LIONEL GALLET
LA SÉCURITÉ ENVIRONNEMENTALE INTRA-
ÉTATIQUE DE LA CHINE ENTRE 2000 ET 2009 La stabilité sociopolitique chinoise menacée par la crise
environnementale?
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en science politique
pour l’obtention du grade de maître ès arts (M.A.)
DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE
FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2013
© Lionel Gallet, 2013
i
Résumé
En 2012, la Chine est une superpuissance économique dotée d’une démographie
hors-norme, dirigée par un régime politique militaire et autoritaire. Le régime actuel n’est
que la continuité de l’ère de Deng Xiaoping, à savoir la poursuite du développement
économique et social de la Chine, par une libéralisation progressive de la propriété et de
l’entrepreneuriat individuel, à condition de l’acceptation par les Chinois d’un statu quo
social et politique.
Les résultats ont été à la hauteur des espérances des dirigeants du Parti communiste
chinois puisque la Chine est devenue une puissance économique mondiale. Cependant, ce
développement s’est fait au prix d’une accélération de la détérioration de son
environnement. L’environnement en Chine se dégrade dangereusement depuis quelques
décennies à cause des agressions anthropiques, issues du développement économique et de
la défaillance de la gouvernance chinoise, qui s’intensifient. Celles-ci, jumelées à un certain
nombre de facteurs connexes tels que la taille, la croissance et la densité démographique,
provoquent des dysfonctionnements sanitaires et alimentaires conséquents. Ceux-ci, à leur
tour, génèrent des externalités sociales et politiques pouvant être plus ou moins violentes
(manifestations de masse et répressions).
Le lien supposé entre les dysfonctionnements environnementaux internes de la
Chine et la détérioration des sécurités sanitaires et politiques s’inscrit dans le champ
théorique de la sécurité environnementale. Ce mémoire aborde le phénomène de la sécurité
environnementale en Chine en examinant les relations entre environnement et santé, puis
entre la santé et la sécurité politique interne, afin de comprendre la relation globale entre
l’environnement et la sécurité politique intra-étatique.
ii
Abstract
In 2012, China is an economic superpower with extraordinary demographics and
directed by an authoritarian military regime. The current regime is a continuation of the
Deng Xiaoping’s era which was characterized by economic and social development made
possible by a progressive liberalisation of private ownership and entrepreneurship, provided
the Chinese people accept the social and political statu quo.
Results have met the expectations of the Chinese Communist Party leaders since
China is now an economic superpower. However, this development has been associated
with an acceleration of the degradation of the environment. In recent decades, China’s
environment has been deteriorating rapidly due to increasing anthropogenic assaults linked
to economical development as well as governance failures. These, when added to several
other related factors such as population size, increase and density, cause important health
and food dysfunctions, which, in turn, generate more or less violent social and political
externalities (mass demonstrations and repression).
The link between internal environmental dysfunctions on the one hand, and health
and political security on the other hand, fits in the theoretical field of environmental
security. This thesis approaches the issue of environmental security in China by examining
the relationships between the environment and health, and between health and political
security, in order to understand better the overall relationship between the environment and
internal political security.
iii
Remerciements
Les premiers mots de remerciements seront adressés à ma fille Maïna qui sait chaque
jour m’inspirer par sa joie et son humour, et à ma femme Sylvie pour son soutien
indéfectible.
Ensuite, j’aimerais saluer la patience, l’ouverture d’esprit et l’esprit critique de mon
directeur de maîtrise, monsieur Philippe Le Prestre, qui a su à travers nos rencontres
améliorer la qualité de mon travail. Nos échanges furent fondamentaux dans ma
compréhension de la complexité de la recherche scientifique et des mes propres limites.
Par ailleurs, j’aimerais remercier plusieurs professeurs, pour leurs aides précieuses et
appréciées, dont messieurs Jean Mercier pour sa collaboration à ma revue de littérature lors
du séminaire de recherche, Gérard Hervouët et Shenwen Li pour leurs connaissances
profondes de l’Asie en général et de la Chine en particulier. And, finally, I want to thank
Thomas Homer-Dixon for his time, advice and encouragement...
iv
À Michèle, Sylvie et Maïna.
« Je considère que la pratique de la science n'est pas une joute en vue d'avoir raison, mais
un travail qui contribue à augmenter et à approfondir la connaissance.
C'est à des hommes qu'anime cette idée de la science que j'adresse ce travail. ».
Carl G. Jung – 1953
Métamorphoses de l'âme et ses symboles
Genève
Librairie de l'Université
v
Table des matières
Résumé ..................................................................................................................................... i
Abstract .................................................................................................................................. ii
Remerciements ...................................................................................................................... iii
Table des matières .................................................................................................................. v
Liste des tableaux ................................................................................................................ viii
Liste des figures ..................................................................................................................... ix
Liste des annexes .................................................................................................................... x
Liste des sigles ....................................................................................................................... xi
Chapitre 1 - Introduction ......................................................................................................... 1
Chapitre 2 - Cadres conceptuels et théoriques de la sécurité environnementale .................... 7
Les concepts de sécurité et d’environnement .................................................... 7 Section 1.
1. La sécurité ................................................................................................................... 7
2. La sécurité nationale ................................................................................................... 1
3. L’environnement ......................................................................................................... 2
4. La sécurité environnementale ..................................................................................... 2
Les principales théories de la sécurité environnementale .................................. 4 Section 2.
1. Les principales théories .............................................................................................. 4
2. Les processus théoriques opérationnels ...................................................................... 6
3. Les critiques des théories .......................................................................................... 13
Chapitre 3 - La stratégie de recherche .................................................................................. 17
Cadre opératoire et unité d’analyse ................................................................. 17 Section 1.
Variables et indicateurs : choix et justifications .............................................. 17 Section 2.
Stratégie de vérification ................................................................................... 20 Section 3.
Méthodologies et données ............................................................................... 20 Section 4.
1. Méthodologies .......................................................................................................... 20
2. Matériels et données ................................................................................................. 21
Chapitre 4 - L’analyse quantitative de la sécurité environnementale interne ....................... 23
Les analyses corrélationnelles ......................................................................... 23 Section 1.
1. Analyses tabulaires et graphiques univariées ........................................................... 23
2. Analyses corrélationnelles et de régressions linéaires bivariées .............................. 23
vi
3. Analyse corrélationnelle multivariée ........................................................................ 27
4. Analyse corrélationnelle bivariée entre la V.I. des cancers et la V.D. de la sécurité
politique ........................................................................................................................ 28
Résultats ........................................................................................................... 31 Section 2.
Apports et limites de l’approche quantitative .................................................. 31 Section 3.
Chapitre 5 - L’analyse qualitative de la sécurité environnementale interne ......................... 34
Introduction ...................................................................................................... 34 Section 1.
Le contexte initial ............................................................................................ 34 Section 2.
1. La Chine et son environnement ................................................................................ 34
2. Les activités anthropiques et l’environnement ......................................................... 41
Les dysfonctionnements environnementaux .................................................... 57 Section 3.
1. La surexploitation des ressources naturelles ............................................................. 57
2. La dégradation des ressources naturelles .................................................................. 58
3. L’inéquitable redistribution des ressources .............................................................. 61
4. Les changements climatiques ................................................................................... 64
Les atteintes à la sécurité sanitaire ................................................................... 66 Section 4.
1. Le lien entre l’environnement et la santé .................................................................. 66
2. Le développement des cancers dus aux pollutions ................................................... 67
3. Le coût économique et la réponse gouvernementale ................................................ 69
4. L’émergence des externalités sanitaires sur la sécurité politique intérieure ............. 70
Les atteintes à la sécurité politique .................................................................. 70 Section 5.
1. Les phénomènes de contestation sociale .................................................................. 70
2. Les acteurs ................................................................................................................ 75
3. Les formes de la contestation sociale environnementale .......................................... 76
4. Le gouvernement central face aux phénomènes ....................................................... 78
5. La réponse gouvernementale .................................................................................... 78
Les atteintes aux autres types de sécurité ........................................................ 79 Section 6.
Les interactions entre les différentes atteintes aux sécurités ........................... 80 Section 7.
Chapitre 6 - Conclusions ....................................................................................................... 82
Bibliographie ........................................................................................................................ 88
Monographies ................................................................................................................... 88
vii
Articles de périodiques ..................................................................................................... 89
Articles d’ouvrages collectifs ........................................................................................... 95
Données statistiques .......................................................................................................... 96
Documents institutionnels ................................................................................................. 97
Articles de presse et documents multimédias ................................................................... 99
Annexes .............................................................................................................................. 101
Annexe A – Tableaux ..................................................................................................... 101
Annexe B – Graphiques des évolutions des indicateurs ................................................. 105
Annexe C – Notes explicatives ....................................................................................... 111
viii
Liste des tableaux
Tableau – 1 : Données brutes des indicateurs associés aux variables indépendantes et
dépendantes
Tableau – 2 : Données standardisées du tableau 1 en score – Z
Tableau – 3 : Variations des indicateurs en pourcentage entre 2000 et 2009
Tableau – 4 : Corrélations de Pearson et significations
Tableau – 5 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 1
Tableau – 6 : ANOVA – 1
Tableau – 7 : Coefficients – 1
Tableau – 8 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 2
Tableau – 9 : ANOVA – 2
Tableau – 10 : Coefficients – 2
Tableau – 11 : Corrélations de Pearson et significations – 1
Tableau – 12 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 3
Tableau – 13 : ANOVA – 3
Tableau – 14 : Coefficients – 3
Tableau – 15 : Incidents de masse
Tableau – 16 : Protestations sociales d’origine environnementale
ix
Liste des figures
Figure – 1 : Les effets possibles des changements environnementaux sur la production
agricole
Figure – 2 : Les effets possibles des changements environnementaux sur la productivité
économique dans les pays en voie de développement
Figure – 3 : Produit intérieur brut de la Chine entre 2000 – 2009
Figure – 4 : Évolution sectorielle de l’économie chinoise entre 1999 et 2008
Figure – 5 : PIB comparés de la Chine et autres puissances économiques majeures
Figure – 6 : Population de la Chine entre 2000 – 2009
Figure – 7 : Dynamics of urbanization and industrialization levels of China between 1978
and 2003
Figure – 8 : Densité démographique par région administrative en 2009
Figure – 9 : Rejets de CO2 par région administrative en 2009
Figure – 10 : PIB par régions administratives en 2009
Figure – 11 : Répartition géographique de la « cancer-village belt »
Figure – 12 : Évolution des incidents de masse entre 1995 et 2010
Figure – 13 : Déchets industriels gazeux de la Chine entre 2000 – 2009
Figure – 14 : Efficacité gouvernementale de la Chine entre 2000 – 2009
Figure – 15 : Proportion des décès dus aux cancers en Chine entre 2000 – 2009
Figure – 16 : Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique en Chine entre
2000 – 2009
Figure – 17 : PIB / Cancers
Figure – 18 : Population / Cancers
Figure – 19 : Émissions des déchets industriels gazeux / Cancers
Figure – 20 : Efficacité gouvernementale / Cancers
Figure – 21 : Cancers / Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique
x
Liste des annexes
Annexe – A : Données statistiques brutes
Annexe – B : Graphiques des évolutions des indicateurs
Annexe – C : Notes explicatives
xi
Liste des sigles
BM – Banque Mondiale
CIA – Central Intelligence Agency
ENCOP – The Swiss Environment and Conflicts Project
EPI – Environmental Performance Index
ESI – Environmental Sustainability Index
FOI – Swedish Defence Research Agency
FSI – Failed States Index
GIEC – Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
GECHS – Global Environmental Change and Human Security
IDH – Indice de développement humain
NAFTA – North American Free Trade Agreement
NBSC – National Bureau of Statistics of China
NIC – National Intelligence Council
OCDE – Organisation de coopération et développement économique
OCHA – Office for the Coordination of Humanitarian Affairs
OMC – Organisation mondiale du commerce
ONG – Organisation non gouvernementale
ONU – Organisation des Nations unies
OTAN – Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
PIB – Produit intérieur brut
PNUD – Programme des Nations Unies pour le Développement
PNUE – Programme des Nations Unies pour l’Environnement
PRIO – International Peace Research Institute in Oslo
SCRS – Service Canadien du Renseignement de Sécurité
SEPA – State Environmental Protection Administration
WWF – World Wildlife Fund
1
Chapitre 1 - Introduction
Depuis l'effondrement du bloc soviétique et la fin de la guerre froide, trois
phénomènes sociopolitiques et économiques internationaux mobilisent l’attention : les
phénomènes de mondialisation1, de sécurité2 et d'environnement. Ce dernier, à travers la
pollution, la destruction et l'exploitation des ressources naturelles, et les changements
climatiques, achève ce triptyque qui marque l’histoire politique contemporaine et succède
au monde bipolaire « Est – Ouest ». Le phénomène environnemental ne cesse de prendre de
l’ampleur comme enjeu politique international. Plus particulièrement, les
dysfonctionnements environnementaux et leurs externalités deviennent emblématiques, par
le biais des dégradations, des surexploitations, des redistributions inéquitables des
ressources naturelles et des changements climatiques. Ils se hissent progressivement dans
les principales priorités des intérêts nationaux des États et des systèmes institutionnels
internationaux3.
Les inondations au Pakistan4,5 et la vague de sécheresse en Russie en 20106,7
illustrent le fait que l’environnement et ses problématiques demeurent au cœur des
préoccupations des sociétés et des États. La Chine ne fait pas exception ; les inondations,
les sécheresses, les pollutions et les accidents industriels récurrents, ainsi que la
surexploitation et la dégradation massives des ressources, témoignent de l’acuité
grandissante des phénomènes environnementaux au sein de la société chinoise.
Les dysfonctionnements environnementaux d'origine anthropique ont des
1 La mondialisation de l’économie, des communications, des transports des individus et des marchandises, des
crises financières et de l’emploi etc. 2 Les phénomènes de terrorismes internationaux, conflits identitaires et ethniques, génocides, révolutions
sociopolitiques, etc. 3 Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat en 1988, le Protocole de Kyoto en 1997,
la conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague
(Danemark) en 2009, les Conférences sur l’environnement : Stockholm (Suède) en 1972, Nairobi (Kenya) en
1982, Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, Johannesburg (Afrique du Sud) en 2002, Rio de Janeiro en 2012. 4 OFFICE FOR THE COORDINATION OF HUMANITARIAN AFFAIRS, 2010, « Pakistan Floods. »,
O.C.H.A. 5 Les dégâts s’étendent sur une surface supérieure à 160 000 kilomètres carrés, détruisant environ 1,9 million
d'habitation, tuant plus de 1700 personnes et touchant aux alentours de 20 millions de pakistanais. 6 AMERICAN GEOPHYSICAL UNION, 2011, « Main Culprit of Deadly Russian Heat Wave ? Natural
Variability. », A.G.U. 7 Le phénomène aurait entraîné la mort de plus de 50 000 personnes et mis en danger les infrastructures
nucléaires russes menacées par les incendies de forêts.
2
répercussions socio-économiques et politiques importantes8. Ils constituent des menaces à
l’ensemble des sécurités, portant atteinte à l'intégrité physique des individus et des groupes
sociaux, des systèmes économiques et des infrastructures matérielles9. Un rapport de la
Banque mondiale, contesté par les autorités chinoises, mais conforté par un autre rapport
issu du Centre chinois de prévention et de contrôle des maladies, soulignait que parmi les
vingt villes les plus polluées au monde, seize seraient chinoises, entraînant plus de 750 000
décès prématurés par an en 200710. De plus, « […] l'agence semi-officielle Nouvelles de
Chine et d'autres médias officiels avaient affirmé que 2,2 millions de chinois, dont la moitié
sont des enfants de moins de cinq ans, mouraient chaque année d'affections liées à un
niveau élevé de pollution domestique, citant une étude du CDC11. ».
La sécurité environnementale s'illustre à travers les dysfonctionnements
environnementaux menaçant les tissus et les processus vitaux des sociétés. Un des
fondements de la sphère politique est la nécessité d'assurer la survie et la pérennité de la
société qui la soutient selon Platon dans La République12. Ce processus de protection relève
du domaine de la sécurité nationale en particulier et de la sécurité humaine en général.
Cette dernière forme un système complexe où différents types de sécurité interagissent en
permanence (sanitaire, alimentaire, personnelle, etc.). Les dysfonctionnements
environnementaux, par leur capacité de nuisance à toutes ces formes de sécurité,
représentent un objet significatif de questionnement en terme politique. Par ailleurs, la
multiplication des ministères de l'environnement, des politiques environnementales, des
organisations environnementales non gouvernementales, des conférences et des rapports
institutionnels internationaux traduit l'importance du phénomène environnemental dans le
champ politique.
La recherche sur la sécurité environnementale, au-delà de la simple interrogation
8 ALLENBY B. R., 2000, « Environmental Security : Concept and Implementation », International Political
Science Review, Vol. 21, N° 1, page 7 9 OFFICE FOR THE COORDINATION OF HUMANITARIAN AFFAIRS, 2009, « Human security in
theory and practice : Application of the Human Security Concept and the United Nations Trust Fund for
Human Security. », United Nations, Human Security Unit, 74 pages 10
LA CROIX, 2010, « Chine : démenti officiel après un rapport sur la pollution domestique. », La Croix 11
Ibid. 12
PLATON et GROU, J.N., 1840, L'État ou la République de Platon, Lefèvre, Université d’Oxford, 491
pages
3
scientifique, tente de répondre aux controverses théoriques et méthodologiques soulevées
par la littérature afin de clarifier et de préciser le concept13. Les controverses portent sur la
redéfinition des concepts constitutifs de la théorie et sur la mise en place d'une
méthodologie empirique systématique et efficace14. Selon la littérature, il existe un
ensemble de lacunes scientifiques d’ordre épistémologique et méthodologique15. L’absence
d'analyse quantitative systématique multivariée, la déficience quant à la méthodologie de
comparaison d’études de cas, la faiblesse des données, les lacunes de la modélisation et de
l’indexation, ainsi que l’imprécision des concepts opérationnels posent problème16.
La Chine est un ensemble multiethnique avec une majorité écrasante de Han17,
traduisant le caractère homogène de la société en termes d’ethnicité. Elle représente un cas
d’étude pertinent pour les théories de sécurité environnementale grâce à sa population,
dépassant un milliard trois cents millions d’individus, à ses problématiques
démographiques intergénérationnelles et de genre, de pays en transition socioéconomique
et à la nature spécifique du régime politique chinois18. En 2011, le pays devient la deuxième
économie mondiale. Dotée d’un environnement extrêmement hétérogène et biologiquement
riche, la Chine possède une histoire environnementale qui, bien que très ancienne, demeure
très mouvementée19. Le pays est intéressant pour mesurer l’acuité des théories de sécurité
environnementale avec une population et une économie hors-normes, un système politique
13
MATTHEW, R. A., GAULIN, T. et MCDONALD, B., 2003, « The Elusive Quest: Linking Environmental
Change and Conflict », Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol.
36, N° 4 ; DIEHL, P. F. et N. P. GLEDITSCH, 2001, Environmental conflict, Westview Press, Boulder, 294
pages ; IYER, R. R., 1998, « Scarce Natural Resources and Language of Security », Economic and Political
Weekly, Vol. 33, N° 20, p. 1167 – 1169 14
GLEDITSCH, N. P., 1998, « Armed Conflict and the Environment: A Critique of the Literature », Journal
of Peace Research, Vol. 35, N° 3, Special Issue on Environmental Conflict ; GLEDITSCH, N. P., 2001, «
Environmental change, security, and conflict », Washington, dans Chester A. Crocker, Fen Olser Hampson, &
Pamela Aall, Turbulent Peace: The Challenges of Managing International Conflict, Washington, DC: United
States Institute of Peace Press, p. 53–68 ; BARNETT, J., 2000, « Destabilizing the environment–conflict
thesis », Review of International Studies, Vol. 26 15
DIEHL, P. F. et N. P. GLEDITSCH, 2001, op. cit., 294 pages 16
GLEDITSCH, N. P., 1998, op. cit. ; GLEDITSCH, N. P., 2001, op. cit., p. 53–68 ; BARNETT, J., 2000, op.
cit. 17
Entre 90 et 95 % de la population chinoise. 18
ALLEN-GIL S. et O. BORYSOVA, 2007, « Environmental security in transition countries : Knowledge
gaps, hurdles, and effective strategies to adress them. », p. 417-424, dans R. N. Hull et al. (eds.), Strategies to
Enhance Environmental Security in Transition Countries, NATO Security through Science Series, 425 pages 19
SMIL, V., 1984, The bad earth, M. E. Sharpe, New York, 240 pages
4
rigide et statique, supporté par un environnement fragile, surexploité et dégradé20.
Sur le plan sécuritaire, la Chine renforce sa position dans les relations
internationales depuis ces dernières décennies par l’intermédiaire d’investissements
militaires importants (129,27 milliards de dollars US en 2011 contre 33,49 milliards en
2000)21, d’un déploiement géographique grandissant de ses forces stratégiques et de la
multiplication des ses partenariats géopolitiques. Ses trajectoires de puissances
économiques, sociales et politiques ont des répercussions sur l’ensemble des autres pays et
du système international. Ce faisant, elle devient une joueuse de plus en plus importante au
sein des relations internationales et constitue un enjeu de sécurité pour les autres nations.
Par ses externalités environnementales extraterritoriales et ses besoins d’importation de
ressources22, la République populaire soulève également toute une série de préoccupations
de la part de la communauté internationale sur la pérennité23.
La problématique générale de notre mémoire tente de vérifier si les
dysfonctionnements environnementaux d’origine anthropique (dégradations
environnementales, surexploitations et redistributions inéquitables des ressources)
représentent une menace à la sécurité politique de la société chinoise par l’intermédiaire de
la dégradation de la sécurité sanitaire. La vitesse et l’ampleur, du développement de la
société chinoise, ont un prix en amont avec le coût environnemental et un prix en aval avec
les coûts sociaux, économiques et politiques. Ces externalités environnementales
engendrent des atteintes à l’intégrité physique, psychologique et sociale des Chinois. Ces
menaces à leurs sécurités sont de moins en moins acceptées et finissent par engendrer des
phénomènes de contestations sociales plus affirmés, dans un contexte social déjà tendu.
La question de recherche générale peut s’exprimer comme suit : les
dysfonctionnements environnementaux, produits du développement économique et
démographique, expliquent-ils en partie les troubles sociaux qui traversent la Chine depuis
20
SMIL, V., 1993, China’s environmental crisis, New-York, Éditions M. E. Sharpe, 203 pages 21
STOCKHOLM INTERNATIONAL PEACE RESEARCH INSTITUTE, 2012, « The SIPRI Military
Expenditure Database : China. », SIPRI 22
Premier producteur et consommateur mondial de charbon, second consommateur mondial d’énergie et de
pétrole. 23
W. B. G. U., 2008, « Climate change as a security risk. », London, Earthscan
5
le début des années 2000 ?
La question de recherche spécifique n°1 s’interroge sur l’évolution du phénomène
de sécurité environnementale en Chine. Est-ce que les croissances des dégradations
environnementales, depuis l’an 2000, ont les capacités d’expliquer la dégradation de la
santé des Chinois
La question de recherche spécifique n°2 s’interroge sur la relation entre la santé et le
politique : Est-ce que la dégradation de la sécurité sanitaire suffit-elle à expliquer une
dégradation de la stabilité politique intérieure entre 2000 et 2009 ?
La question spécifique n°3 relative à l’intensité du phénomène de sécurité
environnementale se pose différemment. Quel est le degré d’intensité du phénomène de
sécurité environnementale de la Chine en 2009 ?
L’hypothèse générale tend à soutenir qu’au fur et à mesure que la Chine se
développe économiquement, l’environnement se dégrade, avec des conséquences négatives
sur la stabilité et la sécurité internes. Le pacte implicite qui lie le citoyen et les instances
dirigeantes du parti communiste chinois implique une mise en parenthèse des réformes
politiques – vers plus de démocratie et de libertés individuelles – à condition que la
croissance économique extirpe des millions de Chinois de la pauvreté. Ce pacte, comme
jadis celui qui liait l’empereur à son peuple, est menacé par les externalités du
développement. Ce dernier est loin d’être durable suivant les conditions imposées par les
normes internationales. Par conséquent, si la variable environnementale est déstabilisée par
les activités anthropiques, alors elle produira des externalités qui auront un coût plus moins
élevé en termes de sécurités alimentaire, sanitaire, individuelle, sociale, économique et
politique. Le contrat social et le rêve remis en question, les Chinois seraient enclins à
radicaliser leurs contestations sociales, voire à prétendre à un changement de régime
politique. Ainsi, les problématiques de sécurité environnementale soulevées par les théories
s’exprimeraient en Chine et il serait possible d’observer ces relations ces deux dernières
6
décennies24.
Concernant les hypothèses répondant à la question de recherche spécifique h1
soutient une relation significative positive entre la dégradation du contexte
environnemental et les dégradations sécuritaires en termes de santé. Par ailleurs, notre
hypothèse h2 sous-tend que si la crise de l’environnement influence négativement la santé
des Chinois, cette dernière, étant dégradée, menace la sécurité politique interne de la Chine.
D’autre part, l’hypothèse spécifique h3 soutient que les externalités sanitaires, issues des
dysfonctionnements environnementaux, provoquent en effet des réactions sociales menant à
la perturbation de l’ordre public, participant ainsi à l’évolution croissante des troubles
sociaux en Chine depuis le début des années 2000. Le degré d’intensité de la détérioration
de la santé et de la sécurité politique apparaît critique. Il subit une croissance constante
durant la dernière décennie et se confirme avec la prise de conscience et la reconnaissance
grandissante de la gravité du phénomène par les autorités politiques chinoises.
