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SALANOVA L., SOHN M. (2007) – « Mobilier funéraire et modes de différentiation des morts à la...

Date post: 23-Feb-2023
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Tous droits réservésISBN 978-2-915552-57-7ISSN 1768-1936

Collection Art, Archéologie & Patrimoine

Derniers ouvrages parus

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Éditions Universitaires de [email protected]://www.u-bourgogne.fr/EUD

Pratiques funéraires et sociétés

Nouvelles approches en archéologie et en anthropologie sociale

Sous la direction de Luc Baray, Patrice Brun et Alain Testart

Actes du colloque interdisciplinaire de Sens12-14 juin 2003

Éditions Universitaires de Dijoncollection Art, Archéologie & Patrimoine

Dijon, 2007

Ouvrage publié avec le soutien du Conseil Régional de Bourgogneet du Centre de Recherche et d’Etude du Patrimoine-Musées de Sens

Si, malgré nos efforts, nous n’avions pas réussi à joindre tous les auteurs ou ayants droit des illustrations reproduites dans ce livre,nous les prions d’accepter nos excuses et de se mettre en rapport avec les Éditions Universitaires de Dijon.

Pratiques funéraires et sociétés [Texte imprimé] : nouvelles approches en archéologie et en anthropologiesociale : actes du colloque interdisciplinaire de Sens, 12-14 juin 2003 / sous la direction de Luc Baray,Patrice Brun et Alain Testart. — Dijon : Éd. universitaires de Dijon, 2007 (58-Clamecy : Impr. Laballery). —1 vol. (419 p.-[16] p. de pl.) : ill. en noir et en coul., cartes, fig., couv. ill. ; 25 cm. — (Collection Art,archéologie & patrimoine, ISSN 1768-1936).

Les actes de ce colloque mettent un point final au séminaire qui a été tenu de 2001 à 2003 au Laboratoired’anthropologie sociale du Collège de France.

Bibliogr. en fin de communications.ISBN 978-2-915552-57-7 (br.) : 32 EUR

Auteurs :Baray, Luc. Dir.Brun, Patrice. Dir.Testart, Alain. Dir.

Sujet (RAMEAU) :Funérailles -- Rites et cérémonies -- Histoire -- Congrès

Indice Dewey :393.109 3

Pour citer cet ouvrage dans une bibliographie (norme Z44-005 – ISO 690) :

BARAY, Luc, BRUN, Patrice, TESTART, Alain (dirs.). Pratiques funéraires et sociétés : nouvelles approches en archéologieet en anthropologie sociale : actes du colloque interdisciplinaire de Sens, 12-14 juin 2003. Dijon : Éd. universitaires deDijon, 2007. Art, archéologie & patrimoine. 419 p. ISBN 978-2-915552-57-7

En tout premier lieu, nous tenons à remercier Marie-Louise Fort, Maire de Sens,Président de la Communauté de communes du Sénonais et Conseiller régional deBourgogne, pour tout l’intérêt qu’elle porta à ce colloque. Nos plus sincères remerciementségalement à Bernard Éthuin-Coffinet, Maire-adjoint chargé des affaires culturelles et dupatrimoine, à Lydwine Saulnier-Pernuit, Conservateur en chef des Musées de Sens, et àBernard Brousse, Président de la Société archéologique de Sens, pour leur attachementau développement de la recherche archéologique et leur engagement à la réalisation decette manifestation. Nos plus vifs remerciements à l’ensemble des membres du personnel duCEREP-Musées de Sens pour leur accueil et leur enthousiasme, et tout particulièrementà Virginie Garret, Monique de Cargouët, Sylvie Ballester-Radet, Suzie Joyeau etAurélie Panchau-Amzil, sans qui une part importante du travail en amont n’aurait pu sefaire. Une mention particulière cependant à Virginie Garret qui s’est occupée, avec l’und’entre nous, du secrétariat d’édition. Ce travail long et souvent fastidieux de mise auxnormes et de correction a été réalisé grâce à son dévouement et à son grandprofessionnalisme.

Nous tenons également à remercier les Éditions Universitaires de Dijon qui ont accueillice volume dans la collection « Art, Archéologie & Patrimoine ».

Remerciements

Les actes de ce colloque mettent un point final au séminaire qui a été tenu de2001 à 2003, au Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France1.L’idée initiale du séminaire fut de mettre en commun les données et lesapproches respectives des ethnologues et des archéologues, afin de mieuxcomprendre la signification sociale des pratiques funéraires. Au-delà, il étaitquestion d’élaborer, selon cette double grille de lecture, une base de donnéesinformatisée des pratiques funéraires documentées par les deux disciplines. Ils’agissait d’offrir aux chercheurs un outil de comparaison systématique etraisonné leur évitant une pêche aléatoire de comparaisons souvent malcomprises.Cette collaboration interdisciplinaire n’a, de fait, pas exactement suivi cetteorientation. La part de l’ethnologie a été seulement tenue par A. Testart etV. Lécrivain ; part primordiale pourtant, puisqu’il était l’auteur initial du projetet l’animateur principal du séminaire. Ce séminaire est ainsi devenu un lieu oùdes archéologues, spécialistes de divers champs chronologiques, géographiquesou thématiques, venaient se livrer à une interrogation renouvelée de leurcorpus ; une réflexion suscitée par des questions différentes, partant, non plusdes observations de fouilles et de leurs présupposés habituels, mais d’exemplesethnographiques mis en perspective par un des trop rares ethnologuesfranchissant les limites des microspécialités.L’archéologue doit toutefois se garder de toute tentation condescendante : diversesréactions au séminaire, comme au projet de recherche fondé sur la constitutiond’une importante base de données montrent que l’on ne franchit pas impunémentles frontières des microterritoires académiques. Des stratégies sociales, des stratégiesde pouvoir sont à l’œuvre partout et pas seulement dans les pratiques funéraires.À côté de ces difficultés tellement instructives, il convient de souligner les pointsplus directement positifs : l’enrichissement du bagage de connaissances, lameilleure évaluation induite de l’importance et de la représentativité du corpushabituel de chacun, l’identification plus précise des lacunes et, par conséquent,des vérifications auxquelles procéder.

Avant-propos

Nous sommes probablement allés au bout de ce qui était possible avec lesmoyens d’un séminaire. Les actes de ce colloque de clôture permettent d’enmesurer les acquis. Nous sommes d’ores et déjà convaincus qu’ils marquerontun tournant pour le milieu archéologique français. S’interroger sur lessignifications, en particulier sociales, des pratiques funéraires n’est pas chosecourante en France et les réflexions conduites à l’étranger y restent, sommetoute, mal connues, hormis pour la Grèce où les travaux de I. Morris ont eu unécho très fort. Sur l’agenda de l’archéologie funéraire, il conviendra désormaisd’ajouter aux protocoles d’enregistrement des tombes et aux réflexions sur lataphonomie, des propositions sur les motivations sociales de ces pratiques. Il estclair que cette démarche exige du chercheur un changement de point de vue etde focale et l’intégration des données non funéraires.

