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Du signe à la signalétique

Date post: 22-Mar-2016
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Édition crée dans le cadre d'une licence en DNAP option Design Graphique et Multimédia (Diplôme national d'arts plastiques).
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INTRODUCTION 01

Du signe à la signalétiqueMorizur loïc DNAP Design Graphique/multimédia, ÉSA Pyrénées – site de Pau, 2013

INTRODUCTION Introduction du document Introduction au signe Introduction à la signalétique TRAVAUX LIMINAIRES N’Border Le petit ciré jaune SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE CONCLUSION SOURCES

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INTRODUCTION 0103

INTRODUCTION

Loin de faire abstraction du reste, j'accorde un grand intérêt à la forme que comporte un signe graphique. En fin de seconde année, j'ai pris conscience que mon travail était davantage tourné vers des représentations symboliques dans lesquelles le trait tenait une place prépondérant. S'en est suivi une modification de mon regard sur l'environnement en général. Ainsi, je suis entré dans une lecture de l'espace, d'une façon assez singulière, me semble-t-il. J'ai alors commencé à observer avec plus de précision les éléments qui constitue la signalétique et me suis intéressé à la façon qu'avaient les graphistes de proposer des solutions adéquates à des problématiques liées aux informations devant être communiquées au public en général.J'ai pris conscience de la grande complexité de leurs réflexions, de leur capacité d'analyse et de leur esprit de synthèse. J'ai alors décidé de positionner mon travail et ma réflexion autour de ce cheminement de pensée.Articuler ma recherche autour de l'élémentaire à savoir, ce qu'est un signe (le pictogramme dans une signalétique), ce qu'il signifie et comment il est "quelque chose qui tient lieu pour quelqu'un de quelque chose sous quelque rapport ou à quelque rapport." Comment il peut être perçu, interprété et comment il circule à travers le temps et l'espace.

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Diverse interprétation du chandelier, image tirée du livre d’Adrian Frutiger « L’Homme et ses signes ».

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INTRODUCTION 0105 INTRODUCTION AU SIGNE

INTRODUCTION AU SIGNE

Un signe est la réunion de quelque chose que je perçois et de l’image mentale associée à cette perception. Le signe est par essence double. On appelle signifiant, la face matérielle, physique, sensoriellement saisissable, et un signifié la face immatérielle, conceptuelle, qu’on ne peut appréhender qu’ intellectuellement. Le signifiant et le signifié sont indissociables, ils sont comparables aux deux faces d’une même pièce qui serait le signe. La signification est l’acte qui unit le signifié et le signifiant et qui produit le signe. On dit qu’il y a monosémie lorsque à un signifiant correspond un seul signifié et il y a polysémie lorsqu’on peut associer plusieurs signifiés au même signifiant. [1]

« De l’illustration naît le symbole, au signe sacré succède la sèche formule mathématique. Armoiries et signatures se transforment en marques ou logotypes. Le dessin est simplifié jusqu’à se convertir en signe.Il y a longtemps que les signes alphabétiques seuls ne suffisent plus à la notation et à la transmission de la pensée. Aujourd’hui, l’orientation et la communication son devenue impensables sans schéma, signes ou signaux. L’expression écrite est nécessairement complétée par l’information donnée par l’image.Les alphabets des langues parlées, ayant évolué dans des conditions historiques, ont été fixés une fois pour toutes, mais ils sont abstraits. Les signes du langage pictographique, par contre, par leur caractère plus proche du concret, sont parfaitement adaptés à un

[1] Charles S. Pierce (1839-1914). Père fondateur de l’école de la pensée sémiotique.

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06INTRODUCTION AU SIGNE

contexte mouvant et présentent une valeur explicative là ou les mots sont insuffisants ou incompréhensibles.Signes, symboles, marques et signaux, dans leur diversité, sont l’expression pénétrante, significative et omniprésente de notre époque. Tout en incluant et en préservant le passé, ils annoncent l’avenir. » [2]

L’image, perçue ou imaginée, est un « signe » ou un ensemble de signes, posant un rapport de ressemblance avec une réalité concrète ou abstraite

« Un signe est quelque chose qui tient lieu pour quelqu’un de quelque chose sous quelque rapport ou à quelque rapport » (C.S. Peirce)

> matérialité du signe : « quelque chose » = objet, > son, odeur... dynamique : « pour quelqu’un »> relativité de l’interprétation : « sous quelque rapport ou à quelque rapport »

Étudier une image, c’est étudier les signes qu’elle contient (sémiologie), en chercheréventuellement la signification (sémiose).

