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Le coup de foudre : L’histoire d’une émotion électrique dans le monde francophone (XVIIIe-XIXe...

Date post: 13-Nov-2023
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in fluxus explorations - nouveaux objets - croisements des sciences L'AUTEUR DOLORES MARTIN- DOLORES MARTIN- MORUNO MORUNO TAGS ATTIRANCE IRRESISTIBLE ATTIRANCE IRRESISTIBLE ESSENCE DE L’AMOUR ESSENCE DE L’AMOUR S’AMOURACHE S’AMOURACHE SENTIMENT AMOUREUX SENTIMENT AMOUREUX FOUDRE FOUDRE CHANGEMENT D’ÉTAT CHANGEMENT D’ÉTAT PHYSIOLOGIQUE PHYSIOLOGIQUE "LE FEU DU CIEL" "LE FEU DU CIEL" "LE FEU SEXUEL" "LE FEU SEXUEL" HISTOIRE DE LA SENSIBILITÉ HISTOIRE DE LA SENSIBILITÉ COUP DE FOUDRE COUP DE FOUDRE EMOTION EMOTION PASSION AMOUREUSE PASSION AMOUREUSE HISTOIRE DE L’ÉLECTRICITÉ HISTOIRE DE L’ÉLECTRICITÉ LITTÉRATURE LITTÉRATURE SENTIMENTALE SENTIMENTALE HISTORY OF EMOTIONS HISTORY OF EMOTIONS LOVE AT FIRST SIGHT LOVE AT FIRST SIGHT LOVE PASSION LOVE PASSION HISTORY OF ELECTRICITY HISTORY OF ELECTRICITY SENTIMENTAL LITERATURE SENTIMENTAL LITERATURE RÉFÉRENCE Dolores Martin-Moruno, « Le coup de foudre : L’histoire d’une émotion électrique dans le monde francophone (XVIIIe-XIXe siècles) », Influxus, [En ligne], mis en ligne le 10 novembre 2015. URL : http://www.influxus.eu/article10 - Consulté le 12 novembre 2015. Licence Creative Licence Creative Commons - Attribution - Commons - Attribution - Pas d’Utilisation Pas d’Utilisation Commerciale - Partage Commerciale - Partage dans les Mêmes dans les Mêmes Conditions 3.0 France Conditions 3.0 France LE COUP DE FOUDRE : L’HISTOIRE LE COUP DE FOUDRE : L’HISTOIRE D’UNE ÉMOTION ÉLECTRIQUE D’UNE ÉMOTION ÉLECTRIQUE DANS LE MONDE FRANCOPHONE DANS LE MONDE FRANCOPHONE (XVIIIE-XIXE SIÈCLES) (XVIIIE-XIXE SIÈCLES) par Dolores Martin-Moruno Dolores Martin-Moruno Résumé Résumé La représentation électrique de la passion amoureuse a une histoire dont les origines sont profondément ancrées dans la culture française de la seconde moitié du XVIIIe et la première moitié du XIXe siècle ; un moment où l’on peut constater l’apparition de l’expression coup de foudre pour se référer au domaine sentimental. L’analogie entre le phénomène météorologique de la foudre et la passion amoureuse nous a conduits à examiner les ressemblances entre les dispositifs inventés par les savants pour contrôler les effets dévastateurs de la foudre, comme les paratonnerres, et les mécanismes sociaux développés pour maîtriser la passion brusque, violente et démesurée, telle que la popularisation d’une éducation sentimentale dans la littérature française par des écrivains comme Stendhal, Balzac et Flaubert. Cet article vise ainsi, à montrer que notre conception contemporaine du coup de foudre prend forme dans un contexte historique très précis pour désigner une sorte de passion qui méprise tout engagement avec la société et notamment, avec l’institution du mariage moderne. Abstract Abstract The electric representation of love passion has a history whose origins are deeply rooted in the French culture of the second half of the eighteenth century and the first half of the nineteenth century ; a moment, in which we can observe the apparition of the expression coup de foudre to refer to the sentimental domain. The analogy between the meteorological phenomenon of lighting and the loving passion has lead us to examine the similarities between the devices invented by scientists in order to control the devastating effects of lighting, such as the lighting rod, and the social mechanisms developed in order to control the impetuous, violent and exaggerated passion, such as the popularization of a sentimental education in French literature by writers such as Stendhal, Balzac and Flaubert. Thus, this article aims at showing that our contemporary understanding of the coup de foudre takes shape in a very specific historical context to designate a sort of passion despising all engagement with society and notably, with the modern institution of marriage. Avoir un coup de foudre est une expression courante en français pour exprimer l’attirance irrésistible que nous éprouvons envers un objet ou une personne que l’on vient de rencontrer d’une manière inattendue. On peut avoir un coup de foudre pour un appartement, pour une robe et bien sûr, pour un(e) inconnu(e) qui apparait comme LA PERSONNE avec qui l’on a toujours rêvé de passer le reste de sa vie. Le coup de foudre amoureux est la découverte de cette moitié attendue depuis le plus jeune âge, de ce double qui
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influxuse x p l o r a t i o n s - n o u v e a u x o b j e t s - c r o i s e m e n t s d e s s c i e n c e s

L'AUTEUR

DOLORES MARTIN-DOLORES MARTIN-MORUNOMORUNO

TAGS

ATTIRANCE IRRESIST IBLEATTIRANCE IRRESIST IBLE

ESSENCE DE L ’AMOURESSENCE DE L ’AMOUR

S’AMOURACHES’AMOURACHE

SENTIMENT AMOUREUXSENTIMENT AMOUREUX

FOUDREFOUDRE

CHANGEMENT D’ÉTATCHANGEMENT D’ÉTAT

PHYSIOLOGIQUEPHYSIOLOGIQUE

"LE FEU DU CIEL""LE FEU DU CIEL"

