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Capabilités » et représentations sociales dans les conflits liés à la ressource en eau en...

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L'Ordinaire des Amériques 218 (2015) Eau et Vulnérabilité dans les Amériques ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Marie Zoé Wurtz et Valentina Campos Cabral « Capabilités » et représentations sociales dans les conflits liés à la ressource en eau en périphérie urbaine au Mexique (Atlixco, Puebla, Mexique) ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Marie Zoé Wurtz et Valentina Campos Cabral, « « Capabilités » et représentations sociales dans les conflits liés à la ressource en eau en périphérie urbaine au Mexique (Atlixco, Puebla, Mexique) », L'Ordinaire des Amériques [En ligne], 218 | 2015, mis en ligne le 05 juillet 2015, consulté le 08 août 2015. URL : http://orda.revues.org/1843 Éditeur : Université de Toulouse 2 - Le Mirail; Institut pluridisciplinaire pour les études sur les Amériques à Toulouse (IPEAT) http://orda.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://orda.revues.org/1843 Document généré automatiquement le 08 août 2015. © Tous droits réservés
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L'Ordinaire des Amériques218  (2015)Eau et Vulnérabilité dans les Amériques

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Marie Zoé Wurtz et Valentina Campos Cabral

« Capabilités » et représentationssociales dans les conflits liés à laressource en eau en périphérieurbaine au Mexique (Atlixco, Puebla,Mexique)................................................................................................................................................................................................................................................................................................

AvertissementLe contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive del'éditeur.Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sousréserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue,l'auteur et la référence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législationen vigueur en France.

Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'éditionélectronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV).

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Référence électroniqueMarie Zoé Wurtz et Valentina Campos Cabral, « « Capabilités » et représentations sociales dans les conflits liés àla ressource en eau en périphérie urbaine au Mexique (Atlixco, Puebla, Mexique) », L'Ordinaire des Amériques [Enligne], 218 | 2015, mis en ligne le 05 juillet 2015, consulté le 08 août 2015. URL : http://orda.revues.org/1843

Éditeur : Université de Toulouse 2 - Le Mirail; Institut pluridisciplinaire pour les études sur les Amériques à Toulouse(IPEAT)http://orda.revues.orghttp://www.revues.org

Document accessible en ligne sur :http://orda.revues.org/1843Document généré automatiquement le 08 août 2015.© Tous droits réservés

« Capabilités » et représentations sociales dans les conflits liés à la ressource en eau (...) 2

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Marie Zoé Wurtz et Valentina Campos Cabral

« Capabilités » et représentations socialesdans les conflits liés à la ressource en eauen périphérie urbaine au Mexique (Atlixco,Puebla, Mexique)

1 La pratique de l’agriculture dépend directement de l’accès à l’eau. Or aujourd’hui, pourrépondre aux demandes croissantes des populations – notamment en milieu urbain – bonnombre de sociétés ont multiplié les prélèvements, ainsi que les pollutions de la ressourcehydrique. Dès lors, la gestion de l’eau s’inscrit dans des processus de négociations territorialesentre acteurs qui se révèlent parfois problématiques (Kauffer 2012). Au sein du territoiremexicain, même là où l’eau est présente en quantité, la ressource est désormais insuffisantequalitativement « et », « ou » quantitativement pour satisfaire les demandes sociétales (Campos2013). Par conséquent, l’accès à l’eau y est remis en question, et les différents usages de l’eauy sont mis en concurrence. Cela met en évidence un certain nombre de vulnérabilités sociales.

2 Les communautés situées en pé wriphérie urbaine sont tout particulièrement concernées parces vulnérabilités puisque l’aménagement du territoire se transforme tout spécialement dansces espaces. Consécutivement à la proximité de la ville, les dynamiques socio-spatiales, et lesactivités se modifient ; et ce faisant, les stratégies d’acteurs et les systèmes de représentationassociés se modifient eux aussi.

3 Cet article étudiera donc l’impact des représentations sociales et des capabilités collectivessur la vulnérabilité des populations rurales en lien avec la ressource hydrique, dans uncontexte périurbain d’agriculture irriguée. Pour ce faire, nous comparerons l’expérience dedeux communautés situées dans la périphérie urbaine de la municipalité d’Atlixco.

I/ Problème de recherche et méthodologie1/ Etudier les vulnérabilités à travers celle des capabilités et desreprésentations sociales

4 L’étude des vulnérabilités en géographie trouve son origine dans la notion de « société globaledu risque » (Beck 2001). Cette théorie a ouvert un vaste champ d’analyse des sociétés humaineset de leurs politiques, en redéfinissant leur part de responsabilité dans la création des risquesqui les menacent. Les hommes ne sont plus responsables de leur sort par la seule dégradationde leur territoire, ils sont aussi les acteurs de la gestion du risque  : ils le déterminent etle choisissent. Cette façon de concevoir le risque explique le succès actuel du concept devulnérabilité, et implique en outre que la fragilité d’une société existe en elle-même  ; lasurvenue d’un aléa ne fait que révéler cette vulnérabilité (Blaikie 1994). Désormais, dansle cadre de l’analyse du risque en géographie, la recherche s’intéresse donc aux systèmesd’acteurs et aux stratégies de gestion territoriale qui configurent la vulnérabilité des sociétésétudiées. Notre réflexion sur les vulnérabilités liées à l’eau se situe dans ce courant, et utiliserale concept de « capabilités » promu par le prix Nobel d’économie 1998, Amartya Sen (Flipo2005). L’originalité de cette notion consiste dans le fait que pour analyser les stratégiesd’action d’une entité sociale donnée, elle considère non seulement les capacités d’actionpropres à cette entité, mais aussi des facteurs qui ne dépendent pas d’elle et conditionnentpourtant son champ d’action. Plus précisément, elles «  découlent de la conversion despotentialités des personnes (dotations en capitaux monétaire, physique, humain et social),via les opportunités (issues du marché, de l’action publique, de la société civile) qu’ellesparviennent à saisir au cours de leur existence. Potentialités et opportunités déterminentdonc l’ampleur des possibilités d’être et d’agir accessibles aux personnes, notamment leursactions ex-ante face aux risques, et leurs réactions ex-post aux chocs subis, c’est-à-dire,finalement, l’ampleur de leur vulnérabilité » (Lallau 2008). Outre l’imbrication des échelles,

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cette définition souligne avec pertinence une forme de chronologie de la vulnérabilité. De plus,en considérant des actions « ex-post » Lallau suggère que la catastrophe exerce des rétroactionssur ce que l’on peut appeler les représentations sociales de la société considérée.

