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Les structures d’occupation gravettiennes en Europe centrale : le cas de Grub/Kranawetberg,...

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Article original Les structures d’occupation gravettiennes en Europe centrale : le cas de Grub/Kranawetberg, Autriche Gravettian settlement structures in Central Europe: The evidence from Grub/Kranawetberg, Austria Philip R. Nigst a,b, * , Walpurga Antl-Weiser c a Division of Archaeology, Department of Archaeology and Anthropology, University of Cambridge, Downing Street, Cambridge CB2 3DZ, Royaume-Uni b Max-Planck-Institute for Evolutionary Anthropology, Department of Human Evolution, Deutscher Platz 6, 04103 Leipzig, Allemagne c Naturhistorisches Museum Wien, Prähistorische Abteilung, Burgring 7, 1014 Vienna, Autriche Disponible sur Internet le 31 octobre 2012 Résumé Grub/Kranawetberg est un site gravettien pluri-stratifié de Basse-Autriche, l’un des nombreux sites de plein air de cette tradition culturelle en Europe centrale. Ces sites sont connus depuis longtemps pour leurs structures d’occupation, mais aussi pour leurs riches inventaires lithiques, leurs outils et matériaux organiques, pièces de parure et objets artistiques (entre autres à Pavlov et à Dolní Ve ˇstonice). Alors que les méthodes d’enregistrement des fouilles anciennes ne permettent pas ou ne permettent plus une analyse spatiale interne détaillée, les travaux actuels à Grub/Kranawetberg nous fournissent des informations abondantes et détaillées sur l’organisation spatiale d’un site gravettien de plein air en Europe centrale. Ce site est fouillé depuis 1993 et a livré quatre couches archéologiques avec d’abondantes trouvailles (y compris de nombreux éléments de décoration personnelle) et quelques structures évidentes. Cet article présente une méthode d’analyse spatiale interne fondée sur le GIS, en insistant particulièrement sur les possibilités de reconnaissance des processus de formation, sur la répartition différentielle des objets en fonction de leurs dimensions et sur la localisation d’une possible structure d’habitat. L’application des différentes méthodes, dont l’enregistrement cartésien en trois dimensions de la position des objets, la cartographie des découvertes par quantités, l’application des estimations de densité par le noyau et la méthode des anneaux et des secteurs, dans la zone fouillée en 1995 et 1996, met en évidence des structures latentes, interprétées comme la preuve de l’existence d’une www.em-consulte.com Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com L’anthropologie 116 (2012) 639664 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P.R. Nigst). 0003-5521/$ see front matter # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2012.09.001
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Article original

Les structures d’occupation gravettiennes en Europecentrale : le cas de Grub/Kranawetberg, Autriche

Gravettian settlement structures in Central Europe: The evidence fromGrub/Kranawetberg, Austria

Philip R. Nigst a,b,*, Walpurga Antl-Weiser c

a Division of Archaeology, Department of Archaeology and Anthropology, University of Cambridge, Downing Street,Cambridge CB2 3DZ, Royaume-Uni

b Max-Planck-Institute for Evolutionary Anthropology, Department of Human Evolution, Deutscher Platz 6,04103 Leipzig, Allemagne

c Naturhistorisches Museum Wien, Prähistorische Abteilung, Burgring 7, 1014 Vienna, Autriche

Disponible sur Internet le 31 octobre 2012

Résumé

Grub/Kranawetberg est un site gravettien pluri-stratifié de Basse-Autriche, l’un des nombreux sites deplein air de cette tradition culturelle en Europe centrale. Ces sites sont connus depuis longtemps pourleurs structures d’occupation, mais aussi pour leurs riches inventaires lithiques, leurs outils et matériauxorganiques, pièces de parure et objets artistiques (entre autres à Pavlov et à Dolní Vestonice). Alors queles méthodes d’enregistrement des fouilles anciennes ne permettent pas ou ne permettent plus uneanalyse spatiale interne détaillée, les travaux actuels à Grub/Kranawetberg nous fournissent desinformations abondantes et détaillées sur l’organisation spatiale d’un site gravettien de plein air enEurope centrale. Ce site est fouillé depuis 1993 et a livré quatre couches archéologiques avecd’abondantes trouvailles (y compris de nombreux éléments de décoration personnelle) et quelquesstructures évidentes. Cet article présente une méthode d’analyse spatiale interne fondée sur le GIS, eninsistant particulièrement sur les possibilités de reconnaissance des processus de formation, sur larépartition différentielle des objets en fonction de leurs dimensions et sur la localisation d’une possiblestructure d’habitat. L’application des différentes méthodes, dont l’enregistrement cartésien en troisdimensions de la position des objets, la cartographie des découvertes par quantités, l’application desestimations de densité par le noyau et la méthode des anneaux et des secteurs, dans la zone fouillée en1995 et 1996, met en évidence des structures latentes, interprétées comme la preuve de l’existence d’une

www.em-consulte.com

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

L’anthropologie 116 (2012) 639–664

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (P.R. Nigst).

0003-5521/$ – see front matter # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2012.09.001

habitation dans cette zone du site. Cette structure d’habitat est ensuite comparée à celles d’autres sitesgravettiens européens.# 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Gravettien ; Europe centrale ; Structures d’occupation ; Habitat ; Structures latentes ; Analyse spatialeintrasite ; GIS

Abstract

Grub/Kranawetberg, a multilayered Gravettian site in Lower Austria, is one of many Gravettian open-airsites of Central Europe. These sites are well-known since a long time for their settlement structures, but alsorich lithic inventories as well as organic tools, personal adornments, and art objects (e.g., Pavlov, DolníVestonice). While old excavation and recording techniques do not allow a detailed intrasite spatial analysisof these sites, the ongoing fieldwork at Grub/Kranawetberg provides us with abundant and detailedinformation about spatial organization of a Gravettian open-air site in Central Europe. The site is excavatedsince 1993 and yielded four archaeological horizons with abundant finds (including numerous personaladornments) and some evident structures. The main focus of this paper is on the GIS-based methodology ofintrasite spatial analysis, especially emphasizing the possibilities of recognizing formation processes, size-sorting and locating a possible dwelling. Application of various methods, among them piece-plotting,mapping of find quantities, application of kernel density estimates and ring and sector analysis, in the1995 and 1996 excavation area showed latent structures which are interpreted as evidence for a dwelling inthis area of the site. In the last part of the paper the evidence of Grub/Kranawetberg is discussed andcompared with other European Gravettian sites.# 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Gravettian; Central Europe; Settlement structures; Dwelling; Latent structures; Intrasite spatial analysis; GIS

1. Introduction

L’Europe centrale est bien connue pour ses nombreux sites gravettiens (Svoboda et al., 2000 ;Otte, 1981 ; Moreau, 2009). Ils ont fourni des données et permis des interprétations importantesdans le domaine de l’organisation spatiale des camps de base des chasseurs-cueilleursgravettiens, ainsi que dans les hypothèses en dérivant sur l’organisation sociale de ces groupes.Malheureusement, beaucoup de sites d’Europe centrale ont été fouillés il y a longtemps (parexemple, Willendorf II en Autriche, Pavlov et Dolní Vestonice en République Tchèque), où alorsles méthodes d’enregistrement employées à l’époque n’incluaient pas l’enregistrement descoordonnées cartésiennes des objets ni celui de leur orientation. Ceci fausse considérablementnos interprétations et réduit l’information qui peut être extraites des données de terrain. Ce n’estque depuis une vingtaine d’années que de nouvelles fouilles employant les dernièresméthodologies ont démarré, dont certaines ont permis les premières observations préliminairessur l’organisation spatiale (pour l’est de l’Europe centrale, voir différents articles dans Svoboda,1996 ; Svoboda et Sedlácková, 2004 ; voir aussi Antl et Fladerer, 2004 ; Antl-Weiser et al., 2010 ;Bosch et al., 2012 ; Einwögerer et al., 2006 ; Neugebauer-Maresch, 2008 ; Nigst et Antl-Weiser,2011 ; Skrdla, 2005).

