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LES IMPLICATIONS STRUCTURELLES DE LA LIBERALISATION...

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EPP- PNDR Banque Mondiale APB Consulting Coopération Française PROGRAMME RURALSTRUC ___________________ LES IMPLICATIONS STRUCTURELLES DE LA LIBERALISATION SUR L’AGRICULTURE ET LE DEVELOPPEMENT RURAL ___________________ Première phase : Synthèse Nationale Madagascar ___________________ PIERRE BERNARD Alain RAMBOARISON Rivo RANDRIANARISON Lalaina RONDRO-HARISOA Lydia Antananarivo, Janvier 2007
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EPP- PNDR

Banque Mondiale APB Consulting

Coopération Française

PROGRAMME RURALSTRUC

___________________

LES IMPLICATIONS STRUCTURELLES DE LA LIBERALISATION SUR L’AGRICULTURE ET LE

DEVELOPPEMENT RURAL

___________________

Première phase : Synthèse Nationale

Madagascar

___________________

PIERRE BERNARD Alain RAMBOARISON Rivo

RANDRIANARISON Lalaina RONDRO-HARISOA Lydia

Antananarivo, Janvier 2007

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 ii

Le programme RuralStruc sur les « Implications structurelles de la libéralisation sur l’agriculture et le développement rural » est une initiative conjointe de la Banque mondiale et de la Coopération française (Agence Française de Développement, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, Ministère des Affaires Etrangères, Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement). D’une durée de deux ans (2006-2008), son objectif est de proposer une analyse renouvelée sur les processus de libéralisation et d’intégration économique, dépassant la seule dimension commerciale, et sur leurs conséquences sur l’agriculture et le secteur rural des pays en développement. Les résultats obtenus permettront d’améliorer le débat entre partenaires nationaux et internationaux et de fournir des orientations sur les politiques destinées au secteur agricole et au monde rural. Le programme repose sur un dispositif comparatif de sept pays – Mexique, Nicaragua, Maroc, Sénégal, Mali, Kenya et Madagascar – correspondant à des stades différents du processus de libéralisation et d’intégration économique et conduit ses travaux avec des équipes d’experts et chercheurs nationaux. Deux phases ont été retenues : une première phase d’état des lieux ; une seconde phase d’études de cas sectorielles et régionales. http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/AFRICAEXT/0,,menuPK:311690~pagePK:146732~piPK:64087638~theSitePK:258644,00.html La présente étude porte le nom de ses auteurs et doit être utilisée et citée de manière appropriée. Les résultats, interprétations et conclusions sont celles des auteurs et n’engagent pas la Banque mondiale, son conseil d’administration, son management et ses Etats-membres.

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AVANT-PROPOS

Le présent rapport présente le cas de Madagascar et est le fruit d’une collaboration efficace entre les consultants1 du Cabinet APB Consulting, les membres du Comité de Pilotage et divers partenaires techniques et financiers présents à Madagascar. Les diverses étapes d’avancement de ce travail ont fait l’objet de présentation et de discussion au niveau du Comité de Pilotage, élargi aux divers partenaires techniques et financiers2, dirigé par l’Equipe Permanente de Pilotage du Plan National du Développement Rural (EPP-PNDR), au sein de la Primature. Ces séances de travail se sont déroulées le 20 septembre 2006 et le 7 novembre 2006. L’équipe de consultants se félicite d’avoir pu bénéficier de la présence, de la compétence et du dynamisme d’un Comité de Pilotage qui s’est réellement impliqué tout au long de ce travail, en apportant un appui efficace et en prodiguant des conseils pertinents. Nous tenons ainsi à remercier tout particulièrement les personnes suivantes, membres ou non du Comité de Pilotage de la présente étude :

- Madame Bebe RAZAIARIMANANA, de l’EPP-PNDR - Madame Joceline SOLONITOMPOARINONY, de l’UPDR - Madame Bénédicte GASTINEAU, de l’IRD-ICM - Madame Marie Hélène DABAT, du CIRAD - Monsieur Jean Pierre ROLLAND, de l’UPDR - Monsieur Olivier JENN-TREYER, du SMB

Nous tenons aussi à remercier les divers participants aux deux séances de présentation et de discussion des étapes intermédiaires du présent travail. La pertinence de leurs observations a permis d’affiner les divers aspects abordés dans le présent rapport.

1 PIERRE BERNARD Alain, RAMBOARISON Rivo, RANDRIANARISON Lalaina et RONDRO-HARISOA Lydia. 2 Banque Mondiale, l’AFD, le SCAC de l’Ambassade de France, l’Union Européenne, l’USAID, le FIDA, le Secrétariat Multi Bailleurs, le CIRAD, l’IRD, le MAEP (DAPP, DSI, UPDR), l’ESSA – Filière Agro-management, l’INSTAT et la Coalition Paysanne de Madagascar

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SOMMAIRE

PREMIERE PARTIE : PLACE ET ROLES DE L’AGRICULTURE DANS LA CONFIGURATION NATIONALE : LES GRANDES TENDANCES ............................ 1 1. REPERES HISTORIQUES ...................................................................................... 2 1.1. Chronologie des événements politiques .................................................................2 1.1.1. Période précoloniale.................................................................................................2 1.1.2. L’ère coloniale, 1896-1960 .......................................................................................3 1.1.3. L’Indépendance, la Première République et la transition militaire, 1960 – 1975......3 1.1.4. La deuxième république, 1975-1992 ........................................................................3 1.1.5. La troisième République, à partir de 1993................................................................4 1.2. Les politiques agricoles et de développement rural ...............................................5 2. DONNEES DEMOGRAPHIQUES............................................................................ 10 2.1. Une croissance démographique encore forte .......................................................10 2.2. Une population très jeune .......................................................................................11 2.3. Une faible urbanisation............................................................................................12 2.4. Une population majoritairement rurale et agricole................................................13 2.5. Une faible densité et une répartition spatiale très inégale ...................................14 2.6. Plus de 300 000 jeunes nouveaux arrivants essentiellement ruraux sur le marché du travail..................................................................................................................16 2.7. Des phénomènes migratoires peu importants ......................................................16 2.7.1. Très peu de migrations externes ............................................................................16 2.7.2. Des migrations internes limitées et conjoncturelles................................................17 2.8. Une population croissante et donc des besoins alimentaires qui augmenten t 18 2.9. Une population à forte majorité de pauvres ..........................................................18 3. PLACE DE L’AGRICULTURE DANS L’ECONOMIE NATIONALE................................... 20 3.1. Une population active très majoritairement agricole............................................20 3.2. L’agriculture, le secteur moteur de l’économie malgache ...................................22 3.2.1. Un PIB qui progresse de 2,7%/ an depuis 1993.....................................................22 3.2.2. Une inflation annuelle de près de 15% depuis 1972 ..............................................23 3.2.3. Un PIB dépendant majoritairement de l’agriculture et de la filière rizicole..............23 3.2.4. Une part croissante de l’Elevage et de la Pêche dans le PIB agricole ...................25 4. ECHANGES INTERNATIONAUX ............................................................................ 27 4.1. Un déficit commercial qui se creuse ......................................................................27 4.2. Des exportations concentrées sur quelques produits et quelques marchés.....27 4.2.1. Une baisse de la part des exportations agricoles ...................................................27 4.2.2. L'Europe demeure de premier débouché des produits malgaches ........................29 4.3. Des importations en progression sensible............................................................30 4.3.1. Stagnation de la part des produits alimentaires dans les importations malgaches 30 4.3.2. L'Europe : un premier fournisseur contesté............................................................31 4.4. Termes de l’échange ................................................................................................32 4.5. Accords commerciaux et régimes préférentiels : vers une ouverture accrue des marchés.................................................................................................................................32 4.5.1. L’OMC, la référence pour les relations commerciales internationales....................33 4.5.2. Les relations UE-ACP : une remise en cause des privilèges accordés par les Conventions de Lomé ? .........................................................................................................33 4.5.3. L’AGOA ..................................................................................................................33 4.5.4. Les accords régionaux : COI, COMESA et SADC..................................................33 4.5.5. Les autres Accords commerciaux...........................................................................34 4.5.6. Les enjeux ..............................................................................................................34 4.6. Une monnaie ayant connu une longue période de dépréciation .........................35

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4.7. Fiscalité et dette .......................................................................................................35 4.7.1. Une perte de recettes fiscales devant être compensée..........................................35 4.7.2. Un service de la dette plus faible aujourd’hui du fait de l’IPPTE ............................36 5. LES GRANDES CARACTERISTIQUES DU SECTEUR AGRICOLE ................................. 38 5.1. Espaces et ressources naturelles...........................................................................38 5.1.1. Un espace différemment exploité, et doté d’un potentiel naturel............................38 5.1.2. Eau : une ressource abondante faiblement exploitée.............................................38 5.1.3. Qualité de sols, forêts, et risques ...........................................................................39 5.2. Structures agraires et productions.........................................................................39 5.2.1. Structure agraire.....................................................................................................39 5.2.2. Production et rendement ........................................................................................40 5.2.3. Les systèmes de cultures .......................................................................................43 5.2.4. Les systèmes d’élevage .........................................................................................46 5.2.5. Les systèmes de pêche..........................................................................................47 5.3. Des produits agricoles essentiellement destinés à l’autoconsommation ..........47 5.4. Un développement encore récent de l'agro-industrie...........................................48 6. POLITIQUES PUBLIQUES.................................................................................... 50 6.1. Périodisation et politique de développement rural ...............................................50 6.2. Dotation en biens publics........................................................................................53 6.2.1. Recherche ..............................................................................................................53 6.2.2. Infrastructures (irrigation, piste) ..............................................................................54 6.3. Financement du développement agricole et rural.................................................55 6.3.1. Financement public et leur évolution ......................................................................55 6.3.2. Evolution des politiques des bailleurs de fonds......................................................55 6.3.3. Investissements directs étrangers dans l’agriculture et dans l’agro-alimentaire.....56 CONCLUSION ......................................................................................................... 58 DEUXIEME PARTIE : LA STRUCTURE DES MARCHES AGRICOLES ET AGRO-ALIMENTAIRES ET LEUR EVOLUTION ................................................................. 61 1. LES MARCHES DES PRODUITS ET LES FILIERES.............................................. 62 1.1. Organisation des marchés et types de filières ......................................................62 1.2. Présentation des filières significatives ..................................................................64 1.2.1. La filière riz : pilier de l’économie malgache...........................................................68 1.2.2. La filière haricot vert : un marché segmenté, une réussite à l’export .....................74 1.2.3. La filière sucre : une filière en crise et en attente de privatisation ..........................76 1.2.4. La filière lait ............................................................................................................80 1.2.5. La filière coton : une privatisation récente pour répondre à la crise .......................83 1.2.6. La filière crevette : un bon exemple de durabilité et de diversification à l’export....86 1.2.7. La filière litchi : organisation de la commercialisation autour de la qualité export ..87 2. LE MARCHE DES FACTEURS............................................................................... 89 2.1. Le marché des intrants ............................................................................................89 2.1.1. Engrais : un produit cher et peu utilisé ...................................................................89 2.1.2. Matériel agricole : des spécificités géographiques .................................................91 2.1.3. Semences : faible production et utilisation des variétés améliorées ......................92 2.2. Le marché du foncier : sécuriser les paysans.......................................................94 2.3. Le marché du crédit : un accès toujours difficile..................................................95 2.3.1. Offre en financement rural ......................................................................................95 2.3.2. Subventions pour le financement rural ...................................................................97 2.3.3. Demande potentielle en crédit ................................................................................97 2.3.4. Fixation du taux de base (ou taux nominal) des SFD.............................................98 2.4. Relance récente du marché du conseil agricole ..................................................99 2.5. L’importance du salariat agricole .........................................................................100 3. L’EVOLUTION DES PRIX RELATIFS .....................................................................102 3.1. Evolution des prix des produits agricoles ...........................................................102 3.1.1. Riz ........................................................................................................................102

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3.1.2. Maïs......................................................................................................................103 3.1.3. Café ......................................................................................................................104 3.1.4. Vanille...................................................................................................................105 3.1.5. Arachide ...............................................................................................................105 3.1.6. Coton ....................................................................................................................106 3.2. Evolution des prix des intrants agricoles ............................................................107 3.3. Ratio NPK/Paddy ....................................................................................................107 CONCLUSION ........................................................................................................109 TROISIEME PARTIE : LES PROCESSUS DE SEGMENTATION DES STRUCTURES DE PRODUCTION : TENDANCES OBSERVEES ET CONSEQUENCES ..................................................................................................115 1. LES INDICATEURS DE CHANGEMENT..................................................................116 1.1. Evolution du nombre d’exploitations agricoles ..................................................116 1.2. Evolution de la distribution provinciale par taille des exploitations .................117 1.3. Evolution du niveau technique .............................................................................118 1.3.1. Mécanisation des exploitations agricoles à l’état embryonnaire...........................118 1.3.2. Intrants : une denrée de moins en moins utilisée .................................................119 1.3.3. Irrigation : un bien difficilement maîtrisable, et inégalement réparti......................121 1.4. Un marché foncier non développé en milieu rural ..............................................122 1.5. Diversification et pluriactivite : des stratégies d'adaptation paysanne ............124 1.5.1. La diversification des productions.........................................................................124 1.5.2. La pluriactivité.......................................................................................................125 1.6. Salariat agricole : activité localisée quoique capitale pour certaines cultures 126 2. LE PROCESSUS DE DIFFERENCIATION................................................................128 2.1. Les facteurs explicatifs..........................................................................................128 2.1.1. L’évolution du milieu naturel .................................................................................128 2.1.2. L’évolution de l’environnement économique et institutionnel................................130 2.1.3. L’adaptation aux exigences des marchés.............................................................133 2.2. Les conséquences structurelles...........................................................................134 2.2.1. La stagnation des rendements agricoles..............................................................134 2.2.2. Performance du secteur et revenus des ménages...............................................138 2.2.3. Typologies de situations contrastées....................................................................143 2.2.4. La structuration des filières par la coordination verticale......................................145 CONCLUSION.............................................................................................................147 QUATRIEME PARTIE : RISQUES ET BLOCAGES IDENTIFIABLES, POSSIBILITE D’ADAPTATION ET RECOMPOSITION EN COURS .............................................149 1. RISQUES DE BLOCAGES ET IMPASSES DE TRANSITION ........................................150 1.1. Sur le plan démographique ...................................................................................150 1.1.1. Fort taux d’accroissement de la population ..........................................................150 1.1.2. Accélération quasi-exponentielle de la cohorte ....................................................150 1.2. Une saturation foncière relative débouchant sur une pression forte sur les ressources naturelles ........................................................................................................150 1.3. Une stagnation de la productivité liée à la faiblesse du marché des facteurs .151 1.4. L’activité principale de la population agricole concentrée sur le riz.................151 1.5. Une concurrence croissante des produits importés...........................................152 1.6. Une limitation des exportations, avec une concentration sur quelques produits 152 1.7. Une stagnation de la pauvreté rurale ...................................................................153 1.8. Faiblesse de l’agro-industrie.................................................................................153 1.9. Faiblesse de structuration paysanne ...................................................................154 1.10. Faiblesses des institutions................................................................................154 2. ADAPTATION ET PORTE DE SORTIE....................................................................154 2.1. Adaptation en cours...............................................................................................154 2.1.1. Au niveau des exploitations agricoles...................................................................154

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2.1.2. Meilleure organisation et intégration des filières et des marchés .........................156 2.1.3. Diversification et pluriactivité : une adaptation et une stratégie des paysans.......157 2.1.4. Au niveau des institutions.....................................................................................158 2.2. Portes de sortie ......................................................................................................158 2.2.1. Migration interne et externe..................................................................................158 2.2.2. Réforme foncière ..................................................................................................161 2.2.3. Développement des activités non agricoles .........................................................162 2.2.4. Zones favorables identifiées.................................................................................164 2.2.5. Ouverture sur des marchés régionaux et internationaux......................................164 2.2.6. Investissement étranger dans l’agriculture ...........................................................165 2.2.7. La mise en œuvre du MAP...................................................................................165 CONCLUSION.............................................................................................................167 ANNEXES ...............................................................................................................169 BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................183

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SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES

ABC : Agriculture Business Center

AC : Assistant de Culture

ACP : Afrique Caraïbes Pacifique

AD2M : Projet d’Appui au Développement de Menabe et de Melaky

ADEFI : Institution financière non mutualiste spécialisée dans la micro finance des zones urbaines

ADRA : ONG Adventiste Américaine

AECA : Institution financière mutualiste mise en place par CIDR à Marovoay

AFD : Agence Française de Développement

AFOA : Afrique Orientale et Australe

AGETIPA : Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public d’Antananarivo

AGOA : African Growth Opportunity Act

AGR : Activité Génératrice de Revenus

AGRIVET : Société privée spécialisée dans la vente d’intrants

ANAE : Association Nationale des Actions pour l’Environnement

ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées

ANP : Assemblée Nationale Populaire

APE : Accords de Partenariat Economique

APIFM : Agence de Promotion des Institutions Financières Mutualistes

AQUALMA : Aquaculture de Madagascar

AREMA : Avant-garde pour la Rénovation de Madagascar (parti de l’opposition au pouvoir actuel)

BAD : Banque Africaine de Développement

BAMEX : Business And Market Expansion

BCSR : Bureau de Commercialisation et de Stabilisation du Riz

BNI : Banque Nationale Industrielle (filiale du Crédit Agricole français)

BOA : Bank of Africa

BTP : Bâtiments et Travaux Publics

BV Lac : Bassin versant Lac Alaotra

BV-PI : Bassins versants –Périmètres irrigués

CAF : Coût, Assurance et Fret

CAR : Collectivités Autochtones Rurales

CARE : ONG américaine

CASA : Crédit d’Ajustement Structurel pour l’Agriculture

CEAMP : Institution de développement de la Première République

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 x

CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels

CFAMA : Centre de Formation Appliquée au Machinisme Agricole

CFDT : Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles

CMCS : Centre Malgache de la Canne et du Sucre

CMCS : Centre Malgache de Canne à Sucre

CMS : Centre Multiplicateur de Semence

CNC : Conseil National de Coordination des Travaux de Réhabilitation des Dégâts Cycloniques

CNCC : Centre National d’Appui à la Commercialisation du Café

CNRE : Centre National de la Recherche sur l’Environnement

CNRIT : Centre National de Recherche Industrielle et Technologique

CNS : Conseil National de Secours

COI : Commission de l’Océan Indien

COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa (Marché commun de l’Afrique Orientale et Australe)

CORA : Enseigne de supermarchés du Groupe Vendemia

COROI : Comptoir de l’Océan Indien

COTONA : Cotonnière d’Antsirabe

CPM : Coalition Paysanne de Madagascar

CRESAN : Crédit de Renforcement du secteur Santé

CRESED : Crédit de Renforcement du secteur Education

CRS : Catholic Relief Service

CSA : Centre de Service Agricole

CSA : Centres de Services Agricoles

CTHA : Centre Technique Horticole d’Antananarivo

CTHT : Centre Technique Horticole de Toamasina

DAGRIS : Développement des Agro-Industries du Sud

DCPE : Document Cadre de Politique Economique

DGE : Direction Générale de l’Economie

DGEF : Direction Générale des Eaux et Forêts

DGP : Direction Générale du Plan

DIANA : Région de Diégo (Antsiranana), Ambilobe, Nosy Be et Ambanja

DSI : Direction du Système d’Informations

DSM : Direction des Statistiques des Ménages

DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté

DTS : Droit de Tirages Spéciaux

ECI : Equilibre Compétitif Intégré

ECS : Equilibre Compétitif Segmenté

ENA : Entreprise Non Agricole

ENC : Equilibre Non Compétitif ou déséquilibre

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 xi

EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages

ERI : Eco-Régional Investisment (projet financé par USAID)

FAO : Food and Agriculture Organisation

FCV : Fonds de Contre Valeur

FENAPI : Fédération Nationale des Apiculteurs

FER : Fonds d’Entretien Routier

FERHA : Fonds d’Entretien des Réseaux Hydro-Agricoles

FIAVAMA : Société d’importation et de distribution d’intrants et de pesticides

FID : Fonds d’Intervention pour le Développement

FIDA : Fonds International pour le Développement de l’Agriculture

FIDES : Fonds d’Investissement et de Développement Economique et Social

FIFABE : Société d’Aménagement de la Plaine de Betsiboka

FIFAMANOR : Fikambanana Fifanampiana Malagasy Norveziana (Association pour la Coopération Malgache - Norvégien)

FIFATA : Structure faîtière paysanne

FMG : Franc malgache (1 Ariary = 5 Fmg)

FMH : Fikambanan’ ny Mpamboly miara-miasa amin’i Hasyma (Association des planteurs collaborant avec HASYMA)

FMI : Fonds Monétaire International

FOB : Free On Board

FOFIFA/CENRADERU : Foibe Fikarohana momba ny Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra (Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural)

FRPC : Fonds pour la Réduction de la Pauvreté

GAPCM : Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar

GATT : General Agreement on Trade and Tariffs

GC : Groupements de Collectivités

GOPR : Groupement des Opérations de Productivité Rizicole

GPS : Groupement de producteurs semenciers

GSDM : Groupement de Semis Direct de Madagascar

HACCP : Analyse des dangers et points critiques à maîtriser

HAE : Haute Autorité de l’Etat

HASYMA : Hasy Malagasy (Coton Malgache)

HIMO : Haute Intensité de Main d’Oeuvre

IAA : Industrie Agro-Alimentaire

ICAR : Institution financière mutualiste

ICM : Institut Catholique de Madagascar

IFPRI : International Food Policy Research Institute

IMF : Institution de Micro-Finance

IMVAVET : Institut malgache de production de vaccins vétérinaires

INSTAT : Institut National de la Statistique

INTERQUEM : Société d’importation et de distribution d’intrants et de pesticides

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 xii

IPFRI : Institut international de recherche sur le riz

IPPTE : Initiative en faveur des Petits Pays Très Endettés

IRAM : Institut de Recherches Agronomiques de Madagascar

IRD : Institut de Recherche pour le Développement (ex-ORSTOM)

IREDEC : Institut de Recherche sur Développement Communautaire

LDC : Low Developed Country

LECOFRUIT : Légumes, Condiments, Fruits de Madagascar

LPDR : Lettre de Politique du Développement Rural

MADIO : Madagascar, Dial, Instat, Orstom

MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche

MAP : Madagascar Action Plan

MAVAM : Mahanoro, Anosibe An’Ala, Vatomandry, Antanambao Manampotsy

MCA : Millenium Challenge Account

MEFB : Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget

MHL : Opération Micro Hydraulique

MICDSP : Ministère de l’Industrialisation, du Commerce et du Développement du Secteur Privé

MTPT : Ministère des Travaux Publics et du Transport

ND : Non déterminé

NORAD : Agence de Coopération Norvégienne

OCAM : Organisation de la Communauté Africaine et Malgache

OIM JB : Omnium Industriel Malgache JB

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

ONE : Office Nationale de l’Environnement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OP : Organisation Paysanne

OPA : Organisation Paysanne Agricole

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

OPR : Opération de Productivité Rizicole

OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola (Mutuelle d’Epargne et de Crédit)

OUA : Organisation de l’Unité Africaine

PADR : Plan d’Action du Développement Rural

PAEA : Projet d’Appui à l’Exportation Agricole

PAM : Programme Alimentaire Mondial

PANSA : Plan d’action national pour la sécurité alimentaire

PAS : Programme d’Ajustement Structurel

PC : Périmètre de Colonisation

PDRA : Plan Directeur de la Recherche Agricole

PED : Pays en développement

PGE : Politique Générale de l’Etat

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 xiii

PHBM : Projet Haut Bassin du Mandrare

PIB : Produit Intérieur Brut

PIC : Pôles Intégrés de Croissance

PIP : Programme d’Investissement Public

PIRD : Périmètre Ikopa Rive Droite

PISA : Projet intégré du Sud financé par la GTZ

PMA : Pays les moins avancés

PN : Prix Nominal

PN2D : Politique Nationale de Décentralisation et de Déconcentration

PNDR : Politique Nationale de Développement Rural

PNRA : Projet National de la Recherche Agricole

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PNVA : Programme national de vulgarisation agricole

PPI : Petits périmètres irrigués

PPISE : Projet Périmètre Irrigué du Sud Est

PPRR : Programme de Promotion des Revenus Ruraux

PR : Prix Réel

PRBM : Projet de Réhabilitation du périmètre de Bas Mangoky

PROCHIMAD : Produits Chimiques de Madagascar

PROJER : Projet d’insertion des jeunes ruraux

PSD : Parti Social Démocrate

PSDR : Projet de Soutien au Développement Rural

PSE : Projet Sectoriel de l’Elevage

PST : Projet Sectoriel du Transport

RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat

ROR : Réseau des Observatoires Ruraux

S.A. : Société Anonyme

SADC : Southern Africa Development Community (Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe)

SAMANGOKY : Société d’Aménagement du périmètre du Bas Mangoky

SAMVA : Société de ramassage des ordures de la ville d’Antananarivo

SAN : Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle

SARL : Société à responsabilité limitée

SAVA : Région de Sambava, Vohémar, Antalaha, Andapa

SEDEFITA : Société d’Exploitation et de Développement de Taheza

SEIM : Société d’Exportation et d’Importation de Madagascar

SEMANA : Société de production et de distribution de semences

SEPCM : Société d’Exploitation de Produits Chimiques de Madagascar

SFD : Systèmes Financiers Décentralisés

SIB : Société Industrielle du Boina

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 xiv

SICE : Société Industrielle et Commerciale de l’Emyrne

SIDEMA : Société Industrielle de Développement de Machines Agricoles

SILAC : Société de collecte et de rizerie du Lac Alaotra

SINPA : Société d’Intérêt National des Produits Agricoles

SIRAMA : Siramamy Malagasy (sucre malgache)

SIRANALA : Siramamy d’Analaiva (sucre d’Analaiva, devenu SUCOMA)

SMB : Secrétariat Multi Bailleurs

SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti

SMPL : Société Malgache des Produits Laitiers

SNGF : Silo National des Graines Forestières

SNRA : Système National de Recherche Agricole

SOAMA : Société d’Aménagement de la plaine d’Andapa

SODEMO : Société de développement du Moyen Ouest

SOMACODIS : Société Malgache de Conditionnement et de Distribution

SOMACOU : Société Malgache de Couverture

SOMALAC : Société Malgache d’Aménagement du Lac Alaotra

SOMEAH : Société Malgache d’Etudes et d’Aménagement Hydraulique

SOTEMA : Société Textile de Madagascar

SP : Système de Production

SPG : Système de Préférence Généralisé

SRA : Système de Riziculture Améliorée

SRA : Système de Riziculture Amélioré

SRI : Système de Riziculture Intensive

SRI : Système de Riziculture Intensif

SUCOMA : Sucre Complant de Madagascar

T&V : Taining and Visit

TAFA : Tany sy Fampandrosoana (ONG Terre et Développement)

TAOBAVY : Société de fabrication de matériels métalliques

TIAVO : Tahiry Ifampisamborana Vola (Mutuelle d’Epargne et de Crédit)

TIM : Tiako I Madagasikara (parti au pouvoir actuellement)

TITEM : Institution de microfinance

TSA : Tout Sauf les Armes (Initiative européenne de libéralisation)

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UE : Union Européenne

UNIMA : Groupe industriel exploitant entre autre une activité de pêche et d’aquaculture de crevettes

UPDR : Unité de Politique de Développement Rural

US : United State

USAID : United States Agency for International Development (Agence des Etats-Unis pour le développement international)

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USD : Dollar américain

VMN : Vision Madagascar Naturellement

WWF : WorldWide Fund for Nature

ZEP : Zone d’Echanges Préférentiels

ZIA : Zone d’Investissement Agricole

ZLE : Zone de libre échange

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MOTS MALGACHES UTILISES

Angady : Bêche malgache

Ariary : Unité monétaire malgache

Baiboho : Zone de décantation des rivières en crue

Fanompoana : Service obligatoire dénommé Indigénat (une sorte de travaux forcés auxquels les indigènes doivent assurer pour le compte des colons)

Fivondronana : District ou département

Fokontany : Village, quartier (circonscription administrative et territoriale d’une commune)

Lavaka : Forme d’érosion en forme de trou géant attaquant les versants des collines

Lemaka : Plaine

Mofogasy : Galette de riz

Mpanera : Démarcheur

Mpihavy : Migrant

Mpitarika posy : Tireur de pousse-pousse

Tanety : Pénéplaine, sommet et versant des collines

Tanimbary : Rizière

Tanindrazana : Terre des ancêtres

Tavy : Culture sur brûlis

Tompon-tany : Originaire de la zone (1ère signification), Propriétaire d’une parcelle (2ème signification)

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EXECUTIVE SUMMARY

Rice always at the core of Madagascar’s society and agricultural policies In order to fully grasp the structural changes in Madagascar’s agriculture, it is necessary to understand the role rice has played in the country’s economy. Since the reign King Andrianampoinimerina, who developed the Antananarivo plains at the end of the 18th century, the history of Madagascar and of the Malagasy society and economy has been closely linked to the cultivation of this cereal. Rice has always been and is still at the core of agricultural and development policies in Madagascar. Examples to support this statement include the creation of the large irrigated farm areas in the 1950s, the rice productivity operations of the First Republic, and the nationalizations during the socialist period. Consequently, rice cultivation has, throughout history, shaped the country and its farmers. Today, rice production concerns 87% of the farms and represents 60% of the crop acreage. The dominant position of rice explains why the GDP structure has not changed over the last 30 years. The agricultural sector still accounts for 35% of the country’s wealth, and the GDP trend is greatly influenced by the development of the agricultural sector. . The rice sub-sector is therefore still one of the key engines of Madagascar’s economy. However, Madagascar has a wide range of temperate or tropical products, intended mainly for the local and national markets which also structure the agricultural fabric. Liberalization has changed the operation of markets after a period of nationalization and State intervention While successive agricultural and rural development policies have contributed to establishing the predominance of rice, other products have benefited from State support during colonization and the First Republic, particularly traditional export products (coffee, spices, lychee, etc.). Above all, the agricultural sector was deeply marked by the socialist period. Nationalizations and State intervention between 1975 and 1986 often had negative impacts on the production and marketing of many agricultural products. These impacts are still there for some sub-sectors such as sugar, which is being privatized, and cotton, which was recently privatized.

State divestiture and liberalization of trade initiated under the structural adjustment plans, as well as deeper integration into the world economy since the 80s, have had very significant consequences on the operation of markets and strategies of agricultural sub-sectors, without challenging the predominance of rice.

Have these changes to the economic and institutional environment, as suggested by the assumptions underlying the study, led to greater integration of the sub-sectors and segmentation of markets?

Prices determined more by the markets

Before the period of structural adjustment and gradual liberalization initiated in the mid 1980s, markets for basic agricultural products were subject to direct State intervention. Producer prices were the same throughout the country, and marketing operations were fairly simple, with a limited number of actors. Today, most of the sub-sectors have been privatized, and prices are now fixed by the forces of demand and supply with, for some sub-sectors, a strong influence from world prices (cotton, sugar, coffee, and rice).

With the existence of residual public monopolies (sugar, chewing tobacco) or private pseudo-monopolies and oligopolies (cotton, smoking tobacco, or milk), producers are still forced to accept purchase prices (sugar, cotton, green beans, milk in some cases), while the prices of agricultural products are generally variable and change according to seasons (rice, maize). For the same product, the prices can also vary considerably depending on the production area, the degree of inaccessibility to the area, and the existence or lack of dominant marketing positions.

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Evolution of key sub-sectors

As in many other countries, the liberalization of the market has led to the emergence of several types of marketing channels and increased number of actors. The number of middlemen between the producers and the final consumers has increased; the rice sub-sector serves as a good example. This situation has a significant impact on the structure of the sub-sector, distribution of the value of the product, and pricing.

For some sub-sectors, such as vanilla or lychee, supervision is exercised by professional bodies in consultation with the State.

Depending on the level of connection with the local or world market, adjustments of the sub-sectors to new economic constraints are diverse as shown by the examples analyzed in the report:

• The rice sub-sector, which is the pillar of Madagascar’s economy, remains a strategic sector for the State. It is marked by high atomization of agricultural production (the average farm size is less than 1 ha, and rice farmers are generally versatile), high concentration of whole sale marketing and imports, and a more competitive processing structure. There is some degree of integration, since some rice industrialists have contractual relations with rice farmers who supply them with rice.

Despite price liberalization and privatization of production and marketing, State intervention is frequent (tax policy, building of stocks, price regulation, import operations, etc.). However, economic relations between agents depend on the market, which is more or less competitive depending on the situation. Since 2004, there is also a consultation platform involving all the stakeholders of the sub-sector and the State.

While liberalization and State divestiture have led to a higher number of actors in marketing, they have not had the expected impacts on rice production. The price of paddy has remained too low to act as incentive for farmers to produce more. Production has remained very traditional, with little use of inputs, and its increase is mainly due to extension of crop areas. The reduced size of parcels as a result of population growth and transmission of lands does not really encourage farmers to take risks. The 2004 crisis, which led to sharp increase in the price of paddy, had an incentive impact and producers increased crop areas, and in certain cases, intensified production.

The price of local rice, and therefore the price of paddy, depends on world prices. Today, producers are benefiting from the high world prices which enable them to be competitive. However, it should be noted there is not only one rice price, but several rice prices in Madagascar, depending on its variety, the season (pre-harvest gap or harvest), as well as the inaccessibility of the production or consumption area, and organization of the marketing network.

The key challenge facing this sub-sector in coming years is to rapidly achieve food self-sufficiency and position itself on the rice world market, by making efforts towards quality and competitiveness. Some big rice industrialists have already positioned themselves within this perspective.

• The sugar sub-sector, which still has a public operator, is being privatized. It is concentrated as there are only two sugar cane processing companies, and organized in two ways: integration and contractualization between sugar cane producers and SIRAMA (Siramamy Malagasy, a public processing enterprise) and production under State control for SUCOMA (“Sucre Complant de Madagascar”, a private enterprise). The crisis in the sub-sector shows the inadequacies of public management, whereas SIRAMA has for a long time benefited from guaranteed export quotas to European and American markets at prices higher than the world price; indeed, this advantage ought to have fostered its development. The imminent privatization of SIRAMA should, in the short term, change the evolution of the sub-sector, with the development of bio-fuel production.

• The cotton sub-sector was privatized recently (2004). It is a historically integrated sub-sector which has benefited from significant State support and was privatized in 2004. State monopoly

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has been replaced by private monopoly. The health of the sector depends very much on world prices. Following the sharp decline in prices, the cotton sub-sector in Madagascar, as in most African cotton producing countries, experienced a very difficult period, leading to a sharp decline in production in the early 2000s. Under privatization, “HASYMA-Dagris” made huge investments to boost production and improve the quality of cotton produced, and their initial effects are being felt. Downstream, there are only two mills, even though the textile sector is very developed and export-oriented. In 2004, fibre production was estimated at 4,545 tonnes, with 2,400 tonnes for the local market, whereas domestic demand was estimated at 27,500 tonnes. To support the recovery of the sub-sector and in collaboration with the private sector, Madagascar has established a cotton-textile consultation platform aimed at finalizing an Action Plan that can receive support from EU-Africa partnership on cotton.

• The milk sub-sector is much atomized upstream with a relatively low average productivity and problems of quality of the milk produced. Most of the output is for home-consumption, and a small part is processed. The milk sub-sector is relatively segmented, and most of the milk is sold fresh to consumers. There are also many small processing plants. On the other hand, the industrial segment is relatively concentrated, with two processing companies (TIKO and SOCOLAIT) established in the 1980s, following privatization of SMPL for SOCOLAIT. It is one of the rare sub-sectors with such a processing level. The sub-sector is partly integrated, because the industrialists have cattle but also receive supplies from stockbreeders’ organizations to which they provide guidance and inputs.

Although the per capita consumption is extremely low, milk production has always been unable to meet demand, leading to considerable imports of powder milk by the two industrial companies. However, the protection of processed products offers enough guarantees for the development of production with high added value. The price of milk is determined freely, but in reality it is highly influenced by the purchase price paid by TIKO Company in the milk triangle (Antananarivo region).

• Lychee has become a flagship of Madagascar’s exports to European markets. Production employs nearly 2.5 million rural people each season on the East coast of the island, and is mainly through harvesting. About thirty lychee exporters operate in the Main Island for a few European importers who fix the price of lychee; it is therefore a sub-sector that is relatively concentrated downstream. With the development of standards (for example, Eurepgap) and the establishment of traceability in Europe, the quality of products is today the major challenge for development, and even the future of the sub-sector. To meet these expectations with respect to quality, the sub-sector is being organized (creation of a consultation platform) and is receiving significant technical support. Today, some enterprises have created orchards to facilitate standardization, rendered difficult by harvesting.

• The shrimp sub-sector is segmented, since there is a traditional fishing sub-sector, an industrial fishing sub-sector, and an aquaculture sub-sector. However, the different segments are connected. Industrial fishing and aquaculture are very concentrated sectors. The sector has developed towards integration of traditional fishing into the supply channels of industrial enterprises, which alone have access to export markets. Diversification of fishing to aquaculture is a guarantee for sustainability of the sub-sector. Furthermore, Madagascar’s shrimp occupies a very good position among high quality products on the world market. One of the driving forces in the organization of this export-oriented sub-sector is compliance with standards. All the industrial enterprises comply with HACCP standards to meet the expectations of consumers, particularly European consumers.

For the last two export-oriented sub-sectors, quality is a major challenge. Compliance with standards may be a constraint for producers and exporters who do not often have the facilities or technical capacity to meet the requirements of international markets (cf. the European embargo on animal products since August 1997 following a negative health evaluation). Compliance with standards may be an advantage in comparison with less organized competitors.

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In Madagascar, contractual agriculture is still not well developed, except for a few historical products such as sugar or cotton. The green bean sub-sector, which is export-oriented, is a limited example of successful contractual agriculture, based on efforts towards quality. The green bean sub-sector is segmented, made up of a traditional sub-sector for the local market and a completely integrated export sub-sector. Lecofruit Company, which concludes contracts with producers on the basis of pre-fixed prices and specifications, provides the required inputs and technical supervisions. It has been certified by HACCP, and exports beans in cans under contract with a European partner (Maille).

An analysis of these different sub-sectors shows that ongoing trends vary, depending on the region and the product. However, market differentiation and segmentation factors can be identified in terms of accessibility (existence or not of marketing facilities) and the final destination of the products: almost exclusively local market (cassava, most fruits and vegetables, tubers and legumes, dairy products, flour, and meat); exports (vanilla, spices, essential oils, lychee, and shrimps); or dual, for the local market and for export (sugar, maize, cotton, coffee and, to a lesser extent, rice). Connection with the international market, with regard to export products or local products competing with imports, calls for adjustments in terms of quality and standards.

An undeveloped agro-industrial sector

Despite the wide variety of products which offer processing opportunities, the agro-industrial sector is astonishingly under-developed. The atomization of production, dispersal over a large territory with limited local output and often difficult marketing conditions make it difficult to obtain economies of scale. Great variability of volume and quality is another constraint on processing.

Despite the existing potential, agro-industry concerns only a few sub-sectors, and accounts for only 0.3% of the working population. The most developed processing sectors, such as dairy products, oils, flour or biscuits and confectionery obtain supplies mainly from imported products, and do not include or include only a little local products. Agro-industrial production, based on local products, include sugar, tobacco, cotton, brewery, chocolate factories and canning of sea products.

Development of mass marketing In Madagascar, most agricultural products are consumed locally (particularly food crops, and primarily rice), and sold in rural and urban markets. Since the liberalization of the economy, supermarkets are participating in marketing. Three groups, linked to international mass marketing, share the market: the South African chain “Shoprite”, located in Madagascar since 1992, after buying “Champion” shops, the French chain “Leaderprice”, and “Score” supermarkets of Vindémia Company, a subsidiary of the French group “Casino”. However, mass marketing is still concentrated only the big towns: Antananarivo, Antsirabe, and Toamasina.

While in some countries the establishment of supermarkets has promoted the development of contractual agriculture, this is not yet the case in Madagascar. Indeed, their local purchase strategy does not attach importance to quality as is the case, for example, in Europe. Furthermore, in view of their rather recent development and the persistence of small retail companies, it could be estimated that supermarkets handle only a limited part of the marketing of fresh products. On the other hand, they play an important and growing role in the marketing of imported agro-food products.

Agriculture that remains traditional and with low production While State intervention has not always provided effective access for all producers to factors of production, its divestiture, sometimes only partial, has not improved the situation. Consequently, Madagascar’s agriculture is generally traditional, not intensive, not mechanized, while using relatively small amounts of inputs. The reduced farm size certainly worsens the low degree of intensification, which is a strategy to minimize risks:

• Concerning fertilizers (but it is also true for phytosanitary products), the quantity used is very low and the imports, compared to the area sown, have virtually stagnated since 1972. As a result of ignorance, difficulties of access or uncertainties about its technical or economic effectiveness, manure is not used much. The high prices of imported fertilizers, especially when compared to paddy price trends, and the obstacles to the creation of a competitive fertilizers market, do not encourage farmers to use them. 55% of the farms do not use fertilizers.

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• Mechanization is also very low, and a great majority of farmers continue to use only “angady” (spade). Here again, the reduced farm size does not encourage investment in the purchase of agricultural equipment.

• Seed production has not yet been privatized, and improved seeds are not widely used by farmers. The reasons include: preference for traditional seeds, inadequate domestic production, problems of quality, certification and control, little commercial dynamism of multiplication centres, etc.

• Access to land is a major obstacle to improvement of agricultural productivity. The technical and financial possibilities of the Administration to satisfy demand for recognition of land rights are largely inadequate, creating potential situations of insecurity and conflict. The lack of land certificates penalizes farmers in their efforts to obtain loans, and therefore to make investments. Wide expanses of uninhabited and uncultivated lands coexist in the country with regions where anthropogenic pressure has led to fragmentation of farms and adoption of survival strategies. Land reform, which is under way, aims at securing farms at lower cost and within a fairly short time. If the reform is properly implemented, it will revolutionize the development of the agricultural sector.

Apart from the factors presented above, the limited use of inputs is also due to low rural credit and virtual absence of agricultural services:

• Micro-finance has been developing in Madagascar since 1990 to remedy the inadequacies of the banking system in rural areas. However, the overall amount of rural loans is still low. These loans come mainly from decentralized financial systems and, in most cases, from credit unions. Despite a high demand for loans, which is still largely satisfied by informal financing at very high interest rates, the penetration rate of rural financial services did not exceed 5%-6% of households in 2005. Furthermore, the rates charged by micro-finance institutions (MFI) are relatively high (close to a nominal rate of 36% per year).

Recently, banking institutions have been increasingly interested in micro-finance, and the products proposed by development partners are also increasing. Since 2006, the Government has, with the support of donors, been engaged in an interest rate reduction program for loans. Lastly, one of the main obstacles to loans is inadequate land security, which limits the development of credit. The ongoing reform should contribute to overcoming this constraint.

• Until the end of the 70s, agricultural extension services were provided by the Government, without however meeting the needs of producers. The mixed results of the National Agricultural Extension Program in the 90s marked the start of a period of State divestiture, replaced more or less by NGOs, projects or local administrative services with limited financial and human resources for operation. The lack of technical support is one of the causes of low productivity of Madagascar’s agriculture. The needs today are considerable. Recently, several initiatives taken by the State and donors are aimed at meeting the needs of the farmers: creation of Chambers of Agriculture and establishment of Agricultural Services Centres and Agriculture Business Centres.

Consequently, liberalization has not specifically contributed to improving the productivity of farms. The yields for major crops have increased little, and remain very low. In 2005, the rice yields stood at 2.75 t/ha, for maize 1t/ha, and for groundnut 0.72 t/ha. Diminishing portion of agricultural products in Madagascar’s trade The trade liberalization, accompanying the development of Madagascar’s agricultural sub-sectors, has led to a sharp decline in agricultural exports, while food imports have continued to increase. Indeed, Madagascar has concluded or is committed to different multilateral, bilateral and regional trade agreements, which have, on the whole, worsened trade deficits. Between 1984 and 2005, exports more than doubled, while imports tripled. Consequently, the trade balance, which already showed a deficit of USD 74 million in 1984, worsened to a deficit of USD 701 million in 2005. With regard to agricultural products, their share of total exports has declined over the past ten years, from 62% in 1995 to 34% in 2005. In absolute value, agricultural exports declined from 316 to 286

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million dollars. This trend is due to the growth of non-agricultural exports over the period, especially clothing textile, as a result of the development of free trade areas. The decline in agricultural exports is also due to a drop in the production of some key products, in particular coffee, which fell from 22% of exports in 1995 to 1% in 2005, as a result of the fall in world prices that completely destroyed domestic production. The situation is the same for sugar exports which, despite quotas on European and American markets, declined from 90,000 tonnes in 1995 to 25,000 tonnes in 2003. Lastly, it should be noted that some agricultural exports, such as vanilla and clove, have very volatile prices with direct impact on the amount of harvesting. The relative share of food imports has remained stable (12% in 1995 and 11% in 2005), and Madagascar still records significant deficits in rice, sugar, wheat, flour, edible oil and dairy products. Indeed, the opening up of markets has not contributed to significantly improving Madagascar’s agricultural and agro-food exports. Since the agricultural sector is one of the main sources of foreign exchange for country, this situation has weakened the national currency over the past few years. Despite the existence of growth-oriented preferential markets (Europe, United States, COMESA, and IOC), Madagascar has not been able to seize the opportunities offered to its agriculture: exports have concentrated on a few products and markets, and only few products are processed. Farms adapting to an increasingly difficult context Increase in crop areas but reduction in average size To date, the majority of new entrants in the labor market have been employed by the agricultural sector, following the creation of new farms. This trend has been spectacular, since nearly one million new farms have created in ten years, between 1985 and 2005. The growth in production stems from an increase in the crop areas, rather than intensification, especially as yields have not increased. There is also gradual reduction in farm size, which shows that the absorptive capacity saturation point for the rural population, particularly the most densely populated areas, has been reached. Consequently, there are current growing trends in land saturation. In 20 years, the total farm area has increased by 19%, with an annual increase rate (0.86%) much lower than the annual increase rate of the agricultural population (3.2%) and number of farms (3.3%). Consequently, the average farm size reduced from 1.2 ha/farm in 1984-85 to 0.86 ha/farm in 2004-05, with a reduction of nearly 30% in 20 years. Diversification and pluriactivity to limit risks and improve viability In addition to climate-related risks in a region subject to cyclones, the farmers face difficulties in having access to markets of factors of production (inputs, loans, equipment, and agricultural services), which have hardly improved with State divestiture. Access to loans has been made difficult by the lack of land certificates, thereby limiting the investments required to improve production and increase incomes. To adapt to this difficult situation within a context of land tension and maintain the viability of their farms, farmers have had to develop adaptation strategies, particularly diversification of products and development of pluriactivity. This is aimed at spreading the risk over several products, by increasing the number of products or implementing several crop cycles, or diversifying sources of income. Additional activities at the local level include: handicraft, brick production, production of charcoal, small-scale transport services, and paid agricultural labor. Some farmers do not hesitate to temporarily emigrate to other agricultural regions depending on the crop cycle or to the towns. However, in some critical cases, the poorest farmers are forced to give over their farms, and become tenant farmers or paid laborers. In terms of differentiation, several factors of division can be noted:

• Regional differentiation, due to the presence of natural resources in each region and exposure to unstable climatic conditions.

• Differentiation between producers according to:

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• (i) their extent of diversification: Accordingly, the purchasing power of farmers who diversified was less affected than that of producers specialized in rice, who suffered from stagnation of the actual selling price of paddy and increase in the prices of staple products.

• (ii) their participation in structured sub-sectors that help to secure the sale of products (contracts with processing, export or large surface companies): capacity for compliance with standards is therefore a distinguishing factor.

• (iii) their accessibility to markets: in inaccessible areas, producers are in a precarious situation because of the low selling price of products and difficult access to basic services.

Significant risks of impasses In addition to an overview of Madagascar’s agriculture and an analysis of ongoing adaptation efforts in the major sub-sectors and in farms, the study identified a number of critical points and key issues, which will be either open or closed doors for the future, depending on the nature of answers that will be provided.

A key demographic factor

Due mainly to the role of rice in the economy and society, Madagascar has remained and should still remain for many years, a rural country. The urbanization rate is low (less than 30% in 2005, with 12% in Antananarivo), and should remain low in the next two decades (40% in 2030).

Madagascar is not a thickly populated country (nearly 18 millions inhabitants in 2006), for a country the size of France and Belgium put together; however, it has a high population growth rate. Its population has been multiplied by 3.8 in 50 years (1950-2000) and, even if the population rate drops, Madagascar’s population should continue to grow to 45 million inhabitants in 2050. One of the challenges for Madagascar and its agriculture will therefore be to meet the food requirements of this fast growing population, thereby underscoring the predominant role of rice in agriculture and the economy.

Last but not the least, Madagascar’s population is very young, since 56% of the population in 2004 was less than 20 years old. This population, most of whom live in rural areas, is poor (78% of farmers) and often uneducated.

Absorption of cohorts into the labor market

The major challenge is undoubtedly the massive arrival of new people on the labor market over the past many years. Currently, 300,000 youths join the working population each year. They will be more than 600,000 per year in 2030. These are mainly rural youths who are often uneducated. To date, the agricultural sector absorbs most of this inflow of labor, but can this continue for a long time? However, apart from agriculture, the absorptive capacity of the economy is very limited. For example, the textile and tourism sectors, which appear as expanding and reference sectors of Madagascar’s economy, are likely to absorb 43,000 additional workers at best per year in the next few years.

The risk of land saturation and pressure on natural resources

So far, population growth has been absorbed without many problems by the agricultural sector as a result of the development of new arable lands, mainly rice farms. However, it is clear that the land has begun to be saturated, particularly in the densely populated areas, leading to significant reduction of the average farm size and increased rural poverty. This tension is further compounded by the low propensity to emigrate because of strong attachment to the land, many insecurity problems (land and social), as well as the lack of a real migration policy. Within such a context, farmers continue to use traditional farming systems (slash and burn cultivation), leading to very rapid environmental degradation.

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Increasingly uncertain viability of farms and the risk of impoverishment of the rural population

Limited access to means of production as a result of incomplete factor markets and the predominance of traditional production methods have led to stagnation of productivity. This low productivity, coupled with the reduced farm size, jeopardizes the viability of many farms in Madagascar. In addition to the fragmentation of farms and low yields, the related price trends have not been favorable. As a result of liberalization, even though the prices of agricultural products have increased, inflation, increase in the prices of inputs and the emergence of multiple middlemen have reduced the room for maneuver. At the structural level, incomes have declined, and only a few specialized rice farmers saw an increase in their incomes in 2004-2005. Such a situation, if it worsens, will impede achievement of the objectives of poverty reduction, which concern farmers more than the other socio-economic groups. In addition, the predominance of rice can also be an aggravating factor and impede the development of the agricultural and agro-food sector. Indeed, since rice is the staple food, farmers adopt a rational strategy and prefer to produce it themselves rather than having to buy it at unstable prices. Consequently, agriculture is being oriented towards self-subsistence, with limited connection to the market and very low productivity levels.

Increasing competition of imports and for exports

Another constraint for Madagascar’s agriculture is the increased liberalization of its markets. Rapid exposure of its market or the regional market can lead to increased competition with products from developed countries or emerging developing countries, which have obvious advantages in terms of facilities, research, financing support and sometimes significant support to production and export of products that in Madagascar do not benefit from any of these advantages, with the exception of cheap labor. This could be case of products from SADC and, in particular South Africa or Europe. Concurrently, this generalized opening up of the markets has resulted in increased competition on traditional preferential markets (Europe) with more competitive countries (Latin America and Asia in particular), with which competition in quality and compliance with standards is increasing.

Ongoing adaptation measures, and solutions being implemented To meet these challenges, adaptation measures are already under way and solutions are being implemented. These trends will be confirmed in the second phase of the study.

Adaptation measures in farms

At the level of farms, the diversification of crops, increasing use of paid workers, and the development of non-agricultural activities contribute to the emergence of pluriactivity systems. This trend is accompanied by greater mobility, which reinforces the impacts of urban/rural links and contributes to boosting secondary centres.

Sub-sectors being structured, and improvement of the operation of markets

Concerning the sub-sectors, interprofessional organizations and consultation platforms are being established to solve upgrading problems (compliance with standards, promotion of labels, evaluation of import or export volumes, etc.).

As for the operation of markets, it has started improving, with the establishment of market information systems (Rice Observatory) which contribute to better integration of the domestic market, and incidentally, to stabilization and understanding of market mechanisms.

With respect to public institutions, a vast project is also under way, with the overhauling of the missions of public administrative services, as well as transfer of operational tasks to the communal and regional levels, through deconcentration of sectoral ministries and decentralization.

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Development of internal and external migration

Since the urban labor market, which is often too demanding with respect to skills, will be not be able to absorb all the youths entering the labor market, the problem of accompanying inter-regional and rural-rural migrations to potential rural areas will certainly be very important in the medium term. It should be noted that Madagascar still has large uncultivated arable lands. The development of secondary towns will also be a key factor.

This aspect concerns the territorial development policy, and goes well beyond the agricultural sector alone. Within this context, land reform will certainly be a key tool.

These temporary or other migrations should lead to an increase in the labor absorbed by the informal sector, which is still difficult to estimate.

Lastly, as a result of Madagascar’s adhesion to various trade agreements (SADC, COMESA, IOC, and WTO), international migrations in the sub-region or elsewhere could also be a way out. However, this would concern only a tiny part of the population. Indeed, there are opportunities, such as facility to enter South Africa and Mauritius, which seek labor. However, there are still constraints: language barrier, inadequate financial resources to cover travel and installation expenses, as well as risk and adventure aversion.

Establishment of growth poles and agro-technopoles, and political will for market-oriented agriculture

Under the decentralization policy, the development of growth poles, agro-technopoles and agricultural investment areas should be a driving factor to boost the openly market-oriented agriculture.

This concerns, in particular, developing agricultural and agro-industrial activities through “support to growth-oriented sub-sectors” determined by the regions themselves. These initiatives fall within the Madagascar 2007-2012 Action Plan (MAP), which lays emphasis on the agricultural sector strategic plan and defines the sectoral growth objectives in terms of the development of production, as well as the development of agro-industry. The Action Plan also lays emphasis on the key role of agro-industry as a driving force for production, be it agricultural or fisheries production, or livestock development for the domestic, regional and international markets. Such political will should contribute to attracting potential investors, lacking in this sector in Madagascar.

Development of exports in opening up to regional and international markets Opening up to regional and international markets offers serious opportunities for Madagascar’s agricultural and agro-food products (COMESA, SADC, IOC, APE, and WTO), on condition that significant efforts are made in the area of standards, quality and vocational training for farmers and investors. Accordingly, the preparation of the SADC Regional Integration Agreement has enticed the expectations of Madagascar’s operators. The prospect of privileged access to a market of more than 200 million consumers is an attractive opportunity. The major exports (vanilla, shrimp, clove, essential oils, coffee, cocoa, sugar and cotton) should continue to be oriented towards the markets of developed countries, although there will probably be a space for products currently exported in small quantities, such as fruits and vegetables (potatoes, tomatoes, onion, and melon), maize, which is the main food crop of southern Africa, and even rice.

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RESUME EXECUTIF

Le riz, toujours au centre de la société malgache et des politiques agricoles Pour bien appréhender les changements structurels de l’agriculture à Madagascar, il faut tout d’abord bien comprendre la place considérable que le riz occupe historiquement dans la société malgache et dans l’économie du pays. En effet, depuis le roi Andrianampoinimerina qui a fait aménager les plaines d’Antananarivo à la fin du XVIIIème, l'histoire de Madagascar et donc la société et l'économie malgaches sont intimement liées à la culture de cette céréale : quel que soit le régime en place (d’avant la colonisation au pouvoir actuel), le riz a été et reste encore au centre des politiques agricoles et d'aménagement de Madagascar. Il suffit pour s'en convaincre de se rappeler la mise en place des grands périmètres irrigués dans les années 1950, les opérations de productivité rizicole de la Première République, les nationalisations de la période socialiste ou encore la place toujours accordée au riz dans la politique générale de l'Etat. La culture du riz a ainsi au fil de l'histoire façonné le pays et les paysans. Aujourd'hui, cette production concerne encore 87% des exploitations et représente 60% des surfaces cultivées. La prépondérance du riz explique une structure du PIB qui a peu évolué depuis plus de 30 ans. Le secteur agricole représente toujours 35% de la richesse du pays et l'évolution du PIB est fortement corrélée à l'évolution du secteur agricole et à la production rizicole en particulier. La filière riz est donc encore un des moteurs essentiels de l'économie malgache. Toutefois, Madagascar dispose d’une large gamme de produits agricoles tempérés ou tropicaux, surtout destinés aux marchés locaux et au marché national, qui structurent également le tissu agricole. Une libéralisation qui a modifié sensiblement le fonctionnement des marchés après une période de nationalisation et d’interventionnisme d’Etat Si les politiques agricoles et de développement rural successives ont contribué à conforter la prédominance du riz, d’autres productions ont aussi bénéficié de soutiens de l'Etat lors de la colonisation et de la Première République, notamment les produits traditionnels d'exportation (café, épices, litchi, etc.),. Mais surtout le secteur agricole a été fortement marqué par la période socialiste. Les nationalisations et l'interventionnisme de l'Etat entre 1975 et 1986 ont eu des effets souvent négatifs sur la production et la commercialisation de nombreuses productions agricoles. Ces effets perdurent encore pour certaines filières, comme la filière sucre en cours de privatisation ou le coton récemment privatisé.

Le désengagement de l'Etat et la libéralisation des échanges initiés dans le cadre des plans d'ajustement structurel, mais également l'intégration plus forte à l'économie internationale depuis les années 80 ont eu des conséquences très importantes sur le fonctionnement des marchés et sur les stratégies des filières agricoles malgaches, sans toutefois remettre en cause la place prépondérante du riz.

Ces modifications de l’environnement économique et institutionnel ont-elles conduit, comme le suggéraient les hypothèses sous jacentes à l’étude, à une plus grande intégration des filières et à une segmentation des marchés ?

Des prix davantage déterminés par les marchés

Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie, entamée vers le milieu des années 80, l'organisation des marchés pour les produits agricoles essentiels reposait sur l'intervention directe de l'Etat. Les prix d'achat aux producteurs étaient identiques dans tout le pays, et les opérations de commercialisation étaient assez simples, avec un nombre restreint d'intervenants. Aujourd’hui, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont désormais fixés par le jeu de

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l’offre et de la demande avec, pour certaines filières, une forte influence du cours international (coton, sucre, café, riz).

Du fait de l’existence de monopoles publics résiduels (sucre, tabac à chiquer) ou de pseudo-monopoles et oligopoles privés (coton, tabac à fumer, ou lait), le producteur se voit encore imposer des prix d'achat (sucre, coton, haricot vert, lait dans certains cas) mais les prix des produits agricoles sont en général très variables et connaissent de fortes évolutions saisonnières (riz, maïs). Pour un même produit, les prix peuvent aussi varier considérablement suivant la zone de production, en fonction du degré d'enclavement et de l'existence ou non de positions commerciales dominantes.

L’évolution des principales filières

Comme dans beaucoup d’autres pays, la libéralisation du marché a entraîné l'apparition de plusieurs types de circuits commerciaux et la multiplication des intervenants. Le nombre d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs finaux a augmenté, la filière riz en étant un exemple patent. Ce phénomène a un impact conséquent sur la structure de la filière, la répartition de la valeur et la formation des prix.

Pour certaines filières, comme la vanille ou le litchi, il existe un pilotage par des instances de concertation professionnelle associant l'Etat, qui sont parties prenantes dans la détermination des prix et l’organisation de la commercialisation.

Suivant le niveau de connexion avec le marché local ou international, les adaptations des filières aux nouvelles contraintes économiques sont donc diverses, comme le montrent les exemples analysés dans le rapport :

• La filière riz, pilier de l'économie malgache demeure une filière stratégique pour l'Etat. Elle se caractérise par une forte atomisation de la production agricole (la taille moyenne des exploitations ne dépasse pas 1 ha et les riziculteurs sont généralement polyvalents), une concentration importante de la commercialisation de gros et de l’importation, et une structure plus concurrentielle de la transformation. Il existe un certain degré d'intégration, puisque certains riziers ont développé des relations contractuelles avec une partie des riziculteurs qui les approvisionnent.

Malgré la libéralisation des prix et la privatisation de la production et de la commercialisation, l’intervention de l’Etat est récurrente (politique fiscale, constitution de stocks, administration des prix, opérations d’importation...). Cependant les relations économiques entre les agents sont plutôt régies par le marché, plus ou moins concurrentiel selon les situations. Il existe également, depuis 2004, une plateforme de concertation associant l'ensemble des acteurs de la filière et l'Etat.

Si la libéralisation et le désengagement de l'Etat ont entraîné la multiplication des intervenants dans la commercialisation, ces processus n'ont pas eu les effets escomptés sur la production rizicole. Le prix du paddy est resté trop faible pour inciter les producteurs à produire davantage. La production est demeurée très traditionnelle, avec peu d'utilisation d'intrants, et son augmentation est surtout due à une extension des surfaces cultivées. La diminution de la taille des parcelles, du fait de la croissance démographique et de la transmission des terres, n'incite d'ailleurs pas forcément à une prise de risque. La crise de 2004, qui s'est traduit par une forte hausse du prix du paddy, a eu un effet incitatif et les producteurs ont augmenté les surfaces cultivées et, dans certains cas, intensifié.

Le prix du riz local et donc celui du paddy sont dépendants du cours international. Et les producteurs bénéficient aujourd'hui d'un cours international élevé qui leur permet d'être compétitifs. Soulignons cependant qu'il n'existe pas un prix du riz mais plusieurs prix du riz à Madagascar, en fonction de la variété, de la saison (soudure ou récolte) mais aussi de l'enclavement de la zone de production ou de consommation et de l'organisation du réseau de commercialisation.

Le grand défi de cette filière, pour les années à venir, est d’arriver rapidement à l’autosuffisance alimentaire et à se positionner sur le marché international du riz, en faisant des efforts de qualité et de compétitivité. Des grands riziers sont déjà positionnés dans cette perspective.

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• La filière sucre qui comprend encore un opérateur public est en voie de privatisation. Elle est très concentrée puisqu'il n'existe que deux entreprises de transformation de la canne et présente deux modes d’organisation : intégration et contractualisation entre planteurs de canne et la SIRAMA (Siramamy Malagasy, entreprise de transformation publique) ; production en régie pour la SUCOMA (Sucre Complant de Madagascar, entreprise privée). La situation de crise que traverse la filière témoigne de la défaillance de la gestion publique alors que SIRAMA a pourtant bénéficié depuis longtemps de quotas d'exportation à prix garanti vers les marchés européen et américain à un cours supérieur au cours mondial, ce qui aurait donc dû favoriser son développement. La privatisation imminente de la SIRAMA devrait à court terme modifier l'évolution de cette filière, dans un contexte de développement de la production de bio-carburant.

• La filière coton a été récemment privatisée (2004). C'est une filière historiquement intégrée qui a bénéficié d'appuis conséquents de l'Etat et qui a été privatisée en 2004. Le monopole public a fait place un monopole privé. La santé de la filière est très dépendante des cours internationaux. Suite à la forte dégradation des cours, la filière coton malgache, comme dans la plupart des pays producteurs d'Afrique, a connu une période très difficile, se traduisant par une forte chute de la production au début des années 2000. Dans le cadre de la privatisation, HASYMA-Dagris a prévu des investissements importants pour relancer la production et améliorer la qualité du coton produit, dont les premiers effets commencent à se faire sentir. En aval, il n'existe plus que deux filatures, malgré l’existence d’un secteur textile très développé, tourné essentiellement vers l'exportation. En 2004, la production de fibres était estimée à 4 545 tonnes, dont 2 400 destinées au marché local, alors que la demande nationale était estimée à 27 500 tonnes. Pour appuyer la relance de la filière, en lien avec le secteur textile, Madagascar a mis en place une Plateforme de concertation coton - textile dont l'objectif est de finaliser un Plan d'action pouvant bénéficier de l'appui du partenariat UE - Afrique sur le coton.

• La filière lait est une filière très atomisée en amont avec une productivité moyenne relativement faible et des problèmes de qualité du lait produit. Une grande partie de la production est autoconsommée et une faible partie valorisée. La filière lait est relativement segmentée, puisqu'une grande partie du lait est vendu frais aux consommateurs. Il existe aussi de nombreuses petites unités de transformation artisanales. En revanche le segment industriel est relativement concentré avec l'existence de deux sociétés de transformation (TIKO et SOCOLAIT) qui se sont installées dans les années 1980, suite à la privatisation de la SMPL pour SOCOLAIT. Il s’agit d’une des rares filières disposant d'un tel niveau de transformation. La filière est en partie intégrée, puisque les industriels disposent d'un cheptel mais s'approvisionnent également auprès d'organisation d'éleveurs qu'ils encadrent et qu'ils fournissent en intrants.

Alors que la consommation par habitant est particulièrement faible, la production de lait est toujours très insuffisante face à la demande, ce qui conduit à des importations non négligeables de poudre de lait par les deux sociétés industrielles. La protection des produits transformés offre toutefois une garantie suffisante pour le développement d'une production de produits à forte valeur ajoutée. Le prix du lait est fixé librement mais dans les faits il est fortement influencé par le prix d'achat de la société TIKO dans le triangle laitier (région d’Antananarivo).

• Le litchi est devenu un fleuron des exportations malgaches vers le marché européen. La production occupe saisonnièrement près de 2,5 millions de ruraux répartis sur la côte Est de l’île et est essentiellement une production de cueillette. Une trentaine d’exportateurs de litchi opèrent dans la Grande Ile face à quelques importateurs européens qui fixent le prix du litchi, c'est donc une filière relativement concentrée en aval. Avec le développement des normes (par exemple Eurepgap) et la mise en place de la traçabilité en Europe, la qualité des produits est aujourd'hui l'enjeu majeur pour le développement et même l'avenir de la filière. Pour répondre à ces attentes en matière de qualité, la filière s'organise (création d’une plateforme de concertation) et bénéficie d'un appui technique important.. Certaines entreprises mettent aujourd'hui en place des vergers pour faciliter la mise aux normes rendue difficile par la cueillette.

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• La filière crevettière est une filière segmentée, puisqu'il existe une filière pêche artisanale, une filière pêche industrielle et une filière aquaculture. Les différents segments sont cependant très connectés. La pêche industrielle et l’aquaculture sont des secteurs très concentrés. La filière a évolué vers l’intégration de la pêche artisanale aux circuits d’approvisionnement des entreprises industrielles, seules à avoir accès aux marchés d’exportation. La diversification de la pêche vers l’aquaculture est une garantie de durabilité de cette filière. En outre, la crevette malgache se positionne très bien sur le marché international des produits de qualité. Un des ferments de l'organisation de cette filière orientée vers l'exportation est le respect des normes. Toutes les entreprises industrielles sont aux normes HACCP afin de répondre aux attentes des consommateurs, notamment européens.

Pour ces deux dernières filières tournées vers l'exportation, la question de la qualité est un enjeu majeur. Ce respect des normes peut être une contrainte pour les producteurs et les exportateurs qui ne disposent souvent ni de l’infrastructure ni de la capacité technique pour répondre aux exigences des marchés internationaux (cf. l’embargo européen qui frappe les produits d'origine animale depuis août 1997 suite à une évaluation sanitaire négative). Cette mise aux normes peut s’avérer un atout face aux concurrents moins bien organisés.

A Madagascar, l'agriculture contractuelle est encore très peu développée, sauf pour quelques productions historiques comme le sucre ou le coton. La filière haricot vert, orientée vers l'exportation, constitue un exemple limité d'agriculture contractuelle réussi rendu possible grâce aux efforts en matière de qualité. La filière haricot vert est segmentée avec d'un côté une filière traditionnelle destinée au marché local et, de l'autre, une filière d'exportation totalement intégrée. L'entreprise Lecofruit passe contrat avec les producteurs sur la base d'un prix fixé à l'avance et d'un cahier des charges, fournit les intrants nécessaires et assure l’encadrement technique. Elle a été certifiée HACCP et exporte des haricots en conserves sous contrat avec un partenaire européen (Maille).

L’analyse de ces différentes filières montre que les évolutions en cours sont très diverses, suivant les régions et les productions. Cependant des phénomènes de différenciation et de segmentation des marchés peuvent être identifiés en relation avec l’accessibilité (existence ou non des infrastructures de commercialisation) et la destination finale des productions : marché local quasi-exclusif (manioc, la plupart des fruits et légumes, tubercules et légumineuses, produits laitiers, farine, viande) ; exportation (vanille, épices, huiles essentielles, litchi, crevettes) ; ou duale vers le marché local et l'exportation (sucre, maïs, coton, café et, dans une moindre mesure, riz). La connexion avec le marché international, qu'il s'agisse de produits d'exportation ou de produits locaux confrontés aux importations, génère des adaptations de qualité et de mise aux normes.

Un secteur agro-industriel très peu développé

Malgré la grande variété de produits disponibles qui sont autant d’opportunités de transformation, le secteur agro-industriel reste étonnamment peu développé. L’atomisation de la production, la dispersion sur un vaste territoire avec des volumes produits localement limités et des conditions d’écoulement souvent difficiles ne facilitent pas les économies d’échelle. La grande variabilité en volume et en qualité est une autre contrainte à la transformation.

Malgré le potentiel existant, l’agro-industrie ne concerne que quelques filières et ne représente que 0,3% de la population active. Les secteurs de transformation les plus développés comme les produits laitiers, les huiles, la minoterie ou encore la biscuiterie et la confiserie s’approvisionnent essentiellement avec des produits importés et n’intègrent pas ou peu la production locale. Les productions agro-industrielles à base de produits locaux sont le sucre, le tabac, le coton, la brasserie, la chocolaterie et la conserverie de produits de la mer.

Le développement de la grande distribution A Madagascar, les produits agricoles sont pour une large partie autoconsommés (en particulier les produits vivriers et en premier lieu le riz) mais aussi vendus sur les marchés ruraux et urbains. Depuis la libéralisation de l'économie, les supermarchés sont un nouvel acteur de la commercialisation. Trois groupes liés à la grande distribution internationale se partagent le marché : la chaîne sud-africaine

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Shoprite, installée à Madagascar en 1992 par rachat des magasins de la marque Champion, la chaîne française Leaderprice, et les supermarchés Score de la Société Vindémia, filiale du groupe français Casino. La grande distribution reste toutefois concentrée dans les principales villes : Antananarivo, Antsirabe, Toamasina.

Alors que, dans certains pays, l’implantation des supermarchés a favorisé le développement de l’agriculture contractuelle, ce n’est pas encore le cas à Madagascar. En effet, leur stratégie d’achat locale ne valorise pas la qualité comme cela se passe par exemple en Europe. Par ailleurs, au vu de leur développement assez récent et de la persistance des petits commerces de détail, on peut supposer que les supermarchés n’occupent qu’une part réduite dans le commerce des produits frais. Par contre, ils jouent un rôle important et croissant dans la commercialisation de produits agro-alimentaires importés.

Une agriculture qui demeure traditionnelle et peu productive Si l'interventionnisme de l'Etat n'a pas toujours permis d'assurer, pour tous les producteurs, un accès effectif aux facteurs de production, son désengagement, parfois seulement partiel, n'a pas amélioré la situation. En conséquence, l’agriculture malgache demeure généralement une agriculture traditionnelle, peu intensive, très peu mécanisée et utilisant peu d’intrants. La diminution de la taille des exploitations exacerbe sans doute d'ailleurs le faible degré d'intensification qui correspond à une stratégie de minimisation du risque :

• Concernant les engrais (mais cela est vrai aussi pour les produits phytosanitaires), la quantité utilisée est très faible et les importations, comparées à la superficie emblavée, ont quasiment stagné depuis 1972. A cause de la méconnaissance, des difficultés d’accès ou de la remise en question de son efficacité technique ou économique, l’engrais minéral n’est pas beaucoup utilisé. Le prix élevé des engrais importés, notamment comparé à l'évolution du cours du paddy et les entraves à la mise en place d’un marché de l’engrais concurrentiel, n’encouragent pas non plus leur utilisation par les paysans. 55% des exploitations ne recourent à aucune fertilisation.

• La mécanisation est également très faible et la grande majorité des paysans continue à utiliser seulement l'angady (bêche). Là encore, la réduction de la taille des exploitations n’encourage pas à investir dans l'achat de matériel agricole.

• La production de semences n’est pas encore privatisée et les semences améliorées sont peu utilisées par les paysans. Parmi les causes on peut citer : la préférence pour les semences traditionnelles, une production nationale insuffisante, des problèmes de qualité, de certification et de contrôle, un faible dynamisme commercial des centres de multiplication….

• L’accès à la terre est une contrainte forte à l’amélioration de la productivité agricole. Les possibilités techniques et financières de l’Administration pour satisfaire la demande de reconnaissance de droits fonciers sont largement insuffisantes, créant des situations potentielles d’insécurité et de conflit. L’absence de titres pénalise l’accès des paysans au crédit, et donc à l’investissement. Cohabitent ainsi dans le pays de vastes étendues de terres inhabitées et non cultivées et des régions où la pression anthropique est à l’origine d’une fragmentation des exploitations et de stratégies de survie. Une réforme foncière, actuellement en cours, vise à sécuriser les exploitations paysannes à moindre frais, dans un délai assez court. Si elle est menée à bien, ce sera une révolution pour le développement du secteur agricole.

La faiblesse de l'utilisation des intrants, au-delà des éléments présentés précédemment, est également liée d'une part à la faiblesse du crédit rural et, d’autre part, à la quasi-absence de service agricole :

• La micro finance se développe à Madagascar depuis 1990 pour suppléer à la défaillance du système bancaire en milieu rural. Cependant l’offre globale en crédit rural est encore faible. Elle provient en grande partie des systèmes financiers décentralisés et majoritairement d’organismes mutualistes. Malgré une demande de crédit importante, encore largement satisfaite par du financement informel à des taux usuraires, le taux de pénétration des

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services financiers ruraux n’excédait pas les 5-6% des ménages en 2005. De plus, les taux pratiqués par les IMF sont relativement élevés (proches d’un taux nominal de 36% par an).

Depuis peu, les établissements bancaires s’intéressent de plus en plus à la micro finance et les produits proposés par les partenaires au développement se multiplient. Depuis 2006, l’Etat s’investit d'ailleurs avec l'appui des bailleurs de fonds dans un programme de bonification de taux d’intérêt du crédit. Enfin, un des principaux freins à l'offre de crédit est l’insuffisance de la sécurisation foncière qui limite le développement du crédit. La réforme en cours devrait contribuer à dépasser cette contrainte.