5 Nous définissions ici les représentations sociales comme des systèmes de pensée portant surl’ensemble des faits physiques, sociaux et psychologiques qui s’expriment dans une sociétédonnée et/ou affectent d’une façon ou d’une autre les individus qui la composent. Elles sontconstruites par la société, d’une part, et par chacun des individus qui la composent, d’autrepart, (Lheureux 2011). Plusieurs auteurs ont ainsi démontré que des réseaux conceptuels sedéveloppent et prospèrent au sein de chaque unité sociale (de la plus petite qui serait constituépar l’individu, à la plus grande identifiée comme étant la communauté internationale). Cesréseaux spécifiques ne sont pas déconnectés les uns des autres : au contraire, ils se rencontrentau quotidien dans les processus de communication. Le discours individuel reflète dès lorsles cosmovisions assumées par les diverses unités sociales au sein desquels il évolue, enmême temps qu’il les fait interagir et évoluer. Dans cette étude, les représentations expriméesindividuellement nourrissent donc notre analyse des représentations collectives, et viceversa. En outre, l’ensemble de ces représentations et des discours qui les communiquentnous renseigneront sur les stratégies de lutte contre la vulnérabilité. Moscovici notammentdémontra qu’en cristallisant ou, au contraire, en bouleversant les points communs et lesdivergences d’intérêts – qu’ils soient économiques ou sociaux-culturels – les représentationssont intimement liées aux stratégies d’acteurs et aux politiques publiques. Le langage lui mêmetémoigne des multiples sens que le sujet accorde à l’eau, en l’évoquant comme « élémentnaturel, bien de consommation, ressource vitale, marchandise, don du ciel… » (Leroy 2011).Chacun de ces termes reflète un certain système de pensée, et définit les possibilités d’actionsperçues par les acteurs tant pour les autres que pour eux-mêmes  : ils en découlent, enmême temps, qu’ils les déterminent. De cette façon, la culture du risque interagit avec lesstratégies de gestion et les pratiques d’acteurs (Sébastien 2006). Son étude permet doncd’appréhender la gestion territoriale dans sa complexité, et ce faisant, elle offre une entréeanalytique intéressante dans l’étude de la vulnérabilité. Voilà pourquoi nous nous proposonsici de définir les représentations associées aux milieux et aux systèmes d’acteurs pour étudierles vulnérabilités relatives à l’eau.

2/ Problématique et pertinence de la région d’étude6 Nous nous intéresserons à l’influence des facteurs géopolitiques et des stratégies collectives

sur la vulnérabilité des communautés rurales. Pour cela nous étudierons les problématiquesd’accès à l’eau dans un contexte d’agriculture irriguée périurbaine, en accordant une attentiontoute particulière aux ancrages historiques de la dégradation hydrique dans la mémoirecollective, et aux stratégies mises en place par les acteurs sociaux.

7 Dans cette démarche nous considérerons les axes de recherche suivants :• Au même titre que les représentations socioculturelles de la ressource elle-même,

l’image que la société se fait du monde rural détermine sa vulnérabilité.• La question des échelles est essentielle dans l’étude des vulnérabilités associées aux

dégradations hydriques.8 Les territoires des hauts plateaux de l’État fédéral de Puebla (Mexique) ont connu des

croissances urbaines accélérées en raison de la délocalisation des industries de la capitaledu pays, notamment. Or ces dynamiques démographiques et spatiales sont lourdes deconséquences pour les communautés rurales  : elles les exposent à des dégradationsquantitatives et qualitatives. Par conséquent, ce terrain est tout particulièrement représentatifdes problématiques hydriques associées aux transformations que connaît le territoire mexicain.Afin de mettre en perspective nos hypothèses avec la réalité, nous nous intéresserons doncà deux études de cas concernant la municipalité d’Atlixco (Puebla, Mexique). Ces deuxcommunautés présentent en effet un intérêt tout particulier pour notre analyse, car nonseulement elles sont concernées par la croissance de la ville d'Atlixco, mais qu'en outre, leurdéveloppement est aussi conditionné par les deux autres pôles urbains de Puebla, et du DistrictFédéral de Mexico.

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3/ Méthodologie9 Une première étape analytique consiste dans l’interprétation de la législation mexicaine, et

dans l’analyse de la gestion de l’eau à l’échelle régionale. La seconde étape implique unchangement d’échelle puisque nous étudierons en détail l'histoire de deux communautés dela municipalité d’Atlixco. Pour cela, nous présenterons les problèmes d’approvisionnementlocaux, en mettant en évidence les potentialités et opportunités qui ont déterminé la gestion decette ressource. Nous prêterons pour cela une attention particulière aux représentations socialesles plus significatives pour cette étude. Enfin dans un dernier temps, nous comparerons lesrésultats obtenus séparément pour les communautés étudiées ; et ce, afin d’étudier l’impactdes stratégies d'actions communautaires sur les vulnérabilités liées à l’eau détectées à l’échellerégionale.

10 Outre la révision d’une large bibliographie scientifique spécialisée, ainsi que l’analyse de lalégislation mexicaine, nous élaborerons donc notre réflexion à partir de deux études de cas.Carte 1 - Présentation de la municipalité d'Atlixco et des terrains étudiés

Source : Auteurs, d’après INEGI (2000)11 L’une des deux études de cas a été réalisée à San Juan Tejaluca (Atlixco, Puebla) au printemps

2012. À cette occasion, des relevés ont été effectués au GPS afin de situer les infrastructuresd'irrigation des parcelles agricoles. De plus, 19 entretiens semi-directifs ont été menés danscette communauté comptant 53 familles ; et 2 entretiens complémentaires ont été effectuésrespectivement avec le directeur du système opérateur responsable des services hydriques àAtlixco – SOAPAMA, et avec un ingénieur employé dans la station d’épuration d’Atlixco.L'autre étude concerne la Junta Auxiliar de la Magdalena Axocopan (Atlixco, Puebla) en 2009.Pour cette seconde communauté, les travaux de terrain ont inclus : le repérage d'infrastructureshydrauliques alimentant les systèmes d'irrigation agricoles, la réalisation de 15 entretiens semi-directifs, et l'observation participante des réunions relatives aux différentes unités collectivesd'irrigations relatives aux sources d'Axocopan.

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II/ Géopolitique mexicaine et historique de la gestion del’eau1/ La gestion de l’eau au Mexique : des haciendas aux associationsd’irrigants