Les structures d’occupation du Gravettien incluent un certain nombre de cas ayant étéinterprétés comme des vestiges d’habitat (par exemple, à Pavlov et à Dolní Vestonice enRépublique Tchèque, à Grub/Kranawetberg en Autriche, et à La Vigne Brun en France), enfaisant à la fois les premiers habitats dans l’ouest de l’Eurasie, et les premiers habitats liés aux

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hommes anatomiquement modernes. Il n’existe pas de traces de structures d’habitatconvaincantes et indiscutables avant le Gravettien, qu’il s’agisse d’occupations de plein airou de structures en grottes ou abris. Les habitats, souvent considérés comme faisant partie dubagage comportemental des Hommes modernes, n’apparaissent pas – jusqu’à présent en toutcas – dans l’ouest de l’Eurasie avant le Gravettien. Les structures d’occupation peuvent nouslivrer des informations importantes sur le comportement et sur les idées des hommes. Pour cela,l’idée fondamentale derrière l’analyse spatiale est la suivante : les distributions de vestigesmatériels et de structures dans les sites archéologiques ou dans le paysage reflètent, d’unemanière ou d’une autre, les actions humaines passées. Les dispositions spatiales des objets et desstructures sont le résultat de plusieurs processus complexes. Tenter d’identifier ou de « lire » cesprocessus et décrire la formation d’un site est l’un des objectifs de l’analyse spatiale. Le but estd’identifier les différents processus de formation naturels et les idées et comportements humainsdu passé qui ont eu un impact sur le registre archéologique. Pour cela, une méthodologie visant àl’identification des processus naturels et anthropiques de formation d’un site est nécessaire(Bosch et al., 2012 ; Nigst, 2003, 2006 ; Nigst et Antl-Weiser, 2011).

Comme cas d’étude, nous voulons présenter Grub/Kranawetberg, site gravettien de plein airpluri-stratifié, fouillé depuis 1993 (Antl et Fladerer, 2004 ; Antl-Weiser, 1996b, 1999 ; Antl-Weiser et al., 1997). Le site est connu pour la présence de nombreux éléments de décorationpersonnelle (Antl, 2005 ; Antl-Weiser, 1999) et le potentiel de recherche sur les processus deformation, les types de répartition des découvertes et l’organisation spatiale d’un site gravettien(Antl-Weiser et al., 2010 ; Nigst et Antl-Weiser, 2011 ; Nigst, 2004a, b, 2006). Les données deGrub/Kranawetberg nous permettent d’appliquer notre méthodologie (Nigst, 2003 ; Nigst etAntl-Weiser, 2011) et d’éclairer d’un jour nouveau les sites mal connus – en raison del’ancienneté des fouilles – tels que Pavlov, avec lequel Grub/Kranawetberg présente certainessimilitudes (structures évidentes, décorations personnelles, etc.).

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Fig. 1. Carte de l’Autriche montrant la localisation de Grub/Kranawetberg au nord-est de Vienne ; en gris, zones situéesau-dessus de 500 m (graphisme : Philip R. Nigst).Map of Austria showing the location of Grub/Kranawetberg northeast of Vienna; grey: elevation above 500 m (graphic:Philip R. Nigst).

2. Le site de Grub/Kranawetberg

Le site multi-stratifié de Grub/Kranawetberg se trouve en Basse-Autriche, à environ 40 km aunord-est de Vienne, à proximité de la frontière avec la Slovaquie (Fig. 1). Il est situé sur la penteméridionale d’une colline, en bordure de la vallée de la rivière March, à environ 196 m au-dessusdu niveau de la mer. Il est connu par des prospections depuis les années 1970. Après la découvertede restes de mammouths en 1993, Walpurga Antl-Weiser (Musée d’Histoire naturelle, Vienne) ya entamé des fouilles, toujours en cours (Antl, 1997, 1998, 1999 ; Antl et Fladerer, 2004 ; Antl etVerginis, 1998 ; Antl-Weiser, 1994, 1995, 1996a, 1996b, 1996c, 1999 ; Antl-Weiser et al., 1997,2010 ; Antl-Weiser et Teschler-Nicola, 2000 ; Bosch et al., 2012 ; Nigst et Antl-Weiser, 2011 ;Nigst, 2003, 2004a, b, 2006 ; Teschler-Nicola et al., 2004). De 1993 à 1995, la partie occidentaledu site (l’« accumulation d’ossements ») a été fouillée (Fig. 2). Cette zone est caractérisée par degrands os de mammouths et de rhinocéros, quelques pièces lithiques et des traces de feu(sédiment brûlé, cendres et charbons). Environ 90 m2 de cette accumulation d’ossements ont étéfouillés. En 1995, l’exploration (toujours en cours) de la partie orientale a débuté. Cette zone estcaractérisée par une grande densité de découvertes. Ce sont surtout des pièces lithiques, des petitsossements ou fragments d’ossements, etc. Des structures existent (foyers, fosses) qui semblentappartenir à des structures d’habitat. Au total, 160 m2 ont pour l’instant été fouillés.

Alors qu’un seul niveau archéologique a été trouvé dans la partie occidentale en 1993 à 1995(« accumulation d’ossements »), d’autres niveaux culturels ont été observés dans la partieorientale. Il est possible de corréler l’accumulation d’ossements avec horizon archéologique 4 de

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Fig. 2. Grub/Kranawetberg, zones fouillées (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg, excavated areas (graphic: Philip R. Nigst).

la partie orientale (Bosch et al., 2012). Nous allons nous occuper ici du niveau culturel inférieurHS. Quelques dates sur charbon existent (Tableau 1), datant ce niveau d’environ 25 000 BP.

Le horizon archéologique 4 a été observé dans l’ensemble de la partie orientale de la surfacefouillée (environ 160 m2). Une densité importante de découvertes et des structures évidentescaractérisent ce niveau. Deux foyers et un certain nombre de petites fosses ont été retrouvés. LaFig. 3 montre leur localisation ; une étoile y marque l’emplacement du foyer II.

Parmi les nombreuses découvertes, se trouvent des pièces lithiques, des ossements etfragments d’ossements, de l’ocre, y compris de l’ocre rouge, des pierres et du charbon. Les pièceslithiques incluent de grandes quantités d’esquilles, éclats et lames. Il y a aussi des nucléus, des

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Tableau 1Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4, datations 14C.Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4, 14C-dates.