Un signe a pour caractéristique élémentaire d’être à la place de quelque chose d’autre (U. Eco) ex. : symboles mathématiques, physiques ou chimiques, cartes, dessins ou diagrammes, emblèmes ou signaux, symptômes, etc. Un signe peut être :

> intentionnel ou non > explicite et reconnu comme tel, ou implicite et transparent

[2] Épilogue du livre d’ Adrian Frutiger « l’homme et ses signes ».

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INTRODUCTION 0107

Histoire de la science des signes : 1890 : Charles S. Peirce (EU) : « Semiotics ».1900 : Ferdinand de Saussure, linguiste (Suisse) : « Sémiologie ».1964 : Roland Barthes, psychanalyste (Fr).1988 : Umberto Eco, écrivain (It).1995 : Serge Tisseron, psychanalyste (Fr).

CIVILISATION DE L’IMAGE [3]

En ce XXIe siècle, nous vivons définitivement dans ce que nous pouvons appeler une «civilisation de l’image». La production en grande quantité de ces images n’a pourtant rien de nouveau. Dès le XIXe siècle, les portraits connaissent le même sort, et ce, dans une démocratisation assurée de ce médium, dans le but certain de combler la nouvelle classe moyenne, ouvrière, qui se veut plus nombreuse et ayant des moyens financiers plus importants. Comme le souligne Gisèle Freund, la montée de cette nouvelle couche sociale a favorisé un besoin de produire à grande échelle, notamment en ce qui a trait aux portraits, et « correspond à l’ascension de larges couches de la société vers une plus grande signification politique et sociale ».

De plus, l’image se veut un véhicule tout désigné pour les valeurs libérales et capitalistes dans les pays industrialisés : aujourd’hui encore, cet élément de propagande systémique est bien présent, et est même davantage promulgué qu’auparavant. Il semble qu’actuellement, l’évolution entreprise à la fin du XVIIIe siècle est parvenue à son terme, nous léguant une « civilisation de l’image ».

[3] Article de Robert Radford.http://imperialtometric.com/RobertRadford/civilisation/

INTRODUCTION AU SIGNE

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LE RAPPORT HOMME / IMAGE AU COURS DES ÂGES : LES MÉDIASPHÈRES

(S. Bounie, 2006, d’après R. Debray, 1992)

08INTRODUCTION AU SIGNE

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INTRODUCTION 0109 INTRODUCTION AU SIGNE

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Bandes de statistiques dans l’exposition « Work. Meaning and Worry »Par ART+COMClient : German Hygiene-Museum Dresden

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INTRODUCTION 0111

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

Pour commencer une partie si importante, le choix des mots me paraissait délicat. Le passage d’un livre a néanmoins retenu mon attention. Il s’agit du n°19 de l’édition Graphisme en France ayant pour sujet la signalétique. Voici les trois premiers paragraphes :

« Les lieux publics constituent de véritables écologies pour les signes : affiches, enseignes, graffiti, autocollant, marquages, écrans sont autant d’espèces graphiques qui les peuplent et y pullulent. Ces espèces coexistent parfois dans une sorte de respect mutuel, chacune se voyant attribuer une place par rapport à l’autre. D’autres se répliquent dans l’espace de manière organisée et sont mises en correspondance par une typographie commune. Elles peuvent aussi se succéder dans un même site. Dans ce cas, si elles ne sont pas retirées au profit des nouvelles, il arrive que les versions cohabitent un moment, les plus anciennes s’effacant progressivement avec le temps, laissant la place aux dernières arrivées. Il est également possible que la compétition soit plus affirmée : les espèces graphiques entrent alors directement en lutte pour l’occupation d’un même territoire, les unes recouvrant parfois les autres. Lorsque cette lutte prend une tournure officielle, voire juridique, elle s’actualise en un incessant cycle de « nettoyage » et de réinscriptions.

Parmi ces espèces graphiques, la signalétique occupe une place particulière. Instrument d’accessibilité, elle vise à s’adresser au plus grand nombre en occupant un

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

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lieu aux caractéristiques architecturales extrêmement diversifiées. Chargée de donner une forme d’intelligibilité au lieu qu’elle équipe, elle est censée assurer une part de sa cohérence. La signalétique équipe également des personnes. Les mots, les formes géométriques, les couleurs qu’elle expose apportent des indications de position et de direction. Elle offre des prises pour se repérer dans un milieu généralement complexe, qu’il s’agisse d’un espace relativement clos comme un musée, une gare ou un aéroport, ou d’un espace beaucoup plus ouvert tel qu’une autoroute, un parc ou une ville.

