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Les modèles de situation dans la compréhension du langage / Situation models in language...

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Les modèles de situation dans la compréhension du langage et dans la mémoire 1 © Dr E. Didier V-6. Modèles de situation Dr Emmanuel Didier Avocat (Ont., NY) © 2015/04
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Les modèles de situation dans la compréhension

du langage et dans la mémoire

1© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation

Dr Emmanuel DidierAvocat (Ont., NY)

© 2015/04

V-6. Modèles de situationBibliographie

• Bibliographie:– Zwaan, R., Radvanski, G., Situation models in

language comprehension and memory,– http://fr.scribd.com/doc/88959378/Zwann-Radvansky-1998-Situation-Models-in-Language-Comprehension-and-Memory

– Wikibooks, Cognitive psychology and cognitive neuroscience,

– http://en.wikibooks.org/wiki/Cognitive_Psychology_and_Cognitive_Neuroscience/Print_version

– Pennington, N., Hastie, R., Explaining the evidence: Tests of the story model for juror decision-making

– http://ist-socrates.berkeley.edu/~maccoun/LP_PenningtonHastie1992.pdf

– Schmalhofer, F., Situation Models and Embodied Language Processes,

– www.nbu.bg/cogs/events/2004/Schmalhofer_course.html

2© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Table des matières

• Qu'est-ce que la compréhension du langage ?• Qu'est-ce que la compréhension du langage ? - les modèles de

représentation• Modèles de situation et processus linguistiques incarnés• Pourquoi les modèles sont nécessaires• Quand les modèles ne sont pas nécessaires• Cadre général de traitement• Modèles d'agrégation• Modèle d'indexation d'un événement• Modèle d'indexation d'un événement - espace• Modèle d'indexation d'un événement - cause• Modèle d'indexation d'un événement – intention• Modèle d'indexation d'un événement – protagonistes et objets• Modèle d'indexation d'un événement – temps• Ce qu’av devrait faire/ne pas faire• Modèle de récit pour décision du juré

© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Qu'est-ce que la compréhension du langage ?

• Qu'est-ce que la compréhension du langage ?≠ construction et remémoration de représentations mentales du texte

= ensemble d'instructions sur la manière de construire une représentation mentale de la situation décrite=> importance du traitement dans les mémoires à court terme et à long terme=> utilisation des schémas mentaux comme « briques » pour la construction des modèles de situationex. script d'une visite au restaurant = acteur, accessoires, conditions d'entrée de sortie, séquences

d'action typique d'une visite au restaurant4© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationQu'est-ce que la compréhension du langage?

• Comment passons-nous – des percepts, – au langage, – aux modèles de représentations?

5© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationQu'est-ce que la compréhension du langage? – Modèles de représentation

6

2 niveaux de représentations

Zwaan (2004)

3 niveaux de représentations

Fletcher(1994); van Dijk & Kintch(1983); Zwaan & Radvansky

(1998))

modèle KIWii

© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèles de situation et processus linguistiques incarnés

• Les processus linguistiques incarnés– les représentations symboliques amodales – la représentation dans les systèmes symboliques perceptifs

– les symboles perceptifs– le stockage du symbole perceptif– la cognition et la connaissance – l'incarnation de la mémoire – les simulateurs– les simulateurs et les simulations

7© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Les modèles de situation et processus linguistiques incarnés

8© Dr E. Didier

- Les états perceptifs sont transcrits dans un système de représentation totalement nouveau qui les décrit d'une manière amodale.- La structure interne du symbole n'a pas de rapport avec l'état perceptif qui l'a produit.

Les représentati

ons symboliques amodales

états perceptifs

activation neurale

(expérience consciente)

liste de caractéristiques, réseau sémantique, cadres, schémas,

phrase de calcul des prédicats

symboles amodaux

arbitraires

référence

transcription mémoire

langagepensée

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

9© Dr E. Didier

transcription

référence

mémoirelangagepensée

états perceptifs

activation neurale

(expérience consciente)- Extraction de sous-ensembles d'états perceptifs

dans divers systèmes sensorimoteurs. -La structure interne de ce symbole est donc modale et liée de manière analogique à l'état perceptif qui les a produits.

symboles modaux analogues

images, schémas d'images, symboles

perceptifs

La représentation dans les systèmes symboliques perceptifs

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

10© Dr E. Didier

Les symboles perceptifs

• sont des patrons qui apparaissent dans les cartes hiérarchiques de caractéristiques des systèmes sensorimoteurs au cours de la perception et de l'action

• peuvent être topographique ou non ; sont capturés par les zones d'association

• des zones locales aux zones pluri sensorielles et aux zones frontales

• adaptés pour des combinaisons particulières de caractéristiques

• l'activation d'un patron associatif rétablit • enregistrement pas nécessairement complet

ni véridique, mais partial de l‘état neuronal qui sous-tend la perception

• dynamique et non pas discrète • pas nécessairement représentative

d'individu en particulier• potentiellement indéterminée

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

11© Dr E. Didier

Stockage du symbole perceptif

stimulus physique

transport de l'information par les canaux sensoriels

décharge des unités neuronales pour produire une représentation perceptuelle

capture de la représentation perceptuelle par les unités neuronales dans une zone d'association

Rétablissement d'un symbole perceptif

capture de la représentation perceptuelle par les unités neuronales dans une zone d'association

décharge des unités neuronales pour simuler

la représentation perceptuelle

stimulus physique

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

• Modèle traditionnel :

• cognition = computation

• représentation par propositions

• propositions sont des relations abstraites

• Incarnation du sens/de la signification:

• la cognition sert la perception et les actions

• représentation = patrons d'interactions possibles du corps avec le monde (liées par des règles à ce monde)

• ce qu'un objet, un événement, une phrase signifie pour vous est ce que vous pouvez faire avec cet objet, cet événement où cette phrase

La cognition et la connaissance

© Dr E. Didier 12

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

• L'incarnation de la mémoire

– propriétés qui peuvent être projetées : l'information disponible par l'intermédiaire des sens

– propriétés qui ne peuvent pas être projetées : information disponible d'autres sources (= mémoires)

– conceptualisation : combinaison de propriétés qui peuvent être projetées et qui ne peuvent être projetées

→ Fonction primaire de la mémoire est de tisser – les conceptualisations incarnées des propriétés projetables de l'environnement

– avec les expériences incarnées qui fournissent des propriétés qui ne peuvent être projetées

13© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

• Les simulateurs– Les symboles perceptifs de même catégorie sont intégrés dans un système unique (le simulateur)

– Le simulateur• est un système organisé de symbole perceptif qui peut produire des simulations d'une certaine catégorie en l'absence d'exemples physiques

• contient typiquement des symboles perceptif extraits d'un grand nombre d'éléments de la catégorie dans de nombreuses modalités

• est composé de cadres, les simulations que produit le cadre 14© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

• Les simulateurs et les simulations– les itérations particulières d'un simulateur qui reproduisent l'expérience multimodale d'une catégorie

– utilisent un sous-ensemble réduit de l'information dans le simulateur

– nombre infini de simulation est possible

– les simulations sont toujours partielles et incomplètes

– le simulateur va au-delà d'une simple collection empirique d'impressions sensorielles

– nombre immense de simulation incluant la gamme d'expériences associées à une catégorie• c’est-à-dire une représentation d'un type

15© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

16© Dr E. Didier

stimuliphysiques

patrons perceptifs

les unités partagées dans une zone

associative intègrent les patrons

simulations

perceptives

les unités partagées dans une zone

associative active des patrons stockés ainsi

que des patrons nouveaux dans la zone

sensorimotrice

V-6. Modèles de situation Modèles de situation et processus linguistiques incarnés

17© Dr E. Didier

Les simulations comme véhicules

Cette figure indique certains cadres partiels

pour une automobile et

illustre comment les cadres changent

dynamiquement.