C’est ce type d’approche transversale que nous avons institué au sein de l’UMRArScAn de Nanterre et de l’UMR 5594 de Dijon, raison pour laquelle leséminaire et ce colloque ont été placés sous l’égide des thèmes transversaux deces équipes, en collaboration avec le Laboratoire d’Anthropologie Sociale duCollège de France. Ces collaborations et ces décloisonnements ne se réalisent passans difficultés, mais ils s’avèrent indispensables à tout renouvellementconceptuel.

Luc BARAY, Patrice BRUN, Alain TESTART

NOTES

1. Ce séminaire intitulé « Pratiques funéraires et sociétés. Archéologie et anthropologiesociale) a respectivement été organisé par Alain Testart et Patrice Brun (2000-2001), AlainTestart, Luc Baray et Laurence Manolakakis (2001-2002), Alain Testart, Luc Baray etLaurence Manolakakis (2002-2003).

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Mots-clés : Sépulture collective, Campaniforme, Cordé, mobilier funéraire, statutdes défunts.

En Europe occidentale, la fin du Néolithique (3400-2100 avant J.-C.) estdominée par une pratique funéraire spécifique : l’inhumation collective, c’est-à-dire le dépôt successif de cadavres dans un même monument. Les caveaux, auplan stéréotypé, connaissent une longue durée d’utilisation qui couvrequelquefois tout le millénaire. Plusieurs centaines de défunts peuvent y êtredéposés, rangés et remaniés au fil du temps. C’est dans ce qui peut ressembler,pour l’œil non-initié, à un amas d’ossements disloqués que nous cherchons àcomprendre le statut de chaque inhumé, sa place dans la tombe mais égalementdans les sociétés de la fin du Néolithique.On a quelquefois suggéré que les sépultures collectives reflétaient un modefunéraire égalitaire, car le mort est noyé sous un tas de cadavres dans lequell’individu disparaît. En fait, l’étude du mobilier et de sa répartition dans la tombemontre qu’il n’en est rien. Il y a bien des différences de statuts au sein des dépôts.Le statut des morts est marqué à l’aide de symboles matériels qui tendent às’uniformiser en Europe au cours du IIIe millénaire avant J.-C. : gobelet ornéd’impressions à la cordelette et « hache de combat » perforée dans le complexecordé1, gobelet richement décoré et équipement d’archer dans le complexecampaniforme2. L’apparition de ces objets est parallèle à une individualisationdes dépôts funéraires. Par conséquent, elle est généralement conçue comme unerupture, surtout dans le cas du Campaniforme qui marque le retour de lasépulture individuelle en Europe occidentale. L’une de nous a récemmentmontré que l’individualisation des dépôts funéraires est progressive et s’opère ausein même des sépultures collectives dès le début du IIIe millénaire avant J.-C.(Sohn, 2002a). L’autre a tenté de comprendre le statut des objets campaniformesen contexte funéraire et leur impact dans les sociétés de la deuxième moitié duIIIe millénaire avant J.-C. (Salanova, 1998 ; 2000 ; 2003a et b). Ces deux étudescomplémentaires permettent d’esquisser une histoire du mobilier funéraire et desmodes de différenciation des morts à la fin du Néolithique.

Mobilier funéraire et modes dedifférenciation des morts à la fin duNéolithique en Europe occidentale

Les prémices de l’inhumation collective (3400-2500 avant J.-C.)Un caveau collectif construit par et pour la communauté ?

Dans une grande partie de l’Europe occidentale, de l’ouest de la Pologne à lafaçade atlantique de la France, en passant par la Scandinavie et la Péninsuleibérique, l’inhumation en sépulture collective est pratiquée couramment dès ladeuxième moitié du IVe millénaire avant J.-C. Que les tombes se présentent sousla forme d’allées sépulcrales, d’hypogées ou de simples fosses sans aménagement,les pratiques funéraires qui se sont déroulées en leur sein montrent des constanteset des similitudes que la variabilité régionale ne contrarie pas. Malgré l’étatlacunaire de la documentation et la difficile lisibilité de ces structures, qui ne sontpas des ensembles clos, des études récentes permettent de mieux comprendre lasuccession des gestes dans les modes de dépôt des défunts et du mobilier funéraire.Cette succession d’événements ne peut être appréhendée indépendamment del’agencement interne du monument lui-même et de la fonction des espaces(Leclerc, 1997). En effet, les sépultures collectives se composent de deux espacesprincipaux dont la séparation à l’intérieur du monument est plus ou moinsmatérialisée : la chambre funéraire, dans laquelle sont déposés les morts etl’antichambre, dont la vocation n’est pas proprement sépulcrale.La chambre funéraire a reçu essentiellement les inhumations primaires d’unepopulation sélectionnée. Les corps ont été généralement déposés à l’état frais, enposition allongée ou repliée et sans orientation préférentielle, si ce n’estparallèlement au grand axe de la sépulture. Juxtaposés et empilés au cours desdépôts successifs, les restes humains ont subi de constantes manipulations pourlaisser place à de nouveaux arrivants : déplacements, rangements, vidanges desépultures (Chambon, 2003 ; Cauwe, 1997).Contrairement aux restes humains, le mobilier funéraire occupe tous les espacesde la sépulture, y compris l’antichambre. Il se compose des principales catégoriesd’objets connues pour ces périodes comme la céramique, les industries lithique etosseuse, la parure et le métal.Grâce à une trentaine de fouilles récentes, le Bassin parisien constitue actuellementla région la mieux connue de notre étude et la base de nos observations sur lesmodes de dépôt du mobilier. Dans le Bassin parisien, la composition des mobiliersfunéraires varie selon les tombes et selon les catégories d’objets (fig. 1). Lacéramique la plus courante correspond à des vases dits en « pot de fleur », à pâtegrossière, peu cuite, laquelle a fait l’objet d’une périodisation entre la fin du IVe etles débuts du IIIe millénaire av. J.-C. (Chambon, Salanova, 1996). Le mobilierlithique comprend une industrie de lames et lamelles, brutes ou retouchées, desgrattoirs, des couteaux et des haches polies. Les armatures de flèches tranchanteset les retouchoirs sont généralement attribués à la fin du IVe millénaire et auxdébuts du IIIe tandis que les armatures de flèches perçantes à pédoncule et ailerons,les racloirs à encoches ainsi que les poignards en silex seraient présents dès lemilieu du IIIe millénaire. L’industrie sur os et bois de cerf livre des outils perforantset tranchants (poinçons, aiguilles, lissoirs…), des manches de petits outils (burinsà dent de porc par exemple) et des gaines de hache à perforation transversale,lesquelles sont attribuées à la première période d’utilisation des sépulturescollectives. Les objets de parure les plus fréquents sont des perles en calcaire, deshachettes perforées, des parures biforées en coquillage et des « pendentifsarciformes » ; ces deux derniers étant associés plus volontiers à la première moitiédu IIIe millénaire. Quant au mobilier métallique, qui est fort rare, il se composepresque essentiellement de perles en tôle de cuivre.

