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Travaux de l'IFAO 2014-2015 - Dendara 2014

Date post: 03-Dec-2023
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120 La recherche 234 DENDARA ARCHITECTURE DE L’ESPACE SACRÉ ET ENVIRONNEMENT par Pierre Zignani (CNRS, UMR 5060, Institut de recherche sur les archéomatériaux IRAMAT) La mission archéologique de l’Ifao à Dendara s’est déroulée sur le terrain du du 22 novembre au 18 décembre 2014. Les membres de la mission étaient : Pierre Zignani (chef de mission, architecte-archéologue, CNRS, UMR 5060, Institut de recherche sur les archéomatériaux IRAMAT), Francis Choel (archéométallurgiste, CNRS, UMR 5060, Institut de recherche sur les archéomatériaux IRAMAT), Philippe Fluzin (archéométallurgiste, CNRS, UMR 5060, Institut de recherche sur les archéomatériaux IRAMAT), Mohamed Gaber (topographe, Ifao), Grégory Marouard(archéologue, céramologue, The Oriental Institute, University of Chicago), Eisam Nageh (égyptologue, ministère des Antiquités), Olivier Onézime (topographe, Ifao), Matthieu Van Peene (architecte), Yann Tristant (égyptologue, archéologue, Macquarie University, Sydney). Le ministère des Antiquités était représenté par Ramy Gafaar Ahmed, inspecteur. La mission a travaillé avec une équipe de 6 ouvriers spécialisés de Gourna conduite par le raïs Mohamed et 12 ouvriers recrutés localement. Le raïs Abdallah Khalil a géré l’installation d’échafaudages pour les études architecturales.
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DENDARA ARCHITECTURE DE L’ESPACE SACRÉ ET ENVIRONNEMENTparPierreZignani (CNRS,UMR 5060,InstitutderecherchesurlesarchéomatériauxIRAMAT)

Lamissionarchéologiquedel’IfaoàDendaras’estdérouléesurleterraindudu22novembreau18décembre2014.

Les membres de la mission étaient : Pierre Zignani (chef de mission, architecte- archéologue, CNRS,UMR5060,InstitutderecherchesurlesarchéomatériauxIRAMAT),FrancisChoel (archéométallurgiste,CNRS,UMR5060, Institutde recherche sur les archéomatériauxIRAMAT),PhilippeFluzin(archéométallurgiste,CNRS,UMR5060,Institutderecherchesur les archéomatériaux IRAMAT), Mohamed Gaber (topographe, Ifao), Grégory Marouard(archéologue, céramologue, The Oriental Institute, University of Chicago), Eisam Nageh (égyptologue, ministère des Antiquités), Olivier Onézime (topographe, Ifao), Matthieu Van Peene (architecte), Yann Tristant (égyptologue, archéologue, Macquarie University, Sydney).

Le ministère des Antiquités était représenté par Ramy Gafaar Ahmed, inspecteur. La mission a travaillé avec une équipe de 6 ouvriers spécialisés de Gourna conduite par le raïs Mohamed et 12 ouvriers recrutés localement. Le raïs Abdallah Khalil a géré l’installation d’échafaudages pour les études architecturales.

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13. P. Zignani, « Une culture sismique dans l’architecture des pharaons. De Djéser à la période gréco-romaine », MélangesD. Meeks,CENiM2,Montpellier,2009,p.455-467.

Lamissionabénéficiédesupportsfinanciersmaisaussi logistiquesdeTheMacquarieUniversity (1 déplacement international) ; de l’Oriental Institute de the University ofChicago (1déplacement international, apportd’une station totale supplémentaire, fourniturepar leCenter for Ancient Middle Eastern Landscapes de photographies par satellite des archives Corona etachatdephotossatellitesmultispectralesGeoeye-1etWorldView2)etde l’UMR5060duCNRS(2déplacements internationaux, apportd’une fluorescenceXetd’undétecteurdemétal).

Lacampagnes’estdérouléeselonses3axesd’études:

– l’architecturecultuelle;– ledéveloppementurbain;– l’espace funéraire et le développement de la nécropole.

RechercheS sur l’architecture cultuelle(P.Zignani)

Archéomatériaux du bâti

Dans le cadre de l’étude sur la technologie constructive, la dernière campagne a permis de procéder, sous la conduite de Ph. Fluzin, à un survey de traces d’éléments métalliques utilisés dans le grand appareil en grès.