V-6. Modèles de situationPourquoi les modèles sont nécessaires

Les modèles sont nécessaires pour:• intégrer l'information d'une phrase à la suivante

exemple : la rapidité à laquelle le dernier mot d'une phrase est nommé dépend de

- la qualité de son intégration au sein du modèle de situation

- mais pas de ses associations lexicales aux mots antérieurs dans la phrase

• expliquer les similarités dans les performances de compréhension sans égard aux modalités perceptuelles– Ex. : des étudiants qui ont vu un court-métrage et des étudiants qui

ont entendu une relation verbale correspondant au film dans sa structure épisodique • produisent des remémorations similaires structurellement• les seules différences dans l'remémoration entre les deux groupes sont

explicables par les aspects différents :– la version textuelle indique explicitement qu'un enfant allait à l'école

alors que la version visuelle ne l'indique qu'implicitement• Nous utilisons pour construire ces modèles des procédures

cognitives indépendantes des modalités sensorielles = > Les individus sont bons pour construire des modèles de situation dans des modalités différentes : écrites, auditives, visuelles

18© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationPourquoi les modèles sont nécessaires

• Pour rendre compte des effets de l'expertise dans le domaine en ce qui concerne la compréhension– les « compreneurs » dont les compétences verbales sont relativement modestes peuvent faire mieux que des compreneurs plus compétents s'ils disposent de connaissances plus étendues du domaine• Ex.: des enfants de 3ème année experts en football se sont remémorés davantage l'unité conceptuelle d'un texte concernant un match de foot (54 %) que des enfants de 7ème année novices dans ce sport (42 %)

<=> l'expertise dans le domaine a plus que compensé la différence de compétences verbales entre les étudiants de 3ème et de 7ème année 19© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Pourquoi les modèles sont nécessaires

• expliquer la traduction et la communication interculturelle

• Ex. La France était un pays de tradition Catholique.(France is a country with a Catholic tradition.)Elle est à la base de la plupart des cérémonies qui ont une origine

religieuse.(It is at the foundation of most ceremonies that

have a religious origin.)• Ex. : dame de 78 ans qui ne voulait pas qu’on lui dise comment prier

• expliquer l'apprentissage à partir d'une pluralité de documents

• l'apprentissage fondé sur les textes et le raisonnement sur des événements historiques

– Ex. événements concernant la construction du canal de Panama• les sources multiples des informations sur un sujet se chevauchent à des degrés divers en ce qui concerne leurs référents et les relations entre ces référents

• un moyen efficace pour organiser cette information consiste à intégrer la connaissance provenant de sources diverses dans un modèle de situation commun

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V-6. Modèles de situationQuand les modèles ne sont PAS nécessaires

• Ce ne sont pas toutes les tâches de traitement linguistique qui impliquent des modèles de situations– certaines opérations de traitement linguistique n'impliquent pas nécessairement la construction de modèles de situation• Ex. : correction d'épreuves

– les modèles de situation sont nocifs dans la relecture des épreuves

– correction est plus longue si on se réfère à sa connaissance de la situation que si on se réfère à sa connaissance de l'orthographe

21© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationCadre général de traitement

• Pour analyser le processus de construction d'un modèle de situation et de récupération des informations concernant une situation, il faut distinguer entre :– le modèle courant

• modèle actuellement en construction au moment Tn alors qu'une personne lit ou prononce une phrase ou une proposition particulière Cn

– le modèle intégré des situations• modèle global construit par l'intégration, l'un après l'autre, des modèles construits aux moments T1 a T-1 pendant que l'individu entend/lit les propositions C1 a Cn-1

– le modèle complet des situations• modèles entreposés dans la mémoire à long terme après le traitement de la totalité de l'input textuel ou verbal

22© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèles d'agrégation

• Trois modèles d'agrégation de l'information :– accroissement de la capacité fixe de la mémoire de travail à

court terme (MTCT) par le stockage de l'information dans la mémoire de travail à long terme (MTLT)• des éléments d'une représentation mentale construite auparavant sont maintenus accessibles dans la MTCT au moyen d'indices de récupération

– modèle de situation intégré• le focus explicite contient des « jetons » (tokens) correspondant aux protagonistes participant à ce moment à l'univers de discours

• le focus implicite contient une représentation des aspects actuellement pertinents des scènes décrites

– modèle d'indexation de l'événement 23© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationCadre général de traitement - modèle d'indexation d'un événement

• modèle d'indexation d'un événement– quand on entend / lit une proposition, on construit un modèle de la situation dénotée par cette proposition

– chaque événement peut être indexé sur 6 dimensions (= 6 indices):• temps• espace• causalité• motivation• protagonistes• objets

– la facilité avec laquelle un événement peut être intégré dépend du nombre d’indices qu’il partage avec le modèle intégré

24© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationCadre général de traitement - modèle d'indexation d'un événement

Exemple : l’art. 1457 C. civ.

temps espace causalité motivation protagonistes objets

• 1457. Toute personne a le devoir de respecter les règles de conduite qui, suivant les circonstances, les usages ou la loi, s'imposent à elle, de manière à ne pas causer de préjudice à autrui.

• Elle est, lorsqu'elle est douée de raison et qu'elle manque à ce devoir, responsable du préjudice qu'elle cause par cette faute à autrui et tenue de réparer ce préjudice, qu'il soit corporel, moral ou matériel.

• Notes: – dans quelle dimension du modèle faut-il mettre les «

normes juridiques »?– noter le caractère abstrait du « droit » par rapport

aux autres dimensions

25© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement

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dimensions de situation

MISE EN AVANT MISE À JOUR RÉCUPÉRATION

ESPACECAUSEINTENTIONPROTAGONISTES OBJETS

TEMPS

La pertinence est mise à jour continuellement au moyen de trois opérations :

• la mise en avant-plan (« mise en avant »)• la mise à jour• la récupération

© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – espace

• Absence d'appariement entre :– le langage (2 dimensions) → linéaire– l'espace (3 dimensions) → non linéaire

• Absence de preuve fiable que le Compreneur suit spontanément l'information spatiale au cours de la compréhension– mais capable de le faire si on le lui demande

• Problème de la linéarisation : comment décrire dans le langage un arrangement spatial ?– Ex. : typiquement, les gens décrivent leur appartement

en prenant l'auditeur par la main dans une description d'un chemin imaginaire à travers l'appartement

=> le cheminement est une manière efficace de linéariserl'information spatiale en la contraignant dans format temporel :« et ensuite, vous entrez dans le salon »

• NOTE : aussi une méthode pour distinguer entre les descriptions authentiques/non authentiques de lieux : cheminement vs vue d‘oiseau

27© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – espace – mise en avant

• Mise en avant de l'information• suite à la création d'un modèle intégré de situation spatiale,

les gens peuvent passer au travers des différents éléments du modèle, ce qui rend plus disponible l'information concernant chacun de ces éléments

• Ex.: le canapé est plus probablement mis en avant dans le modèle de situation lorsque le protagoniste se situe dans le salon que s'il se situe dans la cuisine

• les articles plus éloignés du foyer d'attention actuel sont moins disponibles en mémoire que les articles plus rapprochés

• temps de réponse corrélé à la distance entre le protagoniste et la pièce dans laquelle l'objet est situé

• pas corrélé à l'emplacement spatial du protagoniste, mais à son emplacement mental

– Ex. : des individus lisaient des histoires contenant un objet critique. Dans la moitié des histoires, l'objet était associé spatialement avec le protagoniste (« Jean a mis son T-shirt avant d'aller courir ») ; dans l'autre moitié, cet objet était dissocié spatialement (« Jean a enlevé son T-shirt avant d'aller courir »). Deux phrases plus loin, le nom de l'objet critique (le T-shirt) a été présenté et les individus ont fait des réponses de reconnaissance. Le délai de réponse était plus long dans le cas de la dissociation que dans le cas de l'association, même si les distances textuelles étaient identiques.