La conception d’une signalétique est donc particulièrement délicate : outre ses dimensions esthétiques et visuelles, elle a une dimension doublement fonctionnelle dont elle ne peut pas dépendre : d’un côté, elle constitue un outil d’orientation des personnes et de gestion des flux, de l’autre, elle est un dispositif d’ordonnancement de l’espace particulièrement puissant. »

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

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INTRODUCTION 0113

Il existe deux écoles de pensée, deux façon de concevoir une signalétique : Le Wayfinding et le système fécond. Chacune de ces « disciplines » est marquée par sa propre époque, chacune voulant remédier à un problème. Voici leurs histoires :

WAYFINDING

Les bases théoriques du wayfinding ont été posées par Kevin Lynch en 1960 dans son livre L’image de la cité.

« Kevin Lynch, l’un des pionniers de la science cognitive, a essayé de montrer grâce à ces représentations liées à la mémoire comment l’être humain se repérait dans un espace urbain. De cette recherche découle l’une des branches importantes de la science cognitive. Elle se consacre à l’orientation dans des espaces artificiels : le wayfinding. » [1]

Le wayfinding émerge avec l’apparition des mutations urbaines dues aux questions d’hypermobilité et de complexification de la matrice de la société, désormais «société en réseaux». Répondre à ces problématiques par l’aménagement graphique de l’espace est tout l’enjeu du wayfinding. Dans L’image de la cité, Kevin Lynch définit le wayfinding comme « l’utilisation et l’organisation des informations sensorielles issues de l’environnement externe », « a consistent use and organization of definite sensory cues from the external environment » dans le texte original. [2] En 1984, le psychologue de l’environnement Romedi Passini publie Wayfinding in Architecture. Il inclu dans ce concept du wayfinding la signalétique et ses éléments graphiques comprenant la grammaire spatiale d’un bâtiment, le système

[1] Les 101 mots du design graphique à l’usage de tous, Ruedi Baur, Collection 101 Mots, Archibooks, 2011

[2] L’image de la cité, Kevin Lynch, 1960

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

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d’organisation spatiale, la communication sonore, les éléments tactiles, la prestation pour les usagers en difficulté. En 1992, Romedi Passini accompagné de Paul Arthur appellent le wayfinding «spatial problem solving» [la résolution d’un problème spatial] dans leur ouvrage Wayfinding: people, signs, and architecture.[3]Les recherches liées au wayfinding sont toujours d’actualité et en particulier au C.S.A.I.L., Laboratoire de la Science des Ordinateurs et de l’Intelligence Artificielle du M.I.T., l’Institut de Technologie du Massachusetts et tentent de répondre définitivement à la question: « Où suis-je? » en créant des espaces d’information permettant une navigation efficace.

PRATIQUE DU WAYFINDING

Je pense qu’il est intéressant de faire mention à l’Isotype. En plus d’être l’avant gardisme d’une nouvelle signalétique, le projet isotype partait du désir d’universaliser un langage sous la forme d’image. Ce qui ressemble finalement à un processus de signalisation. En 1930, l’artiste Gerd Arzntz et le philosophe autrichien Otto Neurath créent l’alphabet symbolique Isotype, International System of Typographic Picture Éducation (Système International d’Education par les Images Typographiques) originellement appelé Vienna Method of Pictorial Statistics (Méthode Viennoise de Statistiques Graphiques). Il consiste en un ensemble convenu de signes et de règles pour leur utilisation. Dans un contexte historique d’après guerre, ils inventent un alphabet non linguistique destiné à une communication internationale. On ne peut douter que l’utopie qui sous-tend cette démarche souhaitait dépasser

[3] L’image de la cité, Kevin Lynch, 1960

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

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INTRODUCTION 0115

les divisions dues aux conflits entre nations. Les pictogrammes de cet alphabet ont pour but d’illustrer et d’expliquer des problématiques sociales et économiques à chacun d’entre nous. Les deux créateurs prônent la libre diffusion du savoir. Otto Neurath explique ainsi ses intentions d’une « visual education » :