Lab. nr. Date Matériaux Horizon archéologique

GrA-9066 24.830 � 230 BP Charbon de bois 4/foyer IGrA-9065 24.930 � 240 BP Charbon de bois 4/petite fosse, foyer IGrA-9063 24.620 � 230 BP Charbon de bois 4VERA-364 25.300 � 90 BP Charbon de bois 4

Fig. 3. Grub/Kranawetberg, zone orientale, horizon archéologique 4 : foyer I et fosses (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg, eastern part, archaeological horizon 4: hearth I and pits (graphic: Philip R. Nigst).

tablettes de réfection de plan de frappe, des lames et éclats à crête, et des chutes de burin. Lesoutils retouchés incluent des micro gravettes, des pointes de La Gravette, des microlithes, deslamelles à dos, des grattoirs et des burins. Les outils les plus nombreux sont les microgravettes(Fig. 4).

Environ 250 perles et pendeloques d’ivoire ont été découvertes (tamisage à l’eau etlocalisation en trois dimensions). Ce nombre est préliminaire, car le matériel issu du tamisage àl’eau n’a pas encore été entièrement trié. Les perles et les pendeloques en ivoire n’apparaissentjamais à la périphérie de la distribution spatiale des artefacts, mais toujours dans les zones deforte densité. L’ensemble des objets façonnés sur ivoire peut être divisé en différents types deperles et pendeloques (Antl, 2005 ; Antl-Weiser, 1999 ; Antl-Weiser et al., 2010). Il existe ainsides perles bilobées, des perles cylindriques avec une encoche autour de la partie centrale, desperles bilobées en forme de cœur et différentes sortes de perles perforées (Fig. 5). Il existeégalement des pendeloques imitant une croche de cerf, des pendeloques en forme de panier, unegrande pendeloque sphérique perforée et une autre ressemblant à une épingle. Il y a égalementdes coquilles de mollusques perforées (Dentalium, Melanopsis et Terebralium).

Les restes fauniques sont très fragmentés et beaucoup de petits fragments sontindéterminables (Fladerer, 1997). Les premiers résultats des analyses archéozoologiquesmontrent la présence de mammouth, de renne, de cheval, de renard polaire, de lièvre arctique, deloup et des fragments d’ailes d’oiseaux. Des morceaux de coquilles d’œufs existent dans leszones périphériques (Antl et Fladerer, 2004 ; Antl-Weiser et al., 2010).

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Fig. 4. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : 1–7, microgravettes (dessins : Walpurga Antl-Weiser).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4: 1–7, microgravette points (graphic: Walpurga Antl-Weiser).

Deux restes humains (une première molaire inférieure déciduale et une incisive supérieurelatérale gauche déciduale) ont été retrouvées (Antl-Weiser et Teschler-Nicola, 2000 ; Teschler-Nicola et al., 2004).

3. Méthodes

Pour l’analyse spatiale du site, l’un d’entre nous (Ph.R.N.) a entamé l’élaboration d’unSystème d’Information géographique (GIS) avec le programme ArcGISTM et avec les modèlesd’objets ESRI1. Les données spatiales ont été enregistrées à partir des relevés de terrain endigitalisant la position des objets. À l’heure actuelle, l’ensemble de la documentation de fouilleest digitalisée (Nigst et al., 2004a, b, 2010). Les données ont été enregistrées dans une base dedonnées et ensuite liées aux objets à l’aide d’ArcGISTM. Pour certaines analyses, par exemple laméthode des anneaux et des secteurs autour du centre d’un foyer, une extension a été écrite pourle logiciel de GIS ArcView1 en utilisant le langage de programmation AvenueTM (Nigst, 2003).

Les méthodes utilisées pour l’analyse spatiale intrasite des structures potentielles présentéeici, sont l’encodage des coordonnées cartésiennes des pièces, la cartographie des quantitésd’objets, la méthode des anneaux et des secteurs, et l’analyse des densités. Les remontages, que

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Fig. 5. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : sélection de pièces de décoration personnelle. 1–10 : fragments deperles perforées ; 11 : fragment de perle en forme de goutte ; 12 : perle rectangulaire ; 13–25 : perles bilobées ; 26–29 :fragments de perles bilobées ; 30–37 : perles à rainure annulaire centrale ; 38 : pendeloque en forme de dent de cerf ; 39 :pendeloque en forme de panier (dessins : Walpurga Antl-Weiser).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4: selection of personal ornaments. 1–10: fragments of perforated beads;11: fragment of drop-shaped bead; 12: rectangular bead; 13–25: double headed beads; 26–29: fragments of doubleheaded beads; 30–37: beads with central ring notch; 38: deer tooth shaped pendant; 39: basket shaped pendant(drawings: W. Antl-Weiser).

nous considérons comme une méthode importante, n’ont pas encore été réalisés, car l’analysemême des découvertes est encore en cours, mais nous comptons bien les employer plus tard.

Notre approche inclut donc des stratégies d’analyse empiriques (enregistrement cartésien,inspection visuelle, remontages, etc.) et analytique (méthode des anneaux et des secteurs, etc.).Alors que les stratégies empiriques sont largement tributaires de l’intuition, les stratégiesanalytiques ont été conçues pour identifier dans le registre archéologique des répartitionsindépendantes de la connaissance que le chercheur a de ce registre. De notre point de vue, la forced’une approche réside dans la combinaison de différentes stratégies et modèles de formation d’unsite, ainsi que dans les modèles comportementaux liés à notre travail.

3.1. Coordonnées cartésiennes

Les coordonnées cartésiennes et l’inspection visuelle des plans en résultant correspondent àl’une des plus anciennes méthodes d’analyse spatiale en archéologie. Nous avons le choix entrela représentation exacte de la forme des objets enregistrés ou l’utilisation de symboles pour cesobjets. Ici, nous suivrons cette dernière option pour plusieurs raisons, dont le fait que nousconsidérons la position exacte d’un objet comme plus importante que sa forme exacte. Ceci estprincipalement vrai pour les petits objets, qui sont la majorité des découvertes à Grub/Kranawetberg. Pour l’analyse de la distribution spatiale des grands objets (ossements de grandsmammifères, par exemple), il est nécessaire de tenir compte de leur forme lors de l’examen.Bien entendu, dans notre analyse nous tenons compte également de la taille et du poids desobjets.

3.2. Cartographie des quantités de découvertes

La cartographie des quantités de découvertes par cellule (raster cell) et leur examen visuel estune méthode commune et largement appliquée. Il y a à cela deux raisons : la première est quedans chaque fouille, un certain nombre d’objets est enregistré par carré (mètre-carré, ou quart demètre-carré), en général ceux obtenus lors du tamisage ; la seconde raison est la simplificationdes répartitions souvent complexes issues de l’enregistrement cartésien, de manière àcoordonner les pièces par carré. Après le calcul du nombre d’objets par carré, on décide de lamanière de cartographier ces quantités. En général, deux méthodes sont mentionnées dans lalittérature : l’utilisation de cellules colorées (ou en niveaux de gris), ou celle de cercles dedimensions différentes localisés au centre des carrés. Pour une telle représentation, les quantitésdoivent être groupées par intervalles. Ceci pose le problème du nombre d’intervalles etparticulièrement celui de la détermination de la taille des intervalles. En principe, le nombred’intervalles est compris entre deux et environ douze, en fonction du nombre général dedécouvertes, et du nombre d’objets par carré. En effet, il est difficile pour l’œil humain dereconnaître plus de douze niveaux de gris ou diamètres de cercles, donc l’utilisation d’un plusgrand nombre d’intervalles rendrait difficile la lisibilité des plans. Le calcul de la taille desintervalles affecte le rendu final des plans et par le passé plusieurs méthodes, pas toujoursexplicites, ont été utilisées (Cziesla, 1990 ; Kind, 1985). Nous avons utilisé ici une méthodeutilisant des intervalles équidistants (Cziesla, 1990). Pour le calcul de l’équidistance (d), lenombre de découvertes dans le carré comprenant le maximum de découvertes (n) est divisé par lenombre d’intervalles (g) : d = n/g.

