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Lucio Silla - Insula orchestra

Date post: 12-May-2023
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LOG BOOK JOURNAL DE BORD Lucio Silla INSULA ORCHESTRA MOZART MATRIX Lucio Silla
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LOG BOOK JOURNAL DE BORD

Lucio Silla

INSULA ORCHESTRAINSULA ORCHESTRA

MOZART MATRIX Lucio Silla

Crédits photos Brigitte Production sauf p. 8, 10, 17, 34, 36-37 : Camera Lucida Productions ; p. 11 : Chris Chabot (gauche) ; Gohu1er (droite) ; p. 14 : Pseudo-Sylla, époque augustéenne ; p. 16 : Jean-Baptiste Greuze, Mozart, 1763-4, huile sur toile, Yale University Collection of Musical Instruments (New Haven, États-Unis) ; p. 18 : Martin van Meytens (attr.), Pietro Metastasio, vers 1770, huile sur toile ; p. 19 : Charles-Antoine Coypel, Pierre Jélyotte dans le rôle de la nymphe Platée, vers 1745, huile sur toile, Musée du Louvre (Paris, France) ; p. 22 : Musicologie.org ; p. 26 : Mikolas Ales, Ravi Loew et le Golem, 1899, gravure (gauche), Slotty (droite) ; p. 35 : Lucas Vosterman, Portrait de Sénèque d’après Rubens, 1638, gravure, BNF / Jean-Pol Grandmont ; p. 38 : Joseph Lange, Constanze Mozart, 1783, lithographie, Musée de Salzbourg (Autriche) ; p. 40 : Julien Mignot ; p. 42, 44 : Jean-Baptiste Millot.

erda, éducation, recherche, développement artistique51 rue de Chabrol — 75010 PARIS

Directeur de publication Olivier Leymarie!Rédaction Blandine Berthelot, Thomas Meugnot et Florence Badol-Bertrand (p. 25-29 ; p. 36)!Conception graphique Thomas Meugnot!Impression Imprimerie Frazier (France)

Dépôt légal Janvier 2017!ISBN 978-2-9550519-4-8!Exemplaire gratuit

Log book / Journal de bord est une publication destinée aux 9-14 ans.!Conforme à la loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse : Janvier 2017.

Retrouve la web-série en flashant le code !

Découvre les extraits les plus célèbres de l’opéra de Mozart !

Au cours de ta lecture, tu trouveras parfois ce symbole. Tu peux retrouver des extraits de l’opéra sur la chaîne YouTube d’Insula orchestra grâce au lien suivant : https://goo.gl/B3ddkz !

LOG BOOK JOURNAL DE BORD

INSULA ORCHESTRA

Lorenzo & BereniceLorenzo & orenzo & or BerBerB eniceereniceerorenzo & orenzo & or BerBerB eniceereniceerLucio Silla

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Avant-propos

Les personnages

Épisode 1 : Toï toï toï

Épisode 2 : Le traître peut trembler !

Épisode 3 : Mon nom est Silla. Lucio Silla.

Épisode 4 : Le Golem

Épisode 5 : Évadons-nous !

Épisode 6 : Comme le disait Sénèque

Pour aller plus loin…

SOMMAIRE

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Après avoir convoité une certaine Bérénice pendant cinq épisodes, le jeune Lorenzo revient dans une nouvelle web-série : en 6 épisodes, Mozart Matrix vous invite à côtoyer Insula orchestra et sa chef d'orchestre Laurence Equilbey juste avant la représentation de l'opéra Lucio Silla.

En 1772, Wolfgang Amadeus Mozart n’a que 16 ans lorsqu’il compose son deuxième opéra. Il l’intitule Lucio Silla, du nom de son protagoniste, un dictateur romain éperdument amoureux d’une certaine Giunia. Drame amoureux, cette œuvre de jeunesse, inspirée par les tourments adolescents de Mozart, précède les opéras romantiques à venir.

Laurence Equilbey dirige son ensemble aux côtés de solistes de renom dont le contre-ténor argentin star Franco Fagioli, dans une mise en espace de Rita Cosentino.

Avec cette nouvelle web-série, les élèves découvrent les richesses musicales et dramatiques de l’œuvre de Mozart. Une visite ludique et décalée des coulisses d’un opéra, à vivre en compagnie de Lorenzo, Laurence Equilbey et Insula orchestra !

AVANT-PROPOS (pour les grands)

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Jeune homme fan de musique classique, Lorenzorencontre la chef d’orchestre Laurence Equilbey au château de Versailles lors de l’enregistrement du Requiem de Mozart. Depuis, ses aventures l’ont amené à découvrir la musique contemporaine à l’Opéra de Rouen Normandie et l’amour à travers l’histoire d’Orphée et Eurydice.

FX est l’ami de Lorenzo. Quand celui-ci défie son professeur, il se lance sans hésiter à la découverte de l’histoire de Lucio Silla pour l’aider dans sa tâche !

Heureusement qu’il y a Constance quand Lorenzo s’attire des ennuis ! Elle va l’aider dans ses recherches grâce à son esprit rationnel et sa logique. Rien ne peut lui échapper !

LES PERSONNAGES

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Après plusieurs années d’exil, Cecilio, sénateur, revient à Rome, décidé à reconquérir son amour. Mais son retour s’annonce plus mouvementé que prévu…

Il est interprété par Franco Fagioli, contre-ténor argentin.

Giunia, fille de Marius, aime Cecilio mais le croit mort. Silla, qui a tué son père, veut l’épouser… Attachée aux règles et aux lois, Giunia est sans cesse tiraillée entre divers sentiments.

Elle est incarnée par la soprano russe Olga Pudova.

Lucio Silla est un terrible dictateur. Amoureux de Giunia, il voit d’un très mauvais œil le retour de son rival Cecilio, qu’il avait forcé à l’exil.

C’est Alessandro Liberatore, ténor italien, qui joue le dictateur romain.

Cinna, fiancé de Celia, convainc Cecilio de revenir en Rome en lui révélant les fiançailles de Giunia et Lucio Silla. Il est décidé à venger la mort de Marius et punir le dictateur romain.

Ce rôle masculin est ici interprété par Chiara Skerath, soprano belgo-suisse.

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Celia est la sœur de Lucio Silla et la fiancée de Cinna. Elle a beaucoup d’influence sur les décisions du dictateur, qu’elle essaie de ramener dans le droit chemin.