• lecteurs ont des problèmes pour traiter l'information incompatible avec le modèle

• si l'information comprise dans un texte est incompatible spatialement avec ce qui a été décrit auparavant, les gens ont besoin de plus de temps pour lire l'information

– Ex.: si le lieu où se trouve un protagoniste d'une histoire diffère de l'emplacement où se trouvent des objets ou des gens qui sont décrits par un texte, on a plus de difficulté à le réconcilier avec son modèle de situation et le processus de compréhension prend plus de temps

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V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – espace – mise à jour

• le modèle d'indexation d'un événement – l'espace – la mise à jour• on utilise des relations de situation spatiale entre les entités

pour faciliter la formation d'un modèle de situation cohérent • lorsque l'information peut être interprétée comme étant

compatible avec un modèle de situation antérieure, ce modèle de situation a besoin simplement d'être mis à jour

• s'il n'y a pas de relation claire entre l'information nouvelle et la situation décrite auparavant, la mise à jour ne peut avoir lieu– Ex. : lorsqu'ils lisent des descriptions spatiales :

• les gens passent moins de temps à– lire– comprendre, ou– mettre à jour

les descriptions spatiales qui sont référentiellement– continues, ou– contiguës

29© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – espace – récupération

• La récupération mémorielle de l'espace est affectée par quatre variables :– les cadres spatiaux– l'intégration spatiale– la taille de l'ensemble de récupération

– les types de représentations spatiales

30© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – espace – récupération

– Les cadres spatiaux• sont utilisés pour interpréter les relations spatiales entre l'observateur et les objets dans l'environnement

• le patron de disponibilité de l'information à partir du modèle de situation mémorisé est influencé par la perspective adoptée lors de la création du modèle de situation– perspective d'un individu dans la situation :

» information décrite comme étant en avant ou au début» plus disponible que l'information décrite comme étant en arrière ou à la fin

– perspective d'un spectateur externe :» les deux types d'informations sont disponibles également

• les relations fonctionnelles entre les objets peuvent influencer l'orientation du cadre de référence– exemple : le marteau est considéré comme étant toujours au-dessus du clou

31© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – espace – récupération

• Les cadres spatiaux– information concernant les relations

spatiales entre l'observateur et les objets est interprétée selon un cadre spatial :

1. au-dessus/en-dessous (gravité)2. devant/derrière (perception + mouvement

+ interaction avec le monde)3. gauche/droite (pas de différence dans

l'utilisation)– la saliance diffère selon la perspective

:• individu : avant > après• spectateur : avant = après

– la relation fonctionnelle entre les objets influence la relation typique :

• Ex. : marteau au-dessus du clou vs marteau et balle de golf

– Note : s'applique également au T => A doit prendre en considération lors de l'interrogatoire ou du contre-interrogatoire

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© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d’un évènement – espace – récupération

– L'intégration spatiale•pour que l'information soit intégrée, il doit être clair que tous les éléments réfèrent à la même situation – sinon, les gens se fondent sur des modèles distincts

• effet sur la récupération – efficacité de la mémoire

» meilleure lorsque l'information peut être intégrée facilement dans un modèle de situation

» que lorsqu'elle est stockée dans plusieurs représentations distinctes

• intégration de l'information spécifique à la situation– seulement lorsqu'un ensemble de faits réfère clairement à une situation unique et les modèles de situation sont utilisés pour la décision de récupération dans la mémoire à long terme

• Note : s'applique également au T => A doit prendre en considération lors de l'interrogatoire ou du contre-interrogatoire

33© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – espace – récupération

– Taille de l'ensemble de récupération• taille de l'ensemble de récupération = nbre de modèles de situation dans un ensemble de récupérations

• récupération en mémoire est influencée par l'appartenance d'un ensemble de faits comportant des notions qui se chevauchent à :

– une situation unique (= modèle de situation) ou bien à– des situations multiples (= modèles de situations)

» Ex. : on demande aux gens de mémoriser les phrases suivantes : « le palmier empoté est dans l'hôtel », « le palmier empoté est dans le musée », et « le téléphone à péage est dans le musée ».

» Qd on présente la phrase de test de la mémorisation « le palmier empoté est dans l'hôtel » le modèle « hôtel » est activé, tout comme le modèle « musée » parce qu'il contient aussi un palmier empoté.

» « Effet d'éventail » : les modèles de situation non pertinents prennent plus de temps à être activés.

» Pas d'effet d'éventail lorsque l'ensemble de faits reliés les uns aux autres fait référence à une situation unique et est stocké dans un modèle de situation unique.

» = > qd on présente aux auditeurs la phrase « le téléphone à péage est dans le musée » comme test de la mémoire, bien qu'il puisse y avoir d'autres objets dans le musée (le palmier empoté) le téléphone à péage ne se trouve dans haut qu'un autre modèle et il n'y a pas d'interférences à la récupération.

• Même en l'absence d'indices d'organisation et de structures, les gens évaluent activement les situations décrites par les faits et organisent l'information selon ces situations.

34© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle d'indexation d'un événement – espace – récupération

– Types de représentations spatiales• les gens peuvent créer des représentations mentales assez exactes d'un espace sur la base de la description de l'emplacement dans un texte

• 2 perspectives les plus communément fournies dans un texte sont

– le chemin– le survol

• perspective du chemin (cheminement)– décrit le mouvement comme si l'individu se mouvait

effectivement dans cet espace– contient fréquemment des termes spatiaux comme « à

droite de », « en avant »• perspective du survol

– donne une vue d’oiseau sur l'emplacement, comme si on regardait une carte

– contient fréquemment des termes spatiaux comme « à l'est de » ou bien « près de la frontière »

• si on leur demande de vérifier des inférences concernant des relations spatiales qui ne sont pas énoncées explicitement, les gens sont aussi rapides et aussi précis pour une perspective que pour l'autre, sans égard à la manière dont ils ont appris cet espace à l'origine

– suggère que les gens utilisent des modèles de situation indépendant du point de vue pour vérifier ces inférences

35© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – cause

• Les auditeurs ou les lecteurs conservent habituellement en mémoire l'information sur la causalité

• Cette information sur la causalité peut-être :– indiquée explicitement au lecteur ou à l'auditeur•par des connecteurs causaux : parce que, à cause de,

donc, etc.– déduite par le lecteur ou l'auditeur au moyen de sa connaissance des événements :•exemple : dans « Catherine a jeté de l'eau sur le bûcher ; le feu s'est éteint. »

•les lecteurs/auditeurs génèrent l'inférence que c'est l'eau qui a causée l'extinction du bûcher

•l'inférence est fondée sur la connaissance du fait que l'eau éteint le feu 36© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle d'indexation d'un événement – cause – mise en avant

• les relations causales entre les événements décrits peuvent être mises en avant au moyen de connecteurs causaux : parce que, donc, en conséquence, etc.