Afin d’encadrer notre recherche, la délimitation des champs théoriques s’impose et
sera présente dans le deuxième chapitre qui synthétisera les principaux concepts opératoires
et les théories dominantes en sécurité environnementale. Par ailleurs, le chapitre trois
expose la stratégie de recherche retenue, suivi du chapitre quatre qui procède à l’analyse
quantitative des variables choisies. Le chapitre cinq quant à lui, corps essentiel de notre
recherche, analyse en profondeur les relations possibles entre l’environnement et la sécurité
en Chine au sein d’une démarche qualitative préalablement élaborée. Finalement, le
chapitre 6 présente les résultats de nos analyses ainsi que les conclusions que les premiers
ont initiées.
24
CRAWFORD, A., BROWN, O. et V. YANG, 2006, « Growing into Risk Emerging environment and
security issues in China », Winnipeg, Manitoba, International Institute for Sustainable Development, p. 1-21
7
Chapitre 2 - Cadres conceptuels et théoriques de la sécurité
environnementale
Les concepts de sécurité et d’environnement Section 1.
1. La sécurité
Pour Barry Buzan la sécurité est un concept « essentiellement contestable25 », car il
doit sa survie seulement au fait que coexistent en lui « des usages concurrents dont il est
l’objet »26. Néanmoins, le concept de sécurité renvoie à une réalité observable et mesurable.
Le terme apparaît au XIIIe siècle en Europe où la sécurité est la « confiance de celui qui
croit n'avoir aucun sujet de crainte27 ». Cette définition renvoie à la notion de « menace » et
par extension à celle d’insécurité, l’existence d’« acteurs » et enfin, les concepts de menace
et d’acteur induisant le phénomène de la « perception ».
La notion de menace est fondamentale dans la compréhension des phénomènes de
sécurité. Buzan réduit l’idée de sécurité à « the pursuit of freedom from threat » alors que la
définition d’Arnold Wolfers envisage que « La sécurité, dans un sens objectif, mesure
l’absence de menaces sur les valeurs centrales (acquired) ou, dans un sens subjectif,
l’absence de peur que ces valeurs centrales ne fassent l’objet d’une attaque28. ». Concept
extrêmement complexe, car enfermant en lui une multitude de formes, la notion de menace
paraît illimitée. Cependant, il est possible de relever plusieurs catégorisations
dichotomiques la concernant, selon que l’on parle de menaces réelles ou de menaces
virtuelles, de menaces intérieures ou extérieures, de menaces proches ou lointaines dans le
temps, de menaces graves ou bénignes…
La première division conceptuelle fait appel à la notion de perception de la menace
pouvant être ressentie comme réelle par les acteurs. Toutefois, tel un construit social
ambigu, la menace peut s’avérer virtuelle et entretenue par l’imaginaire individuel ou
collectif d’un ou de plusieurs acteurs. Ainsi, la peur religieuse (crainte de Dieu), des fins de
25
Propos de Barry Buzan dans : BATTISTELLA, D., 2003, « Chapitre 14 : La sécurité », dans
BATTISTELLA, D, 2003, Théories des relations internationales, Paris, Presses de Sciences Po, page 461 26
Ibid. 27
CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES TEXTUELLES ET LEXICALES, 2012, « Étymologie :
sécurité. », C. N. T. R. L., Nancy 28
BATTISTELLA, D., 2003, op. cit, pages 461 – 462
8
millénaires, constitue, à l’instar des légendes urbaines, des menaces dont la probabilité de
réalisation semble plus qu’incertaine, voire nulle. Enfin, il faut mentionner que la
séparation entre menace virtuelle et menace réelle n’est pas toujours aussi claire, tant elles
peuvent, face à une même problématique, être superposées, enchevêtrées, auto-entretenues,
voire instrumentalisées. On peut catégoriser les menaces selon la nature de ceux qui les
produisent en parlant de menaces intérieures, quand leurs auteurs appartiennent aux mêmes
groupes que ceux représentés par les victimes de ces menaces sur un espace commun. Par
opposition, les menaces extérieures sont celles des agents situés en dehors des États, des
systèmes et des groupes. Troisièmement, les menaces peuvent s’étaler sur un continuum
temporel relativement étendu, entre les menaces imminentes et les menaces à long terme.
Enfin, les menaces peuvent se hiérarchiser selon une échelle de potentialité d’externalités
ou de dangerosités.
Lorsqu’on aborde la question des acteurs et des perceptions, le concept de sécurité
se complexifie. Les acteurs se subdivisent en deux catégories, entre ceux qui représentent
une menace et ceux qui sont l’objet de celle-ci. Cependant, dans la réalité politique, sociale
et économique de nos sociétés, la distinction entre le menaçant et le menacé devient plus
problématique, car il peut y avoir une confusion entre les deux parties. Un exemple de cette
confusion est révélé par le concept du « dilemme de sécurité » à travers l’affrontement
idéologique et politique, lors de la guerre froide entre l’Occident et le bloc soviétique.
Enfin, on peut en conclure, qu’avant tout, les problématiques de sécurité gravitent
principalement autour des perceptions que les acteurs ont des réalités qui les englobent et
des intentions des autres acteurs. Les différences de perception se traduisent dans le langage
de multiples façons, telles que la peur, la paranoïa, l’incertitude, le sentiment d’insécurité,
le dilemme de sécurité.
1
John Herz relativement au principe du « dilemme de sécurité », thème cher des
réalistes en relations internationales écrivait :
Désireux de se mettre à l’abri de ces risques, ils sont amenés à acquérir de plus en plus
de puissance en vue d’échapper à l’impact de la puissance d’autrui. Or, voilà qui rend
les autres moins sûrs et les contraint à se préparer au pire. Étant donné que nul ne
saurait jamais se sentir complètement en sécurité dans un monde composé d’unités en
compétition, la lutte pour la puissance s’ensuit, d’où le cercle vicieux de la sécurité et
de la puissance29.
Ce « cercle vicieux » n’est peut-être pas, comme l’imagine le courant réaliste, une
fatalité. L’exemple du Costa Rica ayant renoncé à se doter d’une armée nationale de
défense montre que le phénomène sécuritaire n’est pas forcément prioritaire et que la
notion de perception demeure centrale dans les théories de sécurité.
2. La sécurité nationale
Thème central au courant théorique réaliste en Relations internationales, la sécurité
nationale est, selon Renner, « […] seen as closely related to the threat or use of violence,
and military means are regarded as central to the provision of security30. ». Toutefois,
Frédérick suppose que la sécurité nationale est avant tout liée à la notion de survie de l’État,
englobant la protection intérieure de l’État contre toute menace insurrectionnelle et la
protection extérieure contre toute agression. Ainsi, l’État appuie le renforcement de la
sécurité nationale par la « […] consolidation de la détention effective par l'État du
monopole de la violence sur son territoire et par une compétition essentiellement militaire
sur la scène internationale entre les États31. ».
Cependant, la notion de sécurité nationale s’élargira progressivement avec toute une
série de nouvelles menaces tant intérieures qu’extérieures32. Hearne dresse une comparaison
des différents types de sécurité traditionnelle et non traditionnelle possibles, entre les
29
HERZ, J., 1950, « Idealist Internationalism and the security dilemma », World Politics, Vol. 2, N° 2, p.
157-180 30
RENNER, M., 2006, « Introduction to the Concepts of Environmental Security and Environmental Conflict
», Washington, Institute for Environmental Security, Inventory of Environment and Security Policies and
Practices, page 3 31
FRÉDÉRICK, M., 1993, « La sécurité environnementale : éléments de définition », Études internationales,
Vol. 24, N° 4, page 754 32
HALLEGATE, S. et P. AMBROSI, 2006, « Environnement, changement climatique et sécurité », Les
Cahiers de la sécurité, Vol. 63, page 6
2
différents types de sécurité pris en compte par les États, les institutions internationales et les
chercheurs spécialistes de la sécurité. Il identifie la sécurité nationale, la sécurité
environnementale, la sécurité humaine et la sécurité durable 33. La première traite de la
souveraineté et de l’intégrité territoriale, les autres de la protection des infrastructures
environnementales, de l’intégrité sécuritaire et enfin de la durabilité globale34.
3. L’environnement
Il est possible de déterminer la définition du concept d’environnement sur plusieurs
niveaux, l’un étant matériel et l’autre reposant sur un construit socialement accepté.
Premièrement, l’environnement est défini « as the complex of physical, chemical, and
biotic factors that act upon an organism or an ecological community at any point in the life
cycle and ultimately determine its form and survival.35 ». Hufty explique que :
De façon générale, nous entendons l’« environnement » comme une construction
sociale, le produit d’une action collective, une « nature travaillée par la politique ». Il
est le résultat d’une série de « transcodages » dans lesquels divers problèmes
(individualisables) sont recodifiés pour se rassembler sous le chapeau « environnement
», cela à des fins politiques ou stratégiques.36
Toutefois, l’environnement est un concept renfermant en lui les caractéristiques
d’une vision sociale élaborée, à travers un traitement intellectualisé, pouvant être fondé
notamment sur un ensemble de pensées religieuses ou philosophiques (mère Nature, Gaïa).
Enfin, l’environnement est devenu progressivement un concept économique, quantifiable et
marchand (services écosystémiques), avec l’avènement du libéralisme et des phénomènes
de mondialisation.
4. La sécurité environnementale
L’étude de la sécurité environnementale est un phénomène contemporain37,38.
Néanmoins, le débat paradigmatique prend sa source avec les débats sur les phénomènes
33
HEARNE, S. R., 2008, op. cit, page 224 34
Ibid., page 224 35
Ibid. page 219 36
HUFTY, M., 2009, « La sécurité environnementale : un concept à la recherche de sa définition », dans
Claude SERFATI, Une économie politique de la sécurité, Paris, Karthala, page 134 37
Premières apparitions du terme d’« insécurité environnementale » dans le Rapport Brundtland en 1987 lors
de la Commission Mondiale sur l'environnement et le développement 38
COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DE
L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES, 1987, Notre avenir à tous, ONU, New-York, page 24
3
démographiques, de pénurie des ressources naturelles et de prospérité, par des auteurs tels
que Confucius et Platon. Toutefois, c'est avec l'économiste Thomas Malthus que le débat
scientifique prendra tout son sens39. La sécurité environnementale fait l'objet depuis la fin
des années quatre-vingt d'une recherche soutenue, tant sur le plan du développement
théorique que sur celui de la recherche empirique40.
Dans l’état actuel de la recherche scientifique, il est difficile de proposer un
ordonnancement spécifique de la sécurité environnementale. Plusieurs voies émergent
néanmoins, avec d’une part la dichotomie entre sécurités environnementales interne ou
intérieure (sécurité environnementale intra-étatique) et externe ou extérieure (sécurité
environnementale interétatique). D’autre part, il est possible d’appréhender la théorie selon
le degré d’intensité des phénomènes de sécurité environnementale, à savoir leur intensité en
termes de coûts humains et matériels ainsi que de durabilité et de récurrence.
Premièrement, la sécurité environnementale s'exprime par la prise en compte de la
sécurité de l'environnement en tant que telle41. Ensuite, elle doit s'entendre dans le cadre des
externalités environnementales à la sécurité des individus (santé, hygiène…).
Troisièmement, elle appréhende les menaces pesant sur l'accès aux ressources et les
changements environnementaux au niveau des sécurités intérieure et extérieure des États42.
Frédérick, dans ce sens, affirme qu’« […] il s'agit, pour un État, d'une absence de menaces
non conventionnelles contre le substrat environnemental essentiel au bien-être de sa
population et au maintien de son intégrité fonctionnelle43. ». Par ailleurs, la sécurité
environnementale prend tout son sens, dans la mesure où elle représente une variable
significative pour la stabilité du système international, à travers l'accès aux ressources,
l'externalisation des conflits intra-étatiques et l'instrumentalisation de la sécurité
environnementale en politique interne et en politique étrangère44.
39
HOMER-DIXON, T. F., 1999, Environment, scarcity, and violence, Princeton University Press, Princeton,
page 29 ; MATTHEW, R. A., GAULIN, T. et MCDONALD, B., 2003, op. cit. 40
LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., page 377 41
HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit., 42
LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., pages 387 à 397 43
FRÉDÉRICK, M., 1993, op. cit., page 761 44
LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., pages 397 à 413
4
Enfin, pour retenir une définition plus synthétique du concept de sécurité
environnementale, celle-ci peut se déterminer comme étant l’intersection entre le concept
de l’environnement et celui de la sécurité. Ainsi, à chaque fois que l’environnement (air,
eau et terre) est l’objet d’un dysfonctionnement d’origine anthropique et que ce dernier
entraîne un dysfonctionnement de la sécurité pris dans son sens large, à savoir une
composante ou plus de la sécurité humaine, on peut qualifier cette interaction de
problématique propre aux théories de sécurité environnementale
Les principales théories de la sécurité environnementale Section 2.
1. Les principales théories
L’étendue du champ théorique est vaste et complexe, par conséquent, il est difficile
de proposer une classification de toutes les approches qui soit satisfaisante sur le plan
scientifique. Ainsi, la catégorisation retenue sera de séparer en deux niveaux théoriques,
l’un proposera l’approche théorique dominante dans la littérature sur la sécurité
environnementale et l’autre proposera les approches secondaires, plus spécifiques et plus
sectorielles.
Parmi les théories les plus approfondies de la sécurité environnementale, celle de
Homer-Dixon, de l’école de Toronto, est probablement la plus aboutie. Ce courant
théorique défend le paradigme de la « pénurie environnementale » (environmental
scarcity)45. L’école de Toronto porte une attention aux phénomènes de pénurie
environnementale reposant sur une construction complexe de processus sociaux et
environnementaux interdépendants, pouvant selon les contextes étudiés, mener à plusieurs
formes d’instabilité politique, tant sur le plan intra-étatique qu’interétatique. Ainsi, ce
courant précise que « […] simple scarcity as a result of environmental change and
population growth is only part of a much more complex situation in which social factors
intersect with natural phenomena. »46.
45
BARBU, C. S., SAND C. et L. OPREAN, 2007, « Introduction to environmental security. », dans R. N.
Hull et al. (eds.), Strategies to Enhance Environmental Security in Transition Countries, NATO Security
through Science Series, pages 4 à 5 46
DALBY, S., 2002, « Security and ecology in the age of globalization », Environmental change and security
project report, The Woodrow Wilson Center, N° 8, page 96
5
Les écoles secondaires telles que The Swiss Environment and Conflicts Project
(ENCOP) et le International Peace Research Institute in Oslo (PRIO) ont vu le
jour. L’ENCOP à travers la réalisation de plusieurs études de cas, recherche le lien entre la
problématique environnementale et les changements sociaux dans les régions du Sud47.
L’International Peace Research Institute, quant à lui, accorde une place centrale à la
dimension économique, à travers des affrontements violents dans la quête de la captation
des ressources naturelles48. Enfin, le Global Environmental Change and Human Security
représente un ensemble d’études se concentrant sur la relation entre les populations dites
vulnérables et les changements environnementaux en général, et les changements
climatiques en particulier49.
L’approche militaire ou du monde de la défense est une approche théorique
impulsée par les spécialistes de la défense américaine50, elle tend à étudier les incidences
possibles des dysfonctionnements environnementaux sur la sécurité des États en général et
sur la sécurité internationale en particulier. Dès la fin des années 1990, la sécurité
environnementale est perçue comme une priorité par la politique étrangère américaine
considérant l’accessibilité et la disponibilité des ressources naturelles comme vitale pour la
défense de ses intérêts nationaux51.
Dans un monde où les pays émergents, tels que l’Inde et la Chine, accroissent leurs
prélèvements en ressources naturelles stratégiques (surfaces agricoles, pétrole, gaz, eau…)
des pays en voie de développement, la sphère de la défense a pris les mesures des enjeux
environnementaux en termes de sécurité nationale52. Le Colonel King détaille cette
approche martiale qui peut être appréhendée comme une instrumentalisation politique53
pouvant justifier un engagement, voire un droit d’ingérence environnemental de la part des
47
DALBY, S., 2002, op. cit., page 96 48
DALBY, S., op. cit, page 97 49
Ibid., page 98 50
ALLENBY B. R., op. cit, page 10 51
BARBU, C. S., SAND C. et L. OPREAN, op. cit., page 10 52
HUFTY, M., 2009, op. cit., page 141 53
LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., pages 416 à 418
6
États-Unis partout où leurs intérêts nationaux seraient menacés54. L’importance accordée à
cette dimension de la sécurité nationale se traduit par la multiplication des projets, des
études et des organismes liés à ces problématiques. La Central Intelligence Agency avec le
CIA Opens Center on Climate Change and National Security55, le National Intelligence
Council avec le Global Trends 2025 : A Transformed World56, le Service Canadien du
Renseignement de Sécurité57, le FOI du Swedish Defence Research Agency58, ainsi que
l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord59 avec ses travaux « Strategies to Enhance
Environmental Security in Transition Countries60. » sont autant d’entités attachées au
monde de la défense, qui traduisent la récupération des théories de la sécurité
environnementale par les militaires. Toutefois, certains auteurs et acteurs politiques tels que
Sarah Parkin, mettent en garde contre cette vision militaire de la sécurité environnementale
: « Further, I believe that by maintaining a predominantly military approach to security
and defence policy, in itself increases the likelihood that the environment will become a
source of escalating military conflict. »61.
2. Les processus théoriques opérationnels
La première phase des processus de sécurité environnementale débute avec l’étape
contextuelle qui demeure un espace géographique déterminé sur une période de temps
donnée. De ces deux cadres va dépendre en grande partie l’intensité du phénomène de
sécurité environnementale et la relation entre la variable environnementale et la variable
sécuritaire sera conditionnée par la qualité première de ces contextes. On comprend cet
instant « t » selon un continuum déterminé, entre le contexte initial positif jusqu’au
54
KING, C. W. C., 2000, « Understanding International Environmental Security : A Strategic Military
Perspective », Army Environmental Policy Institute, Atlanta, page 6 55
CENTRAL INTELLIGENCE AGENCY, 2012, « CIA Opens Center on Climate Change and National
Security, C.I.A. 56
NATIONAL INTELLIGENCE COUNCIL, 2008, Global Trends 2025 : A Transformed World,
Washington, Office of Director National Intelligence Council, 99 pages 57
SERVICE CANADIEN DU RENSEIGNEMENT DE SÉCURITÉ, 1996, « Dégradation de l'environnement
et sécurité en Chine », S.C.R.C, Commentaire N° 67 ; SERVICE CANADIEN DU RENSEIGNEMENT DE
SÉCURITÉ, 2009, « La nouvelle place de la Chine dans le monde », S.C.R.C., Conférence 58
HALDÉN, P., 2007, « The Geopolitics of Climate Change : Challenges to the International System »,
Stockholm, FOI, Swedish Defence Research Agency, FOI-R-2377-SE, 59
DALBY, S., op. cit., page 97 60
BARBU C. S., SAND C. et L. OPREAN, op. cit. 61
PARKIN, S., 1997, « Environmental security : Issues and agenda for an incoming government », The RUSI
Journal, Vol. 142, N° 3, page 26
7
contexte négatif. Si l’on devait mesurer cette phase contextuelle, appliquée à l’échelle d’un
État, l’utilisation des index étatiques tels que l’Indice de développement humain (IDH), le
Failed States Index (FSI), l’Environmental Performance Index (EPI), l’Environmental
Sustainability Index (ESI) et le coefficient de GINI seraient pertinents.
Les activités humaines ont un impact environnemental extrêmement important,
connu des tenants du développement durable sous le terme d’« externalités
environnementales » lorsqu’elles ne sont pas prises en compte par le marché. L’homme, à
travers l’agriculture, l’industrie, l’urbanisation, l’énergie, le transport et la consommation,
prélève, transforme, exploite et dégrade l’environnement, au point dans certains cas, de
déséquilibrer les écosystèmes, voire de les détruire. Quand les activités humaines
outrepassent les capacités de l’environnement à se régénérer (ressources renouvelables),
elles représentent une menace pour la nature et se traduisent par une croissance de la
pénurie environnementale. Cette dernière trouve sa source suivant trois axes principaux : la
surexploitation, la dégradation et l’inéquitable redistribution des ressources naturelles.
La surexploitation des ressources consiste à prélever dans un stock naturel en
quantité et en vitesse beaucoup plus que le stock n’est capable de régénérer (ressources
naturelles renouvelables). Le paroxysme de la surexploitation des ressources est la
disparition définitive de la ressource en question. Parmi les exemples de l’histoire humaine,
le plus frappant est probablement celui de l’île de Pâques où la communauté locale a remis
en question les équilibres fondamentaux de son environnement62. La pollution des
environnements hydrographiques, géologiques et atmosphériques, d’origines agricoles,
industrielles ou domestiques, a créé une menace réelle envers la pérennisation et
l’exploitation des stocks naturels. De plus, la dégradation environnementale, au-delà de
mettre en péril la pérennité d’une ressource, représente une menace supplémentaire quant à
ses externalités alimentaires potentielles. À titre d’exemple, l’emploi massif de produits
chimiques dans l’agriculture stérilise les terres, pollue les cours d’eau et les nappes
phréatiques, entraînant une baisse de la productivité agricole et de l’offre alimentaire. Cette
dernière, couplée à la contamination des aliments et de l’eau, provoque des
62
ANGLEVIEL, F., 2008, « Environnement et anthropisation dans le Pacifique, dégradations et mutations »,
Le Journal de la Société des Océanistes, p. 126-127
8
dysfonctionnements sanitaires par la sous-alimentation et l’empoisonnement des
populations63.
Enfin, la pénurie environnementale peut être créée artificiellement par des acteurs
déterminés qui possèdent les richesses et perçoivent la majorité des profits. La ressource
peut être abondante ou rare, cette captation de la ressource environnementale – énergies
fossiles, terres agricoles, arables, forêts, zones de pêche, etc. – engendre la pénurie pour
l’ensemble social non dirigeant, qu’il soit majoritaire (Bahreïn avec la population chiite)64
ou minoritaire (Chine avec les Tibétains et les Ouïghours)65.
Thomas Homer-Dixon développe le phénomène de pénurie environnementale qui
menace le bien-être des individus à travers trois expressions du phénomène : quand (1)
l’offre de la ressource diminue (2) la demande en ressource augmente et (3) un changement
dans l’accès aux ressources naturelles s’effectue aux dépens de certains groupes sociaux et
au profit de tiers66. L’auteur estime que « l’offre induite » (supply-induced) » représente une
décroissance de l’offre en ressources naturelles lorsque celle-ci est dégradée en qualité
et/ou réduite en quantité. La « demande induite » (demand-induced), quant à elle,
représente une pénurie dès l’instant où la demande en ressources devient supérieure à la
quantité disponible mise à disposition par le complexe écosystémique local67.
Généralement, cette situation se produit lors d’une croissance démographique ou
économique importante. Enfin, la « pénurie structurelle » (structural scarcity) est le fait de
la captation d’une part majoritaire des ressources naturelles au profit d’un groupe social
déterminé au détriment d’un ou plusieurs autres groupes considérés plus faibles68.
Les dysfonctionnements environnementaux causés par les activités anthropiques
sont pléthoriques, telles la diminution des ressources hydriques, la surexploitation des
63
RAMADE, F., 1978, « Perturbations écologiques produites par l'agriculture industrielle. », Économie
rurale, N°127, p. 47-49 64
MAKARIAN, C., 2012, « Pourquoi l'Iran et l'Arabie saoudite s'intéressent-ils autant à Bahreïn ? »,
L’Express 65
LOTHAIRE, F., 2006, La Chine et ses minorités les ui hours entre incorporation et répression, Paris,
L'Harmattan, page 14 66
HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit., pages 47 à 48 67
Ibid. 68
Ibid.
9
ressources halieutiques, la dégradation des terres arables et des récifs coralliens, l’érosion
des sols, la déforestation, la pollution atmosphérique. Cependant, les partisans du
développement durable et la communauté épistémique de la climatologie mettent en garde
contre le dysfonctionnement environnemental probablement le plus menaçant pour la
société humaine en général et les sociétés locales en particulier, à savoir les changements
climatiques69. L’article de Büntgen et al. suggère qu’il existerait une corrélation entre les
changements climatiques et les bouleversements sociopolitiques depuis les 2500 dernières
années ; un des facteurs explicatifs de la chute de l’Empire romain et des invasions barbares
du nord de l’Europe aurait été la variabilité climatique70.
La dégradation du contexte environnemental crée à son tour toute une série
d’impacts sur la société humaine au niveau de la santé, de l’alimentation, de l’habitat, de
l’économie, de l’ordre public et des relations sociopolitiques. Les dysfonctionnements
environnementaux peuvent porter atteinte directement et aisément à la santé et à
l’alimentation des populations les plus fragiles. Toute remise en question de la qualité de
l’eau, de l’air et des sols menace directement la santé des individus et leur capacité à se
nourrir quantitativement et qualitativement. Les exemples des populations du Sahel ou de la
corne de l’Afrique expliquent en partie, qu’au premier chef, les communautés humaines à
forte démographie, malgré de grandes capacités d’adaptations, ne puissent évoluer et croître
sainement et dignement, sans avoir un système environnemental plus ou moins sain, plus
ou moins équilibré. De plus, la variable sanitaire est en relation interdépendante avec la
variable alimentaire, la dégradation de la condition de l’une peut entraîner la dégradation de
l’autre et vice versa. Toute modification des équilibres de la santé et de l’alimentation
représente une menace par ricochet à la sécurité économique et politique. Andrew T. Price-
Smith considère que la santé d’une population conditionne la prospérité endogène, la
stabilité, la consolidation de la souveraineté du pouvoir et finalement la sécurité tout entière
de l’État71. Les externalités sur la sécurité économique et sociale (groupale) peuvent être
nombreuses et interreliées. Thomas Homer-Dixon a développé des schémas pour les
69
RENNER, M., 2006, op. cit., page 6 70
BÜNTGEN, U. et al., 2011, « 2500 Years of European Climate Variability and Human Susceptibility »,
Science, Vol. 331, N° 6017, page 573 71
PRICE-SMITH, A. T., 2009, Contagion and Chaos : Disease, Ecology, and National Security in the Era of
Globalization., Cambridge, MIT Press, page 1
10
interactions entre les problématiques de pénurie environnementale et celles de la production
agricole et économique. Les figures 1 et 2 mesurent l’étendue du phénomène de sécurité
environnementale, les processus causaux étant nombreux, interdépendants et vitaux pour
une société.
