Couverture : pitaphe de trois bateliers du Nil assassins (90). Maquette ralise par Maurice Apelbaum, Paris.

INSCRIPTIONS GRECQUES D'GYPTE ET DE NUBIE AU MUSE DU LOUVRE

TIENNE BERNAND

INSCRIPTIONS GRECQUES D'GYPTE ET DE NUBIE AU MUSE DU LOUVRE

DITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE 15, QUAI ANATOLE-FRANCE, 75700 PARIS

1992

Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1992. ISBN 2-222-04673-4

PRFACE

C'est pour nous un agrable devoir de remercier les membres de la Section 39 du Comit National du CNRS qui ont bien voulu retenir ce volume pour la publication. Une fois de plus la Direction Gnrale du Centre National de la Recherche Scientifique nous a permis de poursuivre une uvre de longue haleine et de faire progresser le Corpus des inscriptions grecques de l'gypte et de la Nubie. Il s'agit, dans ce livre, d'une partie importante de notre patrimoine national conserv au Muse du Louvre. Nous valuons son juste prix la faveur qui nous est faite de pouvoir publier ce volume aux Editions du Centre National de la Recherche Scientifique.

Nos remerciements s'adressent plus particulirement M. Grard Lilamand, Directeur de ces ditions, Mme G. Ferreri, Chef de fabrication des ditions, dont nous apprcions depuis de nombreuses annes les comptences et l'efficacit, et Mlle Hlne Couratier, Responsable de l'Antenne Graphique.

L'Imprimerie A. Bontemps, Limoges, dont l'loge n'est plus faire, a encore une fois assur parfaitement l'impression d'un volume difficile composer, avec le soin qui fait sa rputation ingale.

t i e n n e B E R N A N D ,

Professeur mrite l'Universit de Franche-Comt.

INTRODUCTION

Le but de cet ouvrage est de runir l'ensemble des inscriptions grecques d'gypte et de Nubie qui se trouvent au Muse du Louvre, disperses dans diffrents dpartements, en particulier celui des Antiquits gyptiennes, celui des Antiquits grecques, trusques et romaines, et celui des Antiquits orientales.

Cette partie de la riche collection d'inscriptions du monde grec conserve au Muse du Louvre demandait tre regroupe dans un volume unique1. On ne pouvait jusqu'ici en avoir connaissance qu' travers deux catalogues, dont il est superflu de souligner les insuffisances et qui ne sont plus jour, tant donn leur date : celui de Wilhelm Froehner2, Muse Imprial du Louvre, Les inscriptions grecques (1865) et celui d'Alphonse Dain, Inscriptions grecques du Muse du Louvre, Les textes indits (1933)3.

Il importe de retracer brivement l'historique de cette collection, en provenance d'gypte ou de Nubie. Les pierres sont parvenues au Muse, soit la faveur de l'achat d'une partie de grandes collections4, soit en tant issues de collections particulires ou d'achats divers ou encore de fouilles. Une partie des pierres provient aussi du fonds du Muse Guimet et le mode d'acquisition de plusieurs monuments demeure inconnu.

Les grandes collections : un premier tat de cette collection pigraphique du Louvre se trouve dans le catalogue monumental du comte Frdric de Clarac, Muse de sculpture, t. II, 2e partie (1841) o les notices, souvent fautives, renvoient aux fac-simils trs soigneux prsents dans les planches des Inscriptions du Muse du Louvre (1839), annexes au catalogue. On y relve vingt et une inscriptions grecques d'Egypte et de Nubie.

Collection Mimaul.

L'auteur renseigne rarement sur la provenance des pierres et la faon dont elles sont parvenues au Muse. Il prcise seulement que deux inscriptions (33, 27 bis) ont fait partie de la collection du diplomate Jean-Franois Mimaut (1777-1837), Consul Gnral de

(1) Sur l'intrt des catalogues de muses, cf. L. Robert, Actes du deuxime Congrs international d'pigraphie grecque et latine (1952) 286-290.

(2) Sur ce savant collectionneur, cf. L. Robert, Coll. Froehner, 1, Inscriptions grecques (1936) p. I-IV (J. Babelon); p. v-ix sur la collection du Cabinet des Mdailles (L. Robert).

(3) Voir le compte rendu de L. Robert, Rev. Arch., 1933, 2, 121-147 (OMS III, 1576-1602). (4) Sur les acquisitions du Muse Charles X, voir M. Kanawaty, Bull. Soc. Fr. d'gyptologie, 104 (1985)

31-49.

France Alexandrie en 1829. Celle-ci a t dcrite, sa mort, par Jean-Joseph Dubois (1780-1846), fidle ami de Champollion, qui, aprs la disparition de ce dernier le 4 mars 1832, devint Conservateur-adjoint des Antiquits gyptiennes du Muse qui ne portait plus le nom de Charles Xl . Le catalogue de J.-J. Dubois permet d'attribuer la collection Mimaut les nos 1 et 262.