L’étude architecturale du temple d’Hathor avait mis en évidence un agrafage des blocs avec un crampon métallique dans les parties de maçonnerie plus vulnérables aux sollicita-tionslatéralesdestremblementsdeterre.Celaavaitconduitàidentifieruneculturesismiqueprésente tout au long de la production architecturale pharaonique 13.

Un demi-chapiteau, au sol de la partie démantelée du mammisi romain, montre égale-ment l’usage de crampons métalliques en forme de Π. Une première partie de la prospection avérifié,avecundétecteurdemétaldetypeTEKNETICST2,sionpouvaitidentifierlaprésence de tels détails au cœur de la maçonnerie en place du monument (chapiteaux, dalles structurelles, cadres des murs d’entrecolonnement).

Du métal était utilisé dans le système de pivotement des portes, notamment dans la cra-paudinebasseoùlefonddelacavitéétaitpourvud’unepièceengranit,danslaquelleétaitinsérée une plaque métallique destinée à limiter l’usure et à faciliter la rotation de l’axe du battant. Le pivot de la porte (lui-même habillé de métal) reposait sur une telle plaque, qui a fait habituellement l’objet d’une récupération secondaire. Chaque crapaudine du temple d’HathoretdumammisiromainaétéanalyséeparfluorescenceX(env.400mesures)pourdéfiniràpartirdesoxydesoudesparticulesrestanteslanaturedesmétauxemployés.Danscertaines, il est encore possible de voir des traces de plomb ou d’alliage cuivreux.

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Au cours du relevé architectural, le nettoyage d’une crapaudine du portique sud du mammisi romainarévéléuneplaquemétalliquemaisdansunremplissagesecondairedemortier(fig.82).

Deuxéchantillonsdemortiersontétéprélevésainsiquel’élémentmétalliqueafindeprocéder aux analyses suivantes :

– caractérisationdelacompositiondesmortiers;– étudedelacontaminationdesmortiersparlemétal;– études métallographiques de la plaque sous microscope pour observer le phasage, la texture

macroscopiqueetlarelationdesgrains,desoxydesetdesinclusionsavecleurenvironnement;– déterminationdelanaturedel’alliageetdesesspécificitésstructuralessurl’ensemble

de la plaque métallique.LeDrAshrafNageh(MSA)adéfinilesquantitésquiontétéexportéesaulaboratoirede

l’Ifao.

Mammisi romain

Entrepris la saison dernière, le plan au niveau du sol a été continué autant qu’il était pos-sible puisque la chapelle axiale et les deux chapelles latérales n’ont pas pu être documentées enraisondeleurinaccessibilité(fig.83):

– La chapelle axiale (la salle la plus sacrée du mammisi) était occupée par les échafaudagesdes restaurateurs du MSA qui nettoient la polychromie du décor des murs et des plafonds. Il devrait être possible de compléter son plan la saison prochaine.

– LeschapelleslatéralessontutiliséescommedépôtnonofficielparleMSAdeQena.Enaccordavecl’inspectoratdeDendara,ellesontétéouvertesafind’avoiruneidéedeleurétat.Une solution devra être trouvée à l’avenir pour pouvoir travailler à l’intérieur de ces espaces.

Fig. 82.  Mammisi romain, détail de la crapaudine avec un remplissage secondaire et une plaque métallique. 

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Fig.

 83.

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50).

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14. P. Zignani, Le temple d’Hathor à Dendara. Relevés et étude architecturale,BdE146/1,LeCaire,2010,p.318-322.15. Ibid.,p.326-327.

Le relevé a donc été poursuivi sur le toit du mammisi. Deux tiers de la surface ont été documentés.L’observationapermisdeconstaterdesdétailsspécifiquespourdrainerl’eaudepluie. Il est à noter que le dallage du revêtement d’origine en grès a été restauré dans l’Antiquité par une mince couche de béton pour assurer l’étanchéité de la terrasse.

Unerestaurationsimilaireestconnuesurletoitdupronaosdutempled’Hathor,oùnoussavons que son dallage d’origine a été endommagé lors d’un violent tremblement de terre qui a nécessité une restauration par la superposition d’un second revêtement. Dans le cas du temple d’Hathor, la rénovation du sol de la terrasse du pronaos a été entreprise avec le même mode de construction et des dalles de grès, témoignant d’une forte activité sismique durant le fonctionnement du temple.

