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Le Chalcolithique de Mauritanie (3000-2500 calB.P.) Etat de la question

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Le Chalcolithique de Mauritanie (3000-2500 calB.P.) '" Etat de la question Robert VERNET * Riassunto Nel Sahara, il Calcolitico è presente in due regioni, il Niger, dove è poco conosciuto, e la Mauritania, dove la massa di dati è notevole. Nella prima metà deI primo millennio a.C., si sono ricavate grandi quantità di rame dalle miniere situate nel massiccio dell'Akjoujt, nella parte occidentale della Mauritania, e trasformate in utensili, armi e monili. Si conoscono 3000 oggetti - per un peso di circa 60 kg. Si puo quindi presumere che la produzione sia stata molto superiore. Si ignora quasi tutto dei minatori e degli artigiani che risiedevano attor- no all'Akjoujt. La loro produzione è stata esportata in tutta la regione, dalla costa atlantica, in particola- re nella zona di Nouakchott nella Mauritania orientale, 000 a remote località nel Sahara settentrionale e a sud verso il fiume Sénégal. Ad oggi non si conosce ancora alcun collega- mento concreto con il Marocco, dove l'età deI Rame, sotto l'influenza della Spagna meridionale, è più antica, e con il Niger, nella stessa epoca. Non si conosce nulla nemmeno della sorte dei minatori di Akjoujt in un periodo, circa 2500 anni fa, in cui il ferro era già ben presente nel sud deI Sahara e nel Sahel. Summary In the Sahara, the Chalcolithic is present in two regions, Niger, where if is Uttle known, and Mauritania, where the mass of data is consid- erable. ln the first half of the first millennium BCE, large amounts of copper were extracted from mines in the Akjoujt mountains, western Mauritania, and transformed into tools, weapons and jewelry. 3000 objects are known - for a weight of approximately 60 kg. We can there- fore assume that the production was much higher. Hardly anything is known about the miners / metal- workers settled around the Akjou- jt. Their production was exported throughout the region, from the Atlantic coast, particularly around Nouakchott in eastern Mauritania, to remote areas of northern Sahara and down to the Senegal River. As yet no actual connection with Mo- rocco is known, where an older Cop- per Age exists because of the influ- ence of southern Spain, and with Niger in the same period. Nothing is known of the fate of the Akjoujt miners either, about 2500 years aga, at a time when iron was already present in the southern Sahara and the Sahel. Résumé Dans le Sahara, le Chalcolithique est présent dans deux régions, le Niger, où il est mal connu, et la Mauritanie, la masse de données est considé- rable. Dans la première moitié du premier millénaire RC.E., de grandes quantités de cuivre-métal ont été obtenues, à partir de mines situées dans le massif d'Akjoujt, en Mauri- tanie occidentale, et transformées en outils, armes et éléments de parure. 3000 objets sont connus pour envi- ron 60 kg. On peut donc supposer une production bien plus considérable. On ignore à peu près tout des mineurs! métallurgistes, installés autour d'Ak- joujt. Leur production a été exportée dans toute la région, du littoral atlan- tique, en particulier dans la région de Nouakchott, à l'est de la Mauritanie, et des lointaines régions du Sahara septentrional au fleuve Sénégal. On ne connaît pas pour l'instant aucun lien concret avec le Maroc, où un âge du cuivre plus ancien existe, influencé par l'Espagne du Sud, et avec le Niger à la même époque. On ne sait égale- ment rien du devenir des mineurs d'Akjoujt, il y a environ 2500 ans, à une époque où la métallurgie du fer est déjà bien présente dans le Sahara méridional et le Sahel. À la fin du Néolithique, dans le Sahara méridional, le cuivre est connu à la fois au Niger et en Mauritanie. Des travaux conséquents ont été menés dans les années 1960/80 (N. Lambert, D. Grebenart, J.P. Roset et F. Paris), après que des pionniers, comme R. Mauny, aient mis au jour son existence. Mais, depuis deux décennies, peu de progrès ont été faits et on se contente de répéter ce que l'on savait. Si, au Niger, une situation politique instable a progressivement découragé la recherche à partir des années 90, il n'en a pas été de même en Mauritanie jusqu'à une époque récente. Cependant aucune mise à jour n'a été faite, alors que de nombreux éléments nouveaux sont apparus, dont le plus spectaculaire est certainement que nous disposons aujourd'hui, tous types de documentation confondus, de plus de 60 kg d'outils en cuivre .. Chercheur associé du Chalcolithique mauritanien - ce qui n'est sans doute qu'une petite Mauntaruen de Recherches SCl-entzfiques partie du total produit. On peut le comparer avec les quelques centaines SAHARA 2312012 Vernet 7
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Le Chalcolithique de Mauritanie (3000-2500 calB.P.) '" Etat de la question

Robert VERNET *

Riassunto

Nel Sahara, il Calcolitico è presente in due regioni, il Niger, dove è poco conosciuto, e la Mauritania, dove la massa di dati è notevole. Nella prima metà deI primo millennio a.C., si sono ricavate grandi quantità di rame dalle miniere situate nel massiccio dell'Akjoujt, nella parte occidentale della Mauritania, e trasformate in utensili, armi e monili. Si conoscono 3000 oggetti - per un peso di circa 60 kg. Si puo quindi presumere che la produzione sia stata molto superiore. Si ignora quasi tutto dei minatori e degli artigiani che risiedevano attor­no all'Akjoujt. La loro produzione è stata esportata in tutta la regione, dalla costa atlantica, in particola­re nella zona di Nouakchott nella Mauritania orientale, 000 a remote località nel Sahara settentrionale e a sud verso il fiume Sénégal. Ad oggi non si conosce ancora alcun collega­mento concreto con il Marocco, dove l'età deI Rame, sotto l'influenza della Spagna meridionale, è più antica, e con il Niger, nella stessa epoca. Non si conosce nulla nemmeno della sorte dei minatori di Akjoujt in un periodo, circa 2500 anni fa, in cui il ferro era già ben presente nel sud deI Sahara e nel Sahel.

Summary

In the Sahara, the Chalcolithic is present in two regions, Niger, where if is Uttle known, and Mauritania, where the mass of data is consid­erable. ln the first half of the first millennium BCE, large amounts of copper were extracted from mines in the Akjoujt mountains, western Mauritania, and transformed into tools, weapons and jewelry. 3000 objects are known - for a weight of approximately 60 kg. We can there­fore assume that the production was much higher. Hardly anything is known about the miners / metal­workers settled around the Akjou­jt. Their production was exported throughout the region, from the Atlantic coast, particularly around Nouakchott in eastern Mauritania, to remote areas of northern Sahara and down to the Senegal River. As yet no actual connection with Mo­rocco is known, where an older Cop­per Age exists because of the influ­ence of southern Spain, and with Niger in the same period. Nothing is known of the fate of the Akjoujt miners either, about 2500 years aga, at a time when iron was already present in the southern Sahara and the Sahel.

Résumé Dans le Sahara, le Chalcolithique est présent dans deux régions, le Niger, où il est mal connu, et la Mauritanie, où la masse de données est considé­rable. Dans la première moitié du premier millénaire RC.E., de grandes quantités de cuivre-métal ont été obtenues, à partir de mines situées dans le massif d'Akjoujt, en Mauri­tanie occidentale, et transformées en outils, armes et éléments de parure. 3000 objets sont connus pour envi­ron 60 kg. On peut donc supposer une production bien plus considérable. On ignore à peu près tout des mineurs! métallurgistes, installés autour d'Ak­joujt. Leur production a été exportée dans toute la région, du littoral atlan­tique, en particulier dans la région de Nouakchott, à l'est de la Mauritanie, et des lointaines régions du Sahara septentrional au fleuve Sénégal. On ne connaît pas pour l'instant aucun lien concret avec le Maroc, où un âge du cuivre plus ancien existe, influencé par l'Espagne du Sud, et avec le Niger à la même époque. On ne sait égale­ment rien du devenir des mineurs d'Akjoujt, il y a environ 2500 ans, à une époque où la métallurgie du fer est déjà bien présente dans le Sahara méridional et le Sahel.