Collection H. Sall.

On apprend par d'autres recoupements qu'un certain nombre d'inscriptions catalogues par F. de Clarac ont fait partie d'autres collections clbres, telle celle d'Henry Salt (1780-1827), Consul Gnral de Grande-Bretagne en gypte. C'est le cas des nos 86 et 88, d'aprs un renseignement fourni par Seymour de Ricci, de 128 et peut-tre de 87. D'aprs Champollion, l'pigramme 93 appartenait la mme collection et, selon le Catalogue des marbres antiques, les pitaphes 111, 113 et 114 attribues la Nubie.

Collection G. Anastasi.

A la collection de Giovanni Anastasi, ngociant tabli Alexandrie, aurait appartenu, selon W. Froehner, la ddicace n 28, achete Livourne en 1826 et provenant de Dendrah. La mme collection comportait d'autres inscriptions grecques, en croire le mme savant3.

Collection Drovelli.

D'autres inscriptions signales par F. de Clarac ont figur dans la collection de Bernardino Drovetti (1775-1852), dont le roi de Sardaigne avait acquis en 1824 un remarquable ensemble de pices archologiques qui sont au Muse de Turin. Ainsi la ddicace 17 aurait t apporte d'gypte en France par le clbre collectionneur, d'aprs J.-J. Dubois, cit par Letronne qui a identifi les fragments copis par Caviglia au grand Sphinx de Guizeh et arrivs au Louvre en 1828 dans la collection B. Drovetti (36). D'aprs P. Barguet, l'pitaphe mtrique 94 semble avoir appartenu la mme collection (n 432). Postrieurement au catalogue de F. de Clarac, on rattache la mme collection, selon A. Dain, l'inscription votive 25 (coll. Drovetti, cat. n 402) et la liste de noms 119 (coll. Drovetti, cat. n 416).

Enfin, si la bibliographie fournie par F. de Clarac permet de savoir que la table libation trouve Edfou (15) par P. S. Girard a t donne par lui au Louvre, on ignore quelles collections ont appartenu sept inscriptions catalogues dans le Muse de sculpture (9, 29, 89, 90, 91, 92, 95). Il est probable que les stles 89 92 et 94-95 proviennent de la

(1) J.-J. Dubois, Description des Antiquits gyptiennes, grecques el romaines, monuments cophtes et arabes composant la collection de Feu M. J.-F. Mimaut (1837). Sur le personnage, voir W. R. Dawson, Who is Who in Egyptology (1951) s.v. et Kanawati, Gttinger Miszellen (1981) 81-105.

(2) On n'a pas retrouv au Louvre le fragment de basalte vert signal par Dubois, p. 86, no 540 portant : ... OS IOENO IIPESB ...

(3) W. Froehner, op. cit., p. xii : Je me borne signaler ici le Muse Anastasi, dont l'acquisition, ngocie Livourne en 1826, enrichit le dpartement des Antiquits gyptiennes d'un certain nombre d'inscriptions rapportes du Nil.

c o l l e c t i o n a c q u i s e L i v o u r n e p a r C h a m p o l l i o n en 1826 ( c o l l e c t i o n D r o v e t t i ? ; cf. 94) e t

d c r i t e p a r lui d a n s son R a p p o r t S o n Exce l lence le duc de D o u d e a u v i l l e ( m a i 1826) 1.

Les collections particulires.

A ct de ces grandes collections, des collections prives sont l'origine de l'acquisition de plusieurs inscriptions. L'une (14) faisait partie d'une collection forme en 1858 par A. Mariette et donne au Prince Napolon, cousin de Napolon III, par le Khdive Sad Pacha (1822-1863). En 1903, Seymour de Ricci publiait une pitaphe (101) provenant d'un don Estier, en mars 1884, selon A. Dain. Une autre inscription (7) se trouvait, selon Seymour de Ricci, dans la collection de G. Pugioli et a t achete par le Louvre en 1886. Urbain Bouriant (1849-1903) a envoy au Louvre, en 1892, l'pitaphe imprcatoire d'Eirn (98) et Ch. Clermont-Ganneau les pitaphes 104 et 129. Toujours d'aprs Seymour de Ricci, la ddicace Agdistis (8) a fait partie de la collection G. Louis. Quatre inscriptions, selon A. Dain, sont des dons faits en 1903 par Nicolas Tana 2, marchand d'antiquits au Caire (70, 97, 99, 127). Enfin le Trisagion (37) provient, selon le mme savant, du legs Coulomb.

Achats.