"LE FEU SEXUEL""LE FEU SEXUEL"

HISTOIRE DE LA SENSIBIL ITÉHISTOIRE DE LA SENSIBIL ITÉ

COUP DE FOUDRECOUP DE FOUDRE

EMOTIONEMOTION

PASSION AMOUREUSEPASSION AMOUREUSE

HISTOIRE DE L ’ÉLECTRICITÉHISTOIRE DE L ’ÉLECTRICITÉ

LITTÉRATURELITTÉRATURE

SENTIMENTALESENTIMENTALE

HISTORY OF EMOTIONSHISTORY OF EMOTIONS

LOVE AT F IRST S IGHTLOVE AT F IRST S IGHT

LOVE PASSIONLOVE PASSION

HISTORY OF ELECTRICITYHISTORY OF ELECTRICITY

SENTIMENTAL L ITERATURESENTIMENTAL L ITERATURE

RÉFÉRENCE

Dolores Martin-Moruno,« Le coup de foudre :L’histoire d’une émotionélectrique dans le mondefrancophone (XVIIIe-XIXesiècles) », Influxus, [Enligne], mis en ligne le 10novembre 2015. URL :http://www.influxus.eu/article1021.html- Consulté le 12 novembre2015.

Licence CreativeLicence CreativeCommons - Attribution -Commons - Attribution -Pas d’Util isationPas d’Util isationCommerciale - PartageCommerciale - Partagedans les Mêmesdans les MêmesConditions 3.0 FranceConditions 3.0 France

LE COUP DE FOUDRE : L’HISTOIRELE COUP DE FOUDRE : L’HISTOIRED’UNE ÉMOTION ÉLECTRIQUED’UNE ÉMOTION ÉLECTRIQUEDANS LE MONDE FRANCOPHONEDANS LE MONDE FRANCOPHONE(XVIIIE-XIXE SIÈCLES)(XVIIIE-XIXE SIÈCLES)par Dolores Martin-MorunoDolores Martin-Moruno

RésuméRésumé

La représentation électrique de la passion amoureuse a une histoire dont lesorigines sont profondément ancrées dans la culture française de la secondemoitié du XVIIIe et la première moitié du XIXe siècle ; un moment où l’onpeut constater l’apparition de l’expression coup de foudre pour se référer audomaine sentimental. L’analogie entre le phénomène météorologique de lafoudre et la passion amoureuse nous a conduits à examiner lesressemblances entre les dispositifs inventés par les savants pour contrôler leseffets dévastateurs de la foudre, comme les paratonnerres, et lesmécanismes sociaux développés pour maîtriser la passion brusque, violenteet démesurée, telle que la popularisation d’une éducation sentimentale dansla littérature française par des écrivains comme Stendhal, Balzac et Flaubert.Cet article vise ainsi, à montrer que notre conception contemporaine ducoup de foudre prend forme dans un contexte historique très précis pourdésigner une sorte de passion qui méprise tout engagement avec la sociétéet notamment, avec l’institution du mariage moderne.

AbstractAbstract

The electric representation of love passion has a history whose origins aredeeply rooted in the French culture of the second half of the eighteenthcentury and the first half of the nineteenth century ; a moment, in which wecan observe the apparition of the expression coup de foudre to refer to thesentimental domain. The analogy between the meteorological phenomenonof lighting and the loving passion has lead us to examine the similaritiesbetween the devices invented by scientists in order to control thedevastating effects of lighting, such as the lighting rod, and the socialmechanisms developed in order to control the impetuous, violent andexaggerated passion, such as the popularization of a sentimental educationin French literature by writers such as Stendhal, Balzac and Flaubert. Thus,this article aims at showing that our contemporary understanding of thecoup de foudre takes shape in a very specific historical context to designatea sort of passion despising all engagement with society and notably, withthe modern institution of marriage.

Avoir un coup de foudre est une expression courante en françaispour exprimer l’attirance irrésistible que nous éprouvons envers unobjet ou une personne que l’on vient de rencontrer d’une manièreinattendue. On peut avoir un coup de foudre pour un appartement,pour une robe et bien sûr, pour un(e) inconnu(e) qui apparaitcomme LA PERSONNE avec qui l’on a toujours rêvé de passer lereste de sa vie. Le coup de foudre amoureux est la découverte decette moitié attendue depuis le plus jeune âge, de ce double qui

nous renvoie notre propre image comme s’il s’agissait du refletd’un miroir. C’est un phénomène mystérieux qui nous montre leslimites de ce que l’on peut expliquer, c’est-à-dire, de ce qui estrationnel et qui provoque en nous, surement pour cela, uneprofonde stupéfaction similaire à l’engourdissement produit parl’électricité [11] Inspiré par cette analogie, le poète Heinrich Heines’interrogeait ainsi, sur l’essence de l’amour au début du dix-neuvième siècle :Ce que sont les coups de bâton, on le sait ; mais ce qu’estl’amour, personne encore ne l’a découvert. Quelquesphilosophes modernes ont soutenu que c’était une sorted’électricité. Cela est possible ; car, dans le moment où l’ons’amourache, on sent comme un rayon électrique de l’œil del’objet aimé qui frappe droit dans le cœur (Heine, 1834, p. 226).

