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La sécurité environnementale intra-étatique de la Chine entre 2000 et 2009

Date post: 09-Jan-2023
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132
LIONEL GALLET LA SÉCURITÉ ENVIRONNEMENTALE INTRA- ÉTATIQUE DE LA CHINE ENTRE 2000 ET 2009 La stabilité sociopolitique chinoise menacée par la crise environnementale? Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en science politique pour l’obtention du grade de maître ès arts (M.A.) DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2013 © Lionel Gallet, 2013
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LIONEL GALLET

LA SÉCURITÉ ENVIRONNEMENTALE INTRA-

ÉTATIQUE DE LA CHINE ENTRE 2000 ET 2009 La stabilité sociopolitique chinoise menacée par la crise

environnementale?

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval

dans le cadre du programme de maîtrise en science politique

pour l’obtention du grade de maître ès arts (M.A.)

DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES

UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC

2013

© Lionel Gallet, 2013

i

Résumé

En 2012, la Chine est une superpuissance économique dotée d’une démographie

hors-norme, dirigée par un régime politique militaire et autoritaire. Le régime actuel n’est

que la continuité de l’ère de Deng Xiaoping, à savoir la poursuite du développement

économique et social de la Chine, par une libéralisation progressive de la propriété et de

l’entrepreneuriat individuel, à condition de l’acceptation par les Chinois d’un statu quo

social et politique.

Les résultats ont été à la hauteur des espérances des dirigeants du Parti communiste

chinois puisque la Chine est devenue une puissance économique mondiale. Cependant, ce

développement s’est fait au prix d’une accélération de la détérioration de son

environnement. L’environnement en Chine se dégrade dangereusement depuis quelques

décennies à cause des agressions anthropiques, issues du développement économique et de

la défaillance de la gouvernance chinoise, qui s’intensifient. Celles-ci, jumelées à un certain

nombre de facteurs connexes tels que la taille, la croissance et la densité démographique,

provoquent des dysfonctionnements sanitaires et alimentaires conséquents. Ceux-ci, à leur

tour, génèrent des externalités sociales et politiques pouvant être plus ou moins violentes

(manifestations de masse et répressions).

Le lien supposé entre les dysfonctionnements environnementaux internes de la

Chine et la détérioration des sécurités sanitaires et politiques s’inscrit dans le champ

théorique de la sécurité environnementale. Ce mémoire aborde le phénomène de la sécurité

environnementale en Chine en examinant les relations entre environnement et santé, puis

entre la santé et la sécurité politique interne, afin de comprendre la relation globale entre

l’environnement et la sécurité politique intra-étatique.

ii

Abstract

In 2012, China is an economic superpower with extraordinary demographics and

directed by an authoritarian military regime. The current regime is a continuation of the

Deng Xiaoping’s era which was characterized by economic and social development made

possible by a progressive liberalisation of private ownership and entrepreneurship, provided

the Chinese people accept the social and political statu quo.

Results have met the expectations of the Chinese Communist Party leaders since

China is now an economic superpower. However, this development has been associated

with an acceleration of the degradation of the environment. In recent decades, China’s

environment has been deteriorating rapidly due to increasing anthropogenic assaults linked

to economical development as well as governance failures. These, when added to several

other related factors such as population size, increase and density, cause important health

and food dysfunctions, which, in turn, generate more or less violent social and political

externalities (mass demonstrations and repression).

The link between internal environmental dysfunctions on the one hand, and health

and political security on the other hand, fits in the theoretical field of environmental

security. This thesis approaches the issue of environmental security in China by examining

the relationships between the environment and health, and between health and political

security, in order to understand better the overall relationship between the environment and

internal political security.

iii

Remerciements

Les premiers mots de remerciements seront adressés à ma fille Maïna qui sait chaque

jour m’inspirer par sa joie et son humour, et à ma femme Sylvie pour son soutien

indéfectible.

Ensuite, j’aimerais saluer la patience, l’ouverture d’esprit et l’esprit critique de mon

directeur de maîtrise, monsieur Philippe Le Prestre, qui a su à travers nos rencontres

améliorer la qualité de mon travail. Nos échanges furent fondamentaux dans ma

compréhension de la complexité de la recherche scientifique et des mes propres limites.

Par ailleurs, j’aimerais remercier plusieurs professeurs, pour leurs aides précieuses et

appréciées, dont messieurs Jean Mercier pour sa collaboration à ma revue de littérature lors

du séminaire de recherche, Gérard Hervouët et Shenwen Li pour leurs connaissances

profondes de l’Asie en général et de la Chine en particulier. And, finally, I want to thank

Thomas Homer-Dixon for his time, advice and encouragement...

iv

À Michèle, Sylvie et Maïna.

« Je considère que la pratique de la science n'est pas une joute en vue d'avoir raison, mais

un travail qui contribue à augmenter et à approfondir la connaissance.

C'est à des hommes qu'anime cette idée de la science que j'adresse ce travail. ».

Carl G. Jung – 1953

Métamorphoses de l'âme et ses symboles

Genève

Librairie de l'Université

v

Table des matières

Résumé ..................................................................................................................................... i

Abstract .................................................................................................................................. ii

Remerciements ...................................................................................................................... iii

Table des matières .................................................................................................................. v

Liste des tableaux ................................................................................................................ viii

Liste des figures ..................................................................................................................... ix

Liste des annexes .................................................................................................................... x

Liste des sigles ....................................................................................................................... xi

Chapitre 1 - Introduction ......................................................................................................... 1

Chapitre 2 - Cadres conceptuels et théoriques de la sécurité environnementale .................... 7

Les concepts de sécurité et d’environnement .................................................... 7 Section 1.

1. La sécurité ................................................................................................................... 7

2. La sécurité nationale ................................................................................................... 1

3. L’environnement ......................................................................................................... 2

4. La sécurité environnementale ..................................................................................... 2

Les principales théories de la sécurité environnementale .................................. 4 Section 2.

1. Les principales théories .............................................................................................. 4

2. Les processus théoriques opérationnels ...................................................................... 6

3. Les critiques des théories .......................................................................................... 13

Chapitre 3 - La stratégie de recherche .................................................................................. 17

Cadre opératoire et unité d’analyse ................................................................. 17 Section 1.

Variables et indicateurs : choix et justifications .............................................. 17 Section 2.

Stratégie de vérification ................................................................................... 20 Section 3.

Méthodologies et données ............................................................................... 20 Section 4.

1. Méthodologies .......................................................................................................... 20

2. Matériels et données ................................................................................................. 21

Chapitre 4 - L’analyse quantitative de la sécurité environnementale interne ....................... 23

Les analyses corrélationnelles ......................................................................... 23 Section 1.

1. Analyses tabulaires et graphiques univariées ........................................................... 23

2. Analyses corrélationnelles et de régressions linéaires bivariées .............................. 23

vi

3. Analyse corrélationnelle multivariée ........................................................................ 27

4. Analyse corrélationnelle bivariée entre la V.I. des cancers et la V.D. de la sécurité

politique ........................................................................................................................ 28

Résultats ........................................................................................................... 31 Section 2.

Apports et limites de l’approche quantitative .................................................. 31 Section 3.

Chapitre 5 - L’analyse qualitative de la sécurité environnementale interne ......................... 34

Introduction ...................................................................................................... 34 Section 1.

Le contexte initial ............................................................................................ 34 Section 2.

1. La Chine et son environnement ................................................................................ 34

2. Les activités anthropiques et l’environnement ......................................................... 41

Les dysfonctionnements environnementaux .................................................... 57 Section 3.

1. La surexploitation des ressources naturelles ............................................................. 57

2. La dégradation des ressources naturelles .................................................................. 58

3. L’inéquitable redistribution des ressources .............................................................. 61

4. Les changements climatiques ................................................................................... 64

Les atteintes à la sécurité sanitaire ................................................................... 66 Section 4.

1. Le lien entre l’environnement et la santé .................................................................. 66

2. Le développement des cancers dus aux pollutions ................................................... 67

3. Le coût économique et la réponse gouvernementale ................................................ 69

4. L’émergence des externalités sanitaires sur la sécurité politique intérieure ............. 70

Les atteintes à la sécurité politique .................................................................. 70 Section 5.

1. Les phénomènes de contestation sociale .................................................................. 70

2. Les acteurs ................................................................................................................ 75

3. Les formes de la contestation sociale environnementale .......................................... 76

4. Le gouvernement central face aux phénomènes ....................................................... 78

5. La réponse gouvernementale .................................................................................... 78

Les atteintes aux autres types de sécurité ........................................................ 79 Section 6.

Les interactions entre les différentes atteintes aux sécurités ........................... 80 Section 7.

Chapitre 6 - Conclusions ....................................................................................................... 82

Bibliographie ........................................................................................................................ 88

Monographies ................................................................................................................... 88

vii

Articles de périodiques ..................................................................................................... 89

Articles d’ouvrages collectifs ........................................................................................... 95

Données statistiques .......................................................................................................... 96

Documents institutionnels ................................................................................................. 97

Articles de presse et documents multimédias ................................................................... 99

Annexes .............................................................................................................................. 101

Annexe A – Tableaux ..................................................................................................... 101

Annexe B – Graphiques des évolutions des indicateurs ................................................. 105

Annexe C – Notes explicatives ....................................................................................... 111

viii

Liste des tableaux

Tableau – 1 : Données brutes des indicateurs associés aux variables indépendantes et

dépendantes

Tableau – 2 : Données standardisées du tableau 1 en score – Z

Tableau – 3 : Variations des indicateurs en pourcentage entre 2000 et 2009

Tableau – 4 : Corrélations de Pearson et significations

Tableau – 5 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 1

Tableau – 6 : ANOVA – 1

Tableau – 7 : Coefficients – 1

Tableau – 8 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 2

Tableau – 9 : ANOVA – 2

Tableau – 10 : Coefficients – 2

Tableau – 11 : Corrélations de Pearson et significations – 1

Tableau – 12 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 3

Tableau – 13 : ANOVA – 3

Tableau – 14 : Coefficients – 3

Tableau – 15 : Incidents de masse

Tableau – 16 : Protestations sociales d’origine environnementale

ix

Liste des figures

Figure – 1 : Les effets possibles des changements environnementaux sur la production

agricole

Figure – 2 : Les effets possibles des changements environnementaux sur la productivité

économique dans les pays en voie de développement

Figure – 3 : Produit intérieur brut de la Chine entre 2000 – 2009

Figure – 4 : Évolution sectorielle de l’économie chinoise entre 1999 et 2008

Figure – 5 : PIB comparés de la Chine et autres puissances économiques majeures

Figure – 6 : Population de la Chine entre 2000 – 2009

Figure – 7 : Dynamics of urbanization and industrialization levels of China between 1978

and 2003

Figure – 8 : Densité démographique par région administrative en 2009

Figure – 9 : Rejets de CO2 par région administrative en 2009

Figure – 10 : PIB par régions administratives en 2009

Figure – 11 : Répartition géographique de la « cancer-village belt »

Figure – 12 : Évolution des incidents de masse entre 1995 et 2010

Figure – 13 : Déchets industriels gazeux de la Chine entre 2000 – 2009

Figure – 14 : Efficacité gouvernementale de la Chine entre 2000 – 2009

Figure – 15 : Proportion des décès dus aux cancers en Chine entre 2000 – 2009

Figure – 16 : Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique en Chine entre

2000 – 2009

Figure – 17 : PIB / Cancers

Figure – 18 : Population / Cancers

Figure – 19 : Émissions des déchets industriels gazeux / Cancers

Figure – 20 : Efficacité gouvernementale / Cancers

Figure – 21 : Cancers / Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique

x

Liste des annexes

Annexe – A : Données statistiques brutes

Annexe – B : Graphiques des évolutions des indicateurs

Annexe – C : Notes explicatives

xi

Liste des sigles

BM – Banque Mondiale

CIA – Central Intelligence Agency

ENCOP – The Swiss Environment and Conflicts Project

EPI – Environmental Performance Index

ESI – Environmental Sustainability Index

FOI – Swedish Defence Research Agency

FSI – Failed States Index

GIEC – Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat

GECHS – Global Environmental Change and Human Security

IDH – Indice de développement humain

NAFTA – North American Free Trade Agreement

NBSC – National Bureau of Statistics of China

NIC – National Intelligence Council

OCDE – Organisation de coopération et développement économique

OCHA – Office for the Coordination of Humanitarian Affairs

OMC – Organisation mondiale du commerce

ONG – Organisation non gouvernementale

ONU – Organisation des Nations unies

OTAN – Organisation du Traité de l’Atlantique Nord

PIB – Produit intérieur brut

PNUD – Programme des Nations Unies pour le Développement

PNUE – Programme des Nations Unies pour l’Environnement

PRIO – International Peace Research Institute in Oslo

SCRS – Service Canadien du Renseignement de Sécurité

SEPA – State Environmental Protection Administration

WWF – World Wildlife Fund

1

Chapitre 1 - Introduction

Depuis l'effondrement du bloc soviétique et la fin de la guerre froide, trois

phénomènes sociopolitiques et économiques internationaux mobilisent l’attention : les

phénomènes de mondialisation1, de sécurité2 et d'environnement. Ce dernier, à travers la

pollution, la destruction et l'exploitation des ressources naturelles, et les changements

climatiques, achève ce triptyque qui marque l’histoire politique contemporaine et succède

au monde bipolaire « Est – Ouest ». Le phénomène environnemental ne cesse de prendre de

l’ampleur comme enjeu politique international. Plus particulièrement, les

dysfonctionnements environnementaux et leurs externalités deviennent emblématiques, par

le biais des dégradations, des surexploitations, des redistributions inéquitables des

ressources naturelles et des changements climatiques. Ils se hissent progressivement dans

les principales priorités des intérêts nationaux des États et des systèmes institutionnels

internationaux3.

Les inondations au Pakistan4,5 et la vague de sécheresse en Russie en 20106,7

illustrent le fait que l’environnement et ses problématiques demeurent au cœur des

préoccupations des sociétés et des États. La Chine ne fait pas exception ; les inondations,

les sécheresses, les pollutions et les accidents industriels récurrents, ainsi que la

surexploitation et la dégradation massives des ressources, témoignent de l’acuité

grandissante des phénomènes environnementaux au sein de la société chinoise.

Les dysfonctionnements environnementaux d'origine anthropique ont des

1 La mondialisation de l’économie, des communications, des transports des individus et des marchandises, des

crises financières et de l’emploi etc. 2 Les phénomènes de terrorismes internationaux, conflits identitaires et ethniques, génocides, révolutions

sociopolitiques, etc. 3 Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat en 1988, le Protocole de Kyoto en 1997,

la conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague

(Danemark) en 2009, les Conférences sur l’environnement : Stockholm (Suède) en 1972, Nairobi (Kenya) en

1982, Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, Johannesburg (Afrique du Sud) en 2002, Rio de Janeiro en 2012. 4 OFFICE FOR THE COORDINATION OF HUMANITARIAN AFFAIRS, 2010, « Pakistan Floods. »,

O.C.H.A. 5 Les dégâts s’étendent sur une surface supérieure à 160 000 kilomètres carrés, détruisant environ 1,9 million

d'habitation, tuant plus de 1700 personnes et touchant aux alentours de 20 millions de pakistanais. 6 AMERICAN GEOPHYSICAL UNION, 2011, « Main Culprit of Deadly Russian Heat Wave ? Natural

Variability. », A.G.U. 7 Le phénomène aurait entraîné la mort de plus de 50 000 personnes et mis en danger les infrastructures

nucléaires russes menacées par les incendies de forêts.

2

répercussions socio-économiques et politiques importantes8. Ils constituent des menaces à

l’ensemble des sécurités, portant atteinte à l'intégrité physique des individus et des groupes

sociaux, des systèmes économiques et des infrastructures matérielles9. Un rapport de la

Banque mondiale, contesté par les autorités chinoises, mais conforté par un autre rapport

issu du Centre chinois de prévention et de contrôle des maladies, soulignait que parmi les

vingt villes les plus polluées au monde, seize seraient chinoises, entraînant plus de 750 000

décès prématurés par an en 200710. De plus, « […] l'agence semi-officielle Nouvelles de

Chine et d'autres médias officiels avaient affirmé que 2,2 millions de chinois, dont la moitié

sont des enfants de moins de cinq ans, mouraient chaque année d'affections liées à un

niveau élevé de pollution domestique, citant une étude du CDC11. ».

La sécurité environnementale s'illustre à travers les dysfonctionnements

environnementaux menaçant les tissus et les processus vitaux des sociétés. Un des

fondements de la sphère politique est la nécessité d'assurer la survie et la pérennité de la

société qui la soutient selon Platon dans La République12. Ce processus de protection relève

du domaine de la sécurité nationale en particulier et de la sécurité humaine en général.

Cette dernière forme un système complexe où différents types de sécurité interagissent en

permanence (sanitaire, alimentaire, personnelle, etc.). Les dysfonctionnements

environnementaux, par leur capacité de nuisance à toutes ces formes de sécurité,

représentent un objet significatif de questionnement en terme politique. Par ailleurs, la

multiplication des ministères de l'environnement, des politiques environnementales, des

organisations environnementales non gouvernementales, des conférences et des rapports

institutionnels internationaux traduit l'importance du phénomène environnemental dans le

champ politique.

La recherche sur la sécurité environnementale, au-delà de la simple interrogation

8 ALLENBY B. R., 2000, « Environmental Security : Concept and Implementation », International Political

Science Review, Vol. 21, N° 1, page 7 9 OFFICE FOR THE COORDINATION OF HUMANITARIAN AFFAIRS, 2009, « Human security in

theory and practice : Application of the Human Security Concept and the United Nations Trust Fund for

Human Security. », United Nations, Human Security Unit, 74 pages 10

LA CROIX, 2010, « Chine : démenti officiel après un rapport sur la pollution domestique. », La Croix 11

Ibid. 12

PLATON et GROU, J.N., 1840, L'État ou la République de Platon, Lefèvre, Université d’Oxford, 491

pages

3

scientifique, tente de répondre aux controverses théoriques et méthodologiques soulevées

par la littérature afin de clarifier et de préciser le concept13. Les controverses portent sur la

redéfinition des concepts constitutifs de la théorie et sur la mise en place d'une

méthodologie empirique systématique et efficace14. Selon la littérature, il existe un

ensemble de lacunes scientifiques d’ordre épistémologique et méthodologique15. L’absence

d'analyse quantitative systématique multivariée, la déficience quant à la méthodologie de

comparaison d’études de cas, la faiblesse des données, les lacunes de la modélisation et de

l’indexation, ainsi que l’imprécision des concepts opérationnels posent problème16.

La Chine est un ensemble multiethnique avec une majorité écrasante de Han17,

traduisant le caractère homogène de la société en termes d’ethnicité. Elle représente un cas

d’étude pertinent pour les théories de sécurité environnementale grâce à sa population,

dépassant un milliard trois cents millions d’individus, à ses problématiques

démographiques intergénérationnelles et de genre, de pays en transition socioéconomique

et à la nature spécifique du régime politique chinois18. En 2011, le pays devient la deuxième

économie mondiale. Dotée d’un environnement extrêmement hétérogène et biologiquement

riche, la Chine possède une histoire environnementale qui, bien que très ancienne, demeure

très mouvementée19. Le pays est intéressant pour mesurer l’acuité des théories de sécurité

environnementale avec une population et une économie hors-normes, un système politique

13

MATTHEW, R. A., GAULIN, T. et MCDONALD, B., 2003, « The Elusive Quest: Linking Environmental

Change and Conflict », Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol.

36, N° 4 ; DIEHL, P. F. et N. P. GLEDITSCH, 2001, Environmental conflict, Westview Press, Boulder, 294

pages ; IYER, R. R., 1998, « Scarce Natural Resources and Language of Security », Economic and Political

Weekly, Vol. 33, N° 20, p. 1167 – 1169 14

GLEDITSCH, N. P., 1998, « Armed Conflict and the Environment: A Critique of the Literature », Journal

of Peace Research, Vol. 35, N° 3, Special Issue on Environmental Conflict ; GLEDITSCH, N. P., 2001, «

Environmental change, security, and conflict », Washington, dans Chester A. Crocker, Fen Olser Hampson, &

Pamela Aall, Turbulent Peace: The Challenges of Managing International Conflict, Washington, DC: United

States Institute of Peace Press, p. 53–68 ; BARNETT, J., 2000, « Destabilizing the environment–conflict

thesis », Review of International Studies, Vol. 26 15

DIEHL, P. F. et N. P. GLEDITSCH, 2001, op. cit., 294 pages 16

GLEDITSCH, N. P., 1998, op. cit. ; GLEDITSCH, N. P., 2001, op. cit., p. 53–68 ; BARNETT, J., 2000, op.

cit. 17

Entre 90 et 95 % de la population chinoise. 18

ALLEN-GIL S. et O. BORYSOVA, 2007, « Environmental security in transition countries : Knowledge

gaps, hurdles, and effective strategies to adress them. », p. 417-424, dans R. N. Hull et al. (eds.), Strategies to

Enhance Environmental Security in Transition Countries, NATO Security through Science Series, 425 pages 19

SMIL, V., 1984, The bad earth, M. E. Sharpe, New York, 240 pages

4

rigide et statique, supporté par un environnement fragile, surexploité et dégradé20.

Sur le plan sécuritaire, la Chine renforce sa position dans les relations

internationales depuis ces dernières décennies par l’intermédiaire d’investissements

militaires importants (129,27 milliards de dollars US en 2011 contre 33,49 milliards en

2000)21, d’un déploiement géographique grandissant de ses forces stratégiques et de la

multiplication des ses partenariats géopolitiques. Ses trajectoires de puissances

économiques, sociales et politiques ont des répercussions sur l’ensemble des autres pays et

du système international. Ce faisant, elle devient une joueuse de plus en plus importante au

sein des relations internationales et constitue un enjeu de sécurité pour les autres nations.

Par ses externalités environnementales extraterritoriales et ses besoins d’importation de

ressources22, la République populaire soulève également toute une série de préoccupations

de la part de la communauté internationale sur la pérennité23.

La problématique générale de notre mémoire tente de vérifier si les

dysfonctionnements environnementaux d’origine anthropique (dégradations

environnementales, surexploitations et redistributions inéquitables des ressources)

représentent une menace à la sécurité politique de la société chinoise par l’intermédiaire de

la dégradation de la sécurité sanitaire. La vitesse et l’ampleur, du développement de la

société chinoise, ont un prix en amont avec le coût environnemental et un prix en aval avec

les coûts sociaux, économiques et politiques. Ces externalités environnementales

engendrent des atteintes à l’intégrité physique, psychologique et sociale des Chinois. Ces

menaces à leurs sécurités sont de moins en moins acceptées et finissent par engendrer des

phénomènes de contestations sociales plus affirmés, dans un contexte social déjà tendu.

La question de recherche générale peut s’exprimer comme suit : les

dysfonctionnements environnementaux, produits du développement économique et

démographique, expliquent-ils en partie les troubles sociaux qui traversent la Chine depuis

20

SMIL, V., 1993, China’s environmental crisis, New-York, Éditions M. E. Sharpe, 203 pages 21

STOCKHOLM INTERNATIONAL PEACE RESEARCH INSTITUTE, 2012, « The SIPRI Military

Expenditure Database : China. », SIPRI 22

Premier producteur et consommateur mondial de charbon, second consommateur mondial d’énergie et de

pétrole. 23

W. B. G. U., 2008, « Climate change as a security risk. », London, Earthscan

5

le début des années 2000 ?

La question de recherche spécifique n°1 s’interroge sur l’évolution du phénomène

de sécurité environnementale en Chine. Est-ce que les croissances des dégradations

environnementales, depuis l’an 2000, ont les capacités d’expliquer la dégradation de la

santé des Chinois

La question de recherche spécifique n°2 s’interroge sur la relation entre la santé et le

politique : Est-ce que la dégradation de la sécurité sanitaire suffit-elle à expliquer une

dégradation de la stabilité politique intérieure entre 2000 et 2009 ?

La question spécifique n°3 relative à l’intensité du phénomène de sécurité

environnementale se pose différemment. Quel est le degré d’intensité du phénomène de

sécurité environnementale de la Chine en 2009 ?

L’hypothèse générale tend à soutenir qu’au fur et à mesure que la Chine se

développe économiquement, l’environnement se dégrade, avec des conséquences négatives

sur la stabilité et la sécurité internes. Le pacte implicite qui lie le citoyen et les instances

dirigeantes du parti communiste chinois implique une mise en parenthèse des réformes

politiques – vers plus de démocratie et de libertés individuelles – à condition que la

croissance économique extirpe des millions de Chinois de la pauvreté. Ce pacte, comme

jadis celui qui liait l’empereur à son peuple, est menacé par les externalités du

développement. Ce dernier est loin d’être durable suivant les conditions imposées par les

normes internationales. Par conséquent, si la variable environnementale est déstabilisée par

les activités anthropiques, alors elle produira des externalités qui auront un coût plus moins

élevé en termes de sécurités alimentaire, sanitaire, individuelle, sociale, économique et

politique. Le contrat social et le rêve remis en question, les Chinois seraient enclins à

radicaliser leurs contestations sociales, voire à prétendre à un changement de régime

politique. Ainsi, les problématiques de sécurité environnementale soulevées par les théories

s’exprimeraient en Chine et il serait possible d’observer ces relations ces deux dernières

6

décennies24.

Concernant les hypothèses répondant à la question de recherche spécifique h1

soutient une relation significative positive entre la dégradation du contexte

environnemental et les dégradations sécuritaires en termes de santé. Par ailleurs, notre

hypothèse h2 sous-tend que si la crise de l’environnement influence négativement la santé

des Chinois, cette dernière, étant dégradée, menace la sécurité politique interne de la Chine.

