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L’amertume du café dans les plateaux du Centre Viêt Nam Les structures productives et les...

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Koninck R., Durand F., Fortunel F. (dir), Agriculture, environnement et sociétés sur les Hautes terres du Viêt Nam, IRASEC/Arkuiris, Bangkok/ Toulouse, 2005.
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Koninck R., Durand F., Fortunel F. (dir), Agriculture, environnement et sociétés sur les Hautes terres du Viêt Nam, IRASEC/Arkuiris, Bangkok/

Toulouse, 2005.

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L’amertume du café dans les plateaux du Centre Viêt Nam

Les structures productives et les autochtones

Frédéric Fortunel

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L’amertume du café dans les plateaux du Centre Viêt Nam

Les structures productives et les autochtones

Frédéric Fortunel

Introduction

En plein renouveau printanier, au moment des congés de la fête du Tết en février 2001, plusieurs milliers d’autochtones manifestent simultanément dans les centres des grandes agglomérations des plateaux du Centre Viêt Nam pour demander aux autorités la restitution de leurs terres ancestrales1.

Ces évènements inédits à l’échelle de la région, qui rappellent aux autorités sous d’autres formes le mouvement de guérilla autochtone vingt ans auparavant, s’inscrivent dans une transformation démographique rapide faisant passer les autochtones des plateaux -regroupant des groupes ethnolinguistiques comme les Édé, Jarai, Mnông, Sedang…- de la grande majorité de la population en 1945 à une minorité de 25 %

La caféiculture industrielle vue par les autorités vietnamiennes

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en 1999 (Cf. figure 1)2. Cette transformation de la structure ethnique au profit des Kinh et plus généralement des allochtones venus du nord du pays n’a pas seulement accru considérablement le nombre d’ethnies dans les plateaux (à Ðak Lak le nombre de groupes est passé de sept en 1945 à plus de cinquante en 1999), elle s’est traduite par une augmentation importante de la population équivalente à une croissance démographique annuelle de plus de 5 % entre 1975 et 1999 contre une moyenne nationale de 2 %. Ces métamorphoses démographiques ont eu pour cause et pour conséquence une pression croissante sur les terrains cultivables au profit de l’extension des caféières.

Cet article a pour ambition d’analyser les raisons et les mécanismes conduisant à ces revendications foncières. Il s’agit d’exposer les raisons pour lesquelles les autochtones – c’est-à-dire littéralement les occupants initiaux- se sont se trouvés dépossédés de leurs terres. Cette perte du contrôle territorial des autochtones au profit de migrants venus de l’ensemble du pays s’est réalisée par des mécanismes plus complexes qu’une simple occupation des terres et une exclusion brutale des activités économiques. La place des structures productives d’État dans l’organisation territoriale et sociale des plateaux est plus importante qu’il n’y parait. En effet, sans doute plus fortement qu’ailleurs au Viêt Nam, ces unités tant à l’époque coloniale que depuis l’indépendance jouent un rôle fondamental pour comprendre comment les différents pouvoirs étatiques ont contrôlé espaces et populations et pourquoi le café a aujourd’hui un goût si amer.

Pour cela, une première partie analyse brièvement les différentes caractéristiques et fonctions des structures productives d’État de la colonisation jusqu’à nos jours, notamment au sujet de leur gestion du territoire et des populations autochtones. Une seconde aborde les évolutions récentes de ces unités de production tout en explicitant les mécanismes qui ont produit l’exclusion d’une frange importante de la population des plateaux.

Les modèles de la structure productive d’État dans les plateaux

La structure productive d’État, analysée comme une unité chargée de promouvoir les projets économiques, sociaux et politiques nationaux, est un des fils rouges de la colonisation agricole vietnamienne aussi bien dans les plaines que dans les montagnes. En effet, ces unités, disséminées dans la campagne du pays, présentent bien des similitudes avec les postes militaro-agricoles qui ont été un outil important de la marche vers le Sud, c’est-à-dire de la descente des Việt vers le Champa du XIe au XVIIIe siècle.

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Figure 1. La population Kinh et les principaux groupes autochtones en 1999.

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Dans les espaces de montagnes, l’État, depuis la colonisation française jusqu’à l’heure actuelle, a eu recours à des structures lui permettant de remplir essentiellement trois fonctions. Une première fonction extractive est intimement liée à la colonisation agricole ; une deuxième fonction sociale est le recours, aussi bien par les colons que par les Kinh, à de la main d’œuvre autochtone considérée comme non-civilisée afin de la socialiser ; une troisième fonction, semble-t-il plus spécifiquement vietnamienne, relève de la défense militaire et du politique.

a) Le primat de la grande plantation capitaliste et socialiste

Lorsque les colons installent leurs premières plantations dans les plateaux indochinois, l’objectif est de procéder à une extraction des ressources selon un schéma perçu comme efficient et nécessitant des capitaux. Dans ses grandes lignes, la grande plantation, jusqu’au milieu des années 1970, est dirigée par un planteur-propriétaire ou gérant pour le compte d’une institution locale ou métropolitaine. Les méthodes de plantation et de récolte du latex comme du café se font selon des techniques « rationnelles ». Cette volonté d’optimiser l’efficacité économique se retrouve dans la localisation mêmes des plantations, le plus souvent au carrefour des axes routiers principaux reliant les plateaux au reste de l’Indochine considérée comme « utile », c’est-à-dire les plaines et au-delà les deltas3.

L’État colonial et Sud-vietnamien ne se sont pas engagés directement dans la mise sur pied de ces unités. Ils ont regardé avec bienveillance leur installation sans prétendre organiser seuls la production. Les témoignages et les analyses de la période coloniale jusqu’en 19754 convergent pour dire que l’essentiel de la production des principales cultures pérennes des plateaux du Centre est effectué dans de grandes et moyennes plantations privées. Ainsi, Nguyễn Ðê, directeur du Cabinet de Bảo Ðại, Empereur d’Annam de 1925 à 1955, écrit qu’il est nécessaire pour le développement des plateaux de s’appuyer sur « une expérience maintenant confirmée de la culture dite industrielle, c’est-à-dire entreprise par unités importantes, utilisant un matériel végétal sélectionné et des engrais en quantité importante, une technique et des procédés de gestion modernes (…). Le développement économique est conçu sur une base libérale. Est donc exclu le lancement d’entreprises d’État gérées par des services administratifs »5.