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Fig. 1 – Principaux types d’objets rencontrés dans les sépulturescollectives du Bassin parisien.

Ce bref aperçu des principales caractéristiques des sépultures collectives, tant dupoint de vue du mode d’inhumation que de la composition du mobilierfunéraire, pourrait contribuer à renforcer l’idée selon laquelle les pratiques quise sont déroulées en leur sein ont un caractère profondément égalitaire. Il est vraiqu’on ne peut pas nier l’investissement communautaire que réclame laconstruction d’un tel monument, le caractère également collectif de l’inhumationdans un espace où l’individu semble disparaître au profit du groupe ainsi que lecôté « banal » et non ostentatoire du mobilier funéraire.Pourtant, l’étude de la répartition spatiale du mobilier et de son rapport auxinhumés vient modifier profondément cette conception et permet d’aborder lesquestions de « rang » (Sidéra, 2002, p. 228) et surtout de statut : car il existe belet bien une différentiation des individus au travers des attributs qui lesaccompagnent dans la mort.

Mobilier collectif et mobilier individuel : l’exemple du Bassinparisien

La première différenciation touche la vocation même du mobilier funéraire. Elles’observe en fonction de la place que celui-ci occupe dans le monument : certainsobjets sont déposés plus fréquemment dans des espaces vides, à l’écart desdéfunts (témoin négatif au sein de la couche sépulcrale, antichambre, seuil ouzone de passage) tandis que d’autres sont systématiquement associés aux mortsau sein de la couche sépulcrale. Cet état de fait nous amène à distinguer unmobilier collectif, destiné à l’ensemble des défunts, d’un mobilier individuel,destiné à un seul individu (Sohn, 2002a).La céramique de la fin du IVe millénaire et des débuts du IIIe participe aux dépôtscollectifs (fig. 2) : un ou plusieurs vases sont déposés dans l’antichambre dessépultures, contre un orthostate ou au niveau d’un seuil. Il en va de même pour leshaches polies, qui ne sont jamais associées aux défunts, même dans les cas où onles retrouve dans la chambre sépulcrale. Dans de nombreux hypogées de la Marne,dont Les Mournouards (Leroi-Gourhan et al., 1962) et Loisy-en-Brie (Chertier etal., 1994), les haches, accompagnées ou non de leur gaine, ont été déposéesintentionnellement contre les parois de chaque salle, tranchant vers le haut.

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Fig. 2 – Valeur collective ou individuelle accordée aux principaux types d’objets déposés dans les sépultures collectives du Bassin parisien.

dépôt individuel

dépôt collectif

Les dépôts de vases et de haches, plutôt anciens si l’on en juge par desstratigraphies comme celle de la Chaussée-Tirancourt (Somme ; Masset, 1995),ont une charge symbolique qui, bien au-delà de l’aspect collectif, peut-être miseen rapport avec la fondation même du monument et notamment avec les figuresféminines et les haches gravées sur les parois de certaines sépultures.En outre, leur rôle ne s’arrête pas là puisqu’ils sont le point de départ de toute unedéclinaison d’assemblages d’objets, de « kits », dont les formes les plus aboutiesproviennent de Vers-sur-Selle (Somme ; Piningre, Bréart, 1985) et de Val-de-Reuil1 (Eure ; Billard et al., inédit). D’après les stratigraphies de la Chaussée-Tirancourtet de Vers-sur-Selle, il se pourrait que ces lots d’objets, regroupésintentionnellement dans l’antichambre ou l’entrée de la chambre sépulcrale, soientconstitués de dépôts successifs. À la différence de l’assemblage de base (céramique,hache et/ou gaine), les lots participent à des codes qui évoquent davantage desactivités du monde des vivants comme la poterie, la vannerie et la chasse.D’ailleurs, la majeure partie de ces objets se retrouve également dans la panopliede l’équipement individuel (notamment les poinçons, les armatures de flèches etles lames). Exceptés les haches, gaines et certains objets au rôle ambigu, comme lepoignard en silex du Grand-Pressigny, l’essentiel des industries osseuse et lithique,la parure et les objets en cuivre prennent part aux dépôts individuels.

Vers l’individualisation progressive des dépôts mobiliers

Durant la longue utilisation des sépultures collectives, les modes de dépôts ne sontpas constants. Au début de la période, entre 3400 et 2800 avant J.-C. environ, lesinhumés possèdent peu voire pas du tout de mobilier tandis que les dépôtscollectifs dans l’antichambre et le seuil de la chambre sépulcrale sont omniprésents.Peu à peu, vers 2900-2800 avant J.-C., alors que les dépôts collectifs tendent à serapprocher des inhumés (l’espace collectif se matérialisant par exemple par untémoin négatif dans la couche sépulcrale), les attributs personnels des défuntsdeviennent plus conséquents. Ce changement en faveur d’une plus grandeindividualisation des dépôts mobiliers avait déjà été observé dans le Bassin parisiendès le Néolithique final, c’est-à-dire vers 2700 avant J.-C. (Chambon, Salanova,1996). En fait, ce phénomène semble légèrement plus précoce et contemporain desderniers dépôts collectifs de mobilier dans les sépultures collectives.Cette évolution en trois étapes est commune à une grande partie de l’Europeoccidentale même si le Nord-Est connaît un retour à la sépulture individuelle plusrapide (fig. 3). En Westphalie par exemple les dépôts de mobilier dans les tombess’individualisent dès 2900 avant J.-C. sous l’influence de la culture des AmphoresGlobulaires qui, plus à l’est, pratique exclusivement l’inhumation individuelle(Günther, 1997). Mais l’arrivée du Cordé vers 2800 avant J.-C., puis duCampaniforme dans ces régions marque l’abandon progressif des sépulturescollectives. Dans la seconde moitié du IIIe millénaire, la plupart d’entre elles ne sontplus en activité.Le retour à la sépulture individuelle étant contemporain de l’individualisationdes dépôts mobiliers dans les sépultures collectives d’autres régions, il existecertainement un lien étroit entre les deux phénomènes (Sohn, 2002b).