C’est précisément ce caractère énigmatique du coup de foudre quinous invite à nous interroger sur sa nature, ainsi que sur lesparticularités qui peuvent entrainer l’expression française del’expérience de cette attirance physique irrésistible et inexplicablepar rapport à d’autres univers culturels. Bien que nous puissionsconstater des représentations similaires de l’amour subit et sauvagedans toutes les langues comme love at first sight en anglais etLiebe auf der ersten Blick en allemand qui font référence à la vue,ou encore flechazo en espagnol qui fait allusion à la flèchemythique envoyé par Cupidon ; l’appropriation du phénomènemétéorologique de la foudre semble être une spécificité de lalangue française comparable au colpo di fulmine en italien etdragoste pre fulgeratoare en roumain, des expressions qui sontvraisemblablement des calques syntactiques de la locutionfrançaise. [22] De plus, parmi les diverses manières que nousretrouvons pour exprimer cet amour passionnel dans différenteslangues, la métaphore française du « coup de foudre » estparticulièrement puissante car elle met en avant les ressemblancesentre l’affinité affective et physique qui se produit de manièreinstantanée entre deux personnes et la décharge électrique violenteoccasionnée entre deux nuages d’orage où entre un nuage et laterre ; une secousse qui peut entraîner des changements d’étatphysiologique chez l’individu comme des brûlures, tremblements,paralysies ou, de plus graves conséquences encore, comme lamort. [33] Néanmoins, la passion amoureuse n’a pas toujours étéperçue par l’intermédiaire de la métaphore de la foudre en français.Du point de vue linguistique, l’utilisation de l’expression « coup defoudre » pour se référer au domaine sentimental remonte à laseconde moitié du dix-huitième siècle ; moment où l’on peutconstater l’acceptation du nouveau sens de cette expression dansles dictionnaires de l’époque. [44] En prenant comme point dedépart cette altération sémantique, cet article vise à examiner lestransformations culturelles qui ont donné lieu à la naissance decette expression affective dans le monde francophone et,notamment celles concernant les changements dans les codes de laconduite amoureuse. [55] Afin de reconstruire l’histoire du coup defoudre, on recourra à l’analyse des textes philosophiques, littéraires,psychologiques, psychiatriques ou encore, ceux appartenant à lanouvelle science de l’électricité développée pendant la secondemoitié du dix-huitième siècle. [66] Cette approche multidisciplinaire,qui est propre au programme de recherche appelé parmi lesspécialistes « Histoire des émotions » (Rosenwein, 2006, pp. 33-48), « Histoire des sensibilités » (Febvre, 1941, pp. 5-20) ouencore, « Histoire de l’affectivité » (Boquet et Nagy, 2011, pp. 5-24) va nous permettre d’expliquer de manière globale le processuspar lequel a été façonné notre image contemporaine de l’amoursoudain et violent comme une décharge électrique entre le ciel et la

terre. [77]. -tenu de cette comparaison entre « le feu du ciel », lafoudre, et le « feu sexuel », la passion amoureuse, nous allonsinterpréter l’apparition de cette métaphore comme unetransposition de la nouvelle signification scientifique que reçoit lafoudre dans les codes amoureux en vigueur entre la seconde moitiédu XVIIIe et la première moitié du XIXe siècle. [88]

Sur les origines et les formes de l’amourSur les origines et les formes de l’amour Avant d’entreprendrecette étude sur l’histoire du coup de foudre, il faut tout d’aborddistinguer deux aspects de l’amour qui sont souvent conçus commecontradictoires : le coup de foudre et le sentiment amoureux. Alorsque l’amour désigne un sentiment d’affection et d’attachement quigerme avec le temps, c’est-à-dire qui a « une étenduetemporelle » ; le coup de foudre révèle un caractère ponctuel etinstantané qui correspond à ce qu’on appelle une émotion : « unchoc brusque, souvent violent et intense » (Ribot, 1896, p. 21). Lepsychologue Théodule Ribot expliquait la différence entre coup defoudre et sentiment amoureux de la manière suivante :Sur l’origine de la passion, les moralistes et les romanciers ontfait cette remarque qu’elle naît de deux manières différentes :par coup de foudre ou par « cristallisation », par action brusqueou par actions lentes. Cette double origine dénote uneprédominance tantôt de la vie affective, tantôt de la vieintellectuelle. Quand la passion naît par coup de foudre, elle estissue directement de l’émotion elle-même et en conserve lanature violente, autant du moins que sa métamorphose en unedisposition permanente le permet. Dans l’autre cas, le rôleinitiateur est dévolu aux états intellectuels (images, idées) et lapassion se constitue lentement par l’effet de l’association (…)Cette forme de passion, en raison de son origine, a moins defougue et plus de ténacité (Ribot, 1896, p. 73).

Bien que l’amour puisse naître d’une émotion ou d’un sentiment,cette dernière source est préférable pour Ribot car le coup defoudre représente toujours une phase transitoire qui doit aboutir àun état de plus longue durée ou bien disparaître à cause de safugacité intrinsèque. Cette ambigüité du coup de foudre comme unphénomène fascinant touchant uniquement certaines personnesprivilégiées, mais qui à son tour se révèle être une expérienceillusoire menant forcément les individus foudroyés à l’excès, estperceptible dans les représentations cinématographiques. Ainsi, desfilms comme Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2002) ou Lepetit tailleur (2011) oscillent entre une reproduction de la rencontreamoureuse comme une expérience initiatique, unique etmiraculeuse dans l’histoire personnelle de l’individu et celle d’uneépreuve dangereuse et douloureuse impliquant « une discontinuitétemporelle » , une interruption brutale d’une trajectoire de vie etentraînant par conséquent, la redéfinition de la biographie du sujetfoudroyé par rapport à cette rencontre originaire. [99] À ce propos,Roland Barthes écrivait dans ses Fragments d’un discours amoureuxen paraphrasant les fameux vers du Phèdre de Jean Racine, que lecoup de foudre symbolisait toujours la reconstruction :[…] d’une image traumatique, que je vis au présent, mais que jeconjugue (que je parle) au passé : « je le vis, je rougis, je pâlis àsa vue. Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue » : le coup defoudre se dit toujours au passé simple : car il est à la fois passé(reconstruit) et simple (ponctuel) : c’est, si l’on peut dire : unimmédiat antérieur. L’image s’accorde bien à ce leurretemporel : nette, surprise, encadrée, elle est déjà (encore,toujours) un souvenir (…) : lorsque « je revois » la scène durapt, je crée rétrospectivement un hasard : (…) je ne cesse dem’étonner d’avoir eu cette chance : rencontrer ce qui va à mon

