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La Conférence Olivaint - 1875-1940

Date post: 30-Mar-2023
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INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE PARIS CYCLE SUPERIEUR D'HISTOIRE DU XXE SIECLE Un cercle d'étudiants catholiques sous la Troisième République : LA CONFÉRENCE OLIVAINT (1875-1940) David COLON Mémoire présenté pour le DEA "HISTOIRE DU XXE SIECLE" Directeur du mémoire : M. Jean-Pierre AZÉMA 1996
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INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE PARIS

CYCLE SUPERIEUR D'HISTOIRE DU XXE SIECLE

Un cercle d'étudiants catholiques sous la Troisième République :

LA CONFÉRENCE OLIVAINT(1875-1940)

David COLON

Mémoire présenté pour le DEA"HISTOIRE DU XXE SIECLE"

Directeur du mémoire :M. Jean-Pierre AZÉMA

1996

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

ACJF Association catholique de la jeunesse françaiseALP Action libérale populaireAN Archives nationalesBN Bibliothèque nationaleCCO Cercles catholiques d'ouvriersCGT Confédération générale du travailCIEC Confédération internationale des étudiants catholiquesCNR Conseil national de la résistanceCO Conférence OlivaintDRAC Ligue pour les droits des religieux anciens combattantsELSP École libre des Sciences politiquesFFEC Fédération française des étudiants catholiquesFNC Fédération nationale catholiqueGEDES Groupe d'études diplomatiques, économiques et socialesGUSDN Groupement universitaire pour la Société des NationsHEC Hautes études commercialesIC Institut catholiqueINA Institut national agronomiqueJEC Jeunesse étudiante chrétienneJP Jeunesses patriotesMRP Mouvement républicain populaireP PèrePSF Parti social françaisRP Révérend PèreSDN Société des Nationssj Jésuite (de la Compagnie de Jésus, e societate Jesu)UCINA Union catholique de l'Institut national agronomiqueUPF Union pour la FranceUSIC Union sociale d'ingénieurs catholiques

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Introduction

Parmi les nombreuses Conférences d'étudiants qui ont existé sous laTroisième République, la Conférence Olivaint occupe une place à part.D'abord en raison de sa longévité : créée à l'automne 1874, elle eut uneactivité régulière jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, seulementinterrompue par la Grande Guerre, et elle est l'une des rares à existeraujourd'hui encore. En second lieu, en raison sa nature : créée à l'initiativede la Compagnie de Jésus, au sein d'une Congrégation mariale, elle étaitdestinée à regrouper et encadrer des jeunes étudiants catholiques en vue lesformer à la vie publique, dans un esprit de défense religieuse.

Jusqu'à ce jour, peu de travaux ont étudié l'Histoire de la ConférenceOlivaint. Un membre de la Conférence, Emmanuelle Bastide, a étudié dansun mémoire de Troisième cycle la période la plus immédiatementcontemporaine1 ; Gilles Le Béguec, dans sa thèse sur les filières d'accès auxfonctions parlementaires, lui consacre quelques développements, en fondantson propos sur les documents conservés à la Bibliothèque nationale2 ; enfin,l'abbé Molette, dans sa thèse sur les débuts de l'Association catholique de lajeunesse française (ACJF), la cite régulièrement, sans discernervéritablement sa spécificité3.

1 Emmanuelle BASTIDE, La Conférence Olivaint : 1947-1987, un lieu de formation des élites à la viecivique. Paris : Institut d'Études politiques, Mémoire de DEA préparé sous la direction de M. Jean-MarieMayeur, 1990, 130 pages.2 Gilles LE BÉGUEC, L'entrée au Palais Bourbon : les filières privilégiées d'accès à la fonctionparlementaire, 1919-1939. Thèse, Paris X, Nanterre, 1989. Lille : Atelier de reproduction de l'UniversitéLille 3, 1990.3 Charles MOLETTE, L'Association catholique de la jeunesse française (1886-1907). Paris : ArmandColin, 1968.

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Ce relatif vide historiographique s'explique par la confidentialité quientoure depuis les origines les activités de la Conférence Olivaint. Sous laTroisième République, en particulier, celle-ci ne cherchait pas la publicité, etpouvait apparaître comme un cercle fermé. Les activités de la Conférenceconcernaient chaque année quelques dizaines de jeunes gens triés sur levolet, souvent issus des collèges religieux, et les séances hebdomadairesétaient fermées au public ou aux curieux. La cooptation des membres dansdes milieux bourgeois ou nobiliaires, le fort encadrement jésuite, ladiscrétion, et la constitution, à partir du début du XXe siècle, d'un réseaud'anciens, donnèrent ainsi à la Conférence Olivaint des aspects de « Franc-maçonnerie catholique ». En même temps, l'Olivaint fut, dès l'origine, unlieu de rencontre et de débat, d'échanges et de confrontations parfois vivesentre les tenants d'un catholicisme social, et les catholiques intransigeants etréactionnaires. Le Ralliement, la Séparation des Églises et de l'État, plus tardla condamnation de l'Action française (AF) ont été autant de terrainspropices aux divisions.

Mais la question la plus envenimée, la seule qui fut proscrite desdébats parce que trop brûlante pendant très longtemps, fut la question durégime. Née avec la Troisième République, la Conférence fut pendantlongtemps un bastion de l'opposition la plus résolue au régime républicain,puis à la législation laïque des différents gouvernements, avant d'être unecaisse de résonance de l'antiparlementarisme de l'entre-deux guerres.

En cela, l'apport de l'Olivaint aux mouvements de jeunesse -l'Association catholique de la jeunesse en particulier, aux mouvementsd'étudiants - comme la Fédération française des étudiants catholiques(FFEC), ainsi qu'aux jeunesses des ligues et des partis politiques, mérited'être étudié. Cercle catholique conservateur, sinon réactionnaire, laConférence Olivaint a en effet vu sortir de ses rangs plusieurs générations deparlementaires, de fonctionnaires, d'avocats, de professeurs et d'hommes delettres qui, pour beaucoup d'entre eux, se sont distingués par leurattachement à l'Eglise et à la patrie.

Naturellement, le présent travail a ses limites. Dans l'état actuel dessources, il ne peut se prétendre ni complet ni exhaustif. On arguera aussi quel'appartenance de l'auteur à l'organisation qu'il étudie peut amener le lecteurà douter de la sincérité de l'analyse, par manque de recul et de regardcritique. Les faits relatés, cela dit, sont lointains : la Conférence Olivaintd'avant-guerre n'a que peu de choses en commun avec celle qui fut refondéeen 1947, sous l'impulsion du RP Huvenne et qui, en 1968, s'est « laïcisée » àl'issue de la présidence de Laurent Fabius. Loin d'avoir pour ambition

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d'établir l'histoire pieuse de la Conférence Olivaint, le présent travail viseavant tout à mettre en lumière les ambivalences d'un cercle catholique aussiconservateur qu'ouvert aux questions sociales, en ne laissant rien dansl'ombre de l'extrême conservatisme de ce cercle catholique.

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Remerciements

Je remercie M. Jean Pierre Azéma, pour le soutien la patience dont il afait preuve à mon égard tout au long de ce travail, ainsi que MM. RenéRémond et Gilles Le Béguec, pour les précieux conseils qu'ils m'ont donnésau début de ma recherche.

Je remercie mon camarade Laurent Bigorgne, qui le premier m'adonné l'idée de faire ce travail.

Je tiens à remercier les RR. PP. de Boissière et Gillibert, ss. jj.,respectivement ancien et actuel conseillers de la Conférence Olivaint, qui ontsoutenu mon projet.

Je remercie tout particulièrement le RP Bonfils, s.j., archiviste de laProvince, ainsi que son assistante, qui m'ont offert un très agréable etsympathique accueil aux Archives jésuites de la Province. Qu'ils soientremerciés pour le temps qu'ils m'ont ainsi consacré et l'aide et les conseilsqu'ils m'ont prodigués.

Je remercie Amélie, du secrétariat de Sciences Po, pour son sourire, quivaut tous les encouragements du monde.

Merci au seul témoin vivant que j'ai rencontré et qui a bien accepté dem'ouvrir la porte de son bureau, ainsi que celle de ses souvenirs, monsieurAndré Aumonier.

Merci enfin à mes copains et amis qui ont souffert mes sautes d'humeurdurant la phase de rédaction du mémoire, Hélène de Virieu et RaphaëlEnthoven en particulier, dont les encouragements me furent on ne peut plusprécieux.

Première partie :

UN CERCLE CATHOLIQUELITTÉRAIRE ET CONSERVATEUR.

(1874-1888)

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Chapitre premier : La fondation de la Conférence Olivaint

À l’origine de la Conférence Olivaint (CO), il y a un ordre religieux, laCompagnie de Jésus, sa Congrégation étudiante, rebaptisée ‘ Réunion desjeunes gens de la rue de Sèvres », et un nom significatif, celui du RP PierreOlivaint, martyr de la Commune.

La fondation de cette organisation s'inscrit donc autant dans unhéritage, celui des Congrégations jésuites, que dans des circonstancespolitiques déterminées, au lendemain de la Commune, et au tout début d'unrégime, la Troisième République, contre lequel l'action de la ConférenceOlivaint s'est inscrite durablement.

LA CONGREGATION

La Conférence Olivaint est parfaitement indissociable de laCongrégation qui lui a donné naissance en 1875 et qui lui a permis de sedévelopper et de prospérer jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

La Congrégation dont il s'agit fut fondée en 1852 au collège jésuite deVaugirard, à l'initiative du Père Jean Gagarin4. Ce dernier était désireux, eneffet, de faire revivre la Congrégation mariale qu'il avait connue, en exil, aucollège belge de Brugelette ; il réunit autour de lui, le 5 décembre 1852, àl'occasion de la première réunion, quelques jeunes gens issus de Brugelette,parmi lesquels Paul Lauras, Charles de Maistre - petit-fils de Joseph deMaistre - et Félix de Roquefeuil. Les réunions avaient lieu tous les quinzejours et consistaient en une messe, suivie d'une instruction. Transférée unepremière fois rue des Postes, en 1853, la Congrégation déménagea au milieudes années 1860 pour rejoindre la rue de Sèvres. C'est là qu'elle sedéveloppa et donna naissance au lendemain de la Commune à plusieursconférences d'étudiants.

L'héritage de l'antique Congrégation

La Congrégation de la rue de Sèvres - très vite rebaptisée ‘ Réunionde la rue de Sèvres » pour dissimuler sa nature congrégative - n'était,cependant, que la nouvelle forme revêtue par une Congrégation plus 4 Michel CORNUDET, Souvenir du 25e anniversaire de la fondation de la Réunion des jeunes gens.Bourges : E. Pigelet, imprimeur de l'Archevêché, pp. 6 à 29. Le Prince Jean Gagarin, premier secrétaire del'ambassade de Russie à Paris avait été converti par le RP Ravignan et madame Swetchine. Il entra dans laCompagnie de Jésus et fut, pour ce fait, condamné à l'exil par son pays d'origine, avant d'être exilé par laFrance.

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ancienne et particulièrement décriée sous la Restauration : un membre de laConstituante, M. de Montlosier, n'avait-il pas publié en 1826 un longmémoire dans lequel, ému des progrès de l'ultramontanisme et frappé de"l'esprit d'envahissement du parti prêtre", il avait dénoncé tout particulier laCongrégation, qu'il s'avouait en même temps incapable de définir :

Cette puissance mystérieuse qui, sous le nom de Congrégation, figure sous la scène

du monde, me paraît aussi confuse dans sa composition que dans son objet, dans

son objet que dans son origine5.

Le livre, en tout cas, connut un grand succès et les pouvoirs publicss'émurent, le Parlement discuta gravement de cette question dont lestribunaux furent saisis. La Congrégation prit alors une dimension presquemythique, et revêtit dans une frange de l'opinion publique la dimensiond'une société secrète opposée aux intérêts français.

La réalité, pourtant, était modeste : les congrégations étaient desimples associations pieuses, nées au XVIe siècle sous l'impulsion des Pèresjésuites. Il s'agissait, dans les collèges, de réunir les élèves les plus studieux àla fin des classes pour leur faire entendre des « lectures sérieuses » et leurdonner des conseils de direction spirituelle. Ces congrégations, vouées àMarie, s'organisèrent selon une règle assez stricte, qui comprenait uneconfession hebdomadaire, une communion mensuelle, une messequotidienne et la visite des malades dans les hôpitaux le dimanche6.

La Congrégation de Paris et la société des bonnes études

La suppression de la Compagnie de Jésus en 1773 a porté un couppresque fatal aux Congrégations. Cela dit, celles qui ont survécu ou ont étécréées par la suite ont conservé cet esprit et bien souvent cette règle. Ce futle cas, en particulier, de la Congrégation de Paris, la plus célèbre, rétablie en1801 par le RP Jean-Baptiste Delpuits, et qui prospéra jusqu'en 1830.

5 M. de MONTLOSIER, Mémoire à consulter sur un système religieux et politique tendant à renverserla religion, la société et le trône. Paris : 1826. La seule étude sérieuse sur la Congrégation est l'ouvragede Charles GEOFFROY DE GRANDMAISON, historien, ancien membre de la Conférence Olivaint : LaCongrégation (1801-1830), Plon, 1899, 419 p.6 Charles GEOFFROY DE GRANDMAISON, La Congrégation (1801-1830), op. cit., p. 3.

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À cette époque, la Congrégation institua une « Société des bonnesétudes », une réunion dont le but était de "procurer à des jeunes genssérieux un lieu de réunion où ils pussent discuter en commun et à armescourtoises" de questions de philosophie, de littérature et d'histoire, parfaireainsi leur instruction personnelle et les former à l'exercice de la parole7.C'était une sorte de conférence littéraire, largement ouverte, qui fit école,notamment à Toulouse et Grenoble.

La société des bonnes études se réunissait régulièrement dans un localqu'elle louait rue des Fossés-Saint-Jacques. Parmi les nombreux avocats etétudiants qui participaient à ses joutes oratoires, on peut relever les noms desavocats Hennequin et Berryer. Comme la Congrégation qui lui avait donnénaissance, elle fut critiquée : un pamphlétaire, monsieur Duchâteau, assuraitqu'elle était une « affiliation jésuitique », un foyer d'ultramontanisme où l'ondéclamait contre la Charte8.

Renaissance de la Congrégation et essais de conférences littéraires

La dernière séance de la Congrégation eut lieu le 18 juillet 18309.Vingt-deux ans plus tard, celle qui naquit, à l'initiative du Père Gagarin,s'inspira largement de sa devancière de la Restauration. Très tôt, desConférences littéraires furent organisées, à l'image de l'ancienne « Sociétédes bonnes études ».

Les premiers essais de conférence littéraire remontent en fait àl'époque du transfert de la Congrégation rue des Postes, à Sainte-Geneviève,en 1853. Les congréganistes se retrouvaient une fois par semaine chez lepère Gagarin ; on y discutait plus qu'on y débattait. A ces causeries intimessuccédèrent quelques années plus tard de véritables conférenceshebdomadaires, dirigées par le Père de Boylesve, un professeur dephilosophie que ses élèves surnommaient « le Capitaine ». Sous le vocablede « Conférence littéraire », destiné vraisemblablement à tromper la censurenapoléonienne, c'est une véritable conférence politique dont il s'agissait, à enjuger par les sujets abordés : on retiendra ainsi pour mémoire uneconférence sur la liberté des cultes, et une autre sur la liberté de la presse.

Lorsque le Père Olivaint prit la direction de la Congrégation, en 1865,il chercha bien à faire revivre ces conférences littéraires au sein de laréunion, mais le projet n'aboutit pas. Cela dit, deux conférences littéraires 7 Ibid., pp. 216-217.8 Ibid., pp. 217-218.9 Ibid., p. 361.

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s'étaient organisées en dehors de la Congrégation, recrutées en majeurepartie parmi les membres de la Réunion : la Conférence Pie IX et laConférence Fénelon, parfois aussi appelée de Maistre. Ces deux conférencesétaient constituées chacune de moins de 21 membres, en vertu des loisimpériales, et n'étaient pas dirigées par les Jésuites10. Après la mort du PèreOlivaint, son biographe, le RP Charles Clair, constitua une conférence avecune douzaine de congréganistes, qui avaient en vue des étudesphilosophiques ou théologiques. Trois de ces membres devinrent Jésuites,dont le Père Albert de Salinis, selon qui ce petit groupe aurait pris, dès 1872,le nom de Conférence Olivaint11. En fait, ce groupe, comme les deuxprécédents, s'il se rattachait à la Congrégation jésuite, n'en émanait pasdirectement. Ces groupes n'étaient pas, comme l'écrit Joseph Parent duchâtelet, "des oeuvres de la Congrégation, organisés par la Congrégation,portant l'estampille de la Congrégation12".

LA CREATION ET L'ORGANISATION DE LA CONFERENCE

Pour qu'une Conférence prît de l'ampleur, il fallait une volontédélibérée de la part de la Compagnie de Jésus, et des moyens. Tout cela, laCompagnie s'est décidée à l'accorder en 1874, donnant ainsi naissance à uneConférence d'étudiants destinée à donner aux jeunes gens appartenant à laCongrégation un lieu de réunion et de discussion, à l'image de la « Sociétédes bonnes études » de la Monarchie de Juillet.

De la Conférence littéraire de la rue de Sèvres à l'Olivaint

En 1874, en effet, la Congrégation décida d'offrir à ces diversesconférences un local rue de Sèvres, comprenant une bibliothèque et unesalle de réunion. Les conférences fusionnèrent et devinrent alors la« Conférence littéraire de la Réunion des jeunes gens ». La décision de créercette conférence fut prise le 12 novembre 1874, en réunion du conseil de laCongrégation13. Dans son journal, le RP Hubin notait, quelques jours plustard :

10 Joseph PARENT DU CHÂTELET, Les noces d'argent de la Conférence Olivaint, 27 mai 1900.Blois : Grande imprimerie de Blois, 1900, 82 p. Dans son rapport historique, Joseph Parent du châtelets'appuie sur de nombreux témoignages d'anciens membres.11 Ibid., p. 10.12 Ibid., p. 11.13 Diarum du RP Hubin, cité par J. PARENT DU CHÂTELET, op. cit., p. 12.

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26 novembre - Le mercredi est adopté pour le jour de la réunion hebdomadaire. On

se réunira à 8 heures. Après la Prière, la parole sera donnée au Conférencier ; la

Conférence sera suivie d'une discussion libre, et la discussion elle-même sera

résumée par le Conférencier ou le président du bureau ; mais il n'y aura pas de vote

de l'assemblée. Seront admis à la Conférence et à la discussion tous les membres de

la Congrégation. Les travaux devront être écrits, bien qu'il ne soit pas nécessaire de

les lire14.

Les statuts de la Conférence ainsi définis dans leurs grandes lignesreprennent en grande partie ceux de la Conférence animée par le RP Clair.En quelques lignes était ainsi définie l'organisation des séances de laConférence Olivaint, qui demeura inchangée jusqu'à la Seconde Guerremondiale.

Ce n'est, cependant, que deux ans plus tard, le 10 décembre 1876,que cette nouvelle conférence prit le nom de Conférence Olivaint. A cettedate, la Congrégation voyait aussi naître en son sein la Conférence Laënnec,qui n'était d'abord qu'un sous-groupe de la Conférence Olivaint constitué demédecins - avant de devenir une Conférence à part entière. Cette conférenceprit le nom du vice-président de la Congrégation en 1807, HyacintheLaënnec. Enfin, une troisième et dernière conférence, une conférence deSaint Vincent de Paul, fut bientôt créée ; cette conférence d'action charitablefut appelée conférence Saint Pierre et Saint Paul.

Premiers rites

L'organisation de la Conférence la distingue tout à fait des autresorganisations de même nature qui existaient à l'époque. Le fait que lestravaux doivent être écrits, par exemple, la différencie de la ConférenceOzanam, tandis que l'absence de vote d'un ordre du jour à l'issue des débatsla distingue de la Conférence Molé. Selon Raoul de Guestier, président en1881-1882, on voulut, par cette organisation tout à fait singulière,"encourager par là le travail personnel et approfondi, éviter que les effetsde tribunes ne remplaçassent les idées, ne pas rester cependant sur cettelecture un peu froide, permettre aux auditeurs de présenter des objectionset au conférencier d'y répondre, éviter les ordres du jour qui

14 Ibid.

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malheureusement divisent les amis en deux camps15". Il revint à Gustave deLamarzelle l'honneur d'essuyer les plâtres par une Conférence sur "laFéodalité", le mercredi 9 décembre 1874. Présidait la séance un ancienmembre de la Conférence Pie IX, Jules Auffray, qui fut le premier présidentla Conférence Olivaint. Au printemps 1875, la Conférence naissante fit actepublic d'existence en invitant de nombreux amis du dehors à la premièreséance solennelle de clôture, au cours de laquelle les travaux de l'annéefurent passés en revue. Cette séance solennelle, qui s'est répétée dès lorspresque chaque année jusqu'en 1942, est devenue le principal temps fort del'année. Présidée par une haute personnalité, elle était généralementl'occasion de faire le point sur l'année écoulée, et de mesurer l'audience de laConférence à l'extérieur, puisque les différentes organisations catholiques yétaient en général représentées. Après la prière, l'invité était accueilli etprésenté par le Président de l'Olivaint, puis la parole était donnée à unmembre de la Conférence, le plus souvent un vice-président, pour la lecturedu rapport sur les activités de l'Olivaint pendant l'année écoulée. Enfin,l'invité prenait la parole, pour un discours de portée générale, souvent àforte connotation politique ou morale.

Le contenu de ces différentes séances était défini par le Conseil de laConférence (plus tard appelé bureau), composé, outre le Père Directeur,d'un président, de trois vice-présidents, et de quatre secrétaires. Chaqueannée, un membre de la Conférence, en général l'un des vice-présidents,était chargé - s'appuyant sur le travail des secrétaires - de rédiger le rapportannuel sur les travaux de l'année, lu lors de la séance de clôture.

Devenir les défenseurs de l'Eglise et du pays

Ainsi s'établirent durablement les rites et les traditions de laConférence Olivaint. Celle-ci, au terme de son règlement intérieur, avaitpour double but "d'unir plus étroitement" les jeunes gens qui font partie dela réunion de la rue de Sèvres et de "les préparer par le travail et l'exercicede la parole à devenir les défenseurs des intérêts de l'Eglise et du pays16".Aux yeux des Bons Pères de la rue de Sèvres, les intérêts de l'Eglise et dupays étaient indissociables, et l'esprit de la Conférence Olivaint était marquépar la tradition "catholique et français" : 15 Cité par Joseph PARENT DU CHATELET, op. cit., p. 12.16 Séance solennelle de clôture, 1878-1879. Paris : imprimerie Émile Martinet, 1879, pp. 73-75. Lerèglement intérieur est publié parmi les documents.

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A l'heure actuelle, déclara le président Lamarzelle, deuxième président de l'Olivaint,

tout catholique doit pouvoir parler afin de pouvoir répondre aux calomnies [...]

répandues contre l'Église. [...]. On nous accuse de ne pas aimer notre pays. [...].

Catholique et Français, ces mots-là sont indivisibles. [...]. Si le jour vient encore

où pour les livrer aux fureurs de la foule on demande des Jésuites, nous répondrons

: présents17.

La séance du mercredi - principal rite de l'Olivaint - avait donc pourbut de former des orateurs au service de l'Eglise, et l'expression orale a prisrapidement une place importante dans la formation : "La parole, déclareGustave de Lamarzelle, est et sera toujours l'arme la plus forte que Dieuait donnée à l'Homme pour défendre une cause18".

Cela dit, l'union étroite des jeunes gens, était non moins recherchéepar les Jésuites : il s'agissait d'établir des liens conviviaux et amicauxdurables, des liens d'entraide entre les congréganistes. A l'origine, lerecrutement de la Conférence était limité aux anciens élèves des collègesjésuites, dont l'origine était bourgeoise, parfois aristocratique ;progressivement, il s'est étendu à d'autres collèges religieux, avant des'étendre - après la Grande Guerre, à tous les étudiants catholiques. L'entréeà l'Olivaint coïncidait - sauf exception - avec une période décisive etdéterminante de la vie, c'est à dire le début des études supérieures. Le rôleque jouait la Conférence Olivaint, et au-delà la Congrégation, dans lesrelations sociales des jeunes gens qu'elle encadrait n'est donc point ànégliger, et s'inscrivait dans le prolongement de l'action entreprise par lesPères jésuites dans leurs collèges. Pour une partie non négligeable des jeunesgens, originaires de Province, la Congrégation était un point d'attacheappréciable, ainsi qu'un lieu de rencontre. Les exemples regorgent d'amitiéspluri-décennales nouées dans la Réunion.

17 Gustave de Lamarzelle, Séance solennelle de clôture, 1877-1878. Bourges : Pigelet et Tardy, 1878, p.13.18 Séance annuelle de clôture, 1874-1875, Paris, imprimerie Jules Le Clere et Cie, s.d., p. 2-6.

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La politique exclue des débats

Dès les origines, la politique fut exclue des débats de la ConférenceOlivaint. Par politique, il faut entendre essentiellement politique intérieure, ettout particulièrement la question du régime. Peut-être s'agissait-il d'abordpour les Pères de protéger leur oeuvre des foudres de l'administration - et dela vindicte populaire, prompte à accuser les Jésuites de se mêler de politique.Peut-être aussi s'agissait-il - eux-mêmes l'affirmaient - de prévenir toutedivision parmi les jeunes gens. Peut-être, enfin, s'agissait-il d'affirmer laprimauté du spirituel :

"Le seul terrain réservé, affirmait le rapporteur annuel de 1875, est celui de la

politique. Non, assurément, (...), que nous nous désintéressons de notre pays ; à

que Dieu ne plaise ! (...). Mais nous pensons qu'il faut, en demeurant unis, nous

préparer par un patient labeur aux devoirs que nous réserve l'avenir, et faire à la

France une génération sérieuse et forte. C'est pourquoi cette politique proprement

dite, science incomplète et faussée, qui est une des plaies de notre temps, qui

supplée à l'ignorance la plus absolue par la plus audacieuse affirmation, où le mot

remplace la pensée et où la phrase dispense de la preuve, est bannie de nos

discussions19.

Toujours est-il que les Pères directeurs et les présidents successifs de laConférence se sont efforcés de faire respecter au mieux cette règle, non sansmal, le plus souvent. Car la règle était souvent tournée, par quelqueconférencier audacieux ou malin. Ainsi les séances d'histoire de Franceétaient-elles toujours animées :

Il est difficile, en effet, témoigne Joseph de Valence, de toucher à l'histoire sans

faire un peu de politique. Or, la politique, vous le savez, c'est... notre fruit défendu

et comme nous nous sommes, avec beaucoup de sagesse, interdit le terrain de la

politique actuelle, nous ne nous gênons pas de juger et de condamner... les

morts20.

19 François Saint-Maur, rapport sur les activités de la Conférence, séance annuelle de clôture, 1876-1877. Bourges : Pigelet et Tardy, 1884, p. 7-49.20 Rapport sur les activités de l'année, Séance solennelle de clôture, 1888-1889. Paris : Imprimerie del'Archevêché, 1889, pp. 9-42.

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À toute époque, certains sujets traités par les conférenciers avaientdonc le don de mettre le feu aux poudres : il en allait ainsi du Suffrageuniversel, de la Révolution française, ou de la révocation de l'Édit de Nantes.

PIERRE OLIVAINT , UN « NOM MILITANT »

Le choix du nom de Pierre Olivaint pour la Conférence naissantepeut, a posteriori, paraître aller de soi : le nom de l'ancien supérieur de larue de Sèvres venait sans nul doute facilement à l'esprit de ses anciensdisciples ou condisciples. Cela dit, le temps écoulé entre la création de laConférence et son baptême - deux ans - atteste que ce choix relève biend'une décision mûrie et, somme toute, révélatrice de l'état d'esprit de laCompagnie de Jésus.

Un milieu modeste

Pierre Olivaint est né à Paris, le 22 février 1816 d'un père officier deNapoléon reconverti dans la boulangerie et d'une mère de conditionmodeste21. Rien, a priori , le destinait à entrer dans les ordres : ses parentsétaient tous deux fort peu croyants, sinon libres-penseurs, et lui se voyaitvolontiers devenir soldat, et pour tout dire général. Pierre Olivaint, dans sajeunesse, ne nourrissait du reste guère de sympathie pour l'Eglise : "Je merappelle, a-t-il écrit plus tard, mon éducation, mes passions antireligieusesà la sortie du collège, combien j'étais plongé dans ce nouveau paganisme,comme ça m'aurait bien été de combattre par l'épée, par la parole, contreJésus-Christ et son Église !".

À la mort du père de Pierre Olivaint, sa veuve se trouva, avec sestrois enfants, dans une situation proche de la misère. À force de sacrifices,elle permit ses deux fils de poursuivre leurs études au collège Charlemagne,tandis que leur jeune sœur était recueillie à la Légion d'honneur. Le jeunehomme trouva alors un réconfort dans les amitiés qu'il nouait avec sescondisciples, notamment Frédéric Ozanam, fondateur plus tard desConférences de Saint-Vincent-de-Paul. C'est à cette époque, selon son

21 Les biographies de Pierre Olivaint sont recensées en bibliographie. Les informations données dans cechapitre sont extraites, pour l'essentiel, de l'ouvrage du RP Charles CLAIR, Le RP Olivaint, prêtre de laCompagnie de Jésus, Paris, Victor Palmé, 1878, 490 p. Toutes les citations, sauf indication contraire, ensont extraites.

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biographe, qu'il fit sienne la devise « Courage et confiance », une devise qu'ils'est efforcé de suivre tout au long de sa vie.

Un jeune historien révolutionnaire

À vingt ans, ce fin lecteur de Locke, baccalauréat en poche, en dépitde sa situation de soutien de famille, s'orienta vers l'Ecole normalesupérieure, dirigée par Victor Cousin. Il y fut reçu douzième, obtint unebourse, et se voua bientôt à l'histoire, discipline très en vogue depuis ledébut du siècle. Il eut, selon son biographe, une sincère admiration pourJules Michelet qui, disgracié par Cousin, professait au Collège de France.

Mais Pierre Olivaint se passionna plus encore pour les idées dePhilippe Buchez, ce catholique révolutionnaire, disciple de Saint-Simon, quiadorait un « Christ social » et prônait la création de coopératives ouvrièresqui supprimeraient le salariat. Pierre Olivaint, au milieu des années 1830,était ainsi un jeune historien révolutionnaire, proche des milieux socialistes,et quelque peu voltairien.

Un converti

À mesure que le temps passait, cependant, ses préventions contrel'Eglise tombaient les unes après les autres. La rencontre, en 1836, du PèreLacordaire fut l'élément déterminant qui le conduisit à se convertir. CeDominicain, ami de Lamennais, à la fois ultramontain et libéral, donnait eneffet au collège Stanislas des conférences auxquelles Pierre Olivaint assistaitrégulièrement. Le jeune normalien fut séduit par l'éloquence de ce converti,frère prêcheur et chantre de l'apologétique, qui confiait : « Je suis arrivé auxcroyances catholiques par mes croyances sociales ».

Pierre Olivaint suivit le même chemin, et se convertit en février 1837,en même temps que deux condisciples de l'Ecole normale. Cette dernière, àl'époque, comptait peu de catholiques, et encore moins de catholiquesproclamant leur foi ; cela valut à Pierre Olivaint et ses amis de se voir parfoistraiter en parias. On les surnomma même un temps « la bande des niais ».

Une fois converti, Olivaint s'est investi dans la Conférence Saint-Vincent-de-Paul qui, depuis 1833, réunissait un petit nombre de jeunesesprits autour de thèmes littéraires, philosophiques ou historiques. Il participaaussi avec quelques-uns de ses amis la Conférence de Saint-Médard, fondée

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en 1840 et composée d’élèves des grandes écoles et d’étudiants en droit ouen médecine.

Un professeur d'Histoire qui veut devenir un Saint

C’est en correspondant avec le père Lacordaire que Pierre Olivaint,désireux de trouver une application à son goût pour le dévouement,commença à envisager sérieusement d’embrasser la vie religieuse. Il songeamême, en 1839, à suivre Lacordaire à Rome, où le père dominicain oeuvraitau rétablissement de la Compagnie de Saint Dominique en France. Olivaintse ravisa cependant, conscient que sa vocation risquait de mettre en difficultésa famille, et ému par la douleur de sa mère à l’idée du départ d’un fils.

Il demeura donc encore quelque temps dans le monde. À sa sortie del’Ecole normale, il fut nommé professeur d’histoire à Grenoble. Il se fitrapidement à la Capitale du Dauphiné - encore que sa santé souffrit duclimat - et y fonda une Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, où des jeunesgens étaient formés à l’action charitable, à l’éducation des ouvriers et auservice des pauvres.

Son retour à Paris fut précipité par la mort de sa jeune sœur. Il yenseigna un an encore l’histoire, au Collège Bourbon, tout en s’investissantdans diverses Conférences, notamment la Conférence de la paroisse deSaint-Vincent-de-Paul, dont il fut président. Il oeuvra aussi - et ce jusqu’à samort - au sein de la Société de Saint-François-Xavier, qui cherchait à établirentre les ouvriers chrétiens des liens d’assistance. Mais Pierre Olivaintn’avait pas, bien loin de là, délaissé sa vocation. À un ami qu’il s’efforça deconvertir, il confia : "Tu es ambitieux mon cher ami, et moi aussi je suisambitieux. Tu veux être grand avocat, et moi je veux devenir un saint".Seulement, la charge de sa famille pesait encore sur ses épaules. Il dut en faitson salut au Duc de la Rochefoucauld-Liancourt, qui lui offrit le poste deprécepteur du plus jeune de ses fils, reportant sur madame Olivaint, au titrede rente viagère, une partie des honoraires du jeune professeur. Il passa ainsitrois années à Montmirail où, comme à Grenoble, il créa une Conférence deSaint-Vincent-de-Paul. Profitant d’un séjour Paris en 1843, il se présenta àl’agrégation d’histoire, et fut reçu premier.

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Du côté des Jésuites persécutés

Durant ces dernières années de la Monarchie, l’un des débats les plusvifs fut celui qui opposait, à la chambre des députés, les partisans et lesopposants de la suppression du monopole universitaire. Tandis queMontalembert se déclarait partisan de la “liberté de l’enseignement”,certains professeurs, Michelet et Cousin en tête, se révélaient fort critiquesenvers les Jésuites, obtenant même de Guizot qu’il exigeât du Pape GrégoireXVI la fermeture de quelques-uns de leurs établissements. Ce débat, et cescritiques, contribuèrent à rapprocher Pierre Olivaint, déjà séduit par lesprédications du Père Ravignan, de la Compagnie de Jésus.

Car l’attrait de la persécution dirigée contre les Jésuites poussait doncce martyr dans l’âme à prendre fait et cause pour eux. Au début de l’année1845, il entrait au noviciat de Laval puis, celui-ci étant à son tour fermé, futaccueilli à Vannes. Dans la prière, la méditation et la mortification, PierreOlivaint s’est alors forgé un caractère de soldat du Christ qui le suivitjusqu’à la mort : "Combattre, écrit-il dans ses notes spirituelles, c’estl’affaire de toute la vie". Il conservait aussi son goût pour l’histoire, et futenvoyé en Belgique par la Compagnie pour y enseigner, tout en poursuivantson noviciat au collège de Brugelette. Il prononça ses vœux en 1847 etretourna à Laval étudier la théologie. La révolution de 1848 affecta peu lavie de Pierre Olivaint, tandis que le général des Jésuites et le Pape Pie IXétaient tour à tour chassés de Rome. Il fut ordonné prêtre en septembre1850 et fut envoyé à Paris. En 1852, il entra au collège Vaugirard, dont lesJésuites venaient de prendre la direction à la suite du vote par l’Assembléede la loi Falloux, deux ans plus tôt. Le père Olivaint y demeura treize ans ; ilfut d’abord directeur de la première congrégation, puis préfet des études et,enfin, en 1857, recteur du collège.

Pendant cette période, il trouva le temps de s’investir dans diversesoeuvres, notamment « L’œuvre de l’Enfant-Jésus pour la premièrecommunion des jeunes filles pauvres » qu’il fonda en 1859 avec en tête lesouci de « sauver des âmes ». À en croire son biographe, il s’agissait del’œuvre de prédilection du père Olivaint ; il est vrai que quelques annéesaprès sa mort, elle aurait déjà recueilli plus de 7000 jeunes filles. Le pèreOlivaint fonda aussi, en 1856, une société de Saint-François-Xavier, enfaveur des ouvriers de la paroisse de Vaugirard.

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En 1865, le Père Olivaint fut nommé supérieur de la résidence de larue de Sèvres. Cette charge apostolique, qui pour d’autres eût marqué ledébut d’une paisible retraite, fut pour lui l’occasion de s’investir d’avantage,en particulier par le discours. "Prêcher, c’est causer", disait celui que sonbiographe qualifie de « semeur de parole ». C'est à cette date qu'il prit enmain la Réunion des jeunes gens, qui avait été déménagée, semble-t-il, un anplus tôt, rue de Sèvres. Il fit ainsi profiter plusieurs générations de jeunesgens de son éloquence et de ses conseils.

Un moraliste

Ceux-ci ont été regroupés par son biographe peu après sa mort dansun ouvrage qui a connu plus d'une quinzaine de rééditions, et fut lu par desdizaines de générations d'Olivaints22. Il s'agit d'un ensemble de Conférencesdu Père Olivaint, données devant un public de jeunes gens, souvent à laRéunion des Jeunes gens :

C’est là surtout, écrit son biographe, que sa parole flexible et variée prenait tous les

tons, le plus souvent chaleureuse, véhémente et saintement passionnée. S’agissait-il

surtout d’inspirer l’horreur du vice, de prémunir l’inexpérience contre l’occasion

prochaine du pêché, de flétrir les lâches maximes en vogue parmi les jeunes gens

corrompus ou mondains, le Père Olivaint tonnait avec une force terrible ; la voix, la

main, tout en lui frémissait, et l’émotion qui l’agitait lui-même triomphait de toutes

les résistances23.

Au cours de ses interventions, souvent marquées, il est vrai, par unprofond moralisme, le Père Olivaint se montrait très critique envers la classepolitique du Second Empire : "Dans la vie publique, comme dans la vieprivée, disait-il, le caractère avant tout fait défaut. En politique, bienrares sont ceux qui ne sacrifient pas leurs opinions pour garder leur placeet ne descendent pas jusqu’à la servilité24". En conséquence, il évoquaitsouvent la nécessité pour les jeunes de se former à la parole comme à laplume et de faire preuve de caractère, conformément à sa propre devise, «Courage et confiance » :

22 Pierre OLIVAINT, Aux jeunes gens, conseils du RP Olivaint, recueillis par le RP Charles Clair, Paris,J. Lefort, 1894, 533 p.23 Charles CLAIR, op. cit.24 Pierre OLIVAINT, op. cit.

22

Il n’y a de salut pour la société que du côté des hommes de conviction, des hommes

de courage et d’énergie. [...] Soyez un Chrétien qui ne se cache pas, qui use de ses

droits de citoyen, qui ose se produire en public, qui ne renonce nullement à

l’influence ou politique ou sociale25.

On retrouve clairement dans ses propos la volonté de former desjeunes à la vie publique, et à la vie politique :

Si vous êtes poussé vers la carrière politique, il importe que vous y teniez un des

premiers rangs. Dans un temps de révolution, il faut, par le savoir, le caractère,

l’indépendance, s’élever au-dessus de tous les partis, pour ne voir que les intérêts

du pays et se dévouer à son salut.

À ceux qui étaient éloignés de la politique, il conseillait d’exercer "uneautre influence, l’influence sociale, dont nul n’est dispensé, à quelqueparti politique qu’il appartienne, influence qui s’exerce en dehors de lapolitique et même d’autant mieux qu’on en est plus dégagé26". On nes'étonnera pas que ces conseils aient durablement servi de référence pour lesdirecteurs aussi bien que les membres de la Conférence Olivaint.

«Gardez la vérité dans la charité »

Converti, le Père Olivaint n'eut de cesse d'obtenir des conversionstout au long de sa vie. L’une de ses plus grandes joies, en la matière, futd’obtenir en 1870 la conversion du maréchal Randon, ministre de la guerrede Napoléon III. À cette date, face aux événements qui affectaient laPapauté, il fit preuve d’une grande loyauté envers Pie IX, se réjouissantparticulièrement, par exemple, de la victoire de Mentana, qui vit Romesauvée des garibaldiens par Napoléon III. Toutefois, s’il était un chrétiencombatif et fier de ses opinions, il n’était pas pour autant va-t-en-guerre :"Pas de Don Quichotisme, pas de chauvinisme catholique : évitez laviolence et gardez la vérité dans la charité", conseillait-il. Son biographe nedit rien - et pour cause - de son opinion sur le Syllabus, mais il semble qu'ilne partageait pas pleinement le conservatisme du Pape et de la majorité desjésuites de l’époque. Nul doute que, ouvert aux idées modernes, et prochede la revue Études, il était plus proche d’un Mgr Darboy (l’archevêque deParis mort à ses cotés) ou d’un Mgr Dupanloup, tous deux opposants 25 Ibid.26 Ibid.

23

déclarés à l’infaillibilité pontificale, que de ceux que Lacouture qualifie de «Grenadiers de Pie IX » qui, à l’instar du RP Ramière, ont nié la possibilité etl’opportunité d’une réconciliation entre l’Église et la civilisation moderne27.

Dans le domaine de la politique intérieure, Olivaint prit parti pour laliberté de l’enseignement, au sein de la Société générale d’éducation etd’enseignement. Mais son principal souci était naturellement de défendre laCompagnie de Jésus, alors que la fin du Second Empire était marquée parune recrudescence des passions révolutionnaires et anticléricales. La prise deRome par Garibaldi et l’exil du Pape portèrent un rude coup au PèreOlivaint, désormais conscient du danger. Dès janvier 1870, il confiait à unproche : "La persécution est à nos portes, elle sera terrible28". Vinrent laGuerre franco-prussienne, le siège de Paris, la défaite, et enfin la Commune.« Les rouges », comme il appelait les révolutionnaires dans ses lettres,s’emparèrent du pouvoir dans Paris assiégée.

Un martyr de la Commune

Le 4 avril 1871, averti de l’arrestation de plusieurs prêtres et d’uneperquisition prochaine, il refusa de partir : "Il y a du danger, je suissupérieur, de dois et je veux rester", répondait-il à qui le suppliait de fuir lesCommunards ; "je ne veux pas fuir devant les gens de la Commune ; il fautqu’ils me trouvent ici, s’ils y viennent... S’ils me font prisonnier, je lessuivrai. S’ils font plus, j’espère, avec la grâce de Dieu, leur montrercomment sait mourir un jésuite". Le soir même, il fut arrêté, désignécomme otage et emprisonné. Le 26 mai 1871, le Père Olivaint, avec 51autres otages, fut extrait de sa prison et emmené, dans Paris en feu, aumilieu d’une foule hostile, jusqu’à la rue Haxo, où eut lieu l’exécution. LePère Olivaint, touché d’une balle en plein cœur, fut défiguré. Le lendemain,la Commune fut vaincue par les Versaillais et la dépouille du Père Olivaintfut transférée rue de Sèvres, où il repose depuis :

27 Jean LACOUTURE, Jésuites, tome 2, "Les revenants". Paris : Seuil, Collection Points, 1991, p.192.28 Pierre OLIVAINT, op. cit.

24

En l’abattant, écrit Jean Lacouture, (...) les hommes de la Commune avaient tué ce

qui, dans le catholicisme du XIXe siècle, était de nature à faire converger les

exigences de la foi et l’attente de la justice29.

Un nom militant

Un an après la mort du Père Olivaint, une commission d’enquête,diligentée par le Cardinal Archevêque de Paris, constitua un dossier en vued’un procès canonique, mais celui-ci n'eut jamais lieu, sans doute pour desraisons d'opportunité. Car le nom du Père Olivaint était profondémentambivalent : certes, comme l'écrit Jean Lacouture, "Pierre Olivaint fut l'undes hommes les plus estimables de son temps30" : comment, en effet, ne pasvoir dans cet éducateur et ce missionnaire parmi les déshérités, cethumaniste pour tout dire, une figure marquante du catholicisme social ?Mais, en même temps, les circonstances de la mort sont de nature à faire dunom de ce martyr de la Commune un étendard de la réaction et de l'ordremoral.

À n'en pas douter, Pierre Olivaint est donc un nom militant,suffisamment ambivalent pour que deux courants de pensée diamétralementopposés aient pu constamment se réclamer de lui : les ultramontains,partisans de l'ordre moral et réactionnaires, fidèles lecteurs de L'Univers, etles libéraux, héritiers de Lacordaire et de Montalembert, marqués par unattrait certain pour la question sociale. L'affrontement de ces deux courants,constitue la trame de l'histoire de la Conférence Olivaint sous la TroisièmeRépublique.

Le choix de ce nom pour la Conférence littéraire de la rue de Sèvresn'est en somme pas anodin. Dans le contexte des années 1875-1876, il estdifficile, cependant, de ne pas l’interpréter comme l'indice d'un sentimentprofondément réactionnaire et hostile à la République, ce régime qui s'estdéveloppé dans le terreau du jansénisme, du gallicanisme et duprotestantisme. À cette date, et pour de longues années, les hommagesrendus à Olivaint firent plus référence à son martyr qu'à son parcoursd'homme éclairé. Le poème de René François Saint Maur consacré en 1877au Père Olivaint ne laisse ainsi planer aucun doute sur l'état d'espritdominant :

29 Jean LACOUTURE, op. cit., p. 241.30 Ibid., p. 240.

25

Mon nom sera le cri de guerre

Que dans la lutte ardente et fière

Ils écriront sur leur bannière

Comme un défi vers l'avenir.

Le mal s'indignera ? Qu'importe !

Une élite vaillante et forte

Saura rallier leur cohorte

Autour de mon grand souvenir31.

Sous Mac Mahon, la Compagnie de Jésus, forte de cinq millemembres français, de trente collèges et onze mille collégiens, était, selonJean Lacouture, "en passe de contrôler la formation des élites dirigeantes,comme au XVIe et au XVIIIe siècle32". Nul doute que la création de laConférence Olivaint, dont l'ambition affichée était de former une élite auservice de l'Eglise, s'inscrivait dans la volonté des Jésuites de réaffirmer leurprimauté dans ce domaine.

31 Cité par Joseph PARENT DU CHATELET, Les Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit.,p. 14.32 Jean LACOUTURE, op. cit., p. 251.

26

Chapitre II : Des soldats du Pape au service de la Contre-révolution.

La Conférence Olivaint, par son recrutement, son encadrementjésuite, ses buts poursuivis, était un cercle particulièrement fermé etconservateur. Plus encore, elle se caractérisait par les prises de positionultramontaines et monarchistes (légitimistes) de ses dirigeants et de sesmembres.

UN CERCLE RELIGIEUX

Le lien entre la Conférence Olivaint et la Congrégation mariale de larue de Sèvres est particulièrement étroit : seuls les membres de laCongrégation pouvaient faire partie de la Conférence Olivaint et, parconséquent, tous les membres de la Conférence étaient astreints aux règlesde la Congrégation.

Une vie spirituelle intense

Or, celles-ci étaient particulièrement strictes, et s'inscrivaientparfaitement dans leur époque, marquée en France par un renouveau de« l'ordre moral » et un développement des Congrégations. Or, laCongrégation de la rue de Sèvres, comme beaucoup d'autres, avait commemaître-mot la « communion fréquente », c’est-à-dire une insistance sur lessacrements de l'Eglise. Tous les membres de la Congrégation se réunissaientpour une messe de quinzaine, qui était accompagnée d'une « instructionspéciale » donnée par l'un des Pères. "La plus grande assiduité est detradition", précise une note présentant la Réunion33. Vers la fin de l'annéescolaire, une retraite spirituelle rassemblait les membres de la Réunion. Àl’origine, cette retraite se déroulait dans la maison de campagne de l'écoleSainte-Geneviève.

L'intensité de la vie spirituelle avait certainement pour but de protégerles jeunes gens des « dangers » de Paris, mais aussi, et peut-être surtout, deles orienter : la confession - pas obligatoire mais fortement recommandée -s'apparentait vraisemblablement à une direction de conscience.

33 Séance solennelle de clôture, 1877-1878, op. cit., pp. 51-53.

27

Parmi les objectifs poursuivis - quoique jamais affirmé ouvertement,naturellement - il y avait certainement celui de susciter des vocations, car laCongrégation a toujours été pour la Compagnie de Jésus une pépinière dontsont issus nombre des siens.

Le RP Hubin

Cela dit, la formation spirituelle dépendait beaucoup des Pèresdirecteurs. Et l'action du premier d'entre eux fut particulièrementdéterminante : c'est le RP Julien Hubin, en effet, qui, prenant en 1874 ladirection de la Congrégation, mit en place la Conférence Olivaint dans lecadre strict de la règle congrégative.

Le RP Julien Hubin, né le 6 mars 1819 à Sainte-Pazanne, dans laLoire-Atlantique, était entré jeune, en 1834, dans la Compagnie de Jésus,après six ans de séminaire à Nantes, puis à Paris34. Prêtre en 1852, il futd'abord consacré à l'enseignement et fut professeur, préfet des études etrecteur, notamment à Poitiers. Supérieur à Brest de 1866 à 1873, il yreconstruisit la résidence et fonda le collège de Bon-Secours. C'est en 1874qu'il prit la direction de la "Réunion des jeunes gens" de la rue de Sèvres, enmême temps qu'il assumait la charge d'aumônier des Cercles catholiquesd'ouvriers (CCO) d'Albert de Mun.

Il assuma la direction de la Conférence jusqu'à sa mort en 1883. Outrel'importance qu'il donnait à la formation spirituelle, l'une de ses initiatives lesplus intéressantes et en même temps révélatrice est le pèlerinage qu'ileffectua en Orient en 1882, et qui l'avait conduit à Constantinople etJérusalem. Le récit qu'il en fit devant la Conférence fut l'occasion pour luid'évoquer "l'indolence et l'ignorance des musulmans", mais aussi"l'esclavage de la femme35". À son retour, il envisagea de mettre en placeun pèlerinage annuel "à l'un des sanctuaires de la chrétienté", pour "étudierles institutions des grandes nations voisines, se ménager des relationsétendues, acquérir des connaissances pratiques36". Cette tradition ne duraqu'un temps, puisque le Père Hubin mourut en 1883 au cours d'un

34 Les informations biographiques sur le RP Hubin sont extraites du Dictionnaire de biographiefrançaise de Michel PRÉVOST et J. ROMAN DAMAT, ainsi que d'un discours de Mgr d'Hulst,prononcé le 5 décembre 1884 reproduit dans le compte rendu de la Séance solennelle de clôture, 1884-1885. Lons-Le-Saunier : P. Gallard, 1885, pp. 61-66.35 Maxime Legendre "rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1882-1883. Paris : Gaume et Cie, 1883, pp. 14-36.36 Ibid.

28

pèlerinage en Espagne, et ne fut reprise que bien plus tard, sous une autreforme.

Des catholiques "ardents et convaincus"

Pour une bonne part, la paternité de la Conférence Olivaint revient auPère Hubin. C'est lui, en effet, qui présida à sa création officielle en mettantle local de la rue de Sèvres à la disposition des conférences préexistantes, etqui définit de manière précise les statuts de l'organisation naissante. Il avait,en particulier, l'intention de faire de la Conférence Olivaint, un lieu deformation pour les élites futures ; de fait, elle avait bien la prétention deformer des avocats, des historiens, des économistes... Mais, comme lesoulignait son troisième président, Auguste Béchaux, "elle forme avant toutdes catholiques ardents et convaincus, dont les travaux et les recherches nevisent qu'au triomphe de cette vérité qu'on outrage, mais qui vitimmortelle37".

Ce souci de former des élites catholiques est l'une des constantes de laConférence Olivaint. Il s'agissait, pour les Jésuites, de faire en sorte que lescongréganistes pèsent un jour sur l'avenir de leur pays, ce dont ils ne secachaient pas, comme l'atteste le texte de présentation de la Réunion desjeunes gens, publié chaque année dans le compte rendu de la séancesolennelle de clôture. On peut y lire notamment :

Le but de cette oeuvre complexe n'est pas seulement de prémunir contre les dangers

de Paris, mais aussi de préparer à l'Eglise des défenseurs intrépides, de former

pour la France des hommes d'étude et de travail, d'initier les jeunes gens au

mouvement catholique qui s'accentue de jour en jour, afin que, de retour dans leurs

familles, ils soient eux-mêmes les promoteurs de tout bien dans leur pays38.

Oeuvre de préservation, la Congrégation est donc tout autant uneoeuvre de combat, au service de l'Eglise en général, et du Pape enparticulier.

37 Auguste Béchaux, Séance annuelle de clôture, 1876-1877, op. cit., p. 6-7.38 Séance solennelle de clôture, 1877-1878, op. cit., p. 53.

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DES SOLDATS DU PAPE

L'ultramontanisme est, il est vrai, l'une des caractéristiquesfondamentales de l'association naissante. Sans doute l'emprise jésuite n'y est-elle pas étrangère ; toujours est-il que la Conférence Olivaint inscrit sonaction dans le sillage du Pape prisonnier au Vatican.

La bénédiction du Pape

L'ultramontanisme de la Conférence Olivaint trouve sa source dans laprotection qu'elle-même et la congrégation dont elle dépend ont trouvéeauprès du Souverain Pontife.

Dans un bref en date du 16 décembre 1877, en effet, Pie IX bénissaitla Congrégation, et quelques mois plus tard, son successeur, Léon XIII,accordait à la Conférence Olivaint elle-même sa bénédiction apostolique eninsistant sur le rôle spécifique que remplissait à ses yeux cette organisationen s'adressant aux jeunes gens de bonne famille :

Nous nous réjouissons d'autant plus vivement de la vitalité et des progrès de votre

association qu'elle s'attache à la saine formation de jeunes gens plus choisis. En

effet, les autres associations, en se proposant le but louable d'écarter les dangers

auxquels se trouve exposée la jeunesse, particulièrement la jeunesse ouvrière, et

de lui procurer les bienfaits d'une éducation religieuse et professionnelle,

s'occupent surtout des jeunes enfants et de ceux qui leur sont unis par les liens de

la parenté, de l'habitude et des affaires. La vôtre, au contraire, en s'adressant à

une classe d'hommes de laquelle doivent sortir les jurisconsultes, les philosophes,

les professeurs des sciences et lettres, les magistrats et tous ceux qui sont appelés

aux fonctions les plus élevées, est d'un intérêt général pour la société, et elle

tournera au bien spirituel et temporel de la société ou à sa ruine, suivant que votre

classe s'imprégnera plus abondamment et plus profondément des principes de la

religion et de la science, ou qu'elle subira l'influence des principes corrupteurs39.

Il est intéressant de voir le Pape Léon XIII opposer la Congrégation,qui s'adresse à l'élite, aux oeuvres ouvrières. Mais il reconnaissait par là

39 Lettre du 11 mars 1878, reproduite par dans le Souvenir du 25e anniversaire de la fondation de laRéunion des jeunes gens, 19 mai 1878, op. cit., pp. 29-34. La lettre est reproduite parmi les documents.

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même le bien fondé, aux yeux de l'Eglise, de l’œuvre entreprise rue deSèvres.

C'est en fait le RP Hubin qui obtint cette bénédiction, lorsque, serendant à Rome pour assister au couronnement du nouveau Pape en février1878, il fut reçu en audience par Léon XIII, qui lui prodiguaencouragements et conseils ; "Recommandez à vos enfants, lui aurait-il dit,d'être toujours les défenseurs de l’Église.40".

En tout cas, cette bénédiction du Pape fut déterminante pourl'association naissante : elle reconnaissait son rôle dans la jeunesse catholiqueéduquée, et constituait un encouragement à l'action des laïcs dans la société.

Des "soldats de la Grande armée catholique"

Au lendemain de la défaite face à la Prusse, au lendemain de laCommune, cette lettre du Pape apparaissait aussi comme un appel àl'offensive religieuse. C'est en effet ainsi que la comprit le Père Hubin :

Ensemble, nous allons reprendre nos travaux et notre marche, déclara-t-il alors ;

ensemble, nous prierons et combattrons ensemble, et, s'il le faut, pour la France et

pour Dieu, ensemble encore nous saurons tomber, nous à Belleville, vous à

Patay41.

La Conférence marqua sa fidélité au Pape par une lettre tout à salouange à laquelle Léon XIII répondit par de nouveaux encouragements42.Résolument, la Conférence Olivaint se rangeait derrière le Pape. Gustave deLamarzelle, à l'occasion d'un toast à Léon XIII à l'issue du banquet du vingt-cinquième anniversaire, déclara que le but qui faisait l'unique objet de tousles efforts des membres de la Conférence était de "devenir des soldatsd'avant-garde de la Grande armée catholique43".

Dans les rapports et les conférences de l'époque, la rhétorique militaireest omniprésente. Les membres de la Conférence percevaient leurassociation comme une préparation pour des batailles à venir :

40 Albert du Demaine, rapport sur les activités de la Conférence, Séance solennelle de clôture, 1877-1878, op. cit., p. 45.41 Souvenir du 25e anniversaire de la fondation de la Réunion des jeunes gens, op. cit., p. 34.42 Séance solennelle de clôture, 1878-1879, op. cit., pp. 4-5. La lettre du Pape est reproduite parmi lesdocuments.43 Souvenir du 25e anniversaire, op. cit., p. 55.

31

Ce que nous voulons avant tout, c'est nous préparer ici aux luttes qui nous

attendent ; et la Conférence Olivaint est pour nous comme le champ de manœuvre,

où l'on s'aguerrit au métier des armes et où l'on se familiarise avec les difficultés de

la guerre, en prévision des combats qu'il faudra bientôt livrer44.

Si la politique était strictement exclue des débats et des discussions, iln'en demeure pas moins que le combat en question se plaçait au moinsautant sur le terrain politique que sur le terrain religieux. Car pour beaucoupde membres de la Conférence, les deux domaines étaient liés, et ils semettaient aussi au service du prétendant au trône.

DES SOLDATS DE LA TRADITION

Au Prince de Léon, qui vint présider la séance de clôture de 1883, leprésident d'alors, Édouard Pontal, déclara que la Conférence Olivaint gardait"le culte des vieilles traditions de la France" ; "elle en admire toutes lesgloires ajouta-t-il, même celles antérieures à 1789. (...) Peu importe quece que nous aimons ne soit pas populaire45".

L'attachement des membres de la Conférence à la tradition, à laconservation, ne fait en effet aucun doute. Pas plus que la fidélité de laplupart d'entre eux au Comte de Chambord, même si, naturellement, lesexposés des mercredis soirs n'en gardent pas de trace directe en raison del'interdit qui pesait sur les questions politiques.

Un cercle réactionnaire

La première génération d'Olivaints, celle des années 1870 et 1880 aété marquée par la Guerre de 1870, l'humiliation de la défaite et del'amputation du territoire, et la Commune. Pour ces jeunes catholiques,conservateurs, l'ordre moral fut une référence déterminante, et la contre-révolution un état d'esprit :

En ce temps-là, témoigne trente ans plus tard Charles Geoffroy de Grandmaison, la

Providence nous donnais une grande force. Elle personnifiait les causes que nous

voulions servir en des réalités très vivantes. L'idéal religieux, politique, social

militaire, littéraire de notre adolescence se trouvait immédiatement satisfait. Pour

44 Edouard Pontal, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1880-1881.Paris : Gaume et Cie, 1881, pp. 11-73.45 Edouard Pontal, Séance solennelle de clôture, 1882-1883, op. cit., pp. 6-13.

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nous l'Eglise persécutée, c'était Pie IX, la France régénérée, c'était Henri V. Les

zouaves pontificaux nous représentaient, dans l'auréole de Patay, de Mentana, de

Castelfidardo, l'école du dévouement et du sacrifice46.

Pour beaucoup d'Olivaints de l'époque, les figures d'Albert de Mun etde Louis Veuillot symbolisaient l'idéal à atteindre. Le premier, avec lequel laConférence Olivaint n'a cessé d'entretenir des liens étroits, avait clairementdéfini dans quel but il travaillait et, en même temps les limites de sonentreprise :

Nous travaillons à une contre-révolution ; nous ne devons jamais nous mettre en

révolte ! Observateurs exacts de la loi, nous devons nous enfermer dans la légalité

comme dans une inexpugnable forteresse, et ne jamais, par une coupable négligence

ou une inutile bravade, risquer de compromettre, en prêtant le flanc à nos

adversaires, l'avenir de notre grande entreprise47.

La jeunesse catholique de la Conférence était pour l'essentielprofondément conservatrice, mais en même temps - suivant en cela Albertde Mun, respectueuse des lois :

Nous étions très imbus du sentiment des traditions, très déférents en face du

principe de l'autorité, nous possédions le sens du respect. Nous regardions nos

aînés avec le désir de les suivre, non de changer leur manière ; de faire autant

qu'eux, mieux si possible, davantage, pas autrement48.

Naturellement, la Conférence ne se résumait pas à un grouped'étudiants réactionnaires ou conservateurs, mais le courant libéral, s'il étaitprésent, était fort peu représenté. Parmi les rares membres de la Conférencequi osaient se réclamer de ce courant, on trouvait Raymond Saleilles, quin'était pas issu d'un collège religieux et n'avait, à son arrivée à la ConférenceOlivaint, en 1877, jamais encore rencontré de Jésuites : "J'appartenais,témoigne-t-il trente ans plus tard, à un petit groupe d'étudiantscatholiques, très enthousiastes, très ardents et aussi très pieux, mais qui seréclamaient de Lacordaire et de Montalembert, beaucoup plus que de

46 Réunion annuelle et Assemblée générale 1913. Saint-Germain-les-Corbeil : F. Leroy, 1913, p. 52.47 Albert de Mun, discours prononcé à la séance de clôture de L'Assemblée générale des membres del'oeuvre des cercles catholiques d'ouvrier. 8 juin 1878, p. 29. Archives nationales (AN ), F19/ 5632.48 Ibid.

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Louis Veuillot. Nous étions des catholiques libéraux49". Certes, ce courantsuivait parfaitement la ligne tracée par le Père Olivaint lui-même, mais lecontexte avait changé, et dans la Conférence Olivaint des premières années,le courant libéral était, semble-t-il, pour le moins minoritaire dans les rangsdes congréganistes. Saleilles lui-même ne conclut-il pas son témoignage enconfiant : "Chacun à sur la conscience quelque péché de jeunesse50" ? Et ilajoute : "Seulement mes amis libéraux, comme je l'ai souvent rencontréchez les libéraux, se trouvaient être très intolérants. Ils détestaient lesJésuites, et voulaient surtout me les faire détester51."

L'Olivaint et les Chevau-légers

La proximité d'esprit entre la Conférence Olivaint et la contre-révolution ne fait donc guère de doute pendant les quinze premières annéesde la Troisième République. Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter laliste des personnalités invitées à présider la séance solennelle de clôture, ensoi révélatrice de l'orientation de la Conférence52. On y trouve le plussouvent, dans les premières années, des hommes en froid avec le nouveaurégime. Le premier président, le Comte de Germiny, fut l'avocat et l'ami duPère Olivaint. On retrouve ensuite Cazenove de Pradine, Ernoul, de laBouillerie, La Rochette, ou le sénateur béarnais Chesnelong, touslégitimistes. Ces Chevau-légers constituaient l'avant-garde de la contre-révolution et professaient l'idéal d'une société hiérarchisée, rompant avec lelibéralisme. Proches de l’œuvre des Cercles catholiques d'ouvriers, fondéeen 1871 par Albert de Mun, ils partageaient avec une grande partie desjeunes gens de la rue de Sèvres une admiration pour le Syllabus, unultramontanisme affiché et une fidélité sincère au Comte de Chambord, exiléà Frohsdorf où il mourut en 1883, et à Pie IX, prisonnier au Vatican.

Quant à aux rares évocations directes de la Monarchie au cours desséances du mercredi, elles ne laissaient planer aucun doute quant auxsentiments de la majorité des membres de la Conférence. Ainsi CharlesGeoffroy de Grandmaison déclarait-il en juin 1883 :

49 Assemblée générale 1909. Paris : Quelquejeu, 1909, pp. 33-34.50 Ibid.51 Ibid.52 La liste est reproduite en annexe.

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Mis en présence de l'organisation de la Monarchie française, nous avons pu

constater toute la force et toute la fécondité de cette sage et puissante Constitution,

fille du christianisme, s'étant développée à mesure que la France grandissait, et qui

n'était pas, comme nos chartes modernes, une planche étroite jetée sur un abîme

entre le pouvoir et la liberté. Calculée pour amortir tous les chocs, et pour laisser

passer tous les torrents, elle permettait à la liberté de s'étendre autrement que par

l'anarchie, au pouvoir de se défendre autrement que par la dictature53.

De fait, les conférenciers de cette période n'ont jamais manqué deverve pour dénoncer les méfaits de la Révolution, stigmatiser les Jacobins ouquelque grande figure révolutionnaire.

« Nous voulons une France catholique »

La Conférence Olivaint s'inscrivait donc bien dans un courant depensée radicalement contre-révolutionnaire. Joseph de Valence, président dela Conférence en 1890, résuma l'état d'esprit des membres de la Conférencelors d'une allocution prononcée lors de la séance de clôture :

Nous pensons que l'abandon des principes chrétiens est la vraie cause de notre

impuissance et de nos désastres ; qu'une nation comme la nôtre ne peut pas

impunément déchirer les pages séculaires de son histoire, rompre la chaîne de ses

traditions, inscrire en tête de sa constitution la négation des droits de Dieu et bannir

toute idée religieuse de ses codes et de son enseignement public. (...). Nous

voulons une France catholique qui brise avec les errements de la Révolution,

reprenne enfin sa mission historique et providentielle et soit, de nouveau, à travers

le monde, le pionnier de la civilisation chrétienne54.

La Conférence Olivaint se percevait ainsi comme une oeuvre depréservation autant que de restauration chrétienne, renforcée en cela parl'expérience de l'expulsion qu'elle connut en 1880, qui fut déterminante dansl'orientation prise par la Conférence Olivaint.

53 Charles Geoffroy de Grandmaison, "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance annuelle declôture, 1883-1884. Paris : Pigelet et Tardy, 1884, p. 39.54 Séance solennelle de clôture, 1889-1890. Paris : Imprimerie de l'Archevêché, 1890, pp. 7-9.

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L'EPREUVE DE L'EXPULSION DE 1880

À la suite du départ de Mac Mahon, le républicain laïque Jules Grévyse trouve à la tête de l'État, tandis que Jules Ferry devient le nouveauministre de l'Instruction publique. La République, alors, prend un nouveauvisage et passe à l'offensive en vue d'affirmer son identité et son idéologie.

Les lois et décrets Ferry

Le 16 mars 1879, Jules Ferry dépose sur le bureau de la Chambre, àVersailles, deux projets de loi, l'un excluant les enseignants catholiques duConseil supérieur de l'Instruction publique, l'autre retirant aux universités «libres », créées quatre ans plus tôt, la faculté d'attribuer des grades. L'article7 de ce second texte disposait que « Nul n'est admis à participer àl'enseignement public ou libre, ni à diriger un établissement d'enseignementde quelque ordre que ce soit, s'il appartient à une congrégation religieusenon autorisée ». La Compagnie de Jésus est la principale visée de ce texte,l'exposé des motifs mettant en cause « les grandeurs croissantes de la pluscélèbre et de la plus prohibée des congrégations non reconnues, la Sociétéde Jésus, qui ne rencontre plus de rivalité sérieuse dans les établissementsecclésiastiques concurrents ». Il est vrai que les effectifs des vingt-neufcollèges jésuites d'enseignement secondaire représentaient à l'époque lamoitié des jeunes gens échappant à l'enseignement public55.

Dans un discours, prononcé quelques jours plus tard à Épinal, JulesFerry précisait encore sa cible :

Ce que nous visons, ce sont uniquement les congrégations non autorisées56 et

parmi elles, je le déclare bien haut, une congrégation qui non seulement n'est pas

autorisée, mais qui est prohibée par toute notre histoire, la Compagnie de Jésus.

Oui, c'est à elle que nous voulons arracher l'âme de la jeunesse française57.

55 Jean LACOUTURE, op. cit., p. 262.56 Seules cinq congrégations, sur près de 140 congrégations d'hommes qui se mêlaient d'enseigner, étaientautorisées : les frères des écoles chrétiennes, les lazaristes, les sulpiciens, les pères du Saint-Esprit et lesmissions étrangères.57 Cité par Jean LACOUTURE, op. cit., p. 262.

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La Chambre haute ayant finalement repoussé l'article 7, c'est pardécret que Jules Ferry dut procéder. Aux termes du décret du 29 mars1880 (« les décrets Ferry », dit-on pendant longtemps), la « société nonautorisée, dite de Jésus », avait trois mois pour se dissoudre et évacuer sesmaisons58.

Une veillée d'armes avant l'expulsion

Certes, les Jésuites étaient habitués aux expulsions, et, jusqu'en 1903,date de son installation durable au 12 de la rue d'Assas, la ConférenceOlivaint changea à plusieurs reprises d'adresse. Mais pour toute unegénération d'Olivaints, cette expulsion de 1880 fut une expériencedéterminante.

À quelques semaines de l'expulsion, le 16 juin 1880, alors que lamenace se faisait plus précise, la Conférence tint sa traditionnelle séance declôture ; l'assistance était plus nombreuse que de coutume : plusieurs députéset sénateurs, des professeurs, le directeur du Collège Stanislas, ainsi qu'unévêque, avaient tenu alors à apporter leur soutien à la Congrégation de larue de Sèvres. De leur côté, les Jésuites avaient invité spécialement desreprésentants des autres Congrégations menacées, notamment lesDominicains et les Maristes :

Nous fêtons ce soir, déclara Raymond Saleilles, notre clôture annuelle ; clôture

définitive, dit-on autour de nous, et nous le dirions aussi, si nous ne croyions

fermement au droit qui est le nôtre, à la force toujours triomphante de la vérité qui

nous protège, en notre jeunesse qui est notre armure, en Dieu qui est avant tout

notre première loi existante59.

L'expulsion eut lieu quelques jours à peine après cette séance.L'historien Charles Geoffroy de Grandmaison, dans un témoignage qu'il fitquelques décennies plus tard devant la Conférence, en retrace le climat

À l’aube, nous étions massés en face de la porte cernée par la police. Des femmes

priaient, des ouvriers regardaient. Un grand drôle barbu, hirsute et mal peigné, qui

par pudeur aurait dû être loin des victimes qu'ils insultait régulièrement dans son

journal, ricanait au contraire de voir perpétré l'attentat contre la liberté. Un de nous

58 Cité par Charles MOLETTE, L'Association catholique de la jeunesse française (1886-1907), Paris,Armand Colin, 1968, p. 35.59 Séance solennelle de clôture, 1879-1880. Créteil : Imprimerie Créte, 1880, p. 5.

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regarda l'insulteur, le saisit au collet, et d'un coup [...] l'étendit dans le ruisseau qui

coule perpendiculairement vers celui de la rue du Bac. L'homme [...] se secoua

sous nos huées et s'évada. Ce contact de M. [Camille] Pelletan, - c'était lui - avec

l'eau, même boueuse, fut cependant un événement mémorable [...]60.

À quatre heures du matin, ce trente juin 1880, il y avait en effet dumonde devant les portes de la résidence de la rue de Sèvres : le RP Pitot,supérieur de la résidence, le sénateur monarchiste Chesnelong, et le baron deRavignan, neveu du prédicateur jésuite61. Les portes furent crochetées, et lespères, barricadés dans leurs cellules, furent expulsés un à un :

Les pères sortent un à un au bras d'un député ou d'un sénateur. Chaque fois qu'il

en paraît un à la porte du couvent, la foule massée dans la rue et sur le square crie à

tue-tête : Vivent les Jésuites ! Vive la liberté ! À bas la canaille ! À bas les décrets !

Un manifestant dit à l'un des agents : « Les Jésuites sont plus faciles à arrêter que

les communards62 ».

Le commentaire du préfet de police Andrieux en dit long sur lesentiment des policiers :

Spectacle douloureux et humiliant pour ceux qui avaient la responsabilité de

l'exécution. Il fallait pousser à la rue des prêtres sans défense. Leur attitude de

prière, leurs physionomies méditatives et résignées, et jusqu'à la bénédiction

donnée en sortant aux fidèles agenouillés, contrastaient péniblement avec l'emploi

de la force publique. Il n'était pas nécessaire d'avoir la foi catholique pour éprouver

l'impression que je décris ; et, quelles que fussent leurs croyances particulières, ce

n'était pas pour de pareilles besognes que tant de vieux soldats avaient revêtu

l'uniforme des gardiens de la paix63.

De fait, en concentrant l'opération d'abord sur les Jésuites, Jules Ferryavait déclenché une réaction de solidarité des autres congrégations, du clergéen général et d'une bonne partie de la société catholique. Les protestationsfurent véhémentes, et des centaines de fonctionnaires, magistrats,notamment, démissionnèrent plutôt que d'être associés à cette opérationrépressive.

60 Réunion annuelle et Assemblée générale 1913, op. cit., p. 54.61 Jean LACOUTURE, op. cit., p. 267.62 J. Burnichon, cité par Jean LACOUTURE, op. cit., pp. 267-268.63 Cité par Jean LACOUTURE, op. cit., p. 268.

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L'Institut catholique recueille l'Olivaint

La manière dont l'Olivaint fut sauvée, après l'expulsion, reflète biencette solidarité. La Conférence et la Congrégation de la rue de Sèvres furenten effet recueillies, le jour même de l'expulsion, à l'Institut catholique (IC).Le 30 juin 1880, en effet, M. Conil, premier recteur de la Catho, rendantvisite au Père Hubin, lui offrit l'hospitalité des vieux murs de la « maison desCarmes64 » :

C'était, témoigne Joseph Parent du Châtelet, à proprement parler, une masure d'un

étage, située entre le séminaire et la rue d'Assas, sur laquelle elle butait de biais. La

Conférence y avait une salle assez grande et une bibliothèque. Le P. Hubin, qui y

logeait aussi, embellit peu à peu notre domaine, y transporta le buste du P. Olivaint,

nos meubles, nos livres. Bientôt, le voisinage des cours nous amena des recrues,

les relations intimes et cordiales avec l'Institut catholique ajoutèrent au lustre de la

Conférence, et l'épreuve qui aurait pu la tuer sembla lui fournir, au contraire, un

regain de vitalité65.

Ainsi la Conférence Olivaint échappait-elle à la menace de disparitionqui pesait sur elle ; certes, les Jésuites perdirent - momentanément - leursmaisons et collèges, et par là même leur mode d'action primordial,l'enseignement des cadres dirigeants, mais, par le biais de la ConférenceOlivaint, ils gardaient la haute main sur la jeunesse aisée de la Capitale, àl'abri des menées de la police qui, semble-t-il, ignorait tout des activités del'organisation. On comprend mieux ainsi l'importance revêtue par laConférence Olivaint aux yeux de la Compagnie de Jésus.

À l'Institut catholique, la Conférence n'était guère dépaysée. Mgrd'Hulst, le successeur de M. Conil, n'avait jamais caché ses préférencespolitiques et dynastiques ainsi que le peu d'estime qu'il portait pour laRépublique. "Le régime dominant a d'étranges amis. (...). Toute leurpolitique tient dans un seul mot : la guerre religieuse66", déclara-t-il parexemple à l'issue de la séance solennelle de clôture du 18 juin 1890.

64 Mgr d'Hulst, "discours prononcé le 5 décembre 1884 pour le repos de l'âme du RP Hubin", Séancesolennelle de clôture, 1884-1885, op. cit., p. 64.65 Joseph Parent du Châtelet, Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 19.66 Séance solennelle de clôture, 1889-1890, op. cit., pp. 36-37.

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"Nous ne fréquentons guère le monde officiel"

Si la Conférence Olivaint a pu poursuivre ses activités malgrél'expulsion de 1880, et en dépit des lois de 1901, c'est - au-delà de l'asileprovisoire que constituait l'IC - avant tout parce que ses activités étaientpour l'essentiel, sinon à proprement parler secrètes, du moins souterraines.L'essentiel, en effet, se déroulait dans une discrétion absolue : les conférencesdu mercredi ne faisaient l'objet d'aucune publicité, sinon par le bouche-à-oreille, et le recrutement - par la cooptation - au sein d'un seul et mêmemilieu, c’est-à-dire les anciens élèves des Jésuites ou de l'Institut catholique,garantissait la tranquillité de l'association. "Nous ne fréquentons guère, enFrance, le monde officiel" : Cette boutade de Mgr d'Hulst, illustre tout à lafois la nécessaire discrétion dont les travaux de la Conférence Olivaints'entourait et l'attitude d'opposition résolue au régime qui définissait alors cegroupe d'étudiants67.

Une génération de l'expulsion ?

Il est difficile de mesurer la portée exacte de cette expulsion sur lesjeunes Olivaints. Les rares témoignages en notre possession évoquent lesentiment d'exil, la perte d'un lieu hautement symbolique, qui réunissait dansun même lieu un autel, un tombeau - celui du Père Olivaint, et un foyer68."Chassés par la violence de votre asile habituel, vous êtes pour votre partdes persécutés", déclarait M. Robinet de Cléry, avocat général à la cour decassation - révoqué, invité à la séance solennelle de clôture de 188169.L'expulsion avait avivé les tensions et les sentiments réactionnaires desjeunes membres de la Conférence. ; ainsi Lucien Normand, fils d'unmagistrat révoqué un an après la promulgation des décrets Ferry du 29mars 1880, témoignait-il, trente ans plus tard :

Ces événements70 (...) avaient jeté sur notre génération un nouveau voile de deuil et

de tristesse, qui s'étendait, lui aussi, jusque sur notre conférence, transférée (...) en

l'hospitalière maison des Carmes : les exilés chez les martyrs, quoi de plus propre à

67 Séance solennelle de clôture, 1890-1891. Paris : Imprimerie de l'Archevêché, 1891, p. 44.68 Edouard Pontal, rapport sur les activités de la Conférence, Séance annuelle de clôture, 1880-1881,op. cit., p. 11-73.69 Séance solennelle de clôture, 1880-1881, p. 74-76.70 L'expulsion des Jésuites, aussi bien que la fin de l'inamovibilité de la magistrature, dont fut victimeson père.

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rallumer et à entretenir le zèle de notre foi et de notre apostolat, un peu comme jadis,

chez les premiers chrétiens, toute proportion gardée, aux temps héroïques et

sublimes des persécutions 71 !

Nombreux, à l'époque, furent les magistrats démissionnaires - ourévoqués - invités par la Conférence à sa séance de clôture. La ConférenceOlivaint devint ainsi un asile pour tous les notables - ou fils de notables - enfroid avec les institutions établies. La persécution de 1880, faisant écho auxpersécutions antérieures, devenait constitutive d'un état d'esprit qui ne s'estque très tardivement estompé au sein de la Compagnie de Jésus et dans sesoeuvres étudiantes.

L'indifférence ou la méfiance à l'égard du régime républicain devenaitune défiance, une sourde hostilité, et l'expulsion eut surtout pour effetd'aggraver les rapports entre les catholiques modérés et la République. Cettepremière génération d'Olivaints, qui avait vu la Papauté menacée en Italie,les progrès des Républicains en France et l'expulsion des Jésuites s'est ainsiforgé une âme de combattants, au service du Pape, d'abord, du pays ensuite.Le pays, et non la République ; dans les discours de l'époque, nombreusessont ainsi les dénonciations de l'esprit "sectaire", "antichrétien" et"antifrançais" des Républicains, assimilés sans nuance aux adversaires descatholiques72.

71 Discours de Lucien Normand, Assemblée générale 1914. Saint-Germain-les-Corbeil : Leroy, 1914, p.35.72 Séance solennelle de clôture, 1880-1881, op. cit., p. 74-76.

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Chapitre III : Un cercle littéraire aux préoccupations sociales.

Les travaux des membres de la Conférence pendant cette premièrepériode ont été marqués par les questions littéraires, certaines questionshistoriques ou politiques. Progressivement, cependant, les questions socialesse sont imposées.

UNE CONFERENCE LITTERAIRE

La Conférence Olivaint s'inscrit pleinement dans la tradition de la« Société des bonnes études ». Le vocable de "Conférence littéraire" paraîtamplement mérité au vu des études présentées par les membres de laConférence.

La séance du mercredi

Point d'orgue des activités primitives de la Conférence, la séance dumercredi était une réunion strictement privée, ouverte aux seuls membres dela Congrégation. Impossible, donc, d'y assister sans montrer patte blanche.La forme de cette conférence hebdomadaire, telle qu'elle fut définie par leconseil de la Congrégation le 12 novembre 1874, n'a guère changé par lasuite.

La séance s'ouvrait et se fermait par une prière. Après l'adoption duprocès-verbal, la parole était donnée au conférencier, qui donnait lectured'un texte écrit. Ensuite, et ensuite seulement, la discussion était ouverte, leprésident distribuant la parole. Au fil des ans, seules deux modifications ontété apportées dans le déroulement des séances : les orateurs ont bientôt étéconviés à monter à la tribune, au lieu de parler de leur place, et lesinterruptions furent tolérées73. En début d'année, il était fait appel à desconférenciers chevronnés, souvent d'anciens membres.

Il y avait naturellement différents types de séances. Des séancesmoyennes, avec un travail solide de l'orateur, une discussion honorable,d'où, indique l'un des historiens de la Conférence, "les participants repartentinstruits et satisfaits74". D'autres fois, le bureau invitait un personnagemarquant ; c'est le prototype de la séance d'apparat, où les débutants n'osent

73 Joseph PARENT DU CHÂTELET, Les noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 14.74 Ibid., p. 15.

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guère demander la parole et où le débat se circonscrit entre les plus brillantsorateurs. Il y avait, ensuite, les séances ternes, où le travail était médiocre etdont le sujet ne prêtait guère à la discussion. "En vain, raconte JosephParent du châtelet, un membre du bureau, désigné d'avance, et que nousappelions jadis « l'allumeur », intervient-il avec toute son adresser ; envain, le P. Directeur paye-t-il de sa personne, leurs efforts et ceux duprésident ne parviennent pas à rompre ce silence mortel, et force est, à lalongue de lever la séance75". Restaient, enfin, les séances animées ; tantôt, lesujet est palpitant, et c'est à qui se hâtera de parler. Tantôt, un orateureffleure, en passant, un sujet sensible et avive la discussion : "La discussion(...) rebondit, les ripostes se croisent, la salle devient houleuse ; lePrésident (...) brandit la sonnette, il s'embrouille dans ses tours de paroleà distribuer, et finit par clore la séance en supprimant d'office les quatreou cinq derniers orateurs inscrits, car l'heure est indue et le gaz vas'éteindre76."

Une liberté de ton ?

Au vu des règles précises qui régissent le fonctionnement de laCongrégation et du règlement intérieur assez strict de la Conférence, on nepeut que s'interroger sur la liberté de choix accordée aux membres pour lesconférences du mercredi.

En principe, c'est au bureau qu'il appartenait d'arrêter les sujets, au vucertainement des propositions faites par les membres. À en croire Albert duDemaine, président en 1878-1879, le Père Hubin intervenait assez peu dansle choix des sujets :

Il exerçait sur nous tous une influence très considérable, et d'autant plus

remarquable que son autorité ne se faisait jamais sentir : aux séances comme aux

réunions du bureau, il se mêlait le moins possible aux discussions, et n'imposait

jamais sa manière de voir77.

On peut cependant imaginer que les membres écartaient d'eux-mêmesles sujets litigieux. Il ne fait guère doute que la liberté de choix des sujets desconférences était assez réduite.

75 Ibid.76 Ibid.77 Cité par Joseph Parent du Châtelet, Les Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 17.

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Après la mort du Père Hubin, en 1883, c'est le Père deRochemonteix, qui assuma la charge de la Réunion et de la Conférence.Petit, les yeux pétillant de malice derrière d'immuables lunettes, il intervenaitplus souvent dans les débats :

Circonspect et diplomate, écrit Joseph Parent du Châtelet, il n'intervenait qu'à bon

escient, avec une finesse parfois un peu narquoise qui, sans donner tort à personne,

laissait deviner de quel côté se trouvait la vérité78.

Le RP de Rochemonteix, directeur de la Congrégation, se vitadjoindre en raison de sa mauvaise santé, le RP Alet, chargé de la directionde la Conférence. Cette dualité de la direction, cependant, ne dura que deuxans, et le RP le Tallec fut nommé en 1886, directeur de l'ensemble desoeuvres79.

Pendant toute cette première phase de son existence, la ConférenceOlivaint eut donc à compter, pour reprendre un mot de Michel Cornudet,avec "la fâcheuse faculté de circulation qui caractérise [les] Pères80", quientraînait de fréquents changements de directeurs. Cela dit, qu'il s'appelâtHubin, de Rochemonteix, Alet ou le Tallec, le Directeur se tenait, à chaqueséance, paisiblement assis entre le bureau et l'auditoire, veillant à la bonnetenue des débats et prêt à intervenir et à donner ce qu'avec retenue JosephParent du Châtelet appelle « la note juste ».

Des sujets littéraires

La littérature constitue une large part des sujets des séances dumercredi. Sur les quelque 300 sujets abordés entre 1874 et 1888, un tiersrelève de ce domaine. Mais la diversité est grande, depuis lesbiographies jusqu'aux études de genres, en passant par l'analyse de certainesoeuvres. S'agissant des premières, la diversité des personnages traités estgrande, de Beaumarchais, Chateaubriand, Shakespeare, ou encoreLamartine à Descartes, dont le jeune Henri de Gaulle entretint sescondisciples à deux reprises : en janvier 1878, l'étudiant en philosophie dontses condisciples appréciaient la "force de sa dialectique, et la hauteur de ses

78 Les Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 21.79 Joseph Parent du châtelet, Les Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 21.80 Souvenir du 25e anniversaire de la Réunion, op. cit., p. 6-29.

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vues81", présentait une étude sur Descartes ; un an plus tard, il étudiait "Lesconséquences du Cartésianisme" - .

En fait, ces travaux littéraires constituaient à proprement parler desexercices d'érudition. Il s'agissait, pour les jeunes congréganistes, des'exercer - sur un sujet qu'ils maîtrisaient - à la prise de parole devant unpublic pas toujours aisé. Et bien souvent, les séances littéraires étaientl'occasion de débats très vifs entre classiques et romantiques, lecteurs deMaistre et admirateurs de Victor Hugo.

Les débats historiques

Mais les questions d'histoire, qui représentent un petit tiers del'ensemble des conférences de la période étudiée, n'étaient pas moinsâprement discutées. La révocation de l'Édit de Nantes, la Restauration, et laRévolution française avaient la faculté d'enflammer la salle. Ainsi, lors dudébat qui suivit l'exposé d'un membre, Just de Bernon, sur les théories deJoseph de Maistre sur la Révolution, un vif débat s'engagea - non parce qu'ily avait dans la salle quelque esprit progressiste mais parce que certains, touten la flétrissant, voulaient que l'on tienne compte de certains bienfaits dontjouirait, grâce à elle la société moderne82.

À cette date, les discussions ont souvent abordé la question duLibéralisme, du Syllabus, à la Loi Falloux, ainsi qu'à la distinction entre laThèse et l'Hypothèse, chère à Édouard Pontal.

INTERET POUR LES QUESTIONS ECONOMIQUES ET SOCIALES

Cela dit, en dehors des séances littéraires convenues et des séanceshistoriques souvent âprement débattues, les membres de la Conférence ontfait montre d'un intérêt certain pour les questions économiques et sociales.

Débats d'actualité

Certes, très souvent, il s'agissait d'une manière détournée d'aborder lefruit défendu, c’est-à-dire la politique. L'idée qui dominait les travaux de la

81 Raymond Saleilles, rapport sur l'activité de la Conférence, Séance annuelle de clôture, 1878-1879,op. cit., p. 11-59.82 Robert Aubineau, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1875-1876.Paris : Jules Le Clere, s.d., pp. 8-15.

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Conférence était la défense sociale et religieuse, la préparation à lalutte. Certes, l'énoncé des sujets d'exposé peut parfois paraître anodin ; il enest peu, cependant, qui ne furent le prétexte à une fine diatribe contre lepouvoir, les institutions en place, ou l'héritage de la Révolution. Souscouvert de droit ou d'économie, des questions brûlantes ont ainsi pu êtreabordées, comme le droit d'association (en 1888, par Maxime Legendre), laliberté de la presse (en 1986, par le même), le droit de grève (la mêmeannée, par Joseph de Séroka), ou la question de l'enseignement : pourdéfendre la liberté de l'enseignement comme le fit Henri de Gaillard en1881) ou évoquer - pour la dénoncer - l'instauration de l'instruction gratuiteen France (comme le fit Anatole Bucquet en 1882). Assez souvent, audemeurant, les invités de fin d'année étaient choisis en fonction de l'actualitédu moment : l'invitation du député Cazenove de Pradine, en 1890, fut, parexemple, l'occasion de saluer la consécration du Sacré-Cœur deMontmartre83.

Attrait pour la question sociale

Plus fondamentalement, cependant, on peut déceler dans les sujetstraités un réel attrait pour la question sociale, qui est le fait d'un petit nombrede membres de la Conférence. Dès 1874, dans un exposé sur "Les questionsouvrières", un certain Martin affirma qu'il fallait prendre soin de la situationmatérielle de l'ouvrier84.

En janvier 1878, la Conférence recevait Léon Harmel, membre del’œuvre des cercles d'ouvriers, venu parler des corporations ouvrières,tandis qu'en février de la même année, Évariste Martin évoquait "Lesutopies et la réalité de la question sociale" et qu'en décembre, Joseph Bithtraitait la "Monographie d'un ouvrier parisien au XIXe siècle".

Tous ces conférenciers se référaient à deux traditions distinctes del'Eglise, la tradition caritative, et la - récente - tradition sociale à proprementparler. Dans le premier cas, il s'agissait simplement de venir en aide auxouvriers, en leur apportant du réconfort. Dans le second, il était question, au-delà de l'aide ponctuelle, d'aller au-devant de l'ouvrier pour l'éduquer, lefaire sortir de sa condition, voire d'intervenir en sa faveur.

83 J. de Valence, Séance solennelle de clôture, 1889-1890, op. cit., pp. 7-9. Cazenove de Pradine avaitété à l'origine du projet de loi relatif à l'érection de ce monument.84 Séance solennelle de clôture, 1874-1875, op. cit., pp. 7-30.

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L'intervention de l'État

L'expression sans doute la plus précise des fondements de cetteinclination pour la question sociale est cependant donnée par LucienNormand dans une étude sur l'intervention de l'État en faveur des ouvrierssans travail85. Aux yeux de l'auteur, la question sociale, caractériséeprincipalement par le développement du paupérisme, s'impose à tous lesesprits, au vu de la crise que l'industrie parisienne a connue au début del'hiver 1883. Il se prononce nettement, cela dit, contre le patronage de l'Étatqui a l'inconvénient de "confisquer (...) l'initiative privée dansl'organisation, la protection, le développement de l'industrie". Il dénonceainsi l'affirmation par les socialistes d'un droit au travail, et leur prétention àvoir l'État se substituer à l'initiative privée pour devenir le grand agent deproduction. Cela dit, il rejetait tout autant le libéralisme. Au cours de ladiscussion, les économistes libéraux de l'école du laissez-faire, laissez-passerfurent ainsi mis en porte-à-faux, et Charles Geoffroy de Grandmaisonconclut ainsi son compte rendu :

Ces deux doctrines sont également fausses, et l'on doit dire que le droit du Pouvoir,

dans l'État chrétien, est de tendre au bien commun de ceux dont il a la garde, ce qui

lui impose des devoirs, particulièrement en ce qui concerne l'âme et le corps de

l'ouvrier, à qui la loi doit assurer le repos du dimanche, pour qui la loi doit

empêcher l'exploitation coupable d'une concurrence sans frein, en faveur de qui la

loi doit organiser une sécurité de travail par des associations professionnelles et par

des juridictions arbitrales qui mettraient fin aux conflits entre patrons et ouvriers86.

Cet intérêt pour la question sociale était loin, jusqu'à l'encycliqueRerum novarum, de faire l'unanimité parmi les membres de la Conférence.Ainsi, lorsque, en mai 1890, Joseph de Valence, se déclara en faveur del'instauration d'un repos hebdomadaire pour les ouvriers, il se trouvaplusieurs contradicteurs pour lui opposer que ce serait encourager lafréquentation des cabarets87 !

85 Charles Geoffroy de Grandmaison, "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle declôture, 1883-1884, op. cit., p. 40-43. Les citations qui suivent sont toutes extraites de ce passage.86 Ibid., p. 42.87 Charles de Calan, "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1889-1890, op. cit., pp. 9-30.

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Liens avec les Cercles catholiques d'ouvriers

L'intérêt de certains orateurs de la Conférence Olivaint pour cesquestions est donc précoce, et relève vraisemblablement plus de cette doubletradition sociale d'une certaine traditionnelle de l'Eglise que de l'expressiond'un véritable progressisme.

Mais il y avait plus qu'un attrait ; très tôt, en effet, la ConférenceOlivaint a entretenu des liens avec les Cercles catholiques d'ouvriers (CCO).Cela tenait, bien sûr, avant tout au fait que le Père Hubin était l'aumônierdes deux organisations, et cela a permis d'engager plusieurs membres de laConférence vers l'action sociale.

Fondés en 1871 par Albert de Mun, les CCO - initiative de laïcs -avaient en effet l'ambition de travailler à une régénération de la société, aunom de l'Eglise. À deux reprises, Léon Harmel, qui y oeuvrait, vint à laConférence, évoquer d'abord la question des syndicats, ensuite l'Action de lajeunesse catholique, en 1888. À cette date, il invita les Olivaints à "s'unirpour puiser dans la doctrine catholique la solution du problème social88".