Bon nombre d'inscriptions proviennent d'achats faits par le Muse. C'est le cas des seize stles peintes vendues par Daninos et inscrites dans l'inventaire (MNC 825-839, 841 ; voir 38-48), et des six autres acquises par le Louvre en fvrier 1890 (MNC 1279-1284 ; cf. 49-51). Elles proviennent probablement toutes des ncropoles orientales d'Alexandrie3. Plus rcemment, une pitaphe d'Alexandrie sur une dalle de loculus (MND 2288 ; 52) a t achete en mme temps qu'une autre dalle anpigraphe (MND 2287), par le R. P. du Bourguet. Elles ont t publies par G. Ville en 1969.

Les achats faits par P. Jouguet en 1897 ont enrichi la collection d'inscriptions d'gypte (4, 5, 6). Mais c'est l'infatigable chercheur qu'tait Seymour de Ricci, qui avait entrepris le corpus des inscriptions grecques d'gypte 4, que l'on doit l'entre au Muse d'une vingtaine d'inscriptions. Ds 1903, il publiait une ddicace, copie par Th. Reinach, parvenue d'abord au Muse Guimet (27). En 1905, il copiait et achetait les inscriptions 106, 107 et 108 qui ont t publies dans le Recueil des inscriptions grecques chrtiennes d'gypte de G. Lefebvre (1907) et dont deux ont t d'abord au Muse Guimet (106, 107). C'est au cours d'une mission en 1908/1909 que le mme savant recueille le plus grand nombre d'inscriptions. Elles proviennent essentiellement d'achats faits chez des marchands d'antiquits, au Caire (13, 67, 68, 69), Alexandrie (16), Mdinet el-Fayoum (19, 20) et Memphis (10, 24). L'une a t publie postrieurement par A. Dain (10), ainsi que d'autres inscriptions fragmentaires (117, 118, 120), de mme qu'une pitaphe

(1) Insr dans le Bull. de Frussac, 85 (1826) 373-382 et 445-454. Champollion dcrit (p. 17 du tir part, no 12) : Six stles avec sculpture de style gyptien, mais portant des inscriptions grecques. L'une d'elle est en vers [94? ou 93?] l'autre n'a pas moins de 22 lignes de texte [28?]. Au mme endroit (no 11) Champollion signale quatre stles bilingues avec de courtes inscriptions, soit hiroglyphiques et dmotiques, soit dmotiques et grecques qui faisaient partie de la collection H. Salt (86, 87, 88), de mme que l'pitaphe en vers 93.

(2) Sur Tano et sa famille, voir 0. Masson, BCH, 1977, 314-315. (3) G. Ville, Rev. Arch., 1969, 2, 273, n. 3. (4) Voir . Bernand, ZPE 26 (1977) 100-103.

(96) qui est complte. Deux inscriptions d'gypte ont t achetes par Seymour de Ricci Paris (30, 112). Une intressante ddicace a t achete par H. Henne en 1923, au Fayoum (22), d'o provient aussi une autre ddicace (21) publie par G. Wagner en 1973, qui l'avait repre et copie chez un marchand d'antiquits au Caire.

Documents de fouilles.

La collection pigraphique s 'est augmente aussi de documents de fouilles.

W. F roehner signale dj, dans une let t re du 13 novembre 18641, parmi les acquisi t ions

rcentes du Muse, les t ex tes recueillis pa r A. Mariet te lors de ses fouilles au Srapeum de Mem'phis, ent re 1850 et 1853 (II, 71, 72, ainsi que 125 et 130). Les fouilles de Ch. Clermont- Ganneau et de J . Cldat lphan t ine , en 1907/1908 ont amen la dcouverte de

plusieurs inscriptions (2, 3, 109, 122, 126) et celles de G. Lefebvre Tehneh (Akris), en

1903/1904, on t fourni une impor t an t e srie d ' p i taphes lgues au Muse pa r l ' I n s t i t u t Frana is d 'Archologie Orientale. Enfin, des fouilles de l ' IFAO Mdamoud en 1926 sont issues trois inscript ions (18, 31, 32).

Fonds Guimet.

Plus d'une vingtaine de pierres sont parvenues au Muse du Louvre aprs avoir t au Muse Guimet. Certaines ont t dj publies (20, 27, 34, 106, 107). Les autres sont indites (35, 54-64, 100, 102, 105, 110, 124). On remarque un lot de stles funraires du style de Trnouthis (54-64, 105?).

Origine inconnue.

On ignore la provenance et la faon dont sont parvenues au Muse un certain nombre d'inscriptions demeures indites : une ddicace (23), une pitaphe originale (103), trois stles du style de Trnouthis (53, 65, 66), dont l'une est anpigraphe (66) et trois fragments d'inscriptions (116, 121, 123).