désir ; ou d’avoir pris ce risque énorme : m’asservir d’un coup àune image inconnue (et toute la scène reconstruite opèrecomme le montage somptueux d’une ignorance) (Barthes, 1977,pp. 227-8).

Ce que Barthes semble nous dire avec cette affirmation sur l’amourimmédiat, brutal et imprévu qui secoue l’existence de la personneparfois jusqu’à la dévaster complètement est qu’il s’agitparadoxalement d’une expérience dont le caractère redoutable etl’efficacité nécessitent une médiation pour prendre forme à lamanière d’une confession, car la personne foudroyée est incapablede raconter son expérience dans un tel état d’éblouissement. Alorsque le coup de foudre symbolise la négation du temps et del’espace, cette expérience de l’instant éternel fait toujours appel à lamédiation narrative pour devenir une émotion qu’on partage avecles autres. - [1010] C’est justement cet aspect du coup de foudre - saforme narrative - qui nous permet de comprendre les formesrhétoriques qui sont mobilisées pour exprimer la rencontreamoureuse comme un phénomène qui va au-delà dupsychologique, car il s’articule en accord à une structure-typeincluant des éléments communs : (a) un préalable état defrustration, d’ennui ou de mélancolie, (b) la fascination provoquéepar la vue de l’amant(e) qui est toujours marquée par le mystère et(c) le désir physique irréfrénable qui peut même entraîner descomportements pathologiques comme la folie ou le suicide. [1111]Nous pouvons retrouver un excellent exemple de l’articulation deces différents éléments dramatiques dans le roman intitulé La vieillefille d’Honoré de Balzac.La grisette, qui certes a l’instinct de la misère et des souffrancesdu cœur, ressentit cette étincelle électrique jaillie, on ne saitd’où, qui n’explique point, que nient certains esprits forts, maisdont le coup sympathique a été éprouvé par beaucoup defemmes et d’hommes. C’est tout à la fois une lumière qui éclaireles ténèbres de l’avenir, un pressentiment des jouissances puresde l’amour partagé, la certitude de se comprendre l’un etl’autre ; c’est surtout comme une touche habile et forte faite parune main de maître sur le clavier des sens ; le regard est fascinépar l’irrésistible attraction, le cœur est ému, les mélodies dubonheur retentissent dans l’âme aux oreilles, une voix crie : -c’est lui. Puis, souvent la réflexion jette ses douches d’eau froidesur cette bouillante émotion, et tout est dit. En un moment,aussi rapide qu’un coup de foudre, Suzanne reçut une bordée depensées du cœur ; un éclair de l’amour vrai brûla les mauvaisesherbes écloses au souffle du libertinage et de la dissipation(Balzac, 1841, p. 6).

Bien que le coup de foudre soit vécu comme une expérience intimechez la personne ou le couple, qui semble habiter dans un universen dehors du réel, cette émotion répond à certains patrons culturelsqui permettent de nous représenter « le commencement du faitamoureux » , « la scène initiale au cours de laquelle » (Barthes, op.cit.) nous nous imaginons une histoire d’amour vraie. Peu importesi le coup de foudre finit par devenir une relation stable, unmariage ou se révèle finalement comme un échec car son destintragique est précisément d’être éphémère. Dans ce sens, l’analogieentre le phénomène météorologique et émotionnel de la foudre viseà construire une conception de l’amour passionnel qui « méprisel’épreuve de l’engagement dans les rapports sociaux » (Shorter,1981, p. 13), c’est-à-dire qui se construit par définition contrel’institution du mariage moderne au cours du XVIIIe siècle et quipourtant, la justifie en montrant le destin tragique de ce genre detransgression sociale. Comme nous allons le voir, une analyse sur

les changements perçus dans la représentation du coup de foudre àcette période montre que des symboles comme la passion et le feurenouvèlent leur affiliation culturelle par l’intermédiaire d’imagesscientifiques comme l’électricité. C’est pour cela, qu’on examinerales ressemblances entre les inventions proposées par les savantsafin de contrôler les effets dévastateurs de la foudre, comme lesparatonnerres, et les mécanismes développés pour maîtriser lapassion amoureuse démesurée dans la société française, tels que lacréation d’une éducation sentimentale notamment popularisée pardes personnalités littéraires comme Stendhal, Balzac etFlaubert. [1212]