Albert de Mun, soutien de la Conférence

Albert de Mun, fondateur de l’œuvre des cercles, fut quant à lui l'undes premiers soutiens de la Conférence Olivaint. Au printemps 1876, il futl'invité d'honneur de la séance solennelle de clôture, et sa venue à l'Olivaintfut déterminante. Il se fit, en effet, l'apôtre de l'engagement des jeunes gensdans la vie publique, et les invita à rejoindre son oeuvre :

Jeunes gens, déclara-t-il, votre place est à l'avant-garde de l'armée de Dieu ! Et

c'est de ce grand nom que Pie IX a honoré notre oeuvre, marquant ainsi sa mission

et appelant à la servir tous ceux qui portent les livrées du christianisme. Venez donc

à nous, et nos rangs s'ouvriront pour vous recevoir : vous y trouverez, avec cet

esprit partisan qui doit faire le caractère des oeuvres de notre temps, cette force qui

vient de l'association et dont plus que d'autres vous avez besoin89.

88 Lucien Normand, rapport sur les activités de l'année, Séance solennelle de clôture, 1887-1888. Paris :J. Meersch, 1888, pp. 12-57.89 Séance solennelle de clôture, 1875-1876, op. cit., p. 27.

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Par la suite, les rapports annuels et les notes de présentation évoquentà de nombreuses reprises la participation de membres de la Conférence auxCCO, et, en 1883, le pèlerinage de la Conférence organisé par le Père Hubina rejoint à Lourdes celui des CCO.

Vers l'action sociale

La Conférence Olivaint, dès l'origine, s'orienta donc vers l'actionsociale. Mais il s'agissait alors d'un comportement touchant une minorité : leRP Hubin, et quelques membres.

Après 1885, un nouveau climat se développa dans l'Eglise, sousl'influence de l'encyclique Immortale Dei du premier novembre 1885,propice au développement de l'action laïque au nom de la primauté duspirituel sur le temporel90. C'est dans ce nouveau contexte que naquitl'Association catholique de la jeunesse française, qui orienta la ConférenceOlivaint vers l'action sociale, voire l'action politique.

90 Charles MOLETTE, L'Association catholique de la jeunesse française (1886-1907), Paris, ArmandColin, 1968, pp. 17.

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Chapitre IV : L'Olivaint et la fondation de l'Association catholique dela jeunesse française (ACJF).

La fondation de l'Association catholique de la jeunesse française(ACJF) par Albert de Mun au début de l'année 1886 apparaît, a posteriori,comme un événement marquant dans l'histoire de la jeunesse catholique, etnotamment la jeunesse étudiante.

D'abord parce que l'association naissante a permis de regrouper despatronages et des cercles d'étudiants jusque-là isolés, en vue de les fédérer etde les organiser ; ensuite parce que l'orientation que l'ACJF donna par lasuite à son action eut un retentissement sur ses composantes, et notammentla Conférence Olivaint.

LA FONDATION

La Conférence, cependant, tarda quelque peu à adhérer à l'ACJF,même si plusieurs Olivaints ont quant à eux participé individuellement à safondation. Son adhésion, en janvier 1888, n'en fût que plus décisive : à cettedate, la Compagnie de Jésus s'emparait de la direction de l'ACJF.

Naissance de l'ACJF

C'est à l'instigation des Cercles catholiques d'ouvriers qu'est néel'ACJF, le 29 mars 1886, jour anniversaire des décrets du 29 mars 1880.Albert de Mun, conscient des limites de l’œuvre des CCO - en raisonnotamment de l'opposition d'une partie du Clergé, voulut prolonger sonentreprise en encourageant la création d'un mouvement de laïcs catholiquesen vue que celui-ci pèse dans les destinées du pays91.

Pour son essor initial, l'ACJF pouvait bénéficier du développementdes Congrégations mariales. Le 27 mai 1884, en effet, Léon XIII avait publiéle Bref Frugiferas qui célébrait le troisième centenaire de la fondation de lapremière Congrégation mariale (appelée Prima Primaria, parce quepremière-née). Quelques jours plus tard, le Père Anderlédy, vicaire-généralde la Compagnie de Jésus adressait à ses religieux une lettre quirecommandait la promotion des Congrégations parmi la jeunesse92. LaCongrégation de la rue de Sèvres, une nouvelle fois, se trouvait encouragée

91 Ibid., pp. 36-37.92 Ibid., p. 45-46.

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par la Papauté, et c'est sur elle, notamment que l'ACJF devait s'appuyerpour asseoir sa prospérité.

La Conférence Olivaint face à l'ACJF

Plusieurs membres de la Conférence Olivaint participèrentdirectement à la fondation de l'ACJF, grâce aux liens particuliers tissés entrela Conférence et Albert de Mun.

Peu avant la publication de l'encyclique Immortale Dei, Albert deMun fut, pour la seconde fois, l'invité d'honneur de la Conférence àl'occasion de la séance solennelle de clôture du 24 juin 188593. À cetteoccasion, il invita les Olivaints à s'engager pleinement dans la défense ducatholicisme et de l'Eglise :

Les oeuvres de l'Eglise ont rempli l'histoire des siècles ; la calomnie les a

dénaturées, l'oubli les a couvertes : c'est à vous de fouiller ces ruines et de tirer de

la poussière des âges la lumière éclatante de la vérité historique, qui porte avec elle

la condamnation des utopies révolutionnaires et le germe de la restauration

chrétienne. Avocats, médecins, polémistes, érudits, voilà votre tâche94.

Cet appel fut certainement écouté dans la Conférence. Depuis plusieursannées, en effet, Charles Geoffroy de Grandmaison, ancien vice-président del'Olivaint - qui dut quitter la Conférence en raison de son mariage (car leshommes mariés étaient interdits au sein de la Congrégation) - était lesecrétaire particulier d’Albert de Mun. En novembre 1885, quelques mois àpeine après le passage de ce dernier à l'Olivaint, l'un des secrétaires del'Olivaint, Joseph de Valence, devint son secrétaire politique :

A la Conférence Olivaint et même à la Conférence Ravignan95, témoigne-t-il, (...)

nous étions un certain nombre de jeunes gens travaillés (...) par l'idée d'une

Réaction catholique dans la jeunesse. C'était le thème habituel de nos conversations

qui se prolongeaient souvent fort avant dans la nuit, avec mes camarades d'alors :

Merveilleux du Vignaux, Canat de Chizy, Gaston Lacretelle, Joseph Parent du

93 Séance solennelle de clôture, 1884-1885, op. cit., pp. 45-52.94 Ibid., p. 50.95 La Conférence Ravignan était rattachée au collège jésuite de la rue de Madrid.

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Châtelet, X. Lauras, Papillon, etc... le long des trottoirs du boulevard Saint-

Germain et parfois jusqu'auprès de la Madeleine96.

Lorsque le projet d'une grande association catholique se dessina dansson esprit, Albert de Mun mit donc en relation ses secrétaires avec Robertde Roquefeuil, ancien du Collège de Canterbury, le « Collège de l'exil »fondé par les Jésuites après l'expulsion de 1880 que dirigeait le RP du Lac.

LES JESUITES PRENNENT LA DIRECTION DE L'ACJF

Contrairement à ses quelques membres zélés, la Conférence Olivaintdemeura longtemps en retrait de l'ACJF, et Albert de Mun dut composerpour obtenir le soutien de la Compagnie de Jésus.

Les réticences de la Compagnie

L'ACJF, si elle ne procédait pas de la Compagnie, avait en effet besoinde son soutien pour assurer son existence, et surtout son rayonnementnational.

Car l'unité du mouvement était menacée par le risque d'une tropgrande dépendance vis-à-vis de l'épiscopat local : "Pour que l'associationnaissante garde son unité, écrit Charles Molette, il fallait donc envisagerson rattachement à une autorité ecclésiastique exempte d'une soumissioninconditionnelle et totale à l'épiscopat local97". En raison des liensqu'Albert de Mun avait établis avec les Jésuites, c'est naturellement vers laCompagnie de Jésus qu'il se tourna.

Or, le rapprochement avec cette dernière ne se fit pas sans mal. Lesengagements individuels des jeunes gens de la Réunion de la rue de Sèvresne manquaient certes pas, mais ils s'accompagnaient d'une certaine réticencedes directeurs jésuites à l'idée d'adhérer en bloc à l'ACJF. Le Père deRochemonteix, en particulier, ne cachait pas sa réticence98. Retiré de ladirection de la Conférence Olivaint en raison de sa santé, il dirigeait toujoursla Congrégation en 1886, et s'opposa fermement à l'adhésion de la Réunionet de l'Olivaint à l'ACJF.

96 Cité par Charles MOLETTE, op. cit., p. 49.97 Ibid., p. 74.98 Ibid., p. 49.

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À ses yeux, l'association d'Albert de Mun avait l'inconvénient d'être à peinenée, alors que la Réunion des jeunes gens avait une longue histoire derrièreelle. À Robert de Roquefeuil, premier président de l'ACJF, qui s'étonnait desréticences de la Compagnie, le RP du Lac répondit un jour : "Commentvoulez-vous qu'une congrégation qui date en définitive de 1801, a continuéjusqu'à la suppression de 1828, et, ressuscitée en 1850, a donné depuislors de tels fruits de grâce, puisse s'incliner, pour ainsi dire, devant lavôtre encore à l'état d'embryon 99?".

En outre, les Jésuites estimaient que l'ACJF ne présentait pas desgaranties de piété suffisantes. En clair : ce n'était pas une congrégation.Robert de Roquefeuil, pour sa part, était - comme De Mun - favorable àl'idée de créer une congrégation mariale au sein de l'ACJF, mais il seheurtait à l'opposition de son Conseil.

Albert de Mun en appelle au Provincial

Le seul moyen de pallier cette difficulté était donc de faire adhérer enbloc la Congrégation dans le Conseil de l'ACJF. Mais, pour cela, il fallaitsurmonter les réticences des Jésuites en leur offrant des garanties.

C'est ce que fit Albert de Mun dans une lettre au Provincial, en datedu 22 novembre 1887, dans laquelle il lui exposait les raisons qui l'avaientamené à en appeler à la Compagnie de Jésus, affirmant que l'ACJF visait àunir et à donner vie aux Conférences d'étudiants :

Qu'il me soit permis de dire que les deux conférences existantes, celle du P.

Olivaint plus encore peut-être que l'autre, ont besoin de cette émulation. On leur

reproche, et je le crois non sans raison, de s'engourdir, de manquer d'ardeur, de

vie, de qualités robustes. J'ai entendu bien des membres de la Conférence Olivaint

s'en plaindre et saluer, à chaque changement de directeur, l'espérance d'une

résurrection toujours attendue100.

Il n'est pas certain que ces arguments aient touché le Père Provincial.En revanche, la conclusion dut retenir son attention : Albert de Mun yappelait le Père Provincial à donner un « Père spécial » à l'ACJF : "Je voussupplie de ne pas la laisser perdre, mais de la recueillir et d'en fairel'instrument du salut social101". 99 Ibid., p. 80.100 Cité par Charles MOLETTE, op. cit., p. 82.101 Ibid.

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De Mun ne proposait pas moins à la Compagnie de Jésus que ladirection de l'ACJF en échange de son soutien et de l'adhésion de laCongrégation.

Les Jésuites prennent la direction de l'ACJF

La réponse ne se fit pas attendre, et marquait tant l'entrée de laCompagnie de Jésus dans le comité de l'ACJF que l'emprise de la Réuniondes jeunes gens sur la jeunesse étudiante catholique :

Après avoir bien examiné, consulté et prié, voici ce que je viens vous soumettre,

comme la seule chose qui, pour le moment, me paraisse possible et pratique :

Confier au Père directeur de la Conférence Olivaint le Comité de l'Association

catholique de la jeunesse française ; et par suite surveillance et direction du bulletin,

impulsion donnée à l’œuvre pour la fondation de nouvelles conférences,

introduction de l'élément religieux dans celles qui existent, etc102. . .

Albert de Mun accepta la proposition. Le 26 janvier 1888, la Réuniondes jeunes gens adhéra à l'ACJF et le directeur de la Conférence Olivaint, leRP Le Tallec, en devint aumônier-directeur, tandis que le vice-président dela Conférence, Joseph de Valence, devenait vice-président de l'ACJF.

Chassée de ses collèges en 1880, la Compagnie de Jésus cherchaitdonc, en acceptant de prendre la direction de l'ACJF, à maintenir sonemprise sur l'élite de la jeunesse catholique. La Conférence Olivaint - et lacongrégation - s'avéraient ainsi des instruments efficaces au service de sesprojets.

Démission du Cercle du Luxembourg

Ce lien désormais étroit entre l'ACJF et les Jésuites n'allait pas sansprovoquer quelques remous ; ainsi le Cercle du Luxembourg protesta-t-ilcontre la tutelle des Jésuites, telle qu'elle s'exprimait notamment par lanomination unilatérale de l'aumônier par la Compagnie de Jésus.

Ce cercle n'était pas sans importance dans le milieu estudiantin. En1819, Emmanuel Bailly avait fondé, rue Cassette, une pension de famillepour étudiants. Bientôt, par les conférences qu'il y avait organisées, c'est là

102 Ibid.

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qu'était née la Société des études littéraires, qui fusionna quelques annéesplus tard avec la Société des bonnes études, fondée par la Congrégation.C'est ce cercle, appelé « Cercle catholique des étudiants de Paris », qui,après quelques vicissitudes, devait trouver au lendemain de la Révolution de1848 comme un second fondateur dans la personne de M. Beluze. Cedernier fit construire près du Luxembourg un local comprenant diversessalles, qui accueillit le Cercle, appelé désormais Cercle du Luxembourg103. Ila regroupé plusieurs conférences spécialisées, notamment la ConférenceOzanam104.

C'est en juin 1891 que le Cercle du Luxembourg quitta l'ACJF105. Àl’origine de ce départ, il y avait plus qu'une opposition à la présence desJésuites. Il y avait aussi une divergence de vue assez profonde entre leCercle du Luxembourg et les promoteurs de l'ACJF. Pour ces derniers, eneffet, l'ACJF était une « oeuvre militante », tandis que le Cercle duLuxembourg se définissait comme une « oeuvre de préservation » etcraignait que cette « marche en avant » n'expose les Cercles catholiques àdes représailles de la part de l'administration106.

Rapide développement de l'ACJF

Cette démission, accompagnée de quelques autres défections, n'a pasempêché l'ACJF de se développer, grâce, notamment, à l'entrée massive desCongrégations jésuites. En 1891, elle revendiquait 70 conférences et 5000membres. Ouverte, en principe, à "tous les jeunes gens catholiques,capables d'exercer autour d'eux une certaine influence107", elle comptait enfait majoritairement des étudiants dans ses rangs à ses débuts.

Ce rapide développement donnait à l'ACJF une place de choix dans lajeunesse catholique de la fin du XIXe siècle, et conférait à la ConférenceOlivaint, qui tenait une place importante dans ses instances, uneresponsabilité à la hauteur de ses ambitions. À l’aube du Ralliement, laConférence Olivaint se présentait ainsi comme un cercle élitiste, légitimiste,ultramontain, profondément hostile à la République, et en même temps uncercle ouvert à une certaine modernité dans le domaine social, ouvert auxinitiatives d'Albert de Mun. Le Ralliement ouvrait une nouvelle ère dans

103 Ibid., p. 550.104 Gilles LE BÉGUEC, op. cit., p. 824.105 Charles MOLETTE, op. cit., p. 90.106 Ibid.107 Résolution du Conseil fédéral de l'ACJF de 1896, citée par Charles Molette, op. cit., p. 103.

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l'histoire de l'association, qui allait désormais devoir se situer par rapport à laRépublique, et voir en son sein émerger puis s'affronter des sensibilitésopposées.

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Deuxième partie :

LA CONFÉRENCE OLIVAINTFACE À LA RÉPUBLIQUE

(1888-1914)

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Chapitre Premier : Le ralliement

L'adhésion de la Conférence Olivaint à l'ACJF, en janvier 1888, étaitbien plus qu'une simple formalité. Les engagements réciproques pris àl'époque furent respectés, au-delà même de la Grande Guerre, la placeprivilégiée qu'occupait la Conférence Olivaint au sein de l'Association nes'étant pas démentie. Pendant plusieurs années, les deux associations ontd'ailleurs partagé le même local, au 76 de la rue des Saints-Pères, dansl'immeuble de l'ancienne librairie Palmé ; à partir de 1901 - et jusqu'en 1956- l'Olivaint et l'ACJF ont occupé des locaux loués - sous un prête nom - parla Compagnie de Jésus, respectivement au 12 et au 14 de la rue d'Assas.Tout au long de cette période, les échanges ont été nombreux et fructueux,et l'histoire de la Conférence Olivaint devient donc indissociable de celle del'ACJF.

LA JEUNESSE CATHOLIQUE SUR LE TERRAIN CONSTITUTIONNEL

C'est le 16 février 1892 que paraît l'encyclique "Au milieu dessollicitudes", point d'orgue du processus de Ralliement des Catholiquesfrançais à la république engagé par Léon XIII.

Un ralliement ambivalent

Pour beaucoup de catholiques, attachés à la Monarchie, le Ralliementétait loin d'aller de soi. Au sein de l'ACJF, des clivages se sont rapidementétablis entre les partisans d'une adhésion sans réserve à d'autres, quisouhaitent que leur association se place "en dehors des partis politiques108".Les esprits étaient particulièrement échauffés à la suite du pèlerinage de laJeunesse catholique à Rome, en 1892, qui s'était soldé par des incidents avecla population et les autorités locales. Témoignant à son retour devant sescamarades de la CO, Henri Reverdy ne trouva pas de mots assez forts pourcondamner les "lâches insultes d'un peuple ingrat et dégénéré". Sous lesapplaudissements, il acheva son récit en revendiquant le pouvoir temporel dela papauté109.

La question du Ralliement s'inscrivait donc dans un contexte trèstendu, lorsqu'elle fut tranchée, en mai 1892, par Albert de Mun lors du

108 Charles MOLETTE, op. cit., p. 141.109 Séance solennelle de clôture, 1891-1892. Paris : Imprimerie de l'Archevêché, 1892, p. 27.

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congrès de l'ACJF, à Grenoble, déclarant qu'il entendait désormais "placer[son] action politique sur le terrain constitutionnel, pour [se] conformeraux directions du souverain pontife110", suivant en cela, et mot à mot,l'orientation donnée peu de temps avant par Léon XIII.

Mais il y a un pas entre se placer sur le terrain constitutionnel etadmettre le régime républicain. Et ce pas, plusieurs refusèrent de le franchir,notamment, Mgr d'Hulst, qui, par fidélité au Comte de Paris, attendit la mortde celui-ci, le 8 septembre 1894, pour reconnaître le bienfait de l'actionpersévérante de Léon XIII111.

L'intervention d'Albert de Mun lors du congrès de Grenoble reflétaitbien l'ambivalence du ralliement d'une partie non négligeable descatholiques, qui acceptaient momentanément les institutions politiques, touten condamnant et en poursuivant le combat contre le régime républicain :

La même autorité qui nous invite à nous incliner devant l'organisme politique, nous

interdit de nous courber devant la tyrannie d'une législation oppressive et sacrilège.

C'est pour fortifier notre résistance qu'on nous conseille d'entrer sans arrière-

pensée dans le jeu des institutions politiques. Quels que soient nos sentiments et

nos opinions, nos préférences et nos regrets, nous pouvons loyalement porter à nos

adversaires ce défi ; nous pouvons leur dire : le régime que vous représentez n'est

plus contesté ; montrez qu'il est compatible avec le respect des droits sacrés que

nous n'abdiquerons jamais112.

La Ligue de propagande catholique et sociale

Peu de temps après, l'association catholique fonda la Ligue depropagande catholique et sociale. L'ACJF ne pouvant pas, en tantqu'association, descendre sur le terrain électoral et politique, la Ligue étaitappelée à le faire. Elle fut créée lors d'une réunion à la bibliothèque de laConférence Olivaint en présence de plusieurs Olivaints, dont Henri Reverdy,futur président de l'ACJF113. L'ACJF voulait ainsi libérer la poursuite des« Intérêts catholiques et sociaux » de toute inféodation aux intérêts de partispolitiques (c’est-à-dire monarchistes), et ne pas se contenter de« Revendications catholiques » mais avoir un souci du bien commun quis'exprime par des « Revendications sociales ».

110 Charles MOLETTE, op. cit., p. 163.111 Ibid., p. 161.112 Albert de Mun, cité par Charles MOLETTE, op. cit., p. 161.113 Ibid., p. 145.

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Ralliement de la Compagnie de Jésus

L'engagement de l'ACJF derrière le Pape Léon XIII fut, à n'en pasdouter, déterminant pour une grande partie de la jeunesse des cerclescatholiques, et ralliement de l'ACJF de ces milieux se fit donc,progressivement et de manière ambivalente, mais, aux dires de CharlesMolette, plus rapidement que celui du clergé.

Cela dit, le ralliement de la Compagnie de Jésus, lui, futparticulièrement lent114. Il fallut attendre, en effet, le numéro de février 1895du Messager du cœur de Jésus, répercuté par L'Univers, pour que soitsubrepticement rendue publique la soumission des Bons Pères aux directivesde Léon XIII. C'est que les divisions qui affectaient l'ACJF étaient autrementplus vives au sein de la Compagnie de Jésus, où les ressentiments à l'égardde la République étaient nombreux.

LE RALLIEMENT DE LA CONFERENCE

En fait, dans les groupements de jeunesse dirigés par les Jésuites, larapidité et la nature du Ralliement dépendait beaucoup de la personnalité duPère directeur.

Le Père Le Tallec, le Zouave pontifical

La personnalité du Père directeur de l'Olivaint de l'époque a, ainsi,beaucoup joué dans le ralliement des membres de la Conférence.

Car le RP Le Tallec, qui dirigea la Conférence de 1886 à 1895, étaitun ancien zouave pontifical, et c'est au nom de sa fidélité sans faille auSouverain Pontife, qu'il s'engagea sur la voie constitutionnelle. Ce Breton,qui avait fait ses études de théologie à l'Institut catholique, était doté d'unfort caractère. Les membres de la Conférence l'appelaient « le Zouave »,non seulement parce qu'il avait porté l'uniforme des derniers défenseurs dePie IX - à la mémoire duquel il est longtemps resté fidèle, mais à cause deson allure un peu militaire et, aux dires de Joseph Parent du châtelet, "de

114 Ibid., p. 194.

60

l'impétuosité théologique avec laquelle il attaquait l'erreur partout où il lasoupçonnait115".

L'impact de l'encyclique Rerum novarum

Mais l'action du Père Le Tallec a certainement été facilitée par leprogrès des idées sociales au sein de l'Olivaint.

Depuis l'adhésion à l'ACJF s'était progressivement établi à laConférence Olivaint un nouvel état d'esprit , que le président de 1892, HenriRubat du Mérac, résuma par une formule résumant le but que se fixaitdésormais la Conférence : "Établir un ordre social chrétien"116. Ce but, audemeurant, était exactement conforme à celui que l'ACJF avait inscrit à lapremière ligne de ses statuts : "grouper toutes les forces de la Jeunessecatholique française, en vue de coopérer au rétablissement de l'ordresocial chrétien117".

Ce mot d'ordre mobilisateur était de nature à convenir aussi bien auxcatholiques sociaux qu'aux plus conservateurs. Dire, cependant qu'il fut celuide tous les membres de l'Olivaint serait pourtant exagéré. On a, en effet,bien trop de traces de débats, sinon de conflits entre les anciens -monarchistes traditionnels - et les modernes - apôtres de l'action sociale.Ainsi la Conférence de François Veuillot sur « les catholiques et l'actionsociale », qu'il prononça en novembre 1892, est-elle emblématique de cesconflits118. Le futur journaliste y affirmait que la jeunesse catholique devait sepréparer à résoudre, dans la mesure du possible, la question sociale, parl'étude d'abord, par l'action ensuite, et ce en suivant la voie tracée parl'encyclique Rerum novarum. Ses contradicteurs, parmi lesquels on trouvaitMaurice Monteil et Rochette de Lempdes, affirmèrent que tout cela n'étaitque peine perdue : la question sociale existera toujours. "Et puis, pourquoine s'occuper jamais que des ouvriers des villes, alors que ceux descampagne forment le vrai peuple de France ?", ajoutèrent Henri Amigueset Xavier Lauras119.

En tout cas, l'adhésion à l'ACJF et le climat de Rerum novarum ontcontribué à faire évoluer l'esprit d'une partie des membres de la Conférence.Progressivement, les questions sociales ont pris une place de plus en plus 115 Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 20.116 Henri Rubat du Mérac, Séance solennelle de clôture, 1892-1893. Paris : Schneider, 1893, pp. 7-8.117 Article premier des statuts de l'ACJF, cité par Charles MOLETTE, op. cit., pp. 239-240.118 Séance solennelle de clôture, 1891-1892, op. cit., pp. 24-28. Cette conférence fut publiée, en janvier1893, dans la Revue de l'ACJF.119 Ibid.

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importante dans les débats de la Conférence : le rapporteur de l'année 1891,Henri Rubat du Mérac fait explicitement référence à Rerum novarum pourexpliquer la relative désuétude dans laquelle les sujets littéraires etphilosophiques sont tombés au tournant des années 1890120. "Je me suislaissé dire qu'à une certaine époque, ajoute Joseph Parent du châtelet, lapolitique, si justement bannie de la Conférence, s'y était furtivementglissée, et qu'à certains jours, on s'était jeté des encycliques à la tête121".

Milieux éminemment conservateur, monarchiste, légitimiste, laConférence Olivaint a il est vrai subi de plein fouet l'appel du Pape auralliement. Jamais, puisqu'il s'agit d'une question de politique intérieure, cettequestion ne fut abordée de front. Cela dit, un débat autour de l'actioncatholique en France, à l'issue du exposé de François Veuillot sur ce thème,permit d'engager un débat particulièrement vif.

Débat sur le ralliement

Dans son exposé de mars 1892, sur l'Action catholique en France,François Veuillot, en effet, appelait au ralliement, en insistant sur la nécessitépour les catholiques de s'unir, au-delà des clivages politiques, derrière lePape, et ce pour défendre la religion. La discussion qui suivit cet exposé fut,aux dires du rapporteur, "courtoise et animée122". Les légitimistes, parmilesquels messieurs Amigues et Xavier Lauras, notèrent que l'infaillibilitépontificale n'était pas engagée et que, par conséquent, "chacun peut (...)conserver ses préférences dynastiques". D'autres, nota le rapporteur avec uncertain dédain, ne manifestèrent "aucune répugnance pour les institutionsétablies". Il s'agissait entre autres de MM. Auzou et Colin de Verdière.Quant au RP Le Tallec, il intervint à la fin du débat en affirmant qu'on nedemandait pas aux catholiques français une défection, "mais une trêve dansl'intérêt de l'Eglise". Et le rapporteur de conclure :

120 "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1890-1891, op. cit., pp.9-36.121 Les noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 16.122 Séance solennelle de clôture, 1891-1892, op. cit., pp. 24-28.

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Le moment viendra, bientôt peut-être, où la puissance séculière refusera toute

subvention au culte. C'est alors qu'on verra ceux qui sont attachés à leur religion de

la façon la plus pratique123.

On le voit, si la majorité - sinon la totalité - des jeunes gens de laConférence, à l'appel des Pères Jésuites, a accepté sans trop de mal leralliement, c'est avant tout en vertu de son ultramontanisme. Pour cettefrange du catholicisme, l'obéissance au Pape était un absolu qui ne souffraitaucune exception ni aucun retard. En outre, il s'agissait à leurs yeux d'unralliement aux institutions établies, et certainement pas au régimeproprement dit. Peu ont renié alors leur attachement à la monarchie.

Premiers signes d'apaisement

En revanche, une évolution progressive se fait sentir au tournant dusiècle. Ainsi la venue à l'Olivaint - pour présider la séance de clôture, du Ducde Broglie, représentant de la droite libérale et orléaniste, qui semblaitinconcevable au début de la Troisième République, devient une réalité en1897. De même, la venue d'Émile Ollivier, ancien chef du "tiers parti"illustre parfaitement cette évolution progressive de la Conférence versl'acceptation du jeu des institutions.

Mais le signe le plus net du ralliement de la Conférence Olivaint aurégime républicain est certainement la présidence de la séance de clôtureofferte, en 1901, à Jacques Piou, fondateur en mars 1890 du groupeparlementaire de la "droite constitutionnelle" qui accepta les institutions"légalement établies" pour défendre la société à ses yeux menacée124.

À cette date, la Conférence s'était donc ralliée aux institutions. Ellen'en combattait pas moins - sinon le régime, du moins la politique.

123 Ibid.124 Jean-Marie MAYEUR, Les débuts de la Troisième République. Paris : Seuil, collection « Nouvellehistoire de la France contemporaine », 1973, p. 198. En 1893, la "droite constitutionnelle" prend ladénomination de "droite républicaine".

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Chapitre II : La défense religieuse

Une fois le ralliement acquis pour l'essentiel, les congréganistes et leursdirecteurs se sont engagés plus avant sur de la défense religieuse. Ce thème,en effet, domina les débats et les esprits, jusqu'au lendemain de la séparationdes Églises et de l'État.

DÉFENSE RELIGIEUSE

On sait combien la défense religieuse est inscrite depuis l'origine dansles fondements mêmes de la Conférence Olivaint. L'expulsion de laCongrégation, en 1880, a renforcé les jeunes gens et leurs directeurs dansl'idée que la défense de la religion catholique était un devoir absolu. Leralliement ne les a pas amené à renoncer à ce combat, mais simplementconduits à déplacer cette question du terrain des idées au terrainconstitutionnel. À s'engager, pour tout dire.

La faculté de circulation de l'Olivaint

Le sentiment de menace n'a jamais quitté la Conférence Olivaintdepuis l'expulsion de 1880. Si, en apparence, la police ignorait que laCongrégation poursuivait clandestinement ses activités derrière les murs ducouvent des Carmes, tout risque d’une nouvelle expulsion n'était pas écarté.En 1889, c'est finalement la vétusté des locaux qui chassa la Conférence del'Institut catholique. La CO regagnait alors subrepticement la rue de Sèvres,profitant du fait que les décrets Ferry étaient tombés en désuétude. En 1894,les craintes qui pesaient à nouveau sur les Jésuites - et l'extension de laCongrégation - amenèrent ceux-ci à déménager à nouveau la Réunion desjeunes gens jusqu'à la rue des Saints-Pères, au n° 76, où ils partageaientalors un local avec l'ACJF et diverses associations catholiques, notammentl'Union sociale d'ingénieurs catholiques (USIC), fondée par la Compagnie deJésus.

Menaces sur les Congrégations

Cette menace permanente sur l'existence de la Congrégation jésuite arenforcé l'intérêt des membres de la Conférence pour les questions touchantaux libertés religeuses.

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De fait, la question du droit d'association fut très tôt et assez souventévoquée dans les travaux de la Conférence. François Veuillot, dès décembre1895, dénonça le projet de loi de M. Goblet sur la liberté des associations :

Le projet de loi (...) peut se résumer en deux articles. Article premier : toutes les

associations sont autorisées ; article second : les associations religieuses sont

interdites. Et, en effet, on impose à ces dernières une déclaration préalable dont les

autres sont exceptées ; on prétend les surveiller étroitement, comme s'il s'agissait

d'associations de malfaiteurs ; on suspend sur leur tête la menace permanente d'une

dissolution par simple décret ; enfin, on les met dans l'impossibilité de posséder125.

Au cours de la discussion, plusieurs membres trouvèrent le projetd'autant plus dangereux qu'ils y virent le prélude de la dénonciation duConcordat et de la suppression du budget des cultes126. Voici, résumé enquelques dizaines minutes par de jeunes juristes, le débat qui allait animer laCO et la vie politique française pendant de longues années.

La conclusion du débat, que nous donne le rapporteur, avait, quant àelle, une allure presque prophétique :

Sans vouloir préjuger de l'avenir, il semble bien qu'une évolution se fasse peu à

peu dans les esprits, et que le jour ne soit pas éloigné, où (...) nous serons amenés

par la force des choses à considérer comme une délivrance la persécution même la

plus violente succédant à une odieuse et intolérable servitude127.

Pour l'heure, cependant, cette opinion n'était pas partagée parbeaucoup au sein de la Conférence.

Un esprit offensif

Ce débat de 1895 atteste avant tout d'un durcissement du ton. Jusque-là, les allusions à la défense religieuse étaient avant tout des déclarations deprincipe, ou se référaient principalement au sort du Pape ou des Jésuites. Àcette date, le ton - et l'esprit - deviennent plus offensifs, plus agressifs, peut-être. L'Affaire Dreyfus n'y est sans doute pas étrangère.

125 Conférence du 18 décembre 1895. Séance solennelle de clôture, 1895-1896. Paris : Schneider, 1896,p. 31.126 Ibid., p. 32.127 Ibid.

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Ainsi le rapporteur du débat, Louis Delsol, ne peut-il s'empêcher deglisser dans son compte rendu une dénonciation de "la grande ennemie del'Eglise, cette Franc-maçonnerie universelle qui a installé à Rome même,en face du Pape prisonnier, ses deux chefs suprêmes, les Juifs Nathan etAdriano Lemmi128". Sa conclusion, surtout, dans laquelle on relèveral'allusion à Clovis, est d'une violence rare :

Ah ! Puisse la France reprendre ces traditions de foi et d'honneur qui firent

autrefois sa force et son orgueil (...). Qu'elle se souvienne de ce Clovis qui la fit

chrétienne, et qui, au récit de la Passion du Christ, s'écriait tout frémissant de

douleur et d'indignation : Ah ! Que n'étais-je là avec mes Francs ! Nous tous, ses

fils bien-aimés, nous irons nous ranger sous sa bannière, et sans peur comme sans

reproche, nous marcherons à l'ennemi en nous écriant à l'instar du roi barbare :

arrière juifs, francs-maçons, sectaires petits et grands, ennemis de notre Dieu et de

notre Patrie, arrière, car nous sommes là, et nous sommes des Francs !129

UN CERCLE ANTISEMITE ?

Dans le courant des années 1890, en effet, le ton s'est quelque peudurci au sein de la Conférence. L'ennemi désigné, c'est le « laïcisme » aupouvoir ; en 1883, déjà, le Prince de Léon stigmatisait "la manie de lalaïcisation", cette "maladie mentale dont, disait-il, nos pouvoirs électifssont affligés130".

Haine des Francs -maçons

La première visée était la Franc-maçonnerie, que certainsconférenciers n'hésitent pas à accabler de tous les maux. On ne s'étonnerapas, eu égard au milieu - catholique et réactionnaire, souvent aristocrate -dont proviennent les membres, dans leur grande majorité, de trouver dansles conférences et les débats de nombreuses traces d'anti-maçonnisme. Celadit, il est intéressant de noter que ces sentiments ont perduré très longtemps.

128 Ibid.129 Ibid., pp. 34-35.130 Séance solennelle de clôture, 1882-1883, op. cit., pp. 50-54.

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L'idée la plus souvent défendue, par les conférenciers, était que laRévolution française avait été l’œuvre de la Franc-maçonnerie. Ainsi Renéd'Aubeigné, par exemple, expliqua-t-il posément dans un exposé de janvier1906 intitulé « Comment on fait une révolution », que la révolutionfrançaise a été l’œuvre des Francs-maçons, cette "minorité agissante" quece jeune membre de l'Action française entendait bien combattre131. Ilaffirma, en effet, que la Franc-maçonnerie avait été à l'origine du 10 août, del'emprisonnement du roi et de son exécution :

Bref, la révolution de 1789 n'est nullement le mouvement spontané dont les

historiens ont parlé, elle est due à la Franc-maçonnerie stimulée elle-même par

l'étranger132.

Et le jeune royaliste d'ajouter qu'à ses yeux "la révolution russe estcopiée sur la Révolution de 1789, elle a été provoquée par les Juifs".

L'antisémitisme, le fait d'une minorité ?

Car, dans son esprit, comme dans celui de bien des Olivaints d'alors, laFranc-maçonnerie était aux mains des Juifs. Or, dans ces dernières annéesdu XIXe siècle, marquées par la défense religieuse et par l'Affaire Dreyfus,les sentiments antisémites d'un certain nombre d'Olivaints ont redoubléd'intensité.

En fait, il semble bien, au vu des exposés touchant les Juifs et desdébats qui les ont suivis que si l'antijudaïsme chrétien a toujours été fortrépandu, seule une minorité développait un antisémitisme à fondement socialou économique, voire - dans certains cas - racial. Ainsi, en mai 1886, lecompte rendu de La France Juive de Drumont par Louis Lemarignier futfort distancié, et il ne se trouva guère qu'un membre, en l'occurrenceÉdouard Pontal, pour donner à cette oeuvre "des éloges sans réserves133".Louis Lemarignier, pour sa part, concevait bien la question juive comme"une de ces questions sociales qui tôt ou tard se poseront partout avec laplus grande acuité", mais ne souhaitait pas ressusciter "la vieille inimitié derace et de religion entre chrétiens et Juifs134".

131 Séance solennelle de clôture, 1905-1906. Paris : Leroy, 1906, pp. 17-43.132 Compte rendu de la séance, Archives Jésuites de la Province de Paris, I PA 740.133 Louis Lemarignier, "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1885-1886. Lons-le-Saunier, 1886, pp. 41-43.134 Ibid.

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En cela, il n'était pas suivi par tous les membres de la Conférence, loins'en faut. Ainsi, en décembre 1896, Gabriel Ardant, le gendre de LéonHarmel, donna une conférence intitulée « Le Juif et la mobilisation du sol »dans laquelle cet « Aryen militant », selon les propres termes du rapporteur,Joseph Parent du châtelet135, dénonçait cet être "mobile par nature, souventsous le coup des persécutions qu'il provoque" et invitait les chrétiens à"protéger la propriété foncière contre les Juifs136".

En 1891, un autre membre de l'Olivaint, Achille Plista donna uneconférence sur le Talmud dont Maurice Monteil rendit compte en destermes qui ne laissent guère transparaître le moindre soupçon dephilosémitisme :

"M. Plista est un antisémite implacable : il déteste les Juifs, parce qu'il les connaît.

Il flétrit le Talmud qu'il appela « un code de brigandage organisé » et souhaita que

la France, à l'image de la Russie, en vint à expulser ces parasites dangereux. Cette

conférence, faite avec la conviction profonde et la mordante ironie qui caractérise la

mâle éloquence de M. Plista, produisit sur nous une vive impression137.

Un vif débat s'engagea cela dit à l'issue de la Conférence, et quelquesmembres prirent la défense des Juifs. Ainsi Hyacinthe Glotin déclara qu'ilfallait "prier pour ses ennemis" et évoqua un canon contenu dans le décretde Gratien excommuniant ceux qui maltraitent les Juifs. Cela dit, outre quecette position semble assez minoritaire, on note que la charité chrétienne quece membre exprime s'accommode fort bien d'un antisémitisme bon teint,puisqu'il désigne le Juif comme étant l'ennemi.

Louis Delsol, président antisémite

En fait, il semble que l'Olivaint comptait, à l'époque, un petit nombred'antisémites notoires et résolus, un petit nombre de partisans d'une ententeentre les peuples, et - entre les deux - une majorité silencieuse.

Parmi les antisémites les plus virulents, on trouvait Achille Plista,Henri Amigues et Louis Delsol. Ce dernier, à en croire les rapports annuels,ne manquait que peu d'occasions d'exprimer ses opinions extrêmes : ainsi

135 "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1886-1887. Paris :Imprimerie de l'Archevêché, pp. 11-37.136 Ibid.137 Séance solennelle de clôture, 1891-1892, op. cit., pp. 9-29.

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profita-t-il, par exemple, du débat qui suivit la conférence de FrançoisVeuillot sur « La jeunesse catholique et l'action sociale » déjà citée pourstigmatiser la haute banque juive, responsable selon lui "de tout le mal causéaux ouvriers138".

Un an plus tard, dans un exposé au titre évocateur, « L'antisémitismeet les catholiques en France », ce jeune juriste de 24 ans, originaire de Penned'Agenais dans le Lot-et-Garonne, et qui fit plus tard une carrière derrièreDéroulède et la Ligue des patriotes, se montra particulièrement violent dansses propos :

Les Israélites ont tout accaparé dans notre pays : à l'aide de leurs milliards de

produits de vols et de rapines, ils peuvent tout payer ; ils occupent toutes les

places ; la magistrature, le barreau, l'université en sont remplis ; ce sont les Juifs

qui nous dirigent à leur gré, ils font cause commune avec les Francs-maçons : nous

ne saurions trop combattre l'influence néfaste de ces gens sans foi ni loi, qui n'ont

d'autre culte que celui du veau d'or, qui insultent à tout ce qu'il y a de plus sacré

dans nos croyances, qui se sont permis enfin d'insulter la mère du Sauveur,

d'outrager celle qui est la plus grande après Dieu ! Pour de tels crimes, il n'y aura

jamais assez de châtiments. L'Évangile nous fait un devoir de pardonner à nos

ennemis ; pardonnons-leur ; mais nous avons le droit et le devoir de les

combattre139.

Louis Delsol proposait ainsi la révision des fortunes juives etl'expulsion des Israélites, et trouva semble-t-il un écho relativement favorableau sein de la Conférence. Si certaines voix s'élevèrent au cours de ladiscussion, c'était en effet pour discuter non de l'opportunité de la mesuremais des moyens envisagés : on fit observer, par exemple, que la révisiondes fortunes juives serait une atteinte "au droit sacré de propriété" etrisquerait d'entraîner "un ébranlement social140".

Échos de l'Affaire Dreyfus

On objectera, bien sûr, que ces opinions extrêmes étaient le fait d'uneminorité, et que la majorité silencieuse ne partageait pas cet antisémitisme.

138 Séance solennelle de clôture, 1892-1893, op. cit., p. 19.139 Séance solennelle de clôture, 1893-1894. Paris : Schneider, 1894, p. 20.140 Ibid., pp. 19-20.

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Seulement, Louis Delsol fut élu par ses pairs président de laConférence Olivaint pour l'année 1896-1897, en pleine affaire Dreyfus. Cetteélection d'un antisémite notoire était certainement révélatrice - sinon de lapensée profonde d'une majorité des membres de la Conférence, du moins dupeu de cas que les congréganistes faisaient des opinions extrêmes expriméespar Delsol. C'est dire combien l'Olivaint était empreinte d'un antisémitismediffus. Dans le contexte de l'époque, l'élection de Delsol avait en outre valeurde symbole : la Conférence Olivaint se rangeait résolument au campantidreyfusard. Pour l'anecdote, on notera d'ailleurs que parmi les experts enécriture pour l'examen du « Bordereau » qui fit envoyer le capitaineDreyfus à l'île du Diable se trouvait un Olivaint, Émile Coüard, quiappartenait à la première génération de la Conférence, celle qui avait connula Commune. Il avait été, en effet, secrétaire de l'Olivaint en 1876, et vice-président l'année suivante.

L'Affaire Dreyfus relevant sans aucun doute des interdits posés parl'article X du règlement intérieur, il n'est pas étonnant qu'elle ne fut jamaisabordée directement au cours d'une séance du mercredi. Cela dit, lesallusions ne manquent pas ; la plus claire intervint en février 1898, quelquessemaines à peine après la publication du « J'accuse » d'Émile Zola, parudans L'Aube. Une séance de l'Olivaint fut alors consacrée à la question du «Juif en Algérie ». Le conférencier s'efforça de condamner l'intérêt usuraireet, à en croire le rapporteur, qui qualifie l'exposé de "beau réquisitoire","l'accusé ne trouva pas un avocat, même d'office141". Parmi les plusprompts à dresser le réquisitoire, on trouva naturellement l'ancien présidentLouis Delsol, qui - revenu peut-être pour l'occasion - fit entendre sa "vervenerveuse142", tandis que le président d'alors, Jules Babeau, se montrait à lahauteur de son prédécesseur :

Notre président, écrit Joseph Ribault, généralisant la question, rappela

éloquemment, avec l'autorité de son calme impassible, les maux causés à la patrie

par l'influence des sémites dits Français143.

141 Conférence d'Edgar Briout, "Le Juif en Algérie", 9 février 1898, "Rapport sur les activités de laConférence" par Joseph Ribault, Séance solennelle de clôture, 1897-1898. Paris : Leroy, 1898, pp. 9-30.142 Edgar Briout, "Le Juif en Algérie", 9 février 1898, "Rapport sur les activités de la Conférence" parJoseph Ribault Séance solennelle de clôture, 1897-1898, op. cit., pp. 9-30.143 Ibid.

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Un autre signe tout à fait éloquent des sentiments durables del'Olivaint à l'égard de Dreyfus fut la présence au siège de président de laséance de clôture, en 1903, de l'un des chantres de l'antidreyfusisme,Ferdinand Brunetière. À n'en pas douter, la Conférence dans son ensembleavait choisi son camp.

FACE A LA SEPARATION

L'Affaire avait donc accru les tensions religieuses et amené une bonnepartie des membres de la Conférence à prendre parti. Face à la loi sur lesassociations et à la Séparation de 1905, la Conférence a donc engagé uncombat pour la défense religieuse, jusque dans les rues de Paris.

L'Olivaint en crise

À l’époque, la Conférence était particulièrement agitée par cesquestions religieuses comme l'atteste un incident qui déboucha sur une brèvecrise, en 1899.

Au printemps de cette année-là, en effet, le bureau de la Conférenceavait cru pouvoir inviter comme président d'honneur à la séance de clôtureun prélat étranger de passage à Paris, ami de Léon XIII, mais dont les idéespassaient pour être assez avancées, Mgr Ireland144. Ce prélat, dans uneConférence donnée à Paris le 18 juin 1892, aurait en effet déclaré qu'il fallait"canoniser la République145". À l'Olivaint, ses positions avaient souvent étéâprement discutées, notamment à l'occasion d'un exposé que Louis Thiéblinprésenta en mai 1894, intitulé « L'Église et le siècle d'après Mgr d'Ireland ».

Le choix de ce prélat, apparemment, déplut dans certains milieux,notamment au sein de la Conférence : certes, le ralliement était acquis pourla plupart des membres, mais de là à canoniser la République, celle-là mêmequi menaçait la Congrégation ! Finalement, la séance fut décommandée (onpria à la hâte le vice recteur de la Catho de présider la séance), au grandmécontentement d'une partie des jeunes gens : le Conseil de la Réunion et lebureau de la Conférence démissionnèrent.

144 Alexandre BROU, Le Père Paul Aucler, cité infra, pp. 19-20.145 Charles MOLETTE, "Les origines de l'ACJF", L'ACJF, une création originale, actes d'un colloquetenu au Centre Sèvres, Paris, Centre Sèvres, p. 15.

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Le RP Paul Aucler

Pour résoudre la crise, la Compagnie de Jésus fit appel à un nouveauPère Directeur. Depuis le départ du Père Le Tallec, en 1894, pour Angers,l'instabilité était grande à la tête de la CO : on ne recense pas moins de troisdirecteurs en quatre ans, les RP de Salinis, qui partit lui aussi pour Angers, leRP de Moisant, docteur ès lettres, et le RP Havret. Cette grande instabilitéétait sans doute le reflet des débats internes qui animaient la Compagnie, ausujet du Ralliement.

Le nouveau venu n'était pas un inconnu pour la Conférence Olivaint :le RP Paul Aucler, en effet, avait fait partie de la Congrégation et del'Olivaint, avant d'entrer dans la Compagnie de Jésus146. Né à Boulogne le27 avril 1865, il avait ses études au collège de l'Immaculée conception, ruede Vaugirard. Il était dans la Compagnie de Jésus en 1883, et fut ordonnéprêtre en 1898. Un an plus tard, à peine, il prenait la direction de laConférence Olivaint, pour ne la quitter qu'à sa mort, en 1915.

Le Père Aucler apparaissait donc comme un homme nouveau, destinéà mettre de l'ordre dans la Réunion. Aux dires de son biographe, il avait unaspect ascétique, souffreteux ; il était froid, nerveux147. Il n'en a pas moinsexercé une influence certaine sur plusieurs générations d'Olivaints, enparticulier dans les moments cruciaux qui accompagnèrent la Séparation :

Le premier accueil était froid. Il ne se livrait pas. On avait l'impression que le

directeur de la Conférence ne tenait pas particulièrement à vous. Certes, il se

réjouissait de voir venir de nouveaux membres ; mais, tenant plus à l'élite qu'au

nombre, il se gardait de toute réclame et, auprès des inconnus, de toute effusion

prématurée. Quelques indications substantielles et brèves, une visite rapide des

locaux, terminaient le premier entretien. On aurait bien étonné le néophyte en lui

révélant le rôle du Père dans la Réunion. Il fallait une longue fréquentation. En

réalité, il était, dans la force du terme, le directeur, c’est-à-dire l'âme de tout. Son

action s'accomplissait, sans agitation, mais elle était profonde148.

146 Alexandre BROU. Le Père Paul Aucler. - Paris : Beauchesnes, 1922. - 175 p.147 Ibid.148 Ibid., pp. 27-28.

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La Conférence Olivaint au début du siècle

Au début du siècle, le vocable « Conférence Olivaint » désignait aussibien la Conférence en elle-même que la Congrégation qui l'englobait. Il estvrai que celle-ci cherchait à se faire discrète. Dans son ensemble, la CO étaitdonc, aux yeux du plus grand nombre un centre intellectuel où des jeunesgens du même milieu fraternisaient, travaillaient ensemble et, ensemble, sepréparaient à leur carrière future.

Les traditions, cela dit, n'ont que peu changé, et le RP Aucler, toutjeune prêtre qu'il fût, n'a pas manqué de prolonger l'action rigoureuse de sesdevanciers en dirigeant la Conférence d'une main ferme. La Séance dumercredi, en particulier, faisait l'objet, de la part du Père directeur, d'unepréparation attentive : avec soin, il cherchait ses orateurs et sescontradicteurs ; avec soin, il les préparait à la prise de parole en public :

Ils exposent, écrivit-il, le sujet qu'ils ont dû écrire d'un bout à l'autre, ce qui donne

une forme plus arrêtée, plus soignée, des idées plus précises, des expressions plus

saisissantes. Quand, avant de donner la conférence, ils viennent faire chez moi une

petite répétition, c'est surtout une lecture froide à laquelle j'assiste. Alors je leur dis

: « Repensez votre conférence pendant que vous la parlerez. Ne soyez pas esclave

de votre papier. Ayez les yeux dans les yeux de votre auditoire... »149.

Au cours de la séance, en revanche, il laissait beaucoup de liberté auxOlivaints, en particulier au cours de la discussion :

Assis au fond de la salle, dans un grand fauteuil, la tête entre les mains ou les mains

sur les genoux, il ne perdait pas un mot, mais se laissait aller. On l'aurait cru

absent, s'il ne donnait parfois le signal des bravos. Tant qu'orateurs et

contradicteurs restaient dans les limites du bon ton et de l'orthodoxie, il se taisait.

Quand les opinions se heurtaient avec violence, il intervenait doucement. Si la

doctrine était en jeu, lui-même montait sur l'estrade, et mettait les choses au point.

(...). Parfois ce fut aux séances de clôture qu'il eut à redresser des vues plus ou

moins justes émises par l'éminent homme politique, l'éminent académicien qui avait

si bien parlé. Il n'avait pas son pareil pour faire entendre les restrictions sous les

éloges150.

149 Cité par Alexandre BROU, op. cit., p. 54.150 Ibid., p. 55.

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L'heure n'était donc pas encore à la liberté de ton, et le Père Auclern'hésita pas à intervenir dans les débats relatifs à la Séparation, qui semultiplièrent après le vote de la loi sur les associations.

À veille de la Séparation

Peu de temps après le vote de la loi sur les associations, laCongrégation fut expulsée de l'immeuble de la rue des Saints-Pères, réputécongréganiste et - se trouvant englobé dans la liquidation des biens de laCompagnie de Jésus - confisqué suivant les exigences de la loi du premierjuillet 1901151.

Mais cette nouvelle expulsion ne fut pas plus efficace que laprécédente : la Réunion des jeunes gens échappa à nouveau aux foudres del'administration républicaine en trouvant refuge au 12 de la rue d'Assas,dans un immeuble loué par la Congrégation, par l'intermédiaire d'un prête-nom. Jamais plus, par la suite, la Congrégation jésuite ne fut directementinquiétée. Pendant plusieurs années, cependant, la discrétion fut de rigueur :ainsi, jusqu'en 1903, le nom du directeur jésuite disparut-il des publicationsannuelles de l'association.

À cette date, l'attention des conférenciers de l'Olivaint s'estnaturellement orientée vers la question de l'organisation de l'Eglise enFrance dans l'hypothèse de la Séparation. Un grand nombre deconférenciers ont, en effet, traité cette question sous ses divers aspects : sonimpact probable, la forme qu'elle avait revêtue ailleurs, la manière dont ons'était - ailleurs - défendue contre elle. Parmi les intitulés de ces exposés, ontrouve ainsi : "Essai d'organisation des catholiques en vue de la séparation" ;"l'Eglise et l'État en Hongrie, un exemple de séparation faite à l'amiable" ;"la propriété des édifices du culte d'après l'histoire, le droit, l'équité" ; "lesprocédés de résistance des catholiques allemands".

Lorsque l'échéance s'est approchée, les thèmes devinrent plus précis :"l'attitude à garder à la veille de la séparation" ; "les nominationsépiscopales" ; "les préjugés démocratiques dans l'organisation desassociations scolaires et paroissiales" ; "comment remplacer le budget descultes ?". L'atmosphère de l'Olivaint en 1905, comme auparavant en 1880,était celle d'une veillée d'armes.

151 Ibid., p. 23.

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Concordat ou séparation

À l’appui de leurs travaux, les Olivaints firent parfois appel à desanciens ou des amis de la Conférence, tels MM. Taudière, de Lamarzelle, leRP Dudon, Auguste Béchaux, Geoffroy de Grandmaison, tous engagés dansle débat public. Ils n'étaient, au demeurant, pas les seuls : Bazire, Reverdy etZamanski avaient ainsi plaidé, en 1899, lors du procès des Assomptionnistes,prélude à l'expulsion de 1901. Face aux expulsions, en effet, l'attitude del'ACJF était claire : Albert de Mun avait en effet préconisé la sympathie auxreligieux expulsés, la résistance passive, mais rien qui puisse être provocationà l'égard de la police. C'est devant les tribunaux que l'ACJF chercherait àfaire valoir les droits des religieux152.

En novembre 1903, une séance, animée par Alexandre Célier, futainsi consacrée à la question153. L'exposé s'intitulait « Concordat ouSéparation, en matière de régime des cultes », et de nombreux anciens de laConférence y participaient, notamment M. Taudière, professeur à l'IC,Joseph Ribault, Henri Aubrun et Henri Bazire, qui plaidait à l'époque dansl'Affaire des fiches154.

En fait, le débat fut animé. Certes, la majorité des participants, et leConférencier, étaient plutôt portés vers la conservation du Concordat : "Laraison, l'amour de la paix religieuse, la conscience des nécessitésmatérielles du culte, écrit le rapporteur, [les] éloignaient encore dessolutions absolues". Plusieurs, cependant, inclinaient plutôt vers laséparation : certains parce qu'ils redoutaient la persécution actuelle, "faitesous couvert de la légalité", d'autres, comme Pierre Vimal, par fidélité auxprincipes libéraux, d'autres encore, comme MM. Kéraly et Hudault, dansl'espoir d'une renaissance catholique. Seul Pierre Hans osa invoquer lalogique d'une telle séparation, affirmant que l'Eglise et l'État sont deuxpouvoirs indépendants. Ce que beaucoup contestèrent vivement.

L'opposition aux Inventaires

Après la séparation, beaucoup de membres de la Conférence ontdécidé de résister ouvertement, en particulier lors des inventaires. Ainsi, lorsde l'assemblée générale de février 1906, les rangs des participants étaient

152 MOLETTE, Op. cit., pp. 308-309.153 Pierre de Bricourt, "Rapport sur les travaux de l'année 1903-1904", Séance solennelle de clôture,1903-1904. Paris : Leroy, 1904, pp. 22-23.154 Assemblée générale 1905. Paris : J. Dumoulin, 1905, p. 30.

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particulièrement clairsemés, un bon nombre d'anciens - conseillersmunicipaux - ayant préféré rester chez eux pour veiller aux intérêts de leurparoisse rurale. Dans son allocution, Bricourt salua les présents et lesabsents, "ceux-là surtout qui étaient sous les verrous pour avoir écouté lavoie de l'honneur et de leur foi155".

Car on dénombrait plusieurs Olivaints condamnés à de la prison fermepour s'être opposés à l'inventaire de leur paroisse : Louis Éblé, ClaudeCouprie, Henri Marty et René d'Aubeigné, respectivement à huit jours,quinze jours, deux mois et quatre mois d'emprisonnement156. RenéD'Aubeigné, le plus sévèrement condamné, a été blessé puis arrêté devantles portes de Saint-Thomas d'Aquin, qu'il défendait sous les ordres dugénéral Récamier, représentant du duc D'Orléans. "La Conférence, écrivitPierre Gerlier, leur est reconnaissante du généreux exemple que, trèssimplement, ils ont donné en cette circonstance157". Ils rejoignaient la listedes « martyrs » de la Conférence, comme Maurice de Gailhard-Bancelarrêté en mai 1903 pour avoir crié "Vive la liberté" au cours d'unemanifestation en faveur des Capucins condamnés par le tribunal, ou encoreJoseph Zamanski, blessé à Notre-Dame-de-Plaisance158.

Pour la première fois, des membres de la Conférence Olivaint, enordre dispersé, faisaient publiquement acte d'opposition à la politique dugouvernement républicain.

Une "école normale de jeunes militants"

Il est certain qu'au-delà de ces quelques engagements individuels, quine reflètent vraisemblablement pas le comportement de l'ensemble desmembres, les responsables de la Conférence ont adopté pendant toute cettepériode un discours particulièrement offensif. Ainsi Pierre de Bricourtdéclarait-il, par exemple, lors de la clôture des travaux de l'année 1905-1906:

Ils (les Olivaints) ont fait leur cette pensée d'Ollé-Laprune : "La vie ne trompe que

ceux qui n'attendent pas assez d'elle" ; et se souvenant que déjà leurs anciens ont

illustré ces méthodes, volontiers, au frontispice de leur conférence ils écriraient :

155 Assemblée générale 1906. Paris : Leroy, 1906, pp. 8-20.156 Pierre Gerlier, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1906, op. cit., p.22.157 Ibid.158 Alexandre BROU, op. cit., p. 328.

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« École normale de jeunes militants ». (...) On les arrête, on les condamne, et leur

audace tranquille, leur gaieté persistante stupéfient les persécuteurs159.

Plus que jamais, il est alors question de l'Olivaint comme d'un bastiondu catholicisme, une « place d'arme », destinée à "grossir les rangs del'armée catholique160", une armée aux ordres des autorités pontificales etecclésiales, comme l'indique par exemple Henri Bazire dans un exposé sur"la discipline de la jeunesse catholique", lorsqu'il prône une "soumissionabsolue à toutes les décisions du Pape" et une "entente complète avec lecuré et l'évêque161".

En ce Directeur de la Conférence, le RP Paul Aucler, l'une des rarestraces de ses interventions donne une idée de son ton vindicatif :

C'est une sonnerie de clairon (...) : celle du branle-bas. Oui, quelles que doivent

être les décisions de nos chefs, il faut nous préparer à la lutte : nous ne pouvons

l'éviter. Eh bien ! tant mieux pour l'Eglise ! Elle préfère à une paix menteuse la

guerre déclarée. Tant mieux aussi pour la France, que l'Eglise aime et que trompent

leurs ennemis communs. Il faut qu'elle voie clair, et elle ne peut se régénérer que

par le sacrifice162.

Cet appel ressemble fort à une sonnerie de clairon. Sonintransigeance, cela dit, rejoignait tout à fait celle de nombreux catholiquesproches de la Congrégation de la rue de Sèvres, notamment Émile Ollivierqui, lors de la séance de clôture de la Conférence Olivaint, en juin 1907,déclara :

Vous devez demeurer dans vos églises jusqu'à ce que la main du gendarme vous ait

pris au collet et vous en ait chassés. C'est le devoir, c'est l'honneur, et il n'y a pas

de péril163.

La portée du Ralliement fut donc sensiblement atténuée par lescontrecoups de l'Affaire Dreyfus, et par l'ampleur nouvelle de la questionreligieuse au début du siècle. L'heure était à la défense religieuse. Nul douteque la génération d'Olivaints de 1900-1905 ait été durablement affectée par

159 Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op. cit., pp. 3-17.160 Ibid.161 Pierre Lefébure, "rapport sur les activités de l'année", Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op.cit., pp. 19-43.162 Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op. cit., p. 46.163 Cité par Alexandre BROU, op. cit., p. 77.

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ces débats. Contrairement à ses devancières, elle nourrissait cependant moinsde rancœur que de désirs de changer les choses : engagée sur le terrainsocial, la nouvelle génération de catholiques sociaux s'engageait, avecl'ambition de changer la société, non plus de la combattre.

Vers un renouveau catholique ?

Le Père Aucler souligna, en février 1907, l'importance de cetterésistance des premiers mois de l'année 1906 dans le renouveau ducatholicisme français, à la suite de l'encyclique Vehementer du 17 février1906 :

On n'a pas assez remarqué, derrière l'échec matériel facile à prédire en face d'un

pouvoir disposant de la force armée, le triomphe moral d'une conviction qu'on

croyait morte et qui s'affirme excellemment vivante164.

Car, ce que retient le RP Aucler de la séparation, c'est, en effet, avanttout l'indépendance retrouvée du pouvoir religieux, car, pour la premièrefois depuis près de quatorze siècles, quatorze évêques français furentnommés sans l'intervention du pouvoir civil : "Enfin, conclut-il, l'Eglisereprend, pour le choix de ses chefs, l'intégrité de ses droits165".

C'est que le Père Aucler, qui s'exprimait régulièrement dans LesÉtudes sur cette question, faisait acte d'une fidélité sans faille au Pape Pie X,se prononçant en particulier contre le principe des associations cultuellesmises en place par Briand pour gérer les Églises :

Nous évincer de nos églises, écrit-il, ce serait nous résigner à l'extinction

progressive de la foi catholique dans le peuple de France166.

Aux yeux de l'épiscopat, en effet, la création des associations cultuellesreprésentait un danger, car, si plusieurs associations revendiquaient l'usagedu même bâtiment - il revenait au tribunal civil apprécie l'associationlégitime. D'où, la crainte d'un schisme, encouragé par le pouvoir civil. Les

164 Déclaration du 1er février 1907. Cité par Alexandre BROU, op. cit. p. 64165 Ibid.166 "La paix ou la guerre ?", Les Études, 20 octobre et 5 novembre 1906, Cité par Alexandre BROU, op.cit., p. 76.

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associations cultuelles furent donc condamnées par le Pape dans sonencyclique Gravissimo du 10 août 1906.

Essor de la vie spirituelle à l'Olivaint ?

Les luttes pour la défense religieuse et la Séparation ont-elles pourautant entraîné au sein de la Conférence un regain de vie religieuse ? Il estdifficile de l'affirmer. Cela dit, le rapporteur de l'Assemblée générale de1909, Léonce Célier, note que les exercices de piété individuels et la viereligieuse collective étaient en progrès constant depuis quelques années167. Ilrelève ainsi que certains membres sont allés passer une nuit à Notre-Dameou à Montmartre. Il se serait même trouvé quelques membres motivés etméritants, qui, empêchés de participer aux séances du mercredi, seraientvenus assidûment aux messes du dimanche bimensuelles ! Sans parler desappelés qui auraient consacré, à en croire le rapporteur, une bonne partie deleurs permissions à des actes de piété, "parce qu'il s'agit de la ConférenceOlivaint, pour laquelle on ne s'aperçoit jamais que l'on fait dessacrifices168".

En dehors de ces cas plutôt anecdotiques, il convient de noterl'importance que revêtaient alors dans la vie spirituelle de l'association lesretraites fermées de trois jours, à la fois moment de réflexion et occasionpour les jeunes congréganistes de resserrer entre eux les liens d'amitié et decamaraderie. Curieusement, ces retraites semblent avoir été parmi les raresactivités de la Congrégation dont la police et la justice avaient connaissance.En 1907, la Conférence Olivaint fut chassée par décision de justice de sonlieu de retraite d'alors, la villa Manrese à Clamart169.

Aussitôt, les congréganistes furent recueillis à Montsoult par l'abbéRoland-Gosselin170. La solidarité, dans le milieu catholique, était décidémentun obstacle de taille aux décisions de justice. À partir de 1909, et jusqu'à laveille de la Seconde Guerre mondiale, c'est à Mours, que la Compagnie deJésus organisait les retraites de ses oeuvres, sous l'étroite surveillance de lapolice, comme l'indique une note du directeur de la sûreté générale :

167 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 23.168 Ibid.169 Assemblée générale 1908. Paris : Quelquejeu, 1908, p. 23.170 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 27.

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Ils (les Jésuites) ont à Mours la disposition d'un vaste bâtiment édifié spécialement

pour être utilisé comme maison de retraites. De nombreux prospectus nous

apprennent qu'on y donne des retraites fermées suivant les exercices de Saint-

Ignace171.

Mais il semble que la Conférence Olivaint n'y fut jamais inquiétée.

171 Note du 14 janvier 1911. AN, F7 12393 C.

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Chapitre III : Une nouvelle génération de Catholiques sociaux.

De la défense religieuse, la Conférence Olivaint est doncprogressivement à l'offensive, c’est-à-dire l'action sociale et l'action politique.

DEVELOPPEMENT DE L'ACTION SOCIALE

Si l'Olivaint s'est très tôt tournée vers l'action sociale, parl'intermédiaire notamment des Cercles catholiques d'ouvriers, celle-ci était lefait d'une minorité, et la tradition les poussait plutôt vers l'action charitable(on dirait aujourd'hui caritative), par le biais de la Conférence Saint Vincentde Paul qui existait au sein de la Congrégation.

Après son adhésion à l'ACJF, dans le prolongement de l'esprit del'encyclique Rerum novarum, l'action sociale s'est nettement développée,jusqu'à prendre une place essentielle au début du XXe siècle.

Sociaux parce que catholiques

La Conférence Olivaint, soucieuse d’œuvrer à l'instaurationd'un « ordre social chrétien » a faite sienne la devise qu'Henri Bazire avaitdonnée à l'ACJF, « Sociaux, parce que catholiques » : "Social parce quecatholique", telle est la devise de quiconque travaille à faire rentrer dansl'organisation de notre société les principes de l'Évangile et de l'Eglise",déclara ainsi le RP Aucler172.

Il faut dire qu'une grande proximité existait tout naturellement entreles deux associations. La première devise de l'ACJF, « Piété, étude, action »reflétait tout à fait les préoccupations de la Conférence Olivaint, si ce n'estque, très longtemps, l'action s'est réduite à l'action charitable. La devise del'Olivaint, « Fortes in fide, diligatis invicem », est, en effet relativementambivalente. On peut, en se fondant littéralement sur Pline le Jeune, latraduire par « Forts dans votre foi, aimez-vous les uns-les-autres », mais iln'était pas rare qu'elle fut traduite par « Forts dans la foi, constants dans lacharité173 ».

172 Séance solennelle de clôture, 1909-1910. Blois : Grande imprimerie de Blois, 1910, pp. 34-37.173 Par exemple par le RP Corbillé, aumônier de l'ACJF.

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Ensuite, l'adhésion de la CO à la nouvelle devise de l'ACJF futd'autant plus aisée qu'elle n'était pas professée par quelqu'un d'étranger à laConférence. Henri Bazire, en effet, avant d'être élu président de l'ACJF, en1899, avait fait un passage remarqué à la Conférence Olivaint. Né en 1873,l'étudiant en droit, ancien élève du collège jésuite de Poitiers, s'était toutnaturellement tourné vers la Congrégation des jeunes gens lorsqu'il arriva àParis. Il fit son entrée à la Conférence dans le courant de l'année 1896 et futnommé secrétaire, puis devint premier vice-président de l'Olivaint en 1897,l'année même où il devenait premier vice-président de l'ACJF. Il n'estd'ailleurs pas impossible, au vu de ce que l'on sait de la création de l'ACJF,que cette dernière vice-présidence fut la conséquence de la première. Éluprésident de la Conférence Olivaint en 1898, il y présentait en décembre unexposé sur « L'initiative de pensée et d'action chez les catholiques ». À la finde son mandat à la Conférence Olivaint, il fut élu président de l'ACJF.

L'emprise de l'Olivaint sur l'ACJF

À la tête de l'ACJF, Henri Bazire succédait à Henri Reverdy, issu del'Olivaint. Ses successeurs, Jean Lerolle et Pierre Gerlier, avaient eux aussifait leurs « classes » au sein de la Congrégation et de la Conférence. Lepremier y était entré en 1895 et ne s'y fit guère remarquer en dix ans deprésence à la Congrégation. Quant à Pierre Gerlier, il faut bien convenir quele futur primat des Gaules était un pur produit de la Congrégation et del'Olivaint : entré à la Conférence en 1900, il en devint vice-président en 1902avant d'être élu président en 1903. C'est en 1909 qu'il devint président del'ACJF ; il le resta sept ans. En 1907, il s'était inscrit au barreau de Paris etdevint, en 1911, secrétaire de la Conférence du stage des avocats.Catholique social fervent, il consacra sa thèse de doctorat aux « Stipulationsusuraires dans le contrat de travail ». Le congrès de l'ACJF de Lyon de1912, axé sur l'organisation professionnelle et les retraites ouvrières, fut sonoeuvre. C'est en 1913, après un pèlerinage de l'ACJF à Rome, qu'il entra auséminaire d'Issy-les-Moulineaux. Le 8 décembre 1913, il entrait au séminaireen compagnie d'un camarade connu à l'Olivaint, Maurice de Gailhard-Bancel.

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Ainsi, de 1893 à 1913, et sans interruption, l'ACJF fut dirigée pard'anciens membres de la Conférence Olivaint174. C'est dire à la fois l'emprisede la Congrégation sur l'Association créée par Albert de Mun et l'attraitcroissant des Olivaints pour cette association.

Certainement la proximité géographique entre les sièges des deuxassociations a-t-elle favorisé aussi les liens entre les deux associations à partirde 1901 - du 12 au 14 de la rue d'Assas, il n'y a que quelques pas à franchir.Toujours est-il qu'à ce moment, les membres de la Conférence Olivaintfurent de plus en plus présents à tous les degrés de l'organisation catholique.Ainsi, par exemple, le rédacteur de la revue Les annales de la Jeunessecatholique, Maurice Éblé, était-il l'un des vice-présidents de la CO. Etlorsque le comité général de l'ACJF résolut en 1902 de créer pour Paris etles départements limitrophes un comité régional, c'est au 12 de la rued'Assas que furent recrutés ses animateurs : François Hébrard et VictorBettencourt.

À cette époque, la Conférence Olivaint était de tous les congrès,notamment, celui de Chalon en 1903 où Zamanski présenta un rapport surle Contrat collectif de travail175, ou encore celui d'Albi, en 1905, sur les «conditions du travail de la jeunesse ouvrière, commerçante et agricole », quel'Olivaint prépara soigneusement : dans les patronages, Olivaints et jeunesapprentis ont préparé les réponses aux questionnaires dressés par l'ACJF.Parmi les délégués de l'Olivaint à ce congrès, on retrouve de nombreuxOlivaints : Pierre Gerlier, Victor Bettencourt, ou encore Georges Piot, alorsvice-président de l'ACJF et enfin Alexandre Célier, qui fut le rapporteur destravaux de la Conférence au congrès. En 1908, pour le congrès d'Angers, laConférence Olivaint délégua plusieurs des siens, notamment des anciens :Bazire, Zamanski, Gerlier, de Bricourt, et Maurice de Gailhard-Bancel.Régulièrement, enfin, la Conférence consacrait les travaux de l'un de sescercles d'étude au sujet même du congrès de l'ACJF. La CO agissait ainsicomme un cercle de réflexion pour l'ACJF : elle a donc nourri l'orientationsociale de l'ACJF, au moins autant qu'elle s'en est inspirée.

174 La liste des présidents de l'ACJF est publiée en annexe.175 Charles MOLETTE, op. cit., p. 351.

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Une nouvelle génération ?

Il serait excessif, cependant, de porter un jugement sur l'ensemble dela Conférence à partir du comportement de quelques-uns. Certes, le RPAucler lui-même encourageait les Olivaints à s'engager au sein de l'ACJF ;cela dit, cet engagement était avant tout le fait d'une fraction - certes assezlarge - de la Conférence, révélatrice d'une évolution des mentalités au seinde la Conférence et de l'apparition d'une nouvelle génération, certesmarquée par la défense religieuse, mais avant tout soucieuse d'action sociale.

Pierre Gerlier représente très bien cette génération. En 1903, parexemple, il envisagea, dans le rapport annuel de la Conférence, l'instaurationen France d'un régime de syndicat obligatoire. À plusieurs reprises, par lasuite, il eut l'occasion d'avancer cette idée176. Cela dit, il serait faux d'y voirl'expression d'un quelconque progressisme : ces avancées socialess'inscrivaient, dans l'esprit de Pierre Gerlier comme dans celui de sescondisciples, dans une société hiérarchisée. L'évocation de la défensereligieuse qu'il fit, lors de la séance du 16 juin 1903, atteste la propension desjeunes catholiques de sa génération à dépasser la modernité, en l'utilisant,plutôt qu'à la combattre :

La lutte va se prolonger sans doute. Forts de nos "raisons de croire" et de tant de

"motifs d'espérer" nous ne craignons point. Mais si, pour ébranler notre énergie,

pour décourager notre action, on s'efforce, au nom des doctrines modernes, de jeter

le désarroi dans nos esprits, nous tournerons nos regards vers ceux qui (...) bien

loin de nous apprendre à les craindre, nous enseignent aujourd'hui la manière de les

"utiliser".177

De même, au cours du débat qui suivit en mai 1906, l'exposé deClaude Couprie sur "la liberté du travail en temps de grève", il défenditcertes avec conviction le droit de grève, mais subordonna ce dernier au"droit qu'a la collectivité d'imposer sa volonté aux dissidents, quandl'intérêt général est en cause", et conclut en émettant le souhait que les

176 Notamment dans son exposé sur "Les catholiques et le mouvement syndical". Séance solennelle declôture, 1904-1905. Paris : J. Dumoulin, 1905, pp. 21-41.177 Séance solennelle de clôture, 1902-1903. Paris : Quelquejeu, 1904, pp. 11-33.

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"bons ouvriers, envahissant les syndicats, y fassent régner à l'avenir leursagesse et leur honnêteté178".

DE L'APOSTOLAT A L'ACTION POLITIQUE

En somme, la Conférence Olivaint, en même temps que l'ACJF,prenait progressivement conscience du laïcat catholique et le mettait enoeuvre.

L'action "religieuse et sociale"

À la demande du clergé, la Conférence a entrepris, en 1904, en liaisonavec le comité régional de l'ACJF, une oeuvre d'apostolat dans les cabaretsdu quartier de Plaisance. On s'en doute bien, l'évangélisation d'ouvriers dansdes cabarets n'était guère chose aisée, surtout pour des jeunes gens de bonnefamille, qui avaient pour Tâche de convaincre un auditoire souvent venu àleurs réunions par curiosité, de la nécessité du salut, de la divinité du Christ,ou encore de la croyance due aux Évangiles :

"Si nous avons toujours la joie d'y trouver devant nous, dans l'atmosphère

enfumée, un auditoire nombreux et qu'intéressent vivement les questions

religieuses, c'est avec la perspective d'affronter les négations les plus radicales sur

les lèvres de gens qui, fort étrangers, sans doute, au dogme catholique, n'en sont

pas moins avertis des difficultés les plus graves et des objections les plus

troublantes179.

Sans doute la difficulté de cet apostolat des faubourgs a-t-elle rendunécessaire, aux yeux des Pères, une fortification des connaissancesreligieuses. C'est pourquoi un court entretien doctrinal a été institué, chaquesemaine, avant la Conférence du mercredi180.

Cela dit, l'apostolat ne se résumait point aux cabarets ; outre lescampagnes de banlieue, c'est avant tout dans les patronages paroissiaux,notamment à Auteuil, aux Lilas, à Montmartre, à Montrouge ou au Gros-

178 Pierre Lefébure, "Rapport sur les activités de l'année", Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op.cit., pp. 17-43.179 Pierre de Bricourt, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1905, op. cit.,p. 26.180 Ibid., p. 22.

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Caillou, que les membres de la Conférence Olivaint, en petit groupe,exerçaient leurs talents :

Là, écrit Pierre de Bricourt, sans autre ambition que d'aider sur place le clergé

paroissial, nous sentons la joie de porter fraternellement vers notre Seigneur Jésus-

Christ l'âme des apprentis et des jeunes ouvriers ; nous cherchons à neutraliser chez

les enfants de l'école laïque les funestes effets de cette morale à rebours

qu'enseignent les Payot et les Buisson ; nous essayons de leur inculquer, plus

encore par les faits que par la parole, la primauté des devoirs envers Dieu181.

En 1909, les Olivaints apportaient au total leur concours à 17patronages en région parisienne182.

Contre l' « école officielle »

Pour une bonne part, l'apostolat dans les patronages visait à ainsi àcombattre les effets de l'enseignement laïque. À de nombreuses reprises,celui-ci était vilipendé au cours des séances du mercredi. Dans un exposé dejanvier 1906, Robert Facque critiqua ainsi la philosophie de l'école laïquequi, à ses yeux, semble avoir longtemps consisté à combattre le catholicisme.Il appela donc ses condisciples à contrer l'action des instituteurs183.

Les « hussards noirs de la République » comptaient parmi lesprincipales bêtes noires des jeunes gens de bonne famille de l'Olivaint. Ainsila discussion qui suivit l'exposé de Pierre Le Cointe sur les lois Doumerguede 1908 sur les instituteurs a-t-elle vu par exemple un vif débat : "Il n'estpas jusqu'à monsieur de Chalendar, rapporte Henri Cauvière, qui ne sedépartit de son calme habituel pour demander la création d'une « sociétédes gourdins réunis » dont les membres exerceraient la vigueur de leursmuscles sur le dos des mauvais instituteurs184".

La Conférence Olivaint formait donc ses propres Hussards - desHussards blancs - qui allaient porter la « bonne parole » aux quatre coins deParis et de sa banlieue.

181 Ibid., pp. 23-24.182 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 26 n.183 Pierre Lefébure, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op.cit., p. 23.184 Séance solennelle de clôture, 1908-1909. Blois : Grande imprimerie de Blois, 1909, pp. 14-39.

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Une société sans classes

Cela dit cette entreprise avait d'autres buts que moraux. Ainsi Pierrede Bricourt, président en 1905-1906, n'hésitait-il pas à évoquer laperspective d'une société sans classes :

Au sortir de nos Facultés, de nos études ou de nos bureaux, nous trouvons dans ce

rapprochement avec ceux qui viennent de l'atelier la dilatante fraternité du

catholicisme. Et dans un temps où l'on prêche la haine des classes ou le nivellement

destructeur, nous espérons préparer cette entente des classes qui, les harmonisant

sans les supprimer, reste l'idéal d'une société chrétienne185.

On retrouve bien dans ces lignes le conservatisme, sinonl'organicisme, qui caractérise depuis sa fondation l'esprit de la Conférence.

Cela dit, si les activités de la Conférence sont, on peut le dire, semi-clandestines, il n'en va pas de même de l'apostolat, puisque l'un des soucisdes membres les plus actifs de la Conférence est d'organiser, en banlieueparisienne, de grands "congrès-pélerinage", en liaison avec l'ACJF. AinsiVictor Bettencourt a-t-il organisé en 1904 à Longpont un pèlerinage d'unmillier de jeunes gens186. Cet apostolat, "l'action religieuse et sociale",comme certains membres l'appellent parfois, s'est trouvée encouragée àl'automne 1908 par la création de conférences d'action : à cette date, chaqueséance du mercredi fut précédée non plus d'un entretien doctrinal maisd'une causerie sur les oeuvres. Le but, semble-t-il, était autant de faireprendre conscience aux membres de la Conférence de cette action que dedévelopper ou susciter des initiatives. Ainsi, a-t-on fait à plusieurs reprisesappel aux anciens : François Hébrard, a évoqué les qualités requises pourêtre un bon confrère de patronage, tandis que Pierre de Bricourt détaillait lesformes que prenait la participation de la Conférence à l'ACJF.

185 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 26 n.186 Ibid., p. 28.

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Appui apporté à la Fédération électorale

Cela dit, l'évolution qui a amené la Conférence Olivaint à s'engager demanière visible sur le terrain social la conduisit en même temps, de manièreplus mesurée, sur le terrain politique.

En effet, à partir de 1897, en se voulant essentiellement catholique, etmême militante, l'ACJF était décidée à se porter sur tous les terrains, "ycompris le terrain électoral187". De fait, l'ACJF apporta très vite son soutienà la « Fédération électorale » catholique constituée par les députés JacquesPiou et Étienne Lamy en vue des élections de 1898.

L'Action libérale populaire

Si la politique est bannie des discussions du mercredi, et si les deuxprincipaux principes directeurs de l'Olivaint sont la "foi intégrale" et la"soumission intégrale au gouvernement du Pontife Romain188", laConférence laisse à ses membres, au-dehors, la pleine liberté de leursopinions personnelles. Lors de l'Assemblée générale de 1905, il fut faitréférence à la présence, au sein de l'Action libérale populaire (ALP), et aunombre important de modestes collaborateurs que ce parti trouvait parmi lesjeunes gens de la Conférence189. De 1901 à 1909, en effet, l'Olivaint, commel'ACJF, a soutenu ce parti catholique rallié, créé par Jacques Piou :

L'ACJF en tant qu'association ne fait pas de politique, indiqua Henri Bazire lors

du congrès de Besançon en 1903, mais exhorte ses membres "à prendre part à toute

action civique pour la défense des intérêts religieux et sociaux du pays ; en

conséquence, elle recommande à ses membres d'aider autant que possible

individuellement l'Action libérale populaire190

Un parfait symbole de ces liens entre l'ACJF, l'Olivaint et l'ALP, futl'élection, sous l'étiquette de l'Action libérale populaire de Jean Lerolle ausiège de député du VIIe arrondissement en 1912. Paradoxalement, l'appui del'Olivaint à l'Action libérale populaire semble même avoir été plus importantque celui qu'elle pouvait apporter à l'Action populaire des Jésuites. Seule

187 Résolution du Conseil fédéral de l'ACJF citée par Charles MOLETTE, op. cit., p. 231.188 Assemblée générale 1905 , op. cit., p. 29.189 Ibid.190 Charles Molette, op. cit., p. 355.

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exception notable, en effet, la participation à cette dernière de JosephZamanski, qui devint en 1909 codirecteur du Mouvement social, la revue del'Action populaire191.

Il convient, cependant, de ne pas exagérer l'ampleur de l'appui del'Olivaint à ces groupements. Certes, des liens existaient, et desencouragements étaient donnés de part et d'autres. On peut imaginer que lePère directeur de l'Olivaint ait, individuellement, encouragé tel ou telmembre à rejoindre telle ou telle organisation. Cela dit, la politique étantexclue des débats du mercredi, et la Conférence Olivaint se concevant endehors, voire au-delà des partis, ce n'est pas là que résidait l'apport principalde la Conférence Olivaint à la vie publique et aux organisations ou partispolitiques proches des Catholiques, mais bien plus dans la constitution d'unvaste réseau d'anciens.

191 Séance solennelle de clôture, 1909-1910, op. cit., p. 28.

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Chapitre IV : Le développement d'un réseau d'anciens

Le recrutement serré de la Conférence, sa direction jésuite, son soucide former des hommes au service de l'Eglise dans les combats du siècle, fontde celle-ci un cercle élitiste. "Former des élites, former des chefs", tel est lebut de l'Olivaint défini à la veille de la Guerre par l'un de ses responsables :"Notre génération, ajoute celui-ci, a horreur de l'idéologie, elle sepassionne pour la réalité, elle est toute tournée vers l'action192."

Cette orientation de la Conférence a certes toujours été affirmée ; elleest, cela dit, plus souvent affirmée au début du XXe siècle, peut être parceque les élites catholiques se sentaient alors menacées par la laïcisation et, enparticulier, le développement de l'enseignement supérieur public :"devenirune élite, mériter de nouveau ce titre de classes dirigeantes qui n'est plusaujourd'hui qu'une amère ironie, n'est-ce pas le devoir essentiel desétudiants catholiques ?", déclarait un autre responsable de la Conférence en1913193.

Après la première expulsion de l'Olivaint, en 1880, le recrutement,jusqu'alors limité aux collèges jésuites et à quelques autres collèges, s'est, parla force des choses, ouvert à l'Institut catholique, où se côtoyaient descatholiques de diverses origines, puis à l'Ecole libre des Sciences politiques.L'origine aisée des membres de la Conférence ne s'est pas pour autantdémentie : si, géographiquement, le recrutement s'est diversifié, sur le plansocial, ce sont toujours les couches les plus aisées de la population que l'onretrouve à la Conférence Olivaint. En cela, la Conférence Olivaint apparaîtcomme un cercle de fils de notables catholiques, appelés à devenir à leurtour des notables.

L'OLIVAINT DEVELOPPE SON RESEAU D'ANCIENS

Lorsque la question de la Séparation s'est posée, la ConférenceOlivaint, contrairement à d'autres associations - et bien plus que l'ACJF,encore très jeune - pouvait compter sur ses anciens. Les premièresgénérations d'Olivaint étaient, en effet, arrivées à maturité au tournant dusiècle, et beaucoup se sont investis, conformément à leurs engagements dejeunesse, dans les combats pour l'Eglise.

192 Emmanuel Callon, vice-président de l'Olivaint, "Rapport sur les travaux de l'année", Séancesolennelle de clôture, 1913-1914. Paris : Leroy, 1914, p. 9-15.193 André de Chalendar, vice-président, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle declôture, 1912-1913. Paris : Autun : Dernot, 1913, p. 13.

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Séparation de l'Olivaint et de Laënnec

À cette époque, la Conférence Olivaint prenait véritablement sonessor en se séparant de sa sœur jumelle, la Conférence Laënnec. La COavait pris tellement d'ampleur qu'elle en venait même à se confondre avec laCongrégation dont elle émanait : beaucoup désignaient par l'Olivaintl'ensemble de la Congrégation, ce dont les Pères se plaignaient, craignant,comme en 1896 le Père de Salinis, que cela contribue à "faire oublierl’œuvre principale194".

La Conférence Laënnec, à l'origine, n'était pour ainsi dire qu'un sous-groupe de la Conférence Olivaint réservé aux seuls étudiants en médecine,au sein de la Congrégation. Mais Laënnec se développant dans desproportions considérables, elle eut bientôt son existence propre et sesséances particulières. La différence de leurs préoccupations, la complexitédes études médicales, avaient, il est vrai, rendu de plus en plus difficile lecontact entre les deux conférences. Chacune avait son bureau, destiné àpréparer les séances, mais à leur organisation religieuse présidait un conseilunique, dont l'unité était devenue de plus en plus artificielle. Aussi le Conseildécida-t-il finalement d'adapter les structures de la Congrégation à ce nouvelétat de fait. La séparation fut achevée en 1907.

De manière symptomatique, c'est des traditions de l'antiqueCongrégation - celle du début du XIXe siècle, que le conseil s'est inspiré, endécidant qu'à l'avenir, le président de la Congrégation serait le préfet (c’est-à-dire le directeur) de la Conférence Olivaint, et son vice-président, celui dela Conférence Laënnec.

Les effectifs de la Conférence Olivaint

Cette séparation avait aussi pour origine l'important développementde chacune des conférences. En l'espèce, il n'existe pas de statistiquesprécises, mais tout semble indiquer que leurs effectifs ont connu importantecroissance. À la veille de la Guerre, la Conférence Olivaint comptait ainsiplus de 250 membres.

En fait, sur une longue période, le nombre moyen d'inscrits à laConférence Olivaint devait dépasser largement la centaine, avec, chaqueannée, un important renouvellement. En quarante ans, plusieurs milliers 194 RP Albert de Salinis, s.j., Historique manuscrit, non paginé, rédigé en 1896. Archives jésuites de laProvince de Paris, I PA 735/2.

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d'étudiants, peut-être trois à quatre mille, ont fréquenté la ConférenceOlivaint. Tous, cela dit, ne s'y sont pas investis, mais si l'on prend en comptele nombre de conférenciers (450 sur la période), et les membres investisdans un bureau (plus de 150), ce sont plusieurs centaines d'étudiants (unedizaine par an, en moyenne), qui ont été marqués par leur passage à laConférence Olivaint.

Cercle élitiste, l'Olivaint était en même temps, à l'image du milieud'origine de ses membres, relativement dynastique. On trouve ainsi desfamilles entières dans les listes de membres : la famille Lauras a ainsi donné àla Congrégation l'un de ses fondateurs et deux de ses préfets, avant dedonner à la Conférence un président et un autre au moins de ses membres.La famille Célier, elle aussi, fut très bien représentée à la Conférence Olivaint(présente de 1901 à 1940, avec au moins cinq représentants), tout commeles Béchaux, les Lamarzelle, les Rincquessen, les Rotours, ou les Veuillot. Ensomme, la reproduction des élites trouvait à l'Olivaint une parfaiteexpression, et l'on était souvent Olivaint de père en fils.

L'apparition des banquets annuels

Cette séparation fut d'autant plus déterminante pour la ConférenceOlivaint, que celle-ci tendait alors à s'affirmer comme une entité autonomeau sein de la Réunion des jeunes gens, notamment par la création desbanquets annuels unissant jeunes et anciens.

Certes, le fil n'était jamais que rarement coupé entre les ancienscongréganistes et leur association d'origine. Il n'était pas rare qu'après cinqans, parfois plus, à l'Olivaint, des anciens manifestent leur présence auxséances solennelles de clôture. Henri de Gaulle, par exemple, y fut l'un desplus assidus. En outre, à deux reprises, la Réunion des jeunes gens organisades cérémonies réunissant les jeunes et les anciens, la première en 1898 pourcommémorer le 25e anniversaire de la mort du Père Olivaint, la seconde en1900 pour célébrer le 25e anniversaire de la fondation de la ConférenceOlivaint.

Mais cela ne suffisait guère, aux yeux du Père directeur. Fort de cesdeux dernières expériences, le RP Aucler décida en effet en 1904d'organiser un banquet annuel regroupant les jeunes et les anciens. L'objectifétait double : naturellement, il s'agissait de renforcer les liens d'amitiés et defortifier le réseau d'entraide, mais il s'agissait aussi d'appeler les anciens àcontribution pour financer la location de l'immeuble de la rue d'Assas.

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La mémoire de l'Olivaint

Enfin, ces réunions avaient la vertu de faire prendre conscience auxjeunes générations de l'héritage dont elles avaient la charge. La mémoire duPère Olivaint savamment entretenue maintenait la Conférence dans uneatmosphère de combat. Chaque banquet annuel était-il présidé par un ancien: le premier banquet, en 1905, fut présidé par Gustave de Lamarzelle ; luisuccédèrent Auguste Béchaux, Maurice Roger, Raymond Salleilles, PaulJosseau, Polyeucte Berlier de Vauplane et Lucien Normand. Après la lecturedu rapport sur la vie et l'action de la Conférence, l'invité prenait la parole, leplus souvent pour évoquer ses souvenirs et insister sur la conservation destraditions, comme le fit Maurice Roger en 1908 :

J'ai pu, en pénétrant hier au 12 de la rue d'Assas (...) me convaincre par un

témoignage bien autorisé que rien n'était changé non plus, ni dans vos fidélités ni

dans vos dévouements. Oui, à une époque plus lamentable et plus difficile que celle

de notre jeunesse à nous, - non pas parce que l'ennemi est plus redoutable et plus

puissant, mais parce qu'on y rencontre davantage le scandale des défaillances, le

piège des compromissions, l'hypocrisie des patiences et des ménagements, - vous

n'avez rien laissé péricliter ni se perdre du patrimoine de principes qui vous a été

légué.

Vous avez su conserver la noblesse de l'âme, vous vous défendez avec une belle

intransigeance des intrigues de l'arrivisme et du culte du succès, et vous arborez

sans peur l'opposition irréductible aux entreprises de la secte, la sereine et

implacable défense des droits de Dieu et de la France catholique, - que vous portez

bien haut, comme un panache immaculé d'honneur195.

LES GRANDES FIGURES DES ANCIENS

Parmi les anciens cités, et parmi ceux qui assistèrent à ces premièresassemblées générales, se trouvaient un certain nombre de "grandes figuresde l'Olivaint", que les Pères jésuites invitèrent d'autant plus volontiers àprésider ou à participer au banquet annuel qu'ils représentaient, à leurs yeux,un exemple pour les jeunes générations.

195 Assemblée générale 1908, op. cit., pp. 32-33.

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Gustave de Lamarzelle, "un Croisé toujours en armes".

Gustave de Lamarzelle196, fut certainement le plus fidèle soutien de laConférence Olivaint pendant une très longue période. Ce Breton, né àVannes en 1852, fut préfet de la Congrégation de 1874 à 1876, président del'Olivaint en 1875-1876 et 1877-1878197. Dans ses conférences, il s'était alorsdistingué par sa fidélité envers l'Eglise : "il représentait l'Eglise, écrivitGeoffroy de Grandmaison au sujet d'un exposé sur la féodalité, trouvantdans les institutions du Moyen Age un instrument quelquefois indocilemais qui finit cependant pas se laisser vaincre pour obéir à la sagesse desa puissante impulsion." Cette fidélité à l'Eglise était avant tout une fidélitéau Pape Pie IX, dont, dans un second exposé, il avait évoqué lecomportement face à la Révolution italienne.

Gustave de Lamarzelle fut élu député en 1883. Avocat, excellentorateur, d'opinion ultra-conservatrice, ce professeur de droit international àl'Institut catholique, fut un boulangiste à tout crin, donnant l'assaut à chaquefois qu'il était question de la liberté de l'enseignement ou, plus tard, de laSéparation, dont il fut, au Sénat, l'un des adversaires les plus acharnés :

Rien n'est beau comme l'abnégation de celui qui lutte, disait-il lui-même, parce que

son devoir est de lutter, sans être soulevé par la joie de voir blanchir à l'horizon

l'aube de sa victoire. Qu'importe, pourvu qu'elle se lève sur nos successeurs et que

Dieu soit content de nous198.

