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LES CITÉS ET L'ORGANISATION POLITIQUE DE L'ESPACE EN GAULE MÉROVINGIENNE

Date post: 08-Feb-2023
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LES CITÉS ET L'ORGANISATION POLITIQUE DE L'ESPACE EN GAULE MÉROVINGIENNE AU VIE SIÈCLE Marcelo Cândido Da Silva Société française d'histoire urbaine | Histoire urbaine 2001/2 - n° 4 pages 83 à 104 ISSN 1628-0482 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2001-2-page-83.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Cândido Da Silva Marcelo, « Les cités et l'organisation politique de l'espace en Gaule mérovingienne au VIe siècle », Histoire urbaine, 2001/2 n° 4, p. 83-104. DOI : 10.3917/rhu.004.0083 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Société française d'histoire urbaine. © Société française d'histoire urbaine. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 201.50.248.182 - 17/01/2014 11h39. © Société française d'histoire urbaine Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 201.50.248.182 - 17/01/2014 11h39. © Société française d'histoire urbaine
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LES CITÉS ET L'ORGANISATION POLITIQUE DE L'ESPACE ENGAULE MÉROVINGIENNE AU VIE SIÈCLE Marcelo Cândido Da Silva Société française d'histoire urbaine | Histoire urbaine 2001/2 - n° 4pages 83 à 104

ISSN 1628-0482

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2001-2-page-83.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Cândido Da Silva Marcelo, « Les cités et l'organisation politique de l'espace en Gaule mérovingienne au VIe siècle »,

Histoire urbaine, 2001/2 n° 4, p. 83-104. DOI : 10.3917/rhu.004.0083

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© Société française d'histoire urbaine. Tous droits réservés pour tous pays.

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Marcelo Candido da Silva

Les cites et l’organisation politique del’espace en Gaule merovingienne au vi

e siecle 1

D epuis plus d’un siecle, les partages merovingiens retiennent l’in-teret d’historiens et d’erudits. Cela se justifie aisement. Ils consti-

tuent une piece essentielle, non seulement pour comprendre lasuccession royale chez les Merovingiens, mais aussi l’organisation del’espace dans le systeme politique franc. Malgre ce grand interet, et lanombreuse bibliographie qui s’en est suivie, rares ont ete les travaux adeceler dans les partages l’importance des cites. Les historiens se sontdavantage interesses aux limites des anciennes provinces romaines. Lescivitates, dont le nom indique un territoire plus ou moins etendu ayantpour chef-lieu une ville du meme nom, ont garde a l’epoque merovin-gienne les memes limites des cites gallo-romaines 2. Mais en memetemps, elles sont devenues les pieces maıtresses de l’organisation poli-tique et administrative du royaume des Francs, durant tout le vi

e siecle 3.Le soin pris par Gregoire de Tours pour preciser les cites d’origine d’une

tudes

1 . Ce travail a ete realise avec le soutien du « Conselho National de Assistencia a Pesquisa »(CNPq), un organisme de developpement scientifique et technologique du gouvernement bresi-lien.

2. Voir C. Lepelley, « Avant-propos. De la cite classique a la cite tardive : continuites etruptures », dans La fin de la cite antique et le debut de la cite medievale, de la fin du iii

e sieclea l’avenement de Charlemagne, Actes du colloque tenu a l’Universite de Paris X – Nanterre, les 1 , 2et 3 avril 1993, Bari, 1996, p. 5-13, ici, p. 6 ; E. Ewig, « Volkstum und Volksbewusstein im Fran-kenreich des 7. Jahrhunderts : Civitas, Pagus, Ducatus und Natio », dans Spatantikes und Franki-sches Gallien, ed. H. Atsma, Munich, 1976, p. 231-273 ; E. Magnou-Nortier, « Du royaume descivitates au royaume des honores. Episcopatus, comitatus, abbatia dans le royaume franc (vi

e-ix

e siecle) », dans L. Lepelley (sous la direction de), La fin de la cite antique, p. 311-344.

3. Gregoire de Tours, Decem Libri Historiarum IV, 22 ; IX, 20. D’apres N. Gauthier, entre lesgrandes invasions du v

e siecle, qui ont entraıne massacres et deplacements de populations vers leSud-Est, et la peste qui, surtout a partir de 587, a depeuple le Sud, le vi

e siecle constitue uneepoque de relatif equilibre et de relative prosperite ; voir « Le paysage urbain en Gaule auvi

e siecle », dans N. Gauthier et H. Galinie (sous la direction de), Gregoire de Tours et l’espacegaulois, Actes du congres international, Tours, 3-5 novembre 1994, Tours, 1997, p. 49-63. Voiraussi, de L. Pietri, Topographie chretienne des cites de la Gaule des origines au milieu duviii

e siecle, t. V, 1987.

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bonne partie des personnages qu’il cite, montre l’importance de cetteentite en Gaule merovingienne 4. De ce point de vue, il y a eu un change-ment significatif par rapport a l’organisation administrative de l’epoqueromaine, dans lequel les provinces occupaient le premier plan. Certes,nos connaissances a propos du gouvernement des civitates merovin-giennes sont assez reduites, car seules quelques-unes d’entre elles ontlegue des documents permettant de bien connaıtre leur administration.Cependant, nous pensons pouvoir affirmer qu’elles constituaient la basedes arrangements territoriaux dans le royaume des Francs au vi

e siecle,et que ces arrangements n’etaient pas fondes exclusivement sur lessimples convenances personnelles des souverains francs ni sur unrecours a la tradition germanique. Il s’agit donc d’essayer de deceler unelogique politique dans les partages du vi

e siecle, et par-la montrer l’exis-tence dans le regnum Francorum d’un decalage entre la sphere desinterets prives des souverains et celle des interets publics. Tel est, dumoins, l’objectif essentiel de ce travail.

Les partages dans l’historiographie

Le premier partage du regnum Francorum dont Gregoire de Tours faitmention dans le Decem Libri Historiarum, est celui qui a eu lieu apres lamort de Clovis. Ses quatre fils, Thierry (v. 484-533), Clodomir (v. 495-524),Childebert (v. 497-558) et Clotaire (v. 499-561 ), ont chacun obtenu unepartie du royaume. Selon l’expression utilisee par l’auteur, il se serait agid’un partage aequa lantia, a balance egale 5. La meme expression revientdans le recit de l’eveque de Tours lorsqu’il est question de l’assassinat parClotaire et par Childebert des fils de Clodomir, mort durant la guerrecontre les Burgondes. Apres le meurtre de leurs neveux, les fils de Clovisse sont partage le royaume de leur frere tenant la balance egale entre eux– Gregoire laisse entendre que Thierry n’a pas beneficie de ce partage 6. Ilest a nouveau question d’equilibre dans le recit de la succession deClotaire, devenu seul roi des Francs de 558 a 561 . Apres sa mort, l’un deses fils, Chilperic, a voulu accaparer la plupart de l’heritage paternel. Ils’est empresse de prendre possession du tresor royal et de Paris, presti-gieux centre politique du royaume, ou Clovis etait enseveli. Mais ses freres

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4. Decem Libri Historiarum II, 11 ; VIII, 23 ; VIII, 31 ; IX, 6. J. Durliat, « Episcopus, civis etpopulus dans les Historiarum Libri de Gregoire de Tours », dans N. Gauthier et H. Galinie (sousla direction de), Gregoire de Tours et l’espace gaulois, p. 185-193.

5. Decem Libri Historiarum III, 1 .

6. Ibid. III, 18.

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s’etant associes contre lui, ils ont procede, ajoute Gregoire, a un partageregulier du royaume 7.