Ilse Eerens, soprano belge, incarne Celia.

Laurence Equilbey est chef d’orchestre. Alors qu’elle répète Lucio Silla de Mozart avec Insula orchestra, elle va aider le jeune Lorenzo à en savoir un peu plus sur l’opéra et le compositeur autrichien.

Surpris par l’audace de Lorenzo, le Professeur Denizeau le met au défi de partir à la découverte de cet opéra méconnu de Mozart. Mais notre jeune ami a plus d’un tour dans son sac pour réussir sa tâche !

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La superstition à l’opéra

Malgré leurs origines parfois très anciennes, de nombreuses superstitions persistent à l’opéra. Par exemple, il existe un certain nombre de mots interdits, à ne prononcer sous aucun prétexte dans l’enceinte du théâtre. Pas question de se souhaiter bonne chance, cela porte malheur  ! On dit plutôt « Toï toï toï » ou… « Merde » !

Cette dernière expression date de l’époque où les spectateurs allaient au spectacle en calèche. Les chevaux s’arrêtaient devant le théâtre et en profitaient pour garnir la chaussée de leur crottin. Plus les spectateurs étaient nombreux, plus le tas d’excréments était gros. C’était le signe du succès d’un spectacle !

C’est la première !

La première désigne la première représentation publique  : cela veut dire que l’orchestre joue pour la première fois devant les spectateurs. L’opéra est un genre particulier, qui raconte une histoire avec ses personnages. C’est un mélange de théâtre, de musique, et souvent même de danse. C’est comme au cinéma… sauf que tout est joué en direct, devant toi ! Impressionnant, non ? On peut aussi donner l’opéra en version de concert, c’est-à-dire sans mise en scène, costume ou décor.

ÉPISODE 1 Toï toï toï !

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Ouverture

Comme tous les opéras, Lucio Silla commence par une ouverture. Les chanteurs ne sont pas encore sur scène, c’est donc à l’orchestre que revient d’introduire l’histoire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le spectateur est tout de suite plongé dans l’œuvre !

La sonorité des cuivres (4 cors et 2 trompettes) et des timbales donnent immédiatement à la musique un caractère martial. Mozart décrirait-il le caractère de Lucio Silla à travers ces instruments ?

Un peu plus tard, on entend un thème plus léger, plus chantant, plus doux. Devine ce qu’il pourrait représenter dans l’histoire que tu vas entendre !

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Petit lexique de la maison d’opéra

Première chose à savoir : les salles de concert sont toutes différentes ! Quand on parle d’opéra, bien sûr, on pense à des endroits comme le Palais Garnier, à Paris, ou son jumeau, l’Opéra Bastille — bien qu’il soit beaucoup plus grand. Il y en a souvent dans les grandes villes, avec leur propre architecture.

Il faut différencier les théâtres à l’italienne (comme le Palais Garnier), où le public est assis en forme de « U » et les salles plus modernes, où tout le monde est assis en rang, face à la scène.

À gauche, l’opéra Garnier ; à droite, l’opéra Bastille, à Paris.

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Le bâtiment ne se résume pas à la salle de concert ! On y trouve aussi le foyer : c’est un endroit pour boire et manger avant ou après le concert, ou pendant l’entracte… car il est interdit de ramener de la nourriture dans la salle de spectacle !

Entre les gradins et la scène, il y a la fosse d’orchestre. C’est là où jouent les musiciens pour être invisibles pendant le spectacle. Ils prendraient beaucoup trop de place sur scène sinon et gêneraient la mise en scène…

Le parterre, c’est le rez-de-chaussée de la salle de spectacle. Les loges sont les places au balcon qui sont séparées par des cloisons. À l’époque de Mozart, certaines familles avaient leur loge réservée pour tous les spectacles. Très chic ! Enfin, tu entendras peut-être parler du paradis  : ce sont les places les plus hautes, et souvent les moins chères.

Lors des concerts, souvent les places sont numérotées  : le code sur ton billet correspond à un siège attribué. On est ainsi sûr d’avoir sa place, à condition d’être à l’heure !

Quand on a de la chance comme Lorenzo, on peut aussi visiter les coulisses. C’est la partie réservée aux artistes et aux techniciens. On y trouve les loges, où les artistes se préparent avant le spectacle, le foyer des artistes où ils peuvent se détendre avant de monter sur scène et, bien sûr, l’arrière-scène, où tout le monde s’affaire dans l’ombre pour le bon déroulé du spectacle.

Le jour J est arrivé !

Il est temps d’aller au concert  ! D’ailleurs, tu te demandes comment t’habiller. On a souvent une image très chic de la musique classique. Sur place, on croise parfois des gens en tenue de soirée. Est-ce obligatoire ? Bien sûr que non ! Sens-toi libre d’y aller comme tu préfères, comme si tu allais au cinéma !

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Mais sur scène, pourquoi les artistes sont habillés si sérieusement ? Sache que cela n’a pas toujours été le cas. Il y a 300 ans, au XVIIIème siècle, les tenues des artistes débordaient de couleurs. Or, on vient au concert pour écouter, pas pour voir ! C’est à ce moment qu’est apparu l’uniforme des musiciens : frac pour ces messieurs (une variante de la queue-de-pie, allongée sur le devant) et robe noire pour ces dames. Aujourd’hui, le frac est complètement démodé mais la tenue noire et sobre domine toujours.

L’artiste doit se démarquer par son talent musical, pas par ses excentricités vestimentaires ! La simplicité de l’uniforme vise simplement à ne pas détourner l’attention du public.

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Mais qui était Sylla ?

L’opéra Lucio Silla est inspiré de la vie d’un dictateur romain, entre le IIème et Ier siècle avant J.-C., et qui s’appelait Sylla. Ce personnage historique a notamment connu Mithridate, qui donna son nom à un autre opéra de Mozart.

Sylla, issu d’une famille modeste mais très cultivée, était un grand militaire et l’ennemi juré de Caius Marius. Sylla orchestra la mort de ce dernier et se proclama dictateur. Pour faire

régner l’ordre, il abusa de son pouvoir et ordonna le massacre de nombreuses victimes. Sa dictature dura seulement 6 mois, mais Sylla se fit élire consul les deux années qui suivirent, gardant ainsi le contrôle des armées romaines et un pouvoir important.