Lamarzelle vint régulièrement s'entretenir devant la Conférence,jusqu'à sa mort, en 1929. Invité pour la première fois à une séance declôture de la Conférence au printemps 1887, il recommanda à sessuccesseurs de ne pas négliger leurs études :

196 Geoffroy de Grandmaison, "Note sur Gustave de Lamarzelle". Assemblée générale 1929. Bourges :A. Tardy, 1930, pp. 8-12. Les autres informations biographiques sont extraites du Dictionnaire desparlementaires français dirigé par Jean Jolly, publié aux Presses universitaires de France.197 Les règlements d'alors interdisaient la réélection du président à l'issue de son mandat. Il était possible,cependant, de se représenter après un an.198 Cité par Charles Geoffroy de Grandmaison, "Note sur Gustave de Lamarzelle", Assemblée générale1929., op. cit.

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C'est que vous êtes des catholiques et que par conséquent vous devez être les

premiers en tout et partout : de plus, sachez le bien, ces études, elles vous seront

nécessaires pour la lutte, tout aussi nécessaires que celles qui ont l'air de s'y

rattacher d'une façon plus directe et plus immédiate199.

Et le jeune député de leur recommander alors, pour mener toutesleurs activités de front, de se coucher tard et de se lever tôt, évoquant cemot de Voltaire qui, parlant de ses anciens maîtres Jésuites aurait dit :"Comment voulez-vous lutter avec des gens qui se lèvent à quatre heuresdu matin !200". Il les appela enfin à délivrer "la vraie, la seule France",opprimée201.

Il méritait, en somme, l'appellation de « croisé toujours en armes »qu'il reçut dans l'oraison funèbre qui fut prononcée lors de ses obsèques à lacathédrale de Vannes202. Pour plusieurs générations d'Olivaints, en tout cas,il représentait un exemple à suivre.

Jules Auffray, défenseur de l'Eglise

Il n'était pas le seul. Le premier président de la Conférence, JulesAuffray, illustrait aussi à merveille le parcours et les engagements d'unepartie des membres de la Conférence. Né lui aussi en 1852 à Paris, ce petit-fils du docteur Boulu, l'un des médecins de Napoléon III, avait fait debrillantes études au collège de Vaugirard. À 18 ans, il s'engagea dans unbataillon de mobiles et prit part à divers combats sous Paris. Démobilisé, ilcontinua ses études, entra à la Conférence Olivaint ainsi qu'à la ConférenceMolé. Il a alors laissé de son passage à la CO le souvenir d'un "grand cœur,beau talent, d'une éloquence un peu âpre mais chaleureuse à l'excès, serviepar une physionomie où tout respirait la poudre et la bataille203". Il devintensuite docteur ès lettres, avant d'être reçu premier au concours d'auditeurau Conseil d'État en 1878. Il démissionna en 1880, au moment de lapublication des décrets visant les Congrégations et se consacra alors à lapolitique et à la défense religieuse. Il dirigea notamment, pendant plusieursannées, le Journal de Saint-Germain, organe catholique et royaliste, danslequel il combattit la laïcisation et défendit la liberté de l'enseignement. Après

199 Séance solennelle de clôture, 1886-1887, op. cit., pp. 40-41.200 Ibid.201 Ibid., p. 42.202 Cité par Charles Geoffroy de Grandmaison, "Note sur Gustave de Lamarzelle", Assemblée générale1929., op. cit.203 Joseph PARENT DU CHATELET, Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 25.

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la mort du comte de Chambord, le 24 août 1883, il publia une brochure trèsremarquée pour engager les légitimistes à se rallier au comte de Paris. Par lasuite, il s'engagea avec ardeur dans le mouvement boulangiste puis dansl'antidreyfusisme. Lors de l'Affaire, en effet, il se signala au premier rang desdéfenseurs de l'état-major. Il fut élu député de Paris en 1902, face à Viviani,et s'inscrivit au groupe des Républicains nationalistes. En 1906, Viviani luireprit son siège. En 1914, ce patriote ardent tenta en vain d'être réintégrédans son grade de capitaine dont il avait été cassé par le général André sousle ministère Combes, mais il fonda et administra pendant la guerre l'hôpitalmilitaire de Saint-Pol. Il mourut le 7 avril 1916.

Charles Geoffroy de Grandmaison, l'historien de l'Olivaint

Troisième grand ancien de la Conférence, Charles Geoffroy deGrandmaison, né à Paris en 1858 est issu d'une grande famille de Charente.Il fit ses études au lycée Charlemagne, au collège Massillon et à l'Institutcatholique où il obtint une licence en droit. C'est à cette époque, en 1880,qu'il découvre la Conférence Olivaint et est mis en rapport avec Albert deMun dont il sera jusqu'à sa mort le secrétaire dévoué et son collaborateurdans toutes les oeuvres sociales et politiques. Il consacra ainsi une grandepartie de son temps aux cercles sociaux d'ouvriers et fonda pour eux avecquelques amis le journal La Corporation. Il rédigea aussi les chroniques deL'Association catholique et collabora à L'Univers où il écrivit à partir de1890 des études de critique historique. En 1914, il mit sur pied avec Albertde Mun l'aumônerie militaire, qu'il développera après la mort de celui-cid'une telle façon que Benoît XV a pu écrire de lui qu'il avait bien mérité del'Eglise. Il fut aussi président de la Société de l'histoire de France en 1930-1931, président des publicistes chrétiens et vice-président du syndicat desécrivains français. Il fut enfin un historien des relations entre la France etl'Espagne.

Sa carrière à l'Olivaint fut raccourcie par un événement heureux. Ilépousa en effet en 1884, Marie-Thérèse Parent du Châtelet, la propre sœurde Joseph Parent du Châtelet, son condisciple à l'Olivaint. Or, le règlementinterdisait aux hommes mariés d'être membres de la Conférence Olivaint, etil dut donc renoncer au poste de président qui lui était promis204. Il n'enconserva pas moins une fidélité indéfectible à la Conférence Olivaint, qui le

204 Ibid., p. 30.

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conduisit à en devenir l'historien et à assister régulièrement à la séance declôture.

Auguste Béchaux, professeur d'économie politique

Parmi les anciens les plus assidus aux Assemblées générales, on trouveaussi le nom d'Auguste Béchaux. Ce dernier fut, à vingt-deux ans, letroisième président de l'Olivaint. Il était né en Suisse, d'un père notaire etd'une mère alsacienne. Docteur en droit, c'est vraisemblablement parl'intermédiaire d'Edmond Demolins, disciple de Le Play, qu'il avait connu laConférence Olivaint. Demolins, au demeurant le présenta à Frédéric Le Playdont il devint secrétaire. À l’issue de sa présidence de l'Olivaint, bien qu'iln'eut que 23 ans, il fut nommé professeur suppléant à la faculté libre de droitde Lille, où il fut plus tard professeur de droit criminel puis d'économiepolitique, avant d'être élu, en 1899, membre correspondant de l'Académiedes sciences morales et politiques. Dans ses travaux, il a exprimé son souhaitde voir la paix sociale se fonder sur la religion.

L'OLIVAINT , PEPINIERE DES ELITES CATHOLIQUES ?

Il y avait, naturellement, d'autres grandes figures que les trois citées.Le réseau d'anciens en voie de constitution atteste bien que la ConférenceOlivaint a, au moins partiellement atteint le but que lui avaient assigné sesfondateurs jésuites en fournissant au pays des élites catholiquescapablesd'avoir une influence sur la société. Certes, seule une étudeprosopographique détaillée des membres des quarante bureaux successifspermettrait de se faire une idée précise de l'ampleur de la postérité de laConférence Olivaint et de l'étendue de son réseau d'anciens. Cela dit, laprésente étude, même très partielle, permet de dégager quelques tendancestrès nettes quant à l'apport de la Conférence Olivaint d'avant-guerre à la viepublique sous la Troisième République.

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La formation d'une élite politique

L'apport de la Conférence Olivaint à la vie politique, en premier lieu,est loin d'être négligeable.

On dénombre en effet pas moins de onze anciens membres actifs205 del'Olivaint d'avant-guerre parmi les Parlementaires de la TroisièmeRépublique : Jules Auffray, député de Paris de 1902 à 1906 ; Albertd'Aubigny, député de la Sarthe de 1905 à 1906 et de 1914 à 1924 etSecrétaire d'État aux Finances de 1922 à 1924 ; Louis Delsol, député de laSeine de 1928 à 1932206 ; Louis Duval-Arnould, député de la Seine en 1919; Jean Lerolle, député de la Seine de 1912 à 1919 et de 1928 à 1936 ;Gustave de Lamarzelle, député du Morbihan de 1883 à 1893 et Sénateur duMorbihan de 1894 à 1924 ; Amaury de La Grange, Sénateur du Nord de1930 à 1940 et Sous-secrétaire d'État au commerce et à l'Industrie de marsà mai 1940207 ; Gustave Gautherot, Sénateur de la Loire-Inférieure de 1932à 1941208 ; André de Fels, député de Seine-et-Oise de 1928 à 1932209 ;

205 Sont considérés comme membres actifs ceux qui ont fait partie d'un bureau ou ont présenté au moinsun exposé. Cela exclut d'autres membres, inscrits pourtant à l'Olivaint, dont l'investissement fut moindre,comme le Prince François de Polignac, député du Maine-et-Loire de 1928 à 1942, cité dans plusieurscomptes rendus de l'entre-deux guerres, mais qui, semble-t-il, ne prit jamais la parole à l'Olivaint lorsqu'ilen fut membre. Né en 1887, le Prince de Polignac avait fait ses études à Saint-Louis-de-Gonzague, puis àl'école d'agriculture d'Angers. Il était Croix de Guerre 14-18.206 Né en 1870, Louis Delsol, avocat à la cour d'appel, débuta très jeune sa carrière politique sous lesauspices de Jules Lemaître et de Déroulède et, à leurs côté, devint membre du comité directeur de la« Ligue de la patrie française ». Au cours de sa carrière, il affronta Marcel Sembat et Malvy. Pendant laGuerre, quoique dégagé d'obligations militaires, il partit comme soldat puis, nomme sous-lieutenant, futattaché à la mission française près de l'armée américaine. Après guerre, il se présenta en vain sur la listedu Bloc national en 1919 puis entra au conseil municipal de Paris, élu comme républicain national auPetit-Montrouge. Réélu en 1925, il fut président du conseil municipal (1927-1928), avant d'être éludéputé du 14e arrondissement.207 Diplômé de l'Ecole libre des Sciences politiques, Amaury de la Grange a combattu pendant laPremière Guerre mondiale dans l'aviation. Il n'a pas pris part au vote du 10 juillet 1940 sur les pouvoirsconstituants du maréchal Pétain.208 Magistrat, historien, Gustave Gautherot, né en 1880, s'inscrivit en 1932 à la Gauche républicaine. Le10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Il aura été, pendant ses mandats, ledéfenseur des valeurs morales et traditionnelles et refusa, en 1936, de voter le pacte franco-soviétique. Ilest l'auteur de plusieurs ouvrages sur le communisme.209 Petit neveu de Jacques Piou, il s'inscrivit en 1928 au groupe de la gauche radicale.

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Émile Taudière, député des Deux-Sèvres de 1928 à 1942210 ; enfin, AntoineSaillard, député du Doubs de 1919 à 1924211.

Parmi les parlementaires, la Conférence Olivaint disposait aussi - ouavait disposé - d'un certain nombre de soutiens, notamment Hyacinthe deGailhard Bancel, député de l'Ardèche de 1899 à 1910 et de 1912 à 1924,qui vint à deux reprises faire une conférence à l'Olivaint, en 1901 et 1905. Ily avait aussi, outre Albert de Mun et Jacques Piou, les différents invités auxséances de clôture, l'Amiral Bienaimé, député de Paris, Cazenove dePradine, Denys Cochin, C. Grousseau et le sénateur L. Jenouvrier.

En outre, l'apport de la Conférence Olivaint à la vie politique ne serésumait pas aux parlementaires. La vie politique municipale, en particulier,compta nombre d'anciens de la Congrégation : ainsi, à Bordeaux, LouisGaltier, avocat, fut conseiller municipal et adjoint au maire après laGuerre212. Mais c'est à Paris, surtout, que la présence des Olivaints auConseil municipal était la plus importante : outre les députés déjà cités, dontplusieurs furent conseillers municipaux, on y trouvait avant guerre CésarCaire, Adrien Mithouard, Joseph Denais et Alphonse Deville. Ce dernier futmême président du Conseil municipal213. En 1923, le Conseil de Pariscomptait encore deux Olivaints dans ses rangs, César Caire et AdrienMithouard.

Dans l'ensemble, les hommes politiques issus de la ConférenceOlivaint se distinguent par leurs opinions conservatrices. Certes, certainssuivent des parcours qui peuvent les amener au centre gauche, mais ils n'endemeurent pas moins attachés aux valeurs traditionnelles, et marqués par unesprit patriote, à l'image de Gustave Gautherot qui, tout inscrit à la Gauche

210 Fils d'un professeur à la faculté de droit de Paris, Émile Taudière, né en 1890, préparait l'Inspectiondes finances lorsque la Guerre intervint. Mobilisé au 3e dragon, il passa à sa demande dans l'infanterie ettermina la campagne avec la Légion d'honneur et la Croix de Guerre. Petit-fils du député des Deux-SèvresJacques Taudière, fils du député des Deux-Sèvres Henry Taudière, il se porta à son tour candidat dans lesDeux-Sèvres aux élections générales de 1928. Élu, il s'inscrit au groupe des indépendants et se révèle unspécialiste des questions douanières, affirmant des convictions farouchement protectionnistes. Il accorda, le10 juillet 1940, les pouvoirs constituants au maréchal Pétain.211 Docteur en droit, Antoine Saillard, né en 1864, s'inscrivit à la Chambre au groupe de l'ententerépublicaine démocratique.212 Anonyme, vraisemblablement le RP de Pully. Assemblée générale 1931 et année 1932. Bourges :Tardy, 1932, p. 4. Parti au front en 1914 comme capitaine d'infanterie, alors que ses charges familialesl'autorisaient à rester à l'arrière, il fut grièvement blessé, et décoré de la légion d'Honneur.213 Né en 1856, Alphonse Deville étudia le droit et suivit les cours de l'Ecole libre des Sciencespolitiques puis, en 1878, s'inscrivit au barreau de Paris. Membre de la Conférence Olivaint à partir de1876, Secrétaire de la Conférence des avocats en 1882, puis président de la Conférence Molé-Tocquevilleen 1887, il collaborait au Correspondant, au Moniteur, au Français, et à plusieurs périodiquesd'opinion conservatrice. Il fut secrétaire général du comité national conservateur de Ferdinand Duval en1885. En 1887, il entrait au conseil municipal de Paris pour le quartier de Notre-Dame des Champs, où ilfut réélu jusqu'à sa mort en 1932. Président du groupe municipal qu'il avait créé, il fut président duconseil municipal de Paris en 1903-1904.

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républicaine qu'il fût, n'eut de cesse de défendre les valeurs morales ettraditionnelles, de combattre le communisme et le pacte franco-soviétique,avant de voter, le 10 juillet 1940, les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.

Naturellement, pour beaucoup d'entre eux, le passage par laConférence Olivaint ne fut qu'une étape dans leur parcours. Pour plusieurs,comme Jean Lerolle, Louis Arnould ou Antoine Saillard, l'ACJF fut uneétape certainement au moins aussi déterminante. Cela dit, beaucoup ontdébuté leur carrière à l'Action libérale populaire de Jacques Piou :"l'appareil parisien de l'Action libérale populaire, écrit ainsi Gilles leBéguec, son appareil de propagande, a servi de cadre d'action et detremplin à toute une génération de jeunes militants catholiques214", àl'image de Jean Lerolle ou de Louis Delsol. On sait combien l'ALP étaitproche de l'ACJF autant que de la Conférence Olivaint : ainsi un réseau derelations et de sociabilité s'est-il progressivement mis en place, encourageantl'émergence de cette génération d'hommes politiques catholiques, lagénération du Ralliement et de la Séparation.

Hommes du Barreau, universitaires et hommes de lettres

Les avocats ont toujours été fort représentés à la Conférence Olivaint,même si l'absence de statistiques précises rend délicate l'évaluation de leurplace au sein des anciens de la Conférence d'avant-guerre. Parmi eux setrouvaient Henri de Grandmaison, Pierre Vimal, secrétaire de la Conférencedu stage, ou Lucien Normand, fils d'un conseiller à la Cour d'Orléans, qui,entré à l'Olivaint à sa sortie de Stanislas, en fut élu président en 1886.Secrétaire de la Conférence du stage, il entama par la suite une brillantecarrière215.

Mais on trouve aussi beaucoup d'universitaires et d'hommes de lettresparmi les anciens : Henri de Gaulle, professeur puis préfet des études aucollège de l'Immaculée conception de la rue de Vaugirard216, Le Vicomte

214 Gilles LE BÉGUEC, op. cit., p. 934.215 Anonyme, vraisemblablement le RP de Pully. Assemblée générale 1931 et année 1932. Bourges :Tardy, 1932, p. 4.216 Le père du général de Gaulle, avant d'entamer une carrière de professeur, était avocat à la cour d'appelde Paris. L'ancien soldat de la garde nationale fut membre de la Conférence Olivaint de 1874 à 1880. Il fitdeux exposés, le premier intitulé "Étude sur Descartes", le second intitulé "Les conséquences ducartésianisme". Les comptes rendus annuels signalent sa présence régulière aux séances de clôture après1880.

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Georges d'Avenel, économiste et historien217, Ernest Babelon, conservateurdu Cabinet des médailles et membre de l'Institut, professeur au Collège deFrance218, le Marquis Adelstan de Beauchesne219, archéologue, AugusteBéchaux, économiste et secrétaire de Frédéric Le Play, Paul Bureau, juristeet sociologue220, Paul Delaunay, président-fondateur de la Société françaised'histoire de la médecine, Edmond Demolins, disciple de Le Play etrédacteur en chef de la Revue sociale, fondateur de l'Ecole des Roches221,Claude Desjoyaux, historien, membre-fondateur de la Société d'histoireecclésiastique de la France222, Paul Deslandres, Chartiste, auteur d'opusculesde vulgarisation sur l'histoire religieuse de la France, Maurice Éblé,secrétaire général de la Ligue pour les droits des religieux ancienscombattants (DRAC) et professeur aux Semaines sociales223, GustaveGautherot, juge au tribunal de Dole et professeur d'histoire de la Révolutionà l'Institut catholique, François Hébrard, professeur à l'Institut catholique,

217 Né en 1855, Georges d'Avenel fit ses études au collège Vaugirard. Il entra ensuite dansl'administration préfectorale, qu'il quitta pour se consacrer aux études historiques et économiques qu'iljugeait susceptibles d'orienter l'avenir. Il a contribué, par ses travaux, à répandre la connaissance del'histoire sociale. L'ensemble de ses livres montre que, en dehors du travail libre, il n'y a guère de progrèsou de civilisation possible.218 Né en 1854, Ernest Babelon était chartiste. Il collabora à l'Histoire de France, publiée par un autreOlivaint, Edmond Demolins. A partir de 1902, il occupa la chaire de numismatique créée au Collège deFrance à son intention. Il mourut en 1924.219 Né en 1851, René-Adelstan de Beauchesne s'engagea en 1870 dans le corps franc de la Vendée, puis fitdes études de lettres, avant d'entamer une carrière d'archéologue.220 Né en 1865 à Elbeuf, Paul Bureau vint en 1886 à Paris pour suivre les cours de l'Institut catholique.Il fut reçu avocat mais plaida peu, Mgr d'Hulst l'ayant chargé de conférences de droit civil et romain à l'IC,où il fut nommé professeur titulaire en 1902. Il collabora avec des catholiques de gauche, écrivit dans LePeuple français de l'abbé Garnier, et s'associa au Sillon. En 1907 parut l'une de ses oeuvres maîtresses,La crise morale des temps présents, qui fut condamnée par l'autorité ecclésiastique comme suspecte detendances modernistes. Paul Bureau s'est soumis laudabiliter, a dit le décret de la Sacrée Congrégation,et, dans un second ouvrage, L'indiscipline des moeurs, paru en 1920, rappela les lois de la morale etflagella les "hypocrisies modernes".221 Né en 1852, Edmond Demolins fit ses études secondaires au collège jésuite de Mongré, avant de venirà Paris, où il s'intéressa à l'histoire sociale et devint le disciple de Frédéric Le Play, qui le considéraitcomme l'un de ses meilleurs élèves et lui confia la direction de la Revue sociale. Après la mort de LePlay, Demolins fonda avec Henri de Tourville une seconde revue intitulée La science sociale. Il fit alorsdes cours de science sociale à la Société de géographie, dont Hippolyte Taine fut un auditeur assidu. Ils'inspira des méthodes anglaises d'éducation pour fonder l'école des Roches, dans l'Eure, où il mourut en1907. Edmond Demolins fut par deux fois vice-président de la Conférence Olivaint.222 Né en 1886, originaire du Forez, Claude Desjoyaux fit ses études supérieures à la Faculté de droit deParis et à l'Ecole des hautes études. Il publia en 1909 dans Le Correspondant un article remarqué sur laquestion du drapeau, à propos de l'échec de la restauration monarchique en 1873, puis un ouvrage sur Lafusion monarchique, sur l'accord du comte de Chambord et du comte de Paris. Il s'orienta ensuite versl'histoire ecclésiastique du Moyen-Âge ; Mgr Baudrillard, recteur de l'IC, lui confia après la guerre uncours public sur les origines du sacre des rois de France.223 Né en 1880, Maurice Eblé fit ses études au collège jésuite de Saint-Dizier, fut diplômé de l'ELSP etdocteur en droit en 1904. Il s'intéressa surtout à la doctrine sociale de l'Eglise, fut rédacteur en chef de laVie nouvelle et des Annales de la jeunesse catholique, organe de l'ACJF, dont il fut le vice-président.Après la guerre, il devint secrétaire général du Secrétariat social de Paris, de l'Union national dessecrétariats sociaux et de la Ligue pour les droits des religieux anciens combattants (DRAC). En 1932, ilfut professeur aux Semaines sociales. Au début de la guerre de 1939, il s'occupa du Secours national. Ilmourut le 24 décembre 1942.

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doyen de la faculté libre de droit en 1947224, Edmond Estève, docteur èslettres et critique littéraire, ou encore le journaliste François Veuillot, prochedes Croix-de-Feu dans les années trente. L'attrait pour la question religieuseconstitue un point commun pour ces universitaires : s'ils n'ont pas tousenseigné dans des universités catholiques, ils se sont souvent distingués parleur attachement à l'Eglise.

Peu de fonctionnaires

Si les hommes de lettres sont nombreux, les fonctionnaires, eux, nesont pas pléthore. Sans doute, sans se référer à l'affaire des fiches, faut-il yvoir un signe de l'ostracisme dont étaient l'objet les catholiques de la part del'administration républicaine de l'époque.

On en trouve tout de même quelques-uns, en plus de ceux déjà cités :René Francez, attaché d'ambassade à Berlin au début de la Grande Guerre,Louis de Grandmaison, archiviste, qui démissionna de ses fonctions en 1906,ayant refusé de dresser l'inventaire des biens du clergé comme il en avaitreçu l'ordre, François du Fontenioux, inspecteur des Finances, André deChalendar, inspecteur des finances, attaché d'ambassade à Rome puis àLondres, et président de la société française de pénicilline, ou encore ÉmileCoüard, Chartiste, qui contribua par son expertise graphologique à envoyerDreyfus à l'île du diable225.

L'apport de l'Olivaint à l'Eglise et aux ordres religieux

L'apport de la Conférence Olivaint à l'Eglise et aux ordres religieuxest difficile à évaluer. Mais contrairement aux hommes politiques ou auxhommes de lettres, il est certain que c'est à la Conférence Olivaint, à laCongrégation, aux directeurs Jésuites, que les religieux ou les prêtresdevaient - en partie au moins - leur engagement. C'est, en tout cas, lors deleur passage par la CO, ou peu de temps après, que la vocation s'est

224 François Hébrard, né en 1877, élevé par les Jésuites à Montpellier, était le fondateur en 1898 dupatronage d'Auteuil et de la Fédération gymnique et sportive des patronages de France, devenue plus tard laFédération sportive de France, dont il devient président en 1923. Il fut aussi cofondateur du comitécatholique du cinéma, président du comité de Paris de l'ACJF. Il fut élevé en 1947 au rang deCommandeur de la Légion d'honneur et mourut en 1957.225 Né à Versailles en 1855, Émile Coüard, appelé aussi Goüard-Luys, fit ses études rue de Vaugirard etles acheva pendant la Commune. Licencié ès lettres en 1874, il entra à l'Ecole des Chartes, puis dirigeales Archives de Versailles. En 1894, il fut l'un des experts en écritures pour l'examen du « Bordereau » quifit condamner Alfred Dreyfus.

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déclarée. Selon toute vraisemblance, le nombre total de vocations sur lapériode s'élève à plus d'une quarantaine, soit au moins une par an enmoyenne.

La Compagnie de Jésus bénéficiait naturellement d'une bonne part deces vocations. Parmi les Jésuites issus de la Conférence Olivaint, on relèveainsi les noms d'Alexandre Brou, d'Albert Le Roy, de René de laPerraudière, ou de Paul Dudon, historien226. D'autres ordres religieux étaientcependant concernés, comme les Dominicains (Étienne Béchaux), ou lesbénédictins (Emmanuel Flicoteaux, chartiste227).

Mais l'essentiel des vocations concernait le clergé. La vocation la plusmarquante est naturellement celle de Pierre Gerlier, mais elle était loin d'êtreisolée : ainsi, en 1914, pas moins de huit Olivaints sont entrés au séminaire,quatre à Issy et quatre à Rome. On ne connaît pas, cependant, le nombreprécis d'évêques issus de la Conférence Olivaint.

L'association jésuite a donc vu sortir de ses rangs plusieursgénérations d'hommes d'Église ou de religieux. En cela, elle répondaitparfaitement aux attentes de la Compagnie.

Quelques cas atypiques

Cela dit, la Conférence Olivaint n'a pas formé que des prêtres, desuniversitaires et des hommes politiques. Au hasard de l'étudeprosopographique, il a ainsi été possible de mettre en évidence certainsparcours un peu plus atypiques.

Les entrepreneurs, industriels ou ingénieurs, n'étaient pas absents de laConférence, à l'image de Paul Festugière, patron des fonderies deBrousseval, qui collabora au Sillon et milita au sein de la Fédérationnationale catholique (FNC). Né en 1869, il entra à la Conférence Olivaint àvingt ans et y occupa un an la fonction de secrétaire. À la fin de l'année, ildut reprendre l'entreprise familiale des fonderies de Brousseval, dont il fitune importante affaire. Joseph Zamanski, quant à lui, fut, bien plus tard, leprésident du patronat chrétien. La Conférence Olivaint comptait aussi dansses rangs des élèves de l'Institut national agronomique, comme Gustave deVayssière, major quelques années avant la guerre, des élèves des Mines oude Centrale. Mais ceux-ci constituaient une minorité. 226 Né en 1859, Paul Dudon est entré dans la Compagnie de Jésus en 1880. Il fut rédacteur aux Études de1899 à 1934.227 Né en 1882, dans un milieu de bonne bourgeoisie, il fit ses études à l'Institut catholique, fréquenta laConférence Olivaint entre 1903 et 1905 et sortit de l'Ecole des Chartes en 1908. Devenu moinebénédictin, il fut pendant de longues années un collaborateur régulier de La vie spirituelle.

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Le cas le plus atypique est certainement celui de l'écrivain HenryGauthier-Villard, dit Willy, membre de la Conférence en 1882 et 1883,auteur de deux conférences, qui fut par la suite critique musical à l'Écho deParis. Il était surtout l'auteur de romans légers, souvent grivois. Il était enfinl'époux de Colette. Son profil, en somme, correspondait peu à celui que lesBons Pères s'efforçaient de forger au sein de la Congrégation.

Une méritocratie

Le directeur de la Conférence ne manquait jamais de mettre en avantles succès de ceux des anciens qui étaient dans la norme. Les Assembléesgénérales, en particulier, étaient l'occasion de célébrer leur réussite, maisaussi de mettre en avant celle des plus méritants des Olivaints. Les rapportspubliés ressemblent parfois à s'y méprendre à des tableaux d'honneur, oùl'on apprend que l'Olivaint comptait dans ses rangs plusieurs majors del'école des Chartes (Léonce Célier, puis B. Pocquet du Haut Jussé), un majorde l'Ecole libre des Sciences politiques (Alexandre Célier), et de nombreuxlauréats de cette dernière, ainsi qu'un nombre infini de docteurs en droit.

La Conférence, en fin de compte, tirait quelque fierté de son élitisme,qu'elle affirmait et revendiquait. La Compagnie de Jésus, à en juger parl'ampleur du réseau d'anciens et la qualité du recrutement de l'Olivaint,conservait ainsi la haute main sur une partie de l'élite intellectuellecatholique.

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Chapitre V : Entre l'Action française et le Sillon. À la recherched'une troisième voie.

Ainsi, la Conférence Olivaint a préparé un grand nombre de sesmembres à jouer un rôle notable dans les luttes religieuses et sociales dutournant du siècle. Elle a ainsi contribué à garnir les rangs des défenseurs del'Eglise durant les combats contre les lois laïques, et, au-delà, à former uneélite politique et sociale au service du catholicisme. Elle ne manqua pas,cependant, d'être affectée par les questions du siècle : cherchant àdéterminer sa voie en deçà - ou au-delà - de la politique, au nom de laprimauté du spirituel, elle se heurta aux partisans du « Politique d'abord »,de l'Action française, à ceux ensuite qui voulaient aller plus loin dans l'actionsociale, avec le Sillon. Entre ces deux grands courants du monde catholique,l'Olivaint et l'ACJF eurent le plus grand mal à affirmer une troisième voie .

VERS L'EXCLUSION DE L'ACTION FRANÇAISE

Des tendances diverses et opposées ont toujours existé au sein de laConférence Olivaint, notamment entre légitimistes et les libéraux,constitutionnels et opposants au Ralliement. Jamais, cependant, l'unité de laConférence ne fut menacée, parce que les débats restaient dans le cadrestrict du règlement, sous la surveillance étroite des Pères. L'apparition et ledéveloppement de l'Action française, son extension rapide dans l'universitépeu avant 1910, constituaient cependant un fait nouveau, susceptible demettre à mal ce fragile équilibre : le dogme du « Politique d'abord », affirmé,parfois avec violence, jusque dans l'enceinte de la Conférence, amena doncla Congrégation à se prononcer de manière ferme à l'encontre de l'Actionfrançaise.

"S'abstenir de toute lutte et de toute passion politique"

L'exclusion de la politique, c'est-à-dire la politique intérieure et enparticulier la question du régime, au sein de la Conférence, est - on le sait -une vieille histoire. À l’origine, il s'agissait avant tout d'une mesure deprotection, pour éviter que la Conférence soit classée parmi les Conférencespolitiques, interdites un moment sous Napoléon III et peu appréciées partous les régimes. Après le Ralliement, cette règle tombait fort à propos pouréviter de raviver les querelles, et les directeurs successifs l'ont appliquée avec

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fermeté. Enfin, le 22 février 1907, le Pape adressait à Jean Lerolle, Présidentde l'ACJF, une lettre dans laquelle il l'invitait à dépasser les passionspolitiques :

Pour arriver au but, votre marche est excellente : faire dans la vie une profession

ouverte de la sagesse chrétienne, s'abstenir de toute lutte et de toute passion

politique, omni abstinere concertatione studioque politicarum partium228.

Ce texte tombait à point pour légitimer la règle en usage à laConférence Olivaint. En fait, ce refus de la politique dans les débats reflétaitavant tout une volonté de ne pas diviser les jeunes catholiques :

Nous n'étudions pas, écrivit le Père Aucler, les questions politiques, - au sens très

spécial du mot, - qui divisent la France en partis : quelle forme de gouvernement

convient le mieux à la France ? Je ne nie pas qu'il y ait un lien étroit entre les

questions sociales et la question politique, mais elles peuvent être étudiées

séparément. Le salaire individuel ou le salaire familial, le meilleur mode des

habitations à bon marché, l'organisation syndicale, le contrat collectif de travail sont

absolument indépendants de la forme de gouvernement229.

Naturellement, il n'était jamais évident d'exclure tout à fait la politiquedes débats, car beaucoup de discussions, d'interventions à la tribune, s'yrapportaient immanquablement. Lorsque l'on glissait imperceptiblement surce terrain interdit, le Père directeur arrêtait net et rappelait au règlement. Unsoir, rapporte Brou, "une tête un peu chaude se mit à exposer ses théorieschères avec véhémence230". Le Père intervint, l'orateur s'emporta et partit encoup de vent. Le directeur ne dit rien, et fit continuer la discussion comme side rien n'était.

L'AF à la conquête de la jeunesse universitaire

Cette anecdote n'est pas datée, mais on peut très certainement lasituer en 1909 ou 1910. À cette date, en effet, la Conférence Olivaint connutune vive agitation menée par les étudiants d'Action française, épris d'actionet de bataille.

228 Cité par Alexandre BROU, op. cit., p. 60.229 Ibid., pp. 56-57.230 Ibid., op. cit. p. 57.

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Cette agitation de l'Action française au sein de la Conférence Olivaintcorrespondait à un mouvement plus vaste, qui touchait une bonne partie desuniversités et écoles parisiennes231. En décembre 1909, l'Action françaises'en prit au doyen de la Faculté de droit, Lyon-Caen, qu'elle accusait d'avoirsanctionné des professeurs indépendants sur ordre du ministre del'instruction : monômes et chahuts ont mis le quartier latin en effervescence.Après quelques semaines, le doyen démissionnait : s'attribuant la paternité decette « victoire », les étudiants d'Action française étendirent leurrayonnement dans l'université. René d'Aubeigné, secrétaire général étudiantde l'AF - par ailleurs membre de l'Olivaint, lança, lors du cinquième congrèsdes cadres du mouvement : "Nous sommes les maîtres absolus du Quartierlatin232". L'Institut catholique, la Faculté de droit, les Chartes, voire l'écolelibre des Sciences politiques, étaient il est vrai de solides bastions de l'AF.Or, c'est justement dans ces écoles que recrutait principalement laConférence Olivaint. Il n'est pas étonnant, donc, que la présence de l'AF s'ysoit renforcée progressivement.

L'Action française exclue de fait de l'Olivaint

La présence de militants monarchistes n'est certes pas une nouveautéà l'Olivaint. On sait combien cette dernière fut un bastion du légitimisme.Cela dit, la génération montante tranchait avec ses devancières par soncaractère offensif et démonstratif. Chaque débat, touchant de près ou de loinà quelque question politique était l'occasion d'empoignades, parfois violentes,entre militants de l'AF et Catholiques sociaux.

La tension devint vite si grande lors des séances du mercredi que leConseil de la Réunion jugea utile de prendre des mesures draconiennes. Enjuin 1910, une circulaire, signée par la majorité des membres du Conseil, futdiffusée aux Olivaints, les enjoignant s'engager par écrit à ne plus faire depolitique au sein des séances de l'Olivaint, sous peine d'être exclus233.

231 Nicolas PORTIER, L'Action française à la conquête de la jeunesse et de l'université. Paris :Institut d'études politiques, Mémoire de troisième année, novembre 1990, 235 p.232 Ibid., p. 170.233 Archives Jésuites de la Province de Paris, I PA 735/2. La circulaire est reproduite parmi lesdocuments.

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Action catholique versus action politique

La note en question rappelait que la Conférence, ouverte à tous, "nepeut en aucune façon se prêter à une action politique et réserve toutes sesforces pour l’œuvre de défense et de conquête religieuse234", rappelant ainsila primauté de l'action catholique sur l'action politique.

Cela dit, ses auteurs rappelaient aussitôt que la Conférence "n'écartepersonne pour ses opinions en cette matière" et les laisse pleinement libresde les exprimer au-dehors, "à condition que ceux qui la représentent évitentce qui pourrait la compromettre elle-même dans un mouvement de parti".On retrouve ici l'instinct de protection - on pourrait dire de survie - de laCongrégation jésuite, conforme à l'adage « Pour vivre heureux, vivonscachés ».

Enfin, le conseil jugea utile de préciser et de définir ce qu'il entendaitpar politique :

Au cours de nos réunions, on ne doit jamais faire allusion, ni en termes directs, ni

en termes voilés, au maintien ou au changement de la forme du gouvernement.

Et le conseil conclut que toute infraction entraînerait l'exclusion.Naturellement, la circulaire ne visait personne ad nominem, mais il est

clair que les étudiants d'Action française étaient, de fait, directement touchéspar cette mesure. Un membre écrivit alors au président de la Réunion :"J'aime mieux ne pas chercher pourquoi à la Conférence Olivaint leslibéraux sont en si grande estime et les Royalistes en si grandedéfaveur235".

René d'Aubeigné s'oppose au Conseil

De fait, l'émoi fut grand parmi les étudiants d'AF. À la tête desétudiants royalistes de l'Olivaint se trouvait alors René d'Aubeigné, vice-président de la Conférence et, en dehors, Secrétaire général des étudiantsd'Action française. Le jeune homme, qui s'était déjà distingué par saconduite pendant les inventaires, engagea au cours de l'été et du début del'automne une vive polémique par voie de courrier avec Pierre Lefébure,préfet de la Réunion, mais aussi le RP Aucler. Ainsi, dès le 24 juin, il écrit à

234 Ibid.235 Archives jésuites de la province de Paris, I PA 735/2.

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Lefébure pour lui promettre de ne pas faire de politique, "à condition queles autres n'en fassent pas" ; "Je ne reconnais, ajoute-t-il qu'un chef, leDuc d'Orléans, et j'ai le droit de faire connaître sa pensée partout, fût-ce àl'Olivaint, avec les réserves et les précautions qu'on nous impose236". Ilqualifie en outre la circulaire de tendancieuse, et "d'injurieuse" pour l'AF,déplorant au passage que le bureau de la Conférence n'ait pas même étéréuni. Le lendemain, dans une lettre adressée au Père Aucler, il est plusprécis encore, accusant le Conseil de la Réunion d'avoir choisi de prendrecette décision en fin d'année pour prendre par surprise les royalistes : "C'estune mesure prise contre l'Action française, et contre moi en particulier",précise-t-il. À ses yeux, on ne peut demander à des gens dont la devise est «Politique d'abord » de donner leur adhésion de principe à cette circulaire quivise à exclure la politique de la Conférence. Il conclut donc : "Personne nedonnera sa démission. Nous resterons tous, et, s'il nous faut garder uneattitude expectative, notre simple présence sera très utile237".

Les réponses ne se firent pas attendre ; Lefébure prit acte de ladisposition d'Aubeigné à adhérer à la circulaire, ajoutant que le Conseil nedemandait pas à la Conférence Olivaint de renier le principe de l'importancede la politique, mais demandait "qu'on admette le principe de la ConférenceOlivaint, qui est qu'on n'en fait pas238". Aubeigné répondait aussitôt que lefond de la circulaire était à ses yeux erroné, et demanda à pouvoirs'expliquer devant le bureau : "Si l'on voulait me rayer de la liste desmembres, prévient-il, j'y reviendrais quand même. Mon attitude estrévolutionnaire, sans doute, elle est franche et elle est claire239". Plus tard,en réponse à Lefébure qui lui rappelait que quiconque n'aurait pas donnérapidement son entière adhésion à la circulaire sera exclu de la réunion240,d'Aubeigné affirma que "si l'on veut [l'] empêcher de venir, il faudraemployer la force241". Au mieux, il était prêt à faire "comme si [il]approuvait", pas plus242.

De fait, une réunion d'explication de la note eut lieu,vraisemblablement à la rentrée de 1910243. Il y fut expliqué que la politique àexclure était "celle des partis". Certes, nul ne pouvait se désintéresser de la

236 Ibid.237 Ibid.238 Ibid., Lettre du 26 juin 1910.239 Ibid., Lettre du 28 juillet 1910.240 Ibid., Lettre du 2 août 1910.241 Ibid., Lettre du 5 août 1910.242 Ibid., Lettre d'Aubeigné au RP Aucler, 7 août 1910.243 Alexandre BROU, op. cit., pp. 58-60.

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question de la forme du pouvoir en France, mais, expliqua le Père Aucler,cette question "développe l'animosité entre ceux qui devraient par ailleursêtre les meilleurs amis, empêche d'étudier les autres questions avec sang-froid244".

Primauté du politique contre primauté du spirituel

En fin de compte, ce débat reflète l'antinomie entre la primauté dupolitique, revendiquée par les Royalistes, et la primauté du spirituel que lesPères jésuites s'efforçaient de faire respecter. Mais était-il vraiment possibled'exclure la politique des débats ? On a vu combien elle était présente,depuis les origines. Elle apparaissait souvent de manière détournée, maisappartenait bien, d'une certaine manière, à la tradition des séances dumercredi. En outre, le pontificat de Léon XIII, la défense religieuse et lecontexte français ont entraîné un plus grand investissement des jeunescatholiques dans le domaine politique :

Comment voulez-vous, écrit d'Aubeigné, qu'en 1910, dans un milieu composé de

jeunes gens, des conférences et des discussions gardent le caractère "purement et

simplement catholique", surtout après la lettre de Pie X sur le Sillon. C'est un

document traditionaliste et antidémocrate au premier chef245.

La circulaire de 1910, en tout cas, n'entraîna pas le départ de tous lesétudiants d'Action française. Plusieurs acceptèrent de se plier au règlementet restèrent (René d'Aubeigné, quant à lui, partit, semble-t-il). En outre, desliens étroits existaient toujours avec d'anciens Olivaints, fidèles de Maurras,tel Octave de Barral, président de la fédération de Paris de l'AF en 1914.

FAIBLE INFLUENCE DU SILLON

Contrairement à l'Action française, le Sillon n'a, quant à lui, jamaisréellement imprégné directement la Conférence Olivaint, en raison,notamment, des dissensions entre l'organisation de Marc Sangnier et l'ACJF.

244 Ibid.245 Lettre au RP Aucler du 2 octobre 1910, Archives jésuites de la province de Paris, I PA 735/2..

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Une influence indirecte

L'attrait indéniable d'une partie de la Conférence Olivaint pour lesquestions sociales, l'ouverture de celle-ci vers le laïcat, ont certainementorienté un certain nombre d'Olivaints vers le mouvement de Marc Sangnier.Il n'existe, cependant, pas de trace ni d'une présence massive, ni même d'uneréelle influence des sillonistes au sein de la Conférence : "La tendancesilloniste, écrit en 1961 le RP Maurice de Gailhard-Bancel, y était à peinereprésentée246."

Des liens, cependant, existaient, par le biais d'un petit nombre demembres. Ainsi le Sillon pouvait-il exercer une influence indirecte, quoiquefaible :

En dehors de la Conférence Olivaint, un contact s'établissait tout naturellement avec

les sillonistes, notamment à l'Institut catholique, où Marc Sangnier comptait des

disciples enthousiastes, à la fois chez les jeunes prêtres et chez les étudiants laïcs.

Des amitiés solides se sont alors nouées entre nous, qui ont persisté à travers les

oppositions et les déchirements ultérieurs247.

Il semble donc qu'aucun groupe silloniste constitué n'existait au seinde la Conférence Olivaint. Cela n'empêchait certainement pas, cependant,qu'une partie des membres de la Conférence, à l'image de Maurice Gailhard-Bancel, furent séduits par les idées de Marc Sangnier :

Sur le plan spirituel, le silloniste nous apparaissait comme un chevalier de la Foi et

de la pureté. Sa vision optimiste du monde, l'intérêt passionné porté aux problèmes

de la classe ouvrière, sa tendance à chercher dans les adversaires des amis

possibles... tout cela ne nous laissait pas indifférents248.

Sur le plan politique, la manière de voir des étudiants sillonistes de laConférence Olivaint était, aux dires de Gailhard-Bancel, assez libérale. Ilssouhaitaient, par exemple, que le prêtre n'intervienne que lorsque le dogmeétait en jeu249.

246 Lettre du RP Maurice de Gailhard-Bancel au RP Jarlot, professeur à la Grégorienne, 11 octobre 1961,Fonds ACJF, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 500. Maurice Gailhard-Bancel, vice-présidentde la Conférence Olivaint en 1908-1909, fut vice-président de l'ACJF après la condamnation du Sillon.247 Ibid.248 Ibid.249 Alexandre BROU, op. cit., pp. 58-60.

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Tensions entre l'ACJF et le Sillon

En fait, la faible influence du Sillon au sein de la Conférence Olivaintest, pour une bonne part, la conséquence, ou l'expression, des dissensionsentre l'ACJF et l'organisation de Marc Sangnier.

À l’origine de ces tensions, il y avait les buts fondamentalementdifférents que poursuivait chaque organisation :

L'Association catholique de la jeunesse française, écrit Henri Bazire, a pour but

d'organiser en France la Jeunesse catholique, de façon à former une génération de

catholiques militants, étroitement unis, non seulement dans les mêmes sentiments

de foi, mais encore par des idées communes au point de vue social. Le Sillon, au

contraire, agit dans les milieux non catholiques ; c'est l’œuvre de l'éducation

populaire, de la pénétration chrétienne dans les masses ; chacun a ainsi son champ

d'action bien délimité250.

En 1898, déjà, Marc Sangnier avait soulevé un tollé lors du congrèsde l'ACJF, à Besançon, en proposant l'ouverture de l'ACJF aux non-catholiques251.

Ensuite, le Sill on, tout en revendiquant d'accomplir la mission del'Eglise au sein du monde voulait demeurer indépendant des pasteurslégitimes pour tout ce qui débordait le domaine de la juridictionecclésiastique. L'ACJF, quant à elle, estimait que, parce que c'est la missionde l'Eglise qui était en jeu, elle devait faire hommage de son zèle à lahiérarchie ecclésiastique tout en agissant sous sa propre responsabilité252.

Enfin, outre cette indépendance des laïcs vis-à-vis de l'Eglise enmatière d'apostolat, nombre de membres de l'ACJF étaient quelque peurebutés par la mystique - celle du chef en particulier - développée au sein duSillon :

250 Henri Bazire, Déclaration faite lors du Congrès de Besançon de 1903, citée par Charles MOLETTE,op. cit., p. 355.251 Charles MOLETTE, op. cit., p. 245.252 Ibid., p. 488.

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Nous nous sentions gênés, témoigne Maurice de Gailhard-Bancel, dans les rapports

quotidiens par la "naïveté" de beaucoup de ces idéalistes qui nous paraissaient vivre

dans une atmosphère de messianisme" et plus encore par l'absolutisme de Marc

Sangnier et l'espèce de fascination qu'il exerçait sur ses disciples253.

De son côté, le Sill on, en dépit des liens d'amitiés qui existaient entreMarc Sangnier et plusieurs responsables de l'ACJF, notamment Jean Lerolle,ne manquait pas de critiquer l'Association d'Albert de Mun. Ainsi, dans unarticle publié dans L'Éveil démocratique du 16 septembre 1906, FrançoisLespinat (pseudonyme de Marc Sangnier ?) critiquait-il le "monopole" del'ACJF, association "sortie d'une initiative privée", dans la jeunesseétudiante. À ses yeux, le caractère national de l'ACJF était incompatible avecla structure diocésaine et paroissiale de l'Eglise.

Le débat fut clos par l'intervention de Rome en faveur de l'ACJF.Une lettre de Pie X à Jean Lerolle, datée du 22 février 1907, véritable chartedu laïcat, appuyait en effet l'ACJF, la confirmant dans son attitude. Enfin, leSillon fut condamné par le Pape Pie X le 29 août 1910, dans une lettre auxcardinaux de France.

L'ACJF, UNE TROISIEME FORCE ?

La condamnation du Sillon intervint quelques semaines à peine après lapublication des résolutions du Conseil de la Réunion des jeunes gens, et deuxmois à peine avant la rentrée de l'Olivaint, au cours de laquelle une mise aupoint fut organisée. Autant dire que la condamnation tombait bien pourmettre l'AF et le Sillon dos-à-dos, et permettre à la CO d'affirmer sa proprevoie, au-delà des clivages politiques.

Une voie étroite

Y avait-il, pour autant, de la place, dans le milieu étudiant, pour uneassociation « apolitique » telle que l'ACJF, alors que le Sillon et surtout l'AF,plus dynamiques et plus présentes sur le terrain, s'affirmaient en secombattant254 ?

253 Ibid.254 Sur les liens entre le Sillon et l'AF : Hugues PETIT, L'Eglise, le Sillon et l'Action française, Thèsede droit, Université Grenoble II - Pierre Mendès France, 1993. Microfilm : Lille 3, atelier de reproduction,1994, 1176 p.

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La voie était certainement étroite. Entre Sillon et Action française,cependant, l'ACJF pouvait apparaître comme une "troisième force", unevoie moyenne, moins visible et moins puissante parmi les étudiants :

On avait l'impression, dans le milieu universitaire, écrit Maurice de Gailhard-

Bancel, d'être le "parent pauvre". Les étudiants d'ACJF apparaissaient comme

d'excellents camarades, de belle tenue morale, de piété communicative, de vraie

charité, mais dont on ne pouvait espérer qu'ils joueraient un rôle déterminant dans

la conjoncture religieuse et sociale255.

Le propos mériterait d'être nuancé, au regard de l'investissementeffectifs d'un certain nombre de membres de l'ACJF dans les débats del'époque. Il est certain, cela dit, que l'apaisement progressif de la questionreligieuse, et l'apparition de nouveaux mouvements de jeunesse ont, jusqu'àsa spécialisation, laissé l'ACJF de plus en plus en retrait, et ce au momentmême où cette association était enfin pleinement reconnue.

Alors que l'ACJF se dotait d'une presse de plus en plus influente, ellerecevait en effet des encouragements de plus en plus précis de la part duPape et de la hiérarchie. En 1911, l'ACJF célébrait ses noces d'argent, àParis ; son pèlerinage à Rome, en septembre 1913, la consacrait quant à lui,en quelque façon, comme le mouvement privilégié des jeunes catholiquesfrançais. L'ACJF connaissait peut-être alors son apogée.

L'Olivaint et la primauté de la religion

Plus encore, peut-être, que l'ACJF, la CO traversa une crise d'identitépendant cette année 1910. Le Père Aucler lui permit de s'en sortir -provisoirement, en définissant l'Olivaint au-delà des clivages politiques, dansune dimension spirituelle. L'exclusion des militants de l'AF, ainsi, ne pouvait,à ses yeux, se concevoir en termes politiques : tout indique, du reste, que leRP Aucler, à l'origine de l'exclusion, était lui-même proche des milieuxmonarchistes : "Il avait ses idées très arrêtées, témoigne Brou, et nul n'étaitplus épris de la tradition256". Il ne manqua pas, au demeurant, de rendrejustice à ceux dont il réprimait le prosélytisme en proclamant que plusieurs"donnaient l'exemple de la piété la plus solide, de l'assiduité la plus

255 Lettre du RP Maurice de Gailhard-Bancel au RP Jarlot, professeur à la Grégorienne, 11 octobre 1961,Fonds ACJF, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 500.256 Alexandre BROU, op. cit., p. 60.

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méritoire aux exercices religieux et, par leu (...) zèle, leur dévouement,faisaient beaucoup pour la prospérité de la Conférence Olivaint257".

La voie choisie par la Conférence Olivaint - la voie que lui imposaientles circonstances autant que la tutelle attentive de la Compagnie de Jésus,était on ne peut plus étroite. Comment, en effet, s'affirmer en dehors de lapolitique, alors même que, le ralliement étant acquis, la question du régimene se posait plus et que la jeunesse étudiante catholique était de plus en plusattirée par des mouvements vindicatifs et partisans ? La Guerre laissa laquestion en suspens, mais le problème se posa à nouveau, avec plus d'acuité,quelques années plus tard.

257 Ibid.

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Chapitre VI : L'Olivaint et la Grande Guerre.

La montée des périls a directement touché la Conférence Olivaint.Celle-ci a, en effet, connu une diminution de ses effectifs entraînée parl'allongement de la durée du Service militaire, mais aussi et surtout uneexacerbation du sentiment patriotique. Patriotes, sinon nationalistes,beaucoup d'Olivaints sont partis en août 1914 plus résolus que résignés àcombattre l'Allemagne.

DES PROBLEMES DE RECRUTEMENT

Il ne semble pas que les défections entraînées par la circulaire de 1910aient affecté les effectifs de la Conférence. Bien au contraire, l'année 1910-1911 vit une augmentation d'un tiers des recettes liées aux cotisations : il yeut 173 cotisants, le chiffre le plus élevé jamais atteint258. Ce chiffre ne tientpas compte des exemptés de cotisation : appelés du contingent et exonérés.Le budget de la Conférence, avec un déficit de près de trois mille francs étaitalors le plus prospère depuis 1901. A cette date, en effet, les budget, jusque-là excédentaires, avaient été mis en déficit par la nécessité dans laquelle setrouvait désormais la réunion de louer un local spécifique et d'en assumer lacharge. Ce déficit était chaque année comblé par les Pères directeurs.

Conséquences de l'allongement du service militaire

Si les effectifs n'ont pas particulièrement pâti de la circulaire de 1910,l'allongement du service militaire s'est, en revanche, progressivement faitsentir. À partir de 1908, en effet, les rangs de la Conférence furent de plusen plus clairsemés : la loi des deux ans, privait, en 1909, la ConférenceOlivaint de 24 de ses membres259. En novembre 1912, la CO connut degraves problèmes de recrutement, au point que son existence même, auxdires du rapporteur de l'Assemblée générale de 1913, fut menacée260. Àcette date, en effet, cinquante membres - soit le cinquième des effectifs d'uneannée - étaient requis par leurs obligations militaires, et parmi eux plusieursmembres du conseil de la Réunion et du bureau de la Conférence. S'ajoutaità ces circonstances le départ de Pierre Lefébure, élu maire de Boissy-le-Sec,

258 Assemblée générale 1912. Paris : Leroy, 1913, p. 13.259 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 24.260 René Francez, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint, 1912-1913". Réunion annuelle etAssemblée générale 1913. Saint-Germain-les-Corbeil : Leroy, 1913, pp. 43-44.

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qui plongea un moment les directeurs de la Conférence dans le doute etl'incertitude. Comme l'indiquait René Francez dans son rapport de 1913,l'allongement de la durée du service - la loi des trois ans était alors endiscussion - avait d'autres conséquences :

Deux années de service désorganisent nos rangs, rompent un peu la continuité

nécessaire, compromettent la naissance de ces liens d'amitié solide qui, vous le

savez, trouvent ici un terrain si fertile. Trois années seront pires, et, tout en nous

résignant, tout en appelant même de nos vœux les sacrifices nécessaires, nous ne

nous dissimulons pas les difficultés qu'entraînera pour notre cohésion le régime

projeté261.

Un an plus tard, à la veille de la Guerre, la Conférence accusait ànouveau un déficit de membres - soixante d'entre eux étant requis pour leurservice, et ne comptait plus que 130 cotisants262.

Efforts de recrutement

Pour faire face à cette situation, le directeur de la Conférence mit enplace une série de mesures visant à accroître le recrutement. Il résolut toutd'abord d'inviter à l'Olivaint non plus seulement les étudiants susceptiblesd'en faire partie, mais aussi les élèves des collèges, qui sont susceptibles d'enêtre les membres futurs. Ensuite, à l'issue de longues discussions, le principede l'affichage publicitaire fut adopté. Les adversaires de l'affiche évoquèrentcontre elle la tradition et le spectre du déficit ; ils s'indignèrent qu'uneinstitution aussi vénérable que la Conférence Olivaint aille s'afficher sur lesmurs ; ils exprimèrent enfin la crainte que cette réclame attire à l'Olivaintune "jeunesse frivole"263. Pour les rassurer, il fut entendu que l'affiche neserait apposée qu'aux portes des églises ou aux alentours des grandes écoles.Quant au résultat, il semble, d'après le rapporteur de l'année 1914, qu'il nefût point celui qui était escompté : "l'affiche, écrit-il, ne fit que quelquesconquêtes264". Car le moyen de recrutement le plus efficace, depuis lafondation de la Conférence et au moins jusqu'à la Seconde Guerre mondiale,

261 Réunion annuelle et Assemblée générale 1913, op. cit., p 42.262 Pierre Flicourt, Rapport financier, Assemblée générale 1914. Saint-Germain-les-Corbeil : Leroy,1914, pp. 7-32.263 André de Chalendar, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint, 1913-1914", Assemblée générale1914, op. cit., pp. 22-23.264 Ibid.

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demeurait la "propagande par les relations", comme l'appelle André deChalendar, autrement dit la cooptation informelle.

Au-delà du nombre, l'impact de cette vaste campagne de recrutement,qui s'est déroulée pendant deux ans, de 1913 à 1914, semble avoir été unecertaine diversification des membres. Outre que l'on voit apparaître parmiles Olivaints des Centraliens, des élèves des Mines et des Ponts, jusque-là fortrares, les recrues proviennent - semble-t-il, de plus en plus, d'autres horizonsque ceux des Collèges religieux. Enfin, les étudiants étrangers, recommandéspar leurs congrégations nationales, sont de plus en plus nombreux265. Certes,la Guerre interrompit soudainement cette évolution, mais l'impulsion étaitdonnée.

Faible animation des conférences

Était-ce dû aux difficultés de recrutement, au départ des membres del'AF ou plus simplement à la lassitude des membres ? Toujours est-il que,aux dires du rapporteur de 1914, les séances du mercredi ont perdu, aucours des dernières années, un peu de leur animation coutumière. Lesorateurs se pressaient moins pour monter à la tribune - il a même fallu, àplusieurs reprises, faire appel à la participation des anciens - et les discussionsne connaissaient guère d'envolées lyriques266.

Pour y remédier, le bureau établit en 1913 à la fin des discussions unordre du jour voté par les membres présents. "Il semblait, écrit Chalendar,que, résumées en phrases lapidaires sanctionnées par un vote, lesinterventions des orateurs deviendraient à la fois plus précises et pluspassionnées267". Le vote de ces ordres du jour devait permettre de susciter,dans le public, les acclamations ou les rumeurs de colères auxquelles on était,jusque-là, habitués ; mais l'expérience ne donna guère de résultatsconcluants, l'ordre du jour rajoutant tout juste un peu plus de confusions auxdébats.

Une innovation un peu plus marquante avait été l'inauguration, en1909, des "soirées joyeuses", c’est-à-dire de conférences du mercredi suiviesd'un punch :

265 Ibid., p. 24.266 Ibid.267 Ibid.

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À présent, rapporte Henri Cauvière, quand on prévoit qu'une conférence ne

donnera pas lieu à de longs débats, soit parce que l'auteur est réputé d'idées

indiscutables, soit parce que le sujet choisi défie toute controverse, au moment où la

pendule sonne dix coups, on annonce « l'heure du punch fumant et des livres

fermés268 ».

L'année qui suivit cette innovation, la Conférence inaugurait unenouvelle salle de Conférences, construite spécialement pour elle. À cettedate, en effet, la Compagnie de Jésus avait entrepris d'importants travauxpour rénover les locaux de la rue d'Assas269. Désormais, la chapelle,agrandie, se transformait une fois par semaine en salle de réunion : onabaissait simplement un rideau de bois et les chaises faisaient volte face. LaConférence Olivaint, forte de ses succès et du soutien de ses anciens,cherchait donc, par ses innovations, à se renouveler en renforçant seseffectifs, au moment où la perspective d'un conflit se faisait plus précise.

MARCHE A LA GUERRE

L'attitude de la Conférence Olivaint face à la montée des périls estdénuée de toute ambiguïté. Dans nombre d'exposés, et ce depuis les originesde la Conférence, l'Allemand est présenté comme l'Ennemi, et la guerreparaît inéluctable.

Vers la guerre

En 1887, déjà, Charles Dauviliers prononçait une conférence dontl'intitulé, « La prochaine guerre franco-allemande », ne laissait planer aucundoute sur les sentiments de beaucoup, au sein de l'Olivaint. La guerre estparfois même valorisée ; ainsi Pierre de Longuemare, dans un exposé de mai1907, déclare qu'à ses yeux, la guerre est loin de toujours avoir des effetsdésastreux ; elle est, dit-il, ce "remède qui réveille la conscience nationaletombée dans une funeste léthargie270". Les Conférenciers, au début dusiècle, n'ont eu de cesse de mettre en garde leurs condisciples contre lepangermanisme271, les dangers du désarmement272, ou la possibilité d'un

268 Séance solennelle de clôture, 1909-1910, op. cit., p. 23.269 Assemblée générale 1912, op. cit., p. 13.270 Claude Desjoyaux, "rapport sur les activités de l'année". Séance solennelle de clôture, 1906-1907.Paris : Quelquejeu, 1913, pp. 18-34.271 Louis de Saint-Blancard, « Le mouvement pangermaniste et la crise autrichienne », mai 1901.272 Fernand Margerin, « La question du désarmement », mars 1909.

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rapprochement anglo-allemand273, d'attribuer la responsabilité de la guerrede 1870 à la Prusse274, de rappeler la triste condition de l'Alsace-Lorrainedans l'Empire allemand275, ou de vanter les mérites de la « défense militairede la France par la navigation aérienne »276, du rôle complémentaire del'aviation et de la cavalerie277 ou le programme naval de la France278.

En novembre 1911, un conférencier, Robert Galloo, intitulait sonexposé « Sommes-nous prêts à la Guerre ? », preuve s'il en est que laperspective du conflit était appréhendée de manière de plus en plus certaine.À cette date, en effet, les Conférenciers et les invités de l'Olivaint semblentse préparer à la guerre prochaine : "La guerre, déclarait ainsi l'amiralBienaimé lors de la séance de clôture de 1913, est un événement qu'on n'apas le droit de souhaiter mais qu'il faut prévoir." Le désir de revanche desOlivaints était constamment exacerbé : "Nous devons toujours conserver,déclarait Ernest Vergniaud, le souvenir du désastre, sans récriminationsvaines, mais avec la volonté inébranlable de l'effacer un jour de notrehistoire279".

Le patriotisme de l'Olivaint

Depuis longtemps, la Conférence Olivaint a fait la preuve de sonindéfectible patriotisme au cours des séances du mercredi, ainsi qu'au coursdes séances de clôture ou des Assemblées générales. Au début du XXesiècle, ce sentiment patriotique, voire nationaliste, qui se nourrissait du désirde revanche - en avril 1914, encore, un Olivaint présentait un exposé intitulé« Paul Déroulède, poète de la revanche », ne s'exprimait nul par mieux quedans la dénonciation des instituteurs, accusés de tous les maux, comme onl'a vu, mais à qui il fut constamment reproché, en particulier, d'attenter àl'esprit patriotique des écoliers280.

273 Louis de Saint-Blancard, « Allons-nous à un rapprochement anglo-allemand ? », avril 1912.274 Ernest Vergniaud « Les responsabilités de la guerre de 1870 », décembre 1913.275 Georges Bouttier, « La situation de l'Alsace-Lorraine dans l'empire allemand », novembre 1911.276 Joseph Lauras, « La défense militaire de la France par la navigation aérienne », avril 1910.277 André de Rincquessen, « L'aviation va-t-elle supprimer la cavalerie ? », janvier 1912.278 Robert des Rotours, « Le programme naval de la France », mai 1911279 Séance solennelle de clôture, 1913-1914, op. cit., p. 13. Ernest Vergniaud est mort au front en1915.280 Félix Lohse, « La crise du patriotisme à l'école laïque », 17 janvier 1906 ; François Hébrard,« L'esprit de l'école primaire officielle », 18 mars 1902.

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De même, la toute jeune CGT n'est pas épargnée en mars 1911, lorsdu débat qui suivit l'exposé d'Henri Cauvière, lequel avait qualifié laConfédération de "danger social, contre lequel il importe de réagir" :

La discussion, rapporte Jean Libert, ne révéla pas l'existence, parmi nous, de bien

grande sympathie pour la CGT ; je crois que si nous avions pu, ce soir-là user, à

l'exemple de cette aimable institution, de la machine à bosseler, et de la chaussette à

clous, elle eût passé un fort mauvais quart d'heure281.

En conclusion du débat, et dans l'énervement général, Pierre Lefébureréclama la dissolution du syndicat. À mesure que le péril se faisait plusprécis, les Conférenciers de l'Olivaint n'eurent de cesse de dénoncer les «fauteurs de troubles » qui menaçaient l'ordre social.

Le chauvinisme du Père Aucler

Le sentiment patriotique n'a jamais non plus fait défaut aux Pèresdirecteurs de la Conférence. Bien au contraire, ils ont contribué à entretenirl'instinct combatif des Olivaints au fil des décennies. Le Père Aucler, pour sapart, ne manquait pas d'afficher ses sentiments patriotiques :

Il ouvrait la chapelle aux élèves de Saint-Cyr, venus à Paris passer leur dimanche,

raconte Alexandre Brou. Très cocardier, il jouissait de voir fraterniser les jaquettes

incolores et les brillants uniformes282.

Lorsque la Guerre éclata, il l'accueillit avec soulagement presque avecjoie. Le 10 août, il écrit ainsi à un proche : "Je viens de vivre cette semaineles plus belles journées que j'ai vécu comme Français depuis 1870, nousassistons à la résurrection de la France283". Il s'enrôle alors, non sansdifficultés, comme aumônier militaire de la 31e division en Lorraine et enFlandres. Il ne résista cependant pas à la fatigue et mourut en janvier 1915, àl'âge de 50 ans.

281 Séance solennelle de clôture, 1910-1911. Blois : Grande imprimerie de Blois, 1911, pp. 16-36.282 Alexandre BROU, op. cit., p. 95.283 Ibid., p. 96.

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À la veille du conflit

L'Assemblée générale et la séance solennelle de clôture de 1914,quoique antérieures à l'attentat de Sarajevo, étaient marquées par lestensions et la perception par les Olivaints du caractère presque inéluctable duconflit.

La séance de clôture était présidée par Louis Madelin, dontl'intervention avait pour thèmes Générations qui restaurent. Les générationsse succèdent, expliqua le conférencier, les unes qui dissolvent, les autres quirestaurent : "La génération montante est de celles qui restaurent, affirma-t-il. [...] Je me plais à saluer en vous la génération qui, après les grandesdestructions, saura, en ramenant les esprits au clair, restaurer notre bienaimée France, notre impérissable France284". Et le P. Aucler, remerciantl'historien, d'ajouter qu'il n'y a, à ses yeux, de restauration stable pour laFrance que dans l'ordre social chrétien :

Nos jeunes gens ont trop bien vu jusqu'où l'on abaisse notre France autrefois si

grande, quant on mine dans l'âme de ses enfants cette foi catholique qui était la plus

précieuse de nos traditions nationales. Voilà pourquoi - dociles à la voix de Pie X

qui a fait de la restauration chrétienne la devise de son pontificat - : Instaurarer

annia in christo - ils chercheront dans leur foi au christ les éléments de la

restauration française à laquelle vous les conviez285.

Jean de Lasalle, président de la Réunion en 1914 eut, pour ainsi dire ledernier mot, au cours de l'Assemblée générale, lorsqu'il déclara, songeantsans doute à la perspective du conflit : "Il faudrait qu'après nous, le mondefût un peu meilleur, parce que nous aurons vécu286". Parti comme sous-officier d'infanterie, Pierre Lefébure est mort en septembre 1914 .

Une génération sacrifiée

Il ne fait guère de doute que l'engagement des Olivaints dans le conflitse fît, sinon dans la joie, comme le Père Aucler, du moins avec plus derésolution que de résignation. Les exemples ne manquent pas, ainsi, de

284 Cité par Alexandre Brou, op. cit., pp. 100-101.285 Ibid.286 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920".Assemblée générale 1920. Saint-Germain-les-Corbeil : Willaume, 1920, p. 10.

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membres de la Conférence qui, retenus à l'arrière par leurs obligations ouleur fonctions, demandèrent à partir en première ligne, à l'image de RenéFrancez, attaché d'ambassade à Berlin lorsque la Guerre éclata : Après leurdépart forcé au Danemark, l'ambassadeur, Jules Cambon, lui proposa unposte de secrétaire à Oslo, mais il refusa et alla s'engager à Paris. Il en allaitde même pour certains anciens, comme Louis Galtier, qui partit au front enaoût 1914 comme capitaine d'infanterie, alors que ses charges familialesl'autorisaient à rester à l'arrière.

Cent dix-neuf Olivaints, soit la moitié de l'effectif de 1913-1914périrent pendant le conflit287. La proportion est énorme, si on la comparepar exemple - et toute proportion gardée - aux pertes de l'ACJF, qui a laisséun dixième de ses effectifs sur les champs de bataille, soit tout de mêmequinze mille membres288. Le bureau de 1914 a perdu ses trois vice-présidents, et l'un de ses secrétaires. Le président est sorti du conflit décoréde la Légion d'honneur, et ses trois derniers secrétaires de la Croix deguerre. À cette centaine de victimes, il faut ajouter, naturellement, celles despromotions antérieures. Au moins cinquante des quatre cents cinquanteanciens en contact avec la CO en 1914 sont morts pendant la guerre289. Onpeut donc estimer que la Conférence Olivaint a perdu 200 des siens pendantla Guerre, sans compter les innombrables blessés. Une quarantained'Olivaints ont été décorés, souvent à titre posthume, de la Légiond'Honneur ou de la Croix de Guerre.

La génération de l'Olivaint des années 1913 et 1914 subit ainsi unevéritable hécatombe. On peut, sans peine, parler d'une génération sacrifiée :parmi les Olivaints morts au champ d'honneur, plus du tiers, la moitié peut-être suivaient avant la guerre des études à l'Ecole libre des Sciencespolitiques ou à l'Institut catholique : le monument au mort de cette dernièreécole pourrait même faire office de monument aux morts de l'Olivaint,tellement la proportion de congréganistes y est forte. La nécrologie del'Olivaint, publiée en 1919, égrenait un long martyrologe. Cela dit,contrairement aux martyrs auxquels se référaient jusque-là les Olivaints,ceux de Mentana ou de Patay, les victimes de la Grande Guerre n'étaienttombés ni pour l'Eglise, ni pour le Roi, mais pour la patrie menacée. L'état

287 Nécrologie 1914-1919, Brochure de 66 pages, Saint-Germain-les-Corbeil : Imprimerie Willaume,1920, 66 p.288 Charles MOLETTE, "Les origines de l'ACJF", L'ACJF, une création originale, op. cit., p. 10.289 Estimation réalisée à partir du registre des anciens conservé aux Archives jésuites de la Province deParis, I PA 736.

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d'esprit de l'Olivaint l'entre-deux guerre devait en être profondémentmodifié.

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Troisième partie :

APOGÉE ET DÉCLIN :L'OLIVAINT AUX MARGES DE LA RÉPUBLIQUE

(1919-1942)

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Chapitre Premier : Le poids de la Grande Guerre

La Guerre n'a pas seulement amputé la Conférence de la moitié de seseffectifs ; elle a surtout entraîné une perturbation durable des activités de laConférence, tant et si bien que c'est presque une nouvelle Conférence quinaît en 1919, marquée par le poids de la Guerre.

RENAISSANCE ET REORGANISATION DE LA CONFERENCE

Pendant la Guerre, la Conférence Olivaint fut pour ainsi dire ensommeil. Certes, quelques rares étudiants, demeurés à Paris, se réunissaient,rue d'Assas, en « cercles d'études sociales », autour de leur président AlfredBeaucourt et sous la direction du RP de Roquefeuil, mais ceux-ci necomptaient guère qu'une vingtaine d'adhérents. Seuls sept ou huit d'entreeux assistaient à la messe du dimanche290.

Reprise des activités

Quelques mois après l'armistice, les activités se sont intensifiées et,vers juin 1919, une nouvelle Conférence Olivaint prenait forme. Elle n'étaitcomposée que de très jeunes étudiant, mais leur nombre, entre février etjuin, malgré les faibles effectifs de cette année scolaire, atteignait déjà 60291.La véritable rentrée eut lieu en novembre 1919. En fait, il semble que bienpeu d'anciens y aient pris part : près de la moitié des membres cotisants de1913-1914 ont été tués, et parmi les autres, beaucoup étaient mutilés oumalades, sinon tout bonnement dispersés par les nécessités de leur retour àla vie normale. En 1920, la Conférence Olivaint, selon les chiffres publiésdans le compte-rendu annuel de l'Assemblée générale, comptait 132membres, et le groupe catholique de l'Institut national agronomique (INA) -qui dépendait d'elle, une cinquantaine292. Cela dit, il faut nuancer cesstatistiques, car - outre que le nombre seul ne permet point d'indiquer ledegré d'engagement des membres - les défections sont chaque annéesnombreuses. En l'occurrence, vingt-cinq d'entre eux quittèrent laConférence au cours de l'année, pour trouver une situation, rejoindre le

290 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920",Assemblée générale 1920, op. cit., pp. 12-13.291 Ibid.292 Ibid., pp. 13-14.

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régiment, ou parce qu'ils ne se sentaient pas dans leur milieu, trouvant laConférence Olivaint trop austère, trop religieuse ou trop intellectuelle293.

Réorganisation de la Congrégation

Rapidement, des relations furent reprises avec une petite centained'anciens, et la Congrégation fut reconstituée. Une innovation majeure - etdéterminante pour l'avenir de celle-ci, fut la fin de l'obligation pour lesOlivaints d'être membres de la Congrégation. À partir de 1919, en effet, iln'était désormais plus nécessaire d'être Congréganiste pour faire partie de laConférence : à la faveur des difficultés de recrutement, en effet, s'opérait unesubtile distinction entre les membres titulaires de la Conférence,congréganistes, et les simples membres qui, à la différence des premiers,n'étaient ni électeurs ni éligibles. En 1920, la moitié seulement des membresappartenaient à la Congrégation, et la proportion semble être allée ens'amoindrissant tout au long de la période étudiée. Autant dire que cettedistinction sonnait le glas du lien organique entre la Congrégation et laConférence.

Création d'une association légale

Il n'est pas douteux que les anciens ont beaucoup contribué à lareconstitution de la Conférence après la Guerre. Les deux premiersprésidents, celui de la Congrégation, et celui de la Conférence, étaientd'anciens membres, et les concours furent nombreux et variés.

C'est lors de l'Assemblée générale de 1920 que fut évoqué pour lapremière fois le projet d'association légale qui avait pour but, selon soninitiateur, Maurice Papillon, d'assurer à la Conférence une "sécurité légale"et des "secours matériels" et de créer un lien plus étroit entre les anciensmembres de la Congrégation294. De fait, la première fonction des Anciensétait le recrutement de nouveaux membres : il leur est demandé dès 1920d'orienter vers la Conférence les étudiants qu'ils connaissaient295. Leurseconde fonction était d'ordre matériel : il s'agissait, par des dons d'aider laConférence. Naturellement, il fut fait appel à la bonne volonté, nonseulement des anciens, mais aussi de tous ceux qui, étrangers à la Réunion,pouvaient comprendre "l'importance et la portée sociale d'une oeuvre 293 Ibid.294 Anonyme (vraisemblablement le RP Henry de Pully), Assemblée générale 1920, op. cit., p. 10.295 Note aux anciens, s.d., reproduite dans : Assemblée générale 1920, op. cit., p. 36.

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s'adressant à l'élite296". Enfin, il s'agissait d'aider les jeunes Olivaints à faireleur entrée dans la vie active. Dans ce dessein, il était demandé aux anciensde signaler, surtout vers la fin de l'année scolaire, les situations à prendrequ'ils connaissaient, mais plus encore d'envoyer à l'association, sur lesdiverses carrières où ils étaient entrés, des fiches y indiquant les qualitésrequises, les débouchés et les difficultés.

Le nouveau contexte politique, et en particulier l'apaisement de laquestion religieuse, ont permis la création de cette association. Cela dit, parprécaution, cette association des anciens de l'Olivaint prit pour nom « Lesamis de l'étudiant ». Toute méfiance n'avait donc point disparu.

Le Père de Pully, un directeur combatif

C'est au RP Pully que le Provincial donna, en janvier 1919, la chargede la Conférence Olivaint. Ce Père Jésuite a conservé la direction de cetteoeuvre jusqu'en 1941, date de sa nomination à Angers, ou il est mort le 30mai 1945297.

Henri, Marie-Joseph, Charles Randon de Pully est né le 10 janvier1877 à Châtellerault. Comme son prédécesseur, il est entré jeune, à 17 ans,dans la Compagnie de Jésus. À la différence du Père Aucler, il fit ses étudesà Canterbury, le « collège de l'exil », avant d'obtenir une licence dephilosophie à la Sorbonne. Il fit un séjour au Caire, de 1903 à 1908. À cettedate, il fut ordonné prêtre et séjourna à Marneff, en Belgique, jusqu'en 1913.Pendant la Guerre, il fut aumônier volontaire sur le front. Il avait 42ans, lorsqu'il fut nommé à la résidence de la rue de Sèvres, à Paris, et prit encharge des oeuvres d'étudiants. Ce personnage avait une allure sévère, qui amarqué 23 générations d'Olivaints :

Le Père de Pully (...) n'avait aucune prestance ; son crâne était aussi vaste que

totalement dégarni et son menton prononcé ressemblait à une savate fatiguée qui

s'ouvrait sur une dentition clairsemée. Mais le père de Pully était un prêtre. Il priait

à longueur de journées. Il attendait de pied ferme nos confessions - à peu près

296 Ibid.297 Il n'existe aucun travail sur le Père de Pully et, semble-t-il, guère d'archives. Les rares renseignementsà notre disposition proviennent d'une fiche signalétique conservée aux Archives jésuites de la Province deParis, du catalogue de la Bibliothèque nationale, et du témoignage de monsieur André Aumonier.

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toujours les mêmes -, celles de garçons qui trouvaient en lui l'écoute du père et la

foi du religieux298.

La sévérité de l'allure allait de pair avait celle de son esprit. De Pullyappartenait en effet à cette génération de Jésuites qui avaient connu l'exil, etnourri de fortes préventions contre la République laïque. Qui plus est, il futéloigné de France pendant un certain temps, ce qui ne l'a certainement pasrendu plus ouvert à la modernité.

Le groupe d'Institut agronomique

Le Père de Pully adjoignit progressivement à la Congrégation uncertain nombre de groupes catholiques d'écoles. Pendant un temps, ils'occupa ainsi de la Conférence Montalembert, non pas celle du 104 rue deVaugirard mais celle de Saint-Louis de Gonzague, un groupe catholique, endécomposition, qui, selon le Père de Pully, recrutait avant tout dans unmilieu "libéral" et "pas très pieux" et, "sans aumônier, émettait les idées lesplus saugrenues299". Mais sa principale action fut la création, dans diversesécoles, de nouveaux groupes catholiques spécialisés. En somme, la Réuniondes jeunes gens, près de dix ans avant l'ACJF, mettait en oeuvre unespécialisation partielle, la Conférence Olivaint conservant cependant soncaractère pluridisciplinaire et sa vocation à réunir les jeunes catholiques detoutes les écoles.

Le premier groupe mis en place, timidement, fut celui des élèves del'Institut national agronomique (INA), fondé avec l'assentiment du directeurde l’école. Émanation de la Conférence Olivaint, il n'en n'a jamais fait àproprement partie, les réunions de ce cercle n'ayant lieu que deux fois parmois et l'Olivaint se contentant de lui prêter ses locaux, sa bibliothèque... etson aumônier300. En 1921, ce cercle prit le nom d'Union catholique de l'INA(UCINA), et comptait alors 62 membres, soit près du quart de l'effectif del'école, et - à l'image de la conférence-mère, créa une Conférence de Saint-Vincent de Paul.

298 André AUMONIER, Un corsaire de l'Eglise, du patronat chrétien au Secours catholique. Entretiensavec Jean-Nicolas Moreau et Bernard Vivier, et la collaboration de Jacqueline Dornic. Fayard, 1996, p. 26.299 Lettre du RP de Pully à X, vraisemblablement le Provincial, 26 avril 1919. Archives jésuites de laProvince de Paris, I PA 745/3.300 Ibid., p. 14.

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Les écoles de conférenciers

La Conférence Olivaint, pour sa part, reprit pour l'essentiel saphysionomie antérieure. Les conférences du mercredi reprirent chaquesemaine, et reprirent à la lettre l'ancien règlement. À l’initiative de RenéPleven, Alfred Beaucourt et Jean Lepargneur, les cercles d'étude qui, depuis1906 au moins, préparaient les Olivaints à la prise de parole en public, furentaussi reconstitués, sous le nom d'écoles de conférenciers. Après-guerre, il enexistait deux, qui prirent les noms de leurs deux premiers présidents,Beaucourt et Lepargneur, et comptaient chacune une trentaine departicipants. Une émulation s'est instaurée entre ces deux groupes, sous laforme d'un débat301.

En plus de leur activité intérieure, ces « écoles » déléguaient leursmembres dans différentes oeuvres et différents patronages, notamment à lacrypte de Saint-Sulpice, où, devant un public varié, les jeunes Olivaintstraitaient des sujets chers à leur cœur. C'est ainsi qu'en 1922, Henry Andrévint y traiter des « soviets de Russie », à la grande satisfaction du vicaire302,tandis qu'en 1924-1925, M. Boullenger y parla de la Fran-Maçonnerie303.

L'académie des jeunes

À la même date, le Père de Pully décida de créer « l'Académie desjeunes », qui se substitua progressivement aux écoles de conférenciers etpartageait le même but : permettre aux plus jeunes de se former entre eux àla parole. Le nom d'académie a été choisi par le directeur pour signifier sondésir de donner aux futurs orateurs le souci du langage châtié, de la formeélégante, du mot parfait, "en un mot de la perfection littéraire, quepossédaient à un si haut degré les orateurs classiques de l'Antiquité, lesorateurs sacrés du grand siècle, mais que nous ne retrouvons que troprarement dans les discours dont nos représentants au Parlement nousgratifient avec tant d'abondance304".

301 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921". Assemblée générale1921. Bourges : Tardy-Pigelet, 1921, p. 14.302 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint". Assemblée générale1922. Bourges : Tardy-Pigelet, 1922, p. 15.303 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925". Assemblée générale1925. Bourges : Tardy, 1926, p 21.304 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 18-19.

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Cette académie tenait ses séances le vendredi, deux fois par mois. Lapremière année de son existence, elle a compté vingt-et-un inscrits, donttreize seulement furent assidus. Deux sujets étaient donnés au choix. Chacundes membres devait préparer l'un des deux sujets, et tous passaient à latribune. Parfois, le sujet comportait, pour l'auditoire, le droit d'apostropher etd'interpeller, afin d'aider l'orateur à acquérir une plus grande maîtrise de soi.Le tout, sous le regard du Père de Pully, qui donnait aux concurrents unetriple note : note de fond et de forme, note de débit, note d'action oratoire.Ces notes, additionnées, donnaient le résultat du concours, décerné deux foispar trimestre305.

Cette académie constitua la principale innovation dans le cadre desactivités ordinaires de la Conférence Olivaint, qui s'efforçait de ressembler àce qu'elle avait été avant la Guerre. Le contexte, cependant, a entraîné unenette évolution, tant l'empreinte de la Guerre était important.

L'ESPRIT ANCIEN COMBATTANT

Si l'ultramontanisme et la défense religieuse ont caractérisé l'esprit dela Conférence Olivaint depuis ses origines, l'après-Guerre vit - sans que l'onpuisse s'en étonner - le développement d'un esprit ancien combattant, liéprincipalement à place importante occupée par les Anciens combattants dansles rangs de l'Olivaint.

Le souvenir de la guerre

Pendant les premières années de la nouvelle Conférence Olivaint, lesouvenir de la Guerre fut particulièrement présent. D'abord en raison despertes que le conflit a causées dans les rangs de la Conférence ; mais plusencore par la place occupée par les anciens combattants : les rangs de laConférence eurent, pendant un temps, une couleur bleu-horizon. Ainsi, lapremière année d'après-Guerre, le président élu fut Paul Moissinac, officierd'artillerie, Croix de Guerre et ancien secrétaire de la CO en 1914. Ses vice-présidents étaient tous anciens combattants et décorés, Paul Manière de laCroix de Guerre, Joseph du Fontenioux - chartiste - de la Légiond'Honneur, à l'exception de René Pleven, le cadet. Jusqu'en 1926, le bureaude la Réunion a toujours compté des anciens combattants dans ses rangs.

305 Ibid.

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La Conférence Olivaint ne manqua donc pas d'honorer les sienstombés pendant le conflit. Un véritable martyrologe, en tête duquel figuraitle RP Aucler, fut ainsi établi et lu à plusieurs reprises par l'aumônier.Plusieurs messes furent dites pour les morts, et une gerbe fut déposée sur latombe du Soldat inconnu. En 1921, Henri du Moulin de Labarthète dit leDe Profundis306. En 1928, encore, une messe eut lieu en souvenir des morts.Elle fut dite par le RP de la Brière.

La Conférence Olivaint entretint ainsi le souvenir de ses morts,soulignant que ceux-ci appartenaient à l'élite intellectuelle et sociale de laNation :

Notre seul programme aujourd'hui est d'être dignes d'eux et de continuer leur

oeuvre. Nous avons dans le monde un rôle à remplir et une place à occuper.

Soucieux de remplir ce devoir, nous venons ici chercher la préparation religieuse,

intellectuelle et morale, qui nous rendra aptes à tenir dignement cette place et à

remplir ce rôle.

Nous devons nous armer pour tenir haut et ferme le drapeau de Chrétien et de

Français 307

Le général de Castelnau

Très vite, la Conférence Olivaint, à l'initiative de son directeur,entretint des liens avec le général de Castelnau, grande figure de Verdun,député de l'Aveyron de 1919 à 1924. En 1920, Castelnau vint faire uneconférence sur l'âme du soldat français, et en mars 1920, trente Olivaints, àson invitation, participèrent à une fête en l'honneur de l'armée française àLiège308. La fidélité du Père de Pully, et de nombre d'Olivaints, à cet hommene s'est, par la suite, jamais démenti. Cette grande figure de la défensereligieuse, président de la Fédération nationale catholique, ennemi juré duCartel des gauches, correspondait bien à l'état d'esprit de l'Olivaint :conservateur, attaché aux valeurs traditionnelles qu'il jugeait inséparables dela religion, il était en même temps ouvert aux questions sociales et acquisaux efforts pour améliorer la condition des travailleurs.

306 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale1921, op. cit., p. 13.307 Ibid.308 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920",Assemblée générale 1920, op. cit., p. 18.

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Le cercle d'étudiants soldats

En mars 1920, un groupe d'étudiants-soldats fut créé au sein de laConférence, qui marquait l'intérêt nouveau de la Conférence pour lesquestions militaires. Ce « cercle de poilus », comme il se nommait lui-même,regroupait principalement des étudiants affectés à la 20e section desecrétaires d'état-major et d'employés au ministère de la Guerre309. Son butétait de permettre aux jeunes soldats de se former sur le plan intellectuel :

En nous donnant l'occasion de penser sérieusement, de réfléchir, les conférences

empêchent l'esprit de se rouiller sous la banalité grossière de la vie de caserne. En

un mot, c'est un moyen de continuer notre formation de jeunes gens chrétiens310.

Après à peine quelques mois d'existence, le cercle comptait près d'unecinquantaine de membres. L'organisation des séances de ce groupe secalquait sur celle de la CO : une Conférence, lue par l'un des étudiants-soldats, suivie d'une discussion « franche et cordiale ». En 1921, il prit lenom de Cercle militaire, et comptait alors une centaine de participants. Lebureau était, à cette date, présidé par un étudiant en histoire, lequel étaitsecondé par un séminariste. Le cercle comprenait également de jeunesreligieux de différentes congrégations, des instituteurs, des commerçants etdes employés, et même quelques agriculteurs, que les conférences du jeudisoir intéressaient311.

Dénonciation du traité de Versailles

Progressivement, la Conférence Olivaint a développé un esprit anciencombattant, patriotique, sinon nationaliste, mêlant la fierté de la victoire et lacrainte d'un redressement de l'Allemagne. "Avec cette victoire est revenuenotre fierté nationale", déclara ainsi Paul Moissinac à l'occasion de la séancede clôture de 1920312. À la Conférence Olivaint, le souvenir de la guerreétait avant tout celui de la victoire.

Cela dit, le fort sentiment national des Olivaints les poussait à critiquervertement le traité de Versailles, jugé nettement insuffisant. Ainsi, lorsque

309 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920",Assemblée générale 1920, op. cit., p. 15.310 X, Compte rendu de la séance du 18 février 1928, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.311 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale1921, op. cit., p. 12.312 Séance solennelle de clôture, 1919-1920. Saint-Germain-les-Corbeil, 1920, pp. 2-7.

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Jean Tissot, élèves des Sciences Po, déclare que le traité de Versailles estmauvais "parce qu'il laisse l'Allemagne puissante" et qu'il n'y a parconséquent pas de sécurité pour l'avenir, il se trouve, aux dires durapporteur, une unanimité dans la salle pour approuver son point de vue313.

L'Allemagne paiera

Le nom de l'invité annuel est révélateur de l'esprit de la Conférence.Le choix n'est pas anodin, en effet, puisqu'il est le produit d'un vote duConseil de la réunion et du bureau de la Conférence. Le nom de Castelnau,invité en 1920, symbolisait en quelque sorte les gloires et les douleurs de laGuerre, et la patrie victorieuse. En 1921, l'inquiétude renaissait ; la France setrouvait en face d'un ennemi qui se dérobait à ses obligations : LouisBertrand, auteur des Villes d'Or, invité alors montrait que les coloniesprésentaient des rivages pleins de promesses. L'invitation de Barrès, un anplus tard, reflétait aussi cette inquiétude grandissante et l'exaltation dusentiment national à l'Olivaint.

Mais il arrivait aussi que des anciens viennent participer auxconférences du mercredi. Ainsi, le 9 mars 1921, Émile Taudière vint-il parlerà la Conférence des "Fruits de la victoire". La séance était présidée par RenéPleven 314.

À ses yeux, le traité de Versailles a réparé la violence de 1871.L'Alsace Lorraine est redevenue française, de même que le Congo, et letraité a donné à la France la propriété des mines de la Sarre. En outre,explique Taudière, la France a quelques précautions contre le danger d'unerevanche allemande : la zone démilitarisée, la réduction des effectifs militairesallemands... Mais, précise-t-il aussitôt, "l'Allemagne ne nous a pas tout payé; elle a fait naître la Guerre, elle doit en payer les frais". Certes, ilreconnaît que l'Allemagne ne peut pas tout payer, mais elle doit payer enpriorité les réparations et les pensions, et il se dit partisan d'une hausse desdroits de douane, voire l'occupation de nouveaux territoires, pour lacontraindre à payer. Ce sentiment, fort répandu dans l'opinion publique, estl'une des constantes de l'esprit de la Conférence Olivaint d'après-guerre.

313 Joseph du Fontenioux, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle, 1919-1920, op. cit.,pp. 8-34.314 Compte rendu de la séance, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.

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Entre crainte du pangermanisme et attrait du fascisme

Une des expressions les plus nettes de la crainte qu'inspirait à certainsOlivaints la perspective d'une renaissance de l'Allemagne est l'interventionde Georges Monnier l'issue d'un exposé de Longaud sur les partis politiquesen Allemagne, en 1923 : "vous dites, lança-t-il, qu'il n'y a que 25pangermanistes au Reichstag et vous concluez que leur règne est terminé ?À la chambre italienne, les fascistes n'étaient pas plus nombreux, et voyezce qu'ils ont fait315".

On se méprendrait, cela dit, en interprétant aussi cette interventioncomme une condamnation implicite de la conquête du pouvoir parMussolini. Le même Monnier, la même année, dans un exposé sur « L'Italied'après-guerre et le fascio », clama haut et fort ses sympathies pour lerégime fasciste, dans lequel il appréciait l'ordre et l'autorité autant que le lienunissant à ses yeux le Pape et Mussolini. Et si, précise le rapporteur,quelqu'un eut l'audace de lui rappeler "le sang que cette réaction a faitcouler", c'était pour s'entendre répondre aussitôt : "Une opérationchirurgicale est sanglante... Qui cependant doute de son efficacité ? 316 ".Il est impossible, cela dit, à partir de ce seul exemple, de se faire une idée del'opinion des membres de la Conférence sur la situation en Italie. Il n'est pasimpossible, toutefois, que d'autres Olivaints aient été séduits par le régimefasciste naissant. Georges Monnier, en outre, n'était pas un Olivaintquelconque, mais le président de la Réunion des jeunes gens, de 1920 à1922.

FACE A L'ENNEMI INTERIEUR

La méfiance vis-à-vis de l'ancien ennemi allemand s'est accompagnée,tout au long des années vingt, d'une dénonciation de l'ennemi intérieur. LaConférence Olivaint s'est ainsi révélée comme étant un bastion del'anticommunisme, de l'antimaçonnisme et de l'antisémitisme.

315 Pierre Goubaux, "Rapport sur les travaux de l'année". Séance solennelle de clôture, 1923. Bourges :Tardy-Pigelet, 1924, p. 15.316 Ibid., p. 16.

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La politique entre à l'Olivaint

L'antisémitisme et l'antimaçonnisme n'étaient certes pas unenouveauté à la Conférence. Mais ils furent, après la Guerre, abordés plusfranchement par les Conférenciers, les débats semblant avoir pris unetournure un peu plus politique au début des années vingt. Certes, le vieuxrèglement était toujours en vigueur, et notamment l'article 10, qui bannissaitla politique des discussions. Mais, comme le relève Henri du Moulin deLabarthète, on ne jurerait pas " que la perspective de grignoter l'article 10n'ait été, certains soirs, pour quelque chose dans l'afflux des contradicteursà la tribune. La règle est bien tournée, mais l'on hésite à croire que laguillotine présidentielle fonctionnera pour de si légères infractions et, defait, elle s'abstient le plus souvent317". En outre, l'interprétationtraditionnelle et restrictive de l'article en question est toujours de mise :"Nous avons respecté l'article 10 de notre règlement : nous n'avons pasconspiré contre le régime", déclare ainsi Pierre Goubaux318. Mais les espritsont changé, et l'application du règlement est d'autant moins stricte que lamenace des foudres de l'administration républicaine s'est éloignée du fait del'apaisement de la question religieuse. La question du régime, elle, demeurecela dit controversée, et, comme on le verra, il demeure au sein de laConférence des adversaires résolus du régime républicain.