« to inform ordinary citizens (including schoolchildren) about their place in the world. It was never intended to replace verbal language; it was a ‹helping language› always accompanied by verbal elements. It’s a ‹ language-like technique ›. [4]» [« Education visuelle »: « pour informer les citoyens ordinaires (y compris les enfants) de leur place dans le monde. Cela n’a jamais eu pour but de remplacer le langage verbal ; c’est un ‹ langage qui aide ›, toujours accompagné d’éléments verbaux. C’est une ‹ technique qui fait penser au langage ›. »]

Référence en matière de designer ancré au wayfinding, Paul Mijksenaar commence par expliquer sa vision du wayfinding (sur le site internet de son agence) pour préciser que peu importe le projet sur lequel il travaille, « it is always aimed at the people who will use it » (il est toujours conçu en fonction des gens qui en feront l’usage).[5] Ces projets sont principalement basés sur des notions de contraste de couleurs, de champ de vision et de hiérarchisation de l’information. En plus des principes du wayfinding, l’agence Mijksenaar utilise des « données et théories testées scientifiquement » provenant notamment du I.I.I.D. (International Institute for Information Design). Les projets de Mijksenaar ne doivent exclure personne, aucun groupe d’âge

[4] From hieroglyphics to Isotype: a visual autobiography,Otto Neurath, Hyphen Press, 2010 [5] www.mijksenaar. com

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

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ni handicap. C’est un « design pour tous ». Pour assurer un « design durable » à ses clients, Mijksenaar vise la création d’un design éternel (« timeless design »). Pour atteindre une facilité d’utilisation pour l’usager et une convivialité, le système graphique doit être « correct, comprehensible, consistent, clearly designed » (correct, compréhensible, constant, et net.

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

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INTRODUCTION 0117

SYSTÈME FÉCOND

À la différence de la théorie du wayfinding, celle du système fécond n’est pas un courant de pensée à proprement parler, dans le sens où elle n’est pas recensée (dans aucun livre, etc.). Notre acceptation du terme « école du système fécond » regroupe alors des théoriciens, graphistes et autres créateurs d’espaces qui nous paraissent s’accorder sur une autre idée de la signalétique dans l’espace public. Cette approche a ainsi été arbitrairement baptisée à partir de la définition du terme « système fécond » du designer Ruedi Baur:

«Les systèmes féconds sont capables de s’adapter à l’imprévisible, à l’évolution vers l’inimaginable. Ils émanent d’un contexte particulier, mettent en œuvre cette particularité de la situation, de l’exceptionnel, du hors norme, tout en restant lisibles à tous. Ces systèmes permettent l’implication, la participation, justement parce qu’ils ne se veulent pas complets, définitifs, anticipateurs de tous possibles. La créativité peut se développer en eux. Ils maîtrisent le système linguistique qui peut s’exprimer en lui, voire créer avec lui. Il veut redonner une place à un citoyen digne et responsable. » [6]

Il y a dans le système fécond chacun de ces principes essentiels dans la conception et la réalisation d’un système fécond par l’analyse de projets nous paraissant correspondre aux critères d’un tel système et en abordant les questions de standardisation, de contextualisation, de proximité, de différences de niveaux de signalétique, de désorientation, de système ouvert, de non-lieux, et de lieux de pouvoir.

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

[6] De la norme au langage visuel, Ruedi Baur, colloque « Edit! », organisé par l’École des Beaux-arts de Bordeaux, Printemps 2009

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Dans le texte Design universel, brand global ou design contextuel [6] écrit par Ruedi Baur, on apprend les origines d’une volonté d’universalisation dans le design, d’une « internationalité comme attitude créatrice ». Elle prend naissance dans une volonté des créateurs de dépasser « la logique tragique du national » ayant causé guerres mondiales et autres conflits entre nations. Les créateurs désirent alors « se retrouver comme élite d’une pensée nouvelle dépassant les frontières». Il est cependant très difficile d’atteindre une réelle universalité dans le design et déjà, « l’occidentalisme limitait (...) fortement le concept. » On peut y voir un danger de construire « l’universalisme sur la base de sa représentation du monde ». Dès lors, ce design soi-disant destiné à tous finit par ne s’adresser qu’« à personne en particulier, encore moins à la particularité d’une personne, voire d’un lieu ou d’une circonstance. » Malgré de belles intentions de départ, ce graphisme se voit, aujourd’hui encore, soutenu par des entrepreneurs voyant leur intérêt dans l’ouverture de leur marché national à l’international. Ce changement d’échelle financière entraîne la belle utopie d’un graphisme universel vers une standardisation beaucoup moins attrayante. Il est ainsi expliqué par Marsha Emanuel :