D’autre part, l’hypothèse spécifique h3 soutient que les externalités sanitaires, issues des

dysfonctionnements environnementaux, provoquent en effet des réactions sociales menant à

la perturbation de l’ordre public, participant ainsi à l’évolution croissante des troubles

sociaux en Chine depuis le début des années 2000. Le degré d’intensité de la détérioration

de la santé et de la sécurité politique apparaît critique. Il subit une croissance constante

durant la dernière décennie et se confirme avec la prise de conscience et la reconnaissance

grandissante de la gravité du phénomène par les autorités politiques chinoises.

Afin d’encadrer notre recherche, la délimitation des champs théoriques s’impose et

sera présente dans le deuxième chapitre qui synthétisera les principaux concepts opératoires

et les théories dominantes en sécurité environnementale. Par ailleurs, le chapitre trois

expose la stratégie de recherche retenue, suivi du chapitre quatre qui procède à l’analyse

quantitative des variables choisies. Le chapitre cinq quant à lui, corps essentiel de notre

recherche, analyse en profondeur les relations possibles entre l’environnement et la sécurité

en Chine au sein d’une démarche qualitative préalablement élaborée. Finalement, le

chapitre 6 présente les résultats de nos analyses ainsi que les conclusions que les premiers

ont initiées.

24

CRAWFORD, A., BROWN, O. et V. YANG, 2006, « Growing into Risk Emerging environment and

security issues in China », Winnipeg, Manitoba, International Institute for Sustainable Development, p. 1-21

7

Chapitre 2 - Cadres conceptuels et théoriques de la sécurité

environnementale

Les concepts de sécurité et d’environnement Section 1.

1. La sécurité

Pour Barry Buzan la sécurité est un concept « essentiellement contestable25 », car il

doit sa survie seulement au fait que coexistent en lui « des usages concurrents dont il est

l’objet »26. Néanmoins, le concept de sécurité renvoie à une réalité observable et mesurable.

Le terme apparaît au XIIIe siècle en Europe où la sécurité est la « confiance de celui qui

croit n'avoir aucun sujet de crainte27 ». Cette définition renvoie à la notion de « menace » et

par extension à celle d’insécurité, l’existence d’« acteurs » et enfin, les concepts de menace

et d’acteur induisant le phénomène de la « perception ».

La notion de menace est fondamentale dans la compréhension des phénomènes de

sécurité. Buzan réduit l’idée de sécurité à « the pursuit of freedom from threat » alors que la

définition d’Arnold Wolfers envisage que « La sécurité, dans un sens objectif, mesure

l’absence de menaces sur les valeurs centrales (acquired) ou, dans un sens subjectif,

l’absence de peur que ces valeurs centrales ne fassent l’objet d’une attaque28. ». Concept

extrêmement complexe, car enfermant en lui une multitude de formes, la notion de menace

paraît illimitée. Cependant, il est possible de relever plusieurs catégorisations

dichotomiques la concernant, selon que l’on parle de menaces réelles ou de menaces

virtuelles, de menaces intérieures ou extérieures, de menaces proches ou lointaines dans le

temps, de menaces graves ou bénignes…

La première division conceptuelle fait appel à la notion de perception de la menace

pouvant être ressentie comme réelle par les acteurs. Toutefois, tel un construit social

ambigu, la menace peut s’avérer virtuelle et entretenue par l’imaginaire individuel ou

collectif d’un ou de plusieurs acteurs. Ainsi, la peur religieuse (crainte de Dieu), des fins de

25

Propos de Barry Buzan dans : BATTISTELLA, D., 2003, « Chapitre 14 : La sécurité », dans

BATTISTELLA, D, 2003, Théories des relations internationales, Paris, Presses de Sciences Po, page 461 26

Ibid. 27

CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES TEXTUELLES ET LEXICALES, 2012, « Étymologie :

sécurité. », C. N. T. R. L., Nancy 28

BATTISTELLA, D., 2003, op. cit, pages 461 – 462

8

millénaires, constitue, à l’instar des légendes urbaines, des menaces dont la probabilité de

réalisation semble plus qu’incertaine, voire nulle. Enfin, il faut mentionner que la

séparation entre menace virtuelle et menace réelle n’est pas toujours aussi claire, tant elles

peuvent, face à une même problématique, être superposées, enchevêtrées, auto-entretenues,

voire instrumentalisées. On peut catégoriser les menaces selon la nature de ceux qui les

produisent en parlant de menaces intérieures, quand leurs auteurs appartiennent aux mêmes

groupes que ceux représentés par les victimes de ces menaces sur un espace commun. Par

opposition, les menaces extérieures sont celles des agents situés en dehors des États, des

systèmes et des groupes. Troisièmement, les menaces peuvent s’étaler sur un continuum

temporel relativement étendu, entre les menaces imminentes et les menaces à long terme.

Enfin, les menaces peuvent se hiérarchiser selon une échelle de potentialité d’externalités

ou de dangerosités.

Lorsqu’on aborde la question des acteurs et des perceptions, le concept de sécurité

se complexifie. Les acteurs se subdivisent en deux catégories, entre ceux qui représentent

une menace et ceux qui sont l’objet de celle-ci. Cependant, dans la réalité politique, sociale

et économique de nos sociétés, la distinction entre le menaçant et le menacé devient plus

problématique, car il peut y avoir une confusion entre les deux parties. Un exemple de cette

confusion est révélé par le concept du « dilemme de sécurité » à travers l’affrontement

idéologique et politique, lors de la guerre froide entre l’Occident et le bloc soviétique.

Enfin, on peut en conclure, qu’avant tout, les problématiques de sécurité gravitent

principalement autour des perceptions que les acteurs ont des réalités qui les englobent et

des intentions des autres acteurs. Les différences de perception se traduisent dans le langage

de multiples façons, telles que la peur, la paranoïa, l’incertitude, le sentiment d’insécurité,

le dilemme de sécurité.

1

John Herz relativement au principe du « dilemme de sécurité », thème cher des

réalistes en relations internationales écrivait :

Désireux de se mettre à l’abri de ces risques, ils sont amenés à acquérir de plus en plus

de puissance en vue d’échapper à l’impact de la puissance d’autrui. Or, voilà qui rend

les autres moins sûrs et les contraint à se préparer au pire. Étant donné que nul ne

saurait jamais se sentir complètement en sécurité dans un monde composé d’unités en

compétition, la lutte pour la puissance s’ensuit, d’où le cercle vicieux de la sécurité et

de la puissance29.

Ce « cercle vicieux » n’est peut-être pas, comme l’imagine le courant réaliste, une

fatalité. L’exemple du Costa Rica ayant renoncé à se doter d’une armée nationale de

défense montre que le phénomène sécuritaire n’est pas forcément prioritaire et que la

notion de perception demeure centrale dans les théories de sécurité.

2. La sécurité nationale

Thème central au courant théorique réaliste en Relations internationales, la sécurité

nationale est, selon Renner, « […] seen as closely related to the threat or use of violence,

and military means are regarded as central to the provision of security30. ». Toutefois,

Frédérick suppose que la sécurité nationale est avant tout liée à la notion de survie de l’État,

englobant la protection intérieure de l’État contre toute menace insurrectionnelle et la

protection extérieure contre toute agression. Ainsi, l’État appuie le renforcement de la

sécurité nationale par la « […] consolidation de la détention effective par l'État du

monopole de la violence sur son territoire et par une compétition essentiellement militaire

sur la scène internationale entre les États31. ».

Cependant, la notion de sécurité nationale s’élargira progressivement avec toute une

série de nouvelles menaces tant intérieures qu’extérieures32. Hearne dresse une comparaison

des différents types de sécurité traditionnelle et non traditionnelle possibles, entre les

29

HERZ, J., 1950, « Idealist Internationalism and the security dilemma », World Politics, Vol. 2, N° 2, p.

157-180 30

RENNER, M., 2006, « Introduction to the Concepts of Environmental Security and Environmental Conflict

», Washington, Institute for Environmental Security, Inventory of Environment and Security Policies and

Practices, page 3 31

FRÉDÉRICK, M., 1993, « La sécurité environnementale : éléments de définition », Études internationales,

Vol. 24, N° 4, page 754 32

HALLEGATE, S. et P. AMBROSI, 2006, « Environnement, changement climatique et sécurité », Les

Cahiers de la sécurité, Vol. 63, page 6

2

différents types de sécurité pris en compte par les États, les institutions internationales et les

chercheurs spécialistes de la sécurité. Il identifie la sécurité nationale, la sécurité

environnementale, la sécurité humaine et la sécurité durable 33. La première traite de la

souveraineté et de l’intégrité territoriale, les autres de la protection des infrastructures

environnementales, de l’intégrité sécuritaire et enfin de la durabilité globale34.

3. L’environnement

Il est possible de déterminer la définition du concept d’environnement sur plusieurs

niveaux, l’un étant matériel et l’autre reposant sur un construit socialement accepté.

Premièrement, l’environnement est défini « as the complex of physical, chemical, and

biotic factors that act upon an organism or an ecological community at any point in the life

cycle and ultimately determine its form and survival.35 ». Hufty explique que :

De façon générale, nous entendons l’« environnement » comme une construction

sociale, le produit d’une action collective, une « nature travaillée par la politique ». Il

est le résultat d’une série de « transcodages » dans lesquels divers problèmes

(individualisables) sont recodifiés pour se rassembler sous le chapeau « environnement

», cela à des fins politiques ou stratégiques.36

Toutefois, l’environnement est un concept renfermant en lui les caractéristiques

d’une vision sociale élaborée, à travers un traitement intellectualisé, pouvant être fondé

notamment sur un ensemble de pensées religieuses ou philosophiques (mère Nature, Gaïa).

Enfin, l’environnement est devenu progressivement un concept économique, quantifiable et

marchand (services écosystémiques), avec l’avènement du libéralisme et des phénomènes

de mondialisation.

4. La sécurité environnementale

L’étude de la sécurité environnementale est un phénomène contemporain37,38.

Néanmoins, le débat paradigmatique prend sa source avec les débats sur les phénomènes

33

HEARNE, S. R., 2008, op. cit, page 224 34

Ibid., page 224 35

Ibid. page 219 36

HUFTY, M., 2009, « La sécurité environnementale : un concept à la recherche de sa définition », dans

Claude SERFATI, Une économie politique de la sécurité, Paris, Karthala, page 134 37

Premières apparitions du terme d’« insécurité environnementale » dans le Rapport Brundtland en 1987 lors

de la Commission Mondiale sur l'environnement et le développement 38

COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DE

L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES, 1987, Notre avenir à tous, ONU, New-York, page 24

3

démographiques, de pénurie des ressources naturelles et de prospérité, par des auteurs tels

que Confucius et Platon. Toutefois, c'est avec l'économiste Thomas Malthus que le débat

scientifique prendra tout son sens39. La sécurité environnementale fait l'objet depuis la fin

des années quatre-vingt d'une recherche soutenue, tant sur le plan du développement

théorique que sur celui de la recherche empirique40.

Dans l’état actuel de la recherche scientifique, il est difficile de proposer un

ordonnancement spécifique de la sécurité environnementale. Plusieurs voies émergent

néanmoins, avec d’une part la dichotomie entre sécurités environnementales interne ou

intérieure (sécurité environnementale intra-étatique) et externe ou extérieure (sécurité

environnementale interétatique). D’autre part, il est possible d’appréhender la théorie selon

le degré d’intensité des phénomènes de sécurité environnementale, à savoir leur intensité en

termes de coûts humains et matériels ainsi que de durabilité et de récurrence.

Premièrement, la sécurité environnementale s'exprime par la prise en compte de la

sécurité de l'environnement en tant que telle41. Ensuite, elle doit s'entendre dans le cadre des

externalités environnementales à la sécurité des individus (santé, hygiène…).

Troisièmement, elle appréhende les menaces pesant sur l'accès aux ressources et les

changements environnementaux au niveau des sécurités intérieure et extérieure des États42.

Frédérick, dans ce sens, affirme qu’« […] il s'agit, pour un État, d'une absence de menaces

non conventionnelles contre le substrat environnemental essentiel au bien-être de sa

population et au maintien de son intégrité fonctionnelle43. ». Par ailleurs, la sécurité

environnementale prend tout son sens, dans la mesure où elle représente une variable

significative pour la stabilité du système international, à travers l'accès aux ressources,

l'externalisation des conflits intra-étatiques et l'instrumentalisation de la sécurité

environnementale en politique interne et en politique étrangère44.

39

HOMER-DIXON, T. F., 1999, Environment, scarcity, and violence, Princeton University Press, Princeton,

page 29 ; MATTHEW, R. A., GAULIN, T. et MCDONALD, B., 2003, op. cit. 40

LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., page 377 41

HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit., 42

LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., pages 387 à 397 43

FRÉDÉRICK, M., 1993, op. cit., page 761 44

LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., pages 397 à 413

4

Enfin, pour retenir une définition plus synthétique du concept de sécurité

environnementale, celle-ci peut se déterminer comme étant l’intersection entre le concept

de l’environnement et celui de la sécurité. Ainsi, à chaque fois que l’environnement (air,

eau et terre) est l’objet d’un dysfonctionnement d’origine anthropique et que ce dernier

entraîne un dysfonctionnement de la sécurité pris dans son sens large, à savoir une

composante ou plus de la sécurité humaine, on peut qualifier cette interaction de

problématique propre aux théories de sécurité environnementale

Les principales théories de la sécurité environnementale Section 2.

1. Les principales théories

L’étendue du champ théorique est vaste et complexe, par conséquent, il est difficile

de proposer une classification de toutes les approches qui soit satisfaisante sur le plan

scientifique. Ainsi, la catégorisation retenue sera de séparer en deux niveaux théoriques,

l’un proposera l’approche théorique dominante dans la littérature sur la sécurité

environnementale et l’autre proposera les approches secondaires, plus spécifiques et plus

sectorielles.

Parmi les théories les plus approfondies de la sécurité environnementale, celle de

Homer-Dixon, de l’école de Toronto, est probablement la plus aboutie. Ce courant

théorique défend le paradigme de la « pénurie environnementale » (environmental

scarcity)45. L’école de Toronto porte une attention aux phénomènes de pénurie

environnementale reposant sur une construction complexe de processus sociaux et

environnementaux interdépendants, pouvant selon les contextes étudiés, mener à plusieurs

formes d’instabilité politique, tant sur le plan intra-étatique qu’interétatique. Ainsi, ce

courant précise que « […] simple scarcity as a result of environmental change and

population growth is only part of a much more complex situation in which social factors

intersect with natural phenomena. »46.

45

BARBU, C. S., SAND C. et L. OPREAN, 2007, « Introduction to environmental security. », dans R. N.

Hull et al. (eds.), Strategies to Enhance Environmental Security in Transition Countries, NATO Security

through Science Series, pages 4 à 5 46

DALBY, S., 2002, « Security and ecology in the age of globalization », Environmental change and security

project report, The Woodrow Wilson Center, N° 8, page 96

5

Les écoles secondaires telles que The Swiss Environment and Conflicts Project

(ENCOP) et le International Peace Research Institute in Oslo (PRIO) ont vu le

jour. L’ENCOP à travers la réalisation de plusieurs études de cas, recherche le lien entre la

problématique environnementale et les changements sociaux dans les régions du Sud47.

L’International Peace Research Institute, quant à lui, accorde une place centrale à la

dimension économique, à travers des affrontements violents dans la quête de la captation

des ressources naturelles48. Enfin, le Global Environmental Change and Human Security

représente un ensemble d’études se concentrant sur la relation entre les populations dites

vulnérables et les changements environnementaux en général, et les changements

climatiques en particulier49.

L’approche militaire ou du monde de la défense est une approche théorique

impulsée par les spécialistes de la défense américaine50, elle tend à étudier les incidences

possibles des dysfonctionnements environnementaux sur la sécurité des États en général et

sur la sécurité internationale en particulier. Dès la fin des années 1990, la sécurité

environnementale est perçue comme une priorité par la politique étrangère américaine

considérant l’accessibilité et la disponibilité des ressources naturelles comme vitale pour la

défense de ses intérêts nationaux51.

Dans un monde où les pays émergents, tels que l’Inde et la Chine, accroissent leurs

prélèvements en ressources naturelles stratégiques (surfaces agricoles, pétrole, gaz, eau…)

des pays en voie de développement, la sphère de la défense a pris les mesures des enjeux

environnementaux en termes de sécurité nationale52. Le Colonel King détaille cette

approche martiale qui peut être appréhendée comme une instrumentalisation politique53

pouvant justifier un engagement, voire un droit d’ingérence environnemental de la part des

47

DALBY, S., 2002, op. cit., page 96 48

DALBY, S., op. cit, page 97 49

Ibid., page 98 50

ALLENBY B. R., op. cit, page 10 51

BARBU, C. S., SAND C. et L. OPREAN, op. cit., page 10 52

HUFTY, M., 2009, op. cit., page 141 53

LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., pages 416 à 418

6

États-Unis partout où leurs intérêts nationaux seraient menacés54. L’importance accordée à

cette dimension de la sécurité nationale se traduit par la multiplication des projets, des

études et des organismes liés à ces problématiques. La Central Intelligence Agency avec le

CIA Opens Center on Climate Change and National Security55, le National Intelligence

Council avec le Global Trends 2025 : A Transformed World56, le Service Canadien du

Renseignement de Sécurité57, le FOI du Swedish Defence Research Agency58, ainsi que

l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord59 avec ses travaux « Strategies to Enhance

Environmental Security in Transition Countries60. » sont autant d’entités attachées au

monde de la défense, qui traduisent la récupération des théories de la sécurité

environnementale par les militaires. Toutefois, certains auteurs et acteurs politiques tels que

Sarah Parkin, mettent en garde contre cette vision militaire de la sécurité environnementale

: « Further, I believe that by maintaining a predominantly military approach to security

and defence policy, in itself increases the likelihood that the environment will become a

source of escalating military conflict. »61.

2. Les processus théoriques opérationnels

La première phase des processus de sécurité environnementale débute avec l’étape

contextuelle qui demeure un espace géographique déterminé sur une période de temps

donnée. De ces deux cadres va dépendre en grande partie l’intensité du phénomène de

sécurité environnementale et la relation entre la variable environnementale et la variable

sécuritaire sera conditionnée par la qualité première de ces contextes. On comprend cet

instant « t » selon un continuum déterminé, entre le contexte initial positif jusqu’au

54

KING, C. W. C., 2000, « Understanding International Environmental Security : A Strategic Military

Perspective », Army Environmental Policy Institute, Atlanta, page 6 55

CENTRAL INTELLIGENCE AGENCY, 2012, « CIA Opens Center on Climate Change and National

Security, C.I.A. 56

NATIONAL INTELLIGENCE COUNCIL, 2008, Global Trends 2025 : A Transformed World,

Washington, Office of Director National Intelligence Council, 99 pages 57

SERVICE CANADIEN DU RENSEIGNEMENT DE SÉCURITÉ, 1996, « Dégradation de l'environnement

et sécurité en Chine », S.C.R.C, Commentaire N° 67 ; SERVICE CANADIEN DU RENSEIGNEMENT DE

SÉCURITÉ, 2009, « La nouvelle place de la Chine dans le monde », S.C.R.C., Conférence 58

HALDÉN, P., 2007, « The Geopolitics of Climate Change : Challenges to the International System »,

Stockholm, FOI, Swedish Defence Research Agency, FOI-R-2377-SE, 59

DALBY, S., op. cit., page 97 60

BARBU C. S., SAND C. et L. OPREAN, op. cit. 61

PARKIN, S., 1997, « Environmental security : Issues and agenda for an incoming government », The RUSI

Journal, Vol. 142, N° 3, page 26

7

contexte négatif. Si l’on devait mesurer cette phase contextuelle, appliquée à l’échelle d’un

État, l’utilisation des index étatiques tels que l’Indice de développement humain (IDH), le

Failed States Index (FSI), l’Environmental Performance Index (EPI), l’Environmental

Sustainability Index (ESI) et le coefficient de GINI seraient pertinents.

Les activités humaines ont un impact environnemental extrêmement important,

connu des tenants du développement durable sous le terme d’« externalités

environnementales » lorsqu’elles ne sont pas prises en compte par le marché. L’homme, à

travers l’agriculture, l’industrie, l’urbanisation, l’énergie, le transport et la consommation,

prélève, transforme, exploite et dégrade l’environnement, au point dans certains cas, de

déséquilibrer les écosystèmes, voire de les détruire. Quand les activités humaines

outrepassent les capacités de l’environnement à se régénérer (ressources renouvelables),

elles représentent une menace pour la nature et se traduisent par une croissance de la

pénurie environnementale. Cette dernière trouve sa source suivant trois axes principaux : la

surexploitation, la dégradation et l’inéquitable redistribution des ressources naturelles.

La surexploitation des ressources consiste à prélever dans un stock naturel en

quantité et en vitesse beaucoup plus que le stock n’est capable de régénérer (ressources

naturelles renouvelables). Le paroxysme de la surexploitation des ressources est la

disparition définitive de la ressource en question. Parmi les exemples de l’histoire humaine,

le plus frappant est probablement celui de l’île de Pâques où la communauté locale a remis

en question les équilibres fondamentaux de son environnement62. La pollution des

environnements hydrographiques, géologiques et atmosphériques, d’origines agricoles,

industrielles ou domestiques, a créé une menace réelle envers la pérennisation et

l’exploitation des stocks naturels. De plus, la dégradation environnementale, au-delà de

mettre en péril la pérennité d’une ressource, représente une menace supplémentaire quant à

ses externalités alimentaires potentielles. À titre d’exemple, l’emploi massif de produits

chimiques dans l’agriculture stérilise les terres, pollue les cours d’eau et les nappes

phréatiques, entraînant une baisse de la productivité agricole et de l’offre alimentaire. Cette

dernière, couplée à la contamination des aliments et de l’eau, provoque des

62

ANGLEVIEL, F., 2008, « Environnement et anthropisation dans le Pacifique, dégradations et mutations »,

Le Journal de la Société des Océanistes, p. 126-127

8

dysfonctionnements sanitaires par la sous-alimentation et l’empoisonnement des

populations63.

Enfin, la pénurie environnementale peut être créée artificiellement par des acteurs

déterminés qui possèdent les richesses et perçoivent la majorité des profits. La ressource

peut être abondante ou rare, cette captation de la ressource environnementale – énergies

fossiles, terres agricoles, arables, forêts, zones de pêche, etc. – engendre la pénurie pour

l’ensemble social non dirigeant, qu’il soit majoritaire (Bahreïn avec la population chiite)64

ou minoritaire (Chine avec les Tibétains et les Ouïghours)65.

Thomas Homer-Dixon développe le phénomène de pénurie environnementale qui

menace le bien-être des individus à travers trois expressions du phénomène : quand (1)

l’offre de la ressource diminue (2) la demande en ressource augmente et (3) un changement

dans l’accès aux ressources naturelles s’effectue aux dépens de certains groupes sociaux et

au profit de tiers66. L’auteur estime que « l’offre induite » (supply-induced) » représente une

décroissance de l’offre en ressources naturelles lorsque celle-ci est dégradée en qualité

et/ou réduite en quantité. La « demande induite » (demand-induced), quant à elle,

représente une pénurie dès l’instant où la demande en ressources devient supérieure à la

quantité disponible mise à disposition par le complexe écosystémique local67.

Généralement, cette situation se produit lors d’une croissance démographique ou

économique importante. Enfin, la « pénurie structurelle » (structural scarcity) est le fait de

la captation d’une part majoritaire des ressources naturelles au profit d’un groupe social

déterminé au détriment d’un ou plusieurs autres groupes considérés plus faibles68.

Les dysfonctionnements environnementaux causés par les activités anthropiques

sont pléthoriques, telles la diminution des ressources hydriques, la surexploitation des

63

RAMADE, F., 1978, « Perturbations écologiques produites par l'agriculture industrielle. », Économie

rurale, N°127, p. 47-49 64

MAKARIAN, C., 2012, « Pourquoi l'Iran et l'Arabie saoudite s'intéressent-ils autant à Bahreïn ? »,

L’Express 65

LOTHAIRE, F., 2006, La Chine et ses minorités les ui hours entre incorporation et répression, Paris,

L'Harmattan, page 14 66

HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit., pages 47 à 48 67

Ibid. 68

Ibid.

9

ressources halieutiques, la dégradation des terres arables et des récifs coralliens, l’érosion

des sols, la déforestation, la pollution atmosphérique. Cependant, les partisans du

développement durable et la communauté épistémique de la climatologie mettent en garde

contre le dysfonctionnement environnemental probablement le plus menaçant pour la

société humaine en général et les sociétés locales en particulier, à savoir les changements

climatiques69. L’article de Büntgen et al. suggère qu’il existerait une corrélation entre les

changements climatiques et les bouleversements sociopolitiques depuis les 2500 dernières

années ; un des facteurs explicatifs de la chute de l’Empire romain et des invasions barbares

du nord de l’Europe aurait été la variabilité climatique70.

La dégradation du contexte environnemental crée à son tour toute une série

d’impacts sur la société humaine au niveau de la santé, de l’alimentation, de l’habitat, de

l’économie, de l’ordre public et des relations sociopolitiques. Les dysfonctionnements

environnementaux peuvent porter atteinte directement et aisément à la santé et à

l’alimentation des populations les plus fragiles. Toute remise en question de la qualité de

l’eau, de l’air et des sols menace directement la santé des individus et leur capacité à se

nourrir quantitativement et qualitativement. Les exemples des populations du Sahel ou de la

corne de l’Afrique expliquent en partie, qu’au premier chef, les communautés humaines à

forte démographie, malgré de grandes capacités d’adaptations, ne puissent évoluer et croître

sainement et dignement, sans avoir un système environnemental plus ou moins sain, plus

ou moins équilibré. De plus, la variable sanitaire est en relation interdépendante avec la

variable alimentaire, la dégradation de la condition de l’une peut entraîner la dégradation de

l’autre et vice versa. Toute modification des équilibres de la santé et de l’alimentation

représente une menace par ricochet à la sécurité économique et politique. Andrew T. Price-

Smith considère que la santé d’une population conditionne la prospérité endogène, la

stabilité, la consolidation de la souveraineté du pouvoir et finalement la sécurité tout entière

de l’État71. Les externalités sur la sécurité économique et sociale (groupale) peuvent être

nombreuses et interreliées. Thomas Homer-Dixon a développé des schémas pour les

69

RENNER, M., 2006, op. cit., page 6 70

BÜNTGEN, U. et al., 2011, « 2500 Years of European Climate Variability and Human Susceptibility »,

Science, Vol. 331, N° 6017, page 573 71

PRICE-SMITH, A. T., 2009, Contagion and Chaos : Disease, Ecology, and National Security in the Era of

Globalization., Cambridge, MIT Press, page 1

10

interactions entre les problématiques de pénurie environnementale et celles de la production

agricole et économique. Les figures 1 et 2 mesurent l’étendue du phénomène de sécurité

environnementale, les processus causaux étant nombreux, interdépendants et vitaux pour

une société.