Une inscription attribue l'Egypte par A. Dain est peut-tre une pitaphe provenant de Jaffa (104) et un fragment de ddicace prsente par ce savant comme tant d'Asie Mineure est sans doute originaire d'Alexandrie (12).

Au terme de cette introduction, nous tenons remercier tout particulirement MM. Jean-Louis de Cnival, Inspecteur des Muses Nationaux, Conservateur en chef au Dpartement des Antiquits gyptiennes, et Alain Pasquier, Inspecteur Gnral des Muses de France, charg du Dpartement des Antiquits grecques et romaines, ainsi que leurs collaborateurs, notamment Franois Baratte, Conservateur en chef au Dpartement des Antiquits grecques, trusques et romaines, qui ont tout mis en uvre pour nous faciliter le travail. Notre ami Guy Wagner, Directeur de Recherche au CNRS, a revu en notre compagnie l'ensemble des textes sur la pierre et nous a fait bnficier de ses comptences tendues. La part active qu'il a prise ce travail lui mrite toute notre reconnaissance. Nous lui sommes redevable de nombreuses corrections et de maintes

suggestions effectues la lecture de notre manuscrit. Qu'il en soit amicalement remerci, ainsi qu'Olivier Masson qui nous a fait profiter sur de nombreux points de son incomparable connaissance de l'onomastique.

Paris, le 26.09.1989.

(1) W. Froehner, op. cit., p. xm-xiv.

DCRETS

1 . F R A G M E N T D ' U N D O U B L E D U D C R E T D E C A N O P E ( 2 3 8 A V . J . - C . )

Rserve du Dpartement des Antiquits gyptiennes; C 122 (N 273).

Provenance : La dcouverte de la pierre est expose par dm Franois Jomard, Description de l'Egypte, Antiquits, Mmoires, t. 2 (1818) p. 144 : Environ un an aprs [la dcouverte de la pierre de Rosette], M. Caristie, ingnieur des Ponts et Chausses, dcouvrit la fin de septembre 1800 dans une mosque du Caire nomm gma 'Emyr Khour ou Nassryeh (du nom du quartier o elle est situe) une pierre de granit noir, formant le seuil d'une porte de la mosque. Il y reconnut trois inscriptions en caractres diffrents. Le gnral en chef Menou permit que la pierre fut enleve et transfre l 'Institut (d'gypte).

Cette pierre tait fendue et spare dans la moiti de sa longueur : ses dimensions taient de 6 pieds de hauteur, 15 pouces de largeur [1,95 m X 0,40 m] et 11 pouces d'paisseur [0,30 m], le granit d'un grain trs fin. La premire inscription ou la suprieure tait en caractres hiroglyphiques, compose de 26 lignes encadres. La seconde tait en caractres semblables ceux dont les enveloppes de momies sont quelquefois couvertes et que l'on souponnait tre l'criture cursive ou vulgaire des gyptiens ; on y comptait aussi vingt-six lignes. La dernire inscription tait en grec et avait soixante et quinze lignes. Malheureusement les caractres des trois inscriptions taient trs altrs et presque tous illisibles. A la partie suprieure de cette pierre, aussi fracture, tait sculpte une aile dploye, comme celles des globes ails qui se voient sur les frontispices des temples gyptiens. Ce symbole ornait donc le haut de la pierre. Au-dessous, on reconnaissait plusieurs des personnages qu'on rencontre ordinairement dans les processions gyptiennes. Elle tait videmment du mme genre que la pierre trouve dans le fort de Rosette et plus grande ; mais peine pouvait-on y dchiffrer quelques mots de suite. On reconnut cependant qu'elle appartenait au temps des Ptolmes. Ce monument est rest dans le palais de Hassan- Kchef o l'Institut [d'gypte] tenait ses sances)l.

La pierre n'a pas t facilement acquise par la France. Le dossier James Burton au British Musum, AdditionaL Mss. 25629 (cf. Index to the Cal. of add. Mss in the BM in the years 1854-75, London, 1880) rvle que la pierre a suscit l'intrt du colonel Leake qui l'avait vue dans le jardin de l 'Institut d'gypte peu avant la paix d'Amiens (25 mars 1802). Plus tard, James Burton 2, arriv en gypte en 1822, se mit en qute de la pierre et en donna une copie, o il relve une dizaine de lettres par lignes, publie dans les Excerpta Hieroglyphica (1825-1828 pl. 55-56). La pierre fut finalement donne, d'aprs le dossier J. Burton, Champollion et Drovetti par Ibrahim Pacha en 18293 et passa dans la collection J.-F. Mimaut.

Copie de Seymour de Ricci (1. 32-56) pl. 3 et de Guy Wagner (1987). Photo. de la pierre pl. 1-3.