Certains auteurs comme l’abbe Le Beuf, ont vu dans le terme aequalantia la preuve que les partages merovingiens obeissaient a une logiquegeographique, selon laquelle les territoires obtenus par chaque princeetaient equivalents du point de vue de l’extension territoriale 8. Cetteidee est par ailleurs le point de depart de la these de Fustel de Coulanges,pour qui le royaume a l’epoque merovingienne etait un bien prive dessouverains, un patrimoine, qui se transmettait suivant les regles ordi-naires, pouvant meme etre leguee par testament ou par simple declarationde volonte. Meme s’il reconnaıt que ce phenomene etait deja present auBas-Empire, il prend soin de preciser que jamais avant les Merovingiens lepouvoir politique n’avait ete aussi etroitement associe a un bien prive 9.D’autres historiens, en revanche, ont eu souvent le plus grand mal a voirune quelconque coherence dans les arrangements territoriaux merovin-giens. Dans deux ouvrages, Geographie de la Gaule au vi

e siecle (publie aParis, en 1878), et Atlas historique de la France (paru en 1907), A. Longnonrefute vigoureusement l’idee d’une logique geographique des partagesmerovingiens, et il met ainsi en echec l’un des arguments principaux del’approche « patrimoniale » de la monarchie franque. Il se demarque desidees exprimees par l’abbe Lebeuf en montrant la discontinuite territorialedes domaines herites par les fils de Clovis. A. Longnon fait remarquer, nonsans un certain etonnement, qu’a la mort de Clovis, les territoires de laGaule qui appartenaient aux Francs avant 507 ont ete partages d’une faconplus ou moins reguliere, tandis que l’Aquitaine, conquise apres cette date,a ete morcelee entre tous les heritiers sans raison apparente. A son avis,cela ne peut avoir qu’une explication : si chacun des fils de Clovis a voulubeneficier d’une portion du territoire aquitain, c’etait a cause de ses« vignobles fameux » 10. Ce serait donc le gout du vin et non une quel-conque logique geographique ou politique qui se trouverait a l’origine dupartage de 511 .

Les cites et l’organisation politique de l’espace... / 85

7. Ibid. IV, 22.

8. J. Le Beuf, Dissertation dans laquelle on recherche depuis quel temps le nom de France a ete enusage pour designer une portion des gaules, l’etendue de cette portion ainsi denommee, sesaccroissements et ses plus anciennes divisions depuis l’etablissement de la monarchie francaise,Paris, 1761 , p. 84-85.

9. N.-D. Fustel de Coulanges, La monarchie franque, dans Histoire des institutions politiques del’ancienne France, Paris, 1905, p. 649-651 , v. 3. Contre l’argumentation tenue par les partisans del’approche patrimoniale, il faut noter que la succession royale chez les Francs ne s’est pas toujoursaccomplie de pere en fils. Il y a plusieurs exemples dans les chroniques du v

e et du vie siecle de

situations ou le partage du royaume entre tous les heritiers males d’un souverain n’a pas eu lieu.

10. A. Longnon, Geographie de la Gaule au vie siecle, Paris, 1878, p. 90.

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Conscient des limites de l’explication patrimoniale, M. Rouche vachercher dans la tradition germanique une explication pour les partages.Selon lui, la succession de 511 etait une continuation des coutumes matri-lineaires de l’ancienne Germanie 11 . De meme, le partage des territoires deClodomir, en 524, formerait une combinaison de deux coutumes germa-niques ancestrales : la tanistry, qui accordait l’heritage du roi defunt a sesfreres plutot qu’a ses fils, et la succession matrilineaire, qui excluaitThierry, par sa condition de demi-frere du defunt, de tout droit a l’heri-tage 12. C’est sur le recit de Gregoire de Tours qu’il se fonde pour demon-trer l’exclusion de Thierry de l’heritage de Clodomir 13. Il estime que latradition ancestrale etait pratiquement le seul mobile de Childebert etClotaire pour le meurtre de leurs neveux. Neanmoins, des indices nousmontrent que Thierry a effectivement beneficie d’une parcelle des terri-toires de son demi-frere 14. A plusieurs reprises d’ailleurs, les heritiersmerovingiens ont failli etre exclus par leurs oncles de la succession pater-nelle. L’hypothese d’un arrangement politique est plus vraisemblable quecelle du recours au passe germanique. Le partage du royaume d’Orleansentre les fils de Clodomir, comme apparemment le souhaitait la reineClotilde allait a l’encontre des interets de tous les rois en place, quel quefut leur degre de parente avec le roi defunt.

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11 . « Clovis avait donc voulu que ses fils lui succedassent, sans preciser davantage. Si l’on avaitpratique la tanistry a la maniere de Genseric, Thierry, le fils aıne, age alors d’au moins vingt et unans, aurait seul du recevoir le titre de roi et diriger en laissant successivement le pouvoir a chacunde ses demi-freres, Clodomir, Childebert et Clotaire. Mais cela aurait ete considere comme unaffront fait a Clotilde que de releguer au second plan les enfants du mariage officiel au profit durejeton d’une union anterieure de second rang. La tanistry fut donc simultanee (...) Pour Thierry,les choses etaient quasiment faites, en raison du droit de la mere (Mutterecht) (...) Ce retour auxcoutumes germaniques matrilineaires avait des avantages si la succession revenait au dernier frerequi reunifiait tout » (M. Rouche, Clovis, Paris, 1996, p. 350-351 ).

12. Ibid., p. 360-361 .

13. Decem Libri Historiarum III, 18.

14. La Vie de saint Yrieux, de la fin du vie siecle, mentionne la domination exercee par

Theodebert et puis par Theodebald, de la vile d’Angers, qui jadis avait appartenu a Clodomir(Vita sancti Mauri, Mabillon, t. I, p. 290). Le partage du royaume de Clodomir propicia a Thierryaussi une partie de la cite de Sens, comprenant la ville metropolitaine, ainsi que la cite d’Auxerreet de Troyes. Une lettre ecrite en 538 par l’eveque Leo de Sens a Childebert montre que la villeepiscopale de ce prelat, mais non tout son diocese, obeissait a Theodebert (M.G.H. Ep. III, 437).Dans la Vie de saint Phal, les historiens ont trouve des indices de l’appartenance de Troyes aTheodebert ; voir A. Longnon, Geographie de la Gaule au vi

e siecle, p. 98 et p. 105, no 2 ; et aussiE. Ewig, « Die frankische Teilungen und Teilreiche (511-613) », dans H. Atsma (sous la directionde), Spatantikes und Frankisches Gallien. Gesammelte Schriften (1952-1973), p. 128-129.

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Les cites dans les partages merovingiens

Si les partages merovingiens n’etaient pas le resultat d’une perceptionpatrimoniale du royaume, ni d’une quelconque tradition de l’ancienneGermanie, il reste l’hypothese selon laquelle ils seraient, compte tenu dumanque d’homogeneite geographique, le fruit du pur hasard, du capricedes princes francs. Rien n’est moins sur. L’existence d’une certaine logiquedans les partages ne fait pas de doutes dans la mesure ou ces partitionsrepetees n’ont pas conduit a l’eclatement du royaume des Francs en nom-breuses entites politiques independantes. Dans le sens contraire, il y ameme eu des moments ou il retrouvait son unite politique. De l’arriveeau pouvoir de Clovis jusqu’au milieu du viii

e siecle, le regnum Francoruma ete gouverne par un seul roi a plusieurs reprises et durant environ 72 ans.Meme si on considere qu’a partir du milieu du vii

e siecle, le pouvoir desmaires du palais n’a cesse de croıtre, et que le particularisme regionaln’etait pas non plus negligeable, l’eclatement n’a pas eu lieu. Les Mero-vingiens n’ont pas legue a leurs successeurs pippinides plusieurs entitespolitico-administratives, mais un seul royaume. L’œuvre majeure de Char-lemagne, c’est-a-dire la constitution d’un Empire qui reunissait une partieconsiderable de l’Occident europeen, n’aurait pas ete possible sans cetteunite de la Gaule leguee par la periode precedente. En plus de cela, il fautrappeler que lors du partage de 511 , le regnum Francorum a ete divise endeux blocs, l’un situe au Nord de la Loire, le domaine le plus ancien desFrancs, et l’autre constitue de l’Aquitaine wisigothique. Compte tenu deces evidences, il est difficile d’imaginer que les partitions du regnumFrancorum entre 511 et 613 etaient aleatoires.