• les connecteurs causaux influencent le traitement de l'information d'une manière incrémentielle :– dès que le lecteur rencontre un mot comme « parce que », il

tente de construire un lien causal entre l'événement précédent et l'événement à venir

– suggère que le lecteur est très sensible aux connecteurs causaux comme indices pour faciliter la construction de relations causales entre les événement

• les connecteurs– influencent l'accessibilité du premier événement seulement

si les deux événements ont été reliés causalement d'une façon modérée• pas d'effet facilitateur si les événements n'étaient pas reliés

– facilitent la compréhension en ligne et augmentent les rappels sur indices en ce qui concerne la proposition qui suit le connecteur, par contraste aux connecteurs non causaux comme et où bien ensuite

37© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle d'indexation d'un événement – cause – mise en avant

• le connecteur causal « parce que »– augmente la cohérence de la représentation finale des événements décrits dans la phrase

– dans une paire d'énoncés, l'événement mentionné en premier lieu est plus accessible au lecteur lorsque les énoncés sont joints par « parce que » que lorsque ces énoncés se trouvent dans deux phrases différentes

– n'est un indice efficace que lorsque les événements dénotés par les deux propositions jointes par « parce que » sont liées causalement

– « parce que » n'a pas d'effet bénéfique en ce qui concerne les événements qui n'ont pas de relations causales évidentes ou réelles• Ex : « Suzanne a appelé le médecin parce que le bébé jouait dans le berceau. »

38© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – cause – mise à jour et récupération

• Dans la plupart des cas, le Compreneur peut mettre à jour le modèle intégré en formant des relations causales entre le modèle intégré et le modèle courant sans être incité par des connecteurs

• Dans ces cas, c'est la connaissance du monde qui joue un rôle crucial.– Exemple: 1a Marc a jeté le seau d'eau sur le bûcher.1a' Marc a placé le seau d'eau près du bûcher.1b Le bûcher s'est éteint.1c Est-ce que l'eau éteint le feu ?

– le lecteur lit des paires de phrases comme 1a-b ou 1a’- b, et se fait poser une question comme 1c

– le lecteur répond plus vite à 1c après 1a-b qu’après 1a' - b • Selon le modèle de validation utilisé :

– la connaissance du fait que l'eau éteint le feu est activée pour valider les événements décrits dans 1a-b

– mais en raison du fait que cette connaissance ne peut être utilisé pour valider 1a'-b, elle n'est pas activée

• Selon la terminologie du modèle d'indexation d'un événement :– l'événement décrit dans 1b est intégré à l'événement décrit dans 1a par une relation causale

– 1a' et 1b demeurent non intégrés dans la dimension causale– alors qu'ils seraient intégrés dans les dimension temporelle et spatiale selon le modèle d'indexation d'un événement 39© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – cause – mise à jour et récupération

• les événements dont la relation causale est modérée sont mieux remémorés que les événements– qui ne sont pas reliés causalement, ou– qui sont reliés causalement fortement

• Exemple : dans une recherche les lecteurs– devaient étudier des paires de phrases– se voyaient présenter sur un écran d'ordinateur, une à la

fois, des phrases dans lesquelles le degré de leur causalité variait en importance (causalité élevée, causalité modérée, pas de causalité)

– se faisaient présenter le premier élément de chaque paire comme indices de remémoration pour le deuxième élément

• Les paires de causalités modérées ont donné lieu à la meilleure remémoration, parce que :– les lecteurs sont capables de former une inférence causale pour

relier les deux événements et ont besoin de la former – les paires non reliées par une causalité ne permettent pas aux

lecteurs de générer une inférence, alors que les paires reliées par une causalité élevée ne rendent pas nécessaire de la génération d'une inférence par le lecteur 40

© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – cause – mise à jour et récupération

• L'inférence rétroactive– celui ou celle qui lit à propos d’un événement tente d'expliquer l'événement au moyen d'informations provenant de• la phrase précédente• des représentations mentales d'événements rapportés antérieurement et maintenant en mémoire à long terme

• sa connaissance du monde– en liant les événements au moyen d'inférences explicatives, le lecteur ou la lectrice créée• un réseau causal des événements racontés• des relation causale entre les événements se trouvant dans des phrases non adjacentes : « signification après l'effort »

– l'explication des événements, des actes et des processus est une stratégie de compréhension efficace :• des participants qui ont reçu l'instruction d'expliquer ont augmenté de 10 % leurs performances de compréhension par rapport au groupe de contrôle

41© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – cause – mise à jour et récupération

• L'inférence proactive– Prédiction sur les conséquences causales des événements• exemple quand on lit « l'homme d'affaires n'a pas vu la peau de banane », on peut prédire qu'il va marcher dessus et glisser

– les inférences prédictives sont faites durant la compréhension, lorsque le stimulus (ex. lecture)1.limite le nombre de prédictions possibles2.fournit un contexte suffisant, et3.met de l'avant l'événement à prédire

– les inférences prédictives sont rapidement désactivées en l'absence d'informations nouvelles pour les soutenir

– la recherche sur les inférences prédictives suggère que• les lecteurs sont sélectifs lorsqu'il tire des inférences prédictives, MAIS– peuvent tirer des telles inférences lorsqu'ils y sont incités par des méthodes de mise en avant

– peuvent conserver ces inférences lorsqu'il y a un contexte suffisant pour les soutenir

42© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – intention

• La compréhension d'un récit dépend du suivi des objectifs et des plans des protagonistes

• les gens ont– des thèmes de vie qui génèrent des objectifs à atteindre– qui à leur tour génèrent des plans d'action

•exemple : on s'entraîne dur pour un marathon (plan)•pour gagner le marathon (objectif qui a généré le plan), ou bien•pour devenir un athlète connu (thème qui a généré l'objectif)

• Preuves abondantes que le Compreneur fait au cours de la compréhension un suivi de l'information concernant la motivation = > la hiérarchie des objectifs et des plans est un mécanisme organisationnel très important pour la structuration des récits d'événements

• Il faut distinguer entre :– la déclaration d'objectifs– les informations sur les objectifs– la structure des objectifs

43© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – intention – mise en avant et mise à

jour

• La déclaration d'objectifs– est un mécanisme de mise en avant efficace au cours

de la compréhension du texte• exemple : « Élisabeth a décidé de tricoter un chandail. » = > objectif d'Élisabeth

– l'objectif est conservé à un niveau de disponibilité élevé dans la représentation mentale du lecteur• tant que l'emphase demeure sur Élisabeth, et• jusqu'à ce que l'objectif ait été atteint

• Les informations sur les objectifs– une partie de la chaîne de causalité qui relie plusieurs

idées ensemble et qui donne cohérence au récit– lorsque l'objectif d'un personnage n'est pas atteint ou

satisfait:• l'information concernant l'objectif est à un niveau élevé de disponibilité (= indice de récupération dans la MTCT de l'objectif dans le modèle intégré dans la MTLT)

• l'information concernant les objectifs déjà atteints et moins disponibles (mais > informations neutres) ce qui met à jour le modèle courant (= pas d'indice de récupération dans la MTCT)

44© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – intention – mise en avant et mise à

jour

•Les informations sur les objectifs•souvent ne sont pas indiqués explicitement dans un texte ou un dialogue => doivent être inférés

•le Compreneur génère au cours de la compréhension des types d'inférences concernant la motivation :–plus probable qu'il construise des inférences super-ordonnées que des inférences subordonnées•tente d'inférer l'objectif qui a motivé l'action, si l'objectif n'est pas mentionné explicitement dans le texte/dialogue