L'interdit formel demeure, mais la politique fait aussi son apparitiondans l'intitulé même des sujets des conférences, sous le vocable de «sociologie ». C'est sous ce terme, en effet, qu'en 1919-1920, l'on désignaitles exposés politiques, comme celui, intitulé « A-t-on le droit d'être libéral ?», d’Henri Auffray :

Si, explique Joseph du Fontenioux, vers 1910 ou 1912, un conférencier avait

manifesté l'intention de prendre pour sujet d'étude cette simple question (...), le

bureau se fut réuni d'urgence ; il eut convoqué le hardi orateur... exigé la

soumission préalable du texte... En 1920, et ceci est une indication de l'orientation

317 Séance solennelle de clôture, 1921. Bourges : Tardy-Pigelet, 1921, p. 12.318 Séance solennelle de clôture, 1922. Bourges : Tardy-Pigelet, pp. 6-20.

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des esprits, ici ou ailleurs, la question fut posée sans que personne ne s'en inquiétât

à l'avance319.

Il est vrai que le sujet était brûlant, et Auffray tendait à répondre parla négative, condamnant en bloc le libéralisme. Lors de la discussion quisuivit la conférence, il se trouva même un membre, Jean Tissot, pouraffirmer le plus sérieusement du monde qu'à ses yeux, le libéralisme n'étaitrien de moins qu'un péché : "La grande faute sociale de cette doctrine,expliqua-t-il, est de considérer chaque homme indépendamment de sessemblables320".

De fait, la politique a véritablement acquis droit de cité au 12 rued'Assas à partir du début des années vingt, et en 1924, on n'employait plusle terme de sociologie dans les comptes rendus, mais de politiqueproprement dite. On parlait ainsi de sujets politiques, au même titre que l'onévoquait les sujets littéraires, religieux, ou philosophiques. En cela, laConférence Olivaint avait bien connu une évolution notable.

Contre le bolchevisme

En fin de compte, le renouveau du nationalisme, qui avait touché laConférence avant-guerre, n'a été que peu affecté par le Conflit. Aulendemain de la Guerre, la Conférence Olivaint demeurait un bastion dunationaliste. Cela dit, le sentiment nationaliste des Olivaints tendait à sereporter sur d'autres adversaires, ainsi le bolchevisme :

Il faut, déclare le président des Anciens, Maurice Papillon, lors de l'Assemblée

générale de 1920, nous préparer à de nouvelles luttes. Ce n'est plus contre

« l'invincible armée allemande » que nous avons à combattre ; la Providence l'a

punie de son orgueil, et d'ici des années nous n'avons plus à la redouter. C'est

contre l'ennemi de l'intérieur que nous avons à nous défendre. Les meneurs

bolchevistes, à la solde de l'étranger, profitant des difficultés économiques au

milieu desquelles nous nous débattons, tentent un suprême effort pour amener le

bouleversement social, dans lequel ils espèrent voir sombrer la patrie. Ils font appel

aux basses passions, qu'aucun frein religieux ne retient plus, pour arriver à leur

but321. . .

319 "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1919-1920, op. cit., pp. 8-34.320 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.321 Maurice Papillon, Assemblée générale 1920, op. cit., p. 33.

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Pour combattre le "bolchevisme", Maurice Papillon invitait lesOlivaints à faire appel à la "clairvoyance du peuple de France", et en appelaà l'union des classes, "pour refaire la richesse et la prospérité" du pays. Ilappartenait donc selon lui aux Olivaints d'aller vers "le peuple" :

Vous irez à lui et vous lui montrerez le mensonge des sophismes qu'on lui expose,

vous ferez droit à ses légitimes revendications, vous lui redonnerez par votre

exemple l'amour du travail qu'il semble avoir oublié, et vous lui referez une

mentalité chrétienne322.

Cette exhortation n'est pas restée lettre-morte. Nombre d'Olivaints, eneffet, sont allés porter la « bonne parole » dans des milieux exposés auxidées progressistes, aussi bien dans la crypte de Saint-Sulpice que devant despublics hostiles.

Antisémitisme et anti-maçonnisme

L'évocation de sujets religieux, comme autrefois, donne lieu à desdiscussions agitées et souvent teintées d'antimaçonnisme. Ainsi, lorsqueJoseph Hours évoque, dans un exposé, la question religieuse en France auXIXe siècle, la discussion permet à certains de mettre en avant "le rôle desFrancs-maçons, des Juifs et des Protestants dans les luttes contre l'Eglise",tandis que du Moulin de Labarthète tient à stigmatiser "le rôle anticléricaljoué par Gambetta323".

Comme auparavant, il n'est pas rare que des séances entières soientconsacrées à ces questions ; mais ces séances ne donnent guère lieu à deréels débats. Ainsi, lorsque, Paul Manière, dans un exposé sur la Franc-maçonnerie, déclare que celle-ci est "l'ennemi le plus sournois, tenace etpuissant de l'Eglise" et que "cette volonté de désordre et d'anarchie[qu'elle] incarne ne peut avoir qu'une origine satanique", il ne se trouveguère de contradicteurs.

Le 16 mars 1921, M. Nourrisson, avocat à la cour d'appel vintévoquer l'histoire de la Franc-maçonnerie. La séance, en l'absence duprésident Pleven, était présidée par le vice-président, Henri du Moulin deLabarthète, qui accueillit le conférencier en le félicitant de son récentouvrage sur la Franc-maçonnerie, laquelle fut - sans surprise - dénoncée et 322 Ibid.323 Joseph du Fontenioux, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle, 1919-1920, op. cit.,pp. 8-34.

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vilipendée tout au long de la séance. Faut-il en déduire que l'assemblée, nedisant mot, consentait, et partageait dans sa totalité ces points de vue ?Vraisemblablement pas - il est difficile en tout cas de faire de généralités. Ilest clair, cependant, que l'antisémitisme et l'antimaçonnisme - de même,dans une moindre mesure, que l'antiprotestantisme - étaient des opinionsdominantes à la Conférence Olivaint d'après-Guerre.

La haine du Juif

Peu de sentiments étaient aussi répandus, en effet, que l'antisémitismedans ce cercle catholique. Et rares étaient les exposés qui n'offraient auxantisémites les plus forcenés l'occasion d'exprimer leur haine. Ainsi unexposé sur l'Autriche, de M. de Saint-Chamas, est-il prétexte à mettre enévidence le "rôle néfaste des Juifs en Europe centrale324".

Il y avait, il est vrai, parmi les membres de la Conférence, à l'image deLouis Delsol avant la guerre, des antisémites particulièrement virulents.Georges Bracquart, par exemple, homme d'une haine et d'une idée : lahaine, c'est celle du Juif, l'idée, c'est que le Juif est partout :

Contre le Juif, rapporte Georges Bidault, M. Bracquart, avec ténacité, avec

conviction, presque avec mysticisme, prêche la croisade. Même si l'on ne partage

pas toutes ses manières de voir, on ne peut moins faire que rendre hommage à sa

documentation, à sa bonne foi et à son talent325.

On devine que le rapporteur ne partage totalement pas cette haineexprimée par l'orateur. Il distingue, au demeurant, parmi les interventionsqui se produisirent pour appuyer ou contredire Georges Bracquart, celle demonsieur Lapierre, "en faveur de la paix entre tous les bons Français".Une intervention d'autant plus remarquée, ajoute-t-il, "que cet orateurvigoureux est généralement d'humeur plutôt belliqueuse326". La haine duJuif, comme avant le conflit, est donc le fait d'une minorité de membres ;mais l'antisémitisme, lui, est largement répandu.

324 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.325 Georges Bidault, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1922, op. cit.,p. 27.326 Ibid.

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Dénonciation du sionisme

Ce dernier, cela dit, s'est double à cette époque d'une dénonciation del'aspiration des Juifs à fonder un état. Ainsi, dans une conférence du premierjanvier 1921, Mignot s'en est-il pris au sionisme. Il s'efforça d'abord demontrer comment, malgré la diaspora, les Juifs avaient conservé la traditiond'Israël, grâce au Talmud, "à l'institution du ghetto et des persécutionselles-mêmes327". Il situa ensuite la naissance du mouvement sioniste en à lafin du XVIIIe siècle, sous l'influence de Mendelsohn, le grand père dumusicien, et attribua une bonne part de son développement au XIXe siècle àl'action du docteur Ernst. Mais, souligne Mignot, si la revendication dessionistes était la création d'un État juif indépendant, il n'était pas question dela Palestine, du moins jusqu'au Congrès de Bâle en 1889. L'orateur s'enprenait surtout à l'attitude des Anglais, et souligna la difficulté d'un telrassemblement de peuples divers sur un territoire si étroit.

Tel était bien l'avis du président de séance, René Pleven, qui, aprèsavoir félicité le conférencier, "proclame l'éternité du problème juif328". Et ladiscussion s'engagea, vive, autour de la solution à apporter au dit problème,certains proposant des solutions extrêmes, ainsi René Derville qui - sansobtenir l'acquiescement du conférencier, plus mesuré - proposa de réunirtous les Juifs sur un territoire isolé "que viendraient bombarder desavions329".

Ultramontanisme et conservatisme

De même, la Conférence Olivaint demeurait un haut lieu del'ultramontanisme. N'entend-on point, la première année après la guerre, lejeune Henri du Moulin de Labarthète exprimer sa confiance en la SDN, "àcondition qu'elle trouve enfin son chef naturel, le Pape, et son véritablefondement international, l'Eglise330" ? Sous la direction d'un Jésuite dechoc, le Père de Pully, l'Olivaint entendait donc toujours se placer sousl'autorité du Pape, et l'intervention du jeune Du Moulin sonne comme en 327 Compte rendu de Jean Larcena, Archives Jésuites de la Province de Paris, I PA 740.328 Ibid.329 Ibid.330 Séance solennelle de clôture, 1919-1920, op. cit., p. 33. L'exposé avait pour titre "Impérialisme etnationalisme".

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écho à celle d'un Béchaux qui, en 1876, déjà, proposait l'arbitrage pontificalpour régler les conflits.

Cette fidélité à la Papauté s'accompagnait d'une hostilité toujours viveà l'encontre de la loi de séparation, qu'exprima par exemple GeorgesMonnier, dans une allocution adressée à Gustave de Lamarzelle :

Aujourd'hui où l'on voit des catholiques déclarer intangibles ces lois que Pie X

avait qualifiées d'iniques, sacrifiant ainsi leurs convictions à leur fortune politique,

nous, qui éprouvons de toutes nos forces juvéniles cette attitude soumise et

asservie, nous sommes heureux de vous avoir à notre tête, vous qui n'avez jamais

pactisé, et n'avez jamais désespéré de la cause de l'Eglise 331!

La question religieuse, cela dit, était beaucoup moins traitéequ'autrefois. Dans l'après-guerre, il y eut avant tout un granddéveloppement des sujets diplomatiques. Cela reflétait, naturellement, unemodification des préoccupations des Olivaints : si la nécessité d'assurer àl'Eglise de France un statut légal pouvait leur paraître toujours aussipressant, l'avenir de l'Eglise ne leur apparaissait plus aussi sombre. Entout cas, la CO demeurait un cénacle réactionnaire, dont l'étroitesse durecrutement n'avait d'égale que celle des idées conservatrices de sesmembres. On peut même se demander dans quelle mesure la Conférencen'est pas plus conservatrice encore que dans l'immédiat avant-guerre. Eneffet, outre que les sujets sociaux ont pratiquement disparu des discussions,la question du Ralliement comptait à nouveau, comme aux plus belles heuresdes années 1890, parmi les plus controversées et les plus susceptibles desusciter des débats houleux. C'est pourquoi, en 1922-1923, M. de laVillemanque, dans un exposé sur le Cardinal Lavigerie, évoqua avec uneextrême prudence cette question332. Ce renouveau du conservatismes'explique en grande partie par le retour en force des étudiants d'Actionfrançaise au sein de l'Olivaint.

331 Assemblée générale 1921, op. cit., p. 10.332 Pierre Goubaux, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1923, op. cit., pp. 18-19.

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Chapitre II : Action sociale et action catholique

Fidèle à ses traditions, la Conférence Olivaint reprit, au lendemain duconflit, ses activités sociales. En effet, si la vie religieuse semblait connaîtreun déclin progressif, il n'en allait pas de même de l'action sociale et del'action catholique, qui s'intensifiaient relativement et tendaient à sediversifier.

DES PATRONAGES AUX OEUVRES OUVRIERES

Les patronages demeurent le lieu privilégié de l'action sociale desOlivaints, mais une nouvelle forme d'apostolat s'organise autour de laquestion ouvrière, et donne lieu à des échanges fructueux avec les Équipessociales de Joseph Garric.

Le patronage de Pantin

L'un des patronages les plus importants dont s'occupent des Olivaintsétait celui de Pantin, où s'affaire André Griffaton et, où, chaque mois, unOlivaint vient donner une conférence. En 1922, le thème retenu est celui desprovinces françaises : chaque conférencier vante aux jeunes pantinois lesbeautés de sa province. Que l'on imagine un Paul Viot, "aimabletourangeau, dont le visage reflète les grâces de sa Touraine", cherchant àconvaincre les petits ouvriers de ce faubourg industriel, qu'il y a, aux bordsde la Loire, "une charmante petite ville répondant au joli nom d'Amboise"où il fait "bon vivre sous un ciel harmonieux, dans une belle lumièretransparente, en visitant sa vigne333" !

Les Olivaints s'occupent aussi des patronages de Saint-Louis-de-Gonzague, Saint-Charles, Saint-Denis, et du patronage des Hirondelles. Il estdifficile de savoir combien de membres se sont investis dans ces actions,mais l'effectif de la Conférence Saint-Pierre-Saint-Paul, 20 membres en1922, en donne une idée. En 1926, il y a encore 23 membres actifs, quivisitent 25 familles et s'efforce de procurer aux enfants des vacances à lacampagne334.

333 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 15.334 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926". Assemblée générale 1926.Bourges : Tardy, 1926, p. 10.

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Cercles d'apprentis

Un cercle d'apprentis fut créé dans la maison des apprentis de la ruede Crillon, par le Père de Pully, en réponse à la demande du directeur laïquede la maison, qui se serait plaint de voir ses jeunes apprentis trop délaissésdu point de vue spirituel335. Trois étudiants de la Conférence, Derville,Barbezieux et Montcheuil, furent mis à contribution : régulièrement, uneConférence est organisée, pendant laquelle le Père appelle un à un lesapprentis et s'occupe de leur formation chrétienne individuelle ; un goûterest ensuite servi.

L’œuvre de Billancourt

Les patronages demeurent donc l'une des activités les plus choyéespar les Olivaints qui, par ailleurs, continuent de s'investir dans la Conférencede Saint-Vincent-de-Paul, qui, en dehors de ses réunions hebdomadaires duvendredi, "visite le quartier populeux de Montparnasse336". Mais lesoeuvres ne sont plus aussi nombreuses qu'avant-Guerre, et s'apparententplus à des initiatives privées de membres - à l'image de l'action d'un RenéDerville, étudiant en lettres, pour les Orphelins d'Auteuil - qu'à des actionsorganisées.

À cela, une exception notable cependant. En mars 1919, en effet,René Pleven fonda, avec Alfred Beaucourt, professeur d'économie politiqueà Strasbourg, l’œuvre ouvrière de Billancourt qui a connu undéveloppement notable : le jeune étudiant des Sciences Po a en effet puinstaller dans les locaux de l'usine Renault, une bibliothèque populaire - qui,à la fin de l'année 1919, comptait 250 abonnés - et un bureau deconsultations juridiques ouvert chaque semaine337. L’œuvre, à laquelle ontcontribué plusieurs Olivaints, parmi lesquels du Fontenioux, Manière, etCosserat, a reçu l'appui matériel du "Catholic war Council", uneorganisation américaine qui a mis à disposition de l'Olivaint ses locaux de laroute de Versailles. Des cours y ont été organisés, aux sujets pour le moinsdivers, puisque l'on y traitait tout aussi bien de français, d'anglais, de calcul,de dessin industriel que de sténodactylographie ou de comptabilité. Des

335 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale1921, op. cit., p. 16.336 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920",Assemblée générale 1920, op. cit., p. 20.337 Ibid., p. 19.

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consultations juridiques y étaient données chaque semaine, pour aider lesouvriers dans leurs démarches administratives. Enfin, des conférencescontradictoires y furent organisées ; parmi les têtes d'affiche, on retrouve legénéral de Castelnau. Rien n'indique, cependant, que ces conférences aientconnu un réel succès auprès des ouvriers.

L'action oratoire et l'agitation politique

Le goût de l'action, cependant, est bien plus sensible parmi cettenouvelle génération d'Olivaints ; une action, cependant, moins sociale oureligieuse que politique.

Le premier type d'actions des Olivaints est la prise de parole àl'extérieur de la Congrégation. On recense ainsi, en 1921, quinzeconférences données par des Olivaints, au Cercle Fides de la rue Bonaparte,au Cercle catholique ouvrier de la Villette ou encore au Cercle d'études de lasection syndicale des employés de Neuilly338. En 1922, Jean Vallet fit uneconférence à la maison du peuple du 6e arrondissement de Paris sur «L’œuvre sociale de M. de Mun et du marquis de la Tour du Pin339 ». En1923, Alexandre Richou, alors vice-président de la Réunion, traita de «l'autorité dans le Mariage chrétien » au Congrès de l'Association du Mariagechrétien340. Ces conférences étaient fréquentes : Bidault et Boissard, parexemple, en firent en 1924-25341 .

Les Olivaints pratique aussi parfois une forme d'apostolat offensif, quiconsiste, selon les termes de Georges Monnier, à "répandre des idées justesdans les milieux ou triomphe facilement l'erreur342". En somme, de faire del'agitation dans les réunions publiques des partis de gauche. En 1922, à deuxreprises, des opérations de ce type furent organisées dans des réunions duparti socialiste. Dans la première, consacrée à l'Internationale, Jean Mizzi,élève de l'Ecole des Mines, prit la parole pour expliquer "les saines

338 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale1921, op. cit., p. 12339 Ibid., p. 15.340 Roger de Saint-Chamas, "La vie de la Conférence en 1923". Assemblée générale 1923. Bourges :Tardy-Pigelet, 1923, p. 12.341 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale1925, op. cit., p 21.342 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 17.

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doctrines343". Dans une autre réunion de la Section française del'internationale ouvrière (SFIO), à Versailles, c'est un jeune Olivaint de moinsde 18 ans, Jaques Petit, qui prit la parole :

Un orateur prétendait prouver l'inexistence de Dieu. Petit demanda la parole et

prouva, textes en main, que Voltaire, Rousseau, Darwin, Lamarck et beaucoup

d'autres croyaient en Dieu. Il descendit de la tribune au milieu d'un silence

impressionnant344.

Difficile, cependant, de dire si c'est à son cran ou à son jeune âge, den'avoir pas été expulsé de la salle. Ce type d'action est assez fréquent dansles années vingt. En 1926, par exemple, on peut lire dans un rapport annuelque M. Huntzinger "aime la bataille et affronte les réunionscommunistes345". Un second type d'action est, au-delà de l'action oratoire, l'action sur leterrain : ainsi, lors de la grève du premier mai 1920, plusieurs membres ontdonné leur concours aux compagnies de transport. Binaud et Pleven se sontmis au service des compagnies de chemins de fer, Coppin s'est fait chauffeurd'autobus, Viot et Broucker, receveurs346. Naturellement, les rapportstendent à présenter cette action comme étant parfaitement spontanée ; celadit, il est fort vraisemblable que cette participation de cinq Olivaints futencouragée, sinon par l'aumônier lui-même, du moins par quelque annoncepassée lors d'une séance de l'Olivaint.

Joutes oratoires

Autre activité fréquente, les joutes oratoires, qui opposaient laConférence Olivaint à sa sœur cadette, la Conférence Montalembert ducollège Saint-Louis-de-Gonzague, rue Franklin. En 1923, le thème de lajoute fut le fascisme. La Conférence délégua un président de séance, JeanRey, et quatre orateurs, deux pour et deux contre le Fascio. À l’issue desdébats, un vote fut organisé, et le fascisme l'emporta avec 31 voix contre27347. Naturellement, il convient de ne voir dans ces résultats aucun signe de 343 Ibid.344 Ibid.345 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 10.346 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920",Assemblée générale 1920, op. cit., p. 21.347 Roger de Saint-Chamas, "La vie de la Conférence en 1923", Assemblée générale 1923, op. cit., pp.11-12.

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séduction par l'expérience fasciste, car il s'agit avant tout d'un exerciceoratoire. Un second débat, en 1926, est, cela dit, plus révélateur : le thèmeétait en effet l'école unique et, indique le rapporteur, si la lutte fut chaude,"les laïcards [...] mordirent heureusement la poussière348".

La création d'un comité d'action

Ce foisonnement d'activités politiques et sociales a conduitl'association à constituer en son sein un comité d'action, destiné à éviter ladispersion des forces et coordonner l'activité des membres de la Conférence.Il est divisé en cinq secrétariats : le secrétariat général, le secrétariat d'ACJF,chargé de maintenir le contact avec cette dernière, le secrétariat deBillancourt, qui centralise tout ce qui concerne l’œuvre ouvrière, lesecrétariat des conférenciers, et le secrétariat du recrutement, chargénotamment du parrainage volontaire en faveur des nouveaux venus349.

UN CENTRE DE FORMATION DE LA JEUNESSE CATHOLIQUE

Dans le courant des années vingt, la Conférence Olivaint a poursuivisa collaboration avec l'ACJF, et tissé des liens avec d'autres organisations.En cela, elle a continué à servir de pépinière pour une partie de la jeunessecatholique parisienne.

De moindres liens avec l'ACJF

Proximité géographique aidant, il existe toujours des liens avecl'ACJF. Ainsi la CO offre-t-elle régulièrement à son voisin des secrétairesbénévoles, des bibliographes ou des commissaires pour les actionsentreprises par l'Association catholique à Paris. On trouve ainsi, en 1922, sixOlivaints dans les commissions de l'ACJF : Georges Bidault, de Gaulejac,Richou, Chenain, Pilat, et Grassin350. En 1923, Georges Bidault et RenéPleven, tous deux Olivaints, sont élus au Comité général de l'association.L'année suivante, en 1924-1925, Bidault est élu vice-président, tandis quedix Olivaints oeuvrent dans différentes commissions : René Pleven, Jean

348 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, p. 10.349 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 19.350 Ibid., p. 13.

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Levêque, Galopin, Debray, Halluitte, Ploix, Teisserenc, de la Taillade, duPonceau, et Rémy Pasteau351.

La Conférence Olivaint est toujours présente aux congrès. Ainsi, en1926, Planchenault présente-t-il un rapport sur « l'évolution de la vierégionale352 ». Bidault et de Verdière, notamment, ont pris part à ce congrès.De même, il est fréquent qu'une délégation de l'Olivaint participe auxpèlerinages de l'Association catholique ; celui de 1925 rassembla septOlivaints, dont Georges Bidault et Debray, derrière le Père de Pully353.

Cependant, outre que la part des Olivaints participant activement auxactivités de l'ACJF est très faible, il semble qu'une place moins importante ysoit accordée par le Père de Pully, plus soucieux, peut-être, de fédérer lesétudiants, que de les perdre dans une association généraliste. Cela expliqueen partie l'attrait croissant de l'Olivaint pour une autre association fédéralecatholique, la Fédération française des étudiants catholiques (FFEC), verslaquelle l'Olivaint s'oriente progressivement.

Les Équipes sociales

D'autre part, des liens ont été tissés avec de nouvelles organisationscatholiques, notamment les Équipes de Robert Garric. L'universitaire, anciencombattant, se proposait, dans son organisation fondée en 1919, depermettre des échanges et des liens amicaux entre jeunes intellectuels etjeunes travailleurs. Il fut l'invité de la Conférence Olivaint, en 1924-1925,lors d'une séance consacrée aux équipes sociales354. Dès 1922, Cantenot etPerret participaient aux Équipes sociales : ils furent rejoints l'année suivantepar Jean Daniélou, Rémy Pasteau et Colin de Verdière, plus tard par CharlesBoissard, de Clapiers, et Camus355.

351 Assemblée générale 1925, op. cit., p. 13.352 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 10.353 Ibid.354 Séance solennelle de clôture, 1925. Bourges : Tardy, 1926, p. 18.355 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 10.

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Le groupement universitaire pour la Société des Nations

Une autre organisation à laquelle des Olivaints ont prêté leur concoursfut le Groupement universitaire pour la Société des nations, fondé pendantl'hiver 1922-1923. Il s'agissait pour les fondateurs de cette organisation, aunombre desquels on trouve le journaliste Robert Lange et René Pleven,d'animer sept commissions d'études chargées de populariser dans la jeunesseétudiante et lycéenne les idéaux de la SDN et de développer des contacts.L'association, en 1924, revendiquait 2500 adhérents. On comptait aunombre de ses soutiens René Cassin, Léon Bourgeois ou Henri deJouvenel356. Plus tard, Georges Pompidou en fit même partie.

Dès 1923, on trouve trace dans les rapports annuels de la participationde membres de la Conférence Olivaint au GUSDN357. En l'occurrence, ils'agit de Pleven, Bidault, Levêque et Doulcet qui, aux dires de Roger deSaint-Chamas, "s'emploient à donner à cette institution d'esprit vraimentchrétien, ce qui est le seul moyen de rendre ladite Société (la SDN) viableet utile358".

Former un homme complet

Au travers de ces multiples activités, qui reflètent la diversité durecrutement, c'est la prétention de l'Olivaint à former un homme completqui est affirmée : "Un Catholique soucieux d'exercer une influence un peusérieuse doit être un homme aussi complet que possible", affirmait le Pèrede Pully359. La Conférence Olivaint, tout en diversifiant ses activités et sesliens à l'extérieur, veille à éviter toute spécialisation - et combat le «compartimentement » des études ; c'est pour ne pas restreindre leur champintellectuel que les élèves de toutes spécialités doivent, dans l'esprit du Pèrede Pully, se mêler les uns aux autres :

La CO restera fidèle à l'excellente tradition de ses anciens. Elle demeurera une

grande famille ouverte à tous les étudiants, à quelque école ou Faculté qu'ils

appartiennent, et qui sont soucieux de se connaître, de se rapprocher, en tant que

356 Gilles LE BÉGUEC, "Le groupement universitaire pour la société des nations (1922-1939),Provinces contemporaines, n°1, 1990, Limoges, pp. 33-48. Cité par Christian BOUGEARD, RenéPleven, un Français libre en politique, Presses universitaires de Rennes, 1994, p. 35.357 Roger de Saint-Chamas, "La vie de la Conférence en 1923", Assemblée générale 1923, op. cit., p.12.358 Ibid., p. 13.359 Assemblée générale 1923, op. cit., p 20.

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catholiques, pour mettre en commun leurs ressources diverses, et se créer un foyer

de vie intellectuelle large et désintéressée, capable de les aider à devenir ce qu'ils

doivent être : une élite de l'esprit, et donc une élite morale360.

Cela dit, le Père de Pully ne manquait jamais pas de mettre en gardeles Olivaints contre les risques qu'ils encourent en privilégiant l'action - etnotamment l'action sociale. Il leur fallait, disait-il, penser aussi à acquérir unevaleur par leurs études et par la piété, "pour éviter l'insignifianceintellectuelle et l'insuffisance de la vie intérieure361".

UN DECLIN DE LA PRATIQUE RELIGIEUSE ?

La fin de l'obligation d'appartenance à la Congrégation, ladiversification des activités de la Conférence, ont, il est vrai, entraîné unrelatif déclin de la pratique religieuse au sein de l'Olivaint.

Permanence des obligations religieuses

La place de la vie religieuse, au sein de la Réunion tendait - au regarddes effectifs croissants - à toucher une part de plus en plus infime desOlivaints.

Obligation était faite, en principe, aux membres titulaires, c’est-à-direcongréganistes, de se plier aux obligations religieuses, qui comprenaient lamesse bimensuelle, et - règle non écrite mais ô combien intangible - laconfession.

S'agissant de la messe, une comptabilité soignée des rapporteurssuccessifs nous indique que la moitié des inscrits y assistaient, en moyenne :il y eut ainsi 100 présences pour 200 membres en 1921, contre 70 pour 132membres l'année précédente. On sera édifié d'apprendre - toujours de labouche des rapporteurs - que le nombre des communiants tendait àaugmenter ! Il est ainsi passé de 40 à 70 en moyenne, pendant la mêmepériode362. Le RP de Pully était particulièrement attentif à cette question ;dans une lettre au RP Provincial, en date du 26 avril 1919, il écrivit, au

360 Ibid., p. 21.361 Ibid., p. 22.362 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale1921, op. cit., p. 12.

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sujet du nombre de communiants : "Ce n'est pas encore l'idéal. Maisl'esprit est bon. Je suis content363" . Par la suite, il semble que l'affluence àla messe ait diminué ; en 1925-1926, il y avait encore souvent la moitié desmembres, parfois le tiers, et beaucoup communiaient, mais le rapporteurrelève qu'un nombre croissant de Provinciaux préféraient retourner dansleur famille, le dimanche364.

L'indiscrétion des rapporteurs ne s'étend pas aux confessions, et iln'existe donc pas de comptabilité de ce sacrement. Cela dit, il ne fait guèrede doute qu'un passage régulier par le bureau du Père directeur - quirecevait toute la journée - était recommandé. Le Père de Pully appelait lui-même les confessions « Confessions-causeries365 ». Il s'agissait doncvraisemblablement plus d'une direction de conscience que d'une confession àproprement parler. Ces discussions étaient destinées à orienter les jeunesOlivaints dans leurs études et leur vie personnelle, peut-être aussi à décelerou encourager quelque vocation. En tout cas, le rôle du Père directeur nes'y limitait pas :

Il faut, écrivit le Père de Pully, préparer pour chaque jour, et adapter à des écoles

diverses, une conférence intéressante et une discussion sérieuse et formatrice pour

l'esprit ; il faut que je sois présent à la tribune, à côté de mon président, pendant

toutes les séances, afin de surveiller et de rectifier les idées émises, de reprendre la

question en fin de séance moi-même pour que tout soit net et précis, et de mettre de

la vie dans mes réunions, condition essentielle du succès366.

Le rôle du Père directeur n'a donc pas beaucoup changé, par rapportà l'avant-guerre. À la grande différence de la période antérieure, cela dit,l'entre-deux guerres a été marquée, à l'Olivaint, par une extraordinairestabilité de la direction, puisque le Père de Pully est resté vingt-trois ans à latête de l'Olivaint. Son autorité sur les Olivaints et sur le Conseil de laRéunion en fut certainement renforcée. Plus que jamais, l'aumônier-directeuroccupe une place essentielle et déterminante.

363 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3.364 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 10.365 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 28 novembre 1928. Archives jésuites de la Provincede Paris, I PA 735/3.366 Ibid.

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Cercle religieux

Dès 1920, le Père de Pully institua aussi un cercle d'instruction, pourcompléter la formation apologétique des membres de la Conférence. Lapremière année, les séances, qui eurent lieu chaque lundi soir pendant leCarême, réunissaient 25 auditeurs autour de l'aumônier. Les annéessuivantes, les effectifs connurent une croissance plus faible que ceux de laConférence dans son ensemble. En 1922, le sixième seulement de l'effectif asuivi ces conférences du lundi, consacrées à l'unité, la sainteté et l'apostolicitéde l'Eglise catholique367.

Les retraites fermées

Dès 1920, les retraites fermées de trois jours - qui ont lieu chaqueannée, en général, peu après Pâques à Clamart, Montsoult et Mours368. Ellesont d'abord connu un développement important : dès 1921, le nombre desparticipants, soixante-deux, dépassait ceux connus avant la guerre369. Mais latendance s'est inversée dès l'année suivante : en 1922, il y eut cinquante-deux retraitants370. Le Père de Pully inaugura en 1922 une seconde retraiteen juillet pour ceux qui ne pouvaient pas participer à la première, mais il neput enrayer le déclin : dix Olivaints participèrent à la retraite de juillet1922371, trente-huit aux deux retraites de 1923 et quarante-deux aux troisretraites de 1924 (mai, juillet et octobre). Enfin, il n'y eut que trenteparticipants à la retraite fermée de 1926372. En outre, le Père de Pully et lesanciens se plaignaient du faible nombre de jeunes à ces retraites :

Nos jeunes amis de 18 ans, échappés hier du collège, sont comme les poussins au

sortir de l’œuf ! ils n'ont pas fait craquer pour rien de leur bec encore jaune la coque

du collège ! Rentrer si vite « en coque », fût-ce pour trois jours, les effarouche un

peu. Réfléchir, méditer, n'est pas l'exercice favori de l'extrême jeunesse. Et puis,

367 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 13.368 Henri de Forbin, Assemblée générale 1931 et année 1932, op. cit., p. 7.369 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale1921, op. cit., p. 12.370 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 13.371 Assemblée générale 1923, op. cit., p. 10.372 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 10.

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sacrifier tel Meeting à la salle Wagram, tel dîner en société..., tout cela est bien

pénible pour certains de nos cadets373 !

En somme, il faut que jeunesse se passe. C'est du moins le messageque l'on s'efforce de faire passer. "La retraite, déclare encore Monnier, estune nourriture autrement substantielle qu'un « fin dîner » ou qu'unesurprise-partie, le buffet serait-il exquis, la musique parfaite et lesdanseuses charmantes374!". Car la retraite est la « cellule nourricière » del'âme de la Réunion des jeunes gens, et l'âge d'or de la Conférence, auxyeux de beaucoup, prendrait fin "le jour où les nouveaux n'auraient plusl'esprit de la Congrégation et ne feraient plus en très grand nombre laretraite annuelle375".

Une moindre ferveur religieuse ?

Très tôt, le RP de Pully s'est plaint de la moindre ferveur religieusedes nouvelles recrues. La participation aux messes de quinzaine, auxretraites, après avoir connu des sommets dans l'immédiat après guerre, était,il est vrai, le signe d'une lente mais sensible décrue. En 1925, le président dela Réunion relevait que l'aumônier se plaignait que les jeunes communiaientmoins, se confessaient moins, et qu'ils semblaient craindre davantage de seconfier à lui376. Publiquement, le Père de Pully dénonçait régulièrement, laparesse et la négligence de la présente génération et invoquait l'exempleédifiant des aînés377. Quant aux Conférences religieuses de Carême, ellesétaient, se plaignait-il, davantage suivies par les anciens que par les jeunes.Peut-être, cela dit, le sujet de celles-ci, "La Genèse et la question scripturairedes origines", paraissait-il trop austère.

L'une des conséquences de cette baisse de la pratique collective étaitle manque de cohésion, qui amenait la constitution de tendances rivales. Lepréfet de la Réunion, en 1925, s'en plaignit ouvertement :

373 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 13.374 Ibid., pp. 13-14.375 Ibid.376 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale1925, op. cit., p 23.377 Assemblée générale 1923, op. cit., p. 9.

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Il ne faut pas que nos luttes oratoires puissent devenir moins courtoises, que des

antipathies personnelles puissent se faire jour, qu'il se forme des clans rivaux,

désireux de s'éliminer l'un l'autre378.

L'engagement politique et social nuit-il à la piété ?

L'explication de cette baisse relative de la pratique religieuse estmalaisée. Le Père de Pully avance d'abord un fait de génération : les jeunesgens de l'après-guerre seraient moins pieux que leurs aînés. Cela dit, outreque le RP de Pully ne s'est guère occupé de milieux étudiants avant-guerre,il n'est pas certain que les anciennes générations d'Olivaints furent réellementplus pieuses.

Ensuite, il incrimine l'importance prise par l'action sociale, et enparticulier les patronages :

Que nos jeunes gens, à 18 ans, se fassent « peuple » par le cœur et l'affection aux

classes modestes, rien de mieux, mais que la fréquentation exclusive d'un milieu

populaire (et enfantin) les rende à peu près « peuple » dans leurs goûts, leur

mentalité, leur langage, c'est fort peu désirable, si nous voulons, en France, une

élite qui s'impose par la hauteur de son esprit, le développement de sa culture, de

son instruction religieuse, par le talent acquis379.

L'élitisme du Père de Pully tranche, ici, nettement avec celui qui étaitprofessé jusqu'alors par ses prédécesseurs, pour qui, loin de menacer la« hauteur d'esprit » des Olivaints, la fréquentation des milieux populairespermettait de confronter les jeunes gens des milieux favorisés aux réalitéssociales, et correspondait surtout à un devoir de charité chrétienne.

En outre, le Père de Pully va chercher plus loin encore l'origine decette baisse de la pratique religieuse, puisqu'il incrimine enfin le trop grandengagement des Olivaints dans le monde politique :

Beaucoup ne font que de la politique. Ils consacrent un temps considérable à leurs

groupes politiques et se désintéressent complètement de nos réunions catholiques,

de nos groupements de formation intellectuelle religieuse. Leur foi, faute d'aliment,

378 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale1925, op. cit., p 23.379 Séance solennelle de clôture, 1924. Bourges : Tardy, 1925, pp. 13-14.

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s'étiole ; leur piété s'en va, à la dérive ; ils laïcisent, à la longue, leur pensée, leur

vie, leur cœur. La politique, même la meilleure, ne peut suffire à leur vie380.

À ses yeux, la génération de l'après-guerre, marquée par un plusgrand individualisme, a tendance à fuir les prêtres, et subit l'influence demilieux où la religion est moins présente ou moins affirmée.

MORALISME ET PESSIMISME DU PERE DE PULLY

En fait, il convient de prendre en considération l'extrême moralisme duPère de Pully qui, doublé d'un pessimisme à toute épreuve, tendait àexagérer l'ampleur de la baisse de la pratique religieuse autant qu'àdécourager un certain nombre d'Olivaints.

Contre l'utilitarisme

À de nombreuses reprises, le Père de Pully exprima donc de vivescritiques à l'encontre de la jeunesse de l'époque. Il déplorait ainsi, à l'issued'une assemblée générale de l'association, la faiblesse de la formationphilosophique au lycée ou au collège, l'arrêt d'une culture générale à peineébauchée par une spécialisation précoce, ou encore le souci de beaucoup dejeunes gens d'entrer dans les affaires. Il dénonçait aussi le "dédaininintelligent des lettres et des idées chez beaucoup, qui, sous prétexte deculture scientifique, renoncent au développement, en eux, de la vieproprement humaine", et n'avait pas de mots assez forts pour dénoncer legoût de beaucoup pour la pratique sportive, "qui les abêtitintellectuellement et les absorbe au détriment d'une vie plus sérieuse etplus utile". Et le directeur de l'Olivaint de conclure :

Ces symptômes sont alarmants, ils pourraient signifier un recul intellectuel, spirituel

et moral d'une race qui a toujours été jusqu'ici la plus affinée, la plus humaine, la

plus policée de toutes, et qui serait en train de se découronner, sous couleur

d'utilitarisme381.

Mais ses attaques les plus vives étaient destinées aux particularismes,qui nuisaient à ses yeux à l'unité des Catholiques, et en particulier dans lemilieu étudiant, et qui menaçaient selon lui l'Olivaint. 380 Ibid.381 Assemblée générale 1922, op. cit., p. 29.

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Départ de l'UCINA

Il est vrai qu'à cette époque, certaines écoles avaient tendance àaffirmer leurs particularismes. Le groupe de l'UCINA, par exemple, décidade quitter assez tôt l'Olivaint parce que - aux dires de l'aumônier - leurparenté avec la Congrégation portait ombrage à leur particularisme d'école,et que leurs études par trop spéciales rendaient difficile la découverte parmieux de conférenciers intéressants, pourvus d'une culture généralesuffisante382. Quant aux élèves de l'Ecole centrale, qui, avant la guerre,venaient en nombre appréciable à l'Olivaint, ils ont constitué en 1919 unCercle d'étude qui regroupait une douzaine de membres. Ainsi laConférence Olivaint perdait-elle peu à peu de la diversité qui avait jusque-làfait sa force ; cela dit, l'initiative du Père de Pully de créer différents groupesd'écoles n'était certainement pas étrangère à cette évolution : la spécialisationde l'Olivaint avait nui à la cohésion entre les différents groupes, et a amenécertains d'entre eux à prendre leur autonomie.

Un individualisme croissant

Aux yeux du Père de Pully, la faiblesse de la Conférence Olivaintrésidait, plus fondamentalement, dans l'individualisme croissant exprimé parles nouvelles recrues. Il déplorait ainsi, en 1923, l'indifférentisme, voire lalégèreté, que quelques-uns manifestaient devant des questions graves383. Ilreconnaissait bien que les difficultés de l'heure aient pu rendre les jeunesgénérations plus soucieuses de trouver un emploi que de s'instruire, mais ildéplorait ouvertement que leur besoin de détente les pousse parfois vers une« jouissance égoïste » :

Plus spécialement à l'Olivaint, note Roger de Saint-Chamas, cet esprit

d'individualisme se manifeste de la façon suivante : un certain nombre de nos

jeunes gens négligent de s'assimiler l'esprit de la conférence. Ils s'inscrivent à notre

groupe sur la foi d'un ami, un autre camarade de collège. Ils se retrouvent ici avec

d'autres anciens du même collège : des petits groupements se forment, qui s'isolent

dans le grand et ne cherchent pas à fusionner384.

382 Ibid., p. 30.383 Roger de Saint-Chamas. Assemblée générale 1923, op. cit., pp. 7-8.384 Ibid.

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Le moralisme du Père de Pully n'est certes pas une nouveauté dans laRéunion des jeunes gens. On avait vu ainsi, en 1896, le RP de Salinissanctionner un Olivaint, Albert de Sars, parce qu'il avait eu le tortd'emmener plusieurs amis au théâtre Montparnasse385. Cela dit, avec le Pèrede Pully, ce discours moral et conservateur prit des dimensions jusque-làinsoupçonnées : il ne manquait pas une occasion d'y faire allusion dans sesprises de parole. Il est vrai qu'avec le développement des études supérieureset le climat particulier de l'après-guerre, la jeunesse des années vingt n'étaitplus du tout semblable à ce qu'elle était autrefois. Cela dit, le Père de Pullytendait à faire de la Conférence un îlot de résistance face à l'esprit des"années folles".

Progressivement, cette dimension morale entrait même dans lediscours officiel des membres du bureau de la Conférence. Ainsi Jean Reypouvait-il déclarer en introduction de son rapport sur les travaux de 1923-1924 :

Nous laissons à d'autres la perspective de la six cylindres. Nous leur laissons

encore le Ring, le cinéma et le Dancing. Notre ambition est de continuer une

tradition que nous ont léguée les aînés dont les noms sont inscrits sur les murs de

cette salle, et qui consiste à occuper notre place au milieu de la jeunesse intellectuelle

française386.

C'est que la Conférence Olivaint se devait, aux yeux du Père de Pully,d'occuper une place privilégiée dans l'éducation des jeunes gens de bonnefamille. À plusieurs reprises, le directeur de la Conférence s'en prit ainsi àl'attitude de la bourgeoisie catholique qui, fidèle à l'enseignement primaire etsecondaire libre, négligeait, selon lui, un peu trop, l'enseignement supérieurlibre, et les oeuvres catholiques d'étudiants comme la Conférence Olivaint :"Est-ce qu'on juge, écrivait-il, un bachelier suffisamment formé, pour qu'ilvive désormais hors de tout cadre intellectuel et moral spécifiquementcatholique 387?". Or, aux yeux du père de Pully, c'est précisément à cettepériode de leur vie qu'ils avaient le plus grand besoin des institutionscatholiques, pour "se développer dans un milieu intellectuel favorable à lasauvegarde de (leur) foi388".

385 RP Albert de Salinis, s.j., Historique manuscrit, op. cit.386 Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., p 6-8.387 Assemblée générale 1929, op. cit., p. 4.388 Ibid.

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Chapitre III : Le Quartier latin, nouveau champ d'action

Certes, le Père de Pully était porté à rappeler régulièrement auxOlivaints leurs obligations de congréganistes : ils se devaient avant tout defortifier leurs connaissances et leur foi, avant de s'engager dans le monde.Mais son discours était profondément ambivalent, car s'il reprochait à sesétudiants leurs lacunes intellectuelles, leur engagement excessif dans l'actionsociale et politique, il était en revanche, le premier à les encourager às'engager sur cette voie. Car, à ses yeux, l'Olivaint, dont le recrutement étaitextrêmement diversifié, se devait de jouer un rôle au Quartier latin, et lesgénérations d'Olivaints qui se sont succédées dans les années vingt furent,plus que leurs devancières, engagées dans un combat politique, dont lequartier de la Sorbonne et des écoles était à la fois le terrain de prédilectionet l'enjeu.

LE RECRUTEMENT DE LA CONFERENCE DANS LES ANNEES VINGT

L'une des principales spécificités de la Conférence Olivaint étaitl'importance et la diversité de son recrutement, qui lui offraient une placeprivilégiée dans le milieu étudiant des années vingt, faisant d'elle un viviernon seulement pour les organisations de jeunesse, mais aussi pour certainesorganisations politiques.

Des effectifs importants

Les effectifs, dès 1921, redeviennent, en apparence, semblables à cequ'ils étaient en 1914. Mais en apparence seulement : si, à cette date, il y aplus de 200 inscrits, il n'y a, en effet, qu'une centaine de cotisants, etseulement 79 membres titulaires389. Il faut ajouter que l'absentéisme est assezimportant, et qu'en moyenne, la moitié seulement des membres participentaux séances du mercredi. L'année suivante, cela dit, le nombre des titulairess'élève à 111. En 1924-1925, il y a deux-cents inscrits, et une centaine deprésences en moyenne390. Il faut ajouter à ces effectifs ceux des autresgroupes qui dépendent de la Conférence Olivaint : les étudiants soldats, legroupe des Hautes études commerciales, fondé en 1922 (qui compte 45membres en 1923), le groupe de l'école de chimie, fondé en 1923, le groupe 389 Assemblée générale 1921, op. cit., P. 19.390 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale1925, op. cit., p 21.

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des électriciens de l'Ecole Violet, fondé en 1923, et les groupes de Khâgneuxde Lakanal et Henri IV, fondés respectivement en 1922 et 1923 (quicomptent une vingtaine de membres). Tous ces groupes, ainsi qu'un cercled'ouvriers, auquel le RP de Pully prêtait les locaux de l'Olivaint pour unerécollection spirituelle mensuelle, permettent à l'aumônier d'affirmer qu'en1923-1924, près de 500 jeunes gens au total ont fréquenté la ConférenceOlivaint en 1923-1924391.

L'importance de chiffres s'explique vraisemblablement par le fait quela cotisation était assez faible. Son montant, vingt francs, était en effet lemême 1920 qu'en 1914 :

C'est que nous n'ignorons pas les sacrifices que les circonstances économiques

imposent aux parents de ceux qui font leurs études à Paris, expliquait le préfet de la

Réunion, Georges Monnier, et nous ne voulons pas alourdir ces sacrifices. Nous

voulons, au contraire, que tout étudiant susceptible de trouver à la Réunion la force

indispensable à sa foi et à sa vertu, ne soit pas écarté de nous par la crainte

d'imposer aux siens un supplément de dépenses trop sensible392.

Le déficit de la Conférence, en 1921, s'élevait à plus de 5000 francs. Ilétait intégralement pris en charge par la Compagnie de Jésus.

Des difficultés de recrutement ?

Comme auparavant, le seul mode de recrutement existant était lacooptation. Au début, tout n'allait pas tout seul, puisque, après cinq ansd'interruption, le recrutement fut long à se mettre en place. Il semble bien,en effet, que le Père de Pully ait rencontré des difficultés de recrutement : ilse plaint ainsi, en juin 1919, du faible recrutement de l'Olivaint au sein del'Institut catholique ; il incrimine les aumôniers d'autres groupes d'étudiants(Le cercle du Luxembourg notamment), qui auraient, selon lui, interdit àleurs étudiants de fréquenter d'autres groupes, notamment la CO393. De fait,le nombre d'étudiants en droit issus de l'Institut catholique semble bien avoirdiminué dans l'après-guerre. Le Père de Pully voit l'origine de cetteévolution dans les conséquences sociales de la Guerre qui, écrit-il,

391 Séance solennelle de clôture, 1924. , op. cit., p. 13.392 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale1921, op. cit., p. 20.393 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 26 juin 1919. Archives jésuites de la Province deParis, I PA 745/3.

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"bouleversa les fortunes les mieux assises394", et amena beaucoupd'étudiants en droit à entrer désormais dans les affaires ou lesadministrations :

Il ressort de cette constatation, conclut pour sa part le président de la Réunion, que

si notre génération sera pauvre en intellectuels, du moins ceux-ci seront-ils

supérieurs à leurs aînés, sinon pour l'étendue de leurs connaissances, du moins

pour leur valeur morale, et c'est beaucoup395.

L'une des principales difficultés du recrutement était l'importance durenouvellement des effectifs : chaque année, la Conférence perdait à peuprès la moitié de ses membres. Les jeunes gens de vingt ans rejoignaientl'armée, d'autres entraient dans la vie active, d'autres abandonnaientl'Olivaint pour leurs études, d'autres enfin se mariaient.

Un recrutement diversifié

Tout délicat qu'il fût à mettre en oeuvre, le recrutement de laConférence Olivaint n'en demeurait pas moins diversifié.

L'étude de la composition de l'Olivaint - superficielle, car il n'existeaucune statistique précise - montre que la diversité du recrutement est réelle: on trouve à l'Olivaint des juristes (de l'IC ou de l'enseignement d'État),quelques normaliens et des étudiants en lettres, des élèves de l'Ecole libredes Sciences politiques (ELSP), des Chartes, des Beaux-Arts (architecture),des HEC, des Travaux publics, de l'INA, des Mines, de l'Institut deChimie396. La répartition semble être à l'avantage des juristes : ainsi, parmiles conférenciers de 1920-1921, il y avait 7 étudiants en droit, 5 élèves ouanciens élèves de l'ELSP, un normalien, un chartiste, et un étudiant enlettres, et la moitié des élus au Conseil ou au bureau de la Conférence en1922 étudiaient le droit397.

En somme, trois institutions dominent le lot : l'ELSP, l'Institutcatholique et la Faculté de droit. D'autres, comme Polytechnique ou l'Ecolecentrale, semblent totalement absentes. La prédominance de l'IC et de

394 Assemblée générale 1922, op. cit., pp. 10-11.395 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 11.396 Ibid., p. 38.397 Ibid.

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l'ELSP s'explique naturellement par la proximité indéniable entre lerecrutement de ces écoles et celle de l'Olivaint, dans la bourgeoisie. Celas'explique aussi par le nombre important d'anciens élèves des Jésuites queces établissements comptaient. Enfin, on ne doit pas négliger la proximitégéographique des établissements par rapport à l'Olivaint : le 12 rue d'Assas,est à mi-chemin de la rue Saint-Guillaume et de la rue de Vaugirard.

Comme leurs prédécesseurs, les Olivaints de l'entre-deux guerresétaient issus en général de milieux aisés, parfois aristocratiques. Il semble,cependant, qu'une certaine ouverture sociale ait marqué l'après-guerre,encouragée sans doute par les bouleversements sociaux consécutifs à laGuerre et à l'accès plus important des enfants des classes moyennes auxétudes supérieures. En outre, si la Conférence Olivaint recrutait toujoursuniquement des Catholiques, la fin de l'obligation d'appartenance à laCongrégation a contribué à introduire dans les rangs des Olivaints descroyants parfois moins intransigeants, ou tout bonnement peu pratiquants.

UN GOUT DE L'ACTION

Cette génération des années vingt avait en commun un profond goûtde l'action, qu'encourageait le RP de Pully, et qui les conduisit à dépasserl'apostolat traditionnel pour s'engager pleinement dans le domaine politique.

Critique de l'apostolat traditionnel

Car l'apostolat traditionnel était remis en question par l'évolution de lasociété et le développement des études supérieures :

Je crois que, aujourd'hui, si nous voulions avoir un apostolat vraiment efficace et

sérieux, écrivit le Père de Pully, il nous faudrait un peu assouplir nos usages. Tous

gémissent sur l'étroitesse de notre champ d'apostolat réel, qui se réduit pour

beaucoup à un cercle de couvents et de bonnes âmes, à quelques prédications faites

à des auditoires spéciaux, à des confessions d'âmes dévotes. La masse des tièdes,

des indifférents aux cérémonies des Églises, des hommes et des jeunes gens,

échappent totalement à l'influence du clergé, et surtout des religieux398.

398 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 28 novembre 1928. Archives jésuites de la Provincede Paris, I PA 735/3.

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Or, il y avait, dans les années vingt un lieu où l'influence du clergéétait relativement faible : le quartier latin. Sans hésiter, le Père de Pully ledécrivait donc comme un objectif majeur de l'apostolat - on devrait dire del'action catholique étudiante :

Les membres de la Conférence Olivaint, déclara-t-il en 1923, (...) ont tous un

champ d'apostolat capital : le Quartier latin ! Cet apostolat est le plus difficile, mais

c'est aussi le plus important. Il s'agit de sauver ces milliers d'étudiants catholiques

des dangers qui menacent leur foi et leurs mœurs, s'ils vivent isolés et en dehors de

tout milieu chrétien. Hélas ! la noyade est si facile ! Il faut au quartier latin des

sauveteurs qui sachent gagner la confiance de leurs camarades isolés, et qui les

amènent doucement dans ces "arches" de salut que sont nos groupes d'étudiants399.

L'action de la Conférence Olivaint dans le quartier latin était doncd'abord et avant tout une entreprise de sauvegarde religieuse.

Une génération de l'après-guerre

Mais elle était, en même temps, une entreprise offensive, car lagénération des Olivaints de l'après-guerre était désireuse d'aller de l'avant.

On ne peut qu'être surpris par l'omniprésence, voire le caractèrerécurrent, dans les discours et les exposés des membres de la Conférence, dela notion de génération. A n'en pas douter, les jeunes gens de l'après-guerreavaient conscience de leurs points communs, c’est-à-dire l'expérience de laGuerre qui avait marqué tantôt leur adolescence, tantôt leur entrée dans lavie adulte, mais aussi les circonstances de l'après-guerre, comme le soulignaitGeorges Bidault en 1923 :

Notre génération, grandie pendant la guerre, un peu au hasard en l'absence des

pères partis au front, a reçu quelquefois le nom de « Génération sacrifiée ». Elle a

fait des études quelquefois sommaires, couronnées de diplômes peut-être

indulgents. Et puis, les circonstances économiques, chaque jour plus dures, grèvent

lourdement le travail intellectuel, au point de devenir un péril pour l'esprit. Raison

de plus pour maintenir entre nous, au-dessus de la diversité des techniques et des

399 Assemblée générale 1923, op. cit., p. 22.

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carrières, le règne de cette pensée par laquelle l'homme seul s'élève jusqu'à sa vraie

nature, et remplit l'essence de sa destinée400.

René Pleven, dans une allocution adressée en 1921 à Gustave deLamarzelle, définissait quant à lui la génération de ceux qui avaient vingt anspendant ou peu après la Grande Guerre comme une génération de combat :

Nous avons trop respiré l'atmosphère de ces heures inquiètes, pour que nos âmes

ne s'en ressentent point. Elles en ont gardé le dégoût des sensations et des rêves

affadissants, la passion de l'action et celle de l'ordre, la haine, en tout domaine, du

dilettantisme. Elle a fait de nous ce qu'on peut appeler une génération au rire dur,

mais qui est avant tout une génération de bataille, et qui veut être une génération

de victoire401.

Le jeune président de l'Olivaint en déduisait que les jeunes de sagénération délaissaient "les hommes en place", et se préoccupaient peu des"renommées établies" :

Voilà pourquoi nous lisons de Maistre, nous lisons Bonald, nous lisons Taine.

Voilà pourquoi nous sommes classiques. Voilà pourquoi nous sifflons M. Bataille

! Nous déchirons les affiches licencieuses. Voilà pourquoi nous n'aimons guère M.

France402 !

Il ne fait donc guère de doute que les Olivaints de cette époque aienteu conscience d'appartenir à une même génération, aux aspirationscommunes.

Le goût de l'action

Ils partageaient, en particulier, un goût de l'action, qu'encourageait etcherchait à canaliser le directeur. De fait, pour un certain nombred'étudiants, le catholicisme est une valeur combative, au même titre, pourd'autres, que le marxisme ou le socialisme. Ainsi, de la défense religieuse qui 400 Allocution de Georges Bidault, président de la Conférence Olivaint, le 6 mai 1923, adressée à XavierLauras à l'occasion de l'Assemblée générale de l'association. Assemblée générale 1923, op. cit.. Le texteintégral est reproduit dans les documents.401 Allocution de René Pleven, président de la Conférence Olivaint, le 29 mai 1921, adressée à Gustavede Lamarzelle à l'occasion du Cinquantième anniversaire de la mort du Père Olivaint. Séance solennellede clôture, 1921, op. cit. Ce n'est pas nous qui soulignons. Le texte intégral est reproduit dans lesdocuments.402Ibid.

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fut le souci des générations précédentes, on en vint à une attitude offensive,qu'un Olivaint, Lafforest, résumait dans un article publié dans La Revue desjeunes. Les jeunes de sa génération, écrit-il, ont autre chose à faire que de se"lamenter sur la brièveté des jours", car ils ont "à travailler" :

Les jeunes qui entrent aujourd'hui dans la vie sont des laborieux : ils savent qu'il

faut gagner son pain à la sueur de son front : c'est juste, nous acceptons403.

Lafforest évoque ensuite l'influence d'Anatole France, qu'il jugedéfinitivement morte :

Car loin d'aimer de nous tenir éloignés de la vie ordinaire et quotidienne, nous

aimons de nous y mêler chaque jour davantage, avec une compréhension plus

exacte et une sensibilité plus avertie. Si nous voulons rester intellectuels, nous n'en

serons pas moins hommes d'action404.

Suit l'évocation de la faculté des Lettres, où l'enseignement dispenséparaît "inconsistant" à l'auteur : ce n'est point une doctrine organisée qu'ony livre, mais une simple somme de connaissances non hiérarchisées. et celane suffit guère, écrit l'auteur, car :

Nous sommes tous à la recherche d'une discipline et d'un dogme. Je crois même

que la plupart d'entre nous ont déjà choisi : ils sont solidement établis dans le

dogme et la discipline catholiques... Dans tous les domaines, le catholicisme

s'aff irme, dispensateur d'énergie et de foi, le plus propre à ordonner et à

construire... (...). Loin de considérer notre religion comme réservée aux faibles et

aux vaincus de la vie (...), nous considérons au contraire notre foi catholique

comme prodigieusement riche en possibilités créatrices. Si elle est un secours pour

les tristes et les timides, elle est aussi un exaltant pour les forts et les conquérants.

Nous en sommes la preuve, nous qui, au moment d'entrer dans la lutte de

l'existence, prenons, pour assurer notre audace, notre foi catholique comme une

arme offensive.

403 Cité par le Père de Pully, Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., pp. 24-26.404 Ibid.

163

La Conférence Olivaint ne visait donc plus seulement à formerpatiemment une élite appelée à présider aux destinées de la Cité, mais àformer de jeunes catholiques combattants qui, tout en préservant leur avenirpar des études sérieuses, devaient prendre part aux débats de l'heure.

LA CONFERENCE ALIMENTE LES LIGUES

Une illustration de cet engagement fut l'engagement d'un nombreimportant de membres de la Conférence dans les ligues qui se sontdéveloppées dans le courant des années vingt. L'attitude de la CO est, dansce domaine, dénuée d'ambiguïté : des liens étroits existaient en effet aveccertaines d'entre elles, comme l'atteste l'attitude de la Conférence lors del'Affaire Scelle.

L'affaire Scelle

La nomination à la faculté de droit de Georges Scelle, professeur dedroit à l'Université de Dijon, et chef de cabinet du ministre radical socialistedu travail, Justin Godard, provoqua, en 1925, une vague de contestation etde manifestations animée par l'Action française.

Une chaire à la Faculté de droit s'étant trouvée vacante, le Conseilavait, comme il était d'usage, soumis au ministère une liste de trois candidats.La coutume voulait que le ministre nomme le premier, choisi parl'Université. Or, à cette occasion, c'est le deuxième, Georges Scelle, qui futdésigné.

Aussitôt, les étudiants d'Action française entrèrent en scène,organisèrent des manifestations et chahutèrent son cours. Lors d'une de cesmanifestations, le 28 mars, une centaine de manifestants et onze policiersfurent blessés. Deux jours plus tard, l'école de droit fut fermée, et le doyen,François Barthélémy, révoqué. Scelle donna sa démission quelque tempsplus tard, au lendemain de la chute du gouvernement Herriot.

La participation massive de membres de la Conférence Olivaint auxdésordres du quartier latin ne fait guère de doute. Elle n'est guèresurprenante, si l'on considère que le président et deux au moins de ses vice-présidents, en 1924-1925, ne cachaient guère leurs sympathies royalistes,sinon leur appartenance à l'Action française ou aux Jeunesses patriotes (JP)de Pierre Taittinger : Charles Boissard, Henri du Moulin de Labarthète, et

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Charles Vallin. Car l'organisation de Charles Maurras, chassée de laConférence Olivaint en 1910, avait fait un retour discret mais massif à laConférence, à la faveur de la bienveillance du Père de Pully envers l'Actionfrançaise.

Ce qui est plus surprenant, et somme toute révélateur d'un étatd'esprit au sein de la Conférence à l’époque du Cartel, c'est de voir cetteparticipation aux manifestations inscrite dans le rapport annuel, au mêmetitre que l'action dans les oeuvres ou à l'ACJF, et, qui plus est, considéréecomme un devoir :

Un paradoxe de notre temps, écrit en effet René Planchenault, est qu'il soit devenu

un devoir civique de dire bruyamment leur fait aux ministres que nous vaut le

suffrage universel. Quel devoir pourrait être plus agréable à des étudiants ? Ceux

de l'Olivaint y ont largement satisfait, et ont contribué, comme il convenait, à la

déconfiture de M. François Albert, lors de l'affaire Scelle, ou à celle de M.

Abraham Schrameck, lors du cortège traditionnel de Jeanne d'Arc405.

Les manifestations du premier mai et de la fête de Jeanne d'Arc, eneffet, avaient été interdites en raison des heurts violents et sanglants quiavaient eu lieu les semaines précédentes entre royalistes et communistes, rueDamrémont. L'AF et les Jeunesses patriotes n'en manifestèrent pas moins. Ils'ensuivit une bataille au cours de laquelle cent dix-huit policiers et cent-cinquante membres de l'AF furent blessés, certains grièvement. Il y eutquelque deux cents personnes arrêtées406. Abraham Schramek était alorsministre de l'intérieur, et les royalistes lui reprochaient de traiter aussidurement l'Action française que les communistes. Il n'est pas étonnant detrouver, parmi les manifestants, des Olivaints, dont l'attachement à la figurede Jeanne d'Arc était l'une des constantes depuis la Guerre, au moins autantque l'antisémitisme. Cela dit, c'est avant tout au nom de leur foi que cesjeunes catholiques se sont engagés dans ces batailles :

Ces deux victoires, ajoute Planchenault, remportées sur le sectarisme, sont d'un

heureux présage pour le cas où recommencerait la persécution anticléricale407.

405 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale1925, op. cit., p 22. François Albert, ardent laïque, était ministre de l'instruction publique. AbrahamSchrameck, dont les nationalistes soulignaient la confession juive, était ministre de l'intérieur.406 Eugen WEBER, L'Action française. - Fayard, collection "Pluriels", 1985, p. 186.407 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale1925, op. cit., p 22.

165

Liens avec la ligue du Père Doncoeur

Et le président de la Réunion des jeunes gens de conclure en indiquantqu'en prévision "d'une nouvelle offensive", les jeunes Olivaints étaient prêtsà occuper la place que leur assignera la Ligue pour les droits des religieuxanciens combattants (DRAC), du RP Doncoeur, qui, "au premier appel,[avait] groupé à l'Olivaint de nombreux adhérents408". Il ne semble pas quela Conférence fût en contact direct avec le Père Doncoeur. En revanche, unresponsable de la DRAC, Dom Moreau, vint, un soir, présenter la ligue lorsd'une séance du mercredi. Charles Vallin, dans son rapport, évoque les"acclamations frénétiques" qui accueillirent le discours du conférencier409.De fait, il semble que la ligue du Père Doncoeur ait recruté durablement eten nombre important à l'Olivaint : le rapporteur de 1926 note ainsi qu'elle arecruté de nombreux cotisants à l'Olivaint410. Mais elle n'était pas la seule : laFédération nationale catholique (FNC) du général de Castelnau et lesJeunesses patriotes sont ainsi parfois citées dans les rapports de fin d'année.

Loin d'être le fait du hasard ou de rencontres fortuites entre les jeunesétudiants et ces mouvements, il est fort vraisemblable que cette orientationdes membres vers ces mouvements fut délibérément soutenue par le Pèredirecteur, le RP de Pully.

C'est lui, en effet, qui avalisait les choix des invités extérieurs faits, enprincipe, par le bureau. On peut même imaginer que, pour une bonne part,les invités étaient même choisis par lui et par lui seul. En outre, on a déjàremarqué qu'il acceptait plus volontiers que ses devanciers que l'on parlât depolitique. Enfin, il ne faisait, semble-t-il, pas un secret de ses opinionspolitiques. Ainsi, lors de la séance de clôture de 1925, présidée par RobertSchuman, alors député de Metz et soutien affirmé de la Fédération françaisedes étudiants catholiques411, venu parler du problème de « la réintégrationde l'Alsace et de la Lorraine dans l'unité française », il prit la parole pours'en prendre au Cartel des gauches au pouvoir : "Les sectaires passent,monsieur, et la France demeure", avant d'évoquer comme exemple pour la

408 Ibid.409 "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1925, op. cit., pp. 3-18.410 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 10.411 Le RP de Pully parle de la Fédération nationale des étudiants catholiques. Ce n'est certes pas unlapsus, mais c'est en soi révélateur d'un état d'esprit.

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jeunesse la Fédération nationale catholique (FNC) de Castelnau et l’œuvredu Père Doncoeur412.

La Conférence Olivaint, sous l'impulsion du Père de Pully, a donc étéun vivier pour un certain nombre de ligues, principalement l'Actionfrançaise, la DRAC, la FNC et les Jeunesses patriotes. Cet apport n'étaitguère fortuit, mais correspondait à la volonté délibérée du Père directeur, etrépondait aux aspirations de nombreux membres. Est-il, pour autant,possible d'affirmer que tous les Olivaints des années vingt partageaient cetétat d'esprit ?

RENE PLEVEN, PROTOTYPE DE L'OLIVAINT D 'APRES-GUERRE ?

En fait, il est difficile de dresser un portrait-type de l'Olivaint del'après-guerre. Cela dit, René Pleven reflète tout à fait le profil d'une grandepartie des Olivaint de l'époque. Le parcours de ce jeune homme nationaliste,proche de l'Action française, très actif et dynamique, élu président del'Olivaint très jeune, est intéressant à plus d'un titre, et illustre ce goût del'action que beaucoup d'Olivaints partageaient, au sein des ligues ou endehors.

L'Action française, un péché de jeunesse ?

La jeunesse de René Pleven est l'objet d'un débat historiographiqueassez vif. Michel Denis, dans sa thèse sur les royalistes mayennais, le ditmaurrassien413, tandis qu'Eugen Weber, dans son ouvrage de référence surl'Action française, affirme qu'il a fréquenté les milieux de l'AF414. Pour sapart, le biographe de Pleven, Christian Bougeard, ne nie pas que ce filsd'officier républicain Rennais ait pu ne pas être insensible "aux sirènespatriotiques et nationalistes", mais il ajoute aussitôt qu'il n'a jamais sauté lepas : "D'autres influences, conclut-il, l'orienteront vers d'autres directionsquand il sera étudiant à Paris415." En somme le nationalisme de Plevenserait un péché de jeunesse vite oublié avec le début de ses études. Plevenlui-même, dans un entretien accordé à une équipe d'historiens en 1980, s'est

412 Séance solennelle de clôture, 1925, op. cit., pp. 28-30.413 Michel DENIS, Les royalistes de la Mayenne et le monde moderne : XIXe-XXe siècle, Paris : C.Klincsiek, 1977 : 600 p. Thèse Paris IV, 1972.414 Eugen WEBER, L'Action française, op. cit., p. 569.415 Christian BOUGEARD, René Pleven, un Français libre en politique, op. cit., p 28.

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efforcé de minimiser - en le limitant à la période de son adolescence - sonattrait pour l'Action française :

Pour revenir du lycée, je passais toujours devant la permanence de l'AF, ouverte à

tous. Le journal était d'ailleurs affiché à la vitrine. Il m'arrivait de le lire... Un jour,

un homme très sympathique (le lieutenant-colonel Bernard de Vezins) m'a invité à

entrer. J'ai souvent par la suite conversé avec lui ; il m'a invité, en vain, à

adhérer... L'AF jouissait d'ailleurs à cette époque, en 1916-1917, auprès de jeunes

comme moi (...) d'un grand prestige, du fait de ses campagnes contre les "traîtres",

pour la répression des "menées défaitistes"... C'est aussi simple que cela416.

Pleven et les "Sirènes nationalistes" de l'Olivaint

Est-ce vraiment aussi simple ? Lorsqu'en 1918 Pleven s'installe àParis, dans une maison d'étudiants de l'Institut catholique, pour étudier ledroit et suivre les cours de l'Ecole libre des Sciences politiques417, il ne tardepas à rencontrer la Conférence Olivaint. A-t-il pour autant changé ?

Pour son biographe, cela ne fait pas un pli : la Conférence Olivaint estun "cercle d'études proche des milieux de la Jeune république de MarcSangnier418", une affirmation que le biographe ne cherche pas à étayer etqui, de fait, est fort difficile à soutenir. On a vu, en effet, comment laConférence Olivaint avait été peu touchée par ces milieux avant guerre, et iln'y a pas trace, dans les rapports, d'une quelconque proximité avec MarcSangnier et la Jeune République après la Guerre. On voit mal, audemeurant, comment le Père de Pully aurait pu s'entendre avec unmouvement qui avait le souci de "porter témoignage dans les milieux degauche419". Si la Conférence devait être "proche" d'un quelconquemouvement - si tant est que l'on puisse employer un tel terme pour uneorganisation qui se définit au-delà des clivages politiques - ce serait plutôt del'Action française, de la Ligue pour les droits des religieux ancienscombattants (DRAC) ou - plus tard, des Jeunesses patriotes (JP), maiscertainement pas de la Jeune République. René Pleven, à la mort de GeorgesBidault, en 1983, rappelait lui-même la diversité des membres, lorsqu'ilrendit hommage à l'ancien président du Conseil national de la Résistance

416 Entretien du 21 janvier 1980, relu par Pleven avant sa publication dans le Bulletin du Centred'Histoire de la France contemporaine, université Paris X Nanterre, n° 1, p. 25.417 René Pleven fut diplômé dans les trois premiers de la section "Finances publiques". En 1924 et 1925,il tenta le concours de l'Inspection des finances, sans succès.418 Christian BOUGEARD, op. cit., p. 34.419 Charles MOLETTE, op. cit., p. 22.

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(CNR) en rappelant leur rencontre à la Conférence Olivaint, "où seréunissaient des étudiants catholiques de toutes origines420".

Plutôt que chercher à définir René Pleven par rapport à la nature dela Conférence Olivaint, on préférera donc s'attacher aux traces qu'y laissa lepersonnage. Or, tout indique que le jeune étudiant fut toujours attiré par les« sirènes nationalistes ». Des sirènes à forte connotation maurrassienne.

L'ardeur de la jeunesse

Pleven, que ses condisciples pairs volontiers de "jeune et ardent421",est, on l'a vu, aux avant-postes de l'action sociale de la Conférence. Ne semet-il pas, en 1922, au service de la Fédération des Associations familiales,en tant que secrétaire du comité juridique ? Président de la ConférenceOlivaint en 1920-1921, il est alors très actif dans le milieu des étudiantscatholiques de l'époque : après son service militaire, effectué comme "sous-nègre" du maréchal Pétain, il est entré au comité général de l'ACJF, et fondeavec Robert Lange le Groupement universitaire pour la Société des nations(GUSDN) avant d'être élu président de la FFEC en 1923 (ce que sembleignorer son biographe). Il n'a alors que vingt-deux ans.

C'est le même jeune homme que l'on retrouve à la tête de ladélégation de la Conférence Olivaint qui, en 1920, se joignit à lamanifestation en l'honneur de Jeanne d'Arc, aux cotés de l'Actionfrançaise422. Est-ce la "maturité précoce d'un jeune rempli d'ardeur etd'enthousiasme423", qui le poussait à l'action, ou un instinct de conservationsociale ? Toujours est-il qu'il ne se refusait pas, à l'occasion, à prêter main-forte aux compagnies de transport, pendant les grèves de 1920, enremplaçant les conducteurs424.

420 Cité par Christian BOUGEARD, op. cit., p. 34.421 Anonyme (vraisemblablement le RP Henry de Pully), Assemblée générale 1920, op. cit., pp. 6-10.422 Ibid.423 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920",Assemblée générale 1920, op. cit., p. 15.424 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920",Assemblée générale 1920, op. cit., p. 21.

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Fustel de Coulanges et le nationalisme historique

S'agissant de ses opinions politiques, l'étudiant Pleven, affirme son zélébiographe "ne se situe (...) pas dans la veine du radicalisme anticlérical,mais déjà dans celle d'un centrisme républicain aucunement hostile àl'Eglise425". Qu'il ne fut pas hostile à l'Eglise n'est, en effet, pas douteux,mais son républicanisme reste encore à démontrer. Car le conférencierPleven, en tout cas, ne cache pas, à l'Olivaint, sa sympathie pour lamonarchie française qui, proclame-t-il un jour à un contradicteur imprudent,"n'a jamais cessé de favoriser les libertés locales426". L'ancien président dela Conférence est alors diplômé des Sciences Po et prépare son doctorat endroit ; il revient à la Conférence pour présenter une conférence intitulée «Fustel de Coulanges et le Nationalisme historique », dont il ne reste pas detrace, sinon le compte rendu que Georges Bidault en fit lors de la séance declôture, laquelle était-ce jour là présidée par Maurice Barrès.

Pleven a pris comme point de départ l’œuvre de Fustel de Coulangespour livrer des méditations plus personnelles, que Bidault rapporte commesuit :

Quoi qu'en aient pensé les philosophes du XVIIIe siècle, tout n'est point à rejeter

du passé. Une institution n'est pas forcément mauvaise parce qu'elle nous vient du

passé ; il y a, au contraire, puisqu'elle a résisté au temps et victorieusement subi

l'épreuve des faits, de grandes chances qu'elle soit bonne. Notre histoire nous

présente une succession de réussites relatives ; parce qu'elles ne sont que

« relatives » prétendre que ce sont des faillites, c'est un mensonge ou une duperie,

dont l'origine est dans la haine du passé. Et cette haine mène droit à

l'antipatriotisme, car qu'est-ce qu'une patrie dans le ciment des siècles et sans le

culte des morts ? Cette haine mène droit à chercher l'imitation servile de l'étranger

les modèles et les exemples qu'on ne veut plus emprunter au passé national427.

À partir de là, Pleven affirme que le plus sûr fondement dupatriotisme est l'amour du passé. Et cet amour n'est véritable que s'il setraduit par le respect de l’œuvre lentement accomplie par les morts, au

425 Christian BOUGEARD, op. cit., p. 35.426 Georges Bidault, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture 1922, op. cit., p.22-23.427 Séance solennelle de clôture, 1922, op. cit., pp. 22-23.

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cours d'un effort séculaire. Une oeuvre qu'il faut poursuivre, et nonbouleverser.

Quand M. Pleven se tut, poursuit Bidault, on entendit un grand silence. La

contradiction ne venait pas, les membres de l'Olivaint semblaient avoir perdu

l'usage de la parole. Pourtant le président parvint à susciter quelques orateurs de

bonne volonté, qui apportèrent successivement à la tribune une adhésion aussi

élogieuse que superflue. À la fin, cependant, un contradicteur se leva, le courage lui

étant revenu entre temps, et se risqua à émettre d'une voix mal assurée des

objections assez piteuses. Mal lui en prit : il fut pulvérisé. C'est tout juste s'il est

revenu aujourd'hui pour vous en parler, car hélas ! c'était moi428. . .

En somme, et contrairement à son condisciple et ami Georges Bidault,on peut se demander si René Pleven était, alors, aussi progressiste que sonbiographe veut bien le laisser entendre.

Un catholique conservateur

En tout cas, il n'était certainement pas anticonformiste. Un exposéqu'il fit sur « Le divorce à travers le théâtre de Paul Hervieu » nous leprésente plutôt comme un catholique conservateur, semblable à la majoritéde ses semblables à l'Olivaint. Il définit en effet le bonheur comme étant"l'accomplissement du devoir" et non l'assouvissement des passions. Or,déclare-t-il, ce devoir, les époux ne peuvent pas l'accomplir "si la stabilitéde la famille n'est pas assurée". Le divorce, selon lui, n'est pas nécessairequant il y a eu faute d'un époux : "Nous n'avons pas le droit de ne paspardonner, nous qui croyons à la rémission des péchés429".

Rejet du socialisme

Ensuite, son rejet du socialisme transparaît nettement dans l'une deses interventions : au cours de l'année 1922-1923, en effet, lors de ladiscussion qui suivit un exposé de M. Couvreur sur Jaurès, Plevencondamna le dirigeant socialiste, à qui il reprocha "d'avoir fait bien peu

428 Ibid.429 Séance solennelle de clôture, 1919-1920, op. cit., p. 33.

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pour le peuple et bien peu pour la paix430". En cela, il rejoignaitparfaitement l'opinion de la majorité des intervenants, tant et si bien quel'orateur, Couvreur, qui s'était risqué à présenter Jaurès sous un jour assezfavorable, du battre en retraite, au point, aux dires du rapporteur, d'implorerl'indulgence du public pour lui-même en répétant d'un ton plaintif : "Surtout,ne me croyez pas jauressiste431".

La guerre, pour assurer la paix

Enfin, il ne semble pas avoir particulièrement fait montre d'un espritpacifiste à la Conférence Olivaint. Ainsi, le 25 mai 1921, lors d'une séancePrésidée par Pleven, Paves présenta un exposé sur la théorie de la guerrechez Joseph de Maistre dans lequel il s'efforçait de montrer que de Maistren'était pas un apologiste de la guerre :

Les hommes, un instant égarés pas des nullités sentimentales telles que Rousseau

ou par des anarchistes haïssables tels que Chateaubriand, ont eu besoin, après des

années de révolution noires de trouble et d'incohérence, de retourner à l'oracle de

penseurs rigoureux432.

Et le conférencier d'ajouter cependant que la guerre est une loigénérale du monde, et qu'à ce titre, elle est divine en elle-même.

À l’issue de l'exposé, le président Pleven remercie Paves de sonpropos et, peut-on lire dans le compte rendu, "le félicite aussi bien de lavaleur même de son exposé que du choix qui l'a porté à nous entretenir deJoseph de Maistre". Puis il déclare que "la guerre est souvent le meilleurmoyen d'assurer la paix433".

On se souvient, enfin, qu'à l'issue de l'exposé d'un antisémite notoire,il avait, un jour, proclamé "l'éternité du problème juif434", et qu'à une autreoccasion, il avait déclaré lire Maistre, Taine, Bonald, déchirer les afficheslicencieuses et affichait son mépris pour Anatole France435.En somme, il étaitun Olivaint semblable à beaucoup d'Olivaints de l'époque, dont les idées, entout cas, étaient conformes à l'esprit qui dominait dans la Conférence.

430 Pierre Goubaux, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1923, op. cit.,pp. 17-19.431 Ibid.432 Compte rendu de la séance, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.433 Ibid.434 Ibid.435Ibid.

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René Pleven apparaît donc bien, en fin de compte, comme unpersonnage ambivalent, que ses racines familiales attachaient peut-être à lalaïcité et à la République, mais que ses rencontres de jeunesse orientaientvers d'autres voies, au moins provisoirement.

GEORGES BIDAULT , UN ANTICONFORMISTE DES ANNEES VINGT

Cela dit, la Conférence Olivaint n'était point un milieu parfaitementhomogène. Il y subsistait une minorité démocrate, que représente fort bienGeorges Bidault, autre grande figure de l'Olivaint des années vingt.

Autant René Pleven semble pour le moins conforme au profilintellectuel des Olivaints de l'époque lors de son passage à la Conférence,autant Georges Bidault, pour sa part, tranche, tant par son anticonformismeque par son caractère iconoclaste, avec le profil courant de sescontemporains.

Une éducation classique

Né le 5 octobre 1899 à Moulins, Georges Bidault fut élevé dès l'âgede huit ans, après la mort de sa mère, au monastère de Bollengo, dans le Vald'Aoste, où s'étaient réfugiés les Jésuites d'Yzeure. Georges Bidault s'yrévéla très vite brillant, mais indocile436.

L'éducation donnée par les Jésuites de Bollengo était empreinte deconservatisme : nombre de Bons Pères, souvent nobles, n'avaient aucunesympathie pour la République qui les avait chassés. Ils étaient doncprofondément royalistes, patriotes, voire nationalistes : l'adoption de la loides trois ans, en 1913, y fut ainsi célébrée par une messe d'action de grâces !

Un "terrible iconoclaste"

C'est en 1921 que George Bidault rencontra la Conférence Olivaint. Ilvenait d'avoir été rendu à la vie civile, après ses trois ans de service militaire,et entamait des études d'histoire à la Sorbonne, dédaignant ainsi la Catho.

436 Jean-Claude DEMORY, Georges Bidault (1899-1983), biographie, p. 14. Jacques DALLOZ,Georges Bidault, biographie politique, L'Harmattan, 1993, 468 p.

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Vice-président en 1921, Bidault, qui se distinguait par sa fortepersonnalité, fut élu président en 1922, et resta très présent à la Conférencejusqu'en 1925.

M. Bidault, rapporte Jean Rey en 1924, parle tous les mercredis, presque sans

exception. Présenter à un public étranger à nos discussions le portrait de M. Bidault

est une chose difficile, il est ce deux qu'il faut voir à l’œuvre. D'abord sa

personnalité est bien marquée. Il a le plus prestigieux des dons, celui de faire

écouter dans un silence complet des idées souvent contraires à une grande partie de

l'auditoire ; celui-ci semble être charmé. Lorsqu'il intervient, M. Bidault entre tout

de suite dans le sujet, et il le retourne sous toutes ses faces, avec une vigueur qui ne

va pas quelquefois sans endommager la thèse bien ordonnée du conférencier. Et

puis, il est tout dévoué à la cause qu'il défend, aussi sa sincérité lui attire-t-elle

l'affectueuse sympathie de ses adversaires. Quant à ses partisans, ils sont

nombreux et ne lui ménagent jamais leurs applaudissements. J'aurai tout dit quand

j'aurai appelé M. Bidault « la providence des présidents ». En effet, lorsque aucun

contradicteur ne s'inscrit, il suffit qu'il monte à la tribune pour y voir courir à sa

suite une nuée d'orateurs qui, hélas ! ne sont jamais de son avis... Alors ses yeux

pétillent de malice derrière le binocle, et triomphant, il ramène sur son front une

mèche indocile437.

À n'en point douter, Georges Bidault méritait le qualificatif de« terrible iconoclaste » que lui attribue son contemporain Pierre Goubaux438.Ainsi, lorsqu'il évoquait la question des frontières, c'était pour critiquer lanotion de frontière naturelle, "notion irréelle, notion surannée", à laquelle ilfaudrait, selon lui, substituer le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.Qu'un de ses camarades - en l'occurrence Pleven - lui objecte alors leprincipe d'équilibre, ou qu'un autre avance les nécessités militaires etl'opinion des grands chefs militaires pour défendre les frontières naturelles,n'y changeait rien : "Ce sont là, écrit Pierre Goubaux, des contingencesterrestres dont ne peuvent se soucier ceux qui, comme M. Bidault, sepromènent sur les hauts sommets de la géographie politique, et même dansles nuées de ce qui pourrait s'appeler la géographie métaphysique439" .

437 "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., p. 10.438 "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1923, op. cit., p. 20.439 Ibid.

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S'agissant de sa perception de la Conférence Olivaint, nul doutequ'elle se différenciait de celle de nombre de ses condisciples, plusconservateurs. À Fortunat Strowski, invité à la séance de clôture de 1924, illança ainsi :

Nous aimons beaucoup la tradition ici ; nous sommes passionnément attachés à la

magnifique histoire de notre race et de notre génie. Mais cette tradition, que nous

voulons préserver et poursuivre, nous nous refusons à la concevoir avec intolérance

ou étroitesse 440.

Nul doute que dans la salle, les oreilles de certains devaient siffler.Celles de Du Moulin de Labarthète, notamment, qui était particulièrementconservateur et avec qui Bidault eut souvent maille à partir.

Débats avec les maurrassiens

Ses contemporains le décrivaient donc comme un président del'Olivaint actif, très présent lors des séances du mercredi. C'est, cela dit,après sa présidence qu'il intervint le plus souvent dans les débats, pours'opposer à ses adversaires Maurrassiens. Car, contrairement à soncondisciple René Pleven, Bidault apparaissait comme un opposant résolu àl'Action française et ses tenants. Ainsi s'opposait-il très souvent à GeorgesMonnier, entré plus tard dans les ordres. Ce dernier, qui, rappelons-le, futprésident de la Réunion, provoqua un jour l'hydre du jeune historien enprenant fait et cause pour le nationalisme : "Concevoir l'intérêt nationalavant tout, déclara Bidault, c'est établir une scission inadmissible entre ledomaine religieux et le domaine politique441". À d'autres occasion, il s'enprit au nationalisme intégral et au dogme du « politique d'abord », déclarantnotamment qu'il n'acceptait pas "la licence de manger du curé pourvuqu'on mange du boche442". Georges Bidault refusait ainsi toute idée desubordination du spirituel au politique, mais il n'affirmait nullement non plusde primauté du spirituel, concevant plutôt les deux comme intimement liés.En tout cas, bien avant ses prises de position publiques et violentes contrel'Action française, Georges Bidault avait donc des opinions parfaitementtranchées et arrêtées sur la question maurrassienne.

440 Séance solennelle de Clôture, 1923, op. cit., p. 7.441 Jean Rey, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., pp. 12-15.442 Ibid.

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L'une des meilleures expression en est certainement le vif débat quil'opposa en 1923-1924 à du Moulin de Labarthète à l'occasion d'un débatsur Montalembert. L'orage, écrit le rapporteur, éclata très vite :

M. Bidault ayant donné Montalembert à ceux qui manquaient d'idéal, montra quelle

est l'importance immédiate de l'apostolat social. M. du Moulin se trouvait parmi

nous ce soir-là. C'est une bonne fortune pour la Conférence d'entendre ce tribun à

l'organe tout à la fois éclatant et harmonieux. Ses interventions sont le fruit d'un

esprit brillant et original, et leur vertu est particulièrement explosive. Il déclara tout

de go à M. Bidault que l'apostolat social renfermait beaucoup de choses bien

nuageuses, et qu'il passait aujourd'hui au second plan, le grand effort devant être

réservé pour l'abrogation des lois laïques. Mais M. Bidault n'est pas homme à

abandonner la bataille. M. du Moulin descendait à peine de la tribune, qu'il y

remontait à son tour. Il s'éleva contre les paroles que M. du Moulin avait

prononcées contre l'apostolat social. « Remettre, dit-il, le catholicisme dans la loi

serait une chose vaine, si on ne le remet en même temps dans le cœur du

peuple »443.

L'incident fut vite clos, les deux orateurs s'étant ensuite clairementexpliqués. Par la suite, il semble que Bidault et du Moulin, et ce tardivementdans leur vie, se soient voué une estime et un respect mutuel. Tout, cela dit,était sujet de controverse entre Bidault et ses adversaires. Il s'opposa ainsi àMonnier et du Moulin sur la question du coup d'état de Rivera en Espagne,qu'il qualifia de "pauvre aventure444". Quant au régime fasciste, autantMonnier lui trouvait des qualités, autant Bidault le condamnait sansambiguïté445.

Un farouche opposant de l'Action française

Georges Bidault ne manquait en fait jamais une occasion de s'enprendre à ses adversaires politiques de l'AF. Lorsque, par exemple, le futurdirigeant du Parti social français (PSF), Charles Vallin, dénonça le"modernisme philosophique", il se leva à la fin de l'exposé pour protestercontre, "cette tendance facile qu'ont certains catholiques à confondre dansune même réprobation, sous le nom de modernistes, ceux de leurs frères

443 Jean Rey, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., p. 16.444 Ibid., p. 17.445 Ibid. , p. 18.

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qui n'ont pas l'heur de penser tout à fait comme eux446". Contre les tenantsde l'ordre social, il déclarait : "L'ordre, c'est plus que la tranquillité de larue, c'est aussi la paix dans la conscience, et avant tout la justice447". Parson tempérament, Georges Bidault tranchait donc nettement avec soncamarade René Pleven.

Après sa présidence de l'Olivaint, il fut délégué en août 1923 auCongrès de Pax Romana, qui avait lieu à Innsbruck. Un an plus tard, ildevint vice-président de l'ACJF, où il s'est révélé à maintes reprises lemilitant du catholicisme social, ou plutôt, comme l'écrit Jacques Dalloz, "unmilitant d'une démocratie chrétienne qui se cherchait448".

31 janvier 1926, il présenta devant le conseil fédéral de l'ACJF sonrapport sur les mouvements de jeunesse catholique, dans lequel il s'en pritouvertement à l'Action française, dont la devise, « Politique d'abord » nepouvait, à ses yeux, être celle de l'ACJF :

C'est le devoir des dirigeants, déclare-t-il, de veiller dans les circonstances

présentes à ce que la jeunesse catholique ne soit, par des mouvements politiques, ni

compromise en bloc, ni égarée en détail. (...) Il ne faut pas nous laisser envahir449.

Georges Bidault illustrait donc parfaitement cette frange de laConférence Olivaint qui, héritière de la tradition sociale et attachée à laprimauté du spirituel, se retrouvait le plus souvent au sein de l'ACJF. Nuldoute, cependant, que cette frange de la Conférence Olivaint connut uncertain déclin sous la direction du Père de Pully, qui ne cachait pas soninclination pour l'Action française.

HENRI DU MOULIN DE LABARTHETE ET L'ACTION FRANÇAISE

Mise à la porte de la Conférence Olivaint en 1910, l'Action française adonc fait, au lendemain du conflit, un retour en force au sein de laConférence Olivaint. La personnalité du Père de Pully n'y est pas étrangère,mais on ne peut pas négliger non plus l'action de certains Maurrassiens, dontle rayonnement a marqué l'Olivaint.

446 Charles Vallin, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1925, op. cit.,pp. 19-21.447 Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., p. 10.448 Jacques DALLOZ, op. cit., p. 15.449 Ibid.

177

Henri du Moulin de Labarthète est de ceux-là, et occupe une place àpart au sein de la Conférence Olivaint. D'abord en raison de sa longévité ausein de l'association : entré en 1920 à l'Olivaint, il y est resté officiellementjusqu'en 1927. Ensuite, en raison des fonctions qu'il y a occupé : vice-président de René Pleven en 1920, il fut, avec Charles Vallin, le vice-président de Charles Boissard en 1924, avant d'être élu président de laConférence à deux reprises, cas unique dans l'histoire de l'association. Lesstatuts de l'époque, en effet, n'excluaient certes pas la possibilité d'uneréélection, mais imposaient un délai d'un an. Enfin, Du Moulin estcertainement l'un des meilleurs représentants de la mouvance des étudiantsd'Action française ou proches de l'Action française, très présents et actifs auQuartier latin tout au long de la décennie.

Un président charismatique

En l'absence d'étude biographique sur Henri du Moulin deLabarthète, il est difficile de se faire une idée précise du personnage. Sonpassage par l'Olivaint, cela dit, fut remarqué. Président éloquent etcharismatique, Du Moulin, qui était à l'Ecole libre des Sciences politiquesl'un des animateurs du Groupe d'études diplomatiques, économiques etsociales (GEDES) fut particulièrement soucieux d'étendre le recrutement dela Conférence : en 1926, il fut ainsi lauréat du concours de recrutementlancé par le Père de Pully450. Au risque, peut-être, d'homogénéiser par tropla Conférence et de tuer le débat :

La Conférence eut cette année en M. du Moulin un président dont la souriante

autorité, la vaste culture, l'abondante éloquence, s'imposent à tous. Il pousse les

jeunes à la tribune, et nous fait ainsi bénéficier de talents qui n'osaient se hasarder.

Il sait susciter des orateurs, sinon des contradicteurs. On dirait, en effet, que sur

des idées, jadis âprement combattues, l'accord se fasse presque unanimement. Il

n'y a certes pas à l'Olivaint de Credo littéraire ou politique, mais souvent, en

constatant que les orateurs n'apportent à la thèse du conférencier qu'une adhésion

plus ou moins nuancée, on regrette les jouteurs d'autrefois451.

À cette date, comme on le verra, la Conférence Olivaint était devenuun bastion de l'extrême droite maurrassienne, et il n'y avait plus guère de 450 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 9.451 Ibid., p. 10.

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débats. En tout cas, Du Moulin, comme Pleven avant lui, n'hésitait pas àaller exercer ses talents d'orateur en dehors des séances du mercredi, mais ilsemble avoir préféré les cercles littéraires aux réunions politiques. En 1926,il entretint ainsi le cercle de l'Alambic de l'évolution religieuse de JacquesRivière452.

« L'Intelligence française est en péril »

L'attachement de Du Moulin à la Conférence n'était pas unilatéral.Ainsi, en juin 1928, il fut invité en qualité d'invité d'honneur à la séance declôture, à la suite du désistement d'une personnalité plus prestigieuse453. Àcette occasion, Du Moulin, qui venait d'être reçu au concours du Conseild'État, s'en prit en des termes très vifs à l'Université républicaine :

Du Moulin, rapporte Pierre Goubaux, nous a parlé, en cette langue élégante, vive,

imagée, originale, que chacun ici admire et jalouse quelque peu, de la nécessité de la

culture générale. Il montra l'erreur de l'Université française du XXe siècle, qui, à la

remorque des Universités allemandes, a confondu l'esprit encyclopédique et l'esprit

de culture. Changer l'esprit de matières plus ou moins assimilées n'est pas le

former. Étouffer l'intellect agent sous le poids des connaissances n'est pas le

vivifier. Nos traditions françaises sont humanistes. Notre université républicaine

germanisée et démocratisée les a méconnues.

