la région de Matmar. Au final, force est de constater que l'on ne sait à peu près rien des origines du grand dieu de Karnak jusqu'à la fin de la Première Période intermédiaire.

8 Luc Gabo/de

Les documents du début du Moyen Empire Ce sont les fouilles de ce qu'on appelle aujourd'hui le cimetière des Antef, entre Dra Abu el-Naga et El-Tarif qui ont donné, au début du siècle, les plus anciens documents mentionnant Amon. Documents hélas mal datés et qu'on a parfois - à tort, semble­t-il - voulu faire remonter très loin dans le temps. - La stèle de Rehouy rapporte que ce nomarque "fit porter des vivres dans le temple d'Amon pour qu'ils soient distribués au cours des années où sévit la famine" alors qu'un peu plus loin il est question "d'Amon, maître [ .. . ]" . (Clère, Vandier,

La genèse de Karnak : Antef II et la première mention d'Amon En 1984, des nettoyages effectués aux abords de la cour du Moyen Empire, plus précisément au débouché du "couloir du texte de la jeunesse de Thoutmosis III", ont amené la découverte d'une colonnette déposée en réemploi, avec une ins­cription d'Antef II [fig. 5] consacrant la réalisa­tion par ce roi d'un temple pour "Rê-Amon, maître du ciel, puissant sur la terre, pilier du nome de Thèbes" (Zimmer, 1987, 294-297 ; Franke, 1990, 124-125). C'est un témoignage

1948, 5, no 7). Selon Nims (1965, 17), la ~~r-21· ~~~P~F~3!!:~~

fondamental pour l'his­toire de Karnak, d'une part parce que c'est à ce jour la plus ancienne trace architecturale datée qui ait été trouvée sur le site et, d'autre part, parce

stèle serait à dater "après la VI' dynastie". Pour Barguet (1962, 2), cette mention se­rait antérieure à Antef II de la Xl' dynastie. Schenkel (1974, 281), enfin, estimait que la stèle devait dater soit de Nebhepetrê-Montouhotep, soit de Nakhtnebtepnefer-Antef. Étant donné que le do­cument fut trouvé dans le cimetière des Antef à Dra abou el-Naga, on ne voit pas pour quelles raisons il devrait être plus ancien que les rois qui furent inhumés là. Il faut donc considérer qu'elle date de la XI• dynastie. La famine qu'elle relate est peut-être la même que celle à laquelle il est fait allusion dans le document suivant ainsi que dans la biographie d'Ânkhtyf}r (Vandier, 1950, 22, 38-39, 221) et qu'il faudrait finalement placer sous les tout premiers Antef. -Une stèle de particulier de Turin (suppl. 1320, 2 = Vandier, 1964, 9-16) mentionne, cette fois-ci encore à une époque où régnait la famine, des réalisations pour différents dieux dont celui de Karnak : Montou, Amon, Rê et H athor. Cette biographie serait datable, selon Schenkel (1974, 281), soit du début de la Xl' dynastie, soit de Nebhepetrê-Montouhotep II. Mais pour Vandier, son éditeur, l'inscription daterait de l'époque pré­cédant directement l'avènement de Séhertaouy Antefl", c'est-à-dire du tout début de la Xl' dynastie.

que c'est la plus ancienne mention d'Amon et que les épithètes du dieu y sont d'une grande originalité. Le temple d'Antef II auquel se rattachait cette colonnette est entièrement inconnu. On peut faire quelques conjectures sur sa forme, à partir des plans reconstitués des temples de Tôd (Arnold, 1975, 177-8, 181) et d'Éléphantine qui datent du même règne et possèdent des colonnes sem­blables [fig. 6]. L'Amon d'Antef II mérite un peu d'attention parce qu'il montre que le dieu de Karnak a été dès ses plus anciennes attestations associé à Rê, sous la forme Amon-Rê (ou Rê-Amon). Cet aspect solaire du dieu, qui lui donne une di­mension universelle, ne cessera de s'affirmer par la suite et, sous Sésostris l", on trouvera à plu­sieurs reprises le syncrétisme Atoum-Amon-Rê (L. Gabolde, 1998a, 150). C'est dans les textes ramessides que l'on rencontre les mentions les plus explicites de cette entité divine nommée alors "Amon : Atoum-Rê dans Thèbes" ou "Amon-Rê : Atoum dans Thèbes" (KRI II, 566, 15 ; LD III, 207 b).

ORIGI NES D ' A MON ET OR I GINES D E KA RNAK 9

Temple de Qau ei..S.,ha

Arnenemhet • et IV

tv

1 Temple de Tod Temple de MediDct- Mu.di

Mentouhotep Il

1 /y

Temple de Mediaet- Habou

b-Essai de restitution des temples primitifs d'Amon-Re a Karnak

Ante! 1 Mentouho tep ft 1 ~

Temple du Thor-Ber1 ~ / Temple de Tell el-Dabo

Temple l Bsbet-Rutbdi

Plan de la zone de la plate-forme dégagée en 1998

Amenemhat r

" -, _ ==!-

Ci-dessus, fig. 6

Plans des temples divins

du Moyen Empire connus.