C’est en Allemagne a partir du debut des annees 1950, grace aux travauxd’E. Ewig, qu’une nouvelle interpretation de la geographie politique dela Gaule merovingienne a vu le jour. D’apres Ewig, les partages – ouTeilungen – qui ont eu lieu en Gaule entre 511 et 714, et les creationsdes royaumes qui en deriverent – les Teilreiche –, auraient ete inspires parun « compromis politique », une reglementation ad hoc sans aucun rapportavec le passe germanique 15. Si le travail d’E. Ewig n’a pas bouleverse lesconnaissances a propos des frontieres internes du royaume des Francs– car l’ouvrage de Longnon n’a pas perdu de son actualite – il a apporteune vision nouvelle des mecanismes de partition territoriale chez lesMerovingiens. Les theses d’E. Ewig sont largement acceptees aujour-

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15. E. Ewig, « Die frankische Teilungen und Teilreiche (511-613) », dans Akademie der Wissen-schaften und der Literatur Mainz. Abhandlungen der Geistes- und sozialwissenschaftlichen Klasse,9, Wiesbaden, 1953, p. 651-715.

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d’hui 16. Le livre de F. Cardot a aussi contribue au developpement d’uneapproche nouvelle des partages, plus ou moins eloignee des interpreta-tions traditionnelles. L’auteur est persuade qu’il y avait dans la successiondes princes merovingiens une logique territoriale, a savoir la predomi-nance des particularites regionales sur le nombre d’heritiers. Neanmoins,cette logique n’aurait triomphe qu’a partir de la fin du vi

e siecle, lorsque« a la memoire du pouvoir d’un homme se substitue la conscience d’unregnum sans roi 17 ». Pour ce qui est des partages de 511 , de 524, de 561 etde 567, F. Cardot demeure une partisane de l’approche patrimoniale. Laperception du royaume comme une propriete des souverains seraitdepassee seulement lorsqu’a l’interieur du regnum Francorum s’est peu apeu impose une subdivision en trois royaumes, Austrasie, Neustrie,Burgondie 18.

Certes, c’est a partir du viie siecle que les parties du territoire franc

issues des partages se sont converties en entites durables ayant une per-sonnalite propre, qui etait exprimee par une aristocratie representant desinterets plus ou moins regionaux. Pourtant, l’affirmation d’une logiqueterritoriale ou politique au detriment d’une logique purement dynastiquen’est pas un phenomene aussi tardif que le croit F. Cardot. Elle etait dejapresente alors que les fils de Clovis obtenaient chacun une partie duregnum Francorum. Prenons l’exemple l’heritage de Thierry en 511 :c’etait l’ancien royaume de Cologne, dont l’aristocratie avait eleve Clovissur le pavois apres sa guerre contre les Wisigoths, accru de la futureChampagne, de Reims et de l’Auvergne. Son nom, Theodericus, rappelleles rois rhenans du iv

e siecle : Theodebald et Ricimer. De tous les fils deClovis, c’est lui qui a le plus attire l’attention de Gregoire de Tours, etson prestige militaire y est peut-etre pour beaucoup. Ses descendantsdirects ont continue a regner pendant plusieurs annees apres sa mort.Meme apres le deces de son petit-fils Theodebald, en 555, le roi merovin-gien qui s’assure de la succession prend bien soin que le fils qui luisuccedera en Austrasie porte le nom de l’ancien roi de Cologne :Sigebert 19. Sauf pour les trois dernieres annees qui ont precede sa mort

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16. K.-F. Werner, Les origines : avant l’an mil, dans J. Favier (sous la direction de), Histoire deFrance, Paris, 1984, p. 358-361 ; P. Geary, Naissance de la France. Le monde merovingien, p. 117-118 ; S. Lebecq, Les origines franques, v

e-ixe siecles, Nouvelle histoire de la France medievale, 1 ,

Paris, 1990, p. 63 ; I.N. Wood voit dans le partage de 511 un arrangement politique entre d’unepart Clotilde et ses fils et d’autre part Thierry, auquel auraient participe les eveques et les grandsdu royaume (« Kings, Kingdom and Consent », dans P.H. Sawyer et I.N. Wood (edite par), EarlyMedieval Kingship, Leeds, 1977, p. 6-29).

17. F. Cardot, L’espace et le pouvoir. Etudes sur l’Austrasie merovingienne, Paris, 1987, p. 129.

18. Ibid.

19. K.-F. Werner, Les origines avant l’an Mil, op. cit., p. 360.

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en 561 , pendant lesquelles Clotaire Ier a pu gouverner l’Est, et jusqu’a lafin du vii

e siecle, cette partie orientale du monde franc avait ses propresrois 20. L’integrite territoriale de l’Austrasie, region frontaliere, le limesde la Gaule merovingienne, etait une condition prealable a la securite duroyaume des Francs.

Grace a des sources variees comme les Decem Libri Historiarum deGregoire de Tours, les Chroniques de Fredegaire ou les « Vies de saints »,la critique moderne a pu mieux comprendre les partages merovingiens.Toujours est-il que la rarete des temoignages rend difficile, voire impos-sible, la reconstitution des contours exacts des territoires attribues achaque prince franc lors des partages qui ont eu lieu apres 511 21 . Laplupart de cet immense travail a ete entrepris par A. Longnon et actualisequelques decennies plus tard par E. Ewig. C’est sur leurs ouvrages ques’appuie cet article dans la juxtaposition de chacune des cites avec les roisqui les ont gouvernes. L’objectif de cet article est d’examiner quels ont eteles logiques qui ont preside les partages merovingiens au vi

e siecle. Il sepeut que des nouvelles recherches sur le sujet viennent contredire l’appar-tenance d’une ou d’autre cite a un tel ou tel roi. Meme si cela arrive,l’essentiel des arguments presentes dans les pages suivantes ne sera proba-blement pas altere.

Que les ecrivains merovingiens du vie siecle n’aient eu recours a des

termes geographiques que dans un exercice de rhetorique destine a flattercertains monarques 22, ne veut pas dire que toute perception politique del’espace etait absente du regnum Francorum durant cette epoque. Contrai-rement a ce qui suggere F. Cardot, il n’y avait pas au debut du vi

e siecle enGaule merovingienne une conception patrimoniale du royaume a laquelles’est substituee plus tard une conception territoriale. Bien evidemment,nul ne saurait contester la dimension personnelle de l’exercice de l’autoritepolitique chez les Francs : la geographie des partages prenait en compte le

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20. Ce furent Thierry Ier (511-533), Theodebert Ier (534-547), Theodebald (547-555), Sigebert Ier

(561-575), Childebert II (575-592), Theodebert II (595-613), Dagobert Ier (623-629), Sigebert III(v. 633-656), Dagobert II (656-v. 660), Childebert l’Adopte (656/61-662), Childeric II (662-675) etDagobert II (676-679).

21 . Il convient aussi d’etre prudent sur le temoignage des sources. Des travaux anciens, commecelui d’A. Longnon, ou plus recents, comme ceux d’E. Ewig (« Die frankische Teilungen undTeilreiche (511-613) »), de M. Heinzelmann (Gregor von Tours (538-594), « Zen Bucher Geschichte »,Historiographie und Gesellschaftkonzept im 6. Jahrhundert, Wissenschaftliche Buchgesellschaft,Darmstadt, 1994) et d’I. Wood (« Gregory of Tours and Clovis », Revue Belge de Philologie etd’Histoire, 63, p. 249-272) ont mis en evidence les erreurs, volontaires ou non, contenues dans lerecit de l’eveque de Tours. Voir N. Gauthier et H. Galinie (sous la direction de), Gregoire de Tourset l’espace gaulois, Actes du congres international, Tours, 3-5 novembre 1994, Tours, 1997 (Sup-plement a la Revue Archeologique du Centre de la France, 13, 1997).