Figure – 1
Les effets possibles des changements environnementaux sur la production agricole
Source : Figure transformée et inspirée de Thomas HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit.
EFFET DE
SERRE
DEFORESTATION
DÉGRADATIONS DES
TERRES AGRICOLES
PLUIES
ACIDES
RARÉFACTION
DE L’OZONE
SURUTILISATION,
POLLUTION
HYDRIQUES
DÉCROISSANCE
PRODUCTION
AGRICOLE
11
Figure – 2
Les effets possibles des changements environnementaux sur la productivité économique
dans les pays en voie de développement
Source : Figure transformée et inspirée de Thomas HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit.
Les atteintes aux sécurités alimentaires, sanitaires et économiques peuvent
engendrer de l’insatisfaction sociale qui, à son tour, pourra générer des externalités sur la
sécurité politique72. Les externalités politiques des dysfonctionnements environnementaux
peuvent se traduire par des simples pétitions illégales, en passant par les manifestations de
rue, les émeutes sociales et au terrorisme73, jusqu’aux conflits interethniques,
interconfessionnels et interétatiques, le spectre des externalités politiques. Depuis quelques
années se dessine une nouvelle forme de terrorisme spécifique à l’environnement : «
l’écoterrorisme »74. Le leitmotiv demeure toujours le même : jouir d’une ressource naturelle
de qualité et en quantité suffisante, individuellement et collectivement75. Ces externalités
peuvent se transposer au niveau des relations internationales, où les nationalismes locaux
72
FRÉDÉRICK, M., 1993, op. cit., pages 759 à 760 73
Ibid., page 758 74
EAGAN, S. P., 1996, « From spikes to bombs : The rise of eco-terrorism. », Studies in conflicts and
terrorism, Taylor et Francis, Vol. 19, N° 1, p. 1-18 75
MATTHEW, R. A., 2002, « In defense of environment and security research », Environmental change and
security project report, The Woodrow Wilson Center, N° 8, page 113
EFFET DE
SERRE DEFORESTATION
SURUTILISATION,
POLLUTION
HYDRIQUES
PLUIES ACIDES
RARÉFACTION
DE L’OZONE
DÉCROISSANCE
PRODUCTION
AGRICOLE
DÉCROISSANCE
PRODUCTIVITÉ
ÉCONOMIQUE
DÉCROISSANCE
DES RESSOURCES
HALIEUTIQUES
12
peuvent instrumentaliser l’environnement76. La théorie de la sécurité environnementale
suppose que les déséquilibres de l’environnement affectent la vie des régimes et des
systèmes politiques. Le contrôle des ressources naturelles et de leurs profits par les
pouvoirs politiques indique qu’il existe une relation entre les conflits armés et les
ressources naturelles77.
Finalement, le phénomène migratoire joue un rôle dans les hypothèses reliant
l’environnement et la sécurité. Reuveny parle de nouveau concept, à savoir d’«
environmental migration »78,79. Dès 1993, Myers observait une relation entre les
dysfonctionnements environnementaux et la densité urbaine côtière chinoise. Observant les
flux migratoires Ouest – Est, du continent vers les côtes, il comprend que la croissance de
la densité urbaine du pourtour maritime chinois deviendra de plus en plus problématique à
cause des changements climatiques régionaux en général et de l’élévation des niveaux de la
mer en particulier80. En 1997, Myers affirmait que : « Preliminary estimates indicate that
the total of people at risk of sealevel rise in Bangladesh could be 26 million, in Egypt 12
million, in China 73 million, in India 20 million, and elsewhere 31 million, making an
aggregate total of 162 million81. ». Au début des années 2000, le chercheur estime que sur
les cent vingt millions de migrants intérieurs chinois au moins six l’étaient pour des raisons
environnementales82, prévoyant pour l’horizon 2050 un chiffre de 73 millions de réfugiés
76
LE PRESTRE, P., 1998, « Sécurité environnementale et insécurités internationales », Revue québécoise de
droit international, Vol. 11, N° 1, page 289 77
LE BILLON, P., 2001, « The political ecology of war: natural resources and armed conflicts », Oxford,
Political Geography, Vol. 20, page 580 78
REUVENY, R., 2007, « Climate change-induced migration and violent conflict », Political Geography,
Vol. 26, page 65 79
Il n’existe pas encore de véritable consensus sur la définition du concept selon Olivia Dun et François
Gemenne : DUN, O. et F. GEMENNE, 2012, « Defining ‘environmental migration’ », Forced Migration
Review ; Néanmoins, l’International Organization for Migration propose de définir le concept des migrants
environnementaux comme suit : « Environmental migrants are persons or groups of persons who, for reasons
of sudden or progressive changes in the environment that adversely affect their lives or living conditions, are
obliged to have to leave their habitual homes, or choose to do so, either temporarily or permanently, and who
move either within their territory or abroad. », INTERNATIONAL ORGANIZATION FOR MIGRATION,
2012, « Migration, Climate Change and the Environment : Definitional Issues. », IOM, Genève 80
MYERS, N., 1993, « Environmental Refugees in a Globally Warmed World », BioScience, American
Institute of Biological Sciences, Vol. 43, N° 11, page 755 81
MYERS, N., 1997, « Environmental refugees », Population and Environment: A journal of
Interdisciplinary Studies, Volume 19, N° 2, page 175 82
MYERS, N., 2001, « Environmental refugees : a growing phenomenon of the 21st century », The Royal
Society, Phil. Trans. R. Soc. Lond. B 2002 357, page 609
13
climatiques pour la Chine83. Ces « réfugiés environnementaux » vivent une violence
récurrente, forcés de « […] chercher ailleurs les moyens de subsistance ou les conditions de
vie minimales que des écosystèmes dégradés ne peuvent plus assurer84. ». D’autres
scientifiques, tel Reuveny, prétendent que les populations humaines ont la capacité de
s’adapter aux problématiques environnementales selon trois avenues : l’inertie, l’adaptation
et la fuite85. Reuveny conclut que le choix rationnel entre ces possibilités repose sur
l’ampleur des problèmes et sur les capacités des sociétés locales ou nationales86.
3. Les critiques des théories
La controverse à propos de la reconnaissance du phénomène de sécurité
environnementale constate une opposition entre les spécialistes de la sécurité traditionnelle
et ceux travaillant sur la sécurité environnementale87. Les spécialistes de la sécurité
traditionnelle ou nationale surestimeraient l'importance des phénomènes des conflits
identitaires et ethniques ainsi que celui du terrorisme. En effet, ces phénomènes comptent
quelques dizaines de milliers de victimes et quelques millions de dollars de dégâts matériels
par année88, alors que les problèmes environnementaux sont estimés en millions de morts et
en milliards de dollars de coûts financiers et économiques89,90. Néanmoins, une partie
grandissante de « la communauté de sécurité » participe à l’émergence du phénomène de la
sécurité environnementale (agences de renseignements, OTAN, armées…) dans les
réflexions et les débats entourant la sécurité traditionnelle.
83
Ibid., page 611 84
LE PRESTRE, P., 1998, « Sécurité environnementale et insécurités internationales », Revue québécoise de
droit international, Vol. 11, N° 1, page 283 85
REUVENY, R., 2007, op. cit., page 657 86
Ibid. 87
HEARNE, S. R., 2008, op. cit., page 218 88
COOLSAET, R. et T. VAN DE VOORDE, 2006, « L’évolution du terrorisme en 2005 : une évaluation
statistique. », Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, Bruxelles, page 3 89
COSKUN, H. G., 2008, « An Integrated Approach For Environmental Security in the NATO Countries
Based on Remote Sensing and GIS Technologies. », dans NATO Science for Peace and Security Series,
Integration of Information for Environmental Security, 473 pages ; MYERS, N., 1993, « Environmental
Refugees in a Globally Warmed World », BioScience, American Institute of Biological Sciences, Vol. 43, N°
11, p. 752-761 ; MYERS, N., 2001, « Environmental refugees : a growing phenomenon of the 21st century »,
The Royal Society, Phil. Trans. R. Soc. Lond. B 2002 357, p. 609-613 ; PARKIN, S., 1997, op. cit., p. 24-28 90
ALLENBY B. R., 2000, op. cit., page 13
14
Certains auteurs discutent de la notion de pénurie environnementale et du potentiel
conflictuel des ressources naturelles. Le Billon souligne que la pénurie environnementale
entraîne avant tout l’innovation socio-économique couplée à une diversification de
l’économie qui, à son tour, engendre une redistribution plus équitable du pouvoir à travers
la société. Selon lui, la mondialisation des échanges économiques et des marchés
permettrait de contrebalancer la géolocalisation des pénuries ou de représenter une
motivation supplémentaire dans la recherche d’innovations techniques. Le Billon estime
que l’intérêt des élites des pays pauvres de développer et d’exploiter le capital humain est
plus pertinent que de protéger les rentes des ressources limitées ou inexistantes91. Iyer en
1998, quant à lui, prétends que penser que la pénurie est plus une source de conflit que de
coopération et donc prioriser l’angle de la sécurité, ressemble plus à une prophétie auto-
réalisatrice qu’à une vraie théorie scientifique92. Ce faisant, il cite le cas de l’eau, plus une
source de coopération que de conflit, en rappelant l’exemple de l’Inde et du Pakistan93.
Nils Petter Gleditsch relativise le poids de la variable environnementale dans les
processus d’émergence des conflits au sein des sociétés, en soulignant le fait que « the
relationship between these issues and armed conflict is modified by the eneral political,
economic, and cultural factors at work in armed conflict enerally. »94. Gleditsch estime
que la variable de la dégradation environnementale est une variable intermédiaire entre
celle de la pauvreté et celle de la gouvernance défaillante : « In this sense, environmental
de radation may be more appropriately viewed as a symptom that somethin has one
wron than as a cause of the world’s ills. » 95.
Les recherches théoriques et empiriques mettent en évidence deux constats. Dans un
premier temps, si la corrélation entre environnement et sécurité a été amplement théorisée
et partiellement testée sur le plan de la sécurité intra-étatique, elle n'a jamais été
significative en termes d’intensité et rarement observé de façon empirique au niveau des
91
LE BILLON, P., 2001, « The political ecology of war: natural resources and armed conflicts », Oxford,
Political Geography, Vol. 20, page 564 92
IYER, 1998, op. cit., page 1169 93
Ibid., page 1168 94
GLEDITSCH, N. P., 2001, op. cit., page 188 95
Ibid.
15
relations internationales. En d'autres termes, la sécurité environnementale, malgré la
crainte, maintes fois répétée par les médias d'une guerre interétatique reposant sur une
ressource naturelle en général et sur l'eau en particulier, paraît faible96. De plus, la variable
environnementale ne suffit pas à expliquer, à elle seule, les évolutions de la variable
dépendante de la sécurité. Elle doit être étudiée en relation avec les autres variables socio-
économiques (économie et démographie) et politiques (institutions, régimes, pratiques
politiques)97. Néanmoins, dès le début de ses recherches sur la sécurité environnementale,
Homer-Dixon a reconnu l’existence et la pertinence des variables connexes dans les
processus causaux aboutissant à l’état de conflit98.
Levy, engagé dans un débat critique avec Homer-Dixon, met en lumière certains
biais dans la recherche empirique sur la sécurité environnementale99. Celle-ci devrait faire
l’objet d’une analyse plus positiviste. Premièrement, il était reproché à la recherche en
sécurité environnementale un défaut d’études empiriques au profit d’une recherche
essentiellement théorique. Toutefois, remarquons que le champ est relativement jeune d’une
part et qu’un certain nombre d’études de cas a déjà été réalisé d’autre part100. En second
lieu, le biais de sélection de cas stipule que pour traduire scientifiquement la pertinence
d’une théorie, le chercheur ne doit pas sélectionner ces cas d’étude seulement selon des
variables indépendantes et dépendantes déterminées101. Levy indique qu’au lieu de chercher
des études de cas où la relation entre environnement et conflit semble apparente, on devrait
plutôt faire des comparaisons entre des cas où l’environnement pose problème de façon
similaire102. Homer-Dixon s’opposera à l’argument de Lévy en indiquant que d’un point de
vue épistémologique il préconise la méthode du « process tracing »103 et que la meilleure
96
DESCROIX, L., 2005, dans LASSERRE, F. et al., 2005, L’éveil du dragon : Les défis du développement de
la Chine au XXIe siècle, Presses de l’Université du Québec 97
HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit. ; GLEDITSCH, N. P., 2001, op. cit. ; HEARNE, S. R., 2008, op. cit. 98
HOMER-DIXON, T. et M. A. LEVY, 1996, « Environment and security », International Security, Vol. 20,
N° 3, p. 189 - 198 99
LÉVY, M. A., 1995, « Is the Environment a National Security Issue ? », International Security, Vol. 20, N°
2, p. 35 - 62 100
GIZEWSKI, P. et T. HOMER-DIXON, 1996, « Environmental Scarcity and Violent Conflict : The Case of
Pakistan », Association for the Advancement of Science and the University of Toronto, Occasional Paper,
Project on Environment, Population and Security, Washington 101
MATTHEW, R. A., GAULIN, T. et MCDONALD, B., 2003, op. cit., page 858 102
HOMER-DIXON, T. et M. A LEVY, 1996, op. cit., page 193 103
Ibid., page 194
16
des méthodes consiste justement, à choisir des cas où les dysfonctionnements
environnementaux et les problèmes de sécurité sont présents, afin de déterminer si
effectivement il existe des liens de causalité entre les deux variables104. La discussion entre
les deux auteurs nous permet d’une part de mieux comprendre les écueils des recherches
passées et de faciliter d’autre part notre choix méthodologique qui sera exprimé dans le
chapitre suivant.
104
Ibid.
24
Chapitre 3 - La stratégie de recherche
Cadre opératoire et unité d’analyse Section 1.
La problématique de ce mémoire s’inspire en partie des travaux de Zhang et al.,
effectués sur la période de l’an mille à l’an deux mille dans l’Est de la Chine, où les
chercheurs ont observé des associations significatives entre changements climatiques et
troubles politiques internes violents105. L’objectif de la recherche est d’étudier les relations
possibles entre des variables indépendantes et des variables dépendantes dans le cadre des
processus causaux identifiés par le corpus théorique de la sécurité environnementale. D’une
façon globale, on cherche à tester la relation entre environnement et sécurité intra-étatique
en Chine, tout en prenant en compte, les variables annexes pouvant influencer, selon la
théorie, les évolutions des variables de la sécurité. La présente étude utilise comme unité
d’analyse le concept d’État-nation qui, en l’occurrence, sera représenté par la Chine. Cette
unité d’analyse, composée de l’économie, de la politique, de la société et de
l’environnement, constituera la véritable unité d’observation sur laquelle les hypothèses
avancées seront testées.
Variables et indicateurs : choix et justifications Section 2.
Les variables dépendantes utilisées dans ces analyses sont d’abord la sécurité
sanitaire et la sécurité politique. Parmi les variables indépendantes, la variable, qui nous
intéresse au premier chef, est celle des dysfonctionnements environnementaux. Toutefois,
comme l’indique la littérature, ces derniers ne peuvent expliquer en totalité les dégradations
de la variable de sécurité sanitaire et de sécurité politique. En effet, on sait que des
variables intermédiaires, telles que le développement économique, la croissance
démographique et la nature de la gouvernance politique interviennent dans les évolutions
de la santé des populations et dans leurs volontés de contester l’ordre sociopolitique en
réaction aux dysfonctionnements sociétaux.
La première variable indépendante, la variable environnementale, sera traduite par
l’indicateur mesurant le volume annuel total des émissions de déchets industriels gazeux.
105
ZHANG D. D., ZHANG J., H. F LEE. et Y.-Q. HE, 2007, « Climate Change and War Frequency in
Eastern China over the Last Millennium », Springer Science + Business Media
18
Ces émissions, mesurées en milliard de mètres cubes, sont composées de dioxyde de
soufre, des suies et des poussières industrielles. Fournies par le NBSC106, ces données sont
collectées et compilées pour les années allant de 2000 à 2009, dans le tableau 1 « Voir
Annexe A ». Le choix de cet indicateur a été retenu en accord avec la littérature qui indique
qu’une des premières causes de dysfonctionnements environnementaux en Chine, au niveau
de ses externalités, était la dégradation de l’atmosphère avec les pollutions atmosphériques
industrielles107.
En ce qui concerne la variable du développement économique, on retiendra
l’indicateur de la croissance du Produit intérieur brut108. Le choix de cet indicateur repose
d’une part sur son utilisation très répandue par les différentes institutions internationales et
d’autre part parce qu’il traduit l’ensemble des activités économiques de production
susceptibles d’influencer la santé et le mécontentement d’une population donnée.
De même, la croissance de la démographie par son aspect macroscopique semble
être un indicateur synthétique adéquat, étant à l’instar du PIB un facteur déterminant pour
la Chine, connue pour avoir une démographie et un développement économique hors-
normes, comme le traduit le tableau 1, « Voir Annexe A ». En effet, on peut imaginer que
plus la démographie d’un État s’accroît et plus celui-ci voit son taux de densité
démographique augmenter, plus la demande en ressources naturelles, la destruction des
ressources et les effets des changements climatiques seront importants.
Enfin, pour l’indicateur de la variable indépendante politique institutionnelle, on
s’est inspiré de l’Environmental Sustainability Index, développé en 2001. Il mesure à
travers vingt et un indicateurs, la dimension environnementale de la durabilité d’un État et
repose sur plus de soixante-seize indicateurs regroupés en cinq catégories : les systèmes
environnementaux, la réduction des stress environnementaux, la réduction des
vulnérabilités humaines, les capacités sociales et institutionnelles, la gestion globale109.
106
NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, op. cit. 107
VERMANDER, B., 2006, op. cit., page 310 108
Produit Intérieur Brut exprimé en milliard de dollars canadiens au taux de change courant du 15 février
2012, soit 6,29 yuans Renminbi pour un dollar canadien, Le Convertisseur Universel de Devises 109
HEARNE, S. R., 2008, op. cit., p. 217 – 251
19
Cependant, les données relatives à la période 2000 – 2009 sont incomplètes pour l’index
ESI. Ainsi, notre choix s’est arrêté sur un index produit par la Banque mondiale, à savoir le
Worldwide Governance Indicators110 qui regroupe six indicateurs principaux de mesure de
gouvernance étatique, étant eux-mêmes des agrégats d’indicateurs politiques. Le WGI
comprend les indicateurs suivants : Voice and Accountability, Political Stability and
Absence of Violence/Terrorism, Government Effectiveness, Regulatory Quality, Rule of
Law, Control of Corruption111. Parmi ces indicateurs, notre choix s’est porté sur l’indicateur
de l’efficacité gouvernementale, déterminé par la Banque mondiale comme étant les : «
Reflects perceptions of the quality of public services, the quality of the civil service and the
degree of its independence from political pressures, the quality of policy formulation and
implementation, and the credibility of the government's commitment to such policies. »112.
Cet indicateur permet de comprendre dans quelle mesure le pouvoir politique, à travers ses
politiques sociales, environnementales et sécuritaires est perçu comme efficace dans la
résolution des problématiques environnementales, sociopolitiques et économiques.
Au sein de notre analyse, les relations supposées entre les variables indépendantes
(environnement, économie, démographie et politique) et la variable dépendante de la
sécurité politique, la variable de la sécurité sanitaire sera comprise comme une variable
intermédiaire. Celle-ci est illustrée par l’indicateur du pourcentage des décès ayant pour
origine les cancers (note 1, « Voir Annexe C ») sur le total des décès de la population
chinoise durant l’année en cours.
La variable dépendante de la sécurité politique sera traduite par un indicateur
spécifique. Les données concernant le volume total des incidents sociaux de masse, émises
par le pouvoir politique, sont partielles sur la période 2000 – 2009. Néanmoins, Tianjie Ma
nous indique que le problème peut être contourné par l’emploi des données relatives aux
pétitions, lettres et plaintes des citoyens ou par l’enregistrement des actions judiciaires
civiles, administratives et criminelles113. En effet, il suggère que pour mesurer l’évolution
110
BANQUE MONDIALE, 2012, « Worldwide Governance indicators », B.M. 111
Ibid. 112
Ibid. 113
MA, T., 2009, « Environmental Mass Incidents in Rural China: Examining Large-Scale Unrest in
Dongyang, Zhejiang. », Wooldrow Wilson International Center for Scholars, pages 35
20
de la contestation sociale dans un contexte sociopolitique chinois où toute contestation
sociale est un trouble à l’ordre public, les données statistiques concernant les actions
judiciaires peuvent s’avérer pertinentes114. Parmi toutes les données gouvernementales, on a
retenu celles qui nous apparaissent les plus significatives à savoir : « Arrests of Criminal
Suspects and Defendants under Public Prosecution Approved by People's Procuratorate »
et dans ce tableau notre choix a porté sur le nombre de personnes poursuivies pénalement
pour atteinte à l’ordre public115.
Stratégie de vérification Section 3.
La stratégie de vérification repose sur une étude de cas simple ayant pour unité
d’analyse la Chine. Cependant, la stratégie de vérification sera particulière, globalement de
type qualitatif, elle comportera en son sein une enquête corrélationnelle d’une part et une
analyse qualitative sur les processus causaux d’autre part. Cette démarche est exploratoire
et s’appuie à la fois sur des données statistiques brutes et sur un fonds documentaire
scientifique et factuel important. Aux questions relatives à l’évolution du phénomène de
sécurité environnementale et de son ampleur de nos jours en Chine, la stratégie de
vérification tentera d’apporter des réponses significatives.
Méthodologies et données Section 4.
1. Méthodologies
a) L’analyse quantitative
Au sein de l’approche méthodologique, l’analyse quantitative permet d’apporter un
premier éclairage sur les liens de causalité supposés entre la variable de sécurité politique et
les variables indépendantes. Toutefois, elle n’a pas pour objectif de mettre en évidence un
processus causal, mais plutôt de révéler s’il existe des associations significatives entre les
variables indépendantes et dépendantes. Le choix d’inclure dans ce mémoire une analyse
corrélationnelle repose sur la littérature et notamment sur le travail et les recommandations
de Steven R. Hearne116. L’analyse quantitative comportera des analyses tabulaires et
114
Ibid. 115
NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China Statistical Yearbook »,
N.B.S.C, Beijing 116
HEARNE, S. R., 2008, op. cit., p. 217 – 251
21
graphiques correspondant à des analyses corrélationnelles et de régressions simples et
multiples. En premier lieu, on procèdera à des analyses tabulaires et graphiques simples
afin de mettre en évidence les évolutions des termes transcrits par les données des
indicateurs. Ensuite, des analyses corrélationnelles et de régressions bivariées seront
présentées. Finalement, on proposera une analyse corrélationnelle et de régression
multivariée.
b) L’analyse qualitative
L’analyse quantitative sera renforcée par l’analyse qualitative inspirée de la
méthode dite du « process tracing »117 où les processus causaux sont décortiqués118. Ainsi,
dans une première étape, l’analyse qualitative fera un portrait environnemental, social,
économique et politique de la Chine. Par la suite, un état des lieux de l’empreinte
anthropique sur l’environnement sera proposé. Dans un troisième temps, l’analyse se
penchera sur les résultats des externalités environnementales en termes de
dysfonctionnements environnementaux. Quatrième étape du processus causal, l’étude
observera les relations entre les dysfonctionnements environnementaux et les évolutions de
la santé des Chinois. Enfin, celles-ci seront analysées dans leurs relations avec la sécurité
sociopolitique de la Chine.
2. Matériels et données
Les protocoles statistiques sont inspirés de l’ouvrage de William Fox et ont été
opérationnalisés avec le logiciel d’analyse statistique SPSS (Statistical Package for the
Social Sciences)119. Afin de procéder à ces analyses, les scores des données brutes seront
standardisés en score – Z dans le but de rationaliser et de faciliter la lecture de l’analyse
statistique ; tableau 2, « Voir Annexe A. ». Pour deux séries de scores, deux données
annuelles sont manquantes : l’année 2006 pour l’indicateur de l’émission des déchets
industriels gazeux et l’année 2001 pour l’efficacité gouvernementale. Ces deux scores ont
été remplacés par la technique statistique de l’imputation des données manquantes par
117
Méthodologie retenue par Thomas Homer-Dixon 118
HOMER-DIXON, T. et M. A LEVY, 1996, « Environment and security », International Security, Vol. 20,
N° 3, page 194 119
FOX, W., 2006, Statistiques sociales, Les Presses de l’Université Laval et De Boeck Université, Québec,
370 pages
22
moyenne des deux scores inférieur et supérieur contigus. Concernant les données, elles sont
de deux ordres : le premier repose sur les données statistiques disponibles et fournies par le
National Bureau of Statistics of China et le second est constitué des fonds documentaires
générés par les scientifiques, les institutions internationales, ainsi que les gouvernements.
23
Chapitre 4 - L’analyse quantitative de la sécurité
environnementale interne
Les analyses corrélationnelles Section 1.
1. Analyses tabulaires et graphiques univariées
Dans cette section, on observe les évolutions de chaque indicateur sur les dix années
afin d’en apprécier les variations entre l’an 2000 et 2009. Les graphiques linéaires des
évolutions de chaque indicateur sont disponibles ; « Voir Annexe B ».
Tableau – 3
Variations des indicateurs en pourcentage entre 2000 et 2009
Variations en % 2000 – 2009
PIB 280,93
Déchets industriels gazeux 215,67
Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique 109,52
Cancers 19,85
Efficacité gouvernementale 13,47
Population 5,29
Le PIB et l’émission des déchets industriels gazeux sont les deux indicateurs ayant
subi les plus fortes croissances au cours de la dernière décennie, le premier ayant été
multiplié par 3,8 et le second par 3,2, traduisant le dynamisme de l’économie chinoise et
l’ampleur de la crise environnementale occasionnée par le développement économique.