À l’inverse de cette dernière forme d’exploitation, le modèle conçu par les communistes vietnamiens sur l’exemple collectiviste soviétique

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et est-allemand est centré sur la prise en charge totale de la plantation par l’État qui organise et planifie.

Comme en Chine, la plantation appelée communément ferme d’État sert à promouvoir et à mettre en application la « grande agriculture socialiste ». Au-delà du slogan, l’essentiel de l’effort productif est assuré par l’État qui forme ses cadres et paye ses ouvriers, réalise ses propres investissements, subventionne la production et les intrants, dresse les plans de production et s’approprie le territoire qu’il entend exploiter. Ce modèle de la ferme d’État, conçu dans le Nord Viêt Nam au début des années 1950, s’applique dans les plateaux dès la réunification du pays en 1975.

Par-delà leur idéologie différente, ces deux formes de conception des structures productives partagent une même idée du développement agricole fondée sur la croissance économique intensive et moderne. De plus, comme ces deux conceptions se sont succédées dans le temps –la première des années 1920 jusqu’en 1975, la seconde à partir de 1976– ces plantations sont souvent les mêmes qui ont été reconverties. Nombreux sont les exemples, dans les plateaux où les fermes d’État communistes se réclament d’une histoire remontant aux anciennes plantations coloniales, s’appuyant sur un passé que l’État a pourtant voulu balayer au moment de la prise du pouvoir par Hanoi sur le Sud. Cette filiation permet d’expliquer comment les cultures commerciales pérennes se sont durablement implantées dans les plateaux. En effet, de la colonisation jusqu’à la réunification, le caféier et l’hévéa sont les principaux arbres pérennes à finalité commerciale qui y ont été cultivés et se sont diffusés.

Au-delà de la simple fonction de production agricole, une caractéristique de ces structures productives d’État, qui différencie la forme coloniale de la forme vietnamienne, porte sur la manière dont sont traitées en leur sein les populations autochtones.

b) L’exclusion et l’intégration des autochtones

Qu’elle soit capitaliste ou communiste, une grande plantation doit s’attacher les services d’une main d’œuvre abondante. Compte tenu de la vision « moderniste » commune de l’exploitation agricole et de la déconsidération des petits planteurs, les populations autochtones majoritaires dans cette région des plateaux jusqu’au milieu des années 1970 ont été traitées avec condescendance car perçues comme ne manifestant pas la « docilité » et « l’opiniâtreté » qui sied aux employés.

Colons comme vietnamiens des plaines ont longtemps appliqué des structures de pensée hiérarchiques et évolutionnistes sur les

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différents groupes ethnolinguistiques, plaçant généralement les Kinh en haut et les groupes non-sinisés en bas. Dans ce cadre, les populations kinh –allochtones dans les plateaux– ont été encouragées à s’installer autour des noyaux urbains pour pallier cette supposée carence.

Cet a priori partagé par les pouvoirs aussi bien coloniaux que vietnamiens s’est manifesté sous deux formes différentes avant et après 1975. Alors que les structures coloniales et sud-vietnamiennes ont exclu les autochtones des activités productives valorisées en les cantonnant à de simples travaux de défrichements tout en espérant qu’ils évolueraient à terme vers un « niveau supérieur », les structures communistes ont décidé à l’inverse de recruter un nombre significatif d’employés autochtones. Ainsi, contrairement aux plantations coloniales et selon un modèle expérimenté au Nord depuis les années 1960 dans le cadre de la sédentarisation, les groupes autochtones ont été sollicités par ces structures afin de s’engager avec les migrants kinh dans la plantation de caféiers notamment.

Même si les données sont difficilement vérifiables, un quart des autochtones de la province du Ðak Lak aurait été intégré dans ces structures entre 1975 et 1985. Au total, à cette dernière date, la part de la population de cette province dans les structures productives d’État aurait été de 20 %. L’attraction des minorités autochtones a été organisée de telle façon qu’il n’y ait pas d’alternative car les terres villageoises, intégrées au cœur de la ferme, étaient de fait interdites aux personnes non employées. De la sorte, dépossédés d’une partie de leurs terres, les paysans autochtones ont accepté de s’embaucher en tant qu’ouvriers dans ces structures en y voyant la seule solution pour poursuivre leur activité agricole sous la forme d’employés au service de l’État.

Parallèlement, les nouveaux migrants ont trouvé dans les programmes de fondation de Nouvelles Zones Économiques et de fermes, l’opportunité de s’intégrer durablement dans le territoire, grâce à la sécurité offerte par l’État.

Cette conception dissemblable de l’importance accordée aux populations autochtones correspond aux impératifs que s’assignent les dirigeants des plantations. Les premiers –coloniaux ou sud-vietnamiens– organisent une ségrégation dans le travail en privilégiant les coolies par souci de productivité. Les seconds cherchent surtout à regrouper des populations afin de répondre à un problème d’ordre socioculturel, c’est-à-dire la multi-ethnicité. L’une se concentre sur ses activités productrices, l’autre privilégie un modèle social favorisant l’« union » des peuples dans la même activité productive.

De la fonction essentiellement productrice à la fonction socialisatrice, on peut distinguer dans le temps, à partir du milieu des

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années 1950 jusqu’au milieu des années 1970, une phase intermédiaire où le premier modèle bascule au profit du second au fur et à mesure de l’avancée vers la guerre entre le Nord et le Sud Viêt Nam. Ainsi, des structures d’État comme les agrovilles, les centres de développement agricole ou les hameaux stratégiques associent dans des proportions variables, plantations pérennes, autochtones et allochtones.

c) L’enjeu militaro-politique

Les premières plantations, pôles d’implantation coloniale en « pays Moï »6, ne remplissent pas ouvertement une fonction militaire bien qu’elles représentent, avec les postes-frontières, l’église et les quartiers du Résident, le point d’appui du pouvoir colonial. Les formes vietnamiennes des postes agro-militaires de la Marche du Sud à partir de 1975 dans cette partie du Viêt Nam –les fermes agro-sylvicoles d’État– présentent quant à elles un aspect plus ouvertement politique.