22. Contre F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit., p. 127.

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nombre de princes heritiers 23. Comme l’a souligne I. Wood, l’un dessoucis principaux du partage de 511 etait peut-etre d’eviter que Thierry,fils d’une premiere union, fut le seul heritier de Clovis, en detriment desfils de Clotilde 24. Quoiqu’il en soit, la mise en œuvre des partitions terri-toriales repondait davantage a des enjeux territoriaux et politiques qu’ades enjeux dynastiques. Le fait que la totalite de la Francia Rhinensis soitrevenue a un seul roi et que celui-ci l’ait transmise integralement a sessuccesseurs montre bien que les partages prenaient en compte les suscep-tibilites politiques des aristocraties gallo-franques.

Tres tot, chaque partie du royaume se definit, certes, par la personnedu roi qui est a sa tete, mais aussi par sa capitale 25 et ses cites. En effet,a plusieurs reprises dans les Decem Libri Historiarum, les Teilreiche sontdefinis par leurs capitales ou par les cites qui les composent 26. C’etait lareconnaissance d’une situation que les princes francs avaient dejatrouvee au moment de la fondation du regnum Francorum. Les cites dela Gaule, devant l’affaiblissement de l’autorite imperiale en Occident auv

e siecle, ont voulu assurer une plus grande independance a leur viemunicipale face a la suzerainete d’une autorite imperiale lointaine. Elless’etaient habituees a etre gouvernees de facon autonome par leurseveques, a garder le plus possible des impots qu’elles payaient, et a etrejugees par les leurs 27. Dans les guerres qu’il a mene en Gaule apres ladefaite de Syagrius en 486, Clovis a du obtenir l’adhesion de chacuned’entre elles, par la force mais probablement aussi en leur permettant degarder certaines de leurs prerogatives. Lorsque les Francs et les Romainsetaient appeles a se rassembler pour preter serment sur les reliques a unnouveau roi, c’etait dans chaque cite que l’evenement avait lieu 28. Si unepartie considerable de l’armee franque se trouvait en service aupres duroi, susceptible d’etre rapidement engagee au combat en cas de necessiteimmediate, une autre partie, une sorte d’armee de reserve, etait rassem-blee sur ordre royal par le comte dans chaque cite 29. L’accord qui estsurvenu entre Gontran et Childebert II, lors de l’affaire Gondovald, telqu’il est decrit par Gregoire de Tours, temoigne de la place des cites

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23. E. Ewig, « Die frankische Teilungen und Teilreiche (511-613) », op. cit., p. 651-715.

24. I.N. Wood, « Kings, kingdoms and consent », dans P.H. Sawyer et I.N. Wood (edite par),Early Medieval Kingship, Londres, 1977, p. 6-29.

25. Voir A. Dierkens, P. Perin, « Les sedes regiae merovingiennes entre Seine et Rhin », dansG. Ripoll et J.M. Gurt (edite par), Sedes regiae (ann. 400-800), Barcelone, 2000, p. 267-304.

26. Voir, par exemple, Decem Libri Historiarum IV, 22, 23 ; V, 1 .

27. Fustel de Coulanges, L’invasion germanique et la fin de l’Empire, p. 493.

28. Formules de Marculf, I, 40 ; Decem Libri Historiarum VII, 26.

29. Decem Libri Historiarum VI, 31 .

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dans l’organisation politique du regnum Francorum. Gontran declarait aChildebert : « Ceci est le signe que je t’ai confie tout mon royaume. Desor-mais va et soumets a ta domination toutes mes cites comme si ellesetaient les tiennes propres 30 ». Placees sous la double autorite du comteet de l’eveque, les cites merovingiennes constituaient l’unite fondamen-tale des partitions dont le regnum Francorum a fait l’objet entre la mortde Clovis et la fin de la guerre civile, en 613. Les parties du royaume quirevenaient a chaque heritier du roi defunt etaient definies par les civi-tates qui les composaient. Et cela parce que la civitas etait, du moins auvi

e siecle, l’unite fiscale fondamentale du royaume des Francs 31 . Cettesituation ne se modifie que plus tard, lorsque le pagus se substitue ala cite pour l’essentiel des activites civiles et militaires. Le nombre decirconscriptions en Gaule est passe ainsi d’une centaine a la fin duv

e siecle, a environ 600 ou 700 unites au viie siecle 32.

Lors du partage de 511 , chacun des princes a obtenu des cites a la foisau Sud et au Nord de la Loire. On remarque par ailleurs la relativehomogeneite des portions de cites qui revenaient a chaque prince,preuve que les partages merovingiens constituaient un arrangement quietait loin d’etre aleatoire (voir carte 1 ). Le leger avantage de Thierryn’altere pas le fait que la stabilite du royaume a ete le but poursuivi parce partage. Les cites de Clodomir etaient les seules a s’etendre d’une faconininterrompue des deux cotes du fleuve. C’etait peut-etre un moyen decompenser le nombre plus reduit de cites qui etaient soumises a songouvernement. Quoi qu’il en soit, les enclaves etaient visiblement unesolution visant a favoriser la cohesion entre les princes merovingiens.Pour parvenir a une administration optimale de leurs portions duroyaume, pour mener des campagnes contre un ennemi exterieur, oupour etablir une defense efficace, les heritiers de Clovis se voyaientcontraints de trouver un terrain d’entente. En 511 , la proximite territorialedes capitales choisies (Paris, Reims, Soissons et Orleans). Le fait que les

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30. Decem Libri Historiarum VII, 33 : « Tibi omne meum regnum tradedi. Ex hoc nunc et omnescivitates meas tamquam tuas proprias sub tui iuris dominatione subice ».

31 . J. Durliat, Les finances publiques de Diocletien aux Carolingiens (284-889), Sigmaringen,1990, p. 100 ; du meme auteur, « Les attributions civiles des eveques merovingiens : l’exemple deDidier, eveque de Cahors (630-655) », dans Annales du Midi 91 (1979), p. 67-77 ; H.H. Anton quanta lui, voit en Treves l’exemple d’une cite qui reste, jusqu’au viii

e siecle, une partie essentielle dudispositif fiscal ; voir « Verfassungsgeschichtliche Kontnuitat und Wandlungen von der Spatantikezum hohen Mittelalter : das Beispel Trier », dans Francia 14 (1986), p. 1-25, cite par J. Durliat, Lesfinances publiques, p. 100, no 21 ; voir aussi E. Magnou-Nortier, « Du royaume des civitates auroyaume des honores », p. 324.

32. K.-F. Werner, « Missus-Marchio-Comes. Entre l’administration centrale et l’administrationlocale », dans W. Paravicini et K.-F. Werner (edite par), Histoire comparee de l’administration,Zurich, 1980, p. 191-239, specialement p. 191 .

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territoires attribues a chaque prince, a l’exception de ceux, ephemeres, deClodomir, ne possedaient pas de territoire continu, ainsi que le choix deParis comme capitale commune, montrent qu’il y avait chez les Francs unevraie politique unitaire.