Respectivement, le nombre de personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public a
augmenté de 109,52 %, étant multiplié par 2,1, la part des cancers dans les décès a été
multipliée par 1,2 alors que la perception de l’efficacité gouvernementale et la population
ont modestement été multipliées par 1,1.
2. Analyses corrélationnelles et de régressions linéaires bivariées
a) Analyses corrélationnelles bivariées
Dans cette section, l’analyse corrélationnelle bivariée est effectuée pour la
variable intermédiaire de la santé ; décès par cancer, à l’aide du coefficient de
corrélation de Pearson. Toutefois, on examinera dans un premier temps les diagrammes
de dispersion pour chaque relation entre les variables indépendantes (séparément) et la
24
variable intermédiaire. Quatre graphiques ont été réalisés, avec quatre variables
indépendantes et une variable intermédiaire, « Voir Annexe – B ».
L’analyse graphique des diagrammes de dispersion nous apprend que toutes les
relations sont positives et que globalement les relations sont linéaires. Ainsi, à chaque
fois que l’on assiste à une croissance du produit intérieur brut, de la population, des
émissions de déchets industriels gazeux et d’une perception positive de l’efficacité de la
gouvernance politique en Chine, la proportion des décès relative aux cancers augmente.
Tableau – 4
Corrélations de Pearson et significations
Variable intermédiaire Cancers
Variables indépendantes Corrélation de Pearson Sig. (bilatérale)
Déchets industriels gazeux ,78**
,008
PIB ,75**
,011
Population ,78**
,007
Efficacité gouvernementale ,79**
,006 N=10 * Corrélation significative au niveau 0.05
** Corrélation significative au niveau 0.01
L’analyse des coefficients de corrélation indique que ces relations sont assez
conséquentes entre les différentes variables indépendantes et la variable intermédiaire des
cancers, avec une corrélation positive forte au seuil de 0,05 pour la variable indépendante
du PIB sur la variable des cancers. Pour toutes les autres variables, le seuil de signification
des relations s’établit à 0,01.
25
b) Analyses de régression linéaire bivariée
i. Récapitulatif du modèle
Tableau – 5
R2
et erreurs standard de l’estimation – 1
a. Valeurs prédites
b. Variables dépendantes
Modèle R R2 R
2
ajusté
Erreur
standard de
l’estimation
a. PIB
b. Cancers 1 ,758 ,575 ,521 ,7291
a. Population
b. Cancers 1 ,789 ,622 ,575 ,6874
a. Déchets industriels gazeux
b. Cancers 1 ,781 ,610 ,561 ,6983
a. Efficacité gouvernementale
b. Cancers 1 ,794 ,630 ,584 ,6802
Le récapitulatif du modèle démontre d’une part que les relations entre les quatre
variables indépendantes et la variable mesurant la proportion des décès relatifs aux cancers
est modérée (scores en « gras »). On peut dire qu’en moyenne les variables indépendantes
expliquent environ 56 % de la variance de la variable dépendante des Cancers (a contrario,
les erreurs de prédiction des scores de la variable dépendante sont réduites de 56 % lorsque
les scores des variables indépendantes sont connus).
26
ii. ANOVA
Tableau – 6
ANOVA – 1
Modèle
Somme
des
carrés
Degré
de
liberté
Carré
moyen F Sig.
a PIB
b Cancers
1
Régression
Résidu
Total
5,747
4,253
10,000
1
8
9
5,747
,532
10,809 ,011a
a Population
b Cancers
1
Régression
Résidu
Total
6,219
3,781
10,000
1
8
9
6,219
,473
13,159 ,007a
a Déchets industriels gazeux
b Cancers
1
Régression
Résidu
Total
6,099
3,901
10,000
1
8
9
6,099
,488
6,099
,008a
a Déchets industriels gazeux
b Sécurité politique
1
Régression
Résidu
Total
8,872
1,128
10,000
1
8
9
8,872
,141
62,925 ,000a
a Efficacité gouvernementale
b Cancers
1
Régression
Résidu
Total
6,298
3,702
10,000
1
8
9
6,298
,463
13,612 ,006a
Pour un degré de liberté au numérateur et N-2 (8), le F observé de la relation PIB-
Cancers (10,80) est supérieur au F critique (5,32) rendant la relation statistiquement
significative120. À l’exception de la relation Déchets industriels gazeux et Cancers, les
modèles sont statistiquement significatifs. Par conséquent, pour ces derniers, l’hypothèse
nulle peut être rejetée.
120
Les relations statistiquement significatives ont été mises en italique dans le tableau ANOVA afin
d’améliorer la lecture.
27
iii. Tableau des coefficients
Tableau – 7
Coefficients – 1
Coefficients non
standardisés
Coefficients
standardisés
Modèle B Erreur
standard Bêta t Sig.
1
PIB
Var. dép. : Cancers
,000 ,231 ,000 1,000
,758 ,231 ,758 3,288 ,011
Population
Var. dép. : Cancers
,000 ,217 ,000 1,000
,789 ,217 ,789 3,627 ,007
Déchets gazeux
Var. dép. : Cancers
,000 ,221 ,000 1,000
,781 ,221 ,781 3,536 ,008
Efficacité gouvernementale
Var. dép. : Cancers
,000 ,215 ,000 1,000
,794 ,215 ,794 3,689 ,006
3. Analyse corrélationnelle multivariée
a) Récapitulatif
Tableau – 8
R2 et erreurs standard de l’estimation – 2
a. Valeurs prédites
b. Variable dépendante
Modèle R R2 R
2
ajusté
Erreur
standard de
l’estimation
a. PIB, Population, Déchets industriels
gazeux, Efficacité gouvernementale
b. Cancers
1 ,758 ,575 ,521 ,7291
Regroupées et prises ensemble, les variables indépendantes expliquent 52 % de la
variation de la proportion des décès relative aux cancers.
28
b) ANOVA
Tableau – 9
ANOVA – 2
Modèle
Somme
des
carrés
Degré
de
liberté
Carré
moyen F Sig.
a. PIB, Population, Déchets
industriels gazeux, Efficacité
gouvernementale
b. Cancers
1
Régression
Résidu
Total
8,232
1,768
10,000
4
5
9
2,058
,354
5,819 ,040a
Pour quatre degrés de liberté au numérateur et N-2 (5), le F observé de la relation –
PIB, Population, Déchets industriels gazeux et Efficacité gouvernementale – avec la
variable dépendante Cancers (5,81) est supérieur au F critique (5,19) rendant la relation
statistiquement significative au niveau 0,05.
c) Tableau des coefficients
Tableau – 10
Coefficients – 2
Coefficients non
standardisés
Coefficients
standardisés
Modèle B
Erreur
standard Bêta t Sig.
1
Constante ,000 ,188 ,000 1,000
PIB -,236 1,650 -,236 -,143 ,892
Population 1,626 1,022 1,626 1,591 ,173
Déchets
industriels gazeux -1,070 2,197 -1,070 -,487 ,647
Efficacité
gouvernementale ,700 ,310 ,700 2,259 ,073
4. Analyse corrélationnelle bivariée entre la V.I. des cancers et la V.D. de la
sécurité politique
a) L’analyse corrélationnelle bivariée
29
L’analyse corrélationnelle bivariée est effectuée pour la variable dépendante de la
sécurité politique) ; personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public, à l’aide du
coefficient de corrélation de Pearson. Cependant, on observera dans un premier temps le
diagramme de dispersion (figure – 21) pour la relation entre la variable intermédiaire et la
variable dépendante, « Voir Annexe – B ». L’analyse graphique du diagramme de
dispersion nous apprend que la relation est positive et linéaire. Par conséquent, à chaque
fois que l’on assiste à une croissance de la proportion des décès relatifs aux cancers le
nombre de personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public augmente.
Tableau – 11
Corrélations de Pearson et significations – 1
Variable dépendante Personnes poursuivies pour atteinte à la
sécurité publique
Variable indépendante Corrélation de Pearson Sig. (bilatérale)
Cancers ,748*
0,13
N=10 * Corrélation significative au niveau 0.05
L’analyse des coefficients de corrélation indique que la relation très importante
entre la variable indépendante sanitaire (cancer) et la variable dépendante de sécurité
politique, avec une corrélation positive forte au seuil de 0,05 pour la variable indépendante
des cancers sur la variable dépendante de la sécurité politique.
b) L’analyse de régression linéaire bivariée
i. Récapitulatif du modèle
Tableau – 12
R2 et erreurs standard de l’estimation – 3
a. Valeurs prédites
b. Variables dépendantes
Modèle R R2 R
2
ajusté
Erreur
standard de
l’estimation
a. Cancers
b. Personnes poursuivies pour
atteinte à la sécurité publique
1 ,748 ,559 ,504 ,7422
30
Le récapitulatif du modèle rapporte que la relation entre la variable indépendante et
la variable dépendante mesurant le nombre de personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre
public est modérée. On peut dire qu’en moyenne la variable indépendante explique environ
50 % de la variance de la variable dépendante des personnes poursuivies pour atteinte à
l’ordre public (a contrario, les erreurs de prédiction des scores de la variable dépendante
sont réduites de 50 % lorsque les scores de la variable indépendante sont connus).
ii. ANOVA
Tableau – 13
ANOVA – 3
Modèle
Somme
des
carrés
Degré
de
liberté
Carré
moyen F Sig.
a Cancers
b Personnes poursuivies pour
atteinte à la sécurité publique
1
Régression
Résidu
Total
5,593
4,407
10,000
1
8
9
5,593
,551
10,153 ,011a
Pour un degré de liberté au numérateur et N-2 (8), le F observé de la relation Cancers –
Sécurité politique (10,15) est supérieur au F critique (5,32) rendant la relation
statistiquement significative121. Ainsi, le modèle est statistiquement significatif et, par
conséquent, pour celui-ci, l’hypothèse nulle peut être rejetée.
iii. Tableau des coefficients
Tableau – 14
Coefficients – 3
Coefficients non
standardisés
Coefficients
standardisés
Modèle B Erreur
standard Bêta t Sig.
1
Personnes poursuivies pour
atteinte à la sécurité
publique
Var. dép. : Cancers
,000 ,235 ,000 1,000
,748 ,235 ,748 3,186 ,013
121
Les relations statistiquement significatives ont été mises en italique dans le tableau ANOVA afin
d’améliorer la lecture.
31
Résultats Section 2.
Les premiers résultats de note analyse quantitative révèlent les évolutions
marquantes des données relatives à la population, la richesse, l’impact écologique, les
dommages sanitaires et la réponse gouvernementale. Ces évolutions nous apprennent que la
Chine, sur les dix dernières années, continue son développement économique sur fond de
croissance démographique non maitrisée. De plus, ces croissances démographiques et
économiques s’effectuent parallèlement à l’augmentation des dégradations
environnementales et sanitaires. Par ailleurs, la première analyse quantitative univariée
montre que la confiance dans les institutions politiques chinoises progresse lentement alors
que simultanément le nombre de contestations juridiques à caractère social évolue de façon
rapide.
Les résultats concernant les analyses corrélationnelles bivariées et multivariées sont
peu probants. En effet, même si les analyses bivariées révèlent des corrélations positives et
significatives entre les variables indépendantes et les variables dépendantes (variable
intermédiaire de la santé et la variable sécuritaire politique), traduisant l’existence probable
d’associations dans les variations observées, le niveau des coefficients de régression est très
élevé, d’autant plus pour une analyse corrélationnelle en sciences sociales où les
coefficients expliquent rarement plus de 60 % de la variation de la variable dépendante.
Pour ce qui est de l’analyse multivariée, les résultats sont encore plus sujets à
caution et donc ne seront présentés ici, seulement, qu’à titre indicatif. Dans la section
suivante, nous exposerons brièvement les contraintes techniques et statistiques qui nous
poussent, en particulier, à remettre en question la méthodologie quantitative retenue et la
démarche quantitative en général.
Apports et limites de l’approche quantitative Section 3.
Le principal apport de la méthode quantitative s’appuie essentiellement sur la
nécessité pour le chercheur de prendre connaissance des tendances matérielles d’un État.
Ainsi, au-delà de la fiabilité des données, il semble pertinent de connaître à travers les
données brutes, les orientations de certains facteurs, tels que la démocratie, la croissance
économique, etc. Cependant, plusieurs obstacles se dressent face à l’analyste dans sa
32
démarche corrélationnelle. Parmi eux, mentionnons en premier lieu, la disponibilité et la
fiabilité des données collectées par les autorités chinoises.
De ce problème naît la difficulté de choisir les bons indicateurs traduisant au mieux
les variables identifiées par le corpus théorique. Si les indicateurs de démographie,
d’économie et de dégradation environnementale semblent pertinents, peut-être que d’autres
choix auraient été judicieux. Par exemple, pour la variable démographique, le taux
d’urbanisation aurait pu probablement être significatif. De même, en ce qui concerne
l’économie, l’indicateur du PIB par personne aurait pu être plus adéquat. Pour
l’environnement, l’indicateur des émissions de gaz industriels est pertinent, mais il ne
traduit qu’une partie de la variable environnementale, excluant la dimension de la
surexploitation et de la captation des ressources. Cette série de remarques peut être encore
plus facilement réitérée pour les indicateurs de l’efficacité gouvernementale, du taux de
cancer et surtout pour celle traduisant les atteintes en termes de sécurité publique ou
politique.
Enfin, l’analyse multivariée ne peut être adéquatement utilisée en l’espèce, car les
séries de données collectées sont des séries chronologiques qui se prêtent mal à l’analyse
corrélationnelle multivariée122. Notamment, ce type de séries pose le problème de
l’autocorrélation des variables rendant l’analyse caduque, car possiblement erronée. Les
sciences statistiques ont mis en place tout un protocole permettant de contourner ce
problème d’autocorrélation, par notamment la procédure dite de la méthode autorégressive
qui dépasse largement le cadre de ce mémoire.
La faible fiabilité des données, les difficultés rencontrées lors du choix des
indicateurs les plus représentatifs et surtout le fait que l’analyse corrélationnelle ne mesure,
en définitive, qu’une possible association entre deux variables rendent le protocole de
corrections statistiques peu significatif. Le volume d’effort à fournir et la complexité de la
procédure ne sont pas justifiés pour une analyse comme la nôtre où la démarche
quantitativiste demeure secondaire. Cependant, ce travail permet d’éliminer certaines
hypothèses et, sa présence demeure utile d’un point de vue épistémologique, ne serait-ce
122
PÉTRY, F. et F. GÉLINEAU, 2003, Guide pratique d’introduction à la ré ression linéaire en sciences
sociales, Les presses de l’Université Laval, Québec, page 141
33
que pour mettre en évidence sa relative efficacité dans ce type d’études. Par ailleurs,
l’analyse quantitative est aussi pertinente pour écarter des pistes de recherche.
34
Chapitre 5 - L’analyse qualitative de la sécurité
environnementale interne
Introduction Section 1.
L’analyse qualitative de la sécurité environnementale interne est avant tout l’étude
d’un processus partant en premier lieu de la phase contextuelle jusqu’à la phase sécuritaire.
Au sein de la phase contextuelle, un portrait global de la situation écologique, économique,
politique et sociale de la Chine sera dressé. Dans un second temps, l’analyse s’attardera sur
la phase dite « anthropique » où les externalités environnementales sont produites, suivie de
la phase sécuritaire où le lien entre dysfonctionnements environnementaux et
dysfonctionnements sécuritaires sera recherché.
Le contexte initial Section 2.
1. La Chine et son environnement
a) La croissance de l’économie
La Chine, membre du conseil de sécurité de l’ONU, est devenue un membre actif et
influent dans la plupart des organisations internationales, parvenant à être le deuxième
acteur économique majeur de la planète en 2011123. L’économie chinoise en 2011 est une
économie hors-norme et sa croissance est élevée. Sa participation au marché international
via ses importations et ses exportations, ses créances sur les principales économies
occidentales (États-Unis, Union européenne), ses acquisitions matérielles extérieures
(terres, espaces côtiers, entreprises), ses potentiels humains, économiques et sociaux ainsi
que ses politiques économiques extérieures font de la Chine un joueur planétaire de premier
plan. Entre 1990 et 2010, le produit intérieur brut chinois a été multiplié par plus de quinze,
passant de 356 à 5 926 milliards de dollars américains124. La figure 3 ci-dessous traduit la
force de la dynamique du développement économique chinois durant la précédente
décennie.
123
Cependant, il faut nuancer cette position, car au prorata par habitant la puissance économique de la Chine,
la classe dans la catégorie des pays émergents. 124
LA BANQUE MONDIALE, 2012, « Données : PIB US$ courants – Chine », B.M.
35
Figure – 3
Produit intérieur brut de la Chine entre 2000 – 2009
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China
Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing
Toutefois, le PIB par habitant, en dollar américain constant, n’est que de 2 425 $ par
an en 2011, alors qu’il était de 949 $ en 2000125. Économie en pleine mutation, l’économie
socialiste de marché chinoise est une économie complexe à décrypter, d’une part à cause de
sa croissance rapide et d’autre part, parce que les présences de l’État, du Parti communiste
chinois et de l’élite militaro-industrielle rendent plus difficile la lecture du système
économique chinois.
Sur une période de vingt années, l’économie chinoise a vu une progression
constante de son secteur tertiaire et de son secteur secondaire, aux dépens du secteur
économique traditionnel de la Chine, à savoir l’économie agricole. La figure 4 montre que
l’économie chinoise est de moins en moins agraire, confirmant l’autre tendance chinoise :
l’urbanisation. Les Chinois quittent leur ruralité pour la ville où l’emploi et la hausse du
niveau de vie promettent un espoir d’amélioration de la condition socio-économique du
plus grand nombre.
125
Ibid.
36
Figure – 4
Évolution sectorielle de l’économie chinoise entre 1999 et 2008
Source : BANQUE MONDIALE, 2012, « Données : Emplois par secteur – Chine », B.M.
Cette économie en pleine transformation et en pleine croissance, a réalisé des
progrès importants sur le plan interne, notamment, avec la sortie de dizaines de millions de
chinois de la précarité économique. Elle a réussi à devenir une joueuse majeure de
l’économie internationale en prenant part au phénomène de la mondialisation. La figure 5
compare les évolutions, de ces deux dernières décennies, des principales puissances
économiques mondiales avec la progression et le volume de l’économie chinoise. On
constate que la Chine subit une accélération de son développement économique, alors que
ses principaux concurrents, excepté les États-Unis, ont tendance à progresser très
lentement. En 2011, l’économie chinoise aurait dépassé le Japon et serait devenue la
deuxième puissance économique de la planète126.
126
LE MONDE, 2011, « La Chine est devenue la deuxième économie mondiale. », Le Monde et Agence
France Presse
37
Figure – 5
PIB comparés de la Chine et autres puissances économiques majeures
Source : BANQUE MONDIALE, 2012, « Données : PIB US$ courants – Chine », B.M.
b) Le système politique
Le système politique chinois paraît être un système proche du fédéralisme à
l’indienne ; avec ses provinces, ses régions et ses municipalités autonomes ainsi que sa
reconnaissance des différences ethniques internes. Cependant, la Chine est une nation
politiquement très centralisée même si son administration est a contrario très déconcentrée.
L’idéologie d’État, ancrée dans un parti unique, autour d’une force de coercition policière
et militaire omniprésente, implique que le régime politique chinois est avant tout un
système politique autoritaire.
c) La société
La société chinoise est une société vieillissante où l’idée du collectif est
culturellement enracinée dans les esprits. Nonobstant, la présence d’une culture ancestrale
bouleversée par plus de soixante années de communisme autoritaire, la société chinoise
subit depuis la moitié des années 1990, des changements culturels, sociaux et économiques
de grande envergure. Chaque année, la société chinoise extirpe plusieurs millions de
personnes de la pauvreté selon la Banque mondiale ; « Miracle économique chinois : 500
38
millions de pauvres en moins et 106 milliardaires en plus ! 127 ». La société chinoise est en
pleine mutation sociale, économique et sociétale, au contact de ses voisins immédiats et du
reste du monde. La réception et l’organisation des Jeux olympiques de Beijing en 2008 sont
la parfaite illustration de la Chine, entrée dans la mondialisation et reprenant une place
majeure sur la scène internationale.
d) L’histoire difficile de la relation « humain – environnement »
Depuis l’avènement de l’Empire chinois en –221 av. J.-C., la Chine se trouve
confrontée à des constantes historiques qui perdurent aujourd’hui, à savoir un territoire
immense, une population considérable, un environnement hétéroclite, mais fragile, la
prépondérance de la société agraire128 et une propension à transformer radicalement
l’environnement129. À cela s’ajoute le fait que la Chine est, depuis des temps anciens,
soumise à des catastrophes naturelles de grande ampleur telles que les tremblements de
terre, les inondations et les sécheresses, interférant avec les problématiques
d’autosuffisance alimentaire, de développement économique et de stabilité politique130. Ces
dernières années, comme le rapporte l’Agence France Presse :
Le nombre de catastrophes naturelles en Chine a été multiplié par quatre au cours des
30 dernières années, selon une étude du premier réassureur mondial, Munich Re,
publiée mardi. Le réchauffement climatique risque en outre d'aggraver encore la
situation, souligne le groupe allemand. Selon l'étude de Munich Re, la Chine a subi 48
catastrophes naturelles - tempêtes, inondations, tremblements de terre, canicules,
sécheresses et feux de forêt - en 2010, contre 11 au début des années 1980131.
L’histoire de la Chine, c’est aussi l’histoire du rapport des Chinois avec leur
environnement. Ce rapport est resté constant depuis des siècles, le peuple, qui suivait
respectueusement les principes de la « nature », se considérait protégé par elle. Ainsi,
l’idée, que toute désobéissance à ces principes entraînait irrémédiablement un châtiment de
la « nature », est restée longtemps ancrée dans l’esprit des Chinois132. Jusqu’à l’avènement
127
MOUSSOURS, M., 2008, « La pauvreté en Chine : aller au-delà des chiffres. », Comité pour l’Annulation
de la Dette du Tiers-monde 128
SMIL, V., 1984, op. cit, page 189 129
ZHANG J., 2006, « Environment, Market, and Peasant Choice: The Ecological Relationships in the
Jianghan Plain in the Qing and the Republic », Modern China, Vol. 32, N° 1, p. 31-63 130
Ibid. 131
AGENCE FRANCE PRESSE, 2011, « Chine: explosion du nombre de catastrophes naturelles », La Presse 132
CHEN, D., 2008, « Environmental Rights: on the Perspective of Harmonious Development between
Human Beings and Nature. », China Population, Resources and environment, Vol. 18, N° 1, page 190
39
du pouvoir communiste de Mao Tsé Toung dans la seconde moitié du XXe siècle, le
concept chinois de l’environnement imaginait que les pensées et les comportements
humains devaient s’adapter à l’environnement afin de préserver leurs existences133.
Cependant, par la mise en place de la politique d’industrialisation du « Grand bond en
avant » en 1958134 et de la réorientation économique vers une « économie socialiste de
marché »135, la transformation économique de la société chinoise va bouleverser la relation
traditionnelle entre les Chinois et leur environnement : « Guided by Mao Tse-tun ’s belief
worker came equiped with the ability to labor to sustain himself or herself, the party
encouraged both population growth and heedless use of land, water, and mineral
resources. »136.
En 1975, la Chine est encore un joueur industriel modeste et certains commencent à
s’inquiéter des dégradations environnementales issues des transformations économiques et
industrielles137. Moins de dix ans plus tard, Vaclav Smil dressera un premier constat
environnemental relativement pessimiste. Il expliquait, alors, que les données
environnementales intrinsèques de la Chine étaient défavorables. Nonobstant d’être un pays
populeux, la Chine a la plus grande surface montagneuse au monde avec 58 % de sa surface
composée de montagnes, de hautes plaines et de plateaux, contre 10 % pour l’ex-U.R.S.S.
et 15% pour les États-Unis138. De plus, la seconde contrainte environnementale est la
combinaison de ces immenses espaces ouverts et de leur exposition à l’extrémité du
continent est-asiatique : courants froids du Nord et de l’Himalaya, sècheresse de la Sibérie,
inondations des moussons et typhons violents139. Pour Smil, les externalités de ces
contraintes peuvent s’illustrer par l’exemple de certains cours d’eau :
In the more than two-and-a-half millenia of recorded Chinese affairs, the Huang He
broke the dikes in its lower reaches twice every three years and experienced a major
change of course every century. The Huai He (Huai river) basin in the heart of densely
populated China suffered more than 900 droughts and 900 floods between 246 BC and
133
Ibid., page 190 134
OBRINGER F., 2007, « La croissance économique chinoise au péril de l’environnement : une difficile
prise de conscience », Éditions La Découverte, Hérodote, N° 125, page 96 135
Ensemble de réformes politiques et économiques initié par Deng Xiaoping dans les années 1980. 136
GOLDSTONE, J. A., 1995, « The Coming Chinese Collapse », Foreign Policy, N° 99, page 35 137
SIGURDSON, J., 1975, « Resources and Environment in China », Ambio, Vol. 4, N° 3, page 112 138
SMIL, V., 1984, op. cit, pages 4 – 5 139
Ibid., pages 4 – 5
40
1948. The Hai He (Hai river) basin had 387 disatrous floods and 407 drought years
between 1368 and 1948140.
Par ailleurs, l’auteur constate déjà des atteintes environnementales d’origine
anthropique concernant les ressources forestières, l’érosion des sols, la désertification,
l’assèchement des lacs, les pertes et les détériorations des terres cultivables, la diminution
et la dégradation des ressources hydriques, les pollutions atmosphériques et le recul de la
biodiversité. Une dizaine d’années plus tard, Smil poursuit son analyse et constate que les
dégradations environnementales s’intensifient, et qu’en particulier la pollution
atmosphérique est désastreuse pour la santé des citoyens chinois141.
e) L’effet des échanges internationaux sur l’environnement
Dans le processus difficile du développement socio-économique de la Chine,
l’ouverture de la Chine et sa connexion aux réseaux du monde sont une variable à ne pas
négliger. L’ouverture de la Chine s’est accompagnée de l’ouverture du monde sur la Chine.