• Jusqu’à la fin des années 70, la vulgarisation agricole était assurée par l’Etat, sans toujours répondre aux besoins des producteurs. Les résultats mitigés du Programme national de vulgarisation agricole dans les années 90 ont marqué le début d’une période de désengagement de l’Etat, relayé tant bien que mal par des ONG, des projets ou des services administratifs locaux à faibles moyens de fonctionnement humains et financiers. Le manque d’appui technique est l’une des causes de la faiblesse de la productivité de l’agriculture malgache. Les besoins sont aujourd’hui importants. Depuis peu, plusieurs initiatives prises par l’Etat et les bailleurs de fonds essaient de répondre aux besoins des paysans : création de Chambres d’agriculture, mise en place de Centres de Services Agricoles et des Agriculture Business Center…

En conséquence, la libéralisation n’a pas spécifiquement contribué à améliorer la productivité des exploitations. Les rendements pour les grandes cultures ont peu progressé et demeurent très faibles. En 2005, le rendement pour le riz était ainsi de 2,75 t/ha, pour le maïs de 1t/ha et pour l’arachide de 0,72 t/ha. Une part décroissante des produits agricoles dans les échanges commerciaux de Madagascar La libéralisation commerciale concomitante à cette évolution des filières agricoles malgaches a conduit à une forte baisse des exportations agricoles alors que les importations alimentaires ne cessent d’augmenter. Madagascar a en effet conclu ou s’est engagé dans différents accords commerciaux multilatéraux, bilatéraux et régionaux. qui se sont globalement traduits par une aggravation des déficits commerciaux. Entre 1984 et 2005, les exportations ont plus que doublé tandis que les importations étaient multipliées par trois. En conséquence, la balance commerciale déjà négative de 74, millions de USD en 1984 s’est détériorée, pour atteindre un déficit de 701 millions de USD en 2005. Concernant les produits agricoles, leur part dans les exportations totales a diminué au cours des dix dernières années, passant de 62% en 1995 à 34% en 2005. En valeur absolue les exportations agricoles ont baissé de 316 à 286 millions de dollars. Une telle évolution s’explique par la croissance des exportations non agricoles sur la période, surtout de textile habillement, grâce au développement des zones franches. Ce repli des exportations agricoles s’explique aussi par la baisse de la production de certains produits phares, en particulier le café, qui est passé de 22% des exportations en 1995 à 1% en 2005, sous l'effet de la chute des cours internationaux qui a totalement déstructuré la production nationale. Il en est de même pour les exportations de sucre qui, malgré les quotas disponibles sur le marché européen et américain, ont chuté de 90 000 tonnes en 1995 à 25 000 tonnes en 2003. Enfin, notons que certaines exportations agricoles comme pour la vanille ou le girofle sont soumises à une très forte volatilité des prix avec un impact direct sur le niveau de récolte. La part relative des importations alimentaires est restée stable (12% en 1995 et 11% en 2005) et Madagascar demeure encore largement déficitaire en riz, sucre, blé, farine, huile alimentaire et produits laitiers. Ainsi l’ouverture des marchés n’a pas contribué à améliorer notablement les exportations agricoles et agro-alimentaires de Madagascar, bien au contraire. Le secteur agricole étant une des principales sources de devises du pays, cette situation a contribué à l’affaiblissement de la monnaie nationale au cours des dernières années. Malgré l’existence de marchés préférentiels porteurs (Europe, Etats-Unis, COMESA, COI), Madagascar n’a pas su saisir les opportunités qui s’offrent à son agriculture :

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les exportations sont demeurées concentrées sur quelques produits et quelques marchés et restent marquées par la faiblesse des produits transformés. Des exploitations agricoles qui s’adaptent dans un contexte de plus en plus difficile Augmentation des surfaces mises en culture mais réduction de la taille moyenne Jusqu’à présent, une grande partie des nouveaux arrivants ruraux sur le marché du travail a pu être absorbée par le secteur agricole par le biais de la création de nouvelles exploitations. Cette évolution a été spectaculaire puisque près d’un million de nouvelles exploitations ont été créées en dix ans, entre 1985 et 2005. Cette poussée s’est traduite par l’augmentation des surfaces cultivées, plutôt que par l’intensification, d’autant que les rendements ont peu progressé. On observe aussi une diminution progressive de la taille des exploitations qui traduit l’arrivée au point de saturation quant à la capacité d’absorption du croît démographique en zone rurale, notamment dans les zones les plus peuplées. En conséquence, on assiste actuellement à des phénomènes croissants de saturation foncière. En 20 ans, la superficie totale des exploitations agricoles a augmenté de 19% soit un taux d’accroissement annuel (0,86%) nettement inférieur à l’accroissement annuel de la population agricole (3,2%) et du nombre d’exploitations (3,3%). En conséquence, la taille moyenne des exploitations a diminué et est passée de 1,2 ha/exploitation en 1984-85 à 0,86 ha/exploitation en 2004-05, soit une réduction de près de 30% en 20 ans. Diversification et pluriactivité pour limiter les risques et améliorer la viabilité Outre les risques liés aux aléas climatiques dans une région sujette aux cyclones, les paysans ont des difficultés à accéder aux marchés des facteurs (intrants, crédits, équipement, services agricoles) qui n’ont guère été améliorés par le désengagement de l’Etat. L’accès au crédit est rendu difficile par l’inexistence de titres fonciers ce qui limite les investissements nécessaires à une amélioration de la production et des revenus. Pour s’adapter à cette situation difficile dans un contexte de tension foncière et maintenir la viabilité de leurs exploitations, les paysans ont dû développer des stratégies d’adaptation, notamment la diversification de la production et le développement de la pluriactivité. Il s’agit notamment de répartir le risque sur plusieurs produits, par une augmentation du nombre des productions ou la mise en œuvre de plusieurs cycles agricoles, ou de diversifier les sources de revenu. Les activités complémentaires au niveau local sont entre autres : l’artisanat, la production de briques, la fabrication de charbon de bois, le petit transport mais aussi le salariat agricole. Certains paysans n’hésitent pas à migrer temporairement vers d’autres régions agricoles en fonction des cycles de culture ou vers les villes. Mais, dans certains cas critiques, les paysans les plus pauvres sont amenés à céder leurs exploitations et deviennent alors métayers ou salariés agricoles. En termes de différenciation, plusieurs phénomènes de clivages sont observables :

• une différenciation régionale, due à la dotation en ressources naturelles de chaque région et à l’exposition aux aléas climatiques.

• une différenciation entre producteurs selon :

• (i) leur degré de diversification : ainsi, le pouvoir d’achat des agriculteurs ayant diversifié a été moins affecté que celui des producteurs spécialisés en riz, qui ont subi `a la fois la stagnation du prix de vente réel du paddy et l’augmentation des prix des produits de consommation courante.

• (ii) leur participation à des filières structurées permettant de sécuriser la vente des produits (contrats avec des sociétés de transformation, d’exportation ou des grandes surfaces) : la capacité au respect des normes est alors un critère discriminant

• (iii) leur accessibilité aux marchés : dans les zones enclavées, les producteurs sont précarisés par le double effet d’un faible prix de vente des produits et d’un accès difficile aux services de base.

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Des risques d’impasses importants Outre un panorama de l’agriculture malgache et des éléments d’analyse sur les adaptations en cours, tant au niveau des principales filières que des exploitations, l’étude a permis d’identifier une série de points critiques et de questions clefs, qui seront autant de portes ouvertes ou fermées sur l’avenir, selon la nature des réponses qui seront apportées.

Un facteur démographique déterminant

Du fait notamment de la place du riz dans l’économie et la société, Madagascar est demeuré et devrait rester encore pour de nombreuses années, un pays rural. Le taux d'urbanisation est faible (moins de 30% en 2005, dont 12% à Antananarivo), et devrait rester modeste dans les deux prochaines décennies (40% en 2030).

Madagascar est un pays peu peuplé (près de 18 millions d'habitants en 2006) pour un territoire correspondant à la France et la Belgique réunies, mais qui connaît en revanche une forte progression démographique. Sa population a été multipliée par 3,8 en 50 ans (1950-2000) et, même si le taux de croissance démographique diminue maintenant, la population malgache devrait continuer à croître pour atteindre 45 millions d'habitants en 2050. Un des enjeux pour Madagascar et son agriculture sera donc déjà de répondre aux besoins alimentaires de cette population en forte croissance, ce qui devrait conforter la place prépondérante du riz dans l'agriculture et l'économie.

Enfin et surtout, la population malgache est très jeune puisque 56% de la population en 2004 a moins de 20 ans. Cette population en majorité rurale est une population pauvre (78% des producteurs agricoles) et souvent peu éduquée.

L’absorption des cohortes sur le marché du travail

Le défi principal est incontestablement l’arrivée massive, et pour de nombreuses années encore, des nouveaux entrants sur le marché du travail. Actuellement, ce sont 300 000 jeunes par an qui entrent dans la vie active. Ils seront plus de 600 000 par an en 2030. Il s’agit essentiellement de jeunes ruraux souvent peu éduqués. Jusqu’à maintenant c’est le secteur agricole qui a majoritairement absorbé cet afflux de main-d’œuvre, mais le pourra-t-il encore longtemps ? Or, en dehors de l’agriculture, les capacités d’absorption du reste de l’économie sont très limitées. Ainsi, les secteurs textile et tourisme, qui apparaissent comme des secteurs d’expansion et de référence de l’économie malgache ne sont susceptibles d’absorber au mieux que 43 000 actifs supplémentaires par an durant les prochaines années.

Le risque de saturation foncière et de pression sur les ressources naturelles

Jusqu’à maintenant, la croissance démographique a été absorbée sans trop de heurts par le secteur agricole, sur la base de la mise en valeur de nouvelles terres arables, essentiellement rizicoles. Toutefois, on note un début de saturation foncière évident, particulièrement dans les zones densément peuplées qui s’est traduit par une forte réduction des surfaces moyennes par exploitation et une pauvreté rurale accrue. Cette tension est renforcée par la faible propension à émigrer en raison de la force de l’attachement au terroir, de la prégnance des problèmes d’insécurité (foncière et sociale), mais également du fait de l’absence de véritable politique de la migration. Dans un tel contexte, on assiste à la persistance de systèmes de cultures traditionnels (culture sur brûlis), avec une très forte incidence sur la dégradation de l’environnement.

La viabilité de plus en plus incertaine des exploitations et le risque d’appauvrissement de la population rurale

Le faible accès aux moyens de production du fait de marchés des facteurs incomplets et la prédominance de méthodes de production traditionnelles se traduisent par une stagnation de la productivité. Cette faible productivité associée à une réduction de la taille des exploitations remettent en cause la viabilité de nombreuses exploitations malgaches. Parallèlement à l’émiettement des exploitations agricoles et à la faiblesse des rendements, l’évolution des prix relatifs n’a pas été favorable. Avec la

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libéralisation, même si les prix des produits agricole ont augmenté, l’inflation, la hausse du prix des intrants et le développement des intermédiaires ont réduit les marges de manœuvre. Les revenus ont régressé de manière structurelle et seuls quelques riziculteurs spécialisés ont vu leurs revenus s’améliorer en 2004-2005. Une telle situation, si elle s’aggrave, va à l’encontre des objectifs de lutte contre la pauvreté qui concerne davantage les agriculteurs que les autres groupes socio-économiques. Parallèlement, la prédominance du riz peut aussi être un facteur aggravant et constituer un frein au développement du secteur agricole et agro-alimentaire. En effet, le riz constituant l’aliment de base, les paysans adoptent un comportement prudentiel rationnel et préférent le produire eux-mêmes plutôt que d’avoir à l’acheter à un prix aléatoire. En conséquence l’orientation de l’agriculture vers l’autosubsistance persiste avec une faible connexion au marché et des niveaux de productivité très faible.

La concurrence croissante des produits importés et à l’exportation

Une autre contrainte forte pour l’agriculture malgache est l’ouverture accrue de ses marchés. Une ouverture trop rapide de son marché ou du marché régional peut entraîner une concurrence accrue de produits provenant de pays développés ou de pays en développement émergents bénéficiant d’avantages certains en matière d’infrastructures, de recherche, d’appui au financement et parfois de soutiens importants à la production et à l’exportation sur des productions qui ne bénéficient, à Madagascar, d’aucun de ces avantages, à l’exception d’une main-d’œuvre bon marché. Ce peut être le cas pour les produits venant de la SADC et en particulier d’Afrique du Sud ou encore de l’Europe. Simultanément cette ouverture généralisée des marchés se traduit par une concurrence accrue sur les marchés préférentiels traditionnels (Europe) de la part de pays plus compétitifs (Amérique latine et Asie notamment) vis-à-vis desquels la compétition sur la qualité et le respect des normes est croissante.

Des adaptations en cours et des options de sortie qui se mettent place

Pour répondre à ces défis, des adaptations sont déjà en cours et des options de sortie apparaissent. Ces tendances devront être confirmées dans le cadre de la deuxième phase de l’étude.

Des adaptations au niveau des exploitations agricoles

Au niveau des exploitations agricoles, la diversification des cultures, le recours de plus en plus important au travail salarié, le développement des activités non agricoles, contribuent à l’apparition de systèmes pluriactifs. Cette évolution s’accompagne d’une plus grande mobilité qui renforce les effets de liaison ville-campagne et contribue à la dynamisation des centres secondaires.

Des filières qui tendent à se structurer et une amélioration du fonctionnement des marchés

Concernant les filières, on assiste à la fois à la mise en place d’organisations interprofessionnelles et de plateformes de concertation à même de se saisir des problèmes de mise à niveau (respect des normes, promotion de labels, évaluation des volumes à l’importation ou à l’exportation, etc.).

Le fonctionnement des marchés commence lui aussi à s’améliorer, avec la constitution de systèmes d’information des marchés (Observatoire du Riz) qui contribuent à une meilleure intégration du marché national et incidemment à la stabilisation et la compréhension des mécanismes de marché.

Au niveau des institutions publiques, un vaste chantier est également en cours, tant au niveau de la refonte des missions des administrations publiques que du transfert de tâches opérationnelles vers les niveaux communal et régional, à la fois au travers de la déconcentration des ministères sectoriels que de la décentralisation.

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Le développement des migrations internes et externe

Dans la mesure où le marché de l’emploi urbain, souvent trop exigeant en matière de compétences, sera largement insuffisant pour absorber les cohortes de jeunes entrants sur le marché de l’emploi, la problématique de l’accompagnement des migrations inter-régionales et rural-rural, vers les zones rurales d’accueil potentiel des migrants sera certainement déterminante à moyen terme. N’oublions pas que Madagascar dispose encore de surfaces cultivables non-exploitées importantes. Le développement induit des villes secondaires sera également un élément clef.

Cette perspective renvoie à la politique d’aménagement du territoire et dépasse très largement le simple champ du secteur agricole. Dans ce contexte, la réforme foncière s’avèrera certainement un outil crucial.

Ces migrations temporaires ou non devraient se traduire par un accroissement de la main-d’œuvre absorbée par le secteur informel qui demeure difficile à estimer.

Enfin, du fait de l’adhésion de Madagascar à divers accords commerciaux (SADC, COMESA, COI, OMC), les migrations internationales dans la sous- région ou ailleurs, pourraient également constituer une porte de sortie. Mais cela ne pourra concerner qu’une infime partie de la population. Les opportunités existent en effet, comme la facilité d’entrée en Afrique du Sud et à Maurice qui sont des pays demandeurs de main-d’œuvre. Cependant, des contraintes persistent : barrière de la langue, insuffisance de trésorerie pour supporter les frais de déplacement et d’installation, aversion pour le risque et l’aventure.

La mise en place de pôles de croissance et d’agro-technopôles et une volonté politique affichée pour une agriculture tournée vers le marché

Dans le cadre de la politique de décentralisation, le développement de pôles de croissance, d’agro-technopôles et de zones d’investissement agricole devrait être un élément moteur pour la relance d’une agriculture ouvertement tournée vers le marché.

Il s’agit en particulier de développer des activités agricoles et agro-alimentaires via un « appui aux filières porteuses » déterminées par les régions elles-mêmes. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du Plan d’Action Madagascar 2007-2012 (MAP) qui souligne le rôle stratégique du secteur agricole et précise les objectifs de croissance sectorielle, en termes de développement de la production proprement dite, mais aussi en termes de développement de l’agro-industrie. Le Plan d’Action met en avant le rôle capital de l’agro-industrie comme moteur de la production, qu’elle soit agricole, halieutique ou dans le domaine de l’élevage pour répondre aux marchés national, régional et international. Une telle volonté politique devrait contribuer à attirer des investisseurs potentiels qui font défaut dans ce secteur à Madagascar.

Le développement des exportations dans le cadre de l’ouverture des marchés régionaux et internationaux L’ouverture des marchés régionaux et internationaux offre des opportunités sérieuses pour les productions agricoles et agro-alimentaires malgaches (COMESA, SADC, COI, APE, OMC), pourvu qu’un travail rigoureux soit consenti en termes de normes, de qualité et de formation professionnelle, à la fois pour les exploitants et les techniciens susceptibles de les conseiller, mais aussi pour les investisseurs potentiels. Ainsi, la préparation de l’Accord d’intégration régionale de la SADC a créé de réelles expectatives de la part des opérateurs malgaches, la perspective d’un accès privilégié à un marché de plus de 200 millions de consommateurs étant à l’évidence attractive. L’analyse des opportunités est bien évidemment nuancée selon les produits. Les principaux produits exportés (vanille, crevette, girofle, huiles essentielles, café, cacao, sucre, coton) devraient rester ciblés vers les marchés des pays développés, alors qu’il y aurait probablement un espace pour des produits actuellement exportés en petites quantités tels que les fruits et légumes (pomme de terre, tomate, oignon, melon), le maïs, principal produit vivrier de l’Afrique australe, voire même le riz.

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PREMIERE PARTIE : PLACE ET ROLES DE L’AGRICULTURE DANS LA CONFIGURATION

NATIONALE : LES GRANDES TENDANCES

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1. REPERES HISTORIQUES 1.1. CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS POLITIQUES3

Le graphique suivant récapitule les principales dates ayant marqué la chronologie des évènements et différents régimes politiques à Madagascar.

1.1.1. Période précoloniale

En 1500, le Portugais Diego Diaz découvre Madagascar. La période précoloniale est marquée par une mortalité élevée du fait de la famine et de nombreuses maladies qui expliquent la croissance limitée de la population. Le roi Andrianampoinimerina règne de 1787 à 1810. Il fait aménager les plaines d’Antananarivo. Ceci permet à la région d’Imerina (Antananarivo) de se distinguer des autres régions, par une mise en valeur agricole des terres, bien supérieure au reste de l’île. Sous le règne du roi Radama (1810 - 1828) puis de celui de la reine Ranavalona 1ère (1828 - 1861), on assiste à une modification de l’organisation de l’espace rural et de la population. Il y a une tentative de création de voies de communication afin de contrôler le territoire du point de vue économique et politique. Des terres sont attribuées aux colons. Des migrations importantes sont observées vers les ports conquis par le pouvoir royal (Majunga, Foulpointe, Fort dauphin) La demande de main d’œuvre pour renforcer l’armée et pour travailler dans les plantations de la côte Est augmente. Radama tente d’y remédier en intensifiant le système de corvée obligatoire. Ce système est poursuivi sous le règne de Ranavalona 1ère (1830 - 1847). Les corvées obligatoires ont des effets désastreux sur l’agriculture malgache. En effet, ce système prive le monde rural de la main d’œuvre agricole et de celle nécessaire pour l’entretien des réseaux hydrauliques, d’où un état de délabrement et une réduction des superficies cultivables en Imerina. Le royaume de Madagascar possède ses propres institutions et réformes. En 1868, parait le Code des 101 articles, puis en 1881, le Code des 305 articles, législation novatrice touchant à la fois le droit civil, le droit pénal, la procédure. L’émancipation des esclaves importés du continent africain est décidée en 1877. Un premier conflit éclate entre Madagascar et la France en 1883. En 1895 – 1896 il y a une tentative de mise en place d'un protectorat. Après des insurrections dans différentes parties de l’Ile, la Loi d’annexion du 6 août 1896 est promulguée déclarant « colonie française l’île de Madagascar avec les îles qui en dépendent ».

3 Les informations présentées dans cette partie sont tirées de H Deschamps (Histoire de Madagascar) et de B. Gastineau- Rakotoson.

1896 1960 1975 1993

Période pré-coloniale

Période coloniale 1ère République 2ème République 3ème République

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1.1.2. L’ère coloniale, 1896-1960

La Constitution de 1946 de la quatrième République française fait de Madagascar un territoire d’outre-mer au sein de l’Union Française. En 1947, éclate une insurrection qui est sévèrement réprimée (plus de 100 000 victimes). S’en suit une décennie marquée par une prolifération de partis politiques. Au milieu du 20ème siècle, des moyens importants sont consacrés à la lutte antipaludique et à la diffusion des vaccins, ce qui entraîne une amélioration de l’état de santé de la population et une croissance démographique plus soutenue. D’autres mesures sont prises par le régime colonial :

• Incitation à l’exploitation agricole au moyen de contrats (entre affranchis et anciens maîtres). • Institution sur la base de « Fanompoana », d’un impôt direct de 30 à 50 jours de travail. Les

contribuables sont réquisitionnés pour des travaux d’intérêt collectifs et dans des entreprises privées. Le système du travail obligatoire dure jusqu’en 1946.

• Mise en œuvre de divers projets de mise en valeur agricole.

1.1.3. L’Indépendance, la Première République et la transition militaire, 1960 – 1975

L’indépendance de Madagascar est votée le 14 Octobre 1958. Elle est proclamée le 26 juin 1960. Philibert Tsiranana devient le premier Président élu de la République Malgache. La coopération avec la France reste très large : soutien financier et monétaire, envoi de coopérants et d’enseignants, accords de défense. Des forces françaises sont stationnées à la base navale de Diégo-Suarez (actuellement Antsiranana). Les échanges commerciaux avec la France restent prépondérants. Des rapports sont néanmoins établis avec la Communauté Européenne, les USA, l’Allemagne, Israël et Formose. Madagascar appartient à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et à l’OCAM. L’économie reste stagnante. Les capitaux pour les investissements demeurent insuffisants et le niveau de vie de la population décline. En 1971, une insurrection éclate dans le Sud, pour protester contre l’impôt de capitation. Suite à la révolte des étudiants, le régime du Président Tsiranana et du parti PSD tombe en 1972. En Mai 1972, en pleine crise estudiantine, le Président Tsiranana confie les pleins pouvoirs au général Gabriel Ramanantsoa. Le gouvernement formé par le Général révise alors les accords de coopération avec la France et les relations avec l’Afrique du Sud. La « taxe per capita » et l’impôt sur les zébus sont supprimés. Les résultats du référendum du 8 octobre 1972, prévoyant un régime provisoire pour cinq ans, marque la fin de la première République Malgache. Le régime militaire qui s’en suit, ne peut résoudre ni les problèmes économiques ni certaines dissensions ethniques au sein de l’armée. En désespoir de cause, le général Ramanantsoa remet à son tour les pleins pouvoirs au colonel Richard Ratsimandrava, le 5 février 1975. Suite à l’assassinat de ce dernier cinq jours plus tard, un Directoire Militaire est mis en place.

1.1.4. La deuxième république, 1975-1992

Le 15 juin 1975, le Directoire Militaire choisit le capitaine de frégate Didier Ratsiraka comme Chef de l’Etat. Les résultats du référendum du 21 décembre 1975 confirment Ratsiraka à ce poste et entérinent la Charte de la Révolution Socialiste Malgache. Ainsi naît la Deuxième République de Madagascar, qui dure jusqu’en 1992.

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Ce régime est marqué par l’autoritarisme de Ratsiraka et le parti AREMA. Les nationalisations et les politiques économiques mal conçues entraînent de graves pénuries de devises, de produits alimentaires et de produits de première nécessité. Face aux difficultés économiques, Ratsiraka accepte de mettre en place des réformes économiques et de passer d’une économie planifiée à un régime plus libéral d’économie de marché. Ces réformes sont mises en œuvre dans la période 1986 – 1990. L’opposition est alors regroupée au sein des Forces Vives. Des grèves menées par les Forces Vives éclatent dans tout le pays, en 1991. Le mécontentement populaire se cristallise le 10 août 1991, lors d’une marche organisée par les Forces Vives et lors de laquelle la garde présidentielle tire sur la foule. Les longs mois de grèves qui s’installent compromettent les fragiles résultats du processus d’ajustement structurel mis en place. Le 31 octobre 1991, Ratsiraka accepte de soutenir un processus de transition démocratique, complété par la formulation d’une nouvelle constitution et l’organisation d’élections multipartites libres. Un gouvernement transitoire est mis en place, et la Haute Autorité de l’Etat (HAE), présidée par le Professeur Albert Zafy, partage le pouvoir avec le régime Ratsiraka, pendant la période de transition. Le processus de transition, de 1991 à 1993, est géré par le Premier Ministre Guy Razanamasy.

1.1.5. La troisième République, à partir de 1993

Des élections sont organisées qui voient la victoire de Albert Zafy. Il devient le premier Président de la Troisième République Malgache, le 27 mars 1993. Une nouvelle Assemblée Nationale est mise en place, à majorité Forces Vives. Le régime, peu expérimenté, se débat avec les difficultés économiques et les difficiles relations avec le FMI et la Banque Mondiale. Ces derniers préconisent de mettre en application des réformes du marché, ainsi qu’une réduction drastique du déficit budgétaire. Le régime flirte avec les financements non traditionnels proposés par des individus peu dignes de confiance. Par ailleurs, Zafy est confronté à des dissensions au sein même de sa majorité (les Forces Vives), tant et si bien qu’il est déchu de son poste suite au vote d’une motion d’empêchement par l’Assemblée Nationale, en 1996. Les élections de 1997 voient le retour de Ratsiraka au pouvoir. Le parti AREMA redevient majoritaire au sein de la nouvelle Assemblée Nationale. Cette dernière approuve la constitution de 1998 qui renforce considérablement le pouvoir présidentiel. Suite aux contestations des résultats des élections présidentielles de décembre 2001, faites par le candidat Marc Ravalomanana (Maire d’Antananarivo), une longue crise s’installe dans le pays. Les partisans de Ratsiraka tentent d’asphyxier la Capitale, bloquant les routes et dynamitant des ponts. Après la fuite en exil de Ratsiraka et de ses plus proches partisans en France, en juillet 2002, Ravalomanana accède alors officiellement au pouvoir. Les élections législatives de décembre 2002 confortent la position politique du nouveau Président, par la victoire de son parti, le Tiako i Madagasikara (TIM). Les gouverneurs provinciaux sont remplacés par des Chefs de Délégations Spéciales. 22 régions sont officiellement constituées. Les élections municipales de 2003 voient l’émergence de nouveaux maires issus aussi bien de la majorité présidentielle que de l’opposition. L’actuel régime base sa politique sur le Madagascar Action Plan (MAP). Ce plan vise, entre autre, à relever les défis de la mondialisation, à instaurer une économie émergente et compétitive, à atteindre une forte productivité, à accroître la création d’emplois, à un développement rural dynamique et à l’émergence d’un secteur privé fort et diversifié.

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1.2. LES POLITIQUES AGRICOLES ET DE DEVELOPPEMENT RURAL4 o Durant la colonisation, l’économie est structurée autour des cultures d’exportation dans les

zones spécialisées (café, cacao, vanille, riz de luxe, etc…). Le territoire est doté de grands services publics, et des stations d’agriculture et d’élevage sont créées. Entre 1953 et 1963, la vulgarisation agricole est axée sur des organismes de participation devant permettre à la population rurale de participer à la gestion des opérations et d’en prendre progressivement la responsabilité. Ce sont les Collectivités Autochtones Rurales (CAR)5, équivalentes des Communes Rurales actuelles. Les CAR sont modernisées avec l’utilisation des tracteurs et des bulldozers et deviennent les Collectivités Rurales Autochtones Modernisées (circulaire d’octobre 1951). Elles donnent la possibilité d’emprunter et de recevoir des subventions sur les crédits FIDES6, mais rapidement le coût élevé des pièces de rechange empêche la réparation des tracteurs et diminue la rentabilité escomptée des opérations de mise en valeur des terres. De plus, du fait du régime autoritaire des administrateurs et des techniciens, la politique de participation n'est pas réellement perçue, il n'y a donc qu'une faible appropriation par les producteurs.

Pour y remédier, on base les actions sur les Groupements de Collectivités (GC)7 et les secteurs de paysannat. Ces derniers sont membres des GC mais sont autonomes dans leurs actions techniques. Cette politique échoue du fait d’un manque de méthode, d’objectif et de programme bien définis, ainsi que d’un défaut d’organisation.

o La première République (1960-1972) opte pour le développement du secteur agricole avec pour priorités de nourrir la population qui croît fortement et d’augmenter les productions d’exportation. Dans le plan quinquennal 1964-1968, l’objectif d’un accroissement de richesse identifie l’agriculture comme l’élément dominant du développement économique du pays. Le développement de l’industrie (transformation des produits du sol, fabrication des biens d’équipements dans les domaines de l’agriculture et de la construction, industries de biens de consommation) figure aussi dans les objectifs du plan quinquennal. Le plan est basé sur la régionalisation, principe qui sous-tend son exécution. Toutefois, il est mentionné que la condition essentielle d’un réel développement industriel est l’accès de nombreux paysans à une économie monétaire et à un niveau de vie accru créant un véritable marché intérieur.

Le plan propose plus précisément : • le développement de la production agricole, base de l’économie nationale, par la mise en

valeur de nouvelles terres, l’amélioration des rendements, le choix des cultures les plus rémunératrices assurées d’un débouché stable et de prix soutenus et le développement d’un système de commercialisation fondé sur la coopération ;

• le développement de l’industrie ; • le développement et l’amélioration des moyens de transport et des circuits de

commercialisation.

o Dans les années 60, la politique agricole est marquée par la mise en œuvre de l’ Opération de Productivité Rizicole (OPR) assurée par 3 sociétés8 qui s'associent pour créer le Groupement d'Opérations de Productivité Rizicole (GOPR). Les schémas techniques sont largement imposés et « l’encadrement » est dense, avec notamment un concours important de l’assistance technique extérieure.

Un gros effort est accordé à la formation du personnel de terrain. Si le coût de la tonne supplémentaire de riz produite est sans doute très élevé, les résultats sont très significatifs: les

4 Les informations présentées dans cette partie sont issues du Plan quinquennal 64-68 (Thèse 3ème cycle Economie Rurale : Action de masse et développement agricole à Madagascar par D Ralaivaohita) du Plan Directeur de la Recherche Agricole, FOFIFA, et de l’Annexe PANSA, DCPE et DSRP 5 CAR : établissements de droit public créé par arrêté du 7 juin 1950, géré par des notables ruraux avec budget et plan de campagne contrôlés par le chef de district. 6 Fonds d’Investissement et de Développement Economique et Social. 7 GC : organisme de droit public ayant la personnalité morale, regroupant les CAR et les CRAM à l’échelon du district. Les GC pouvaient acheter, vendre et commercialiser les produits. 8 SAREC, ISAGRARIA ET AGRAR Hydro-technique

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rendements en paddy augmentent9 (entre 1,54 à 1,92 tonnes à l’hectare) et les cultures pluviales sur tanety se développent. Il n’y a pas à l’époque de crise de sécurité alimentaire. Le « schéma » GOPR qui visait essentiellement à assurer l’offre en matière de sécurité alimentaire (disponibilité et stabilité) a permis que les années 60 soient quasiment toutes excédentaires en riz10.

La politique agricole de la période de 1966 à mai 1972 met l’accent sur de grands projets visant à accroître la production de riz. Le développement de l’élevage et de l’exploitation forestière ne vient qu’en second lieu. L’accent est mis plutôt sur la mise en culture de nouvelles terres. L’emploi de moyens de production tels que semences sélectionnées, engrais et petit équipement agricole est nettement recommandé. La part des investissements publics dédiés au secteur agricole représente 21% du programme général d’investissement proposé, tous secteurs confondus. La production vise à réduire les importations de lait, de viande, de pâte à papier...

o Dans les années 70, l’Etat est omniprésent et l’idéologie socialiste impose son modèle de

développement, sans réel effort de participation des communautés paysannes. Celles–ci se replient progressivement sur elles–mêmes, en limitant leur insertion au marché. Les importations de riz augmentent régulièrement pour culminer au début des années 80 (de 59 000 tonnes en 1975 à 351 000 tonnes en 1982, soit plus de 20% de la consommation). De plus, la mise en valeur des tanety souffre d'un laxisme généralisé en matière de préservation des ressources naturelles.

Grâce à l'aide extérieure, des efforts se poursuivent dans le domaine des aménagements hydro–agricoles permettant d’augmenter les surfaces bénéficiant d’une bonne maîtrise de l’eau. La vulgarisation technique et la transmission de messages de développement durable se révèlent par contre de moins en moins efficaces, et les infrastructures se dégradent progressivement, faute d'entretien adéquat. Cette situation se traduit par une stabilisation, voire une diminution dans certaines zones, des rendements et des volumes produits.

Que reste–t–il des acquis de la période des années 60, considérée comme « faste »? Malheureusement très peu car le coût d’une telle politique n’a pas pu être assumé par le nouveau régime. L’idéologie socialiste a gravement perturbé les marchés tant des intrants que des produits agricoles, l’effort dans la formation du personnel s’est peu à peu dégradé, les schémas techniques, plus imposés qu’appropriés par les paysans, se sont largement dilués et les déficits en riz sont régulièrement apparus au cours des années 70 et 80.

o Pendant la 2ème République (1975-1992), le Plan quinquennal 1982-1987 est destiné à «établir la cohérence des différentes politiques et programmes d’ajustement, de redressement et de relance de l’économie ». Ce plan est scindé en deux phases : - 1982/1985 : arrêt du processus de dégradation de l’économie ; - 1986/1987 : création des conditions d’une relance durable de l’activité économique basée sur

la recherche de l’autosuffisance alimentaire, la réduction du déficit énergétique du pays, la dynamisation du secteur industriel et la diversification des ressources d’exportation .

Un nouveau plan pour la période 1986-1990 est soumis à l’Assemblée Nationale Populaire, en juin 1986, avec quatre objectifs prioritaires : - l'autosuffisance alimentaire ; - l'augmentation des produits d’exportation ; - l'amélioration du niveau de vie de la population ; - la recherche d’une plus grande indépendance énergétique.

La mise en oeuvre d’un programme de stabilisation et d'ajustement structurel (libéralisation du taux de change, libéralisation du commerce intérieur, déréglementation des prix, désengagement de l’Etat des activités de production et de commerce, libéralisation des importations…) dans la deuxième moitié des années 80 permet d’atteindre une croissance économique positive en termes réels à la fin de la décennie, même si l’inflation demeure relativement élevée.

9 Au moins dans les zones GOPR 10 Exportation nette

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o Dans les années 80 et 90, de nombreuses études sont menées et de multiples projets sont mis en œuvre pour accompagner le retour vers une politique plus libérale. L’effet cumulatif des Programmes d’Ajustement Structurel lancés depuis 1985 donne naissance à une économie plus ouverte et orientée vers le marché.

Tout d’abord, beaucoup d’investissements sont réalisés pour réhabiliter les périmètres irrigués (Programmes PPI et Micro–hydraulique notamment). On assiste aussi à la mise en œuvre de projets plus « intégrés » comme l’Opération de Développement Rizicole (puis rural, l'ODR) sur les Hautes Terres.

Pour améliorer l'encadrement des paysans le Ministère chargé de l'agriculture met en place un programme national de vulgarisation agricole (PNVA) qui vise à développer une approche ayant connu quelque réussite en Asie. Ce programme se révèle être un échec, tant par la faiblesse de ses résultats que par ses déficiences en matière de durabilité.

Les projets de réhabilitation de périmètres rizicoles par contre permettent de poursuivre l’augmentation des surfaces irriguées, avec maîtrise de l’eau. L’organisation des usagers connaît quelques avancées dans la perspective de l’entretien et de la gestion des infrastructures, condition sine qua non de leur durabilité. Les messages techniques visant à l’accroissement des rendements ne progressent malheureusement que sur certains grands périmètres où l’essentiel de la production est destiné à la vente.

o Dans les années 90, plusieurs politiques sont mises en place pour tenter d’améliorer la

situation du monde rural : - La politique pour le Développement Rural de 1994 vise les objectifs suivants : (i) améliorer

les conditions de vie en milieu rural ; (ii) améliorer la productivité agricole ; (iii) promouvoir une politique d'ouverture des marchés ; (iv) valoriser les ressources disponibles ; (v) protéger l'environnement.

- Le Document Cadre de Politique Economique (DCPE), de 1998, a des implications fortes en termes de politique agricole puisqu’il en énonce les grands axes : le désengagement de l’Etat des activités de production et de commercialisation, la libéralisation des marchés des intrants et des produits (riz, vanille, sucre), une redéfinition du rôle de l’Etat (avec le redéploiement des effectifs, et un renforcement ciblé des compétences), le transfert de responsabilité vers les collectivités territoriales décentralisées et le développement du secteur privé (R Bourgeois, 1998, p.2).

- Le Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR), institutionnalisé en Janvier 1999, met l’accent sur la participation des différents acteurs dans la définition des axes prioritaires et sur la décentralisation des décisions. Le PADR vise à engendrer une meilleure gestion des ressources, une coordination plus efficace des interventions et un contact plus étroit avec les communautés rurales.

o Au début des années 2000 :

- Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) est finalisé en septembre 2002 puis révisé fin 2003, le DSRP est un document de base décrivant les stratégies et programmes devant permettre la réduction de la pauvreté. Concernant l’Agriculture, les programmes de mise en œuvre du DSRP visent essentiellement à "assurer la sécurité alimentaire et à optimiser l’utilisation des ressources".

- La Politique Générale de l’Etat (PGE) et la Vision Madagascar Naturellement (VMN), deux documents initiés par le Président Marc Ravalomanana, définissent les priorités et les objectifs du Gouvernement, constituant les « chapeaux de l’action gouvernementale ».

- Pour la Vision 2020 décrite dans la VMN, le développement rural est incontournable en vue de la réduction de la pauvreté, de l’amélioration de l’éducation et de la santé, de l’égalité des chances pour les jeunes et de la diminution du clivage villes/monde rural.

La PGE fixe des objectifs et indicateurs précis qui s’articulent autour des 3 grands axes du DSRP :

- La Lettre de Politique de Développement Rural (LPDR) est élaborée en 2001. Sa mise à jour est réalisée en 2004 et actualisée en 2005. Cette LPDR identifie 3 axes de politique conformes aux orientations du PADR, qui sera remplacé par le PNDR: (i) Amélioration de la productivité rurale pour réduire significativement la pauvreté rurale, améliorer la sécurité

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alimentaire et augmenter les revenus des producteurs ; (ii) Promotion de la diversification rurale, des produits à valeur ajoutée et des exportations ; (iii) Développement de d'industrialisation rurale et promotion d'activités rurales non - agricoles.

- Le Programme National de Développement Rural (PNDR) a pour mission « d'accélérer le

développement rural tout en préservant et valorisant l’environnement ». Le PNDR définit cinq orientations : (i) rendre le cadre institutionnel du secteur plus effectif efficace ; (ii) améliorer la sécurité alimentaire et augmenter la production et la transformation agricoles ; (iii) valoriser les ressources naturelles et préserver les facteurs naturels de production ; (iv) développer et organiser les marchés de filières et (v) faciliter l’accès au capital. La prise en compte de la conservation et de la protection de l'environnement (PAE) est partie intégrante de cette politique.

- Le Plan directeur quinquennal pour le développement rural (« Master plan ») du MAEP (2004-

2009), réalisé en janvier 2004, présente une approche orientée vers le marché. Quatre objectifs principaux sont mis en relief : (i) développement de systèmes de production agricole, d'élevage et de pêche traditionnelle orientés vers le marché ; (ii) investissements dans les domaines de la vulgarisation et de la recherche appliquée; (iii) établissement d'un environnement plus favorable pour assurer un développement rural rapide et durable; et (iv) création d'alliances pour identifier les ressources financières et promouvoir les opportunités commerciales. Ainsi, la politique de développement rural du présent Gouvernement affirme l’impératif de la modernisation des exploitations agricoles, de la promotion de la production marchande et de l’amélioration de la productivité du travail et des sols dans le cadre d’une gestion pérenne des ressources naturelles. Ce choix est celui d’une agriculture tournée vers le marché, comme base indispensable au développement durable du secteur agricole. Tout ceci est réaffirmé dans le Madagascar Action Plan (MAP). Le MAP porte sur la période 2007- 2012, et est basé sur les objectifs de la Vision « Madagascar Naturellement » et les Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Outre les produits d’exportation traditionnels (vanille, girofle, café, cacao…), l’agriculture malgache n’a pas beaucoup varié son offre à l’exportation. Le désengagement de l’Etat du système productif et commercial a permis l’émergence de nouveaux produits d’exportation performants tels que les haricots verts ou les crevettes. La nouvelle dynamique de l’environnement international, résultant de la signature de divers accords commerciaux, présente de nouvelles opportunités de marchés pour Madagascar. D’où la volonté marquée actuellement dans les diverses politiques mises en place de tourner résolument l’agriculture vers le marché. L’ambition est de passer d’une agriculture de subsistance et peu diversifiée à une offre plus élargie, via une agriculture plus agressive face à la concurrence mondiale.

Résumé

• La dynamique des politiques agricoles qui se sont succédées à Madagascar a subi les contrecoups des divers changements (parfois brutaux) de régimes politiques.

• Il en est résulté un manque de continuité dans la conception et la mise en œuvre des politiques.

• Néanmoins, face au défi de la pauvreté et aux nouvelles donnes internationales, l’agriculture malgache se tourne actuellement résolument vers le marché.

• Les différentes politiques agricoles ont largement privilégié la culture du riz, façonnant ainsi au fil de l'histoire les campagnes malgaches.

• Les cultures d'exportation ont bénéficié, notamment sous la colonisation et la première république, d'appuis importants.

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• Les nationalisations et l'interventionnisme de l'Etat durant la période socialiste ont eu des effets souvent négatifs sur la production et la commercialisation des produits agricoles qui se font encore ressentir, notamment pour le sucre, le coton, le tabac et les huiles et même le riz.

• La libéralisation de l'économie et le désengagement de l'Etat qui ont suivi cette période, initiés dans le cadre des programmes d'ajustement structurels, ont permis de "libérer les forces du marché" sans toujours avoir les effets escomptés sur la production et les échanges agricoles.

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2. DONNEES DEMOGRAPHIQUES 2.1. UNE CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ENCORE FORTE

La population malgache estimée à 2 641 000 en 1900, a atteint les 4 230 000 en 1950 et comptait au dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat, en 1993, 12 238 914 individus11. En 2006, d’après l’Institut National de la Statistique (INSTAT), la population de Madagascar serait de 17 532 000 individus. A moyen terme, les projections des Nations Unies prévoient une population de 27 millions en 2020 (hypothèse moyenne, avec les bases de données du PNUD) et de 45,3 millions en 2050. Le nombre d’habitants à Madagascar a donc été multiplié par 3,8 en un demi-siècle (1950-2000) et pourrait être multiplié par 10,3 en un siècle (1950-2050). Cette tendance traduit la baisse importante de la mortalité (même si celle-ci reste élevée) et une fécondité encore très élevée (indice de fécondité de 5,2 en 2003).

Graphique 1. Evolution de l’effectif de la population de Madagascar de 1900 à 2050

05000

100001500020000250003000035000400004500050000

Effe

ctif

(En

000)

Pop Totale 2641 3000 3300 3700 4000 4230 5395 6939 9048 11956 15970 21093 27077 33464 39347 46292

1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050

Sources : 1911-1941 : BASTIAN : Etude géographique et économique, 1967

1950-2050 : PNUD Data base A l’instar de ses voisins africains, si la population malgache a cru faiblement (1 % environ) jusqu'en 1950, la tendance s’est ensuite accélérée. Le taux de croissance de la population est ainsi passé de 2,2% en 1966 (pour une population de 6 462 000 habitants), à 2,7% en 1975 (pour 7 603 790 habitants) et 3,14% pour la période 1993-1994. Depuis on assiste à une certaine diminution du taux de croissance qui est estimé à 2,60% pour la période 2003-2004. Cette tendance devrait se confirmer dans les années à venir et le taux de croissance pourrait atteindre 2,46% pour la période 2006-2010. Si Madagascar a entamé sa transition démographique, la population malgache devrait continuer à augmenter sensiblement d’ici les quarante prochaines années.

11 B. Gastineau- Rakotoson : Etude de l’évolution de la population de Madagascar- Vintsy , 2006

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Graphique 2. Evolution du taux d’accroissement naturel de la population et tendance

1,41

1,71

2,04

2,37

2,782,93

2,842,64

2,522,33

1950-55 1960-65 1970-75 1980-85 1990-95 2000-05 2010-15 2020-25 2030-35 2040-45

Source : PNUD Population database révision, 2004

2.2. UNE POPULATION TRES JEUNE Comme le souligne B. Gastineau « la conjonction d’une mortalité, certes en baisse mais encore forte, et d’une fécondité qui se maintient à haut niveau malgré une récente diminution explique que la population malgache reste une « population jeune»12. Ainsi, en 2004 56,6% de la population a moins de 20 ans et la part des personnes de plus de 60 ans est particulièrement faible (moins de 5%). Comme le montre les pyramides des âges et le tableau qui suit, la part de la population jeune va demeurer importante encore longtemps. On devrait assister à une régression de la part des plus jeunes en 2050, indiquant un début de vieillissement de la population. Les moins de 15 ans ne devraient alors plus représenter que 28% de la population, et les plus de 60 ans à peine 10%. Par contre la population en âge de travailler (15-59 ans) devrait représenter plus de 60% de la population, ce qui pose dès à présent la question de l’absorption de cette population sur le marché du travail.

Tableau 1. Répartition de la population par groupe d’âges 1966 1975 1993 2005 2050

Moins de 15 ans 46,5 44,4 44,6 44,0 27,7 Entre 15 et 59 ans 47,9 49,9 51,5 51,2 62,7

60 ans et plus 5,6 5,7 3,9 4,8 9,6 Sources : Recensement de la population et de l’habitat pour 1966, 1975 et 1993, et estimation des Nations

Unies (2004) pour 2005 et 2050

12 : B. Gastineau- Rakotoson : Etude de l’évolution de la population de Madagascar- Vintsy , 2006

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Graphique 3. Pyramides des âges de Madagascar (population en milliers)

1975 – recensement de la population

2500 1500 500 500 1500 25000-4

10-14

20-24

30-34

40-44

50-54

60-64

70-74

FemmesHommes

1993 - recensement de la population

2500 1500 500 500 1500 25000-4

10-14

20-24

30-34

40-44

50-54

60-64

70-74

FemmesHommes

2030 – projections – Calculs Gastineau, Rakotoson (2006)

2500 1500 500 500 1500 25000-4

10-14

20-24

30-34

40-44

50-54

60-64

70-74

FemmesHommes

2050 – projections – Calculs Gastineau, Rakotoson (2006)

2500 1500 500 500 1500 25000-4

10-14

20-24

30-34

40-44

50-54

60-64

70-74

FemmesHommes

2.3. UNE FAIBLE URBANISATION Les données exhaustives les plus récentes concernant la population de Madagascar datent du dernier recensement général de la population (RGPH) en 1993. Les taux d’urbanisation et les effectifs de population urbaine présentés après 1993 sont donc des estimations qui reposent sur des hypothèses de croissance démographique (fécondité, mortalité, migration…). L’analyse des données pose une autre difficulté : la définition de la population urbaine varie d’un recensement à l’autre :

• Pour le RGPH 1975, le milieu urbain est constitué d’agglomérations de plus de 4 000 habitants ayant réalisé un plan d’urbanisme ;

• Pour le RGPH 1993, le milieu urbain est constitué des 7 grands centres urbains (chef lieu de province et Antsirabe) et de l’ensemble de tous les chefs lieux de district, à l’exception de ceux d’Antananarivo Atsimondrano et Avaradrano, de Fianarantsoa II, de Toamasina II, de Mahajanga II, de Toliara II et d’Antsiranana II. Toute population qui ne réside pas dans ces localités est considérée comme population rurale. En revanche, la population agricole est celle qui réside en milieu rural et qui a comme activité principale l’agriculture. Ne sont pas inclus ceux qui résident dans les centres urbains, mais qui vivent de l’agriculture. Ce dernier cas est surtout fréquent dans les centres urbains secondaires.

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De 14% en 1960, la part de la population urbaine est passée à 29,4% en 2006 et, selon les projections, la tendance à l’urbanisation devrait s'accélérer au cours des prochaines décennies : 33,5% en 2020, 40,7% en 2030, correspondant respectivement à 8 913 000 habitants et 13 157 000 habitants. Malgré cette progression de l’urbanisation, Madagascar demeure un pays très rural par rapport à la plupart des pays en développement. Antananarivo reste la province la plus urbanisée, mais la période 1975-1993 est marquée par le développement d’autres centres urbains. Les provinces de Toliary, Toamasina et, dans une moindre mesure, Fianarantsoa ont connu une progression de l’urbanisation pendant cette période. On assiste notamment au développement de villes secondaires, alors que la taille des villes primaires, en dehors d’Antananarivo reste limitée.

Tableau 2. Urbanisation en 1975 et en 1993

Province Taux en 1975

(%) Taille des villes en 1975 Taux en 1993

(%) Taille des villes en 1993

Antananarivo 26,2

Antananarivo : 157.000 Antsirabe : 26.500 Ambatolampy : 4.400 Miarinarivo : 8.200 30,1

Antananarivo : 903.450 Antsirabe : 186.600 Ambatolampy : 49.900 Miarinarivo : 9.700

Fianarantsoa 10,2

Fianarantsoa : 38.200 Farafangana : 18.000 Mananjary : 4.800 16,6

Fianarantsoa : 109.260 Farafangana : 17.500 Mananjary : 19.500

Toamasina 11,8

Toamasina : 29.500 Ambatondrazaka : 10.100 Fénérive Est : 7.600 21,8

Toamasina : 137.800 Ambatondrazaka : 27.600 Fénérive Est : 13.560

Mahajanga 15 Mahajanga : 30.700 Antsohihy : 10.500 21,8

Mahajanga : 106.780 Antsohihy : 14.200

Toliary 9,1

Toliary : 17.000 Taolagnaro : 7.800 Morondava : 6.500 22,5

Toliary : 80.800 Taolagnaro : 30.600 Morondava : 25.070

Antsiranana 22,1 Antsiranana : 30.400 Antalaha : 15.200 18,3

Antsiranana : 59.040 Antalaha : 23.960

Population totale 16,4 22,9 Sources : RGPH, 1975 et 1993

2.4. UNE POPULATION MAJORITAIREMENT RURALE ET AGRICOLE L’évolution de la population depuis l’époque précoloniale jusqu’à aujourd’hui montre que Madagascar demeure un pays dont la majorité de la population vit en milieu rural. Ainsi, en 2005, les trois quarts de la population vivent encore en zone rurale contre 5/6 en 1960. Mais surtout, le pays va encore demeurer très rural dans les décennies à venir. En effet, la poussée de l'urbanisation n'entraîne pas de diminution de la population rurale. Celle-ci estimée aujourd'hui à 13 580 000 devrait atteindre 19 840 000 en 2030, soit 59,29% de la population. Une des raisons de cette progression est le niveau de fécondité qui reste élevé dans les campagnes (5,4 enfants pour le pays en 2003) et est supérieur au niveau de fécondité en milieu urbain (3,7 enfants par femme en 2003)13. Notons que la population rurale se différencie très peu de la population agricole à Madagascar. L’évolution de ces deux populations est donc aussi très proche. Ainsi, la population rurale est passée de 10 417 000 en 1996 à 12 386 720 en 2002, et la population agricole est passée de 9 792 000 à 11 657 900. La population malgache devrait donc rester, pour quelques décennies encore, une population majoritairement rurale et agricole. 13 Source : INSTAT ORC Macro 2005

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Graphique 4. Evolution des populations urbaine, rurale et agricole

1950 1960 19701980

19902000

2010

02000400060008000

1000012000

14000

16000

Effe

ctifs

( en

mill

ier)

Population urbaine Population agricole Population rurale

Source : PNUD Population Database Révision, 2004

2.5. UNE FAIBLE DENSITE ET UNE REPARTITION SPATIALE TRES INEGALE Du fait de l’accroissement de la population, on assiste à une progression de la densité de population sur le territoire :

• Fin du 19ème siècle : 4 hab./km² (source Campbell, 1991)

• 1950 : 7,2 hab./km²

• 2000 : 27,2 hab./km²

• 2050 : 78,9 hab./km2 Toutefois cette densité est faible et va le demeurer encore longtemps puisqu’elle est estimée à 78,9 habitants/km² en 2050. Si la densité est relativement faible, la population est aussi inégalement répartie sur le territoire (cf. carte page suivante). On note ainsi une concentration (jusqu’à 120 habitants/km² en 1993) de la population dans la partie orientale du pays, dans la partie Est des Hautes Terres centrales malgaches et dans certaines zones comme l’Alaotra, à Marovoay ou encore à Morondava. L’ancienneté de l’occupation, l’existence de vastes plaines rizicoles et la possibilité d’entreprendre des cultures tropicales d’exportation explique un niveau de densité élevé de population dans ces régions. La partie occidentale, à l’exception des grandes villes, est presque vide (moins de 10 habitants/km² en 1993). C’est une zone traditionnellement destinée à l’élevage, et historiquement vide d’hommes à l’exception des plaines alluviales riches, comme la vallée de la Betsiriry (Miandrivazo, Malaimbandy), la plaine de Betsiboka (Maevatanana, Ambatoboéni, Marovoay), la dépression périphérique de Mampikony-Port Bergé, la plaine du Bas Mangoky, la plaine de Dabara à Morondava… Bien que la densité de la population soit faible, cette répartition très inégale de la population sur le territoire se traduit par des phénomènes de saturation foncière dans certaines zones, alors que d’autres zones sont complètement vides.

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Par rapport à la superficie arable, la densité rurale est passée de 14,18 habitants/km² en 1950 à 42,97 en 2000, et près de 50 habitants/km² en 2005.

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2.6. PLUS DE 300 000 JEUNES NOUVEAUX ARRIVANTS ESSENTIELLEMENT RURAUX SUR LE MARCHE DU TRAVAIL

On définit par cohorte annuelle de jeunes arrivant sur le marché du travail, les jeunes qui ne suivent plus leur scolarité et qui souhaitent entrer dans la vie active à une année donnée. Entrent aussi dans cette catégorie les jeunes qui souhaitent fonder une famille.

Le défi pour Madagascar est d’insérer annuellement dans la vie active, une cohorte de 287 000 à 387 000 jeunes adultes, entre 2000 et 2010. Ce chiffre est sans doute sous estimé, car il ne prend en compte que 20% des jeunes entre 20 et 24 ans, or les nouveaux entrants sur le marché du travail, sont et seront des ruraux qui entrent en général tôt dans la vie active (moins de 16 ans pour le sexe féminin, et 18 ans au plus tard pour le sexe masculin). De plus, il faut souligner que plus des trois-quarts des jeunes de 20 à 24 ans sont déjà en activité en milieu rural et fondent une famille.

Graphique 5. Evolution des effectifs des nouvelles cohortes annuelles de jeunes adultes à insérer dans la vie professionnelle (1/5 des 20-24 ans)

92000 110000160000

212000

387000

527000

621400

705600

75400

757600

287000

1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050

Source : PNUD Population database révision, 2004

Enfin, la cohorte des jeunes adultes à insérer dans la vie professionnelle augmente d’année en année. Estimée à 300 000 jeunes actuellement, cette cohorte devrait progresser de façon exponentielle, à partir de 2010, et pourrait atteindre plus de 700 000 jeunes en 2040 Notons que ces jeunes sont essentiellement des jeunes ruraux, ce qui pose la question d’une part, de l’offre supplémentaire de travail dans les campagnes mais aussi dans les villes et, d’autre part, de la formation de ces jeunes pour répondre à cette offre, qu’elle soit dans le secteur agricole, dans l’industrie, dans le tourisme ou dans le secteur tertiaire en général.

2.7. DES PHENOMENES MIGRATOIRES PEU IMPORTANTS

2.7.1. Très peu de migrations externes

En raison de son insularité et de sa position géographique éloignée des grands courants migratoires mondiaux, Madagascar a, jusqu’ici, eu très peu d'échanges de population avec l'extérieur et les phénomènes migratoires internationaux y sont négligeables. Cependant, il existe des possibilités de migration de main d’œuvre compétitive au niveau régional, surtout dans le cadre des divers accords régionaux (COMESA, SADC, COI) et bilatéraux (Liban, Ile Maurice, Afrique du Sud).

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2.7.2. Des migrations internes limitées et conjoncturelles

A Madagascar, les migrations internes demeurent limitées (14,8% selon EPM, 2004), et sont surtout des migrations campagne/campagne, ou périurbaines. Les migrations régionales sont surtout saisonnières (exemple des repiqueurs de riz vers le lac Alaotra) et ont eu tendance à augmenter avec la crise du riz, en 2004. Il existe aussi des phénomènes migratoires plus structurels qui peuvent avoir des bases culturelles. Ainsi, les Antandroy partent « s’enrichir » dans des zones de production comme le Menabe (pour la culture de maïs de défriche-brûlis) ou dans des zones de production industrielle (zone de plantation de canne à sucre du Nord Ouest). Cependant, ils retournent en général dans leurs villages natals lorsqu’ils ont amassé suffisamment d’argent. La population du Sud Est, confrontée à une certaine saturation foncière, émigre dans toute l’île, soit à la recherche de nouvelles terres agricoles (surtout pour la riziculture ou pour des cultures de défriche-brûlis), soit pour travailler dans le secteur informel (comme tireurs de pousse par exemple). Parmi ces migrants, beaucoup ne pensent plus à retourner chez eux et ont même déjà construit des tombeaux en dur dans leur nouvelle zone d’installation. Ce dernier cas concerne surtout des migrants de la 3ème à la 5ème génération. Il existe aussi des migrations temporaires de Merina et de Betsileo (groupes ethniques des Hautes Terres centrales) qui partent vivre hors de leurs régions d’origine. Outre des emplois dans l’Administration ou des sociétés privées, la majorité de ces migrants s’adonnent au petit commerce. Dans la plupart des cas, ces groupes ethniques retournent dans leur région, à l’âge de la retraite, et laissent leurs enfants continuer leurs activités. La proportion des individus vivant en milieu urbain ayant émigrés est supérieure à celle des ruraux (23,4% contre 12,2% selon EPM 2004). Les migrations en milieu rural sont freinées par les problèmes d’insécurité, d’infrastructures (routières, d’accueil, de services publics…), d’encadrement technique, d’antagonismes sociaux ou de conflits fonciers. Les migrations rurales/urbaines existent, mais semblent être de moindre ampleur que dans les autres pays du continent africain ou d’Amérique Latine. Ces cas concernent surtout des jeunes actifs issus de l’enseignement secondaire et qui partent se faire embaucher dans des entreprises franches. Des processus de migrations organisées ont été initiés et mis en œuvre soit par l’Etat, soit par des ONGs. Le Ministère de la Population a ainsi lancé un projet pour le déplacement et l’insertion des familles déshéritées vivant dans les rues des villes, notamment Antananarivo, mais avec un succès limité. Citons aussi le Projet d’insertion des jeunes ruraux (PROJER), destiné à l’insertion, dans le Moyen Ouest, de jeunes sortant de l’université. Cependant les effectifs concernés sont encore faibles. Du fait de l’existence de situation de saturation foncière, sur les Hautes Terres par exemple, il semble que les phénomènes migratoires tendent à se développer. Or, il s’agit probablement d’une des évolutions à venir pour l’agriculture malgache, qu’il s’agisse de migrations internes ou externes, ce qui pose la question à la fois de la formation des migrants, des infrastructures dans les zones d’accueil, des incitations à partir. La réussite de ce processus est dépendante de l’efficacité des politiques de décentralisation et d’aménagement du territoire. Ceci est un sujet essentiel. Or, mises à part les données de l’Enquête Périodique auprès des Ménages de l’INSTAT, le phénomène migratoire est faiblement étudié et les données chiffrées sont peu importantes. Ce phénomène pourrait donc être affiné lors de la seconde phase de l’étude.

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2.8. UNE POPULATION CROISSANTE ET DONC DES BESOINS ALIMENTAIRES QUI AUGMENTEN T

En plus de l'offre d'emplois supplémentaires nécessaires pour la population croissante en âge de travailler, un autre enjeu important pour Madagascar, notamment en matière d'agriculture, est de répondre aux besoins alimentaires de la population totale. En prenant comme base une consommation annuelle de riz par habitant de 120 kg, la consommation totale serait aujourd'hui de 2,16 millions de tonnes de riz, soit des besoins en paddy de 3,27 millions de tonnes. Si ce niveau de consommation par habitant demeure constant, les besoins en paddy, qui suivent la croissance démographique, pourraient atteindre près de 5 millions de tonnes en 2030, 6 millions de tonnes en 2030 et plus de 8 millions de tonnes en 2050. Cependant, on peut penser qu'à l'avenir la consommation va se diversifier, ce qui est d'ailleurs déjà le cas, et que la consommation de riz par habitant va diminuer. Cependant, même avec 100 kg/habitant, les besoins en paddy progresseront sensiblement et pourraient dépasser les 5 millions de tonnes en 2030. Ces estimations, qui doivent être prises avec précaution, montrent que s'il est nécessaire d'encourager les processus de diversification de la consommation, et donc de la production, le riz demeurera un élément central pour l'agriculture et l'économie malgache.

Tableau 3. Estimation des besoins en riz et en paddy en fonction de l'évolution de la population et du niveau de consommation par habitant

2006 2010 2020 2030 2040 2050 Population totale (estimation) 18 21,1 27,1 33,5 39,3 45,3 Consommation totale estimée avec hypothèse 120kg/hbt (millions de tonnes) 2,16 2,532 3,252 4,02 4,716 5,436 Besoins en paddy (coefficient 0,66) 3,27 3,84 4,93 6,09 7,15 8,24 Consommation totale estimée avec hypothèse 100kg/hbt (millions de tonnes) 1,8 2,11 2,71 3,35 3,93 4,53 Besoins en paddy 2,73 3,20 4,11 5,08 5,95 6,86

Source : Calculs des auteurs

2.9. UNE POPULATION A FORTE MAJORITE DE PAUVRES La population malgache est majoritairement pauvre. En 2005, le taux d'incidence de la pauvreté était de 68,7% pour l’ensemble du pays. La population la plus pauvre est rurale, avec un taux d'incidence de la pauvreté de 73,5% en milieu rural, contre 52% en milieu urbain (EPM 2005).

Graphique 6. Evolution du taux d’incidence de la pauvreté de 1993 à 2005 (unité : %)

Source : Razafindravonona et alii. Evolution de la pauvreté à Madagascar, 1993-2002.

INSTAT/DSM/EPM2004 et 2005.

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La pauvreté concerne davantage les agriculteurs que les autres groupes socio-économiques. Ainsi, en 2005, la proportion de pauvres est de 78% pour les petits agriculteurs contre 56% pour les travailleurs indépendants. Mesuré en terme de consommation annuelle par tête, le seuil de pauvreté était de 305.300 Ariary pour l’année 2005. Cette valeur a été calculée à partir des données de 2001 et actualisée selon le taux d’inflation.

Résumé

• Une population croissante qui pourrait atteindre les 27 millions en 2020

• Une population jeune et qui va le rester encore longtemps (57% de moins de 20 ans en 2004)

• Un faible taux d’urbanisation, mais qui ira en s’accroissant à l’avenir

• Une population majoritairement rurale et agricole et qui va le rester (75% de la population est rurale et agricole en 2005)

• Plus de 300 000 nouveaux arrivants essentiellement ruraux sur le marché du travail en 2005 et plus de 700 000 en 2040

• Une densité de population encore faible, mais une répartition inégale de la population sur le territoire, avec l’existence de zones vides et des phénomènes de saturation foncière

• Peu de migrations externes, et des migrations internes limitées, mais qui devraient se développer du fait des situations de saturation foncière

• Des besoins alimentaires croissants auxquels il faut répondre qui confortent la place prépondérante du riz dans l'agriculture et l'économie malgache

• Une pauvreté massive qui stagne et qui concerne davantage les agriculteurs que les autres groupes sociaux économiques

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3. PLACE DE L’AGRICULTURE DANS L’ECONOMIE NATIONALE 3.1. UNE POPULATION ACTIVE TRES MAJORITAIREMENT AGRICOLE

Face à plus de 300 000 jeunes, essentiellement ruraux, qui arrivent chaque année sur le marché du travail (et plus de 700 000 en 2040), la question qui se pose est celle de la capacité d’absorption de ce marché. La population active est définie comme étant la population en âge de travailler qui est ou qui souhaite s’insérer sur le marché du travail. Cependant, les tranches d’âge considérées varient suivant les enquêtes permanentes auprès des ménages (EPM). Ainsi, dans l’EPM 1993, la population active comprend les individus âgés de 6 ans à 65 ans et pour les EPM 2001 et 2004, elle comprend les individus âgés de 14 ans à 65 ans. Il est donc difficile de procéder à une analyse comparative de l’évolution de la population active sur la période 1993 – 2004. Au-delà de ces différences de champ, l’analyse des données statistiques de ces périodes permet les observations suivantes :

• En 2001, parmi les 12 189 000 individus en âge de travailler, 8 108 000 étaient effectivement actifs, soit un taux d’activité estimé à 66,5% sur l’ensemble du pays.

• En 2004, le taux d’activité de l’ensemble de la population était estimé à 66,7% et à 64,6%, en 2005.

Graphique 7. Evolution de la population active (15-59 ans)

2264

2765

3474

4535

6045

8168

11093

14776

18915

23266

27279

1950

1960

1970

1980

1990

2000

2010

2020

2030

2040

2050

Source : PNUD population data base révision 2004

Selon les données des EPM de 2001 et 2004, le taux d’activité est relativement équivalent dans chacune des provinces de Madagascar, et se situe entre 62,5% à Antananarivo et 71,4% à Antsiranana en 2004. Le taux d’activité des hommes reste toujours supérieur à celui des femmes, toutes activités confondues, dans la mesure où les femmes sont généralement soumises aux travaux domestiques. Toutefois, les femmes actives sont relativement plus jeunes que les hommes actifs (EPM 2004) Enfin, le travail des enfants est encore très important, en particulier en milieu rural. Ainsi selon les résultats de l’EPM 2004, 20% de la population active seraient des enfants de 6 à 14 ans.

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De plus, selon la même source, les emplois salariés sont relativement peu nombreux à Madagascar, avec un taux de salarisation de 13,4%, ce qui indique une place importante du secteur informel. En milieu rural, le poids des emplois non salariés est même de 88%.

Tableau 4. Taux d’activité par province Provinces Population active en 2001 Population active en 2004

Antananarivo 61,8 62,5 Fianarantsoa 65,7 71,7 Toamasina 68,4 68,5 Mahajanga 70,5 67,7 Toliara 73,7 63,2 Antsiranana 67,4 71,4 Total 66,5 66,7

Source : INSTAT / DSM / EPM 2001 et 2004 Selon les résultats des EPM de 1993, 2002 et 2004, la majorité de la population active travaille dans le secteur agricole et sa proportion a même tendance à progresser. En effet, d’après ces enquêtes, le secteur agricole représentait 82,4% des actifs en 2004, contre 65% en 1993 et 75,6% en 2001. Cela pourrait témoigner d’un engouement pour le secteur agricole du fait d’une hausse des prix, en particulier du riz, mais aussi de la faiblesse des offres d’emplois dans les autres secteurs. Le tableau suivant fournit la répartition des emplois informels et formels suivant les différentes branches d’activité14. Tableau 5. Répartition des actifs entre les différents secteurs, dans le milieu rural et dans

l’ensemble de Madagascar

Branche d'activité Rural Ensemble Agriculture 90,1 82,4Industrie alimentaire 0,2 0,3industrie textile 0,4 0,8BTP 1,3 1,5Autres industries 1 1,6Commerce 1,7 4Transport 0,6 1,1Santé privée 0,1 0,1Education privée 0,2 0,4Admnistration publique 2 2,9Autres services 2,5 4,9

2004

Sources : EPM 2004

En dehors de l’agriculture, il existe peu d’opportunités d’emplois, notamment en milieu rural. Le commerce est la seconde source d’emploi (4% en 2004 et 6% en 2001), devant l’administration (2,9% en 2004 et 2,6% en 2001) et les autres industries (1,6% en 2004). Notons, concernant le commerce, que les emplois dans ce secteur sont très souvent liés au secteur agricole. Quant aux industries alimentaires, elles ne représentent que 1% des emplois en 2001 et à peine 0,3% en 2004, ce qui témoigne du faible développement de cette branche d’activité, pourtant essentielle pour le développement de l’agriculture. Faute de chiffres exhaustifs sur les effectifs d’actifs dans les différentes branches d’activité, nous analysons les perspectives d’emplois dans deux secteurs jugés porteurs pour l’économie malgache. Il s’agit du secteur tourisme et du secteur textile- habillement. Selon une étude récente15 portant sur le secteur textile habillement à Madagascar, le secteur et ses activités connexes employaient environ 180.000 personnes en 2005. Moyennant la conquête de nouveaux marchés, notamment européens, et des investissements importants, les possibilités d’emplois seraient au maximum de 300.000 emplois à l’horizon 2009, soit environ 30.000 emplois de plus par an. 14 : Ce tableau ayant été obtenu à partir d’enquêtes par échantillonnage, les effectifs d’actifs par secteur ne sont pas disponibles. 15 JEXCO-« Le secteur textile- habillement de Madagascar et son environnement international »- Septembre 2006

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Concernant le tourisme, l’INSTAT avait évalué les emplois directs et indirects de ce secteur à 19 850 personnes en 2004. Les prévisions du plan directeur du tourisme, élaboré par le Cabinet GATO AG, font une estimation de 135.400 emplois directs et indirects à l’horizon 2013, soit à peine 13.000 nouveaux emplois par an sur 12 ans. Le constat est donc sans appel : ces deux secteurs, pourtant jugés phares pour le développement de l’économie malgache, n’absorberaient au maximum que 43.000 emplois/an, face à plus de 300.000 jeunes arrivant annuellement sur le marché de travail.

3.2. L’AGRICULTURE, LE SECTEUR MOTEUR DE L’ECONOMIE MALGACHE

3.2.1. Un PIB qui progresse de 2,7%/ an depuis 1993

Graphique 8. Relation PIB réel et nominal

PIB REEL ET NOMINAL 1960 à 2005

200,0

250,0

300,0

350,0

400,0

450,0

500,0

550,0

1960

1962

1964

1966

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

REE

L

0,0

2000,0

4000,0

6000,0

8000,0

10000,0

12000,0

NO

MIN

AL

PIB réel PIB nominal

Sources : MEFB/DGE-INSTAT

L’évolution du PIB réel depuis 1960 peut être décomposée en quatre périodes :

• De 1960 à 1971, le PIB a connu une croissance régulière. La croissance annuelle moyenne du PIB sur cette période est de 2,9% et est quasiment au même niveau que la croissance démographique (2,8% par an). L’environnement économique se caractérise par une inflation modérée puisque le taux maximum atteint est inférieur à 7%.

• De 1972 à 1982, le PIB réel évolue en dents de scie. Le pays enregistre une croissance négative du PIB réel tous les deux ans. La croissance annuelle moyenne est quasiment nulle (-0,5%). C’est la période durant laquelle la pauvreté a connu la plus forte augmentation à Madagascar.

• De 1983 à 1992, l’économie enregistre une croissance annuelle moyenne positive mais faible (1,2%/an en moyenne). La paupérisation de la population se poursuit. Madagascar entre en ajustement structurel. La fin de la période est ponctuée par la crise politique de 1991.

• De 1993 à 2005, la croissance moyenne annuelle (2,7%) fait plus que doubler par rapport à la période précédente. La croissance de l’économie suit la croissance démographique. On assiste à une rupture en 2002, suite à une crise politique, mais dès 2003 la croissance repart. En 2004, le PIB réel atteint son niveau maximal depuis 5 ans.

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3.2.2. Une inflation annuelle de près de 15% depuis 1972

L’observation de l’inflation met en évidence deux grandes périodes : • avant 1972, le franc malgache appartient à la zone Franc, l’inflation est contenue et se situe

en moyenne à 3,3% entre 1960 et 1972 ; • depuis 1972, Madagascar a quitté la zone Franc. Le déséquilibre important de la balance

commerciale devient alors source d’inflation qui, sur la période, atteint en moyenne 14,6%.

Graphique 9. Inflation et PIB

CROISSANCE DU PIB ET INFLATION 1961-2005

-20,0%

-10,0%

0,0%

10,0%

20,0%

30,0%

40,0%

50,0%

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

2005

PIB INFLATION

Sources : MEFB/DGE-INSTAT

Les taux d'inflation annuels moyens sur les sous périodes 1972-1982, 1983-1992 et 1993-2005 sont pratiquement les mêmes (respectivement de 14,4% ; 14,3% et 15,6%). Toutefois, les causes majeures de ces niveaux d’inflation sont différentes :

• Pendant la période allant de 1972 à 1983, le non respect de la discipline budgétaire a généré une forte hausse de l’inflation ;

• La période allant de 1983 à 1992 est marquée par la libéralisation des prix intérieurs et par des dévaluations successives de la monnaie nationale.

• La dernière sous période allant de 1993 à 2005 débute par le passage au flottement de la monnaie malgache (en 1994). D’autre part, il y a une inflation importée, suite à la hausse des cours du riz et du pétrole sur le marché international. Il est à noter que pendant la crise politique de 2002, la flambée des prix à la consommation avoisinait les 17%. Après une stabilisation des prix en 2003, la mise en place d’une politique de détaxation sur certains produits importés engendre une autre flambée des prix à la consommation de près de 14% en 2004, induite par forte dépréciation de la monnaie nationale.

3.2.3. Un PIB dépendant majoritairement de l’agriculture et de la filière rizicole

Depuis 1970, la structure du PIB n’a quasiment pas évolué. Ceci signifie que l’économie malgache n’a pas connu de changement majeur durant cette période. Le secteur primaire représente en moyenne 35% de la richesse du pays, le secteur secondaire 14% et le secteur tertiaire 51%. Si le secteur tertiaire est le premier secteur créateur de valeur ajoutée, il faut souligner qu’il s’agit essentiellement d’activités commerciales qui sont souvent liées au secteur agricole16.

16 Faute de série longue, l’analyse ne débute qu’en 1970.

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Tableau 6. Evolution du PIB réel REPARTITION DU PIB REEL MOYEN ANNUEL CREES PAR SECTEUR

DE 1970-2005

Primaire35%

Secondaire14%

Tertiaire51%

Sources : MEFB/DGE-INSTAT

STRUCTURE DU PIB REEL PAR SECTEUR1970-2005

0%

20%

40%

60%

80%

100%

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

Secteur tertiaire

Secteur secondaire

Secteur primaire

Source : MEFB/DGE-INSTAT

De 1970 à 2005, le secteur primaire a progressé de 1,6% par an, le secteur secondaire de 0,6% et le secteur tertiaire de 1,3%. Après la crise politique de 2002, et suite à la reprise des activités au cours de l’année 2003, chaque secteur d’activité retrouve son rythme de croisière respectif au cours de l’année 2004. Le secteur primaire dépasse même son niveau d’avant la crise. Le PIB réel de ce dernier secteur d’activité, évalué à 159,6 milliards d’Ariary en 2004, contre 154,9 milliards d’Ariary en 2001, reflète l’effort entrepris dans le monde rural.

Tableau 7. Croissance annuelle moyenne des PIB sectoriels par périodes Périodes 1972-1982 1983-1992 1993-2005

Primaire 0,5% 2,4% 1,8%Secondaire -2,9% 2,7% 2,5%Tertiaire -0,6% 0,6% 2,9%

Source : MEFB/DGE-INSTAT, nos propres calculs L'apparente diversification de l'économie malgache doit être considérée avec précaution. En effet, si l’on compare l'évolution du taux de croissance du PIB avec l'évolution du taux de croissance du PIB agricole et celle du taux de croissance de la production rizicole, on constate une relative similitude qui suggère que le secteur agricole et en particulier la filière riz, est le moteur principal de l’économie malgache.

Graphique 10. Evolution du PIB National par rapport au PIB Agricole

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

PIB Agricole PIB National Source : Data Base RuralStruc/ B.Losch

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Graphique 11. Evolution du PIB National par rapport au PIB Rizicole

Taux de croissance de la production rizicole et du PIB national

-15

-10

-5

0

5

10

15

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

% Taux de croissance de la production rizicoleTaux de croissance du PIB national

Source : O. Jenn-Treyer (SMB)

Notons par ailleurs que l’agro-alimentaire représente une part importante du PIB du secteur secondaire. Au cours de la période d’observation (1984-2005), le poids de l’agro-alimentaire dans ce secteur est passé de 34% en 1984 à 37,8% en 200517.