Figure – 1

Les effets possibles des changements environnementaux sur la production agricole

Source : Figure transformée et inspirée de Thomas HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit.

EFFET DE

SERRE

DEFORESTATION

DÉGRADATIONS DES

TERRES AGRICOLES

PLUIES

ACIDES

RARÉFACTION

DE L’OZONE

SURUTILISATION,

POLLUTION

HYDRIQUES

DÉCROISSANCE

PRODUCTION

AGRICOLE

11

Figure – 2

Les effets possibles des changements environnementaux sur la productivité économique

dans les pays en voie de développement

Source : Figure transformée et inspirée de Thomas HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit.

Les atteintes aux sécurités alimentaires, sanitaires et économiques peuvent

engendrer de l’insatisfaction sociale qui, à son tour, pourra générer des externalités sur la

sécurité politique72. Les externalités politiques des dysfonctionnements environnementaux

peuvent se traduire par des simples pétitions illégales, en passant par les manifestations de

rue, les émeutes sociales et au terrorisme73, jusqu’aux conflits interethniques,

interconfessionnels et interétatiques, le spectre des externalités politiques. Depuis quelques

années se dessine une nouvelle forme de terrorisme spécifique à l’environnement : «

l’écoterrorisme »74. Le leitmotiv demeure toujours le même : jouir d’une ressource naturelle

de qualité et en quantité suffisante, individuellement et collectivement75. Ces externalités

peuvent se transposer au niveau des relations internationales, où les nationalismes locaux

72

FRÉDÉRICK, M., 1993, op. cit., pages 759 à 760 73

Ibid., page 758 74

EAGAN, S. P., 1996, « From spikes to bombs : The rise of eco-terrorism. », Studies in conflicts and

terrorism, Taylor et Francis, Vol. 19, N° 1, p. 1-18 75

MATTHEW, R. A., 2002, « In defense of environment and security research », Environmental change and

security project report, The Woodrow Wilson Center, N° 8, page 113

EFFET DE

SERRE DEFORESTATION

SURUTILISATION,

POLLUTION

HYDRIQUES

PLUIES ACIDES

RARÉFACTION

DE L’OZONE

DÉCROISSANCE

PRODUCTION

AGRICOLE

DÉCROISSANCE

PRODUCTIVITÉ

ÉCONOMIQUE

DÉCROISSANCE

DES RESSOURCES

HALIEUTIQUES

12

peuvent instrumentaliser l’environnement76. La théorie de la sécurité environnementale

suppose que les déséquilibres de l’environnement affectent la vie des régimes et des

systèmes politiques. Le contrôle des ressources naturelles et de leurs profits par les

pouvoirs politiques indique qu’il existe une relation entre les conflits armés et les

ressources naturelles77.

Finalement, le phénomène migratoire joue un rôle dans les hypothèses reliant

l’environnement et la sécurité. Reuveny parle de nouveau concept, à savoir d’«

environmental migration »78,79. Dès 1993, Myers observait une relation entre les

dysfonctionnements environnementaux et la densité urbaine côtière chinoise. Observant les

flux migratoires Ouest – Est, du continent vers les côtes, il comprend que la croissance de

la densité urbaine du pourtour maritime chinois deviendra de plus en plus problématique à

cause des changements climatiques régionaux en général et de l’élévation des niveaux de la

mer en particulier80. En 1997, Myers affirmait que : « Preliminary estimates indicate that

the total of people at risk of sealevel rise in Bangladesh could be 26 million, in Egypt 12

million, in China 73 million, in India 20 million, and elsewhere 31 million, making an

aggregate total of 162 million81. ». Au début des années 2000, le chercheur estime que sur

les cent vingt millions de migrants intérieurs chinois au moins six l’étaient pour des raisons

environnementales82, prévoyant pour l’horizon 2050 un chiffre de 73 millions de réfugiés

76

LE PRESTRE, P., 1998, « Sécurité environnementale et insécurités internationales », Revue québécoise de

droit international, Vol. 11, N° 1, page 289 77

LE BILLON, P., 2001, « The political ecology of war: natural resources and armed conflicts », Oxford,

Political Geography, Vol. 20, page 580 78

REUVENY, R., 2007, « Climate change-induced migration and violent conflict », Political Geography,

Vol. 26, page 65 79

Il n’existe pas encore de véritable consensus sur la définition du concept selon Olivia Dun et François

Gemenne : DUN, O. et F. GEMENNE, 2012, « Defining ‘environmental migration’ », Forced Migration

Review ; Néanmoins, l’International Organization for Migration propose de définir le concept des migrants

environnementaux comme suit : « Environmental migrants are persons or groups of persons who, for reasons

of sudden or progressive changes in the environment that adversely affect their lives or living conditions, are

obliged to have to leave their habitual homes, or choose to do so, either temporarily or permanently, and who

move either within their territory or abroad. », INTERNATIONAL ORGANIZATION FOR MIGRATION,

2012, « Migration, Climate Change and the Environment : Definitional Issues. », IOM, Genève 80

MYERS, N., 1993, « Environmental Refugees in a Globally Warmed World », BioScience, American

Institute of Biological Sciences, Vol. 43, N° 11, page 755 81

MYERS, N., 1997, « Environmental refugees », Population and Environment: A journal of

Interdisciplinary Studies, Volume 19, N° 2, page 175 82

MYERS, N., 2001, « Environmental refugees : a growing phenomenon of the 21st century », The Royal

Society, Phil. Trans. R. Soc. Lond. B 2002 357, page 609

13

climatiques pour la Chine83. Ces « réfugiés environnementaux » vivent une violence

récurrente, forcés de « […] chercher ailleurs les moyens de subsistance ou les conditions de

vie minimales que des écosystèmes dégradés ne peuvent plus assurer84. ». D’autres

scientifiques, tel Reuveny, prétendent que les populations humaines ont la capacité de

s’adapter aux problématiques environnementales selon trois avenues : l’inertie, l’adaptation

et la fuite85. Reuveny conclut que le choix rationnel entre ces possibilités repose sur

l’ampleur des problèmes et sur les capacités des sociétés locales ou nationales86.

3. Les critiques des théories

La controverse à propos de la reconnaissance du phénomène de sécurité

environnementale constate une opposition entre les spécialistes de la sécurité traditionnelle

et ceux travaillant sur la sécurité environnementale87. Les spécialistes de la sécurité

traditionnelle ou nationale surestimeraient l'importance des phénomènes des conflits

identitaires et ethniques ainsi que celui du terrorisme. En effet, ces phénomènes comptent

quelques dizaines de milliers de victimes et quelques millions de dollars de dégâts matériels

par année88, alors que les problèmes environnementaux sont estimés en millions de morts et

en milliards de dollars de coûts financiers et économiques89,90. Néanmoins, une partie

grandissante de « la communauté de sécurité » participe à l’émergence du phénomène de la

sécurité environnementale (agences de renseignements, OTAN, armées…) dans les

réflexions et les débats entourant la sécurité traditionnelle.

83

Ibid., page 611 84

LE PRESTRE, P., 1998, « Sécurité environnementale et insécurités internationales », Revue québécoise de

droit international, Vol. 11, N° 1, page 283 85

REUVENY, R., 2007, op. cit., page 657 86

Ibid. 87

HEARNE, S. R., 2008, op. cit., page 218 88

COOLSAET, R. et T. VAN DE VOORDE, 2006, « L’évolution du terrorisme en 2005 : une évaluation

statistique. », Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, Bruxelles, page 3 89

COSKUN, H. G., 2008, « An Integrated Approach For Environmental Security in the NATO Countries

Based on Remote Sensing and GIS Technologies. », dans NATO Science for Peace and Security Series,

Integration of Information for Environmental Security, 473 pages ; MYERS, N., 1993, « Environmental

Refugees in a Globally Warmed World », BioScience, American Institute of Biological Sciences, Vol. 43, N°

11, p. 752-761 ; MYERS, N., 2001, « Environmental refugees : a growing phenomenon of the 21st century »,

The Royal Society, Phil. Trans. R. Soc. Lond. B 2002 357, p. 609-613 ; PARKIN, S., 1997, op. cit., p. 24-28 90

ALLENBY B. R., 2000, op. cit., page 13

14

Certains auteurs discutent de la notion de pénurie environnementale et du potentiel

conflictuel des ressources naturelles. Le Billon souligne que la pénurie environnementale

entraîne avant tout l’innovation socio-économique couplée à une diversification de

l’économie qui, à son tour, engendre une redistribution plus équitable du pouvoir à travers

la société. Selon lui, la mondialisation des échanges économiques et des marchés

permettrait de contrebalancer la géolocalisation des pénuries ou de représenter une

motivation supplémentaire dans la recherche d’innovations techniques. Le Billon estime

que l’intérêt des élites des pays pauvres de développer et d’exploiter le capital humain est

plus pertinent que de protéger les rentes des ressources limitées ou inexistantes91. Iyer en

1998, quant à lui, prétends que penser que la pénurie est plus une source de conflit que de

coopération et donc prioriser l’angle de la sécurité, ressemble plus à une prophétie auto-

réalisatrice qu’à une vraie théorie scientifique92. Ce faisant, il cite le cas de l’eau, plus une

source de coopération que de conflit, en rappelant l’exemple de l’Inde et du Pakistan93.

Nils Petter Gleditsch relativise le poids de la variable environnementale dans les

processus d’émergence des conflits au sein des sociétés, en soulignant le fait que « the

relationship between these issues and armed conflict is modified by the eneral political,

economic, and cultural factors at work in armed conflict enerally. »94. Gleditsch estime

que la variable de la dégradation environnementale est une variable intermédiaire entre

celle de la pauvreté et celle de la gouvernance défaillante : « In this sense, environmental

de radation may be more appropriately viewed as a symptom that somethin has one

wron than as a cause of the world’s ills. » 95.

Les recherches théoriques et empiriques mettent en évidence deux constats. Dans un

premier temps, si la corrélation entre environnement et sécurité a été amplement théorisée

et partiellement testée sur le plan de la sécurité intra-étatique, elle n'a jamais été

significative en termes d’intensité et rarement observé de façon empirique au niveau des

91

LE BILLON, P., 2001, « The political ecology of war: natural resources and armed conflicts », Oxford,

Political Geography, Vol. 20, page 564 92

IYER, 1998, op. cit., page 1169 93

Ibid., page 1168 94

GLEDITSCH, N. P., 2001, op. cit., page 188 95

Ibid.

15

relations internationales. En d'autres termes, la sécurité environnementale, malgré la

crainte, maintes fois répétée par les médias d'une guerre interétatique reposant sur une

ressource naturelle en général et sur l'eau en particulier, paraît faible96. De plus, la variable

environnementale ne suffit pas à expliquer, à elle seule, les évolutions de la variable

dépendante de la sécurité. Elle doit être étudiée en relation avec les autres variables socio-

économiques (économie et démographie) et politiques (institutions, régimes, pratiques

politiques)97. Néanmoins, dès le début de ses recherches sur la sécurité environnementale,

Homer-Dixon a reconnu l’existence et la pertinence des variables connexes dans les

processus causaux aboutissant à l’état de conflit98.

Levy, engagé dans un débat critique avec Homer-Dixon, met en lumière certains

biais dans la recherche empirique sur la sécurité environnementale99. Celle-ci devrait faire

l’objet d’une analyse plus positiviste. Premièrement, il était reproché à la recherche en

sécurité environnementale un défaut d’études empiriques au profit d’une recherche

essentiellement théorique. Toutefois, remarquons que le champ est relativement jeune d’une

part et qu’un certain nombre d’études de cas a déjà été réalisé d’autre part100. En second

lieu, le biais de sélection de cas stipule que pour traduire scientifiquement la pertinence

d’une théorie, le chercheur ne doit pas sélectionner ces cas d’étude seulement selon des

variables indépendantes et dépendantes déterminées101. Levy indique qu’au lieu de chercher

des études de cas où la relation entre environnement et conflit semble apparente, on devrait

plutôt faire des comparaisons entre des cas où l’environnement pose problème de façon

similaire102. Homer-Dixon s’opposera à l’argument de Lévy en indiquant que d’un point de

vue épistémologique il préconise la méthode du « process tracing »103 et que la meilleure

96

DESCROIX, L., 2005, dans LASSERRE, F. et al., 2005, L’éveil du dragon : Les défis du développement de

la Chine au XXIe siècle, Presses de l’Université du Québec 97

HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit. ; GLEDITSCH, N. P., 2001, op. cit. ; HEARNE, S. R., 2008, op. cit. 98

HOMER-DIXON, T. et M. A. LEVY, 1996, « Environment and security », International Security, Vol. 20,

N° 3, p. 189 - 198 99

LÉVY, M. A., 1995, « Is the Environment a National Security Issue ? », International Security, Vol. 20, N°

2, p. 35 - 62 100

GIZEWSKI, P. et T. HOMER-DIXON, 1996, « Environmental Scarcity and Violent Conflict : The Case of

Pakistan », Association for the Advancement of Science and the University of Toronto, Occasional Paper,

Project on Environment, Population and Security, Washington 101

MATTHEW, R. A., GAULIN, T. et MCDONALD, B., 2003, op. cit., page 858 102

HOMER-DIXON, T. et M. A LEVY, 1996, op. cit., page 193 103

Ibid., page 194

16

des méthodes consiste justement, à choisir des cas où les dysfonctionnements

environnementaux et les problèmes de sécurité sont présents, afin de déterminer si

effectivement il existe des liens de causalité entre les deux variables104. La discussion entre

les deux auteurs nous permet d’une part de mieux comprendre les écueils des recherches

passées et de faciliter d’autre part notre choix méthodologique qui sera exprimé dans le

chapitre suivant.

104

Ibid.

24

Chapitre 3 - La stratégie de recherche

Cadre opératoire et unité d’analyse Section 1.

La problématique de ce mémoire s’inspire en partie des travaux de Zhang et al.,

effectués sur la période de l’an mille à l’an deux mille dans l’Est de la Chine, où les

chercheurs ont observé des associations significatives entre changements climatiques et

troubles politiques internes violents105. L’objectif de la recherche est d’étudier les relations

possibles entre des variables indépendantes et des variables dépendantes dans le cadre des

processus causaux identifiés par le corpus théorique de la sécurité environnementale. D’une

façon globale, on cherche à tester la relation entre environnement et sécurité intra-étatique

en Chine, tout en prenant en compte, les variables annexes pouvant influencer, selon la

théorie, les évolutions des variables de la sécurité. La présente étude utilise comme unité

d’analyse le concept d’État-nation qui, en l’occurrence, sera représenté par la Chine. Cette

unité d’analyse, composée de l’économie, de la politique, de la société et de

l’environnement, constituera la véritable unité d’observation sur laquelle les hypothèses

avancées seront testées.

Variables et indicateurs : choix et justifications Section 2.

Les variables dépendantes utilisées dans ces analyses sont d’abord la sécurité

sanitaire et la sécurité politique. Parmi les variables indépendantes, la variable, qui nous

intéresse au premier chef, est celle des dysfonctionnements environnementaux. Toutefois,

comme l’indique la littérature, ces derniers ne peuvent expliquer en totalité les dégradations

de la variable de sécurité sanitaire et de sécurité politique. En effet, on sait que des

variables intermédiaires, telles que le développement économique, la croissance

démographique et la nature de la gouvernance politique interviennent dans les évolutions

de la santé des populations et dans leurs volontés de contester l’ordre sociopolitique en

réaction aux dysfonctionnements sociétaux.

La première variable indépendante, la variable environnementale, sera traduite par

l’indicateur mesurant le volume annuel total des émissions de déchets industriels gazeux.

105

ZHANG D. D., ZHANG J., H. F LEE. et Y.-Q. HE, 2007, « Climate Change and War Frequency in

Eastern China over the Last Millennium », Springer Science + Business Media

18

Ces émissions, mesurées en milliard de mètres cubes, sont composées de dioxyde de

soufre, des suies et des poussières industrielles. Fournies par le NBSC106, ces données sont

collectées et compilées pour les années allant de 2000 à 2009, dans le tableau 1 « Voir

Annexe A ». Le choix de cet indicateur a été retenu en accord avec la littérature qui indique

qu’une des premières causes de dysfonctionnements environnementaux en Chine, au niveau

de ses externalités, était la dégradation de l’atmosphère avec les pollutions atmosphériques

industrielles107.

En ce qui concerne la variable du développement économique, on retiendra

l’indicateur de la croissance du Produit intérieur brut108. Le choix de cet indicateur repose

d’une part sur son utilisation très répandue par les différentes institutions internationales et

d’autre part parce qu’il traduit l’ensemble des activités économiques de production

susceptibles d’influencer la santé et le mécontentement d’une population donnée.

De même, la croissance de la démographie par son aspect macroscopique semble

être un indicateur synthétique adéquat, étant à l’instar du PIB un facteur déterminant pour

la Chine, connue pour avoir une démographie et un développement économique hors-

normes, comme le traduit le tableau 1, « Voir Annexe A ». En effet, on peut imaginer que

plus la démographie d’un État s’accroît et plus celui-ci voit son taux de densité

démographique augmenter, plus la demande en ressources naturelles, la destruction des

ressources et les effets des changements climatiques seront importants.

Enfin, pour l’indicateur de la variable indépendante politique institutionnelle, on

s’est inspiré de l’Environmental Sustainability Index, développé en 2001. Il mesure à

travers vingt et un indicateurs, la dimension environnementale de la durabilité d’un État et

repose sur plus de soixante-seize indicateurs regroupés en cinq catégories : les systèmes

environnementaux, la réduction des stress environnementaux, la réduction des

vulnérabilités humaines, les capacités sociales et institutionnelles, la gestion globale109.

106

NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, op. cit. 107

VERMANDER, B., 2006, op. cit., page 310 108

Produit Intérieur Brut exprimé en milliard de dollars canadiens au taux de change courant du 15 février

2012, soit 6,29 yuans Renminbi pour un dollar canadien, Le Convertisseur Universel de Devises 109

HEARNE, S. R., 2008, op. cit., p. 217 – 251

19

Cependant, les données relatives à la période 2000 – 2009 sont incomplètes pour l’index

ESI. Ainsi, notre choix s’est arrêté sur un index produit par la Banque mondiale, à savoir le

Worldwide Governance Indicators110 qui regroupe six indicateurs principaux de mesure de

gouvernance étatique, étant eux-mêmes des agrégats d’indicateurs politiques. Le WGI

comprend les indicateurs suivants : Voice and Accountability, Political Stability and

Absence of Violence/Terrorism, Government Effectiveness, Regulatory Quality, Rule of

Law, Control of Corruption111. Parmi ces indicateurs, notre choix s’est porté sur l’indicateur

de l’efficacité gouvernementale, déterminé par la Banque mondiale comme étant les : «

Reflects perceptions of the quality of public services, the quality of the civil service and the

degree of its independence from political pressures, the quality of policy formulation and

implementation, and the credibility of the government's commitment to such policies. »112.

Cet indicateur permet de comprendre dans quelle mesure le pouvoir politique, à travers ses

politiques sociales, environnementales et sécuritaires est perçu comme efficace dans la

résolution des problématiques environnementales, sociopolitiques et économiques.

Au sein de notre analyse, les relations supposées entre les variables indépendantes

(environnement, économie, démographie et politique) et la variable dépendante de la

sécurité politique, la variable de la sécurité sanitaire sera comprise comme une variable

intermédiaire. Celle-ci est illustrée par l’indicateur du pourcentage des décès ayant pour

origine les cancers (note 1, « Voir Annexe C ») sur le total des décès de la population

chinoise durant l’année en cours.

La variable dépendante de la sécurité politique sera traduite par un indicateur

spécifique. Les données concernant le volume total des incidents sociaux de masse, émises

par le pouvoir politique, sont partielles sur la période 2000 – 2009. Néanmoins, Tianjie Ma

nous indique que le problème peut être contourné par l’emploi des données relatives aux

pétitions, lettres et plaintes des citoyens ou par l’enregistrement des actions judiciaires

civiles, administratives et criminelles113. En effet, il suggère que pour mesurer l’évolution

110

BANQUE MONDIALE, 2012, « Worldwide Governance indicators », B.M. 111

Ibid. 112

Ibid. 113

MA, T., 2009, « Environmental Mass Incidents in Rural China: Examining Large-Scale Unrest in

Dongyang, Zhejiang. », Wooldrow Wilson International Center for Scholars, pages 35

20

de la contestation sociale dans un contexte sociopolitique chinois où toute contestation

sociale est un trouble à l’ordre public, les données statistiques concernant les actions

judiciaires peuvent s’avérer pertinentes114. Parmi toutes les données gouvernementales, on a

retenu celles qui nous apparaissent les plus significatives à savoir : « Arrests of Criminal

Suspects and Defendants under Public Prosecution Approved by People's Procuratorate »

et dans ce tableau notre choix a porté sur le nombre de personnes poursuivies pénalement

pour atteinte à l’ordre public115.

Stratégie de vérification Section 3.

La stratégie de vérification repose sur une étude de cas simple ayant pour unité

d’analyse la Chine. Cependant, la stratégie de vérification sera particulière, globalement de

type qualitatif, elle comportera en son sein une enquête corrélationnelle d’une part et une

analyse qualitative sur les processus causaux d’autre part. Cette démarche est exploratoire

et s’appuie à la fois sur des données statistiques brutes et sur un fonds documentaire

scientifique et factuel important. Aux questions relatives à l’évolution du phénomène de

sécurité environnementale et de son ampleur de nos jours en Chine, la stratégie de

vérification tentera d’apporter des réponses significatives.

Méthodologies et données Section 4.

1. Méthodologies

a) L’analyse quantitative

Au sein de l’approche méthodologique, l’analyse quantitative permet d’apporter un

premier éclairage sur les liens de causalité supposés entre la variable de sécurité politique et

les variables indépendantes. Toutefois, elle n’a pas pour objectif de mettre en évidence un

processus causal, mais plutôt de révéler s’il existe des associations significatives entre les

variables indépendantes et dépendantes. Le choix d’inclure dans ce mémoire une analyse

corrélationnelle repose sur la littérature et notamment sur le travail et les recommandations

de Steven R. Hearne116. L’analyse quantitative comportera des analyses tabulaires et

114

Ibid. 115

NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China Statistical Yearbook »,

N.B.S.C, Beijing 116

HEARNE, S. R., 2008, op. cit., p. 217 – 251

21

graphiques correspondant à des analyses corrélationnelles et de régressions simples et

multiples. En premier lieu, on procèdera à des analyses tabulaires et graphiques simples

afin de mettre en évidence les évolutions des termes transcrits par les données des

indicateurs. Ensuite, des analyses corrélationnelles et de régressions bivariées seront

présentées. Finalement, on proposera une analyse corrélationnelle et de régression

multivariée.

b) L’analyse qualitative

L’analyse quantitative sera renforcée par l’analyse qualitative inspirée de la

méthode dite du « process tracing »117 où les processus causaux sont décortiqués118. Ainsi,

dans une première étape, l’analyse qualitative fera un portrait environnemental, social,

économique et politique de la Chine. Par la suite, un état des lieux de l’empreinte

anthropique sur l’environnement sera proposé. Dans un troisième temps, l’analyse se

penchera sur les résultats des externalités environnementales en termes de

dysfonctionnements environnementaux. Quatrième étape du processus causal, l’étude

observera les relations entre les dysfonctionnements environnementaux et les évolutions de

la santé des Chinois. Enfin, celles-ci seront analysées dans leurs relations avec la sécurité

sociopolitique de la Chine.

2. Matériels et données

Les protocoles statistiques sont inspirés de l’ouvrage de William Fox et ont été

opérationnalisés avec le logiciel d’analyse statistique SPSS (Statistical Package for the

Social Sciences)119. Afin de procéder à ces analyses, les scores des données brutes seront

standardisés en score – Z dans le but de rationaliser et de faciliter la lecture de l’analyse

statistique ; tableau 2, « Voir Annexe A. ». Pour deux séries de scores, deux données

annuelles sont manquantes : l’année 2006 pour l’indicateur de l’émission des déchets

industriels gazeux et l’année 2001 pour l’efficacité gouvernementale. Ces deux scores ont

été remplacés par la technique statistique de l’imputation des données manquantes par

117

Méthodologie retenue par Thomas Homer-Dixon 118

HOMER-DIXON, T. et M. A LEVY, 1996, « Environment and security », International Security, Vol. 20,

N° 3, page 194 119

FOX, W., 2006, Statistiques sociales, Les Presses de l’Université Laval et De Boeck Université, Québec,

370 pages

22

moyenne des deux scores inférieur et supérieur contigus. Concernant les données, elles sont

de deux ordres : le premier repose sur les données statistiques disponibles et fournies par le

National Bureau of Statistics of China et le second est constitué des fonds documentaires

générés par les scientifiques, les institutions internationales, ainsi que les gouvernements.

23

Chapitre 4 - L’analyse quantitative de la sécurité

environnementale interne

Les analyses corrélationnelles Section 1.

1. Analyses tabulaires et graphiques univariées

Dans cette section, on observe les évolutions de chaque indicateur sur les dix années

afin d’en apprécier les variations entre l’an 2000 et 2009. Les graphiques linéaires des

évolutions de chaque indicateur sont disponibles ; « Voir Annexe B ».