À la fin du Néolithique, dans le Sahara méridional, le cuivre est connu à la fois au Niger et en Mauritanie. Des travaux conséquents ont été menés dans les années 1960/80 (N. Lambert, D. Grebenart, J.P. Roset et F. Paris), après que des pionniers, comme R. Mauny, aient mis au jour son existence. Mais, depuis deux décennies, peu de progrès ont été faits et on se contente de répéter ce que l'on savait. Si, au Niger, une situation politique instable a progressivement découragé la recherche à partir des années 90, il n'en a pas été de même en Mauritanie jusqu'à une époque récente. Cependant aucune mise à jour n'a été faite, alors que de nombreux éléments nouveaux sont apparus, dont le plus spectaculaire est certainement que nous disposons aujourd'hui, tous types de documentation confondus, de plus de 60 kg d'outils en cuivre .. Chercheur associé ~ l'I~titut du Chalcolithique mauritanien - ce qui n'est sans doute qu'une petite Mauntaruen de Recherches SCl-entzfiques partie du total produit. On peut le comparer avec les quelques centaines

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Fig. 1. Principaux ensembles régionaux du Chalcolithique de Mauritanie (3000-2400 calB.P.)

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* il existe d'autres dates, plus récentes. gui n'ont pas été- confirmée

de grammes du Niger, où D. Grebenart (1983 : 112) estime cependant la production annuelle à plusieurs kilogrammes.

Le cuivre ancien est connu depuis l'origine des recherches en préhistoire en Mauritanie, A Crova publiant dès 1912 un article intitulé « Vestiges de l'âge du cuivre en Mauritanie », à propos d'objets trouvés dans la région de Port-Etienne. Quelques pièces s'ajoutent à la série, avant que R. Mauny, en 1951, ne s'interroge sur « Un âge du cuivre au Sahara occidental? ». Mais c'est avec N. Lambert que se fixe le tableau jusqu'ici répété en boucle sur le cuivre d'Akjoujt. Sur le Guelb Moghreïn, dans le massif d'Akjoujt, elle fouille en 1968 une mine ancienne, dont on ne possède qu'une médiocre photographie (Lambert, 1965 : 801). La publication des résultats insiste sur la coupe réalisée, les analyses métallographiques et la chronologie radiométrique, mais fait l'impasse sur d'éventuels éléments culturels qui auraient été trouvés sur le site de fouille et les sites voisins. N. Lambert visite quelques sites à l'est d'Akjoujt, le long des cordons dunaires de l'Amatlich, en particulier Lemdena, où se trouvent des fours à cuivre, pour lequel une date est fournie, qui parut dès le départ beaucoup trop jeune (1700 caLB.P. ; R. Moreau, 1970). N. Lambert amalgame systématiquement ses récoltes archéologiques avec les objets en cuivre provenant des mêmes sites, sans se préoccuper d'éventuelles occupations antérieures ou postérieures, qui sont presque toujours la règle dans la région. Autant dire que N. Lambert n'apporte, sur le plan de la connaissance du groupe humain des mineurs/ métallurgistes, aucune information. Par ailleurs, si elle fait le bilan de l'aire de répartition des objets en cuivre, elle ne sait rien d'éventuelles popl.!-lations « consommatrices » de ces objets en Mauritanie.

A partir de 1980, R. Vernet accumule les données, le plus souvent dispersées. Un bilan est établi dans une thèse, publiée en 1993. Depuis, aucune réactualisation n'avait été faite, comme le montrent les articles de Alpern (2005) et Holl (2009), et les travaux en Mauritanie n'ajoutent que des éléments partiels - quelques objets, parfois une date - concernant un site ou une région (Coll., 2010 ; Gallin & Vernet, 2004; Vernet, 1993, 2000, 2007... ). La fouille de Walaldé (Deme & Mclntosh, 2006), sur la rive sud du fleuve Sénégal, dans la région de Podor, est cependant un apport important. Là, une occupation du Néolithique final, dont un niveau contient des objets en cuivre d'Akjoujt, a été étudiée. Mais ce niveau est précédé d'une occupation où le fer est déjà utilisé.

Cependant, l'accumulation, depuis des années, de données éparses permet aujourd'hui d'élaborer une synthèse qui propose une vision

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Fig. 2. (à gauche) Akjoujt : la mine actuelle et la mine antique (Lambert, 1983 : 76).

Fig. 3. (ci-dessus) Coupe dans le remplissage de la Grotte aux Chauves-souris (Lambert, 1975 : fig. 3).

cohérente du Chalcolithique de Mauritanie (Fig. 1). Si un certain nombre d'aspects n'ont pas évolué depuis plusieurs décennies, d'autres ont renouvelé les connaissances.

1. Les mines de cuivre d'Akjoujt La mine du Guelb Moghreïn, l du nom d'une colline du massif d'Akjoujt, semble avoir été le principal site d'exploitation ancienne du cuivre, entre 2900 et 2400 calE.P. (Fig. 2). Fouillée par N. Lambert, la « grotte aux chauve-souris » est le reste d'une exploitation minière de 19 mètres de long sur 5 de large, soit environ 400 m3. Le principal sondage (Fig. 3) a fourni huit niveaux archéologiques successifs, de nombreux broyeurs, parfois volumineux, et de grands foyers, qui montrent que la mine a aussi servi d'atelier métallurgique : le minerai était extrait, broyé sur place et mélangé à des charbons de bois (souvent de très grandes dimensions), puis grillé lentement pour obtenir un produit brut d'où était extrait, à un second stade, le cuivre pur. Des traces de chauffe ont été découvertes sur les parois. Des échantillons de charbon de bois ont été analysés : il s'agit de deux espèces de Ficus (Moracées), des figuiers, abondants dans le Sahel. N. Lambert estime que le cuivre métal présent dans la grotte peut être évalué à environ 30 tonnes (Lambert, 1975 : 6). Mais on n'a pas trouvé d'ateliers de fabrication des objets en cuivre sur place, pas plus d'ailleurs que les lieux d'habitation des mineurs. La plupart des ateliers connus se trouvent sur le cordon dunaire de l'Amatlich, situé à environ 50 km à l'est des mines.

Aucun autre site d'extraction n'a été décrit, même si quatre autres emplacements anciens ont été découverts lors des premiers travaux miniers sur le Guelb Moghreïn et aussitôt détruits. Sur d'autres guelbs du massif d'Akjoujt, on connaît une dizaine de petits gisements de cuivre, sous forme d'affleurements minéralisés, mais ils n'ont pas été

1 À ne pas confondre avec Bir Moghreïn, ville de l'extrême nord mauritanien, située à plus de 700 km d'Akjoujt, comme le fait à plusieurs reprises A. Holl (2009).

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Fig. 4. Un four de Lemgueirinat (Dhraïna).

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prospectés. Certains ont pu être suffisamment concentrés en oxydes de cuivre pour intéresser les mineurs d'Akjoujt, comme à Jarinié, où l'on trouve jusqu'à 40 % de cuivre (Lambert, 1971 : 13).

En Mauritanie, d'autres gisements ou indices de cuivre sont connus. Ceux de la zone sahélienne du pays semblent relativement importants, entre Moudjéria et M'Bout, et dans la région de Nioro-du-Sahel. Des haldes, amoncellements de déchets et de stériles issus d'extractions anciennes, seraient visibles, mais pourraient aussi concerner l'or.

2. La métallographie Les objets en cuivre d'Akjoujt ont une signature très précise: arsenic, qui renforce la résistance du métal, toujours rare à Akjoujt (autour de 1 %, mais parfois jusqu'à 3 %, ce qui pose la question d'une autre source de minerai ou d'un enrichissement volontaire) ; fer, or et nickel à l'état de traces; antimoine, plomb, zinc et étain sont absents. De nombreuses analyses ont été faites, qui permettent de faire la différence entre les pièces chalcolithiques et les objets en cuivre, en laiton ou en bronze de la période historique, qui comportent souvent beaucoup de zinc, d'étain, de plomb ou d'arsenic. De cette époque, on connaît, par exemple, une pointe en laiton à 14 % de zinc et une boucle d'oreille à 9 %. A Koumbi Saleh, le plomb est très important dans les bronzes ou les alliages cuivre/plomb (pour les lingots et les barrettes - 20 à 30 % de plomb). A Tegdaoust, on connaît des laitons à composition assez fluctuante où le zinc est parfois associé à du fer ou à des cuivres arséniés (Bourhis, 1983 : 130 ; Lambert, 1983: 82-83). Lambert signale une cinquantaine de baguettes­lingots, trouvées dans l'Aouker occidental et comportant 10 % d'arsenic, contrairement à un lingot provenant de la même région et qui ne compte que 0,20 % d'arsenic (1983: 69).