En effet, dans la conquête des espaces méridionaux, l’État vietnamien, à partir de la défaite française en 1954, et plus encore après 1975 au moment de la débâcle américaine, réorganise la vie du Tây Nguyên en implantant des fermes d’État selon des principes clairs de défense militaire à l’échelle inter et intra-étatique. En effet, si l’idée que le Cambodge puisse représenter un danger pour le Viêt Nam a été mise en avant à partir de 1977 jusqu’au milieu des années 1980, les attaques du Front Unifié de Libération des Races Opprimées (FULRO) à l’intérieur même des provinces du Tây Nguyên sont l’objet d’une grande attention de la part des autorités.

Les structures productives d’État constituent autant de point d’ancrage du pouvoir national dans les campagnes afin de contrôler et de réduire les zones mal maîtrisées. Conformément à cette vision géostratégique, après 1975, les plateaux du Centre Viêt Nam se couvrent d’un certain nombre de structures (nouvelles zones économiques, coopératives, fermes agro-sylvicoles) transformant l’organisation territoriale.

Grâce à une nationalisation générale des terres qui prive en théorie tous les paysans d’un quelconque droit d’antériorité et avec l’apport de l’armée et des migrants arrivant en masse dans les plateaux, plusieurs centaines d’unités de production sont construites au milieu des années 1980. Au plus fort de la vague d’extension des fermes agro-sylvicoles, ces dernières représentaient environ 80 % de la surface des trois provinces de Ðak Lak, Gia Lai et Kon Tum.

Ce qui est en jeu à l’époque de la redistribution des terres, c’est bien le rapport profondément inégalitaire existant entre d’un côté des fermes qui occupent l’essentiel des terres pour seulement 20 % de la

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population totale de la province et d’un autre côté la grande majorité de la population qui se partage une part réduite des surfaces7. Cette situation inédite d’appropriation foncière massive a pour conséquence une distribution inégalitaire des espaces de culture.

Ainsi, à Gia Lai-Kon Tum, 28 % de la population intégrée dans les fermes agro-sylvicoles s’occupent de 65 % de la surface provinciale : alors qu’en moyenne une personne installée dans une ferme dispose de 15 ha, une autre, hors du système étatique, n’a droit qu’à 0,8 ha8.

Si ces chiffres restent théoriques et reflètent mal la possibilité d’utilisation du sol des ouvriers des fermes de l’époque, il n’en reste pas moins qu’ils indiquent le profond déséquilibre qui se creuse entre d’une part des structures productives qui contrôlent l’essentiel des terres et des moyens de production dans le centre productif de chacune des provinces du Tây Nguyên et d’autre part les populations installées dans les espaces périphériques souvent forestiers qui poursuivent leurs activités traditionnelles (Cf. figure 2 pour la province de Ðak Lak).

Les trois fonctions économique, sociale et politique que partagent en plus ou moins grande proportion toutes les structures productives d’État dans les plateaux méritent d’être soulignées dans le sens où, en faisant le lien historique entre toutes ses formes, elles ont une longévité non négligeable en tant qu’éléments d’ancrage des pouvoirs allochtones. Par ailleurs, leur emprise territoriale de la colonisation jusqu’au milieu des années 1985 n’a jamais cessé de croître.

Alors que les premières concessions ne représentent que quelques centaines d’hectares au milieu des années 1920, les fermes agricoles occupent en théorie la quasi-totalité de l’espace des plateaux. Parallèlement à cet accroissement du contrôle territorial, la diffusion du caféier est entreprise avec le succès que l’on connaît puisque le Viêt Nam est désormais depuis le début des années 2000, parmi les tous premiers producteurs de café au monde.

Les réformes des structures productives d’État et l’exclusion des terres autochtones

Pendant une période de dix ans, de 1975 à 1985, le territoire dans les plateaux du Centre est structuré selon un schéma relativement simple. Toutes les activités productives, commerciales, administratives et sociales des populations passent par divers organismes de l’État. Propriétaire théorique de toute la terre, ce dernier exerce sans partage son pouvoir, réduisant la marge de manœuvre des contestataires politiques, au fur et à mesure de la colonisation agricole par la plantation des caféiers. Cependant, c’est au moment même où il contrôle l’ensemble des rouages politico-économiques qu’il est obligé

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Figure n°2. Les fermes d’État dans la province de Ðak Lak vers 2000.

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de se réformer car confronté aux contradictions du système qu’il a lui-même mis en place. Avec une population affamée et démotivée par le système collectiviste, une économie exsangue et des caféiers morts, les structures productives, ossature du système national dans les plateaux, doivent évoluer ou disparaître.

Les réformes de 1986 jusqu’au milieu des années 1990, connues sous le terme générique de đởi mới, encouragent les paysans à recouvrer une autonomie tant dans la gestion de leurs économies que dans l’appropriation de la terre. La structure productive d’État, qui jusque là gérait à sa guise les espaces doit désormais fournir un effort de rationalisation.

a) Le retour de l’indépendance paysanne

Des différents textes législatifs qui encadrent les réformes initiées au milieu des années 1980, on retiendra trois aspects essentiels pour saisir les mécanismes de transformation des structures productives et les changements de statut des populations autochtones : la réduction de l’emprise territoriale des fermes au profit des paysanneries, la baisse concomitante du personnel employé dans ces unités et la « rationalisation » des relations entre fermes et ouvriers.

Des auteurs vietnamiens en 1990 reprochent aux fermes de posséder trop d’espace en proportion de celui qu’elles utilisent réellement et d’exploiter les forêts sans planification9. Ces arguments, invoqués par les paysans et repris par les autorités à l’encontre des fermes d’État pour légitimer le retour des terres dans le giron familial, sont ironiquement les mêmes que ceux qui avaient été avancés par ces structures pour imposer la réquisition foncière de villages situés aux alentours de Buôn Ma Thuột.