Etymologie et mythologie du coup de foudre Etymologie et mythologie du coup de foudre Pourcomprendre l’évolution historique de cette émotion électrique dansle monde francophone, une enquête s’impose tout d’abord surl’étymologie du syntagme formé par « coup » et « foudre » , ainsique sur la signification mythologique, scientifique et affective de cephénomène symbolisant le feu du ciel. D’un côté, le mot « coup »est présent dans de nombreuses expressions composées en français.Ainsi, par exemple, on parle d’un « coup de chance » pourdésigner un heureux hasard ou d’un « coup d’état » pour se référerà la prise du pouvoir de manière violente et illégale. Dans toutesces locutions le mot « coup » , qui signifie « l’impression que faitun corps sur un autre en le frappant, le perçant, le divisant »(Dictionnaire de l’Académie française, 1798, p. 328) contribue àdonner une impression de rapidité à l’action dont on parle.D’ailleurs, selon le Dictionnaire de Pierre Richelet, le mot « coup »employé seul pouvait déjà s’appliquer à la fin du XVIIe siècle audomaine des passions, mais il été plus fréquemment associé à lastupeur causée par un événement inattendu et catastrophique(Richelet, 1728, p. 580). D’un autre côté, l’étymologie de« foudre » nous indique qu’il s’agit d’un mot emprunté à la formelatine fulgura ou fulgur qui signifiait à l’origine, « éclair » . Selon leDictionnaire de l’Académie Française publié en 1798, on appellefoudre « l’exhalaison enflammée qui sort de la nue avec éclat etviolence » et aussi le « symbole adopté par les sculpteurs antiques,attribué à Jupiter » incarnant une arme capable d’exprimer la colèrede la divinité (Dictionnaire de l’Académie française, 1798, p. 606).Comme le philosophe Gaston Bachelard l’a montré, la foudrereprésente dans la pensée mythique ce qu’on appelle le « feu duciel » ou « feu frappé » et qui contrairement au « feu frotté »(Bachelard, 1949, pp. 34-6 et Schurmans, 2010, p. 6) - le feu dufoyer, du chaud et du contrôle - symbolise l’instance sacrée quiéchappe au contrôle de la volonté, provoquant la peur chezl’homme. De plus, selon Bachelard « ce feu du ciel » estétroitement lié dans les structures de la pensée humaine à notreconception de la passion amoureuse par opposition au feu du foyer,qui nous renvoie au sentiment amoureux cultivé dans la sérénité(Bachelard, op.cit.). Ces rapports métaphoriques entretenus entre lefeu et l’amour vont être renouvelés pendant la seconde moitié duXVIIIe siècle grâce aux recherches scientifiques sur la natureélectrique de la foudre car le phénomène physique du frottementest alors interprété comme ayant des fortes connotations sexuelles.- [1313] Bien que l’expression « coup de foudre » soit fréquente dèsla Renaissance pour annoncer une catastrophe humaine commel’éclatement d’une guerre, c’est au XVIIIe siècle que l’on peutconstater une association de ce phénomène à l’amour de Dieu etpas uniquement à sa colère. [1414] Plus tard, dès la fin du XVIIIesiècle, cette métaphore commence à être utilisée dans un senstransposé, intériorisé sur le plan émotionnel, pour signifier l’amoursubit et violent. Ainsi, Jean-Jacques Rousseau nous offre dans LesConfessions une très belle description des effets physiologiques de

l’amour avec le langage de la science de l’électricité, quand il décritsa rencontre avec mademoiselle de Graffenried. [1515]L’effet de l’électricité n’est pas plus prompt que celui que cesmots firent sur moi. En m’élançant sur le cheval demademoiselle de Graffenried je tremblois de joie ; et quand ilfallut l’embrasser pour me tenir, le cœur me battoit si fortqu’elle s’on aperçut : elle me dit que le sien lui battoit aussi pourla frayeur de tomber (Rousseau, 1835, p. 26).

Cette transformation dans la locution française nous fait penser quenotre conception contemporaine du coup de foudre amoureuxcompris comme une décharge d’électricité atmosphérique entre lesnuages et la terre qui se manifeste par « une vive lueur (l’éclair) etune violente détonation (le tonnerre) » apparaît suite à lacontroverse scientifique sur la nature électrique de la foudre et ladiscussion sur les moyens potentiels qui devaient être mis en placepar les hommes pour se défendre de ses effets dévastateurs. Ilfaudra attendre la désacralisation du phénomène météorologique dela foudre qui a lieu à la fin du XVIIIe siècle suite à l’acceptation del’explication naturaliste pour qu’on puisse exprimer cette idée duchoc amoureux produit par une sorte de décharge électriqueprovenant du ciel. [1616] En effet, la discussion sur la nature de lafoudre a eu un retentissement particulier en France où lesrecherches sur l’électricité étaient devenues une fascination, pasexclusivement pour les savants appartenant à l’Académie desSciences de Paris, mais aussi pour une grande partie des amateursqui répétaient des expériences dans leur cabinet de physique. Dansla France prérévolutionnaire, l’électricité comme le magnétismeétaient loin de ne constituer qu’un champ de la science académiqueet les recherches expérimentales liées à cette branche de laconnaissance appartenaient au plus vaste domaine de ce qu’onappelle « la science populaire » . [1717] La démultiplication depublications concernant l’électricité à cette époque et en rapport àdes matières comme l’électricité médicale et au phénomène de lafoudre renforce cette thèse. Entre 1771 et 1820 sont apparus 487articles dans le Journal de Physique dont 18% étaient consacrés àanalyser les rapports entre l’électricité et le vivant et 20% auphénomène de la foudre, ce qui « confirme l’importance sous-estimée dans la production scientifique de deux grandesapplications de l’électricité au XVIIIe siècle, le paratonnerre etl’électricité médicale » (Blondel, 2000, p. 216). Bien quel’américain Benjamin Franklin soit reconnu universellement commela personnalité qui établit pour la première fois que la foudre est unphénomène électrique suite aux expériences qu’il mène àPhiladelphie en 1752 avec un cerf-volant, la réception en France decette découverte allait faire sensation à tel point que le Roi LouisXV allait remercier personnellement le savant américain. [1818] Cettefascination pour la foudre comme phénomène météorologiqueprécède la publication de la découverte de Franklin. En 1750, lanature électrique de la foudre faisait l’objet de la dissertation dumédecin Denis Barberet (1714-1770), qui remporte le prix del’Académie royale des Belles-Lettres, Sciences et Arts deBordeaux. [1919] Trois ans après, le physicien Jacques de Romas(1713-1776), qui avait déjà écrit un mémoire sur ce sujet en 1750,assure avoir réalisé l’expérience du cerf-volant bien avantFranklin. [2020] De plus, le célèbre savant américain allait trouver unde ses plus infatigables supporters en France, Thomas-FrançoisDalibard (1703-1779), premier savant à répéter l’expérience ducerf-volant à Marly-la-Ville en 1752 et à traduire ses écrits enfrançais. Franklin, lui-même allait devenir membre associé étrangerde l’Académie des Sciences en 1772, grâce au travail depopularisation de ses expériences menées par Dalibard et Jean