Les objets du Chalcolithique sont fabriqués avec du métal obtenu par réduction puis fusion du minerai. De cette première transformation est extrait le cuivre pur. La technique était donc déjà élaborée et destinée à passer d'un minerai à 6-10 % de cuivre-métal (et 35-40 % de fer) à un cuivre pur à 96 %, comme le montrent les analyses spectrographiques d'objets. La réduction des oxydes demande 700 à 8000 et pouvait être obtenue par des fours en bol avec emploi de soufflets. La fusion de ce cuivre réduit exige 10850 et pouvait se faire dans des fours à tuyères du

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divers outils 5%

Fig. 5. Répartition des types d'objets en cuivre d'Akjoujt.

armatures à soie 9%

type de ceux de Lemdena (Lambert, 1983 : 70) ou de Lemgueirinat (Fig. 4). On connaît des fonderies à une cinquantaine de km à l'est d'Akjoujt, le long des massifs dunaires, en particulier celui de l'Amatlich, comme à Touizigt ou à Lemdena (Lambert, 1965, 1983), mais jamais très loin d'Akjoujt, à l'exception de ceux du Dhraïna, à environ 140 km. Le plus souvent, cependant, on n'a retrouvé que de simples voiles de scories de plusieurs dizaines de mètres de diamètre, avec des fragments de minerai apportés d'Akjoujt (malachite pure ou en mouches). Les fours sont de type circulaire, installés dans le sable avec une paroi de terre cuite, avec une ou plusieurs tuyères cylindriques dont l'extrémité plongeait dans le four.

Lemgueirinat, en bordure du massif du Dhraïna, situé à 140 km au sud d'Akjoujt et 130 au nord de Nouakchott, montre toute la chaîne des opérations. On a pris la peine d'importer, à dos d'animaux de bât (ou sur des chariots ?), le minerai, dont un tas, soigneusement rangé,2 a été retrouvé à proximité d'une quinzaine de fours très rudimentaires, simples cuvettes creusées dans le sable, garnies de parois en céramique et d'une tuyère de même matériau (Fig. 4). Six petits objets (aiguilles, feuille roulée, petit lingot) ont été trouvés dans un contexte néolithique (céramique, meules, armatures... ). Une datation, autour de 2550 calB.P., a achevé d'établir la corrélation avec la «grotte aux chauves-souris».

3. L'industrie en cuivre En 1985, on connaissait quelques 500 pièces, dont une bonne partie était mal localisée. Depuis lors, la quantité de matériel récolté a connu une croissance exponentielle, grâce à des récoltes de terrain, publiées ou non, à des collections privées et à des lots d'objets en cuivre mis en vente à Nouakchott, où deux « antiquaires» présentent presque toujours plusieurs kilogrammes d'objets en cuivre, régulièrement photographiés par nos soins depuis des années. Plus récemment, des objets « glanés» sur des sites de vente en ligne ont complété le tableau. Près de 3000 objets en cuivre sont actuellement répertoriés. 329 pièces ont été pesées, pour un poids total de 7,6 kg. En extrapolant, on obtient plus de 60 kg, ce qui laisse supposer la fabrication de plusieurs centaines de kilogrammes d'objets en cuivre.

Le matériel se compose d'un nombre limité de types d'outils et d'armes (Fig. 5).

Les outils sont toujours de petits objets, à l'exception de certaines haches et pointes de lance à douille. Haches et hachettes plates ne représentent que 6,7 % du total des objets, mais près de la moitié du poids total (Fig. 6). Bien que forcément récupérées au fil du temps par les forgerons, elles sont nombreuses. Elles pèsent 243 g en moyenne. La plus lourde atteint 607 g. Certaines, au tranchant émoussé ou tordu, ont été utilisées. Mais on peut penser que d'autres ont pu servir de lingots ou de monnaie d'échange.

2 Mais ce tas a disparu, emporté par un ca­mion pour servir à la construction du... port de Nouakchott.

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t t t,""f''"1 Les aiguilles, épingles, alènes et poinçons, souvent longs d'une dizaine Fig. 6. Haches.

de centimètres, sont nombreux (plus de 20 %). Baguettes, bâtonnets, tiges, . palettes variées, burins, crochets et anneaux, dont certains ont pu être FLg. 7. Armatures extra-plates. des bracelets (10,5 %), complètent un ensemble modeste qui n'a pas dû éclipser le matériel lithique. On compte aussi deux viroles et une gouge.

Les armes: elles représentent plus de 40 % du total, plus si une partie des haches a été utilisée comme des armes. Les armatures pédonculées représentent 31 % du total (...mais seulement 1,6 kg pour 645 pièces D, presque toutes extra-plates et donc taillées dans une tôle, avec affutage de la pointe et souvent des bords latéraux (Fig. 7). Aucune n'est à tranchant transversal. Elles se partagent à peu près par moitié en armatures à pointe triangulaire et en armatures à pointe ogivale. A l'exception de quelques pièces de grande taille, c'est surtout au niveau du mode de fixation sur la hampe que des différences apparaissent. On distingue des pédoncules courts ou très longs. Deux pièces possèdent un trou sur le pédoncule: il devait permettre la fixation par un lien ou un clou. 3 % possèdent une encoche à la base du pédoncule. Quelques pièces à silhouette vaguement foliacée ont un pédoncule en pointe. La dissymétrie ne concerne que 3,5 % des pointes. 4 % ont une pointe mousse. La longueur moyenne est de 34 mm pour les pointes triangulaires, de 31 mm pour les pointes ogivales; la largeur moyenne est respectivement de 20,5 et 18 mm ; l'épaisseur de 0,76 et 0,9 mm. Les armatures triangulaires sont donc légèrement plus longues et plus larges, mais moins épaisses. Les armatures ogivales à ailerons longs sont les plus nombreuses (23,5 %), suivies des armatures triangulaires à ailerons courts ou moyens (14 %), des armatures ogivales à pédoncule long (13 %) et des armatures à corps sub-équilatéral (9 %). Les autres types sont beaucoup plus rares.

Les armatures à soie sont 10,7 % (deux types: à ailerons ou sans ailerons). La soie peut être pleine ou creuse selon la technique de la feuille métallique enroulée. Elles sont parfois décorées d'incisions parallèles ou entrecroisées (Fig. 8).

Les pointes de lance représentent 9 % du total (environ 200 pièces), dont la moitié sont de spectaculaires pointes à douille, la plus longue mesurant 48 cm et la plus lourde pesant 265 g (Fig. 9), et l'autre moitié des pointes de lance plates ou à nervure centrale et à pédoncule (Fig. 10. Les autres types de pointes, les poignards et les couteaux (Fig. 8 § fig. 1O.d) sont très rares.

Les éléments de parure (8 % - un peu plus sans doute avec une partie des anneaux) sont en général formés de fils de cuivre ployés en bague ou en boucles d'oreille, avec une fermeture torsadée (Fig. 11). Il existe des anneaux simples, fermés ou ouverts. Quelques pièces sont plus

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originales, comme une boucle d'oreille, trouvée juste au nord de Khatt Lemaïteg et qui est constituée d'un anneau fermé par une torsade, dans lequel est enfilée une perle en Anadara senilis (Fig. 11 : 19) ; ou encore les boucles d'oreilles de Grara Maloueva, de Medinet Sbat ou d'Idini (Fig. 11 : 3) dont on connaît des équivalents au Maroc (Fig. 11 : 4). Quelques pendeloques et fragments de bracelets complètent un ensemble dont l'utilisation en tant que parure s'est évidemment prolongée dans le temps.