12 Legs du Mexique colonial, les haciendas ont longtemps permis aux propriétaires fonciersd’exploiter des travailleurs agricoles. La terre appartenait alors à quelques famillesparticulièrement riches, et l’accès à l’eau n’était pas alors administré comme aujourd’hui  :outre les configurations hydrologiques, les rapports de pouvoir en était à cette époque lesseuls déterminants. Mais la révolution mexicaine a restructuré les haciendas en ejidos, àtravers une réforme agraire de grande ampleur. Les habitants de la vallée qui travaillaientdans les champs des haciendas obtinrent dès lors la concession des terres agricoles et del'eau d'irrigation qui leur était associée. Ce changement de structure socio-économique aeu plusieurs conséquences, puisqu’il a morcelé les terres cultivées et les unités de gestionassociées. De fait, l'administration des terres irriguées a été attribuée à des assembléesd'ejidatarios (Ocampo 1994). L’une des principales missions confiées à ces assembléesconsistait dans la gestion de l’eau. Bon nombre d’haciendas, avaient établis des réseauxhydriques d’irrigation  : les ressources superficielles étaient ainsi acheminées jusqu’auxparcelles agricoles par des canaux creusés dans la terre. Or, pour fonctionner correctement, cessystèmes d’irrigation demandaient – et demandent encore – à être entretenus. Avec la réformeagraire, plusieurs structures entraient alors en jeux pour organiser collectivement l’entretiende ces infrastructures. Outre les exploitations agricoles en elles-mêmes, les assembléesd'ejidatarios assumaient la gestion des canaux approvisionnant les parcelles de l'ensembledes terres concédées (Escobedo 2000). Mais il se trouve que les terres agricoles d'un mêmeejido n’étaient pas systématiquement toutes adjacentes, et ne dépendaient donc pas toutes desmêmes infrastructures d'irrigations. Ainsi, les ejidos ont pu être dans la pratique sous-divisésen fractions, qui incluaient les parcelles situées sur une même unité spatiale, et dépendaientdonc d'un même réseau de canaux. De manière analogue, les assemblées d'ejidatarios étaientsous-divisées en sous-groupes de producteurs, rattachés aux différentes fractions. Au contraire,il existait aussi des échelles supra-ejidales, appelées des Sociétés d’irrigation, puisque lesapprovisionnements mettaient directement en relation plusieurs ejidos. On constate donc queces structurations sociales reposaient sur les lois physiques du cycle de l'eau : elles présentaientdonc une réelle validité écologique en plus de la légitimité sociale que leur a conférée le faitd’avoir été la résultante de la révolution. En outre, l’unité de base constituée par les ejidos aconstitué pendant plus d’un demi-siècle le principal organe de la gestion hydrique en milieurural.

13 Mais en 1992, dans un processus de rationnalisation de la gestion de l’eau à l’échelle nationale,la Ley de Aguas Nacionales a intégré sous une terminologie générique d’  «  associationsd’usagers agricoles » toutes les organisations présentées ci-dessus. Ce faisant, elle a destituéles ejidos de la position centrale qu’ils avaient acquise à travers la réforme agraire, pouren faire un organe de gestion parmi d’autres (Rodríguez 2000). Cette loi n’a pas seulementtransformé la gestion de l’eau en milieu rural  ; elle a aussi restructuré l’administration dela ressource. A travers elle, la Secretaria del Medio Ambiente y de los Recursos Naturales(SEMARNAT) a ainsi délégué la gestion de l’eau à la Comisión Nacional del Agua (CNA) età ses délégations estatales. Cet acteur institutionnel est donc responsable de la répartition de laressource entre les acteurs locaux que sont les associations agricoles d’une part, les systèmesopérateurs municipaux – tels que le SOAPAMA de la municipalité d’Atlixco– d’autre part, etles entrepreneurs industriels. Il doit aussi dans une certaine mesure arbitrer les litiges potentielsentre ces usagers, même si dans comme nous allons le voir, d’autres acteurs interviennentdans ces litiges : les divers tribunaux nationaux et fédéraux bien évidemment, mais aussi etde manière peut-être plus surprenante la Comisión de Derechos Humanos, ou la Secretaríade la Salud…

14 Cet historique succinct de la gestion de l’eau au Mexique traduit un changement dans lareprésentation administrative du monde rural. Or, ce changement est lourd de conséquences

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pour les producteurs agricoles dans le contexte de libéralisation que connaît le Mexique depuisla fin des années 1990.

2/ Géopolitique de l’eau à l’échelle nationale15 Depuis la fin des années 1980, les politiques du gouvernement central ont été bouleversées

au Mexique par la libéralisation de l’économie. Cette conjoncture s’établit au détriment despetites exploitations agricoles mexicaines (Kauffer 2006). Considérées essentiellement dupoint de vue de la rentabilité, elles sont perçues comme secondaires par rapport aux entreprisesurbaines et industrielles de grande ampleur. Ainsi, les aides destinées aux producteurssont moins nombreuses aujourd’hui qu’elles ne l’étaient au XXème siècle – lorsque l’étatencourageait la petite agriculture. De plus, en entrant dans l’ALENA, le pays a livré lesecteur primaire traditionnel à une concurrence de grande ampleur. Enfin, la corruptionadministrative participe à la précarisation des petits exploitants agricoles, comme en témoignecette déclaration de l’un d’entre eux : «  luego los apoyos si existen, pero la burocracia selo lleva todo. Por eso dicen que no hay apoyo, y ni siquiera lo van a pedir » (Wurtz 2012).Si cette corruption ne date pas, au Mexique, de l’arrivée des libéraux au pouvoir, il fautnoter qu'elle est particulièrement défavorable à une agriculture traditionnelle qui présente desarguments économiques peu convaincants, en comparaison avec les autres secteurs d’activités.Les changements de politiques défavorisent donc les petites exploitations irriguées, et sont parconséquent à l’origine d’une vulnérabilité notable des producteurs en termes économiques.

16 En ce qui concerne plus particulièrement les ressources en eau, notons que la Ley de AguasNacionales de 1992 a inversé la hiérarchie traditionnelle existant entre les approvisionnementsindustriels et agricoles, en reléguant l’agriculture au dernier plan. Or tous les documentsrégissant l’usage des eaux superficielles stipulent que les débits énoncés sont susceptibles devarier avec la fluctuation des réserves, d’un point de vue légal  ; les agriculteurs sont doncparticulièrement vulnérables face aux dégradations hydriques.

17 Même en ce qui concerne les services d’eau potable, les communautés rurales n’entrent pastoujours dans le cadre des infrastructures associées à l’urbanisation, et dépendent donc parfoisuniquement des réseaux d’alimentation établis par la population (Wurtz 2012). Pour partie, lanégligence des institutions responsables explique cette situation, mais il arrive aussi que lescommunautés rurales refusent de céder la gestion hydrique aux Systèmes Opérateurs prévusà cet effet, en considérant que cela nuirait à leur indépendance et à leur autonomie. Que l'uneou l'autre alternative prévale aux échelles locales, cela témoigne des déséquilibres inhérentsà la gouvernance de l'eau au Mexique, de la marginalisation des communautés rurales et destensions qui en découlent entre monde rural et monde urbain.

18 Dans ce contexte, les opportunités de négociations qui sont à la disposition des exploitantsagricoles sont donc réduites en comparaison avec celles qui existent pour les acteurs des autressecteurs d'activités. Ainsi, l'image non compétitive que la société libérale se fait du monderural détermine sa vulnérabilité. Abandonnant l'échelle nationale, nous allons nous concentrerà présent sur les processus régionaux en lien avec les vulnérabilités liées à l'eau dans lescommunautés périurbaines.