Elle produit, finance, achète et loue au monde : biens à faible valeur ajoutée, participations
dans les entreprises internationales et subventions d’État, achats de terres agricoles et
arables, de produits agroalimentaires et d’énergies... Ces capacités économiques,
financières et politiques aident la Chine à se procurer des ressources extra-muros de son
territoire national et de sa zone d’influence. De ce fait, elle allège le fardeau
environnemental interne, en transférant ses externalités environnementales sur un autre
joueur de la scène économique internationale. Elle se permet d’économiser sur les coûts
sociaux, économiques et politiques internes.
Cependant, les délocalisations industrielles des pays occidentaux vers la Chine
relativisent la portée des externalités environnementales exportées par la Chine à travers ses
importations. Le solde entre les externalités produites en Chine et celles produites à
l’étranger est difficilement mesurable avec précision, néanmoins au regard du solde
commercial en 2010, les gains environnementaux demeurent faibles142.
140
Ibid., page 6 141
SMIL, V., 1993, op. cit., page 117 142
BANQUE MONDIALE, 2012, « Importations et exportations », B.M.
41
En 2006, Vermander apporte un exemple de transfert interétatique d’externalités
environnementales. Devant l’insuffisance de la production forestière interne et la
consommation exponentielle du bois en Chine, cette dernière participe à l’accroissement de
la déforestation dans les pays en voie de développement, pays généralement tropicaux, tout
en développant une régénérescence artificielle des surfaces forestières nationales. Plus
particulièrement, Vermander souligne que les importations massives chinoises se font au
détriment des forêts asiatiques et océaniennes143.
2. Les activités anthropiques et l’environnement
Globalement, le gouvernement, le peuple, les organisations non gouvernementales,
les institutions internationales et les chercheurs s’accordent sur le bilan critique de
l’environnement en Chine. Précisément, au-delà de la surexploitation et de la captation des
ressources naturelles, la principale lacune du phénomène environnemental demeure
massivement la problématique de la dégradation des ressources144. Les externalités
anthropiques sur l’environnement sont l’ensemble des effets économiques, sociaux et
politiques – positifs et négatifs – que produisent les Chinois sur leur environnement.
a) Les externalités économiques
La littérature suggère que l’économie en Chine produit des externalités notables sur
la qualité de l’environnement ainsi que sur l’équitable gestion de celui-ci en termes de
justice sociale. Que cela soit la surexploitation de certaines ressources, la dégradation de la
plupart d’entre elles ou leur captation au profit d’une élite économique et politique, les
externalités représentent un coût environnemental hors-norme pour un pays tel que la
Chine. L’exemple des émissions de dioxyde de carbone de 1990 à 2003 est significatif
lorsque les émissions de CO² ont progressé de plus de 73 % faisant de la Chine le deuxième
143
VERMANDER, B., 2006, op. cit., page 310 144
SCHMIDT, C. W., 2002, « Economy and Environment, China Seeks a Balance », Environmental Health
Perspectives, Vol. 110, N° 9, p. 517-522
42
émetteur au monde145. En 2008, la Chine devenait le premier émetteur de gaz carbonique au
monde avec près d’un quart des émissions totales146.
La croissance économique signifie par exemple, une consommation croissante des
matières premières, et les « […] production and consumption processes generate material
wastes that pollute the environment. Unlimited economic growth therefore tends to deplete
natural resources and cause environmental degradation.147 ». Néanmoins, Wan rappelle
que le développement économique et la croissance peuvent accroître les capacités
financières dévolues à la protection de l’environnement et à la diffusion de la conscience
collective-environnementale148. À cet égard, le PNUE faisait remarquer qu’« En 2010, la
Chine est le nouveau leader mondial en matière de nouveaux investissements financiers
dans les énergies renouvelables avec un montant de plus de 48,9 milliards de dollars (soit
28%149). »150.
Concrètement, il serait ambitieux de faire état de toutes ces externalités au sein de
ce travail, ainsi je proposerai les principales d’entre elles. Par ailleurs, il semble ardu de
présenter une hiérarchie stricte des externalités économiques sur l’environnement.
Néanmoins, l’énergie, l’industrie, l’agriculture et le transport sont les principaux
responsables de la crise environnementale chinoise.
En ce qui concerne la production énergétique, deux types de production posent des
problèmes majeurs au niveau de l’environnement, à savoir l’énergie provenant du charbon
et la production hydro-électrique. Les autres types d’énergie demeurent anecdotiques,
principalement à cause des immenses réserves charbonnières et des potentiels
hydrologiques chinois. En 2009, la production du charbon représentait 77,3 % de la
145
HU, C. et X. HUANG, 2008, « Characteristics of Carbon Emission in China and Analysis on Its Cause »,
Chinese Society for Sustainable Development and Research Center for Sustainable Development of Shandong
Province, Vol. 18, N° 3, page 38 146
MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L'ÉNERGIE, 2012, «
Statistiques du développement durable. », République française 147
WEN, D. et M. LI, 2007, « China : Hyper-development and environmental crisis », dans PANITCH L. et
LEYS C., 2007, Coming to Terms with Nature : Socialist Register 2007, Socialist Register Anthology, page
133 148
WAN, M., 1998, « China's Economic Growth and the Environment in the Asia-Pacific Region », Asian
Survey, Vol. 38, N° 4, page 366 149
Des investissements mondiaux. 150
PNUE, 2012, « Les investissements mondiaux dans l'énergie verte en forte augmentation. », PNUE
43
production énergétique totale chinoise, le pétrole 9,9 %, le gaz 4,1 %, la production hydro-
électrique, nucléaire et éolienne environ 8,7 %151. Le charbon demeure une source de
pollution importante et, même si la Chine fait d’énormes progrès pour rendre son utilisation
plus propre, plus efficace et pour se tourner vers des énergies moins polluantes, il continue
à représenter un enjeu environnemental majeur152 :
La combustion de charbon par les foyers domestiques, les industries et les centrales
thermiques n’est pas la seule source d’émissions polluantes dans un pays qui continue
à brûler de grandes quantités de biomasse dans des installations peu efficaces et qui
joue la carte d’une rapide expansion du transport routier. […] Les volumes de dioxyde
de soufre (SO2) semblent avoir augmenté de 50% et ceux de particules de 67% entre
1980 et 1995, avant de diminuer de 20% pour les uns et de 60% pour les autres
jusqu’en 2002. À cette date, les deux émissions polluantes, dont 80 à 90% proviennent
de la combustion du charbon, ont repris une ascension, particulièrement marquée pour
le SO2153.
Les perspectives à venir ne sont pas très optimistes vis-à-vis de l’utilisation de cette
forme d’énergie :
Forecastin result shows that China’s future coal demand will be [sic] in increasing
trend and coal’s share in the primary ener y will decline radually; however, it will
still be the main energy form. Coal used in the power industry will be a main factor
that contributes to increased coal demand. […] In total, China’s coal demand is 2620–
2850 million tons in 2010 and 3090–3490 in 2020154.
L’énergie hydro-électrique connaît depuis quelques décennies un essor sans
précédent en Chine avec l’implantation d’une multitude de barrages et d’ouvrages de très
grande envergure, à l’instar du barrage des Trois Gorges. Cependant, la réalisation et
l’opérationnalisation de ces infrastructures ont des externalités environnementales
importantes. Le barrage des Trois Gorges est le barrage hydro-électrique le plus imposant
au monde et sa capacité de production est équivalente à celle d’un pays comme le Tchad155.
Toutefois, sa construction a entraîné une perte colossale de surfaces forestières156 et de
151
NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, op. cit. 152
ASIAN DEVELOPMENT BANK, 2003, « Electricity demand in the People’s Republic of China :
Investment requirement and environmental impact », Manille, Asian Development Bank, ERD Working Paper
N° 37, 25 page 22 153
MARTIN-AMOUROUX, J-M., 2007, « Charbon chinois et développement durable. », Perspectives
chinoises, N° 1, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, page 47 154
WANG, Y. et J. LI, 2008, op. cit., page 155 155
STONE, R., 2008, « Three Gorges dam : Into the unknown. », Science, Vol. 321, page 632 156
GUO, G., 2010, « Environmental Security Concerns and the Three Gorges Reservoir Basin in China »,
Falls Church, Foundation for Environmental Security and Sustainability, FESS Issue Brief, page 6
44
terres arables, bouleversant du même coup les écosystèmes locaux. D’autre part celle-ci a
contribué à l’alcalinisation des sols et à la réduction des ressources halieutiques. Ainsi, une
part non négligeable de la biodiversité locale a été touchée157.
Les premiers [les journalistes de la presse] mettent en avant des questions techniques,
comme la sédimentation dans la retenue, les effets de la pollution urbaine dans le plan
d’eau, l’atteinte portée à des espèces rares comme le dauphin blanc du Yangtsé,
l’esturgeon ou la grue de Sibérie, les effets sur le chenal aval et sur le delta, qui sera
privé de sédiments et devrait reculer, etc158
.
De plus, l'énorme quantité de béton, d'acier et d'autres matériaux ainsi que l'énergie
utilisée au cours des dix-sept années de construction ont généré d'importantes émissions de
dioxyde de carbone159. Enfin, au-delà des externalités directes, les spécialistes estiment
qu’un tel barrage représente une menace encore plus grande pour les populations et
l’environnement, dû à la fragilité d’une telle infrastructure face à la menace sismique. En
effet, les tremblements de terre sont fréquents et de grande ampleur en Chine qui court le
risque d’une catastrophe majeure si une brèche survenait dans les barrages des Trois
Gorges160.
Le transport, à l’instar de l’ensemble de l’économie, véritable moteur du
développement, a connu en Chine une explosion sans précédent. On considère qu’un
Chinois sur cent possède une voiture161, soit environ moins de quinze millions de véhicules
domestiques. L’automobile, le train et l’aviation chinois ont enregistré une croissance
inégalée dans le monde et la Banque Asiatique de Développement donnait en 2008 des
chiffres vertigineux : « The hi hway system has increased nearly 300% in 26 years, and the
proportion of private passen er vehicles to total vehicles increased from 6.8% in 1980 to
78.2% in 2006. […] ». En l’espace de deux années, la Chine compte à elle seule pour plus
157
Ibid. 158
BRAVARD, J.-P., 2001, « Un enjeu hydropolitique et environnemental majeur pour la Chine : le transfert
Sud-Nord. », Hérodote, Vol. 3, N° 102, page 58 159
GUO, G., 2010, op. cit., page 4 160
STONE, R., 2008, op. cit., page 632 161
LAMY, J., 2006, « D’un G8 à l’autre : sécurité énergétique et changement climatique », Institut français
des relations internationales, Politique étrangère, p. 131-144
45
de 30 % de la comsommation mondiale d’hydrocarbures liquides et l’on estime que la
consommation chinoise devrait être multipliée par 3,5 d’ici les trente prochaines années162.
Les externalités environnementales du transport sont essentiellement de trois ordres.
Tout d’abord, le développement du transport exige de plus en plus d’espace afin de
construire un réseau autoroutier capable d’absorber la croissance du nombre d’automobiles,
incluant à la fois les routes et les aires de stationnement. Pour le transport aérien et
ferroviaire, le problème de l’espace reste identique et les réquisitions d’espace se font au
détriment des surfaces cultivables et forestières. Dans un second temps, dans un pays où la
fourniture énergétique est avant tout liée à la production du charbon et des hydrocarbures –
avec 90,6 % de la production énergétique totale en 2010163 – le développement du transport
entraîne une hausse croissante de la consommation des matières premières et surtout
d’énergie, participant à la surexploitation des ressources naturelles. La Banque Asiatique de
Développement indique que 35% de la consommation pétrolière de la République
Populaire de Chine est destinée au secteur du transport164. Enfin, l’explosion des moyens de
transport aérien, ferroviaire et automobile produisent des dégradations environnementales
(pollutions atmosphériques) extrêmement importantes, autant dans la production des
moyens de transport, de la consommation énergétique, que des recyclages de ces moyens.
Les industries lourde et manufacturière sont encore désuètes et polluantes en Chine,
consommant essentiellement du charbon pour leur fonctionnement165. Par exemple, « la
sidérurgie et la cimenterie chinoises sont des industries peu efficaces énergétiquement. Les
procédés de production consomment environ un tiers d’énergie de plus que ceux des pays
développés. »166.
162
ASIAN DEVELOPMENT BANK, 2008, « Climate Change and Transport : Promoting Environmentally
Sustainable Transport in the People’s Republic of China », Mandaluyong City, Asian Development Bank,
page 1 163
NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, « Total Production of Energy and Its
Composition. », BNSC 164
ASIAN DEVELOPMENT BANK, 2008, op. cit., page 1 165
WANG, Y. et J. LI, 2008, « China’s Present Situation of Coal Consumption and Future Coal Demand
Forecast. », China population, ressources and environment, Vol. 18, N° 3, page 152 166
ALLAIRE, J., 2007, « L’impact du développement urbain en Chine sur le réchauffement climatique »,
Perspectives chinoises, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, N° 1, page 56
46
De son côté, l’agriculture subit d’une part les effets des dysfonctionnements
environnementaux et, d’autre part, elle participe à la surexploitation et à la destruction des
ressources naturelles. En Chine, l’agriculture, par exemple, consomme beaucoup d’eau167 et
utilise énormément d’engrais chimiques168.
Favorisées par les rejets agricoles (l’agriculture chinoise est première consommatrice
mondiale d’engrais) notamment de nitrates, et par les eaux usées domestiques, les
marées rouges s’étendent dans les mers de Chine et la mer Jaune (et occasionnellement
dans les principaux fleuves chinois). D’une surface pouvant atteindre jusqu’à 10 000
km², une marée rouge paralyse l’activité économique pendant plusieurs semaines
(pêche, tourisme…)169.
L’agriculture est tributaire du climat, ainsi entre « […] 1999 et 2003, les récoltes ont
chuté de 17,5 % et sur la seule année 2000, où la sécheresse a été particulièrement marquée,
la production de grains a diminué de 10,5 %170. ». Parallèlement, les pratiques culturales ont
changé à cause de l’industrialisation et de la mécanisation de l’agriculture, au détriment des
pratiques respectueuses de l’environnement171. Les effets de l’agriculture intensive posent
des problèmes d’emploi et de migrations internes, mais ils sont avant tout les résultats des
dégradations environnementales172 : « Roughly 20 million hectares of farmland is
contaminated by heavy metals. Given the average size of a family farm, that translates into
about 130 million farmers who are negatively impacted. In some of the worst hot-spots,
pollution has become a life and death issue173. ».
b) Les externalités politiques
Les théoriciens de la sécurité environnementale reconnaissent que dans la
perspective d’une relation entre la variable environnementale et les variables sécuritaires,
d’autres variables peuvent avoir une influence additionnelle ou complémentaire, tout en
ayant des relations d’interdépendance entre elles. Parmi celles-ci, la variable politique
167
ROUSSET, N., 2007, « Impacts du changement climatique, sécurité hydrique et enjeux agricoles »,
Perspectives chinoises, N° 1, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, page 38 168
HUANG, J. et S. ROZELLE, 1995, « Environmental Stress and Grain Yields in China », American
Journal of Agricultural Economics, Vol. 77, N° 4, page 861 169
TAITHE, A., 2008, « La sécurité environnementale du Japon, confrontation ou coopération régionale ? »,
Fondation pour la recherche stratégique, page 5 170
ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 37 171
WEN, D. et M. LI, 2007, op. cit. , page 135 172
Ibid., page 142 173
Ibid.
47
intervient pour aggraver ou compenser l’incidence de la variable environnementale sur
celle de la sécurité. L’action gouvernementale est une des composantes de la variable
politique en amont des problématiques environnementales, économiques et sociales. Dans
le cas présent, nous nous intéresserons à l’influence de l’action gouvernementale sur
l’environnement, en posant deux questions. D’une part, comment l’action gouvernementale
en matière environnementale se traduit-elle dans les faits et, d’autre part celle-ci est-elle
efficace pour compenser les désordres environnementaux et ainsi réduire les externalités
sur les sécurités internes de la Chine ?
Premièrement, les autorités centrales et provinciales sont conscientes de la crise
environnementale, ce qui est déjà, dans un pays comme la Chine, un progrès significatif en
direction d’une résolution des problèmes. Dès 1972, les autorités politiques chinoises
parlent de la mise en place d’une gouvernance environnementale174. Durant les années
2000, le pouvoir politique va multiplier les déclarations en ce sens, répondant aux
inquiétudes de la société civile d’une part et de la communauté scientifique d’autre part.
174
MEIDAN, M., 2007, « La Chine dans une architecture post-Kyoto : réconcilier pressions internes et
externes. », Perspectives chinoises, N° 1, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, page 69
48
En effet, le Centre de recherche sur la théorie de Deng Xiaoping de la province du
Sichuan déclarait, au sujet de la vision de la sécurité nationale de Jiang Zemin :
La sécurité économique est la base, la sécurité politique est le principe, la
sécurité militaire est l’assurance, la sécurité technologique est la clé, la
sécurité culturelle est l’âme, la sécurité de l’information est le centre, la
sécurité écologique est la sauvegarde175.
Lors d’un entretien accordé au quotidien allemand Der Spiegel, Pan Yue, le ministre
de l’Environnement chinois en 2005, tenait des propos radicaux pour un officiel chinois :
This miracle will end soon because the environment can no longer keep pace. Five of
the ten most polluted cities worldwide are in China; acid rain is falling on one third of
our territory; half of the water in China’s seven lar est rivers is completely useless; a
quarter of our citizens lack access to clean drinking water; a third of the urban
population is breathing polluted air; less than a fifth of the rubbish in cities is treated
and processed in an environmentally sustainable manner176.
Plus tard, sous l’impulsion du gouvernement de Hu Jintao et Wen Jiabao,
l’environnement s’inscrira dans la rhétorique politique officielle177. Ce dernier mentionnera
quarante-huit fois les termes d’environnement et de pollution, en 2007 devant l’Assemblée
nationale du peuple178. L’ensemble des déclarations et des politiques environnementales
chinoises illustrent dans un premier temps la prise de conscience gouvernementale des
dangers représentés par la crise environnementale. Pourtant, les experts s’interrogent sur
l’efficacité de ces politiques et se demandent si le développement durable souhaité saura
remplir les attentes des générations futures tout en comblant les besoins des citoyens
actuels179.
Le parti communiste chinois se retrouve donc face à dilemme qui repose sur la
difficulté d’assurer d’un côté la croissance économique et l’enrichissement de la majorité
de la population et, de l’autre, de préserver l’environnement qui pourrait, par ses
175
VERMANDER, B., 2007, Chine brune ou Chine verte ?, Paris, Sciences Po Presses, Collection, Nouveaux
Débats, page 31 176
Ibid., page 57 177
MEIDAN, M., 2007, op. cit., page 69 178
VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 18 179
OBRINGER F., 2007, « La croissance économique chinoise au péril de l’environnement : une difficile
prise de conscience », Éditions La Découverte, Hérodote, N° 125, page 96
49
déséquilibres, porter atteinte à la sécurité sociale, économique et politique de la nation.
Finalement, même si l’environnement est une préoccupation officielle, il n’est pas en
définitive prioritaire sur l’économie180.
Le choix entre environnement et économie ouvre la porte à une multitude de conflits
politiques internes en Chine entre les différents acteurs du pouvoir. D’un côté, on assiste à
une recrudescence des pressions visant à la poursuite de la croissance économique (les
groupes d’intérêts industriels et certains ministères, au niveau national et local) et de
l’autre, certains officiels, scientifiques et organisations non gouvernementales181 réclament
le développement d’une économie plus respectueuse de l’environnement182.
Les analystes concèdent que d’une part « la faiblesse des acteurs gouvernementaux
chargés de la question environnementale leur permet difficilement de concurrencer les
intérêts industriels183 » et que c’est le rapport de force, entre les différents groupes de
pression, qui façonne les politiques finales au sein du pouvoir central en matière
d’environnement184. Malgré tout, la Chine agit politiquement, socialement et
économiquement en faveur de la protection de son environnement, favorisant l’émergence
d’une économie verte, durcissant ses politiques et ses contrôles sur le terrain et s’ouvrant
sur la participation des acteurs non étatiques au débat « Voir Annexe C » note 2 ; Lois
chinoises sur l’environnement :
There is increasing public awareness of environmental issues in China, often
encouraged by the Chinese government since environmental protection is generally not
re arded as bein politically sensitive. […] Political reform in China would make it
easier for Chinese citizens to form environmental groups to serve as advocates and
watchdog185
.
En 1994, les autorités acceptent la création de l’organisation non gouvernementale
Friends of Nature, la première en Chine en 1994. Beijing fait preuve d’ouverture tout en
180
QI Y., MA L. et L. ZHANG, 2007, « Climate Change Governance in China: A Case Study », Chinese
Society for Sustainable Development and Research Center for Sustainable Development of Shandong
Province, Vol. 17, N° 2, page 9 181
MEIDAN, M., 2007, op. cit., page 68 182
Ibid. 183
Ibid. 184
Ibid. 185
WAN, M., 1998, op. cit., page 378
50
entretenant une position ambiguë avec les ONG, compliquant leurs activités et créant en
permanence des tensions relationnelles. Ces dernières ont compris qu’elles devaient tenir
une position de non-affrontement direct avec le pouvoir de la capitale186. Au niveau
institutionnel, dès 1988 la Chine se dote de la National Environmental Protection Agency,
chargée de l’ensemble de la législation environnementale, de l’élaboration de règlements
administratifs et de standards nationaux, de la gestion de problèmes de pollution et de la
coordination avec l’ONU187. La Chine, qui fut le premier pays en voie de développement à
mettre en place une stratégie de développement durable dès 1979188 (adoption de l’Agenda
21 au niveau national en 1994)189, créé un ministère de l’environnement à part entière, la
SEPA (State Environmental Protection Administration) en 2003. Immédiatement à son
arrivée en 2003, Pan Yue, en charge du ministère, demande « la fermeture de 6 143 usines
et [sic] mis en place un indicateur de « produit national brut » vert liant développement
économique et problèmes environnementaux. »190.
A contrario, si « […] China has the resolution to reverse the trend of “focusin on
economic development and i norin environmental protection” and to implement
sustainable development through adjustment of industry structure and improvement of
environmental protection and insisting on development with savings, with cleaner
technology, with safety191 », les résultats sont largement insuffisants dans la réalité. La
Chine reconnaît d’ailleurs humblement ses échecs en la matière192. Malgré le règlement et la
neutralisation de certains dysfonctionnements environnementaux, la majorité des problèmes
perdure et l’économie chinoise demeure une des plus inefficaces et inefficientes au monde
en matière d’utilisation des énergies primaires polluantes. De plus, le déficit forestier,
l’érosion des sols, les pollutions atmosphériques et aquatiques ainsi que les pertes de
186
MEIDAN, M., 2007, op. cit., page 70 187
Ibid., page 69 188
ZHANG, K., Z. WEN et L. PENG, 2007, « Environmental Policies in China: Evolvement, Features and
Evaluation », China population, resources and environment, Volume 17, N° 2, page 1 189
YOON, E., LEE S-W. et F. WU, 2007, « The state and nongovernmental organizations in Northeast Asia’s
environmental security. », dans HYUN, I-N. et M. SCHREURS, 2007, The Environmental Dimension of
Asian Security: Conflict and Cooperation Over Energy, Washington, DC., Resources, and Pollution, United
States Institute of Peace, 362 pages 190
OBRINGER F., 2007, op. cit., page 96 191
ZHANG, K., Z. WEN et L. PENG, 2007, op. cit.,, page 2 192
VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 137
51
biodiversité, pour ne citer que cela, font que la Chine est encore très loin du développement
durable escompté193.
L’action de la société civile soulève un paradoxe difficile à expliquer. Un sondage,
réalisé en 2006, indique que les citoyens chinois s’inquiètent essentiellement des problèmes
sociaux et économiques, les problématiques environnementales arrivent en dixième
position pour les ruraux et en quatrième pour les urbains194. Ce désintéressement apparent
serait peut-être le fait d’un certain fatalisme des individus devant l’immensité des
problèmes195 et l’inefficacité récurrente des autorités politiques196, si ce n’est devant
l’incurie de certaines administrations et de leurs agents enclins à la corruption.
Toutefois, un bon nombre d’auteurs observe le phénomène inverse, tendant à
démontrer que les citoyens chinois sont de plus en plus « écologiquement sensibles ».
Depuis 2006, l’environnement mobilise de plus en plus l’opinion publique197 et on assiste à
une croissance constante du nombre d’organisations non gouvernementales reliées à la
thématique environnementale (GONGO198)199. On estime que depuis la moitié des années
1990, plus de 3000 organisations non gouvernementales à vocation environnementale
auraient été créées200. La mobilisation des ONG, des médias, des étudiants et de certaines
entreprises pour la lutte contre les changements climatiques, illustre ce phénomène201.