On note enfin des lingots, peu nombreux, et des tôles.

F~. 8. AuLnatures à soie, couteau et palettes, dont l'une est mixte - palette et aiguille.

Fig. 9. Pointes de lance à douille.

F~. 10. Pointes de lance plates. (d) peut aussi être un couteau.

F~. 11. Parure. En bas: boucles d'oreille en cuivre avec perle en coquille marine (19) ; en pierre (20) ; en « cornaline » du Tilemsi - en fait une chalcédoine (21).

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4. La chronologie (Fig. 12) Originellement formé des datations réalisées par N. Lambert dans la mine antique, le corpus chronologique a été largement complété par des analyses radiocarbone dans la région de Nouakchott, autour du golfe d'Arguin et sur le fleuve Sénégal. Des éléments culturels datés, comme la céramique ou des mollusques marins consommés, ont indirectement précisé l'âge du Chalcolithique d'Akjoujt, dans la région de Nouakchott, autour du golfe d'Arguin, voire sur le dhar Tichitt. D'une part, l'âge de celui-ci a été légèrement vieilli, ce qui correspond à ce qu'avançait N. Lambert (1975 : 6) lors de la fouille de la grotte aux chauves-souris, en 1968 : « le fond du remplissage n'ayant pu être atteint, nous pouvons supposer que l'origine de ces travaux était un peu plus ancienne ». D'autre part, les dates les plus récentes ont été abandonnées, n'ayant jamais été confirmées. Comme le montre la figure 12, l'épisode chalcolithique semble désormais centré sur la période 3000/2700 caLB.P., qui correspond à la dernière étape humide importante du Néolithique régional (Maley & Vernet, 2012). Mais un deuxième épisode semble le prolonger jusque vers 2600/2400, ce que semblent corroborer les deux ensembles céramiques différents de la culture de Bouhdida, autour de Nouakchott.

Le Chalcolithique d'Akjoujt se situerait donc dans une deuxième phase du cuivre dans la région, après un premier épisode au milieu du millénaire précédent, au Maroc et au Niger - comme dans le Sud de l'Espagne et dans la vallée du Nil (cf. § 7).

5. L'aire de diffusion du Chalcolithique d'Akjoujt Les objets en cuivre ont été diffusés à partir d'Akjoujt et de sa région, l'Inchiri, essentiellement en Mauritanie occidentale, surtout sur les cordons dunaires de l'Aouker occidental et dans la région de Nouakchott, où se trouve la plus grande concentration connue d'objets en cuivre. Au nord-ouest, autour du golfe d'Arguin, et au nord-est, dans l'Adrar, se trouvent d'autres ensembles denses. Au-delà, l'aire de distribution des

Fig. 12. Datations directes et indirectes concernant le Chalcolithique d'Akjoujt.

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objets en cuivre se dilue progressivement, du nord mauritanien (et même sur la haute Seguiet el Hamra, mais ce cuivre pourrait aussi venir du Maroc) au fleuve Sénégal (Walaldé). Vers l'est, on connaît des objets jusqu'à la frontière du Mali, au-delà de l'Adrar et dans la région de Walata. Plusieurs groupes humains ont été identifiés comme des utilisateurs assidus d'objets en cuivre. Leurs cultures sont foncièrement différentes de celles connues à la même époque dans la région d'Akjoujt. La plus importante - en terme de densité d'objets - est celle de Bouhdida, autour de Nouakchott. Mais celles de Bguent, au sud du golfe d'Arguin ; de l'Adrar; de l'Aouker occidental; du lac Rkiz ou de Walaldé, dans la région de Podor, sur la rive sud du fleuve Sénégal, sont à citer.

6. Les groupes humains du Chalcolithique

Mineurs et métallurgistes

Nous ne disposons d'aucune information sur les auteurs du Chalcolithique d'Akjoujt, à l'exception de la mine du Guelb Moghreïn, de quelques fours et de l'industrie en cuivre. Les hommes de ce groupe spécialisé ont évidemment vécu dans la région - les fours sont concentrés à l'est et au sud-est d'Akjoujt, dans une zone encore aujourd'hui relativement boisée. On ignore leur origine : aucun reste humain ne peut leur être associé, pas plus qu'un seul tesson de poterie. Aucun objet de cuivre de cette époque n'a été retrouvé dans une tombe - ce qui dénote aussi, peut-être, une lacune de la recherche. Bien que la région d'Akjoujt, et surtout les cordons dunaires de l'Amsaga, de l'Inchiri et de l'Aouker occidental aient été largement prospectés - de manière exhaustive dans certaines zones -, la zone d'installation des mineurs et des métallurgistes, hormis autour des sites miniers d'Akjoujt, disparus depuis la fin des années 1960, n'est pas connue, pas plus que leur culture. Sur les très nombreux habitats du Néolithique récent de la région, nous ne savons pas reconnaître leur industrie, et en particulier la céramique.

Par contre, on est aujourd'hui certain qu'aucun des principaux groupes humains qui ont utilisé le cuivre d'Akjoujt n'a laissé de traces de sa céramique dans la région d'Akjoujt. Cela a d'importantes conséquences:

- À part les métallurgistes eux-mêmes, aucun groupe utilisant le cuivre d'Akjoujt n'a vécu au contact des mines et des métallurgistes. - Le minerai n'a pas été exporté, à l'exception du seul cas connu de Lemgueirinat, à environ 140 km au sud d'Akjoujt, où une quinzaine de fours ont été datés à 2550 calE.P. - Ce sont les objets qui ont été exportés et cette circulation des objets a induit un exceptionnel réseau d'échanges entre l'Inchiri et les régions où habitaient les populations qui ont acquis le matériel en cuivre.

Les populations consommatrices

- Région d'Akjoujt : on ne peut rien affirmer, à cause des réoccupations systématiques, mais une partie du matériel archéologique récolté à Medinet Sbat, Lemdena, Touizigt... , où des fours et des objets en cuivre ont été découverts par N. Lambert (1971), appartient forcément à la culture des mineurs/métallurgistes eux-mêmes.

- Aouker occidental (Amatlich, Dhraïna, Ifozouiten, Amlil Bou Kerch, Mtout de Faye... ) : un peu plus loin à l'est du centre de gravité de la production, de nombreux groupes de la fin du Néolithique se sont procurés des outils de cuivre, que l'on retrouve mêlés à une industrie néolithique. Bien que fréquent, l'outillage en cuivre est trop peu dense pour qu'on puisse individualiser des groupes à partir de la céramique, principal moyen d'identification.

- Culture de Bouhdida (Vernet, 2003 : 115) (Fig. 13) : il existe dans la région de Nouakchott un groupe reconnaissable à son habitat et à sa céramique - la culture de Bouhdida - qui a fait un usage intensif des outils de cuivre fabriqués à Akjoujt, entre 2900 et 2500 calE.P. On la retrouve de 160 km au nord de Nouakchott, tant sur le littoral, au sud du

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golfe d'Arguin, qu'en direction d'Akjoujt, jusqu'à 20 km au sud. Vers l'est, l'extension est limitée, comme pour toutes les cultures du Néolithique et de la protohistoire de la région. Sa chronologie est celle du Chalcolithique d'Akjoujt. Les hommes de Bouhdida sont avant tout des éleveurs semi­sédentaires. Mais ils récoltent aussi des mollusques marins, pêchent, en particulier au harpon et au filet - on a retrouvé de nombreux poids en terre cuite - et chassent. Peut-être pratiquent-ils l'agriculture, attestée dans la moyenne vallée du Sénégal à la même époque, mais il n'existe aucune preuve. L'industrie qu'ils utilisent est surtout lithique - et donc importée de l'Inchiri, où se trouve Akjoujt, puisqu'il n'y a pas de pierre dans la région de Nouakchott.