3/ Négociations spatiales des vulnérabilités hydriques à l’échelle de lamunicipalité d’Atlixco

19 Atlixco est située dans une vallée historiquement riche en eau, où l’agriculture irriguée s’estdéveloppée dès l’époque pré hispanique : aujourd’hui encore, les sociétés rurales se structurentdonc autour de cette activité (Paredes 1991). Les agriculteurs s’approvisionnent avec lesécoulements superficiels et les réserves souterraines. Ces deux types de ressources proviennentessentiellement de la fonte des neiges du volcan Popocatepetl, qui domine le nord-ouest dela vallée. Mais l’expansion actuelle du centre urbain d'Atlixco, et le développement de lacapitale fédérale et du District Fédéral, qui s’étendent sur les vallées voisines, ont provoqué desdégradations de la ressource : la recharge des aquifères de la municipalité est aujourd'hui moitiémoins rapide que les prélèvements qui y sont effectués  ; des sources situées en périphéried’Atlixco se sont taries  ; et des zones humides ont été urbanisées. Ces deux pôles urbainsoccupent en effet des territoires de plus en plus vastes (Campos 2013), et attirent les industries

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textiles et automobiles, ainsi que les complexes commerciaux de nouvelles technologies. Lesconséquences sont doubles. D’une part, pour répondre aux demandes des nouvelles masses depopulation, le nombre de puits construits par les Systèmes Opérateurs ne cesse d’augmenter,provoquant ainsi une pression croissante sur la ressource. D’autre part, ces activités induisentdes usages hydriques polluants. Dans les deux cas, ces implications en termes de ressources eneaux se révèlent particulièrement néfastes pour les systèmes d'irrigation traditionnels qui sontles colonnes névralgiques de l'économie des communautés rurales, nous aurons l'occasion derevenir sur ce point.

20 En ce qui concerne en particulier les dégradations qualitatives de la ressource, l’utilisationagricole d’eaux usées, chargées de composés chimiques et de composés organiques – contenusdans les urines et les matières fécales – présente des risques environnementaux et sanitaires(Cirelli 2012). Si bien que la Secretaría de la Salud a interdit l'utilisation de cette ressourcepour l'irrigation des plantes maraîchères, et qu'un Programa Agua Limpia a été mis en placeau niveau national pour traiter les eaux usées. Or cette pratique s'est répandue dès la fin de larévolution mexicaine, et une grande partie de l'économie des communautés rurales agricolesreposait donc sur l'exploitation de cette ressource. La nouvelle conjoncture remet donc enquestion les conditions d'existence de ces communautés. En effet, si une station d’épurationa été construite à Atlixco pour diminuer ces menaces publiques, cela n’a pas solutionné lesproblèmes d’approvisionnements agricoles. La ressource traitée, étant rejetée dans la partie laplus basse de la vallée, elle ne bénéficie que de façon mineure aux exploitants agricoles de lamunicipalité. De plus, d'une part, certains collecteurs de l’usine d’épuration sont endommagéset versent la ressource contaminée dans les canaux, et, d'autre part, les rejets d'eaux uséesartisanaux – composés d'eaux usées et de déchets solides ne sont pas tous pris en charge par ceréseau d’assainissement : ils continuent donc de se déverser dans les canaux d'irrigation. Ensomme, consécutivement à la croissance démographique de la ville, au mépris de la populationpour son milieu, et aux failles de la gestion publique de l'eau, les eaux d'irrigation utiliséespar les agriculteurs de plusieurs communautés rurales situées en aval de la ville d'Atlixco sontaujourd'hui polluées de façon déraisonnable. En raisonnant en termes de vulnérabilité, on peutdonc dire que, pour réduire la précarité urbaine, le SOAPAMA précarise les populations non-urbaines. En d'autres termes, en répondant à la demande en eau potable il rejette la vulnérabilitéhors des villes. De plus, par sa politique de traitement des eaux résiduelles, il transforme lavulnérabilité : la vulnérabilité environnementale associée aux pollutions de l'eau est remplacéepar une autre forme de vulnérabilité liée au manque d’eau. Celui-ci touche tout d'abordles producteurs agricoles et les populations rurales, mais elle menace aussi les populationsurbaines – la baisse des aquifères va devenir problématique – à long terme. Ainsi, considérer lavulnérabilité à l'échelle régionale revient actuellement à nier son dépassement : sa négociationactuelle au Mexique ne fait que déplacer ou transformer les formes de vulnérabilités.

21 Nous venons de voir que les populations rurales de la municipalité d'Atlixco sont confrontéesà une diminution de l’eau traditionnellement disponible pour elles, par suite du changementd’usage des sols, encouragé par la libéralisation du pays. En réponse à cela, à Axocopancomme à Tejaluca, des actions de récupération matérielle des approvisionnements en eauont été menées (Ramírez 2006  ; Wurtz 2012). Cela atteste du sentiment commun qu’onteu les agriculteurs d’être dans une impasse économique et juridique. Pourtant dans uncontexte similaire d’urbanisation et de dégradation de la ressource, les capabilités de ces deuxcommunautés ont déterminé des vulnérabilités sociales notablement différentes, c'est ce quenous allons analyser à présent.

III/ Capabilités de lutte contre la vulnérabilité à Axocopan22 La communauté de la Magdalena Axocopan, se situe à 5 km de la ville d'Atlixco (Figure 1).

A l'arrivée des Espagnols, l'actuel Axocopan fut nommé en 1598 Santa María Atlimololla.Cette appellation faisait, a priori, référence à un peuplement pré hispanique localisé nonloin des sources d'eau, c'est-à-dire là où se situe de nos jours le balneario. Au cours de lapériode coloniale, et jusqu'à la fin du XIXème siècle, certaines parties du territoire qu'occupeactuellement la communauté étaient régies par le système des haciendas. Suite à la révolution

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mexicaine, un décret présidentiel (1925-1929) a concédé 1 288ha à la population de l'ejidod'Axocopan, et 576 ha au Fundo Legal. Les premières ont une vocation purement agricole alorsque les secondes comprennent les terrains urbanisés de la communauté. Consécutivement àd'autres ajustements, en 2008, le Registro Agrario Nacional reconnaissait un total de 1 879 haà l'ensemble des 167 membres de l'ejido.

23 Comme partout dans la municipalité d’Atlixco, depuis les années 1980 les producteursd'Axocopan ont développé des productions de plantes maraîchères (piment, courgette, radis,etc.), de fleurs (tulipes, roses, chrysanthèmes, amarantes caudées...) de céréales, et defourrages (luzerne). Cette variété notable dans les productions est directement liée aux sourcesd'Axocopan qui assurent l'alimentation en eau des systèmes d'irrigation des parcelles agricoles.

1/ Conflits liés à l’eau entre la communauté rurale d’Axocopan et laville d’Atlixco

24 Depuis la moitié des années 1990, la multiplication des prélèvements effectués sur lessources d’Axocopan a suscité une mobilisation sociale pour défendre la ressource hydrique(Campos 2009). Traditionnellement elle était entièrement consacrée à l’approvisionnementde la communauté rurale d’Axocopan ; cela incluait en plus des puits domestiques, desapprovisionnements agricoles et industriels. Mais en conséquence de la croissance du centreurbain d’Atlixco et de son développement industriel, deux autres acteurs utilisent aujourd’huicette eau : le SOAPAMA et l’usine textile el Volcán (Figure 1).Figure 1 - Usagers et canaux des sources d'Axocopan

Source : Campos, 200925 Ainsi l’eau disponible pour l’irrigation a diminué, engendrant ainsi une vulnérabilité

économique pour la communauté d’Axocopan. Dans ce contexte, plusieurs points ont attirél’attention des producteurs :

• suite à la diminution de 34,5 % des débits disponibles, une nouvelle distribution a étéétablie. Mais à cette occasion, seuls les usagers agricoles se sont vus lésés par cettenouvelle distribution, les usagers urbains et industriels conservèrent l'intégralité de leursapprovisionnements ;

• dans les nouveaux règlements de distribution de l'eau,  différents villages ont étéregroupés par l'administration au sein d'une seule association d'usagers, alors qu’ilsétaient auparavant considérés comme des usagers distincts ;

• le SOAPAMA a prélevé 77 lps de plus que ce qui était stipulé dans les règlements dedistributions ;

• et une concession d'eau a été attribuée à l'entreprise El Volcán alors même qu'il avait étéprouvé qu'elle n'utilisait plus la ressource.