Les intervalles sont calculés comme suit : intervalles 1 = [1 à d], intervalle 2 = [(d + 1) à 2],etc. Des cercles de différentes dimensions sont utilisés pour la représentation graphique.

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3.3. Analyse des densités

L’analyse des densités permet de bien déterminer où les objets sont concentrés et peut être plusfacile à lire que les plans montrant tous les objets coordonnés en trois dimensions. Il existedifférentes méthodes pour le calcul des densités (Hodder et Orton, 1976 ; Wheatley et Gillings,2002). Nous utilisons ici l’estimation de la densité par le noyau (Kernel Density Estimates)(Baxter, 2003 ; Baxter et al., 1997 ; Silverman, 1986). La fonction que nous avons utilisée est l’unde celle intégrée au programme d’analyse spatiale ESRI1. C’est une approximation quadratiquede la courbe gaussienne d’un noyau, d’après Silverman (1986 : p. 76, équation 4.5). L’utilisateurdoit sélectionner un paramètre de lissage (C), qui influence le calcul des densités résultantes. Deseffets de marge doivent être pris en compte pour l’interprétation des zones situées près du bord dela zone analysée ou pour de petites zones. Près des bords, la densité chute toujours de manièresignificative ; ceci doit être pris en considération pour l’interprétation de la répartition étudiée.

3.4. Méthode des anneaux et des secteurs (Ring and Sector Method)

Cette méthode a été développée par D. Stapert dans les années 1980 (Stapert, 1990, 1991,1992). L’idée centrale est qu’un foyer fonctionne comme un point focal social dans un camp dechasseurs-cueilleurs préhistoriques. En utilisant le modèle de position des hommes autour d’unfoyer extérieur (seating plan) de L. Binford (1978a), les observations concernant les processus dedépôt lors de l’utilisation d’un foyer par rapport à la zone environnante, et la répartitiondifférentielle des objets en fonction de leurs dimensions (size-sorting) dans les processus dedépôt (Binford, 1978a, 1978b, 1983 ; Hayden et Cannon, 1983 ; Kind, 1983 ; O’Connell, 1987 ;Stevenson, 1991), D. Stapert a développé une approche des structures évidentes fondée sur descomportements observés par l’ethnographie.

La méthode des anneaux et des secteurs est conçue pour l’analyse de la distribution des objetsautour des foyers, particulièrement pour envisager la présence d’une habitation et lesdistributions asymétriques autour des foyers. Ceci est réalisé en divisant la zone autour d’un foyeren anneaux et en calculant le nombre de découvertes par anneau. On fait la même chose pour lessecteurs autour du foyer. Les quantités d’objets par anneau sont visualisées sous la formed’histogrammes ou de diagrammes cumulatifs (Boekschoten et Stapert, 1996). D. Stapertdistingue deux répartitions différentes : la première est caractérisée par une distribution uni-modale, l’autre par une distribution bi- ou multimodale. Pour D. Stapert, la distribution uni-modale correspond à un foyer de plein air, avec des zones où tombent de petits déchets (dropzone) et des zones où sont rejetés les déchets encombrants (toss zone) (Binford, 1978a). Aucontraire, les distributions bi- ou multimodales correspondent à des foyers à l’intérieurd’habitations. Le premier cas correspond à un drop zone ; le deuxième représente un effet deparoi (tent wall effect). Cet effet de paroi est le résultat d’objets ayant été écartés dans le dos despersonnes assises autour d’un foyer et arrêtés par la paroi d’une tente. Le troisième cascorrespond à des amas d’entrée (door dump) (Stapert, 1990, 1991, 1992). Les interprétations deD. Stapert ne sont pas sans poser de questions et ont été largement débattues (pour une discussiondes critiques dans la littérature (Nigst, 2003).

4. Zone et matériaux analysés

Les analyses présentées ici sont limitées à l’horizon archéologique HS, dans la partie sud-ouest la zone C (Fig. 6), comprenant les carrés A7 à A11, B4 à B11, C7 à C11, D7 à D11 et E7 à

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E11. La zone a été fouillée en 1995 et 1996 et correspond à une superficie de 26,75 m2 à l’ouestdu foyer I.

Seules les pièces coordonnées en trois dimensions durant la fouille ont été considérées ici. Lesdécouvertes issues du tamisage n’ont pas été incluses, mais semblent montrer les mêmesconfigurations. Deux milles trois cent soixante et onze pièces ont été retenues pour l’analyse. Laplupart (67,74 %) sont des pièces lithiques. Les ossements et fragments d’ossementscorrespondent au deuxième groupe en importance (11,52 %) (Tableau 2).

5. Structures évidentes

Dans la zone analysée, 16 fosses et un foyer (foyer I) ont été fouillés. Le foyer I a été aménagéen creusant une dépression profonde d’approximativement 10 cm, et de 90 cm de diamètre (dansles dernières phases d’utilisation, le foyer s’agrandit quelque peu en diamètre). Le foyer montrequatre phases d’utilisation, clairement séparées par des niveaux de lœss stériles de 2 à 3 cm

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Fig. 6. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : foyer I et 16 petites fosses. Distinction entre trois types de fosses :types F, S et T (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4: hearth I and 16 small pits. Three types of pits are distinguished: type F,type S, and type T (graphic: Philip R. Nigst).

d’épaisseur. Le sédiment situé sous la première phase d’utilisation et celui compris entre lesphases d’utilisation montrent des altérations dues au feu, telles qu’une coloration rougeâtre. Sousle lœss séparant les phases I et II, se trouve un niveau de cendres bien visible (Fig. 7). De grosmorceaux de charbon bien préservés ont été retrouvés dans les niveaux du foyer (Fig. 8). Troistypes de fosses ont été identifiées (Nigst, 2003, 2004a) : le type T est caractérisé par des paroisabruptes et mesure toujours au moins 20 cm de profondeur (les fosses 3, 4, 7 et 12 sont de cetype). Les fosses 8 et 10 correspondent au type F, moins profond (10 cm maximum). La plupartdes fosses appartient au type S (fosses 1, 2, 5, 6, 9-11, 13, 15), en forme de bol et de 10 à 15 cm deprofondeur (Fig. 9). Dans la même zone, des terriers d’animaux sont présents, mais ils diffèrentdes fosses par leurs formes et dimensions, et surtout par le sédiment qui les comble et les artefactsqu’ils contiennent. Alors que le remplissage des fosses est similaire à l’ensemble de l’horizonarchéologique, le remplissage des terriers est toujours de couleur légèrement plus claire, moins

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Tableau 2Grub/Kranawetberg. Objets positionnés en trois dimensions utilisés pour cette analyse : tableau de fréquence.Grub/Kranawetberg. Piece-plotted objects used for this analysis: frequency table.