(1) Cf. Jollois, Description de l'Egypte, tat moderne, t. 2 (1813) p. 99, n. 2, d'aprs le Courrier de l'Egypte, no 108 (30 Ventse an IX).

(2) Cf. W. R. Dawson, Who was Who in Egyptology (1951) p. 27; Dawson -E. P. Uphill, ibid. (1972) s.v. (3) Cf. J.-M. Carr, Voyageurs et crivains franais en Rgypte, 1 (1956) p. 242, n. 1.

La pierre est dcrite par J.-J. Dubois, dans la Description des antiquits gyptiennes... composant la colleclion J.-F. Mimaut (1837) p. 40-41, n 230 ; par E. de Roug, Notice des monuments exposs dans la galerie d'Antiquits gyptiennes au Muse du Louvre (2e d. 1852) p. 96, C 122 et par Ch. Boreux, Muse National du Louvre. Dpartement des Antiquits gyptiennes. Guide- catalogue sommaire, 1 (1932) p. 89, C 122.

Cf. F. Daumas, Les moyens d'expression du grec et de l'gyptien compars dans les dcrets de Canope et de Memphis (1952) p. 4.

Lignes 14 23 illisibles. 24. xal xo - - - - -

Lignes 25 31 illisibles.

Quatre lignes illisibles.

Ce texte trs lacunaire, car tou te la part ie gauche de la pierre est perdue, e t d o n t la

part ie subsis tante est trs difficile lire n ' a jou te ma lheureusemen t rien ce que nous connaissons du dcret de Canope, d o n t il existe qua t re au t res exemplaires. Les tex tes les plus complets sont ceux de Tanis et de Km-el-Hisn1, auxquels s ' a jou ten t les f ragments t rouvs Eileithuiaspolis (El Kab)2 et Bubas t i s (Tell Basta)3.

2 . F R A G M E N T S D ' U N D C R E T D ' U N S Y N O D E D E P R T R E S ,

D A T D U R G N E D E P T O L M E I I I V E R G T E 1

( 2 4 6 - F I N 2 2 2 O U D B U T D E 2 2 1 A V . J . - C . )

Rserve du Dpartement des Antiquits gyptiennes.

Provenance : lphantine, fouilles de Ch. Clermont-Ganneau en 1908.

Cinquante six fragments de granit ros, tachet de noir. Photo. de la pierre, pl. 3-4. Indit. L'existence de ces fragments est connue par le rcit de leur dcouverte qu'en a faite

Ch. Clermont-Ganneau dans une lettre crite d'lphantine le 5 mars 1908 et publie par J.- B. Chabot, JS 1944, 87-92 (cf. F. Daumas, Les moyens d'expression du grec et de l'gyptien, compars dans les dcrets de Canope et de Memphis, Suppl. des ASAE, 1952, 7 et add., 254, 262). J. Schwartz,

(1) OGI 56; SB V, 8858; republi par A. Bernand, Confins libyques, t. 3 (1970) 989-1036. (2) Cf. SEG XVIII (1962) 631 a. Voir maintenant A. Bernand, De Thbes Syne (1989) n 37. (3) Ibid., 631 b. (4) Prosop. Plolem. VI, 14543.

Rev. Arch. 1960, I, 85, n. 2 corrige, aprs examen, le quantime du mois macdonien (SEG XVIII (1962) 630). Ces fragments sont signals par A. Bernand, De Thbes Syne (1989) 240.

I) Raccord de trois f ragments . Le t t res de 15 m m 10 mm.

L . 7 : s a n s d o u t e [ ] ; c f . O G I 5 6 , 1 0 : r r v 8 i o o .

2) Raccord de quatre fragments qui donnent la suite du texte. Lettres de 10 mm.

3) Raccord de deux fragments, placer la suite. Lettres de 10 mm.

4) Quatre petits clats qui portent des lettres de 10 mm, surmontes de caractres dmotiques, sont q insrer la ligne 1, sans qu'il soit possible de faire des raccords.

T O q u i p e u t a p p a r t e n i r [ o o ] o u [ o ] o ;

O H q u i a p p a r t i e n t p e u t - t r e A [ ] ;

E l , s u i v i d ' u n e h a s t e p e u p r s v e r t i c a l e s u r l a q u e l l e s ' e m b r a n c h e u n e

c o u r t e h a s t e o b l i q u e ( p e u t - t r e u n N ) , q u ' i l e s t d i f f i c i l e d e s i t u e r ;

O E , s u r u n a u t r e f r a g m e n t , e s t s a n s d o u t e p l a c e r , v u l a d i m e n s i o n d e s

l e t t r e s , l a l i g n e 2 .