3.2.4. Une part croissante de l’Elevage et de la Pêche dans le PIB agricole

Dans la comptabilité nationale malgache, le secteur primaire est composé des branches d’activités suivantes : l’agriculture, l’élevage et la pêche et la sylviculture. Les mines sont comptabilisées dans le secteur secondaire. Le PIB primaire se confond donc avec le PIB agricole. L’évolution des différentes branches de l’agriculture est synthétisée dans le graphe ci-dessous.

Graphique 12. Evolution de la répartition des différentes branches de l’agriculture

PIB PRIMAIRE EN TERME REEL

0%

20%

40%

60%

80%

100%

1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Sylviculture

Elevage et Pêche

Agriculture

Source : INSTAT

STRUCTURE DU PIB AGRICOLE DE 1984 A 2005

Agriculture47%

Elevage et pêche42%

Sylviculture11%

Source : INSTAT

17 Source : MEFB-INSTAT

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L’agriculture est ici entendue au sens large, à savoir l’agriculture, l’élevage, la pêche et la foresterie. Les informations disponibles portent sur la période 1984-2005. Durant ces 21 ans, l’agriculture représente en moyenne 47% du PIB agricole, l’élevage et la pêche 42% et la sylviculture 11%. Sur la même période, le taux de croissance moyen de chaque branche est respectivement de 1,6%, 2,8% et 1,6%. Les poids de l’agriculture et de la sylviculture ont plutôt tendance à diminuer au profit de l’élevage et de la pêche. Ceci peut s’expliquer par les effets des programmes de protection de l’environnement dans le cas de la sylviculture, par la baisse des cours des produits agricoles, mais surtout par le dynamisme de la filière pêche et en particulier de la filière crevettes.

Résumé

• Une population active très majoritairement agricole (82,4% en 2004)

• Très peu d’emplois salariés

• Des opportunités d’emplois très insuffisantes en dehors de l’agriculture, y compris dans le tourisme et le textile, pour faire face à plus de 300 000 jeunes nouveaux arrivants sur le marché du travail

• Un PIB qui progresse plus vite que la croissance démographique depuis 1993 (2,7%/an)

• Une inflation encore forte (plus de 15,5% depuis 1993)

• Une structure quasi constante du PIB depuis 1972 : le secteur primaire représente en moyenne 35% de la richesse du pays, le secteur secondaire 14% et le secteur tertiaire 51%.

• Le secteur agricole, et en particulier la filière riz, moteur de l’économie malgache

• L’agro-alimentaire représente 38% du secteur secondaire en 2005

• Une place croissante de l’élevage et surtout de la pêche dans le secteur agricole au dépend de l’agriculture et de la sylviculture

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4. ECHANGES INTERNATIONAUX 4.1. UN DEFICIT COMMERCIAL QUI SE CREUSE

Entre 1984 et 2005, les exportations malgaches ont plus que doublé, tandis que les importations malgaches ont été multipliées par trois. En conséquence, la balance commerciale, déjà négative de 74, millions de USD en 1984, s’est détériorée pour atteindre un déficit de 701 millions de USD en 2005.

Graphique 13. Evolution de l’importation, de l’exportation et de la balance commerciale

-1000

-500

0

500

1000

1500

2000

1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004

Export Import balance com.

Source : Banque centrale de Madagascar

4.2. DES EXPORTATIONS CONCENTREES SUR QUELQUES PRODUITS ET QUELQUES MARCHES

4.2.1. Une baisse de la part des exportations agricoles

Tableau 8. Valeur des exportations agricoles et totales, en millions de dollars 1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Exportations agricoles 316,1 340,0 416,9 400 ;8 479,9 382,9 286,4 Exportations totales 510,0 955,7 943,2 664,7 974,5 1022,3 854,9 Part agricole des exportations 62,0% 35,6% 44,2% 60,3% 49,2% 37,5% 33,5%

Source : INSTAT Les exportations malgaches ont augmenté sensiblement, passant de 510 millions USD en 1995 pour atteindre 1022 millions USD en 2004, avant de baisser à 855 millions d’US Dollars en 2005. Dans le même temps, la part des exportations agricoles malgaches dans les exportations totales a eu une évolution contrastée, en deçà ou au-delà de la moitié de celles-ci selon les années. On note toutefois

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que la part des exportations agricoles dans les exportations totales est en baisse ces dix dernières années, passant de 62% en 1995 à 34% en 2005. Cela s’explique, d’une part, par la plus forte croissance des exportations non agricoles sur la période, surtout de textile- habillement. Le développement des zones franches a entraîné une forte progression des exportations malgaches et aussi une modification de la composition de ces exportations. Ainsi, en 2005 le textile- habillement représentent 39% des exportations malgaches contre environ 14% en 1995. Notons que la quasi-totalité de ces produits proviennent des zones franches. Toutefois, le démantèlement des accords multifibres en 2004 a entraîné une baisse du niveau des exportations malgaches pour ces produits, en 2005. Cette chute s’explique d'autre part, par la baisse des exportations de certains produits phares et en particulier le café. La part du café est, en effet, passé de 22% des exportations en 1995 à 1% des exportations en 2005, sous l'effet de la chute des cours internationaux qui a totalement déstructuré la production nationale. Les exportations de sucre ont également diminué ces dernières années, malgré les quotas disponibles sur le marché européen et américain. Cette situation traduit l'état de crise que traverse la filière sucre à Madagascar, avec une production qui est passé de 90 000 tonnes en 1995 à 25 000 tonnes en 2003. C’est également le cas pour la vanille dont les exportations ont fortement chuté entre 2004 et 2005. La hausse des cours de la vanille naturelle qui ont atteint en 2004, 500 USD/kg s'est traduite par une baisse de la demande mondiale, une réorientation de cette demande vers la vanille de synthèse et une progression de la production mondiale de vanille. En conséquence, l'offre de vanille naturelle a largement dépassé la demande mondiale et les cours ont fortement chuté pour atteindre les 25 USD/kg en 2005, alors que les volumes exportés diminuaient. Dans le cas des crevettes, le tassement des exportations semble indiquer une raréfaction de la ressource, malgré le développement de la production aquacole.

Tableau 9. Evolution des principales exportations agricoles, en millions d’US Dollars Produits Unité 1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2005/1995

Millions USD 61,5 101,9 90,2 122,1 122,3 105,5 101 64% Crevette Tonnes 835,8 12 209,7 12 185,8 15 965,9 14 690,1 11 801,9 11 294,6

Millions USD 38,8 64,3 143,6 164,4 227,3 124,4 47,2 22% Vanille Tonnes 697,6 1 810,0 1 412,8 1 128,9 1 137,9 651,4 2 028,6

Millions USD 28,4 22,6 28,1 28,5 42,4 42,1 20,8 -27% Thon Tonnes 1402,1 9 958,0 13 852,4 12 506,9 20 172,8 18 468,6 9 094,4

Millions USD 11 50,9 90,9 23,1 28,9 28,3 17 55% Girofle Tonnes 1712,8 14 874,5 17 692,7 7 178,0 15 880,0 12 584,6 6 313,8

Millions USD 11 13,3 6,8 11,3 10,3 18,2 14,6 33% Litchi Tonnes 7526,7 12 276,9 5 064,5 12 486,3 13 473,7 18 844,5 21 043,9

Millions USD 13,1 38,6 9 9,3 9,1 11,5 14,3 9% Coton Tonnes 4351,6 8 980,2 4 628,5 4 815,4 5 897,9 4 377,1 2 624,7

Millions USD 108,2 9,1 3,2 3,9 4,5 4,5 6,4 -94% Café Tonnes 39313,1 12 975,5 6 034,9 8 135,9 7 056,7 7 841,1 6 729,8

Millions USD 3,8 3,8 5,4 8,2 7,7 6,4 4,2 12% Cacao Tonnes 3256,5 3 390,7 5 305,1 5 346,9 4 433,3 4 333,5 2 433,4

Millions USD 3,5 2,8 2,4 3,9 3,2 4,4 3,4 -3% Langouste Tonnes 215,6 249,4 214,3 276,6 260,1 390,6 280,8

Millions USD 13,5 7,3 6,3 0,9 3,6 8,5 2,0 -85% Sucre Tonnes 22290,4 15 361,8 19 832,6 2 569,8 5 563,3 13 589,7 3 140,9

Source : INSTAT Malgré une diversité de productions, les exportations malgaches de produits agricoles sont aujourd’hui concentrées sur quelques produits en particulier : la vanille, le litchi, le girofle, le cacao et le coton et, dans une moindre mesure, le sucre, les légumes secs, les conserves de fruits et légumes... Par ailleurs, on constate une forte spécialisation géographique des exportations agricoles malgaches par produit.

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Tableau 10. Principales destinations des exportations agricoles malgaches 2004 Vanille - USA 69% - France 19% - Canada 7%

Crevette - France 74% - Japon 14% - Espagne 6% - Maurice 3%

Girofle - Singapour 80% - USA 3% - Pays Bas 3% - France 2%

Litchi - France 93% - Pays Bas 3% - Allemagne 2%

Sucre - Italie 57% - Allemagne 28% - France 14%

Café - France 33% - Allemagne 15% - Belgique 15%

Source : Données statistiques de COMTRADE Soulignons qu’en dehors du litchi et des pois secs, les volumes exportés par Madagascar demeurent limités. De plus, comme le montre le cas de la vanille, du café ou du girofle, les exportations de produits agricoles sont soumises à une forte volatilité des cours. Ainsi, le prix à l’exportation du kilogramme de vanille est passé de 73 USD en 1993 à 16 USD en 1996 puis 100 USD en 2000 et 450 à 500 USD en 2003 pour redescendre à 25 USD en 2005. Enfin, malgré sa production agricole très variée Madagascar exporte très peu de produits agricoles transformés en dehors du sucre, du café et du coton, ce qui témoigne du faible développement de l’agro-industrie dans le pays. Les produits de la pêche sont parmi les premiers produits exportés par Madagascar. Il s’agit tout d’abord des crevettes dont les exportations (12 000 tonnes) ont quadruplé en valeur depuis 1995 pour atteindre 12% des exportations totales. Madagascar exporte aussi des poissons et autres crustacés (3% des exportations en 2005). La crevette a bénéficié d’investissements privés importants et de l’aide publique au développement, d’une bonne organisation de filière et du développement des zones franches. Enfin, parmi les autres exportations malgaches traditionnelles, citons les huiles essentielles, les pierres fines et industrielles, le graphite et la chromite.

4.2.2. L'Europe demeure de premier débouché des produits malgaches

Si l’Europe demeure la première destination des exportations malgaches, elle perd du terrain face aux autres destinations. Elle ne représente plus en 2005 que 48% des exportations malgaches contre plus de 60% en 1995. Ce recul du marché européen s’explique par un développement des exportations malgaches vers deux autres marchés : le marché du Sud-Est asiatique et le marché des Etats-Unis (22% des exportations en 2005). Outre une demande accrue sur ces marchés, les exportations malgaches ont bénéficié, dans le cas du marché américain, de l’initiative African Growth Opportunity Act (AGOA). Notons par ailleurs la stagnation des échanges avec le Japon et la Chine, deux marchés pourtant porteurs.

Enfin, autre fait marquant, la faiblesse des échanges régionaux au sein de la COMESA (1% des exportations malgaches en 2005) et de la SADC (moins de 1% en 2005). La création d'une zone de libre-échange en 2000 dans le cadre du COMESA ne semble pas avoir eu d'effet notoire sur les exportations malgaches. Par contre la récente création d'une zone de libre-échange au sein de la SADC offre des opportunités que la Grande Ile se doit de saisir, notamment pour les produits agricoles et agro-alimentaires.

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Graphique 14. Destination des exportations malgaches en 2005 Erreur ! Des objets ne peuvent pas être créés à partir des codes de champs de mise en forme.

Source : INSTAT

Graphique 15. Structure de l’exportation (1995 – 2005)

1995Textiles -

Habillement14%

Autres Produits

24%

Autres Produits Agricoles

9%

Café22%

Coton3%

Girofle2%

Poisson et autres

crustacés6%

Vanille8%

Crevettes12%

2005

Girofle2%

Coton2%

Poisson et autres

crustacés2%

Café1%

Vanille6%

Autres Produits Agricoles

8%

Crevettes12%

Textiles - Habillement

39%

Autres Produits

28%

Source : INSTAT Source : INSTAT

4.3. DES IMPORTATIONS EN PROGRESSION SENSIBLE

Graphique 16. Structures des importations en 1995 et 2005

1995Produits

Alimentaires11%

Autres biens22%

Matières premières

26%

Equipement22%

Energie19%

2005

Autres biens24%

Equipement25%

Matières premières

24%

Produits Alimentaires

11%

Energie16%

Source : INSTAT Source : INSTAT

Entre 1995 et 2005, les importations malgaches ont triplé, passant de 661 millions d’USD en 1995 à 1706 millions d’USD en 2005. Cette progression résulte du fait d’une part de la progression des importations en zones franches pour la production textile, mais aussi de la hausse des cours du pétrole et de la dépréciation de l’Ariary face au dollar et à l’euro. En 2005, comme en 1995, les importations malgaches se sont concentrées sur l’énergie (20% en 2005), les biens d’équipement (29%), les matières premières (21%) et les produits d’alimentation (11% en 2005).

4.3.1. Stagnation de la part des produits alimentaires dans les importations malgaches

La part des importations alimentaires quant à elle a quasiment stagné, passant de 12% des importations en 1995 à 11% des importations en 2005. Les principaux produits agricoles et alimentaires importés sont le riz, le sucre, le blé, la farine, l’huile alimentaire et les produits laitiers.

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Tableau 11. Importations 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Millions USD

42 33,75 8,97 46,85 30,18 92,7

Tonnes 192 531 170 653 53 237 241 321 126126 299 117Millions USD

5,77 9,92 5,16 18,17 23,24 18,09

Tonnes 30 190 41 179 22 861 74 268 92 968 68 809Millions USD

6,39 3,52 0,25 8,68 10,19 6,68

Tonnes 36198 21279 858 36030 46028 29110Millions USD

12,84 12,36 8,33 14,36 11,82 14,71

Tonnes 54200 67140 36325 57852 37904 53507Millions USD

7,84 4,60 5,85 5,43 7,72 9,36

Tonnes 5 800 2354 3743 2333 3598 3691Millions USD

28,26 22,00 22,44 55,78 66,03 31,98

Tonnes 53659 69401 41100 87676 96661 51970

Produits laitiers

Huiles

Riz

Sucre

Blé/Froment

Farine

Source : INSTAT

Tableau 12. Quelques pays fournisseurs de produits alimentaires en 2005 Riz - Thaïlande - Pakistan - Philippines - Chine

Sucre - France - Afrique du Sud - Brésil - Inde

Farine - Afrique du Sud - Union Européenne - Egypte - Chine

Huile alimentaire - Etats-Unis - France - Indonésie - Malaisie

Produits laitiers - France - Etats-Unis - Nouvelle-Zélande - Pays-Bas

Blé - France - Etats-Unis - Inde

Source : INSTAT Madagascar étant une île, de plus relativement protégée (droit de douane de 20% en général et TVA de 18%), la concurrence des produits agricoles importés reste assez faible. Cependant l’ouverture effective de son marché dans le cadre de la COI, du COMESA, ou à venir dans le cadre de la SADC ou de l’APE risque d’accentuer cette concurrence.

4.3.2. L'Europe : un premier fournisseur contesté

Comme pour les exportations, si l’Europe demeure le premier fournisseur de Madagascar, sa place est contestée par les pays pétroliers et les pays d’Asie du Sud-Est, car on assiste à un alourdissement de la facture pétrolière.

Sur cette période, la Chine accroît sensiblement ses exportations vers Madagascar. Sa part de marché en 2005 était de 13,9% des importations malgaches. Il s’agit notamment de fils et tissus transformés dans les zones franches.

Les importations en provenance de la COMESA ont augmenté en 2005 pour représenter 12,5% des importations malgaches, traduisant une hausse sensible des importations en provenance de l'Egypte, qui est membre de la zone de libre-échange du COMESA comme Madagascar.

Par contre, la SADC représente près de 8% des approvisionnements extérieurs de la Grande Ile et la création d'une zone de libre-échange devrait avoir des répercutions sur les échanges, notamment avec l'Afrique du Sud, y compris pour les productions agricoles.

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Tableau 13. Les 10 premiers pays d’importation de Madagascar en 2005

Pays % France 14,3Chine 13,9Bahreïn 13,1Maurice, île 7,4Inde 5,9Afrique du Sud 5,9Belgique 2,8Allemagne 2,6Japon 2,4Etats-Unis 2,4Autres 29,4

Source : INSTAT

4.4. TERMES DE L’ECHANGE Pour Madagascar, la tendance des termes de l’échange présente un creux au milieu des années 90. Les termes de l’échange ont donc évolué au profit des importations jusqu’en 1989. On assiste à un retournement de tendance à partir de 1999 stoppé par la crise de 2002, puis à une forte diminution des termes de l'échange à partir de 2003 du fait des effets économiques et monétaires de la dévaluation mais aussi de la hausse des cours du pétrole.

Graphique 17. Terme de l’échange et déficit commercial (1984-2005)

T E R M E D E L 'E C H A N G E E T D E F IC IT C O M M E R C IA L /P IB1 9 8 4 -2 0 0 5

0 ,0 0

0 ,2 0

0 ,4 0

0 ,6 0

0 ,8 0

1 ,0 0

1 ,2 0

1 ,4 0

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Term

e de

l'éc

hang

e

0 ,0 %

2 ,0 %

4 ,0 %

6 ,0 %

8 ,0 %

1 0 ,0 %

1 2 ,0 %

1 4 ,0 %

1 6 ,0 %

1 8 ,0 %

Déf

icit

com

mer

cial

/PIB

D é fic it c o m m e rc ia l/P IB T e rm e d e l'é c h a n g e Source : Banque Centrale de Madagascar

4.5. ACCORDS COMMERCIAUX ET REGIMES PREFERENTIELS : VERS UNE OUVERTURE ACCRUE DES MARCHES

Madagascar a conclu ou s’est engagé dans différents accords commerciaux multilatéraux, bilatéraux et régionaux. Le point commun à l’ensemble de ces Accords est la libéralisation des marchés. Il s’agit d’une part, d’ouvrir le plus possible les marchés internationaux et d’autre part, de limiter l’intervention de l’Etat, en particulier en matière de politique agricole. L’objectif final est de permettre à chaque pays de faire valoir ses avantages comparatifs et ainsi de développer les échanges pour une augmentation

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du bien être de la population dans chaque pays. Cependant les pays ne bénéficiant pas tous des mêmes avantages au départ, ceux classés comme pays en développement (PED) ou comme pays les moins avancés (PMA) bénéficient d’aménagements qui devraient être limités dans le temps.

4.5.1. L’OMC, la référence pour les relations commerciales internationales

Madagascar après avoir participé au GATT, est devenu membre de l’OMC en 1995 en signant les différents Accords commerciaux, dont l’Accord agricole. Les Accords de l’OMC sont « la base des relations commerciales internationales ». Les autres accords commerciaux, qu’ils soient régionaux ou bilatéraux, doivent en effet respecter les règles de l’OMC. Madagascar, en tant que PED et PMA, bénéficie d’un certain nombre d’aménagement, en particulier en matière d’accès au marché. Ainsi, Madagascar n’a aujourd’hui aucune obligation d’ouverture supplémentaire de son marché et peut même augmenter ses protections jusqu’à un taux plafond fixé à 250% pour les produits agricoles. Toutefois, il convient de noter que Madagascar est déjà largement ouvert et que le taux maximum de protection est aujourd’hui de 20%, auquel il faut ajouter une TVA de 18%.

4.5.2. Les relations UE-ACP : une remise en cause des privilèges accordés par les Conventions de Lomé ?

En tant que pays ACP, Madagascar bénéficie, depuis les années 70, des Conventions de Lomé successives qui lui offrent un accès préférentiel au marché européen sans contrepartie. Etant aussi PMA, cet accès a été renforcé en janvier 2002 par l’initiative « Tout sauf les armes » (TSA) qui lui donne accès sans droit de douane et sans quota à ce marché, sauf pour les armes. Cependant, l’ouverture totale du marché européen est repoussée 2009 pour le sucre et le riz. L’Accord de Cotonou, qui se traduit par la mise en place d’Accord de Partenariat Economique (APE), modifie cette relation commerciale non réciproque, en instaurant des zones de libre échange régionales entre l’UE et les pays ACP. Cela signifie que Madagascar, si elle signe un APE dans le cadre de la région l’Afrique Orientale et Australe (AFOA), doit devoir ouvrir progressivement son marché aux produits européens à partir de 2008. Certains produits dits sensibles pourront cependant être exclus de la zone de libre-échange, ce qui devrait être le cas pour de nombreux produits agricoles afin de les protéger des avantages dont bénéficient les produits européens, grâce à la Politique Agricole Commune.

4.5.3. L’AGOA

Madagascar bénéficie, notamment pour le textile, d’un accès préférentiel au marché américain, dans le cadre de «L’African Growth and Opportunity Act» (AGOA) promulgué le 18 mai 2000. En tant que PMA Madagascar bénéficie de la clause spéciale LDC qui lui permet d’utiliser des matières premières en provenance de pays tiers jusqu’en 2012, pour la production des textiles et vêtements exportés vers les Etats-Unis. Cet accès privilégié explique l’augmentation des importations vers les Etats-Unis depuis 2000.

4.5.4. Les accords régionaux : COI, COMESA et SADC

Madagascar participe à trois Accords économiques régionaux : la COI, le COMESA et la SADC.

La Commission de l'océan Indien La Commission de l'Océan Indien (COI) compte cinq membres : Madagascar, les Comores, Maurice, la Réunion (France) et les Seychelles. Elle a été créée en 1984 en vertu de l'Accord général de coopération. Les membres fondateurs sont Madagascar, Maurice et les Seychelles. Les Comores et la Réunion sont devenues membres en 1986.

Un des principaux objectifs de la COI est de promouvoir les échanges commerciaux entre ses membres. Depuis 2000, Madagascar a ainsi normalement supprimé ses barrières tarifaires avec Maurice, les Comores et les Seychelles dans le cadre de la Zone d’Echanges Préférentiels (ZEP).

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Notons que la Réunion, en tant que région ultrapériphérique de l’Union Européenne, devrait pouvoir mieux s’inscrire dans le processus d’intégration régional en cours.

Le COMESA

Madagascar est devenu membre du Marché commun pour l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) en 1995. Le COMESA regroupe actuellement 19 pays : Angola, Burundi, Comores, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Namibie, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda, Seychelles, Soudan, Swaziland, Zambie et Zimbabwe.

Neuf membres (Djibouti, Egypte, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Soudan, Zambie et Zimbabwe) ont créé une zone de libre échange (ZLE) le 31 octobre 2000. Ils ont été rejoints par le Rwanda en janvier 2004. Le Swaziland attendait l’accord de la SACU pour rejoindre la ZLE. Les autres membres devraient bientôt les rejoindre. Il a été décidé aussi de créer très rapidement une Union douanière. Avec 1% de ses exportations en 2005, le COMESA est pour l’instant un débouché mineur pour Madagascar et la création d'une zone de libre-échange n'a eu que peu d'impact pour les exportations du pays. Les importations malgaches en provenance du COMESA ont par contre augmenté pour représenter 12,5% de ses importations totales. Cette hausse témoigne de l'entrée massive de produits égyptiens très concurrentiels sur le marché malgache.

La SADC Madagascar a signé le protocole sur le commerce de la SADC en 2005. Son adhésion à la SADC a été entérinée en 2006. Le protocole sur le commerce a pour objectif la libéralisation des échanges via la suppression des droits de douane et des barrières non tarifaires. Ce protocole envisage aussi une coopération réglementaire régionale, la promotion des échanges commerciaux dans les services, les investissements transfrontaliers et la facilitation des échanges commerciaux. Dans le cadre de ce protocole, Madagascar négocie actuellement son plan de démantèlement tarifaire. Le calendrier de démantèlement devrait s’échelonner de 2007 à 2012, date de l’ouverture totale de son marché aux produits de la SADC. Seul le sucre devrait être exclu de la zone de libre-échange Pour l’instant, les exportations malgaches vers l’Afrique du Sud demeurent faibles et sont concentrées sur le sisal, le girofle et les fruits. Par contre les importations en provenance de l’Afrique du Sud représentent, en 2005, près de 8% (200,5 milliards d’Ariary) des importations totales de Madagascar. Ces importations devraient progresser avec la mise en œuvre de la zone de libre-échange, y compris pour les produits agricoles. En effet, il existe un risque d'importation de produits agricoles et agro-alimentaires d'Afrique du Sud qui bénéficie d'une agriculture et d'une agro-industrie très compétitives.

4.5.5. Les autres Accords commerciaux

Madagascar bénéficie en outre d'un traitement tarifaire préférentiel accordé par l'Australie, le Canada, les États-Unis, le Japon, la Nouvelle-Zélande et l'UE dans le cadre du Système de Préférences Généralisé (SPG) ou en tant que PMA.

4.5.6. Les enjeux

L’ouverture accrue des marchés régionaux et internationaux est une chance à saisir pour que Madagascar augmente sensiblement ses exportations, en particulier de produits agricoles et agro-alimentaires. Cependant, pour saisir cette opportunité, de nombreuses contraintes doivent être dépassées en matière de production, de commercialisation et de respect des normes.

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Cette évolution n’est pas non plus sans risque pour Madagascar et en particulier pour son secteur agricole et agro-alimentaire. Une ouverture trop rapide de son marché ou du marché régional peut entraîner une concurrence accrue de produits provenant de pays développés ou de pays en développement émergents bénéficiant d’avantages certains en matière d’infrastructures, de recherche, d’appui au financement et parfois de soutiens importants à la production et à l’exportation sur des productions qui ne bénéficient d’aucun de ces avantages, à l’exception d’une main d’œuvre bon marché. Enfin, la multiplicité des Accords régionaux est également une contrainte à gérer pour éviter la confusion.

4.6. UNE MONNAIE AYANT CONNU UNE LONGUE PERIODE DE DEPRECIATION Le taux de change en dollars US est demeuré quasiment constant de 1960 à 1973. Après la sortie de la zone franc en 1972, la monnaie se déprécie en moyenne de 18,5%/an par rapport au dollar entre 1980 et 1993, suite aux différentes dévaluations appliquées par l’Administration monétaire. A partir de 1994, date d’instauration du flottement de la monnaie nationale, la dépréciation se poursuit. Jusqu’en 2005, la monnaie malgache perd annuellement en moyenne de 14,8% de sa valeur. On constate, néanmoins, un répit entre 2001 et 2003 : la monnaie s’apprécie même légèrement de 3% avant de se déprécier à nouveau. De janvier 2005 à juin 2006, la monnaie s’est dépréciée de près de 13%, par rapport à l’Euro.

Graphique 18. Taux de change Dollars US / Ariary

0

500

1000

1500

2000

2500

1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005

Source : Banque Centrale de Madagascar

L’origine principale de cette dépréciation, quasi continue depuis 1994, est la forte progression des importations engendrant une demande croissante de devises, face à une augmentation plus faible des exportations. Cette tendance a été accentuée entre 2003 et 2005 du fait de la détaxation sur les biens d’équipement, dont les importations ont progressé de 106% entre 2002 et 2003. Le niveau des importations concernant ces produits s’est maintenu en 2004 et 2005.

4.7. FISCALITE ET DETTE

4.7.1. Une perte de recettes fiscales devant être compensée

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En 2005, la répartition des recettes fiscales, par types d’impôts et taxes est la suivante : 49% de « taxes à l’importation », 34% « d’impôts sur les biens et services », 16% « d’impôts sur les revenus et gains » et 1% « d’autres taxes ». Etant donné l’importance des taxes à l’importation dans les recettes fiscales, l’ouverture croissante de son marché accordée par Madagascar dans le cadre des négociations commerciales en cours, implique une contrainte fiscale importante et la nécessité d’augmenter le niveau de fiscalité interne, notamment par un élargissement de l’assiette fiscale.

Graphique 19. Source des recettes fiscales malgaches en 2005 Répartition des recettes fiscales 2005 selon les sources

Sur biens et services 34%

Sur revenus et gains 16%

Sur les importations 49%

Autres1%

Source : INSTAT

4.7.2. Un service de la dette plus faible aujourd’hui du fait de l’IPPTE

Service de la dette extérieure En 2005, le service de la dette extérieure, avant allègement du Club de Paris, s’élève à 103,8 millions de DTS, contre 125,7 millions de DTS en 2004, et représente respectivement 11,9% et 13,1% des exportations de biens et services non facteurs (source : Banque Centrale). Après allègement, le service de la dette ne représente plus que 5,6% des exportations de biens et services non facteurs en 2005, contre 6,1% en 2004.

L’encours de la dette extérieure L’encours de la dette extérieure du pays est de 2 124,7 millions de DTS (3 036,3 millions d’USD) à fin 2005, contre 2 535,2 millions de DTS en 2004 (3 926,8 millions d’USD). Par rapport au PIB, l’encours de la dette extérieure représente 64,5% du PIB nominal à fin 2005, contre 90% à fin 2004. Au cours de l’exercice 2004, Madagascar a rempli toutes les conditions nécessaires à l’atteinte du point d’achèvement dans le cadre de l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE). Le traitement du stock de la dette qui s’ensuit devrait réduire le service de la dette extérieure à un niveau soutenable, et permettre au Gouvernement de concentrer ses efforts dans la lutte contre la pauvreté et pour la croissance économique.

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Résumé

• Un déficit commercial qui se creuse

• Des exportations concentrées sur quelques produits et quelques marchés

• Une baisse de la part des produits agricoles dans les exportations malgaches

• Des exportations agricoles soumises à la volatilité des cours

• Peu de produits agricoles transformés exportés

• Des importations qui progressent du fait de la facture pétrolière et de la dépréciation quasi continue de la monnaie malgache

• Des Accords commerciaux multilatéraux (OMC, APE…), régionaux (COI, COMESA, SADC) ou bilatéraux (AGOA…) qui conduisent à une plus grande ouverture des marchés

• Une ouverture croissante des marchés internationaux qui est une opportunité pour le développement des exportations, en particulier agricoles et agro-alimentaires, si l’on sait dépasser les contraintes

• Mais une ouverture du marché malgache qui peut entraîner, si elle est trop rapide, une concurrence accrue de produits, notamment agricoles et agro-alimentaires, provenant de pays développés ou de pays en développement émergents plus compétitifs

• Un risque de baisse des recettes fiscales à résoudre et un poids de la dette qui diminue grâce à l’initiative PPTE

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5. LES GRANDES CARACTERISTIQUES DU SECTEUR AGRICOLE18 5.1. ESPACES ET RESSOURCES NATURELLES

5.1.1. Un espace différemment exploité, et doté d’un potentiel naturel

Madagascar est un pays doté de potentialités importantes et variées, en particulier en matière d’agriculture. Quasiment tous les produits tempérés et tropicaux y sont présents. L’île a une superficie totale de 58.704.000 ha. Les superficies de terres cultivables sont estimées à huit millions d’hectares. D’après le recensement agricole de 2004-2005, la superficie physique des exploitations agricoles est estimée à 2.083.590 ha. Une légère augmentation des superficies cultivées de 0,9% par an est constatée par rapport au dernier recensement de 1984-85.

La surface agricole potentielle (cultures et zones de pâturage) est estimée à plus de 35 millions d’hectares. Selon la FAO, la surface de terre à vocation agricole, y compris pour le pâturage, est limitée, et la croissance soutenue de la population rurale entraîne une saturation foncière dans certaines zones rurales (Sud-Est, partie orientale des Hautes Terres centrales). En revanche, les régions occidentales et du Nord possèdent encore des potentiels agricoles importants, tant pour l’agriculture que pour l’élevage. Pour la pêche, Madagascar dispose de plus de 5.000 km de côtes qui sont exploitées différemment selon les zones, et de 2.000 km² de lacs.

5.1.2. Eau : une ressource abondante faiblement exploitée

Madagascar possède un réseau hydrographique important. Ses principaux fleuves et rivières, dont la largeur est supérieure à 10m, s’étendent sur environ 3.000 km. Les réseaux hydrographiques occidental et oriental présentent des différences notables :

• La région occidentale (140.300 km²) est parcourue par de nombreux fleuves et rivières. On identifie huit fleuves principaux dont le Mangoky, la Tsiribihina et la Betsiboka. Ces rivières irriguent respectivement 46.300 km², 53.430 km² et 40.300 km² de bassins versants, et sont longues respectivement de 714 km, 525 km et 605 km.

• La région orientale (47.580 km²), par contre, est dominée par des cours d’eau de faibles étendues, et qui traversent des bassins versants de moyennes surfaces. On identifie neuf rivières principales parmi lesquelles le Mangoro, le Maningory et le Mananara. Ces rivières irriguent respectivement 17.175 km², 12.645 km² et 17.760 km² de bassins versants, et sont longues respectivement de 300 km, 260 km et 323 km.

Madagascar compte environ 1.300 lacs, dont la profondeur moyenne est de 4m et qui couvrent 2.000 km² environ. Les grands lacs ne sont pas nombreux. Ce sont notamment le Lac Aloatra avec une superficie de 231,3.km², le complexe des lacs de Manambolomaty sur 74,91 km², et le lac Tsimanampetsotsa avec une superficie de 456 km² (source : Tableau de Bord Environnemental de l’ONE, 2003). Dans l’ensemble, Madagascar possède différents types de nappes aquifères qui peuvent alimenter les zones pauvres en eaux de surface. Dans la majorité des cas, ces eaux souterraines sont de très bonne qualité (bassins de Morondava, de Toliary, de Mahajanga). Dans la majorité des cas, les rivières et les ruisseaux sont exploités par les paysans pour irriguer leurs parcelles rizicoles de bas fonds ou de pente quand leurs aménagements ne demandent ni technicité complexe, ni investissement important. Dans le passé, l’Etat a investi dans l’aménagement19 de

18 : Les analyses en terme d'évolution sont abordées en partie 3 19 Voir paragraphe 1.5 sur la dotation publique (infrastructures)

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grandes plaines agricoles, irriguées soit par des barrages de retenue (cas de Lac Alaotra, de Marovoay…), soit en tirant l’eau des fleuves (cas de Bas Mangoky). Les terres potentiellement irrigables sont encore importantes, et les ressources en eau suffisantes, mais nécessitant d’importants aménagements et un niveau de gestion plus efficace.

5.1.3. Qualité de sols, forêts, et risques

Madagascar présente un relief accidenté. Les surfaces planes à très fortes étendues sont plutôt rares. L’île est constituée par un ensemble de Hautes Terres occupant presque les deux tiers du pays. Différents types de sols sont présents :

• Des sols ferralitiques occupant environ 40% de la superficie de l’île, soit 243.000km².

• Des sols ferrugineux tropicaux sur base sédimentaire couvrant 166.000 km².

• Des sols minéraux bruts s’étendant sur une superficie de 158.000 km² dans les Hautes Terres, le versant occidental et l’extrême Sud.

Les sols de tanety (ferralitiques et ferrugineux) sont pauvres en phosphore. Ces types de sol sont cultivables mais ne procurant qu’un faible rendement agricole. Ils nécessitent en effet soit un apport de fumure, soit la pratique de système de cultures sous couvert végétal qui permettra une amélioration progressive de sa fertilité. Les sols bruts d’apport, du type baiboho, sont très recherchés tant pour la riziculture de décrue que pour les autres cultures alimentaires (vivrières) et non alimentaires (coton), car très fertiles. Madagascar est un pays montagneux, dont les plaines et les bas-fonds rizicoles sont dominés par des bassins versants à forts reliefs. Cette disposition, combinée à l’abondance des pluies et la dégradation du couvert végétal, entraîne une rapide dégradation des sols en amont et cause souvent des dégâts et l’ensablement des infrastructures et des parcelles irriguées en aval. L’accroissement des productions s’est surtout fait sur la base d’une extension des surfaces. La persistance des systèmes de culture traditionnels, alternant cultures et jachères naturelles, entraîne une déforestation accélérée, une surexploitation des ressources naturelles, une chute de la fertilité des sols et une extension de surfaces dégradées ou en voie de désertification, sans que des alternatives soient toujours à la portée des producteurs. On estime que chaque année 200.000 ha à 300.000 ha de forêts disparaissent par extension des activités agricoles (pratique du défriche-brûlis) et extraction du bois de chauffe20, il ne resterait plus aujourd’hui que 16% de la surface nationale totale en forêt naturelle. Ces pratiques, liées en partie à la croissance démographique et à l’urbanisation, entraînent une déforestation spectaculaire et vraisemblablement irréversible.

5.2. STRUCTURES AGRAIRES ET PRODUCTIONS

5.2.1. Structure agraire

Bien qu’une partie de Madagascar soit relativement vide, on assiste dans certaines régions à une forte pression foncière (Sud-Est, partie centrale des Hautes Terres). Dans ce contexte, les exploitations agricoles se fragmentent à l'occasion des héritages et deviennent de moins en moins viables et rentables (cf. Partie 3). D’après le recensement agricole 2004-200521, il y avait en 2005 environ 2.428.500 exploitations agricoles ainsi réparties suivant les provinces : 19% à Antananarivo, 22% à Fianarantsoa, 17% à Toamasina, 16% à Mahajanga, 17% à Toliara et 9% à Antsiranana.

20 Bois de chauffe : 2.239.863 m3 en 1962, 9.919.766 m3 en 2001, charbon de bois : 45.760 tonnes métriques en 1980, 676.337 en 2001. 21 Recensement de l’Agriculture (RA) 2004-2005/MAEP/DSI

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Chaque exploitation dispose en moyenne d’une surface physique de 0,87 ha. Cette surface varie sensiblement d’une province à l’autre mais reste relativement faible. Sur 22 régions, seulement huit ont une taille moyenne d’exploitation supérieure à 1ha.

Tableau 14. Superficie moyenne des exploitations agricoles Province Superficie moyenne des exploitations agricoles (en Ha)

Antananarivo 0,66 Fianarantsoa 0,84 Toliary 0,89 Mahajanga 1,12 Antsiranana 1,07 Toamasina 1,04 Ensemble 0,87

Source : Recensement agricole 2004-2005, DSI-MAEP Si le nombre des exploitations agricoles a augmenté de 60,9% entre 1985 et 2003, l’accroissement de la population agricole était de 65,8% sur la même période, laissant supposer une réduction de la taille des exploitations et aussi l’émergence de paysans sans terre (cf. partie 3). La superficie moyenne des exploitations agricoles est plus importante dans les zones d’immigration (Menabe, Bongolava, Boeny, Diana). En revanche, elle est inférieure à 0,7 ha pour les zones anciennement occupées (Analamanga, Vakinankaratra, Haute Matsiatra, Amoron’i Mania) et pour les régions dont les conditions sont difficiles (Androy, Ihorombe). L’importance relative des surfaces affectées aux cultures vivrières d’une part, et le recours à la polyculture face à la faiblesse de la taille moyenne des exploitations d’autre part, confirment l’importance de l’autosubsistance dans l’agriculture malgache. La pêche traditionnelle occupe au moins 71.000 exploitations dont 32.700 comme activité principale et 38.200 en tant qu’activité secondaire. Par rapport à l’ensemble des exploitations agricoles, l’importance relative de l’activité de pêche varie sensiblement d’une province à une autre, voire d’une région à une autre. Elle est plus concentrée dans les provinces de Toamasina, Toliara et Mahajanga qui regroupent plus de 70% des pêcheurs. Le cheptel malgache est essentiellement composé de bovins, de porcins, de petits ruminants et de volailles. L’agriculture et l’élevage sont étroitement associés au sein des exploitations agricoles. Une exploitation sur deux élève des bovins, mais le rythme de croissance du cheptel reste faible, de l’ordre de 1% par an. L’élevage porcin semble avoir une bonne reprise après le passage de l’épidémie de peste porcine africaine. L’élevage des petits ruminants évolue avec un taux de croissance annuel de 2,3%. Il existe d’autres types d’élevages tels que la sériciculture, l’apiculture et la pisciculture (y compris la rizipisciculture). Leur importance varie d’une région à l’autre. Les autres espèces d’élevage telles que les crocodiles et les autruches concernent quelques exploitations modernes spécifiques.

5.2.2. Production et rendement

Grâce à des potentialités agro- climatiques exceptionnelles, Madagascar offre une grande diversité de cultures aussi bien de zones tempérées que tropicales (voir carte ci-dessous). La plupart des productions sont, en outre, exportables.

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Graphique 20. Répartition des zones de cultures

Source : Minten B. et al. (2003)

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Le tableau suivant présente les caractéristiques des principales cultures selon les résultats du Recensement de l’Agriculture, campagne 2004-2005, recensement effectué par la Direction du Système d’Informations (DSI) du MAEP.

Tableau 15. Poids des différents types de cultures

Type Nombre

exploitants Surface (Ha) Production (Tonnes)

Rendement (Tonnes/ha)

Riz 2 075 153 1 243 854 3 416 602 2,75Maïs 964 525 252 837 252 837 1,00Manioc 1 659 473 388 779 2 721 453 7,00Coton 6 100 9 267 10 750 1,16Vanille 160 444 28 676 5 735 0,20Litchi 74 389 ND 40 000 NDGirofle 103 430 37 231 5 957 0,16Café 368 181 115 020 40 257 0,35Arachide ND 54 505 39 244 0,72Canne à sucre 4 700 9 072 387560 42,72Crevettes 10 000 22 500 ND

Source : Recensement agricole 2004-2005, DSI-MAEP Madagascar est une économie à dominante agricole. Le riz est cultivé dans tout le pays. La riziculture occupe une place prépondérante dans toutes les régions : elle est pratiquée par 2.075.152 exploitations, soit 87% des exploitations agricoles, sur une superficie de 1.250.000 Ha. Le manioc et le maïs occupent les plus grandes surfaces cultivées dans le sud du pays. Madagascar offre une grande diversité de fruits et de légumes aussi bien des zones tempérées que tropicales. Les légumes sont surtout concentrées sur les Hautes Terres (axe Antananarivo – Antsirabe – Fianarantsoa). Et les fruits sont surtout concentrés dans l’Est pour les bananes et le litchi (exporté), dans le Nord et Nord-Ouest pour les mangues, et sur les Hautes Terres se trouvent les papayes, ananas et fruits tempérés (pommes, pêches, agrumes, fraises…)22. D’après les résultats du recensement agricole de la campagne 2004-200523, le riz occupe 60% de la superficie cultivée. L’orientation de l’agriculture vers l’autosubsistance demeure forte. L’orientation des activités agricoles n’a pratiquement pas changée pour les petites exploitations. Dans les zones périurbaines, on assiste à une diversification/spécialisation des cultures maraîchères notamment sur les Hautes Terres (Analamanga et Vakinankaratra) et dans les zones à forte croissance démographique urbaine. Notons l’intérêt récent que portent certains exploitants pour la production d’huiles essentielles et des fruits et épices. Malgré les actions de vulgarisation, l'agriculture malgache est encore largement caractérisée par la prédominance de modes de production basés sur la mise en œuvre de techniques culturales traditionnelles peu performantes, mais éprouvées. Le recensement agricole de 2004-2005 catégorise les cultures en deux grands groupes :

• les cultures à cycle court ayant un cycle de vie d’un an maximum. Elles concernent le riz, le maïs, les racines et tubercules, les légumineuses, les grains secs et les cultures industrielles (canne à sucre, arachide, coton et tabac). Ces cultures occupent plus de 93% (3.465.236 ha) des surfaces emblavées ; Les cultures industrielles se rencontrent dans le Nord-Ouest et le Sud de l’île, tandis que les cultures vivrières sont présentes partout dans les exploitations avec comme base de production la riziculture.

• les cultures à cycle long ayant un cycle végétatif long. Les cultures à cycle long englobent le café, le girofle, le poivre, la vanille et le litchi et les autres arbres fruitiers. Ces cultures ne représentent que 7% (233.904 ha) des surfaces cultivées. Les cultures traditionnelles

22 Les cartes de répartition des fruits et épices et des légumes sont données en annexe…

23 Recensement de l’Agriculture, campagne 2004-2005 du MAEP Août 2006

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d’exportation telles que la vanille, le café, le girofle, le poivre, le litchi occupent la côte Est et le Nord-Est.

5.2.3. Les systèmes de cultures

Les divers systèmes de production agricoles sont basés sur les caractéristiques des zones agro–écologiques (climat, sols, etc.) et des calendriers culturaux spécifiques qui en découlent. On distingue ainsi :

• les systèmes de production en surplus alimentaires permanents avec vente de 50% de la production de riz ;

• les systèmes de production d’autosubsistance à déficits alimentaires saisonniers ;

• les systèmes de production vulnérables à déficit saisonnier et chronique, déficitaire en riz avec d’autres produits végétaux comme compléments ;

• les systèmes de production extrêmement vulnérables/pauvres à déficit permanent, sans terre pratiquant le métayage/location et le salariat.

Outre les ménages agricoles ruraux, il existe également des agro-.entrepreneurs. Ce sont des agriculteurs disposant généralement d’un bon niveau d’éducation, pratiquant une agriculture moderne, avec un capital d’exploitation important et des surfaces représentant au minimum quelques dizaines d’hectares. Ils sont encore peu nombreux, et ont commencé à s’installer dans le cadre du programme de développement de l’élevage laitier lié à l’importation de vaches laitières à haut potentiel. Ces agro- entrepreneurs ont vocation à travailler sur les principales filières de l’agriculture, (notamment maïs, riz pluvial, oléagineux), de l’élevage (élevage bovin laitier, élevage bovin extensif, volailles et porcs), et de la pisciculture. Le Gouvernement compte sur ces entrepreneurs pour assurer un développement rapide de la production et une conformité de cette production aux normes exigées par les marchés internationaux. Pour ce faire, des Zones d’Investissement Agricole (ZIA) ont été créées sous la responsabilité des Chefs de Régions. Les légumes et épices, intégrant l’économie de marché, émergent autour des grandes agglomérations et des sites touristiques (grandes surfaces, marchés locaux, restaurants). Elles commencent à être sollicitées pour l’exportation (pomme de terre, haricot vert, cornichon, épices). Cette expansion de l’économie marchande est propice à la diversification de la production et du développement des initiatives.

Les systèmes de culture rizicole Les systèmes de production concernent une association de plusieurs systèmes de culture ou parcelles dans la même exploitation. Sept (07) systèmes de production rizicole existent à Madagascar24 sur la base des trois critères de discrimination suivants :

• le type de riziculture selon le type de terroir et le mode d’alimentation hydrique,

• le nombre de récoltes de paddy réalisées en une année pour un type de riziculture ou pour la pratique simultanée de deux ou trois types de riziculture,

• l’état du sol après la récolte du riz. Trois systèmes de culture rizicole principaux sont retenus :

• Le riz aquatique, ou riz irrigué, est la principale culture en terme d’occupation de la superficie cultivée, et constitue la principale source de revenu agricole de la moitié des communes (Bart Minten et al., Statistiques agricoles, Etudes filières MAEP). La riziculture offre un paysage qui exprime la spécificité de la civilisation du riz à Madagascar. En effet, dans tout le pays, non

24 Cf. Etude filière FAO.

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seulement tous les bas-fonds sont aménagés en rizières irriguées mais aussi les tanety (collines) dans le Betsileo.

• Le riz pluvial est relativement favorisé par le climat sur environ la moitié de la superficie totale. Ce type de riziculture est encore peu important mais offre des possibilités de développement non négligeables. Les deltas et les plaines alluviales de la côte occidentale et les deltas intérieurs renferment également de grosses potentialités pour l’extension des superficies rizicoles.

• La culture sur brûlis ou tavy est pratiquée surtout dans la partie Est de l’île. Elle existe depuis longtemps et a provoqué la destruction de bien des forêts.

Au sein du riz aquatique, quatre sous-systèmes, selon la technique culturale, sont considérés (semis direct, repiquage en foule, repiquage en ligne (jeunes plants/SRA), système de riziculture intensif (SRI) avec repiquage en ligne de plants de 8 jours. Certaines analyses distinguent parmi les systèmes aquatique et pluvial : le système de forme traditionnelle et le système de forme améliorée :

• La forme traditionnelle est caractérisée par le piétinage, le labour à l’angady (bêche), le semis direct (à la volée), le repiquage en foule, l’usage de fumure organique sans engrais minéral, l’utilisation de semences « tout venant » non traitées et variétés traditionnelles/locales, l’absence de sarclage ou seulement un seul sarclage manuel.

• La forme améliorée donnant une meilleure production se caractérise par un labour en culture attelée ou mécanisée, le semis en ligne, le repiquage en ligne, le recours aux fertilisants minéraux ou organiques et minéraux, les nouvelles variétés performantes et les semences améliorées, le sarclage mécanique (houe rotative) ou chimique (herbicide).

Les cultures alimentaires autres que le riz Le maïs Le maïs est utilisé pour la consommation humaine et l’alimentation des animaux. Il est considéré comme une culture vivrière utilisée essentiellement comme aliment de base, surtout pour la population du Sud. Il est cultivé sur les tanety, bas de pente et baiboho. Les cultures à petite échelle sont répandues dans tout le pays. Les grandes exploitations mécanisées (d'environ 10 ha) se rencontrent surtout dans le Vakinankaratra et le Menabe. Le maïs, largement cultivé sur brûlis dans le Sud-Ouest du pays entre 1990 et 2000, a été à l’origine de la perte de biodiversité dans les forêts d’épineux de la région, sur une superficie d’environ 500km². C’est la deuxième céréale en importance après le riz, elle a connu des taux de croissance de la superficie et de la production exceptionnellement élevés, grâce à une nette augmentation des emblavures depuis 1995. Les quantités exportées sont passées de 7.700 tonnes en 1984 à 14.460 tonnes en 1991 et 32.170 tonnes en 1993, ce qui fait du maïs un des nouveaux produits d'exportation. On distingue quatre systèmes de culture du maïs à Madagascar :

• Culture traditionnelle : petits exploitants sans utilisation d’intrants exogènes. Le rendement moyen est de l’ordre de 1t/ha.

• Culture semi-intensive : utilisation de fumure minérale et de variétés améliorées. Le rendement obtenu varie de 2 à 3t/ha.

• Culture intensive : grands exploitants et industriels, avec mécanisation et fertilisation complète. Le rendement peut aller jusqu’à 8 à 10 t/ha avec les variétés hybrides.

• Cultures de contre-saison : dans les zones de décrue du Faritany de Mahajanga et sur les berges des rivières pour le Faritany d’Antananarivo où le maïs est surtout vendu en vert car très estimé par la communauté indopakistanaise de la capitale.

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Le manioc C’est une culture de réserve et de substitution du riz, surtout pour les ménages pauvres durant la période de soudure, quand le prix du riz augmente. Dans le Sud, le manioc, au même titre que le riz et le maïs, apporte plus du quart des calories consommées (Dostie et al., 2000). Le manioc peut être consommé frais ou sec. Il est cultivé dans toutes les régions mais de manière plus importance dans le Sud, le Sud Ouest, les hauts plateaux et la Côte Est. Il s'agit d'une production paysannale et de petite plantation. Le manioc est installé sur tanety ou sur baiboho et bas de pente. La pomme de terre

En terme de quantité produite, la pomme de terre se place en quatrième position derrière le riz, le manioc et la patate douce. La pomme de terre s’avère un produit stratégique dans une optique de sécurité alimentaire pour les populations rurales (notamment en période de soudure) et dans une optique de diversification alimentaire au niveau urbain (en substitution ou en complément au riz). Au niveau du producteur, elle constitue à la fois une culture de rente et un substitut ou un appoint au riz. Ces dernières années, une relative stagnation de la production a été observée, alors qu’apparemment, la culture de contre saison s’est développée. Le faible prix au producteur, le problème d’évacuation des produits et les frais de transport élevés, ainsi que la recherche de débouchés entravent encore le développement de cette production. Depuis deux ans, une demande de l’île Maurice en variété Spunta a fait de cette spéculation un produit d’exportation prometteur. Le sucre

Le sucre figurait jusqu'à récemment parmi les produits agricoles les plus importants de Madagascar. La société Siramamy Malagasy (SIRAMA) domine le secteur et les principales zones de production sont situées dans l’Ouest et le Nord-ouest (Ambilobe, Namakia, Nosy-Be, Morondava) ainsi que dans l'Est à Brickaville. Le secteur rencontre actuellement de grandes difficultés, du fait de la lenteur du processus de privatisation. Les cultures alimentaires d’exportation

Ce sont principalement le litchi, la vanille, le girofle, le café, le cacao et le poivre. La plupart de la production est concentrée sur la côte Est de l’île dans les provinces d’Antsiranana, de Toamasina et de Fianarantsoa. Le vieillissement et le mauvais entretien de ces cultures sont à l’origine de la baisse de la production et d'une qualité moyenne, ne répondant pas toujours aux normes requises par les pays importateurs. Trois régions situées sur la côte nord-est de Madagascar fournissent plus de la moitié de la production nationale de vanille : Antalaha, Sambava et Andapa. Le café, cultivé dans toute la partie Est de l’île, était par le passé la principale culture alimentaire d’exportation du pays. Actuellement, les exportations de ce produit sont quantités négligeables (1% des exportations malgaches). La filière est en déclin. Les fruits, les légumes et les épices

Les productions à cycle long (cas des arbres fruitiers) s’appuient sur un système de cueillette. Les fruits sont récoltés sur des arbres vieillissant, souvent hérités de la colonisation. Tel est le cas du girofle, du café et même du litchi (de loin le premier produit exporté dans le domaine des fruits et légumes). Avec l’appui du Centre Technique Horticole de Toamasina (CTHT), 1 000 Ha de vergers "raisonnés" ont été plantés sur la côte Est. La production d'épices est concentrée sur la côte Est, ce qui facilite l’encadrement technique du paysannat. Actuellement la promotion des fruits et épices constitue un volet du Projet de Promotion de Revenus Ruraux (PPRR), projet du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) financé par le FIDA, dans la région d’Analanjirofo.

Les cultures non alimentaires Les principales cultures non alimentaires sont le coton, le sisal et les plantes aromatiques destinées à l’extraction d’huiles essentielles. Ces cultures relèvent généralement de spécialisations locales. Elles couvrent environ 8% de la superficie cultivée.

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La filière coton a été marquée par l’intervention de l’Etat jusqu’en 2004. L’essentiel de la production est assurée par la culture pluviale et la culture de décrue dont la performance est jugée meilleure. Cette filière se relève difficilement des effets de la baisse des cours internationaux. Si auparavant la production était assurée par de grandes fermes, de petites exploitations privées et par les paysans à petite échelle, seul ce dernier mode de production existe à ce jour dans les principales zones de production du Nord-Ouest et du Sud. La société HASYMA-DAGRIS domine la filière depuis la privatisation effectuée en 2004.

5.2.4. Les systèmes d’élevage

L’élevage bovin est pratiqué partout à Madagascar, mais son importance varie sensiblement d’une région à une autre suivant la vocation de cette dernière d’une part et selon l’objectif même de l’élevage d’autre part. D’une manière générale, le nombre de femelles est supérieur au nombre de mâles avec un rapport de masculinité autour de 0,9, sauf pour la province d’Antananarivo où ce rapport est de 1,66. Le cheptel bovin mâle de la province d’Antananarivo est essentiellement composé de bœufs de trait. Les vaches laitières représentent moins de 20% des bovins femelles. Les races améliorées ne représentent que 1,11% et avec une forte concentration dans les provinces d’Antananarivo et de Fianarantsoa, plus précisément dans les régions d’Analamanga, Vakinankaratra, Haute Matsiatra et Amoron’i Mania. Dans le Sud et le Nord, considérés comme zones pastorales, les zébus constituent une forme de thésaurisation, destinés principalement aux activités socioculturelles, et dont l’utilisation n’est permis qu’en cas de nécessité.

Tableau 16. Effectif du cheptel

Elevage Effectif Nombre d'exploitations

concernées Effectif moyen par

exploitation Bovin 9 687 342 1 188 332 8,15 Porcin 1 272 646 527 021 2,41 Ovin 703 343 84 766 8,30 Caprin 1 249 227 216 953 5,76 Volaille 29 442 039 1 889 085 15,59 Apiculture - 90 734 - Ver à soie - 1 812 - Pisciculture - 134 417 -

Source : Recensement national agricole 2004-05, DSI-MAEP L’élevage des petits ruminants s’est développé modérément, si on se réfère aux résultats du précédent recensement de l’agriculture en 1984-1985. L’effectif des animaux est passé de 1.200.000 têtes en 1984 à 1.900.000 têtes en 2004. L’élevage est pratiqué dans presque toutes les provinces avec une forte concentration dans la province de Toliara (86%). Le cheptel avicole est essentiellement composé des poulets, des gallinacés et des dindes et compte 29.442.000 têtes pour la campagne de référence du Recensement. En terme d’espèce, l’élevage des poulets est le plus répandu, regroupant plus de 83% de l’effectif total du cheptel. Il est à noter que la province de Fianarantsoa regroupe 30% des canards, tandis que la province de Toliara concentre plus de 46% des dindes.

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5.2.5. Les systèmes de pêche

Il existe deux grands types de pêche :

• la pêche traditionnelle, pratiquée à petite échelle et avec des matériels rudimentaires (pirogues, filets…) peu performants et dont les productions sont écoulées localement ou repris par des collecteurs intermédiaires,

• la pêche industrielle, pratiquée par les grosses sociétés d’exportation. Par ailleurs, et notamment sur les Hautes terres, on pratique la pêche en eau douce, la pisciculture en cage/en étang et la rizipisciculture pour les zones où il n’y a pas de plans d’eau.

5.3. DES PRODUITS AGRICOLES ESSENTIELLEMENT DESTINES A L’AUTOCONSOMMATION Le commerce des produits agricoles est intimement lié à la nature des denrées, des techniques de conservation, des facilités d’évacuation et aussi au jeu de l’offre et de la demande. La demande s’avère d'ailleurs très élastique, et s’adapte à l’offre quel que soit l’état du marché. Mais une telle demande varie avec le niveau de vie de la population et la répartition sociale des ressources. Du fait de la diversité régionale, la polyculture a prédominé à Madagascar, même si la riziculture demeure centrale pour la plupart des exploitations. Cette diversité de la production agricole constitue un atout encore mal valorisé en terme de variété de l’offre, tant pour le marché national que pour les marchés internationaux.

Tableau 17. Utilisation des produits (en %) PRODUITS AUTOCONSOMMATION ET

STOCK VENTE DONS/SOCIAL

RIZ 68,4 25,2 6,4 MAÏS GRAIN SEC 65,2 19 5 7,3 MAÏS GRAIN FRAIS 71,9 21,3 1,2 BLE 86,2 6,4 3,4 MANIOC SEC 70,0 28,0 1,7 MANIOC FRAIS 64,3 28,7 6,A POMME DE TERRE 46,7 50,2 0,6 PATATE DOUCE 63,3 35,1 1,3 ARACHIDE 36,9 46,4 7,8 HARICOT 56,6 31,6 1,0 SOJA 15,4 79,2 0,6 VOANJOBORY 56,3 35,5 2,2 POIS DU CAP 72,2 25,6 0,0 TOMATE 7,2 92,0 0,7 CAROTTE 49,9 49,6 0,3 BREDES 77,3 21,0 1,2 BANANE 42,5 55,0 1,0 LITCHI ND ND ND ORANGE 20,3 79,5 0,1 PECHE 12,9 77,0 10,1 POIRE 18,2 81,8 0,0 POMME 25,7 74, 3 0,0 CAFE 41,5 47,1 2,9 GIROFLE 2,3 72,9 24,7 VANILLE 14,5 68,0 0,4 CANNE A SUCRE 100,00 TABAC 100,00 VIANDE ND ND ND

Source : EPM 2002, INSTAT/DSM Malgré cette diversité, la finalité des cultures alimentaires reste, à Madagascar, l’autoconsommation. Ainsi, d’après l'EPM de 2004, 45,4% de la récolte de paddy sont consommés par les riziculteurs et 18% sont retenus en stock pour faire face aux imprévus. Seulement 27% de la récolte sont destinés à

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la vente et une infime partie est allouée au frais de métayage, salaires ou autres usages. Cette situation illustre la part élevée de la subsistance dans la production rizicole malgache. Le principal défi pour de nombreux producteurs demeure celui de pouvoir dégager un excédent, même faible, de produits destiné à être écoulé sur le marché local. Les cultures alimentaires d’exportation comptent pour 17% du total du revenu monétaire agricole. Les perspectives les plus prometteuses proviennent des fruits tels que le litchi qui est considéré jusqu’à présent comme une simple production de cueillette. Or, Madagascar est devenu le premier pays exportateur de litchi vers l’Europe, dont 80% à destination de la France. Sur 30 000 tonnes de litchi récoltées, un peu plus de 50% sont exportés (source UPDR/MAEP, Juillet 2004). La vanille est une autre culture alimentaire d’exportation de choix pour le pays. Madagascar est le principal pays fournisseur de vanille sur le marché mondial, avec près de 60% de part de marché. Le marché mondial de la vanille est assez étroit, estimé à 2 000 tonnes par an environ. Les principaux importateurs sont les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Les principaux pays exportateurs sont Madagascar (60%), l’Indonésie (30%), les Comores, l’Ouganda, la Réunion et la Chine se partageant le reste. Face à la concurrence, Madagascar doit améliorer sa compétitivité. Parmi les cultures non alimentaires, la place du coton devrait aller en croissant pour Madagascar. En effet, la quête de compétitivité dans le secteur Textile- Habillement et la menace de la suppression de la règle spéciale de l’AGOA, en 2012, militent en faveur d’une plus grande intégration de la filière. La politique de HASYMA-DAGRIS devrait aller en ce sens.

5.4. UN DEVELOPPEMENT ENCORE RECENT DE L'AGRO-INDUSTRIE Concernant la transformation des produits, on assiste à un développement encore récent des industries agro-alimentaires (IAA) avec deux composantes :

• l’agro-industrie, comprenant les industries de premières transformations des produits agricoles (riz, sisal, café, sucre, poisson, fruits et légumes, huiles essentielles, tabac…).

• les industries alimentaires (boissons, huiles alimentaires, confiserie, chocolaterie…). Les IAA, dominées par les rizeries- décortiqueries, forment 26% du tissu industriel malgache (Projet MADIO, 1997) et comptent pour 35% de la valeur ajoutée totale du secteur industriel.

Tableau 18. Les industries agro-alimentaires Agro-industries Industries alimentaires

Chargées des opérations de première transformation des produits agricoles (café, riz, sisal, sucre, tabac, fruits et légumes…) et dont les produits sont destinés aux industries alimentaires ou aux consommateurs directs

Industries alimentaires proprement dites (confiserie, chocolaterie, biscuiterie, minoterie, fabrication de pâtes alimentaires, laiterie et fromagerie,…), industries de boissons et brasseries, industries des corps gras, tabac…

34.350 emplois (21% du secteur industriel formel)

19.710 emplois (12% du secteur industriel formel)

12% assurent 97% des emplois 10% assurent 58% des emplois Production plutôt orientée vers l’exportation Produits destinés au marché local

Source : Randrianjohary d’après Projet Madio 1997 L’implantation des activités de transformation des produits agricoles est apparue avec le développement des cultures industrielles et la mise en œuvre de techniques culturales améliorées du temps de la colonisation (avant 1960). Se sont alors développées les rizeries, féculeries, minoteries, huileries, savonneries, sucreries et manufactures de tabac, entre autres. Notons que les modes de production industrielle et artisanale ont toujours cohabité dans les filières agro-alimentaires malgaches, sauf dans celles tournées exclusivement vers l’exportation. Dans ces dernières filières, le respect des normes et standards phytosanitaires, entre autres conditions, permet

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difficilement au sous-secteur artisanal d’accéder au marché international, étant donné les coûts d’ajustement nécessaires (ex. aquaculture de crevette).

Résumé

• Madagascar bénéficie encore de surfaces cultivables qui semblent importantes, malgré des phénomènes de saturation dans certaines régions.

• Les ressources en eau sont abondantes et faiblement exploitées, mais nécessitent des aménagements importants et une meilleure gestion.

• Les exploitations sont de faible taille (0,87 ha en moyenne) et cette taille a plutôt tendance à diminuer.

• Grâce à des potentialités géographiques exceptionnelles, Madagascar offre une grande diversité de cultures tropicales et tempérées.

• Madagascar est un grand pays d'élevage, mais le cheptel est peu valorisé sauf pour le petit élevage.

• Madagascar dispose d'un secteur pêche très développé alliant la pêche traditionnelle, la pêche industrielle et l'aquaculture.

• Pratiqué par 87% des exploitations sur 60% des surfaces, le riz occupe une place prépondérante dans l'agriculture et l'économie malgache.

• L'agriculture pratiquée est en général traditionnelle et peu intensive. Les rendements demeurent relativement faibles.

• Les cultures vivrières sont en majorité autoconsommées, à l’exception du riz pour les moyens et les grands exploitants qui disposent d'un surplus de production.

• Les légumes et les fruits constituent également des Activités Génératrices de Revenus (AGR) non négligeables.

• Quant aux produits d’exportation et aux cultures non alimentaires, elles sont destinées à la vente et à la transformation (épices, litchi, vanille…).

• Le développement de l’agro-industrie demeure récent, avec deux composantes : l’industrie de première transformation des produits agricoles et les industries alimentaires.

• Les modes de production industrielle et artisanale ont toujours cohabité dans les filières agro-alimentaires malgaches, sauf dans celles tournées exclusivement vers l’exportation soumises au respect des normes et standards phytosanitaires.

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6. POLITIQUES PUBLIQUES 6.1. PERIODISATION ET POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT RURAL25

Périodes Politiques générales de l’Etat Caractéristiques de la politique agricole

La politique économique sous Tsiranana • Développement du secteur agricole

avec pour priorité de nourrir la population et d’accroître les productions d’exportation.

• Politique agricole marquée par la mise en œuvre de l’Opération de Productivité Rizicole (OPR) par 3 sociétés qui se sont associées pour créer le GOPR

• Indépendance en 1960, mais liens étroits avec la France jusqu’en 1972.

• La politique agricole de la période de 1966 à mai 1972 met l’accent sur les grandes opérations productivistes, une action de masse concentrée sur le riz, les industries de substitution et une politique financière orientée davantage vers l’investissement public

• La stratégie du premier Plan national de développement pour le secteur agricole a pour objectif d’accroître la production agricole

• Priorité donnée à la production de riz, développement de l’élevage et de l’exploitation forestière en second lieu

• Mise en place des différents types d’institutions de développement : les sociétés de développement, la CEAMP, les fermes d’Etat, les communes rurales

• 1963-1968 : Premier Plan Quinquennal de la République Malgache. Plan basé sur la régionalisation

• 21% du programme général d’investissement proposé sont dédiés au secteur agricole

• Priorité aux projets permettant d’obtenir un rendement rapide et à faible coefficient de capital

• Domination des intérêts étrangers dans l’économie : 65% des ventes sont sous contrôle français, commerce extérieur et intérieur dominé par les étrangers

• Cultures d’exportation dominées par les sociétés françaises

• Crise du riz en 1965

1960 – 1972

1970- 1974 : Le Deuxième Plan devait être un plan de projets. Arrêt du deuxième Plan à cause la crise politique de 1972 qui fait tomber le régime

• Mise en œuvre d’une politique d’import substitution

Période transitoire de passage au socialisme par le gouvernement Ramanantsoa

1972 – 1975 • Mise en œuvre des réformes de structure, remaniement des accords de coopération avec la France

Instabilité politique peu favorable au développement

Charte de la Révolution Socialiste Malgache et politique d’investissement à outrance sous la présidence du Capitaine de frégate Didier Ratsiraka en 1975

• Nationalisation du commerce et de l’industrie

Création des agences para-publiques chargées de la commercialisation des produits agricoles

• Renforcement du contrôle de l’Etat sur l’économie avec le Plan de Développement 1978 – 1980

16% de l’investissement alloué au secteur agricole 1975 – 1980

• Politique d’investissement à outrance financée par des emprunts extérieurs et une expansion monétaire domestique

25 Ce point reprend de manière synthétique le point 1.1.2

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Périodes Politiques générales de l’Etat Caractéristiques de la politique agricole

La politique de stabilisation et d’ajustement structurel

• Recours au FMI pour faire face à la crise de la balance des paiements

• Mise en œuvre des politiques d’ajustement structurel : politique budgétaire, politique monétaire, politique de commerce et taux de change

1986 : Mise en place du Crédit d’Ajustement Structurel pour l’Agriculture (CASA) :

• Promotion de la libéralisation du secteur agricole

• Poursuite des réformes de la production et de la commercialisation du riz

• Adoption du prix plancher pour le paddy. • Mise en place d’un Plan quinquennal

1982-1987 destiné à «établir la cohérence des différentes politiques et programmes d’ajustement, de redressement et de relance de l’économie ».

• Un nouveau plan pour 1986-1990 soumis à l’ANP en juin 1986, avec quatre objectifs prioritaires

Objectifs prioritaires: (i) autosuffisance alimentaire, (ii) augmentation des produits d’exportation, (iii) amélioration du niveau de vie de la population (iv) recherche d’une plus grande indépendance énergétique.

• Le Plan 1991-1995 reprenant, pour l’agriculture les mêmes orientations générales

Mais Plan non exécuté à cause des évènements de 1991.

Orientations : Consolider l’autosuffisance alimentaire et dégager des surplus exportables ; Améliorer l’environnement physique, économique et social de l’agriculteur ; Assurer un niveau optimal de revenu ...

1981 – 1991

• Naissance d’une économie plus ouverte et orientée vers le marché.

Troisième génération du PAS : DSRP

1991-1993 Transition avec Razanamasy Grève générale en 1991 qui compromet les résultats fragiles du PAS

• Politique pour le Développement Rural de 1994 visant à: (i) améliorer les conditions de vie en milieu rural ; (ii) améliorer la productivité agricole ; (iii) promouvoir une politique d'ouverture des marchés ; (iv) valoriser les ressources disponibles ; (v) protéger l'environnement ; Retour de M Ratsiraka

• Le PADR ou Plan d’Action pour le Développement Rural, selon le Décret 99-022 du 20 Janvier 1999, constitue le référentiel unique de toute intervention en matière de développement rural

DSRP élaboré en 2000, finalisé en septembre 2002 puis révisé fin 2003. 3 piliers du DSRP : Etat de droit et bonne gouvernance, une croissance économique à base sociale élargie et promotion des systèmes de sécurisation humaine et sociale

• Concernant l’Agriculture, Les programmes de mise en œuvre du DSRP visent essentiellement à « assurer la sécurité alimentaire et optimiser l’utilisation des ressources

1993- 2001

Le DCPE (Document Cadre de Politique Economique), réalisé en 1998 par le gouvernement en collaboration avec les services du FMI et de la Banque mondiale établit un calendrier des réformes structurelles et fournit un cadre macro-économique couvrant la période 1999-2001

• Grands axes du DCPE ayant une implication sur la politique agricole : le désengagement de l’Etat des activités de production et de commercialisation, la libéralisation des marchés des intrants et des produits (riz, vanille, sucre), une redéfinition du rôle de l’Etat, le transfert de responsabilité vers les collectivités territoriales décentralisées et le développement du secteur privé

2001 - 2003 FRPC / FMI : Sortie de crise - DSRP

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Périodes Politiques générales de l’Etat Caractéristiques de la politique agricole Sous la Présidence de Marc RAVALOMANANA

Le développement rural est incontournable dans la Vision 2020 (VMN). Elaboration des deux documents sur la

Politique Générale de l’Etat (PGE) et la Vision Madagascar Naturellement (VMN).

Stratégie de lutte contre la pauvreté en mettant en avant la nécessité de consolider la vocation agricole du pays et de tisser des liens forts avec le monde rural

Lettre de Politique de Développement Rural (LPDR) élaborée en 2001, mise à jour en 2004 et actualisée en 2005. Prise en compte des changements dans l'environnement économique (y compris l'influence des accords commerciaux internationaux)

Axée sur les aspects économiques du développement rural en lien avec l'environnement : les infrastructures, l’éducation /formation et le capital humain (un accent très fort est marqué sur l’enseignement agricole et l’apprentissage du métier d’agriculteur), la recherche agricole et le transfert de technologie, la sécurité rurale, le crédit, l’enregistrement des terres agricoles, et les services sociaux Quatre objectifs principaux mis en relief : (i) développement de systèmes de production agricole, d'élevage et de pêche traditionnelle orientés vers le marché; (ii) investissements dans les domaines de la vulgarisation et de la recherche appliquée; (iii) établissement d'un environnement plus favorable pour assurer un développement rural rapide et durable; et (iv) création d'alliances pour identifier les ressources financières et promouvoir les opportunités commerciales

Le Plan directeur quinquennal pour le développement rural (« Master plan ») du MAEP (2004-2009), réalisé en janvier 2004 La politique de développement rural affirme l’impératif

de la modernisation des exploitations agricoles, de la promotion de la production marchande et de l’amélioration de la productivité du travail et des sols dans le cadre d’une gestion pérenne des ressources naturelles. Ce choix est celui d’une agriculture tournée vers le marché, comme base indispensable au développement durable du secteur agricole

Politique Nationale de Décentralisation et Déconcentration (PN2D) dont la finalité est de contribuer de manière générale à la réduction significative de la pauvreté et au processus de développement dans son ensemble et plus particulièrement à l’amélioration de la gouvernance locale et au rapprochement du pouvoir des citoyens

Madagascar Action Plan (MAP) Approche période de cinq ans des actions pour atteindre les objectifs ambitieux de 2012, le MAP prend le relais du DSRP et il est basé sur les objectifs de la Vision « Madagascar Naturellement » et sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Les deux grands axes du Secteur agricole/MAEP (2004-2009) : - le développement de l’agri business, qui assurera des débouchés aux paysans, et créera de l’emploi et de la valeur ajoutée. Le pilotage de ce développement devra être assuré conjointement par le MAEP et le MICDSP. - le développement de la production proprement dite, dans les trois domaines de compétence du MAEP : agriculture, élevage, et pêche.

- Axes de développement de l’agro-industrie devant : − Développer une image de bonne gouvernance et de havre de sécurité pour les investisseurs (mesurée par des enquêtes d’opinion) − Développer des infrastructures d’accueil (agro technopoles ou simples zones industrielles) dans les grands pôles de production. - Axes de développement de la production : − Amélioration des rendements et des performances économiques des producteurs dont le foncier − Extension des surfaces en culture sèche − Réhabilitation et extension des aménagements hydro agricoles

2002 à ce jour

Le Programme National de Développement Rural (PNDR) est le document de mise à jour du PADR, sous l’égide de la Primature. Le PNDR se réfère à la « Vision Madagascar Naturellement » et au DSRP. Il s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la « Politique

Les orientations du PNDR sont de: - Rendre le cadre institutionnel du secteur plus efficace - Faciliter l’accès au capital et aux facteurs de production - Améliorer la sécurité alimentaire et augmenter la

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Périodes Politiques générales de l’Etat Caractéristiques de la politique agricole Générale de l’Etat » (PGE). Le PNDR oriente les interventions des Bailleurs de Fonds vers des objectifs de développement rural. C’est un document de négociation qui permet d’inscrire l’engagement des partenaires.

production et la transformation agricoles - Valoriser les ressources naturelles et préserver les facteurs naturels de production - Développer les marches et organiser les filières

6.2. DOTATION EN BIENS PUBLICS

6.2.1. Recherche

Le regroupement des différents instituts de recherche français en un seul, IRAM (Institut de Recherches Agronomiques de Madagascar) après la 2ème guerre, a été décidé par la France pour atténuer les prérogatives des institutions mères sur leurs représentations à Madagascar. Cette situation a été maintenue jusqu’en 1974, année où la nationalisation de la recherche a abouti à la création du FOFIFA-CENRADERU (Centre national de recherche agricole appliquée au développement rural). La position du FOFIFA a pris de l’importance grâce à la définition d’un plan directeur de la recherche agricole (PDRA) en 1989 par la mise en œuvre du projet national de la recherche agricole (PNRA), sur financement de la Banque Mondiale. En 1995, une unité de production de vaccins a été créée à partir d’un département de FOFIFA et rendue autonome pour constituer l’Institut malgache de production de vaccins vétérinaires (IMVAVET). Dans le Système National de Recherche Agricole (SNRA), FOFIFA occupe la place la plus importante en terme d’effectif de chercheurs (200 environ), de moyens et de présence sur le territoire national, surtout depuis les années 1990. Le FOFIFA depuis sa création n’a cessé de diffuser ses résultats malgré l’insuffisance de moyens des chercheurs. En 2005, les résultats vulgarisables par domaine concernaient le développement agricole (variétés, phytosanitaire…), le développement agro-alimentaire (transformation du manioc et patate douce), le développement de l’élevage (bovin dont lait), la protection de l'environnement (foresterie et agroforesterie) et les sciences sociales. Tout comme d’autres organismes de recherche d’Etat, le FOFIFA s’est trouvé confronté à d’énormes restrictions financières. L’existence des fonds provenant de la vente de produits, de bétail et de semences ainsi que d’analyses de laboratoire et de services de consultant, depuis les années 90 constituent les capitaux générés de manière interne. Depuis 2005, le FOFIFA a obtenu un financement pour l’accompagnement de la recherche au sein d’un projet de développement rural (PSDR) qui comprend de l’appui à l’investissement et un encadrement agricole. Ce financement a permis entre autre de mettre l’accent sur la valorisation des résultats de la recherche. Mais le désengagement brutal des services publics de vulgarisation pose un problème de diffusion des recherches.