À ses yeux, l'université fait fausse route, et "l'intelligence françaiseest en péril" :

Les grands talents se font rares. Les chefs, par la suite, aussi. La mode et le

snobisme tiennent lieu de jugement. L'anarchie intellectuelle résulte du fait que les

esprits sont dépourvus de vigueur et de finesse pour discerner le vrai du faux.

Conséquence aussi de cet affaiblissement de l'esprit la tendance moderniste de

remplacer la raison exercée par un sentimentalisme vaporeux, qui conduit aux pires

illusions et aux chimères les plus dangereuses.

Et Henri du Moulin de définir la culture non dans l'entassement desconnaissances pratiques mais dans "les qualités acquises de l'esprit", et dans

452 Ibid.453 Pierre Goubaux, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint". Année 1928. Bourges :Tardy, 1928, p. 3.

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certaines habitudes intellectuelles, que le contact assidu des "maîtres del'intelligence" peut seul donner454.

FACE A LA CONDAMNATION DE L'ACTION FRANÇAISE

La place de l'Action française au sein de la Conférence est difficile àévaluer. Il ne fait aucun doute, cependant, que les étudiants d'Actionfrançaise constituassent une bonne part des effectifs. Dans une lettreadressée au RP Provincial, le RP de Pully indique ainsi en septembre 1925que la défection des AF a entraîné une diminution de 50 à 60 % descotisations dans les différents groupes dont il avait la responsabilité455. Celapermet d'estimer à une centaine le nombre d'Olivaints proches ou membresde l'Action française à cette date.

La crise de 1925

Tout semble indiquer que cette présence massive n'allait pas sanscauser des remous, avant même la condamnation de l'Action française par lePape. Il est fort vraisemblable, en effet, que la Conférence Olivaint aittraversé une grave crise en 1925-1926, qui expliquerait la défection des AFqu'évoque le RP de Pully et l'apaisement des débats. Dans une lettred'octobre 1941, André Aumonier évoque les discussions qu'il a eues, àVichy, avec d'anciens Olivaints de cette époque :

Ils évoquaient, écrit le président de 1938, les grandes années orageuses de 1925 et

1926 et ils s'accordaient à vous savoir gré d'avoir su maintenir la vérité tout en

commandant l'obéissance à la hiérarchie456.

Il n'est pas impossible, en fait, que la hiérarchie de la Compagnie deJésus se soit émue de la présence en grand nombre des AF au sein del'Olivaint et de l'accueil qui leur était réservé par le RP de Pully,ouvertement Maurrassien. Il n'est pas impossible non plus que GeorgesBidault, présent à l'Olivaint au moins jusqu'au début de l'année 1925, aitjoué un rôle dans la crise. L'absence d'archives, cependant, interdit de

454 Ibid., p. 6.455 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 25 septembre 1925. Archives jésuites de la Provincede Paris, I PA 735/3.456 Lettre d'André Aumonier au RP de Pully, 20 octobre 1941, Archives jésuites de la Province de Paris,I PA 735/3.

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dépasser le stade des hypothèses457. Seule l'issue de la crise ne fait aucundoute : la tendance dirigée par Du Moulin de Labarthète a conservé la têtede la Conférence Olivaint, entraînant ou provoquant le départ desdémocrates-chrétiens.

L'Olivaint, tribune de l'Action française

Les partisans de Charles Maurras avaient, il est vrai, depuis 1919 àl'Olivaint, une tribune, où ils pouvaient sans trop de mal exposer et défendreleurs thèses. Parmi leurs thèmes de prédilection, on trouve le nationalisme(traité par Henri du Moulin en 1919-1920, par M. Tissot en 1923-1924), laFranc-maçonnerie (traitée en 1919-1920 par Paul Manière), ou encore laquestion juive (traitée en 1921 par Pierre Mignot, en 1922 par GeorgesBracquart).

Certains exposés ont même un caractère doctrinal certain, commeceux de Charles Boissard, sur le fondement philosophique du nationalismeintégral en 1923-1924 et sur la « musique intérieure » de Charles Maurrasl'année suivante. C'est le cas aussi de l'exposé hagiographique de Roger deLafforest, intitulé « Maurice Barrès, maître d'attitude ».

Les débats, on l'a vu, étaient souvent très vifs, les royalistes sedéfendant d'être en contradiction avec la doctrine catholique et affirmant àtoute occasion la valeur de leurs thèses. Sous couvert de philosophie,partisans de la démocratie et royalistes se sont donc livrés de sérieusesbatailles, sous le regard attentif du Père de Pully.

Le danger Maurras et la fidélité à l'Action française

Pour ce dernier, comme pour les nombreux Jésuites proches del'Action française, on pourrait croire que la Condamnation du journal deMaurras et Daudet aurait provoqué des cas de conscience. En apparence,cependant, il n'en fut rien ; il semble qu'ils se soient acharnés à distinguer lacondamnation de l'homme et du journal de celle du mouvementmonarchiste. Ainsi, et paradoxalement, ils se trouvèrent provisoirementconfortés dans leurs opinions politiques.

La politique intérieure étant toujours formellement bannie des débatsde la Conférence Olivaint, il n'y a aucune trace de discussions sur ce délicatsujet dans les comptes rendus des séances du mercredi. En revanche, l'étude 457 Curieusement, en effet, il n'y a pas trace de rapport sur la séance de clôture de l'année 1925-1926 et lerapport de l'Assemblée générale ne mentionne pas le moindre conflit.

181

des comptes rendus du cercle militaire, dépendant de l'Olivaint, nous permetde nous faire une idée précise de l'attitude de certains Jésuites face à lacondamnation.

Ainsi, le 27 octobre 1926, la Conférence militaire de l'Olivaint,présidée par un certain Vallat, reçut le RP de Font-Réaulx, venu aborder laquestion de l'Action française458. "Maurras est un vrai danger", déclara-t-ild'emblée, "et les avertissements qu'il s'est attiré de la part du SouverainPontife sont bien mérités". Le conférencier examine ensuite les oeuvres deMaurras, et met en avant les dangers qu'elles contiennent pour lescatholiques. Maurras n'écrit-il pas qu'il n'a "jamais trouvé une certitude dansle domaine moral, philosophique et religieux" ?

On remarque (...), affirme le conférencier, dans l’œuvre de Maurras, une certaine

opposition entre l'Évangile et l'Eglise, entre le Christianisme et le Catholicisme. Il

envisage Jésus comme une illuminé à la manière de Tolstoï, avec des sentiments

anarchiques de l'ordre passionnel, l'Eglise (...) méritant (...) d'avoir non seulement

organisé, mais corrigé l'esprit évangélique devenu synonyme de certaines tendances

anarchiques.

Cela dit, il convient, selon le Père de Font-Réaulx, de distinguer, dansl’œuvre maurrassienne, la doctrine personnelle et la doctrine politique :

Aussi le Pape ne nous défend pas de suivre Maurras. Il en signale simplement le

danger (...). À nous, dit le Père, d'avoir ce qu'il faut pour nous en prémunir.

À un jeune Olivaint, qui évoque la lettre du Cardinal Gasparri enréponse au Cardinal Dubois, publiée le soir même dans La Croix,interprétant le passage dans lequel le cardinal conseille de se "détacher dupéril le plus vite possible" comme un ordre du Pape de se retirer de l'AF, lePère de Font-Réaulx prit le journal des mains pour détacher de la lettre "sonvéritable sens" :

Si la lecture de l’œuvre personnelle de Maurras vous trouble et menace de faire

perdre votre foi, retirez-vous évidemment.

Si vous ne voyez avant tout que (...) la défense de l'Eglise romaine, et le rôle

bienfaisant de cette Église dans la société, vous pouvez en toute confiance y

demeurer.

458 Compte rendu de la séance du 27 octobre 1926, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.

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Si même vous ne lisez que le journal, les livres de Maurras vous étant inconnus ; si

vous ne le suivez que sur le terrain politique, alors la chose est encore plus certaine.

Vous n'avez aucun motif à vous retirer.

Le Jésuite, assurément expert en l'art de la casuistique, ajoutequ'aucune règle générale n'est à donner en la matière, et "c'est pourquoi lePape ne manifeste que des désirs". À chacun, par conséquent, de juger de laligne de conduite qu'il doit suivre. Mais :

Ceci est évidemment affaire de conscience et implique l'obéissance aux conseils de

son confesseur.

Voici comment la lutte sourde des Jésuites proches de l'AF contre lacondamnation toute proche allait se transporter dans les confessionnaux !

Henry de Pully entre en résistance

Le 18 novembre 1926, lors d'une séance du cercle militaire de laConférence Olivaint, le Père de Pully a commenté l'entrevue du RP de laBrière avec le Pape au sujet de la Fédération nationale catholique et l'Actionfrançaise. Selon le Père de Pully, le Pape aurait dit qu'il n'y avait "nicondamnation ni interdiction de ce journal, mais seulement mise en garde":

La politique royaliste qui y est suivie a l'approbation de l'Eglise, mais il faut se

méfier du point de vue moral et religieux à cause de ses deux dirigeants, Maurras et

Daudet. Le premier est libre-penseur et le second a écrit certains romans qui ont une

morale peu recommandable459.

Si la fidélité de ce compte rendu peut être mise en cause, il n'en révèlepas moins, l'interprétation que le Père de Pully fit de l'attitude du Papeenvers l'Action française. Il considère, en effet, que le Pape n'a pascondamné l'Action française, mais en a simplement mis en évidence lesdangers.

459 Compte rendu de la séance du 18 novembre 1926, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.

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Une semaine plus tard, évoquant devant les jeunes conscrits laquestion de l'infaillibilité et du pouvoir du Pape. Il montra que l'autorité duPape est avant tout d'ordre spirituel, et laisse sur beaucoup de question uncertain libre-arbitre aux croyants, et prit comme exemple, à l'appui de sonargumentation, la "mise en garde" de Pie XI contre l'Action française. Sonpropos est ainsi résumé par le secrétaire de séance :

C'est sur le terrain de la foi qu'il a voulu se placer, laissant de côté la question

politique. Libre à nous, sur ce point de défendre la forme de gouvernement qui

nous semble la meilleure460.

La Conférence Olivaint, bastion de l'AF ?

La condamnation définitive de l'Action française par le Pape, endécembre 1926, a, à coup sûr, aggravé le cas de conscience que se posait lePère de Pully. Cela dit, tout indique qu'il demeura durablement attaché àl'Action française, sinon au journal, tout du moins au mouvement. Toutporte à croire que la Conférence Olivaint, quant à elle, est durablementrestée l'un des bastions de l'Action française dans le milieu étudiant.

Car la défection de l'Action française, en 1925, semble bien avoir étéde courte durée. Le président élu à l'issue de la crise fut Henri du Moulin deLabarthète, et sa réélection, l'année suivante - au plus fort du conflit lié à lacondamnation pontificale, a valeur de symbole. Son successeur, CharlesVallin, futur dirigeant du Parti social français (PSF), était lui aussi proche del'Action française. On ignore les opinions de ses successeurs, Jacques Lot,François Ribadeau-Dumas, Henri de Forbin et Pierre de Vaucelles, mais il neserait pas non plus étonnant qu'ils furent, à un moment ou à un autre,proches, chacun, de l'Action française ou des Jeunesses patriotes.

Si, progressivement, le Père de Pully a pu se faire plus discret sur sessentiments partisans, sa fidélité au nationalisme ne s'est pas démentie. Ainsi,le 15 décembre 1926, la Conférence Olivaint eut-elle l'occasion d'exprimerses sentiments peu pacifistes en recevant le général Weygand au cours d'unesoirée consacrée à la question de Dantzig, présidée par Henri du Moulin deLabarthète :

460 Compte rendu de la séance du 25 novembre 1926, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.

184

Il y eut à ce moment, rapporte Jacques Vier, entre cet homme jeune encore, qui a

tant fait pour la sécurité et la dignité française, et nous, à qui répugne l'idéologie

pacifiste, premisse de nouveaux massacres, une promesse échangée : celle de ne

rien sacrifier de l'intérêt national à une conception utopique et à tout prendre

antipatriotique de la paix461.

À l’issue de la crise qui l'avait secouée, l'Olivaint réaffirmait ainsi sonnationalisme exclusif et sa profonde germanophobie. "En vous, conclut leRP de Pully, s'adressant à Weygand, ces jeunes gens ont trouvé unchef462".

461 Séance solennelle de clôture, 1927. Bourges : Tardy, 1928, pp. 6-23.462 Ibid.

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Chapitre IV : L'Oliva int et la Fédération des étudiantscatholiques (FFEC).

En 1928, la Conférence Olivaint fait disparaître le nom de l'ACJF de lacouverture de ses publications, et le remplace par celui de la Fédération desétudiants catholiques. Aucune explication n'est donnée pour expliquer cechangement, qui intervient juste après le lancement du journal de la FFEC etpeu de temps avant la création de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC).Dans le contexte qui a suivi la condamnation de l'Action française, cechangement discret reflète au moins autant une prise de distance del'Olivaint par rapport à l'ACJF que son attachement à une organisation dontelle a suivi avec attention le développement.

LA FONDATION DE LA FEDERATION DES ETUDIANTS CATHOLIQUES

Tout comme elle avait joué un rôle déterminant dans les premièresannées de l'ACJF, la Conférence Olivaint a suivi de très près l'initiativelancée par l'un de ses membres, visant à constituer une associationcorporative d'étudiants catholiques.

Jean Levêque et l'Office central des étudiants catholiques

C'est un Olivaint, en effet, Jean L'évêque, qui fonda en 1921 l'Officecentral des étudiants catholiques, une organisation corporative destinée àregrouper les différentes associations d'étudiants catholiques. En 1922,l'Office devient la Fédération française des étudiants catholiques. L'officecentral des étudiants catholiques de Paris avait lancé un appel à toutes lesvilles universitaires de France et, le 26 février 1922, trente délégués - censésreprésenter 5200 étudiants - se réunirent à Paris. Après la messe, dans lacrypte de l'Eglise des Carmes, à l'Institut catholique un banquet, et septheures de travaux, ils établirent les statuts de la Fédération, dont MgrBaudrillart accepta d'être le protecteur. Jean Levêque en fut élu présidentpar acclamation 463.

463 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale1922, op. cit., p. 17-18.

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Les origines de la FFEC

A l'origine de cette nouvelle association, il y avait, semble-t-il, uncontentieux entre plusieurs associations d'étudiants catholiques, désireux deconstituer une association corporative, et les responsables de l'ACJF, enparticulier son aumônier, le RP Corbillé, désireux au contraire de maintenirla forme unitaire de l'ACJF.

Il existe à ce jour, peu d'éléments sur les circonstances de cettefondation464. On dispose, cependant, du témoignage du RP de Pully qui, unesemaine après la réunion de la Catho, écrivit à son supérieur pour lui enrendre compte. Il note d'abord que c'est de l'Institut catholique - où JeanL'évêque était élève - qu'est parti le mouvement qui a abouti à la création dela Fédération et critique l'attitude de l'ACJF et de son aumônier, le RPCorbillé qui, selon lui, est responsable de la création de cette structure horsde l'ACJF465.

En effet, depuis 1920, de nombreux groupes d'étudiants, en particulieren Province, réclamaient la constitution d'une union nationale :

Depuis l'origine du mouvement [...], je n'ai cessé de supplier le P. Corbillé d'aller

de l'avant, de créer, dans l'ACJF, une Fédération des étudiants, afin de satisfaire à

leur désir, né de ce qu'ils ont vu à l'étranger, en Belgique spécialement, afin qu'ils

se sentent chez eux dans l'ACJF, qu'ils y aient leur revue, leurs manifestations en

commun, leurs congrès, etc...

Il s'agissait, avant tout, de fournir aux étudiants catholiques de pouvoirse connaître, de se connaître, de s'aider dans leur entrée dans la vie active. Àtout cela, l'ACJF semble n'avoir pas été très sensible :

Le comité de l'ACJF n'a jamais voulu écouter les avis du P. Lauras [Aumônier de

la Conférence Laënnec de 1902 à 1932] et les miens, et a toujours refusé de

s'intéresser aux étudiants comme tels. Il a manœuvré pour étouffer leurs initiatives

d'union, à Paris, à Strasbourg, à Toulouse. Ce qui a fait un effet déplorable, et a

fait crier partout à l'intolérance et au monopole.

464 A notre connaissance, il n'existe même aucune étude sur la FFEC.465 Lettre du RP de Pully à X, vraisemblablement le RP Provincial, s.d., Archives jésuites de la Provincede Paris, I PA 735/3. Comme beaucoup d'autres, cette lettre a été endommagée par le conservateur qui aclassé le fonds. Celui-ci a en effet jugé bon de ne garder de la lettre que ce qui lui paraissait intéressant,jetant notamment à la corbeille la première et la dernière page. Une référence à la réunion permetcependant de situer cette lettre début mars 1922.

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La Conférence Olivaint et la Conférence Laënnec n'ont pas étéépargnées par les critiques que les groupes provinciaux adressaient à l'ACJF.Lors de la réunion du 26 février, les groupes de Bordeaux, Toulouse, Lille,Montpellier, auraient fait montre d'une "hostilité violente", à l'égard del'ACJF, et des groupes qu'elle considère comme ses "paravents", l'Olivaint,Laënnec, Le groupe de l'Ecole centrale, le groupe de Polytechnique, c’est-à-dire les groupes dirigés par les Jésuites. Ils leur reprochent notammentd'avoir voulu établir un secrétariat de l'Union des étudiants au sein del'ACJF.

Nos jeunes gens ont su se défendre avec tant de prudence et de tact, poursuit le RP

de Pully, qu'ils ont su faire voter le maintien de ce qu'ils avaient obtenu pour

Paris : l'union amicale avec l'ACJF et le secrétariat chez elle.

De fait, la commission élue comptait parmi ses cinq membres leprésident de la Conférence Olivaint, Roger de Saint-Chamas, un délégué despolytechniciens, et un délégué de Laënnec. Les deux autres commissaires,L'évêque - délégué de l'Institut catholique - et le délégué des étudiants deStrasbourg, se seraient efforcés eux aussi de maintenir des rapports cordiauxavec l'ACJF.

Tous les groupes ACJF présents à l'Institut catholique ont adhéré(Nancy, Grenoble, Poitiers, Lilles, Angers), sauf Marseille et Lyon. "Le PèreDubruel (Toulouse) et le Père Dieuzayde (Bordeaux), écrit Pully, ont dit àL'évêque (...) qu'ils étaient de son avis, et ne voyaient aucun inconvénientà ce que les étudiants catholiques se rapprochent et se connaissent".

La Compagnie de Jésus face à la FFEC naissante

Face au Père Corbillé qui, semble-t-il, prônait, au moins au début, lafermeté face à l'organisation naissante, le RP de Pully prône une attitudebienveillante de l'ACJF :

J'ai demandé au Père Corbillé de profiter du moment, puisque la commission élue

est bien composée, et de décider son comité à se montrer fraternel pour les

étudiants, à les aider, encourager ; car loin d'être un danger pour elle [L'ACJF],

comme elle le craint toujours, je crois qu'au contraire, peu à peu, si elle manœuvre

plus habilement et plus cordialement, cette Union des étudiants catholiques, en bons

rapports avec elle, pourra lui ramener des sympathies et des collaborations. Mais

qu'elle lui tende franchement la main, et non le poing !

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Pully propose donc d'encourager le développement de l'organisationnaissante, en bonne entente avec l'ACJF, et ce notamment par le lancementd'une revue :

Si nous les aidions (discrètement) à la lancer, à l'organiser, réunissant une équipe

des nôtres qui y écrirait, nous préviendrions leurs tentatives auprès des Dominicains

ou des Sulpiciens de l'IC, nous garderions notre influence, et nous y établirions

une collaboration discrète avec l'ACJF, pour la faire connaître et valoir dans le

monde étudiant.

Ainsi le souci du Père de Pully, comme d'autres responsables dejeunesse de la Compagnie de Jésus, est-il d'entretenir, avec tact, l'influencedes Jésuites dans cette nouvelle organisation, et de faire pièce auxDominicains, bien implantés dans le milieu estudiantin. Nul doute que leProvincial n'a pas été insensible à cette argumentation.

Naturellement, eu égard à la défiance de certains groupes de provinceenvers les Jésuites et leur crainte d'être inféodés à l'ACJF, le Père de Pullyrecommande la plus grande discrétion, notamment dans la revue :

Le Père Corbillé voudrait que (...) les non SJ n'y écrivent pas, que ce soit "Notre

revue"... je crois qu'ici encore trop d'exclusivisme et de tendance au monopole

nous mènerait à l'échec. Il faudrait, au contraire, que tous les aumôniers d'étudiants

puissent y écrire, et tous les étudiants, à quelque groupe qu'ils appartiennent. (...).

Henry de Pully va même plus loin, en proposant que cette revuedevienne la revue de la Compagnie de Jésus destinée aux "jeunes genscultivés".

De fait, sans que l'on connaisse davantage les détails des tractations, ladirection de la FFEC est revenue aux Dominicains. L'aumônier général enfut en effet le Père Janvier. Cela dit, les Jésuites, à commencer par le Père dePully, contribuèrent pour beaucoup à l'essor de la FFEC et de son organe,lancé en 1928, L'Étudiant catholique. On se méprendrait donc, en opposant- comme on peut être tenté de le faire - la JEC, aux mains des Jésuites, à laFFEC, dirigée par les Dominicains.

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Ainsi, à son retour du congrès de la FFEC de Clermont, en 1932, lePère de Pully se félicite de l'accueil chaleureux des autorités ecclésiastiques,l'évêque du Puy et celui de Clermont. Et l'aumônier d'ajouter :

C'est l'avantage certain d'une Fédération, où "Le Jésuite" n'apparaît pas comme

élément dirigeant et accaparant, mais simplement mêlé à tous ceux qui dirigent les

associations d'étudiants en France466.

En somme, si en 1888, la Conférence Olivaint avait permis à laCompagnie de Jésus de prendre la direction de l'ACJF, en 1922, l'action duPère de Pully a partiellement permis aux Jésuites de ne pas être totalementexclus de la FFEC naissante.

UNE FEDERATION DE CERCLES D'ETUDIANTS

Dès les origines, la FFEC prit une forme fédérale, et non unitaire.Chaque groupe adhérent gardait son entière autonomie : "La FFEC,rapporte René du Ponceau, n'impose à ses adhérents aucun credo politiqueet sociale. Le titre de catholique est le seul qu'elle exige de sesmembres467". Une commission administrative de dix membres dirigeait laFédération.

Un regroupement de cercles d'étudiants

En 1925, la FFEC revendiquait 35 cercles affiliés, dans une quinzainede villes universitaires, et 6000 adhérents, la moitié à Paris. En 1931, ellerevendique 15000 adhérents, répartis en 53 groupes. Parmi les cerclesparisiens, on trouvait, outre la Conférence Olivaint et la ConférenceLaënnec, le cercle du Luxembourg, le Cercle Psichari, le Cercle d'Hulst et leCercle Montalembert du 104 rue de Vaugirard468, qu'il ne faut pasconfondre avec la Conférence Montalembert, conférence des élèves deFranklin (Saint-Louis de Gonzague).

466 Lettre du RP de Pully au RP Provincial, 16 avril 1932. Archives jésuites de la Province de Paris,I PA 735/3.467 René du PONCEAU, Rapport présenté au congrès de la FFEC du 19 mars 1927, La FFEC, n° 26,Collection "Action populaire", Paris : Spes, 1927, 16 p. Ce document est conservé dans le dossier FFECdu fonds de la Conférence Laënnec conservé aux Archives jésuites de la Province de Paris, sous la cote IPA 745. René du Ponceau était un membre de la Conférence Olivaint.468 La Réunion des étudiants du 104 de la rue de Vaugirard a été fondée à la toute fin du XIXe siècle, etfut, très tôt, affiliée à l'ACJF. Le Cercle d'Hulst, quant à lui, fut fondé en 1906 par d'anciens élèves deFranklin.

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Il n'est pas rare que des groupes aient appartenu à la fois à la FFEC età l'ACJF. C'est le cas, en particulier, d'une grande partie - sinon de la totalité- des groupes dirigés par les Pères Jésuites, qui ne pouvaient décemmentquitter l'ACJF, dirigée par la Compagnie. Pour justifier cette doubleappartenance, le RP de Pully affirmait publiquement que la FFEC étaitrattachée directement à l'Action catholique469. Mais la Fédération a aussiregroupé des organisations en froid avec l'ACJF, notamment le Cercle duLuxembourg.

Une "union corporative"

La FFEC se définit comme une "union corporative", répondant auxcaractéristiques de la génération de l'après-guerre : "le goût de l'action et lebesoin d'affirmer (ses) conviction470".

Elle se démarque nettement de ce qui existait jusqu'alors. Certes, ilexistait bien des "foyers de vie religieuse intense", ces groupes catholiques,comme la Conférence Olivaint, où l'esprit s'ouvrait à d'autres horizons queceux des amphithéâtres :

Mais [ces groupes catholiques] concevaient leurs cercles comme des oeuvres de

préservation et de formation, oasis aux frais ombrages dans un désert hostile. S'ils

envisageaient la nécessité d'une action religieuse, sociale ou civique, à travers le

pays, c'est dans les rangs des grandes associations générales de jeunesse telles que

l'ACJF qu'ils dépensaient leur activité. Notre jeune témérité s'enhardit à croire que

l'action des étudiants catholiques avait, cependant, lieu de s'exercer sur le plan

corporatif471.

Un triple but

La Fédération, organisation catholique, nationale et corporative, avaitainsi un triple but.

Le premier était de ranimer la vie religieuse collective des étudiantsfrançais. Pour cela, elle organisait des veillées d'adoration à Montmartre,chaque année, ainsi qu'un hommage annuel à Jeanne d'Arc, rue de Rivoli.En 1927, le cortège avait été supprimé depuis quelques années sur 469 Lettres de Jersey, revue interne à la Compagnie de Jésus, 1931-1932, pp. 642-644.470 René du PONCEAU, op. cit.471 Ibid.

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instructions ministérielles, mais la FFEC n'en a pas moins porté unecouronne de Saint-Augustin place des Pyramides, "après avoir franchi unedemi-douzaine de barrages de police, non sans quelques péripéties, maissans éprouver aucun dommage472".

Le deuxième était d'agir en toute occasion sur le terrain estudiantin aunom des étudiants catholiques, c’est-à-dire créer une action étudiantecatholique, au service principalement des étudiants isolés ou peu fortunés. LaFFEC organisa ainsi un service de logement, créa une carte de réductiondans les commerces du quartier latin et créa l'association des « Amis del'étudiant français », sous la haute protection de Henri Bordeaux., uneassociation d'entraide pour les étudiants en difficulté.

La troisième était de représenter l'étudiant catholique français devantl'opinion française et étrangère toutes les fois que se révélerait utile cettereprésentation, dont les étudiants catholiques avaient trop longtemps - augoût de la FFEC - laissé le monopole "à des organisations neutres oulaïques473".

Pour une formation morale de l'étudiant

L'esprit qui anime la Fédération correspondait tout à fait à celui de laConférence Olivaint. On y retrouvait, en effet, le goût de la formationintellectuelle et morale, et la prétention de former, à terme, une nouvelle élitecatholique.

En 1925, dans la première livraison de L'Étudiant catholique, revuede la FFEC, l'aumônier général de la Fédération, le Frère dominicain Marie-Albert Janvier, détaillait la formation des étudiants que la Fédérationentendait mettre en oeuvre. Il s'agissait d'abord d'une formationintellectuelle :

Il faut, écrit-il, que l'étudiant catholique sache ce qu'il doit croire et ce qu'il doit

pratiquer. Il ne suffit pas qu'il ait la foi du charbonnier. Il lui appartient d'établir un

parallélisme aussi parfait que possible entre sa science profane et sa science

religieuse, de connaître les vérités qu'il sera tenu de respecter scrupuleusement dans

l'exercice de sa profession474.

472 Ibid.473 Ibid.474 L'Étudiant catholique, n° 1, 1925, p. 1.

192

Mais, ajoute-t-il, il faut aussi à l'étudiant une formation morale.

Trop souvent, hélas, surtout chez les jeunes, gens tourmentés par les passions, il y

a loin de la croyance à la conduite. (...). Il est nécessaire que l'étudiant apprenne à

estimer les moyens naturels et surnaturels dont l'emploi persévérant trempe la

volonté, l'habitude à la lutte et à l'effort, règle les mouvements du cœur, de la

sensibilité et les oriente vers le Bien475.

Mais la FFEC avait bien, aussi, l'ambition lointaine de former une élitecatholique :

Elle a pour but de former non pas seulement des avocats, des médecins, des

notaires, des industriels, etc., mais des hommes ayant conscience d'abord de leurs

devoirs professionnels, sachant éviter les excès, les injustices dont se plaint avec

raison le public ; des hommes éclairés qui, comme époux, comme pères,

respecteront les lois morales ; des citoyens qui s'intéresseront à leur pays ; des

chrétiens instruits de leur religion qui, profondément convaincus, seront armés pour

la défense et la diffusion de leur foi. À cet effet, nous nous efforçons de combattre

l'esprit de "réalisme" exagéré qui anime, dit-on, les nouvelles générations, de leur

inspirer le goût des études générales : littérature, histoire, philosophie, religion ;

sans cela, nous aurons des spécialistes et des techniciens, nous n'aurons pas des

hommes capables, plus tard, de servir, en qualité de dirigeants, l'Eglise et le

pays476.

Les Congrès

La manifestation majeure de la Fédération était le congrès annuel,grand rendez-vous de la jeunesse catholique, où les différents groupes seretrouvaient et affichaient leur signe distinctif : la faluche. Car lecorporatisme de la FFEC est de nature ostentatoire : les étudiantscatholiques doivent s'affirmer en tant que tels et se montrer. Dans lalivraison de novembre 1928 de L'Étudiant catholique, il est ainsi demandéaux adhérents de la FFEC de porter en toute occasion leur signe distinctif :un ruban bleu de roi sur le béret, sur la droite, en cavalier sur le ruban auxcouleurs de la Faculté.

475 Ibid.476 Anonyme, L'Étudiant catholique, n° 27, juin-juillet 1931, p. 3.

193

Le premier congrès, en 1922, eut lieu à Strasbourg. Le second, en1923, à Grenoble, vit très vraisemblablement l'élection de René Pleven477.En 1925, la FFEC organisa une « Semaine de l'étudiant catholique » avecpour thème "l'Idéal de la profession". Cette semaine a, semble-t-il, provoquéla colère de certains milieux laïques, M. Maurice Charny, dans La Défenselaïque, criant au "péril jésuite" et s'alarmant de voir la jeunesse universitaire"passer au cléricalisme478".

« Pax Romana »

La FFEC avait aussi une action internationale, au travers de saparticipation aux congrès de la Confédération internationale des étudiantscatholiques (CIEC), dite Pax Romana. Le projet d'une confédération desorganisations d'étudiants catholiques est né en Suisse, peu après la Guerre.La CIEC est née en 1921, lors du congrès de Fribourg, qui réunissait 18nations479. La principale manifestation de cette organisation était le congrèsannuel qu'elle organisait dans une ville européenne.

Rapidement, Pax romana a dénoncé le bellicisme : "Notreindividualisme, et notre gros défaut de nationalisme, peut-on lire dans unmanifeste de la Confédération, il faut l'avouer, ont fait que nous n'avonspas été jusqu'ici assez catholiques au vrai sens du mot480". En conséquencede quoi les organisations nationales sont invitées à collaborer avec desétudiants étrangers.

La FFEC a, pour sa part, borné son action à l'instauration de liensentre les étudiants catholiques des différents pays d'Europe, en se gardant detoute dérive pacifiste :

Notre action, écrit René du Ponceau, s'est exercée pour garder à Pax Romana son

caractère de secrétariat international d'entraide catholique universitaire, s'abstenant

de toute action proprement politique, mais en travaillant à la pacification des esprits

et des cœurs481.

477 La liste, lacunaire, des présidents de la FFEC est publiée en annexe.478 Cité par René du PONCEAU, op. cit.479 L'Étudiant catholique, n° 3, mai-juin 1928, pp. 12-13.480 L'Étudiant catholique, n° 24, mars 1924.481 René du PONCEAU, op. cit.

194

LA CONFERENCE OLIVAINT AU SEIN DE LA FFEC

La FFEC, à la différence de l'ACJF, n'était donc pas une oeuvredirigée par les Jésuites, mais la Conférence Olivaint ne s'est pas moinsinvestie très largement dans cette organisation, au point de délaisser -comme on l'a vu - l'ACJF, qui ne répondait plus, à ses yeux, aux attentes dela jeunesse étudiante catholique.

L'action du RP Yves de la Brière

Le RP Yves de la Brière, professeur à l'Institut catholique fut, dansl'entre-deux guerres, l'un des plus fidèles soutiens de la Conférence Olivaintet a certainement oeuvré pour le rapprochement de la vieille associationjésuite avec la FFEC. À plusieurs reprises, il vint faire des conférences ; iltraita ainsi de la question religieuse en Alsace et en Lorraine, des rapports duSaint-Siège avec la Société des nations ou encore de Pierre Olivaint. Le 8juin 1921, il donna une conférence sur les « fondements chrétiens du droitinternational » : "La seule internationale qui tienne, c'est le catholicisme",déclara-t-il482. Pleven, au cours de la discussion, émit l'idée que la sanctioninternationale par excellence était celle de l'opinion publique, ce qui lui valutune rectification du Père de la Brière qui jugeait cette force insuffisante.

Il était l'auteur d'une étude sur Pierre Olivaint, qu'il vint présenter à laConférence Olivaint en 1924-1925. Le 25 mai 1925, il prononça un sermonvirulent sur la tombe du Père Olivaint à l'occasion des noces d'Argent de laConférence estimant que "la cause de Dieu, en France, périclite plus quejamais" et qu'il faut, par conséquent, au pays, "des catholiques ardents,intrépides, qui se donnent joyeusement et tout entiers à une cause sisainte483".

L'inclination du Père de la Brière pour la Conférence Olivaint leconduisit à en parler en termes élogieux dans la deuxième livraison deL'Étudiant catholique :

Foyer ardent de formation catholique, école d'application à la piété, au zèle, à la

charité, elle garde jalousement la tradition intellectuelle de la haute culture littéraire et

classique. Elle veut que ses membres unissent au courage de bien faire le souci de

penser juste et le talent de bien dire, au service de Dieu, de la patrie et des lettres484.

482 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.483 Assemblée générale 1925, op. cit., pp. 2-4.484 Yves de la BRIÈRE, "La Conférence Olivaint", L'Étudiant catholique, n° 2, avril 1928, pp. 16-18.

195

Autant que le Père de Pully, le RP de la Brière, collaborateur desÉtudes, marqua plusieurs générations d'Olivaints et encouragea lacollaboration de ceux-ci à la FFEC.

Forte présence dans l'organigramme

En fait, la proximité de la Fédération avec l'Institut catholique a elleaussi encouragé ces liens : c'est un proche de l'Olivaint, Mgr Baudrillart, quia pris la FFEC sous sa protection. Pendant longtemps, le Nihil obstat deL'Étudiant catholique fut délivré par le prorecteur de l'IC, et plusieursprofesseurs de la faculté catholique, notamment l'ancien Olivaint FrançoisHébrard, ont apporté leur concours à cette revue.

En tout cas, la participation de la Conférence Olivaint à la Fédération -que son aumônier, par tempérament préfère appeler Fédération nationaledes étudiants catholiques - est très précoce, et importante : le premier, letroisième et le sixième président de la FFEC (Levêque, Pleven et Goubaux),le premier rédacteur du bulletin de la Fédération (Richou), étaient Olivaints.Dans les premières années, et de manière durable, la répartition des postesau sein du bureau fédéral a laissé une large place à la Conférence Olivaint.Ainsi, en 1929, si le poste de président est occupé par un membre du cercleMontalembert, le vice-président et le trésorier sont Olivaints : au total, cetteannée-là, ce sont cinq Olivaints que l'on recense dans les instances de laFFEC, Moissinac et Bizard, vices présidents, Richard trésorier et, enfin,Demoreuille485. Chaque année, plusieurs membres de l'Olivaint se consacrentdonc aux activités de la Fédération. Parmi eux, on trouve Demoreuille,trésorier de la Fédération en 1928, Jean Tissot et de Gaulejac, qui s'yconsacrent également à partir de 1923486.

Forte participation aux activités

La présence de quelques membres de l'Olivaint dans les instances dela FFEC ne reflète que très imparfaitement la participation de la CO à la viede la Fédération. L'Olivaint, en effet, a participé en nombre à plusieurs deses activités.

485 L'Étudiant catholique, n° 8, mars 1929.486 Roger de Saint-Chamas, "La vie de la Conférence en 1923", Assemblée générale 1923, op. cit., p.13

196

Chaque année, des membres de la Conférence ont participé à la viereligieuse collective de la FFEC, qui, aux dires de René Planchenault, netrouve nulle part "meilleur accueil [qu'à L'Olivaint] lorsqu'elle organiseune nuit d'adoration à Montmartre ou une Messe en l'honneur de Jeanned'Arc à Saint-Augustin487". En 1929, par exemple la CO a pris part, endécembre, à l'adoration nocturne à Montmartre, en avril, à la messe pascale,en mai enfin à la messe de sainte Jeanne d'Arc, à Saint-Augustin488. LaConférence fut présente à plusieurs pèlerinages organisés par la FFEC,comme le pèlerinage jubilaire à Rome de 1926489 et celui, toujours à Rome,de 1928, auquel 5 Olivaints ont pris part490. En 1929, aux fêtes d'Orléans, leRP de Pully et 15 membres de l'Olivaint ont assisté aux cérémoniesreligieuses, et se groupèrent autour du RP Janvier, aumônier de lafédération, pour le défilé de la jeunesse catholique à travers la ville491. Enjanvier 1931, la CO a envoyé une délégation au congrès de la FFEC àNancy. Elle participa à la visite des champs de bataille de Lorraine et aubanquet de clôture à Verdun492. En mai de la même année, elle participa unenouvelle fois à la fête de Jeanne d'Arc, derrière le drapeau de la FFEC, etenvoya une délégation aux « fêtes du centenaire » de Jeanne d'Arc, qui sedéroulaient à Rouen493. En 1932, elle prit la tête de la section parisienne dela FFEC lors du pèlerinage à Rouen494, envoya une délégation au congrès deClermont et une autre aux deux pèlerinages de la Fédération, à Chartres et àRouen495.

La participation à la revue est aussi importante. L'Étudiant catholiquecomptait ainsi plusieurs articles signés par des membres de l'Olivaint. Oncitera, pour mémoire, un article de Marcel Coppin sur Huysmans ou unecontribution de Pierre Lesguillier intitulée "L'évolution du droit moderne",en avril 1931, ou encore la conclusion de Vallin à une large enquête sur la «

487 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale1925, op. cit., p 21.488 Assemblée générale 1929, op. cit., p. 13.489 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 10.490 Assemblée générale 1929, op. cit., p. 12.491 Ibid., p. 13.492 1931, p. 10.493 1931, p. 10.494 L'Étudiant catholique, n° 35, juin 1932.495 Lettres de Jersey, publication interne à la Compagnie de Jésus, 1931-1932, pp. 642-644.

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crise de la culture générale »496. En 1932, Jacques Célier faisait partie ducomité de rédaction de l'Etudiant catholique.

LA FFEC ET LA JEC : UN DIFFICILE PARTAGE DES TACHES

Les relations entre la FFEC et l'ACJF ont toujours été tendues, maisces tensions se sont accrues lorsque est apparue la Jeunesse étudiantechrétienne (JEC).

Méfiance de l'ACJF à l'égard de la FFEC

Dès sa création, la FFEC suscita des craintes de la part de l'ACJF. Lanouvelle organisation n'allait-elle pas enlever à l'ACJF ses élémentsintellectuels, et, au prétexte d'action corporative, les détourner de l'actionsociale ? Certains reprochaient à la FFEC de procéder à la ségrégation desétudiants par rapport aux autres catégories de la population.

La FFEC répondait à ses reproches en affirmant la nécessité, à côtéde l'association généraliste qu'était l'ACJF, de développer une associationcorporative spécialisée, pour répondre aux attentes du milieu étudiant. Auxyeux de ses dirigeants, il n'y avait pas de risque de concurrence entre lesdeux associations puisque, affirme René du Ponceau, "l'ACJF a reconnuelle-même que les deux associations ne pouvaient avoir le même champd'action497". Pour preuve, les responsables de la nouvelle associationrelevaient, en 1927, que 12 de leurs groupes appartenaient en même tempsà l'ACJF498.

Dans une large mesure, la création de la FFEC s'explique donc parl'inexistence, en 1923, de structures regroupant les étudiants catholiques,l'ACJF, à l'époque, ne s'étant pas encore spécialisée. En somme, la FFEC estnée d'un décalage entre le désir d'union corporative d'un certain nombred'étudiants catholiques et la faible volonté de l'ACJF de s'engager dans unprocessus de transformation.

496 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op.cit., p. 11.497 René du PONCEAU, op. cit., p. 13.498 Ibid.

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Méfiance de la FFEC à l'égard de la JEC

La création de la JEC, en 1929, peut apparaître ainsi comme laréponse tardive de la vieille ACJF aux aspirations des étudiants catholiques.Elle a, par conséquent, été relativement mal ressentie par la FFEC, qui y avu une concurrence et un ferment de division. À l’issue du congrès d'Algerd'avril 1929, auquel l'Olivaint avait envoyé une délégation de 20 (!)membres 499, les instances de la Fédération publièrent un communiqué sousforme de mise en garde, qui laisse apparaître une certaine inquiétude :

La FFEC voit avec le plus grand intérêt le mouvement qui se dessine au sein de la

jeunesse intellectuelle sous le nom de JEC.

Considérant qu'il existe, à l'heure actuelle, des associations d'étudiants catholiques

dans toutes les villes universitaires, constituées sous la direction de prêtres nommés

par leurs ordinaires et groupés en une fédération dont le TRP Janvier est

l'aumônier, elle demande fraternellement aux promoteurs de la JEC, dans l'intérêt

d'une bonne organisation de l'action catholique, de ne réaliser aucune formation

nouvelle dans le milieu étudiant sans être entré en relation au préalable avec la FFEC

et s'être mis d'accord avec elle sur l'opportunité et les modalités des réalisations

projetées500.

Les relations entre les deux organisations semblent avoir étérelativement tendues par la suite. Le Congrès de Nancy de février 1931 futl'occasion d'aborder de front la question des relations de la FFEC avec laJEC. Des malentendus existaient, notamment sur le champ d'action des deuxassociations ; la JEC était parfois - par ignorance ou mépris - appelée"Jeunesse écolière catholique" par certains aumôniers de la FFEC501.

Les Pères Janvier et Lalande se mettent d'accord

Une mise au point était nécessaire, qui fut, semble-t-il, effectuée par unéchange de courrier entre les aumôniers généraux des deux organisation. Aucours d'une réunion des aumôniers consacrée aux liens de la Fédération

499 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. Il y eut, au total, à Alger, 400 congressistes.Le vice-président de la Fédération était à l'époque un Olivaint, Pierre Moissinac.500 L'Étudiant catholique, n° 18, mai 1930, p. 23.501 L'Étudiant catholique, n° 29, décembre 1931, p. 4-5.

199

avec l'ACJF, le 20 novembre 1931, le Père Janvier rendit ainsi publique laréponse qu'il allait adresser au Père Lalande, aumônier de l'ACJF, suite àune communication de celui-ci qui, vraisemblablement, faisait suite aucongrès de Nancy502. Il remerciait d'abord, au nom de la FFEC, le P.Lalande de l'assurance donnée que la JEC n'entendait point constituer unenouvelle organisation professionnelle d'étudiants.

En contrepartie de cette reconnaissance de fait de l'autorité de laFFEC dans le milieu étudiant, il ajoutait que la Fédération était disposée àadmettre la formation de sections JEC dans le sein même des cerclesd'étudiants catholiques, sous la direction des prêtres chargés de ces oeuvres,qui en deviendraient les aumôniers. Il s'appuyait en cela sur des expériencesqui auraient été menées à Bordeaux, Lille et Nancy.

Enfin, le Père Janvier demande à l'ACJF, "puisqu'elle reconnaît nosgroupes de la Fédération comme les représentants normaux des intérêts dela corporation universitaire catholique", de bien vouloir diriger lesétudiants vers ces groupes, "à charge pour ceux-ci de lui permettre lerecrutement de ses dirigeants dans les milieux universitaires et leurformation dans l'esprit de ces directives503".

La JEC, au service de a FFEC

De son côté, la JEC semble ne pas avoir cherché à entrer enconcurrence avec la FFEC. À plusieurs reprises, le mensuel jéciste Chantiersrendit compte des congrès FFEC, sans le moindre signe de mépris. Ainsi leP. Duye écrivait-il en 1937 dans le Bulletin des aumôniers de l'ACJF qu'ilne s'agissait pas pour la JEC de concurrencer ni de doubler la FFEC, mais,affirmait-il, "en maintenant vivante la préoccupation d'influencer tout lemilieu universitaire, le souci de pénétrer partout [...], il faut enraciner lessections dans toutes les oeuvres catholiques d'étudiants qui voudront biens'ouvrir au mouvement jéciste504". Il s'agit aussi, ajoute-t-il, d'intensifier lerayonnement de ces oeuvres et de promouvoir les initiatives de la FFEC :"Bref, se mettre au service de ce qui existe déjà".

502 L'Étudiant catholique, n° 29, décembre 1931, p. 5.503 Ibid.504 n° 24, mai-juin 1937.

200

L'attitude du Père de Pully

On sait que le Père de Pully a soutenu la Fédération, à sa naissance,contre l'ACJF, qui refusait la création d'une organisation proprementdestinée aux étudiants. On sait aussi combien il défendit l'idée d'une présencediscrète des Jésuites au sein de cette fédération, en vue de rapprocherlentement cette dernière de l'ACJF.

Il semble que la création de la JEC n'ait guère changé son point devue. Ainsi s'est-il abstenu, lors du congrès FFEC de Clermont en 1932 departiciper à la réunion au cours de laquelle le Père Lalande vint parler de laJEC, pressentant qu'elle serait orageuse. Il avait entendu, en effet, desétudiants et des aumôniers FFEC "s'étonner que « les Jésuites » et « leurJEC » s'imposent ainsi au Congrès, et y vinssent troubler la concorde parune propagande propre à diviser505". Il ne cachait pas, au demeurant, salassitude devant ces éternelles divisions :

Je suis (...) las de cet émiettement indéfini, à Paris surtout, de nos étudiants, en

petits groupements insignifiants, ayant tous le même but, végétant la plupart,

coûtant cher, occupant inutilement des prêtres dont on manque partout ailleurs, et

dispersant les rares bonnes volontés que nos 5 ou 6 anciennes associations

parisiennes d'étudiants suffiraient hélas ! plus que jamais à concentrer506 !

Si l'unité était plus forte en province qu'à Paris, c'est parce qu'il n'yavait le plus souvent qu'une association catholique par université. Dans lacapitale, les rivalités étaient beaucoup plus fortes.

L'union était donc le maître mot du Père de Pully, et par là même lemot d'ordre de la Conférence Olivaint. Jean-Marie Quidet, secrétaire généraladjoint de la FFEC, et par ailleurs membre de la Conférence Olivaint,pouvait ainsi déclarer en 1933 :

La réunion des oeuvres, sous la présidence de Moiny, secrétaire général de la JEC,

montra la nécessité et l'utilité d'une collaboration entre nos deux mouvements, sur

la base des accords de Nancy. La divergence des méthodes ne doit pas nous faire

oublier l'esprit commun qui nous anime ni la nécessité primordiale d'une union en

dehors de laquelle il ne saurait y avoir d'Action catholique507.

505 Lettre du RP de Pully au RP Provincial, 16 avril 1932. Archives jésuites de la Province de Paris,I PA 735/3.506 Ibid.507 L'Étudiant catholique, n° 40, avril 1933, p. 42.

201

LA CRISE DE LA FFEC

Il convient de noter que la FFEC, à la différence de la JEC, souffraitd'un patent manque d'unité, lié à sa forme fédérale, et elle connut une crisede croissance au début des années trente.

Crise financière et démission de Janvier

Quelques mois à peine après la publication des accords avec le PèreLalande, le Père Janvier démissionna de sa charge, officiellement pour desraisons liées à la fatigue, et il fut remplacé par Monseigneur de la Serre,prorecteur de l'Institut catholique, désigné par le Cardinal Verdier508. Lesconditions de cette démission sont floues ; il est remarquable, cependant,qu'elle soit intervenue en même temps que celle du président Fresquet, àl'issue d'une Assemblée extraordinaire du Conseil fédéral, en date du 29janvier 1932. Il semble que la Fédération connut à l'époque des difficultés detrésorerie assez importantes, qui amenèrent même le nouveau bureau,présidé par Max Legendre, à envisager de suspendre la publication deL'Étudiant catholique. Il n'est pas impossible que la FFEC ait traversé àcette époque une crise d'identité liée au développement de la JEC.

Les effectifs officiels ont en tout cas décru, puisque le nouveauprésident annonça lors du congrès de Clermont 12600 étudiants dans 47associations, contre 15000 pour son prédécesseur509.

Une organisation artificielle ?

En fait, les rentrées des cotisations étaient particulièrement faibles, auregard des effectifs revendiqués. En 1931, la Fédération revendique 51cercles catholiques affiliés dans toute la France510, et quinze millemembres511. Mais il est difficile de voir autre chose dans ce nombreimpressionnant que la somme des effectifs des cercles. Combien de cercles 508 L'Étudiant catholique, n° 31, février 1932, et n° 34, mai 1932.509 L'Étudiant catholique, n° 34, mai 1932.510 Les cercles adhérents de Paris, tels qu'ils sont énumérés dans la vingtième livraison de L'Étudiantcatholique, étaient : la Conférence Laënnec, la Conférence Olivaint, l'Association des étudiants del'Institut catholique, la Réunion des étudiants du 104 rue de Vaugirard, l'Union fédérale des étudiants ensciences, le cercle d'Hulst, le Cercle Lucien Poulet, le Groupe Duchesne, le Cap, le groupe catholique desHEC, le Groupe catholique de l'Institut de chimie, le Groupe des architectes catholiques des Beaux-Arts, laConfédération internationale des étudiants catholiques (CIEC), l'Union catholique de l'Institut nationalagronomique, le Groupe catholique de la faculté de Pharmacie, les Chevaliers de Saint-Denis, et le CercleSaint-Maur.511 L'Étudiant catholique, n° 27, juin-juillet 1931.

202

payaient réellement la cotisation collective qu'ils devaient à la Fédération ? Ilest difficile de le savoir. En tout cas, le tirage de l'Étudiant catholique nousramène, semble-t-il, à de plus justes proportions, puisqu'il s'élevait en mars1931 à 1600 exemplaires512. On sait, en outre, que le nombre de déléguésaux Congrès n'excédait pas quelques centaines, et on peut estimer que seulsces délégués participaient - plus ou moins activement - à la vie de laFédération.

Absence d'esprit fédéral

En outre, l'un des indices de la faiblesse de cette structure fédérale estla médiocre participation des cercles à la revue elle-même. En novembre1930, Alexandre Quesnel, le responsable de la rubrique concernant lesnouvelles des cercles s'en plaignait ouvertement :

Les groupes, écrit-il, agissent pratiquement comme s'ils considéraient la Fédération

comme une sorte de section administrative composée d'un groupe d'étudiants

chargés d'assurer au plus le congrès annuel513.

De fait, cette rubrique de la vie des cercles, si fournie les premièresannées, s'était progressivement étiolée, et il n'y avait guère que quelquesgroupes provinciaux pour la fournir régulièrement. La Conférence Olivaintétait la première à ne plus fournir d'informations. Ainsi, lorsque, en 1931, leprésident de la Fédération envoya aux cercles une lettre pour connaître leurseffectifs, il ne reçut que 12 réponses.

L'absence d'esprit fédéral était plus vive à Paris qu'en Province, ce quiconduisit le bureau de la Fédération à refuser, en 1932 que le congrès de1933 soit organisé à Paris, au prétexte que les cercles parisiens, divisés entrop de petits groupements sans cohésion n'étaient pas à même d'organiserun congrès réussi514.

Cette faiblesse de la structure fédérale avait avant tout une incidencesur la situation financière de la Fédération. Le président Max Legendre s'en

512 L'Étudiant catholique, n°24. La revue était, aux dires de ses rédacteurs, en dépôt dans 16 librairiesparisiennes ; mais il est peu probable qu'elle y connût un grand succès.513 L'Étudiant catholique, n° 20, novembre 1930.514 Lettre du RP de Pully au RP Provincial, 16 avril 1932. op. cit.

203

plaint ouvertement en 1934, déplorant la lenteur de la rentrée des cotisations: "Il y a là, écrit-il, un manque d'esprit fédéral absolument lamentable515".

Tentatives parisiennes d'union

En février 1931, la FFEC et l'Etudiant catholique s'installent rued'Assas, au numéro 21, pratiquement en face de la Conférence Olivaint.Cette proximité géographique a naturellement encouragé les liens et laparticipation des Olivaints à la FFEC. À cette date, un Olivaint membre dela FFEC prit une initiative pour renforcer les liens distendus entre lesdifférents cercles catholiques parisiens. Il adressa le 25 mars 1931 une lettreaux présidents des cercles, dans laquelle il soulignait l'insuffisance desrapports entre les différents groupements d'étudiants catholiques de Paris quifut révélée lors des congrès de Nancy et d'Alger : "Leurs représentants,écrit-il, erraient solitaires et désemparés au milieu des groupementscohérents de province516". Pierre Moissinac proposait donc que chaquecercle de Paris invite, à tour de rôle, les autres cercles. Le programme seraitcomposé par le cercle invitant et la réunion aurait lieu une fois par trimestre.La Conférence Olivaint donna l'exemple, le 29 avril 1931, en organisant unesoirée consacrée à l'éducation et à l'instruction, ouverte à tous les groupescatholiques parisiens. Peu, parmi ces derniers, ont cependant répondufavorablement : seuls ont participé le Cercle catholique de l'école de chimie,le Cercle d'Hulst517 et l'Union pour la France (UPF), cercle catholique del'Abbé Guichard, récemment affilié à la Fédération518.

Rien n'indique que l'expérience ait été renouvelée. Cela dit, l'idée d'unresserrement des liens entre les cercles parisiens fit son chemin et, ennovembre 1931 fut créée une section parisienne de la FFEC.

515 L'Étudiant catholique, n° 47, mars 1934.516 L'Étudiant catholique, n° 26, mai 1931.517 Le cercle d'Hulst a été créé en 1906 par d'anciens élèves du collège Stanislas.518 L'UPF, lit-on dans un manifeste publié dans le numéro 35 de l'Etudiant catholique, regroupait "desjeunes décidés à maintenir dans le pays la paix religieuse par la lutte contre tout laïcisme cherchant àabolir chez l'individu comme dans la nation toute idée religieuse". Dans une certaine mesure,l'organisation de ce cercle catholique s'inspire de celle de la Conférence Olivaint. On y retrouve une écolede conférenciers, une école de journalisme, ainsi qu'un centre d'études et de documentation ; cela dit, il n'yavait pas, semble-t-il de conférence hebdomadaire.

204

UNE ORIENTATION CORPORATIVE

Dès l'origine, la FFEC avait pour but de représenter les étudiantscatholiques devant les pouvoirs publics. Après la crise qui a atteint laFédération, celle-ci se porta de plus en plus sur le terrain corporatif, avec lesouci, vraisemblablement, de se distinguer de la JEC.

Le soutien de « l 'Écho de Paris »

La FFEC bénéficiait, avec l'Écho de Paris, d'une tribune. Ce journal,dont Henri de Kérillis était le rédacteur en chef, ouvrait ses colonnes, unefois par semaine, à la vie étudiante, et reproduisait régulièrement lescommuniqués de la FFEC.

Le journal conservateur créa même un cercle littéraire, ouvert àtoutes les organisations étudiantes : le « cercle littéraire de l'Echo de Paris», se réunissait une fois par mois et les étudiants catholiques venaient yconférer. Parmi eux, on trouvait, en 1933, Charles Célier et Michel de Saint-Girons, de la Conférence Olivaint, Charles A. de Vaugelas, président de laFFEC, et Gilbert Gadoffre519.

Cette ouverture de ce journal sur le monde étudiant répondait à laprétention de certaines organisations, comme la FFEC, à organiser etreprésenter les étudiants.

L'affirmation du corporatisme

Au tournant de la décennie, en effet, la FFEC semble se sensibiliser deplus en plus aux questions liées à la situation des étudiants. Au point des'orienter peu à peu vers un corporatisme de plus en plus affirmé, dont onpeut trouver de nombreux exemples dans L'Étudiant catholique.

En février 1931, la FFEC dénonce ainsi la "suppression", c’est-à-direla fermeture aux étudiants, de la bibliothèque Mazarine520. En avril 1932,Max Legendre proteste contre le vote de la Chambre des députés,permettant aux capacitaires en droit de plus de vingt-cinq ans de prendre endispense du baccalauréat des inscriptions en vue de la licence. Il s'agissait,affirmait-il, "d'une grave atteinte à la valeur des études supérieures, qui

519 L'Écho de Paris, 3 février 1933.520 L'Étudiant catholique, n° 23.

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doivent nécessairement s'appuyer sur une culture générale521". Il ajoutaitque cette disposition risquait d'accroître l'encombrement de la carrièrejuridique.

"Étudiants, Français et Catholiques", cette devise de la Fédérationprenait donc tout son sens au début des années trente522.Un des signes lesplus nets de cette orientation corporative de la FFEC fut la constitution, lorsdu congrès de Clermont-Ferrand de 1932, auquel la Conférence Olivaintparticipa, de "commissions d'intérêts corporatifs". À cette date, la défensedes intérêts corporatifs des étudiants catholiques était vraiment au cœur despréoccupations de la Fédération. Le nouveau régime de la Préparationmilitaire supérieure (PMS) envisagé par la Chambre des députés en 1933 etle décret Chéron qui réformait les grands concours faisaient l'objet desfoudres du bouillant président de la Fédération, Max Legendre523. La FFEC,cela dit, n'appela pas pour autant à la grève : la FFEC considérait la grèvecomme "une menace qu'il faut savoir employer utilement et lorsqu'elle estla conclusion d'une campagne intelligemment menée, elle peut donner lesmeilleurs résultats. Je n'en veux pour preuve que les grèves relatives àl'affaire Scelle...524". La FFEC s'en est donc tenue à des pressions et desmenaces de recours au Conseil d'État, et s'estime à l'origine durétablissement, par dérogation, des concours de l'Inspection des finances etdes Affaires étrangères525.

Défense religieuse

Au-delà de la défense d'intérêts corporatifs, la FFEC n'oublie pas soncaractère religieux, et prolonge l'entreprise de défense religieuse menéedepuis les débuts de la Troisième République par la Conférence Olivaint puisl'ACJF. Elle trouve, pour cela, le relais de L'Écho de Paris, qui lui ouvre sescolonnes, lorsque, par exemple, la FFEC, par un communiqué, protestecontre la suppression des émissions religieuses du dimanche sur Radio-Paris.Il s'agit, peut-on lire, "d'une grave atteinte à la liberté de conscience, unefâcheuse méconnaissance de la portée intellectuelle et nationale desconférences qui y étaient prononcées, la création d'un état de faitinfiniment préjudiciable aux étudiants catholiques ainsi privés d'un grand

521 L'Étudiant catholique, n° 33, avril 1932.522 L'Étudiant catholique, n° 24, mars 1931.523 L'Étudiant catholique, n° 40, avril 1933.524 L'Étudiant catholique, n° 41, mai 1933, pp. 34-35.525 Ibid.

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enseignement moral526". Au nom de ses 15000 membres, la FFEC adressedonc un appel au gouvernement pour le rétablissement de ces émissions.

C'est que, sous l'impulsion de son bouillant président Max Legendre,la FFEC revendique le monopole de la représentation des étudiantscatholiques français : "Au point de vue de la défense des intérêtscorporatifs, la Fédération estime être le seul mandataire autorisé desétudiants catholiques français527".

Face au 6 février 1934

La FFEC a réagi vivement après les émeutes du 6 février 1934,d'autant plus vivement que l'un des siens - ou du moins revendiqué commetel, l'étudiant Jean Fabre, est mort au cours de la fusillade de la Concorde.Max Legendre lança immédiatement un appel aux étudiants dans lequel ilappelle les étudiants à se préparer à l'action en vue de "rétablir le véritableordre social par la convergence des activités individuelles dans une oeuvrecommune528". Dans la livraison du mois de mars 1934 de L'Étudiantcatholique, un article non signé s'en prend plus directement au systèmeparlementaire en place :

Nous ne devons plus maintenant admettre le dogme de l'infaillibilité et de la toute

puissance parlementaire. (...). La Chambre élue peut se tromper en accordant sa

confiance à un gouvernement qui ne recherche pas le bien commun529.

L'auteur ajoute que le 6 février était, à ses yeux, "Le groupementspontané et irrésistible d'un peuple indigné, revanche du bien commun surla légalité530".

L'Olivaint rend hommage aux morts du 6 février

Selon toute vraisemblance, la ligne suivie par la Conférence Olivaintpendant les événements était semblable à celle de la FFEC : lors de la séancedu mercredi 6 février 1935, le président Pierre Moissinac demanda ainsi unmoment de recueillement pour les morts du 6 février de l'année précédente.

526 L'Écho de Paris, 2 février 1934.527 L'Écho de Paris, 17 février 1934.528 L'appel est reproduit parmi les documents.529 "Les manifestants du 6 février 1934", L'Étudiant catholique, n° 47.530 Ibid.

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La prière traditionnelle du début de séance fut dite à leur intention531. Il nefait guère de doute, par ailleurs, que les rangs des manifestants aient comptéun certain nombre d'Olivaints. Ainsi André Aumonier, président de laConférence en 1938, témoigne-t-il que, jeune étudiant et jeune Olivaint,il a connu, "les manifs, les coups donnés et reçus et l'embarquement deforce dans le panier à salade" et se trouvait place de la Concorde le 6février 34532.

"On est fatigués du régime".

Conférence catholique et conservatrice, l'Olivaint partageait avec laFFEC un antiparlementarisme assez net.

Le 17 novembre 1930, une séance est ainsi consacrée à la question duparlementarisme, au cours de laquelle Poirson analyse les causes de la crisede ce dernier en Europe. Il en distingue trois, principalement : la lenteur dutravail parlementaire, l'instabilité gouvernementale liée au grand nombre departis politiques "et à l'ambition des parlementaires", enfin "l'incompétenceet le manque de vertu des parlementaires533". Si le président de séance se ditétonné de l'âpreté des attaques à l'égard du régime, beaucoup d'Olivaintsinterviennent à la tribune pour abonder en son sens : Pierre de Vaucellescritique le suffrage universel, de la Charie le manque de compétence desparlementaires, et Robert Buron - aux dires du secrétaire de séance - "trouvesimplement que l'on est fatigués du régime534". Enfin, Jacques Chapsal, vice-président de la Conférence, prend la parole pour réclamer des chefs : "leurabsence, dit-il, est cause de la crise535".

Le Père de Pully, au terme de cette discussion, constate à son tour lacrise du parlementarisme, dont les causes sont à trouver, selon lui, dansl'absence de loi morale, dans l'institution du suffrage universel "qui n'est pasconforme à la raison", et dans l'état de pulvérisation des partis qui conduit àne plus voir ce que doit poursuivre un État : le bien public.

La semaine suivante, Pierre de Vaucelles prend la parole pourapporter la contradiction à Poirson en avançant quelques remèdes contre lacrise du parlementarisme. Ce dernier, selon lui, est à rebâtir, non àabandonner, et il propose comme modèle la Constitution d'EmmanuelSieyès, jamais appliquée mais qui présente bien des avantages. Car, précise-t- 531 Bulletin mensuel de la Conférence Olivaint, n° 1, mars 1935, p. 3.532 André AUMONIER, Un corsaire de l'Eglise, op. cit., p. 27.533 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.534 Ibid.535 Jacques Chapsal, doctorant en droit, préparait alors le Conseil d'État.

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il, il s'agit de limiter le rôle des Assemblées : "le pouvoir exécutif doitaccroître son pouvoir et son prestige536".

En 1931, Pierre de Vaucelles est élu président de la Conférence. Sonpremier vice-président est Robert Buron, docteur en droit, qui sort major del'ELSP la même année. Leur attitude critique à l'encontre du régime enplace semble bien être partagée par une majorité des membres de laConférence Olivaint.

536 Compte rendu de la séance du 24 novembre 1930, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.

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Chapitre V : Déclin et crise d'un conformisme des années trente.

À la fin des années vingt, on peut considérer que la ConférenceOlivaint est à son apogée : son ancienneté, son réseau d'anciens, sonrecrutement nombreux et diversifié, la protection de la Compagnie de Jésus,son rayonnement dans l'ACJF et la FFEC, lui donnent une place à part dansle monde des étudiants catholiques. Rapidement, cependant, elle entame undéclin qui entraîne sa chute : en novembre 1942, la Conférence Olivaint estdissoute, transformée en aumônerie de l'ELSP, avant de renaître, cinq ansplus tard seulement, sous l'impulsion d'un nouvel aumônier, le RP Huvenne.

UN CONFORMISME DES ANNEES TRENTE

La Conférence, en apparence, n'a pas été trop affectée par la crise de1925-1926. Certes, les effectifs se sont tassés après la crise : il y eux deux-cents quatre membres en 1926 contre deux-cents vingt-quatre l'annéeprécédente537. Mais il semble que le renouvellement fut important et àmoyenne échéance, les adhésions ont toujours été aussi nombreuses, etl'affluence aux réunions est demeurée régulière : en 1932, l'Olivaintregroupait 200 étudiants (dont 150 en droit, en lettres ou à l'ELSP), et il yavait 80 présences en moyenne aux séances du mercredi538.

Un rayonnement maintenu

La composition de l'Olivaint ne semble pas non plus avoir été affectée.Le rapport annuel de 1929 nous indique ainsi qu'à cette date, la COregroupe des jeunes gens d'origines universitaires diverses : le Droit, lebarreau, la Sorbonne, l'ELSP, les Beaux-Arts, les Chartes, les Mines, l'écoleCentrale, et Polytechnique539. En 1930, l'Olivaint, qui comptait 210membres, se composait aux trois quarts d'étudiants en droit, en lettres ouSciences politiques (c’est-à-dire élèves de l'ELSP), et pour le dernier quartde scientifiques. 60 % des étudiants sont inscrits dans la Congrégation540.Les deux tiers des membres préparaient diverses licences, doctorats ou

537 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit.,p. 9.538 Lettres de Jersey, 1931-1932, pp. 642-644.539 Assemblée générale 1929, op. cit., p. 7.540 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 745/3.

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diplômes ; le dernier tiers préparait les grands concours541.Avec les autresgroupes, HEC, Chimie, Violet, Bréguet, le cercle militaire, Khâgneux dulycée Henri IV et les groupes populaires, plus de cinq cents jeunes gensfréquentaient toujours le 12 de la rue d'Assas.

Le rayonnement de la Conférence était donc toujours aussi grand, etce d'autant plus qu'il ne se résumait pas aux quelques deux-cents membres(avec, en moyenne, quatre-vingt nouveaux chaque année) : les différentescatégories de membres instituées par le Conseil de la Réunion permettaienten effet de toucher bien plus d'étudiants. A côté des membres titulaires, lesseuls disposant du droit de vote - contrepartie de leur investissement au seinde la Congrégation, et des membres (non titulaires ou non encore titulaires,qui n'étaient ni électeurs ni éligibles) qui, tenus de payer la cotisation,constituaient avec les membres titulaires le corps proprement dit de laConférence, une troisième catégorie fut créée : la catégorie des invités quisont des inscrits ou des sympathisants ne pouvant (ou ne pouvant pasencore) être des membres proprement dits de la Conférence. Ils sontcependant tenus de s'inscrire, et de verser une faible cotisation. Enfin, lesinvités de séances, amis de membres, très nombreux chaque année et, sontvolontiers admis à une ou deux séances, après quoi, ils doiventimpérativement s'inscrire au moins dans la catégorie des Invitéspermanents542 :

À chaque réunion, écrivit le RP de Pully, les étudiants amènent des invités. Ce sont

plusieurs centaines d'étudiants non inscrits, incroyants ou indifférents, qui ainsi,

chaque année, sont touchés par notre action intellectuelle. C'est d'ailleurs le seul

mode d'apostolat possible dans les milieux intellectuels du Quartier, parce que

discret, invisible, individuel. Toute autre méthode d'apostolat choque plutôt ces

milieux indépendants, ombrageux, et qui s'écartent, si on a l'air de les sermonner

publiquement , par voie de journaux, tracts, papiers divers distribués au

quartier543. . .

On ne peut donc, pour faire le compte des jeunes gens touchés parl'Olivaint, se restreindre au nombre, déjà relativement important, desmembres titulaires. Au total, ce sont vraisemblablement trois à quatre centsétudiants que la Conférence Olivaint touchait chaque année. Ce n'est pasénorme, si on compare ce nombre à celui des membres de la Conférence 541 Lettres de Jersey, revue interne à la Compagnie de Jésus, 1931-1932, pp. 642-644.542 Annuaire 1931, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 736.543 Lettres de Jersey, revue interne à la Compagnie de Jésus, 1931-1932, p. 642.

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Laënnec qui, en plein essor, comptait huit-cents membres, dont deux-centstrente-cinq congréganistes544.

Cela dit, il ne fait aucun doute que l'on ne peut parler de réelleinfluence d'un passage à la Conférence Olivaint que pour une minorité detous ces étudiants, vraisemblablement un quart à peine des inscrits : ceux quiparticipaient à l'Académie des jeunes, à la vie religieuse, ont présenté unexposé au moins le mercredi soir, voire prirent des responsabilités au seind'un bureau. En fin de compte, peu de membres participaient vraimentactivement : ainsi n'y avait-il chaque année guère plus d'une cinquantained'intervenants aux débats qui suivaient les conférences du mercredi.

Un certain immobilisme

Naturellement, les causes du déclin de la Conférence sont nombreuses.Parmi elles, cependant, on peut distinguer l'extrême conformisme de laConférence qui tendait la marginaliser de plus en plus dans le milieuétudiant. Alors que se sont multipliées, dans les années trente, les initiativesnouvelles dans les milieux catholiques, la Conférence Olivaint demeurait eneffet plus que jamais attachée à ses traditions et ne parvient pas à serenouveler :

La Conférence Olivaint, déclare le RP de Pully lors de l'Assemblée générale de

1927, demeure, non pas par traditionalisme étroit, mais par conviction, ce quelle a

toujours été. Un jeune catholique qui aspire aujourd'hui à exercer une influence sur

le pays doit être capable de parler en public. Trop de jeunes l'oublient, et se

préparent ainsi pour plus tard de douloureuses et irrémédiables impuissances545.

L'aumônier veillait, en effet, à maintenir vivaces les traditionspluridécennales de l'Olivaint, et ce par l'intermédiaire des séance solennelles,des Assemblées générales, mais aussi des commémorations, comme lesnoces d'argent, du 24 mai 1925. Après une messe rue d'Assas, un pèlerinageeut lieu sur la tombe du Père Olivaint, rue de Sèvres, au cours duquel le RPde la Brière prononça un sermon virulent, qui fut suivi d'une visite del'ancienne salle de l'Olivaint, utilisée alors par l’œuvre des Russes émigrés.La journée s'acheva rue d'Assas où eut lieu le traditionnel banquet, suivi des

544 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 745.545 Assemblée générale 1927. Bourges : A. Tardy, 1928.

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toasts et d'un discours de l'historien de la Congrégation, Geoffroy deGrandmaison546.

Rien, cependant, n'exprimait mieux l'immobilisme de la CO que lerespect scrupuleux du vieux règlement des séances du mercredi. Aucunemodification, en effet, n'a jamais été apportée à leur déroulement des depuisl'instauration de la règle des interventions à la tribune en 1896. Alors queles revendications féministes se multipliaient dans la société française, laConférence Olivaint demeurait en outre plus que jamais interdite aux jeunesfilles : "L'élément féminin, ne peut, en aucune façon, franchir les portesconstitutionnelles de notre Conférence" déclara, péremptoire, Henri deForbin, à l'issue de sa présidence de l'Olivaint547.

L'une des rares innovations des années vingt fut la création, en 1928,de huit sections, en vue de rapprocher les membres qui faisaient les mêmesétudes, sans les isoler pour autant ce leurs amis et camarades d'écolesdifférentes548. Il s'agissait des sections de droit (130 membres), des SciencesPo (80 membres), de lettres, des sciences, des arts, de la section commercialeet coloniale, de la section professionnelle (avocats, clercs, inspecteurs desfinances...), et de la section s'occupant d’œuvres (patriotiques, ACJF,Équipes...). Chaque section avait des délégués et organisait des séances desection, indépendantes des séances du mercredi, sur un sujet laissé au librechoix des sections par l'aumônier.

En dehors de cela, le Père de Pully encouragea aussi l'organisation deséances de préparation aux concours. Le 9 mars 1931, la Conférenceorganisa ainsi, pour ses membres, une réunion spéciale destinée auxcandidats à l'Inspection des Finances, animée par un ancien Olivaint, reçu en1928 dans ce grand corps, Alfred Redouin. Vingt-huit Olivaints yassistèrent549.

Une concurrence croissante

L'Olivaint, dans les années trente, souffrait de plus en plus de sonisolement. En 1914, déjà, le Père Aucler se plaignait de la concurrence desPères Dominicains qui s'installaient aux abords de la rue d'Assas. Pourdéjouer leur entreprise, il avait recommandé de leur proposer la chapelle de

546 Assemblée générale 1925, pp. 2-4.547 Henri de Forbin, Assemblée générale 1931 et année 1932, op. cit., p. 7.548 L'Étudiant catholique, n° 5, décembre 1928.549 L'Étudiant catholique, n° 26, mai 1931.

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la rue d'Assas, de manière à ce que les jeunes gens pris en main par lesDominicains soient "attirés par les affiches de la Conférence Olivaint550".Ainsi, les pères Jésuites auraient pu faire disparaître toute rivalité apparente,à leur profit.

La Guerre intervint sur ces entrefaites, mais il est certain que cetteconcurrence s'est accrue après la Guerre. La création par le Père de Pully degroupes catholiques dans certaines écoles ou lycées posa ainsi parfois desproblèmes : en 1932, il eut, par exemple, quelques accrochages avec desaumôniers de lycée, en particulier à Henri IV, où le directeur de l'Olivaintanimait un groupe de Khâgneux « talas », à Pâques551.

Dans l'entre-deux guerre, les principaux concurrents de la ConférenceOlivaint furent certainement les Pères Maristes, du 104 de la rue deVaugirard. Leur conférence, composée essentiellement de leurspensionnaires, connaissait en effet un succès certain. Dans une lettre de1925, le Père de Pully se plaint de la rivalité qui oppose les deuxConférences, et de la faible propension des Maristes à laisser leurs étudiantsfréquenter les Jésuites. Il évoque pour s'en féliciter, le cas d'un étudiant du104 qui demande à fréquenter la Conférence Olivaint, ce qui indique qu'il nemanque pas d'entretenir de son côté la rivalité552. C'est que, loin de serésigner face à la concurrence croissante, le Père de Pully adopte uneattitude offensive :

Pour moi, si j'écoutais ma lassitude, je jalouserais ceux qui ont une oeuvre plus

simple, plus restreinte à diriger, ou sans fatigue intellectuelle, comme un patronage,

et qui y vivent en paix, dans un coin. (...) Mais j'estime que la Compagnie a

d'autres traditions et d'autres devoirs à remplir au quartier latin. Pour que nos

oeuvres en vaillent la peine, et soient vraiment fécondes au quartier, il faut qu'elles

groupent une élite nombreuse, variée, qui permet seule à notre vie religieuse,

intellectuelle et corporative d'être ce qu'elle doit être pour attirer et attacher nos

jeunes gens553.

550 Lettre du RP Aucler à X, peut-être le RP Provincial, du 25 juin 1914. Archives jésuites de laProvince de Paris, I PA 735/2.551 Lettre de Henry de Pully à X, vraisemblablement le RP Provincial, 7 mars 1932. Archives jésuites dela Province de Paris, I PA 735/3.552 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 25 septembre 1925. Archives jésuites de la Provincede Paris, I PA 735/3.553 Ibid.

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Il ne redoute donc pas les heurts avec d'autres groupements. En toutétat de cause, il est certain que le 104, rue de Vaugirard, qui s'est beaucoupdéveloppé après-guerre, a privé la Conférence Olivaint d'une partie de sa «clientèle » privilégiée.

Une moindre cohésion des membres ?

Faut-il voir aussi dans le déclin de la Conférence une conséquenced'une évolution plus profonde, liée à l'émergence d'une nouvelle génération? Il est vrai qu'à partir de 1926, la génération de la Guerre disparaît, avec ledernier ancien combattant, des organes de direction de la ConférenceOlivaint. Cette génération, dont la devise, « Unis comme au front » reflétaitleur aspiration à l'union des Catholiques et, au-delà, des Français, s'estestompée progressivement, et le Père de Pully n'hésite pas à accuser lagénération montante de n'avoir rien de commun avec sa devancière. Lorsde l'Assemblée générale du 11 mars 1928, il demanda ainsi aux étudiants deréagir contre "les tendances inquiétantes de la jeunesse qui monte, et quine vaut plus celle des années magnifiques d'après-guerre" :

Malgré quelques cérémonies d'apparat, et dont on fait peut-être un peu trop état

dans la presse, la masse des étudiants actuels est peu religieuse ; elle ne s'intéresse

pas aux choses intellectuelles et ne sera donc pas une élite véritable ; elle n'a pas

d'idéal et ne recherche que les plaisirs égoïstes et vains, elle fuit nos associations

catholiques, qui lui paraissent trop sérieuses, et gênantes pour une indépendance

qu'elle veut absolue554.

Cela dit, il est difficile de voir autre chose dans cette diatribe du Pèrede Pully qu'une nouvelle expression de son indéfectible pessimisme qui, luiaussi, est certainement à la fois une expression et une cause du déclin de laConférence dans les années trente.

La croisade du Père de Pully contre le non-conformisme

L'aumônier, vieillissant, s'est en effet engagé, à partir de 1930, dansune véritable croisade contre le non-conformisme des étudiants.

554 Pierre Goubaux, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Année 1928, p. 3.

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Le RP de Pully a publié 10 ouvrages au cours de sa vie. En 1931, ilpublie L'éducation et la formation du caractère, un ouvrage dans lequel ildénonce l'insuffisance de la formation de l'esprit et s'en prend à l'Universitéfrançaise dont le grand péché, à ses yeux, est la neutralité philosophique etmorale de son enseignement555. Selon lui, les obligations mondainesmenacent les jeunes gens de la société, les sorties du samedi soir, parexemple "leur rendant plus difficile la pratique de la communion dudimanche556" !

C'est encore dans son dernier ouvrage qu'il donne la meilleureillustration de son moralisme intransigeant. Dans Le non-conformisme desgénérations nouvelles, paru en 1936, Henri de Pully dénonce en effet, pêle-mêle la "mentalité scabreuse et antifamiliale" des jeunes, leur "espritfrondeur", leur "révolte de l'esprit", et la sempiternelle "crise del'intelligence"557. Il s'attaque aussi au "personnalisme" de ces garçons quiont la prétention de se marier eux-mêmes (!), ainsi que leur non-conformisme religieux, avant, cependant, de louer le non-conformismepolitique des nouvelles générations de droite et d'extrême droite :

Elles sont révolutionnaires, ces jeunesses monarchistes, écrit-il, qui accusent les

démocraties parlementaires de conduire tous les peuples à la ruine par leurs excès

démagogiques et (...) veulent rétablir l'autorité du chef unique, père de la Patrie,

arbitre et modérateur, héréditaire.

Elles sont révolutionnaires, ces Jeunesses patriotiques, qui ne veulent plus d'une

République "sans justice, sans dignité et sans honneur", et réclament pour la France

un État vraiment français, défenseur intransigeant des intérêts nationaux558.

Dix ans après la condamnation de l'AF, le Père de Pully semble doncne pas avoir perdu son inclination pour les jeunesses royalistes. La référenceaux Jeunesses patriotes n'est pas, non plus surprenante, mais de Pully la faitsuivre d'une édifiante évocation des jeunesses de l'Ordre nouveau, qui, écrit-il, "aspirent à remplacer une « politique abstraite et inhumaine » par unepolitique concrète et humaine qui emprunterait à la fois au nationalisme etau socialisme leurs éléments saints et dynamiques559".

555 Henri de PULLY, L'éducation et la formation du caractère. Avignon : Aubanel, 1931, 78 p.556 Ibid., p. 77.557 Henri de PULLY, Le non-conformisme des générations nouvelles. Avignon : Aubanel, 1936, 82 p.558 Ibid., p. 33.559 Ibid.

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La Croisade du Père de Pully a peut-être trouvé quelque écho au seinde la Conférence Olivaint. En tout cas, son pessimisme et son moralismeintransigeant ont vraisemblablement éloigné beaucoup de recruespotentielles. Ce qui, à en croire l'intervention du RP de Pully lors de ladernière Assemblée générale publiée, celle de 1931, ne le décourageait pas :

Nous continuerons notre tâche, tant qu'il y aura des jeunes capables de réagir contre

les courants actuels de l'indifférentisme religieux et moral, d'individualisme

farouche et de réalisme antiintellectuel ; tant qu'il y aura des jeunes capables de

comprendre les véritables conditions d'existence et de formations d'une élite à la

française, portant au front la triple auréole de la foi chrétienne, de l'intelligence, et

d'une exquise cordialité. Espérons que le Minotaure, l'homme-taureau de l'antiquité

païenne, même déguisé en jeune Yankee fin de siècle, ne sera pas trop longtemps

chez nous l'arbitre des élégances, des goûts et des aspirations de notre jeunesse560.

Le déclin de la Conférence Molé-Tocqueville

Le déclin de la Conférence Olivaint dans les années trente nes'explique pas seulement, cela dit, par ce conformisme et le moralisme deson directeur. À ce propos, le déclin d'une autre organisation, la ConférenceMolé-Tocqueville, est particulièrement éclairant.

Cette dernière est née en 1876 de la fusion de la Conférence Molé,fondée en 1832 , et de la Conférence Tocqueville, créée en 1863. Elle a étéreconnue d'utilité publique en 1897. Il s'agit d'une Conférence parlementaire,une imitation du Parlement où, une fois par semaine, des étudiants, dans uneambiance qui alliait le souci des rites et la camaraderie de bon aloi, s'initiaientaux secrets de la méthode délibérative561. De nombreux parlementaires de laTroisième République y ont fait leurs classes.

Comme la Conférence Olivaint, la Molé a connu un déclin dans lesannées trente. Elle souffrait en effet de son image aristocratique, à l'écart desgrands brassages sociaux des années de crise, de son goût peut-être excessifdes convenances et des traditions, de la concurrence d'autres groupesd'étudiants mais aussi du développement des écoles de partis et des appareilsde propagande placés dans le sillage des grands partis.

560 Assemblée générale 1931 et année 1932, op. cit., p. 9.561 Gilles LE BÉGUEC, op. cit., pp. 775-820.

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Car, explique Gilles Le Béguec, face à la montée des partis et del'esprit de parti, la Conférence Molé a perdu son atout majeur : ses traditionsd’œcuménisme. Ainsi, à la mi-février 1934, alors Du Moulin de Labarthèteoccupe le fauteuil de président de la Molé, la minorité fut amenée à se retireavec éclat562. Un climat d'intolérance régnait désormais à la Molé.

A n'en pas douter, la Conférence connaissait des symptômessemblables. La politisation des débats, dans les années vingt, et la crise de1925-1926, ont entraîné une radicalisation de la Conférence. Il n'est pasinintéressant de noter, au demeurant, qu'à l'Olivaint, comme plus tard à laMolé, le président Du Moulin de Labarthète fut l'un des agents - pour ne pasdire l'agent principal - de cette radicalisation, qui aboutit au départ de laminorité démocrate-chrétienne. L'Olivaint, dans les années trente, s'estrefermée sur elle-même, sur ses rites, ses traditions, son élitisme, et sur sonnationalisme intransigeant. Elle s'est ainsi éloignée de l'ACJF, et, pour toutdire, de la frange démocrate-chrétienne du monde étudiant.

Une prise de distance vis-à-vis de la FFEC ?

Il est difficile de savoir jusqu'à quel point la Conférence Olivaint s'estprogressivement isolée du reste du monde étudiant. À ce propos, sonéloignement de l'ACJF, en 1928, marque une étape importante, mais il estdifficile de savoir s'il y en eut d'autres.

Un témoignage, en tout cas, celui d'André Aumonier, président del'Olivaint en 1938, permet d'envisager l'hypothèse d'une prise de distancepar rapport à la FFEC : "La Conférence Olivaint (...), écrit-il, réunissaitles catholiques de Sciences Po qui prenaient leurs distances avec laFédération française des étudiants catholiques563".

À première vue, cette hypothèse paraît quelque peu surprenante, auvu de ce que l'on sait des liens étroits entre l'Olivaint et la FFEC depuis1923. On sait, en outre, que la prise de distance de la CO par rapport àl'ACJF et la JEC s'est effectuée au profit de la FFEC, dont l'Olivaintpartageait les vues, au moins jusqu'en 1934. On verra, en outre, que lenationalisme du Père de Pully et des membres de l'Olivaint s'accommodaitbien mieux des prises de position de la FFEC, soutenue par le général deCastelnau et Henri de Kerillis, que du pacifisme de l'ACJF. En matièresociale, la CO partageait avec la FFEC une certaine inclination pour les

562 Ibid., p. 816.563 André AUMONIER, Un corsaire de l'Eglise, op. cit., p. 26.

218

Équipes sociales de Robert Garric. Ce dernier, en 1929, participa même aucongrès de Bordeaux, où il prononça un discours564, et l'on pouvait lire dansl'éditorial de l'Etudiant catholique de février 1929 que la FFEC considéraitGarric "comme l'un des siens565". Au demeurant, ces liens privilégiés entre laFFEC et les Équipes a abouti, en 1936, à la publication de l'Etudiantcatholique dans La revue des jeunes566

Il n'est pas impossible, cela dit, que la Conférence Olivaint se soitprogressivement éloignée de la Fédération dans la seconde moitié des annéestrente. Il se pourrait, par exemple, que l'attrait de certains responsables de laFFEC pour le Personnalisme d'Emmanuel Mounier ait effarouché le Père dePully, qui n'avait de cesse de dénoncer le philosophe grenoblois et ses idées.Ainsi l'Etudiant catholique consacra-t-il, en janvier 1933, une pleine page àla revue Esprit, dans laquelle on pouvait lire :

La revue Esprit, le mouvement qu'elle suscite est une belle entreprise, la plus noble

qui soit car elle vise à la restitution des valeurs, à une reprise du spirituel. Elle

engage la lutte à l'heure la plus grave. C'est pourquoi elle n'a pas à ménager ceci ou

cela. Il y a un fil rompu, qu'il faut rattraper, une brisure, qu'il faut réparer567.

Il n'est pas impossible, donc, que le Père de Pully ait amené laConférence Olivaint à prendre ses distances par rapport à la FFEC. Sontempérament pessimiste, en tout cas, était de nature à l'y pousser. Enl'absence de sources précises pour étayer cette hypothèse, on se gardera,cela dit, de lui accorder trop de crédit. De toute façon, qu'elle fut ou nonéloignée de la FFEC à la fin des années trente, la Conférence Olivaint était,de manière certaine, passablement isolée dans le Quartier latin.

564 L'Étudiant catholique, n° 8, mars 1929.565 L'Étudiant catholique, n° 7, février 1929.566 Bernard COMTE, Une utopie combattante, l'Ecole des cadres d'Uriage, Fayard, 1991, p. 56.567 Article de M. Bazan, L'Étudiant catholique, n° 38, janvier 1938.

219

DIFFICULTES FINANCIERES

L'un des signes les plus nets de l'isolement et du déclin de laConférence est la crise financière, dans laquelle la Réunion de la rue d'Assass'est trouvée à partir de 1926.

Une conséquence de la crise de 1925

Il semble, au vu de la progressive réduction de la pagination descomptes rendus annuels, que la diminution des ressources de la Conférencesoit directement liée à la crise de 1925-1926. La condamnation de l'Actionfrançaise, puis la prise de distance de la Conférence Olivaint par rapport àl'ACJF et son affiliation à la FFEC ont entraîné une chute des recettes et delourdes difficultés budgétaires. Dès 1925, le Père de Pully demandait descrédits supplémentaires à son supérieur568. En 1931, la situation sembles'aggraver particulièrement ; le Père de Pully s'en ouvrit au RP Provincial, etlui indiqua qu'il avait "de la peine à faire vivre, vaille que vaille, [sa]grande maison de 450 étudiants569". Ces difficultés, indique-t-il, proviennentessentiellement du fait que, contrairement à d'autres cercles d'étudiants, il nedispose pas d'une "maison de famille importante", qui pourrait lui apporterdes subsides. Dès 1925, en effet, il demandait que fut mise une telle maison àsa disposition, sans succès.

Il est difficile, en l'absence de chiffres précis, d'apprécier à leur justemesure les difficultés financières de la Conférence. Il est certain que lesrecettes ont diminué, car si le nombre des inscrits n'a pas sensiblementdiminué, les dons des Anciens se font rares570. Quant aux charges de lamaison de la rue d'Assas, il est vraisemblable qu'elles aient augmenté du faitde la crise. Il semble étonnant, cela dit, que le Père de Pully en soit réduit àdemander de l'aide à son supérieur alors que, jusque-là, la Compagnie deJésus n'avait, semble-t-il, jamais hésité à combler le déficit de l'Olivaint,pourtant souvent égal à la moitié du budget annuel. On peut donc sedemander dans quelle mesure la Compagnie de Jésus n'a pas réduit saparticipation financière à la suite de l'orientation politique prise par l'Olivaintà partir de 1925.

568 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 25 septembre 1925. Archives jésuites de la Provincede Paris, I PA 735/3.569 Lettre du 29 avril 1931. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3.570 Lettre du 29 avril 1931, Op. cit.

220

Faible participation des anciens

En fait, les faibles rentrées d'argent des anciens constituent leproblème principal auquel la Conférence est confrontée. Les cotisations desétudiants ne suffisent pas. Et l'association n'est pas d'utilité publique,contrairement à la Conférence Molé-Tocqueville, ce qui crée quelquejalousie, car cette dernière, dit le Père de Pully "est purement politique et nepoursuit aucun but moral571".

En 1924, il y avait encore à l'Olivaint 135 anciens d'avant-guerre,notamment Henri Aubrun, professeur à l'IC, Maurice Flayelle, sénateur,Louis Galtier, adjoint au maire de Bordeaux, Émile Taudière, conseillergénéral à Niort, Henri Degroote, conseiller général à Hazebrouck. Oncomptait dans leurs rangs 5 notaires, 11 avocats et 4 inspecteurs desfinances.

Or, en 1934, après 15 ans d'activité depuis la Guerre, alors que plusd'un millier d'étudiants catholiques a fréquenté le 12 de la rue d'Assas, il n'ya que 261 anciens, et en 1936, il n'y en a plus que 250. Il ne fait donc aucundoute que la Conférence Olivaint est en perte de vitesse : la personnalité duPère de Pully et la crise de 1925-1926 qui, à l'Olivaint, s'est achevée par lavictoire des militants d'Action française, a très vraisemblablement éloigné dela Conférence les plus modérés des anciens. Ainsi, par exemple, est-ilparfaitement vain de chercher le nom de Georges Bidault dans les annuairessuccessifs des anciens : comme d'autres militants de la démocratiechrétienne, il a sans doute préféré s'éloigner d'une organisation devenueétroitement conservatrice.

LA COMPAGNIE DE JESUS PREND SES DISTANCES

Très tôt, semble-t-il, la hiérarchie jésuite a pris conscience de la crisede la Conférence Olivaint. La faible ouverture d'esprit du Père de Pully, et laforte implantation de l'Action française ont vraisemblablement causéquelques soucis au RP Provincial, aux yeux duquel la CO avait failli quelquepeu à sa mission.

571 Anonyme, vraisemblablement le RP de Pully, Assemblée générale 1931 et année 1932, op. cit.,p. 3.

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Une « chapelle fermée »

Il semble que le Père de Pully fut assez tôt contesté par ses pairs, etnotamment par le Père Provincial, pour sa gestion de la Conférence Olivaint.Le principal reproche, avancé dès 1929, est la fermeture de la CO sur elle-même ; "Je vous avoue, écrit-il au Provincial, que cela me chiffonne quevotre révérence nous reproche d'être une chapelle fermée572".Naturellement, le RP de Pully s'en défend, avançant à son supérieur que lesjeunes gens de ses cercles proviennent le plus souvent à des milieux quin'ont rien d'aristocratiques. "Ils sont, écrit-il, souvent d'origine modeste". Àl’évidence, le jugement ici avancé vaut peut-être pour certains cercles donts'occupe le RP de Pully, mais certainement pas pour la Conférence Olivaintproprement dite qui, pour l'essentiel, recrutait dans la bonne bourgeoisiecatholique parisienne. Il défend ensuite plus particulièrement la ConférenceOlivaint qui, à n'en pas douter, fait l'objet des critiques du Provincial :

Elle est, écrit son directeur, précisément le contraire de la plupart des groupes très

fermés qu'on multiplie aujourd'hui, étroitement professionnels, et qui établissent

des cloisons entre les jeunes gens (... Jeunesse agricole chrétienne, Jeunesse

ouvrière chrétienne, Scouts...). Ici, au contraire, tous se mêlent et fraternisent : tout

âge, toute classe, toute Faculté et toute école, tout jeune cultivé pourvu que

catholique, de tout collège et de tout lycée... Nous sommes presque les seuls

maintenant à maintenir un lien et une fusion entre les divers éléments de la jeunesse

studieuse573.

Il ne fait guère de doute, cependant, que c'est pour une bonne partl'orientation politique de la Conférence que le Père Provincial visait enparlant de « chapelle fermée », et le RP de Pully s'abstient bien de répondresur ce point. Il est beaucoup plus soucieux de défendre la conception desConférences du mercredi, critiquée, semble-t-il, par d'autres aumôniersjésuites :

Les étudiants ne supporteraient pas des parlotes interminables de vieux messieurs.