L e s n e u f f r a g m e n t s r a c c o r d s p e r m e t t e n t d e r e c o n s t i t u e r l e s q u a t r e p r e m i r e s l i g n e s

d u t e x t e , p a r r a p p r o c h e m e n t a v e c l e d c r e t d i t d e C a n o p e ( O G I 5 6 ; A . B e r n a n d , C o n f i n s

l i b y q u e s , t . 3 ( 1 9 7 0 ) 9 8 9 - 1 0 3 6 ) . L e t e x t e q u i s u b s i s t e , c o m p t e t e n u d e s r e s t i t u t i o n s s r e s ,

c o m p t e 6 1 l e t t r e s l a l i g n e 1 , 5 7 l a l i g n e 2 , 7 2 l a l i g n e 3 . I l e s t d i f f i c i l e d ' v a l u e r l e s

l a c u n e s , d r o i t e , d e s t r o i s p r e m i r e s l i g n e s , m a i s i l e s t s r q u ' i l m a n q u e u n e g r a n d e p a r t i e

d u t e x t e .

D a n s l e s l a c u n e s o n t m a l h e u r e u s e m e n t d i s p a r u l e c h i f f r e d e l ' a n n e e t l e n o m d u

p r t r e p o n y m e (1. 1 ) , l e t i t r e e t l e n o m d e l a c a n p h o r e , a i n s i q u e l a d s i g n a t i o n d u m o i s

m a c d o n i e n c o r r e s p o n d a n t a u 1 2 P h a p h i ( 9 - 1 0 o c t o b r e ) (1. 2 ) e t u n e p a r t i e d e

l ' n u m r a t i o n d u p e r s o n n e l s a c e r d o t a l (1. 2 - 3 ) .

E n l ' a n 9 d u r g n e d e P t o l m e I I I v e r g t e 1 ( 2 3 8 / 7 ) e t e n l ' a n 1 0 ( 2 3 7 / 6 ) , l e p r t r e

d e s d i e u x v e r g t e s e s t ' A o M o e t l a c a n p h o r e d ' A r s i n o M

5 ) L a p l u p a r t d e s p e t i t s f r a g m e n t s n e p o r t e n t q u e q u e l q u e s l e t t r e s g r e c q u e s . U n s e u l ,

p l u s i m p o r t a n t q u e l e s a u t r e s , p e r m e t d e r e c o n n a t r e q u e l q u e s m o t s , e n l e t t r e s d e 7 m m .

Quelques raccords ont pu tre effectus2, mais ne fournissent qu'un texte lacunaire :

6) Raccord de deux fragments, dont les lettres ont environ 8 mm :

(1) Cf. J . Isewijn, De sacerdotibus sacerdotiisque Alexandr i M a g n i et Lag ida rum eponymis (1961) p. 29, nos 48 e t 49; Prosop. ptolem. I I I (1956) e t I X (1981) Add., 5007 et 5195.

(2) Grce notamment la sagacit et l'habilet de Mme Marie-Franoise de Rozires que nous remercions.

7) Raccord de trois fragments qui prsentent 12 lignes de texte, en lettres de 7 mm :

Les restitutions des lignes 10 et 11 s'appuient sur les parallles fournis par le dcret d e C a n o p e , O G I 5 6 , 1 9 e t 2 1 . O n p o u r r a i t s o n g e r l a l i g n e 1 2 [ ] o u

[], qu'on trouve dans le mme dcret, 1. 23 et 26.

8) Raccord de quatre fragments dont les lettres ont 7 mm.

L'absence de gravure au-dessous de la dernire ligne montre qu'il s'agit d'une partie de la fin du texte.

On reconnat des termes ou des expressions qui se retrouvent dans les dcrets de Canope ou de Rosette.

9) Raccord de cinq fragments dont les lettres ont 7 mm. Ils fournissent le dbut de 17 lignes gauche, qui figuraient au-dessous des trois fragments raccords donnant le commencement des onze premires lignes. Il est impossible d'tablir un raccord entre les deux parties du texte qui peuvent avoir t spares par un espace important.

10) Le reste des fragments en dpt au Louvre ne comprend que des clats de pierre portant quelques lettres grecques (28), un fragment illisible, et un fragment en criture dmotique comportant 6 lignes de texte. Compte tenu des fragments cits prcdemment, au nombre de 27, le nombre des clats portant un texte grec s'lve au total 55. Ce nombre est trs infrieur celui qu'avance Ch. Clermont-Ganneau dans une lettre M. de Vog en date du 5 mars 19081 :

... Une autre de nos fouilles amenait la dcouverte d'une quantit d'clats de granit

(1) J.-B. Chabot, J S 1944, 91-92.

couverts de caractres grecs, dmotiques et hiroglyphiques et de bas-reliefs de style gyptien. Nous en avons depuis ce moment recueilli des centaines sur le mme point et nous en retrouvons encore maintenant. J 'y ai reconnu le texte d'un grand dcret trilingue, ou plutt brigraphe, de Ptolme III (vergte Ier). A premire vue, le document prsentait les formules et avait toutes les allures du fameux dcret de Canope. Mais depuis j'ai des doutes sur ce point. J 'ai russi, en effet, en rapprochant les nouveaux morceaux, reconstituer la date du dcret et elle diffre, du moins quant au mois et au jour, de celle du dcret de Canope. Le 12 Paphi correspondant au 231 du mois macdonien x, au lieu du 17 Tybi = 7 Apellaios (dans le dcret de Canope) .