Les frontieres issues des partages etaient souvent tres instables. Avec lamort de Clodomir en 524, et a la suite de la conquete de la Bourgogne et dela Provence, on assiste a la redistribution des cites. L’heritage de Clodomirs’est partage de la facon suivante : Thierry a obtenu Sens, Auxerre, Troyes etpeut-etre Bourges, ce qui a cree une continuite territoriale entre ses citesauvergnates et celles de l’Est ; Childebert, les cites d’Orleans et de Chartres ;

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quant a Clotaire, c’etaient Tours et Poitiers. Comme recompense de saparticipation dans la campagne contre les Burgondes, Theodebert a puetendre son gouvernement sur Avenches, Autun, Chalons-sur-Saone,Sion, Besancon, Vienne, Viviers et Langres. A cette occasion, Childebert aannexe les cites de Macon, Lyon et Geneve. Clotaire a fait de meme pourGrenoble et Die. Finalement, dans la derniere etape d’expansion du regnumFrancorum, en 536, avec l’annexion de la Provence, les cites d’Aix, de Digne,d’Avignon, de Glandeves, d’Uzes et de Senez sont tombees dans les mainsde Theodebert. Childebert a pris le controle de Marseille, Arles, Toulon,Frejus, Vence, Antibes et Nice, tandis que Clotaire a acquis Embrun, Gap,Carpentras, Sisteron, Vaison, Orange et Trois Chateaux.

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Le partage de 561

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Le regnum Francorum a retrouve l’unite politique du temps de Clovislors de la mort de Childebert, en 558. Ce dernier n’ayant pas d’heritiermale, c’est son frere Clotaire qui lui a succede. Il s’est empare egalementdes tresors du defunt roi et a exile son epouse et ses filles. L’union de tousles Teilreiche sous un seul roi a ete neanmoins ephemere. Au bout de troisans, apres le deces de Clotaire, un nouveau partage du royaume a eu lieu.Le fait qu’entre 511 et 561 le royaume d’un roi defunt revienne soit a sesfils soit a ses freres a cree l’idee d’une certaine anarchie. Plutot que par unereglementation, on a suppose parfois que les partages etaient diriges par laconjoncture, c’est-a-dire, la disposition meurtriere des rois merovingiensenvers leurs neveux. L’unite retrouvee entre 558 et 561 ne serait dans ce casqu’une coıncidence. Cependant, le compromis auquel est arrive Chilpericavec ses demi-freres a propos de l’heritage paternel est une evidence deplus que les partages etaient le fruit d’un arrangement politique. En 561 ,alors que l’etendue du royaume des Francs etait beaucoup plus importantequ’auparavant, ses heritiers se sont tournes vers le modele du partage de511 (voir carte 2). Gontran a herite des cites de l’ancien royaume desBurgondes. Le grand perdant etait Chilperic, puni par ses freres pouravoir voulu prendre possession de la majeure partie de l’heritagepaternel. Alors que l’Aquitaine etait partagee entre Gontran et Charibert,et que l’Auvergne revenait a Sigebert, Chilperic a eu probablement droitdans la portion meridionale du regnum Francorum a la cite de Toulouse.La portion du royaume qu’il s’est vu attribuer en 561 etait la moinsimportante parmi les trois parts issues de l’heritage de Clotaire. La mortde Charibert en 567, sans laisser d’heritier, conduisit a un nouvel arrange-ment territorial (voir carte 3) 33. En 573, comme compensation du meurtrede sa femme Galswinthe, Chilperic a du leguer a Sigebert les cites deBordeaux, Limoges, Bearn et Cahors. A la suite de tous ces partages,l’Aquitaine etait beaucoup plus morcelee que le restant du regnumFrancorum 34.

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33. Certains historiens voient dans l’arrangement de 567 la preuve que les Merovingiensn’avaient ni les connaissances ni les moyens necessaires pour eriger une puissance publique.Voir a ce propos, F. Lot, Naissance de la France..., p. 55 : « L’extravagance meme du partage de568 [sic] fait comprendre d’une maniere saisissante l’incapacite politique des Merovingiens. Lesplus simples convenances geographiques et economiques n’entrent pas en ligne de compte dans cepartage, veritable outrage au sens commun. Ses inconvenients sont plus graves encore qu’on nepourrait croire, car de region a region le parcours n’est pas libre. Elles sont entourees de frontieresqu’il n’est pas facile de franchir (...) Il va sans dire que cette mosaıque n’etait pas solide. Lesconflits etaient inevitables, comme provoques a l’avance ». G. Tessier emet un avis semblable sur laquestion. Les enclaves crees alors auraient ete le germe des revendications et des discordesulterieures ; voir G. Tessier, Le bapteme de Clovis, Paris, 1998, p. 190.

34. Sur les effets des partages en Aquitaine, voir M. Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths auxArabes, 418-781 , Paris, 1979.

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L’equite suggeree par l’expression de Gregoire de Tours, aequa lantia,n’a pas la connotation d’une division symetrique du territoire du regnumFrancorum que veulent bien lui donner quelques historiens. C’est plutotune division approximative des revenus fiscaux percus par chaque heritiera partir des cites qui leur etaient accordees. Gregoire de Tours cite parexemple le cas de la reine Fredegonde, qui connaissait le total de sesrevenus en additionnant les revenus enregistres dans chacune de ses

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Le partage de 567

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cites 35. Cela obeissait a des imperatifs d’ordre politique, c’est-a-dire lesbesoins materiels de chaque prince heritier de maintenir et d’entretenir lesstructures etatiques dans ses territoires. En faveur de l’hypothese selonlaquelle la valeur fiscale des cites etait tres serieusement prise en comptelors des partages, on peut avancer le fait que le systeme fiscal romain aeffectivement survecu aux troubles du v

e siecle et que le tresor public ne seconfondait pas avec les biens personnels des princes merovingiens 36.

Pendant longtemps l’existence en Gaule merovingienne d’un tresorpublic distinct du tresor royal a ete mise en cause. Une telle perceptionde l’administration merovingienne n’a pu se developper que dans uneambiance ou les passions nationales avaient un ascendant non negli-geable sur les positions intellectuelles. Sinon, comment expliquer que lesquelques evenements relates par Gregoire de Tours ou il est questiond’un tresor public aient ete pendant aussi longtemps negliges ? Le cas del’eveque Eunius, ambassadeur des Bretons, est un exemple. Empeche parChilperic de rentrer dans sa cite, il aurait ete entretenu a Anvers aux fraisdu tresor public 37. Gregoire mentionne des hauts fonctionnaires dont lesbiens ont ete verses au fisc apres leur mort 38. On pourrait citer aussi lesoin pris par la reine Fredegonde a convaincre les Francs, « emus », quela grande quantite de tresors qu’elle avait donnes a sa fille, pour lemariage de celle-ci avec un prince wisigothique, n’appartenaient pas autresor public 39.

Les registres administratifs, plus particulierement celui des impots, ontdu jouer un role fondamental dans les partages. Dans plusieurs evene-ments relates par l’eveque de Tours, il est question des registres fiscaux. Ily a d’abord la revision de l’impot foncier en Poitou par Childebert. Celui-ciordonna a ses percepteurs de se rendre a Poitiers pour que l’impot du parles habitants ne soit paye qu’apres leur recensement. A l’initiative de cetacte se trouvait l’eveque de Poitiers, Merovee, inquiet du fait que le poidsdu tribut pesait sur les veuves et les orphelins, compte tenu de l’anciennetedes registres fiscaux. Apres avoir retabli la justice de l’imposition aPoitiers, ils sont alles a Tours, pour exiger de la population le paiement

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35. Decem Libri Historiarum V, 34.

36. J. Durliat, Les finances publiques..., p. 98. Meme si cet ouvrage a ete l’objet de nombreusescritiques, l’idee fondamentale qu’il vehicule, c’est-a-dire, que les structures fiscales de l’epoqueromaine ont survecu aux invasions, reste valable ; on pourrait encore citer a ce titre l’ouvragerecent et erudit d’A. Stoclet, ou il met en evidence la continuite du tonlieu pendant l’epoquefranque ; voir A. Stoclet, Immunes ab omni teloneo, Bruxelles, 1999.