Matériaux Nombre d’échantillon %

Lithique 1606 67,74Os 273 11,52Pierres 195 8,22Ocre et ocre rouge 216 9,11Charbon de bois 65 2,74Dentalium 5 0,21Sédiment/terre brûlé 2 0,08Mollusques 9 0,38

Total 2371 100

Fig. 7. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : foyer I, coupe nord-sud (relevé de terrain : Walpurga Antl-Weiser ; graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4: hearth I, north-south section (field drawing: Walpurga Antl-Weiser,graphic: Philip R. Nigst).

dense et moins compacté. La densité de découvertes dans les terriers est également plus faibleque dans l’horizon archéologique, alors que c’est l’inverse dans le cas des fosses. De plus, lesfosses sont creusées à partir de la limite inférieure de l’horizon archéologique, alors que lesterriers, au contraire, recoupent en général l’ensemble de l’horizon archéologique.

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Fig. 8. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : foyer I : morceaux de charbon (photo : Walpurga Antl-Weiser).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4: hearth I: large pieces of charcoal (photo: Walpurga Antl-Weiser).

Fig. 9. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : exemples de fosses du type F, S et T. a : fosse no 7 ; b : fosse no 13 ;c : fosse no 14 ; d : fosse no 3 ; e : fosse no 6 ; f : fosse no 8 (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4: examples for pits of type F, type S, and type T. a: pit no 7; b: pit no 13; c: pitno 14; d: pit no 3; e: pit no 6; f: pit no 8 (graphic: Philip R. Nigst).

6. Structures latentes

6.1. Répartition générale

Dès le premier relevé des quantités de découvertes par mètre-carré, il est évident que les2371 objets ne montrent pas de distribution homogène (Fig. 10a). Dans la moitié ouest de la zone,très peu d’objets ont été trouvés. Dans les carrés A7 à A11 et B4 à B11, et en C7, à peine 15 objetsau maximum ont été retrouvés par mètre-carré. Le long de la limite ouest et dans l’extension sud,il n’y avait même aucun objet du tout. Au contraire, la partie orientale montre le plus grandnombre de découvertes par mètre-carré (au maximum, 92 objets par quart de mètre-carré). Cetterépartition évidente conduit à diviser la surface en deux zones, dès la phase préliminaire del’analyse. La zone I est caractérisée par de nombreuses découvertes, le foyer et les fosses ; la zoneII, dans la partie ouest, par quelques objets seulement et aucune structure évidente (Nigst,2004b). Le relevé de la position des pièces montre en détail cette répartition (Fig. 10b). Dans lesenvirons immédiats du foyer, une concentration d’objets est visible. À partir d’1 à 1,7/2 m dedistance autour du foyer, la densité d’artefacts baisse. À une distance de 2 à 2,8 m du foyer, des

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Fig. 10. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : toutes les catégories de découvertes. a : quantités de découvertespar quart de mètre-carré ; b : objets positionnés en trois dimensions. En gris, le foyer I (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4, all find categories. a: find quantities per quarter-square metre; b: piece-plotted objects. Grey: hearth I (graphic: Philip R. Nigst).

zones de plus forte densité sont visibles. À plus de 2,8 m du foyer, la densité d’artefacts chute demanière significative à des valeurs très basses.

6.2. Pièces lithiques, ossements et ocre

Pour la représentation des découvertes, nous avons sélectionné trois catégories : pièceslithiques, ossements et ocre/ocre rouge. Leur répartition reproduit la tendance générale, mais ilexiste également quelques différences marquées. Alors que les pièces lithiques montrentessentiellement la même distribution que celle des différentes catégories d’objets considéréesensemble (Fig. 11), les ossements montrent une distribution différente (Fig. 12). Grossièrement,la distribution des ossements ressemble à celle des autres catégories d’objets (avec beaucoup dedécouvertes dans la partie orientale et peu dans la partie ouest), mais la structure interne de lapartie orientale, dense, est très différente. La densité des ossements décroît avec l’augmentation

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Fig. 11. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : distribution des pièces lithiques. a : par quart de mètre-carré ; b :positionnées en trois dimensions ; c : plan de densité par noyau (C = 30 cm) ; d : plan de densité par noyau (C = 40 cm)(graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4: distribution of the lithics. a: lithics per quarter-square metre ; b: pieceplotted lithics ; c: Kernel Density Map (C = 30 cm) ; d: Kernel Density Map (C = 40 cm) (graphic: Philip R. Nigst).

de la distance par rapport au foyer. Cette distribution des ossements correspond bien avec lemodèle de position des hommes autour d’un foyer extérieur (seating plan) de L. Binford (1978a).La concentration à proximité du foyer peut correspondre à une drop zone. Les pièces d’ocre etocre rouge sont limitées à la partie est de la surface. Dans les rangées des carrés A et B, aucunepièce de cette catégorie n’a été retrouvée (Fig. 13).

Cette distribution nous permet de diviser la surface en trois zones (A, B et C ; Fig. 14). La zoneA correspond à la partie est de la surface analysée ; elle est caractérisée par une haute densité dedécouvertes et une distribution interne des découvertes hétérogène. La limite avec les zones B etC est marquée par une soudaine chute de la densité des découvertes. La surface correspondant àla zone A mesure 10,91 m2 et la majorité (86,76 %) des découvertes y a été retrouvée. Denombreuses perles d’ivoire issues du tamisage en proviennent. De plus, l’existence de structuresévidentes, les fosses et le foyer caractérisent également cette zone. Les zones B et C contiennent

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Fig. 12. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : distribution des ossements et fragments d’ossements. a : parquart de mètre-carré ; b : positionnées en trois dimensions ; c : plan de densité par noyau (C = 30 cm) ; d : plan de densitépar noyau (C = 40 cm) (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg, archaeological horizon 4: distribution of the bones/bone fragments. a: bones/bone fragments perquarter-square metre; b: piece plotted bones/bone fragments; c: Kernel Density Map (C = 30 cm); d: Kernel Density Map(C = 40 cm) (graphic: Philip R. Nigst).

toutes deux un nombre beaucoup plus restreint d’objets. À l’intérieur des 14,48 m2 de la zone B,seuls 206 objets ont été retrouvés. Ils ne sont distribués ni au hasard, ni de manière régulière, maismontrent une décroissance d’est en ouest (dans la direction opposée au foyer) ; il n’y a aucunestructure évidente. La zone C couvre seulement 1,36 m2 et elle est nettement séparée des zones Aet B. En raison de sa très faible surface, il faudra sans doute la reconsidérer après la fouille etl’analyse des carrés situés au sud et à l’est.

7. Modèles explicatifs des répartitions spatiales

Sur la base de ces résultats, cinq modèles ont été proposés pour expliquer les répartitionsobservées, en utilisant les méthodes décrites ci-dessus (Nigst, 2003).

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Fig. 13. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : distribution des pièces d’ocre et ocre rouge. a : par quart demètre-carré ; b : positionnées en trois dimensions ; c : plan de densité par noyau (C = 30 cm); d : plan de densité par noyau(C = 40 cm) (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg–archaeological horizon 4: distribution of the pieces of ochre and red ochre. a: pieces of ochre andred ochre per quarter-square metre; b: piece plotted ochre and red ochre; c: Kernel Density Map (C = 30 cm); d: KernelDensity Map (C = 40 cm) (graphic: Philip R. Nigst).