Baptiste le Roy (1720-1800), successeur de Nollet à l’Académie desSciences, qui admettra l’utilité du paratonnerre pour prévenir leseffets de la foudre sur la population. Néanmoins, la décisiongouvernementale d’ériger des paratonnerres dans des villes commeParis (où le premier est placé dans le quartier du Louvre) fut unprocessus beaucoup plus périlleux à cause de l’opposition decertains secteurs de la société qui considéraient l’usage de cesdispositifs comme une attaque contre la volonté de Dieu. [2121] Àcet égard, plusieurs ouvrages sont publiés afin de changer lesmentalités de l’époque comme L’essai sur le tonnerre considérédans ses effets moraux sur les hommes écrit par le suisse JeanLanteires, qui étaient précisément destinés à invalider la conceptionthéologique du coup de foudre météorologique comme unepunition divine ainsi qu’à démontrer les avantages de l’utilisationdu paratonnerre, avec la description de la mort d’une jeune fille àLausanne. [2222] Ainsi, le paratonnerre devenait progressivement unobjet de culte symbolisant la science du merveilleux à l’époque dela fin des Lumières. L’enthousiasme des Français pour ce dispositifallait si loin que les gens se promenaient avec des parapluie-paratonnerres ou des chapeaux-paratonnerres, ces objets devenantà la mode dans la capitale française. [2323]. La préoccupationscientifique, puis la fascination sociale vis-à-vis du paratonnerre,allaient transférer l’expression « coup de foudre » dans le domainesentimental pour désigner un amour subit et violent. Une preuveirréfutable de ce transfert est que le vaudois Jean Lanteiresintroduisit le thème du coup de foudre dans un ouvrage intituléQuelques avis aux institutrices de jeunes demoiselles, où iln’hésitait pas à prévenir sur les conséquences morales inattenduesde la passion amoureuse. - [2424] Comme nous allons le voir dans ladernière partie de cette étude, la popularisation de cette métaphoreélectrique dans le monde francophone sera finalement le travail decertaines personnalités littéraires du XIXe siècle, qui vont réussir àcondenser par l’intermédiaire de ce phénomène naturel unereprésentation poétique de la passion amoureuse qui durera jusqu’ànos jours.

La codification du coup de foudre dans la littératureLa codification du coup de foudre dans la littératuresentimentalesentimentale En 1822, Stendhal écrivait dans son traitépsychologique intitulé De l’Amour à propos du coup de foudre« qu’il faudrait changer ce mot ridicule ; cependant la choseexiste » (Stendhal, 1857, p. 44). Selon lui, l’origine de cettemétaphore dans le domaine affectif remontait à « ce que lesromans du dix-septième siècle appelaient le coup de foudre, quidécide du destin du héros et de sa maîtresse » (Stendhal, 1857, pp.6-7). Stendhal semblait se référer avec cette affirmation auxtragédies comme le Phèdre (1677) de Jean Racine, où le coup defoudre est décrit comme l’attraction irrésistible qu’éprouve Phèdreenvers Hippolyte. Néanmoins, nous devons au traité de Stendhal, laconsécration de la représentation électrique de la passionamoureuse dans la littérature française par opposition à ce qu’ilcomprend comme la « cristallisation du sentiment amoureux »(Stendhal, 1857, op. cit.). Chez Stendhal, la cristallisation est leprocessus d’idéalisation grâce auquel la personne modèle la réalitésur ses désirs en couvrant de perfections l’objet aimé. Le mot« cristallisation » est utilisé en ce sens, par analogie avec unphénomène géologique qu’il explique avoir vu aux mines de sel deSalzbourg où :[…] on jette dans les profondeurs abandonnées de ma mine unrameau d’arbre effeuillé par l’hiver ; deux ou trois mois après,on le retire couvert de cristallisations brillantes ; les plus petitesbranches, celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d’unemésange, sont garnies d’une infinité de diamants mobiles et

éblouissants (Stendhal, 1857, p. 5).