•n'infère pas davantage d'actions subordonnées–exemple : « Roger est allé à la pharmacie » permet au lecteur d'inférer que Roger voulait acheter des médicaments, mais pas qu'il a conduit jusqu'à la pharmacie

•le lecteur met à jour les modèles de situation dans la dimension de la motivation en reliant les actions à un objectif super-ordonné plutôt qu'à des actions à un niveau moins élevé (sous-ordonné)–les inférences d'objectifs super–ordonnés contribuent à l'effort du lecteur pour construire un modèle de situation cohérent

–ce n'est pas le cas des inférences d'objectifs sous–ordonnés•l'information sur les objectifs peut alors être maintenue dans un tampon de la mémoire de travail comme indice de récupération pour faciliter l'incorporation des événements à venir dans le modèle intégré

45© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – intention – récupération

• La structure des objectifs– fournit la charpente de la compréhension des événements décrits dans un récit

=> cette information est mieux codée en mémoire et plus facile à remémorer par la suite

– en général, l'augmentation du nombre de ces connexions augmente la probabilité de remémoration•sauf (cf section sur la cause) à des niveaux très élevés d'interconnexion lorsque la remémoration peut souffrir d'un niveau si élevé d'interconnexions de l'information que le lecteur ne fera que peu d'élaborations sur celle-ci=> il s'en rappellera moins bien

46© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – protagonistes et objets

• Un axe de recherche se concentre sur la résolution anaphorique (usage des pronoms) :– le Compreneur associe-t-il l’information entrante à des jetons concernant les protagonistes ou les objets ?

• Deux axes de recherche :– la nature et la portée du suivi des protagonistes par le Compreneur

– la représentation par le Compreneur d’objets qui n’ont pas été mentionnés explicitement dans le texte

• conclusion générale :– le Compreneur (= auditeurs, lecteur) semble engagé dans un suivi intense des protagonistes au cours de la compréhension

– l’intensité de la focalisation sur les objets semble dépendre davantage des indices contextuels

47© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – protagonistes et objets

mise en avant et mise à jour

• Le Compreneur est très sensible à une palette d’indices linguistiques concernant l’utilisation des pronoms (résolution anaphorique)

• le « modèle de focalisation » fait des prédictions sur le niveau d’activation des jetons représentant les protagonistes dans la mémoire de travail :– protagonistes principaux (introduits habituellement par leur nom) :

font partie de la focalisation explicite– protagonistes moins importants : font partie de la focalisation

implicite• quand un scénario nouveau était introduit, le modèle intégré et

mis à jour par– le maintien dans le tampon mémoriel du personnage principal– la suppression dans le tampon mémoriel des personnages liés au

scénario précédent• l’utilisation d’un nom propre augmente

– la probabilité de mention dans une tâche de continuation (où on doit compléter une phrase ou un texte) et

– la facilité de référence• le Compreneur utilise sa connaissance du domaine et des

propriétés des protagonistes pour– résoudre les pronoms ambigus concernant le protagoniste principal– intégrer l’information provenant de phrases différentes– suivre non seulement les protagonistes mais aussi les informations

associées à ceux-ci– incorporer immédiatement dans le modèle de situation de

l’information stéréotypée, comme sur le sexe

48© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – protagonistes et objets

mise en avant et mise à jour

• les objets, surtout les instruments d’action, sont souvent implicites dans les textes– ex : pas de mention du marteau dans « Pierre a enfoncé un clou dans

le mur. »• les instruments ne sont pas codés durant la compréhension mais insérés

durant la remémoration :– le lecteur ne détermine pas obligatoirement l’instrument durant la

compréhension– peut le faire dans certaines circonstances mal comprises ; facteurs

possibles :• accessibilité de l’instrument• importance causale de l’objet• objectifs du lecteur

• le lecteur peut inférer les instruments mentionnés explicitement dans la phrase précédente=> inférence de l’instrument plus probable si l’instrument a été mis en avant

• la génération des inférences d’instruments est influencée par des indices plus subtils : dépend de la structure temporelle interne de l’événement indiqué par le mode du verbe

• délai dans la reconnaissance des instruments mentionnés dans les phrases précédentes plus court – si l’action a été décrite comme étant en cours (« Jacques a commencé

a enfoncer le clou dans la planche. »)– que si l’action est décrite comme étant ponctuelle (« Jacques

enfonçait le clou dans la planche ».)• plus pertinent pour le Compreneur d’inférer l’instrument qui est encore

utilisé que celui qui fait parti d’une action terminée

49© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – protagonistes et objets - récupération

• on peut intégrer l’information dans des modèles de situation sur la base de notions personnelles (= relatives à l’individu) plutôt que de lieux

• possible que l’individu aille d’un endroit à un autre : les participants créent des modèles de situation organisés autour de notions personnelles

• dans un test de reconnaissance, effet d’éventail observé pour des conditions où plusieurs personnes dans un seul lieu, mais pas pour des conditions où une seule personne dans plusieurs lieux

• une organisation fondée sur la personne est observée lorsque– la relation abstraite de « propriété » est utilisée au lieu de la

relation spatiale de « contenant »– puis dans le test de reconnaissance ultérieure avec un effet

d’éventail dans des conditions ou un objet unique et acheté par plusieurs personnes, mais pas lorsque une seule personne achète plusieurs objets

• la relation de propriété n’est pas suffisante en soi pour créer des modèles de situation organisés autour de notions personnelles :– l’information est intégrée seulement lorsqu’elle réfère

potentiellement à une situation unique, comme l’achat d’un ensemble d’articles dans un magasin

– pas d’organisation de ce type observé lorsque les objets sont typiquement achetés à des moments différents et des lieux différents, comme une maison, un ordinateur ou une automobile

– dans ce cas, la personne ne peut être le fondement de l’organisation parce qu’il est rare d’acheter ces catégories différentes d’objets dans la même situation

50© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – temps

• le rôle de l’information temporelle dans la compréhension du récit a été relativement peu étudié en psychologie cognitive

• importance et ubiquité de l’information temporelle dans le langage :– toute phrase contient obligatoirement de l’information sur le moment absolu ou relatif d’occurrence de l’événement décrit

• le Compreneur a besoin de savoir quand l’événement décrit ont eu lieu relativement les uns aux autres et relativement au moment de leurs narrations

• comment le compreneurs utilise l’information temporelle pour construire des modèles de situation :– fait spontanément le suivi de l’information temporelle au cours de la compréhension

• on sait très peu de choses sur le traitement cognitif de l’information temporelle dans le langage mais beaucoup plus sur la sémantique de l’information temporelle dans le langage

• les théories linguistiques indiquent les options d’interprétation et leurs conséquences en fonction des structures linguistiques particulières

• les options sélectionnées par le Compreneur, et les conditions de sélection, sont du domaine de la psychologie cognitive 51© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – temps – mise en avant

• les langues sont dotées de systèmes développés pour préciser les relations temporelles entre les événements, et entre les événements et le moment de l’énoncé (= parole)

• des études se sont penchées sur les effets des connecteurs temporaux sur la compréhension

• les marqueurs temporaux– sont un moyen de rendre explicite les relations temporelles et donc de les mettre de l’avant

– affectent différemment la disponibilité de l’information précédente•« et » et l’absence de marqueur temporel (« il ouvrit la porte, entra… ») rend l’information précédente plus disponible qu’à marqueurs séquentiels comme « ensuite »