« mais il a fallu attendre une prise de conscience plus directe des liens entre le graphiste, le commanditaire et la société pour qu’une autre appréciation de cet espace de communication apparaisse. Sans doute, celui-ci répond-il aussi à un changement d’échelle du public et des moyens de le toucher. à une société de masse correspond une gestion de masse. » [7]

[6] Design universel, brand global ou design contextuel, Ruedi Baur, 2010, texte disponible sur le site : new.ruedi-baur.eu

[7] À propos du graphisme d’utilité publique, Marsha Emanuel, 2009

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

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INTRODUCTION 0119

Cette notion de « masse » nous rappelle une dangereuse conséquence de la standardisation : celle de considérer les usagers en un grand tout uniforme. Est-ce bien là une posture décente pour le citoyen que d’être noyé dans une masse ?La standardisation est ainsi prônée par le marketing et la publicité dans le but d’élargir un marché toujours plus lucratif. L’école du wayfinding, quant à elle, vise une utopie d’universel qui en vient à rejoindre les conséquences indésirables de la standardisation. Le danger d’une telle universalisation ou standardisation réside en sa capacité à annihiler les diversités. Le philosophe Bernard Stiegler nous met en garde sur la disparition de celles-ci dans notre société :

« Le cœur de cette politique qui consiste à normaliser, égaliser et homogénéiser les profils psychologiques, à les faire se confondre à un modèle social donné est ce qui ne peut conduire qu’à stériliser la société et à lui ôter toute dynamique. » [8]

Il ajoute également qu’ « une économie qui n’arrive pas à produire de singularités n’a plus d’avenir, car se sont elles qui fournissent la matière du processus de sublimation en quoi consiste la socialisation et la civilisation. » [9] Ruedi Baur, quant à lui, explique le « danger de la disparition des différences autour d’un plus petit dénominateurcommun imposé. Le danger est d’autant plus fort quand il ne s’applique plus au domaine de la consommation mais au domaine de la communication publique. »[10]Pourtant, cette notion de diversité n’est-elle pas capitale dans notre société ? Une phrase prononcée par Bertrand Delanoë

[8] Constituer l’Europe : Tome 1. Dans un monde sans vergogne, Bernard Stiegler, Galilée, 2005

[9] Constituer l’Europe : Tome 1. Dans un monde sans vergogne, Bernard Stiegler, Galilée, 2005

INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

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20INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

dans son discours lors de l’investiture du Président François Hollande nous éclaire : « La diversité fonde l’unité.» [11] On retrouve également cette idée dans la devise de l’Union Européenne, utilisée pour la première fois en 2000 : « Unie dans la diversité ». Ainsi, loin de diviser, prôner la diversité rassemble et fait fi du mépris des particularités des hommes, des cultures et des lieux. Rassembler autours des diversités est une toute autre approche que de rassembler autour d’une universalité fictive.

MON POINT DE VUE

Cet extrait du mémoire D’Anouk met très certainement en avant le système fécond. Son bût étant de montrer que le système fécond est nouveau modèle de pensé qui est une forme évolué de l’ancienne école. On peut dire que le système fécond dénigre l’aspect utopique d’universalité pour mettre en avant une signalétique unique et reconnaissable. Je trouve qu’il est effectivement logique que l’on aboutisse à une signalétique qui se veut distinguable. De même que le graphisme, la signalétique évolue probablement vers de nouvelles formes. Les nouvelles technologies vont sans aucun doute opérer une nouvelle tranformation et « école de pensée ». Ce qui est déjà en route avec la réalité augmentée, qui à l’aide de « qr code » (signe scannable et reconnaissable par outil banal tel qu’un téléphone) montre déjà des informations non visible à l’oeil nue. Ne pourrions nous pas évoluer vers une signalétique « invisible »? Ce qui d’une certaine façon contribuerait à une possible universalité du design.

[10] Conférence de Bruno Latour, Bruno Latour, colloque « Edit! » organisé par l’Ecole des Beaux-arts de Bordeaux, Printemps 2009

[11] Discours lors de l’investiture du Président François Hollande, Bertrand Delanoë, Hôtel de ville de Paris, 15 mai 2012

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INTRODUCTION 0121 INTRODUCTION À LA SIGNALÉTIQUE

Schéma historique des deux écoles de pensées de la signalétique.