Tableau – 3

Variations des indicateurs en pourcentage entre 2000 et 2009

Variations en % 2000 – 2009

PIB 280,93

Déchets industriels gazeux 215,67

Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique 109,52

Cancers 19,85

Efficacité gouvernementale 13,47

Population 5,29

Le PIB et l’émission des déchets industriels gazeux sont les deux indicateurs ayant

subi les plus fortes croissances au cours de la dernière décennie, le premier ayant été

multiplié par 3,8 et le second par 3,2, traduisant le dynamisme de l’économie chinoise et

l’ampleur de la crise environnementale occasionnée par le développement économique.

Respectivement, le nombre de personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public a

augmenté de 109,52 %, étant multiplié par 2,1, la part des cancers dans les décès a été

multipliée par 1,2 alors que la perception de l’efficacité gouvernementale et la population

ont modestement été multipliées par 1,1.

2. Analyses corrélationnelles et de régressions linéaires bivariées

a) Analyses corrélationnelles bivariées

Dans cette section, l’analyse corrélationnelle bivariée est effectuée pour la

variable intermédiaire de la santé ; décès par cancer, à l’aide du coefficient de

corrélation de Pearson. Toutefois, on examinera dans un premier temps les diagrammes

de dispersion pour chaque relation entre les variables indépendantes (séparément) et la

24

variable intermédiaire. Quatre graphiques ont été réalisés, avec quatre variables

indépendantes et une variable intermédiaire, « Voir Annexe – B ».

L’analyse graphique des diagrammes de dispersion nous apprend que toutes les

relations sont positives et que globalement les relations sont linéaires. Ainsi, à chaque

fois que l’on assiste à une croissance du produit intérieur brut, de la population, des

émissions de déchets industriels gazeux et d’une perception positive de l’efficacité de la

gouvernance politique en Chine, la proportion des décès relative aux cancers augmente.

Tableau – 4

Corrélations de Pearson et significations

Variable intermédiaire Cancers

Variables indépendantes Corrélation de Pearson Sig. (bilatérale)

Déchets industriels gazeux ,78**

,008

PIB ,75**

,011

Population ,78**

,007

Efficacité gouvernementale ,79**

,006 N=10 * Corrélation significative au niveau 0.05

** Corrélation significative au niveau 0.01

L’analyse des coefficients de corrélation indique que ces relations sont assez

conséquentes entre les différentes variables indépendantes et la variable intermédiaire des

cancers, avec une corrélation positive forte au seuil de 0,05 pour la variable indépendante

du PIB sur la variable des cancers. Pour toutes les autres variables, le seuil de signification

des relations s’établit à 0,01.

25

b) Analyses de régression linéaire bivariée

i. Récapitulatif du modèle

Tableau – 5

R2

et erreurs standard de l’estimation – 1

a. Valeurs prédites

b. Variables dépendantes

Modèle R R2 R

2

ajusté

Erreur

standard de

l’estimation

a. PIB

b. Cancers 1 ,758 ,575 ,521 ,7291

a. Population

b. Cancers 1 ,789 ,622 ,575 ,6874

a. Déchets industriels gazeux

b. Cancers 1 ,781 ,610 ,561 ,6983

a. Efficacité gouvernementale

b. Cancers 1 ,794 ,630 ,584 ,6802

Le récapitulatif du modèle démontre d’une part que les relations entre les quatre

variables indépendantes et la variable mesurant la proportion des décès relatifs aux cancers

est modérée (scores en « gras »). On peut dire qu’en moyenne les variables indépendantes

expliquent environ 56 % de la variance de la variable dépendante des Cancers (a contrario,

les erreurs de prédiction des scores de la variable dépendante sont réduites de 56 % lorsque

les scores des variables indépendantes sont connus).

26

ii. ANOVA

Tableau – 6

ANOVA – 1

Modèle

Somme

des

carrés

Degré

de

liberté

Carré

moyen F Sig.

a PIB

b Cancers

1

Régression

Résidu

Total

5,747

4,253

10,000

1

8

9

5,747

,532

10,809 ,011a

a Population

b Cancers

1

Régression

Résidu

Total

6,219

3,781

10,000

1

8

9

6,219

,473

13,159 ,007a

a Déchets industriels gazeux

b Cancers

1

Régression

Résidu

Total

6,099

3,901

10,000

1

8

9

6,099

,488

6,099

,008a

a Déchets industriels gazeux

b Sécurité politique

1

Régression

Résidu

Total

8,872

1,128

10,000

1

8

9

8,872

,141

62,925 ,000a

a Efficacité gouvernementale

b Cancers

1

Régression

Résidu

Total

6,298

3,702

10,000

1

8

9

6,298

,463

13,612 ,006a

Pour un degré de liberté au numérateur et N-2 (8), le F observé de la relation PIB-

Cancers (10,80) est supérieur au F critique (5,32) rendant la relation statistiquement

significative120. À l’exception de la relation Déchets industriels gazeux et Cancers, les

modèles sont statistiquement significatifs. Par conséquent, pour ces derniers, l’hypothèse

nulle peut être rejetée.

120

Les relations statistiquement significatives ont été mises en italique dans le tableau ANOVA afin

d’améliorer la lecture.

27

iii. Tableau des coefficients

Tableau – 7

Coefficients – 1

Coefficients non

standardisés

Coefficients

standardisés

Modèle B Erreur

standard Bêta t Sig.

1

PIB

Var. dép. : Cancers

,000 ,231 ,000 1,000

,758 ,231 ,758 3,288 ,011

Population

Var. dép. : Cancers

,000 ,217 ,000 1,000

,789 ,217 ,789 3,627 ,007

Déchets gazeux

Var. dép. : Cancers

,000 ,221 ,000 1,000

,781 ,221 ,781 3,536 ,008

Efficacité gouvernementale

Var. dép. : Cancers

,000 ,215 ,000 1,000

,794 ,215 ,794 3,689 ,006

3. Analyse corrélationnelle multivariée

a) Récapitulatif

Tableau – 8

R2 et erreurs standard de l’estimation – 2

a. Valeurs prédites

b. Variable dépendante

Modèle R R2 R

2

ajusté

Erreur

standard de

l’estimation

a. PIB, Population, Déchets industriels

gazeux, Efficacité gouvernementale

b. Cancers

1 ,758 ,575 ,521 ,7291

Regroupées et prises ensemble, les variables indépendantes expliquent 52 % de la

variation de la proportion des décès relative aux cancers.

28

b) ANOVA

Tableau – 9

ANOVA – 2

Modèle

Somme

des

carrés

Degré

de

liberté

Carré

moyen F Sig.

a. PIB, Population, Déchets

industriels gazeux, Efficacité

gouvernementale

b. Cancers

1

Régression

Résidu

Total

8,232

1,768

10,000

4

5

9

2,058

,354

5,819 ,040a

Pour quatre degrés de liberté au numérateur et N-2 (5), le F observé de la relation –

PIB, Population, Déchets industriels gazeux et Efficacité gouvernementale – avec la

variable dépendante Cancers (5,81) est supérieur au F critique (5,19) rendant la relation

statistiquement significative au niveau 0,05.

c) Tableau des coefficients

Tableau – 10

Coefficients – 2

Coefficients non

standardisés

Coefficients

standardisés

Modèle B

Erreur

standard Bêta t Sig.

1

Constante ,000 ,188 ,000 1,000

PIB -,236 1,650 -,236 -,143 ,892

Population 1,626 1,022 1,626 1,591 ,173

Déchets

industriels gazeux -1,070 2,197 -1,070 -,487 ,647

Efficacité

gouvernementale ,700 ,310 ,700 2,259 ,073

4. Analyse corrélationnelle bivariée entre la V.I. des cancers et la V.D. de la

sécurité politique

a) L’analyse corrélationnelle bivariée

29

L’analyse corrélationnelle bivariée est effectuée pour la variable dépendante de la

sécurité politique) ; personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public, à l’aide du

coefficient de corrélation de Pearson. Cependant, on observera dans un premier temps le

diagramme de dispersion (figure – 21) pour la relation entre la variable intermédiaire et la

variable dépendante, « Voir Annexe – B ». L’analyse graphique du diagramme de

dispersion nous apprend que la relation est positive et linéaire. Par conséquent, à chaque

fois que l’on assiste à une croissance de la proportion des décès relatifs aux cancers le

nombre de personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public augmente.

Tableau – 11

Corrélations de Pearson et significations – 1

Variable dépendante Personnes poursuivies pour atteinte à la

sécurité publique

Variable indépendante Corrélation de Pearson Sig. (bilatérale)

Cancers ,748*

0,13

N=10 * Corrélation significative au niveau 0.05

L’analyse des coefficients de corrélation indique que la relation très importante

entre la variable indépendante sanitaire (cancer) et la variable dépendante de sécurité

politique, avec une corrélation positive forte au seuil de 0,05 pour la variable indépendante

des cancers sur la variable dépendante de la sécurité politique.

b) L’analyse de régression linéaire bivariée

i. Récapitulatif du modèle

Tableau – 12

R2 et erreurs standard de l’estimation – 3

a. Valeurs prédites

b. Variables dépendantes

Modèle R R2 R

2

ajusté

Erreur

standard de

l’estimation

a. Cancers

b. Personnes poursuivies pour

atteinte à la sécurité publique

1 ,748 ,559 ,504 ,7422

30

Le récapitulatif du modèle rapporte que la relation entre la variable indépendante et

la variable dépendante mesurant le nombre de personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre

public est modérée. On peut dire qu’en moyenne la variable indépendante explique environ

50 % de la variance de la variable dépendante des personnes poursuivies pour atteinte à

l’ordre public (a contrario, les erreurs de prédiction des scores de la variable dépendante

sont réduites de 50 % lorsque les scores de la variable indépendante sont connus).

ii. ANOVA

Tableau – 13

ANOVA – 3

Modèle

Somme

des

carrés

Degré

de

liberté

Carré

moyen F Sig.

a Cancers

b Personnes poursuivies pour

atteinte à la sécurité publique

1

Régression

Résidu

Total

5,593

4,407

10,000

1

8

9

5,593

,551

10,153 ,011a

Pour un degré de liberté au numérateur et N-2 (8), le F observé de la relation Cancers –

Sécurité politique (10,15) est supérieur au F critique (5,32) rendant la relation

statistiquement significative121. Ainsi, le modèle est statistiquement significatif et, par

conséquent, pour celui-ci, l’hypothèse nulle peut être rejetée.

iii. Tableau des coefficients

Tableau – 14

Coefficients – 3

Coefficients non

standardisés

Coefficients

standardisés

Modèle B Erreur

standard Bêta t Sig.

1

Personnes poursuivies pour

atteinte à la sécurité

publique

Var. dép. : Cancers

,000 ,235 ,000 1,000

,748 ,235 ,748 3,186 ,013

121

Les relations statistiquement significatives ont été mises en italique dans le tableau ANOVA afin

d’améliorer la lecture.

31

Résultats Section 2.

Les premiers résultats de note analyse quantitative révèlent les évolutions

marquantes des données relatives à la population, la richesse, l’impact écologique, les

dommages sanitaires et la réponse gouvernementale. Ces évolutions nous apprennent que la

Chine, sur les dix dernières années, continue son développement économique sur fond de

croissance démographique non maitrisée. De plus, ces croissances démographiques et

économiques s’effectuent parallèlement à l’augmentation des dégradations

environnementales et sanitaires. Par ailleurs, la première analyse quantitative univariée

montre que la confiance dans les institutions politiques chinoises progresse lentement alors

que simultanément le nombre de contestations juridiques à caractère social évolue de façon

rapide.

Les résultats concernant les analyses corrélationnelles bivariées et multivariées sont

peu probants. En effet, même si les analyses bivariées révèlent des corrélations positives et

significatives entre les variables indépendantes et les variables dépendantes (variable

intermédiaire de la santé et la variable sécuritaire politique), traduisant l’existence probable

d’associations dans les variations observées, le niveau des coefficients de régression est très

élevé, d’autant plus pour une analyse corrélationnelle en sciences sociales où les

coefficients expliquent rarement plus de 60 % de la variation de la variable dépendante.

Pour ce qui est de l’analyse multivariée, les résultats sont encore plus sujets à

caution et donc ne seront présentés ici, seulement, qu’à titre indicatif. Dans la section

suivante, nous exposerons brièvement les contraintes techniques et statistiques qui nous

poussent, en particulier, à remettre en question la méthodologie quantitative retenue et la

démarche quantitative en général.

Apports et limites de l’approche quantitative Section 3.

Le principal apport de la méthode quantitative s’appuie essentiellement sur la

nécessité pour le chercheur de prendre connaissance des tendances matérielles d’un État.

Ainsi, au-delà de la fiabilité des données, il semble pertinent de connaître à travers les

données brutes, les orientations de certains facteurs, tels que la démocratie, la croissance

économique, etc. Cependant, plusieurs obstacles se dressent face à l’analyste dans sa

32

démarche corrélationnelle. Parmi eux, mentionnons en premier lieu, la disponibilité et la

fiabilité des données collectées par les autorités chinoises.

De ce problème naît la difficulté de choisir les bons indicateurs traduisant au mieux

les variables identifiées par le corpus théorique. Si les indicateurs de démographie,

d’économie et de dégradation environnementale semblent pertinents, peut-être que d’autres

choix auraient été judicieux. Par exemple, pour la variable démographique, le taux

d’urbanisation aurait pu probablement être significatif. De même, en ce qui concerne

l’économie, l’indicateur du PIB par personne aurait pu être plus adéquat. Pour

l’environnement, l’indicateur des émissions de gaz industriels est pertinent, mais il ne

traduit qu’une partie de la variable environnementale, excluant la dimension de la

surexploitation et de la captation des ressources. Cette série de remarques peut être encore

plus facilement réitérée pour les indicateurs de l’efficacité gouvernementale, du taux de

cancer et surtout pour celle traduisant les atteintes en termes de sécurité publique ou

politique.

Enfin, l’analyse multivariée ne peut être adéquatement utilisée en l’espèce, car les

séries de données collectées sont des séries chronologiques qui se prêtent mal à l’analyse

corrélationnelle multivariée122. Notamment, ce type de séries pose le problème de

l’autocorrélation des variables rendant l’analyse caduque, car possiblement erronée. Les

sciences statistiques ont mis en place tout un protocole permettant de contourner ce

problème d’autocorrélation, par notamment la procédure dite de la méthode autorégressive

qui dépasse largement le cadre de ce mémoire.

La faible fiabilité des données, les difficultés rencontrées lors du choix des

indicateurs les plus représentatifs et surtout le fait que l’analyse corrélationnelle ne mesure,

en définitive, qu’une possible association entre deux variables rendent le protocole de

corrections statistiques peu significatif. Le volume d’effort à fournir et la complexité de la

procédure ne sont pas justifiés pour une analyse comme la nôtre où la démarche

quantitativiste demeure secondaire. Cependant, ce travail permet d’éliminer certaines

hypothèses et, sa présence demeure utile d’un point de vue épistémologique, ne serait-ce

122

PÉTRY, F. et F. GÉLINEAU, 2003, Guide pratique d’introduction à la ré ression linéaire en sciences

sociales, Les presses de l’Université Laval, Québec, page 141

33

que pour mettre en évidence sa relative efficacité dans ce type d’études. Par ailleurs,

l’analyse quantitative est aussi pertinente pour écarter des pistes de recherche.

34

Chapitre 5 - L’analyse qualitative de la sécurité

environnementale interne

Introduction Section 1.

L’analyse qualitative de la sécurité environnementale interne est avant tout l’étude

d’un processus partant en premier lieu de la phase contextuelle jusqu’à la phase sécuritaire.

Au sein de la phase contextuelle, un portrait global de la situation écologique, économique,

politique et sociale de la Chine sera dressé. Dans un second temps, l’analyse s’attardera sur

la phase dite « anthropique » où les externalités environnementales sont produites, suivie de

la phase sécuritaire où le lien entre dysfonctionnements environnementaux et

dysfonctionnements sécuritaires sera recherché.

Le contexte initial Section 2.

1. La Chine et son environnement

a) La croissance de l’économie

La Chine, membre du conseil de sécurité de l’ONU, est devenue un membre actif et

influent dans la plupart des organisations internationales, parvenant à être le deuxième

acteur économique majeur de la planète en 2011123. L’économie chinoise en 2011 est une

économie hors-norme et sa croissance est élevée. Sa participation au marché international

via ses importations et ses exportations, ses créances sur les principales économies

occidentales (États-Unis, Union européenne), ses acquisitions matérielles extérieures

(terres, espaces côtiers, entreprises), ses potentiels humains, économiques et sociaux ainsi

que ses politiques économiques extérieures font de la Chine un joueur planétaire de premier

plan. Entre 1990 et 2010, le produit intérieur brut chinois a été multiplié par plus de quinze,

passant de 356 à 5 926 milliards de dollars américains124. La figure 3 ci-dessous traduit la

force de la dynamique du développement économique chinois durant la précédente

décennie.

123

Cependant, il faut nuancer cette position, car au prorata par habitant la puissance économique de la Chine,

la classe dans la catégorie des pays émergents. 124

LA BANQUE MONDIALE, 2012, « Données : PIB US$ courants – Chine », B.M.

35

Figure – 3

Produit intérieur brut de la Chine entre 2000 – 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China

Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing

Toutefois, le PIB par habitant, en dollar américain constant, n’est que de 2 425 $ par

an en 2011, alors qu’il était de 949 $ en 2000125. Économie en pleine mutation, l’économie

socialiste de marché chinoise est une économie complexe à décrypter, d’une part à cause de

sa croissance rapide et d’autre part, parce que les présences de l’État, du Parti communiste

chinois et de l’élite militaro-industrielle rendent plus difficile la lecture du système

économique chinois.

Sur une période de vingt années, l’économie chinoise a vu une progression

constante de son secteur tertiaire et de son secteur secondaire, aux dépens du secteur

économique traditionnel de la Chine, à savoir l’économie agricole. La figure 4 montre que

l’économie chinoise est de moins en moins agraire, confirmant l’autre tendance chinoise :

l’urbanisation. Les Chinois quittent leur ruralité pour la ville où l’emploi et la hausse du

niveau de vie promettent un espoir d’amélioration de la condition socio-économique du

plus grand nombre.

125

Ibid.

36

Figure – 4

Évolution sectorielle de l’économie chinoise entre 1999 et 2008

Source : BANQUE MONDIALE, 2012, « Données : Emplois par secteur – Chine », B.M.

Cette économie en pleine transformation et en pleine croissance, a réalisé des

progrès importants sur le plan interne, notamment, avec la sortie de dizaines de millions de

chinois de la précarité économique. Elle a réussi à devenir une joueuse majeure de

l’économie internationale en prenant part au phénomène de la mondialisation. La figure 5

compare les évolutions, de ces deux dernières décennies, des principales puissances

économiques mondiales avec la progression et le volume de l’économie chinoise. On

constate que la Chine subit une accélération de son développement économique, alors que

ses principaux concurrents, excepté les États-Unis, ont tendance à progresser très

lentement. En 2011, l’économie chinoise aurait dépassé le Japon et serait devenue la

deuxième puissance économique de la planète126.

126

LE MONDE, 2011, « La Chine est devenue la deuxième économie mondiale. », Le Monde et Agence

France Presse

37

Figure – 5

PIB comparés de la Chine et autres puissances économiques majeures

Source : BANQUE MONDIALE, 2012, « Données : PIB US$ courants – Chine », B.M.

b) Le système politique

Le système politique chinois paraît être un système proche du fédéralisme à

l’indienne ; avec ses provinces, ses régions et ses municipalités autonomes ainsi que sa

reconnaissance des différences ethniques internes. Cependant, la Chine est une nation

politiquement très centralisée même si son administration est a contrario très déconcentrée.

L’idéologie d’État, ancrée dans un parti unique, autour d’une force de coercition policière

et militaire omniprésente, implique que le régime politique chinois est avant tout un

système politique autoritaire.

c) La société

La société chinoise est une société vieillissante où l’idée du collectif est

culturellement enracinée dans les esprits. Nonobstant, la présence d’une culture ancestrale

bouleversée par plus de soixante années de communisme autoritaire, la société chinoise

subit depuis la moitié des années 1990, des changements culturels, sociaux et économiques

de grande envergure. Chaque année, la société chinoise extirpe plusieurs millions de

personnes de la pauvreté selon la Banque mondiale ; « Miracle économique chinois : 500

38

millions de pauvres en moins et 106 milliardaires en plus ! 127 ». La société chinoise est en

pleine mutation sociale, économique et sociétale, au contact de ses voisins immédiats et du

reste du monde. La réception et l’organisation des Jeux olympiques de Beijing en 2008 sont

la parfaite illustration de la Chine, entrée dans la mondialisation et reprenant une place

majeure sur la scène internationale.

d) L’histoire difficile de la relation « humain – environnement »

Depuis l’avènement de l’Empire chinois en –221 av. J.-C., la Chine se trouve

confrontée à des constantes historiques qui perdurent aujourd’hui, à savoir un territoire

immense, une population considérable, un environnement hétéroclite, mais fragile, la

prépondérance de la société agraire128 et une propension à transformer radicalement

l’environnement129. À cela s’ajoute le fait que la Chine est, depuis des temps anciens,

soumise à des catastrophes naturelles de grande ampleur telles que les tremblements de

terre, les inondations et les sécheresses, interférant avec les problématiques

d’autosuffisance alimentaire, de développement économique et de stabilité politique130. Ces

dernières années, comme le rapporte l’Agence France Presse :

Le nombre de catastrophes naturelles en Chine a été multiplié par quatre au cours des

30 dernières années, selon une étude du premier réassureur mondial, Munich Re,

publiée mardi. Le réchauffement climatique risque en outre d'aggraver encore la

situation, souligne le groupe allemand. Selon l'étude de Munich Re, la Chine a subi 48

catastrophes naturelles - tempêtes, inondations, tremblements de terre, canicules,

sécheresses et feux de forêt - en 2010, contre 11 au début des années 1980131.

L’histoire de la Chine, c’est aussi l’histoire du rapport des Chinois avec leur

environnement. Ce rapport est resté constant depuis des siècles, le peuple, qui suivait

respectueusement les principes de la « nature », se considérait protégé par elle. Ainsi,

l’idée, que toute désobéissance à ces principes entraînait irrémédiablement un châtiment de

la « nature », est restée longtemps ancrée dans l’esprit des Chinois132. Jusqu’à l’avènement

127

MOUSSOURS, M., 2008, « La pauvreté en Chine : aller au-delà des chiffres. », Comité pour l’Annulation

de la Dette du Tiers-monde 128

SMIL, V., 1984, op. cit, page 189 129

ZHANG J., 2006, « Environment, Market, and Peasant Choice: The Ecological Relationships in the

Jianghan Plain in the Qing and the Republic », Modern China, Vol. 32, N° 1, p. 31-63 130

Ibid. 131

AGENCE FRANCE PRESSE, 2011, « Chine: explosion du nombre de catastrophes naturelles », La Presse 132

CHEN, D., 2008, « Environmental Rights: on the Perspective of Harmonious Development between

Human Beings and Nature. », China Population, Resources and environment, Vol. 18, N° 1, page 190

39

du pouvoir communiste de Mao Tsé Toung dans la seconde moitié du XXe siècle, le

concept chinois de l’environnement imaginait que les pensées et les comportements

humains devaient s’adapter à l’environnement afin de préserver leurs existences133.

Cependant, par la mise en place de la politique d’industrialisation du « Grand bond en

avant » en 1958134 et de la réorientation économique vers une « économie socialiste de

marché »135, la transformation économique de la société chinoise va bouleverser la relation

traditionnelle entre les Chinois et leur environnement : « Guided by Mao Tse-tun ’s belief

worker came equiped with the ability to labor to sustain himself or herself, the party

encouraged both population growth and heedless use of land, water, and mineral

resources. »136.

En 1975, la Chine est encore un joueur industriel modeste et certains commencent à

s’inquiéter des dégradations environnementales issues des transformations économiques et

industrielles137. Moins de dix ans plus tard, Vaclav Smil dressera un premier constat

environnemental relativement pessimiste. Il expliquait, alors, que les données

environnementales intrinsèques de la Chine étaient défavorables. Nonobstant d’être un pays

populeux, la Chine a la plus grande surface montagneuse au monde avec 58 % de sa surface

composée de montagnes, de hautes plaines et de plateaux, contre 10 % pour l’ex-U.R.S.S.

et 15% pour les États-Unis138. De plus, la seconde contrainte environnementale est la

combinaison de ces immenses espaces ouverts et de leur exposition à l’extrémité du

continent est-asiatique : courants froids du Nord et de l’Himalaya, sècheresse de la Sibérie,

inondations des moussons et typhons violents139. Pour Smil, les externalités de ces

contraintes peuvent s’illustrer par l’exemple de certains cours d’eau :

In the more than two-and-a-half millenia of recorded Chinese affairs, the Huang He

broke the dikes in its lower reaches twice every three years and experienced a major

change of course every century. The Huai He (Huai river) basin in the heart of densely

populated China suffered more than 900 droughts and 900 floods between 246 BC and

133

Ibid., page 190 134

OBRINGER F., 2007, « La croissance économique chinoise au péril de l’environnement : une difficile

prise de conscience », Éditions La Découverte, Hérodote, N° 125, page 96 135

Ensemble de réformes politiques et économiques initié par Deng Xiaoping dans les années 1980. 136

GOLDSTONE, J. A., 1995, « The Coming Chinese Collapse », Foreign Policy, N° 99, page 35 137

SIGURDSON, J., 1975, « Resources and Environment in China », Ambio, Vol. 4, N° 3, page 112 138

SMIL, V., 1984, op. cit, pages 4 – 5 139

Ibid., pages 4 – 5

40

1948. The Hai He (Hai river) basin had 387 disatrous floods and 407 drought years

between 1368 and 1948140.