193
ZHANG, K., Z. WEN et L. PENG, 2007, op. cit., pages 7 à 8 194
VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 82 195
GANG, H., 2007, « La société chinoise face au changement climatique », Perspectives chinoises, N°1,
Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, page 79 196
WONG, K-K et X. ZHAO, 2001, « Living with Floods: Victims' Perceptions in Beijiang, Guangdong,
China », Area, Vol. 33, N° 2, page 196 197
GANG, H., 2007, op. cit., page 80 198
Définition d’une GONGO : « First of all, there is the matter of government co-option: many NGOs are not
actually NGOs. They are what observers are now calling GONGOs – government organized non-
governmental organizations. They are funded, staffed, and otherwise supported by governments. The idea is
not to instigate or inspire change, but rather to control and manage it. », NEW-YORK TIMES, 2010, «
GONGO : Government Organized Non-Governmental Organization. », New-york Time 199
VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 84 200
SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, « The Environment and Well-Being in Urban China »,
Monash University, Australia, Ecological Economics 68, page 548 201
GANG, H., 2007, op. cit., page 79
52
Liang Congjie fonde Friends of nature et la Chine s’ouvre aux organisations
étrangères telles que la World Wildlife Fund202. Cependant, le mouvement des ONG est très
encadré par le pouvoir central203. Si les ONG deviennent un interlocuteur crédible pour les
pouvoirs204, « Le manque de moyens humains et financiers, les obstacles sociopolitiques
structurels affectant le développement de toutes les ONG en Chine, et le manque de mise en
réseau, expliquent le caractère limité de ces actions sur la question du réchauffement
climatique. »205 en particulier et, sur les questions environnementales en général.
Le gouvernement fait preuve de plus de souplesse que par le passé et demeure
extrêmement vigilant face aux ONG, dont le mandat exclue toute critique et contestation
sociale de l’appareil d’État206 : « The government is aware of the potential consequences of
environmental stress and is attempting to find a balance between openness to ENG ’s and
control of « radical » and » disruptive » activities. » 207. La relative liberté d’expression,
dont bénéficie par exemple la journaliste chinoise Wang Yongcheng208, démontre que les
mentalités sociales et surtout politiques évoluent dans le bon sens, tout du moins en ce qui
concerne l’environnement.
Pour finir, le phénomène criminel, politique, social et économique de la corruption
doit être pris en considération. Certaines études ont démontré qu’il existait un lien causal
entre le degré de corruption d’une société et le phénomène de pénurie environnementale209.
La variable de la corruption répond à une pratique sociologique, à un trait culturel ancien, à
une pratique criminelle récurrente ou tout simplement à un moyen de survie supplémentaire
pour une frange défavorisée de la société. De plus, il s’agit aussi d’une variable
économique par nature, ayant pour but un échange de richesse contre un pouvoir, un droit
ou un privilège. Mais il s’agit surtout d’une variable politique, car en définitive c’est le
pouvoir politique qui a le devoir et le droit de l’effacer, si ce n’est de l’endiguer. La
202
YOON, E., LEE S-W. et F. WU, 2007, op. cit., page 220 203
Ibid., page 220 204
Ibid., page 222 205
VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 83 206
YOON, E., LEE S-W. et F. WU, 2007, op. cit., page 222 207
VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 83 208
WANG, Y., 2007, « China’s water resources: environmental security needed. », China dialogues 209
D’MONTE, D., 2000, « Corruption, Safety and Environmental Hazard in Asian Societies », Economic and
Political Weekly, Vol. 35, N° 33, page 2965 à 2966
53
littérature scientifique corrobore la réputation négative de la Chine en matière de
corruption, en indiquant que le phénomène est répandu à tous les niveaux de la société
politique et économique, même si la répression officielle est relativement sévère à cet
égard210. En 2011, la Chine occupait le 75e rang mondial sur 182 de l’index des perceptions
de la corruption édité par l’organisation internationale : Transparency International211.
c) Les externalités sociales
Parmi les externalités sociales, la croissance de la démographie est sans doute la
plus importante en termes d’impact sur l’environnement pour de multiples raisons. À titre
d’exemple, l’augmentation constante, d’une population sur un territoire donné, engendre
une croissance de la demande en richesses naturelles et des dégradations des ressources
naturelles. Notamment, les exigences en infrastructures industrielles et de transports,
d’espaces habitables, ainsi que les augmentations des demandes en eau et en produits
agricoles, provoquent une multitude d’agressions envers l’environnement212. L’« explosion
» démographique, conjuguée à la densification démographique urbaine et côtière,
démultiplie les externalités économiques, politiques et sociales par la croissance du nombre
d’unités, de l’intensité des pressions environnementales et de la complexité inhérente à la
gestion des ensembles fortement populeux. Même si, on présume, à juste titre, que les
chiffres de la démographie chinoise sont loin d’être fiables, les résultats officiels sont déjà
importants. La figure 6 montre la progression constante de la population chinoise que l’on
peut estimer entre 60 et 80 millions d’habitants par an en Chine. Un pays de la taille
démographique de la France chaque année intègre l’espace chinois, malgré toutes les
tentatives de régulation des naissances mises en place par Beijing.
Figure – 6
210
Ibid., page 2960 211
TRANSPARENCY INTERNATIONAL, 2011, « Corruption perceptions index 2011. », Transparency
International 212
HUANG, Y. et Z. ZHAO, 1987, « Environmental Pollution and Control Measures in China », Ambio, Vol.
16, N° 5, page 257
54
Population de la Chine entre 2000 – 2009
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing
La Chine, pays le plus peuplé de l’humanité, avec plus de 1 330 000 000 d’habitants
et une progression de 5,29 % entre 2000 et 2009, enregistre une progression
démographique considérable menaçant l’intégrité environnementale de ses écosystèmes
naturels213. Une telle démographie, par les volumes de richesses naturelles consommés et
l’ampleur des dégradations environnementales générée, engendre une empreinte écologique
que les écosystèmes ne peuvent déjà plus supporter.
À l’instar du monde rural, le monde urbain est une source importante de
dysfonctionnements environnementaux créant, d’une part, une dégradation des ressources
naturelles alliée à un gaspillage des ressources consommées et, d’autre part, une demande
importante en ressource214. Huang et Zhao précisent que la « Density of population is the
main factor affecting the urban environment and the key link involved in the urban
ecological equilibrium. Population density determines the scope of urban ecological
213
NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China Statistical Yearbook »,
N.B.S.C, Beijing 214
CHEN, J., 2007, « Rapid urbanization in China: A real challenge to soil protection and food security »,
Catena, Vol. 69, pages 1 – 2
55
pressure. »215. La figure 7 retranscrit les dynamiques de l’urbanisation et de
l’industrialisation entre 1978 et 2003.
Figure – 7
Dynamics of urbanization and industrialization levels of China between
1978 and 2003
Source : CHEN, J., 2007, « Rapid urbanization in China: A real challenge to soil protection
and food security », Catena, Vol. 69, pages 1 – 2
En conséquence, « Le développement urbain peut engendrer une ville plus ou moins
émettrice de gaz à effet de serre en fonction de l’intensité énergétique de deux éléments
spécifiques : le confort thermique et les transports. ».216 Concernant les émissions de gaz à
effet de serre, outre le chauffage, la climatisation est reconnue comme étant
particulièrement néfaste. En effet, la médiocrité des rendements des appareils de
climatisation, couplée à la faible qualité de l’air générée, accroît considérablement la
demande énergétique. De surcroît, la vétusté des appareils de climatisation engendre des
fuites de gaz nocif multipliant les dérèglements à long terme du climat et de la couche
d’ozone217. On estime enfin que le réseau de chauffage urbain chinois serait en termes
d’efficacité trois fois inférieur à ceux des pays occidentaux ayant des conditions
215
HUANG, Y. et Z. ZHAO, 1987, op. cit., page 257 216
ALLAIRE, J., 2007, « L’impact du développement urbain en Chine sur le réchauffement climatique »,
Perspectives chinoises, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois, N° 1, page 53 217
ALLAIRE, J., 2007, op. cit., pages 58 à 59
56
climatiques équivalentes218. Si l’on observe la tendance des dernières décennies, on
remarque que le processus d’urbanisation est en constante augmentation, démultipliant les
externalités urbaines sur l’environnement chinois. Julien Allaire indique que :
[…] le taux d’urbanisation est passé officiellement de 17,9 % en 1978, à 36 % en 2000
et 40,5 % en 2005. Ainsi, la population urbaine a triplé en 25 ans, de 1978 à 2003,
atteignant 520 millions. En 2030, selon les Nations unies, le nombre de citadins devrait
s’élever à 870 millions. Ce sont donc entre 10 et 16 millions de nouveaux venus qui
sont attendus en ville chaque année219.
Smyth, Mishra et Qian rapportent qu’il existe un lien direct positif entre les
pollutions atmosphériques, les catastrophes environnementales et les congestions
automobiles en milieu urbain et le bien-être des Chinois. Les auteurs estiment que la
réduction des atteintes portées à l’atmosphère permettrait d’accroître sensiblement le bien-
être humain dans la Chine urbaine220.
La consommation de « masse » est un facteur aggravant issu de la croissance
démographique et de l’urbanisation. Entre 1978 et 2009, les dépenses de consommation
des ménages chinois sont passées de 174 yuans à 9 098 yuans en moyenne, représentant
une progression de plus de 5000 % en moins de trois décennies221. De plus en plus de
Chinois adoptent au fur et à mesure du développement économique, un mode de
consommation de type occidental, avec la volonté de s’équiper de voitures, de télévisions,
d’ordinateurs et de téléphones portables… Le sociologue Chen Xin estime que depuis
1998, la Chine a favorisé le développement d’une véritable société de consommation de
masse.
Touchée par la “tempête financière” asiatique à la fin des années 1990, la Chine a su
surmonter la crise et maintenir un fort taux de croissance, en stimulant la
consommation des ménages et le développement d’un grand marché intérieur. Ces
mesures ont favorisé l’émergence d’une culture importée dans la société chinoise qui
s’est muée en véritable idéologie nationale : le consumérisme de masse. Cette nouvelle
218
Ibid., pages 58 219
Ibid., page 54 220
SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 553 221
NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China Statistical Yearbook »,
N.B.S.C, Beijing
57
orientation (…) génère des tensions sociales dès lors que seule une faible minorité a
accès à ce mode de vie222.
Par conséquent, la consommation de masse contribue par la croissance
exponentielle de la demande en biens et services, et des externalités consuméristes de
production de déchets, à favoriser les dysfonctionnements environnementaux, en
accroissant les phénomènes de pénuries environnementales (surexploitation et dégradation
des ressources naturelles).
Les dysfonctionnements environnementaux Section 3.
1. La surexploitation des ressources naturelles
La surexploitation des ressources naturelles est une des composantes majeures du
phénomène de pénurie environnementale. En Chine, on peut distinguer plusieurs exemples
de cette surexploitation ayant des impacts plus moins sévères sur les sécurités alimentaire,
sanitaire et économique des Chinois.
Les surexploitations concernent l’environnement terrestre ; terres arables, forêts et
ressources minières. En plus du risque de créer des pénuries d’énergie, de matière première
et de surface économiquement (agriculture) et socialement exploitables (habitat), la
surexploitation des ressources naturelles les dégrade223. Ainsi, l’exploitation du charbon
engendre des pollutions atmosphériques et la déforestation engendre l’érosion et
l’appauvrissement des sols. À propos des terres arables, Grumbine indique que de 2001 à
2006, la Chine a pavé près de 2,7 % de l’ensemble des terres arables chinoises224. Certains
estiment que cette perte de surfaces agricoles et de terres cultivables entraînerait une
réduction de l’autosuffisance alimentaire dans les campagnes225.
222
CHEN, X., 2005, « Logiques et impasses de la culture consumériste et de la croissance chinoise »,
Alternatives sud, vol. 12, n° 4, 2005, p.107 223
WANG, Y., 1998, « Sea-Level Changes, Human Impacts and Coastal Responses in China. », Journal of
Coastal Research, Vol. 14, N° 1, page 33 224
GRUMBINE, R. E., 2007, « China's Emergence and the Prospects for Global Sustainability. », BioScience,
Vol. 57, N° 3, p. 249-255 225
EDIGER, L., et C. HUAFANG, 2006, « Upland China in Transition: The Impacts of Afforestation on
Landscape Patterns and Livelihoods », Mountain Research and Development, Vol. 26, N° 3, Land Use
Transition in Montane Mainland Southeast Asia, pages 225 à 226
58
Quant à l’environnement hydrique, la surexploitation des fleuves et des lacs
(énergie, consommations domestiques, agricoles et industrielles), des nappes phréatiques,
des zones humides et des zones maritimes déstabilisent les écosystèmes, appauvrissent la
biodiversité, modifient l’ensemble des équilibres géo-écologiques et surtout détériorent la
qualité de vie de la société chinoise226. La Chine en apparence est relativement bien dotée
en eau227. Toutefois, les développements économiques et humains exercent une pression de
plus en plus critique sur la pérennisation de cette ressource naturelle228. Le nord de la Chine
est très vulnérable au stress hydrique ; plus de 80 % des villes chinoises sont en situation de
pénuries229. Cette région abrite 42 % de la population, 60 % des terres arables et 14 % des
ressources hydriques chinoises230. Selon certains auteurs, la pénurie d’eau à Beijing est
critique et, proposent le déplacement d’une partie de ses habitants afin de soulager le stress
hydrique subi par la capitale231.
2. La dégradation des ressources naturelles
La ressource hydrique chinoise est dégradée dans des proportions extrêmes et les
exemples d’agressions physiques des ressources hydriques se multiplient avec le
développement économique. En 2005, l’explosion de l’usine chimique Jilin Chemical
Industrial Company, occasionne la pollution de la rivière Songhua River, cent tonnes de
benzène et autres polluants chimiques sont déversées, cinq personnes sont tuées lors de la
catastrophe et 3,5 millions d’individus en Chine et en Russie subissent les interdictions
d’eau232. Autre exemple, Chen et Wang relatent les dégradations environnementales du lac
Qionghai dans la province du Sichuan où les pressions sont issues de l’agriculture, de
l’utilisation domestique, du tourisme et des décharges de déchets toxiques et domestiques.
226
La littérature sur le sujet suggère une forte relation entre pauvreté et accès à l’irrigation. Des liens directs
sont observables localement et au niveau des ménages, et des liens indirects opèrent au niveau des agrégats ou
aux niveaux sub-national et national ; YUAN, Z. et Y. HONG, 2008, « Pénurie d’eau, transfert des eaux
agricoles et équité sociale dans le bassin de la rivière Chaobai », Perspectives chinoises, N° 2, page 52 227
ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 32 228
YUAN, Z. et Y. HONG, 2008, « Pénurie d’eau, transfert des eaux agricoles et équité sociale dans le bassin
de la rivière Chaobai », Perspectives chinoises, N° 2, page 49 229
ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 34 230
Ibid., page 32 231
YUAN, Z. et Y. HONG, 2008, « Pénurie d’eau, transfert des eaux agricoles et équité sociale dans le bassin
de la rivière Chaobai », Perspectives chinoises, N° 2, page 56 232
HYUN, I-N. et S-H., KIM, 2007, « Introduction : The environment-Security nexus in Northeast Asia. »,
dans HYUN, I-N. et M. SCHREURS, 2007, The Environmental Dimension of Asian Security: Conflict and
Cooperation Over Energy, Washington, DC., Resources, and Pollution, U. S. Institute of Peace, page 7
59
Ainsi, les lacs de montagne en Chine subissent les effets environnementaux de la pression
démographique et de la croissance économique, dans des proportions alarmantes233.
De façon générale, plus de 70 % des lacs et rivières sont pollués, et « au moins 320
millions d’habitants ruraux n’ont pas accès à l’eau potable, et 400 villes sont
insuffisamment approvisionnées dont 110 très sérieusement », selon Wang Shucheng, le
ministre de l’Eau234. Quant à lui, « Qiu Baoxing, vice-ministre de la Construction, parle
d’un risque d’écroulement de l’écosystème des eaux urbaines, risque plus sévère qu’en
aucun autre pays du monde. […] Selon les statistiques officielles, plus de 60 % des cours
d’eau sont impropres à tout usage. Seize des vingt villes les plus polluées au monde sont
chinoises235. ».
Les dégradations environnementales ne se limitent pas seulement aux ressources
hydriques. Les mêmes constats concernant la qualité et la durabilité environnementale des
sols sont observés236. L’environnement terrestre est riche en charbon, gaz, pétrole et d’un
certain nombre de minerais dits « rares »237, même si l’exploitation et la consommation sont
croissantes, ces ressources ne sont pas menacées de dégradation. Par contre, le couvert
terrestre biologiquement exploitable (agriculture et foresterie) peut être lourdement
dégradé. Le secteur forestier observe depuis quelques années une reforestation croissante,
mais largement insuffisante pour effacer les décennies de destruction sous le régime de
Mao238. Par ailleurs, certains plans de régénération des forêts monopolisent des terres
agricoles à haute productivité, raréfiant l’offre de production céréalière239,240. Vermander
233
CHEN, Y. et Y. WANG, 2003, « Qionghai Lake, Sichuan, China: Environmental Degradation and the
Need for Multidimensional Management », Mountain Research and Development, Vol. 23, N° 1 234
MA, L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., page 101 235
VERMANDER, B., 2006, op. cit., page 309 à 310 236
YUAN, Z. et Y. HONG, 2008, « Pénurie d’eau, transfert des eaux agricoles et équité sociale dans le bassin
de la rivière Chaobai », Perspectives chinoises, N° 2, page 58 237
OFFICE D'INFORMATION DU CONSEIL DES AFFAIRES D'ÉTAT DE LA RÉPUBLIQUE
POPULAIRE DE CHINE, 2003, « La politique de la Chine en matière de ressources minérales. », Centre
chinois d'information par Internet 238
SCHMIDT, C. W., 2002, op. cit., page 517 239
EDIGER, L., et C. HUAFANG, 2006, « Upland China in Transition: The Impacts of Afforestation on
Landscape Patterns and Livelihoods », Mountain Research and Development, Vol. 26, N° 3, Land Use
Transition in Montane Mainland Southeast Asia, page 225 240
MEIDAN, M., 2007, op. cit., pages 68 à 74
60
parle quant à lui d’une perte importante pour la biodiversité, 15 à 20 % des espèces
animales et végétales sont menacées241.
La désertification est un problème majeur en Chine qui demeure le pays le plus touché
au monde par ce phénomène d’origine naturelle et anthropique242. L’Administration d’État
pour la protection environnementale (SEPA) reconnaît que plus de 2,4 millions de
kilomètres carrés sont recouverts par les déserts avec une progression de 3 000 kilomètres
carrés par an243. Cette désertification coûte annuellement environ six milliards de dollars
américains244, créant des impacts environnementaux et socio-économiques conséquents en
endommageant les écosystèmes, en baissant la productivité économique des terres, en
perdant les moyens de subsistance, en aggravant la pauvreté et le nombre de réfugiés
environnementaux. Par ailleurs, Wang et Wei ajoutent à la liste des effets ; les pertes des
ressources naturelles des terres utilisables et des terres habitables, les impacts négatifs des
voies de transport et des bases nationales de défense sur les communautés locales et les
projets de conservation des ressources hydriques, et enfin, l’augmentation des fréquences et
des puissances des tempêtes de sable245. Ces dernières, de plus en plus violentes et
récurrentes, sont dénommées Kosa en Chine, véritable raz-de-marée de sable s’étendant sur
des dizaines voire des centaines de kilomètres carrés et représentant une menace
environnementale hors de contrôle246. Elles modifient les propriétés physico-chimiques de
l’atmosphère et provoquent des dommages écologiques, mais en premier lieu, elles
génèrent des pertes humaines et économiques247.
L’environnement atmosphérique est lui aussi gravement menacé par les dégradations
environnementales d’origine anthropique. En Chine, le niveau d’émission du SO2 est le plus
241
VERMANDER, B., 2006, op.cit., page 311 242
WANG, T. et W. WEI, 2005, « Sandy desertification in Northern China », dans DAY, K. A., 2005,
China’s environment and the challen e of sustainable development, New York, M. E. Sharpe, page 133 243
SCHMIDT, C. W., 2002, op. cit., page 517 244
WANG, T. et W. WEI, 2005, op. cit., page 239 245
Ibid., pages 239 à 240 246
BRETTELL, A., 2007, « Security, energy, and the environment : The atmospheric link. », dans HYUN, I-
N. et M. SCHREURS, 2007, The Environmental Dimension of Asian Security: Conflict and Cooperation
Over Energy, Washington, DC., Resources, and Pollution, United States Institute of Peace, page 89 247
Ibid., page 99
61
élevé au monde (provenance à 90% de la combustion du charbon248) et les pluies acides
affectent 30% du pays249. Les modèles et les prévisions entre 1990 et 2020 estiment que ses
émissions de SO2 vont tripler250.
3. L’inéquitable redistribution des ressources
Face à la redistribution inéquitable des ressources, la sécurité environnementale
observe deux dichotomies principales en Chine, l’une étant la dichotomie Est – Ouest et
l’autre la dichotomie urbain – rural. Cependant d’autres existent, telles les dichotomies
économie – politique ou bien secteurs économiques prioritaires – autres (énergie, industrie,
transport versus agriculture).
La dichotomie Est – Ouest est celle qui oppose les provinces du Tibet et du Xinjiang
aux provinces du littoral, industrieuses et populeuses. L’Ouest est une terre à faible densité
de population, regorgeant de richesses naturelles exploitées par l’Est. On peut littéralement
avancer que l’Est de la Chine est sous perfusion énergétique et hydrique de l’Ouest251. Ces
provinces subissent des dysfonctionnements environnementaux252, politiques et
économiques majeurs au profit de la majorité Han qui dirige la Chine. Le Xinjiang, à
majorité ouïghoure est victime d’érosion, de déforestation et de désertification
importantes253.
Les provinces ayant le plus fort impact sur l’environnement en termes de ressources
sont sur les côtes maritimes de la Chine. Les flux de richesses naturelles empruntent une
direction Ouest – Est et Nord – Sud254. D’une certaine manière, cette dichotomie Est –
Ouest est très liée à la dichotomie urbain – rural. La Chine maritime, c’est la Chine
prospère, dense et rapide, mais c’est aussi la Chine polluante et polluée, riche et urbaine
contre la Chine pauvre et rurale. Entre les zones urbaines et rurales, les inégalités sont
248
TAITHE, A., 2008, op. cit., page 4 249
VERMANDER, B., 2006, op. cit., page 311 250
STREETS D., CARMICHAEL, G. R., AMANN M. et ARNDT R. L., 1999, « Energy Consumption and
Acid Deposition in Northeast Asia », Ambio, Vol. 28, N° 2, page 142 251
MORTON, K., 2008, « China and Environmental Security in the Age of Consequences », Asia-Pacific
Review, Vol. 15, N° 2, page 61 252
WANG, Y., 1998, op. cit., page 36 253
WILLMOTT, E., 2006, « Common cause : China’s state-society response to environmental crisis », The
delicate balance, China Rights Forum, N° 1, page 18 254
WU, W. et S. NIU, 2008, op. cit., page 125
62
béantes, « tant au niveau du revenu que sur le plan de l’éducation ou de la santé.255 ». La
démographie dense sur les côtes correspond aux millions de travailleurs ouvriers et
employés qui œuvrent à faire de la Chine un importateur et un exportateur de premier rang,
qui, en participant à la production de masse, en se déplaçant et en consommant plus que les
ruraux de l’Ouest, rejettent le plus de CO2 par habitant en 2009. Les figures 8, 9 et 10
montrent que les zones de la Chine les plus denses, les plus polluantes et les plus riches
sont les mêmes, permettant de mettre en évidence une relation forte possible entre la
densité démographique, le développement économique et les dégradations
environnementales.
255
NGO, N-N., 2006, « Chine : bilan social contrasté d’un formidable essor. », Banque Nationale de Paris-
Paribas, Conjoncture, page 2
63
Figure – 8
Densité démographique par région administrative en 2009
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, op. cit.
Figure – 9
Rejets de CO2 par région administrative en 2009
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, op. cit.
64
Figure – 10
PIB par régions administratives en 2009
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010, op. cit.
Ainsi, on peut affirmer qu’avec le développement économique et l’enrichissement des
Chinois, les externalités environnementales progressent.
4. Les changements climatiques
L’essentiel de notre travail porte sur les problèmes environnementaux de la Chine.
Cependant, nous pensons qu’il est pertinent d’aborder brièvement la question des
changements climatiques. Tout d’abord, parce que les effets de celui-ci se font sentir en
Chine depuis longtemps256. Ensuite, la Chine, au regard de son développement économique,
participe considérablement au réchauffement global de la planète. Enfin, au-delà des
dysfonctionnements environnementaux traditionnels étudiés au sein du corpus théorique de
la sécurité environnementale, la problématique des changements climatiques induits par
l’émission des gaz à effet de serre s’impose comme la future menace à l’environnement et à
la société chinoise tant ses effets seront disproportionnés257.
256
HE Y. et Y. ZHANG, 2005, « Climate change from 1960 to 2000 in the Lancang River Valley, China. »,
Mountain Research and Development, Vol. 25, N° 4, page 341 257
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, « Climate change and conflict », I.C.G.
65
Depuis les années 1960, les observations indiquent que les températures moyennes en
Chine augmentent continuellement258. En 2000, 2002 et 2006, la Chine a connu les pires
sécheresses depuis cinquante ans259.Par ailleurs, la majeure partie des études scientifiques
sur le sujet des changements climatiques estime que les effets sur les sociétés pourraient,
dans une certaine mesure, contribuer à l’émergence de conflits violents260. Les premières
victimes seront les personnes fragiles de nos sociétés, à savoir les femmes et les enfants, les
pauvres et les personnes âgées261. Les effets des changements climatiques seraient
multiples, à la fois environnementaux, sociaux et économiques, puis probablement,
politiques262, se traduisant en externalités sur les sécurités alimentaire, sanitaire,
économique, sociale et politique263. Les effets touchent l’ensemble de la variable
environnementale chinoise. Que cela soit la baisse de la production alimentaire264, de la
stérilité des graines265, des ressources halieutiques266, ou les hausses de l’érosion, de la
désertification et des terres infertiles267, de la détérioration des terres arables268, des bancs de
sable et des marais269, de la salinisation des sols270 et des nappes phréatiques271, des stress
hydriques272, des inondations urbaines273 et des zones côtières – menacées par la montée du
258
ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 34 259
Ibid. 260
Ibid. 261
LARSON, M. J., 2002, « Transforming Power Relationships: Building Capacity for Ecological Security »,
Gender and Development, Vol. 10, N° 2, Climate Change, pages 92-101 262
ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 36 263
DOUGLAS, I., 2009, « Climate change, flooding and food security in south Asia », Springer Science +
Business Media B.V. & International Society for Plant Pathology, Food Security, Vol. 1, N° 2, 9 pages 264
XIONG, W., LIN, E., JU H. et Y. XU, 2007, « Climate change and critical thresholds in China’s food
security. », Climatic Change, Vol. 81, N° 2, page 17 265
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, op. cit., page 2 266
Ibid. 267
Ibid. 268
ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 41 269
TRACY, A. TRUMBULL K. et C. LOH, 2007, « L’impact de l’évolution climatique à Hong Kong et dans
le delta de la rivière des Perles. », Perspectives chinoises, N° 1, Réchauffement climatique : l'enjeu chinois,
page 22 270
Ibid. 271
Ibid. 272
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, op. cit., page 1 273
ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 41
66
niveau des mers274 – et des accidents climatiques, les effets seront pour la Chine : hors de
prix.
