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Les sépultures rubanées du site de Wittenheim « Le moulin » (Haut-Rhin)

Luc VERGNAUD1 et Déborah MAURER2

1 Antea-Archéologie, luc.vergnaud@antea-archeologie.com2 Antea-Archéologie.

Summary : The excavation of the Wittenheim ‘Le Moulin’ site (Haut-Rhin, France), carried out in 2009 by Antea-Archéologie, allows the presentation of a small funerary assemblage of seven graves dating to the early Neolithic. For the most part poorly conserved, the burials are divided into two groups. The first, situated near the northern limit of excavation and therefore without doubt extending beyond this, only comprises two graves. The other five inhumations were found in proximity to the southern berm. It is possible that erosion, particularly noticably in this enterprise zone, had destroyed a certain number of other graves situated between the two groups.The deceased were positioned on their left sides, with the heads towards the north-east, in grave pits. One of the burials (st. 530/675) contained the remains of two indviduals placed one on top of the other. Traces of powdered ochre were observed on the all the burials. In a large majority of the graves, ochre was placed on the skeletons, particularly on the upper body.Only three individuals, including the two in structure 530/756, were accompanied by grave goods. The lithic industry is only represented by four elements all from grave 530/675. Animal bone grave goods consisted of a distal fragment of a bone beval tool, a fragment from wild boar tusk pendant and a proximal fragment of beval axe blade with an oval section made from antler from grave 530/675. A fragment of a bone ornament was retrieved from burial 342.The funerary practices observed at Wittenheim correspond to those reguarly found in the upper-Alsace region during the LBK. However, the Wittenheim graves stand out because of the lack of material in the graves, particularly a total absence of decorated pots. This last characteristic may raise questions about the attribution of the graves to the early Neolithic or LBK. A series of three 14C dates have been made. If two of them are disregarded because of poor collagen preservation, the third gave a result – Poz 43462 : 6130 +/- 35 BP ; 5206-4998 cal BC at 1 sigma – that confirms the a priori attribution to the LBK. The very limited representation of decorated ceramics is also a trait found in certain upper-Alsatian cemeteries such as Ensisheim ‘Les Octrois’ and Geispitzen ‘Suecke’.Some examples of comparative cases to grave 530/675 also

existed in the early LBK. Similarly, the Wittenheim grave good assemblage have equivalents in the LBK. However, the deposition of bone tools in the graves, represented by bone points and anter tools are particulary rare. The Wittenheim graves therefore fit well to the funerary Tradition I, characteristic of the LBK in upper-Alsace, despite the lack of certain grave goods. The presence of all Tradition I features, and in particular the absence of decorated ceramics, suggests that Wittenheim dates to the late and/or to the final LBK, contemporary with the Ensisheim cemetery.

Résumé : La fouille du site de Wittenheim « Le Moulin » , réalisée en 2009 par la société Antea-Archéologie, a permis la mise au jour d’un petit ensemble funéraire de sept sépultures datées du Néolithique ancien rubané. Assez mal conservées pour la plupart, ces tombes se répartissent en deux groupes. Le premier, situé près de la berme nord, et qui doit sans doute s’étendre au-delà, ne comprend que deux structures. Les cinq autres inhumations sont quant-à-elles localisées à proximité de la berme sud. Il est possible que l’érosion, dont l’action est plus particulièrement sensible dans cette partie de la fenêtre décapée, ait détruit un certain nombre d’autres sépultures situées entre ces deux groupes.Au sein des fosses sépulcrales, les défunts sont positionnés sur le côté gauche, leurs têtes vers le quart nord-est. L’une de ces tombes (st. 530/675) contenait les restes de deux individus superposésDes traces d’ocre saupoudrée ont été observées dans toutes les sépultures. Dans la grande majorité d’entre elles, elles se situaient sur les squelettes, plus particulièrement sur la partie supérieure de celui-ci. Seuls trois individus, dont les deux de la structure 530/675, étaient accompagnés de mobilier. L’industrie lithique n’est représentée que par quatre éléments provenant tous de la sépulture 530/675. Le mobilier en matière dure animale se compose, entre autres, du fragment distal d’un outil en biseau en os, d’un fragment de pendeloque en défense de suidé et du fragment proximal d’une lame de hache en biseau de section ovalaire en bois de cerf provenant de la tombe 530/675. La sépulture 342 recélait un fragment d’anneau en os.