Pour Ch. Clermont-Ganneau, ces fragments appartiendraient diffrents dcrets. Ce qui complique le problme, c'est que parmi les innombrables 2 fragments, il y en a qui appartiennent srement d'autres dcrets similaires. Il doit y avoir l un nid dcouvrir, nous y fouillons avec ardeur. Nous devons tre l prs de la faade d'un temple o taient affichs, selon la mode antique, tous les dcrets officiels. Tous devaient tre gravs sur de belles stles, qu'on a brises sur place, en mille morceaux, avec un soin, un acharnement inconcevable. Si dcidment notre dcret trilingue, qui en tout cas est bien de Ptolme III, est autre que celui de Canope, il n'en sera que plus intressant. Mais quel travail quand il faudra dbrouiller, rapprocher et recoller tous ces fragments. Mais la difficult majeure tient la disparition d'un grand nombre de fragments. Contrairement ce que dit Ch. Clermont-Ganneau, les fragments qui sont au Louvre paraissent appartenir au mme dcret, tant donn la nature de la pierre et l'criture.

J. Schwartz dclare son tour que le dcret d'lphantine ... se trouve bris en plus de cent fragments, dans une des rserves du Muse du Louvre3. Le nombre des fragments qui sont au Louvre est en fait trs infrieur ce chiffre et il ne semble pas en exister d'autres au Muse.

Il ne parat pas superflu de les faire connatre, malgr leur caractre lacunaire, au cas o d'autres fragments pourraient tre retrouvs ailleurs qu'au Louvre. Certains, mais pas tous, figurent dans les carnets de fouilles de Ch. Clermont-Ganneau et de J. Cldat4. La prsentation qui suit tient compte de la hauteur des lettres.

1) Lettres de 10 mm.

(1) En ralit le 13 (cf. 1.3) comme le relve J. Schwartz, Rev. Arch., 1960, I, 85, n. 2. (2) Nous soulignons. (3) Loc. cit., p. 85, n. 2. (4) Au nombre de cinq ces carnets sont dposs l 'Institut de France; cf. JS 1944, p. 87, n. 2.

2) L e t t r e s de 10 m m .

B i e n q u e le p h i s o i t e n d o m m a g a u s o m m e t , a ins i q u e le k a p p a , o n c r o i t r e c o n n a t r e

le m o t (cf. S B 4637 , 16) e t le t e r m e ooo q u i f igu re d a n s le d c r e t de R o s e t t e , O G I 9 0 , 1 2 . Si n ' e s t p a s u n a n t h r o p o n y m e , d a n s ce c o n t e x t e ce n e p e u t t r e q u ' u n e r f r e n c e la t t e r a s e d e s p r t r e s g y p t i e n s .

3) L e t t r e s de 10 m m .

4) L e t t r e s de 10 m m .

O n ne v o i t q u e la p a r t i e d r o i t e de l ' a l p h a .

5) L e t t r e s de 10 m m .

S e u l e la p a r t i e d r o i t e d u n u (1. 1) e t d u m u (1. 3) s o n t v i s ib l e s .

6) L e t t r e s d e 10 m m .

L ' o m i c r o n e s t e n d o m m a g g a u c h e e t s e u l e s s u b s i s t e n t les h a s t e s o b l i q u e s d u k a p p a .

7) L e t t r e s de 10 m m .

8) Lettres de 10 mm.

Cf. OGI 56, 15 : o ; 53 : o xo o. 9) Le t t res de 8 mm.

Reste de la partie gauche de l'omga.

10) Lettres de 8 mm.

Le mu, rdui t sa par t ie droite, n ' e s t pas s r ; peut - t re A. Il m a n q u e la par t ie gauche de la le t t re ronde (1. 2).

Restes de la par t ie suprieure d 'une has te vert icale et d ' une let t re ronde la dernire ligne.

11) Le t t res de 8 m m .

12) Lettres de 7 mm.

13) Lettres de 7 mm.

L . 2 : C p . O G I 9 0 , 2 7 : x .

14) Let t res de 7 mm.

15) Lettres de 7 mm.