Selon la littérature, les effets économiques, sociaux et politiques seront majeurs
pour la société chinoise275. Ces externalités ressembleront probablement à des déplacements
de population, des risques de conflits276, des développements des maladies277 (extension des
zones infectées par certaines maladies à vecteurs comme la malaria278), des pertes
économiques (estimations récentes de la Banque mondiale, une augmentation du niveau de
la mer de un à cinq mètres réduirait le PIB chinois de 2,4% et 10,8%279), des inondations
des terres agricoles280… Concrètement, ces prévisions alarmantes concernant les
changements climatiques sont relayées par les estimations du GIEC qui prétend qu’en «
2050, les décès dus à la canicule à Shanghai seraient de 3,6 à 7,1 fois plus importants
qu’aujourd’hui281. ».
Les atteintes à la sécurité sanitaire Section 4.
1. Le lien entre l’environnement et la santé
Les atteintes à la sécurité sanitaire peuvent avoir plusieurs origines et
l’environnement en est une relativement complexe, alliant la surexploitation des ressources,
la mauvaise redistribution et surtout la dégradation des ressources environnementales
nécessaires à la santé des individus282.
Les autorités chinoises n’en font pas mystère, et le constat dressé par les observateurs
extérieurs est plus alarmant encore que ne l’est le discours officiel : la croissance
chinoise est un processus à haut risque : eaux souterraines polluées dans 90% des
villes, alternance des inondations et des sécheresses (situation causée par la
déforestation, et aujourd’hui en partie seulement stoppée), tensions sur les ressources
274
CHEN, Junyong, 1997, « The Impact of Sea Level Rise on China's Coastal Areas and Its Disaster Hazard
Evaluation », Journal of Coastal Research, Vol. 13, N° 3, pages 925 à 930 275
SCHEFFRAN, J., 2009, « The Gathering Storm: Is Climate Change a Threat to Security ? », Security
Index, Center for Policy Studies (PIR Center), Russia, Vol. 15, N° 2, page 23 276
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, Ibid, page 1 277
Ibid., page 2 278
ROUSSET, N., 2007, op. cit., page 41 279
TRACY, A. TRUMBULL K. et C. LOH, 2007, op. cit., page 25 280
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, 2010, op. cit., page 2 281
TRACY, A. TRUMBULL K. et C. LOH, 2007, op. cit., page 22 282
ECONOMY, E. C. et COUNCIL ON FOREIGN RELATIONS, 2004, The river runs black : the
environmental challenge to China's future, Ithaca, N.Y. ; London, Cornell University Press, page 24
67
énergétiques, exploitation des ressources minières dangereuse pour les régions
concernées, dangers de pandémie283.
Que cela soit de la pollution atmosphérique dans les grands centres urbains ou de la
pollution des eaux dans les grandes étendues rurales, chaque année en Chine des centaines
de milliers de personnes sont atteintes, selon plusieurs degrés, de maladies dues à
l’empoisonnement de l’air ou de l’eau, et meurent des suites de leurs intoxications
récurrentes284. Au milieu des années 2000, la Banque mondiale estimait à plus de 300 000
décès par an, causés par la pollution atmosphérique285. Les médecins chinois estiment par
ailleurs que le nombre de cas d’asthmes aurait augmenté de 40 % sur la période 2000 –
2005286. En Chine, l’eau représente trois menaces essentielles, la pénurie au nord du pays,
l’inondation au sud et la croissance des pollutions domestiques et industrielles à l’échelle
municipale et régionale287.
2. Le développement des cancers dus aux pollutions
Entre 1990 et 2007, la Banque mondiale indique que le nombre des décès
prématurés liés à la pollution en Chine, à cause d’un mélange de « outdoor air pollution in
large cities, indoor air pollution from inhaling fumes from coal-burning stoves and cooking
oil as well as cancers and diarrhoea from drinking polluted water », est passé de 400 à plus
de 700 000 annuellement288. Les individus affectés par les cancers du foie et de l’estomac
en milieu rural le furent par contamination des eaux, issue des productions industrielles
locales289. Des études montrent qu’il existe de fortes corrélations entre les pollutions à
l’arsenic présentes dans l’eau, créées par la combustion du charbon, et l’émergence de
maladies graves des habitants290.
In Huangmengying, a village of about 2,400, there have [sic] been 114 cancer deaths
over the past 14 years. The nearby Shaying River is so polluted by industrial waste that
283
VERMANDER, B., 2006, op.cit., page 309 284
WU, C., MAURER, C., WANG, Y., XUE S. et D.L. DAVIS, 1999, « Water Pollution and Human Health
in China », Environmental Health Perspectives, Vol. 107, N° 4 285
VERMANDER, B., 2006, op.cit., page 310 286
SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 549 287
WU, C., MAURER, C., WANG, Y., XUE S. et D.L. DAVIS, 1999, op.cit., page 251 288
SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 548 289
VERMANDER, B., 2006, op.cit., page 310 290
YU G., SUN D. et Y. ZHENG Y, 2007, « Partners Health Effects of Exposure to Natural Arsenic in
Groundwater and Coal in China: An Overview of Occurrence », Environmental Health Perspectives, Vol.
115, N° 4
68
the water is sometimes as black as soy sauce. According to Huo Daishan, an
independent environmentalist, there are more than 20 cancer villages along the river
in Shenqiu County alone. Along some stretches of the Huai River, the death rate is one
third higher than and the cancer rate [sic] twice the provincial average291.
L’analyse de Liu porte sur l’étude du phénomène des maladies cancéreuses en
Chine292. L’auteur parle de l’existence d’une ceinture de villages (cancer-village belt) ayant
des taux de maladies liées aux cancers nettement supérieurs à la moyenne nationale. Par
ailleurs, la figure 11 nous permet de corroborer les observations faites aux sections
précédentes, à savoir la corrélation entre les concentrations économiques, démographiques,
environnementales et les dysfonctionnements sanitaires sur l’aire géographique de l’Est
chinois.
Figure – 11
Répartition géographique de la « cancer-village belt » en 2009
Source : LIU, L., 2010, « Made in China: Cancer Villages. », Environment : Science
and policy for a sustainable development, p. 1-14
Liu apporte plusieurs éléments de réponse quant aux causes supposées des
dégradations sanitaires en Chine293. Selon l’auteur, plusieurs questions peuvent se poser
291
WEN, D. et M. LI, 2007, « China : Hyper-development and environmental crisis », dans PANITCH L. et
LEYS C., 2007, Coming to Terms with Nature : Socialist Register 2007, Socialist Register Anthology, p. 143 292
LIU, L., 2010, « Made in China: Cancer Villages. », Environment : Science and policy for a sustainable
development, Mars-Avril 2010, p. 1-14 293
LIU, L., 2010, op. cit.
69
relativement au phénomène : pourquoi est-il si étendu et pourquoi progresse-t-il si
rapidement ? À ces interrogations, Liu énonce un certain nombre de facteurs causaux
pouvant expliquer les détériorations sanitaires chinoises.
Au premier chef, les politiques de développements et environnementales chinoises
sont défaillantes, principalement à cause de l’ampleur de l’urbanisation, de
l’industrialisation des zones rurales (village industriel) et des dysfonctionnements
administratifs et politiques entre les différents paliers de pouvoir politique étatique. Second
facteur prédominant, les disparités économiques, sociales et politiques aggravent la
problématique des « villages cancers ». Liu explique le processus comme suit :
Due to economic, social, and political disparities, the poor rural people continue their
tradition of drinking water directly from natural sources. The villagers have no
healthcare and rarely do physical exams, so cancer is usually found at a late stage,
and they are too poor to pay for treatments, leading to the high death rate. Compared
to their urban counterparts, the villagers are more likely to be excluded in the
decision-making process when a potentially polluting factory is put in their areas; they
are powerless against the alliance of corporation and government294.
Les autres paramètres influents sont les lacunes en matière de liberté et de
démocratie, la défaillance des systèmes juridiques et judiciaires alliée à la corruption, le
niveau élevé de la densité de population rurale et leur manque de mobilité, la répartition
géographique intérieure des industries polluantes et enfin le phénomène de la
mondialisation économique. Elles sont autant de variables indépendantes ayant une
incidence sur la variable dépendante de la sécurité sanitaire en général et de l’accroissement
des cancers en Chine en particulier295.
3. Le coût économique et la réponse gouvernementale
Ces dégradations de la santé chinoise, causées en partie par les dysfonctionnements
environnementaux, conduisent parallèlement à des coûts économiques et sociaux
considérables. En 2007, la Banque mondiale avançait que le PIB en Chine subissait un coût
de 5,8 % de croissance à cause des pollutions de l’air et de l’eau296. Face aux externalités
sanitaires, Beijing oppose un niveau très faible du système de santé et une couverture
294
Ibid. 295
Ibid. 296
SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 547
70
médicale en constante dégradation. L’OMS estime que le système de santé chinois est l’un
des plus archaïques au monde, le classant en 2001, « […] au 132e rang mondial et au 188e
rang (sur 191) pour l’équité du financement297. ». Enfin, les cadres dirigeants de l’État et
du Parti communiste chinois reconnaissent que les troubles sociaux relatifs aux
dysfonctionnements environnementaux représentent une menace à l’autorité du Parti
communiste chinois et à la stabilité de l’État298.
4. L’émer ence des externalités sanitaires sur la sécurité politique intérieure
Les dommages à la santé constitueraient une des principales sources de
contestations sociales ayant pour origine un dysfonctionnement environnemental entre
1970 et 1990299, phénomène qui se poursuit pour les années 2000.
And China’s minister of public security stated openly, « Incidents [that] broke out over
forests, grasslands, and mineral resources » are among « four factors in social
instability. » ». While many reports suggest that violence over environmental issues is
primarily based in rural areas, accordin to Jun’s study, urban dwellers may be more
willing than rural residents to engage in « blockades, sabotage, and even collective
violence300».
Ainsi, la variable sanitaire est une variable intermédiaire entre la variable
environnementale et la variable politique. Dans la section suivante, il sera étudié plus
profondément la relation causale qui lie la santé au politique.
Les atteintes à la sécurité politique Section 5.
1. Les phénomènes de contestation sociale
La violence politique des guerres (internes et externes) ainsi que la violence des
mouvements sociaux et religieux sont récurrentes dans l’histoire de la Chine301.
L’enrichissement général des Chinois suivi de l’augmentation des inégalités de richesse
entre les plus riches et les plus pauvres, la pérennisation de l’autoritarisme politique et de la
complexité politique du système chinois (imbrication des pouvoirs militaires, politiques et
économiques) sont des facteurs de la contestation sociale en Chine. À travers elle,
297
NGO, N-N., 2006, op. cit., page 5 298
ECONOMY, E. C. et COUNCIL ON FOREIGN RELATIONS, 2004, op.cit., page 89 299
Ibid., page 85 300
Ibid., page 88 301
GERNET, J., Le monde chinois, Paris, Armand Colin, 699 pages
71
s’exprime toute une série de conflits sociaux entre les élites politiques et les citoyens, et de
conflits socio-économiques entre les élites économiques et les travailleurs chinois.
Rapid socioeconomic development causes a rapid expansion in popular economic and
political demands. When citizens have not learned how to voice demands through the
available political and legal channels, or if those channels are clogged or
underdeveloped, frustration inevitably spills over into the streets. Socioeconomic
change may generate these underlying demands and clashes of social interest, but it is
usually government failures that cause these contradictions to turn antagonistic and
dangerous302.
Les conflits peuvent dégénérer en intensité et en violences extrêmes entre les
citoyens et les autorités publiques. En Chine, le phénomène est appelé « mass incidents » et
représente plusieurs degrés d’intensité sur l’échelle sécuritaire des autorités politiques.
Dans une recherche de précision du concept de « mass incidents », le chercheur chinois
Tianjie Ma précise le phénomène et mentionne les huit catégories de contestations sociales
entrant dans la définition officielle du terme par les autorités chinoises303. L’auteur parle des
pétitions collectives à grande échelle, des rassemblements illégaux, des protestations et des
manifestations impliquant un grand nombre de participants, des grèves illégales, des
atteintes matérielles aux biens du Parti communiste chinois, du gouvernement et des
administrations, des blocages des lignes de transport, de l’obstruction collective aux
principaux projets administratifs de construction, des groupes violents pratiquant des
enlèvements de fonctionnaires et, toutes autres activités pouvant nuire à l’ordre public.
Toutefois, il est ardu de mesurer l’ampleur des contestations sociales et leur intensité.
Les autorités chinoises sont les seules à délivrer les données réelles et le font avec
beaucoup de parcimonie. Il faut souligner qu’au regard de la structure hiérarchique et
bureaucratique chinoise ainsi que de ses dimensions et de ses pratiques, il est probable que
les marges d’erreur dans les données collectées sur le terrain soient importantes.
Par ailleurs, les autorités politiques sont au premier chef dépendantes de la stabilité
politique interne. En ce qui concerne, les statistiques officielles, le pouvoir central est
moins sensible au nombre de manifestations sociales qu’à leur taille, leurs degrés
302
TANNER, M. S., 2004, « China rethinks unrest », The Center for Strategic and International Studies and
the Massachusetts Institute of Technology, The Washington Quarterly, Vol. 27, N° 3, page 146 303
MA, T., 2009, op. cit., page 34
72
d’organisation304, l’ambition des demandes sociales et le degré de violence305. En 2004,
Tanner indiquait que « The most obvious signs are reports by security officials indicating a
clear trend toward larger and larger demonstrations, many involving hundreds, thousands,
or even tens of thousands of protestors306. ».
Aussi peu fiables que puissent être les sources et les données provenant de la Chine
pour des événements si critiques pour le parti unique, les données participent à la
compréhension des mécanismes causaux en observant leurs tendances. D’autre part, en
dépit des efforts des autorités politiques à vouloir tout contrôler, ces mêmes autorités ne
peuvent pas exercer un contrôle absolu sur plus de 1,3 milliard d’habitants. Ainsi, Beijing
ne peut tout simplement que minimiser ou retenir à la source des données peu flatteuses en
termes de sécurité civile, politique et sociale. Dans le tableau ci-dessous, des chercheurs,
des journalistes et des citoyens de la Chine ont recensé les différents chiffres d’État que le
gouvernement central ou les instances régionales ont rendu public ces dernières années.
304
Ibid., page 141 305
Ibid., page 140 306
Ibid., pages 140 – 141
73
Tableau – 15
Incidents de masse
Années Manifestations
de masse
Croissance
annuelle en
%
Années Manifestations
de masse
Croissance
annuelle
en %
1995 a 11000 10,00 2003
a 58000 15,08
1996a 12000 9,09 2004
a 74000 27,59
1997a 15000 25,00 2005
a 87000 17,57
1998a 25000 66,67 2006
b 90000 3,45
1999a 32000 28,00 2007
c 80000 -11,11
2000a 40000 25,00 2008
c 120000 50,00
2001 45200 13,00 2009b 90000 -25,00
2002a 50400 11,50 2010
c 180000 100,00
Sources : a KEIDEL, A. et CARNEGIE ENDOWMENT, 2006, « China's social unrest : the
story behind the stories », Washington, International Peace., Vol. 48, page 13 ; b HAYS, J.,
2012, « Protests and demonstrations in China : The tensions and methods behind them. »,
Facts and details
Le graphique suivant illustre clairement la progression des troubles sociaux en
Chine de 1995 à 2010. En remettant en perspective les événements de la place Tiananmen
en 1989, peut-on supposer que le développement économique de la Chine suscite du
mécontentement social chez les Chinois ? Ce processus se traduit directement à travers
l’activité économique (paupérisation, chômage, conditions de travail, salaires) proprement
dite, l’activité politique (absence d’évolution politique libérale et démocratique positive,
répression, contrôle étatique, corruption, défaillance de gouvernance…) et indirectement
par les externalités environnementales (santé, énergie, alimentation, habitat…).
74
Figure – 12
Évolution des incidents de masse entre 1995 et 2010
Source : Annexe A, Tableau – 16
Information, encore plus jalousement gardée par le gouvernement central, le spectre
des causes des incidents de masse est hétéroclite. Quelle est la part de l’économie, du
politique, du social et surtout de l’environnemental dans les volontés motrices de la
contestation et de la violence sociale en Chine ?
Les manifestations sociales d’origine environnementale croissent depuis les années
2000307. Entre 2003 et 2005, la part relative des problématiques environnementales sur
l’ensemble des incidents de masse représenterait entre 53 et 60 %308. Ma et Schmitt
rapportent que lors d’un « […] un entretien récent, Zhou Shengxian, directeur de la SEPA,
a admis que le nombre des incidents collectifs liés à l’environnement avait augmenté à un
rythme de 29 % par an ces dernières années ; Zhou n’a pas donné les chiffres de toutes les
années récentes, mais il a donné les chiffres de 2005, mentionnant 51 000 incidents liés à la
pollution de l’environnement309 ». Si l’on rapproche les chiffres apportés par Keidel en
2005 – 87 000 incidents de masse – et les 51 000 de Zhou Shengxian, alors on peut estimer
307
VERMANDER, B., 2007, op. cit., page 83 308
MA L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., page 104 309
Ibid.
75
que les incidents sociaux ayant aux origines des dysfonctionnements environnementaux
représenteraient 58 % des incidents de masse. Ce résultat correspondrait à la fourchette
donnée par Ma et Schmitt.
Ces informations sont majeures dans le sens où on peut émettre l’hypothèse qu’au
moins une contestation violente sur deux aurait pour origine le facteur environnemental en
Chine pour la période de 2000 à 2009. Par ailleurs, l’on sait que les contestations du peuple
chinois sont de plus en nombreuses et de plus en plus violentes, qu’elles représentent par
conséquent une menace à la sécurité politique interne chinoise. Devant l’impossibilité de
connaître le volume exact des contestations sociales d’origine environnementale, nous
avons cherché des exemples précis de violences sociales ou de contestations pacifiques. Les
médias chinois et occidentaux ainsi que les chercheurs opérant en Chine rapportent
régulièrement des faits précis de ce type de manifestation sociale. À titre d’exemple, le
tableau 17 (« Voir Annexe A ») illustre notre démarche où l’année, la localisation, la nature
et l’origine de l’événement sont enregistrées.
2. Les acteurs
Les acteurs des violences sociales en Chine sont en premier lieu ; les pauvres, « la
corruption, l’inégalité fiscale et des revenus, les conditions de travail, les expropriations, les
abus de pouvoir sont les principaux griefs des faibles contre les puissants310. ». Le plus
souvent, les ruraux et les agriculteurs sont les derniers maillons de la chaîne des bénéfices
du développement économique chinois et les premiers de la chaîne de production de la
richesse chinoise. Ceux-ci sont les victimes du développement national, en subissant par
exemple les « […] expropriations illégales de terres (34 millions d’agriculteurs ont perdu
tout ou partie de leurs terres entre 1987 et 2001 […]311. ».
Cependant, la contestation sociale élargit sa base militante en incorporant de plus en
plus la classe moyenne qui a trouvé ici, une voie pour véhiculer ses frustrations312. Celle-ci
310
ROCCA, J-L., 2010, Une sociologie de la Chine, La Découverte, Paris, page 62 311
MA L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., page 101 312
ECONOMY, E. C., 2011, « Panel 1 : Roots of Protest and the Party Response. », Council on Foreign
Relations, Washington, allocution présentée devant la U.S.-China Economic and Security Review
Commission, U.S. Senate/U.S. House of Representatives, First Session, 112th Congress, 2011, page 1
76
considère qu’elle a le droit elle aussi de bénéficier d’un air et d’une eau ainsi que d’une
terre sains afin de protéger leurs qualités de vie. Certains observateurs internationaux, tels
que le National Intelligence Council, organe scientifique de recherche et de renseignement
public américain, estiment que la légitimité du Parti communiste chinois est remise en
cause par ses défaillances dans la gestion de la crise environnementale qui secoue la
Chine313.
3. Les formes de la contestation sociale environnementale
Les formes sont multiples et ne dépendent que de l’imagination des citoyens chinois
confrontée à celle des autorités politiques responsables de la répression et du contrôle des
masses chinoises. La littérature et les rapports de presse font état de plaintes, de pétitions,
de manifestations, d’émeutes et de crimes en tout genre. Les manifestations sociales en
Chine prennent, souvent et très rapidement, des proportions inquiétantes tant les volumes
de populations sont importants et la violence exacerbée :
After trying for two years to get redress by petitioning local, provincial, and even
central government officials for spoiled crops and poisoned air, in the spring of 2005,
30,000-40,000 villagers from Zhejiang Province swarmed 13 chemical plants, broke
windows and overturned buses, attacked government officials, and torched police cars.
The government sent in 10,000 members of the People’s Armed Police in response.
The plants were ordered to close down, and several environmental activists who
attempted to monitor the plants’ compliance with these orders were later arrested314.
En 2011, dans la province du Jiangxi, se sont déroulées des manifestations
violentes. Le blocage durant des mois de l’entrée de la Longsen Industrial Company par
12 000 personnes a conduit à la fermeture forcée de l’usine pétrochimique de Fujia. Lors
des manifestations contre les dégradations environnementales des eaux, des ressources
halieutiques et agricoles, des centaines de policiers armés sont intervenus315. Autre exemple,
en 2006, dans la province du Gansu, un homme provoque un attentat terroriste avec une
bombe dans un tribunal, tuant cinq personnes et en blessant vingt-deux. Le contentieux
tournait autour de l’enjeu de l’expropriation des terres d’un agriculteur chinois. Merviö
313
NATIONAL INTELLIGENCE COUNCIL, 2008, op. cit., page 61 314
MA, T., 2009, op. cit., page 38 315
PARTI SOCIALISTE DE LUTTE, 2011, « Chine: Au Jiangxi, une seconde protestation majeure contre la
pollution en moins d’une semaine. », P.S.L., Chinaworker.info
77
précise en 2007 que les graves pollutions de l’eau mobilisent facilement la contestation
jusqu’à la violence316.
Toutefois, pour l’ensemble des incidents sociaux, au moins quelques dizaines de
milliers par année, la connaissance exacte de l’ampleur des incidents demeure le privilège
des autorités politiques chinoises317. Keidel affirme, quant à lui, que ces incidents
proviennent des réformes et des niveaux de croissance du développement économique318.
Mais les réformes de l’économie ne suffisent pas à expliquer les violences319. Une bonne
partie d’entre elles est issue des expropriations illégales et des saisies de terres agricoles.
Les compensations pour les expropriations et saisies sont généralement insuffisantes, voire
inexistantes320. Economy, en 2011, estimait que les expropriations et les « Land disputes are
particularly common; they are reportedly responsible for up to 65 percent of all protests.
[…] In some instances, local officials expropriate land illegally; in others, they fail to
compensate citizens adequately321.
Pour d’autres, tel que Saich, il n’est pas surprenant de voir l’explosion des
contestations sociales en Chine, lorsque l'approche gouvernementale incite les Chinois à
transgresser les lois, par l’absence de moyen d’expression efficace des doléances des
citoyens322. L’auteur prétend que dans la réalité chinoise, les citoyens ne peuvent que se
radicaliser devant la corruption et la répression des politiques. Les voies officielles,
contrôlées par la bureaucratie du parti local, paralysent les canaux des plaintes
environnementales ou sociales323. Les citoyens chinois finissent de plus en plus par recourir
à la violence et à des moyens extra-légaux tels que les manifestations et les grèves324.
316
MERVIÖ, M., 2007, « Water security in Northeast Asia : Coping with global water issues. », dans HYUN,
I-N. et M. SCHREURS, 2007, The Environmental Dimension of Asian Security: Conflict and Cooperation
Over Energy, Washington, DC., Resources, and Pollution, United States Institute of Peace, page 148 317
KEIDEL, A. et CARNEGIE ENDOWMENT, 2006, op. cit., pages 1 à 10 318
Ibid. 319
Ibid., page 3 320
Ibid., pages 1 à 10 321
ECONOMY, E. C., 2011, op. cit., page 2 322
SAICH, T., 2006, « China in 2005: Hu's in Charge », Asian Survey, Vol. 46, N° 1, pages 43 à 44 323
Ibid., pages 37 à 48 324
Ibid.
78
4. Le gouvernement central face aux phénomènes
Les autorités politiques à travers les différents organes de sécurité notent, depuis
des années déjà, que les protestataires et les protestations sont de plus en plus nombreux,
appuyés par une logistique mieux organisée325. Selon Elizabeth Economy, le gouvernement
chinois reconnaîtrait un minimum de 90 000 manifestations par an, considérées comme des
incidents de masse durant les trois dernières années326. L’équipe de Hu Jintao qui devrait
laisser sa place en 2012 se sent concernée publiquement par les externalités
environnementales et les mécontentements sociaux327. Sous sa législature en 2005, les
plaintes des citoyens « […] about the environment, expressed on official hotlines and in
letters to local officials are increasing at 30% per annum and were expected to top 450,000
in 2007328. ».