37. Decem Libri Historiarum V, 40.

38. Ibid. III, 14.

39. Ibid. VI, 45.

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de l’impot du selon un registre qu’ils avaient entre leurs mains. Gregoirelui-meme leur a retorque en rappelant que Clotaire Ier avait fait brulerl’exemplaire du cadastre qu’on lui avait remis et que par la suite le roiCharibert avait confirme l’exemption. D’apres Gregoire, celui-ci avaitpromis que la loi ne serait pas modifiee et qu’aucune contributionnouvelle ne serait demandee. Les agents royaux lui ont presente leregistre de l’impot en question, mais l’eveque de Tours a replique enquestionnant la validite du meme : ce serait un exemplaire conserve parun des notables de Tours, et non un document issu du tresor public, cequ’un miracle finira par demontrer 40. Gregoire de Tours mentionneencore l’existence de registres fiscaux lorsqu’il parle des craintes de Fre-degonde, qui croyait que la mort de ses enfants etait un chatiment divin acause de la lourde fiscalite du roi Chilperic 41 .

L’un des documents qui temoigne le mieux de la valeur fiscale descites et de leur role dans les partages merovingiens est le Pacte d’An-delot, de 587. Ce traite, signe par Gontran et Childebert II, et auqueletait associee la « tres glorieuse dame et reine Brunehaut », avait pourobjectif de regler des vieux contentieux territoriaux. Son texte, transmispar Gregoire de Tours, mentionne les cites que chacune des parties enquestion devrait recevoir 42. On voit bien que c’etait surtout a partir descites, et en fonction des revenus fiscaux qu’elles pouvaient apporter, queles rois se partageaient le royaume. Gontran obtient le tiers de la cite deParis, et Childebert II se voit attribuer la cite de Meaux, le deux tiers deSenlis, la cite de Tours, Poitiers, Avranches, Aire, Couserans, Labourd etAlbi.

Tout cela ne veut pas dire que les considerations fiscales etaient lesseules a prevaloir lors des partages merovingiens. On a mentionne plushaut le respect de l’integrite territoriale de l’ancien royaume de Cologne.Outre leur valeur fiscale, certaines cites pouvaient avoir une importancemilitaire qui contait au moment des partitions. Il se peut que Clovis aitete egalement guide dans sa succession par l’imperatif de l’ImitatioImperii. Le droit de tous les heritiers males de succeder a leur pere s’estdeveloppe dans l’Empire a partir du iii

e siecle. En Espagne wisigothique,le desir des souverains d’associer leur pouvoir au souvenir de l’Empireetait toujours present a la fin du vi

e siecle. Le roi Leovigild, en suivantl’exemple et le modele de Constantin, a fait construire une nouvellecapitale, Recopolis, et il a aussi associe au trone ses deux fils, Reccarede

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40. Ibid. IX, 30.

41 . Ibid. V, 34.

42. Ibid. IX, 20.

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et Hermenegilde 43. Il n’est pas impossible que Clovis, dont la carriere aete marquee par une fidelite et une admiration sans failles vis-a-vis del’Empire, ait ete tente de reproduire des schemas romains, commeil l’avait deja fait lors de la ceremonie de Tours, lors du concile d’Or-leans, et en construisant une basilique dediee aux saints Apotres.D’autres raisons peuvent aussi etre evoquees pour expliquer la decisionde Clovis d’octroyer a chacun de ses fils une partie du royaume. Il y ad’un cote des liens privilegies qui l’unissaient a Thierry que les prouessesmilitaires ont aureole d’un certain prestige. On peut penser aussi auxpressions de la reine Clotilde, pour qui l’exclusion de ses fils de l’heritagepaternel aurait ete bien percue comme une humiliation 44.

Ce ne sont la que des facteurs conjoncturels, qui ne peuvent expliquerque ponctuellement les circonstances d’un partage, celui de 511 , mais non lephenomene dans son ensemble. L’unite perenne du regnum Francorumresulte du fait que ses partages ont constitue un arrangement structurel,de nature politique, dans lequel il etait surtout question de mettre sur piedune autorite publique puissante et efficace. La logique territoriale qui s’estesquissee a partir du partage de 511 – et dont des indices etaient encore plusmanifestes dans les partages de 561 et dans celui de 567 – etait en partiefondee sur un souci d’equilibre fiscal. Chacun des rois cherchait a se doterde moyens propres pour assurer son autorite sur les populations 45. Il s’agis-sait de fournir a la royaute merovingienne, dans toutes les portions duroyaume des Francs, des moyens d’action lui permettant d’alimenter l’admi-nistration civile ainsi que l’armee. On peut affirmer que cette solution, loind’avoir conduit a l’eclatement du regnum Francorum, a contribue aumaintien de son unite, y compris lors des guerres civiles, quand les rivalitesentre les rois francs ont atteint un point culminant. Les partages merovin-giens, tout au moins durant le vi

e siecle, ont ete orientes par une sorte de« raison d’Etat » qui ne se reduisait pas aux interets prives du roi ou de l’unou de l’autre membre des elites gallo-franques. Ils ont signifie le triomphedes interets de la monarchie, en detriment de la logique propre a la geo-graphie ecclesiastique. Les canons du concile de Clermont sont suivis d’unelettre que les eveques adressent au roi, dans laquelle ils supplientTheodebert Ier que personne ne soit exclue de ses biens et de ses possessionslorsqu’elle se trouve separee d’eux en vertu du partage du royaume 46.

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43. Voir A. Isla Frez, « Las relaciones entre el reino visigodo y los reyes merovingios a finales delsiglo VI », dans En La Espana medieval, no 13, Madrid, 1990, p. 11-32.

44. I.N. Wood, « Kings, kingdoms and consent », op. cit., p. 6-29.

45. J. Heuclin, Hommes de Dieu, fonctionnaires du roi, Paris, 1998, p. 69-70.

46. Clermont 535, Epistola ad regem Theodebertum, p. 222.

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La situation complexe engendree par les partages constituait de surcroıt unobstacle majeur pour que l’ordination des eveques suive les regles canoni-ques etablies au ve siecle, c’est-a-dire, l’election par le clerge et le peuple. Onpeut apercevoir dans le quatrieme concile d’Orleans, en 549, de l’importancequi prenaient le detournement, la confiscation des biens ecclesiastiques parles rois et autres puissants. Comme lors du concile de Clermont en 535, leseveques ont brandi la menace d’excommunion a l’encontre de ceux quiprenaient arbitrairement possession des biens ou des ressources del’Eglise, et qu’ils qualifient, a l’instar du concile d’Agde en 506, d’« assassinsdes pauvres » 47. Le quatorzieme canon est une mise en garde dirigee contredes eveques et des clercs de tous les rangs qui pourraient vouloir profiter dumorcellement territorial issu des partages pour s’accaparer des biens d’uneeglise qui n’etait pas la leur 48.

Au-dela d’un compromis qui consacrait, au moins en theorie, son inde-pendance, l’Eglise etait obligee de se plier a la logique des partages. Lesfrontieres des provinces, les juridictions des eveques metropolitains,n’etaient pas respectees par les partitions qui ont eu lieu plusieurs foisau long du vi

e siecle. Le concile tenu a Paris peu de temps apres la mort deClotaire Ier 49 peut etre considere comme le meilleur temoin de la situationde l’Eglise merovingienne au moment ou une nouvelle generation de roisaccede au pouvoir. A travers ses canons, on s’apercoit que les menacesconstantes a l’integrite du patrimoine ecclesiastique et les interventionsroyales en matiere de discipline et d’organisation interne de l’Egliseetaient, peut-etre meme plus qu’auparavant, d’actualite. Les termesemployes pour qualifier la situation de l’Eglise, pour denoncer lesvoleurs des biens ecclesiastiques, qui selon les eveques agissaient souscouvert des partages et des liberalites royales, sont d’une gravite inedite.Meme si les eveques ou les grands du royaume ont pu eventuellementparticiper de leur organisation, les partages merovingiens au vi

e siecle ontete surtout favorables a la royaute.