Brève histoire de l’opéra

Si l’opéra est né presque par hasard à la fin du XVIème siècle, le genre ne cesse depuis de susciter les passions ! Son histoire est jalonnée de querelles et de réformes, et les chanteurs principaux sont bien souvent de véritables stars…

ÉPISODE 2 Le traître peut trembler !

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1598, Florence (Italie)  : Dans un palais, quelques intellectuels assistent à une expérience inédite  : la représentation de la pièce Dafne du poète Rinuccini, donnée « à la manière des Anciens », c’est-à-dire dans une sorte de déclamation chantée, et composée par Jacopo Peri. En pensant ressusciter la tragédie grecque, ils venaient d’inventer l’opéra !

1607, Mantoue (Italie)  : On considère aujourd’hui l’Orfeo de Monteverdi comme le premier chef-d’œuvre du genre. Le compositeur réunit toutes les trouvailles des dernières années, et associe ainsi à une ligne de chant soliste, soutenue par une basse, non seulement des chœurs mais aussi des danses.

1637, Venise (Italie)  : D’abord confiné aux cours, l’opéra se démocratise dès 1637, avec l’ouverture du premier théâtre lyrique privé à Venise. Ces scènes fonctionnant à la recette, il faut proposer au public des sujets qui plaisent. Les trois maîtres mots deviennent donc : amour, violence et sarcasme. Les foules prennent goût à la voix, et les chanteurs proposent des airs toujours plus impressionnants, tant dans l’expressivité que dans la virtuosité. Il n’y a désormais plus de limites !

1690, Naples (Italie)  : Face aux débordements de l’opéra vénitien, Apostolo Zeno et Métastase, deux célèbres librettistes, décident de réformer le genre : c’est la naissance de l’opera seria.

Naissance de l’opéra « sérieux » !

À Naples, à la fin du XVIIème siècle, des poètes italiens comme Apostolo Zeno et Pietro Metastasio (Métastase) décident d’établir les règles d’un nouveau genre musical qu’ils appellent « opera seria ».

Comme son nom l’indique, cet opéra est dit « sérieux ». Impossible donc de mêler le rire aux larmes, les héros à quelques bouffons comme cela se faisait avant, à Venise notamment.

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De nombreux compositeurs comme Gluck, Hændel ou encore Haydn en composent. De Londres à Saint-Petersbourg, toute l’Europe succombe à ce genre à la mode pendant tout le XVIIIème siècle. Face à ce succès, les princes font construire de nombreux théâtres dans lesquels le public se presse. Les chanteurs d’opera seria, et notamment les castrats, sont de véritables stars à l’époque !

Un seul pays reste insensible à cette mode : la France. On y préfère un autre genre musical : la tragédie lyrique.

Mozart, compositeur de génie

En 1772, lorsqu’il compose Lucio Silla, Mozart n’a que 16 ans. Il a pourtant déjà signé de nombreuses œuvres, dans la quasi totalité des genres dans lesquels il allait s’illustrer. Citons par exemple ses nombreuses sonates pour piano ou pour violon et piano, trois quatuors à cordes, trois concertos pour piano, deux divertimento pour orchestre, une vingtaine de symphonies et plusieurs opéras, messes ou oratorios.

Air de Cecilio, «Quest' improvviso tremito»

« Ce tremblement soudain / qui grandit dans mon sein / je ne sais si c’est espérance / je ne sais si c’est fureur. / Mais dans ses mouvements, / dans mon agitation extrême, / qu’il s’agisse d’espoir ou de colère / le traître peut trembler. »

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Nous sommes au début du deuxième acte. Cecilio connaît maintenant la situation dans laquelle est Giunia. Extrêmement en colère, presque fou, il exprime toute la haine qu’il ressent pour Lucio Silla et envisage même de le tuer. Cecilio chante alors ce qu’on appelle un « air de fureur ». La musique exprime les sentiments qu’il ressent.

Les violons jouent par exemple en tremolo : les instrumentistes frottent très rapidement leur archet sur les cordes afin d’imiter le tremblement dont il est question dans le texte. L’ambitus (l’écart entre la note la plus aiguë et la note la plus grave) du chanteur est par ailleurs extrêmement important, comme si Cecilio ne parvenait plus à se contrôler.

Arrives-tu à entendre d’autres éléments musicaux qui te font penser à la colère ?

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Le livret

Le livret est l’intégralité du texte d’un opéra. Les actes désignent les parties de l’histoire et se terminent souvent par un baisser de rideau ou un entracte. Il y en a trois dans l’opéra de Mozart. Les actes sont eux-mêmes divisés en scènes.

Les différentes parties chantées ont aussi chacune leurs noms. L’air (aria en italien) est une mélodie écrite pour les solistes. On le distingue du récitatif, où la musique est calquée sur la phrase parlée, donc avec une structure musicale beaucoup plus libre.

Le chœur désigne les parties musicales spécialement écrites pour un ensemble de chanteurs. Le chœur est réparti en quatre voix : soprano, alto, ténor et basse.

Métastase

Pietro Metastasio, connu sous le nom de Métastase (1698-1782), est le plus célèbre librettiste d’opera seria de son temps. Enfant déjà, il attirait l’attention de tous en improvisant des vers sur un sujet donné.

ÉPISODE 3 Mon nom est Silla. Lucio Silla.

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On dit qu’à 12 ans, il écrivit sa première tragédie dans le style de Sénèque. Et pourtant, il fut juriste avant de consacrer sa vie à l’écriture  ! Mais dès l’instant où il signa ses premiers livrets d’opéra, sa nouvelle carrière fut couronnée de succès : pendant près de 40 ans, les compositeurs les plus célèbres ont souhaité mettre ses vers en musique.

Le siècle des Lumières

Le XVIIIème siècle est appelé le siècle des Lumières. C’est une période de l’époque moderne caractérisée par un grand développement intellectuel et culturel en Europe et aux États-Unis. C’est un siècle de réflexion, de découvertes, d’inventions et aussi de révolutions (Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique et Révolution française).

Le rôle de philosophes tels que Diderot, Rousseau ou Voltaire est très important durant cette période  : ils luttent contre les préjugés (ce qu’on admet sans réfléchir) et les abus. Ils sont persuadés qu'une nouvelle organisation du monde, en accord avec la raison, permettra aux hommes de vivre dans le bonheur. Ils dénoncent donc dans l’organisation de la société de l’époque tout ce qui peut nuire à la liberté de la personne.