Dans De l’amour, un ouvrage à mi-chemin entre la littérature etl’analyse psychosociologique prétendant donner une « descriptioncirconstanciée de toutes les phases de la maladie de l’âme nomméeamour » (Stendhal, 1857, p. VII), le coup de foudre devient unélément clé pour expliquer le premier stade d’un processusbeaucoup plus complexe qui commence par l’admiration etcontinue avec le désir, l’espérance, puis donne lieu à la premièrecristallisation et ensuite, le doute qui s’installe dans l’esprit jusqu’àce que l’on assiste à une deuxième cristallisation. Suivantl’approche de l’idéologie de Destutt de Tracy, Stendhal analysel’expérience physiologique du coup de foudre comme l’étatprovenant de l’ennui, où l’on croit être dirigé par « une forcesupérieure » , qui nous a ravi la raison ; puis on rougit « de penseravec quelle rapidité et quelle violence on s’est vu entraîné versl’autre » (Stendhal, 1857, p. 44). De cette façon, le coup de foudres’explique par opposition au sentiment amoureux, car alors que lacristallisation atteint le sommet de l’amour dans la durée, le coupde foudre est un choc inattendu. La morale qu’on peut tirer deshistoires reproduisant des coups de foudre, comme celle de la jeuneWilhelmine racontée par Stendhal, ou bien celle de Fréderic dansL’Education sentimentale (1869) de Flaubert, est qu’il faut seméfier de la passion amoureuse car alors qu’elle se présente commeun moment unique et exceptionnel, elle se manifeste par la suitecomme une expérience illusoire, inefficace pour construire lesfondements d’une relation amoureuse qui puisse faire face autemps. [2525] Dans un sens métaphorique, nous pouvons interpréterle rôle de la littérature française de la première moitié du XIXesiècle comme une sorte de « paratonnerre culturel » de cettepassion menée à l’excès qui doit être reconduite dans les limitessociales du sentiment amoureux et donc, du mariage au sensmoderne de ce terme. De cette façon, la codification du coup defoudre dans la littérature sentimentale indique la répercussion decertaines transformations sociales depuis la Révolution française,comme l’acceptation du mariage d’inclination, un contrat quirepose sur la liberté de choix et des sentiments partagés, et dont laprincipale menace était d’être foudroyé par la passionamoureuse. [2626]

En conclusion, l’histoire de la représentation affective de cetteétincelle éphémère, qui nous terrorise mais qui, en même tempsdonne la signification ultime à notre vie sentimentale, a montré queson expression dans la culture française n’a pas toujours été décritepar l’intermédiaire de la métaphore de la foudre. Son apparitiondoit être comprise comme le résultat d’un processus historiquecontingent où plusieurs facteurs ont joué un rôle capital : d’unepart, les changements dans la perception scientifique de la foudre àla fin du XVIIIe siècle, ainsi que l’acceptation de certains dispositifscomme le paratonnerre pour éviter ses effets dévastateurs ; del’autre, les transformations qui ont eu lieu dans la conduiteamoureuse entre la seconde moitié du XVIIIe et le début du XIXesiècle et qui ont opposé l’amour conçu comme une passion et celuiqui se nourrit d’un sentiment. Enfin, la popularisation du coup defoudre dans la littérature du XIXe siècle a consacré notrereprésentation actuelle de l’amour soudain et violent comme unedécharge électrique entre le ciel et la terre. Si le coup de foudre estdevenu aujourd’hui une expression courante dans notre viequotidienne, elle révèle bien des vicissitudes de la vie affective dupassé.

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[11] * Ce travail a été préalablement présenté lors de la conférence « Les émotions dans la culturefrançaise et francophone » qui a eu lieu en novembre 2014 à l’Université d’Haïfa (Israël). De plus, j’aieu l’opportunité de discuter les thèses principales de cette étude avec les étudiants de mon cours« Emotion, corps et médecine : un regard historique » de l’Université de Genève. Je dois lesremercier pour avoir échangé avec moi autour du coup de foudre.

[22] Houda Ounis et Danielle Leeman, « ‘Coup de foudre’ : métaphore ou signifié dans la langue ? »,Serge Martin, Chercher les passages avec Daniel Delas. Paris : L’Harmattan, 2003, pp. 117-132 etHouda Ounis, « De la distinction entre nom d’émotion et nom de sentiment » Iva Novakova et AgnèsTutin (dir.), Le Lexique des émotions. Grenoble : Ellug, 2009, pp. 39-53. Concernant les calqueslinguistiques, il faut consulter Daniele Grasso, Innovazioni sintattiche in italiano alla luce dellanozione di calco. Thèse de doctorat en linguistique italienne. Université de Genève, 2007, p. 33. Lafoudre est aussi impliquée dans plusieurs expressions utilisées pour se référer à l’amour en Thaïlandeet Turquie.

[33] Sur les effets de la foudre sur l’organisme humain, et notamment sur l’apparition des figures deLichtenberg sur la peau, voir L. Mermet et al., « La foudre : un phénomène redouté, des aspectscliniques souvent méconnus », Reanimation Urgences, 9, 2000, pp. 367-373.

[44] Le Dictionnaire de l’Académie française, atteste l’existence de la signification du coup de foudreamoureux à la fin du XVIIIème siècle. (1798, 5ème édition, p. 606). D’autres dictionnaires pluscontemporains datent l’apparition du nouveau sens plus tard, en 1813. Cf. Alain Rey (dir.). Le Robert,Dictionnaire historique de la langue française. Paris : Dictionnaires le Robert, 1992, tome I, Voiraussi, Claude Duneton, La Puce à l’oreille : Anthologie des expressions populaires avec leur origine.Paris : Balland, p.44.

[55] Sur les transformations de l’amour et de l’institution du mariage dans la France du XVIIIe siècle, ilfaut consulter Jean-Louis Flandrin, « Amour et Mariage au XVIIIe siècle », Le Sexe et l’Occident :Evolution des attitudes et des comportements. Paris : Le Seuil, 1981, pp. 83-96. Voir aussi à ce sujet,Philippe Ariès, « L’amour dans le mariage », Communications, 35, 1982. Sexualités occidentales.Contribution à l’histoire et à la sociologie de la sexualité, pp. 116-122.

[66] Sur l’histoire du coup de foudre, voir Anouchka Vasak, « De l’orage dans l’air », Alain Corbin

(dir.) La pluie, le soleil et le vent. Une histoire de la sensibilité au temps qu’il fait. Paris, Aubier,2013, pp. 143-176.