Le modèle I considère les répartitions observées comme le résultat d’un remaniement du sitepar des processus de cryoturbation. Le modèle II envisage que les répartitions puissent avoir étéproduites par solifluction et mouvement en masse d’un sédiment saturé en eau. Le modèle IIIplaide en faveur d’un foyer entouré d’une zone d’activités, avec une réutilisation postérieur entant qu’aire de rejet. Le modèle IV tente d’expliquer les répartitions spatiales en postulantl’existence d’un foyer entouré d’une aire d’activités et de postes de débitage périphériques. Dansle modèle V, les répartitions correspondent aux vestiges d’une habitation à foyer central. Nousenvisageons ci-dessous les arguments en faveur et contre chacun de ces modèles.

Les modèles I et II impliquent l’un comme l’autre de fortes altérations post-dépositionnellespour la partie analysée du site. La différence entre les deux modèles est que le modèle I suggèreun mouvement des objets mais pas du sédiment, alors que le modèle II implique un mouvementdu sédiment, y compris les objets.

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Fig. 14. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : zones A, B et C. Les flèches indiquent les directions dedéplacements d’objets selon le modèle V (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg–archaeological horizon 4: zones A, B, and C. Arrows indicate object removal directions as proposedby model V (graphic: Philip R. Nigst).

Le modèle I, plaidant pour la cryoturbation, aurait eu comme résultats une évidente répartitiondifférentielle des plus grands objets en surface en fonction de leurs dimensions, et de soi-disantstructures au sol agencées, le plus souvent des structures polygonales ou circulaires menant à undéplacement centrifuge des objets vers les bords. Normalement, de telles structures sontcombinées avec des cryoturbations, engendrant une orientation verticale des objets (Embleton etKing, 1975 ; Rapp et Hill, 2006 ; Wood et Johnson, 1978). À Grub/Kranawetberg, aucun trivertical n’est visible. Les objets les plus grands et les plus lourds ne sont pas assortis descoordonnées z les plus profondes. Il y a eu un peu de tri horizontal : la répartition différentielleselon les dimensions est illustrée par les plus petits objets, qui en effet, produisent les motifsdécrits ci-dessus. Quoiqu’il en soit, les grands objets sont distribués de manière aléatoire.

L’orientation des artefacts est un argument très important dans ce genre de modèle explicatif.En 1995 et 1996, aucune station totale n’était employée sur le chantier, et l’orientation et lependage des pièces étaient enregistrés à la main, de manière simplifiée. Le pendage était notécomme horizontal, incliné ou vertical, et n’a pas du tout été enregistré en 1995. L’orientation étaitnotée par quadrants de 308 ; la direction du pendage était également notée. Bien qu’il n’y ait pasmoyen de réaliser une analyse aussi poussée que celle de McPherron (McPherron, 2005), desinformations importantes ont été notées. L’analyse des pendages montre que 25 des 1588 objetsont une position verticale, et sont répartis de manière aléatoire sur la surface fouillée en 1996. Lamajorité des objets (1343 sur 1588) a donc été retrouvée en position horizontale. L’orientation,notée uniquement pour les objets de 2 cm ou plus, ne montre aucune récurrence et semblealéatoire.

Ceci ne permet pas de soutenir le modèle I, ce qui ne signifie pas que nous pensions qu’il n’y apas eu de processus de cryoturbation du tout. À un certain degré, tous les sites du Paléolithiquesupérieur sont affectés par la cryoturbation, mais c’est une question d’intensité, et elle sembleavoir été très faible dans le cas de la surface analysée pour l’horizon HS de Grub/Kranawetberg.

Ces considérations sont également intéressantes dans l’évaluation du modèle II, lequelpropose que la solifluction soit responsable de la répartition observée. Durant le déplacement enmasse d’un sédiment saturé en eau, les grands objets tendent à être déplacés plus loin en bas de lapente et à être orientés (Rapp et Hill, 2006). La solifluction n’est donc pas mise en évidence parles observations rapportées ci-dessus. Il n’y a aucune répartition différentielle des objets enfonction de leurs dimensions, avec les plus grands objets qui seraient en bas de la pente. De plus,la bonne préservation des fosses et du foyer (et de ses niveaux de cendres) constitue un argumentcontre la solifluction. Sur ces bases, le modèle II est donc rejeté.

Le modèle III plaide pour un foyer entouré d’une aire d’activités, avec réutilisation postérieureen tant qu’aire de rejet. Pour ce modèle, il n’est pas important de savoir si la réutilisation a eu lieudurant le même épisode d’occupation, ou lors d’un épisode postérieur. La répartition desossements, typique des foyers de plein air et de l’accumulation de déchets les entourant (Binford,1978a), est en accord avec ce modèle. Les études expérimentales sur les rejets (Johansen etStapert, 1998) suggèrent que les distributions d’artefacts lithiques résultant de phases de rejetsont beaucoup plus homogènes que les distributions résultant d’activités de débitage. De plus, enprincipe, dans les rejets les classes d’objets des plus petites dimensions manquent. À Grub/Kranawetberg, la composition des concentrations est plutôt homogène. Aucune distribution« triée » similaire à ce qui est typique dans les aires de débitage n’a été observé. Les classescorrespondant aux objets des plus petites dimensions sont bien représentées et l’essentiel despièces lithiques coordonnées en trois dimensions est inférieur à 20 mm. D’abondants petitsfragments et esquilles ont été enregistrés par le tamisage. Les limites nettes observées dans larépartition ne sont pas non plus typiques des aires de rejet.

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Le modèle IV suggère une aire d’activités autour d’un foyer de plein air et des postes dedébitage à 2 ou 3 m de distance du foyer. Les accumulations d’artefacts denses et concentréeslocalement sont bien connues pour les expérimentations de taille (Bertran et al., 2006 ; Boëda etPelegrin, 1985). Des bordures bien nettes dans la distribution des débris de débitage sont décritspour des expérimentations de taille où le tailleur est en position assise (Newcomer et Sieveking,1980). Aux sites de débitage, toutes les étapes de décortication des rognons sont plus ou moinsprésentes (mais parfois manquantes si des rognons préparés ont été apportées au site), ainsi queles éléments de préparation des surfaces et des plans de frappe, les supports produits et les tracesd’aménagements postérieurs. Une caractéristique marquante de tels emplacements de débitageest le fort taux de remontages. De plus, les accumulations d’artefacts ne sont pas homogènes,mais hétérogènes avec une ségrégation spatiale des éclats corticaux et de préparation, desproduits recherchés, etc. À Grub/Kranawetberg, la composition des dispersions denses enartefacts montre une répartition homogène. Les pourcentages de lames et lamelles sont bas, il n’ya pas de nucléus et les éclats et esquilles (inférieures à 10 mm) sont les types de supports les plusabondants. La distribution des types technologiques ne montre pas plus de concentrationssignificatives que celles des autres découvertes. Tout ceci est en contradiction avec des postes dedébitage en place. Bien entendu, un remaniement des distributions spatiales originelles liées audébitage ne peut pas être exclu. Puisque les remontages n’ont pas encore été effectués, ce modèlene peut pas être modifié à l’heure actuelle. D’un autre côté, la bonne préservation des niveaux decendres et la localisation des fosses ne peuvent pas être expliquées par ce modèle.