Un relevé photographique de la façade sud du mammisi a été entrepris par O. Onézime pour expérimenter la production d’une ortho-photographie précise de l’ensemble de la façade. L’utilisation d’un échafaudage avec des rails a permis de prendre des photos détaillées à la même distance. En parallèle au travail du relevé architectural sur le mammisi, les références topographiques (système local) des corniches du temple d’Hathor ont été recalculées, avec un GPS, dans le système de coordonnées nationales.

Un sondage conduit par Gr. Marouard (cf. infra) a permis de documenter la substruction de l’angle nord-ouest du temple. Le mode de fondation est quasi similaire à celui qui fut observésurlemurpériboledutempled’Hathoren1997et199814 : la maçonnerie est en grès. Cinqassisesdefondation(env.2,35mdehauteur)reposentsuruneépaissecouchedesabledugebel(env.55cm)contenudansuncaissondebriquescrues.Lesblocsdelapremièreassisesontseulementjuxtaposésetcalésdanslesableducaissonpouroffrir,avecbeaucoupdesimplicité, un lit d’attente parfaitement horizontal. Au-dessus, la maçonnerie reprend toutes les caractéristiques du grand appareil mis en œuvre au temple d’Hathor. Sur un joint montant de la troisième assise côté ouest, le mortier de liaisonnement s’est écoulé entre le mur caisson etleblocd’endessousdémontrantsanséquivoquelagrandefluiditédumortierd’assemblage.

Notonsencorequedenombreusesmarquesd’identificationsontvisiblessurlebossagedes blocs plus ou moins dégrossis mais surtout on a pu constater la présence d’un système de repérage des joints montants inférieurs identique à celui observé au temple d’Hathor dans la partie non ravalée du mur péribole15.

recherches sur le développement urbain (fig.84) (Gr.Marouard)

Sondage au nord-ouest du mammisi d’époque romaine (fig.85)

Afindecompléterl’étudearchitecturaleencours,derenseignerlesystèmedefondationetdevérifierplusieurshypothèsessurlachronologiedesinstallationsdanscesecteur,unsondage a été conduit au nord-ouest du mammisi d’époque romaine. Couvrant une surface réduitede7msur3m,lazoneinvestieenglobaitl’anglenord-ouestdumonumentjusqu’auparement interne du grand temenos, au nord.

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La fosse de fondation est nettement apparue sous une épaisse couche d’éclats de grès produite lorsduravalementdesfaçadesnordetouest.Excavéesuruneprofondeursupérieureà2m,la fosse entaillait à l’ouest des niveaux antérieurs au bâtiment. Les structures en sous-œuvre dumammisiontétémontéessuruncaissonremplid’unépaisniveau(55cm)desablejauned’origine désertique. Le caisson est formé par un mur en briques crues monté sans mortier et composé de huit assises de boutisses et panneresses sur champ. Les assemblages de mobilier céramique retrouvés dans le comblement des espaces vides entre le mur du caisson et la fosse indiquentclairementunephasedetransitionentrelatraditionptolémaïquefinissanteetletout début de l’époque impériale.

Cesondageprofondaégalementconfirmélaprésenced’unegrandeenceintedebriquescrues antérieure à la construction du mammisi et sectionnée par la fosse de fondation. Elle est sur un plan technique identique aux sections d’enceinte que l’on observe sur les côtés nord-est,estetsuddusanctuaired’Hathor.Ilestàprésentpossibled’affirmerquelegrandtemenos actuellement visible n’est pas un projet unique, mais l’assemblage de deux phases bien

Fig. 84.  Localisation des interventions de nettoyages et de sondages.

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distinctes:unpremierprojetqu’ilfautattribueràl’extrêmefindelaBasseÉpoque(peut-êtreNectanebo Ier ?) et une seconde phase consécutive à la reconstruction du mammisi romain (vers le ier quart du ier s. apr. J.-C.).

La ville de l’Ancien Empire, ses limites et ses origines

Dans le cadre de l’étude de l’agglomération de Dendara et des origines de cette capitale provinciale(sous-projetdel’OrientalInstitutedeTheUniversityofChicago),plusieursopé-rations de nettoyage et de redressement de coupes stratigraphiques ont été entreprises dans lazoneintra-murosdusanctuaire(opérations1et2)maiségalementextra-muroslelongdela façade orientale du grand temenos(opération3).