• l’information interprétée comme étant compatible avec un certain cadre temporel peut être incorporée dans une représentation unique plus facilement que lorsque le texte a signalé un changement vers un cadre temporel différent et un modèle de situation différent serait impliqué

52© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – temps – mise à jour

•la structure temporelle d’événements n’a pas d’équivalence exacte dans une structure linguistique, bien que la conceptualisation du temps soit linéaire par opposition à la conceptualisation de l’espace

•une des raisons de l’absence d’équivalence entre la chronologie et le récit est le chevauchement possible d’événements dans le temps alors que ceux-ci doivent être raconté sans qu’il y ait de chevauchement

•présomption d’iconicité –attente que l’ordre des événements dans le récit correspond à leur ordre chronologique–présomption par défaut du Compreneur que chaque modèle courant sera rattaché à l’événement le plus récent dans le modèle intégré

•on peut dévier de l’ordre chronologique en utilisant des marqueurs temporels comme les adverbes–ex : « avant d’ouvrir la porte, il a caressé le chien. »–Pas de corrélation entre ordre du récit et l’ordre chronologique–réduction dans la performance relative à la compréhension du texte

•les violations mineures de la présomption d’iconicité augmentent momentanément la charge de travail au cours de la compréhension de la phrase–exemple : « il a caressé le chien avant d’ouvrir la porte » prend plus de temps à lire que « avant d’ouvrir la porte, il a caressé le chien »

–mêmes constats que dans le domaine spatial–la compréhension est gênée si la structure du texte ne correspond pas à la structure de la situation

53© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – temps – mise à jour

•forte présomption d’iconicité : la présomption par défaut dans la compréhension et que les événements racontés dans des phrases adjacentes sont contigus dans le temps–preuve linguistique partielle en faveur de la présomption d’iconicité : langue Kate de la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui distingue grammaticalement entre les événements contigus dans le temps et les événements séparés par une période vide d’événements significatifs pour le récit

–en anglais, la distinction n’est pas grammaticalisée mais il est plausible que les défaillances dans la trame temporelle ont aussi une signification psychologique

–NOTE : cela causerait-il des problèmes d’interprétation ?•les situations dans la réalité sont fréquemment encadrées étroitement dans le temps–si les événements dépassent les limites, les gens devraient interpréter l’information comme se rapportant à une situation nouvelle est donc créer un modèle de situation distinct

•comment les enjambements temporels peuvent affecter la structure du modèle de situation–si le saut temporel est suffisamment important, le Compreneur va probablement créer un nouveau modèle de situation et transférer dans celui-ci uniquement les aspects du modèle précédent qui sont pertinents au nouveau modèle

–les références aux personnages liés au scénario sont plus probables dans des enjambements de courte durée plutôt que de longue durée

–les délais de réponse ou de lecture des phrases décrivant de tels personnages liés au scénario sont plus longs pour les enjambements de longue durée que pour les enjambements de courte durée

54© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – temps – mise à jour

• l’événement dans le modèle courant est rattaché aux événements dans le modèle intégré qui se trouvent dans le même cadre temporel général

• s’il n’y a pas dans le modèle intégré d’événements appartenant au même cadre temporel, un nouveau cadre temporel est créé dans le modèle intégré et l’événement actuel devient un indice de récupération du cadre temporel dans la MTLT– cette construction use des ressources cognitives et ralentit le traitement de l’information

• le Compreneur construit des intervalles temporels et l’information comprise à l’intérieur de l’intervalle courant est plus accessible que l’information comprise dans des intervalles antérieurs– l’accessibilité de l’information est déterminée plutôt par la distance dans le modèle de situation que par la distance dans la structure apparente du texte

55© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle d'indexation d'un événement – temps - récupération

• pluralité de périodes temporelles–interférence (effet d’éventail) lorsque les gens récupèrent des faits dans lesquels une activité a été décrite comme ayant lieu dans plusieurs périodes temporelles

–pas d’interférence dans la récupération des faits dans lesquels plusieurs activités se sont produites durant une période temporelle commune

–on peut donc intégrer les faits concernant une période temporelle comme une dans un modèle de situation unique et réduire l’interférence vécue par la suite pour la récupération

–NOTE : voir « Ice Cream Wars » : déclarations des policiers ?• lorsque trois activités ont été décrites, celles-ci étaient

–soit toutes décrites au même temps (par exemple au passé)–soit décrite chacune à un temps différent (par exemple une eau passée, une au présent et une au futur)

–pas de différence entre les références au même moment et les références à un moment unique

• suggère que les gens peuvent intégrer un ensemble de faits référant à une période unique dans un modèle de situation commun, et que cela a des conséquences pour la récupération ultérieure en mémoire

• NOTE : <=> incarnation ?56© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationCe qu'Av doit / ne doit pas faire

• Av doit tenir compteen ce qui concerne le cadre spatial :– mise en avant :

•expliquer au juge/jury les positions relatives/la contiguïté entre les objets/les individus

– mise à jour :•montrer/expliquer la contiguïté entre objets/individus

– récupération :•choisir soigneusement les perspectives

– participants (information en avant est plus disponible) vs étranger (information en avant ou en arrière autant disponibles)

– chemin (voyageur) vs survol (vue d’oiseau)•être conscient de la saliance et des relations typiques entre les objets (exemple : outils/armes)

•insister sur l’intégration spatiale : décrire l’unité comme un tout•être conscient de la taille de l’ensemble de récupération : s’il y a trop d’ensembles, utiliser des jetons en dénommant chaque ensemble différemment (le salon, la cuisine, la cuisine, etc.)

57© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationCe qu'Av doit / ne doit pas faire

en ce qui concerne la cause :– mise en avant :

– faire attention aux relations causales inférées par le juge ou le jury– créer des relations causales explicites au moyen de connecteurs causaux : « parce que », « donc », « par conséquent », etc.

– MAIS il faut une relation causale réelle pour que « parce que » soit efficace

– mise à jour et récupération :• attention à la connaissance du monde du Compreneur lors de la mise à jour du modèle intégré

– vérifier lors de la sélection des jurés– expliquer au juge et/ou jurés au moyen de témoignages ou au cours des résumés

ou des plaidoiries– insister sur les relations causales au cours des résumés ou des plaidoiries

• attention aux inférences rétroactives, notamment en cas de développements nouveaux

– expliquer au juge ou au jury comment/pourquoi l’information nouvelle influence l’ancien modèle de situation

• faire attention aux inférences proactives, surtout quand elles proviennent de la partie adverse

– expliquer au juge ou au jury comment/pourquoi l’information nouvelle devrait/ne devrait pas influencer les modèles de situation qui seront expliqués plus tard

58© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationCe qu'Av doit / ne doit pas faire

en ce qui concerne l’intention :– faire un suivi des objectifs et des plans des

protagonistes pour juge et le jury afin de faciliter leur compréhension des récits

– présenter la hiérarchie des objectifs et des plans et insister sur celle-ci au cours de l’interrogatoire, du contre-interrogatoire, des résumés et des plaidoiries :• pour la déclaration d’objectifs : par le témoin• pour les informations sur les objectifs : par le témoin, les experts (ouï-dire)– surtout les inférences d'objectifs super–ordonnés

• pour la structure des objectifs : par le témoin, les experts (ouï-dire)

59© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationCe qu'Av doit / ne doit pas faire

en ce qui concerne les protagonistes :– utiliser des jetons pour ceux-ci

•nom, surnom, pronom– pour focaliser explicitement

» exemples : « Monsieur Charest », « Madame Soucy »» « le père », « le p’tit gars », « l’associé »