[77] Voir aussi, Quentin Deluermoz, Emmanuel Fureix, Hervé Mazurel et M’hamed Oualdi, « Écrirel’histoire des émotions : de l’objet à la catégorie d’analyse », Revue d’histoire du XIXe siècle, 47,2002, pp.155-189)

[88] Daniel Vander Gucht, « La religion de l’amour et la culture conjugale », Cahiers internationauxde Sociologie, 97, 1994, pp. 329-353.

[99] Smain Laacher « Destins tragiques des coups de foudre. Les archives de Ménie Grégoire »,Terrain, n° 27, 1996, p. 75.

[1010] Sur la nécessité de la forme narrative pour comprendre la signification sociale du coup defoudre, voir Marie-Noëlle Schurmans et Lorraine Dominicé, Le Coup de foudre : Essai de sociologiecompréhensive. Paris : PUF, 1997 ; Marie-Noëlle Schurmans, « D’amour et du feu » SociologieS [Enligne], Dossiers, Émotions et sentiments, réalité et fiction, mis en ligne le 01 juin 2010, consulté le 11octobre 2013. URL : http://sociologies.revues.org/3157.

[1111] La structure narrative du coup de foudre est aussi examinée dans Patrick Martin, « D’unpréalable mélancolique à l’occurrence du coup de foudre » L’évolution psychiatrique,1994, vol. 59, no 4, p. 673.

[1212] Sur le rôle du discours littéraire dans la codification des sentiments au tournant du XIXe siècle,voir Gabrielle Houbre, La Discipline de l’amour. L’éducation sentimentale des filles et des garçons àl’âge du Romantisme. Paris : Plon. 1997.

[1313] Concernant l’utilisation de la terminologie scientifique pour se référer à l’amour au XVIIIe siècle,voir Philip Stewart, La masque et la parole, le langage de l’amour au XVIIIe siècle. Paris : José Corti,1973, p. 38. Les connotations sexuelles de l’électricité produite par frottement ont été immortaliséesdans des romans de l’époque. Cf. Révéroni de Saint-Cyr, Pauliska ou la perversité moderne.Mémoires récents d’une polonaise. Paris : Desjonquères, 1991.

[1414] Concernant l’utilisation du « coup de foudre » pour se référer à la guerre, voir François Laurent,Étude sur l’histoire de l’humanité : la Révolution française. Paris : Marpon et E. Flammarion, 1867-8,p. 526. Pour sa part, l’historien suisse François Walter indique dans que dès le XVIIIe siècle le coupde foudre est associé à l’amour de Dieu. Voir Catastrophes : une histoire culturelle, XVI-XXI siècles.Paris : Le Seuil, 2008, p.141

[1515] A propos de l’important rôle joué par Rousseau dans le tournant affectif du XVIIIe siècle, voirPhilip Stewart, L’invention du sentiment. Roman et économie affective au XVIIIe siècle. Oxford :Voltaire Foundation, 2010. D’autres exemples préalables du coup de foudre dans la littératurefrançaise du XVIIIe siècle peuvent être retracés dans le roman du Comte de Caylus, Les Manteaux :recueil. Paris, 1745, p. 45 et dans l’ouvrage de Marie-Geneviève-Charlotte Thiroux d’Arconville, DesPassions. Londres, 1775, p.26.

[1616] Walter, op.cit., pp. 116-7.

[1717] Concernant les intersections entre science populaire et électricité, voir Robert Darnton, La findes Lumières : le mesmérisme et la Révolution. Odile Jacob : Paris, 1995.

[1818] I. Bernard Cohen, « A Note concerning Diderot and Franklin », Isis, 46(3), 1955, p. 269.

[1919] Denis Barberet, Dissertation sur le rapport qui se trouve entre les phénomènes du tonnerre etceux de l’électricité. Bordeaux, 1750.

[2020] Jacques de Romas, Mémoire, sur les moyens de se garantir de la foudre dans les maisons ; suivid’une lettre sur l’invention du cerf-volant électrique, avec les pièces justificatives de cette mêmelettre. Bordeaux, 1776.

[2121] Peter Heering, « Styles of Experimentation and the Attempts to Establish the Lightning Rod inPre-Revolutionary Paris », Transactions of the American Philosophical Society, 99(5), pp. 121-143.

[2222] Jean Lanteires, Essai sur le tonnerre considéré dans ses effets moraux sur les hommes et sur uncoup de foudre remarquable. Lausanne, 1789. Voir aussi, Louis Dufour, « Note sur un coup defoudre Lausanne », Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, 52, 1865, p. 1-4 ; DanielColladon, Sur les dégâts causés par un coup de foudre d’une intensité exceptionnelle. Gauthier-Villars : Paris, 1887.

[2323] Gaston Bonnefont, Le règne de l’électricité. Alfred Mame : Paris, 1895

[2424] Jean Lanteires, Quelques avis aux institutrices des jeunes demoiselles. Lausanne : Chez JeanMourer, 1788, p. 247.

[2525] Gustave Flaubert, L’éducation sentimentale : histoire d’un jeune homme. Michel Lévy Frères :Paris, vol. 1, 1870. A propos du topos littéraire du coup de foudre, voir aussi Jean Rousset, Leursyeux se rencontrèrent : la scène de première vue dans le roman. Paris : José Corti, 1981.

[2626] Sur le mariage d’inclination, voir Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut, Le nouveau désordreamoureux. Paris : Seuil, 1979 ; Maurice Daumas, Le Mariage amoureux : Histoire du lien conjugal àl’Ancien Régime. Paris : Armand Colin, 2004 et Suzanne Desan, The Family on Trial in RevolutionaryFrance. University of California Press : Berkeley and Los Angeles, 2004.

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