En effet, l’implantation des structures productives d’État était justifiée par le fait qu’elles proposaient une gestion agricole et territoriale plus « rationnelle » des territoires, comparée à celle des autochtones à qui l’État reprochait d’exploiter « trop » de terres à cause du système agricole d’essart-brûlis.

La supposée supériorité du modèle techniciste tel qu’il est appliqué à Ðak Lak est maintenant critiquée tant en ce qui concerne la gestion territoriale que la gestion du personnel. Ainsi, les mêmes auteurs, sous la houlette du Comité populaire provincial, reprochent aux fermes de s’être lancées dans l’embauche de populations autochtones sans prendre soin de sélectionner au préalable les futurs travailleurs, ce qui conduit à un sureffectif d’ouvriers mal formés aux engins et aux techniques de travail10.

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La réduction de l’emprise de la ferme d’État sur le territoire est une manière pour le gouvernement de rationaliser le système productif étatique tout en favorisant les paysans. L’arrêté n°01/CP daté de 1995 stipule que « toutes les terres non utilisées sont confiées à la localité où est installée la ferme. Les terres restantes, qui ne sont pas exploitées par les fermes, sont transférées aux ouvriers et employés afin qu’ils puissent mener leurs activités sous le système du contrat forfaitaire »11.

Par conséquent, la part de l’État dans les surfaces de caféiers a baissé rapidement : de 75 % en 1984, elle est passée à 51 % en 1990, puis à 15 % en 1995, chiffre inchangé en 200012. Actuellement, à l’échelle du Viêt Nam les fermes agricoles ne représentent que 7 % de la surface agricole totale du pays. Cependant, elles sont fortement présentes, notamment dans le secteur des cultures industrielles comme le théier, le caféier et l’hévéa. La forte empreinte laissée par le secteur agricole d’État dans les plateaux est encore observable aujourd’hui : la région du Tây Nguyên concentre à elle seule près de 25 % des surfaces exploitées par ces unités (Cf. figure 3).

Cette « dénationalisation » des terres dans le cadre de la loi foncière promulguée dans une première version en 1989 s’est effectuée de telle sorte que les quatre-vingt-huit fermes sylvicoles et les cinquante-sept fermes agricoles implantées dans le Tây Nguyên occupent en 2000 en tout 1 950 000 hectares soit 40 % des surfaces totales contre une moyenne, rappelons-le, de 80 % au milieu des années 198013.

À la faveur du vent d’autonomie paysanne qui souffle sur les plateaux, le statut des ouvriers embauchés à vie dans les fermes est remis en question dans le cadre des restructurations d’entreprises d’État. Suite au constat entre 1989 et 1993 que maints emplois étaient peu efficients, près d’1,5 millions d’employés sont sortis de ce secteur par licenciement, mise à la retraite ou réduction du temps de travail14. Dans le cadre de cette baisse de la population ayant statut d’ouvrier, les autochtones passent à Ðak Lak de 25 % à environ 10 %.

À l’appui de ces statistiques provinciales, nos enquêtes indiquent que sur vingt villages autochtones (dix neuf villages édé et un village sedang), onze ont cessé en partie ou en totalité le travail dans fermes agro-sylvicoles entre les années 1989 et 1995 (soit 55 %), quatre sont, pour la majorité de la population, encore liés à une ferme agricole (20 %) et cinq villages n’ont jamais été intégrés dans une ferme agricole (25 %). Ces chiffres, essentiellement indicatifs, confirment néanmoins qu’une part importante des autochtones du bassin caféier a été concernée par ce mouvement d’entrée puis de sortie des structures productives d’État.

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b) Le « choix » du maintien ou du départ des ouvriers

Le départ d’une partie des autochtones embauchés dans les structures productives d’État est lié à un calcul social et économique intéressant à analyser. Parmi les déterminants de ce calcul, deux peuvent être soulignés successivement. D’une part, il y a les modalités de poursuite du travail dans les fermes qui passent désormais par la contractualisation et la capacité financière paysanne. D’autre part, le contexte des réformes des années 1980-1990 pousse les paysans à s’engager dans l’économie familiale tout en leur permettant de renforcer leurs droits d’utilisation de la terre suite à la politique de rétrocession dans le cadre de la loi foncière de 1989. Ce double contexte permet de mieux saisir le mécanisme de départ de certains villages autochtones des structures productives d’État.

Le souci de rationalité économique mis en avant a pour conséquence de placer les paysans-ouvriers devant une alternative : soit ils signent un contrat correspondant à l’allocation d’une parcelle de la ferme, soit ils se dirigent vers le secteur privé. Les critères que pose la ferme pour la signature du contrat passent par la disponibilité de main d’œuvre (le nombre de travailleurs par famille) et la capacité d’investissement des paysans dans l’entretien des caféières allouées.

Ce contrat proposé aux paysans à l’occasion des réformes ne porte plus simplement sur l’apport d’une force de travail mais plutôt sur la capacité d’investissement et renvoie donc à la possession de capital économique. En effet, pour envisager une rentabilité, les futurs contractants doivent atteindre un rendement suffisant permettant de dégager un bénéfice. Cela nécessite des capitaux que tous les paysans ne peuvent fournir. Se crée alors une sélection des paysans avec d’un côté ceux qui sont prêts à signer un contrat –ce qui sous-entend qu’ils disposent de capitaux suffisants- et ceux qui, de fait, ne pourront pas répondre à ces critères soit par auto-exclusion soit par sélection de la direction des fermes.

Or, les capitaux mobilisables dans le cadre de l’économie familiale diffèrent sensiblement entre ouvriers édé et ouvriers kinh du fait, en partie, de la politique de recrutement de l’État dans les structures agro-sylvicoles des années 1975-1985. En effet, pour les Kinh les politiques d’embauche ne concernaient que les personnes actives alors que pour les autochtones l’embauche collective faisait en sorte que l’ensemble d’une famille, voire même l’ensemble du village soit entièrement dépendant de la ferme, notamment à travers sa politique de subvention alimentaire.