Par ailleurs, l’auteur constate déjà des atteintes environnementales d’origine

anthropique concernant les ressources forestières, l’érosion des sols, la désertification,

l’assèchement des lacs, les pertes et les détériorations des terres cultivables, la diminution

et la dégradation des ressources hydriques, les pollutions atmosphériques et le recul de la

biodiversité. Une dizaine d’années plus tard, Smil poursuit son analyse et constate que les

dégradations environnementales s’intensifient, et qu’en particulier la pollution

atmosphérique est désastreuse pour la santé des citoyens chinois141.

e) L’effet des échanges internationaux sur l’environnement

Dans le processus difficile du développement socio-économique de la Chine,

l’ouverture de la Chine et sa connexion aux réseaux du monde sont une variable à ne pas

négliger. L’ouverture de la Chine s’est accompagnée de l’ouverture du monde sur la Chine.

Elle produit, finance, achète et loue au monde : biens à faible valeur ajoutée, participations

dans les entreprises internationales et subventions d’État, achats de terres agricoles et

arables, de produits agroalimentaires et d’énergies... Ces capacités économiques,

financières et politiques aident la Chine à se procurer des ressources extra-muros de son

territoire national et de sa zone d’influence. De ce fait, elle allège le fardeau

environnemental interne, en transférant ses externalités environnementales sur un autre

joueur de la scène économique internationale. Elle se permet d’économiser sur les coûts

sociaux, économiques et politiques internes.

Cependant, les délocalisations industrielles des pays occidentaux vers la Chine

relativisent la portée des externalités environnementales exportées par la Chine à travers ses

importations. Le solde entre les externalités produites en Chine et celles produites à

l’étranger est difficilement mesurable avec précision, néanmoins au regard du solde

commercial en 2010, les gains environnementaux demeurent faibles142.

140

Ibid., page 6 141

SMIL, V., 1993, op. cit., page 117 142

BANQUE MONDIALE, 2012, « Importations et exportations », B.M.

41

En 2006, Vermander apporte un exemple de transfert interétatique d’externalités

environnementales. Devant l’insuffisance de la production forestière interne et la

consommation exponentielle du bois en Chine, cette dernière participe à l’accroissement de

la déforestation dans les pays en voie de développement, pays généralement tropicaux, tout

en développant une régénérescence artificielle des surfaces forestières nationales. Plus

particulièrement, Vermander souligne que les importations massives chinoises se font au

détriment des forêts asiatiques et océaniennes143.

2. Les activités anthropiques et l’environnement

Globalement, le gouvernement, le peuple, les organisations non gouvernementales,

les institutions internationales et les chercheurs s’accordent sur le bilan critique de

l’environnement en Chine. Précisément, au-delà de la surexploitation et de la captation des

ressources naturelles, la principale lacune du phénomène environnemental demeure

massivement la problématique de la dégradation des ressources144. Les externalités

anthropiques sur l’environnement sont l’ensemble des effets économiques, sociaux et

politiques – positifs et négatifs – que produisent les Chinois sur leur environnement.

a) Les externalités économiques

La littérature suggère que l’économie en Chine produit des externalités notables sur

la qualité de l’environnement ainsi que sur l’équitable gestion de celui-ci en termes de

justice sociale. Que cela soit la surexploitation de certaines ressources, la dégradation de la

plupart d’entre elles ou leur captation au profit d’une élite économique et politique, les

externalités représentent un coût environnemental hors-norme pour un pays tel que la

Chine. L’exemple des émissions de dioxyde de carbone de 1990 à 2003 est significatif

lorsque les émissions de CO² ont progressé de plus de 73 % faisant de la Chine le deuxième

143

VERMANDER, B., 2006, op. cit., page 310 144

SCHMIDT, C. W., 2002, « Economy and Environment, China Seeks a Balance », Environmental Health

Perspectives, Vol. 110, N° 9, p. 517-522

42

émetteur au monde145. En 2008, la Chine devenait le premier émetteur de gaz carbonique au

monde avec près d’un quart des émissions totales146.

La croissance économique signifie par exemple, une consommation croissante des

matières premières, et les « […] production and consumption processes generate material

wastes that pollute the environment. Unlimited economic growth therefore tends to deplete

natural resources and cause environmental degradation.147 ». Néanmoins, Wan rappelle

que le développement économique et la croissance peuvent accroître les capacités

financières dévolues à la protection de l’environnement et à la diffusion de la conscience

collective-environnementale148. À cet égard, le PNUE faisait remarquer qu’« En 2010, la

Chine est le nouveau leader mondial en matière de nouveaux investissements financiers

dans les énergies renouvelables avec un montant de plus de 48,9 milliards de dollars (soit

28%149). »150.

Concrètement, il serait ambitieux de faire état de toutes ces externalités au sein de

ce travail, ainsi je proposerai les principales d’entre elles. Par ailleurs, il semble ardu de

présenter une hiérarchie stricte des externalités économiques sur l’environnement.

Néanmoins, l’énergie, l’industrie, l’agriculture et le transport sont les principaux

responsables de la crise environnementale chinoise.

En ce qui concerne la production énergétique, deux types de production posent des

problèmes majeurs au niveau de l’environnement, à savoir l’énergie provenant du charbon

et la production hydro-électrique. Les autres types d’énergie demeurent anecdotiques,

principalement à cause des immenses réserves charbonnières et des potentiels

hydrologiques chinois. En 2009, la production du charbon représentait 77,3 % de la

145

HU, C. et X. HUANG, 2008, « Characteristics of Carbon Emission in China and Analysis on Its Cause »,

Chinese Society for Sustainable Development and Research Center for Sustainable Development of Shandong

Province, Vol. 18, N° 3, page 38 146

MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L'ÉNERGIE, 2012, «

Statistiques du développement durable. », République française 147

WEN, D. et M. LI, 2007, « China : Hyper-development and environmental crisis », dans PANITCH L. et

LEYS C., 2007, Coming to Terms with Nature : Socialist Register 2007, Socialist Register Anthology, page

133 148

WAN, M., 1998, « China's Economic Growth and the Environment in the Asia-Pacific Region », Asian

Survey, Vol. 38, N° 4, page 366 149

Des investissements mondiaux. 150

PNUE, 2012, « Les investissements mondiaux dans l'énergie verte en forte augmentation. », PNUE

43

production énergétique totale chinoise, le pétrole 9,9 %, le gaz 4,1 %, la production hydro-

électrique, nucléaire et éolienne environ 8,7 %151. Le charbon demeure une source de

pollution importante et, même si la Chine fait d’énormes progrès pour rendre son utilisation

plus propre, plus efficace et pour se tourner vers des énergies moins polluantes, il continue

à représenter un enjeu environnemental majeur152 :

La combustion de charbon par les foyers domestiques, les industries et les centrales

thermiques n’est pas la seule source d’émissions polluantes dans un pays qui continue

à brûler de grandes quantités de biomasse dans des installations peu efficaces et qui

joue la carte d’une rapide expansion du transport routier. […] Les volumes de dioxyde

de soufre (SO2) semblent avoir augmenté de 50% et ceux de particules de 67% entre

1980 et 1995, avant de diminuer de 20% pour les uns et de 60% pour les autres

jusqu’en 2002. À cette date, les deux émissions polluantes, dont 80 à 90% proviennent

de la combustion du charbon, ont repris une ascension, particulièrement marquée pour

le SO2153.

Les perspectives à venir ne sont pas très optimistes vis-à-vis de l’utilisation de cette

forme d’énergie :

Forecastin result shows that China’s future coal demand will be [sic] in increasing

trend and coal’s share in the primary ener y will decline radually; however, it will

still be the main energy form. Coal used in the power industry will be a main factor

that contributes to increased coal demand. […] In total, China’s coal demand is 2620–

2850 million tons in 2010 and 3090–3490 in 2020154.

L’énergie hydro-électrique connaît depuis quelques décennies un essor sans

précédent en Chine avec l’implantation d’une multitude de barrages et d’ouvrages de très

grande envergure, à l’instar du barrage des Trois Gorges. Cependant, la réalisation et

l’opérationnalisation de ces infrastructures ont des externalités environnementales

importantes. Le barrage des Trois Gorges est le barrage hydro-électrique le plus imposant

au monde et sa capacité de production est équivalente à celle d’un pays comme le Tchad155.

Toutefois, sa construction a entraîné une perte colossale de surfaces forestières156 et de

151

NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, op. cit. 152

ASIAN DEVELOPMENT BANK, 2003, « Electricity demand in the People’s Republic of China :

Investment requirement and environmental impact », Manille, Asian Development Bank, ERD Working Paper

N° 37, 25 page 22 153

MARTIN-AMOUROUX, J-M., 2007, « Charbon chinois et développement durable. », Perspectives

chinoises, N° 1, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, page 47 154

WANG, Y. et J. LI, 2008, op. cit., page 155 155

STONE, R., 2008, « Three Gorges dam : Into the unknown. », Science, Vol. 321, page 632 156

GUO, G., 2010, « Environmental Security Concerns and the Three Gorges Reservoir Basin in China »,

Falls Church, Foundation for Environmental Security and Sustainability, FESS Issue Brief, page 6

44

terres arables, bouleversant du même coup les écosystèmes locaux. D’autre part celle-ci a

contribué à l’alcalinisation des sols et à la réduction des ressources halieutiques. Ainsi, une

part non négligeable de la biodiversité locale a été touchée157.

Les premiers [les journalistes de la presse] mettent en avant des questions techniques,

comme la sédimentation dans la retenue, les effets de la pollution urbaine dans le plan

d’eau, l’atteinte portée à des espèces rares comme le dauphin blanc du Yangtsé,

l’esturgeon ou la grue de Sibérie, les effets sur le chenal aval et sur le delta, qui sera

privé de sédiments et devrait reculer, etc158

.

De plus, l'énorme quantité de béton, d'acier et d'autres matériaux ainsi que l'énergie

utilisée au cours des dix-sept années de construction ont généré d'importantes émissions de

dioxyde de carbone159. Enfin, au-delà des externalités directes, les spécialistes estiment

qu’un tel barrage représente une menace encore plus grande pour les populations et

l’environnement, dû à la fragilité d’une telle infrastructure face à la menace sismique. En

effet, les tremblements de terre sont fréquents et de grande ampleur en Chine qui court le

risque d’une catastrophe majeure si une brèche survenait dans les barrages des Trois

Gorges160.

Le transport, à l’instar de l’ensemble de l’économie, véritable moteur du

développement, a connu en Chine une explosion sans précédent. On considère qu’un

Chinois sur cent possède une voiture161, soit environ moins de quinze millions de véhicules

domestiques. L’automobile, le train et l’aviation chinois ont enregistré une croissance

inégalée dans le monde et la Banque Asiatique de Développement donnait en 2008 des

chiffres vertigineux : « The hi hway system has increased nearly 300% in 26 years, and the

proportion of private passen er vehicles to total vehicles increased from 6.8% in 1980 to

78.2% in 2006. […] ». En l’espace de deux années, la Chine compte à elle seule pour plus

157

Ibid. 158

BRAVARD, J.-P., 2001, « Un enjeu hydropolitique et environnemental majeur pour la Chine : le transfert

Sud-Nord. », Hérodote, Vol. 3, N° 102, page 58 159

GUO, G., 2010, op. cit., page 4 160

STONE, R., 2008, op. cit., page 632 161

LAMY, J., 2006, « D’un G8 à l’autre : sécurité énergétique et changement climatique », Institut français

des relations internationales, Politique étrangère, p. 131-144

45

de 30 % de la comsommation mondiale d’hydrocarbures liquides et l’on estime que la

consommation chinoise devrait être multipliée par 3,5 d’ici les trente prochaines années162.

Les externalités environnementales du transport sont essentiellement de trois ordres.

Tout d’abord, le développement du transport exige de plus en plus d’espace afin de

construire un réseau autoroutier capable d’absorber la croissance du nombre d’automobiles,

incluant à la fois les routes et les aires de stationnement. Pour le transport aérien et

ferroviaire, le problème de l’espace reste identique et les réquisitions d’espace se font au

détriment des surfaces cultivables et forestières. Dans un second temps, dans un pays où la

fourniture énergétique est avant tout liée à la production du charbon et des hydrocarbures –

avec 90,6 % de la production énergétique totale en 2010163 – le développement du transport

entraîne une hausse croissante de la consommation des matières premières et surtout

d’énergie, participant à la surexploitation des ressources naturelles. La Banque Asiatique de

Développement indique que 35% de la consommation pétrolière de la République

Populaire de Chine est destinée au secteur du transport164. Enfin, l’explosion des moyens de

transport aérien, ferroviaire et automobile produisent des dégradations environnementales

(pollutions atmosphériques) extrêmement importantes, autant dans la production des

moyens de transport, de la consommation énergétique, que des recyclages de ces moyens.

Les industries lourde et manufacturière sont encore désuètes et polluantes en Chine,

consommant essentiellement du charbon pour leur fonctionnement165. Par exemple, « la

sidérurgie et la cimenterie chinoises sont des industries peu efficaces énergétiquement. Les

procédés de production consomment environ un tiers d’énergie de plus que ceux des pays

développés. »166.

162

ASIAN DEVELOPMENT BANK, 2008, « Climate Change and Transport : Promoting Environmentally

Sustainable Transport in the People’s Republic of China », Mandaluyong City, Asian Development Bank,

page 1 163

NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, « Total Production of Energy and Its

Composition. », BNSC 164

ASIAN DEVELOPMENT BANK, 2008, op. cit., page 1 165

WANG, Y. et J. LI, 2008, « China’s Present Situation of Coal Consumption and Future Coal Demand

Forecast. », China population, ressources and environment, Vol. 18, N° 3, page 152 166

ALLAIRE, J., 2007, « L’impact du développement urbain en Chine sur le réchauffement climatique »,

Perspectives chinoises, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, N° 1, page 56

46

De son côté, l’agriculture subit d’une part les effets des dysfonctionnements

environnementaux et, d’autre part, elle participe à la surexploitation et à la destruction des

ressources naturelles. En Chine, l’agriculture, par exemple, consomme beaucoup d’eau167 et

utilise énormément d’engrais chimiques168.

Favorisées par les rejets agricoles (l’agriculture chinoise est première consommatrice

mondiale d’engrais) notamment de nitrates, et par les eaux usées domestiques, les

marées rouges s’étendent dans les mers de Chine et la mer Jaune (et occasionnellement

dans les principaux fleuves chinois). D’une surface pouvant atteindre jusqu’à 10 000

km², une marée rouge paralyse l’activité économique pendant plusieurs semaines

(pêche, tourisme…)169.

L’agriculture est tributaire du climat, ainsi entre « […] 1999 et 2003, les récoltes ont

chuté de 17,5 % et sur la seule année 2000, où la sécheresse a été particulièrement marquée,

la production de grains a diminué de 10,5 %170. ». Parallèlement, les pratiques culturales ont

changé à cause de l’industrialisation et de la mécanisation de l’agriculture, au détriment des

pratiques respectueuses de l’environnement171. Les effets de l’agriculture intensive posent

des problèmes d’emploi et de migrations internes, mais ils sont avant tout les résultats des

dégradations environnementales172 : « Roughly 20 million hectares of farmland is

contaminated by heavy metals. Given the average size of a family farm, that translates into

about 130 million farmers who are negatively impacted. In some of the worst hot-spots,

pollution has become a life and death issue173. ».

b) Les externalités politiques

Les théoriciens de la sécurité environnementale reconnaissent que dans la

perspective d’une relation entre la variable environnementale et les variables sécuritaires,

d’autres variables peuvent avoir une influence additionnelle ou complémentaire, tout en

ayant des relations d’interdépendance entre elles. Parmi celles-ci, la variable politique

167

ROUSSET, N., 2007, « Impacts du changement climatique, sécurité hydrique et enjeux agricoles »,

Perspectives chinoises, N° 1, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, page 38 168

HUANG, J. et S. ROZELLE, 1995, « Environmental Stress and Grain Yields in China », American

Journal of Agricultural Economics, Vol. 77, N° 4, page 861 169

TAITHE, A., 2008, « La sécurité environnementale du Japon, confrontation ou coopération régionale ? »,

Fondation pour la recherche stratégique, page 5 170

ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 37 171

WEN, D. et M. LI, 2007, op. cit. , page 135 172

Ibid., page 142 173

Ibid.

47

intervient pour aggraver ou compenser l’incidence de la variable environnementale sur

celle de la sécurité. L’action gouvernementale est une des composantes de la variable

politique en amont des problématiques environnementales, économiques et sociales. Dans

le cas présent, nous nous intéresserons à l’influence de l’action gouvernementale sur

l’environnement, en posant deux questions. D’une part, comment l’action gouvernementale

en matière environnementale se traduit-elle dans les faits et, d’autre part celle-ci est-elle

efficace pour compenser les désordres environnementaux et ainsi réduire les externalités

sur les sécurités internes de la Chine ?

Premièrement, les autorités centrales et provinciales sont conscientes de la crise

environnementale, ce qui est déjà, dans un pays comme la Chine, un progrès significatif en

direction d’une résolution des problèmes. Dès 1972, les autorités politiques chinoises

parlent de la mise en place d’une gouvernance environnementale174. Durant les années

2000, le pouvoir politique va multiplier les déclarations en ce sens, répondant aux

inquiétudes de la société civile d’une part et de la communauté scientifique d’autre part.

174

MEIDAN, M., 2007, « La Chine dans une architecture post-Kyoto : réconcilier pressions internes et

externes. », Perspectives chinoises, N° 1, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, page 69

48

En effet, le Centre de recherche sur la théorie de Deng Xiaoping de la province du

Sichuan déclarait, au sujet de la vision de la sécurité nationale de Jiang Zemin :

La sécurité économique est la base, la sécurité politique est le principe, la

sécurité militaire est l’assurance, la sécurité technologique est la clé, la

sécurité culturelle est l’âme, la sécurité de l’information est le centre, la

sécurité écologique est la sauvegarde175.

Lors d’un entretien accordé au quotidien allemand Der Spiegel, Pan Yue, le ministre

de l’Environnement chinois en 2005, tenait des propos radicaux pour un officiel chinois :

This miracle will end soon because the environment can no longer keep pace. Five of

the ten most polluted cities worldwide are in China; acid rain is falling on one third of

our territory; half of the water in China’s seven lar est rivers is completely useless; a

quarter of our citizens lack access to clean drinking water; a third of the urban

population is breathing polluted air; less than a fifth of the rubbish in cities is treated

and processed in an environmentally sustainable manner176.

Plus tard, sous l’impulsion du gouvernement de Hu Jintao et Wen Jiabao,

l’environnement s’inscrira dans la rhétorique politique officielle177. Ce dernier mentionnera

quarante-huit fois les termes d’environnement et de pollution, en 2007 devant l’Assemblée

nationale du peuple178. L’ensemble des déclarations et des politiques environnementales

chinoises illustrent dans un premier temps la prise de conscience gouvernementale des

dangers représentés par la crise environnementale. Pourtant, les experts s’interrogent sur

l’efficacité de ces politiques et se demandent si le développement durable souhaité saura

remplir les attentes des générations futures tout en comblant les besoins des citoyens

actuels179.

Le parti communiste chinois se retrouve donc face à dilemme qui repose sur la

difficulté d’assurer d’un côté la croissance économique et l’enrichissement de la majorité

de la population et, de l’autre, de préserver l’environnement qui pourrait, par ses

175

VERMANDER, B., 2007, Chine brune ou Chine verte ?, Paris, Sciences Po Presses, Collection, Nouveaux

Débats, page 31 176

Ibid., page 57 177

MEIDAN, M., 2007, op. cit., page 69 178

VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 18 179

OBRINGER F., 2007, « La croissance économique chinoise au péril de l’environnement : une difficile

prise de conscience », Éditions La Découverte, Hérodote, N° 125, page 96

49

déséquilibres, porter atteinte à la sécurité sociale, économique et politique de la nation.

Finalement, même si l’environnement est une préoccupation officielle, il n’est pas en

définitive prioritaire sur l’économie180.

Le choix entre environnement et économie ouvre la porte à une multitude de conflits

politiques internes en Chine entre les différents acteurs du pouvoir. D’un côté, on assiste à

une recrudescence des pressions visant à la poursuite de la croissance économique (les

groupes d’intérêts industriels et certains ministères, au niveau national et local) et de

l’autre, certains officiels, scientifiques et organisations non gouvernementales181 réclament

le développement d’une économie plus respectueuse de l’environnement182.

Les analystes concèdent que d’une part « la faiblesse des acteurs gouvernementaux

chargés de la question environnementale leur permet difficilement de concurrencer les

intérêts industriels183 » et que c’est le rapport de force, entre les différents groupes de

pression, qui façonne les politiques finales au sein du pouvoir central en matière

d’environnement184. Malgré tout, la Chine agit politiquement, socialement et

économiquement en faveur de la protection de son environnement, favorisant l’émergence

d’une économie verte, durcissant ses politiques et ses contrôles sur le terrain et s’ouvrant

sur la participation des acteurs non étatiques au débat « Voir Annexe C » note 2 ; Lois

chinoises sur l’environnement :

There is increasing public awareness of environmental issues in China, often

encouraged by the Chinese government since environmental protection is generally not

re arded as bein politically sensitive. […] Political reform in China would make it

easier for Chinese citizens to form environmental groups to serve as advocates and

watchdog185

.

En 1994, les autorités acceptent la création de l’organisation non gouvernementale

Friends of Nature, la première en Chine en 1994. Beijing fait preuve d’ouverture tout en

180

QI Y., MA L. et L. ZHANG, 2007, « Climate Change Governance in China: A Case Study », Chinese

Society for Sustainable Development and Research Center for Sustainable Development of Shandong

Province, Vol. 17, N° 2, page 9 181

MEIDAN, M., 2007, op. cit., page 68 182

Ibid. 183

Ibid. 184

Ibid. 185

WAN, M., 1998, op. cit., page 378

50

entretenant une position ambiguë avec les ONG, compliquant leurs activités et créant en

permanence des tensions relationnelles. Ces dernières ont compris qu’elles devaient tenir

une position de non-affrontement direct avec le pouvoir de la capitale186. Au niveau

institutionnel, dès 1988 la Chine se dote de la National Environmental Protection Agency,

chargée de l’ensemble de la législation environnementale, de l’élaboration de règlements

administratifs et de standards nationaux, de la gestion de problèmes de pollution et de la

coordination avec l’ONU187. La Chine, qui fut le premier pays en voie de développement à

mettre en place une stratégie de développement durable dès 1979188 (adoption de l’Agenda

21 au niveau national en 1994)189, créé un ministère de l’environnement à part entière, la

SEPA (State Environmental Protection Administration) en 2003. Immédiatement à son

arrivée en 2003, Pan Yue, en charge du ministère, demande « la fermeture de 6 143 usines

et [sic] mis en place un indicateur de « produit national brut » vert liant développement

économique et problèmes environnementaux. »190.

A contrario, si « […] China has the resolution to reverse the trend of “focusin on

economic development and i norin environmental protection” and to implement

sustainable development through adjustment of industry structure and improvement of

environmental protection and insisting on development with savings, with cleaner

technology, with safety191 », les résultats sont largement insuffisants dans la réalité. La

Chine reconnaît d’ailleurs humblement ses échecs en la matière192. Malgré le règlement et la

neutralisation de certains dysfonctionnements environnementaux, la majorité des problèmes

perdure et l’économie chinoise demeure une des plus inefficaces et inefficientes au monde

en matière d’utilisation des énergies primaires polluantes. De plus, le déficit forestier,

l’érosion des sols, les pollutions atmosphériques et aquatiques ainsi que les pertes de

186

MEIDAN, M., 2007, op. cit., page 70 187

Ibid., page 69 188

ZHANG, K., Z. WEN et L. PENG, 2007, « Environmental Policies in China: Evolvement, Features and

Evaluation », China population, resources and environment, Volume 17, N° 2, page 1 189

YOON, E., LEE S-W. et F. WU, 2007, « The state and nongovernmental organizations in Northeast Asia’s

environmental security. », dans HYUN, I-N. et M. SCHREURS, 2007, The Environmental Dimension of

Asian Security: Conflict and Cooperation Over Energy, Washington, DC., Resources, and Pollution, United

States Institute of Peace, 362 pages 190

OBRINGER F., 2007, op. cit., page 96 191

ZHANG, K., Z. WEN et L. PENG, 2007, op. cit.,, page 2 192

VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 137

51

biodiversité, pour ne citer que cela, font que la Chine est encore très loin du développement

durable escompté193.

L’action de la société civile soulève un paradoxe difficile à expliquer. Un sondage,

réalisé en 2006, indique que les citoyens chinois s’inquiètent essentiellement des problèmes

sociaux et économiques, les problématiques environnementales arrivent en dixième

position pour les ruraux et en quatrième pour les urbains194. Ce désintéressement apparent

serait peut-être le fait d’un certain fatalisme des individus devant l’immensité des

problèmes195 et l’inefficacité récurrente des autorités politiques196, si ce n’est devant

l’incurie de certaines administrations et de leurs agents enclins à la corruption.

Toutefois, un bon nombre d’auteurs observe le phénomène inverse, tendant à

démontrer que les citoyens chinois sont de plus en plus « écologiquement sensibles ».

Depuis 2006, l’environnement mobilise de plus en plus l’opinion publique197 et on assiste à

une croissance constante du nombre d’organisations non gouvernementales reliées à la

thématique environnementale (GONGO198)199. On estime que depuis la moitié des années

1990, plus de 3000 organisations non gouvernementales à vocation environnementale

auraient été créées200. La mobilisation des ONG, des médias, des étudiants et de certaines

entreprises pour la lutte contre les changements climatiques, illustre ce phénomène201.