Données récentes sur les pratiques funéraires néolithiques de la Plaine du Rhin supérieur

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Les pratiques funéraires observées à Wittenheim correspondent à celles habituellement observées au sein du Rubané de Haute-Alsace. Toutefois, les sépultures de Wittenheim se singularisent par une certaine pauvreté en matériel, et en particulier une absence totale de céramique décorée au sein des dépôts. Cette dernière caractéristique peut amener à s’interroger sur la pertinence d’une attribution de ces sépultures au Néolithique ancien rubané. Une série de trois datations 14C ont donc été effectuées. Si deux d’entre elles ont échoué, faute de collagène, la troisième a donné un résultat – Poz 43462 : 6130 +/- 35 BP soit, après calibration, 5206-4998 av. J.-C. à 1σ – confirmant l’attribution a priori au Néolithique ancien. La très faible représentation de céramique décorée est un trait que l’on retrouve dans certaines nécropoles alsaciennes telles que celle d’Ensisheim « Les Octrois » (Haut-Rhin) ou encore Geispitzen « Stuecke » (Haut-Rhin).Des exemples de cas similaires à celui de la tombe 530/675 existent aussi dans le rubané alsacien. De même, l’ensemble du mobilier composant les dotations funéraires des sépultures de Wittenheim trouve des équivalences au sein du Rubané. Le dépôt d’outillage osseux dans les tombes est essentiellement représenté par des poinçons et le matériau « bois de cerf » y est particulièrement rare. Les sépultures de Wittenheim s’intègrent bien à la tradition funéraire I, caractéristique du Rubané de Haute-Alsace, malgré une carence certaine en éléments de parure qui dénote au sein de celle-ci. L’ensemble des caractéristiques de cet ensemble, et en particulier l’absence de céramique décorée, tend à rapprocher Wittenheim de la nécropole d’Ensisheim, datée de la phase récente et/ou finale du Rubané.

Keywords : early Neolithic, LBK, burials, Alsace, 14C

Mots-clés : Néolithique ancien, Rubané, sépultures, Alsace, radiocarbone

1. Introduction

Situé quelques kilomètres au nord de Mulhouse, le site de Wittenheim « Le Moulin » a été fouillé en 2009 par la société Antéa-Archéologie (fig. 1). Sur près de 5000 m², plus de 700 structures ont été mises au jour, appartenant à de multiples phases d’occupations se succédant entre le Néolithique et l’époque moderne (Guillotin et al., 2011).Une vingtaine de structures sont attribuées au Néolithique ancien. Il s’agit de sept inhumations et de douze structures de type « fentes » (fig. 2). Les sépultures sont localisées dans la moitié est de l’emprise. Dans cette zone, la couche de lœss, qui recouvre la terrasse de gravier dans la partie ouest, disparait. L’érosion semble donc avoir été plus importante sur cette moitié du site, ce qui peut expliquer le mauvais état de conservation général des sépultures. Celles-ci se répartissent en deux groupes, distants de presque 30 m. Le premier, situé près de la berme nord, et qui doit sans doute s’étendre au-delà, ne comprend que deux structures. Les cinq inhumations formant le second

groupe sont, quant à elles, localisées à proximité de la berme sud. Il n’est pas inenvisageable que les processus érosifs, associés à la présence de structures appartenant à des occupations postérieures, aient détruit un certain nombre d’autres sépultures situées entre ces deux groupes.

2. Description des sépultures

Située près de la berme nord, dans le premier groupe de sépulture, la tombe 330 est une fosse dont le plan est inscrit dans un rectangle de 1,42 x 0,78 m, à fond plat ; elle est orientée selon un axe nord-est/sud-ouest (fig. 3 A). Elle contenait les restes d’une femme, déposée en position repliée sur le côté gauche, la tête vers le nord-est. Des traces d’ocre saupoudrée ont été relevées sur la totalité du squelette, avec toutefois une plus forte concentration dans les zones du crâne et du bassin.À quelques mètres au nord-est se situait l’inhumation 359, en partie prise dans la berme nord du chantier. De plan ovale (1,50 x 0,96 m), à fond plat, elle recélait le squelette probablement d’une jeune femme (16-20 ans) en position repliée sur le côté gauche, sa tête orientée vers le nord (fig. 3 B). Au nord de son crâne, une petite zone contenant de légères traces d’ocre a été observée. À l’extrémité sud du second groupe, la sépulture 339 montre un plan rectangulaire de 1,26 x 0,74 m et un fond en cuvette (fig. 4 A). Un enfant de plus de 8 ans y a été inhumé en position repliée sur le côté gauche, tête au nord. Son squelette n’est pas complet, il manque en particulier

Wittenheim «le Moulin»

0 5 km

Wittenheim «le Moulin»

(D’après Lefranc 2007)

Figure 1 : Carte de localisation du site de Wittenheim le Moulin et de quelques sites rubanés de Haute-Alsace (DAO, L. Vergnaud).