Les rôles travestis

On parle de rôle travesti au théâtre ou à l’opéra quand un rôle masculin est interprété par une femme (comme Cinna dans Lucio Silla) ou à l’inverse quand un rôle féminin est tenu par un homme (c’est le cas du rôle de Platée dans l’opéra de Jean-Philippe Rameau du même nom).

Le rôle du jeune page Chérubin dans Les Noces de Figaro, toujours chanté par une femme à la voix de soprano, est sans aucun doute le plus célèbre rôle travesti de l’œuvre de Mozart !

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Regarde ce portrait de Pierre Jélyotte, un chanteur dans le rôle de la nymphe Platée. On peut toujours le voir au Musée du Louvre.

Mithridate et La Clémence de Titus

Mithridate, roi du Pont est un opera seria de Mozart, composé en 1770. Même si Mozart n’a que 14 ans au moment de sa création à Milan, l’œuvre remporte un grand succès, qui lui valut une nouvelle commande : ce sera Lucio Silla !

L’opéra se déroule au nord de la Turquie. Mithridate, le souverain du royaume antique du Pont, et ses deux fils Farnace et Sifare sont tous les trois amoureux de la même princesse, Aspasia. Elle est promise à Mithridate, qui part combattre à Rome, mais elle aime secrètement Sifare, lui aussi très amoureux. Farnace, l’aîné, choisit de trahir son père et s’allie avec l’ennemi romain. À l’issue du combat, Mithridate, qui va mourir, pardonne à Farnace et bénit le mariage d’Aspasia avec Sipare.

La Clémence de Titus est un opera seria commandé à Mozart pour le couronnement de Léopold II comme roi de Bohême. Il le composa en un temps record, à la fin de sa vie. On y retrouve des thèmes qui lui sont chers, comme le pardon et la réconciliation.

Titus est empereur de Rome. Il aime Bérénice, mais est visé par un complot imaginé par l’ambitieuse Vitellia, qui veut l’épouser. Pour parvenir à ses fins, elle se sert de l’amour que lui voue Sextus, ami cher au cœur de Titus. Bienveillant et empreint de justice, l’empereur finira par pardonner à tous les conjurés.

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Les instruments historiques

Insula orchestra a une petite particularité : c’est un orchestre sur instruments anciens. Ceux que tu vas voir ne datent pas tous de l’époque de Mozart, mais ils sont fabriqués selon les méthodes d’alors. Une trompette ou un cor n’a pas toujours ressemblé à l’instrument qu’on a l’habitude de voir !

C’est la passionnante histoire de la musique : on modifie les instruments selon les besoins de la musique. En voici deux exemples.

Le piano-forte : C’est un instrument de musique à cordes frappées, avec clavier. C’est un intermédiaire entre le clavecin et le piano. On attribue son invention au facteur (c’est-à-dire au fabricant d’instruments d e m u s i q u e ) B a r t o l o m e o Cristofori (1655-1731).

Ce dernier cherchait à faire évoluer le clavecin en offrant la possibilité aux interprètes de varier l’intensité des sons selon la force exercée sur les touches de l’instrument. Cela devient possible avec son invention, dont le

ÉPISODE 4 Le Golem

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nom évoque ce changement : on peut désormais jouer piano (doucement) et forte (fort) grâce au piano-forte !

Les instruments à cordes : dans la famille des cordes, on trouve deux différences principales entre l’instrument ancien et l’instrument moderne. Le premier a des cordes faites en boyau séché (de mouton, principalement) et un archet convexe (dont la forme est tournée vers l’extérieur, comme un arc). Le second, lui, a des cordes en métal et un archet concave (plié vers l’intérieur).

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Le violon, par exemple, comprend de 83 à 85 pièces. En voici quelques unes…

1- volute2- chevillier3- chevilles4- sillet5- touche6- manche7- filet8- table9- arête (jointure des éclisses)10- chevalet 11- ouïes12- tendeur13- cordier14 - mentonnière15- bouton

Et l’archet, tout autant (ou presque !)

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Mais en fait, ça change quoi ? Cela change énormément le son ! Si on reprend l’exemple du violoncelle, le son d’un instrument moderne est plus puissant et maîtrisé. Les possibilités de jeu s’élargissent, notamment pour le vibrato (pour faire « vibrer » la note et en changer la hauteur). On a souvent l’impression qu’un instrument moderne joue plus fort car il vibre plus. Le son d’un instrument ancien, lui, a plus de caractère. C’est ce qu’on appelle, en musique, la couleur.

Mais surtout, c’est un rapport différent à la partition : on redécouvre les nuances demandées par le compositeur il y a plus de 300 ans ! En effet, pour s’adapter aux nouveaux instruments, on avait légèrement modifié les partitions dans leur édition moderne. Également, on change la taille des orchestres avec, souvent, moins d’instruments par famille.

La musique et les notes restent, bien sûr, les mêmes. Mais c’est un peu comme une pièce de théâtre écrite par Molière (1622-1673) : la langue n’était pas tout à fait la même à son époque. Son écriture et surtout sa prononciation étaient différentes. S’il allait aujourd’hui à la Comédie-Française, il serait sans doute surpris de la manière avec laquelle on récite ses pièces, et qui pourtant nous paraît complètement naturelle ! C’est la même chose en musique.

Le metteur en scène

Rita Cosentino est la metteuse en scène de Lucio Silla. Elle est responsable de tout ce qui se passe sur scène : elle dirige une équipe en charge de la conception et réalisation des décors, des costumes, des lumières, et elle dirige les interprètes, qui doivent être aussi bons acteurs que chanteurs sur scène.

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Air de Giunia, «Fuor di questeurne dolenti »

« Chœur : « Hors de ces tombes dolentes, / Ô âmes vénérées, sortez, et vengez avec colère / la liberté romaine.

Giunia : Ô ombre bien-aimée de mon père / si tu erres autour de moi / que mes pleurs et mes soupirs / émeuvent ta pitié.

Chœur : Que le superbe qui enchaîne / Rome au Capitole / soit aujourd’hui renversé de son trône / et serve d’exemple à l’avenir.