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26 Un sentiment d’injustice s’est alors développé à Axocopan en réponse à ce qui était considérécomme des abus. En outre, l’ensemble de cette gestion hydrique mettant en danger lareproduction matérielle et sociale de la communauté d’agriculteurs, elle a élaboré des stratégiesde récupération de la ressource qui lui était traditionnellement destinée.

2/ Capabilités de réponses à la vulnérabilité hydrique de laMagdalena Axocopan

27 La mobilisation locale a été menée de front par le président des associations ejidaleset les représentants de l'unité d'irrigation du Fundo Legal. Cette précision est de grandeimportance d’une part car il s’agit des autorités traditionnelles de la communauté, et d’autrepart car les usagers non agricoles et agricoles se sont unis dans ce mouvement. Celadénote une cohésion sociale forte, et constitue donc une potentialité tout à fait notableen termes de ressources humaines et de réseaux locaux. Les premières opportunités demobilisation que saisît la communauté consistèrent dans des plaintes aux pouvoirs publicsmunicipaux et des demandes de considération des intérêts locaux dans les règlementations encours de transformations. Mais face à la négation de ces démarches, la mobilisation localeactiva d’autres champs de capabilités en incluant d’une part une communication médiatiquenotable et d’autre part la recherche d'alliances sociales. En réponse à ces sollicitations, laUnión Campesina Democrática, la Confederación Nacional Campesina et le Partido dela Revolución Democrática, ainsi que deux regidores de la municipalité d’Atlixco elle-même soutinrent officiellement la communauté. Forte de la multiplication de ses potentialitésd’actions, la mobilisation fût porteuse des revendications suivantes :

• des travaux publics nécessaires pour rendre l’eau à la population d’Axocopan ;• l'intervention d'autorités fédérales impartiales dans le règlement du conflit ;• un règlement de distribution de l'eau intégrant les demandes datant de la réforme

agricole ;• une gestion de l'eau permettant la participation des usagers dans les décisions concernant

les droits d'accès à l'eau.28 On constate que ces revendications dépassent la résolution ponctuelle des conflits en

cours : elles remettent en cause la gestion de l’eau en elle-même. Dès lors d’autres acteursinstitutionnels participèrent aux débats  : notamment la CNA, le Tribunal Superior Agrarioet la Suprema Corte de Justicia de la Nación. Malgré cette démultiplication des potentialitéslocales de négociation, en 10 ans de démarches aucune n’aboutît. En 2004, les organismesmobilisés, toujours soucieux d’augmenter leurs potentialités d’action fondèrent donc le FrentePor la Defensa por el Agua. Mais cette même année, las de se battre contre un manqueévident d’opportunités juridico-administratives, les habitants récupèrent physiquement lesapprovisionnements du SOAPAMA et de l'entreprise El Volcán.

29 Ce passage à l’acte marqua un tournant indirect dans la mobilisation. Suite à des accordsformels transcrit au sein de l’A.L.M. Minuta du 30 avril 2004, les acteurs du mouvementrendirent en effet l'eau à la ville (Campos 2009). Mais le SOAPAMA porta l'affaire devantles tribunaux, violant ainsi lesdits accords qui stipulaient qu'aucune action juridique ne seraitmenée contre les leaders si l'eau était rendue aux utilisateurs urbains. Plusieurs appréhensionss’ensuivirent. Pour résoudre ce problème, une nouvelle opportunité s’offrit aux habitantsd’Axocopan, puisque l’État de Puebla proposait de libérer les prisonniers en échange del'acceptation d'un nouveau règlement de distribution de l'eau en provenance des sourcesd'Axocopan, comme le précise le journal local La Jornada de Oriente daté du 13 mai 2004.La communauté d’Axocopan dénonça ainsi au gouvernement ce chantage déontologique.De nouveau, le mouvement reçu l'aide de la UCEZ-V, de la UGOCEM et du PRD, et lesleaders furent libérés. Néanmoins, le secrétaire du gouvernement de l’État de Puebla saisîtcette occasion pour déclarer en juin 2005 que le conflit était fini, niant ainsi le fait qu’aucuncompromis n’avait été trouvé concernant le problème hydrique originel.

30 Cet échec des négociations met en avant, d’une part, la multiplicité des potentialités de lacommunauté d’Axocopan, et, d’autre part, la vanité des opportunités d’action juridique qui leursont accordées. L’histoire de la communauté d’agriculteurs de Tejaluca diffère en plusieurs

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aspects de celle que nous venons de voir ; par conséquent son analyse complète de manièreintéressante cette première étude de cas.

IV/ Seconde étude de cas : San Juan Tejaluca31 La communauté de San Juan Tejaluca existe depuis le XVIème siècle  : c'était alors une

hacienda (Genaro 2011). Puis, le 19 juin 1951, 122 ha furent concédés à l’ejido de SanJuan Tejaluca. Aujourd’hui elle appartient à la périphérie urbaine d’Atlixco, mais présentetoujours des activités agricoles en quantités notables. Les patrons de cultures y ressemblent àceux d’Axocopan et des autres communautés rurales de la municipalité ; pourtant les culturesd’autoconsommation y regagnent peu à peu du terrain en conséquence de la dégradation desressources hydriques.