Vergnaud et Maurer Les sépultures rubanées du site de Wittenheim « Le moulin »

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le membre inférieur gauche, ceci étant dû aux conditions de découverte. Des traces d’ocres étaient localisées sur la partie supérieure du corps.Au nord de ce même groupe, deux structures sont particulièrement mal conservées. Les structures 528 et 529 ont en effet été perturbées par le creusement d’un large fossé moderne et par l’implantation des tranchées de diagnostic. Dans le cas de la sépulture 528 (fig. 4 B), seule la mise au jour d’un petit fragment de crâne saupoudré d’ocre nous permet de supposer qu’il s’agit là des vestiges d’une inhumation. La structure 529 (fig. 4 C) contenait, elle, la cage thoracique, le membre supérieur droit et quelques vertèbres cervicales d’un adulte. Celui-ci semble avoir été déposé selon un axe est/ouest. Des traces d’ocre saupoudrée ont été observées sur ses os.Les limites en plan de la sépulture 342 (fig. 4 D) n’ont pas pu être clairement observées. Il est toutefois probable que son plan soit ovale. Son fond est plat. Le corps d’un enfant dont l’âge est compris entre 6 et 8 ans était déposé en position repliée sur le côté gauche, la tête vers le nord-est. Un fragment d’anneau en os a été mis au jour au niveau des vertèbres lombaires (fig. 4 E). De légères traces d’ocre saupoudrée ont été observées sur la partie supérieure du corps.

Enfin, située au centre de ce second groupe, la structure 530/675 présente un cas particulier (fig. 5 A). Cette fosse contenait en effet les restes de deux individus, déposés l’un au-dessus de l’autre.Dans un premier temps, seul le squelette du niveau supérieur a été vu. Les limites en plan de la fosse n’ont pas pu être observées en raison de la nature du substrat et de perturbations postérieures. Après la fouille de cet individu, et afin de tenter de reconnaitre un creusement, une coupe a été réalisée. C’est à cette occasion qu’est apparu un second

corps, séparé du premier par une fine couche de sédiment. À ce niveau, les limites du creusement devenaient perceptibles. En poursuivant, de manière théorique, les limites en coupe, on constate que la fosse obtenue alors englobe le corps du niveau supérieur. Nous proposons donc sur la figure 5 A une restitution de ces inhumations au sein d’une seule et même fosse.La sépulture 530/675 est donc, dans son niveau inférieur, une fosse de plan allongé (1,58 x 0,64 m) à fond plat (fig. 5 B). L’individu inhumé est un jeune adulte de 25/30 ans déposé sur le côté droit, les membres inférieurs fléchis, tête au nord-est. Une lame de hache en bois de cerf était située près de son genou gauche. Des traces d’ocre saupoudrée ont été relevées sur la totalité du corps.Le corps du niveau supérieur, dont les restes ont été perturbés par des aménagements récents, est celui d’un adulte déposé en position fléchie sur le côté droit, tête vers le nord-est. Des traces d’ocre saupoudrée étaient présentes sur la partie supérieure du corps. Cet individu était accompagné d’une dotation funéraire située au niveau de sa main gauche. Elle se compose d’un grattoir et d’une petite lamelle en silex, d’une petite lamelle en quartz, d’un fragment de biseau en os, d’une pendeloque en défense de suidé (fig. 5 C, n° 1 à 5). Neuf autres fragments de défense de suidé ont été retrouvés dans cet amas d’objets. Il pourrait s’agir de fragments de la pendeloque. Toutefois, certains d’entre eux ne sont pas sans rappeler les racloirs débités par fracturation tels que ceux trouvés sur le site rubané moyen d’Ensisheim « Ratfeld » (Sidéra, 2000). En l’absence d’étude tracéologique sur ces objets, il nous est cependant impossible d’être affirmatifs quant à cette hypothèse.Le niveau de dépôt de ce dernier corps étant horizontal, il n’a donc pas été perturbé par des phénomènes de soutirage dus à la décomposition du cadavre du niveau inférieur.