On ne peut pas pour autant affirmer que les partages ont conduit aumorcellement de l’Eglise franque 50. Les eveques de chaque Teilreiche,en tant que fonctionnaires du pouvoir royal, devaient obeissance a leur

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47. Orleans 549, c. 13, p. 308.

48. Orleans 549, c. 14, p. 310.

49. Comme le souligne O. Pontal, le troisieme concile de Paris n’a pas pu avoir lieu apres 564,puisque Paternus d’Avranches apposa sa signature, de meme que Leontius de Bordeaux, tous lesdeux morts vers 564-565 (Histoire des conciles merovingiens..., p. 151-154).

50. Contre K.-F. Werner, « Faire revivre le souvenir d’un pays oublie : La Neustrie », dans LaNeustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 a 850, Colloque historique international, publie parH. Atsma, Paris, 1989, p. XIII-XXXI, notamment p. XVI et XVIII.

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souverain respectif, mais il ne faut pas confondre une Eglise soumise aune logique politique et aussi a l’arbitraire du pouvoir royal avec uneEglise morcelee. Le « concordat » de 511 , qui l’a transforme en une Eglisedu regnum Francorum, n’a pas ete mis en cause par les partages. Elle acontinue d’exister comme une entite indivisible, malgre toutes les diffi-cultes que les eveques de tout le royaume, reunis en concile a plusieursreprises au long du vi

e siecle, n’ont pas cesse de rappeler. La logiquepolitique des partages a pu eventuellement prevaloir sur la volonted’union des eveques. Malgre leurs efforts, ils n’ont pas toujours reussi aempecher, vers le milieu du vi

e siecle, l’eclatement de quelques provincesecclesiastiques et la division de dioceses entre les royaumes issus despartages 51 . On ne peut pas pour autant parler d’eclatement de l’Eglisemerovingienne : les plusieurs mesures qu’ils ont prises visant a renforcerla cohesion interne de cette institution est le meilleur indice de cettecoherence et de cette solidarite qui n’a jamais entierement disparu ausein de l’Eglise en Gaule. De meme que l’unite fondamentale du regnumFrancorum n’avait pas disparu, « engloutie » par les partitions, celle del’Eglise merovingienne demeurait indemne. Il n’y avait pas une Egliseaustrasienne, une Eglise neustrienne ou une Eglise burgonde. Lescommunautes ecclesiales de la Gaule franque demeuraient unies dans lesentiment d’appartenance a un meme organisme politique, le royaumedes Francs, ayant a sa tete les heritiers et successeurs de Clovis. Indicemajeur de cette cohesion ecclesiastique, les rois ne sont pas toujoursparvenus a creer par leur seule volonte un nouvel eveche, confrontesqu’ils etaient a une forte opposition de la part de l’episcopat. C’est preci-sement ce qui est arrive a Childebert Ier lorsque celui-ci a essaye deconvertir Melun en eveche : sitot mis devant l’opposition vigoureuse del’eveque de Sens, dont dependait cite, il est revenu sur sa decision 52. Dememe, la tentative de Clotaire Ier d’eriger un eveche dans le castrum deChamptoceaux en detriment du diocese de Poitiers, s’est achevee sur unechec.

En considerant les evenements a posteriori, il est assez commode denier toute logique a la formule consacree par le partage de 511 . Etpourtant, concus comme un atout de stabilite pour le monde franc, lesarrangements territoriaux fondes sur les apports fiscaux des cites avaientplus ou moins accompli leur role dans la premiere moitie du vi

e siecle.L’etablissement des enclaves, tout en creant effectivement une situationd’interdependance, etait cense en outre garantir la cooperation au sein du

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51 . J. Heuclin, Hommes de Dieu et fonctionnaires du roi, Paris, 1998, p. 73.

52. Leo de Sens, Ep., M.G.H. III, p. 437-438.

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monde franc. De meme, l’excentricite des capitales dans le partage de 567avait ete compensee par la creation d’un condominium comprenant lescites de Paris, Senlis et Ressons-sur-Matz, et soumis a l’autorite des troisrois a la fois. Bien que tout cela n’ait pas garanti une harmonie totale entreles princes merovingiens, aucun conflit generalise n’a ete declenchejusqu’a la mort de Clotaire. Si on est oblige de faire le constat de l’echecde cette meme formule en 567, on ne peut pas nier qu’elle poursuivıt alorsl’etablissement de l’equilibre politique, plus encore qu’en 561 . Pourcontradictoire que cela puisse paraıtre, les partages n’etaient pas unelement de division, mais d’union. Les racines de la guerre civile doiventetre cherchees plutot dans l’incapacite des arrangements territoriaux depromouvoir la stabilite politique d’un royaume qui s’etait considerable-ment agrandi depuis la mort de Clovis. Il ne faut pas non plus oublier quela personnalite politique de chaque Teilreiche s’etait considerablementaccrue durant le vi

e siecle. Les considerations d’ordre fiscal ont du faireface alors a une toute autre logique, celle du particularisme regional.

Tout en croyant qu’il y avait une logique politique dans les partitionsmerovingiennes, E. Ewig et K.-F. Werner sont plutot enclins a y voir desle vi

e siecle une esquisse de l’autonomie de chacune des regions consti-tutives du royaume des Francs. Cela aurait conduit a une regionalisationtelle, disent-ils, que l’unite du regnum Francorum n’etait plus qu’unefiction au debut du vii

e siecle. Apres la mort de Clotaire II, et durant lesdecennies suivantes, on assiste a la consolidation de trois grands blocsterritoriaux dont l’integrite n’a pas ete par la suite mise en question. Eneffet, c’est a partir de cette epoque que l’association nominale entre cesentites et les princes qui les dirigeaient a commence a tomber en desue-tude. Le royaume de Sigebert Ier a ete appele d’Austrasie, celui deGontran a repris le nom de Burgondie. Vers le milieu du vii

e siecle, lesterritoires du Nord-Ouest de la Gaule, ou avait regne Chilperic, ont recula designation de Neustrie 53. Contrairement a ce que suggerent E. Ewiget K.-F. Werner, on peut penser que les partitions n’ont pas brise l’unitefondamentale du regnum Francorum, du moins au vi

e siecle 54. Certes,on peut toujours remarquer que les lois, edits et ordonnances merovin-

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53. Les regions du nord de la Loire restaient le centre de gravite du regnum Francorum, etcorrespondaient a peu pres a l’ancien « royaume de Syagrius ». Faute d’une definition precisejusqu’au milieu du vii

e siecle, on les determine par elimination, comme etant tous les territoiresqui ne font pas partie ni de l’Austrasie, ni de la Burgondie, ni de l’Aquitaine, et on le nommecomme le « royaume de Soissons ». La denomination de Neustrie apparaıt pour la premiere foisdans la Vita Columbani, ecrite vers 643 par Jonas de Bobbio (I, 24, ed. B. Krusch, MGH, SRM 4,p. 61-156).

54. « Notre premiere remarque sera alors que l’unite franque sous les Merovingiens, si elle aexiste comme principe, s’avere etre une illusion des qu’on regarde les realites politico-dynastiques

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giennes preparees depuis le vie siecle ne s’appliquaient que dans le

royaume du roi qui les avait emises 55, mais il ne faut pas negliger le faitque des concertations entre les souverains au sujet de la legislationetaient toujours possibles.