• « La recherche, parent pauvre de tous les secteurs » (Revue de l’Océan indien en juillet-août 2004). Ce constat est particulièrement vrai en Afrique et à Madagascar, où plusieurs symptômes en attestent (F. Rasolo) :

• Les budgets en francs constants se sont à peine maintenus au cours des dernières années. Les programmes nationaux pour la recherche agricole (PNRA)26 existant dans les années 90 ont disparu du jour où les financements extérieurs ont cessé, faute d’anticipation sur le retrait des aides et de travail de pérennisation.

• En matière de développement rural, la définition de priorités est en perpétuel mouvement, ce qui rend difficile tout travail de programmation sur le long terme. Ainsi, malgré la définition, en 1990, d’un plan directeur de la recherche pour 15 ans, nous avons vu les priorités données par l’État déjà modifiées radicalement par deux fois.

• Il existe un véritable fossé entre le discours, qui prône la priorité à la recherche, et la réalité… Signe de la faible importance accordée par l’État au secteur, en moins d’une quinzaine d’années, le ministère chargé de la recherche a changé dix fois de dénomination, la recherche passant d’une tutelle à une autre.

26 Mise en place au Sénégal, au Cameroun et de 1990 à 1998 à Madagascar.

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D’autres structures qui ne relèvent pas directement du ministère de la recherche s’impliquent également dans la recherche agricole. C’est le cas du FIFAMANOR (Fiompiana Fambolena Malagasy Norveziana), créé en 1972 et qui est le fruit de la coopération malgacho-norvégienne. Sa mission est d’assurer le développement de l’élevage et de l’agriculture sur les Hautes Terres. Son rayon d’action ne se limite pas uniquement à la région de Vakinankaratra aboutissant à la création d’un triangle laitier constitué des Régions de Haute Matsiatra, d’Analamanga (Vakiniadiana) et de Bongolava avec Sakay (Aune et al. 200527). Même si FIFAMANOR dispose en son sein un département de recherche, il reste toujours sous tutelle du ministère en charge du développement rural ou du ministère de l’agriculture. Le désengagement de l’État a aussi incité l’émergence d’autres entités, dont des ONGs destinés à s’impliquer davantage dans le développement rural et la recherche-développement. Au moins une dizaine d’organismes ou d’instituts évoluent dans le système national de recherche agricole (SNRA) au côté de FOFIFA depuis les années 90 (Aune et al.), notamment :

• L’ONG FAFIALA, appuyé par la coopération suisse évolue sur les Hautes Terres et effectue des recherches en agroforesterie et sur les ressources naturelles.

• L’institut de recherche sur développement communautaire (IREDEC), qui a vu le jour en 1986, s’implique également dans les approches méthodologiques du développement et est surtout présent sur les Hautes Terres.

• TAFA (Tany sy Fampandrosoana : « Terre et Développement »), depuis une dizaine d’années, mène des expérimentations chez les agriculteurs de plantes de couverture pour la gestion agrobiologique des sols.

• L’ONG Ramilamina travaille sur l’azolla, plante fixatrice d’azote pour améliorer la fertilité des parcelles de cultures.

Il existe aussi depuis 2001 deux centres techniques horticoles : le CTHT (Centre Technique d’Horticulture de Toamasina) et le CTHA (Centre Technique Horticole d’Antananarivo) qui travaillent notamment sur la promotion des cultures horticoles tropicales (Litchi, Vanille, Epices…) et tempérées (Fruits et Légumes) à haute valeur ajoutée. Enfin, certaines sociétés privées ou publiques sont engagées dans la recherche comme HASYMA (par exemple pour le coton ou la SIRAMA pour le sucre avec l'appui du CIRAD de la réunion.

6.2.2. Infrastructures (irrigation, piste)

Après que l’Etat ait récemment pris la décision d’utiliser la réhabilitation/construction des routes et des pistes comme un des leviers du développement, de nombreuses pistes ont été réhabilitées, et certains axes principaux goudronnés. Malheureusement, les données y afférentes (longueur de pistes et routes fonctionnelles, budgets utilisés) ne sont pas diffusées par les services concernés. L’accès à ces informations est d’autant plus difficile que l’aménagement des pistes et routes est pris en charge par différents acteurs (MTPT avec le projet PST et la Cellule des Grands Travaux, FER, FID, AGETIPA ; sans parler des projets ponctuels, comme celui du FIFAMANOR, pour la réhabilitation de 480 km de pistes à vocation laitière dans le Vakinankaratra, du Centre HIMO Route, du PHBM, du PPRR, du PRBM…). Néanmoins, il est constaté que d’énormes efforts sont actuellement fournis pour sortir de l’isolement de nombreuses Régions (comme le Melaky, Anosy, SAVA, DIANA). Cependant, en dehors des grands axes routiers, les possibilités de déplacement sont toujours limitées à l’intérieur de chaque région (cas de la partie nord de la Région d’Analanjirofo, idem pour Melaky, cas des zones au sud du Menabe…). Les périmètres rizicoles ont reçu depuis longtemps des investissements très importants. Malheureusement, les données y afférant (superficie avec maîtrise d’eau, budgets investis…) sont éparpillées, incomplètes et ne sont pas à jour. Comme pour les pistes, nombreux sont les acteurs qui ont investi, investissent et investiront dans la réhabilitation ou l’aménagement des réseaux hydroagricoles, du fait que la majorité des demandes paysannes se situent dans cette rubrique. L’Etat central, par le biais du Programme des Petits Périmètres Irrigués, le FID, le PSDR, le PHBM, le PRBM, le BV Lac, le PPRR, les communes et les différentes ONG nationales et internationales

27 Aune J. B., Skjotnes M., Randriamamonjy A. W. ; 2005 ; Review of Norwegian Support to FIFAMANOR ; Noragric Report n°30 ; Norwegian University of Life Sciences

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(CARE, ADRA, CRS…), sans parler des aménagements paysans, participent activement dans la construction et/ou la réhabilitation des réseaux hydroagricoles (irrigation, drainage et protection). Actuellement, le Programme Bassin Versant Périmètres Irrigués, récemment mis en place, avec ses plusieurs dizaines de millions de dollars financés par la Banque Mondiale et l’AFD, reprendra de nouveau l’effort de réhabilitation de ces aménagements et ouvrages hydroagricoles.

6.3. FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL

6.3.1. Financement public et leur évolution

La part du Programme d’Investissement Public allouée au Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), destiné au financement du développement agricole et rural, représente moins de 10% du total du programme d’investissements publics, tel qu’il ressort du tableau ci-après :

Tableau 19. Proportion du PIP du MAEP (unité monétaire : en millions d’ariary) PIP 2002 2003 2004 2005 2006

MAEP (a) 27 092 45 564 64 875 84 526 100 922 Général (b) 745 960 509 130 622 132 1 029 220 1 262 684 Pourcentage (b)/(a) 3,63% 8,95% 10,43% 8,21% 7,99%

Source : Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget (MEFB) A titre de comparaison, dans le premier Plan Quinquennal de la République Malgache (1963- 1968), la part des investissements publics dédiée au secteur agricole représentait alors 21% du programme général d’investissements proposé, tous secteurs confondus.

Graphique 21. Evolution du PIP total et PIP du MAEP

-

200 000 400 000

600 000 800 000

1 000 000 1 200 000

1 400 000

2002 2003 2004 2005 2006années

(en

mill

ions

d'a

riary

)

MAEP

Général

Source : Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget (MEFB)

En 2006, les prévisions d’utilisation du PIP pour le développement rural et la promotion agricole montrent une répartition régionale inégale. Ainsi, en moyenne, 21,57% du PIP agricole sont alloués au niveau central national. Le reliquat est réparti entre les 22 régions. Celles du nord sont les moins favorisées, avec 7,28% du PIP en moyenne, tandis que celles du sud sont les mieux loties avec 25,97% en moyenne. Le reste du PIP est départagé entre les régions de l’est et de l’ouest.

6.3.2. Evolution des politiques des bailleurs de fonds

A partir de 2004, les contributions des bailleurs de fonds représentent plus de 70% du financement du PIP du MAEP. Les emprunts représentent plus de la moitié de ces financements et les subventions avoisinent 29%, suivant les données du tableau ci après.

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Tableau 20. Structure du financement des bailleurs de fonds dans le PIP du MAEP (millions d’ariary)

Années 2002 2003 2004 2005 2006 Subventions 3 191 8 246 11 670 12 441 22 533 Emprunts 6 739 11 083 29 302 40 260 41 549 Fonds de contre valeur (FCV) 1 059 2 131 7 417 10 957 7 562 Total des fonds des bailleurs (a) 10 989 21 461 48 389 63 658 71 644 PIP du MAEP (b) 27 092 45 564 64 875 84 526 100 922 Pourcentage de (a) sur (b) 40,56% 47,10% 74,59% 75,31% 70,99%

Source : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) Les différents types de financements octroyés par les bailleurs se répartissent en subventions, emprunts et fonds de contre valeur.

Graphique 22. Part de financements de l’Etat et des bailleurs de fonds dans le PIP du MAEP

-

20 000

40 000

60 000

80 000

100 000

120 000

2002 2003 2004 2005 2006années

(en

mill

ions

d'a

riary

)

PIP du MAEPPart de l'EtatTotal des fonds des bailleurs

Source : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)

Les principaux bailleurs de fonds intervenant dans le développement agricole et rural à Madagascar sont l’Union Européenne, la banque Mondiale, l’AFD, la coopération française, le MCA, la BAD, la FAO, le FIDA, l’OPEP et le NORAD. Le financement total des bailleurs de fonds s’est accru de près de 100% entre 2003 et 2004, et de 20% sur la période 2004 et 2006. Les principaux domaines ciblés par les bailleurs de fonds portent sur l’appui aux institutions de développement rural (MAEP, UPDR, PADR…), sur la réforme foncière, sur la lutte anti–acridienne, sur la recherche, sur l’appui à la filière semences, sur la professionnalisation de l'agriculture, sur l’appui à la formation pour la promotion agricole, sur la relance des exportations agricoles et sur les appuis en engrais.

6.3.3. Investissements directs étrangers dans l’agriculture et dans l’agro-alimentaire

Rares sont les capitaux étrangers qui ont été investis directement dans les branches productives de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Les investisseurs se sont beaucoup plus orientés vers des activités commerciales (plus de 30% des investissements), du fait de leur aversion au risque.

Tableau 21. Répartition des entreprises des IDE par branche Branche d'activité 2002 2003 2004

Agriculture, chasse, élevage et sylviculture 1,6 2,1 1,7Pêche, pisciculture, aquaculture 2,7 2,5 2,1Autres 95,7 95,4 96,2Ensemble 100 100 100

Source : Banque Centrale de Madagascar

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Néanmoins, ceux qui ont pris le risque d’investir dans les branches de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ont pu obtenir un taux de valeur ajoutée élevé (ratio valeur ajoutée rapportée au chiffre d’affaires). Par ailleurs, on remarque que la main d’œuvre travaillant dans les entreprises à investissement étranger oeuvrant dans les activités pêche, pisciculture et l’aquaculture figure parmi les plus productives.

Tableau 22. Indicateurs de performance des entreprises à investissement étranger par branche

Productivité apparente (103 Ariary/tête) Taux de valeur ajoutée (en %)

Branche d'activité 2002 2003 2004 2002 2003 2004Agriculture, chasse, élevage et sylviculture 220 460 720 16,6 49 65Pêche, pisciculture, aquaculture 12 260 18 500 13 740 29,3 29,3 22,9Ensemble de toutes les branches 6 640 5 140 5 220 26,1 25,8 21

Source : Banque Centrale de Madagascar

Résumé

• Comme cela a déjà été évoqué, les politiques publiques ont façonné les paysages agricole et rural au fil de l'histoire, en mettant notamment au centre de ces politiques la culture du riz.

• Malgré l'importance du secteur agricole pour Madagascar, la part du Programme d’Investissement Public allouée au Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), destiné au financement du développement agricole et rural, représente moins de 10% du total du programme des investissements publics, contre 21% dans les années 60.

• Ces investissements progressent cependant et dépendent massivement des financements extérieurs

• Les investissements directs étrangers dans l'agriculture, l'élevage et la pêche demeurent limités, malgré un taux de valeur ajoutée important, en particulier pour la pêche.

• En matière de dotation en biens publics, le désengagement de l'Etat s'est traduit par un affaiblissement de la recherche.

• Concernant les infrastructures, le pays est encore très déficitaire en routes et pistes, ce qui entraîne des situations d'enclavement et augmentent les coûts de commercialisation. Le régime actuel en a fait un point central de sa politique de développement.

• Malgré des investissements hydro agricoles, en particulier dans les grands périmètres rizicoles, les besoins en investissements sont encore importants. De nombreux financements sont aujourd'hui mobilisés, notamment dans le cadre du Programme Bassin Versant Périmètres Irrigués, récemment avec l'appui de la Banque Mondiale et l’AFD

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CONCLUSION Depuis le roi Andrianampoinimerina qui a fait aménager les plaines d’Antananarivo fin XVIIIème, l'histoire de Madagascar et donc la société et l'économie malgaches sont intimement liées à la culture du riz : quel que soit le régime en place (de la colonisation au pouvoir actuel), le riz a été et reste encore au centre des politiques agricoles et d'aménagement de Madagascar. Il suffit pour s'en convaincre de se rappeler la mise en place des grands périmètres irrigués dans les années 1950, les opérations de productivité rizicole de la Première République, les nationalisations de la période socialiste ou encore la place toujours accordée au riz dans la politique générale de l'Etat. La culture du riz a ainsi au fil de l'histoire façonné le pays et les paysans. Aujourd'hui, cette production concerne 87% des exploitations et représente encore 60% des surfaces cultivées. La prépondérance du riz explique une structure du PIB qui a peu évolué depuis plus de 30 ans. Le secteur agricole représente aujourd'hui encore 35% de la richesse du pays et l'évolution du PIB est fortement corrélée à l'évolution du secteur agricole et à la production rizicole en particulier. La filière riz est donc encore un des moteurs essentiels de l'économie malgache. A côté du riz, Madagascar dispose d’une large gamme de produits agricoles tempérés ou tropicaux, surtout destinés aux marchés locaux et au marché national. Certaines de ces productions ont aussi bénéficié de soutiens de l'Etat, notamment les produits traditionnels d'exportation (café, épices, litchi, etc.), lors de la colonisation et de la première République. Le secteur agricole a été fortement marqué par la période socialiste. Les nationalisations et l'interventionnisme de l'Etat ont eu des effets souvent négatifs sur la production et la commercialisation de nombreuses productions agricoles (1975-86). Ces effets perdurent encore pour certaines filières comme la filière sucre en cours de privatisation ou le coton récemment privatisé. La libéralisation de l'économie et le désengagement de l'Etat qui ont suivi cette période, initiés dans le cadre des programmes d'ajustement structurels, ont permis de "libérer les forces du marché" sans toutefois toujours avoir les effets escomptés sur la production et les échanges agricoles.

L'importance de l'agriculture à Madagascar est le témoin d'un pays encore très rural. Le taux d'urbanisation est relativement faible (moins de 30%, dont 12% à Antananarivo), même s'il est amené à progresser. La population est donc aujourd'hui majoritairement rurale et agricole (75% de la population totale en 2005) et devrait le rester encore longtemps (près de 60% en 2030). Madagascar reste un pays peu peuplé (près de 18 millions d'habitants en 2006) pour un territoire correspondant à la France et la Belgique réunies, mais connaît une forte progression démographique. Sa population a été multipliée par 3,8 en 50 ans (1950-2000) et même si le taux de croissance démographique diminue maintenant, la population malgache devrait continuer à progresser pour atteindre 45,3 millions d'habitants en 2050. Un des enjeux pour Madagascar est donc déjà de répondre aux besoins alimentaires de cette population en forte croissance. Etant donné l'importance du riz dans le régime alimentaire malgache, et même si on assiste à une certaine diversification de l'alimentation, l'augmentation totale de la consommation devrait conforter la place prépondérante du riz dans l'agriculture et l'économie.

Par ailleurs, il s'agit d'une population très jeune puisque 56% de la population en 2004 a moins de 20 ans. Cette population en majorité rurale est une population pauvre (78% des producteurs agricoles) et souvent peu éduquée. L'enjeu majeur pour Madagascar est donc, dès à présent, l'avenir des nouveaux entrants, essentiellement ruraux, sur le marché du travail : 300 000 en 2005 et probablement plus de 700 000 en 2040.

Il s'agit donc de répondre à la question suivante : quelle est et quelle sera l’offre supplémentaire de travail dans les campagnes, mais aussi dans les villes, pour absorber ces nouveaux arrivants ? Et en question subsidiaire : quels sont les mesures d'accompagnement les plus appropriées, notamment en matière d'éducation et de formation pour ces jeunes, afin de répondre positivement à cette l’offre potentielle, qu’elle soit dans le secteur agricole, dans l’industrie, dans le tourisme ou dans le secteur tertiaire en général ?

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Jusqu'à aujourd'hui l'agriculture, et en particulier le secteur rizicole, a intégré la majorité des nouveaux actifs mais le pourra-t-elle encore dans un proche avenir ? En 2004, le secteur agricole absorbait toujours 82,4% des actifs à Madagascar. Le commerce est la seconde source d’emplois (4% en 2004), mais est très lié au secteur agricole, devant l’administration (2,9% en 2004) et les autres industries (1,6% en 2004). Et les deux secteurs phares de l'économie malgache – le textile et le tourisme - n’absorberaient au maximum que 43 000 emplois/an, face à plus de 300 000 jeunes arrivant actuellement chaque année sur le marché de travail. En dehors de l’agriculture, il existe donc peu d’opportunités d’emplois, notamment en milieu rural.

Du fait de son insularité et de sa position géographique, les migrations externes demeurent faibles et ne sont pas pour l'instant une option de sortie comme dans d'autres pays. Les migrations internes, même si elles restent limitées et plutôt saisonnières, semblent par contre progresser. La densité de population est encore faible (27,2 habitants/km²) et il existe des régions quasiment vides pouvant être mises en culture, moyennant des investissements publics. A l'opposé, dans certaines régions, et en particulier sur les Hautes Terres, on assiste à des phénomènes croissants de saturation foncière, ce qui devrait pousser à la migration. De plus, la population urbaine augmente, sans un exode rural massif vers la capitale comme dans d'autres pays, mais avec le développement des villes secondaires. L’arrivée massive de nouveaux entrants sur le marché du travail est donc également un enjeu d'aménagement du territoire.

Au delà des migrations internes, la croissance démographique, en particulier en milieu rural avec les conséquences évoquées précédemment en termes de pression foncière et de conquête de terres disponibles, pose la question de l'adaptation du secteur agricole.

Cette adaptation s'inscrit dans un cadre général de libéralisation de l'économie et de redéfinition des rôles de l'Etat au niveau national. Elle s'inscrit aussi dans le cadre d'une plus grande intégration à l'économie internationale. En effet, Madagascar a conclu de nombreux accords commerciaux multilatéraux (OMC), régionaux (COI, COMESA, SADC) ou bilatéraux (AGOA, APE) qui conduisent à une plus grande ouverture des marchés.

Une ouverture croissante des marchés internationaux est une opportunité pour le développement des exportations, en particulier agricoles et agro-alimentaires, sous réserve de dépasser les contraintes. Il s'agit notamment de pouvoir offrir une gamme plus élargie de produits agricoles frais et surtout transformés, répondant aux normes sanitaires et phytosanitaires et aux normes techniques internationales. Il s'agit aussi de conquérir d'autres marchés que les marchés traditionnels (Europe notamment et Etats-Unis) et de tirer avantage des bénéfices offerts par les accords commerciaux, en particulier au niveau régional (COI, COMESA, SADC).

Par contre l'ouverture du marché malgache peut entraîner, si elle est trop rapide, une concurrence accrue de produits, notamment agricoles et agro-alimentaires, provenant de pays développés ou de pays en développement émergents plus compétitifs, avec des effets négatifs potentiels sur le secteur agricole, mais aussi sur la balance commerciale du pays, et par conséquent sur la monnaie.

Madagascar dispose de terres disponibles et des ressources en eau abondantes mais faiblement exploitées. De par ses potentialités géographiques exceptionnelles, la grande Ile offre une grande diversité de fruits et de légumes, aussi bien de zones tempérées que tropicales. C'est également un pays d'élevage qui dispose aussi d'un secteur pêche très développé, alliant la pêche traditionnelle, la pêche industrielle et l'aquaculture. Madagascar est donc très bien placé pour répondre à la demande régionale et internationale en produits agricoles et agro-alimentaires. Toutefois, l'agriculture demeure majoritairement traditionnelle, peu productive, basée sur de petites exploitations (0,87 ha en moyenne) et encore très orientée vers le riz. De plus, une faible part de la production est commercialisée, sauf pour quelques produits d'exportation. Enfin, le développement de l'agro-industrie est récent. Le pays ne propose encore qu'une gamme limitée de produits transformés. Et le respect indispensable des normes techniques et sanitaires pour pouvoir exporter est une contrainte parfois difficile à dépasser.

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DEUXIEME PARTIE : LA STRUCTURE DES MARCHES AGRICOLES ET AGRO-ALIMENTAIRES ET LEUR

EVOLUTION

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1. LES MARCHES DES PRODUITS ET LES FILIERES Madagascar dispose d’une large gamme de produits agricoles, surtout destinés aux marchés locaux et au marché national. Une partie de la production, quoique encore faible, est destinée à l’exportation. Cette part devrait croître au niveau sous-régional pour des produits tels que la pomme de terre, l’oignon, les légumes et certains fruits. En effet, Madagascar est la seule île de l’Océan Indien à disposer du potentiel foncier de production et l’élargissement de son marché intérieur au continent africain constitue une opportunité.

Certaines productions nationales comme la vanille, les produits de l’aquaculture, le litchi et les épices (girofle…), occupent une place importante sur le marché mondial. Le sucre, bien qu’ayant auparavant alimenté le marché européen, ne suffit plus à satisfaire la demande interne, et le pays est contraint d’en importer.

Malgré l’augmentation du nombre d’opérateurs privés, suite à la libéralisation des marchés agricoles (IFPRI/FOFIFA, 1997), les marchés intérieurs sont encore peu développés, surtout dans les zones rurales. Le mauvais état et/ou l’insuffisance des infrastructures routières, et donc l’enclavement des zones de production, empêchent les marchés de fonctionner normalement. Les coûts de transport constituent souvent une part importante du différentiel de prix au sein des filières et grèvent la compétitivité des produits. Le difficile accès physique à l’information, surtout dans les zones les plus éloignées, crée des situations asymétriques entre les agents, parfois compensées par les réseaux sociaux pour les agents de la commercialisation.

La question de la qualité peut aussi constituer une contrainte importante pour les producteurs et exportateurs, qui ne disposent souvent ni de l’infrastructure ni de la capacité technique pour respecter les normes auxquelles les produits doivent se conformer pour avoir accès aux marchés internationaux. Par exemple, la viande locale n’est pas exportée sur les marchés de l’Union Européenne en vertu d’un embargo frappant les produits de ce secteur depuis août 1997 pour non-conformité aux normes phytosanitaires.

1.1. ORGANISATION DES MARCHES ET TYPES DE FILIERES Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie entamée vers le milieu des années 80, l'organisation des marchés pour les produits agricoles essentiels, reposait sur l'intervention de l'Etat, souvent acteur direct des filières. Les prix d'achat aux producteurs étaient identiques dans tout le pays, et les opérations de commercialisation étaient assez simples avec un nombre restreint d'intervenants.

Actuellement, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont fixés par le jeu de l’offre et de la demande. Pour certaines filières comme la vanille ou le litchi, il existe un pilotage par des instances de concertation professionnelle qui associent l'Etat et qui sont parties prenantes dans la fixation des prix et dans l’organisation de la commercialisation. L’Etat est un acteur important dans le secteur sucre pour lequel la privatisation n’est pas encore achevée. Enfin, il existe dans certains cas des situations de monopôle ou d'oligopole privé (filière coton ou filière lait). De plus, étant donné les situations d'enclavement pour de nombreuses régions, il existe des dysfonctionnements de marché.

Comme dans beaucoup de pays, la libéralisation du marché a entraîné l'apparition de plusieurs types de circuits commerciaux et la multiplication des intervenants dans la commercialisation. Le nombre d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs finaux a augmenté, la filière riz en étant un cas exemplaire. Ce phénomène a un impact conséquent sur la longueur de la filière et sur la formation des prix.

L’intégration verticale existe traditionnellement dans certaines filières comme le tabac ou le coton, qui ont été privatisées, et pour la filière sucre en voie de privatisation. Cette intégration s’est développée plus récemment dans d'autres filières, notamment pour le riz (intégration par certains riziers) ou pour la crevette, et la filière haricot vert à l'exportation. Ainsi Lecofruit, une société exportatrice de produits frais et transformés, contrôle son approvisionnement en légumes de qualité grâce à des contrats de production établis avec les paysans. Le circuit n’inclut que les paysans producteurs et la société de transformation qui se charge du conditionnement et de l’exportation des produits à destination des marchés européens. Les intermédiaires entre la société et les paysans sont court-circuités.

Les filières fruits et légumes sont parmi celles qui n'ont pas été soumises aux réglementations et régulations de l'Etat. Le circuit de commercialisation dans ces filières est nécessairement court, en raison de la périssabilité des produits et de la forme du produit final (souvent consommé à l'état frais sur le marché local).

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Au delà de la longueur des filières, de leur niveau d'intégration et du nombre d'intermédiaires, les filières peuvent être classées en fonction de la destination de la production :

• Les filières alimentaires orientées quasiment uniquement vers le marché local : manioc, la plupart des fruits et légumes tempérés ou tropicaux, les tubercules et légumineuses, les produits laitiers, la farine, la viande

• Les filières agricoles et alimentaires orientées principalement vers l'exportation : vanille, épices, huiles essentielles, litchi, crevettes

• Les filières agricoles et alimentaires destinées au marché local et à l'exportation : le sucre, le maïs, le coton, le café et dans une moindre mesure le riz

Par ailleurs, un certain nombre de produits sont confrontés ou peuvent être confrontés à la concurrence des produits importés. C'est le cas notamment pour le sucre, les produits laitiers, la farine, l'huile, le riz, les jus de fruits, les produits de la biscuiterie et de la confiserie.

Enfin, si la majorité des produits agricoles est soit autoconsommée soit vendus sur les marchés ruraux ou urbains, les supermarchés sont devenus des acteurs de la commercialisation qui sont apparus dans le paysage après la libéralisation de l’économie. Le réseau est actuellement le fait de trois groupes à capitaux étrangers :

• la chaîne sud-africaine Shoprite, installée à Madagascar en 1992 par rachat des magasins de la chaîne Champion, disposant de sept magasins dont cinq à Antananarivo, un à Antsirabe et un à Toamasina ;

• la chaîne française Leaderprice avec trois enseignes à Antananarivo ;

• les supermarchés Score de la Société Vindémia, filiale du groupe Casino, avec trois hypermarchés à Antananarivo et deux supermarchés dans les autres provinces.

Si dans certains pays, l’implantation des supermarchés a favorisé le développement de l’agriculture contractuelle, tel n’est pas encore le cas à Madagascar. La société Lecofruit par exemple ne remplit pas le quota de 5% de sa production qu’elle peut écouler sur le marché local à travers les supermarchés. En effet, ces derniers ne valorisent pas la qualité comme cela se passe en Europe. Par ailleurs, au vu de leur développement assez récent et de la persistance des petits commerces de détail, on peut supposer que les supermarchés n’occupent pas encore une grande part de marché dans le commerce des produits frais. Par contre, ils jouent un rôle important dans la commercialisation des produits agro-alimentaires importés.

Résumé

• Les produits de l’agriculture malgache sont essentiellement consommés localement.

• Quelques produits sont présents sur les marchés régionaux (pomme de terre, oignon, mangue…) ou internationaux (vanille, litchi, épices, crevettes…).

• Certaines productions, potentiellement exportables, se heurtent à la contrainte de compétitivité (sucre) ou de qualité sanitaire (viande).

• Après un interventionnisme important de l’Etat, les filières se libéralisent et les prix sont actuellement fixés par le jeu du marché ou sont coordonnés par des interprofessions dans lesquelles l’Etat peut jouer un rôle plus ou moins important (vanille, litchi, crevette, riz…).

• L’Etat a du mal à se désengager de filières sensibles comme le sucre et est traditionnellement absent de filières comme les produits maraîchers.

• Le retrait de l'Etat a laissé dans certains cas la place à des situations de monopôle ou d'oligopole privé (filière coton ou filière lait).

• Le retrait de l'Etat et la libéralisation des prix, entraînant pourtant une multiplication des intervenants dans les filières, ont eu des résultats mitigés sur l’amélioration de la compétitivité des produits malgaches par rapport à leurs concurrents du fait de l’enclavement des régions productrices et de la structure non concurrentielle de la commercialisation : difficultés d’approvisionnement en intrants, coûts importants d’évacuation des produits, mauvais accès à l’information…

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• L’intégration verticale existe traditionnellement pour certaines filières, comme le tabac ou le coton, qui ont été privatisées et pour la filière sucre. Cette intégration s’est développée plus récemment dans d'autres filières, notamment comme le riz (intégration par certains riziers) ou pour la crevette, et la filière haricot vert à l'exportation.

• Les supermarchés, nouveaux arrivants dans les circuits de commercialisation, écoulent des quantités réduites de produits agricoles frais, en comparaison des petits commerces de détail, et ne valorisent pas encore la qualité. Par contre ils jouent un rôle important dans la commercialisation des produits agro-alimentaires importés.

1.2. PRESENTATION DES FILIERES SIGNIFICATIVES La situation des marchés agricoles sera illustrée à partir de quelques filières au poids significatif dans l’économie, notamment

• La filière riz, pilier de l'économie malgache, qui demeure un produit stratégique pour l'Etat malgache,

• La filière émergente "haricot vert à l’export", qui offre une illustration réussie de l’agriculture contractuelle dans un pays en développement,

• La filière sucre, une filière intégrée en situation difficile et en voie de privatisation,

• La filière coton, une filière structurante dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest de Madagascar, avec une situation de monopôle privé,

• La filière lait, une des rares filières agro-industrielles du pays qui importe une partie de ses besoins en matière première,

• La filière vanille, qui représente un des principaux produits traditionnels à l’exportation,

• La filière litchi, dont un des enjeux majeurs est la mise aux normes pour pouvoir exporter,

• La filière crevettière, une filière d'exportation intégrée.

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Tableau 23. Bref aperçu de l’organisation de la commercialisation de quelques produits agricoles

Circuit court Circuit long Produit Local National Export Local National Export Intervention de l’Etat Monopole/organisation de filière

Riz

Autoconsommation Vente sur les marchés « villageois » par les producteurs eux mêmes

Grossistes = riziers

Vente dans pays de l’Océan Indien Exportateurs = riziers

Vente après passage par une série d’intermédiaires (collecteurs, transformateurs, commerçants de différents types)

Vente après passage par une série d’intermédiaires (collecteurs, transformateurs, commerçants de différents types)

Vente dans pays de l’Océan Indien Exportateurs = acteurs hors filière riz (« ferrailleurs »)

Coexistence du secteur public et privé de 1960 à 1973 Libéralisation du secteur vers le milieu des années 80 Gestion de la situation de crise du riz de 2004 (importations et administration du prix de vente)

Monopole étatique dans la commercialisation entre 1971 et le milieu des années 80 Existence d'une Plateforme de concertation privée- public

Autres céréales

Vente de produits frais sur les marchés villageois

Vente de produits secs

Vente dans pays de l’Océan Indien Maïs

Tubercules et légumineuses

Vente sur les marchés « villageois » par les producteurs eux-mêmes des produits à l’état frais (surtout en période de récolte) ou sec

-- Exportations minimes sur le marché régional

-- Vente après passage par une série d’intermédiaires (collecteurs, transformateurs, commerçants de différents types) des produits à l’état frais (surtout en période de récolte), sec ou transformés (farine de manioc, de maïs…)

Exportations minimes sur le marché régional

--

Fruits

Vente des produits à l’état frais

Vente sur les marchés des produits à l’état frais

Fruits à l’état frais (2% des exportations malgaches) : essentiellement litchi, mangue

Produits transformés par petites unités agro-alimentaires informelles (jus de fruits…)

Produits transformés par unités agro-alimentaires formelles (jus de fruits, confitures, pâtes de fruits)

Produits transformés par unités agro-alimentaires formelles (jus de fruits, confitures, pâtes de fruits) ; quantité minime

-- Existence d'une Plateforme de concertation privée public pour le litchi Existence d'un Groupement des exportateurs de litchis

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Circuit court Circuit long Produit Local National Export Local National Export Intervention de l’Etat Monopole/organisation de filière

Légumes

Vente des produits à l’état frais

Vente des produits à l’état frais ou transformés (conserves)

Légumes à l’état frais ou transformé : haricots- verts, pois mange-tout et cornichons sur le marché européen, oignons, pomme de terre sur le marché régional

-- -- -- -- Filière intégrée pour les haricots verts exportés

Epices

-- -- -- Vente de produits transformés par les unités industrielles et artisanales (poivre, …)

Vanille, girofle, cannelle, piment, baie rose, gingembre...

Existence d'une Plateforme de concertation privée public pour la vanille

Produits de pêche

Vente des produits de pêche continentale ou maritime

Vente des produits de pêche continentale ou maritime

Exportation des produits de pêche maritime et d’aquaculture (crevettes) par larges unités verticalement intégrées Accords de pêche avec Commission européenne (thon)

Vente de thon en boîte

Exportation de thon en boîte

Existence d'un Groupement des Aquaculteurs et des Pêcheurs de Crevettes de Madagascar

Produits d’élevage

Vente des produits à l’état frais ou transformés sur marchés locaux par les producteurs mêmes

Vente des produits à l’état frais ou transformés (conserves de viande, produits laitiers)

Sucre

Vente de sucre et produits dérivés de fabrication artisanale (sucre, boissons alcoolisées)

Filière sucrière industrielle

Filière sucrière industrielle

Filière sucrière industrielle

Libéralisation du secteur non effective

Entreprise publique : SIRAMA Entreprise privée à capitaux étrangers : SUCOMA

Coton Vente de

coton fibre et de graines de

Export de coton fibre

Libéralisation réalisée en 2005

Société HASYMA/DAGRIS pour la production de coton fibre,

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Circuit court Circuit long Produit Local National Export Local National Export Intervention de l’Etat Monopole/organisation de filière

coton à destination des huileries et sociétés de trituration

de semences et de graines de coton Existence d'une Plateforme de concertation privée public Coton, textile Existence d'un Groupement des exportateurs de litchis

Tabac

Vente de cigarettes et de tabac à chiquer

Monopôle privé pour la tabac à fumer et monopôle public pour le tabac à chiquer

Boissons

Vente d'alcool et de vin local

Vente de vins, d'alcool, de boissons hygiéniques et de bière et d'eau

Monopôle privé pour la bière

Café, chocolat, confiserie

Vente de bonbons, café vert

Exportations de cacao, de chocolat et de café

Vente de café torréfié, chocolat, biscuit

Exportations de cacao, de chocolat et de café

Existence d'un Comité National de Commercialisation du Café

Sisal Extraction de fibre

Export de fibre torsadée

Exploitation en régie par quelques sociétés privées

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1.2.1. La filière riz : pilier de l’économie malgache

Madagascar est une économie agricole fondée sur le riz : la population agricole constitue près de 80% de la population active totale et 87% des exploitants cultivent du riz ; cette céréale est la principale culture en termes d’occupation de la superficie agricole pour trois-quarts des communes malgaches et la principale source de revenu des ménages dans 45% des communes (Minten et al, 2003).

La production de paddy a officiellement dépassé 3 millions de tonnes en 2004. Elle génère un volume disponible pour la consommation de 2,8 millions de tonnes de paddy, soit presque 2 millions de tonnes de riz décortiqué. Environ 68% de la production est destinée à l’autoconsommation, aussi la filière riz est peu intégrée au marché (UPDR-FAO, 2000). Les importations représentent environ 10% de la production nationale et le riz commercialisé, local ou importé, approvisionne à 60% le milieu urbain.

Les performances de la filière déterminent de manière significative le dynamisme du secteur agricole et de l’économie nationale. Sa valeur ajoutée économique directe, calculée en 1999, contribue à hauteur de 12% au PIB national et de 43% au PIB agricole en termes courants.

Le riz est la principale denrée alimentaire dans la plupart des régions malgaches. Leur sécurité alimentaire est fortement liée à l’abondance des récoltes ainsi qu’au niveau et à la stabilité des prix. Les situations de pénuries, le plus souvent dues à des facteurs naturels (cyclones, fortes pluies, sécheresse…), ont un impact immédiat sur l’approvisionnement des marchés et les rations alimentaires. L’augmentation des prix réduit le pouvoir d’achat des consommateurs nets de riz et diminue leur consommation. A contrario, une baisse des prix touche les vendeurs nets de riz et décourage la production. Les fluctuations saisonnières pénalisent même les ménages autosuffisants en riz qui généralement vendent la récolte à prix bas et achètent du riz plus cher à la soudure.

Ainsi, les marchés rizicoles jouent à Madagascar un rôle majeur sur les revenus des producteurs (environ 60% de la population) et le niveau de vie des consommateurs (la population en entier) par le biais des prix. D’où l’intérêt de rechercher une plus grande efficacité du fonctionnement des marchés rizicoles (Dabat et al., 2005)28.

Description de la filière

28 Dabat M.-H., Jenn-Treyer O., Bockel L., Razafimandimby S., 2005. Histoire inachevée de la régulation du marché pour un développement durable de la riziculture malgache. Communication aux Journées de la Société Française d’Economie Rurale, Les institutions du développement durable des agricultures du Sud, Montpellier, 7-8-9 novembre.

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Les acteurs principaux D’après le recensement agricole de 2004-2005 (MAEP), la riziculture est pratiquée par 2.075.000 exploitants. Si on intègre l’aval de la filière (30.000 opérateurs dont la plupart sont plurifonctionnels dans la collecte, le décorticage et la vente en gros ou au détail, UPDR-FAO), 2.105.000 opérateurs sont concernés29.

Les collecteurs servent d’intermédiaires entre producteurs et grossistes. Ces agents sont en contact direct avec les producteurs et sont souvent aussi transporteurs en parallèle. En 1999, le pays comptait 4.700 collecteurs formels dont 40% opérant sur les Hautes Terres centrales, 27% dans le Centre-Ouest et 18% dans le Nord-Ouest. Chaque collecteur employait en moyenne cinq personnes, ce qui permet d’estimer cette branche à 22.000 emplois.

Le secteur de la collecte est très concurrentiel, notamment entre acteurs formels et informels ; mais également entre collecteurs indépendants et collecteurs « non indépendants ». Les premiers travaillent avec leurs fonds propres, ils traitent parfois avec des sous collecteurs et les financent en octroyant une avance pour payer patentes et autres charges fonctionnelles. Les seconds agissent pour le compte de grossistes, leur revenu dépend des commissions qu’ils perçoivent selon le tonnage effectué. Ils fonctionnent généralement sur avance préalablement donnée par leurs commanditaires.

Outre le pilonnage manuel du paddy par les paysans, la transformation est assurée par les décortiqueries et les rizeries. Les décortiqueries, petites unités de transformation de paddy, sont réparties dans tout le pays tandis que les rizeries sont davantage concentrées dans les grands bassins de production comme le Lac Alaotra. Depuis la libéralisation de la filière, le nombre de décortiqueries a augmenté à un rythme plus rapide que les rizeries auxquelles elles font concurrence. En effet, les décortiqueries ont des coûts d’opération nettement inférieurs à ceux des rizeries : 6.600 à 11.400 Ar/t de paddy pour les premières en 1999 contre 40.000 à 44.600 Ar/t pour les secondes.

Les grossistes sont les agents de la filière qui disposent des plus grandes capacités de stockage de riz (spéculation sur le prix en période de soudure). Ils sont surtout localisés dans les centres urbains et s’impliquent de plus en plus dans l’importation de riz.

Les détaillants étaient environ 24.000 dans le secteur formel en 1999. Ils s’approvisionnent en riz blanc auprès des grossistes (66%), des décortiqueries et/ou rizeries ou des collecteurs et n’ont généralement pas de lien contractuel avec ces acteurs. Très souvent, leur commerce ne se limite pas à celui du riz. La grande majorité des détaillants est constituée d’opérateurs informels, souvent occasionnels, qui opèrent sur les marchés locaux à ciel ouvert. Plus de 60% sont des femmes.

Notons que pour améliorer la gestion de la filière riz une plateforme de concertation et de pilotage (PCP Riz) a été crée en 2004 qui rassemble l'ensemble des acteurs de cette filière et les représentants de l'Etat.

Brève description de l’évolution de la filière30 "A Madagascar, le riz a toujours été considéré par l’Etat comme un produit stratégique, capable à lui seul de mettre en danger la stabilité politique du pays. Aussi, depuis son indépendance, et jusqu’à la fin des années 1980, Madagascar a connu divers systèmes de régulation étatique du marché du riz. En 1963, l’Etat crée le Bureau de Commercialisation et de Stabilisation du Riz (BCSR). Cet organisme avait pour mission la régulation du prix du riz en achetant le paddy aux producteurs par l’intermédiaire de mandataires agréés. Cet organisme coexistait avec le secteur privé, mais avait la haute main sur les deux greniers à riz de Marovoay et surtout du lac Alaotra. Ce contrôle de l’Etat s’est durci à partir du début des années 1970, avec d’abord en 1970 l’entrée en vigueur du monopole du BCSR au lac Alaotra, puis, à partir de 1973, avec l’éviction totale du secteur privé de la commercialisation du riz. La SINPA a eu jusqu’en 1977 le monopole de la commercialisation du riz, et s’appuyait notamment sur deux sociétés d’aménagement, la SOMALAC 29 UPDR-FAO, 2001. Diagnostic et perspectives de développement de la filière riz à Madagascar, rapport final, 111p. 30 Cet historique rapide provient du Rapport de mission du PAM "Mise en place d'un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar" de mai 2005 et se réfère pour l’essentiel à I. Droy, « Que sont les greniers à riz devenus », Economie de Madagascar n°2, pp.63-88. Voir spécialement les pages 69 et 88..

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(Société Malgache du lac Alaotra, crée en 1961) et la COMEMA (Comité d’Expansion Economique de la plaine de Marovoay, créé en 1964), transformé en une société d’Etat en 1974 (FIFABE). Face aux difficultés de la SINPA pour se substituer au réseau très ramifié de collecteurs qui existait précédemment, l’Etat a étendu le monopole de la SINPA à d’autres sociétés publiques ou parapubliques. Toutefois, en dehors des difficultés administratives et techniques liées à la gestion d’une structure aussi lourde et inadaptée aux réalités des campagnes et à l’éclatement des bassins de production secondaires, d’autres éléments expliquent la déliquescence du système. Ainsi, la fixation du prix du paddy aux producteurs à des niveaux de moins en moins incitatifs31 (dans le but de garantir aux consommateurs urbains de bas prix du riz) ou le fait que le riz était payé aux producteurs en bons administratifs (parfois non remboursés par l’Etat), ont contribué à l’enclenchement d’un processus d’involution rurale (F. Pesnaud, 1997, p.90), c’est-à-dire de repli du monde rural sur lui-même. Ainsi, au début des années 1980, à peine moins de 10% de la production était collectée par l’Etat et mise sur le marché. Cette pénurie de riz dans les centres urbains conduisit l’Etat à procéder à des importations massives, avec un pic historique de 355 000 tonnes en 1982. A partir de 1983-1984, Madagascar, comme d’autres pays d’Afrique sub-saharienne, s’est engagé dans une série de mesures d’ajustement structurel, sous l’égide du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale. Ces mesures devaient déboucher sur la libéralisation progressive des marchés. A Madagascar, ce processus de libéralisation progressive s’est déroulé sur une période de 7 à 8 ans, entre 1983 et 1990. En 1983, le monopole de l’Etat sur la commercialisation du riz est aboli, excepté sur les deux « greniers à riz » principaux, à savoir le Lac Alaotra et la plaine de Marovoay. Ce n’est qu’en 1986 que le commerce intérieur de riz est libéralisé sur l’ensemble du territoire. En ce qui concerne les importations, celles-ci ne sont rendues au secteur privé qu’en 1990. Pour accompagner ce mouvement, des opérations de contrôle des marchés par l’Etat ont encore eu lieu jusqu’en 1991. Ainsi, en dehors des marchés libres, les autorités ont continué à commercialiser du riz, à des prix largement inférieurs à ceux du marché. Cette opération, connue sous le nom de « riz fokontany », a été mise en place en 1983, et s’est poursuivi jusqu’en octobre 1988. Jusqu’en 1986, le « riz fokontany » à Antananarivo, représentait 60% du riz commercialisé32. De 1986 à 1991, un système de stocks tampons a fonctionné. Mis en place avec l’appui des bailleurs de fonds, ce stock tampon se voulait être une alternative à l’opération « riz fokontany », qui faisait peser sur les finances de l’Etat une charge insurmontable et était vecteur d’une série d’effets pervers liés à la distorsion des marchés. Défini lors de sa conception comme « un stock de riz maintenu pour n’être libéré sur le marché que lorsque les fluctuations poussent le prix jusqu’à des niveaux excessivement élevés »33, il obéissait à une triple préoccupation : • « intervenir sur les marchés en vue d’atténuer les fluctuations anormales des prix et décourager

les spéculations durant la période de libéralisation du commerce du riz ; • faire face aux situations causées par des calamités non prévisibles ; • assurer une distribution ciblée aux consommateurs les plus défavorisés »34. Confié à la gestion de la SOMACODIS et de la SINPA, le stock régulateur obéissait à des règles claires : « La mise sur le marché du riz appartenant au stock régulateur était faite lorsque le prix du riz sur le marché libre dépassait pendant 4 jours consécutifs le prix d’intervention déterminé annuellement. Le prix de cession au détaillant était inférieur au prix d’intervention de façon à laisser une marge bénéficiaire au commerçant. Après avoir tenu compte des frais intermédiaires (ou prix différentiel), qui comprenaient les coûts entre la cale du navire et la distribution, le produit net de la

31 Voir F. Roubaud, 1997, p.52. 32 Voir F. Roubaud, 1997, p.55. 33 Mission FAO, Ministère de la Production Agricole et de la Réforme Agraire, Direction de la Sécurité Alimentaire, Principe de fonctionnement du stock régulateur, p.4. 34 PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.2.

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vente était versé sur un compte porteur d’intérêt dans une banque commerciale et constituait le Fonds de Développement Agricole (FDA). »35 En fait, le stock régulateur n’a véritablement fonctionné que durant 3 ans, sachant « qu’à partir de 1990, les interventions du stock régulateur ont davantage obéi à la nécessité de liquider les quantités restantes plutôt qu’au besoin de réguler les prix à la consommation. Dans son évaluation, la mission du PAM a par ailleurs noté les coûts de gestion prohibitifs du stock de régulation par les organismes chargés de leur administration. En effet, ces sociétés ont retenu près de 50% des fonds générés par la vente du riz du PAM36. Enfin, elle note en guise de conclusion que « le gouvernement considère [en 1990] que le stock régulateur n’a plus de raison d’être car, avec la libéralisation du marché et la présence de nombreux opérateurs, les marges commerciales ont diminué et les prix se sont stabilisés par le jeu de la concurrence. Le gouvernement continue cependant de veiller sur l’évolution de la libéralisation du marché des importations de riz, car le riz importé est susceptible de faire baisser le prix offert aux producteurs locaux et de décourager ainsi la production nationale. »37 Quelque soit le mode de régulation mis en oeuvre (encadrement par l'Etat ou libéralisation), celui-ci n'a pas eu d'effet notoire sur la production de riz tant que prix du riz n'était pas incitatif pour le producteur. On a même assisté à un affaiblissement de la production intérieure qui a progressé moins vite que la population du pays. Cette situation s'est traduite par un appel important aux importations (plus de 350.000 t en 1982, plus de 200.000 t en 2000).

Graphique 23. Evolution de la production de paddy et de la population malgache

Source : O. JENN-TREYER SMB

La crise du marché du riz en 2004-2005 illustre le risque de déstabilisation interne lié à la dépendance vis-à-vis d’un marché mondial où les hausses de prix sont accentuées en cas de dégradation du taux de change. Cependant, elle a ouvert la voie à la mise en place d’un nouveau cadre de régulation qui limite l’intervention de l’Etat à la création des conditions favorables au fonctionnement d’un marché

35 PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.3. 36 PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.3 et p.5. 37 PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.5.

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libre et en voie d’organisation. Les taxes d’import sur le riz ont été ramenées à 0% après s’être élevées à 30% en 1991, 10% en 1997, 5% en 1999, 30% en 2000 et 21% en 2004 38. Cependant le riz importé est soumis à la TVA de 18% ce qui n'est pas le cas du riz local. Cette crise qui a entraîné une hausse sans précédent des cours du paddy et du riz blanc a généré une hausse importante de la production. Les producteurs ont été incités à mettre plus de terres en culture et dans certains cas à investir pour intensifier.

Si le pays reste encore aujourd'hui déficitaire et importateur d’une quantité de riz de l’ordre de 100.000t à 300.000 t/an, cette récente augmentation de la production et des investissements nouveaux laisse entrevoir une situation d'autosuffisance et le développement de possibles exportations à court terme sur le marché régional.

Détermination et niveau des prix Afin d’assurer la satisfaction des besoins de la population, notamment des couches urbaines, l’Etat, dans les années 60 et 70, contrôlait les prix sur le marché des biens alimentaires, en particulier du riz, au moyen d’importantes subventions. Le monopole public de la collecte et de la transformation du paddy, ainsi que de la commercialisation interne et externe du riz, a eu pour conséquence de déconnecter les prix au producteur des prix internationaux et des coûts de production.

Les premières mesures d’ajustement structurel à partir de la décennie 80 visaient l’incitation à la production de paddy en favorisant, dans un premier temps, l’augmentation des prix au producteur par le biais d’un relèvement forfaitaire puis, dans un second temps, la libéralisation progressive des prix et des circuits de commercialisation (suppression du monopole public de commercialisation en 1986, privatisation des importations en 1990, abandon du stock régulateur en 1991, annulation de la taxe à l’importation en 2005).

Si les prix étaient auparavant administrés, ils sont désormais définis par la rencontre de l’offre et de la demande. Actuellement, le prix du riz sur le marché intérieur s’aligne sur le prix de parité import. Soulignons cependant qu'il n'existe pas un prix du riz mais plusieurs prix du riz à Madagascar en fonction de la variété du riz, de la saison (soudure ou récolte) mais aussi de l'enclavement de la zone de production ou de consommation et de l'organisation du réseau de commercialisation.

Une estimation de la compétitivité du riz en 199739 a montré que le riz malgache est fortement compétitif à la ferme. La perte de compétitivité se situe en aval et résulte essentiellement de la structure de commercialisation (intervention de nombreux agents successifs, rôle prépondérant d’une poignée de grossistes dans les approvisionnements, difficultés matérielles du transport…).

Degré d’intégration La commercialisation intermédiaire se caractérise par une forte multifonctionnalité des agents. Un grand nombre d’agents n’assument pas une seule fonction particulière, ou même une fonction principale, les différenciant des autres agents situés à un autre stade de la filière. La distinction, entre collecteur (par définition échelon intermédiaire entre le riziculteur et le grossiste) et le grossiste (habituellement en relation avec le détaillant), n’est pas toujours marquée. Certains agents économiques sont à la fois en relation d’achat et de vente avec les riziculteurs, les détaillants et même les consommateurs. Les riziculteurs eux-mêmes commercialisent selon les régions jusqu’à 30% de leur production (en équivalent paddy) sous forme de riz blanc, souvent auprès des consommateurs. On trouve des paysans parmi les collecteurs. 34% des décortiqueurs enquêtés (UPDR-FAO, 2000) ont au moins une activité annexe dans la filière : 60% sont collecteurs de paddy, 26% transporteurs, 30% grossistes, 19% détaillants. Cette intégration verticale permet aux décortiqueurs de mieux rentabiliser les investissements et de tirer le maximum de profit en maîtrisant certaines contraintes.

Les gros riziers du Lac Alaotra contractualisent avec les paysans en mettant à leur disposition semences et intrants pour éviter les ruptures d’approvisionnement en paddy. Pour optimiser leur structure, certains grands riziers produisent du riz, collectent, transforment, commercialisent et usinent 38 Le détail de l’évolution de la réglementation sur le riz figure en annexe. 39 L’Ajustement structurel et le secteur agricole : faiblesse de la compétitivité et insuffisance des réformes de prix ; Luc Razafimandimby ; Banque Mondiale Mission Résidente 1997.

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le riz d’autres collecteurs (Société Roger et SILAC au Lac Alaotra par exemple). Dans les zones accessibles, les rizeries arbitrent entre plusieurs origines pour leur approvisionnement, ils emmagasinent du riz importé quand celui-ci est meilleur marché que le riz national.

Le Groupe agro-industriel Tiko s’est installé récemment dans la région du Lac Alaotra avec l’implantation de l’unité « Fanamby S.A » disposant d’une usine et d’une capacité de stockage de 30.000 tonnes. Le paddy collecté est transformé, stocké et conditionné dans l’unité de Vohidiala ; le riz blanc est ensuite commercialisé via les supermarchés du Groupe dans l’île. Ce groupe et certains grands riziers ont également comme objectifs de relancer les exportations de riz, très faibles aujourd'hui, en particulier vers les marchés de la SADC et du COMESA, voire de l'Europe (pour des produits biologiques ou des riz de luxe), sur lesquels ils bénéficient d'une ouverture totale. Cela suppose néanmoins de maîtriser les coûts de commercialisation et de respecter les normes de qualité définis par les pays de destination.

Degré de concentration Au niveau de l’usinage, les années 60-70 ont vu le monopole des grandes rizeries privées avec une intervention minime de l’Etat. Puis à partir du milieu des années 70, ce sont les sociétés d’Etat, telles que la SINPA, qui ont eu l’exclusivité de la collecte et de l’usinage. Par la suite, après la libéralisation, les petites et moyennes unités ont pris le relais.

Au niveau de la collecte, certaines situations géographiques créent des monopoles ou des oligopoles de fait. Tel peut être le cas dans les zones productrices éloignées difficilement accessibles ou dans des zones d’insécurité.

Résumé

• La filière riz est le pilier de l’économie malgache dans le sens où elle conditionne fortement le niveau de développement des campagnes et la sécurité alimentaire des villes.

• Elle se caractérise par une forte atomisation de la production agricole (la taille moyenne des exploitations ne dépasse pas 1 ha et les riziculteurs sont généralement polyvalents), une concentration importante de la commercialisation de gros et de l’importation, et une structure plus concurrentielle de la transformation.

• Certains riziers ont développé des relations contractuelles avec une partie des riziculteurs qui les approvisionnent.

• Malgré la libéralisation des prix et la privatisation de la production et de la commercialisation, l’intervention de l’Etat est récurrente dans la filière riz (politique fiscale, constitution de stocks, administration des prix, opérations d’importation...).

• Cependant les relations économiques entre les agents sont plutôt régies par le marché, plus ou moins concurrentiel selon les situations.

• La crise de 2004 a cependant ouvert la voie à la mise en place d’un nouveau cadre de régulation qui limite l’intervention de l’Etat à la création des conditions favorables au fonctionnement d’un marché libre et en voie d’organisation.

• Le prix du riz est très dépendant des cours internationaux. C'est un prix qui varie fortement suivant les saisons et les régions.

• Cette crise a aussi eu pour effet d'inciter les producteurs à augmenter les surfaces cultivées et dans certains cas à intensifier.

• Le grand défi de cette filière pour les années à venir est d’arriver rapidement à l’autosuffisance alimentaire et à se positionner sur le marché international du riz en faisant des efforts de qualité et de compétitivité.

• Pour améliorer la gestion de la filière riz une plateforme de concertation et de pilotage a été créée en 2004 rassemblant l'ensemble des acteurs de cette filière et des représentants de l'Etat.

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1.2.2. La filière haricot vert : un marché segmenté, une réussite à l’export

La filière haricot vert se caractérise par la segmentation de son marché. La demande nationale s’oriente vers les produits frais nécessitant un minimum de conditionnement et de transformation (triage grossier, nettoyage et emballage sommaires avec mise en panier).

La demande internationale, européenne notamment, provient des supermarchés qui imposent des normes de qualité et de sécurité élevées, telles que stipulées dans des cahiers des charges. Les produits malgaches exportés sur le marché européen par la société Lecofruit40 sont essentiellement des haricots verts extra-fins en conserve « cueillis et rangés à la main ». Cette niche de marché offre des prix plus élevés que ceux des autres variétés de haricot vert (traités industriellement). Ces produits, comme tous les produits agricoles (sauf quelques exceptions), bénéficient actuellement d’un accès préférentiel au marché de l’Union Européenne dans le cadre de l'Accord de Cotonou et de l’initiative Tout Sauf les Armes (TSA).

Cette partie se base sur les études de filières réalisées par l’UPDR-MAEP41, une étude de MDP-JEXCO42 et les résultats des travaux de Minten, Randrianarison et Swinnen43.

Description de la filière

On peut distinguer deux sous-secteurs dans la filière haricot vert : la filière locale dont un nouvel acteur sont les supermarchés et la filière d’exportation apparue au début des années 90 où le produit concerné est le haricot vert extra-fin.

Les principaux acteurs de la filière locale La demande nationale en légumes cible surtout les produits frais. En général, la production de légumes est assurée par des petits maraîchers individuels situés dans les ceintures maraîchères autour des villes (Antananarivo, Antsirabe, Fianarantsoa et Antsiranana) et dans les grandes zones de

40 Voir description de la société Lecofruit en annexe. 41 Unité de Politique et de Développement Rural – MAEP (2004). Filières de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche et actions du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. MAEP/Coopération Franco-Malgache, Antananarivo. CD-Rom. 42 MDP-JEXCO (2004). Etude d’impacts des APE pour Madagascar. Version provisoire. 43 Minten B., Randrianarison L. et J. Swinnen (2005). “Global retail chains and poor farmers: evidence from Madagascar”. In: WWF-Madagascar. Trade Liberalization, Rural Poverty and the Environment: the case of Madagascar. Antananarivo. Mimeo.

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production du Vakinankaratra (Hautes-Terres Centrales), de l’Itasy (Moyen-Ouest) et d’Ambatondrazaka (Lac Alaotra). Ce sont les zones les plus accessibles.

L’approvisionnement des consommateurs en légumes frais est assuré par les paysans producteurs, par des grossistes (pouvant aussi assurer la fonction de collecteur/transporteur), par des commerçants de détail et par les supermarchés. Pour certains produits, les supermarchés sont approvisionnés par des groupements de producteurs. Toutefois ces expériences se sont, dans la plupart des cas, soldées par un échec : notamment les groupements ne sont pas arrivés à contrôler la qualité des produits fournis par leurs membres, ce qui a conduit à la livraison de produits ne répondant pas aux attentes des supermarchés, et à terme à la cessation de collaboration avec eux.

La filière d’exportation Comme le produit exporté est constitué majoritairement de conserves de haricots verts extra-fins (à 90%), nous nous intéresserons en priorité à cette filière qui implique deux acteurs principaux :

• les paysans producteurs sous contrat, au nombre de 10.000 environ pour une production sur une superficie de 500 ha environ au cours de l’année culturale 2004/05,

• une société de conditionnement et de transformation (Lecofruit) certifiée HACCP, qui se charge de la préparation et du conditionnement des légumes pour l’exportation sur le marché européen : France, Belgique, Pays-Bas (supermarchés distributeurs pour les haricots verts en conserve : Leclerc, Intermarché, Auchan, Casino ; et grossistes, restaurateurs, commerces de détail pour les produits frais).

Ces deux entités travaillent dans le cadre de l’agriculture contractuelle. Une partie de la production des paysans contractants peut être constituée de haricots verts qui n’entrent pas dans le cadre de leurs contrats avec Lecofruit, les produits sont alors écoulés sur les marchés locaux via les circuits traditionnels.

Détermination et structure des prix La détermination des prix se fait librement sur les marchés locaux, l’offre étant réglée par le calendrier cultural. Pour les haricots verts extra-fins destinés à l’exportation, la société de conditionnement et d’exportation fixe unilatéralement, en début de campagne, un prix d’achat dans le contrat avec les paysans. Ce prix ne change pas en cours d’année. Pour 2003-04, Lecofruit a acheté les haricots verts extra-fins 310 Ariary/kg au producteur. Pour cette période, le prix sur le marché de gros français de Rungis à Paris était de 3,5 euros/kg. Cependant, les grandes surfaces européennes sont plus sensibles à la sécurité de leur approvisionnement qu’au niveau de prix obtenu (communication Lecofruit)44.

Degré d’intégration Pour l’approvisionnement du marché local Les stratégies des enseignes de supermarché varient. Leader Price favorise l’achat direct auprès de producteurs individuels sans toutefois formaliser le partenariat, mais en ayant une connaissance approfondie des conditions de production de leurs fournisseurs de légumes. Il s’agit d’un suivi des programmes de plantation en vue d’arriver à avoir de façon continue des produits de meilleure qualité en quantité suffisante. L’enseigne CORA reste elle plus attachée au prix des produits qu’à leur qualité. Cependant la majorité des haricots verts frais sont aujourd'hui commercialisés sur les marchés de détail ruraux ou urbains.

44 La structure des prix pour les haricots verts extra-fins conditionnés figure en annexe.

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L’agriculture contractuelle Lecofruit travaille en partenariat avec les paysans producteurs de légumes afin d’assurer un approvisionnement régulier, respectant les normes et exigences de qualité et de sécurité de plus en plus élevées des supermarchés européens et du marché mondial en général45. Des contrats écrits46 sont signés entre chaque contractant et la société promotrice. Ces derniers tirent 50% de leurs revenus du maraîchage, l’entreprise compte 70% de fidèles parmi ses contractants. Elle constitue leur seul débouché pour les légumes destinés à l’exportation.

Pour assurer le contrôle et l’application des normes de sécurité alimentaire et des standards sanitaires agricoles, qui sont imposés par le marché international, ainsi que pour éviter les « ventes hors contrat », un système de suivi sur terrain des contrats de production de légumes a été mis en place47.

Degré de concentration Le parti pris de Lecofruit a été d’encadrer complètement la filière car les producteurs n’étaient pas organisés en coopérative. L’entreprise contrôle toute sa chaîne d’approvisionnement dans un rayon de 120 km autour d’Antananarivo. Elle compte 6 cadres expatriés et 300 techniciens agricoles pour l’appui des paysans (coordination de la production, fourniture des intrants, formation des paysans…) selon un taux d’encadrement élevé de 1 technicien pour 35 paysans environ.

Résumé

• Le haricot vert constitue un exemple du potentiel d’exportation de Madagascar, rendu possible grâce à des efforts en matière de qualité du produit.

• On note une forte concentration du secteur de la transformation à destination de l’Europe (une seule entreprise).

• Les exploitants agricoles en sont cependant faiblement dépendants à titre individuel dans le sens où la stratégie du transformateur/exportateur est de travailler avec un grand nombre d’agriculteurs fidélisés plutôt que de concentrer son approvisionnement sur un nombre réduits de contractants. De plus, le choix a été fait de n'utiliser qu'une partie des exploitations le reste étant en général consacré à la production de riz.

• C'est un exemple réussi d'agriculture contractuelle puisqu'il répond à la fois à une demande de qualité à l'exportation et permet aux producteurs locaux de diversifier leurs productions et leurs sources de revenu.

1.2.3. La filière sucre : une filière en crise et en attente de privatisation

La canne à sucre est produite sur tout le territoire de Madagascar et se répartit entre culture industrielle et culture paysanne. En 1999-2000, sur une superficie totale de 67 000 ha, la culture industrielle ne représentait que 10 000 ha. Aujourd'hui les deux industries sucrières représentent 14 000 ha récoltables. L’industrie sucrière est dominée par deux entreprises : la SIRAMA (Siramamy Malagasy) entreprise publique en cours de privatisation et la SUCOMA (Sucre Complant de Madagascar, firme chinoise qui a pris l’ex-SIRANALA en location-gérance en 1997. La SIRAMA regroupe 4 complexes sucriers (Ambilobe, Namakia, Nosy-Be et Brickaville) d’une capacité d’origine de production annuelle de 118 000 tonnes de sucre, 101 000 hl d’alcool pur et 400 tonnes de levure48. Ces dernières années, la SIRAMA a produit moins de 20 000 tonnes par an. En

45 Les normes à respecter pour l’exportation sur le marché européen figurent en annexe. 46 Les caractéristiques du contrat figurent en annexe. 47 Voir contrôle et supervision par la société en annexe. 48 : L’activité de levurerie ne fonctionne plus depuis 1988 pour cause d’un non-respect des normes de qualité.

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2003, cette production était estimée à 10 049 tonnes, soit 8,5 % de sa capacité. En juin 2004, la SIRAMA a remis en location gérance son unité d'Ambilobe à la société mauricienne Lenferma, en août 2004 son unité de Namakia et en novembre 2004 ses unités de Nosy Be et Brickaville au groupe réunionnais Tom. Ces locations gérance avaient pour objectif de relancer la production pour la campagne 2004/2005. Malheureusement cette option n'a pas eu l'effet escompté et la production a continué à baisser pour atteindre 9 700 tonnes en 200549. La SUCOMA dispose d’un complexe sucrier situé dans la plaine de Morondava. Sa capacité de production est de 20 000 tonnes de sucre par an. En 2003, la SUCOMA a produit 15 223 tonnes de sucre, soit environ 75% de sa capacité. L’entreprise produit du sucre blanc export (quota ACP) et du sucre blanc pour le marché local.

Graphique 24. Production de sucre

Source : CMCS

Notons qu'en 2002/03 sur une production totale de 2 238 370 tonnes de canne à sucre, la production industrielle ne représentait que 920 000 tonnes, soit environ 41 % de la production totale50. La crise actuelle que connaît l'industrie sucrière est due :

• aux difficultés financières qu’ont traversées les sociétés et qui ne leur permet pas d’assurer des plantations, d’où les chutes de rendement pour la SIRAMA ;

• et à l’obsolescence de certaines structures. L’industrie sucrière emploie 15.000 personnes, dont 4.800 permanents. La filière génère 70.000 emplois directs et indirects.

49 Voir évolution de la production sucrière en annexe. 50 Statistiques agricoles MAEP et Note UPDR ( Filière sucre et enjeux internationaux )

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Description de la filière

Les principaux acteurs de la filière 886.000 exploitations produisent de la canne à sucre (toutes tailles et modes de production confondus) d’après les statistiques agricoles de 2002-03, soit 37% environ des exploitations agricoles malgaches. Les surfaces cultivées se concentrent autour des sites sucriers de la SIRAMA dans les régions d’Ambilobe, Namakia, Nosy-Be, Brickaville ; et de la SUCOMA dans la Commune d’Analaiva-Morondava51.

Les planteurs approvisionnent la SIRAMA en canne à sucre : 500 d’entre eux sont regroupés dans 21 coopératives organisées par la SIRAMA. La canne peut être vendue directement sur les marchés locaux comme canne de bouche. Certains planteurs la transforment en sucre52 de manière artisanale et informelle, et ces produits sont destinés aux consommateurs locaux. Des commerces villageois en assurent la vente. La SUCOMA assure elle-même son approvisionnement à travers un domaine de 6.000 ha, dont environ 2.200 ha sont aménagés.

La SIRAMA achète 20% de son approvisionnement en canne auprès de petits ou gros planteurs53. L’usine dispose d’une sucrerie et d’une distillerie. Une part du sucre produit va sur le marché local, et une partie est exportée. Les produits de la distillerie (mélasse et alcool) sont destinés au marché local. La SIRAMA a eu aussi une activité de levurerie, abandonnée en 1988 pour cause d’un non-respect des normes de qualité. La SIRAMA octroie des licences à des grossistes chargés d’écouler les produits sur les marchés locaux. La SUCOMA transforme en sucre et en alcool la canne récoltée sur son domaine sucrier de Morondava. Son usine de transformation a été construite en 1983. Sa production de sucre approvisionne le marché local et le marché international. Des mini-sucreries, spécialisées dans la canne à sucre biologique, sont en cours d’implantation sur la Côte Est de l’île.

Dans le cadre d'accords d'accès préférentiels à certains marchés, Madagascar est bénéficiaire des préférences commerciales européennes en tant que membre du groupe ACP et dispose d’un quota annuel de 10.000 tonnes de sucre (Convention de Lomé). Par ailleurs, les Etats-Unis ont alloué un quota de 7.258 tonnes de sucre brut par an à Madagascar depuis 1996. Ces exportations se font à des prix plus élevés que le cours du sucre sur le marché mondial. Ces prix étaient pour l’Union Européenne en 1999/2000 de 646,5 euros la tonne CAF de sucre blanc et de 523,7 euros la tonne CAF de sucre brut, et pour les Etats-Unis, un prix garanti de 415,9 US$ la tonne FOB. Dans le cadre de la réforme de l'organisation commune de son marché du sucre l'Europe va diminuer sensiblement

51 Voir carte et description des sites de production en annexe. 52 « Siramamy gasy » ou sucre malgache en briquette, évaluée à 10% de la production nationale de sucre par MDP-JEXCO (2004) ou boissons alcoolisées comme le « betsabetsa » et le « toaka gasy », dont la fabrication et la vente sont interdites à Madagascar. 53 Voir détail en annexe.

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ce prix garanti. Par ailleurs, en tant que PMA, Madagascar bénéficiera dès 2009 d'un accès à droits 0 et sans quota au marché européen.

Par ailleurs, Madagascar exporte sur le marché libre des quantités variables mais décroissantes, elles sont passées de 31.547 tonnes en 1999/2000 à 3.981 tonnes en 2002/2003. Bien que les exportations de sucre aient quasiment cessé et que Madagascar n’arrive plus à remplir son quota sur les marchés à l’exportation, les sucreries essaient de diversifier les produits et leur destination54.

Les importations de sucre (cf. tableau 11 du chapitre 1) viennent principalement de l’Afrique du Sud, de la France, d’Allemagne et des Pays-Bas.

La filière sucre reçoit l’appui du Centre Malgache de la Canne et du Sucre (CMCS) qui encadre les planteurs, sert d’intermédiaire entre les sucreries et les planteurs, donne un appui technique en introduction variétale et sert de négociateur pour les quotas à l’export vers l’Union Européenne.

Détermination et structure des prix La SIRAMA a le monopole d’achat auprès des planteurs dans les régions où elle intervient. Le prix d’achat de la canne est fixé d’un commun accord avec le CMCS qui défend ici les intérêts des producteurs. Le sucre produit localement est relativement plus cher que le sucre importé, même après application des droits et taxes55. Des licences sont octroyées à des grossistes pour la commercialisation du sucre provenant de la SIRAMA et destiné au marché local. Ces grossistes peuvent alors exiger un prix plus élevé lors de la distribution. Le système nuit aux consommateurs malgaches car le marché n’est pas concurrentiel et l’entrée sur ce marché n’est pas libre.

Le prix à l'exportation vers le marché européen est, quant à lui, fixé dans le cadre de la PAC pour les pays ACP fournisseurs. Ce prix garanti va diminuer du fait d'une réforme de l'organisation commune du marché du sucre européen. Les quotas d'exportation vers les Etats-Unis bénéficient aussi d'un prix garanti.

Degré d’intégration La SUCOMA est une industrie intégrée, elle assure la production de sucre de la canne jusqu'à la transformation industrielle sur son complexe sucrier.

La SIRAMA suit ce schéma pour 80% de son approvisionnement en canne. Pour les 20% restant, elle travaille avec des groupes de producteurs qui, toutefois, n’ont pas d’engagement contractuel formel avec la société. Depuis quelques années certains fournisseurs n’ont pu être payés en raison des difficultés que rencontre la société.

Degré de concentration La SIRAMA détient le monopole de l’achat de la canne au niveau des planteurs en vue de sa transformation industrielle. Cette société est une entreprise publique privatisable depuis 1998 et est en cours de privatisation.

Résumé

• La canne à sucre est une filière très concentrée, puisqu'il n'existe que deux entreprises de transformation de la canne.

• C'est une filière très intégrée via une contractualisation avec des planteurs dans le cas de la SIRAMA et une production en régie pour la SUCOMA.

• La SIRAMA principale entreprise sucrière est toujours majoritairement à capitaux publiques est très déficitaire. Sa privatisation est en cours.

54 Voir détail en annexe. 55 Voir structure des prix du sucre importé et du sucre produit localement en annexe.

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• La production sucrière, du fait de la crise que traverse la SIRAMA, a considérablement entraînant des besoins d'importations croissants estimés aujourd'hui à 100 000 tonnes et ne permettant pas de remplir les quotas d'exportation à prix garanti dont bénéficie Madagascar.

• Cette situation témoigne d'une mauvaise gestion d'une entreprise publique qui bénéficie depuis longtemps de quotas d'exportation à prix garanti vers le marché européen et le marché américain plus élevé que le cours mondial et aurait donc du favoriser le développement de cette filière.

1.2.4. La filière lait

La production Le cheptel bovin est estimé à 8 millions de têtes, dont 1,5 millions de vaches en lactation. La production de lait est saisonnière, elle diminue de 25% à 50% en saison sèche. Elle est concentrée sur les hauts plateaux (triangle laitier) et est estimée à 300 millions de litre par an. 30 millions de litres de lait seraient commercialisés, dont 15 millions de litres transformés. La valorisation de la production laitière est donc faible. Le cheptel est essentiellement constitué de zébus dont la production est relativement faible (300 litres par lactation, soit 2,7 à 3,6 litres/j), de Rana (croisement entre une femelle zébu et un mâle taurin importé) qui peuvent produire de 5 à 8 litres de lait par jour en période de lactation. Enfin, on estime à 50 000 le nombre de vaches laitières issues d’une race pure (Normande, Frisonne, Holstein, Pie rouge norvégienne). Leur production varie entre 3000 et 5000 litre par lactation suivant la race. Notons que le cheptel est indemne des principales maladies contagieuses africaines (peste, péripneumonie et fièvre aphteuse) et des trypanosomiases. Par contre les charbons et les parasitoses sont très répandus. Une des principales contraintes à la production est la bonne alimentation du bétail. Une vache laitière a besoin de 0,4 à 0,75 ha de culture fourragère. La faiblesse de l’alimentation explique en partie la mauvaise qualité sanitaire du lait produit ce qui pose des problème de conservation, notamment pour le lait UHT. La consommation par habitant est très faible, elle est en moyenne de 4kg par an, contre 40 kg par an en moyenne pour l’ensemble des pays en développement. Et la demande en produits laitiers est aujourd’hui loin d’être satisfaite. Pour améliorer la production le MAEP, avec l'appui du PSDR, a récemment encadré l'importation de vaches laitières de Nouvelle Zélande destinées aux producteurs industriels et aux organisations d'éleveurs. Dans le cadre de cette opération les opérateurs bénéficiaient d'un crédit à taux 0 de la part du PSDR.