– pour incorporer immédiatement dans le modèle de situation l’information stéréotypée

en ce qui concerne les objets :– mentionner explicitement les instruments

•pour éviter l’insertion implicite durant la remémoration

– organiser la relation entre personnes et objets par l’intermédiaire de la propriété•MAIS doit être une situation unique pour fonctionner

60© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationCe qu'Av doit / ne doit pas faire

en ce qui concerne le temps :• faire un suivi

– du temps absolu et – du temps relatif durant lesquels l’événement décrit s’est produit

• utiliser des marqueurs temporels (« avant », « après ») pour– rendre explicite et mettre en avant les relations temporelles– affecter la disponibilité de l’information précédente

• se rappeler de la présomption d’iconicité– attente que l’ordre des événements dans le récit correspond à l’ordre chronologique•exemple : « avant d’ouvrir la porte, il a caressé le chien. »

– les contradictions entre l’ordre des événements dans le récit et leur ordre chronologique réduisent la compréhension de la phrase•exemple : « il a caressé le chien avant d’ouvrir la porte »

• utiliser des cadres temporels homogènes pour les événements• faire attention aux chevauchements de périodes temporelles

– expliquer les relations temporelles pour éviter les interférences dans la remémoration 61© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré

• Des recherches importantes et utiles sur lesprocessus de décision des jurés – applicables aux juges?

62© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - conclusions

• la séquence de récit est l’« ordre de preuve » le plus efficace au procès

• les jurés qui ont reçu pour instruction de passer un jugement global final sont davantage susceptibles d’adhérer à une stratégie de jugement fondé sur une explication

• la stratégie de jugement global fondé sur « l’attente jusqu’à la fin » donne une confiance plus élevée dans les verdicts qu’une stratégie de mise à jour cumulative du jugement , article par article– habituellement le juge du procès instruit les jurés de retenir leur jugement jusqu’à ce qu’ils aient entendu la totalité de la preuve, par conséquent d’adopter une stratégie fondée sur une explication

• le théorème de Bayes ne fournit pas une explication valide des processus typiques de jugement par les jurés– MAIS cela n’implique pas nécessairement que la preuve à caractère statistique ou que les instructions d’experts sur le raisonnement fondé sur la preuve statistique vont interférer avec les jugements des jurés ou dégrader ces jugements

63© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle de récit pour décision du jury

INTERPRÉTATION DE RÉCITS

APPRENTISSAGE DE CATÉGORIES DE VERDICTS

APPARIEMENT ACCEPTÉ DU RÉCIT À UNE CATÉGORIE DE

VERDICT

CONCLURE AVEC VERDICT B SI APPARIEMENT CORRRECT

PREUVE AU PROCÈS

CONNAISSANCE DU MONDE – D’ÉVÉNEMENTS SEMBLABLES

CONNAISSANCE DES STRUCTURES DE TEXTES

CONNAISSANCES ANTÉRIEURES SUR LES CATÉGORIES DE CRIMES

DIRECTIVES DU JUGE SUR LE DROIT

verdict Averdict Bverdict C

Identit

éÉtat

mental

Actions

Circ

onstan

ces

Récit 1implausibl

eRécit 2ACCEPTÉ

Récit 1incomplet

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré– modèle de récit

modèle de récit pour décision du jury• au cours du procès, les jurés sont engagés dans un processus de compréhension actif et constructif au cours duquel il « font sens » des renseignements fournis au procès en essayant de les organiser en une représentation mentale cohérente

• la construction d’un récit permet la compréhension et l’organisation de la preuve de manière à ce que celle-ci soit évaluée quant à sa signification par rapport à chaque dimension concernant le verdict

• la signification est attribuée à la preuve en incorporant cette preuve dans un ou plusieurs récits plausibles décrivant « ce qui s’est passé » au cours des événements qui ont fait l’objet des témoignages

• l’organisation d’un récit facilite la compréhension de la preuve et permet aux jurés d’atteindre une décision quant au verdict avant la délibération

le modèle de récit contient 3 composantes :• l’évaluation de la preuve par l’interprétation du récit• la représentation des alternatives de décision par l’apprentissage des attributs des catégories de verdict

• la décision, par la classification du récit dans la catégorie de verdict qui convient le mieux

65© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré– modèle de récit

• si la preuve pertinente pour prendre une décision est volumineuse, complexe et les implications de ses éléments sont interdépendantes, le processus de décision est fondé sur l’explication– le décideur commence par construire un modèle causal pour expliquer

les faits disponibles, puis fonde les décisions ultérieures sur l’explication causale qu’il a plaquée sur la preuve

• la structure du modèle causal et relatives au domaine– par exemple :

• le juré utilise la structure narrative d’un récit pour organiser et interpréter la preuve dans le procès criminel

• des règles causales et des structures différentes sous-tendent– le modèle causal de l’interniste concernant la condition d’un patient et ses

précédents– le modèle mental d’un ingénieur concernant un circuit électrique– l’image qu’un marchand se fait des acteurs économiques dans une ville

touristique– la carte cognitive d’un diplomate concernant les forces politiques dans un

conflit international

66© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - modèle de récit

• 4 principes de certitude s’appliquent :– le récit qui sera accepté– la décision qui sera choisie et– la confiance ou le degré de certitude avec lequel une décision particulière sera prise :•la couverture•la cohérence•le caractère unique et•la qualité de l’adaptation 67© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - structure du récit

•la compréhension est, de manière inhérente, un processus interprétatif, même pour le discours le plus simple

•surtout dans les procès, où la présentation de la preuve rend la compréhension difficile :–beaucoup de preuves, présentées souvent sur plusieurs jours–une présentation typiquement incohérente, sous forme de questions et de réponses•des témoins différents témoignent sur des éléments différents de la chaîne des événements

•habituellement pas dans un ordre temporel ni causal•habituellement les témoins n’ont pas le droit de spéculer sur les événements connecteurs nécessaires, comme les raisons pour lesquelles certaines actions ont été effectuées, ou les réactions émotives qu’un individu a eues envers un événement

•les sous-éléments de la preuve (phrases ou déclarations individuelles) sont interdépendants dans leurs conséquences probantes pour le verdict= > la signification d’une déclaration ne peut être évaluée isolément parce qu’elle dépend de la signification de plusieurs déclarations liées entre elles

68© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - structure du récit

• la structure du récit• les représentations mentales construites coordonnent et combinent sous forme d’un récit trois types de connaissances :– information spécifique à la cause, acquise au cours du procès (déclarations des témoins sur des événements passés pertinents pour la décision)

– connaissances à propos d’événements semblables par leur contenu à ceux qui font l’objet du différend•exemple : crimes similaires dans la communauté du juré

– explications génériques sur ce qui constitue un récit complet •ex. : connaissance du fait que les actions humaines sont habituellement motivées par des buts

• résultent en une ou plusieurs interprétations de la preuve sous forme de récit :– séquences d’actions humaines où les relations de causalité physique et de causalité intentionnelle entre les événements sont essentielles

– le récit peut être décrit comme une chaîne dans laquelle les événements sont reliés par des relations causales de•nécessité et•suffisance

69© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - structure du récit

• les récits semblent organisés en unités dénommées fréquemment « épisodes »

• la structure du récit joue un rôle important dans la compréhension et dans le processus de décision du juré

• le récit construit par le juré est un ensemble de– événements et relations causales indiqués dans la présentation de la preuve