1/ Historique de la gestion de l’eau à San Juan Tejaluca32 Le territoire agricole de cette communauté rurale est historiquement divisé en trois fractions :

San Cristóbal, Huitzapula, San José. À l’origine, c’est-à-dire du temps de l’hacienda,deux cours d’eau seulement suffisaient à alimenter l’ensemble des parcelles agricoles.Mais consécutivement à l’urbanisation d’Atlixco et au changement de cultures, la ressourcedisponible pour cette communauté a diminué. Dans cette situation, les producteurs de SanCristóbal saisirent une opportunité qui s’offrait alors à eux pour poursuivre leurs productions.En effet, après plusieurs négociations avec leurs voisins, ils obtinrent en 1962 la concessiond'une autre ressource (Figure 2), en provenance des Manantiales los Ahuehuetes. Néanmoins,depuis que le Diario Oficial del Municipio de Atlixco a officialisé la distribution de cetteressource, des constructions effectuées à proximité de ces sources – et parfois même dessus– ont peu à peu réduit l’eau disponible pour les pratiques agricoles. En suscitant pour lesirriguant une vulnérabilité associée à la ressource hydrique, ces transformations territorialesont perturbé la reproduction socio-économique de la communauté.Figure 2 - Usagers et canaux des sources Ahuehuetes

Source : Wurtz, 201233 Les producteurs ont donc opté pour une mobilisation juridique contre l’invasion urbaine des

sources, en s’appuyant sur la Ley Federal de Aguas (1972), et la Ley de Aguas Nacionales quil’a remplacée en 1992, qui stipulent que les ressources hydriques doivent être préservées. LaSociedad de Riego de la Barranca El Carmen y de los manantiales los Ahuehuetes notamment,a joué un rôle clé dans cette affaire. Pendant 5 ans, cet acteur a porté le dossier devant lestribunaux. Il a notamment sollicité la CNDH et la Procaduría Federal de Puebla, et a mêmemené les autorités locales devant la Procaduría General de la República. Néanmoins, ces

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démarches juridiques ont été vaines (Wurtz 2012). Plus qu’un manque de potentialité de lapart des associations de producteurs irriguant, cet échec illustre le manque d’opportunitésjuridiques laissées aux citoyens mexicains. En effet, le jugement final appuie sa décision surle seul motif d’un dépassement des délais. Et en outre, l'ancienne zone fédérale ayant étéen grande partie envahie par des bâtiments, le non-lieu déclaré par ce document atteste del'inefficacité de la politique publique de protection quantitative des ressources hydriques àAtlixco. Nous allons voir à présent que cette carence dans la protection hydrique s’étend aussià l’aspect qualitatif de l’eau.

2/ « Capabilités » des producteurs de San Cristóbal de Tejaluca faceaux dégradations qualitatives de l’eau

34 En réponse à la diminution quantitative de la ressource, les producteurs de San Cristóbal ontsaisi une nouvelle opportunité de négociation avec le SOAPAMA. Un arrangement local futalors trouvé pour répondre aux agriculteurs, en reversant dans les canaux d’irrigation les eauxrésiduelles d’une entreprise textile coréenne, la Mex Mode. Cependant, contrairement à lalégislation en vigueur cette ressource comportait des eaux usées et des colorants textiles, etétait de plus tiède et salée. Elle impliquait donc un risque sanitaire puisqu’elle servait à irriguerdes cultures maraîchères, et réduisait en outre la rentabilité des productions agricoles.

35 En somme la stratégie de lutte contre la diminution de la ressource a seulement servi àtransformer la vulnérabilité des producteurs, les précarisant non seulement des points de vuesanitaires et économiques mais aussi juridiques comme nous allons le voir (Wurtz 2012). Unenouvelle phase de la mobilisation s’est alors ouverte. En ce qui concerne le traitement des eauxusées rejetées par l’industrie, les producteurs ont notamment fait appel à la Sociedad de Riegode la Barranca El Carmen y de los manantiales los Ahuehuetes. Celle-ci a alors fait constaté le2 décembre 2005 par le journal La Jornada del Oriente que l’entreprise violait la législation envigueur. De plus, elle a sollicité l’intervention du SOAPAMA. En recourant à cette association,les producteurs de San Cristóbal ont étendu leur champ de potentialités, et sont finalementparvenus à écarter les vulnérabilités associées à la contamination domestique de la ressource.Mais il n’en est pas de même en ce qui concerne les pollutions d’ordre industrielles.

36 Ni la Sociedad de Riego de la Barranca El Carmen y de los manantiales los Ahuehuetes,ni le SOAPAMA n’ont pris position relativement aux eaux industrielles rejetées par la MexMode. En outre, l'unité sociopolitique de la communauté de producteurs de San Juan Tejalucaavait notamment été remise en cause par la déprise agricole et par la séparation des systèmesd'irrigation de l’ancien ejido (Wurtz 2012). En conséquence, l’association de producteursde San Juan Tejaluca n’intervient que rarement dans les problématiques n’impliquant pasles trois fractions, et les producteurs de San Cristóbal ont ainsi perdu une partie de leurpotentialité d’action. Enfin, malgré l’évidence de la salinisation des sols, de la coloration del’eau et de sa température, aucune étude officielle n’a démontré la contamination de cetteeau. L’absence de donnée a donc fait passer le traitement de ces eaux industrielles au secondplan des préoccupations du SOAPAMA. Notons que les producteurs auraient pu solliciterofficiellement une analyse, mais une inquiétude les retenait. Cela s’explique par un autre litigelié à leur eau d’irrigation. Le SOAPAMA avait par le passé réduit la ressource disponiblepour les producteurs de San Cristóbal, en acheminant les eaux usées de la ville jusqu’à unestation d’épuration située à l’aval de la communauté. L’assemblée ejidal avait cette fois-ciaccepté de prendre part aux négociations avec le SOAPAMA : elle proposait de lui céder unterrain, afin qu’il y construisît une usine d'épuration municipale en amont de leurs champs.Mais malgré l'accord passé le 20 juillet 2001 entre le président municipal, le directeur duSOAPAMA et l'ejido de Tejaluca notamment, le SOAPAMA n’avait pas donné de suite àce projet. Par conséquent, les producteurs avaient rompu les collecteurs d’eaux usées pourrécupérer cette ressource. Néanmoins, en utilisant cette ressource contaminée pour irriguer desplantes maraîchères, ils ont fait le sacrifice de certaines de leurs potentialités. En particulier,leur marge d’action juridique s’est réduite  ; et ils ont aussi créé des tensions au sein de laSociété d’irrigation et l’association de producteur de San Juan Tejaluca, sur lesquelles ilsavaient pu compter pour défendre leurs intérêts dans d’autres circonstances.

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37 Pour conclure insistons sur le fait que la mémoire collective de San Juan Tejaluca avait étémarquée par l’assèchement quasi total de l’un des plus anciens approvisionnements de lacommunauté – celui qui alimentait les parcelles de San José. Pour les agriculteurs de cettefraction qui utilisaient exclusivement cette source d’irrigation, cela a signifié la fin des activitésagricoles. Dès lors, les bouleversements hydriques suscités par l’urbanisation apparurentcomme une fatalité, et pour beaucoup d’agriculteurs, l’activisme politique fut relégué au rangd’utopie.

V/ Analyse comparée des deux études de cas38 Signalons tout d’abord que ces deux études de cas réaffirment à l’échelle locale la primauté

de l’urbanisation sur les intérêts du monde rural au Mexique. En outre, il apparaît à traverschacune d’elle que les communautés rurales sont dotées de potentialités juridique et socialede lutte contre la vulnérabilité hydrique que leur inflige l’essor urbano-industriel. Néanmoins,nous avons vu á Axocopan comme á Tejaluca que les opportunités d’expressions de cespotentialités sont limitées : elles sont existantes dans le cadre légal, mais dans les faits ellesrestent souvent vaines. Au vu de ces études de cas, il apparaît de plus que l’échelle de lacommunauté offre, de fait, des perspectives intéressantes pour analyser la vulnérabilité sociale,puisque les processus de capabilisation des deux communautés diffèrent en plusieurs point.Comme l’indique la carte 1, la communauté d’Axocopan est notablement plus grande quecelle de Tejaluca ; il faut donc aborder la comparaison avec précaution. Pourtant notons á cestade qu’une autre fraction de Tejaluca est parvenue á dépasser un problème de dégradationhydrique (Wurtz 2012). Cela atteste donc du fait que la taille de la mobilisation n’est pascentrale dans la lutte contre la vulnérabilité. L'interprétation des divergences existant entre leshistoires des deux communautés rurales étudiées et de leurs stratégies relatives aux activitésagricoles semble á ce titre conserver une validité réelle.