Les principaux acteurs de la filière Il existe une multitude d’éleveurs. On estime qu’ils sont plus de 500 000 qui vendent une partie de leur lait, dont 10 000 producteurs industriels ou artisanaux travaillant avec des races améliorées. La majorité des éleveurs ont moins de 5 vaches et une grande partie du lait est auto-consommée. La filière lait est relativement segmentée puisqu'une grande partie du lait est vendu frais aux consommateurs. Il existe aussi de nombreuses petites unités de transformation artisanales. Enfin, pour le segment industriel, la filière est relativement concentrée en aval avec l'existence de deux sociétés qui transforment le lait (TIKO et SOCOLAIT) qui se sont installées dans les années 1980, dont la dernière suite à la privatisation de la SMPL.

Une partie du lait est donc vendue directement par les éleveurs et une partie est collectée. La collecte traditionnelle repose sur des « trayeurs cyclistes » ou des « trayeurs à pied » qui traient de 5 à 15 vaches par jours. Il existe également des ramasseurs spéculateurs en voiture. La collecte

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traditionnelle est en particulier utilisée par les transformateurs artisanaux (3 à 800 litres par jour) et pour la vente aux particuliers. La collecte organisée est pratiquée en particulier par les unités de transformation industrielles comme Tiko et Socolait. Les éleveurs amènent le lait aux points de collecte, puis il est transporté par camion citerne ou par camionnettes vers les usines de transformation. Tiko dispose d’une unité de transformation aux normes européennes de capacité journalière de 180 000 litres encore sous-utilisée. Tiko collectait en 2003 dans 30 centres, auprès de 5 000 producteurs, en moyenne de 25 000 à 35 000 litres de lait par jour. Tiko produit du lait UHT, du yaourt, du fromage, du beurre et de la crème fraîche. En 2002, Tiko a produit : 691 000 litres de lait entier en sachet, 553 600 litres de lait demi-écrémé UHT et 902 000 litres de yaourt nature. Socolait est spécialisée dans la production de lait concentré et de farine lactée infantile. Elle fabrique aussi du yaourt à boire, du fromage et de la crème fraîche. Elle collecte en moyenne 4 000 litres par jour pendant 6 mois auprès de 500 éleveurs (6 centres de collectes aux alentours d’Antsirabe). Les prévisions de production de Socolait pour 2003 étaient de 4 493 tonnes de lait concentré sucré, 1 123 tonnes de Kaoatry concentré sucré, 300 tonnes de Farilac et 500 000 litres de yaourt à boire nature sucré. Notons que les entreprises industrielles ou semi industrielles utilisent du lait en poudre importé pour assurer leur production. Parmi les autres entreprises de transformation, citons : la Hutte canadienne, CPLP LATI, TELINA, la Grande Ile, ALIVA. Ces entreprises en général encadrent les producteurs et fournissent des produits vétérinaires et de l’aliment pour le bétail. Il existe chez Tiko un département de vulgarisation pour améliorer les techniques d’élevage et une activité d’insémination pour améliorer la productivité du troupeau. Il existe aussi de nombreux fabricants artisanaux dont les plus importants sont la ferme école de Tombontsoa et la ferme école de Bevalala qui écoulent respectivement 450 000 litres et 300 000 litres de lait par an. La filière a disposé d’une interprofession l’AROM, créée avec le PSE (Programme Sectoriel Elevage) en 1998, qui regroupait théoriquement tous les acteurs professionnels de la filière lait au sein du « triangle laitier ». Depuis 2004, la profession s'est regroupée au sein d'un Dairy Board créé avec l'appui de la FAO. Cette structure a pour mission de coordonner l’ensemble des actions et orientations concernant la filière. En 1998, on comptabilisait 927 associations de base d’éleveurs laitiers, et en 2000, elles n'étaient plus que 256. Il existe aussi une interprofession régionale de Vakinankaratra, l’IPROVA qui travaille avec 9 000 éleveurs et 90 transformateurs. Citons également le cas de Rova, une coopérative de 285 éleveurs dans la région de Vakinankaratra. La filière lait a bénéficié du Programme Sectoriel Elevage de 1991 à 1999 qui a eu un impact significatif sur la production laitière. Aujourd’hui, elle bénéficie de l’appui du PSDR. FIFAMANOR opère également dans le triangle laitier en matière de vulgarisation et d’amélioration génétique, d’alimentation animale, de santé animale et de projet de piste laitière. Enfin, notons également l’appui du FOFIFA qui intervient par l’intermédiaire de son Département de Recherches Zootechnique.

Détermination et structure des prix Le prix du lait est libre, cependant il est fortement conditionné, du moins dans le triangle laitier, par le prix d'achat fixé par Tiko premier groupe industriel laitier du pays : aujourd'hui 400 Ariary le litre de lait frais dans le triangle laitier contre environ 700 Ariary le litre sur le marché de Tana. Le prix des produits laitiers est également influencé par les prix des produits importés. Ainsi, en 2002 Madagascar a importé 3 669 tonnes de produits laitiers pour un montant total de 7,7 milliards d’Ariary. Les importations de lait sont concentrées sur la poudre de lait et le lait concentré, utilisés notamment par les entreprises de transformation (85% en valeur), puis le fromage (9%), et le lait et crème de lait (3%).

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Pour promouvoir la production nationale, les produits laitiers sont soumis à une protection relativement élevée. Le cumul des droits et redevances, autres que la TVA sur les produits finis, constitue théoriquement une forte protection de la production locale et permet une taxation plus faible sur les matières premières utilisées comme intrants pour les industries locales.

Degré d’intégration Le degré d'intégration est relativement élevé puisque deux sociétés industrielles, SOCOLAIT et surtout TIKO, organisent leur approvisionnement soit directement à partir de leur cheptel propre (TIKO) soit via des producteurs de lait auxquels ils fournissent aussi des services (encadrement des producteurs et fourniture de produits vétérinaires et de l’aliment pour le bétail). Ce lait collecté, mélangé à la poudre de lait importée, permet la production d'une large gamme de produits laitiers vendus dans tous le pays, tant dans les petites épiceries que les grandes surfaces. Il s'agit donc d'une des rares filières agro-industrielles intégrant la production jusqu'à la transformation. Cependant, la production de lait est encore loin de satisfaire la demande locale puisque Madagascar a importé en 2002 près de 4 000 tonnes de produits laitiers, essentiellement constitués de poudre de lait utilisée par les industriels.

Degré de concentration En amont, le degré d'intégration est relativement faible et la production relativement atomisée puisque l'on estime qu'il y a 500 000 producteurs qui vendent une partie de leur lait. Parmi ces producteurs, seuls 10 000 producteurs industriels ou artisanaux travaillent avec des races améliorées. Certains de ces producteurs sont regroupés en associations et bénéficient d'appui d'ONG ou de projets de coopération. Notons aussi que la production est concentrée géographiquement sur les Hautes Terres. En aval par contre, il existe, notamment dans le triangle laitier, une certaine concentration au niveau de la transformation. Deux industries laitières dominent le secteur : Tiko et Socolait dans une moindre mesure. A côté de ses industries, il existe de nombreux fabricants artisanaux de produits laitiers, dont les plus importants sont la ferme école de Tombontsoa et la ferme école de Bevalala.

Résumé

• La filière lait est une filière très atomisée, avec, en amont, une productivité moyenne relativement faible et des problèmes de qualité du lait produit. Une partie de la production est autoconsommée et une partie valorisée.

• En dehors de l’autoconsommation, la filière lait est relativement segmentée puisqu'une grande partie du lait est vendu frais aux consommateurs. Il existe aussi de nombreuses petites unités de transformation artisanales. Enfin, pour le segment industriel, la filière est relativement concentrée en aval avec l'existence de deux sociétés qui transforment le lait (TIKO et SOCOLAIT) qui se sont installées dans les années 1980, dont la dernière suite à la privatisation de la SMPL.

• Alors que la consommation par habitant est particulièrement faible, la production de lait est toujours très insuffisante face à la demande, ce qui conduit à des importations non négligeables de poudre de lait par les deux sociétés industrielles.

• La protection des produits transformés offre toutefois une protection suffisante pour le développement d'une production de produits à forte valeur ajoutée.

• Dans le triangle laitier, le prix est fortement influencé par le prix d'achat fixé par TIKO, ce qui peut être une contrainte pour leurs producteurs locaux, en particulier les moins compétitifs.

• Pour améliorer la production, le MAEP, avec l'appui du PSDR, a d'ailleurs récemment encadré l'importation de vaches laitières de Nouvelle Zélande destinées aux producteurs industriels et aux organisations d'éleveurs. Dans le cadre de cette opération, les opérateurs bénéficiaient d'un crédit à taux 0 de la part du PSDR. Il s'agit à la fois d'améliorer la productivité des animaux et la qualité du lait produit.

• Notons enfin que la filière est organisée dans le cadre du Dairy Board, sensé coordonner l’ensemble des actions et orientations concernant la filière.

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1.2.5. La filière coton : une privatisation récente pour répondre à la crise

L’organisation de la filière, depuis le démarrage des actions de développement de la culture cotonnière à Madagascar, est marquée par trois périodes distinctes :

• Avant 1979, la Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles (CFDT) dominait le secteur,

• De 1979 à 2004, après la nationalisation du secteur, la société d’Etat HASYMA est en situation de monopôle,

• Depuis 2005, HASYMA a été privatisée et son capital racheté par DAGRIS.

Le secteur coton, comme celui du sucre, est donc caractérisé par une intervention marquante de l’Etat jusqu'à récemment. C'est également une filière qui a traversé une situation très difficile. Du fait de la baisse du prix d’achat au producteur, liée à chute des cours internationaux, la production de coton a accusé une baisse de près de 75% entre 1999 et 2002. Depuis elle se redresse lentement. En 2003, HASYMA a produit 11 327 tonnes de coton graine et la production est estimée à près de 14 000 tonnes pour 2004.

Pour 2005, HASYMA prévoyait une production de 23 650 tonnes, pour une surface totale de 23 095 hectares, l'objectif étant d'atteindre à terme les 50 000 tonnes. HASYMA-DAGRIS a prévu des investissements nouveaux, afin d'une part d'augmenter la production de coton et d'améliorer la qualité du coton produit d’autre part, en vue de répondre tant à la demande nationale qu'internationale. Notons qu'il existe avec FOFIFA un partenariat historique en matière de recherche/développement, tant en matière de lutte contre les nuisibles que d'essais de nouvelles variétés. Tableau 24. Surface (hectares) et production de coton graine (tonnes) à Madagascar

Surface totale Production totale Surface HASYMA Production totale HASYMA 1999 35189 34625 32551 30206 2000 28553 27369 24227 20134 2001 28413 26674 24372 19805 2002 12095 8156 12095 8156 2003 14882 11327 14882 11327 2004 18238 13979 18238 13979 2005 23095 23650 23095 23650

Source HASYMA

Description de la filière

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Les principaux acteurs de la filière

• Avant 1979, le principal acteur du secteur était la CFDT. et les principaux clients locaux en fibre de coton étaient la COTONA, la SOTEMA et la SOMACOU. A partir de la campagne 1963, le produit net de la vente des sous-produits était versé entièrement à une Caisse de Stabilisation.

• Entre 1979 et 2004, suite à un transfert d’actions à l’Etat Malgache, HASYMA56 a pris la relève en gardant les principales fonctions de la CFDT, à savoir l’encadrement de la culture, la distribution des intrants nécessaires à la production, la collecte du coton graine, l’égrenage, la commercialisation de la fibre, des graines et des sous-produits et la gestion des bâtiments et équipements industriels existants.

• L’intervention de HASYMA est marquée par la création des groupements de planteurs dénommés FMH (« Fikambanan’ ny Mpamboly miara-miasa amin’i Hasyma ») ou Association des planteurs collaborant avec HASYMA) à partir de 198957. En 2003, on dénombre 142 FMH fonctionnels avec 545 planteurs à Ambilobe, 301 FMH avec 2.345 planteurs à Mahajanga et 709 FMH avec 3.878 membres à Tuléar. En 2003, l’ensemble des FMH regroupe près de 6.800 cultivateurs de coton. A ceux-ci se sont ajoutés les producteurs individuels au nombre de 4000 environ.

• Depuis 2005, le capital de HASYMA a été racheté par la société privée DAGRIS. HASYMA-DAGRIS s’approvisionne auprès des producteurs de coton-graine et assure les fonctions de production de coton fibre, semences et graines de coton. Une partie de cette production sert à la production de semences. En effet, la société approvisionne les producteurs en semences et autres intrants nécessaires dans la culture du cotonnier.

Jusqu'en 2004, environ la moitié de la production de coton fibre était exportée. L’autre moitié est destinée aux filatures établies sur le territoire malgache : COTONA, Société Malgache de Couverture ou SOMACOU.

Les graines de coton sont destinées essentiellement aux huileries et unités de trituration des sociétés SIB (Société Industrielle du Boina), SEIM (Société d’Exportation et d’Importation de Madagascar) et DRAMCO (SOMEAH Consultants d’après HASYMA, 2005). La société TIKO Oil Products prévoit aussi d’intervenir sur ce marché de transformation des graines de coton en huile et tourteaux.

Détermination et structure des prix Avant 1979, les prix étaient fixés par décision du Gouvernement. Entre 1979 et 2004, le prix local était fixé par accord entre les différentes firmes locales (ayant à leur tête HASYMA) et lié aux prix mondiaux58.

Depuis 2004, HASYMA-DAGRIS, en tant que seul acheteur de coton graine, fixe les prix. Le prix d’achat du coton graine est calculé en tenant compte du coût de production des planteurs, mais est surtout fortement conditionné par les cours mondiaux des fibres qui ont connu une forte chute ces dernières années.

Degré d’intégration HASYMA-DAGRIS travaille étroitement avec des paysans déjà ciblés, qui bénéficient d’aides sous forme d’avance sur produits, en semences, engrais, produits phytosanitaires et matériels comme les charrues ou les pulvérisateurs. Ces avances sur produits sont remboursées pendant la période de récolte moyennant intérêt (dont le taux a été fixé à 15% par la Bank Of Africa en 2004). Les cotonculteurs peuvent acheter au comptant les matériels. Les cotonculteurs bénéficient aussi de l'appui technique de HASYMA.

HASYMA fixe ses contrats d’achats avec les producteurs locaux en début de saison de production. Pour la campagne 2005, le pourcentage de vente sur le marché national atteint 95% de la production. La baisse des exportations est surtout intervenue en 2004.

En aval, il n'existe plus que deux filatures à Madagascar, la COTONA et SOMACOU, qui représentent le débouché quasi exclusif du coton malgache en 2005.

56 Voir description de la HASYMA en annexe. 57 Voir détail sur les fournisseurs de coton-graine de HASYMA en annexe. 58 La comparaison des prix HASYMA et du cours mondial figure en annexe.

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La filière coton malgache bénéficie plus en aval encore de l'existence d'un secteur textile très développé tourné essentiellement vers l'exportation. En 2003, ce secteur comptait 114 entreprises. Sa production représentait 29% du PIB industriel. L’industrie textile emploie près de 30% des salariés du secteur industriel formel, soit environ 120 000 emplois (75% des emplois en zone franche). Elle engendre également environ 80 000 emplois indirects dans les secteurs des services et de la culture du coton.

Ce secteur bénéficie d'avantages particulier qui permettent à Madagascar d'être concurrentiel même face à la production chinoise, sur des marchés de moyenne et haute gamme : existence des zones franches, faiblesse des coûts de main d’œuvre, savoir faire reconnu, production d’un coton de qualité et accès privilégié aux marchés européen (Accords de Cotonou et Initiative Tout sauf les armes) et américain (AGOA III). Le secteur textile est demandeur de fibre de coton qui pourrait être fournies par la production nationale. Or, en 2004, la production de fibres était estimée à 4 545 tonnes, dont 2400 tonnes destinées au marché local et 2 050 tonnes exportées, alors que la demande nationale était estimée à 27 500 tonnes.

Pour appuyer la relance de la filière coton et s'appuyer en particulier sur le développement du secteur textile, Madagascar a créé en 2004 une plate-forme nationale de concertation sur le secteur coton textile, ayant pour objectif principal d'élaborer un plan d'action pour le secteur cotonnier à Madagascar pouvant être proposé pour financement dans le cadre du partenariat UE-Afrique sur le coton.

Degré de concentration Depuis octobre 2004, suite au contrat de cession et d’acquisition d’actions passé entre la République de Madagascar et DAGRIS, le capital social de HASYMA-DAGRIS est actuellement réparti entre DAGRIS (90%) et l’Etat malagasy (10%). Si les producteurs sont nombreux et organisés pour la plupart en organisations de planteurs, HASYMA-DAGRIS est l'unique société cotonnière du pays, à l'exception d'une très faible production de coton PIMA assurée par une société privée.

Résumé

• La filière coton est une filière concentrée, puisqu'il n'existe aujourd'hui qu'une seule entreprise cotonnière HASYMA-Dagris.

• Cette filière a bénéficié historiquement des appuis de l'Etat, mais est privatisée depuis 2004.

• Suite à la forte chute des cours internationaux, la filière coton malgache, comme dans la plupart des pays producteurs d'Afrique, a connu une période très difficile se traduisant par une forte chute de la production au début des années 2000.

• HASYMA-Dagris prévoit des investissements importants pour relancer la production et améliorer la qualité du coton produit, dont les premiers effets commencent à se faire sentir.

• Il s'agit d'une filière très intégrée puisque HASYMA-DAGRIS travaille étroitement avec des paysans déjà ciblés, qui bénéficient d’aides sous forme d’avance sur produits, en semences, engrais, produits phytosanitaires et matériels de l'appui technique de HASYMA.

• En aval, il n'existe plus que deux filatures, par contre la filière coton bénéficie plus en aval encore de l'existence d'un secteur textile très développé, tourné essentiellement vers l'exportation.

• En 2004, la production de fibres était estimée à 4 545 tonnes, dont 2400 tonnes destinées au marché local et 2 050 tonnes exportées, alors que la demande nationale était estimée à 27 500 tonnes.

• Pour appuyer la relance de cette filière coton en lien avec le secteur textile, Madagascar a mis en place une Plateforme de concertation coton textile dont l'objectif est de finaliser un Plan d'action pouvant bénéficier de l'appui du partenariat UE - Afrique sur le coton

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1.2.6. La filière crevette : un bon exemple de durabilité et de diversification à l’export

Le secteur de la pêche est, après celui du textile, le deuxième secteur d’exportation de Madagascar. La crevette représente ainsi 12% des exportations malgaches en 2005. La filière crevettière est une filière segmentée puisqu'il existe une filière pêche artisanale, une filière pêche industrielle et une filière aquaculture. Les différents segments sont cependant très connectés.

La pêche crevettière (incluant la pêche traditionnelle, artisanale et industrielle) représente environ 8,4% du PIB. Le secteur a atteint son "niveau maximal" (préservation du capital naturel) avec une production autour de 12 000 tonnes par an, dont près de 70% viennent de la pêche industrielle. Ce secteur fournit environ 10 000 emplois directs et 30 000 emplois indirects. Face à la concentration de l’activité économique sur les Hautes Terres, la pêche crevettière permet une diversification géographique de création de revenus.

La pêche artisanale évolue actuellement vers la collecte auprès des pêcheurs traditionnels pour approvisionner les armateurs industriels. La pêche traditionnelle est elle très vivace et dans certaines zones (côte Ouest), elle complète bien la production agricole (pluriactivité rurale).

L’aquaculture a permis une augmentation de la production par diversification de l’activité crevettière. Ce sont souvent les entreprises de pêche industrielle qui se sont diversifiées vers l’aquaculture (par exemple Pêcheries de Nosy-Be avec AQUALMA puis UNIMA). L’aquaculture crevettière représenterait 5,2% du PIB national. Son apport en termes de recettes publiques est faible, dans la mesure où les firmes sont établies sous le régime de zone franche. La pêche rapporte plus au budget de l’Etat grâce aux licences de pêche industrielle mais moins que dans d’autres pays59. Son impact économique et social, à travers les emplois générés par six sociétés industrielles, est bien plus important. La production de l’aquaculture de crevettes a connu une forte croissance, de 6 021 tonnes en 2003 à 10 500 tonnes en 2004. Le potentiel est encore considérable. Les sites aménageables sont estimés à plus de 11 000 ha de surface nette en eau pouvant produire 54 000 tonnes de crevettes en mode semi intensif.

La filière crevette est un bon exemple de diversification des exportations malgaches, face à l’instabilité d’autres produits (vanille, café…). La quasi-totalité de la production est exportée (plus de 95%), essentiellement vers l’Europe et en particulier vers la France (plus de 50% des exportations).

D’après une étude réalisée en 1998, au commencement de l’aquaculture crevettière (5 000 tonnes produites par une seule entreprise), l’ensemble de la filière crevette représentait déjà 37 milliards d’Ariary de valeur ajoutée incluse (i.e. sommation de la valeur ajoutée de la filière et des retombées économiques dans le pays : réparation navale, emballage, quincaillerie, eau et carburant…)60.

Madagascar bénéficie peu de la filière, étant donné la forte convergence de cette économie (nécessité d’importer la plupart des consommations intermédiaires). la pêche traditionnelle crée beaucoup moins de valeur ajoutée que la pêche industrielle, mais est beaucoup plus intégrée à l’économie locale.

La filière crevette représentait 3,2% des importations (consommations intermédiaires) et 8,1% des exportations soit un excédent de 26,7 milliards d’Ariary, non négligeable comparé au déficit de 168,6 milliards d’Ariary de la balance commerciale dans un pays par ailleurs endetté à hauteur de plus de 100% de son PIB. Avec le développement de l’aquaculture, l’impact de cette filière sur la balance commerciale devrait s'accroître.

Les crevettes malgaches se positionnent dans le haut de gamme. La question des normes et de la traçabilité figure parmi les préoccupations des acteurs du secteur regroupés au sein du Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar (GAPCM). Le WWF travaille avec le groupe UNIMA61 pour la mise en place de l’écocertification dans le secteur.

59 L’étude de 1998 sur les retombées de la pêche crevettière à Madagascar a montré, avant relèvement du niveau des licences, que l’Etat recevait seulement 7% de la valeur ajoutée, ce qui était inférieur au taux moyen de taxation des activités à Madagascar (recettes fiscales totales / PIB) et inférieur à la part de l’Etat dans le partage de la valeur ajoutée de la filière pêche dans d’autres pays africains (de l’ordre de 15%). 60 La valeur économique de la ressource crevettière à Madagascar, Article In Kourkouliotis K. et Ranaivoson E. (eds), Aménagement de la pêche crevettière malgache, rapport technique de l’atelier organisé à Antananarivo du 17 au 19 juin 1998, Programme sectoriel Pêche, PNUD/FAO, p 127-160, Henry F., Dabat M.-H., Rakotomanjaka J. 61 Voir description du Groupe UNIMA en annexe.

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Résumé

• La filière crevette a un impact important sur la création de valeur ajoutée, l’équilibre de la balance commerciale, la création d’emploi et l’aménagement du territoire.

• La filière crevettière est une filière segmentée puisqu'il existe une filière pêche artisanale, une filière pêche industrielle et une filière aquaculture. Les différents segments sont cependant très connectés.

• La pêche industrielle et l’aquaculture sont des secteurs très concentrés, la filière a évolué vers l’intégration des secteurs de la pêche artisanale et de la pêche traditionnelle qui approvisionnent les entreprises industrielles, seules à avoir accès aux marchés d’exportation.

• La diversification de la pêche vers l’aquaculture est une garantie de durabilité de cette filière. En outre, la crevette malgache se positionne très bien sur le marché international des produits de qualité.

• Un des enjeux majeurs de cette filière orientée vers l'exportation est le respect des normes et la traçabilité.

1.2.7. La filière litchi : organisation de la commercialisation autour de la qualité export

Bien que basée quasiment uniquement sur la cueillette, le litchi est devenu une production majeure à Madagascar, tant en termes d’emplois que de source de devises. Madagascar est ainsi devenu le premier exportateur mondial de litchi vers l’Europe, avec une part de marché d'environ 70% contre 15% pour le Brésil et l’Afrique du Sud.

La production nationale62 est estimée autour de 180.000 t pour la saison 2005/06 et l’exportation63 a atteint près de 24 000 t de fruits en 2005/06. La production occupe, saisonnièrement, près de 2,5 millions de ruraux répartis sur la côte Est de l’île (MAEP/MICDSP, 2006).

Une trentaine d’exportateurs de litchi opèrent dans la Grande Ile, la plupart se consacrant à l’exportation de litchi frais, la transformation n’étant pas encore développée. Face à eux quelques grands exportateurs européens sont organisés dans le cadre du Groupe Rungis et pré financent en général l'exportation; ce sont eux qui font le prix.

Graphique 25. Evolution de l’exportation de litchi

Source UPDR-MAEP

62 Voir évolution de la production par province en annexe

63 Voir évolution des exportations de litchi entre les campagnes 1987/88 à 2005/06

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La qualité du produit est la principale contrainte pour les exportations de litchis malgaches. Tous, ou la majorité des litchis exportés actuellement, proviennent de la cueillette et sont souffrés. Les ventes en frais et en biologiques ont quasiment disparu, preuve qu’il existe à Madagascar trop de contraintes (techniques et administratives) pour que ce créneau se développe. Les opérateurs malgaches se sont ainsi spécialisés dans la vente en masse de litchis de qualité moyenne. Et la course à la quantité semble se faire au détriment de la qualité. La qualité des litchis de Madagascar est hétérogène en termes de calibre, coloration, fraîcheur, présentation et saveur. Cette hétérogénéité des produits donne une mauvaise image de la production malgache sur des marchés où l’exigence est de plus en plus élevée. Avec le développement des normes (par exemple Eurepgap) et la mise en place de la traçabilité en Europe, la qualité des produits est aujourd'hui l'enjeu majeur pour le développement et même l'avenir de la filière litchi à Madagascar. Cela est d'autant plus vrai que le pays doit faire face à une concurrence croissante des litchis d'Afrique du Sud, produits sur de grandes exploitations et répondant déjà aux exigences de traçabilité et de normes fixées en Europe.

Pour pouvoir répondre à l’exigence des marchés européens, des efforts soutenus d’organisation de la filière ont été réalisés avec l’appui du Centre Technique Horticole de Tamatave (MAEP/MICDSP, 2006). Il existe également un Groupement des Exportateurs de Litchi (GEL) et récemment une plate forme de concertation a été mise en place.

La filière litchi bénéficie, depuis 1997, de l’appui financier et technique de l’Union Européenne et du Ministère Français des Affaires Etrangères, qui ont contribué, en collaboration avec les importateurs, au développement de la filière litchi. En 2001, le CTHT (Centre technique Horticole de Tamatave), association interprofessionnelle, a été créé. Ses activités concernent notamment : le renouvellement des plants, le développement et la diffusion de bonnes pratiques agricoles, la réalisation d’un contrôle qualité, en particulier en matière de résidu de soufre et de traçabilité, le suivi des exportations vers l’Europe, la vulgarisation, via des fiches-produits destinées aux paysans et petits producteurs, le suivi de la floraison et de la fructification du litchi pour aider à la décision des dates de lancement de la campagne. Lors de la dernière campagne, certains exportateurs ont adopté la norme Eurepgap et ont été certifiés. Certains, comme Faly Export, développent actuellement, en collaboration avec des groupements de paysans, une production de litchi dans des vergers afin d'améliorer la qualité des produits et de faciliter la mise aux normes et la certification. Le litchi est donc l'exemple même d'une filière tournée vers l'exportation, qui sous la pression de la demande de produits de qualité, évolue vers une production mieux organisée.

Résumé

• La filière litchi est devenue un fleuron des exportations malgaches vers le marché européen.

• La production occupe, saisonnièrement, près de 2,5 millions de ruraux répartis sur la côte Est de l’île et est essentiellement une production de cueillette.

• Une trentaine d’exportateurs de litchi opèrent dans la Grande Ile face à quelques importateurs européens qui fixent le prix du litchi.

• Avec le développement des normes (par exemple Eurepgap) et la mise en place de la traçabilité en Europe, la qualité des produits est aujourd'hui l'enjeu majeur pour le développement et même l'avenir de la filière litchi à Madagascar.

• Pour répondre à ces attentes en matière de qualité, la filière s'organise (création d’une plateforme de concertation) et bénéficie d'appui technique important, en particulier du CTHT.

• Certaines entreprises développent actuellement, en collaboration avec des groupements de paysans, une production de litchi dans des vergers afin d'améliorer la qualité des produits et de faciliter la mise aux normes et la certification.

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2. LE MARCHE DES FACTEURS 2.1. LE MARCHE DES INTRANTS

2.1.1. Engrais : un produit cher et peu utilisé

Engrais organiques L’utilisation d’engrais organiques (fumier de bœufs, compost) n’est pas très répandue, sauf dans les provinces d’Antananarivo et de Fianarantsoa. Ailleurs, les paysans considèrent que le sol est encore fertile et son utilisation est parfois tabou (cas d’une partie des régions occidentales, du Nord, du Moyen-Ouest et du Sud).

Dans les régions des Hautes Terres centrales, le morcellement excessif des parcelles oblige les paysans à intensifier leur production en utilisant du fumier de zébu. L’utilisation d’engrais organiques se fait tant sur les tanety que dans les rizières, et encore plus sur les parcelles de culture de légumes en contre-saison. Dans ce dernier cas, les paysans sont convaincus de l’apport indéniable de la fumure organique mais se heurtent à la non disponibilité et à la cherté de ce produit. Dans la zone d’Antsirabe, les paysans n’hésitent pas à utiliser plus de 10 charretées par ha (1 charrette de fumier de bœuf équivaut à 300-400 kg et coûte 6 à 8.000 Ariary en 2006) et parfois n’en trouvent pas sur place. Nombreux sont les paysans qui passent commande près de trois mois avant le début de campagne, quitte à payer une avance, pour s’assurer la disponibilité du fertilisant.

En ce qui concerne le compost, son utilisation n’est pas encore ancrée dans les habitudes des paysans malgaches. Sa production est très faible, malgré les possibilités.

Le compost/terreau, issu des ordures ménagères autour des grandes villes est insuffisamment exploité, malgré de bons résultats aux tests agronomiques (cf. programme de recherche ADURAA), et le produit n’arrive pas au niveau des paysans. Etant donné les enjeux importants liés à la fertilisation à Madagascar (condition à l’accroissement des rendements, niveau très bas de fertilisation, faible accès à l’engrais minéral…), plusieurs acteurs considèrent que la valorisation des déchets urbains est une voie intéressante à exploiter au sein de la Stratégie nationale engrais : SAMVA, Vohitra Environnement, Water Lily, Madrigal, région Analamanga, projet Mahajanga, associations paysannes... Reste à travailler à l’intégration de ces modes de fertilisation innovants dans les pratiques paysannes et à la mise en place de filières d’approvisionnement.

Engrais minéral L’engrais minéral est importé, à l’exception de la chaux agricole et du phosphate naturel. Cette dépendance aux importations génère une incertitude du prix de l’engrais, accrue par l’instabilité de la monnaie nationale face aux devises étrangères.

Les importations d’engrais ont augmenté annuellement de 18,2% de 1961 à 1972 et seulement de 1,2% par la suite64. Etant donné l’augmentation des superficies proche de 1,2%/an durant les 40 dernières années, l’utilisation des engrais minéraux par unité cultivée a stagné après 1972. 5 à 6% seulement des surfaces cultivées dans le pays bénéficient d’un apport en engrais minéral.

Annuellement, Madagascar importe entre 13.000 et 35.500 tonnes d’engrais chimiques, dont une partie est fournie sous forme de dons ou par le gouvernement65.

La faiblesse de l’utilisation d’engrais minéral est liée à trois facteurs :

• l’indisponibilité : 73% des communes n’ont pas de points de vente, ce qui oblige les agriculteurs désireux de l’utiliser à se déplacer, occasionnant ainsi un surcoût ;

• la méconnaissance : nombreux sont les paysans qui ne souhaitent pas utiliser d’engrais chimique par crainte de rendre infertiles leurs parcelles en cas d’arrêt de son utilisation. Beaucoup de paysans ne connaissent ni son utilisation ni sa disponibilité ;

64 D’après B. Minten, JC Randrianarisoa et L. Randrianarison 65 L’évolution de l’importation d’engrais entre 1975 et 2004 figure en annexe.

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• la profitabilité limitée de l’intensification liée à l’efficacité technique, au bénéfice économique (rapport de prix produits/intrants) et surtout au niveau de risque encouru par l’utilisation d’engrais. D’après certains producteurs, l’investissement dans l’intensification rizicole n’est pas rentable, car la valeur de l’intrant constitue plus de la moitié de la valeur du rendement additionnel, exposant l’adoptant à des risques trop importants, compte tenu des fluctuations des prix.

Graphique 26. Evolution de l’importation d’engrais minéral

Source : Minten et Al d’après les données FAO, 2003

Avec la libéralisation, la participation du secteur privé au marché de l’engrais s’est développée. Cependant, progressivement le secteur s’est fortement concentré et, en 2005, les principales sociétés privées importatrices d’intrants agricoles étaient au nombre de trois. Dans le cadre du Programme KRII avec les Japonais (terminé en 2001), le Ministère chargé de l’Agriculture importait également de l’engrais, dont la redistribution était assurée par des sociétés privées adjudicatrices des marchés soumis à appels d’offre. En 2003 et 2004, le gouvernement importait les engrais directement sur le marché international à travers le PSDR qui assurait la distribution auprès des paysans bénéficiaires des sous projets financés par le programme, incitant ainsi à l’utilisation d’engrais chimique en complément de l’engrais organique fourni par le paysan ou les groupements de paysans.

Les sociétés privées sont libres d’importer et de commercialiser à leurs propres prix. Des distributeurs ont rapporté que le prix d'achat moyen du NPK 11-22-16 à Antananarivo était de 900 Ariary/kg, en janvier 2005, et le prix de revente de 1.100 Ariary/kg. La marge d'un distributeur était donc approximativement de 200 Ariary/kg.

Les réseaux de distribution sont très mal organisés. Peu de régions sont bien desservies, malgré l'augmentation du nombre de distributeurs. Les régions lointaines et difficiles d’accès sont délaissées, la plupart des distributeurs et revendeurs sont concentrés à Antananarivo, Antsirabe, Lac Alaotra et Fianarantsoa. Le coût élevé des transports et l’insécurité conduisent à un prix de revient élevé.

Les principaux importateurs, grossistes en engrais et autres intrants, sont AGRIVET, CONTINENTAL AGRI, FIAVAMA, OCEAN TRADE, SEPCM, INTERQUEM… A part la société OCEAN TRADE, qui travaille aussi dans d’autres secteurs (vente de voiture et de moto, vente de matériels de construction…), ces importateurs sont spécialisés dans les intrants agricoles, en particulier l’engrais chimique et les pesticides. Il n’existe qu’un seul producteur de pesticides à Madagascar (PROCHIMAD).

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 91

La distribution d’intrants rencontre plusieurs contraintes :

• du fait de la forte concurrence, les importateurs n’arrivent pas à s’entendre pour passer des commandes groupées afin d’obtenir des prix intéressants,

• des opportunistes achètent les engrais à bas prix, les stockent et les revendent à un prix juste légèrement inférieur à celui des distributeurs,

• la distribution des dons se fait de façon désordonnée et impromptue, gênant ainsi les prévisions des opérateurs, provoquant l’arrivée d’opportunistes et mettant paradoxalement les engrais hors de portée des paysans. Pour des besoins financiers, les paysans bénéficiaires de ces distributions de dons revendent les engrais à bas prix à des spéculateurs qui les revendent ensuite à prix fort hors de la zone de destination. Les dons distribués par des organismes tels que le PSDR ont fortement ébranlé les actions des opérateurs. Le PSDR a mené son opération dans plusieurs zones. A titre d’illustration, au Lac Alaotra, toute une campagne médiatique a été faite avant la livraison des 1.000 tonnes destinées à cette région,

• les prix ont fortement augmenté suite à la dépréciation de la monnaie nationale et à l’augmentation des coûts de transport au niveau international, mettant ainsi les engrais hors de portée de la bourse de la majorité des paysans.

Enfin, il est à noter que des études ont montré que la formule du NPK utilisée actuellement ne répond pas toujours aux besoins des sols malgaches. Or, cet engrais est peu produit et donc coûte cher. Des essais d’introduction du DAP, qui serait mieux adapté aux conditions pédologiques, sont actuellement en cours.

2.1.2. Matériel agricole : des spécificités géographiques

Les importations de matériels agricoles sont assez faibles, et ne concernent que les tracteurs avec leurs charrues et remorques, les motoculteurs, les pulvérisateurs, quelques moissonneuses-batteuses, quelques épandeurs de fumiers et quelques distributeurs d’engrais. Depuis 2003, l’utilisation de motoculteurs de fabrication chinoise, dont l’acquisition est subventionnée à 100% par le PSDR, augmente de façon significative dans les grandes zones rizicoles (Marovoay et Lac Alaotra) et dans le Vakinankaratra (Antsirabe).

La production locale fournit l’essentiel des demandes en petits matériels agricoles (bêches, pelles, charrues, herses, sarcleuses, charrettes…). Ces matériels sont produits soit par des sociétés privées (comme SIDEMA, TAOBAVY…), soit par des artisans locaux qui se spécialisent dans leur fabrication. A titre d’exemple, la zone d’Arivonimamo s’est spécialisée dans la fabrication de charrues qui sont ensuite envoyées dans toute l’île.

La fabrication de sarcleuses, nécessitant une certaine technologie et l’utilisation d’un poste à soudure, se fait généralement dans de petits ateliers des centres urbains. L’utilisation de la sarcleuse n’est répandue que sur les Hautes Terres centrales.

La fabrication de charrettes se fait au niveau communal, parfois même villageois pour l’Ouest malgache. L’utilisation de la charrette, pour le transport des produits agricoles et des personnes, est très répandue dans cette zone, et il n’est pas rare de rencontrer une charrette dans chaque famille. Pour les Hautes Terres centrales, la charrette n’est utilisée que pour le transport des produits (agricoles ou autres) et du fumier, activité dans laquelle se spécialisent certains ménages. Le coût de ce service dépend surtout de la distance et de la pénibilité de la route (montées, descentes), il est environ de 2 ar/kg/km (une charrette des Hautes Terres centrales peut transporter jusqu’à 750 kg).

Les réparations des matériels agricoles se font au niveau local, lors des marchés hebdomadaires dans les chefs-lieux de la plupart des communes rurales. Des artisans se sont spécialisés dans ces réparations. Les réparations et maintenances des matériels motorisés par des mécaniciens se font au niveau des chefs-lieux des districts. Cependant, la fourniture de pièces de rechange fait parfois défaut, et nécessite l’envoi d’une personne dans les chefs lieux de province pour s’en procurer.

Les statistiques agricoles recensent 5.370.000 angady, 2.888.000 machettes, 613.600 sarcleuses, 31.500 pulvérisateurs manuels, 592.000 charrues à bœuf et 6.100 batteuses à pédale (Recensement Agricole 2004-2005).

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2.1.3. Semences : faible production et utilisation des variétés améliorées

La production totale de semences améliorées de riz est actuellement de l’ordre de 1.000 t/an, soit moins de 2% du besoin théorique. Pour le maïs, la production du centre de la Sakay est d’environ 120 t/an, soit 3% du besoin théorique. Pour l’arachide, la production serait de 100t/an. Les productions d’autres semences sont très faibles (Tab.3).

La production de semences est encore dominée par les centres appartenant à l’Etat, en attente de privatisation. Les deux centres semenciers les plus importants et non exploités à leur potentiel optimal sont le CMS Anosiboribory (Lac Alaotra) pour le riz irrigué et le CMS d’Imehy de la Sakay (Moyen-Ouest) pour le riz pluvial et le maïs, ils produisent environ 70% des semences améliorées du pays.

Il existe quelques semenciers privés et une centaine de groupements de paysans semenciers (GPS). Aucun recensement ne permet de connaître avec certitude le nombre des opérateurs en semences. Quelques-uns ont une production non négligeable, allant jusqu’à 200 tonnes pour les plus importants. Beaucoup sont de petite taille, à faible capital et proposent une production de médiocre qualité.

Ainsi, la production nationale de semences améliorées est très limitée, ne permettant pas encore de faire des économies d’échelle, comparée aux potentialités et réalisations dans d'autres pays. L’une des raisons avancées est la non utilisation de semences améliorées plus productives par les paysans qui préfèrent employer des semences provenant de leur propre production.

Tableau 25. Production nationale de semences Unité 1997 1998 1999 2000 Paddy Tonne 1 240,0 1 450,0 2 321,0 2 247,0 Maïs Tonne 37,0 203,0 261,0 113,0 Légumes Tonne 3,7 3,5 3,7 2,2 Arachide Tonne ND ND 22,0 12,0 Haricot Tonne 20,0 20,0 3,0 2,5 Soja Tonne ND ND 41,0 34,5 Pois de cap Tonne ND ND 72,0 ND Plants fruitiers Nombre 26 700 35 000 37 500 26 100

ND: Non Disponible – Source: INSTAT

La promotion commerciale devait favoriser l’utilisation effective des semences par les cibles visées, mais le bilan s’est révélé négatif. L’aspect commercial n’a jamais été la première préoccupation des centres multiplicateurs d'Etat. Les stratégies et les plans de commercialisation bien définis ont fait défaut. Par ailleurs, la place du secteur informel dans la production et la commercialisation des semences est importante. Il semble qu’aucun contrôle et même aucune certification de la qualité des semences ne soient plus effectués.

Semence de riz La production de semences de base et de pré-base est assurée par le FOFIFA. Les CMS font la multiplication des semences de base certifiées. Les semences commerciales sont produites par les groupements de producteurs semenciers (GPS) et surtout par les CMS d’Anosiboribory et de Fianarantsoa. La majorité des paysans semenciers se trouvent dans la province d’Antananarivo.

Maïs Le FOFIFA (Centre National de Recherche Appliquée au Développement Rural) a mis au point des variétés adaptées aux climats et sols malgaches. Les variétés vulgarisées actuellement sont IRAT 200, MEVA, VOLASOA et NTS 101.

Pomme de terre La production de semences de base et de pré-base est assurée par le FIFAMANOR, celle de semences de culture par les groupements de producteurs semenciers (GPS). Les variétés vulgarisées sont la Spunta, le Pota, le Meva, le Lava, le Miova. Les paysans semenciers ont été initiés au début des années 80 et regroupés en GPS. Dans la région du Vakinankaratra, ils sont actuellement devenus

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des professionnels organisés en fédération. Cette fédération facilite l’accès aux semences et la diffusion spatiale et temporelle de la pomme de terre.

Fruits et légumes Jusqu'en 1979, une Mission Chinoise était installée à Laniera Antananarivo et travaillait le riz et les légumes. L’envoi d'experts chinois a facilité la création d’un CMS Riz et Légumes, des essais variétaux, l’introduction et la production de semences. Le CMS Légumes a créé la marque de graines potagères "Voan'anan'i Laniera", qui est restée une référence.

Quelques CMS sont encore opérationnels dans les domaines de la production et de la vente de semences et plants de fruits et légumes. Le Silo National des Graines Forestières (SNGF) produit aussi des plants fruitiers, comme les sociétés et coopératives de production et/ou de distribution semencières telles que SEMANA (filiale de TECHNISEM), ITS, SEEDFAS66 (marque "Laniera Vaovao"), ANDRI-KO (Ambatondrazaka)... Cependant, les semences potagères importées occupent une grande part sur le marché local.

Grain sec Les Instituts de Recherche font l'étude variétale et agro écologique de semences de grains secs ainsi que de leur multiplication. Des acteurs privés, comme VALY Agri-développement SARL, produisent des semences de haricot dans la région de Miandrivazo et en assurent le conditionnement et la commercialisation à Antsirabe et Antananarivo. Des semences de grains secs sont importées mais il est impossible d’avoir une estimation de leur quantité.

Autres produits Des essais variétaux existent pour certaines filières, notamment pour la canne à sucre avec le CMCS et le CIRAD de la Réunion, et pour le coton avec la HASYMA/DAGRIS en lien avec FOFIFA.

Résumé

• Si l'interventionnisme de l'Etat n'a pas toujours permis d'assurer pour tous les producteurs un accès favorable aux facteurs de production, son désengagement, parfois seulement partiel, n'a semble-t-il pas améliorer la situation.

• En conséquence l’agriculture malgache demeure généralement une agriculture traditionnelle peu intensive, très peu mécanisée et utilisant peu d’intrants. La diminution de la taille des exploitations exacerbe sans doute d'ailleurs le faible degré d'intensification et limite la prise de risque

• L’utilisation d’engrais est faible à Madagascar. A cause de sa méconnaissance, de sa difficulté d’accès ou de la remise en question de son efficacité technique ou économique, l’engrais minéral n’est pas beaucoup utilisé non plus. Le prix élevé des engrais importés et les entraves à la mise en place d’un marché de l’engrais concurrentiel n’encouragent pas non plus son utilisation par les paysans.

• Mis à part les matériels motorisés qui sont en totalité importés et de faible utilisation, les petits matériels agricoles sont généralement produits localement. La majorité des paysans ne sont pas outillés et encore moins mécanisés, et utilisent uniquement la bêche.

• Dans sa grande majorité, la production de semences n’est pas encore privatisée et les semences améliorées, pour diverses raisons, sont peu utilisées par les paysans (préférence pour les semences traditionnelles, production nationale insuffisante, problème de qualité, faible dynamisme commercial des centres producteurs…).

66 Produit aussi des légumes sous contrat pour les magasins SCORE et CORA, avec la collaboration des paysans environnants qu'elle encadre.

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2.2. LE MARCHE DU FONCIER : SECURISER LES PAYSANS Un demi million de demandes de terrains domaniaux sont actuellement déposées auprès des services fonciers, en plus des ménages qui souhaitent obtenir une reconnaissance écrite de leurs droits fonciers. Seuls 330 000 titres ont été établis depuis un siècle, et le rythme actuel de délivrance d’actes stagne autour de 1 000 titres par an. De nombreuses demandes d’acquisition demeurent sans suite et la superficie des propriétés titrées ne dépasse pas un quinzième du territoire.

Or, la terre contribue directement à la satisfaction des besoins des ménages en zone rurale, car 73,2% des ménages y sont agricoles. La répartition des terres est inégale, les ménages les plus riches disposent de parcelles trois fois plus grandes que les ménages les plus pauvres. Cette répartition devient de plus en plus inégalitaire entre 1984 et 2001.

Le paradoxe entre l’existence de vastes étendues de terre non cultivées et l’étroitesse des exploitations montre l’existence de difficultés d’accès à la terre. En 1999, plus de 85% des ménages disposant de moins de 0,4 hectare par tête étaient pauvres.

L’insécurité foncière est généralisée faute de régulation foncière communautaire et en raison de la faible capacité des services fonciers. Peu de citoyens sont assurés de leurs droits sur la terre et nombreux sont ceux qui craignent d’être spoliés. Cette situation freine les investissements et l’amélioration de la productivité agricole. Le fait de ne pas détenir des titres fonciers est une barrière à l’accès au crédit dans la mesure où les biens immobiliers constituent les principales garanties exigées par les établissements bancaires. Aussi, les ménages non propriétaires ont difficilement accès au crédit.

La procédure d’immatriculation foncière est longue, complexe et coûteuse. Le coût moyen pour l’obtention d’un titre est estimé à 600.000 Ariary (300 $US), et les délais sont parfois supérieurs à une quinzaine d’années. Les opérations cadastrales d’immatriculation collective s’élèvent à 140.000 Ariary/ ha (70 US $/ha).

Ce contexte d’incertitude généralisée favorise le développement des conflits pour la maîtrise du sol. De plus, les usagers méconnaissent la loi, car rares sont les citoyens qui ont accès à l’ensemble des textes fonciers. Les usagers ont inventé un droit foncier local par défaut, fait d’accords écrits qui accompagnent systématiquement les transactions sur la terre. L’Etat malgache a entrepris actuellement une réforme foncière basée sur une décentralisation de la gestion du foncier au niveau des communes (cf. Partie 4).

On remarque que le titrage des terres est seulement effectué aux alentours des grandes villes et dans les zones agricoles riches (Lac Alaotra, Marovoay…). Le marché foncier est assez dynamique dans ces zones. En effet, il n’est pas rare de constater que des personnes résidentes en ville donnent en faire-valoir indirect (métayage67 ou location68) ou encore en prêt gratuit leurs parcelles héritées de leurs parents, même si le système de métayage est interdit officiellement à Madagascar.

A l’exception des centres urbains où le prix du m² est très élevé et peut atteindre 500.000 Ariary, le prix d’un terrain en milieu rural est faible et il diffère selon l’utilisation de la parcelle. Les parcelles rizicoles sont les plus chères (entre 1.000.000 et 5.000.000 Ariary/ha suivant le degré de maîtrise de l’eau et la fertilité du sol), suivies des terrains sur baiboho (entre 500.000 et 2.000.000 Ariary/ha en fonction de la propreté de la parcelle et de sa fertilité) et les parcelles de construction (entre 200 et 2.000 Ariary/m², coût variant en fonction de l’emplacement). La vente de parcelles sur tanety est rare, et celle des terrains de pacage est inexistante. La vente de terrain agricole est rare dans le milieu rural, mais l’accaparement de terres existe dans certaines zones du fait de la pratique de l’usure. En effet, les parcelles des paysans qui n’arrivent pas à honorer leurs dettes sont récupérées par les usuriers.

67 Le système de métayage pratiqué est de deux types : 1/3 pour le propriétaire et 2/3 pour l’exploitant si le propriétaire n’apporte rien et c’est à l’exploitant de tout prendre en charge ; ½ - ½ si le propriétaire apporte les semences. 68 La location est rare, sauf dans l’Ouest pour les cultures sur baiboho (cultures de décrue) et en riziculture. Le prix de la location varie en fonction de la possibilité de maîtrise d’eau, de l’éloignement d’un axe routier et de la fertilité du sol. Elle est généralement comprise entre 100 et 300.000 Ariary/ha/an. Le coût de location est payé avant le démarrage de la campagne.

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Résumé

• A Madagascar, l’accès à la terre est une contrainte forte à l’amélioration de la productivité agricole.

• Les possibilités techniques et financières de l’Administration pour satisfaire la demande de reconnaissance de droits fonciers sont largement insuffisantes, créant des situations potentielles d’insécurité et de conflit.

• L’absence de titres pénalise l’accès des paysans au crédit et donc à l’investissement.

• Cohabitent dans le pays, de vastes étendues de terres inhabitées et non cultivées et des régions où la pression anthropique est à l’origine d’une fragmentation des exploitations et de stratégies de survie.

• Le marché foncier montre un certain dynamisme dans les grandes villes et dans les zones agricoles riches (délivrance de titres, métayage, rotation, prix élevé des parcelles…).

• Une réforme foncière, actuellement en cours vise à sécuriser les exploitations paysannes à moindre frais dans un délai assez court.

2.3. LE MARCHE DU CREDIT : UN ACCES TOUJOURS DIFFICILE Avant 1990, aucune institution de micro finance (IMF) n'existait à Madagascar. Seule la Banque National pour le Développement Rural (BTM) intervenait dans le secteur de la micro finance, mais ne s’adressait qu'à une frange restreinte de la population rurale69. Suite aux défaillances du système bancaire en milieu rural, la micro finance est apparue dans les années 9070.

Les IMF sont de deux types : les IMF mutualistes et les IMF non mutualistes. Sur le plan national, les IMF mutualistes regroupaient, à fin 2005, près de 234.029 membres environ, dont 38% de femmes. Près de 7% des familles malgaches bénéficient de ces services financiers, contre moins de 1% avant 1990. De 1998 à 2005, le nombre des membres des IMF mutualistes a été multiplié par 4,9 passant de 47 472 à 234 029. Le nombre de membres des IMF non mutualistes s’est également accru durant la période de 1998-2005, pour atteindre 8 150 bénéficiaires.

De 1998 à 2005, les encours d'épargne des IMF mutualistes sont passés de 1,3 milliards Ar à plus de 25 milliards Ar71. Sur la même période, leurs encours de crédit ont progressé de 3,3 milliards Ar à plus de 36 milliards Ar. Les encours de crédit des IMF non mutualistes s'élevaient à 2,9 milliards Ar fin 2005;

2.3.1. Offre en financement rural

L’offre en financement rural est limitée. Elle s’élevait à 31,8 milliards Ar en 2004, soit moins de 0,5% du PIB (MEFB), alors que l’agriculture contribue à 30% du PIB. L’offre globale en crédit rural (Tab.4) provient en grande partie des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Le taux de pénétration du crédit, bien qu’en augmentation, reste faible (Tab.5). Les SFD consacraient 55% de leur portefeuille au financement rural.

69 Cependant, son intervention en faveur du secteur s'est maintenue après sa privatisation pour devenir la Bank of Africa (BOA) en 1999. 70 Les données de base de ce chapitre proviennent du site Web de la microfinance à Madagascar ainsi que d’un document de l’Union Européenne intitulé « Accès des ruraux aux services financiers », mars 2005. 71 Les non mutualistes ne collectent pas d'épargne.

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Tableau 26. Synthèse de l’offre en financement rural Opérateur financier Nombre de bénéficiaires Montant distribué (millions Ariary)

SFD 31 500 22 040 Banques (surtout BOA) 3 300 3 600 Projet PSDR 3 100 Groupements 6 200 Total 31 840

Source : « Accès des ruraux aux services financiers », UE – 30 mars 2005

Tableau 27. Evolution de l’offre en financement rural (en millions d’Ariary) Années 2000 2001 2002 2003 2004

Nombre de caisses 62,6 64,8 61,4 76,8 79Nombre de membres 17 602,40 22 590,00 26 078,40 34 459,80 38 538,60Epargne mobilisée 6 666,20 10 935,40 10 118,40 17 934,40 17 415,60Encours crédit 6 426,00 6 777,80 8 459,60 17 284,80 23 073,60Estimation crédit distribué 10 534,40 11 111,20 13 868,20 28 335,80 37 825,60

Part affectée au rural 6 143,20 6 479,60 8 087,40 16 524,20 20 800,00Population totale 3 017 000,00 3 105 800,00 3 196 200,00 3 274 600,00 3 322 081,80Population rurale 2 564 450,00 2 639 930,00 2 716 770,00 2 791 000,00 2 791 000,00Taux de pénétration 2,92% 3,64% 4,08% 5,26% 5,80%

Source : « Accès des ruraux aux services financiers », UE – 30 mars 2005

Parmi les SFD, les IMF mutualistes (CECAM, TIAVO, OTIV, AECA et ADEFI) sont les plus importantes, avec un portefeuille annuel de 27,2 milliards Ar en 2003 et près de 36,5 milliards Ar pour 2004 (Tab.6). Quatre IMF ont un portefeuille orienté vers le secteur rural, l’ADEFI travaillant surtout en zone urbaine ou périurbaine.

Tableau 28. Offre de 2004 pour les institutions mutualistes

Institutions Caisses Bénéficiaires Part rural Montant moyen en Ariary CECAM 169 34330 80% 440 TIAVO 36 5130 60% 340 OTIV 112 6900 50% 860 AECA 32 760 100% 80 ADEFI 31 - 10% 840 Total 380

Source : « Accès des ruraux aux services financiers », UE – 30 mars 2005

Les IMF non mutualistes orientées vers le monde rural sont Volamahasoa (avec 30% de portefeuille rural), TITEM (avec des crédits ruraux revolving), les cellules micro finance encadrées par ICAR et le Projet de Réhabilitation du Bas Mangoky.

Parmi les établissements bancaires, la BOA joue le rôle de financeur direct (CECAM et OTIV notamment) à partir d’une ligne de micro finance établie sur la base de fonds résiduels dont elle a bénéficié de la part de différents projets (FIDA, PNUD et BAD). La Banque BNI-Crédit Agricole est également en train de mettre en place son système de micro finance. D’autres banques souhaitent s’impliquer dans le financement ou le refinancement du secteur rural, mais il s’agit plutôt de soutenir de grands projets ou de gros producteurs.

Les opérateurs techniques, tels que les riziers, distribuent des avances en nature remboursables au moment de la récolte et contribuent largement au financement agricole. Il n’a pas été possible d’estimer le volume de leur contribution. HASYMA fait également des crédits aux producteurs de coton.

Les circuits informels interviennent le plus souvent à très court terme, au moment de la soudure, ou pour combler des déficits en financement. Les taux appliqués par ces usuriers dépassent très largement les 20% mensuels.

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2.3.2. Subventions pour le financement rural

Projet de Soutien au Développement Rural (PSDR)

Parmi les programmes et projets, le PSDR est le plus important. Il s’agit d’une forme de subvention, car les fonds alloués aux groupements villageois sont des fonds revolving à taux 0. La composante la plus importante est l’Appui aux Investissements Productifs, Infrastructures et Activités Agricoles, touchant près de 100 000 familles. Le montant décaissé en octobre 2004 était d’environ 30 millions d’US soit 33% du budget initial.

Subventions engrais et équipements

L’opération charrue, lancée grâce à un fonds de contre valeur engrais japonais avec un montant alloué de 240 millions Ar, s’est étalée sur 6 ans et a permis de subventionner jusqu’à 80% de l’acquisition de charrues suivant des procédures et spécifications techniques convenues avec l’Administration.

Organisations Paysannes Agricoles (OPA)

Des mesures d’accompagnement ont été mises en place par certaines OPA. Grâce à un Fonds Revolving de l’USAID de 24 millions Ar, les Coopératives Kolo-Harena ont pu offrir des appuis aux membres moyennant une participation financière modique.

Autres systèmes incitatifs

Les autres types d’incitations comprennent les donations et les prêts bonifiés.

• Donations institutionnelles des SFD Les donations institutionnelles reçues par les SFD contribuent à renforcer leur capacité opérationnelle. Elles ont servi à financer l’acquisition d’équipement, de renforcement institutionnel et d’expertises diverses. En 2003, les SFD avaient reçu environ 8 200 Ar de subvention d’exploitation par membre, soit 18,2% des coûts opérationnels moyens.

• Donations en fonds aux SFD Les donations de "fonds froids" aux IMF constituent des incitations positives puisqu’elles permettent d’accroître la surface financière surtout des institutions mutualistes. Elles permettent aussi de distribuer des crédits à moyen terme, ce qui ne serait pas possible dans le contexte mutualiste. Mais les donations en fonds restent modestes.

Les donations de fonds froids aux IMF non mutualistes, constituent une base de financement pour des institutions qui n’auraient recours qu’au refinancement bancaire à des coûts trop élevés pour assurer leur pérennité.

• Prêts institutionnels à taux bonifiés On peut aussi citer les appuis en financement institutionnel des IMF du fait que ces subventions ont une répercussion certaine sur leur capacité d’intensifier leur portefeuille ou d’accroître leur réseau. Les prêts institutionnels à taux bonifiés représentaient environ 24% des fonds disponibles en 2003 et devaient voir leur part augmenter à la suite d’un octroi de 2,7 millions € de l’UE à la CECAM.

2.3.3. Demande potentielle en crédit

En se référant à la pratique courante en milieu rural du financement informel (usuriers), la demande du secteur agricole malgache en financement est relativement importante. Or, le taux de pénétration des services financiers ruraux n’excédait pas 5 à 6% en 2005, suivant le rapport déjà cité de l’UE. L’un des principaux problèmes est que l’agriculture est considérée comme une activité à haut risque et la

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plupart des exploitations ne sont pas sécurisées. La réforme en place actuellement pourrait en partie lever cette contrainte, et développer l’accès au crédit.

Plus d’un tiers des ménages ruraux seraient endettés auprès des prêteurs informels à des taux usuraires qui avoisinent 10% à 20% par mois. La pratique de la vente de la récolte sur pied est ainsi largement répandue, renforçant les inégalités sociales et défavorisant particulièrement les familles dépourvues de garanties physiques.

Le nombre de foyers ruraux pauvres est estimé à plus de 30% de la population rurale de Madagascar. Sachant que la population rurale constitue environ 75% de la population (16 millions d’habitants) et qu’un foyer rural compte en moyenne 6 personnes, on estime à 600 000 le nombre de familles pauvres. En appliquant le « discount facteur » de 50% et sur la base de 240 000 Ar par famille, la demande potentielle pour les micro crédits familiaux ruraux est estimée à au moins 144 milliards Ar (Source : document de l’UE).

En milieu rural, un grand nombre de secteurs d’activités sont soit très partiellement couverts par l’offre, soit non desservis du fait du manque de ressources appropriées. Ainsi, des formes de crédits adéquates devraient être proposées par type d’activité. Les activités recensées concernent les produits d’appels, les cultures pérennes, l’élevage bovin et la production laitière, le petit élevage, les équipements agricoles, les activités para- agricoles incluant la transformation et la commercialisation, les intrants.

2.3.4. Fixation du taux de base (ou taux nominal) des SFD

Les SFD fixent généralement le taux d’intérêt aux usagers en fonction des pratiques du marché financier et non sur la base d’un calcul du coût de revient. Ainsi, le taux de référence mensuel est de 3% pour l’ensemble des caisses. Ce taux dégressif est appliqué sur le solde du capital emprunté.

En réalité, le taux effectif des SFD varie en fonction de la durée du prêt. Ainsi, des variations du taux annuel peuvent aller de 36% à 43% selon les méthodes de calcul utilisées par les SFD. En général, les SFD accordent des crédits à court terme avec un revolving élevé et dégagent des taux effectifs plus élevés que celui des SFD utilisant des crédits à moyen terme, avec un taux effectif se rapprochant du taux nominal de 36%.

L’Etat s’est engagé, avec l’appui des bailleurs de fonds, dans un programme de bonification de taux d’intérêt allant de 1% à 2 % par mois.

Résumé

• La micro finance se développe à Madagascar depuis 1990 pour suppléer à la défaillance du système bancaire en milieu rural.

• Cependant l’offre globale en crédit rural est encore faible. Elle provient en grande partie des Systèmes Financiers Décentralisés et majoritairement des IMF mutualistes. Une grande majorité des paysans dépendent encore des crédits usuraires.

• L’insuffisance de la sécurisation foncière limite le développement du crédit. La réforme en cours devrait contribuer à développer le crédit.

• Depuis peu, les établissements bancaires s’intéressent aussi de plus en plus à la micro finance

• Malgré une demande de crédit importante, encore largement satisfaite par du financement informel à des taux usuraires, le taux de pénétration des services financiers ruraux n’excédait pas les 5-6% des ménages en 2005.

• En matière de financement agricole, il existe de nombreux produits proposés par des partenaires de développement. Depuis 2006, l’Etat s’investit avec l'appui des bailleurs de fonds dans un programme de bonification de taux d’intérêt du crédit.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 99

2.4. RELANCE RECENTE DU MARCHE DU CONSEIL AGRICOLE Dans les années 60, voire à la fin de la période de colonisation, et jusqu’à la fin des années 70, la vulgarisation agricole a été assurée par l’Administration, par le biais des contremaîtres qui « obligeaient » les paysans à suivre telle ou telle technique. Cependant, comme leur nombre était insuffisant ; seuls quelques privilégiés ont pu bénéficier de leurs appuis. C’est dans ce cadre que les URER ont été mises en place, contribuant à encourager les agriculteurs à adopter de nouvelles techniques tout en les appuyant sur le plan matériel.

Le programme de vulgarisation agricole (PNVA) des années 90 a pris la relève, mais les résultats obtenus sont très mitigés. L’approche T&V (Training and Visit) a été jugée trop top down pour pouvoir assurer la promotion de l’intensification agricole. En 2000 (fin du projet), 1 447 agents de vulgarisation travaillaient directement avec les paysans pour la mise en œuvre du PNVA, dont 517 (soit 36%) fournis par les partenaires (213 mis à disposition par les communes rurales, 151 par les ONG, 82 par les sociétés privées et d’Etat, 59 par les projets et 12 par les autres services publics). Seules 133 communes (sur 1 557) ont bénéficié de l’appui du PNVA.

Au début des années 2000, le MAEP s’est réorganisé et déconcentré aux niveaux national et régional. Les services de vulgarisation à la base n’existent plus dans la plupart des régions. Sans moyens, les agents des circonscriptions n’arrivent plus à entreprendre des appuis. Dans certaines zones, des projets, programmes ou ONG dispensent un appui en conseil, mais se heurtent souvent à un manque de cohérence et de pérennité. Aucune statistique n’est actuellement disponible concernant leur nombre.

Actuellement, les appuis techniques et financiers restent encore non satisfaisants et souvent mal coordonnés. Plusieurs causes sont avancées :

• difficultés pour l’amélioration de la qualité des services et des appuis de proximité : informations technico-économiques, vulgarisation des résultats de recherche, problèmes fonciers, sécurité des biens et des personnes, accès aux marchés, infrastructures de production, crédit rural... ;

• insuffisance de financement du monde rural ;

• fiscalité inadaptée aux opportunités du développement rural ;

• absence de système d’assurances pour la production rurale ;

• insuffisance de coordination des diverses interventions de structuration.

La situation actuelle du conseil technique aux paysans est très variable suivant les régions. Certaines zones ne bénéficient d’aucun service d’appui–conseil agricole, alors que d’autres bénéficient d’appuis multiples et intensifs. En effet, suite au désengagement de l’Etat en matière d'appui directs aux paysans, chaque projet met en place une structure propre, ou sous–traite cette partie à une ONG spécialisée dont les activités cessent avec la fin du financement (PHBM II, PRBM, PPRR, AD2M, SAHA, BV Lac, FIFAMANOR, PSDR, PISA, PPISE, GSDM…).

Le manque d’appui technique est une des causes de la faible productivité de la production agricole malgache. Les besoins en services de conseil sont énormes, qu’il s’agisse de conseils technico-économiques, de conseil relatif à l’accès aux crédits ou aux systèmes d’approvisionnement.

L’Etat, à la demande des professionnels, soutient la mise en place d’un réseau national de chambres d’agriculture (Tranoben’ny Tantsaha) réparti au niveau du pays, mais à ce jour, du fait de leur création récente, les Tranoben’ny Tantsaha ne sont pas encore opérationnelles.

Avec le concours de la FAO et de l’Union Européenne, le MAEP a décidé de mettre en place des Centres de Services Agricoles (CSA) au niveau des districts. Le rôle et les fonctions de cette interface seraient de : (i) fournir un cadre d’appui spécifique et coordonné aux intervenants/appuis; (ii) constituer un centre de référence tant au niveau de l’information que du renforcement des capacités humaines/techniques; (iii) capitaliser les acquis adaptés aux conditions locales; (iv) maintenir un point d’injection d’options techniques potentielles; et (v) assurer un suivi–évaluation participatif.

Dans le cadre du projet Agricultural Business Investment du programme Millenium Challenge Account (MCA), une autre forme d’appui aux producteurs ruraux est mise en place dans les zones d’intervention, les Agriculture Business Center (ABC). Ce sont des structures de proximité pour les

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 100

appuis et services à fournir dans le cadre du développement de l’esprit d’entreprenariat en vue du passage de l’économie de subsistance vers l’économie de marché. Les appuis et les services des ABC comportent plusieurs domaines : formation, élaboration de business plan, coaching agricole, connexion du promoteur au marché, études de préfaisabilité et de faisabilité de projet, facilitation de l’accès au financement pour les promoteurs de projet, mise en place de vitrine agricole, recherche de marchés, élaboration de fiches techniques de production…

Résumé

• Jusqu’à la fin des années 70, la vulgarisation agricole était assurée par l’Etat, sans toujours répondre aux besoins des producteurs.

• Les résultats mitigés du PNVA dans les années 90 ont marqué le début d’une période de désengagement de l’Etat, relayé tant bien que mal par des ONG, des projets ou des services administratifs locaux à faibles moyens de fonctionnement humains et financiers.

• Le manque de l’appui technique est l’une des causes de la faiblesse de la productivité de l’agriculture malgache. Les besoins sont aujourd’hui importants.

• Depuis peu, plusieurs initiatives prises par l’Etat et les bailleurs de fonds essaient de répondre aux besoins en conseil agricole des paysans : création de Chambres d’agriculture, mise en place de Centres de Services Agricoles et des Agriculture Business Center….

2.5. L’IMPORTANCE DU SALARIAT AGRICOLE72 Les revenus des ménages ruraux sont ici décomposés en revenu agricole (valeur de la production agricole englobant l’autoconsommation, les ventes et autres usages de la récolte) et revenu extra agricole.

Si l’essentiel des travaux agricoles est assuré par l’entraide familiale ou l'aide entre paysans, le salariat agricole se développe dans le pays et est, d'après les données disponibles, une source de revenu non négligeable pour les ménages ruraux, surtout pour les groupes les plus pauvres. Il fournit presque 90% des revenus extra- agricoles aux ménages ruraux, et 35% des ménages ruraux ont au moins un membre qui travaille en tant que salarié. Une estimation dans le cadre du Recensement des Communes de 2001 (par le Programme Ilo), chiffre à 17% la part de la population qui dépend principalement du salariat agricole pour son revenu73.

Le recours aux salariés agricoles au niveau des exploitations familiales est plus marqué pour les ménages ruraux les plus riches. Les ménages pauvres utilisent plutôt l’entraide, système encore fortement ancré dans le milieu rural malgache. Les chiffres de l’EPM 2004 avancent que 17% des parcelles seulement ont utilisé une main-d’œuvre salariée (chiffre en baisse). C’est la riziculture qui mobilise le plus de main-d’œuvre (familiale, salariée, entraide) au niveau de l’agriculture malgache.

L’industrie agro-alimentaire n’absorbe qu’une faible part de la main-d’œuvre. En 2004, seul 1,3% des emplois dans les grands centres urbains et 0,2% des emplois en milieu rural étaient fournis par les industries alimentaires (INSTAT74).

Le marché du travail agricole Ce marché est plus actif dans le Nord et le Nord-Ouest de Madagascar, zones qui enregistrent les taux les plus élevés de migrants saisonniers (entre mai et juin). Ces régions sont celles qui accueillent les cultures de coton, canne à sucre et tabac.

72 Cette partie s’appuie essentiellement sur le travail de Minten et Randrianarison (2003) sur la base des données de l’Enquête Permanente auprès de Ménages (EPM) de 2001. 73 Le détail figure en annexe 74 Institut National de la Statistique/Direction de la Statistique des Ménages (2004). Rapport principal de l’EPM 2004. Antananarivo.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 101

Les greniers à riz que sont les régions d’Alaotra et de Marovoay font aussi appel à de la main-d’œuvre salariée, en période de forte intensité de travail sur les rizières. C'est le cas aussi en décembre lors de la collecte de litchi sur la côte Est.

Ces travailleurs intègrent en majeure partie le secteur informel, sauf ceux embauchés dans les unités industrielles telles la SIRAMA par exemple. Les entreprises agro-industrielles ont, en effet, aussi recours à la main-d’œuvre saisonnière pour renforcer les équipes permanentes, surtout en période de récolte.

Niveau de salaire Le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) agricole de 57 520 Ar correspond au revenu minimum mensuel applicable dans le secteur agricole (selon la loi de finances 2006). Toutefois, au niveau des exploitations agricoles, le recours à la main-d’œuvre salariée payée quotidiennement est la forme la plus courante. Le salaire se compose alors souvent d’une part en numéraire et d’une part en nature (repas et/ou produits de la récolte) à hauteur de 16% du salaire total75.

Le salaire est fixe tout au long de l’année avec un niveau avoisinant 1 dollar par jour en 2001 (1 $ US valait environ 1.400 Ar). Une femme touche en moyenne un salaire journalier inférieur de 10% en moyenne à celui d’un homme, en rapport avec la répartition sexuelle des tâches. Par exemple, dans la riziculture, les femmes effectuent le repiquage tandis que les hommes se chargent du labour.

Les variations régionales observées montrent que les salaires sont plus élevés dans les zones de culture d’exportation ou industrielle du Nord et du Nord-Ouest, où les opportunités d'activités agricoles ou extra- agricoles génératrices de revenus engendrent du travail sur le marché local. Ceci résulte de l’insuffisance des travailleurs journaliers disponibles et générant de ce fait une hausse des rémunérations.

Dans la riziculture, la main d'œuvre salariée est particulièrement concentrée sur les travaux de préparation de diguettes, de repiquage, de sarclage et de moisson battage. Ces activités représentent entre 63 et 80% du total du travail salarié. Ainsi dans la région du Lac Alaotra, les producteurs paient jusqu’à 40% de plus pour mobiliser des salariés (1.180 Ar contre 900 Ar en moyenne en 2001) pour les travaux de repiquage et battage, surtout en saison de pointe. Notons que depuis 2001, le prix de la main d'œuvre agricole a sensiblement augmenté dans les bassins rizicoles avec des taux dépassent 2 000 ar/j.

Résumé

• Le salariat est peu développé dans le secteur agricole qui s'appuie essentiellement sur l'entraide familiale ou l'aide entre paysans pour effectuer les travaux agricoles.

• Toutefois le salariat progresse car il constitue une source de revenus non négligeable pour un nombre important de ménages ruraux, surtout pour les groupes les plus pauvres qui s’emploient chez les ménages les plus riches et en particulier pour la riziculture.

• Il s'agit d'une stratégie croissante dans les campagnes notamment en situation de pression foncière visant probablement à compenser la diminution de la taille des exploitations en diversifiant les sources de revenus.

• Le marché du travail agricole saisonnier est le plus actif et les salaires sont les plus élevés dans les régions à cultures d’exportation (Nord, Nord-Ouest) et dans les greniers à riz (Lac Alaotra, Marovoay).

• Au niveau des exploitations, le paiement à la journée de la main d’œuvre salariée est le mode de rémunération le plus fréquent et le niveau de rémunération est relativement bas par rapport au revenu minimum.

75 Voir annexe pour plus de détails.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 102

3. L’EVOLUTION DES PRIX RELATIFS 3.1. EVOLUTION DES PRIX DES PRODUITS AGRICOLES

Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie les prix d'achat aux producteurs étaient identiques dans tout le pays, et les opérations de commercialisation étaient assez simples avec un nombre restreint d'intervenants.

Actuellement, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont fixés par le jeu de l’offre et de la demande. Cependant pour de nombreuses filières le prix est fortement influencée par le cours international (coton, sucre, café, riz). Dans d'autres cas, l'existence d'un monopôle privé ou public ou d'une position commerciale dominante, le producteur se voit imposé le prix d'achat (sucre, coton, haricot vert, lait dans certains cas). Les prix des produits agricoles sont en général très variables et connaissent de fortes évolutions saisonnières (cf. riz, maïs…).

Enfin, pour un même produit, les prix peuvent varier considérablement suivant la zone de production, en fonction du degré d'enclavement et de l'existence ou non de positions commerciales dominantes.

3.1.1. Riz

Entre 1980 et 1999, l’évolution des prix aux producteurs est restée stable en francs constants76. Ainsi en termes réels les producteurs de paddy n’ont pas réellement bénéficié de la libéralisation.