Caractéristiques de l’équipement individuel

Dans la première moitié du IIIe millénaire, l’individu commence à se distinguerau sein des pratiques collectives. Ce phénomène s’observe d’abord dansl’agencement interne de certaines tombes : celui-ci se fractionne en plusieurs

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Fig. 3 – Évolution des modes de dépôt mobiliers dans les sépultures collectives d’Europe occidentale au cours du IIIe millénaire avant J.-C.

petits espaces ou « cellules » qui tendent à séparer des groupes de défunts (LaChaussée-Tirancourt, Gnewitz dans le Mecklenburg-Vorpommern et peut-êtreVignely dans la Marne). Des études sont en cours pour déterminer le lien deparenté qui existe entre les individus d’une même cellule, s’il s’agit par exemplede groupes familiaux.Au même moment, le mobilier individuel devient plus abondant. Les défuntssont parfois accompagnés de grattoirs, de « briquets » (retouchoirs associés à dela pyrite) et de lames en silex, déposées fréquemment par paire (une grande etune petite) le long de leur fémur droit. Aux Mournouards, A. Leroi-Gourhanpensait que ces outils pouvaient être portés le long de la cuisse dans un étui enmatière périssable (Leroi-Gourhan et al., 1962). Les armatures de flèchestranchantes entretiennent également un lien étroit avec les défunts. L’orientationdes tranchants et la position dans la couche de plusieurs ensembles prouventl’existence de véritables carquois portés en bandoulière ou à la ceinture (bonnombre reposent en effet au niveau de la cuisse des défunts).Bien que les petits manches d’outils en os suivent la répartition spatiale desinhumés, aucune association nette entre un manche et un individu n’a encore étéobservée. À Vauréal « Cimetière des Anglais » dans le Val-d’Oise, on mentionnebien la présence de manches d’outils auprès de deux individus, mais il s’agitd’une fouille très ancienne. Les poinçons et autres outils perforants, quant à eux,ont été déposés quelquefois par paire auprès des inhumés (Eteauville, Eure-et-Loir). Néanmoins, l’association de la parure avec les défunts est de loin la plusclairement attestée : les perles suivent globalement la même répartition spatialeque les crânes, parfois même on les retrouve encore à leur contact (« crématoire »de la Hoguette, Calvados) tandis que les haches pendeloques et les arciformesgisent plutôt dans la région du thorax des défunts (Les Mournouards).Qu’elle ait servi d’élément du costume, de pendentif ou de collier, la parureprésente généralement des traces d’usure attestant de sa longue utilisation avant lamise en sépulture (Polloni et al., à paraître). Le même constat a été fait sur lespoinçons, dont les traces montrent qu’ils ont souvent participé à des activités devannerie, et sur des manches d’outils qui ont parfois subi des réparations. Lesétudes réalisées récemment sur les poignards en silex sont arrivées aux mêmesconclusions (Beugnier, Plisson, 2000). Beaucoup d’objets accompagnant lesdéfunts n’ont donc pas été fabriqués à l’occasion des funérailles ; en est-il de mêmepour les carquois et le reste de l’outillage en silex ? En effet, la question commenceà se poser dès que l’on considère les divergences dans les modes de dépôt d’unemême catégorie d’objets. Par exemple, les armatures de flèches tranchantes sontdéposées en carquois alors que les armatures losangiques n’apparaissent que parpetit groupe de deux ou trois, à l’écart des défunts. Les armatures à pédoncule etailerons, quant à elles, ne sont retrouvées qu’en un exemplaire, près des morts. Cesdifférentes armatures ont-elles eu un rôle distinct dans le monde des vivants, à telpoint qu’il soit transposé dans celui des morts ? On peut s’interroger fortement surle « sens » et le statut qu’avaient ces objets pour les néolithiques en dehors de leurvaleur d’usage : le défunt emportait-il simplement avec lui quelques objets de sonquotidien ou bien une sélection « symbolique » de ces derniers ? Ces derniers luiappartenaient-ils de son vivant ? Une chose est certaine, le mobilier ne se distribuepas au hasard entre les défunts et il participe à des « codes » que les fouilles récentesrendent de plus en plus perceptibles.

Le mobilier comme marqueur social

Si l’on compare le nombre minimum d’objets (mobiliers individuel et collectifconfondus) par rapport au nombre minimum d’individus dans les sépulturescollectives, on constate qu’ils sont rarement proportionnels (fig. 4) : le nombre

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d’objets peut être inférieur, supérieur ou égal au nombre d’inhumés. Si l’onsuperpose maintenant les plans de répartition du mobilier avec ceux desinhumés dans les sépultures où le nombre d’objets est proportionnel ousupérieur à celui des inhumés, d’importantes différences apparaissent : certainsindividus ne possèdent aucun équipement tandis que d’autres entrent dans lasépulture particulièrement bien dotés.

Ceci conduit à nous interroger sur la nature de l’assemblage qui accompagne lesmorts : les défunts bien dotés possèdent-ils également des objets variés ? Ilsemblerait que non : en comparant les répartitions spatiales des deux principalescatégories d’équipement individuel (lithique et parure), on constate que lesindividus parés ne sont pas forcément accompagnés d’outils ou d’armes mêmesi, dans l’état actuel de nos connaissances, l’un n’exclut pas l’autre.La distribution des objets en fonction du sexe et de l’âge des défunts est difficileà appréhender du fait que les études du mobilier et des restes humains soientrarement menées conjointement. De plus, le sexe des immatures ne peut pas êtredéterminé alors que leur âge peut l’être facilement, au contraire des adultes dontle sexe est plus facile à estimer que l’âge. Si aucun exemple probant n’a permisjusqu’à présent de savoir si hommes et femmes étaient également parés (ce quin’est pas impossible aux Mournouards), il semblerait toutefois que les armesaient appartenu à des hommes. Dans la sépulture de Vignely par exemple(Allard et al., 1994), 11 personnes ont été inhumées. Les deux hommes et lafemme pour lesquels le sexe a été déterminé avec certitude n’étaient pas, àpremière vue, accompagnés de mobilier (fig. 5). Pourtant, les neuf armaturestranchantes et les quatre pointes de jets en os, déposées sur l’enfant 2 bien aprèsla décomposition de celui-ci, pourraient bien appartenir à l’homme 1, inhuméplus tard. En est-il de même pour le grattoir retrouvé non loin de sa dépouille ? Pour ce qui est de l’âge, l’essentiel des informations que l’on possède concerneles enfants de plus de 4 ans, qui semblent avoir joui d’une reconnaissance socialeforte. En effet, les exemples d’association entre des éléments de parure (dentales,dents percées ou pendentifs en nacre d’unio) et des enfants sont extrêmementnombreux, aussi bien dans la littérature ancienne que dans des sépulturesfouillées plus récemment comme Eteauville ou Les Mournouards. La sépulturede Vignely ne fait que confirmer cette observation ; sur les 7 individus