Structures autres périodes

Fentes rubanées

Sépultures rubanées

0 20m

330359

528 529342

530/675339

330359

528 529342

530/675339

Figure 2 : Plan de localisation des structures rubanées du site de Wittenheim « Le Moulin » (relevé et DAO, Antea-Archéologie).

Données récentes sur les pratiques funéraires néolithiques de la Plaine du Rhin supérieur

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Les deux inhumations se sont donc probablement succédé dans le temps, avec un intervalle que l’on peut estimer à quelques mois au minimum.

3. Les pratiques funéraires

La lisibilité très faible des limites des fosses sur le terrain ne permet pas de remarques particulières sur la forme de celles-ci. Tout au plus peut-on noter que, dans l’ensemble, les creusements semblent plus ou moins ajustés à la taille des corps déposés, comme c’est fréquemment le cas en contexte rubané.

Les positions du corps de sept individus sont connues : quatre reposent fléchis sur le côté gauche (330, 339, 342 et 359 ; fig. 3 et 4 A et D), deux sur le côté droit (530/675 niveau supérieur et inférieur ; fig. 5). Enfin, les restes de l’individu de la sépulture 529 ont été retrouvés déposés sur le dos.L’ensemble des individus de Wittenheim ont la tête orientée vers le quart nord-est. Deux sujets (339 et 359) ont toutefois une orientation qui tend plus nettement vers un axe nord-sud.

Des traces d’ocre saupoudrée ont été observées dans toutes les sépultures. Dans la grande majorité d’entre elles, ces traces se situaient sur les squelettes, plus particulièrement sur la partie supérieure de celui-ci.

Seuls trois individus étaient accompagnés de mobilier : 342 et 530/675 inférieur et supérieur.

L’industrie lithique n’est représentée que par quatre éléments provenant tous de la sépulture 530 (fig. 4 D) :

- le grattoir n° 5 a été réalisé dans un silex opaque gris-blanc zoné. Il s’agit d’un fragment proximal d’une lame à trois pans, aux bords non retouchés. Les retouches sont abruptes à semi-abruptes. Cette lame a été réutilisée probablement en grattoir, puis en pièce esquillée ; le bulbe du talon a été supprimé pour permettre l’aménagement en grattoir. La présence de traces de lustré pourrait indiquer une utilisation en tant qu’armature de faucille. (1,6 x 1,6 x 0,5 cm) ; - l’objet n° 3 est une lamelle à deux pans en silex gris veiné de blanc dont la partie distale a été aménagée de façon à dégager une pointe de perçoir. Les retouches sont bilatérales directes continues, semi-abruptes à abruptes. Elles sont plus particulièrement présentes sur le bord droit, dont le tracé irrégulier forme des coches. On note la présence du talon. Des traces de mâchurage sur les deux bords semblent indiquer une utilisation en tant qu’armature de faucille bien qu’aucune plage de lustré n’ait été observée. (3,1 x 0,8 x 0,4 cm) ; - un troisième élément en silex (non dessiné), fabriqué dans un matériau translucide brun foncé, est un fragment de pièce esquillée portant de multiples traces d’esquillements et d’enlèvements (2 x 1,4 x 0,5 cm) ; - enfin, la petite lamelle à deux pans n° 4 a été fabriquée à partir d’un bloc de quartz. Retouchée sur le seul côté droit, son talon est encore présent. Cette pièce provient très probablement d’un bloc multifissuré rendant impossible le débitage de grandes pièces (3,1 x 0,8 x 0,4 cm).

Berme

0 1 m

St. 359St. 330

Traces d’ocre saupoudréFigure 3 : Plans et coupes des sépultures 330 et 359 (relevé et DAO, Antéa-Archéologie).