La céramique de Bouhdida est d'une remarquable originalité (Fig. 14) : très variée, elle n'a aucun équivalent, ni avant, ni après, et ne peut être rattachée à aucun ensemble plus vaste. Le dégraissant, végétal, est présent en abondance. La forme principale est le pot sphérique à lèvre éversée. Certains pots sont munis d'un pied. Les pots à fond plat ou légèrement cupulés existent, mais sont rares. Le col et la lèvre présentent un originalité totale en Mauritanie: col éversé à lèvre cannelée, ou col éversé à lèvre multiforée (avec lèvre cannelée ou non). Les trous sont faits avec une aiguille de cuivre. Les décors sont une autre très grande originalité de la céramique de Bouhdida, qui ne se rapproche de ses voisins que par l'utilisation, systématique dans le sud-ouest du Sahara à cette époque, de l'impression roulée pour décorer la panse. Quatre décors principaux se partagent les faveurs des hommes de Bouhdida :

- Des alignements parallèles de pseudo-moulures «hachées» à l'aide d'un peigne frontal. Sur certains grands vases, il peut s'agir d'une véritable moulure. - Un guillochage fait à l'aide d'une spatule à bout convexe dans

Fig. 13. Le Chalcolithique dans la région de Nouakchott: la culture de Bouhdida, datations en calRP. (intervalle centré).

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Fig. 14. Céramique de la culture de Bouhdida.

la pâte encore molle: il est souvent employé avec le précédent. - Un décor de lignes entrecroisées fait avec un peigne à dents ou un peigne fileté. - Un décor fait de lignes parallèles, croisées ou non, faites avec

une estèque au tranchant fin, par impression trainée ou incision.

Cela montre que la culture de Bouhdida n'est pas celle des mineurs et des métallurgistes. Dans un milieu encore favorable, les hommes de Bouhdida ont poursuivi un mode de vie néolithique à peine amélioré par l'utilisation d'un outillage en cuivre finalement rare. Rien dans les traces archéologiques qu'ils ont laissées ne laisse entrevoir que le cuivre a bouleversé une société peu mobile d'éleveurs et de pêcheurs. On ignore l'origine ethnique des hommes de Bouhdida : ils peuvent venir du nord comme du sud, ce qui ne contribue pas à éclairer le mystère des origines de la métallurgie d'Akjoujt.

- Culture de Bguent (3000 - 2700 B.F.) (Vernet, 2007 : 110) : du nom d'un vaste habitat dunaire en amont de la baie d'Acheïl, que l'ancienne piste Nouadhibou-Nouakchott traversait et a détruit depuis longtemps. Des objets en cuivre ont été récoltés, dans un contexte d'éleveurs. Les mines de cuivre d'Akjoujt sont à moins de 200 km du littoral atlantique. La collecte des coquillages marins n'était quasiment pas pratiquée, bien que le site soit daté de 2800 calE.P. sur un des rares petits tas d'Anadara consommées. L'industrie en pierre est relativement abondante. Un silex local beige de médiocre venue est souvent utilisé pour des grattoirs, de petits racloirs, des pointes. On trouve des pièces en silex blond importé, de nombreuses haches et du matériel de broyage, ainsi que des polissoirs à rainures et des perles, en particulier en test d'oeuf d'autruche. Les outils en os ne sont pas rares. La céramique est de petite taille, les bords sont droits, la couleur marron-gris et le dégraissant végétal. Le principal décor est l'impression sur toute la panse d'un motif très régulier à la cordelette, en bandes parallèles alternées, créant un décor à chevrons. On trouve également des motifs losangiques au peigne à dents, parfois faits à l'aiguillon de silure. La céramique de Bguent est originale, mais a des points communs avec celle de Bouhdida, dont quelques tessons ont été retrouvés au niveau de la Baie d'Acheïl : il s'agit là de la limite extrême vers le nord de ce groupe. Ce cousinage possible n'est pas

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Fig. 15. Outillage de pierre et de cuivre d'un site du Tamga (extrême-sud de l'Adrar).

• étonnant: dans les deux cas, il s'agit de groupes contemporains utilisant Fig. 16. Industrie en cuivre d'un site des outils en cuivre d'Akjoujt - mais ne pratiquant pas la métallurgie. au nord du lac Rkiz.

Des objets en cuivre - alènes, pointes de flèche ou de sagaie, des haches et des objets de parure - ont été récoltés, en faible quantité et en ordre dispersé, partout dans la région, par exemple à Tila, sur Tidra, à Chami, dans la presqu'île de Tintan, dans le Tasiast et le Tijirit - cette région jouxtant à l'ouest celle d'Akjoujt. AJerf el Oustani, près du Cap el Sass, ont été trouvés des tessons de type Bguent et une alène en cuivre qui ont été indirectement datés de 2850 calE.P. Leur répartition indique qu'ils ont été importés, échangés, ou ont accompagné des nomades dans l'ensemble de la région pendant tout la première moitié du premier millénaire B.C.E.

- L'Adrar paraît être une des destinations les plus importantes du matériel de cuivre (Vernet, 2010) : les éleveurs et les chasseurs de la période ont abandonné de nombreuses pièces, dont toutes n'ont pas été pillées. Trois zones ont surtout fourni des objets: le Waran, à l'est d'el Rhallaouiya ; el Hoffrat Ouadane ; les marges sud-occidentales de l'Adrar, le Tamga en particulier (Fig. 15). La carte fait apparaître un schéma de dispersion logique: à partir des zones disposant d'eau de surface ou à faible profondeur, les éleveurs et chasseurs nomades de l'époque ont fréquenté les zones sableuses du bassin de Taoudenni lors d'expéditions saisonnières, les années où les pluies (d'été ou d'hiver) le permettaient. La densité des découvertes permet d'affirmer que la période 2900-2500 calB.P., par ailleurs relativement favorable sur le plan climatique, avant la désertification définitive, a permis une dernière occupation importante de la région. Celle-ci est d'autre part étayée par des gravures rupestres montrant à la fois des chars, des chevaux et des bovins domestiques dans toute la région, y compris très au nord, dans la région de Bir Moghreïn. Une gravure de Sbil, près d'el Rhallaouiya, lie d'ailleurs chars, boeufs et pointes de lance en métal, dont on peut faire l'hypothèse qu'elles pourraient être en cuivre (cf. § 8).

-Au nord (Tiris, Zemmour et Seguiet el Hamra), peu prospecté, sauf dans la région de Zouerate, on ne connaît que le site de l'Assabet el Meddahia, daté entre 2650 et 2560 calE.P. (Lambert, 1983) et quelques objets : des armatures, dont une dans la région de Dakhla (Saez-Martin, 1951), des boucles d'oreilles dans une tombe de la région de Tifariti (Brooks et al., 2006 : 10) ; un anneau près d'Aguënit, à l'ouest de F'derik (Saenz

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de Buruaga, 2008-2009 : 15), une hache et une pointe de lance à douille dans l'erg Chech (Denis, 1951)... Lorsqu'on pourra y travailler à nouveau, il est certain que des objets en cuivre d'Akjoujt seront trouvés dans l'ensemble du Wadi Dahab (ex-Rio de Oro), qui n'est guère éloigné du massif d'Akjoujt. On verra par ailleurs infra ce qu'il faut penser des quelques pièces vraisemblablement métalliques présentées par l'art rupestre régional (haute Seguiet el Hamra, mais aussi Adrar des Ifoghas et Aïr).

- À l'est de la Mauritanie, le long des dhars Tichitt et Walata, on connaît un certain nombre de pièces isolées, généralement publiées sans contexte, mais parfois dans des villages de la culture de Tichitt (Amblard et al., 1981/82 : 128).

- Au sud, deux ensembles importants ont été récemment découvert à l'est du lac Rkiz (Fig. 16) et à Walaldé, à l'est de Podor : ils appartiennent, selon leur céramique, à des groupes humains différents. Walaldé est le plus ancien site connu dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal: il montre que celle-ci s'est peuplée au début du premier millénaire B.C.E., lorsque les écoulements du fleuve se sont réduits, laissant progressivement la plaine d'inondation libre d'accès pour l'agriculture et les villages des périodes antérieures où la pluviométrie était plus forte. « The chemical composition of the copper earrings and two other Phase II copper objects are consistent with a source at Akjoujt " (Deme & McIntosh, 2006 : 341) et les dates correspondent à celles du Chalcolithique d'Akjoujt. Mais ­le fait est d'importance - le fer est déjà présent à cette époque. Il faut également noter que les objets trouvés à Walaldé sont des éléments de parure et non des outils (Fig. 17). Doit-on envisager une circulation d'objets de luxe, sans rôle économique? En tout cas, au lac Rkiz, il s'agit d'outils et d'armes. En fait, à Walaldé, dans la période 2750-2450 calE.P., on est dans une transition Néolithique/fer, où le cuivre ne joue vraisemblablement qu'un rôle secondaire.