École du Wayfinding

École du système fécond

Industrialisation d’après guerre, augmentation

réseaux routier.

Publication de Kevin Lynch en 1960,

L’image de la cité

Standartisation du wayfinding

Publication de Ruedi Baur, De la norme au langage visuel

DÉFINITION DU SYSTÈME FÉCOND

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INTRODUCTION 01

TRAVAUX LIMINAIRES

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N’BORDER (Avril 2011)

Ce projet appellé «N’Border» a été réalisé lors d’un workshop en 2011, en espagne, dans le désert des Bardenas. Il a rassemblé plusieurs groupes de travail. Cependant le sujet était plus ou moins le même pour tous : réfléchir sur la frontière.

Pour ce projet, bâti sur les frontières, les limitations et les risques que cela engendre, j’ai choisi de m’inspirer des formes géométriques et des couleurs des bandes de sécurité (noir et jaune). Mon travail a commencé par des illustrations faîtes sur un logiciel (Illustrator) utilisé pour sa qualité de trait net (du au fait qu’il ne morcelle pas l’image en pixel). Les formes sont transformées, mélangées, dans les fins de saisir une forme graphique originale. La réalisation d’une identité visuelle sur

TRAVAUX LIMINAIRES

Photo utilisée lors de l’exposition N’Border, résultat du workshop du même nom.

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INTRODUCTION 0125

une palette en bois a été faîte dans le but d’unir mon travail graphique avec le paysage qu’est le désert des Bardenas.

C’est un travail auquel je tiens beaucoup, car non seulement il est représentatif de mon processus de travail, mais c’est aussi l’un des rares travaux où j’ai eu l’opportunité de penser l’espace.

TRAVAUX LIMINAIRES

Photo utilisée lors de l’exposition N’Border, résultat du workshop du même nom.

Exemple de recherche graphique,

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LE PETIT CHAPERON JAUNE (2012-2013)

Ce projet est issu d’un projet en dessin où le sujet était de « suivre plusieurs pistes ». J’avais donc décidé de créer une narration où plusieurs éléments se manifesteraient durant la durée du récit. J’ai réfléchi à la manière de faire exister physiquement cette narration. J’ai décidé qu’il pouvait être intéressant d’expérimenter le mapping [12]. L’intérêt de ce projet pour moi était d’expérimenter les limites d’une installation vidéo.

[12] Le mapping est une animation visuelle projetée. Cette technologie multimédia permet de projeter de la lumière ou des vidéos sur des volumes, de recréer des images de grande taille sur des structures en relief, tels des monuments, ou de recréer des univers à 360°. Grâce à l’utilisation des logiciels spécifiques, les volumes sont dessinés et reproduits, afin d’obtenir des projections vidéo à grande échelle qui adhèrent le plus près possible aux endroits choisis.

Image tirée d’une vidéo projeté sur la structure.

TRAVAUX LIMINAIRES

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INTRODUCTION 0127

Plan d’installation de la situation d’exposition

TRAVAUX LIMINAIRES

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Photo de l’extérieur de l’ancien lycée professionnel Montpensier Saint Vincent, futurs locaux de l’école des Beaux Arts de Pau.

SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

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INTRODUCTION 01SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE29

Pour mon projet de DNAP, mon désir est de proposer une signalétique. Qui doit provenir d’un réel besoin de rajout d’information. En plus du besoin de donner des informations, il y la question du lieu et du type d’information qui doit être donné (visuel, textuel, chiffre, nombre). La seconde partie de mon projet, qui est le signe, me permettrait de voir l’objet comme étant le signifié, et la fonction comme un signifiant. Avec la définition du signe j’ai vu un outil, qui de façon pertinente me permettrait de poser des bases de travail pour la création d’une signalétique.

Dans le cadre de mon projet de signalétique, j’ai choisi de réaliser une signalétique dans les prochains locaux dans lesquels l’ÉSA Pyrénées déménagera. Cependant j’ai l’opportunité de travailler avec quelques collègues sur la police de caractère qui devrait être utilisée, dans le nouvel établissement, comme élément de signalétique. Cela me donne l’avantage de connaître l’architecture des lieux et de suivre une base graphique préétablie (l’utilisation de couleur (bleu et noir) et formes épurées).

SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

objet : signifié fonction : signifiant

Page 32: Du signe à la signalétique

SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE 30

Le besoin de structurer sa pensée m’a semblé nécessaire. Lors de mes recherches pour ce projet de diplôme, j’ai souvent été trop sur de moi, essayé de me lancer dans un travail en laissant de côté des données importantes, par enthousiasme me semble t’il. Voici donc comment j’ai envisagé ce projet.

LA FONCTION (ENJEUX)

Mon travail consisterait à être un complément d’information, le nom du lieu pouvant être déjà présent. Néanmoins je ne tiens pas à ce que mon travail soit dépendant d’écrit. Mes signes seront installés aux endroits où leurs fonctions seront les plus pertinentes, à savoir à l’entrée des lieux et/où les visiteurs pourront comprendre la fonction du lieu où ils sont entré. La question de l’intérieur/extérieur me paraît difficile à résoudre pour l’instant. Les décisions que j’ai prises en ce qui concerne les matériaux ne me permet pas encore de faire exister ma signalétique à l’extérieur.

L et K - Extrait des lettres créées pour la signalétique de la nouvelle école

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INTRODUCTION 0131

L’OBJET

Recherche de module n°1

Je compte utiliser pour les signes des formes découpées sur un carton plume. Le choix de ce matériau s’explique par la légèreté de l’objet. Ce qui est une qualité vitale pour mon installation car les signes seront aimantés sur le mur et le dos de l’objet « signe » par une peinture magnétique. Ce concept de forme module me semble important dans le cas d’une école de graphisme, où les étudiants changent chaque année et où ils ont envie d’intervenir sur les lieux de l’école. Je pense qu’il est important que ces signes ne laissent pas de traces indélébiles sur les murs.

SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

Recherches de formes de module

Page 34: Du signe à la signalétique

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un espace magnétique

(couleur grise présente sur fond blanc besoin de discretion mais aussi de reconnaitre les endroits magnétiques)

4 aimant

les aimants font la liaison entre le mur et les modules

3 modules

l’arrière des modules posséderaient aussi du magnétisme

La force du magnétisme est une facette importante de mon travail.

SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

Page 35: Du signe à la signalétique

Mise en situation de signalétique.

Cette première mise en situation n’exprime pas encore la dimension modulable de mon travail. Néanmoins j’ai choisi de rester dans ce plan simple pour n’exprimer qu’un plan d’ensemble.

33 SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

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Recherche de module n°2

J’ai voulu envisagé dans ces recherches, des modules qui me permettrait d’atteindre des formes plus complexes. Cette évolution m’a été inspiré par la possibilité d’utiliser des vinyles adhésifs à la place de la peinture magnétique et des aimants. Il parait en effet plus simple de considérer l’objet comme étant non dépendant de matériaux supplémentaires. L’utilisation de ces modules et des matériaux va ammener mes pictogrammes à avoir une échelle importante. J’ai pris la décision d’utiliser cette contrainte comme un partie pour la majorité de mes pictogrammes. Dans le cadre d’expérimentation faîtes sur la présentation d’une image informative, j’ai produit un pictogramme de taille humaine. Le but de cet exercice étant de voir les réactions que suscitaient cette silhouette humaine.

34SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

Page 37: Du signe à la signalétique

INTRODUCTION 01

Modules

travailleur sur ordinateur

Exemple de pictogramme

35 SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

Page 38: Du signe à la signalétique

Ascenseur

Bibliothèque

Salle de travail

36SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

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INTRODUCTION 01

Quadrichromie

Homme

Femme

37 SIGNALÉTIQUE DE LA NOUVELLE ÉCOLE

Page 40: Du signe à la signalétique

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RECHERCHE ICONOGRAPHIQUE

?

ordinateur, imprimante, document

PAO

Page 41: Du signe à la signalétique

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livre

Bibliothèque

secrétaire, point d’information

Secrétariattravailleur sur ordinateur

Atelier

RECHERCE ICONOGRAPHIQUE

Page 42: Du signe à la signalétique

marteaux, rouleaux

Outils

homme, femme

WC

spatule

Sérigraphie

40RECHERCHER ICONOGRAPHIQUE

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bouche, voiture, thermomètre, tête, ampoule