193

ZHANG, K., Z. WEN et L. PENG, 2007, op. cit., pages 7 à 8 194

VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 82 195

GANG, H., 2007, « La société chinoise face au changement climatique », Perspectives chinoises, N°1,

Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, page 79 196

WONG, K-K et X. ZHAO, 2001, « Living with Floods: Victims' Perceptions in Beijiang, Guangdong,

China », Area, Vol. 33, N° 2, page 196 197

GANG, H., 2007, op. cit., page 80 198

Définition d’une GONGO : « First of all, there is the matter of government co-option: many NGOs are not

actually NGOs. They are what observers are now calling GONGOs – government organized non-

governmental organizations. They are funded, staffed, and otherwise supported by governments. The idea is

not to instigate or inspire change, but rather to control and manage it. », NEW-YORK TIMES, 2010, «

GONGO : Government Organized Non-Governmental Organization. », New-york Time 199

VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 84 200

SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, « The Environment and Well-Being in Urban China »,

Monash University, Australia, Ecological Economics 68, page 548 201

GANG, H., 2007, op. cit., page 79

52

Liang Congjie fonde Friends of nature et la Chine s’ouvre aux organisations

étrangères telles que la World Wildlife Fund202. Cependant, le mouvement des ONG est très

encadré par le pouvoir central203. Si les ONG deviennent un interlocuteur crédible pour les

pouvoirs204, « Le manque de moyens humains et financiers, les obstacles sociopolitiques

structurels affectant le développement de toutes les ONG en Chine, et le manque de mise en

réseau, expliquent le caractère limité de ces actions sur la question du réchauffement

climatique. »205 en particulier et, sur les questions environnementales en général.

Le gouvernement fait preuve de plus de souplesse que par le passé et demeure

extrêmement vigilant face aux ONG, dont le mandat exclue toute critique et contestation

sociale de l’appareil d’État206 : « The government is aware of the potential consequences of

environmental stress and is attempting to find a balance between openness to ENG ’s and

control of « radical » and » disruptive » activities. » 207. La relative liberté d’expression,

dont bénéficie par exemple la journaliste chinoise Wang Yongcheng208, démontre que les

mentalités sociales et surtout politiques évoluent dans le bon sens, tout du moins en ce qui

concerne l’environnement.

Pour finir, le phénomène criminel, politique, social et économique de la corruption

doit être pris en considération. Certaines études ont démontré qu’il existait un lien causal

entre le degré de corruption d’une société et le phénomène de pénurie environnementale209.

La variable de la corruption répond à une pratique sociologique, à un trait culturel ancien, à

une pratique criminelle récurrente ou tout simplement à un moyen de survie supplémentaire

pour une frange défavorisée de la société. De plus, il s’agit aussi d’une variable

économique par nature, ayant pour but un échange de richesse contre un pouvoir, un droit

ou un privilège. Mais il s’agit surtout d’une variable politique, car en définitive c’est le

pouvoir politique qui a le devoir et le droit de l’effacer, si ce n’est de l’endiguer. La

202

YOON, E., LEE S-W. et F. WU, 2007, op. cit., page 220 203

Ibid., page 220 204

Ibid., page 222 205

VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 83 206

YOON, E., LEE S-W. et F. WU, 2007, op. cit., page 222 207

VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 83 208

WANG, Y., 2007, « China’s water resources: environmental security needed. », China dialogues 209

D’MONTE, D., 2000, « Corruption, Safety and Environmental Hazard in Asian Societies », Economic and

Political Weekly, Vol. 35, N° 33, page 2965 à 2966

53

littérature scientifique corrobore la réputation négative de la Chine en matière de

corruption, en indiquant que le phénomène est répandu à tous les niveaux de la société

politique et économique, même si la répression officielle est relativement sévère à cet

égard210. En 2011, la Chine occupait le 75e rang mondial sur 182 de l’index des perceptions

de la corruption édité par l’organisation internationale : Transparency International211.

c) Les externalités sociales

Parmi les externalités sociales, la croissance de la démographie est sans doute la

plus importante en termes d’impact sur l’environnement pour de multiples raisons. À titre

d’exemple, l’augmentation constante, d’une population sur un territoire donné, engendre

une croissance de la demande en richesses naturelles et des dégradations des ressources

naturelles. Notamment, les exigences en infrastructures industrielles et de transports,

d’espaces habitables, ainsi que les augmentations des demandes en eau et en produits

agricoles, provoquent une multitude d’agressions envers l’environnement212. L’« explosion

» démographique, conjuguée à la densification démographique urbaine et côtière,

démultiplie les externalités économiques, politiques et sociales par la croissance du nombre

d’unités, de l’intensité des pressions environnementales et de la complexité inhérente à la

gestion des ensembles fortement populeux. Même si, on présume, à juste titre, que les

chiffres de la démographie chinoise sont loin d’être fiables, les résultats officiels sont déjà

importants. La figure 6 montre la progression constante de la population chinoise que l’on

peut estimer entre 60 et 80 millions d’habitants par an en Chine. Un pays de la taille

démographique de la France chaque année intègre l’espace chinois, malgré toutes les

tentatives de régulation des naissances mises en place par Beijing.

Figure – 6

210

Ibid., page 2960 211

TRANSPARENCY INTERNATIONAL, 2011, « Corruption perceptions index 2011. », Transparency

International 212

HUANG, Y. et Z. ZHAO, 1987, « Environmental Pollution and Control Measures in China », Ambio, Vol.

16, N° 5, page 257

54

Population de la Chine entre 2000 – 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing

La Chine, pays le plus peuplé de l’humanité, avec plus de 1 330 000 000 d’habitants

et une progression de 5,29 % entre 2000 et 2009, enregistre une progression

démographique considérable menaçant l’intégrité environnementale de ses écosystèmes

naturels213. Une telle démographie, par les volumes de richesses naturelles consommés et

l’ampleur des dégradations environnementales générée, engendre une empreinte écologique

que les écosystèmes ne peuvent déjà plus supporter.

À l’instar du monde rural, le monde urbain est une source importante de

dysfonctionnements environnementaux créant, d’une part, une dégradation des ressources

naturelles alliée à un gaspillage des ressources consommées et, d’autre part, une demande

importante en ressource214. Huang et Zhao précisent que la « Density of population is the

main factor affecting the urban environment and the key link involved in the urban

ecological equilibrium. Population density determines the scope of urban ecological

213

NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China Statistical Yearbook »,

N.B.S.C, Beijing 214

CHEN, J., 2007, « Rapid urbanization in China: A real challenge to soil protection and food security »,

Catena, Vol. 69, pages 1 – 2

55

pressure. »215. La figure 7 retranscrit les dynamiques de l’urbanisation et de

l’industrialisation entre 1978 et 2003.

Figure – 7

Dynamics of urbanization and industrialization levels of China between

1978 and 2003

Source : CHEN, J., 2007, « Rapid urbanization in China: A real challenge to soil protection

and food security », Catena, Vol. 69, pages 1 – 2

En conséquence, « Le développement urbain peut engendrer une ville plus ou moins

émettrice de gaz à effet de serre en fonction de l’intensité énergétique de deux éléments

spécifiques : le confort thermique et les transports. ».216 Concernant les émissions de gaz à

effet de serre, outre le chauffage, la climatisation est reconnue comme étant

particulièrement néfaste. En effet, la médiocrité des rendements des appareils de

climatisation, couplée à la faible qualité de l’air générée, accroît considérablement la

demande énergétique. De surcroît, la vétusté des appareils de climatisation engendre des

fuites de gaz nocif multipliant les dérèglements à long terme du climat et de la couche

d’ozone217. On estime enfin que le réseau de chauffage urbain chinois serait en termes

d’efficacité trois fois inférieur à ceux des pays occidentaux ayant des conditions

215

HUANG, Y. et Z. ZHAO, 1987, op. cit., page 257 216

ALLAIRE, J., 2007, « L’impact du développement urbain en Chine sur le réchauffement climatique »,

Perspectives chinoises, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, N° 1, page 53 217

ALLAIRE, J., 2007, op. cit., pages 58 à 59

56

climatiques équivalentes218. Si l’on observe la tendance des dernières décennies, on

remarque que le processus d’urbanisation est en constante augmentation, démultipliant les

externalités urbaines sur l’environnement chinois. Julien Allaire indique que :

[…] le taux d’urbanisation est passé officiellement de 17,9 % en 1978, à 36 % en 2000

et 40,5 % en 2005. Ainsi, la population urbaine a triplé en 25 ans, de 1978 à 2003,

atteignant 520 millions. En 2030, selon les Nations unies, le nombre de citadins devrait

s’élever à 870 millions. Ce sont donc entre 10 et 16 millions de nouveaux venus qui

sont attendus en ville chaque année219.

Smyth, Mishra et Qian rapportent qu’il existe un lien direct positif entre les

pollutions atmosphériques, les catastrophes environnementales et les congestions

automobiles en milieu urbain et le bien-être des Chinois. Les auteurs estiment que la

réduction des atteintes portées à l’atmosphère permettrait d’accroître sensiblement le bien-

être humain dans la Chine urbaine220.

La consommation de « masse » est un facteur aggravant issu de la croissance

démographique et de l’urbanisation. Entre 1978 et 2009, les dépenses de consommation

des ménages chinois sont passées de 174 yuans à 9 098 yuans en moyenne, représentant

une progression de plus de 5000 % en moins de trois décennies221. De plus en plus de

Chinois adoptent au fur et à mesure du développement économique, un mode de

consommation de type occidental, avec la volonté de s’équiper de voitures, de télévisions,

d’ordinateurs et de téléphones portables… Le sociologue Chen Xin estime que depuis

1998, la Chine a favorisé le développement d’une véritable société de consommation de

masse.

Touchée par la “tempête financière” asiatique à la fin des années 1990, la Chine a su

surmonter la crise et maintenir un fort taux de croissance, en stimulant la

consommation des ménages et le développement d’un grand marché intérieur. Ces

mesures ont favorisé l’émergence d’une culture importée dans la société chinoise qui

s’est muée en véritable idéologie nationale : le consumérisme de masse. Cette nouvelle

218

Ibid., pages 58 219

Ibid., page 54 220

SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 553 221

NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China Statistical Yearbook »,

N.B.S.C, Beijing

57

orientation (…) génère des tensions sociales dès lors que seule une faible minorité a

accès à ce mode de vie222.

Par conséquent, la consommation de masse contribue par la croissance

exponentielle de la demande en biens et services, et des externalités consuméristes de

production de déchets, à favoriser les dysfonctionnements environnementaux, en

accroissant les phénomènes de pénuries environnementales (surexploitation et dégradation

des ressources naturelles).

Les dysfonctionnements environnementaux Section 3.

1. La surexploitation des ressources naturelles

La surexploitation des ressources naturelles est une des composantes majeures du

phénomène de pénurie environnementale. En Chine, on peut distinguer plusieurs exemples

de cette surexploitation ayant des impacts plus moins sévères sur les sécurités alimentaire,

sanitaire et économique des Chinois.

Les surexploitations concernent l’environnement terrestre ; terres arables, forêts et

ressources minières. En plus du risque de créer des pénuries d’énergie, de matière première

et de surface économiquement (agriculture) et socialement exploitables (habitat), la

surexploitation des ressources naturelles les dégrade223. Ainsi, l’exploitation du charbon

engendre des pollutions atmosphériques et la déforestation engendre l’érosion et

l’appauvrissement des sols. À propos des terres arables, Grumbine indique que de 2001 à

2006, la Chine a pavé près de 2,7 % de l’ensemble des terres arables chinoises224. Certains

estiment que cette perte de surfaces agricoles et de terres cultivables entraînerait une

réduction de l’autosuffisance alimentaire dans les campagnes225.

222

CHEN, X., 2005, « Logiques et impasses de la culture consumériste et de la croissance chinoise »,

Alternatives sud, vol. 12, n° 4, 2005, p.107 223

WANG, Y., 1998, « Sea-Level Changes, Human Impacts and Coastal Responses in China. », Journal of

Coastal Research, Vol. 14, N° 1, page 33 224

GRUMBINE, R. E., 2007, « China's Emergence and the Prospects for Global Sustainability. », BioScience,

Vol. 57, N° 3, p. 249-255 225

EDIGER, L., et C. HUAFANG, 2006, « Upland China in Transition: The Impacts of Afforestation on

Landscape Patterns and Livelihoods », Mountain Research and Development, Vol. 26, N° 3, Land Use

Transition in Montane Mainland Southeast Asia, pages 225 à 226

58

Quant à l’environnement hydrique, la surexploitation des fleuves et des lacs

(énergie, consommations domestiques, agricoles et industrielles), des nappes phréatiques,

des zones humides et des zones maritimes déstabilisent les écosystèmes, appauvrissent la

biodiversité, modifient l’ensemble des équilibres géo-écologiques et surtout détériorent la

qualité de vie de la société chinoise226. La Chine en apparence est relativement bien dotée

en eau227. Toutefois, les développements économiques et humains exercent une pression de

plus en plus critique sur la pérennisation de cette ressource naturelle228. Le nord de la Chine

est très vulnérable au stress hydrique ; plus de 80 % des villes chinoises sont en situation de

pénuries229. Cette région abrite 42 % de la population, 60 % des terres arables et 14 % des

ressources hydriques chinoises230. Selon certains auteurs, la pénurie d’eau à Beijing est

critique et, proposent le déplacement d’une partie de ses habitants afin de soulager le stress

hydrique subi par la capitale231.

2. La dégradation des ressources naturelles

La ressource hydrique chinoise est dégradée dans des proportions extrêmes et les

exemples d’agressions physiques des ressources hydriques se multiplient avec le

développement économique. En 2005, l’explosion de l’usine chimique Jilin Chemical

Industrial Company, occasionne la pollution de la rivière Songhua River, cent tonnes de

benzène et autres polluants chimiques sont déversées, cinq personnes sont tuées lors de la

catastrophe et 3,5 millions d’individus en Chine et en Russie subissent les interdictions

d’eau232. Autre exemple, Chen et Wang relatent les dégradations environnementales du lac

Qionghai dans la province du Sichuan où les pressions sont issues de l’agriculture, de

l’utilisation domestique, du tourisme et des décharges de déchets toxiques et domestiques.

226

La littérature sur le sujet suggère une forte relation entre pauvreté et accès à l’irrigation. Des liens directs

sont observables localement et au niveau des ménages, et des liens indirects opèrent au niveau des agrégats ou

aux niveaux sub-national et national ; YUAN, Z. et Y. HONG, 2008, « Pénurie d’eau, transfert des eaux

agricoles et équité sociale dans le bassin de la rivière Chaobai », Perspectives chinoises, N° 2, page 52 227

ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 32 228

YUAN, Z. et Y. HONG, 2008, « Pénurie d’eau, transfert des eaux agricoles et équité sociale dans le bassin

de la rivière Chaobai », Perspectives chinoises, N° 2, page 49 229

ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 34 230

Ibid., page 32 231

YUAN, Z. et Y. HONG, 2008, « Pénurie d’eau, transfert des eaux agricoles et équité sociale dans le bassin

de la rivière Chaobai », Perspectives chinoises, N° 2, page 56 232

HYUN, I-N. et S-H., KIM, 2007, « Introduction : The environment-Security nexus in Northeast Asia. »,

dans HYUN, I-N. et M. SCHREURS, 2007, The Environmental Dimension of Asian Security: Conflict and

Cooperation Over Energy, Washington, DC., Resources, and Pollution, U. S. Institute of Peace, page 7

59

Ainsi, les lacs de montagne en Chine subissent les effets environnementaux de la pression

démographique et de la croissance économique, dans des proportions alarmantes233.

De façon générale, plus de 70 % des lacs et rivières sont pollués, et « au moins 320

millions d’habitants ruraux n’ont pas accès à l’eau potable, et 400 villes sont

insuffisamment approvisionnées dont 110 très sérieusement », selon Wang Shucheng, le

ministre de l’Eau234. Quant à lui, « Qiu Baoxing, vice-ministre de la Construction, parle

d’un risque d’écroulement de l’écosystème des eaux urbaines, risque plus sévère qu’en

aucun autre pays du monde. […] Selon les statistiques officielles, plus de 60 % des cours

d’eau sont impropres à tout usage. Seize des vingt villes les plus polluées au monde sont

chinoises235. ».

Les dégradations environnementales ne se limitent pas seulement aux ressources

hydriques. Les mêmes constats concernant la qualité et la durabilité environnementale des

sols sont observés236. L’environnement terrestre est riche en charbon, gaz, pétrole et d’un

certain nombre de minerais dits « rares »237, même si l’exploitation et la consommation sont

croissantes, ces ressources ne sont pas menacées de dégradation. Par contre, le couvert

terrestre biologiquement exploitable (agriculture et foresterie) peut être lourdement

dégradé. Le secteur forestier observe depuis quelques années une reforestation croissante,

mais largement insuffisante pour effacer les décennies de destruction sous le régime de

Mao238. Par ailleurs, certains plans de régénération des forêts monopolisent des terres

agricoles à haute productivité, raréfiant l’offre de production céréalière239,240. Vermander

233

CHEN, Y. et Y. WANG, 2003, « Qionghai Lake, Sichuan, China: Environmental Degradation and the

Need for Multidimensional Management », Mountain Research and Development, Vol. 23, N° 1 234

MA, L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., page 101 235

VERMANDER, B., 2006, op. cit., page 309 à 310 236

YUAN, Z. et Y. HONG, 2008, « Pénurie d’eau, transfert des eaux agricoles et équité sociale dans le bassin

de la rivière Chaobai », Perspectives chinoises, N° 2, page 58 237

OFFICE D'INFORMATION DU CONSEIL DES AFFAIRES D'ÉTAT DE LA RÉPUBLIQUE

POPULAIRE DE CHINE, 2003, « La politique de la Chine en matière de ressources minérales. », Centre

chinois d'information par Internet 238

SCHMIDT, C. W., 2002, op. cit., page 517 239

EDIGER, L., et C. HUAFANG, 2006, « Upland China in Transition: The Impacts of Afforestation on

Landscape Patterns and Livelihoods », Mountain Research and Development, Vol. 26, N° 3, Land Use

Transition in Montane Mainland Southeast Asia, page 225 240

MEIDAN, M., 2007, op. cit., pages 68 à 74

60

parle quant à lui d’une perte importante pour la biodiversité, 15 à 20 % des espèces

animales et végétales sont menacées241.

La désertification est un problème majeur en Chine qui demeure le pays le plus touché

au monde par ce phénomène d’origine naturelle et anthropique242. L’Administration d’État

pour la protection environnementale (SEPA) reconnaît que plus de 2,4 millions de

kilomètres carrés sont recouverts par les déserts avec une progression de 3 000 kilomètres

carrés par an243. Cette désertification coûte annuellement environ six milliards de dollars

américains244, créant des impacts environnementaux et socio-économiques conséquents en

endommageant les écosystèmes, en baissant la productivité économique des terres, en

perdant les moyens de subsistance, en aggravant la pauvreté et le nombre de réfugiés

environnementaux. Par ailleurs, Wang et Wei ajoutent à la liste des effets ; les pertes des

ressources naturelles des terres utilisables et des terres habitables, les impacts négatifs des

voies de transport et des bases nationales de défense sur les communautés locales et les

projets de conservation des ressources hydriques, et enfin, l’augmentation des fréquences et

des puissances des tempêtes de sable245. Ces dernières, de plus en plus violentes et

récurrentes, sont dénommées Kosa en Chine, véritable raz-de-marée de sable s’étendant sur

des dizaines voire des centaines de kilomètres carrés et représentant une menace

environnementale hors de contrôle246. Elles modifient les propriétés physico-chimiques de

l’atmosphère et provoquent des dommages écologiques, mais en premier lieu, elles

génèrent des pertes humaines et économiques247.

L’environnement atmosphérique est lui aussi gravement menacé par les dégradations

environnementales d’origine anthropique. En Chine, le niveau d’émission du SO2 est le plus

241

VERMANDER, B., 2006, op.cit., page 311 242

WANG, T. et W. WEI, 2005, « Sandy desertification in Northern China », dans DAY, K. A., 2005,

China’s environment and the challen e of sustainable development, New York, M. E. Sharpe, page 133 243

SCHMIDT, C. W., 2002, op. cit., page 517 244

WANG, T. et W. WEI, 2005, op. cit., page 239 245

Ibid., pages 239 à 240 246

BRETTELL, A., 2007, « Security, energy, and the environment : The atmospheric link. », dans HYUN, I-

N. et M. SCHREURS, 2007, The Environmental Dimension of Asian Security: Conflict and Cooperation

Over Energy, Washington, DC., Resources, and Pollution, United States Institute of Peace, page 89 247

Ibid., page 99

61

élevé au monde (provenance à 90% de la combustion du charbon248) et les pluies acides

affectent 30% du pays249. Les modèles et les prévisions entre 1990 et 2020 estiment que ses

émissions de SO2 vont tripler250.

3. L’inéquitable redistribution des ressources

Face à la redistribution inéquitable des ressources, la sécurité environnementale

observe deux dichotomies principales en Chine, l’une étant la dichotomie Est – Ouest et

l’autre la dichotomie urbain – rural. Cependant d’autres existent, telles les dichotomies

économie – politique ou bien secteurs économiques prioritaires – autres (énergie, industrie,

transport versus agriculture).

La dichotomie Est – Ouest est celle qui oppose les provinces du Tibet et du Xinjiang

aux provinces du littoral, industrieuses et populeuses. L’Ouest est une terre à faible densité

de population, regorgeant de richesses naturelles exploitées par l’Est. On peut littéralement

avancer que l’Est de la Chine est sous perfusion énergétique et hydrique de l’Ouest251. Ces

provinces subissent des dysfonctionnements environnementaux252, politiques et

économiques majeurs au profit de la majorité Han qui dirige la Chine. Le Xinjiang, à

majorité ouïghoure est victime d’érosion, de déforestation et de désertification

importantes253.

Les provinces ayant le plus fort impact sur l’environnement en termes de ressources

sont sur les côtes maritimes de la Chine. Les flux de richesses naturelles empruntent une

direction Ouest – Est et Nord – Sud254. D’une certaine manière, cette dichotomie Est –

Ouest est très liée à la dichotomie urbain – rural. La Chine maritime, c’est la Chine

prospère, dense et rapide, mais c’est aussi la Chine polluante et polluée, riche et urbaine

contre la Chine pauvre et rurale. Entre les zones urbaines et rurales, les inégalités sont

248

TAITHE, A., 2008, op. cit., page 4 249

VERMANDER, B., 2006, op. cit., page 311 250

STREETS D., CARMICHAEL, G. R., AMANN M. et ARNDT R. L., 1999, « Energy Consumption and

Acid Deposition in Northeast Asia », Ambio, Vol. 28, N° 2, page 142 251

MORTON, K., 2008, « China and Environmental Security in the Age of Consequences », Asia-Pacific

Review, Vol. 15, N° 2, page 61 252

WANG, Y., 1998, op. cit., page 36 253

WILLMOTT, E., 2006, « Common cause : China’s state-society response to environmental crisis », The

delicate balance, China Rights Forum, N° 1, page 18 254

WU, W. et S. NIU, 2008, op. cit., page 125

62

béantes, « tant au niveau du revenu que sur le plan de l’éducation ou de la santé.255 ». La

démographie dense sur les côtes correspond aux millions de travailleurs ouvriers et

employés qui œuvrent à faire de la Chine un importateur et un exportateur de premier rang,

qui, en participant à la production de masse, en se déplaçant et en consommant plus que les

ruraux de l’Ouest, rejettent le plus de CO2 par habitant en 2009. Les figures 8, 9 et 10

montrent que les zones de la Chine les plus denses, les plus polluantes et les plus riches

sont les mêmes, permettant de mettre en évidence une relation forte possible entre la

densité démographique, le développement économique et les dégradations

environnementales.

255

NGO, N-N., 2006, « Chine : bilan social contrasté d’un formidable essor. », Banque Nationale de Paris-

Paribas, Conjoncture, page 2

63

Figure – 8

Densité démographique par région administrative en 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, op. cit.

Figure – 9

Rejets de CO2 par région administrative en 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, op. cit.

64

Figure – 10

PIB par régions administratives en 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, op. cit.

Ainsi, on peut affirmer qu’avec le développement économique et l’enrichissement des

Chinois, les externalités environnementales progressent.

4. Les changements climatiques

L’essentiel de notre travail porte sur les problèmes environnementaux de la Chine.

Cependant, nous pensons qu’il est pertinent d’aborder brièvement la question des

changements climatiques. Tout d’abord, parce que les effets de celui-ci se font sentir en

Chine depuis longtemps256. Ensuite, la Chine, au regard de son développement économique,

participe considérablement au réchauffement global de la planète. Enfin, au-delà des

dysfonctionnements environnementaux traditionnels étudiés au sein du corpus théorique de

la sécurité environnementale, la problématique des changements climatiques induits par

l’émission des gaz à effet de serre s’impose comme la future menace à l’environnement et à

la société chinoise tant ses effets seront disproportionnés257.

256

HE Y. et Y. ZHANG, 2005, « Climate change from 1960 to 2000 in the Lancang River Valley, China. »,

Mountain Research and Development, Vol. 25, N° 4, page 341 257

INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, « Climate change and conflict », I.C.G.