Dans certains manuscrits de la Loi salique, on retrouve un epiloguedont la redaction est posterieure a la loi elle-meme. L’auteur, probable-ment un legiste du vii

e siecle, pretend que « le premier roi des Francs ainstitue la loi depuis le titre I jusqu’au titre LXII », et qu’ensuite « le memeroi y fit des additions, jusqu’au titre LXXVIII, de concert avec ses opti-mates. Plus tard, continue l’auteur, le roi Childebert examina ce qu’ildevait ajouter, et composa les titres LXXIX a LXXXIII, en les mettantd’accord avec la loi, avant de communiquer ses additions a son frereClotaire. Celui-ci aurait alors discute de leur contenu avec les sages deson royaume pour ensuite les integrer a la loi. Finalement, les trois roisdeciderent que tout ce qui avait ete etabli demeurerait stable a perpe-tuite » 56. En ce qui concerne la fiscalite egalement, la volonte d’assurerl’unite du royaume etait de mise. Lorsqu’ils se sont installes en Gaule, lesFrancs avaient, en effet, trouve un systeme fiscal qui utilisait partout unbareme identique, meme si l’application de la loi presentait des difficulteset si certains estimaient, a tort ou a raison, etre defavorises. L’impot etaitsensiblement identique sur l’ensemble du regnum Francorum, qu’il futunifie ou divise 57. Finalement, aucun des princes qui regnerent enBurgondie, en Neustrie ou en Austrasie, tous issus de la meme famillejusqu’a 751 , ne prit les titres respectifs de rex Burgundiae, rex Neustriae ourex Austrasiae, mais chacun d’entre eux etait egalement appele rex Fran-

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(...) A ceux qui voudraient contester... l’autonomie et meme l’independance des royaumes parti-culiers, on repondra que ces derniers non seulement se sont fait la guerre en cherchant memel’alliance des puissances etrangeres, mais surtout qu’ils ont eu a leur tete un rex, princeps etdominus qui etait, sans exception, le seul chef des eveques de son regnum, et qui, seul, pouvaiten convoquer le synode general du royaume dans une de ses residences. Non seulement il n’y apas eu, d’une facon continue, un royaume merovingien uni, mais il n’y avait pas non plus une‘‘Eglise franque’’... unifiee durablement sous un seul roi. » (K.-F. Werner, « Faire revivre lesouvenir d’un pays oublie : La Neustrie », op. cit., p. XVI et XVIII). Dans ce texte, l’opinion deWerner a considerablement change par rapport a celle qu’il enonce dans son livre de 1984. Leslignes qu’il ecrit alors parlent pour elles-memes de cette mutation : « Le royaume des Francs estfonde sur un dualisme originel. Ce que nous constatons, ce n’est pas l’absence d’une idee d’Etat,c’est au contraire un sentiment tres fort de l’unite du regnum Francorum : le seul garant de cetteunite, c’est la dynastie dont les membres, seuls, ont le droit d’etre roi a l’Est comme a l’Ouest. »(Les origines, op. cit., p. 360). Il me semble que les arguments avances dans le travail plus recent deWerner, bien que contradictoires avec ceux qu’il exposa en 1984, ne les invalident point.

55. Idem, p. XIX.

56. Explicit legis salicae liber III, Pactus Leges Salicae, Leges Nationum Germanicarum, Monu-menta Germaniae Historica, t. IV/I, ed. K.A. Eckhardt, Hanovre, 1962, p. 253.

57. J. Durliat, Les finances publiques, op. cit., p. 104.

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corum. Les Merovingiens ont faconne l’espace politique de la Gaule d’unetelle maniere que l’existence des portions du royaume de plus en plusstructurees n’a pas trouble l’unite du regnum Francorum. Lorsque ledernier roi merovingien fut depose en 751 , son successeur n’herita pointd’un royaume morcele, signe que l’unite fondamentale de la Gaule a puetre maintenue. Force est de reconnaıtre que les partages successifs duroyaume des Francs, qui se sont poursuivis jusqu’au ix

e siecle, n’ont pasprovoque sa desagregation territoriale.

La conscience de l’unite du royaume apparaıt aussi dans les sources del’epoque. Regnum Francorum ou Francia ont continue a etre les termestraditionnellement utilises par les chroniqueurs merovingiens pourdesigner le monde franc 58. On a voulu faire de l’historiographie franque,du vi

e au viie siecle, un temoin privilegie de cette regionalisation du

regnum Francorum. Ainsi, certains medievistes veulent comparer lesDecem Libri Historiarum, dont le recit avait pour cadre et pour objetl’ensemble de la Gaule merovingienne, aux chroniques posterieures,celles, dites de Fredegaire, et le Liber Historiae Francorum, qui seraientdavantage centrees sur les evenements concernant les regions dans les-quelles elles avaient ete ecrites, respectivement la Burgondie et la Neustrie,avec en plus une vision partisane de leurs souverains respectifs 59. Onpourrait retorquer que meme Gregoire de Tours avait donne a sa regionnatale, l’Auvergne, un poids disproportionne a son importance, et qu’iln’avait pas hesite a prendre parti pour Sigebert Ier contre Chilperic oupour Brunehaut contre Fredegonde. Et pourtant, de telles prises deposition n’etaient guere le reflet de la regionalisation du royaume desFrancs, de l’appartenance de l’auteur a un parti austrasien. C’etaientplutot le fruit d’un choix theologique et politique de l’auteur pour desprinces qui traduisaient a ses yeux mieux que d’autres le modele degouvernement. Cela ne l’a pas empeche de voir le regnum Francorum auvi

e siecle tel qu’il etait, c’est-a-dire, une entite politique coherentecompose d’un ensemble de civitates qui constituaient la base du systemefiscal et par consequent, des partages successifs.

Les partages du regnum Francorum au vie siecle devaient concilier trois

principes distincts, a savoir, l’unite generale du royaume, les particula-rismes regionaux et la viabilite politique et administrative de chaque

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58. Decem Libri Historiarum IV, 9 ; Decem Libri Historiarum V, prol. ; Decem Libri HistoriarumVI, 24 ; Decem Libri Historiarum V11 , 27 ; Fredegaire IV, 42 ; Fredegaire, IV, 45 ; Fredegaire IV, 68 ;Fredegaire IV, 78. Voir F. Cardot, L’espace et le pouvoir..., op. cit., p. 123, no 1 .

59. Cf. notamment F. Cardot, L’espace et le pouvoir..., op. cit., p. 123-131 .

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domaine princier. La creation d’enclaves territoriales, tout autant quel’existence pendant plusieurs annees d’une capitale commune, etaientcensees fournir au royaume des Francs la cohesion dont il avait besoinpour faire face aux dangers exterieurs. En ce qui concerne le deuxiemeprincipe, les partages ont respecte l’integrite territoriale des regionsconquises par Clovis et ses successeurs. Les interets de l’aristocratie del’ancien royaume de Cologne, qui allait devenir l’Austrasie, ont ete vrai-semblablement pris en consideration. Peut-etre aussi parce que des raisonsstrategiques poussaient les Merovingiens a maintenir l’unite politique etadministrative de cette region frontaliere. Finalement, pour ce qui est dutroisieme principe, le royaume etait partage entre les heritiers de facon aaccorder a chacun d’entre eux un nombre de cites qui pourraient leurfournir des revenus fiscaux plus ou moins equivalents. Ce systeme etaiten contradiction avec une logique parallele d’organisation de l’espacemerovingien, celle de l’Eglise. Les frontieres des partages ne coıncidaientpas toujours avec les limites des dioceses ecclesiastiques, car la royauteprenait tres peu en compte les interets de l’Eglise. Cette logique « politico-fiscale » des partages a ete durement mise a l’epreuve par les antagonismesqui ont oppose, surtout entre 561 et 613, les membres de la dynastiemerovingienne, et par l’emergence de trois grandes entites politiques ausein du royaume, la Neustrie, l’Austrasie et la Burgondie. A partir du debutdu vii

e siecle, on a assiste a une augmentation de l’importance du parti-cularisme regional et de la geographie ecclesiastique dans le dispositif despartages. La politique des rois merovingiens jusqu’a la fin du vi

e siecleavait ete caracterisee par une centralisation et par une autonomie face aucorps ecclesiastique que leurs successeurs ont progressivement aban-donnees.

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