Giunia : Ô père, si, ta vie durant, l’impie Silla / fut l’objet de ta haine, / parce que Giunia est ta fille, parce que / le sang romain coule dans ses veines, la voici qui vient suppliante sur ta tombe. / Et toi, ombre adorée, / de mon amour perdu, vole au secours / de ta fidèle épouse. Loin de toi, / elle hait l’air funeste /de cette amère vie. »

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Giunia est dans un cimetière. Elle est venue se recueillir sur la tombe de son père Marius, victime de Lucio Silla. Dans cette grande scène, Mozart alterne des sections confiées à l’ensemble du chœur et à la soliste, Giunia. Écoute comment l’accompagnement de l’orchestre change lorsque Giunia chante seule !

Reconnais-tu les instruments à vent qui ponctuent sa mélodie ? Les plus aigus sont les hautbois, les plus graves sont les bassons. Les instruments à cordes jouent quant à eux de manière extrêmement douce (piano).

Don Juan (Don Giovanni)

Mozart a composé son opéra Don Juan en 1787. Cette œuvre raconte l’histoire d’un incorrigible séducteur, Don Juan. Dès la première scène de l’œuvre, ce dernier assassine le Commandeur, personnage à la voix de basse venu le provoquer en duel afin de le stopper. Cela ne l’arrêtera pas pour autant  : Don Juan ne sera puni qu’à la toute fin de l’œuvre, par la statue du Commandeur. Cette apparition surnaturelle demande à Don Juan de se repentir. Il refuse et est alors immédiatement englouti par les flammes de l’enfer.

La mort à l’époque de Mozart

Jusqu'aux grandes inventions médicales du XXème siècle, la mortalité reste écrasante : maladies banales qu'on ne sait pas soigner, épidémies, accidents, accouchements... La mère de Mozart, par exemple, a mis sept enfants au monde dont seulement deux ont survécu — Mozart et sa sœur aînée Nannerl. Mozart et son épouse en ont eu six, dont quatre sont morts à la naissance ou en très bas âge.

Cette proximité de la mort justifie que les cimetières soient en ville, autour des églises, temples ou synagogues : ainsi les morts semblaient rester tous

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proches des vivants. L'empereur d'Autriche Joseph II, au service duquel composait Mozart, les fit établir en périphérie des villes et prit des dispositions pour que l'on n'utilise plus de cercueils afin d'économiser le bois. D'où le mythe d'une fosse commune pour Mozart qui a, en réalité, été enterré selon toutes les conventions propres à son rang social : au cimetière Saint-Marx, éloigné du centre de Vienne et dans un tombeau communautaire.

Le mythe du Golem

Le vieux cimetière juif de Prague est celui qui jouxte la synagogue Vieille-Nouvelle. Il est hérissé de tombes dans un désordre stupéfiant, qui vous chamboule autant qu'il est chamboulé. En 1787, l'empereur Joseph II estime qu'il ne faut plus ajouter de tombe. Mozart, qui se rend à Prague cette année-là pour la première fois de sa vie, l'a donc connu comme nous pouvons le voir aujourd'hui.

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Parmi les tombes se trouve celle du Rabbi Loew. La légende raconte qu'il fabriqua une espèce de robot dans la glaise au XIVème siècle : le Golem, auquel il donna même le pouvoir de la parole en lui glissant un phylactère (une sorte de parchemin) dans la bouche.

Doté d'une force surhumaine, le Golem protégeait la ville juive en imposant le respect et se rendait utile par sa capacité à assumer de lourds travaux. Les enfants et la population l'adoraient. Mais sa mécanique s'enraya et ses actions devinrent dangereuses. Le Rabbi perdit son autorité sur lui et dut se résoudre à le mettre hors d'usage en ôtant le phylactère.

La légende dit que, depuis, la dépouille du Golem repose toujours dans le grenier de la synagogue Vieille-Nouvelle et qu'il est interdit de s'en approcher. Un journaliste aurait bravé l'injonction au début du XXème siècle et ne serait jamais redescendu du grenier. On raconte encore que le Golem s'en échappe à la veille de chaque grande catastrophe pour prévenir les habitants du ghetto.

Herculanum

Mozart et son père visitent Herculanum et Pompéi en juin 1770. Ces deux célèbres sites antiques romains ont été enfouis sous les cendres après l’éruption du Vésuve en 79 de notre ère.

Il semble que Wolfgang, qui a alors 14 ans, ait ressenti un très vif intérêt pour ces lieux. Leopold Mozart rapporte dans une lettre à sa femme le 16 juin 1770 : « Pour voir ces curiosités, il faut toujours avoir un flambeau car un grand nombre se trouve sous terre. Wolfgang et moi étions seuls avec notre domestique, six marins et le cicerone [le guide], qui n'ont pas pu cacher leur étonnement de voir Wolfgang. Les deux vieux marins à la barbe blanche ont affirmé n'avoir jamais vu en ces lieux un si jeune garçon venu visiter les antiquités. »

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La solennité des lieux qui donnent à découvrir le quotidien de ces villes dont la vie s'est arrêtée subitement, la manière dont on les visitait à l'époque dans une pénombre qui devait laisser beaucoup de questions sans réponse... Tout cela laisse à imaginer l'impression forte ressentie par l'adolescent qui habitait justement au pied du Vésuve durant ce séjour.

La nécropole des Habsbourg

La Nécropole des Habsbourg, dite Crypte des Capucins, fut construite sous la simple église des Capucins au début du XVIIème siècle pour accueillir les dépouilles de la famille impériale d'Autriche. Agrandie en plusieurs fois, elle compte aujourd'hui 149 tombes dont celles de 12 empereurs et 19 impératrices. Elle est particulièrement impressionnante avec ses tombeaux et sarcophages très ouvragés et décorés, chargés de représentations symboliques où cohabitent crânes coiffés de couronnes opulentes, ossements, angelots joufflus sonnant de la trompette...

La cérémonie des funérailles d’un membres de la famille impériale comporte aujourd'hui encore le passage de l'admission comme Mozart et son librettiste Schikaneder le décrivent dans La Flûte enchantée, lorsque Tamino se présente à l'entrée du temple : c'est au simple mortel que l'accès est donné, dépourvu de ses titres et attributs.