Ils en entendent toute la journée aux cours. Ils en sont saturés. Ils veulent travailler

572 Lettre du 23 décembre 1929. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3.573 Ibid.

222

et parler eux-mêmes, être actifs, faire des conférences et les discuter entre eux,

librement, à la tribune où ils apprennent à parler en public574.

Revenir à une forme plus traditionnelle de conférences faites pard'éminents, ce serait, selon lui "la fin de la Conférence Olivaint". Cela dit, il y a bien les séances solennelles, ouvertes, elles à un invité demarque :

Ceux qui viennent partent toujours ravis, voire enthousiastes de nos jeunes, qu'ils

trouvent charmants. Je suis assassiné de gens qui déclarent exceptionnel ce milieu

de jeunes, et veulent absolument que leurs filles y trouvent le jeune mari idéal, si

difficile à trouver ailleurs575 !

Il est difficile de savoir si cet argument trouva un quelconque échoauprès de la hiérarchie.

Le Provincial dénonce le pessimisme du Père de Pully

Quoi qu'il en soit, il ne fait aucun doute que le Provincial a, très tôt,pris la pleine mesure du pessimisme de l'aumônier de la rue d'Assas et deson impact notable sur les jeunes gens de la Conférence, voire sur laConférence elle-même.

Le Père de Pully ne s'en est, du reste, jamais caché. Dans une lettre auPère supérieur de la rue de Sèvres, en 1931, il exprimait ainsi sa déceptionface à la jeunesse, "de moins en moins religieuse et de moins en moinsintellectuelle576". Il soulignait par là même la difficulté de sa tâche : "Jecrois, ajoute-t-il, que plus que jamais un effort est nécessaire pour formeret garder à l'Eglise une élite intellectuelle, capable d'exercer une influencedans le pays". Cette vocation formatrice de la Conférence Olivaint, quel'aumônier affirmait toujours était conforme à la visée de l'ACJF, telle qu'ellefut exprimée, par exemple, par le P. Lalande, aumônier général de l'ACJF,dans un article du Bulletin des aumôniers de l'ACJF en 1935 : "Nousformons nos jeunes gens à la politique, écrit-il, à une politique chrétienne,celle qui est basée sur les enseignements de l'Eglise en matière familiale,sociale et internationale577". Il ajoute, cela dit, que cette politique n'est pas 574 Ibid.575 Ibid.576 Lettre du 30 juin 1931. Archives jésuites de la province de Paris, I PA 735/3.577 H. LALANDE, "Ligues et politique", Revue des aumôniers de l'ACJF, n°16, novembre-décembre1935.

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une politique de parti, facteur de division des Catholiques susceptible de"compromettre l'action de l'Eglise" aux yeux de ceux qu'elle entendconquérir, à droite comme à gauche. En cela, justement, on perçoit bien ladifférence d'état d'esprit entre la hiérarchie jésuite et le Père de Pully, pourqui, au contraire, sans être nécessairement une politique de parti, la politiqueà laquelle formait son association était profondément conservatrice.

Le pessimisme du Père de Pully avait tendance à le renforcer dansson conservatisme, dans son refus de toute évolution, et dans touteouverture sur le monde extérieur. C'est sans doute la raison pour laquelle leProvincial tint tient à lui en faire personnellement le reproche, "en toutesimplicité et en toute loyauté", dans une lettre qu'il lui adressa en juillet1933 pour le rassurer à la suite de rumeurs faisant état du possiblelimogeage de l'encombrant aumônier :

Je sais, mon cher Père, que votre tempérament vous porte plutôt au pessimisme, et

il en est parfois résulté que tels ou tels aient manifesté que leur optimisme ou, si

vous voulez, leur "naïveté" trouvait peu son compte dans une vision uniformément

portée au noir. De là quelques cercles plus restreints, qui donnent l'impression que

les jeunes catholiques se raréfient, mais aussi raréfaction qui peut avoir pour cause

ou pour prétexte quelque malentendu578.

Dans sa réponse, le Père de Pully, reconnaît son pessimisme etpromet de faire des efforts, "afin de ne pas trop défraîchir la candeur naïvede braves gens579". La lettre du Provincial, rédigée alors que l'incertituderégnait sur l'avenir de l'aumônier vieillissant, apparaît donc comme une miseen garde.

La « déconfessionnalisation » et la question des vocations

Le caractère du Père de Pully et l'orientation politique de laConférence n'étaient pas, loin de là, les seuls objets de souci pour lahiérarchie jésuite. On sait, en effet, que la Réunion des jeunes gens, fut,depuis les origines, un vivier pour la Compagnie de Jésus. Son déclin, etsurtout sa déconfessionnalisation relative, ne pouvaient donc apparaître auxyeux de la Compagnie, que comme le signe d'une crise profonde.

578 Lettre du RP provincial à Henry de Pully, 19 juillet 1933. Archives jésuites de la Province de Paris, IPA 735/3.579 Lettre du 22 juillet 1933. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3.

224

L'évolution la plus déterminante, à cette période, fut la lentedisparition de la Congrégation. Jusque-là, elle constituait l'ossature de laConférence Olivaint ; après la Guerre, il n'était plus nécessaire d'en fairepartie pour être membre de l'Olivaint, et, progressivement, l'inscription à laCongrégation a perdu son caractère naturel, automatique, pour devenirexceptionnel. C'est que la pratique religieuse avait, elle aussi, perdu duterrain à l'Olivaint :

À l'Olivaint, écrit le P de Pully en 1932, j'ai toujours maintenu notre Congrégation,

envers et contre tout. Pendant 7 à 8 ans, après la Guerre, elle m'a donné une élite

magnifique d'étudiants, profondément religieux, des communiants en masse à

toutes nos messes. Depuis 4 ou 5 ans, hélas ! les jeunes sont bien peu religieux,

bien peu fidèles à leurs pratiques, bien peu solides dans leur foi et dans leurs

mœurs. C'est un tour de force perpétuel que de maintenir la Congrégation avec

eux580.

De fait, à cette date, il n'y a plus guère de dévotion mariale, et le lienorganique entre la Conférence Olivaint et la Congrégation qui lui a donnénaissance s'est fortement estompé, par la quasi-disparition de cette dernière.Si les Olivaints sont toujours catholiques - il ne semble pas, que cette règleait souffert beaucoup d'exceptions - le critère de la pratique religieuse apratiquement disparu, et beaucoup de membres de la Conférence, dans lesannées, n'ont sans doute jamais eu vent de l'existence de la Congrégation :"On parlait de la Réunion de manière confidentielle, témoigne AndréAumonier. Elle semblait réservée à ceux qui avaient donné des garantiesde leur foi chrétienne581".

Cette relative déconfessionnalisation de la Conférence Olivaint eut desconséquences très importantes sur la vie de l'association. D'abord, ladésaffection des Olivaints pour les pratiques collectives (retraites fermées,messes, adorations) porte atteinte à l'homogénéité et à la convivialité dugroupe. En mars 1931, par exemple, il n'y avait plus que vingt-six membrespour participer à la retraite de trois jours, soit le dixième à peine del'effectif582. La Conférence du mercredi, devenue pour beaucoup desmembres la seule activité de l'Olivaint, ne permettait pas à elle seule aux

580 Lettre du RP de Pully à X, vraisemblablement le RP Provincial, 7 mars 1932. Archives jésuites de laProvince de Paris, I PA 735/3.581 Entretien du 1er février 1996.582 L'Étudiant catholique, n° 26, avril 1931.

225

jeunes étudiants de bien se connaître, et de s'apprécier au-delà de leursdifférences.

Surtout, cette évolution eut de graves conséquences sur l'appréciationque la Compagnie porte sur l'Olivaint. Car, aux yeux du Provincial, avantd'être une réunion de jeunes gens destinée à former une élite influente, laConférence Olivaint demeure une Oeuvre religieuse, destinée notamment àfournir à la Compagnie des vocations. Il l'exprime très clairement dans unelettre qu'il adresse en juillet 1933 au Père de Pully :

Je ne puis (...) vous cacher que je suis assez péniblement impressionné par le fait

que la Conférence Olivaint qui donne pas mal de vocations aux Séminaires ou à

certains ordres religieux ne fournit aucun contingent depuis déjà pas mal d'années à

la Compagnie. Vous savez comme moi (car je me souviens des nombreuses

vocations que vous avez dirigées vers nous au temps de Marneff583) que l'influence

du directeur est souvent décisive sur telles hésitations que manifestent les jeunes

gens quand se manifestent en eux les signes de vocation religieuse. Je m'étonne dès

lors que personne ne soit venu à nous depuis si longtemps alors que la Conférence

Olivaint est vraiment une oeuvre entre nos mains584.

Dans sa réponse, le Père de Pully admet le faible nombre devocations, et s'en dit attristé, admettant qu'elles ont pris un caractèreexceptionnel585. Entre 1919 et 1933, on recense pourtant au total 38vocations : 8 Jésuites (dont le futur cardinal Jean Daniélou), 5 dominicains, 8bénédictins (dont Georges Monnier, à Solesmes), 1 Chartreux, et 16hommes d'Église586. Ce chiffre n'apparaît pas particulièrement faible, si on lecompare à la situation antérieure : de 1875 à 1905, il y avait eu unetrentaine de vocations sacerdotales et religieuses. Mais, rapportée àl'évolution générale des vocations en France dans les années trente, laConférence Olivaint apparaît, il est vrai, très en retrait : il y a eu ainsi milletrois cents vocations sacerdotales en 1939 contre neuf cents dix ans plustôt587.

583 C'est à Marneff qu'Henri de Pully, jeune prêtre, séjourna jusqu'en 1913.584 Lettre du RP provincial à Henry de Pully, 19 juillet 1933. Archives jésuites de la Province de Paris, IPA 735/3.585 Lettre du 22 juillet 1933. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3.586 Ibid.587 Jacques Duquesne, "Les effets de la seconde guerre mondiale", L'ACJF, une création originale, op.cit., p. 101.

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LES OLIVAINTS DEMANDENT LE DEPART DU PERE DE PULLY

La hiérarchie jésuite n'était pas la seule, cela dit, à prendre consciencede l'ampleur de la crise que traversait la Conférence. Il ne fait aucun douteque les Olivaints de l'époque, s'ils étaient peu conscients de l'incidence de laquestion des vocations sur l'évolution de leur association, ont prit consciencedu malaise causé par la personnalité de plus en plus encombrante de leurvieil aumônier, au point de demander en 1937 au Père Provincial de lerelever de ses fonctions.

Un "devoir de conscience"

Déjà, en 1933, les remontrances du Père provincial adressées à Henryde Pully avaient vraisemblablement pour origine des indiscrétions ou desplaintes de membres de la Conférence. Mais elles demeurèrent, semble-t-il,sans effet : "Le Père de Pully était mortel", témoigne André Aumonier, quisouligne son ton moralisateur588. À son bureau à longueur de journée, ilattendait toujours de pied ferme les confessions des jeunes gens, et, chaquesemaine, poursuivait sa croisade conformiste. Les remontrances duProvincial s'étaient donc révélées dénuées d'effets.

En juillet 1937, les responsables étudiants de la Conférence et de laRéunion se sont donc fendus d'une lettre qu'ils adressèrent discrètement auPère Provincial pour lui exprimer leur malaise et le prier de prendre desmesures. Parmi les signataires de cette lettre, on trouve André Aumonier,alors premier vice-président de la Conférence et rédacteur de la lettre, sescondisciples Jean de Bouvroy et Jean Célier, et Pierre de Sarcus, présidentde la Réunion. Invoquant un "devoir de conscience" pour entreprendre ainsiune démarche sans en avertir le RP de Pully, ils évoquaient d'emblée la criseque traverse la Conférence :

Nous avons pu constater au cours de cette année que l'Olivaint descendait de plus

en plus rapidement une pente dont l'origine remonte à plusieurs années ; il nous a

paru opportun de vous signaler, en vue d'une solution que vous jugerez peut-être

inutile, les causes de cette décadence589.

588 Entretien du 1er février 1996.589 Lettre du 4 juillet 1937. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. Outre AndréAumonier, les signataires sont Pierre de Sarcus, Jean Célier et Jean de Bouvroy.

227

Les signataires insistent alors sur l'importance de la Conférence, lecaractère unique de ce cercle catholique qui réunit des étudiants de diversesFacultés ou écoles en dehors du cadre professionnel pour être éclairés "à lalumière de la vérité chrétienne des événements contemporains de tousordres ou de chercher dans le passé un enseignement adapté aux heuresprésentes". Alors que beaucoup - à commencer par Henry de Pully -reprochent aux nouvelles générations de se lancer dans la vie sansconnaissances suffisantes et sérieuses, en laissant en arrière-plan la cultureintellectuelle, la Conférence Olivaint, "où l'on apprend à penser et à parler",permet aux jeunes étudiants de se forger un jugement "sûr".

"Un peu d'espérance" !

Or, l'échec de la formation de l'Olivaint vient justement d'un trop fortdécalage entre le tempérament des Olivaints et le jugement de leur directeurspirituel :

Dans les deux domaines intellectuel et spirituel, la direction de l'Olivaint semble ne

plus correspondre à la mentalité actuelle de la Conférence.

Sur le plan spirituel, il est reproché au directeur le moralisme de sesinstructions, qui, à croire les signataires de la lettre, feraient fuir nombre debonnes volontés :

Les messes du dimanche, messes de quinzaine, voient arriver nombre de membres

après le sermon, et parfois plus tard, quand le sermon sur lequel comptaient les

retardataires n'a pas eu lieu.

Sur le plan intellectuel, l'influence de l'aumônier lors des séances dumercredi ne semble pas plus manifeste :

Ses conclusions sont écoutées dans beaucoup d'attention ; et il a semblé à plusieurs

d'entre nous qu'elles étaient placées trop exclusivement sur le plan politique. Ce qui

leur manque surtout, c'est un peu d'air, un peu d'espérance - fondée ou non - sur

un avenir que nous voyons sombre et que les soirées de l'Olivaint ne contribuent

pas à éclairer ; ce pessimisme est anémiant.

228

Les signataires, qui attendent visiblement du Provincial qu'il relève lePère de Pully de ses fonctions, achèvent d'enterrer celui-ci en rappelant ques'il ne correspondait plus à la mentalité présente des Olivaints, "c'estcependant lui qui a donné et vécu l'ère glorieuse de l'Olivaint (...). Le pèrea incarné le genre de direction qui convient seul à la Conférence ; unautre genre serait, croyons-nous, voué à l'échec ou transformeraitl'Olivaint qui est par-dessus tout un cercle où la pensée est libre !".

Le RP Provincial n'a naturellement pas accédé à la requête desimpétrants. Il a annoté la lettre en remerciant les signataires de leur lettre et"de [leur] confiance", ajoutant : "Je serais heureux de vous voir (...) bienque je ne prévoie pas cette année une solution qui vous donnesatisfaction".

En somme, le Provincial renouvelait temporairement sa confiance auPère de Pully, mais la situation de celui-ci, âgé de 60 ans, était sans doutescellé. Il restait à savoir ce que la Compagnie allait faire de son oeuvre,touchée par un déclin certain. La Guerre intervint avant qu'une décision fûtprise.

229

Chapitre VI : La Guerre et la transformation de la ConférenceOlivaint.

Le déclenchement du second conflit mondial, en 1939, a, comme leprécédent, profondément affecté la Conférence Olivaint, qui s'est retrouvéeprivée d'une grande partie de ses effectifs, avant d'être dissoute ennovembre 1942 par la Compagnie de Jésus, et transformée en uneaumônerie des étudiants de l'École libre des Sciences politiques.

Haut lieu du nationalisme et de la germanophobie, mais peut-être aussid'un antinazisme chrétien, la Conférence a formé des générations de jeunescatholiques partagés entre le zèle pour la Révolution nationale et larésistance à l'envahisseur.

« NE SOYONS PAS PACIFISTES, SOYONS PACIFIQUES »

En l'absence de sources suffisantes, il est difficile d'appréhender demanière sûre l'attitude des Olivaints et de leur aumônier face à la montée despérils, et en particulier face à Munich. Depuis longtemps, cependant, laConférence s'est montrée profondément nationaliste et germanophobe, et,lorsque le conflit mondial éclate, le Père de Pully appelle les jeunes gens del'Olivaint à partir en « croisade » contre le « paganisme » et la « barbarie»590. Après la défaite, les Olivaints se sont dispersés, et tandis que laConférence se dissout progressivement à Paris, quelques liens ont étérenoués à Vichy, puis dans la résistance.

Contre le pacifisme

L'un des ferments de division entre la Conférence Olivaint et l'ACJF,au tournant de la décennie, fut certainement la question de la paix. Alorsqu'au 14 de la rue d'Assas, les partisans d'Aristide Briand étaient fortnombreux, au 12, siège de l'Olivaint, le pacifisme était honni. Ainsi, endécembre 1927, à l'issue d'un exposé de Charles Vallin consacré à laRhénanie, le Père de Pully lança : « Ne soyons pas pacifistes, soyonspacifiques591 ». À plusieurs reprises, par la suite, il invita les Olivaints àdemeurer méfiants à l'égard des anciens ennemis. Au demeurant, il n'hésitait

590 L'Olivaint, Bulletin de liaison des membres de la Conférence Olivaint, n°1, janvier 1940, Archivesjésuites de la Province de Paris, I PA, 435/3.591 Charles Vallin, "Impressions de Germanie", 14 décembre 27. Compte rendu, Archives jésuites de laProvince de Paris, I PA 740.

230

pas, à l'occasion, à justifier la guerre : "La violence, déclara-t-il en 1927, estpermise lorsqu'elle est juste. Notre Seigneur lui-même a chassé lesvendeurs du Temple. Il y a donc de saintes colères592". Au plus fort dudébat sur le pacifisme, qui opposait au début des années trente lesresponsables de l'ACJF au général de Castelnau, il écrivait :

Je ne crois pas que les catholiques se divisent en pacifistes et en bellicistes, comme

certains sembleraient vouloir le faire croire. Je ne crois pas non plus qu'on puisse

les opposer en partisans de la collaboration ou de la non-collaboration entre

peuples. C'est inexact. Les catholiques de droite veulent simplement d'une

collaboration qui ne soit pas une duperie systématique, et un suicide national,

organisé par des politiques incapables, ou suspects d'alliance secrète avec les

grands financiers internationaux judéo-germaniques, qui ont déjà ruiné la moitié de

nos familles françaises ! L'opposition est là, et non sur le principe même de la

collaboration. L'ignorance des faits me semble invraisemblable chez certains

catholiques. Quelle responsabilité ils endossent pour quand les conséquences

tragiques se dérouleront... les radicaux Franc-maçons seront alors les premiers à se

décharger sur eux de leurs propres responsabilités593.

L'inspiration maurrassienne de ces lignes est indubitable, et atteste quele Père de Pully est fort éloigné de l'état d'esprit - ouvert, sinon pacifiste -qui dominait alors dans les hautes sphères de l'ACJF. Mais l'ennemi désignéétait moins le Juif ou le Franc-maçon que l'Allemand. Car la ConférenceOlivaint de l'entre-deux guerre est avant tout marquée par une profondegermanophobie.

Germanophobie et antinazisme

Dire que l'ensemble de la Conférence partageait l'opinion du Père dePully serait naturellement excessif. Il se trouvait encore, et même après1926, des pacifistes à l'Olivaint, à l'image de ce conférencier qui affirma,péremptoire, en 1931, que si Jeanne d'Arc était encore en vie, elle serait"partisante de la SDN (sic)594". En tout état de cause, cependant, lesentiment national était très fort à la Conférence Olivaint, en principalementdirigé contre l'Allemagne. Immédiatement après la guerre, ce sentiment

592 Compte rendu de la conférence de Verdeil sur Paul de Cassagnac, journaliste.593 Lettre à X, 23 novembre 1931, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3.594 Intervention de M. Varangot au cours de l'exposé de Jean-Yves Le Branchu sur "Dieu est-ilFrançais ?" de Sieburg, Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.

231

s'était expliqué par la lenteur avec laquelle l'Allemagne s'acquittait de sesréparations. Par la suite, il a été sensiblement renforcé par les progrèsélectoraux des « pangermanistes ».

Le 5 novembre 1930, Poirson étudie ainsi les élections allemandes du14 septembre 1930, et la situation politique en Allemagne595. Se fondant surune étude des programmes électoraux des différents partis, il constate quebeaucoup demandent la révision du plan Young et du traité de Versailles. LaFrance ne pouvant leur donner satisfaction, conclut le conférencier, "c'estdonc par la guerre, qu'ils pourront faire exécuter leur programme". Aucours de la discussion, le ton est donné par Pierre de Vaucelles, qui préditune dictature en Allemagne qui apporterait la guerre.

En février 1931, la salle de la rue d'Assas fut le théâtre d'un débatanimé autour de l'ouvrage de Sieburg, Dieu est-il Français ?. À l’issue dela discussion, le Père de Pully prit la parole pour affirmer que le livre deSieburg n'était qu'une propagande allemande en faveur de la révision destraités : "Dieu est-il allemand, conclut-il, voilà plutôt le livre qu'unFrançais pourrait écrire, étant donnée l'idée dominante chez l'Allemand,idée de race qui se croit supérieure596".

La germanophobie, fortement répandue parmi les membres de laConférence, s'accompagnait en effet chez plusieurs d'entre eux, et d'abordchez leur aumônier, d'une dénonciation du racisme des « pangermanistes »,c’est-à-dire des partisans d'Adolf Hitler. René Laurent, dans un exposéintitulé "Pangermanisme 1931", présenté le 15 avril 1931 dénonçait leracisme du parti d'Adolf Hitler : "Le programme de ce chef et de son particonsiste à écarter de partout les Juifs qui ne sont pas de sang germain, àcréer en Allemagne une classe moyenne, enfin à obtenir un nouveaurèglement du couloir polonais597". De Villelongue intervint au cours dudébat pour distinguer deux phases dans la politique allemande : la premièreétant celle de l'oubli - qui vise à effacer les responsabilités de l'Allemagne, ladeuxième étant celle de la réalisation de ses désirs : la révision des traités etl'Anschluss. Le Père de Pully, enfin, clôt le débat en affirmant que l'idéeraciste est plus dangereuse que l'idée nationaliste ; le nationalisme, dit-il, n'estqu'un bouclier défensif, tandis que l'idée raciste est belliqueuse par elle-même.

595 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.596 Compte rendu de l'exposé de Jean-Yves Le Branchu sur "Dieu est-il Français ?" de Sieburg, Archivesjésuites de la Province de Paris, I PA 740.597 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740.

232

Une nouvelle veillée d'armes

De l'atmosphère de la Conférence Olivaint à la veille de la Guerre, ilest possible de se faire une idée grâce au témoignage d'André Aumonier, quientra à l'Olivaint peu après son inscription à l'École libre des Sciencespolitiques, en 1935, et y resta jusqu'en 1940. Aumonier avait eu GeorgesBidault comme professeur d'histoire à Louis-le-Grand, mais c'est le PèreCorbillé, aumônier de l'ACJF, qui l'orienta vers la rue d'Assas.

Je le rencontrai au moment des inscriptions en Faculté. Au terme de quelques

conversations, il me dit : ‘ André, l'Action catholique n'est pas faite pour vous. Il y

a la Conférence Olivaint, vous devriez vous y inscrire598.

Dans la conférence de la rue d'Assas, il voyait un lieu de formation àla prise de parole en public, d'approfondissement de sa formation religieuse.Mais, écrit-il, l'Olivaint permettait aussi de son fortifier son "tissu derelations". Poussé par Henri Dhavernas, son parrain, qu'il a connu auxscouts599, il fut élu président en 1938 après avoir remporté le prix del'Académie des jeunes :

Nous faisions venir pour des grandes conférences les personnalités phares qui

éclairaient l'événement, chacune selon son analyse. Le général Weygand, le

cardinal Baudrillart, recteur de l'Institut catholique de Paris, Georges Bidault. Il

fallait tout faire : les démarches, les tracts à la Ronéo et le discours d'introduction.

Et quand tout était fini, nous tournions encore à minuit autour de l'Eglise Saint-

François-Xavier pour refaire le monde ; avec Pierre Nicolaÿ qui devait devenir vice-

président du Conseil d'État, avec Jean Célier mort durant la guerre, et son frère

Pierre qui devait contribuer à conduire l'évolution de la Sidérurgie lorraine dans les

années 1970-1980600.

André Aumonier décrit l'atmosphère de l'Olivaint comme celui uneveillée de guerre :

598 André AUMONIER, Un corsaire de l'Église, op. cit., p. 25.599 Entretien du 1er févier 1996.600 Ibid.

233

Si nous faisions venir le général Weygand à la Conférence Olivaint, écrit-il, c'est

qu'il exprimait dans une langue claire des choix moraux et politiques à l'opposé de

l'abandon au fatalisme. Le cardinal Baudrillart était, avant la lettre et en contraste

avec le souvenir qu'il a laissé, un résistant spirituel601.

En somme, le choix des invité était déterminé par des choix politiqueset, à la Conférence, la réflexion, ajoute-t-il, se faisait plus grave. La troisièmeRépublique, en particulier, était l'objet des critiques les plus vives :

La République, autrefois patriote, semblait gangrenée de l'intérieur. La «

République des camarades », en passant de la littérature où l'avait située Daniel

Halévy à la politique où elle illustrait les compromissions, alimentait une question

qui deviendrait odieuse sous l'occupation nazie : quelle était l'influence des francs-

maçons et des Juifs dans le renoncement spirituel de la France chrétienne602 ?

On retrouve bien, ici, l'esprit nationaliste de la Conférence du débutdes années trente. Et la présence de Georges Bidault, que cite AndréAumonier, parmi les invités de l'époque, n'en est que plus douteuse : on voitmal, en effet, ce qui aurait pu amener le candidat du parti démocratepopulaire aux élections de 1936, à venir à la Conférence Olivaint, alors qu'ilne figurait pas même dans l'annuaire des anciens de 1936 et que les invitésde l'époque avaient pour nom, outre Weygand et Baudrillart, Daniel-Rops,Henri Massis603 et Jean Guitton, qui vint à l'Olivaint - vraisemblablementpour présider la séance de clôture - en plein Front populaire604.

« Vous êtes des Croisés »

Tout indique donc que la Conférence Olivaint, à la veille de la Guerre,fut encore profondément marquée par son esprit nationaliste etantiparlementaire. Proche du général Castelnau, de Weygand, de Kérillis, ellea nourri pendant les années trente un sentiment très nettementgermanophobe, qui s'accompagnait d'un rejet du nazisme.

Rien, au demeurant, ne l'exprime mieux que la lettre que le Père dePully adressa aux membres de la Conférence Olivaint dispersés sur le front

601 Ibid., pp. 27-28.602 Ibid., p. 28.603 André Aumonier, "La parole est aux interpellateurs", L'Olivaint, Bulletin de liaison des membres dela Conférence Olivaint, n°1, janvier 1940, p. 1. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3.L'écrivain maurrassien, semble-t-il, peu de temps604 André Aumonier, entretien du 1er février 1996.

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en 1940, publiée dans la première - et, semble-t-il dernière - livraison dubulletin de liaison des membres de la Conférence. Dans cette lettre,l'aumônier s'adressait à tous les Olivaints qui avaient revêtu l'uniforme pourles encourager dans les épreuves qu'ils s'apprêtaient à traverser, "comme[leurs] pères, il y a vingt ans605". La guerre trouvait à ses yeux sonfondement dans le combat contre le nazisme :

En vérité (...) vous voilà tout à coup face à la tâche humaine la plus haute et la plus

grave qui soit. Lisez attentivement l'Encyclique Summi Pontificatus, de Pie XII et

vous le comprendrez, dans le tressaillement intime de tout ce qu'il y a de noble et de

profond en vous : vous êtes des « Croisés », il s'agit d'une « Croisade ». Il s'agit

de défendre la Chrétienté toute entière, qui est menacée par un nouveau paganisme

et une nouvelle barbarie ; et avec elle la civilisation humaine, la personnalité

humaine, l'âme humaine, foulées aux pieds par des forces brutales, qui, si elles

triomphaient transformeraient les peuples en charniers, et les existences humaines

en geôles abominables606.

Cela dit, le nazisme n'est pas le seul ennemi de la Chrétienté à ses yeux: il y a aussi le communisme, que l'aumônier évoque plus loin dans lebulletin, de manière fort peu équivoque :

Que la Providence nous accorde promptement la victoire, elle viendra peut-être du

blocus, peut-être des événements intérieurs à l'Allemagne, peut-être encore du péril

bolcheviste, qui finira par grouper tous les peuples, l'Allemagne comprise, dans

une croisade pour la défense de la civilisation chrétienne607.

De l'antinazisme et de l'antibolchevisme, il est, en fin de compte,difficile de dire ce qui l'emportait chez lui.

L'OLIVAINT DISPERSEE

L'appel sous les drapeaux a réduit les effectifs de la Conférence commeune peau de chagrin. On ne connaît pas le nombre de membres de 1939-

605 L'Olivaint, Bulletin de liaison des membres de la Conférence Olivaint, n°1, janvier 1940, p. 1.Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3.606 Ibid. 607 Ibid., p. 7.

235

1940, mais on peut imaginer qu'il ne fut pas plus élevé qu'en 1940-1941 :l'Olivaint ne comptait alors plus que 10 membres608.

Sous les drapeaux

Seuls sont restés à Paris, aux cotés du RP de Pully, Jean Célier, pourraison de santé, Xavier de la Chevalerie et Nicolas Faÿe, qui continuaientleurs études rue Saint-Guillaume. Pour l'essentiel, les Olivaints se trouvaientsous les drapeaux dès 1939, servant le plus souvent comme sous-lieutenant :c'était le cas de Michel Saint-Girons, de Jean-François Mallein, de PierreNicolaÿ, Frédéric Foucard, et de Robert Demoreuille. D'autres suivaient unePréparation militaire supérieure (PMS) ou un peloton d'élèves officiers deréserve (EOR), comme Yves Règnery, François Nicolaÿ, Étienne BoyerChamard, Augustin du Mesnildot, ou encore André Aumonier.

Résistance à l'occupant ?

En juin 1940, le projet de banquet de fin d'année, que devait présider leRP Georges Monnier, jésuite et Capitaine aviateur d'état-major, fut balayépar la débâcle. Après la défaite et l'armistice, les activités de l'Olivaint, furentpratiquement suspendues.

On ignore totalement quelle fut l'attitude du Père de Pully, âgé alors desoixante-trois ans. On sait, en revanche, que le 12 de la rue d'Assas, àl'initiative de l'aumônier de la Conférence Laënnec, Michel Riquet, devint unfoyer de résistance : plus jeune et dynamique que le Père de Pully, il fit de laConférence Laënnec une plaque tournante de la lutte contre l'occupant. Le11 novembre 1940, il convoqua ainsi ses étudiants pour leur lire despassages des mémoires de Clemenceau qui dénoncent le défaitisme récurrentde Philippe Pétain en 1918609. Il devint par la suite l'un des animateurs deCombat en zone Nord, et fut arrêté au siège de l'Olivaint et de Laënnec le18 janvier 1944.

Les Olivaints restés à Paris ont-ils suivi certains de leurs camarades dela Conférence Laënnec dans cette voie ? Rien ne permet de l'affirmer.Michel Riquet, cependant, devait retrouver à Mathausen un Olivaint, JacquesRémy-Morin, qu'il avait connu lorsque le jeune homme présidait laConférence Olivaint en 1941. Âgé de vingt ans, élève des Sciences Po,

608 Rapport du RP Gruchon sur la Conférence Olivaint, 15 octobre 1941, Archives jésuites de laProvince de Paris, I PA 735/3.609 Jean LACOUTURE, Jésuites, op. cit., p. 418.

236

assimilé dans la résistance au grade de sous-lieutenant, Jacques Rémy-Morinavait été arrêté une semaine avant Michel Riquet, en service commandé, etmourut en déportation le 2 juin 1944610. Il est difficile, cela dit, d'y voir autrechose qu'une exception. L'aumônier de la Conférence en 1941-1942, le PèreBeirnaert, ne reconnaissait-il pas que "personne, à part de rares amis, neconnaissait autour de lui l'activité secrète qu'il avait assumée611" ?

Le réseau du Secrétariat général à la jeunesse

À la différence de la Conférence Laënnec, la Conférence Olivaint, dontl'existence était alors très précaire, peut donc difficilement être considéréecomme une "plaque tournante de la résistance".

Au demeurant, certains réseaux de membres de la Conférence Olivaintse reconstituaient à Vichy, autour du Secrétariat général à la jeunesse. ÀVichy, certains anciens, en effet, occupaient des fonctions importantes :Henri du Moulin de Labarthète, chef du cabinet civil du Maréchal Pétain, etaussi Henri Dhavernas, inspecteur des finances, commissaire général desScouts de France.

C'est autour de ce dernier que s'est progressivement constitué unimpressionnant réseau d'anciens de l'Olivaint. On trouvait en effet dans leSecrétariat d'État à la famille et à la jeunesse, créé en juillet 1940, pas moinsde quatre membres ou anciens membres de la Conférence Olivaint : CharlesVallin, président du Parti social français (PSF) dont le secrétaire d'État,Ybarnégaray, était le vice-président, Charles Célier, auditeur au Conseild'État et chef de cabinet de Paul Baudoin, Pierre Goutet, avocat au Conseild'État et à la Cour de Cassation, qui prend en 1940 la direction de laJeunesse, coiffée le 6 septembre par le Secrétariat général à la jeunesse(SGJ), et Dhavernas, inspecteur des Finances. Ces deux derniers étaient dehauts responsables des Scouts de France, appelés à Vichy par Baudoin.

Deux autres Olivaints les rejoignirent un peu plus tard : André Mattéi,philosophe, nommé chef du bureau de la formation des cadres au sein de ladirection de la Formation des jeunes, où il est amené à s'occuper de l'Ecoled'Uriage, avant d'être "éliminé" par le gouvernement Laval en mars 1942612,et André Aumonier. 610 In Memoriam Jacques Rémy-Morin, Archives du RP de Boissière, s.j.611 Ibid.612 Bernard COMTE, op. cit., pp.158 et 498.

237

Ce dernier se trouvait en captivité lorsqu'il reçut un télégramme officielde Pierre Goutet et Henri Dhavernas, l'enjoignant de les rejoindre au SGJ.Aumonier fut d'abord chef de bureau en charge des maisons de jeunes613,puis il suivit Dhavernas qui lança le mouvement Compagnons de France etdevint l'adjoint de Guillaume de Tournemire en septembre 1942614.

Dans une lettre qu'il adresse au RP de Pully en octobre 1941, AndréAumonier indique qu'il a aussi retrouvé à Vichy Ribadeau-Dumas615, Saint-Chamas, Lapierre et Verdeil. Au total, ce sont donc dix Olivaints, au moins,qui se sont retrouvé au service du nouveau régime. Hauts-fonctionnairespour la plupart, ils partageaient un commun rejet du régime républicain, etun commun attachement à l'entreprise du Maréchal Pétain.

En octobre 1941, le Père de Pully venait d'être nommé à Angers -c’est-à-dire mis à la retraite. Il y mourut, de sa bonne mort, en 1945. ÀParis, un jésuite était en charge de régler la situation de la ConférenceOlivaint ; André Aumonier indique au RP de Pully qu'il a pris contact aveclui :

À mon sens, conclut-il, l'Olivaint doit se donner pour but de comprendre et de faire

avancer la Révolution nationale : il y a dans les Messages [du Maréchal Pétain] des

mines de travaux à exploiter616.

REORIENTATION DE LA CONFERENCE

À l'automne 1941, en effet, le Père de Pully fut démis de ses fonctionsde directeur de l'Olivaint, à l'âge de soixante-quatre ans. Il était nommé àAngers, ou d'autres directeurs de la Conférence avaient, avant lui, pris leurretraite, et fut remplacé par le RP Louis Beirnaert, proche du Père deMontcheuil et de la Jeunesse étudiante chrétienne.

613 Ibid., p 99.614 André AUMONIER, Un corsaire de l'Église, op. cit., p. 35.615 Né en 1910, Roger Ribadeau-Dumas était docteur en droit. Il avait d'abord travaillé à la Banquenationale pour le commerce et l'industrie, avant de se lancer, en 1940, dans la productioncinématographique, à Vichy.616 Lettre d'André Aumonier au RP de Pully, 20 octobre 1941, Archives jésuites de la Province de Paris,I PA 735/3.

238

Un triste état des lieux

L'âge du directeur de l'Olivaint n'était naturellement pas étranger à ladécision du Provincial. Cela dit, cette dernière avait d'autres motivations. LaConférence Olivaint, en effet, ne répondait plus aux attentes de laCompagnie de Jésus. Après un lent déclin, elle s'était pour ainsi dire dissouted'elle-même du fait de la Guerre. Restait à savoir ce que la Compagnie deJésus entendait faire de ce qu'il en restait.

Un Jésuite, le RP Gruchon, fut chargé d'étudier dans le détail l'état del’œuvre et son avenir. Son rapport fut lourd de conséquences617.

La première constatation est que le bâtiment de la rue d'Assasnécessitait des travaux d'urgence. Sans être insalubre, les locaux avaient eneffet besoin d'être refaits à neuf pour accueillit à nouveau des étudiants. Or,le budget de la Conférence, structurellement déficitaire en temps normal,était exsangue : du fait de la rareté des cotisations, les dépenses ordinairesexcédaient trois fois les recettes.

En outre, l'enquêteur voyait peu de possibilités de résorber le déficit àmoyen terme : "L'Olivaint n'est pas, comme Laënnec, ni comme l'USIC, ungroupement d'étudiants appartenant à une profession bien déterminée, àune sorte de corporation, à laquelle on peut faire appel pour secourir lajeunesse". La situation de l’œuvre s'avérait donc particulièrement précaire.

Abordant ensuite la question de l'avenir de l’œuvre, le P. Gruchonconstata en préambule que l'Olivaint n'était plus la Réunion des meilleursjeunes gens issus des collèges jésuites, auxquels s'adjoignaient d'autres jeunesvenus du dehors :

Les meilleurs de chez elle ont précisément évolué vers la Jeunesse catholique, puis à

nouveau les meilleurs de la Jeunesse catholique ont évolué vers les mouvements

spécialisés. Il ne fait pas de doute que les plus apostoliques des jeunes gens et ceux

qui veulent se former plus spirituellement tendent à entrer dans les mouvements

jécistes et d'Usic.

La priorité, poursuit-il, doit donc aller à ces derniers mouvements, enleur fournissant par exemple des maisons de retraite avenantes aux portes deParis et une maison "qui soit un carrefour étudiant en plein quartier latin".Car :

617 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735.

239

L'Olivaint est trop loin du quartier des écoles. La Conférence Saint-Michel et les

Dominicains, qui ont l'oreille des étudiants, songent à s'y transporter. Le premier

occupant supplantera les autres.

On retrouve, à nouveau, la crainte qu'inspiraient aux Jésuites lesavancées des Dominicains dans le monde étudiant.

En plus de l'éloignement et de cette concurrence, l'Olivaint, écritl'enquêteur, a souffert du développement des groupes catholiques dans lesEcoles, les Facultés, et même à l'Institut catholique, encouragé par la FFEC.De ce fait, elle se trouvait privée d'une bonne partie de son recrutement, etn'est plus qu'une sorte "d'organe témoin", réduit à quelques membres issusde l'Ecole libre des Sciences politiques, sans même que la ConférenceOlivaint soit, au demeurant, le groupe catholique officiel des Sciences Po.

Partant de ce constat accablant, le RP Gruchon envisageait quatrepossibilités d'avenir pour la Conférence Olivaint : soit devenir "uneconférence inter-groupe", pour les étudiants de Droit, lettres et Sciences Po,où seraient débattus "assez académiquement" des sujets d'ordre civique,familial ou religieux, soit se transformer en "un groupe inter-khâgne", soitregrouper "des écoles plus déshéritées", comme Violet et Bréguet, soit,enfin, devenir "un lieu de rendez-vous" pour les anciens des collèges jésuites.

Surtout, il estimait préférable de transférer l’œuvre en plein cœur duquartier latin car il faut, affirme-t-il, "aller à ceux qui réclament ce que leclergé séculier peut difficilement leur donner". L'Olivaint, qui n'étaitinféodée à aucune école, pouvait en effet, en se transportant, devenir selonlui un véritable carrefour, ainsi qu'un lieu "de formation et de directionspirituelle".

La Conférence Olivaint, groupe catholique des Sciences Po

En fin de compte c'est la première hypothèse qui fut retenue.L'hypothèse d'un déménagement fut écarté, et, en septembre 1942, laConférence Olivaint était transformée en groupe catholique des élèves del'École libre des Sciences politiques618.

618 Note anonyme sur la transformation de la Conférence Olivaint, 1er septembre 1942, Archives jésuitesde la Province de Paris, I PA 735. Cette note est reproduite parmi les documents.

240

Le 1er septembre 1942, en effet, la Conférence Olivaint telle qu'elle seprésentait depuis 1875 cessait d'exister. Sa direction et l'administration de lanouvelle Conférence Olivaint étaient confiées au Père Beirnaert et laConférence Olivaint "nouvelle manière", renonçant à la diversité de sonrecrutement, comprenait désormais essentiellement le groupe des Sciencespolitiques. Elle restait rue d'Assas, dans des locaux refaits à neuf et meublés.

La principale transformation, cela dit, résidait moins dansl'homogénéité du recrutement que dans ses visées. Il semble bien, en effet,que, suivant en cela les prescriptions du Père Gruchon, l'Olivaint, pendant laGuerre, ait totalement renoncé aux sujets politiques, pour se restreindre àdes sujets d'une platitude jamais égalée jusqu'alors et, de surcroît, traités"assez académiquement" . Qu'on juge plutôt : pendant l'hiver 1942, lessujets traités avaient pour titre « Clercs d'hier et d'aujourd'hui », ou encore «Vingt ans de bonheur.... le paradis des enfants sages... ou le grand malheurd'être heureux619 », et si, le 13 novembre 1942, l'intitulé de la Conférence deGérard Bondu était « La politesse », ce n'était certainement en référence -même ironique - à l'invasion de la zone sud par les Allemands, deux joursplus tôt !

Si la Conférence Olivaint ne disparaît pas totalement en 1942 - sonesprit, lui, s'est envolé. Septembre 1942 marque donc l'achèvement d'unehistoire de soixante-sept ans.

LES GENERATIONS DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES

La transformation de la Conférence en 1942 démontre a contrarioque le premier conflit mondial n'avait pas affecté profondément le cours del'histoire de l'Olivaint. Avant et après la Grande Guerre, en effet, laConférence de la rue d'Assas poursuivait les mêmes buts, avec les mêmesmoyens, les mêmes références et les mêmes rites. Seul le contexte différaitvéritablement. En cela, il peut paraître artificiel de distinguer les générationsde l'entre-deux-guerres de leurs devancières. Comme avant la Guerre, laConférence, sous la direction du Père de Pully, a ainsi contribué à formerplusieurs générations d'hommes engagés dans la vie publique, et marqués,pour certains, par l'expérience du second conflit mondial.

619 Tract annonçant les conférences, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735. Ce dernierexposé fut pronconcé en présence de M. Boivin-Champeau, sénateur et conseiller national

241

Vrais et faux Olivaints

L'aspect lacunaire des archives de l'Olivaint de l'entre-deux guerrespose un grave problème pour l'étude de la postérité de la Conférence. Il est,en effet, impossible, souvent, de savoir avec précision qui a, ou n'a pas,fréquenté le haut de la rue d'Assas entre 1919 et 1940.

Après la Guerre, le nouveau directeur de la Conférence Olivaint, leRP Julien Huvenne, se plaisait ainsi à répéter que le gouvernement Bidaultde 1947 avait compté dix anciens de l'Olivaint620. Parmi ceux que l'Olivaintrevendiquait comme ayant été des siens, on pouvait même relever les nomsd'Alain Poher, de Robert Lecourt, de Jean Letourneau, d'André Colin, ouencore de Jean Lecanuet621. Or, il semble assez peu vraisemblable que cespersonnalités aient réellement fréquenté l'Olivaint.

À l’inverse, il possible d'imaginer que d'autres étudiants quifréquentaient le Quartier latin à l'époque, et que l'Olivaint n'a pas revendiquécomme étant des siens par la suite, aient fait partie - ou au moins côtoyé - laConférence dans les années trente. Est-il, par exemple, impossible queFrançois Mitterrand, qui vivait au 104 de la rue de Vaugirard et appartenaità la Conférence Montalembert, ait parfois fréquenté l'Olivaint ? Il paraît, parailleurs, assez vraisemblable que Paul Delouvrier, président de l'associationdes élèves de l'Institut catholique en 1934, ait connu la Conférence.

Il apparaît raisonnable, cela dit, de ne pas extrapoler, et de s'en teniraux noms que les annuaires et les rapports nous ont livré, en gardant présentà l'esprit que l'étude du parcours des Olivaints de cette période estinévitablement incomplète, dans l'état actuel de la documentation.

Les Olivaints pendant la Guerre : une question de génération ?

On a vu comment un réseau d'amitiés et de relations avait réuni unedizaine d'anciens responsables de l'Olivaint à Vichy.

Dans le même temps, plusieurs anciens Olivaints rejoignirent très tôtla résistance. Le premier d'entre eux est naturellement Georges Bidault,naturellement, qui rejoignit « Combat », devenant, après la mort de JeanMoulin, président du Conseil national de la résistance (CNR). À l'Olivaint, 620 Par exemple dans une lettre au Provincial, en date du 20 décembre 1963. Archives jésuites de laProvince de Paris, I PA 738/1.621 Ces noms furent publiés dans le programme de la soirée du Xe anniversaire de la Conférence Olivaintd'après-guerre, qui eut lieu le 27 février 1957 à l'hôtel Lutetia. Archives jésuites de la Province de Paris, IPA 738/3.

242

puis à l'ACJF, Georges Bidault avait fréquenté un jeune étudiant en droit,qui fut secrétaire de la Conférence en 1923-1924, André Debray. Né en1905, ce dernier avait obtenu sa licence de droit à la faculté de Paris aprèsdes études secondaires au collège Sainte-Croix de Neuilly. Après sonpassage à l'Olivaint puis à l'ACJF, il entra en 1927 comme stagiaire à labanque de Paris et des Pays-Bas où il accomplit un parcours professionnelexemplaire : nommé au sein des cadres de direction en 1938, il en devintdirecteur en octobre 1944622.

C'est qu'entre temps, pendant l'occupation allemande, il a mis très tôtses compétences au service de la Résistance, à laquelle il s'est rallié dèsl'armistice de 1940 sous le pseudonyme de Bossuet. Tout au long de laguerre, il fit parvenir à Londres d'importants renseignements sur la situationéconomique et industrielle de la France occupée, puis mit en place un réseaude financement de la Résistance. Il est fort vraisemblable qu'il fut alors encontact avec son condisciple de l'Olivaint et de l'ACJF, René Pleven, quioeuvrait au sein du Comité national français puis du Comité français delibération nationale (CFLN). Il participa activement aux combats quimarquèrent la libération de Paris, ce qui lui valut d'être blessé, le 25 août1944, lors de l'attaque des Tuileries.

Commissaire aux finances du CNR et président du comité definancement de la Résistance pour Paris, il vit ses services distingués parl'attribution de la Légion d'honneur, de la Croix de Guerre, et de la médaillede la Résistance avec rosette. Le 19 décembre 1946, il fut élu parl'Assemblée nationale au Conseil de la République pour y représenter leMouvement républicain populaire.

Robert Buron, vice-président de l'Olivaint en 1931, s'engagea, luiaussi, très tôt la résistance. Secrétaire général du Comité d'organisation del'industrie cinématographique à l'automne 1940, il a rejoint les équipesdémocrates chrétiennes puis le Comité général d'études du CNR et participaà la rédaction des Cahiers du travaillisme français.

Il est frappant de noter les trois premiers, Georges Bidault, RenéPleven et André Debray, tous différents qu'ils furent, appartenaient à lamême génération, la génération de l'après-guerre, et ont tous les trois fait unpassage prolongé par l'ACJF.

À l’inverse, aucun des Olivaints présents à Vichy n'avait suivi un telparcours : Dhavernas, et Goutet étaient des scouts, proches du PèreDoncoeur. Ils étaient germanophobes, et à ce titre opposés à la collaboration.

622 Dictionnaire des parlementaires français, p. 274.

243

Au demeurant, il est intéressant de relever que le retour de Pierre Laval aupouvoir, en avril 1942, chassera la plupart des Olivaints pétainistes de leurspostes. Souvent giraudistes, ils étaient à la fois sensibles aux valeurs de laRévolution nationale et désireux de voir le territoire français libéré desAllemands.

Naturellement, on se gardera bien de porter un jugement définitif àpartir de ces quelques exemples. Cela dit, le clivage qui apparaît ici entre lesanciens de l'ACJF et ceux qui ont choisi des voies plus conservatrices, n'estpas une nouveauté. Il a marqué, en effet, toute l'histoire de l'Olivaint dansl'entre-deux guerres.

Un apport notable à la vie publique

Comme les générations précédentes, les Olivaints de l'entre-deuxguerre ont souvent occupé des places de premier plan dans la vie publique.

On ne s'attardera pas sur l'apport de la Conférence Olivaint à la viepolitique. En effet, s'il ne fait pas de doute qu'un certain nombre - difficile àévaluer - d'élus et de ministres du Mouvement des républicains populaires(MRP) ont fait un passage par la Conférence Olivaint, il est certain que celui-ci fut peut-être moins marquant dans leur parcours que celui qu'ils onteffectué à l'ACJF. Pour autant, il convient de ne pas négliger le rôle social dela Conférence Olivaint, qui permettait rencontres et amitiés durables, àl'image de celle de Georges Bidault et René Pleven. En fait, l'Olivaint, sousla direction du Père de Pully, n'a pas vu sortir de ses rangs une générationd'hommes politiques animés par les mêmes aspirations : qu'y a-t-il decommun, en effet, entre Charles Vallin et Georges Bidault. La générationpolitique précédente, au contraire, partageait un grand nombre de valeurscommunes. C'est bien là l'expression de la crise qu'a traversé l'Olivaint àpartir de la fin des années vingt.

Dans la première édition française du Who's Who ont été recensés aumoins 21 anciens Olivaints, qui s'ajoutent à ceux qui arrivèrent à maturitéavant la Guerre623. C'est bien là le signe que la Conférence a continué àproduire - ou à reproduire - des élites.

Le nombre de fonctionnaires a, quant à lui, considérablementaugmenté, du fait de l'apaisement de la question religieuse autant que de la

623 Who's Who in France. Paris : Lafitte, 1953.

244

plus forte proportion d'élèves de l'ELSP. On trouve parmi eux AdéodatBoissard, fils du professeur de droit Adéodat Boissard624, Guy de Carmoy,professeur à l'Institut d'études politiques après-guerre625, Bernard d'Été,administrateur de la Croix-rouge626, Gabriel Marcotte de Sainte-Marie,contrôleur d'État des sociétés nationales de construction aéronautique, PaulChayet, inspecteur général des finances627, et bien d'autres encore,notamment Dominique de Grièves, Joseph Chobert, Alfred Redouin, CharlesRoger-Machard, et Henri du Moulin de Labarthète. Parmi les fonctionnaires,on trouve aussi des auditeurs au Conseil d'État : Jacques Delcasse deMonsegou, Pierre Font-Réaulx

Mais la Conférence Olivaint a surtout alimenté l'université et - c'est làune nouveauté - plus seulement facultés catholiques. Certes, il y a toujoursautant de professeurs de l'Institut catholique, comme Paul Cordonnier,professeur à la Catho qui enseigna aussi à l'Ecole supérieure des scienceséconomiques et commerciales (ESSEC)628, Henri Aubrun, professeur dedroit à l'IC avant la Guerre, Bernard de Francqueville, professeur à l'IC,mort en déportation, et André Piettre, professeur de droit à l'IC. Maisl'Olivaint comptait aussi dans les rangs de ses anciens, Alexandre Célier,professeur à l'Institut d'études politiques de Paris après la Guerre629, ÉmileAuzou, Alfred Beaucourt, professeur de droit, André Mattéi, professeur dephilosophie, Jacques Chapsal, premier directeur de l'Institut d'étudespolitiques de Paris (IEP), et Joseph Hours, professeur d'histoire à la Khâgnede Lyon. Le parcours de ce dernier est particulièrement intéressant : né en1896, il était à l'Olivaint en 1920, l'année de sa réussite à l'agrégationd'histoire. Maurrassien dans sa jeunesse, il écrivit, dans les années trente,dans l'Aube et dans Sept, fit partie des groupes clandestins lyonnais pendantl'occupation et appartint au MRP. Sur le tard, enfin, sa trajectoire politique

624 Né en 1901, Adéodat Boissard a fait son droit à Paris. Diplômé de l'ELSP, il fut reçu à l'Inspectiondes finances en 1927. En 1940, il était directeur général de l'enregistrement et des domaines. A lalibération, il fut sous-gouverneur du Crédit foncier.625 Né en 1907, Guy de Carmoy était diplômé de l'ELSP. De 1948 à 1952, il fut directeur àl'Organisation européenne de coopération économique.626 Né en 1906, Bernard d'Été fut chef du service de l'Inspection des finances en 1944. Il était issu deJanson-de-Sailly et de l'ELSP.627 Licencié en droit, diplômé de l'ELSP, Gabrielle Marcotte de Sainte-Marie, né en 1903, était, en 1940,contrôleur financier.628 Né en 1893, Paul Cordonnier était un ancien élève de l'IC, diplômé de l'ELSP, docteur en droit. Croixde guerre 14-18, Commandeur de l'ordre de Saint Grégoire le Grand, il fut professeur de droit commercial àl'Institut catholique de 1929 à 1952 et à l'ESSEC de 1945 à 1952.629 Né en 1912, le Comte Alexandre Célier était diplômé de l'ELSP et licencié ès lettres, et maître desrequêtes au Conseil d'État.

245

s'est infléchie à nouveau vers la droite : comme Georges Bidault, il prit eneffet position en faveur de l'Algérie française630.

Comme les professeurs, Les avocats sont toujours aussi nombreux àl'Olivaint. Dans l'annuaire de 1936, ils représentaient plus du quart desinscrits dont la profession était indiquée. On peut relever, parmi eux, le nomde Bernard Colin de Verdière, qui fit sa carrière à la cour d'appel de Paris631.De même, l'Olivaint formait toujours des hommes de lettres, à l'imaged'Adrien Dansette, l'historien du Boulangisme, spécialiste d'histoirereligieuse632 , et de Henri d'Amfreville633, et des journalistes, comme PaulGuérin, normalien, rédacteur en chef de l'Aurore, François Ribadeau-Dumas, directeur de La semaine à Paris ou encore Vincent René.

Enfin, même si le nombre de vocations ne satisfaisait pas tout à fait lahiérarchie jésuite, la Conférence Olivaint n'a pas moins vu sortir de sesrangs des religieux et des hommes d'Église de premier plan, comme lesJésuites Jean Daniélou, Claude de Dainville, André Gérardin et PierreSchaeffer (Ces deux derniers étaient missionnaires), ou comme l'évêque deMonaco, Mgr Rivière.

Du président du PSF à l'évêque de Monaco, en passant par le Princede Polignac, l'annuaire des anciens résumait donc bien toute la singularité dela Conférence Olivaint, à la fois cercle politique et cercle mondain.

630 Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle, khâgneux et normaliens dans l'entre-deuxguerres. Paris : Fayard, 1988, p. 105.631 Bernard Colin de Verdière, né en 1904, titulaire de la médaille du Maroc (1924-1925) et de la Croix deGuerre 1939-1945 était avocat à la cour d'appel de Paris.632 Fils du député Jules Dansette, Adrien Dansette, né en 1901, était diplômé de l'ELSP et docteur endroit. Il est l'auteur d'un grand nombre d'essais historiques, sur le Boulangisme, la Deuxième Républiqueet le Second Empire, la Libération de Paris, Leclerc. Il a aussi rédigé une « Histoire religieuse de la Francecontemporaine ».633 Né en 1908, Henri d'Amfreville a fait ses études à Stanislas puis à la Catho, dont il fut plus tard leprésident d'honneur. Homme de lettres, artiste-peintre, il était décoré de la Croix de guerre 39-40.

246

CONCLUSION :Le cercle des élites disparues

L'histoire de la Conférence Olivaint, de ses origines au second conflitmondial, a longtemps été occultée de la mémoire de l'association elle-même.Ainsi s'il était écrit, en 1947, dans la lettre adressée aux anciens pourannoncer la renaissance de la Conférence Olivaint que celle-ci reprenait "lasuite de son brillant passé634", le nouveau directeur, le RP Julien Huvenne,s'est efforcé d'affirmer la singularité de l'organisation qu'il avait contribué àcréer au lendemain de la Guerre. Ainsi pouvait-on lire sous sa plume en1963 :

La Conférence Olivaint d'avant-guerre a pu former de nombreux hommes

politiques, mais ce n'était pas en vertu de son principal objectif635.

À ses yeux, la Conférence, de ses origines au second conflit mondial,n'avait, en effet, d'autre but que religieux et moraux. Il a ainsi contribué àrépandre l'idée que la Conférence Olivaint, jusqu'en 1947, n'avait guère étéqu'une réunion littéraire et religieuse, sans la moindre visée formatrice.

Le Père Huvenne pensait donc avoir révolutionné cette vieilleassociation en la proclamant « Centre d'éducation politique », et en luidonnant pour but d'engager massivement les jeunes dans la vie politique,afin de former une élite politique empreinte de philosophie chrétienne, voireune élite politique chrétienne. Il est vrai que le 28 mars 1948, accompagnédes membres de la Conférence, il avait été reçu par le Pape Pie XII, quiencouragea à cette occasion son entreprise :

634 Lettre du président Piere Dournes aux anciens, 30 décembre 1947, Archives jésuites de la Province deParis, I PA 738/1.635 Prospectus de l'année 1963-1964, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 738/3.

247

Autant il est louable de se tenir au-dessus des querelles contingentes qui enveniment

les luttes de partis, pour rester fermement unis sur les points essentiels de la justice,

de la charité et de la sagesse chrétienne, autant il serait blâmable de laisser le champ

libre pour diriger les affaires de l'État aux indignes et aux incapables636.

Le Père Huvenne eut sans doute été surpris, cependant, d'apprendrequ'un autre directeur de l'Olivaint l'avait fait avant lui, en 1878. Car à cettedate, quelques années à peine après sa fondation, la Conférence Olivaints'était déjà résolument engagée dans la formation de jeunes gens appelés àgérer les intérêts publics. De 1875 à 1940, la Conférence Olivaint a toujourshautement affirmé sa prétention à regrouper en son sein, à encadrer et, endéfinitive, à former une élite catholique, destinée à exercer une influence surla société en défendant l'Église. Sous l'impulsion des prêtres de laCompagnie de Jésus, elle a regroupé en soixante ans des milliers d'étudiants,aux cursus variés, constituant patiemment un réseau d'ancien et cherchanttoujours à accroître son rayonnement dans le milieu des étudiantscatholiques. Ainsi la Conférence Olivaint a-t-elle participé, au plus près, à lacréation des deux plus grandes associations de la jeunesse catholique de latroisième République, l'ACJF et la FFEC. Ainsi retrouve-t-on ses meilleursmembres aux commandes de ces organisations, ou dans d'autres cerclesd'étudiants. Ainsi retrouve-t-on ses anciens aux avant-postes du Parlement,de l'Université, du Barreau.

Marquée par l'héritage du Père Olivaint, la Conférence de la rued'Assas a allié un goût marqué pour les questions sociales et unconservatisme aiguisé par les expulsions dont elle a fait l'objet : cercled'opposition au régime, la Conférence Olivaint a nourri les partis politiquesde droite et d'extrême droite, et plus tard les ligues. Ainsi s'est-elle trouvéemêlée aux débats de son temps, du Ralliement à l'épreuve des Guerresmondiales, de l'Affaire Dreyfus à l'Affaire Scelle, de la Séparation à lacondamnation de l'Action française. L'interdit formel dont les questionspolitiques étaient frappées n'empêchait pas, en effet, les débats en son sein.Elle a vu s'affirmer deux courants, le premier, tenant de la primauté duspirituel sur le temporel, était celui de la génération de l'ACJF des années1900 : à l'Olivaint, c'est en 1910 qu'il a connu son apogée, en obtenantl'affirmation de l'apolitisme de la Conférence, et par là même l'expulsion del'Action française. Cette dernière, en effet, était le fer de lance du second

636 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 748.

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courant, réactionnaire, légitimiste, qui affirmait la primauté de l'actionpolitique immédiate sur les considérations spirituelles. Ce courant, à son tour,eut son heure de gloire à l'Olivaint, en 1925 et 1926, entraînant, parricochet, le déclin de la Conférence.

Les causes de ce déclin ne manquent pas. Outre les conséquences de lacondamnation de l'Action française et de la fermeture de l'Olivaint sur ellemême, il est certain que le vieillissement, le moralisme et l'intransigeance deson aumônier ont beaucoup nui au rayonnement de la Conférence. Lacondamnation de la Conférence Olivaint par la Compagnie de Jésus intervinten 1942 : à cette date, l'association, dans sa soixante-huitième année, n'étaitplus que l'ombre d'elle-même. C'est que, au-delà des causes conjoncturellesde son déclin, la Conférence Olivaint souffrait de s'être éloignée, à son corpsdéfendant, de sa tradition d’œcuménisme philosophique. Cet œcuménisme,on le sait, ne s'est jamais vraiment étendu, des origines à la guerre, àl'appartenance politique ni à la religion, mais, même restreint au domaine desidées, il avait le mérite d'encourager le dialogue entre des courants trèsdifférents du catholicisme. Progressivement, du fait peut-être, d'une plusgrande maturité et du plus grand goût d'action des générations d'étudiantsqui la fréquentaient, la Conférence Olivaint a perdu sa fonction d'échange.L'Olivaint, lieu clos socialement, clos politiquement, devenait peu à peu unlieu de non-débat. Dans une société française en plein renouvellement, enplein brassage, la Conférence Olivaint, en se repliant sur elle-même, seprivait de toute faculté de transformation, d'évolution. Elle demeurait enquelque sorte, le cercle d'élites en perte de vitesse, sinon, alors que la classemoyenne s'affirmait et devenait l'enjeu des débats politiques. À l’aube desannées quarante, la Conférence Olivaint était bel et bien en retard sur sontemps.

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ANNEXES

ANNEXE I

BUREAUX DE LA CONFERENCE OLIVAINT (1874-1942)

1874-1875

Président : Jules AuffrayVice-présidents637 : Louis Lebleu

Gustave de LamarzelleSecrétaires : Édouard Pontal

Gaston TourretDirecteur : RP Hubin

--------------

1875-1876

Président : Gustave de LamarzelleVice-présidents : Joseph Aubineau

Léon ChalumeauEdmond Demolins

Secrétaires : Auguste BéchauxGeorges PhilipponMarc de MaynardAndré d'Audeville

Directeur : RP Hubin

--------------

1876-1877

Président : Auguste BéchauxVice-présidents : René-François Saint-Maur

Edmond DemolinsÉdouard Pontal

Secrétaires : André d'AudevilleGeorges PhilipponHélion de RotalierÉmile Couard

Bibliothécaires : Henri de GrandmaisonHenri de Létourville

Trésorier : Paul ChardonDirecteur : RP Hubin

--------------

637 Sauf exception, précisée par une note en bas de page, le nom qui apparaît en premier est celui du vice-président rapporteur.

250

1877-1878

Président : Gustave de LamarzelleVice-présidents : René-François Saint-Maur638

Édouard PontalÉmile Couard

Secrétaires : Hélion de RotalierRaymond SaleillesRené LaudetJean de la Bassetière

Directeur : RP Hubin

--------------

1878-1879

Président : Albert du DemaineVice-présidents : Raymond Saleilles

Édouard PontalPaul Gandy

Secrétaires : René LaudetJoseph BithHenri de GrandmaisonAlbert Foucault

Trésorier : Joseph GriffatonDirecteur : RP Hubin

--------------

1879-1880

Président : Raymond SaleillesVice-présidents : Raoul de Guestiers

René LaudetMaurice Roger

Secrétaires : Henri de GrandmaisonPaul KinonVictor DebreyneCharles Geoffroy de Grandmaison

Trésorier : Raoul de GuestiersDirecteur : RP Hubin

638 En 1878, le rapporteur n'est pas l'un des vice-présidents, mais Albert du Demaine.

251

--------------

1880-1881

Président : Maurice RogerVice-présidents : René Laudet639

Albert FoucaultGaston de Létourville

Secrétaires : Charles Geoffroy de GrandmaisonVictor DélérisLucien NormandAchille Lévarey

Trésorier : Raoul de GuestiersDirecteur : RP Hubin

--------------

1881-1882

Président : Raoul de GuestiersVice-présidents : Anatole Bucquet

Henri de LétourvilleMaxime Legendre

Secrétaires : Victor DélérisJoseph de Saint-AgatheFernand LaudetJulien Griffaton

Trésorier : Evariste MartinDirecteur : RP Hubin

--------------

1882-1883

Président : Édouard PontalVice-présidents : Maxime Legendre

Anatole BucquetCharles Geoffroy de Grandmaison

Secrétaires : Lucien ScheffterLouis WalzerSosthène RichardJoseph Parent du châtelet

Trésorier : Jacques DavidDirecteur : RP Hubin

639 En 1881, le rapporteur est Edouard Pontal.

252

--------------

1883-1884

Président : Maxime LegendreVice-présidents : Charles Geoffroy de Grandmaison

Lucien NormandJoseph Parent du châtelet

Secrétaires : Julien GriffatonLouis LemarignierGeorges DanzasProsper Prieur

Trésorier : Joseph RogerDirecteur : RP de Rochemonteix

--------------

1884-1885

Président : Joseph Parent du châteletVice-présidents : Georges Danzas

Eugène AudinetLouis Lemarignier

Secrétaires : Robert PinotEugène GodefroyJean MazodierAdrien Bezuel d'Esneval

Trésorier : Joseph RogerDirecteur : RP Alet

--------------

1885-1886

Président : Maxime LegendreVice-présidents : Louis Lemarignier

Charles DauvillierJean Mazodier

Secrétaires : Joseph de ValenceAdrien Bezuel d'EsnevalRené YsnelEugène Boulard

Trésorier : Jean MazodierDirecteur : RP Alet

253

--------------

1886-1887

Président : Lucien NormandVice-présidents : Charles Dauvillier640

Jean MazodierJoseph de Valence

Secrétaires : Xavier LaurasGaston de BellaigueJoseph de SérokaPaul Duchon

Trésorier : Jean MazodierDirecteur : RP Le Tallec

--------------

1887-1888

Président : Jean MazodierVice-présidents : Xavier Lauras641

Joseph de ValenceAdrien Bezuel d'Esneval

Secrétaires : Louis LayaGeorge MazeÉdouard Le CamusPaul Bureau

Trésorier : Xavier LaurasDirecteur : RP Le Tallec

--------------

1888-1889

Président : Xavier LaurasVice-présidents : Joseph de Valence

George MazePaul Auvynet

Secrétaires : Paul DuchonMaurice PapillonAntoine SaillardEmile Auzou

Trésorier : Maurice PapillonDirecteur : RP Le Tallec

640 En 1887, le rapporteur est Joseph Parent du châtelet.641 En 1888, le rapporteur est Lucien Normand.

254

--------------

1889-1890

Président : Joseph de ValenceVice-présidents : Charles de Calan

Georges MazePaul Bureau

Secrétaires : Antoine SaillardPaul FestugièreBernard Cara de VauxJoseph Arthuis

Directeur : RP Le Tallec

--------------

1890-1891

Président : Charles de CalanVice-présidents : Henri Rubat du Mérac

Antoine SaillardLouis Arthuis

Secrétaires : Raymond DargentJoseph CailletJoseph GrenierJean Toubeau de Maisonneuve

Directeur : RP Le Tallec

--------------

1891-1892

Président : Antoine SaillardVice-présidents : Henri Rubat du Mérac642

Hyacinthe GlotinRaymond Dargent

Secrétaires : Louis GaltierMaurice MonteilHenri BiaisPierre Duchaussoy

Directeur : RP Le Tallec

--------------

1892-1893

Président : Henri Rubat du MéracVice-présidents : Louis Galtier

Jean Colin de VerdièreMaurice Monteil

Secrétaires : Henri BiaisJean LaurasEmile MontmeylianHenri Bourgois

Directeur : RP Le Tallec--------------

642 En 1892, le rapporteur est Maurice Monteil.

255

1893-1894

Président : Louis GaltierVice-présidents : Jean Colin de Verdière

Maurice MonteilLouis Delsol

Secrétaires : Emile MontméylianHenri BidouJoseph ChéguillaumeLouis Thiéblin

Directeur : RP Le Tallec

--------------

1894-1895

Président : Maurice MonteilVice-présidents : Édouard Julhiet

Jean Colin de VerdièreHenri Biais

Secrétaires : Jean LaurasJules BabeauGabriel Colmet-DaageAndré Lesort

Directeur : RP Le Tallec

--------------

1895-1896

Président : Jean Colin de VerdièreVice-présidents : Louis Delsol

Jules BabeauJean Lauras

Secrétaires : André LesortEdmond de la GorceHenri PlouvierJoseph Ribault

Directeur : RP de Salinis

--------------

1896-1897

Président : Louis DelsolVice-présidents : Jules Babeau643

Louis ThiéblinAndré Lesort

Secrétaires : Henri BazireJoseph RibaultHenri de la SalleErnest de Saugy

Directeur : RP J. Moisant--------------

643 En 1897, le rapporteur est Henri Bazire.

256

1897-1898

Président : Jules BabeauVice-présidents : Henri Bazire644

André LesortFerdinand Delsol

Secrétaires : Léon HaasFrançois HébrardMarcel Uzannaz-JorisAlbert d'Aubigny

Directeur : RP J. Moisant

--------------

1898-1899

Président : Henri BazireVice-présidents : Joseph Ribault645

Albert d'AubignyMarcel Usannaz-Joris

Secrétaires : François HébrardFrédéric DuvalHenri de la SalleJoseph Zamanski

Directeur : RP Alfred Havret

--------------

1899-1900

Président : Joseph RibaultVice-présidents : Ferdinand Delsol646

Marcel Usannaz-JorisFrédéric Duval

Secrétaires : Henri de la SalleJoseph ZamanskiPierre GuyotAlexandre Celier

Directeur : RP Paul Aucler

644 En 1898, le rapporteur est Joseph Ribault.645 En 1899, le rapporteur est Ferdinand Delsol.646 En 1900, le rapporteur est Joseph Zamanski.

257

--------------

1900-1901

Président : Joseph ZamanskiVice-présidents : François Hébrard

Marcel Uzanna-JorisAlexandre Celier

Secrétaires : Pierre de BricourtPierre GuyotEmmanuel Le MaoutLouis Couvrat-Desvergne

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1901-1902

Président : François HébrardVice-présidents : Alexandre Celier

Victor BettencourtLouis Couvrat-Desvergnes

Secrétaires : Régis LaurasPierre VimalEtienne BechauxGonzague de Reynold

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1902-1903

Président : Victor BettencourtVice-présidents : Pierre Gerlier

Pierre VimalPierre de Bricourt

Secrétaires : Emmanuel Le MaoutEmmanuel LacombeLéonce CelierPierre Lefebure

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1903-1904

Président : Pierre GerlierVice-présidents : Pierre de Bricourt

Pierre VimalLouis Couvrat-Desvergnes

Secrétaires : Etienne BechauxLéonce CelierPierre LefebureJean Keraly

Directeur : RP Paul Aucler

258

--------------

1904-1905

Président : Alexandre CelierVice-présidents : Pierre de Bricourt647

Maurice ÉbléEtienne Bechaux

Secrétaires : André LerouxPierre LefebureMaurice de Gailhard-BancelGabriel Rochette de Lempdes

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1905-1906

Président : Pierre de BricourtVice-présidents : Pierre Lefébure

Maurice ÉbléJean Keraly

Secrétaires : Gabriel Rochette de LempdesHenri CauvièreBernard de FrancquevilleAlbert Delaunay

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1906-1907

Président : Jean KéralyVice-présidents : Claude Desjoyaux

Pierre LefébureG. Rochette de Lempdes

Secrétaires : Bernard de FranquevilleRobert WarinPierre de LonguemareGuy de Revel

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1907-1908

Président : Claude desjoyauxVice-présidents : Maurice de Waru

Henri CauvièreLéonce Celier

Secrétaires : René d'AubeignéRobert FacqueAmaury de la GrangeRobert Warin

Directeur : RP Paul Aucler--------------

647 En 1905, le rapporteur est Eugène Langevin.

259

1908-1909

Président : Léonce CelierVice-présidents : Henri Cauvière

Maurice de Gailhard-BancelRobert Warin

Secrétaires : René d'AubeignéAndré de ChalendarRobert FacqueFrançois de Kergos

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1909-1910

Président : Henri CauvièreVice-présidents : Bernard de Francqueville

René d'AubeignéRobert Warin

Secrétaires : Emmanuel CallonAndré de ChalendarHenri Goury du RoslanFernand Margerin

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1910-1911

Président : Bernard de FrancquevilleVice-présidents : Jean Libert

Robert FacqueFernand Margerin

Secrétaires : Théodore DauchezRené FrancezJean de RaismesEmile Taudière

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1911-1912

Président : Henri CauvièreVice-présidents : René Francez

Jean LibertJean de Raismes

Secrétaires : Max BechetoileFrancis du FonteniouxGuy de PréaudeauHenri de la Tour

Directeur : RP Paul Aucler

260

--------------

1912-1913

Président : René FrancezVice-présidents : André de Chalendar

Emmanuel CallonFrançois du Fontenioux

Secrétaires : Maurice BouttierJean de LasalleGuy de PréaudeauHenry de Villedieu

Directeur : RP Paul Aucler

--------------

1913-1914

Président : André de ChalendarVice-présidents : Emmanuel Callon

Jean de LasalleEmile Taudière

Secrétaires : Bernard d'EtéPaul MoissignacErnest VergniaudJean de Villedieu

Directeur : RP Paul Aucler

----------------------------

1919-1920

Président : Paul MoissinacVice-présidents : Joseph du Fontenioux

René PlevenPaul Maniere

Secrétaires : Sébastien BijonJacques CosseratAdrien DansetteAndré Griffaton

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1920-1921

Président : René PlevenVice-présidents : Henri Dumoulin de Labarthète

Jean IzarnRené Derville

Secrétaires : Henri BinaudJean LarcenaFélix LongaudRoger de Saint-Chamas

Directeur : RP Henri de Pully

261

--------------

1921-1922

Président : Roger de Saint-ChamasVice-présidents : Georges Bidault

Sébastien BijonGeorges Le Boulanger

Secrétaires : François BarbierBernard Colin de VerdièreJean LapierreAndré Lebreton

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1922-1923

Président : Georges BidaultVice-présidents : Pierre Goubaux

Jean MizziBernard Tissot

Secrétaires : Georges CantenotBernard de GaulejacJacques LangloisJacques Sauvain

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1923-1924

Président : Bernard Colin de VerdiereVice-présidents : Jean Rey

Georges CantenotJean Danielou

Secrétaires : André DebrayAlbert GalopinRémy PasteauGabriel de Sainte-Marie

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1924-1925

Président : Charles BoissardVice-présidents : Charles Vallin

Henri Dumoulin de LabarthèteAlbert Galopin

Secrétaires : Jacques d'AmfrevilleJean de MonèsGuy de Saint-HilaireGuilhen Teisserenc

Directeur : RP Henri de Pully

262

--------------

1925-1926

Président : Henri Dumoulin de LabarthèteVice-présidents : Charles Vallin648

Adéodat BoissardCyprien Meyère

Secrétaires : Bernard de BeaurepaireBernard de LouvagnyXavier GuiraudRaphaël ThiéblinPierre de Vaucelles

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1926-1927

Président : Henri Dumoulin de LabarthèteVice-présidents : Adéodat Boissard

Jacques RobinJacques vier

Secrétaires : Réné HomoAlfred RedouinJacques de RomefortGeorges Verdeil

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1927-1928649

Président : Charles VallinVice-présidents : Pierre de Font-Reaulx

Pierre de VaucellesJacques Vier

Secrétaires : ????

Directeur : RP Henri de Pully

648 En 1926, le nom du rapporteur n'est pas connu.649 A partir de 1928, et jusqu'à une date inconnue, les bureaux sont élus au début de l'année civile. Poursimplifier la présentation, et par convention, sont appelés "bureau 1927-1928" le bureau élu en janvier1928, "bureau 1928-1929" le bureau élu en janvier 1929, et "bureau 1929-1930" le bureau élu en janvier1930.

263

--------------

1928-1929

Président : Jacques LotVice-présidents : François Ribadeau-Dumas

Pierre de Font-ReauxGeorges Verdeil

Secrétaires : Robert BoyerRoger HouzelPierre LenoirRoland de Villelongue

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1929-1930

Président : François Ribadeau-DumasVice-présidents : Pierre Lenoir650

Henri de ForbinRoger Houzel

Secrétaires : Christian de LavarèneCharles LucetRoger Ribadeau-DumasJean Sadoul-Chastelain

Directeur : RP Henri de Pully--------------

1930-1931

Président : Henri de ForbinVice-présidents : André Mattei

Pierre de VaucellesJacques Chapsal

Secrétaires : Jacques CelierJean GarreauYves MilletLouis Sorel

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1931-1932

Président : Pierre de VaucellesVice-présidents : Robert Buron

Jean Le RoyAndré Piettre

Secrétaires : Gabriel des FrancsBernard LotHenri SabatierAndré Vinsot

Directeur : RP Henri de Pully

-------------- 650 Le nom du rapporteur de l'année 1930 n'est pas connu.

264

1932-1933

Président : ?Vice-présidents : ?

??

Secrétaires : ????

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1933-1934

Président : Marcel CoppinVice-présidents : ?

??

Secrétaires : ????

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1934-1935

Président : Pierre MoissinacVice-présidents : ?

??

Secrétaires : L. De BonreposP. CélierP. MonnierP. Nicolai

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1935-1936

Président : Henri Dhavernas ?651

Vice-présidents : ???

Secrétaires : ????

Directeur : RP Henri de Pully

651 Témoignage d'André Aumonier, 23 mai 1996.

265

--------------

1936-1937

Président : Maurice de LongevialleVice-présidents : André Aumonier

??

Secrétaires : ????

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1937-1938

Président : André AumonierVice-présidents : ?

??

Secrétaires : ????

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1938-1939

Président : Michel Saint-GironsVice-présidents : Jean Celier652

Philippe HuetXavier de la Chevalerie

Secrétaires : ????

Directeur : RP Henri de Pully

--------------

1939-1940

Président : ?Vice-présidents : ?

??

Secrétaires : ????

Directeur : RP Henri de Pully

652 Le nom du rapporteur de l'année 1939 est inconnu.

266

--------------

1940-1941

Président : ?Vice-présidents : ?

??

Secrétaires : ????

Directeur : ?

--------------

1941-1942

Président : Jacques Rémy-MorinVice-présidents : ?

??

Secrétaires : ????

Directeur : RP

267

ANNEXE II

PRESIDENTS DE LA REUNION DES JEUNES GENS

1852-1854 Charles de Maistre1854-1860 Paul Lauras1860-1863 Michel Cornudet1863-1866 Roger de Beauffort1866-1869 Édouard Lefébure1869-1872 Ludovic Espivant de la Villeboisnet1872-1873 Polyeucte Berlier de Vauplane1873-1874 Paul Josseau1874-1876 Gustave de Lamarzelle1876-1879 Gaston Tourret1879-1880 Gustave de Lamarzelle1880-1883 Joseph Griffaton1883-1885 Henri de Létourville1885-1888 Joseph Parent du châtelet1888-1889 Maxime Legendre1889-1890 Xavier Lauras1890-1891 Joseph de Valence1891-1894 Maurice Papillon1894-1897 Jules Schaeffer1897-1899 Henri Aubrun1899-1901 Alfred Courcoux1901-1904 Joseph Zamanski1904-1907 Pierre Gerlier1907-1910 Pierre Lefébure1910-1911 Maurice de Gailhard-Bancel1911-1912 Pierre Lefébure1912-1913 Henri Cauvière1913-1914 Jean de Lasalle1919-1920 Jean Lepargneur1920-1922 Georges Monnier1922-1923 Roger de Saint-Chamas1923-1924 Georges Bidault1924-1925 René Planchenault1925-1928 Pierre Goubaux1928-1930 Marcel Coppin1930-1931 Robert Boyer1931-1932 Jacques Celier1932-1936 ?1936-1937 Pierre de Sarcus1937-1942 ?

268

ANNEXE III

PRESIDENTS DES SEANCES DE CLOTURE

1875 : M. le Comte de Germiny1876 : M. le Comte Albert de Mun, député du Morbihan1877 : M. Chesnelong, sénateur1878 : M. Ernoul , ancien Garde des Sceaux1879 : M. de la Bouillerie, ancien ministre1880 : M. Michel Cornudet, ancien Maître des Requêtes au Conseil d'Etat1881 : M. Robinet de Cléry, ancien Avocat général à la Cour de Cassation.1882 : M. d'Herbelot , ancien Avocat général près la Cour d'appel de Paris.1883 : M. le Prince de Léon, député du Morbihan.1884 : M. Hémar, ancien Avocat général près la cour d'appel de Paris.1885 : M. le Comte Albert de Mun, député du Morbihan.1886 : M. Carel, professeur à la faculté de droit, Avocat à la cour d'appel de Caen.1887 : M. de Lamarzelle, député du Morbihan.1888 : M. le général de Charette653.1889 : M. Jacquier, avocat, professeur aux Facultés catholiques de Lyon.1890 : M. de Cazenove de Pradine, député de la Loire-Inférieure.1891 : M. le Comte Mercier, Premier ministre de la Province de Québec.1892 : Mgr. d'Hulst , recteur de l'Institut catholique, député du Finistère.1893 : M. Lerolle , conseiller municipal de Paris.1894 : M. Thureau-Dangin, de l'Académie française.1895 : M. le Baron Denys Cochin, député de la Seine.1896 : M. Georges Bonjean, juge au Tribunal de la Seine.1897 : M. le Duc de Broglie, de l'Académie française.1898 : M. Emile Ollivier , de l'Académie française.1899 : M. Raynaud, vice-recteur de l'Institut catholique.1900 : M. l'amiral de Cuverville .1901 : M. Jacques Piou, député.1902 : M. Emille Keller , ancien député du Haut-Rhin.1903 : M. Ferdinand Brunetière, de l'Académie française.1904 : M. Henry Joly , membre de l'Institut.1905 : M. René Bazin, de l'Académie française.1906 : M. C. Grousseau, député du Nord.1907 : M. Emille Ollivier , de l'Académie française.1908 : M. F. de Ramel, avocat au Conseil d'Etat, député du Gard.1909 : M. Pierre de la Gorce.1910 : M. L. Jenouvrier , sénateur.1911 : M. Henry Bordeaux.1912 : M. Henry Welschinger, membre de l'Institut.1913 : M. l'Amiral Bienaimé , député de Paris.1914 : M. Louis Madelin.1915-1919 : Interruption.1920 : M. le général de Castelnau.1921 : M. Louis Bertrand .1922 : M. Maurice Barrès, de l'Académie française, député de Paris.1923 : M. Fortunat Strowski , professeur à la Sorbonne.1924 : M. Henry Bordeaux, de l'Académie française.1925 : M. Robert Schuman, député de la Moselle.1926 : ?1927 : M. Charles le Goffic, ancien président de la société des gens de lettres.1928-1929 : ?

653 Le général de Charette, zouave pontifical en 1861 était un ancien membre de la Congrégation

269

1930 : M.Fourcade, Ancien batonnier, sénateur des Hautes Pyrennées.1931 : M.René Pinon, Professeur à l'Ecole libre des Sciences politiques.1932 : M.Henri Robert, Batonnier d'Assises, de l'Académie française.1933-1935 : ?1936 : M. Jean Guitton1937 : M. le général Weygand, de l'Académie française.1938-1941 : ?

ANNEXE IV

L ISTE DES PRESIDENTS DE L'A SSOCIATION CATHOLIQUEDE LA JEUNESSE FRANÇAISE (1886-1956)

1 : Robert de Roquefeuil, 1886-1897.2 : Henry reverdy, 1897-1899.3 : Henri Bazire, 1899-1904.4 : Jean Lerolle, 1904-1909.5 : Pierre Gerlier, 1909-1913.6 : Alexandre Souriac, 1913-1922.7 : Charles Flory, 1922-1926.8 : François de Menthon, 1926-1930.9 : J. Courel, 1930-193310 : André Debray, 1933-1936.11 : André Colin, 1936-1939.12 : Alain Barrère, 1939-1946.15 : André Vial, 1953-1956.

ANNEXE V

L ISTE DES PRESIDENTS DE LA FFEC

1921-1923 : Jean Lévêque1923-1924 : René Pleven1924-1925 : Frédéric Pasteau1925-1926 : Jean Léveque1926 : Pierre Goubaux1926-1927 : Marcel Rémond1927-1929 Gabriel Rémond1929-1930 : Julien Bauduy1930-1931 : R. de Fresquet1931-1934 : Max Legendre1934-1935 : Charles-Armand de Vaugelas1935-1937 : Roger Millot1938-1941 : Robert Boudet

270

ANNEXE VI

L ISTE ALPHABETIQUE DES CONFERENCIERS1875-1914

Achard de la vente (Joseph). - La propriété des églises et presbytères (25 janvier 1882).Aine (Edmond). - Les migrations des Boers et leurs relations avec l'Angleterre (31 janvier1900).Amigues (Henri). - Le duel (3 avril 1889).André (Édouard). - La femme romaine aux deux premiers siècles de l'ère chrétienne (26avril 1882). - Le roman et les romanciers grecs (21 février 1883).Anglade (Maurice). - Comment fut préparée la spoliation du clergé en 1789 (6 mars 1901).Ardant (Gabriel). - Le Juif et la mobilisation du sol (8 décembre 1886).Arnould (Louis). - Le caractère et les vertus privées de l'empereur Auguste (10 mars1886).Arthuis (Louis). - Les grèves (12 novembre 1890).Artigues (F. d'). - Silhouettes orientales : Voyage en Orient (10 janvier 1877).Astruc (Jules). - L'Eglise du voeu national au Sacré-Coeur (27 avril 1887).Aubeigné (René d'). - Comment on fait une révolution (10 janvier 1906). - Une leçon :Bismarck avant 1870 (29 avril 1908). - Le régime représentatif, ses principes (6 avril1910).Aubert (-). - Shakespeare (1876).Aubert (Félix). - Les géographes de l'antiquité (22 décembre 1880).Aubigny (Albert d'). - L'école nouvelle (10 mai 1899).Aubineau (Joseph). - Les comédies de Hroswita (1875). - Rapport sur les activités del'année 1875-1876 (21 juin 1876).Aubrun (Henri). - Le Kulturkampf allemand (1er février 1893). - Lamennais (28 novembre1894). - La patrie (31 mars 1897). - Questions d'enseignement supérieur (24 novembre1897). - Les projets de charité légale (11 mars 1903). - Moralistes d'Outremer (27 janvier1904). - Le salariat doit-il faire place à un autre régime ? (8 janvier 1908).Aucler (RP Paul). - Les universités d'Angleterre et d'Allemagne (14 février 1900). -Comment on retrouve la Jérusalem du temps de Jésus-Christ : étude archéologique (5 mars1902). - La monarchie des Habsbourg et le Congrès eucharistique de Vienne (20 novembre1912).Audeville (André d'). - Gilles de Bretagne, drame en cinq actes (1876). - La cour de Franceen 1632 (23 mai 1877). - Jacques Cœur ou l'argentier du roi, drame en cinq actes (5 mars1879).Audinet (Eugène). - « Les Allemands » du Père Didon (25 mars 1884).Auzou (Émile). - Les lectures publiques à Rome (16 mars 1887). - Les vrai Louis XIII (23novembre 1887). - Fromentin (5 décembre 1888). - La question coloniale (4 décembre1889). - L'enseignement supérieur en France (3 décembre 1890). - L'histoire et lagéographie dans l'enseignement secondaire (2 décembre 1891).Avenel (Georges d'). - Le concordat de 1801 (28 novembre 1877).Babeau (Jules). - La moralisation dans l'armée (30 novembre 1895). - Le culte du moi (27novembre 1895).Babelon (Ernest). - Une querelle scientifique entre les Jésuites et les Bénédictins. Originede la diplomatique. (12 décembre 1877). - Les découvertes modernes dans la haute Asie(11 décembre 1878). - La légende de Nemrod (21 janvier 1880).Baril (Georges). - Au retour du congrès eucharistique de Montréal (9 novembre 1910, avecM. Pierre Gerlier).Barneville (Pierre de). - L'esthétique du roman contemporain (13 février 1889). -L'élément musical dans la poésie française (15 avril 1891). - Causerie sur l'esthétique (12avril 1893).

271

Barral (Octave de). - Le conflit des nationalités dans la monarchie austro-hongroise (26janvier 1898).Bassereau (Raymond). - La jeunesse de Victor Hugo (28 janvier 1914).Bayle (Joseph). - Les réformes de l'orthographe (7 mai 1890).Bazin (René). - Le dilettantisme moral et littéraire (23 février 1893).Bazire (Henri). - L'initiative de pensée et d'action chez les catholiques (16 décembre1896). - Rapport sur les travaux de l'année 1896-1897 (16 juin 1897). - A la veille de laSéparation (15 novembre 1905).Beauchesne (Adelstan de). - Étude sur Lamartine (2 mai 1877). - Les poèmes d'Ossian (3avril 1878). - Étude sur Alfred de Musset (19 mars 1879).Béchaux (Auguste). - Chateaubriand (novembre 1875). - L'arbitrage international et ledroit des gens (6 et 13 décembre 1876). - Une démocratie modèle (5 février 1890).Béchaux (Etienne). - Seize ans de gouvernement catholique en Belgique (23 janvier 1901).- Les formes actuelles de l'usure et la répression de l'agiotage (5 février 1902). - La grèvede Milan (7 décembre 1904).Béchetoille (Max). - A l'assaut de la chambre des Lords : un aperçu de la criseconstitutionnelle anglaise (1er février 1911). - Les universités et la vie nationale (20 mars1912).Bellaigue (Gaston de). - De la religion dans les funérailles (26 mai 1886).Benoit (Charles). - Le félibrige et la résurrection des libertés de l'ancienne France (5février 1908).Benoit (Gaston). - La critique impressionniste : une controverse entre M. Jules Lemaîtreet M. Ferdinand Brunetière (7 mars 1906).Bernon (Just de). - La révolution d'après J. de Maistre (1876). - Les classes laborieusesde l'Allemagne au quinzième siècle (26 février 1879). - Les assemblées politiques enAllemagne (7 avril 1880). - Le mouvement constitutionnel en Prusse de 1805 à 1850 (2février 1881).Berthaud (Maurice). - Cités aveugles : le projet, les objections (8 février 1911).Bessières (Jean). - Étude sur Savonarole (16 janvier 1884).Bessières (Joseph). - Modifications du régime de la propriété en France (20 décembre1893).Béthune (François). - L'action catholique en Belgique (24 février 1892).Bettencourt (Victor). - Un publiciste chrétien au XIXe siècle : Louis Veuillot (15 décembre1897). - L'enseignement supérieur professionnel (27 novembre 1901). - La question del'apprentissage (1er mars 1905). - A l'école des catholiques belges. Comment organiser e tdiriger l'action sociale ? (23 janvier 1907).Beuf (Lucien). - Hugues de Lionne (23 mai 1883).Beyaert (Néotère). - Le principe fondamental de l'économie politique (30 mai 1877).Bezuel d'Esneval (Adrien). - L'affaire du collier (29 avril 1885). - Le rôle de la noblessedans l'histoire de France (12 mai 1886). - Monsieur de Talleyrand, esquisse d'un portrait(30 novembre 1887). - Barbey d'Aurevilly (1er mai 1889).Biais (Henri). - Influence de Saint-François d'Assise sur l'art, la morale et la littérature enItalie (8 avril 1891). - Les symbolistes (4 mai 1892). - Munich (12 décembre 1894).Bidou (Henri). - Le concept de l'homme chez les écrivains russes (14 mars 1892). -Lacordaire et le romantisme (19 avril 1893). - Le succès d'Antigone au Théâtre Français(17 janvier 1894). - Le théâtre statique (9 janvier 1895). - Essai sur la méthode historiquedes sociologues (2 décembre 1896). - Les études sociales au théâtre (4 mai 1898). - Lesprincipes de l'oeuvre de Zola (19 novembre 1902).Bilard (Marcel). - La révocation de l'Édit de Nantes (1875). - Le mariage religieux et lemariage civil (1876).Billy (Robert de). - Le rire, étude psychologique (13 mai 1914).Bith (Joseph). - Étude sur le rôle et les réformes de Turgot (13 février 1878). -Monographie d'un ouvrier parisien au XIXe siècle (18 décembre 1878). - La question desPrincipautés danubiennes (14 décembre 1882).