Divers

flèches

Indicateur de direction

RECHERCE ICONOGRAPHIQUE41

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INTRODUCTION 01

CONCLUSION

43 CONCLUSION

Par mes recherches sur les signes et la signalétique j’ai pu prendre connaissance de : - de la définition d’un signe- de l’évolution de l’image dans l’histoire- l’existence de deux écoles de pensées

Parti d'une analyse de base, la réflexion que j'ai menée jusqu'à présent m'a permis d'accéder à une vue d'ensemble. Ma préoccupation actuelle tend à mesurer comment je peux, par l'illustration et le travail d'image vectorielle, répondre à une nouvelle problématique, celle de produire de l'information dans un espace donné. Il me semble alors judicieux d'orienter mon axe de travail vers une production d'images ayant pour vocation de produire et de transmettre de l'information à destination du public. Support de communication visible par tous, compréhensible de la même façon par chacun, sans qu'aucune autre ambiguïté, sinon celle d'un sens humoristique, ne soit permise. Aller vers la symbolisation de messages simples et clairs, synthétisés dans un signe unique, signe pouvant être décliné et interprété différemment selon le contexte dans lequel il est donné à voir.

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CONCLUSION 44

matériaux sont pris en compte, les expérimentations faîtes.

Je compte continuer mon cursus aux Beaux Arts de Pau jusqu’au Master en DNSEP. Et avec la même envie de donner aux gens l’envie de contempler leurs environnements.

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INTRODUCTION 0147 SOURCES

> Shepard Fairey. Obey:Supply and demand , édition Gingko, 2009, 446 pages

> Johannes Plass, Heinrich Paravicini / Mutabor. Lingua Universalis , éditeur R. Klanten Verlag, 2004, 192 pages.

> David Mazzucchellie. Asterio Polyp, édition Caterman, 2009.

> Cizo, Frédéric Felder. Trésors de l’institut national de recherche et de sécurité, édition Les requin marteaux, 2012, 144 pages.

> Gerd Arntz. Graphic Designer, édité par Ed Annink et Max Bruinsma, 2001,. 288 pages.

> Adrian Frutiger, L’Homme et ses signes, signe, symbole, signaux, édité par l’Atelier Perrousseaux, 2000, 319 pages.

> Annik Lantenois, Le vertige du funambule, Cité du design, édité par B42, 2010, 88 pages.

> Jérôme Denis, Petite sociologie de la signalétique, édité par Presses de l’Ecole des mines, 2010, 197 pages.

> Emmanelle Bordon, L’interpretation des pictogrammes, édité par L’Harmattan, 2004, 324 pages.

> David McCandless, Information is beautiful, édité par Collins, 2011, 256 pages.

SOURCES

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48SOURCES

> Angus Hyland/Steven Bateman. Symboles, édité par Pyramid, 2011. 336 pages.

> Jean Baudrillard. Pour une critique de l’économie politique du signe, édité par Gallimard, 1977. 268 pages. > groupe μ. Traité du signe visuel, édition du seuil, 1992. 504 pages.

> design&designer. integral ruedi baur et associés t.12 ; identité de lieux , édité par Pyramid, 2004. 120 pages.

> Dominique Cartier. L’écriture du monde, François Bourin éditeur, 2012. 320 pages.

> Gestalten, Left, Right, Up, Down , édité par TwoPoints.Net, 2010. 240 pages.

> Ph. Artières, Les enseignes lumineuses : Des écritures urbaines au XXe siècle, édité par Bayard Jeunesse, 2010.

> Ruedi Baur. Les 101 mots du design graphique à l’usage de tous, édité par Archibooks, 2011.

> Paul Arthur, Romedi Passini. Wayfinding: people, signs, and architecture, McGraw-Hill Book Co., 1992

> CNAP. Graphisme en France : Signalétique, édition CNAP, 2013 64 pages.

> Roland Barthes. L’Empire des signes, collection Essais, Point, 1970. 157 pages.

> Anouk Fenech, Comment la signalétique participe-t-elle de la dimension civique de l’espace public ? , mémoire de 4e année du cursus DGMM à l’EnsAD, 2012. 81 pages.

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Conçu par Loïc MorizurImprimé en mai 2013

Typographie : DinPro

A5 - 14,85x21cmCahier extérieur/160gCahier intérieur /80g

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Concu par Loïc MorizurImprimé le 23/04/2013

A5 - 14,85x21cm / 160g / 80g

Cahier extérieurCahier intérieur

Typographie:D inPro


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