L’interprétation offerte par le modèle V classe la zone orientale comme restes d’une habitationà foyer central. Les différentes activités humaines menées à l’intérieur d’une habitationproduisent des déchets. La plupart des petits déchets s’accumulent directement autour du foyerdans ce qu’on appelle le drop zone (Binford, 1978a). C’est l’aire primaire d’accumulation desdéchets. Adjacente à cette aire, se trouve l’aire où les gens se déplacent et où les éclats qui y ontété accumulés sont déplacés de manière non intentionnelle vers les aires où la circulation estmoindre. Une telle zone de moindre circulation se trouve à proximité de la paroi de l’habitation,qui souvent n’offre pas suffisamment de place pour qu’une activité journalière intense s’y tienne.L’accumulation de déchets le long des parois d’une habitation est bien connue enethnoarchéologie et par des études ethno-historiques (Hayden et Cannon, 1983 ; Stevenson,1982, 1991). À Grub/Kranawetberg, les relevés des quantités de découvertes, le positionnementindividuel des pièces et les plans de densité par noyau montrent une zone autour du foyer avecd’abondantes découvertes, entourée d’une aire moins dense. Ceci pourrait correspondre à undrop zone et à une aire de circulation vidée de manière non intentionnelle. À une distance de 2 à2,8 m autour du foyer, des concentrations visiblement moins denses d’artefacts pourraientcorrespondre à une accumulation d’objets le long d’une paroi d’habitation. Au-delà d’unedistance de 2,8 à 3 m, la densité chute soudainement à quelques artefacts seulement par mètre-carré. De plus, des phases régulières de nettoyage doivent être prises en compte. Durant cesphases, les matériaux récoltés sont rejetés hors de l’habitation. La zone de rejet peut être localiséejuste au-delà de l’entrée ou plus loin. Les deux cas ont été décrits en ethnoarchéologie (Binford,1978b, 1983). Il est possible que la zone C représente une telle zone de rejet.

D’autres arguments en faveur du modèle V proviennent, d’une part, de la bonne préservationdes niveaux de cendres du foyer, indiquant une certaine attention à sa protection contre lesintempéries, et, d’autre part, des petites dimensions des découvertes dans la zone d’habitation. Laprésence de fosses dans cette aire d’habitation – en présumant qu’au moins quelques-unes d’entreelles sont liées à la construction de l’habitation – semble aussi être en faveur de ce modèle. Pouraller plus loin, nous pouvons utiliser la méthode des anneaux et des secteurs.

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Comme cette aire autour du foyer n’est pas complète, il faut restreindre les calculs desanneaux aux secteurs qui ont été complètement fouillés et analysés. En suivant les suggestions del’un d’entre nous pour quelques modifications du protocole d’utilisation de la méthode, pour lescalculs et pour la visualisation (Nigst, 2003), nous avons été facilement capables de positionnerles secteurs de manière à couvrir un champ optimal. Nous présentons ici comme exemple l’airecomprise entre 1708 et 1808 (Fig. 15). Dans les diagrammes cumulatifs, une distributionclairement bimodale ne peut pas être reconnue (la bimodalité correspond dans un diagrammecumulatif à une courbe en forme de double S), mais il y a une légère augmentation du nombre dedécouvertes entre 0,5 et 1,2 m autour du foyer et une soudaine décroissance du nombre dedécouvertes à partir de 2,8 m.

Les catégories individuelles de découvertes (Fig. 15c–f) montrent différentes distributionsspatiales dans les détails mais aussi, en gros, une bonne homogénéité. La limite de l’habitation,ou l’effet de paroi, est le mieux exprimé par les pièces lithiques, mais aussi par l’ocre. D’un autrecôté, les ossements ne montrent pas du tout cet effet de paroi. Leur distribution ressemble plusaux drop zones et aux toss zones décrites pour les foyers de plein air par L. Binford (1978a).Comment interpréter cette contradiction ? La raison pourrait être une stratégie différente dedéplacement des objets selon leur appartenance à l’une ou l’autre des différentes catégories dedéchets. Ainsi, par exemple, les déchets osseux sont collectés à l’intérieur de l’habitation et rejetédehors. À côté de catégories plus fonctionnelles/rationnelles de stratégies de déplacement des

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Fig. 15. Grub/Kranawetberg, horizon archéologique 4 : analyse par anneaux et secteurs pour l’aire comprise entre 170 et1808. a : objets sélectionnés ; b : diagramme cumulatif pour toutes les catégories de découvertes ; c : diagramme cumulatifpour les pièces lithiques ; d : diagramme cumulatif pour les ossements ; e : diagramme cumulatif pour les pierres ; f :diagramme cumulatif pour l’ocre et l’ocre rouge (graphisme : Philip R. Nigst).Grub/Kranawetberg–archaeological horizon 4: ring and sector analysis of area with bearing 170–1808. a: selectedobjects; b: cumulative histogram: all find categories; c: cumulative histogram: lithics; d: cumulative histogram: bones; e:cumulative histogram: stones; f: cumulative histogram: ochre and red ochre (graphic: Philip R. Nigst).

déchets, nous devons aussi prendre en considération la possibilité de facteurs sociaux,symboliques ou idéologiques qui ont pu affecter cette stratégie (Hodder, 1982, 1987 ; Whitelaw,1991, 1994).

Les pièces d’ocre et ocre rouge apparaissent uniquement dans la zone A, qui se trouve àl’intérieur de ce qui est proposé ici comme habitation. L’ocre, l’ocre rouge ou simplement lacoloration rouge du sol ont été interprétés de manière récurrente dans la littérature comme indicesde l’existence d’une habitation (Bosinski, 1989 ; Desbrosse et Kozlowski, 2001).

8. Discussion

L’horizon archéologique 4 de Grub/Kranawetberg constitue une sorte de palimpseste. Laquestion est de savoir quelle fourchette de temps a été enregistrée dans cet horizon. Lerecouvrement de différents épisodes d’occupations ne peut pas être exclu. Quelques catégories dematières lithiques pourraient appartenir à un épisode d’occupation antérieur. Ces matériauxlithiques sont représentés, sur l’ensemble de la surface, par de petites quantités et ont unedistribution large. Quoiqu’il en soit, il faut noter que la proposition d’habitat doit correspondre àl’un des derniers épisodes d’occupation, car sinon les répartitions spatiales observées (parexemple, les limites de distribution) n’auraient pas pu être aussi bien préservées.

Les structures d’habitation ne sont pas fréquentes dans le Gravettien européen. Un certainnombre d’entre elles ont été retrouvées lors d’anciennes fouilles et pour cette raison doivent êtreenvisagées avec précaution. Elles ne peuvent pas donner de réponses précises à des questions dedétails, en raison de la résolution faible des enregistrements. De bons exemples sont les structuresde Moravany-Lopata (Slovaquie), publiées originellement comme de légères dépressions deforme rectangulaire et interprétées en tant qu’habitations. La fouille plus récente d’une structuresimilaire dans le site épigravettien de Moravany-Zakovska a mené à une interprétation en tantque structure de foyer remaniée (Hromada et Kozlowski, 1995).