272

Bodinier (Victor). - L'hypnotisme provoqué, ou le magnétisme devant la science (10 mai1882).Boissarie (Docteur Joseph). - La clinique de Lourdes (24 janvier 1894).Bonnet (-). - Robespierre et Thermidor (17 février 1892).Bos (Roger du). - Le projet de loi sur les retraites ouvrières (23 février 1910).Bouchard (Joseph). - L'origine du pouvoir. Examen des articles 3 et 16 de la Déclarationdes Droits de l'Homme (17 janvier 1877). - Compte rendu sur « Les Jansénistes au XVIIesiècle et leur dernier historien, M. Sainte Beuve », de M. l'abbé Fuzet (23 mai 1877).Boudier (Pierre). - Comment doivent se comporter les catholiques au pouvoir ? Une terred'expériences : la Belgique. (19 novembre 1913).Bouillerie (Antonin de la). - Les catholiques irlandais et le Home Rule (19 février 1913).Bourgeois (André). - La participation aux bénéfices (20 février 1907).Bourgeois (Henri). - L'Irlande depuis O'Connel (27 mai 1891). - l'Eglise et la Renaissance(25 novembre 1891). - L'Indépendance de la Belgique en 1830 (18 janvier 1893).Bourrut-Lacouture (Etienne). - Le poète de la revanche : Paul Déroulède (29 avril 1914).Bouttier (Georges). - La situation de l'Alsace-Lorraine dans l'empire allemand (15novembre 1911).Boyreau (Emmanuel). - Montalembert orateur (23 décembre 1885). - Le réalisme dans lesromans de Tolstoï et de Dostoïevski (23 mars 1887).Brenier (Henri). - Le problème international et ses solutions (27 mars 1889). - L'alliancefranco-russe avant Cronstadt (3 novembre 1892). - La mission lyonnaise en Chine (8décembre 1897).Bricon (Etienne). - Molière et Labiche (11 avril 1883).Bricourt (Pierre de). - Berryer (3 mai 1899). - Le bien de famille (7 février 1900). - Lemonopole de l'alcool, conférence contradictoire avec M. François Celier (25 mars 1903). -La question du logis (18 novembre 1903). - Rapport sur les travaux de l'année 1903-1904(18 juin 1904). - Les syndicats jaunes (22 novembre 1905). - La question agraire et le rôledu propriétaire foncier : fédération de métayers et syndicats de forestiers du Centre (11janvier 1911). - Introduction de l'étudiant à la vie sociale (15 novembre 1912).Briout (Edgar). - Le Juif en Algérie (9 février 1898).Broise (RP René de la). - Idéalisme et réalisme dans la peinture des scènes de l'Evangile :les « Evangiles illustrés » de M. Müntz et la « Vie de N. S. Jésus-Christ » de M. JamesTissot (20 décembre 1899).Broutelle (Honoré). - Le caractère de Louis XIV (19 novembre 1890).Bros (Albert). - Les compagnies commerciales de colonisation (7 mars 1900).Brun (Henri). - Chateaubriand (26 mai 1893). - Le peuple serf et le peuple souverain (23janvier 1895). - Lamartine, poète de la nature et de la religion (17 mars 1897).Bucquet (Anatole). - La suppression des tribunaux administratifs (16 février 1881). -L'instruction gratuite et obligatoire en France, en Angleterre et en Allemagne (17 mars1882). - Rapport sur les travaux de l'année 1881-1882 (30 juin 1882).Bureau (Paul). - La centralisation et ses effets au point de vue de l'instabilitégouvernementale (18 janvier 1888). - De l'éducation et de l'établissement des jeunes gensen Angleterre (26 décembre 1889). - La journée de huit heures (11 mai 1892). - New-York(14 février 1894).Cahour (Francis). - Nos illusions sur les États-Unis (30 novembre 1910).Caillet (Joseph). - Le pouvoir de l'État (2 mai 1888). - L'avenir de la France en Océanie(20 février 1889). - Histoire du mouvement socialiste en Allemagne (18 février 1891).Calan (Charles Lalande de). - La royauté en août 1792 (9 janvier 1889). - Les insurrectionsde l'Ouest (13 novembre 1889). - Rapport sur les travaux de l'année 1889-1890 (18 juin1890). - Les poètes français de la Bretagne (4 mars 1891). - L'émigration (23 décembre1891). - Le Play (11 janvier 1893). - La science sociale et le peuplement du globe (7 février1894). - Les héros de roman du XIIIe siècle (14 novembre 1894). - A travers l'histoire dumariage (15 janvier 1896). - La province française dans l'histoire moderne (23 novembre1898).

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Callon (Emmanuel). - Le rôle social du propriétaire terrien, d'après « l'Émigré » de M.Paul Bourget, « le Fils de l'Esprit » de M. Georges Fonsegrive, « le blé qui lève » de M.René Bazin (26 février 1908). - Les romans sont-ils l'image exacte de la vie ? (10 mars1909). - Le « Moi » est-il haïssable ? (2 février 1910). - Rapport sur les travaux de l'année1913-1914 (28 mai 1914).Cara de Vaux (Bernard). - Le scepticisme contemporain (27 février 1889). - Les religionsde l'Inde (12 mars 1890).Caruyer de Beauvais (Jacques le). - La peinture française au XXe siècle : l'anarchie e tla réaction de l'ordre (4 février 1914).Catta (Tony). - La représentation des intérêts peut-elle être mise utilement au programmede nos revendications ? (27 février 1907).Cauvière (Henri). - Les partis politiques en Allemagne (14 février 1906). - A propos de laConférence de La Haye : l'arbitrage international et son avenir (20 novembre 1907). - PaulBourget et le traditionalisme (9 décembre 1908). - Rapport sur les travaux de l'année 1908-1909 (29 juin 1909). - La réforme des conseils de guerre et la projet de loi du 11 juin 1909(17 novembre 1909). - Ce que peut et ce que veut la Confédération générale du travail (8mars 1911). - La théorie et la pratique de l'unité socialiste (12 février 1913).Celier (Alexandre). - Les associations de jeunesse catholique au XIXe siècle (20 novembre1901). - Rapport sur les travaux de l'année 1901-1902 (13 juin 1902). - La France moderneet le régime des cultes (à propos de quelques propositions récentes tendant à la séparationde l'Eglise et de l'État) (25 novembre 1903).Celier (François). - Le monopole de l'alcool, conférence contradictoire avec M. Pierre deBricourt (25 mars 1903).Celier (Léonce). - Méthodes d'enseignement populaire, autrefois et aujourd'hui (26novembre 1902). - Les méfaits de l'érudition (24 février 1904). - L'esthétique des villes e tles abus de l'embellissement (15 mars 1905). - Avant-coureurs du réformisme moderne :l'idée de réforme dans l'Eglise au XVe siècle (4 décembre 1907). - Les origines du royaumed'Italie (17 mai 1911). - Un cas de conscience gouvernemental : Bossuet et Jacques II (5mars 1913).Chabannes (Georges de). - Les nominations épiscopales en France et à l'étranger : étudejuridique et historique (13 décembre 1905).Chabanon (Émile). - l'Ecole de Salerne (1er février 1882).Chaillou (Auguste). - Le sérum antidiphtérique (21 novembre 1894).Chalendar (André de). - Le travail à domicile, ses dangers, leurs remèdes (6 mai 1908). -Comment nous défendre ? L'organisation catholique (24 novembre 1909). - M. MauriceBarrès et les aspirations de la jeunesse contemporaine (8 janvier 1913). - Rapport sur lestravaux de l'année 1912-1913 (20 mai 1913).Challamel (Léon). - Fénelon et son nouveau critique, M. Jules Lemaître (15 février 1911).Chalumeau (Léon). - L'arbitrage pontifical au Moyen-Age (1876). -Compte rendu sur «Les problèmes de philosophie contemporaine » de Caro (10 janvier 1877).Chamaillard (Adrien de). - Comment assurer la sincérité des opérations électorales ? (22janvier 1908).Chambon (Jean du). - Le provincialisme (27 mai 1903).Champchesnel (Sébastien de). - La politique de Cavour de 1856 à 1859 (10 février 1897).Champfeu (Pierre de). - Cinquante années de la marine française (1864-1904) : sonapogée, sa décadence, son avenir prochain (7 janvier 1914).Charie (Maurice de la). - L'actionnariat ouvrier est-il destiné à compléter le salariat ? (22mai 1911).Charlet (Auguste). - La colonisation française en Tunisie (12 décembre 1900).Chéguillaume (Joseph). - La coopération industrielle (15 février 1893). - Les Russes enAsie et dans la Méditerranée (23 novembre 1893).Chevallier (René). - Le poison et l'ambition chez les grands (10 janvier 1900).Clair (R.P. Charles). - Les articles organiques (26 mai 1880).

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Clapier (Luc de). - Les soulèvements de la Pologne (11 février 1885).Clavier (Donatien). - La fable (1875). - Le duel et le code pénal (1876). - Une étude sur laterreur à Nantes (9 janvier 1878).Closel (Henri du). - Le socialisme municipal (22 mars 1905).Coëtlosquet (Édouard du). - Maurice de Guérin (1875).Colin de Verdière (Jean). - Le général de Sonis (26 novembre 1890). - L'Eglise et l'Etat(20 janvier 1892). - Le procès du maréchal Bazaine (22 novembre 1893). - Rapport sur lestravaux de l'année 1893-1894 (6 juin 1894).Colmet Daage (Gabriel). - Les mariages franco-espagnols (20 décembre 1892). - Lesconspirations sous Louis XIII (13 décembre 1893).Colmet de Santerre (Robert). - Le jury civil (25 avril 1888).Conil-Lacoste (Henri). - Renaissance, réforme et humanisme au XVIe siècle (11 février1914).Cordonnier (Jean). - A propos du millénaire normand. L'esprit de conquête et decolonisation chez les Normands (10 janvier 1912).Cornudet (Léon). - Victor Pavie (7 mars 1888). - Les puritains et le jugement de MarieStuart (30 avril 1890). - Les Monts-de-Piété (29 avril 1891). - Les caisses d'épargne (30mars 1892).Cottineau (-). - Etude sur « La Constitution de l'Angleterre » de M. Leplay (1876).Coüard (Emile). - Origine de l'art dramatique en France au Moyen-Age (21 février 1877).- Grégoire VII et la querelle des investitures (25 avril 1877). - Compte rendu sur « Unhomme d'autrefois » par le marquis Costa de Beauregard (28 novembre 1877).Couprie (Claude). - La liberté du travail en temps de grève (23 mai 1906).Courcoux (Docteur Alfred). - La lutte contre la tuberculose (20 avril 1904).Courdoux (André de). - Le livre du « Prince » de Machiavel (1875).Cousin (Albert). - Compte rendu sur « La vie domestique » de De Ribbes (25 avril 1877).Cousin (Pierre). - L'idée de la tradition familiale dans l'oeuvre de M. Henri Bordeaux (20mai 1914).Couvrat-Desvergnes (Louis). - Le rachat des chemins de fer par l'Etat (28 mars 1900). -Le crédit agricole (15 mai 1901). - L'Etat doit-il obliger les patrons à s'assurer contre lerisque professionnel? (20 janvier 1902). - Le christianisme de Paul Bourget (27 avril 1904).Dabry (Abbé Pierre). - L'impôt progressif (19 décembre 1894).Damas (Pierre de). - M. de Villèle et la Restauration (11 mai 1881). - Nihilisme etnihilistes (22 mars 1882).Dampierre (Robert de). - La Triple Entente en face de la Triple Alliance, ses origines etses résultats (21 avril 1909).Danzas (Georges). - « En Alsace ! » (14 janvier 1885). - Rapport sur les travaux de l'année1884-1885 24 juin 1885).Dargent (Raymond). - La crise agricole (13 mai 1891). - La question monétaire (20novembre 1895). - La Tunisie (20 janvier 1897).Dauchez (Théodore). - Les Français sont-ils égaux devant le bulletin de vote ? (6 mars1907). - L'abolition de la peine de mort (25 mars 1908). - Tribunaux et prisons pourenfants : les réformes nécessaires (3 février 1909).Dauvillier (Charles). - Organisation du barreau anglais (30 janvier 1884). - Le jury (25février 1885). - Gustave Flaubert, « Madame Bovary » et le naturalisme dans le roman (2décembre 1885). - La prochaine guerre franco-allemande (20 avril 1887).Decq (Édouard). - La question étrangère en Algérie (14 mai 1913). - Le jansénisme etl'esprit révolutionnaire : de la constitution civile du clergé à la loi de 1905 (18 mars 1914).Deharveng (Henri). - Une expérience sociale : la législation australienne (réglementationdes salaires, retraites ouvrières, etc...) (15 mai 1912).Delarue (Pierre). - Le Cid dans la littérature espagnole et la littérature française (12 mars1879).Delaunay (Albert). - L'idéalisme du socialisme (21 décembre 1904). - Le droit et le devoir(21 mars 1906).

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Delaunay (Paul). - Alcooliques et névrosés : silhouettes d'écrivains (2 mai 1900).Delbreil (Joseph). - Le compagnonnage (14 janvier 1880).Déléris (Victor). - Le testament de Pierre-le-Grand (26 mars 1879). - François Coppée (4mai 1881).Delpeuch (Édouard). - Le darwinisme (7 février 1877). - Compte rendu sur « L'art d'écrire» de M. Antonin Rondelet (16 janvier 1878). - Les dialogues de Platon (10 décembre 1879).Delsol (Ferdinand). - Brizeux (11 décembre 1895). - Un artiste officiel au XVIIe siècle (12janvier 1898). - Rapport sur les travaux de l'année 1898-1899 (6 décembre 1899).Delsol (Louis). - L'antisémitisme et les catholiques en France (11 avril 1894). - Rapportsur les travaux de l'année 1895-1896 (17 juin 1896).Demaine (Albert du). - Compte rendu sur « L'appréciation générale de la théocratie » deM. Pierre Laffitte (13 février 1878). - Rouget de l'Isle et la « La Marseillaise » (10 avril1878). - Rapport sur les travaux de l'année 1877-1878 (24 juin 1878). - La société françaiseet le dix-huitième siècle (31 janvier 1879). - Du naturalisme dans le roman contemporain(26 novembre et 3 décembre 1879). - Les Contes de Perrault (17 novembre 1880). - Lamorale et la politique de Machiavel. Etude sur le traité « Du Prince » (14 février 1883).Demolins (Edmond). - Le mouvement communal et municipal au Moyen-Age (1875). - Laconstitution de la Biscaye (1876). - L'affaiblissement de la noblesse par la royauté et leTiers-Etat(1876). - Histoire d'une famille de paysans ruinée par le code civil (15 novembre1876). - Comptes rendus sur « L'état actuel des hautes études en France et en Allemagne »de M. Boutmy (17 janvier 1877). - La réforme ecclésiastique au XIe siècle (28 février1877). - Histoire de France. Préface (21 novembre 1877). - Rivalité de Louis XI et deCharles le Téméraire (6 mars 1878). - Les guerres d'Italie au quinzième siècle (15 janvier1879). - La lutte pour la liberté d'enseignement (28 avril 1880).Denis (Maurice). - Du rôle de l'Etat et de l'initiative privée dans la lutte contrel'alcoolisme (24 avril 1901).Denjoy (Jean). - La monarchie au dix-huitième siècle et la Révolution (30 novembre1881).Desforges (Pierre). - Talleyrand au Congrès de Vienne (10 février 1892). - La vieilleBastille (17 mai 1893).Desjoyaux (Claude). - Les préjugés démocratiques dans l'organisation des associationsscolaires et paroissiales (21 février 1906). - La diplomatie du royaume d'Italie après 1870(17 avril 1907). - Rapport sur les travaux de l'année 1906-1907 (12 juin 1907) - Le projet dechambre haute du duc de Broglie (1873) (29 janvier 1908). - Le bon féminisme, étude depsychologie sociale (10 février 1909). - Deux politiques réalistes : Édouard VII et le princede Bülow (12 janvier 1910). - L'Europe et la tentative de restauration monarchique en1873 (8 mai 1912).Deslandres (Paul). - « Le trompette de Saeckingen » de Scheffel (14 décembre 1898). - LaFrance et l'Europe en 1900 (29 novembre 1899). - Le drame bourgeois au XVIIIe siècle (5décembre 1900). - La Corse (4 décembre 1901). - Le catholicisme en Espagne (3 décembre1902). - Un dramaturge moraliste, M. Brieux (2 décembre 1903). - Les Albigeois e tl'Inquisition (8 décembre 1909). - La Révolution était-elle fatale ? A propos d'un nouvelhistorien de la Révolution (7 mai 1913).Desmousseaux de Givré (Félix). - Sommes-nous des Latins ? (22 février 1905). - Laquestion de l'éducation primaire en Angleterre (24 avril 1907). - Un nouveaufonctionnaire : l'attaché commercial (13 janvier 1909). - Ce qu'aurait dû être la Ligued'éducation nationale (6 mars 1912).Despéramons (André). - Etude sur Jasmin (20 décembre 1882).Deverre (Georges). - L'esthétique musicale de Wagner (6 mai 1903).Deville (Alphonse). - Les luttes religieuses en Angleterre au Moyen-Age : Henri II e tsaint Thomas Bescket (22 novembre 1876). - Les coalitions et les grèves (14 avril 1880). -Le scepticisme de Montaigne (1er juin 1881). - La philosophie au théâtre (17 et 31 janvier1883).

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Dezellus (Paul). - Le mystère de la Passion à Oberammergau (21 janvier 1891).Dhéré (Alphonse). - La Pôle Nord (23 mars 1881).Dhéré (Hyppolyte). - De l'étude des sciences géographiques (27 février 1878). -L'Afghanistan et le conflit anglo-russe (12 février 1879). - Le Zululand et la politiqueanglaise dans l'Afrique australe (18 février 1880). - Le canal de Panama (8 mars 1882). -Savorgnan Brazza et le Congo (18 avril 1883). - La Nouvelle-Calédonie (23 février 1887).Diamanti (Octave). - Etude sur le mahométisme (2 mai 1883). - Les causes de l'unificationde l'Italie (12 mai 1887). - Machiavel et le droit des gens moderne (14 novembre 1888). -Le gouvernement et les moeurs de la Perse (22 mars 1893). - L'Egypte et l'influencefrançaise (16 mai 1894). - La Syrie et la Palestine (27 mars 1895).Diard (Maurice). - Lord Palmerston et sa politique en Orient (18 janvier 1882).Didelot (-). - Fouquet (1876).Doncieux (Georges). - Victor de Laprade (19 janvier 1881).Doury (Gabriel). - La psychotérapie et le traitement des névroses contemporaines (3 mai1905).Dreuilhe (Charles). - L'influence française en Orient (13 décembre 1899).Dubreuil-Chambardel (Louis). - L'enseignement de l'histoire dans les écoles primaires(18 février 1903).Duchaussoy (Pierre). - Le luxe moderne (20 mai 1891). - M. Thiers, historien, orateur,homme d'Etat (18 mai 1892).Duchon (Louis). - L'héroïsme dans le Cid et Hernani (21 janvier 1885). - La Renaissancede la poésie povençale (10 février 1886).Duchon (Paul). - Le pessimisme dans la poésie française contemporaine (16 février 1887).- Les chasseurs alpins (11 décembre 1889).Dudon (Paul). - A propos de « L'étape » de M. Paul Bourget (16 avril 1902).Dunan (Charles). - L' « Emile » de J.-J. Rousseau (5 décembre 1877). - La philosophie deLa Fontaine (14 mai 1879).Durand (Celestin). - La société française au temps de Saint-Louis (31 mars 1886).Dutau (R.P.). - Voyage en Orient (1876).Éblé (Maurice). - La question du salaire chez les économistes catholiques (2 mars 1904). -Les premières écoles catholiques d'économie sociale (30 novembre 1904). - Pourquoi lescatholiques sont-ils divisés en plusieurs écoles sociales ? (21 novembre 1906).Estève (Edmond). - Les Parnassiens (13 mars 1889). - La méthode littéraire de M. Taine(6 janvier 1892).Été (Bernard d'). - L'impôt sur le revenu est-il justifiable ? (22 janvier 1913). - La lutteentre les canaux et les chemins de fer (21 janvier 1914).Faber (Paul). - La question du Luxembourg : le Grand-Duché et ses voisins (15 mars 1911)Facque (Robert). - Plus d'écoles officielles ! (31 janvier 1906). - Le collectivisme agraire.Comment justifier la propriété foncière ? (15 mai 1907). - Les associations de pères defamille. Doivent-elles être confessionnelles ? Doivent-elles se fédérer ? (11 mai 1910). -L'avenir de la mutualité (29 mars 1911).Faidherbe (Alexandre). - L'assistance publique en Flandre avant 1789 (9 mars 1892).Fels (André de). - La représentation proportionnelle (9 mars 1910).Ferry (André). - La ligue de l'enseignement et les patronages laïques (12 mai 1897).Festugière (Paul). - La musique (8 mai 1889). - La légitimité de la philosophie dans sesrapports avec la science et la religion (12 février 1890).Fleuriot-Kérinou (Francis). - Le dernier fils d'Arthur, poème (17 mars 1880). - « Leserment d'un captif », drame en deux actes et en vers (mars 1883).Flicoteaux (Emmanuel). - La suppression des Templiers (4 mars 1903). - Saint Bernard etles Clunistes : un problème d'art religieux (15 février 1905).Flicoteaux (Marcel). - De l'intuition chez Balzac (15 janvier 1902).Florans (Roger de). - Le théâtre chrétien (12 avril 1899).

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Flotte (Daniel B. de la). - Le massacre des Carmes (13 janvier 1886). - L'évêque Grégoire(1er décembre 1886). - Ludovic Halévy (8 février 1888).Follet (René). - Molière et les médecins (26 avril 1899).Fontenioux (François du). - La rénovation sociale par les élites (27 novembre 1912).Fontgalland (Pierre de). - Les syndicats agricoles et le projet Ruau (17 février 1909).Foucault (Albert du). - La diplomatie secrète sous Louis XV (19 février 1879). - Etude surJoubert (7 décembre 1881).Francez (René). - Qu'a été et qu'a valu la peinture française depuis quarante ans ? (20décembre 1911). - Rapport sur les travaux de l'année 1911-1912 (24 mai 1912).François-Saint-Maur (René). - Les grandes époques de la poésie française (20 décembre1876). - Compte rendu sur « Les origines de la France contemporaine » de M. Taine (24janvier 1877). - La chanson de Roland (14 février 1877). - Rapport sur les travaux del'année 1877-1878 (24 juin 1878).Francqueville (Bernard de). - Nos affaires étrangères depuis dix ans (29 novembre 1905).- Pourquoi et comment recruter l'armée noire ? Les projets Mangin et Messimy (1erdécembre 1909). - Rapport sur les travaux de l'année 1909-1910 (25 mai 1910).Friocourt (Pierre). - A quelles conditions les catholiques peuvent-ils encourager lemouvement syndical ? (11 mars 1914).Gailhard (Jules). - Michel de l'Hospital (15 avril 1885). - L'insurrection des Camisards (6février 1889).Gailhard-Bancel (Hyacinthe de). - Les syndicats agricoles (18 décembre 1901). -L'organisation des retraites ouvrières par caisses régionales et professionnelles (20décembre 1905).Gailhard-Bancel (Maurice de). - Le droit du père de famille dans l'éducation (18 mai1904). - La défense patronale à Anvers : la grève et le lock-out de 1907 : Causes et leçonsdu conflit (12 février 1908). - Les recommencements de l'histoire : de la corporation ausyndicat. A propos de la répression des fraudes (11 décembre 1912).Gailliard (Henri de). - Les luttes pour la liberté de l'enseignement (2 mars 1881).Galliard (Gabriel). - L'Eglise et l'instruction populaire (4 avril 1894).Galloo (André). - Dix ans après la mort de Ruskin (20 janvier 1900). Conservateursocialiste par esthétique (19 janvier 1910). - Sommes-nous prêts à la guerre ? (22 novembre1911).Gallut (Emmanuel). - La peine de mort (26 décembre 1888). - Le monopole de l'Université(5 mars 1890).Galtier (Louis). - Mgr Frayssinous (11 février 1891). - Les orateurs parlementaires de laMonarchie de Juillet (9 novembre 1892). - Rapport sur les travaux de l'année 1892-1893(14 juin 1893). - Des causes qui ont amené le second Empire (18 avril 1894). - La questionarméno-turque (13 janvier 1897).Gandy (Paul). - Etude physiologique sur la cellule vivante (8 mai 1878). - Etude surO'Connell (20 novembre 1878). - Le nervosisme (4 février 1880).Gazeau (Luc). - Comment se pose aujourd'hui le problème de la décentralisation ? (8janvier 1902).Gaulle (Henri de). - Etudes sur Descartes (16 janvier 1878). - Les conséquences ducartésianisme (22 janvier 1879).Gautherot (Gustave). - Le dogme révolutionnaire : comment le combattre ? (25 novembre1908).Gauthier-Villars (Henri). - Les Parnassiens (1er mars 1882). - L'humour américain (4avril 1883).Gayffier (Léonce de). - La poésie contemporaine. Sommes-nous en décadence ? (4 février1885). - « La morte » de M. Octave Feuillet (3 mars 1886).Geoffroy de Grandmaison (Charles). - L'influence des évêques aux premiers siècles dela Gaule (21 avril 1880). - L'Eglise et l'Etat (12 janvier 1881). - Etude sur Xavier deMaistre (23 novembre 1881). - La femme au XIXe siècle (12 décembre 1883). - Rapport sur

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les travaux de l'année 1883-1884 (18 juin 1884). - La correspondance de Louis Veuillotavec madame la Vicomtesse de Pitray (18 mars 1885).Gerlier (Pierre). - Le mouvement gréviste contemporain (19 décembre 1900). - L'avenir dumouvement syndical : le contrat collectif de travail (22 avril 1903). - Rapport sur lestravaux de l'année 1902-1903 (10 juin 1903). - La législation sociale et la famille (10novembre 1909). - Au retour du Congrès eucharistique de Montréal (9 novembre 1910, avecM. Georges Baril). - Au retour de Rome : Pie X et la jeunesse catholique de France (12novembre 1913).Germain (André). - M. de Vogüé, le poète et le penseur (23 novembre 1904).Germiny (Robert de). - Les trusts et le président Roosevelt (19 février 1908).Gibergues (Charles de). - L'apprentissage hier, aujourd'hui, demain (17 janvier 1912). -L'impôt et les familles nombreuses (26 février 1913).Gilles (Robert). - Une loi nécessaire : la protection de l'ouvrier contre les maladiesprofessionnelles (25 janvier 1911).Glotin (Hyacinthe). - Les criminels et la responsabilité (20 mars 1889). - Les prisons (23avril 1890). - L'unité de l'espèce humaine (14 janvier 1891). -Godefroy (Eugène). - La politique religieuse de Louis XIV (26 novembre 1884).Gorce (Edmond de la). - Rome et la question italienne (29 avril 1896).Gouraud (Xavier). - L'hygiène et la nouvelle loi sanitaire (7 mai 1902).Gouriou (Docteur). - Mes souvenirs de la guerre des Balkans (9 avril 1913).Goury du Roslan (Henri). La dépopulation : le problème, les remèdes (16 février 1910).Grandmaison (Henri de). - Compte rendu sur « Les corporations ouvrières » de M.Harmel (9 janvier 1878). - Le mouvement corporatif en France depuis 1791 jusqu'à nosjours (22 mai 1878).Grandmaison (Louis de). - La chevalerie (6 mai 1885).Granger (Noël). - La ligue ou un mouvement populaire à la fin du XVIe siècle (24 mars1886).Granges (Charles des). - « L'Apôtre » de M. Henri de Bornier (15 février 1882).Grenier (Joseph). - Les assemblées de Vizille et de Romans 1788-1888 (15 mai 1889).Griffaton (Joseph). - Madame de Maintenon (1876). - Examen de diverses brochures surla situation des associations religieuses en France (28 février 1877). - Compte rendu sur «Molière et Bourdaloue » de M. L. Veuillot (5 décembre 1877). - Les races slaves et laquestion d'Orient (23 janvier 1878).Griffaton (Lucien). - L'Inquisition et Philippe II (21 décembre 1881).Griveau (André). - Taine (13 février 1901).Guestiers (Raoul de). - Etude sur l'histoire de la Révolution française, de ThéophileLavallée (1875). - Les dernières oeuvres de Donoso Cortès (7 janvier 1880). - Rapport surles travaux de l'années 1879-1880 (16 juin 1880). - La « Conquête jacobine » (17 novembre1881). - Du suffrage universel (6 février 1884). - La Franc-Maçonnerie (12 mars 1884).Guibald (Louis). - Molière, Plaute et Térence (26 février 1880). - Guyot (Pierre). - Laliberté d'enseignement (1er mars 1899). - La mission de l'avocat (17 janvier 1900).Guyot (Pierre). - La mer et le marin dans la poésie française au XIXe siècle (28 novembre1900). - La mission de l'avocat (17 janvier 1900).Gyarfas (Elemér de). - Une séparation faite à l'amiable : l'Eglise et l'Etat en Hongrie (24mai 1905).Haas (Léon). - Les socialistes et le capital (19 janvier 1898).Halleux (Louis). - L'hérédité au point de vue naturel (5 mars 1884).Hans (Pierre). - La situation juridique du Pape au point de vue international (27 février1901). - Le projet Rouvier (16 juin 1903) et l'impôt sur le revenu (3 février 1904).Harmel (Léon). - Les syndicats (3 février 1887). - L'action de la jeunesse catholique (1erfévrier 1888).Hébrard (François). - Les grands magasins (24 mars 1897). - Le droit de grève (16 mars1898). - La cité de Ruskin (8 mai 1901). - Rapport sur les travaux de l'année 1900-1901 (19juin 1901). - L'esprit de l'enseignement primaire officiel (18 mars 1903). - Essai

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d'organisation catholique en vue de la séparation (11 janvier 1905). - Education populaire :la formation préalable (2 mai 1906). - Dans quel esprit abrder l'éducation populaire ? (17mars 1909).Héroux (Omer). - La séparation de l'Ecole et de l'Etat au Canada français (18 novembre1908).Heurtaux-Varsavaux (Gustave). - Les syndicats professionnels (21 décembre 1887).Heuveln (Jules Van den). - La liberté religieuse (16 mai 1877).Hubin (R. P.). - Voyage en Orient : Constantinople, Athènes, Jérusalem (22 novembre1882).Hudault (Joseph). - Les contrastes de la vie dans notre littérature contemporaine (13 avril1904).Hugleville (Hélion d'). - La suppression des parlements par l'Assemblée constituante (23avril 1913).Janet (Pierre-Claudio). - Les Elections en Angleterre en 1895 (8 janvier 1896).Jarry (Henri). - Les défauts de l'enseignement (7 décembre 1898). - Les coopératives.Faut-il les propager ou demander leur suppression ? (5 décembre 1906). - La vénalité descharges ministérielles et les projets du gouvernement (27 novembre 1907). - L'applicationde la loi sur le repos hebdomadaire : causes de l'échec et améliorations possibles (5 mai1909). - Une réaction contre l'individualisme : nos récentes lois sur la petite propriété (30avril 1913).Josso (François). - Une controverse de nos jours au temps de Saint Louis : les rapports dupouvoir spirituel et du pouvoir temporel (6 mai 1914).Jouenne (-). - La vie à Londres (18 mai 1881).Julhiet (Édouard). - Les assurances ouvrières obligatoires (5 décembre 1894). - Rapportsur les travaux de l'année 1894-1895 (17 juin 1895). - L'Allemagne et les progrès de sonindustrie (18 novembre 1896).Kergos (François de). - Idéalisme ou réalisme en littérature ? (27 mai 1908).Keraly (Jean). - Théodore Botrel, barde breton (27 janvier 1904).Ketterer (Emile). - Le procès de Galilée (2 février 1878).Laborde (Henri). - La liberté d'association (25 avril 1894).Lac (R. P. du). - Le travail des femmes dans l'industrie et l'habillement à Paris et la loides 2 et 3 novembre 1892 (14 décembre 1892).La Casinière (Henri de). - Les restes du romantisme dans la littérature contemporaine (15janvier 1908).Lacombe (Emmanuel). - Rivarol (14 mars 1900). - Alphonse Daudet (20 mai 1903).Lacretelle (Etienne). - A quoi tient l'expansion commerciale de l'Allemagne ? (18 février1914).Lagarde (Ernest). - L'art chrétien dans les peintures de Michel-Ange et de Raphaël (5janvier 1887). - Saint François d'Assise (8 janvier 1890).Lagarde (Henri). - La Hollande (7 mars 1894).Lagérie (Roland de). - Roosevelt et Chamberlain ; l'impérialisme en Angleterre et enAmérique (5 avril 1905).La Grange (Amaury de). - L'Angleterre et ses rivales : étude économique (18 décembre1907).Lamarzelle (Gustave de). - La féodalité (1875). - Pie IX et la Révolution (7 mai 1879). -Pour la défense de l'âme française : la question des humanités (8 novembre 1911).Lamarzelle (Henri de). - Les catholiques et le mouvement syndical (8 février 1905).Langevin (Eugène). - De l'actualité d'Alfred de Vigny (16 décembre 1903). - Henri deRégnier poète et le symbolisme (14 décembre 1904). - Rapport sur les travaux de l'année1904-1905 (9 juin 1905). - J. M. de Heredia, ou l'art de rendre l'imitation originale (6décembre 1905). - Un méconnu : Auguste Barbier (16 janvier 1907). - La poésie religieusecontemporaine (11 décembre 1907). - Les insuffisances de Sully-Prudhomme (20 janvier1909). - La démission de l'esthétique catholique (7 février 1912).Lanier (Paul). - Les Mémoires du général baron de Marbot (27 janvier 1892).

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Laplatte (Georges). - Le Saint-Simonisme (3 février 1897). - Le néo-christianisme (23février 1898).Lasalle (Jean de). - L'armée aux grèves (28 février 1912).Latil (Victor). - Les localisations cérébrales (17 décembre 1879).Laudet (Fernand). - Les romans d'Octave Feuillet (9 février 1881). - A propos des« Souvenirs d'enfance et de jeunesse » d'Ernest Renan (5 décembre 1883).Laudet (Robert). - Un héros de la charité : l'apôtre des lépreux, Joseph de Veuster (4janvier 1911).Laudet (René). - Compte rendu sur le « Plan d'un nouvel équilibre en Europe » de Josephde Maistre (12 décembre 1877). - Etude sur Calderon (4 décembre 1878). - Etude surSchiller (19 novembre 1879).Lauras (Jean). - Réorganisation de l'Eglise catholique en France par Napoléon 1er (12novembre 1891). - Montalembert (8 mars 1893). - Les avocats et le barreau (6 mars 1895). -Soyons Français (17 novembre 1897).Lauras (Régis). - La prospérité économique de l'Allemagne (21 novembre 1900). - L'Etatdoit-il obliger les patrons à s'assurer contre le risque professionnel ? (20 janvier 1902).Lauras (Joseph). - La défense militaire de la France par la navigation aérienne (20 avril1910).Lauras (Xavier). - La rentrée des Bourbons en France (27 janvier 1886). - La France etl'Algérie (22 décembre 1886). - La responsabilité des accidents du travail (16 janvier 1889).Laurent (Charles-Henri du). - Rome et le Vatican, impressions et souvenirs (1er juin 1904).Laurentie (Joseph). - Marie Stuart d'après les nouveaux documents (27 février 1884). -Les poésies de M. Sully-Prudhomme (20 mai 1885).Laya (Louis). - La Louisiane (7 décembre 1887).Le Bec (Pierre). - Les classes sociales tendent-elles à s'unifier ou à se différencier ? (19décembre 1906).Le Bleu (Louis). - Térence et la comédie latine (1875). - La décentralisation (mai 1876). -Rapport sur les travaux de l'année 1874-1875 (14 juin 1875).Le Breton (Paul). - Le collège royal et l'enseignement supérieur au XVIe siècle(22 janvier1896).Le Brun (Raphaël). - Les Français à Madagascar (18 novembre 1885).Le Camus (Édouard). - Le château de Chantilly (19 janvier 1887). - Le comte de Falloux(6 Mars 1889).Le Cointe (Pierre). - Les lois Doumergue. Comment les combattre avant ? Comment yrésister après ? (11 novembre 1908).Leconte (Joseph). - Constantinople (4 février 1903).Lefébure (Pierre). - Le mouvement colonial en Allemagne (10 décembre 1902). - Le Marocet le traité franco-anglais (29 mars 1905). - Rapport sur les travaux de l'année 1905-1906(30 mai 1906) - L'école primaire depuis cent ans et nos revendications présentes (28 avril1910). - Un nouveau complot huguenot-maçonnique : l'accablement de la jeunesse parl'obligation postscolaire (26 avril 1911). - Comment établir en France la répartitionscolaire ? (16 avril 1913).Lefèvre-Pontalis (Gérard). - Les Mémoires de Saint-Simon (19 février 1890). - Laquestion antiesclavagiste (4 février 1891).Le Franc (Hyacinthe). - La tradition française (25 janvier 1888). - Le suffrage universel(20 novembre 1889).Legendre (Maxime). - Le principe de non-intervention (3 mai 1882). - La réformejudiciaire (10 janvier 1883). - Rapport sur les travaux de l'année 1882-1883 (18 juin 1883).- Frédéric II et Marie-Thérèse (9 janvier 1884). - La liberté de la presse (7 avril 1886). - Lecardinal Pie (24 novembre 1886). - Le droit d'association (22 février 1888). - Le cardinal deBonnechose (21 novembre 1888). - Le mariage et la loi civile (19 mars 1890). -L'expédition du Mexique (22 avril 1891). - La réparation des erreurs judiciaires (16novembre 1892). - La liberté de l'enseignement primaire (13 mars 1895).Le Liepvre (Charles). - L'organisation des catholiques à Bergame (14 mars 1906).

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Le Maout (Emmanuel). - De l'amendement du prisonnier : supériorité del'emprisonnement cellulaire sur l'emprisonnement en commun (21 mars 1900).Lemarignier (Louis). - Camille Desmoulins, Robespierre et la Révolution (28 février1883). - Mgr Dupanloup et la loi de 1850 sur la liberté d'enseignement (13 février 1884). -A propos de « La France juive » de Drumont (5 mai 1886). - Rapport sur les travaux del'année 1885-1886 (26 juin 1886). - Le mariage dans les comédies (9 mars 1887).L'Epervier (Hervé de). - Que deviendra la chambre des Lords ? (13 mai 1908).Lèques (Georges). - Les projets de monopole des assurances (13 mars 1912).Lerolle (Jean). - Les origines du mouvement social catholique en France (10 février 1904).Leroux (André). - Le testament de Windthorst, étude sur l'union des catholiquesallemands (11 décembre 1901). - Unificaiton et autonomie en matière d'enseignementprimaire (le bill Balfour, 3 décembre 1902) (14 janvier 1903). - Les procédés de résistancedes catholiques allemands (1er février 1905).Lescane (Germain). - Etude sur « Hernani » de Victor Hugo (28 janvier 1880).Lesort (André). - La légende de Faust chez Goethe et chez Calderon (20 février 1895).Lestapis (Arnaud de). - Au temps de la Révolution : fallait-il émigrer ? (15 janvier 1913).Letalenet (Henri). - Les origines de l'empire de Chine (1876). - Etude sur une inscriptionassyrienne (1876). - Le déluge, d'après un poème assyrien (24 janvier 1877).Le Tallec (R. P.). - Le général de Pimodan (18 décembre 1889). - Notre-Dame de Chartres(4 juin 1891). - Pie IX : le Pontife, le Roi, le Père (13 janvier 1892). - Pélerinage de laJeunesse catholique à Lourdes et à Paray-le-Monial (15 novembre 1893).Lethielleux (Pierre). - Les idées politiques de Fénelon (14 janvier 1914).Létourville (Gaston de). - Compte rendu sur « Le procès des ministres de Charles X » deM. Daudet (27 mars 1878).Létourville (Henri de). - Les Misanthropes (11 janvier 1882). - Trois jours à Louvain (27mai 1885).Levarey (Achille). - Corneille avant le Cid (24 novambre 1880).Libert (Jean). - Le Français doit-il émigrer ? (23 novembre 1910). - Rapport sur lestravaux de l'année 1910-1911 (30 mai 1911).Loeper (Maurice). - La culture intellectuelle et artistique du médecin (27 avril 1898).Lohse (Félix). - La crise du patriotisme à l'école laïque (17 janvier 906).Longhaye (R. P.). - Bouvines, trilogie en vers avec choeurs (23 avril 1879). - Les lois dela parole (10 mars 1880).Longuemare (Pierre de). - Voyage en Sicile (25 janvier 1905, avec projection des vues prisespar M. Joseph Leconte). - Y aura-t-il toujours des guerres ? La guerre n'a-t-elle que deseffets désastreux ? (8 mai 1907).Lorencky (Guillaume de). - Beowulf, poème saxon (8 décembre 1880).Malaingre(André). - La médecine à Rome sous les Césars (7 février 1883).Malarkey (John). - La nationalisation du sol (9 mai 1883).Mareille (Marc). - L'art en Chine et au Japon (11 mars 1896).Margerin (Fernand). - La question du désarmement (24 mars 1909). - De l'influenceallemande en France, et comment la combattre ? (10 mai 1911).Martin (Alfred). - Le travail et le salaire (1875).Martin (Evariste). - Compte rendu sur « Les utopies et les réalités de la question sociale »de M. Xavier Roux (23 janvier 1878). - Etude sur le rôle et l'influence de Colbert (27 mars1878). - Philosophie pratique, ou recherche sur la connaissance des hommes et de soi-même d'après les systèmes de physionomie, phrénologie, chiromancie et graphologie (7février 1882).Martin (Joseph). - Les Caisses rurales (6 février 1895).Martin (Octave). - Macbeth (7 janvier 1885).Marty (Henri). - Comment préparer la France de demain ? L'Education nouvelle (23décembre 1908).

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Mathis (Henri). - Le problème des races chrétiennes d'Europe après la révolution Jeune-Turque (16 décembre 1908).Maynard (Marc de). - La critique littéraire d'après Pascal (1876).Maze (Georges). - Fénelon et Cambrai (16 décembre 1885). - M. Pailleron (15 décembre1886). - L'amitié (11 janvier 1888). - Les poésies du RP Tricard (16 mai 1888). - Lamartine(21 mai 1890).Mazodier (Jean). - Le ministère Casimir-Périer (4 mars 1885). - L'avènement deBonaparte à l'Empire (17 février 1886). - La critique de Sainte-Beuve (26 janvier 1887).Mélot (Auguste). - Révision de la Constitution en Belgique (10 janvier 1894).Ménard (Anthime). - Etude sur la Constitution américaine (7 mai 1884).Ménard (Joseph). - Les juridictions politiques (24 janvier 1900).Méry (Gaston). - Les apparitions de Tilly-sur-Seules (18 et 25 janvier 1899).Michaux (Docteur Paul). - L'action sociale des patronages (17 décembre 1890).Mijoule (Joseph). - Taine et le problème religieux (26 janvier 1910). - Un poète de retouraux champs : Arsène Vermenouze et le félibrige (16 novembre 1910).Miré (Henri de). - Le plain-chant (25 février 1891).Moisant (R. P. Joseph). - Montalembert, chef du parti catholique (9 mars 1898).Moissinac (Paul). - Bossuet et la théorie du pouvoir absolu (3 décembre 1913).Montauzan (Camille de). - Les idées sociales de Jean Grave et de Sébastien Faure (26février 1896).Monteil (Maurice). - Le militarisme (9 décembre 1891). - Rapport sur les travaux del'années 1891-1892 (15 juin 1892). - Décadence et fin de siècle (3 mai 1893). - Mgr Freppel(28 février 1894). - L'oeuvre de Puvis de Chavannes (2 mai 1895). - Le rire dans l'histoire(17 février 1897). - La caricature politique en France depuis la Révolution (30 novembre1898). - La caricature militaire depuis la Révolution (22 novembre 1899).Montmeylian (Emile de). - Les Français au Canada (7 janvier 1891). - La presse (15 mars1893).Moreau (Joseph). - Le régime du travail au Moyen-Age et dans les temps modernes (2 et30 avril 1879).Morel (Édouard). - Le socialisme dans l'antiquité et les temps modernes (15 février 1888).- L'eclavage africain (23 janvier 1889).Morel (Maurice de). - Pierre Loti (14 mars 1888). - Brizeux (16 mai 1888).Mouly (Joseph). - Louis Pasteur (23 avril 1902).Noaillat (Georges de). - Comment rétablir le budget du culte catholique ? - Les diversprojets (9 mai 1906).Normand (Lucien). - Les cahiers de Malouet (27 avril 1881). - La France colonisatrice (25avril 1883). - De l'intervention de l'Etat en faveur des ouvriers sans travail (30 avril 1884).- Le divorce au Palais (10 décembre 1884). - Rapport sur les travaux de l'année 1887-1888(20 juin 1888). -Voyage au Cap Nord (12 décembre 1888). - La France et ses missions enAfrique (16 janvier 1895). - Le fisc et les Congrégations (13 novembre 1895).Nové-Josserand (Jean). - Le féminisme au XXe siècle (4 décembre 1912).Nusbaumer (Eugène). - Nietzsche et la théorie du surhomme (10 mai 1904).Nyssens (Albert). - Compte rendu sur « Les Etats-Unis » de M. Claudio Jannet (7 mars1877).Ojardias (Albert). - La Sainte-Alliance (21 février 1894). - L'oeuvre de Richard Wagner e tla renaissance de l'art idéaliste (9 décembre 1896).Papillon (Maurice). - Le procès des Templiers (18 avril 1888). - Le duc d'Enghien (30janvier 1889).Parat (Emile). - L'action directe et la violence ouvrière (6 janvier 1909).Parent du Châtelet (Joseph). - Voyage en Orient : le Liban, l'Egypte (16 mai 1883). - Ledernier voyage du RP Hubin (21 novembre 1883). - La Sainte Vierge et la France (17décembre 1884). - Les catacombes de Rome (17 novembre 1886). - Rapport sur les travauxde l'année 1886-1887 (22 juin 1887). - La peinture au Salon de 1888 (23 mai 1888). -L'éminence grise (le P. Joseph) (16 avril 1890).

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Parscau du Plessis (Raymond de). - Les légendes et les traditions bretonnes (18 février1885). - Etude sur les hommes de mer (17 mars 1886). - La poésie des races celtiques (4mai 1887). - La marine militaire moderne (22 février 1888). - La pêche (11 mars 1891). -Les explorations sous-marines et le fond de la mer (24 avril 1895).Pélissier (Édouard). - Les articles organiques (1876).Pelletier (Maurice). - L'art nouveau (21 janvier 1903). - Les sociétés coopératives deproduction (25 mai 1904).Pescher (Joseph). - L'hypnotisme et la suggestion (6 janvier 1886).Peyerimhoff (- de). - La psychologie des Jacobins (4 janvier 1893).Philippon (Georges). - Beaumarchais (1875). - Romieu de Villeneuve (31 janvier 1877). -Compte rendu sur « Bernard Délicieux et l'Inquisition albigeoise » de M. Hauréau (2 mai1877).Picard (Auguste). - L'esprit scientifique dans la littérature contemporaine (15 janvier1890).Pierling (R. P.). - Les derniers jours d'Alexandre Ier (1er décembre 1897).Pillet (Emile). - Les rayons X et la photographie à travers les corps opaques (18 mars1896).Pinot (Robert). - Histoire de la lutte pour la liberté d'enseignement (19 novembre 1884). -« Monsieur Vincent » et le Coadjuteur pendant la Fronde (9 décembre 1885).Piot (Georges). - Conciliation et arbitrage en matière de grèves (16 novembre 1904).Plantier (R. P.). - La jeunesse catholique de Lyon (1er mars 1893).Plista (Achille). - Le Talmud (16 décembre 1891).Plouvier (Henri). - Le gouvernement démocratique en Suisse (15 avril 1896).Pontal (Édouard). - Compte rendu sur « Les Jésuites et l'Université devant le Parlementau XVIe siècle » de M. Desjardins (7 février 1877). - Compte rendu sur la « Revue desquestions scientifiques » (21 février 1877). - L'Eglise et les classes agricoles au Moyen-Age (14 mars 1877). - Monographie de la grande Confrérie de Notre-Dame (19 décembre1877). - Les articles organiques et le Concordat de 1801 (13 mars 1878). - Essai sur lestransformations de l'architecture religieuse depuis ses origines jusqu'à la Renaissance (23février 1881). - Rapport sur les travaux de l'année 1880-1881 (22 juin 1881). -« Torquemada » de Victor Hugo (29 novembre 1882).Poret (Jacques de). - La providence dans l'histoire (13 décembre 1882).Porquet (Jean). - Le droit d'aînesse en France et spécialement en Normandie (31 janvier1912).Porte (Joseph de la). - Historique de la Déclaration des Droits de l'Homme (3 novembre1884).Postansque (Alexandre). - Les idées politiques du duc de Saint-Simon (20 février 1884).Prédeau (Guy de). - Le principe des nationalités (29 novembre 1911).Prieur (Prosper). - Le roman chrétien (19 décembre 1883).Pyfferoen (Oscar). - L'action catholique en Belgique (24 février 1892).Quinquet de Monjour (Paul). - Le féminisme (17 décembre 1902).Quirielle (Pierre de). - M. Taine, historien de la Révolution (28 janvier 1885).Rauglaudre (Henri de). - La poésie est-elle morte en France ? (7 décembre 1910). - Dupessimisme : sa valeur en littérature et en morale (6 décembre 1911). - La critique de M.Jules Lemaître (28 mai 1913).Reyne (Joseph). - La messe du Sacré-Coeur de M. Gounod (27 novembre 1878). - LesNoëls de Provence et du Comtat (8 janvier 1879).Revel (Guy de). - L'évolution du parti libéral en Angleterre (12 décembre 1906).Reverdy (Henri). - Pélerinage de la Jeunesse française à Rome (11 novembre 1891). -Paysages bretons (7 décembre 1892). - Le prochain Conclave (20 mars 1895). - Le rôle de laJeunesse catholique française (19 avril 1899). - Les lassitudes et les espérances descatholiques de France (16 janvier 1901).Reynold de Cressier (Gonzague de). - Les institutions de la Suisse (20 janvier 1901). -Le Sonderbund (26 février 1902).

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Ribault (Joseph). - Le mouvement breton contemporain (28 avril 1897). - Le risqueprofessionnel (22 décembre 1897). - Rapport sur les travaux de l'année 1897-1898 (15 juin1898). - Le minimum de salaire (21 décembre 1898).Richard (Sosthène). - Jeanne d'Arc dans les Lettres, dans les Arts (14 mai 1884). - Lesfinances de la Restauration (14 décembre 1887).Riché (Georges). - Un idéaliste : Beethoven (22 février 1911). - Le conflit actuel entrel'Etat et les compagnies de chemins de fer (14 février 1912).Rigaud (Casimir). - Patay (4 décembre 1895).Rincquesen (- de). - Les expositions universelles (21 mars 1877).Rincquesen (André de). - L'aviation va-t-elle supprimer la cavalerie ? (24 janvier 1912).Rincquesen (Jean de). - La crise commerciale de 1907 et ses conséquences présentes (28mai 1909). - L'impôt sur le revenu et ses conséquences sociales (24 décembre 1909).Rive (Théodore de la). - Les causes morales du mouvement catholique en Angleterre (30mars 1881). - Saint François de Sales écrivain (17 mai 1882).Rivet (Auguste). - L'enseignement primaire en présence des lois actuelles (28 janvier1891).Rocafort (J.). - Un élément mal connu de la guerre au catholicisme (14 novembre 1906).Rochette de Lempdes (Victor). - L'abandon des campagnes par les populations rurales(25 janvier 1893).Rochette de Lempdes (Gabriel). - De la propriété des Eglises : l'histoire, le droit positif,l'équité (31 mai 1905).Rochot (Ernest). - A quoi tient la supériorité de l'Amérique du Nord sur l'Amérique du Sud? (1876).Roger (Maurice). - Introduction et discussion logique du réalisme dans la littératurefrançaise (12 mai 1880). - « La Moabite » de Déroulède (1er décembre 1880).Rome (Etienne). - L'apologétique de Pascal (28 janvier 1903).Ropartz (Joseph-Guy). - Les mélodies bretonnes (26 mai 1887).Rotalier (Hélion de). - La préface de Cromwell (1876). - Etude sur « Rome vaincue »,tragédie de M. Parodi (29 novembre 1876).Rotours (André des). - La question bulgaro-serbe (20 janvier 1886).Rotours (Jules des). - Compte rendu sur « La famille avant la Révolution » de M. Ch. deRibbes (6 février 1878). - La question irlandaise hors d'Irlande (25 novembre 1885). - Lapolitique financière des Jacobins (2 février 1887). - L'Etat et ses fonctions (29 janvier1890).Rotours (Robert des). - Le programme naval de la France (3 mai 1911).Roussiers (Paul de). - Le pouvoir temporel du Pape (1876).Rousselière (Maurice de la). - La liberté testamentaire (1876).Rubat du Mérac (Henri). - Les orateurs de la Révolution (10 décembre 1890). - Rapportsur les travaux de l'années 1890-1891 (17 juin 1891). - Les drapeaux de la France (8 février1893). - France, Pologne, Russie (31 janvier 1894). - L'abbaye de Cluny (13 février 1895). -Les biens du clergé et l'Assemblée constituante (5 février 1896). - Les magistrats françaisdans la littérature avant la Révolution (10 mars 1897). - L'impérialisme anglais (16 mai1900).Ruyssens (Alphonse). - La suppression des octrois (22 février 1882).Sabatier (Jean). - Le catholicisme en France pendant le XIXe siècle ; causes dedécadence et germes de renaissance (27 janvier 1909).Saillard (Antoine). - La question sociale (22 mai 1889). - La Révolition en Franche-Comté, 1789 à 1795 (27 avril 1892).Saint-Basile (Henri Gaultier de). - Histoire économique et sociale des populationsagricoles de Normandie (9 décembre 1903). - La désertion des campagnes ; les causes, lesconséquences, les remèdes (18 janvier 1905).Saint-Blancard (Louis de). - Le mouvement pangermaniste et la crise autrichienne (1ermai 1901). - Allons-nous à un rapprochement anglo-allemand ? (24 avril 1912).Saint-Maixent (René de). - Etude sur le caractère religieux de Henri IV (20 mars 1878).

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Saint-Maur (François). - Rapport sur les travaux de l'année 1876-1877 (19 juin 1877).Saint-Pulgent (Léon de). - Un nouveau « Contrat social » : le solidarisme (5 juin 1907).Saint-Raymond (Fernand). - Le libre-échange et la protection (Etude posthume lue parM. de Préaudeau, 1875).Saleilles (Raymond). - Le théâtre contemporain : Rome vaincue, Peul Forestier, l'AmiFritz (7 mars 1877). - La poésie du désespoir (6 février et 15 mai 1878). - Rapport sur lestravaux de l'année 1878-1879 (25 juin 1879). - L'idée du droit en Allemagne et enAngleterre (3 mars 1880).Salle (Henri de la). - Pourquoi et comment la Réforme a échoué en France au XVIe siècle(27 janvier 1897). - L'instruction primaire et la Révolution (22 février 1899). - La jeunessede Madame Roland (30 avril 1902).Salles (Georges). - Kant a-t-il fondé la notion de la dignité de la nature humaine ? (25mars 1914).San Carlos (Louis de). - La crise cubaine (1er février 1899).Sanard (Prosper). - François Coppée, poète dramatique (4 mars 1896).Sardin (Henri). - Les chiens de guerre (3 février 1892).Sars (Albert de). - Gambetta (23 mars 1898). - La vie et l'industrie du chiffonnier parisien(15 mars 1899). - Politique de tsars : la question finlandaise (20 mars 1901). - Lessyndicats agricoles des bûcherons du Centre et des viticulteurs du Midi (16 mars 1904). -La question du vote des femmes (13 mars 1907).Sart (Raoul du). - La question agraire en Irlande et le rôle d'O'Connell (16 mars 1881).Saugy (Ernest de). - Leconte de Lisle (22 avril 1896). - L'Abyssinie et la chute duministère Crispi (24 février 1897). - Autour de la neutralité suisse (16 février 1898).Sayette (Louis de la). - Enseignement classique et éducation démocratique (12 mars1902).Scheffter (Lucien). - L'Hôtel de Rambouillet (11 février 1880). - La politique française enAllemagne avant et après Sadowa (26 novembre 1883).Schneider (Adolf). - La vie de l'étudiant allemand (6 février 1901).Selle (Henri de la). - Ames en route : Brunetière, Bourget, Huysmans, Retté (11 mars1908). - L'esprit théorique et l'esprit pratique chez Jean-Jacques Rousseau : éducation etgouvernement (4 mai 1910).Séroka (Joseph de). - Les grèves (19 mai 1886). - Garcia Moreno (16 novembre 1887).Sévène (Paul). - Etude sur le théâtre contemporain : les pièces à thèse (1875).Silvy (Léon). - Sorti du Kantisme. Une renaissance de la philosophie spiritualiste :l'oeuvre de M. Dumesnil (28 novembre 1906).Sortais (Gaston). - Berryer (1875).Suau (Pierre). - L'apologétique de Ferdinand Brunetière (9 janvier 1907).Sussex (Gabriel de). - La théorie générale de la graphologie (12 février 1896).Sylvain (Georges). - Haïti (28 janvier 1890).Taigny (Olivier). - Chateaubriantdet sa politique (23 avril 1884).Taudière (Emile). - L'art dans les sociétés modernes (22 mars 1911).Teillard de Chazelles (René). - Compte rendu sur « L'organisation de la famille » de M.Le Play (20 février 1878).Thiéblin (Louis). - L'Eglise et le siècle d'après Mgr Ireland (2 mai 1894). - Paul Bourgetvoyageur (29 janvier 1896). - Mgr d'Hulst intime (25 novembre 1896). - Henri Lavedan (11janvier 1899).Thuilard (Paul). - Les Parlements (12 janvier 1887).Toubeau de Maisonneuve (Jean). - Donoso Cortès (26 février 1890).Tour (Charles de la). - La révocation de l'Edit de Nantes (12 mai 1909).Tour (Henri de la). - Les droits de l'enfant en matière de liberté d'enseignement et lesprochaines lois scolaires (18 janvier 1911).Tournade (R. P.). - La vie d'un missionnaire en Chine (2 mars 1892). - Les sociétéssecrètes en Chine (9 mai 1900).

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Tourret (Gaston). - Le pontificat de saint Pierre à Rome (1875). - La situation légale duchristianisme pendant les trois premiers siècles (18 avril 1877).Tramecourt (Renaud de). - O'Connell (22 avril 1885). - La France au Congrès de Vienne (3février 1886).Troude (Robert). - Le dieu des primaires, étude sur la religion du progrès (13 avril 1910).Truck (RP). - Légendes d'Alsace (26 avril 1893).Tyszkiewicz (Georges). - La question agraire en Russie (30 janvier 1907).Usannaz-Joris (Marcel). - Les deux annexions de la Savoie à la France (2 mars 1898). -La politique et l'administration française aux colonies (8 février 1899). - Figues, scènes etpaysages d'Orient, d'après Eugène Fromentin et Pierre Loti (13 mars 1901).Valence (Joseph de). - Le village sous l'ancien régime (19 mars 1884). - Le pouvoirtemporel du Pape devant la raison, l'histoire et la politique (2 mars 1887). - Les salons dela Restauration (28 novembre 1888). - Rapport sur les travaux de l'année 1888-1889 (22juin 1889). - Le repos du dimanche (28 mai 1890).Vallage (Paul). - La querelle des anciens et des modernes au XVIIe siècle (1875).Vathaire (François de). - Les habitations à bon marché (23 décembre 1896). - Les caissesd'épargne (19 février 1902).Verckruyss (Georges). - La nature humaine d'après Pascal (9 mars 1881).Vergniaud (Ernest). - Les responsabilités de la guerre de 1870 (10 décembre 1913).Veuillot (Bernard). - Louis Veuillot fut-il un catholique social ? (26 novembre 1913).Veuillot (François). - L'action catholique en France (16 mars 1892). - La Jeunessecatholique et l'action sociale (30 novembre 1892). - La représentation professionnelle et leSénat (1er mai 1895). - Le droit d'association (18 décembre 1895).Veyrenc (Flavien). - L'utopie anarchiste (8 mars 1899).Vianey (Joseph). - Le lyrisme dans Corneille (11 avril 1888).Villedieu (Henri de). - Qu'est-ce que le beau en musique (1er mai 1912, conférence illustréed'auditions musicales). - Y a-t-il une musique catholique ? Doit-il y en avoir une ? (29janvier 1913).Villedieu (Jean de). - La décentralisation régionale : sur quelles bases l'entreprendre ? (4mars 1914).Vimal (Pierre). - L'indépendance de la critique contemporaine (21 février 1900). - Lescontremaîtres dans la littérature contremporaine (13 mai 1903). - Trois tentations deMaurice Barrès (9 mars 1904). - Le dilettantisme de Sainte-Beuve (17 mai 1905). - LeGobinisme (28 mars 1906). - La légende du dilettantisme (18 mars 1908).Vliebergh (-). - La situation actuelle des partis politiques en Belgique (2 février 1898).Walzer (Louis). - Le budget du culte catholique et le Concordat (18 avil 1882). - Etude surDante (6 décembre 1882). - Les Mémoires du prince de Metternich (23 janvier 1884). - LesMémoires du baron de Vitrolles (11 mars 1885).Warin (Robert). - Gentilshommes d'autrefois : une leçon pour le temps présent (24 janvier1906). - L'évolution du syndicalisme : de la loi de 1884 à la CGT (2 décembre 1908).Waru (Robert de). - L'évolution du libéralisme (7 février 1906).Waru (Maurice de). - Finances et démocratie (1er avril 1908). - Rapport sur les travaux del'année 1907-1908 (5 juin 1908).Wilbien (Jules). - Ambroise Paré (15 décembre 1880).Zamanski (Joseph). - Daudet et le problème de la vie (10 mai 1898). - Rapport sur lestravaux de l'année 1899-1900 (19 juin 1900). - Vraie et fausse démocratie (11 février1903). - Les indications de l'Encyclique du 8 septembre et le programme des catholiquessociaux (13 novembre 1907).

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ANNEXE VII

L ISTE ALPHABETIQUE DES CONFERENCIERS1919-1942654

Abd-El-Djalil (M.). - L'art marocain (1926-1927).Amfreville (Henri d'). - La Raison et la Foi (1923-1924). - Psychologie de lajeunesse dans le roman moderne (16 mars 1927).Argila (M. d'). - Le coup d'Etat espagnol (1923-1924).Auffray (Henri). - A-t-on le droit d'être libéral ? (1919-1920). - L'enthousiasme,étude de psychologie (16 février 1921).Aurenche (M.). - Le cinéma (1923-1924).Balloy (Armand de). - L'application pratique du principe des Nationalités (27 avril1921).Barbier (Paul). - « Nation et civilisation » de Lucien Romier (1926-1927). - Leproblème des élites (1928-1929).Beauchamp (M. de). - Les parlers locaux (3 juin 1931).Bergeron (Paul). - De la légitimité de la propriété foncière (1919-1920).Bernoville (M.). - La semaine des écrivains catholiques (1922-1923).Beuvron (Jean de). - France et Pologne (13 février 1935, sous la présidence de RenéPinon).Bidault (Georges). - Le déclin de l'Europe d'après la thèse d'Albert de Mangeon(1921-1922). - Les causes des guerres et les motifs des paix (1922-1923). - L'ACJF.Ses principes et ses méthodes (1924-1925).Bijon (Sébastien). - La France et l'Espagne (1920-1921). - Etude sur « Le jardin surl'Orante » de M. Barrès (1922-1923).Binaud (Henri). - L'économie nouvelle de Georges Valois (1919-1920).Boissard (Adéodat). - Louis Bertrand (1924-1925). - L'autonomisme alsacien (29février 1928, sous la présidence du général de Pouydraguin, ancien gouverneur deStrasbourg).Boissard (Charles). - Le fondement philosophique du nationalisme intégral (1923-1924). - La « Musique intérieure » de Charles Maurras (1924-1925). - La questiond'Alsace-Lorraine (1924-1925). - La réforme administrative (10 novembre 1926). -Montherlant (15 février 1928, avec Henri du Moulin de Labarthète). - Stendhal (1928-1929). - La Raison est-elle française ? (Juin 1931).Bondu (Gérard). - La politesse (13 novembre 1942).Bonnes (M.). - Clercs d'hier et d'aujourd'hui (9 décembre 1942).Bonnichon (M.). - Peut-il y avoir une philosophie chrétienne (1929-1930, débatavec André Mattéi, en présence de Mgr Verdier).Bonnichon (Paul). - Trois formes de pessimisme : Baudelaire, Gide, Mauriac (27mars 1935).Bour (E.). - Le centenaire de Saint-François d'Assise (11 mai 1927).Bover (M.). - L'organisation du travail aux Etats-Unis (26 février 1930).Boyer (M.). - Ernest Psichari (1928-1929). - Machinisme et civilisation (10décembre 1930).Bracquart (Georges). - Les Juifs chez nous (1921-1922).

654 Les archives, lacunaires, laissent un nombre important de blancs. Il n'existe ainsi, à ce jour, aucunedocumentation sur les conférences des années 1925-1926, 30-31, 31-32, 32-33, 33-34, 36-37, 37-38, 38-39, 39-40, 40-41 ; quant aux informations concernant les années 1929-1930, 1934-1935, 1935-1936, et1941-1942, elles sont très incomplètes.

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Brière (RP Yves de, professeur de droit international chrétien à l'Institut catholique). -La question religieuse en Alsace et en Lorraine (1919-1920). - Les fondementsnaturels et chrétiens du droit international (8 juin 1921). - Les rapports du Saint-Siège avec la Société des nations (1921-1922). - L'aspect religieux de la question dePalestine devant la Société des nations (1922-1923). - Pierre Olivaint (1924-1925).Bruyas (Jean). - Vingt ans de bonheur... le paradis des enfants sages... ou le grandmalheur d'être heureux... (18 novembre 1942, sous la présidence de M. Boivin-Champeau, sénateur et Conseiller national).Buron (Robert). - Le rêve dans la littérature moderne (25 mars 1931).Cantenot (Georges). - Albert de Mun (1922-1923). - Le droit et la philosophie(1923-1924). - Les équipes sociales (1924-1925).Capierre (M.). - L'Entente cordiale (1923-1924).Charie (M. de la). - Les responsabilités de l'Angleterre dans la Révolution russe(1927-1928). - Le désarmement allemand (8 janvier 1929). - Maurice Barrès devantle Mystère (28 janvier 1931).Clapiers (Maurice). - Mistral prosateur (19 janvier 1927).Colin de Verdière (Bernard). - Le contrat social (1922-1923). - La réforme del'enseignement secondaire (1923-1924). - Que restera-t-il d'Anatole France ? (1924-1925).Coppin (M.). - Un Mousquetaire au XIXe siècle. Chateaubriand (30 novembre1927). - L'évasion d'Alain Gerbault (1928-1929). - Machiavel (25 février 1931).Corbier (Aymar de). - La détresse paysanne (20 février 1935).Cornu (Henri). - Les idées religieuses des noirs (1924-1925).Courbier (M.). - Impressions sur la Russie soviétique (1927-1928, après unecroisière dans la Mer noire).Couvreur (M.). - Jaurès (1922-1923).Dainville (M. de). - L'Amour (9 mai 1928). - La jeune fille moderne (4 décembre1929).Danielou (M.). - Marcel Proust (16 mai 1923). - Paul Claudel (1923-1924). - Lesoeuvres du cardinal Ferrari (1927-1928).Dansette (Adrien). - L'autorité du père de famille (1919-1920). - Le parti socialiste,la CGT et la IIIe Internationale (1920-1921).Debbané (M;). - L'action des puissances en Orient depuis 1918 (3 décembre 1930).Debray (André). - Nos responsabilités sociales (1924-1925).Delorme (Henri). - Les responsabilités à l'origine de la Grande Guerre (1920-1921).Demoreuille (M.). - Les véritables responsabilités de la Guerre 27 avril 1927). -Sainte Jeanne d'Arc (1928-1929).Derville (René). - Albert Samain poète (1919-1920). - La Question irlandaise (1920-1921). - L'oeuvre de François Coppée (1921-1922).Desiry (M.). - Playdoyer pour la culture (1926-1927).Dugas (Jean). - Frédéric Mistral (9 février 1921).Enden (Michel de). - Le Bolchevisme en Russie (1921-1922).Fayol (M.). - Mentalité et méthode des Américains (25 avril 1928, sous la présidencede M. Faye, professeur à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand).Flory (Charles). - L'ACJF (1919-1920).Font-Réaulx (M. de). - L'Angleterre et la révision du Prayer Book (1927-1928). - Lerégionalisme (6 novembre 1929).Forbin (M. de). - Les tendances actuelles de l'Histoire (1928-1929).Fourcade (Maître). - Le Barreau (1928-1929).Franqueville (Pierre de). - La Hongrie et l'Europe danubienne (30 janvier 1935).Galland (Charles). - « Le dictateur » de Jules Romain (8 décembre 1926). - JulienBenda et la véritable « La trahison des clercs » (14 mars 1928). - La France gardera-t-elle la Sarre ? (1927-1928).Galopin (Albert). - Le Wagnérisme (1921-1922). - Montalembert (1923-1924).

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Gaulejac (Bernard de). - La vie communale au Moyen-Age (1921-1922). - LesTempliers (23 mai 1923). - La liberté politique (1923-1924).Glotin (Louis). - Les relations de la France avec la Syrie (13 avril 1921).Goubaux (Pierre). - L'individualisme celte (1922-1923). - Quelques réflexions sur leprogrès (1923-1924). - La situation présente de l'Allemagne (1924-1925). - Unmagistrat de l'Ancien Régime : le président de Lamoignon (1924-1925). - Les lacunesde notre politique commerciale (9 novembre 1927). - La question des responsabilitésde la guerre. Thèse de l'Entente (1927-1928).Grégoire (Roger). - Qu'est-ce qu'un Français ? (22 avril 1936). -? (16 décembre1942).Griffaton (Michel). - La loi sur les loyers (1921-1922).Guilhaumé (M.). - Maurice de Guérin (8 février 1928).Halluitte (Jean). - Les idées politiques de Lamartine (1921-1922). - Mirabeau(1922-1923). - Le syndicalisme chrétien (1923-1924). - La Société des nations (1924-1925).Hamel (Maurice). - Ruskin (1921-1922). - La montagne (1922-1923).Hours (Joseph). - La question religieuse en France au XIXe siècle (1919-1920).Houzel (Roger). Faisons le point sur l'Amérique ! (27 novembre 1929). - Ladécadence des Etats-Unis (18 février 1931).Huet (Philippe). - Quête de fantaisie (2 décembre 1942).Huntzinger (M.). - L'état actuel du syndicalisme (1926-1927).Izarn (Jean). - L'Etat et la famille (1919-1920).Keller (M.). - Tendances de l'art moderne (25 janvier 1928).Laffite (M.). - La révision des traités (4 mars 1931).Lafforest (Roger de). - La jeune génération à pied d'oeuvre (1923-1924). - Barrès,maître d'attitude (1924-1925).Laisney (M.). - Eugénisme et Birth Control (6 mai 1931).Langle (Fleuriot de). - A propos des « Souvenirs d'enfance et de Jeunesse » - « Larelève du matin » de M. de Montherlant (1921-1922).Langlois (Jacques). - Berlioz (1921-1922).Langre (Jean de). - Les transformations du Moi chez Barrès (9 février 1927). - LeMaroc artistique et pittoresque. Notes d'un voyageur (2 mai 1928, avec projection).Lapierre (Jean). - La question scolaire (1921-1922). - Le malentendu franco-syrien(1922-1923).Larcena (Jean). - La question du bonheur (1919-1920). - La poésie (6 avril 1921). -La misère et la charité au temps de Louis XIII et de Mazarin (1922-1923).Lasteyrie (Bernard de). - L'aviation française : problèmes et politique (6 mars1935).Lastic (Jacques de). - Baudelaire (1924-1925).Lathillade (M. de). - L'évolution de la civilisation (1923-1924).Laurent (M.). - Le rôle de la femme dans la société moderne (11 mars 1931, avec M.Piettre).Lavarene (M. de). - L. P. Fargue (1928-1929).Lebel (M., étudiant canadien). - Les Canadiens et la France (27 mai 1931).Le Boulanger (Georges). - La Question polonaise (1920-1921).Le Branchu (M.). - Dieu est-il français ? (11 février 1931).Lebreton (André). - Le natioalisme de Maurice Barrès (1921-1922).Lenoir (Pierre). - Allons-nous vers un nouveau Moyen-Age ? (1928-1929). - Lamusique. Claude Debussy (13 novembre 1929).Le Roy (M.). - L'héritage de la Révolution (7 janvier 1931).Lerolle (Michel). - De Jean-Jacques Rousseau à Saint-François-d'Assises : FrancisJames (1926-1927).

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Leroux (Jacques). - L'architecture et la littérature contemporaine (1er décembre1926). - Cinéma et arts plastiques (7 mars 1928). - Babbit et Eupalinos, ou le passéet l'avenir de la recherche artistique (13 mai 1931).Lesguillier (Pierre). - Education et instruction (29 avril 1931, séance spéciale,ouverte à tous les groupes de la Fédération des étudiants catholiques, sous la présidencedu RP Janvier).Lesort (Paul-André). - Un mot bien vague : la civilisation (1er avril 1936).Longaud (Félix). - La rive gauche du Rhin (1919-1920). - La Question de la Haute-Silésie (4 mai 1921). - Le cosmopolitime littéraire et les origines du romantismefrançais (1921-1922). - Les partis politiques en Allemagne (1922-1923).Lot (Jacques). - Pierre Coti (1923-1924). - Le fantôme de Chantecler. Rostand de1900 à 1910 (1927-1928) - Le sentiment dans le théâtre de Géraldy (1927-1928). -La personnalité dans la littérature contemporaine (20 novembre 1929). - LesMémoires de Bülow (18 mars 1931).Lucet (Ch.). - Jean Giraudoux (1928-1929).Lucet (Jean). - L'odre de Marcel Arland (5 février 1930, avec M. Ribadeau-Dumas).Manière (Paul). - La Franc-Maçonnerie (1919-1920).Massif Riskalla (M.). - La question d'Egypte (1923-1924).Mattéi (André). - Peut-il y avoir une philosophie chrétienne (1929-1930, débat avecM. Bonnichon, en présence de Mgr Verdier). - Bernanos ou le problème de la mystiquedans le roman (12 novembre 1930). - Rapport sur les travaux de l'année 1930-1931(24 juin 1931).Mazloum (M.). - Le rôle historique de la Syrie (1922-1923).Melot (M., avocat au barreau de Bruxelles). - La question flamande en Belgique(Février 1931).Ménan (M.). - Berryer (28 mars 1928).Menthon (Bernard de). - La science et la foi (1923-1924).Meyère (Cyprien). - Ernest Psichari (1924-1925).Mignot (Pierre). - Le problème du Sionisme (29 juin 1921).Mizzi (Jean). - Le bassin de la Sarre (1922-1923).Mizzi (Louis). - Talleyrand (1923-1924).Moissinac (Paul). - Bossuet et sa théorie de la Monarchie absolue (1919-1920). - Lareprise des relations avec le Vatican (20 avril 1921).Molin (Léon). - L'école unique (1924-1925).Monès (Jean de). - La Restauration économique de l'Autriche (1924-1925). - Lesassurances sociales (1927-1928).Monnier (Georges). - La Restauration française de Blanc de Saint-Bonnet (1919-1920). - Les associations cultuelles (1920-1921). - Sur la trace de nos 120 morts. Unde nos modèles : Henri de Villedieu (1921-1922). - L'Italie d'après-guerre et le fascio(1922-1923). - Les résultats du fascisme (1923-1924).Montalais (M. de). - L'art dans la littérature (19 mars 1930). - Le langage musical(21 janvier 1931).Montaut (Bernard de). - Le Soldat Inconnu (23 février 1921).Moreau (Dom). - La DRAC (1924-1925).Moulin de Labarthète (Henri du). - Nationalisme et impérialisme (1919-1920). -La petite entente (1920-1921). - L'Humanisme chrétien (1921-1922). - Montherlant(15 février 1928, avec Charles Boissard).Nicolay (Pierre). - Le rôle social de la bourgeoisie (29 avril 1936).Nielly (M). - L'esprit américain (1926-1927).Nonneville (Hubert de). - Le bonheur et l'éducation de la femme dans le mondemoderne (6 février 1935).Nosten (Jean). - Don Quichotte (1921-1922). - La poésie religieuse de Verlaine(1922-1923).

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Nourrisson (M., avocat à la Cour d'appel de Paris). - Le droit d'association et lescongrégations religieuses (1919-1920). - L'histoire politique de la Franc-Maçonnerieau XIXe siècle (16 mars 1921).Olivier (Philippe). - Le problème de l'union des Eglises : son histoire, ses solutionsprésentes (25 novembre 1942).Pasteau (Rémy). - Chersterton (1923-1924).Paves (Joseph). - La théorie de la guerre de Joseph de Maistre (1920-1921).Perret (Paul). - Le nationalisme (1929-1930, en présence de Mr. de Lapradelle,professeur de droit international).Petit (J.). - Le procès du parti radical sous la troisième République (1923-1924). -La Franc-Maçonnerie et la France, fléau méconnu (22 décembre 1926). - L'espritfrançais (1927-1928).Pichaud (Emmanuel). - La famille, élément premier des sociétés (1919-1920).Piettre (M.). - La philosophie du laïcisme (16 novembre 1927). - Le rôle de la femmedans la société moderne (11 mars 1931, avec M. Laurent).Pirel (Emile). - Bourget (1924-1925).Planchenault (René). - La Révolution et les oeuvres d'art (1919-1920). - La guerreet les guerriers au temps de Jeanne d'Arc (25 mai 1921). - L'Etat de la France en1789 (1923-1924).Pleven (René). - Le divorce, dans le théâtre de Paul Hervieu (1919-1920). - Fustelde Coulanges et le nationalisme historique (1921-1922).Poirson (Jacques). - La question de Dantzig (15 décembre 1926). - Le conflit entre laPologne et la Lituanie (21 mars 1928, sous la présidence de M. Georges Blondel,professeur au Collège de France). - Le sens des élections allemandes (15 novembre1930). - La crise du parlementarisme en Europe. Causes et effets (17 novembre1930).Ponceau (René du). - Le laïcisme en France (1924-1925). - Quelques réflexions surl'idée de patrie (6 avril 1927). - Le problème de la colonisation (1928-1929).Proux (M.). - Le problème des cultuelles (6 juin 1923). - Le problème de la natalité(1923-1924).Psichari (Jean, directeur d'études à l'Ecole des langues orientales). - Ernest Psichari(2 mars 1921).Quidet (Jean-Marie). - Amour et amitié (20 mars 1935).Redouin (M;). - Les rapports de la politique et de l'économique depuis un demisiècle (4 mai 1927).Rey (Jean). - Paris dans les romans d'Alphonse Daudet (1922-1923). - Madame deSévigné (1924-1925). - De Jean de Tinan à Charles Péguy (23 novembre 1927).Rey (M., journaliste). - Benjamin Disraëli (26 janvier 1927).Ribadeau-Dumas (François). - L'héritage de Jean Moréas, poète (21 décembre1927). - Apologie de l'action (1928-1929). - Péguy (1928-1929). - L'ordre du jour deMarcel Arlan (5 février 1930, avec Jean Lucet).Ribadeau-Dumas (Roger). - Querelle de romancies : l'homme... ou le héros ! (13mars 1935, sous la présidence de Marc Chadourne).Richou (Alexandre). - George Sand (1921-1922).Ricour de Bourgies (Jean, auteur dramatique). - Les lettres et les arts en Extrême-Orient (1921-1922). - La question du divorce (1924-1925).Robert (Pierre-Jean). - Arthur Rimbaud (1924-1925).Rochettes de Lempdes (Michel). - L'origine de l'intervention française enIndochine (1926-1927).Romefort (Jacques de). - Les collèges d'Ancien Régime (16 février 1927). -L'actualité des moines bénédictins (1er février 1928).Ryelandt (M.). - L'union nationale en Belgique et la question des langues (1922-1923).Sadoul-Chastelain (J.). - L'Art. Du Moyen-Age à nos jours (1928-1929).

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Saint-Chamas (Roger de). - Diverses conceptions de l'oeuvre d'art (1920-1921). -L'Autriche (1921-1922). - Le rôle social et moral de l'armée (1922-1923).Saint-Hilaire (M. de). - Paul Bourget moraliste (24 novembre 1926).Sainte-Marie (M. de). - Les idées sociales de Léon XIII (1923-1924).Sauvain (M.). - La génération de l'absolu (1923-1924).Scalabre (Camille). - Maurice Maeterlinch (19 février 1930).Socard (Tony). - Le Palais et les Jardins de Versailles (1921-1922).Taudière (Emile, conseiller général des Deux-Sèvres). - Les fruits de la victoire (9mars 1921).Télémaque (Lionel). - L'évolution de la doctrine de Monroë (1921-1922).Tissot (Jean). - Le traité de Versailles (1919-1920). - Jules Lemaître (1922-1923). -La nationalisme (1923-1924).Vacheron (Gabriel). - La cathédrale de Reims (1919-1920).Vaissière (Roger de la). - La politique de Machiavel (1924-1925).Vallet (Jean). - « L'explication de notre temps » de Romier (1924-1925).Vallin (Charles). - Le modernisme philosophique (1924-1925). - François Mauriac(1924-1925). - La politique extérieure des Soviets (3 novembre 1926). - Impressionsde Rhénanié (14 décembre 1927). - Les preuves de l'existence de Dieu dans laphilosophie de Jules Lagneau (18 avril 1928). - La question des responsabilités de laGuerre. Thèse des Empires centraux (1927-1928).Varangot (M.). - Léon Harmel (20 mai 1931).Vaucelles (M. de). - Les deux Allemagnes et la politique française (23 février 1927).- Le nationalisme turc et Moustapha Kemal (16 mai 1928). - Les remèdes à la crisedu parlementarisme en Europe (26 novembre 1930).Verdeil (M.). - Paul de Cassagnac journaliste (1926-1927). - Bernanos. Sous le soleilde Satan (22 février 1928). - Le théâtre d'après-guerre (1927-1928).Villelongue (M. de). - Paul Valéry et la religion de l'Obscurisme (30 janvier 1929). -Sous le signe du rond-de-cuir : l'Etatisme et les fonctionnaires (17 décembre 1930).Villemanque (M. de la). - L'oeuvre du cardinal Lavigerie (1922-1923).Vier (Jacques). - Les abbés philosophes (17 novembre 1926). - Démosthène etClémenceau (7 décembre 1827).Vincent (M.). - François Mauriac (1928-1929).Viot (Paul). - La conquête morale de la vérité (1921-1922).Vorges (M. de). - Les Réparations (30 mai 1923).Willemin (Docteur). - La stigmatisée bavaroise Thérèse Neumann ( 23 janvier1929).

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DOCUMENTS

DOCUMENT I

L ETTRES DE L EON XIIIA DRESSEE A LA CONFERENCE OLIVAINT

* Lettre du 11 mars 1878

Nous nous réjouissons d'autant plus vivement de la vitalité et des progrès de votreassociation qu'elle s'attache à la saine formation de jeunes gens plus choisis. En effet, lesautres associations, en se proposant le but louable d'écarter les dangers auxquels setrouve exposée la jeunesse, particulièrement la jeunesse ouvrière, et de lui procurer lesbienfaits d'une éducation religieuse et professionnelle, s'occupent surtout des jeunesenfants et de ceux qui leur sont unis par les liens de la parenté, de l'habitude et desaffaires. La vôtre, au contraire, en s'adressant à une classe d'hommes de laquelle doiventsortir les jurisconsultes, les philosophes, les professeurs des sciences et lettres, lesmagistrats et tous ceux qui sont appelés aux fonctions les plus élevées, est d'un intérêtgénéral pour la société, et elle tournera au bien spirituel et temporel de la société ou à saruine, suivant que votre classe s'imprégnera plus abondamment et plus profondément desprincipes de la religion et de la science, ou qu'elle subira l'influence des principescorrupteurs.C'est pourquoi vous vous êtes réunis afin de puiser dans des conférences et desdiscussions, dans l'étude sérieuse d'auteurs graves et approuvés, une connaissanceapprofondie de la religion et de la science, et par la pratique des oeuvres de la piété et de lamiséricorde chrétienne, de vous former à l'apprentissage des oeuvres auxquelles plus tardvous donnerez un plus large et plus efficace concours. Combien rapides sont vos progrèsspirituels, nous l'avons appris avec plaisir de votre bien aimé et vénérable directeur ; aussinous félicitons du fond du cœur votre association et nous demandons dans nos prièresque le nombre de ses membres s'augmente encore ; nous sollicitons pour elle cetteassistance divine qui la confirme dans le but qu'elle s'est proposé, la préserve de touteembûche, de l'erreur, l'embrase d'un amour plus ardent pour Dieu, l'Eglise, le Prochain,et lui assure pour le bien de tous une extension chaque jour plus grande. En attendant,chers fils, puisse la bénédiction apostolique que nous accordons très affectueusement àchacun des directeurs et des membres de votre association, comme un témoignage denotre paternelle bienveillance, être pour tous le gage de la faveur céleste.

Fait à Rome, à Saint-Pierre, le 11 mars 1878,la première année de notre pontificat

Léon XIII

* Lettre du 21 avril 1879

Nous nous réjouissons, chers fils, de ce que, selon nos désirs, notre dernière lettre aitété, pour votre association comme le point de départ d'une ardeur nouvelle ; nous levoyons, en effet, aux sentiments si religieux de votre récente adresse, expression fidèlede la fermeté avec laquelle vous poursuivez vos buts, aux témoignages de votredévouement envers ce siège apostolique, et à l'extension croissante de votre réunionqu'attestent vos nombreuses signatures. Nous vous félicitons donc, vous qui vousdestinez un jour soit à former la jeunesse à la science et à la vertu, soit à gérer les intérêtspublics, soit à faire respecter les lois ou à en faire l'application aux actes et aux droits dechacun, soit enfin à soulager les infirmités physiques et toutes les infortunes ; nous vousfélicitons de ce que, aujourd'hui, poussés par le zèle de la religion et de la charité, vous

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faites, avec l'entrain de la jeunesse, un sérieux apprentissage de toutes ces carrières. Il estimpossible, en effet, qu'après une telle préparation, vous ne concouriez pas puissammentun jour à sauvegarder la foi et à rétablir un ordre des choses conforme à la justice. C'estpourquoi nous présageons à votre association un développement plus grand encore, unevitalité chaque jour plus puissante et des grâces célestes de plus en plus abondantes. Enattendant, chers fils, comme gage de ces promesses et témoignage de notre paternellebienveillance, nous vous accordons à tous, du fond du cœur, la bénédiction apostolique.

Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre,le 21 avril de l'année 1879, de notre pontificat la deuxième

Léon XII, Pape

DOCUMENT II

COUTUMESDE LA CONFERENCE OLIVAINT

1879

I

La Conférence Olivaint est une annexe de la Réunion de la rue de Sèvres.Elle a pour but :1° D'unir plus étroitement ensemble les jeunes gens qui font partie de cette

réunion.2° De les préparer, par le travail et l'exercice de la parole, à devenir les défenseurs

des intérêts de l'Eglise et du pays.

II

Elle a pris le nom de Conférence Olivaint, en souvenir du RP Olivaint, qui a étélongtemps le directeur de la Réunion des jeunes gens de la rue de Sèvres, et qui est mortpour la foi. C'est un nom militant.

III

Tous les membres de la Réunion des jeunes gens de la rue de Sèvres font, dedroit, partie de la Conférence Olivaint ; aucun candidat étranger à la Réunion ne peut êtreadmis dans la Conférence.

IV

La Conférence Olivaint est dirigée et administrée par un Conseil composé :1° Du Père directeur de la Réunion, qui est en même temps directeur de la

Conférence ;2° D'un président et de trois vice-présidents ;3° De quatre secrétaires ;4° D'un trésorier.Le président de la Réunion en exercice et les anciens présidents de la Conférence

sont, de droit, membres du conseil.

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V

Le conseil est renouvelé chaque année, par voie d'élection, au mois de décembre,en même temps que le conseil de la Réunion.

VI

Les membres du conseil dont le mandat est expiré ne peuvent être nommés qu'àdes fonctions supérieures à celles dont ils étaient précédemment investis ; sinon, ilssortent du conseil. Le président est toujours remplacé, mais il peut être réélu, après uneannée, ainsi que les autres dignitaires.

VII

Le mode d'élection est le même que celui en usage dans la Réunion ; le conseilsortant présente au choix des électeurs trois noms pour la nomination du président et deuxnoms pour chacun des vice-présidents.

L'élection a lieu à la majorité absolue des suffrages.Tous les membres de la Conférence peuvent prendre part à l'élection.

VIII

Les secrétaires sont nommés par le P. Directeur, le président et les vice-présidentsnouvellement élus.

IX

Le conseil se réunit chaque semaine. Il établit par avance l'ordre du jour et lesséances du mois, et désigne pour chacune d'elles le président et le secrétaire.

Le président et les vice-présidents doivent présider à tour de rôle ; les secrétairessont également chargés, chacun à son tour, de la rédaction des procès-verbaux.

Le conseil est chargé de préparer et d'admettre les sujets de conférences, de suivrele travail des conférenciers, de prévoir et de régler tout ce qui touche au progrès, à ladignité et à l'honneur de la Conférence.

X

La Conférence tient séance toutes les semaines, le mercredi à 8 h 1/2 du soir.

XI

La séance s'ouvre par le Veni Sancte, que récite le P. Directeur.Après la prière, le président donne la parole au secrétaire de semaine, pour lire le

procès-verbal de la séance précédente. Des observations peuvent être présentées àl'occasion du procès-verbal.

Le procès-verbal adopté, le président proclame le sujet de la conférence et invite leconférencier à prendre la parole.

Les conférences doivent toujours être écrites.Lorsque le conférencier a terminé la lecture de son travail, le président déclare la

discussion ouverte. La discussion est libre et générale, mais les membres de laConférence ne peuvent prendre la parole qu'avec l'autorisation du président.

Le président dirige la discussion et, au besoin, la résume.En dernier lieu, le conférencier répond aux observations qui lui ont été

présentées ; après la réplique, la discussion est close.La politique est sévèrement bannie des travaux écrits et des discussions.Le président donne lecture du programme de la prochaine séance, que le

conférencier doit lui remettre huit jours à l'avance. Ce programme reste affiché pendanttoute la semaine dans la bibliothèque de la Réunion.

296

La séance est terminée par la prière Sub tuum, récitée par le P. Directeur.

DOCUMENT III

L ES SEANCES DU MERCREDI,DECRITES PAR UN MEMBRE DE LA CONFERENCE,

EUGENE L ANGEVIN , EN 1905

Vous avez présentes les multiples physionomies de nos séances.Vous avez encore dans les yeux et les oreilles ces séances, relativement calmes maispassionnées pourtant, où le conférencier, plutôt qu’un tribun, est un lettré d’une actionoratoire moyenne, mais d’un style ensorceleur. Quand il a fini, les plus délicats d’entrenous osent à peine rompre l’enchantement de peur de paraître béotiens dans leurs critiques; ils se glissent à la place d'où l'on discute, pour exprimer, avec hésitation, leurs doutesur telle ou telle idée partielle ou générale. Car, Mesdames et Messieurs, pour le dire enpassant, nous ne sommes pas une société d'admiration mutuelle, mais plutôt deperpétuelle émulation et contradiction. Nous sommes "des amis prompts à nous censurer"comme en voulait Boileau. Nous ne décidons pas non plus avec la facilité effrayanteordinaire chez les parleurs de profession, quoique bon nombre d'entre nous soient desprofessionnels de la parole : les sujets de conférences nous sont annoncés chaque mois,et, sur un placard, au moins pendant huit jours, sont affichés un plan détaillé et uneabondante bibliographie, en sorte que chacun de nous puisse, sur les textes et lescommentaires, se faire au préalable une opinion raisonnée.Parfois c’est un jeune homme qui, d’une lèvre imberbe et tremblante, nous lit une étudeoù il a mis bien des veilles. Le moment venu de l’interroger ou de le critiquer, les aînés sefont élogieux, pour une fois, et, aux applaudissements de tous, des cadets osent prendrepart à la discussion et s’habituent ainsi à affronter un public.Nous avons des séances où l’actualité plus aiguë du sujet a décidé notre bureau à invitercertains de nos anciens ou de nos amis illustres dans l’Institut ou le Parlement. Quelleréconfortante joie que leur venue ! Ils nous apportent leurs exhortations et leurs lumières !Et ils nous parlent avec tant de simplicité, de distinction et de savoir qu'on ne les croiraitpas du Parlement, avec un tel charme qu'on ne les dirait pas de l'Institut. Nous nousretirons emportant une foi religieuse et sociale plus claire, une charité plus chaude, et unesaine fierté d’avoir frayé une minute avec des puissances. (Applaudissements)Mais surtout voyez encore ces allures fougueuses et provocatrices qu’ont plusieurs de nosconférenciers ; vous entendez ce timbre de clairon que prend leur voix dès qu’ilscommencent à li re un travail bâti comme une forteresse, et garni avec un soin extrême detous les engins offensifs et défensifs les plus formidables. Soudain, après quelquessalves à blanc, ils attaquent. Dans la salle, beaucoup frémissent, sentant criblés les beauxchâteaux d’idées qui leur sont chers. Oh ! que ne peut-on riposter de suite ! Enfin, lesadversaires ont la parole. Tour à tour, avec emportement, ils déchargent leur artillerie defin et de gros calibre sur le hardi thésiste. Celui-ci ne sait pas toujours attendre qu'ils aientachevé. De l’une à l’autre tribune, celle de l’orateur principal et celle des contradicteurs,c’est un échange de volées terribles, souvent l’auditoire ne peut s’y tenir ; il s’en mêle. Leprésident a beau secouer sa sonnette : fût-elle grosse comme le bourdon de Notre-Dame,elle ne dominerait pas ce vacarme superbe. La sortie est tumultueuse, et, dans la rue, lenoctambule préposé à l’extinction des becs de gaz contourne de loin avec terreur desgroupes d’où s’échappent des gestes et des cris, et où il serait satisfait, et rassuré peut-être, d’apprendre qu’il s’agit de la question de l’apprentissage ou du Dilettantisme deSainte-Beuve. (Sourires et applaudissements).

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DOCUMENT IV

T EXTE DE PRESENTATION DE LA REUNION , 1906

RÉUNION DES JEUNES GENS

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Conférence OlivaintConférence Laënnec

Fortes in fide, diligatis invicem

La Réunion des Jeunes gens, fondée en 1852, a pour but d'offrir aux jeunes gens,qui viennent à Paris suivre les cours de l'enseignement supérieur, les moyens de resterfidèles à tous les devoirs de la vie chrétienne en se préparant à devenir des hommes devaleur et des catholiques militants.A l'âge où sont le plus menacés leurs moeurs et leur foi, les étudiants trouvent à laRéunion ce qui peut efficacement les prémunir : sociétés d'amis unis par une piété virile,exercices périodiques qui invitent à la fréquentation régulière des sacrements, instructionsreligieuses où sont approfondis les fondements de nos croyances.Ils y trouvent aussi de quoi mettre en oeuvre les connaissances qu'ils acquièrent pour sepréparer à l'action : c'est le but des Conférences fondées au sein de la Réunion.