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L’enfermement

La question de l'enfermement est récurrente dans les opéras de Mozart. Si Giunia et Cecilio sont les premiers de ses personnages à être détenus par un pouvoir injuste, ils sont suivis de Zaïde, Gomatz et leur père dans l'opéra inachevé Zaïde (1779), Ilia dans Idomenée (1780), Konstanze et

Bondchen dans L'Enlèvement au sérail (1782), Sesto dans La Clémence de Titus (1791), Pamina dans La Flûte enchantée (1791). En outre, les personnages qui viennent les délivrer sont souvent faits prisonniers à leur tour : Belmonte et Pedrillo dans L'Enlèvement au sérail, Tamino et Papageno dans La Flûte enchantée.

Le désespoir des prisonniers s'exprime dans la tradition des « airs de douleur » (arie di dolore en italien). Gomatz, anéanti par le manque de sommeil et la fatigue due aux travaux forcés, ne parvient même plus à chanter et intervient en mélodrame : il parle, accompagné par l'orchestre.

Cette thématique n'est pas sans influence sur Beethoven lorsqu'il choisit de mettre en musique le livret de Fidelio (dont trois versions seront

ÉPISODE 5 Évadons-nous !

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composées, en 1805, 1806 et 1814), dans lequel Leonore délivre son mari Florestan, prisonnier politique.

On peut, par ailleurs, imaginer que Mozart s'est lui-même senti prisonnier de sa ville natale, Salzbourg, et de son patron, l'archevêque Colloredo, qui avait de grandes exigences musicales envers lui et lui a refusé des congés plusieurs fois, avant que Mozart ne se révolte et ne se décide à une rupture définitive.

Comment est répété un opéra ?

Pour travailler ensemble, il faut s’organiser ! Les plannings de répétitions sont prévus très longtemps à l’avance.

Chaque artiste reçoit sa partition chez lui très à l’avance, pour la travailler de son côté. Quelques semaines avant la première, les solistes répètent avec le metteur en scène. C’est eux qui ont le plus de choses à mémoriser : la musique, le jeu de scène… Ils répètent avec un continuo, c’est-à-dire un petit groupe d’instruments qui suffit à travailler leur voix.

Un peu plus tard, le chœur se prépare avec un chef de chœur. Ils répètent d’abord de leur côté, avec un piano (ce sont les musicales piano), puis sur scène avec le chef d’orchestre (les scéniques piano). Le temps nécessaire dépend de la quantité de musique écrite pour le chœur et des choix du metteur en scène.

Quelques jours avant le spectacle, l’orchestre commence à répéter avec le chef d’orchestre. Puis c’est l’italienne, c’est-à-dire la première répétition avec tous les artistes réunis (orchestre, chœur et solistes). La prégénérale est un premier filage : on joue le spectacle sans s’arrêter, puis on retravaille les passages qui ne sont pas encore prêts. La générale, elle, est la dernière répétition avant la première : tout le monde est maintenant prêt !

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Zaïde et L’Enlèvement au sérail

Le singspiel est un genre musical et dramatique dont la principale caractéristique est l’alternance de dialogues parlés et morceaux chantés. On y parle, et on y chante !

En 1780, Mozart compose un «  opéra turc  ». Il ne terminera pas cette œuvre mais en reprend le thème deux ans plus tard, de manière plus légère. Ce sera L’Enlèvement au Sérail.

Dans une Turquie imaginaire, un jeune seigneur, Belmonte, cherche sa fiancée, Constance, capturée par des pirates et vendue au Pacha Selim. Blonde, la servante de Constance, et son amant Pedrillo, au service de Belmonte, ont subi le même sort. Les voilà soumis au bon vouloir du cruel Osmin, gardien du sérail. Belmonte et Pedrillo projettent d’enlever Constance pour la délivrer. Celle-ci, pour échapper au Pacha Selim qui veut gagner le cœur de sa belle captive, n’a qu’une idée en tête : mourir.

Après avoir déjoué la méfiance d’Osmin, au moment de prendre la fuite, les deux couples d’amants sont rattrapés et promis à une mort certaine, quand, coup de théâtre, le généreux Selim, décide de leur accorder son pardon et la liberté.

La Flûte enchantée

La Flûte enchantée est le dernier opéra de Mozart. Il l’a composé en 1791, peu de temps avant le Requiem.

L’histoire est celle d’un jeune prince appelé Tamino, amoureux d’une princesse dont il n’a vu que le portrait, Pamina. Celle-ci est prisonnière du grand prêtre Sarastro (qui a une voix très grave de basse), qui n’est pourtant pas un personnage méchant  : il est prêt à libérer Pamina et la laisser se marier avec celui qui sera digne d’elle. Aidé par sa flûte magique, Tamino affronte donc une série d’épreuves, qu’il réussira, bien sûr !

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Air de Giunia, « Fra i pensier»

« Parmi les plus funestes pensées de mort, / il me semble voir mon époux exsangue / qui, d'une main glacée, me montre / sa blessure ensanglantée, fumante / et me dit : que tardes-tu à mourir ?

Déjà je chancelle, je défaille, déjà je meurs ; ombre fidèle, je m'empresse de suivre l'époux défunt que j'adore. »

La fin de l’opéra approche, Giunia est prête à mourir. Au début de cet air, on ressent sa résignation. Elle est décidée, et le rythme répétitif des violons et des altos semblent nous dire que rien ne pourra l’arrêter.

Étrangement, la musique est calme, l’orchestre joue piano : comme si Giunia attendait sereinement son destin. Rien à voir avec l’air de fureur de Cecilio ! Mais dans la seconde partie, à partir du moment où Giunia « chancelle », la musique change complètement. À quoi peut-elle bien penser ? Selon toi, qu’exprime ce changement dans la musique ?

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Chœur final

« Chœur : Le grand Silla, au milieu de Rome / qui respire et se réjouit grâce à lui / passe aujourd'hui / toute gloire, tout éloge.

Giulia et Cecilio : Grâce à lui seul l'amer destin / s'est fait pour moi bonheur.

Cinna et Silla : Et la liberté latine / foule ses chaînes au pied.

Tous : Et triomphent d'un vil amour / la vertu et la pitié.

Silla : Quel triomphe égalerait / de vaincre son propre cœur ?

Chœur : Si, grâce à Silla, au Capitole / Rome, heureuse, exulte / c'est qu'elle passe aujourd'hui / toute gloire, tout éloge. »

Pour la scène finale, tout le monde est réuni sur scène. C’est un chœur joyeux qui vise à célébrer la clémence de Silla.