Danslacontinuitédesobservationsdelacampagnede2012,l’opération1(fig.86)avaitpourobjectifdevérifierlespremièresrecherchesconduitesparBarryKempdanscesecteuren1978(«ThelocationoftheearlytownatDendera»,MDAIK41,1985,p.89-98).Lenettoyageextensif du front de taille produit par les sebbakhin a permis la mise au jour d’une coupe stratigraphiedeplusde10mdelongpour3mdehauteur,présentantuneaccumulation

Fig. 85.  Sondage sur les fondations du mammisi romain (angle nord-ouest).

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deniveauxd’occupation,desolsetdemurscompriseentrelafindelaIIIe ou le début de la IVedynastieetlafindel’AncienEmpire.Localisésàmoinsde20mdutemplegréco-romain,ces niveaux archéologiques en place signalent pour la première fois l’existence d’une occupation continue pour ces phases anciennes de l’histoire du site. Les niveaux inférieurs du début de la IVedynastiereposentsurdesniveauxtrèsstratifiésdesableéolienoùl’onrencontreégale-ment des tessons de céramiques plus anciennes, dont la datation reste à préciser. Les niveaux supérieurs de ce secteur, attribuables à la VIe dynastie, ont été coupés par les fondations d’une large enceinte de briques crues qui, en l’état de l’étude, semble apparaître dans le paysage de Dendara vers le début du Moyen Empire.

Conduite sur une douzaine de mètres de long à la base de la face ouest de cette enceinte, l’opération2(fig.87)apermisdevérifierl’existencedeniveauxdesVe et VIe dynasties directement sous sa fondation. Plusieurs phases de sols d’occupations séparés par des hiatus de sable éolien sont également apparues. Leur datation est assurément précoce mais encore imprécise. Un agrandissement de ce secteur vers la zone toute proche du temple d’Isis fera l’objet d’une opération de fouille extensive la saison prochaine.

L’opération3(fig.88),menéecontrelafaceextérieureestdugrandtemenos, a également permislamiseaujourd’importantsniveauxd’occupationsstratifiésetexclusivementattri-buablesàl’AncienEmpire.Iciencore,lesniveauxlesplusancienscorrespondentàlafindela IIIe ou au tout début de la IVe dynastie et se caractérisent par de larges murs conservés sur prèsde1,50menélévation.Cesséquencesd’occupationcontinueseterminentpardesniveauxd’abandontrèséolisésdelafindel’AncienEmpire,quiontétéprofondémentsectionnésparla tranchée de fondation de la première phase du temenos(findelaBasseÉpoque?).

Commel’opération1,l’opération3souligneunedynamiquedesinstallationsàcaractèreurbain à Dendara au moins dès le début de la IVe dynastie. Ces secteurs fournissent les pre-mières attestations stratigraphiques probantes, assurant l’existence d’un tell important du débutdel’AncienEmpireàproximitéimmédiatedusanctuaire,etilsconfirmentsansnuldoute l’existence d’un temple fonctionnel pour ces périodes anciennes.

Dans l’angle interne sud-est du temenos,desobservationsdesurface(opération4)ontétéégalement conduites sur les strates de sable apparemment éolien mises à nu par les sebbakhin. Jamais signalées auparavant, des concentrations importantes de mobilier des Ire et IIe dynas-ties y ont été retrouvées. Outre un volume important de grands moules à pain marqués, de jarresàbièresetdiversconteneursdestockageouvaissellesfinesàsurfaceslustrées,plusieursfragmentsdechenets«firedogs»etdesoutilsdecalcairedurutiliséspourlefaçonnagedelavaisselle de pierre ont été découverts. La nature des assemblages indiquerait des contextes de nature domestique et la présence ici d’une implantation de type habitat qu’il faut de toute évidence mettre en relation avec la douzaine de sépultures protodynastiques mises au jour entre1915et1917parClarenceFisherdanslazonecentraledelanécropole.

Notonsenfinquedesclichésaucerf-volantetdesévaluationsstratigraphiquescomplé-mentaires ont été entrepris dans le secteur domestique de la Première Période intermédiaire, danslaperspectived’uneréouvertureprochainedecesecteurfouilléàlafindesannées1990par François Leclère et son équipe.

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Fig. 86.  Opération 1.

Fig. 87.  Opération 2.

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Fig. 88.  Opération 3.