39 D'après le tableau 1, les potentialités et les opportunités d'actions ex-ante l'activationproblématique de dégradation hydrique étaient relativement similaires. Pourtant, lesrésultantes ex-post (marquées en gras dans le tableau) ont largement différées. Or, ilest intéressant de noter que les représentations sociales, elles, se sont révélées nettementopposées ; et ce alors même que dans les deux communautés, le conflit pour l'accès à l'eau –entre les communautés rurales d'un côté et la ville et les industries de l'autre – apparaît commeune constante. À partir de ces constats, la comparaison des histoires sociales, de l'une et l'autredes communautés, est donc d'autant plus intéressante.Tableau 1 - Synthèse des études de cas

Axocopan Tejaluca

ReprésentationsSociales

« La injusticia a la que somossometidos por la autoridad federal »=> Union identitaire de la ruralité

« Pues allá, aunque seanaguas negras... pero, puestienen riego. Acá nosotrosaunque queramos teneresa posibilidad ya no latenemos. »=> Isolement des exploitantsagricoles

Potentialités

Frente por la Defensa por el Agua(Assemblées ejidales, Autorités duvillage)=> Mobilisation des acteurs sociaux :UCD, PRD, CNC

Sociétés d'irrigationAutorités ejidalesFraction de San Cristóbal=> Alliance ponctuelle avecle SOAPAMA

Opportunités

Défense juridique de l'accès à l'eau :CNDH, Procaduría Agraria, CNA,le Tribunal Superior Agrario et laSuprema Corte de Justicia de laNaciónCommunication médiatique

Défense juridique de l'accès àl'eau :CNDH, Procaduría Generalde la Republica, ProcaduríaFederal de Puebla

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Actions matérielles ponctuelles=> Revendications économiques etcitoyennes

Communication médiatiqueAction matérielle pérenne=> Négociations relatives àdes approvisionnements nontraditionnels

Source : Auteures, travaux de terrains 2009 et 201240 Dans le cas de la Magdalena Axocopan, la réitération des problèmes de dégradations hydriques

a contribué à unir habitants et producteurs, et a structuré la mobilisation autour des autoritésdéjà établies. L'eau demeurait une ressource fondamentale dans la reproduction à la foiséconomique et sociale de la communauté. Elle constituait l’un des éléments essentielspermettant de concevoir et de créer un territoire commun. La défense de l'eau était doncintimement liée à la défense d'un projet de vie qui reposait sur l'exercice d'activités du secteurprimaire et sur la perpétuation du métier d'agriculteur. Cela explique la réponse collectiveorganisée à l’échelle communautaire pour écarter les menaces urbaines et industrielles pesantsur leur territoire. À San Juan Tejaluca en revanche, la répétition des luttes menées pour lapréservation des ressources hydriques n'a pas eu cette portée, bien au contraire, il semblequ'elle ait participé à la division des producteurs. Il faut savoir à ce sujet que la spéculationfoncière combinée à la réforme de l'article 27 de la constitution mexicaine qui interdisaitle changement d'usage des sols concédés aux ejidos, ont suscité plusieurs reconversionsprofessionnelles à Tejaluca. Ainsi, l'économie de la communauté paraissait en instance dechangement : la dynamique périurbaine y prenait le pas sur la dynamique rurale. Le même typede harcèlement urbano-industriel sur la ressource hydrique qui a démultiplié les potentialitésdes agriculteurs d'Axocopan a donc délité les capabilités des producteurs de Tejaluca. Et ilest notable que l’évolution progressive des mentalités permette de l’expliquer au moins enpartie : puisqu’elles ont ôté une partie de leur autorité aux assemblées ejidales et qu’elles ontpar consèquent diminué leur champ d'action.

41 En somme, à Axocopan l'un des principaux fondements de l'identité communautaire est restécelui de l'auto-déterminatinon des habitants comme des agriculteurs irriguant (Campos Cabral2009), alors qu'à Tejaluca les habitants se sont scindés en deux groupes : ceux qui continuaientde s'auto-définir de la sorte, et ceux qui rattachaient l'agriculture à un passé commun, maisdéjà quasiment obsolète (Wurtz 2012). Ainsi, la vision de ses territoires dans leur ensemblechangeait radicalement d'une communauté à l'autre. Dans un contexte présentant du moinsles mêmes systèmes administratifs et juridiques, cette analyse comparée laisse entendre queles représentations collectives et les « capabilités » des communautés rurales interagissent demanière significative pour définir les stratégies de lutte contre les vulnérabilités liées à l'eau.En outre, elle permet de reconsidérer les questions de représentations sociales à l'échelle descommunautés rurales : au même titre que les représentations socioculturelles de la ressourceelle-même, l’image que les sociétés rurales ont d'elles-mêmes détermine leur vulnérabilité.

VI/ Conclusions : discussions sur les systèmes d'acteurs etles représentations sociales déterminant les vulnérabilitésassociées à la ressource en eau

42 Les analyses menées dans cet article permettent de réaffirmer que les problématiques devulnérabilités liées à l'eau s'inscrivent dans les questions de gouvernance territoriale. Ellesdépendent donc des représentations sociales et des stratégies d'acteurs, et à ce titre, lesinterrelations entre échelles de gestion jouent un rôle essentiel dans leur détermination. Ilapparaît aussi que l’image que les pouvoirs en place se font du monde rural, mais aussi celleque les sociétés rurales se font d'elles-mêmes, déterminent leur vulnérabilité. Elles définissentdes champs d'action potentiellement exploitables par les acteurs concernés. De plus l’échellede la communauté s’avère intéressante pour analyser la vulnérabilité sociale  : à ce niveaude gestion des ressources en eau, les représentations collectives interagissent fortement avecles « capabilités » des communautés rurales pour définir différentes stratégies de lutte contrela vulnérabilité. Enfin, il est pertinent de considérer la vulnérabilité à travers différentes

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échelles. À l'heure actuelle, il est d'ailleurs notable qu'à l'échelle régionale les vulnérabilités nesemblent pas être surmontées : elles sont seulement déplacées ou transformées, et c'est dans lanégociation qu'elles se définissent. Or plusieurs facteurs déterminent ces négociations ; nousinsisterons donc pour conclure sur trois éléments d'analyse.