Vergnaud et Maurer Les sépultures rubanées du site de Wittenheim « Le moulin »

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Le mobilier en matière dure animale se compose de 12 pièces provenant de deux sépultures : - un fragment d’anneau en os de 2 cm de diamètre provient de la sépulture 342 (fig. 4 D). Sa localisation dans la tombe, près des vertèbres lombaires et à une certaine distance des mains du sujet, semble donc indiquer que le défunt ne le portait pas au doigt lors de sa mise en terre ; - le niveau supérieur de la tombe 530/675 (fig. 5 B) a livré un fragment distal d’un outil en biseau en os (n° 1) (6,5 x 2,6 x 0,6 cm) et un fragment de pendeloque (n° 2) (6,4 x 1,5 x 1,4 cm) en défense de suidé associé à huit autres fragments peut-être du même objet. Dans la même sépulture, le niveau inférieur ne recélait qu’un seul objet : un fragment proximal d’une lame de hache en biseau de section ovalaire en bois de cerf (fig. 5 C) (18,5 x 3,9 x 4,6 cm). Il est intéressant de souligner que, mis à part l’anneau de la sépulture 342, l’ensemble du mobilier provient de la tombe 530/675 et en particulier de son niveau supérieur. En outre cette sépulture se distingue aussi par le fait que les deux individus qu’elle contenait sont les seuls à être inhumés sur le côté droit.

4. Discussion

L’ensemble des pratiques funéraires observées à Wittenheim semble correspondre à celles habituellement observées dans le Rubané de Haute-Alsace. Toutefois, elles se démarquent quelque peu par une certaine pauvreté en matériel, et en particulier de céramique décorée, qui peut amener, comme cela a été le cas lors de la table ronde, à s’interroger sur la pertinence d’une attribution de ces sépultures au Néolithique ancien rubané.Trois datations radiocarbone ont donc été effectuées afin d’étayer notre hypothèse de travail. Les deux premières, réalisées sur les os du squelette du niveau inférieur de 530/675, ont malheureusement échoué, faute de collagène. La troisième a été faite sur le sujet 359. Le résultat – Poz 43462 : 6130 ± 35 BP soit, après calibration, 5206-4998 av. J.-C. à 1σ – permet d’attribuer cette inhumation au Néolithique ancien. Il semble raisonnable, au vu de l’homogénéité des pratiques relevées sur le site, d’étendre cette datation à l’ensemble des inhumations.Ces mêmes pratiques – positionnement des défunts sur le côté gauche, têtes vers le quart nord-est, utilisation

Fragment de crâne

Diagnostic

Diagnostic

Diagnostic

St. 528

St. 5290 1 m

St. 339

St. 342

Traces d’ocre saupoudré

0 3 cm

1

1

Figure 4 : Plans, coupes et mobilier des sépultures 339, 342, 528, 529 (relevé et DAO, Antéa-Archéologie).

Données récentes sur les pratiques funéraires néolithiques de la Plaine du Rhin supérieur

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d’ocre saupoudrée – se retrouvent dans les deux principales nécropoles de Haute-Alsace : Ensisheim « Les Octrois » (Jeunesse et al., 1993 ; Jeunesse, 1997) et Mulhouse « Est » (Schweitzer et Schweitzer, 1977).Le cas de la tombe 530/675 n’est pas non plus un cas isolé et, bien que rares, des exemples existent dans le Rubané alsacien. Ainsi, dans la nécropole de Vendenheim (Basse-Alsace), cinq des 94 sépultures sont doubles. L’une d’entre elles en particulier (tombe 137) contenait les restes de deux adolescents superposés (Jeunesse et al., 2002).

De même, l’ensemble du mobilier composant les dotations funéraires des sépultures de Wittenheim trouve des équivalences au sein du Rubané.

Les mêmes types d’éléments lithiques et d’objets de parures en matière dure animale existent dans d’autres contextes funéraires. Ainsi, des exemplaires d’anneau en os comme celui de la sépulture 342 (fig. 4 D) ont été retrouvés dans la nécropole de Mulhouse « Est » (Schweitzer et Schweitzer, 1977). Des pendeloques similaires à la n° 2 de la figure 5C,

St. 530/675

St. 530/675 - Niveau inf.

St. 530/675 - Niveau sup.

Traces d’ocre saupoudré

Mobilier en matière dure animale

0 1 m

Niveaux dedépot des corps

Individu sup.

Individu inf.

0 10 cm

1

1

1 2

3 4 5

0 5 cm

1 à 5

Figure 5 : Plans, coupes et mobilier de la sépulture 530/675 (relevé et DAO, Antéa-Archéologie).