Cette différence d’emploi des ouvriers, qui se justifie du point de vue de l’État par la nécessité de venir en aide socialement aux minorités

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Figure 3. Les fermes d’Etat au Viêt Nam en 2000.

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tout en exerçant un contrôle sur elles, se solde par un accroissement des disparités sociales entre ces deux paysanneries. Le chef de famille de migrants organisés ou spontanés, venu travailler dans la ferme, a pu développer des stratégies de pluriactivité familiale. Ces dernières se sont généralement traduites par une division familiale du travail avec par exemple un emploi pour l’épouse sur le marché tandis que le conjoint se consacrait aux caféières de la ferme.

Le salariat n’était pas alors conçu comme le revenu unique mais comme un appoint à d’autres activités. Les autochtones embauchés aux alentours du chef lieu provincial du Ðak Lak, Buôn Ma Thuột devaient à l’époque collectivement et entièrement se consacrer aux terres de la ferme. Salariées à plein temps comme journaliers, les familles édé n’avaient plus l’opportunité de travailler leurs champs car elles ne disposaient plus du temps matériel de vaquer à d’autres occupations.

Lors de la fermeture des fermes, du fait de leur exclusion du champ des activités commerciales, les autochtones ont dû réintégrer leur village et se réadapter à des stratégies différentes de celles du salariat tout en comptant sur un finage villageois restreint en raison de la collectivisation à laquelle ils avaient eux-mêmes été priés de participer. Par conséquent, entre les familles des ouvriers ayant eu la possibilité de diversifier leurs sources de revenus tout en thésaurisant et celles quasi-entièrement dépendantes des fermes, les secondes ont été le plus durement touchées par les réformes et les moins aptes à répondre aux critères économiques liés à la signature de contrats de production tout en rencontrant également des difficultés à financer un retour à l’autonomie de production familiale.

Parallèlement, les fermes soumises à une rigueur de gestion, rationalisent leurs structures en se concentrant sur les activités déjà existantes. Par conséquent une partie des terres laissées en réserve (considérée comme « non utilisée ») est détachée du territoire de la ferme puis « rendue » aux paysans via un transfert aux communes.

L’opportunité qui s’ouvre à une partie de la paysannerie est en définitive de recouvrer une forme d’indépendance dans le choix de ses activités, couplée à l’espoir de se voir retourner une partie des terres appropriées par l’État au moment de la fondation des fermes. Symboliquement, se dessine pour les populations autochtones -Édé notamment- qui avaient été intégrées dans ces structures, l’occasion de redémarrer une agriculture familiale certes modifiée par la politique de la sédentarisation, mais se rapprochant plus de la sociabilité villageoise que du statut d’employé.

Cette opportunité est intimement liée à la possibilité qui se fait jour grâce à l’arrêté n°01/CP de récupérer tout ou partie des terres

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qui avaient été collectivisées en 1975, permettant ainsi de fermer la parenthèse collectiviste ressentie douloureusement par les villages ayant dû se séparer d’une partie de leurs terres au profit de « l’œuvre d’édification du socialisme ». Par conséquent, en récupérant tout ou partie des terres collectivisées, les autochtones peuvent légitimement revendiquer l’obtention d’un droit sur le domaine foncier qui leur avait été retiré au moment de la réunification.

Cette stratégie est approuvée par l’État car elle donne la possibilité de solder une partie du passif de la collectivisation tout en permettant de poursuivre le processus de sédentarisation qui n’est désormais plus possible à l’intérieur des fermes.

En septembre 1987, le Parti Communiste de Ðak Lak adoptait « un plan de développement économique pour les familles, et en particulier l’économie familiale des minorités ethniques » afin de « poursuivre l’avancée de la sédentarisation »15. Dans ce cadre, les minorités étaient encouragées à s’engager dans les activités dites de « jardin » et autorisées à en posséder un à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs espaces d’habitation. En clair, les autorités encourageaient les paysanneries et tout particulièrement les autochtones à travailler leurs propres terres.

Dès lors, l’incitation des autorités provinciales à planter des caféiers a été suivie notamment par les autochtones dans le contexte du vote de la première loi foncière. En 1989, 70 % des familles autochtones ont signé une demande d’attribution de terre familiale à Ðak Lak16. Ce chiffre indique la forte dynamique d’adoption de la caféiculture et l’accroissement des surfaces paysannes que connaissent les plateaux à la fin des années 1980 (Cf. figure 4).

Ce choix entre rester dans la ferme ou en sortir est lié à une stratégie agricole et, au-delà, sociale. D’un côté, il s’agit de conserver ou d’obtenir une surface de terre (en règle générale un hectare par contrat) bénéficiant des infrastructures de la ferme, mais exclusivement tournée vers l’intensification de la caféiculture monoculturale dans le cadre de la structure économico-politique qu’est la ferme, et sans aucun droit de propriété sur la terre.

D’un autre côté, les paysans peuvent recouvrer une autonomie dans la gestion de leurs terres et faire le choix par exemple de l’agriculture vivrière au détriment, en partie tout au moins, de la quête jamais achevée de l’accumulation des grains de café privilégiant par là le lien social villageois au cloisonnement économique individualisé17. Le choix du départ de la ferme agricole est également un moyen pour obtenir éventuellement le certificat d’utilisation du sol (titre légal donnant droit à l’utilisation de la terre) permettant de gager leurs terres et d’investir plus avant dans la caféiculture intensive.

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Par ailleurs, ce mouvement de départ des autochtones des structures d’État n’est pas pour déplaire à un certain nombre de directeurs. En effet, conformément au principe de non-rationalité économique qui est plaqué par le sens commun sur les minorités ethniques, ils considèrent qu’elles manquent, entre autres, de motivation. Pour compenser ces départs, nombre de fermes font appel, via les solides réseaux sociaux constitués, à des Kinh présents aux environs ou bien habitant dans la province natale afin de bénéficier de l’opportunité qui leur est offerte de récolter de « l’or vert ». Cela présente l’avantage de se constituer une clientèle de même origine géographique et socialement proche.