Graphique 27. Evolution du prix réel du riz aux producteurs et aux consommateurs

Prix réels du riz aux consommateurs et aux producteurs (indice base 100=1970)

0

20

40

60

80

100

1964 1967 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000

PR RIZ (marché), base 100=1970 PR Paddy (100=1970)

AJUSTEM ENT STRUCTUREL ET LIBERALISATIONPERIODE SOCIALISTE1ERE REPUBLIQUE

Source : INSTAT-MAEP. Statistiques agricoles

Notons, comme le montre le graphique suivant, que le prix du riz local suit les cours du riz d'importation. Ainsi, l’augmentation des taxes à l’importation en 2000 visait à réduire, sinon à stabiliser, le volume d’importation, afin de protéger la production locale contre d’éventuels effets d’éviction par le riz importé. En 1999, le prix moyen du riz local au consommateur a varié de 1 750Fmg/kg à 2 300 Fmg/kg (350 Ar/kg à 460 Ariary/kg), alors que le prix du riz importé a varié seulement de 1 835 à 2 238 Fmg/kg CAF dédouané77 (367 à 447,6 Ar/kg).

76 Hirsch.2000. 77 FAO-UPDR 2000.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 103

En 2000, le prix de gros du riz importé dans la capitale, basé sur la nouvelle taxation78 en vigueur, a varié de 2 088 à 2 838 Fmg/kg (417,6 à 567,6 Ar/kg), tandis que le riz local, dépendant de la qualité, s'est vendu en moyenne, entre 2 350 et 2 577 Fmg/kg79 (470 à 515,4 Ar/kg).

En 2004, le prix moyen du riz au consommateur a atteint 6.000 Fmg/kg (1.200 Ar/kg), et en 2006, il est redescendu à 4 500 Fmg/kg (soit 900 Ar/kg). La hausse du prix du riz a été en partie répercutée sur le prix du paddy au producteur, incitant à une augmentation des terres emblavées et à des investissements pour améliorer la production.

Actuellement les cours internationaux sont hauts et les coûts de fret élevés. Malgré un droit de douane à taux 0 (mais un taux de TVA de 18% que ne paye pas le riz local), le riz local n'est donc pas concurrencé par les importations.

Enfin, il faut noter que le prix du riz varie fortement suivant les saisons (période de soudure ou période de récolte) et suivant les régions en fonction du degré d'organisation de la filière de commercialisation, et du niveau d'enclavement de la zone de production.

Graphique 28. Variation du prix de riz local en comparaison avec le riz importé Prix constatés riz local et import ; prix de parité import riz Viet 25% de brisures

ANTANANARIVO

0

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

janv-0

3

févr-0

3

mars-03

avr-0

3

mai-03

juin-0

3jui

l-03

août-

03

sept-

03

oct-0

3

nov-0

3

déc-0

3

janv-0

4

févr-0

4

mars-04

avr-0

4

mai-04

juin-0

4jui

l-04

août-

04

sept-

04

oct-0

4

nov-0

4

déc-0

4

janv-0

5

FMG

/kg Prix riz local

Prix riz importPrix de parité import Viet 25%

Source : O. JENN-TREYER / SMB

3.1.2. Maïs

Le maïs dispose de plusieurs débouchés possibles : pour la consommation humaine en complément ou même en remplacement du riz, comme intrant pour l’industrie alimentaire et pour la consommation animale (avec le développement de l'aviculture moderne).

Le marché national est de ce fait toujours demandeur, et c'est l'offre qui est généralement insuffisante selon les opérateurs. Le maïs est également exporté, notamment vers Maurice.

Le prix du maïs peut être très élevé dans les régions où la demande est importante mais où l’offre est rare. Il fluctue d’une année sur l’autre, suivant les conditions climatiques qui ont une influence considérable sur les quantités produites, et au cours d’une même année au même rythme que la variation du prix du riz. En effet, en période de soudure, le maïs constitue l’aliment de substitution, notamment pour la population du Sud.

78 Les taxes principales sur le riz importé sont passées de 5 à 35% (dont 15% DTI et 20% TVA) depuis Décembre 1999. 79 Statistiques -Ministère de l’Agriculture. 2000.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 104

En 2004, le prix moyen aux consommateurs était de 1 000 Fmg/kg (200 Ar/kg) à la récolte et 30% à 100% plus cher selon les régions au moment de la soudure. Du fait de l’état des routes et des pistes, le prix du maïs dépasse le prix du marché international de 10% à 20% en période normale et jusqu’à 100% en période de hausse de prix. Comme pour le riz, entre 1980 et 1999, l’évolution des prix aux producteurs est restée stable en francs constants80. Ainsi en termes réels les producteurs de paddy n’ont pas réellement bénéficié de la libéralisation.

Graphique 29. Evolution du prix du maïs en Fmg constant par kg

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

Prix du maïs en Fmg constant Prix du maïs en Fmg courant

Source : INSTAT-MAEP. Statistiques agricoles

3.1.3. Café

Sur longue période le prix du café destiné à l’exportation a suivi la baisse tendancielle des cours internationaux. La forte chute des prix à l’exportation depuis 1999 a été répercutée au producteur. En 2003-2004, d’après Trade Union et TAF le prix au producteur était compris entre 3500 et 4250 FMG/kg. Depuis, les cours se sont redressés mais le marché demeure très instable.

Source : Fiche filière café, Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche d’après Banque centrale de Madagascar et CNCC.

80 Hirsch.2000.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 105

Le café robusta ou arabica est vendu vert par les producteurs. Sur les marchés locaux et dans les grands magasins, le café est vendu torréfié, en grain ou moulu.

3.1.4. Vanille

La vanille est la culture qui procure le plus de revenu aux paysans producteurs. La hausse des prix de la vanille préparée a été exponentielle depuis 2000. Le prix du kilo est passé de 70-90 US$/kg à 150-170 US$/kg en 2001 pour frôler 500 US$/kg en 2003.

Depuis 2001, période à laquelle les prix aux producteurs se sont envolés, la culture de la vanille s’est développée sur tout le littoral Est au travers d’initiatives privées et d’ONG. En 2003, le prix de la vanille a connu une véritable flambée par rapport aux années précédentes car la demande était plus forte à cause de l’apparition de nouveaux produits intégrant de la vanille tel que le COKE vanille. L’autre raison qui logiquement a fait grimper le prix est d’origine climatique, rappelons que Madagascar est victime de la sécheresse et des cyclones depuis 2001 et que l’impact a été rude sur les plantations de vanille de la SAVA, entraînant une importante baisse de la production. La flambée a entraîné une augmentation de la production dans les autres pays fournisseurs, alors que la demande mondiale s'est détournée de la vanille naturelle au profit de la vanille de synthèse. Les cours se sont effondrés et se situent aujourd'hui autour de 25 $/kg.

Graphique 30. Evolution du prix de vanille aux producteurs

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

$ US

/ kg

Source : Atelier de concertation de la plateforme Vanille (2006)

3.1.5. Arachide

L'arachide est cultivée pour ses graines, servant surtout de matière première pour l'extraction d'une huile alimentaire utilisable aussi en savonnerie. Une grande partie de la production est destinée à la consommation alimentaire (arachide de bouche). L'arachide décortiquée est mieux exportée que l'arachide coque.

Le prix de l’arachide dépend du conditionnement, coque ou graine. Le prix ne cesse de baisser, d’une année sur l’autre depuis 1997, mais des hausses des prix ont été significatives en 2003 et 2004.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 106

Graphique 31. Evolution des prix courants de l'arachide aux producteurs (en Fmg/kg)

0200400600800

100012001400160018002000

1980

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Arachide en coque

Source : DSSE-MAEP

3.1.6. Coton

Les cours du coton à Madagascar dépendent des cours internationaux qui n'ont cessé de baisser depuis 1996, avec une forte chute en 2001-2002. Les variations erratiques des cours mondiaux du coton liées aux politiques de soutien, notamment des Etats-Unis (3,3 milliards $ en 2001/2002), de la Chine (1,2 milliards $) et de l’UE (957 millions $) sont une contrainte très forte pour la production africaine en général et malgache en particulier. De près de 90 cents la livre en 1995, le cours mondial de la fibre de coton est passé à 40 cents fin 2001.

Graphique 32. Comparaison du prix nominal du coton au prix international ($ US/kg)

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3.2. EVOLUTION DES PRIX DES INTRANTS AGRICOLES

Avant la libéralisation des marchés en 1994, les ventes d'engrais aux paysans étaient assurées par le Ministère de l'Agriculture. Après la libéralisation, ces ventes ont été prises en charge par des commerçants privés, des organismes de développement et des ONG avec un niveau de concurrence particulièrement élevé.

De 1980 à 1990, le prix des engrais à Madagascar était fixé autour de 600 Fmg/kg (120 Ar/kg) et de 1991 à 1994 autour de 1 200 Fmg/kg (240 Ar/kg). Après la libéralisation, une grande proportion de l'engrais importé a encore été fournie par le gouvernement sous le programme KRII et a été vendue à prix subventionnés fixes.

Graphique 33. Le prix subventionné de NPK 11:22:16

0

200

400

600

800

1000

1200

1980-90 1990-99 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Prix du NPK (Ariary/kg)

Source: MAEP, 2004.

Le prix a augmenté de 50% en 2003 par rapport à 2001 et encore de 60% en 2004 pour arriver à un niveau de 800 Ar/kg. En janvier 2005, le prix de vente au niveau des importateurs est passé de 800 Ar/kg à 1 000 Ar/kg. Le prix de vente paysan était de 1.100 Ar/kg à la même période.

3.3. RATIO NPK/PADDY

Graphique 34. Evolution ratio NPK/Paddy

0

200

400

600

800

1000

1200

1980 1990 2000 2004 20050

2

4

6

8

10

12

14

16

Paddy (Ar/kg) NPK (Ar/kg) Ratio NPK/Paddy

Source : Equipe RuralStruc à partir des données DSSE-MAEP En 1980, il fallait presque 14 kg de paddy pour se procurer 1 kg de NPK. A l'époque la politique de l'Etat ne favorisait pas l'importation d'intrants. En 2000, il fallait 1,4 kg de paddy pour se procurer 1 kg. Aujourd'hui, du fait de la hausse du prix de l'engrais, il faut maintenant 3,14 kg de paddy pour obtenir 1 kg d’engrais. Entre 2000 et 2005, la hausse du prix de paddy a été de 64% et celle de l’engrais NPK de 267%.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 108

Résumé

• Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie, les prix d'achat aux producteurs étaient identiques dans tout le pays, et les opérations de commercialisation étaient assez simples avec un nombre restreint d'intervenants.

• Actuellement, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont fixés par le jeu de l’offre et de la demande.

• Cependant, pour de nombreuses filières, le prix est fortement influencée par le cours international (coton, sucre, café, riz).

• En cas d'existence d'un monopôle privé ou public ou d'une position commerciale dominante, le producteur se voit imposé le prix d'achat (sucre, coton, haricot vert, lait dans certains cas).

• Les prix des produits agricoles sont en général très variables et connaissent de fortes évolutions saisonnières (cf. riz, maïs…).

• Enfin, pour un même produit les prix peuvent varier considérablement suivant la zone de production, en fonction du degré d'enclavement et de l'existence ou non de positions commerciales dominantes.

• Pour le riz, le système de prix intérieur est très lié au mode de régulation de la filière (marché ou Etat) et au cours international.

• Le prix du maïs s’aligne sur celui du riz, mais est aussi en relation avec les conditions de l’offre et de la demande et les conditions météorologiques.

• Le prix du café est très directement lié au niveau de compétitivité du produit malgache et au cours international.

• Celui de la vanille est lié à une combinaison de facteurs (réputation, qualité, sécheresse et cyclones….) et à la demande mondiale.

• Celui de l’arachide dépend du type de conditionnement (coque ou graine).

• Le prix de l’engrais est devenu prohibitif pour les paysans. La hausse du prix du paddy n'a pas suivi la hausse du prix des engrais, ce qui explique en partie sa faible utilisation.

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CONCLUSION

Le désengagement de l'Etat et la libéralisation des échanges initiés dans le cadre des plans d'ajustement structurel, mais également l'intégration plus forte à l'économie internationale, ont eu des conséquences très importantes sur le fonctionnement des marchés et sur les stratégies des filières agricoles malgaches.

Les évolutions en cours sont très diverses suivant les régions et les productions concernées. Elles dépendent en particulier de la connexion des régions (existence ou non des infrastructures de commercialisation) et des productions (niveau d'autoconsommation) au marché.

Ces évolutions dépendent aussi de la destination finale des productions. Ainsi les filières agricoles et alimentaires peuvent être orientées quasiment uniquement vers le marché local (manioc, la plupart des fruits et légumes tempérés ou tropicaux, les tubercules et légumineuses, les produits laitiers, la farine, la viande), ou principalement vers l'exportation (vanille, épices, huiles essentielles, litchi, crevettes) ou bien encore être destinées au marché local et à l'exportation (le sucre, le maïs, le coton, le café et dans une moindre mesure le riz). La connexion avec le marché international, qu'il s'agisse de produits d'exportation ou de produits locaux confrontés aux importations, génère des adaptations particulières (prise en compte notamment de la qualité et de la mise aux normes des produits).

Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie, entamée vers le milieu des années 80, l'organisation des marchés, pour les produits agricoles essentiels, reposait sur l'intervention de l'Etat, souvent acteur direct des filières. Les prix d'achat aux producteurs étaient identiques dans tout le pays, et les opérations de commercialisation étaient assez simples, avec un nombre restreint d'intervenants. Actuellement, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont fixés par le jeu de l’offre et de la demande. Pour de nombreuses filières, le prix est fortement influencé par le cours international (coton, sucre, café, riz). En cas d'existence d'un monopole ou oligopole privé (filière coton, filière tabac à fumer ou filière lait) ou public, le producteur se voit imposer le prix d'achat (sucre, coton, haricot vert, lait dans certains cas). Les prix des produits agricoles sont en général très variables et connaissent de fortes évolutions saisonnières (cf. riz, maïs…). Enfin, pour un même produit, les prix peuvent varier considérablement suivant la zone de production, en fonction du degré d'enclavement et de l'existence ou non de positions commerciales dominantes.

Comme dans beaucoup de pays, la libéralisation du marché a entraîné l'apparition de plusieurs types de circuits commerciaux et la multiplication des intervenants dans la commercialisation. Le nombre d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs finaux a augmenté, la filière riz en étant un exemple patent. Ce phénomène a un impact conséquent sur la longueur de la filière et sur la formation des prix.

Pour certaines filières, comme la vanille ou le litchi, il existe un pilotage par des instances de concertation professionnelle qui associent l'Etat, et qui sont parties prenantes dans la fixation des prix et dans l’organisation de la commercialisation. Enfin, l’Etat est encore un acteur important dans le secteur du sucre, pour lequel la privatisation n’est pas encore achevée.

Enfin, étant donné les situations d'enclavement pour de nombreuses régions, mais également les asymétries en matière d'information, il existe de nombreux dysfonctionnements de marché.

Suivant le niveau de connexion avec le marché local ou international, les adaptations des filières aux nouvelles contraintes économiques sont donc diverses, comme le montrent les exemples analysés dans le rapport :

• La filière riz, pilier de l'économie malgache demeure une filière stratégique pour l'Etat. Elle se caractérise par une forte atomisation de la production agricole (la taille moyenne des exploitations ne dépasse pas 1 ha et les riziculteurs sont généralement polyvalents), une concentration importante de la commercialisation de gros et de l’importation, et une structure plus concurrentielle de la transformation. Il existe un certain degré d'intégration, puisque certains riziers ont développé des relations contractuelles avec une partie des riziculteurs qui les approvisionnent.

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Malgré la libéralisation des prix et la privatisation de la production et de la commercialisation, l’intervention de l’Etat est récurrente (politique fiscale, constitution de stocks, administration des prix, opérations d’importation...). Cependant les relations économiques entre les agents sont plutôt régies par le marché, plus ou moins concurrentiel selon les situations. Il existe également, depuis 2004, une plateforme de concertation associant l'ensemble des acteurs de la filière et l'Etat.

Si la libéralisation et le désengagement de l'Etat ont permis la multiplication des intervenants dans la commercialisation, ces processus n'ont pas eu les effets escomptés sur la production rizicole. Le prix du paddy est resté trop faible pour inciter les producteurs à produire davantage. La production est demeurée très traditionnelle, avec peu d'utilisation d'intrants, et son augmentation est surtout due à une extension des surfaces cultivées. La diminution de la taille des parcelles, du fait de la croissance démographique et de la transmission des terres, n'incite d'ailleurs pas forcément à une prise de risque. La crise de 2004, qui s'est traduit par une forte hausse du prix du paddy, a eu un effet incitatif et les producteurs ont augmenté les surfaces cultivées et, dans certains cas, intensifié.

Le prix du riz local et donc celui du paddy sont dépendants du cours international. Et les producteurs bénéficient aujourd'hui d'un cours international élevé qui leur permet d'être compétitifs. Soulignons cependant qu'il n'existe pas un prix du riz mais plusieurs prix du riz à Madagascar en fonction de la variété, de la saison (soudure ou récolte) mais aussi de l'enclavement de la zone de production ou de consommation et de l'organisation du réseau de commercialisation. Le grand défi de cette filière, pour les années à venir, est d’arriver rapidement à l’autosuffisance alimentaire et à se positionner sur le marché international du riz, en faisant des efforts de qualité et de compétitivité. Des grands riziers sont déjà positionnés dans cette perspective.

• La filière sucre dépend en grande partie encore de l'Etat, mais est en voie de privatisation. C'est une filière très concentrée puisqu'il n'existe que deux entreprises de transformation de la canne. C'est une filière intégrée via une contractualisation avec des planteurs dans le cas de la SIRAMA (Siramamy Malagasy, entreprise de transformation publique) et une production en régie pour la SUCOMA (Sucre Complant de Madagascar, entreprise privée). La situation de crise que traverse la filière témoigne de la mauvaise gestion d'une entreprise publique. En effet, elle bénéficie depuis longtemps de quotas d'exportation à prix garanti plus élevé que le cours mondial vers le marché européen et le marché américain, ce qui aurait donc dû favoriser son développement. La privatisation imminente de la SIRAMA devrait à court terme modifier l'évolution de cette filière, dans un contexte de développement de la production de bio- carburant.

• La filière coton a été récemment privatisée (2004). C'est une filière historiquement intégrée qui a bénéficié d'appuis conséquents de l'Etat et qui a été privatisée en 2004. Le monopole public a fait place un monopole privé. La santé de la filière est très dépendante des cours internationaux. Suite à la forte dégradation des cours, la filière coton malgache, comme dans la plupart des pays producteurs d'Afrique, a connu une période très difficile, se traduisant par une forte chute de la production au début des années 2000. Dans le cadre de la privatisation, HASYMA-Dagris (société de production de coton fibre et de coton graine) a prévu des investissements importants pour relancer la production et améliorer la qualité du coton produit, dont les premiers effets commencent à se faire sentir. En aval, il n'existe plus que deux filatures, alors que, plus en aval encore, existe un secteur textile très développé tourné essentiellement vers l'exportation. En 2004, la production de fibres était estimée à 4 545 tonnes, dont 2400 destinées au marché local, alors que la demande nationale était estimée à 27 500 tonnes. Pour appuyer la relance de la filière, en lien avec le secteur textile, Madagascar a mis en place une Plateforme de concertation coton- textile dont l'objectif est de finaliser un Plan d'action pouvant bénéficier de l'appui du partenariat UE - Afrique sur le coton.

• A Madagascar, l'agriculture contractuelle est encore très peu développée, sauf pour quelques

productions historiques comme le sucre ou le coton. La filière haricot vert, orientée vers

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l'exportation, constitue un exemple d'agriculture contractuelle réussi et rendu possible grâce à des efforts en matière de qualité. La filière haricots verts est une filière segmentée : d'un côté la filière traditionnelle destinée au marché locale ; de l'autre, la filière d'exportation. Ce second segment est une filière totalement intégrée (et c'est un des rares exemples à Madagascar). L'entreprise passe contrat avec des producteurs sur la base d'un prix fixé à l'avance et d'un cahier des charges. Elle fournit les intrants nécessaires et encadre techniquement les producteurs. Les haricots sont vendus en conserves en Europe, dans le cadre d'un contrat avec Maille. L'entreprise de transformation malgache a été certifiée HACCP (analyse des dangers et points critiques à maîtriser). En dehors de l'encadrement, la contractualisation avec les paysans est une réussite, car seule une partie de l'exploitation est consacrée au haricot vert, ce qui permet au producteur de diversifier sa production agricole et ses sources de revenus. De plus, l'utilisation d'intrants pour la production de haricots verts améliore le rendement des autres productions et en particulier du riz.

• La filière lait est une filière très atomisée en amont avec une productivité moyenne relativement faible et des problèmes de qualité du lait produit. Une grande partie de la production est autoconsommée et une faible partie valorisée. La filière lait est relativement segmentée, puisqu'une grande partie du lait est vendu frais aux consommateurs. Il existe aussi de nombreuses petites unités de transformation artisanales. Enfin, pour le segment industriel, la filière est relativement concentrée en aval avec l'existence de deux sociétés qui transforment le lait (TIKO et SOCOLAIT) qui se sont installées dans les années 1980, suite à la privatisation de la SMPL pour SOCOLAIT. C'est d'ailleurs une des rares filières disposant d'un tel niveau de transformation. La filière est en partie intégrée, puisque les industriels disposent d'un cheptel ou s'approvisionnent auprès d'organisations d'éleveurs qu'ils encadrent et qu'ils fournissent en intrants.

Alors que la consommation par habitant est particulièrement faible, la production de lait est toujours très insuffisante face à la demande, ce qui conduit à des importations non négligeables de poudre de lait par les deux sociétés industrielles. La protection des produits transformés offre toutefois une protection suffisante pour le développement d'une production de produits à forte valeur ajoutée. Le prix du lait est fixé librement, cependant il est fortement influencé par le prix d'achat de la société TIKO dans le triangle laitier (région d’Antananarivo).

• Le litchi est devenu un fleuron des exportations malgaches vers le marché européen. La production occupe saisonnièrement près de 2,5 millions de ruraux répartis sur la côte Est de l’île et est essentiellement une production de cueillette. Une trentaine d’exportateurs de litchi opèrent dans la Grande Ile face à quelques importateurs européens qui fixent le prix du litchi. C'est donc une filière relativement concentrée en aval. Avec le développement des normes (par exemple Eurepgap) et la mise en place de la traçabilité en Europe, la qualité des produits est aujourd'hui l'enjeu majeur pour le développement et même l'avenir de la filière. Pour répondre à ces attentes en matière de qualité, la filière s'organise (création d’une plateforme de concertation) et bénéficie d'un appui technique important, en particulier du CTHT (Centre Technique Horticole de Toamasina). Certaines entreprises mettent même aujourd'hui en place des vergers pour dépasser les contraintes que posent la cueillette pour répondre à ces normes.

• La filière crevettière est une filière segmentée, puisqu'il existe une filière pêche artisanale, une filière pêche industrielle et une filière aquaculture. Les différents segments sont cependant très connectés. La pêche industrielle et l’aquaculture sont des secteurs très concentrés. La filière a évolué vers l’intégration des secteurs de la pêche artisanale et de la pêche traditionnelle qui approvisionnent les entreprises industrielles, seules à avoir accès aux marchés d’exportation. La diversification de la pêche vers l’aquaculture est une garantie de durabilité de cette filière. En outre, la crevette malgache se positionne très bien sur le marché international des produits de qualité. Un des ferments de l'organisation de cette filière orientée vers l'exportation est le respect des normes. Toutes les entreprises industrielles sont aux normes HACCP afin de répondre aux attentes des consommateurs, notamment européens.

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Pour ces deux dernières filières tournées vers l'exportation, la question de la qualité est un enjeu majeur. Ce respect des normes peut être une contrainte pour les producteurs et les exportateurs qui ne disposent souvent ni de l’infrastructure ni de la capacité technique pour respecter les normes auxquelles les produits doivent se conformer pour avoir accès aux marchés internationaux (cf. embargo européen qui frappe les produits d'origine animale depuis août 1997). Ce peut aussi être une opportunité pour se démarquer des concurrents qui n'arrivent pas à respecter ses normes et ainsi conquérir de nouveaux marchés.

A Madagascar, les produits agricoles sont pour une large partie autoconsommés (en particulier les produits vivriers et en premier lieu le riz) mais aussi vendus sur les marchés ruraux et urbains. Depuis la libéralisation de l'économie, les supermarchés sont un nouvel acteur de la commercialisation. Trois groupes liés à la grande distribution internationale se partagent le marché : la chaîne sud-africaine Shoprite, installée à Madagascar en 1992 par rachat des magasins de la marque Champion, la chaîne française Leaderprice, et les supermarchés Score de la Société Vindémia, filiale du groupe Casino. La grande distribution reste concentrée dans les principales villes : Antananarivo, Antsirabe, Toamasina. Alors que, dans certains pays, l’implantation des supermarchés a favorisé le développement de l’agriculture contractuelle, ce n’est pas encore le cas à Madagascar. En effet, leur stratégie d’achat locale ne valorise pas la qualité comme cela se passe par exemple en Europe. Par ailleurs, au vu de leur développement assez récent et de la persistance des petits commerces de détail, on peut supposer que les supermarchés n’occupent qu’une part réduite dans le commerce des produits frais. Par contre, ils jouent un rôle important et croissant dans la commercialisation de produits agro-alimentaires importés.

Si l'interventionnisme de l'Etat n'a pas toujours permis d'assurer, pour tous les producteurs, un accès favorable aux facteurs de production, son désengagement, parfois seulement partiel, n'a semble-t-il pas amélioré la situation. En conséquence, l’agriculture malgache demeure généralement une agriculture traditionnelle, peu intensive, très peu mécanisée et utilisant peu d’intrants. La diminution de la taille des exploitations exacerbe sans doute d'ailleurs le faible degré d'intensification qui correspond à une stratégie de minimisation du risque :

• Concernant les engrais (mais cela est vrai aussi pour les produits phytosanitaires), la quantité utilisée est très faible et les importations, comparées à la superficie emblavée, ont quasiment stagné depuis 1972. A cause de sa méconnaissance, de sa difficulté d’accès ou de la remise en question de son efficacité technique ou économique, l’engrais minéral n’est pas beaucoup utilisé. Le prix élevé des engrais importés, notamment comparé à l'évolution du cours du paddy et les entraves à la mise en place d’un marché de l’engrais concurrentiel, n’encouragent pas non plus leur utilisation par les paysans. 55% des exploitations ne recourent à aucune fertilisation.

• La mécanisation est également très faible et la grande majorité des paysans continue à utiliser seulement l'angady (bêche). Là encore, la réduction de la taille des exploitations n’encourage pas à investir dans l'achat de matériel agricole.

• La production de semences n’est pas encore privatisée et les semences améliorées sont peu utilisées par les paysans. Parmi les causes on peut citer : la préférence pour les semences traditionnelles, une production nationale insuffisante, des problèmes de qualité, de certification et de contrôle, un faible dynamisme commercial des centres de multiplication….

• A Madagascar, l’accès à la terre est une contrainte forte à l’amélioration de la productivité agricole. Les possibilités techniques et financières de l’Administration pour satisfaire la demande de reconnaissance de droits fonciers sont largement insuffisantes, créant des situations potentielles d’insécurité et de conflit. L’absence de titres pénalise l’accès des paysans au crédit, et donc à l’investissement. Cohabitent ainsi dans le pays de vastes étendues de terres inhabitées et non cultivées et des régions où la pression anthropique est à l’origine d’une fragmentation des exploitations et de stratégies de survie. Une réforme foncière, actuellement en cours, vise à sécuriser les exploitations paysannes à moindre frais, dans un délai assez court. Si elle est menée à bien, ce sera une révolution pour le développement du secteur agricole.

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La faiblesse de l'utilisation des intrants, au-delà des éléments présentés précédemment, est également liée d'une part à la faiblesse du crédit rural et à la quasi-absence de service agricole d’autre part :

• La micro finance se développe à Madagascar depuis 1990 pour suppléer à la défaillance du système bancaire en milieu rural. Cependant l’offre globale en crédit rural est encore faible. Elle provient en grande partie des Systèmes Financiers Décentralisés et majoritairement des IMF mutualistes. Malgré une demande de crédit importante, encore largement satisfaite par du financement informel à des taux usuraires, le taux de pénétration des services financiers ruraux n’excédait pas les 5-6% des ménages en 2005. De plus, les taux pratiqués par les IMF sont relativement élevés (proches d’un taux nominal de 36% par an).

Depuis peu, les établissements bancaires s’intéressent de plus en plus à la micro finance et les produits proposés par les partenaires au développement se multiplient. Depuis 2006, l’Etat s’investit d'ailleurs avec l'appui des bailleurs de fonds dans un programme de bonification de taux d’intérêt du crédit. Enfin, un des principaux freins à l'offre de crédit est l’insuffisance de la sécurisation foncière qui limite le développement du crédit. La réforme en cours devrait contribuer à dépasser cette contrainte.

• Jusqu’à la fin des années 70, la vulgarisation agricole était assurée par l’Etat, sans toujours répondre aux besoins des producteurs. Les résultats mitigés du Programme national de vulgarisation agricole dans les années 90 ont marqué le début d’une période de désengagement de l’Etat, relayé tant bien que mal par des ONG, des projets ou des services administratifs locaux à faibles moyens de fonctionnement humains et financiers. Le manque d’appui technique est l’une des causes de la faiblesse de la productivité de l’agriculture malgache. Les besoins sont aujourd’hui importants. Depuis peu, plusieurs initiatives prises par l’Etat et les bailleurs de fonds essaient de répondre aux besoins des paysans : création de Chambres d’agriculture, mise en place de Centres de Services Agricoles et des Agriculture Business Center…

Le salariat est encore peu développé dans le secteur agricole, qui recourt essentiellement à l'entraide familiale ou entre paysans pour effectuer les travaux. Toutefois le salariat progresse et constitue une source de revenus non négligeable pour un nombre croissant de ménages ruraux (35% sont concernés), surtout pour les groupes les plus pauvres. Le phénomène exprime notamment une stratégie de réponse à la pression foncière, par la diversification des sources de revenus.

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TROISIEME PARTIE : LES PROCESSUS DE SEGMENTATION DES STRUCTURES DE

PRODUCTION : TENDANCES OBSERVEES ET CONSEQUENCES

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1. LES INDICATEURS DE CHANGEMENT81

1.1. EVOLUTION DU NOMBRE D’EXPLOITATIONS AGRICOLES

Tableau 29. Evolution du nombre d’exploitations agricoles

1984-85 2004-2005 Evolution (%) Evolution annuelle (%)

Antananarivo 330 786 613 024 85,32% 3,13%Fianarantsoa 351 127 543 399 54,76% 2,21%Toamasina 247 828 350 184 41,30% 1,74%Mahajanga 167 014 315 449 88,88% 3,23%Toliary 236 617 418 301 76,78% 2,89%Antsiranana 126 063 188 135 49,24% 2,02%Ensemble 1 459 435 2 428 492 66,40% 2,58%

Source : Recensements nationaux agricoles de 1984-85 et 2004-05 Entre 1984-85 et 2004-05 on observe une progression de 66,40% du nombre d’exploitations agricoles, soit un accroissement annuel de 2,58% (un accroissement brut de 969 057 en 20 ans) légèrement supérieur au taux d'accroissement de la population agricole (3,17%). L'augmentation du nombre d'exploitations montre que le secteur agricole a été en mesure d'absorber jusqu'à présent une grande partie des nouveaux arrivants ruraux sur le marché du travail. La plus forte augmentation du nombre d'exploitations, par rapport à l'augmentation de la population rurale, confirme cette hypothèse. Cette tendance peut également indiquer une baisse d'actifs par exploitations, soit du fait de l'intensification de ces exploitations, soit du fait d'une diminution de la taille des exploitations entraînant le départ de certains actifs.

Graphique 35. Evolution du nombre des exploitations agricoles de 1985 à 2005

1 458 823

1 827 200

2 131 643

2 428 500

2 394 000

1985

1996

1999

20032005

Source : DATABASE FAO, RNA (1984-85 et 2004-05)

81 Dans la mesure du possible, pour cette partie, les données considérées sont les chiffres officiels issus des recensements nationaux agricoles de 1984-85 et de 2004-2005, soit une dynamique constatée en 20 ans. Certaines sections, comme celle sur le salariat agricole, ne bénéficient pas de l’apport d’une série de données dynamiques pour l’analyse.

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Les tendances par province sont difficiles à analyser, étant donnée la diversité des situations dans chacune d'elles. Cependant, elles montrent que l'évolution du nombre d'exploitations dépend de trois facteurs majeurs : la possibilité d'extensification ou non, le niveau de la pression démographique et la vocation culturale (culture alimentaire/culture de rente). Ainsi, dans les zones de production de rente destinées à l'exportation, le taux de progression des exploitations est relativement faible (Antsiranana, Toamasina, zone orientale de Fianarantsoa). Ce sont aussi des zones où les possibilités d'extension des surfaces sont limitées. Dans les zones plutôt orientées vers les cultures alimentaires, où les surfaces disponibles sont encore importantes et la pression démographique peut être moins forte (Toliary, partie occidentale des provinces d’Antananarivo et de Fianarantsoa, Mahajanga), le nombre d'exploitations croît beaucoup plus vite. Cependant, les données disponibles sont limitées aux provinces et, pour mieux appréhender les évolutions en cours, il serait nécessaire de travailler à un niveau désagrégé, et en particulier au niveau des régions, en utilisant comme critère de choix les facteurs explicatifs identifiés plus haut.

1.2. EVOLUTION DE LA DISTRIBUTION PROVINCIALE PAR TAILLE DES EXPLOITATIONS

Tableau 30. Evolution de la superficie agricole et de la taille moyenne des exploitations

Source : Recensements nationaux agricoles de 1984-85 et 2004-05 En 20 ans, la superficie totale agricole a, en moyenne, augmenté de 18,68% (soit 0,86% par an). Cette progression montre que l'augmentation de la production agricole est en grande partie due à une extensification des surfaces cultivées, d'autant que les rendements ont peu progressé (cf. graphiques 3 et 4). L'évolution de la superficie agricole varie considérablement suivant les provinces : de -1,61% pour la Province Toamasina à 61,65% pour celle de Toliary. Cela confirme les difficultés d'accès à la terre dans ces provinces du fait d'une raréfaction des surfaces disponibles. Par contre, les surfaces agricoles progressent plus fortement dans les provinces où il existe encore des disponibilités en terre et en particulier dans le Sud (Toliary) ou l'Ouest (de Fianarantsoa et d’Antananarivo, et Mahajanga). Comme pour le tableau précédent, les données disponibles sont limitées aux provinces et pour mieux appréhender les évolutions en cours, il serait nécessaire de travailler au niveau des régions.

Le taux d’accroissement annuel de la superficie totale des exploitations agricoles (0,93%) est très inférieur à l’accroissement annuel de la population agricole (3,17%) et à l'accroissement annuel du nombre d’exploitations agricoles (2,58%). Cette situation explique une réduction généralisée de la taille des exploitations agricoles, qui passe en moyenne au niveau national de 1,2

1984-85 2004-2005 Evolution superficie agricole

Evolution taille des exploitations agricoles

Superficie

(ha)

Taille exploitation

(ha) Superficie

(ha)

Taille exploitation

(ha) Période Annuelle Période Annuelle Antananarivo 348 973 1,05 401 536 0,66 15,06% 0,70% -37,91% -1,62%Fianarantsoa 375 698 1,07 464 758 0,86 23,71% 1,07% -20,07% -0,92%Toamasina 356 820 1,44 351 079 1,00 -1,61% -0,08% -30,37% -1,33%Mahajanga 271 467 1,63 323 436 1,03 19,14% 0,88% -36,92% -1,58%Toliary 218 336 0,92 352 942 0,84 61,65% 2,43% -8,56% -0,41%Antsiranana 184 413 1,46 189 839 1,01 2,94% 0,14% -31,02% -1,36%Ensemble 1 755 707 1,20 2 083 590 0,86 18,68% 0,86% -28,68% -1,27%

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ha/exploitation en 1984-85 à 0,86 ha/exploitation en 2004-2005, soit une diminution de 28,68% en 20 ans (-1,27% par an). On assiste donc parallèlement à l'augmentation des superficies agricoles à une parcellisation des surfaces.

Face à la croissance démographique qui est plus forte dans les campagnes, l'absorption des cohortes annuelles devient de plus en plus difficile, particulièrement dans les provinces densément peuplées (Antananarivo, Toamasina, parties orientale et centrale de Fianarantsoa…). Cette tendance se traduit par des phénomènes croissants de saturation foncière. La diminution de la taille des exploitations pose clairement le problème de la taille minimale permettant la viabilité de ces unités.

La réduction de la taille des exploitations est source d'appauvrissement de la population agricole et exacerbe l'aversion au risque des producteurs agricoles. Elle peut générer aussi des stratégies d'adaptation pour rendre l'exploitation plus viable : limitation des risques via une faible utilisation des progrès technique, la diversification de la production, la pluriactivité avec ou sans migration.

1.3. EVOLUTION DU NIVEAU TECHNIQUE

1.3.1. Mécanisation des exploitations agricoles à l’état embryonnaire

Le recensement national agricole de 2004-2005 montre que les petits matériels manuels restent les outils les plus usités par les exploitations agricoles. La bêche (angady), la faucille et la machette sont les principaux outils de travail des paysans. Une exploitation agricole pratiquant au moins une culture possède en moyenne 2,21 angady. La culture attelée est faible (une herse pour 7 exploitations, et une charrue pour 4 exploitations agricoles, en moyenne). La taille moyenne des exploitations agricoles ne nécessite pas toujours la possession de charrue et de herse, et les paysans préfèrent en louer, d’autant plus que leur acquisition exige une ressource financière qu’ils ne possèdent pas toujours.

Tableau 31. Effectif des petits matériels agricoles par exploitation

Angady Houe

sarcleuse Pulvérisateur

manuel Machette/ Faucille Herse Charrue

Antananarivo 2,16 0,28 0,02 1,93 0,31 0,32Fianarantsoa 2,15 0,30 0,01 3,18 0,08 0,14Toamasina 1,89 0,53 0,02 4,17 0,13 0,11Mahajanga 2,31 0,05 0,01 3,79 0,30 0,45Toliary 2,84 0,04 0,00 2,36 0,08 0,28Antsiranana 1,61 0,30 0,00 4,05 0,07 0,14Ensemble 2,21 0,25 0,01 3,01 0,17 0,24

Source : Recensement national agricole de 2004-05 L’utilisation de gros matériels agricoles n’est que l’apanage des grandes exploitations qui sont rares, et qui n’opèrent que dans quelques zones, dont les greniers à riz (Alaotra, Marovoay et dans le Moyen Ouest). La diffusion de ces gros matériels agricoles n’a peut être pas bénéficié d'un appui suffisant de l’Etat. Certes, le Centre de Formation Appliquée aux Machinismes Agricoles ou CFAMA d’Antsirabe a été mis en place par l’Etat, mais les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des objectifs, en terme de diffusion et de production de gros matériels agricoles. La faible possession de la houe sarcleuse (1 pour 4 exploitations) montre la faiblesse de la pratique du système de riziculture améliorée ou intensive (SRI), qui nécessite la mise en ligne des plants lors du repiquage. Il n’y a en effet que 2.335 ha de rizières sous SRI (soit 0,24% des surfaces rizicoles) et

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92.097 ha de repiquage en ligne (soit 9,40%), contre 760.944 ha en système traditionnel de repiquage en foule (77,69%) et 124.026 ha en semis- direct (soit 12,66%). Le faible taux de possession de pulvérisateur manuel (1 pour 50 exploitations) témoigne du faible taux d’utilisation de pesticides. L’utilisation de matériels agricoles et autres équipements aratoires reste encore peu développée à Madagascar, ce qui confirme le côté très traditionnel et peu intensif de l'agriculture malgache. Ce faible niveau de mécanisation traduit également le manque d'instruments financiers adéquats pour accéder à ces outils et l'absence de véritable politique de mécanisation agricole. Des « Opérations Charrues » ont été menées, mais d’une manière sporadique. L’utilisation de certaines machines agricoles a été promue au sein de différents Projets, sans que les effets soient ressentis à grande échelle. La culture attelée reste pour sa part assujettie au problème de vols de bœufs. Le système de location-vente de matériels est déjà connu dans quelques régions, mais beaucoup de sociétés coopératives agricoles l’ignorent encore. La vente de gros matériels agricoles, par les concessionnaires, connaît une nette régression en nombre, même si les prix semblent se maintenir. Cependant, tout comme pour les engrais, le secteur a bénéficié, depuis quelques années, de dons de matériels agricoles, principalement en provenance du Japon. De même, un projet de réhabilitation du CFAMA, avec un appui japonais, est actuellement en phase d’étude de faisabilité. Notons aussi le développement important de l'utilisation de motoculteurs au Lac Aloatra suite aux actions entreprises par le PSDR, mais surtout suite à la hausse du prix du riz. Cette faible utilisation de matériel agricole témoigne d'une aversion au risque dans un contexte de diminution de la taille des parcelles. L'incitation à investir est d'autant moins justifiée que la taille de la parcelle diminue. En effet, une taille plus faible rend moins utile un matériel beaucoup plus adapté à des surfaces plus importantes. Et, par ailleurs, cette diminution de la surface rend sa viabilité plus problématique. Le risque dû à une nouvelle dépense est donc plus important, alors que l'accès au crédit est toujours aussi limité.

1.3.2. Intrants : une denrée de moins en moins utilisée

Le recours aux intrants (semences améliorées, engrais, pesticides) est particulièrement faible à Madagascar comme le confirme le tableau suivant pour les engrais.

Tableau 32. Taux d’exploitations agricoles selon la fertilisation

Organique Minérale Mixte Sans fertilisation Antananarivo 39,74% 0,96% 4,75% 54,55%Fianarantsoa 14,77% 0,72% 1,53% 82,98%Toamasina 5,82% 2,61% 1,52% 90,05%Mahajanga 0,92% 0,75% 0,22% 98,10%Toliary 1,51% 1,87% 0,32% 96,30%Antsiranana 0,74% 0,67% 0,28% 98,31%Ensemble 12,43% 1,28% 1,63% 84,66%

Source : Recensement national agricole de 2004-05 Si ce tableau ne donne pas d'élément sur l’évolution du mode de fertilisation ces 20 dernières années, il indique clairement la faiblesse du taux d’utilisation de fertilisants puisque 84,66% des superficies exploitées n’en utilisent pas du tout. La seule province qui diffère est celle d'Antananarivo. L'utilisation d'engrais y est beaucoup plus répandue, car, sur les Hautes Terres, le morcellement très important des surfaces cultivées oblige les paysans à intensifier. De plus, le réseau de diffusion des intrants y est relativement bien développé et l'accès au crédit est également plus développé.

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Très peu de paysans utilisent l’engrais minéral et le niveau d’application reste bas. La consommation moyenne d’engrais est de 3 kg de nutriments par hectare. D’après le recensement agricole 2004 -2005, la superficie rizicole fertilisée (organique, minérale et mixte) ne représente que 15% de la superficie rizicole totale. Outre les problèmes liés aux importations et aux circuits de distribution, plusieurs contraintes freinent l'augmentation de l'utilisations des intrants : la rentabilisation et la valorisation du réseau commercial, la disponibilité et l’accessibilité des produits, la faiblesse du pouvoir d’achat et le défaut de crédit adapté, le système de métayage… L’utilisation de semences améliorées ou de variétés performantes est encore loin d’être systématique, malgré les efforts consentis depuis l’élaboration d’une politique nationale semencière. La situation est encore largement dominée par la retenue sur les récoltes. De plus la production, de semences est encore largement dominée par les centres semenciers d'Etat, peu performants et en attente de privatisation. Pourtant, concernant certaines cultures telles que le riz, le maïs, le coton ou la vanille, la recherche a pu mettre de nombreux résultats à la disposition des utilisateurs. Des importations ont aussi été réalisées, surtout par les opérateurs privés, grâce à une législation plus adaptée, pour atteindre une meilleure performance. C’est notamment le cas des plants fruitiers tropicaux et tempérés destinés à relancer l’arboriculture sur la Côte Est ou dans le Vakinankaratra, ainsi que des semences potagères ou du maïs hybride. Si l'interventionnisme de l'Etat n'a pas toujours permis d'assurer pour tous les producteurs un accès favorable aux facteurs de production, son désengagement, parfois seulement partiel, n'a semble-t-il pas améliorer la situation. En conséquence, l’agriculture malgache demeure généralement une agriculture traditionnelle, peu intensive, très peu mécanisée et utilisant peu d’intrants, avec pour conséquence une faible augmentation de la productivité. De nombreux facteurs expliquent cette faiblesse de l'utilisation d'intrants évoqués dans la précédente partie. Parmi ces facteurs, plusieurs sont sans doute majeurs, notamment :

• Le manque d'offre de crédit Le désengagement de l'Etat en matière de crédit agricole n'a pas été comblé par l'offre mutualiste ou privée. Ainsi, malgré une demande importante, encore largement satisfaite par du financement informel à des taux usuraires, le taux de pénétration des services financiers ruraux n’excédait pas les 5-6% des ménages en 2005. Ce faible accès au crédit et le coût élevé du crédit (36%/an pour les IMF) n'incite pas aux investissements productifs.

• La quasi- absence d'appui technique

Même si les actions de l'Etat n'ont pas toujours répondu aux besoins des producteurs, son désengagement en matière de vulgarisation a été relayé tant bien que mal par des ONG, des projets ou des services administratifs locaux, à faibles moyens de fonctionnement humains et financiers. Cette situation n'incite pas non plus à l'utilisation de nouvelles techniques mal connues.

• L'insécurité foncière (cf. 1.3.4) qui rend difficile à la fois des investissements sur une terre qui ne vous appartient pas et limite l'accès au crédit.

Si aujourd'hui l'Etat, en lien avec les partenaires techniques au développement, met en œuvre un certain nombre d'actions pour répondre à ces problèmes (cf. Partie 2), il est clair que la diminution de la taille des exploitations limite la prise de risque, rendant problématique les améliorations de techniques et donc l'amélioration des rendements. Le risque est d'ailleurs d'autant plus fort que Madagascar est confronté à des aléas climatiques récurrents (cyclones, sècheresses…) pouvant réduire à néant les efforts consentis. Dans ce contexte, limiter le risque en conservant un mode de culture traditionnel peut être tout à fait rationnel.

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1.3.3. Irrigation : un bien difficilement maîtrisable, et inégalement réparti

L’essentiel des aménagements « faciles » a déjà été entrepris par les paysans, même ceux qui nécessitent une ingéniosité comme l’aménagement en rizières des versants des collines et montagnes. Mais cette situation ne concerne que les zones à forte densité. Depuis une quarantaine d’années, l’Etat, par l’intermédiaire de ses sociétés (SOMALAC, FIFABE, SAMANGOKY, SEDEFITA, SODEMO, SOAMA…) et de divers projets (PPI, MHL, PIRD, PSDR, PRBM, PHBM, PPRR… et actuellement par le programme BVPI), a toujours appuyé la réhabilitation des réseaux hydroagricoles, dont l’aménagement dépasse les capacités des paysans (au plan technique, financier et de gestion). Ce mode d’action s’inscrit dans une tradition pluriséculaire, qui remonte aux grands aménagements rizicoles entrepris par les grands rois Merina, notamment Andrianampoinimerina. Actuellement, une des contraintes de la majorité des paysans concerne la maîtrise de l’eau, en particulier pour l’irrigation, en plus de la sécurité des personnes et du foncier, ce qui montre l’attachement des paysans à la riziculture. Cependant, dans la majorité des cas, la gestion et l’entretien de ces infrastructures et ouvrages, surtout pour les grands périmètres, laissent à désirer après le retrait de l’Administration (via des sociétés et/ou des projets). Les capacités techniques, financières et organisationnelles du secteur privé n’arrivent pas à répondre aux exigences de ces réseaux hydroagricoles. C’est le cas, en particulier, des associations des usagers de l’eau et de leurs structures fédératives. Aussi, après une dizaine d’années, voire moins, certains réseaux nécessitent-ils à nouveau des réhabilitations massives, soutenues par des financements extérieurs. Soit les entretiens n’ont pas été faits convenablement (diminution progressive de la capacité d’un canal d’irrigation ou de drainage, par ailleurs de plus en plus soumis aux effets de l’érosion des bassins versants), soit les aléas climatiques (cyclones, inondations) ont abîmé les infrastructures et ouvrages.

Tableau 33. Contrainte du manque de maîtrise de l’eau

Région % d’exploitations concernées par la mauvaise maîtrise de l’eau

Surface correspondante en milliers d’ha

Nord 55 70 Nord-Ouest 78 197

Centre-Ouest 34 66 Hauts Plateaux 73 231

Est 67 101 Lac Alaotra 59 73

Source : étude FAO/UPDR (1999)

En principe, conformément aux textes en vigueur, l’Etat devrait contribuer à l’entretien des réseaux hydroagricoles non transférables et jugés stratégiques, car la gestion et l’entretien dépassent la capacité des usagers. En outre, c’est l’Etat qui devrait supporter les coûts de réhabilitation en cas de dégâts cycloniques. Cependant, faute de moyens, l’Etat n’arrive pas toujours à honorer ses obligations, à l’exception de quelques interventions ponctuelles. L’Etat tente actuellement de mettre en place un Fonds d’Entretien des Réseaux Hydro-Agricole (FERHA), de manière à pouvoir disposer à nouveau d’un outil structuré d’intervention, permettant notamment une certaine planification des travaux. Actuellement, une partie des périmètres, dont les réseaux ont été réhabilités, n’est plus irriguée ou correctement drainée. Ceci a pour conséquence la réduction de la capacité de production et l’accroissement de la vulnérabilité des exploitations et donc des paysans. Ce qui est clair ici c'est que le désengagement brutal de l’Etat à la fin des années 80, suite à l’ajustement structurel, a rendu difficile le transfert de responsabilité aux usagers. En outre, le délai imparti pour le transfert de compétence au profit des structures d’opérations paysannes a été trop court pour permettre aux bénéficiaires, démunis de moyens, de se préparer et d’agir en professionnels, et ce dans un domaine où c’est l’Etat qui a effectivement toujours assuré le gros des interventions.

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En plus de la faible mécanisation et de l'utilisation limitée des intrants, la mauvaise gestion de l'eau est un frein majeur à l'amélioration de la productivité en particulier pour le riz, culture centrale pour l'agriculture malgache.

1.4. UN MARCHE FONCIER NON DEVELOPPE EN MILIEU RURAL A Madagascar, l'accès à la terre est particulièrement difficile. On estime que 500 000 demandes de terrains domaniaux sont actuellement déposées auprès des services fonciers, en plus des ménages qui souhaitent obtenir une reconnaissance écrite de leurs droits fonciers, et que seulement 330 000 titres ont été établis depuis un siècle, et le rythme actuel de délivrance d’actes stagne autour de 1 000 titres par an. De nombreuses demandes d’acquisition demeurent sans suite et la superficie des propriétés titrées ne dépasse pas un quinzième du territoire. Les transactions foncières en milieu rural sont donc rarement officialisées. Les paysans se contentent de simples accords écrits, parfois enregistrés au niveau du Fokontany ou de la Commune, mais qui n’ont aucune valeur juridique. Cette non- officialisation concerne également les droits secondaires, car d’une part, le métayage est interdit par les textes, et d’autre part, il n’est pas dans l’habitude des paysans de légaliser les contrats de fermage. Cette situation d'insécurité foncière pénalise le développement de l'agriculture. Elle limite les investissements productifs et l'accès au crédit et ainsi accentue l'aversion des producteurs au risque. De plus, la répartition des terres est inégale, les ménages les plus riches disposent de parcelles trois fois plus grandes que les ménages les plus pauvres. Malheureusement les informations sont limitées dans ce domaine et ne permettent d'appréhender correctement les phénomènes de concentration foncière. Malgré l'interdiction du métayage, force est de constater que, sur 20 ans, les nouvelles surfaces cultivées (+327 864 ha) sont d'abord cultivées par les propriétaires, mais que l'on assiste à un fort accroissement du mode de faire valoir indirect (+37% pour le métayage/fermage). Cette progression s'explique par le développement de migrations, car un nouvel arrivant se fait d’abord fermier ou métayer, avant de pouvoir prétendre accéder à la propriété pleine. C'est le cas dans le Menabe par exemple, pour les Betsileo qui s’installent petit à petit chez les Sakalava, comme en témoigne la forte augmentation du taux de métayage/fermage dans la province de Toliary. L'autre explication est l'appauvrissement des exploitants agricoles sur des terres de plus en plus petites et donc moins viables, qui les conduit à céder leur exploitation. Ainsi certains paysans, endettés auprès des usuriers locaux se voient obligés de céder leurs parcelles à ces derniers lorsqu’ils n’arrivent plus à honorer leurs dettes. Ce mode de transfert des terres s’observe surtout dans les périmètres irrigués et autour des centres urbains où la pression foncière est très importante. Les anciens propriétaires se font alors métayers sur les mêmes parcelles lorsque les nouveaux propriétaires ne les exploitent pas eux-mêmes directement. Si les nouveaux propriétaires décident d’entreprendre le mode de faire-valoir direct, alors, soit l’ancien propriétaire décide d’émigrer, soit il devient salarié agricole dans le village même.

Tableau 34. Distribution des superficies selon le mode de faire valoir

1984-85 2004-05 Prop Mét/ferm Occup grat Total Prop Mét/ferm Occup grat Total Antananarivo 85,80% 7,30% 6,90% 100,00% 84,25% 7,48% 8,28% 100,00%Fianarantsoa 91,50% 1,00% 7,50% 100,00% 95,04% 1,40% 3,57% 100,00%Toamasina 84,90% 6,60% 8,50% 100,00% 82,74% 9,56% 7,70% 100,00%Mahajanga 84,50% 5,60% 9,90% 100,00% 83,20% 9,78% 7,01% 100,00%Toliary 93,40% 2,40% 4,20% 100,00% 91,81% 5,20% 2,99% 100,00%Antsiranana 80,00% 8,30% 11,70% 100,00% 71,62% 10,31% 18,07% 100,00%Ensemble 87,00% 5,00% 8,00% 100,00% 86,37% 6,70% 6,93% 100,00%

Source : Recensements nationaux agricoles de 1984-85 et 2004-05

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Tableau 35. Evolution du mode de faire valoir entre 1984-85 et 2004-05

Province Propriétaire Métayage/fermage Occupation gratuite Evolution

Ha Tx de

croissance Ha Tx de

croissance Ha Tx de

croissance Ha Tx de

croissanceAntananarivo 38 867 11,49% 4 542 15,13% 9 153 27,54% 52 563 13,09%Fianarantsoa 97 933 22,17% 2 728 42,06% -11 592 -69,90% 89 068 19,16%Toamasina -12 466 -4,29% 10 007 29,82% -3 308 -12,24% -5 767 -1,64%Mahajanga 39 720 14,76% 16 439 51,95% -4 191 -18,48% 51 969 16,07%Toliary 120 106 37,07% 13 128 71,47% 1 372 13,02% 134 606 38,14%Antsiranana -11 569 -8,51% 4 267 21,80% 12 729 37,10% 5 426 2,86%Ensemble 272 094 15,12% 51 856 37,14% 3 914 2,71% 327 864 15,74%

Source : Recensements nationaux agricoles de 1984-85 et 2004-05 L'insécurité foncière, exacerbée par une réduction de la taille des exploitations, est source d'appauvrissement pour les paysans, qui se voient parfois contraints à céder leurs terres. C'est également un frein aux investissements productifs et à l'accès au crédit, ce qui accentue encore plus l'aversion des producteurs au risque. La diminution de la taille des exploitations agricoles entraînant une viabilité de plus en plus incertaine des exploitations, d'une part, et la pression démographique dans les zones rurales d'autre part, conduisent les paysans à des stratégies d'adaptation variées :

• Certains vendent leurs exploitations et deviennent métayers ;

• D'autres développent et diversifient leur agriculture

• D'autres encore recherchent d'autres sources de revenu et développent une pluriactivité, avec ou non une migration.

Toutes ces stratégies répondent à un objectif unique : limiter les risques et permettre à l'exploitation au sens large de rester viable.

Résumé

• Entre 1984-85 et 2004-05 on observe une progression de 66,40% du nombre d’exploitations agricoles, soit un accroissement annuel de 2,58% (un accroissement brut de 969 057 en 20 ans), légèrement supérieur au taux d'accroissement de la population agricole (3,17%).

• L'augmentation du nombre d'exploitations montre que le secteur agricole a été en mesure d'absorber jusqu'à présent une grande partie des nouveaux arrivants ruraux sur le marché du travail.

• En 20 ans, la superficie totale agricole a, en moyenne, augmenté de 18,68% (soit 0,86% par an). Cette progression montre que l'augmentation de la production agricole est en grande partie due à une extensification des surfaces cultivées, d'autant que les rendements ont peu progressé.

• On assiste depuis 20 ans à une réduction généralisée de la taille des exploitations agricoles qui passe, en moyenne, au niveau national de 1,2 ha/exploitation en 1984-85 à 0,86 ha/exploitation en 2004-2005, soit diminution 28,68% en 20 ans (-1,27% par an).

• Face à la croissance démographique, qui est plus forte dans les campagnes, l'absorption des cohortes annuelles devient de plus en plus difficile, particulièrement dans les provinces densément peuplées (Antananarivo, Toamasina, parties orientale et centrale de Fianarantsoa…). Cette tendance se traduit par des phénomènes croissants de saturation foncière.

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• La réduction de la taille des exploitations exacerbe l'aversion au risque des paysans et ce d'autant plus que le risque est grand, du fait des aléas climatiques notamment.

• D'ailleurs, le désengagement de l'Etat en matière d'infrastructures hydroagricoles a engendré une mauvaise gestion de l'eau, autre frein majeur à l'amélioration de la productivité.

• En conséquence les paysans investissent peu dans l'amélioration de la production et utilisent peu d'intrants ou de matériels agricoles. En dehors des difficultés d'accès aux intrants ou à la mécanisation, le manque d'accès au crédit et l'absence quasi-totale de service agricole n'incitent pas non plus à investir.

• Cette aversion au risque est accentuée par une insécurité foncière généralisée. L’absence de titres pénalise l’accès des paysans au crédit et donc à l’investissement.

• Dans ce contexte, limiter le risque en conservant un mode de culture traditionnel peut être tout à fait rationnel.

1.5. DIVERSIFICATION ET PLURIACTIVITE : DES STRATEGIES D'ADAPTATION PAYSANNE Pour conserver une certaine viabilité des exploitations mise à mal par la réduction de la taille de celles-ci, et étant donné les faibles investissements en intrants et mécanisation, les paysans ont adopté des stratégies d'adaptation notamment :

- La diversification de leur production agricole - Le développement d'une pluriactivité

1.5.1. La diversification des productions

La diversification des productions permet aux paysans "d'étaler" le risque sur plusieurs produits. Ainsi, si la récolte de riz n'est pas bonne, il peut se rattraper sur la récolte de maïs par exemple. A Madagascar, rares sont les exploitations spécialisées sur un seul type de culture. Presque la totalité des exploitations pratique plus de 3 spéculations, mais le riz reste toujours la base (87% des exploitations, et 60% des surfaces cultivées).

Tableau 36. Pourcentage de ménages agricoles par culture pratiquée

% de ménages

pratiquant la culture Paddy 87 Maïs 29 Autres céréales 1 Manioc 54 Pomme de terre 8 Patate douce 16 Autres tubercules 2 Arachides 7 Haricots 16 Autres légumineuses 5 Légumes 8 Fruits 10 Cultures de rente 21 Indice de diversification 2,6

Source : "Agriculture, pauvreté rurale et politiques économiques à Madagascar, d'après l'EPM 2001, INSTAT-DSM

La diversification de la production agricole se présente sous deux formes :

- augmentation du nombre de spéculations - mise en œuvre de plusieurs campagnes agricoles.

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Pendant la saison des pluies, les paysans exploitent d’autres cultures vivrières (manioc, maïs, patate douce, pomme de terre…), et ce en plus du riz. A cela s’ajoute la cueillette des produits d’exportation (café, vanille, girofle) et le coton. Sur les Hautes Terres (Vakinakaratra, Itasy, Amoron’i Mania, Haute Matsiatra et Alaotra Mangoro), une partie des rizières est utilisée en contre saison pour d’autres cultures (pomme de terre, haricot, carotte, tomate, haricot…). Autour des grandes villes, on assiste au développement des cultures maraîchères, sur les basses terrasses en saison de pluie et en rizière en saison sèche.² Il semble que la diversification des productions est un phénomène qui s'accentue, en particulier sur les Hautes Terres pour les cultures de contre saisons. La mise en œuvre d'un Pôle Intégré de Croissance (PIC) orienté vers le développement de l'agriculture et de l'agro-industrie devrait renforcer cette tendance. Malheureusement, il n'existe que très peu d'informations permettant de connaître l'évolution de ces adaptations. Ce sera un des points fondamentaux à aborder lors de la seconde phase de l'étude.

1.5.2. La pluriactivité

Parallèlement à la diversification de la production agricole, on assiste au développement de la pluriactivité en milieu rural, en particulier dans les zones à forte densité où les exploitations agricoles sont de moins en moins viables et rentables. La pluriactivité permet également de limiter les risques en diversifiant les sources de revenus. En plus du salariat agricole, thème traité par la suite, les paysans s’adonnent à d’autres activités comme le montre le tableau qui suit. Cette pluriactivité peut s'effectuer dans la zone de résidence ou bien conduire à migrer. Ainsi, nombreux sont les paysans des Hautes Terres centrales (Vakinankaratra, Itasy, Analamanga, Haute Matsiatra et Amoron’i Mania), qui émigrent temporairement vers des carrières de mines de pierres précieuses (Ilakaka, Sakaraha) ou d’or (Maevatanana) pendant la saison sèche. Du fait de l’existence de situation de saturation foncière, il semble que les phénomènes migratoires tendent à se développer. De même, la population du Sud Est, confrontée à une certaine saturation foncière, émigre dans toute l’île, soit à la recherche de nouvelles terres agricoles (surtout pour la riziculture ou pour des cultures de défriche-brûlis), soit pour travailler dans le secteur informel (comme tireurs de pousse par exemple). Malheureusement ces phénomènes sont également assez peu connus.

Tableau 37. Répartition des activités des chefs de ménages ruraux (2005) Antananarivo Fianarantsoa Toamasina Majunga Toliary Antsiranana Ensemble

Activités Activité

n° 1 Activité

n° 2 Activité

n° 1 Activité

n° 2 Activité

n° 1 Activité

n° 2 Activité

n° 1 Activité

n° 2 Activité

n° 1 Activité

n° 2 Activité

n° 1 Activité

n° 2 Activité

n° 1 Activité

n° 2 Agriculture 89,9% 8,0% 94,2% 4,9% 91,7% 5,6% 95,0% 3,1% 92,5% 4,7% 91,2% 6,4% 92,3% 5,6%Elevage 0,9% 36,8% 0,3% 33,0% 0,5% 26,0% 0,6% 44,5% 0,9% 27,7% 0,7% 45,7% 0,7% 34,5%Sylviculture 0,4% 0,6% 0,1% 0,5% 0,4% 1,6% 0,1% 0,6% 0,0% 0,4% 0,1% 0,7% 0,2% 0,7%Pêche 0,2% 0,4% 0,5% 1,4% 2,4% 2,8% 1,3% 2,6% 2,7% 1,8% 2,6% 1,2% 1,3% 1,6%Commerce 1,8% 5,2% 0,8% 3,3% 0,9% 4,8% 0,5% 5,2% 0,9% 4,2% 1,0% 6,5% 1,1% 4,6%Industrie 0,5% 0,2% 0,0% 0,1% 0,6% 0,2% 0,2% 0,1% 0,2% 0,1% 1,5% 0,2% 0,4% 0,1%Artisanat 2,0% 6,4% 1,2% 7,9% 0,9% 6,4% 0,4% 6,3% 0,7% 4,8% 0,9% 3,9% 1,1% 6,3%Agent de l'Etat 1,5% 0,8% 2,0% 1,3% 1,8% 0,8% 1,3% 1,3% 1,4% 1,2% 1,5% 1,5% 1,6% 1,1%Transport 0,6% 0,5% 0,1% 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,1% 0,3% 0,2% 0,2%Profession libérale 1,3% 1,8% 0,2% 0,8% 0,3% 0,6% 0,2% 1,6% 0,2% 0,5% 0,2% 1,3% 0,5% 1,1%Autre 0,8% 1,3% 0,5% 1,6% 0,4% 1,2% 0,2% 0,8% 0,4% 1,7% 0,4% 1,4% 0,5% 1,4%Aucun 0,0% 37,9% 0,0% 45,2% 0,0% 49,9% 0,0% 33,6% 0,0% 52,6% 0,0% 31,0% 0,0% 42,7%

Source : Recensement agricole 2004-05

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De multiples activités se développent actuellement, comme :

• l’artisanat (tant pour l’utilisation domestique que pour la vente),

• la production de briques (Hautes Terres),

• la fabrication de charbon de bois,

• le transport (par charrette, par motoculteur et par bicyclette),

• divers "petits boulots" (réparation de bicyclette, intermédiaire pour la collecte de produits maraîchers, maçons, charpentiers…).

En 2005, 42,7% des chefs de ménages ruraux n’ont aucune activité secondaire. Parmi ceux qui ont plusieurs activités, 34,5% font de l’élevage, 6,3% de l’artisanat et 4,6% du le commerce. D'après les Observatoires ruraux, la pluriactivité a progressé sensiblement depuis 2001. Puisque sur l'ensemble des observatoires, le pourcentage de ménages ayant au moins une activité secondaire est passé de 79,5% en 2001 à 87,1% en 2005. Le salariat agricole, qui, dans la plupart des cas est une activité ponctuelle et saisonnière, n’est pas spécifié par le recensement agricole 2004-2005. Or, il s'agit probablement de la principale activité secondaire pour de nombreux producteurs agricoles aujourd'hui.

1.6. SALARIAT AGRICOLE : ACTIVITE LOCALISEE QUOIQUE CAPITALE POUR CERTAINES CULTURES

Le salariat est peu développé dans le secteur agricole qui s’appuie surtout sur la main-d’œuvre familiale ou l'entraide entre paysans.

Ainsi d’après les Enquêtes auprès des Ménages (EPM), entre 15% et 25% des parcelles seulement ont été mises en valeur grâce à l’apport d’une main-d’œuvre salariée. De plus, ce sont surtout les ménages les plus riches qui peuvent faire appel à cette main d’œuvre pour travailler leurs terres. Les ménages ruraux pauvres, disposant de moins de terre et de moins de ressources financières, comptent plus sur la main-d’œuvre familiale et l’entraide.

Toutefois, il s'agit d'une source de revenu non négligeable pour les ménages ruraux, surtout pour les groupes les plus pauvres. Le salariat fournit presque 90% des revenus extra- agricoles aux ménages ruraux, et 35% des ménages ruraux ont au moins un membre qui travaille en tant que salarié. Une estimation dans le cadre du Recensement des Communes de 2001 (par le Programme Ilo), chiffre à 17% la part de la population qui dépend principalement du salariat agricole pour son revenu82. Lors de la crise du riz en 2004, de nombreux paysans disposant de terres limitées ont vendu leur force de travail pour pouvoir acheter du riz devenu très cher.

C’est la culture de riz qui nécessite le plus de main-d’œuvre salariée. A Madagascar, les salariés agricoles sont souvent des travailleurs saisonniers. En témoigne l’importante immigration de salariés saisonniers dans les grandes zones rizicoles du Lac Alaotra. Il y a actuellement des saisonniers qui viennent y travailler, en provenance de régions éloignées comme Ambatolampy ou le pays Betsileo, terre traditionnelle d’émigration saisonnière. Cette situation perdure dans la région du Lac Alaotra, dans la mesure où les salariés locaux n’entrent pas en concurrence avec les saisonniers pour le type de travail effectué. Sarclage et battage sont réservés aux locaux, repiquage et récolte aux saisonniers, au moment des pics de demande de main d’œuvre. Notons également les migrations des Hautes Terres vers la zone de production de litchis lors de la récolte en fin d'année.

82 Le détail figure en annexe

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Les perspectives de salariat des ruraux dans les secteurs agro-alimentaires sont restreintes, vu la faiblesse de leur approvisionnement en matières premières agricoles locales. De plus, d’après l’EPM 2005, l’industrie alimentaire ne fournit que 0,2% des emplois.

Le développement du salariat reflète plusieurs adaptations au sein des exploitations :

• Développement d'une stratégie de pluriactivité, parallèlement à la production de l'exploitation

• Départ d'un membre de l'exploitation soit de façon saisonnière, soit de façon plus structurelle

• Situation de paysans sans terre qui vendent leur force de travail.

Résumé

• Pour s'adapter, dans un contexte de pression démographique, à la diminution de la taille des exploitations agricoles, entraînant une viabilité de plus en plus incertaine des exploitations, les paysans ont développé de nombreuses stratégies d'adaptation variées.

• Ces stratégies ont en général en commun de viser à limiter les risques et de permettre à l'exploitation, au sens large, de rester viable et suggèrent donc une situation de pauvreté rurale aiguë.

• Dans certains cas, les paysans sont obligés de vendre leurs exploitations et deviennent métayers ou salariés agricoles.

• On assiste aussi à une diversification accrue des productions.

• Enfin, d'autres adoptent une stratégie de pluriactivité pour diversifier les revenus et cela avec ou sans migration

• Dans ce dernier cas, le salariat agricole, qui se développe, est devenu une source de revenu très importante, qui témoigne le plus souvent à la base d'un appauvrissement de l'exploitation.

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2. LE PROCESSUS DE DIFFERENCIATION Le processus de différenciation est entendu ici dans le sens de l’apparition de clivages socio-économiques entre types d’exploitants ou entre régions ou entre catégories de ménages qui découlent de la transformation du milieu rural décrite précédemment à l’aide de quelques indicateurs. Les effets de la libéralisation et des politiques publiques ont été amplifiés par l’exposition aux aléas naturels, la dotation inégale en environnement économique et institutionnel, la pénétration difficile des innovations techniques ou l’adaptation limitée aux conditions de marché. Ces facteurs de différenciation socio-économique sont explicités par la suite et leurs conséquences structurelles sur la situation des exploitations et des ménages analysées.

2.1. LES FACTEURS EXPLICATIFS

2.1.1. L’évolution du milieu naturel

Un pays soumis à de nombreux cataclysmes naturels

Les stratégies de survie des exploitants sont d’autant plus prégnantes au sein des structures de production que les risques sont élevés à Madagascar. Madagascar est touché périodiquement par différents types de cataclysmes naturels (les dépressions et cyclones, les inondations, la sécheresse et les invasions des criquets). Outre d’avoir pour effet de dégrader l’environnement, ces cataclysmes se traduisent par une forte aversion pour le risque de la part des exploitants et par une forte insécurité alimentaire de la population, quand l’évènement climatique est important.

En 2004, deux cyclones sont survenus à un mois d’intervalle, causant des dégâts importants. Il s’agissait des cyclones Elita (fin janvier – début février) et Gafilo (début mars). Ce dernier était l’un des plus violents depuis 50 ans, avec 774 000 personnes touchées et plus de 300 000 ha de terres agricoles détruites et/ou endommagées. Par contre, en d’autres endroits du pays (une partie du Lac Alaotra et l’extrême Sud), les précipitations abondantes de février 2004 ont été bénéfiques pour la riziculture irriguée.

Ces évènements climatiques ont des impacts au niveau macro-économique comme sur la balance commerciale. Ainsi, trois cyclones successifs, en l'an 2000, engendrèrent une chute drastique du volume de la production agricole destinée à l'exportation. La moitié des plantations de vanille a été détruite, et il a fallu trois années pour rattraper le niveau de la production précédente83.

Des inondations surviennent aussi périodiquement dans le pays, souvent liées d’ailleurs aux épisodes cycloniques, même si ceux-ci ne touchent pas directement l’Ile. Durant le premier trimestre de l'année 2001, des inondations ont endommagé de nombreuses routes principales et d’importantes surfaces de rizières.

La sécheresse est aussi une menace, surtout pour les quinze pour cent des malgaches qui vivent dans les endroits les plus directement concernés, à savoir essentiellement l’extrême sud sud-ouest de l’Ile84.

Les criquets font aussi partie des fléaux périodiques, surtout dans le Sud également. L'intensité des dégâts est variable. La crise la plus récente induite par une invasion de criquets est apparue en 1998 et a été maîtrisée grâce aux interventions du Gouvernement et de plusieurs bailleurs de fonds.

Le pays fait régulièrement face à des crises liées à ces aléas climatiques ou catastrophes naturelles. Ces dernières peuvent être collectives ou familiales. Les crises collectives touchent une région ou une collectivité, la gestion est alors assurée par l’Etat, notamment grâce à deux institutions : le Conseil 83 Sources Individuelles, cofacerating.com, Investment risk ratings, 2001 84 USAID, Bergeron, G., Deuxième version, p. 56, 2001

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National de Secours (CNS) et le Conseil National de Coordination des travaux de réhabilitation des dégâts cycloniques (CNC). L’appui du PAM et d’autres organismes d’aide (notamment le FID85, projet financé par la Banque Mondiale ; et le CRS86, financé par l’USAID) permet une gestion de crise assez satisfaisante, avec toutefois des délais de réponse souvent longs.

Les réponses aux crises familiales ou individuelles sont essentiellement privées. Dans un contexte d’affaiblissement des solidarités communautaires, les stratégies de gestion de crise reposent alors sur l’usage de l’emprunt ou la vente de biens, quand c’est possible, le recours au salariat, la restriction (alimentaire principalement) et la migration en désespoir de cause. Trop souvent, ces crises aboutissent à une certaine forme d’exclusion.

Ainsi l’exposition aux aléas naturels concerne certaines régions plus que d’autres (Sud, zones côtières…) et les stratégies pour y faire face au niveau individuel ne sont pas toutes mobilisables de la même façon pour tous les types d’exploitations ou de ménages (décapitalisation, accès au crédit…).

Des ressources naturelles riches mais soumises à de fortes pressions

L’accroissement des productions s’est faite sur la base d’une extension des surfaces qui est devenue incompatible avec la gestion de la fertilité.

Madagascar est un pays au relief majoritairement accidenté, dont les plaines et bas-fonds rizicoles sont dominés par des bassins versants à fortes pentes. Cette disposition, combinée avec l’abondance des pluies et la dégradation du couvert végétal (prélèvement ou culture sur les collines), amènent à une rapide dégradation des sols en amont. Ceci est trop souvent cause de dégâts et d’ensablements des infrastructures et des parcelles irrigués en aval. Ainsi, les périmètres irrigués et les bassins versants dominants sont forcément liés par le même destin de développement.

Tableau 38. Evolution de la superficie défrichée (en hectare)

Année Antananarivo Antsiranana Fianarantsoa Mahajanga Toamasina Toliary Total 1990 407 6 180 5 466 765 613 236 13 6671991 565 2 351 80 739 63 3 7981992 262 5 174 6 013 12 316 480 42 24 2871993 36 16 782 3 732 796 2 691 273 24 3101994 15 555 1 971 2 525 20 895 2 134 43 0801995 438 10 165 330 860 28 126 163 40 0821996 459 10 964 592 3 422 8 890 232 24 5591997 35 8 907 22 1 064 11 860 135 22 0231998 469 10 946 113 3 720 12 836 4 421 32 5051999 768 8 616 3 510 3 156 14 110 3 131 33 2912000 300 8 681 9 053 707 8 767 956 28 4642001 837 585 64 271 5 4 1 7662002 949 6 051 218 779 706 739 9 442

Source : DGEF - 2003

En zone forestière, la persistance des systèmes de culture traditionnels, alternant cultures sur brûlis (tavy) et jachères naturelles, entraîne une déforestation accélérée, une surexploitation des ressources naturelles, une chute de la fertilité des sols et une extension des surfaces dégradées ou en voie de désertification, sans que des alternatives soient à la portée des producteurs.