La question de l'homogénéité culturelle des groupes utilisateurs du cuivre d'Akjoujt se pose. On peut sans doute distinguer deux ensembles: en Mauritanie occidentale, les utilisateurs (Bguent, Bouhdida, Aouker occidental, nord Rkiz) appartiennent à un ensemble plus ou moins apparenté, comme le montre la céramique, dans un environnement sahélien, souvent proche du riche littoral atlantique; par contre, au nord (Tiris, Zemmour), dans l'Adrar et au sud-est (Tagant et dhar Tichitt), ainsi que sur le fleuve Sénégal, ce sont soit des groupes différents qui ont acquis le cuivre par des contacts moins fréquents, soit des nomades appartenant à la mouvance des cultures de Mauritanie occidentale et qui n'ont guère laissé de traces.

7. La question des origines Le problème de l'origine de l'industrie d'Akjoujt, et donc de ses créateurs, reste entier.

Au nord-ouest de l'Afrique, les gisements de cuivre connus (Fig. 18) sont tous très loin d'Akjoujt : au Maroc, sur l'oued Sous et sur la rive droite de l'oued Draa; en Algérie, dans le sud oranais ; au Mali, au nord-ouest de l'Adrar des Iforas, autour de Nioro du Sahel, à la frontière Mauritanie-Mali; au Niger, dans la région d'Agadez, où le minerai de cuivre, rare et dispersé, est présent en surface, où on peut le ramasser (Grebenart, 1995 : 110).

Au-delà, en Espagne, le Chalcolithique débute il y a 5000 ans. La culture d'El Argar, qui connaît le bronze, date de 3800 calB.P. Au Maroc, les objets en cuivre et en bronze sont d'abord importés d'Espagne, avant d'être fabriqués sur place (Souville, 1986 et fig. 19). Les rupestres présentant des objets métalliques dans le Haut Atlas marocain (Fig. 20) sont vraisemblablement du même âge, ce que semblent indiquer les fragments de métal en contexte campaniforme trouvés par A. Rodrigue (2010) au nord de Rabat. R. Bourhis note par ailleurs que la composition du cuivre d'Akjoujt n'a rien à voir avec celle des cuivres marocains ou nigériens (Bourhis, 1983 : 130).

Au Niger, le cuivre apparaît dans le cadre d'un Néolithique à affinités sahariennes, alors que le fer aurait une parenté nettement sahélienne.

Fig. 17. Les objets de parure en cuivre d'Akjoujt du site de Walaldé, sur le fleuve Sénégal (Deme & McIntosh, 2006). (Photographie Th. Fenn, Centre for Archaeologïcal Sciences, Katholieke Universiteit Leuven)

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Fig. 18. (à gauche) Présence géologique et ancienneté archéologique du cuivre au nord-ouest de l'Afrique.

Fig. 19. (ci-dessus) Éléments de parure de Tayardit (moyen Atlas, Maroc) (Lambert & Souville, 1970 : 64).

Â. principaux ensembles de gravures d'armes vral~mblablement métalliques

~ Cilmpaniforme ~ Cuivre

Bronze 1::). objets en cuivre

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Chalcolithique d'Akjoujt (3000-2400 cal8P)

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Chalcolithique du Niger (3500 ~18P 1, puis 3000~)

minerai de cuivre

(mine, filon. surface, indice)

Un Cuivre 1 discuté daterait du milieu du deuxième millénaire B.C.E., près d'Agadez,3 de même que le fer, à Termit ; un Cuivre II, mieux documenté, du début du premier millénaire B.C.E. Les chercheurs ne semblent pas d'accord entre eux sur les origines des métallurgistes ­venus du nord ou locaux (Grebenart, 1995 ; Paris et al., 1992 ; Roset, 2007). Ils insistent cependant sur le fait que les objets métalliques fournissaient « seulement un outillage d'appoint, parfois spécialisé d'ailleurs, comme l'attestent les alènes. Mais l'essentiel de l'outillage reste lithique. )} (Roset, 2007 : 116). Le rapprochement entre les personnages rupestres porteurs de lances à pointe vraisemblablement métallique, chars et chevaux, est toujours fait, par exemple à Iwelen, ce que conteste Ch. Dupuy (1999, 2011), qui insiste sur une première phase de chars (avec objets métalliques - cf. fig. 22, mais sans porteurs de lances), contemporaine du Cuivre 1 nigérien.

Nous avons en fait trop peu d'éléments disponibles pour nous forger une opinion sur l'origine des mineurs d'Akjoujt et on peut donc être réservé sur l'opinion de R. Mauny à propos du Chalcolithique d'Akjoujt (1978 : 133) : «quels furent les mineurs qui identifièrent puis exploitèrent ces mines vers 500 av J.-C., nous n'en saurons probablement jamais rien, mais tout porte à croire que ce sont les mêmes qui exploitèrent les mines du sud marocain à la même époque: sahariens libyco-berbères en contact avec les Carthaginois mentionnés par Hérodote (Iv, 96) comme échangeant l'or sur la côte atlantique par le moyen du commerce muet ». Nous savons par les gravures rupestres - et pas seulement de chars - que des protoberbères fréquentaient à cette époque la bande alors sahélienne de l'Atlantique au Ténéré du Niger: l'homogénéité culturelle de l'ensemble de la région est certaine, des contreforts pré-sahariens de l'Atlas au nord du Sahel de l'époque (Gauthier Y. & Ch., 2011 : fig. 34).

En Mauritanie, où, contrairement au Niger, le matériel récolté est suffisamment abondant, certains objets, comme les boucles d'oreille de type Grara Maloueva (Fig. 11/3 et 5), ont leur équivalent au Maroc

3 Mais sans doute conforté par des trou­vailles d'objets en cuivre (dont des pointes de lance), dans la même région, ainsi qu'à Termit, et à la même époque, sur un site (Paris et al., 1992 : 62) et une tombe (Roset, 2007: 124).

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(boucles d'oreille de Tayardit, dont l'âge pourrait correspondre: fig. 19/a et c). Quelques « objets rupestres» ressemblent à des pièces d'Akjoujt, comme les armatures sur tôle de la Seguiet el Hamra ou les pointes d'lwelen (Fig. 25).

Par ailleurs, des objets un peu plus tardifs, en bronze ou en laiton, et plusieurs monnaies romaines, forcément plus récentes que le Chalcolithique d'Akjoujt, attestent de l'existence ancienne de relations entre le Maroc et la Mauritanie.

Mais ces quelques éléments ne suffisent pas à démontrer une origine marocaine du cuivre antique d'Akjoujt.

Rupestres: les armes (vraisemblablement) métalliques dans l'art rupestre

On ne peut, bien entendu, que supposer le caractère métallique de certains outils et armes dans l'art rupestre du nord-ouest de l'Mrique. Peuvent être raisonnablement considérées comme métalliques certaines haches dans le Haut-Atlas (Fig. 20), sur la Seguiet el Hamra (Fig. 21 et 23b), dans l'Adrar des Ifoghas (Fig. 22), plus rarement en Mauritanie, sinon dans l'Adrar (Amogjar : Vernet, 2006 et fig. 23a) et de nombreuses pointes de lance liées au monde des guerriers­chasseurs dits - par habitude - « libyco-berbères » - comme celles de Sbil (Fig. 24a), ou d'el Rhallaouiya (Fig. 24b), au nord-est de l'Adrar de Mauritanie (Vernet, 1996a et b), ou dans les massifs centraux (Dupuy, 2011 : fig. 7 ; Tassili n'Ajjer: fig. 26).