Vergnaud et Maurer Les sépultures rubanées du site de Wittenheim « Le moulin »

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et pouvant être rapprochées des Geweihknebel, ont été retrouvées à Ensisheim « Les Octrois » (Jeunesse et al., 1993 ; Jeunesse, 1997).

Concernant, l’outillage osseux ou en bois cervidé, les éléments régionaux ne proviennent que de contextes domestiques. Ainsi, des exemplaires de lames d’herminette en os en biseau proviennent des sites de Colmar « Route de Rouffach » (Jeunesse, 1993), d’Ensisheim « Ratfeld » (Ehretsmann, 1993) et « les Octrois » (Schweitzer, 1978), de Rosheim « Mittleres Haussigfeld » (Thévenin et Munger, 1971) ou encore de Wettolsheim « Ricoh » (Jeunesse, 1993). Plusieurs outils en biseau similaires à l’objet n° 1 de la figure 5 B ont été mis au jour sur le site d’habitat de Rosheim « Sainte-Odile » (Haak, 2001/2002).

Dans les tombes rubanées, le dépôt d’outillage osseux est essentiellement représenté par des poinçons et le matériau « bois de cerf » y est particulièrement rare (Jeunesse, 1995). À notre connaissance, les outils de Wittenheim ne trouvent aucune équivalence au sein des mobiliers funéraires rubanés. On peut cependant souligner qu’un objet d’apparence similaire à la hache perforée en biseau (fig. 5 C, n° 1) a été mis au jour dans la tombe mésolithique de Bad Dürrenberg, dans l’est de l’Allemagne (Jeunesse, 1997).En Alsace, les quelques autres objets du même type proviennent des sites de Colmar « Rouffach » (Jeunesse, 1993), d’Ensisheim « Ratfeld » (Ehretsmann, 1993) et « Les Octrois » (Schweitzer, 1978), de Rosheim « Mittleres Haussigfeld » (Thévenin et Munger, 1971) ou encore de Wettolsheim « Ricoh » (Jeunesse, 1993). L’absence, ou du moins la très faible représentation de céramique décorée est aussi un trait que l’on retrouve dans certaines nécropoles alsaciennes telles que celle d’Ensisheim « Les Octrois » (Haut-Rhin) ou encore Geispitzen « Stuecke » (Haut-Rhin) (Wolf et al., 2000 ; Jeunesse et al., 1993 ; Jeunesse, 1997).

Les sépultures de Wittenheim s’intègrent donc bien dans le Rubané alsacien. Plus précisément, les pratiques reconnues sur ce site correspondent à celles de la tradition funéraire I, caractéristique du Rubané de Haute-Alsace. Seule une certaine carence en élément de parure dans les sépultures de Wittenheim dénote au sein de cette tradition où ce type de mobilier est très fréquent, en particulier les objets en coquillage. Soulignons cependant qu’il est difficile de comparer les sept tombes de Wittenheim avec les 37 d’Ensisheim et les 22 de Mulhouse.

Comme nous l’avons déjà remarqué, l’absence de céramique décorée tend à rapprocher Wittenheim de la nécropole Ensisheim. Les sépultures de Mulhouse « Est », attribuées à la phase moyenne, ont livré un nombre important de vases décorés. Cette remarque pourrait donc placer Wittenheim dans une phase récente et/ou finale du Rubané, contemporaine d’Ensisheim.

5. Conclusion

Les sept sépultures de Wittenheim forment un ensemble funéraire dont l’emprise totale n’est pas connue mais qui s’étend probablement au nord et au sud de la zone fouillée. L’absence de traces d’un habitat contemporain directement associé aux tombes permet d’écarter l’hypothèse des sépultures en habitat. Nous sommes donc en présence d’une petite nécropole formant un ensemble distinct de la sépulture mise au jour au lieu-dit « Leimbuckel », distante de quelques kilomètres et datée du Rubané ancien (Glory 1942 ; Lefranc, 2007).

Si l’érosion peut expliquer l’absence de vestiges entre les deux groupes de tombes identifiés (fig. 2) il peut être intéressant de noter que les nécropoles rubanées semblent s’organiser en petits ensembles de sépultures qui, en s’étendant au cours du temps, forment au final un seul et même cimetière (P. Lefranc, communication à la table ronde de Strasbourg, 2012). L’organisation des tombes de Wittenheim s’insérerait bien au sein de ce schéma.

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