Le départ des structures productives de certains Édé embauchés une quinzaine d’années auparavant a eu également des effets en terme de redistribution des terres.

À la fin des années 1980, alors que les migrants spontanés ou certaines familles kinh trouvaient dans le rachat des contrats délaissés par les autochtones l’opportunité de s’ancrer plus profondément dans le sol des plateaux, nombre d’autochtones voyaient dans ces réformes la possibilité de sortir du système étatique dans lequel ils avaient été pour partie, forcés d’entrer dix ans auparavant. Ce choix était d’autant plus rationnel que, dans le contexte de l’arrêt des subventions étatiques aux familles, cela leur permettait à la fois de se nourrir et d’utiliser les terres dont ils disposaient dorénavant hors de la ferme.

Le processus de remplacement des autochtones par les Kinh s’est traduit par le transfert des caféières déjà en production aux personnes signataires de contrat, alors que les terres non plantées en caféiers ou destinées aux cultures annuelles paysannes étaient « rendues » aux autochtones sur le départ.

Par cet échange inégal, les différences économiques entre paysanneries contractualisées et paysanneries indépendantes sont allées crescendo et ont donné un avantage non négligeable aux planteurs engagés dans une caféiculture intensive en accumulant capitaux foncier et économique, même si la chute des cours a par la suite freiné ce phénomène.

c) Le paradoxe de la liberté de plantation

Le processus de changement du statut d’agriculteur salarié à celui de paysan, bien que porteur d’émancipation, tend à renforcer les différenciations entre membres d’un même groupe ethnique car il « individualise » les résultats économiques que chacun peut produire. D’un certain point de vue, il reporte sur les familles paysannes la responsabilité des performances économiques, tout en oblitérant les conditions sociales qui contribuent fortement à ces résultats.

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Figure n°4. Répartition des caféières au Viêt Nam en 1960 et 2001.

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Cette évolution de la place de l’autochtone l’amène à procéder à ses propres choix économiques. Selon qu’il accepte ou refuse le système contractuel, il devient responsable pour lui-même et en lui-même de sa réussite ou de son échec. Lorsque des villages « réussissent », ils s’attribuent les bénéfices en terme d’élévation de leur propre estime. En revanche, s’ils échouent à s’engager dans la caféiculture intensive, la responsabilité leur sera entièrement imputée.

Entre les paysans ayant fait le choix du départ des structures et ceux qui restent dans le système, deux grandes formes de représentations symboliques et matérielles de l’identité apparaissent. Les villages restés au sein des fermes, profitent en quelque sorte de la mise en valeur des terrains à laquelle leur village avait contribué au moment de la collectivisation. En effet, les fermes toujours à l’œuvre ont permis de conserver de larges pans de la structure foncière depuis plus de vingt ans, hors d’atteinte de la pression migratoire. Si à cela s’ajoute l’obligation de rendement intensif, il est aisé de comprendre comment certains paysans ont pu s’enrichir dans le système des fermes.

Parallèlement, et malgré le travail politique mené dans ces unités, ces transformations n’ont pas éliminé toutes les expressions culturelles notamment celle du rượu cần, terme vietnamien désignant l’alcool de riz des autochtones bu dans une jarre. Ceci amène à considérer que la réussite économique de certains autochtones a permis la revendication d’une identité « valorisée ».

Pour les Édé ayant réussi dans la caféiculture, la disponibilité d’argent et de biens matériels se traduit par des investissements de prestige destinés à produire des symboles matériels (maisons longues transformées) tendant à donner une image « moderne » de la culture édé active dans la sphère sociale et économique. Ainsi, ces villages développent une fierté de leurs propres groupes. Ils revendiquent leur identité édé non plus comme une identité « traditionnelle » souvent stigmatisée comme « archaïque » mais comme une identité en prise avec la société caféicole du Ðak Lak. Ces Édé sont des acteurs économiques à part entière et le revendiquent.

À l’inverse, il est possible d’observer des formes de culpabilité et d’auto-dévalorisation de leurs propres compétences chez une part importante des villages sortis des structures productives d’État dans la seconde moitié des années 1980 ou pour tous ceux n’ayant jamais intégré ces structures.

Pour saisir ces mécanismes, rappelons que les salaires de journaliers offerts par les fermes n’ont jamais pu permettre une épargne pouvant être réinvestie dans les caféières. Au moment où des villages ont recouvré leur indépendance, ils n’étaient pas en mesure de payer les frais élevés nécessaires à l’entretien des caféiers

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et ont souvent rencontré des difficultés à trouver de nouvelles terres complémentaires.

En échange de la « liberté » recouvrée, l’État demande désormais aux paysanneries de s’engager dans les productions de rente. En effet, à la fin des années 1980, que cela soit pour les autochtones ou pour les allochtones, l’État incite les paysanneries à planter les arbres à haute valeur ajoutée comme le caféier conformément au slogan provincial : « tout le monde plante du café, toutes les familles font du café » (Người người làm cà phê, Nhà nhà làm cà phê)18.

Ce mouvement de plantation de caféiers est pris avec d’autant plus de sérieux par les autorités en ce qui concerne les minorités que le risque est grand de leur point de vue qu’une fois hors de la ferme, elles « repartent » pratiquer l’essart-brûlis19. C’est pour cette raison que l’incitation des paysans autochtones à produire du café a parfois été faite de manière coercitive.

Si cette pratique n’est pas la règle générale dans la diffusion du café dans la province de Ðak Lak, elle montre néanmoins que la réinstallation des groupes à l’extérieur des fermes est un souci des autorités et que le café apparaît comme le moyen essentiel pour poursuivre la sédentarisation hors des structures productives d’État.

Le modèle de l’exploitation familiale, qui s’applique aux minorités à Ðak Lak , est fondé sur la caféiculture car cette dernière représentait jusqu’au début des années 2000 la garantie de réussite de conversion du statut d’ouvrier vers le modèle familial agricole, d’autant que les prix du café entre 1986 et 1990 sont maintenus à un niveau très élevé : 2 135 dollars par tonne20, prix correspondant approximativement à celui atteint pendant quelques mois en 1994 et qui a été une composante du « boom » caféier.