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Fig. 4 – Comparaison entre le nombre d’inhumés et le nombred’objets dans plusieurs sépultures du Bassin parisien.

mobilier

inhumés

immatures qu’elle contenait, deux d’entre eux, déposés du même côté de lasépulture, étaient accompagnés de parure. Le premier, âgé de 4 à 8 ans, possédaitun collier de neuf perles en cuivre et une turitelle en pendentif, tandis que lesecond, qui avait entre 4 et 7 ans, portait deux dents percées (une de loup, l’autrede cheval) et une turitelle percée (Chambon, 2003). Le fait que ces enfantsappartiennent à la même classe d’âge a-t-il un sens ? Il n’en demeure pas moinsqu’une différence de statut s’affiche ici, dans la présence et l’absence d’attributpersonnel d’une part, et dans le caractère « précieux » des neuf perles en cuivred’autre part, objets particulièrement rares à la fin du Néolithique.Grâce à deux fouilles exemplaires, celles des Mournouards et de Vignely, et àquelques observations anciennes, il est dorénavant possible de mieux connaîtrel’équipement funéraire des enfants et d’aborder la question des attributs destinésaux hommes et aux femmes inhumés. L’approche sociale des sépulturescollectives est donc fortement tributaire de l’état de la documentation. Endécoulent des considérations sur le statut des individus qui opèrent une ruptureavec l’idée selon laquelle « inhumation collective » est synonyme de « pratiqueségalitaires ». Il existe bel est bien des différences de statut entre les inhumés. Cesdernières vont au-delà de l’anecdotique et de la variabilité individuelle etsoulignent le caractère profondément codé des pratiques funéraires tout au longdu Néolithique (Sidéra, 2002). Ainsi certains défunts masculins sont-ils mis enexergue par un équipement faisant référence à la chasse ou à la guerre (carquois,pointes de jets, poignards), d’autres par un mobilier évoquant d’avantage des

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Fig. 5 – Vignely « La Porte aux Bergers » (Seine-et-Marne) :répartition spatiale du mobilier par rapport aux inhumés Chambon, 2003.

activités de poterie ou de vannerie et d’autres encore, surtout les enfants, par deséléments de parure. Bien que ces objets aient souvent peu de valeur en terme derareté ou de temps de réalisation investi, leur valeur en tant que « signifiantsocial » ne doit pas être pour autant négligée. En ce sens, l’absence d’équipementindividuel est aussi signifiante que sa présence et sa composition car elle véhiculel’affirmation d’un statut du mort, quel qu’il soit.Dès 2800 avant J.-C. dans les sépultures collectives, l’individu s’affirme enaffichant ses différences par rapport aux autres : cette affirmation par ladifférence s’observe aussi bien dans la position du défunt dans la sépulture quedans le mobilier qui l’accompagne. La seconde moitié du IIIe millénaire ne feraque renforcer un processus déjà bien entamé.

L’apparition du Campaniforme dans les tombes(2500-2100 avant J.-C.)Le Campaniforme en Europe

Le Campaniforme est défini par des gobelets en forme de cloche, richementdécorés, associés à des poignards en cuivre, à des « brassards d’archer »(plaquettes rectangulaires le plus souvent en roche dure, perforées à leursextrémités), à des pointes de flèche en silex et à divers parures, parmi lesquellesdes boutons en os perforés en V. C’est avant tout un assemblage funéraire : plusde la moitié des objets connus proviennent de tombes. Cependant tous les mortsne disposent pas de ce viatique.Cet assemblage témoigne en fait d’un phénomène hétérogène, tant dans sacomposition que dans sa répartition et son impact culturel et social (Salanova,2001 ; 2002). L’assemblage campaniforme regroupe en effet des objetsd’origines, de fonctions et de valeurs variées. Parmi les vases connus, deuxgroupes se distinguent tant d’un point du vue stylistique que technique : l’uncomprenant des vases standardisés découverts le plus souvent en contextefunéraire, l’autre composé de vases d’obédience régionale liés davantage auxcontextes domestiques. La répartition du Campaniforme n’est pas uniforme nonplus. Sites et mobilier sont massivement concentrés le long de la façadeatlantique de l’Europe. Quant à son l’impact, il n’est pas le même partout :certaines régions voient le cours de leur histoire profondément modifié parl’irruption du Campaniforme, d’autres semblent le rejeter.

Le Campaniforme en contexte funéraire

Même si le Campaniforme est avant tout un phénomène funéraire, les modes dedépôts des cadavres sont plus ou moins codifiés selon les régions. En Europecentrale, le Campaniforme apparaît dans des sépultures individuelles, groupéesen petits cimetières. La différenciation sexuelle est nettement marquée par lacomposition de l’assemblage funéraire (éléments d’armement dans les tombesmasculines ; vases, outils et parures dans les tombes féminines) et par la positiondu mort (hommes couchés sur le côté gauche et orientés nord-sud ; femmescouchées sur le côté droit et orientées sud-nord). L’Europe occidentale, enrevanche, connaît une plus grande diversité tant au niveau de la structure de latombe que de la position des corps.En ce qui concerne la tombe elle-même, les dépôts campaniformes serencontrent aussi bien en sépulture collective (allées sépulcrales et tombes à