43 La perception des dégradations hydriques par les communautés et les agriculteurs irriguant estconditionnée par le fait que ces acteurs se présentent comme les propriétaires de l'eau. L'eaualimentant depuis des temps immémoriaux des territoires appartenant aux exploitants, ceux-ci tiennent donc pour acquis ces droits de fait. De plus, les actions répétées de défense de leuraccès à l'eau participent à légitimer ce sentiment de propriété.

44 L'unité sociale des communautés est une donnée essentielle dans les négociations liées à l'eau.C'est l'une des principales différences entre les deux études de cas présentées dans cet article.Ainsi, les habitants de la Magdalena Axocopan ont instauré cette ressource naturelle commeun su pport de leur auto-identification communautaire. Au contraire, à Tejaluca, la répétitiondes situations de vulnérabilité liée à l'eau a exacerbé les réponses individuelles.

45 Enfin, il est notable que la CNA et les pouvoirs publics municipaux aient été partiales dansles deux études de cas présentées. Ce faisant ils ont marginalisé de manière notable dessociétés rurales, et mis en évidence des vulnérabilités socio-politiques et un vide juridique.C'est le droit mexicain, et les modes de gouvernances établis par l’État qui ont été remis enquestion par deux fois á Atlixco. Les conflits d’usage ont donc fini par ébranler la légitimitéinstitutionnelle lorsque la population a estimé que la vulnérabilité à laquelle elle est exposée,par d'autres, devient irrationnelle.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Marie Zoé Wurtz et Valentina Campos Cabral, « « Capabilités » et représentations sociales dans lesconflits liés à la ressource en eau en périphérie urbaine au Mexique (Atlixco, Puebla, Mexique) »,L'Ordinaire des Amériques [En ligne], 218 | 2015, mis en ligne le 05 juillet 2015, consulté le 08 août2015. URL : http://orda.revues.org/1843

À propos des auteurs

Marie Zoé WurtzCIMAV Centro de Investigación en Materiales Avanzados, Chihuahua, Mexique et GEODE UMR5602 UT2J, Toulouse, France, [email protected] Campos CabralUniversidad Autonoma de México, Puebla, Mexique, [email protected]

Droits d’auteur

© Tous droits réservés

Résumés

 Au Mexique 80  % des ressources en eau servent à l’irrigation des parcelles agricoles.Or, depuis la fin du XIXème siècle, l'essor des sociétés urbano-industrielles a démultipliéles dégradations qualitatives et quantitatives de la ressource. Les communautés situées enpériphérie urbaine en particulier affrontent ainsi une vulnérabilité hydrique notable. L'articleanalyse la géopolitique mexicaine et les stratégies d'acteurs locaux qui déterminent cette

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vulnérabilité à l'échelle de la communauté dans la région d'Atlixco (Puebla). Il présente laconjoncture nationale de gestion de l'eau, et étudie les luttes menées à Atlixco, dans lescommunautés rurales la Magdalena Axocopan, et San Juan Tejaluca, à partir de recherchesbibliographiques, complétées par un retour sur des travaux de terrains menés respectivementen 2009 et 2012. La vulnérabilité rurale passe par les représentations politiques et sociales desactivités agricoles. L'historique de la construction des acteurs sociaux détermine la négociationdes vulnérabilités liées à l'eau. Celle-ci ne permet pas de supprimer les vulnérabilités ; maiselle peut remettre en question les moyens de gouvernance, et les autorités établies.

“Capability” and Social Representations in Water-Related Conflictsaround Mexican Cities (The Case of Atlixco, Puebla)In Mexico, 80% of water resources are used for irrigation purposes. But since the end ofthe 19th century, urban and industrial growth has strongly degraded water resources, quality-and quantity-wise. Communities located near large cities are particularly exposed to water-related vulnerabilities. This paper will use the example of the Atlixco region (Puebla) toshow how geopolitical factors and local actors assess such vulnerabilities. Using secondarysources and data collected in the field between 2009 and 2012, it will deal with the country’swater policies and the grassroots actions undertaken in Atlixco and in the rural communitiesof Magdalena Axocopan and San Juan Tejaluca. Rural vulnerability entails the political andsocial representations of agricultural practices. The past history of social actors also determineshow water-related vulnerabilities are managed. Those cannot be suppressed but local activistscan try to question governing practices and established authorities.

“Capabilidades” y representaciones sociales en los conflictosrelacionados con el recurso hídrico en periferia urbana (Atlixco,Puebla, México)En México, el 80 % de los recursos hídricos sirven para la irrigación de parcelas agrícolas.Ahora bien, desde finales del siglo XIX, el auge de las sociedades urbano-industriales haido multiplicando las degradaciones cualitativas y cuantitativas del recurso. Las comunidadessituadas en la periferia urbana sobre todo, se enfrentan a una notable vulnerabilidad hídrica.El artículo analiza la geopolítica mexicana y las estrategias de actores locales que determinanesta vulnerabilidad a escala de la comunidad en la zona de Atlixco (Puebla). Presentala coyuntura nacional de la gestión del agua y estudia las luchas llevadas en Atlixco,en las comunidades rurales de la Magdalena Axocopan y San Juan Tejaluca, a partir deinvestigaciones bibliográficas, completadas a su vez por el análisis de los trabajos de terrenollevados a cabo en 2009 y 2012, respectivamente. La relación histórica de la construcción delos actores sociales determina la negociación de las vulnerabilidades relacionadas con el agua.Esta no permite suprimir dichas vulnerabilidades, sin embargo favorece el cuestionamiento delos medios de gobernanza y las autoridades establecidas.

“Capacidades "e representações sociais nos conflitos relacionadosaos recursos hídricos na periferia urbana no México (Atlixco, Puebla,México)No México, 80  % dos recursos hídricos são usados para a irrigação de terras agrícolas.Mas desde o final do século XIX, com o crescimento das sociedades urbano-industriais,se multiplicou a degradação qualitativa e quantitativa do recurso. As comunidades dasperiferias urbanas enfrentam assim uma significativa vulnerabilidade hídrica. O artigo analisaa geopolítica mexicana e as estratégias dos atores locais que determinam esta vulnerabilidadena comunidade da região de Atlixco (Puebla). Ele apresenta o contexto nacional de gestãoda água e as lutas em Atlixco, nas comunidades rurais de Magdalena Axocopan e de SanJuan Tejaluca, a partir de pesquisas bibliográficas, completadas por uma volta às áreasde trabalho investigadas em 2009 e 2012. A vulnerabilidade rural se expressa através dasrepresentações políticas e sociais das atividades agrícolas. A história da construção dos atoressociais determina a negociação das vulnerabilidades relacionadas com a água. Isso não permite

« Capabilités » et représentations sociales dans les conflits liés à la ressource en eau (...) 17

L'Ordinaire des Amériques, 218 | 2015

aniquilar as vulnerabilidades; mas pode questionar as formas de governação e as autoridadesestabelecidas.

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Mots-clés : eau, vulnérabilité, capabilités, représentation, MexiqueKeywords : water, vulnerability, capability, representation, MexicoPalabras claves : agua, vulnerabilidad, capabilidad, representaciones, MéxicoPalavras chaves : água, vulnerabilidade, capacidades, representação, México


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