65

Depuis les années 1960, les observations indiquent que les températures moyennes en

Chine augmentent continuellement258. En 2000, 2002 et 2006, la Chine a connu les pires

sécheresses depuis cinquante ans259.Par ailleurs, la majeure partie des études scientifiques

sur le sujet des changements climatiques estime que les effets sur les sociétés pourraient,

dans une certaine mesure, contribuer à l’émergence de conflits violents260. Les premières

victimes seront les personnes fragiles de nos sociétés, à savoir les femmes et les enfants, les

pauvres et les personnes âgées261. Les effets des changements climatiques seraient

multiples, à la fois environnementaux, sociaux et économiques, puis probablement,

politiques262, se traduisant en externalités sur les sécurités alimentaire, sanitaire,

économique, sociale et politique263. Les effets touchent l’ensemble de la variable

environnementale chinoise. Que cela soit la baisse de la production alimentaire264, de la

stérilité des graines265, des ressources halieutiques266, ou les hausses de l’érosion, de la

désertification et des terres infertiles267, de la détérioration des terres arables268, des bancs de

sable et des marais269, de la salinisation des sols270 et des nappes phréatiques271, des stress

hydriques272, des inondations urbaines273 et des zones côtières – menacées par la montée du

258

ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 34 259

Ibid. 260

Ibid. 261

LARSON, M. J., 2002, « Transforming Power Relationships: Building Capacity for Ecological Security »,

Gender and Development, Vol. 10, N° 2, Climate Change, pages 92-101 262

ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 36 263

DOUGLAS, I., 2009, « Climate change, flooding and food security in south Asia », Springer Science +

Business Media B.V. & International Society for Plant Pathology, Food Security, Vol. 1, N° 2, 9 pages 264

XIONG, W., LIN, E., JU H. et Y. XU, 2007, « Climate change and critical thresholds in China’s food

security. », Climatic Change, Vol. 81, N° 2, page 17 265

INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, op. cit., page 2 266

Ibid. 267

Ibid. 268

ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 41 269

TRACY, A. TRUMBULL K. et C. LOH, 2007, « L’impact de l’évolution climatique à Hong Kong et dans

le delta de la rivière des Perles. », Perspectives chinoises, N° 1, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois,

page 22 270

Ibid. 271

Ibid. 272

INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, op. cit., page 1 273

ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 41

66

niveau des mers274 – et des accidents climatiques, les effets seront pour la Chine : hors de

prix.

Selon la littérature, les effets économiques, sociaux et politiques seront majeurs

pour la société chinoise275. Ces externalités ressembleront probablement à des déplacements

de population, des risques de conflits276, des développements des maladies277 (extension des

zones infectées par certaines maladies à vecteurs comme la malaria278), des pertes

économiques (estimations récentes de la Banque mondiale, une augmentation du niveau de

la mer de un à cinq mètres réduirait le PIB chinois de 2,4% et 10,8%279), des inondations

des terres agricoles280… Concrètement, ces prévisions alarmantes concernant les

changements climatiques sont relayées par les estimations du GIEC qui prétend qu’en «

2050, les décès dus à la canicule à Shanghai seraient de 3,6 à 7,1 fois plus importants

qu’aujourd’hui281. ».

Les atteintes à la sécurité sanitaire Section 4.

1. Le lien entre l’environnement et la santé

Les atteintes à la sécurité sanitaire peuvent avoir plusieurs origines et

l’environnement en est une relativement complexe, alliant la surexploitation des ressources,

la mauvaise redistribution et surtout la dégradation des ressources environnementales

nécessaires à la santé des individus282.

Les autorités chinoises n’en font pas mystère, et le constat dressé par les observateurs

extérieurs est plus alarmant encore que ne l’est le discours officiel : la croissance

chinoise est un processus à haut risque : eaux souterraines polluées dans 90% des

villes, alternance des inondations et des sécheresses (situation causée par la

déforestation, et aujourd’hui en partie seulement stoppée), tensions sur les ressources

274

CHEN, Junyong, 1997, « The Impact of Sea Level Rise on China's Coastal Areas and Its Disaster Hazard

Evaluation », Journal of Coastal Research, Vol. 13, N° 3, pages 925 à 930 275

SCHEFFRAN, J., 2009, « The Gathering Storm: Is Climate Change a Threat to Security ? », Security

Index, Center for Policy Studies (PIR Center), Russia, Vol. 15, N° 2, page 23 276

INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, Ibid, page 1 277

Ibid., page 2 278

ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 41 279

TRACY, A. TRUMBULL K. et C. LOH, 2007, op. cit., page 25 280

INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, op. cit., page 2 281

TRACY, A. TRUMBULL K. et C. LOH, 2007, op. cit., page 22 282

ECONOMY, E. C. et COUNCIL ON FOREIGN RELATIONS, 2004, The river runs black : the

environmental challenge to China's future, Ithaca, N.Y. ; London, Cornell University Press, page 24

67

énergétiques, exploitation des ressources minières dangereuse pour les régions

concernées, dangers de pandémie283.

Que cela soit de la pollution atmosphérique dans les grands centres urbains ou de la

pollution des eaux dans les grandes étendues rurales, chaque année en Chine des centaines

de milliers de personnes sont atteintes, selon plusieurs degrés, de maladies dues à

l’empoisonnement de l’air ou de l’eau, et meurent des suites de leurs intoxications

récurrentes284. Au milieu des années 2000, la Banque mondiale estimait à plus de 300 000

décès par an, causés par la pollution atmosphérique285. Les médecins chinois estiment par

ailleurs que le nombre de cas d’asthmes aurait augmenté de 40 % sur la période 2000 –

2005286. En Chine, l’eau représente trois menaces essentielles, la pénurie au nord du pays,

l’inondation au sud et la croissance des pollutions domestiques et industrielles à l’échelle

municipale et régionale287.

2. Le développement des cancers dus aux pollutions

Entre 1990 et 2007, la Banque mondiale indique que le nombre des décès

prématurés liés à la pollution en Chine, à cause d’un mélange de « outdoor air pollution in

large cities, indoor air pollution from inhaling fumes from coal-burning stoves and cooking

oil as well as cancers and diarrhoea from drinking polluted water », est passé de 400 à plus

de 700 000 annuellement288. Les individus affectés par les cancers du foie et de l’estomac

en milieu rural le furent par contamination des eaux, issue des productions industrielles

locales289. Des études montrent qu’il existe de fortes corrélations entre les pollutions à

l’arsenic présentes dans l’eau, créées par la combustion du charbon, et l’émergence de

maladies graves des habitants290.

In Huangmengying, a village of about 2,400, there have [sic] been 114 cancer deaths

over the past 14 years. The nearby Shaying River is so polluted by industrial waste that

283

VERMANDER, B., 2006, op.cit., page 309 284

WU, C., MAURER, C., WANG, Y., XUE S. et D.L. DAVIS, 1999, « Water Pollution and Human Health

in China », Environmental Health Perspectives, Vol. 107, N° 4 285

VERMANDER, B., 2006, op.cit., page 310 286

SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 549 287

WU, C., MAURER, C., WANG, Y., XUE S. et D.L. DAVIS, 1999, op.cit., page 251 288

SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 548 289

VERMANDER, B., 2006, op.cit., page 310 290

YU G., SUN D. et Y. ZHENG Y, 2007, « Partners Health Effects of Exposure to Natural Arsenic in

Groundwater and Coal in China: An Overview of Occurrence », Environmental Health Perspectives, Vol.

115, N° 4

68

the water is sometimes as black as soy sauce. According to Huo Daishan, an

independent environmentalist, there are more than 20 cancer villages along the river

in Shenqiu County alone. Along some stretches of the Huai River, the death rate is one

third higher than and the cancer rate [sic] twice the provincial average291.

L’analyse de Liu porte sur l’étude du phénomène des maladies cancéreuses en

Chine292. L’auteur parle de l’existence d’une ceinture de villages (cancer-village belt) ayant

des taux de maladies liées aux cancers nettement supérieurs à la moyenne nationale. Par

ailleurs, la figure 11 nous permet de corroborer les observations faites aux sections

précédentes, à savoir la corrélation entre les concentrations économiques, démographiques,

environnementales et les dysfonctionnements sanitaires sur l’aire géographique de l’Est

chinois.

Figure – 11

Répartition géographique de la « cancer-village belt » en 2009

Source : LIU, L., 2010, « Made in China: Cancer Villages. », Environment : Science

and policy for a sustainable development, p. 1-14

Liu apporte plusieurs éléments de réponse quant aux causes supposées des

dégradations sanitaires en Chine293. Selon l’auteur, plusieurs questions peuvent se poser

291

WEN, D. et M. LI, 2007, « China : Hyper-development and environmental crisis », dans PANITCH L. et

LEYS C., 2007, Coming to Terms with Nature : Socialist Register 2007, Socialist Register Anthology, p. 143 292

LIU, L., 2010, « Made in China: Cancer Villages. », Environment : Science and policy for a sustainable

development, Mars-Avril 2010, p. 1-14 293

LIU, L., 2010, op. cit.

69

relativement au phénomène : pourquoi est-il si étendu et pourquoi progresse-t-il si

rapidement ? À ces interrogations, Liu énonce un certain nombre de facteurs causaux

pouvant expliquer les détériorations sanitaires chinoises.

Au premier chef, les politiques de développements et environnementales chinoises

sont défaillantes, principalement à cause de l’ampleur de l’urbanisation, de

l’industrialisation des zones rurales (village industriel) et des dysfonctionnements

administratifs et politiques entre les différents paliers de pouvoir politique étatique. Second

facteur prédominant, les disparités économiques, sociales et politiques aggravent la

problématique des « villages cancers ». Liu explique le processus comme suit :

Due to economic, social, and political disparities, the poor rural people continue their

tradition of drinking water directly from natural sources. The villagers have no

healthcare and rarely do physical exams, so cancer is usually found at a late stage,

and they are too poor to pay for treatments, leading to the high death rate. Compared

to their urban counterparts, the villagers are more likely to be excluded in the

decision-making process when a potentially polluting factory is put in their areas; they

are powerless against the alliance of corporation and government294.

Les autres paramètres influents sont les lacunes en matière de liberté et de

démocratie, la défaillance des systèmes juridiques et judiciaires alliée à la corruption, le

niveau élevé de la densité de population rurale et leur manque de mobilité, la répartition

géographique intérieure des industries polluantes et enfin le phénomène de la

mondialisation économique. Elles sont autant de variables indépendantes ayant une

incidence sur la variable dépendante de la sécurité sanitaire en général et de l’accroissement

des cancers en Chine en particulier295.

3. Le coût économique et la réponse gouvernementale

Ces dégradations de la santé chinoise, causées en partie par les dysfonctionnements

environnementaux, conduisent parallèlement à des coûts économiques et sociaux

considérables. En 2007, la Banque mondiale avançait que le PIB en Chine subissait un coût

de 5,8 % de croissance à cause des pollutions de l’air et de l’eau296. Face aux externalités

sanitaires, Beijing oppose un niveau très faible du système de santé et une couverture

294

Ibid. 295

Ibid. 296

SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 547

70

médicale en constante dégradation. L’OMS estime que le système de santé chinois est l’un

des plus archaïques au monde, le classant en 2001, « […] au 132e rang mondial et au 188e

rang (sur 191) pour l’équité du financement297. ». Enfin, les cadres dirigeants de l’État et

du Parti communiste chinois reconnaissent que les troubles sociaux relatifs aux

dysfonctionnements environnementaux représentent une menace à l’autorité du Parti

communiste chinois et à la stabilité de l’État298.

4. L’émer ence des externalités sanitaires sur la sécurité politique intérieure

Les dommages à la santé constitueraient une des principales sources de

contestations sociales ayant pour origine un dysfonctionnement environnemental entre

1970 et 1990299, phénomène qui se poursuit pour les années 2000.

And China’s minister of public security stated openly, « Incidents [that] broke out over

forests, grasslands, and mineral resources » are among « four factors in social

instability. » ». While many reports suggest that violence over environmental issues is

primarily based in rural areas, accordin to Jun’s study, urban dwellers may be more

willing than rural residents to engage in « blockades, sabotage, and even collective

violence300».

Ainsi, la variable sanitaire est une variable intermédiaire entre la variable

environnementale et la variable politique. Dans la section suivante, il sera étudié plus

profondément la relation causale qui lie la santé au politique.

Les atteintes à la sécurité politique Section 5.

1. Les phénomènes de contestation sociale

La violence politique des guerres (internes et externes) ainsi que la violence des

mouvements sociaux et religieux sont récurrentes dans l’histoire de la Chine301.

L’enrichissement général des Chinois suivi de l’augmentation des inégalités de richesse

entre les plus riches et les plus pauvres, la pérennisation de l’autoritarisme politique et de la

complexité politique du système chinois (imbrication des pouvoirs militaires, politiques et

économiques) sont des facteurs de la contestation sociale en Chine. À travers elle,

297

NGO, N-N., 2006, op. cit., page 5 298

ECONOMY, E. C. et COUNCIL ON FOREIGN RELATIONS, 2004, op.cit., page 89 299

Ibid., page 85 300

Ibid., page 88 301

GERNET, J., Le monde chinois, Paris, Armand Colin, 699 pages

71

s’exprime toute une série de conflits sociaux entre les élites politiques et les citoyens, et de

conflits socio-économiques entre les élites économiques et les travailleurs chinois.

Rapid socioeconomic development causes a rapid expansion in popular economic and

political demands. When citizens have not learned how to voice demands through the

available political and legal channels, or if those channels are clogged or

underdeveloped, frustration inevitably spills over into the streets. Socioeconomic

change may generate these underlying demands and clashes of social interest, but it is

usually government failures that cause these contradictions to turn antagonistic and

dangerous302.

Les conflits peuvent dégénérer en intensité et en violences extrêmes entre les

citoyens et les autorités publiques. En Chine, le phénomène est appelé « mass incidents » et

représente plusieurs degrés d’intensité sur l’échelle sécuritaire des autorités politiques.

Dans une recherche de précision du concept de « mass incidents », le chercheur chinois

Tianjie Ma précise le phénomène et mentionne les huit catégories de contestations sociales

entrant dans la définition officielle du terme par les autorités chinoises303. L’auteur parle des

pétitions collectives à grande échelle, des rassemblements illégaux, des protestations et des

manifestations impliquant un grand nombre de participants, des grèves illégales, des

atteintes matérielles aux biens du Parti communiste chinois, du gouvernement et des

administrations, des blocages des lignes de transport, de l’obstruction collective aux

principaux projets administratifs de construction, des groupes violents pratiquant des

enlèvements de fonctionnaires et, toutes autres activités pouvant nuire à l’ordre public.

Toutefois, il est ardu de mesurer l’ampleur des contestations sociales et leur intensité.

Les autorités chinoises sont les seules à délivrer les données réelles et le font avec

beaucoup de parcimonie. Il faut souligner qu’au regard de la structure hiérarchique et

bureaucratique chinoise ainsi que de ses dimensions et de ses pratiques, il est probable que

les marges d’erreur dans les données collectées sur le terrain soient importantes.

Par ailleurs, les autorités politiques sont au premier chef dépendantes de la stabilité

politique interne. En ce qui concerne, les statistiques officielles, le pouvoir central est

moins sensible au nombre de manifestations sociales qu’à leur taille, leurs degrés

302

TANNER, M. S., 2004, « China rethinks unrest », The Center for Strategic and International Studies and

the Massachusetts Institute of Technology, The Washington Quarterly, Vol. 27, N° 3, page 146 303

MA, T., 2009, op. cit., page 34

72

d’organisation304, l’ambition des demandes sociales et le degré de violence305. En 2004,

Tanner indiquait que « The most obvious signs are reports by security officials indicating a

clear trend toward larger and larger demonstrations, many involving hundreds, thousands,

or even tens of thousands of protestors306. ».

Aussi peu fiables que puissent être les sources et les données provenant de la Chine

pour des événements si critiques pour le parti unique, les données participent à la

compréhension des mécanismes causaux en observant leurs tendances. D’autre part, en

dépit des efforts des autorités politiques à vouloir tout contrôler, ces mêmes autorités ne

peuvent pas exercer un contrôle absolu sur plus de 1,3 milliard d’habitants. Ainsi, Beijing

ne peut tout simplement que minimiser ou retenir à la source des données peu flatteuses en

termes de sécurité civile, politique et sociale. Dans le tableau ci-dessous, des chercheurs,

des journalistes et des citoyens de la Chine ont recensé les différents chiffres d’État que le

gouvernement central ou les instances régionales ont rendu public ces dernières années.

304

Ibid., page 141 305

Ibid., page 140 306

Ibid., pages 140 – 141

73

Tableau – 15

Incidents de masse

Années Manifestations

de masse

Croissance

annuelle en

%

Années Manifestations

de masse

Croissance

annuelle

en %

1995 a 11000 10,00 2003

a 58000 15,08

1996a 12000 9,09 2004

a 74000 27,59

1997a 15000 25,00 2005

a 87000 17,57

1998a 25000 66,67 2006

b 90000 3,45

1999a 32000 28,00 2007

c 80000 -11,11

2000a 40000 25,00 2008

c 120000 50,00

2001 45200 13,00 2009b 90000 -25,00

2002a 50400 11,50 2010

c 180000 100,00

Sources : a KEIDEL, A. et CARNEGIE ENDOWMENT, 2006, « China's social unrest : the

story behind the stories », Washington, International Peace., Vol. 48, page 13 ; b HAYS, J.,

2012, « Protests and demonstrations in China : The tensions and methods behind them. »,

Facts and details

Le graphique suivant illustre clairement la progression des troubles sociaux en

Chine de 1995 à 2010. En remettant en perspective les événements de la place Tiananmen

en 1989, peut-on supposer que le développement économique de la Chine suscite du

mécontentement social chez les Chinois ? Ce processus se traduit directement à travers

l’activité économique (paupérisation, chômage, conditions de travail, salaires) proprement

dite, l’activité politique (absence d’évolution politique libérale et démocratique positive,

répression, contrôle étatique, corruption, défaillance de gouvernance…) et indirectement

par les externalités environnementales (santé, énergie, alimentation, habitat…).

74

Figure – 12

Évolution des incidents de masse entre 1995 et 2010

Source : Annexe A, Tableau – 16

Information, encore plus jalousement gardée par le gouvernement central, le spectre

des causes des incidents de masse est hétéroclite. Quelle est la part de l’économie, du

politique, du social et surtout de l’environnemental dans les volontés motrices de la

contestation et de la violence sociale en Chine ?

Les manifestations sociales d’origine environnementale croissent depuis les années

2000307. Entre 2003 et 2005, la part relative des problématiques environnementales sur

l’ensemble des incidents de masse représenterait entre 53 et 60 %308. Ma et Schmitt

rapportent que lors d’un « […] un entretien récent, Zhou Shengxian, directeur de la SEPA,

a admis que le nombre des incidents collectifs liés à l’environnement avait augmenté à un

rythme de 29 % par an ces dernières années ; Zhou n’a pas donné les chiffres de toutes les

années récentes, mais il a donné les chiffres de 2005, mentionnant 51 000 incidents liés à la

pollution de l’environnement309 ». Si l’on rapproche les chiffres apportés par Keidel en

2005 – 87 000 incidents de masse – et les 51 000 de Zhou Shengxian, alors on peut estimer

307

VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 83 308

MA L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., page 104 309

Ibid.

75

que les incidents sociaux ayant aux origines des dysfonctionnements environnementaux

représenteraient 58 % des incidents de masse. Ce résultat correspondrait à la fourchette

donnée par Ma et Schmitt.

Ces informations sont majeures dans le sens où on peut émettre l’hypothèse qu’au

moins une contestation violente sur deux aurait pour origine le facteur environnemental en

Chine pour la période de 2000 à 2009. Par ailleurs, l’on sait que les contestations du peuple

chinois sont de plus en nombreuses et de plus en plus violentes, qu’elles représentent par

conséquent une menace à la sécurité politique interne chinoise. Devant l’impossibilité de

connaître le volume exact des contestations sociales d’origine environnementale, nous

avons cherché des exemples précis de violences sociales ou de contestations pacifiques. Les

médias chinois et occidentaux ainsi que les chercheurs opérant en Chine rapportent

régulièrement des faits précis de ce type de manifestation sociale. À titre d’exemple, le

tableau 17 (« Voir Annexe A ») illustre notre démarche où l’année, la localisation, la nature

et l’origine de l’événement sont enregistrées.

2. Les acteurs

Les acteurs des violences sociales en Chine sont en premier lieu ; les pauvres, « la

corruption, l’inégalité fiscale et des revenus, les conditions de travail, les expropriations, les

abus de pouvoir sont les principaux griefs des faibles contre les puissants310. ». Le plus

souvent, les ruraux et les agriculteurs sont les derniers maillons de la chaîne des bénéfices

du développement économique chinois et les premiers de la chaîne de production de la

richesse chinoise. Ceux-ci sont les victimes du développement national, en subissant par

exemple les « […] expropriations illégales de terres (34 millions d’agriculteurs ont perdu

tout ou partie de leurs terres entre 1987 et 2001 […]311. ».

Cependant, la contestation sociale élargit sa base militante en incorporant de plus en

plus la classe moyenne qui a trouvé ici, une voie pour véhiculer ses frustrations312. Celle-ci

310

ROCCA, J-L., 2010, Une sociologie de la Chine, La Découverte, Paris, page 62 311

MA L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., page 101 312

ECONOMY, E. C., 2011, « Panel 1 : Roots of Protest and the Party Response. », Council on Foreign

Relations, Washington, allocution présentée devant la U.S.-China Economic and Security Review

Commission, U.S. Senate/U.S. House of Representatives, First Session, 112th Congress, 2011, page 1

76

considère qu’elle a le droit elle aussi de bénéficier d’un air et d’une eau ainsi que d’une

terre sains afin de protéger leurs qualités de vie. Certains observateurs internationaux, tels

que le National Intelligence Council, organe scientifique de recherche et de renseignement

public américain, estiment que la légitimité du Parti communiste chinois est remise en

cause par ses défaillances dans la gestion de la crise environnementale qui secoue la

Chine313.

3. Les formes de la contestation sociale environnementale

Les formes sont multiples et ne dépendent que de l’imagination des citoyens chinois

confrontée à celle des autorités politiques responsables de la répression et du contrôle des

masses chinoises. La littérature et les rapports de presse font état de plaintes, de pétitions,

de manifestations, d’émeutes et de crimes en tout genre. Les manifestations sociales en

Chine prennent, souvent et très rapidement, des proportions inquiétantes tant les volumes

de populations sont importants et la violence exacerbée :

After trying for two years to get redress by petitioning local, provincial, and even

central government officials for spoiled crops and poisoned air, in the spring of 2005,

30,000-40,000 villagers from Zhejiang Province swarmed 13 chemical plants, broke

windows and overturned buses, attacked government officials, and torched police cars.

The government sent in 10,000 members of the People’s Armed Police in response.

The plants were ordered to close down, and several environmental activists who

attempted to monitor the plants’ compliance with these orders were later arrested314.

En 2011, dans la province du Jiangxi, se sont déroulées des manifestations

violentes. Le blocage durant des mois de l’entrée de la Longsen Industrial Company par

12 000 personnes a conduit à la fermeture forcée de l’usine pétrochimique de Fujia. Lors

des manifestations contre les dégradations environnementales des eaux, des ressources

halieutiques et agricoles, des centaines de policiers armés sont intervenus315. Autre exemple,

en 2006, dans la province du Gansu, un homme provoque un attentat terroriste avec une

bombe dans un tribunal, tuant cinq personnes et en blessant vingt-deux. Le contentieux

tournait autour de l’enjeu de l’expropriation des terres d’un agriculteur chinois. Merviö

313

NATIONAL INTELLIGENCE COUNCIL, 2008, op. cit., page 61 314

MA, T., 2009, op. cit., page 38 315

PARTI SOCIALISTE DE LUTTE, 2011, « Chine: Au Jiangxi, une seconde protestation majeure contre la

pollution en moins d’une semaine. », P.S.L., Chinaworker.info

77

précise en 2007 que les graves pollutions de l’eau mobilisent facilement la contestation

jusqu’à la violence316.

Toutefois, pour l’ensemble des incidents sociaux, au moins quelques dizaines de

milliers par année, la connaissance exacte de l’ampleur des incidents demeure le privilège

des autorités politiques chinoises317. Keidel affirme, quant à lui, que ces incidents

proviennent des réformes et des niveaux de croissance du développement économique318.

Mais les réformes de l’économie ne suffisent pas à expliquer les violences319. Une bonne

partie d’entre elles est issue des expropriations illégales et des saisies de terres agricoles.

Les compensations pour les expropriations et saisies sont généralement insuffisantes, voire

inexistantes320. Economy, en 2011, estimait que les expropriations et les « Land disputes are

particularly common; they are reportedly responsible for up to 65 percent of all protests.

[…] In some instances, local officials expropriate land illegally; in others, they fail to

compensate citizens adequately321.

Pour d’autres, tel que Saich, il n’est pas surprenant de voir l’explosion des

contestations sociales en Chine, lorsque l'approche gouvernementale incite les Chinois à

transgresser les lois, par l’absence de moyen d’expression efficace des doléances des

citoyens322. L’auteur prétend que dans la réalité chinoise, les citoyens ne peuvent que se

radicaliser devant la corruption et la répression des politiques. Les voies officielles,

contrôlées par la bureaucratie du parti local, paralysent les canaux des plaintes

environnementales ou sociales323. Les citoyens chinois finissent de plus en plus par recourir

à la violence et à des moyens extra-légaux tels que les manifestations et les grèves324.

316

MERVIÖ, M., 2007, « Water security in Northeast Asia : Coping with global water issues. », dans HYUN,

I-N. et M. SCHREURS, 2007, The Environmental Dimension of Asian Security: Conflict and Cooperation

Over Energy, Washington, DC., Resources, and Pollution, United States Institute of Peace, page 148 317

KEIDEL, A. et CARNEGIE ENDOWMENT, 2006, op. cit., pages 1 à 10 318

Ibid. 319

Ibid., page 3 320

Ibid., pages 1 à 10 321

ECONOMY, E. C., 2011, op. cit., page 2 322

SAICH, T., 2006, « China in 2005: Hu's in Charge », Asian Survey, Vol. 46, N° 1, pages 43 à 44 323

Ibid., pages 37 à 48 324

Ibid.

78

4. Le gouvernement central face aux phénomènes

Les autorités politiques à travers les différents organes de sécurité notent, depuis

des années déjà, que les protestataires et les protestations sont de plus en plus nombreux,

appuyés par une logistique mieux organisée325. Selon Elizabeth Economy, le gouvernement

chinois reconnaîtrait un minimum de 90 000 manifestations par an, considérées comme des

incidents de masse durant les trois dernières années326. L’équipe de Hu Jintao qui devrait

laisser sa place en 2012 se sent concernée publiquement par les externalités

environnementales et les mécontentements sociaux327. Sous sa législature en 2005, les

plaintes des citoyens « […] about the environment, expressed on official hotlines and in

letters to local officials are increasing at 30% per annum and were expected to top 450,000

in 2007328. ».