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couloir mégalithiques ou non, grottes naturelles ou artificielles) qu’en sépultureindividuelle. Dans les sépultures collectives, il est souvent difficile de reconstituerles modes de dépôts : d’abord, les fouilles sont dans la plupart des cas anciennes ;

ensuite il y a une malheureuse corrélation entreterrains granitiques et sépultures collectives sibien que les ossements sont rarement conservés ;enfin, quand les ossements humains sontconservés et correctement observés à la fouille, iln’est pas évident de déterminer l’associationinhumé-mobilier. Ainsi en France, sur la centainede sépultures à mobilier campaniforme connues,seules trois ont livré des associations fiables.Quant aux sépultures individuelles, elles sontgénéralement isolées. Quand l’état deconservation était bon, on a pu observer lestraces d’un fossé ceinturant la fosse sépulcrale,marquant l’emplacement d’un tumulus arasé.Des aménagements internes ont quelquefois étésignalés, témoignant de l’existence de coffres enbois au sein des tombes.On a souvent opposé les sépultures collectives,censées incarner l’expression de communautéssédentaires bien ancrées dans leur terroir, auxsépultures individuelles, témoins de l’existencede communautés pastorales plus itinérantes3.Dans ce cadre conceptuel, la réutilisation dessépultures collectives au Campaniforme estconçue comme agressive : on parle alors« d’intrusion » campaniforme dans lesmonuments, de « violation », « d’effraction »(Salanova, 2003a). Pourtant, les réutilisations decaveaux collectifs sont attestées des siècles avantl’irruption du Campaniforme. Au-delà duniveau structurel (la tombe elle-même), il n’y apas lieu d’opposer sépultures collectives etsépultures individuelles à dépôts campa-niformes. Dans les deux cas, les comportementsfunéraires sont en effet identiques. D’une part,on observe une individualisation très nette desdépôts campaniformes dans les caveauxcollectifs : tombes vidangées pour installer uneinhumation campaniforme, réutilisation d’unespace déjà délimité dans la tombe pour déposerun individu (entrée du monument reconvertieen coffre, cellules latérales ou terminalesobturées…), aménagement de petits coffres avecdes blocs au sein même des caveaux (fig. 6).

D’autre part, la nature et la composition des assemblages funéraires sontsimilaires dans les deux types de tombes, si bien qu’il faut envisager uneutilisation synchrone des sépultures collectives et des sépultures individuellesdans la deuxième moitié du IIIe millénaire avant J.-C.En ce qui concerne le mode de dépôt des corps, il est varié. Les informationsdisponibles pour les tombes les mieux connues en France, aux Pays-Bas, dans lesud de l’Angleterre, en Espagne et au Portugal, ne permettent pas de dégager des

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Fig. 6 – Dépôts campaniformes en sépultures collectives :1 - tombe vidangée pour installer une sépulture individualiséecampaniforme (Cañada de Carrasacal, Séville, Espagne : d’aprèsM. Lazarich González et M. Sánchez Andreu) ;2 - réutilisation de l’entrée d’un monument (Casas do Canal,Evora, Portugal : d’après V. et G. Leisner) ;3 - réutilisation d’une cellule terminale de sépulture à vocationcollective (Goërem, Morbihan, France : d’après J. L’Helgouach) ;4 - coffres édifiés à l’intérieur d’un monument (Villes-ès-Nouaux,Jersey, Iles anglo-normandes : d’après S. P. Oliver).

groupes très cohérents. Seuls deuxensembles de tombes se distinguent dureste, mais la faiblesse de l’effectif, due auxlacunes de la documentation4, invitenaturellement à la prudence (Salanova,2003b). Le premier ensemble ne comporteque trois tombes localisées dans la moitiénord de la France et qui présentent descaractéristiques spécifiques : les sujets,masculins ou féminins, sont inhumés enposition allongée, genoux dressés, orientésest-ouest, dans des fosses rectangulairesaux angles arrondis (fig. 7). Le mobilierfunéraire comprend dans les trois cas desgobelets identiques aux modèles All-Over-Ornamented de la typologie rhénaneassociés à des lames et poignards en silexdu Grand-Pressigny (Indre-et-Loire). Lastructure de ces tombes, l’agencement descorps, la nature du mobilier funéraire etpar conséquent l’identité (ethnique,culturelle ou sociale) des morts renvoient àun contexte totalement exogène, enparticulier au domaine cordé de la bassevallée du Rhin. Le deuxième ensemble,

quant à lui, regroupe un nombre plus élevé de tombes. Quand le sexe et l’âgeont pu être déterminés, ces sépultures contiennent exclusivement des adultes desexe masculin5. Ils sont dans tous les cas accompagnés d’un élément d’armementcaractéristique du Campaniforme, un poignard en cuivre et/ou d’un « brassardd’archer », associé ou non à de la céramique. Dans tous les cas, le mort estorienté nord-sud, tête au nord, sauf à Fuente Olmedo (Espagne). Un groupeidentique se détache des inhumations campaniformes en sépulture collective. Ceschéma, homme adulte orienté nord-sud et accompagné d’un équipementguerrier, renvoie naturellement au monde centre-européen. Néanmoins, hormisles armes, le reste du mobilier découvert dans les tombes d’Europe occidentale(vases, parures…) est d’obédience locale. À ce titre, le deuxième ensemble detombes n’a pas la même signification que le premier : si dans le premier cas, toutindique que des individus sont morts hors de leur région d’origine, dans ledeuxième cas, on constate l’adoption d’un comportement funéraire dans toutl’Europe occidentale via le Campaniforme.Ce comportement est déterminé non seulement par la position du mort au seinde la sépulture, mais aussi par un équipement guerrier spécifique et symbolique.

Le statut du mobilier campaniforme

Le mobilier campaniforme, de par sa qualité et sa vaste répartition en Europe,est généralement qualifié de « bien de prestige ». Nous avons montré par ailleursque, d’une part, ce terme ne renvoie à aucune définition consensuelle ni dans lestravaux ethnologiques ni dans les travaux archéologiques et que, d’autre part, ilest utilisé abusivement pour désigner des phénomènes dont les principauxparamètres nous échappent sans réellement résoudre les problèmes decompréhension des sociétés passées (Salanova, 1998). Nous préfèreronsemployer dans cette étude le terme « d’objets précieux » que nous définironsainsi : un objet qui a nécessité un important travail pour sa fabrication, un

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Fig. 7 – Sépultures individuelles campaniformes :1 - groupe d’obédience Cordé (La Folie, Poitiers, France : d’après Y. Tchérémissinoff, P. Fouéré et L. Salanova) ;2 - groupe d’obédience centre-européenne (La Fare, Forcalquier,France : d’après O. Lemercier).