+ plus événements additionnels et relations causales inférées par le jury– certaines inférences peuvent être

•suggérées par les avocats et•interprétées uniquement par le juré

• les inférences servent à remplir la structure épisodique du récit

• les attentes concernant la nature des informations nécessaires pour faire un récit indiquent aux jurés– le fait que des éléments importants de la structure d’explications sont manquants et

– le moment où des inférences doivent être faites• le juré peut construire plusieurs récits, mais l’un d’entre eux est habituellement considéré comme plus acceptable que les autres 70© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - structure du récit

• 2 principes de certitude déterminent l’acceptabilité d’un récit et le niveau de confiance dans le récit qui en résulte :– la couverture et– la cohérence– le principe additionnel de certitude du « caractère unique » contribue aussi à la confiance

• couverture de la preuve = mesure dans laquelle le récit rend compte de la preuve déposée au procès– plus la couverture est grande, plus le récit est acceptable comme explication de la preuve et plus grande est la confiance du juré dans le caractère explicatif du récit qui a été accepté

• cohérence : englobe également l’acceptabilité et le niveau de confiance (en prenant pour acquis que le récit est accepté)– – trois composantes :

•régularité = mesure dans laquelle le récit est exempt de contradictions internes•plausibilité = mesure dans laquelle le récit est compatible avec les connaissances à l’égard d’événements réels ou imaginés dans le monde réel

•complétude = mesure dans laquelle le récit comprend toutes ses parties• caractère unique =

– si plusieurs récits seront jugés cohérents, ceux-ci manquent de caractère unique et ne grande incertitude résulte

• s’il existe un récit cohérent, celui-ci sera accepté comme explication de la preuve et servira à prendre une décision

71© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - représentation du verdict

•la phase de la prise de décision par le jury qui comprend la compréhension et l’apprentissage des alternatives décisionnelles•la plus grande partie de l’information concernant cette étape du traitement est fourni eaux jurés à la fin du procès dans les instructions du juge concernant le droit, bien qu’il soit possible que les jurés aient des idées préconçues en ce qui concerne la signification des catégories de verdict•le processus d’apprentissage des catégories de verdict est limité au procès particulier, dans lequel les informations à apprendre sont très abstraites•il peut y avoir interférence lorsque les jurés ont une connaissance préalable en ce qui concerne des notions comme le meurtre, l’assassinat, le vol à main armée, etc.•dans la tâche de décision du juré dans une affaire pénale, l’étape de la représentation du verdict implique la détermination de caractéristiques propres à chaque alternative de verdict et une règle de décision concernant leur combinaison appropriée•l’unité conceptuelle est une catégorie définie par une liste de critères caractéristiques reliés de manière conjonctive ou disjonctive à l’alternative concernant le verdict, en ce qui concerne :–l’identité–l’état mental–les circonstances et–les actions

72© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - classification du récit

• l’étape finale dans la décision du juré est le processus de classification déterminant le meilleur appariement possible entre les caractéristiques du récit accepté et les caractéristiques de la catégorie de verdict

• le processus de classification est facilité par des relations relativement directes entre les attributs d’une catégorie de verdict (les éléments constitutifs du crime) et les composantes des épisodes du récit

• le droit a évolué de manière à ce que l’attributs principaux des catégories de décision suggérés par les experts juridiques – l’identité, l’état mental, les circonstances et les actions – correspondent étroitement aux caractéristiques centrales des séquences d’action humaines représentées comme des épisodes : les événements initiateurs, les objectifs, les actions et les états associés

• l’étape de la classification du récit implique également l’application des instructions procédurales du juge concernant la présomption d’innocence et la norme de preuve

• qualité de l’adaptation entre le récit accepté et la catégorie de verdict la mieux appariée– si tous les attributs du verdict ne sont pas présents en ce qui

concerne une catégorie de verdict « au-delà du doute raisonnable » dans les événements du récit accepté, le juré doit présumer l’innocence et rendre par défaut un verdict d’acquittement

– si l’appariement est insuffisant, un verdict par défaut de non culpabilité en résulte

• si l’appariement se trouve au-dessus du seuil, la confiance est liée à la qualité de l’adaptation

73© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situationModèle de récit pour décision du jury

PROCESSUS D’APPARIEMENTCOMPOSANTS DU SCHÉMA DE L’ÉPISODE

ATTRIBUTS DU VERDICT

Conséquences des actions

Actions

États/buts psychologiques

État mental

Événements initiateursÉtats physiques

Circonstances

Implicites dans l’action

Identité

CATÉGORIE DE VERDICT

Actions:a. Homicide illiciteb. Homicide volontaire

État mental:c. Intention de tuerd. Formation de

l’intention

Circonstances:e. Provocation

insuffisantef. Intervalle entre

formation de l’intention et homicide

Identité:a. Individu visé

ÉVÉNEMENTS INITIATEURS:A & B dans un bar

B menace CC pas arméC s’en va

ACTIONS:C rentre chez luiC prend un couteauC revient au bar

B menace CC frappe B avec le

couteau

OBJECTIFS:C veut retrouver B

C veut tuer B

CONSÉQUENCES:B blesséB meurt

initient

motifs

initient/

motifs

résultat

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - construction de la décision

• 3 modes de construction de la décision par le juré :– cumulatif article par article (en ligne)

•fondé sur l’interprétation du récit•les éléments de preuve sont évalués selon leur fonction dans le récit

– linéaire avec ancrage et ajustement (fondé sur la mémoire)•un jugement initial est mis à jour et ajusté après la présentation de chaque nouvel élément de preuve

•influencé fortement par l’élément de preuve le plus récent– modèle bayésien (inférences et fondé sur la mémoire)

•inférences probabilistes•voir Roberts, et al., The logic of forensic proof: inferential reasoning

in criminal evidence and forensic science, http://www.maths.ed.ac.uk/~cgga/Guide-3-WEB.pdf

75© Dr E. Didier

V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - construction de la décision

• les jurés utilisent autant le modèle cumulatif article par article que le modèle linéaire avec ancrage et ajustement

• problèmes :– en portant des jugements d’ensemble, les gens oublient d’inclure certains éléments de preuve

– le jugement cumulatif article par article indique un effet de récence de la valeur de la preuve ultérieure, compatible avec la stratégie de mise à jour de l’ancrage et de l’ajustement

– l’ajout explicite de connecteurs causaux aux éléments de preuve qui renforcent un récit réoriente les évaluations de la preuve dans le sens de ce récit

– les évaluations globales fondées sur des récits donnent lieu habituellement à des jugements plus extrêmes que les évaluations cumulatives article par article fondées sur une étude des éléments de preuve séparément, même si les jugements article par article sont fondés sur la même information

– les ajouts au récit ont davantage d’impact sur les évaluations globales (où la preuve est conçue comme un tout), que dans les jugements article par article (où la preuve est étudiée un élément à la fois)

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V-6. Modèles de situation Modèle de récit pour décision du juré - construction de la décision

• la facilité de l’interprétation du récit influence les perceptions concernant– la force de la preuve– les jugements de confiance, et– l’impact de l’information concernant la crédibilité du témoin

• lorsque la preuve est organisée sous forme de récit, le sujet :– prend davantage de décisions dans la direction du récit, par rapport à la situation où la preuve est organisée les témoins

– prend des décisions plus fortes dans la direction de la prépondérance de la preuve que lorsque la preuve est organisée selon les questions de droit

– exprime davantage de confiance dans ses décisions, et l’information sur la crédibilité a davantage d’impact dans les décisions

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