Recherches sur la nÉcropole de Dendara(Y.Tristant)

LanécropoledeDendaras’étendausuddutemplesurunesuperficiedeplusd’unecentained’hectares.PartiellementfouilléeparFlindersPetrieen1898pourlecomptedel’EgyptExplorationFund,puisparCl.Fisherde1913à1917,pourlemuséedel’universitédePennsylvanie, cette vaste zone sépulcrale a été ignorée de la recherche archéologique depuis maintenantunsiècle.Cenesontpourtantpasmoinsde2000tombesquiontétémisesaujourà Dendara, couvrant un spectre chronologique très large depuis la période protodynastique jusqu’à la période ptolémaïque. À l’instar de la plupart des sites archéologiques égyptiens, le secteur de la nécropole est aujourd’hui menacé par l’avancée des cultures et surtout du tissu urbain moderne qui rongent certains secteurs du site encore intacts. Le nouveau projet initié sur la nécropole cette année a pour but de reprendre l’ensemble de la documentation actuellement disponible pour la partie funéraire du site de Dendara, de nettoyer les secteurs clés qui pourront permettre de mieux cerner les structures et le mobilier funéraire découverts lors des fouilles anciennes, mais aussi d’opérer des sondages sur les parties encore intactes qui pourront compléter les données manquantes.

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16. H.G. Fischer, Dendara in the Third Millenium B.C. down to the Theban Domination of Egypt,Glückstadt,1968,p.15;A. Slater, The Archaeology of Dendereh in the First Intermediate Period,UniversityofPennsylvania,thèsededoctorat,1974,p.9-12.17. D’après la description faite par Petrie (Dendereh,ExcMem17,Londres,1900,p.4),lespuitsn’ayantpasétévidéslorsdelasaison2014.

Suivantcetobjectif,lestravauxdelasaison2014sesontconcentréssurlesecteurdela nécropole considéré par Petrie comme le plus ancien, celui dit « d’Abu Suten » ou plus précisément Nj ỉbw nsw d’après le nom du propriétaire du plus grand des mastabas de cette zone(fig.89).Àlapériphériesuddusite,à375mdel’anglesud-estdumurd’enceintedutemple, les mastabas explorés par Petrie puis par Fisher sont recouverts d’une couche de 1à2md’épaisseurconstituéededéblaisdefouilleetdesableéolien.Deuxmastabasontétécomplètementnettoyésaucoursdelasaison2014.Ilssontnumérotés6:081et6:171d’aprèslaclassificationdeFisher16. Le mur oriental du mastaba de Nj ỉbw nsw(6:181),d’unelongueurde21m,n’aétéquepartiellementdégagé(fig.90).Lestombeauxsontconstruitsenbriquescrues sur un plan rectangulaire, décorés de deux niches sur la façade est, englobant un à deux puits verticaux creusés dans le substrat rocheux, menant à une chambre funéraire située au sud17. Très mal préservés, ils ne conservent de leur structure que la base des murs, sur une hauteur d’une à cinq assises de briques.

Danslapartiecentraledelazoneétudiée,lemastaba6:081comprenddeuxpuitsverticaux,au nord et au sud du monument. Orienté sud-sud-ouest – nord-nord-est, le tombeau mesure 21mdelongsur10mdelarge(fig.91).Lesmurs,conservéssur0,1à1,7mdehauteur,offrentencore un fruit marqué qui rappelle leur forme trapézoïdale initiale. L’état de destruction de

Fig. 89.  Vue générale du secteur d’Abu Suten : mastaba 6:171 au premier plan, mastaba 6:081 et mur oriental du mastaba 6:181 (Njỉbwnsw) en arrière-plan.

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Fig. 90.  Partie nord du mur oriental du mastaba de Njỉbwnsw.

lastructureempêche,pourlemoment,d’endéfinirleplanexactetlemodedeconstruction.Il semble toutefois que le parement interne est construit sur un remblai constitué des déblais de creusement des puits. Le parement externe de tous les murs, particulièrement la façade orientale du mastaba, conserve encore les traces d’un enduit blanc posé sur une couche d’argile. Les premières observations laissent penser que les murs associent à la fois un comblement de briques uniforme et des caissons remplis de tout-venant pour les fondations. La disposition des briques au sud du mur est dessine le plan d’une niche à double rentrant conservée sur une demi-assise de hauteur. Une petite fosse rectangulaire peu profonde au pied du mur à cetendroitlaisseenvisagerlaprésenceinitialed’unetabled’offrande.Unmurécrande0,8md’épaisseurdélimitaituncouloird’environ1mdelargedevantlafaçadeorientale.Lorsdudégagement du mur ouest, un squelette adulte a été découvert à seulement une dizaine de centimètres de profondeur dans les déblais de sable éolien. Déposé en position contractée sur le côté gauche, tête au nord-ouest, cette inhumation postérieure à la phase d’abandon du mastaba ne comporte aucun élément de datation.