matériau noble ou rare, que seuls certains individus possèdent, qui fait l’objetd’échanges particuliers et surtout qui est inutile (Malinowski, 1922 ; Godelier,1996). Reste à identifier quels éléments, parmi ceux qui composent l’assemblagecampaniforme classique, méritent ce label.En ce qui concerne les vases campaniformes découverts dans les tombes, ils netémoignent pas seulement d’un engouement pour une nouvelle mode. Le contextefunéraire dans lequel la plupart d’entre eux sont découverts est fortement connotéd’un point de vue symbolique. Dans ce contexte, leur décor, à lui seul, exprime unvocabulaire commun à toute l’Europe. Ils sont, de surcroît, le fruit d’une chaîneopératoire très codifiée. Enfin, nous avons montré que la vocation funéraire oudomestique du vase était clairement prédéterminée par l’artisan : les vasescampaniformes découverts en contexte funéraire sont techniquement moinsinvestis ; leur décor est standardisé ; les tombes livrent quelquefois des vasesjumeaux6 voire de véritables services funéraires (Salanova, 2000 ; 2002).Néanmoins, ils ne sont pas le fruit d’un travail exceptionnel. Ils ne reflètent pas nonplus une technologie particulièrement novatrice. Les analyses pétrographiquesréalisées ces dernières années un peu partout en Europe montrent qu’ils fontrarement l’objet de circulation. Ils n’incarnent donc pas l’exotisme et les matériauxemployés pour leur fabrication, en grand majorité puisés dans l’environnementlocal, ne peuvent être qualifiés de nobles ou rares. Même en contexte funéraire, ilsne sont pas toujours décorés et leurs qualités esthétiques et techniques ne sont pastoujours excellentes. Enfin, leur propriété est accessible à un très grand nombre :hommes, femmes, enfants, adolescents, adultes, vieux. Aucune distinction ne peutêtre établie par sexe ou par catégorie d’âge selon le type de vases déposés. Il n’estdonc pas envisageable de qualifier le vase campaniforme « d’objet précieux ».En ce qui concerne l’industrie lithique, les objets déposés dans les tombes sont denature variée : du simple éclat au poignard sophistiqué. Ils ne sont pas le refletd’une activité particulière et, hormis les poignards en silex du Grand-Pressignydécouverts dans quelques tombes, leur matière n’est pas noble. Cette catégorie nerentre en aucun cas dans la définition des objets précieux.Quant aux « brassards d’archer », leur fonction reste énigmatique. Ils sont censésreprésenter la version luxueuse du brassard en cuir, qui protège le poignet desarchers lors du relâchement de la corde de l’arc. Nous objecterons à cettehypothèse la taille et le système de fixation des modèles archéologiques connusen Europe occidentale. Les traces d’usure que nous avons repérées dans la partiecentrale de plusieurs pièces bretonnes prêchent en défaveur de la fonctiond’apparat classiquement attribuée à cet objet (fig. 8). Le matériau utilisé pour safabrication, généralement du schiste, ne peut être qualifié de noble. Ces objets,que l’on ne peut qualifier de précieux, sont néanmoins associés à des hommesadultes et ils sont fréquents dans les tombes à armement. Ils doivent témoignerd’une activité spécifique liée au mort et que seule une étude détaillée des objetseux-mêmes parviendra à définir7.Enfin, au contraire des autres éléments de l’assemblage campaniforme, le poignarden cuivre possède tous les critères retenus dans la définition de « l’objet précieux » :le cuivre n’est pas un matériau disponible dans toutes les régions et, dans ladeuxième moitié du IIIe millénaire avant J.-C., les techniques métallurgiques nesont pas maîtrisées partout. Les poignards campaniformes ne sont d’ailleurs pas sifréquents : on en connaît une dizaine par région. Les mécanismes de circulationde ces poignards n’ont jamais fait l’objet d’une étude détaillée, mais l’absence decuivre et de savoir-faire métallurgique dans certaines régions laisse envisager desréseaux d’échange particuliers. Leur caractère utilitaire est discutable : le cuivre estun métal mou et le poignard métallique est sans aucun doute moins tranchant queson homologue en silex. En outre, le poignard en cuivre est associé à une seulecatégorie de la population : des hommes adultes. Sa présence dans la tombe

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Fig. 8 – « Brassards d’archers » bretons : notez l’amincissement del’objet dans la partie centrale (collection du MAN, St-Germain-en-Laye, dessins L. Salanova).

semble conditionner les pratiques funéraires, de par la position et l’orientationspécifiques des morts qui y sont associés. Il renvoie à un comportement funéraireexotique, bien connu en Europe centrale. Ce modèle de tombe masculine àarmement restera d’ailleurs prédominant à l’âge du Bronze ancien : alors que lacéramique campaniforme aura totalement disparu des assemblages funéraires, lepoignard, encore en cuivre ou déjà en bronze, et le « brassard d’archer », enpierre, en ambre ou en or, seront les attributs récurrents de certains mortsinhumés dans des sépultures individuelles sous tumulus.

Sous l’apparent désordre des ossements humains en sépulture collective, sedétachent des conventions propres aux dépôts mobiliers. Nous avons tenté decerner leur évolution depuis l’apparition des sépultures collectives jusqu’à leurabandon. Nous avons néanmoins souligné l’existence d’autres critères pourapprocher cette notion de statut : la tombe elle-même et l’agencement descadavres. D’abord, les anthropologues ont montré que la population inhuméedans une sépulture collective ne correspondait pas à une démographie naturelle :tout le monde n’a donc pas accès à ce type de tombe (Masset, 1976). De mêmepour le Campaniforme, si les comportements funéraires sont identiques ensépulture collective et en sépulture individuelle, on ne doit pas oublier que dansle premier cas, le mort est déposé dans une structure construite par et pour lacommunauté, alors que dans le deuxième cas, le mort est inhumé dans unestructure construite seulement pour lui, à l’écart de la communauté. Ensuite, lestatut de l’individu peut également être signalé par l’agencement de son cadavreau sein de la tombe : place au sein d’une sépulture collective, orientation ducorps. La prise en compte de ces données et de celles obtenues pour le mobilierfunéraire permet de distinguer trois étapes dans l’évolution progressive dedifférenciation des morts à la fin du Néolithique en Europe occidentale.La première étape, correspondant aux prémices des sépultures collectives (3400-2800 avant J.-C.), est caractérisée par le statut collectif du mobilier funérairedéposé à l’entrée du monument pour la communauté des morts. Dès cette étape,le mobilier tend à se rapprocher des défunts puisqu’on le retrouve, à partir dudébut du IIIe millénaire, davantage dans la chambre funéraire. Dans la deuxièmeétape, qui débute vers 2800 avant J.-C., le mort est associé à une panoplieindividuelle dans laquelle la parure et le mobilier lithique sont privilégiés pourafficher le statut du défunt. La troisième étape (2500-2100 avant J.-C.) estmarquée par le Campaniforme qui déclenche une uniformisation du mobilierfunéraire en Europe occidentale. Parallèlement, l’agencement du cadavre prendune plus grande importance dans l’affichage du statut du mort (est-ce dû àl’uniformisation du mobilier ?), que ce soit au sein des sépultures collectivesencore en fonction ou dans les sépultures individuelles remises au goût du jour.Dans ce schéma évolutif d’un mobilier à caractère collectif vers un statutindividuel des objets et finalement vers le retour de la sépulture individuelle, lacéramique, pourtant majoritaire dans les assemblages funéraires, compte peupour afficher le statut du mort. En outre, le nombre d’individus qui semblentsocialement valorisés dans la mort diminue : les premières tombes collectives nelaissent transparaître aucune hiérarchie évidente si ce n’est que l’ensemble desmorts n’a pas accès aux caveaux collectifs, alors que les réutilisationspostérieures distinguent quelques morts au sein de chaque monument. Avec leCampaniforme, si l’on accepte que le poignard en cuivre soit marqueur de statut,le nombre d’individus socialement valorisés chute à une dizaine par région.