Reconstitutions et dessins J.-Fr. Carlotti.

Ci-contre, fig. 7

Plan de la plate-forme en grès de la "cour

du M oyen Empire" (fondation du temple

d'Amenemhat l" ?).

Page de gauche, fig. 8

Plan du petit temple de M édinet H abou

avec l'emplacement du temple primitif

du Moyen Empire.

------------ ---- ------------- --------------- - ----------------· ~

Élévation de la face nord de la plate- forme

10m

10 Luc Gabo/de

Les temples ultérieurs des Montouhotep et d'Amenemhat l"

Le temple d'Antef II laissa la place à d'autres édifices que l'on ne

peut dater aujourd'hui avec précision. La seule certitude que l'on

ait est que le dernier de ces temples primitifs du Moyen Empire

fut démantelé par Sésostris l" et que ses deux assises basses de

fondation, qui apparaissent aujourd'hui comme une plate-forme

en grès de dix mètres de côté environ [fig. 7], furent entourées et re­

couvertes par le temple d'Amon érigé en l'an 10 de ce roi (L. Gabolde, 1998b).

Ces vestiges de grès ont longtemps été tenus pour tardifs et parfois

interprêtés comme une esplanade de présentation des offrandes

(Daumas, 1980,270 ; Lauffray, 1979, 124; Zimmer, 1989, 7). Cette

attribution est encore largement répandue et admise ; aussi la

nouvelle datation mérite-t-elle un court développement (voir encore

L. Gabolde, 1998). Il y avait en fait trois raisons concordantes pour dater ces restes de fondations d'une époque récente.

En premier lieu, la plate-forme est la structure la plus élevée de la

cour du Moyen Empire, si l'on excepte les quatre seuils de granite

rose, et elle domine nettement les assises de calcaire encore en

place par endroit dans cette zone. On a donc conclu que les vestiges

les plus profonds, en calcaire, et qui, de l'avis général, devaient glo­

balement dater du Moyen Empire, étaient plus anciens que les restes en grès situés en surface.

Mais un examen détaillé a permis de montrer que le radier en cal­

caire ne se prolonge jamais sous la plate-forme en grès, mais au

contraire l'entoure, en forme de U, sur trois côtés. Il est dès lors

clair que la structure en grès est antérieure aux restes du radier de

calcaire qui l'enserrent. Ce sont les chaufourniers du Moyen Âge

qui, en exploitant le calcaire du temple de Sésostris l" jusque dans

ses fondations - lesquelles étaient profondes - , ont créé l'éton­

nante inversion de la stratigraphie que l'on constate de nos jours.

La seconde difficulté vient de ce que l'utilisation du grès se géné­

ralise à Karnak à partir du règne d'Hatchepsout-Thoutmosis III.

Les règnes antérieurs paraissent avoir eu recours presque exclusi­

vement au calcaire. La plate-forme en grès devait pour cette raison être encore assez récente.

En réalité, le grès est largement employé à la Xl' dynastie, que ce soit

au temple de Montouhotep II à Deir el-Bahari ou au temple primitif

de Médinet Habou, sans parler des temples d'Éléphantine ; c'est

encore le matériau de la colonnette d'Antef IL De plus, le grès de la

plate-forme est particulier, rouge-gris, semblable en cela à celui em­

ployé par Antef II et Montouhotep II, et absolument différent de la

pierre brun-jaune utilisée au Nouvel Empire, à partir d'Hatchepsout.

O RIGI NES D ' A MON E T ORI GINES DE KA RNAK 11

En dernier lieu, on ne s'était jamais attendu à trou­

ver un temple primitif autant à l'ouest de la "cour du

Moyen Empire", le sentiment instinctif étant que

c'est sous le sanctuaire, restitué jusqu'alors au-delà

du quatrième seuil de granite, que devaient se trouver

les plus anciens vestiges sacrés.

Toutefois, les exemples offerts par le temple primitif

de Médinet Habou [fig. 8] ou celui d'Opet montrent

que le cas a déjà été rencontré de vestiges antérieurs

placés sous la façade et non sous le saint des saints

du temple récent . On verra qu'un impératif tech­

nique a peut-être présidé à ce choix (infra p. 16).