Cependant, hors de Mauritanie, l'ensemble de ces images rupestres ne ressemble à peu près en rien aux objets en cuivre d'Akjoujt. La plupart (hallebardes, haches ovales, objets coudés ... ) sont inconnus en Mauritanie. Surtout, ces objets peuvent être plus anciens, comme au Maroc ou plus récent - cas probable de nombre de personnages porteurs de lances (Dupuy, 2011).

De plus, sur ce plan, il existe de vastes espaces vides entre la zone campaniforme et le cuivrelbronze du nord marocain et la région d'Akjoujt; entre la Seguiet el Hamra et la région d'Akjoujt ; entre l'aire de distribution géographique du Chalcolithique mauritanien et l'Adrar des Ifoghas, lui-même fort loin de la région d'Agadez au Niger.

On peut donc conclure que, en l'état actuel des connaissances, il semble n'y avoir aucun lien connu entre le Chalcolithique d'Akjoujt et les autres ensembles anciens du cuivre dans le nord-ouest de l'Afrique, au nord dans l'Atlas et sur la Seguiet el Hamra, au sud-est, au Mali et au Niger.

Fig. 20. Armes métalliques. Gravures rupestres du haut Atlas marocain (Rodrigue, 2000 : 105).

Fig. 21. Armes métalliques avérées ou possibles. Sahara occidental.

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Fig. 22. a. Lames métalliques de8. Le système économique et la société l'Adrar des Ifoghas (Dupuy et al.,

La région d'Akjoujt - mines et ateliers métallurgiques - fabrique et 2001-2002 : fig. 2 et 7) ; b. Char d'Asenfaka (Dupuy, 2011 : distribue les objets en cuivre, par l'intermédiaire des mineurs et des fig. 6). métallurgistes. Mais, directement ou en servant de relais pour des

produits septentrionaux, elle fournit aussi des outils en pierre, dont des Fig. 23. Haches peut-être métalliques,armatures, des haches polies et des meules, aux régions méridionales de part et d'autre du Tiris/Zemmour.

- activité essentielle, car il n'existe pas de matière première lithique au sud de l'Inchiri ; des produits de la chasse saharienne; des œufs d'autruche (entiers ou sous forme de perles) ; des produits liés à l'élevage, encore florissant à cette époque... En échange, les zones méridionales fournissent des produits de la mer (poisson séché ou fumé, viande de tortue séchée, perles en coquilles marines... ) ; des objets en bois ; des produits de la chasse sud-sahélienne (viande séchée, peaux, cuir, fourrure, plumes, ivoire) ; peut-être de l'or et des esclaves; les premiers objets en fer du Sahel et des produits agricoles, les uns et les autres étant connus dès cette époque dans la région...

C'est un système économique très élaboré, avec des intermédiaires, puisqu'on ne trouve pas d'éléments culturels des groupes consommateurs d'objets en cuivre dans la région d'Akjoujt.

Le cuivre, le char et le cheval

On ne peut rapprocher qu'indirectement le cuivre, le cheval et le char, car aucune pièce de charrerie saharienne en métal n'a été retrouvée, mais quelques éléments montrent une proximité certaine, comme les sites rupestres de Sbil, en Mauritanie, d'Asenkafa, au Mali (Fig. 22b) ou d'lw~len, au Niger.

A Sbil (Fig. 24a), on a relevé une gravure de char en vue à plat, à deux roues et un timon, monté par un homme (avec une coiffure à plume ?). Il est tiré par un bœuf à longues cornes en lyre que mène, par une longe, un homme portant dans sa main droite une longue et lourde lance dont il est vraisemblable que la pointe est métallique, suivant les conventions en usage dans l'art rupestre récent du Sahara méridional, de l'Atlantique au Nil. Un autre personnage le précède, avec la même arme. Cette gravure permet donc de lier avec une certaine probabilité char, bœuf, métal et chronologie (Vernet, 1996a).

22 SAHARA 23/2012 Vernet

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a découvert une vingtaine de pointes de lance à pointe foliacée en cuivre (Fig. 25). Les annatures mises au jour sont identiques à celles de gravures rupestres proches de l'habitat et qui représentent des lances comportant une nervure centrale indiquant « très probablement une armature métallique". Sur le même panneau, on trouve un char à un timon, attelé à deux chevaux (Roset, 2007 : 129). Sur l'ensemble de la station rupestre, les chevaux non liés à un char sont pratiquement absents, les bovins nombreux et il n'y a aucun caractère alphabétique. L'habitat est daté, à de multiples reprises, du premier millénaire B.C.E. On peut en conclure qu'Iwelen est un site chalcolithique: la présence de pointes de lance foliacées, récoltées et rupestres, confinne ainsi la liaison entre char et annement métallique.

Les porteurs de lances d'Iwelen sont du même type que ceux représentés sur certains sites de l'Adrar des Ifoghas (Dupuy 2010 et fig. 22b), dans le même contexte de chars et de bovins - et en Mauritanie, dans l'Adrar ou le massif du Rkiz (Mauny, 1970). Deux sites du dhar Tichitt semblent dans le même cas, même si cela reste très indirect: ils montrent des chars (tirés par des bœufs dans le premier cas) dans les villages en pierre de Bled Initi, daté de 2 668 ± 176 calB.P. (Munson, 1969) et oued Chebbi (2883 ± 258 et 3030 ± 173 calB.P. ; Amblard et Khattar, 1993), ce qui correspond bien à la période du cuivre d'Akjoujt. Une armature extra-plate a par ailleurs été trouvée à Akreijit, où une date est connue à 2903 ± 154 calE.P. La région des dhars est très peuplée à cette époque : une vingtaine de datations radiocarbone de la culture de Tichitt se situent dans la fourchette chronologique du Chalcolithique d'Akjoujt.

Il semble donc que, dans le Sahara méridional, les chars apparaissent dans un milieu de pasteurs à bovidés, où le cheval est rare, les caractères alphabétiques absents et le métal utilisé, ce que confinne un peu abruptement H. Lhote, pour le site mauritanien d'Aïouneght (1957) et, plus généralement, à propos du Tassili n'Ajjer: « sur maints chars..., on voit, à côté du conducteur ou derrière lui, des javelots... [dont] la plupart sont pourvus d'une armature dont la nature métallique ne {ait aucun doute. " (1982 : 109).

Il reste évidemment, et ce ne sera pas le plus facile, à dater directement soit les gravures de chars, soit d'éventuels restes archéologiques, et à rechercher de possibles relations entre le fer et les chars, ce qui serait chronologiquement possible, en particulier au Niger.

Fig. 24. (à gauche) Adrar de Mauritanie: a. char à bœuf et lances à pointes vraisemblablement métalliques (Sbil, Adrar de Mauritanie, Vernet, 1996a) b. pointes de lances (el Rhallaouiya, Vernet, 1996b).

Fig. 25. (ci-dessus) Pointes de lance en cuivre d'Iwelen (Aïr, Niger) (Roset, 1989 : fig. 25).

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9. Le devenir des métallurgistes d'Ajoujt Que sont devenus les métallurgistes d'Akjoujt à la fin de l'épisode chalcolithique? Il semble que l'on n'ait plus extrait le minerai ensuite. Le milieu en voie de désertification ne le permettait sans doute plus. En tout cas, il n'y a pas eu à Akjoujt une industrie du bronze ou du laiton: l'étain et le zinc manquaient et aucun indice ne permet d'affirmer une métallurgie du fer, même si le minerai d'Akjoujt comporte une part importante de fer, et bien qu'on connaisse l'existence d'une série d'armatures en fer sur tôle, trouvée dans la région d'Akjoujt et d'allure proche. On a parfois parlé d'une exploitation médiévale d'Akjoujt, sans jamais apporter d'éléments concrets. Il n'y a aucune trace de métallurgie du fer dans la région, à l'exception de rares fourneaux probablement d'époque médiévale. Et on ne trouve pas d'objets en fer sur les sites où l'on a récolté des objets en cuivre. Akjoujt ne paraît pas être une source d'invention ou de production de métallurgie du fer.