Cette « incitation » de l’État à s’engager dans la caféiculture s’est traduite par un accroissement important du coût des terres. Faute de capitaux disponibles, nombre de villages autochtones du centre provincial, indépendamment des cas d’occupation illégale de terrains, vendent par petites parcelles leurs terres à des migrants plus fortunés afin de financer les intrants indispensables.

Ce faisant, par un émiettement des terrains ancestraux sous la pression croissante des migrants, il est possible de constater que des villages se sont séparés de la quasi-totalité de leurs terres et n’ont plus aujourd’hui d’espace pour changer de stratégie agricole en valorisant des cultures vivrières par exemple.

Au cœur du bassin productif, il n’est plus rare de trouver des exploitants narrant comment, à partir du milieu des années 1980, quelques mètres carrés de terrains fertiles ont été cédés annuellement pour nourrir la famille ou pour irriguer les caféiers.

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Comme l’écrit Bernard Charlery de la Masselière au sujet des campagnes africaines, « le risque foncier de ne pas être en adéquation avec les nouvelles règles qui, de façon légale et coercitive, s’imposent à tous, entraîne l’agriculteur dans un véritable engrenage : s’il ne valorise pas sa terre, il prend le risque de la perdre, et s’il ne la valorise pas correctement il prend le risque de perdre les moyens de le faire »21. Tant que les prix du café rémunéraient bien les producteurs, l’engouement des paysans pour la caféiculture ne s’est pas démenti puisqu’elle s’est étendue dans le Tây Nguyên de plus de 30 % par an de 1985 à 2000. Aujourd’hui, les surfaces disponibles sont si réduites que seul une culture à forte valeur ajoutée permet de rentabiliser l’espace. Or, en 2001, le prix de du café a chuté pour atteindre un prix extrêmement bas, cinq fois moins élevé que le cours permettant une rentabilité fixée par les paysans autour de 10 000 dôngs/kg22.

Dans ce contexte où les terres sont presque totalement vendues et où le prix du café ne couvre plus les coûts de production, on comprend la fragilité du pacte « développementaliste » passé entre les autochtones et l’État, fondé sur une caféiculture supposée améliorer les conditions de vie.

Conclusion

Le compromis établi entre l’État et les autochtones dans les années 1980 était basé sur une idée relativement simple : l’adhésion des autochtones à une vision « moderniste » de la production agricole permettant de les associer à la vie économique pourvoyant tous les attributs du bien-être matériel et favorisant la paix sociale.

Désormais minoritaires sur des terrains qui ne leurs appartiennent plus et dans un environnement dégradé, les autochtones qui avaient fait le choix de l’indépendance ressentent le goût du café de manière particulièrement amère. Alors que l’horizon d’une vie meilleure paraît s’éloigner, un certain nombre d’autochtones, se rendant compte de la paupérisation familiale et obligés de partir vers des espaces périphériques, se sont sentis abandonnés voire trompées.

Cela explique notamment pourquoi les populations autochtones, qui avaient trouvé dans l’adhésion au mythe de la modernité caféière l’opportunité de combattre l’exclusion sociale par la réussite économique, se sentent dévalorisés. Les stratégies, présentées comme rationnelles, de l’indépendance de la structure familiale de production ont dans bien des cas suscité des effets pervers dans la mesure où elles masquaient des logiques sociales participant à leur propre exclusion. Successivement converties aux différents mythes occidentaux du christianisme, du communisme puis du développement modernisateur

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du caféier, ces populations n’ont plus d’autre choix que de faire falloir bruyamment ce qu’il leur reste : la légitimité de ceux qui étaient sur ce territoire avant que les colons n’aient la prétention de leur apporter la plante devant les faire accéder à la « Civilisation ».

Notes1 Human Rights Watch, 2002 ; UNCHR, 2002.2 Tổng cực thống kê Việt Nam, 2000 ; Coyaud M. (dir), 1998, Vũ Tự Lập et Taillard,

1994.3 Voir la figure 2 dans l’article de cet ouvrage rédigé par Frédéric Durand, Frédéric

Fortunel et Phan Viêt Ha.4 Robequain C., 1952 ; Chatot J., 1939 ; Teulières J., 1961 ; Lainé J.P., 1975.5 État du Viêt Nam, 1952, pp. 16 ; 23.6 L’expression « Moï » très usitée à l’époque coloniale est, comme celle de

« Montagnard », porteuse de jugement de valeur particulièrement dépréciatrice à l’encontre des populations autochtones vivant actuellement dans les plateaux du Centre Viêt Nam (Cf. Fortunel, 2003).

7 Vũ Đình Lợi et al., 2000, p. 95.8 Ibidem, p. 96.9 Ủy ban khoa học xã hội Việt Nam, Tỉnh ủy, Ủy ban nhân dân Đac Lac, 1990, pp. 79-80 ;

Lê Van Khoa, 1997, p. 6.10 Ủy ban khoa học xã hội Việt Nam, Tỉnh ủy, Ủy ban nhân dân Đac Lac, 1990, pp. 201-202.11 Nguy Thi tiên Cu, Phi Van Ky, 1999, p. 11.12 Bui Thanh Quang, 2001.13 Bộ nông nghiệp và phát triển nông thôn, vụ kê hoạch và quy hoạch, 2002 , p. 14 ; pp.

538-542, pp. 553-557 ; Vũ Đình Lợi et al., 2000, pp. 123-124.14 Fahey S., 1994, p. 47.15 Ủy ban khoa học xã hội Việt Nam, Tỉnh ủy, Ủy ban nhân dân Đac Lac, 1990, pp. 117-118.16 Vũ Đình Lợi et al., 2000, p. 92.17 Clastres P., 1980, pp. 127-145.18 Y Luyện Niêk Ðăm, 1997, p. 18.19 Le sens de « repartir » renvoie aussi bien à la dimension spatiale que temporelle.

En effet, le sens commun associe la pratique de l’essart-brûlis au traditionnel et aux montagnes éloignées.