La plupart des cas publiés proviennent du sud de la Moravie. Quelques sites ont été fouillés il ya déjà longtemps et/ou lors de fouilles de sauvetage, menant souvent à des récoltes d’artefacts parmètres-carrés. Aucune comparaison détaillée de distribution d’artefacts n’est donc possible. Lesplans d’habitats publiés pour ces sites doivent donc être considérés de manière critique.Néanmoins, nous disposons d’un bon aperçu sur les grandes agglomérations de la région, mêmesi la résolution en reste grossière. J. Svoboda distingue quatre types d’habitation (Svoboda, 1991,2003). Tous sont des diamètres compris entre 4 et 6 m. Le type A est caractérisé par unedépression peu profonde et un foyer aménagé à l’aide de pierres. De plus, de grosses pierres et destrous de poteaux sont présents dans le plan de l’habitation. Un bon exemple de ce type se trouve àDolní Vestonice, unité d’occupation 2 (Svoboda, 1991). Les habitations de type B ont été érigéessur une surface plate et sont limitées par des restes osseux de mammouths. Ce type a été fouillé àMilovice I/G (Oliva, 1988, 1989) et à Dolní Vestonice I, accumulation d’ossements VI à VIII(fouilles de 1928 ; Klíma, 2001). L’habitation de type C est caractérisée par une dépression et unou plusieurs foyers. Les exemples sont Dolní Vestonice, unité d’occupation 1 (Svoboda, 1991) etPavlov I, unité d’occupation 5 (Svoboda, 1991). Pour le type D, J. Svoboda signale un foyercentral et des fosses, comme par exemple à Dolní Vestonice II, unité d’occupation 3 (Svoboda,2003).

Le site de Krems-Wachtberg, toujours en cours de fouille, fournira dans l’avenir de nouvellesdonnées pour les analyses spatiales intrasites dans le Gravettien d’Europe centrale. À l’heureactuelle, seuls quelques rapports préliminaires ont été publiés (Einwögerer et al., 2006). Dans lesite de Krakow-Spadzista B (Pologne), ont été signalées deux accumulations d’ossements de

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mammouths, interprétées en tant que vestiges d’habitats en os de mammouths (Desbrosse etKozlowski, 2001), similaires à celle de Milovice I.G. De nouvelles fouilles dans la zone B1,adjacente, ont permis d’identifier au moins deux phases d’occupation. La formation de cesaccumulations d’ossements de mammouths n’a pas été élucidée et une éventuelle originenaturelle ne peut pas être exclue (Kozlowski, 2003).

En France, deux sites sont connus pour leurs structures d’habitat : La Vigne Brun et Plasenn-al-Lomm. À La Vigne Brun (Loire), quatre structures d’habitat arrondies d’un diamètre de 4 à5 m ont été fouillées. Elles consistent en une dépression marquée par une coloration rougeâtredue à de l’ocre rouge. De grosses pierres forment un cercle délimitant le plan au sol. Un foyercreusé dans le sédiment se trouve au centre. La localisation des entrées n’a pas pu être déterminée(Combier, 1980 ; Onoratini et Combier, 1998). À Plasenn-al-Lomm, des structures d’habitat sontconstituées de blocs de granite. Le diamètre des habitations est d’environ 4,5 m (Monnier, 1982).

En Allemagne, une habitation est connue à Sprendlingen (Hesse rhénane) (Bosinski et al.,1985). Des parties du site et de la structure avaient été détruites durant l’exploitation du site entant que sablière. Les 40 m2 restant ont été fouillés par une équipe dirigée par G. Bosinski.Aucune structure évidente n’a été relevée et l’habitation a été reconstituée à partir des structureslatentes, dont la coloration rougeâtre du sédiment, les restes osseux brûlés (correspond à un foyerainsi reconstitué), les directions des remontages et la distribution spatiale des pièces lithiques.

Un certain nombre de structures ont été publiées pour la partie européenne de l’ex-URSS. Engénéral, elles sont interprétées comme correspondant à des habitations allongées. De bonsexemples ont été découverts à Avdeevo, Kostenki 1/I et Aleksandrovka-Kostenki 4/niveauinférieur (Bosinski, 1989 ; Grigor’ev, 1967, 1993). La plupart d’entre elles est caractérisée par unalignement central de foyers et plusieurs fosses, parfois périphériques. Des interprétationsanciennes y voyaient des habitations allongées, mais beaucoup de critiques et de discussions ontporté sur les contours et les dimensions de ces structures (Hoffecker, 2002 ; Klein, 1973 ; Narr,1983 ; Veil, 1981). En raison de l’ancienneté des fouilles, cette question ne peut pas être résolue,car la plupart des méthodes modernes d’analyses nécessitent un degré de résolutiond’enregistrement plus important. Un autre problème est le caractère de palimpsestes de cessites, qui ne peut pas non plus être résolu en raison de l’ancienneté des fouilles.

À l’exception donc de ces possibles longues habitations en Russie, la plupart des structuresd’habitation gravettiennes sont de dimensions similaires, comprises entre 4 et 6 m de diamètre.Des foyers en position centrale sont présents dans beaucoup d’entre elles. L’habitation proposéepour Grub/Kranawetberg se rapproche le plus du type D de J. Svoboda. Malgré plusieursressemblances, une différence importante réside dans la présence de grands ossements et/oublocs à l’intérieur et autour des structures moraves, ce qui n’est pas le cas dans le site qui nousoccupe. Une comparaison détaillée entre les structures latentes, particulièrement l’effet de paroi,pourrait être intéressante, mais n’est pas possible en raison du manque de précision dans lalocalisation des artefacts pour les sites moraves fouillés anciennement. Alors que Grub/Kranawetberg offre une image très détaillée, à haute résolution, du Gravettien d’Europe centrale,la plupart des sites moraves donne un aperçu plus grossier. D’un autre côté, de beaucoup plusgrandes surfaces nous renseignent, dans ces sites, sur les espaces situés entre les unitésd’occupation.

Dans le futur, l’analyse spatiale sera étendue en direction du nord-est pour couvrir la secondemoitié de l’espace situé autour du foyer I, l’aire comprise entre les foyers I et II et les alentours dufoyer II. La fouille des alentours du foyer II et l’analyse des autres zones sont en cours. Lesalentours du foyer II montrent des structures similaires (petites fosses) à la zone située autour dufoyer I. La zone comprise entre les deux foyers ne présente, elle, aucune structure mais est très

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riche en pièces lithiques, fragment osseux, etc. Pour les analyses prochaines, les zones comprisesentre les deux foyers seront étudiées.

Remerciements

Ph.R.N. remercie le Department of Archaeology and Anthropology du University ofCambridge et le Department of Human Evolution du Max Planck Institute for EvolutionaryAnthropology (Leipzig). Des remerciements soutenus sont adressés à Jean-Jacques Hublin et àShannon McPherron. Gerhard Trnka et Otto Urban (tous les deux de l’Université de Vienne) ontmanifesté leur soutien de longue date. D’autres remerciements vont à Florian Fladerer, Iris Ott,Monika Derndarsky, Dieta Svoboda, Bence et Louise Viola, Marjolein Bosch, et Lorenz, Monikaet Peter Nigst.

W.A.-W. remercie le Département de Préhistoire du Muséum d’Histoire naturelle (Vienne), leministère de l’Éducation, d’Art et de Culture de l’Autriche, le Fonds zur Förderung derWissenschaftlichen Forschung (FWF, Austrian Science Foundation, Vienna ; projetno P11.140GEO), et le Freunde des Naturhistorischen Museums Wien pour le financementdes fouilles. Des remerciements supplémentaires vont à la municipalité d’Angern pour sesnombreux supports.

Nous remercions les reviewers pour leurs commentaires constructifs, ainsi que Marcel Ottepour nous avoir invités à contribuer à ce volume et Pierre Noiret pour sa traduction de notremanuscrit en anglais. Cet article est fondé sur une présentation orale donnée au Congrèsinternational de l’UISPP à Lisbonne en 2006. Des références postérieures à 2006 ont été ajoutéesà cette version écrite pour quelques sites.

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