Laure SALANOVA, Maïténa SOHN, UMR 7041

Archéologie et Sciences de l’Antiquité (ArScAn)

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NOTES

1. Le complexe Cordé s’étend de l’est de la France à l’Ukraine, entre 2800 et 2400 avant J.-C. environ.

2. Le Campaniforme s’étend de l’Atlantique à la Pologne et des Iles Britanniques aux côtesde l’Afrique du Nord entre 2500 et 2100 avant J.-C. environ.

3. Dans le cas du Campaniforme, la vaste répartition d’un style céramique homogène, larareté des habitats connus et l’évidente circulation d’objets sur de longues distances ontincité, et incitent encore, certains chercheurs à imaginer un peuple campaniformesillonnant l’Europe.

4. Mis à part les problèmes liés à la conservation des ossements et à l’ancienneté des fouilles,les tombes isolées campaniformes sont souvent des découvertes fortuites qui ne font parconséquent pas l’objet de fouilles méticuleuses.

5. Seule la tombe de Santioste (Espagne) a livré les restes d’une femme, mais l’associationdu corps avec le mobilier n’est pas stricte dans la mesure où le fragment de « brassardd’archer » a été retrouvé au fond de la fosse, sous le corps (Delibes de Castro, 1993).

6. C’est-à-dire deux vases stylistiquement et techniquement identiques et qui, de ce fait, ontété produits par le même potier et en même temps.

7. Salanova, projet en cours.

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Avant-proposLuc Baray, Patrice Brun, Alain Testart 7

Enjeux et difficultés d’une archéologie sociale du funéraireAlain Testart 9

Les pratiques funéraires mésolithiques en Europe. Diversité dans l’espace et dans le temps

Christian Verjux 15

Un pour tous, tous contre un… Symboles, mythe et histoire d’après une stèle morbihannaise du Ve millénaire

Serge Cassen 37

Un discours égalitaire : les tombes du Bassin parisien la fin du IVe millénaire

Jean Leclerc 69

Mobilier funéraire et modes de différenciation des morts à la fin du Néolithique en Europe occidentale

Laure Salanova, Maïtena Sohn 77

La nécropole du Néolithique et du début de l’âge du Bronze à Kichary Nowe (Petite Pologne) : une étude de cas

Hanna Kowalewska-Marszalek 91

La nécropole à incinération des Presles-et-Boves, « Les Bois plantés » (Aisne) : approche des pratiques funéraires du Bronze final dans la vallée de l’Aisne

Pascal Le Guen, Estelle Pinard 101

Table des matières

Les pratiques funéraires de l’âge du Bronze en Europe : quel reflet sociologique ?

Patrice Brun 115

Les indigènes du Midi face à la mort.L’exemple du Languedoc occidental au VIIe siècle avant J.-C.

Florent Mazière 133

Reflets d’une communauté celtique à travers ses pratiques funéraires : étude d’un cas, a nécropole de Bucy-le-Long « La Héronnière »(Aisne)

Sophie Desenne, Ginette Auxiette, Jean-Paul Demoule, Sylvain Thouvenot, 155

Dépôts funéraires et hiérarchies sociales aux âges du Fer en Europe occidentale : aspects idéologiques et socio-économiques

Luc Baray 169

L’analyse des tombes à incinération gallo-romaines en termes de statut social : d’une étude de cas(nécropole de Septfontaines, Luxembourg) aux problèmes méthodologiques plus généraux

Michel Polfer 191

Traitements, modalités de dépôt et rôle des céramiques dans les structures funéraires gallo-romaines

Christine Bonnet, Frédérique Blaizot 207

Les installations funéraires privées dans l’Ancien Empire égyptien (2700-2200 avant J.-C.) : aspects idéologiques, économiques et socio-juridiques

Bernadette Menu 229

La nécropole prédynastique d’Adaima (Haute-Égypte) : les pratiques funéraires

Béatrice Midant-Reynes, Éric Crubézy, Sylvie Duchesne 245

Fonctions et valeurs rattachées au mobilier céramique dans les tombes à l’aube de la civilisation pharaonique (Égypte prédynastique)

Nathalie Buchez 257

À propos de la nécropole à incinération de Tell Shiukh Fawqâni : l’incinération dans le monde syrien à l’âge du Fer

Aline Tenu 267

Lecture sociale des vestiges humains de la crémation : l’exemple de la nécropole de Tell Shiukh Fawqâni (Syrie)

Isabelle Le Goff 277

418

Éléments pour une interprétation des données de Tell Shiukh Fawqâni : Incinération versus inhumation dans le monde hittito-mésopotamien

Luc Bachelot 285

Les morts en société : une interprétation des sépultures collectives d’Oman à l’âge du Bronze

Serge Cleuziou, Olivia Munoz 295

Et l’on brûlera tous les héros… Poésie épique,pratiques funéraires et formes du pouvoir dans la protohistoire méditerranéenne du début du Ier millénaire avant notre ère

Pascal Ruby 321

Sexe et genre dans les rites funéraires grecs : quelques aperçusFrançois de Polignac 351

Pratiques funéraires dans le royaume de Chu (Chine du Centre-sud, VIe-IIIe s. av. J.-C.) : de la représentation du statut social à l’expression d’un destin individuel

Alain Thote 359

Le destin post-mortem du guerrier : pratiques funéraires et statut social dans le Michoacán ancien, Mexique

Grégory Pereira 371

Le rang social des défunts inhumés au XIXe siècledans le tertre de Korotuku (Cikobia-i-Ra, Fidji)

Frédérique Valentin, Isabelle Le Goff, Christophe Sand 391

Vounous (Chypre) : des caveaux dans la roche éternelle. Principaux résultats de la mission Schaeffer (1933)

Anne-Elisabeth Dunn-Vaturi 409

419

Composition : Catherine CAPUTO

1er semestre 2007ISBN 978-2-915552-57-7

EDITIONS UNIVERSITAIRES DE DIJON

4, boulevard Gabriel21000 Dijon


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