La Conférence Olivaint, spécialement ouverte aux étudiants en droit et en lettres, lesforme, par le travail, et l'exercice de la parole, à devenir les défenseurs des intérêts del'Eglise et du pays. Elle s'honore de compter nombre de ses anciens parmi les membresles plus distingués du Parlement, du barreau, et de l'enseignement supérieur.Des cercles d'études y sont annexés, qui donnent aux jeunes gens l'occasion d'étudierd'une manière plus familière, plus approfondie et plus synthétique. On s'y attache àmettre en regard des faits sociaux et des lois économiques les principes du droit naturel etdes directions de l'Eglise : on s'y prépare directement par l'étude à l'action.

La Conférence Laënnec offre aux étudiants en médecine tous les éléments d'unesérieuse préparation aux concours. Ils y trouvent une bibliothèque soigneusement tenueau courant des publications les plus récentes, des pièces d'ostéologie et une collectionpharmaceutique très variée. Les aînés, internes des hôpitaux, y guident les plus jeunesdans leur travail. Les succès de ses membres dans les concours attestent l'excellence de laformation qu'ils se donnent entre eux, et les situations qu'ils acquièrent leur permettentd'exercer la plus bienfaisante influence.

Pour habituer les jeunes gens à la pratique de la charité, la Réunion a créé une Conférencede Saint-Vincent-de-Paul (Conférence Saint-Pierre-Saint-Paul) qui visite lespauvres de la paroisse Notre-Dame de Plaisance. Elle les entraîne à l'action sociale par lacollaboration qu'elle donne à dix patronages paroissiaux de Paris et de la banlieue, et parla part très active qu'elle prend aux travaux de l'Association catholique de la jeunessefrançaise, dont elle est le groupe le plus nombreux et le plus ancien. Heureux d'apporterleur concours au Comité catholique de la rue de Grenelle, les jeunes orateurs de laConférence Olivaint ont multiplié les Conférences de propagande à Paris et dans lesdépartement circonvoisins.

Les bibliothèques et les salles de travail sont ouverts tous les jours de 8 heures du matin à11 heures du soir. La cotisation, pour frais de loyer, de chauffage, d'éclairage, etc., estde 20 francs par an.

Les jeunes gens qui désirent faire partie de la Réunion sont priés de s'adresser ausecrétariat de l'Association catholique de la jeunesse française, rue des Saint-Pères, 76.

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DOCUMENT V

CIRCULAIRE DU CONSEIL DE LA REUNION DE 1910 ENTRAINANTL 'EXCLUSION DES OLIVAINTS MEMBRES DE L 'A CTION FRANÇAISE

REUNION DES JEUNES GENS---------------

CONFÉRENCE OLIVAINTParis, le 21 juin 1910

Mon cher ami,

Au moment où, l'année scolaire touchant à sa fin, le Conseil de la Réunionprépare, suivant l'usage, les débuts de l'année suivante, j'ai d'autant plus le sentiment deremplir un devoir en vous communiquant les décisions prises à cet effet, que je me trouvepresque au terme de mes fonctions.

Regardant le passé, je ne puis que remercier les membres de la Réunion d'avoir,par leur assiduité, leur entrain, leurs efforts, assuré la prospérité croissante de notreoeuvre.

Mais il me semble que je vous dois encore de vous aider à garantir l'avenir envous prévenant de tous les écarts qui pourraient altérer l'esprit de la Conférence Olivaint.

Je suis persuadé que de tels écarts sont moins le fait d'une intention délibérée qued'une méconnaissance involontaire de nos traditions et de nos principes. Ils peuvents'expliquer aussi par une certaine ignorance de l'interprétation exacte qu'il convient dedonner à nos statuts. Je veux donc, par cette lettre, dissipant toute équivoque, indiquer àtous la règle précise au maintien de laquelle j'ai le devoir de veiller, et dont l'observationgénéreuse contribuera puissamment à rendre plus étroite que jamais l'union des esprits etdes coeurs à la Conférence Olivaint.

C'est un principe absolu de notre Réunion qu'elle se tienne en dehors de lapolitique. Que faut-il entendre par là ? - Deux choses :

I.) Ouverte à tous les jeunes gens catholiques qui viennent y chercher le moyen dedévelopper leur vie religieuse et de cultiver leur talent, elle ne peut en aucune façon seprêter à une action politique et réserve toutes ses forces pour l'oeuvre de défense et deconquête religieuses.

Comprenant d'ailleurs parfaitement que la question politique est de celles dont nulFrançais ne peut se désintéresser, elle n'écarte personne pour ses opinions en cettematière, et laisse à chacun de ses membres pleine liberté de lutter au dehors pour letriomphe de ses idées, à condition que ceux qui la représente évitent ce qui pourrait lacompromettre elle-même dans un mouvement de parti. Mais dans ses réunions propres,elle ne saurait se permettre qu'on se livre à aucune manifestation politique. Est-ilnécessaire d'ajouter qu'il est non moins contraire aux traditions de la Conférence Olivaintde joindre à des manifestations de ce genre une agitation tumultueuse et violente, où lalutte risque trop souvent d'atteindre les personnes par delà les idées ?

II.) Nos statuts portent que « la politique est sévèrement bannie de nos travaux etde nos discussions ». Au cours de nos séances, on ne doit donc jamais faire allusion deprès ou de loin, ni en termes directs, ni en termes voilés - le sens en est aussi clair, etl'infraction tout aussi réelle - au maintien ou au changement de la forme dugouvernement.

Cette règle formelle ne restreint en aucune manière le large accueil que nousaimons à faire aux sujets qui nous sont proposés et dont l'approbation est réservée aubureau. Mais plus elle sera loyalement observée, plus il sera facile à la Conférence

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Olivaint de continuer à traiter, suivant une tradition qui doit nous être chère, lesquestions les plus diverses et les plus actuellement intéressantes, sans se préoccuperde savoir du programme de quel parti politique ou social elles peuvent ressortir.

Je ne doute pas que ces principes, ratifiés par le Conseil dans sa séance du 17 juin1910, ne reçoivent votre approbation. Bien précisés, connus de tous, leur violationdorénavant, vous le comprendrez, sera d'autant plus grave qu'il sont d'esprit plus large.Ce serait se mettre dans un cas entraînant normalement la radiation de la liste de nosmembres.

Afin donc qu'il ne puisse y avoir dès à présent aucune hésitation, permettez-moide vous demander, mon cher ami, de me renvoyer la feuille ci-jointe. Vous tiendrez, j'ensuis certain, à me confirmer ainsi que vous êtes au courant des principes définis par cettecirculaire, reconnaissant avec moi qu'omettre de le faire semblerait nécessairement être unrefus d'adhérer à ces principes. Cela équivaudrait à nous laisser entendre qu'on renonce àdemeurer membre d'une conférence aux règles de laquelle on croirait ne pas pouvoir sesoumettre.

Je vous prie donc instamment, pour ne laisser aucune prise à l'oubli, toujours pluspuissant à mesure que passent les jours, de me renvoyer autant que possible par retour ducourrier, la formule ci-incluse. Vous voudrez bien, suivant les indications qu'elle porte,me l'adresser rue d'Assas, n° 12.

Croyez, mon cher ami, à mes sentiments très affectueusement dévoués.

Pierre Lefébure

DOCUMENT VI

T RACT DE LA RENTREE DE 1919

A UX ÉTUDIANTS

La Conférence Olivaint vous invite, mes chers amis, à venir à elle. Venez la fairebénéficier des richesses de votre jeune talent ! Si vous voulez éviter de gâcher vos donsnaturels, dans la poursuite débilitante des plaisirs ; - si, malgré vos études particulières,vous comprenez l'importance d'une culture générale, continuée au delà du lycée ou ducollège ; - si vous tenez à garder l'élévation de l'esprit, la noblesse des sentiments, l'idéalde vie dont votre foi chrétienne vous fait un devoir ; - si vous voulez acquérir l'artprécieux de la parole ; - si vous appréciez les charmes et les délicatesses de l'amitié quis'épanouit dans un milieu d'élite : venez à nous.

Il n'en faut peut-être pas davantage pour vous préserver de toutes les déchéancesqui guettent l'étudiant isolé, désoeuvré, uniquement sollicité par les plaisirs vulgaires,avec lesquels est incompatible la vie de l'esprit, la vie de l'âme.

La vie humaine n'est belle - et bonne - que si elle sait échapper à la banalitécourante et à la médiocrité de tant d'existences.

LA CONFERENCE OLIVAINT

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DOCUMENT VII

ALLOCUTION DE RENE PLEVEN , PRESIDENT DE LA CONFERENCEOLIVAINT , LE 29 MAI 1921, ADRESSEE A GUSTAVE DE L AMARZELLE AL 'OCCASION DU CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA M ORT DU PEREOLIVAINT .

Chaque génération a ses têtes, qui la symbolisent. Lorsqu'ils atteignent lesalentours de la vingtième année, les jeunes gens choisissent, parmi leurs prédécesseurs,quelque chef, dont ils se proposent de suivre les exemples. Ainsi naissent cesmouvements intellectuels ou moraux qui donnent une physionomie particulière à lajeunesse de chaque époque et de chaque pays.

Notre génération, celle qui a eu vingt ans pendant la guerre, a connu ce besoind'incarner ses aspirations. Elle n'a pu le faire sans embarras.

L'ordre naturel des choses n'eût point été troublé que, comme ses devancières,elle eût porté son choix sur quelques-uns de ses aînés. La guerre l'a empêché. Ceuxqu'elle eût discerné, et dont il est facile de citer les noms : les Psichari, les AugusteCochin, les Jean-Marc Bernard, d'autres qui appartenaient à cette Conférence, lui ont étéravis. Ceux qui de droit devaient être nos guides succombèrent pour nous protéger, et,privés de ces chefs naturels, il nous fallut en chercher d'autres, un peu plus loin.

C'était, Messieurs, une délicate besogne. Notre adolescence, instruite, formée à laguerre, ou pendant la guerre, avait entendu le bruit des combats, et, à l'âge où d'ordinaireon ne connaît de la vie que les sourires, nous recevions l'empreinte sévère des deuilssubis, et des angoisses supportées.

Davantage que les poètes, les grandes exemples, les sacrifices ont été notre pâture.Les Rhétoriciens de 1917, les bleus de 1918, connaissaient mieux la vie de Guynemerque les ouvrages de Verlaine ou de M. Anatole France. Nous avons trop respirél'atmosphère de ces heures inquiètes, pour que nos âmes ne s'en ressentent point. Ellesen ont gardé le dégoût des sensations et des rêves affadissants, la passion de l'action etcelle de l'ordre, la haine, en tout domaine, du dilettantisme. Elle a fait de nous ce qu'onpeut appeler une génération au rire dur, mais qui est avant tout une génération debataille, et qui veut être une génération de victoire.

Cet état d'esprit, un peu tendu sans doute, mais qui est le nôtre, nous a interditde goûter ce qui avait fait les délices de nos pères, en littérature.

C'est ainsi, Messieurs, que les Jeunes d'aujourd'hui délaissent les hommes enplace, et se préoccupent peu des renommées établies. Voilà pourquoi nous lisons deMaistre, nous lisons Bonald, nous lisons Taine. Voilà pourquoi nous sommesclassiques. Voilà pourquoi nous sifflons M. Bataille ! Nous déchirons les afficheslicencieuses. Voilà pourquoi nous n'aimons guère M. France !

Vous comprenez maintenant, monsieur le Président, la raison profonde de notrerespect, de notre admiration pour vous. Ce que nous repoussons, c'est ce que vous avez,sans discontinuer, combattu ! Nous détestons la composition, vous disais-je. Et vousn'en avez jamais consenti. Nous détestons la faiblesse et la tiédeur, et, dans une carrièreoù l'une et l'autre vous guettent, par la facilité qu'elles apportent et les succès qu'ellesprocurent, vous les avez toujours dédaignées.

Nous sommes férus d'autorité et de discipline, et l'autorité comme l'ordre n'ontpas de plus fidèle défenseur que vous.

Si bien, Monsieur le président, que nous, les recrues, nous sommes vis-à-vis devous, le vétéran, en complète communauté de volonté et d'espoir.

Vous étiez président de la Réunion en 1874. Les idées que vous y avez aiméessont celles de la Conférence de 1921.

Je suis sûr, Monsieur, que cette conjonction de vos idées et des nôtres ne voussera pas indifférente. Vous avez été le soldat des heures cruelles. Vous avez connu lesluttes déprimantes où on sait qu'en dépit de tout effort, on finira par être battu. Nosjeunes énergies, vibrant à l'unisson de la vôtre, vous garantissent la revanche. Croyez,Monsieur le président, qu'elles souhaitent la gagner avec vous.

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DOCUMENT VIII

ALLOCUTION DE GEORGES BIDAULT , PRESIDENT DE LA CONFERENCEOLIVAINT , LE 6 MAI 1923, ADRESSEE A X AVIER L AURAS A L 'OCCASIONDE L'A SSEMBLEE GENERALE DE L 'ASSOCIATION .

Dans l'espèce de discrédit où sont tombées aujourd'hui auprès du plus grandnombre toutes les valeurs qui ne sont pas immédiatement monnayables, c'est l'originalitéde la Conférence Olivaint, et c'est sa force de garder dans toute leur ferveur le soucipermanent de la culture la plus largement humaine, et le goût passionné des idées. Nousne serions plus une élite, si nous perdions ces caractères qui nous distinguent au milieudu matérialisme ambiant. Aussi plus que jamais notre devoir comme notre désir sont-ilsde nous y attacher, et, s'il est possible, de les accentuer encore. Nous rencontrons pourcela quelques difficultés, il ne faut pas le dissimuler. Notre génération, grandie pendant laguerre, un peu au hasard en l'absence des pères partis au front, a reçu quelque fois lenom de « Génération sacrifiée ». Elle a fait des études quelquefois sommaires,couronnées de diplômes peut-être indulgents. Et puis, les circonstances économiques,chaque jour plus dures, grèvent lourdement le travail intellectuel, au point de devenir unpéril pour l'esprit. Raison de plus pour maintenir entre nous, au-dessus de la diversité destechniques et des carrières, le règne de cette pensée par laquelle l'homme seul s'élèvejusqu'à sa vraie nature, et remplit l'essence de sa destinée.

Malheureusement, cette vérité n'est pas aperçue de tous ; les « scientifiques », enparticulier, trop astreints par des programmes colossaux, ou trop préoccupés deconsidérations strictement utilitaires, ne rallient qu'en bien petit nombre le champ de noscontroverses. Bien des écoles spéciales étroitement particularistes restent pour nous terraincognita. Nous n'en sommes que plus heureux d'accueillir parmi nous ceux qui, suivantle chemin que vous avez tracé, apportent à nos débats le concours de leur précision et deleur esprit critique. Puissent-ils, sous le couvert de votre nom et de votre exemple, venirplus nombreux désormais : nous les attendons.

DOCUMENT IX

NOTE DE PRESENTATION DE LA CONFERENCE OLIVAINT EN 1925.

Bien des jeunes gens, qui ne connaissent que leur groupe d'école, s'étonnerontpeut-être de la variété des sujets traités à la Conférence Olivaint, et de la vie que reflètenos débats de tribune.

Dans leur Cercle d'études, composé uniformément de camarades de leur école,les membres qui s'offrent pour faire une conférence sont parfois assez rares, les sujets nefranchissent guère les limites étroites de certains sujets sociaux ou religieux et lesdiscussions d'idées manquent souvent d'animation et de vertu formatrice pour l'esprit.

Cette juste réflexion a sa valeur : elle souligne l'utilité d'une Conférence ouverte àtous les jeunes gens catholiques, débordant les frontières d'école, réunissant dans unecoopération intellectuelle des amis venus de toutes les facultés et de toutes les Ecolesde Paris.

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Les compétences et les formations d'esprit s'ajoutent les unes aux autres, secomplètent, s'affrontent, et il en résulte un élargissement de l'horizon intellectuel et unsurcroît de vie important.

Aussi, tout en reconnaissant l'utilité des groupes d'école, du point de vuereligieux à l'école, nous pensons ici que certains éléments, plus curieux d'esprit, plussoucieux que la moyenne de leur culture générale et d'une formation sérieuse à la parolepublique, devraient, tout en s'occupant de leur groupe spécial et limité de camaradesd'écoles (ou de collège), s'inscrire dans un cercle général comme la ConférenceOlivaint, où toutes les réunions sont libres, et se concilient sans peine avec lafréquentation du groupe d'école. Dans un cercle général, les relations peuvent aussis'étendre agréablement et utilement, car l'exclusivisme professionnel dans les relationsest, même du point de vue catholique, un danger sérieux, à une époque où les jeunescatholiques ont tendance à se compartimenter d'une façon étanche, et à se morceler àl'infini, se contentant d'un petit cercle étroit de camarades du même collège, de la mêmepension, de la même école, d'une même bonne oeuvre ; ce compartimentage est à la foisle signe et le principe d'un particularisme croissant, qui isole toujours davantage nosjeunes gens catholiques les uns des autres, les empêche de se connaître et de s'aimer, lesconduit à ne s'intéresser qu'à ce qui favorise leur individualisme et à se désintéresser dugrand but qu'ils devraient viser, en se rapprochant amicalement les uns des autres : ladéfense du catholicisme en France, par la mise en commun, pendant leur vie d'études,de leurs efforts intellectuels, de leurs essais littéraires et oratoires, de leurs échangesaffectueux de bons offices et d'une sympathie réciproque qui les agglutinerait utilementpour l'avenir.

Il faut dire la même chose des Étudiants catholiques qui se contentent soit d'uncercle politique exclusif, soit des limites trop étroites d'un patronage, ou d'une conférenceSaint-Vincent de Paul. Notre élite catholique de demain manquera de cohésion, deforce, de valeur intellectuelle, si, pendant le temps de leur formation, nous jeunesprennent le pli de se compartimenter à l'excès, de s'opposer les uns les autres sous desprétextes futiles, de ne pas s'intéresser en commun à la grande cause de Dieu et del'Eglise, de préférer tel ou tel point de vue particulier à la préparation intellectuelled'ordre général absolument nécessaire aux catholiques, s'ils veulent exercer dans leurpays une influence véritable et ne pas être des citoyens de seconde zone.

Voilà pourquoi, à coté de la multiplicité des groupements particularistes et clos,parfois minuscules, qui isolent et séparent nous jeunes gens, nous tenons à conserver à laConférence Olivaint son caractère traditionnel de cercle général, ouvert à tous lesétudiants, élèves des Ecoles, grands lycéens, jeunes gens catholiques de l'enseignementsecondaire. Outre le profil religieux et moral qui résulte de l'association d'une élite,spontanément venue de partout, dans un but universaliste et spécif iquement catholique,le profit intellectuel qui résulte d'une activité d'ensemble et d'une émulation, bienmoindre dans un milieu restreint et uniforme, est certain. Que nos anciens et que tousnos amis nous aident à faire connaître la Conférence Olivaint autour d'eux, ettravaillent avec nous au rapprochement des jeunes catholiques d'élite, qui sont soucieuxde leur formation intellectuelle et religieuse, en vue d'une influence future sérieuse àexercer dans notre cher pays.

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DOCUMENT X

A PPEL AUX ETUDIANTS

de Max Legendre, président de la FFECau lendemain du 6 février 1934655

Étudiants,

Vous étiez encore des enfants pendant la guerre, mais vous comprenez déjà lasignification de l'héroïsme dépensé et des sacrifices acceptés par vos pères. Vous avez vupeu à peu avec surprise et déception leur oeuvre compromise.

Désormais, c'est vous qui portez la responsabilité de la patrie : l'un d'entre vous aété tué, plusieurs ont été blessés. Votre génération s'est engagée. Vous êtes la précieuseréserve de la nation.

Vous savez ce qu'il en coûte de subordonner le bien du pays aux appétitsparticuliers. Vous devez donc vous préparer à agir et dès maintenant tendre à rétablir levéritable ordre social par la convergence des activités individuelles dans une oeuvrecommune.

Étudiants catholiques,

On vous a dit d'où vient l'autorité, que le pouvoir doit être sage et fort et tendre aubien de tous.

Que chacun d'entre vous sente combien l'heure est grave et porte un regard surlui-même et sur la France avec abnégation et loyauté. Il n'est pas d'exemple dansl'histoire qu'une jeunesse hardie et fidèle à son idéal patriotique et religieux, défaille dansses destinées.

655 L'Étudiant catholique, n° 45-46, Janvier-février 1934, p. 25. Au cours de la manifestation, unétudiant, Jean Fabre, a été tué. La FFEC le revendique comme l'un des siens.

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DOCUMENT XI

NOTE ANONYME SUR LA TRANSFORMATION DE LACONFERENCE OLIVAINT EN 1942

1° - La direction et l'administration de la Conférence Olivaint sont confiées au PèreBeirnaert.

2° - Cette Conférence Olivaint "nouvelle manière", renonçant à accueillir commeautrefois toutes sortes d'étudiants, comprendra essentiellement le groupe des Sciencespolitiques et ses activités variées. Le groupe de Chimie, autrefois membre de laConférence Olivaint, sera hébergé pour ses réunions jusqu'à nouvel ordre. Par contre,seront exclues toutes les formations (groupes philos ou autres), pouvant faire doubleemploi avec des organisation et groupes existants et risquant de créer des rivalités entrecatholiques.

3° - Le Père Beirnaert occupera tout le local de la Conférence Olivaint, 12, rued'Assas, parce qu'il forme un tout. La Conférence Laënnec s'entendra avec le PèreBeirnaert pour l'usage de la chapelle.

4° - Le Père Beirnaert est soumis au RP d'Ouince :- pour l'orientation de l'oeuvre, et lui demande des directives voulues pour les

questions qui peuvent se poser.- pour les comptes financiers : il lui demandera les permissions pour les dépenses,

il lui rendra ses comptes, sans préjudice du compte qu'il doit rendre chaque année lors dela visite provinciale.

5° - Pour la surveillance du local - le P. Beirnaert demeurant aux Études - le RPprovincial désigne un Père. Celui-ci habitera le bureau du fond. Il y travaillera, y passerala nuit. Rattaché par ailleurs à la rue de Grenelle, c'est à la rue de Grenelle qu'il dira lamesse et prendra ses repas.

6° - Finances :- La Province remet au P. Beirnaert les locaux de l'Olivaint refaits à neuf et

meublés, ainsi que l'usage de la bibliothèque existante (le Directeur peut liquider lesouvrages vieillis, à condition d'employer, selon l'Institut, l'argent recueilli à rajeunir labibliothèque).

- La Province remettra au Directeur chaque année 4.320 francs - représentant lerevenu d'un capital de l'oeuvre (120.000 francs de capital environ) actuellement bloqué.Elle y ajoutera une somme forfaitaire de 1.000 francs par an pour la chambre occupée parle Père chargé de la surveillance du local.

- En échange de ces différents services, le Directeur prend à sa charge les loyers etfrais généraux, les consommations, l'entretien des locaux...

7° - La chapelle. La chapelle faisant partie de l'oeuvre, ne s'en distingue pas et entre dansl'ensemble. A ce titre, le Père directeur en prend l'entretien. - Il reçoit chaque année unesomme forfaitaire de la Conférence Laënnec, pour l'utilisation que cette dernière fait de lachapelle. (A noter, en contrepartie que Laënnec rétribue le concierge).

Paris, le 1er septembre 1942

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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

La documentation utilisée est présentée en quatre ensembles :

I - ARCHIVES

A - Archives nationalesB - Archives de la Préfecture de policeC - Archives jésuite de la Province de ParisD - Fonds privés

II - TEMOIGNAGES, ORAUX ET ÉCRITS

III - SOURCES IMPRIMEES

A - PériodiquesB - Publications éditées la Congrégation ou la Conférence OlivaintC - Autres publications contemporaines

IV - ÉTUDES

A - GénéralitésB - Études sur la jeunesse catholiqueC - Biographies

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I - ARCHIVES

A - ARCHIVES NATIONALES

- 34 AS, Association catholique de la Jeunesse française.Ce fonds d'archives, soumis à autorisation, est constitué par les microfilms de

quelques dossiers du fonds conservé aux Archives jésuites de la Province de Paris, et,lui, librement consultable.

- Série F 7 : quelques sondages, souvent infructueux, notamment dans les cartons12387 à 12411 (police des cultes), 13213 à 13228 (mouvement catholique) et 12428 à12521 (surveillance des cléricaux).

- Série F 19 : quelques sondages, souvent infructueux. A noter le carton 5632 (LaContre-révolution).

B - ARCHIVES DE LA PREFECTURE DE POLICE

Aucun dossier intéressant n'y a été mis à jour.

C - ARCHIVES JESUITES DE LA PROVINCE DE PARIS

- I PA 735-740 : Fonds de la Conférence Olivaint (1875-1970).

Origine du fondsLa majeure partie des documents conservés aux Archives jésuites de la Province deParis provient d'un dépôt effectué dans le courant des années 1970, par le conseillerspirituel de la Conférence Olivaint . Il s'agit des Archives constituées par lesdirecteurs successifs de la Conférence, de 1875 à 1969, date à laquelle laCompagnie de Jésus à cessé de diriger la Conférence, auxquelles ont été adjointescertaines pièces, provenant des archives personnelles de plusieurs aumôniers-directeurs et des archives du Père Provincial.

Description sommaireCe fonds de plusieurs milliers de pages se compose, pour ce qui concerne lapériode étudiée dans le présent travail, d'une série d'historiques manuscrits ou, dedossiers comprenant la correspondance active et passive des RR PP Aucler et dePully, des catalogues, registres et annuaires de 1852 à 1936, des Comptes rendusdes séances de clôture et des Assemblées générales publiés de 1875 à 1932, et descomptes rendus manuscrits des séances du mercredi, de 1903 à 1931

- I PA 745 : Fonds de la Conférence Laënnec.Ce fonds d'archives de la Conférence-soeur de l'Olivaint contient un dossier

extrêmement intéressant sur la Fédération française des étudiants catholiques.

- I PA 500 : Fonds de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF).Ce fonds est principalement constitué des archives conservées par les aumôniers

successifs de l'ACJF. Il contient, entre autres, une correspondance extrêmementintéressante, un dossier sur la querelle de l'ACJF avec le général de Castelnau, et, biensûr, le journal de l'Association.

- Dossiers personnels des aumôniers.De manière générale, on peu de documents ont été conservés sur les aumôniers

directeurs de l'Olivaint. Lorsqu'un dossier personnel existe, il se résume le plus souventà quelques lettres, photos et journaux de retraites.

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D - FONDS PRIVES

- Archives du RP de Boissière

Le RP de Boissière, ancien conseiller spirituel de la Conférence Olivaint, a eu lagentillesse de mettre à notre disposition une partie de ses Archives personnelles, quicomportent quelques pièces se rapportant à la période étudiée.

Malheureusement, aucun autre fonds privé n'a pu être mis à jour jusqu'àmaintenant.

II - TÉMOIGNAGES ORAUX ET ÉCRITS

ANDRÉ AUMONIER, entretiens du 1er février et 23 mai mai 1996, Paris, rue del'Université.

HERVÉ DUFRESNES, entretien du 13 février 1996, Paris, Automobile Club.

III - SOURCES IMPRIMÉES

A - PERIODIQUES

1. Publications des organisation de jeunesse

Les Annales de la jeunesse catholique, organe de l'ACJFL'Etudiant catholique, organe de la FFECLa Revue des aumôniers de l'ACJFLa Revue des jeunes

2. Publications de la Compagnie de Jésus

ÉtudesLettres de JerseyLe Messager du coeur de Jésus

2. Presse nationale

L'AubeLe CorrespondantL'Écho de ParisEspritL'Éveil démocratiqueL'Univers

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B - PUBLICATIONS EDITEES PAR LA CONFERENCE OLIVAINT OU LA REUNION DESJEUNES GENS.

1. Séances annuelles de clôture de la Conférence Olivaint

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance annuelle de clôture, année scolaire 1874-1875. - Paris : imprimerie Jules Le Clere, s.d. - 34 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance annuelle de clôture, année scolaire 1875-1876. - Paris : imprimerie Jules Le Clere, s.d. - 28 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1876-1877. - Bourges : imprimerie Pigelet et Tardy, 1884. - 63 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1877-1878. - Bourges : imprimerie Pigelet et Tardy, 1878. - 53 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1878-1879. - Paris : imprimerie Emile Martinet, 1879. - 75 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1879-1880. - Créteil : imprimerie Créte 1879. - 62 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1880-1881. - Paris : Gaume et Cie éditeurs, 1881. - 87 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1881-1882. - Paris : Gaume et Cie éditeurs, 1882. - 80 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1882-1883. - Paris : Gaume et Cie éditeurs, 1883. - 62 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1883-1884. - Bourges : imprimerie Pigelet et Tardy, 1884 - 78 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1884-1885. - Lons-le-Saunier : P. Gallard, 1885 - 67 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1885-1886. - Lons-le-Saunier : P. Gallard, 1886 - 59 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1886-1887. - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1887 - 51 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1887-1888. - Paris : J. Meersch, 1888 - 74 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1888-1889. - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1889 - 63 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1889-1890. - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1890 - 40 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1890-1891. - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1891 - 48 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1891-1892 - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1892 - 47 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1892-1893. - Paris : typographie M. Schneider, 1893 - 44 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1893-1894. - Paris : typographie M. Schneider, 1894 - 48 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1894-1895. - Paris : typographie M. Schneider, 1895 - 41 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1895-1896. - Paris : typographie M. Schneider, 1896 - 55 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1896-1897. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1897 - 43 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1897-1898. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1898 - 52 p.

309

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1898-1899. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1900 - 54 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1899-1900. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1900 - 69 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1900-1901. - Blois : grande imprimerie de Blois, 1901 - 48 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1901-1902. - Paris : imprimerie Quelquejeu, 1902 - 44 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1902-1903. - Paris : imprimerie Quelquejeu, 1904 - 50 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1903-1904. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1904 - 53 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1904-1905. - Paris : J. Dumoulin, 1905 - 48 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1905-1906. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1906 - 48 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1906-1907. - Paris : imprimerie Quelquejeu, 1907 - 70 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1907-1908. - Paris : imprimerie Quelquejeu, 1908 - 52 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1908-1909. - Blois : grande imprimerie de Blois, 1909 - 54 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1909-1910. - Blois : grande imprimerie de Blois, 1910 - 58 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1910-1911. - Blois : grande imprimerie de Blois, 1911 - 50 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1911-1912. - Tournai : Casterman, 1912 - 46 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1912-1913. - Autun : imprimerie dernot, 1913 - 43 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire1913-1914. - Paris : imprimerie F. Leroy, 1914 - 50 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, année 1919-1920. - Saint-Germain-les-Corbeil : imprimerie Willaume, 1920 - 34 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1921. - Bourges :imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1921 - 37 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1922. - Bourges :imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1922 - 46 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1923. - Bourges :imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1924 - 23 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1924. - Bourges : A.Tardy, 1925 - 30 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1925. - Bourges : A.Tardy, 1926 - 31 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1927. - Bourges : A.Tardy, 1928 - 23 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de fin d'année, 1929. - Bourges : A.Tardy, 1930 - 19 p.

2. Assemblées générales

REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1905. - Paris : J. Dumoulin,1905 - 36 p.

310

REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1906. - Paris : J. Dumoulin,1907 - 40 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1908. - Paris : Quelquejeu,1908 - 35 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1909. - Paris : Quelquejeu,1909 - 48 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1910. - Blois : Grandeimprimerie de Blois, 1910 - 38 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1912. - Paris : F. Leroy, 1913- 42 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Réunion annuelle et Assemblée générale 1913. -Saint-Germain-les-Corbeil : imprimerie F. Leroy, 1913 - 62 p.

REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1914. - Saint-Germain-les-Corbeil : imprimerie F. Leroy, 1914 - 50 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1920. - Saint-Germain-les-Corbeil :imprimerie Willaume, 1920 - 36 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1921 - Bourges : imprimerieTardy-Pigelet et fils, 1921 - 23 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1922 - Bourges : imprimerieTardy-Pigelet et fils, 1922 - 39 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1923 - Bourges : imprimerieTardy-Pigelet et fils, 1923 - 23 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1924 - Bourges : A. Tardy, 1924 -17 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1925 (Noces d'argent de laConférence) - Bourges : A. Tardy, 1926 - 24 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1926 - Bourges : A. Tardy, 1927 -13 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1927 - Bourges : A. Tardy, 1928 -10 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1929 - Bourges : A. Tardy, 1930 -16 p.

CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1930 - Bourges : A. Tardy, 1930 -16 p.

3. Autres publications

RÉUNION DES JEUNES GENS. - Souvenir du 25e anniversaire de sa fondation, 19mai 1878, Paris : imprimerie R. Leroy, 1878 - 58 p.RÉUNION DES JEUNES GENS. - Les noces d'argent de la Conférence Olivaint,souvenirs recueillis par J. Parent du Châtelet, 27 mai 1900, Blois : Grande imprimeriede Blois, 1900, 82 p.RÉUNION DES JEUNES GENS. - Pierre Olivaint, 28e anniversaire, Paris : MSchneider, 1896. - 46 p.CONFERENCE OLIVAINT. - Nécrologie 1914-1919, Brochure de 66 pages, Saint-Germain-les-Corbeil : Imprimerie Willaume, 1920, 66 p.CONFERENCE OLIVAINT. - Année 1928 - Bourges : A. Tardy, 1929 - 14 p.CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1930 et année 1931 - Bourges : A.

Tardy, 1929 - 14 p.CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1931 et année 1932 - Bourges : A.

Tardy, 1932 - 16 p.CONFÉRENCE OLIVAINT. -Bulletin mensuel de la Conférence Olivaint, N° 1, mars

1935, 5 p

311

C - AUTRES PUBLICATIONS CONTEMPORAINES

1. Ouvrages du RP Henri de Pully

PULLY (Henri de). - Ferdinand Brunetière. L'utilisation de l'apologiste. - Bruxelles :Société belge de librairie, 1910, 32p.

PULLY (Henri de). - Aux épouses et aux mères qui pleurent. L'âme existe. - Paris :Beauchesnes, 1916, 1917.2 tomes.

PULLY (Henri de). - La chasteté et la conscience. - Paris : Librairie de la Jeunesse,1931, 23 p.

PULLY (Henri de). - La divinité de Jésus-Christ. - Paris : Beauchesnes, 1924, 114p.PULLY (Henri de). - L'éducation de la femme, hier et aujourd'hui. - Avignon :

Aubanel, 1930, 85 p.PULLY (Henri de). - L'éducation et la formation du caractère. - Avignon : Aubanel,

1931, 78 p.PULLY (Henri de). - Le problème de la foi et l'élite cultivée actuelle. - Avignon :

Aubanel, 1932, 150 p.PULLY (Henri de). - Le mariage et le foyer. - Paris : D. Rivière, 1934, 224 p.PULLY (Henri de). - Le non-conformisme des générations nouvelles. - Avignon :

Aubanel, 1936, 82 p.

2. Sur la Congrégation et ses Pères directeurs .

GEOFFROY DE GRANDMAISON (Charles). - La Congrégation (1801-1830). Paris :Plon, 1899, 419 p.

2. Sur le Ralliement et l'attitude de l'Eglise.

MERMEIX. - Le Ralliement et l'Action française. - 1927. - 479 p.PIOU (Jacques). - Le Ralliement et son histoire. - Paris : 1928. - 232 p.

3. Sur la jeunesse catholique.

DIMIER (Louis). - L'Action libérale dans les élections. Le cas Bazire. - Paris : 1914. -311 p.

BIDAULT ( Georges). - L'ACJF et les mouvement politiques de jeunesse. Rapportprésenté au Conseil fédéral de l'ACJF (31 janvier 1926) - Besançon : 1926. - 23 p.

COUSIN (Louis). - Le Sillon et les catholiques. Paris : Lethielleux, 1909, 224 p.

4. Sur l'Action française et les ligues.

DONCOEUR (P.), BERNARDOT (V.), LAJEUNIE (E.), LALLEMENT (D.),MAQUART (F.X.), MARITAIN (Jacques) - Pourquoi Rome a parlé. - Paris :Spès, 1927. - 391 p.

PUJO (Louis). - Réponse au livre des six. L'aggression contre l'esprit. CommentRome s'est trompée. - Paris : 1929. - 386 p.

VEUILLOT (François). - La Rocque et son parti comme je les ai vus. - Paris : 1938. -95 p.

312

IV - ÉTUDES

A - GENERALITES

1. Sur la Troisième République

AZÉMA (Jean-Pierre), WINOCK (Michel). - La troisième République. - Paris :Hachette, collection « Pluriel », 1976, 510 p.

AZÉMA (Jean-Pierre). - De Munich à la Libération. - Paris : Le Seuil, collection «Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1979. - 412 p.

BERSTEIN (Serge), BECKER (Jean-Jacques). - Victoire et frustrations, 1914-1929. -Paris : Le Seuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1990.- 455 p.

BORNE (Dominique), DUBIEF (Henri). - La crise des années trente. - Paris : LeSeuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1976. - 322 p.

MAYEUR (Jean-Marie). - La vie politiaque sous la Troisième République. - Paris : LeSeuil, 1984. - 445 p.

MAYEUR (Jean-Marie). - Les débuts de la IIIe République, 1871-1898. - Paris : LeSeuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1973. - 256 p.

REBÉRIOUX (Madeleine). - La République radicale ?, 1898-1914. - Paris : Le Seuil,collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1975. - 258 p.

RÉMOND (René). - Les droites en France. - Paris, Aubier, 1982, 544 p.

2. Sur l'Église et les catholiques

CHOLVY (Gérard), HILAIRE (Y. M.). - Histoire religieuse de la Francecontemporaine. - Toulouse, Privat, Tome 2, 1965, Tome 3, 1966.

CHOLVY (Gérard). - Mouvements de jeunesse chrétiens et Juifs : sociabilitéjuvenile dans un cadre europée, 1799-1968. - Paris, Cerf, 1985. - 432 p.

CHOLVY (Gérard), COMTE (Bernard), FEROLDI (Vincent). - Jeunesses chrétiennesau XXe siècle. - Paris, Editions ouvrières, 1991. - 174 p.

CHOLVY (Gérard). - La religion en France, de la fin du XVIIIe à nos jours. - Paris,Hachette, 1991. - 219 p.

COUTROT (Aline), DREYFUS (François-Georges). - Les forces religieuses dans lasociété française. - Paris, Colin, 1966, 344 p.

DANSETTE (Adrien). - Histoire religieuse de la France contemporaine. - Paris,Flammarion, 1965, 893 p.

LEVILLAIN (Philippe). - Albert de Mun. Catholicisme français et catholicismeromain du Syllabus au Ralliement. - Rome : Ecole française de Rome, 1983.

MONTCLOS (Xavier de), dir. - Églises et chrétiens dans la Deuxième Guerremondiale. La région Rhônes-Alpes. Actes du colloque de Grenoble (1976) - Lyon: Presses universitaires de Lyon, 1978. - 383 p.

PETIT (Hugues). - L'Eglise, le Sillon et l'Action française, Thèse de droit. - UniversitéGrenoble II - Pierre Mendès France, 1993. Microfilm : Lille 3, atelier dereproduction, 1994, 1176 p.

RÉMOND (René), LATREILLE (André). - Histoire du catholicisme en France. Tome3 : la période contemporaine. - Paris, Spès, 1962. - 693 p.

WINOCK (Michel). - "La République des catholiques", L'Histoire, n° 199, mai 1996,pp. 40-45.

313

3. Sur la Compagnie de Jésus

CALVEZ (Jean-Yves). - "Les Jésuites", Etudes, janvier 1995, pp. 75-82.LACOUTURE (Jean). - Jésuites, tome 2, "Les revenants". - Paris : Seuil, Collection

Points, 1991, 683p.WOODROW (Alain). - Les Jésuites : histoire de pouvoirs. - Paris : Lattès, 1991, 239

p.

4. Sur le nationalisme, l'antisémitisme et les Ligues

GIRARDET (Raoul). - Le nationalisme français, 1871-1914. - Paris, Colin, 1962,693 p.

PHILIPPET (Jean). - Les Jeunesses patriotes et Pierre Taittinger (1924-1940). -Paris : Mémoire de l'Institut d'études politiques de Paris, 1967. - 274 p.

PIERRARD (Pierre). - Juifs et catholiques français. - 1970, 336 p.PORTIER (Nicolas). - L'Action française à la conquête de la jeunesse et de

l'université. - Institut d'études politiques de Paris : Mémoire de troisième année,novembre 1990. - 235 p.

RIOUX (Jean-Pierre). - Nationalisme et conservatisme. La Ligue de la Patriefrançaise. - Paris, 1977, 120 p.

SUTTON (Michael). - Charles Maurras et les catholiques français : 1890-1914.Nationalisme et positivisme. - Paris : Beauchesnes, 1994, 365 p.

WINOCK (Michel). - Édouard Drumont et compagnie. Antisémitisme et fascisme enFrance. - Paris : Seuil, 1982.

5. Sur le climat des années trente

TOUCHARD (Jean). - "L'esprit des années trente : une tentative de renouvellement delapensée politique française", in Tendances politiques dans la vie française depuis1789. - Paris : 1960. - pp. 90-120.

LOUBET DEL BAYLE (Jean-Louis). - Les non-conformistes des années trente. Unetentative de renouvellement de la pensée politique fraçaise. - Paris : 1969. -496 p.

6. Sur le quartier latin dans l'entre-deux-guerres

SIRINELLI (Jean-François). - Génération intellectuelle, khâgneux et normaliens dansl'entre-deux guerres. Paris : Fayard, 1988, p. 105.

B - ÉTUDES CONCERNANT LA JEUNESSE CATHOLIQUE

1. Sur la Conférence Olivaint et les Conférences politiques.

BASTIDE (Emmanuelle), La Conférence Olivaint : 1947-1987, un lieu de formationdes élites à la vie civique. - Paris : Institut d'Études politiques, Mémoire de DEApréparé sous la direction de M. Jean-Marie Mayeur, 1990, 130 pages.

LE BÉGUEC (Gilles), L'entrée au Palais Bourbon : les filières privilégiées d'accèsà la fonction parlementaire, 1919-1939. Thèse, Paris X, Nanterre, 1989. Lille :Atelier de reproduction de l'Université Lille 3, 1990.

2. Sur l'ACJF et la JEC.

314

CENTRE SÈVRES. - L'ACJF, une création originale. Colloque public organisé par lafaculté de théologie et de philosophie du Centre Sèvres, 20-21 novembre 1987.Paris : Médiasèvres, 1988, 170 p.

MICHEL (Alain-René). - La jeunesse étudiante chrétienne de 1924 à 1944 : attitudecivique et spiritualité. Lille : Thèse de troisième cycle, 1985, 865p.

MOLETTE (Charles). - L'Association catholique de la jeunesse française (1886-1907). Préface de Pierre Renouvin. - Paris : Armand Colin, 1968. - 815 p.

ROUCOU (Christophe). - Les origines de la Jeunesse étudiante chrétienne et France(1929-1936). - Paris : Université Paris IV, 1973, 164 p.

3. Pour la période de la Seconde guerre mondiale

COMTE (Bernard). - Une utopie combattante, l’École des cadres d’Uriage, 1940-1942. - Fayard, 1991. - 639 p.

GIOLITTO (Pierre). - Histoire de la jeunesse sous Vichy. Paris : Perrin, 1991, 698 p.

C - BIOGRAPHIES

1. Sur le Père Olivaint

BAYLE (Abbé Antoine). - Oraison funèbre des RR PP Olivaint, Ducoudray, Caubert,de Benguy, sj, prononcé le 26 mai 1872. - Paris : Téqui, 1894, 42 p.CHÂTILLON (Madame de). - Le RP Pierre Olivaint, de la Compagnie de Jésus, savie, son oeuvre et son martyre. Pari : Josse, 1872, 250 p.CLAIR (RP Charles). - Le RP Olivaint, prêtre de la Compagnie de Jésus, Paris, VictorPalmé, 1878, 490 p.FEVAL (Paul). - Pierre Olivaint, petite esquisse d'un grand portrait. Paris : Palmé,1878, 34p.OLIVAINT (Pierre). - Aux jeunes gens, conseils du RP Olivaint, recueillis par le RPCharles Clair, Paris, J. Lefort, 1894, 533 p.

2. Sur le Père Aucler

BROU (Alexandre). - Le Père Paul Aucler.- Paris : Beauchesnes, 1922. - 175 p.

3. Sur René Pleven

BOUGEARD (Christian). - René Pleven, un Français libre en politique. - Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1994, 473 p..DENIS (Michel). - Les royalistes de la Mayenne et le monde moderne : XIXe-XXesiècle. - Paris : C. Klincsiek, 1977 : 600 p. Thèse Paris IV, 1972.

4. Sur Georges Bidault

Jean-Claude DEMORY, Georges Bidault (1899-1983), biographie, p. 14. JacquesDALLOZ, Georges Bidault, biographie politique, L'Harmattan, 1993, 468 p.

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INDEX DES PERSONNES,DES INSTITUTIONS ET DES PÉRIODIQUES

Académie des Sciences morales et politiques : 96.Action française (AF), mouvement, Action française, journal : 5, 66, 104-

109, 112, 113, 117, 140, 163-164, 166-167, 168, 174-184, 219, 220,247, 248.

Action libérale populaire (ALP) : 86-87, 99.Action populaire : 87.ALBERT, François : 164.ALET, RP : 43.ALEXIS, Amélie : 7.AMFREVILLE, Henri d' : 244.AMIGUES, Henri : 60, 61.ADERLEDY, RP : 49.ANDRE : 95.ANDRE, Henri : 129.ANDRIEUX, Préfet : 37. Annales de la jeunesse catholique, Les : 100n.ARDANT, Gabriel : 67.ARNOULD, Louis : 97, 99.Association catholique, L' : 95.Association catholique de la jeunesse française (ACJF) : 4, 5, 49-55, 57-59,

60, 63, 80, 81, 82, 83, 84, 86, 87, 89, 99, 100n, 101n, 105, 110n, 111,112-114, 122, 145-146, 164, 167, 175, 185, 186, 187, 188, 189, 190,194, 197-200, 205, 209, 212, 217, 219, 222, 225n, 229, 230, 232, 242,243, 247, 248.

Association des étudiants de l'Institut catholique : 201n.Aube, L' : 69, 244.Aurore, L' : 245.AUBEIGNE, René d' : 66, 75, 106, 107-109.AUBIGNY, Albert d' : 97.AUBINEAU, Joseph : 44n.AUBRUN, Henri : 74, 220, 244.AUCLER, RP Paul : 71, 72, 73, 76, 77, 80, 82, 91,105, 107-109, 113, 120,

121, 127, 131, 212, 213n.AUFFRAY, Henri :135, 136.AUFFRAY, Jules : 14, 94-95, 97.AUMONIER, André : 7, 128n, 179, 207, 217, 224, 226-228, 232-233, 235,

237.AUZOU, Emile : 61, 244.AVENEL, Georges d' : 100.AZEMA, Jean-Pierre : 7.

*BABEAU, Jules : 69.BABELON, Ernest : 100.BAILLY , Emmanuel : 53.BARBEZIEUX : 142.

316

BARRAL, Octave de : 109.BARRES, Maurice : 169, 180.BARTHELEMY, François : 163.BASTIDE, Emmanuelle : 4.BATAILLE : 161.BAUDOIN, Paul : 236.BAUDRILLART , Mgr : 100n, 185, 195, 232, 233.BAZAN : 218.BAZIRE, Henri : 74, 76, 80, 81, 82, 87, 111.BEAUCHESNE, Adelstan de : 100.BEAUCOURT, Alfred : 125, 129, 142, 244.BEAUMARCHAIS : 43. BECHAUX : 91.BECHAUX, Auguste : 28, 74, 92, 96, 100, 140.BECHAUX, Etienne : 101.BEIRNAERT, RP Louis : 236, 237, 240.BELUZE : 54.BENOIT XV : 95.BERLIER DE VAUPLANE, Polyeucte : 92.BERNON, Just de : 44.BERRYER : 11.BERTRAND, Louis : 133.BETTENCOURT, Victor : 82, 86.BIDAULT , Georges : 138, 143, 145, 146, 147, 160-161, 161n, 167, 169,

170, 172-176, 179, 220, 232, 233, 241, 242, 243, 245.BIENAIME, Amiral : 98, 119.BIGORGNE, Laurent : 7.BINAUD, Henri : 144.BITH, Joseph : 45.BIZARD : 195.BOISSARD : 143.BOISSARD, Adéodat : 244.BOISSARD, Charles : 146, 163, 176, 180.BOISSIERE, RP de : 7, 236n.BOIVIN-CHAMPEAU : 240n.BONALD : 161, 171.BONDU, Gérard : 240.BONFILS, RP : 7.BORDEAUX, Henri : 191,.BOSSUET : Voir Debray.BOUGEARD, Christian : 147n, 166, 167n, 168n, 169n.BOULLENGER : 129.BOULU, docteur : 94.BOUILLERIE, de la : 33.BOUTTIER, Georges : 119n.BOUVROY, Jean de : 226.BOYER CHAMARD, Etienne : 235.BOYLESVES, RP de : 11.BRACQUART, Georges : 138, 180.

317

BRIAND, Aristide : 229.BRICOURT, Pierre de : 74n, 75, 82, 84n, 85, 86.BRIERE, RP Yves de la : 131, 182, 194-195, 212.BRIOUT, Edgar : 69n.BROU, Alexandre : 70n, 71n, 72n, 75n, 76n, 77n, 102, 105, 107n, 111n,

113, 120, 121n.BROUCKER : 144.Brugelette, Collège de : 9, 20.BRUNETIERE, Ferdinand : 70.BUCHEZ, Philippe : 18.BUCQUET, Anatole : 45.Bulletin des aumôniers de l'ACJF : 199, 222.BUREAU, Paul : 100.BUISSON : 85.BURON, Robert : 207, 208.

*Cahiers du Travaillisme français : 242.CAIRE, César : 98.CALAN, Charles Lalande de : 46n.CALLON, Emmanuel : 89n.CANAT DE CHIZY : 50.Canterbury, Collège de : 127.CAMBON, Jules : 122.CAMUS : 146.CANTENOT, Georges : 146.CARMOY, Guy de : 244.CASSAGNAC, Paul de : 230n.CASTELNAU, Général de : 131-132, 133, 143, 165, 166, 230, 233.CAUVIERE, Henri : 85, 118, 120.CAZENOVE DE PRADINE : 33, 45, 98.CELIER : 91.CELIER, Alexandre : 74, 82, 103, 244.CELIER, Charles : 204, 236.CELIER, Jacques : 197.CELIER, Jean : 226, 232, 235.CELIER, Léonce : 78, 103.CELIER, Pierre : 232.Cercle catholique des étudiants de Paris : Voir Cercle du Luxembourg.Cercles catholiques d'ouvriers (CCO) : 27, 47-48, 49, 80, 95.Cercle de l'Alambic : 178.Cercle d'Hulst : 189, 201n, 203.Cercle Lucien Poulet : 201n.Cercle du Luxembourg : 53-54, 157, 189, 190.Cercle Montalembert (du 104 de la rue de Vaugirard) : 128, 189, 195, 240.Cercle Psichari : 189Cercle Saint-Maur : 201n.CHALENDAR, André de : 85, 89n, 101, 116n, 117.CHAMBORD, Comte de : 31, 32, 33, 95, 100n.CHAPSAL, Jacques : 207, 244.

318

CHARIE, de la : 207.Charlemagne, Lycée : 95.CHARNY, Maurice : 193.CHATEAUBRIAND : 43, 171.CHAYET, Paul : 244.CHENAIN : 145.CHERON : 205.CHESNELONG : 33, 37.CHEVALERIE, Xavier de la : 235.CHOBERT, Joseph : 244.CLAIR, RP Charles : 12, 13, 17n, 20n.CLAPIERS, Maurice : 146.CLEMENCEAU : 235.CLOVIS : 65.COCHIN, Baron Denys : 98.COLETTE : 103.COLIN, André : 240.COLIN DE VERDIERE, Jean : 61.COLIN DE VERDIERE, Bernard : 146, 245.Collège de France : 18, 100n.COMBES, Émile : 95.Comité français de libération nationale (CFLN) : 242.Comité national conservateur : 98n.Compagnons, mouvement : 237.COMTE, Bernard : 218n, 237n.Confédération générale du travail (CGT) : 120.Confédération internationale des étudiants catholiques (CIEC), dite Pax

romana : 175, 193, 201n.Conférence Fénelon : 12.Conférence Laënnec : 13, 90, 186, 187, 189, 201n, 211, 235-236, 238.Conférence de Maistre : 12.Conférence Montalembert (de Franklin) : 128, 144, 189.Conférence Montalembert (du 104 de la rue de Vaugirard) : Voir Cercle

Montalembert.Conférence Molé : 13, 94, 216Conférence Molé-Tocqueville : 98n, 216-217, 220.Conférence Ozanam : 13, 54.Conférence Pie IX : 12, 14.Conférence Ravignan : 50.Conférence Saint Pierre et Saint Paul : 13.Conférences de Saint-Vincent-de-Paul : 18, 19, 128.Conférence Saint Médard : 18.Conférence Saint-Michel : 239.Conférence du stage des avocats : 81, 98n, 99.Conférence Tocqueville : 216.CONIL : 38.Conseil d'État : 94, 205, 236, 244.Conseil de la République : 242.Conseil national de la Résistance (CNR) : 167-168, 240, 242.

319

COPPIN, Marcel : 144, 196.CORBILLE, RP : 80, 186, 187, 188, 232.CORDONNIER, Paul : 244.CORNUDET, Michel : 9n, 43.Corporation, La : 95.Correspondant, Le : 98n, 100n.COSSERAT : 142.COÜARD, Émile : 69, 101.COUPRIE, Claude : 83.Cour de Cassation : 236.COUSIN, Victor : 18, 20.COUVREUR : 170-171.Croix, La : 181.

*DAINVILLE , Claude de : 245.DALLOZ, Jacques : 172n, 176.DANIEL-ROPS : 233.DANIELOU, Jean : 146, 225, 245.DANSETTE, Adrien : 245.DANSETTE, Julien : 245n.DARBOY, Mgr : 22.DARWIN : 144.DAUDET, Alphonse : 180, 181.DAUVILLIER , Charles : 118.DEBRAY, André : 146, 242.Défense laïque, La : 193.DEGROOTE, Henri : 220.DELAUNAY, Paul : 100.DELCASSE DE MONSEGOU, Jacques : 244.DELOUVRIER, Paul : 240.DELPUITS, RP Jean-Baptiste : 10.DELSOL, Louis : 65, 67-68, 69, 97, 99, 137.DEMAINE, Albert du : 30n, 42.DEMOLINS, Edmond : 96, 100n.DEMOREUILLE : 195, 235.DEMORY, Jean-Claude : 172nDENAIS, Joseph : 98.DENIS, Michel : 166.DEROULEDE : 68, 97n, 119.DERVILLE, René : 139, 142.DESCARTES : 43, 44, 99n.DESJOYAUX, Claude : 100, 118n.DESLANDRES, Paul : 100.DEVILLE, Alphonse : 98.DHAVERNAS, Henri : 232, 236, 237, 242.DIEUZAYDE, RP : 187.DONCOEUR, RP : 165-166, 242.DORNIC, Jacqueline : 128n.DOULCET : 147.

320

DOUMERGUE : 85.DOURNES, Pierre : 246.DREYFUS : 65, 66, 68-70, 76, 101, 247.DRUMONT : 66.DUBOIS, Mgr : 181.DUBRUEL, RP : 187.DUCHATEAU : 11.DUDON, RP : 74, 102.DUPANLOUP, Mgr : 22.DUQUESNES, Jacques : 225n.DUVAL-ARNOULD, Louis : Voir Arnould.DUYE, Père : 199.

*ÉBLE, Louis : 75.ÉBLE, Maurice : 82, 100.Écho de Paris, L' : 102, 204, 205, 207n.École d'agriculture d'Angers : 97n.École des Beaux-Arts : 201n, 209.École Bréguet : 210, 239.École Centrale : 154, 158, 187, 209.École des Chartes : 101, 102n, 106, 158, 209.École de Chimie : 156, 158, 201n.École des hautes études : 100n.École libre des Sciences politiques (ELSP) : 89, 97n, 98n, 100n, 103, 106,

122, 133, 142, 158, 159, 167, 169, 176, 209, 217, 229, 232, 236, 239,240, 244, 244n, 245.

École des Mines : 117, 143, 158, 209.École normale supérieure : 18, 19.École Polytechnique : 158, 187, 209.École des Ponts : 117.École des Roches : 100.École supérieure des sciences éconoques et commerciales (ESSEC) : 244.École des Travaux publics : 158.École Violet : 157, 210, 239.ENTHOVEN, Raphaël : 7.Élèves officiers de réserve (EOR), pelotons d' : 235.Équipes sociales : 141, 146, 212, 218.ERNOUL : 33.ERNST, Docteur : 139.Esprit : 218.ESTEVE, Edmond : 101.ÉTE, Bernard d' : 244.Études, Les : 22, 77, 101n, 195.Étudiant catholique, L' : 188, 191, 192, 193n, 194, 195, 196n, 197, 198n,

199, 200n, 201, 202, 203, 204, 205n, 207, 212, 218, 224n.Éveil démocratique, L' : 11.

*FABIUS, Laurent : 5.FABRE, Jean : 207.

321

Faculté libre de droit de Lille : 96.FACQUE, Robert : 85.Fédération des associations familiales : 168.Fédération électorale catholique : 87.Fédération française des étudiants catholiques (FFEC) : 5, 146, 165, 168,

185-208, 209, 217-218, 219, 239, 247.Fédération gymnique et sportive des patronages de France : 101.Fédération nationale catholique (FNC) : 102, 131, 165, 166, 181.Fédération sportive de France : 101.FELS, André de : 97.FERRY, Jules : 35, 36, 37.FESTUGIERE, Paul : 102.FLAYELLE, Maurice : 220.FLICOTEAUX, Emmanuel : 102.FLICOURT, Pierre : 116n.FONTENIOUX, François du : 101.FONTENIOUX, Joseph du : 130, 133n, 135, 137n, 142.FONT-REAULX, RP de : 181-182.FONT-REAULX, Pierre : 244.FORBIN, Henri de : 150n, 183, 211.FOUCARD, Frédéric : 235.Français, Le : 98n.FRANCE, Anatole : 161, 162, 171.FRANCEZ, René : 101, 115n, 116, 122.FRANCQUEVILLE, Bernard de : 244.FRESQUET : 201.FUSTEL DE COULANGES : 169.

*GADOFFRE, Gilbert : 204.GAGARIN, RP Jean : 9, 11.GAILHARD-BANCEL, Hyacinthe de : 98.GAILHARD -BANCEL, Maurice de : 75, 81, 82, 110, 112, 113.GALLOO, André : 119.GALOPIN, Albert : 146.GALTIER, Louis : 98, 122, 220.GAMBETTA : 137.GARIBALDI : 23.GARNIER, abbé : 100n.GARRIC, Robert : 141, 146, 218.GASPARRI, Cardinal : 181.GAULEJAC, Bernard de : 145, 195.GAULLE, Henri de : 43-44, 91, 99.GAUTHEROT, Gustave : 97, 99, 100.GAUTHIER-VILLARS, Henri, dit Willy : 103.GEOFFROY DE GRANDMAISON, Charles : 10n, 31, 33, 34n, 36, 46, 50, 74,

93, 94n, 95-96, 212.GERARDIN, André : 245.GERLIER, Pierre : 75, 81, 82, 83-84, 102.GERMINY, Comte de : 33.

322

GILLIBERT, RP Bernard : 7.GLOTIN, Hyacinthe : 67.GOBLET : 64.GODARD, Justin : 163.GOÜARD-LUYS : Voir Coüard.GOUBAUX, Pierre : 134n, 135, 140n, 141n, 144n, 145n, 146n, 149n, 150n,

165n, 171n, 173, 177n, 178, 195, 196n, 197n, 209n, 214n.GOUTET, Pierre : 236, 237, 242.GRANDMAISON, Henri de : 99.GRANDMAISON, Louis de : 101.GRASSIN : 145.GRATIEN : 67.GREGOIRE XVI : 20.GREVY, Jules : 35.GRIEVES, Dominique de : 244.GRIFFATON, André : 141.Groupe des architectes catholiques des Beaux-Arts : 201n.Groupe catholique de la faculté de pharmacie : 201n.Groupe catholique des HEC : 201n, 210.Groupe catholique de l'Institut de chimie : 201n, 210.Groupe d'études diplomatiques, économiques et sociales (GEDES) : 176.Groupe Duschesne : 201n.Groupement universitaire pour la Société des Nations (GUSDN) : 147, 168.GROUSSEAU, C. : 98.GRUCHON, RP : 235n, 238-239, 240.GUESTIERS, Raoul de : 13.GUICHARD, Abbé : 203.GUITTON, Jean : 233.

*HALEVY, Daniel : 233.HALLUITTE , Jean : 146.HANS, Pierre : 74.HARMEL, Léon : 45, 47, 67.Hautes études commerciales (HEC) : 156, 201n.HAVRET, RP : 71.HEBRARD, François : 82, 86, 101, 119n, 195.HENNEQUIN : 11.HENRI V : Voir Comte de Chambord.HERRIOT : 163.HERVIEUX, Paul : 170.HITLER, Adolf : 231.Histoire de France, L' : 100n.HOURS, Joseph : 137, 244.RP Julien : 12, 27-28, 30, 38, 42, 47, 48.HUDAULT, Joseph : 74.HUGO, Victor : 44.HULST, Mgr d' : 27n, 38, 39, 58, 100n.HUNTZINGER : 144.HUVENNE, RP Julien : 5, 209, 241, 246, 247.

323

*Institut catholique (IC) : 38, 39, 59, 63, 89, 93, 95, 100, 101, 102n, 106,

110, 122, 157, 158, 167, 173, 185, 186, 187, 188, 194, 195, 201,201n, 220, 232, 239, 240, 244, 244n, 245n.

Institut d'études politiques de Paris (IEP) : 4n, 244.Institut national agronomique (INA ) : 125, 128, 158.IRELAND, Mgr : 70.

*JANVIER, Frère Marie-Albert : 188, 191, 196, 198-199, 201.JARLOT, RP : 110n, 113n.JAURES : 170-171.JEANNE D'ARC : 164, 167, 190, 196, 230.JENOUVRIER, L. : 98.Jeune République : 167.Jeunesse agricole chrétienne (JAC) : 221.Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) : 185, 188, 197-200, 201, 204, 217,

237.Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) : 221.Jeunesses patriotes (JP) : 163, 165, 166, 167, 183, 215.Jeunesses de l'Ordre nouveau : 215.JOLLY, Jean : 93n.JOSSEAU, Paul : 92.Journal de Saint-Germain, Le : 94.

*KERALY, Jean : 74.KERILLIS, Henri de : 204, 218, 233.

*LAC, RP du : 52.LACORDAIRE : 18, 19, 24, 32.LACOUTURE, Jean : 23n, 24, 25, 35n, 37n, 235n.LACRETELLE, Etienne : 50.LAËNNEC, Hyacinthe : 13.LAFFOREST, Roger de : 162, 180.LA GRANGE, Amaury de : 97.LALANDE, RP : 198-199, 201, 222.LAMARCK : 144.LAMARTINE : 43.LAMARZELLE : 91.LAMARZELLE, Gustave de : 14, 15, 30, 74, 92, 93-94, 97, 140, 161.LAMENNAIS : 18.LAMY, Étienne : 86.LANGE, Robert : 147, 168.LAPIERRE, Jean : 237.LA ROCHETTE : 33.LASALLE, Jean de : 121.LAURAS : 91.LAURAS, Joseph : 119n.LAURAS, Paul : 9.LAURAS, RP : 186.

324

LAURAS, Xavier : 51, 60, 61, 161n.LAURENT : 231.LAVAL , Pierre : 237, 243.LAVIGERIE, Cardinal : 140.LE BEGUEC, Gilles : 4, 7, 54n, 99, 147n, 216n, 217.LE BRANCHU : 230n, 231n.LECANUET, Jean : 240.LECLERC, Maréchal : 245.LE COINTE, Pierre : 85.LECOURT, Robert :240.LEFEBURE, Pierre : 76n, 84n, 85n, 107-109, 116, 120, 121.LEGENDRE, Max : 201, 202, 204, 207.LEGENDRE, Maxime : 45.LEMAITRE, Jules : 97n.LEMARIGNIER, Louis : 66.LEMMI, Adriano : 65.LEON, Prince de : 31, 65.LEON XIII : 29, 30, 49, 57, 58, 69, 109.LEPARGNEUR, Jean : 121n, 125, 129, 131n, 132n, 142n, 144n, 168.LE PLAY , Frédéric : 96, 100.LEROLLE, Jean : 81,87, 97, 99, 105, 112.LE ROY, Albert : 102.LESGUILLIER, Pierre : 196.LESPINAT, François : 112.LE TALLEC, RP : 43, 53, 59-60, 61, 70.Lettres de Jersey : 190, 196n, 209n, 210n.LEVEQUE, Jean : 146, 147, 185, 195.LIBERT, Jean : 120.Ligue pour les droits des religieux anciens combattants (DRAC) : 100,

100n, 165-166, 167.Ligue de la Patrie française : 97n.Ligue des patriotes : 68.Ligue de propagande catholique et sociale : 58-59.LOCKE : 18.LOHSE, Félix : 119n.LONGAUD, Félix : 134.LONGUEMARE, Pierre de :118.LOT, Jacques :183.LYON-CAEN : 106.

*MAC MAHON : 25, 35.MADELIN, Louis : 121.MAISTRE, Charles de : 9.MAISTRE, Joseph de : 9, 44, 161, 171.MALLEIN , Jean-François : 235.MALVY : 97n.MANIERE, Paul : 130, 137, 142, 180.MARGERIN, Fernand : 119n.MARTIN : 45.

325

MARTIN, Évariste : 45.MARTY, Henri : 75.MASSIS, Henri : 233.Massillon, Collège : 95.MATTEI, André : 236, 244.MAURRAS, Charles : 109, 180, 181, 182.MAYEUR, Jean-Marie : 4n, 62n.MENDELSOHN : 139.MERVEILLEUX DU VIGNAUX : 50.MESNILDOT, Augustin du : 235.Messager du coeur de Jésus, Le : 59.MICHELET, Jules : 18, 20.MIGNOT, Pierre : 139, 180.MITHOUARD, Adrien : 98.MITTERRAND, François : 240.MIZZI, Jean : 143.MOINY : 200.MOISANT, RP Joseph de : 71.MOISSINAC, Paul : 130, 132.MOISSINAC, Pierre : 195, 198n, 203, 207.MOLETTE, Charles : 4, 36n, 48n, 51, 52n, 54n, 57n, 58n, 60n, 70n, 74n,

82n, 87n, 111n, 122n, 167n.Mongré, Collège de : 100n.Moniteur, Le : 98n.MONNIER, Georges : 129n, 131n, 132n, 134, 140, 141n, 142n, 143, 145n,

148n, 150n, 151, 157, 158n, 174, 175, 185n, 225, 235.MONTALEMBERT : 20, 24, 32, 175.MONTCHEUIL : 142.MONTCHEUIL, Père de : 237.MONTEIL, Maurice : 60, 67.MONTLOSIER, de : 10.MOREAU, Dom : 165.MOREAU, Jean-Nicolas : 128n.MOULIN, Jean : 240.MOULIN DE LABARTHETE, Henri du : 131, 135, 137, 138, 163-164, 174,

175, 176-179, 180, 183, 184, 217, 236, 244.MOUNIER, Emmanuel : 218.Mouvement républicain populaire (MRP) : 242, 243, 244.Mouvement social, Le : 88.MUN, Albert de : 32, 33, 47-48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 57, 58, 74, 82, 95,

98, 112, 143.MUSSOLINI, Benito : 134.

*NAPOLEON III : 22, 94, 104.NATHAN : 65.NICOLAŸ, François : 235.NICOLAŸ, Pierre : 232, 235.NORMAND, Lucien : 39, 40n, 46, 47n, 92, 99.NOURRISSON : 137.

326

*Oeuvre des Cercles : voir Cercles catholique d'ouvriers.Office central des étudiants catholiques : 185.OLIVAINT , RP Pierre : 9, 11, 12, 17-25, 33, 38, 39, 52, 91, 92, 161n, 194,

211.OLLE-LAPRUNE : 75.OLLIVIER , Émile : 62, 76.ORLEANS, Duc d' : 107.OZANAM, Frédéric : 17.

*PAPILLON, Maurice : 51, 126, 136, 137.PARENT DU CHATELET, Joseph : 12, 14n, 25n, 38, 41n, 42, 43, 44n, 50-51,

60, 61, 66, 94n, 95.PARENT DU CHATELET, Marie-Thérèse : 95.PARIS, comte de : 58, 100n.Parti social français (PSF) : 175, 183, 236.PASTEAU, Rémy : 146.PAVES, Joseph : 171.Pax Romana : Voir Confédération internationale des étudiants catholiques.PAYOT : 85.PELLETAN, Camille : 37. PERRAUDIERE, René de la : 101.PERRET, Paul : 146.PETAIN, Philippe : 97n, 98n, 99, 168, 235, 236, 237.PETIT, Hugues : 112.PETIT, Jacques : 144.Peuple français, Le : 100n.PIE IX : 20, 22, 29, 32, 33, 47, 59, 93.PIE X : 77, 112, 121, 140.Pie XI : 182.PIE XII : 234, 247.PIETTRE, André : 244.PILLAT : 145.PIOT, Georges : 82.PIOU, Jacques : 62, 97n, 98.PITOT, RP : 37.PLANCHENAULT, René : 129n, 143n, 146, 150n, 151n, 156n, 164, 196,PLEVEN, René : 129, 130, 137, 139, 142, 144, 145, 146, 147, 161, 166-172,

173, 176, 177, 178, 193, 194, 195, 242, 243.PLISTA, Achille : 67.PLOIX : 146.POCQUET DU HAUT JUSSE : 103.POHER : 240.POIRSON, Jacques : 207, 231.POLIGNAC, Prince François : 97n, 245.PONCEAU, René du : 146, 189, 190n, 193, 197.PONTAL, Édouard : 31, 44, 66.PORTIER, Nicolas : 106.Préparation militaire supérieure (PMS) : 205, 235.

327

PREVOSTS, Michel : 27n.PULLY , RP Henri de : 98n, 99n, 126n, 127-128, 129, 130, 131, 139, 142,

146, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153-155, 156, 157, 158, 159, 160,162n, 164, 165, 166, 167, 168n, 176, 177, 179, 180, 182-183, 184,186, 187, 188, 189, 190, 195, 196, 200, 202n, 207, 209, 210, 211, 212,213, 214-216, 217, 218, 219, 220, 221, 222-223, 224, 225, 226-228,229, 230, 231, 234, 235, 237, 240, 243.

*QUESNEL, Alexandre : 202.QUIDET, Jean-Marie : 200.

*RAMIERE, RP : 23.RANDON, Maréchal : 22.RAVIGNAN , RP : 9, 20.RAVIGNAN , Baron de : 37.RECAMIER, général : 75.REDOUIN : 212, 244.REGNERY, Yves : 235.REMOND, René : 7.REMY-MORIN, Jacques : 235-236.RENE, Vincent : 245.Réunion des étudiants du 104 de la rue de Vaugirard : 201, 213-214,Revue des aumôniers de l'ACJF : Voir Bulletin des aumôniers de l'ACJF.Revue des jeunes, La : 162, 218.Revue sociale, La : 100.REVERDY, Henri : 57, 59, 74, 81.REY, Jean : 144, 154, 173, 174n, 175n.RIBADEAU-DUMAS : 183, 237, 245.RIBAULT , Joseph : 69, 74.RICHARD : 195.RICHOU, Alexandre : 143, 145, 195.RINCQUESSEN, de : 91.RINCQUESSEN, André de : 119n.RIQUET, RP Michel : 235-236.RIVIERE, Jacques : 178.RIVIERE, Mgr : 245.ROBINET DE CLERY : 39.ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT, Duc de la : 19.ROCHEMONTEIX, RP de : 43, 51.ROCHETTE DE LEMPDES : 60.ROGER, Maurice : 92.ROGER-MACHARD, Charles : 244.ROMAND-DAMAT, J. : 27n.ROLAND-GOSSELIN, Abbé : 78.ROQUEFEUIL, Félix de : 9.ROQUEFEUIL, Robert de : 51, 52.ROQUEFEUIL, RP de : 125.ROTOURS, des : 91.ROTOURS, Robert des : 119n.

328

ROUSSEAU : 144.RUBAT DU MERAC, Henri : 60, 61.

*SAILLARD , Antoine : 98, 99.SAINT-BLANCARD, Louis de : 118n, 119n.SAINT-CHAMAS, Roger de : 138, 143n, 145n, 147, 154, 237.SAINTE-MARIE, Gabriel Marcotte de : 244.SAINT-GIRONS, Michel de : 204, 235.Saint-Louis de Gonzague, Collège : 97n, 128, 144, 189n, 190.SAINT-MAUR, François : 16n, 24.SAINT-SIMON : 18.SALEILLES, Raymond :32, 33, 36, 44n, 92.SALINIS, RP Albert de : 71, 90, 154.SANGNIER, Marc : 109-112, 167.SARCUS, Pierre de : 226.SARS, Albert de : 154.SCELLE, Georges : 163-164, 205, 247.SCHAEFFER, Pierre : 245.SCHRAMECK, Abraham : 164.SCHUMAN, Robert : 165.Science sociale, La : 100n.Secours national : 100n.Secrétariat d'État à la famille et à la jeunesse : 236.Secrétariat général à la Jeunesse (SGJ) : 236-237.Section française de l'internationale ouvrière (SFIO) : 144.Semaine à Paris, La : 245.Semaines sociales : 100.SEMBAT, Marcel : 97n.Sept : 244.Sénat : 92.SEROKA, Joseph de : 45.SERRE, Mgr de la : 201.SHAKESPEARE : 43.SIEBURG : 230n, 231.SIEYES, Emmanuel : 208.Sillon : 100n, 102, 104, 109-112, 113.SIRINELLI , Jean-François : 245n.Société des bonnes études : 10-11, 12, 41, 53.Société des études littéraires : 53.Société française d'histoire de la médecine : 100,Société générale d'éducation et d'enseignement : 23,Société de géographie : 100n.Société de l'histoire de France : 95.Société des nations (SDN) : 139, 147, 194, 230.Société de Saint-François-Xavier : 19, 20.Stanislas, Collège : 36, 99, 203n, 245.STROWSKI, Fortunat : 174.SWETCHINE : 9,Syndicat des publicistes chrétiens : 95.

329

*TAILLADE , de la : 146.TAINE, Hippolyte : 100n, 161, 171.TAITTINGER, Pierre : 163.TAUDIERE, Emile : 74, 97, 98n, 133, 220.TAUDIERE, Henri : 98n.TAUDIERE, Jacques : 98n.TEISSERENC : 146.THIEBLIN, Louis : 70.TISSOT, Jean : 133, 136, 195.TOUR DU PIN, Marquis de la : 143.TOURNEMIRE, Guillaume de : 237.TOURVILLE, Henri de : 100n.

*Union catholique de l'Institut national agronomique (UCINA ) : 128, 154,

201n.Union fédérale des étudiants en sciences : 201n.Union pour la France (UPF) : 203.Union sociale d'ingénieurs catholiques (USIC) : 63, 238.Univers, L' : 24, 59, 95.Uriage, École d' : 237.

*VALENCE, Joseph de : 16, 34, 45n, 46, 50, 53.VALLAT : 181.VALLET, Jean : 143.VALLIN , Charles : 164, 165, 175, 176n, 177, 183, 196, 229, 236, 243.VARANGOT : 230n.VAUCELLES, Pierre de : 183, 207, 208, 231.VAUGELAS, Charles A. de : 204.Vaugirard, Collège de : 9, 20, 71, 94, 99, 100n.VAYSSIERE, Gustave de : 102.VERDEIL : 230n, 237.VERDIER, Cardinal : 201.VERDIERE : 146.VERGNIAUD, Ernest : 119, 119n.VEUILLOT : 91.VEUILLOT, François : 60, 61, 64, 68, 101.VEUILLOT, Louis : 32.VEZINS, Bernad de : 167.Vie nouvelle, La : 100n.VIER, Jacques : 184.Vie spirituelle, La : 102n.VILLELONGUE, de : 231.VILLEMANQUE, de la : 140.VIMAL , Pierre : 74, 99.VIOT, Paul : 141, 144.VIRIEU, Hélène de : 7.VIVIANI : 95.VIVIER, Bernard : 128n.

330

VOLTAIRE : 94, 144.*

WEBER, Eugen : 164n, 166.WEYGAND, Général : 183-184, 232, 233.WILLY : Voir Gauthier-Villars.

*YBARNEGARAY : 236.YOUNG : 231.

*ZAMANSKI , Joseph : 74, 75, 82, 88, 102.ZOLA, Émile : 69.

331

Table des matières

Sigles et abréviations ..................................................................... 3INTRODUCTION ............................................................................ 4Remerciements ............................................................................. 7

PREMIERE PARTIE

UN CERCLE CATHOLIQUELITTÉRAIRE ET CONSERVATEUR.

(1874-1888)

Chapitre I - LA FONDATION DE LA CONFERENCE OLIVAINT ............ 9

La Congrégation ..................................................................... 9L'héritage de l'antique Congrégation, 9. - La Congrégation deParis et la société des bonnes études, 10. - Renaissance de laCongrégation et essais de conférences littéraires, 11.

La création et l'organisation de la Conférence ........................... 12De la Conférence littéraire de la rue de Sèvres à l'Olivaint, 12. -Premiers rites, 13. - Devenir les défenseurs de l'Eglise et dupays, 14. - La politique exclue des débats, 16.

Pierre Olivaint, un nom militant ............................................... 17Un milieu modeste, 17. - Un jeune historien révolutionnaire, 18.- Un converti, 18. - Un professeur d'histoire qui veut devenir unSaint, 19. - Du coté des Jésuites persécutés, 20. - Un moraliste,21. - « Gardez la vérité dans la charité », 22. - Un martyr de laCommune, 23. - Un nom militant, 24.

332

Chapitre II - DES SOLDATS DU PAPE AU SERVICE DE LA CONTRE-REVOLUTION .............................................................................. 26

Un cercle religieux .................................................................. 26Une vie spirituelle intense, 26. - Le RP Hubin, 27. - Des

catholiques "ardents et convaincus", 28.

Des soldats du Pape ................................................................. 29La bénédiction du Pape, 29. - Des "soldats de la grande arméecatholique", 30.

Des soldats de la tradition ......................................................... 31Un cercle réactionnaire , 31. - L'Olivaint et les Chevau-Légers,33. - "Nous voulons une France catholique", 34.

L'épreuve de l'expulsion de 1880 .............................................. 35Les lois et décrets Ferry , 35. - Une veillée d'armes avantl'expulsion, 36. - L'Institut catholique recueille l'Olivaint, 38. -"Nous ne fréquentons guère le monde officiel", 39. - Unegénération de l'expulsion ?, 39.

Chapitre III - UN CERCLE LITTERAIRE AUX PREOCCUPATIONSSOCIALES ................................................................................... 41

Une conférence littéraire ......................................................... 36La séance du mercredi, 41. - Une liberté de ton ?, 42. - Dessujets littéraires, 43. - Des débats historiques, 44.

Intérêt pour les questions économiques et sociales ....................... 44Débats d'actualité, 44. - Attrait pour la question sociale, 45. -L’'intervention de l'État, 46. - Liens avec les Cercles catholiquesd'ouvriers, 47. - Albert de Mun, soutien de la Conférence, 47. -Vers l'action sociale, 48.

Chapitre IV - L'OLIVAINT ET LA FONDATION DE L'ASSOCIATIONCATHOLIQUE DE LA JEUNESSE FRANÇAISE (ACJF) ........................ 49

La fondation ........................................................................... 49Naissance de l'ACJF, 49. - La Conférence Olivaint face àl'ACJF, 50.

Les Jésuites prennent la direction de l'ACJF ............................... 51Les réticences de la Compagnie, 51. - Albert de Mun en appelleau Provincial, 52. - Les Jésuites prennent la direction, 53 . -Démission du Cercle du Luxembourg, 53. - Rapidedéveloppement de l'ACJF, 54.

333

DEUXIEME PARTIE

LA CONFÉRENCE OLIVAINTFACE À LA RÉPUBLIQUE

(1888-1914)

Chapitre I - LE RALLIEMENT ........................................................ 57

La Jeunesse catholique sur le terrain constitutionnel .................... 57Un ralliement ambivalent, 57. - La Ligue de propagandecatholique et sociale, 58. - Ralliement de la Compagnie deJésus, 59.

Le ralliement de la Conférence.................................................. 59Le Père Le Tallec, le Zouave Pontifical, 59. - L'impact del'Encyclique Rerum novarum, 60. - Débat sur le Ralliement, 61.- Premiers signes d'apaisement, 62.

Chapitre II - LA DEFENSE RELIGIEUSE .......................................... 63

Défense religieuse ................................................................... 63La faculté de circulation de l'Olivaint, 63. - Menaces sur lesCongrégations, 63. - Un esprit offensif, 64.

Un cercle antisémite ? .............................................................. 65Haine des Franc-maçons, 65. - L'antisémitisme, le fait d'uneminorité ?, 66. - Louis Delsol, président antisémite, 67. - Echosde l'Affaire Dreyfus, 68.

Face à la Séparation ................................................................. 70L'Olivaint en crise, 70. - Le RP Aucler, 71. - La ConférenceOlivaint au début du siècle, 72. - A la veille de la Séparation,73. - Concordat ou séparation, 74. - L'opposition aux Inventaires,74. - Une "école normale de jeunes militants", 75. Vers unrenouveau catholique ?, 77. - Essor de la vie spirituelle àl'Olivaint ?, 78

Chapitre III - UNE NOUVELLE GENERATION DE CATHOLIQUESSOCIAUX .................................................................................... 78

Développement de l'Action sociale ............................................ 78Sociaux parce que catholiques, 80. - L'emprise de l'Olivaint surl'ACJF, 81. - Une nouvelle génération ?, 83. -

334

De l'apostolat à l'action politique .............................................. 84L'action "religieuse et sociale", 84. - Contre l'« école officielle »,85. - Une société sans classes, 86. - Appui apporté à laFédération électorale, 87. - L'Action libérale populaire, 87.

Chapitre IV - LE DEVELOPPEMENT D'UN RESEAU D'ANCIENS........... 89

L'Olivaint développe son réseau d'anciens .............................. 89Séparation de l'Olivaint et de Laënnec, 90. - Les effectifs de laConférence Olivaint, 90. - L'apparition des banquets annuels,91. - La mémoire de l'Olivaint, 92.

Les grandes figures des anciens ..........................................92Gustave de Lamarzelle, "un croisé toujours en armes" , 93. -Julles Auffray, défenseur de l'Eglise, 94. - Charles Geoffroy deGrandmaison, l'historien de l'Olivaint, 95. - Auguste Béchaux,professeur d'économie politique, 96.

L'Olivaint, pépinière des élites catholiques ? .............................. 96La formation d'une élite politique, 97. - Hommes du Barreau,universitaires et hommes de lettres, 99. - Peu de fonctionnaires,101. - L'apport de l'Olivaint à l'Eglise et aux ordres religieux,101. - Quelques cas atypiques, 102. - Une méritocratie, 103.

Chapitre V - ENTRE L'ACTION FRANÇAISE ET LE SILLON. A LARECHERCHE D'UNE TROISIEME VOIE ............................................. 166

Vers l'exclusion de l'Action française ........................................ 166"S'abstenir de toute lutte et de toute passion politique", 104. -L'AF à la conquête de la jeunesse universitaire, 105. - L'Actionfrançaise exclue de fait de l'Olivaint, 106. - Action catholiqueversus action politique, 107. - René d'Aubeigné s'oppose auConseil, 107. - Primauté du politique contre primauté duspirituel, 109.

Faible influence du Sillon ......................................................... 109Une influence indirecte, 110. - Tensions entre l'ACJF et leSillon, 111.

L'ACJF, une troisième force ? .................................................. 112Une voie étroite, 112. - L'Olivaint et la primauté de la religion,113. -

335

Chapitre VI - L'OLIVAINT ET LA GRANDE GUERRE ........................ 115

Des problèmes de recrutement .................................................. 115Conséquences de l'allongement du service militaire, 115. -Efforts de recrutement, 116. - Faible animation des conférences,117.

Marche à la Guerre ................................................................. 118Vers la Guerre, 118. - Le patriotisme de l'Olivaint, 119. - Lechauvinisme du Père Aucler, 120. - A la veille du conflit, 121. -Une génération sacrifiée, 121

336

TROISIEME PARTIE

APOGÉE ET DÉCLIN :L'OLIVAINT AUX MARGES DE LA RÉPUBLIQUE

(1919-1942)

Chapitre I - LE POIDS DE LA GRANDE GUERRE ............................... 125

Renaissance et réorganisation de la Conférence ........................ 125Reprise des activités, 125. - Réorganisation de la Congrégation,126. - Création d'une association légale, 126. - Le Père dePully, un directeur combattif, 127. - Le groupe d'Institutagronomique, 128. - Les écoles de conférenciers, 129. -L'Académie des jeunes, 129.

L'esprit ancien combattant ...................................................... 130Le souvenir de la guerre, 130. - Le général de Castelnau, 131. -Le cercle d'étudiants soldats, 132. - Dénonciation du traité deVersailles, 132. - L'Allemagne paiera, 133. - Entre crainte dupangermanisme et attrait du fascisme, 134.

Face à l'ennemi intérieur .................................................. 134La politique entre à l'Olivaint, 135. - Contre le Bolchevisme,136. - Antisémitisme et anti-maçonnisme, 137. - La haine duJuif, 138. - Dénonciation du Sionisme, 139. - Ultramontanisme etconservatisme, 139.

Chapitre II - ACTION SOCIALE ET ACTION POLITIQUE ..................... 141

Des patronages aux oeuvres ouvrières ....................................... 141Le patronage de Pantin, 141. - Cercles d'apprentis, 142. -L'oeuvre de Billancourt, 142. - L'action oratoire et l'agitationpolitique, 143. - Joutes oratoirs, 144. - La création d'un comitéd'action, 145.

Un centre de formation de la Jeunesse catholique......................... 145De moindres liens avec l'ACJF, 145. - Les Équipes sociales,146. - Le Groupement universitaire pour la Société des Nations,147. - Former un homme complet, 147.

Un déclin de la pratique religieuse ? .......................................... 148Permanence des obligations religieuses, 148. - Cercle religieux,150. - Les retraites fermées, 150. - Une moindre ferveurreligieuse ?, 151. - L'engagement politique et social nuit-il à lapiété ?, 152.

Moralisme et pessimisme du Père de Pully ................................. 153Contre l'utilitarisme, 153. - Départ de l'UCINA, 154. - Unindividualisme croissant, 154. - Former un homme complet, 147.

337

Chapitre III - LE QUARTIER LATIN, NOUVEAU CHAMP D'ACTION ..... 156

Le recrutement de la Conférence dans les années vingt................. 156Des effectifs importants, 156. - Des difficultés de recrutement,157. - Un recrutement diversifié, 158.

Un goût de l'action .................................................................. 159Critique de l'apostolat traditionnel, 159. - Une génération del'après-guerre, 160. - Le goût de l'action, 161.

La Conférence alimente les Ligues ............................................ 163L'affaire Scelle, 163. - Liens avec la ligue du Père Doncoeur,165.

René Pleven, prototype de l'Olivaint d'après-guerre ? ................ 166L'Action française, un péché de jeunesse ?, 166. - Pleven et les"sirènes nationalistes de l'Olivaint, 167. - L'ardeur de lajeunesse, 168. - Fustel de Coulanges et le nationalismehistorique, 169. - Un catholique conservateur, 170. - Rejet dusocialisme, 170. - La guerre, pour assurer la paix, 171.

Georges Bidault, un anticonformiste des années vingt ............... 172Une éducation classique, 172. - Un "terrible iconoclaste", 172. -Débats avec les maurrassiens, 174. - Un farouche opposant del'Action française, 175.

Henri du Moulin de Labarthète et l'Action française ................... 176Un président charismatique, 177. - « L'intelligence française esten péril », 178.

Face à la condamnation de l'Action française ........................ 179La crise de 1925, 179. - L'Olivaint, tribune de l'Actionfrançaise, 180. - Le danger Maurras et la fidélité à l'Actionfrançaise, 180. - Henri de Pully entre en résistance, 182. - LaConférence Olivaint, bastion de l'AF ?, 183.

338

Chapitre IV - L'OLIVAINT ET LA FEDERATION DES ETUDIANTSCATHOLIQUES (FFEC) ................................................. 185

La fondation de la Fédération des étudiants catholiques............... 185Jean Levêque et l'Office central des étudiants catholiques, 185. -Les origines de la FFEC, 186. - La Compagnie de Jésus face àla FFEC naissante, 187.

Une fédération de cercles d'étudiants ......................................... 189Un regroupement de cercles d'étudiants, 189. - Une "unioncorporative", 190. - Un triple but, 190. - Pour une formationmorale de l'étudiant, 191. - Les congrès, 192. - « Pax Romana »,193.

La Conférence Olivaint au sein de la FFEC ................................ 194L'action du RP Yves de la Brière, 194. - Forte présence dansl'organigramme, 195. - Forte participation aux activités, 195.

La FFEC et la JEC : un difficile partage des taches ..................... 197Méfiance de l'ACJF à l'égard de la FFEC, 197. - Méfiance dela FFEC à l'égard de la JEC, 198. - Les Pères Janvier etLalande se mettent d'accord, 198. - La JEC, au service de laFFEC, 199. - L'attitude du Père de Pully, 200.

La crise de la FFEC .......................................................... 201Crise financière et démission de Janvier, 201. - Une organisaitonartificielle ?, 201. - Absence d'esprit fédéral, 202. - Tentativesparisiennes d'union, 203.

Une orientation corporative .............................................. 204Le soutien de « L'Echo de Paris », 204. - L'affirmation ducorporatisme, 204. - Défense religieuse, 205. - Face au 6 février1934, 206. - L'Olivaint rend hommage aux morts du 6 février,206. - "On est fatigués du régime", 207.

Chapitre V - DECLIN ET CRISE D'UN CONFORMISME DES ANNEESTRENTE ...................................................................................... 209

Un conformisme des années trente ............................................ 209Un rayonnement maintenu, 209. - Un certain immobilisme, 211.- Une concurrence croissante, 212. - Une moindre cohésion desmembres ?, 214. - La croisade du Père de Pully contre le non-conformisme, 214. - Le déclin de la Conférence Molé-Tocqueville, 216. - Une prise de distance vis-à-vis de la FFEC ?,217.

Difficultés financières .............................................................. 219Une conséquence de la crise de 1925, 219. - Faible participationdes anciens, 220.

339

La Compagnie de Jésus prend ses distances ........................... 220Une "chapelle fermée", 221. - Le Provincial dénonce lepessimisme du Père de Pully, 222. - La« déconfesionnalisation » et la question des vocations, 223.

Les Olivaints demandent le départ du Père de Pully .................... 226Un "devoir de conscience", 226. - "Un peu d'espérance !", 227.

Chapitre VI - LA GUERRE ET LA TRANSFORMATION DE LACONFERENCE OLIVIANT .............................................................. 229

"Ne soyons pas pacifistes, soyons pacifiques" ......................... 229Contre le pacifisme, 229. - Germanophobie et antinazisme, 230.- Une nouvelle veillée d'armes, 232. - « Vous êtes des Croisés »,233.

L'Olivaint dispersée .......................................................... 234Sous les drapeaux, 235. - Résistance à l'occupant ?, 235. - Leréseau du Secrétariat général à la Jeunesse, 236.

Réorganisation de la Conférence ............................................... 237Un triste état des lieux, 238. - La Conférence Olivaint, groupecatholique des Sciences Po, 239.

Les générations de l'entre-deux-guerre ...................................... 240Vrais et faux Olivaints, 241. - Les Olivaints pendant la Guerre :une question de génération ?, 241. - Un apport notable à la viepublique, 236.

CONCLUSION .......................................................................... 246

340

ANNEXES

I. Liste lacunaire des bureaux de la Conférence de 1874 à 1942 249II. Liste lacunaire des présidents de la Réunion des jeunes gens.. 267III. Liste lacunaire des présidents des séances de clôture............ 268IV. Liste des présidents de l'ACJF (1886-1956) ...................... 269V. Liste lacunaire des présidents de la FFEC ......................... 269VI. Liste des conférenciers de 1875 à 1914 .............................. 270VII. Liste lacunaire des conférenciers de 1919 à 1942................. 287

DOCUMENTS

I Lettres de Léon XIII adressées à la Conférence Olivaint....... 293II. Coutumes de la Conférence Olivaint en 1879 ..................... 294III. Les séances du mercredi, décrites par un membre de la

Conférence, Eugène Langevin, en 1905 ............................. 296IV. Texte de présentation de la Réunion en 1906 ...................... 297V. Circulaire du conseil de la Réunion de 1910 entraînant

l'exclusion des Olivaints membres de l'Action française...... 298VI. Tract de la rentrée de 1919 ........................................ 299VII. Allocution de René Pleven, président de la Conférence Olivaint,

le 29 mai 1921, adressée à Gustave ce Lamarzelle à l'occasiondu Cinquantière anniversaire de la mort du Père Olivaint 300

VIII. Allocution de Georges Bidault, président de la ConférenceOlivaint, le 6 mai 1923, adressée à Xavier Lauras à l'occasionde l'Assemblée générale de l'association ........................ 301

IX. Note de présentation de la Conférence Olivaint en 1925....... 301 X. Appel aux étudiants de Max Legendre, président de la FFEC

au lendemain du 6 février 1934 ................................... 303XI. Note anonyme sur la transformation de la Conférence

Olivaint en 1942 ........................................................ 304

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE .................................................. 305

INDEX DES PERSONNES, DES INSTITUTIONS ET DES PERIODIQUES 315


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