Ausuddecetombeau,lemastaba6:171estunmonumentdepluspetitedimension,11mdelongpour6mdelarge,orientécommesonvoisinselonunaxesud-sud-ouest– nord-nord-est(fig.92).Lafaçadeorientaledumastabaestparfaitementalignéeaveccelledesonvoisin6:081.Lapartiesuddumurorientalesttropendommagéepourqu’onpuisseydécelerlesvestigesd’unenichecommesurlemastaba6:081.Lepland’unenichesimpleestenrevanche bien visible dans la disposition des deux assises de briques encore conservées au norddumur.Àladifférencedecelui-ci,6:171necomportequ’unseulpuitsausud,lecouronnementen briques au nord ne correspondant à aucun creusement vertical. Il est toutefois intéressantdenoterquecettecouronnedebriquesdeplancarré(1,8mdecôté),évoquantl’ouverture

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18. Fl. Petrie, op. cit.,p.5.19. La sépulture a probablement été vue et partiellement fouillée par Fisher comme le suggère la présence au-dessus du corps desfragmentsd’unjournaldatédejanvier1916.

d’unpuits,estsituéeau-dessusd’unepetitechambrerupestre(1,6mdelongueurouest-estpour1mdelargeurnord-sud),à3mdeprofondeursouslasurfacedusolactuel,accessiblepar un escalier creusé dans le substrat à l’est du mastaba, orienté est-sud-est – nord-nord-ouest. Petrieaémisl’hypothèsequelemastaba6:171aétéinstallésurunetombeplusancienne18. Si lamorphologiedecettedescenderiemenantàunpetitcaveaurupestrerappelleeffectivementles monuments d’époque protodynastique, aucun élément ne permet dans l’état actuel de ladocumentationdeconfirmercetteidée.Unesépulturesecondaireétaitinstalléeàl’ouestde la couronne de briques au nord du mastaba. Perturbée19, elle conservait encore la partie inférieure du squelette d’un adulte inhumé dans un panier, en position hyper contractée sur le côté gauche, tête au nord, sans mobilier funéraire. Le creusement de la tombe s’est fait aux dépens de la couronne de briques et donne ici une indication de datation relative contem-poraine ou postérieure à l’utilisation du mastaba.

Le mobilier associé au nettoyage du groupe d’Abu Suten comprend uniquement de la céramique.Lesdifférentstypesdejarresàbières,demoulesàpainetdeMeidumbowlsrecueillislorsdelafouillesonttousreprésentatifsdelafindelaIIIe-début de la IVe dynastie. Malheureusement il ne s’agit que de matériel de surface ou issu des remblais postérieurs aux fouilles anciennes du xxes.,quinepermetpasunedatationbienspécifiquedesmonu-ments. Une attention particulière sera portée dans les travaux futurs à l’étude plus précise

Fig. 91.  Mastaba 6:081 vu depuis le nord-est.

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de la typologie céramique, du décor sculpté de Nj ỉbw nsw²0, à l’architecture des mastabas etsurtoutàleursrelationsstratigraphiquesafindecernerplusprécisémentladatationdusecteur pharaonique le plus ancien du cimetière. L’un des objectifs de la prochaine mission prévue,àl’automne2015,concerneralapoursuitedudégagementdumastabadeNj ỉbw nsw, monument clé pour comprendre l’organisation de ce secteur, et des tombeaux voisins. Outre la prospection systématique de la nécropole, nécessaire pour comprendre le développement de la zone sépulcrale, la mission s’intéressera également aux origines du site de Dendara et plus précisément à la zone située entre l’enceinte du temple et le secteur dit « d’Abu Suten » oùFisheradécouvertunpetitensembledetombesprotodynastiques²1.

Fig. 92.  Mastaba 6:171 vu depuis le nord-est.

20. Lastèlefigurantlepropriétairedelatombe,découverteparPetriedanslanichesuddesonmonument,ainsiqu’unfragmentdefriseprovenantdumêmeensemblesontconservésauBritishMuseum(E1266etE1267).21. Cl. Fischer, op. cit.,p.1.


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