5. La réponse gouvernementale

Certains auteurs déclarent que la Chine souffre d’une défaillance politique

structurelle de la gouvernance où le manque de transparence, de responsabilité politique et

d’état de droit décourage les citoyens329. L’État, quant à lui, oscille entre la répression et la

tolérance contrôlée. Rocca précise que « Les mouvements contre la pollution et ceux des

propriétaires sont tolérés à condition qu’ils en restent à des actions normalisées et limitées

au sujet du conflit330. ».

La Chine reconnaît ses erreurs de développements et les coûts afférents à ceux-ci.

Elle s’inscrit dans un exercice d’équilibre très précaire entre la nécessité de poursuivre le

développement, l’enrichissement de la nation et la préservation de ses richesses naturelles.

Toutefois, certains spécialistes de la sécurité préviennent que la Chine ne pourra contenir

plus longtemps le mécontentement social par la répression ou la croissance économique,

seule la réforme de ses institutions pourrait la prémunir du chaos social331. Le pouvoir

central réitérait en 2003 sa foi dans le développement économique, « Development is the

325

TANNER, M. S., 2004, op. cit., page 137 326

ECONOMY, E. C., 2011, op. cit., page 1 327

SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 548 328

Ibid. 329

ECONOMY, E. C., 2011, op. cit., page 1 330

ROCCA, J-L., 2010, Une sociologie de la Chine, La Découverte, Paris, page 97 331

TANNER, M. S., 2004, op. cit., page 137

79

fundamental principle, and the key to resolving all problems China is facing. We must

maintain a comparatively high growth rate in our national economy. ». Par ailleurs, le

premier ministre chinois Zhu déclarait que le développement des réformes était tributaire de

l’état des tensions sociales332. Tanner conclue que le gouvernement chinois se trompe en

pensant résoudre les désordres sociaux seulement par la poursuite de la croissance333.

Les atteintes aux autres types de sécurité Section 6.

Dans les années 1990, la proportion des Chinois sous-alimentés était de 16 % et de

11 % au début des années 2000, passant de 193,5 à 142,1 millions334. Ce qui tend à

démontrer que la Chine trouve de nouveaux moyens afin de garantir une amélioration de sa

sécurité alimentaire. D’une part, elle exporte des biens à faible valeur ajoutée, ce qui lui

permet d’importer les ressources alimentaires nécessaires. D’autre part, l’industrialisation

et la modernisation progressives du secteur agricole (machinerie, accès à l’énergie,

traitements chimiques des terres) compenseraient les pertes de production et de productivité

causées par les dégradations environnementales.

Tout d’abord, la facture économique est importante, d’après l’Agence internationale

de l’énergie, la Chine serait à « la tête des pollueurs mondiaux »335 et les pertes de PIB, dues

aux dysfonctionnements environnementaux, s’élèveraient entre 7 et 20 % du PIB annuel, de

1980 à 2000336. Certains prétendent que, la Chine aurait perdu, de 2000 à 2007, entre 8 à 12

% de points de croissance par an à cause de la pollution337. Mais c’est probablement au

niveau de la sécurité personnelle et groupale que les externalités environnementales

s’avèreraient significatives. L’exemple du barrage des Trois gorges est symptomatique de

la situation environnementale et sociale en Chine à travers le phénomène des déplacements

humains ou des réfugiés environnementaux338.

332

Ibid., page 145 333

Ibid. 334

LEE, S-W., 2007, op. cit., page 169 335

MEIDAN, M., 2007, op. cit. , page 69 336

FU, B.-J., ZHUANG, X.-L., JIANG G.-B., SHI J.-B. et Y.-H. LÜ, 2007, op. cit., pages 7597-7602 337

Ibid., page 70 338

HEMING, L., WALEY P. et P. REES, 2001, « Reservoir Resettlement in China: Past Experience and the

Three Gorges Dam », The Geographical Journal, Vol. 167, N° 3, page 196

80

Le projet aurait déplacé plusieurs millions de Chinois, à cause notamment des

inondations des terres pour le réservoir et des centaines d’usines et des dizaines de villages

ont été fermés ou déplacés339. Les conditions de transfert ont été difficiles : « In addition,

many of the rebuilt houses for migrants are located in formerly uninhabited areas in higher

altitudes where human activities and farming may disrupt the fragile natural equilibrium of

the ecological systems340. ». Les personnes déplacées, de condition très modeste, devaient

voir leur sort s’améliorer; toutefois l’exemple de Shanghai est contrasté341. Ainsi, « la

dislocation des réseaux d’entraide, les problèmes de communication avec les locaux et la

difficulté de trouver un emploi non agricole. » ont engendré d’autres problèmes de

sécurité342. Selon Heming, Walley et Rees, deux tiers des dix millions de déplacés par les

infrastructures hydro-électriques vivent toujours au-dessous du seuil de pauvreté343. Pour

eux, les conséquences de la réinstallation des populations déplacées d’un réservoir sont de

trois ordres : appauvrissement économique, instabilité sociale et dégradation

environnementale344. Enfin, les affrontements, entre déplacés et populations d’accueil, sont

souvent très violents, au point d’être mortels345.

Les interactions entre les différentes atteintes aux sécurités Section 7.

Il semble impossible ici d’aborder l’ensemble des interactions potentielles entre les

différentes atteintes aux sécurités sanitaires et sociopolitiques. Elles mériteraient à elles

seules d’autres études spécifiques. L’important est de connaître leur existence.

Le principe est de comprendre, sans que l’on puisse le mesurer précisément, que les

variables sanitaires, politiques, sociales, économiques sont reliées. Une usine chimique

(étape anthropique), qui dégage des toxines dans les systèmes hydriques publics (étape

environnementale) causant la mort des individus et la hausse des cancers (étape sécuritaire)

dans une population donnée en Chine, a au-delà des externalités sanitaires, des coûts

339

GUO, G., 2010, op. cit., page 4 340

Ibid., page 5 341

PADOVANI, F., 2006, « Les déplacés des Trois Gorges. Une arrivée discrète dans la capitale économique

chinoise. », Perspectives chinoises, N° 95, page 11 342

Ibid., page 12 343

HEMING, L., WALEY P. et P. REES, 2001, op. cit., page 199 344

Ibid. 345

Ibid., page 200

81

internes économiques, sociaux et politiques considérables qui, à leur tour, interagissent et

démultiplient l’impact initial.

82

Chapitre 6 - Conclusions

Dans un premier temps, ce travail s’inscrivait dans un corpus théorique déterminé,

mettant en place une chaîne causale entre la notion d’environnement et celle de sécurité.

Les faiblesses apparentes de la théorie de sécurité environnementale apparaissent se situer

dans l’absence d’observations répétées de ces mécanismes causaux dans la réalité, de façon

systématique. Les analyses empiriques seraient, selon certains, insuffisantes et

approximatives pour que l’on puisse reconnaître une quelconque crédibilité scientifique à la

sécurité environnementale en tant que théorie à part entière.

En réponse à ce supposé déficit empirique, ce mémoire se proposait de tester

l’hypothèse qui relie les dysfonctionnements environnementaux aux dysfonctionnements de

sécurité politique, par l’intermédiaire de la sécurité sanitaire, et ceci à travers une étude de

cas sur la Chine. Cette relation, qui paraît avoir été significative dans le passé selon la

littérature scientifique, perdure-t-elle en ce début de siècle et, si tel est le cas, quelle en est

l’ampleur politique et l’assise scientifique ?

Les résultats sont nombreux et complexes, parce qu’ils sont interdépendants. D’une

part, sur la Chine, on peut confirmer que la croissance du système économique produit des

transformations économiques hors-normes. Cette croissance, au pas de charge, est

anarchique et engendre des coûts économiques, sociaux et politiques significatifs. Ce qui

fait dire à certains, que le développement de la Chine au XXIe siècle est loin de répondre au

conceptuel triptyque du développement durable : efficacité économique, intégrité

écologique et équité sociale.

83

En 2007, Wen et Li, dans leur chapitre, China : Hyper-development and

environmental crisis, en viennent à la conclusion suivante :

The current model of economic growth in China is not sustainable. If the current

growth pattern continues, in the not very distant future China may have to struggle

with a major energy crisis, drastic declines in food production, the exhaustion of

usable water resources and an uncontrollable public health crisis, as well as

catastrophic natural disasters. Not only could the Chinese economy stop growing, and

the existing social structure collapse; the potential consequences for the population

could be too horrific to imagine346

.

D’autre part, la poursuite de la croissance démographique, des problématiques

sociales intergénérationnelles (population vieillissante) et de genre (enfant unique, balance

homme/femme), des migrations socio-économiques internes, fragilise la paix sociale

interne de la Chine. Cette fragilité est renforcée par l’enrichissement de millions de Chinois

et l’augmentation exponentielle de leurs capacités de communication.

Politiquement, le système interne chinois demeure campé dans un conservatisme

coercitif en réformation, oscillant entre une ouverture timide ultra-contrôlée et une

fermeture irrationnelle brutale. Les droits de l'homme, les droits sociaux, les concepts de

liberté individuelle, d’expression et d’opposition, de démocratie universelle sont

réinterprétés par les autorités centrales politiques et militaires selon une idéologie

communiste « sino-chinoise », autoritaire et centralisée. Ce statu quo génère une situation

paradoxale où la Chine devient un leader dans certains domaines du développement

durable, tout en continuant de privilégier le développement économique et la paix sociale

au détriment de l’environnement.

Pourtant, c’est cette dernière variable qui subit les dysfonctionnements des autres

précitées (économie, société et politique), par les surexploitations, les gaspillages, les

dégradations et les pillages des ressources. Ces externalités environnementales, en «

feedback », se retournent en direction d’une population trop nombreuse et trop concentrée

sur des aires de vie urbaines et côtières restreintes. Ainsi, on a constaté que

l’environnement en général, avec la croissance de la pollution, le déclin de la biodiversité et

346

WEN, D. et M. LI, 2007, « China : Hyper-development and environmental crisis », dans PANITCH L. et

LEYS C., 2007, Coming to Terms with Nature : Socialist Register 2007, Socialist Register Anthology, page

143

84

les changements climatiques en particulier, est et sera le défi majeur de la Chine de demain.

En 2012, l’environnement chinois est plus dégradé que jamais, sous le poids de la

démographie et du développement. Celui-ci, fragilisé par des siècles de catastrophes

naturelles, de transformations humaines, de conflits, d’exploitations anthropiques massives,

d’urbanisation, de développement démographique et d’industrialisation lourde, est de nos

jours une menace à la sécurité des hommes. Ces derniers persévèrent dans leur choix de

privilégier à outrance le confort vital commun des individus, aux dépens des équilibres

environnementaux, en négligeant les externalités sanitaires et en muselant les externalités

sociales.

L’apathie politique du Parti communiste chinois, l’inertie administrative d’un État

surdimensionné, la complexité des luttes internes de l’appareil d’État, les réflexes répressifs

et coercitifs des autorités centrales expliquent en grande partie que l’environnement en crise

soit l’épée de Damoclès sur la tête dirigeante de la République populaire de Chine,

nonobstant les efforts de Beijing en matière de développement durable.

À notre première hypothèse h1, sur l’évolution d’une relation significative positive

entre la dégradation du contexte environnemental et les dégradations sécuritaires en termes

de santé durant les années 2000 – 2009, nous pouvons rejeter l’hypothèse nulle, en

considérant que sur cette période, la relation a continué d’exister d’une part et qu’elle s’est

démultipliée d’autre part.

Concernant notre seconde hypothèse h2, quant à la relation entre la santé des

Chinois et la sécurité politique interne, l’hypothèse nulle est encore rejetée. Au-delà, des

simples contingences méthodologiques, propres aux études scientifiques sur les pays en

voie de développement en général et la Chine en particulier, il est encore difficile de

mesurer précisément la part de la santé dans la croissance des perturbations sociopolitiques

internes. Nous savons cependant que les perturbations sociales environnementales croissent

parallèlement aux autres, avec l’ensemble des contestations sociopolitiques au régime

politique en place, à ses règles, à ses imperfections et à ses injustices.

Enfin, l’hypothèse h3 voit elle aussi l’hypothèse nulle rejetée, considérant l’ampleur

des manifestations sociales antigouvernementales ayant pour origine les

85

dysfonctionnements sanitaires issus de ceux de l’environnement. Chauqe année, les

manifestations sociales sont de plus en plus nombreuses, violentes et perpétrées par de plus

en plus de personnes. Et même si, il est difficile de connaître tous les impacts de celles-ci

sur la stabilité politique du régime communiste, il n’en demeure pas moins qu’elles

représentent une menace directe au pouvoir politique central. Toutefois, si les déclins de la

biodiversité, les croissances de la surexploitation, de la dégradation et de la captation des

ressources naturelles, mais plus encore, des changements climatiques régionaux majeurs se

pérennisent et s’intensifient, alors le pari économique risque d’être remis en question.

Conséquemment, la situation environnementale menace le « leadership » politique du parti

communiste chinois.

La qualification qui nous apparaît la plus raisonnable et rationnelle est de considérer

que la sécurité environnementale est un phénomène critique en 2012. Celui-ci est en Chine

(1) un phénomène politique intra-étatique réel (2) en pleine croissance, (3) représentant une

menace à la sécurité nationale de la Chine, (4) sensible à la dynamique des changements

climatiques alliée à l’apathie du pouvoir politique. Dans les décennies à venir, le degré

d’intensité de la sécurité environnementale chinoise pourrait se dégrader, en transitant de

l’état intra-étatique à l’état interétatique. Les phénomènes des changements climatiques

sont avec la biodiversité, les clés de la sécurité environnementale de la Chine de demain.

Selon David D. Zhang, Jane Zhang et al., le facteur environnemental a été sous-

estimé et reprenant les résultats de Webster, ils affirment que l’état de conflit interne

violent est un « choix écologique adaptatif » dans un contexte de croissance démographique

et de restriction à l’accès aux ressources347. S’appuyant sur les relevés historiques, les

auteurs mettent en lien les dysfonctionnements environnementaux et plusieurs

soulèvements paysans et guerres civiles en Chine348.

Le gouvernement chinois se trouve probablement à un tournant essentiel pour l’avenir

du régime politique communiste tel qu’il est aujourd’hui. Les détériorations de

l’environnement chinois pourraient aboutir à un effondrement environnemental qui, par ses

347

Ibid., page 403 348

Ibid., page 405

86

externalités, saperait la stabilité politique, sociale et économique de la Chine, en brisant sa

trajectoire de puissance. La Chine réfléchit à ses priorités en termes de développement

économique et sociétal, à recadrer ses intérêts nationaux, afin que l’environnement, qui fut

sa richesse dans l’histoire, ne devienne pas son impasse. Par le passé, la Chine a connu des

renversements successifs de dynasties, par des jacqueries paysannes, ayant subi des

perturbations climatiques sévères (les Tang, les Song, les Yuan, les Ming)349.

Les avenues possibles pour améliorer sa situation globale en termes de sécurité

nationale sont nombreuses et à explorer. Accroître ses efforts en matière de développement

durable en améliorant l’efficacité économique, en préservant l’intégrité écologique et en

respectant l’équité sociale serait un objectif louable.

Concernant la recherche scientifique, il reste encore un certain nombre d’opportunités.

Premièrement, les études environnementales globales sur la Chine sont toujours

incomplètes, tant les échelles matérielles et humaines sont disproportionnées.

L’accessibilité aux données n’est pas encore totalement disponible et leurs transparences ne

sont pas toujours garanties. Ensuite, les données, concernant les violences sociales ayant

des relations avec un dysfonctionnement environnemental d’origine anthropique, ont une

fiabilité relative, malgré les initiatives de certains chercheurs ou citoyens chinois à vouloir

collecter les données relatives aux manifestations sociales. La recherche de nouveaux outils

de mesure semblerait être une voie pertinente pour le champ des théories de sécurité

environnementale.

349

MA L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., page 105

87

Ainsi, je voudrais achever ce mémoire avec les mots de Payne qui nous rappelle que la

meilleure des sécurités est celle qui privilégie une relation harmonieuse, équilibrée et

constructive entre l’Homme et son environnement :

In traditional Chinese philosophy wise leadership was predicated on achieving a

balanced approach to the human-nature relationship known as Tian Ren He Yi –

harmony between heaven and humankind. The values of moderation and adaptation

meant that sustainable forms of agriculture, forestry management, and the protection

of endangered species were in evidence centuries ago350.

Néanmoins, certains énoncent que le « management global » pour l’environnement

est chose impossible tant les barrières économiques et politiques sont insurmontables351.

Pour la Chine, en 2012, cette observation demeure une réalité atavique, malheureusement

pour elle et pour nous.

350

MORTON, K., 2008, op. cit., 351

PAYNE, R. A., 1998, « The Limits and Promise of Environmental Conflict Prevention: The Case of the

GEF », Journal of Peace Research, Vol. 35, N° 3, Special Issue on Environmental Conflict, page 364

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101

Annexes

Annexe A – Tableaux

Tableau – 1

Données brutes des indicateurs associés aux variables indépendantes et dépendantes

Variables indépendantes

Variables Croissance

économique Démographie Pollution Gouvernance

Indicateurs

PIB

(Milliard $

cad)

Population

(Million

habitant)

Déchets

industriels

gazeux

(Milliard

m³)

Efficacité

gouvernemen

-tale (Rang

percentile sur

100)

2000 1 421 1 267 13 814 53

2001 1 743 1 276 16 086 54a

2002 1 913 1 284 17 525 55

2003 2 159 1 292 19 890 55

2004 2 541 1 299 23 769 56

2005 2 940 1 307 26 805 50

2006 3 439 1 314 32 811a 59

2007 4 225 1 321 38 816 63

2008 4 992 1 328 40 386 60

2009 5 413 1 334 43 606 60

Variables dépendantes

Variables Sécurité sanitaire Sécurité politique

Indicateurs Cancers (% total décès)

Personnes poursuivies pour

atteinte à la sécurité

publique

2000 21 45 022

2001 21 61 909

2002 22 60 990

2003 25 62 543

2004 24 77 261

2005 22 83 800

102

2006 26 90 367

2007 27 98 159

2008 26 100 195

2009 26 94 329

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a Données manquantes remplacées par la méthode d’imputation de données manquantes

de la moyenne arithmétique des deux scores inférieur et supérieur contigus.

Tableau – 2

Données standardisées du tableau 1 en score - Z

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

PIB -1,25 -1,01 -0,88 -0,69 -0,41 -0,10 0,27 0,86 1,44 1,76

Population -1,65 -1,23 -0,85 -0,48 -0,15 0,22 0,55 0,88 1,21 1,49

Déchets

industriels

gazeux

-1,31 -1,09 -0,95 -0,72 -0,35 -0,05 0,53 1,11 1,26 1,57

Efficacité

gouvernementale -0,93 -0,68 -0,43 -0,43 -0,17 -1,69 0,67 1,80 0,91 0,94

Cancers -1,25 -1,28 -0,91 0,63 -0,11 -1,14 1,02 1,24 1,05 0,76

Personnes

poursuivies pour

atteinte à la

sécurité publique

-1,81 -0,87 -0,92 -0,83 -0,01 0,35 0,72 1,15 1,27 0,94

24

Tableau – 17

Protestations sociales d’ori ine environnementale

Années Province Formes Externalités Origines

2000 Shandonga Émeutes paysannes Pénurie d’eau

2000 Nordb

Manifestations Violences aux forces de police Milliers de paysans Captation de l’eau : réservoirs à des villes et à

l’industrie plutôt qu’à l’irrigation

2001 Yunnanc Manifestations Contre l’entreprise Dadong industries

Empoisonnement industriel à l’arsenic et à la

fluorine

2003 Yunnand Plaintes

3000 habitants

Contre un projet hydro-électrique de la Manwan

Huaneng Power company

Captation, dégradation et surexploitation de l’eau

2004 Sichuane

Pétition publique Contre le Nu River Project, ONG Green Earth

Volunteers Captation, dégradation et surexploitation de l’eau

2005 Guandongf Manifestations

Répression à balle réelle Expropriation d’agriculteurs

20 morts

300 agriculteurs manifestant

Captation, dégradation et surexploitation de

l’eau : l’implantation d’une centrale électrique

2005 Zheijiangg Manifestations Empoisonnements : 2 morts 60 000 personnes

Dégradations environnementales chimiques et

défaillances politiques

2005 Zheijiangh Manifestations

20000 paysans, 3000 policiers, 30 blessés

Empoisonnement des enfants

Dégradations environnementales des sols et des

eaux

2005 Zheijiangi Action en justice + 300 personnes

Dégradations environnementales : centrale

énergétique aux déchets toxiques

2005 Zheijiangj

Émeutes

Prise d’otage

1000 ouvriers pris en otage

X centaines

Dégradations environnementales : usine Tianneng

Battery company

2005 Zheijiangk Manifestations X milliers

Dégradations environnementales de l’eau : usine

pharmaceutique

2005 Zheijiangl Manifestations Encerclement

Confédération populaire de plusieurs villages

Arrestations et blessés

Dégradations environnementales : une usine de

production électrique

2005 Zheijiangm

Manifestations violentes 13 usines chimiques vandalisées

30 à 40 000 manifestants

Dégradations environnementales atmosphériques :

usine chimique

2005 Zheijiangn Révolte populaire

Taux de cancers alarmants

X milliers Dégradations environnementales

2006 Gansuo

Attentat terroriste avec bombe

dans un tribunal

5 morts

22 blessés

Captation des sols : agriculteur dans un

contentieux de terres

104

2006 Fujianp Attaques d’usine

Destruction de matériel

X centaines

Dégradations environnementales de l’eau et de

l’air

2006 Fujianq

Protestations pacifiques Blocage autoroute

X centaines

Dégradations environnementales de l’eau et de

l’air : usine de transformation chimique

2007 Fujianr Protestations pacifiques Entre 7 et 20 000 personnes

Dégradations environnementales : projet

industriel pétrochimique

2007 Guangxis Attaque d’usine (plan) de

fabrication de pâte à papier

Arrestations

1 dizaine de paysans

Dégradations environnementales : intoxication

des terres agricoles, stérélisation des sols

2009 Guangzhout Protestations contre un plan

d’usine d’incinération Captations environnementales

2010 Jiangxiu

Manifestations violentes

Répressions policières

2 femmes battues et plongées dans le comma

Dégats matériels, 3 voitures de police retournées

X milliers de manifestants

Captations environnementales

2010 Jilinv

Campagne de bloggers X milliers

Contre les autorités officielles et leurs rapports

Dégradations environnementales : gestion de l’eau

embouteillée

2010 Guangxiw Manifestations violentes

Milice d’entreprise avec bâtons

3 morts

X blessés

10 000 personnes

Dégradations et captations environnementales de

l’eau et des sols : plan d’implantation d’autoroute.

2011 Jiangxix

Manifestations

État de violence policière

Manifestants battus

Fermeture forcée de l’usine pétrochimique de Fujia

Blocage durant des mois de l’entrée de la Longsen

Industrial Company

12 000 personnes

X centaines de policiers armés

Dégradations environnementales des eaux, des

poissons et des récoltes : usine chimique polluante

Sources : a, c

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n, p, q, s MA L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., pages 103, 106

r, t, u, v, w

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24

Annexe B – Graphiques des évolutions des indicateurs

Figure – 5

Produit intérieur brut de la Chine entre 2000 – 2009

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China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

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Figure – 8

Population de la Chine entre 2000 – 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata

Figure – 13

106

Déchets industriels gazeux de la Chine entre 2000 – 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata

Figure – 14

Efficacité gouvernementale de la Chine entre 2000 – 2009

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107

Figure – 15

Proportion des décès dus aux cancers en Chine entre 2000 – 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

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Figure – 16

Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique en Chine entre 2000 – 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata

108

Figure – 17

PIB / Cancers

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata

Figure – 18

Population / Cancers

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata

109

Figure –19

Émissions des déchets industriels gazeux / Cancers

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata

Figure – 20

Efficacité gouvernementale / Cancers

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata

110

Figure – 21

Cancers / Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «

China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3

janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata

111

Annexe C – Notes explicatives

Note – 1

Information sur le cancer

Quelle est la cause du cancer ?

Le cancer apparaît à partir d’une seule cellule. La transformation d’une cellule normale en

cellule tumorale est un processus passant par plusieurs étapes. Il y a classiquement une

évolution vers une lésion précancéreuse puis vers une tumeur maligne. Ces modifications

proviennent des interactions entre les facteurs génétiques propres au sujet et des agents

extérieurs pouvant être classés en trois catégories : les cancérogènes physiques, comme le

rayonnement ultraviolet et les radiations ionisantes; les cancérogènes chimiques, comme

l’amiante, les composants de la fumée du tabac, l’aflatoxine (contaminant des denrées

alimentaires) ou l’arsenic (polluant de l’eau de boisson); les cancérogènes biologiques,

comme des infections dues à certains virus, bactéries ou parasites.

Par le biais de son institution spécialisée, le Centre international de Recherche sur le Cancer

(CIRC), l’OMS tient à jour une classification des agents cancérogènes.

Le vieillissement est un autre facteur fondamental dans l’apparition du cancer. On observe

en effet une augmentation spectaculaire de l’incidence avec l’âge, très vraisemblablement

due à l’accumulation des risques de cancers spécifiques tout au long de la vie, conjuguée au

fait que les mécanismes de réparation tendent généralement à perdre de leur efficacité avec

l’âge.

Source : ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ, 2012, « Cancers. », Aide-mémoire n° 297, O.M.S.,

[En ligne], (pages consultées le 13 mars 2012),

http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs297/fr/index.html#

112

Note – 2

Lois chinoises sur l’environnement

Source : MA L. et F. G. SCHMITT, 2008, « Développement et conflits environnementaux en

Chine. », Perspectives chinoises, N° 2, page 107


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