Par ailleurs, la métallurgie du fer est présente dans le Sahel depuis aussi longtemps que le cuivre à Akjoujt - Dia Shoma, au Mali (Schmidt, 2005) ; Bou Khzama, au sud-est de la Mauritanie (MacDonald et al., 2009) ; Walaldé, sur le fleuve Sénégal (Deme & McIntosh, 2006). C'est aussi le cas au Nigeria, au nord Cameroun, en Centrafrique et au Burkina Faso (Holl, 2009). Le fer daterait même du milieu du deuxième millénaire B.C.E. dans le massif de Termit, au Niger (Paris et al., 1992 : 58).

Cependant, une industrie médiévale du cuivre, dont le centre de gravité est situé au sud-est de la Mauritanie, prolonge la métallurgie préhistorique: de nombreux objets en alliage de cuivre, surtout des laitons, mais aussi des bronzes, ont été récoltés, tant sur des sites de plein air que sur les importantes concentrations sédentaires du sud du Tagant (région de Ntakat, Mekanet, Guerou... ) et dans les fouilles de Tegdaoust. On trouve des gisements de cuivre dans le Gorgol noir, entre Moudjeria et M'Bout (Tajalt Oumou Kadia) et dans la zone de Nioro du Sahel, de part et d'autre de la frontière. D'où proviennent les objets en cuivre? Il semble que jusqu'au milieu du XIe siècle - apogée de la ville ­Tegdaoust, dont les artisans utilisaient des techniques de métallurgie originales, produisait son cuivre (Vanacker, 1983 : 105). Ensuite, avec le déclin progressif de la ville, les importations par caravane, à partir du Maroc, ont dû prendre le dessus (Garenne-Marot, 2009), comme le

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Fig. 26. Pointes de lance vraisemblablement métalliques, à nervure centrale et à douille: Tadrart Acacus (Algérie) (Tauveron, 2003). On notera le personnage à l'extrême gauche, qui accompagne une autre pointe de lance, non visible ici.

montre l'épave d'une caravane datée de 1145 ± 110, échouée dans la Majabat al Koubra, et où Th. Monod a retrouvé près d'une tonne d'un cuivre de qualité sous forme de lingots (Monod, 1969).

Certains types d'objets semblent perdurer entre le Chalcolithique et l'Histoire. Ce sont, en particulier, les objets de parure: les mêmes formes et décors que pour la série d'Akjoujt se retrouvent parfois, avec une composition du métal différente (Bourhis, 1983 : 130). Mais on peut difficilement avancer l'idée d'une continuité culturelle entre Akjoujt et Tegdaoust,4 par l'intermédiaire des Berbères, ou de populations africaines non encore appréhendées (Vanacker, 1983).

Il est donc certain que, du fait des incertitudes, les débuts de la métallurgie en Mauritanie, tant du cuivre que du fer, représentent un sujet appelé à un important développement dans les années à venir, en fonction des découvertes d'objets, d'exploitations minières, de relations commerciales et de constantes culturelles de la fin de la préhistoire au début du Moyen Age. D'irritants problèmes pourraient trouver leur solution : par exemple l'absence de toute pièce de cuivre ou de fer attribuable à la charrerie, alors que l'hypothèse de l'utilisation de chars construits uniquement en bois est peu crédible, surtout dans une région où la métallurgie a été connue très tôt.

Conclusion À propos du Chalcolithique d'Akjoujt, peut-on être aussi catégorique que S.R Alpern (2005 : 60) et affirmer: « 80 one can hardly speak ofa Copper age on the basis ofpresent évidence. » ? Il est plus plausible de parler d'un faciès régional d'un Néolithique altéré par une mutation rapide sans que l'on puisse encore affirmer une invention locale ou une influence extérieure. Le groupe d'Akjoujt n'aura d'ailleurs pas de postérité: la métallurgie du fer va s'imposer immédiatement, mais pas à Akjoujt, où le fer est pourtant un sous-produit important du minerai de cuivre.

Les récoltes sont toujours effectuées dans un milieu néolithique. Les rares pièces en cuivre gisent, éparses, à côté de déchets de taille lithiques, de tessons de céramique, de broyeurs et d'armatures en pierre. Les objets en cuivre,sont presque toujours trouvés isolés sur le lieu de leur découverte. A l'exception de la région de Nouakchott (culture de Bouhdida), il n'y a donc jamais eu de grandes concentrations de populations utilisant le cuivre. Dans un milieu déjà aride, il faut plutôt envisager des groupes d'éleveurs semi-nomades et peut-être d'agriculteurs, le long des oueds et surtout autour des dépressions qui bordent les cordons dunaires parallèles, orientés NE-SW, qui s'étendent entre Akjoujt, le sud de l'Adrar, le littoral atlantique nord, Boutilimit et Nouakchott.

Aucun lien avec les métallurgies du cuivre marocaine et nigérienne n'a pu être trouvé: un vide technologique et culturel est bien présent.

Le climat de l'époque joue un rôle essentiel, car l'industrie du cuivre est grande consommatrice de bois, dont le stock diminue après 2500 (Maley & Vernet, à paraître, 2012).

Il s'agit d'une activité économique exceptionnelle, étalée sur plusieurs siècles, pendant une période climatique favorable,5 dont le moteur est un réseau d'échanges (troc, sans doute, car il ne semble pas que le cuivre d'Akjoujt ait été utilisé comme monnaie (pas de haches! lingots, apparemment), contrairement à l'époque médiévale, où des baguettesllingots de cuivre en provenance du Maghreb ont été récoltées à Tegdaoust. Ces échanges ont eu lieu entre les métallurgistes d'Akjoujt, qui ont jalousement gardé leur monopole, et des populations d'éleveurs! chasseurs!collecteurs de mollusques marins et pêcheurs de Mauritanie ­et même, dans un cas, des éleveurs-agriculteurs - à Walaldé.

Le nord-ol.!est de l'Afiique est, semble-t-il, passé directement du Néolithique à l'Age du Fer, saufdans la région d'~oujt et à l'ouest de l'Aïr, au Niger. Au nord du Sahara, les influences espagnoles enAfiique du Nord sont indéniables à cette époque: on a importé des objets en cuivre, puis en bronze, au Maroc, avant d'exploiter des mines marocaines. Des gravures rupestres de haches, d'armatures et de poignards manifestement métalliques parsèment les massifs montagneux marocains, jusqu'au Sahara occidental.

• Mais aussi sur les « tabliers» des anti· quaires de Nouakchott, sous forme de nom­breux bracelets.

5 La Mauritanie du Néolithique récent est coutumière de ces unités économiques de grande ampleur: sur le littoral atlan­tique, certains très grands ensembles d'amas coquilliers ne peuvent se justifier que par une exportation de la production (vers 4200 calB.P.). Il en va de même pour les barrages à poissons de la presqu'île de Tintan (3000 calB.P.) ou les 400 villages de la culture de Tichitt, de l'ouest du Tagant au Mema malien.

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La métallurgie a donc accompagné les populations berbères dans leur progression saharienne. Avant le chameau, le métal, et surtout le fer et le bronze, ont pu être la cause de leur supériorité sur les groupes dépourvus de métallurgie. En Mauritanie, la métallurgie du cuivre ne semble pas débuter avant l'époque où des hommes ont commencé à exploiter les gisements cuprifères de la région d'Akjoujt. La chronologie est tout entière contenue entre 3000 et 2400 calB.P., ce qui coïncide avec la dernière rémission humide du Néolithique ouest-saharien. La fin de l'épisode correspond donc à la fois à l'installation définitive de l'aridité et à une nouvelle poussée berbère, porteuse de la métallurgie du fer qui va s'imposer dans l'ouest du Sahara - mais certainement pas dans la zone sahélienne qui la connaissait déjà.

Remerciements

Thomas Fenn, Yves Gauthier, Alain Rodrigue, Michel Tauveron, Karl Heinz Striedter, Christian Dupuy, Ginette Aumassip et Marie Pascale Avignon-Vernet m'ont apporté de précieux compléments. Qu'ils en soient remerciés.

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