20 Déry S., 1999, p. 103.21 Charlery de la Masselière B., 1999, p. 247.22 Cette baisse brutale des cours du café s’inscrit dans un long cycle de fluctuation

des prix (Fortunel F., 2000). Les cours locaux du café ont atteints jusqu’à 40 000 dôngs/kg en 1995, sont descendus à 2 000 dôngs en 2001 et se situent en 2004 aux environs de 8 000 dôngs.

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Café et agriculture de subsistance

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DaoDénationalisationÐiện Biên PhủÐổi mớiÐông Nai

EEa H’leoEa NamEa Sup (Ea Soup)Économie, de subsistanceÉconomie, marchandeÉdé Édé, calendrier agricoleÉdé, habitatÉgliseEntreprise forestière (voir Ferme sylvicole d’État)Essart-brûlisExploitations privées

FFAOFerme, agricole d’État, sylvicole d’ÉtatFleuve RougeFleuve Rouge (Delta du)FolklorisationFoncier, certificatFoncier, conflitsFoncier, différenciation foncièreFoncier, lois foncièresForêtFULRO

GGia LaiGourou (Pierre)

HH’mông (Hmông)

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Hà NộiHameaux stratégiquesHévéaHồ Chí MinhHồ Chí Minh VilleHuế

IIdentitéIndonésieIUCN

JJachère forestièreJarai (Gia-rai)

KKarenKhmerKhmer kromKinhKon Tum

LLâm ÐồngLâm HàLaoLaos

MMạ (Maa)MaïsMalaysiaMékongMékong (Delta du, bassin du)Mèo ( voir Hmông)MigrationsMnôngMobilité

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MonétarisationMontagnardMýờng

NNgô Ðình DiệmNgọc HiểnNốp (Cõ ho)Nouvelle Zone ÉconomiqueNouvelle-GuinéeNZE (voir Nouvelle Zone Économique)

OOCDEOITOuvriers

PParti communistePaupérisationPhilippinesPhnom PenhPhú QuốcPleikuPMSIPoivrePopulation, évolution de la

Q

RRengao (Ba Na)

Rhadé (voir Édé)Riz

SSabatier (Léopold)Saigon

Sedang (Xõ-ðãng)

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SédentarisationSingapour Sré (Cõ ho)Stieng (Xtiêng)Stung treng

TTàyTây NguyênTerre, des ancêtresTerre, vente de TháiThaïlandeTimorTonkinTonkin (Delta du, voir Delta du fleuve Rouge)

U

VViệt KiềuViệt Minh

W

X

Y

YokÐon

Z

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Notice sur les auteurs

Đang Đinh TrungĐang Đinh Trung a travaillé dans le cadre de programmes de

coopération entre l’Université Nationale de Singapour et l’Université Laval à Québec et est l’auteur de plusieurs publications portant sur les relations entre caféiculture et transformation de la société Édé. Il prépare actuellement une thèse en anthropologie sur les réformes foncières au Sud Viêt Nam à l’Université Nationale d’Australie.

Rodolphe De KoninckProfesseur au département de géographie de l’Université Laval, à

Québec, de 1970 à 2002, Rodolphe De Koninck est depuis lors rattaché à l’Université de Montréal. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études asiatiques, il enseigne également au département de géographie.

Steve DérySteve Déry est professeur-adjoint au département de géographie

de l’Université Laval à Québec et chercheur à l’Institut Québécois des Hautes Études Internationales. Spécialiste de l’Asie du Sud-Est, plus particulièrement du monde rural, il vient de publier, aux Presses de l’Université du Québec, La colonisation agricole au Vietnam.

Stéphane DovertSpécialiste des questions d’histoire et de politique en Asie du

Sud-Est, Stéphane Dovert a écrit et coordonné plusieurs ouvrages notamment sur Timor-Est, l’Indonésie, la Thaïlande et le Viêt-nam. Il a dirigé de 1999 à 2004 l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporaine (IRASEC) et est actuellement Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle en Birmanie.

Frédéric DurandMaître de Conférences en géographie à l’Université Toulouse II-

Le Mirail, Frédéric Durand est l’auteur de plusieurs livres sur l’Asie du Sud-Est. Ses recherches s’attachent aux questions économico-environnementales (forêts, agriculture, foncier), identitaires (littérature sur le monde malais, identités religieuses) et à l’histoire de la cartographie de l’Asie.

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Frédéric FortunelFrédéric Fortunel est chercheur associé à l’IRD dans l’Unité de

Recherche « Politiques publiques et régulations foncières » et chargé de cours en géographie à l’Université Toulouse II-Le Mirail. Après plusieurs missions dans les Hautes terres à l’Université Tây Nguyên et un post-doctorat à l’Université Nationale du Laos, il s’intéresse aux questions de l’intégration sociale et économique des espaces de montagne asiatiques.

Bruno GendronGéographe de formation, Bruno Gendron agit depuis 15 ans

comme consultant dans le domaine de la cartographie numérique et des systèmes d’information à référence spatiale. Au cours des années, il a collaboré avec de nombreux organismes privés et publics, notamment dans le cadre de projets concernant l’utilisation des technologies de l’information, dont Internet, à des fins de diffusion de l’information géographique.

Pham Thanh HaiPham Thanh Hai est titulaire d’un diplôme en économie de

l’Université d’Agriculture de Ha Nôi (1992) et d’un M.Sc. en géographie de l’Université Laval, à Québec (2000). Il poursuit actuellement des études de doctorat à l’Université de Montréal sous la direction du professeur Rodolphe De Koninck. Sa recherche porte sur « Les migrations internes au Vietnam et leur impact sur l’environnement ».

Phan Việt HàÀ la suite d’une maîtrise de géographie soutenue à l’Université

Laval à Québec, Phan Viet Ha est actuellement doctorant au laboratoire Dynamiques Rurales de l’Université Toulouse II-Le Mirail, avec le soutien du Ministère français des Affaires Étrangères. Il y prépare une thèse de géographie sur les enjeux fonciers dans la province de Ðak Lak.

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Achevé d’imprimer sur les presses de Messages111, rue Nicolas-Vauquelin, 31100 Toulouse - France

Dépôt légal : 1er trimestre 2005


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