Le groupe de la seconde ligne fait songer au mois macdonien ASvaio.

16) Lettres de 7 mm. 17) Lettres de 7 mm.

18) Lettres de 7 mm. 19) Lettres de 7 mm.

20) Lettres de 7 mm. 21) Lettres de 5 mm.

22) Lettres de 5 mm.

Quatre fragments prsentent la base une plage sans gravure et appartiennent donc la fin du texte (cf. supra).

23) Lettres de 7 mm. 24) Lettres de 8 mm.

L. 1 : Peu t - t re ? ; cf. OGI 56,5.

25) Le t t res de 8 mm.

26) Lettres de 8 mm.

L. 2 : cf. , OGI 56,73. Clermont-Ganneau songe [] [].

27) Lettres de 8 mm. 28) Lettres de 8 mm.

II) Indpendamment de ces fragments, les carnets de notes de Ch. Clermont- Ganneau et de J. Cldat1 en font connatre d'autres qui ne sont pas dans le lot conserv au Louvre et qu'il serait important de retrouver2.

(1) Selon J.-B. Chabot, JS 1944, 87, n. 2

O n en d c o m p t e t r e n t e , d o n t la p l u p a r t n e p o r t e n t q u e q u e l q u e s l e t t r e s .

U n f r a g m e n t p r s e n t a n t q u e l q u e s c a r a c t r e s d m o t i q u e s e s t c e r t a i n e m e n t p l a c e r

la l i gne 1 :

O n s o n g e a u c h i f f r e d e l ' a n n e o, q u i e s t ce lu i d u d c r e t d e C a n o p e . C e p e n d a n t d a n s s o n c a r n e t d e foui l les , p . 381 , C l e r m o n t - G a n n e a u n o t e : D c r e t de

C a n o p e ; n o u v e a u x f r a g m e n t s ; d b r i s a u m o i n s d e t r o i s i n s c r i p t i o n s (de la n e u v i m e a n n e

de r g n e ) e t , p . 3 8 2 s a n s d o n n e r la h a u t e u r d e s l e t t r e s , il c o p i e : o, q u i e s t p e u t - t r e le f r a g m e n t p a r t i c u l i r e m e n t i m p o r t a n t d o n n a n t l ' a n n e de r g n e .

C e r t a i n s f r a g m e n t s s o n t d c r i t s p a r C l e r m o n t - G a n n e a u c o m m e t a n t d e g r a n d

m o d u l e e t a p p a r t i e n n e n t v r a i s e m b l a b l e m e n t a u x p r e m i r e s l i gnes d u d c r e t , s ' i l s ' a g i t b i e n d u m m e t e x t e . O n r e l v e :

q u i e s t p e u t - t r e le d b u t d e o (1. 2).

P a r m i c e u x d o n t la t a i l l e d e s l e t t r e s n ' e s t p a s p r c i s e , o n n o t e :

[] [], Clerm.-Gan.

Au total , tous ces f ragments sont bien dcevants e t ne p e r m e t t e n t gure d 'apprc ier le contenu du texte . On conna t d ' au t res dcrets de l 'poque de Pto lm I I I vergte qui nous sont pa rvenus dans un t a t par t icu l i rement dlabr1.

3 . F R A G M E N T D ' U N D O U B L E DE LA P I E R R E D E R O S E T T E ( 1 9 6 AV. J . - C . )

Rserve du Dpartement des Antiquits gyptiennes, AF 10006.

Provenance : trouv par Clermont-Ganneau au cours de sa deuxime campagne de fouilles dans le quartier aramen de l'le d'lphantine en 1907-1908. Voir sa lettre M. de Vog, date d'lphantine, du 5 mars 1908, publie par J.-B. Chabot, J S 1944, 91 : Grce aux excellentes relations que j'entretiens avec la population barbarine de l'le, j'ai dnich chez une femme du

(1) Par exemple, SEC XVIII, 628 (Muse d'Uppsala), SB 10036; SEG XVIII, 629 (Tod), SB 10037, I. Thbes Syne (1989) no 1.

Pl. 17

Pl. 18

CouverturePage de titrePRFACEINTRODUCTIONCollection H. Salt.Collection G. Anastasi.Collection Drovetti.Les collections particulires.Achats.Documents de fouilles.Fonds Guimet.Origine inconnue.

DCRETS1. FRAGMENT D'UN DOUBLE DU DCRET DE CANOPE (238 AV. J.-C.)2. FRAGMENTS D'UN DCRET D'UN SYNODE DE PRTRES, DAT DU RGNE DE PTOLME III VERGTE I (246 - FIN 222 OU DBUT DE 221 AV. J.-C.)3. FRAGMENT D'UN DOUBLE DE LA PIERRE DE ROSETTE (196 AV. J.-C.)