5. La réponse gouvernementale
Certains auteurs déclarent que la Chine souffre d’une défaillance politique
structurelle de la gouvernance où le manque de transparence, de responsabilité politique et
d’état de droit décourage les citoyens329. L’État, quant à lui, oscille entre la répression et la
tolérance contrôlée. Rocca précise que « Les mouvements contre la pollution et ceux des
propriétaires sont tolérés à condition qu’ils en restent à des actions normalisées et limitées
au sujet du conflit330. ».
La Chine reconnaît ses erreurs de développements et les coûts afférents à ceux-ci.
Elle s’inscrit dans un exercice d’équilibre très précaire entre la nécessité de poursuivre le
développement, l’enrichissement de la nation et la préservation de ses richesses naturelles.
Toutefois, certains spécialistes de la sécurité préviennent que la Chine ne pourra contenir
plus longtemps le mécontentement social par la répression ou la croissance économique,
seule la réforme de ses institutions pourrait la prémunir du chaos social331. Le pouvoir
central réitérait en 2003 sa foi dans le développement économique, « Development is the
325
TANNER, M. S., 2004, op. cit., page 137 326
ECONOMY, E. C., 2011, op. cit., page 1 327
SMYTH, R., MISHRA V. et X. QIAN, 2008, op. cit., page 548 328
Ibid. 329
ECONOMY, E. C., 2011, op. cit., page 1 330
ROCCA, J-L., 2010, Une sociologie de la Chine, La Découverte, Paris, page 97 331
TANNER, M. S., 2004, op. cit., page 137
79
fundamental principle, and the key to resolving all problems China is facing. We must
maintain a comparatively high growth rate in our national economy. ». Par ailleurs, le
premier ministre chinois Zhu déclarait que le développement des réformes était tributaire de
l’état des tensions sociales332. Tanner conclue que le gouvernement chinois se trompe en
pensant résoudre les désordres sociaux seulement par la poursuite de la croissance333.
Les atteintes aux autres types de sécurité Section 6.
Dans les années 1990, la proportion des Chinois sous-alimentés était de 16 % et de
11 % au début des années 2000, passant de 193,5 à 142,1 millions334. Ce qui tend à
démontrer que la Chine trouve de nouveaux moyens afin de garantir une amélioration de sa
sécurité alimentaire. D’une part, elle exporte des biens à faible valeur ajoutée, ce qui lui
permet d’importer les ressources alimentaires nécessaires. D’autre part, l’industrialisation
et la modernisation progressives du secteur agricole (machinerie, accès à l’énergie,
traitements chimiques des terres) compenseraient les pertes de production et de productivité
causées par les dégradations environnementales.
Tout d’abord, la facture économique est importante, d’après l’Agence internationale
de l’énergie, la Chine serait à « la tête des pollueurs mondiaux »335 et les pertes de PIB, dues
aux dysfonctionnements environnementaux, s’élèveraient entre 7 et 20 % du PIB annuel, de
1980 à 2000336. Certains prétendent que, la Chine aurait perdu, de 2000 à 2007, entre 8 à 12
% de points de croissance par an à cause de la pollution337. Mais c’est probablement au
niveau de la sécurité personnelle et groupale que les externalités environnementales
s’avèreraient significatives. L’exemple du barrage des Trois gorges est symptomatique de
la situation environnementale et sociale en Chine à travers le phénomène des déplacements
humains ou des réfugiés environnementaux338.
332
Ibid., page 145 333
Ibid. 334
LEE, S-W., 2007, op. cit., page 169 335
MEIDAN, M., 2007, op. cit. , page 69 336
FU, B.-J., ZHUANG, X.-L., JIANG G.-B., SHI J.-B. et Y.-H. LÜ, 2007, op. cit., pages 7597-7602 337
Ibid., page 70 338
HEMING, L., WALEY P. et P. REES, 2001, « Reservoir Resettlement in China: Past Experience and the
Three Gorges Dam », The Geographical Journal, Vol. 167, N° 3, page 196
80
Le projet aurait déplacé plusieurs millions de Chinois, à cause notamment des
inondations des terres pour le réservoir et des centaines d’usines et des dizaines de villages
ont été fermés ou déplacés339. Les conditions de transfert ont été difficiles : « In addition,
many of the rebuilt houses for migrants are located in formerly uninhabited areas in higher
altitudes where human activities and farming may disrupt the fragile natural equilibrium of
the ecological systems340. ». Les personnes déplacées, de condition très modeste, devaient
voir leur sort s’améliorer; toutefois l’exemple de Shanghai est contrasté341. Ainsi, « la
dislocation des réseaux d’entraide, les problèmes de communication avec les locaux et la
difficulté de trouver un emploi non agricole. » ont engendré d’autres problèmes de
sécurité342. Selon Heming, Walley et Rees, deux tiers des dix millions de déplacés par les
infrastructures hydro-électriques vivent toujours au-dessous du seuil de pauvreté343. Pour
eux, les conséquences de la réinstallation des populations déplacées d’un réservoir sont de
trois ordres : appauvrissement économique, instabilité sociale et dégradation
environnementale344. Enfin, les affrontements, entre déplacés et populations d’accueil, sont
souvent très violents, au point d’être mortels345.
Les interactions entre les différentes atteintes aux sécurités Section 7.
Il semble impossible ici d’aborder l’ensemble des interactions potentielles entre les
différentes atteintes aux sécurités sanitaires et sociopolitiques. Elles mériteraient à elles
seules d’autres études spécifiques. L’important est de connaître leur existence.
Le principe est de comprendre, sans que l’on puisse le mesurer précisément, que les
variables sanitaires, politiques, sociales, économiques sont reliées. Une usine chimique
(étape anthropique), qui dégage des toxines dans les systèmes hydriques publics (étape
environnementale) causant la mort des individus et la hausse des cancers (étape sécuritaire)
dans une population donnée en Chine, a au-delà des externalités sanitaires, des coûts
339
GUO, G., 2010, op. cit., page 4 340
Ibid., page 5 341
PADOVANI, F., 2006, « Les déplacés des Trois Gorges. Une arrivée discrète dans la capitale économique
chinoise. », Perspectives chinoises, N° 95, page 11 342
Ibid., page 12 343
HEMING, L., WALEY P. et P. REES, 2001, op. cit., page 199 344
Ibid. 345
Ibid., page 200
81
internes économiques, sociaux et politiques considérables qui, à leur tour, interagissent et
démultiplient l’impact initial.
82
Chapitre 6 - Conclusions
Dans un premier temps, ce travail s’inscrivait dans un corpus théorique déterminé,
mettant en place une chaîne causale entre la notion d’environnement et celle de sécurité.
Les faiblesses apparentes de la théorie de sécurité environnementale apparaissent se situer
dans l’absence d’observations répétées de ces mécanismes causaux dans la réalité, de façon
systématique. Les analyses empiriques seraient, selon certains, insuffisantes et
approximatives pour que l’on puisse reconnaître une quelconque crédibilité scientifique à la
sécurité environnementale en tant que théorie à part entière.
En réponse à ce supposé déficit empirique, ce mémoire se proposait de tester
l’hypothèse qui relie les dysfonctionnements environnementaux aux dysfonctionnements de
sécurité politique, par l’intermédiaire de la sécurité sanitaire, et ceci à travers une étude de
cas sur la Chine. Cette relation, qui paraît avoir été significative dans le passé selon la
littérature scientifique, perdure-t-elle en ce début de siècle et, si tel est le cas, quelle en est
l’ampleur politique et l’assise scientifique ?
Les résultats sont nombreux et complexes, parce qu’ils sont interdépendants. D’une
part, sur la Chine, on peut confirmer que la croissance du système économique produit des
transformations économiques hors-normes. Cette croissance, au pas de charge, est
anarchique et engendre des coûts économiques, sociaux et politiques significatifs. Ce qui
fait dire à certains, que le développement de la Chine au XXIe siècle est loin de répondre au
conceptuel triptyque du développement durable : efficacité économique, intégrité
écologique et équité sociale.
83
En 2007, Wen et Li, dans leur chapitre, China : Hyper-development and
environmental crisis, en viennent à la conclusion suivante :
The current model of economic growth in China is not sustainable. If the current
growth pattern continues, in the not very distant future China may have to struggle
with a major energy crisis, drastic declines in food production, the exhaustion of
usable water resources and an uncontrollable public health crisis, as well as
catastrophic natural disasters. Not only could the Chinese economy stop growing, and
the existing social structure collapse; the potential consequences for the population
could be too horrific to imagine346
.
D’autre part, la poursuite de la croissance démographique, des problématiques
sociales intergénérationnelles (population vieillissante) et de genre (enfant unique, balance
homme/femme), des migrations socio-économiques internes, fragilise la paix sociale
interne de la Chine. Cette fragilité est renforcée par l’enrichissement de millions de Chinois
et l’augmentation exponentielle de leurs capacités de communication.
Politiquement, le système interne chinois demeure campé dans un conservatisme
coercitif en réformation, oscillant entre une ouverture timide ultra-contrôlée et une
fermeture irrationnelle brutale. Les droits de l'homme, les droits sociaux, les concepts de
liberté individuelle, d’expression et d’opposition, de démocratie universelle sont
réinterprétés par les autorités centrales politiques et militaires selon une idéologie
communiste « sino-chinoise », autoritaire et centralisée. Ce statu quo génère une situation
paradoxale où la Chine devient un leader dans certains domaines du développement
durable, tout en continuant de privilégier le développement économique et la paix sociale
au détriment de l’environnement.
Pourtant, c’est cette dernière variable qui subit les dysfonctionnements des autres
précitées (économie, société et politique), par les surexploitations, les gaspillages, les
dégradations et les pillages des ressources. Ces externalités environnementales, en «
feedback », se retournent en direction d’une population trop nombreuse et trop concentrée
sur des aires de vie urbaines et côtières restreintes. Ainsi, on a constaté que
l’environnement en général, avec la croissance de la pollution, le déclin de la biodiversité et
346
WEN, D. et M. LI, 2007, « China : Hyper-development and environmental crisis », dans PANITCH L. et
LEYS C., 2007, Coming to Terms with Nature : Socialist Register 2007, Socialist Register Anthology, page
143
84
les changements climatiques en particulier, est et sera le défi majeur de la Chine de demain.
En 2012, l’environnement chinois est plus dégradé que jamais, sous le poids de la
démographie et du développement. Celui-ci, fragilisé par des siècles de catastrophes
naturelles, de transformations humaines, de conflits, d’exploitations anthropiques massives,
d’urbanisation, de développement démographique et d’industrialisation lourde, est de nos
jours une menace à la sécurité des hommes. Ces derniers persévèrent dans leur choix de
privilégier à outrance le confort vital commun des individus, aux dépens des équilibres
environnementaux, en négligeant les externalités sanitaires et en muselant les externalités
sociales.
L’apathie politique du Parti communiste chinois, l’inertie administrative d’un État
surdimensionné, la complexité des luttes internes de l’appareil d’État, les réflexes répressifs
et coercitifs des autorités centrales expliquent en grande partie que l’environnement en crise
soit l’épée de Damoclès sur la tête dirigeante de la République populaire de Chine,
nonobstant les efforts de Beijing en matière de développement durable.
À notre première hypothèse h1, sur l’évolution d’une relation significative positive
entre la dégradation du contexte environnemental et les dégradations sécuritaires en termes
de santé durant les années 2000 – 2009, nous pouvons rejeter l’hypothèse nulle, en
considérant que sur cette période, la relation a continué d’exister d’une part et qu’elle s’est
démultipliée d’autre part.
Concernant notre seconde hypothèse h2, quant à la relation entre la santé des
Chinois et la sécurité politique interne, l’hypothèse nulle est encore rejetée. Au-delà, des
simples contingences méthodologiques, propres aux études scientifiques sur les pays en
voie de développement en général et la Chine en particulier, il est encore difficile de
mesurer précisément la part de la santé dans la croissance des perturbations sociopolitiques
internes. Nous savons cependant que les perturbations sociales environnementales croissent
parallèlement aux autres, avec l’ensemble des contestations sociopolitiques au régime
politique en place, à ses règles, à ses imperfections et à ses injustices.
Enfin, l’hypothèse h3 voit elle aussi l’hypothèse nulle rejetée, considérant l’ampleur
des manifestations sociales antigouvernementales ayant pour origine les
85
dysfonctionnements sanitaires issus de ceux de l’environnement. Chauqe année, les
manifestations sociales sont de plus en plus nombreuses, violentes et perpétrées par de plus
en plus de personnes. Et même si, il est difficile de connaître tous les impacts de celles-ci
sur la stabilité politique du régime communiste, il n’en demeure pas moins qu’elles
représentent une menace directe au pouvoir politique central. Toutefois, si les déclins de la
biodiversité, les croissances de la surexploitation, de la dégradation et de la captation des
ressources naturelles, mais plus encore, des changements climatiques régionaux majeurs se
pérennisent et s’intensifient, alors le pari économique risque d’être remis en question.
Conséquemment, la situation environnementale menace le « leadership » politique du parti
communiste chinois.
La qualification qui nous apparaît la plus raisonnable et rationnelle est de considérer
que la sécurité environnementale est un phénomène critique en 2012. Celui-ci est en Chine
(1) un phénomène politique intra-étatique réel (2) en pleine croissance, (3) représentant une
menace à la sécurité nationale de la Chine, (4) sensible à la dynamique des changements
climatiques alliée à l’apathie du pouvoir politique. Dans les décennies à venir, le degré
d’intensité de la sécurité environnementale chinoise pourrait se dégrader, en transitant de
l’état intra-étatique à l’état interétatique. Les phénomènes des changements climatiques
sont avec la biodiversité, les clés de la sécurité environnementale de la Chine de demain.
Selon David D. Zhang, Jane Zhang et al., le facteur environnemental a été sous-
estimé et reprenant les résultats de Webster, ils affirment que l’état de conflit interne
violent est un « choix écologique adaptatif » dans un contexte de croissance démographique
et de restriction à l’accès aux ressources347. S’appuyant sur les relevés historiques, les
auteurs mettent en lien les dysfonctionnements environnementaux et plusieurs
soulèvements paysans et guerres civiles en Chine348.
Le gouvernement chinois se trouve probablement à un tournant essentiel pour l’avenir
du régime politique communiste tel qu’il est aujourd’hui. Les détériorations de
l’environnement chinois pourraient aboutir à un effondrement environnemental qui, par ses
347
Ibid., page 403 348
Ibid., page 405
86
externalités, saperait la stabilité politique, sociale et économique de la Chine, en brisant sa
trajectoire de puissance. La Chine réfléchit à ses priorités en termes de développement
économique et sociétal, à recadrer ses intérêts nationaux, afin que l’environnement, qui fut
sa richesse dans l’histoire, ne devienne pas son impasse. Par le passé, la Chine a connu des
renversements successifs de dynasties, par des jacqueries paysannes, ayant subi des
perturbations climatiques sévères (les Tang, les Song, les Yuan, les Ming)349.
Les avenues possibles pour améliorer sa situation globale en termes de sécurité
nationale sont nombreuses et à explorer. Accroître ses efforts en matière de développement
durable en améliorant l’efficacité économique, en préservant l’intégrité écologique et en
respectant l’équité sociale serait un objectif louable.
Concernant la recherche scientifique, il reste encore un certain nombre d’opportunités.
Premièrement, les études environnementales globales sur la Chine sont toujours
incomplètes, tant les échelles matérielles et humaines sont disproportionnées.
L’accessibilité aux données n’est pas encore totalement disponible et leurs transparences ne
sont pas toujours garanties. Ensuite, les données, concernant les violences sociales ayant
des relations avec un dysfonctionnement environnemental d’origine anthropique, ont une
fiabilité relative, malgré les initiatives de certains chercheurs ou citoyens chinois à vouloir
collecter les données relatives aux manifestations sociales. La recherche de nouveaux outils
de mesure semblerait être une voie pertinente pour le champ des théories de sécurité
environnementale.
349
MA L. et F. G. SCHMITT, 2008, op. cit., page 105
87
Ainsi, je voudrais achever ce mémoire avec les mots de Payne qui nous rappelle que la
meilleure des sécurités est celle qui privilégie une relation harmonieuse, équilibrée et
constructive entre l’Homme et son environnement :
In traditional Chinese philosophy wise leadership was predicated on achieving a
balanced approach to the human-nature relationship known as Tian Ren He Yi –
harmony between heaven and humankind. The values of moderation and adaptation
meant that sustainable forms of agriculture, forestry management, and the protection
of endangered species were in evidence centuries ago350.
Néanmoins, certains énoncent que le « management global » pour l’environnement
est chose impossible tant les barrières économiques et politiques sont insurmontables351.
Pour la Chine, en 2012, cette observation demeure une réalité atavique, malheureusement
pour elle et pour nous.
350
MORTON, K., 2008, op. cit., 351
PAYNE, R. A., 1998, « The Limits and Promise of Environmental Conflict Prevention: The Case of the
GEF », Journal of Peace Research, Vol. 35, N° 3, Special Issue on Environmental Conflict, page 364
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101
Annexes
Annexe A – Tableaux
Tableau – 1
Données brutes des indicateurs associés aux variables indépendantes et dépendantes
Variables indépendantes
Variables Croissance
économique Démographie Pollution Gouvernance
Indicateurs
PIB
(Milliard $
cad)
Population
(Million
habitant)
Déchets
industriels
gazeux
(Milliard
m³)
Efficacité
gouvernemen
-tale (Rang
percentile sur
100)
2000 1 421 1 267 13 814 53
2001 1 743 1 276 16 086 54a
2002 1 913 1 284 17 525 55
2003 2 159 1 292 19 890 55
2004 2 541 1 299 23 769 56
2005 2 940 1 307 26 805 50
2006 3 439 1 314 32 811a 59
2007 4 225 1 321 38 816 63
2008 4 992 1 328 40 386 60
2009 5 413 1 334 43 606 60
Variables dépendantes
Variables Sécurité sanitaire Sécurité politique
Indicateurs Cancers (% total décès)
Personnes poursuivies pour
atteinte à la sécurité
publique
2000 21 45 022
2001 21 61 909
2002 22 60 990
2003 25 62 543
2004 24 77 261
2005 22 83 800
102
2006 26 90 367
2007 27 98 159
2008 26 100 195
2009 26 94 329
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a Données manquantes remplacées par la méthode d’imputation de données manquantes
de la moyenne arithmétique des deux scores inférieur et supérieur contigus.
Tableau – 2
Données standardisées du tableau 1 en score - Z
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
PIB -1,25 -1,01 -0,88 -0,69 -0,41 -0,10 0,27 0,86 1,44 1,76
Population -1,65 -1,23 -0,85 -0,48 -0,15 0,22 0,55 0,88 1,21 1,49
Déchets
industriels
gazeux
-1,31 -1,09 -0,95 -0,72 -0,35 -0,05 0,53 1,11 1,26 1,57
Efficacité
gouvernementale -0,93 -0,68 -0,43 -0,43 -0,17 -1,69 0,67 1,80 0,91 0,94
Cancers -1,25 -1,28 -0,91 0,63 -0,11 -1,14 1,02 1,24 1,05 0,76
Personnes
poursuivies pour
atteinte à la
sécurité publique
-1,81 -0,87 -0,92 -0,83 -0,01 0,35 0,72 1,15 1,27 0,94
24
Tableau – 17
Protestations sociales d’ori ine environnementale
Années Province Formes Externalités Origines
2000 Shandonga Émeutes paysannes Pénurie d’eau
2000 Nordb
Manifestations Violences aux forces de police Milliers de paysans Captation de l’eau : réservoirs à des villes et à
l’industrie plutôt qu’à l’irrigation
2001 Yunnanc Manifestations Contre l’entreprise Dadong industries
Empoisonnement industriel à l’arsenic et à la
fluorine
2003 Yunnand Plaintes
3000 habitants
Contre un projet hydro-électrique de la Manwan
Huaneng Power company
Captation, dégradation et surexploitation de l’eau
2004 Sichuane
Pétition publique Contre le Nu River Project, ONG Green Earth
Volunteers Captation, dégradation et surexploitation de l’eau
2005 Guandongf Manifestations
Répression à balle réelle Expropriation d’agriculteurs
20 morts
300 agriculteurs manifestant
Captation, dégradation et surexploitation de
l’eau : l’implantation d’une centrale électrique
2005 Zheijiangg Manifestations Empoisonnements : 2 morts 60 000 personnes
Dégradations environnementales chimiques et
défaillances politiques
2005 Zheijiangh Manifestations
20000 paysans, 3000 policiers, 30 blessés
Empoisonnement des enfants
Dégradations environnementales des sols et des
eaux
2005 Zheijiangi Action en justice + 300 personnes
Dégradations environnementales : centrale
énergétique aux déchets toxiques
2005 Zheijiangj
Émeutes
Prise d’otage
1000 ouvriers pris en otage
X centaines
Dégradations environnementales : usine Tianneng
Battery company
2005 Zheijiangk Manifestations X milliers
Dégradations environnementales de l’eau : usine
pharmaceutique
2005 Zheijiangl Manifestations Encerclement
Confédération populaire de plusieurs villages
Arrestations et blessés
Dégradations environnementales : une usine de
production électrique
2005 Zheijiangm
Manifestations violentes 13 usines chimiques vandalisées
30 à 40 000 manifestants
Dégradations environnementales atmosphériques :
usine chimique
2005 Zheijiangn Révolte populaire
Taux de cancers alarmants
X milliers Dégradations environnementales
2006 Gansuo
Attentat terroriste avec bombe
dans un tribunal
5 morts
22 blessés
Captation des sols : agriculteur dans un
contentieux de terres
104
2006 Fujianp Attaques d’usine
Destruction de matériel
X centaines
Dégradations environnementales de l’eau et de
l’air
2006 Fujianq
Protestations pacifiques Blocage autoroute
X centaines
Dégradations environnementales de l’eau et de
l’air : usine de transformation chimique
2007 Fujianr Protestations pacifiques Entre 7 et 20 000 personnes
Dégradations environnementales : projet
industriel pétrochimique
2007 Guangxis Attaque d’usine (plan) de
fabrication de pâte à papier
Arrestations
1 dizaine de paysans
Dégradations environnementales : intoxication
des terres agricoles, stérélisation des sols
2009 Guangzhout Protestations contre un plan
d’usine d’incinération Captations environnementales
2010 Jiangxiu
Manifestations violentes
Répressions policières
2 femmes battues et plongées dans le comma
Dégats matériels, 3 voitures de police retournées
X milliers de manifestants
Captations environnementales
2010 Jilinv
Campagne de bloggers X milliers
Contre les autorités officielles et leurs rapports
Dégradations environnementales : gestion de l’eau
embouteillée
2010 Guangxiw Manifestations violentes
Milice d’entreprise avec bâtons
3 morts
X blessés
10 000 personnes
Dégradations et captations environnementales de
l’eau et des sols : plan d’implantation d’autoroute.
2011 Jiangxix
Manifestations
État de violence policière
Manifestants battus
Fermeture forcée de l’usine pétrochimique de Fujia
Blocage durant des mois de l’entrée de la Longsen
Industrial Company
12 000 personnes
X centaines de policiers armés
Dégradations environnementales des eaux, des
poissons et des récoltes : usine chimique polluante
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24
Annexe B – Graphiques des évolutions des indicateurs
Figure – 5
Produit intérieur brut de la Chine entre 2000 – 2009
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Figure – 8
Population de la Chine entre 2000 – 2009
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China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3
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Figure – 13
106
Déchets industriels gazeux de la Chine entre 2000 – 2009
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3
janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata
Figure – 14
Efficacité gouvernementale de la Chine entre 2000 – 2009
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B.M., [En ligne], (pages consultées le 3 janvier 2012),
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107
Figure – 15
Proportion des décès dus aux cancers en Chine entre 2000 – 2009
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3
janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata
Figure – 16
Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique en Chine entre 2000 – 2009
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3
janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata
108
Figure – 17
PIB / Cancers
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
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Figure – 18
Population / Cancers
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3
janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata
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Figure –19
Émissions des déchets industriels gazeux / Cancers
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3
janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata
Figure – 20
Efficacité gouvernementale / Cancers
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3
janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata
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Figure – 21
Cancers / Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique
Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, «
China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing, [En ligne], (pages consultées le 3
janvier 2012), http://www.stats.gov.cn/english/statisticaldata/yearlydata
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Annexe C – Notes explicatives
Note – 1
Information sur le cancer
Quelle est la cause du cancer ?
Le cancer apparaît à partir d’une seule cellule. La transformation d’une cellule normale en
cellule tumorale est un processus passant par plusieurs étapes. Il y a classiquement une
évolution vers une lésion précancéreuse puis vers une tumeur maligne. Ces modifications
proviennent des interactions entre les facteurs génétiques propres au sujet et des agents
extérieurs pouvant être classés en trois catégories : les cancérogènes physiques, comme le
rayonnement ultraviolet et les radiations ionisantes; les cancérogènes chimiques, comme
l’amiante, les composants de la fumée du tabac, l’aflatoxine (contaminant des denrées
alimentaires) ou l’arsenic (polluant de l’eau de boisson); les cancérogènes biologiques,
comme des infections dues à certains virus, bactéries ou parasites.
Par le biais de son institution spécialisée, le Centre international de Recherche sur le Cancer
(CIRC), l’OMS tient à jour une classification des agents cancérogènes.
Le vieillissement est un autre facteur fondamental dans l’apparition du cancer. On observe
en effet une augmentation spectaculaire de l’incidence avec l’âge, très vraisemblablement
due à l’accumulation des risques de cancers spécifiques tout au long de la vie, conjuguée au
fait que les mécanismes de réparation tendent généralement à perdre de leur efficacité avec
l’âge.
Source : ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ, 2012, « Cancers. », Aide-mémoire n° 297, O.M.S.,
[En ligne], (pages consultées le 13 mars 2012),
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs297/fr/index.html#