On estime que chaque année 200 000 ha à 300.000 ha de forêts disparaissent par extension des activités agricoles (pratique de la défriche brûlis) et par extraction du bois de chauffage87. Il ne resterait que 16% de la surface nationale totale en forêt naturelle. Même si ce rythme de déforestation est contesté par certains chercheurs, ces pratiques, liées aux poussées démographique et urbaine, entraînent une déforestation préoccupante et vraisemblablement irréversible.

85 Fonds d’Intervention pour le Développement 86 Catholic Relief Service 87 Bois de chauffe : 2 239 863 m3 en 1962, 9 919 766 m3 en 2001, charbon de bois : 45 760 tonnes métriques en 1980, 676 337 en 2001.

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De manière générale, la croissance démographique des populations urbaine et rurale entraîne une forte montée des densités (totale et rurale), remettant en cause les modes traditionnels de gestion des ressources naturelles (humus, parcours, flore, faune, etc.) fondés sur des prélèvements même limités et la reconstitution naturelle. Avec l’intensification des prélèvements, ces modes de gestion deviennent incompatibles avec les rythmes des cycles naturels et ces ressources se reconstituent de plus en plus mal.

Plusieurs modes de lutte contre cette dégradation à plusieurs facettes de l’environnement sont mises en œuvre à Madagascar: la protection des bassins versants par la diffusion de techniques de cultures anti-érosives, l’appui à l’amélioration de la gestion des ressources naturelles forestières par les populations locales et le développement des aires protégées.

Aujourd'hui, 17 672 km² sont classés en aires protégées. Pour marquer sa volonté de renforcer la conservation de la biodiversité, l’Etat central s’est engagé dans le cadre des accords de Durban à tripler cette superficie dans les 5 années à venir. Ainsi, les deux tiers des forêts naturelles restantes du pays seront mis sous protection formelle, et l'ensemble des surfaces classées représenterait 11,5 % du territoire national. Cependant, cette décision réduira considérablement les zones de colonisation agraire. Cela risque d’entraîner une augmentation de la pression foncière sur les sols déjà mis en valeur et une obsolescence plus rapide des systèmes de production traditionnels.

La dotation différenciée en ressources naturelles et les effets de la pression anthropique dont ces ressources font l’objet, fragilisent certaines populations selon leur localisation et la spécificité de leurs activités (agriculture pluviale, rizières à mauvaise maîtrise d’eau, exclusion de populations des aires protégées, ménages du Sud…).

2.1.2. L’évolution de l’environnement économique et institutionnel

Une baisse des prix relatifs du riz

L’évolution du prix du paddy aux producteurs, entre 1980 et 1999, montre une certaine stabilité en francs constants. Les producteurs de paddy n’ont donc pas bénéficié, en termes réels, de la libéralisation, qui avait pourtant fait le pari d’une incitation à la production par le prix du paddy (Cf. graphique 2).

Graphique 36. Evolution des prix de riz

Source : Adapté des données de l’INSTAT par les auteurs

L’évolution et le niveau des prix relatifs montrent la détérioration du pouvoir d’échange des paysans malgaches, majoritairement producteurs de riz.

Les paysans doivent céder une quantité sans cesse plus importante de paddy pour se procurer les denrées manufacturées, tels l’huile, les boîtes de lait concentré ou le sucre. Il faut en outre vendre 10kg de paddy pour avoir 1kg de viande de bœuf en 2006 alors que le ratio était de 8kg de paddy pour 1kg de viande cinq ans auparavant.

Prix du riz sur le marché(Prix nominaux et prix constants 1970)

0

100

200

300

400

500

600

1964

1966

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

Ar/k

g

PN RIZ (marché) PR RIZ (marché), base 100=1970

Prix réels du riz aux consommateurs et aux producteurs (indice base 100=1970)

0

20

40

60

80

100

1964

1966

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

PR RIZ (marché), base 100=1970 PR Paddy (100=1970)

AJUSTEM ENT STRUCTUREL ET LIBERALISATIONPERIODE SOCIALISTE1ERE REPUBLIQUE

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Pour d’autres produits alimentaires agricoles tels que le haricot blanc sec, le pouvoir d'achat des producteurs de riz s'est également détérioré : ce produit coûtait deux fois plus que le paddy en 1998 et plus de trois fois plus en 2006.

Tableau 39. Prix relatifs des produits par rapport au paddy - Antananarivo

Produit Unité Prix 2006 Prix 2001 PRIX 1998 Manioc sec Kg 1,0 0,8 0,5 Haricot blanc sec Kg 3,5 2,8 2,0 Huile alimentaire Litre 6,3 5,2 6,5 Gros sel Kg 1,0 0,8 0,6 Lait concentré Boîte 5,0 4,1 Pain Unité 0,8 0,5 Savon Nosy 120g Unité 0,8 0,8 0,9 Sucre roux Kg 4,9 3,5 3,3 Viande de bœuf Kg 10,0 8,2 Pile SIPED Unité 1,8 1,4

Sources : Calculs propres à partir des données recueillies par l'équipe Ruralstruc pour Antananarivo rural pour septembre 2006 (à titre indicatif) ; des données de l’Enquête sur les marchés ruraux 2001

(Antananarivo) – INSTAT ; des données de l’Observatoire Rural d’Antsirabe pour 1998 (ROR).

Il faut toutefois signaler les effets de la hausse récente des prix du riz sur le marché international, qui a eu pour effet en 2004 et 2005 une amélioration du prix réel du paddy pour les paysans, induisant ainsi un certain transfert de richesse des zones urbaines vers les campagnes. Cette hausse du prix du riz a incité les paysans à étendre la superficie cultivée en riz, parfois au détriment de certaines cultures (café dans le Sud-Est, canne à sucre dans le Nord-Ouest). Dans certaines régions, une intensification est observée, à l’instar de l’Alaotra Mangoro, premier grenier à riz de Madagascar, où l’on constate un accroissement de l’utilisation de matériels agricoles (plus d’un millier de motoculteurs en 3 ans, pulvérisateur, sarcleuse…) et de l’engrais minéral (urée, NPK, DAP).

La situation structurelle de dégradation du pouvoir d’achat en milieu rural peut être bien pire pour les régions les plus éloignées. En effet les prix aux producteurs baissent avec l’éloignement, tandis que les prix des produits de consommation (manufacturés ou non) augmentent. Ces derniers viennent en effet des villes et les coûts de transport grèvent les prix à mesure qu’on s’éloigne de ces centres urbains. Et cet effet est cumulatif, lorsqu’il s’agit par exemple pour les ménages les plus pauvres d’acheter très cher du riz en période de soudure, alors qu’ils l’ont eux-mêmes vendu à bas prix en période de récolte ; le facteur transport comptant alors double pour ces ménages.

Le pouvoir d’achat des producteurs de riz s’est structurellement dégradé sur les dernières décennies du fait de la stagnation du prix de vente réel du paddy et de l’augmentation des prix relatifs des produits de consommation achetés. Cette dégradation a moins concerné les agriculteurs les plus diversifiés qui ont bénéficié de l’amélioration des prix relatifs des autres spéculations. Cette situation a favorisé les populations urbaines (acheteuses de riz) au détriment des populations rurales (vendeuses de riz). La crise récente sur le marché du riz a atténué cette différence, mais elle a bénéficié à certains riziculteurs, excédentaires et capables de différer la commercialisation de leurs produits, plutôt qu’à d’autres déficitaires nets en riz.

Intégration aux marchés et gouvernance dans les filières

La multiplicité des types de réseaux d’approvisionnement et de commercialisation a caractérisé la libéralisation des filières agricoles. Ceux-ci vont des circuits simples et directs (comme dans le cas des produits maraîchers) aux circuits complexes et longs (comme pour le riz).

La production agricole est en majorité assurée par les petits producteurs ruraux (sauf dans le cas de certaines cultures industrielles, tel le sucre, où des sociétés disposent de leur propre concession). Les grandes fermes, qui approvisionnaient certaines unités industrielles (filières coton, sucre, tabac), ont

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quasiment disparu. Ces producteurs travaillent généralement indépendamment des autres agents des filières. On observe cependant aussi des transactions avec accords préalables (formels ou informels), modalités et délais de paiement définis ou non. Dans ce dernier cas, les producteurs peuvent être regroupés au sein d’associations de producteurs, ce qui est encore toutefois relativement rare.

L’agriculture contractuelle est aussi en cours de développement, avec la tendance actuelle à l’intégration des producteurs des pays pauvres dans les chaînes mondiales d’approvisionnement en produits agricoles, à travers la demande des supermarchés des pays développés. Cette démarche est illustrée par le cas de la société Lecofruit S.A., société exportatrice de fruits et légumes frais et en conserves, qui, comme décrit plus haut, travaille dans le cadre de l’agriculture contractuelle avec plus de 10.000 paysans malgaches qui l’approvisionnent en légumes, et a des contrats avec les supermarchés et autres acheteurs européens de légumes.

Cette évolution des réseaux d’approvisionnement a conduit dans certains cas à la réduction du nombre des agents intermédiaires de commercialisation, voire à leur disparition, dans certaines filières. La filière litchi locale prévoit de lancer des initiatives dans ce sens et une société promotrice, la société Faly Export, va jouer le rôle d’unique intermédiaire entre les producteurs et les détaillants nationaux, dans le but entre autres de faire profiter de prix plus équitables les producteurs. Dans d'autres cas, il existe un monopôle ou quasi monopôle d'Etat (sucre) ou privé (coton).

Les intervenants de la commercialisation exercent en grande partie dans le secteur informel, sauf généralement dans les filières d’exportation et industrielles. Certaines filières enregistrent des tentatives de structuration et d’organisation (vanille, litchi, légumes, etc.).

Pour certains produits, les supermarchés sont approvisionnés par des groupements de producteurs. Toutefois ces expériences se sont dans la plupart des cas soldées par un échec. Parmi les explications fournies, il y a le fait que les groupements ne sont pas arrivés à contrôler ni la qualité, ni même la quantité des produits fournis par leurs membres. Ceci a conduit à la livraison de produits ne répondant pas aux attentes des supermarchés, et à terme à la cessation de la collaboration avec eux. Les supermarchés se sont alors tournés directement vers les producteurs et les agents intermédiaires, mais l’approvisionnement avec ces derniers est aussi aléatoire, car ils ne contrôlent ni la qualité ni la quantité des produits vendus par les producteurs auprès desquels ils achètent.

Les supermarchés implantés à Madagascar ne jouent pas encore un rôle prépondérant dans l’approvisionnement des consommateurs en produits agricoles, et ne sont encore généralement accessibles que pour les groupes les plus aisés de la population. Les consommateurs achètent les produits agricoles frais sur les marchés locaux (à ciel ouvert). Cette situation perdure depuis l’institution de ces marchés à Madagascar.

L’accès aux différents types de réseaux économiques est un élément important de différenciation des exploitants. L’intégration à des filières formelles et structurées, comme les filières d’exportation ou celles qui approvisionnent les grandes surfaces locales, est plus sécurisante pour les producteurs agricoles, d’autant plus que les relations commerciales sont contractualisées. Cela vaut mieux que d’être en éventuelle confrontation, sans relation de confiance, avec des intermédiaires en pseudo- situation de concurrence auprès desquels ils négocient mal les prix.

Cependant, quand le pouvoir de marché est détenu par des unités en situation de monopole pour des produits sans alternative de ventes importantes sur le marché national (coton, sucre, tabac…), les paysans non organisés en associations efficaces peuvent perdre de leur autonomie. On note également un clivage entre consommateurs ayant un pouvoir d’achat suffisant pour s’approvisionner en grandes surfaces et consommateurs accédant seulement aux marchés locaux, aux exigences sanitaires beaucoup plus faibles.

Diffusion de l’innovation technique et conseil aux exploitants

L’adoption de certaines innovations diffusées depuis plusieurs années aux paysans malgaches est globalement décevante. Les hypothèses explicatives portent sur plusieurs aspects. La diffusion, dont l’intensité ne fait que diminuer avec le désengagement progressif de l’Etat dans son rôle d’appui technique à la production, est désormais prise en charge surtout par les ONG. Mais ces organismes

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manquent souvent d’efficacité et de message clair vis-à-vis des agriculteurs, en l’absence de coordination à un niveau supérieur (stratégie globale de développement rural)88, d’une couverture géographique plus étendue (plusieurs zones ne bénéficient pas de leur appui contrairement au système antérieur des techniciens de l’Etat) et de souci de pérennisation de leurs actions. Concernant le contenu des innovations, l’exigence en investissement (financier ou en temps de travail) nécessaire à la pratique de ces techniques, si minime soit-elle, représente un réel frein à leur adoption. En matière de capacité des agriculteurs à s’approprier ces systèmes améliorés, le bas niveau scolaire du monde rural et le poids des pratiques traditionnelles dans la culture malgache limitent aussi en partie l’adoption des méthodes nouvelles (Dabat et al., 2005)89.

L’analyse du processus d’appui–conseil agricole reflète l’insuffisance de coordination et de synergie entre les fonctions régaliennes des Directions Régionales du Développement Rural, la Recherche Développement et les organisations paysannes à la base, en vue de répondre à la demande des paysans. Le rôle et les fonctions de cette synergie seraient de (i) fournir un cadre d’appui spécifique et coordonné aux intervenants/appuis; (ii) constituer un centre de référence, tant au niveau de l’information que du renforcement des capacités humaines/techniques; (iii) capitaliser les acquis adaptés aux conditions locales; (iv) maintenir un point d’injection d’options techniques potentielles; et (v) assurer un suivi–évaluation participatif.

La « privatisation » des services agricoles a généré l’apparition de nombreuses ONG « captatrices » d’opportunités de prestations90 de services agricoles au monde rural. Parallèlement, des projets d’appui au développement rural, financés par les bailleurs et mis en œuvre par des ONG internationales et/ou locales (généralement dans un cadre « projet »), déploient, dans un cadre contractuel, des réseaux d’appui- conseil intensifs et souvent de qualité, qui ciblent des zones géographiques restreintes sur des périodes limitées, correspondant à la durée de vie des projets d’appui.

La situation du personnel du MAEP, et plus généralement celle des ressources humaines des organismes, publics ou privés, œuvrant dans le développement rural s’est progressivement dégradée depuis une quinzaine d’années. Une profonde réforme s’est donc engagée pour remédier aux contraintes et nouvelles fonctions régaliennes de l’Etat liées au désengagement de celui-ci dans les activités de production. Elle a été préparée avec l’appui de l’UE qui finance aujourd’hui sa mise en œuvre, au travers de la mise en place d’un réseau de Centres de Service Agricole, au statut privé, recevant des financements publics, et ainsi soumis à une certaine obligation de résultats.

La réforme institutionnelle du MAEP réoriente le rôle du secteur public sur les fonctions « régaliennes » et cible la responsabilisation des partenaires du développement rural et agricole pour la mise en œuvre des actions de terrain. Y est inclus l’appropriation du développement agricole par les organisations paysannes (OP/OPA).

L’adoption des innovations techniques par les agriculteurs est d’autant plus importante que ces derniers se situent dans une zone où les efforts de diffusion et d’éducation des populations sont importants (par exemple le Vakinankaratra, et une partie de l’Itasy et du Bongolava pour la région d’Antananarivo) et où l’accès aux services de base est facilité : disponibilité des engrais et des variétés améliorées, accès au crédit et aux infrastructures de marché. Les agriculteurs des zones enclavées sont précarisés par le double effet d’un faible prix de vente des produits agricoles et d’un accès difficile aux services de base (conseil, intrants, crédit, marchés).

2.1.3. L’adaptation aux exigences des marchés

L’accroissement des exigences de qualité sanitaire sur les marchés agricoles d’exportation constitue une contrainte supplémentaire qui complique l’accès à ces marchés, en particulier l’accès aux marchés d’exportation.

88 A titre d’exemple, certaines diffusent des pratiques sans labour alors que d’autres facilitent l’accès aux charrues pour le labour attelé. 89 Diffusion, adoption et accompagnement des innovations techniques en riziculture dans la province d’Antananarivo, Dabat M.-H., Razafimandimby S ., Wildberger K., Fiche Résultats SES SCRiD n°8, Février 2005. 90 Notamment pour les « opérateurs stratégiques » du PSDR.

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Rares sont les produits qui respectent les normes, à l’exception des quelques filières intégrées. La qualité se monnaie difficilement sur les marchés locaux, et les opérateurs/collecteurs profitent de cette situation pour acheter à moindre coût les produits agricoles. En plus, la maîtrise des normes exige le respect de certaines règles demandant un important investissement pour les producteurs. Le tri pour la qualité à l’exportation se fait plutôt au niveau des conditionneurs/collecteurs qui en tirent ainsi la plus value.

Il est à mentionner qu’actuellement il y a peu d’appui pour développer la maîtrise de la qualité au niveau des paysans, alors qu’au temps de la première république (1960-1975), un effort important a été déployé pour promouvoir les produits de qualité respectant les normes, et la qualité a été très recherchée par les opérateurs d’exportation. Cet effort a été fait dans le cadre de l’appui technique du service administratif chargé du conditionnement.

La pratique de la traçabilité, à priori facile à mettre en œuvre, est actuellement rarement utilisée. Il semblerait que le marché local n’en a pas encore besoin, sauf pour des produits particuliers (tomate d’Itasy, pomme de terre du Vakinankaratra, haricot du Nord-Ouest, pois du cap du Sud-Ouest…). En revanche, elle devient de plus en plus demandée à l’export, à l’instar de la vanille du Nord-Est et du café biologique du Sud-Est.

Le respect des normes et de la traçabilité devrait aboutir à la réorganisation des filières. Une contractualisation entre les producteurs et les opérateurs en charge de l’exportation a vu le jour pour certaines filières (letchi, haricot vert extra-fin, café biologique, huiles essentielles, crevettes, riz de luxe…). Cependant, les quantités concernées par ce système sont encore très réduites, et les statistiques font encore défaut.

La demande de qualité du marché est un facteur de différenciation des producteurs entre, d’une part, ceux qui sont organisés, pouvant investir pour satisfaire cette demande, bénéficier d’une prime qualité et aspirer à placer leurs produits sur le marché extérieur et, d’autre part, ceux qui vendent du tout venant, généralement à un prix inférieur et uniquement sur le marché national. Cependant, sur ce marché, les produits de bonne qualité ont également des débouchés en substitution des biens importés. Cette segmentation des marchés par la qualité facilite le développement d’une consommation nationale à deux vitesses, en fonction du pouvoir d’achat des ménages (sous-produits de différents niveaux de qualité).

2.2. LES CONSEQUENCES STRUCTURELLES

2.2.1. La stagnation des rendements agricoles

Les systèmes de production traditionnels, dans leur complexité, intègrent, d’une part l’adaptation au changement, mais également la résistance/tolérance aux chocs, leur permettant de générer un output optimal (bon an mal an) dans leurs conditions spécifiques d’accès aux ressources et d’opération. Le conservatisme et la peur de prise de risque de la part du paysannat malgache ont souvent été affichés comme une contrainte majeure à la modernisation des systèmes de production agricoles traditionnels.

Outre les aspects socioculturels propres aux différents groupes de la société malgache, il faut constater également que, comme partout dans le monde, les paysans à la limite de l’autosuffisance alimentaire ne prennent pas de risques majeurs sur les productions de base qui pourraient mettre leur famille (ou groupe social) en danger. Au contraire, les exploitations qui dégagent un surplus alimentaire durable, orientés vers le marché et/ou bénéficiant de revenus alternatifs (i.e. cultures de rente), montrent une plus forte propension à intégrer des nouvelles technologies, tout en disposant des ressources pour le faire.

Les rendements agricoles et l’intensité culturale sur les périmètres irrigués stagnent depuis quarante ans, malgré des investissements publics importants. Ce manque flagrant d’intensification est le résultat d’une faible maîtrise de la gestion de l’eau, d’une confusion des rôles et responsabilités des parties prenantes, des facteurs de travail limités (force de travail), d’un contexte foncier précaire

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 135

menant à des modes de production sub-optimales (0 investissement en situation d’insécurité, métayage), de technologies traditionnelles, de l’enclavement et du fonctionnement des marchés peu performants et des dégradations importantes des bassin versants et des infrastructures d’irrigation.

Pourtant, au cours des dernières générations, des changements importants sont survenus en termes d’accès aux ressources naturelles et économiques: ceux–ci ont induit des changements majeurs de comportement, notamment en termes d’occupation des tanety, pour lesquelles les techniques traditionnelles sont souvent moins intensives. La connaissance des systèmes d’exploitation agricoles, leur évolutions et la rationalité de leur fonctionnement interne, en fonction de leur accès aux ressources (naturelles, humaines, sociales, techniques, économiques, physiques), constituent une base indispensable pour identifier les portes d’entrée et les opportunités d’intensification et de diversification durables des systèmes de production dans les différentes zones agro- écologiques.

Les trajectoires d’évolution des structures de production dépendent des spéculations prioritaires et de la composition des productions agricoles qui diffèrent selon les régions. Les statistiques agricoles de la campagne 1984-198591 montrent que les ¾ des superficies cultivées sont consacrées aux cultures temporaires, dont 97% pour les cultures vivrières (céréales, tubercules/racines, légumineuses…) et 3% pour les cultures industrielles (arachide, coton, tabac…), et qu’un hectare sur deux est planté en riz. Selon l’orientation des activités agricoles, trois grandes régions sont à distinguer :

- les Hautes Terres (Faritany d’Antananarivo et une grande partie du Faritany de Fianarantsoa) : la vocation vivrière est liée à la forte concentration humaine (plus de 50% de la population agricole) ; environ 50% des superficies totales en céréales, tubercules et racines et légumes sont localisées dans ces deux Faritany,

- les zones de la façade de l’Océan Indien, ainsi que le Nord et le Nord-Ouest (Faritany de Toamasina, Antsiranana, Mahajanga et la partie littorale du Faritany de Fianarantsoa) : les cultures de rente se sont développées à côté des cultures de subsistance. Les 97% des superficies totales cultivées en cultures d’exportation et industrielles sont situées dans ces régions,

- les zones à sècheresse marquée du Sud : les productions végétales ne présentent qu’un potentiel marginal dans l’ensemble de la production du pays (7,8% de la superficie rizicole totale et 1% seulement des superficies en cultures temporaires). Par contre, le domaine animal y est prépondérant dont les ovins et caprins (90% de l’effectif national y sont concentrés).

D’après les résultats du recensement agricole de la campagne 2004-200592, les surfaces agricoles, au cours des 20 dernières années, ont progressé lentement pour atteindre une superficie totale estimée à 2 083 590 ha. Les surfaces affectées aux cultures vivrières sont restées importantes et la riziculture occupe toujours une place prépondérante (55%) dans toutes les régions. Les systèmes de cultures sont restés à base rizicole notamment pour les petites exploitations.

Malgré un doublement de la production de riz entre 1962 et 1999, les rendements ont augmenté de façon négligeable soit de 0,15 t/ha. L’augmentation de la production est ainsi principalement liée par l’extension des surfaces cultivées, mettant ainsi une forte pression sur la pérennité environnementale. La tendance est préoccupante à long terme. De 1990 à 1995, la production s'est accrue de 0,5% par an seulement, taux largement inférieur au taux de croissance démographique. La superficie cultivée en riz est restée pratiquement stationnaire. Le rendement moyen connaît un léger "décollage" depuis 1995 : les efforts de vulgarisation menés dans le cadre de l’Opération Productivité Riz des années 70 (OPR) et du PNVA des années 90 et l’encadrement dans les régions/exploitations des organismes tels que les ONG ont assurément contribué à ce léger accroissement93. Mais la pérennisation des actions des projets et d’encadrement a toujours été inefficiente.

91 Cf. Cultures et superficies des exploitations agricoles : RNA MPARA/PNUD/FAO Avril 1988 92 Recensement de l’Agriculture, campagne 2004-2005 du MAEP Août 2006 93 Notons la montée spectaculaire de l’exportation du maïs autour des années 1990 qui fut le fruit essentiel du projet d’appui pour la vulgarisation, mais qui a eu par ailleurs des effets dévastateurs sur les forêts sèches du sud-ouest du pays.

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Graphique 37. Evolution du rendement rizicole

Rendement rizicole (tonnes de paddy par ha)

1,00

1,20

1,40

1,60

1,80

2,00

2,20

2,40

2,60

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

Source PAA et Statistiques Agricoles, DRDR, FOFIFA

Outre les variations agro-pédologiques, le facteur temps (cyclones et inondations) accentue les différences de production et de rendement des cultures. Le Réseau des Observatoires Ruraux (ROR) montre de grandes variations des rendements.

Pour la riziculture, ils vont de moins de 1,5t/ha dans l’Est et dans la région de Sofia à plus de 2,5t/ha pour la région du Lac Alaotra (grand périmètre irrigué avec un climat favorable, en position de croissance avec apport accru d’engrais). Dans les autres régions, on observe diverses situations ; ou bien les rendements descendent aux environs de 2t/ha suite aux effets des cyclones (cas des régions d’Amoron’i Mania, Vakinankaratra, Itasy et Bongolava en 2004), ou bien ils s’améliorent tout en restant limités entre 1,5 et 1,8t/ha (Régions de Boeny, Sud-Ouest, Menabe et Anosy), à la faveur du climat et parfois d’un peu plus d’intensification. Notons que les régions de l’Itasy et du Bongolava ont déjà démontré leur haute productivité rizicole en 2000 et 2001, avec plus de 3t/ha de paddy.

Les variations de rendement sont à attribuer également à des différences de techniques culturales utilisées et de saisons de culture (pour le riz et certaines spéculations double culture). Ainsi pour le riz, les rendements sont meilleurs en riziculture aquatique que ceux de la riziculture sur tanety ou dite pluviale. La riziculture sur brûlis (tavy) affiche les plus bas rendements à l’hectare (inférieur à 1t/ha).

Le tableau des rendements ci-dessous montre l’efficience du système aquatique dont le rendement peut être augmenté par amélioration de la maîtrise d’eau et par utilisation d’intrants.

Tableau 40. Rendement (t/ha) des principaux systèmes de riziculture par région

Systèmes rizicoles

Nord Nord Ouest

Centre Ouest

Hauts Plateaux

Est Alaotra Moyenne

Aquatique* 1,5 1,4 2,0 3,2 1,7 2,6 2,1 Pluvial 0,8 0,8 1,2 2,6 1,7 2,0 1,5 Tavy 1,0 - - - 0,7 0,6 0,8

Source : Enquête FAO/UPDR 99. *Systèmes aquatiques = cultures irriguées (avec aménagement) + cultures inondées de bas-fonds.

Selon le recensement agricole 2004-2005, la pratique du repiquage en foule domine (77% des superficies) sur le repiquage en ligne (9,4%) qui permet une meilleure productivité et facilite l’entretien des cultures ; le semis direct considéré comme un système traditionnel donnant un rendement médiocre concerne encore 12,6% des superficies. Le système de Riziculture Intensive (SRI) et le Système de Riziculture Amélioré (SRA) préconisés pour l’augmentation de la production et de la productivité n’occupent que 0,34% des superficies emblavées en riz.

Les nouvelles techniques, telles que SRI – SRA, sont proposées pour augmenter la productivité rizicole mais exigent certaines conditions que les riziculteurs n’arrivent pas à respecter dans la plupart

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des cas (bonne maîtrise d’eau, utilisation d’engrais et de semences améliorées, surcroît de main d’œuvre souvent impossible à mobiliser, surtout pour les plus pauvres…).

Pour les cultures vivrières autres que le riz, les rendements à l’hectare n’ont pratiquement pas évolué. Ces cultures sont surtout destinées à l’autoconsommation et donc à la production d’aliments de base en période de soudure. Ce sont par ordre d’importance, le manioc, le maïs, la patate douce et la pomme de terre. Pour cette dernière, on observe ces dernières années une augmentation en nombre d’exploitants étant donné le caractère commercial du produit.

Graphique 38. Evolution des rendements des principales cultures

Source : PAA et Statistiques Agricoles, DRDR FOFIFA

Pour le maïs, le rendement moyen reste encore très faible (inférieur à 1 t/ha), bien en dessous des moyennes des pays africains, du fait :

− de techniques culturales très extensives (faible densité de semis, absence de buttage, en particulier),

− d'une adoption encore trop timide des variétés sélectionnées, dans un contexte de déliquescence généralisée du système de production semencière étatique, bien que l’on constate actuellement quelques timides efforts du FOFIFA, du CMS94 de la Sakay ou du PNM95.

− de l'absence d'emploi d'engrais et d'une fumure organique largement insuffisante.

Les grandes cultures et celles destinées à l’exportation enregistrent une importante régression tant au niveau du rendement qu’au niveau de la production. La fluctuation des prix, le manque d’entretien et d’intensification, le vieillissement des plantations (cultures pérennes), l’irrégularité des précipitations et les cyclones ainsi que les attaques d’insectes et les maladies non traitées concourent à cette régression. A cette situation s’ajoute le problème du respect des normes et de traçabilité.

Plusieurs facteurs concourent à la stagnation structurelle des rendements agricoles à Madagascar, expliquée par les stratégies de survie des producteurs face à un environnement naturel, économique et institutionnel instable ou peu motivant et qui se traduit par une faible prise de risque, et en particulier par une adoption limitée des innovations techniques. Cette stagnation est assez généralisée (cultures vivrières et cultures d’exportation). Il semblerait que les rendements soient légèrement supérieurs dans certaines régions (greniers à riz notamment) et qu’ils aient progressé ces dernières années (riz, pomme de terre).

94 Centre Multiplicateur de Semences 95 Programme National Maïs

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2.2.2. Performance du secteur et revenus des ménages

Les revenus des ménages agricoles

A Madagascar, l’agriculture crée une valeur ajoutée qui représente environ 27% du PIB national. La riziculture seulement constitue la première activité économique, générant une valeur ajoutée de 2661 milliards de Fmg en 1999 contribuant à elle seule à 12% au PIB en termes courants (soit 23 000 Milliards de Fmg selon l’INSTAT) et 43% au PIB agricole. En ce sens, les performances du secteur rizicole déterminent très largement celles du secteur agricole et de manière significative celles de l’économie nationale.

Pour les ménages malgaches, les activités agricoles constituent la part la plus importante des sources de revenus. Les salaires, les activités non agricoles et les transferts, fournissent, par ordre décroissant, les autres revenus des ménages. Les salaires ont tendance à rattraper la part des revenus agricoles, signe de l’indisponibilité croissante des terres dans certaines zones.

Tableau 41. Structure des revenus des ménages (% du revenu total) 1993 1997 2001 2005 Revenus agricoles 47,9 34,3 28,5 40,7 Salaires 26,4 35,2 41,2 38,4 Transferts 13 9,4 5,8 4,3 Revenus des ENA 12,7 21,1 24,5 16,6 Total 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Adaptés des données des EPM, DSM/INSTAT compte tenu des différences méthodologiques dans la définition des types de revenus

En milieu rural, les salaires viennent souvent de la rémunération du salariat agricole temporaire. Les revenus des activités non agricoles et des transferts y sont infimes. Les revenus des ménages ruraux dépendent encore en grande partie (pour plus de la moitié) de la vente de produits agricoles, surtout de riz ou de paddy. Le taux d’autoconsommation est toutefois très élevé, et il n’y a qu’environ 25% de la production de paddy qui est destiné à la vente. Cette vente de paddy constitue environ la moitié des revenus ruraux (EPM 2004). Elle atteint plus de 70% des revenus dans les greniers à riz de l’île (Lac Alaotra et Marovoay). Les autres cultures comme le manioc et le maïs sont destinées moitié à la vente, moitié à la consommation.

Tableau 42. Destination de la production de paddy (% de la production totale)

1993 1997 2004 Vente 24,2 28,0 27,2 Autoconsommation 42,2 61,0 45,4 Autres utilisations (stocks de semences, paiement métayage…) 33,6 11,0 27,4 Total 100,0 100,0 100,0

Source : EPM, DSM/INSTAT

Le tableau suivant, qui compare la situation de 2001 et 2005, permet d’appréhender la situation pour les ménages agricoles. Il dénote la part croissante que tient le riz : environ 44% des revenus agricoles des ménages sont issus de la vente de riz en 2005 contre 38% en 2001 d’après les EPM de l’INSTAT/DSM.

Cet accroissement est certainement du à l’augmentation du prix du paddy (pas plus de semence, ni de maîtrise d’eau, ni d’engrais, ni de matériel agricole, ni de crédit, ni de titres fonciers…) qui a essentiellement bénéficié au décile le plus riche, les autres connaissant plutôt une réduction de la part du riz dans leurs revenus sur la période. La part des autres céréales, des tubercules et des fruits a également augmenté dans les revenus, au détriment de la part des légumes/ légumineuses et des cultures d’exportation. Cependant, notons que les cultures d’exportation contribuent beaucoup plus en 2005 qu’en 2001 à la diversification des revenus des ménages moyens et pauvres. La composition des revenus des ménages en fonction des produits a tendance à se diversifier et leur profil selon les classes sociales à s’homogénéiser au fil du temps, signe d’une plus forte insertion sur les marchés de

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 139

l’ensemble des ménages quel que soit leur niveau de revenu, confirmée par la diminution relative de l’autoconsommation.

Tableau 43. Structure des revenus agricoles et part de l'autoconsommation par culture pour les ménages agricoles par décile de consommation

DECILE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Ensemble

EPM 2001 Structure des revenus agricoles selon le type de produit, pour les ménages agriculteurs, par décile (%) Paddy ou riz 78,8 66,9 62,2 64,6 51,7 66,8 54,6 40,4 42,1 8,8 38,0Céréales et tubercules 6,4 4,1 5,8 4,5 4,8 2,9 3,5 4,2 3,0 5,1 4,2Légumes et légumineuses 8,0 12,7 14,9 9,5 28,1 12,5 16,9 15,3 25,8 35,1 24,2Fruits 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,2 0,5 0,7 1,0 3,5 1,5Cultures Industrielles 0,1 0,2 0,6 0,4 0,6 0,8 0,6 1,4 1,3 2,4 1,4Cultures d'exportation 6,7 16,2 16,6 20,9 14,7 16,8 23,9 37,9 26,8 45,2 30,8Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0Part de l'autoconsommation par culture, pour les ménages agriculteurs, par décile (%) Paddy ou riz 67,5 68,5 68,9 67,5 68,3 65,8 62,9 65,9 67,8 64,9 67,1Céréales et tubercules 70,3 65,8 64,1 59,6 65,5 62,6 65,6 65,2 58,6 56,6 64,2Légumes et légumineuses 49,1 37,6 37,3 47,9 45,1 40,4 40,9 40,5 46,6 34,3 42,2Fruits 45,6 32,8 48,9 39,1 69,9 63,1 73,1 49,4 47,0 79,1 52,8Cultures Industrielles 43,6 46,5 46,6 41,6 35,6 37,9 39,4 72,6 73,9 11,5 46,6Cultures d'exportation 31,0 28,2 33,7 37,7 27,9 31,6 29,0 61,7 29,5 15,0 32,4

EPM 2005 Structure des revenus agricoles selon le type de produit, pour les ménages agriculteurs, par décile (%) Paddy ou riz 36,6 47,5 44,3 51,4 36,5 43,1 32,3 49,0 39,6 56,3 43,9Céréales et tubercules 23,5 20,9 18,7 21,4 21,1 27,4 15,8 18,8 24,2 13,2 20,0Légumes et légumineuses 8,4 10,1 9,1 12,5 12,4 11,1 8,8 13,0 13,3 11,9 11,5Fruits 9,7 4,4 5,0 2,0 7,1 5,6 34,0 4,1 13,7 12,6 11,5Cultures Industrielles 2,0 1,9 2,8 1,9 2,3 1,2 1,8 6,8 2,4 1,9 2,6Cultures d'exportation 19,8 15,2 20,1 10,7 20,7 11,7 7,2 8,2 6,8 4,3 10,5Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0Part de l'autoconsommation par culture, pour les ménages agriculteurs, par décile (%) Paddy ou riz 58,6 56,6 60,4 60,1 65,4 62,6 63,0 60,3 58,5 52,7 59,4Céréales et tubercules 53,4 54,5 58,4 58,4 54,3 52,1 62,7 58,1 48,9 62,3 56,1Légumes et légumineuses 36,1 29,1 36,0 29,6 31,2 32,4 40,8 31,6 27,1 35,4 32,7Fruits 15,5 32,8 33,7 41,7 18,3 21,7 5,2 30,0 10,5 10,8 13,0Cult.Industr 40,8 39,4 32,9 26,9 27,7 46,3 22,9 15,4 7,9 12,4 22,2Cultures de rente 5,8 6,3 3,5 5,9 5,9 4,1 2,5 8,4 7,5 17,3 6,4

Source : INSTAT/DSM

D’après le réseau des observatoires ruraux (ROR), le revenu disponible brut moyen par ménage présente des différences importantes selon les observatoires et donc les régions. Il varie d’un facteur 1.07 entre la valeur la plus faible (739 052,8 Ariary) et la plus forte (1 810 866 Ariary). Un observatoire présente un niveau de revenu particulièrement bas par rapport aux autres observatoires : Ambovombe. A l’opposé se situe l’observatoire d’Alaotra qui dispose du revenu le plus élevé, c’est aussi le principal grenier à riz du pays.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 140

Graphique 39. Revenu disponible brut moyen des observatoires ruraux (2005)

Revenu disponible brut (en Ariary)

0200000400000600000800000

100000012000001400000160000018000002000000

Antsira

be

Marovo

ay

Fara

fanga

na

Ambovo

mbe

Ihosy

Fiana

rantso

a

Manak

ara

Alaotra

Fene

rive-

est

Mahan

oroIta

sy

Morond

ava

Manan

drian

a

Tsivo

ry

Fort-

daup

hin

La décomposition du revenu disponible brut selon ses quatre principales composantes : salaires et autres revenus, revenus fonciers, revenus des propriétés et revenu brut d’exploitation, montre que le revenu brut d’exploitation (résultat de l’activité agricole) représente la part la plus importante du revenu, constituant 53.62 % du revenu disponible. Les salaires et autres revenus représentent néanmoins une source de revenu externe non négligeable pour les ménages ruraux (48.65 % du revenu) ce qui confirme les données précédentes. Les revenus fonciers (fermage, métayage) sont globalement très limités.

Graphique 40. Composants du revenu des ménages ruraux

Composants du revenu disponible brut

-10,00

0,00

10,00

20,00

30,00

40,00

50,00

60,00

salaires et autresrevenus

revenus fonciers revenud'exploitation

revenu despropriétés

Pour

cent

age

L’analyse du revenu brut d’exploitation montre que le riz est la production la plus importante représentant 83.48% de la valeur totale de la production agricole, suivi par les autres cultures avec 22.50%. Mais, l’élevage n’est pas du tout rentable car il représente – 5.97% de la valeur totale de la production agricole.

Selon les observatoires, on note des différences importantes dans la répartition de ces revenus, différences liées aux spécificités de chaque observatoire. Le graphique suivant présente ces différentes données96. Ce graphique montre que la part des revenus provenant des salaires et autres revenus varient d’une manière importante entre les observatoires. On observe ainsi qu’ils sont importants à Fort- Dauphin où ils représentent 87,13% du revenu total et qu’à l’inverse, ils sont faibles en Alaotra avec 13,62%.

96 Les charges d’exploitation ne sont pas prises en compte (non déduites du revenu disponible).

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Graphique 41. Répartition des composants du revenu brut des exploitations agricoles par

Région

Part des composants du revenu disponible brut

-20%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Antsira

be

Marovo

ay

Farafang

ana

Ambovo

mbeIho

sy

Fianaran

tsoa

manaka

ra

Alaotra

Feneriv

-est

Mahano

roIta

sy

Morond

ava

manand

riana

Tsivory

Fort-dau

phin

riz elevage autres culturesrevenus fonciers salaires et autres revenus revenus des propriétés

Au niveau des revenus tirés des activités agricoles, on note l’importance de la production rizicole dans les observatoires d’Alaotra, Marovoay et Tsivory. Les revenus tirés des autres cultures sont les plus importants à Antsirabe et Fenerive-est. L’élevage quant à lui représente une part importante des revenus à Ambovombe. Les données du ROR confirment les données de l’INSTAT mais montrent aussi une forte diversité suivant les régions et donc un degré de différenciation géographique important. Par ailleurs, le tableau suivant montre pour l’ensemble des observatoires une certaine progression du revenu brut disponible. Entre 2001 et 2005 celui-ci a progressé en moyenne de 63%. Cependant l’inflation a aussi sensiblement progressé (en moyenne un peu plus de 10% par an). De plus, le revenu disponible brut par personne demeure très faible : 248 000 Ariary en 2005 et par ménage 1 235 000 Ariary. Par mois, cela correspond à 20 700 Ariary/mois (10 USD) alors que le salaire minimum est de 55 000 Ariary/mois (27,5 USD) et 103 000 Ariary pour un ménage. Enfin, de moins en moins de ménages peuvent épargner, ce qui suggère un appauvrissement de la population rurale.

Tableau 44. Répartition des composants du revenu brut des exploitations agricoles par Région

Source Fiches signalétiques 2001 à 2005, Réseaux des Observatoires Ruraux

L’agriculture est à l’origine d’une part très importante des revenus des ménages à quasi-égalité avec les salaires, essentiellement agricoles. Malgré des rendements agricoles qui progressent peu, les ménages arrivent à augmenter les surplus commercialisables des différents types de produits. A niveau de consommation supposé stable, cette évolution s’explique par une progression des superficies agricoles (extensification plutôt qu’intensification), engendrant parfois des problèmes environnementaux (déforestation, érosion de la biodiversité, baisse de la fertilité des tanety…).

Notons que le revenu est très variable d’une région à une autre en fonction notamment des ressources disponibles et des productions exploitées.

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Si le revenu des agriculteurs semble avoir progressé ces dernières années, cette augmentation est entamée par l’inflation et le revenu par tête est très faible comparé au salaire minimum.

Une pauvreté encore forte en milieu rural

Mesuré en terme de consommation annuelle par tête, le seuil de pauvreté était de 305.300 Ariary pour l’année 2005. Cette valeur a été calculée à partir des données de 2001 et actualisée selon le taux d’inflation.

Tableau 45. Seuil de pauvreté et évolution de l’indice de Gini entre 2001 et 2005

2001 2002 2004 2005 Seuil de pauvreté, en Ariary 197 720 234 760 257 675 305 300 Indice de Gini 0,46848 0,52697 0,42989 0,38457 Source : Razafindravonona et alii. Evolution de la pauvreté à Madagascar, 1993-2002.

INSTAT/DSM/EPM2004 et 2005. L’indice de Gini97 est passé de 0,468 en 2001 à 0,429 en 2005, mais ayant passé par un pic de 0,526 en 2002 suite à la crise socio- politique. Si en 2001, 36% de la masse de consommation est à l’actif des 10% les plus riches, cette proportion est passée à 30% en 2005. En Ariary constant de 2001, la consommation annuelle moyenne par tête des 10% les plus pauvres a augmenté, passant de 38.000 Ariary à 57.000 Ariary. Celle des 10% les plus riches est passée de 709.000 Ariary à 575.000 Ariary. Cette évolution contrastée dénote une très légère réduction du taux d’incidence de la pauvreté. La pauvreté des ménages agricoles se caractérise notamment par l’insuffisance de terres cultivables, en particulier les rizières, l’insuffisance ou l’absence de zébus utilisés pour les travaux agricoles, et la non possession ou l’insuffisance de matériels et équipements agricoles. Cette situation est due à l’enclavement, à la difficulté d’accès aux ressources naturelles (y compris le foncier), au manque de crédit, à la difficulté à l’accession à une éducation et à des services de santé, et au manque d’informations. Généralement, un ménage rural est estimé pauvre quand il n’arrive pas à nourrir convenablement ses membres. Ainsi pour subvenir à ses besoins, il doit chercher d’autres activités qui lui permettent de satisfaire les besoins primaires vitaux. En milieu rural, on estime aussi la pauvreté par la longueur de la période de soudure. On dit qu’un ménage est entré dans la période de soudure quand il est obligé d’acheter de quoi nourrir ses membres ou quand il est obligé de réduire sa consommation alimentaire. Or, comme on l’a vu précédemment, pour subvenir à leurs besoins, les ménages ruraux pauvres doivent chercher d’autres activités qui leur permettent de satisfaire les besoins primaires vitaux. Ils comptent plutôt sur les revenus des produits agricoles et les revenus des entreprises non agricoles. Ceci confirme que l’on assiste à un appauvrissement de la population rurale, ou du moins d’une partie de cette population qui n’a plus accès à la terre ou pour qui la taille de l’exploitation ayant tellement diminué, doit s’adapter par la migration d’une partie du ménage et/ou la vente plus fréquente de sa force de travail. 97 L’indice de Gini est un coefficient compris entre 0 et 1, mesurant le degré d’inégalité dans une population suivant une caractéristique donnée, ici le niveau de consommation par tête. Proche de 0, il signifie une répartition à peu près égalitaire ; proche de 1, il traduit une inégalité majeure.

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2.2.3. Typologies de situations contrastées

Caractérisation des exploitations

La typologie des exploitations se focalise sur le riz, base des systèmes de productions dans presque toute l’île.

En termes de stratégie d’exploitation paysanne, l’étude filière riz a mis en évidence 3 groupes de riziculteurs :

• Les micro-producteurs, avec une stratégie d’autosuffisance en riz du ménage plutôt que des revenus. Des moyens et des conditions de production très limitées : superficie <1 ha et une production de paddy entre 0,8 T et 1,1 T.

• Les producteurs de rente polyvalents, avec une stratégie d’autosuffisance en riz qui dispose d’alternatives de cultures de rente et de revenus. Une production de paddy de 1,2 T à 1,9 T en grande partie affectée à l'auto consommation et à la vente. La diversification culturale par la plupart d'entre eux procure d'autres revenus.

• Les producteurs semi-spécialisés en riz et positionnés sur la vente de riz, qui disposent d’un potentiel technico-économique d’intensification ou d’expansion : moyens de production, marché, organisation, terres, taille d’exploitation de 0,7-2 ha, niveau d’équipement supérieur permettant de produire entre 1,9 et 5,5 T. Ils satisfont à leur besoin de consommation et vendent une bonne partie de la récolte.

Ainsi, malgré son potentiel important, la culture du riz reste une activité de subsistance : un tiers des exploitants sont en situation de subsistance, produisant en moyenne à peine plus de 800 kg de paddy sur une surface de moins de 1 ha. Ils vendent moins de 150 kg de paddy en moyenne par an et présentent un solde « ventes – achats de riz » très négatif (moins 60.000 Ariary à moins de 80.000 Ariary). Ces riziculteurs se rencontrent plutôt dans le Nord et l’Est, et en proportion moins élevée dans les autres régions du pays. En valorisant l’autoconsommation, leur revenu brut issu du seul riz ne dépasse pas 108.000 Ariary par mois (données de 1999).

En termes de productivité du travail, on note un volume de paddy par jour de travail trois fois supérieur chez les producteurs semi- spécialisés en riz, qui gagnent aussi 4 fois plus par jour de travail familial que les micro- producteurs98. En d’autres termes la spécialisation et la prise de risque commercial rapportent tandis que la minimisation du risque (dans le sens de maintien d’une autoconsommation élevée chez les micro- producteurs) est corrélée à une moindre productivité du travail. Il semble ainsi qu’une stratégie de pluriactivité pour le paysan ou de culture extensive est naturellement mise en œuvre dans la situation à risque élevé, au détriment de la seule production de riz.

En termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN), les systèmes de production (SP) des ménages agricoles, comprenant les productions végétales et animales99, peuvent en première approche être catégorisés comme suit, en combinant les éléments clés des principales filières :

98 Les riziculteurs les plus performants bénéficient d’un prix meilleur pour leurs produits. La raison principale en est la vente d’une plus grande proportiodu

produit sous forme de riz transformé. Les conditions de la commercialisation (proximité du marché…) jouent également un rôle. 99 Dans la plupart des systèmes de production, les animaux servent d’amortisseur et de « capitaliseur ».

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SP et SAN Type d’exploitation Terre

irriguée Cultures pluviales (tanety)

Elevage Niveau de risque

d’échec SP en surplus alimentaires permanents

Exploitation vend plus de 50% de sa production de riz

> 1ha xx >10 bœufs Fumier

Faible

SP d’autosubsistance (a) déficits alimentaires saisonniers.

Exploitation autosuf-fisante en riz & autres végétaux (vente variable)

0.5–0.75 ha

xxx 5 bœufs Peu de fu-

mier

Moyen

SP vulnérables: déficits saisonniers et chro-niques

Exploitation déficitaire en riz; compléments des autres produits végétaux

< 0.5 ha xx Petits rumi-nants (Fu-mier = 0)

Elevé

SP extrêmement vulnéra-bles/pauvres: Déficits permanents

Sans terres. Survie liée à la prestation de travail extérieure

Métayage, location

x Faible: i.e. basse cour

Très élevé (vente du

travail) SP des zones urbaines et périurbaines: problèmes de SAN sont particulièrement aigus

Exploit. principale source de revenus ou de com-plément (micro–jardins)

Variable Variable (? qualité)

Variable

(a) L’autosubsistance équivaut à environ 0.5 ha à 2.5 t (2–3 t/ha) = 812 kg de riz blanc par ménage, soit en moyenne 150 kg/personne (pertes inclues)

Les combinaisons des différents systèmes de production et de leur représentation géographique forment des zones de SAN100 : ces zones ne représentent en fait que la catégorie majoritaire en termes de ménages et/ou de la production commercialisée. Autant de situations qui réclament des politiques (et des allocations de ressources) spécifiques en matière de SAN. De même, les technologies potentielles d’intensification et de diversification varieront en fonction des niveaux d’accès aux ressources et de la capacité des SP de prendre des risques.

En termes économiques et financiers les systèmes de production peuvent être classés comme suit101 en reprenant la même classification que précédemment:

Type d’exploitation Capitalisation en bétail par ménage

Revenus bruts/an

(% monétaire)

Réserve en terme de SA

Equipement du ménage (total)

Niveau de risque d’échec de l’innovation

Exploitation RICHE qui vend plus de 50% de sa production de riz

>500$ >10 bœufs +

fumier

>500$/p (>75%)

50$ et + Faible

Exploitation MOYENNE auto–suffisante en riz & autres végétaux (vente variable)

>200$ 3–5 bœufs

Peu de fumier

200$/an (>50%)

25$ Moyen

Exploitation PAUVRE, déficitaire en riz; compléments des autres produits végétaux

100$ Petits ruminants

Fumier= 0

100–125$/p (25%)

15$ Elevé

Exploitation TRES PAUVRE, sans terres: la survie est liée à la prestation de travail extérieure

<50$$ Faible: i.e. basse cour

<75$/p (–%)

<50jours <10$ Très élevé (vente du

travail) Exploit. agric. comme source de revenus ou de complément (micro–jardins)

– Variable

1$/j = 2 kg de riz + divers Source : Adapté de l’étude CECAM (2004) et de l’étude de la filière riz (FAO–UPDR)

100 (i) les pôles nationaux de surplus alimentaires (Lac Alaotra, Vakinankaratra, Itasy,…); (ii) les pôles régionaux de surplus alimentaires (Boina,

certains districts de Sofia, Haut Mandrare, Andapa, Bas Mangoky/Ankililoaka, Fénérive Est/Vinaninony, …); (iii) les zones d’auto–subsistance (région du Betsileo, districts de l’Ouest,…); (iv) les zones particulièrement vulnérables (Androy, districts forestiers, zones suburbaines, …); (v) les zones à fort potentiel et faiblement peuplées (Bongolava, district d’Ikalamavony, …); et (vi) les zones périurbaines, où les problèmes de SAN sont particulièrement aigus.

101 Sur la base d’une enquête effectuée auprès de 507 ménages, clients de l’institution de micro finance CECAM (Etude d’impact du réseau des caisses d’épargne et de crédit agricole – CECAM– de Madagascar, UE–CIRAD, Février 2004). Notons que l’échantillon n’est pas représentatif de l’ensemble du paysannat malgache et que les classes moyennes et surtout aisées y sont largement surreprésentées.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 145

Les systèmes de production ruraux (agricoles et extra–agricoles) mettent en évidence que :

- les revenus ruraux bruts sont faibles. Exception faite d’une minorité d’exploitants ‘aisés’; la proportion des revenus bruts qui est monétarisée diminue avec l’augmentation du degré de pauvreté.

- la capitalisation moyenne en bétail des ménages correspond pratiquement au revenu annuel brut,

- la valeur de l’équipement agricole et non–agricole des ménages correspond à seulement 10% des revenus annuels,

- les réserves en termes de SAN sont très faibles.

Dans le cadre du développement agricole, une analyse approfondie des systèmes de production paysanne, y compris de la rationalité interne de fonctionnement et d’intégration des niveaux spécifiques102 d’accès aux ressources (naturelles, humaines, sociales, économiques etc.), apparaît comme une base de travail indispensable pour optimaliser une dynamique durable de la productivité agricole promue par les paysans/paysannes et leurs organisations eux-mêmes.

Les typologies qui précèdent montrent que malgré des contraintes structurelles telles que la résistance à l’innovation (faible intensification) et le paiement d’une rente foncière (importance du faire-valoir indirect), plusieurs stratégies individuelles d’intégration au marché et complémentaires à la production de riz pour l’autoconsommation, sont adoptées par les exploitants pour améliorer leurs revenus et leurs niveaux de vie : la semi- spécialisation rizicole par extensification et la production de surplus de riz commercialisables, la diversification vers des productions commerciales autres que le riz, le développement de l’élevage (lait, viande).

Spécificités régionales

La différenciation dépend des caractéristiques agro- écologiques des régions :

• Les micro- producteurs, avec stratégie rizicole de subsistance, se rencontrent dans le Nord et dans l’Est, avec soit du riz aquatique avec du riz tavy, soit du riz aquatique et du riz tanety, soit tavy exclusif surtout sur la côte Est où le taux de déforestation est élevé.

• Les producteurs de rente polyvalents, avec une stratégie d’autosuffisance en riz, se trouvent dans le Nord et se caractérisent par une double riziculture aquatique, par une simple riziculture en saison des pluies, suivie de maraîchage. Dans le Centre- Ouest se pratique la simple riziculture aquatique avec ou sans riz pluvial. Sur les Hauts Plateaux, ils font une simple riziculture aquatique + riz pluvial ou simple riziculture de 2ème saison.

• Les producteurs spécialisés en riz et positionnés sur la vente de riz pratiquent une simple riziculture sur bas fond et une double riziculture aquatique dans le Nord-Ouest. Ceux du Centre Ouest sont caractérisés par la double riziculture aquatique avec simple riz aquatique et du riz pluvial. Ceux des Hauts Plateaux pratiquent la simple riz aquatique (2ème saison) avec culture de contre saison (maraîchage) et le Lac Alaotra se distingue par une simple riziculture aquatique et une simple riziculture aquatique avec riz tanety.

2.2.4. La structuration des filières par la coordination verticale

Le développement de filières structurées, par des relations de coordination verticale (contractualisation, relations de confiance) entre les agriculteurs et les acteurs situés en aval, constitue une des réponses apportées par les opérateurs pour faire face aux facteurs explicatifs cités précédemment. Cependant, elle ne concerne que quelques produits et quelques opérateurs. Elle se présente sous trois formes :

- Une structuration traditionnelle liée à un monopole (sucre avec SIRAMA, le coton avec Hasyma/Dagris, tabac avec OFMATA/Impérial Tobacco, et le sisal). La coordination se fait de

102 Notamment suivant les groupes ou « classes » sociales.

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deux façons : d’une part la société produit directement une partie ou la totalité de ses besoins, et d’autre part elle finance une partie des besoins des paysans producteurs. Pour ce dernier cas, elle se fait rembourser à l’achat des produits. Ces sociétés ne rencontrent pas trop de problème de remboursement, car elles sont en système de monopole.

- La création de nouvelles filières (le lait avec Tiko, le haricot vert fin, le petit pois et le cornichon avec Lecofruit, les crevettes avec quelques exportateurs, la filière foie gras et la filière soie). Pour ces produits, le système fonctionne déjà, et intéresse au plus haut point les paysans. En effet, les opérateurs/collecteurs fournissent les intrants et matériels nécessaires pour la production. Un contrat est mis en place, et dans la majorité des cas, il est respecté. Ce qui bloque dans ce type de contractualisation est le mode de paiement différé ; les producteurs souhaitent en effet être payés au jour le jour.

- Un début de mise en place de coordination (avec certains riziers, en particulier le Fanamby Rice Mil du groupe Tiko et la société Silac), pour le litchi (avec la société Faly export) et le café bio (avec la société TAF, via un appui du CNCC). Ce type de coordination est mis en œuvre pour répondre à deux attentes : respect des normes et de la traçabilité, et pour pouvoir collecter une quantité plus importante. L’appui de l’opérateur se fait surtout dans l’encadrement des producteurs, dans l’apport de garantie auprès des institutions financières, et parfois en appui en intrants et matériels agricoles.

Il est à préciser qu’il n’y a plus coordination avec les supermarchés qui s’approvisionnent directement auprès des marchés par l’intermédiaire de fournisseurs. Auparavant, des contrats avaient été instaurés avec des groupements paysans pour l’approvisionnement en légumes frais et fruits. Malheureusement, les modalités de paiement ne satisfaisant pas les paysans, ces derniers n’ont plus honoré leurs engagements. En outre, les paysans n’ont pas d’emprise sur la fixation des prix.

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CONCLUSION Jusqu’à présent, une grande partie des nouveaux arrivants ruraux sur le marché du travail a pu être absorbée par le secteur agricole par le biais de la création de nouvelles exploitations. Cette évolution a été spectaculaire puisque près d’un million de nouvelles exploitations ont été créées en dix ans, entre 1985 et 2005. Cette poussée s’est traduite par l’augmentation des surfaces cultivées, plutôt que par l’intensification, d’autant que les rendements ont peu progressé. On observe aussi une diminution progressive de la taille des exploitations qui traduit l’arrivée au point de saturation quant à la capacité d’absorption des cohortes annuelles, notamment dans les zones rurales les plus peuplées. En conséquence, on assiste actuellement à des phénomènes croissants de saturation foncière. Outre les aléas climatiques, les paysans ont des difficultés à accéder aux marchés des facteurs (intrants, crédits, équipement, services agricoles…). Le désengagement de l’Etat en matière d’encadrement et d’infrastructures hydro-agricoles n’a guère amélioré la situation. L’accès au crédit a été rendu difficile par l’inexistence de titres fonciers. D’où la faiblesse des investissements qui auraient pu améliorer la production et la situation du monde agricole. Pour s’adapter à ce contexte, et maintenir la viabilité de leurs exploitations, les paysans ont dû développer des stratégies d’adaptation, notamment la diversification de la production et le développement de la pluriactivité. La diversification permet aux paysans de répartir le risque sur plusieurs produits. Cette diversification se présente sous deux formes : l’augmentation du nombre des productions et la mise en œuvre de plusieurs cycles agricoles. La pluriactivité permet de diversifier les sources de revenu. Les activités complémentaires au niveau local sont entre autres, l’artisanat, la production de briques, la fabrication de charbon de bois, le transport mais aussi le salariat agricole. Certains paysans n’hésitent pas à migrer temporairement dans le cadre de cette recherche de pluriactivité, vers d’autres régions agricoles en fonction des cycles de culture ou vers les villes. Dans certains cas critiques, les paysans les plus pauvres sont amenés à céder leurs exploitations et deviennent alors métayers ou salariés agricoles. En termes de différenciation, différents phénomènes de clivages sont observables :

• D’abord une différenciation régionale, due à la dotation en ressources naturelles de chaque région et à l’exposition aux aléas climatiques.

• Une différenciation au niveau des producteurs selon leur degré de diversification. Ainsi, le pouvoir d’achat des agriculteurs diversifiés a été moins affecté que celui des producteurs spécialisés en riz, qui ont subi la stagnation du prix de vente réel du paddy et l’augmentation des prix des produits de consommation courante.

• Une différenciation au niveau des exploitants, due à la différence d’accès aux divers types de réseaux économiques. Les producteurs agricoles, qui ont pu s’intégrer à des filières formelles et structurées (exportations, grandes surfaces), sont plus sécurisés dans leurs transactions que ceux qui travaillent dans l’informel.

• La possibilité ou non de fréquenter les grandes surfaces met aussi en exergue une différenciation au niveau des consommateurs, selon leur pouvoir d’achat.

• La présence de monopoles pour certains produits (coton, sucre, tabac…) a souligné la différence fondamentale, en terme de pouvoir de négociation, entre les paysans organisés en associations efficaces aptes à défendre leurs intérêts et les autres (la majorité), en perte d’autonomie.

• Une différenciation entre les producteurs, due à la présence de zones enclavées. Dans ces zones, les producteurs sont précarisés par le double effet d’un faible prix de vente des produits et d’un accès difficile aux services de base.

• L’exigence de qualité du marché (notamment d’exportation) génère aussi une différenciation au niveau des producteurs. Il y a ceux qui peuvent investir dans la mise aux normes et la

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 148

traçabilité de leurs produits, pour pouvoir répondre aux besoins du marché, et les autres qui ne le peuvent pas, et donc vendent uniquement sur le marché local. Cette segmentation des marchés par la qualité facilite le développement d’une consommation nationale à deux vitesses, en fonction du pouvoir d’achat des ménages (sous-produits de différents niveaux de qualité).

La libéralisation a permis à quelques filières de mieux s’organiser en pratiquant la coordination verticale (Lecofruit). Presque la moitié des revenus des ménages ruraux malgaches est issue de la production agricole, mais le quart de cette dernière est commercialisé. Une différenciation régionale et entre exploitations agricoles est cependant observée même si, dans la majorité des cas, on constate une forte proportion de petites exploitations à peine viables. Face à l’émiettement des exploitations agricoles, à la faiblesse des rendements et à l’inflation généralisée, les paysans n’ont pas bénéficié de la libéralisation, même si les prix des produits agricole ont augmenté. En effet, ce sont les intermédiaires, qui ont mis en place un réseau de commercialisation, qui en ont profité. Par ailleurs, quel que soit le type de paysan, du fait de l’inflation, la population agricole a vu ses revenus régresser de manière structurelle. Seuls quelques riziculteurs semi- spécialisés dans la production de riz ont vu leurs revenus s’améliorer en 2004-2005.

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 149

QUATRIEME PARTIE : RISQUES ET BLOCAGES IDENTIFIABLES, POSSIBILITE D’ADAPTATION ET

RECOMPOSITION EN COURS

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 150

1. RISQUES DE BLOCAGES ET IMPASSES DE TRANSITION 1.1. SUR LE PLAN DEMOGRAPHIQUE

1.1.1. Fort taux d’accroissement de la population

La population malgache a presque quadruplé entre 50 ans, passant de 4,2 millions d’habitants en 1950 à 16 millions en 2000. Elle serait de 46,9 millions d’habitants en 2050. Bien que Madagascar ait déjà entamé la transition démographique, le taux d’accroissement de la population reste encore très élevé de l’ordre de 2,8% et, selon certaines projections, la population pourrait se voir multipliée par 10,3 en un siècle (1950 à 2050). Comparativement, l’augmentation de la production reste faible. Un des défis majeurs de Madagascar est à la fois de pouvoir juguler ce fort taux d’accroissement de la population et de pouvoir lui garantir une sécurité alimentaire satisfaisante.

1.1.2. Accélération quasi-exponentielle de la cohorte

Actuellement, l’on assiste à l’arrivée d’une cohorte annuelle d’environ 300.000 jeunes adultes sur le marché du travail. Cette cohorte serait estimée à 621.400 jeunes en 2030. L’un des défis qui se présente à Madagascar est l’absorption de cette cohorte. Jusqu’à maintenant, cette cohorte a été en grande partie absorbée par le secteur agricole, notamment rizicole, sur une base d’extensification. Mais la capacité d’absorption de ce secteur commence à arriver à un point de saturation, se traduisant par une diminution progressive de la surface des exploitations agricoles, pour arriver à une surface moyenne de 0,87 hectares par exploitation, en 2005. Parallèlement, la capacité d’absorption des autres secteurs reste faible, à l’exemple de l’offre des secteurs tourisme et textile (43.000 emplois/an), secteurs pourtant dits porteurs pour l’économie malgache. De plus, ces secteurs n’intéressent pas les ¾ de la cohorte qui sont issus du milieu rural à faible niveau d’instruction (25% n’ayant jamais fréquenté l’école, 63% ayant un niveau primaire dont moins de 15% n’atteignant pas le niveau de 3ème année d’études et étant de fait pratiquement analphabètes après quelques années de vie active). L’absorption de cette cohorte en milieu rural se fera encore en partie dans le secteur agricole, mais le risque de saturation est majeur dans le proche avenir.

Un début de saturation du secteur agricole, quant au phénomène d’absorption des cohortes annuelles, est d’ores et déjà visible, particulièrement dans les provinces densément peuplées (Antananarivo, Toamasina, parties orientale et centrale de Fianarantsoa…) ; l’appauvrissement des populations agricoles et les difficultés d’extension des exploitations étant les deux faces d’un même Janus. Ce cercle vicieux est particulièrement renforcé par l’habitude de la population rurale de n’émigrer qu’en cas de force majeure, en raison de la force de l’attachement au terroir et de la prégnance des problèmes d’insécurité (foncière et sociale), mais également du fait de l’absence de véritable politique de migration.

1.2. UNE SATURATION FONCIERE RELATIVE DEBOUCHANT SUR UNE PRESSION FORTE SUR LES RESSOURCES NATURELLES L’agriculture malgache est basée sur de petites exploitations. En 20 ans, la superficie totale des exploitations agricoles a augmenté de 18,68% (soit en moyenne 0,86% par an). Cette évolution varie d’une province à une autre (de -1,61% pour Toamasina à 61,65% pour Toliary). Le taux d’accroissement annuel de la superficie totale des exploitations agricoles (0,86%) est inférieur à l’accroissement annuel de la population agricole (3,17%) et du nombre d’exploitations agricoles (3,32%). Ceci a engendré une réduction de la taille des exploitations agricoles. En effet, la moyenne nationale passe de 1,2 ha/exploitation en 1984-85 à 0,86 ha/exploitation en 2004-2005, soit une évolution négative de 28,68% en 20 ans (-1,26% par an).

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Les exploitations agricoles se fragmentent à l'occasion des héritages et deviennent de moins en moins viables et rentables du fait de leur faible productivité. C’est déjà le cas pour les zones orientales et des Hautes Terres centrales. Certes, la partie occidentale malgache constitue encore un espace « vide » à forte potentialité agricole, et elle peut recevoir une population agricole moyennant toutefois une volonté politique forte d’aménagement de territoire (aménagement des infrastructures socio-économiques, sécurisation foncière et sociale, maîtrise du marché des facteurs…). L’extension des surfaces assure actuellement l’accroissement des productions. Mais, les systèmes de culture traditionnels persiste et entraîne une déforestation accélérée, une surexploitation des ressources naturelles, une chute de la fertilité des sols et une extension des surfaces dégradées ou en voie de désertification, sans que des alternatives soient toujours à la portée des producteurs, même si elles existent en théorie sur le plan agronomique.

1.3. UNE STAGNATION DE LA PRODUCTIVITE LIEE A LA FAIBLESSE DU MARCHE DES FACTEURS Le marché des facteurs est actuellement incomplet (faible utilisation d’intrants agricoles, et très faible taux de motorisation, faible taux de pratique de techniques culturales améliorées, faible taux d’accessibilité au crédit agricole, difficulté d’accès au foncier et droit de propriété non sécurisé, faible maîtrise de l’eau malgré les actions en faveur de l’irrigation, faible niveau de désenclavement malgré les divers travaux de construction et de réhabilitation de pistes et routes). Certains de ces facteurs se sont dégradés au fil des ans. De ce fait, une stagnation de la productivité est constatée, et les petites exploitations agricoles deviennent de moins en moins viables. Le recours aux intrants (semences améliorées, engrais, pesticides et matériels agricoles) est faible à Madagascar. Le taux d’utilisation de fertilisation est très faible, 84,66% des superficies exploitées n’y ayant pas du tout recours.

- Le faible rendement des systèmes de cultures s’explique par la dominance des méthodes traditionnelles et du faible niveau d’utilisation des facteurs de production (engrais, semences améliorées). L’utilisation d’engrais et d’amendements calciques décroît au fil des ans, notamment en raison de l’ingérence de l’Etat dans l’importation et la distribution, qui affaiblit le secteur privé et ne lui permet pas de développer une stratégie de développement de la filière basée sur des bases commerciales saines. Outre les problèmes liés aux importations et aux circuits de distribution, plusieurs contraintes se situent à divers niveaux : la question de la rentabilisation et de la valorisation du réseau commercial, de la disponibilité et de l’accessibilité, de la faiblesse du pouvoir d’achat et du défaut de crédit, du système de métayage, de l’aversion au risque de la part des exploitants…

- Très peu de paysans utilisent l’engrais minéral et le niveau d’application reste bas. La consommation moyenne d’engrais est de 3 kg de nutriments par hectare. D’après le recensement agricole 2004 -2005, la superficie rizicole fertilisée (organique, minérale et mixte) ne représente que 15% de la superficie rizicole totale.

- L’utilisation de semences améliorées ou de variétés performantes est encore loin d’être systématique malgré les efforts consentis depuis l’élaboration d’une politique nationale semencière, dont le décret d’application n’a néanmoins été signé qu’en 2006, soit 14 ans après sa conception.

1.4. L’ACTIVITE PRINCIPALE DE LA POPULATION AGRICOLE CONCENTREE SUR LE RIZ Les exploitations agricoles malgaches sont basées sur la riziculture. 87% des exploitations font du riz, et 60% des surfaces cultivées sont occupées par le riz. Or, compte tenu des techniques culturales utilisées et de l’imperfection du marché des facteurs, le riz figure parmi l’une des spéculations à faible productivité. Cependant, du fait que le riz constitue l’aliment de base, les paysans adoptent un comportement prudentiel rationnel, en préférant le produire eux-mêmes plutôt que d’avoir à l’acheter à un prix aléatoire.

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L’orientation de l’agriculture vers l’autosubsistance persiste. L’orientation des activités agricoles n’a pratiquement pas changée pour les petites exploitations. Dans les zones périurbaines, on assiste à un début de diversification/spécialisation des cultures maraîchères et vivrières, notamment sur les Hautes Terres (Analamanga et Vakinankaratra) et dans les zones à forte croissance démographique urbaine. Notons l’intérêt récent que portent certains exploitants pour la production d’huiles essentielles et des fruits et épices.

1.5. UNE CONCURRENCE CROISSANTE DES PRODUITS IMPORTES Une étude récente103 mentionne que l’ouverture accrue des marchés régionaux et internationaux (SADC, APE, COMESA) est une chance à saisir pour que Madagascar augmente sensiblement ses exportations, en particulier de produits agricoles et agro-alimentaires. Cependant, pour saisir cette opportunité, de nombreuses contraintes doivent être dépassées en matière de production, de commercialisation et de respect des normes. Cette évolution n’est pas non plus sans risque pour Madagascar et en particulier pour son secteur agricole et agro-alimentaire. Une ouverture trop rapide de son marché ou du marché régional peut entraîner une concurrence accrue de produits provenant de pays développés ou de pays en développement émergents bénéficiant d’avantages certains en matière d’infrastructures, de recherche, d’appui au financement et parfois de soutiens importants à la production et à l’exportation sur des productions qui ne bénéficient d’aucun de ces avantages à l’exception d’une main d’œuvre bon marché. La multiplicité des Accords régionaux est également une contrainte à gérer pour éviter la confusion. Le mouvement général d’ouverture des marchés offre certes de nouvelles perspectives aux exportations malgaches, mais il s’accompagne d’une ouverture importante du marché national, et donc d’une concurrence accrue des importations vis-à-vis de la production locale. Cette ouverture est en préparation, mais les échéances se rapprochent à grands pas : la signature d’une part d’un Accord de Partenariat Economique (APE) avec l’Union Européenne, d’autre part de l’accord SADC, tous deux prévus avec effet au 1er janvier 2008, va diminuer fortement la protection de certains produits agricoles et agro-alimentaires vis-à-vis des importations européennes et d’Afrique australe. Il est donc vital pour Madagascar de se préparer à ces échéances rapprochées.

1.6. UNE LIMITATION DES EXPORTATIONS, AVEC UNE CONCENTRATION SUR QUELQUES PRODUITS Toujours d’après l’étude déjà citée supra, les exportations agricoles sont concentrées sur quelques produits. La vanille et la crevette sont les deux principaux produits exportés, dont une partie en zone franche pour cette dernière. Le thon, le girofle, le litchi et le coton complètent le tableau des principales exportations agricoles, mais déjà dans des proportions bien moindres. D’autres produits sont exportés, mais dans des proportions très faibles : café, cacao, fruits et légumes, épices, huiles essentielles, sucre … Parmi les contraintes, on mentionnera tout spécialement (i) des exportations agricoles très dépendantes de quelques produits (vanille, crevette et girofle représentent à eux trois les trois quarts des exportations agricoles) et de quelques marchés (Europe et Etats-Unis), (ii) des blocages de l’offre (coût du transport, faiblesse des infrastructures et services) et (iii) des problèmes organisationnels et institutionnels qui pénalisent fortement la compétitivité. Madagascar dépend fondamentalement de deux marchés pour ses exportations agricoles, à savoir les USA pour la vanille, et l’Europe pour les principaux autres produits (crevette, litchi, sucre, café, cacao), à l’exception du clou de girofle, exporté essentiellement vers l’Indonésie via Singapour. Conséquence logique de ce qui précède, Madagascar exporte très peu de produits agricoles vers les

103 JEXCO : L’agriculture malgache dans le contexte des négociations commerciales internationales- Constats et recommandations- 7 ACP 753-RPR Project n°23a- Octobre 2006

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pays voisins, malgré sa participation à plusieurs accords d’intégration régionale (COMESA, COI, SADC). Une autre caractéristique fondamentale des exportations agricoles est leur grande variabilité dans le temps, du fait de la forte volatilité de leurs marchés respectifs. Les principaux produits exportés par Madagascar (vanille, crevette, girofle, litchi) voient en effet leurs cours mondiaux fluctuer énormément d’une année sur l’autre. Si l’on ajoute à cela des variations parfois importantes des quantités, il s’ensuit une très forte variation des valeurs exportées par produit selon les années. L’accroissement des exigences sanitaires sur les marchés d’exportation est une contrainte supplémentaire qui complique et accroît le coût de l’accès au marché. Toutefois, l’accroissement des exigences pourrait se révéler un atout pour l’agriculture malgache comparativement à ses concurrents, sur certains marchés de niche. En effet, un aspect de l’agriculture malgache est la faiblesse des volumes de production de la plupart des filières : Madagascar produit de nombreuses spéculations végétales et animales, mais en faible quantité. Face à des concurrents, dont les volumes de production beaucoup plus conséquents permettent d’envisager des économies d’échelle importantes, l’avantage comparatif de Madagascar réside dans le « sur mesure », la production de qualité à petite échelle, la recherche de créneaux de niche à forte valeur ajoutée. La traçabilité est à l’évidence plus facile à mettre en place dans le cas de productions à petite échelle que dans le cas de très gros volumes. C’est le cas actuellement avec la filière haricot vert extra fin.

1.7. UNE STAGNATION DE LA PAUVRETE RURALE La pauvreté en milieu rural demeure très forte et elle concerne davantage les agriculteurs que les autres groupes socio-économiques. Ainsi, la proportion de pauvres est de 78% pour les petits agriculteurs contre 56% pour les travailleurs indépendants. La pauvreté est avant tout et surtout un phénomène rural. Si la population rurale représente 75% de la population malgache, elle constitue plus de 80% des pauvres. La pauvreté à Madagascar est non seulement un phénomène rural, mais également un phénomène agricole. Le ratio de pauvreté des foyers agricoles en milieu rural est passé de 74,5% en 1993 à 73,5% en 2005. Rappelons que le taux de pauvreté de l’ensemble de la population malgache s’est situé à un niveau de 68,7% en 2005, contre 70% en 1993. Les ménages de petits exploitants sont plus pauvres et ont subi une plus forte augmentation de la pauvreté. Cela est confirmé par les informations recueillies par les observatoires ruraux. Le premier défi majeur de qui se pose à Madagascar est la réduction de ce taux.