Cette plate-forme en grès pourrait constituer les ul­

times vestiges d'un sanctuaire d'Amenemhat l". On

sait en effet que ce roi dédia à Amon une base de

naos en granite rose et nécessairement le naos de bois

Conclusion

L'élan initial était donné, Sésostris l" lui

donnerait quelque temps plus tard l'impul­

sion définitive qui hisserait Karnak au rang

de métropole religieuse nationale et son

dieu en tête du panthéon. Page de gauche, de haut en bas,

Amon enrichirait pas à pas sa personnalité, fig. 9

annexerait l'iconographie et la liturgie de Socle de naos en granite

M in de Coptos. Au centre de Karnak, il se- rose d'Amenemhat l".

rait l'Amon régnant sur la terre, le "maître

des trônes du D ouble-Pays, celui qui pré- fig. JO

si de à Karnak", dans la sphère céleste, il Bloc réemployé en surface

serait le "roi des dieux, le maître du ciel". À de la plate-forme

Louqsor, il apparaîtrait comme "celui qui et représentant Atoum

préside à ses chapelles", l'Amon renaissant, présentant un roi à une

symbole de fécondité, celui qui, par des déesse allaitante

qui la surmontait [fig. 9]. Il est donc envisa- """""....,....,....,.,..,..,. (date probable: Amenemhat l").

geable qu'il lui ait aussi consacré le sanctuaire

qui abritait ledit naos. Du reste, un fragment de

relief en calcaire retrouvé en surface de la plate­

forme et ayant sans doute appartenu à ce même

temple, montre le dieu Atoum présentant un

roi à une déesse qui l'allaite [fig. 10] ; or, les

particularités du décor présent sur la ceinture

du dieu [fig. 11] ne se retrouvent que sur des

blocs d'Amenemhat l" trouvés à Ermant [fig. 12] ou

sur les décors de la Chapelle blanche de Sésostris l" [fig. 13]. Comme, enfin, de par son nom même qui

signifie "Amon est en tête", Amenemhat l" se trou­

vait par naissance placé sous le patronage d'Amon, il

se devait sans doute, arrivé dans des circonstances

obscures aupouvoir, d'agir pour le dieu de Karnak.

Parmi les réemplois présents dans la plate-forme en

grès, on reconnaît encore des bases de colonnes, trop

larges pour pouvoir correspondre à la colonnette

d'Antef II, mais, en revanche, en tous points simi­

laires aux bases des colonnes en grès du temple de

Montouhotep II à Deir el-Bahari, avec pour trait

distinctif qu'elles sont sensiblement mieux travaillées

que ces dernières [fig. 14]. O n doit donc envisager

l'existence d'un temple d'un des derniers M ontou­

hotep (II ou III) entre celui d'Antef ii et celui présumé

d'Amenemhat l".

fig. 11

Détail du décor de la ceinture

d'Atoum sur le bloc réemployé

en surface de la plate-forme.

fig.12

Ceinture du dieu Montou

rites décadaires, assurerait enfin la régéné- sur un bloc d'Amenemhat l"

ration de l'Amon d'Opé, le dieu mort de trouvé à Ermant.

Médinet Habou qui a rejoint dans la Douat

les Huit dieux primordiaux d'Hermopolis, fig. JJ

dieu souterrain abrité sous une butte à Ceinture d 'Atoum

Djêmé et dont la fonction essentielle serait sur la Chapelle blanche

de susciter chaque année le gonflement des de Sésostris l".

eaux dela crue (Traunecker, 1981, 116-117).

Pour les théologiens thébains la ville de- Page de droite

viendrait "l'H éliopolis du Sud" ; pour les fig. 14

Égyptiens elle serait simplement N iout, Base de colonne réemployée

"la Ville", et pour les Grecs enfin, la dans la plate-forme en grès

"T hèbes aux cent portes" - qu'il serait (M ontouhotep II-III?).

peut-être plus exact de désigner comme

"Thèbes aux cent pylônes" -, cité dont la

renommée serait telle que les compilateurs

d'Homère croiront bon d'en insérer l'éloge

dans le récit de l'Iliade.

12 Luc Gabo/de

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L uc Gabo/de 13

KARNAK SOUS LE RÈGNE DE

SÉSOSTRIS r-------------------------·--· ----·----- - - --------·

L-~·--------------------------·--------·-- -- --- ··- ··· ····

~·~=~:::···-·· r~ L 'arrière-plan historique

Vers la fin du mois d'octobre

1955 av.J.-C., Sésostris l "

accède au trône, inopiné­

ment, à l'occasion d 'un événement

dramatique, le meurtre de son père

Amenemhat l "', meurtre qui ouvre

une crise aiguë de la royauté (point

sur ces événements: Vandersleyen,

1995, 54-55; ma chronologie est

plus basse de onze ans).

La légitimité d 'Amenemhat l"

était peut-être contestable- il avait

été vizir de son prédécesseur (le­

quel disparaît inexplicablement

par la suite de certaines listes

royales), avant de devenir roi, peut­

être à la faveur d'un coup d'État

(Tidyman, 1995 - ; elle fut sûre­

ment contestée : il fut assassiné).

~~~~~-~~ ·-:::::;·;_-:::: _ __ -· ··· ~ -___..:::_;-.....:.:..-:-::.=.~::::-::-:::::.·-:-:::: .::.-·-::-:·:-___ ·..:

======--====--- -- ----- -------------···-- ·- --------·- ··

fig. 1 Mur sud du temple, extrémité ouest, audience royale de Sésostris l"

au cours de laquelle fut prise la décision de reconstruire le temple d'Amon-Rê.


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