Les sections confiées au chœur alternent avec celles où les solistes chantent. Remarques-tu à quel point le style musical est différent d’une section à l’autre ? La musique confiée au chœur a un caractère dansant et

ÉPISODE 6 Comme le disait Sénèque

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festif, et donne vraiment envie d’aller rejoindre les chanteurs sur scène. Elle ressemble même à un refrain : on reconnaît la musique à chaque fois que le chœur chante, et on finit par la fredonner. Essaie de la mémoriser et de chanter avec l’enregistrement !

Le chœur

Le chœur, comme l’orchestre, est constitué de « familles » de voix, ou « pupitres ». Il y en a quatre, de la plus aiguë à la plus grave : soprano, alto, ténor, basse.

Les deux premiers pupitres sont souvent constitués de femmes, mais pas toujours : certains hommes, même après leur mue, gardent une voix suffisamment aiguë pour chanter ces parties. Ce sont les haute-contres. Chez les ténors et les basses, en revanche, il n’y a généralement que des hommes.

Le travail du chœur est important : ce sont 40 personnes environ qui doivent chanter avec la même énergie, la même articulation et la même intonation pour créer un seul et même groupe homogène. Cela exige beaucoup d’écoute et d’attention.

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Sénèque

Sénèque est un philosophe latin né quatre ans avant Jésus-Christ (en - 4 donc), et mort en l’an 65. Sa réflexion porte essentiellement sur la sagesse, le bonheur, et la vie heureuse. À la fin de sa vie, il écrit un ouvrage sur la clémence (De clementia en latin), ce sentiment de générosité qui tend à épargner les coupables ou à atténuer les peines encourues.

L’apport de «Lucio Silla»

L’opera seria était un genre très codifié. Pour s’exprimer en musique, le compositeur disposait d’un certain nombre de « moules », dans lesquels il glissait sa musique. Pour les chanteurs par exemple, le moule s’appelait aria (« air » en italien). Chaque compositeur pouvait bien sûr y mettre la musique qu’il souhaitait. Comme en cuisine finalement : si tous les gâteaux que l’on peut fabriquer dans un même plat ont la même forme, ils n’ont pas pour autant tous le même goût !

Dans Lucio Silla, les moules que Mozart avait à sa disposition ne lui suffisent plus. Il essaie tellement d’exprimer les sentiments que ressentent les acteurs que le moule est bien trop petit ! Il donne aux instruments de l’orchestre et au chœur une telle importance, que tout déborde. Il faut en inventer d’autres ! Et c’est précisément ce que Mozart ose faire, alors qu’il n’a que 16 ans.

Les spectateurs ont été surpris, voire déroutés par tant d’audace. Et c’est sans doute pour cela que Lucio Silla n’a pas remporté le succès que Mozart espérait : il n’a pas donné aux spectateurs de l’époque ce qu’ils espéraient écouter. Mais grâce à cette première initiative, une nouvelle aventure de l’opéra allait commencer !

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Le pardon

La majorité des livrets des opéras de Mozart repose sur la notion de pardon, de clémence ou de tolérance. Si la thématique est fondamentale dans l'opera seria dont les livrets se réfèrent à l’ouvrage de Sénèque, elle n'est en rien propre aux autres types d'opéras. Cette récurrence est donc propre à Mozart.

Dans ses opera seria, c'est toujours le rôle titre qui accorde son pardon : Mithridate pardonne ses fils (1770), Lucio Silla pardonne Giunia et Cecilio (1772), Idomenée pardonne Idamante (1780), Titus pardonne Sextus (1791), même si dans certains cas, ce pardon est forcé et ambigu, pour Lucio Silla et Idoménée particulièrement.

Dans L'Enlèvement au sérail, Konstanze et Blondchen pardonnent Belmonte et Pedrillo d'avoir douté de leur fidélité. Le Pacha, lui, renonce à se venger du mal qui lui a été fait, pardonne et libère les prisonniers.

Dans Les Noces de Figaro, la Comtesse pardonne ses infidélités au Comte et dans Così fan tutte, les quatre jeunes gens se pardonnent mutuellement la mise en doute de leur fidélité. Ils optent ainsi pour la tolérance et l'acceptation de leurs propres failles et de celles des autres.

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Le monarque éclairé

Un monarque éclairé est un souverain qui applique dans son État une partie des réformes religieuses, économiques et sociales inspirées des idées des philosophes du siècle des Lumières.

On peut en citer deux à l’époque de Mozart. Frédéric II de Prusse (1740-1786), qui était un ami de Voltaire, a par exemple aboli la torture et décidé d’accorder la liberté religieuse à ses sujets. Joseph II (1780-1790), archiduc d'Autriche et roi de Hongrie, a beaucoup admiré Frédéric II. Il a supprimé le servage, proclamé l'égalité devant l'impôt, et il a accordé la liberté de la presse et la tolérance religieuse.

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Constanze Weber

Constanze Weber (1762-1842), aussi appelée Constanze Mozart, a été la femme de Mozart. Elle vient d’une famille d’excellents musiciens. Sa sœur, Aloysia, dont le compositeur fut longtemps amoureux, a notamment été la première interprète de nombreux personnages des opéras de Mozart.

Après la mort de son mari, Constanze montre un grand sens des affaires pour gérer cet héritage : elle fait notamment éditer la partition du Requiem, terminée à sa demande et en secret par un élève de Mozart, Süssmayer.

Mais qui est Bérénice ?

Notre ami Lorenzo a passé plusieurs épisodes à convaincre la jeune Bérénice de son amour sincère. Pour découvrir cette aventure rocambolesque, tu peux retrouver la précédente web-série d’Insula orchestra, Orfeo ed Euridice ou Lorenzo et Bérénice.

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Pour les plus grands

Florence Badol-Bertrand, Mozart ou la vie, Séguier Editions, 2006.

Bertrand Dermoncourt, (dir.), Dictionnaire Mozart, Robert Lafon, 2005.

Jean et Brigitte Massin, Wolfgang Amadeus Mozart, Fayard, 1990.

H.C. Robbins Landon, 1791, la dernière année de Mozart, Fayard, 2005.

Wolfgang A. Mozart, Correspondance complète, Flammarion, 2011.