1.8. FAIBLESSE DE L’AGRO-INDUSTRIE L’agriculture malgache est confrontée à la faiblesse de l’agro-industrie qui ne concerne que les produits laitiers (TIKO, SOCOLAIT, multiples fromageries), l’huile alimentaire (TIKO et autres en province), le jus de fruit et confiture (CODAL, TIKO, EOHA, Mélodie, GAM…), la conserverie (CODAL, BONGOU, Lecofruit…), la chocolaterie - biscuiterie - confiserie (Robert, JB, Socobis), la torréfaction de café (TAF, Salone…), une basserie (Star), la sucrerie (SIRAMA et SUCOMA), la fabrication de tabac (Royal Tobacco, OFMATA, usines de tabac à chiquer), la production de coton fibre (HASYMA/Dagris) et de filature (Cotona, SOMACOU), la minoterie (Kobama), les produits halieutiques (crevettes et thon), les épices (vanille, girofle, poivre…), les huiles essentielles. Le volume d’emplois dans l’agro-industrie est très limité, de l’ordre de 0,3% des actifs. On constate un faible niveau d’intégration dans cette branche. Ce qui se traduit par une faiblesse de l’offre tant au niveau du marché local que pour l’exportation.

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1.9. FAIBLESSE DE STRUCTURATION PAYSANNE Le monde rural malgache est caractérisé par la faiblesse de la structuration paysanne, même si les malgaches ont une forte tradition d’entraide. Les organisations paysannes ont émergé sous l’initiative des projets/programmes de développement et/ou des institutions financières agricoles. Dans de nombreux cas, ces structures paysannes disparaissent avec l’arrêt des interventions de ces organismes d’appui. En effet, ce sont généralement des organisations paysannes mises en place pour faciliter les interventions des projets/programmes sans réelle appropriation par les paysans bénéficiaires des appuis. Et nombreuses sont les structures paysannes dont le but est simplement de profiter des opportunités des projets. Il n’y a pour le moment aucun véritable recensement de ces structures paysannes, tâche difficile vu l’étendu du pays et la profusion de ces structures. Néanmoins, quelques structures faîtières nationales ou régionales ont émergé (FIFATA, Coalition Paysanne de Madagascar, Kolo Harena, Fédération des AUE du Sud, Réseau Soa, Fédération des Apiculteurs, Chambre d’Agriculture ou Tranoben’ny Tantsaha). Ces organisations se sont fixées des missions de représentation et de défense des intérêts des groupements membres lors des négociations au niveau national et international. Cependant, elles sont souvent encore jeunes et n’ont pas encore la maturité ni le poids nécessaire pour défendre les intérêts des paysans lors de l’élaboration des politiques concernant le monde rural, et en particulier le monde agricole.

1.10. FAIBLESSES DES INSTITUTIONS La période d’ajustement structurel a laissé les institutions étatiques exangues, dont le manque de capacité à jouer efficacement son rôle a des répercussions extrêmement importantes sur la croissance économique. Ainsi, dans un rapport récent, une équipe du CIRAD prenait l’exemple du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, et imputait la faible opérationnalité de ce Ministère essentiellement à plusieurs facteurs, notamment : • « Le premier d’entre eux est la cure d’austérité budgétaire conduite dans le cadre PASA, qui s’est

traduite par une réduction progressive des salaires réels et des moyens de fonctionnement ; cette évolution, qui se traduit par une perte de reconnaissance sociale et par l’absence de perspectives d’avenir, constitue sans nul doute un facteur important de démotivation des fonctionnaires ;

• La mise en oeuvre de nombreux projets financés par les PTF passe bien plus souvent par des ONG et autres équipes de la société civile et du secteur privé que par l’administration. De ce fait, les principales actions de développement sont confiées à d’autres opérateurs que l’administration, et de plus, le développement d’opportunités d’emplois beaucoup mieux rémunérés que dans la fonction publique entraîne le départ d’une partie des cadres les mieux formés et les plus à même de saisir ces opportunités nouvelles.»104

2. ADAPTATION ET PORTE DE SORTIE 2.1. ADAPTATION EN COURS

2.1.1. Au niveau des exploitations agricoles

L’agriculture a été plébiscitée par les communes de Madagascar (27% des communes) comme la principale priorité de développement à leur niveau d’après Chérel-Robson et Minten (2003). Cela peut se justifier dans la mesure où le principal secteur d’activité, en milieu rural, se trouve dans l’agriculture pour 90% des actifs. De plus, dans le cas d’un pays comme Madagascar où l’agriculture tient une

104 Ribier V., Le Coq J.F., Pesche D., Evaluation des projets FSP d’appui aux politiques agricoles et à la sécurité alimentaires dans les pays de la ZSP, CIRAD, MAE français, 2005.

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place prépondérante, c’est une croissance tirée par le secteur agricole qui amènera à une réduction de la pauvreté, même de façon indirecte. Les effets de cette croissance au niveau des paysans seront marqués par une hausse des revenus « des paysans moyens qui possèdent les ressources nécessaires pour participer à la croissance » : ils seront alors en mesure de créer des emplois (Chérel-Robson et Minten, 2003) dans des activités rurales non agricoles. On constate un faible développement des activités rurales non agricoles. La question qui peut se poser est si une telle situation est à l’image de la faible performance dans les activités rurales agricoles. D’après les EPM 2001 et 2004 :

• 4% des actifs ruraux travaillent dans le secteur industriel (2% des actifs du quintile le plus pauvre de la population et 12% des actifs du quintile le plus riche)

• 4% des actifs ruraux sont occupés dans des activités de négoce (1% du quintile le plus pauvre et 13% du quintile le plus riche)

• 6% dans autres activités du secteur tertiaire (1% du quintile le plus pauvre et 22% du quintile le plus riche) : artisanat, transport.

Le constat est donc que les populations rurales pauvres semblent ne pas être insérées dans une activité économique hors du secteur agricole en milieu rural. Le dernier recensement agricole (DSI/MAEP, 2006) aborde la question de la pluriactivité en milieu rural. Plus de 90% de la population active rurale est occupée dans l’agriculture, qui est associée le plus souvent à l’élevage. Le commerce et l’artisanat constituent des sources de revenus additionnels en tant qu’activités secondaires pour les ménages.

Tableau 46. Secteur d’activité de la population rurale Effectif Pourcentage

Chef d'exploitation Population agricole

active Chef d'exploitation Population agricole

active

Activité principale

Activité secondaire

Activité principale

Activité secondaire

Activité principale

Activité secondaire

Activité principale

Activité secondaire

Agriculture 2 242 351 137 095 5578888 354 977 92,3 5,6 90,7 5,8 Elevage 16 211 837 765 92674 1 632 122 0,7 34,5 1,5 26,5 Sylvi- culture 5 108 17 689 8102 25 254 0,2 0,7 0,1 0,4 Pêche 32 736 38 173 62897 56 735 1,3 1,6 1,0 0,9 Commerce 25 996 112 220 107906 229 224 1,1 4,6 1,8 3,7 Industrie 9 645 3 207 28114 6 292 0,4 0,1 0,5 0,1 Artisanat 27 552 152 159 130273 525 072 1,1 6,3 2,1 8,5 Agent de l'Etat 39 586 27 244 60776 29 090 1,6 1,1 1,0 0,5 Transport 5 574 5 261 9804 6 492 0,2 0,2 0,2 0,1 Profession Libérale 11 707 27 301 27330 41 012 0,5 1,1 0,4 0,7Journalier 0 0 516 0 0,0 0,0 0,0 0,0 Autre 12 025 33 429 41992 73 455 0,5 1,4 0,7 1,2 Aucun 0 1 036 948 0 3 169 545 0,0 42,7 0,0 51,5Total 2 428 492 2 428 492 6149271 6 149 271 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Recensement agricole national 2005, DSI/MAEP Les entreprises non agricoles (ENA) en milieu rural fournissent les plus importantes opportunités de travail. Une ENA est une petite unité de production ou de services gérée par les ménages, et constituant souvent une alternative à l’emploi salarié. Environ 82% des travailleurs dans le milieu rural sont dans les ENA ou évoluent en tant qu’indépendants (EPM, 2004). Les ENA évoluent surtout dans les secteurs du commerce (44%), de l’artisanat (37,7%), de l’industrie (12,2%), du transport et de l’hôtellerie (3,2%). Elles sont en grande partie dans l’informalité : au niveau national, seules 12,7% sont enregistrées au niveau des services de la Statistique (EPM, 2004). Ce taux serait encore plus faible si on ne considère que le milieu rural.

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Environ 25% des ménages ruraux possèdent une ENA mais ce taux varie et croît avec les quintiles de pauvreté : 36% des ménages du quintile le plus riche et 15% des ménages du quintile le plus pauvre en 2004 d’après l’EPM. L’amélioration de l’environnement ne pourra qu’être favorable à l’émergence des ENA. Mais les chiffres précédents renforcent l’idée que les populations rurales pauvres peuvent rencontrer des difficultés pour s’insérer dans une activité économique hors du secteur agricole en milieu rural. D’après le recensement agricole 2004-2005, le salariat agricole est une source de revenus non négligeable des ménages ruraux. Cette source de revenus représente 90% des revenus extra- agricoles. D’ailleurs, 35% de la population rurale y ont recours et 17% de la population rurale en dépendent principalement. De ce fait, le début de diversification des productions, auquel on assiste actuellement, ne peut que contribuer à l’augmentation de ce salariat. Néanmoins l’intensification de la production reste limitée par la faible utilisation des engrais et semences améliorées, et plus généralement par une aversion généralisée pour tous types de risques. L’extension des superficies se heurte aux contraintes des ressources naturelles dans certaines régions.

2.1.2. Meilleure organisation et intégration des filières et des marchés

Des filières intégrées existent, notamment pour le coton, le tabac et le sucre. L’on assiste à un début d’intégration pour les filières haricot vert, riz, lait, et, à moindre importance, le litchi. A part les filières traditionnelles (coton, tabac et sucre), où il y a monopole, l’intégration de nouvelles filières constitue une stratégie choisie par les opérateurs pour :

- avoir des produits de qualité, respectant les normes, - assurer la traçabilité pour l’exportation, exigence du marché européen, - collecter à temps, et à des coûts compétitifs, la quantité nécessaire, - éliminer les intermédiaires afin d’accroître la marge.

Cette dynamique a abouti, entre autres, à un début de mise aux normes de produits tels que le litchi, le café de qualité, la vanille bio, les huiles essentielles avec le label Natiora, le haricot vert extra fin, le riz de luxe à l’export… Par ailleurs, l’on assiste également à une amélioration de l’organisation des filières, via la mise en place de plateformes de concertation des divers acteurs, à l’exemple du riz, du letchi ou de la vanille. C’est dans ces structures que les stratégies à adopter pour la filière concernée sont définies, à l’exemple de la fixation de la date d’ouverture de campagne pour la vanille ou le litchi, ou pour la détermination du tonnage de riz à importer…. Dans cette dynamique, de nombreux opérateurs, en particulier les exportateurs, commencent également à s’intéresser à l’utilisation des centres d’information et de mise en relation paysans/opérateurs, mis en place récemment par des projets/programmes (Centre d’Accès aux Marchés du PPRR, ABC du MCA). Le rôle pris par les organismes d’appui, tels que les centres techniques horticoles ou les associations interprofessionnelles, est important pour la promotion, pour la mise aux normes et le suivi de la traçabilité des filières horticoles. Le rôle des Chambres de Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et de l’Agriculture et des organisations professionnelles est de plus en plus important dans l’intégration des filières En plus des produits traditionnels d’exportation (girofle surtout), ces nouvelles structures ont permis de promouvoir et de professionnaliser de nouvelles filières (miel, piment…) destinées à l’exportation, même si les quantités concernées sont encore faibles.

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En ce qui concerne les marchés, ceux-ci souffrent à Madagascar d’une mauvaise intégration, à partir du moment où l’on dépasse le niveau communal. Cet état de fait est très bien montré dans une étude de Moser et alii105, qui distingue 3 types de situations en matière d’intégration des marché :

Equilibre compétitif intégré (ECI). Equilibre compétitif segmenté, liés aux coûts de transports… (ECS) Equilibre non compétitif ou déséquilibre avec une situation de monopole, pas d’accès à

l’information (ENC)

Tableau 47. Répartition de l’intégration ou non des marchés ‘local, régional et national)

ECI ECS ENC Communal 69% 22% 9% Régional 5% 31% 63% National 13% 83% 43%

Source : Moser et al (2005) Le tableau précédent montre une relativement bonne intégration des marchés au niveau local, alors qu’une très forte segmentation apparaît aux niveaux régional et national. S’il est évident qu’une meilleure intégration des marchés dépend de la qualité des communications physiques, l’étude en question fait également apparaître qu’une action sur la mise à disposition de l’information économique peut avoir des incidences significatives sur le fonctionnement des marchés. Ainsi, de même qu’une dynamique de réhabilitation et de développement du réseau routier est actuellement en cours, on assiste également à plusieurs tentatives pour améliorer la mise à disposition de l’information économique. La plus significative d’entre elle est celle de l’Observatoire du Riz, dont le système d’information de marché est pleinement opérationnel depuis plus d’un an, et collecte chaque semaine les prix du paddy, du riz blanc local et du riz blanc importé, dans les 111 districts de Madagascar. Ces informations, mises en forme, sont diffusées sur l’ensemble du territoire, par tous les moyens disponibles (radio nationale et locales, messages électroniques, journaux, affichage au niveau communal). Actuellement, plusieurs expériences visant à prolonger cette approche au niveau local sont en cours, au travers de l’action d’Organisations Paysannes régionales.

Ce maillage informationnel permet à l’ensemble des acteurs du marché d’en avoir la même connaissance, là où auparavant, celle-ci était fragmentée et dans les mains de réseaux de collecteurs, sans que les producteurs n’y aient accès. Même si l’intégration du marché au niveau national relève d’autres paramètres, tel l’efficience du réseau routier, l’accès à l’information de l’ensemble des acteurs à l’information la plus complète possible y contribue significativement, favorisant à terme des gains de productivité de la filière riz nationale, liés notamment au resserrement des marges en aval de la filière, induit par l’accroissement de la compétition entre opérateurs. Dans le même temps, l’accroissement du pouvoir de négociation des producteurs devrait leur permettre de récupérer une partie plus importante de la valeur ajoutée générée par la filière.

2.1.3. Diversification et pluriactivité : une adaptation et une stratégie des paysans

Comme mentionné dans la troisième partie, la diversification et la pluriactivité constituent des réponses des paysans face à la baisse de productivité, à l’émiettement des parcelles agricoles de moins en moins viables et rentables, et à la difficulté d’accès au foncier. La mise en œuvre de ces stratégies concerne surtout les paysans les plus vulnérables (exploitations à faible superficie rizicole dans lesquelles la production ne suffit pas à nourrir les membres de la famille, et paysans sans terre),

105 Moser C., Barrett C.B., Minten B., Missed opportunities and missing markets: Spatio-temporal arbitrage of rice in Madagascar Antananarivo, January 2005

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et à moindre mesure les paysans moyens (production rizicole devant être suffisante, mais vendue en partie). La diversification et la pluriactivité permettent aux paysans de :

- se subvenir aux besoins primaires - minimiser les risques - valoriser rationnellement le patrimoine des paysans (rizière, tanety, baiboho, zone de

pâturage…) - absorber la cohorte en milieu rural - ne pas être obligés de migrer pour commencer une nouvelle vie, d’autant plus qu’ils sont

attachés à leur tanindrazana (terre des ancêtres) Ces stratégies se sont de plus en plus développées au cours d’une vingtaine d’années, même elles avaient déjà existé auparavant.

2.1.4. Au niveau des institutions

La plupart des Ministères est actuellement engagé dans une réforme institutionnelle qui en est en pleine phase de « dégraissage », les fonctionnaires étant incités à des départs volontaires, moyennant des primes de départ incitatives. La seconde phase de cette réforme vise un redéploiement des compétences au niveau régional, puis des recrutements complémentaires au niveau régional, afin de renforcer les compétences opérationnelles déconcentrées des Ministères, sur des tâches dites régaliennes, tel par exemple que le contrôle et la certification des semences ou le respect des normes, et plus généralement la garantie des droits et le contrôle des devoirs des citoyens. Corrélativement, en termes de décentralisation, un processus très volontariste est actuellement en cours, aux niveaux communal et régional. Toutefois, les compétences sont encore rares, et la formation de cadres de la fonction publique territoriale n’existe pas encore. Aussi, il y a là de toute évidence, tant au niveau national qu’au niveau local des enjeux très considérable en termes de formation d’une nouvelle administration publique, au service des citoyens.

2.2. PORTES DE SORTIE

2.2.1. Migration interne et externe

L’exode rural, un élément difficilement chiffrable Il n’y a pas de données disponibles concernant le rythme de l’exode rural à Madagascar. En effet, le phénomène de développement de bidonvilles n’est pas visible dans les grandes villes du pays. Certes, des abris de fortunes se sont créés dans la ville d’Antananarivo, mais ils sont surtout liés aux problèmes de la population la plus vulnérable de l’agglomération (perte d’emploi, choc lié à des maladies…). Néanmoins, le phénomène d’exode rural existe, mais ne concerne qu’un effectif assez faible, s’agissant des gens de maisons et d’une partie des salariés des entreprises franches. En général, ces dernières ne s’intéressent qu’à une main d’œuvre ayant un minimum d’instruction (au moins 7 années d’études). Aussi, ce type d’exode rural ne concerne que la population aux environs immédiats des villes où des entreprises franches se sont installées (Antananarivo, Antsirabe et Toamasina). La population des zones profondes du pays n’est guère touchée par ce phénomène, pour l’ensemble des raisons données plus haut pour expliquer la répugnance des paysans à quitter leur terroir.

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Les secteurs d’activités en milieu urbain ne permettent pas d’absorber les flux des ruraux D’après les résultats des enquêtes auprès des ménages (EPM), les activités principales des ménages relèvent de 11 branches d’activités :

− L’agriculture qui regroupe les activités d’agriculture proprement dite, la sylviculture, l’élevage, la pêche, l’exploitation forestière et autres activités telles que la chasse…

− L’industrie alimentaire qui inclut l’agro-alimentaire et l’alimentaire ; − L’industrie textile qui comprend le textile et cuir ; − Les bâtiments et travaux publics ; − Les autres industries dont l’industrie extractive, l’industrie du bois, l’industrie chimique ; − Le commerce qui regroupe le commerce général et spécialisé ; − Le transport incluant le transport public et privé, les transports terrestre, aérien, fluvial et

maritime; − La santé privée ; − L’éducation privée ; − L’administration publique ; − Les autres services dont l’hôtellerie et la restauration …

Le tableau suivant fournit la répartition des actifs dans les différentes branches d’activités, tant du secteur formel qu’informel. Ce tableau a été obtenu par l’INSTAT à partir d’enquêtes par échantillonnage. C’est la raison de la non disponibilité des effectifs des actifs par branche.

Tableau 48. Répartition des actifs entre les différentes branches, dans le milieu rural et dans l’ensemble de Madagascar

Branche d'activité Rural Ensemble Agriculture 90,1 82,4Industrie alimentaire 0,2 0,3industrie textile 0,4 0,8BTP 1,3 1,5Autres industries 1 1,6Commerce 1,7 4Transport 0,6 1,1Santé privée 0,1 0,1Education privée 0,2 0,4Admnistration publique 2 2,9

2004

Sources : EPM 2004

En 2004, 82,4% des actifs malgaches étaient dans l’agriculture. Ces proportions confortent l’idée que la majorité des malgaches dépend encore de l’agriculture. Faute de chiffres exhaustifs sur les effectifs d’actifs dans les différentes branches d’activité, nous avons analysé les perspectives d’emplois dans deux secteurs jugés porteurs pour l’économie malgache. Il s’agit du secteur tourisme et du secteur textile- habillement. Selon une étude récente, effectuée par le Cabinet Conseil JEXCO (2006), et portant sur le secteur textile- habillement à Madagascar, le secteur et ses activités connexes emploient environ 180 000 personnes en 2005. Moyennant la conquête de nouveaux marchés notamment européens et des investissements importants, les possibilités d’emplois seraient au maximum de 300 000 emplois à l’horizon 2009, soit 30 000 emplois de plus par an. Concernant le tourisme, l’INSTAT avait évalué les emplois directs et indirects de ce secteur à 19 850 personnes en 2004. Les prévisions du plan directeur du tourisme, élaboré par le Cabinet GATO AG, font une estimation de 135.400 emplois directs et indirects à l’horizon 2013, soit à peine 13 000 nouveaux emplois par an sur 12 ans. Le constat est donc sans appels : ces deux secteurs, pourtant jugés phares pour le développement de l’économie malgache, n’absorberaient au maximum que 43.000 emplois/an, face à plus de 300 000 jeunes arrivant annuellement sur le marché de travail.

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Par ailleurs, à titre d’information, signalons que le niveau d’instruction de la population rurale est assez élémentaire. Ce qui rend encore plus difficile l’insertion des jeunes ruraux dans le milieu urbain. Plus de quatre personnes sur cinq ont un niveau d’instruction ne dépassant pas le niveau primaire. 28 % de cette population n’ont jamais fréquenté l’école. La proportion des illettrés la plus élevée est observée à Toliara avec 52,5 % suivi de Mahajanga avec 28,2 %. Entre les deux sexes, ce taux est relativement plus élevé pour les femmes (26,8% contre 23,2%). En ce qui concerne la population rurale de 6 à 14 ans, 19,4% n’ont jamais fréquenté l’école et le taux le plus élevé est enregistré à Toliara avec 41,6% (Source : recensement agricole 2004-2005).

Migration inter-régionale ou rural-rural Au niveau national, les migrations internes peuvent être appréhendées par l’indice de mobilité résidentielle, qui se situait à 17% en 1993 (Rakotonarivo, 2006 et INSTAT, 1997). Cet indice est défini comme étant la proportion de personnes qui ont changé de Fivondronana (district) de naissance ou de résidence antérieure au moins une fois dans leur vie. Au-delà de cette moyenne de 17%, à l’échelle locale dans certaines zones de l’île, certains groupes ethniques enregistrent des déplacements de population beaucoup plus nombreux et fréquents que d’autres (cf. 1.1.5). Cependant, en l’absence d’études et de recherches détaillées, la circulation migratoire reste très mal connue à Madagascar. Il est à préciser que les migrations inter-régions ou rural-rural sont de faible ampleur. En effet, même si le phénomène migratoire est déjà ancien à Madagascar (conquête de territoire, choc lié à une disette, saturation…), il n’est jamais de masse. A l’exception des groupes ethniques du Sud (Antandroy), du Sud-Est, et du centre (Merina et Betsileo), les autres groupes ne sont pas tentés par la migration, qu’elle soit inter-régionale ou rural-rural. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une conquête progressive du Moyen Ouest et du Centre Ouest, zones à très faible densité de population. Un migrant ne s’installe dans une zone qu’après avoir négocié avec le tompon-tany (population « autochtone »). Il demande par la suite à sa famille de venir l’aider, et il augmente au fur et à mesure sa capacité de production jusqu’à « refouler » progressivement hors de la zone le tompon-tany. Ce type de migration ne touche que les activités agricoles, même si auparavant, des migrations temporaires existaient dans les plantations sucrières où l’on avait demandé à la population du Sud de venir s’installer dans le Nord-Ouest comme salariés. Une migration saisonnière existe pour des activités ponctuelles de travaux agricoles ou miniers. La migration inter-régionale et rural-rural peut constituer une porte de sortie pour le pays. En effet, la partie occidentale du pays reste assez vide d’hommes. Cette zone ne pourra se développer qu’après qu’un minimum de conditions soient satisfaites : sécurité (sociale et foncière), infrastructure de désenclavement, marché pour s’approvisionner et pour vendre la production… C’est déjà le cas dans le Moyen Ouest, où la construction de pistes rurales a permis à de nombreux migrants106 de s’installer spontanément après négociation avec les tompon-tany. Certes, ces migrants sont au départ testés par ces derniers pour juger de leur intégrité, de leur engagement et de leur entêtement. Il n’est pas rare que ces migrants soient attaqués par des brigands comme les voleurs de zébus. La partie occidentale du pays, a priori très faiblement peuplée, a un potentiel de terres valorisables très important, pouvant accueillir de nombreux pionniers agricoles. La politique actuelle de mise en place de Zone d’Investissement Agricole (ZIA) a pour objectif d’occuper ces zones vides potentiellement valorisables. L’effectivité des ZIA nécessite une amélioration de la sécurité des biens et des personnes, une sécurisation foncière, une infrastructure adéquate pour activer le désenclavement et l’aménagement d’infrastructures sociales (hôpitaux de proximité, écoles, téléphone, électricité, adduction d’eau…).

106 Plusieurs milliers par an d’après nos propres estimations.

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Les projets de migration existants constituent des prémices d’appui aux candidats aux départs. Cependant, ces projets ne concernent que certaines catégories de personnes bien ciblées, paradoxalement uniquement parmi les populations urbaines (jeunes sortant des universités pour le PROJER, gens des rues pour le Ministère chargé de la population, familles en difficulté pour certaines ONG). Le développement de villes secondaires, à l’instar d’Ambatolampy, de Moramanga, de Tanambe ou de Morondava, est une porte de sortie pour les jeunes arrivant dans la vie active. Ces villes, assez dynamiques, ont vu se développer variété d’activités, à l’instar de l’artisanat d’art, de construction et de réparation de matériels agricoles, de réparation de matériels roulants (bicyclettes…), de services (photocopie, informatique…), et divers commerces… De nombreux jeunes se sont insérés dans ces activités qui demandent un niveau minimum de formation. Ceux qui ont un niveau moindre se font employer comme main d’œuvre salariée. La poursuite du développement des villes secondaires, continuera à absorber une partie de la cohorte de jeunes arrivants dans la vie active, surtout pour ceux qui ont un certain niveau d’instruction. Le développement de l’artisanat dans les villes secondaires (et ailleurs) pourrait profiter de l’engouement actuel pour le « marché équitable ». Une meilleure sensibilisation des artisans aux normes de qualité ne peut qu’optimiser l’intégration dans les réseaux internationaux. L’aide des ONGs en ce sens s’avère très utile.

Le lancement actuel d’une politique d’aménagement du territoire vise à développer des zones à potentialités agricoles élevées, tout en préservant les zones à risques et de conservation. Le Programme National de Décentralisation et de Déconcentration, récemment validé par le Gouvernement, vise à renforcer cette politique d’aménagement du territoire, en donnant plus de pouvoirs et de moyens aux collectivités territoriales.

Migrations internationales Du fait de l’adhésion de Madagascar à divers accords commerciaux (SADC, COMESA, COI, OMC), les migrations internationales, dans la sous- région, ou ailleurs, pourraient également constituer une porte de sortie pour Madagascar. Mais cela ne pourra concerner qu’une infime partie de la population urbaine. Les opportunités existent en effet, comme la facilité d’entrée en Afrique du Sud et à Maurice qui sont des pays demandeurs de main d’œuvre. Cependant, des contraintes persistent : barrière de la langue, insuffisance de trésorerie pour supporter les frais de déplacement et d’installation, aversion pour le risque et l’aventure. Ceci concerne, non seulement la population urbaine, mais surtout les ruraux. Quoiqu’il en soit, cette option de sortie ne concerne et ne concernera qu’une infime partie de la cohorte de jeunes devant s’insérer dans la vie professionnelle, d’autant plus qu’avec la fermeture des frontières de l’Union Européenne (première destination des jeunes émigrants malgaches) et des Etats-Unis, il y aura encore moins de candidats au départ. Selon l’estimation de Ratha et Shaw (2005), on compte environ 150.000 malgaches émigrés à l’extérieur du pays (dont 52,9% en France, 17,1% à La Réunion, 13,9% aux Comores, 8,1% pour les autres pays du Sud, 1,4% au Canada, 1,1% en Italie, 0,9% aux Etats-Unis d’Amérique, et 4,6% dans les autres pays). A l’inverse des migrants d’autres pays (tels le Mexique ou le Maroc), le montant des transferts des migrants malgaches est très faible, de l’ordre de 16 millions de dollars US en 2005, soit 105 $US par an par migrant (Ratha & Shaw).

2.2.2. Réforme foncière

La réforme foncière menée actuellement dans le cadre du Programme National Foncier (2004-2015) constitue une des actions du Gouvernement malgache pour promouvoir l’immigration et l’investissement par le biais de la sécurisation foncière. Cette réforme se base non seulement sur la modernisation des 29 services fonciers régionaux, mais surtout sur la mise en œuvre d’une gestion foncière décentralisée au niveau des communes par le biais des guichets fonciers. Ainsi, l’accès des paysans pour sécuriser leurs droits se fait à proximité et à moindre coût (moins de 15 $US/ha au lieu

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de 70 $US/ha avec les services de l’administration foncière actuellement). Selon les objectifs du MAP, 75% des parcelles agricoles devront être sécurisées en 2012 (contre 1/15 du territoire actuellement). Des Zones d’Investissement Agricole, en cours de mise en place dans chacune des 22 Régions, devraient en même temps promouvoir la production agricole, accroître les revenus des paysans dans le cadre du salariat, et absorber une partie de la cohorte en milieu rural. D’autre part, cette réforme foncière a déjà permis et devrait davantage permettre la création de différentes réserves foncières, en particulier pour le tourisme.

2.2.3. Développement des activités non agricoles

Capacité d’absorption du secteur informel Le secteur informel est très mal appréhendé par les statistiques malgaches. Dans les enquêtes permanentes auprès des ménages (EPM), l’INSTAT procède par échantillonnage auprès des chefs de ménages. Ces enquêtes englobent à la fois le secteur informel et le secteur formel, sans faire de distinction au moment des enquêtes. Ces enquêtes ne procèdent pas à un recensement exhaustif du secteur informel, d’où l’inexistence de données précises et récentes sur le secteur informel. Une enquête plus ancienne, effectuée en 1995 par le projet Madio dans l’agglomération d’Antananarivo, avait permis de constater que si l'on décomposait les branches d'activités en 3 grands secteurs : le "commerce" comptait 39% des unités de production, l"industrie" 35% et les "services" 26%. La répartition par branche des unités de production informelles montrait que ce secteur était avant tout un rouage essentiel pour la satisfaction des besoins des ménages. En 1995, les commerces informels étaient spécialisés dans le commerce de détail des produits agro-alimentaires (dont des produits agricoles non transformés dans la moitié des cas) et industriels destinés à la consommation des ménages. La part des grossistes ne dépasse pas 6%. Dans l'industrie, le secteur informel était spécialisé dans certaines activités particulières. C'était en premier lieu la "confection", qui regroupait plus de 58% des activités industrielles, mais aussi et dans une moindre mesure la "fabrication de meubles" et la "fabrication de mofogasy et autres galettes". Il convenait d'y ajouter le "BTP", qui avait bénéficié d'un accroissement de la demande publique ces dernières années suite aux programmes de réfection des infrastructures routières. L'industrie informelle dans l'agglomération d'Antananarivo dessinait les contours traditionnellement dévolus aux activités de type artisanal, souvent proches de prestations de services, faiblement intégrées et exclusivement tournées vers la consommation finale. Du côté des services, les "services fournis aux particuliers" (notamment les services domestiques, les affaires immobilières et activités des démarcheurs, plus connus sous le nom de "mpanera") constituaient près de 60% des établissements de services informels. La part des services fournis aux entreprises était négligeable (moins de 7%). Si l'on y ajoutait la "restauration" (gargotes et autres), les "chauffeurs de taxis" et les "tireurs de pousse-pousse" ("mpitarika posy"), on retrouvait la quasi totalité des activités de service. La structure comparée des emplois formels/informels montrait clairement l'orientation très marquée du secteur informel vers les activités commerciales, au détriment des activités de services. En 1995, les emplois commerciaux représentaient un tiers des emplois informels, mais seulement 12,6% des emplois formels. En contrepartie, 60,4% des emplois formels se trouvaient dans les services (avec une grosse partie attribuable aux administrations publiques), tandis que cette proportion n'atteignait que 27% dans le secteur informel. La spécialisation par branche des emplois dans les deux secteurs (formel et informel) tendait à montrer qu'ils étaient plutôt en situation de complémentarité que de concurrence directe. Enfin, il faut souligner l'importance du poids des emplois industriels dans le secteur informel, largement supérieur à celui qui prévalait dans le secteur formel.

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Tableau 49. Structure par branche des unités de production informelles, en 1995 UNITES DE PRODUCTION EMPLOIS Effectifs % Secteur informel Secteur formel Industries: 43 052 35,0 39,8 27,0 - Agro-alimentaire - Confection - Autres - BTP

4 85125 011

6 5136 677

3,920,35,35,4

4,5 21,5 8,2 5,6

2,412,78,03,9

Commerce: 48 320 39,3 33,1 12,6 - Produit primaire - Produit transformé

33 36614 954

27,112,2

22,1 11,0

5,17,5

Services: 31 628 25,7 27,1 60,4 - Ménage et entreprise - Restauration - Transport

18 7355 8877 005

15,24,85,7

17,8 5,5 3,8

53,72,83,9

TOTAL 123 000 100 100 100 Sources: Enquête 1-2-3, phase 1 et phase 2, calculs MADIO.

Nous n’avons pu disposer de chiffres plus récents sur ces sujets. Néanmoins, de ces données de 1995 portant sur l’agglomération d’Antananarivo, Madio a pu estimer qu’il y avait 123 000 unités de production informelles des activités marchandes non agricoles de la capitale, en 1995. Ces unités généraient alors 189 500 emplois. Ce résultat confirme que le secteur informel était de loin le premier pourvoyeur d'emplois dans la capitale malgache. D'autre part, il apparaît que le secteur informel était massivement constitué de micro- unités. La taille moyenne des unités informelles était de 1,55 personnes par établissement. La même enquête avait permis de constater qu’en 1995, le secteur informel n’était pas le refuge privilégié des migrants. 65% de ceux qui travaillaient dans l’informel étaient nés dans l’agglomération d'Antananarivo et y avaient toujours vécu. De plus, la proportion de migrants était plus faible dans le secteur informel que dans le secteur formel (respectivement 35% et 40%). Ces données du projet Madio, mêmes anciennes, permettent de conclure que le secteur informel, au niveau de la capitale n’offrait pas une option de sortie satisfaisante pour absorber le trop plein du monde rural. L’agglomération d’Antananarivo étant considérée comme étant la plus active de toutes les agglomérations, la conclusion ci-dessus peut être généralisée à l’ensemble des agglomérations de l’île. Malheureusement, aucune enquête récente n’est disponible pour une comparaison des résultats. A titre d’information, le projet Madio avait identifié les contraintes auxquelles se heurtait le secteur informel.

Tableau 50. Principales difficultés rencontrées par le secteur informel (classées par ordre d'importance décroissante)

Total Industrie Commerce Service 1. Manque de clientèle 47,6 40,4 52,4 50,1 2. Difficulté d’accès au crédit 39,5 39,3 46,7 28,7 3. Excès de concurrence 32,7 23,3 41,2 32,7 4. Approvisionnement en matières premières 27,5 33,4 31,5 13,2 5. Manque de machines ou d’équipements 21,5 35,3 6,6 25,7 6. Manque de place, local inadapté 18,8 15,8 22,1 17,9 7. Coût du crédit 12,3 12,6 14,3 9,0 8. Difficulté d’organisation, de gestion 7,8 9,6 6,9 6,8 9. Trop de réglementations, trop d’impôts 7,2 2,1 12,0 6,9 10. Difficulté technique de fabrication 6,2 10,3 2,5 6,3 11. Recrutement de personnel qualifié 1,9 3,7 0,6 1,5 Aucun problème 11,0 10,5 7,7 16,5 Sources: Enquête 1-2-3, phase 2, calculs MADIO. Le total en colonne peut être supérieur à 100%, car il

s'agit de questions à réponses multiples

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Activités formelles et emplois offerts Les PMEs du secteur formel se heurtent pratiquement aux mêmes difficultés que le secteur informel, telles que recensées dans le précédent tableau. L’amélioration du climat des affaires passe par la résolution de ces contraintes, dans le but de développer le tissu économique malgache, dont la taille est actuellement insuffisante. Une dynamique active de création ou d’extension des diverses unités de production/ commercialisation ne peut qu’influer sur la croissance et le développement général du pays et augmenter le niveau actuellement faible des emplois offerts par le secteur formel.

2.2.4. Zones favorables identifiées

Les activités du programme Millenium Challenge Account (MCA) Madagascar visent à aller d’une économie de subsistance à une économie de marché. Pour ce faire, le programme cible plusieurs zones d’intervention. Des investissements dans l’agriculture « tournée vers le marché » commencent ainsi à être mis en œuvre dans le Vakinankaratra/Amoron’i Mania, le Menabe, la region Atsinanana, le Boeny et Diana. Le projet Pôles Intégrés de Croissance (PIC) prévoit le développement d’activités dans le secteur agriculture (agro-alimentaire), à travers « l’appui aux filières porteuses » sur l’axe Antananarivo-Antsirabe. On peut noter quelques caractéristiques communes à ces zones :

- Une densité démographique « élevée ». - Des infrastructures routières permettant l’évacuation des produits et l’approvisionnement des

centres de production en intrants - Un niveau d’équipement sanitaire acceptable - Le dynamisme des organismes de développement (ONGs, projets…).

Une des activités communes aux deux projets MCA et PIC porte sur le développement des chaînes de valeur, en renforçant l’intégration verticale des filières et en regroupant les acteurs intervenant à tous les niveaux de la chaîne (de l’approvisionnement à l’exportation). A terme, la création d’emplois est un des résultats escomptés de ces programmes. L’agriculture contractuelle dans le filière huile essentielle est ainsi en phase de lancement dans la région de l’Amoron’i Mania (pour approvisionner la société Homeopharma), avec la contribution des associations de producteurs locaux. Le but visé, à terme, est le développement des activités non agricoles dans des régions à vocation agricole, accessibles et mieux loties en termes d’infrastructures sanitaires ou autres, et disposant de la main d’œuvre nécessaire aux activités de production.

2.2.5. Ouverture sur des marchés régionaux et internationaux

Développement des exportations dans le cadre des différents accords COMESA, SADC, AGOA, APE, COI)

Dans l’étude citée supra107, l’analyse de la structure des exportations agricoles malgaches montre que peu de produits vont vers les marchés des pays en développement. Ce constat est également vérifié pour les pays avec lesquels Madagascar a signé des accords d’intégration économique régionale, tels la COMESA et le COI. La reprise (éventuelle !) des négociations à l’OMC pourrait amener certains pays émergents à abaisser leurs droits de douanes pour l’ensemble de leurs importations, quelle qu’en soit l’origine. Cela améliorerait en conséquence les conditions d’accès des exportations malgaches à ces marchés en fort développement. Les meilleures opportunités semblent toutefois résider dans le développement des échanges régionaux. Les conditions d’accès aux marchés d’Afrique australe devraient tout

107 JEXCO : L’agriculture malgache dans le contexte des négociations commerciales internationales- Constats et recommandations- 7 ACP 753-RPR Project n°23a- Octobre 2006

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naturellement s’améliorer avec la mise en place de l’accord d’intégration économique de la SADC. Cet accord prévoit en effet un abaissement, voire la suppression des droits de douanes pour un grand nombre de produits, les premières mesures entrant en vigueur dès 2008. Il est toutefois à noter que l’accord ne fait pas mention d’engagement spécifique concernant les normes, et qu’en l’absence de discipline concertée, ce sujet risque de devenir l’une des contraintes majeures des futurs échanges régionaux.

Des nouvelles opportunités à nuancer selon les produits La préparation de l’Accord d’intégration régionale de la SADC a créé de réelles expectatives de la part des opérateurs malgaches, la perspective d’un accès privilégié à un marché de plus de 200 millions de consommateurs étant à l’évidence attractive. L’analyse des opportunités est bien évidemment nuancée selon les produits. Les principaux produits exportés (vanille, crevette, girofle, huiles essentielles, café, cacao, sucre, coton) devraient rester ciblés vers les marchés des pays développés, alors qu’il y aurait probablement un espace pour des produits actuellement exportés en petites quantités tels que les fruits et légumes (pomme de terre, tomate, oignon, melon, …), le maïs, principal produit vivrier de l’Afrique australe, voire même le riz.

2.2.6. Investissement étranger dans l’agriculture

Bien qu’à un niveau encore faible, la mise en œuvre des productions destinées aux marchés régionaux se fait actuellement en partenariat avec des opérateurs de la Sous- Région. Les opérateurs réunionnais ont déjà travaillé avec des paysans malgaches dans le Moyen Ouest pour la production de maïs destiné au marché réunionnais. C’est également le cas des sociétés à capitaux français anciennement installées dans le pays (pour le sisal par exemple). Des opérateurs mauriciens se sont actuellement implantés sur les Hautes Terres, dans le Vakinankaratra, pour la production de pommes de terre destinées au marché mauricien. Au-delà des élevages d’autruches effectués par des investisseurs sud-africains, à Morondava et à Antsirabe, d’autres investisseurs prévoient de profiter de l’opportunité offerte par les zones d’investissements agricoles (ZIA) pour la mise en place de cultures extensives et sur de grandes superficies destinées à l’exportation. Les nouveaux marchés de la Sous- Région, via les divers accords commerciaux régionaux existants (COMESA, SADC, COI), constituent une opportunité offerte aux investisseurs désireux d’investir dans les ZIA. Actuellement, de nombreuses sociétés malgaches, à capitaux étrangers (en particulier français), commencent à s’intéresser à l’acquisition de vastes étendues de terres pour les mettre en valeur, nonobstant l’amélioration des procédures d’acquisition de terres, prévues, et l’amélioration de la sécurité des affaires, notamment juridique, point sur lequel beaucoup d’investisseurs potentiels renoncent.

2.2.7. La mise en œuvre du MAP

Le « Madagascar Action Plan 2007-2012 » (MAP) souligne le rôle stratégique du secteur agricole et précise les objectifs de croissance sectorielle, en termes de développement de la production proprement dite, mais aussi en termes de développement de l’agro-industrie. Le MAP met en avant le rôle capital de l’agro-industrie comme moteur de la production, qu’elle soit agricole, halieutique ou dans le domaine de l’élevage. La taille du marché national, et surtout sa solvabilité, sont très insuffisantes pour avoir un effet d’entraînement suffisant sur la production agricole et agro-industrielle. Il faut donc naturellement chercher des débouchés à l’extérieur. Le MAP est d’ailleurs explicite à ce sujet : il énonce une stratégie tournée vers l’ouverture internationale comme facteur de croissance, dans laquelle les exportations agricoles et agro industrielles jouent un rôle clef. L’ambition du gouvernement est bien de promouvoir une agriculture compétitive qui puisse gagner des parts de marché à l’international.

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Il convient d’approfondir le ciblage des populations et des localités rurales les plus à même de répondre positivement toutes les initiatives du MAP et où les risques d’échec sont minimes. Bien que les données actuellement disponibles ne permettent pas de le savoir, il est peu probable que toutes les populations rurales marginalisées puissent trouver une activité dans les divers programmes mis en oeuvre. Or le MAP n’aborde pas du tout la problématique des paysans sans terre et qui vont se trouver de plus en plus nombreux et marginalisés. Aussi, dans la seconde phase de l’étude RuralStruc, il est prévu de se pencher plus en avant sur cet autre grand défi, parmi ceux identifiés rapidement dans cette quatrième partie.

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CONCLUSION Sur la base de l’ensemble des résultats précédents, il est maintenant possible d’identifier plus clairement une série de points critiques et de questions clefs, qui seront autant de portes ouvertes ou fermées sur l’avenir, selon la nature des réponses que l’on voudra bien y apporter et de moyens matériels et humains que l’on voudra bien y consacrer.

Les risques de blocage et d’impasse de transition sont réels, et leur appréhension sera certainement déterminante pour le futur.

L’élément constitutif principal de ces risques majeurs est incontestablement l’arrivée massive, et pour de nombreuses années encore, de nouveaux entrants sur le marché du travail. Ainsi, actuellement, ce sont 300.000 jeunes par an qui entrent dans la vie active. Ils seront plus de 600.000 par an en 2030.

Jusqu’à maintenant, ces nouvelles cohortes avaient été absorbées sans trop de heurts par le secteur agricole, sur la base de la mise en valeur de nouvelles terres arables, essentiellement rizicoles. Toutefois, on peut commencer à observer un début de saturation du secteur agricole, quant au phénomène d’absorption des cohortes annuelles, particulièrement dans les zones densément peuplées ; l’appauvrissement des populations agricoles et les difficultés d’extension des exploitations étant les deux faces d’un même Janus. Ce cercle vicieux est particulièrement renforcé par l’habitude de la population rurale de n’émigrer qu’en cas de force majeure, en raison de la force de l’attachement au terroir et de la prégnance des problèmes d’insécurité (foncière et sociale), mais également du fait de l’absence de véritable politique de migration. Aussi, dans un contexte d’insécurité foncière ressentie importante, on assiste dans de nombreuses zones à la persistance de systèmes de cultures traditionnels (culture sur brûlis), avec une très forte incidence sur la dégradation de l’environnement.

Parallèlement, les capacités d’absorption du reste des secteurs de l’économie sont bien plus limitées que l’on ne l’imagine le plus souvent. Ainsi, les secteurs textiles et tourismes ne sont susceptibles d’absorber au mieux que 43.000 actifs supplémentaires par an durant les prochaines années.

Dans le contexte d’un marché des facteurs de production (engrais, semences améliorées, produits phytosanitaires, petit matériel agricole), l’intensification de la production peine à s’enclencher, les exploitants fonctionnant en outre encore très largement selon des logiques d’autosubsistance alimentaires et de minimisation des risques, en termes notamment d’amélioration des pratiques culturales.

Les débouchés qui s’offrent aux producteurs malgaches dans l’agro-industrie nationale sont encore très faibles, tant au niveau de l’absorption de la production que de la force de travail. En effet, à peine 0,3% des actifs sont actuellement employés dans le secteur agro-alimentaire.

Les débouchés à l’export ne sont pas non plus évidents, dans un contexte d’ouverture tous azimuts des marchés à la concurrence qui profite souvent aux pays occidentaux, pour l’instant mieux armés en termes de compétitivité, et capables de produire dans le respect de normes de plus en plus exigeantes, coûteuses et complexes à mettre en œuvre. Et c’est non seulement sur les marchés extérieurs que la production nationale risque d’être confrontée à la concurrence, mais également sur ses propres marchés nationaux.

En outre, les exportations agro-alimentaires malgaches sont très vulnérables aux aléas de la conjoncture, étant concentrées sur un très petit nombre de produits et de destinations géographiques.

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Aussi, dans un contexte de très faible organisation professionnelle agricole, peu à même pour l’instant de se saisir collectivement d’enjeux majeurs, et de déliquescence de l’administration publique chargée théoriquement de soutenir la profession agricole, les risques de blocage et d’impasse de transition sont bien réels pour le monde rural malgache, et par conséquent pour la Nation toute entière.

Néanmoins, des adaptations sont déjà en cours pour répondre à ces défis fondamentaux. Ainsi, au niveau des exploitations agricoles, la diversification des cultures, le recours de plus en plus important au travail salarié, le développement des activités non agricoles, sont autant de signe d’un début de professionnalisation des agriculteurs, et d’une diversification sociale dont bénéficie le développement des villes secondaires.

Au niveau de l’organisation des filières, on assiste à la fois à la mise en place d’organisations interprofessionnelles et de plateformes de concertation à même de se saisir à un niveau professionnel des problèmes et des enjeux des différentes filières (respect des normes, promotion de labels, évaluation des volumes à l’importation ou à l’exportation, etc…). Le fonctionnement des marchés commence lui aussi à s’améliorer, avec la constitution de systèmes d’information de marché (Observatoire du Riz) à même de contribuer à l’amélioration de l’intégration des marchés et incidemment à la stabilisation et la compréhension des mécanismes de marché.

Au niveau des institutions publiques, un vaste chantier est également en cours, tant au niveau de la refonte des missions des administrations publiques que du transfert de l’effectivité opérationnelle vers les niveaux communal et régional, à la fois au travers de la déconcentration des Ministères sectoriels que de la décentralisation.

Par ailleurs, des portes de sorties existent en regard des impasses transitionnelles identifiées plus haut :

• Dans la mesure où le marché de l’emploi urbain, souvent trop exigeant en matière de compétences, sera largement insuffisant pour absorber les cohortes de jeunes entrants sur le marché de l’emploi, la problématique de l’accompagnement des migrations inter-régionales et rural-rural, vers les zones rurales d’accueil potentiel des migrants sera certainement déterminante à moyen terme. Le développement induit des villes secondaires sera également un élément clef. Aussi, c’est en fait toute une politique d’aménagement du territoire, dépassant très largement le simple champ du secteur agricole, dont il est question. Dans ce contexte, la réforme foncière s’avèrera certainement un outil crucial.

• Par ailleurs, le développement autour de pôles de croissance, ou de zones d’investissement agricole, sera également un des éléments moteurs de l’ouverture progressive sur le marché de l’agriculture malgache, qui devrait également dans ce types de schéma bénéficier de l’expérience et de l’implication de groupes internationaux, pourvus que leurs investissements soient sécurisés.

• En termes de débouchés à l’exportation, des opportunités sérieuses et réalistes existeront probablement au sein des zones d’échanges régionales dont Madagascar fait partie (COMESA, SADC, COI), pourvu qu’un travail rigoureux soit consenti en termes de normes, de qualité et de formation professionnelle, à la fois des exploitants et des techniciens susceptibles de les conseiller.

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ANNEXES

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Annexe 1. Evolution du nombre de décortiqueries et rizeries par province de 1971 à 2001

Décortiquerie 1971 1982 1991 2001 Antananarivo 65 154 425 755 Antsiranana 9 40 78 123 Fianarantsoa 27 23 44 209 Mahajanga 20 44 144 387 Toamasina 67 108 203 233 Toliara 17 50 96 111 Madagascar 202 419 990 1.818 Année Rizerie 1971 1982 1991 2001 Antananarivo 39 41 54 78 Antsiranana 3 1 1 1 Fianarantsoa 9 8 8 7 Mahajanga 10 10 14 9 Toamasina 15 14 17 17 Toliara 10 10 12 2 Madagascar 86 84 106 152 Sources: Ministère de l'Agriculture pour 1971, 1982, 1991 ; Recensement des Communes, Programme Ilo,

Cornell University/FOFIFA/INSTAT, 2001 Annexe 2. Evolution de la réglementation sur la commercialisation du riz à Madagascar

1960-1973 Coexistence du secteur public ou parapublic et du secteur privé

Coexistence d’une grande diversité d’intervenants (publics et privés). Contrôle de la commercialisation dans les zones supervisées par une société d’aménagement (Alaotra et Marovoay). Le Bureau de Commercialisation et de Stabilisation (BCSR), créé en 1963, assure la stabilisation et la péréquation des prix, la collecte et le stockage de paddy notamment au Lac Alaotra de 1963 à 1971 via des collecteurs privés.

1971-1973 Monopole du BCSR au Lac Alaotra

1973-1977

Emprise de l’Etat sur le commerce du riz et suppression du commerce privé

Monopole de la commercialisation du riz par la Société d’Intérêt National des Produits Agricoles (SINPA). Deux sociétés d’Etat, la SOMALAC au Lac Alaotra et la FIFABE à Marovoay, travaillent pour le compte de la SINPA. La SINPA avait aussi des objectifs de développement (approvisionnement en intrants, crédit, etc.) qu’elle n’a jamais pu assurer efficacement.

1977-1983 Secteur public

Devant les difficultés de la SINPA qui n’arrivait pas à assurer correctement la collecte et la commercialisation du paddy, l’Etat décide d’étendre le monopole au profit d’autres sociétés d’Etat ou paraétatiques (COROI, ROSO, SOMACODIS, SICE, …). Cependant la situation ne s’est guère améliorée et au début des années quatre-vingt, moins de 10% de la production était collecté, ce qui a obligé l’Etat à importer massivement du riz : en effet, aux difficultés de collecte propres aux sociétés d’Etat s’est ajoutée au début des années quatre-vingt une politique des prix décourageant la production. Le marché parallèle s’est développé pendant cette période.

1982-1985 Monopole de la commercialisation par la SOMALAC au lac Alaotra

1983-1984 Réhabilitation du secteur privé

Suppression du monopole de l’Etat sur la commercialisation du riz sauf dans les zones réservées de l’Alaotra et de Marovoay. Modification de la réglementation en matière de prix.

1986 Abrogation du monopole de commercialisation dans les zones réservées

Restriction des importations mais mise en place transitoire d’un stock régulateur (stock tampon) alimenté par les importations pour accompagner la libéralisation. Libéralisation du commerce du riz dans les zones réservées.

1990 Libéralisation des importations. Source : Droy (1997108) d’après Etude du marché du riz à Madagascar (AZAM et al., 1992) et Aperçu de la

filière riz à Madagascar (YUNG, 1986)

108 Droy I. (1997). « Que sont les greniers à riz devenus ? ». In : Economie de Madagascar, N.2, pp63-88.

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Annexe 3. Formation du prix du riz (Francs Malgaches)

Source : Dabat (2005) d’après UPDR-FA0 (2000)

** Partie plus sombre : coût de l’agent ; partie plus claire : marge

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Annexe 4. Carte de répartition des décortiqueries et rizeries

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Annexe 5. Description de la société du Lecofruit LECOFRUIT S.A. (Légumineuses Condiments Fruits de Madagascar) une des branches de l’Omnium Industriel de Madagascar JB (OIM JB) appartenant à la famille Barday, d’origine indopakistanaise. Les autres activités du groupe incluent entre autres une tannerie qui exporte aussi des peaux de zébus, une fabrique de tôles, la biscuiterie-confiserie, la brasserie. La société a commencé au début des années 90. Elle produisait alors des cornichons avec une centaine de paysans. Pour développer ses marchés à l’exportation et bénéficier de l’établissement des zones franches, elle s’est associée à la société française Segma Maille qui a alors assuré des débouchés réguliers pour ses produits en Europe. En conséquence, Lecofruit a commencé à diversifier sa production avec des haricots verts, des pois mangetout, des cornichons, des asperges et des mini-légumes pour l’exportation vers le marché européen. Actuellement, la société traite essentiellement des haricots verts fins : durant la saison 2004/05, la société a exporté 3.000 tonnes de produits, parmi lesquels 70% était des haricots verts fins. Une étude récente (Minten, Randrianarison et Swinnen, 2006) a montré que les paysans contractuels qui travaillent avec Lecofruit bénéficient d’un meilleur bien-être (périodes de soudure plus courtes, revenus plus stables) et que les contrats ont des arrière-effets sur la productivité rizicole (rendements rizicoles plus élevés sur les parcelles recevant les cultures sous contrat en contre-saison). Annexe 6. Structure de prix pour les haricots verts en boîte (prix de revient hors charges

fixes)

Achat aux paysans 15%

Emballage* 46%

Transport interne 15%

Energie 5%

Frêt export 10%Source : MDP/JEXCO 2004

*Emballages non taxés à l’importation, la société Lecofruit étant établie sous le régime de Zone Franche ; 92% des coûts sont relatifs au transport (50% au fret maritime)

Annexe 7. Normes à respecter pour l’exportation sur le marché européen Ces normes concernent principalement :

- le calibrage, - les normes d’étiquetage et d’emballage, - le respect des Limites Maximales de Résidus en matière de pesticides, - la traçabilité, - les normes HACCP (Analyse des dangers et points critiques à maîtriser), - éventuellement la mise aux normes biologiques.

Les supermarchés, principaux clients sur ce marché peuvent aussi imposer leurs exigences stipulées dans des cahiers de charge : outre les normes concernant la qualité du produit et les normes phytosanitaires, des spécifications peuvent être portées sur les conditions de travail ou des critères éthiques comme le non-recours au travail des enfants. Des auditeurs privés dépêchés par les supermarchés effectuent des contrôles réguliers sur site.

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Annexe 8. Caractéristiques du contrat

Unité No. d’obs. Moyenne St.dev. Saison 2003-2004 Superficie sous contrat ares 199 5,41 2,74Nombre de contrats nombre 197 4,53 2,93Nombre de produits cultivés sous contrat nombre 199 2,07 0,68Proportion de ménages… … qui cultivent des haricots verts sous contrat part 199 0,97 … qui cultivent cornichons sous contrat part 199 0,86 … qui cultivent poireau sous contrat part 199 0,17 … qui cultivent pois mangetout sous contrat part 199 0,05 … qui cultivent d’autres produits sous contrat part 199 0,02 Intrants – avances Montant des engrais chimiques/pesticides par contrat Ariary 405 10115 1958Kg de récolte à rembourser kg 406 31,1 6,1Autres matériels obtenus de la société (à ne pas rembourser) Ariary 174 7058 25558Dans le cas où vous n'arrivez pas du tout à rembourser ces avances … Lecofruit ne travaille plus avec vous % 200 38% … il y aura une pression du chef de zone pour payer % 200 99% … il y aura une pression sociale pour payer % 200 22% … il y aura des poursuites judiciaires % 200 0%

Source : Minten, Randrianarison et Swinnen, 2005 Annexe 9. Contrôle et supervision par la société Lecofruit

Unité Moyenne St.dev. Proportion de cas… … où la société fait le choix des cultures sous contrat % 23 … où la société fait le choix de la superficie des cultures sous contrat % 36 … où la société choisi la localisation des parcelles, parmi les parcelles du contractant sous contrat % 6 … où la société définit l’itinéraire technique à suivre pour les cultures sous contrat % 99 … où la société assure le contrôle sur le terrain pour être sûr que l'itinéraire technique a été suivi % 98 … où la société applique les produits phytosanitaires sur les cultures sous contrat % 34 … où la société connaît le nombre de plants/de pieds sous contrat Oui (toutes) % 60 Environ % 32 Pas tout à fait % 5 Non % 2 … où la société connaît la localisation exacte des parcelles sous contrat % 99 Nombre de visites d'un assistant de culture (AC) ou technicien agricole par semaine nombre 1,33 0,90… moins d’une fois par semaine % 30 46… une fois par semaine % 30 46… plus d’une fois par semaine % 41 49

Source : Minten, Randrianarison et Swinnen, 2005

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Annexe 10. Evolution de la production de sucre raffiné à Madagascar (tonnes)

SIRAMA SUCOMA Campagne Ambilobe Namakia Nosy-be Brickaville Total Morondava Total général

1974/75 60 150 28 926 16 373 9 558 115 007 - 115 0071975/76 63 029 28 216 16 452 6 776 114 473 - 114 4731976/77 56 063 27 486 13 568 10 228 107 345 - 107 3451977/78 56 239 26 893 15 265 11 201 109 598 - 109 5981978/79 60 886 28 669 14 143 11 924 115 622 - 115 6221979/80 58 437 23 371 15 029 11 989 108 826 - 108 8261980/81 53 713 26 947 15 273 13 104 109 037 - 109 0371981/82 47 611 24 994 18 066 13 498 104 169 - 104 1691982/83 36 781 18 835 14 587 11 956 82 159 - 82 1591983/84 46 214 21 967 14 079 11 223 93 483 2 363 95 8461984/85 30 360 15 287 8 718 14 094 68 459 4 888 73 3471985/86 38 296 25 305 13 036 9 936 86 573 6 409 92 9821986/87 33 972 22 457 13 417 9 197 79 043 13 419 92 4621987/88 31 818 23 956 14 660 10 980 81 414 21 105 102 5191988/89 43 226 25 480 14 195 11 060 93 961 20 361 114 3221989/90 44 697 25 537 15 053 11 439 96 726 17 153 113 8791990/91 45 271 26 584 14 354 10 625 96 834 14 167 111 0011991/92 36 414 18 748 14 011 11 422 80 595 10 257 90 8521992/93 40 398 21 332 10 679 11 467 83 876 7 950 91 8261993/94 33 070 16 306 9 309 6 758 65 443 5 905 71 3481994/95 36 141 21 975 10 162 3 401 71 679 7 610 79 2891995/96 43 920 22 088 11 381 6 934 84 323 6 108 90 4311996/97 44 326 16 240 12 548 10 928 84 042 4 213 88 2551997/98 35 084 18 232 9 275 11 600 74 191 2 457 76 6481998/99 42 251 16 006 9 689 11 837 79 783 3 256 83 0391999/00 38 077 17 388 5 164 10 267 70 896 10 239 81 1352000/01 29 204 12 919 4 617 7 484 54 224 11 548 65 7722001/02 13 504 10 268 3 121 8 164 35 057 14 528 49 5852002/03 4 148 3 837 771 6 378 15 134 15 372 30 5062003/04 101 2 831 1 183 5 963 10 078 15 223 25 3012004/05 226 1 901 384 5 728 8 239 16 462 24 7012005/06 2 228 3 602 100 3 792 9 722 16 536 26 258

Source : Centre Malgache de la Canne et du Sucre

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Annexe 11. Implantation des sites sucriers à Madagascar

Source : HTPSE (2006)

SUCOMA

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APB Consulting – RuralStruc – Phase 1 177

Annexe 12. Brève description des sites de production existants

SIRAMA SIRAMA SIRAMA SIRAMA SUCOMA Ambilobe Namakia Nosy-Be Brickaville Morondava

Province Situation géographique

Antsiranana Nord-Ouest-Ambilobe

Mahajanga Moyen Ouest-Mahajanga

Antsiranana Nord-Ouest

Toamasina Centre Est de Madagascar

Toliara Sud-Ouest-Morondava

Surfaces (ha) -domaine -exploitables -aménagées -sous-cannes -récoltables:

9 106 7 582 7 200 6 200 6 000

8 911 3 198 3 000 2 950 2 850

6 320 2 240 2 240 1 950 1 850

3 086 1 110 1 110 1 110 1 050

6 000 3 100 2 240 2 240 2 040

Planteurs -estim. surfaces actuelles -estim.potentiel planteurs

4 000

9 000

700

1 200

Proportion livraison cannes -Usine -Planteurs

70 30

100 0

95 5

70 30

100 0

Problèmes majeurs - drainage - état des canaux - étiage de la rivière - absence de variétés de fin de campagne - vétusté des matériels

- drainage - état des motopompes - salinité du sol - vétusté des matériels

- insuffisance d'eau pour l'irrigation - acidité du sol (pH 4-5) - présence de tuf - vétusté des matériels

- contrôle des adventices - état des routes pendant la récolte - transport fluvial difficile pendant l’étiage - vétusté des matériels

- insuffisance d'eau pour l’irrigation - forte perméabilité du sol - pannes des pivots

Source : HTSPE (2006)

Annexe 13. Approvisionnement et production de sucre par industrie

SIRAMA Année Surface Tonnages Production

Récol. (ha) Sirama Planteurs Rendement Sucre (t) Mêlasse (t) Alcool (hlap) 1985 11 481 643 145 151 824 56,02 86 399 34 194 41 6451986 11 011 640 311 129 545 58,15 79 046 34 158 35 1961987 10 923 647 194 143 540 59,25 81 404 32 443 42 6161988 10 744 752 161 169 784 70,01 93 803 41 258 41 9751989 11 542 771 995 183 766 66,89 96 649 39 276 68 2101990 11 584 764 777 180 718 66,02 96 770 38 785 76 0921991 8 889 660 269 185 741 74,28 80 610 32 289 71 7611992 11 489 664 589 204 227 57,85 83 605 38 091 88 8071993 10 801 490 575 157 997 45,42 65 318 22 733 59 1811994 11 048 637 642 147 261 57,72 71 670 36 025 88 1201995 10 465 706 141 181 491 67,48 83 972 40 556 99 0581996 10 814 684 064 182 154 63,26 83 395 38 635 90 2061997 11 002 621 983 198 651 56,53 73 428 36 238 98 8471998 10 030 653 026 281 838 65,11 79 776 45 030 108 6421999 8 816 603 353 217 261 68,44 70 896 37 843 89 0012000 9 468 497 601 188 887 52,56 54 366 28 509 76 6542001 8 074 375 622 101 754 46,52 35 095 17 976 54 8482002 5 380 258 349 53 552 48,02 15 143 15 282 36 1562003 3 622 139 795 19 036 38,6 10 078 9 355 15 6112004 7 022 178 966 36 594 25,49 8 242 18 931 36 415

SUCOMA Année Surface Tonnage Rendement Production

Aménagée (ha) Récoltée (ha) Cannes T/ha Sucre (t) Alcool (hlap) 1997 1.400 702,6 35.389 50,37 2.458 1998 1.800 631,46 33.748 53,44 3.257 1999 2.200 1.428,98 122.125 85,46 10.256 12.2602000 2.280 1.577,00 127.602 80,91 8.272 8.6702001 2.290 1.962,65 160.176 81,61 14.528 10.4832002 2.305 2.076,00 169.481 81,64 15.321 15.0032003 2.310 2.070,00 168.732 81,51 15.223 14.2082004 2.310 2.050,00 172.000 83,9 16.462 16.1722005 2.310 2.030,00 174.018 85,72 16.537 14.998

Source : HTSPE (2006) d’après CMCS

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Annexe 14. Types de sucre produits

Site Sucre roux Sucre blanc Sucre blanc export Sucre blond Destination

SIRAMA Ambilobe xxxxxx Marché américain et local

Xxxxxx xxxxxx Marché local Namakia xxxxxx Marché européen Nosy-Be xxxxxx Marché local Brickaville xxxxxx Marché local SUCOMA

Xxxxxx Marché local Morondava xxxxxx Marché mondial Source : UPDR/MAEP109 (2004)

Annexe 15. Structure de prix du sucre importé et du sucre produit localement en 1999/2000

(Fmg/kg) Sucre Import Sucre produit

localement

Blanc Roux Ambilobe Namakia Nosy Be BrickavilleFOB(USD/T) 120.000 60.000 Sucre blanc Décote sucre brésilien 0.000 20.000 Prix départ usine 3706,167 3866,167 3976,167Frêts et assurance 80.000 80.000 Transport Tana 380,000 220,000 110,000Prix CAF Tamatave 200.000 160.000 Redevance 100,000 100,000 100,000Taux de change 6685.000 6685.000 TVA 837,233 837,233 837,233Prix CAF(FMG/T) 1.337.000 1.069.600 CMCS 30,000 30,000 30,000Droits et taxes à l'import (35%) 414.470 331.576 Prix rendu Tana 5053,400 5053,400 5053,400

Redevance (35%) 467.950 374.360 Sucre Blond/Roux

Frais Portuaires et transit 100.000 100.000 Prix départ usine 2845,917 2845,917Transport Tana 125.000 125.000 Transport Tana 380,000 380,000TVA (20%) 488.884 400.107,2 Redevance 100,000 100,000Redevance CMCS 30.000 30.000 TVA 665,183 665,183Marge Importateurs (5%) 148.165,2 121.532,16 CMCS 30,000 30,000

Coût rendu Tana 3.111,469 2.552,175 Prix rendu Tana/kg 4021,100 4021,100

Source: MDP/JEXCO (2004) d’après SIRAMA Annexe 16. Description de la Hasyma Hasyma est devenue depuis octobre 2004 une filiale majoritaire du Groupe DAGRIS (Développement des Agro-Industries du Sud), suite au contrat de cession et d’acquisition d’actions passées entre la République de Madagascar et DAGRIS. Pour la fonction de production, HASYMA prévoit le renforcement du partenariat avec les cotonculteurs et améliorera sa stratégie d’action en agissant à partir d’un noyau dur de producteurs professionnels. Sur le plan de l’usinage, HASYMA vise à moderniser et à renforcer ces capacités industrielles (remise à niveau de l’outil industriel, amélioration de la qualité de la fibre,…). En matière de commercialisation des produits, fibres et graine, HASYMA recevra l’appui de DAGRIS et visera, en premier lieu, à satisfaire les besoins locaux et, en second lieu, à accéder aux marchés extérieurs américain et européen.

(Someah Consultants, 2005)

109 UPDR/MAEP (2004). Filières de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche et actions du MAEP.

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Annexe 17. Les fournisseurs de coton-graine de la HASYMA

Source : SOMEAH Consultants (2005) d’après HASYMA

Annexe 18. Niveaux des prix du coton (1ère qualité) en 2004

En Ariary/kg Prix d’achat du coton-graine au producteur 410,0 Prix d’achat en équivalent fibre 1.025,0 Coût d’usinage du coton fibre par la Hasyma 175,6 Vente locale de fibre 1.944,0 Vente de fibre à l’export (prix ex-usine) 2.482,8

Source : Adapté de SOMEAH Consultants (2005) d’après HASYMA Annexe 19. Répartition des ventes de coton fibre par la HASYMA (%) 2002 2003 2004Part des filatures locales 20,5 26,2 51,9Part des exportations 79,5 73,8 48,1

Source : SOMEAH Consultants (2005) d’après HASYMA Annexe 20. Evolution de la production par province (en tonnes et en %)

Faritany 2 003 % 2 004 % Antananarivo - - - - Fianarantsoa 109 925 55.76 104 437 55.02 Toamasina 66 585 33.78 65 206 34.35 Mahajanga 351 0.18 369 0.19 Toliara 6 978 3.54 6 978 3.68 Antsiranana 13 302 6.75 12 827 6.76

Ensemble 197 140 100.00 189 817 100.00

Source : Service des Statistiques Agricoles / DSSE

Part des différents fournisseurs de coton-graine de la HASYMA

0%

20%

40%

60%

80%

100%

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

FMH Producteurs individuels

0

5000

10000

15000

20000

25000

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Nombre total de paysans fournissant la HASYMA

Pourcentage des paysans FMH et Individuels à Ambilobe

Paysans FM H15%

Paysans Individuels

85%

Pourcentage des paysans FMH et Individuels à Toliary

Paysans FM H95%

Paysans Individuels

5%

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Annexe 21. Description du Groupe UNIMA Le groupe Unima, présent depuis 30 ans dans le secteur de la pêche crevettière, est le premier exportateur de crevettes de Madagascar. Il fournit des restaurateurs et les chaînes de grande distribution européens. Le groupe fournit 4.000 emplois à travers les activités de pêche et d’aquaculture. Pour la pêche, il dispose de 20 chalutiers qui enregistrent des captures de 2.500 tonnes de crevettes sauvages. La mariculture occupe une superficie de 1.600 hectares de bassin pour une production de 5.000 tonnes de crevettes par an. Le groupe est une illustration d’une intégration verticale maîtrisée. Avec différentes unités, ces activités comprennent la production d’aliments (alimentation aquacole à travers une usine de production agro-alimentaire co-développée avec l’Union Réunionnaise des Coopératives Agricoles sur l’Ile de La Réunion), la domestication, la reproduction, l’élevage, le conditionnement, la cuisson (crevettes cuites réfrigérées), la distribution.

Annexe 22. Importation d’engrais par le secteur privé et le gouvernement/Projet (tonnes de

produit), 1975 à 2004

Années Secteur Privé KRII Dons Gouvernement Total Imports Part marché du Secteur Privé

(%) 1975-84 14,600 4,800 19,400 75 1985-1990 10,300 11,700 22,000 47 1991-1995 13,750 11,250 25,000 55 1996-1998 11,150 8,363 19,513 57 1999 8,169 8,363 16,532 49 2000 17,277 6508 23,785 73 2001 13,144 7,493 20,637 64 2002 12,928 0 12,928 100 2003 26,158 0 9246 35,404 74 2004 16,000 0 1404* 17,404 92

* importation par le gouvernement en Septembre 2004 Source: Bockel, 2002, page 61, MICDSP (2004), MAEP (2005) ValyAgri, BAMEX (2005).

Annexe 23. Evolution des activités des IMFs mutualistes de 1998 à 2005

Nombre de 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Caisses 248 271 336 353 338 380 380 394 Membres 47 472 60 775 92 946 116 977 135 305 179 399 198 912 232 347

Source : APIFM Annexe 24. Volume des activités des IMFs Mutualistes (en millions d’ariary)

Encours de 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Epargne 1 280 1 919 7 416 11 150 10 372 18 992 21 803 25 510 Crédits 3 316 4 703 7 562 9 260 11 212 19 519 25 382 36 235

Source : APIFM Annexe 25. Activités des IMFs Non Mutualistes de 2002 à 2005 (5 Fmg = 1 Ariary)

2002 2003 2004 2005 Encours de crédit (millions Ariary) 1 555 1 820 2 634 2 928 Nombre de clients 8 474 10 991 17 245 8 150

Source : APIFM

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Annexe 26. Importance du salariat agricole

Moyenne Médiane % de la population qui dépend principalement du salariat agricole pour son revenu* Antananarivo 16 7 Fianarantsoa 10 3 Toamasina 18 5 Mahajanga 33 10 Toliara 17 2 Antsiranana 14 0 Total 17 4 % de parcelles travaillé avec la main-d’œuvre salariée** Recours à main-d’œuvre salariée Recours à l’entraide Quintile le plus pauvre 17 42 2ème quintile 25 47 3ème quintile 21 47 4ème quintile 27 47 Quintile le plus riche 40 36 Total 25 45 Sources: Minten et Randrianarison (2003) d’après * Recensement des Communes, Programme Ilo, Cornell

University/FOFIFA/INSTAT, 2001; ** : Calculs sur la base de l’EPM 2001, INSTAT-DSM Annexe 27. Importance de la contribution en nature à titre de paiement de salaires agricoles Part en numéraire (%) Part en nature (%) Antananarivo 74 26 Fianarantsoa 78 22 Toamasina 74 26 Mahajanga 87 13 Toliara 98 2 Antsiranana 93 7 Total 84 16 Source: Minten et Randrianarison (2003) d’après le Recensement des Communes, Programme Ilo, Cornell

University/FOFIFA/INSTAT, 2001 Annexe 28. Salaire moyen journalier selon la nature du travail en riziculture par zone (en

Ariary/jour/salarié)

Nature des travaux Zone

Nord Nord Ouest Centre Ouest Hauts plateaux Est Lac Alaotra

Défrichement 1035 767 950 Brûlis 1000 1200 Préparation diguette 1150 1048 731 848 971 936 Labour 1063 960 796 801 752 891 Pulvérisation / Hersage 1000 1000 854 880 500 838 Piétinage 1013 771 826 742 Semis direct 1000 1000 625 745 824 Transport des plants 1167 1025 800 789 573 1155 Repiquage 1094 995 721 707 602 1184 Contrôle de l'eau 1500 1000 800 556 Sarclage/désherbage 1043 1000 728 746 651 965 Epandage d’engrais 1500 660 700 650 Gardiennage 800 920 800 593 Moisson / battage 1000 1098 740 846 619 1181 Séchage / Vannage 1000 689 746 1061 Stockage / Transport 1000 750 670 818 735 789

Source : (UPDR et FAO, 2000)

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Annexe 29. Prix de vente de quelques intrants par Kg ou litre année 1999- 2000 (en Fmg) Fivondronana NPK* Urée* Herbicide** Fongicide** Insecticide** Antananarivo 101 1 867 1 910 21 250 35 000 178 000 109 1 775 1 875 110 1 782 1 845 50 000 190 000 111 1 900 1 967 250 000 112 1 940 1 980 30 000 145 000 113 1 880 1 924 225 000 117 1 700 24 650 Fianarantsoa 302 1 937 1 990 124 000 303 2 050 2 000 306 2 025 1 087 105 000 309 3 850 3 350 210 000 312 2 400 200 000 316 2 200 2 150 155 000 317 320 2 550 2 550 321 2 600 2 600 Mahajanga 401 1 733 1 667 39 000 146 750 416 2 000 200 000 Toamasina 503 2 000 2 000 504 1 999 1 985 25 611 160 000

Source: Analyse des politiques Agricoles

Annexe 30. Evolution des prix de paddy aux producteurs de 1980 à 1990 (en Fmg/kg)

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 Paddy 43 47 60 65 75/80 83/88 90 130 180 250 250

Source: Programme Engrais Malagasy

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