Alain Perroux, L’Opéra, mode d’emploi, Premières Loges, 2000.

Pour les enfants

Musique classique pour les enfants, Frédéric Chopin, Wolfgang Amadeus Mozart, Gabriel Fauré, Alfred Brendel, Philips, 2011, Vol. 2 (CD).

Mozart pour les enfants, Herbert von Karajan, Aldo Ciccolini, Andrei Gavrilov, Emi classics, 2006 (CD album).

Mozart raconté aux enfants, Texte dit par Gérard Philippe, Le Petit Ménestrel, 2003 (CD album).

Wolfgang Amadeus Mozart, Gallimard jeunesse, 1998 (CD album).

POUR ALLER PLUS LOIN…

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Fondé en 2012 par Laurence Equilbey grâce au soutien du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, Insula orchestra inaugure au printemps 2017 La Seine Musicale, réalisée par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines. L’orchestre est en charge d’une partie de la programmation de l’Auditorium de 1 100 places. Insula orchestra rayonne également en France et à l’international, dans de grands lieux et festivals prestigieux. Un projet complet et innovant d’actions culturelles et pédagogiques est développé sur l’ensemble du territoire des Hauts-de-Seine.

Le projet artistique d’Insula orchestra est construit autour d’un répertoire, allant principalement du classicisme au romantisme, avec des programmes aussi bien symphoniques qu'avec chœur et solistes ou lyriques. L’orchestre joue sur instruments d’époque, avec un travail sonore adapté aux grandes salles.

Il revisite également les formats et les codes de la musique classique pour aller à la conquête de tous les publics, en proposant par ailleurs autour de chaque programme une constellation de nouvelles formes numériques, artistiques ou pédagogiques. Ces clips et web-séries entrent en résonance avec notre époque et enrichissent les projets artistiques.

www.insulaorchestra.fr

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Le département supérieur pour jeunes chanteurs | CRR de Paris

Le département supérieur pour jeunes chanteurs | CRR de Paris assure au Conservatoire à rayonnement régional de Paris (direction Xavier Delette) la formation de 50 étudiants. Au terme de leur cursus, les étudiants peuvent prétendre au Diplôme national supérieur professionnel de musicien à valeur européenne, parcours commun avec une Licence Paris-Sorbonne. Ce département a été fondé par Laurence Equilbey, qui en assure avec Florence Guignolet la direction artistique et pédagogique.

Des masterclasses sont organisées par le département, permettant aux étudiants de compléter leur formation auprès de professeurs renommés et de grands interprètes.

Au sein du département, le jeune chœur de paris est un chœur de chambre qui a été sous la direction musicale de Laurence Equilbey et Geoffroy Jourdain entre 2002 et 2010, puis sous celle d'Olivier Bardot et d'Henri Chalet, ce dernier assurant désormais cette fonction. Le choeur participe activement à la création contemporaine.

Il collabore avec l'Orchestre de chambre de Paris, l’Ensemble intercontemporain, l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris, l’Orchestre de Paris, le Freiburger Barockorchester, Insula orchestra, l’Orchestre du Festival de Budapest et l’Orchestre des Champs-Elysées. Il a été dirigé par Pierre Boulez, Susanna Mälkki, René Jacobs, Ivan Fischer et Philippe Herreweghe et s’est notamment produit au Festival Suresnes Cités Danse dans une création du chorégraphe José Montalvo.

En 2008, le jeune choeur de paris a reçu le prix Liliane Bettencourt.

crr.paris.fr

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Chef d’orchestre, directrice musicale d’Insula orchestra et d’accentus qu’elle a créés, Laurence Equilbey est reconnue pour son exigence et son ouverture artistique.

Avec le soutien du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, elle fonde en 2012 Insula orchestra, un ensemble sur instruments d’époque consacrée au répertoire classique et pré-romantique.

Sur les scènes lyriques, Laurence Equilbey a dirigé récemment les opéras Lucio Silla (Theater an der Wien), Ciboulette de Reynaldo Hahn (Opéra Comique), Albert Herring de Britten (Opéra de Rouen Normandie et Opéra Comique) et Der Freischütz de Weber (Opéra de Toulon) et le ballet Sous apparence de Marie-Agnès Gillot (Opéra de Paris). Elle est artiste associée au Grand Théâtre de Provence et en compagnonnage avec la Philharmonie de Paris.

Laurence Equilbey continue d’exprimer le grand répertoire de la musique vocale avec accentus. Leurs nombreux enregistrements sont largement salués par la critique. Cette saison, elle enregistre deux disques avec Insula orchestra pour Warner-Erato : « Mozart solennel » avec accentus et Sandrine Piau, et les lieder avec orchestre de Schubert avec Wiebke Lehmkuhl et Stanislas de Barbeyrac.

Laurence Equilbey est très investie dans la création contemporaine. Elle est directrice artistique et pédagogique du Département supérieur pour jeunes chanteurs | CRR de Paris. Laurence Equilbey a étudié la musique à Paris, Vienne et Londres, notamment auprès des chefs Eric Ericson, Denise Ham, Colin Metters et Jorma Panula.

www.laurenceequilbey.com

Insula orchestra est soutenu par le Conseil départemental des Hauts-de-Seine et est en résidence à La Seine Musicale.

Avec le soutien du Fonds SACD Web Séries

Materne soutient les actions culturelles et pédagogiques d’Insula orchestra.

La chaise du Premier violon a été acquise pour deux saisons par Monsieur Eric Lombard, dans le cadre du Chair Sponsorship. Le lancement d'accio, le cercle des amis d’accentus et d’Insula orchestra, et des Partenaires Fondateurs d’Insula Seguin entend poursuivre et amplifier l’engagement d’individuels et d’entreprises auprès des actions artistiques initiées par Laurence Equilbey. Trois Partenaires Fondateurs ont à ce jour rejoint l’aventure!: W, Meludia et Michelin. Insula orchestra est membre de la FEVIS et de la SPPF.

Exemplaire gratuit

Alors qu’il vient de tenir tête à son professeur, Lorenzo fait appel à Laurence Equilbey pour s e t i r e r d ’ u n e s i t u a t i o n délicate… Découvre avec Lorenzo et Insula orchestra les secrets de « Lucio Silla », l’opéra de jeunesse de Mozart !

Lucio Silla

9 782955 051948

ISBN 978-2-9550519-4-8


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